William Kelly
Méditation publique.
Publié en anglais en 1875 dans Occasional Lectures, Ed. W. H. Broom, London
Les sous-titres et divisions du texte ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières abrégée :
4 - Apocalypse 4:4 — 24 anciens sur 24 trônes
5 - Apocalypse 4:5a — des éclairs, des voix, des tonnerres sortant du trône
6 - Apocalypse 4:5b — les sept esprits de Dieu
7 - Apocalypse 4:6a — une mer de verre semblable à du cristal
Table des matières détaillée :
2.1 - La porte ouverte dans le ciel
2.2 - quelqu’Un assis sur le trône
4 - Apocalypse 4:4 — 24 anciens sur 24 trônes
4.1 - Les trônes : la domination est confiée à l’homme
4.2.1 - 24 anciens sur les trônes
4.2.2 - Les trônes sont occupés suite à l’enlèvement des saints
4.2.3 - Des couronnes et du fin lin
4.3 - Les anciens : les chefs de la sacrificature céleste — 5:9-10
4.4 - Différentes catégories de personnes objet de la bénédiction
5 - Apocalypse 4:5a — des éclairs, des voix, des tonnerres sortant du trône
5.1 - Caractères du trône et de l’accès à Dieu
5.2 - Venue du Seigneur et symboles pour décrire les saints
5.3 - Difficultés des symboles et de l’Apocalypse
6 - Apocalypse 4:5b — les sept esprits de Dieu
7 - Apocalypse 4:6a — une mer de verre semblable à du cristal
7.1 - Le besoin du lavage « d’eau » (par la Parole)
7.2 - La mer de verre : une pureté achevée
7.3 - Comparaison avec 15:2, la mer de verre, mêlée de feu
8.1 - Les quatre créatures vivantes [ou : animaux]
8.1.1 - Ce que sont les quatre créatures vivantes
8.1.2 - Comparaison avec les chérubins d’Ézéchiel et le séraphins d’Ésaïe
8.2 - Justice et sainteté pour les anciens
9.1 - Pas de mention du Père ni de la venue du Seigneur
9.2 - Les ch. 4 et 5 sont un préliminaire
11.1 - Appendice 1 : à propos de Apoc. 5:9-10
11.2 - Appendice 2 : Exactitude de l’Écriture
Il y a un fait clair et simple qui devrait frapper tout lecteur attentif de l’Apocalypse : on ne voit plus les églises après le ch. 3 ; on ne les voit ni subsister ni être la sphère d’action du Seigneur ici-bas. Je ne dis pas qu’elles ont absolument cessé d’exister, mais elles ne sont plus devant le Seigneur comme objets de Ses soins ni même de Ses châtiments. Elles ne sont nulle part prises en compte une fois que les visions prophétiques de Jean ont commencé. Il y est fait allusion dans les observations de conclusion du livre, au ch. 22 quand tout le cours de la prophétie est clos, et que l’Esprit de Dieu donne simplement une exhortation finale sur l’usage à faire de ce livre. Mais le fait méritant notre intérêt est qu’à partir du début du ch. 4, les églises ne sont plus présentées comme subsistant sur la terre ni comme étant les objets de la discipline du Seigneur.
Pour cette raison, et pour beaucoup d’autres tirées de multiples détails, — tout cela a marqué les pensées des enfants de Dieu et serviteurs de Dieu dès l’origine, — je ne doute pas que les sept églises ont un aspect mystique tout au tant que littéral. En bref, je crois que le Seigneur Jésus a choisi ces sept assemblées particulières de la province d’Asie parce qu’il y avait au milieu d’elles des circonstances qui, à l’époque, méritaient un avis particulier de Sa part. Mais ce n’est pas tout. En plus de cela, le Seigneur a fait en sorte que Ses lettres aux anges des assemblées à propos de leur état soient l’occasion de donner des instructions se prolongeant aussi longtemps que l’église de Dieu resterait l’objet dont Il s’occupe ici-bas. Autrement dit, les lettres aux sept églises ont une application historique passée pour les jours de l’apôtre Jean ; et pour les temps ultérieurs, elles étaient faites pour donner une sorte de schéma prophétique des principaux faits saillants du cours de l’église, aussi longtemps que celle-ci serait laissée dans ce monde.
Ainsi Éphèse nous montre le déclin à partir du premier amour qui conduit le Seigneur à menacer d’ôter la lampe.
À Smyrne, nous pouvons voir clairement la persécution par les pouvoirs païens, mais en même temps on voit la montée du Judaïsme comme un corps formé en système dans l’église chrétienne. C’est alors que nous avons la « synagogue de Satan » — ceux qui disent être Juifs, et qui ne le sont pas, mais ils sont la synagogue de Satan. Aux jours de Paul, il y avait toujours eu des individus s’efforçant de ramener l’église de Dieu aux ordonnances ou autres mauvais usages de la loi ; mais c’était devenu maintenant un système structuré et très étoffé — le plus grand ennemi intérieur que l’église de Dieu ait jamais eu à combattre. Il y avait encore d’autres problèmes, certains plus grossiers, d’autres plus subtils. L’antichrist aussi était sorti de la famille de Dieu, mais je parle maintenant de ce qui a souvent trompé les saints. Du fait que même des gens comme Barnabas et Pierre (nous en sommes informés à titre d’avertissement solennel) furent entraînés au commencement, combien plus les personnes pieuses et orthodoxes ont toujours été en danger à cet égard durant tout le cours de l’existence de l’église ici-bas.
À Pergame nous voyons l’église là où est le trône de Satan, non pas persécutée, mais exaltée, et acquérant puissance et influence sous l’égide du monde.
Ensuite nous avons Thyatire, avec la sinistre figure de Jézabel, cette reine meurtrière et fausse prophétesse, qui a massacré sans relâche les saints de Dieu dans tous les âges. Il n’y a pas besoin de beaucoup de connaissance de prophétie pour comprendre où se trouve la réalité qui correspond à ce tableau. Vous voyez donc qu’il ne s’agit plus simplement de Balaam, celui qui enseigne pour un salaire, mais de Jézabel, un système de mal incomparablement plus évolué ; et il s’y rattache aussi des enfants qui sont nés d’elles. Cela devient un race d’iniquité qui se perpétue à l’intérieur de ce qui porte le nom d’assemblée de Dieu ici-bas.
Après cela vient Sardes ; les horreurs du genre de ce qu’on vient de voir ne s’y trouvent plus ; néanmoins, malgré une profession de vérité, le Seigneur leur dit que leurs œuvres n’ont pas été trouvées parfaites devant Son Dieu. La mondanité est donc ici le grand piège. Ce n’est pas simplement la protection du monde ; ce n’est pas seulement, ni tellement, l’effort de gouverner le monde au nom de l’église (comme Jézabel) ; mais maintenant ils se vantent de leur orthodoxie et de leur morale correcte, sans pourtant valoir mieux qu’un nom de vivre avec la mort opérant en grand.
Ensuite nous trouvons Philadelphie, dont je ne doute pas qu’elle ait eu pour contrepartie : — la liberté stupéfiante que le Seigneur a donnée à la diffusion de la Bible, — la propagation active de l’évangile de toute part et au loin, — le réveil des chrétiens non seulement à l’amour des frères, mais à ce qui est leur portion en propre, à laquelle ils ont droit du fait de leur relation bénie avec le Seigneur, et ceci avec la perspective ravivée du retour prochain du Seigneur Jésus.
En dernier lieu vient Laodicée, un tableau de l’indifférence systématisée, après que la vérité ait été largement propagée et connue, mais où il y a un manque total de conscience, où on ne pense qu’au peuple de Dieu et à ses droits, mais hélas ! sans avoir de cœur pour la gloire de Dieu. C’est simplement l’homme sous une forme nouvelle ; non pas l’homme du monde, mais l’homme portant le nom de Christ, et faisant disparaître dans l’auto-satisfaction toute pensée juste et tout sentiment juste vis-à-vis de la gloire de Christ. C’est donc un état où on se vante beaucoup et où on a de grandes prétentions— un état où on se satisfait des progrès qu’on a fait, et où on s’attend à en faire beaucoup d’autres. Mais le Seigneur compte tout cela comme n’étant que de la tiédeur, et de l’indifférence. Son appréciation en est que c’est plus offensant et plus contraire à Ses pensées que si on s’était honnêtement égaré pour un temps sous l’effet du mal ou de l’erreur. Il n’y a aucun cœur pour rien ; c’est la tiédeur pour tout, y compris pour Christ Lui-même. Cette condition est donc excessivement répugnante pour le Seigneur, et Il en est blessé, en sorte qu’Il ne décrète pas simplement que la lampe va être ôtée, mais Il annonce qu’Il va vomir cela de Sa bouche, tellement c’est nauséabond pour Lui.
Il est solennel de dire que c’est à ce stade que le rideau tombe sur les églises ici-bas. Nous n’en entendons plus parler, sauf dans la conclusion, comme déjà dit, où il y a un appel à écouter les paroles de ce livre en général. Mais il n’y a dès lors plus rien à ajouter à ces chapitres en tant qu’histoire exposée sous cette forme en mystère qui se déroule dans le temps : ces sept lampes d’or et les messages du Seigneur à leurs anges, — une sorte d’histoire prophétique globale de l’église depuis cette période jusqu’à ce qu’Il vienne, — « les choses qui sont ».
Alors la scène change. Le
prophète voit une porte ouverte dans le ciel, non pas encore ouverte au Seigneur
Jésus, suivi de Ses armées de saints, pour sortir du ciel (c’est encore futur),
mais une porte ouverte à Jean pour monter et voir en Esprit. « Après ceci,
je vis, et voici, une porte ouverte dans le ciel ». Ce n’est pas pour
s’approcher dans le lieu très-saint par la foi : l’Esprit de Dieu
n’appelle jamais cela l’ouverture d’une porte. En Hébreux 10, on voit le voile
déchiré, et le croyant s’approche déjà maintenant par la foi grâce à la valeur
du sang de Christ. Mais nous avons ici la figure ordinaire de ce par où on
entre, et en conséquence, de peur qu’il ne reste le moindre doute sur le sens,
la première voix entendue par le prophète est comme d’une trompette lui parlant
et disant, « monte ici, et je te montrerai » — non pas exactement « les
choses qui doivent être ensuite
», comme si c’était un futur laissé
vague et distant, mais « les choses qui doivent arriver après celles-ci
»
(*). Cette précision sur le texte biblique,
toute simple qu’elle paraisse, est importante car cela assure le rattachement
de ce qui suit dans ce livre [d’Apocalypse] à ce qui précède, la fin de
l’histoire des sept églises. Si le sens était « ensuite » d’une
manière vague et générale, on pourrait supposer que les sept églises achevaient
une période éventuellement longue, suivie des « choses qui doivent être
ensuite » ; mais si nous avons les sept églises ou « les choses
qui sont
», et ensuite « les choses qui doivent arriver après
celles-ci
», il y a une liaison étroite formée entre la fin de l’état
de l’église et les visions prophétiques qui sont positionnées immédiatement à
la suite.
(*)
note du Traducteur : La traduction « les
choses qui doivent être ensuite
» est le texte de la version
autorisée du roi Jacques.
Note de l’auteur WK : Je comprends qu’il n’y a aucun doute qu’il soit
correct de traduire « les choses qui doivent arriver après celles-ci
» ;
je ne pense pas que quiconque dépourvu de préjugés et familier avec le grec en
douterait.
On verra que ceci a quelque importance, quoique je ne désire pas insister sur cette pensée au-delà de ce qui va de soi pour tout esprit simple et dépourvu de préjugés. Mais si on y réfléchit tant soit peu, est-il possible de ne pas voir que l’événement qui nous est présenté directement à la suite d’Apoc. 2 et 3, ce n’est pas des églises sur la terre, sous quelque forme que ce soit, mais c’est le prophète entrant par une porte ouverte dans le ciel ? Bien sûr le but immédiat était de faire voir à Jean ce qu’il avait de plus à écrire, la puissance du Saint Esprit lui donnant de contempler ce qu’on voyait dans le ciel et depuis le ciel, et ce qui allait arriver sur la terre.
La toute première chose qu’il voit, c’était un trône, et quelqu’Un assis sur le trône. C’était le trône de Dieu en haut. Il n’est pas dit que ce trône fût d’or, comme dans le lieu très-saint du tabernacle ou du temple. Tel était le propitiatoire d’or — l’endroit où le sang était aspergé comme moyen pour les hommes de s’approcher par le sacrifice, la sacrificature maintenant la compatibilité avec lui malgré les manquements. Mais ce n’est nullement l’objet du trône en Apoc. 4. Le trône d’or, avec le sang d’expiation dessus et devant, est un trône de grâce ; il est l’expression de ce que Dieu peut être et est envers l’homme, là où la grâce règne par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur (Rom. 5:21). Le trône que Jean a vu placé dans le ciel était un trône judiciaire, non pas le témoin de la grâce divine, bien qu’il fût quand même, sans aucun doute, le trône de la majesté divine.
« Celui qui était assis était, à le voir, semblable à une pierre de jaspe et de sardius » (Apoc. 4:3). Le jaspe, nous le savons, est utilisé comme symbole de la gloire de Dieu en rapport avec un état céleste. En Apoc. 21, il est dit : « Et il m’emporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la sainte cité, Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu. Son luminaire était semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin » (Apoc. 21:10-11). Je considère donc que le jaspe est utilisé ici, et sans doute aussi le sardius, comme symbole de la gloire de Dieu, pour autant qu’elle puisse être manifestée à la créature. Il y a une gloire de Dieu qui est entièrement au-dessus de toute contemplation par la créature ; il y a une gloire de Dieu qui peut devenir visible à la créature. À diverses reprises, Dieu a permis que Sa gloire brille sur les hommes, même sur la terre, mais surtout quand l’homme était ravi dans le Saint Esprit, dans Sa présence en haut. En même temps, je le répète, ce n’est pas, bien sûr, la gloire essentielle de Dieu « dont personne n’approche », mais la gloire de Dieu dans la mesure où Dieu se plait à la rendre visible à la créature. C’est Sa gloire en gouvernement, en train de maintenir, par Sa puissance, le bien contre le mal.
Tout autour du trône, on voyait un arc-en-ciel, signe de la bienveillance de Dieu envers la terre, et en même temps gage d’une limite mise à Son jugement ; mais l’arc n’était pas comme les hommes le voient habituellement (Gen. 9). L’arc-en-ciel rappelle cette alliance avec la terre, mais il n’est pas question de pluie ici (on la trouve même en Éz. 1:28). C’est simplement l’idée divine. Ce n’est pas les circonstances de son usage ou de son application, mais la grande vérité représentée là — le signe fidèle de l’alliance de Dieu avec la créature. C’est pourquoi il est montré sous une forme particulièrement rafraîchissante pour l’œil ; il était « à le voir, semblable à une émeraude ».
« Et autour du trône, vingt-quatre trônes » — non pas simplement des sièges (Apoc. 4:4). Tout trône est un siège, mais tout siège n’est pas un trône. Ce n’était pas des sièges nus, mais des trônes pour ceux à qui une royauté avait été conférée. Je ne doute pas qu’il s’agît d’une royauté d’ordre céleste ; mais encore fallait-il certainement que les trônes soient occupés.
C’est un point remarquable. Il n’est jamais parlé d’anges assis sur des trônes. Les anges ne gouvernent jamais ; ils ne sont pas faits pour régner, mais pour être serviteurs. Ils ne s’élèvent jamais au-dessus du caractère de service. L’homme a été fait pour dominer, — en restant quand même dans la soumission à Dieu, bien sûr. Même le premier homme avait été fait pour gouverner. Quand Dieu l’eut créé, Il dit « qu’ils dominent » (Gen. 1:26). Ce n’était pas simplement pour faire Sa volonté. Comme serviteurs, tous sont tenus nécessairement de faire la volonté de Dieu ; et toute la bénédiction de la domination, comme aussi de tout autre chose, dépend de ce qu’elle est selon la volonté de Dieu, ou non. Personne ne gouverne correctement s’il ne veut pas servir. Personne ne régnera justement s’il n’a pas une vue juste de ce qu’est l’obéissance à quelqu’un qui est au-dessus de lui. Comment inculquer la nécessité de la soumission à ceux qui sont en-dessous ? Or quand Dieu a fait le premier homme, Il n’avait pas simplement en vue Adam ni sa race : c’est le Second Homme, le dernier Adam, qui était dans Ses pensées. Les autres hommes ne comptent pas, ils n’en sont pas dignes. Un seul homme, le premier homme, suffisait pour englober toute la race d’Adam. Ce qu’un seul a amené, oh ! quelle ruine sur tous ceux qui l’ont suivi ! Et Dieu passe rapidement sur la ruine, et hâte le jour où le second homme apparaîtra, le Seigneur venu du ciel ; et cet homme est le dernier Adam. Il n’y a rien à améliorer chez Lui ; Il n’y a pas de progrès à faire après Lui. Le second Homme est le dernier Adam, et Il est le seul qui doit gouverner — celui qui est destiné à être chef de tout, excepté Dieu. Car il faut se rappeler que nous parlons ici de Son règne comme homme ; et c’est une pensée merveilleuse que toute créature de Dieu sera assujettie à l’homme exalté qui est en même temps Dieu — l’homme qui ne s’est jamais exalté Lui-même, l’homme qui le premier a montré Sa gloire spéciale et merveilleuse, non par des exploits accomplis, mais dans l’obéissance. D’autres peuvent faire des exploits. Ses serviteurs devaient faire de plus grandes œuvres que les Siennes (Jean 14:12). Mais il y a une chose pour laquelle aucun serviteur ne L’approche — la dernière chose à laquelle on se serait attendu chez une personne divine : chez une personne divine qui était un homme, l’obéissance a été la perfection morale de la place qu’Il a prise. Tel est Celui à qui le royaume est réservé. C’est à juste titre qu’Il a pris un trône. Il est établi, selon la gloire de Dieu, au-dessus de toutes les œuvres de Ses mains ; non pas, je le répète, simplement comme Dieu, bien qu’Il fût Dieu de toute éternité, et ne pouvait jamais cesser de l’être. Mais il a acquis, comme homme, une domination universelle, et Il ne l’a pas acquise simplement en faisant la volonté de Dieu : s’Il l’avait prise sur la base de ce qu’Il a fait, Il serait resté seul à la prendre. Lui seul la méritait — mais Il l’a prise, comme nous le verrons, sur une base bien plus profonde et infiniment plus bénie, la base de la rédemption ; et ainsi, d’autres Lui sont associés. Car la rédemption n’était pas pour Lui, mais pour nous, et c’est sur ce seul fondement qu’Il pouvait avoir des enfants de Dieu associés à Lui, par la rédemption, dans ce royaume glorieux qu’Il attend, et que nous aussi, nous devons attendre.
Nous trouvons donc ici 24 trônes autour du trône de Dieu. À quoi fait allusion ce nombre 24 ? Les nombres dans l’Écriture ne sont jamais dépourvus de signification. N’écoutez pas les hommes qui vous disent que cela signifie simplement un plus ou moins grand nombre, que c’est simplement une sorte de figure poétique. Vous-mêmes, vous ne vous exprimeriez pas de façon aussi capricieuse ! Quand vous dites 24, vous n’entendez pas simplement un nombre au hasard, bien que vous soyez certainement loin d’avoir la sagesse profonde de Dieu dans Son usage des symboles. Mais si vous êtes un homme ayant quelque sensibilité, vous êtes aussi sensible dans vos idées. Certainement Dieu ne sera jamais en-dessous de l’homme dans l’expression de Ses pensées. Or « 24 » est utilisé dans l’Écriture ; et pour autant que je sache, le seul passage pertinent avec lequel nous pouvons comparer notre nombre, c’est quand le roi a précisément divisé les sacrificateurs en 24 classes, parmi lesquelles il y avait des chefs-sacrificateurs (1 Chr. 24). Par ce terme, je ne parle pas simplement du souverain sacrificateur : il n’y en avait qu’un à avoir cette position. Et de même qu’il n’y en avait qu’un parmi le peuple terrestre, ainsi il n’y en a qu’un pour le peuple céleste. Mais nous parlons ici de la créature, et il est bien connu qu’il y avait des chefs pour chaque classe de la sacrificature ; et comme il y avait 24 classes de sacrificateurs, ainsi il y avait 24 classes de chantres (1 Chr. 25). C’était donc, vous le noterez, en rapport avec l’ordre et l’arrangement du service sacerdotal de Dieu. Or je n’ai aucun doute que c’est ce à quoi il est fait allusion ici.
Ces 24 trônes n’étaient pas vides. « Et sur les trônes, je vis 24 anciens assis » (Apoc. 4:4). Quelle est l’idée contenue dans ce terme d’ « anciens » ? C’est clairement la possession de la sagesse, et dans ce cas, bien sûr, de la sagesse céleste. Les anciens étaient vus autour du trône de Dieu, assis sur des trônes, « vêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or ». C’est un autre point qui les distingue, mais en même temps qui confirme assurément ce qui a déjà été remarqué quant à leur différence d’avec les anges — les êtres les plus élevés parmi les êtres spirituels convenables pour le ciel » — les seuls habitants indigènes du ciel, si on peut s’exprimer ainsi.
On n’avait jamais vu
d’anciens auparavant. Les précédentes visions du ciel se trouvaient dans
l’Ancien Testament : pourquoi n’y avait-il alors point d’anciens ?
Pourquoi n’y avait-il aucune série de trônes de ce genre, entourant un autre
trône ? L’apôtre Paul a été ravi au ciel, mais il ne dit alors pas un mot
au sujet d’anciens dans le ciel : pourquoi y en a-t-il maintenant
?
Sûrement, il y avait là les esprits des bienheureux dans le ciel ; mais il
n’est jamais dit des esprits qu’ils soient sur des
trônes ; l’Écriture ne décrit
nulle part les esprits comme étant glorifiés. Ils sont avec Christ, ils sont
dans le paradis, mais il n’est jamais dit qu’ils soient déjà couronnés. La
couronne est toujours représentée comme une gloire future. Pourquoi ?
Parce que Dieu n’envisage pas d’amener qui que ce soit de Son peuple dans les
pleins résultats des bénédictions célestes avant de les y amener tous. C’est au
même moment qu’aura lieu le rassemblement céleste, ensemble, de tous les saints
changés en la ressemblance de Christ. Peu importe quand ils ont vécu ou quand
ils sont morts, ou s’ils ont survécu jusqu’à Sa venue. Je parle bien sûr ici
des saints célestes — de ceux qui doivent être en haut. Je n’exclus pas du tout
le fait qu’ultérieurement Dieu recommence à former un peuple sur la terre, mais
je dis que ceux qui sont destinés à la même bénédiction commune et céleste,
sont ravis ensemble, et que le moment où ils sont ravis — le pivot duquel
dépend leur transfert au ciel — c’est la présence du Seigneur Jésus pour eux.
Les preuves abondent. « Nous vous prions, frères, par la venue [ou : la présence] de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de Lui » (2 Thes. 2:1). Tout érudit sait que la venue [ou : la présence] de notre Seigneur Jésus, et le rassemblement des saints sont présentés ici d’une manière remarquable sous forme d’une seule idée combinée. Il y a un seul article pour les deux, qui constitue donc une sorte d’ouverture de parenthèse, et qui lie ensemble les deux pensées. Autrement dit, le rassemblement des saints n’est pas antérieur à la venue [ou : la présence] du Seigneur, ni n’est relégué à plus tard comme un acte distinct de Sa venue à leur rencontre. La force de l’expression est que la présence du Seigneur réunit d’un coup tous les saints : soit les morts en les ressuscitant, soit les vivants en les changeant en la conformité de Sa gloire.
Le résultat est maintenant visible. On les voit ici en haut. On les trouve ici dans la présence de Dieu dans le ciel, et ils sont assis sur des trônes et couronnés de « couronnes d’or ». Ils avaient une justice manifestée pratiquement, mais seule la justice divine les a amenés là, et les a mis dans cet état. Ce n’est pas qu’ils aient manqué de témoins de la justice de leurs voies et de leurs relations journalières sur la terre, ni qu’ils n’aient pas eu ce qui y correspond maintenant dans le ciel ; car on les voit aussi revêtus de vêtements blancs — une pleine reconnaissance de la justice des saints, tout comme l’or est celle de la justice de Dieu. Dès l’instant où vous avez des justices, vous avez des différences parmi les enfants de Dieu. On sait cela d’après Apoc. 19 où le fin lin est interprété comme étant les justices des saints. C’est-à-dire que chacun a une justice que la grâce divine a produite en eux et par eux, et ceci est reconnu dans le ciel. Il est faux de dire que Dieu ne reconnaît pas ce que Son Esprit a produit ici-bas, mais il est aussi faux, et encore plus déshonorant et destructeur, de supposer que la justice des saints puissent les amener à Dieu. La seule justice qui puisse permettre à un pécheur de se tenir devant Dieu dans le ciel, est la justice de Dieu, fondée sur le Seigneur Jésus et Sa rédemption infinie. Mais alors, bien que la grâce opère par la justice dans la rédemption qui est par le Christ Jésus, le champ libre est laissé à tout ce que le Saint Esprit peut avoir produit dans et par les enfants de Dieu. Ainsi toute la vérité est maintenue inaltérée. Les gens qui nient la justice des saints ont tort ; ceux qui nient la justice de Dieu ont tort bien plus gravement. Vous trouverez ici, comme dans toutes les autres controverses sur l’Écriture, que les deux bords oublient souvent chacun une grande partie de la vérité. Je ne fais allusion à rien qui se rapporte particulièrement aux événements de ces dernières années, mais c’est le déroulement constant des controverses dans la chrétienté, quelle qu’en soit l’origine.
Dans le cas présent, on voit
pour la première fois les 24 anciens sur des trônes dans la présence de Dieu.
L’Écriture le fait bien ressortir. C’est même la
grande particularité qui saisit l’œil du prophète, à côté du trône de Dieu
Lui-même. Il y avait des trônes sans doute, — associés et subordonnés — mais
surtout, c’était des trônes autour du grand trône central de Dieu ; et
ceux qui étaient assis dessus regroupaient bien nettement les chefs de la
sacrificature céleste. Je dis les chefs
[ou : têtes] pour la raison
suivante : c’est après que ces saints aient été montrés comme des anciens
couronnés et siégeant sur des trônes dans le ciel, qu’on trouve une mention
très claire concernant d’autres qui allaient être faits rois et sacrificateurs.
Autrement dit, nous trouvons des personnes qui souffrent et qui sont glorifiées
après ceci. Les toutes dernières paroles que j’ai lues aujourd’hui montrent un
autre corps de saints. Il est dit là : « Tu es digne de prendre le
livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as acheté
pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ;
et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur
la terre » (Apoc. 5:9-10) [voir
Appendice
1]. Il est question au v. 10 de personnes autres que celles qui sont en
train de chanter (*). Les anciens, et je
suppose aussi les créatures vivantes, sont en train de chanter au sujet
d’autres personnes. Ils célèbrent la dignité de l’Agneau qui a été immolé et a
amené à Dieu par Son sang de toute tribu, langue, peuple et nation etc.
(*) Note du Traducteur : JND interprète les versets 5:9-10 comme une louange qui ne porte pas sur une classe particulière de personne, mais où la valeur de l’acte est le motif de la louange.
L’importance d’une lecture correcte du texte biblique sur ces v. 9-10 est grande, parce qu’il montre qu’à côté des 24 anciens qui ont cette place glorieuse et céleste comme chefs d’une sacrificature céleste, il y en a d’autres qui, sans être pour autant dans une position aussi exaltée qu’eux et avec une telle dignité, sont célébrés en tant que promus rois et sacrificateurs ; achetés par Son sang, ils sont rangés maintenant ou ultérieurement parmi ces 24 anciens, et ils doivent régner sur la terre. Ils ne sont donc pas seulement épargnés pendant les jugements qui suivent, mais ils vont avoir part, comme sacrificateurs royaux, au grand règne millénaire de notre Seigneur Jésus. Rien n’est plus simple et plus sûr, et ceci est établi de façon décisive par Apoc. 20:4 où ceux qui siègent sur les trônes sont : — la première classe, qui correspond aux anciens (c’est-à-dire l’Épouse et les conviés aux noces) ; — puis les premiers à souffrir, durant les sceaux (après que les anciens aient été vus au ciel), — et troisièmement les derniers à souffrir, sous la bête, durant les derniers efforts de l’antichrist. Tous ont part au règne millénaire de Christ. C’est pourquoi, la supposition que les seules personnes trouvées au ciel et régnant avec Christ, soient ces chefs de la sacrificature céleste, est une erreur évidente. Il y aura des saints régnant avec Christ tout aussi bien que les anciens, mais dans une position quelque peu différente. Les 24, quand on les voit au ciel, chantent la grâce que le Seigneur a montrée, non pas envers eux-mêmes, mais envers d’autres, et non pas simplement en les bénissant sous Son règne sur la terre, mais en les faisant être avec Lui et régner en dominant la terre.
À cette occasion, signalons
que la traduction « ils régneront sur
la terre » prête à
confusion (*). Quand le verbe
« régner » est associé à la préposition επι, il vise invariablement la sphère
du règne, et non pas la place
où
demeurent ceux qui règnent. Pour exprimer cette dernière idée, il est
toujours utilisé une autre préposition (εν). Au verset 5:10, il
s’agit bien de régner sur la terre dans le premier sens. Voir Appendice 2
sur l’exactitude de l’Écriture.
(*) Note du traducteur :
L’anglais permet une distinction qui ne ressort pas en français. L’expression
« sur
la terre », est traduite par « over
the earth » quand il
s’agit de la sphère du règne, et par « on
the
earth » quand il s’agit du lieu où demeurent
ceux qui règnent.
Dans ce cas donc, nous avons
les 24 anciens autour du trône, et à côté de cela, comme déjà dit, le ch. 5
indique que d’autres, venant de partout, doivent être sauvés et aussi régner
avec Christ en dominant sur la terre aussi bien qu’eux. C’est du plus haut
intérêt. Cela montre clairement que nous ne devons pas adhérer à ces systèmes
de doctrine qui ne supportent pas la moindre entorse aux vues populaires. Nous
avons peut-être été élevés avec cette notion que tous les enfants de Dieu dans
tous les âges composent l’église de Dieu. En y regardant de plus près, on trouve
que ce n’est pas supporté par la Parole de Dieu. Tout en reconnaissant
parfaitement la place prééminente pour l’église dans la gloire, l’Écriture
montre qu’il y en a d’autres qui doivent être bénis dans le ciel comme aussi
sur la terre, sans pour autant faire partie de l’église. La preuve en est non
seulement dans la parole prophétique comme celle-ci, mais dans l’enseignement
doctrinal clair donné par Dieu. Prenez par exemple l’épître aux Hébreux, ch. 11
et 12. À la fin du ch. 11, il nous est dit que « Dieu avait en vue quelque
chose de meilleur pour nous, afin qu’ils [les saints de l’Ancien Testament] ne
parvinssent pas à la perfection sans nous ». Il est clairement distingué
entre eux
et nous
, comme ceux qui chantent diffèrent de ceux au
sujet desquels il est chanté en Apoc. 5. La nature de
cette distinction est un autre sujet. Nous pouvons être plus ou moins exact
dans notre appréciation de la différence, mais il y a des différences, passées,
présentes et futures, établies expressément par la Parole de Dieu. Prenez par
exemple le ch. 12 où il est dit que vous « êtes venus à la montagne de
Sion, et à la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste », et plus que
cela, à « des myriades d’anges », ensuite à « Dieu juge de tous »,
et ensuite à « l’assemblée des premiers-nés ». Il est franchement
impossible de méconnaître la distinction (pour ne parler que d’elle) tracée
entre « les esprits des justes consommés [ou : rendus
parfaits] » et « l’assemblée des premiers-nés ». Vous avez
clairement l’assemblée des héritiers, ou premiers-nés — qui sont vus ailleurs
comme le seul corps ; et vous avez les esprits des hommes justes rendus
parfaits — une autre compagnie tout à fait distincte. Cela suffit pour montrer
que la Parole de Dieu fait des distinctions là où beaucoup de personnes
excellentes confondent tout.
Je ne prétends pas tout pénétrer d’un coup, mais je suis tenu de supporter et illustrer par d’autres passages ce qui est devant moi dans les chapitres que nous considérons maintenant. Qu’il suffise de dire que les 24 anciens sont sans le moindre doute dans une position visible et spéciale de bénédiction — celle de saints glorifiés dans la présence de Dieu. Il est néanmoins clair, qu’étant là, ils voient à l’avance d’autres qui doivent régner avec Christ tout comme eux. Ces autres sont d’autant plus importants que le grand objet du livre de l’Apocalypse est de nous montrer la destinée de ces autres saints, ainsi que les circonstances qu’ils traversent pour y arriver.
Poursuivons notre chapitre. « Et du trône sortent des éclairs et des voix et des tonnerres ». J’attire spécialement votre attention sur ce point. Est-ce l’aspect du trône de Dieu tel qu’il est révélé maintenant et que nous le connaissons ? Y a-t-il actuellement des tonnerres, des éclairs et des voix qui sortent du trône de Dieu ? Est-ce la manière pour décrire, ou dont on devrait décrire, le trône de Dieu maintenant — l’action de Son trône — ? Certainement pas. Le trône de Dieu maintenant est un trône de grâce dont nous nous approchons en confiance (Héb. 4). Impossible pour l’homme ici-bas de s’approcher en confiance d’un trône d’où sortent des tonnerres et des éclairs et des voix : ce serait en effet de la présomption, car il faudrait alors braver, pour ainsi dire, ce que le trône lui-même manifeste et proclame. Les tonnerres, les éclairs et les voix sont clairement l’expression du déplaisir et du sentiment judiciaire de Dieu envers les gens et les choses sur la terre, si on peut s’exprimer ainsi.
On demandera alors comment les anciens arrivent à être autour d’un tel trône ? La raison en est simplement qu’ils sont dans l’état de résurrection ; ils sont glorifiés dans le ciel. Comment y sont-ils allés ? Ils ont été rassemblés dans la présence du Seigneur qui leur a donné le droit de se tenir là. Comment se fait-il alors — c’est une très bonne question — que la présence du Seigneur pour rassembler Ses saints célestes vers Lui ne soit pas décrite ici ? Ma réponse est que, comme on ne la voit nulle part dans l’Apocalypse (si on prétend le contraire, où est-elle ?), l’objection est entièrement sans valeur. On peut par contre montrer qu’elle est décrite ailleurs. En bref, il faut l’insérer quelque part où elle se trouve plutôt implicite que décrite. La seule question qui se pose est de savoir quel est le meilleur endroit pour l’insérer. Je réponds, ici assurément, et nulle part ailleurs, et la raison en est que vous avez les chefs de tout le corps, et souvenez-vous en, non pas 12, non pas 20, non pas 21, mais 24. Ce sont les chefs de la sacrificature en entier — toute la sacrificature glorifiée et céleste, vue dans ses chefs — dans ses chefs parce qu’il y en a d’autres qui seront sacrificateurs plus tard. C’est pourquoi on ne peut pas voir plus que les chefs, ici. Or s’ils sont rassemblés pour être avec le Seigneur dans le ciel, — non pas en esprit, mais aussi dans le corps — et s’ils sont là glorifiés — puisqu’ils sont couronnés et qu’ils siègent sur des trônes, — tout cela ne peut avoir lieu sans que préalablement le Seigneur soit venu et les ait rassemblés auprès de Lui. S’il en est ainsi, comment cela se fait-il ? Comment concevoir ce nombre complet ? Gardez à l’esprit qu’aucun trône n’est rajouté ensuite, non pas même un seul ; il n’y a jamais que 24 trônes, ni jamais plus ni moins que 24 anciens. S’il s’agissait simplement de l’état des esprits séparés des corps, d’autres seraient rajoutés ensuite ; il faudrait laisser de la place pour un rajout ultérieur. Mais ce n’est pas le cas. Le même corps est vu sans changement jusqu’à un certain moment précis où ce symbole des anciens disparaît et fait place à un autre, — quand le temps est venu pour ce qui est appelé le banquet des noces de l’Agneau.
Et lors de ce moment de joie, il n’est pas question d’anciens : l’Agneau ne marie pas des gens comme des anciens, mais comme une épouse. C’est le même corps, mais vu autrement, non plus comme investi de la sagesse que Dieu confère par notre Seigneur Jésus, non plus vu, en bref, comme des anciens, mais comme une compagnie collective, l’épouse. C’est en relation avec les noces célébrées juste à ce moment-là, qui sont la consommation des espérances de l’église. C’est la pleine expression de notre communion avec Christ.
Puis, quand le Seigneur Jésus est sur le point d’exécuter le jugement sur la bête, et le faux prophète et les armées de la terre, Il prend la place de guerrier, et eux pareillement. À ce moment-là ils ne sont pas vus comme des anciens, bien sûr, ni même comme l’épouse : qu’auraient-ils à faire dans une bataille, tant les anciens que l’épouse ? Il sont vus de la manière la plus admirablement appropriée à la situation : sortant du ciel comme des armées sur des chevaux blancs, tout comme le grand Chef qu’ils suivent.
On voit ainsi facilement que
nous avons très clairement dans l’Apocalypse un langage symbolique utilisé avec
une extrême précision. Bien sûr j’admets que ce livre présente des difficultés,
comme tous les autres, mais si quelqu’un parle des difficultés de l’Apocalypse,
je voudrais bien le voir traiter la Genèse. Il s’imagine très probablement
qu’il comprend bien le premier livre de Moïse. Or on peut montrer facilement
que la compréhension d’une partie de la Parole de Dieu va généralement de pair
avec celle d’une autre partie ; et ceux qui prétendent ne pas comprendre
la fin de la Bible, vous pouvez compter qu’ils ne connaissent pas mieux le commencement :
c’est en tout cas mon expérience. La Parole de Dieu nous donne la vérité ;
et une partie de la révélation ouvre l’accès à une autre. Elle est un organisme
vivant. Elle n’est pas simplement comme une science qu’on maîtrise jusqu’à un
certain point, sans comprendre le reste ; il y a en elle la vie et la
puissance. Ces paroles sont esprit et sont vie, comme le Saint Esprit les a
données (Jean 6:63) ; et bien que, sans aucun doute, quelqu’un puisse
éventuellement être béni en fixant son attention sur telle partie particulière,
c’est l’exception plutôt que la règle. En général, celui qui comprend le mieux
la Bible, c’est celui qui la lit toute
, la considérant comme donnée de
Dieu pour être comprise par le Saint Esprit ; il ne prétend donc pas avoir
tout sondé ni épuisé aucune partie, mais par grâce, il comprend un peu ici et
un peu là, et ainsi de suite tout au long de la Bible. C’est généralement vrai
des chrétiens qui ont foi dans la Parole et dans l’Esprit de Dieu ; et je
crois que c’est la manière la plus sûre et la plus sage. Il est dangereux
d’avoir ses marottes dans l’Écriture, — des sujets favoris qui occupent
exclusivement les pensées. Ceux qui lisent de cette manière en arrivent à des
notions exagérées et malsaines. J’insiste auprès de mes frères pour qu’ils
cherchent sérieusement à entrer réellement et largement dans les pensées de
Dieu. Pour y entrer
profondément, soyez assurés que cela dépend avant tout de la mesure dans
laquelle le moi est jugé et le Seigneur
considéré ; car vous ne pouvez pas séparer l’intelligence dans les choses
de Dieu d’avec l’état spirituel. Cette intelligence n’est pas vraie, saine et
goûtée précieusement, sans puissance morale : c’est une grande grâce qu’il
en soit ainsi.
En ce qui concerne notre sujet, le résultat général me semble être suffisamment clair — assez clair pour les personnes simples ; et le point principal est de devenir simple, pour pouvoir entrer réellement dans les pensées révélées de Dieu.
Retournons à notre chapitre. On peut remarquer qu’à côté des éclairs, des tonnerres et des voix sortant du trône, nous trouvons « sept lampes [ou torches] de feu, brûlant devant le trône, qui sont les sept Esprits de Dieu ». Cela signifie l’Esprit de Dieu. Il n’est pas décrit ici comme baptisant en un seul corps, ce qui est la manière dont Dieu agit dans l’église. Mais ici c’est Dieu agissant en rétribution. C’est cet Esprit de Dieu qui discerne, détecte et juge parfaitement — d’où les sept torches — ce qui ne manque pas de rendre manifeste du point de vue moral ce qui est devant lui. Dieu agira dans ce but quand Son trône prendra un caractère judiciaire. Il y a des preuves abondantes qu’il y aura un état de choses différent de ce qui existe maintenant. Ceci confirme donc ce qui a été dit plus haut. C’en est fini des églises. C’en est fini du Seigneur s’occupant des assemblées chrétiennes sur la terre. Il n’est plus dans cette forme de relations au moment où le début du ch. 4 s’applique.
Mais en plus « devant le trône était comme une mer de verre, semblable à du cristal » (4:6). Dans le temple d’autrefois, il y avait certes déjà une mer (une cuve dans le Tabernacle), mais c’était une mer d’eau, non pas de verre (Ex. 30:18 ; 2 Chr. 4:2-6).
Ici il y a bien une mer, mais
c’est une mer de verre
. Pourquoi cela ? Tant qu’il y avait ne
serait-ce qu’un membre du corps de Christ ayant besoin d’être purifié dans son
passage à travers cette terre souillée et souillante, la figure de
l’application de l’eau par la Parole restait toujours nécessaire. Mais pourquoi
la mer est-elle ici « de verre » ? Parce qu’il n’est plus
question de la Parole servant à purifier ceux qui sont souillés. Leur course
est finie. Ils sont sortis de la scène de souillure. Ceux qui sont vus ici dans
la présence de Dieu ne sont plus susceptibles d’être souillés. Tant qu’ils
étaient dans le monde, ils avaient bien sûr besoin d’avoir les pieds lavés. Si
quelqu’un dit que, parce qu’on est lavé dans le sang de Christ, il n’a plus
besoin de confesser ses péchés jour après jour, celui-là ne comprend pas plus
de la moitié de son Sauveur, et met évidemment deux parties de la miséricorde
et de la bénédiction de Dieu en opposition l’une contre l’autre. Ce serait bien
misérable s’il était possible, avec la vie nouvelle et éternelle, d’être laissé
sous les conséquences de la souillure quotidienne. Certes, si tout ce dont vous
vous souciez se limite à avoir vos péchés pardonnés, il ne vous reste qu’un
sens bien maigre de la sainteté de Dieu, et de ce qui convient à Ses enfants.
Mais si vous ressentez la valeur de la communion avec le Père et Son Fils Jésus
Christ notre Seigneur, si la bénédiction d’avoir part aux pensées et aux sentiments
du Seigneur a du prix pour vous, vous ne pouvez qu’être sensible à la souillure
qui attriste le Saint Esprit par lequel vous avez été scellé pour le jour de la
rédemption. C’est justement pourquoi Dieu opère en vous par Son Esprit. Il voit
et Il sent ce qui ne va pas ; Il agit selon la nature de Dieu manifestée
en Christ, et vous amène à sentir le mal et à le confesser devant Lui. Tel est
l’effet de la sacrificature de Christ. Nous avons non seulement besoin d’un
Sauveur pour mourir pour nos péchés, mais d’un sacrificateur pour vivre pour
nous, et pour intercéder pour nous, bien que nous soyons chrétiens, parce que
nous sommes encore sur la terre dans la faiblesse, dans le besoin, et
hélas ! trop souvent dans le manquement. En
conséquence ce n’est pas nier Son sacrifice qui arrangera les choses, ni
annuler Sa sacrificature qui établira les âmes, mais cela ne fera que les
dessécher pour en faire des momies.
Le sang de Christ reste le seul sacrifice ; et c’est l’essence même de la vérité du christianisme qu’il n’y a qu’un seul sacrifice, et que le sacrifice de Christ a opéré cette œuvre parfaitement et pour toujours pour le croyant. Alors, quand l’homme tombe dans un péché, au lieu de simplement regarder en arrière au sacrifice de Christ, il a à s’humilier devant Dieu tout en tenant ferme ce qui tient à ce seul sacrifice ; car le Saint Esprit se sert de la Parole de Dieu pour agir sur celui qui est fondé sur la sacrifice de Christ, mais sans jamais renouveler ce sacrifice. Le sacrifice de Christ demeure avec son efficacité, mais bien loin que ce soit tout ce dont nous ayons besoin, c’est à cause de cela qu’il y a la nécessité du « lavage d’eau par la Parole ». « Celui qui a tout le corps lavé [baigné] n’a besoin que de se laver les pieds » (Jean 13:10). Car c’est Lui qui « est venu par l’eau et le sang, non par l’eau seulement, mais par l’eau et le sang » (1 Jean 5:6). Le Seigneur Jésus a pourvu à tout. C’est de Son côté, nous le savons, que les deux ont coulé ; et c’est ainsi que, comme le sang de Christ a expié notre péché à nous qui étions des pécheurs coupables devant Dieu, ainsi l’eau, non seulement nous donne la nouvelle naissance, mais aussi poursuit, en réponse à Son intercession, le lavage des pieds souillés lors de leur passage au travers de ce monde.
Ce n’est plus le cas avec ceux qui sont en rapport avec la mer de verre, c’est-à-dire qu’il n’y a plus besoin du lavage quand les saints sont glorifiés ; c’est ce qu’indique la vision. Non pas, bien sûr, que le Seigneur néglige quiconque de Son peuple qu’Il appellera ultérieurement. La vision à laquelle nous avons accès nous donne simplement un tableau complet du changement qui aura lieu quand elle sera accomplie. Voici l’un des éléments nouveaux : au lieu d’une cuve d’eau pour laver les pieds de ceux qui sont exposés aux souillures de la terre, les saints sont vus maintenant en gloire — des anciens en Sa présence, des adjoints de juge sur des trônes autour du trône de Dieu. Toute l’œuvre est accomplie en ce qui les concerne, non pas seulement l’expiation, mais aussi l’intercession. Comme ils sont sortis de la sphère où ils avaient besoin de l’œuvre purificatrice de l’Esprit, la mer symbolique dans cette vision n’est pas faite d’eau, mais de verre. C’est une pureté fixée, non pas active. Elle témoigne de ce qu’il ne reste plus de souillure. Il est facile de comprendre qu’il ne peut en être autrement puisqu’ils ont quitté la terre, et siègent sur des trônes en la présence de Dieu au ciel.
Il y a une vision ultérieure qui présente un lien intéressant, ou plutôt un contraste, attirant l’attention. Il est facile de voir que d’autres personnes sont appelées par la grâce de Dieu après ceux-ci (les anciens), mais ils traversent une tempête de souffrance, un océan de tentations et de tribulations terribles, et tout ce qui peut accabler l’esprit et le corps. Cela s’abattra, je n’en ai pas le moindre doute, comme un fouet sur le monde coupable — Dieu agissant en rétribution, parce qu’on a méprisé l’évangile, et qu’on n’a rien ressenti ni jugé à propos du rejet, allant jusqu’à la mort, de Son propre Fils. Vous savez que les Juifs et les Gentils ont tous deux mis à mort le Fils de Dieu. Certainement les disciples ne l’ont pas fait. Ils ont acquis ensuite un caractère céleste, et par le ministère de Paul, ils sortent de la scène terrestre. Les chrétiens en tant que tels n’ont pas été coupables de la mort de Christ. Quelle qu’ait été leur culpabilité, elle a été expiée par Son précieux sang ; mais ils n’étaient pas encore appelés comme tels, et ne sont donc pas rendus coupables de cette terrible action, contrairement aux Juifs et aux Gentils.
En conséquence, il n’est guère difficile de voir les raisons morales pour lesquelles l’église, dont l’appel à sortir a eu lieu après la croix, doit être enlevée de la scène, et pourquoi le Seigneur commence à travailler dans les Juifs et dans les Gentils. Ils traversent ce châtiment rétributif ; ils sont les objets directs de cette tribulation spéciale ; aussi, quand quelque-uns d’entre eux paraissent à la fin comme des vainqueurs — car le Seigneur opérera certainement en grâce dans un certain nombre — et qu’on voit en Apoc. 15 ceux qui auront remporté la victoire sur la bête etc., ils paraissent sur « une mer de verre, mêlée de feu ». Au ch. 4 rien n’est mêlé avec du feu ; le feu est la chaleur de la tribulation. Quand les saints sont passés par la tribulation — ceux qui sont morts et ont été amenés par grâce dans la gloire céleste — et qu’on les voit ensuite, ils portent encore sur eux les marques de la traversée de cette mer — la tribulation par laquelle ils ont passé. Il n’en est pas ainsi avec les anciens. La raison en est qu’on n’a pas encore entendu parler de la tribulation. La tribulation, la grande tribulation, est très postérieure à leur montée au ciel.
C’est pourquoi, globalement, la portée générale de notre chapitre 4 n’est pas obscure au point de gêner la compréhension par l’esprit le plus simple de la chrétienté, si celui-ci reste soumis à Dieu par l’enseignement de l’Esprit.
« Devant le trône, comme
une mer de verre, semblable à du cristal ; et au milieu du trône et à
l’entour du trône, quatre créatures vivantes (*) »
[non pas des bêtes
, comme chacun sait] (Apoc.
4:6).
(*) note du Traducteur : Le terme est rendu par « animal » dans la version JND, désignant par là un être vivant qui n’est pas un homme. Le sens est effectivement celui de « vivants » ou « créatures vivantes » comme le dit WK, à ne pas confondre avec le terme « bêtes » de Daniel, qui a un sens moral.
Ces créatures vivantes nous montrent les qualités diverses de la puissance de Dieu, sous une forme symbolique. Les païens qui ne connaissaient pas Dieu, exaltaient les attributs divins en en faisant des idoles qu’ils adoraient. Ici nous ne connaissons pas seulement les créatures vivantes entourant le trône, mais nous connaissons Celui qui siège dessus. Nous connaissons le seul vrai Dieu et Père, et nous Le connaissons par le Seigneur Jésus qu’Il a envoyé. Mais Dieu nous enseigne de cette manière symbolique les caractères de Sa puissance par laquelle Il va exécuter Ses jugements.
Il faut d’abord observer que les quatre créatures vivantes étaient pleines d’yeux devant et derrière. Il est remarquable qu’il ne soit pas parlé ici de chérubins, bien que leur description soit connue par l’Ancien Testament. Elles sont décrites ici comme ayant non seulement des yeux, mais des yeux au dedans, selon le v. 8. C’est particulier. Certes elles ont des yeux, mais ces « yeux au dedans » semblent montrer une puissance intrinsèque de discernement caractéristique du Nouveau Testament. Ainsi toute la description ici ressemble bien à l’Ancien Testament, mais va plus loin, et fait ressortir des différences. En bref, les créatures vivantes sont dans une mesure comme les chérubins, et sous d’autres aspects comme les séraphins d’Ésaïe 6. En outre, elles ont leurs propres particularités, qui ressemblent aux chérubins d’Ézéchiel. La première créature vivante est comme un lion, la seconde comme un veau ou un jeune taureau, la troisième avait une face comme un homme, et la quatrième était comme un aigle volant. Autrement dit, vous avez de la puissance dans la majesté, de la puissance dans le travail patient et l’endurance, une pensée intelligente dans ce qui est comme un homme, et la rapidité d’exécution montrée dans l’aigle volant. Ces quatre créatures vivantes avaient chacune six ailes, tout comme les séraphins d’Ésaïe, mais elles n’avaient pas de roues, ce qui les distingue de la vision d’Ézéchiel. « Et ils ne cessent de dire, jour et nuit : Saint, saint, saint, Seigneur, Dieu, Tout-puissant, celui qui était, et qui est, et qui vient ».
Il vaut la peine de s’arrêter un moment pour regarder les grands principes moraux de ce que nous avons ici. Il est fait référence à deux qualités relatives auxquelles se rattache une différence remarquable chez les anciens, j’entends la justice et la sainteté.
Or, quel est l’effet de la présence directe de Dieu sur les saints manifestés en justice devant Lui ? Notre chapitre 4 montre plus que ceci, l’exercice de Son trône étant une action judiciaire envers la terre ; il y a des éclairs, des tonnerres et des voix. Mais ce qui ressort de manière remarquable, c’est que les anciens siègent paisiblement sur des trônes en la présence de Dieu, bien que Dieu soit ainsi révélé en justice. Il n’y a pas le moindre symptôme d’effroi. On ne peut même pas discerner le moindre mouvement, tellement il est vrai qu’ils sont faits justice de Dieu en Christ (2 Cor. 5:21).
D’un autre côté, quand Dieu,
dans Sa sainteté, est célébré par les quatre créatures vivantes selon Sa propre
nature, — quand elles Le louent comme le « Saint, saint, saint, Seigneur
Dieu Tout-Puissant », les anciens se mettent
immédiatement en mouvement. Ainsi, devant les actions judiciaires, les anciens
montrent le plus parfait repos en la présence de Dieu. S’agissant de jugement
,
il ne reste pas la moindre exigence de justice qui n’ait été satisfaite par la
croix. Si le moindre péché était demeuré sans être ôté, oh ! quel trouble il y aurait eu parmi tous les 24 ! Mais
non ; ils siègent en parfaite paix sur leurs trônes. Mais quand il s’agit
de Sa sainteté
, ils tombent devant Lui ; ils rendent hommage à
Celui qui vit aux siècles des siècles ; ils jettent leurs couronnes devant
le trône. Leurs cœurs sont absorbés dans le délice de que Dieu est. Ce qu’Il
est dans Sa sainteté les fait sortir de leur réserve. Ce qui excite leurs
esprits et les engage dans l’adoration, c’est la puissance d’attraction de Sa
sainteté, — et non pas la puissance effrayante des jugements justes de Dieu
(effectivement effrayante pour d’autres).
En présence de la justice, il n’y a rien d’autre que le repos ; en présence de la célébration de Sa sainteté, il y a l’activité d’adoration.
Telle est alors la scène présentée au chapitre 4. Je vais dire quelques mots sur le chapitre 5 avant de terminer.
Jusqu’ici, nous avons simplement eu le Seigneur Dieu Tout-Puissant — l’Éternel Elohim — qui était, qui est et qui va venir ; Dieu, comme Il s’est manifesté dans Ses rapports avec les hommes ici-bas, spécialement avec les pères [patriarches] et Israël, — mais vu maintenant sur le trône. Pourquoi en est-il ainsi ? Comment se fait-il qu’Il ne soit pas présenté ici comme le Père ? Vous savez très bien combien le Nouveau Testament fait constamment référence au « Père ». Il est bien connu qu’il n’est jamais parlé de quelque chose comme la grâce et la paix de la part du Seigneur Dieu Tout-Puissant — de la part de l’Éternel Elohim, ou toute autre désignation de Dieu dans l’Ancien Testament. Et quand l’apôtre Paul utilise sa formule habituelle, il ne l’associe jamais avec Shaddai, Jehovah ou Elohim. Il en est de même avec les apôtres Jean, Pierre et Jude. Même Jacques ne le fait pas, alors qu’il s’adresse à Israël et que certains de ses textes se rapportent entièrement à l’Éternel (Jehovah) ; mais il ne donne jamais de salutation de la part de l’Éternel comme tel. Pourquoi retrouve-t-on ici le style et les titres d’autrefois ? C’est parce qu’un changement de grande importance est intervenu ; parce que Dieu ne continue plus à se révéler dans la formation de la famille céleste. Il les a enlevés de la scène, ce qui ne peut avoir eu lieu que par la venue personnelle du Seigneur Jésus pour les accueillir (Jean 14 ; 1 Thes. 4 ; 2 Thes. 2:1). Mais cela n’est pas exposé dans le livre de l’Apocalypse ; cela n’entre pas dans le cadre de ce qu’elle révèle ; parce que le but de la prophétie est de faire ressortir les jugements de Dieu, non pas les secrets de Sa grâce. En conséquence, comme la venue de Christ pour les Siens est un événement qui n’affecte pas du tout directement le monde, mais est un sujet brûlant pour Christ et l’église, un voile est tiré sur cette venue ici, et c’est naturel et convenable. « Voici », dit l’apôtre Paul (1 Cor. 15), « je vous dis un mystère ; nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés, en un instant » etc. Ce mystère aura lieu quand Christ viendra à notre rencontre en l’air ; mais l’objet de l’Apocalypse n’est pas de révéler le mystère de Dieu pour nous prendre au ciel, mais plutôt le mystère de Dieu en ce qu’Il ne juge pas le mal sur la terre [10:7]. En outre, il a déjà été pleinement révélé, en sorte qu’il n’est pas nécessaire d’y revenir. L’apôtre Paul avait pour but et pour fonction, bien à leur place, de montrer ce qui était secret et céleste à l’église bénie dans les lieux célestes avec Christ, mais le but de Jean, comme voyant, est par-dessus tout de montrer ce qui prendra place sur la terre après la disparition de l’église de la scène terrestre.
En conséquence, toute cette double scène d’adoration dans le ciel n’est qu’un préliminaire au grand corps des visions prophétiques. L’objet du livre est de dévoiler les séries de jugements qui vont tomber sur la terre, non pas le rassemblement des saints vers Christ au ciel. En même temps les doctrines de Paul sont amplement confirmées parce que le prophète est enlevé en haut avant que ne tombent les coups du courroux divin ; il voit les saints célestes déjà rassemblés dans un état glorifié, et il en fait le constat. Il nous annonce des trônes qu’on n’a jamais vu dans le ciel auparavant, déjà occupés par des hommes ressuscités et transmués.
Au chapitre 5 les anciens et les créatures vivantes se joignent pour adorer et chanter « tu as acheté pour Dieu par ton sang ». Ce sont clairement des saints qui s’adressent ainsi à l’Agneau. La position des anciens sur des trônes, leur habillement, leurs fonctions avec des coupes pleines de parfums, etc. tout cela prouve leur rédemption, même si, strictement, ils ne font que chanter au sujet d’autres qu’eux-mêmes, et à propos d’une vérité abstraite. Il ne pourrait pas y avoir des ornements comme des couronnes d’or, ni une pareille place de dignité pour des créatures, comme un trône dans la présence de Dieu, sans avoir été acheté par le sang de l’Agneau. Aucune créature quelle qu’elle soit ne pourrait avoir un pareil rang royal et sacerdotal au ciel, sinon en vertu d’un tel achat.
Remarquons qu’ici (chapitre 5), il y a quelque progrès. Un livre muni de sept sceaux apparaît dans la main de Dieu. Les louanges du chapitre 4 ne vont pas plus loin que la création et la providence ; mais cela n’épuisait nullement ce que Dieu avait à faire connaître aux Siens. Il allait révéler quelque chose de tout nouveau : le processus spécial par lequel Il allait mettre le Seigneur Jésus en possession de l’héritage de la création. Tel est l’objet du livre vu ici dans la vision — les différentes formes de jugement que le Seigneur appliquera, se terminant finalement par le Seigneur Jésus prenant le royaume, et Ses saints célestes régnant avec Lui. « Et je vis dans la droite de celui qui était assis sur le trône, un livre, écrit au dedans et sur le revers » (Apoc. 5:1) : autrement dit, ce livre était plein au point de déborder. Il n’était pas écrit au dedans seulement comme un rouleau ordinaire. Il y avait tellement à dire qu’il était écrit sur le revers. De la même manière en Éz. 2:9, 10 le rouleau d’un livre fut montré au prophète Juif : « Et il le déploya devant moi ; et il était écrit devant et derrière ».
Le livre d’Apoc. 5 était scellé de sept sceaux, c’est-à-dire fermé de manière impénétrable en ce qui concerne la créature. « Et je vis un ange puissant, proclamant à haute voix : Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux ? » (Apoc. 5:2).
Personne ne fut trouvé pour
ouvrir le livre, — personne n’en était capable, est-il dit. Personne n’en était
capable parce que personne n’en était digne. Mais si Jean pleure beaucoup parce
que personne n’était trouvé digne, l’un des anciens (car eux entrent dans la
pensée de Christ) console le prophète en disant : « Ne pleure
pas ; voici, le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David, a
vaincu pour ouvrir le livre » (Apoc. 5:5). Et
Jésus ouvre le livre, non pas simplement comme une personne divine, non pas
simplement comme l’homme parfaitement obéissant, mais parce qu’Il a vaincu — par toute l’efficacité infaillible de Son sang
précieux. Il était digne et capable. Mais Il prit le livre sur la base du prix
qu’Il a payé, et non pas sur la base d’une valeur ou d’une force personnelles.
S’Il l’avait fait sur la base d’un titre
n’appartenant qu’à Lui, où serions-nous ? Il l’a fait sur la base du prix
qu’Il a payé — toute notre gloire et toute notre joie, sauf, en effet, que le
meilleur de tout ce qu’apporte Son achat, c’est de faire les délices de nos
âmes en Lui
qui nous a ainsi achetés, et non pas simplement des délices dans
les bénédictions
qu’il nous a données libéralement.
Jésus donc est
vainqueur ; mais quand Il s’avance, ce n’est pas comme un lion, mais comme
un Agneau. Il est proclamé digne en tant que Lion, mais quand on Le voit, c’est
un Agneau comme immolé. Celui qui fait valoir cette puissance de Dieu grande et
majestueuse, spécialement en rapport avec les espérances d’Israël, — Le Béni —
est vu comme l’homme que la terre rejette, le saint souffrant que le monde ne
veut pas voir vivre, ni souffrir qu’Il vive. Le monde était-il digne de
Lui ? Le monde L’a rejeté, mais en Le rejetant, il L’a renvoyé dans la
demeure et la gloire de Dieu, là où Il est vu maintenant comme l’Agneau. Et
remarquez-le, ce n’est pas la forme sous laquelle Il est descendu : Il est
venu ici-bas comme le Fils unique — je ne dis pas qu’Il ait quitté le sein de
Son Père ; oh, non ! Il ne l’a jamais quitté : comment
l’aurait-Il pu ? Il était une personne divine, et en conséquence, même si
on Le considérait comme un homme, il pouvait être dit « le Fils de l’homme
qui est dans le ciel
» — non pas simplement qui était, ou qui
devait être, mais « qui est
dans le ciel ». Personne d’autre
que Lui ne pouvait dire cela, et par conséquent, si fort que vous teniez à la
réalité de Son humanité — (vous ne pouvez y tenir avec trop de ténacité ;
quiconque n’y tient pas ferme n’est pas chrétien du tout) — ne dépréciez pas Sa
déité ; je ne dis pas simplement Sa divinité
. Nous parlons de la
divinité de ce livre, la Bible, mais pour Christ, il est plus juste de parler
de Sa déité
que de Sa divinité
.
Ici, il est donc parlé de Lui comme l’Agneau immolé, en contraste avec les puissances du monde ou les bêtes de proie qui ravagent, spécialement celle qui doit encore surgir et fouler aux pieds pour la dernière fois le peuple de Dieu sur la terre. L’Agneau siège là, mais Il se lève et prend le livre de Celui qui est assis sur le trône, et alors le ciel entier est rempli de la louange de l’Agneau et de celle de Dieu (*).
(*) Il mérite d’être noté que le v. 14 s’achève par l’expression « rendirent hommage ». L’ajout de « celui qui vit éternellement » selon la version autorisée du roi Jacques, est illégitime. Les anciens rendent bien hommage à tous les deux, à Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau (v. 13).
S’Il prit ce livre, ce n’était pas simplement pour y lire Lui-même ; c’était, en amour, pour nous rendre tout clair. Qu’est-ce qui pourrait le rendre plus clair pour Lui ? Il ouvre les sceaux, et nous dit le contenu. Il dévoile les pensées de Dieu. Oh, puissions-nous en tenir compte !
Ce tableau sur les anciens est forcément incomplet ; mais je n’ai rien laissé volontairement de côté qui soit important, selon ce qui m’est apparu en revoyant cette portion de la Parole de Dieu. J’ai confiance que ceux qui m’ont écouté saisiront au moins clairement que les anciens sont des hommes, sans le moindre doute ; que ces hommes ne sont plus sur la terre, mais dans le ciel ; qu’ils constituent une nouvelle classe de personnes vue au ciel pour la première fois. Qui la compose ? Je n’ai pas encore cherché à donner la réponse.
Pour ma part, je suspecte fortement que les 24 anciens comprennent à la fois les saints de l’Ancien Testament et ceux du Nouveau, jusqu’au moment de la venue du Seigneur pour les recevoir auprès de Lui. Je fais cette remarque parce que nous trouvons ensuite que, quand le changement a lieu, et que les anciens ne sont plus vus en tant que tels, un nouveau symbole remplace ce premier symbole (ch. 19) : c’est l’Épouse. Mais à côté d’elle, il y a certaines personnes dont il est dit qu’elles sont bénies : ce sont les conviés aux noces de l’Agneau (19:9). Il n’est guère besoin de dire que personne ne pense à convier une épouse à ses propres noces : ceux qui sont invités sont évidemment d’autres personnes. C’est pourquoi il me semble très clair que d’autres personnes participeront à ces noces de l’Agneau en plus de l’Épouse.
C’est pourquoi rien n’est plus facile que de comprendre que les 24 anciens incluraient les saints à la fois de l’Ancien et du Nouveau Testament, depuis le chapitre 4 jusqu’au chapitre 19 de l’Apocalypse, quand l’Épouse et les conviés aux noces sont alors substitués aux anciens. À ce moment-là, il est question de l’église dans le caractère de communion avec Christ qui lui est propre ; vous trouvez donc, sous le symbole des 24 anciens, une compagnie double : l’Épouse, et d’autres qui lui étaient unis en vue d’un certain but, mais non pas pour tout. C’est simplement une question de jugement spirituel, et on ne peut en décider que d’après l’Écriture avant tout.
Pour le moment, je ne fais que lancer une suggestion. Je me suis efforcé de rester dans le grand cadre du sujet, de ce qui est le plus nécessaire pour tous les enfants de Dieu. Ce que j’ai dit le rend clair pour chacun. Nous voyons la sagesse de Dieu arrangeant cette histoire mystique de l’église. S’il s’était agi d’un histoire littérale de l’église, une prophétie qui en eût exposé toutes les étapes en toute clarté, les gens se seraient mis à cesser d’attendre la venue de Christ ; mais dans la mesure où les sept églises étaient déjà là devant les pensées de l’apôtre quand il a écrit ce livre, il n’y avait pas de frein à l’attente continuelle de Christ. D’un autre côté, si l’église tardait ici-bas, ces sept églises verraient leur portée s’élargir ; et l’église continuant son existence, cette portée se compléterait toujours davantage, comme si l’on comblait les cases encore vides par ce qui n’avait pas encore été vu et qui deviendrait évident et apparent.
Tel est le vrai chemin pour la foi ; c’est ainsi que tout le Nouveau Testament est écrit. Si le Seigneur utilise les 10 vierges pour représenter la chrétienté attendant Christ, ce sont les même vierges qui sortent initialement, qui s’endorment ensuite, puis qui vont à la rencontre du Seigneur. Sans doute, en regardant en arrière (ex post facto = après les faits, comme les gens disent), on peut voir, une fois que l’histoire est derrière nous, que cette image était arrangée pour englober les diverses générations de chrétiens. Mais quant à la parabole elle-même, elle n’envisage qu’une génération, celle qui existait au moment où la parabole a été exposée. En ceci, je ne peux voir que la profondeur des pensées de Dieu. Cela ne vous paraît-il pas une sagesse parfaite de Dieu, que d’écrire Sa Parole de manière qu’il n’y ait rien qui diverge de l’espérance du chrétien attendant constamment Christ, et malgré cela, quand un intervalle de temps vient différer l’issue, vous pouvez voir qu’Il connaissait parfaitement ce retardement, mais qu’Il ne l’a pas dit ouvertement dans Sa Parole pour ne pas empêcher les saints d’attendre sans cesse le Seigneur Jésus ? Ainsi tout est manifestement vrai, saint, bon et arrangé avec sagesse.
Que le Seigneur bénisse Sa vérité ! Que les enfants de Dieu n’aient qu’un désir, en sorte que, Le connaissant Lui comme notre vie, L’ayant comme notre justice, nous puissions L’attendre comme l’espérance de nos cœurs.
Note du Traducteur : ce qui suit fait partie du texte original de l’auteur. Toutefois comme cela concerne une controverse sur le texte grec (Texte Reçu) et sa traduction anglaise de la version autorisée du roi Jacques, il a paru opportun de mettre ces éléments à part dans cet Appendice, du fait de leur intérêt moindre pour un lecteur de langue française.
Il est dit au v. 9 du
chapitre 5 : « Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les
sceaux ; car tu as été immolé, et tu [nous
] as acheté pour Dieu par
ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les
as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu, et ils
régneront sur la
terre » (Apoc. 5:9-10).
Tel est le texte retenu par
les critiques. J’ai mis entre crochets un mot contesté [nous
, v. 9], et
j’ai changé le texte de la version autorisée du roi Jacques là où il n’y a
aucun doute [v. 10, les
et ils
]. Serait-ce de la révérence que de
s’attacher à une leçon du texte qui est indubitablement une innovation ?
Je tiens pour les autorités les plus anciennes après avoir dûment considéré le
contexte. Qui niera qu’en règle générale, plus on est près de la source,
meilleure est la variante du texte. On fait beaucoup d’erreurs en copiant,
autrefois comme maintenant. Les scribes qui ont suivi les apôtres n’étaient pas
plus inspirés que les imprimeurs ou éditeurs des temps modernes. C’est pourquoi
il faut tout examiner ; et le seul principe valable dans ces questions,
est de regarder à toutes les preuves, et à partir de là, d’en déduire le
résultat.
Or je pense que les preuves
tant externes qu’internes devraient conduire une personne compétente pour
juger, à conclure que le mot « nous
» mis entre crochets au v.
9 doit être absent. Il semble que des copistes y ont inséré « ημας » (« nous
») — ce que je
dis n’étant ni nécessaire ni spécifique à aucune vue que je soutiens (1* ; 2*). Les érudits les plus compétents —
qui n’ont pas d’interprétation ou de schémas de l’Apocalypse définis ou opposés
aux miens — sont d’accord pour omettre ce mot. Le plus fameux éditeur actuel
(19° siècle), le luthérien Tischendorf soutient cette
omission. Un autre érudit excellent, Lachmann, qui
était plus rationaliste que lui, de son vivant, tient la même leçon du
texte ; le doyen Alford d’Angleterre, aussi, et
beaucoup d’autres avec eux, acceptent cette leçon du texte, étant d’accord
entre eux sur ce point particulier. Je me réfère ouvertement à ces noms bien
connus pour que personne n’ait l’idée, dénuée de fondement, qu’il y ait rien de
particulier ou d’individuel dans ce jugement. Ce sont des questions de
l’héritage commun de l’église de Dieu, et qui reposent sur des faits qui ne
peuvent être contredits par personne sinon les ignorants.
(1*) Il y a quelques années,
le professeur Tischendorf m’indiqua, parmi d’autres
variantes de l’Apocalypse, que le manuscrit Sinaïticus
omettait le pronom ημας en Apoc. 5:9. J’ai
imprimé le présent article sur la base de son autorité ; le doyen Alford et d’autres ont aussi suivi. Mais une fois ce grand
manuscrit oncial publié, je découvris immédiatement que, soit mon texte imprimé
était erroné ici, soit le découvreur de la variante de texte [Tischendorf] m’avait induit en erreur, ce qui était
terrible pour beaucoup, et douloureux pour moi plus que pour tout autre. Le
découvreur eut la candeur de réexaminer immédiatement le manuscrit quand je fis
appel à lui, et de confesser franchement qu’il m’avait induit en erreur. Un
autre érudit de mon pays eut des sentiments fort différents, alors qu’on aurait
pu mieux attendre de lui. Il
eut la témérité non seulement de m’accuser
d’avoir fait une faute, mais de mélanger cette question avec la doctrine de
l’enlèvement de l’église, comme si c’était ce qui avait influencé mon rapport
erroné. La vérité est que la preuve de poids réside dans le fait que, selon les
meilleures autorités, suivies même par mon censeur, le vrai texte grec requiert
au v. 10 « tu les
a faits rois… et ils
régneront » [ndT : et non pas : « tu nous
a faits
rois… et nous
régnerons « selon la version autorisée du roi
Jacques]. Les anciens et les créatures vivantes [ndT :
ou : animaux, selon la version JND] louent
l’Agneau dans ce verset pour d’autres
qu’eux-mêmes devenus rois et
sacrificateurs, non pas pour eux-mêmes. Ce point est incontestable. Le point
débattu est de savoir si ημας doit ou non figurer au v. 9. Même s’il fallait
retenir ce mot, cela renforcerait plutôt la distinction entre les saints
représentés par les anciens et les créatures vivantes. Mais je voulais bien
renoncer à ce qui renforçait plutôt ma position, croyant honnêtement avec les
meilleurs critiques que c’est une leçon tout à fait douteuse, voire même une
intrusion manifeste sur la base de preuves externes. J’étais convaincu, et je
le suis encore, que l’insertion de ce « nous » ou ημας présente, lorsqu’on prend les deux v. 9 et 10
ensemble, un sens si bizarre que personne n’a encore fourni une explication
tolérable. La présence de ce terme « nous » ou ημας est donc encore plus
critiquable sur la base des preuves internes. La question est réellement
indépendante de la doctrine, et est bien plutôt une question de perspicacité
critique et de jugement spirituel.
(2*) note du
Traducteur : Les notes de traduction du Nouveau Testament anglais par JND peuvent se résumer comme suit : JND rejette l’insertion de ce « nous » au v. 9 au
motif que les preuves externes sont partagées et que les preuves internes sont
tout à fait contre l’insertion du nous
. JND
estime le manuscrit Sinaïticus très incorrect dans
l’Apocalypse.
Il y a un autre point beaucoup
plus clair, et on ose dire incontestable. Quiconque connaît quelque chose du
texte sacré doit savoir qu’au v. 10 « les » et « ils »
doivent remplacer les deux « nous » [ndT :
v. 10 « tu les
a faits rois… et ils
régneront » et non
pas : « tu nous
a faits rois… et nous
régnerons »
selon la version autorisée du roi Jacques]. Je ne nie pas que ce soit un
changement considérable de sens, mais la preuve en est si surabondante que
personne ne peut hésiter s’il respecte les témoins préservés par la providence divine.
Le sens qui en résulte est excellent, sauf si l’on retient le mot
« nous » dans le v. 9, ce qui représente un changement de personnes
brutal et sans précédent, tel que personne, pour autant que je sache, ne
prétend comprendre ou expliquer ce changement. C’est pourquoi au v. 10 on peut
parler avec plus d’assurance qu’au v. 9 ; mais je crois que, si on lit le
v. 10 comme il faut, le v. 9 n’est plus guère compréhensible si on ne le
corrige pas et qu’on laisse le mot « nous » ; par contre, la
lecture correcte du v. 10 ajoute beaucoup de force interne aux quelques témoins
en faveur de l’omission de « nous » au v. 9. Le v. 10 doit donc se
lire comme suit : « tu les
a faits rois et sacrificateurs pour
notre Dieu : et ils
régneront sur la terre ». Il est question
de personnes autres que celles qui sont en train de chanter. Les anciens, et je
suppose aussi les créatures vivantes, sont en train de chanter au sujet
d’autres personnes. Ils célèbrent la dignité de l’Agneau qui a été immolé et a
amené à Dieu par Son sang de toute tribu, langue, peuple et nation etc. Qu’il
faille le « nous » ou pas au v. 9 n’est pas le point sur lequel nous
raisonnons maintenant. Certainement il n’y a aucun doute en ce qui concerne le
v. 10 : « tu les
as faits », et non pas « tu nous
a faits » — c’est incontestable. L’Agneau
« les a faits [c’est-à-dire d’autres personnes précédemment décrites ou au
moins mentionnées] rois et sacrificateurs pour notre Dieu : et ils
régneront sur la terre ».
L’Écriture est réellement le livre le plus exact du monde, quelque soit l’auteur choisi pour faire la comparaison. Si vous prenez l’effort le plus raffiné du grec attique, on trouve que le langage biblique, une fois qu’on a pénétré et compris son esprit, a une exactitude qui dépasse Platon, Sophocle, Thucydide, Démosthène et les autres maîtres de cette langue raffinée et souple. Prétendez-vous qu’il y a des solécismes dans le Grec du Nouveau Testament ? Il y en a beaucoup moins que ce qu’ont l’habitude d’affirmer les esprits chicaniers ignorants de la vérité. Mais sachez que même ces auteurs grecs ne manquent pas de termes, tournures de phrases et constructions qui violent les règles, non pas seulement des termes hardis de rhétorique, mais des structures de phrase qui ne supportent pas une analyse stricte. C’est un fait par exemple, bien que beaucoup puissent le considérer comme curieux, que les plus fameux auteurs classiques font souvent des fautes de grammaire dans leurs meilleures compositions encore accessibles. Je n’insinue pas qu’ils ne savaient pas que ces usages étaient inhabituels ; ils écrivaient de cette façon parce que cela rajoutait de l’énergie à leur style. Il n’y a que les esprits lourds, occupés à des finasseries de grammaire, pour penser qu’il faut toujours adhérer aux règles techniques du langage ordinaire et du parler quotidien ; les meilleurs écrivains, quant à eux, défient les conventions toutes les fois que cela est nécessaire pour mettre en valeur ce qu’ils désirent communiquer.
Il n’en va pas autrement dans la Parole de Dieu. Il est certain qu’on trouve dans l’Écriture comme ailleurs, des déviations occasionnelles d’avec les règles strictes de la syntaxe ordinaire. Il ne faut pas supposer que je n’attribue aucune importance à la bonne utilisation du langage humain — le nôtre comme celui de Dieu, ou de toute autre langue de notre connaissance. Mais il faut en même temps garder à l’esprit qu’il y a une énergie de vérité pour l’Esprit, aussi bien qu’une habileté rhétorique chez les hommes, qui n’hésite pas à mettre de côté un simple point de grammaire, en vue d’un objectif plus élevé. Cela reste dans le cadre de ce qui est dû à la Parole de Dieu — la forme la plus parfaite de révélation aux hommes de ce que Dieu a voulu leur communiquer. C’est pourquoi ce que certains sont prompts à mettre au rang des fautes ou erreurs de style, tout cela est approuvé et dit intentionnellement par l’Esprit de Dieu. Ce qui paraît à première vue abrupt, brutal, étrange, en dépit de toutes les particularités qu’on voudra, fait passer une idée avec plus d’exactitude que tout autre chose. Mais, tout en revendiquant cela pour chaque mot et chaque ligne de la Parole de Dieu, il ne nous faut pas aller au-delà du texte de Apoc. 5:10, mais retenir que les écrivains ont seulement utilisé les paroles même du Saint Esprit, et cela peut être démontré par les meilleures preuves de tout genre, internes comme externes.