William Kelly (ajouts bibliquest entre crochets)
STEM publishing — Leçons Introductives — Les petits prophètes
1.1 - [Au sujet du prophète Nahum]
1.3 - [Ch. 1:1b — Colère de Dieu]
1.4 - [Ch. 1:3 — Lent à la colère. La patience]
1.5 - [Ch. 1:3-6 — Quelques qualités de Dieu]
1.10 - [Ch. 1:15 — Annonce d’une bonne nouvelle]
1.10.1 - [Le temps de la prédication de la bonne nouvelle]
1.10.2 - [Deux transitions de remise en ordre d’Israël]
1.10.3 - [Annonce de la Parole de l’Éternel continuant durant le royaume millénaire]
1.10.4 - [Un autre ministère : le ministère de grâce des saints célestes]
2.2.1 - [Babylone par rapport à Ninive]
2.2.2 - [Détails donnés sur la chute de Ninive — Ch. 2:3-6]
2.2.3 - [Contraste et ressemblance avec Babylone]
3.5.1 - [Babylone et Ninive reparaitront dans l’avenir. Les différences par rapport au passé]
3.5.3 - [Ésaïe 14 confirme la chute finale de l’Assyrien après celle de Babylone]
3.5.3.1 - [Ésaïe 14 et la chute de Babylone]
3.5.3.2 - [Rappel sur les deux bêtes de l’Apocalypse, Babylone et l’antichrist]
3.5.3.3 - [Ésaïe 14 et les deux bêtes de l’Apocalypse]
3.5.3.4 - [Ésaïe 14 confirme la chute de l’Assyrie postérieure à celle de Babylone]
3.5.3.5 - [La prophétie a un accomplissement futur plus important que l’accomplissement passé]
3.7 - [Ch. 3: 14-19 — Destruction finale]
3.7.1 - [Ch. 3:15 — Destruction par le feu]
3.7.2 - [Ch. 3:14-19 — Détails de la ruine]
Le reproche fait par des Juifs au temps de notre Seigneur (Jean 7:52) était bien singulier ; car il y avait des prophètes qui s’étaient levés en Galilée. Jonas et Nahum étaient tous deux galiléens. Il n’y a rien en quoi les hommes sont susceptibles d’être aussi aveugles que dans la lecture de la Bible ; même les faits de l’Écriture sont trop souvent ignorés avec plus d’insouciance qu’à l’égard de tout autre livre. Les gens oublient facilement ce qu’il ne leur convient pas de retenir.
Jérusalem avait jadis, par ordre de Dieu, une telle place que les Juifs s’efforçaient d’exagérer tout ce qui l’entourait d’auréole et de nier ce que Dieu avait fait ailleurs. Mais Dieu aime opérer dans une grâce inattendue ; et par conséquent, il y avait quelque chose de tout à fait approprié dans l’appel de ces deux prophètes, car tous deux se sont occupés de Ninive. La Galilée était une région qui, à la fois bordait les Gentils, et en comptait de nombreux qui y habitaient. Par conséquent, les gens là-bas, malgré des préventions comme partout, ne pouvaient qu’être ouverts aux pensées et aux exercices de cœur au sujet des Gentils. Néanmoins, comme chez Jonas, il pouvait y avoir un sentiment résolument juif comme chez n’importe quel prophète suscité par Dieu, même à Jérusalem.
Tout d’abord, Nahum place devant nous le caractère de Dieu en des termes remarquablement vifs, et avec une majesté d’expression très appropriée au sujet que Dieu lui avait confié.
« L’oracle touchant Ninive » signifie la lourde sentence de Dieu contre cette ville célèbre ; c’est une phrase coutumière chez les prophètes. En Ésaïe, nous pouvons nous souvenir de l’oracle touchant Babylone, et ceux touchant une série de lieux les uns après les autres ; l’oracle était une annonce de jugement de sorte que le mot « oracle » en français correspond au mot anglais « burden », qui signifie normalement « fardeau ».
« Livre de la vision de Nahum, l’Elkoshite. C’est un Dieu jaloux et vengeur que l’Éternel ; l’Éternel est vengeur et plein de furie ; l’Éternel tire vengeance de ses adversaires et garde sa colère contre ses ennemis. L’Éternel est lent à la colère » (1:1-3).
Nous sommes tous susceptibles d’opposer ces choses les unes aux autres. Mais elles ne sont pas opposées en vérité ; car plus le sentiment de Dieu est fort contre ce qui détruit Sa propre gloire, plus il y a de la dignité à ce qu’Il soit lent à agir par indignation (nous aussi nous devrions être lents à agir par indignation, mais pour des raisons tout à fait différentes). En effet, la lenteur à la colère est ordinairement une preuve de grandeur morale, bien qu’il y ait des cas extrêmes où l’attente témoignerait d’un manque de sens juste. L’Écriture nous montre à la fois la règle et les exceptions. Ce n’est pas le propre de Dieu ou de l’homme d’être lent à ressentir, mais agir sur la base des sentiments est autre chose. Je suis persuadé que plus il y a le sentiment de la présence de Dieu, et de ce qui Lui convient, et par conséquent de ce qui nous convient à nous qui sommes Ses enfants (avoir à cœur l’intérêt de Son royaume, et aussi le sens de Son honneur qui nous est cher, plus cher même que toute autre considération), plus nous devons cultiver un esprit patient en présence du mal.
Pourtant, il est certain que la colère dans le sens vrai et pieux d’avoir horreur du mal, faisait partie de la nature morale de notre Seigneur Jésus. Il n’y a pas de plus grande erreur dans les temps modernes, chez de nombreux chrétiens, que d’exclure la sainte colère de ce qui est moralement parfait. Dans une circonstance (Marc 3), notre Seigneur Jésus regarda autour de Lui avec colère ; une autre fois, Il a utilisé un fouet de cordes avec indignation ; de temps à autre, Il a aussi tonné contre les hypocrites religieux qui étaient en haute estime parmi le peuple. Le chrétien qui ne partage pas de tels sentiments, manque totalement de ce qui est de Dieu, et aussi de ce qui convient à un homme de Dieu. Je vous accorde que la colère est trop susceptible de prendre une forme personnelle, et par conséquent, de glisser dans un sentiment de vengeance ou dans le ressentiment d’être blessé. Il n’est pas nécessaire de dire qu’il n’y avait rien de tout cela dans notre Seigneur Jésus. Il était venu faire la volonté de Dieu, et n’a jamais rien fait d’autre que cela — non seulement Il faisait ce qui était en accord avec cette volonté, mais Il ne faisait que cette volonté. Or c’est justement la raison pour laquelle Lui aussi était lent, non pas bien sûr à former un jugement, mais à l’exécuter sur l’homme ; en effet, comme nous le savons, Il a absolument refusé de le faire ici-bas. Il pouvait attendre le temps voulu. Dieu déployait alors Sa grâce, et, dans le cadre de Sa grâce, Il déployait Sa longanimité au milieu du mal. Et il n’y a rien de plus beau, rien de plus vraiment de Dieu, que ce déploiement de grâce dans la patience.
Ici aussi, il est remarquable, alors que le prophète proclame le jugement prochain de Dieu, qu’il prenne un soin particulier d’affirmer, non seulement la certitude que Dieu se venge de Ses adversaires, mais aussi de Sa lenteur à la colère. « L’Éternel est lent à la colère et grand en puissance, et il ne tiendra nullement le coupable pour innocent. L’Éternel, — son chemin est dans le tourbillon et dans la tempête, et la nuée est la poussière de ses pieds » (1:3).
Il est clair que l’expression « Il ne tiendra nullement le coupable pour innocent » n’est pas du tout incompatible avec le fait qu’Il justifie celui qui croit en Jésus et qui, jusque-là, était sans Dieu et impie. Ce n’était pas encore le moment convenable et approprié pour révéler la grâce de Dieu en justification ; mais même ainsi, personne n’est innocenté, étant méchant. Il est important de tenir cela clairement. Ne pas imputer l’iniquité est quelque chose de très différente de l’acquittement. Il n’acquitte jamais le méchant comme tel. Il n’y a pas de plus forte condamnation de la méchanceté que lorsqu’Il n’impute pas l’iniquité, parce que le motif qu’Il a de ne pas imputer l’iniquité au croyant est qu’Il l’a déjà imputée, et traitée selon Sa propre horreur du mal et Son juste jugement de tout à la croix de Christ. Quand il s’agit, comme ici, non pas de Sa grâce mais de Son juste gouvernement sur la terre, il reste toujours vrai que Dieu ne traite pas le méchant comme s’il était innocent.
Or le croyant doit imiter le caractère de Dieu ; car il faut nous rappeler que c’est ce qui doit nous distinguer comme chrétiens. Tout le reste devient de la propre justice (ou pharisaïsme). Mais il n’y a rien de plus important que d’être fidèle au caractère de Dieu, qui est notre Père, dont nous avons maintenant la nature, et qui s’est révélé parfaitement en Christ. Nous trouvons cela magnifiquement développé chez Son serviteur Paul, qui place la patience au-dessus de tous les autres signes d’un apôtre (2 Cor. 12:12). Elle est par excellence le reflet de Christ, parmi tout autre qualité en faveur de l’homme. Rien ne montre plus complètement la supériorité sur tout ce que Satan peut faire. Elle avait bien sûr un caractère spécialement éprouvant au milieu de ceux qui auraient dû avoir une meilleure connaissance, comme, par exemple, les Corinthiens. Car ils étaient des gens qui prenaient la position de servir le Seigneur et qui portaient Son nom ; mais c’est précisément à eux que l’apôtre dit que les vrais signes d’un apôtre avaient été montrés par lui en toute patience. Il ajoute ensuite les miracles et les révélations extraordinaires, ce qui était tout à fait à sa place, ; mais la patience est mise au premier rang, et avec raison, parce qu’elle suppose le mal, et le mal puissant, et pourtant la patience lui est supérieure. Comment pouvez-vous agir avec un homme que rien ne peut renverser, et tel que, quoi que vous fassiez ou quoi qu’il souffre, rien ne peut l’amener à dévier de la ligne tracée par Christ ? Or c’est exactement ce qui a brillé en Paul de manière si visible. Sans aucun doute, il y avait chez d’autres, des qualités opérées par l’Esprit, et qui étaient des plus bénies et rafraîchissantes, notamment chez Pierre, Jean, Barnabas, et d’autres, apôtres ou non ; mais je ne pense pas que quelqu’un ait approché Paul dans les assauts faits sur sa patience, dans des circonstances calculées pour l’éprouver à l’extrême et le provoquer à vif. Bien que Paul ait eu les mêmes passions que les autres, il y avait toujours chez lui un sens de Christ tel que cela le rendait pratiquement plus que vainqueur.
Donc ici, il est révélé certaines qualités de l’Éternel en rapport avec Son gouvernement de l’homme sur la terre ; et il faut en tenir compte, car l’Éternel est cette révélation spéciale de Dieu destinée à Son peuple comme Celui qui les gouvernait. Ainsi, Il est « lent à la colère et grand en puissance, et Il ne tiendra pas du tout le coupable pour innocent. L’Éternel, – son chemin est dans le tourbillon et dans la tempête, et la nuée est la poussière de ses pieds. Il tance la mer et la dessèche, et fait tarir toutes les rivières. Basan et le Carmel languissent, et la fleur du Liban languit. Les montagnes tremblent devant lui » (1:3-4) : c’est bien sûr une image, le mot « montagnes » étant employé pour indiquer les grands sièges de puissance sur la terre.
« Les montagnes tremblent devant lui, et les collines se fondent ; et devant sa face la terre se soulève, et le monde et tous ceux qui y habitent. Qui tiendra devant son indignation, et qui subsistera devant l’ardeur de sa colère ? Sa fureur est versée comme le feu, et devant lui les rochers sont brisés » (1:4-6).
Mais ce n’est pas tout. « L’Éternel est bon, un lieu fort au jour de la détresse ». Nous en venons maintenant à ce qui est en relation avec le juste. Il est patient même à l’égard du méchant, qu’Il jugera à la fin, mais Il a donné un « lieu fort ». « Il connaît ceux qui se confient en lui ; mais, par une inondation débordante, il détruira entièrement son lieu, et les ténèbres poursuivront ses ennemis » (1:7-8).
Alors vient un défi. « Qu’imaginez-vous contre l’Éternel ? Il détruira entièrement ; la détresse ne se lèvera pas deux fois » (1:9). Il y a, peut être ici, une allusion à un coup qui était déjà tombé sur l’Assyrien.
« La détresse ne se lèvera pas deux fois. Quand même ils sont comme des ronces entrelacées, et comme ivres de leur vin, ils seront dévorés comme du chaume entièrement sec » (1:9b-10). Mais nous devons garder à l’esprit que l’Esprit de prophétie voit et déclare des choses qui ne sont pas comme si elles étaient. J’ai donc dit « peut-être » ; car dans un cas comme dans l’autre, le croyant n’a pas à ressentir de difficulté. La destruction de Ninive par Cyaxare et Nabopolassar est généralement placée en 625 av. J.-C. et Nahum est considéré par la plupart comme ayant prophétisé près d’un siècle auparavant.
Après cela vient une allusion directe à l’ennemi, qui suscite cette magnifique description. « De toi est sorti celui qui imagine du mal contre l’Éternel, un conseiller de méchanceté. Ainsi dit l’Éternel : Qu’ils soient intacts, et ainsi nombreux, ils seront retranchés et ne seront plus » (1:11-12).
Il est ainsi clair qu’il y a deux éléments que Dieu a combinés dans ces révélations :
Il ne les laisserait pas impunis ; mais pouvait-Il permettre une destruction complète ? Ainsi, d’une part, le châtiment était mesuré, et son aboutissement était selon la bonté de Dieu. D’autre part, Dieu laisse l’adversaire déverser sans scrupule ni limite la haine sur Son peuple ; mais Il n’utilise pas simplement leur animosité contre Son peuple pour le bien de ce dernier, et pour la punition de leur infidélité, mais Il se retournerait sûrement contre l’ennemi malveillant quand Son dessein serait accompli. Car Dieu approuve-t-Il la haine implacable contre Israël ? approuve-t-Il l’indifférence totale non seulement à la pitié mais à la justice ? et cela va même jusqu’au mépris et à l’orgueil contre Lui-même ? approuve-t-Il qu’on transforme la permission donnée par Dieu de ravager la terre et le peuple d’Israël, en une illusion qu’il n’y a pas de Dieu du tout, ou qu’ils ont prévalu sur le vrai Dieu ? En conséquence, l’Éternel se retournerait avec justice contre les adversaires et les détruirait, aussi sûrement qu’Il les avait utilisés en premier lieu pour traiter ce qui était défectueux en Israël. C’est ce que nous pouvons trouver partout dans les prophètes, et de façon très visible dans l’usage que Dieu fait de l’Assyrien. Nahum ressemble aussi aux autres jusqu’à la fin.
Ainsi le premier coup fut, je suppose, Sankhérib ; le second ne viendrait pas de ce qu’une menace de l’Assyrien soit repoussée, mais serait la destruction de Ninive ; et la destruction de Ninive est le type du jugement final du grand Assyrien dans les derniers jours, le roi du nord. Bien que l’Éternel ait brisé Israël par l’ennemi pour leur bien, il n’y aurait plus de pareil trouble. Le passage regarde vers la fin : « Et si je t’ai affligé, je ne t’affligerai plus. Et maintenant je briserai son joug de dessus toi, et je romprai tes liens. Et l’Éternel a commandé à ton égard » (1:12b-14a), – maintenant Il se tourne vers l’Assyrien, et s’adresse à lui, – « L’Éternel a commandé à ton égard : on ne sèmera plus de semence de ton nom. De la maison de tes dieux je retrancherai l’image taillée et l’image de fonte, je préparerai ton sépulcre, car tu es vil » (1:14).
Je pense que « toi » au v. 12 signifie Israël, et au v. 13 signifie l’Assyrien. C’est pourquoi l’Éternel est représenté comme s’adressant à chacun personnellement à tour de rôle.
Puis, dans le dernier verset du ch. 1, ou, comme certains préfèrent, le premier du ch. 2, le ch. 1 se termine par de belles paroles : « Voici sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, de celui qui annonce la paix ! » (1:15) car le jugement de l’Assyrien sera l’établissement de la paix en Israël, et sa proclamation partout, une fois que l’Éternel aura achevé toute Son œuvre à Jérusalem. C’est-à-dire que quand l’œuvre morale y sera achevée, Il fera Son dernier acte de jugement de principe sur l’Assyrien, et alors viendra le règne de paix, dont nous avons ici l’annonce.
Il semble que la sortie des Israélites vers les nations avec le témoignage du royaume, aura lieu après la destruction de l’Assyrien, et leur établissement dans le pays. Ainsi, la parole de l’Éternel se répandra au loin, soutenue par la puissance intervenue en faveur de Son peuple de manière si visible. Car la connaissance de l’Éternel et de Sa gloire doit couvrir la terre, comme les eaux couvrent la mer (És. 11:9 ; Hab. 2:14) ; et Israël en sera le messager parmi les nations. Il y aura, je pense, un témoignage juif à la fois avant et après leur installation dans le pays. Il apparaît clairement qu’il y aura une prédication active pendant la période entre l’enlèvement des saints et leur apparition du ciel avec Christ en gloire ; mais il y a lieu de croire qu’elle ne cessera pas après l’apparition du Seigneur, bien que sa forme puisse changer.
Car observons qu’il y a deux grandes transitions dans la prophétie, qui sont susceptibles d’être confondues dans de nombreux esprits, et pourtant doivent être distinguées afin d’avoir quelque chose qui ressemble un peu à une vraie compréhension du sujet.
Il y a une transition après que Christ aura emmené des saints pour Le rencontrer en haut, avant qu’Il se manifeste et détruise l’antichrist ; c’est-à-dire entre la translation de ceux qui sont destinés à la gloire céleste et la manifestation du Seigneur et des Siens devant le monde. Pendant ce temps où les jugements providentiels tombent sur la chrétienté coupable, le Seigneur s’occupe principalement, en ce qui concerne la terre, de préparer un résidu Juif, dont quelques-uns seront mis à mort, puis par grâce ressuscités dans la première résurrection. Ayant souffert avec Christ, ils régneront avec Lui. C’est le principe invariable de Dieu. Mais d’autres qui n'auront pas souffert de cette manière, seront délivrés et auront une place distincte d’honneur dans le royaume sur la terre.
Mais quand le Seigneur sera apparu et aura détruit la bête et le faux prophète, et leurs partisans juifs ou gentils, il y aura une autre transition au cours de laquelle l’Éternel mettra les dix tribus en bon ordre, comme Il l’aura fait précédemment pour les deux tribus dans la première transition ; en fait, Il réunira et rétablira le peuple dans son ensemble. Ainsi les deux transitions ont principalement pour objet de redresser, d’abord les Juifs en tant que tels, et ensuite Ephraïm, faisant enfin des deux bâtons un seul dans Sa main (Ézéchiel 37), et la destruction de l’Assyrien a une relation similaire avec les dix tribus, à celle de la destruction de l’antichrist avec les deux premières tribus. L’un est avant l’apparition du Seigneur ; l’autre est dans l’intervalle qui a lieu après Son apparition, mais avant qu’Il établisse le règne de paix millénaire proprement dit. Il y aura le message public donné et entendu. Ce sera encore un temps de proclamation avant que tout soit pleinement accompli.
Mais de plus, dans le millénium, je pense que les Juifs sortiront spécialement vers les nations avec la parole de l’Éternel (Ésaïe 2 ; Michée 4). Sans aucun doute, la gloire sera manifeste dans le pays d’Israël, mais il y aura toujours un certain témoignage, je suppose, pour la conversion des nations (Ésaïe 66). Il semble y avoir peu de doute là-dessus. Il y en aura, particulièrement pendant la période de la deuxième transition, ainsi que pendant la première. La première verra la diffusion de « l’évangile du royaume » ; mais il semble y avoir un autre message qui va plus loin. « Voici sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, de celui qui annonce la paix ! Juda, célèbre tes fêtes, acquitte tes vœux » – il est possible qu’Israël ne soit pas pleinement réuni – « car le méchant ne passera plus par toi, il est entièrement retranché » (2:15c). Ainsi, si tout n’est pas encore établi dans la paix quant au peuple dans son ensemble, la chute du dernier Assyrien est le signe d’une paix stable qui s’ensuit (comp. Michée 5:5).
Il y a un autre passage qui fait référence à quelque chose comme le ministère des saints célestes. Les nations marcheront par sa lumière (Apoc 21:24). « Les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations » (Apoc. 22:2). Je n’ai pas le moindre doute que les saints glorifiés exerceront une action bienfaisante ou un ministère de grâce sur le monde en général, même si la lumière de l’état céleste puisse, peut-être, être plus générale que cela. Les feuilles de l’arbre semblent représenter des moyens spéciaux que le Seigneur utilisera pour assainir la condition des hommes sur la terre pendant le millénium ; le fruit, pour ainsi dire au sens figuré, donne un goût céleste.
Dans Nahum 2 et 3, nous avons très nettement et pleinement l’objet principal de la prophétie de Nahum, dont le premier chapitre est une préface, bien que, dans la dernière partie de ce ch. 1, le sujet direct soit l’Assyrien, sans qu’il soit mentionné.
Mais maintenant, la grande ville vient franchement en évidence. « Celui qui brise est monté contre ta face : garde la forteresse, surveille le chemin, fortifie tes reins, affermis beaucoup ta puissance » (2:1).
Le défi est tout de suite lancé à Ninive de se défendre du mieux qu’elle peut ; car il y a un très grand danger droit devant elle. « Car l’Éternel a détourné l’excellence de Jacob comme l’excellence d’Israël ; car ceux qui dépouillent les ont dépouillés et ont gâté leurs sarments » (1:2).
Nous voyons ainsi le sujet collatéral, à savoir, le jugement d’Israël par ses ennemis ; mais dans la mesure où les Assyriens ont exécuté ce jugement d’une manière insultante pour Dieu Lui-même, non pas seulement pour châtier Son peuple coupable, ils doivent être préparés à leur propre ruine. Ainsi, nous voyons la vérité combinée placée devant nous : la destruction de Ninive, mais non pas dissociée de la discipline d’Israël. L’Éternel juge Israël, et s’Il juge Son peuple qui avait dans une mesure la connaissance, et dans une plus grande mesure, la responsabilité de la justice, comment l’impie et le pécheur paraîtront-ils ? Ninive avait été une ville impie qui n’avait aucune pensée de faire la volonté de Dieu, ni ne s’en souciait, encore moins d’en faire aucune profession formelle. Mais le peuple d’Israël avait eu ces choses, et ils en subissaient les conséquences.
Ensuite on a la description très animée des préparatifs des Ninivites pour se défendre contre leurs ennemis. Historiquement, les ennemis qui ont détruit Ninive étaient, comme on le sait, les Mèdes (*).
Bien qu’il y ait peu d’informations dans l’histoire humaine sur les circonstances, il semble certain que Babylone ait contribué à cette destruction de Ninive. Bien qu’elle soit une ville aussi ancienne, sinon plus ancienne, que Ninive, ce n’est que quand Dieu a renversé l’Assyrie et l’Égypte, qu’il a été permis à Babylone de sortir de l’ombre. Elle avait été, pendant des centaines d’années, tenue en laisse comme un animal à l’entraînement, jusqu’à ce que son temps arrive, et alors elle s’est élancée et a distancé tous ses concurrents. D’autres villes ou races peuvent montrer une maturité plus rapide ; mais c’est au temps voulu, après avoir été ainsi freinée depuis une haute antiquité, que Babylone a été amenée au premier rang de la suprématie impériale dans ce monde. Ninive était la capitale de l’Assyrie, qui était une puissance tout à fait distincte.
… …
« Le bouclier de ses hommes forts est teint en rouge, les hommes vaillants sont vêtus d’écarlate, l’acier fait étinceler les chars, au jour où il se prépare, et les lances de cyprès sont brandies. Les chars s’élancent avec furie dans les rues, ils se précipitent sur les places ; leur apparence est comme des torches, ils courent comme des éclairs. – Il pense à ses vaillants hommes : ils trébuchent dans leur marche, ils se hâtent vers la muraille, et l’abri est préparé. Les portes des fleuves sont ouvertes, et le palais s’effondre » (2:3-6).
C’est certainement un tableau saisissant des dernières scènes. Des découvertes récentes ont montré un tableau semblable quant à l’abondance de l’écarlate et des chars, et à toute la préparation de guerre caractéristique de Ninive. Le tableau donné ici assez minutieusement est aussi saisissant quant à la manière dont Ninive devait tomber, laquelle est prédite de manière très vivante et exacte.
Le contraste et la ressemblance avec Babylone sont aussi remarquables ; car Babylone, dans la plaine de Shinhar, était une capitale supérieure en magnificence à Ninive, et qui ne lui était pas inférieure en étendue ; toutes deux étant construites sur des rivières célèbres — des rivières du Paradis. Toutes deux ont été typiques, et la chute de l’une comme celle de l’autre ont eu un caractère très important (Babylone encore plus que Ninive), et pour chacune le fleuve a joué un rôle très important dans la prise des deux villes ; néanmoins il y a autant de contraste que de ressemblance dans la chute de ces deux villes. Car le moyen spécial de la destruction de Babylone a consisté à assécher le lit du fleuve en déviant le fleuve ; alors que la crise qui a amené directement la destruction de Ninive a été l’irruption du fleuve dans la ville, et non son déversement ailleurs. C’est assurément remarquable — en même temps, cela condamne la singulière stupidité de ceux qui ne voient pas clairement les différences. L’ensemble est une bonne leçon pour la nature humaine, et un indice important pour nous de lire la parole de Dieu d’un peu plus près. Celui qui a écrit l’Écriture n’avait aucune difficulté. Tout était aussi clair que possible pour Lui. Le seul obstacle réel ne vient pas en général de son langage, sauf cas très exceptionnels, mais de notre propre lenteur de cœur à croire tout ce que les prophètes ont dit (Luc 24:25).
« Les portes des fleuves sont ouvertes » – non pas seulement les portes de la ville. Une porte de la ville a été ouverte dans le cas de Babylone ; et nous en connaissons la splendide description en Ésaïe, avec ses portes d’airain et ses barres de fer (És. 45), qui doivent céder à la justice venant de l’orient ; car Dieu appela Cyrus à marcher, et livra des rois à son épée comme de la poussière, et à son arc comme du chaume (És. 41:2). Le moment venu, la difficulté disparut et les Perses entrèrent dans la ville impériale par le lit asséché de l’Euphrate, qui se déversa dans un autre canal. Ainsi les portes furent ouvertes pour les autres des Perses, quand les gardes ivres furent dispersés.
Mais dans le cas de Ninive, ce sont les eaux du fleuve qui ont fait s’effondrer les habitations, les palais et les défenses. Ce n’était pas une cité prise par une armée remontant furtivement le lit vidé d’une rivière, puis laissait entrer le corps principal par les portes. C’est l’inverse qui est arrivé à Ninive. L’Euphrate a été détourné de Babylone, tandis qu’à Ninive le Tigre a éclaté ses limites, et a d’une part submergé et d’autre part détruit une vaste partie de Ninive ; de sorte que les fondations mêmes, et non seulement les murs, ont été emportées. En vain le roi a-t-il alors appelé ses vaillants hommes : ils ont trébuché dans leur marche ; ils se sont hâtés vers la muraille ; l’abri était préparé (2:5). Les portes du fleuve se sont ouvertes et le palais s’est effondré (2:6).
« C’est arrêté : elle sera mise à nu, elle sera emmenée, et ses servantes gémiront comme la voix des colombes, en se frappant la poitrine. Or, dès le jour où elle exista, Ninive a été comme une mare d’eau. Mais ils fuient… Arrêtez ! Arrêtez ! Mais personne ne se retourne. Pillez l’argent, pillez l’or ! Il n’y a pas de fin au splendide arroi de toute sorte d’objets d’agrément. [Elle est] vidée, et dépouillée, et dévastée ! Et le cœur se fond, et les genoux sont tremblants, et une poignante douleur est dans tous les reins, et tous les visages pâlissent » (2:7-10).
C’est-à-dire que tout le vaste stock de ce qui contribue à l’orgueil de la vie, tout ce qui servait au plaisir égoïste et à la vanité, est maintenant montré être autant amassé pour les conquérants, autant accumulé pour une destruction totale, voire emporté par les ravisseurs. Telle est en effet l’histoire de l’homme en général.
Puis vient l’exultation du prophète sur la ville qui avait été la terreur d’Israël, le vieil ennemi qui avait triomphé d’eux si hautainement et si constamment ; car l’Assyrie était le principal ennemi dont Dieu s’est servi du temps des rois pour freiner ou écraser l’orgueil de Son peuple par leur propre orgueil.
« Où est le repaire des lions, et le lieu où se repaissaient les lionceaux, où se promenaient le lion, la lionne, [et] le petit du lion, sans que personne les effrayât ? » (2:11). C’est un tableau des plus animés de la place de seigneur parmi les nations que l’Assyrie a longtemps possédée jusqu’au moment de sa ruine.
« Le lion déchirait suffisamment pour ses petits, et étranglait pour ses lionnes, et remplissait de proie ses antres, et de bêtes déchirées ses repaires. Voici, j’en veux à toi, dit l’Éternel des armées ; et je réduirai tes chars en fumée ; et l’épée dévorera tes lionceaux, et je retrancherai de la terre ta proie ; et la voix de tes messagers ne s’entendra plus » (2:12-13).
En même temps, il ne faut pas manquer de se rappeler que, quelle que fût la grandeur de Ninive, et quelle que fût la terreur qu’elle inspirait aux nations, la puissance impériale ne lui a jamais appartenu. Ceux qui le disent se méprennent sur les faits, et confondent la position de l’Assyrie avec Babylone. En examinant l’Écriture, on trouvera que l’Assyrie n’a été que la plus grande parmi les puissances confédérées ou indépendantes. Mais ce n’est pas le vrai sens du mot « empire », qui signifie en réalité une puissance qui est non seulement plus grande que toute autre, mais qui maintient les rois et les nations comme des vassaux, — non pas simplement s’imposant parmi une foule de comparses, mais plutôt un seigneur et maître de tous les autres. Telle fut la position à laquelle Babylone s’éleva par la suite, par titularisation divine, – position à laquelle l’Assyrie, comme l’Égypte, avait longtemps aspiré en vain. Le désir n’était en rien nouveau ; l’accomplissement l’était. L’ancienne maîtresse de corvée d’Israël, l’Égypte, aurait bien aimé l’avoir, et l’Assyrien aussi, comme nous le trouvons dans le prophète Ézéchiel. Ces deux se sont efforcés durement et longtemps d’avoir la maîtrise. Ils pensaient sans doute qu’il était moralement certain que la domination suprême devait revenir à l’un ou à l’autre ; et ainsi ils combattirent jusqu’à la mort, l’Égypte succombant la première, puis l’Assyrie. Une puissance qu’on ne soupçonnait ni ne craignait, était tenue en réserve : pour elle, le Dieu du ciel gardait dès le commencement la place la plus élevée. Nebucadnetsar devint la « tête d’or » (Dan. 2). Babel fut le berceau de l’empire babylonien.
En Nahum 3, le prophète dit : « Malheur à la ville de sang » (3:1a) – Ninive avait été telle pour Israël par-dessus tout.
« Toute pleine de fausseté et de violence ! » (3:1b), les deux formes habituelles de l’iniquité.
« La rapine (ou « la proie) ne la quitte pas » (3:1c). C’est sans doute une allusion aux peuples emmenés captifs et non restaurés.
Puis est donnée une esquisse très animée de l’avance des ennemis pour attaquer et tuer. « Bruit du fouet et fracas des roues, et galop des chevaux, et chars qui bondissent ; … le cavalier qui s’élance, et la flamme de l’épée, et l’éclair de la lance, et une multitude de tués, et des monceaux de corps morts, et des cadavres sans fin ! on trébuche sur les cadavres ! » (3:2-3).
Ce carnage et cette ruine sont attribués à l’idolâtrie de Ninive, et à leurs efforts, trop fructueux, pour attirer d’autres en les séduisant. « À cause de la multitude des prostitutions de la prostituée attrayante, enchanteresse, qui vend les nations par ses prostitutions, et les familles par ses enchantements » (3:4).
Vient ensuite la sévère condamnation de l’Éternel, qui autrefois avait épargné, mais voulait maintenant faire savoir à Ninive qu’il ne s’agissait pas simplement de jalousie par rapport à d’autres, mais qu’Il avait résolu de déshonorer celle qui s’était tant amusée à tromper les autres. « Voici, j’en veux à toi, dit l’Éternel des armées, et je relèverai les pans de ta robe sur ton visage, et je montrerai aux nations ta nudité, et aux royaumes ta honte. Et je jetterai sur toi des ordures, et je t’avilirai, et je te donnerai en spectacle. Et il arrivera que tous ceux qui te verront fuiront loin de toi, et diront : Ninive est dévastée ! Qui la plaindra ? D’où te chercherai-je des consolateurs ? » (3:5-7).
Les versets 8 à 10 lancent un avertissement à Ninive en rappelant la terrible désolation de la ville célèbre No-Amon. Ce n’était ni Alexandrie ni l’Égypte, mais Thèbes avec ses cent portes ; elle était spécialement mentionnée du fait que les Assyriens eux-mêmes l’ont ravagé à la fois avant l’époque de Nahum, et plus tard, jusqu’à ce que Cambyse lui fasse boire jusqu’à la lie la coupe de l’insolence perse. « Es-tu meilleure que No-Amon, qui habitait sur les canaux, des eaux autour d’elle, — elle qui avait la mer pour rempart, la mer pour sa muraille ? L’Éthiopie et l’Égypte étaient sa force, et c’était sans fin ; Puth et les Libyens étaient parmi ceux qui l’aidaient. Elle aussi fut emmenée et s’en alla en captivité ; ses petits enfants aussi furent écrasés aux coins de toutes les rues ; on jeta le sort sur ses hommes honorables, et tous ses grands furent liés de chaînes ».
Ensuite, à partir du v. 11, le prophète s’adresse de nouveau à Ninive et déclare qu’elle ne doit pas s’en tirer mieux. « Toi aussi, tu seras enivrée ; tu seras cachée ; toi aussi, tu chercheras un lieu fort devant l’ennemi » (3:11).
En effet Ninive devait tomber encore plus facilement, disent les v. 12 et 13 : « Toutes tes forteresses sont comme des figuiers avec leurs premières figues ; si on les secoue, elles tombent dans la bouche de celui qui les mange. Voici, ton peuple au dedans de toi est comme des femmes ; les portes de ton pays seront grandes ouvertes à tes ennemis, le feu dévore tes barres » (3:12-13).
Qu’elle fasse des préparatifs comme ils pouvaient (et la crise l’exigeait), le feu et l’épée devaient suivre leur cours sur la ville condamnée. « Puise de l’eau pour le siège, fortifie tes lieux forts, entre dans la glaise et foule l’argile, répare le à briques » (3:14).
Marchands, princes, satrapes, vice-rois, nobles, peuple, tous devraient disparaître, sauf ceux qui ne resteraient que pour sombrer irrémédiablement.
Comme Babylone par la suite, Ninive ne reparaîtra jamais comme ville capitale ; mais le type de pouvoir qui prévalait dans les monarchies assyrienne et babylonienne aura chacun son représentant dans les derniers jours. À ce moment-là, l’ordre sera exactement l’inverse de ce qu’il a été dans l’histoire, selon ce que montre la prophétie. C’est un moyen très important de démontrer qu’ils se trompent complètement ceux qui pensent que nous n’avons affaire qu’à Babylone et à Ninive du passé. Car le fait historique est que Ninive est tombée la première. En effet, le renversement de la capitale assyrienne était une étape importante dans la providence de Dieu à cause de la position remarquable, unique à l’époque, à laquelle il fut permis à Babylone de s’élever, — conformément à la vision de Nebucadnetsar rappelée et expliquée par Daniel selon la volonté souveraine du Dieu des cieux. L’ordre ancien a été le suivant :
La chute de Babylone, la première qui ait atteint un tel caractère, caractérise la chute de la dernière de ces puissances impériales. Le détenteur final du système qui a commencé avec Babylone sera la bête, ou l’empire romain ressuscité, dans son état final apostat, à la fin de l’ère présente. La bête de cette époque-là correspondra à la monarchie chaldéenne, ou Babylone vue comme une puissance impériale.
Bien sûr, par cela je ne veux pas parler de la Babylone de l’Apocalypse ; car celle-ci est clairement un pouvoir ecclésiastique corrompu. Mais, le dernier détenteur du pouvoir impérial étant typifié dans une mesure par le premier détenteur de ce pouvoir, le jugement de l’empire babylonien préfigure dans une bonne mesure le jugement du quatrième empire (de Dan. 7) dans sa forme ressuscitée (Apoc. 13:3) lorsqu’il va à la destruction.
Il est clair et important d’observer que, dans le récit prophétique de l’avenir, ce qui répondra à l’Assyrie sera postérieur à la destruction de Babylone, non pas antérieur. Dans l’histoire, la chute de l’Assyrie a eu lieu avant Babylone. Dans le futur, selon la prophétie, la chute de l’Assyrie se fera après celle de la puissance correspondant au système impérial de Babylone. Par conséquent, pour ceux qui lisent la prophétie avec foi, la distinction entre les deux exclut la controverse de ceux qui prétendent que tout est fini avec Babylone et l’Assyrie du passé : ils sont vraiment sans excuse.
La même conclusion résulte des paroles très claires d’Ésaïe. « Ha ! l’Assyrie, verge de ma colère ! Et le bâton qui est dans leur main, c’est mon indignation ! Je l’enverrai contre une nation profane ; et je lui donnerai un mandat contre le peuple de ma fureur, pour le butiner et le piller, et pour le fouler aux pieds comme la boue des rues » (És 10:5-6). C’est-à-dire que l’Éternel l’a employé comme un moyen d’abattre l’orgueil d’Israël.
« Mais lui n’en juge pas ainsi » (És 10:7). Il ne cherche qu’à satisfaire son propre orgueil. Oh, si Israël avait défendu son véritable sujet de fierté, l’Éternel Lui-même, et s’était humblement tourné vers Lui pour plaider sa cause ! Mais non, ils ont cherché ce que les Gentils cherchaient ; et leur Dieu les a livrés à l’ennemi hautain et cruel.
Mais assurément, si l’Éternel châtie les fautes de Son peuple, Il ne manquera pas de punir l’iniquité dominatrice de Ses ennemis, décrite ainsi : « Il a au cœur de dévaster et de retrancher des nations, pas en petit nombre. Car il a dit : Mes princes ne sont-ils pas tous des rois ? » (És. 10:7b-8). C’est ce qui avait de la valeur pour cet ennemi, et il l’aurait aimé encore davantage, mais Dieu n’a pas permis à l’Assyrien d’avoir tout ce qu’il souhaitait. La domination suprême était son ambition ; mais la volonté souveraine de Dieu l’a donnée à Babylone.
L’Assyrien disait, dans son ambition : « Calno n’est-elle pas comme Carkemish ? Hamath n’est-elle pas comme Arpad ? Samarie n’est-elle pas comme Damas ? Comme ma main a trouvé les royaumes des idoles (et leurs images étaient plus que celles de Jérusalem et de Samarie), ne ferai-je pas à Jérusalem et à ses images ainsi que j’ai fait à Samarie et à ses idoles ? » (És. 10:9-11). — Dieu ne l’a donc pas permis : « Et il arrivera que, quand le Seigneur aura achevé toute son œuvre contre la montagne de Sion et contre Jérusalem, je visiterai le fruit de l’arrogance du cœur du roi d’Assyrie et la gloire de la fierté de ses yeux. Car il a dit : Par la force de ma main je l’ai fait, et par ma sagesse » (És. 10:12-13a).
Tout cela est rappelé dans le but de mettre en lumière autant
que possible le caractère final du jugement qui sera exécuté sur l’Assyrien :
il a lieu quand le Seigneur aura accompli toute S
on œuvre. Par
conséquent, nous trouvons ici un élément important de la vérité divine, à
savoir que l’Assyrien (vu maintenant d’une manière générale) est le dernier. C’est
l’opération de clôture avant le millénium au plein sens de règne de paix, dont Ésaïe
11 parle juste après.
Dans la description donnée de ce règne en És. 11, son introduction se fait certes par le biais de l’Antichrist, qui est détruit, est-il dit (És. 11:4), par le souffle des lèvres de l’Éternel, mais le temps pour cela n’est pas défini comme il l’est pour l’Assyrien.
Quand on avance encore un peu dans Ésaïe, on trouve davantage. En Ésaïe 14 par exemple, il est dit : « Car l’Éternel aura compassion de Jacob et choisira encore Israël, et les établira en repos sur leur terre ». Il s’agit donc à l’évidence d’établir le peuple en terre de Palestine, non pas seulement une partie d’entre eux, mais tous.
Ensuite on trouve les types constants des ennemis du peuple à la fin. « Et il arrivera, au jour où l’Éternel te donnera du repos de ton labeur et de ton trouble et du dur service auquel on t’a asservi, que tu prononceras ce cantique sentencieux sur le roi de Babylone, et tu diras : Comment l’oppresseur a-t-il cessé ? comment l’exactrice a-t-elle cessé ? L’Éternel a brisé le bâton des méchants, le sceptre des dominateurs. Celui qui, dans sa fureur, frappait de coups les peuples, sans relâche, dominant les nations dans sa colère, est poursuivi sans trêve » (És. 14:3-6).
Nous retrouvons alors la terre au repos (És. 14:7-8), et même le Shéol/Hadès en train de se féliciter de la chute du roi de Babylone (És. 14:9), tableau très imagé certes, mais aussi exact que sublime.
L’empire de Babylone, ou la première bête de Dan. 7, fait pressentir dans cette mesure la quatrième bête qui était, et n’est pas et sera présente (Apoc. 17:8,11). La première bête, comme nous le savons, est très étroitement associée avec l’Antichrist de l’Apocalypse (ch.13) ; de sorte qu’il est très difficile de distinguer ces deux alliés dans l’iniquité de la fin. Leurs principales caractéristiques sont les suivantes : ils prétendent tous deux devoir faire les objets d’un culte divin, + tous deux jouent un rôle important et combiné dans la grande apostasie du futur. La première bête est bien sûr l’empire de l’Occident, mais elle est aussi étroitement liée à Jérusalem, où l’homme de péché est assis dans le temple de Dieu (2 Thes. 2). Ils sont vus comme les deux bêtes en Apoc. 13. Mais le faux prophète (deuxième bête) sera à Jérusalem, tandis que le siège central du pouvoir de la première bête est Rome. Qu’il y habite ou non, cela ne revient à personne de le dire ; mais où que ce soit qu’il réside, il est évident qu’il possédera l’ancienne capitale de la Rome impériale, comme Jérusalem sera celle de la puissance religieuse apostate. Ils sont donc si liés et similaires dans leur politique et leurs objectifs qu’il ne faut pas s’étonner si beaucoup les confondent, bien que cela ne signifie pas que chacun n’ait pas sa place et sa dignité distinctes dans la crise future.
La connexion des deux bêtes d’Apoc. 13 est donc si étroite qu’il est souvent très difficile de tracer la ligne de démarcation. Ainsi, beaucoup pensent que la description de Lucifer dans Ésaïe 14 désigne l’Antichrist, alors qu’il semble en réalité être le roi de Babylone en tant que rempli de l’énergie de Satan. Néanmoins, la puissance la plus subtile de Satan se manifestera dans le faux prophète, et non dans la première bête (le chef de l’empire romain) ; mais dans la mesure où ils travaillent, tous les deux, main dans la main, il est parfois délicat de les distinguer. En fait, ils sont tous les deux jugés au même instant, tous deux jetés vivants ensemble dans l’étang de feu. Par conséquent, même si on les confond un peu, cette erreur n’a pas d’importance quant à leur destinée ; leur distinction est plus importante lorsqu’il s’agit de leur caractère, de leur œuvre et de leur sphère habituelle.
Il semble que la vraie distinction entre les deux est que la première bête (d’Apoc. 13) est plus grande politiquement, et que le faux prophète est plus élevé religieusement ; les deux se partagent le gâteau en s’accommodant l’un de l’autre dans leur mauvaise hégémonie sans guère penser au sort commun qui les attend. La bête exalte le faux prophète, et le faux prophète exalte la bête ; et ils sont donc liés en amitié autant que peuvent l’être des puissances méchantes l’une vis-à-vis de l’autre. De toute façon, Satan est le chef des deux et les emploie de manières variées et ensemble dans ses efforts contre Dieu et contre Son Christ.
À la fin de ce même chapitre 14 d’Ésaïe, quand le prophète en a fini avec le subtil roi de Babylone comme type de la puissance impériale hautaine, nous lisons ce qui mérite particulièrement d’être observé : « L’Éternel des armées a juré, disant : Pour certain, comme j’ai pensé, ainsi il arrivera, et, comme j’ai pris conseil, la chose s’accomplira, de briser l’Assyrien dans mon pays ; et je le foulerai aux pieds sur mes montagnes ; et son joug sera ôté de dessus eux, et son fardeau sera ôté de dessus leurs épaules » (És. 14:24-25).
C’est aussi ce qui était promis en Nahum 1 : « C’est là le conseil qui est arrêté contre toute la terre, et c’est là la main qui est étendue sur toutes les nations. Car l’Éternel des armées a pris ce conseil, et qui l’annulera ? Et sa main est étendue, et qui la Lui fera retirer ? » (És. 14:26-27).
Je considère donc qu’il est clair, à la fois d’après Ésaïe 10 et d’après És.14, que la future chute de l’Assyrien est distincte et postérieure à celle du roi de Babylone. Mais sans aucun doute dans l’histoire, ce n’était pas le cas. Car dans le passé, la destruction de Ninive a eu lieu avant que Nebucadnetsar devienne la tête de la statue d’or, c'est-à-dire avant la suprématie de Babylone.
Dès lors, il est évident que, s’il doit y avoir la chute du roi de Babylone avant la destruction de l’Assyrien, il est tout à fait impossible de rapporter au passé l’accomplissement complet de la prophétie.
Dieu a particulièrement pris peine de nous renvoyer sur l’avenir pour l’accomplissement exact ; et rien ne peut être plus admirable que la perfection de la parole de Dieu en cela. Il était essentiel que la prophétie ait un accomplissement à l’époque où elle a été écrite. Cela était nécessaire pour la consolation du peuple de Dieu. Afin de marquer que ce n’était pas là la portée toute entière de la prophétie, l’ordre même est changé, sans pourtant s’arrêter sur le fait et sans l’expliquer. Ainsi, nous voyons que Dieu a pitié de Son peuple, et voudrait nous mettre en garde contre le principe misérable de considérer la prophétie comme guère mieux qu’un vieil almanach — comme un récapitulé de ce qui a été accompli sans avoir aucune autre utilité directe. L’inverse est vrai, c'est-à-dire que la prophétie s’est accomplie, mais la portée la plus importante de ses prédictions est encore à venir.
Il n’est pas nécessaire de s’attarder particulièrement sur les diverses formes de la méchanceté de Ninive placées ici devant la pensée de l’Esprit prophétique. « Toi aussi, tu seras enivrée ; tu seras cachée ; toi aussi, tu chercheras un lieu fort devant l’ennemi. Toutes tes forteresses sont comme des figuiers avec leurs premières figues ; si on les secoue, elles tombent dans la bouche de celui qui les mange. Voici, ton peuple au dedans de toi est comme des femmes ; les portes de ton pays sont grandes ouvertes à tes ennemis, le feu dévore tes barres » (3:11-13). La faiblesse de Ninive devait être ainsi grande quand sonna l’heure de sa ruine.
Il semble que même la figure de l’ivresse ait une portée littérale ; car bien que l’on puisse concevoir que l’accusation d’ivresse comprenne un sens figuré de cette fausse sécurité dans laquelle reposait Ninive, comme Babylone plus tard ; c’est un fait notoire qu’il y eut une surprise à Ninive lors d’une fête religieuse de leurs dieux, ce qui rappelle l’infâme fête de Belshatsar la nuit même où Babylone fut prise (Dan. 5). Il y eut donc une fête profane, honorant leurs faux dieux d’une part, et déshonorant le vrai Dieu d’autre part. Bref, une fête avec l’ivresse qui les accompagnait était liée au siège de Ninive, tout comme à Babylone. Mais la manière a été différente, car le camp de Ninive semble avoir été surpris avant la prise de la ville. C'est pourquoi Nahum 1:10 parle de ce qu’ils ont été pris comme des ronces entrelacées dans l’ivresse. Tout cela est décrit avant le récit de la prise sanglante de la ville. Mais si tel était le cas de Ninive, ce ne fut pas le cas de Babylone : il est notoire que la fête ivre du roi Belshatsar eut lieu la nuit où elle fut prise. À Ninive, la surprise du camp fut sans la ville avant sa chute. Ainsi chacun a ses propres caractéristiques particulières ; et tous deux montrent l’admirable perfection de la parole de Dieu.
De plus, l’intervalle entre la chute de Babylone et celle de Ninive est de l’ordre de 90 ans. La captivité d’Israël mesure la suprématie de Babylone. Elle a duré 70 ans ; et nous pouvons laisser une marge de quelques années à cause de l’incapacité des chronologistes à déterminer la date exacte de la chute de Ninive. Elle a certainement été prise avant que Nebucadnetsar acquiert son pouvoir impérial, et donc plus de six siècles avant Jésus Christ.
Quoi qu’il en soit, la sentence prophétique est : « Là, le feu te dévorera » (3:15). De même, c’est une question d’histoire commune que, quand le roi s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas se défendre, il a lui-même mis le feu à la place. Ce ne sont pas les ennemis qui l’ont fait, comme dans le cas de la capitale chaldéenne. À Babylone, l’ennemi s’assura ainsi la victoire de cette manière, mais il en fut autrement à Ninive. Encore une fois, seul un incendie partiel a consumé Babylone, qui est donc restée une ville, humiliée mais fière, longtemps après l’époque d’Alexandre le Grand, qui en fait y est mort. Mais la ville assyrienne périt alors. Ninive est tombée, non seulement pour ne plus jamais se relever, mais même pas pour survivre en aucune mesure. La main qui a principalement effectué sa conflagration était celle du prince malheureux qui a vu l’impossibilité d’échapper, et donc, s’entourant de ses femmes et de ses concubines, de ses bijoux, de l’or et de l’argent, et de tout ce qui avait de la valeur, a mis le feu au tout par désespoir.
Par conséquent, nous avons cette description relative à Ninive d’une manière que l’on ne trouve pas pour la chute de Babylone. « Puise de l’eau pour le siège, fortifie tes lieux forts, entre dans la glaise et foule l’argile, répare le à briques » (3:14). Hélas, aucun soin ne devait prévaloir.
« Là, le feu te dévorera, l’épée te détruira ; elle te dévorera comme l’yélek. Multiplie-toi comme l’yélek, multiplie-toi comme la sauterelle. Tu as augmenté le nombre de tes marchands plus que les étoiles des cieux ; l’yélek se répand, puis s’envole. Tes hommes d’élite sont comme les sauterelles, et tes capitaines sont comme une nuée de gobs qui campent dans les haies au frais du jour ; le soleil se lève, ils s’envolent, et on ne connaît pas le lieu où ils sont. Tes pasteurs dorment, roi d’Assyrie ! tes vaillants hommes sont couchés là » (3:15-18a). C’est une plénitude de ruine pour sa grandeur sans exemple dans l’histoire. « Ton peuple est dispersé sur les montagnes, et personne ne les rassemble. Il n’y a pas de soulagement à ta blessure ; ta plaie est très-maligne ; tous ceux qui entendent parler de toi battent des mains sur toi ; car sur qui ta méchanceté n’a-t-elle pas continuellement passé ? » (3:18b-19).
Néanmoins, il y a cette différence à voir, que l’Assyrie aura certainement une place dans le millénium et une place distinguée – non pas Ninive en effet, mais l’Assyrie (Ésaïe 19). Quant à Babylone ou à la Chaldée, nous n’entendons jamais parler ni de l’une ni de l’autre quand le royaume viendra. L’Éternel au milieu de Son jugement se souviendra de la miséricorde (Hab. 3:1) ; et l’Égypte et l’Assyrie sont particulièrement mentionnées comme ayant une place prépondérante avec Israël en ce jour-là.