William Kelly
Ces « Remarques » ont d’abord paru en anglais dans le périodique « Bible Treasury » vol. 2, de janvier 1858 à décembre 1859. Une traduction française a été publiée en 1865 (librairies Grassart et Meyruis à Paris, Émile Béroud à Genève et Paul Recordon à Vevey). Un texte revu et complété a ensuite paru sous forme de livre en 1871, avec le titre « Lectures on Revelation », dont la traduction est donnée ci-après, sans toutefois reprendre la longue « Introduction » et diverses notes de controverses (par rapport à d’autres opinions ou sur des questions de traduction du texte biblique).
Comme d’habitude, W. Kelly a fait sa propre traduction du texte biblique de l’Apocalypse. La présente traduction a utilisé la version française J.N. Darby et dans quelques cas la traduction tirée du texte de W. Kelly.
Les mots « assemblée » et « église » sont utilisés indifféremment, sans contenir de différence voulue de sens.
Les subdivisions des chapitres ont été ajoutées par Bibliquest
Table des matières abrégée :
Table des matières détaillée :
1.8 - Ch. 1:11 et 19 et sommaire de l’Apocalypse
1.14 - Ce que représentent les sept églises
2.4 - Changement dans la structure des épîtres de l’Apocalypse
2.6 - Place particulière de Thyatire
3.4 - Fin de ce qui est dit sur l’Église
3.5 - Note sur des objections à l’interprétation des ch. 2 et 3
Tout chrétien qui a l’intelligence spirituelle de la parole de
Dieu, doit avoir remarqué plus ou moins pleinement le caractère particulier du
livre dont nous abordons l’étude. « Révélation de Jésus Christ que Dieu
lui a donnée ». Le Seigneur Jésus est évidemment envisagé ici, non pas
dans la place d’intimité qui est la Sienne comme Fils unique dans le sein du
Père, mais dans une place relativement distante de Dieu. C’est bien Sa
révélation, mais en outre c’est la révélation que Dieu
Lui a donnée.
Cela
ressemble un peu à l’expression remarquable que nous lisons en Marc 13:32, et
qui en a embarrassé beaucoup : « Mais, quant à ce jour ou à cette
heure, personne n’en a connaissance, pas même les anges qui sont au ciel, ni
même le Fils, mais le Père ». Dans tout cet évangile Jésus est le
serviteur Fils de Dieu ; et la perfection d’un serviteur consiste à ne pas
savoir ce que son maître fait — à ne savoir, si on peut parler de la sorte, que
ce qu’on lui dit. Ici Christ reçoit une révélation de la part de Dieu ;
car, quelque exalté qu’il soit, c’est la position qu’Il a prise comme homme qui
ressort éminemment dans l’Apocalypse. Et ce qui rend cela d’autant plus
frappant, c’est que de tous les écrivains inspirés du Nouveau Testament, aucun
n’insiste sur la gloire souveraine et divine de Jésus avec autant d’abondance
que l’apôtre Jean dans son évangile. Dans l’Apocalypse, au contraire, c’est le
même apôtre Jean qui décrit sa gloire humaine dans les détails les plus grands
et les plus complets, mais en ne cachant nullement qu’Il est Dieu.
En restant fidèle à ce point de vue, l’Apocalypse est destinée
« à montrer à ses esclaves,
les choses qui doivent arriver
bientôt ». Quelle différence de langage avec Jean 15:15, « Je ne vous
appelle plus esclaves », et aussi avec Jean 16:14-15 en rapport avec l’Esprit :
« Celui-là me glorifiera, car il prendra du mien et vous l’annoncera ;
tout ce qu’a le Père est à moi
; c’est pourquoi, j’ai dit qu’il
prend du mien et qu’il vous l’annoncera ». Nous voyons donc que tout le
long de cet évangile, du commencement à la fin, le but du Saint Esprit est de
donner aux disciples le caractère et la conscience de leur position comme fils,
avec et par Jésus, le Fils de Dieu dans le sens le plus élevé. C’est ainsi que
nous lisons au chapitre 1:11-12 : « Il vint chez soi, et les siens ne
l’ont point reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être
enfants
de Dieu ». Et encore, après Sa mort et Sa résurrection, le
Seigneur dit (Jean 20:17) : « Va vers mes frères, et dis-leur :
Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ».
Naturellement ils étaient aussi serviteurs, et il n’y avait pas l’ombre d’une
incohérence à cet égard. Cependant la différence des relations est
immense ; et c’est à la plus basse des deux que l’Apocalypse s’adresse. La
raison en est, je présume, en partie parce que Dieu révèle dans ce livre une
certaine suite d’événements terrestres avec lesquels leur position la plus
basse est le plus en harmonie (leur position plus élevée de fils étant plus
appropriée à la communion avec le Père et avec le Fils) ; et en partie
parce que Dieu semble ici préparer Sa manière d’agir avec les Siens au dernier
jour, quand leur position comme Ses esclaves
sera plus ou moins
manifestée, mais non pas la jouissance d’une position d’intimité comme fils
:
c’est à la période suivant l’enlèvement de l’Église que je fais allusion.
Les paroles qui suivent, confirment fortement ce que nous venons
de dire ; car le Seigneur « l’a signifiée en l’envoyant par son ange,
à son esclave Jean ». C’est-à-dire, que la communication prophétique est
faite, non pas directement, mais par l’intermédiaire d’un ange ; et il n’est
plus parlé de Jean comme du « disciple que Jésus aimait, qui aussi, durant
le souper, s’était penché sur le sein de Jésus », mais comme de « son
esclave… qui a rendu témoignage de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus
Christ, de toutes les choses qu’il a vues ». Il est bon de faire remarquer
que le mot et
, qui dans les versions ordinaires précède ce dernier
membre de phrase, doit disparaître entièrement, ce qui fait une grande
différence de sens ; car cette partie de la phrase : « toutes
les choses qu’il a vues » ne doit pas être considérée comme une troisième
partie du témoignage rendu à Jean ajoutée aux deux autres, mais plutôt comme
expliquant et limitant ce qu’il faut entendre par la parole de Dieu et le
témoignage de Jésus Christ. Les visions de Jean constituent « la parole de
Dieu et le témoignage de Jésus » dont il est question ici. Combien
nombreux sont ceux qui les ont mésestimées ! Puissent-ils apprendre
comment le Seigneur les caractérise ici, et qu’ils puissent trembler à la
pensée que leur dépréciation aveugle entre en conflit avec Sa déclaration. C’est
la Parole de Dieu qui donne la révélation ; c’est le témoignage de Jésus
(non pas à
Jésus mais de
Jésus) qui atteste la Parole de Dieu et
le témoignage de Jésus Christ, quelles que soient les choses qu’il a vues
(comparer ch. 22:8).
La révélation de Dieu que nous trouvons ici et le témoignage que Jésus rend dans ce livre, sont en effet très différents de ce que nous trouvons dans l’évangile de Jean ! Dans cet évangile la Parole de Dieu est le Seigneur Jésus lui-même qui, au commencement, était auprès de Dieu, et était Dieu : l’expression parfaite et personnelle de Dieu, et cela non pas simplement comme Créateur de toutes choses, mais en grâce parfaite. « En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes ». « Et la Parole devint chair et habita au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, gloire comme d’un fils unique de la part du Père) pleine de grâce et de vérité ». Dans l’Apocalypse, au contraire, même lorsqu’il est parlé de Lui comme la Parole de Dieu, c’est comme l’expression du jugement divin, parce que le livre entier est éminemment un livre de jugement. « Il était vêtu d’une robe teinte dans le sang ; et son nom s’appelle la Parole de Dieu » (Apoc. 19:13). De même aussi, dans l’évangile, c’est au Père que Jésus rend témoignage, comme c’est partout la joie du Père de rendre témoignage du Fils. En effet, vers la fin de son ministère, le Fils lui-même résume la substance et le caractère du témoignage qui se trouve là dans ces quelques paroles : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jean 14:9).
Tout cela contraste très fortement avec les caractères spécifiques de l’Apocalypse ; car le nom même du Père ne se trouve que rarement dans ce livre, et lorsqu’on l’y trouve, ce n’est pas dans le but de révéler Son amour comme Père vis-à-vis de Sa famille. Dans les versets 1:1, et 3:21 et 14:2, il est parlé du Père comme tel, mais seulement en relation avec Jésus. Le grand sujet du livre, c’est Dieu manifesté dans Ses jugements, et la puissance bienfaisante de Son royaume ici-bas lors de l’apparition du Seigneur Jésus « Roi des rois et Seigneur des seigneurs ». Même quand il est question des églises, tout cela est donné à un autre à leur sujet, non pas à elles directement.
« Bienheureux est celui qui lit, et qui entend les paroles
de la prophétie, et qui garde les choses qui y sont écrites, car le temps est
proche ». Quelle grave erreur pour des chrétiens, en présence d’une
déclaration pareille, de juger sans profit ce livre ou quelqu’une de ses
parties, et d’estimer qu’on peut le mettre de côté sans risque, soit comme trop
difficile à comprendre, ou, si on le comprend, comme n’ayant pas de portée
pratique pour l’âme ! Le soin particulier avec lequel le Seigneur l’a
recommandé est effectivement bien remarquable, non seulement ici au
commencement, mais aussi à la fin, où nous lisons : « Ces paroles
sont certaines et véritables ; et le Seigneur Dieu des esprits des
prophètes, a envoyé son ange, pour montrer à ses esclaves les choses qui
doivent arriver bientôt. Et voici,
je viens bientôt. Bienheureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce
livre ». On dirait que la prescience du Seigneur a anticipé dans de tels
avertissements la négligence avec laquelle ce livre serait traité par Ses
serviteurs, et qu’Il voulait par là les mettre en garde solennellement contre
elle, en recommandant tout spécialement ce livre pour qu’on l’étudie et qu’on l’utilise.
Soit dit en passant, il est non moins remarquable qu’une recommandation
analogue figure à la fin de 1 Thessaloniciens, qui
était la première des épîtres de Paul, et celle qui, plus que toutes les
autres, développe la grande vérité de la venue du Seigneur (1 Thess. 5:27). En Apoc. 1:3 le
Seigneur prend soin d’encourager le maximum de gens à venir en contact avec ce
livre. Non seulement l’individu qui le lit est déclaré bienheureux, mais la
même bénédiction est prononcée sur ceux qui entendent
ses paroles et qui
gardent (ou observent), ce qui y est écrit. Je suis bien certain que le
Seigneur ne manque pas d’encourager Ses saints qui comptent sur Sa fidélité et
Sa bénédiction assurées. Il n’a jamais cessé de faire sortir du bien de l’usage
de ce livre, particulièrement en période de danger, et malgré tout le mépris et
les fausses interprétations qu’on y a mis.
Les objections que l’on fait à l’étude de la prophétie
proviennent d’une racine d’incrédulité, parfois cachée en profondeur, qui
suppose que toute la bénédiction que l’on peut retirer d’un sujet, dépend de la
mesure dans laquelle il se rapporte immédiatement à nous ou à nos
circonstances. Aussi, lorsque j’en entends s’écrier qu’elle n’est pas essentielle
,
je voudrais demander « essentielle à quoi
» ?
Si on veut dire que la prophétie n’est pas
essentielle au salut, j’en conviens. Mais alors dans quelle position se
trouvent ces contradicteurs ! Leur souci de n’examiner que ce qu’ils
estiment indispensable au salut, montre qu’ils n’ont pas conscience du salut
eux-mêmes, et que ce besoin de leur âme est la seule chose qu’ils ressentent.
Or, nous tenons tous que ce n’est pas la prophétie, mais l’évangile, qu’il faut
présenter aux inconvertis. La venue de Christ en gloire, qui est le centre de
la prophétie non accomplie, doit être pour leur cœur un sujet d’épouvante, au
lieu d’être simplement une question intéressante à discuter. Pour le croyant,
la venue du Seigneur est bien « cette bienheureuse espérance ». Nous
attendons du ciel le Fils de Dieu, et nous l’attendons non seulement sans
aucune anxiété, mais avec joie, parce que nous savons qu’Il est ce « Jésus
qui nous délivre de la colère qui vient ». Tandis que, pour tout homme qui
n’a pas la paix par la foi en Christ mort et ressuscité, occuper son esprit,
soit de l’espérance de l’Église, soit des événements dont la prophétie traite,
ne constitue qu’une diversion dont l’ennemi peut faire un terrible usage, si ce
n’est pas une preuve de la mort complète de sa conscience quant à sa propre
condition devant Dieu — quoique je sois loin de prétendre que Dieu ne peut pas
se servir de cette vérité pour la réveiller. D’un autre côté, la connaissance
de la prophétie est indispensable pour apprécier comme il faut la gloire de
Christ et la gloire qui doit être révélée. Négliger la prophétie, c’est donc
mépriser sans le vouloir cette gloire et la grâce qui nous l’a fait
connaître : c’est la preuve manifeste de l’égoïsme de nos cœurs qui
voudraient que toute parole de Dieu se rapportât à nous directement.
Dieu suppose que ses enfants aiment à être entretenus de tout ce qui exalte le Seigneur Jésus. Le résultat aussi est bien frappant et sérieux : quand c’est Christ qui est l’objet de nos cœurs, tout est paix ; mais si notre propre bonheur constitue notre première pensée, il y a toujours déception et incertitude.
Une autre forme sous laquelle cet égoïsme opère, et contre
laquelle il faut veiller, même parmi ceux qui entendent les paroles de cette
prophétie, c’est l’idée que ses visions se rapportent à l’église — que les
sceaux, les trompettes et les coupes, par exemple, sont d’une haute importance
et d’un grand intérêt parce qu’ils nous concernent nous-mêmes (c’est-à-dire l’église),
soit dans le passé, soit dans l’avenir. Mais c’est là une erreur complète comme
cela ressort des paroles mêmes du verset que nous avons sous les yeux. Car le
motif allégué en faveur de l’importance qu’il y a à faire attention à ce livre
n’est pas que le temps est venu, ou que nous nous trouvons dans les
circonstances qu’il décrit, mais bien qu’elles sont proches
:
« car le temps est proche ». En poursuivant l’étude de ce livre, nous
verrons jusqu’où il considère ceux qui sont sur le terrain chrétien ou le
terrain de l’église, et nous verrons arriver un état de choses entièrement différent
avant la fin de cette ère, puis dans le millénium et finalement dans l’éternité.
Mais dès le début de ce livre, il apparaît clairement qu’il n’y a aucune base
pour supposer que, du fait que nous sommes en possession de ce livre, nous
devons nous situer dans les circonstances prédites ; de la même manière,
ce n’est parce qu’Abraham avait reçu des annonces confidentielles de la part de
Dieu, qu’il allait être nécessairement impliqué dans sa personne par le
jugement des villes de la plaine. Ce principe à rejeter que nous venons de
voir, est erroné ; il méconnaît la grâce dans laquelle le chrétien se
trouve, et il ignore qu’au dernier jour il y aura des serviteurs de Dieu dans
une position différente de la notre, et qui seront plus directement impliqués
dans les horreurs du temps, même s’ils en sont avertis et qu’ils en sont
sauvés, juste comme Lot a échappé au pire à temps. Cependant, si aux jours de l’apôtre
ce livre pouvait être profitable à des saints de Dieu non personnellement
concernés par les jugements, il peut au moins tout autant nous être utile. Que
le Seigneur nous donne d’apprécier toujours plus la position dans laquelle Il
nous a établis, connaissant paisiblement ces choses à l’avance.
« Jean, aux sept assemblées qui sont en Asie » (*). Déjà les versets 1 à 3 nous donnent un certain
aperçu des traits particuliers de ce livre, évidemment distincts de ceux que
présentent les autres parties du Nouveau Testament. Dieu revient passablement
aux principes d’après lesquels Il agissait aux temps de l’Ancien Testament.
Chacun peut s’apercevoir que le sujet ici n’est point l’édification positive de
l’Église, ni la manifestation des voies spéciales de Dieu en grâce, mais bien
le jugement du mal, soit dans les églises, soit dans le monde. Aussi en parfait
accord avec cela, voyons-nous Dieu se présenter à Son peuple sous un aspect et
sous un titre différents des autres écrits apostoliques. « Grâce et paix à
vous de la part de celui qui est, et qui était, et qui vient
». C’est
ce qui, dans le Nouveau Testament, correspond généralement à l’Éternel
dans l’Ancien Testament. Il y a cette particularité qu’Il est d’abord révélé
ici comme Celui qui est dans Son être absolu toujours présent, et ensuite comme
Celui qui était, et qui vient. Le « Je Suis » a la préséance, mais Il
était auparavant et Il vient. Dieu se révélait autrefois à Israël comme Celui
qui ne change pas, « le même hier, aujourd’hui et éternellement ».
Mais maintenant Dieu parle dans le langage des Gentils et traduit, pour ainsi
dire, ce nom de l’Éternel qui ne leur avait été jamais communiqué ainsi
auparavant, en ces expressions : « Celui qui est, qui était, et qui
vient ». Il reviendra vers Son ancien peuple d’Israël ; mais avant de
le faire, il faut nécessairement que s’exécute sur cette masse professante qui
s’appelle elle-même l’Église, un jugement qui la balaie. Ainsi lorsque Dieu
aura mis de côté la chrétienté, il réintroduira Israël — non plus sur le pied
de la loi, mais sur celui de la grâce. La loi prononçait la sentence de mort
sur l’homme pécheur, mais la grâce de Dieu l’a exécutée sur la personne du Fils
de Dieu. C’est ce que nous lisons en Héb. 2:9 :
« de sorte que, par la grâce
de Dieu, il goûtât la mort pour
tout ». Or Dieu, dans la mort du Seigneur Jésus Christ, a exprimé sa haine
pour le péché avec plus de force qu’en toute autre chose, en témoignage de
quoi, et comme réponse à cette mort, la grâce coule maintenant vers ceux qui
sont dans le pire état. En ce jour-là Israël connaîtra aussi cela pour
lui-même, mais ils comprendront mieux ce que signifie l’Éternel
. Et avec
quelle force cela leur prouvera que Son nom personnel en gouvernement de ce
monde est le gage précieux qui leur est donné comme nation, le titre de
relation dans lequel Il s’est révélé à eux comme leur Dieu ! Ce livre est
donc la transition d’une chrétienté moralement jugée vers « ce
jour-là ».
(*) Ce mot Asie, ne désigne pas même l’Asie-Mineure, mais seulement cette portion de sa côte occidentale qui formait la province proconsulaire romaine. Ce titre avait été donné au royaume de Pergame, tout comme le nom de province de Lybie ou d’Afrique avait été attribué à une partie du territoire carthaginois. — Certains expliquent l’absence de toute allusion à Colosse et Hiérapolis, par le fait que ces villes auraient été détruites par un tremblement de terre, peu après la date de l’épître de Paul aux Colossiens. Si Eusèbe et Tacite parlent du même fait (car leurs dates diffèrent), il semble que Laodicée, quoique englobée dans la même catastrophe, fut rebâtie avant le règne de Domitien. Mais en adoptant la première des dates de l’historien romain (A. D. 61), comment concilier cela avec la date de l’an 64 attribuée habituellement à l’épître aux Colossiens ? — Comment ne pas être surpris aussi, que quelqu’un d’impartial accueille l’idée étrange de Théodoret selon laquelle l’apôtre Paul fut le fondateur des églises de Colosse, de Laodicée et d’Hiérapolis ? Je pense à l’effort important de Lardner dans ce sens. Colossiens 2 bien compris, met les Colossiens et les Laodicéens, parmi ceux qui n’avaient point vu l’apôtre dans la chair.
La manière dont le Saint Esprit est introduit ici forme une
caractéristique du livre aussi frappante que ce qu’on vient de voir, et il en
est de même pour la manière dont il est parlé ensuite du Seigneur Jésus
Lui-même. « Grâce et paix à vous… de la part des sept Esprits qui sont
devant son trône ». Bien sûr, c’est le même Saint Esprit dont il est parlé
comme le « seul Esprit » dans l’épître de Paul aux Éphésiens, et qui
est mentionné ici comme « les sept Esprits qui sont devant son
trône ». Il en est parlé comme d’« un seul Esprit », là où il
est question du seul corps, l’Église, comme en Éph.
4:4. Mais ici c’est par l’expression de « les sept Esprits » qu’Il
est désigné, parce que lorsque Dieu aura terminé Son œuvre actuelle dans l’Église,
Il retranchera rigoureusement les incrédules (Juif ou Gentil), et cessera de
réunir les Juifs et les Gentils en un seul corps sur la terre. Au contraire,
dans le royaume millénaire sur terre, Israël doit être élevé au-dessus des
Gentils (voir És. 2:2-4 ; 11 ; 12 ;
24 ; 35 ; 49 ; 54 ; 55 ; 56 ; 65). Ce sera un
état de choses tout à fait différent, et en conséquence le Saint Esprit est envisagé dans la plénitude de la variété de Ses opérations
(comme en Ésaïe 11, où il est en connexion avec le
Messie) et non dans Son unité céleste. Il est ajouté « qui sont devant
son trône
» parce que le sujet principal de ce livre est le
gouvernement de Dieu ; d’abord providentiel et préparatoire dans les
sceaux, les trompettes et les coupes ; ensuite personnellement lors de l’apparition
du Seigneur jusqu’à ce qu’Il remette le royaume et que Dieu soit tout et en
tous.
En général, lorsque nous trouvons le souhait « grâce et paix à vous », c’est « de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ ». Mais dans ce passage l’ordre est différent : d’abord c’est « de la part de Celui qui est, qui était et qui vient », c’est-à-dire de l’Éternel ; ensuite « de la part des sept Esprits », etc. ; et enfin « de la part de Jésus Christ », etc. La raison pour laquelle l’ordre habituel est abandonné ici, c’est, je pense, parce qu’il y est question de Jésus, non pas tant en rapport avec le croyant, ni dans Sa gloire divine comme Fils de Dieu, mais spécialement en rapport avec la terre et avec ses droits légitimes sur le monde.
Le Seigneur est vu d’abord comme « le témoin fidèle ». Tous les autres témoins ont plus ou moins failli ; Lui seul a été le fidèle témoin de Dieu et pour Dieu sur la terre. Mais cela Lui a tout coûté. Mais même mis à mort, cela a été la défaite du prince de ce monde, et non pas celle de Christ ; c’est pourquoi en résurrection Il est « le premier-né d’entre les morts ». Il est la première personne à être entrée dans la vie de résurrection, de cette merveilleuse manière que la corruption n’a jamais pu toucher. Mais il nous est communiqué encore beaucoup plus. Il est l’héritier et le chef du nouveau domaine de l’homme au-delà de la mort et du tombeau — domaine qui est selon la justice et les conseils divins — et Il est Seigneur non seulement des vivants, mais aussi des morts, ceci étant démontré et manifesté dans la puissance de Sa résurrection. C’est ce qu’Il est car Il a été le fidèle témoin. Et de plus, lors de Sa venue en gloire, Il sera montré qu’Il est le « Prince des rois de la terre » en rapport avec le gouvernement du monde. Toutes ces choses sont rattachées avec ce qu’Il était, ce qu’Il est, et ce qu’Il sera en tant qu’homme. C’est Jésus envisagé dans ses rapports avec la terre, ou tout au moins en dehors de ce qu’Il est dans le ciel. Sa relation intermédiaire avec l’église (comme étant sa tête et comme « grand Souverain Sacrificateur ») disparaît comme ne relevant pas du cadre du gouvernement divin ici-bas.
Remarquez combien ce qui suit est beau. Dès que Jésus est présenté aux assemblées, et qu’Il est annoncé comme « le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts et le Prince des rois de la terre », la réponse de joie et de louange ne peut plus être contenue plus longtemps. Les saints interrompent, si l’on peut dire, le message de Jean, et éclatent en un cantique d’action de grâces : « À Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang ; — et Il nous a fait un royaume (*), des sacrificateurs pour son Dieu et Père ». Il satisfait les affections par le moyen de Son amour, Il a purifié la conscience par Son sang, et Il nous a établis dans la même relation glorieuse qu’Il est Lui-même vis-à-vis de Son Dieu et Père. Pourtant même ici, on ne trouve pas la relation chrétienne caractéristique. Il n’y a pas de relation de fils connue par l’Esprit de Son Fils dans nos cœurs ; il n’y a pas non plus de relation de membre avec le corps de Christ. C’est une bénédiction d’avoir accès comme sacrificateurs, il est glorieux de régner avec Lui ; mais ces deux privilèges seront partagés avec les martyrs apocalyptiques à la fin du siècle (voir Apoc. 5:10, et spécialement 20:4). Ce qu’il y a de commun sera vrai pour tous ; mais cela n’empêche pas de distinguer les privilèges.
Certains manuscrits faisant pourtant hautement autorité doivent
subir ici une légère modification, qui ajoute beaucoup à la douceur et à la
force du verset. Le texte correct est le suivant : « À Celui qui nous
aime
», et non pas « qui nous a aimés
». C’est
parfaitement vrai que Christ a aimé l’assemblée, et s’est donné lui-même pour
elle, selon Éph. 5. Et il est tout aussi vrai qu’Il m
’a
aimé et s’est donné Lui-même pour moi, comme nous le lisons en Gal. 2. Mais
Apocalypse 1 nous montre l’amour actuel
de Jésus. Ce n’est pas qu’Il
soit toujours à nous laver de nos péchés : Il nous a lavés par son sang
une fois pour toutes, et ainsi n’a pas à nous laver de nouveau. Naturellement
il y a pourtant aussi la purification pratique journalière, le lavage d’eau par
la parole ; mais ce n’est pas ce dont il est parlé ici. Ce dont il est
question ici est d’être lavé dans Son sang, une œuvre achevée et qui dure jusqu’au
bout à Sa gloire. Mais qu’il est précieux de savoir que, tandis que nous lisons
ici le livre même qui nous révèle le plus les voies et les moyens par lesquels
Dieu va mettre de côté la chrétienté infidèle, et juger le mal du monde, — qu’il
est précieux de savoir, dis-je, qu’en présence de tout cela nous pouvons
regarder en haut dans une pleine confiance en Son amour actuel qui demeure, et
nous écrier : « À Celui qui nous aime, et qui nous a lavés (**) de nos péchés dans son sang… À Lui la gloire et
la force aux siècles des siècles ! Amen ! »
(*) C’est une allusion claire à Exode 19, et cela suit l’idiomatique hébreue selon la vraie leçon du texte, qui est non pas « rois et sacrificateurs », mais « un royaume, des sacrificateurs ». Bien sûr, il y a la différence essentielle qu’en Ex. 19 il ne s’agissait que d’une offre conditionnée par l’obéissance légale d’Israël ; ici la grâce nous a donné une position, mais la position elle-même est formulée à la manière juive comme tout le reste, selon ce que le lecteur a pu voir et verra encore.
(**) certains manuscrits ont « délivrés » au lieu de « lavés ». Mais l’idée de laver est plus en harmonie avec le style du contexte. Doctrinalement, la différence est sans importance.
Après la salutation, « grâce et paix à vous », etc. voilà une interruption. C’est la voix des saints célestes qui éclatent en chant de louange.
Puis au v. 7, nous avons ces paroles solennelles, mais
précieuses : « Voici, Il vient avec les nuées, et tout œil le verra,
et ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront
à cause de lui. Oui, amen ! ». Ceci ne fait pas partie du cantique,
mais est un témoignage qui en est tout à fait distinct. Nous avons souvent ces
deux choses : ce qui constitue la communion
d’un saint de Dieu, et
ensuite ce qui est ou devrait être son témoignage
.
La communion les uns avec les autres est un grand élément du bonheur chrétien. Mais c’est la présentation de Christ et la connaissance de Lui et de notre part en Lui qui produisent le culte. Outre cela, le croyant est instruit par Dieu de ce qui va survenir sur le monde. Ceci fait partie de notre témoignage, mais n’est pas le thème dont le cœur devrait être le plus rempli. Chez quelqu’un occupé seulement de prophétie, vous trouverez des sujets d’intérêts valables et solennels, mais pas beaucoup de communion du cœur. Car, même si son jugement sur les événements en cours est correct, même si son attente du futur est fondée, il n’en reste pas moins que seule la grâce en Christ conduit à la communion. Il serait très mauvais de mépriser la prophétie, et celui qui le fait tombera sûrement dans tel ou tel piège. Mais si le chrétien est constamment occupé de détails de la prophétie, il n’y aura jamais chez lui la puissance pour le culte céleste, et cela ne le délivrera pas nécessairement des voies du monde. On peut être capable de parler fort bien sur les Juifs, sur les jugements de Babylone et de la bête, etc., et pourtant ne pas marcher dans la séparation du monde. Mais si notre cœur est occupé de Jésus, et que ces choses-là viennent en arrière-plan, elles se trouveront toutes au niveau qui leur convient. Le Saint Esprit nous conduit dans toute la vérité, Il glorifie Christ, et nous montre aussi « les choses qui vont arriver ».
C’est ainsi qu’il est dit en 2 Pierre 1:19, au sujet de la parole de la prophétie : « à laquelle vous faites bien d’être attentifs ». Il est important que je voie ce qui va arriver, et que je ne me laisse pas aller dans un chemin de facilité ici-bas. Ceux qui suivent le courant du monde ne devraient jamais trouver de consolation dans le fait de savoir que le Seigneur vient le juger. Mais il y a autre chose qui devrait faire les délices de l’âme : l’aurore commençant à luire, et l’étoile du matin se levant dans le cœur. Pierre ne parle pas ici du jour qui vient pour le monde, mais il affirme que la parole de la prophétie est une lampe admirable en attendant d’avoir la lumière céleste, et que l’étoile du matin se lève dans le cœur. C’est le cœur qui s’éveille aux espérances meilleures que celles d’Israël, et à l’espérance de Christ Lui-même venant pour nous comme la portion propre du cœur. Combien nombreux sont ceux, maintenant comme autrefois, et spécialement parmi les chrétiens juifs, qui ne s’élèvent pas au-dessus d’une espérance formée par la prophétie de l’Ancien Testament, laquelle est vraie et importante, mais qui n’est pas l’espérance céleste qui nous est donnée ! Ceci n’est jamais présenté dans l’Écriture comme un simple événement prophétique. Christ attendu et connu comme quelqu’un qui peut venir à tout moment pour nous rassembler autour de Lui, voilà la forme propre de notre bienheureuse espérance. C’est l’apôtre Paul qui expose tout spécialement l’espérance de l’Église, tout en présentant pleinement l’apparition et le royaume. Jean aussi regarde à Christ comme à l’Époux, à ce qu’Il est pour le cœur, après avoir achevé le témoignage général que rend l’Apocalypse à Son action judiciaire et gouvernementale.
Lorsque le Seigneur Jésus Christ vient pour nous prendre, il n’est pas dit qu’il vient « avec les nuées ». À Son ascension, une nuée Le reçut. Il en sera de même avec nous : nous serons pris ensemble dans les nuées à Sa rencontre. Mais ici Il est manifesté pour le jugement du monde, spécialement des Juifs. « Voici il vient avec les nuées ». C’est une révélation connue des saints célestes, et attestée par eux qui ne peuvent qu’aimer Son apparition comme ce qui brisera le joug du mal pour le monde, et assurera la gloire de Dieu et la bénédiction de toute la création ici-bas ; mais ce n’est point leur joie propre dans la communion. « Oui, amen ».
L’épître aux Colossiens dans ses chapitres 2 et 3, expose pleinement l’association des saints avec Christ. Il est ma vie, et je suis identifié à Lui. Ainsi, du moment que Christ, mon Sauveur, est mort au monde, moi aussi je suis mort au monde avec Lui. Il s’ensuit que non seulement mon trésor est jugé s’il est là, mais la religion même du monde est aussi jugée, parce que Christ a été rejeté par la religion du monde. Quand Lui qui est notre vie, sera manifesté, alors nous aussi nous serons avec Lui manifesté en gloire. Ainsi ici, quand Il viendra sur les nuées, tout œil Le verra. Mais ce ne sera pas le cas lorsqu’Il viendra prendre les Siens auprès de Lui en haut (2 Thes. 2:1). Maintenant Dieu rassemble les amis de Christ autour de Son nom. L’Église est un corps qui est appelé pendant que Christ ne se voit point, et le chrétien, ayant sa portion en Lui maintenant, est caché avec Lui. « Votre vie est cachée avec Christ en Dieu ». L’étape suivante est que nous sommes enlevés à Sa rencontre. Après cela (on peut chercher à savoir combien de temps après) Dieu nous amène avec Christ lorsqu’Il est révélé des cieux. Il ne sera pas alors vu simplement par des témoins choisis, mais « tout œil » le verra, spécialement les Juifs, caractérisés comme étant ceux qui L’ont percé (comparer Zach. 12:10 avec Jean 19:37), et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de Lui. Le mot « terre » peut aussi être traduit par « pays », auquel cas la phrase comprendrait non seulement les Juifs, mais toute la nation d’Israël, les douze tribus. Que le lecteur juge ce qui convient mieux au contexte, aussi bien qu’à l’énumération du verset. Il ne s’agit certainement pas des douze tribus parmi ceux qui L’ont percé, mais les douze tribus d’Israël distingué de Juda qui est plus directement coupable, à moins que ce ne soit encore plus large.
Dans ce verset, il ne s’agit donc pas du Seigneur venant à la rencontre des Siens pour les réunir auprès de Lui en l’air ; mais « tout œil le verra… et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui ». Quand le Seigneur viendra prendre son Église, ce sera bien différent. Dieu nous a unis à Christ dans le ciel déjà maintenant, selon toute l’efficace de Sa mort et de Sa résurrection. Pour autant qu’il s’agit de l’esprit, cela est vrai dès à présent, et ce sera vrai du corps lui-même lorsque Christ viendra. La résurrection de Christ m’appelle à vivre complètement pour Dieu, comme la mort de Christ me fait être aussi mort en principe au monde que si j’étais déjà réellement enseveli. En pratique hélas ! nous avons à reconnaître combien nous manquons tristement. Néanmoins, dit l’apôtre, « votre vie est cachée, etc. ». C’est la vie de Christ que vous avez reçue en vous. Tant que Christ est caché, vous êtes cachés aussi. Mais le temps est proche où ce ne sera plus le cas. « Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi vous serez manifestés avec lui en gloire ». Lorsque Christ viendra recevoir l’Église, aucun œil ne Le verra si ce n’est ceux pour lesquels Il viendra. Le monde ne verra Christ que lorsqu’Il viendra en gloire, amenant Ses saints avec Lui — révélé du ciel avec les anges de Sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu (les Gentils) et contre ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile du Seigneur Jésus Christ (les Juifs). Si le monde devait voir Christ venant seul en gloire avant que l’Église soit prise auprès de Lui, l’association inséparable dont l’apôtre Paul parle tant aux Colossiens, cesserait d’être vraie. Mais l’Écriture ne peut être anéantie. Il n’est pas possible que le monde voie Christ venant prendre les saints, parce qu’autrement il Le verrait sans eux et avant eux ; tandis que le tout premier moment de Son apparition doit être celui de notre apparition avec Lui. Il vient pour nous, et ensuite, nous venons avec Lui. Et cela ne repose pas seulement sur un mot, c’est la doctrine de tout le passage. La même vérité est montrée et confirmée par d’autres preuves dans tout le Nouveau Testament.
Avec Christ par Sa mort, nous sommes morts au monde ; unis
à Lui ressuscité, nous sommes ressuscités, et en
conséquence nous devons avoir nos cœurs fixés aux choses célestes avant que
nous les voyions. Et il y a plus que cela. Christ ne doit pas être toujours
caché : Il va être manifesté, et, quand Il le sera, nous serons aussi
manifestés avec Lui. Il est évident qu’il faut que Christ et l’Église aient été
ensemble avant d’être manifestés au monde, s’ils doivent apparaître ensemble.
Cela est incontestablement enseigné en Apoc.
19:11 : « Je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc ; et
celui qui était monté dessus appelé fidèle et véritable… Et les armées qui sont
au ciel, le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et
pur ». Le cheval est l’emblème d’une puissance agressive ; le cheval
blanc, l’image d’une puissance qui prospère, ou victorieuse. C’est le Seigneur
Jésus Christ venant en jugement, ce qui sera à peu près en même temps qu’il
viendra avec les nuées du ciel. Ces armées qu’on voit le suivant du ciel,
vêtues de fin lin, ne sont pas des anges. Le texte déclare que le fin lin (bussinon
) est la justice des saints. Or il est
remarquable que, bien que les anges soient décrits au chapitre 15, comme
« vêtus d’un lin
pur et éclatant » un terme différent (linon
)
est employé. Ainsi les saints célestes sont ceux décrits au ch. 19 comme les
armées du ciel, etc. Ils étaient donc dans le ciel avant que la voie soit
ouverte à Christ pour sortir en jugement ; ils avaient été pris à Sa
rencontre auparavant ; et maintenant ils Le suivent du ciel quand Il
vient. Je ne doute pas que les anges ne soient aussi dans son cortège, ainsi
que cela ressort d’autres passages ; mais il ne semble pas qu’il soit
question d’eux ici.
Dans la seconde venue du Seigneur, il y a deux étapes distinctes et importantes. En tout premier lieu, Il viendra recueillir à lui les Siens ; c’est ce que l’Église devrait attendre constamment. En second lieu, Il viendra pour juger le monde, après avoir enlevé les saints célestes, et que la méchanceté sera venue à son comble. Alors les cieux s’ouvriront tout-à-coup, et le Seigneur Jésus Christ viendra, et l’Église avec lui, apparaissant ensemble dans les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. Comment tout cela se fera-t-il ? Il ne fut point dit à Israël comment ils allaient être délivrés de l’Égypte. L’Éternel allait les délivrer, mais Il ne le leur expliqua pas la manière avant que cela arrive. De même le Seigneur va prendre l’Église au ciel à Sa venue. Par ailleurs Il viendra et jugera la méchanceté du monde ; mais alors l’Église viendra avec Lui du ciel.
Ici, il me semble que nous avons Dieu comme tel, sans pour autant exclure Christ (*), comme toujours, — avec l’expression des titres de Ses gloires variées, toutes divines, comme une espèce de sceau de ce qui précède, et une base pour ce qui suit, et dont ils sont une introduction. « Moi je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant ». Le premier nom (Alpha et Oméga) convient évidemment tout à fait à ce livre qui clôt si admirablement les communications écrites de Dieu. Il est le Dieu d’Israël, l’Éternel qui demeure à toujours, qui a soutenu les pères, et qui atteste ainsi la vérité, non pas seulement de l’avertissement solennel qui vient d’être donné, mais de tout ce qui est révélé ici jusqu’à la fin des temps. Assurément il serait salutaire pour tous les saints de se rappeler tous les noms annoncés ici, autant pour nous avant l’épreuve, que pour ceux qui seront appelés à traverser celle-ci. Il faut toutefois observer l’omission ici de ce qui est la révélation spécifique au chrétien. Il ne s’appelle pas Père dans cette prophétie. Les lecteurs de l’Apocalypse l’ont trop souvent oublié, en même temps qu’ils en oubliaient les raisons. Notre espérance diffère de la prophétie comme les cieux diffèrent de la terre.
(*) À la fin du livre (ch. 22:13), le Seigneur prend des titres semblables ; car s’Il est l’homme exalté, et s’Il doit venir et juger comme tel, Il est beaucoup plus que cela, et aucune manière de désigner l’Éternel Dieu ne peut dépasser la dignité de Sa personne. Mais les paroles du Texte Reçu, au verset 11 (« je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier »), sont là une interpolation, et gâtent l’harmonie du contexte. Tous les meilleurs manuscrits et versions les rejettent et ont « Dieu » au verset 8.
Le texte correct est le suivant : « Moi, Jean, qui
suis aussi votre frère et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume
et à la patience en Jésus Christ ». La tribulation, le royaume et la
patience
vont tous ensemble. C’est intentionnellement que Jean parle de
lui-même non comme membre du corps de Christ, mais comme leur frère et comme
leur co-participant dans la tribulation (peut-être parce qu’après l’enlèvement
de l’Église, il y aura encore des saints sur la terre et qui seront nos
frères). Jean prend place avec eux. Quels que soient nos privilèges
particuliers, le Saint Esprit aime nous voir entrer autant que possible dans la
position des saints de Dieu de tous les temps. Le livre de l’Apocalypse fut
écrit pour l’Église juste au moment où elle tombait dans un état de ruine. Le
chapitre 6 présente quelques-uns de ces co-participants de la tribulation. Mais
ce qu’ils disent prouvent qu’ils ne font point partie de l’Église.
« Jusques à quand, ô Souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas, et ne
venges-tu pas notre sang ? » etc. Nous trouvons dans le cas d’Étienne
l’appel à Dieu qui est propre au chrétien : « Seigneur ne leur impute
point ce péché ». Le chrétien est toujours appelé à souffrir dans le
monde. Ces saints de l’époque apocalyptique comprendront que le Seigneur est
sur le point de juger, et ils lui demanderont de le faire. Ce serait mal de le
demander maintenant
, car c’est encore le temps de la grâce. La foi règle
toujours son langage sur ce que Dieu fait, et maintenant Il agit en grâce et
non en jugement. Nous sommes appelés à sortir du chemin du monde, et à attacher
nos cœurs simplement à tout ce qui est glorieux et céleste ; car c’est l’objet
actuel de Christ. Les robes blanches données au chapitre 6 à ceux qui ont
souffert, sont une marque évidente de l’approbation de Dieu. Ils devaient se
reposer jusqu’à ce que leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux
fussent au complet. Le jugement devra alors prendre son cours.
« La tribulation, le royaume et la patience ». Le royaume de Christ sera établi en puissance quand l’affliction et la patience auront complètement cessé. Mais à présent les circonstances de ce royaume impliquent la tribulation. Le royaume des cieux présenté dans la prophétie de Daniel n’était pas un mystère : il signifie que les cieux règnent sur la terre. Mais au lieu que Christ trouvât, quand il est venu, sa place légitime comme Messie, Il a été rejeté et est monté au ciel ; et c’est là que commencent les mystères du royaume des cieux, tandis que Lui est invisible, sauf pour la foi. Il en résulte qu’il doit y avoir des choses à souffrir et à endurer dans le royaume dans son état effectif pour le chrétien. Lorsque Christ apparaîtra en gloire, tout cela prendra fin. Ce sera alors le royaume et la puissance (voir Apoc. 12). Maintenant c’est le royaume et la patience en Christ.
Ce terme « patience » est à bien peser. Nous avons communion avec Jésus dans cette attente patiente : nous attendons ce qu’Il attend. Un homme qui est né de nouveau maintenant ne se trouve point dans le royaume et la puissance, mais dans le royaume et la patience en Christ Jésus. De là vient que la conséquence naturelle d’un tel état de choses c’est la souffrance ici-bas. Aussi voyons-nous ici Jean jeté dans l’île de Patmos pour la parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus-Christ. C’était, je présume, à cause de son travail fidèle comme apôtre dans l’évangile et dans l’église, présentant Christ sous ces deux angles dans son ministère. Mais la manière dont il en parle a été inspirée selon le ton de ce livre, pour les raisons déjà suggérées.
C’est ainsi que Jean ne s’adresse point aux assemblées expréssément en tant qu’apôtre, mais comme leur frère et leur compagnon dans la tribulation et le royaume et la patience dans le Christ Jésus. Une chose remarquable que le christianisme a amenée, c’est que Dieu nous a ouvert un autre royaume d’un ordre différent du royaume terrestre, juif, — un royaume dans lequel il y a de la tribulation pour le temps présent, quant à nos circonstances, et une espérance patiente (la grande grâce qui correspond à cet état de choses et qui le distingue) ; car l’amour de Christ nous a faits rois, et nous régnerons avec Lui.
Mais l’Église s’est dérobée à sa position de souffrance et de patience ; elle a recherché et pris dans le monde une position de puissance ; — position qui avait appartenu de droit uniquement aux Juifs, et qui, à cause des péchés d’Israël, avait été dévolue aux empires Gentils par la souveraineté divine. En présence de la défaillance générale, il ne convient à personne d’avoir la tête haute ; et là où il y a une réelle séparation d’avec le mal, qu’il y ait aussi l’humilité ! Partout où il est question de cesser de mal faire, il est de toute nécessité qu’on regarde au Seigneur, de peur qu’on ne dise : « c’est là ce que j’ai fait et ce que d’autres n’ont pas fait ». Dites plutôt que tout est la grâce du Seigneur. Mais les chrétiens qui ont le désir de se tenir séparés du mal qui les entoure, sont en grand danger de se prévaloir un peu de ce qu’ils font quelque chose que d’autres ne font point. En présence du mal que nous avons fait et quitté, et dont nous avons encore à juger les effets en nous-mêmes, ce n’est pas le temps d’avoir des pensées élevées à notre sujet.
Lorsque Dieu exécutera ses conseils envers la terre, les Siens auront communion avec Lui dans ce qu’Il fera, comme autrefois dans le pays d’Égypte, dans le désert, et en Canaan. Mais dans le christianisme, il n’est pas question de conseils quant à la terre, mais de Jésus crucifié en faiblesse, et de puissance exercée pour le ressusciter d’entre les morts. Il y aura de nouveau un terrible déploiement de la puissance de la part de Dieu quand Christ jugera non seulement les vivants, mais aussi les morts. Mais pour nous, le feu de la colère de Dieu est tombé sur Christ ; Son jugement a été porté en grâce par Son Fils bien-aimé. Et maintenant Dieu est en train de graver la gloire céleste sur le cœur des siens. Il forme leur caractère par ces deux grandes faits qui se rencontrent en Christ : l’un est la croix, et l’autre est la gloire dans laquelle Il est monté. C’est avec ce qu’Il a fait en Christ que Dieu veut que nous ayons communion. Comme les Israélites avaient la loi gravée sur des tables de pierre, ainsi Christ devrait être être gravé par l’Esprit sur nos cœurs et dans nos voies. La vie d’une créature peut se perdre, mais ce que le chrétien possède est la vie de Christ, — et la vie de Christ peut-elle jamais périr ? Christ a passé par la mort, afin de donner une vie d’un caractère tel que la mort ne pût la toucher. Lorsque l’Éternel Dieu fit l’homme, il le fit de la poussière de la terre, mais il souffla dans ses narines la respiration de vie ; et c’est pour cela que l’âme est immortelle. L’homme a reçu cette vie directement du souffle de l’Éternel Dieu. Le péché cependant peut l’atteindre, et aussi la mort seconde — la misère éternelle dans l’étang de feu pour l’âme et pour le corps. Mais la vie que Christ souffla après qu’Il fut ressuscité des morts (Jean 20:22) était une vie que la mort ne pouvait jamais vaincre, ni même assaillir, et sur laquelle rien ne peut revendiquer des droits ; or telle est la vie de tout croyant.
Et pourtant il y en a qui s’imaginent
que la vie d’un croyant peut se perdre ! Tout ce que je puis dire, c’est
que Dieu n’agit pas avec ceux qui pensent ainsi, selon les pensées qu’ils ont
de Lui. La vie est aussi forte chez un Arminien que chez un Calviniste, parce
que c’est la vie de Christ
. Lorsqu’un homme a conscience d’avoir
gravement manqué contre Dieu, il est en grand danger de penser que c’en est
fait de sa bénédiction. Mais non ; vous avez péché contre cette vie et
contre Celui qui en est la source ; mais la vie elle-même est encore là,
et ne saurait être atteinte ; elle est éternelle. Si on est occupé à
regarder au-dedans de soi, à sa vie spirituelle, on n’aura jamais de
consolation. C’est ici la preuve que je suis chrétien, c’est que j’ai reçu le
témoignage de l’amour de Dieu en Jésus.
« Je fus en esprit, dans la journée dominicale ». Jean n’indique pas simplement qu’il avait l’Esprit comme tout chrétien l’a, ni qu’il était rempli de l’Esprit comme le chrétien devrait l’être, mais qu’il est devenu aussi complètement caractérisé par Sa puissance dans le but divin de voir et d’écrire ces visions, que l’est pour le mal quelqu’un qui est possédé par un esprit impur.
C’était la « journée dominicale », ou premier jour de
la semaine. La « journée dominicale » (en Grec, Kuriakê
)
n’est pas la même chose que le jour du Seigneur n’est pas du tout la même chose
que « le jour du Seigneur » (Hemera
tou Kurion
) de 2 Thess. 2:2, et autres passages. La même expression
(« dominicale » = Kuriakos
) était
employée pour désigner la cène du Seigneur, parce que ce n’était point un repas
ordinaire, mais un saint mémorial du Seigneur, institué divinement.
Pareillement, la journée dominicale n’est point un
jour ordinaire, mais un jour particulièrement mis à part, non comme un
commandement, mais comme l’expression du privilège le plus élevé, pour le culte
du Seigneur. Le sabbat était le dernier jour que l’Éternel réclamait dans la
semaine de l’homme ; la journée dominicale est le premier jour de la
semaine de Dieu, et dans un sens, pouvons-nous dire, de l’éternité de Dieu. Le
chrétien commence
par la journée dominicale, afin que cela donne, pour
ainsi dire, un caractère à tous les jours de la semaine. En esprit le chrétien
est ressuscité, et chaque jour appartient au Seigneur. En conséquence il doit
ramener au modèle de ce commencement béni (la journée dominicale), tous les
jours qui suivent dans la semaine. Rabaisser le jour du Seigneur au niveau d’un
autre jour, ne fait que manifester avec quel plaisir le cœur se livre à tout ce
qui est de nature à emporter au loin quelque chose de Christ. Celui qui obéit à
Christ seulement parce qu’il est obligé de le faire, n’a pas du tout l’esprit d’obéissance.
Nous ne sommes pas sanctifiés seulement pour l’aspersion du sang, mais aussi
pour l’obéissance de Jésus Christ (1 Pierre 1), — pour l’obéissance de fils
sous la grâce, non pour celle de simples serviteurs sous la loi. La licence qui
méprise la journée dominicale est détestable, mais ce n’est pas une raison pour
que les chrétiens lui enlèvent son caractère, en confondant la journée
dominicale, le jour de la création nouvelle, avec le sabbat de la nature ou de
la loi.
En cette journée-là, spécialement chère au chrétien, de brillantes visions de gloire passèrent devant les yeux du prophète. D’abord Jean nous dit ce qu’il a vu à cette occasion : c’est ce que nous avons dans le reste du chapitre premier (vers. 12-20). C’était la vision de la gloire de la personne de Christ au milieu des sept chandeliers d’or. « Les choses qui sont » (vers. 19) nous sont présentées dans les chapitres 2 et 3 qui décrivent la condition des assemblées en ce temps-là. La troisième division de l’Apocalypse renferme « les choses qui doivent arriver après celles-ci ». Le mot « ensuite » [utilisé par le Texte Reçu à la place de « après celles-ci »] est très vague, car il peut signifier des milliers d’années après. L’expression « après celles-ci » rend beaucoup mieux le sens de la phrase. Elle désigne ce qui allait arriver immédiatement après « les choses qui sont » maintenant — c’est-à-dire immédiatement après le temps de l’Église. Ces choses qui doivent arriver « après celles-ci » se trouvent à partir du chapitre 4 jusqu’à la fin du livre. Les « choses qui sont », continuent encore actuellement (dans l’application la plus importante du livre). Et qu’est-ce qui suivra ? « Les choses qui doivent arriver après celles-ci », lorsque l’Église aura cessé d’exister sur la terre.
Considérons un peu ce que vit l’apôtre. Tout d’abord, il entend derrière lui « une grande voix comme d’une trompette, disant (*) : Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept assemblées : à Éphèse », etc. (1:11). « Et je me tournai pour voir la voix qui m’avait parlé, et, m’étant tourné, je vis sept chandeliers d’or » (1:12). Évidemment c’était en analogie avec la lumière du tabernacle ; seulement en ce cas-ci, les chandeliers [ou : lampes] étaient séparés, de sorte que le Seigneur pouvait marcher entre eux. Ils étaient d’or, comme la justice divine placée ici pour donner de la lumière. Telle était leur responsabilité. Mais un autre objet attire l’attention du prophète : Christ était au milieu de ces chandeliers comme juge. Au milieu des sept chandeliers, Jean ne voit pas tout à fait le Fils de l’homme, mais il voit « quelqu’un semblable au Fils de l’homme ». Il est réellement Dieu, mais Il n’est pas tout d’abord présenté de cette manière. Jean 5 nous apprend la portée de ceci, et pourquoi il est question en cette circonstance du Fils de l’homme et non du Fils de Dieu. Le Fils de Dieu est celui qui vivifie, parce qu’Il est une personne divine ; Il vivifie en communion avec le Père. Donnant ainsi la vie, il est appelé le Fils de Dieu ; mais en tant que Fils de l’homme, Il exécute le jugement, parce que Dieu veut qu’Il soit honoré dans la nature même dans laquelle l’homme L’a outragé. Ceci nous montre en même temps la portée de ce que nous trouvons dans l’Apocalypse. C’est comme Fils de l’homme sur la terre que Christ est présenté ici, et comme tel il va exécuter le jugement sur les sept assemblées, et bientôt sur le monde. C’est alors qu’Il héritera de toutes choses, quoique d’une autre manière.
(*) Il est bien connu que les mots inséré ici par le Texte Reçu « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, et » ne sont pas appuyés par suffisamment d’autorité, et ont manifestement été insérés par erreur par quelque scribe.
La « robe qui allait jusqu’aux pieds », dont il était vêtu, n’indique pas une activité de travail, mais bien plutôt la dignité du jugement sacerdotal. L’« or » de la ceinture est le symbole de la justice divine ; pour le lin il est donné l’explication que c’est celle des saints et qui est vue des hommes. « Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige ». De sorte que, tout en étant le Fils de l’homme, et étant vu dans le vêtement et la position du sacrificateur occupé à discerner et à juger, on voit aussi en Lui les emblèmes de la gloire divine, comme cela ressort de la comparaison de ce passage avec Daniel 7. Ce qui est dit par Daniel de l’Ancien des jours, est appliqué par Jean au Fils de l’homme (*), l’Ancien des jours étant le Dieu éternel. Jean voit ici que le Fils de l’homme est Lui-même l’Ancien des jours, et en effet Daniel Le montre bien venant comme tel (7:22). Le même Jean qui écrivait : « la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu » et « la Parole devint chair », etc., c’est lui qui voit maintenant, dans une vision prophétique, l’humanité se combiner avec les emblèmes propres à la divinité, dans la personne du Fils de l’homme. La tête et les cheveux « blancs comme de la laine blanche, comme de la neige » expriment la plénitude de la sagesse divine. Il n’y a pas de tiare comme s’Il était en train d’agir en tant que souverain sacrificateur intercédant en grâce ; Il est en train de juger. Encore moins le voit-on avec une couronne ou un diadème. Le temps de régner n’est pas encore venu. Il s’est assis sur le trône de Son Père, pas encore sur le Sien.
(*) Il manque l’article en grec pour indiquer le caractère dans lequel Christ est vu : « un fils d’homme » est donc trop vague et ce n’est pas le sens. Si l’article avait été inséré, cela aurait donné l’idée de Christ comme la personne connue que Jean avait aimée et suivie sur la terre, plutôt que le caractère dans lequel Il apparaît maintenant.
« Les yeux, comme une flamme de feu » désignent la pénétration qui Le caractérisait dans le jugement. « Les pieds étaient semblables à de l’airain brillant (*), comme embrasé dans une fournaise », etc. Ils ne pouvaient contracter aucune souillure, et sont inflexibles dans la force de jugement, comme s’occupant de l’homme responsable selon Dieu. « Sa voix comme une voix de grandes eaux » exprime une puissance irrésistible et une majesté en dehors du contrôle de l’homme (1:12-15). Tel Il est personnellement et relativement.
(*) Le mot grec « kalkobano » semble composé du mot grec « kalkos » (cuivre) et du mot hébreu signifiant « blanc ». On a supposé que cette combinaison de grec et d’hébreu était en harmonie avec le livre. Comparer « oui, amen » (1:7) ; voir aussi 9:11, et peut-être ailleurs.
Et « il avait dans sa main droite sept étoiles », l’emblème des anges, ou de représentants ayant l’autorité au milieu des sept assemblées.
« Une épée aiguë à deux tranchants », la parole de jugement sortait de sa bouche, non pas de jugement moral seulement, mais de jugement jusqu’à la mort si nécessaire, et ceci même contre les apôtres à la fin ; parce que chez le Seigneur Jésus Christ, prononcer la parole, c’est en même temps frapper le coup. « Il dit, et ce fut fait ».
« Son visage était comme le soleil quand il luit dans sa force ». L’autorité suprême en gouvernement lui appartient comme homme. Les anges des assemblées sont représentés comme des « étoiles » seulement, du fait, bien sûr, qu’ils sont subordonnés au Seigneur en tant qu’instruments de la lumière divine. Il est clair que l’autorité suprême est dans le Seigneur, et qu’elle est universelle dans son étendue, et que les étoiles sont, dans les assemblées, ses luminaires administratifs, qu’Il maintient par Sa puissance. Il juge par Sa parole ceux qui l’ont et ceux qui la refusent.
Lorsque Jean voit cette vision merveilleuse du Fils de l’homme, il tombe à Ses pieds comme mort. Mais le Seigneur met Sa main droite, puissante pour soutenir, sur Son serviteur, tout tremblant par terre devant lui, et même comme mort, et Il lui dit : « Ne crains point, je suis le premier et le dernier, et le vivant, et j’ai été mort, et voici, je suis vivant au siècle des siècles ». Ce n’est pas une parole désapprouvant une attitude de Son serviteur allant même plus loin qu’un hommage, mais c’est une parole pour lui donner de nouveau de l’assurance, alors que sa nature était comme foudroyée devant Lui. Il est l’Éternel, et pourtant Il est homme. Mais s’Il n’était pas mort, nous ne l’aurions pas connu dans ce caractère béni et cette énergie de vie dans lesquels Il est maintenant — la vie en abondance. Qui pouvait dire « ne crains pas » comme Lui le disait ? Le christianisme présente Christ comme ayant passé par la mort, et comme ressuscité en triomphe pour Dieu et pour son peuple. Jean va entendre parler de jugements, et de ruses, de puissance et de colère de Satan au-delà de tout ce dont les hommes avaient déjà fait l’expérience ; mais la connaissance que la droite de Celui qui était vivant aux siècles des siècles avait été sur lui, et les paroles de Sa bouche allaient lui donner force et courage pour tout ce qui devait arriver. Tel est l’esprit dans lequel ce livre a été écrit et devrait être lu.
« Voici, je suis vivant aux siècles des siècles et je tiens
les clés de la mort et du hadès ». L’ordre de
ces deux derniers mots dans le Texte Reçu est inversé et c’est une erreur. Le hadès suit
la mort, et ne la précède pas (Apoc. 6). Voyez aussi le chapitre 20 où la mort et le hadès sont mentionnés plusieurs fois dans leur ordre
normal. Il en est de même ici dans les manuscrits qui ont le plus d’autorité.
Quand le Seigneur déclare qu’il tient les clés de la mort et du hadès, il indique qu’Il est le maître absolu de tout ce qui
pourrait menacer l’homme soit dans son corps soit dans son âme.
Pareillement aussi, au verset 19, et selon les manuscrits
faisant le plus autorité, il faut intercaler un petit mot qui ajoute un peu à
la force et à la connexion de ce qui est dit. « Écris donc
les
choses que tu as vues », etc. Parce que Je suis ressuscité d’entre les
morts, et que Je suis vivant à toujours, et l’unique maître de la mort et du hadès, écris donc. Celui qui commandait à Jean d’écrire
(1:11, 19) était le Fils de l’homme avec les caractères de l’Ancien des
jours ; mais Il était aussi le Seigneur vivant et victorieux, la sécurité
contre la terreur et la mort, Celui qui fortifie Ses serviteurs en présence de
la gloire : « Écris donc, les choses que tu as vues, et les choses
qui sont, et les choses qui doivent arriver après celles-ci » etc. La
nature humaine pouvait bien être confondue par la vision, mais Celui qui était
révélé à Jean se caractérisait Lui-même à la fois comme Dieu et comme l’Homme
qui avait passé par la mort, et qui avait détruit les titres auxquels Satan
prétendait et qui tenait le pouvoir pour les siens. Cela devait être écrit, la
révélation de Jésus vue par Jean, ainsi que l’état présent de l’Église, et les
choses qui suivraient (1:17-19).
Le verset 20 explique le mystère des étoiles et des chandeliers, comme déjà indiqué. Cela fait la liaison entre la vision de Christ et le jugement de l’Église, ou maison de Dieu sur la terre (Apoc. 2 et 3), aussi longtemps que son existence y est reconnue comme l’objet de Son gouvernement. Après cela, c’est le jugement du monde depuis le trône de Dieu dans le ciel, et on s’occupe de Juifs et de Gentils de diverses manières, mais les assemblées ne font plus jamais partie de ce livre. À mesure que nous avancerons, nous verrons tout cela plus clairement, et nous en verrons les raisons.
Les versets 1:4, 11 et ce qui suit, montre clairement que la vision de Jean concernait en premier lieu sept assemblées de la province d’Asie existant effectivement à l’époque.
Le chapitre précédent se terminait par ces mots : « les sept étoiles sont les anges des sept assemblées, et les sept chandeliers que tu as vus sont les sept assemblées ». Il résulte évidemment des versets 4 et 11 du chapitre 1, et de ce qui suit, que c’est aux sept églises qui existaient alors dans la province d’Asie, que ceci s’appliquait originairement.
Mais tout en reconnaissant qu’il y avait des raisons particulières de s’adresser à ces églises locales, je n’ai pas le moindre doute qu’elles furent choisies dans le dessein d’une portée plus vaste, de dépeindre des tableaux successifs de l’Église en général depuis les jours apostoliques jusqu’au terme de son existence sur la terre. De là vient que la vision comprenait sept chandeliers [ou : lampes], sept étant le symbole bien connu de quelque chose de complet au point de vue spirituel. Il pouvait y avoir d’autres églises autant ou mieux connues, et le grand apôtre des Gentils s’était déjà expressément adressé à l’une de ces sept. Mais Éphèse est reprise à nouveau, et six autres églises lui sont associées, de manière à présenter une esquisse mystique et parfaite des traits moraux les plus importants qui existaient alors, et qui en même temps devaient se développer d’une manière successive dans l’histoire ultérieure du corps professant sur la terre (*).Bien des choses qui sembleraient fort importantes aux yeux des hommes et même des chrétiens sont laissées de coté, car le Seigneur ne voit pas comme l’homme voit.
(*) Quiconque croit à l’inspiration de l’Apocalypse, admet naturellement l’application permanente des tableaux moraux contenus dans Apocalypse 2 et 3, comme ceux des « Actes » dans le Nouveau Testament, ou ceux des histoires de l’Ancien Testament. Mais l’idée que les sept églises représentent toutes les églises, ou l’état et le caractère général des églises aux jours de Jean me semble une pure confusion. Ce qui est vrai, c’est que chacune d’elle représente un état moral distinct dans lequel le corps professant peut se retrouver en tout ou en partie à un moment donné. Il est parfaitement vrai que les assemblées locales présentaient du temps de Jean les traits spéciaux décrits ici ; mais elles ne pouvaient pas toutes caractériser l’état général de l’Église à ce moment-là, parce qu’elles manifestent des conditions morales différentes et même opposées. Dès lors, si nous admettons par conséquent, comme il le faut, que leur portée s’étend au-delà des assemblées locales ou de la conduite simplement individuelle, elles ne peuvent naturellement que se rapporter à des phases successives d’un état spirituel, bon ou mauvais, dans l’Histoire de la profession chrétienne. Les partisans extrêmes de l’école protestante d’interprétation ne savent généralement pas que leur savant leader, Mède, s’exprime comme suit dans ses commentaires les plus avancés, intitulés « Courtes observations sur l’Apocalypse » (Œuvres, p. 905) : « Si nous faisons attention à leur nombre de sept, qui est un nombre d’un cycle de temps, et qu’en conséquence, dans ce livre, les sceaux, les trompettes et les coupes sont aussi au nombre de sept ; si par ailleurs nous réfléchissons au choix qu’a fait le Saint Esprit, en ce qu’Il n’a pas pris toutes les églises, ni l’église la plus célèbre au monde, comme Antioche, etc, (alors que celles-ci avaient sans doute autant besoin d’instruction que celles nommées ici), — si tout cela est considéré attentivement, n’apparaît-il pas que ces sept églises, au-delà de l’aspect littéral, ont été prises comme des modèles et des types des divers âges de l’Église catholique, depuis son commencement jusqu’à la fin, de manière que ces sept églises soient pour nous comme un échantillon prophétique septuple du caractère et de la condition successifs de toute l’Église visible, selon les âges divers, et correspondant à chacun des sept modèles d’églises que nous avons ici ? Et si on tient ceci pour acquis, savoir que l’intention du Seigneur était d’en faire autant de modèles d’états de l’Église, se succédant dans l’ordre où ces églises sont nommées, alors certainement la première église (l’état d’Éphèse) doit être au début, et la dernière église doit être à la fin », etc.
Un autre fait frappant réclame notre attention et notre admiration. On aurait pu penser qu’il était impossible de concilier l’éclairage prophétique sur des phases successives de l’église à partir des temps apostoliques comme on le trouve ici, avec l’attente continuelle de Christ. Mais la sagesse divine a résolu la difficulté ici-même, et on trouve la même fin dans les évangiles et les épîtres. Le Seigneur s’est plu à s’adresser à sept églises contemporaines existant effectivement, mais en s’occupant de ces faits existants, Il a su comment les choisir et formuler Son instruction de manière à concorder aux états qui suivraient jusqu’à Sa venue. Remarquons le commentaire contenu dans la réponse du Seigneur à la question de Pierre : « Seigneur, celui-ci (Jean), que lui arrivera-t-il ? et Jésus lui dit : si Je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi ». Dans cette partie du livre, le temps simplement littéral est exclu. Ce n’est pas futur, mais présent ; cependant du présent prolongé — « les choses qui sont ».
Mais on verra, je pense, que le Seigneur a surtout mis en avant les traits, bons ou mauvais, qui devaient réapparaître, et qu’Il a fait très convenablement ressortir ce qu’Il prévoyait devoir être de la plus haute importance pour celui qui aurait des oreilles pour entendre jusqu’à Son retour. Cette application étendue me semble confirmée avec force par la partie de phrase relative à ces églises dans la triple division que donne le chapitre 1 verset 19. Elles sont désignées comme « les choses qui sont ». Sans doute, elles existaient alors au temps de Jean ; mais si elles devaient continuer à exister, et si les semences qui étaient alors semées, devaient germer encore plus dans la suite, et donner une signification encore plus grave aux paroles et aux avertissements de notre Seigneur, cette expression « les choses qui sont » était encore appropriée pour désigner l’état de l’Église existant alors sur la terre.
C’est ainsi qu’Éphèse est le premier grand échantillon de déclin par suite du relâchement et de l’abandon du premier amour. Mais n’était-ce pas là quelque chose de notoire pour toute la chrétienté en général, avant que le dernier apôtre soit parti pour être avec le Seigneur ? S’il s’est trouvé dans ces jours-là, et encore plus dans les temps postérieurs, un pareil état moral, quoi de plus convenable et de plus naturel que de faire tourner des circonstances morales au profit d’un enseignement général ? Ainsi encore, sans mettre en question que le message adressé à Smyrne s’appliquait parfaitement à ce temps-là, il est aisé de voir qu’il fait admirablement ressortir les grandes persécutions répétées qui éclatèrent sur les chrétiens de la part des païens. De même l’élément que Balaam figure se montrerait naturellement avec une netteté plus grande, lorsque, au lieu de persécuter l’Église, le monde la protègerait. Vient ensuite Jésabel qui constitue un immense progrès dans le mal ; mais quoique dans les jours où l’Apocalypse fut écrite, il existât sans aucun doute ce qui donnaient lieu à ces allusions, peut-on nier que l’esquisse fût accomplie d’une manière bien frappante après que le trône du monde eut établi le Christianisme par ses édits, et que, à une époque plus avancée encore, l’église professante eut contracté une alliance coupable avec ce qui n’est, au fond, que paganisme et inimitié vis-à-vis de la vérité de Dieu ?
Ce coup d’œil rapide jeté sur les chapitres 2 et 3 fera voir d’un côté pourquoi je considère qu’il faut voir ces églises apocalyptiques comme ayant une portée prophétique réelle, quoique indirecte, sur les diverses conditions subséquentes de l’Église, telles qu’elles se présenteraient au jugement scrutateur du Seigneur. Il est clair, d’un autre côté, que la véritable position de l’Église, celle dans laquelle elle attend habituellement le Seigneur du ciel, aurait été faussée, si ce rapport avait été marqué au point d’être apparent d’emblée, et s’il avait été donné une histoire chronologique précise, si l’on peut s’exprimer ainsi ; car le Seigneur n’a parlé nulle part à l’Église, ni à son sujet, de manière à la faire s’attendre nécessairement à des siècles sur la terre. Naturellement, le Seigneur savait qu’il en serait ainsi ; mais Il n’a rien révélé qui fût de nature à mettre obstacle à la pleine jouissance de la bienheureuse espérance du retour du Seigneur comme une perspective immédiate. Dans les paraboles des évangiles qui parlent de Son retour, il figure un délai, mais le retour pendant la vie des disciples restait toujours une possibilité s’il avait ainsi plu à Dieu. Et il en est de même ici. Bien que dans ces sept assemblées, le déroulement complet de l’église sur la terre soit couvert par les phases variées et finalement parallèles, selon ce qu’il a plu au Seigneur de souligner, Il a pris soin de tout trouver dans des faits alors présents sous Son regard divinement perçant, en sorte que l’équilibre de la vérité a été maintenu sans discordance.
Quelques-uns ont pris avantage de ce manque de différentiation
pour nier que ces sept églises aient ce caractère de succession et de
prolongation dans le temps auquel j’ai fait allusion ; mais l’évidence
apparaîtra de plus en plus au fur et à mesure que nous examinerons chacune des églises.
Une autre considération qui doit avoir un grand poids, c’est qu’après ces deux
chapitres 2 et 3, il n’est plus fait nulle part allusion à l’existence d’églises
sur la terre. Dans les remarques finales du livre (22:16), le Seigneur dit qu’Il
a envoyé Son ange pour rendre témoignage de ces choses dans les
assemblées ; mais dans toute la série des visions et dans tout ce qui est
donné à connaître de la condition des hommes ici-bas après Apoc.
3, il est gardé relativement à l’Église sur la terre, le silence le plus
absolu, — silence inexplicable si l’Église s’y trouvait réellement ; mais
rien de plus simple si l’état de choses se rapportant aux églises
a pris fin. Tout cela s’accorde parfaitement avec chapitre 1:19 :
« Les choses qui sont, et les choses qui doivent arriver après
celles-ci
». Lorsque c’en est fini avec les églises, et qu’on ne les
voit plus comme telles sur la terre, la partie proprement prophétique du livre
commence à avoir son cours.
Il semble, en outre, que l’introduction d’une nouvelle phase dans la succession des églises n’implique pas nécessairement la disparition de ce qui avait été auparavant. En un mot, après l’apparition d’un état de choses nouveau, il peut y avoir co-existence avec l’ancien état de choses, et chacun d’eux peut continuer dans sa propre sphère. Ceci apparaît particulièrement vrai pour les quatre dernières églises, qui comportent chacune une référence à la venue du Seigneur, comme on le voit en Thyatire et dans les églises qui suivent.
En voilà assez sur les églises dans leur ensemble. La responsabilité sur la terre est le sujet dont il s’agit : non pas les privilèges de l’Église ou des saints en Christ, mais l’obligation sous laquelle les églises se trouvent de Le représenter, et l’appréciation qu’Il fait de leur état. Les chandeliers sont formellement sous Son œil scrutateur et sous Son jugement. Longtemps auparavant, Paul avait montré (1 Tim.) que l’église du Dieu vivant était la colonne et le soutien de la vérité. Nulle part ailleurs dans le monde la vérité y est aussi gravée et maintenue que dans cette maison de Dieu ; mais même Paul nous fait voir qu’un tel privilège et une telle responsabilité ne la préservent nullement de la ruine ; car dans cette dernière épître il décrit sa condition comme étant celle d’une grande maison avec des vases non seulement à honneur mais aussi à déshonneur, desquels l’homme pieux doit se purifier. Ici, Jean place devant nous le fait solennel du Seigneur jugeant moralement les églises par Sa Parole (ce n’est pas l’église en train de juger !). Hélas ! l’église prétendant être un juge, et devenant par conséquent une fausse prophétesse meurtrière, — cela fait partie du mal jugé dans l’église de Thyatire, comme nous le verrons au ch. 2.
Thyatire a une autre caractéristique, en ce qu’elle est la première à avoir la venue du Seigneur, non pas spirituellement ou providentiellement comme dans les messages à Éphèse et à Pergame, mais effectivement, et par conséquent, tandis que ces deux dernières églises peuvent avoir disparu, elle (Thyatire) va jusqu’à la fin, comme les états qui suivent, ceux de Sardes, Philadelphie et Laodicée, ces églises étant encore spécialement remarquables par le fait que le Seigneur s’adressent à elles en portant des caractères différents en tout ou partie de ce qui a été vu de Lui dans la vision du ch. 1, tandis que Ses caractères selon la vision du ch. 1 étaient systématiquement utilisés pour s’adresser aux trois premières églises. Et si nous ne pouvons que discerner la papauté dans la Jésabel de Thyatire (celle-ci ayant un résidu fidèle qui, dans sa simplicité, refuse ses abominations et résiste à sa politique sanglante), pouvons-nous manquer de voir dans Sardes la froide exactitude du protestantisme s’approchant du monde et étant menacée de partager son jugement ; dans Philadelphie un témoignage faible mais dépendant de Christ, s’attachant à Sa Parole, mais ne reniant pas Son nom, remplie de la perspective de la « bienheureuse espérance » ; et dans Laodicée cet état final nauséabond d’indifférence et d’autosatisfaction qui grandit toujours plus autour de nous !
Voyons maintenant plus particulièrement la première des sept assemblées (1:1-7). Observons d’abord, qu’il est dit à Jean d’écrire à l’ange de l’assemblée qui se trouve là. Ce n’est plus aux saints et fidèles qui sont à Éphèse dans le Christ Jésus » que la lettre est adressée ; ni aux saints avec les surveillants et les serviteurs, comme dans le cas de l’assemblée de Philippes. Pourquoi cela ? Les voies du Seigneur sont toujours pleines de grâce, mais elles sont justes aussi, et l’Église était déchue et en chute, de sorte qu’Il ne pouvait plus s’adresser à elle avec le même amour familier qu’auparavant. L’assemblée s’était éloignée de Dieu de la façon la plus sérieuse, et Jean est dirigé à adresser sa lettre, non pas à l’assemblée, mais à son ange ou représentant. Les anges dont il est parlé dans ces épîtres étaient des hommes, et ne doivent pas être confondus avec les êtres d’une nature spirituelle qui sont appelés de ce nom (*). L’apôtre Jean est employé par le Seigneur à leur envoyer un message, et Dieu agirait contrairement à toutes Ses voies s’Il employait un homme comme messager auprès des anges proprement dits. Les anges servaient souvent d’intermédiaires entre Dieu et l’homme, mais jamais les hommes entre Lui et les anges.
(*) Origène et Andréas adoptèrent le premier sens, mais Épiphane
et d’autres le rejettent expressément. Plusieurs parmi les modernes supposent
que ce terme est emprunté à la synagogue, et répond au chazan
de celle-ci. Dans ce cas, l’ange de l’assemblée ne saurait être un ancien,
bien moins encore le président ou chef des anciens, comme le prétend Vitringa, mais plutôt celui que l’on appelle clerc ou
sacristain. Le terme employé par le Nouveau Testament pour désigner ce chazan ou ange de la synagogue, paraît être hupérétès,
celui qui prenait soin des livres, etc (Luc 4:20) ; le chef de la synagogue (archisynagogos
) était distinct, et il y en avait plusieurs. Comparer Lightfoot (Opp. Vol. 2 p. 279,
310). Par ailleurs, certains ont supposé que les « envoyés »
pouvaient avoir été envoyés par les assemblées d’Asie auprès de Jean, et qu’ils
étaient donc appelés aggelos
ekklesion
(comme le furent les disciples de Jean
envoyés vers le Seigneur, Luc 7:24 ; d’autres furent envoyés par le
Seigneur Lui-même quand Il était ici-bas, Luc 9:52, et les espions furent
envoyés par Josué, Jacques 2:25), et que le Seigneur s’adressa ainsi à eux dans
les messages qu’Il commande d’écrire aux assemblées. Mais je préfère l’idée de
représentants, beaucoup plus en harmonie avec la prophétie dans son ensemble.
Je crois, en outre, qu’il n’y a pas assez de base pour affirmer
que l’ange à qui cette lettre est adressée, tout en étant un homme, occuperait
nécessairement une position officielle telle que celle d’un surveillant ou
ancien (*), etc. Il pouvait éventuellement
avoir une telle charge, ou non. « L’ange » implique toujours l’idée
de représentation. Nous trouvons dans l’Ancien Testament l’ange de l’Éternel, l’ange
de l’Alliance, etc., et il est fait mention en Daniel d’anges qui étaient
identifiés avec Israël ou d’autres puissances, etc. Le Nouveau Testament parle
d’anges des petits enfants qui voient la face de leur Père dans le ciel,
expression par laquelle il faut évidemment entendre leurs représentants. Ainsi
pour Pierre en Actes 12, on disait que c’était son ange. J’en conclus donc qu’ici
l’ange, tout en étant un homme, est d’une manière ou d’une autre, le
représentant de l’assemblée, un représentant idéal et responsable. En
conséquence il pouvait être dit, « j’ôterai ton
chandelier »
[ou : « ta lampe »], etc. Voir sous ce terme d’ange une position
officielle déterminée mériterait les plus fortes objections, non pas seulement
parce que ce serait introduire une nouveauté, mais parce que cette nouveauté
serait en opposition avec tout ce que l’Écriture enseigne ailleurs quant à l’assemblée.
Mais je n’ai aucun doute qu’on trouve en fait dans les assemblées une personne
particulière que le Seigneur associe à l’assemblée d’une façon toute spéciale comme
la caractérisant : cette personne est moralement identifiée avec l’assemblée,
et reçoit du Seigneur soit louange, soit condamnation, selon l’état de l’assemblée.
(*) Nous savons d’après Actes 20:17, 28 qu’il y avait à Éphèse des anciens ou surveillants dûment nommés, comme c’était en tout cas l’habitude dans les assemblées tant soit peu matures, et où un apôtre ou un délégué apostolique comme Tite pouvait les visiter dans ce but. Mais il n’y a pas de raison pour croire que « l’ange » était un titre officiel ou un dirigeant-chef. Il est probable cependant que justement la mauvaise compréhension de ce terme a suggéré ou confirmé l’invention de l’épiscopat, qui était initialement congrégationnel plutôt que diocésain. Ignace rabâche très singulièrement et tellement sur cette dignité, même dans la forme la plus restreinte de ses rares épîtres authentiques, qu’il donne l’idée de quelqu’un soucieux d’accréditer une institution relativement nouvelle. Il est certain que l’Écriture ne soutient pas cette idée, sauf dans ce livre prophétique sous la forme de ce symbole mystérieux – une base bien précaire pour une charge des plus importantes, et ignorée des passages de l’Écriture consacrés à la question de direction.
Ici l’état de l’assemblée est directement imputé à l’ange. Le
fait que c’est à lui que parle le Seigneur, et non à l’assemblée, place pour
ainsi dire cette dernière, à une plus grande distance de lui. Un fait pareil ne
nous dit-il pas beaucoup sur la terrible condition dans laquelle l’Église était
tombée ! Le Seigneur ne pouvait plus s’adresser directement à ces
assemblées. Il avait
parlé sans intermédiaire même aux
Corinthiens ; car si coupables qu’ils fussent, ils ne s’étaient pas ainsi
détournés de Lui après L’avoir beaucoup aimé. Mais ici
le message consiste en ces paroles désolantes : « Tu as abandonné ton
premier amour ». Pourtant, si l’assemblée n’était pas fidèle, Christ avait
au moins un fidèle serviteur dans la personne de Jean : et c’est à lui qu’il
est parlé en tout premier lieu. Et qu’on se souvienne toujours que, depuis
lors, l’Église ne s’est jamais relevée de cette chute, et de cette position d’éloignement
relatif (*). L’Église, la maison de Dieu, est
dans un état complet de ruine ici-bas ; et dans un état pareil, la
première chose qui nous convienne c’est de le sentir devant Lui.
(*) C’est dans ce sens que nous pouvons comprendre comment les églises, tournant une oreille sourde aux messages de Christ, comme elles le firent certainement tôt, cessèrent d’être reconnues de Dieu, et ainsi la partie strictement prophétique peut, depuis lors, s’appliquer d’une manière imparfaite, partielle et par prolongation, tandis que dans un sens final et complet, il reste le rejet de la profession incrédule des Gentils, et sa crise brève quand la portion prophétique est exécutée à la lettre et en son temps. Ceci semble être tout à fait confirmé par la manière employée pour décrire cet état ecclésiastique anormal, « les choses qui sont », qui admet facilement une prolongation sans limite. Ce n’est pas les sept assemblées, ni les messages qui leur sont adressés, mais une phrase aisément applicable à la fois à leur condition du moment, et à l’état prolongé de ruine dans lequel nous sommes maintenant.
Ceci ne touche en aucune manière la question du salut
éternel ; mais c’est abuser de la certitude du salut que de s’en servir
pour amoindrir nos obligations envers Dieu. De fait, avant la conversion, on n’a
jamais réellement le sens de ce qu’est le péché ; car s’il y en avait
alors, il serait accompagné d’un désespoir complet. Mais après la conversion,
et après avoir une paix parfaite, nous pouvons supporter de regarder à notre
péché, et nous sommes en mesure de le juger pleinement. Un ange saint ne
connaît pas Dieu comme nous devrions le connaître — je ne dis pas comme nous le
connaissons,
quoique ce soit vrai aussi. Un ange pénètre dans les
merveilles de la puissance de Dieu « obéissant à la voix de sa
parole » ; mais les choses profondes de Dieu se montrent, chose
merveilleuse à dire, au sujet de notre péché, et dans la personne de son Fils
unique, « vu des anges » il est vrai, mais en relation vivante avec
nous.
Le Seigneur se présente à Éphèse comme « celui qui tient les sept étoiles dans sa droite, qui marche au milieu des sept chandeliers d’or » (2:1). Il parle de Lui-même comme ayant autorité sur tous les représentants de la lumière céleste, et en train de marcher parmi les vases de Son témoignage. C’est aux représentants qu’Il s’adresse, mais l’assemblée est néanmoins responsable et traitée comme telle. Il est venu pour examiner, pour juger — non pas encore naturellement le monde impie — mais l’assemblée qui est à Éphèse. Quelle différence entre l’aspect sous lequel Il nous est présenté ici, et celui sous lequel nous Le voyons, et l’Église aussi, en Éph. 1 et 2 ! Là, Il est assis à la droite de Dieu dans les lieux célestes, et Dieu nous y a fait asseoir aussi ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Ici Il marche au milieu des chandeliers. Sa main est indispensable, car personne d’autre que Lui ne pourrait faire face aux difficultés. Mais n’est-il pas solennel qu’Il soit ainsi présenté précisément à cette même assemblée à laquelle Paul avait ouvert la plénitude de Sa grâce céleste, et la plénitude de leur bénédiction en Christ ? Et maintenant Le voilà obligé, pour ainsi dire, de marcher et de revendiquer Son autorité, non pas parmi ceux qui ne L’ont pas connu, mais là où l’on avait jadis si bien connu Son amour — et que maintenant, hélas ! on l’avait oublié et déshonoré.
« Je connais tes œuvres, et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants, et que tu as éprouvé ceux qui se disent être apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs, et tu as patience, et tu as supporté des afflictions pour mon nom, et tu ne t’es pas lassé » (2:2, 3). Ainsi, il y avait bien des choses à louer. Il y avait de la patience, et c’est le premier signe, sinon le plus grand, que Paul donne de son propre apostolat. Il y avait plus encore : car rien n’est plus facile à lasser que la patience quand elle a été beaucoup mise à l’épreuve. Mais ici, à Éphèse, il y avait de l’endurance (comparer les v. 2 et 3). En outre, là où il y a de la patience, il peut y avoir tendance à passer par-dessus le mal, ou du moins à supporter les méchants. Mais ce n’était pas le cas ici. Les Éphésiens avaient supporté des afflictions pour le nom de Jésus, mais ils ne pouvaient supporter les méchants, et ils avaient éprouvé ceux qui prétendaient à la position la plus élevée, celle d’apôtres, et les avaient trouvés menteurs ; ils avaient continué de cette manière, et ne s’étaient point lassés. Qu’il est doux de voir le Seigneur (dans sa douleur, et si l’on peut parler ainsi, dans Son amour déçu), commencer ainsi par tout ce qu’il y avait de bien !
Mais tout en trouvant chez eux des choses à louer, Il avait contre eux qu’ils avaient abandonné leur premier amour. Il est évident qu’il n’y avait rien de spécial, sinon l’esprit ou le principe du déclin de l’église en général. En effet cela va très loin : c’est ainsi que les anges ont abandonné leur premier état, et aussi Adam, et aussi Israël. Hélas ! il faut ajouter maintenant l’assemblée de Dieu, bénie et aimée plus qu’eux tous. Ils n’avaient plus la conscience de l’amour du Seigneur pour eux, et la fraîcheur de l’énergie de leur propre amour pour Christ avait disparu. Or c’était leur appréciation de l’amour du Seigneur qui produisait l’amour en eux.
Puis-je faire la remarque que l’ajout du mot « quelque chose » dans le Texte Reçu au verset 4 paraît affaiblir le sens ? Il pourrait suggérer l’idée que le Seigneur n’avait que peu de chose contre eux, tandis qu’en vérité, il était extrêmement affligé. Ne pas sentir Son amour, et par conséquent ne pas le Lui rendre, n’était pas une petite chute, surtout chez ceux qui avaient autrefois joui de Son amour. Mais maintenant il s’était éteint, et où cela allait-il s’arrêter avec le temps ? « Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières œuvres, autrement je viens à toi [promptement], et j’ôterai ton chandelier de son lieu, à moins que tu ne te repentes ». Solennel avertissement ! Non seulement l’assemblée est susceptible de perdre sa place de soutien de la sainte lumière de Dieu, mais elle est assurée qu’elle la perdra effectivement si elle abandonne le premier amour et qu’elle ne s’en repent pas. Il est beaucoup plus facile d’avoir du zèle pour agir que pour se repentir. Mais même ceci ne saurait satisfaire Son cœur, à moins qu’ils ne reviennent à leur premier amour qui avait produit leurs premières œuvres : sinon il faut que le chandelier soit ôté. La source de la grâce est comme tarie.
Je doute, tant pour des raisons externes que pour des raisons internes, que le mot « promptement » doive se trouver au verset 5. Car lorsque le Seigneur vient pour juger les voies des Siens, peut-on dire que c’est ainsi qu’il vient ? Quand il vient, soit pour combattre contre les Nicolaïtes, soit pour nous prendre avec lui, Il est certes prompt (Apoc. 2:16 ; 3:11 ; 22:7, 12, 20). Mais il donne du temps pour la repentance, même s’il s’agit de Jésabel, et combien plus à ses chers Éphésiens !
L’enlèvement du chandelier [ou : de la lampe] n’implique point que l’église ne pourrait pas continuer en apparence comme auparavant, mais qu’elle perd sa place comme témoin pour le Seigneur, digne de confiance. Rien ne peut réparer la distance entre Christ et les Siens, ou entre l’âme et Christ. Et telle était la situation alors, non pas simplement pour l’assemblée d’Éphèse, mais même dès lors, pouvons-nous dire, je pense, pour l’Église en général. À mon avis, ceci confirme le but de succession des « choses qui sont ». Le témoignage extérieur pouvait bien continuer, mais ce n’est pas là ce que le Seigneur apprécie le plus, quoiqu’Il l’apprécie, dans la mesure où il est simple, authentique et fidèle. Cependant il ne peut que faire grand cas de tous les cœurs qui lui sont dévoués, le fruit de Son propre amour, de Son amour personnel, parfait, qui s’immole lui-même. Il a sur la terre une épouse qu’il désire voir sans autre objet que Lui-même, gardée pour Lui, pure du monde et de ses voies. Dieu nous a appelés pour cela, non seulement pour le salut, ou pour un témoignage à Lui dans la piété, — quoique tout ceci soit vrai et fort important — mais Il nous a appelés par-dessus tout pour Christ — comme une épouse pour son Fils ! Ce devrait être là certainement notre première et notre dernière pensée, notre pensée continuelle et la plus chère ; car nous sommes fiancés à Christ, et Il a, Lui, prouvé la plénitude et la fidélité de Son amour pour nous. Mais qu’en est-il du nôtre ?
Regarder à Christ de cette manière tient le chrétien dans la
poussière, et néanmoins se réjouissant toujours en Lui. Le sentiment de la
chute en nous-mêmes et chez les autres serait accablant, si ce n’était que nous
avons le droit de trouver notre joie en Celui qui n’a jamais failli, et qui,
malgré tout, nous aime, nous qui avons rendu pour Lui un témoignage si faible
et si vacillant. Si donc nous allons à Lui
, connu de cette manière, même
pour de pénibles confessions, Il ne nous laissera pas aller sans nous bénir et
nous fortifier. Nous lui devons de reconnaître et de sentir notre péché ;
mais être occupés seulement de défaillance ne donne jamais de force :
Christ doit posséder la gloire. Et assurément Celui qui nous a délivrés de la
colère à venir, et qui peut nous sauver de l’enfer, Lui a le pouvoir de nous
préserver et de nous arracher à toute fosse sur la terre. Seulement que le
chrétien confesse son péché, et s’attache à Jésus ; voilà qui justifie le
nom de Celui qui vient à son secours, et alors la victoire est sûre.
Quelle consolation et combien cela est propre à rassurer, de voir qu’à la suite de ce qu’Il a dû censurer, le Seigneur reparle encore de ce qui peut avoir son approbation ! « Mais tu as ceci, que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, lesquelles, moi aussi, je hais » (2:6). L’essence du Nicolaïsme semble d’avoir été l’abus de la grâce, au mépris du chrétien et même de la pratique morale. Les saints d’Éphèse avaient failli au devoir de demeurer attachés avec une ferveur renouvelée au bien, mais ils avaient communion avec le Seigneur dans le rejet des fausses prétentions et dans l’horreur du mal. On dit souvent : « il n’y a pas d’église parfaite sur la terre ». Je voudrais demander en réponse, ce qu’on entend par « une église parfaite ». Se trouvera-t-il un chrétien osant me dire que nous ne devons pas viser à tout ce qui est conforme à la sainteté de Dieu ? Je réclame juste pour l’assemblée ce que l’on est tenu de m’accorder pour tout chrétien individuellement. Comme il peut bien y avoir trop de fautes chez l’individu, ainsi peut-il aussi en être dans l’assemblée. Mais alors il y a cette bénédiction que, comme le Saint Esprit habite dans l’individu pour le guider et le bénir, ainsi le même Esprit habite dans l’assemblée, et Christ la purifie par le lavage d’eau, par la Parole. Il y a deux choses dans l’assemblée aussi bien que dans l’individu — le Saint Esprit qui est la puissance du bien, et la chair qui convoite contre lui. De même que, dans un homme, on peut dire que l’âme est répandue dans tout le corps dont elle anime toutes les parties ; ainsi en est-il de l’Esprit dans l’assemblée de Dieu. Lorsqu’on prétend qu’il faut tolérer l’absence de sainteté parce qu’il n’y a pas d’homme qui soit exempt de péché, c’est de l’antinomianisme ; et je crois que c’est là le principe même des Nicolaïtes. Chaque individu est tenu d’être prêt à rencontrer le Seigneur, sans rien laisser qui ne soit réglé au moment de Sa venue, et le Seigneur attend la même chose de l’assemblée, parce qu’il y a une puissance divine contre le mal dans l’Église comme chez le saint.
Vient ensuite la promesse précédée de la parole d’avertissement, mais tout est général, comme le danger et la menace. « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées : À celui qui vaincra, je lui donnerai à manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de mon Dieu » (2:7).
Il y a eu le paradis de la création où l’homme a été placé et mis à l’épreuve par le simple test de l’obéissance, une seule fois ; mais il est tombé. Maintenant une nouvelle scène s’ouvre. Ce n’est plus le jardin d’Eden, mais le paradis de Dieu — « de mon Dieu » dit le Seigneur Jésus ; non pas de Dieu seulement en contraste avec l’homme, mais de « mon Dieu » comme Jésus Le connaissait. C’est dans la rédemption qu’Il nous introduit. Il ne s’y trouve pas d’arbre de la responsabilité qui puisse introduire la douleur et la mort. Seul s’y trouve l’arbre de vie. L’assemblée d’Éphèse était déchue, il est vrai de son premier amour : mais y a-t-il quelque chose de trop dur ou de trop bon pour le Seigneur ? Quelqu’un a-t-il senti profondément et correctement le tort qui était fait à Sa grâce ? s’il n’y avait qu’un seul qui ait vaincu (et il s’agit de victoire par une foi forte, non par simple préservation de la bénédiction originelle ; il s’agit aussi de vaincre à l’intérieur de l’église), cette promesse lui était donnée pour la consolation et la joie de son âme. La grâce du Seigneur est tout aussi pleine aujourd’hui. Puisse-t-il n’y avoir ici que des personnes ayant des oreilles pour entendre ; et s’il y en a qui en aient, puissent-ils écouter et vaincre !
Il est bien d’écouter l’assemblée agissant en discipline, se confiant en Celui qui est au milieu d’elle. Mais quand l’église abandonne son premier amour, et revendique d’autant plus fort d’être écoutée, prenant la place de Christ ou de l’Esprit, et prétendant enseigner, que faire ? « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ». Maintenant la responsabilité individuelle devient incontestablement le principe pour le chrétien, comme en Matt. 13 pour le disciple, après la proclamation au ch. 12 du jugement d’Israël.
Dans le message à Éphèse, nous avons vu l’assemblée s’écarter de son premier état. L’état qui suit est différent. L’Église à Smyrne est dans la détresse ; les saints de Dieu souffrent. Ils ont pensé peut-être que cette terrible épreuve était quelque chose d’étrange qui leur arrivait : mais la vérité est au contraire que le Seigneur est plus attristé par un chrétien quand Il le laisse exempt de souffrance pour la justice ou pour Son nom. Le Seigneur a Lui-même connu la tribulation au plus haut degré : mais dans Son cas, ce n’était que l’épreuve du bien qui était en Lui intérieurement, et la manifestation de Sa perfection à l’extérieur. Et tout pauvres que nous sommes, nous pouvons aussi connaître l’épreuve indépendamment du mal qui est en nous. Dans les châtiments qu’Il dispense à un chrétien en mettant Sa main sur lui, le Seigneur a deux sortes d’objectifs : cela arrive parce qu’il y a quelque chose de mauvais, ou parce qu’il y a danger que ce mal, ou autre chose, soit peu senti par le chrétien. C’est quand David était sans tribulation qu’il est tombé dans un piège ; et c’est quand il se trouva dans la détresse qu’il épancha son cœur, sous l’inspiration du Saint Esprit bien entendu, en ces doux accents que nous lisons aujourd’hui avec joie. Il est dangereux pour l’âme de désirer sortir de l’épreuve. Le but de l’épreuve peut être de nous montrer ce que nous sommes en réalité, ou, ce qui vaut mieux, de prouver ce que Dieu est pour nous, et envers nous : mais elle peut aussi être envoyée pour nous empêcher de tomber dans le péché. Le Seigneur dans son amour, détourne souvent de cette manière le mal qu’Il voit et que nous ne voyons pas. Je ne doute point qu’il y ait une autre espèce de souffrances, plus profondes dans leur caractère, à savoir la communion avec les souffrances de Christ, qu’il ne faut pas confondre avec la discipline fidèle du Seigneur, quoiqu’il semble quelquefois elles puissent être combinées dans une mesure. En un sens, tous les chrétiens souffrent maintenant avec Lui, bien que tous ne soient pas appelés à souffrir pour Lui.
Il semble qu’à Smyrne le Seigneur a fait face au déclin du premier amour qui avait commencé, et qu’Il avait envoyé la tribulation pour ce faire. Une telle manière de faire de Sa part n’est pas rare, grâces Lui en soient rendues, car Il est bon et fidèle.
Et dans quel caractère parle-t-Il à cette assemblée ? « Voici ce que dit le premier et le dernier, qui a été mort et qui a repris vie ». Son titre est avant tout celui d’une personne divine contre Satan. L’Esprit réclame ici pour Jésus ce qu’Ésaïe avait auparavant réclamé pour l’Éternel (És. 41:4). Et y avait-il quelque chose qui ne pût être revendiqué pour Lui ? Il est Celui « qui a été mort et qui a repris vie » ? Quelle consolation pour ceux qui étaient dans l’épreuve ! Qui est Celui qui leur parle dans leur affliction ? Celui qui a été au plus profond de la douleur, et a traversé même la mort ; Celui qui était le Premier et le Dernier, et qui avait formé toutes choses, c’est Lui qui était mort et qui avait repris vie. Et c’est auprès de Celui-là même qu’il faut me réfugier dans l’épreuve. Cela fait voir le rapport qu’il y a entre la vivification des morts et la consolation de ceux qui sont dans l’épreuve (comparez 2 Cor. 1 à 5). Jésus était Dieu, mais il était homme aussi. Il fut l’homme souffrant, et il fut l’homme triomphant ; et comme tel Il était capable de les consoler dans leurs tribulations.
« Je connais [tes œuvres et ] ta tribulation, et ta pauvreté (mais tu es riche), et l’outrage de ceux qui se disent être Juifs ; et ils ne le sont pas, mais ils sont la synagogue de Satan » (2:9). Le mot « Juif » est pris ici symboliquement. C’était le nom de la nation qui était connue autrefois comme le peuple de Dieu, au-dessus de tous les autres ; et ces symboles étaient empruntés à l’Ancien Testament. Il semble que celui-ci désigne des personnes qui, ayant pris la position d’enfants de Dieu, étaient retournées à leur religion héréditaire. D’un côté, il y avait cette affliction extérieure que le Seigneur permettait pour leur bénédiction, et de l’autre, il y avait des gens qui insistaient sur des principes juifs (Phil. 3:2).
Mais le Seigneur dit : « Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir ». Ne vous occupez point de ce que l’on dit, ni de ce que l’on fait contre vous. « Voici, le diable va jeter quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés ». C’est ainsi que, par la grâce de Dieu, l’ennemi lui-même est employé comme instrument pour le bien des enfants de Dieu dans les persécutions qu’il soulève contre eux. D’un autre côté, il n’y a rien qui serve plus efficacement à Satan pour les détourner, qu’une espèce de demi-christianisme fait de laisser-aller tranquille. Que Dieu garde Ses enfants d’avoir deux visages ou deux caractères, — en sorte qu’il ne leur arrive jamais d’être mondains avec les mondains, et de prendre ensuite les manières de faire et de parler d’un chrétien avec ses frères !
Ce n’est pas une nouveauté pour le Seigneur que de se servir des efforts et de l’inimitié de Satan pour la bénédiction de Ses saints. On voit la même chose dans le cas de Job : et même l’épreuve de ce serviteur du Seigneur fut beaucoup plus profonde. À chacun des assauts successifs de Satan, Job maintint son intégrité et bénit le Seigneur ; mais le Seigneur fit connaître à Job lui-même la chose précise dont il avait besoin pour une pleine bénédiction : c’était de lâcher le moi pour le Seigneur. Ensuite Il lui montra Dieu, et la consolation de Job à la fin fut aussi profonde que son abaissement à ses propres yeux.
Job ne pensait point être trop occupé de lui-même ; mais c’est précisément ce que Dieu avait à lui montrer. Il aimait à rappeler le temps où les fruits de la piété manifestés chez lui attiraient le respect et l’estime des hommes. Mais Dieu lui montra combien il est mauvais d’être occupé des effets de la grâce chez lui et chez les autres. Ce que l’ennemi de Dieu et de l’homme ne put pas faire, les amis de Job le firent. Il avait pu tenir ferme contre les tentations de Satan, mais il fut provoqué à la folie par ses amis venus pour prendre part à sa douleur, et qui donnèrent leurs avis malencontreux. Quand quelqu’un parle beaucoup de la grâce, on peut être sûr qu’il y a passablement de moi qui n’est pas jugé. Job même dut être mis dans la fournaise pour découvrir qu’il y avait en lui beaucoup d’autres choses que la grâce. Mais quoique Satan l’eût tenté sans succès, et que ses amis l’eurent seulement provoqué, quand le Seigneur intervint, Job est aussitôt complètement humilié. Il se voit à la lumière de la présence de Dieu, et s’écrie : « Mon œil t’a vu. C’est pourquoi j’ai horreur de moi-même, et je me repens dans la poussière et dans la cendre ». Mais la fin du Seigneur est pour le moins aussi bonne que son commencement. Il est toujours miséricordieux et plein de tendres compassions. C’est lorsque Job ne pense plus rien de lui-même dans la présence de Dieu, que la grâce prend véritablement son cours, et qu’il prie pour ses amis. « Et l’Éternel tira Job de sa captivité [voir note de la traduction J.N. Darby de Job 42:10] quand il eut prié pour ses amis ».
Smyrne succède à Éphèse. Comme je l’ai déjà donné à entendre, l’Église de Smyrne s’appliquerait, à mon avis, au temps où l’Église fut appelée à passer par la tribulation qui suivit l’époque apostolique — les persécutions infligées aux chrétiens par les empereurs romains, etc. « Voici, le diable va jeter quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés : et vous aurez une affliction de dix jours » (2:10). Les souffrances des chrétiens, la manière dont ils moururent pour Christ, etc. furent les quelques points lumineux, les quelques manifestations brillantes de la vie au deuxième siècle et au commencement du troisième.
« Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie » (2:10). C’est une doctrine importante que celle relative aux distinctions en gloire parmi les serviteurs de Dieu. Car, tandis qu’il est essentiel de maintenir que la même grâce qui a pardonné le brigand sur la croix a été nécessaire pour sauver Paul de Tarse, ce serait néanmoins une grande erreur de supposer que le brigand aura, dans la gloire, la même récompense que l’apôtre Paul. Cependant, nous ne devons point être effrayés en entendant dire au Seigneur : « Je connais tes œuvres » : car quoique les vases qui doivent contenir la bénédiction puissent ne pas avoir une même capacité, la petite coupe sera aussi remplie que la grande, et remplie, si je puis m’exprimer ainsi, des mêmes matériaux de joie et de bénédiction. Dans l’état de gloire, il ne sera naturellement plus question de mise à l’épreuve, de fidélité ou d’infidélité. Il existe des différences spirituelles avant que nous y soyons, et lorsque nous y serons, les distinctions dans le royaume de Christ répondront au caractère et à la mesure du service accompli ici-bas, quoique il faille réserver aussi la part de la souveraineté de Dieu (Matt. 19 et 20).
On a ensuite une parole de consolation bien appropriée aux
fidèles de Smyrne : « Celui qui vaincra n’aura point à souffrir de la
seconde mort » (2:11). Ne craignez point la première mort : elle n’est
qu’une servante pour vous introduire dans la présence de Dieu. La seconde mort ne
vous touchera point.
Le Seigneur est comme ce bois de jadis qui fut jeté
dans les eaux de Mara : Il est descendu pour
nous dans les eaux les plus amères de la mort, et cela les a changées pour nous
en douceur et en rafraîchissement.
Le Seigneur s’annonce ici à l’Église de Pergame comme Celui qui est armé d’une puissance susceptible de tout transpercer par la parole de Dieu, l’épée à deux tranchants qui juge. Dans l’Apocalypse, l’épée aiguë est au commandement du Seigneur Jésus comme l’instrument du jugement. Comme l’épée dans la main de l’homme, ainsi agit la parole qui révèle Dieu, fouillant et pénétrant tous les obstacles. Le Seigneur l’applique avec puissance : elle décide toutes les questions qui ont à faire avec Lui. Il y a toujours une relation grande et belle entre l’aspect et le titre sous lesquels le Seigneur se présente, et l’état de l’église à laquelle Il s’adresse. C’était parce que la parole n’avait plus dans l’assemblée cette énergie vivante pour juger, que le Seigneur Jésus prend soin de montrer qu’elle n’avait jamais perdu sa puissance dans Ses mains. Comme la première assemblée nous présente le déclin déjà entré même aux jours de l’apôtre Jean, et Smyrne le temps des persécutions de la part des païens, ainsi aussi nous avons ici un état de choses tout à fait différent. Pergame est la scène du pouvoir de Satan pour flatter et séduire, pouvoir dont il fit usage aussitôt après que la violence de la persécution se fut atténuée. Ce moyen de l’ennemi était plus dangereux que le second ; car lorsque nos cœurs sont engagés dans quelque chose de mal, rien ne prouve mieux que le cas est grave et désespéré que le fait qu’Il nous abandonne à notre volonté sans plus nous reprendre. « Éphraïm s’est associé aux idoles, laisse-le faire ». Dans le cas de Smyrne, c’était tout le contraire : là le Seigneur arrêtait la puissance de Satan au moyen de la persécution du dehors, et Dieu s’en servait pour empêcher les progrès de la corruption au-dedans.
Après cela, le dieu de ce monde promit aux chrétiens toute sorte d’avantages mondains. L’empereur lui-même offrit de devenir chrétien, quoiqu’il différât le baptême jusqu’à son lit de mort. Rien ne prouve davantage combien l’Église était entièrement déchue par l’oubli du nom du Seigneur, que son acceptation des conditions de l’empereur et du patronage du monde. Ceux même qui étaient sauvés avaient perdu complètement de vue ce qu’était l’Église, qui n’appartient pas au monde, mais au ciel. L’empire romain était essentiellement la puissance du monde. L’Église avait été appelée pour être le témoin vivant de deux grandes choses : premièrement de la ruine du monde, et secondement de l’amour de Dieu. Mais quand nous voyons l’Église donner la main au monde, tout est fini, et l’Église tombe tout droit dans l’esprit de ce siècle. Si le monde y gagne sous quelques rapports, l’Église y perd à tous égards ; et ce n’est pas étonnant puisque c’est au prix de la volonté et de la gloire de Christ.
C’est bien du « trône » de Satan qu’il s’agit : en présence d’un tel trône combien est appropriée la manière dont le Seigneur se présente Lui-même comme armé de l’épée à deux tranchants !
Le terme original est le même pour désigner un « siège » aussi bien qu’un « trône » dans d’autres portions de ce même livre ; mais ici c’est bien proprement un « trône », parce qu’il est parlé de Satan sous le rapport de l’autorité. Il est évident que tout cela décrit d’une manière exacte l’état des choses au temps de Constantin. Au lieu d’être sur le bûcher et dans la souffrance pour Christ, l’Église était maintenant unie au monde sous un même joug, dans une simple profession de christianisme ; car, comme le monde ne pouvait pas s’élever vers Christ, il fallait que ce soit elle qui descende au niveau du monde. Rien d’étonnant dès lors que le Seigneur dise : « Tu habites là où est le trône de Satan ». Néanmoins, Il reconnaît tout ce qu’Il peut, même là où se trouve cette misérable association : Son assemblée habitant là où est le trône de Satan. Ces chrétiens tenaient encore ferme Son nom et n’avaient pas renié la foi qui était donnée aux saints ; mais c’était tout. Ils tenaient ferme Sa gloire personnelle, et ne reniaient pas ce qui était révélé de Lui sous prétexte de la chair et du sang. Ils croyaient à Son sujet ce que l’œil n’avait point vu : Sa Déité. C’est contre ceci que Satan dirigeait ses ruses, comme précédemment il avait essayé de détruire ceux qui confessaient la vérité. Ils venaient précisément de sortir de la grande persécution dans laquelle Antipas avait été mis à mort. Mais à présent au lieu de souffrir, l’Église de Pergame habitait tranquillement avec le monde. Comme Lot, ils affligeaient aussi leurs âmes justes à cause de l’impiété de ceux qui les entouraient.
En conséquence, le Seigneur met en avant les choses au sujet desquelles il Lui fallait les avertir. « Tu as là des gens qui tiennent la doctrine de Balaam » (2:14). Quel est le trait principal qu’on voit chez Balaam ? Sa cupidité le conduisait à frayer avec le méchant roi de Moab et à le servir en maudissant le peuple de Dieu. Après que Dieu lui eut donné une réponse, il retourna vers Lui une seconde fois, parce que son cœur voulait suivre son propre chemin. Et c’est une chose bien solennelle de voir que si Dieu vous abandonne, vous pouvez arriver à obtenir ce que vous désirez. Plus tard, Balaam tombe dans un mal encore pire. C’était en effet un homme dont le cœur n’était pas avec Dieu. Il dit certaines choses vraies, mais il n’avait pas son esprit à ces choses. Il parle toujours comme de dehors, comme un misérable, vivant loin de la bénédiction qu’il voyait. « Je le verrai, mais pas maintenant ; je le regarderai, mais pas de près ». Il poursuit ainsi pas à pas, jusqu’à ce qu’il se prête à être lui-même corrupteur des élus même de Dieu, par le moyen du monde.
Il en fut de même pour l’Église. Les philosophes eux-mêmes commencèrent à s’occuper de la vérité chrétienne, et dans les écrits des Pères, on trouve une grande partie de ce que nous avons ici. Ce que la fornication est dans le domaine moral, tel est le commerce illicite des chrétiens avec le monde dans les choses de Dieu. Il y eut, je n’en doute pas, des témoins dont on ne fit que très peu de cas, sauf dans le ciel ; mais un des hommes qui exercèrent l’influence la plus étendue et la plus durable, Augustin, était véritablement un saint de Dieu, et quoique ce ne soit pas beaucoup dire, il fut la plus grande lumière de l’Église d’occident. Il avait tenu ferme le nom de Christ et n’avait point renié sa foi. Tout le monde est d’accord que ces épîtres s’appliquaient dans l’origine aux églises auxquelles Jean écrivait : mais beaucoup ne voient pas qu’elles s’appliquent aussi aux différentes périodes de l’Église et en décrivent les divers états successifs.
La doctrine des Nicolaïtes (*)
paraît être un mal du dedans, et celle de Balaam en
était plutôt un du dehors. C’était maintenant érigé en principe et en doctrine.
La lettre à Éphèse parle des œuvres
des Nicolaïtes ; mais la chose
alla plus loin et plus profond. C’était une corruption de la grâce, la grâce
tournée en dissolution. La sainteté est le plus grand piège, si elle n’est pas
réelle, si elle ne découle pas de la vérité. Il n’y a rien de plus terrible que
l’abus de la grâce par ceux qui la connaissent ou au moins qui en parlent. Si
nous sondons nos cœurs et nos voies, nous reconnaîtrons que c’est justement ce
que nous sommes tous enclins à faire. La grâce nous a rendus complètement
libres par Celui qui est mort et qui est ressuscité ; quels droits n’a-t-elle
pas sur nos cœurs ? Ne nous arrive-t-il pas fréquemment d’agir avec la
grâce de Dieu envers nous, de la même manière que nos enfants agissent à notre
égard dans leur plus grand endurcissement ? ils
considèrent alors tout comme une question de droit ? Quoique la création
ait été assujettie à la vanité par suite du péché d’Adam, il n’y a pas
cependant de mal moral rattaché aux formes inférieures de cette création. Mais
il n’en est pas de même pour l’homme. Connaissant le mal, il continue de
marcher avec. Et même après avoir obtenu la certitude de la délivrance, si la
joie du salut a quelque peu disparu, nous nous mettons à faire servir la grâce
du Seigneur à notre propre satisfaction. C’est là quand on poursuit sans
conscience dans cette voie, ce qui constitue le Nicolaïsme.
(*) La véritable leçon du verset 15 est « pareillement » au lieu de « ce que je hais » qui a été probablement copié du verset 2:6. Le sens est qu’il y avait des gens qui tenaient la doctrine Nicolaïte, aussi bien que des gens qui tenaient celle de Balaam.
Dieu entendait que sa grâce nous liât complètement à Lui-même.
Nous pouvons voir une personne tomber dans le mal, (et bien sûr, c’est quelque
chose de vraiment douloureux chez un chrétien), mais il y a une bien plus
grande quantité de choses mauvaises que les autres ne voient pas.
Dieu
nous fournit l’occasion de nous juger nous-mêmes, quand personne d’autre,
peut-être, n’en sait rien. Si nous ne le jugeons pas, alors les choses peuvent
en arriver ici-bas à ce que le monde même se prononce sur ce mal ; et nous
pouvons être certains qu’il faut qu’il y ait eu une masse énorme de mal secret,
pour que Dieu permette que nous fassions une chute telle que le monde même juge
notre conduite comme mauvaise. Mais il ne faut pas nous décourager. C’est
justement là où la vérité est le plus prêchée et retenue, que Satan s’efforcera
inévitablement d’introduire la pire conduite et les pires hérésies, pour
attirer l’opprobre sur le témoignage de Dieu. Si un homme tombe du faîte le plus
élevé ou d’un sommet, sa chute sera naturellement d’autant plus terrible, et
elle sera aussi beaucoup plus manifeste pour le monde que s’il avait simplement
culbuté dans la plaine.
Le Seigneur ne dit point : « je combattrai contre toi
par l’épée de ma bouche », mais « contre eux
»
(2:16). À la vérité, l’épée du jugement peut agir en ôtant les gens par la
mort, comme dans le cas des saints de Corinthe qui furent jugés par le Seigneur
ici-bas, afin que plus tard ils ne fussent pas condamnés avec le monde. La
discipline chrétienne n’a pas pour but d’ôter ceux qui ne sont pas chrétiens du
milieu de ceux qui le sont ; mais elle a plutôt pour but de purifier les
chrétiens de ceux qui marchent mal, afin de maintenir l’honneur et la sainteté
du Seigneur au milieu d’eux. La miséricorde est le grand motif de la
discipline, après le maintien du caractère de Christ dans l’Église. C’est le
fond des voies du Seigneur envers nous, et certainement il devrait en être
ainsi de nous à l’égard des autres.
Le mélange de l’Église avec le monde eut pour conséquence
immédiate d’isoler le chrétien fidèle. L’Église n’est devenue invisible que par
le péché. Ce n’était ni l’intention de Dieu, ni selon Son cœur, qu’elle le fut jamais, quoique je croie que tout a été
permis et ordonné avec sagesse. Dieu n’a pas fait une lumière pour qu’elle soit
cachée, mais pour qu’elle fut mise sur un chandelier.
Néanmoins le fait était le suivant désormais : le catholicisme régnait, si
vous prenez le point de vue à longue portée, et bientôt frayait la voie au
papisme. Or si la Parole pénétrait celui qui avait des oreilles pour entendre,
elle lui donnait une communion secrète avec Christ, quand la position publique
était devenue fausse de manière stable. C’est pourquoi au saint dont le cœur est
sincère au milieu de cette ruine et de cette confusion, Il (Jésus) dit :
« Je lui donnerai [à manger] de la manne cachée » (2:17). La manne
représente Christ lui-même, comme descendu du ciel et ayant pris une place d’abaissement
dans le monde. Cette place que Christ prit ici-bas est rappelée à ceux qui se
laissaient glisser dans le monde. La manne cachée
a trait à l’usage fait
de la manne en rapport avec l’arche : on en porta une certaine portion
dans le lieu saint comme mémorial devant Dieu. Les fidèles devaient manger non
seulement de la manne, mais de la manne cachée.
Le sens de cette promesse n’est pas simplement que nous
partagerons avec Christ, et pour en jouir avec Lui, toute Sa gloire comme
exalté en haut, et manifesté devant le monde ; mais Dieu nous donnera une
communion spéciale avec Christ tel qu’Il était ici-bas. Ce qu’il y aura de
particulièrement doux dans la gloire, ce sera de sentir que le Bien-Aimé qui nous aura introduits dans toute la jouissance
et toute la paix du ciel, est Celui-là même que nous avons connu dans tout Son
sentier de douleur et Sa réjection dans ce monde, avec Lequel nous y avons
participé toujours si faiblement ici-bas, nous nourrissant de Lui, comme de
notre portion présente. Le caillou blanc était la marque d’acquittement
complet. Puissions-nous regarder ainsi en avant vers Christ ; et que Dieu
nous donne de goûter Ses propres délices en Son Fils, tel qu Il était ici-bas
dans Sa position de rejeté des hommes ! Puissions-nous, de plus, posséder
le caillou blanc, la portion des fidèles à Christ dans un état de choses tel
que celui de Pergame, où l’Église et le monde se réjouissaient ensemble. Quand
ils seront dans le ciel, ces fidèles jouiront de la même nourriture qui les
soutient maintenant. Christ sera là plus que jamais pour en jouir dans le
ciel ; voilà ceux qui auront le caillou blanc « et sur le caillou, un
nouveau nom écrit que nul ne connaît sinon celui qui le reçoit » (c’est-à-dire
l’expression de la satisfaction secrète du propre cœur de Christ à l’égard de
la manière dont vous avez souffert pour Lui et dont vous L’avez servi ici-bas).
Assurément ce que le cœur appréciera le plus, c’est ce que Christ donnera entre
Lui-même et le cœur seulement — ce que nul ne connaîtra que nous-mêmes et Lui. Que le Seigneur nous
accorde d’être séparés de tout appât que Satan offre au moyen du monde, et
puissions-nous posséder des marques de l’amour que nous avons pour Lui
,
lors même que personne ne dût les connaître maintenant que Lui-même. Même dans
la gloire, la joie de Son approbation secrète ne sera pas perdue, mais sera
connue plus profondément que jamais.
Il y a, dans ce chapitre, un grand changement qui commence avec l’épître à Thyatire. Dans les trois premières assemblées l’avertissement (« que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ») précède la promesse ; or les quatre dernières ont la promesse avant l’appel à écouter. Enfin on verra que celles-ci représentent des états de l’église qui vont jusqu’à la fin.
Il doit y avoir une raison à un pareil changement, une raison suffisante pour que le Saint Esprit adopte un arrangement uniforme dans les trois premières épîtres, et s’en écarte pour adopter un autre arrangement aussi uniforme dans les quatre dernières. Rien n’est livré au hasard dans la parole de Dieu. Comme toutes Ses voies envers l’homme ainsi que toutes les œuvres de la création portent l’empreinte de Son dessein dont Il les a revêtues Lui-même, à plus forte raison en est-il de même de cette parole qui développe Ses voies et manifeste Sa gloire morale. Cette considération est pour nous d’une importance pratique immense : car souvenons-nous que le secret de la force est dans une connaissance de Dieu et de Ses voies en Christ, enseignée par l’Esprit. Entrer dans les pensées et les sentiments de Dieu tels qu’ils sont manifestés dans ce qu’Il fait et ce qu’Il dit dans la révélation qu’Il a donnée de Lui-même, et jouir de ces pensées et de ces sentiments, voilà ce qui gagne et garde le cœur du croyant, le purifie et lui donne de la force. Israël ne comprit pas Ses voies, et en conséquence ne comprit jamais le cœur de Dieu, et son propre cœur s’égara, comme il est dit. : « c’est un peuple dont le cœur s’égare ; car ils n’ont point connu mes voies » (Ps. 95:10). Moïse, au contraire, appréciait le cœur de Dieu, et en conséquence il est dit à son sujet que « l’Éternel a fait connaître Ses voies à Moïse ».
Dans les trois premières églises, l’appel à écouter est donc adressé formellement à toute l’assemblée concernée ; mais dans les quatre dernières, le changement de place qui a eu lieu pour cet appel semble marquer une plus grande réserve : ceci semble indiquer qu’il n’est pas attendu que quelqu’un écoute, excepté ceux qui vaincront. C’est pourquoi, à partir de là, cette classe est distinguée du reste (*). Le mal avait maintenant gagné le corps professant, de sorte que la promesse n’est plus présentée et ne pouvait plus l’être dans son ancienne forme qui ne faisait aucune distinction. De cette distinction, nous concluons qu’un résidu commence à être de plus en plus clairement indiqué.
(*) Si quelqu’un pose la question « à qui l’Esprit adresse-t-Il ces paroles ? » et qu’on répond « aux anges de ces assemblées », ce serait une singulière mégarde pour un lecteur qui réfléchit, même si l’on suppose que les anges seraient des évêques / surveillants, ce que nous avons montré être sans fondement et contraire au ton et à l’objet de l’Apocalypse. Il est triste de conclure à l’existence de l’épiscopat ou du ministère congrégationnel à partir d’un appel solennel à écouter fait à celui qui a des oreilles, alors que l’assemblée est en train d’être moralement jugée. L’Esprit parle aux assemblées, mais l’individu est mis en avant ici même ; et ceci se voit de manière encore plus frappante quand l’appel à écouter suit la promesse au vainqueur, à partir de Thyatire.
On voit quelque chose d’analogue ailleurs. C’est ainsi que dans les paraboles de Math. 13, les trois dernières sont incontestablement distinguées des précédentes, et s’adressent à des gens d’un degré supérieur de spiritualité. Les quatre premières furent prononcées dehors à la multitude, les trois dernières le furent dans la maison aux disciples seulement. Partout dans la Bible où on trouve une série de paraboles, de visions prophétiques, ou de choses semblables groupées ensemble comme le sont celles-là, il y a d’ordinaire, pour ne pas dire toujours, une ligne de démarcation entre celles qui commencent avec une portée générale, et celles dont l’application devient plus spéciale et plus restreinte à mesure que nous approchons du terme de la série. Cela est vrai d’une manière frappante de ces épîtres apocalyptiques, dont les quatre dernières séparent les vainqueurs de la masse infidèle qui les entoure. En un mot, la formation d’un résidu fidèle, qui d’abord n’était, je suppose, séparé que d’une manière morale du corps qui portait le nom du Seigneur (en vérité, il ne le porte plus maintenant, hélas !), — cette formation d’un résidu devient de plus en plus nette. Dans le cas de Thyatire, il semble que l’Esprit de Dieu rend ce principe clair et pleinement manifeste, comme on va le voir.
Le Seigneur Jésus se présente ici dans Son caractère de Fils de Dieu, suivi d’une description empruntée pour l’essentiel à la vision de l’apôtre du chap. 1. « Écris aussi à l’ange de l’assemblée qui est à Thyatire : Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a ses yeux comme une flamme de feu, et dont les pieds sont semblables à de l’airain brillant » (2:18).
Si nous nous reportons à ce que les Écritures disent du Seigneur
Jésus ainsi considéré, deux choses méritent d’être remarquées. Comme Fils de
Dieu, Il est la source et le souverain donateur de la VIE (Jean 5). La vie que
nous tirons par la foi (« car Celui qui croit a la vie éternelle »)
du Seigneur Jésus Christ, est une vie d’une telle puissance que les corps mêmes
de ceux qui la possèdent en Lui, sortiront des sépulcres en résurrection de
vie ; tandis que les autres qui ne l’ont pas en doivent sortir en
résurrection de jugement (Jean 5:28-29). Dans la résurrection de jugement nul
ne peut être sauvé. Aucun chrétien ne paraîtra devant le tribunal de Christ
comme un criminel à juger. Tous les chrétiens y comparaîtront (comme il le faut
pour tous les hommes aussi) ; mais le résultat devant le monde sera, en
dépit des pertes de récompenses dans certains cas, leur glorieuse manifestation
comme hommes justifiés. Mais si vous ou moi devions comparaître afin de voir si
nous sommes justes, et si nous pouvons ainsi
échapper à la condamnation,
pourrait-il y avoir pour nous un rayon d’espérance ? Malgré cela, il ne
peut jamais y avoir, ou du moins il ne devrait jamais y avoir un doute quant au
salut absolu de ceux qui ont la vie dans le Fils de Dieu et par Lui. Le
tribunal de Christ les manifestera clairement comme des personnes
justifiées ; mais nous n’avons pas à attendre notre comparution devant le
tribunal pour savoir que nous sommes justifiés : nous déshonorons la grâce
de Dieu et l’œuvre de Son Fils en ne le sachant pas maintenant, ce « dont
le Saint Esprit nous rend aussi témoignage ». La foi possède de droit, dès
à présent et ici-bas, une garantie de pleine justification, conformément à la
valeur et à l’acceptation du Seigneur Jésus aux yeux de Dieu.
Ceci nous amène au second des privilèges auxquels j’ai fait allusion comme se rattachant au « Fils de Dieu ». Il donne la LIBERTÉ aussi bien que la vie. « Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres » (Jean 8:36). Ce sont là les deux grands aspects de la bénédiction qui caractérise Jésus comme Fils de Dieu. Il procure non pas seulement la vie, mais aussi la liberté. Non pas qu’elles aillent ensemble toujours ou nécessairement. Car, comme on l’observe trop souvent, un homme peut posséder la vie spirituelle, et être néanmoins dans un triste esclavage. C’est aussi ce que nous lisons en Rom. 7. Une personne convertie a la vie, mais peut être en même temps le plus misérable des hommes pour ce qui regarde son expérience propre. « Misérable homme que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort ? » Nous trouvons au chap. 8 la réponse de la grâce. « Car la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ». Maintenant, la liberté va de pair avec la vie du Fils de Dieu, car Il est le Seigneur ressuscité qui est mort pour moi, et qui m’a déchargé de tout ce que la loi pouvait revendiquer, et qui m’a délivré de tout ce qui et tous ceux qui pouvaient faire obstacle à ma bénédiction. Le serviteur ne demeure pas à toujours dans la maison ; il peut recevoir avis de la quitter ; mais pareille chose n’arrive pas au fils. Et c’est à ce titre, comme fils, que Dieu nous place dans sa maison, dans une position de pleine et sainte liberté.
Quel titre propre à nous sonder, mais précieux, le Seigneur eut
à prendre là, surtout qu’Il n’était pas seulement en train de pourvoir aux
besoins d’alors de l’assemblée de Thyatire, mais qu’il
avait en outre à présenter l’état d’éloignement de la vérité, et même les
profondeurs de Satan, qui ont caractérisé les siècles du moyen-âge !
À Éphèse, lorsque les apôtres avaient presque tous disparu de ce monde, il y
avait eu le déclin du premier amour ; à Smyrne, la persécution de la part
des pouvoirs païens ; puis à Pergame, ce qui est évidemment signalé, c’est
l’époque où le Christianisme prit l’ascendant sur le monde, et où par
conséquent l’Église consomma et ratifia la perte de sa sainte et céleste
séparation sur la terre. La puissance du monde n’a jamais remporté de plus
grande victoire que lorsqu’elle fut vaincue extérieurement par la croix,
lorsque tout le monde romain fut traité comme né de Dieu en vertu d’une simple
profession du nom de Christ dans le baptême ; en bref, lorsqu’en apparence
le
paganisme tomba
devant le soleil levant de la chrétienté, mais c’était en réalité le
christianisme qui tombait. Il se peut que, sous bien des rapports, cet
événement ait été une grâce pour le genre humain, comme certainement il a été
le plus grand dans le gouvernement du monde depuis le déluge ; mais qui
peut mesurer la perte pour les saints et le déshonneur pour leur Seigneur,
quand le corps chrétien échangea la position actuelle de souffrance en grâce,
dans l’espérance de la gloire avec Christ à Sa venue, contre une position
actuelle d’autorité dans le monde, et même sur le monde ? Avec Thyatire, nous arrivons à une période encore plus sombre —
conséquence naturelle de la jouissance pour un temps des délices du péché.
Quand l’empire se rangea sous la profession de la croix, et la revêtit
magnifiquement d’or, il en résulta non seulement que les enfants de Dieu furent
comblés de faveurs (au lieu d’avoir
à errer, vêtus de peaux de brebis et de chèvres, ou à se cacher dans les
cavernes et les trous de la terre), mais que leurs ennemis furent
inévitablement attirés, que l’état typifié par Balaam
se développa, et que l’homme courut avidement après l’erreur pour une
récompense. Mais l’état typifié par Jésabel est pire
encore que celui-là, et est tout à fait significatif de la manière sanguinaire
et idolâtre de la prophétesse qui chercha à être maîtresse universelle dans les
siècles de ténèbres, comme on les appelle et comme ils étaient effectivement. C’est
cet état de choses, je crois, que préfigurait remarquablement l’assemblée à Thyatire.
Mais le Seigneur aime louer tout ce qu’Il peut, et c’est dans une sombre époque qu’Il prend plaisir à pouvoir donner Son approbation à quelque chose. « Je connais tes œuvres, et ton amour, et ta foi, et ton service [tel est bien l’ordre véritable], et ta patience, et tes dernières œuvres qui dépassent les premières ».
« Mais j’ai contre toi, que tu laisses faire la [ou : ta] femme Jésabel qui se dit prophétesse, et elle enseigne, et égare mes esclaves, les entraînant à commettre la fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles ». Ainsi, il y avait beaucoup d’énergie, et de service dévoué ; mais en même temps, le mal le plus grave menaçait l’assemblée de Thyatire, et était même déjà alors à l’œuvre.
Quand Jésabel siégea en reine en Israël, tout ne fut que ruine et confusion ; mais le Seigneur ne manqua pas de Se susciter un témoin convenable. C’est alors que nous trouvons un Élie et un Élisée, et même un autre témoin là où naturellement on pouvait le moins s’y attendre, dans la maison même où le mal régnait en souverain. Il y avait celui qui cacha dans une retraite, et nourrit les prophètes du Seigneur persécutés. Comme le Nouveau Testament nous montre des saints dans la maison de César, de la même manière précisément il y eut jadis un Abdias qui craignait beaucoup l’Éternel, et qui était établi sur la maison d’Achab, lequel « s’était vendu pour faire ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, sa femme Jésabel le poussant ». C’est aussi alors qu’il y eut ce résidu de sept mille qui n’avait pas fléchi les genoux devant Baal.
Sans doute que le Seigneur aurait pu dire de ce résidu ce que nous lisons dans l’épître à Thyatire : « Tes dernières œuvres dépassent les premières ». La méchanceté de ceux qui entouraient ces fidèles ne faisait que rendre leur fidélité plus précieuse au Seigneur ; et peut-être, pouvons-nous ajouter, les loue-t-Il davantage que s’ils avaient vécu dans des jours moins difficiles : tout comme, inversement, Il ne peut que traiter très sévèrement le mal commis dans un temps spécial de lumière et de grâce. Que d’Ananias et de Saphira il y a eu depuis les jours de la Pentecôte qui n’ont pas été visités d’une manière aussi ouverte et avec aussi peu de ménagements que lorsqu’une grande grâce reposait sur tous ! C’est là une pensée encourageante pour nous qui nous savons exposés non pas, il est vrai, à l’orage de la persécution, mais à une saison bien plus dangereuse. Il n’y a jamais eu de temps où l’homme ait eu meilleure opinion de lui-même, et c’est là un péché d’autant plus grave que le témoignage de la vérité de Dieu soutenant le fait contraire a été largement répandu partout. Je ne nie pas qu’il se fait aujourd’hui de grands efforts parmi les chrétiens. Mais « l’obéissance vaut mieux que le sacrifice, et écouter vaut mieux que la graisse des moutons » ; et jamais il n’y a eu moins de soumission à la volonté de Dieu qu’en ce temps-ci. L’esprit d’association est très répandu, et cela sonne bien ; on prend beaucoup conseil ensemble ; mais faire alliance est une chose, et s’appliquer à garder l’unité de l’Esprit en est une autre bien différente. Or voici ce que le Seigneur déclare : « C’est à celui-ci que je regarderai : à l’affligé, et à celui qui a l’esprit brisé, et qui tremble à ma parole ». Ce qui est réellement important pour les chrétiens, ce n’est point de se trouver ensemble, seraient-ils même tous les chrétiens, mais d’être ensemble dans la voie du Seigneur, et n’ayant pour but que la gloire du Seigneur, — la « seule chose » qu’ils aient à faire. N’y en eut-il que deux ou trois réunis à Son nom, Il nous a assuré Lui-même que Sa présence et Sa bénédiction seraient là, malgré toutes les apparences contraires. Tandis que même si nous nous retrouvions ensemble deux ou trois mille, si ce n’était pas en obéissance directe au Seigneur Jésus, nous ne recueillerions finalement que douleur et honte, malgré les apparences pour un temps. Si nous cherchons à plaire aux hommes, nous ne saurions être serviteurs de Christ.
C’est donc, me semble-t-il, quand le Seigneur a devant les yeux l’état d’une église qui pouvait bien préfigurer le sombre développement d’un jour à venir (durant lequel les saints seraient dans un grand esclavage et où une action complètement étrangère s’exercerait au milieu d’eux en les persécutant, tandis que l’autorité de Christ serait pratiquement anéantie), c’est, dis-je, à un pareil moment, que le Seigneur met en avant son titre de « Fils de Dieu » dont les yeux étaient comme une flamme de feu et les pieds comme de l’airain brillant. Jadis Pierre L’avait confessé comme le Christ, le Fils du Dieu vivant ; et là-dessus, immédiatement après l’avoir déclaré bienheureux et l’avoir solennellement nommé du nom nouveau qu’Il lui avait donné, le Seigneur ajoutait : « Sur ce roc, je bâtirai mon assemblée ». Maintenant, hélas ! le Seigneur anticipe le jour où l’église professante perdrait l’équilibre et se mettrait virtuellement à Sa propre place à Lui, alléguant que c’était elle, la dame « qui se dit prophétesse », qu’il fallait écouter en matière de foi, et non pas Lui le Seigneur. En conséquence nous le voyons ici revendiquer Sa gloire personnelle et les attributs de Son jugement inflexible et qui scrute tout, — pensée sérieuse mais consolante pour ceux des Siens qui se trouveraient au milieu de cette triste confusion, et ressource parfaite que leur procurait Sa sagesse pour les délivrer de ce qui allait s’établir, ou était déjà établi. Ils auraient besoin de jouir du fondement immuable, le Fils de Dieu, et de l’assurance que Son assemblée bâtie sur le roc ne pourrait défaillir, au moment où toutes les apparences publiques seraient contraires, comme elles Lui avaient été contraires en Israël. Ces fidèles étaient pires que tout aux yeux de leurs persécuteurs ; ils étaient précieux en Christ. C’était une épreuve plus sévère que celle subie de la part des Juifs ou des païens ; mais le Fils de Dieu était un spectateur attentif qui voyait tout. C’est aussi de la même manière que Sa promesse (2:26, 27) devait les préserver de rechercher un royaume actuel, un soi-disant millénium spirituel sans Christ, où ils auraient soit la liberté de jouir du monde, soit même le droit de le gouverner.
Dans l’église de Thyatire il se trouvait des personnes fidèles, aimantes, et zélées particulièrement pour les bonnes œuvres ; mais il y avait aussi cette tache comme une plaie, qu’on y supportait « la femme Jésabel ». Jésabel, comme nous l’apprenons ici, était une fausse prophétesse qui enseignait et trompait les serviteurs de Christ, les induisant à commettre fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles. C’était pire que l’iniquité de celui qui aima le salaire d’iniquité, un pas de plus en avant dans la voie de Balaam.
« Et je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentit, et elle ne veut pas se repentir de sa prostitution. Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle dans une grande tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de ses œuvres ; et je ferai mourir de mort ses enfants ; et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui sonde les reins et les cœurs ; et je vous donnerai à chacun selon vos œuvres » (2:21-23).
Qu’y a-t-il de plus abominable que le mal prévu ici ? Jésabel, comme tous le savaient, ajoutait la violence à la corruption ; elle était conseillère pour verser le sang, ennemie active de tous les témoins de Dieu, protectrice publique et privée des prêtres des idoles et des prophètes de Baal. Et maintenant, on trouvait à Thyatire ce qui, aux yeux du Seigneur, dénotait l’idolâtrie sombre et cruelle que voulait enseigner et imposer expressément une prétendue autorité infaillible au sein de l’église professante. Mais maintenant, le germe existant ne pouvait être caché à Celui dont les yeux étaient comme une flamme de feu. Jésabel était là, et « ses enfants » aussi. C’était une source de mal profonde et durable. Mais le jugement qui devait la frapper, elle et tous ceux qui émanaient d’elle, était sévère, même s’il paraissait tarder. Le Seigneur distingue divers degrés de relation avec le mal ; mais aucun ne restera impuni si la chrétienté décide que le mal doit être autorisé sous le couvert de Son nom adoré. La repentance était absolument refusée, bien que le Seigneur ait donné largement du temps pour la faire. La « fornication », selon la figure utilisée, était à la fois enseignée et pratiquée. La longue patience de Sa part était le signe certain que l’objet devant subir le jugement était dans une condition mauvaise à fond (sinon Il vient promptement avec le souci jaloux de l’amour vrai qui compte sur une réponse vraie), et que, quand le jugement viendra, il sera nécessairement définitif et impitoyable. « La femme », on l’a remarqué depuis longtemps, symbolise l’état général, tandis que « l’homme » symbolise la place de l’activité responsable.
Les mots « quelque chose » [dans « j’ai contre toi »] au verset 20 selon le Texte Reçu, doivent disparaître. Il ne s’agissait pas d’un petit sujet de plainte, mais bien d’un ayant une gravité et une complication extraordinaires. Ces mots se sont glissés là en provenance du verset 14, j’imagine, ces deux versets se ressemblant assez pour qu’un copiste ait eu l’idée de les assimiler complètement. Mais un examen plus attentif montre, ainsi que nous l’avons vu, que la différence entre eux est grande, surtout si nous devons lire « ta femme Jésabel ». Le péché de fornication ou d’adultère est ici le symbole de ce commerce impie avec le monde qui, pour le chrétien ou pour l’Église, est une relation analogue à celle du mariage d’une Cananéenne avec un Israélite. L’action de manger des choses sacrifiées aux idoles met en communion avec ce qui avait un lien direct avec la puissance de Satan ; « car les choses que les nations sacrifient, elles les sacrifient à des démons et non pas à Dieu ». Et c’est une chose facile d’avoir communion avec les démons, que les hommes y attachent peu d’importance ou que les chrétiens jugent sainement de son énormité.
Outre celle qui était la corruptrice principale et la source du mal, il est fait mention de deux classes de personnes positivement coupables : d’une part les serviteurs de Christ qu’elle induisait à un commerce illicite avec le monde, et ceux qui étaient la postérité directe de Jésabel, « ses enfants ». Le Seigneur allait agir avec chacun selon ses œuvres. Il était le juste Juge, et il faut que l’homme, comme tel, soit jugé, et que tous, saints ou pécheurs, soient manifestés devant Son tribunal. Il est tout à fait remarquable que le Seigneur évite de dire que les saints seront jugés. « Je vous donnerai à chacun, dit-il, « selon vos œuvres ». Il en est de même au chapitre 22:12, et bien d’autres passages semblables. D’un côté il nous est déclaré positivement que le croyant ne viendra pas en jugement (car c’est le mot « jugement » en Jean 5:24 qu’il faut lire, et non pas « condamnation », quoique certainement tel en doive être le résultat). De l’autre côté, nous savons par Apoc. 20:12, 13, que les méchants doivent se trouver devant le trône, et là, être jugés selon leurs œuvres. Leur résurrection est une résurrection de jugement (et en effet de condamnation) en contraste avec la résurrection des justes qui est une résurrection de vie. Ainsi, il est certain que si je suis jugé pour le salut ou pour la perdition selon ce que mes œuvres méritent, je dois être perdu, car j’ai péché et j’ai le péché ; néanmoins, il est également sûr que le Seigneur n’est point injuste pour oublier l’œuvre et le travail d’amour, et ainsi Il donnera à chacun selon ses œuvres. Christ lui-même, l’amour de Christ, est le seul bon motif d’un chrétien en quoi que ce soit, mais il y a des récompenses pour ceux qui ont souffert pour Christ, ou qui ont été rejetés à cause de la justice ou du nom de Jésus.
Le résidu apparaît avec une grande clarté dans le verset qui suit : « Mais je vous dis à vous, savoir, aux autres (litt. : au reste, au résidu) qui sont à Thyatire » (2:24), paroles qui nous montrent quelques fidèles, appelés « les autres, le reste », distingués de la masse dans Thyatire. Le Seigneur avait parlé de Ses serviteurs qui avaient été induits à jouer avec le mal de Jésabel, et des propres enfants de cette méchante femme, classe pour laquelle il n’y avait aucune miséricorde à attendre de Sa part. Il s’adresse alors à une autre classe, le résidu, « les autres ». Le corps extérieur corrompu continue, et il y a un résidu que le Seigneur avait désormais particulièrement en vue. Il les suppose ignorants de ce que la chrétienté estimait être alors de la connaissance, et Il dit seulement « autant qu’il y en a qui n’ont pas cette doctrine, qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan (comme ils disent), je ne mets sur vous aucune autre charge, mais seulement tenez ferme ce que vous avez, jusqu’à ce que je vienne » (2:24, 25). Ces « profondeurs de Satan », ils ne les avaient pas connues. Ils n’attribuaient aucune valeur à la connaissance qui sapait l’appel à la sainteté. La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse, et ce commencement au moins, ils le chérissaient, et ils faisaient bien. Cela peut paraître insignifiant, mais ils s’étaient gardés purs de ce mal, et en tenant ferme le peu qu’ils avaient, ils auraient sûrement leur récompense à la venue du Seigneur. Dans ces siècles de ténèbres il y a eu ceux qui ont beaucoup souffert pour Christ et qui lui rendirent témoignage. Tels furent les Albigeois, les Vaudois, et d’autres. Je considère la phrase « vous, les autres, qui êtes dans Thyatire » comme se rapportant à ces diverses groupes persécutés qui ont retenu avec force ce qu’ils avaient de Dieu, surtout la piété pratique et leurs voies religieuses. Elles n’avaient guère de connaissances, mais elles étaient un résidu séparé et souffrant du mal qui les entourait, spécialement celui venant de Jésabel. La consolation qui leur est présentée ne consiste pas en quelque promesse d’amélioration de l’état de l’Église, mais bien dans une espérance en dehors de tout sur la terre, savoir le royaume et la venue de Christ en personne. Entre temps, ils étaient appelés à vaincre et à garder les œuvres de Christ jusqu’à la fin.
Il ne saurait y avoir en peu de mots une esquisse plus admirable que celle que nous avons ici. Il n’est pas peu remarquable que le livre de l’Apocalypse ait été beaucoup prisé par ces saints. À la vérité, il en a été toujours plus ou moins ainsi aux époques de persécution : non que ce soit là le meilleur motif, car c’est lorsque le Seigneur amène son peuple à attendre Son retour que ce livre de l’Apocalypse est le plus apprécié ; mais Sa tendresse envers les Siens dans la souffrance en un temps de ténèbres est extrêmement douce au cœur ; et quelle promesse ! « Et celui qui vaincra et qui gardera mes œuvres jusqu’à la fin, je lui donnerai autorité sur les nations », etc (2:26, 27). Ce que l’Église du moyen-âge rechercha avec arrogance et méchanceté, les saints qu’elle persécuta ou méprisa doivent le posséder lors de la venue et du règne de leur Seigneur, et ce sont donc cette venue et ce règne qui sont présentés ici comme l’objet convenable de leur espérance. L’Église coupable fut autant cruelle envers les véritables saints qu’ambitieuse de puissance sur le monde. Les choses ecclésiastiques ont atteint le niveau le plus grossier. Mais il est bon d’attendre le temps et les voies du Seigneur : Lui est le même, hier, aujourd’hui et éternellement. C’est lorsque la puissance terrestre aura été mise de côté et jugée, que ceux qui ont souffert avec Christ régneront avec Lui.
Mais la promesse va plus loin que l’autorité sur les nations, et le pouvoir de les paître avec une verge de fer selon que Christ aussi a reçu de son Père. « Et je lui donnerai l’étoile du matin » (2:28). Ceci est très précieux ; il ne s’agit pas seulement d’être uni à Christ au jour de Sa puissance, quand la force des hommes sera brisée en morceaux comme les vases d’un potier, mais « de nous réunir ensemble à lui » avant ce jour-là. L’espérance demeure dans toute sa plénitude, aussi fraîche qu’au commencement. Christ seul pouvait parler et agir ainsi.
Le lever du soleil appelle l’homme à ses laborieuses occupations, mais l’étoile du matin brille pour ceux-là seuls qui ne dorment pas comme les autres, pour ceux qui veillent comme des enfants de lumière et du jour. Sans aucun doute nous serons avec le Seigneur quand le jour de gloire se lèvera sur le monde ; mais l’étoile du matin précède le jour, et Christ ne dit pas seulement : « Je suis… l’étoile brillante du matin » ; mais « je donnerai l’étoile du matin ». Il viendra et recevra Ses saints célestes avant qu’ils soient manifestés avec Lui en gloire. Puissions-nous Lui être fidèles dans le refus des aises, des honneurs et du pouvoir du siècle présent ! Puissions-nous Le suivre en portant notre croix et en nous renonçant nous-mêmes chaque jour. Il ne nous oubliera pas en Son jour, et avant que ce jour vienne, Il nous donnera l’étoile du matin.
Je voudrais ajouter ici, en terminant ce tableau d’Apoc. 2, que la place de Thyatire est une sorte de transition, liée aux trois églises précédentes quant au terrain de l’église, quelle que soit la corruption qui a été permise et qui a caractérisé son état public. D’un autre côté elle est liée aux trois églises qui suivent sur la base de la vérité et du témoignage (qui n’est pas selon la règle ecclésiastique), les deux séries étant marquées par le changement de position dans l’appel à entendre, et aussi dans le fait qu’elles vont jusqu’à la fin. Les églises précédentes étaient des phases transitoires. Cette église de Thyatire commence les états plus permanents en vue de la venue du Seigneur.
En rapport avec cela, on peut noter qu’après Thyatire, ce que les voies du Seigneur visent dans la menace, c’est l’ange ; jusque là, elles avaient visé ou bien le chandelier comme à Éphèse, ou bien ceux qui commettaient le mal comme à Pergame et à Thyatire. Smyrne et Philadelphie sont une exception, chacune dans l’une des deux séries. À l’ange de l’assemblée qui est à Sardes, la parole adressée est « Je viens à toi comme un voleur » ; quand il y avait eu un langage de ce genre précédemment, Christ avait dit « Je vais combattre contre eux », etc. ; « Je la jette » et « Je ferai mourir de mort Ses enfants », etc.
Dans la deuxième série, il est question de témoins séparés dans la chrétienté, où la fidélité est tout, comme dans le cas des disciples des évangiles. Le jugement doit tomber sur l’ensemble, mais non pas sans distinguer ceux qui ont des cœurs vrais. C’est dans cette nouvelle partie (avec une légère exception pour Sardes, qui est nécessaire et qui ne fait que confirmer la règle) les titres de Christ sont distincts de ceux vus dans la vision du commencement au ch. 1, et ils attirent les regards sur Son règne futur. Ceci apparaît de manière particulièrement nette avec Laodicée, de sorte que les « choses qui sont » peuvent disparaître dès lors, et c’est bien ce qui a lieu.
Tout lecteur intelligent doit s’apercevoir, je pense, qu’avec ce chapitre nous entrons dans un ordre de choses complètement nouveau, ou du moins que c’est une espèce de nouveau point de départ. On ne retrouve plus au ch. 3 ce qui était décrit dans la vision de Christ marchant au milieu des chandeliers, sauf la mention des « sept étoiles », qui toutefois ne sont plus tenues dans Sa main droite. Il est vrai que les traits que nous avons signalés dans le chapitre précédent peuvent exister encore, et être observés en même temps que les nouveaux traits révélés ici. Non seulement il peut y avoir des points moralement semblables à ceux que nous avons vus à Éphèse, Smyrne ou Pergame, mais aussi la continuation de l’état public du mal décrit dans le message à l’ange de l’assemblée à Thyatire, qui va jusqu’à la fin et d’une manière différente des précédentes. Nous trouvons à Sardes une autre condition, une condition qui correspond à l’état général du protestantisme après la Réformation. Ce n’est plus un mal aussi manifeste, comme l’idolâtrie ou les autres horreurs décrites précédemment : mais ce qui s’offre désormais à nos yeux est un état de choses ayant une forme extérieure plus correcte et un aspect orthodoxe. Comme les quatre églises du chapitre 2 se font suite l’une à l’autre, et décrivent l’état de choses avant l’apparition de Luther, ainsi Sardes décrit ce qui a suivi la Réformation, lorsque l’ardeur et la ferveur de la vérité et le premier courant de bénédiction eurent passé et qu’un froid formalisme se fût établi.
La manière dont le Seigneur se présente est merveilleusement appropriée à un état pareil. « Celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles dit ces choses » (3:1). C’est un nouveau point de vue sur Christ. Au ch. 1 « les sept Esprits » étaient distincts de Sa personne et reliés au trône. Les « sept esprits de Dieu » font référence au Saint Esprit de Dieu, vu dans Ses diverses perfections et dans les diverses voies dans lesquelles Il opère, — et ceci, non seulement dans l’Église, mais aussi envers le monde. Au chap. 5, lorsque tout ce qui concerne les églises est fini, le Seigneur Jésus est représenté d’une manière symbolique comme un Agneau immolé, ayant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés sur toute la terre — le Saint Esprit en tant qu’agissant en vue du gouvernement de la terre. Ce n’est point le Saint Esprit dans toute la plénitude de la bénédiction dans laquelle il a introduit l’Église dans son unité ou par le fait qu’Il y habite. C’est l’expression de l’Esprit dans Sa plénitude de qualité et de puissance pour accomplir la volonté de Dieu sur la terre.
Mais quelle que fût la condition de l’Église, le Seigneur Jésus possède toute la puissance de l’Esprit de Dieu, et en même temps la plénitude d’autorité spirituelle. Il n’y a pas eu deux choses plus séparées que celles-là au temps de la Réformation. Il y avait à cette époque un vaste corps se nommant l’Église, qui réclamait le pouvoir de décider de tout, en qualité d’épouse de Christ. Il n’est pas étonnant qu’on mît aussi fortement en avant la prétention à l’infaillibilité, parce que ceux qui assumaient une autorité irresponsable comme vicaires de Christ pour régler les affaires de l’Église, définir la doctrine, etc., devaient assurément être infaillibles. Ce corps avait été à l’œuvre pendant des siècles, concentrant le pouvoir sur lui ; mais à la fin la lutte s’engagea, et il fut démontré que c’était le plus grand assemblage de mal contre Dieu et contre son Fils, qu’il y eût jamais sur la terre. Il a pu, dans les pires moments, y avoir en son sein de véritables saints de Dieu ; mais même dès le début, des hommes excellents ont contribué à donner au siège de Rome une position d’autorité fausse et absurde : saint Bernard lui-même, par exemple, approuva la persécution des Vaudois.
Mais Dieu peut tourner de telles leçons à notre profit. Car il est bon de se souvenir qu’il ne saurait y avoir d’erreur plus grande que de demeurer dans ce qui est mauvais parce qu’on y trouve de véritables saints de Dieu. En effet, la grande visée de Satan est de tout gagner en obtenant que les personnes bonnes fassent de mauvaises choses. Quand finalement la crise arriva, et que des hommes se soulevèrent dans une partie considérable du monde contre ce mal horrible, il s’ensuivit un divorce entre les deux pensées, celle de l’autorité ecclésiastique et celle de la puissance spirituelle. Au lieu d’être un corps qui les réclamait toutes les deux, par dérogation et en dépit des droits de Christ, le désordre se mit dans tout ce qui était ecclésiastique, et les hommes revinrent au pouvoir du monde pour s’affranchir de la domination du Pape.
Le protestantisme eut donc toujours tort dès le début sur la question ecclésiastique, parce qu’il considéra le pouvoir civil comme revêtu de l’autorité ecclésiastique ; en sorte que si, sous la papauté, le gouvernement du monde avait appartenu à l’Église, le monde devint désormais dans le protestantisme le gouverneur de l’Église. Il ne s’agit point de la question de l’état et de l’Église que les politiciens puissent discuter, et qui est beaucoup trop étroite et basse comme question pour le chrétien. Il n’y a qu’une chose satisfaisante : se trouver dans le sentier de Christ, Lui rendant honneur à Lui.
« Je connais tes œuvres, que tu as le nom de vivre, et tu es mort ». Ces paroles décrivent les voies froides et formalistes en matière religieuse qu’on trouva après la Réformation parmi ceux qui n’étaient pas réellement chrétiens. Le Seigneur Jésus montre ce qu’il désapprouve dans le protestantisme. Pourquoi ne pas être entièrement chrétien ? C’est misérable de se vanter de ne pas être aussi mauvais que Jésabel ; c’est la mort si ce n’est pas une abomination.
Dans les pays protestants, il y a habituellement une certaine mesure de vérité, et il y a encore plus communément la liberté de conscience. Mais le but de Dieu n’est pas simplement que l’âme soit délivrée de maux grossiers, ou de fautes de détail, mais que l’âme soit droite avec Dieu, et qu’elle laisse au Seigneur sa gloire et sa voie dans l’assemblée chrétienne — la liberté pour le Seigneur d’opérer par le Saint Esprit selon Sa volonté. Quand Il a la place qui lui revient, il y en a le fruit béni dans l’amour et dans une sainte liberté. Ce dont nous avons besoin c’est la liberté du Saint Esprit, et non une liberté humaine provenant de la puissance du monde (mais que Dieu nous garde de dire un mot contre les autorités qui existent et qui agissent dans leur sphère). C’est le péché des chrétiens d’avoir fait assumer aux puissances du monde une fausse position dans les choses divines. Le Seigneur Jésus touche la racine de toute l’affaire dans la manière dont Il se présente à l’assemblée de Sardes. Qu’il s’agisse de puissance spirituelle ou de l’autorité extérieure qui en découle, le Seigneur revendique tout cela comme Lui appartenant. Nous avons vu dans la lettre à Éphèse qu’Il tenait les sept étoiles dans Sa main droite et marchait au milieu des sept chandeliers d’or ; mais ici les deux choses sont réunies, la puissance spirituelle intérieure et l’autorité extérieure. Il a les Esprits de Dieu et les étoiles. Il n’est pas dit ici qu’il tient les étoiles dans Sa main droite, mais seulement qu’elles sont à Lui, aussi bien que la plénitude de compétence spirituelle. Il est encore moins dit qu’Il marche au milieu des sept chandeliers. Ce dont il s’agit est l’affirmation de Ses droits, non pas leur exercice.
Dans la plus grande partie des églises protestantes, on a, pour
ainsi dire, abandonné le contrôle des sept étoiles entre les mains des
puissances qui existent. D’un autre côté, ceux qui se révoltaient contre ce mal
tombaient dans le mal non moins triste de supporter que ce soit l’Église qui
ait les sept étoiles sous sa garde. L’Écriture ne renferme absolument rien à l’appui
de la doctrine selon laquelle soit le monde, soit l’Église aurait en leurs
mains ce genre d’autorité. Le Seigneur Jésus la possède encore tout entière. Il
ne l’a point abandonnée, et la seule chose qu’il faille c’est que l’Église
reconnaisse ce qu’Il est, et Il agira en conséquence. Quand il y a de la foi
pour le reconnaître dans sa place de Tête de l’Église, Il répondra assurément à
tous les besoins. S’Il prête l’oreille au plus faible cri de Ses agneaux, n’entrera-t-Il pas dans les besoins profonds de l’Église ?
N’est-elle pas l’objet intime de Son cœur, et qui affecte Sa gloire
morale ? Ce n’est que dans la gloire céleste qu’Il a pris Son caractère de
Chef de l’Église, et il est monté là-haut non pas seulement pour être
Chef
[= Tête], mais pour agir
comme Tête. Or quel est le caractère de Ses
fonctions à cet égard ? Il exerce l’autorité en ayant des personnes pour
agir sous Lui ici-bas. Le résultat en est l’existence du gouvernement et des
dons dans l’Église de Dieu, choses auxquelles l’état de ruine de l’Église n’a
pas porté atteinte. En prévision du temps où on secouerait l’autorité
illégitime du corps qui s’appellerait lui-même l’Église, et de toute la
confusion qui s’ensuivrait, le Seigneur se présente comme Celui qui est
supérieur à tout cela. Quelle que puisse être la condition des choses ici-bas,
la force est en Christ : et nous ne la trouverons jamais en regardant à la
condition de l’Église, mais en regardant à Christ.
Lorsque les apôtres étaient ici-bas, ils étaient autorisés à
agir pour Christ d’une manière toute spéciale ; mais après leur départ, la
source réelle de la puissance en vertu de laquelle ils avaient agi de manière
subordonnée à Christ, n’a pas tari ; le Seigneur Jésus l’a encore tout
entière sous Sa garde. Il y avait à Sardes le nom de vivre, mais en réalité c’était
la mort. C’est de leur condition en tant que corps, et non comme individus que
parlait le Seigneur. « Sois vigilant, et affermis ce qui reste encore qui
s’en va mourir, car je n’ai pas trouvé tes œuvres
parfaites [complètes]
devant mon Dieu ». Là encore nous avons un trait frappant de ce qui a eu
lieu dans le protestantisme. Dans le désir d’éviter l’abus que le système
romain avait fait des œuvres, les chrétiens ne leur donnèrent évidemment pas en
pratique dans leurs pensées la place qui leur est due — une place due parce qu’ils
ont été amenés à Dieu. Car Dieu attend des Siens une marche toute particulière
et de réelle séparation ; ce qu’Il reproche à Sardes, c’est d’avoir manqué
à cet égard. Les saints de Dieu, même à Thyatire,
étaient approuvés de Dieu à cause de leur zèle, malgré tout le mal qui était
là. Leurs
dernières œuvres (*)
dépassaient les premières. Le protestantisme a affaibli l’idée de l’obéissance
sous le prétexte qu’on ne saurait trouver « la perfection » ni dans l’Église,
ni dans l’individu. Aussi, partout où le protestantisme a prévalu, le juste
critère pour les œuvres a été rabaissé : or notre Dieu entend que Ses
enfants prennent la perfection pour la mesure d’après laquelle ils doivent se
juger — je ne dis pas qu’ils doivent l’atteindre. Il y a en lui la grâce en
face des manquements ; mais c’est tout autre chose que de s’établir dans l’autosatisfaction
parce qu’on n’a pas devant les yeux le niveau divin. Le Seigneur en revient
toujours à cela.
(*) Je suis loin de penser que l’idée romaine des œuvres est plus saine que leur dépréciation de la foi. Le résidu à Thyatire, vu mystiquement, n’était pas des romanistes, mais ils étaient persécutés par Jésabel.
Il vaut mieux, en cherchant à avoir ce niveau devant nous, faillir à le réaliser, que de réussir toujours, si nous l’avons abandonné. Car qu’est-ce que le Seigneur estime le plus, sinon des cœurs qui désirent Lui plaire ? Supposez un enfant qui vienne à son père et lui dise : « Vois quelle jolie chose j’ai faite » ; si son père lui avait commandé de faire autre chose, ne lui dirait-il pas : « Est-ce ce que je voulais que tu fasses ? » Le Seigneur a Sa volonté, et c’est elle qui pourvoit à nos premiers besoins de pécheurs réveillés, et qui est la source même de notre salut. Mais elle est bien loin de la pensée naturelle du cœur qui n’aime pas se soumettre à la volonté d’autrui, — disposition qui n’est rien moins qu’une partie du mensonge de l’ennemi. C’est évidemment la volonté de Dieu, nous le savons, qui a accompli notre sanctification par Celui qui a dit : « Voici, je viens pour faire ta volonté ». En Rom. 10, l’apôtre met la manière dont nous avons part à la chose en contraste avec les sentiments juifs. Leur pensée était que s’ils accomplissaient tout ce qu’ils pouvaient de la loi, Dieu était miséricordieux et accomplirait le reste : mais l’apôtre fait voir que le salut se trouve dans la soumission à la justice de Dieu. La volonté de Dieu est la source même et la puissance de notre bénédiction, non seulement en matière de pardon, mais tout le long du chemin. Prenez les voies de Dieu dans l’Église. Ce sont là les sujets qui furent particulièrement négligés par la Réformation. La vérité concernant l’individu, telle que la justification par la foi, fut proclamée avec force et à grande échelle ; mais elle devint le grand sujet que l’on eut en vue et le but de toutes choses, et la conséquence fut que les gens ne surent jamais à fond qu’ils étaient justifiés. Du moment que je fais de ma bénédiction l’unique ou la principale chose que je cherche dans la Bible, je ne connaîtrai jamais rien comme il faut ; mais celui qui reçoit les pensées de Dieu, et les objets qu’Il a en vue, il est sûr de savoir directement qu’il est sauvé et effectivement béni. Il ne peut regarder à la croix de Christ sans voir en même temps sa ruine complète et sa délivrance parfaite dans la résurrection. Tant qu’un homme doute d’être aussi mauvais que Dieu le déclare, il aura à attendre avant de jouir des richesses de sa grâce ; mais s’il se confie sans hésiter aux mains de Dieu, il n’y a pas une bénédiction qui ne coule abondamment. Nous nous voyons aussi mauvais ou pires qu’Israël, et nous sommes placés alors dans un cercle de bonté et de miséricorde supérieur à tout ce qu’Israël a jamais possédé.
À la Réformation, tout cela fut relativement perdu de vue ; et en se dégageant du terrible filet du papisme, les hommes sont tombés dans le péché de placer la puissance ecclésiastique entre les mains de l’autorité civile. D’un autre côté, d’autres qui évitaient ce mal, firent de ce qu’ils regardaient comme une véritable Église, le dépositaire de cette puissance ; tandis que c’est Christ lui-même opérant encore par le Saint Esprit, qui maintient sa Seigneurie, — vérité qui est abondamment enseignée dans les épîtres. Supposons que quelqu’un travaille comme pasteur ou docteur : par quelle autorité doit-il le faire ? Les apôtres ou leurs envoyés choisissaient ceux qui devaient veiller aux affaires locales ; cependant partout où il était question simplement du ministère de la Parole, il n’y avait jamais de nomination, dès le début. Même quand il fut question de choisir un successeur au siège vacant de Judas, les apôtres ne firent pas le choix eux-mêmes, mais ils le remirent de leurs propres mains dans celles du Seigneur (Act. 1:24). Et quand plus tard le Seigneur choisit un autre apôtre, nous trouvons, il est vrai, un Ananias envoyé pour le baptiser, mais rien absolument de nature à suggérer la pensée que Ananias ou toute autre personne l’ait fait apôtre. Dans ce qui est dit plus loin (Act. 13) de l’imposition des mains aux apôtres Paul et Barnabas, il ne s’agissait point de donner des ordres ou une mission ; car ce fut fait par des hommes qui leur étaient inférieurs sous le rapport des dons spirituels et de la puissance spirituelle ; mais c’était tout simplement un acte par lequel leurs frères les recommandaient au Seigneur avant leur départ pour un voyage missionnaire particulier vers les Gentils. Nous sommes en droit d’attendre que le Seigneur maintienne Son autorité dans l’Église. Dans tous les âges, nous Le voyons secourir les Siens et faire Son œuvre par Ses serviteurs. Si quelqu’un désire prêcher, il pense naturellement qu’il lui faut une autorisation ; mais si nous recourons à quelque autorité, il faut qu’elle soit compétente. Et quoiqu’il puisse se trouver un caractère fort respectable selon le monde là où se trouvent ces titres extérieurs, cette question s’élève toujours : le Seigneur veut-Il qu’une autorisation soit nécessaire si quelqu’un veut validement prêcher l’évangile ? Les apôtres ont nommé des anciens et des diacres, mais ces personnes n’étaient pas nécessairement des prédicateurs et des docteurs ; leur office d’ancien ou de diacre était tout autre chose. Philippe fut un prédicateur de l’Évangile, mais ce fut parce qu’il possédait un don de la part de Christ comme chef de l’Église, et non point parce qu’il était un des « sept ». On s’est habitué à l’abandon des principes de Dieu ; et on appelle cette manière d’agir « l’ordre », parce que c’est la coutume qui prévaut aujourd’hui dans l’Église professante. Pourtant, c’est quand nous abandonnons les vrais principes, que nous glissons dans des pratiques mauvaises. Le Seigneur attache une grande importance à ce qu’on Le reconnaisse comme Celui qui a dans Ses mains toute la puissance et toute l’autorité. Du moment que nous reconnaissons cela, cela oblige d’autant plus nos consciences. Si je sais qu’une chose est mauvaise, ma conscience est liée. Il se peut que je ne sois pas en état de voir tout de suite quel est le droit chemin à prendre ; mais le premier pas est évidemment de se retirer de ce qui est mal, et c’est un devoir impératif.
La liaison entre la fin du verset 2 (« je n’ai pas trouvé
tes œuvres parfaites devant mon Dieu ») et ce qui suit
(« souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu » etc.) est
remarquable. Le Seigneur leur rappelle ce qu’ils avaient reçu de Dieu lui-même
au commencement. Il n’y a aucune place pour la pensée que, parce que les choses
ne sont point comme elles étaient alors, toute église a le droit de déterminer
ses propres lois. Ce serait une véritable rébellion que de prétendre que, parce
que la reine ne demeure pas en Irlande, les Irlandais sont libres de se donner les lois qu’ils
veulent ; de même il est aussi mauvais, voire pire, de penser que puisque
les choses sont changées, que les apôtres ne sont plus là, que la confusion est
entrée dans l’Église, et que les gens sont libres d’abandonner la parole de
Christ et de faire leur propre volonté : le Seigneur nous a laissé la
Sienne
. La parole même de Dieu qui m’annonce ce que j’étais autrefois, mais
que je suis lavé, sanctifié, et justifié au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit
de notre Dieu, cette même portion de la parole entre dans toutes les questions
relatives à l’assemblée et à la manière dont le Saint Esprit opère en elle par
qui Il veut (1 Cor. 12). Il est possible qu’il n’y ait ni langues, ni dons de
miracles, ni guérisons ; mais le Saint Esprit y est-Il ? Ce qu’Il
continue de faire, Il le fait conformément au même principe, et en vertu de Sa
même présence qu’au commencement, quoique ce soit dans une mesure de puissance
bien différente : autrement, nous n’avons pas de règles divine dans ces
choses.
Remarquez aussi, qu’il est parlé de la venue du Seigneur de la même manière qu’elle avait été présentée pour menacer le monde (voir 1 Thes. 5). « Si donc tu ne veilles pas, je viendrai sur toi comme un voleur » etc. (3:3). Il viendrait sur eux quand ils ne s’y attendraient pas — subitement et inopportun. Ne s’étaient-ils pas mis dans le monde ? ils devaient prendre garde d’avoir la même portion que le monde. Si vous avez choisi les aises du monde, vous avez à redouter le même jugement que lui. Ce n’est pas dans ce sens que le Seigneur parle de Sa venue à l’Église. En réalité et dans toute la force des mots, c’est sur la masse professante que le Seigneur viendra comme un voleur, et non pas sur les vrais croyants.
« Toutefois tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; et ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes. Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs » (3:4-5). Le Seigneur leur présente cette douce consolation, que, comme quelques-uns de Sardes avaient cherché à agir fidèlement sur la terre, ils marcheraient avec Lui en vêtements blancs. Comme ici-bas ils avaient maintenu une réelle pureté personnelle, ils apparaîtraient en haut devant Dieu dans la pleine justification de leurs voies. Mais il n’est question en cela que d’individus. L’état de l’Église considérée comme un tout était incontestablement mondain, et comme tel, il devait être jugé.
Dès que quelqu’un détermine que son association est contraire à la parole, il devrait sentir à quel point ce fait est grave, et il devrait considérer ce qui est dû au Seigneur. Il semblerait incroyable, si on ne savait pas qu’il en est ainsi, qu’il y a eu et qu’il y a des hommes de Dieu, guides du troupeau, qui non seulement demeurent dans le mal dont ils ont connaissance, mais encore qui lui cherchent un palliatif dans les circonstances d’un juste Asa ou d’un pieux Josaphat, qui pourtant n’ôtèrent pas les hauts-lieux. Quelle triste chose que les révélations solennelles de Dieu soient perverties au point de les faire servir aux buts de l’ennemi, et qu’un avertissement répété soit tordu de manière à justifier le péché. « La lampe du corps c’est l’œil ; si donc ton œil est simple, tout ton corps aussi est plein de lumière ; mais lorsqu’il est mauvais ton corps aussi est ténébreux. Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres ». Il ne suffit pas de corriger ses pensées, et ensuite d’en rester là ; si le Seigneur a donné un jugement n’est-ce pas dans le but que nous y conformions notre marche ? Satan cherche à faire que le sentier du Seigneur paraisse bien sombre et triste, tandis qu’il colore une marche mondaine d’un semblant d’humilité, d’ordre et de choses semblables. Mais la parole rend toute chose claire aujourd’hui, comme la puissance le fera dans peu, même pour le monde.
Puissions-nous marcher à présent avec le Seigneur, et sûrement nous marcherons plus tard avec Lui en vêtements blancs ! Au lieu d’effacer notre nom, Il le confessera devant Son Père et les saints anges.
Le ton de l’épître à Philadelphie me semble confirmer l’idée présentée en rapport avec Sardes, à savoir que ce que nous avons dans cette portion de l’Apocalypse (ch. 3), n’est pas tant l’église primitive, ou celle du moyen-âge, mais plutôt ce qu’on trouve ou qui se développe dans les temps modernes. Ce nouvel état de choses commence par Sardes : ce n’est pas un mal flagrant qui le caractérise, mais un trait d’une nature triste et fatale — c’est un état de choses négatif. Toute personne sincère qui a mûrement réfléchi sur ce qu’on appelle le protestantisme doit savoir que c’est là la chose affligeante que nous avons à reconnaître, nous qui avons été protestants, et qui par conséquent en partageons la honte. On s’attache trop, au moins d’une manière trop complaisante pour le moi, à certains sujets de controverse qui cachent en grande partie nos carences et nos fautes propres ; on tire vanité d’être purs de certains maux, tels que la suprématie du Pape, et l’infaillible autorité de l’Église, le culte de la Vierge, des saints et des anges, la doctrine de la messe, le purgatoire, etc. Mais en supposant que sur tous ces sujets-là, on soit dans une stricte orthodoxie, on pourrait se trouver dans mille maux d’un autre caractère, et, en dépit de toute l’exactitude extérieure, avoir un cœur tout à fait étranger à l’amour et à la gloire du Seigneur. C’est précisément ce que nous avons vu en Sardes — le nom de vivre, mais néanmoins mort. De même qu’en Israël, lorsque le Seigneur était sur la terre, l’ancienne idolâtrie avait disparu, l’esprit immonde avait quitté la maison et n’y était plus retourné ; ainsi l’état de la maison balayée et ornée correspond bien à ce qui a suivi la Réformation. Mais il faut distinguer entre cela et l’œuvre que Dieu donna à faire aux Réformateurs. Que nul ne parle de manière à déprécier ces hommes, que ce soit Luther ou les autres ; mais quoique Dieu ait travaillé dans ce grand mouvement, il eût été meilleur et plus saint qu’ils eussent laissé les gouvernements terrestres aux fonctions qui leur sont propres. Sans doute, leurs protecteurs les préservèrent de la persécution et leur assurèrent les honneurs ; mais au lieu d’aider l’œuvre de Dieu, cela devint une grande entrave. Et ainsi, lorsque la ferveur du premier zèle eût passé, l’état de choses répondit à Sardes.
En Philadelphie, nous trouvons quelque chose de tout à fait
différent. La première chose qui nous frappe, ce n’est point ce que fait, ou ce
qu’a le Seigneur, mais ce que le Seigneur est
Lui-même. S’il y a quelque chose qui délivre d’un sec et froid dogmatisme, c’est,
selon ce que je comprends, d’apprécier la personne du Seigneur d’une manière
toute spéciale. Je le vois dans l’épître à Philadelphie : le Seigneur s’y
présente d’une manière plus personnelle que dans aucune autre de ces épîtres.
Il est vrai qu’il y est dit avoir la clé de David ; mais avant qu’il en
soit question, Il déclare qu’Il est
le Saint et le Véritable. Le
caractère du Seigneur ne se montre pas dans les autres épîtres sous le même
point de vue moral. Ce que nous avons ici, c’est à mon avis, ce que le Seigneur
a accompli parmi les enfants de Dieu durant ces dernières années. L’impulsion
donnée à l’évangélisation par la diffusion de la Bible et les efforts
missionnaires l’a caractérisé extérieurement ; mais intérieurement, l’Esprit
s’est servi du sentiment que les saints avaient de l’état de ruine pour les
conduire à la Parole, et par là, à une appréciation plus pleine de la personne
de Christ — l’unique objet dans lequel nous puissions trouver du repos, par le
Saint Esprit, comme Il était le repos du Père quand Il marchait ici-bas.
Il y a quelque chose d’extrêmement beau dans la manière dont la grâce du Seigneur opère après l’épître à Sardes qui était dans un état mondain et de mort. Christ s’est fait connaître Lui-même, et Il est la résurrection et la vie. Et qu’est-ce qui pourrait communiquer une vie nouvelle, et placer l’Église dans l’attitude qui lui convient, ou amener un résidu à la marche et aux sentiments convenant à un temps de ruine, si ce n’est le Seigneur se présentant Lui-même, personnellement. C’est ce qui caractérise l’évangile de Jean : la personne de Christ dans Ses droits propres, non seulement s’abaissant jusqu’à la mort, mais baptisant du Saint Esprit, dans l’exercice de puissance miséricordieuse qui convient à Sa gloire. Dans sa première partie Il place devant nous la personne de Christ ; dans la seconde, Il place l’autre Consolateur que le Seigneur devait envoyer du ciel lorsqu’Il s’en serait allé. Il est beau de voir ainsi la place que l’évangile de Jean occupe dans les écritures de Dieu. Il fut écrit fort tard, le dernier de tous les évangiles, et bien adapté à un temps de déclin. Il n’y est pas question de Jérusalem ni des Juifs comme objets immédiats de Dieu, même en rapport avec un témoignage. Il en est fait mention comme d’un peuple mis de côté, avec lequel Dieu n’a plus rien à faire pour le moment. Aussi le Seigneur parle-t-il de la Pâque comme d’une « fête des Juifs », et ainsi de suite. En Matthieu, au contraire, nous voyons Israël reconnu pour la vérité de Dieu. Le sanglier de la forêt peut ravager et la bête dévorer, mais c’est encore le pays d’Israel ; et Jérusalem est appelée la sainte cité même en relation avec la mort et la résurrection de Christ. Dans l’évangile de Jean tout cela est fini. Non seulement Jérusalem et les Juifs ont perdu tous leurs droits sur Dieu, L’ayant abandonné comme l’Éternel, et ayant aussi abandonné la loi et les prophètes, mais ils ont rejeté Christ ; et même quand le Saint Esprit est venu, ils L’ont rejeté aussi, et n’ont pas voulu non plus L’écouter, de sorte qu’il n’y avait plus aucune ressource. Dieu s’était manifesté de toutes les manières possibles. Aucune manifestation de Dieu ne put faire aucun bien, l’homme étant sous la loi. Les individus se sont saisi pendant tout ce temps, mais la nation était sous la loi. Le point de départ de l’évangile de Jean est que tout était ténèbres, et que la Vraie Lumière brille là, quoique les ténèbres ne l’ont pas comprise. « En elle était la vie ». Cela demeure toujours vrai, quoique Celui qui est la lumière et la vie agisse ici en jugement.
Mais revenons aux églises. Il y avait eu successivement abandon du premier amour, souffrance de la part de la puissance païenne, tentation de Satan au moyen de la puissance du monde, action séductrice de Jésabel entraînant à l’idolâtrie, et en bref, toute sorte de mauvais commerce avec le monde, et avec cela la persécution. Mais à présent voici un état tout moderne — pureté extérieure, mais le cœur abandonné à lui-même (voyez 2 Tim. 3). C’est Sardes qui nous présente ce tableau : quelques-uns marchent purement, mais on ne trouve pas de cœurs entièrement soumis au Seigneur. Se contentera-t-il de cela ? Il faut que le Seigneur suscite un témoignage pour Lui-même, et la seule manière qu’Il a de rendre quelqu’un propre à être un témoin adéquat de Lui-même, c’est de se présenter Lui-même aux affections. Aussitôt que nous voyons le Seigneur Lui-même, il y a de la force pour Le servir avec joie.
Ici le Seigneur, dégoûté de l’état de Sardes, vient dire en quelque sorte : « Je désire posséder le cœur, il faut que je l’aie ». Il écarte le voile introduit par le péché de l’Église professante. Quand pour ainsi dire, ils voient ce Bien-aimé d’un peu plus près, il y a quelque chose qui répond (mais, hélas, si faiblement !) à Son désir de posséder leur cœur, et ce sera parfaitement accompli quand nous Le verrons comme Il est.
« Tu as peu de force ». Ce n’est pas la manière de Dieu de produire une grande force en un temps de ruine générale. À l’époque du retour de captivité de Babylone, le Seigneur agit avec une grande grâce. Il n’y eut pas de puissance extérieure ; au contraire, tout était chez les Juifs d’une apparence si méprisable, que leurs ennemis disaient, en se moquant, qu’un renard ferait crouler leur muraille s’il y montait dessus. Mais nous les voyons animés du même esprit que celui qui se montre dans Philadelphie. Ils ne construisent pas de fortifications pour se garantir des Samaritains (l’Éternel était une muraille de feu autour d’eux) ; mais la première chose qu’ils érigent, c’est un autel au Seigneur. Le Seigneur était le premier objet de leurs cœurs. S’Il était leur muraille, ils pouvaient attendre avant d’en construire une autre. On ne vit rien parmi eux qui rappelât l’ange frappant les premiers-nés, ni miracle opéré en leur faveur, ni promesse de plaies devant frapper leurs ennemis : mais cette parole leur est adressée : « Mon Esprit demeure au milieu de vous, ne craignez point ». Toutes les fois qu’Israël avait peur de ses adversaires, il était sans force ; mais quand il regardait au Seigneur, il oubliait les ennemis.
De même aujourd’hui, c’est quand nous nous appuyons sur Lui, que les cœurs de Ses adversaires sont le plus saisis de terreur. Quand un cœur est vrai pour le Seigneur, cela parle à la conscience des autres. Quelle joie de savoir que le cœur du Seigneur est tourné vers les Siens ! C’est là ce qui produit des sentiments convenables envers Lui, et les uns envers les autres. Le nom même de cette assemblée est significatif de la relation établie par le Seigneur ; et il est aussi important de se rappeler que c’est une relation sainte que nous avons les uns avec les autres. Il est sûr néanmoins que des gens qui ont de la sollicitude pour les intérêts célestes les uns des autres, ne seront pas négligents sous les autres rapports, quoique l’église ne soit pas un club dont les membres sont prêts à se prêter mutuelle assistance à tort ou à raison. Ce serait là du mutualisme ou autres choses semblables, et non de la fraternité selon le Seigneur.
Les premières paroles sont la clé de toute l’épître : « Le saint, le véritable » (3:7). Voyez la première épître de Jean. Cette expression n’est pas fréquemment employée à l’égard du Seigneur, mais nous la trouvons là. Au deuxième chapitre de cette épître, il est écrit à l’adresse des petits enfants de la famille de Dieu : « Vous avez l’onction de la part du SAINT, et vous connaissez toutes choses ». Lui qui est saint, Lui qui est véritable, a tout ce qu’il leur faut. Il pouvait y avoir de la faiblesse chez eux, mais Il a la clé de David. Dans la généalogie de notre Seigneur en Matthieu, on trouve l’expression : « David, le roi » ; on ne trouve pas cette désignation « le roi » ajoutée au nom de Salomon ou de quelque autre. La raison en est que c’est par David que la royauté a d’abord été caractérisée en Israël. Il était l’homme selon le cœur de Dieu. Tant que David a marché dans la foi, aucune difficultés n’a subsisté sur son chemin. Il est vrai que le type s’est montré imparfait : il n’y a pas de type parfait, parce que le type n’est pas Christ, quoiqu’il soit un témoin de Christ. C’est l’homme qui fait défaut ; mais là où la puissance de Dieu a opéré en David des choses brillantes, bénies et bonnes, nous trouvons le germe, pour ainsi dire, de ce qui se montre pleinement dans le Seigneur. La « clé » de David représente la puissance administrative, le moyen d’accès à tout ce qu’il possédait. C’est ainsi qu’il est dit (És. 22) : « Je mettrai la clé de la maison de David sur son épaule ; et il ouvrira, et nul ne fermera, etc. ». Telle était la conséquence ; celui qui avait la clé avait tout sous sa main ; c’était à lui à prendre soin de tout.
Le Seigneur se présente Lui-même comme ayant la clé de David. Ils ne devaient donc pas regarder à la puissance du monde, ni de l’homme ; car si Christ avait la clé, c’est juste ce dont ils avaient besoin. L’énergie de l’homme pouvait être à l’œuvre autour d’eux, celle de Jésabel, des faux prophètes ; mais il y avait ce Béni, le Saint et le Véritable ; et Il était d’autant plus nécessaire qu’ils étaient faibles. Ils avaient si peu de force que peut-être, ils n’étaient pas même capables d’ouvrir la porte ; mais il leur dit qu’il l’avait ouverte pour eux ; Il les avait amenés dans un lieu vaste où il n’y avait rien qui ressemblât à la servitude ou à la contrainte. Il est clair que le Seigneur est désigné ici selon ce qu’Il est personnellement et moralement ; non pas seulement comme la grande source de sainteté et de vérité, mais comme le Saint et le Véritable. Nous trouvons également ce deuxième nom dans la première épître de Jean : « nous sommes dans le véritable, savoir, dans son Fils Jésus Christ » ; mais cela va plus loin encore : « Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle ». C’est donc la personne du Seigneur qui est placée devant eux : c’est ce qu’ils désiraient ardemment. Christ avait de la valeur pour eux. Ils désiraient Le connaître davantage, et Il connaissait leur cœur. C’est ainsi qu’il est dit : « Si ton œil est simple, tout ton corps sera plein de lumière ». Ils étaient las de la simple forme de piété ; ils savaient qu’il était possible d’être perdu ou de déshonorer le Seigneur dans l’orthodoxie aussi bien que dans le monde. Ils se tournent vers le Seigneur, et Il se présente Lui-même comme le Saint et le Véritable — non pas comme étant contre eux, mais comme rempli de tendresse et de grâce, plaçant devant eux une porte ouverte, et leur donnant l’assurance que personne ne la fermerait.
« Tu as peu de force, et tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom » (3:8). Il y a là trois déclarations les concernant. Ils sont dans un état qu’aucune marque de puissance extérieure ne signale. Ils sont inconnus au monde comme Il l’était Lui-même, mais ils ont gardé Sa parole ; et plus que cela, ils n’ont point renié Son nom. Considérez ce que c’est que garder la parole de Christ. Il est évident qu’on s’était écarté de Sa parole. Elle pouvait avoir circulé, mais avait-elle été l’objet d’une tendre affection ? L’avait-on aimée, l’avait-on sondée, comme on cherche un trésor caché ? Est-ce en vue d’elle, et pour la mieux comprendre, qu’on se réunissait pour prier et lire ? Quel mouvement en avant pour l’église quand la personne du Seigneur devient plus que jamais l’objet du cœur, et où la Parole est mieux traitée comme Sa parole. Ce n’est pas simplement de l’évangélisation, aussi précieuse qu’elle soit à sa place et dans son effet sur le monde. Mais ici, en Philadelphie, c’est le cercle intime de saints qui aiment, servent et adorent Christ pour Lui-même.
Dans cette épître nous trouvons aussi la grande valeur du nom du
Seigneur Jésus. En 1 Cor. 1 l’épître est adressée non pas seulement aux
Corinthiens, mais « à tous ceux qui en tout lieu invoquent » ce nom.
Autrement dit, la première épître aux Corinthiens n’a, pas plus que la seconde,
une application particulière : elle est pour tous les chrétiens partout.
De fait, aucune autre épître n’a une adresse générale marquée aussi
fortement ; et la raison en est peut-être que l’Esprit de Dieu prévoyait
qu’elle serait, plus que toute autre, mise de côté. En ces temps où il n’y a
pas de manifestation extraordinaire de puissance, les gens pourraient
dire : cette épître-là n’est pas pour nous, elle appartient au temps
passé. Il est vrai qu’il n’y a pas
lieu de donner des règles pour l’exercice du don des langues, si vous ne l’avez
point reçu. Mais nous avons le Saint Esprit, et béni soit Dieu ! L’Église
ne saura jamais ce que c’est que d’être sans le Saint Esprit. Regardez à son
heure la plus sombre, — le moyen-âge, le romanisme,
etc. Le Saint Esprit était toujours là, non pas certes en train de justifier le
mal ni de mettre Sa sanction sur la désobéissance, mais Il était là pour la
certitude de la foi, selon la parole du Seigneur : « Il demeurera
avec vous éternellement ». L’idée d’attendre que le Saint Esprit soit de
nouveau répandu sur nous est entièrement fausse. C’est là l’espérance juive.
Adresser une telle demande dans le cas de l’Église, c’est nier qu’elle soit l’Église.
Ce peut être bon pour nous de nous jeter aux pieds du Seigneur et de
reconnaître que nous avons agi comme si nous ne l’avions pas. Mais bénissons
Dieu de ce que nous avons l’Esprit, non seulement habitant dans les individus,
mais nous liant ensemble pour être une habitation de Dieu. La manifestation
de
ce fait est brisée, c’est vrai, mais le fait demeure ; c’est comme, en
parlant d’un homme qui se trouve dans de mauvaises circonstances, nous disons
qu’il est ruiné, quoique l’homme
existe encore. C’est un motif de nous
humilier d’autant plus que l’Église possédait l’Esprit et qu’elle a mal tourné.
Les hommes ont beau dire : « Si nous avions une Pentecôte maintenant,
et que le Saint Esprit soit envoyé de nouveau, nous marcherions comme il
faut », le fait est qu’après avoir eu le Saint Esprit le jour de la
Pentecôte, ils se sont dévoyés et sont tombés. Ce que Dieu nous appelle à faire
maintenant, ce n’est pas d’attendre de nouveaux dons de puissance, mais de nous
humilier devant Lui d’avoir marché, même comme chrétiens, en opposition à Sa
volonté de la manière la plus triste. Hélas ! quoique
nous eussions le Saint Esprit, des veaux d’or ont été établis l’un après l’autre,
au point qu’il y a autant de péché qu’il y en a eu en Israël. C’est là ce que
le Seigneur nous appelle à sentir. Les sympathies des saints de Philadelphie
étaient avec Lui.
Ce que l’Esprit présente dans cette église est donc clairement une compagnie méprisée, mais la parole de Christ particulièrement appréciée, et le nom du Seigneur maintenu. Nous avons appris que l’Église n’est jamais obligée de marcher dans le péché. « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ». Il peut y avoir iniquité morale et des convoitises mondaines ; et qu’y a-t-il d’aussi mauvais, en fait d’iniquité de l’Église, que ce qui est contre la personne même de Christ ? Si on marche contrairement à l’ordre extérieur de l’Église, c’est mal, mais ce n’est pas à comparer avec le péché commis contre la personne du Seigneur Jésus. Ce péché-là est toujours le pire (2 Jean 7), et il est un test pour les âmes. Le premier de tous les devoirs est que le cœur soit vrai pour Christ. C’est ce que Dieu attend. Le Père veut que Lui soit honoré.
Ici Christ se présente donc personnellement à l’Église, non pas
avec une expressions générale d’amour, mais en
manifestant un attachement spécial de Son cœur pour eux. De là vient qu’il est
dit : « Je
t’ai aimé ». Le Seigneur aime tous les Siens,
mais il est également vrai qu’Il a des affections spéciales. Il peut y avoir un lien particulier entre Lui
et les saints à des moments particuliers de danger ou d’épreuve. Sa grâce
éloigne les obstacles, et fait qu’on se réjouit dans sa force. Ils connaissent
Sa place dans la gloire, mais ce qui touche leurs cœurs, c’est qu’Il les aime
au milieu de toute cette gloire. Son amour, voilà la grande base et la source
de leur amour.
« Tu as peu de force ». Il sait qu’ils sont
faibles ; mais ils ont « gardé ma parole et n’ont pas renié mon
nom ». Remarquez ici le lien personnel : « ma
parole »,
« mon
nom ». Le nom de Christ saisi par l’âme, est le
salut ; mais il est beaucoup plus ; il est tout. Lorsque le cœur est
abaissé et amené à se soumettre au jugement de Dieu sur son péché, Dieu place
Lui-même devant cette âme le nom de Christ : et quand elle trouve qu’elle
n’a pas de nom sur lequel s’appuyer pour se tenir devant Dieu, Il lui
dit : Voici un nom, le nom de Mon Fils. La foi suppose un homme qui s’abandonne
lui-même comme bon à rien, et qui dit : « Dieu a été bon pour moi,
quand je n’étais que méchant pour Lui ». Dieu a établi ce nom, comme une
pierre de fondement pour le pauvre pécheur. Elle semble faible ; elle est
appelée une « pierre d’achoppement », et elle l’est pour l’incrédulité ;
mais je dois croire en elle. Si je ne fais que regarder à l’évangile, je suis
perdu, parce qu’alors je raisonne à son sujet ; mais si je le crois
,
je suis sauvé. Que fit Abraham ? Il ne raisonna pas ; il ne considéra
pas son corps qui était amorti, mais il donna gloire à Dieu. S’il s’était senti
fort, il aurait cherché de la gloire pour lui-même. Tel est le grand but
pratique en vue duquel Dieu travaille : que nous connaissions notre propre
néant.
Mais est-ce là l’unique usage du nom de Christ ? Non : Il rassemble autour de Lui-même. Jésus est le grand objet, le point d’attraction autour duquel le Saint Esprit assemble. Supposez qu’il soit question de quelqu’un arrivant avec des vues calvinistes, ou des vues arminiennes, comme on les appelle, qui n’a jamais bien appris la ruine de l’homme ; vous direz peut-être : « Nous n’aimons pas qu’on nous trouble ». Mais la question est : que dit le Seigneur. N’a-t-il pas pouvoir de juger cette question ? L’a-t-il laissée à notre discrétion ? Christ a mis Son nom sur ce saint, et en conséquence je dois le recevoir. Un autre arrive et dit : « J’ai entendu que vous recevez tous les chrétiens ; mais je ne crois pas que Christ fût exempt de chute, soit dans Sa nature, soit dans Sa relation avec Dieu ». « Non », répondons-nous ; « vous ne pouvez vous servir du nom de chrétien à déshonorer Christ ». Mais toutes les fois que quelqu’un confesse humblement le nom du Seigneur (qu’il appartienne à l’église établie, ou qu’il soit dissident, la question n’est pas là) nous sommes tenus de le recevoir (*). C’est une chose fort triste que toutes ces dénominations diverses soient dans l’Église : elles prendront toutes fin bientôt. Mais il ne nous faut pas parler contre le nom de Christ maintenant. Par tout où on l’entend, il devient un passeport dans toute l’Église. Il ne s’agit pas de joindre à nous ; celui qui est joint à Christ nous est joint certes. Il est vrai que le Seigneur a Ses serviteurs, mais nous ne reconnaissons personne comme centre dans l’Église, sinon Christ.
(*) Note Bibliquest : cet écrit date de 1858. L’état des églises et dénominations était fort différent de ce qu’il est aujourd’hui.
Un autre usage du nom de Christ se trouve dans la discipline.
Quel est le but de la discipline ? Ce n’est point de maintenir notre
caractère, mais que le nom de Christ ait sa juste
place et son honneur, en conservant à ce nom tout son éclat, même là où est le
trône de Satan. Dans le camp
même de l’ennemi, il y a un nom qui ne peut être renversé. Le Saint Esprit est
là, non pas simplement pour nous donner de la consolation, mais nous ayant
délivré de toute inquiétude à l’égard de nos péchés, Il nous laisse libre pour
nous occuper de Christ et Le servir. Ce dont il s’agit dans le maintien de la
discipline, c’est de savoir si on s’est retiré de l’iniquité. Jamais le
Seigneur ne reconnaît comme église quelque chose où l’iniquité est sanctionnée
[approuvée]. C’est une chose bien différente qu’il y ait du péché, et que le
péché soit sanctionné. Toute sorte d’iniquité peut surgir : cela a eu lieu
dans les églises apostoliques. L’incestueux fut mis dehors à Corinthe parce qu’il
était chrétien (comme il est dit « afin que l’esprit soit sauvé dans la
journée du Seigneur Jésus »). On aurait pu croire d’après la terrible
nature de son péché qu’il n’était pas possible
que ce fût un chrétien.
Le Saint Esprit nous montre par-là que si un chrétien s’écarte de Christ, il
est capable de tout, excepté l’indifférence positive à l’égard de Christ
lui-même. Car je pense que le Saint Esprit nous garderait toujours de
cela ; comme dans le cas du jugement de Salomon, la fausse mère était résolue
à avoir, à tout prix, sa moitié de l’enfant, tandis que la mère réelle aimait
mieux céder la sienne que de laisser toucher à sa vie. Mais il peut arriver à
un chrétien de tomber dans un état de froideur de sentiments à l’égard de
Christ (aussi contraire à la nature que cela paraisse) ; et dans un tel
état où il n’a pas un juste sens quant au nom du Seigneur, quel bien peut-on
attendre de lui ?
Il n’en était pas ainsi des saints de Philadelphie. Ils ne reniaient pas Son nom ; et le Seigneur emploie à leur égard les expressions d’amour les plus tendres. Partout où l’on avait des prétentions ecclésiastiques, on l’a remarqué à juste titre, on était contre eux. Ils étaient tout à fait méprisés par ceux qui se disaient Juifs, mais touchant lesquels Christ fait cette déclaration, « je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds » etc. (3:9). Les Philadelphiens se trouvaient au milieu de beaucoup de profession creuse, et le Seigneur leur promet de les défendre par Sa propre puissance. Qu’il est consolant de ne pas chercher à nous défendre nous-même, mais de poursuivre avec le Seigneur !
Il est d’une importance extrême de bien voir que le nom du
Seigneur n’obligera jamais personne à choisir entre deux maux, et c’est, à mon
avis, ce que Dieu a voulu nous faire sentir dans ces derniers temps. Il y a
un
sentier hors du mal. Non pas que la chair de l’homme ne puisse introduire le
mal ; mais si quelqu’un persiste dans quelque péché, vous dites qu’il ne
marche pas comme un chrétien ; il ne peut pas être reconnu comme chrétien,
quoique nous puissions prier pour lui, etc. Supposez encore une réunion de
chrétiens. Le mal entre. Nous ne pouvons pas dire que ce ne sont pas des
chrétiens. Non, mais introduisez l’autorité du nom du Seigneur pour mettre le
mal dehors. Christ ayant l’autorité absolue, c’est à nous à nous soumettre
entièrement à Lui. L’Église appartient à Dieu. Si elle était à nous, nous
pourrions faire nos propres règlements ; mais malheur à celui qui s’ingère
dans l’Église de Dieu, introduisant ses propres règles ! C’est là, à ce qu’il
paraît, ce que ressentaient ces Philadelphiens. L’autorité
du nom du Seigneur avait de la valeur pour eux. Ils avouaient être faibles,
mais ils savaient que la puissance de Christ était assez forte pour les garder.
Pourquoi s’effrayer ? En reconnaissant le nom de Christ pour centre de
rassemblement, les chrétiens ne disent pas que le mal n’entrera pas : mais
s’attendant à la puissance du Seigneur Jésus et à Son Esprit, ils n’entendent
pas sanctionner [ou : approuver] le mal. Laissons seulement la porte
ouverte pour que le Seigneur entre. Il peut y avoir bien des choses propres à
exercer notre patience, mais ce que nous avons à faire, c’est de nous attendre
au Seigneur. C’est ce que le Seigneur veut, que nous ayons confiance en ce qu’Il
est et ce qu’Il a, en prenant la place de faiblesse et de dépendance dans la
prière, aussi pénible que soit cette épreuve.
Il est très intéressant de noter la réapparition du système catholique à ce niveau. Il s’était développé d’abord en plénitude pendant l’ère des premières persécutions par les païens sous ce qu’on appelle les pères de l’église, la période de Smyrne (comparer 2:9). Maintenant il resurgit, comme contrefaçon de l’ennemi, et comme réel opposant au témoignage de Dieu de nos jours. Mais le Seigneur les obligera à reconnaître où est la vérité et où se reposent spécialement l’approbation et l’amour du Seigneur. « Voici, je donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent être Juifs, et ils ne le sont pas, mais ils mentent » (3:9). Ces personnes revendiquent être exclusivement le peuple de l’alliance ; ils regardent les autres (en particulier ceux représentés par l’assemblée à Philadelphie) comme étant dehors, indigne de tout nom, sinon de mépris. Car ceci est ce qui éprouve le saint, non pas, comme à Smyrne, une persécution par des ennemis déclarés et extérieurs. Ceux qui se vantent de leur tradition, de leur antiquité, de leur prêtrise, de leur ordre et de leurs ordonnances, seront forcés de reconnaître ceux qu’ils ont méprisés comme étant les bien-aimés du Seigneur. La fidélité au Seigneur, malgré la faiblesse, est précieuse à Ses yeux.
« Parce que tu as gardé la parole de ma patience, je te garderai de l’heure de l’épreuve » (3:10). Dans ces églises, le Seigneur envisage évidemment un état de choses proche de la fin. Comme l’heure de l’épreuve est encore future, il est clair qu’il y a de la place pour l’application de cette promesse jusqu’à la fin.
« Tu as gardé la parole de ma patience ». Ce n’est pas Sa Parole seulement, mais la Parole de Sa patience. Christ vient pour recevoir Son Église, et ensuite pour être le juge de toute la terre. Mais nous n’attendons pas des signes. Dieu, dans sa grâce en donne aux Juifs, mais l’Église n’a jamais été appelée à se guider dans ses pensées sur ce qu’elle voyait, comme Thomas. « Bienheureux sont ceux qui n’ont point vu et qui ont cru ». C’est quand on ne voyait plus le Seigneur que l’Église est née dans le monde ; et depuis lors elle a été dans l’attente, mais il n’a jamais été envisagé qu’elle doive dépendre de certains signes extérieurs. C’est lorsque Christ a pris Sa place en haut comme tête, que Son corps, l’Église, fut formé ; car il ne pouvait y avoir de corps que premièrement il n’y eût une tête. Dieu veut que l’Église attende Christ lui-même, et non pas des signes. Il fera entendre sa voix, et les morts en Christ ressusciteront… et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Christ attend cela avec patience. Autant que j’aie pu le voir, le Seigneur ne parle pas de Sa venue, comme s’il s’y rattachait quelque hâte. Il attend avec patience que le moment arrive. Il tarde dans son amour pour qu’il y ait une prolongation de miséricorde pour le monde et pour que des âmes puissent lui être amenées. L’Église sait qu’Il attend, et elle est appelée à la même patience — à avoir communion avec Lui dans Sa patience.
« Je te garderai de l’heure de la tentation » (3:10). Ce n’est point ici la portion des Juifs. Pour eux, lorsqu’arrivera le temps de l’épreuve, le Seigneur leur dit : « Viens, mon peuple entre dans tes chambres » (És. 26). Notre place est celle d’Abraham. Il n’eut point à fuir vers la petite Tsoar comme Lot, qui fut sauvé du jugement, il est vrai, mais guère à son honneur. Le Seigneur avait un saint dont les pensées étaient aux choses célestes, ainsi qu’un saint dont les pensées étaient aux choses de la terre. Abraham n’était pas du tout dans la sphère de cette tentation. Ainsi l’Église sera gardée de l’heure qui vient. Telle est notre confiance — non pas simplement préservée dans ou à travers cette heure, mais hors d’elle. Prenez une autre figure, celle du déluge. Énoch fut transporté au ciel avant le déluge, tandis que Noé fut porté à travers ses eaux. C’est ainsi que dès le commencement Dieu nous donne des témoignages bénis de cette double manière d’être préservés, d’un côté comme Énoch et Abraham en esprit, et de l’autre comme Noé et Lot. Ces derniers se trouvèrent dans des circonstances d’épreuve ; et tel sera le cas du résidu converti d’Israël à l’époque des terribles jugements. L’espérance du chrétien est d’être avec le Seigneur dans le ciel, et c’est ce que l’Église doit attendre. Assurément le cri se propage maintenant : « Voici l’époux, sortez à sa rencontre ».
Je vous le demande, êtes-vous sortis ? Il y ceux qui non seulement crurent quand ils entendirent le cri, mais qui sortirent. Avez-vous abandonné tout ce qui est contraire à Christ ? — Ce que vous savez — non pas ce que je sais — Lui être contraire ? Demandez-vous vous-mêmes si vous êtes prêts à Le rencontrer : Dans ce cas vous n’avez rien à craindre. Soyez assurés que tout ce que la volonté de l’homme désire retenir ne vaut la peine d’être gardé. C’est un gain de sortir de tout pour aller à la rencontre du Seigneur ; c’est joie que d’être dans Son sentier de douleurs. Ceci a-t-il atteint votre cœur ? Ne vous contentez pas de dire : « J’ai de l’huile dans mon vaisseau, peu importe où je suis ». Pensée égoïste et profane ! Que le Seigneur vous accorde de ne pas avoir de tel sentiment ! Il m’a sauvé pour que je pense à Lui. Il désire que je sorte à Sa rencontre, que je chérisse la précieuse espérance de Sa venue. Gardez-vous alors Sa parole ? Ne savez-vous pas. C’est une question entre votre conscience et le Seigneur. Quand vous aurez gardé ce que vous connaissez, vous en apprendrez davantage, et vous trouverez la vraie liberté à Le servir toujours.
« Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ». C’est là une parole précieuse. Le Seigneur parlait à Sardes de venir comme un voleur, car elle avait pris le monde pour sa maîtresse, et permettait à ceux qui étaient souillés de gouverner à la place du Seigneur. Pour Philadelphie Il vient comme quelqu’un qui a une couronne à donner. Le Seigneur lui-même venant à notre rencontre, est le joyau qu’Il nous a donné à garder. Qu’Il nous accorde de le tenir ferme, afin qu’il ne nous soit pas enlevé !
Nous sommes effectivement faibles maintenant, mais le Seigneur
dit : « Si vous vous contentez d’être maintenant dans la faiblesse,
je ferai de vous une colonne dans le temple de mon
Dieu ». Une
colonne est l’emblème de la force (de ce qui soutenait le temple), en contraste
avec la faiblesse. Il est dur de se contenter d’être faible ; et c’est
rassurant pour la chair de sentir sous soi la puissance du monde. Mais si nous
consentons à paraître ce que nous sommes maintenant, le Seigneur nous déclare
ce qu’Il fera pour nous alors : « Je vous ferai être une colonne dans
le temple de mon Dieu » (3:12). Selon que j’ai connu mon Dieu, je vous
amènerai en communion avec moi. Vous étiez contents d’attendre Ma venue, et
personne ne prendra votre couronne. Pour ceux qui ont pensé à Christ
maintenant, Christ leur fournira alors toute la joie qu’Il peut leur donner.
Que le Seigneur veuille que ce soit là notre consolation pendant que nous L’attendons !
Il se peut que, pour Christ, nous soyons en dehors de tout ce qui paraît fort
et en ordre. Dans ce jour-là nous ne sortirons plus jamais dehors, mais nous
jouirons de l’association avec Christ la plus intime, nous serons une colonne
dans le temple de Son Dieu, et nous aurons le nom de Son Dieu et de la cité de
Son Dieu, la Jérusalem céleste, et Son nouveau nom inscrits sur nous.
Faibles qu’ils étaient, ils prenaient la place de faiblesse, et comme ils avaient pensé à Sa Parole et à Son nom, le Seigneur dit : quand Je vous aurai dans Mon temple, J’écrirai sur vous « Mon nouveau nom » et Je ferai de vous « une colonne dans le temple de Mon Dieu ». Il ne dit pas le trône, qui serait l’expression de la puissance, mais le temple, ce qui est une pensée autre que le trône. Le temple est le lieu du culte, où Dieu est exalté dans la beauté de Sa sainteté. C’est exactement comme quand David portait un éphod quand il s’agissait de rendre culte de Dieu. Sa propre femme l’en méprisa (elle regardait à lui comme au gendre de son père, le roi Saül) parce qu’il ne sortait avec une robe convenable pour la royauté : mais David était occupé de Dieu, et à ses yeux, son plus grand honneur possible était de porter l’éphod, et ainsi de servir l’Éternel et de se réjouir dans Sa bonté qui daignait être au milieu d’eux.
Ainsi les Philadelphiens semblent être spécialement ceux qui avaient l’intelligence du culte, parce qu’ils avaient apprécié la personne et le caractère du Seigneur Jésus. C’est ce qui attire le cœur. Ainsi quand Jésus se révèle Lui-même après avoir donné la vue (Jean 9), l’aveugle-né Lui rend hommage. Il y a peu de jouissance du culte en général, même chez les vrais enfants de Dieu. On peut recevoir de la faveur de la part de Dieu, et rendre grâces de cœur pour cela, et malgré tout ne pas connaître grand chose du culte. C’est quelque chose de plus élevé et de plus rapproché de Lui. Le culte n’est pas simplement l’appréciation des faveurs qui descendent sur nous de la part de Dieu, mais c’est l’appréciation de ce qu’est le Dieu qui les donne. Le vrai culte est toujours cela. Le Père cherche des adorateurs, mais c’est pour les ramener à la source d’où la grâce a découlé. Le mot « culte » n’est pas utilisé dans cette lettre à Philadelphie, sauf au v. 9 mais dans un sens différent, signifiant simplement que ces hommes qui maintenant étaient des moqueurs, auraient à s’humilier eux-mêmes et à donner honneur à ceux qu’ils ont méprisés. Le culte consiste à s’approcher de Dieu dans l’appréciation non seulement de ce qu’Il fait, mais de Lui-même. Il y a ceci qui prépare toujours la voie au culte : la connaissance pleine et simple de ce que nous sommes approchés de Dieu, aussi bien que de l’œuvre de Christ et de ses résultats bénis pour nous.
Nous avons déjà noté le grand contraste entre l’état de Sardes et l’ordre de choses précédent. Une corruption grossière, le mal au grand jour, la persécution, la haine de la sainteté et de la vérité de Dieu, et les faux prophètes avaient régné à Thyatire, quoiqu’il s’y trouvât un résidu, et un résidu fidèle. Si Thyatire représente les siècles de ténèbres où le Seigneur avait ses saints fidèles cachés dans les réduits et les coins du monde, nous avons en Sardes un état de choses apparemment correct, — un nom de vivre, et la mort presque partout ; pourtant même à Sardes, il y avait ceux qui n’avaient pas souillé leurs vêtements. S’il se trouve une distinction aussi marquée entre Sardes et Thyatire, il y a aussi une ligne de démarcation non moins profonde entre Philadelphie et Laodicée.
« À l’ange de l’assemblée qui est à Laodicée ».
Considérons le caractère que Dieu attribue à cette église, et ce qu’Il met en lumière sur sa condition. Si parmi ces églises, il y en a deux qui soient en contraste plus marqué l’une avec l’autre, ce sont sûrement ces deux dernières. La raison, je pense, en est celle-ci : quand Dieu agit d’une manière spéciale, quand Il manifeste Sa grâce sous une nouvelle forme et sous un jour nouveau, cela amène toujours à sa suite, depuis la chute de la chrétienté, une ombre particulièrement obscure. C’est ainsi que Philadelphie présentait un tableau brillant. Il y avait de la faiblesse, mais ils dépendaient de Lui en paix, car le Seigneur avait ouvert la porte, et Il la tiendrait ouverte. Christ était toute leur confiance, en contraste avec tous les gens qui s’occupent de religion avec prétention, et qui en même temps revendiquent publiquement être le peuple de Dieu sans pour autant se soucier aucunement de Christ. L’assemblée aurait dû être, par le Saint Esprit, un témoignage réel à la nouvelle création, dont Christ est à la fois la seule source et l’exemple brillant. Mais l’église a entièrement failli, et jamais autant que dans sa dernière phase. Car quelle différence nous trouvons quand nous arrivons à Laodicée !
Ce n’est plus le Seigneur veillant aux besoins des saints de Philadelphie, ayant la clé de David et se présentant comme l’objet de leurs affections, — comme le Saint et le Véritable, dans Sa grandeur morale, et faisant appel à toute l’adoration de leur cœur. Il parle ici d’une toute autre manière : « Voici ce que dit l’Amen, le Témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu ». Ce qui n’était qu’une profession orgueilleuse allait prendre fin. Il était « l’Amen », le seul qui assure la réalisation de la promesse divine, l’unique « fidèle et véritable témoin » quand tous les autres avaient failli. Ce fait que Christ se présente comme le témoin fidèle et véritable, suppose que ceux auxquels Il écrivait étaient entièrement infidèles et avaient ranimé les vieilles choses qui avaient été ensevelies dans le tombeau de Christ. Même un saint comme Job n’était pas dans la présence de Dieu quand il était tout occupé de lui-même (« Quand l’oreille m’entendait… quand l’œil me voyait », Job 29:11). On peut dire qu’il était dans la présence de lui-même et non pas dans celle de Dieu. C’est toujours un pauvre signe quand nous voyons quelqu’un s’arrêter pour regarder à lui-même, que ce soit en bien ou en mal. Même si l’on est converti, le Seigneur ne veut pas que nous nous arrêtions à contempler le changement opéré en nous ; ce ne serait pas là oublier les choses qui sont derrière (ce qui, pour le dire en passant, ne signifie pas l’oubli de nos péchés, mais celui de nos progrès). Si le Seigneur nous a donné de faire un pas en avant, c’est pour que nous soyons plus près de Lui, et que nous croissions dans la connaissance de Dieu. Par là il y aura toujours progrès dans la connaissance de nous-mêmes, mais ce ne sera jamais à l’effet de nous admirer. Par le fait même que nous appartenons à Christ, Il est l’objet qui heureusement nous garde dans l’humilité. Lorsqu’à la fin, Job fut amené réellement dans la présence de Dieu, il se trouva dans la poussière. Il ne savait pas ce que c’était de n’être absolument rien dans la présence de Dieu, jusqu’à ce qu’il fut amené-là, et que son œil ait vu Dieu. Auparavant, il avait regardé plutôt à ce que Dieu avait effectué en lui, mais à présent il se voyait comme n’étant que poussière. Et c’est après cela que nous le trouvons intercédant même pour ses amis, et que nous avons les holocaustes, etc. C’était là l’esprit d’intercession et aussi de culte. Il me semble que tel était l’esprit auquel avait été amenée l’église de Philadelphie. Ses membres avaient l’intelligence du culte, parce que, selon leur mesure, ils connaissaient Celui qui était dès le commencement. Le Seigneur aime que nous soyons forts en Christ, que nous croissions en Lui en toutes choses.
À Laodicée on ne pensait nullement à cela ; il n’y avait
aucune intelligence des richesses de la grâce du Seigneur. Il n’y a rien à l’égard
de quoi nous devons sentir autant combien nous sommes pauvres, comme à l’égard
du culte, justement parce que nous sommes un peu en mesure de l’apprécier. C’est
le sentiment spirituel, quoique la mesure en soit certes bien faible, qui nous
rend sensibles à notre peu de puissance pour le culte. Tenez pour sûr que c’est
l’esprit de culte qui constitue notre véritable puissance dans le service.
Ainsi le Seigneur dit en Jean 10 : « Je suis la porte ; si
quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et sortira
,
et trouvera de la pâture ». Ce n’est plus la bergerie juive et l’esclavage
de la loi, mais la parfaite liberté, le privilège d’entrer pour rendre culte,
et de sortir pour l’activité du service, trouvant partout nourriture et
bénédiction. Qu’il est doux de penser que l’heure approche où nous entrerons
pour ne plus jamais ressortir ! Ce sera toujours le service en relation
directe avec le Seigneur lui-même — la jouissance de la présence de Dieu et de
l’Agneau, — le culte éternel ! Mais quels sont ceux pour lesquels c’est là
une agréable et heureuse promesse ? Ceux qui avaient apprécié le culte et
en avaient joui ici-bas. Comme il est dit au Ps. 84 « Ils te loueront sans
cesse ». Le lieu où demeurait le Seigneur était gravé dans les cœurs mêmes
de ceux qui y allaient, « dans le cœur desquels sont les chemins
frayés ». Ils devaient se trouver au lieu où Dieu était, et demeurer là.
Le Seigneur ne se révèle pas ici de la même manière personnelle,
et encore moins ecclésiastique ; mais il est relevé plutôt certaines
qualités, certains titres qui lui appartiennent, qui nous sont présentés, en
partant de ce qu’Il a été pour Dieu pour tendre vers ce qui Le relie à la
nouvelle scène dans laquelle Il va être manifesté comme chef [ou : tête]
sur toutes choses. Ceci ne peut faillir. Il
était « l’Amen, le
Témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu ».
Quant à eux
, ils avaient failli à tous égards — ils avaient été des
témoins infidèles ; mais Lui était assez bon pour leur dire :
« Vous n’avez pas répondu à une seule pensée de mon cœur. Je viens
maintenant me présenter à vous comme vous devriez tous être ». Il était
aussi « le commencement de la création de Dieu » (3:14). La
chrétienté est dès son commencement un témoin rejeté, certainement dès les
jours apostoliques. Christ est en relation avec la création nouvelle.
« Je connais tes œuvres, que tu n’es ni froid, ni bouillant » (3:15). C’est le laxisme. Ce n’est pas l’ignorance qui opère cette erreur mortelle, mais le cœur qui reste indifférent à la vérité après que la vérité lui a été pleinement présentée. On ne veut pas de la vérité, parce qu’on sent le sacrifice et la séparation d’avec le monde qui s’ensuivent si on la suit. Il nous faut user de support partout où il y a de l’ignorance involontaire ; mais l’indifférence pour la vérité est une chose tout autre, et haïssable aux yeux du Seigneur.
Le laxisme n’est donc jamais la condition d’âmes qui sont
simples de cœur, mais bien de ceux qui ont entendu la vérité et qui ne sont pas
préparés pour la croix. La vérité de Dieu doit être une pierre de touche pour
les cœurs. Elle n’est pas simplement quelque chose que j’ai à apprendre, mais c’est
quelque chose qui me met à l’épreuve
. Si la brebis est dans une
condition saine, elle entendra la voix du Berger, et n’écoutera même pas la
voix des étrangers ; mais si la brebis s’égare après d’autres, elle s’embrouille
tellement qu’elle peut en arriver à cesser de distinguer la voix bien connue.
Ce mal surgit dans Laodicée, et à ce qu’il me semble, il provient du mépris du
témoignage rendu dans l’église précédente. Laodicée est le fruit du rejet de la
vérité spéciale qui a formé Philadelphie. Là, Christ se montrait Lui-même, et à
chaque cœur qui le recevait, Il disait : « Comme Mon nom a été tout
pour vous sur la terre, ainsi Je vous donnerai Mon nouveau nom au temps de la
gloire ». Toute affection qui a été spirituelle, tout ce que le Seigneur a
produit dans nos cœurs ressortira dans le ciel avec un éclat plus
brillant ». Mais pour Laodicée, le Seigneur dit : « Tu n’es ni
froid ni bouillant ». Ceux de Laodicée devaient avoir eu quelque
stimulant, puisque le froid n’est pas absolu. Ils n’étaient pas honnêtes.
Laodicée est le dernier état du déclin, que le Seigneur ne peut pas permettre
de continuer — un temps où l’on a possédé beaucoup de vérités en un certain
sens, mais sans que les âmes en soient touchées. Si le cœur avait été tant soit
peu sincère, même avec de l’ignorance, il aurait joui de tout ce qui venait du
Seigneur. En 1 Jean 2, ceux dont il est dit qu’ils ont l’onction de la part du
Saint, et qu’ils connaissent toutes choses, ce ne sont pas les
« pères » (qui, bien sûr, ont aussi l’onction, mais les « petits
enfants »). Si le cœur est vrai pour Christ, c’est de cela que dépend la
capacité pour juger ce qui n’est pas de Christ. C’est ce qui fait que le plus
jeune croyant, s’il a l’œil simple, peut avoir une certitude dans le
discernement, là où le théologien se perd dans des généalogies sans fin.
Tout esprit qui ne confesse pas Christ, mais Le renie (le Christ de Dieu) est de l’antichrist. Il y a eu et il y a maintenant beaucoup d’antichrists, et là où on les trouve, c’est là où il y a eu le nom de Christ. Si Christ n’avait pas été connu, il n’aurait pas pu y avoir d’antichrist, — ceux-ci sont l’ombre noire qui suit la vérité. Si le Seigneur travaille en grâce, Satan sera aussi à l’œuvre. Être « tiède », c’était être faux, en prétendant avoir la vérité ; et le Seigneur dit : « Je te vomirai de ma bouche ». Il ne se trouve nulle part ailleurs, que je sache, une telle expression de mépris employée par le Seigneur. C’est sensiblement différent de Sa manière d’agir avec Sardes, où on a le jugement général du protestantisme : elle est jugée comme le monde, et la venue du Seigneur est comme un voleur. Est-ce la manière dont nous mesurons les choses ? Nous aurions dit probablement que c’est de Jésabel qu’il fallait être le plus inquiet ; mais aurions-nous pensé que la tiédeur était le pire de tous les états ? Or c’est celui-là qui attirait toute l’indignation du Seigneur ; et Lui seul est sage.
« Parce que tu dis : je suis riche et je me suis enrichi », etc. (3:16). Ces paroles sont la preuve évidente qu’on avait beaucoup entendu parler de la vérité à Laodicée. On s’estimait riche. L’instruction et l’intellectualisme en matière de religion, voilà ce qui avait du prix pour eux. S’ils croissaient (au moins en étendue, même si ce n’était pas en profondeur), y avait-il de quoi être satisfait ? La diffusion de la connaissance extérieure de Dieu est ce qui hâte la crise finale — le jugement final de Dieu et la mise de côté de tout ce qui porte faussement Son nom, pour sa propre satisfaction. Ils avaient cherché l’homme et le monde, qui promettent beaucoup à ceux qui regardent à eux. Mais ce n’est pas un jugement juste ; car permettre à la nature d’entrer dans l’église est tellement une perte, que cela va jusqu’à l’exclusion de ce qui est divin et céleste : c’est un appauvrissement réel et implacable quant à toutes les vraies richesses. C’est ce que le Seigneur expose à l’ange immédiatement après. Il s’ensuit l’absence de discernement.
« Et tu ne connais pas que tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle », etc. Tel était l’état des Laodicéens, parce qu’ils avaient rejeté le témoignage de Dieu. Le témoignage de Dieu produit toujours en celui qui le reçoit le sentiment de n’être rien, mais n’affaiblit jamais la confiance en Dieu. Il peut y avoir des pierres de touche [ou : tests], — les épîtres de Jean en sont remplies, — mais l’Esprit de Dieu ne conduit jamais quelqu’un à douter que Dieu soit pour lui. Il peut travailler, et sûrement Il le fera, dans une âme qui s’est détournée du Seigneur afin de la ramener ; Il peut nous faire sentir notre faiblesse ; mais ce n’est nullement Sa manière de faire douter de la vérité ; et laisser le champ libre à la défiance est toujours un signe que la chair est à l’œuvre, « convoitant contre l’Esprit ». Partout où est l’Esprit de Dieu, Il tend à faire que l’homme s’humilie entièrement, et juge la folie de la chair et y renonce. Il y a, et il doit y avoir réalité et vérité dans la présence de Dieu.
Laodicée dit : « Je suis riche, et je suis dans l’abondance, et je n’ai besoin de rien ». Mais l’Esprit de Dieu déclare que ce n’est là qu’une présomption charnelle, le cœur ne connaissant pas son dénuement, et refusant la grâce. Il y avait eu une chaleur momentanée qui avait rendu cet état si odieux au Seigneur. Mais c’est là précisément ce que font les hommes qui parlent de l’Église de l’avenir. Selon eux, les premiers temps sont l’enfance de l’Église ; ensuite elle a trop grandi et est devenue orgueilleuse ; et maintenant ils attendent une Église d’avenir où elle ne sera plus assujettie, mais agira pour elle-même, — comme le fait un homme. Hélas ! à quoi toutes ces aspirations n’aboutiront-elles pas ? car Dieu sera laissé complètement en dehors de la prétendue Église, et on se débarrassera de Son autorité.
Tel est l’esprit à l’œuvre maintenant sur une vaste échelle. Les enfants de Dieu sont-ils tièdes à l’égard d’une œuvre pareille ? à l’égard de l’exclusion de la vérité de Dieu ? Souvenez-vous de ce que le Seigneur dit ici : « Je te vomirai de ma bouche ». Ce serait une erreur grossière de supposer qu’il n’y avait pas d’hommes de bien parmi eux. Mais ce n’est pas d’individus qu’il s’agit, mais de l’assemblée, et comme telle le Seigneur déclare qu’Il la vomirait de Sa bouche. On ne peut se rassembler en grandes masses sans que l’esprit de Laodicée en résulte, si même il n’en est pas aussi la source. La popularité est une chose, l’Esprit de Dieu rassemblant les âmes vers Christ dans le temps présent en est une autre tout à fait différente. Le Seigneur soit béni de ce que quelques-uns sortent pour se réunir autour de Son nom ! Que les enfants de Dieu se souviennent qu’ils doivent répondre au Seigneur Jésus, qu’ils soient ou non représentés par Laodicée, qu’ils vivent pour Christ ou pour ce qui porte simplement le nom de Christ comme un voile pour l’indifférence.
Pourtant, le Seigneur ne les abandonne pas : « Je te conseille, dit-il, d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu », etc. (3:18). En général, l’or est le symbole de la justice intrinsèque dans la nature de Dieu, ou de la justice divine ; et le vêtement blanc, ou de lin, désigne la justice des saints comme nous le voyons par le chap. 19.
La justice divine était sortie de leurs pensées : ils n’appréciaient ni la justice de Dieu, ce qu’un chrétien est fait en Christ, ni la justice pratique manifestée devant les hommes, à laquelle mène l’Esprit. Aussi leur conseille-t-Il d’acheter de Lui l’or véritable et des vêtements blancs, afin qu’il y ait la sainteté qui leur convenait devant les autres.
« Et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies ». Là était le secret, le manque d’onction de la part du Saint. Ils ne voyaient rien comme il faut, pas même le besoin qu’ils avaient de la justice divine.
« Pour moi, je reprends et châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et te repens » (3:19). Tenez pour certain que c’est là ce que la voix du Seigneur fait entendre aujourd’hui. Ici, hélas ! c’était ce dont les Laodicéens avaient besoin. Le Seigneur s’occupe des Siens : Il place constamment devant eux quelque chose de nature à leur donner d’humbles pensées d’eux-mêmes, et ne leur dit pas de faire ou d’entreprendre quelque œuvre nouvelle, mais les appelle « à se repentir ». Il ne leur demande point de déployer leurs ailes pour un essor plus grand vers l’avenir, mais d’examiner où ils en sont et de confesser leur faillite. Mais cela est ennuyeux pour le cœur superficiel et satisfait de lui-même.
Cependant, l’appel à la repentance, comme à Sardes, diffère beaucoup de celui du message à Éphèse et Pergame, où l’insistance était entièrement basée sur la peine découlant du châtiment solennel du Seigneur, qu’il soit général ou particulier. Ici aussi, Thyatire avait une place intermédiaire : « Je lui ai donné du temps pour se repentir de sa fornication, et elle ne veut pas se repentir ». D’où la menace de jugement qui suit, et le vaste changement qui s’ensuit dans toute son étendue.
Souffrir pour Christ et avec Christ est un privilège beaucoup
plus élevé que d’être actif à faire
quelque chose. Quand l’apôtre Paul
demanda une fois : « Que ferai-je ? », le Seigneur lui
répondit : « Je te montrerai combien tu dois souffrir », etc. C’est
là ce que le Seigneur apprécie tout particulièrement, — non pas nos souffrances
comme hommes, mais nos souffrances pour Christ. « Si nous souffrons, nous
régnerons aussi avec lui ».
Ici c’était des personnes aussi dégradées qu’orgueilleuses, qui étaient invitées à avoir du zèle et à se repentir, à s’humilier devant Dieu au sujet de leur triste condition. Mais le Seigneur fait entendre aussi une parole de grâce, « Voici, je me tiens à la porte et je frappe » (3:20). C’est pourtant une chose bien solennelle que le Seigneur fût là, prenant ainsi la position de quelqu’un qui est dehors. Néanmoins Il était prêt à entrer où Il trouvait une âme vraie pour lui. « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui », etc. Est-il nécessaire de dire que ceci ne s’adresse point au monde pour ceux qui doivent être sauvés ? En Jean 10, le Seigneur se présente dans une grâce parfaite, disant : « Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé », etc. Mais ici c’est à l’Église qu’Il parle. Quelle position solennelle ! Combien elle était entièrement déchue maintenant ! Ce qui devait être la part dont toute l’Église avait à jouir, soit en s’approchant de Dieu, soit en manifestation devant les hommes, ou en communion avec Christ, voilà que ceci est offert en pure grâce à celui qui écoute et qui s’humilie devant la grâce du Seigneur. Il n’avait certainement aucune sympathie pour leur contentement d’eux-mêmes. Il se tenait dehors, frappant à la porte pour le cas où il se trouverait dedans, un cœur qui ne serait pas trop occupé des circonstances, choses et personnes l’entourant, et qui Lui ouvrirait. À quelqu’un de tel, il dit : « J’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, et lui avec moi ». Mais en tout cela il ne s’agit que d’individus. En présence du pire dévoiement, devons-nous dire : « Il n’y a point d’espoir ? » Nullement ; car le Seigneur se tient à la porte et Il frappe. Il est possible qu’il n’y en ait pas beaucoup qui répondent à son appel, mais il y en aura quelques-uns, et voici la promesse : « Celui qui vaincra, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme j’ai vaincu, et je me suis assis avec mon Père sur son trône ».
On se tromperait si l’on supposait que c’est là une promesse relativement glorieuse : nous sommes portés à le penser, parce que naturellement nous attachons du prix à l’éclat. Mais Dieu n’a pas cette estimation des choses. Son saint amour, démontrant son caractère divin surtout dans l’abaissement de Christ descendant jusqu’à l’homme et mourant pour lui, — voilà la valeur de référence pour ce que Dieu apprécie, plutôt que la puissance ou la gloire. Il lui était infiniment plus facile de faire mille mondes que de donner son Fils pour qu’Il souffrît. Je ne mets pas en doute tout ce que renferme de grâce une telle promesse faite au vainqueur de Laodicée, malgré un pareil mal, mais notre participation au royaume avec Christ ne constitue pas la plus grande bénédiction dont nous sommes appelés à jouir. Or ici, la promesse ne va pas au-delà. Ce que nous aurons avec Christ et en Christ Lui-même est beaucoup plus précieux. En Jean 17:23, le Seigneur fait voir que la manifestation de la gloire a pour but de Le justifier devant le monde. Toute la gloire qui doit être révélée dans l’avenir est destinée à être une preuve pour le monde, afin qu’il connaisse que le Père nous aime comme Il a aimé son Fils. Mais pour nous, nous sommes autorisés à le savoir à présent par le Saint Esprit. Nous n’avons pas à attendre jusqu’alors pour connaître cet amour qui nous a donné la gloire, — bénédiction plus profonde que l’apparition au monde, ou que les trônes dans le royaume. L’affection personnelle du Seigneur pour les Siens est une portion meilleure que tout ce qui est déployé devant les hommes ou les anges.
Le Seigneur termine ici ce qui est relatif aux églises : il était arrivé à la dernière phase. Ce que la sagesse de Dieu nous a donné dans ces chapitres, ce n’est pas tant des vérités profondes, mais plutôt ce qui requiert de la conscience. Pour être guidé, ce dont il est besoin, c’est d’avoir l’œil fixé sur Christ. Outre ces lettres qui sont des messages aux églises locales au nom de l’apôtre Jean, nous avons vu en elles une esquisse de toute l’histoire de l’Église jusqu’à la venue du Seigneur. Car, à proprement parler, ce ne sont pas les lettres adressées par ordre du Seigneur aux sept églises, mais les églises elles-mêmes et leurs anges, qui constituent « les choses qui sont », c’est-à-dire la condition actuelle des choses aux jours de Jean. Tout en étant originairement rattachées aux faits qui existaient alors, les épîtres vont bien au-delà, et s’étendent par une application morale prolongée, jusqu’au temps où il n’y a plus d’assemblée reconnue, la dernière (quoiqu’il y ait eu de la miséricorde pour les individus) ayant été sommairement rejetée par le Seigneur, dans son caractère de témoignage public. Après cela, il n’est plus jamais fait mention des églises sur la terre. Au contraire, le rideau s’abaisse, et c’est une scène entièrement nouvelle qui s’offre à nos regards. Le voyant ne se tourne plus pour voir Celui qui parlait derrière lui sur la terre (*), mais il entend la même voix en haut, dans le ciel, où il est maintenant invité à monter. Le gouvernement du monde de la part du trône dans le ciel, les circonstances et les faits qui l’accompagnent et qui en résultent, telles sont les choses qui se déroulent quand la période assignée à la condition de l’Église a pris fin. Après cela, nous trouvons des saints individuellement, soit parmi les douze tribus d’Israël, soit issus de toutes les nations mentionnées comme telles, mais cela ne fait que rendre le contraste encore plus frappant. Désormais, quand ils sont un peu précisés, ils sont nommés comme Juifs et comme Gentils, parce qu’il n’y a plus rien sur la terre ayant la nature de l’assemblée de Dieu ; car la signification et l’essence même de l’Église est qu’il n’y a ni Juif ni Gentil, parce qu’ils sont tous un en Christ.
(*) Il est certain, selon Apoc. 4:1, que quand les visions purement prophétiques sont sur le point de commencer, la voix de celui qui parle est en haut, non pas derrière. Ce que montre ce tournant à partir de la voix qui était derrière est réellement ceci : l’œil du prophète était dirigé vers l’avant, comme ci c’était en direction du royaume, et le voilà rappelé pour s’occuper de ce qu’il en est des églises, c’est-à-dire « des choses qui sont », ce qui justifie le fait que le Seigneur mette de côté la chrétienté pour introduire Son royaume en puissance, quand Sa patience n’est plus requise. Car le Seigneur créera de nouveaux cieux et une nouvelle terre : d’abord dans un sens préparatoire partiel (le millénium), et ensuite et finalement l’état éternel. Il y a insistance sur le fait que la condition de l’église est traitée comme faisant partie du temps présent.
Je crois que les détails des sept épîtres renferment d’abondantes instructions pratiques. Il est vrai que l’Esprit les adressait aux églises ; mais « celui qui a des oreilles » a expressément ordre de faire attention, c’est-à-dire de faire attention aux interpellations du Seigneur envoyées à eux tous. Une telle application entre cependant mieux dans le cadre du ministère ordinaire de la Parole.
Il peut être bon, maintenant que nous connaissons la portée des
sept épîtres, de signaler les objections faites par l’évêque Newton contre leur signification la plus large.
« Plusieurs prétendent, et parmi eux des hommes aussi savants que More et Vitringa, que les sept épîtres constituent une prophétie d’autant
de périodes successives, et d’états de l’Église, depuis le commencement jusqu’à
la fin de tout. Mais il ne paraît pas qu’il y ait, ou qu’il devait y avoir,
sept périodes de l’Église, ni plus ni moins. Et aucun des deux auteurs ne s’accorde
pour déterminer ce que sont ces diverses périodes. Ces épîtres renferment aussi
plusieurs caractères internes qui étaient particuliers à l’église de cet époque, et qui ne peuvent s’appliquer aussi bien à celle
de quelque autre époque. Entre autres arguments contre cette manière de les
entendre, il y a aussi cette raison évidente, que ce même livre décrit le
dernier état de l’église comme le plus glorieux de tous, tandis que dans le
dernier état que nous présentent ces épîtres, l’état de Laodicée, l’Église est
représentée comme « malheureuse, et misérable, et pauvre, et aveugle, et
nue » (œuvres de Newton, vol. 1, p. 549,
éd. 1782).
Or il est clair que ces mots : « il ne paraît pas » sont plutôt une supposition qu’une preuve. Pourquoi ne paraît-il pas ? D’autres pourraient faire la même objection, et peut-être avec tout autant de force, contre les sept sceaux, les sept trompettes, et les sept coupes. Il a plu à Dieu de spécifier dans chacun de ces cas sept points saillants, pour ainsi dire, comme le récit complet de chacun. « Les principaux sujets de ce livre », venait précisément de remarquer l’évêque, « sont composés, de sept, sept églises, sept sceaux, sept trompettes, sept coupes, selon que le nombre sept était aussi un nombre mystique dans tout l’Ancien Testament ». Si cette réponse est satisfaisante pour les sept coupes, pourquoi ne l’est-elle pas pour les sept épîtres ? Sans doute, il peut falloir plus de spiritualité pour un juste discernement dans le dernier cas que dans le premier, une de ces deux séries se rapportant à des jugements extérieurs dans le monde, tandis que l’autre prend connaissance de telles et telles conditions spirituelles remarquables, bonnes ou mauvaises, dans l’histoire de l’Église comme le Seigneur a trouvé bon de les signaler. Aussi pouvait-on, a priori, s’attendre à trouver parmi les chrétiens une plus grande divergence de jugement dans leur manière d’appliquer Apoc. 2 et 3, que dans leurs vues l’égard des autres parties du livre. Lors même donc que ce que dit Newton sur le manque d’accord touchant les diverses périodes de l’Église, serait véritable, le principe général n’en demeurerait pas moins ferme. Mais tel n’est point le cas : et il y a un accord frappant à l’égard des trois ou quatre premières églises. Naturellement, nous n’insistons pas sur cet accord comme s’il devait le moins du monde faire autorité, mais comme une réponse suffisante à l’accusation de divergences ne permettant aucun espoir mises en avant par l’évêque Newton. Il serait facile de répliquer par les systèmes si contraires d’interprétation des sceaux, des trompettes et des coupes.
Il est singulier, cependant, que l’évêque rende témoignage dans la page suivante à la signification mystique de l’épître à Smyrne. Car « l’affliction de dix jours » est expliquée là comme étant la plus grande persécution que l’Église primitive ait jamais endurée, la persécution de Dioclétien qui dura dix ans, et qui affligea cruellement toutes les églises orientales. Sentant qu’une telle application, non pas dans les promesses qui s’y rattachent, mais dans le corps de l’épître, est fatale à l’application exclusivement littérale qu’il en fait, l’évêque admet là-dessus que « la partie relative aux promesses ou aux menaces prédit quelque chose de leur condition future », et affirme que « dans ce sens, mais non pas dans un autre, ces épîtres peuvent être appelées des épîtres prophétiques » (p. 550).
Mais comment s’arrêter là, une fois que vous reconnaissez, comme il le fait pour l’épître à Smyrne, une portée qui s’étend au-delà de l’Église purement locale de ce temps, une fois que vous y faites entrer tout l’Orient, et que vous reportez sa date au commencement du quatrième siècle ? Et certes, cette terrible persécution ne fut pas limitée à l’Orient, car tout l’empire, sans en excepter l’Espagne et la Bretagne, se souilla du sang chrétien. Si le principe est vrai dans une de ces épîtres, pourquoi ne le serait-il pas dans toutes ? Et, de fait, le déclin général intérieur n’est-il pas signalé aussi clairement dans la lettre à Éphèse, que la persécution l’est dans celle à Smyrne ? Et Pergame ne décrit-elle pas les influences corruptrices de l’exaltation mondaine de l’Église, d’une manière aussi manifeste que Thyatire fait ressortir l’orgueilleuse et obstinée fausse prophétesse du papisme ?
Sans doute, le caractère peu satisfaisant que notre Seigneur rattache à Sardes doit être pénible et embarrassant pour ceux qui ne voient que le protestantisme ordinaire et son honnête orthodoxie. Et peut-être voit-on encore avec plus de déplaisir un autre témoignage subséquent au protestantisme, qui place ceux qui le portent dans la faiblesse et le mépris, en dehors du monde religieux, et ayant la venue de Christ comme leur espérance bénie et encourageante.
Mais il est évident que le tableau de la dernière assemblée,
dans sa déplorable tiédeur et le rejet qu’en fait le Seigneur, était la grande
difficulté pour l’évêque Newton, à cause de son incompatibilité avec sa théorie
touchant le dernier état de l’Église, « décrit dans ce livre même comme le
plus glorieux de tous ». Mais c’est là une erreur complète. L’Apocalypse
ne décrit jamais
l’Église sur la terre après Laodicée. La glorieuse
description à laquelle fait allusion l’évêque est probablement celle que nous
trouvons en Apoc. 19 à 21, où l’Église tout entière
est glorifiée en haut. En un mot, cette raison est évidemment sans valeur. L’épouse
de l’Agneau doit régner, mais cela n’est point en contradiction avec le
témoignage solennel de l’épître à Laodicée, que le dernier état de la
chrétienté ici-bas doit être comme celui d’Israël avant elle « pire que le
premier ». Le témoignage général du Nouveau Testament tout entier confirme
le témoignage porté par cette portion particulière, comme cela ressort de Luc
17:26-37 ; 2 Thess. 2:1-12 ; 2 Tim. 3:1-5 ; 2 Pier. 2 et 3 ; 1 Jean 2:18 ; Jude 11-19.
La supposition gratuite selon laquelle la dernière phase de l’état de l’église
sur la terre doit être le plus brillant est clairement en contradiction avec le
témoignage direct de Christ et des apôtres, aussi bien que de l’avertissement
solennel de l’Apocalypse. Qu’il est humiliant qu’on donne à beaucoup d’âmes des
explications qui détournent de ce témoignage pour des raisons inintelligentes
dont nous venons de démontrer la fausseté. Le mal n’est pas seulement lié à des
spéculations, mais il est aussi très grand pratiquement ; et le danger s’aggrave
de jour en jour pour ceux qui sont ainsi induits en erreur. Car si l’âme est
enseignée à voir les événements comme évoluant progressivement vers un futur
glorieux pour les derniers temps de l’évangile ici-bas, cela ne peut qu’endormir
sa vigilance et l’exposer à perdre le discernement, vu qu’elle désirera un tel
résultat final, au lieu qu’elle devrait être appelée à veiller durant la longue
et triste nuit, et à juger chaque nouveau mouvement et chaque nouvelle mesure
prise, comme un bon soldat combattant en terrain ennemi. S’il est certain que
le dévoiement complet ou apostasie est l’aboutissement prédit, les moyens pris
pour un très grand développement, et un triomphe apparent de l’église sur la
terre doivent n’être finalement que des moyens pour parfaire cette apostasie,
et être un objet majeur du jugement du Seigneur lors de Son apparition.