William Kelly
Prédication publique. Publiée en anglais en 1875 dans Occasional Lectures, Ed. W. H. Broom, London
Les sous-titres et sous-divisions du texte ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières abrégée :
2 - Plusieurs sortes de ministères
3 - L’évangile et sa prédication (comment prêcher et que prêcher)
4 - Ministère dans l’assemblée
5 - La prophétie. Rom.12:6 et 1 Cor.14:4
6 - Le « ministère » ou « service »
Table des matières complète :
2 - Plusieurs sortes de ministères
3 - L’évangile et sa prédication (comment prêcher et que prêcher)
3.1 - Ce sur quoi porte la prédication
3.2 - Prêcher en simplicité. S’occuper des gens selon leur état
3.2.1 - Paul et les païens : Dieu et leurs besoins
3.2.2 - Paul et les Juifs : les Écritures
3.3 - Clarté, puissance spirituelle, intimité avec Dieu
3.4 - Aller directement à l’essentiel
4 - Ministère dans l’assemblée
4.1 - Ce que Paul appelle ministère
4.2 - Don du Seigneur et capacité naturelle
4.3 - La source du don, du ministère, est Christ
4.3.1 - L’église ne confère ni ne valide aucun don
4.3.2 - Des dons donnés d’en haut après l’ascension et la résurrection
4.3.3 - Rôle du ministère chrétien dans l’église
5 - La prophétie. Rom.12:6 et 1 Cor.14:4
5.1 - Caractéristiques de la prophétie
5.2 - Contraste avec le parler en langues
5.3 - La vraie nature de l’action de prophétiser. Prophétiser aujourd’hui
6 - Le « ministère » ou « service »
6.3 - Relations de ceux qui ont un don avec les autres
6.3.1 - Pas de statut officiel. Soutenir les autres dons
6.3.2 - Combattre les combats de Christ, pas les nôtres
6.4 - Pas d’accréditation du don, mais liberté d’action
6.5 - Dons, ministères principaux. Ils viennent du Seigneur
6.6 - Désignation du ministère
6.7 - Qualités et insuffisances des serviteurs. Les critiques
6.8 - Parole facile ou puissance spirituelle
6.9 - Initiation au ministère, ordination
6.9.2 - Actes 13 ne décrit pas une ordination
6.9.3 - Paul, apôtre « ni de la part des hommes ni par l’homme » (Galates 1)
6.9.4 - L’expression de la communion. L’imposition des mains
6.9.5 - Actes 13: L’ordination serait invalide si c’en était une
6.9.6 - L’imposition des mains d’Actes 13 n’a rien conféré
6.9.7 - Pierre faisant baptiser par autrui (Actes 2 et 10) : une négation du principe du clergé
6.9.8 - Comment se fait le choix d’un ministre (serviteur ayant un don)
6.9.9 - Le principe du clergé est contraire à l’autorité de Christ et à l’action du Saint Esprit
6.10 - Esprit de parti. Place des dons plus grands
6.11 - Soutien matériel et financier du ministère
6.12 - Danger de l’appât du gain et de faire cas des honneurs du monde
7.2 - Qui choisit et nomme les anciens ? Y en a-t-il aujourd’hui ?
7.3 - Pourquoi l’Écriture ne dit pas comment avoir des anciens aujourd’hui ?
7.4 - Des hommes à la tête parmi les frères : un don de grâce
7.5 - Ceux qu’on appelle « le ministre ». Pas de ministère unique dans l’Écriture
7.6 - La voie laissée par Dieu selon Sa Parole
Romains 12:6-8
« Or ayant des dons de grâce différents, selon la grâce qui nous a été donnée, soit la prophétie, [prophétisons] selon la proportion de la foi ; soit le ministère (ou : service), [soyons occupés] du ministère (ou : service) ; soit celui qui enseigne, [qu’il s’applique] à l’enseignement ; soit celui qui exhorte, à l’exhortation ; celui qui donne (ou : distribue), [qu’il le fasse] en simplicité ; celui qui est à la tête, [qu’il conduise] soigneusement ; celui qui exerce la miséricorde, [qu’il le fasse] joyeusement ».
Note Bibliquest : J.N.Darby traduit « service » là où W.Kelly traduit « ministère ». — W.Kelly utilise une ponctuation et des mots un peu différents dans « Occasional lectures », mais il revient à ce texte dans ses « Notes sur l’épître aux Romains ».
C’est intentionnellement que j’ai pris un passage tiré d’une épître qui nous est familière à tous, et où les dons sont mis en avant sans pour autant n’être que de simples signes pour le monde, ni inversement avoir le caractère de dons servant à établir les fondements et limités aux premiers jours de l’église sur la terre. En tout cas, les apôtres ne sont pas nommés dans la liste des dons de ce chapitre. Il est ainsi évident que notre liste diffère des deux côtés (soit qu’on regarde au monde comme la sphère des manifestations remarquables de la puissance de Dieu [1 Cor.12], soit qu’on regarde à l’église et à ce qui lui était spécialement nécessaire en vue de son établissement initial sur la terre [Éph.4]) et la raison en est que le but ici est différent de celui de 1 Cor. 12 ou d’Éph. 4. Nous avons ici [Rom.12] ce qui est appelé le ministère ordinaire requis pour le bien des saints, plutôt que la manifestation de la puissance de Dieu dans l’homme par l’Esprit en témoignage du Seigneur ressuscité [1 Cor.12], ou de l’amour de Christ pour Son corps dans sa plénitude [Éph.4], et en principe aussi jusqu’à l’achèvement de Son œuvre sur la terre. Au vu du passage que j’ai choisi, chacun verra que mon but est essentiellement pratique. Il s’agit de chercher simplement et honnêtement, sous le regard de Dieu, la vraie nature du ministère chrétien, — du ministère tel que nous avons besoin de le connaître et de le voir s’exercer librement parmi nous, — tel que nous devrions le reconnaître, si nous voulons être trouvés fidèles comme enfants de Dieu en présence d’une si grande bénédiction.
Vous allez voir qu’il est admis ici que le ministère chrétien est une institution permanente (j’espère qu’il n’est pas nécessaire de le prouver spécialement, ici maintenant). On est d’accord qu’avant la fin de l’œuvre de Dieu ici-bas telle qu’on la connaît maintenant dans le christianisme, il n’a pas été prévu que le ministère chrétien soit retiré (non pas le ministère sous toutes ses formes, mais le ministère dans sa substance et dans sa nature essentielle comme donné dès le commencement). Nous n’allons pas entrer dans des questions de curiosité sur ce qui a précédé le christianisme, ni nous occuper de ce qui suivra le christianisme après qu’il aura accompli son œuvre puissante. Pour le moment, je m’en tiendrai — et c’est sur cela que je voudrais attirer votre attention — à ce qui est lié à notre position permanente de privilège et de devoir journalier. Ceci simplifiera grandement le sujet, et en même temps il est évident que cela concerne tous les chrétiens.
Je définis donc le ministère chrétien selon la Parole de Dieu comme étant l’exercice d’un don spirituel. Le ministère dans (ou : de) la parole est l’exercice d’un don qui a la Parole pour sujet. Il englobe sans doute différentes sphères, mais il amène la Parole de Dieu à peser sur les âmes, qu’elles soient converties ou non. Il faut bien reconnaître, quand nous regardons aux convertis, que le ministère n’a pas du tout le même caractère de simplicité que l’évangile adressé aux inconvertis. Si on divise donc le ministère chrétien de la parole en deux grands domaines, à savoir vis-à-vis du monde d’un côté, et vis-à-vis de l’église ou corps chrétien de l’autre, il est clair que le ministère vis-à-vis du monde se résume à évangéliser et à proclamer l’évangile de la grâce de Dieu aux hommes, tandis que le ministère vis-à-vis de l’église est beaucoup plus varié et complexe. Il nous faut faire place ici à des distinctions de grande importance.
Que l’évangile de la grâce de Dieu aux hommes et le ministère vis-à-vis de l’église soient les deux grands domaines du ministère de la Parole de Dieu, peu de chrétiens voudront le remettre en question, ni exiger de longues preuves : cela va de soi. Ainsi la Parole de Dieu est parfaitement claire pour ce qui regarde l’évangélisation. Notre Seigneur, avant de quitter ce monde, donna l’instruction à Ses serviteurs de prêcher l’évangile à toute créature ; Il leur a dit d’aller et de faire disciples toutes les nations — les Gentils, « les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » (Matt. 28:19). Il leur commanda de proclamer la repentance et la rémission des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem (Luc 24:47). Il les chargea d’aller dans tout le monde et de prêcher l’évangile à toute la création (Marc 16:15). N’est-il pas évident que c’était là le ministère vis-à-vis de ceux du dehors, et qu’il a pour but de faire connaître le nom de Dieu, tel que pleinement révélé maintenant dans le christianisme, et la bonne nouvelle de la rédemption à toute créature qu’ils pouvaient atteindre ? En conséquence de cela, on voit les apôtres parmi les plus éminents de Ses serviteurs. Pierre prêche le jour de la Pentecôte aux milliers qui se rassemblèrent à la suite du signe étonnant de l’envoi et de la descente du Saint Esprit du ciel (Actes 2). Ceci arrêta l’attention de tout le monde ; les gens affluèrent pour savoir ce qu’était ce miracle, et l’apôtre Pierre en donna l’explication d’après les prophètes Juifs et les Psaumes. Mais il fit plus que cela. Il prêcha la bonne nouvelle. Il leur montra le chemin pour être sauvé ; il présenta Jésus comme le seul et unique moyen possible pour un homme pécheur, s’adressant bien sûr alors aux hommes de Judée et d’Israël. Il s’adressait à ceux qui s’étaient rassemblés à ce moment-là pour la grande fête de la Pentecôte — des étrangers de toutes les nations, mais Juifs quand même, à qui il présenta Jésus comme le Messie (par-dessus tout Sa mort et Sa croix, Sa résurrection et Son ascension) fait Seigneur et Christ. Car tous ces sujets, et plus encore, nous sont présentés d’une manière ou d’une autre, et constituent en substance la même grande vérité de Son rejet par Israël et de Son exaltation par Dieu, — bien qu’il soit clair que le sujet dans son ensemble est le témoignage rendu à Jésus, et a donc une portée bien plus vaste que simplement le chemin du pécheur pour être amené à Dieu.
Dans la prédication, il faut
éviter des distinctions trop évoluées. Il est sage d’être direct, simple et
complet, en insistant avec ferveur sur les grands faits relatifs à Christ et à
la rédemption. Parmi les enfants de Dieu, il peut être tout à fait désirable de
souligner les différents éclairages et nuances de la vérité de Dieu ; mais
à mon avis, finasser quand on évangélise altère le message de la grâce divine.
Autant Dieu est simple dans Sa manière d’agir avec les âmes, autant nous devons
l’être, nous comme serviteurs, ne cherchant pas à plaire aux hommes ni à
nous-même. Le même apôtre Paul qui a été inspiré pour nous faire entrer dans
toutes les hauteurs et les profondeurs des conseils et des voies de Dieu
lorsqu’il aidait les enfants de Dieu à progresser, dans le livre des Actes on le
voit s’abaisser à un évangile tellement simple que beaucoup de prédicateurs ne
penseraient guère à l’annoncer ainsi. Il prend position sur les faits
relatifs à Christ, Sa mort et Sa résurrection ; mais il veille aussi à
s’occuper des gens dans l’état exact où ils sont.
Dans le cas des païens des nations, Paul (Actes 14) leur cite la pluie du ciel et les saisons fertiles comme des témoignages de la bonté de Dieu, à l’inverse des démons divinisés dégradants et égoïstes, et alors même que la marche des nations selon leurs propres voies était tolérée. Cela suffisait pour parler de la bienveillance de Celui qui leur envoyait maintenant la bonne nouvelle de Jésus. Car il ne faut pas supposer que tout nous est raconté, mais la sagesse divine a seulement insisté sur quelques points ; les besoins du cœur du pécheur ne peuvent pas être satisfaits par la pluie des cieux ; et maintenant non plus, une âme ne peut être satisfaite par de la bonté présente rencontrée dans ce monde, si riche soit-elle, et elle le peut encore moins en face de Dieu et de l’éternité. Il est néanmoins salutaire et important de noter comment l’apôtre relève les pauvres païens, et à partir de ce qui était devant leurs yeux, ou dans leurs consciences, il leur présente le témoignage rendu à une puissance infiniment supérieure à la créature. Pour un païen qui n’avait pas la parole écrite, l’analogie des soins de Dieu pour le corps était un argument de poids à partir duquel on pouvait commencer à dire l’amour de Dieu pour l’âme, puis toute l’histoire de la grâce divine. À mon avis il y autant de sagesse que de simplicité dans une pareille méthode, et nous ferions bien de la cultiver.
Le même apôtre Paul lorsqu’il parlait aux Juifs, n’abordait pas la question de la création extérieure, ni celle de la nature de l’homme ici-bas qui oublie sa vraie dignité (Actes 14 ; fin du ch. 17). Il les ramène à l’Ancien Testament (Actes 13 ; début du ch.17), leur montre le Messie, Sa mort, Sa résurrection et Son royaume comme requis à cause de la Parole de Dieu qui leur était si familière ; et il les compare alors aux faits de la vie et de la mort du Seigneur Jésus comme la seule réponse à ce à quoi la Loi, les Psaumes et les Prophètes nous ont préparés. Tout cela montre clairement l’unicité du but en vue, et par conséquent la combinaison de profondeur et de clarté dans la présentation qu’on trouve dans l’Écriture. Car c’est une erreur de croire que les enseignements les plus profonds sont nécessairement les plus ardus à comprendre. C’est l’inverse qui était vrai dans le cas de l’apôtre.
Quand les gens sont imparfaitement instruits, ils sont enclins à rester vaseux dans leurs pensées et leurs paroles, et ils s’imaginent souvent que, du fait qu’ils sont difficiles à comprendre, c’est qu’ils sont très profonds. En vérité, quand la vérité est connue avec certitude, on arrive à être simple ; et en général quand il y a de la puissance pour l’exprimer, les auditeurs s’en rendent compte. La réelle profondeur dépend de la puissance spirituelle et de la qualité de relation avec Dieu. Si quelqu’un entre réellement dans ce que Dieu est, tel que révélé dans la glorieuse personne de Son Fils le Seigneur Jésus Christ, et dans Son œuvre et dans Sa position, il est impensable qu’il n’en ressorte pas ce qui est de Dieu, au-dessus des pensées de la chair et du sang. Ordinairement toutefois, plus l’intimité avec Dieu est grande, plus il y a de simplicité chez l’homme ; et même si la simplicité peut parfaitement s’accorder avec la profondeur, il faut se rappeler que la profondeur est quelque chose de très différent de l’obscurité.
Les apôtres n’étaient pas embrouillés, mais clairs et nets. Leur manière était directe, personnelle, positive. Ils avaient devant leurs âmes la vérité extrêmement importante de la part de Dieu pour l’homme, et ils le voyaient nettement. Ils avaient la conviction la plus profonde de la ruine de l’homme et de la grâce de Dieu ; ils avaient devant leurs yeux en pleine lumière et toute clarté qui est Jésus, ce que le Rejeté par les hommes a fait et a souffert en expiation, et ce que Dieu pouvait faire, voulait faire, et a fait pour de pauvres pécheurs par Christ le Seigneur. C’est ce qui formait le sujet principal de leur enseignement. Voilà l’évangile. C’est la bonne nouvelle d’un Sauveur, et plus particulièrement de Celui qui a été manifesté dans l’œuvre si puissante, la seule qui pouvait répondre aux besoins du pécheur, et qui y a répondu pleinement et effectivement, — l’œuvre de la rédemption.
Or ceci clarifie les choses tout de suite. Il y a en tout premier lieu le ministère de l’évangile, puis ensuite celui de l’église. Nous allons maintenant considérer le ministère de l’église : il y en a beaucoup de sortes. Prenez par exemple ce que nous avons dans les versets que nous avons lus (Rom.12) : « Or ayant des dons de grâce différents, selon la grâce qui nous a été donnée, soit la prophétie, [prophétisons] selon la proportion de la foi ; soit le ministère (ou : service), [soyons occupés] du ministère (ou : service) ; soit celui qui enseigne, [qu’il s’applique] à l’enseignement ; soit celui qui exhorte, à l’exhortation ; celui qui donne (ou : distribue), [qu’il le fasse] en simplicité ; celui qui est à la tête, [qu’il conduise] soigneusement ; celui qui exerce la miséricorde, [qu’il le fasse] joyeusement ».
Quiconque réfléchit voit que ce n’est pas du tout la manière dont l’homme aurait écrit au sujet du ministère chrétien. Est-ce exagéré de dire que personne au monde, absolument personne dans le monde entier, n’aurait écrit de lui-même comme l’apôtre le fait ici ? Et s’il en est ainsi, n’est-ce pas pour notre instruction ? Ne vaut-il pas la peine de noter qu’au moment où il introduit le plus haut caractère du ministère chrétien, par exemple prophétiser, voilà qu’il introduit en même temps l’exhortation ; et de nouveau il mélange à cela une sorte de ministère qui n’a pas à faire directement avec l’instruction publique dans la Parole, et qui néanmoins est appelé positivement « ministère » ; et encore une fois, il leur ajoute quelque chose de différent de tout le reste, la fonction d’être à la tête, ou de prendre la direction. Beaucoup de chrétiens semblent être très effrayés à la pensée d’être à la tête. Ils ont un soin jaloux qui leur fait craindre des compromis avec ce qu’ils considèrent être les principes scripturaires des chrétiens. Or ils feraient mieux de faire table rase de tous les principes qui ne peuvent tenir devant la Parole de Dieu. Ils feraient mieux de se confier simplement et pleinement dans ce que Dieu a donné et révélé. Soyez assurés que le Seigneur sait comment maintenir fermes des principes pour nous, bien mieux que nous pour Lui. Il classe le fait d’être à la tête dans la même lignée que les autres formes de ministère. Cela devrait suffire pour le croyant. Ce n’est nullement rattaché à une autorité qui n’existe plus.
Mais il y a un autre point sur lequel je voudrais attirer votre attention. Donner est une sorte de ministère, souvent déficient, — non pas recevoir, mais donner. Exercer la miséricorde est un autre don. Ce sont là deux sortes de ministère, tous les deux admirables. En même temps il est certain que ce ne sont pas des formes de ministère que les hommes seraient enclins à associer à la prophétie et au fait d’être à la tête : personne n’aurait pensé à pareille association. Que faut-il déduire de tout cela ? Au moins ceci, je pense : que Dieu est beaucoup plus grand, simple et vrai, que nous ne sommes — et qu’un grand nombre de services que nous n’appellerions pas ministère et qui ne sont pas du tout considérés en général comme des dons, Dieu les compte comme faisant partie des œuvres merveilleuses qu’Il accomplit dans l’église. Ne devons-nous pas alors être guidé dans ces choses par la Parole de Dieu ?
Ceci m’amène à un principe
important sur lequel je désire insister, et que je désire toujours tenir fermement,
et exhorter les autres à son sujet : c’est que le ministère n’est pas une
simple qualification naturelle ; et qu’aucune capacité d’aucune personne
ne constitue la force du ministère. Le ministère dépend toujours d’un don
positif du Seigneur. Suis-je en train de dire qu’il faut mettre de côté les
capacités naturelles ou les qualifications acquises, spécialement depuis que
nous sommes devenus chrétiens ? Nullement. C’est autant une erreur de
confondre don et qualification, que de nier tout effet de la qualification sur
le don. Croyons ces deux aspects de la vérité, mais maintenons, selon la Parole
de Dieu, que le don en lui-même est entièrement distinct des qualités qui par
ailleurs sont pourtant nécessaires à l’exercice du don. Le Seigneur a Lui-même fait
ressortir cela dans une parabole remarquable (Matt. 25:14-30) sur laquelle on
peut s’arrêter quelque peu, parce que le sujet y est traité de manière si
décisive qu’on voit mal comment échapper valablement à sa force. Nous y
apprenons que Christ était comme un homme voyageant dans un pays éloigné et qui
appelle ses serviteurs pour leur confier ses biens. Il ne s’agit pas simplement
de Dieu qui, dans Sa condescendance, fait usage de nos
biens, ce qui est
tout à fait vrai par ailleurs. On sait bien que le
Seigneur agit ainsi, mais ce n’est pas le sujet de cette parabole. Le Seigneur
confie Ses
biens à ces serviteurs. C’est après être monté au ciel. Car
Son pays, selon le langage de l’évangile de Matthieu, est la terre d’Israël. Il
est considéré comme l’Éternel-Messie dès le ch. 1. La
Palestine était donc Son pays. Du point de vue de cet évangile, le pays éloigné
est donc le ciel. Comme Il s’en allait, Il leur confie Ses biens, « et à
l’un il donna cinq talents, et à un autre deux, et à un autre un, — à chacun
selon sa capacité ». Deux choses sont nettement distinguées ici. La
capacité des serviteurs est reconnue à sa place, mais de l’autre côté, les
biens de Christ sont encore plus manifestes. En bref, le Seigneur ne donne pas
la même sorte de dons à Ses différents serviteurs. Qui a jamais vu deux hommes
avoir le même don ? Bien loin de combattre leurs différences, cela me
semble en belle harmonie avec le christianisme, et l’importance pratique en est
immense. Tout serviteur du Seigneur a un don en rapport avec sa propre
capacité ; et par suite, comme il y a des différences de capacité chez les
serviteurs, ainsi aussi les dons diffèrent ? Ainsi par exemple, même si le
Seigneur donne le don d’évangéliser à beaucoup (et Il le fait effectivement),
ils ne le reçoivent pas sous la même forme ni dans la même mesure. Chaque
évangéliste a sa propre ligne de travail quand il présente la vérité, selon son
don particulier. Y a-t-il là quelque chose de fautif ? C’est bien plutôt
une occasion supplémentaire de rendre grâces à Dieu. Combien il est misérable
quand le ministère d’un homme se calque sur celui d’un autre. Je vous assure
que c’est la tendance constante des esprits étroits. Ils se construisent un
idéal devant eux, — ceci est bien, ceci est mal, ceci est indifférent — ils ont
des favoris devant eux, et ils jugent tout le monde d’après ces favoris, et ils
voudraient que tout le monde se conforme à eux. Leur norme pour l’église et
pour ceux qui exercent le ministère ressemble à un régiment de soldats ayant
tous la même taille, ou de taille aussi proche que possible, et ayant
strictement le même habit et occupés au même exercice. Or ceci ne correspond
malheureusement pas du tout à la volonté du Seigneur qui ne donne jamais le
même don au même degré ou sur le même mode, mais à chacun comme il Lui plait.
Le travail correct dans le ministère de Christ, dépend de ceci :
« ayant des dons de grâce différents
» (12:6), et la suite du
passage mentionne les diverses formes. Ceci est si vrai que même si les dons
ont le même objectif, cependant on trouvera que chacun d’eux, — évangélistes,
pasteurs, docteurs — ont leur propre individualité comme serviteurs du
Seigneur. Ils ont tous leur propre capacité, à laquelle la grâce adapte le don
du Seigneur Jésus ; car Son don est évidemment approprié au vase
particulier où il est placé. Ceci a une grande portée pour le propos de Dieu
dans l’église, sur lequel je reviendrai un peu quand nous verrons comment il a
été perverti et comment on en a abusé. Car l’homme a toujours tendance en toute
circonstance, à empiéter sur l’œuvre bénie que l’Esprit de Dieu voudrait
poursuivre pour la gloire de Christ, ou à l’entraver ou à l’endommager. Je me
borne ici à signaler le principe général.
On a vu qu’il ne faut pas confondre le don et la capacité ; qu’il ne faut pas nier la capacité sous prétexte du don ; que les deux choses vont parfaitement ensemble, et que notre Seigneur Lui-même est l’autorité à l’égard des deux. Notre Seigneur indique qu’Il donne Ses biens selon les différentes capacités de Ses serviteurs. Nous allons voir qu’il y a plus que cela, et que c’est un moyen de protection important à la fois contre l’incrédulité et le fanatisme ; mais mettons chaque chose à sa place.
Le premier élément sur lequel je voudrais insister quant au ministère de la Parole est qu’il y a « des dons de grâce différents selon la grâce qui nous a été donnée ». Ce n’est donc pas selon l’éducation de l’homme, ni d’après la volonté d’autrui. Les papes et les protecteurs, les prélats et les congrégations n’ont pas droit à la parole dans l’Écriture en ce qui concerne le ministère de la Parole. Le droit du ministère dérive directement et immédiatement de Celui qui est infiniment au-dessus d’eux tous. Quant à la source du don, tout dépend du Donateur. Cela a une grande importance. Le don vient de Christ, et de Christ seul, — non pas de l’église en tout ou partie. Et l’église n’est pas censée donner son approbation formelle à ce qui vient du Seigneur Christ, comme s’Il avait besoin de sa contre-signature.
En outre, ce principe décide la place du ministère chrétien d’une autre manière ; car à proprement parler, le ministère chrétien commence avec l’ascension de Christ au ciel. Il avait désigné les apôtres tandis qu’Il était sur la terre ; Il a envoyé un dernier message à Israël par le moyen des 70 personnes ; mais le même Nouveau Testament qui nous relate ces faits, déclare qu’une fois monté en haut, Il a donné des dons. Les deux faits sont vrais. Il ne faut pas les opposer l’un à l’autre comme le fait l’incrédulité, même si l’ignorance remplie de bonnes intentions le fait aussi quelquefois. Si nous ne savons pas, il nous faut chercher à savoir ; car l’ignorance dans les choses divines expose souvent les âmes aux assauts et à l’influence de l’incrédulité. Bien que ce soit loin d’être la même chose, il nous faut garder présent à l’esprit que l’ignorance de la pensée de Dieu expose aux invasions de l’ennemi qui en prend avantage.
Quoi qu’il en soit, nous voyons quel genre de place a le ministère chrétien. Il commence quand Christ en a fini avec la terre, à la suite de l’accomplissement de la rédemption. Il est descendu sur la terre, mais c’était pour tester l’homme. Comme homme, Il a vécu parmi les hommes ici-bas, manifestant le Père au milieu des ténèbres ; mais il a été prouvé avec toutes les certitudes possibles, que l’homme ne voulait pas de Lui, et L’a même haï, Lui et le Père (Jean 15:24). Cela a abouti à la croix. Ressuscité des morts, Il a agi en puissance, — non pas simplement en témoignage, mais en témoignage efficace ; non pas seulement en puissance sur les corps, mais dans une énergie opérant une pleine délivrance, d’abord pour l’âme, puis bientôt pour le corps, le rendant conforme à Lui-même dans la gloire de la résurrection. Entre temps, exalté en haut, Il opère par l’Esprit de Dieu envoyé ici-bas pour maintenir Sa gloire et pour que Sa grâce opère. Pour que la pratique suive effectivement, Il donne des dons comme il Lui plait, et ces dons constituent la base du vrai ministère chrétien. Une fois ressuscité des morts, Il a commencé quelque chose de nouveau, comme Il est dit : « Lui qui est le commencement, le premier-né d’entre les morts » (Col. 1:18). À la droite de Dieu, Il inaugure une œuvre entièrement nouvelle, en rapport avec laquelle Il fournit des instruments nouveaux et adaptés. L’action de ceux-ci, c’est le ministère.
La première partie de ce service du Seigneur est de s’occuper des hommes par le moyen de la Parole, attirant leur attention et les tirant du monde vers Dieu, par Son nom. Mais une fois les âmes converties, la plus grande partie de l’œuvre chrétienne reste à faire. Certes elles sont vivifiées, mais elles ont juste franchi le seuil de la bénédiction divine. Il ne s’agit pas de douter de la réalité de cette bénédiction, ni de la mésestimer. Que Dieu nous garde de dévaloriser la nouvelle naissance ! Ces personnes ont Christ pour leur vie, mais combien elles ont à apprendre de Celui qu’elles possèdent désormais ! C’est pourquoi le travail principal du ministère chrétien dans l’église est de conduire ces convertis, tandis qu’ils traversent ce monde, dans une connaissance pratique toujours plus profonde de Christ, les amenant à trouver des délices toujours plus grands en Lui et dans Sa gloire, et les aidant à appliquer la vérité (qui ne se trouve en plénitude qu’en Lui) à toutes les difficultés aussi bien qu’à tous les devoirs et aux buts énergiques de Son amour. D’où le besoin de formes variées du ministère chrétien pour qu’il puisse s’exercer pleinement ; c’est ce que nous voyons dans le passage que nous avons lu en Rom.12.
L’apôtre commence par la prophétie. C’est en effet le caractère le plus élevé de l’instruction que Dieu donne. La prophétie n’est pas nécessairement prédictive. Les prophéties prédisent, mais ce n’est pas ce qui constitue la prophétie. D’un autre côté c’est une grande erreur de supposer que prophétiser revient simplement à édifier les gens en général. Prophétiser édifie effectivement les gens d’une manière très importante, mais le verset auquel je me réfère en 1 Cor. 14:4 n’est pas une définition de la prophétie, mais il en est une description ; c’est-à-dire qu’il ne nous dit pas ce qu’est le fait de prophétiser en soi ; mais il décrit ce qu’est le fait de prophétiser par comparaison et par contraste avec le parler en langues. Parler en langue n’édifie pas les gens, mais prophétiser les édifie. Néanmoins, il y en a beaucoup qui peuvent édifier sans prophétiser. Celui qui fortifie les âmes en les attachant à Christ et en faisant que Son amour leur soit mieux connu, édifie certainement les âmes, et c’est ce que fait celui qui exhorte ou qui enseigne bien. Mais tout cela ce n’est pas prophétiser ; prophétiser a pour but ce caractère de la vérité qui met la conscience de l’homme dans la présence de Dieu, et qui donne à l’âme la certitude que Sa pensée se trouve dans ce qui est exprimé, dévoilant et mettant à nu les pensées, les motifs, les sentiments, et tout le reste. Voilà ce qu’est la prophétie. Il peut y avoir, sans doute, quelque chose d’approchant ailleurs, mais c’est là sa force propre. Nous en voyons la preuve dans ce même ch. 14 de 1 Corinthiens.
Un étranger qui entre dans une assemblée chrétienne où tous parlent en langue va penser qu’ils sont fous (1 Cor. 14:23). Quel blâme pour les Corinthiens ! Avec un esprit très enfantin, ils raisonnaient d’une manière humaine à peu près de la manière suivante : « Si Dieu nous a donné des langues, nous devons nous en servir : or il n’y a aucune place aussi importante que l’assemblée chrétienne ; donc les langues doivent être utilisées dans l’assemblée chrétienne ». Penser un peu à Christ, avoir des sentiments corrects au sujet de l’église, voilà qui aurait suffi à les préserver de cette erreur. Comment ce parler en langues contribuait-il à la gloire du Seigneur Christ dans l’assemblée ? Comment édifiait-il ceux qui se rassemblaient au nom du Seigneur ? En rien, absolument rien. En conséquence s’ils avaient eu l’œil simple pour penser à Christ et à ceux qui sont de Christ, ils n’auraient jamais pensé à ce parler en langues. Ils s’écartaient par la source d’erreur la plus courante : ils pensaient à eux-mêmes et à leur propre importance. Ayant le don des langues, ils pensaient qu’ils avaient à l’utiliser parce qu’ils le désiraient. Qui pouvait les en empêcher ? Ce don n’était-il pas d’origine divine ? Nous voyons ainsi que c’était de l’indépendance d’action, qui ne manquait peut-être pas d’arguments humains relatifs à ce qui était leur devoir, mais sans l’appui explicite de la Parole de Dieu, et sans même ce sens instinctif de la vérité qui requiert une certaine spiritualité pour l’appliquer correctement. Ils marchaient à la manière humaine, et même comme des enfants ; ils étaient charnels, non pas spirituels ; ils raisonnaient au lieu de croire. Tout était de travers.
Ceci conduit l’apôtre à supposer un autre cas (1 Cor.14:24-25). Soit une personne entrant dans l’assemblée et elle les écoute alors qu’ils ne sont pas en train de parler une langue que personne ne peut comprendre, mais ils sont en train de prophétiser : quel résultat différent ! Alors tous les secrets des cœurs sont révélés, et l’effet sur la personne ignorante, voire incroyante, serait qu’elle tombe sur sa face en confessant que Dieu est véritablement parmi eux. Dans ce cas la conscience de cette personne aurait rencontré Dieu par la Parole amenée ainsi à peser sur elle.
Il faut nous rappeler qu’en ces jours-là les chrétiens étaient entourés de païens et de Juifs ; les uns avaient été élevés au milieu des insanités de beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs (1 Cor. 8:5), en dessous même des consciences humaines, au lieu d’être au-dessus ; les autres habitués aux discours moraux les plus froids et secs possible sur la loi et les prophètes. Quel changement pour eux de voir le vrai Dieu mis en contact avec le cœur de l’homme et avec sa conscience ! L’effet était immense sur eux, spécialement sur les pauvres Gentils. C’était donc bien à juste titre qu’une telle personne tombait prosternée devant le Dieu vivant et vrai qui agissait d’une pareille manière avec les secrets de son cœur. Mais ceci montre la vraie nature de l’action de prophétiser. Il ne s’agit pas de prédire un événement qu’il faut attendre, et de voir s’il arrive ; ce n’est pas là la prophétie dont l’apôtre parle. Prophétiser s’applique au futur dans certaines circonstances particulières — non pas qu’on s’attende maintenant à quelque chose ayant ce caractère : je ne crois pas qu’une personne prédisant des choses maintenant, relèverait de l’action du Saint Esprit, pour la simple raison que les prédictions importantes pour Dieu et les hommes ont déjà été données dans la Parole écrite. Mais il reste l’autre sens de prophétiser, à savoir apporter la vérité de Dieu de manière à ce qu’elle opère sur la conscience de l’homme, et lui donne la pleine conviction que c’est Dieu qui lui parle par un homme. Je ne vois pas de raison de douter que Dieu ne l’accorde encore, dans une faible mesure peut-être, et dans des cas rares ; mais quand même, le principe reste vrai, je ne peux en douter, et cela ne manquera pas tant que Dieu aura une œuvre et un témoignage sur cette terre.
Ensuite nous trouvons ce qui est appelé ici « ministère » [ou : « service » dans la version JND], et par ministère je comprends que cela veut dire le service des saints — avoir de l’intérêt pour eux dans leurs difficultés, leurs pièges, leurs douleurs, leurs épreuves et ce qui leur manque, avec de la bienveillance et de l’amour et du renoncement. Il ne s’agit pas de prêcher ni d’enseigner, mais d’aider les saints autrement. Ceci est considéré comme un don réel. Ne ressentez-vous pas et ne connaissez-vous pas des gens qui enseignent admirablement, mais vers qui vous ne penseriez pas à aller en cas de situation critique ? Je suis sûr qu’il y en a passablement qui sont capables de prêcher et enseigner, et pourtant ils n’ont pas cette sorte de puissance spirituelle nécessaire pour donner des conseils en cas de trouble ou de difficulté. Tout concentrer sur une personne fait partie de l’état déchu de l’église, et d’un autre côté ce n’est pas manquer de respect que de reconnaître chacun selon ce qui lui a été donné d’en haut. Seule l’Écriture donne la vérité certaine, et approuve la bonne personne à la bonne place.
Demandera-t-on comment la réalité de ces dons peut être connue ? Ne peut-on pas faire erreur, soit par vanité chez ceux qui ont des prétentions dépassant leur mesure, soit par orgueil chez ceux qui refusent de reconnaître et contrecarrent ce qui éclipse leur propre importance ? Je réponds que tout ce qui est bon dans les choses divines est par le Saint Esprit, par qui Dieu décide de ces difficultés pour nous. Sans aucun doute des préjugés peuvent faire obstacle pendant un temps ; mais ceux qui connaissent Dieu peuvent Lui faire confiance pour faire savoir comment Il voudrait que nous servions le Seigneur, ou à qui nous devrions regarder pour avoir un secours d’amour dans les choses trop difficiles pour nous. La puissance de l’Esprit, de toute manière, se démontre par elle-même, spécialement quand les âmes sont habituées à tout tester par la Parole de Dieu, ce que le chrétien et l’église devraient toujours faire. S’il n’y avait pas le Saint Esprit dans le chrétien et dans l’assemblée, la difficulté serait insurmontable. L’objection a un poids exactement proportionnel à l’incrédulité de l’objecteur quant à la réalité de la présence du Saint Esprit et de Sa direction de grâce. Or, hélas ! c’est justement le péché caractéristique de la chrétienté. Mais l’Esprit est ici pour prendre soin des saints de Dieu, pour les amener à adorer et pour les diriger dans le service. Manque-t-Il à Sa tâche ? Jamais quand la foi est à l’œuvre. Il est bien naturel que l’incrédulité ne puisse pas voir comment ces choses peuvent se faire. C’est la fonction du Saint Esprit de glorifier le Seigneur en tout, mais spécialement en ce qui concerne le témoignage public, par le moyen de ceux à qui Il a donné des dons pour le bien général.
Le don alors, quelle qu’en soit la sorte, ne confère aucun statut officiel, ni aucun nom honorifique, mais c’est une puissance réelle que Christ donne par l’Esprit, et elle est prouvée par la pratique, selon que la conscience guidée par la Parole écrite le reconnaît ; et ceci est aussi vrai dans le « ministère » ou service des saints, que dans le fait de prophétiser ou n’importe quoi d’autre. La différence principale est que le « ministère », dans ce sens, peut ne pas être public du tout, tandis que prophétiser dans le cas de l’homme l’est, bien sûr. Ceux qui s’occupent de prédication ou d’enseignement peuvent évidemment avoir en outre ce don de « ministère ». Je suis persuadé que certains l’ont de manière très éminente ; or il est toujours bon de donner toute son envergure au don, et de donner la plus grande valeur à ce qu’on ne possède pas soi-même. La grâce se plait à honorer les autres. Et soyez assurés que le Seigneur voudrait que nous cultivions davantage ce sentiment. C’est toujours heureux quand ceux qui prêchent ou enseignent sont ardents à maintenir la place et la valeur de ceux qui ne le font pas, et quand ceux qui ont d’autres dons, comme servir ou être à la tête, se lèvent en faveur de ceux qui prêchent et enseignent. « Car de même que le corps est un et qu’il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres ; et nous avons tous été abreuvés pour [l’unité d’]un seul Esprit. Car aussi le corps n’est pas un seul membre, mais plusieurs. Si le pied disait : Parce que je ne suis pas main, je ne suis pas du corps, est-ce qu’à cause de cela il n’est pas du corps ? Et si l’oreille disait : Parce que je ne suis pas oeil, je ne suis pas du corps, est-ce qu’à cause de cela elle n’est pas du corps ? Si le corps tout entier était oeil, où serait l’ouïe ? Si tout était ouïe, où serait l’odorat ? Mais maintenant, Dieu a placé les membres, — chacun d’eux, — dans le corps, comme il l’a voulu. Or, si tous étaient un seul membre, où serait le corps ? Mais maintenant les membres sont plusieurs, mais le corps, un » (1 Cor. 12:12-20).
C’est de cette manière que Dieu opère pour souder tous ensemble par Son Esprit. Il n’est pas un système de classes où chacun est jaloux de l’autre. Tout cela se trouvait abondamment dans le paganisme, voire dans le Judaïsme, mais il n’en est pas ainsi dans le christianisme. Il y a des dons différents (Rom. 12:6), et chaque serviteur de Christ doit maintenir ceux des autres, faisant confiance au Seigneur quant à son propre don ; car il n’y a rien de plus indigne pour un ministre [serviteur] chrétien que de combattre pour lui-même sous le prétexte de l’honneur de Christ. Il arrive que des hommes excellents défaillent sur ce point, par la fausse notion de ne pas permettre à un don du Seigneur d’être méprisé.
Tout ceci est bien ; mais suis-je le mieux placé pour voir ce qui en est de mon propre cas ? ou faut-il que j’excite ou remue les autres en ma faveur ?
Il est clair qu’il y a toujours beaucoup de mal en cours d’action ; mais en règle générale, la vraie sagesse si vous êtes mal traités, c’est de se courber paisiblement, et s’il le faut, de combattre les combats de l’Éternel, se confiant en Lui pour embrasser votre cause, mais en aucun cas de combattre vos propres batailles. Vous pouvez l’avoir fait ; peut-être l’avons-nous tous fait ; mais dans de tels cas, n’avons-nous pas appris que la route est sombre, et que ce n’est pas ainsi que nous pouvons gagner la victoire qui brillera à la louange de Jésus en Son jour ? Votre défense provoque l’agression, et aussi longtemps que vous vous défendez vous-même, vous aurez non seulement une personne, mais beaucoup qui vous suspecteront et s’opposeront à vous, en raison même de ce que vous vous défendez.
Telle est la nature humaine, et les enfants de Dieu n’y échappent pas. Le chemin de la foi donne des délivrances par rapport à ces difficultés, malgré les siennes propres, et le Seigneur montre la suffisance de Sa grâce dans ce chemin. C’est pourquoi remettez-Lui ces affaires. Notre affaire est de combattre Ses batailles, non pas les nôtres, — à veiller aux choses des autres qui sont réellement les affaires de Jésus Christ, non pas les nôtres.
Retournons donc au grand sujet qui est devant nous. « Ayant des dons de grâce différents » ne veut pas dire faire grand cas de ses propres dons, ou de ceux qui acceptent des vues particulières sur tel ou tel point de caractère externe — c’est là un signe certain de l’esprit de parti. Dans l’église de Dieu, en vue de la pleine bénédiction de la foi, le Seigneur donne des dons avec des mesures variées, et des différences de genre et de but. C’est pourquoi le devoir évident de tous les saints, et spécialement de Ses serviteurs, c’est de veiller à ce que rien de leur part, et rien qui soit accepté par les saints chez tel ou tel serviteur, n’empêche le libre et plein exercice de tout ce que le Seigneur a donné pour le bien de l’église ; car s’Il donne, c’est à nous de recevoir, et selon que nous apprécions Son amour et Son autorité, c’est à nous de tout recevoir à sa place, selon que Lui a tout établi dans l’assemblée. Telle est la base du ministère, et le vrai principe dont dépend son bon fonctionnement à Sa gloire.
Tout chrétien qui réfléchit se rendra compte combien cela clarifie énormément le chemin. L’église de Dieu n’est ni la source ni le canal du ministère. Sans parler du péché monstrueux d’accepter l’interférence du monde, ou d’accréditer une simple secte, qui, bien sûr, comme le monde, ne peut donner d’autorité que dans des limites circonscrites (car les sectes, comme les nations, sont jalouses les unes des autres, et ne se reconnaissent l’une l’autre que par politesse), les droits du Seigneur (la libre action de Son service en grâce dans toute l’assemblée de Dieu) sont ignorés tant par le monde que par les sectes, et il est impossible d’en tenir compte tant dans les sectes que dans le monde.
Mais si vous regardez maintenant à la scène la plus brillante et la plus belle que Dieu ait jamais fait sur la terre, à savoir Son église, le corps de Christ, il est tout à fait certain que le ministère n’a jamais trouvé sa source ni son autorisation dans l’église ; celles-ci viennent du Seigneur Jésus agissant par l’Esprit ; on peut facilement le prouver par la Parole de Dieu. C’est en effet une vérité d’importance capitale, et pourtant peu observée et à laquelle on se conforme peu, mais indispensable à tous les saints et par-dessus tout à tous ceux qui servent le Seigneur dans la Parole.
En premier lieu, il est clair d’après le passage de l’Écriture déjà cité (Éph. 4) que le Donateur des dons pour le ministère, c’est Christ. Si on dit que Christ n’est plus là, je réponds que c’était déjà le cas quand le ministère chrétien a commencé. Il n’y a pas de changement essentiel sur ce point ; car bien que le Seigneur ait choisi les apôtres et les autres (comme les 70 envoyés partout en Israël) avant que le christianisme proprement dit n’apparaisse parmi les hommes, il faut rappeler qu’avant l’ascension de Christ au ciel leur mission était exclusivement juive. Ils étaient des envoyés messianiques ne rendant témoignage qu’au royaume, non pas à la rédemption par Son sang, et encore moins à la position du chrétien ou à l’assemblée de Dieu ; et leur témoignage était accompagné de puissances spéciales, révoquées avant les souffrances du Seigneur (Luc 22:36).
Or mon sujet ce soir n’est pas le ministère juif, mais le ministère chrétien à la suite de ce que Jésus a pris place au ciel, comme Seigneur de tout et chef (tête) de l’église. Monté en haut, Il a donné des dons aux hommes (Éph 4:8). Les dons nommés en premier sont sans doute les plus importants : Il a donné certains comme apôtres. Le changement est si grand que la nomination antérieure est complètement omise ; même les apôtres sont établis sur un terrain nouveau et céleste. Mais Il a aussi donné d’autres comme prophètes, soit distincts des apôtres comme ici, ou associés à eux pour la fondation du nouvel édifice là où on retrouve ce même terme (Éph. 2:20). Il est dit ensuite qu’Il a donné certains comme évangélistes, c’est-à-dire qu’il s’agit d’individus spécialement aptes à répandre la bonne nouvelle à toute créature. Finalement, Il a donné des pasteurs et des docteurs (enseignants), c’est-à-dire des serviteurs qualifiés en privé et en public pour faire l’application de la vérité de Dieu, tant doctrinale que pratique, à Ses enfants. L’objectif de tout ceci est « pour le perfectionnement des saints », avec une nouvelle œuvre de ministère (*) en vue de l’édification du corps de Christ. Ainsi l’effet propre [du ministère], et la forme qu’ils prend, sont clairement établis.
(*) note Bibliquest : Éph.4:12. J.N.Darby traduit « pour l’œuvre du service, ».
Ceci est dès lors clair, et en même temps lourd de conséquence ; car la Parole de Dieu nous donne des certitudes quant au Donateur, et quant aux sortes de ministères les plus importantes, et en outre quant au but et à l’objectif. Ne pouvons-nous pas ajouter, sur la base du contexte, que cela implique la permanence du ministère chrétien, exprimée spécialement de manière à ne pas entrer en conflit avec l’attente constante de Christ, mais suffisamment quand même pour encourager la foi. Car si Christ a donné dans chaque cas « en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du ministère [ou : service], pour l’édification du corps de Christ », cela ne peut pas être suspendu et encore moins être arrêté et faire défaut — avant que toute la fin soit accomplie. Assurément le Seigneur ne meurt plus (Rom. 6:9). Il est mort une fois pour nous, béni soit Son nom ; mais cela a eu lieu avant Son ascension au ciel et avant qu’il devienne chef (tête) de l’église. Il est vivant à la droite de Dieu, et Il donne ces dons en tant que Source infaillible des ressources.
Voilà à nouveau un point excessivement important à considérer. Pour la foi, cela donne la réponse à toutes les questions posées. Supposons que le rassemblement ici soit vraiment représentatif de l’église sur la terre, même si c’est dans la faiblesse ; et quelqu’un commence à soulever la question : comment va-t-on désigner le ministère au milieu de nous, et comment distinguer ce qui est réel de ce qui n’est qu’une prétention ?
Ne faut-il pas regarder au Seigneur, et chercher dans Sa Parole ? Former nos propres pensées et nos propres théories, c’est bien naturel, mais humain, et c’est la manière sure d’être dans l’erreur. Le Seigneur nous a-t-Il laissé sans instruction ? Certainement pas. Celui qui a donné le don (lequel, quand il est exercé, constitue le ministère chrétien) opère secrètement à la fois dans l’âme des saints qu’Il voudrait édifier par Sa grâce et par la vérité, et dans l’âme du serviteur qui est travaillé et fortifié par le Saint Esprit d’une manière appropriée pour s’engager dans l’œuvre à laquelle il est appelé, quelle qu’elle soit. Combien nombreux et variés sont les exercices et les conflits entre le cœur et la conscience, entre l’amour pour le Seigneur et l’amour des âmes, entre la crainte de notre propre nature et peut-être la crainte des autres.
Je me rappelle, par exemple, le cas d’une personne pour laquelle il y avait eu ce genre de début de ministère de la Parole parmi les saints. Il se trouvait dans un rassemblement comme celui de ce soir, et la parole de Dieu s’imposait assez fortement à son esprit. Il était timide et ne désirait pas parler ; il craignait de faire une faute quant à la volonté du Seigneur en se levant, et il n’aimait pas risquer de paraître vouloir se mettre en avant. N’y avait-il pas de l’orgueil en cela ? Il recula réellement devant le qu’en-dira-t-on, et resta donc en retrait. Il y a quelquefois autant du moi à rester collé à sa chaise, qu’à être prompt à s’en lever. La chair peut être là dans les deux cas — la vanité de se mettre en avant, et l’orgueil qui recule de peur d’être estimé vaniteux. Les deux ne sont pas bons. Si l’on était plus simplement occupé du Seigneur, et si le cœur avait plus d’exercice d’amour pour chercher le bien des âmes, la plupart des ces difficultés disparaîtraient. Cependant il n’avait pas la foi pour se mettre en avant. La réunion commença. Le passage qui lui tenait si fortement à cœur fut justement lu par un autre. Alors il se sentit contraint de se lever, et se risqua à présenter hardiment la Parole de Dieu, qui se plut à faire pénétrer le message dans les cœurs et les consciences des enfants de Dieu présents. Cet incident fut utilisé pour lui enseigner à se confier dans le Seigneur, et à poursuivre paisiblement et en simplicité malgré l’opposition, les critiques et les obstacles — tout ce que l’ennemi excite partout où il y a un don de Christ en exercice dans Sa dépendance ; car assurément il ne laissera jamais en paix ceux qui sont réellement suscités par Dieu. L’ennemi ne harcèle pas là où règnent des plans naturels ou mondains, mais il sait passer au crible, contrecarrer et troubler là où on cherche à servir Christ. L’existence d’une telle opposition et de telles difficultés devrait plutôt rassurer et rejeter sur le Seigneur là où il y a la foi pour regarder à Lui et à Sa Parole.
Mais on demandera : « les croyants ne peuvent-ils pas se tromper ? » Certainement ils le peuvent, mais là où ils sont simplement réunis au nom du Seigneur, et instruits dans la Parole de Dieu, c’est plutôt une expérience critique pour un individu de se lever et de servir dans le ministère. On trouve partout la vanité et l’orgueil, et ils sont toujours mauvais ; mais il est sûr que l’endroit le plus difficile pour parler, c’est celui où la Parole de Dieu est réellement pesée et appliquée intelligemment. Celui qui n’a rien de la part de Dieu est bien sûr de se trouver là hors jeu ; et s’il y a une œuvre d’amour chrétienne manifeste, il est sûr d’être découragé, — ce qui ne veut pas dire que ce soit juste et que cela manifeste de la grâce d’être dur envers quelqu’un qui se trouve dans de telles circonstances. On est en effet toujours frappé de voir et triste d’entendre parler de certains qui sont prompts à être durs envers des serviteurs relativement jeunes et ardents, et encore plus envers des plus âgés qui se sont trouvés dans des conditions plus défavorables pour la connaissance et la liberté de servir. Faire de la critique acerbe contre des ouvriers dignes ayant une faible connaissance, me semble aussi mauvais que d’être timoré en présence des fautes de ceux qui devraient en savoir plus et mieux. Quand les personnes ont quelque expérience, on peut s’attendre à ce qu’elles aient de la patience ; et quand elles sont tout à fait fondées sur l’Écriture, elles peuvent bien traverser toutes les difficultés et supporter tout ce qui serait cruel et accablant pour de jeunes hommes. Il est en dessous de la dignité de ceux qui ont mûri dans les pensées de Dieu, d’être trop sensibles devant ceux qui sont enclins à poser des pierres d’achoppement, et à opposer des préjugés et des objections. Gardez à l’esprit, sur ce point, le langage du grand apôtre. Le premier signe d’un apôtre que Paul met en avant, c’est « toute patience » (2 Cor. 12:12). Si cela était un bel indice d’un envoyé extraordinaire de Christ, je suis sûr (pour d’autres raisons) que cela devrait accompagner partout tout vrai ministère. Plus vous avez conscience que le Seigneur vous met en avant, et est avec vous dans l’œuvre (quelle que soit la forme de votre ministère), plus il vous faut être encouragé à supporter l’entêté, à avoir de la compassion pour l’ignorant, et à aider tous ceux qui en ont besoin. Plus vous êtes assuré de la vérité et de la puissance de l’Esprit, plus vous pouvez prendre en patience ce qui serait autrement éprouvant. Il est clair, qu’à moins d’être simple dans la foi et fort dans le Seigneur, vous serez susceptible, ce qui est tout sauf une marque du service de Christ. Il est bon de garder cela à l’esprit, car les choses ont tristement changé dans ce domaine comme dans le reste. L’église n’est pas un lieu où l’on échappe aux difficultés, ni un lieu pour déployer ce que nous savons ou voudrions faire savoir. Le ministère dans l’église, comme tout ce qui est de Dieu, tout ce qui est saint, vrai et bon, doit être entièrement éprouvé, de manière à mettre les hommes à l’épreuve. Pour la foi, ce n’est que l’un des privilèges que le Seigneur tourne à Sa propre gloire et à la très grande bénédiction de ceux qui s’attachent à Son nom.
Mais ceci nous montre immédiatement que l’idée d’être « éduqué pour le ministère » comme on dit, ou de se charger du ministère parce qu’on a la parole facile, n’est qu’une idée vaine. Je ne veux pas dire que ceci n’ait aucune valeur en rapport avec la capacité dans son domaine propre. Il est reconnu que, même si notre Seigneur n’oublie pas la capacité, un don provenant de Lui est indispensable pour que le ministère soit réel. Ceci est si vrai qu’on peut facilement voir, non seulement des gens du monde, mais des chrétiens dans l’église, qui sont extrêmement capables, mais qui n’ont absolument aucun don quant à la Parole. Vous avez tous connu, et moi aussi, des gens ayant une connaissance admirable de l’Écriture, mais sans aucune puissance pour appliquer ou expliquer la Parole de Dieu correctement aux autres ; s’ils essaient, ils tombent dans la confusion et font des erreurs, ou au mieux, la parole n’a aucune puissance pour faire du bien. Même si ce qu’ils disent est limpide comme de l’eau et exempt d’erreur, il ne s’y trouve aucune puissance — rien qui apporte Christ devant le cœur, ou qui exerce la conscience devant Dieu. Il est évident que parler de cette manière, ce n’est pas le ministère. C’est peut-être un discours plaisant, mais ce n’est pas Christ appliqué aux âmes. Le ministère, va beaucoup plus loin qu’un chrétien qui parle sans erreur sur l’Écriture ; le ministère est l’exercice d’un don positif de Christ ; et ce qu’Il donne a pour effet, ou bien d’amener les âmes à Dieu en les tirant du monde (elles passent alors de la mort à la vie), ou bien de nourrir et de diriger la vie déjà donnée.
Ceci conduit à un autre point. On pourrait demander : ne trouve-t-on pas, dans l’église de Dieu selon le récit de l’Écriture, une certaine forme ou méthode d’initiation au ministère, une installation publique d’hommes ayant un don ? Il y a certainement beaucoup d’hommes ayant des sentiments pieux qui font grand cas de ce qu’on appelle « l’ordination », et qui font appel avec assurance à l’Écriture à son sujet ; et ils pensent qu’il y a une sérieuse carence ou un sérieux défaut là où elle est négligée ou absente. Beaucoup voient la difficulté là où on l’attend le moins. Certains d’entre nous se rappellent aussi l’époque où nous avions aussi des préjugés forts sur ce point. Il faut avouer que c’est un devoir d’examiner l’Écriture en détail et de nous y tenir à tout prix. On accepte que la Parole de Dieu est tout à fait claire à ce sujet.
En premier lieu, en ce qui concerne la prédication de l’évangile, personne ne contestera que, quand la persécution fit éclater l’église de Jérusalem, tous les bons chrétiens partirent évangéliser dans le monde (Actes 8). Ceci devrait régler la question quant au principe. Ce n’est pas seulement qu’ils furent dispersés et qu’ils allèrent partout, mais l’Écriture démontre qu’ils furent approuvés et bénis, et que la main du Seigneur fut avec eux, et qu’un grand nombre crurent et se tournèrent vers le Seigneur. Il est vain d’argumenter malgré Actes 11:19-21, que cette action était irrégulière et due à des circonstances exceptionnelles. On aurait espéré que ceux qui plaident en faveur de l’antiquité et de l’ordre montrassent plus de respect pour ce qui a l’approbation de l’église primitive, y compris celle du chef des apôtres, qui ne se tient pas en arrière en l’occurrence, — outre l’approbation de Dieu. Qu’on se rappelle que tout cela a eu lieu dans les tous premiers jours de l’église, alors que l’ordre était saint, si jamais il y en eut de pareil, et avec la puissance dans l’Esprit, si jamais on a connu cela dans l’homme ici-bas. C’était des jours où la vérité était proclamée par les saints apôtres et prophètes (Éph.3:5) ; quoi de plus choquant que de laisser entendre que cela s’écartait de l’ordre dûment approuvé par le Seigneur en ce temps-là ? En vérité, l’objection est humaine, et le conflit de ce précédent scripturaire n’est avec un ordre qu’auraient établi les apôtres, mais avec l’ordre selon les pères de l’église dans les jours sombres du déclin qui s’installa si tôt, — quand par l’habileté de l’ennemi, l’ordre établi par le Saint Esprit fut sapé par un autre ordre, — quand des formes prétentieuses furent substituées à la puissance, quand Ignace, Justin martyr et Clément d’Alexandrie supplantèrent les apôtres, et qu’un dévoiement complet de la grâce et de la vérité de Christ s’ensuivit de tous côtés.
Il faut peser honnêtement ces passages de l’Écriture qu’on cite couramment à l’encontre de la liberté de prédication et d’enseignement, gardant toujours présent à l’esprit qu’il s’agit exclusivement, non pas d’une question de compétence spirituelle, mais de la liberté d’œuvrer parmi ceux qui sont supposés être compétents.
Un des passages principaux sur lesquels on insiste est le début d’Actes 13. On allègue à ce propos que même Saul de Tarse, l’apôtre des Gentils, se soumit au rite de l’ordination. Lui et Barnabas, dit-on, ont reçu l’ordination à Antioche. S’il y avait une base réelle pour cela, la question serait réglée. Mais le passage prouve le contraire de ce qu’on veut lui faire dire. Il ne s’y trouve rien de semblable à l’ordination. Regardez-y de près : la vérité n’a rien à craindre. Si la volonté révélée du Seigneur était en faveur de l’ordination de tout prédicateur ou enseignant, la voie à suivre serait nette, car on peut bien s’attendre à ce que la sagesse de Dieu pleine de grâce ait fourni le nécessaire pour que Sa volonté soit faite parmi ceux qui craignent et aiment Son nom et Sa parole. Si la pratique courante de la chrétienté était correcte, ce serait certainement partout facile de recevoir l’ordination. Il n’est nulle part requis d’être instruit, et un peu de piété suffit aux rares corps qui en exigent. Peu de commerces ou de professions requièrent un apprentissage aussi bref, et si peu de capacité, et de si maigres acquis. La masse du clergé, de Rome à Genève, de Canterbury à la Conférence Méthodiste Primitive, est formée d’hommes sortis d’une position relativement humble dans la vie. C’est pourquoi l’ordination, si elle était scripturairement requise pour tous les prédicateurs et enseignants, ne serait pas du tout difficile à obtenir, ni en elle-même ni dans ses conditions. Le cœur naturel aime cela ; or elle prévaut aussi bien parmi les catholiques que parmi les protestants ; et les mormons et les Moraves insistent dessus autant que les papistes ou les presbytériens. Les quakers font grand cas de leurs anciens, les congrégationalistes font de même vis-à-vis de leurs ministres. En bref, cherchez partout dans la chrétienté, et vous verrez que tous ont quelque forme d’ordination, et donc de clergé, auquel ils attribuent la plus grande importance. La question est : est-ce de Dieu ? Dans quelle mesure Actes 13 en est une approbation ? nous allons le voir en examinant le récit.
« Or il y avait à Antioche, dans l’assemblée qui était là, des prophètes et des docteurs : et Barnabas, et Siméon, appelé Niger, et Lucius le Cyrénéen, et Manahen, qui avait été nourri avec Hérode le tétrarque, et Saul. Et comme ils servaient le Seigneur et jeûnaient, l’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (Actes 13:2).
Considère-t-on cela comme une ordination ? Quels sont les faits connexes, comparés à ceux du récit inspiré d’Actes 13 ? Barnabas avait servi dans le ministère de la Parole depuis des années déjà, et Paul aussi, d’après son récit de Gal. 1. Comparez Actes 9:20-29. Barnabas et Saul se réunirent ensuite pendant une année dans l’assemblée de la même ville d’Antioche, où ils enseignèrent beaucoup de gens. Ainsi, non seulement Barnabas, mais également celui qui était apôtre par l’appel du Seigneur Jésus, prêchaient librement parmi les Gentils comme parmi les Juifs, et ils enseignaient particulièrement dans cette assemblée et dans cette ville d’Antioche où on vient nous dire très longtemps après (ce n’est pas Dieu qui le dit) qu’ils ont reçu les ordres des mains d’ecclésiastiques de rang inférieur. Est-ce raisonnable ?
Or ceci conduit à un autre point important. C’est Paul lui-même qui fournit la propre réponse inspirée à l’argument. Il se prononce justement sur cette question ; car dès le début, il n’a pas manqué de gens pour le trouver en faute parce qu’il n’avait pas été nommé par des hommes — autrement dit, il n’avait pas reçu l’ordination. S’agissant des douze, chacun savait que le Seigneur Jésus les avait formellement ou virtuellement nommés (formellement pour les onze, virtuellement pour le douzième). Or c’était des gens de ce temps-là qui secouaient la tête à propos de Saul de Tarse. « Bien sûr, disait-on, il dit être apôtre par appel divin, et il parle de la merveilleuse vision qu’il a eue près de Damas ; cependant personne ne l’a vue, remarquaient-ils prudemment ; qui donc peut en être absolument sûr ? Ce Paul est un homme très mystérieux, il a sauté d’un coup du rang de persécuteur à celui d’apôtre. Il est frappant que Son enseignement soit aussi différent de tous les autres, y compris celui des autres apôtres ». — Voilà le genre de sceptiques qui apparurent parmi les premiers chrétiens ; ils butaient devant cet appel direct, indépendant de ses prédécesseurs ; et ces gens étaient difficiles à convaincre. C’est pourquoi dans une épître inspirée, la plus solennelle, quant à la forme, parmi toutes celles qu’il a écrites, Paul dit aux Galates qu’il était apôtre ni de la part des hommes ni par l’homme. Il nie qu’il y ait eu une source humaine ou un canal humain pour son ministère. Cette affirmation détruit l’argument de fond en comble. L’ordination, au sens courant et populaire, signifie que le canal du ministère, sinon sa source, sont humains. L’apôtre nie les deux. Il insiste en des termes précis qu’il était apôtre « non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui L’a ressuscité d’entre les morts » (Gal. 1:1). Autrement dit, quand Dieu l’a arrêté sur le chemin de Damas, quand le Seigneur Jésus lui apparut et lui dit qu’il était un vase choisi, il était nommé et constitué Son apôtre dès ce jour-là. C’est ce qu’il nous fait savoir, et c’est exactement ce d’après quoi il a agi. Dans la même épître il dit : « Quand il plut à Dieu, qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi, afin que je l’annonçasse parmi les nations » (Gal. 1:15-16). Que fit-il alors ? Est-il monté à Jérusalem pour recevoir des ordres de la part des apôtres ? Pas du tout. « Aussitôt, je ne pris pas conseil de la chair ni du sang, ni ne montai à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi, mais je m’en allai en Arabie, et je retournai de nouveau à Damas. Puis, trois ans après, je montai à Jérusalem » (Gal. 1:16-18).
Mais peut-être reçut-il l’ordination à ce moment-là ? Non pas ; mais c’était pour visiter Céphas, avec lequel il resta 15 jours. « Et je ne vis aucun autre des apôtres, sinon Jacques le frère du Seigneur » (Gal. 1:19). Et il est tellement certain de ce point qu’il ajoute : « Or dans les choses que je vous écris, voici, devant Dieu, je ne mens point » (Gal. 1:20). Il était conscient que, pour lui et pour d’autres, la vérité qu’il prêchait était liée à son ministère ; et comme la vérité qu’il annonçait était le développement de ce que la grâce de Dieu donne, non seulement dans la mort et la résurrection, mais de manière caractéristique dans l’exaltation de Christ au ciel, ainsi son ministère avait une source céleste, non pas terrestre, et encore moins humaine. Pour s’accorder harmonieusement et expressément avec les conseils divins quant à Christ et à l’église, le ministère de l’apôtre Paul ne connaissait aucun canal humain, et n’avait même pas comme source Christ sur la terre, car il était aussi important d’affirmer ce dernier point. Beaucoup d’âmes pieuses reconnaissent Dieu comme la source du ministère, mais elles rajoutent qu’en vue de l’ordre, l’homme doit être son canal. L’apôtre prend la peine de nier ce dernier point aussi fermement que le premier.
En outre, il ne s’agit pas là
d’une circonstance exceptionnelle et sans effet. Elle indique un principe qui
doit être considéré comme dorénavant en vigueur dans le service de Christ, le
Seigneur, monté au ciel. Il est vain de dire que cela ne concerne personne
d’autre, au motif qu’il s’agissait d’un apôtre et qu’il avait eu une vision
miraculeuse. Pourquoi alors vous risquez-vous à soutenir l’argument de sa
prétendue ordination en Actes 13 ? Si vous prenez la parti de traiter le
cas de l’apôtre Paul comme ne fournissant pas d’instruction actuelle quant au
ministère, pourquoi jetez-vous de la poudre aux yeux des gens en insinuant
qu’il y a eu une réelle ordination à son entrée dans le ministère ? La
vérité est que vous avec tort quant aux faits que vous alléguez, et tort de
nier leur portée sur notre pratique actuelle. Saul et Barnabas
ont prêché à ceux du dehors, et ils ont aussi instruit ceux du dedans avant
cette prétendue ordination, dont le fait et le principe sont par ailleurs
exclus par Gal. 1:1 sous quelque forme, quelque degré ou quelque but que ce
soit en ce qui concerne Paul. L’usage erroné du passage d’Actes 13 ne
parlent-ils pas à tous ? la vérité ne
parle-t-elle pas à tous ?
Peut-être demandez-vous pourquoi donc Barnabas et Saul sont-ils alors mis à part ? Cela provient de l’Esprit qui les envoyait expressément dans une mission sans précédent parmi les Gentils, quoiqu’il restât toujours et encore le principe « au Juif premièrement » (Rom. 1:16 ; 2:10). Pour une telle mission, il était important d’avoir la communion et les prières de leurs compagnons de travail. Supposons que quelqu’un soit mis à part ici d’une manière appropriée, comme Dieu sait le faire pour les consciences, pour aller sur un terrain en friche environné de difficultés spéciales, comme le pays des Tartares ou l’intérieur de la Chine, avec des menaces de mort permanentes pour l’amour de la vérité — ne serait-il pas convenable dans de telles circonstances, que ceux qui ont foi en Dieu et communion avec l’œuvre se réunissent, en prière et en jeûne, et imposent leurs mains sur la tête de celui qui va partir, sans prétendre nullement faire de lui quelque chose d’autre que ce qu’il était jusqu’alors, mais plutôt en s’identifiant avec ce voyage d’amour. Le signe connu et ancien d’identification, c’est l’imposition des mains. Il en était ainsi dans le cas des sacrifices ; et pour conférer une bénédiction sur un enfant (Gen. 48) ou un don sur quelqu’un désigné à cet effet comme Timothée (1 Tim. 4:14 ; 2 Tim. 1:6) ; dans la prière pour une personne malade (Jacq. 5) ; ou en nommant quelqu’un à une charge comme les sept curateurs des pauvres en Actes 6, où la tâche était exclusivement externe (même si certains de ces curateurs avaient aussi un don spirituel pour la Parole). L’imposition des mains était toujours de la part de quelqu’un censé être en relation avec la source de bénédiction, et qui, par ce signe extérieur, indiquait son désir que Dieu confère cette bénédiction à celui à qui on imposait les mains.
Observez qu’il n’est jamais dit qu’on ait imposé les mains à des anciens, bien qu’il soit probable, selon 1 Tim. 5:22 et d’après l’usage général, que l’imposition des mains accompagnât le choix d’anciens par les apôtres ou les délégués apostoliques. Mais l’Écriture semble rester silencieuse à dessein, comme si elle voulait avertir de ne pas en faire une forme, et en tout cas, on ne peut pas revendiquer aucun appui inspiré et certain en sa faveur.
Le cas d’Actes 13 ne pouvait donc pas être un cas d’ordination ; car quel est le sens de ce rite ? Au sens généralement compris par les hommes pieux (en effet je ne parle pas des superstitions vulgaires des catholiques romains ou d’autres), le sens est le suivant : le chrétien peut avoir la puissance de la part de Dieu (ou le don) pour un certain travail à caractère de ministère ; mais cela ne lui donne aucun droit à agir, jusqu’à ce que ceux qui ont l’autorité de la part de l’église lui donnent l’ordination, lui conférant un caractère proprement ministériel selon le degré ou la position prescrits qu’il doit occuper. Il y a des différences, mais voilà la notion large, dégagée des abus et irrégularités qui abondent ici comme ailleurs.
Quel désordre étrange, et même quel renversement des choses, que d’interpréter l’Écriture pour en tirer la conclusion que Paul et Barnabas, deux apôtres, ont reçu leurs ordres de la part de chrétiens, qui non seulement n’étaient pas apôtres, mais leur étaient inférieurs quant au don, à la position et à tous autres égards ! Est-ce ainsi qu’on prouverait qu’une ordination est valide ? Qui oserait dire, s’il s’agissait d’une ordination, qu’une personne choisie de cette manière le soit légitimement ? Même dans le monde, les officiers supérieurs du gouvernement ne sont jamais nommés par les inférieurs, sauf en république. Normalement et correctement, le gouvernement descend de l’autorité supérieure vers l’inférieure. Tel est le schéma selon la Parole de Dieu, et il en sera toujours ainsi, sauf à renverser les choses par l’esprit révolutionnaire. Mais tel est certainement l’ordre dans les choses divines. En conséquence, partout où, dans l’Écriture, la question d’ordination surgit, un office de rang subordonné est conféré par des fonctionnaires de rang supérieur. Où étaient-ils ici ? Les avocats de l’ordination sont en danger de répéter l’erreur des adversaires de Paul, en niant sa pleine autorité apostolique en la faisant dériver des hommes, et d’hommes de rang subordonné. L’Écriture attribue à Paul un apostolat de caractère supérieur dérivant directement du Seigneur.
Il est donc manifeste qu’essayer de fonder l’ordination sur Actes 13 est non seulement un échec à tout point de vue, mais démolit l’apostolat de Paul qui ne dérivait pas de l’homme, aussi bien que son témoignage à la vérité et la véracité de la Parole de Dieu. Ceux qui ont imposé les mains à Barnabas et Saul n’ont jamais eu la place importante qui a été la leur ; et en fait, avant même cet acte, ils avaient eux-mêmes enseigné l’église à Antioche et prêché à ceux du dehors. Il est évident qu’ils avaient tenu la plus haute place parmi ceux qui travaillaient alors à l’œuvre.
Je ne peux donc qu’être convaincu que l’imposition des mains à leurs compagnons de travail, dans ce cas, était un acte tout à fait régulier d’intérêt et de communion dans la prière ; il ne s’agissait nullement d’une prétention à conférer une autorité qu’ils ne possédaient pas. Mais si ce cas manque à démontrer l’ordination, il n’y en a pas d’autre en ce qui concerne Paul ; car il est remarquable que, quand il a été initialement amené au Seigneur, les choses ont été arrangé de sorte qu’un simple frère lui a imposé les mains, et le Saint Esprit lui a alors été donné. Celui qui a baptisé l’apôtre n’était pas apôtre ; s’il n’en avait pas été ainsi, on aurait dit que l’autorité a été donnée à Paul par le moyen de celui qui avait cette haute position. De la manière dont les choses ont eu lieu, personne ne peut soutenir qu’Ananias ait conféré quelque chose de la sorte à Paul.
Combien les voies de Dieu sont sages ! Je me rappelle avoir lu, il y a quelques années, un livre écrit par un dignitaire vivant de l’église anglicane où il parlait de l’absurdité des gens en place qui prétendent être les seuls à pouvoir baptiser. Il basait son argumentation justement sur ce cas d’Ananias, et aussi celui de Corneille, etc. Il soulignait que c’était un laïc, comme on dirait aujourd’hui, un disciple non officiel, qui a été utilisé à dessein pour baptiser et imposer les mains au plus grand apôtre que le Seigneur ait jamais donné à l’église. Il semble que ce soit encore le même principe qui ait été appliqué au jour de la Pentecôte ; car bien que Pierre et le reste des apôtres aient certainement beaucoup baptisé, il est douteux qu’eux seuls aient procédé au baptême de 3000 personnes en un jour. De même quand Pierre est descendu à Césarée (Actes 10), au lieu de baptiser comme étant seul à avoir cette prérogative, « il commanda qu’on les baptisa au nom du Seigneur ». Les autres frères, les frères non officiels qui les accompagnaient, ont certainement baptisé dans cette occasion solennelle.
Si quelque chose doit détruire la notion selon laquelle le baptême tirerait sa validité de l’autorité de l’apôtre, c’est bien un tel fait. Qu’en penserait un membre du clergé ? Pierre, à ce moment-là, n’était pas et ne pouvait pas avoir été membre d’un clergé. Supposons par exemple que quelqu’un considère un officiel d’un système religieux particulier quelconque, est-il pensable qu’il délègue son pouvoir ou son autorité à ces frères chrétiens inconnus ? Plus particulièrement, s’il se trouvait dans une circonstance tout à fait nouvelle et critique, agirait-il ainsi, sans justifier son action en invoquant le nombre de personnes impliquées et la nécessité des circonstances, comme on pourrait le prétendre en rapport avec la Pentecôte ? A-t-on jamais entendu chose pareille depuis le début du clergé ? Les gens n’agissent pas ainsi aujourd’hui. Leurs idées et leurs habitudes se sont entièrement démarquées de la vérité de Dieu dans ce domaine.
Je suis bien loin de dire que les apôtres Pierre et Paul auraient traité à la légère le cas d’un homme qui se serait mis à prêcher la parole au dehors de son propre chef, ou avec des motifs indignes (par envie, par un esprit de dispute ou par cupidité — Phil. 1:15 ; 1 Thes. 2:5). C’eût été un grand mal, malheureusement déjà connu autrefois (Phil.1). Or le principe clérical ne porte pas remède à ses pires formes, mais plutôt il y apporte sa sanction en les légitimant. Je répète que le ministère chrétien n’est pas un droit de prêcher ou d’enseigner, et en vérité personne n’a un tel droit : c’est le Seigneur qui a le droit d’appeler et d’envoyer, et Il est le seul à donner le don nécessaire. C’est sur ce point que le vrai principe du ministère est entièrement opposé à ce que les hommes appellent le principe démocratique. Car la démocratie veut dire que tous les droits découlent de la volonté de l’homme — ce que le christianisme nie, tant dans sa racine que dans les branches qui en sont issues ; le christianisme affirme que le droit appartient entièrement au Seigneur, et qu’Il exerce Son droit par le moyen du Saint Esprit envoyé du ciel. C’est pourquoi le choix se fait en vue de la gloire de Dieu, et l’un des moyens d’y arriver est de ne pas choisir les sages, les instruits, les puissants ou les nobles, mais Dieu a mis l’honneur sur le Crucifié, et non pas sur les simples circonstances, comme la position ou les biens possédés, la famille dans laquelle on est né, le génie, la capacité ou les acquis. En face des difficultés, le Seigneur exerce plutôt Sa volonté souveraine, de sorte qu’Il recrute, si l’on ose dire, en tout genre. Qu’y a-t-il de plus heureux pour un esprit spirituel qui trouve ses délices à honorer le Second Homme et non pas le premier ? Dans un état tel que celui actuellement, un tel choix est précisément le meilleur et le plus sage. Combien ce serait déplorable s’Il ne faisait Son choix que dans une catégorie particulière de personnes ! Une telle manière de faire ne serait pas celle du Seigneur. Dans la mesure où l’église se compose essentiellement des humbles, il en est de même de la plupart de ceux qui ont part au ministère. Grâces à Dieu, personne n’est exclu de Sa grâce ou du service de Christ par des circonstances naturelles. Grâces à Dieu personne n’est considéré comme propre pour le ministère de par son érudition ou sa noblesse ou sa richesse ou tout autre chose qui relève de ce monde ? Rejetons tous les préjugés et préventions indignes. Il faut nous laisser guider simplement par la Parole de Dieu et la volonté évidente de notre Seigneur Jésus.
Le principe essentiel du ministère est dès lors, que la puissance est du Saint Esprit (tout en étant justement adaptée dans la forme à la capacité de l’homme qui est appelé, mais elle est distincte de cette capacité), et d’autre part cette puissance est entièrement dans la main du Seigneur. C’est pourquoi admettre que l’église choisit ou autorise les ministères, ou ordonne leur action, est une violation manifeste et directe de la Parole de Dieu et de l’autorité de Christ. Il n’est question d’aucun corps particulier, et je suis désolé de constater que ce principe a trouvé son entrée de quelque côté qu’on se tourne, depuis Rome jusqu’au pasteur le plus humble. Un ministre est considéré comme l’agent officiel du système ou de la dénomination. On ne trouve nulle part dans la chrétienté un serviteur de Christ laissé libre de faire Sa volonté. Or la raison en est évidente : cela ne contribuerait pas aux intérêts de la secte. Il faut être prêtre de l’église Romaine, homme du clergé de tel corps, ministre de ceci ou de cela, etc.
Mes frères, si vous n’êtes
guidés que par la Parole et l’Esprit de Dieu, vous ne pouvez manquer de voir
que Christ seul appelle et fait de quelqu’un Son
serviteur. Pourquoi le
serviteur de Christ serait-il serviteur de l’homme dans les choses
divines ? Soyez content de servir Christ seul ; vous ne pouvez servir
deux maîtres, selon que Christ vous en a donné l’avertissement. Le servir Lui
seul, fait qu’on n’a qu’un but et donne la dignité. Cela seul vous met en
position de dépendance ; cela seul produit et appuie la seule indépendance
qui soit vraie et légitime. J’estime que cela est essentiel à la gloire de
Christ et à notre soumission à Lui. C’est à un tel ministère qu’on devrait
donner la liberté la plus vaste. Dans l’histoire et les épîtres de l’Écriture,
jamais personne, fut-il apôtre, ne s’interpose entre le moindre des serviteurs
de Christ et son Maître.
On ressent dans ces conditions que s’il est inconvenant que les petits dons interfèrent avec les plus grands, il est encore plus indigne que les plus grands absorbent ou éteignent les plus petits. Quand on laisse ces choses faire intrusion et entraver, on perd le sens juste de l’autorité de Christ, et l’appréciation correcte de Son service. Pourtant tel est l’état général actuel. Ce genre de mal a fait son apparition à peine les apôtres ont été retirés ; les germes étaient déjà présents auparavant.
Prenez par exemple « moi, je suis de Paul, et moi d’Appolos » de 1 Cor.3. Certains pensaient Que Paul était infiniment au-dessus de tous les autres, tandis que d’autres étaient jaloux de tous sauf de Pierre ; d’autres enfin étaient focalisés sur Appolos. Mais que dire de ceux qui s’opposaient à tous les autres en prétendant qu’il fallait se garder d’exalter l’homme, et qui disaient « moi, je suis de Christ » ? Je ne doute guère que ceux-là étaient les pires de tous ceux qui troublaient alors l’église avec leurs préférences charnelles. Car la corruption de ce qu’il y a de meilleur est toujours la pire des corruptions. Personne d’autre n’allait plus à l’encontre de Celui qu’ils professaient honorer. C’était une affirmation subtile de soi, et la faire sous Son nom ne la rendait pas meilleure. Il était vain de prétendre honorer le Maître en méprisant ceux qu’Il avait appelés à Le servir en servant ceux-là. Dans de tels cas, l’objet réel d’idolâtrie est le pauvre et misérable moi, et pour ce faire, l’ennemi suggérait le nom du Seigneur comme une couverture protectrice, car ils n’auraient pas réussi à mettre le moi en avant : les gens l’auraient évidemment rejeté. — Mais c’était une tromperie de soi, spécieuse pour les autres, que de dire que, quant à soi, on pensait être mieux enseigné de Dieu et non pas de l’homme, et qu’à l’égard des autres ministres, il fallait être sur ses gardes, car ils mettaient évidemment tous plus ou moins de côté la congrégation du Seigneur, ne donnant pas suffisamment de place à leurs frères et ne reconnaissant pas la seigneurie de Christ. Ils estimaient plus spirituel de détourner leur regard d’eux tous, pour regarder exclusivement Christ. De telles pensées, frères, peuvent bien paraître bonnes à plusieurs, mais elles sont, à mon avis, basées sur le principe le plus vain et le plus faux qu’on puisse concevoir chez les chrétiens. Car la manière expresse par laquelle le Seigneur Jésus est glorifié maintenant est par Son Esprit ici-bas ; et l’Esprit opère par les différents membres du corps de Christ pour le profit de tous. Ceci est si vrai que je crois que ce serait une calamité pour l’église si elle n’avait que le ministère de l’apôtre Paul ; et personne ne ressentirait davantage cette mauvaise étroitesse que l’objet manifeste de ce faux hommage.
Supposons qu’il soit possible d’avoir le ministère de Paul ; je n’hésite pas à dire que si l’église était privée de tout autre ministère, elle serait dépouillée d’une part importante de sa nourriture et des autres ressources nécessaires. Le grand apôtre lui-même n’était pas le moyen le mieux adapté pour transmettre tout ce que la grâce avait à communiquer. Le ministère du moindre don conféré par Christ à l’église est aussi nécessaire à sa place que le don le plus grand. C’est pourquoi je maintiens que, tout comme les bras ont une place moins imposante que les orteils, vous ne pouvez pas, malgré tout, fonctionner correctement sans les membres inférieurs plus petits. Eux aussi ont leur place, et s’ils sont tordus ou pincés, tout le corps en souffrira passablement. Le moindre membre, s’il est dissocié de ce à quoi il est normalement joint, ou s’il est dans une mauvaise condition, peut faire que tout le corps se trouve atrocement au supplice. Il en est certainement pareil avec le corps spirituel. C’est l’apôtre qui nous donne la même analogie. Le Seigneur a déterminé ces choses pour Sa propre gloire, et Il est jaloux de l’ordre qui est le Sien. En règle générale, on ne craint pas beaucoup que les dons les plus visibles soient méprisés, car un ministère puissant dans la Parole sera généralement admiré, même si on ne le comprend guère. Inversement, partout où l’Esprit de Christ opère avec puissance, on ne sera pas jaloux des lumières plus faibles, mais on sera soucieux qu’elles ne soient pas supplantées ou méprisées. Quoi de plus heureux de voir des hommes pourvus d’une grande puissance, laissant la place à des plus faibles, ou de voir le plus petit de ceux qui marchent humblement donnant pleinement sa place à ceux à qui la grâce a donné davantage qu’à eux ?
Il est donc manifeste que l’église de Dieu et le ministère de Christ sont spécialement destinés à être des domaines où s’exercent la grâce et la patience, les pensées et les affections de Christ, et non pas seulement la communication des dons. Rien ne préserve, si ce n’est l’œil fixé sur Sa gloire. Voilà le but de Dieu par l’Esprit.
Le ministère chrétien n’est pas pour les hommes un moyen de vivre, même s’il est tout à fait juste que le serviteur doive vivre de l’évangile à défaut de ressources suffisantes par la Providence divine. Il est convenable que ceux qui font part des choses spirituelles non seulement ne manquent pas des choses charnelles, mais encore que le fruit de soins d’amour et l’honneur abondent, en dehors même de toute nécessité absolue ; car il n’y a guère d’humiliation et de perte plus grandes pour l’église que d’être dans des circonstances où il apparaît que les affections ne peuvent pas s’épancher. Supposer une assemblée où personne n’est dans le besoin, et seuls des hommes riches s’adonnent au ministère des saints et de l’évangile. Il serait bien meilleur pour cette assemblée que les riches s’en aillent, ou au moins qu’ils prennent soin de ne pas étouffer l’activité d’amour chez leurs frères plus pauvres. Des riches qui patronnent et des saints rabaissés à faire de la clientèle, c’est une calamité — et un double piège et un déshonneur permanent pour le Seigneur. Que les riches cherchent des objets en dehors du lieu où ils vivent afin que le frère le plus pauvre ne soit pas empêché de savoir que sa pite est agréée, ni de connaître la valeur de ce qu’il a à sa disposition en rapport avec Christ. Il y a une importance majeure à ce que le cœur de tous, que ce soit la veuve ou l’enfant démunis de tout, soit attiré pour manifester un intérêt et une sympathie actifs, pleins de grâce et intelligents vis-à-vis de l’église et de l’évangile. Partout où le système de patrons s’introduit et est admis, il y aura sûrement « la mort dans la marmite » (2 Rois 4), et finalement la déception pour les patrons, et le danger de cupidité chez ceux qui en dépendent, étant enclins à penser qu’il n’y a aucune raison à ce qu’ils pratiquent un renoncement généreux ; car si les plus riches fournissent plus que ce qu’il y a besoin, pourquoi le pauvre devrait-il être mis à contribution ? Ils sont ainsi enseignés à estimer sans valeur aussi bien eux-mêmes que leurs offrandes, tandis que la grâce et la sagesse prennent bien soin de suggérer le contraire.
Ne pensez pas que ce tableau relève de l’imagination. Je suis persuadé que beaucoup de ce genre de choses a causé du dommage chez ceux qu’on appelle « frères » en certains endroits. Des gens ayant de gros moyens ont été, à l’occasion, enclins et même empressés de tout régler sans compter. Ils auraient dû veiller à laisser de la place aux autres, et même à tous les autres. Ils n’ont pas besoin de craindre du côté de l’amour. L’assemblée est une, et il serait bon et sage que bien des endroits reçoivent une part de ce qui, dans leur localité est du mal presque à l’état pur. Tout ce qui donne une importance excessive à la richesse est mal, autant que négliger le moindre des membres du corps de Christ. Le ministère selon le monde gère ces choses, le ministère selon Christ les corrige et les oriente à Sa gloire.
Il est bon que ceux qui ont des moyens en fassent usage comme de bons dispensateurs (1 Pierre 4:10), mais jamais de manière à étouffer l’amour ou la dignité du plus humble des saints de Dieu. N’oublions pas la veuve pauvre, mais bénie, avec ses deux pites. Au lieu de lui dire qu’il serait plus sage qu’elle garde ses deux pites, les riches feraient mieux d’apprendre combien leurs dons sont pauvres par comparaison, et ils devraient chercher à avoir des cœurs qui s’épanchent comme le sien, en dévouement et en foi envers Dieu.
Le ministère est ainsi un thème vaste, et il sert à connecter les sujets les plus ordinaires avec la gloire de Christ, qui jette Sa lumière brillante sur tous les détails, et qui est seule capable d’assurer un honneur véritable au ministère.
Le ministère chrétien est gâché si on en fait une question d’honneur dans ce monde et de vil appât du gain. Et ne pensons que ce danger ne guette que les autres ; soyons en garde pour nous-mêmes. Nul n’est autant exposé aux plus grands dangers que ceux qui sont sortis hors du camp portant Son opprobre (Héb.13:13). Cela ne veut pas dire qu’on ait le moindre doute quant au bon chemin pour le fidèle dans l’état présent de ruine de l’église. L’Écriture ne laisse aucune hésitation à cet égard pour ceux qui se confient en elle par l’Esprit. Mais c’est en même temps un chemin où un pas franchi sans précaution peut faire trébucher, et où personne n’est exempt du danger constant d’être entraîné d’un côté ou d’un autre. Dans le chemin de Christ, on a besoin de la main de Christ pour s’y tenir fermement. La seule étoile qui nous guide, c’est Lui-même, vu en haut, et qui vient bientôt pour nous. Fermez vos yeux à ce qui attire la nature, et acquittez-vous sans broncher de ce que vous savez être la volonté du Seigneur. Ne vous joignez pas à des partis et ne vous laissez pas aller à l’esprit de parti. Nous avons à être beaucoup en garde contre ce genre de choses.
S’il est exercé selon la Parole de Dieu, le ministère est un moyen de haute valeur pour aider les âmes à garder toutes choses droites. Mais le vrai principe, il faut le répéter, est celui-ci : quel que soit le don que Christ donne, Il le donne pour qu’il serve. On demandera peut-être : que convient-il aux femmes ayant reçu un don — car il est sûr que certaines d’entre elles ont une telle puissance dans l’Esprit ? Je réponds qu’il n’est pas douteux qu’elles aient des dons, et qu’elles devraient s’en servir. La part des femmes, pas plus que les hommes, n’est de mettre la lampe sous le boisseau. Le Seigneur nous tient pour responsable de tirer profit de Ses dons et de nous en servir. Seulement il faut nous rappeler qu’une femme n’étant pas un homme, doit agir comme il convient à une femme chrétienne. Nous ne devons pas oublier qu’il ne s’agit pas de privilèges en Christ, en quoi il n’y a pas de différence, mais d’action publique en Son nom, en quoi nous devons avoir Son autorisation. Or il y a une convenance dans ce domaine, et il est très fortement insisté dessus, et des âmes intelligentes et vraies dans leur cœur reconnaissent que cela est dans la Bible. Nous n’entendons parler nulle part dans la Bible de femme prêchant l’évangile. À l’Est, si des femmes s’avançaient dans la foule pour proclamer publiquement la bonne nouvelle, cela paraîtrait manquer totalement de bienséance. À l’Ouest, les hommes n’exigent pas une séparation aussi sévère de la part des femmes, mais il y a pourtant un fossé important entre la liberté heureuse dont elles jouissent et l’oubli qu’elles appartiennent à un sexe dont la meilleure place est dans le cercle du foyer, ou, ce qui s’en rapproche comme les visites aux malades et aux pauvres, jeunes et vieux.
Il me semble que la pensée d’une femme allant prêcher l’évangile en public est inconnue de l’Écriture, alors que nous trouvons souvent des femmes employées dans des missions délicates, difficiles et extraordinaires. Bien sûr, les femmes sont libres d’annoncer la bonne nouvelle aux âmes dans le besoin, car elles doivent parler de Christ avec zèle, et largement ; mais il y a des limites prescrites, et il ne faut pas sacrifier à la bienséance. Car la Parole de Dieu ne parle pas autrement. Nous n’entendons jamais parler d’une femme chrétienne prêchant au monde.
On peut soulever la question pour l’assemblée chrétienne. Certains pensent qu’elles ont le droit de parler dans l’église ou une congrégation d’hommes et de femmes saints, où les voies d’iniquité sont intolérables et où l’Esprit agit librement pour la gloire de Christ. Mais l’Écriture dit que non ; c’est justement le lieu où le silence leur est commandé (1 Cor.14:34). Par rapport au monde, la question n’est même pas soulevée ; par rapport à l’église la question reçoit une réponse négative par le Saint Esprit.
L’Écriture n’amoindrit nullement la valeur du service de la femme, ni son activité de recherche du bien des âmes individuellement. Nous savons (Actes 21) que les quatre filles de Philippe l’évangéliste prophétisaient. Ces femmes pieuses avaient le don du ministère de la Parole dans son caractère le plus élevé. Où prophétisaient-elles ? Certainement pas dans l’assemblée. Elles prophétisaient probablement dans la maison de leur père qui semble la place convenable pour elles, et même la plus convenable. Dans ce cas il faut nous rappeler le principe posé en 1 Cor.11:3-16. Car 1 Cor. 14:34-35 et 1 Tim. 2:11-12 sont déterminants par rapport à ce qui a été affirmé ; et sans aucun doute, plus vous cherchez dans l’Écriture, plus vous trouverez que chaque vérité est bien mise à sa place. Aucun devoir n’en anéantit un autre ; la Parole de Dieu est en parfaite harmonie avec elle-même quand elle est bien comprise. Il arrive que notre hâte mette un passage en opposition avec un autre (quant à la chair, elle le fait toujours). Mais le croyant ne se hâte pas, et désirant faire la volonté de Dieu, il connaît la vérité par la grâce.
Note Bibliquest : dans le présent article nous utilisons le mot « surveillant » qui est le vrai sens du mot grec « episcopos » qui a donné naissance au mot « évêque » lequel correspond à l’anglais « bishop ». L’auteur utilise le mot « bishop » plus courant en anglais à cause de la version autorisée du roi Jacques.
Je n’ai fait qu’effleurer ces sujets importants, et il ne faut pas que je passe sous silence le sujet des anciens, car on me soupçonnerait de l’avoir évité volontairement, ou tout au moins par négligence. Or il n’y a aucune raison de l’éviter, d’autant plus que la lumière de l’Écriture nous rend capable d’établir clairement et nettement ce qui est généralement mal compris.
Dans la chrétienté, on confond habituellement les anciens avec les ministres de la Parole ; même les presbytériens qui devraient au moins être corrects sur ce plan, font la même erreur que leurs collègues. Les anciens ne sont jamais inclus dans aucune liste de dons (Rom.12 ; 1 Cor.12 ; Éph.4 ; 1 Pierre 4). Ils ont une fonction de sérieuse responsabilité, mais il est possible qu’ils ne prêchent jamais. Leur affaire est de conduire ou d’être à la tête, d’exhorter ou de reprendre (1 Tim. 3:5 ; 5:17 ; Tite 1:9). Un ancien doit être capable d’enseigner et peut avoir le don de docteur (enseignant), mais sa position comme ancien est quelque chose de tout à fait distinct du don, ce n’est pas le don. Quelle qu’ait été la fonction d’ancien chez les Juifs (et le début de cette fonction ne nous est pas dévoilé), il est certain d’après le livre des Actes (14:23) et les épîtres pastorales que c’est par l’autorité apostolique, soit personnellement soit par délégation, que les anciens étaient investis de leur charge ou d’une autorité extérieure pour être à la tête dans une sphère bien définie (κατ’ εκκλησιαν, κατα πολιν).
Dans certaines des assemblées
d’autrefois, par exemple à Éphèse, à Philippe et ailleurs, il est question
d’anciens ou de surveillants, et il y en avait toujours plusieurs dans la même
assemblée. Ce sont différents noms pour les mêmes personnes et la même
fonction. L’idée que les anciens seraient différents des surveillants n’est que
de l’ignorance ou un préjugé, puisque l’autorité qui en décide est la Parole de
Dieu aux temps
apostoliques, et non pas la tradition qui lui est postérieure
.
Dans l’Écriture, ils exerçaient sur le même domaine, et ils étaient les mêmes
personnes et avaient la même fonction, la différence de nom provenant seulement
d’une différence de point de vue. C’est pourquoi la comparaison de Actes 20:17
avec le v.28 ne prouve pas simplement (comme le disent ceux qui font de la
controverse malhonnête) que les surveillants sont des anciens, mais que les
anciens et les surveillants sont identiques, ce qui est une déclaration fort
différente. Je ne pense pas qu’aucun docteur chrétien compétent sur ce sujet,
indépendamment de qui il est et où il est, s’aventurerait à attaquer ce que je
dis sur ce passage décisif de l’Écriture. Les théologiens antérieurs au 18ème
siècle contestaient ce point, mais je suis heureux de dire que maintenant
presque plus personne ne le conteste, y compris parmi les érudits attachés à
l’épiscopalisme, malgré qu’on n’ait guère lieu de considérer le 19ème siècle
comme constituant un progrès. Tout le monde reconnaît que les anciens et les
surveillants de l’Écriture n’étaient pas deux classes de personnes, mais ils
étaient les mêmes personnes et il s’agissait des mêmes fonctions.
On a déjà remarqué qu’ils étaient nommés ou choisis par une autorité appropriée. On demandera « avez-vous des anciens ou des surveillants maintenant ? » Je réponds : non. Mais cela ne provient pas de ce que je ne suis pas disposé à recevoir ceux que Dieu suscite, mais du fait qu’on ne peut pas avoir d’anciens ou surveillants sans autorité apostolique pour les nommer, que cette autorité soit à titre personnel ou au moyen de délégué. C’est pourquoi si vous n’avez pas d’anciens dûment choisis, vous n’en avez pas du tout plus que nous. La différence est que vous prétendez avoir ce que vous n’avez pas, tandis que nous, nous confessons la vérité.
Personne au temps actuel n’a d’anciens authentiques selon l’Écriture, du fait que personne n’a de vrais apôtres pour les nommer. Vous ne pouvez pas en avoir parce que vous n’avez pas l’autorité requise pour les nommer selon la Parole de Dieu. Beaucoup de sociétés religieuses ont des anciens de nom, mais jugez pour vous-mêmes quel gain il y a à avoir des anciens en situation irrégulière, sans l’autorité nécessaire pour les valider selon l’Écriture.
Nous sommes tous familiers avec le fait qu’il y de très nombreux anciens en Écosse, dans l’église nationale et dans l’église libre et dans toutes sortes d’autres églises. En Angleterre ils revendiquent qu’ils en ont, mais il est vrai qu’on les déguise sous d’autres noms. Et on trouve cela non seulement dans l’église nationale, mais aussi dans les diverses églises non-conformistes, et même chez les Quakers. Il en est de même à l’étranger, au près et au loin.
En même temps j’ose dire qu’en Écosse aussi bien qu’en Angleterre et dans tous les autres pays, il y a des gens qualifiés d’anciens selon le bon plaisir des hommes, mais ils ne sont pas plus nommés anciens selon l’Écriture que les autres membres du troupeau. Il est assez facile d’appeler quelqu’un ancien, mais c’est toute autre chose de le reconnaître comme tel selon la Parole de Dieu. Or c’est justement pourquoi nous cherchons à répondre à la question : Quelle est la vérité sur la fonction d’ancien selon l’Écriture ? et non pas la valeur du nom quand il est conféré seulement par les hommes d’une manière toute différente de la seule règle revêtue de l’autorité divine.
Dans l’Écriture, la condition essentielle pour être dûment accrédité comme ancien ou surveillant, outre les qualifications nécessaires (personnelles, relatives, et celles ayant trait aux circonstances), était d’être choisi comme tel par un apôtre, ou par un délégué apostolique, comme Timothée ou Tite. Ainsi choisi, ils étaient installés dans cette position dans l’assemblée avant d’avoir exercé la fonction. C’est ce qui a probablement induit les gens à imaginer l’idée d’une succession apostolique, et donc d’inventer une fiction puisque Dieu n’a organisé aucune succession. Ils ont vu que les apôtres étaient nécessaires pour nommer les anciens ou surveillants. Mais l’Écriture ne fournit aucun appui pour attendre une continuité des apôtres donnés par Dieu. C’est pourquoi on s’est rejeté sur la théorie de la succession, en admettant la prétendue nécessité de continuer à nommer les anciens. Mais l’Écriture n’appuie pas cela. Les hommes qui réclament le plus fort l’ordre sont réellement responsables du plus grand désordre et de la plus grande présomption.
L’échafaudage des ordres saints est bâti sur du sable. On ne peut le défendre en vérité par la Parole de Dieu. Dans l’Écriture il n’y a pas d’autorité pour ce qu’ils font, ni rien qui y ressemble. Même si cela part d’une bonne intention, c’est une supposition erronée, et en fait une rébellion ; c’est comme si on nommait des magistrats sans l’approbation du gouvernement du pays.
Tel est le filet fatal dans lequel se sont pris la plupart des groupes chrétiens. Combien il est meilleur de faire ce qui a l’appui de l’Écriture, en se servant des dons dans l’église de Dieu, et sans dépasser ailleurs d’un cheveu ce que l’Écriture dit ou permet de faire.
Il est vrai que les presbytériens ne prétendent pas à la succession apostolique, ni ne prétendent avoir des apôtres ou des délégués apostoliques. Mais ils tombent inversement dans un mal aussi grand ; car ils attribuent de manière partagée entre le corps des croyants et le corps des anciens, le choix et l’autorité que l’Écriture attribue aux apôtres et à leurs délégués ayant reçu formellement une mission. Oseraient-ils dire, avec le Nouveau Testament sous les yeux, qu’un serviteur / ministre ordinaire était compétent pour exercer la fonction attribuée seulement à Paul ou Barnabas, à Timothée ou Tite ?
Il est évident que Timothée avait une charge au-dessus des anciens ou surveillants, et que les serviteurs / ministres ordinaires de Crète ne pouvaient pas faire ce que Tite était autorisé à faire. Le presbytérianisme et le congrégationalisme disloquent et nient ce bel ordre de l’Écriture, et par une erreur grossière, ils font choisir les anciens par la congrégation !
L’idée de faire choisir
les anciens par la congrégation ne se trouve pas du tout dans l’Écriture, ni
non plus leur nomination
ultérieure par un autre homme. Une pareille confusion
était inconnue dans ce que Dieu a arrangé. Ah ! si
chacun était content de se soumettre aux faits et aux vérités révélés, et
d’apprendre la sagesse des voies de Dieu !
Avant que les apôtres achèvent leur carrière, le déclin de l’église était net, et la ruine irrémédiable était proche, sinon déjà là. Dieu n’a pas voulu fournir l’autorité la plus élevée pour mettre son approbation sur ce qui glissait de plus en plus loin de Lui, et Il n’a pas voulu non plus maintenir en place un ordre local externe en présence d’une pareille infidélité croissante qui submergeait l’ensemble de l’église.
Dans les temps modernes, les efforts des protestants en faveur de la vérité (efforts honnêtes mais inintelligents) ont ajouté au chaos ecclésiastique, et cela permet de comprendre combien était sage l’omission apparente, mais en réalité intentionnelle, de moyens légitimes pour fournir des anciens, voire des apôtres. S’il en avait été autrement, ils auraient légitimé les confusions existantes de la chrétienté, ce qui est et était aussi loin que possible des pensées de Dieu.
Pense-t-on que Dieu ne fournit pas amplement de quoi guider et bénir Son peuple dans les pires temps ? Il n’y a pas d’erreur plus grande. Sa grâce abonde de manière très riche, mais pas de manière à annuler le témoignage moral qu’Il rend à Sa propre Parole à l’encontre de la corruption et de la propre volonté de l’homme. Dieu donne tout ce qu’il faut pour Sa propre gloire et pour notre bénédiction, malgré tout le péché de l’église. Car, notez-le bien, être à la tête, être un conducteur ou tenir la première place (προϊσταμενος ou ηγουμενος) est tout à fait distinct d’être un ancien. Ainsi en Actes 15:22-23, Judas (Barsabas) et Silas sont distingués des anciens, mais reconnus par tous comme des hommes « tenant la première place » parmi les frères [ηγουμενους] ; il en est de même ailleurs. Il est même dit de ces deux hommes qu’ils étaient prophètes (15:32).
Sans aucun doute les anciens étaient à la tête, mais beaucoup de serviteurs de Christ étaient à la tête sans être anciens, et certains dans une sphère beaucoup plus vaste que celle des anciens. Pesez le passage de Romains 12 que nous avons lu : on y trouve certains qui sont à la tête, sans qu’il y ait la moindre mention d’anciens.
« Que celui qui est à la tête conduise soigneusement ». Va-t-on argumenter qu’il s’agissait d’anciens n’ayant pas été nommés ? Je réponds qu’aucun apôtre n’avait jamais été à Rome jusque-là, ni personne délégué pour faire le travail apostolique dans cette grande cité ; en conséquence il n’y avait personne pour nommer des anciens. D’où la force du passage. Il y avait des dons de Christ, et forcément certains d’entre eux n’avaient pas encore été choisis comme anciens, si tant est qu’ils le furent jamais ; et pourtant ils étaient à la tête. Le fait que ceci soit pareillement reconnu, a été un réconfort pour beaucoup de cœurs, et a souvent donné une grande assurance à des serviteurs de Christ dans la perplexité présente où se trouve réduite l’église. Il y a et il y aura toujours de ceux qui sont à la tête, suscités par Dieu, tant que le bien des saints le demandera, malgré que la condition de l’église soit telle qu’ils n’ont pas, ni ne peuvent avoir le statut officiel d’ancien, parce que Dieu n’a pas considéré comme convenable de perpétuer l’autorité nécessaire pour une ordination. Je pose la question aux chrétiens sérieux, et qu’ils jugent en conscience : qu’est-ce qui vaut le mieux : quelqu’un qui est réellement à la tête ou un ancien factice ? Cela paraît être précisément le point auquel se résume toute la question : être quelqu’un à la tête selon le don de Christ, ou être un ancien selon une autorité apostolique factice, ou selon le choix illégitime d’une congrégation, avec ou sans cérémonie d’investiture par les hommes pour lui donner du poids, — des homme qui n’ont pas la moindre autorité de par Dieu pour le faire.
Un autre fait manifeste et significatif mérite d’être observé. Le présent état de choses est tellement contraire à la Parole de Dieu qu’il a maintenant surgi une nouvelle sorte d’officiels dont on n’avait jamais entendu parler dans les temps apostoliques : des individus appelés « le ministre ». Qui en a jamais entendu parler dans l’Écriture ?
Aucune personne ni aucune
fonction dans l’Écriture ne correspond à ce qu’on appelle communément « le
ministre ». Sans parler des anciens, il est question dans la Parole de
ceux qui sont à la tête, de prédicateurs, de docteurs [enseignants], de
pasteurs, de ministres / serviteurs dans la Parole et d’autres manières, selon
ce que nous nous sommes efforcés d’établir avec certitude. Je ne doute pas que
votre conscience m’ait suivi, sous la conduite de la Parole de Dieu. Toujours
dans l’Écriture, il y avait des dons différents, et par conséquent des
ministres / serviteurs différents dans la même assemblée. Il pouvait même y en
avoir beaucoup ; en ce qui concerne Antioche, nous entendons parler de
Simon, Menahem, Lucius, Barnabas
et Saul, — des ouvriers différents ayant des dons différents qu’ils exerçaient
dans l’harmonie. Voilà le principe juste. Cela requiert beaucoup de grâce parmi
les compagnons de travail. On peut se passer de tout cela quand un homme monopolise
toute la place pour lui : cela épargne beaucoup de difficultés, sans
doute, mais en faisant le sacrifice de la volonté de Dieu. Quoi de plus
misérable pour ceux qui aiment Son nom ? Qui le nierait ? Ce système
d’un homme unique est clairement contraire à l’Écriture. Est-ce quelque chose
de secondaire ? Effectivement c’est secondaire pour ceux qui nient
l’autorité divine et permanente de l’Écriture. Ne dites pas qu’il s’agit de
quelque chose d’accessoire et sans caractère pratique. Une mauvaise conscience
peut prétendre cela, parce qu’elle craint la vérité qui condamne la voie
qu’elle a choisie de suivre. Êtes-vous prêt à tenir à l’Écriture, ou
voulez-vous céder à l’incrédulité et marcher dans la désobéissance parce que
vous avez été infidèle jusque-là ? Pourquoi ne pas compter sur Dieu pour
avoir la grâce nécessaire pour aller chaque jour selon qu’Il vous
conduit ? Pourquoi ne pas commencer par vous humilier pour votre zèle
aveugle à défendre pendant si longtemps la tradition humaine et à combattre la
Parole de Dieu ? Êtes-vous indifférent au fait que vous avez
systématiquement fait peu cas de ce qui concerne de si près la gloire du
Seigneur ? La plupart d’entre nous ont connu la douleur ; beaucoup
d’entre nous ont mieux appris par le moyen de la grâce. Nous avons connu ce que
c’est de s’être contenté simplement de suivre la trace de nos pères, ou au
mieux de suivre ce qui nous attirait lors de notre conversion, avant d’en faire
un objet spécial de prière et de savoir ce qu’en dit la Parole de Dieu. Certainement
c’est une grande grâce de penser que nos parents aussi bien que nos âmes ont
été amenés au Seigneur ; mais l’objectif divin de toutes les grâces,
passées et présentes, est de nous fortifier pour faire maintenant la volonté du
Seigneur, et dorénavant de croître dans cette volonté avec une ferveur et une
simplicité croissantes.
Je vous supplie donc de tenir
ferme la vérité de la Parole de Dieu. Sondez les Écritures, et ne craignez pas
de leur obéir. Les choses qui déconcertent le plus quand on ne les comprend
pas, illustrent Sa grâce et Sa sagesse une fois qu’on les voit. Ainsi, quand
l’église a manifestement éclaté en morceaux et qu’il n’allait plus y avoir la
seule et unique assemblée de Dieu sur la terre, les apôtres ont disparu. À la
suite de cela, la masse est tombée dans une corruption toujours croissante par
l’effet de l’absorption de principes juifs et païens ; des sectes et des
partis s’en sont détachés, et finalement il y a eu la papauté et le protestantisme
avec ses multiples dénominations. Dans un tel état, ceux ayant une fonction
officielle n’ont voulu l’être que pour une dénomination, au lieu d’être des
surveillants établis dans le troupeau par le Saint Esprit (Actes 20:28). En
conséquence, le Seigneur a retiré les moyens de fournir une vraie charge
scripturaire au moment où la condition de l’église falsifiait Son témoignage.
Bien loin de voir une faute dans ce qui apparaît anormal, puisqu’il était
impossible qu’Il mît Son sceau sur ce qui est falsifié, je bénis Dieu pour le
fait qu’un ordre qui n’est qu’humain n’a pas le moindre titre valable à avoir
l’approbation de Dieu, malgré toutes les prétentions qu’on peut avoir. Au
départ, on n’a que des ministres de sectes qui ne sont pas définis, et des anciens
dépourvus de la seule autorité reconnue par l’Écriture : de là on est
conduit à la réalité. Cela devient de plus en plus un combat frontal entre d’un
côté l’incrédulité et la superstition, et de l’autre côté la Parole de Dieu et
le Saint Esprit. Que choisissez-vous ? L’incrédulité abandonne
l’Écriture aussi vite qu’elle le peut ; la superstition pervertit
l’Écriture pour maintenir la voie qu’elle aime ; et toutes les deux sont
unies contre la Parole écrite. La réalité, c’est de trouver la vraie place de
l’Écriture en conflit à la fois avec l’incrédulité et la superstition, mais
avec la joie du Seigneur et de la connaissance de Sa volonté. Puissions-nous
demeurer attachés à Dieu et à la Parole de Sa grâce ! (Actes 20:32). On
peut rencontrer beaucoup de difficultés, mais Lui sait comment les résoudre
pour nous par l’usage de Sa Parole fait par l’Esprit.
Le sujet du ministère est vaste, et on peut le prendre sous différents points de vue, et il y a bien des points que je n’ai pas abordés ce soir. Je ne les ai pas éludés, mais il est impossible de les énumérer tous d’un coup. Mon désir a été, en me confiant dans les directions du Seigneur, de dire ce que je pouvais pour le moment, avec simplicité et gravité, et avec les preuves les plus claires tirées de Sa Parole quant à Sa volonté dont dépend notre devoir, car les deux sont en corrélation. Puissiez-vous d’abord apprendre quelle est Sa volonté, puis vous y attacher, et ceci dans un esprit de grâce et d’humilité qui convient à ce que nous sommes, spécialement dans un jour mauvais et de confusion ! N’est-il pas vrai que beaucoup de nous ont trouvé la vérité trop grande pour notre mesure de grâce pratique ? Ne nous sommes-nous pas quelquefois élevés, et avec dureté, trop prompts à trouver des fautes chez les autres, et à corriger des fautes chez ceux dont on ne pouvait guère s’attendre à ce qu’ils reçoivent ces corrections, et chez qui, si nous avions eu plus de grâce, nous aurions dû passer sur beaucoup de choses ? Pourquoi forcer le bien d’une manière qui fasse du mal par une voie inconvenante ? Les choses étant ce qu’elles sont, nous avons toutes les raisons, frères, de considérer en urgence que nous pouvons marcher dans l’amour et dans l’humilité en tenant ferme la vérité sans compromis. Que le Seigneur nous rende plus simples et plus dévoués à Son nom et à Sa gloire !