Leçons introductives au livre des Nombres

William Kelly (tous les titres et sous-titres sont ajoutés par Bibliquest)

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Table des matières abrégée (Table détaillée plus bas)

1 - Introduction : la marche sur la terre, un désert

2 - Nombres 1 — Dénombrement du peuple

3 - Nombres 2 — Disposition du camp

4 - Nombres 3 — Service des Lévites

5 - Nombres 4 — Transport des ustensiles du sanctuaire à travers le désert

6 - Nombres 5 — Souillure dans le camp

7 - Nombres 6 — Séparation (nazaréat) pour être au Seigneur

8 - Nombres 7 — Offrandes et ressources

9 - Nombres 8 — Consécration des Lévites

10 - Nombres 9 — Pâque en retard. La nuée guidant le voyage

11 - Nombres 10:1-10 — Les trompettes d’argent

12 - Nombres 10:11-36 — Place de l’arche par rapport au peuple

13 - Nombres 11 — Ingratitude vis-à-vis de la grâce

14 - Nombres 12 — La faute de Marie

15 - Nombres 13 et 14 — Les dix espions envoyés pour explorer le pays

16 - Nombres 15 — Instructions sur la conduite dans le pays promis

17 - Nombres 16 — La rébellion

18 - Nombres 17 — La verge d’Aaron qui bourgeonna en une nuit

19 - Nombres 18 — Lien entre Aaron et les Lévites

20 - Nombres 19 — La Génisse rousse

21 - Nombres 20 — Faute de Moïse

22 - Nombres 21 — Le serpent d’airain

23 - Nombres 22 — Tentative de faire intervenir des puissances occultes : l’affaire de Balaam

24 - Nombres 23 — 1ère et 2ème prophéties de Balaam

25 - Nombres 24 — 3ème et 4ème prophéties de Balaam. La fin finale des ennemis

26 - Nombres 25 — Corruption par voie de séduction

27 - Nombres 26 — 2ème dénombrement

28 - Nombres 27 — Filles de Tselophkad. Nomination de Josué

29 - Nombres 28-29 — Fêtes et sacrifices

30 - Nombres 30 — Les obligations issues de vœux

31 - Nombres 31 — Contre les madianites

32 - Nombres 32 — Le choix de ceux qui voulurent rester en deçà du Jourdain

33 - Nombres 33 — Étapes du voyage

34 - Nombres 34. Ch. 35 — Les villes de refuge

35 - Nombres 36 — L’héritage demeurant dans la tribu


Table des matières détaillée :

1 - Introduction : la marche sur la terre, un désert

2 - Nombres 1 — Dénombrement du peuple

2.1 - Ch. 1:1-46 — Dénombrement : soin et intérêt que Dieu porte à tous ceux qui Lui appartiennent

2.2 - Ch. 1:47-54 — Lévites exclus du recensement

2.3 - Raisons de la distinction Lévites / non Lévites

3 - Nombres 2 — Disposition du camp

3.1 - Ch. 2:1-31 — Disposition des tribus avec le tabernacle au centre

3.2 - Ch. 2:17, 32-34 — Position des Lévites autour du tabernacle

4 - Nombres 3 — Service des Lévites

4.1 - Ch. 3:1-4 — Ceux qui s’occupaient du service. Rien ne typifie le service de l’évangile

4.2 - Ch. 3:5-10 — Les lévites donnés à Aaron, le grand sacrificateur, pour son service

4.3 - Ch. 3:11-13 — Les lévites comme substituts des premiers-nés

4.4 - Ch. 3:14-16 — Dieu donne l’ordre de dénombrer les Lévites

4.4.1 - Les lévites dénombrés avant d’être en mesure de servir

4.4.2 - Connaître la tâche qui nous est attribuée

4.4.3 - Notre tâche est choisie par Dieu

4.5 - Ch. 3:17-38 — Esquisse des services en général

4.5.1 - Ch. 3:20-26 — Guershonites

4.5.2 - Ch. 3:27-32 — Kehatites

4.5.3 - Ch. 3:33-37 — Merarites

4.5.4 - Ch. 3:38 — Moïse, Aaron et ses fils

4.6 - Variété de ministères ou services. Applications pour aujourd’hui

4.6.1 - Variété de ministères quant à la place de Christ

4.6.2 - Variété dans la communion et dans l’apparence

4.6.3 - Danger d’être négligent. La foi seul profite de la puissance divine

4.6.4 - Garder dans notre service le sentiment de la souveraineté de Dieu

4.7 - Ch. 3:39-51 — Rachat de l’excédent de premier-nés

5 - Nombres 4 — Transport des ustensiles du sanctuaire à travers le désert

5.1 - Dans les services, ce qui rapproche le plus de Christ, et Le fait le plus ressortir, c’est toujours le meilleur

5.2 - Ch. 4:5-6 — L’arche couverte du voile

5.3 - Ch. 4:7-8 — La table des pains de proposition

5.4 - Ch. 4:9-10 — Le chandelier

5.5 - Ch. 4:11-12 — L’autel d’or

5.6 - Ch. 4:13-14 — L’autel d’airain

5.6.1 - La couleur pourpre

5.6.2 - Différence entre l’airain et l’or

5.7 - Ch. 4:21-49 — Achèvement du dénombrement des Lévites

5.8 - Autres interprétations erronées des types du tabernacle

6 - Nombres 5 — Souillure dans le camp

6.1 - Ch. 5:1-4 — L’impureté mise hors du camp

6.2 - Ch. 5:5-10 — Importance de la confession

6.3 - Ch. 5:11-31 — Infidélité cachée

6.4 - Ch. 5:24-28 — Boire les eaux amères : Ne pas se raidir contre les soupçons

7 - Nombres 6 — Séparation (nazaréat) pour être au Seigneur

7.1 - Ch. 6:1-4 — Séparation d’avec ce qui était souillé, et même d’avec le meilleur dans la nature

7.2 - Pas de dédain de ce que Dieu a fait

7.3 - Souillure par les morts. Délivrance par la repentance

7.4 - Ch. 6:5 — Abandon des droits naturels de l’homme, de la place de dignité

7.5 - Ch. 6:6-7 — Pas de contact avec un mort

7.6 - Ch. 6:8-20 — Le nazaréat était temporaire

7.7 - Ch. 6:13-20 — Fin du nazaréat dans la joie et la gloire

7.8 - Ch. 6:22-27 — La bénédiction du grand sacrificateur

8 - Nombres 7 — Offrandes et ressources

8.1 - Ch. 7:10-88

8.2 - Ch. 7:3-9 — Inégalités dans ce qui est confié aux uns et aux autres

9 - Nombres 8 — Consécration des Lévites

9.1 - Ch. 8:1-4 — Maintien des lampes allumées par les sacrificateurs

9.2 - Ch. 8:9-14 — Participation du peuple à la consécration des Lévites

10 - Nombres 9 — Pâque en retard. La nuée guidant le voyage

10.1 - Ch. 9:1-14 — Faire la Pâque à retardement

10.2 - Ch. 9:15-23 — Directions pour se mettre en route

11 - Nombres 10:1-10 — Les trompettes d’argent

11.1 - Le Seigneur a divers moyens pour guider

11.2 - Sonner pour rassembler, notamment quand l’ennemi approchait

11.3 - L’effet des deux manières de sonner des trompettes

12 - Nombres 10:11-36 — Place de l’arche par rapport au peuple

12.1 - Ch. 10:17-22 — Départ des Lévites en deux parties

12.2 - Ch. 10:29-36 — L’arche qui marche devant

13 - Nombres 11 — Ingratitude vis-à-vis de la grâce

13.1 - Ch. 11:1-3 — Ingratitude vis-à-vis de la grâce

13.2 - Ch. 11:4-10 — Ceux qui entrainent les autres à la convoitise

13.3 - Ch. 11:11-25 — Abattement de Moïse

13.4 - Ch. 11:26-29 — Josué jaloux pour Moïse

13.5 - Ch. 11:30-35 — Dieu répondant à une prière d’incrédulité

13.6 - La grâce incomparable de Dieu, et son mépris qui mène à la rébellion

13.7 - Encore Ch. 11:29-35

14 - Nombres 12 — La faute de Marie

14.1 - Ch. 12:1-3

14.2 - Ch. 12:4-5

14.3 - Ch. 12:6-15

15 - Nombres 13 et 14 — Les dix espions envoyés pour explorer le pays

15.1 - Ch. 13:2-4 — L’Éternel permet que des désirs d’incrédulité soient testés

15.2 - Ch. 13:18-30 — Ce que Dieu avait promis était vrai et excellent. L’incrédulité ne le nie pas, mais l’oublie

15.3 - Ch. 13:31-32 — La foi a confiance

15.4 - Ch. 13:32 à 14:3 — L’incrédulité oublie Dieu et va en s’aggravant

15.5 - Ch. 14:4-10 — Depuis les murmures jusqu’à la rébellion aveugle

15.6 - Ch. 14:11-17 — Le choix de Moïse entre sa propre gloire et celle de l’Éternel et de Son renom

15.7 - Ch. 14:18-21

15.7.1 - Se cramponner aux paroles de Dieu, à Ses voies, à Son amour

15.7.2 - Gouvernement pour le présent et accomplissement des promesses du commencement

15.8 - Ch. 14:31-39 — Ceux qui furent préservés et entrèrent dans le pays

15.9 - Ch. 14:40-45 — Courage charnel

16 - Nombres 15 — Instructions sur la conduite dans le pays promis

16.1 - Ch. 15:1-3a — Certitude d’entrer dans le pays

16.2 - Ch. 15:32-36 — Péché volontaire et comment le traiter

16.3 - Ch. 15:37-41 — Ruban de bleu

16.3.1 - L’ordonnance

16.3.2 - Le sens de l’ordonnance du ruban bleu

17 - Nombres 16 — La rébellion

17.1 - Ch. 16:1-4 — Le soulèvement par des leaders

17.2 - Ch. 16:5-9 — Réaction de Moïse et fond de l’insatisfaction

17.3 - Application à la chrétienté selon Jude. Le mal clérical

17.4 - Ch. 16:32-35 — Châtiment solennel : Les rebelles périssent tous

17.5 - Dieu marque la valeur du grand sacrificateur qui avait été méprisé

17.6 - Ch. 16:48-50 — Châtiment en contrecoup sur le peuple. Efficacité et grâce de la sacrificature

18 - Nombres 17 — La verge d’Aaron qui bourgeonna en une nuit

19 - Nombres 18 — Lien entre Aaron et les Lévites

19.1 - Ch. 18:1-7 — Les Lévites adjoints aux sacrificateurs

19.2 - Ch. 18:8-32 — Revenu et héritage des sacrificateurs et des Lévites

20 - Nombres 19 — La Génisse rousse

20.1 - Se contenter de ne considérer qu’une partie de la vérité mène au sectarisme, et nuit à la gloire de Christ

20.2 - Rester ouverts à toute la vérité de Dieu (ne pas privilégier l’expiation)

20.3 - Être déjà justifié devant Dieu pousse à fuir les souillures en chemin

20.4 - Ch. 19:1-3 — La spécificité de la génisse rousse par rapport à d’autres types du sacrifice de Christ

20.4.1 - Elle n’avait pas porté le joug

20.4.2 - Les cendres utilisées pour faire une eau de séparation

20.5 - La souillure par contact avec la mort

20.5.1 - Souillure par contact avec la mort

20.5.2 - La purification ne commence pas tout de suite

20.5.3 - Confession de la souillure en ayant un sens profond de ce qui déshonore Dieu

20.5.4 - La purification à l’aide de cendres distincte du sang qui efface le péché

20.5.5 - Souillure dans des occasions petites ou grandes

21 - Nombres 20 — Faute de Moïse

21.1 - Contester ou compter sur le Seigneur

21.2 - Ch. 20:2-10 — Gravité de la contestation. L’Éternel répond et aussi Moïse

21.3 - Ch. 20:10-11 — Les deux verges et leur mauvais usage

21.4 - Ch. 20:12 — Ce qui faisait la gravité de la faute de Moïse. Sa sanction

21.5 - Ch. 20:14-28

21.6 - Cohérence avec d’autres passages de l’Écriture

21.6.1 - Ch. 20:14-21 et 33:30-41 et Deut. 2:29. Le contournement d’Édom ou sa traversée

21.6.2 - Deut. 10:6-7 et Nombres 33

22 - Nombres 21 — Le serpent d’airain

22.1 - Ch. 21:1-3

22.2 - Ch. 21:4-9

22.2.1 - Une victoire précurseur d’un danger

22.2.2 - Le Seigneur élevé (sur la croix) remède au péché

22.2.3 - Le serpent d’airain figure de Christ fait péché

22.3 - Ch. 21:10-20

22.4 - Ch. 21:21-35

23 - Nombres 22 — Tentative de faire intervenir des puissances occultes : l’affaire de Balaam

23.1 - Une action de l’ennemi d’un genre tout nouveau

23.2 - Satan déguisé en ange de lumière et accusateur du peuple

23.3 - Concilier la sainteté de Dieu et l’introduction du peuple dans la terre promise est une difficulté insurmontable seulement pour l’incrédulité

23.4 - Ch. 22:6-8 — Des puissances supérieures à l’homme : les démons

23.5 - Ch. 22:9-12 — Dieu intervient alors que Balaam attendait des démons

23.6 - Ch. 22:13-19 — Manœuvres pour contourner la volonté de Dieu, mais Dieu ne change pas

23.7 - Ch. 22:19-22 — Comment Dieu agit envers l’obstination ignorante

23.8 - Ch. 22:23-35 — L’ânesse plus intelligente que Balaam

23.9 - Ch. 22:36-41 — Rencontre de Balak et Balaam

24 - Nombres 23 — 1ère et 2ème prophéties de Balaam

24.1 - Ch. 23:1-5 — Préparation du premier discours

24.2 - Ch. 23:7-10 — Premier discours sentencieux

24.3 - Ch. 23:11-17 — Préparation au deuxième discours sentencieux

24.4 - Ch. 23:18-24 — Deuxième discours sentencieux

25 - Nombres 24 — 3ème et 4ème prophéties de Balaam. La fin finale des ennemis

25.1 - Préparation au Troisième discours sentencieux

25.2 - Troisième discours sentencieux

25.3 - Effet du Troisième discours sentencieux et son caractère inattendu

25.4 - Conclusion des trois premières discours et introduction du quatrième

25.5 - Quatrième discours sentencieux

25.6 - La fin finale des ennemis

26 - Nombres 25 — Corruption par voie de séduction

27 - Nombres 26 — 2ème dénombrement

27.1 - Ce que montre le dénombrement

27.2 - Les fils de Coré

27.3 - Les fils de Coré dans les Psaumes

28 - Nombres 27 — Filles de Tselophkad. Nomination de Josué

28.1 - La requête des filles de Tselophkad

28.2 - Nomination de Josué. Différence d’avec Moïse

29 - Nombres 28-29 — Fêtes et sacrifices

29.1 - Le livre des Nombres n’est pas seulement celui du désert

29.2 - Les sacrifices

29.2.1 - Ch. 28:3-8 — Sacrifice quotidien

29.2.2 - Ch. 28:9-10 — Sacrifice au jour du sabbat

29.2.3 - Ch. 28:11 — Sacrifice en début de mois

29.2.4 - Ch. 28:16 — Les premières fêtes jusqu’à la fête des semaines (Pentecôte)

29.2.5 - Ch. 29:1-11 — Les fêtes du premier et du dixième jour du septième mois

29.2.6 - Ch. 29:12-16 — La fête des tabernacles

29.2.7 - Ch. 29:17-34 — Le déclin durant le millénium

29.2.8 - Ch. 29:35-39 — Le huitième jour, un témoignage à une scène céleste

30 - Nombres 30 — Les obligations issues de vœux

30.1 - Vœu d’un homme

30.2 - Vœu d’une femme

30.3 - Comment l’appliquer au chrétien

31 - Nombres 31 — Contre les madianites

31.1 - Selon les intérêts de l’Éternel et d’Israël

31.2 - Vengeance de l’Éternel

31.3 - Butin partagé

32 - Nombres 32 — Le choix de ceux qui voulurent rester en deçà du Jourdain

33 - Nombres 33 — Étapes du voyage

34 - Nombres 34. Ch. 35 — Les villes de refuge

34.1 - Le pardon possible conformément au Nouveau Testament

34.2 - La limitation de protection selon la vie du grand sacrificateur

34.3 - Application à Israël maintenant et dans l’avenir

35 - Nombres 36 — L’héritage demeurant dans la tribu


1 - Introduction : la marche sur la terre, un désert

Il est impossible de jeter un coup d’œil rapide sur ce livre sans sentir la différence d’atmosphère d’avec le Lévitique. Et ceci est d’autant plus frappant qu’un croyant ne peut pas raisonnablement douter qu’ils sont tous deux du même auteur inspiré. Rien n’illustre donc plus clairement la manière et la mesure avec lesquelles le but de Dieu donne le ton au livre dans lequel Il communique Ses pensées à Son peuple ; car s’il y a bien assez de choses montrant qu’Il a employé la même main humaine, la plénitude de la sagesse divine est également manifeste, ainsi que les formes spéciales qu’Il a estimé bon d’adopter pour faire valoir la vérité sur nos esprits insouciants.


L’objet spécifique des Nombres est d’exposer le voyage d’Israël à travers le désert, et cela de façon typique, comme d’habitude dans l’Écriture. Il ne s’agit plus de l’accès à Dieu. Nous l’avons vu dans le Lévitique, où le tabernacle était au premier plan, et où l’Éternel faisait en sorte que Ses communications soient transmises à Moïse aussi bien qu’à Aaron, ou même au peuple par Moïse. Dans le livre des Nombres, l’Esprit de Dieu a devant Lui le désert, plutôt que le sanctuaire. Certes nous y trouvons le sanctuaire, mais il ne s’agit plus ici de s’approcher de Dieu, pour autant que cela pouvait se faire alors, mais de la marche du peuple de Dieu sur la terre. Je dis la terre, car il ne nous est pas toujours présenté la terre telle qu’elle est maintenant — un désert — mais la terre telle qu’elle sera lorsque le Seigneur Jésus prendra le royaume. Nous verrons l’importance de cette remarque avant d’en avoir fini avec le livre des Nombres. La terre est partout considérée comme la scène que traversent les rachetés du Seigneur.

C’est pourquoi la première chose qui nous est présentée est de regarder et d’apprendre les diverses tribulations par lesquelles Israël allait être mis à l’épreuve, où des ennemis occasionnels les rencontraient, où il y avait toujours des dangers et des difficultés, où le peuple pouvait manifester et manifesta son manque de dépendance à l’égard de Dieu, jusqu’au point de pécher contre Lui de façon rebelle, flagrante et fatale.


2 - Nombres 1 — Dénombrement du peuple

2.1 - Ch. 1:1-46 — Dénombrement : soin et intérêt que Dieu porte à tous ceux qui Lui appartiennent

Dans la sagesse de Dieu, il était nécessaire de procéder au recensement des enfants d’Israël. Le but premier qui nous est présenté dans les premiers chapitres est de dénombrer les mâles aptes à la guerre ; mais nous verrons que le dénombrement va au-delà, et qu’il y a d’autres considérations et d’autres objectifs que la guerre et les buts guerriers. En résumé, quel que soit le but particulier des diverses parties du livre, Dieu nous fait comprendre ceci : le soin et l’intérêt qu’Il porte à tous ceux qui Lui appartiennent. C’est une vérité très simple, mais certainement pleine de réconfort pour l’âme ; et ceci, on le remarquera, pour la terre.

Nous pouvons tous comprendre la douceur d’être dénombrés pour le ciel, et c’est vers cela que se tourne généralement le cœur de la plupart des gens ; mais même ceux qui ont le plus grand réconfort à regarder les conseils de Dieu leur donnant de l’assurance pour l’éternité, même ceux-là sont enclins à oublier l’intérêt présent que le Seigneur prend dans tous nos mouvements, nos chemins, nos conflits et nos épreuves. C’est la première chose sur laquelle s’ouvre le livre.


2.2 - Ch. 1:47-54 — Lévites exclus du recensement

Après ce dénombrement du peuple, l’attention est attirée sur l’exception de la tribu de Lévi. Ainsi, il est dit : « Tu ne feras pas le dénombrement de la tribu de Lévi et tu n’en relèveras pas la somme parmi les fils d’Israël ; mais tu établiras les Lévites sur le tabernacle du témoignage, sur tous ses ustensiles et sur tout ce qui lui appartient ; ils porteront le tabernacle et tous ses ustensiles ; ils en feront le service et camperont autour du tabernacle » (1:49-50). Les deux choses sont vraies, et le Seigneur veut sûrement nous faire goûter le réconfort de l’une et de l’autre (alors qu’à première vue elles peuvent sembler si opposées qu’elles en seraient incompatibles entre elles). Dans le premier cas, le recensement concerne ceux que Dieu a placés dans le lieu de l’épreuve et de la provocation (pas encore, sans doute, la forme la plus complète du conflit, qui est réservée au livre de Josué). Néanmoins il y a des conflits dans le désert pour le peuple de Dieu, avec toujours l’épreuve de la patience.

Mais il y a une autre vérité que nous avons aussi besoin de saisir, et qui n’est pas moins consolante pour nos âmes : nous ne sommes pas seulement a) le peuple de Dieu en propre, chacun de nous étant compté par Lui comme faisant partie de ceux sur lesquels Il compte, — quelle que soit la marche, et quels que soient ceux que nous avons à combattre en traversant le désert ; mais b) nous avons à faire avec Son service à Lui, et surtout en rapport avec le sanctuaire. Sous ce point de vue, le dénombrement comme celui d’une armée serait hors de place. L’objectif est de conférer au service un caractère non terrestre ; pourtant, il ne fait aucun doute que c’est pendant que nous traversons la terre.

En même temps, l’exclusion du recensement dans le cas de Lévi était tout aussi importante que Son intérêt à compter Israël un par un au milieu des épreuves. En effet, les Lévites pris à part, sont ainsi vus comme hors de tout ce décompte et simplement exemptés en vue de faire le service de Dieu, sans qu’il soit besoin d’une méthode de ce genre pour leur faire comprendre la sollicitude de Dieu à leur égard.


2.3 - Raisons de la distinction Lévites / non Lévites

Ces deux vérités ont été conçues pour nous être présentées comme ayant un sens distinct et combiné chez les chrétiens. En conséquence, les mêmes personnes qui, sous un aspect, sont représentées par les tribus dénombrées d’Israël, sous un autre aspect, sont des Lévites qui ne sont pas dénombrés, parce qu’ils appartiennent à Dieu simplement et exclusivement. Voilà donc le double aspect.

On ne peut guère trouver un exemple qui nous montre mieux l’importance d’une bonne compréhension des types, car l’esprit naturel serait toujours enclin à mettre les deux choses en opposition, et à conclure que, de même que les Lévites étaient en contraste avec les autres tribus d’Israël, de même ce que l’un ou l’autre représente doit occuper maintenant une position totalement différente. Comme cela ne s’ensuit pas a priori, l’inverse est vrai en fait ; et les types indiquent des relations différentes des mêmes personnes dans l’antitype. En vérité, lorsque nous pensons à un chrétien, nous devons nous rappeler les paroles de l’Esprit de Dieu dans le Nouveau Testament : « Toutes choses sont à vous » (1 Cor. 3:21-22). Qu’il s’agisse du dénombrement d’Israël ou de l’absence de dénombrement des Lévites, les deux sont vrais pour le chrétien — non pas, bien sûr, sous le même aspect, mais également vrais dans des relations distinctes.


3 - Nombres 2 — Disposition du camp

3.1 - Ch. 2:1-31 — Disposition des tribus avec le tabernacle au centre

La disposition du camp est décrite dans le ch. 2, et un autre principe important nous est présenté ici. Le tabernacle a une place centrale : les tribus sont toutes rangées par rapport à lui. « Chacun des enfants d’Israël campera sous sa propre bannière, avec la bannière de leurs maisons de pères » (2:2). Puis nous trouvons : « À l’orient, vers le soleil levant, ceux qui porteront la bannière du camp de Juda camperont selon leurs armées ; le prince des fils de Juda, Nakhshon fils d’Aminadab ». Dieu insiste toujours sur son propre ordre. « Son armée, et ses dénombrés furent au nombre de 74600. Ceux qui camperont à côté de lui sont la tribu d’Issacar : le prince des fils d’Issacar, Nethaneël, fils de Zuar et son armée ; et ses dénombrés furent de 54400. Puis la tribu de Zabulon : le prince des fils de Zabulon, Éliab, fils d’Hélon ».

Une fois de plus, nous constatons que Juda nous est présenté.

« Au sud, il y aura la bannière du camp de Ruben » (2:10), et encore celle de Siméon (2:12). Après tout cela, il nous est dit : « La tente d’assignation partira avec le camp des Lévites au milieu des camps ; ils partiront comme ils auront campé, chacun à sa place, selon leurs bannières » (2:17). Suit à l’ouest la bannière d’Éphraïm, et au nord celle de Dan.


3.2 - Ch. 2:17, 32-34 — Position des Lévites autour du tabernacle

Ainsi le tabernacle est entouré par les Lévites, afin d’affirmer qu’ils étaient dédiés spécialement et exclusivement au service de Dieu, au lieu d’être laissé à des fins de guerre, ou à quelque autre objet sur la terre que le sanctuaire de Dieu. Ils occupaient la place centrale, avec six d’un côté [2:3-16 ; orient + midi] et six de l’autre [2:18-31 ; occident + nord]. Tel était l’ordre de la marche. En fait la même disposition apparaît lorsqu’ils campaient. Nous trouverons cependant une modification ultérieure de cet ordre, mais je n’en parlerai pas davantage avant d’y arriver à sa place. Il nous est dit ensuite, en résumé, que « Ce sont là les dénombrés des fils d’Israël, selon leurs maisons de pères. Tous les dénombrés des camps, selon leurs armées, furent 603550. Mais les Lévites ne furent pas comptés parmi les enfants d’Israël, comme l’Éternel l’avait ordonné à Moïse. Les enfants d’Israël firent tout ce que l’Éternel avait ordonné à Moïse : ils campèrent selon leurs bannières, et ainsi ils partirent, chacun selon leurs familles, selon leurs maisons de pères » (2:32-34).


4 - Nombres 3 — Service des Lévites

Au ch. 3, nous arrivons à plus de détails sur ce qui nous intéresse de plus près, — non pas maintenant l’ordre général de l’armée d’Israël, mais plus spécialement ce qui concerne le service des Lévites. Ceci se rattache spécialement à notre marche ici-bas. La sacrificature est aussi remarquable dans le livre du Lévitique que le service des Lévites l’est dans le livre des Nombres.

À cet égard, le terme « Lévitique » n’est pas du tout un nom bien choisi pour ce livre. Le fait est, que la plus grande partie des détails concernant les Lévites se trouve dans les Nombres, et non dans le Lévitique. Il ne faut pas oublier que le nom de Lévitique n’est pas d’inspiration divine : c’est simplement un nom tiré de la version grecque, bref, un nom humain. Je n’hésite donc pas à faire cette remarque. Le mode de référence des livres en hébreu est la simple citation du premier mot de chaque livre.

Alors, dans le livre des Nombres, où est présentée la marche sur la terre, le service trouve la place capitale. Dans le livre (Lévitique) qui développe l’accès à Dieu, la sacrificature a la place prééminente, — comme ici, dans les Nombres, ce qui concerne les lévites. Une remarque au sujet de la sacrificature s’applique exactement pareil aux lévites : le chrétien, d’un certain point de vue, est membre d’Israël, et d’un autre point de vue, il est un lévite, mais il est tout autant un sacrificateur. Seulement, la sacrificature met en avant le fait de s’approcher de Dieu Lui-même dans le sanctuaire céleste, ce qui n’est plus la figure, mais la réalité dans l’antitype ; tandis que le service des lévites a trait au service du sanctuaire pendant que le peuple de Dieu est de passage sur la terre. Il en ressort que les fonctions sacerdotales du croyant ont un caractère beaucoup plus élevé que son service lévitique, si nous voulons nous exprimer dans le langage des types. Dans le premier cas, nous avons à faire à Dieu Lui-même ; nous nous approchons dans le sens de ce que Christ est pour Lui comme pour nous. Dans l’autre cas, nous avons ce qui est un saint devoir ; néanmoins, c’est un devoir qui a à voir avec l’homme et la terre dans notre passage à travers ce monde. C’est sur ce dernier point que nous allons voir davantage de détails.


4.1 - Ch. 3:1-4 — Ceux qui s’occupaient du service. Rien ne typifie le service de l’évangile

Le ch. 3 nous présente donc les noms des fils d’Aaron, qui occupaient la plus haute place parmi les Lévites : « Nadab, le premier-né, Abihu, Éléazar et Ithamar ». « Ce sont là les noms des fils d’Aaron, les sacrificateurs oints, qui furent consacrés pour exercer la sacrificature » (3:2-3). Ensuite, la mort des deux premiers, Nadab et Abihu, est mentionnée, Éléazar et Ithamar restant pour exercer le service sous le regard d’Aaron leur père (3:4).

Vient ensuite le but de cette introduction. « L’Éternel parla à Moïse, disant : Fais approcher la tribu de Lévi, et fais-la se tenir devant Aaron le sacrificateur, afin qu’ils soient à son service » (3:5-6). Il est clair que le service dans l’évangile n’est pas le sujet ; et la raison en est manifeste. Le service dans l’évangile n’est pas simplement dans le monde, mais pour le monde. Ici, il s’agit du service dans le monde, mais pas du tout de faire connaître la grâce de Dieu au monde. Le temps n’était pas venu pour cela. C’est une caractéristique du christianisme, qui ne pouvait pas être exposée pleinement avant que la grande œuvre de la rédemption soit accomplie. C’est pourquoi nous ne trouvons rien qui puisse représenter le service de l’Évangile, si ce n’est un principe vague et général ; mais il y a beaucoup d’autres services qui ont été et doivent être rendus pendant notre passage sur la terre. Ceci est représenté par les différentes familles de la tribu de Lévi.


4.2 - Ch. 3:5-10 — Les lévites donnés à Aaron, le grand sacrificateur, pour son service

Le premier et principal point à retenir dans le type est le lien entre le service et le Grand Sacrificateur — avec Christ Lui-même. Si vous séparez un ministère, sous quelque forme que ce soit, si vous séparez le service des saints d’avec Christ, Lui-même dans la présence de Dieu, — le voilà falsifié et dégradé. Même si cette séparation n’était pas totale, la précieuse source de bien-être est affaiblie. Ainsi, le point de toute importance est ce que l’Esprit de Dieu nous présente en premier : bien que la sacrificature et le ministère soient en eux-mêmes fondamentalement distincts, nous devons toujours garder à l’esprit que le ministère est un don de Dieu en relation la plus étroite avec Celui qui est l’antitype du grand Souverain Sacrificateur. Le ministère ou service est destiné à Son honneur et à l’accomplissement de ce qui se rattache à Lui. Ce qui doit être fait sur la terre ne peut être fait correctement que dans la sujétion à Lui, et cela dépend de Sa place comme Grand Sacrificateur.

Le faux principe qui a ruiné le service ici-bas est que les hommes l’ont naturellement relié à l’église, au lieu de le relier à Christ. Je n’hésite pas à dire que cela est toujours fatal, bien que cela ne veuille pas dire qu’aucun bien, comme on dit, ne puisse quand même être fait par le moyen de ceux qui exercent le ministère. On ne nie pas non plus qu’il y ait du rafraîchissement pour les âmes. Par ailleurs nous devons particulièrement garder à l’esprit la remarque déjà faite, que le ministère de l’évangile proprement dit n’est pas envisagé ici.

Quand nous ne pensons pas seulement à l’homme, aux âmes qui reçoivent de l’aide, etc., quand nous pensons à la gloire de Dieu, alors séparer le ministère de Christ, de Celui à qui il appartient réellement et à qui il est donné de Dieu, comme aussi assujettir ce ministère à l’église, c’est ruiner complètement tout témoignage à Sa volonté et à Sa gloire ici-bas. Il s’ensuit que le service devient soit une chose égoïste, tournée peut-être en une simple profession mondaine, soit une question de vaine gloire collective et sectaire. Le service mène alors à aimer avoir un grand nombre d’adeptes, ou à désirer du pouvoir et de l’influence — toutes ces formes abominables de la chair ou du monde auxquelles le service a été perverti par les ruses du diable. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que le ministère privé de sa relation avec Christ est dépouillé de sa dignité, car il cesse de contribuer à Sa gloire.

Détaché de Lui et lié à une racine terrestre, le service ou ministère est privé de ce qui seul lui assure son caractère vrai, saint et céleste. Il devient plus ou moins dépendant du monde en cessant d’être immédiatement lié à Christ Lui-même, Celui à qui Dieu l’a donné. Même s’il est placé sous l’égide de l’église, au lieu d’être gardé entre les mains de Christ, il ouvre invariablement la porte à se plaire à soi-même ou plaire aux autres, et donc à des motifs mondains ou égoïstes sous toutes les formes possibles. Nous voyons donc l’importance de la vérité dont on a ici le type : « Tu donneras les Lévites à Aaron et à ses fils ; ils lui sont entièrement donnés d’entre les enfants d’Israël. Tu établiras Aaron et ses fils, et ils exerceront leur fonction de sacrificateurs ; et l’étranger qui s’approchera sera mis à mort » (3:9-10).


4.3 - Ch. 3:11-13 — Les lévites comme substituts des premiers-nés

Mais il y a une autre vérité qui ressort du v. 12 : « Et l’Éternel parla à Moïse, en disant : Et moi, voici, j’ai pris les Lévites du milieu des enfants d’Israël à la place de tous les premiers-nés qui ouvrent la matrice parmi les enfants d’Israël ; c’est pourquoi les Lévites seront à moi, car tous les premiers-nés sont à moi ; car le jour où j’ai frappé tous les premiers-nés dans le pays d’Égypte, je me suis sanctifié tous les premiers-nés en Israël, tant hommes que bêtes : ils seront à moi : Je suis l’Éternel » (3:12-13). Autrement dit, les lévites sont pris d’une manière très spéciale par l’Éternel comme substituts formels des premiers-nés d’Israël épargnés lorsque l’Égypte fut visitée par l’ange destructeur. Ils furent rachetés par le sang et comptés avec insistance comme appartenant à l’Éternel. À la place des premiers-nés d’Israël, Il accepta les Lévites. « Ils seront à moi ». Ils deviennent ainsi le témoignage permanent des premiers-nés dus à l’Éternel d’entre les hommes comme d’entre les bêtes. La grâce de Dieu avait exempté ceux à qui ils correspondaient au temps du jugement. Par conséquent, les Lévites, identifiés ainsi à la miséricorde — la grande miséricorde spéciale qui sauva Israël du châtiment de l’Égypte — étaient d’autant plus propres à assurer le service du sanctuaire. Qui peut prétendre entreprendre le service de Dieu sans savoir que Dieu l’a accepté sur la base de la rédemption ? Le salut précède le ministère, si nous écoutons Dieu et si nous craignons devant l’avertissement solennel du Seigneur et de Son apôtre (Matt. 7:22 ; 1 Cor. 9:27).


4.4 - Ch. 3:14-16 — Dieu donne l’ordre de dénombrer les Lévites

4.4.1 - Les lévites dénombrés avant d’être en mesure de servir

Mais il y a quelque chose de beaucoup plus précis que cela. « Dénombre les fils de Lévi, selon leurs maisons de pères, selon leurs familles : tu dénombreras tous les mâles depuis l’âge d’un mois et au-dessus. Moïse les dénombra selon le commandement de l’Éternel, comme Il lui avait commandé » (3:14-16). Nous avons maintenant leur dénombrement spécial pour la place assignée à chaque famille. Ici, ils sont dénombrés (séparément d’Israël, mais quand même dénombrés) dès leur enfance, étant désignés pour le service bien avant de pouvoir commencer (comp. Gal. 1:15). La force est donnée avant que le service ne soit requis ; mais dès leur plus jeune âge, ils sont comptés à part selon la grâce et les intentions de Dieu. Il y avait trois maisons principales — Guershon, Kehath et Merari. Ces maisons et leurs fils ont chacune une ligne de service qui leur est donnée en Nombres 4, où ils sont de nouveau dénombrés à partir de trente ans et plus. Ceci aussi est d’une grande importance.


4.4.2 - Connaître la tâche qui nous est attribuée

Il n’y a rien de plus important pratiquement, que chaque serviteur de Dieu connaisse la tâche qu’Il lui a donné à faire, et qu’il s’y tienne, une fois qu’il la connaît. Soyez aussi assurés qu’il est très important de ne jamais interférer avec le service d’autrui. Le Seigneur est souverain à cet égard. Il répartit selon Sa volonté, et d’une part, nous sommes tenus de respecter celle-ci ; d’autre part, il n’y a rien de plus beau que la soumission mutuelle selon la grâce et dans la crainte de Dieu. Ce principe même devrait nous rendre jaloux de ne pas empiéter sur ce que nous ne pouvons pas nous-mêmes aborder. Je considère comme une vérité certaine que chaque saint de Dieu a une tâche confiée par le Seigneur, que personne d’autre ne peut accomplir aussi bien. La grande affaire est de découvrir quelle est cette tâche, et d’avoir une confiance absolue en Dieu pour l’accomplir en tant que racheté pour Lui. Après tout, cela doit être un secret entre Lui et nous, même si la sagesse des autres peut nous aider à le découvrir, car il y a de nombreuses façons d’arriver à la conviction de l’œuvre que Dieu nous a donnée à faire.

Le véritable service chrétien ne peut être réglé de la simple manière extérieure dont il a été fixé pour Israël. Comme tout le reste du christianisme, il dépend de la foi, et non de la famille ou de la parenté, comme c’était le cas pour Israël, un peuple selon la chair. Mais ce qui était vrai pour eux d’une manière charnelle est tout aussi vrai pour nous d’une manière spirituelle. Nous devons garder cela à l’esprit ; et je crois que vous découvrirez toute la valeur qu’il y a à établir d’abord, entre vos âmes et le Seigneur, quelle est la tâche dans laquelle vous ferez l’expérience de Sa puissance avec vous, et de Sa bénédiction sur vous. Il est certain que c’est maintenant le temps fixé, le temps du travail et du service, – maintenant que vous êtes de passage dans le monde. Grâce à Dieu, nous avons un lieu encore meilleur, le sanctuaire où tout est fondé sur l’œuvre puissante de la rédemption, où nous reposons en paix avec Dieu et dans la communion de Son amour, lorsque nous nous approchons au nom de notre Seigneur Jésus Christ. En vertu de cela, nous avons notre vrai culte pendant que nous sommes ici-bas ; mais, comme nous l’avons vu, cela relève davantage du Lévitique que des Nombres.


4.4.3 - Notre tâche est choisie par Dieu

Mais outre le privilège d’adorateurs, nous avons notre travail, et il est de la plus haute importance pour la gloire de Dieu que nous soyons trouvés simples de cœur, dévoués, nous respectant les uns les autres, ne nous gênant pas mais nous aidant dans l’amour fraternel. Sans doute la grâce nous enseigne ce qui est dû l’un à l’autre, tout en cherchant sincèrement et avec soin à ce que chacun s’acquitte de ce en quoi Dieu est avec nous. Cela semble très clair dans les directives expresses que l’Esprit de Dieu donne aux fils de Lévi. Et nous verrons combien, dans Son choix souverain, Il veille à ce que la volonté de l’homme n’ait rien à faire dans cette affaire. Il ne s’agissait pas du tout de choisir ceux qui paraissaient les plus aptes à porter les planches et les rideaux, ou les ustensiles du sanctuaire. Dieu a tout arrangé, en le soustrayant complètement aux mains de l’homme : Il a choisi Lui-même les hommes appropriés. Où se trouve le bonheur, si ce n’est dans la simple exécution de la volonté de Dieu ? Rien d’autre n’est aussi doux. Notre Seigneur Jésus nous l’a montré. C’était Sa viande de faire la volonté de Son Père, et cela devrait être la nôtre.


4.5 - Ch. 3:17-38 — Esquisse des services en général

Ces Lévites nous montrent ensuite le cadre spécial du service, et les instruments arrangés par la volonté de notre Dieu : nous trouvons aussi certaines directives positives établies pour tous.


4.5.1 - Ch. 3:20-26 — Guershonites

« Voici les familles des Lévites, selon leurs maison de pères. La famille des Libnites et la famille des Shimites étaient de Guershon : ce sont là les familles des Guershonites. Ceux qui furent dénombrés, en comptant tous les mâles depuis l’âge d’un mois et au-dessus, furent 7500. Les familles des Guershonites campèrent derrière le tabernacle, à l’ouest. Le chef de la maison de père des Guershonites était Éliasaph, fils de Laël. La charge des fils de Guershon à la tente d’assignation était le tabernacle (le cadre extérieur) et la tente, sa couverture, le rideau de l’entrée de la tente d’assignation, les tentures du parvis et le rideau de l’entrée du parvis qui entoure le tabernacle et l’autel, et ses cordages pour tout son service ».


4.5.2 - Ch. 3:27-32 — Kehatites

Il est ensuite parlé de Kehath. « De Kehath, il y avait la famille des Amramites, la famille des Jitseharites, la famille des Hébronites, la famille des Uziélites : ce sont là les familles des Kehathites ». Leur nombre est donné ; ils devaient être à côté du tabernacle, vers le sud. Tout était établi avec le plus grand soin possible. Dieu voulait éviter la confusion dans le service du tabernacle, et aussi ne pas laisser place pour la volonté humaine. Il voulait que ce soit la chose la plus humble sur terre — une simple question d’obéissance. Leur charge devait être un service très honorable : « l’arche, la table, le chandelier, les autels, les ustensiles du lieu saint avec lesquels on fait le service, la tenture et tout son service. Le sacrificateur Éléazar, fils d’Aaron, était le chef des chefs des Lévites, et il était établi sur ceux qui avaient la charge du lieu saint » (3:31-32).


4.5.3 - Ch. 3:33-37 — Merarites

Viennent ensuite les Merarites, sous la garde desquels devaient se trouver les planches du tabernacle (3:36). « Les fils de Merari auront la garde et la charge des planches du tabernacle, de ses barres, de ses piliers, de ses socles, de tous ses ustensiles et de tout le service qui s’y rattache ». Il est donc clair que tout a été équitablement réparti selon la volonté de Dieu.


4.5.4 - Ch. 3:38 — Moïse, Aaron et ses fils


4.6 - Variété de ministères ou services. Applications pour aujourd’hui

4.6.1 - Variété de ministères quant à la place de Christ

Ce qui a été souligné ici, est de toute importance à appliquer pratiquement. Vous constaterez que dans le service des enfants de Dieu — chez ceux, par exemple, qui exercent le ministère de la parole, sans se limiter à eux — ces distinctions réapparaissent constamment. Il y a ceux dont la place bénie est de s’arrêter sur Christ Lui-même, qui se plaisent à s’arrêter sur Sa grâce, qui ont la plus profonde admiration pour Sa personne, Sa gloire divine, Son parfait dévouement au Père. Je n’ai pas besoin de dire qu’il n’y a pas de ministère qui possède un caractère plus élevé que celui-ci : quelqu'un a-t-il quelque chose d’aussi élevé ? D’autre part, il y a ceux qui s’occupent plus particulièrement de ce qui présente le Seigneur aux hommes. Il est clair que les tentures, le tabernacle, toute la partie extérieure, présentent Christ devant les hommes plutôt que devant Dieu. Le premier type de ministère contribue largement à l’esprit d’adoration. Le second est davantage adapté aux besoins de l’homme. La différence peut être mieux comprise ainsi : dans le premier cas, il s’agit davantage de la valeur de Christ, dans le second de Ses voies ; dans le premier cas, il s’agit davantage de ce qu’Il est et de ce qu’Il fait pour Dieu, dans le second de ce qu’Il paraît aux yeux de l’homme ici-bas, le moyen de rencontre entre Dieu et l’homme, et par conséquent de la réponse en grâce aux besoins de l’homme.


4.6.2 - Variété dans la communion et dans l’apparence

Il est évident que ceux qui transportaient dans leurs chariots le tabernacle, avec sa tente et ses couvertures, avaient le service des Guershonites, distinct de ceux qui portaient les vases précieux du sanctuaire. Il y avait quelque chose entre eux deux — à savoir, ce qui maintenait le rideau. Cela ne semble donc pas représenter un travail aussi extérieur que celui des Guershonites ; d’autre part, cela ne suppose pas une communion aussi intime avec Christ et Ses fonctions que ce qui appartenait aux Kehathites. Tout cela peut servir à montrer que ce qui est exposé dans le service de ces différentes familles de lévites a un rapport évident avec les différentes formes, nuances et caractères du ministère dans la parole ici-bas.

Or il en va de même d’un point de vue plus général, car nous ne devons pas limiter le ministère à celui de la parole, bien que celui-ci ait comparativement le caractère le plus élevé. Mais il y a aussi le ministère de la prière, de l’amour vigilant et du soin des autres, de l’intérêt humble pour tout ce qui concerne le Seigneur et les Siens. Ces choses ne doivent pas être oubliées. Beaucoup d’âmes paraissent n’avoir jamais été un ouvrier aux yeux de l’homme, alors que, j’en suis persuadé, elles remplissent une fonction des plus importantes pour le bien de ceux qui apparaissent comme ouvriers, — soutenant et fortifiant devant Dieu ceux qui ont à faire plutôt avec le vacarme et le poids de la guerre qui doit être menée tant que l’ennemi est en force ici-bas.


4.6.3 - Danger d’être négligent. La foi seul profite de la puissance divine

Toutes ces choses, nous pouvons donc chercher à les comprendre. Mais surtout, lorsque nous comprenons, ne nous contentons pas de cela, car quelle est la valeur de la vérité, si nous n’y marchons pas pour la gloire du Seigneur ? Cela ne mériterait-ils pas la plus profonde condamnation ? Il n’y a donc personne pour qui l’on puisse autant craindre justement que pour nous-mêmes — pour vous et moi, si nous sommes négligents. Plus Dieu nous a simplement fait sortir du règne de la tradition désolante, avec tout ce qu’elle a d’obscurcissant et d’aveuglant, — plus Il nous a mis en présence de Sa propre parole, et nous a donné de nous courber sous la libre action du Saint-Esprit, afin de pouvoir jouir de la grâce et de la vérité de Christ — plus le danger, la honte et la douleur sont grands, si nous agissons indignement dans notre propre personne, ou si nous prenons à la légère chez les autres ce qui déshonore le Seigneur Jésus. Une telle indifférence, présente en même temps qu’une meilleure connaissance de la parole de Dieu, rend d’autant plus triste le contraste avec cette précieuse expression de Sa grâce. Néanmoins, soyez sûrs qu’il y a le même danger de dérapage chez d’autres, mais quand ceux qui ont la meilleure connaissance trébuchent, ils sont susceptibles de tomber plus bas avec moins de honte, que ceux qui en savent moins avec plus de conscience.

Quand une telle inconvenance apparaît, beaucoup de gens qui ne comprennent pas cela sont scandalisés. Ils se demandent comment il est possible que ceux qui ont une meilleure connaissance de la parole de Dieu puissent se détourner si gravement. En vérité, la cause est douloureusement simple. Beaucoup se comportent convenablement dans le monde religieux par amour de la réputation et par désir d’être bien vus les uns des autres. Avec peu de puissance de piété, ils attribuent la plus grande valeur à la position et à leurs intérêts. Quand on connaît l’état général des choses, peut-on douter que c’est ce qui exerce une immense puissance, mais de bas étage ? Mais il n’en est pas ainsi là où le Seigneur a clairement conduit sur une position vraiment chrétienne en pratique. Là, Dieu ne laisse rien passer à long terme, si ce n’est la puissance de l’Esprit ; le danger est comme celui de Pierre, lorsqu’il n’était plus dans la barque (où il était relativement en sécurité), mais qu’il est allé vers Jésus en marchant sur les eaux. Alors c’est Christ qui soutient, d’une manière ou d’une autre, sinon le naufrage est inévitable. Sans doute, c’était une place de vrai honneur, mais la foi seule peut profiter de la puissance divine ; c’est pourquoi le manque de foi exposait d’autant plus Pierre à cause de son ardeur, bien que le Sauveur fût immédiatement prêt à le tirer du péril et de la souffrance. Rien d’autre que la dépendance à l’égard de Christ ne peut effectivement garder le chrétien — non pas tant le garder de la noyade, mais plutôt le garder de déshonorer le Seigneur.


4.6.4 - Garder dans notre service le sentiment de la souveraineté de Dieu

Pour cela, la souveraineté de Dieu dans le service doit être ressentie, apprise, appliquée et mise en pratique. Le même sentiment qui la maintient comme une question de fidélité à Dieu, la respectera aussi chez les autres. Soyez assurés que ces choses vont toujours de pair. Cela doit suffire pour l’exercice du service spécifique des Lévites, en contraste, pour ainsi dire, avec le caractère commun du travail et de la position du sacrificateur. En s’approchant de Dieu, toutes les différences disparaissent. Qui et que sommes-nous en Sa présence ? La seule personne qui remplit la scène est le Seigneur. Et ceci est d’autant plus manifestement vrai et connu pour nous maintenant, que le voile est déchiré. C’est pourquoi la présence directe de Dieu est incomparablement plus ressentie dans le christianisme que ce que les types du judaïsme pouvaient exprimer.


4.7 - Ch. 3:39-51 — Rachat de l’excédent de premier-nés

Le chapitre se termine par de nouveaux appels de l’Éternel à Moïse : d’abord, de dénombrer les premiers-nés mâles d’Israël à partir d’un mois et plus, et de prendre les Lévites pour eux ; ensuite, comme le nombre des premiers-nés dépassait celui des Lévites de 273, de prendre un argent de rachat pour ce résidu (cinq sicles chacun) à donner à Aaron et à ses fils (*).


(*) Il est affligeant de penser que les déclarations ignorantes ou négligentes d’hommes de bien fournissent des armes à des personnes mal intentionnées contre la parole de Dieu. L’évêque Patrick, si je ne me trompe, déduisait du rapport entre le nombre de premier-nés et tous les mâles que chaque famille juive devait être composée en moyenne de 42 garçons, bien qu’il ait ensuite réduit ce chiffre de plus de la moitié. Une telle erreur a été répétée avec avidité par des rationalistes étrangers et nationaux, en particulier par l’évêque Colenso dans Pt. i. chap. 14. Mais ces calculateurs, si prompts à attaquer l’Écriture, ont négligé plusieurs éléments que le récit lui-même fournit de manière à ramener le nombre à une moyenne de huit enfants au plus, garçons et filles, dans chaque famille, ce que personne ne peut prétendre être excessif. Car, A) premièrement, les chefs de famille — pères, grands-pères ou arrière-grands-pères premiers-nés — ne sont manifestement pas inclus ici, pas plus que dans la mort des premiers-nés dans toute l’Égypte ; on a seulement ceux qui étaient des membres non mariés de la maison. B) Deuxièmement, ceux qui sont comptés ne sont pas simplement les fils aînés, mais strictement les premiers-nés mâles. Si l’on suppose que les filles étaient premier-né dans une proportion égale, cela réduirait le nombre de moitié, comme la première considération réduirait d’un tiers. C) Ensuite, une autre réduction est nécessaire si l’on prend le nombre moyen d’enfants survivant jusqu’à 20 ans, car il n’y a généralement pas beaucoup de premiers-nés qui meurent avant. D) Enfin, il faut exclure les premiers-nés de moins d’un mois. Ainsi, au lieu de 42 fils, la première considération réduit (en chiffres ronds) à 14 ; la seconde à 7 ; la troisième et la quatrième à moins de 4, si nous évaluons les premiers-nés survivants aux deux tiers pour toute la période, et si nous tenons compte des premiers-nés de moins d’un mois. Le lecteur en trouvera la preuve minutieuse dans « L’Exode d’Israël », ch. 6.


5 - Nombres 4 — Transport des ustensiles du sanctuaire à travers le désert

5.1 - Dans les services, ce qui rapproche le plus de Christ, et Le fait le plus ressortir, c’est toujours le meilleur

Avec Nombres 4, nous arrivons à un autre point important — le transport des ustensiles du sanctuaire à travers le désert ; car maintenant, c’est la tâche des Kehathites qui est présentée en particulier. C’était la forme la plus élevée ; c’était ce qui approchait le service le plus près de Christ. Extérieurement, cela n’avait pas l’air si bien que cela, comme nous le verrons plus loin. Il ne s’ensuit pas du tout que le service qui a le plus d’effet apparent ou qui fait le plus grand bruit parmi les hommes soit le plus honorable aux yeux de Dieu. Ceci est important. Nous nous trompons souvent sur ce qui a réellement la place la plus importante. Le seul test sûr quant à la valeur, c’est toujours Christ. Ce qui rapproche le plus de Christ, ce qui fait ressortir le plus Christ, voilà ce qui est toujours le meilleur. Cela semble être le cas typique avec les fils de Kehath dans leur service. Mais regardons de plus près, et nous trouverons des manières spéciales dont leur service est présenté.


5.2 - Ch. 4:5-6 — L’arche couverte du voile

Ainsi, il leur est dit tout d’abord : « Lorsque le camp partira, Aaron et ses fils entreront ; ils démonteront le voile qui sert de rideau, et en couvriront l’arche du témoignage ; ils mettront dessus une couverture de peaux de blaireaux, et étendront par-dessus un drap entièrement bleu, et ils y placeront les barres » (4:5-6). De tous les objets du sanctuaire, l’arche était la représentation la plus complète et la plus élevée de Dieu Lui-même, tel que manifesté en Christ. L’arche, comme nous le savons, était destinée au lieu très saint, le plus saint de tous. C’était celle qui présentait Christ, — non pas Christ comme répondant aux besoins de l’homme dans le monde, mais Christ comme Il est vu dans la présence de Dieu — Christ dans la plus haute manifestation de Sa gloire et de la justice divine en haut. Dans ce cas, le voile était ce qui la recouvrait. Ce n’est donc pas simplement le type du Fils de Dieu comme tel, mais comme ayant pris l’humanité en union avec Sa propre personne. J’espère que mon lecteur croit et sait que le Fils de Dieu était de toute éternité ; mais ce que l’arche recouverte du voile représentait, c’est le Fils après qu’il ait pris la condition humaine en union avec Lui-même.


En plus de cela, il y a la couverture de peaux de blaireaux (ou tachash) (*) — la figure, semble-t-il, de ce qui excluait absolument tout ce qui était offensant. Une telle puissance répulsive ne pouvait être représentée que de cette manière, et non de la manière intrinsèque dans laquelle elle appartient à Christ. La forme sous laquelle la figure exprime cette puissance préservatrice moralement est cette peau capable de repousser ce qui était désagréable. La peau de blaireau était donc tout à fait bien choisie chaque fois qu’il s’agissait de représenter la puissance qui écarte le mal et empêche son moindre contact avec l’objet ainsi recouvert. Puis, sur ce type de Sa séparation d’avec les pécheurs, il y avait un drap ou tissu entièrement bleu, parce que, quoi qu’il y ait eu dans notre Seigneur Jésus Christ comme il vient d’être dit, quelle que soit la puissance qui rejetait le mal, il y avait chez Lui un autre aspect présenté de manière prééminente au croyant : Il était « le céleste » (1 Cor. 15). Et il est remarquable, aussi, que plusieurs expressions utilisées en Jean 3 combinent ces mêmes pensées. « Le Fils de l’homme » est-il dit, plutôt que Christ. Ainsi nous Le trouvons pleinement montré comme homme — le titre sous lequel Il parle de Lui-même ici et habituellement ; mais nous trouvons aussi qu’Il est « le Fils de l’homme qui est dans le ciel » (Jean 3:13). Être dans le ciel n’a jamais pu être séparé de Lui quand Il était ici-bas ; il semble que c’est là l’allusion signifiée par la couverture bleue. Même Jean-Baptiste était terrestre et parlait de la terre (Jean 3:31), comme tous les autres ; Jésus seul venait d’en haut et était au-dessus de tout ; Il était divin, la Parole (le Verbe) et le Fils, quoi qu’il soit devenu ; et venant du ciel, Il était au-dessus de tout.


(*) Il importe relativement peu à l’égard de la vérité communiquée par le type, que tachash signifie un phoque ou un blaireau ou un taisson. Il s’agissait certainement d’une peau protectrice externe, suffisamment solide (comme en Ézec. 16:30) pour que les chaussures des femmes en soient faites. Les Septante le traduisent par ὑακίνθινα, et comprennent qu’il s’agit d’une couleur particulière. Mais Gesenius, à juste titre je pense, s’y oppose, comme la plupart des gens, bien que l’on ne sache pas clairement de quel animal il s’agit.


5.3 - Ch. 4:7-8 — La table des pains de proposition

La table des pains de proposition avait aussi un drap bleu, et tous les divers accessoires étaient couverts de la même manière. En outre, il est dit : « Ils étendront sur ces choses un drap d’écarlate (*), ils les couvriront d’une couverture de peaux de blaireaux, et ils en poseront les barres » (4:8). Pour le chandelier, au contraire, il y avait simplement un drap bleu qui couvrait tout (4:9), et ensuite la couverture de peaux de blaireaux (4:10), mais pas de drap écarlate. Qu’est-ce que cela nous apprend ? Quelle est la différence ? Pourquoi l’Esprit de Dieu a-t-il ordonné que, dans le cas de la table des pains de proposition, une couverture d’écarlate soit placée entre le bleu et les peaux de blaireaux ? Et pourquoi pas dans le cas du chandelier ?

La raison en est, je crois, que l’écarlate est le signe bien connu de Sa gloire, non pas tant comme Fils de l’homme, mais comme le vrai Messie, — comme Celui qui prend le royaume de Son père David selon la chair. Ceci me semble corroboré par le fait de sa relation avec la table des pains de proposition. Sur cette table se trouvaient les pains, qui nous rappellent clairement les douze tribus d’Israël. Lorsque le Seigneur Jésus rétablira le royaume à Israël, ce ne sera pas en le couvrant de pourpre — je le montrerai bientôt — mais en le couvrant d’écarlate. L’erreur des Juifs, lorsque notre Seigneur est venu ici-bas, était de ne rechercher que Sa gloire comme le Christ. Notre Seigneur Jésus fut refusé comme tel ; or quand il fut manifeste que l’incrédulité Le rejetait, alors, comme nous le savons tous, Il introduisit cette gloire supplémentaire comme résultat de la souffrance jusqu’à la mort. Sa mort et sa gloire sans limites dans toute la création vont de pair (comp. Ps. 8 avec Ps. 2)


(*) Le mot semble signifier proprement cramoisi (cf. Matt. 27:28, écarlate ; Jean 19:5, pourpre)


La preuve est donc claire, et Dieu a montré tout du long qu’il n’y aurait jamais de limitation de Sa gloire en relation avec les douze tribus d’Israël représentées par ces douze pains ; Il viendra comme Fils de l’homme dans toute la plénitude de puissance et de gloire. Ce ne sera pas simplement comme Fils de David, mais avec la gloire infiniment plus grande de Fils de l’homme. Mais Il ne perdra pas pour autant Ses droits royaux sur Israël, Son peuple particulier. C’est à cela, me semble-t-il, qu’est liée la couverture écarlate. Je vais montrer comment la pourpre entre en jeu, mais pour cela nous devons attendre qu’elle vienne à sa place.


5.4 - Ch. 4:9-10 — Le chandelier

Dans le cas du chandelier de lumière, il en va tout autrement. Rien d’autre que du bleu n’apparaît. Il n’y a ni écarlate ni pourpre, ni non plus, notez-le, le voile couvrant (4:5). Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que nous avons l’étroite juxtaposition de la lumière du témoignage divin (qui ne se rapporte pas aux tribus d’Israël) avec la vocation céleste. Or, c’est précisément lorsqu’Israël disparaît qu’est donnée la puissance de l’Esprit de Dieu, qui est le véritable moyen de manifester cette lumière céleste. Par conséquent, tout se réduit à deux idées : l’une est le lien avec ce qui est céleste, l’autre est la puissance qui rejette toute impureté. L’église de Dieu, comme nous le savons, ou corps chrétien, est particulièrement liée à ce témoignage. Dans le cas des douze tribus, il y aura, quand leur temps sera venu, un lien par Christ avec le ciel, la puissance de la sainteté ; mais leur espoir est Christ dans la gloire du royaume, qu’Il prendra comme le Fils ressuscité de David. C’est ce que nous avons déjà vu dans le type précédent.


5.5 - Ch. 4:11-12 — L’autel d’or

En outre, il est ordonné que l’autel d’or soit couvert de bleu et de peaux de blaireaux, c’est-à-dire qu’en étroite connexion avec la lumière, arrive l’autel d’intercession, l’autel de la grâce sacerdotale. Combien cela s’applique magnifiquement à un temps où il y a non seulement la puissance de l’Esprit de Dieu qui rend un témoignage pour Dieu — un témoignage céleste et saint — mais aussi la puissance de la grâce qui procède de l’intercession de Christ ! Nous savons comment l’un et l’autre doivent caractériser le chrétien. Ces deux objets, de nature similaire, se sont trouvés parfaitement en Christ, et doivent être en nous. C’est maintenant le temps où il faut briller comme des lumières dans le monde, en annonçant la parole de vie ; c’est maintenant qu’il faut toujours prier par des prières et des supplications par l’Esprit, y veillant « avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints » (Éph. 6:18). Notre Dieu veut nous donner la communion avec Christ dans ces deux aspects de puissance. Tel qu’est Le Céleste, tels aussi sont ceux qui sont célestes (1 Cor. 15:48). Le peuple terrestre aura la lumière qui va bientôt se lever pour eux ; mais ce sera pour un gouvernement terrestre, et la nation et le peuple qui ne serviront pas Sion périront.


5.6 - Ch. 4:13-14 — L’autel d’airain

5.6.1 - La couleur pourpre

Quand nous arrivons à l’autel d’airain au v. 13, qui est l’instrument suivant, il est dit : « Ils ôteront les cendres de l’autel, et ils étendront sur lui un drap de pourpre ». Il est évident que la pourpre a une étroite parenté avec l’écarlate, mais ces couleurs sont distinctes quoique ressemblantes. La distinction semble la suivante : si les deux couleurs s’accordent pour évoquer la dignité, ce qui semble spécial à la pourpre, c’est la gloire en général ; et je n’ai pas besoin de dire que la dignité royale de Christ se rattache non pas tant à ce qu’Il est Fils de l’homme, mais qu’Il est de la lignée de David. Je vois donc que nous trouvons ici ce qui appartient au Seigneur en tant que souffrant sur la terre. C’est ici qu’Il a souffert, et c’est ici qu’Il doit régner. Sans doute Il est et ne pouvait pas être autre chose que le moyen de rencontrer l’homme là où il est, dans tous ses besoins, sa faiblesse, son péché et son éloignement : le Seigneur béni ne peut jamais abdiquer cela. C’est la gloire qui Lui revient pour la terre. En même temps, Il est et ne pouvait pas être autre chose que le Fils de David, vu ici-bas ; comme il a été dit, Il est « né Roi des Juifs ». Si on Le considère comme lié à la terre, c’est en partie ce qui Lui appartenait — de régner là où Il a souffert. La couleur appropriée pour exprimer cette dignité est la couverture de l’autel d’airain (pourpre). Il est plus qu’un roi, mais Il est quand même Roi, et donc en connexion avec toute la terre.


5.6.2 - Différence entre l’airain et l’or

La différence entre l’airain et l’or dans les divers ustensiles semble être la suivante : alors que tous deux montrent la justice divine, l’un (l’airain) regarde plutôt l’homme responsable sur la terre, l’autre (l’or) Dieu dans toute Sa grâce dont on s’approche dans le ciel. Telle est la différence. Ces deux choses sont vraies, toutes les deux sont trouvées séparément en Christ : néanmoins, l’une signifie la justice de Dieu dont nous nous approchons ; l’autre signifie la justice de Dieu montrant ce qu’Il est en traitant l’homme comme une créature responsable ici-bas. Dieu peut se permettre de lui pardonner, mais c’est simplement un pardon. Ceci tient compte, nous le voyons, de sa responsabilité qui se termine par son échec, bien que la miséricorde divine intervienne par le plein pardon accordé à la foi. Mais s’approcher de Dieu tel qu’il est révélé par Christ, c’est autre chose. C’est ce que l’on trouve dans l’arche ou dans les autres ustensiles du sanctuaire, bien que nous n’ayons quand même pas considéré la forme la plus élevée.

C’était donc ce que les Kehathites devaient porter.


5.7 - Ch. 4:21-49 — Achèvement du dénombrement des Lévites

En rapport avec tout cela, nous trouvons maintenant l’achèvement du dénombrement des Lévites — et pas seulement des enfants d’Israël. Mais nous avons maintenant les mêmes fils de Guershon [et Merari et Kehath] présentés à part devant nous, non pas mélangés avec les maisons guerrières d’Israël ; mais lorsque leur service a été clairement défini, ils sont aussi liés à l’œuvre et résumés ensemble.


5.8 - Autres interprétations erronées des types du tabernacle

On remarquera qu’ici encore, comme dans l’Exode, j’écarte comme erronée l’idée que le lieu très saint et son équipement présenteraient Christ, contrairement au lieu saint qui ne se rapporterait directement qu’aux œuvres et services de Son peuple, — d’un côté les choses qu’il faut croire concernant Dieu, et d’un autre côté ce que doivent faire ceux qui croient en Lui, — et cette idée laisserait le parvis comme un lieu où l’on peut se présenter personnellement devant Dieu, et avoir communion avec Lui comme localement présent parmi eux.

Il n’est pas nécessaire d’insister sur la pauvreté de cette conception, qui met de côté la place antitypique où le croyant est maintenant introduit, ayant communion avec Lui dans le lieu très-saint (Héb. 10). L’école coccéienne (disciples de Cocceius) était sauvage et vague, mais son idée principale est incomparablement meilleure que cette conception qui exclut à la fois Christ et la prééminence à laquelle Il a droit, et Ses fonctions répondant à tout selon la pensée de l’Esprit.

En outre, on ne voit pas la cohérence qu’il y a à admettre, comme le font ces mêmes typologues, que le tabernacle dans son ensemble présente la manifestation de Dieu en Christ, et de le diviser ensuite de cette manière étrange, en donnant le sanctuaire intérieur au Seigneur béni, puis le lieu saint intermédiaire à Son peuple, et enfin le parvis extérieur au lieu de rencontre ou de communion du Seigneur avec eux.

Cependant, ayant déjà expliqué, en parlant de l’Exode, ce que je crois être la vraie portée des ustensiles du sanctuaire, il est inutile de le répéter ici. Je voulais seulement faire remarquer que la différence d’ordre dans ce lieu, ainsi que certaines omissions : l’un et l’autre sont dus au fait que nous sommes ici en présence de la manifestation de la vie de Dieu en Christ (et par conséquent dans le chrétien) sur la terre, soit pendant les jours de Sa chair, soit en anticipation de Son apparition dans le royaume. L’autel d’or suit la table et le chandelier d’or, comme il est suivi de l’autel des holocaustes. La cuve n’est mentionnée nulle part. C’est la différence de conception qui régit et explique tout — un témoignage frappant rendu à l’inspiration.


6 - Nombres 5 — Souillure dans le camp

6.1 - Ch. 5:1-4 — L’impureté mise hors du camp

Dans Nombres 5, nous abordons un autre point de vue, sur lequel je dois être bref. La souillure, ou la souillure présumée, est traitée ici ; mais le principe est toujours conforme au caractère du livre. Il ne s’agit pas maintenant des sacrificateurs, mais du camp de l’Éternel. Il daigne être avec le peuple, et Il est là au milieu même de son campement. Ils devaient éviter soigneusement ce qui est impropre à la présence de Dieu. Il habitait là : il ne s’agissait pas simplement pour l’homme de s’approcher de Lui. Ceci, sans doute, concernait les Israélites, et nous le trouvons déjà dans le livre précédent ; mais Il habitait avec eux, et par conséquent ceci devient la norme de jugement. Nous trouvons donc les diverses formes d’impureté qui seraient impropres à un camp où Dieu habite. Telle est la pensée première.


6.2 - Ch. 5:5-10 — Importance de la confession

Ensuite, à supposer que des personnes aient commis un péché quelconque contre l’Éternel et qu’elles soient coupables, le grand point sur lequel il est insisté, c’est la confession (mais plus encore, la réparation, si possible, par le coupable) — mais dans tous les cas, cependant, une confession à Dieu lui-même. Sans aucun doute, le christianisme n’affaiblit pas cette question de la confession, mais plutôt la renforce. La grâce de Dieu, qui a apporté un pardon illimité, serait plutôt une calamité si elle n’imposait pas la confession. Peut-on concevoir une chose plus terrible moralement qu’un affaiblissement réel du sens du péché chez ceux qui sont approchés de Dieu ? Il peut en être ainsi lorsque la connaissance de Dieu n’est que superficielle. Quand la vérité a été accueillie à la hâte et apprise superficiellement, il est tout à fait possible de pervertir l’évangile jusqu’à affaiblir les principes immuables de Dieu, ignorant qu’Il déteste le péché, et qu’en tant que nés de Dieu nous avons nécessairement le dégoût du péché. Tout ce qui produit un tel effet est un tort très grand contre Lui, et une très grande perte pour nous. C’est ce contre quoi nous sommes mis en garde ici.


6.3 - Ch. 5:11-31 — Infidélité cachée

Mais il y a un autre cas où il n’y a pas eu de délit, mais un soupçon de mal, et cela dans la relation la plus proche — le mari à propos de sa femme. Or, l’Éternel avait l’œil sur ce point. Il ne voulait pas que quelqu’un s’endurcisse. Qu’y a-t-il de plus redoutable que d’être porteur de soupçons ? Nous devrions veiller contre cela. Pourtant, il peut y avoir des circonstances qui amènent un sentiment qu’il y a du mal, et pourtant nous pouvons difficilement le justifier. Nous pouvons lutter, craignant de nous tromper sur la personne ; mais, d’une manière ou d’une autre, il y a le sentiment d’un mal contre l’Éternel. Que faut-il faire alors ? Nous voyons l’Éternel fournir une ressource à cet égard. Il ordonne l’administration des « eaux de jalousie », appelées ici « eaux amères » ou « eaux qui apportent la malédiction » : la femme devait être amenée au sacrificateur ; tout devait être fait d’une manière sainte. Il ne s’agissait pas d’un sentiment humain, mais d’une entrée en relation avec Dieu Lui-même, et d’un jugement de ce qui ne convenait pas à Sa présence.

« L’homme amènera sa femme au sacrificateur, et il apportera son offrande pour elle, la dixième partie d’un épha de farine d’orge ; il ne versera pas d’huile dessus, et n’y mettra pas d’encens ; car c’est une offrande de gâteau de jalousie, une offrande de gâteau de mémorial, qui met en mémoire l’iniquité. Le sacrificateur la fera approcher, et il la fera se tenir devant l’Éternel. Le sacrificateur prendra de l’eau sainte dans un vase de terre ; il prendra de la poussière qui est sur le sol du tabernacle et la mettra dans l’eau. Le sacrificateur fera tenir la femme debout devant l’Éternel, il découvrira la tête de la femme et mettra sur les paumes de ses mains l’offrande de gâteau de mémorial, qui est un gâteau de jalousie ; le sacrificateur aura dans sa main les eaux amères qui causent la malédiction » (5:15-18). Puis l’accusation est donnée à la femme, après quoi il dit : « Que l’Éternel fasse de toi une malédiction et un serment parmi ton peuple, quand l’Éternel fera dessécher ta hanche et enfler ton ventre » (5:21), et ainsi de suite. Le sacrificateur devait écrire les malédictions dans un livre, les effacer avec les eaux amères, et faire boire cette eau à la femme. Si la femme était innocente, cela devait avoir pour effet de changer la situation en bien dans la famille (5:28). Elle aurait la manifestation de la bénédiction de Dieu sur elle.


6.4 - Ch. 5:24-28 — Boire les eaux amères : Ne pas se raidir contre les soupçons

Je ne doute pas qu’il s’agisse là d’un type, soit d’Israël soit de la chrétienté ; mais c’est de toute importance pour un profit moral individuel. Il peut être très pénible pour nous d’être soupçonnés, mais si nous le sommes, ne nous en indignons jamais dans l’orgueil de notre cœur. Hélas ! le mal est possible, et il est bon de montrer par la patience même à l’égard de ce qui est mis à notre charge que nous sommes au-dessus de lui. C’est toujours un signe au moins de faiblesse, très souvent de culpabilité, quand il y a un désir fiévreux d’atténuer ou de nier ; et plus la négation est ardente, plus la culpabilité est certaine, en règle générale. Mais il peut y avoir une faiblesse qui donne parfois une apparence de faute là où, en réalité, elle n’existe pas. Quand la chair n’est pas jugée à fond, il y a une tendance à s’offenser de la moindre imputation.

Or, c’est ici que nous avons cette introduction de l’eau de la mort. Qu’y a-t-il qui réponde si admirablement à tout, que de prendre la place de la mort à tout ce qui est ici-bas ? Il est bien évident qu’un homme mort ne s’offense pas d’un préjudice. C’est introduire dans l’âme la puissance pratique de la mort qui permet de le supporter. Quoi qu’il en soit, laissons les choses suivre leur cours — humilions-nous de ce qu’on nous administre, pour ainsi dire, les eaux amères ; et là où le cœur, au lieu de refuser ou de repousser charnellement une insinuation par orgueil de notre nature, est disposé à ce que tout soit minutieusement testé dans la présence de Dieu, il est certain que le résultat est que le Seigneur épousera la cause de celui qui est soupçonné sans raison, et que tout prospérera comme jamais auparavant. Par contre, si l’on est léger avec Dieu, avec Son nom, Sa nature, alors la malédiction qui s’abat sur un tel individu est amère. Ainsi, nous verrons que cette administration des eaux amères était une chose inestimable, et qu’elle est aussi vraie maintenant dans le principe qu’elle l’était dans le type extérieur. Je n’hésite pas à dire qu’elle est vraie dans un sens plus profond et meilleur aujourd’hui qu’elle ne l’était alors ; seulement, il faut la foi. Il faut le jugement de soi ; rien moins ne nous fera passer à travers. Car même avec la foi la plus authentique, s’il n’y a pas la volonté de n’être rien, la volonté de prendre les eaux amères, les eaux de séparation ou eaux de jalousie, c’est parce qu’il y a une puissance de la chair qui nous entrave — un manque de foi pour prendre la place de la mort. Là où nous sommes droits, mais où nous nous soumettons, qui peut mesurer la bénédiction fructueuse qui en résulte par la grâce de Dieu ?


7 - Nombres 6 — Séparation (nazaréat) pour être au Seigneur

7.1 - Ch. 6:1-4 — Séparation d’avec ce qui était souillé, et même d’avec le meilleur dans la nature

En Nombres 6, on arrive à un type de bénédiction positive. Il ne s’agit pas d’une souillure, mais d’une séparation spéciale pour être au Seigneur. C’est ce qu’Israël aurait dû être, mais hélas ! n’a pas été ; car Israël se souillait pour les morts ; et ceci est précisément la position que le résidu pieux en Israël était prêt à prendre, comme on le voit en Actes 2. Ils se reconnaissaient comme souillés à mort, et en vue de quoi ? Comme il est dit ici : « Si un homme ou une femme se consacre en faisant vœu de nazaréat, pour se séparer pour être à l’Éternel, il s’abstiendra de vin et de boissons fortes, et ne boira ni vinaigre de vin, ni vinaigre de boisson forte, il ne boira pas de liqueur de raisin, et ne mangera pas de raisins frais ou secs. Pendant tous les jours de sa séparation (ou : son nazaréeat), il ne mangera rien de ce qui est fait de la vigne, depuis les pépins jusqu’à la peau ».

Il s’agit d’une séparation non seulement de ce qui était souillé, mais de ce qui était le meilleur dans la nature. Non pas que la nature soit condamnée, ce qui n’est jamais juste chez un chrétien. Nous sommes tenus de maintenir l’honneur de Dieu dans la créature jusqu’au bout. Il est toujours déplorable quand l’homme affaiblit ce qui est dû à Dieu dans quelque chose qu’Il a fait ; il n’y a aucune raison pour que nous refusions la puissance qui nous élève au-dessus.


7.2 - Pas de dédain de ce que Dieu a fait

Or c’est ce dernier point que le nazaréen symbolise. Ce n’est pas une attaque contre Dieu, ou contre quelque chose qu’Il a fait. La création, telle que Dieu l’a faite, était digne de Sa main ; et l’affection naturelle est toujours douce. Le Seigneur regarda une fois un homme qui s’enquérait de Lui, sans avoir pourtant le moindre atome de foi en Lui ; mais son caractère était aimable, et comme tel le Seigneur l’aima (Marc 10:21). C’est très bien ainsi, et nous devrions faire de même. Il y a une mauvaise mesure si nous osons différer de Christ sur ce point. De même, le Seigneur a pris un enfant dans Ses bras, a posé Ses mains sur lui et l’a béni. Pensez-vous qu’Il n’avait pas un intérêt particulier pour un petit enfant ? Les disciples étaient loin de Ses pensées et de Ses sentiments. Pensez-vous qu’Il ne regardait pas à ce que Dieu avait fait, ne fût-ce que les lys des champs ? Jamais le Seigneur n’a donné la moindre sanction à la pseudo-spiritualité — selon le qualificatif donné par certains d’entre nous à cet égard. Non, il n’est jamais sorti de Ses lèvres une parole ou une pensée dépréciative pour une seule créature. Qui a admiré comme Lui chaque brin d’herbe sorti de la main de Son Père ? Qui s’est réjoui comme Lui de Ses soins pour un moineau ? Qui, comme Lui, a marqué et fait connaître aux autres l’intérêt qu’il y a à compter les cheveux de la tête de ceux qui Lui appartiennent ? Christ n’a jamais nié ce qu’exigeait la nature, Il n’a jamais affaibli le sens de sa beauté, aussi déchu que soit l’homme, et le monde ruiné par lui — oui, ruiné non par Dieu, mais par celui qui a cédé aux ruses de Satan.


7.3 - Souillure par les morts. Délivrance par la repentance

Pourtant, ce même Sauveur béni, dans une séparation en grâce, a renoncé à toute jouissance de ce qui se trouvait ici-bas, — se détachant de tout cela pour la défense spéciale de Dieu. La créature était bonne. Comment aurait-il pu en être autrement, venant des mains d’un tel Dieu ? Il savait mieux que quiconque l’état dans lequel elle est tombée, mais Il n’avait pas oublié qui avait eu la sagesse et la bonté de la faire. En même temps, Il était séparé pour l’Éternel ; Il conservait Son nazaréat. Israël ne le comprenait pas, mais le résidu pieux suivait Ses pas. Par la grâce de Dieu, ils prirent la place de confesser la souillure à cause des morts. Cela semble être justement ce qui a été illustré à la Pentecôte. Ceux qui reçurent la parole prenaient la place de repentance. Christ est toujours demeuré séparé pour Dieu. Les Juifs repentants, avec une foi vivante, ont reconnu ce que leurs mains avaient fait — ce qu’eux-mêmes avaient été — ce que leurs pères aussi bien qu’eux-mêmes et leurs enfants avaient été. Ils se sont courbés devant Dieu et ont reconnu la ruine et la mort entrées dans le monde par le péché. C’était et c’est le seul moyen d’en être délivré. À partir de ce moment-là, ils étaient placés sur un nouveau terrain, celui de nazaréat pour Dieu. Ils avaient commencé en tant que peuple de Dieu extérieurement, séparé des nations, mais leur position avait été entièrement gâchée et perdue par la souillure. La mort du Messie a poussé leur souillure à l’extrême ; mais cette mort même, qui était leur plus grand péché, est devenue par grâce le seul moyen de renouveler leur nazaréat sur une base qui ne pouvait pas fléchir. Et c’est là que nous suivons. Plus que cela : la porte est laissée ouverte pour le résidu des derniers jours. Ils seront nazaréens eux aussi. Ils ne refuseront pas de reconnaître leur état de péché, et de détourner leurs regards de tout autre espoir pour les tourner vers le Sauveur mort et ressuscité ; et ils termineront leur position de séparation pour Dieu dans la joie et la liberté du royaume millénaire, quand le nazaréen pourra boire du vin.


7.4 - Ch. 6:5 — Abandon des droits naturels de l’homme, de la place de dignité

Quelques mots encore sur le nazaréen. Il ne s’agit pas simplement de refuser le meilleur de ce que Dieu donne (car la joie naturelle ici-bas était représentée, je suppose, par le vin) ; mais en outre, « pendant tous les jours du vœu de son nazaréat, aucun rasoir ne passera sur sa tête » (6:5). Il est clair que ce n’est pas la condition ordinaire d’un homme. Les cheveux longs ne lui conviennent pas ; c’est plutôt dans le caractère de la femme. Les cheveux longs sont le signe de la soumission à autrui ; la soumission n’est pas l’ordre de Dieu pour l’homme, qui est censé être l’image et la gloire de Dieu (1 Cor. 11:7). Mais chez le Nazaréen, la règle était tout à fait spéciale. Il y avait un abandon des droits naturels de l’homme, de la place de dignité que Dieu lui avait donnée dans la nature.


7.5 - Ch. 6:6-7 — Pas de contact avec un mort

De plus, il y avait le refus de se rendre impur pour son père, sa mère, son frère ou sa sœur, quand ils mouraient, « parce que la consécration (le nazaréat) de son Dieu était sur sa tête » (6:7) : rien n’était plus impératif que de se garder de la souillure par la mort. Il en a déjà été question. Ceci ne se trouve que dans la nouvelle création : ayant été des hommes pécheurs, nous sommes retournés vers Dieu dans la repentance et la foi — à l’exception, toujours et bien sûr, du Seigneur Jésus qui s’est tenu, mais tenu seul, dans Sa propre pureté intrinsèque.


7.6 - Ch. 6:8-20 — Le nazaréat était temporaire

Le nazaréat n’était que pour un temps. C’est bien marqué. « Pendant tous les jours de son nazaréat », est-il dit, « il est consacré (ou : saint) à l’Éternel » (6:8). Et ensuite, si la loi du nazaréat était violée, il est dit comment il avait à recommencer, ou, si les jours étaient achevés, il est dit comment ils se terminaient. Car cela aussi était soigneusement marqué par des offrandes de joie, d’allégresse et de communion. C’est ce qu’on trouve ici. « Il présentera son offrande à l’Éternel : un agneau mâle d’un an sans défaut en holocauste, une brebis d’un an sans défaut en sacrifice pour le péché, un bélier sans défaut en sacrifice de prospérités, une corbeille de pains sans levain, des gâteaux de fleur de farine pétris à l’huile, des galettes de pain sans levain ointes d’huile, leurs offrandes de gâteau et leurs libations » (6:14-15). Tout cela devait être apporté ; « et le nazaréen rasera la tête de sa séparation (son nazaréat) à l’entrée de la tente d’assignation, et prendra les cheveux de la tête de sa séparation (son nazaréat) et les mettra sur le feu qui est sous le sacrifice de prospérités. Le sacrificateur prendra l’épaule cuite d’un bélier, un gâteau sans levain de la corbeille et une galette sans levain, et il les posera sur les mains du nazaréen, après que les cheveux de sa séparation (son nazaréat) seront rasés. Et le sacrificateur les tournoiera en offrande tournoyée devant l’Éternel », etc. (6:18-20).

Encore une fois, le nazaréat n’est jamais censé être permanent, mais il est une institution pour le désert. Il est introduit en passant sur la terre, et est particulier au livre des Nombres.


7.7 - Ch. 6:13-20 — Fin du nazaréat dans la joie et la gloire

Ainsi, je comprends que, quelle que soit la séparation particulière soit d’Israël avec sa responsabilité, soit de l’Église maintenant, du chrétien par grâce, ou de Christ Lui-même, le Seul qui soit absolument et parfaitement séparé, — quelles que soient ces diverses applications, elles se terminent toutes dans la joie et la gloire. On ne sera pas toujours appelés à veiller au renoncement à soi-même. Un jour viendra où le Nazaréen boira du vin — un temps de joie où on est à l’aise ; et grâces à Dieu pour cette espérance ! alors tout sera changé ; nous n’aurons plus à aller de l’avant avec la ceinture sur les reins à cause de la traversée d’un monde où non seulement il y a du mal, mais où le meilleur peut être un piège qui souille. Le jour vient où toutes les choses dans le ciel et sur la terre ne seront que pour la gloire de Dieu, toutes réglées et utilisées selon la pensée et le cœur de Christ. En ce jour-là, le nazaréat n’existera plus ; même le nazaréen boira du vin. Nous demeurerons à l’aise ; nous nous reposerons de la douleur et de Satan ; nous serons tous heureux dans la joie du Seigneur. Alors aussi, ce ne seront pas simplement des adorations et des louanges célestes, mais les terrestres se réjouiront pour les siècles des siècles.


7.8 - Ch. 6:22-27 — La bénédiction du grand sacrificateur

Ai-je tort de penser que c’est la raison pour laquelle la bénédiction du grand sacrificateur est introduite immédiatement après ? Elle est en relation étroite avec la conclusion du vœu du nazaréen. « Parle à Aaron et à ses fils, et dis-leur : C’est ainsi que vous bénirez les enfants d’Israël, en leur disant : L’Éternel te bénisse et te garde ; l’Éternel fasse lever Sa face sur toi et use de grâce envers toi ; l’Éternel lève Sa face sur toi et te donne la paix. Ils mettront mon nom sur les enfants d’Israël, et je les bénirai ».

Tel sera réellement et littéralement ce qui aura lieu quand le terme du nazaréat sera arrivé dans tous les sens du mot ; et cela se terminera dans la joie et l’allégresse sans bornes du règne millénaire.


8 - Nombres 7 — Offrandes et ressources

8.1 - Ch. 7:10-88

Sur Nombres 7, quelques mots suffiront. Nous avons ici les dons d’amour et de libre volonté, de dévouement de cœur, que les chefs du peuple offrirent pour le service du sanctuaire.


8.2 - Ch. 7:3-9 — Inégalités dans ce qui est confié aux uns et aux autres

Le seul point sur lequel il faut maintenant attirer l’attention est l’offrande particulière pour le service des Lévites ; et il est assez remarquable que ces offrandes ne concernaient pas les Kehathites. Quoi que puissent recevoir les autres, les Kehathites portaient sur leurs propres épaules les ustensiles qui leur étaient confiés. Les fils de Merari et les fils de Guershon reçurent des bœufs et des chariots ; les Kehathites n’en reçurent aucun.

Il n’y a pas de principe d’équilibrage par Dieu pour maintenir une bonne humeur parmi les hommes en donnant à tous la même part. Si c’était le cas, ce serait la fin de la grâce pratique. Au contraire, ce qui met la foi et l’amour à l’épreuve, c’est que Dieu arrange et nous met tous dans une position différente selon Sa volonté sage et souveraine. Il n’y en a pas deux pareilles. La conséquence est que l’exercice très doux de la grâce quand on regarde au Seigneur, devient un danger terrible pour la chair. Qui, plein de grâce, s’irriterait contre autrui parce qu’il n’est pas pareil ? Au contraire, il aurait une joie honnête et sincère dans ce qu’il voit de Christ chez un autre, et que lui-même ne possède pas.

Voilà, me semble-t-il, le sujet d’exercice que déclenche ce qui est mis à la disposition pour l’accomplissement du service des Lévites. Les moindres d’entre eux avaient le plus de bœufs et le plus de chariots. En même temps, ceux qui avaient la charge la plus élevée et la plus précieuse de toutes, devaient porter les ustensiles sur leurs épaules. Ils avaient beaucoup moins de bruit et d’apparence parmi les hommes, mais la meilleure place donnant lieu aux exercices de foi les plus élevés.

Que le Seigneur nous fasse nous réjouir, non seulement de ce qu’Il nous a donné, mais aussi de ce qu’Il a retenu et confié à d’autres !


9 - Nombres 8 — Consécration des Lévites

9.1 - Ch. 8:1-4 — Maintien des lampes allumées par les sacrificateurs

La sacrificature seule maintient les lampes allumées. Ce n’est pas le service des lévites, mais le lien avec Christ dans le sanctuaire, dans la présence de Dieu, dont ils dépendent. En réalité, bien qu’en secret, c’est ce qui maintient la vraie lumière du témoignage.


9.2 - Ch. 8:9-14 — Participation du peuple à la consécration des Lévites

Ensuite, nous trouvons un autre fait. Bien que les Lévites aient été mis à part pour être au service de la sacrificature, et qu’ils aient été spécifiquement exclus du dénombrement du peuple comme appartenant au service du sanctuaire, ils n’en étaient pas moins liés de manière très intéressante à tous les Israélites.

En bref, lors de la consécration des Lévites, les Israélites posaient leurs mains sur les têtes des Lévites. L’Éternel avait clairement montré auparavant qu’Il était Celui à qui appartenaient les Lévites ; mais c’eût été une triste perte si le peuple n’avait pas ressenti l’intérêt d’autant plus profond de ce qu’ils étaient les serviteurs de l’Éternel.

Ainsi, nous voyons que l’Éternel maintenait Sa place, Sa désignation et Sa disposition souveraine des Lévites. Si d’un côté nous sommes Son peuple, n’oublions cependant pas que le peuple d’Israël manifestait leur accord et la joie qui était aussi leur part en s’identifiant ainsi aux Lévites qui étaient alors mis à part pour l’Éternel. Quelle joie lorsque, d’une part, nous reconnaissons pleinement les droits du Seigneur, et que, d’autre part, nous trouvons notre propre part d’autant meilleure. Nous ne nous sommes pas appauvris parce que c’est à l’Éternel, mais d’autant plus riches que Ses biens sont à nous.


10 - Nombres 9 — Pâque en retard. La nuée guidant le voyage

10.1 - Ch. 9:1-14 — Faire la Pâque à retardement

Vient ensuite, en Nombres 9, une disposition spéciale en cas d’impureté lors de la traversée du désert, qui soit susceptible d’empêcher de faire la Pâque au bon moment. C’est une ressource de la grâce, qu’on ne trouve qu’ici. On pouvait en profiter, comme on l’a fait ultérieurement. Le principe peut être vu dans les livres historiques, mais c’est une disposition qui a été provoquée par les conditions en chemin dans le désert. L’Éternel ne voulait abaisser ni Son but ni Ses voies. D’une part, il fallait célébrer la Pâque — le souvenir de la mort de Christ est partout nécessaire. Il n’y a pas de chemin pour sortir du monde sans la mort de Christ qui a été célébrée en Égypte. Ils n’auraient pas pu quitter l’Égypte sans la Pâque. Ils n’auraient pas pu être délivrés à travers la Mer Rouge sans le sang de l’Agneau. La mort de Christ est la base nécessaire et la seule possible pour toute bénédiction de la part de Dieu ; en outre, une fois qu’ils étaient dans le désert, la mort de Christ est tout aussi nécessaire. Où n’est-elle pas nécessaire ? Lorsque nous entrons en Canaan, la Pâque nous y attend au premier plan (Josué 5). Partout, la mort de Christ est essentielle — autant pour la gloire de Dieu, que pour la bénédiction de l’homme. D’autre part, à supposer qu’ils n’étaient pas dans un état convenable par suite d’une souillure, l’Éternel prend ici une disposition spéciale à cet égard. Il ne voulait pas abaisser la Pâque en la rendant facultative ; mais en même temps, Il voulait considérer avec pitié les circonstances du chemin qui peuvent empêcher de la pratiquer.


10.2 - Ch. 9:15-23 — Directions pour se mettre en route

La fin du chapitre nous présente une autre disposition de bonté — l’appel du peuple à une dépendance de la direction du Seigneur sans limites. Celle-ci est représentée tout d’abord par la nuée, leur guide de jour, et colonne de feu la nuit. Et notez bien ceci : aucune circonstance, aucun moment ou période, aucune difficulté, n’amoindrit la nécessité d’être dirigé par l’Éternel. Supposons que la nuit vienne avec son obscurité : que faire alors ? La direction de Dieu n’en est que plus visible. Pouvons-nous douter que la lumière ait été plutôt plus brillante de nuit que de jour ? Je ne dis pas intrinsèquement, mais aux yeux de l’homme. Quelle que soit l’épreuve, le Seigneur sera avec nous, si nous regardons vraiment à Lui ; et plus le besoin est grand, plus Sa direction sera manifeste. Tout ce dont nous avons besoin, c’est que le cœur soit réellement simple dans la dépendance de Lui. À son commandement ils se reposaient ; et à Son commandement ils voyageaient. Si le commandement était de s’arrêter un peu de temps, ils faisaient aussi ; si le commandement était de rester plus longtemps, alors ils se reposaient ; ils devaient seulement toujours être aux ordres de l’Éternel. Ils avaient le privilège d’attendre continuellement Son commandement. Dépendance bénie ! Qu’elle soit la nôtre !


11 - Nombres 10:1-10 — Les trompettes d’argent

Il n’y a qu’un seul autre sujet qu’il convient d’aborder avant de faire halte dans ce livre des voyages. À la suite de la nuée qui dirige, nous trouvons les prescriptions sur l’usage des trompettes (10:1-10). Il est clair qu’il s’agit là d’un caractère de témoignage plus marqué, s’adressant plus fortement au peuple que la simple indication de la nuée ou de la colonne de feu. Il y a différentes manières dont l’Éternel signifiait Sa volonté. Ce n’est peut-être pas toujours avec la même insistance que ce que les trompettes impliquent naturellement. Il y avait deux trompettes d’argent, et c’était aux sacrificateurs de sonner, comme il est dit ici. Les fils d’Aaron avaient cette tâche selon certains principes spéciaux qui nous sont expliqués.


11.1 - Le Seigneur a divers moyens pour guider

Dans la première façon de diriger (la nuée), le peuple regardait le signe manifeste de la présence de Dieu ; dans le second (les trompettes), le signal était donné par ceux qui avaient l’intimité de la communion avec Dieu, car c’est clairement ce qui était représenté par les sacrificateurs. Aujourd'hui le Seigneur guide de diverses manières. Il peut y avoir des moments, et il y a des choses, dans lesquelles il n’y a pas de moyens de diriger impliquant une intimité telle que celle que pourraient représenter les trompettes d’argent des sacrificateurs. Mais l’Éternel est toujours en mesure de guider Son peuple, quels que soient les moyens ou les circonstances. Même si l’on était seul, l’Éternel est supérieur à toutes les difficultés. Par ailleurs, pour faire face à nous-mêmes et à nos difficultés, il est certainement sage et bon de se servir de l’aide spirituelle que l’on peut se procurer, des témoignages disponibles lorsque le cas le permet, et surtout de la propre parole de Dieu.


11.2 - Sonner pour rassembler, notamment quand l’ennemi approchait

C’est pourquoi nous trouvons ici que les trompettes devaient sonner en diverses occasions. L’usage le plus général était de rassembler Israël. Mais la trompette n’était pas tellement en rapport avec le fait de voyager ; ceci était plutôt le rôle de la nuée. Sonner des trompettes d’argent avait pour but de rassembler le peuple à la porte du tabernacle de la congrégation. Ils étaient ainsi appelés à s’approcher de la présence de Dieu. Si l’on supposait l’ennemi tout proche, on sonnait « l’alarme » ou « avec éclat ». « Quand vous sonnerez « l’alarme » (ou « avec éclat »), les camps qui sont campés à l’orient partiront. Quand vous sonnerez l’alarme (ou avec éclat) pour la seconde fois » les autres camps partiront (10:5-6). Tout est soigneusement ordonné par Dieu. « Mais quand on réunira la congrégation, vous sonnerez, mais vous ne sonnerez pas « l’alarme » (ou : non pas « avec éclat ») » (10:7).


11.3 - L’effet des deux manières de sonner des trompettes

Ainsi, on voit, qu’il y avait en particulier ces deux cas. On sonnait des trompettes pour le rassemblement dans la joie de la communion ; et il y avait aussi la trompette d’alarme sonnée (ou sonnée avec éclat) par le témoignage propre de Dieu en présence de l’ennemi. L’effet devait être le suivant : le peuple serait réconforté par la pensée que, lorsque les trompettes d’argent sonnaient une alarme (ou : avec éclat), c’était après tout Dieu qui habitait dans le camp qui le faisait. Celui qui dirigeait entendait le son. Il ne leur était pas simplement rappelé que Dieu était là, mais qu’Il voulait agir pour eux et en eux contre tous les adversaires. Les trompettes du sanctuaire sonnées par le sacrificateur les appelaient contre l’ennemi. Ne pouvaient-ils pas dire hardiment : L’Éternel est notre secours, pourquoi craindre ? que peut faire l’homme ? (Ps. 118:6 ; Héb. 13:6).


Deuxième partie de ces Leçons introductives :

12 - Nombres 10:11-36 — Place de l’arche par rapport au peuple

Du point de vue historique, la partie précédente du livre des Nombres a évidemment un caractère préliminaire, bien qu’important et divinement sage. Elle est, dans une large mesure, préparatoire à ce que nous allons examiner maintenant (ch. 10:11 à ch. 21), le voyage proprement dit des enfants d’Israël et l’instruction que l’Éternel leur donne sur leur chemin à travers le désert. Nous avons eu le dénombrement du peuple (ch.1-2), et les ordonnances en vue du service (ch.3-4), la souillure spéciale (ch. 5) et le dévouement spécial (ch.6), et d’autres dispositions de grâce (ch.8-10), pour le cœur et la conscience, pour l’œil et pour l’oreille, tout cela en rapport avec le voyage à travers le désert.


À partir du v. 11 de Nombres 10 commence l’histoire du voyage proprement dit.


12.1 - Ch. 10:17-22 — Départ des Lévites en deux parties

[le paragraphe suivant est adapté par Bibliquest]

Au ch. 2, il est décrit la division des douze tribus en quatre camps ou bannières, ainsi que le nombre de chaque tribu et le nombre total dans chaque camp ou bannière. Sont fixées les positions que chacun devait prendre autour du tabernacle, et l’ordre de leur marche ; et il est ordonné (2:17) que le tabernacle, avec le camp des Lévites, ne s’avance qu’entre le deuxième (Ruben, Siméon, Gad) et le troisième (Éphraïm, Manassé, Benjamin) groupe de trois camps. Mais dans le ch. 10, il se produit ce qui semble d’abord être une contradiction directe avec cela ; car il est dit (10:17) que le tabernacle fut démonté après que le premier groupe de trois camps (Juda, Issacar, Zabulon) se soit avancé ; et les fils de Guershon et les fils de Merari s’avancèrent, portant le tabernacle, et ensuite le second camp, ou bannière, des enfants de Ruben (groupés avec Siméon et Gad). Mais cette contradiction apparente est réparée quelques versets plus loin (10:21), lorsque nous constatons que, si les parties les moins sacrées du tabernacle, la tente extérieure et son équipement, étaient parties entre le premier et le deuxième groupe de trois camps, le sanctuaire, ou lieu très-saint, avec son mobilier, l’arche et l’autel, ne partirent qu’après le deuxième groupe de trois camps, comme l’exigeait le commandement de 2:17. Et la raison de cette dissociation est indiquée comme permettant à ceux qui portaient le tabernacle extérieur, de le dresser et donc d’être prêts pour la réception du sanctuaire lorsqu’il arrivait.


12.2 - Ch. 10:29-36 — L’arche qui marche devant

Un fait très remarquable nous est présenté, qui doit frapper tout esprit rationnel, bien qu’il n’y ait guère de quoi surprendre un enfant de Dieu. Il peut sembler quelque peu embarrassant qu’après avoir fixé la place de l’arche au centre de la maison d’Israël (et nous pouvons tous comprendre combien il était convenable que l’Éternel soit ainsi au milieu de son peuple, tant pour camper que pour marcher), il y ait maintenant un changement au moment du départ.

Ce qui fait la différence, c’est que Moïse a compté sur l’aide bienveillante de son beau-père. L’homme échoue, comme toujours : Dieu est invariablement fidèle à Sa parole. Néanmoins, Il ne s’engage pas à ne pas aller au-delà de ce qu’Il a stipulé. À mon avis, ceci est admirablement conforme à la perfection de Dieu ; car il ne s’agit pas ici pour Dieu d’oublier ce qui était dû à Son propre nom.

L’ordonnance qu’Il avait établie au début montrait l’affection qu’Il portait à Son peuple, la position qui convenait à Sa majesté comme ayant voulu descendre et être au milieu d’eux. Mais les besoins de Son peuple, l’inquiétude de Ses serviteurs, l’échec de ce qui avait été prévu pour faire face aux difficultés du chemin, ont aussitôt attiré Sa grâce — je ne dirai pas avec des cordes d’homme, mais selon cette bonté infinie qui se plie aux nécessités du chemin, et qui compatit à toute perplexité, grande ou petite, dans le cœur de Ses serviteurs.

C’est ce qui explique la différence. L’Éternel a eu de la sympathie pour Moïse et aussi pour le peuple. Ainsi l’arche, qui, selon la règle stricte, avait droit à la place d’honneur au milieu de l’armée en marche, daigne maintenant faire le travail d’un messager pour le peuple, si je puis dire, non seulement en lui trouvant le chemin, mais en agissant comme une garde avancée de l’armée.

Combien cela montre de façon caractéristique la bonté immuable de Dieu ! D’une part, l’ordonnance marquait ce qui était dû à Dieu, d’autre part, on y voyait la considération de grâce qui abandonnait le rituel pour l’amour. Quelle cohérence réelle Dieu maintient avec Lui-même. C’est ce qu’on trouve toujours là où la grâce règne. La parole de Dieu peut sembler faire défaut pour un moment, mais Dieu ne s’écarte jamais dans la moindre chose qui a le caractère d’une ordonnance, sinon pour faire ressortir Son caractère bien plus parfaitement que si tout avait été rigoureusement exécuté.


13 - Nombres 11 — Ingratitude vis-à-vis de la grâce

(suite du § précédent) — La parole infaillible de Dieu nous donne les deux faits précédents, par le même écrivain et dans le même livre. Il n’y avait pas d’oubli dans Ses pensées, mais une tendre sollicitude pour Son peuple — un beau fruit de la même grâce divine que tous nos cœurs peuvent bien apprécier.


13.1 - Ch. 11:1-3 — Ingratitude vis-à-vis de la grâce

Hélas ! il en était tout autrement chez le peuple. Si leur besoin a fait jaillir une plus grande grâce de la part de Dieu, le peuple s’est mis à se plaindre avec une rude ingratitude dans la scène qui suit. L’Éternel l’entendit : Son feu brûla au milieu d’eux, et consuma ceux qui étaient aux extrémités du camp. Le peuple cria, mais il cria avant tout à Moïse. Et quand Moïse pria l’Éternel, une autre scène s’ensuivit, car même la colère divine n’arriva pas à avoir d’effet permanent sur leurs âmes.


13.2 - Ch. 11:4-10 — Ceux qui entrainent les autres à la convoitise

Nous trouvons ici le résultat de cet amas de gens mélangés qui était sorti d’Égypte avec eux. La preuve ne tarda pas à être donnée que tout écart par rapport aux pensées de Dieu produit une triste récolte dans les jours qui suivent. Les étrangers qui étaient mêlés avec eux se mirent à convoiter ; les enfants d’Israël pleurèrent de nouveau, et dirent : « Qui nous donnera de la chair à manger ? » C’était pire que la plainte qui venait juste d’avoir lieu. C’était le mépris d’une grâce insigne. C’était un aveuglement total vis-à-vis de la bonté de Dieu. « Nous nous souvenons, » disent-ils, « du poisson que nous mangions librement en Égypte… mais maintenant notre âme est desséchée : il n’y a rien du tout, à part cette manne… Et lorsque Moïse entendit le peuple pleurer dans toutes leurs familles, chacun à l’entrée de sa tente, la colère de l’Éternel s’embrasa fortement ; Moïse aussi fut mécontent » (11:5,6,10).


13.3 - Ch. 11:11-25 — Abattement de Moïse

Suit le passage remarquable entre l’Éternel et Son serviteur. Moïse lui-même est abattu par la douleur et la détresse due aux circonstances, et il confesse qu’il n’est pas capable de porter Son peuple. Alors l’Éternel lui demande de rassembler auprès de lui 70 hommes des anciens d’Israël. Était-ce vraiment selon la pleine pensée de l’Éternel ? ou le Seigneur n’a-t-il pas pris Moïse au mot et, par conséquent, a partagé Son honneur exceptionnel avec ces anciens ? — L’Éternel descendit, est-il dit, dans la nuée et lui parla ; Il prit de l’Esprit qui était sur lui et le donna aux 70 anciens ; et il arriva que, lorsque l’Esprit fut sur eux, ils prophétisèrent, et ne cessèrent pas (selon versions KJV et WK ; version JND « ne continuèrent pas).


13.4 - Ch. 11:26-29 — Josué jaloux pour Moïse

Ceci donna lieu à la précipitation de Josué qui était quelque peu indigné pour son maître. Ce n’était pas bien non plus. Il y avait faiblesse chez Moïse de ne pas pouvoir se fier à l’Éternel pour prendre soin de Son peuple ; mais c’était encore moins bien chez Josué d’être trop jaloux à cause de Moïse. La distinction singulière par laquelle Dieu avait honoré Moïse aurait dû élever Josué au-dessus d’un tel sentiment. « Tu es jaloux à cause de moi ? dit Moïse. Ah ! que plutôt Dieu veuille que tout le peuple de l’Éternel fût prophète, et que l’Éternel mette Son esprit sur eux ».

Heureuse anticipation de ce que Dieu allait faire un autre jour — le temps où nous sommes maintenant amenés à Dieu, et où Il nous a rassemblés en un ! Comprenons-nous ce jour qui est le nôtre ? Nos cœurs en ont-ils le secret ? Sommes-nous induits en erreur par le sentiment de Josué ? ou partageons-nous l’esprit de Moïse ? Sans doute, c’est une heure de faiblesse, mais aussi de bénédiction, de paix et de joie infinies dans le Seigneur. Et nous trouvons encore davantage.


13.5 - Ch. 11:30-35 — Dieu répondant à une prière d’incrédulité

L’Éternel écouta alors la plainte de Son peuple qui méprisait le pain descendu du ciel, et Il lui donna ce qu’il cherchait. Quelle considération grave pour nos âmes ! Dieu peut répondre non seulement à une prière croyante, mais aussi à une prière d’incrédulité ; or c’est misérable quand le cœur n’est pas humble, et ne se livre pas immédiatement à Dieu. Heureux aurait été le sort d’Israël s’ils avaient mis un frein à leurs murmures, et s’ils avaient réprimé leur âme devant Dieu ! Si la réponse les avait amenés à s’agenouiller, le front dans la poussière devant Dieu, cela aurait été sûrement mieux pour Israël ; mais ils étaient pratiquement éloignés de Dieu. Ils choisirent d’être leur propre fournisseur, et n’eurent pas confiance en Celui qui les aimait. Nous verrons bientôt que cela alla encore plus loin.


13.6 - La grâce incomparable de Dieu, et son mépris qui mène à la rébellion

N’est-ce pas une pensée sérieuse, mes frères, que ce que nous lisons n’est que le point de départ du voyage, dans ce livre dont l’objet même est de montrer le cheminement du peuple de Dieu ? Pourtant, nous avons vu la grâce incomparable de l’Éternel qui a toujours coulé à flots pour répondre aux besoins de Son peuple, — la grâce qui sait surpasser, qui ne donne jamais moins, et qui ne s’engage jamais à ne pas donner plus. Tel est Dieu.

Et par ailleurs le peuple n’a été constant que dans sa rébellion de cœur. Cela a commencé par ceux qui auraient dû mieux connaître, mais qui sont trop vite tombés sous l’entrainement par des étrangers qui ne pouvaient pas apprécier la bonté de leur Dieu. Puis quand une pente glissante ou une chute arrive, c’est invariablement ce qui est le plus charnel qui l’emporte. Ce n’est pas que l’amas de gens mélangés se soit glissé imperceptiblement dans les pensées d’Israël, mais c’est qu’Israël a sombré dans leurs plus bas désirs et leur mépris de ce qui venait de l’Éternel.


13.7 - Encore Ch. 11:29-35

Hélas ! nous trouvons les manquements partout, y compris chez le législateur lui-même. Mais la faute de son serviteur trop zélé le rappela à la grâce qu’il ressentait. Il se réjouit de la bonté de Dieu, y compris de ce qui semble impliquer de lui avoir retiré quelque chose ; mais il ne pense pas à lui-même, mais à Dieu. Lorsque le peuple tomba avec avidité sous les désirs dégradants de l’amas de gens mélangés de l’Égypte, c’était assurément juste que la colère de l’Éternel s’embrase et les frappe au moment où ils se flattaient de Sa réponse à leur cri. Mais Sa réponse était une réponse douloureuse, qui apportait avec elle un châtiment profond — non seulement la tristesse dans leurs âmes, mais une réprimande indignée de Dieu Lui-même. Il est dit que Sa « colère s’embrasa contre eux avant que la chair soit mâchée, et l’Éternel frappa le peuple d’une très grande plaie » (11:33).


14 - Nombres 12 — La faute de Marie

14.1 - Ch. 12:1-3

Mais nous n’en avons pas encore fini avec les phases douloureuses de l’incrédulité. Elle doit être révélée partout. Qu’est-ce que l’homme ? « Et Marie et Aaron parlèrent contre Moïse ». Et pour quoi ? Officiellement à cause d’un genre type de conseils divins plus riches que ce que leur cœur était en mesure d’apprécier — « À cause de la femme éthiopienne qu’il avait épousée ; car il avait épousé une femme éthiopienne. — Et ils dirent : L’Éternel n’a-t-il parlé que par Moïse ? n’a-t-il pas parlé aussi par nous ? Et l’Éternel l’entendit. (Or, Moïse était un homme très-doux, plus doux que tous les hommes qui étaient sur la face de la terre) ». — Tant pis pour eux. Si Moïse avait défendu sa propre cause, je suis persuadé que Dieu n’aurait pas traité ainsi Aaron et Marie. À supposer qu’une personne soit dans son bon droit, le manque de foi qui combat pour soi-même contrecarre toujours l’activité de la grâce.


14.2 - Ch. 12:4-5

Ici donc comme partout, quand quelque chose Lui est simplement confié, le Seigneur s’en charge ; et c’est le pire pour l’adversaire. « L’Éternel parle soudain à Moïse », car maintenant il s’agit d’une chose incomparablement plus grave que les plaintes, murmures et convoitises de l’amas de gens mélangés, ou même d’Israël. La gravité de ce qui est contraire à Dieu est proportionnelle aux bénédictions que la grâce a données ; c’est pourquoi Il parle soudain à Moïse, à Aaron et à Marie : « Sortez tous les trois vers la tente d’assignation ». Ils exécutent Son ordre : « L’Éternel descendit dans la colonne de nuée, se plaça à l’entrée de la tente et appela Aaron et Marie ». C’était en présence de Moïse ; mais l’Éternel avait à faire avec eux. C’est une chose redoutable que de tomber entre les mains du Dieu vivant (Héb. 10:31).


14.3 - Ch. 12:6-15

« Et il dit : Écoutez maintenant mes paroles : S’il y a un prophète parmi vous, moi, l’Éternel, je me ferai connaître à lui en vision, et je lui parlerai en songe. Il n’en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, qui est fidèle dans toute ma maison. Avec lui, je parle bouche à bouche, en toute clarté, et non dans des discours obscurs (ou : énigmes), et il voit la ressemblance de l’Éternel. Et pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse ? Et la colère de l’Éternel s’embrasa contre eux, et Il s’en alla » (12:6-9). Mais Il mit la marque de Sa main par un jugement qui s’exerça de la manière la plus douloureuse pour celle qui, de toute évidence, était la principale responsable de ce coup d’insoumission. En effet, « voici, Marie devint lépreuse, blanche comme la neige ; Aaron regarda Marie, et voici elle était lépreuse. Aaron dit à Moïse : Hélas, mon seigneur ! je te prie de ne pas faire retomber sur nous le péché que nous avons commis par folie et par lequel nous avons péché. Qu’elle ne soit pas comme un enfant mort, dont la chair est à moitié consumée quand il sort du ventre de sa mère. Et Moïse cria à l’Éternel » (12:10b-13) — combien est bénie la position d’intercession ! — « Moïse cria à l’Éternel, en disant : Guéris-la maintenant, ô Dieu, je t’en supplie. Et l’Éternel dit à Moïse : Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas honteuse pendant sept jours ? Qu’elle soit exclue du camp pendant sept jours, et après cela, qu’elle y soit de nouveau reçue. Et Marie fut exclue du camp pendant sept jours ; et le peuple ne partit pas avant que Marie n’ait été réintégrée » (12:13-15).


15 - Nombres 13 et 14 — Les dix espions envoyés pour explorer le pays

15.1 - Ch. 13:2-4 — L’Éternel permet que des désirs d’incrédulité soient testés

Puis vient un autre incident. Ce n’était pas simplement l’action d’un esprit de mécontentement et de méfiance à l’égard de l’Éternel infectant tout le peuple (ch. 11), jusqu’aux plus proches de Moïse (ch.12), mais voilà une grave incrédulité quant au pays vers lequel ils se dirigeaient. Ici cependant, il est clair que l’Éternel a permis l’exécution de leur désir : « Envoie des hommes » (13:3). Nous savons par ailleurs que l’origine n’en était pas la foi, mais l’incrédulité (Deut. 1:22). Néanmoins, l’Éternel, comme nous l’avons vu, les laisse faire l’épreuve du principe. C’est-à-dire que non seulement Il établit ce qui est conforme à Ses pensées (ch. 1 à 10:10), non seulement Il peut aller au-delà dans un souci et une considération de grâce pour Son peuple (10:29-36) ; mais, en outre, Il peut permettre que soit exécuté ce qui ne venait pas de Lui à l’origine (13:3), tout en assurant partout Sa propre gloire. C’est ainsi que l’envoi d’espions est autorisé, et nous en verrons le résultat.


15.2 - Ch. 13:18-30 — Ce que Dieu avait promis était vrai et excellent. L’incrédulité ne le nie pas, mais l’oublie

« Moïse les envoya pour explorer le pays de Canaan, et leur dit : Montez par ce chemin vers le sud » (13:18). C’est ce qu’ils firent, et ils revinrent avec une grappe de raisin si grosse qu’il fallait la porter à deux sur une branche. Ils apportèrent aussi des grenades et des figues. Et ils revinrent après avoir exploré le pays au bout de quarante jours (13:24-26). Et voici le rapport. « Nous sommes allés dans le pays où tu nous as envoyés, et vraiment il est ruisselant de lait et de miel, et en voici le fruit. Seulement le peuple qui habite le pays est fort, et les villes sont fortifiées et très grandes ; et nous y avons vu les enfants d’Anak. Les Amalékites habitent le pays du midi, les Héthiens, les Jébusiens et les Amoréens habitent les montagnes, et les Cananéens habitent la mer et la côte du Jourdain » (13:28-30).

L’incrédulité même ne pouvait nier que le pays était bon, ni ignorer le magnifique échantillon qu’ils apportaient. Mais ils pensaient aux hommes qui y habitaient, et non à Dieu. Et pourquoi Dieu les avait-Il fait sortir du pays d’Égypte ? Avait-Il dit qu’il n’y avait pas d’enfants d’Anak là-bas ? Avait-il représenté le pays comme une région désertique où personne n’habitait ? Jamais. L’Éternel avait pleinement indiqué qui devait être là des centaines d’années auparavant. Ils oubliaient complètement la gloire et la bénédiction qui leur étaient propres. Est-ce étrange ? Souvenons-nous que nous aussi, nous sommes dans un lieu de mise à l’épreuve. N’oublions jamais que nous avons un meilleur salut, fondé sur une meilleure rédemption, et avec de meilleures espérances. Nous n’avons pas non plus un désert moins dangereux que celui qu’Israël avait à traverser ; mais en notre faveur, il ne s’agit pas de puissance extérieure ou de bonté gouvernementale de l’Éternel ; pour nous il y a notre Dieu et Père, tel que Jésus Le connaissait, dans tout l’amour qui reposait sur Lui quand Il était ici-bas, mais aussi dans toute la fidélité à laquelle Il s’attache maintenant à nous en vertu même de la rédemption.


15.3 - Ch. 13:31-32 — La foi a confiance

Et comment Le traitons-nous, comment Lui faisons-nous confiance ? Lisons en tout cas ce livre des Nombres comme l’image fidèle de ce que nous sommes susceptibles d’être. Croire que nous sommes en danger est le moyen même d’en être préservés. Croire qu’Il prend soin de nous en amour est le moyen le plus sûr de jouir à travers tout, de la fidélité et de la force de Son amour. Il n’en a pas été ainsi pour ces espions. Néanmoins, il y a toujours un témoin pour Dieu ; il y a un résidu, même parmi les espions. « Caleb fit taire le peuple devant Moïse, et dit : Montons tout de suite, et prenons possession du pays, car nous sommes bien capables de vaincre. Mais les hommes qui étaient montés avec lui, dirent : Nous ne sommes pas capables de monter contre ce peuple, car il est plus fort que nous » (13:31-32).


15.4 - Ch. 13:32 à 14:3 — L’incrédulité oublie Dieu et va en s’aggravant

Toutes leurs pensées étaient : « Dieu n’est pas ». Voilà ce qui est si tristement vrai de l’incroyant, et à quoi avait cédé Son propre peuple. « Ils sont plus forts que nous » (13:32). Et où était donc Dieu ? Ils apportaient un rapport fâcheux du pays. C’était un progrès dans le mal, et la tolérance du mal amène toujours du pire. « Ils décrièrent devant les enfants d’Israël le pays qu’ils avaient exploré, en disant : Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer est un pays qui dévore ses habitants, et tous ceux que nous y avons vus sont des hommes de haute taille. Et nous y avons vu les géants, les fils d’Anak, qui sont de la race des géants, et nous étions à nos yeux comme des sauterelles, et ainsi nous étions à leurs yeux » (13:33-34). Or en quoi cela avait de l’importance si Dieu était pour eux ? Hélas ! « l’assemblée éleva de nouveau la voix et cria, et le peuple pleura cette nuit-là » (14:1). Mais c’étaient des larmes d’incrédulité, non de tristesse. « Tous les enfants d’Israël murmurèrent contre Moïse et contre Aaron, et toute l’assemblée leur dit : Plût à Dieu que nous soyons morts dans le pays d’Égypte ! ou plût à Dieu que nous soyons morts dans ce désert ! » (14:2). Ils étaient tout aussi incrédules au sujet de la gloire qui était devant eux, du pays de Canaan qui en était le type, qu’ils l’étaient au sujet de l’Égypte qu’ils avaient quittée, et du désert qu’ils traversaient.


15.5 - Ch. 14:4-10 — Depuis les murmures jusqu’à la rébellion aveugle

La conséquence fut le jugement, et ce n’est pas étonnant. Car ils dirent : « Établissons un capitaine, et retournons en Égypte » (14:4). Voilà le résultat certain. Le cœur qui refuse d’aller de l’avant avec Dieu, retourne en Égypte dans ses désirs. « Moïse et Aaron tombèrent sur leur face devant toute la congrégation des enfants d’Israël. Et Josué, fils de Nun, et Caleb, » les deux qui avaient fait le bon rapport, « déchirèrent leurs vêtements ; et ils parlèrent à toute l’assemblée des enfants d’Israël, disant : Le pays que nous avons traversé pour l’explorer est un pays extrêmement bon » (14:5-7). Ne l’oublions pas. Nous le devons à notre Dieu, de faire un bon rapport du pays qui se trouve devant nous. « Si l’Éternel prend plaisir en nous, Il nous fera entrer dans ce pays-là et nous le donnera, un pays ruisselant de lait et de miel. Seulement, ne vous rebellez pas contre l’Éternel, et ne craignez pas le peuple du pays, car ils seront notre pain ; leur protection s’est retirée d’eux, et l’Éternel est avec nous. Ne les craignez pas. Mais toute l’assemblée parla de les lapider. Et la gloire de l’Éternel apparut à la tente d’assignation devant tous les enfants d’Israël » (14:8-10). C’était là Israël — Israël dans le désert — Israël en présence du bon pays et des échantillons qui avaient été placés devant leurs yeux.


15.6 - Ch. 14:11-17 — Le choix de Moïse entre sa propre gloire et celle de l’Éternel et de Son renom

La gloire de l’Éternel apparut en conséquence, puis Il s’adressa à Moïse. « Jusqu’à quand ce peuple me provoquera-t-il, et jusqu’à quand ne me croira-t-il pas, après tous les signes que j’ai montrés au milieu de lui ? Je les frapperai de la peste, je les déposséderai, et je ferai de toi une nation plus grande et plus puissante qu’eux » (14:11-12). Quel fut l’effet de cette proposition ? Comment Moïse répondit-il à cette offre ? Dieu était prêt à recommencer — à prendre un nouveau départ. Comme pour Abraham, il prendrait Moïse comme une nouvelle souche à partir de laquelle Il ferait Son œuvre. Il était prêt à lui faire un nom tel que Moïse ne pourrait pas espérer autrement. — Le cœur de Moïse répondit au cœur de Dieu. Il ne voulut pas en entendre parler. L’offre devait faire ressortir l’amour qui tient à ce que Dieu peut se permettre d’être pour Son peuple. Ce qu’Il pourrait faire pour Moïse, il ne voulait pas y penser maintenant. Et Moïse dit à l’Éternel : « Les Égyptiens l’entendront » (14:13). Quelle bénédiction d’entendre un homme exprimer ses sentiments pour le nom et la gloire de l’Éternel ! — Les Égyptiens l’entendront (car par Ta puissance Tu as fait monter ce peuple du milieu d’eux), et ils le diront aux habitants de ce pays, qui ont entendu que Toi, Éternel, Tu es au milieu de ce peuple, et qu’on Te voit face à face, que Ta nuée se tient au-dessus d’eux, et que Tu vas devant eux, le jour dans une colonne de nuée, et la nuit dans une colonne de feu. Si Tu fais mourir tout ce peuple comme un seul homme, les nations qui ont entendu parler de Toi diront : Parce que l’Éternel n’a pas pu faire entrer ce peuple dans le pays qu’Il lui avait promis, Il l’a fait mourir dans le désert. Et maintenant, je T’en prie, que la puissance de mon Seigneur soit grande, comme tu as parlé » (14:13-17).


15.7 - Ch. 14:18-21

15.7.1 - Se cramponner aux paroles de Dieu, à Ses voies, à Son amour

Moïse ne pouvait donc pas supporter que le caractère de l’Éternel soit compromis, et c’est pourquoi il Le cramponne, pour ainsi dire, avec ténacité à Ses propres paroles, en disant : « L’Éternel est lent à la colère et grand en bonté, Il pardonne l’iniquité et la transgression, Il ne tient pas le coupable pour innocent, Il visite l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération. Pardonne, je T’en supplie, l’iniquité de ce peuple, selon la grandeur de Ta miséricorde, et comme Tu as pardonné à ce peuple, depuis l’Égypte jusqu’à maintenant » (14:18-19). Il s’attache à la parole de Dieu et à Ses voies — à l’amour qu’Il avait si souvent montré, y compris à ce peuple incrédule qu’Il connaissait si bien dès le commencement. S’Il les avait supportés auparavant, Il ne se détournerait sûrement pas d’eux maintenant. « Et l’Éternel dit : J’ai pardonné selon ta parole ; mais, aussi vrai que je suis vivant, toute la terre sera remplie de la gloire de l’Éternel ! » (14:20, 21).


15.7.2 - Gouvernement pour le présent et accomplissement des promesses du commencement

Observez comment, en même temps que l’Éternel prononce le jugement, Il agit selon la parole à laquelle Moïse L’avait rivé dans sa foi. Si sa foi ne s’élevait pas jusqu’à Abraham, Isaac et Jacob, et à leurs promesses absolues et inconditionnelles, elle remontait à la promesse gouvernementale de l’Éternel (Exode 34:6-7), et c’est à cela que l’Éternel accepte d’adhérer. Par conséquent, cette génération était traitée et purifiée, selon les termes de ce qu’Il avait Lui-même proclamé. Il voulait certainement tenir ferme Sa miséricorde, mais Il ne voulait en aucun cas innocenter les coupables. Le pardon existait, sinon Israël ne serait pas entré dans le pays, mais Il ne voulait « nullement tenir le coupable pour innocent », et c’est ainsi que cette génération est tombée. Ainsi, Dieu a conservé intact Son caractère, et Sa main a accompli ce que Sa bouche avait prononcé.

En un autre temps, un mal plus profond rendrait nécessaire de se replier, non pas sur ce que Dieu avait dit dans le désert, mais sur ce qu’Il avait promis aux pères. Nous trouvons constamment dans les prophètes, des retours par la foi, non pas aux ressources provisoires apportés durant le désert, mais à ce qui avait été promis au commencement (c’est-à-dire aux pères). Ainsi la fin sera l’accomplissement du commencement. La loi est intervenue, soit dit en passant, et les actions gouvernementales qui l’accompagnent partagent en elles-mêmes son caractère provisoire, bien qu’elles soient déjà instructives à l’époque, et qu’elles le soient aussi moralement et typiquement pour tous les temps.


15.8 - Ch. 14:31-39 — Ceux qui furent préservés et entrèrent dans le pays

Une autre chose est à remarquer ici. Dans ce mauvais état de choses, Israël s’était moqué au sujet des enfants, ou plutôt de ce que Dieu en ferait, comme s’ils étaient exposés à une mort inévitable. L’incrédulité s’était ainsi concentrée sur les petits, comme s’il était vain de s’attendre à ce que de tels enfants puissent traverser le désert en sécurité, et entrer dans le pays malgré l’ennemi (14:3). Ceux-là mêmes qui cédèrent à ce doute incrédule quant à la sollicitude de l’Éternel, en récoltèrent les conséquences pour eux (14:32), tandis que les enfants, qui, pensaient-ils, ne pourraient être préservés à travers les horreurs du désert, ceux-là furent les seuls à être menés au bout (14:31), avec les deux hommes qui défendirent Dieu et tinrent ferme Sa parole, Caleb et Josué (14:38).

Hélas ! comme nous le savons, même Moïse et Aaron sont morts. Il se produisit ce qui nécessita qu’ils soient retirés comme discipline de l’Éternel dans leur cas. Caleb et Josué, qui crurent Dieu quant au bon pays et à la main assez puissante pour y faire entrer les plus faibles, eux entrèrent en Canaan en temps voulu ; et il en fut de même pour les petits qui, à en croire leurs pères, devaient certainement tomber en chemin. Mais Dieu seul est digne de confiance ; et nous voyons combien Il est parfait dans Ses voies, et combien la fin est sûre et bonne. Mais nous voyons aussi combien il est dangereux de permettre les plaintes et les murmures d’incrédulité, de peur que le Seigneur n’entende et ne nous traite selon notre folie.


15.9 - Ch. 14:40-45 — Courage charnel

Si la dernière partie du chapitre nous présente un éclat de courage, ce n’était qu’un élan de la chair, et il reçut sa réprimande de l’Éternel. Le peuple, jusque-là si peu disposé à partir, est maintenant trop prêt à partir ; mais ils partent sans l’Éternel, et les Amalékites et les Cananéens se retournèrent contre eux, leur causant une cuisante défaite. Ils furent taillés en pièces jusqu’à Horma (14:40-45).


16 - Nombres 15 — Instructions sur la conduite dans le pays promis

16.1 - Ch. 15:1-3a — Certitude d’entrer dans le pays

Suit un chapitre (ch. 15) qui peut paraître extraordinaire à première vue. C’est un exemple de ce désordre apparent dans la parole de Dieu, qui n’est qu’un exemple d’un ordre supérieur et divin. Dieu ne dispose pas les choses selon l’homme. Si nous avons seulement la patience et la foi pour croire qu’Il ne s’abaisse jamais en-dessous de Sa propre gloire, nous le constaterons en son temps, et nous Le connaîtrons mieux, Lui. Nous n’avons pas besoin d’attendre d’arriver au ciel ; nous pouvons compter de voir ce qui est conforme à Sa volonté pour nous déjà ici-bas. Il est impossible que le cœur puisse sincèrement désirer que Dieu lui donne ce qu’Il veut lui cacher.

Ainsi, après toute cette misérable histoire, après l’incrédulité généralisée opérant parmi le peuple de Dieu, et en présence de cette défaite calamiteuse, à la honte d’Israël, devant leurs ennemis qui les haïssaient, — voilà que l’Éternel parle à Moïse, disant : « Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand vous serez entrés dans le pays de votre habitation, que je vous donne, et que vous offrirez un sacrifice par feu à l’Éternel » (15:1-3a), ce qui était dûment prescrit — C’était un nouveau gage de leur entrée en Canaan. Et c’est là toute la force de cette prescription.

Il est encore répété au milieu du chapitre : « L’Éternel parla à Moïse, disant : Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand vous serez entrés dans le pays où je vous fais entrer » (15:17-18). C’était Sa réponse à l’incrédulité qui pensait que tous devaient périr — un double témoignage que Dieu les ferait sûrement entrer. L’incrédulité en cours de route n’a pas détourné Son amour, ni l’incrédulité au sujet de l’aboutissement quand ils méprisèrent le pays désirable. Dieu s’en tient ici calmement à Son dessein, bien qu’Il fût le seul à connaître la rébellion qui était sur le point d’éclater (ch. 16) et tout ce qui allait suivre. Il parle de leurs futurs sacrifices de bonne odeur avec les libations de vin dans le pays de la promesse (15:3-13), et ceci autant pour l’étranger que pour l’Israélite (15:14-16). Car ici, la grâce de Dieu surabonde, le péché présomptueux étant seul fatal (15:30-31), comme nous allons le voir maintenant.


16.2 - Ch. 15:32-36 — Péché volontaire et comment le traiter

Car la leçon suivante est que Dieu ne s’est pas du tout engagé à ne pas juger ce qui est contraire à Sa gloire le long du chemin. « Comme les enfants d’Israël étaient au désert, ils trouvèrent un homme qui ramassait du bois le jour du sabbat. Et ceux qui le trouvèrent ramassant du bois, l’amenèrent à Moïse et à Aaron, et à toute l’assemblée » (15:32-33).

Ici apparaît un principe très important : que doit-on faire quand on n’a pas de parole précise du Seigneur, pour autant qu’on sache. Il y a toujours un grand moyen de sauvegarde, à savoir, attendre. Ne pas se hâter d’imaginer un remède ou d’exercer une discipline, sans la parole du Seigneur. Ce qui est fait ne peut être défait. Il vaut mieux attendre et prendre la place de l’ignorance, mais une ignorance qui est confiante que le Seigneur entend et prend soin de nous. C’est exactement ce qu’ils firent. Et ils avaient raison. « Et l’Éternel dit à Moïse : Cet homme sera mis à mort. Que toute l’assemblée le lapide avec des pierres hors du camp » (15:35).

Ainsi, quelle que soit la solennité de la sentence, les enfants d’Israël eurent une nouvelle preuve que Dieu entrait dans leurs difficultés, et prenait le plus grand intérêt à ce qui les concernait. Jamais des âmes qui s’attendent au Seigneur ne sont confondues.


16.3 - Ch. 15:37-41 — Ruban de bleu

16.3.1 - L’ordonnance

Mais il y a plus que cela. L’Éternel parle de nouveau à Moïse, en disant : « Parle aux enfants d’Israël. et dis-leur de faire une frange aux bords de leurs vêtements, de génération en génération, et de mettre un ruban bleu sur la frange du bord ; elle sera pour vous une frange, et vous la regarderez, et vous vous souviendrez de tous les commandements de l’Éternel, pour les faire ; et pour ne pas rechercher les pensées de votre cœur ni les désirs de vos yeux, après lesquels vous avez l’habitude de vous prostituer ; et pour que vous vous souveniez et que vous mettiez en pratique tous mes commandements, et que vous soyez saints pour votre Dieu » (15:37-41).


Note Bibliquest : ces franges avec rubans sont encore connues par les Juifs religieux aujourd'hui, sous le nom de tsitsit. Elles sont à distinguer des téfilines selon Deut. 6:8


16.3.2 - Le sens de l’ordonnance du ruban bleu

Non seulement Dieu, en grâce, s’attend à ce que le peuple compte sur Lui, et Il parait en leur faveur, et Il sait leur donner ce qu’ils n’ont jamais connu auparavant — mais encore Il daigne se servir d’un moyen, et d’un moyen très fort, pour leur rappeler Sa parole. Et quel est-il ce moyen ? Le ruban de bleu était un moyen de faire souvenir continuellement le peuple de l’Éternel.

Et nous, n’avons-nous rien pour nous faire souvenir ? En effet, nous en avons un. Je suis persuadé que, pendant que nous sommes dans le désert, nous avons un grand moyen de nous remettre en mémoire Sa volonté et la marche qui nous convient. Il n’y a rien qui nous permette mieux de marcher sur la terre, que la conscience que nous sommes du ciel. N’est-ce pas là le sens du ruban bleu ?


17 - Nombres 16 — La rébellion

17.1 - Ch. 16:1-4 — Le soulèvement par des leaders

Après des pensées aussi réconfortantes que celles-ci, voici Nombres 16 où il arrive quelque chose de plus terrible que jamais. Ce n’est pas (ch. 11 début) une plainte, ni un murmure ; ce n’est pas (ch. 11 fin) simplement de l’incrédulité à cause des difficultés du désert ; ce n’est pas non plus (ch. 13 à 14) le rejet, par un mauvais caractère, du don et du choix de Dieu quant au pays que leur incrédulité rechignait à monter prendre au nom de l’Éternel. Il s’agit (ch. 16) d’une conspiration sous les plus belles prétentions possibles. Cela n’arrange pas les choses. Les choses les plus basses revêtent parfois les plus pieux déguisements. Personne ne doit être trompé par ce qui est sain. Le chrétien est censé juger les choses selon Dieu. Les hommes qui ont agi ainsi n’étaient pas du tout ceux que l’on aurait cru les plus susceptibles de se rebeller contre l’Éternel. « Coré, fils de Jitsehar, fils de Kehath, fils de Lévi (la partie la plus honorable parmi ceux qui avaient le service direct du sanctuaire), Dathan et Abiram, fils d’Éliab, et On, fils de Péléth, qui étaient fils de Ruben, prirent des hommes » (*). Il y avait ceux de la classe occupée du ministère, et ceux des hommes à la tête dans la congrégation, autrement dit ce qu’on appellerait de nos jours les leaders de l’église et de l’état. « Et ils se levèrent devant Moïse, avec 250 hommes des enfants d’Israël, princes de l’assemblée, hommes appelés au conseil, hommes de renom. Ils s’assemblèrent contre Moïse et Aaron, et leur dirent : Vous prenez trop sur vous, car toute l’assemblée, eux tous sont saints, et l’Éternel est au milieu d’eux. Pourquoi donc vous élevez-vous au-dessus de la congrégation de l’Éternel ? Et lorsque Moïse entendit cela, il tomba sur sa face » (16:2-4).


(*) Note Bibliquest : nous avons laissé le texte de WK pour ce v. 1. Il suit la version autorisée KJV et diffère de la version Darby en ce que 1) le membre de phrase « s’éleva dans son esprit » est omis, 2) le bout de phrase « prirent des hommes » est ajouté en fin du verset. — On note aussi que l’expression rendue par JND « C’en est assez ! » (v.3 et v.7) est rendue par WK par « Vous prenez trop sur vous ». — Le sens général du passage n’est pas changé par ces variantes.


17.2 - Ch. 16:5-9 — Réaction de Moïse et fond de l’insatisfaction

C’est une bonne chose quand l’arrogance que Satan sait si bien exciter ne fait que susciter l’abaissement et l’humiliation de nos âmes devant Dieu. L’arrogance a tendance à provoquer l’arrogance, et la chair irrite la chair ; mais il n’en fut pas ainsi avec Moïse. « Il parla à Coré et à toute sa troupe, en disant : Demain, l’Éternel fera connaître qui est à Lui et qui est saint, et Il le fera approcher de Lui ; Il fera approcher de Lui celui qu’Il a choisi. Faites ceci : prenez des encensoirs, Coré et toute sa troupe ; demain mettez-y du feu, et placez dessus de l’encens devant l’Éternel ; et l’homme que l’Éternel aura choisi sera saint. Vous prenez trop sur vous, fils de Lévi ! Moïse dit à Coré : « Écoutez, je vous prie, fils de Lévi : est-ce peu de chose pour vous que le Dieu d’Israël vous ait séparés de l’assemblée d’Israël en vous faisant approcher de Lui pour faire le service du tabernacle de l’Éternel, et pour vous tenir devant l’assemblée afin de la servir ? » (16:5-9).

L’incrédulité se manifeste constamment sous cette forme. Si Dieu met un honneur sur un homme, et que celui-ci ne le prend pas comme venant de Lui, ce n’est qu’un tremplin pour mépriser Dieu qui le lui a donné, tout en s’accrochant à ce qu’Il n’a jamais donné. Il n’y a rien qui produise une telle insatisfaction que le cœur qui n’estime pas à sa juste valeur ce que Dieu nous a attribué. Seule la volonté de Dieu assure une joie et une force réelles, et des résultats heureux à la gloire du Seigneur. Or, dans le cas présent, ces hommes n’étaient satisfaits de leur position ni comme princes de la congrégation ni comme Lévites. Ils cherchaient à être comme Aaron et Moïse.


17.3 - Application à la chrétienté selon Jude. Le mal clérical

Ce qui rend ce chapitre si solennel, c’est que l’Esprit de Dieu l’applique précisément comme une anticipation de ce que sera le développement de la chrétienté. Nous avons tous besoin de cet avertissement. Dans l’épître de Jude (v.11), le début, le parcours et la fin sont parfaitement mis en évidence. « Le chemin de Caïn » est le grand écart au début de l’histoire morale de ce monde, quand le frère a tué son frère, jaloux de ce que ce frère était agréé par Dieu, et que la justice le blâmait de ne pas être agréé. « L’erreur de Balaam » est le mal clérical qui tourne le nom de Dieu en un moyen d’obtenir des honneurs et des gains terrestres, non sans hypocrisie. Finalement nous avons devant nous « la contradiction de Coré », et ici tous ceux qui s’éloignent de Dieu périssent. Car il ne s’agit pas seulement de détournements égoïstes de la vérité pour en faire un moyen d’enrichissement selon la convoitise du cœur, aussi mauvais soient-ils, mais c’est une insurrection ouverte et délibérée contre les droits de Christ Lui-même. Moïse était l’apôtre de la profession (ou : confession) juive, comme Aaron en était le grand sacrificateur. Christ est l’apôtre et le grand sacrificateur de notre profession (ou : confession — Héb. 3:1) ; et l’affirmation et l’exercice d’un sacrificature ou prêtrise maintenant, pour l’homme, est une irruption dans ce qui ne peut être exercé que par Jésus Christ à la droite de Dieu.

De telles prétentions n’ont jamais été mises plus en avant, ouvertement, qu’à l’heure actuelle. Autrefois, c’était un peu différent. Au commencement de la chrétienté, les écrits, par exemple, de ceux qu’on appelle communément « les pères », montrent qu’il y a eu plutôt un glissement insensible ; mais le fait solennel auquel nous sommes confrontés maintenant, c’est que de telles prétentions proviennent de gens qui ont la Bible, et que celle-ci circule, est lue, proclamée même dans les rues, — une propagation sans pareil de la parole de Dieu, et de ce qu’on tire de la parole de Dieu, et cela y compris dans ce qu’on appelle les « pays protestants ». Les prétentions prennent donc la forme d’une apostasie, accompagnée de la haine de la vérité de Dieu, d’autant plus qu’on a fait, dans le passé, l’expérience fatale des effets découlant du glissement vers un sacrificature humaine, c'est-à-dire un clergé. Or maintenant, il y a un rejet croissant de la vérité de Dieu, et un mépris de l’Esprit qui témoigne de la grâce de Christ. Une fois de plus, on tente de revenir à ce qui est naturel, et on s’éloigne de la grâce et de la vérité, alors que toutes les deux ont été convenablement présentés aux pensées des hommes. Il n’est donc pas étonnant que l’Esprit de Dieu dise que ceux qui s’écartent ainsi périront dans la contradiction de Coré.


17.4 - Ch. 16:32-35 — Châtiment solennel : Les rebelles périssent tous

Mais l’Éternel agit dans une défense des plus solennelles de Sa volonté contre les adversaires, et ils périrent tous. « La terre ouvrit sa bouche et les engloutit, eux et leurs maisons, et tous les hommes qui appartenaient à Coré et tous leurs biens. Eux et tout ce qui leur appartenait descendirent vivants dans l’abîme (ou shéol), et la terre se referma sur eux ; ils périrent du milieu de la congrégation. Tout Israël qui était autour d’eux s’enfuit à leur cri, car ils disaient : De peur que la terre ne nous engloutisse aussi. Un feu sortit de la part de l’Éternel, et consuma les 250 hommes qui présentaient l’encens » (16:32-35).


17.5 - Dieu marque la valeur du grand sacrificateur qui avait été méprisé

Et alors furent marqués le choix de Dieu et la valeur du grand sacrificateur qui avait été méprisé. Car il est dit : « Parle à Éléazar, fils du sacrificateur Aaron, pour qu’il retire les encensoirs du feu, et qu’il disperse le feu au loin, car ils sont sanctifiés. Les encensoirs de ceux qui ont péché contre leur propre âme, qu’on en fasse des lames aplaties pour en plaquer l’autel ; car ils les ont présentés devant l’Éternel, c’est pourquoi ils sont sanctifiés ; et ils seront un signe pour les enfants d’Israël. Et le sacrificateur Éléazar prit les encensoirs d’airain qu’avaient présentés ceux qui furent brûlés, et on les aplatit pour plaquer l’autel, en mémorial pour les enfants d’Israël, afin qu’aucun étranger qui ne soit pas de la race d’Aaron ne s’approche pour brûler l’encens devant l’Éternel, et qu’il ne soit comme Coré et sa troupe, — ils firent comme l’Éternel avait dit par Moïse.

Mais le lendemain, toute l’assemblée des enfants d’Israël murmura contre Moïse et contre Aaron, en disant : Vous avez tué le peuple de l’Éternel. Et il arriva, comme l’assemblée se réunissait contre Moïse et Aaron, qu’ils regardèrent vers la tente d’assignation ; et voici, la nuée la couvrit, et la gloire de l’Éternel apparut. Moïse et Aaron se présentèrent devant la tente d’assignation. L’Éternel parla à Moïse, et dit : Retirez-vous du milieu de cette assemblée, et je les consumerai en un instant. Et ils tombèrent sur leur face. Et Moïse dit à Aaron : Prends l’encensoir, mets-y du feu de dessus l’autel, et mets-y de l’encens, et porte-le vite vers l’assemblée, et fais propitiation pour eux ; car la colère de l’Éternel est sortie, la plaie a commencé. Aaron prit ce que Moïse avait ordonné, et courut au milieu de l’assemblée ; et voici, la plaie avait commencé parmi le peuple » (16:36-47).


17.6 - Ch. 16:48-50 — Châtiment en contrecoup sur le peuple. Efficacité et grâce de la sacrificature

Ainsi, Dieu ne s’est pas contenté d’un jugement immédiat et définitif exécuté sur les chefs de la rébellion, mais le peuple dont le cœur les accompagnait a été jugé par la plaie. Moïse et Aaron sont ici encore plus remarquables par la ferveur de leur détermination que par l’activité d’une affection divine dans leur effort pour que la grâce de l’Éternel se manifeste en faveur du peuple coupable. « Moïse se tint », est-il dit, « entre les morts et les vivants, et la plaie fut arrêtée » (16:48).

Ainsi fut doublement prouvé ce que Dieu pensait de la présomption des Lévites : d’une part, le jugement du Lévite présomptueux et de son parti, avec le contrecoup de la plaie parmi le peuple ; d’autre part, l’efficacité et la grâce de la sacrificature que l’orgueil et l’incrédulité avaient cherché à supplanter sous prétexte de faire honneur à tout le peuple de l’Éternel.


18 - Nombres 17 — La verge d’Aaron qui bourgeonna en une nuit

Mais il y a plus que cela en Nombres 17. Dieu voulait faire une représentation pratique et permanente de ce qui s’était passé, et cela d’une manière pleine de grâce sans revenir sur le souvenir du jugement douloureux et humiliant qui avait eu lieu. Il leur dit de dire aux enfants d’Israël de « prendre de tous leurs princes, selon leurs maisons de pères, une verge par maisons de pères, douze verges. Tu écriras le nom de chacun sur sa verge. Et tu écriras le nom d’Aaron sur la verge de Lévi » (17:1-3a). Et celles-ci furent placées dans le tabernacle, devant le témoignage, où l’Éternel rencontrait Moïse lorsqu’Il lui communiquait Ses pensées (17:4). La réponse fut bientôt donnée. « Et il arriva que le lendemain, Moïse entra dans le tabernacle du témoignage ; et voici, la verge d’Aaron pour la maison de Lévi avait bourgeonné, et produit des bourgeons, et fleuri des fleurs, et produit des amandes. Moïse fit sortir toutes les verges de devant l’Éternel pour les enfants d’Israël ; ils regardèrent, et prirent chacun sa verge » (17:8-9).

Ce n’était pas seulement un signe incontestable du choix de la personne, mais un gage très significatif de la vraie place de la sacrificature fondée, en type ici, sur la mort et la résurrection. Il était clair qu’il n’y avait pas de fruit produit sauf selon la sacrificature que l’Éternel avait choisie pour eux. Ce n’était pas simplement le moyen d’arrêter la plaie en présence d’un jugement divin évident, mais c’était le témoignage constant qu’une production de vrai fruit, convenant au sanctuaire de Dieu, ne surgit que de la sacrificature que l’Éternel avait choisie. Il y a, sans doute, l’expression de l’autorité ; mais cette autorité est par la grâce, et pour des fins de grâce. La verge était une figure ; elle était d’abord morte, puis elle avait montré rapidement la vigueur de la vie communiquée par la grâce de Dieu, et elle portait du fruit pour Son sanctuaire.

Il est étrange que les enfants d’Israël furent plus alarmés, si cela est possible, par le témoignage de la puissance en grâce de Dieu que par la plaie qui les avait dévorés juste avant. « Nous expirons », disent-ils, « nous périssons ; nous périssons tous » (17:12). Il n’y a rien de si aveugle que l’incrédulité. Téméraires en présence d’une plaie, qui elle-même suivait un jugement sans précédent, ils sont craintifs jusqu’à la mort en présence du signe de la grâce surabondante dans la vie et la production de fruit.


19 - Nombres 18 — Lien entre Aaron et les Lévites

19.1 - Ch. 18:1-7 — Les Lévites adjoints aux sacrificateurs

En Nombres 18, nous avons le lien entre Aaron et la tribu de Lévi. Il est de la plus haute importance que le service extérieur ne soit jamais séparé de la sacrificature qui entre à l’intérieur. C’est exactement ce qui semble indiqué ici (18:2, 4). La tendance du service ou ministère, quand il ne s’élève pas présomptueusement à l’honneur sacerdotal, est toujours de se contenter d’une place à l’extérieur, et de se couper ainsi de Christ en haut. Cela ne peut que s’accompagner d’une perte très profonde. Chaque fois que le ministère devient une simple institution humaine, fondée sur l’éducation et choisie par l’homme, au lieu de dépendre de l’appel souverain du Seigneur Jésus, qui utilise les appelés pour Sa propre gloire, il y a une déchéance déplorable du ministre (serviteur), du déshonneur pour le Seigneur, et le résultat est ruineux pour tous les intéressés ! La dépendance du service ou ministère par rapport à Christ dans la présence de Dieu est ce qu’enseigne, me semble-t-il, le Lévite (image de celui qui est engagé dans le service) donné à Aaron. C’était une disposition remarquable, dont la force n’a pas toujours été perçue. Dieu voulait ainsi maintenir le lien entre ce qui se fait à l’extérieur et ce qui se passe à l’intérieur du voile.


19.2 - Ch. 18:8-32 — Revenu et héritage des sacrificateurs et des Lévites

Les sacrificateurs avaient toutes les offrandes et tous les sacrifices dont l’homme pouvait avoir une part ; les Lévites avaient les dîmes de tout Israël : les uns se nourrissaient de ce qui provenait du dedans, les autres de ce qui provenait du dehors ; mais les uns et les autres recevaient de la part de l’Éternel, car Il était leur héritage. Autrement, ils étaient misérables : qu’avaient-ils d’autre ?


20 - Nombres 19 — La Génisse rousse

En Nombres 19, nous avons une autre ordonnance de Dieu très instructive, particulière au livre des Nombres. « Voici l’ordonnance de la loi que l’Éternel a prescrite, en disant : Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils t’apportent une génisse rousse sans tache, sans défaut, et qui n’ait jamais porté le joug » (19:2). Ce que le grand jour des expiations est au centre du livre du Lévitique, la génisse rousse l’est au livre des Nombres. Chacune de ces prescriptions semble caractéristique du livre où elle est donnée, ce qui montre combien l’ordre et le contenu de l’Écriture sont systématiques.


20.1 - Se contenter de ne considérer qu’une partie de la vérité mène au sectarisme, et nuit à la gloire de Christ

Ainsi, nous avons ici une ressource distincte pour les souillures que nous contractons au cours de notre voyage dans ce monde. Ceci est d’une importance vitale dans la pratique. Beaucoup d’âmes sont disposées à faire de l’expiation l’œuvre toute entière, pour ainsi dire. Il n’y a pas de vérité plus bénie que celle de l’expiation, sinon celle sur la Personne qui donne à cette œuvre sa valeur divine ; mais nous devons laisser de la place à tout ce que notre Dieu nous a donné. Rien ne tend autant à faire une secte que de prendre une vérité hors de ses proportions, et de traiter une partie de cette vérité comme si c’était toute la pensée de Dieu. On ne saurait trop insister sur le fait que la Bible est le livre qui délivre de tout exclusivisme mesquin. Qu’importe d’avoir de bonnes pensées ici et de bonnes voies là, si cela s’accompagne du vice essentiel de se contenter d’une partie de la pensée de Dieu au détriment du reste ? Notre place est d’accomplir la volonté du Seigneur, rien que Sa volonté, et toute Sa volonté, dans la mesure où nous la connaissons. Moins que cela, et on abandonne la gloire de Christ. Il est impossible d’être sectaire là où Sa parole gouverne tout ; et il n’y a aucun moyen d’être non sectaire sans elle. Le fait d’être dans telle ou telle position ne nous rendra jamais individuellement et réellement non sectaires. Les graines de l’erreur vont de pair avec un moi misérable, dont on ne peut être délivré qu’en marchant dans la puissance de Christ mort et ressuscité. Cela s’applique également ici si on néglige l’enseignement de la génisse rousse sous prétexte de l’expiation déjà faite ; nous n’avons alors pas simplement le tort du sectarisme, mais le mal d’abuser des vérités les plus précieuses de Dieu. Si elles sont utilisées de manière exclusive, elles se transformeront bientôt en une excuse pour le péché, quelles que soient les hypothèses élevées d’un stade antérieur.


20.2 - Rester ouverts à toute la vérité de Dieu (ne pas privilégier l’expiation)

Il ne suffit pas de confiner le saint à l’œuvre expiatoire de Christ — qui a aboli pour toujours notre culpabilité devant Dieu — même si nous y rajoutons ce que nous savons maintenant, à savoir qu’en Lui ressuscité nous sommes placés dans une position entièrement nouvelle, avec une vie où le mal n’entre jamais. Ces deux vérités sont très vraies et très précieuses ; mais sont-elles la totalité de la vérité ? Certainement pas, et il n’y a pas de voie plus dangereuse que de les interpréter comme étant toute la vérité. Elles sont aussi précieuses que nécessaires pour l’âme ; mais il n’y a vraiment pas de parties de la vérité qui ne soit pas nécessaire ; et cette largeur et cette ouverture à toute la vérité est justement ce sur quoi nous devons insister. En effet, je suis persuadé que c’est finalement ce qui est très singulier : éviter les particularités et les sujets de prédilection, accueillir toute la vérité par la grâce de Dieu. Il ne s’agit pas de savoir quelle réponse donner à la question : Dans quelle mesure l’avons-nous fait nôtre ? Mais il s’agit selon Dieu d’être dans une position où toute la vérité nous est ouverte, et où nous, nous y sommes ouverts, sans exclure un seul fragment des pensées et de la volonté de Dieu. Il sera impossible, j’en suis sûr, si ce n’est sur le terrain de l’assemblée de Dieu, de trouver un lieu qui n’exclut pas la vérité, voire une grande partie de ce qui est manifestement le plus précieux. Il est bon de veiller diligemment à une autre chose : ne pas nous satisfaire simplement d’être sur le bon terrain selon Dieu, mais que nos cœurs désirent ardemment tourner toujours ce qu’Il nous a donné au compte de Sa gloire uniquement.


20.3 - Être déjà justifié devant Dieu pousse à fuir les souillures en chemin

La génisse rousse enseigne aux enfants d’Israël que l’œuvre du grand jour des expiations n’a pas réglé toute la question du péché jusqu’au point de considérer les souillures quotidiennes comme sans importance. Il est certes impossible d’exagérer la valeur de l’effusion du sang de Christ pour nos péchés. Elle fait que nous n’avons plus conscience de péchés ; nous sommes justifiés par Son sang ; bien plus, avec Christ, nous sommes morts au péché et, en Lui, nous sommes vivants pour Dieu. Mais bien que tout cela soit tout à fait vrai (et quand on regardait un Israélite, cela était présenté autant qu’une figure peut le faire, imparfaitement), une telle grâce est le motif le plus fort pour lequel nous ne pouvons pas toucher à ce qui est souillé. Le fait même que nous soyons parfaitement purifiés devant Dieu est un appel fort à ne pas supporter une tache devant les hommes. C’est pour préserver Son peuple des souillures en chemin que Dieu a donné ici la ressource si remarquable de la génisse rousse.


20.4 - Ch. 19:1-3 — La spécificité de la génisse rousse par rapport à d’autres types du sacrifice de Christ

20.4.1 - Elle n’avait pas porté le joug

« Une génisse rousse » devait être apportée « sans tache, sans défaut, et qui n'avait pas porté le joug » (19:2), image frappante de Christ, mais de Christ d’une manière dont il n’est pas souvent question dans l’Écriture. L’exigence suppose non seulement l’absence de défaut, ce qui était indispensable dans tout sacrifice, mais aussi, ici expressément, qu’elle n’ait jamais porté le joug, c’est-à-dire la pression du péché. Combien cela parle de l’antitype ! Christ a toujours été parfaitement agréable à Dieu. « Vous la donnerez au sacrificateur Éléazar, et il la mènera hors du camp, et on l’égorgera devant lui » (19:3).


20.4.2 - Les cendres utilisées pour faire une eau de séparation

Le sang était pris et mis sept fois devant le tabernacle (19:4). Il était tout à fait juste que le lien soit maintenu avec la grande vérité du sang qui fait l’expiation et qui justifie Dieu partout où la pensée du péché se trouve. Mais son utilisation particulière met en relief un autre aspect. L’aspersion du sang est le témoignage continuel de la vérité du sacrifice, mais le besoin caractéristique vient tout de suite : « On brûlera la génisse sous ses yeux ; on brûlera sa peau, sa chair, son sang, avec ses excréments. Le sacrificateur prendra du bois de cèdre, de l’hysope et de l’écarlate, et il les jettera au milieu du feu où brûle la génisse » (19:5-6). Ensuite, les cendres de la génisse sont mises dans un lieu pur. « Un homme pur ramassera les cendres de la génisse, et les déposera hors du camp, dans un lieu pur ; elles seront conservées pour l’assemblée des enfants d’Israël, comme eau de séparation ; c’est une purification pour le péché » (19:9). Dans quel sens ? Simplement et uniquement en vue de la communion, c’est-à-dire en vue de la restaurer quand elle est rompue. Il ne s’agit pas du tout d’établir des relations (cela était déjà fait), mais sur la base de la relation qui demeure, l’Israélite ne devait permettre à rien en chemin de pouvoir souiller la sainteté qui convient au sanctuaire de l’Éternel. C’était là le point-clé.


20.5 - La souillure par contact avec la mort

20.5.1 - Souillure par contact avec la mort

Telle est la vraie norme comme le type la présente. Ce n’est pas simplement la loi de l’Éternel qui condamne ceci ou cela. Cette ombre de choses bonnes exigeait la séparation de tout ce qui était incompatible avec le sanctuaire. La forme de cette ordonnance concernait le voyage dans le désert, où ils étaient constamment exposés au contact de la mort. C’est la mort qui est ici présentée comme source de souillure sous diverses formes et à divers degrés.


20.5.2 - La purification ne commence pas tout de suite

Si quelqu’un touchait le corps d’un homme mort, il était impur pendant sept jours. Que fallait-il faire ? « Il se purifiera avec cette eau le troisième jour, et le septième jour il sera pur ; mais s’il ne se purifie pas le troisième jour, il ne sera pas pur le septième jour » (19:12). Il n’était pas permis de se purifier le premier jour. À priori, n'aurions-nous pas pensé que cette précipitation était ce qu’il y avait de mieux à faire ? Pourquoi ne fallait-il pas tout de suite ? C’était ordonné pour le troisième jour, pas pour le premier. Quand il y a souillure de l’esprit, quand quelque chose réussit à interrompre la communion avec Dieu, il y a une profonde importance morale à ce que nous prenions pleinement conscience de notre offense.


20.5.3 - Confession de la souillure en ayant un sens profond de ce qui déshonore Dieu

C’est ce que semble signifier la purification à faire le troisième jour. Il ne s’agissait pas d’un simple sentiment soudain que l’on avait péché, et l’affaire était terminée. L’Israélite était obligé de rester jusqu’au troisième jour dans le sentiment de son péché. C’était une position douloureuse. Il devait compter les jours, et rester jusqu’au troisième avant que l’aspersion de l’eau de séparation soit faite pour la première fois. « Par la bouche de deux ou trois témoins » (la disposition bien connue pour tous les cas) « toute affaire sera établie » (2 Cor. 13:1). Nous voyons ainsi que celui qui était entré en contact avec la mort devait rester un temps suffisant pour en montrer le sens délibéré, et il devait prendre la place de quelqu'un souillé devant Dieu. Une expression hâtive de tristesse ne prouve pas une repentance authentique du péché. Nous voyons quelque chose de cela avec les enfants. Nombreux sont ceux qui ont un enfant prêt à demander pardon, ou même à reconnaître sa faute ; mais l’enfant qui le ressent vraiment n’est pas toujours prompt à le faire. Un enfant qui est beaucoup plus lent à reconnaître sa faute peut avoir, et a généralement, un sens plus profond de ce que signifie la confession. Je ne parle pas ici du caractère naturel ; mais je dis qu’il est juste et convenable (je crois que c’est le sens général de l’ordonnance du Seigneur ici) que celui qui est souillé (c’est-à-dire dont la communion avec Dieu est interrompue) prenne cette place avec sérieux. Bien sûr, dans le christianisme, il ne s’agit pas d’une question de jours, mais de ce qui correspond à la signification, c’est-à-dire qu’il faut avoir assez de temps pour démontrer un sens réel du mal de sa souillure et de ce qu’elle déshonore Dieu et Son sanctuaire ; la hâte témoigne en réalité d’une absence de sentiment juste de la souillure. Celui qui s’était dûment purifié le troisième jour était effectivement purifié le septième jour.


20.5.4 - La purification à l’aide de cendres distincte du sang qui efface le péché

Ainsi, il a d’abord (purification au 3ème jour) le sentiment de son péché en présence de cette grâce qui pourvoit pour l’en préserver ; puis il a à la fin (purification au 7ème jour) la précieuse réalisation de la grâce en présence du péché. Les deux aspersions (celle du 3ème et celle du 7ème jour) sont l’inverse l’une de l’autre. L’une expose comment le péché a fait honte à la grâce, et l’autre comment la grâce a triomphé du péché. Tel semble être le sens, et plus particulièrement pour la raison suivante. Les cendres de la génisse expriment l’effet du jugement consumant de Dieu sur le Seigneur Jésus à cause du péché. Ce n’est pas simplement le sang qui montre que je suis coupable, et que Dieu donne un sacrifice pour ôter le péché. Les cendres attestent le traitement judiciaire de Dieu quand a été, pour ainsi dire, consumé cette victime de sacrifice béni qui a subi toute la sainte sentence de Dieu à l’égard de nos péchés. L’eau (ou l’Esprit par la parole) nous permet de réaliser que Christ a souffert pour ce que nous sommes, hélas ! enclins à si peu ressentir, voire à badiner avec.


20.5.5 - Souillure dans des occasions petites ou grandes

Il y a une autre chose à noter en passant. L’eau de purification n’était pas seulement nécessaire lorsqu’on touchait un corps mort, mais par des contacts avec la mort de différentes manières et à différents degrés. Telle chose pouvait être qualifiée de grande affaire, mais l’institution montre que Dieu fait attention à la moindre chose. Nous devrions en faire autant, du moins en ce qui nous concerne. « Voici la loi, quand un homme meurt dans une tente : tous ceux qui entrent dans la tente, et tout ce qui est dans la tente, seront impurs sept jours. Tout vase découvert, sur lequel n’est pas attaché de couvercle, sera impur. Et quiconque touchera un homme tué par l’épée dans les champs, ou un corps mort, ou un ossement d’homme, ou un tombeau, sera impur sept jours » (19:14-16). « L’ossement d’homme » pourrait être un objet beaucoup moins important, mais tout ce qui souille entre en compte, et il y est pourvu en Christ notre Seigneur. C’est ainsi que Dieu veut nous habituer au discernement le plus méticuleux et au jugement de soi le plus complet. Ce ne sont pas seulement les affaires graves qui souillent, mais les petites occasions, comme on dit, qui s’interposent entre nous et la communion avec notre Dieu et Père. En même temps, Il fournit le remède immuable de la grâce pour toute souillure.


21 - Nombres 20 — Faute de Moïse

21.1 - Contester ou compter sur le Seigneur

Dans Nombres 20, une vérité connexe apparaît lorsqu’ils demandent de l’eau. « Il n’y avait pas d’eau pour l’assemblée ; et ils s’attroupèrent contre Moïse et contre Aaron » (20:2). C’était vraiment, on voudrait dire, contre la grâce infinie de notre Seigneur Jésus. C’est ce qui correspond dans l’antitype. Cela peut sembler fort de dire cela à propos de chrétiens ; mais chaque fois que nous sommes éprouvés et préoccupés par les circonstances, n’est-ce pas ce que nous faisons ? Pensez-vous que le Seigneur ne sait pas ce qui nous trouble ? Pensez-vous que le Seigneur ne l’envoie pas pour notre bien ? Cela peut être fâcheux dans un autre cas ; mais le point majeur que nous avons à considérer est de voir la bonne main du Seigneur, peu importe ce qu’elle fait. Nous ne devons pas être « surmontés par le mal », mais « surmonter le mal par le bien ». La véritable façon d’y parvenir est de compter sur le Seigneur Jésus qui régit tout. Tout pouvoir Lui est donné sur la terre et dans le ciel ; et pourquoi ne serions-nous pas heureux de Ses voies avec nous ? C’est Lui qui s’occupe de nous, quel que soit l’instrument et quelles que soient les circonstances.


21.2 - Ch. 20:2-10 — Gravité de la contestation. L’Éternel répond et aussi Moïse

Ici, le peuple, n’ayant pas d’eau, se mit à « contester avec Moïse, et à parler, disant : Plût à Dieu que nous fussions morts comme nos frères sont morts devant l’Éternel ! » (10:3). Même pour quelqu’un qui appartient à Dieu, il n’y a rien de trop vil lorsque Dieu n’est plus devant ses yeux. « Et pourquoi nous avez-vous fait monter d’Égypte, pour nous amener dans ce mauvais lieu ? Ce n’est pas un lieu où l’on puisse semer, on n’y trouve ni figuiers, ni vignes, ni grenadiers ; il n’y a pas non plus d’eau à boire. Et Moïse et Aaron quittèrent la présence de la congrégation pour aller à l’entrée de la tente de la congrégation, et ils tombèrent sur leurs faces ; et la gloire de l’Éternel leur apparut. Et l’Éternel parla à Moïse, en disant : Prends la verge, et rassemble l’assemblée, toi et Aaron, ton frère, et vous parlerez au rocher sous leurs yeux ; et il donnera son eau, et tu leur feras sortir de l’eau du rocher ; ainsi tu donneras à boire à l’assemblée et à leurs bêtes. Moïse prit la verge de devant l’Éternel, comme Il le lui avait commandé ; et quand Moïse et Aaron eurent réuni la congrégation, il leur dit : Écoutez maintenant, rebelles ! » (20:5-10) — Au lieu de parler au rocher, il leur parle à eux. Ce n’est pas ce qui lui avait été dit de faire.


21.3 - Ch. 20:10-11 — Les deux verges et leur mauvais usage

Cela aurait déjà été une désobéissance, si Moïse s’en était tenu là sans rien faire de plus ; mais il va plus loin, comme nous allons le voir. « Écoutez maintenant, rebelles, vous ferons-nous sortir de l’eau de ce rocher ? Et Moïse leva sa main, et frappa le rocher avec sa verge, deux fois » (20:10-11a). Hélas ! il apportait une autre verge, la sienne, tandis que l’Éternel lui avait dit d’apporter « la verge » ; c’est-à-dire la verge d’Aaron. C’était la verge de la grâce sacerdotale, et c’est avec elle que Dieu voulait qu’il parle au rocher ; c’était la verge qui disait comment Dieu pouvait faire agir la vie là où il y avait eu la mort, et qui pouvait aussi produire du fruit selon Sa propre grâce merveilleuse ; car Il savait comment vivifier, entièrement au-delà des pensées de l’homme ou de la nature. Bien que Moïse sortît « la verge » selon la parole de l’Éternel (20:9), il ne s’en sert pas selon Lui. Il frappe avec sa propre verge. Quel en était le caractère particulier ? C’était la verge de l’autorité, du pouvoir judiciaire (20:11). Autrefois, il s’en était servi à bon escient (Exode 17) : il s’agissait de faire tomber le jugement sur le rocher, et seulement à ce moment-là. De même, Christ « a souffert une fois pour les péchés, le juste pour l’injuste, afin de nous amener à Dieu » (1 Pierre 3:18). Maintenant, Il est toujours vivant pour intercéder en notre faveur (Héb. 7:25).


21.4 - Ch. 20:12 — Ce qui faisait la gravité de la faute de Moïse. Sa sanction

Mais ici Moïse perd complètement de vue la grâce infinie de Dieu dans cette merveilleuse opération et cette ressource pour Son peuple, et il retombe sur le principe du jugement ; du coup il fait une fausse représentation du Dieu qu’il avait cherché à magnifier, et dont sa plus grande joie était de refléter la grâce. Il n’en était pas ainsi maintenant, d’où un manquement grave. Pour Moïse, ce fut un péché mortel, car Dieu est offensé par-dessus tout d’être représenté à tort par quelqu'un qui aurait dû Le bien connaître. C’est précisément parce que Moïse et Aaron étaient si proches de Dieu, parce qu’ils étaient entrés (Moïse en particulier) dans la grâce de l’Éternel, que maintenant, dans ces circonstances, leur manquement complet devint l’occasion de mettre de côté Moïse comme vase ayant accompli son œuvre. Il n’était pas apte à les conduire jusque dans le pays — le très bon pays. Ce fut une dure épreuve ; ce fut une douleur profonde pour le cœur de Moïse, vous pouvez en être sûrs, bien qu’il n’ait jamais perdu sa confiance en l’Éternel après cela, j’en suis persuadé ; mais il s’est courbé avec beaucoup de grâce devant Sa volonté, comme nous le verrons dans l’histoire qui suit. En même temps, Moïse ressentit et devait le ressentir pleinement. Mais il est triste que celui qui les avait conduits si fidèlement selon Dieu, et qui s’était tenu si fermement dans des circonstances pourtant plus éprouvantes, ait manqué alors qu’il était tout près du bord du pays — alors qu’il approchait du point d’où ils allaient entrer dans la Canaan choisie par l’Éternel. Mais il en fut ainsi. Moïse a manqué, il s’est écarté de la riche grâce de Dieu, il s’est rabattu sur le jugement, et le jugement s’est porté sur lui en conséquence. Moïse n’a pas agi selon l’Éternel. Il a levé la main et, avec sa verge, il a frappé deux fois le rocher. L’Éternel n’a pas refusé de fournir l’eau. Celle-ci est sortie en abondance, et ce fut à la louange de Dieu Lui-même, mais nullement une approbation du manquement de Moïse. « L’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous ne m’avez pas cru, pour me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël, à cause de cela vous ne ferez pas entrer cette congrégation dans le pays que je leur donne » (20:12).


21.5 - Ch. 20:14-28

Après cela, nous trouvons Moïse envoyant des messagers, afin qu’ils puissent passer par le pays d’Édom. Édom refuse (20:14-21).

L’Éternel ordonne ensuite à Aaron de monter sur la montagne (20:25). Le temps était venu pour lui de s’en aller, et pour son fils Éléazar de prendre sa place (20:26-28).


21.6 - Cohérence avec d’autres passages de l’Écriture

21.6.1 - Ch. 20:14-21 et 33:30-41 et Deut. 2:29. Le contournement d’Édom ou sa traversée

La tentative de mettre Deutéronome 2:29 en opposition avec Nombres 20:14-21 est due soit à une mauvaise volonté perverse, soit à une simple inattention et à de la témérité. Édom a refusé de laisser passer Israël, et pourtant à la fin ils passèrent. Les deux occasions étaient bien distinctes. Le refus d’Édom rapporté en Nombres 20 s’est produit à un moment et dans un lieu différents de ceux où Israël a traversé leur territoire. Les messagers furent envoyés de Kadès, non pas de la région en général, mais de la ville, à l’extrémité de leur frontière, semble-t-il au nord-ouest, et cela avant la mort d’Aaron. Mais le passage à travers leur pays s’est effectué quelque temps après sa mort par le sud d’Édom, par le chemin de la mer Rouge, comme nous l’apprenons en Nombres 21. Ainsi, en Nomb. 33:36-39, on voit Israël quitter Kadès pour la montagne de Hor, et Aaron monte dans la montagne et meurt. Après être parti de Hor, ils campèrent à Tsalmona (33:41), alors qu’ils avaient tourné l’extrémité sud d’Édom et qu’ils avançaient vers le nord, à l’est de la région montagneuse, avant d’atteindre la frontière de Moab. Ainsi, si l’on compare les versets précédents (33:30-35), on voit que les enfants d’Israël sont d’abord descendus de Moseroth (dans ou près de la montagne de Hor, à l’ouest d’Édom) vers Étsion-Guéber sur la mer Rouge ; de là, ils remontèrent la plaine d’Arabah de nouveau jusqu’à la montagne de Hor (33:36, 37), où eut lieu la mort d’Aaron ; et de là, ils redescendirent par le même côté occidental d’Édom jusqu’à Étsion-Guéber sur la mer Rouge une fois de plus, contournant ainsi la montagne de Séhir pendant beaucoup de jours avant de tourner vers le nord. Pas moins de trente-huit ans s’écoulèrent depuis les jours où ils vinrent de Kadés-Barnéa jusqu’à ce qu’ils traversent le torrent de Zered. (Deut. 2:14) Le but de ce long séjour était de permettre à la vieille génération de s’éteindre progressivement.


21.6.2 - Deut. 10:6-7 et Nombres 33

On peut ajouter que Deut. 10:6-7 s’accorde entièrement avec les itinéraires déjà indiqués, le v. 6 montrant la deuxième partie du voyage remontant d’Étsion-Guéber jusqu’à Mosera dans la montagne de Hor, où mourut Aaron, tandis que le v. 7 retrace le voyage suivant descendant jusqu’à Jotbatha. Nombres 33 fournit des détails de ce voyage vers le sud, mais simplement les faits généraux qu’ils partirent de la montagne de Hor et campèrent à Tsalmona (33:41) dans leur marche finale vers le nord par le côté oriental de la montagne de Séhir. La confusion dans l’ordre des lieux cités n’existe que dans l’esprit des lecteurs hâtifs, et non dans les Écritures lorsqu’on les examine patiemment.


22 - Nombres 21 — Le serpent d’airain

22.1 - Ch. 21:1-3

Le seul autre point que je remarquerai, pour clore cette partie de mon sujet (ch. 10:11 à ch. 21), est donné dans Nombres 21 ; c’est-à-dire que nous trouvons Israël en présence du roi cananéen d’Arad, qui fait d’abord quelques prisonniers. Israël jure à l’Éternel de les détruire entièrement, s’Il livre le peuple entre ses mains. L’Éternel l’écoute et la destruction est telle que le lieu est appelé Horma (= entière destruction, anathème).


22.2 - Ch. 21:4-9

22.2.1 - Une victoire précurseur d’un danger

Peu de temps après, cependant, se produit une scène qui est un très sérieux avertissement pour nos âmes (21:4 et suiv.). Le cas n’est pas rare où, après un temps de victoire, il faut veiller de peur qu’il ne soit le précurseur d’un danger. Un temps de défaite, par contre, prépare constamment à une nouvelle et plus grande bénédiction de la part de Dieu, tant Sa grâce est riche. Il sait relever ceux qui sont tombés, mais ceux qui sont trop légers par rapport à une victoire, Il leur fait sentir leur totale faiblesse et le besoin constant de Lui-même. C’est ainsi qu’il en était avec Israël. Ils se découragèrent beaucoup, juste après leur grande victoire, et ils parlèrent contre Dieu et contre Moïse. « L’Éternel envoya parmi le peuple des serpents brûlants, et ils mordaient le peuple, et beaucoup de gens d’Israël moururent » (21:6). Ils volèrent tout de suite vers Moïse, et lui demandèrent de prier l’Éternel pour eux ; et Moïse fut conduit par l’Éternel à faire un serpent brûlant. « Fais-toi un serpent brûlant, et mets-le sur une perche ; et il arrivera que quiconque sera mordu, quand il le regardera, vivra. Moïse fit un serpent d’airain et le plaça sur une perche, et il arriva que si un serpent avait mordu un homme, il vivait quand il regardait le serpent d’airain » (21:8-9).


22.2.2 - Le Seigneur élevé (sur la croix) remède au péché

Il est important, je pense, pour nos âmes de voir ceci : en relation avec le désert et avec la chair, il n’y a pas de vie pour l’homme. La vie n’est pas pour l’homme dans la chair. La mort est la manière dont le Seigneur traite l’humanité déchue. Comment l’homme va-t-il alors vivre ? « Moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même » (Jean 12:32) : cette citation est une autre application du Nouveau Testament de la vérité qui est maintenant devant nos pensées. « Moi, si je suis élevé » — c’est un Sauveur qui n’est plus sur la terre, mais qui est élevé au-dessus d’elle ; je ne dis pas élevé au ciel, mais un Sauveur rejeté et crucifié (élevé sur la croix). Voilà le moyen d’attraction divine, quand le péché a été ainsi définitivement jugé. Pour l’homme tel qu’il est, il ne peut y avoir de bénédiction adéquate sans la croix ; car c’est seulement ainsi que Dieu est glorifié quant au péché. C’est ce qui, en type, se présente à nous ici.


22.2.3 - Le serpent d’airain figure de Christ fait péché

Mais pourquoi, dira-t-on, le serpent d’airain ? Pourquoi cette figure ? — Pour une autre raison des plus solennelles. Ce n’est pas seulement qu’un Sauveur crucifié est le moyen de salut pour l’homme ; mais Il est en outre une figure indiquant que Quelqu’un a été « fait péché », bien que dans Sa propre personne Il fût le seul qui « n’avait pas connu le péché » (2 Cor. 5:21). S’Il avait connu le péché, Il n’aurait pas pu être un Sauveur selon la sainteté divine ; s’Il n’avait pas été fait péché, nous n’aurions jamais été réellement délivrés du jugement du péché. Il est, et Il a été fait, exactement ce que Dieu voulait qu’Il soit, et ce que nous avions le plus grand besoin qu’Il soit. Il est tout cela pour nous, et, notons bien, Il est tout cela pour nous maintenant. Nous aurons toutes les glorieuses conséquences en temps voulu ; mais, déjà maintenant, L’ayant Lui à la suite de l’achèvement de Son œuvre, nous devons avoir foi en Lui en toutes choses. Ainsi, ici, Israël avait toutes choses en chemin ; ils avaient la vie, comme nous le voyons — la vie gagnée par la victoire sur la puissance du péché et de la mort.


22.3 - Ch. 21:10-20

Ainsi, comme nous l’entendons juste après, Dieu leur donne la joie en chemin — des sources de joie et d’allégresse, comme nous le trouvons ensuite — le puits dans le désert que les princes ont creusé (21:18). Après tout, il n’y avait pas besoin de creuser beaucoup : il suffisait d’utiliser leurs bâtons. Telle est la bonté de Dieu à notre égard, y compris pour le désert. Le puits n’a pas été creusé à force de dur travail de la part de ceux qui avaient l’habitude de travailler. Les princes se munirent de leurs bâtons, et ils ne connaissaient sans doute pas beaucoup le travail ; mais c’était suffisant. La grâce surabondante donne ainsi un rafraîchissement abondant au peuple, suivant ce que Dieu avait devant Lui — le beau type que Christ Lui-même a appliqué (Jean 3:14-15) en ce qu’Il a porté le jugement du péché sur la croix : une fois le péché jugé, une fois la vie donnée, Dieu n’a-t-Il pas tout donné en surabondance, à cause de cela et à l’unisson de cela ? « Celui qui n’a pas épargné Son propre Fils, mais qui L’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi librement toutes choses avec Lui ? » (Rom. 8:32).


22.4 - Ch. 21:21-35

Le reste du chapitre nous montre les progrès triomphants du peuple, avec leurs victoires (auxquelles il est souvent fait allusion dans la loi et les psaumes) sur Sihon, roi des Amoréens, et sur Og, roi de Basan. Deux références sont faites dans le récit qui s’y rapporte : l’une dans un livre de l’époque, le livre des guerres de l’Éternel (21:14) ; l’autre dans certains paroles proverbiales ou légendes alors en vogue (21:27-30). Cela ne donne pas, comme le prétendent les rationalistes, le moindre appui à l’hypothèse selon laquelle Moïse aurait composé le Pentateuque à partir d’une masse de matériaux antérieurs courant parmi les Israélites de son âge et leurs voisins Gentils. Écrites ou orales, ces traditions étrangères sont citées à dessein dans le but exceptionnel de prouver par des témoignages irrécusables aux yeux de leurs adversaires les plus zélés, que la terre en question, lorsqu’Israël la prit par la conquête, n’appartenait pas à Ammon ou à Moab, mais aux races condamnées de Canaan et de ses environs. Ils n’avaient aucun droit sur le pays des premiers ; celui des Amoréens, etc. leur avait été donné par Dieu. L’Amoréen l’avait pris à Moab, et Israël l’avait pris à l’Amoréen, habitant ensuite dans toutes leurs villes, de l’Arnon au Jabbok, à Hesbon et dans tous ses villages. Un récit juif de ses précédents possesseurs et de leurs propres victoires aurait pu être contesté par un ennemi en disant qu’il était biaisé ; mais une citation de leurs propres chants proverbiaux courants était concluante ; et l’Esprit de Dieu daigne en employer un extrait à cette fin. En Juges 11, nous voyons précisément la raison de ce fait reconnu, pris par Jephté pour réfuter ce que revendiquait le roi d’Ammon de l’époque ; et ses prétentions furent démontrées comme étant sans fondement par la preuve irréfutable que l’Amoréen possédait le territoire contesté lorsqu’Israël s’en rendit maître, malgré Balak, roi de Moab, et tous les autres rivaux. Sur un principe assez semblable, l’apôtre n’hésite pas à citer des témoignages païens dans le Nouveau Testament, comme une confession valable de leur part sur le sujet en question (Actes 17:23, 28 ; 1 Cor. 15:33 ; Tite 1:22).


Troisième partie de ces Leçons introductives : Chapitre 22 à 36

23 - Nombres 22 — Tentative de faire intervenir des puissances occultes : l’affaire de Balaam

23.1 - Une action de l’ennemi d’un genre tout nouveau

Les succès remportés par les enfants d’Israël alarmèrent certains de leurs voisins, plus particulièrement Moab, et cela donna lieu à un épisode frappant de l’histoire, qui soulève une question aussi solennelle que n’importe quelle autre du livre des Nombres. Balak envoyant pour chercher Balaam était un élément tout à fait nouveau. Nous avons eu la grâce de Dieu et Ses ressources pour le peuple ; nous avons eu l’incrédulité du peuple, avec ses châtiments et ses jugements, et les déclarations renouvelées de la part de Dieu, comme quoi Il amènerait, sûrement et malgré tout, ce peuple dans le bon pays. La grâce seule pouvait le faire ; or la grâce voulait le faire.


23.2 - Satan déguisé en ange de lumière et accusateur du peuple

Mais il y avait un ennemi qui n’avait pas encore été franchement présenté à nos yeux : la puissance de Satan. Il n’apparut pas d’emblée, mais il ne tarda pas à jouer un rôle très important dans la grande opération qui commence à se dévoiler dans ce chapitre. Satan peut prendre la place d’un ange de lumière et de justice — pas toujours cependant, car il a d’autres phases, — plus particulièrement avec le peuple de Dieu. D’autre part, Satan avait matière à agir, car le peuple avait été notoirement infidèle — il avait souvent et gravement déshonoré Dieu. La question était donc de savoir si Dieu maintiendrait un peuple coupable d’enfreindre Sa propre loi. Si oui, n’était-ce pas un déshonneur pour Lui ? Que pourrait-Il dire ? Comment rester cohérent vis-à-vis de Satan ? Il était pourtant impossible que Satan soit plus attentif à la justice que Dieu Lui-même ! Néanmoins, il y avait en apparence une grande difficulté, une difficulté d’un genre que l’esprit humain ne peut jamais résoudre. Combien elle devait affliger quelqu’un qui aimait le peuple !


23.3 - Concilier la sainteté de Dieu et l’introduction du peuple dans la terre promise est une difficulté insurmontable seulement pour l’incrédulité

Mais il existe un moyen simple et sûr de résoudre toutes les difficultés. Nous le connaissons dans toute sa plénitude ; avant même qu’il soit pleinement expliqué, connu et mis en évidence, son principe a toujours été devant la foi. Alors que l’incrédulité oublie invariablement Dieu, et l’exclut même, la foi Le fait entrer invariablement ; et quelle que soit la difficulté que soulève l’incrédulité, il est évident qu’elle n’est rien pour Dieu. Ainsi donc, le cœur ne comprend pas comment Dieu peut concilier Son propre caractère, Sa parole expresse et Son jugement le plus solennel du péché avec l’introduction d’un tel peuple dans la terre de la promesse, sur laquelle Son œil repose continuellement ; mais il ne lui faut pas attendre de comprendre, mais il faut croire. En temps voulu, on comprendra sûrement : seulement, il y a la consolation de ce que comprendre est d’ordre spirituel, non pas naturel ; de ce que l’entendement vient de Dieu, et non pas de la prétention de l’homme de penser pour Dieu et déterminer à l’avance comment les choses doivent être faites. Il est infiniment plus heureux d’être, pour ainsi dire, derrière Lui, de Le suivre dans Son sillage, de L’avoir Lui pour nous montrer chaque pas du chemin, de Lui permettre qu’une difficulté apparaisse dans toute sa force, afin que nous puissions voir comment Il règle tout glorieusement.


23.4 - Ch. 22:6-8 — Des puissances supérieures à l’homme : les démons

C’est précisément ce qui s’est produit dans la nouvelle épreuve qui va nous être présentée. Balak n’a pas simplement envoyé demander l’aide de Madian, et il n’était pas non plus question de la force du monde. Balak avait conscience qu’il fallait faire intervenir une puissance supérieure à l’homme ; mais il pensait seulement à ce qu’il connaissait : une puissance qui, pour une rémunération adéquate, satisferait la convoitise de l’homme et permettrait la volonté de l’homme. Cependant, le vrai Dieu est entré en jeu de manière inattendue ; car nous devons bien nous rappeler que Balak n’avait aucune connaissance réelle de Dieu. Quel que soit l’usage dont il faisait du nom de Dieu, il ne pensait pas plus à l’Éternel que le roi Saül ne l’honorait en consultant la devineresse d’En-Dor. D’ailleurs la devineresse elle-même n’avait aucune idée de l’esprit réel de Samuel ; car je n’ai pas besoin de vous dire, vous le savez tous sans doute, que ni homme ni diable n’ont le moindre pouvoir sur les esprits des justes ou des injustes. Les injustes sont gardés en prison jusqu’au jour du jugement, tandis que les justes, inutile de dire, sont avec le Seigneur. Je dis donc que ni homme ni diable n’ont pouvoir de les produire. Mais il ne faut pas oublier qu’il existe un monde de puissances spirituelles, et l’homme a tendance à confondre avec Dieu des êtres dotés de pouvoirs supérieurs aux siens. Ceux-ci sont cette énergie cachée qui a réussi à usurper la place de Dieu auprès des mauvaises consciences — énergie d’autant plus polluante par-dessus tous les autres maux quand elle s’appelle religion, et qu’elle s’est interposée entre le vrai Dieu et l’âme. Telle est la source et le caractère de toute idolâtrie. Telle est sa véritable nature devant Dieu. Les formes extérieures ne sont que des masques. La véritable puissance est démoniaque ; elle trompe et détruit.


Or, ces démons personnifient constamment qui ils veulent. Ils peuvent prétendre être l’esprit de telle ou telle personne, mais ils ne sont rien de tel ; ils ne sont que des démons et rien moins. Ils trompent les hommes en satisfaisant leur méfiance, leurs convoitises et leurs passions, et entre autres leur fantaisie au sujet de leurs amis et de leurs parents, ou tout en se faisant éventuellement passer pour Dieu, ou des anges, ou etc.. C’est ce qui se passait alors, de temps en temps, comme cela s’est passé depuis le déluge. Il n’y a rien de nouveau, bien que ça se répande plus communément en ces jours de décrépitude de la chrétienté — hélas ! des jours qui préparent la voie à une puissance encore plus terrible de Satan ici-bas à la fin de ce siècle (cette ère).


23.5 - Ch. 22:9-12 — Dieu intervient alors que Balaam attendait des démons

Mais Dieu ne laissa pas l’affaire être une question de démons et de tromperies ; quand Balak eut l’audace de faire intervenir cette puissance supérieure à l’homme pour flétrir les perspectives de Son peuple, ce fut immédiatement comme un appel au vrai Dieu. Balaam, en bon hypocrite, parle de consulter l’Éternel. Cela aussi a toujours été le cas. Ceux qui ont le moins à faire avec Dieu, parlent souvent de Lui avec la plus grande désinvolture ; et c’était le cas autrefois comme aujourd’hui. « Dieu », est-il écrit, « vint à Balaam, et dit : Qui sont ces hommes chez toi ? » (22:9). Balaam ne fut pas alarmé, ayant l’habitude d’avoir affaire aux esprits mauvais. Il ne connaissait autre chose que la puissance qui venait à lui comme le vieil esprit de démon. Dieu a pris le rusé dans son propre filet. C’est justement là que la grande puissance de Dieu montre ce qu’Il est, en face de tous les adversaires qui osent s’opposer à Son peuple. Ainsi, lorsque Dieu demanda au prophète qui étaient ces hommes, Balaam répondit : « Balak, fils de Tsippor, roi de Moab, m’a envoyé dire : Voici un peuple est sorti d’Égypte, et il couvre la surface de la terre ; viens maintenant, maudis-les moi ; peut-être pourrai-je les vaincre et les chasser. Et Dieu dit à Balaam : Tu n’iras pas avec eux, tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni » (22:10-12).


23.6 - Ch. 22:13-19 — Manœuvres pour contourner la volonté de Dieu, mais Dieu ne change pas

Nous verrons dans la suite combien merveilleuse a été la manière dont Dieu a retourné contre lui l’effort même de Satan, et a fait que ce misérable Balaam soit involontairement opposé à tous ses propres intérêts à lui Balaam, mais soit tenu par la main puissante de Dieu, en sorte qu’il a été l’instrument pour sceller la bénédiction de Dieu sur Son peuple, pour autant que cela puisse être fait par l’homme ! « Balaam se leva le matin, et dit aux princes de Balak : Allez dans votre pays, car l’Éternel refuse de me laisser aller avec vous » (22:13). Les princes revinrent donc vers Balak, et lui dirent que Balaam refusait de venir (22:14). Balak, jugeant d’après ce que l’homme connaît le mieux, d’après son propre cœur et d’après son expérience, envoie auprès de Balaam des princes plus honorables que les précédents, et ils vinrent lui dire : « Ainsi a dit Balak, fils de Tsippor : Que rien, je te prie, ne t’empêche de venir vers moi, car je te comblerai d’honneurs très grands, et je ferai tout ce que tu me diras : viens donc, je te prie, maudis-moi ce peuple » (22:16-17).

Balaam alors, en partie avec la ruse qui cherche à obtenir les meilleures conditions, et en partie retenu par la main de Dieu dans un sens contraire à ses propres pensées, dit : « Si Balak voulait me donner plein sa maison d’argent et d’or, je ne pourrais aller au-delà de la parole de l’Éternel mon Dieu, pour faire moins ou plus. Maintenant donc, je vous prie, restez aussi ici cette nuit, afin que je sache ce que l’Éternel me dira de plus » (22:18-19). Ici, Balaam prouve que tout son discours au sujet de Dieu n’était qu’un faux semblant, et qu’il n’y avait aucune foi réelle, sinon il n’aurait jamais consulté à nouveau. La foi sait que Dieu ne change pas. Il n’est pas un homme pour mentir, ni un fils d’homme pour se repentir (23:19).


23.7 - Ch. 22:19-22 — Comment Dieu agit envers l’obstination ignorante

Ignorant Dieu, Balaam retient donc les messagers (22:19), car son cœur désirait beaucoup l’honneur et la rémunération promis. Il leur demande d’attendre afin de pouvoir consulter à nouveau l’Éternel. Là encore, il tombe dans le piège de sa propre convoitise, car « Dieu vint à Balaam pendant la nuit, et lui dit : Si les hommes sont venus t’appeler, lève-toi et va avec eux » (22:20a). Ce n’était pas là le cours de Sa sainte volonté, mais c’est Dieu qui traite l’obstiné selon son obstination. C’est ce qu’Il fait quand il y a ni la foi dans les pensées, ni l’œil simple qui va avec ; Il permet que l’homme suive ses propres arrangements aveugles. Cela est juste, et c’est ainsi que Dieu agit avec Balaam. Là où Il voit l’intégrité, Il satisfait en grâce le cœur tremblant et l’esprit hésitant. Mais il n’était pas question d’hésitation chez Balaam. Il s’agissait de propre volonté, en face même de l’expression glorieuse de la volonté de Dieu. Au fond, Dieu ne compte pas pour lui, ni Sa parole. Il lui avait été dit clairement qu’il ne devait pas maudire le peuple, car il était béni ; pourtant, il attend sans autre but que de maudire, si possible, ceux que Dieu disait être bénis. Il n’y avait pas une particule de foi, ni de crainte de Dieu. En conséquence, Dieu l’abandonne maintenant à ses propres arrangements. S’il veut se joindre à une idole, qu’il y aille, car il ne veut pas être averti. Il est très clair que tel était le vrai état d’esprit de Balaam, car il est dit que, quand Balaam se leva le matin, sella son âne et s’en alla avec les princes de Moab, « la colère de Dieu s’embrasa ». Ceci est donc clair : Dieu avait certes dit à l’homme ignorant d’être ignorant, à l’homme animé de propre volonté d’aller la faire, mais c’était là un avertissement explicite et solennel donné au prophète qu’il était en train de foncer frontalement contre Dieu (comparer les v. 12 et 22).


23.8 - Ch. 22:23-35 — L’ânesse plus intelligente que Balaam

Alors survient l’incident relaté dans le Nouveau Testament en 2 Pierre 2, et que personne ici, j’en suis sûr, ne permettra jamais d’entacher du moindre soupçon de doute. En vérité, les moyens employés étaient, comme toujours, exactement adaptés au cas par la sagesse divine. Je vous accorde qu’il n’est pas habituel que Dieu fasse parler un âne muet ; mais ces circonstances étaient-elles habituelles ? N’y avait-il pas quelque chose de terriblement humiliant à ce qu’une telle bête soit celle qui dût réprimander le prophète coupable ? Mais c’est justement ce qui est significatif dans l’incident : un âne réprimandait un homme doué d’une intelligence naturelle, et qui allait être le porte-parole des plus belles déclarations de la part de Dieu, mais seulement après avoir été averti de sa folie et de son péché par la bête qu’il chevauchait. Je n’ai pas besoin de m’étendre sur ce point.

Il fut alors permis au prophète de connaître de la manière la plus complète possible, par l’ange de l’Éternel lui-même, la raison pour laquelle toutes ces obstructions avaient été mises sur son chemin. Quelle grâce de la part de Dieu d’obliger à faire une pause et à réfléchir un homme qui se précipitait vers la destruction, si quelque chose pouvait le réveiller ! Mais non, il était engagé dans des voies de méchanceté. L’effronterie doit poursuivre son cours misérable jusqu’à une fin non moins misérable.


23.9 - Ch. 22:36-41 — Rencontre de Balak et Balaam

Balaam va donc à la rencontre de Balak, qui l’emmène à Kiriath-Hutsoth. « Balak sacrifia du gros et du menu bétail, et il en envoya à Balaam et aux princes qui étaient avec lui. Le lendemain, Balak prit Balaam et le fit monter sur les hauts lieux de Baal, afin qu’il puisse voir de là l’extrémité du peuple » (22:40-41).


24 - Nombres 23 — 1ère et 2ème prophéties de Balaam

24.1 - Ch. 23:1-5 — Préparation du premier discours

« Et Balaam dit à Balak : Bâtis-moi ici sept autels, et prépare-moi ici sept taureaux et sept béliers. Balak fit comme Balaam avait dit ; et Balak et Balaam offrirent sur chaque autel un taureau et un bélier. Et Balaam dit à Balak : Tiens-toi près de ton holocauste, et je m’en irai ; peut-être que l’Éternel viendra à ma rencontre, et je te dirai tout ce qu’il me montrera. Et il s’en alla sur un haut lieu » (23:1-3). Et là encore, Dieu-Elohim (*) rencontra Balaam, et Balaam lui dit : J’ai préparé sept autels, et j’ai offert sur chaque autel un taureau et un bélier. Et l’Éternel a mis une parole dans la bouche de Balaam, et dit : Retourne vers Balak, et tu parleras ainsi » (23:4-5)


(*) L’utilisation des noms d’Elohim et de Jehovah (l’Éternel ou Yahweh) est ici très remarquable ; on voit aussi l’absurdité de l’hypothèse d’un document antérieur ; cela est aussi instructif pour le croyant quant à l’unité du livre et l’inspiration divine de son auteur. Ceci est immensément confirmé par l’utilisation que fait Balaam des termes Élion (Très Haut) et Shaddai (Tout-Puissant) dans ses deux dernières prophéties (ch. 24) alors qu’il ne cherchait plus les enchantements. Comment vouloir se rabattre sur l’artifice maladroit d’un, deux ou plusieurs écrivains pour rendre compte de ces titres divins ? il faut simplement en chercher le motif dans des considérations internes.


24.2 - Ch. 23:7-10 — Premier discours sentencieux

Quand Balaam profère son discours sentencieux, il rapporte la parole que lui avait adressée Balak : « Viens, maudis-moi Jacob ! et appelle l’exécration sur Israël ! ». La réponse de Balaam fut : « Comment maudirais-je celui que Dieu n’a pas maudit ? et comment appellerai-je l’exécration sur celui que l’Éternel n’a pas en exécration ? Car du sommet des rochers, je le vois, et des hauteurs je le contemple. Voici, c’est un peuple qui habitera seul, et il ne sera pas compté parmi les nations. Qui peut compter la poussière de Jacob, et le nombre de la quatrième partie d’Israël ? Que je meure de la mort des justes, et que ma fin soit comme la leur ! ». C’est-à-dire qu’il énonce de la manière la plus explicite le privilège grand et certainement fondamental d’Israël — à savoir qu’ils étaient une nation appelée à être seule avec et pour l’Éternel. C’est la base de toute leur bénédiction. Ils étaient différents du reste du monde en ce sens qu’ils étaient mis à part pour être avec l’Éternel, le vrai Elohim.


24.3 - Ch. 23:11-17 — Préparation au deuxième discours sentencieux

Le deuxième discours sentencieux apporte ensuite un autre message ; le premier était relativement abstrait, et la nouvelle demande de Balak fait ressortir avec une clarté toujours plus grande, la bénédiction spéciale du peuple — pour autant qu’il plaisait à Dieu de la faire connaître. Balaam ne dit pas qui il doit rencontrer, et il me semble que la meilleure façon de rendre la vraie force du v. 15 est de laisser le mystère dans le vague comme l’exprime la phrase elliptique (23:15). Balaam savait bien qui il avait l’habitude de rencontrer. Il ne pouvait qu’avoir, au moins, des soupçons, car jamais quelqu'un qui honore un démon comme étant le vrai Dieu, ne peut avoir une confiance paisible du cœur. Est-il possible d’avoir confiance en un démon ? Il y a peut-être une idée vague et floue que les gens n’aiment pas saisir ou comprendre à fond. C’est en substance ce à quoi revient la religion naturelle ou la superstition. Elles laissent les âmes toujours à distance d’avec Dieu, avec une sorte d’effort de recherche de Dieu, mais en restant en fait sous quelque illusion de l’adversaire. Dans le cas de Balaam, cela allait même plus loin, car il magouillait continuellement avec une puissance secrète en vue d’avoir de l’influence sur les autres, mais délibérément contre le peuple de Dieu et pour lui-même.

Où y avait-il quelque chose de Dieu ? — quelque chose qui puisse satisfaire une conscience droite ? L’Éternel rencontre pourtant Balaam (23:16). C’est sans doute la raison pour laquelle les traducteurs de la version autorisée KJV ont mis « à la rencontre de l’Éternel » au v. 15. Ils ont jugé que parce que l’Éternel l’a rencontré (v.16), Balaam avait dû aller à la rencontre de l’Éternel (v.15). En fait Balaam n’a utilisé que les mots « j’irai à la rencontre » (v.15), peut-être pour ne pas révéler sa source habituelle d’aide.


24.4 - Ch. 23:18-24 — Deuxième discours sentencieux

Mais l’Éternel lui donne une nouvelle parole, laquelle va bien au-delà de la première. « Lève-toi, Balak, et écoute ; écoute-moi, fils de Tsippor : Elohim n’est pas un homme pour mentir, ni un fils d’homme pour se repentir. A-t-Il dit, et ne fera-t-Il pas ? A-t-Il parlé, et ne l’accomplira-t-Il pas ? » (23:18-19). Le langage est dans le plus beau style de la poésie hébraïque.

Le peuple de Dieu est maintenant l’objet de communications spéciales de la part de Dieu. Ce n’est pas seulement qu’ils ont Elohim comme Celui à qui ils appartiennent, et pour qui ils sont séparés de toutes les autres nations ; mais maintenant c’est Lui qui leur parle, Lui qui communique, Lui qui leur ouvre Ses pensées et Son cœur ; et quel est le propos de ce cœur ? « Voici », dit-il, « j’ai reçu mission de bénir ; Il a béni, et je ne le révoquerai pas. Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni n’a vu d’injustice (ou : perversité) en Israël : l’Éternel, son Dieu (Elohim), est avec lui, et un chant de triomphe royal est au milieu d’eux. Elohim les a fait sortir d’Égypte ». Les figures hardies qui sont employées et les allusions sont toutes en rapport très étroit avec la nouvelle bénédiction. Il ne s’agit pas seulement d’une grâce séparative, mais il est présenté une justification spécifique.

C’est seulement sur la base de la grâce qui justifie que Dieu pouvait les appeler selon ce qui n’était pas, les voyant dès maintenant comme ce qu’Il voulait faire d’eux par le moyen du Sauveur. Voilà ce qu’Il avait dans Ses pensées. Il est clair que la justification est tout à fait impossible pour les pécheurs, à moins que soit effacé ce qu’ils sont, et que soit introduit ce qu’ils ne sont pas. Comment cela peut-il se faire ? C’est par un autre tout seul qu’il peut y avoir justification. Ainsi, seul Dieu « n’a pas vu d’iniquité en Jacob ». Ce n’est pas qu’Il la nie, ni qu’il n’y ait pas eu d’iniquité de leur part, car effectivement il y en avait eu. « Il n’a pas non plus vu d’injustice (ou : perversité) en Israël ». Il s’agit de savoir à quoi Il regarde. « L’Éternel, son Dieu (Elohim), est avec lui, et un chant de triomphe royal est au milieu d’eux ».

Bien sûr, le temps n’était pas encore venu de développer la manière dont cela pourrait se faire. L’œuvre puissante qui serait seule capable de rendre cela possible, ne serait accomplie que longtemps après ; mais nous avons l’annonce audacieuse, pour autant qu’il fût approprié de l’exprimer par les lèvres de quelqu’un qui était totalement étranger à tout dans la race comme dans le cœur ; et cela est exprimé de façon d’autant plus glorieuse, que c’est simplement donné dans son grand principe par quelqu'un qui pouvait en voir l’ineffable bénédiction sans en retirer la moindre consolation pour son âme. Dans la sagesse de Dieu, il était justement l’homme qu’il fallait pour déclarer, y compris à l’ennemi, qu’il n’était question que de ce que Lui aurait opéré, et nullement de ce qu’Israël avait fait ou ferait, méritait ou mériterait. « Car il n’y a pas d’enchantement contre Jacob, ni de divination contre Israël ; selon ce temps, il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que Dieu a fait ? Voici, le peuple se lèvera comme un grand lion, et se dressera comme un jeune lion ; il ne se couchera pas avant d’avoir mangé la proie, et bu le sang des tués » (23:23-24 ; comp. 24:9).


25 - Nombres 24 — 3ème et 4ème prophéties de Balaam. La fin finale des ennemis

25.1 - Préparation au Troisième discours sentencieux

Balak était courroucé ; néanmoins il se résout à essayer encore une fois. « Et quand Balaam vit que cela plaisait à l’Éternel de bénir Israël, il n’alla pas, comme les autres fois, chercher des enchantements » (24:1). Cela confirme entièrement la remarque déjà faite dans le chapitre précédent quant à ce que Balaam était allé rencontrer. « Il n’alla pas, comme les autres fois, pour chercher des enchantements, mais il tourna son visage vers le désert. Balaam leva les yeux, et il vit Israël demeurant dans ses tentes selon ses tribus ; et l’Esprit de Dieu vint sur lui » (24:1-2).

Ainsi, lorsque nous avons un objet quelconque complètement dégagé devant Dieu de toute question de péché, ce n’est pas Sa manière d’en rester là. Pour le chrétien, ce qui suit c’est la liberté d’entrer dans la jouissance positive à la fois du lieu de bénédiction dans lequel il se trouve, et de Dieu Lui-même maintenant connu vraiment en Christ ; cette liberté est entièrement dissociée de ce qu’il était auparavant. La justification prend toujours en compte ce que nous étions, bien qu’elle nous en dégage ; mais quand cela est vu dans son intégralité, alors nous pouvons nous engager dans toutes les voies de la grâce de Dieu. C’est ce qu’on a ici. La nouvelle parole de l’Éternel a un autre caractère, et elle est donc introduite de manière à marquer combien elle est entièrement distincte des paroles précédentes données au prophète.


25.2 - Troisième discours sentencieux

« Et il proféra son discours sentencieux, et dit : Balaam, fils de Beor, dit, et l’homme dont les yeux sont ouverts, dit : Celui qui entend les paroles de Dieu, qui a vu la vision du Tout-Puissant, qui tombe en transe mais qui a les yeux ouverts, dit : Que tes tentes sont belles, ô Jacob, et tes demeures (tabernacles), ô Israël ! » (24:3-5). C’est le caractère précieux manifeste du lieu où était Israël qui tirait de sa bouche (je ne dis pas de son cœur) l’expression de l’état bel et bon du peuple. « Elles s’étendent comme des vallées, comme des jardins au bord d’un fleuve, comme des arbres d’aloès que l’Éternel a plantés, et comme des cèdres au bord des eaux. L’eau coulera de ses seaux, et sa semence sera au milieu de grandes eaux ; son roi sera plus élevé qu’Agag, et son royaume sera exalté. Dieu l’a fait sortir d’Égypte » (24:6-8a). Dans les deux cas nous avons la sortie d’Égypte du peuple, soit qu’il s’agisse du côté relativement négatif de la justification (23:21-22a), soit du côté positif de la bénédiction riche et joyeuse accordée au peuple par Dieu.


Une autre pensée est frappante. Balaam ne se réfère pas à ce qu’ils devaient devenir en Canaan, mais à ce que Dieu voyait qu’ils étaient — et même à ce qu’il lui était permis de voir qu’ils étaient pendant qu’ils étaient dans le désert. C’est donc une image merveilleusement belle de ce que fait la grâce pour le chrétien et l’Église maintenant. En effet, en vertu de la rédemption, de l’entrée de Christ dans la gloire céleste et de l’envoi du Saint-Esprit, en dépit de tout ce qu’il y a dans ce monde, en dépit de ce qu’on a qualifié à juste titre d’état de ruine de l’Église ici-bas, — nous avons toujours le droit de nous réjouir de la beauté réelle des enfants de Dieu et de Son assemblée déjà maintenant. Sans doute ce n’est une vision que pour la foi ; mais c’est une vision non pour des yeux fermés, mais pour des yeux ouverts, comme il est dit ici. Certainement, ce n’est pas une illusion, ni une imagination humainement surchauffée de ce qu’ils allaient être. C’est ce que Dieu voyait, et se plaisait à nous donner de voir par la foi, dans Son peuple ici-bas. Bien sûr, il s’agissait d’Israël, mais le même principe est tout aussi vrai dans le cas des chrétiens, je n’ai pas besoin de le dire, et cela est vrai avec une force encore plus grande.


25.3 - Effet du Troisième discours sentencieux et son caractère inattendu

Les termes encore plus forts de la vision du début du ch. 24, que Balaam utilise pour parler de la puissance que Dieu conférerait au peuple (24:8-9), amènent la colère de Balak à son comble ; il frappe des mains entre elles (24:10a), et dit : « Je t’ai appelé pour maudire mes ennemis, et voici, tu les as absolument bénis ces trois fois » (24:10b). Nous devons nous rappeler que dans tout cela, Balaam n’était pas plus capable de résister à la puissance de Dieu qui agissait sur lui et par lui, que l’ânesse de Balaam ne pouvait se taire auparavant. Nous ne devons pas supposer qu’il avait la moindre sympathie réelle avec ce que Dieu faisait. Toute l’opération était une affaire de puissance de Dieu, en dépit de tout ce qui pouvait être fait contre Son peuple, et cela parce que Dieu voulait confondre l’ennemi qui avait recours à la puissance de Satan pour attirer la malédiction sur Israël. C’est à cela que Dieu, dans sa grâce souveraine, répondait par une expression si grandiose de Sa bénédiction, et d’un endroit si inattendu.


25.4 - Conclusion des trois premières discours et introduction du quatrième

Mais un effort suprême restait à faire quant à la malédiction. Balak dit donc à Balaam de s’en aller, le raillant sur les honneurs et les richesses qu’il avait l’intention de lui donner, ce que l’Éternel, ajoute-t-il, l’avait empêché de faire. Mais le prophète ne semble ni gagné par le désir de ses gratifications, ni effrayé par la puissance du roi. « Si Balak, dit-il, voulait me donner plein sa maison d’argent et d’or, je ne puis outrepasser le commandement de l’Éternel, pour faire de mon propre chef le bien ou le mal ; seulement ce que l’Éternel dit, je le dirai. Et maintenant, voici, je vais vers mon peuple ; viens donc, et je t’avertirai de ce que ce peuple fera à ton peuple à la fin des jours » (24:13-14). Cela englobe vraiment la fin de ce siècle (de cette ère).


25.5 - Quatrième discours sentencieux

Ainsi, malgré les menaces du roi, et malgré ce qui aurait pu sembler être ses propres intérêts, Balaam a été obligé, après tout, de donner en outre une parole de conclusion de l’Éternel, et cela sans aller à la rencontre… ou plutôt l’Éternel étant venu à sa rencontre. Ce que Balaam donne, c’est ce que l’Éternel a dit et ordonné. Ici, il n’y a pas seulement le titre de Shaddaï (Tout-Puissant ; 24:4,16) comme dans la prophétie précédente, mais celui d’Élion (le Très-Haut), Celui qui disposerait du monde comme il Lui plairait en vue du jugement qu’Il se propose quant à la terre et pour Son peuple ; et ici, le prophète parle sans que le roi le lui demande. C’est l’Éternel d’un bout à l’autre, malgré le soin pris de montrer qu’Il est Dieu (Elohim), et, de manière appropriée au contexte, Shaddai et Élion. « Il proféra son discours sentencieux, et dit : Balaam, fils de Beor, dit, et l’homme dont les yeux sont ouverts dit : Celui qui entend les paroles de Dieu, qui connaît la connaissance du Très-Haut, qui voit la vision du Tout-Puissant, qui tombe en transe mais qui a les yeux ouverts, dit : Je le verrai, mais pas maintenant ; Je le regarderai, mais pas de près » (24:15-17a). Paroles solennelles que celles de l’homme qui prononce la condamnation de sa propre âme. Combien ce n’était guère une question de volonté ou de cœur ! « Je le verrai, mais pas maintenant : Je le regarderai, mais pas de près. Une étoile sortira de Jacob, et un sceptre s’élèvera d’Israël, et frappera les coins de Moab, et détruira tous les enfants de Seth (ou : fils de tumulte). Édom sera une possession, Séhir aussi sera une possession pour ses ennemis ; et Israël agira avec puissance. De Jacob sortira celui qui dominera, et il détruira ce qui restera de la ville » (24:17-19).


25.6 - La fin finale des ennemis

Quand il considère ensuite Amalek, il va plus loin et prononce la condamnation certaine de ceux qui avaient assailli le peuple dans le désert : « Amalek a été la première des nations, mais sa fin dernière sera de périr pour toujours » (24:20). Puis, regardant les Kéniens, il dit : « Forte est ta demeure, et tu as placé ton nid dans un rocher. Toutefois le Kénien sera dévasté, jusqu’à ce qu’Assur t’emmène en captivité » (24:21-22). Et qu’en est-il d’Assur victorieux ? « Et il proféra son discours sentencieux, et dit : Malheur ! qui vivra quand Dieu fera cela ! Des navires viendront de la côte de Kittim, et ils affligeront Assur, et affligeront Héber » (24:23-24). Ainsi, il n’importe pas qu’il s’agisse de puissances occidentales ou orientales, que les adversaires soient nombreux ou peu nombreux, de quelles ressources ils disposeront ou de quel côté ils viendront. Amalek peut être la première des nations, et Assur peut s’annoncer comme la dernière, mais l’affliction viendra sur Assur et sur Héber, « et lui aussi périra pour toujours » (24:24b). Ce sera le jour d’Emmanuel, et non pas celui de David ni des Maccabées. L’Éternel seul sera exalté en ce jour.


Ainsi, la malédiction prévue par Balaam s’est transformée en la plus magnifique expression de bénédiction jamais prononcée sur le peuple de Dieu, — une bénédiction qui s’étend jusqu’aux derniers jours où Israël sera exalté sous le Dieu Très-Haut, le possesseur des cieux et de la terre (Gen. 14:19).


Qui ne voudrait pas faire confiance à un tel Dieu, et à de telles révélations de Sa pensée et de Sa volonté ? Qui ne voudrait pas avoir confiance en Celui qui retourne les ennemis les plus acharnés et les plus subtils avec d’autant plus de force qu’il s’agit de prouver ce que le peuple de Dieu est pour Lui, et combien sont vains les efforts de ses pires ennemis ?


26 - Nombres 25 — Corruption par voie de séduction

Dans Nombres 25, nous voyons un état de choses très différent parmi les hommes, mais le même Dieu au-dessus de tout. Des pièges sont tendus par Moab sur le conseil de Balaam, mais toute leur subtilité ne peut détourner Dieu d’Israël. Balaam (comme nous le savons, bien que cela ne soit pas expliqué ici, mais ailleurs, 31:16) donne à l’ennemi un conseil rusé, et tout réussit au premier abord. S’il n’a pas pu détourner Dieu d’Israël, ne pourrait-il pas détourner Israël de Dieu ? Les femmes madianites deviennent l’instrument de séduction. Cette triste occasion ne fait pas apparaître, comme précédemment, Dieu se servant d’un ennemi pour manifester ce que Lui est pour Son peuple ; mais on voit le sacrificateur Phinées animé d’une sainte indignation, et exécutant le jugement sur le duo coupable en face d’une plaie qui s’abattait sur le peuple dans ces circonstances. Phinées reçoit en conséquence l’alliance d’une sacrificature perpétuelle qui lui est assurée à lui et à sa postérité parce qu’il a été zélé pour son Dieu et a fait propitiation pour les enfants d’Israël.


27 - Nombres 26 — 2ème dénombrement

27.1 - Ce que montre le dénombrement

Après cela, il y a un nouveau dénombrement des hommes d’Israël pouvant aller à la guerre. Ils étaient maintenant sur les frontières de la terre sainte ; et la même grâce de Dieu qui avait pris en compte chaque membre de Son peuple lors de leur entrée dans le désert, donne maintenant la preuve que Son amour n’a pas diminué, et que Son intérêt personnel est resté le même jusqu’au bout. Il y avait tout ce qui aurait pu Le détourner, si cela avait été possible. Sans cela, il y aurait eu simplement la prise en charge du peuple globalement ; mais Il donne ici le témoignage de ce que chacun d’eux était pour Lui ; car Il aime convaincre Son peuple de Son amour inébranlable, malgré tous les manquements de leur part.


27.2 - Les fils de Coré

Il n’y a qu’une remarque à faire sur les personnes énumérées ici, mais elle est d’un grand intérêt, me semble-t-il. Le jugement le plus solennel relaté dans le livre des Nombres était celui de Coré et de sa troupe dans la scène terrible où l’Éternel créa une chose nouvelle, la terre ouvrant sa bouche pour les engloutir vivants. Les enfants de Dathan, d’Abiram et les autres furent tous engloutis, mais, chose merveilleuse, il y eut une exception. Laquelle ? Était-ce une personne particulièrement fidèle, qui avait eu le malheur de leur être associée de près ? Pas du tout. L’exception de la grâce se trouvait dans la maison du pire d’entre eux. Les personnes qui, selon l’appréciation des hommes, méritaient le moins d’être épargnées de la destruction, furent précisément celles à qui Dieu réserva cette grâce spéciale : les fils de Coré ! — de Coré, chef et organisateur de l’apostasie, tant par sa position que par sa conduite, le plus coupable, bien plus coupable que les autres ! Les fils de Coré furent l’objet d’une délivrance des plus singulières. N’est-ce pas là la vraie grâce de Dieu ? C’est le même Dieu que nous connaissons maintenant (1 Pierre 5:12), le même Dieu du commencement jusqu’à la fin. La grâce n’est pas une chose nouvelle pour Lui ; mais où trouver un échantillon plus raffiné de Sa puissance et de Sa supériorité à toutes les circonstances, que dans la grâce spéciale qui sauva de la destruction les enfants de l’opposant Coré, le plus infâme de ceux qui avaient conspiré contre les types de Christ dans Sa royauté et Sa sacrificature, à savoir Moïse et Aaron ? Rien ne peut être plus explicite que l’information donnée ici : « La terre ouvrit sa bouche et les engloutit avec Coré, lorsque cette troupe mourut, quand le feu dévora deux cent cinquante hommes, et ils furent pour signe. Cependant, les fils de Coré ne moururent pas » (26:10,11).


27.3 - Les fils de Coré dans les Psaumes

De plus, je pense que cette préservation des fils de Coré est une clé importante du livre des Psaumes. Tout lecteur attentif aura remarqué que le second livre des Psaumes commence par les psaumes intitulés : « Des fils de Coré » (Ps. 42 à 49 et quelques-uns dans le 3ème livre, Ps. 84, 85, 87, 88). Il s’agit des descendants des hommes en question. Qui étaient si aptes à avoir de tels psaumes et chants que les fils de Coré ? Quel est l’état que suppose le second livre des Psaumes ? Assurément il s’agit globalement des jours d’apostasie future et des pires troubles par lesquels les Juifs auront jamais passé. C’est la dernière et la plus grande tribulation. C’est le temps où la masse de la nation aura complètement mis de côté le vrai Dieu et rejeté Sa grâce, et où elle aura abandonné Sa vérité, se perdant elle-même en la perdant. C’est à cette épreuve ardente que s’appliquent ces psaumes. Sans aucun doute, ce qui a eu lieu au début de leur histoire se répétera à la fin, en pire. Au milieu d’une condition bien coupable, et dans un lien étroit avec les plus coupables, Dieu conservera un résidu — aussi sûrement que les « fils de Coré » dans le désert, — un groupe digne de ce nom, les témoins d’une pareille grâce de Dieu dans la crise finale. Ces psaumes conviendront à ceux qui se trouveront moralement dans des circonstances semblables, et qui seront délivrés par la même grâce de Dieu. Ainsi, nous voyons que nous avons partout à faire au même Dieu de toute grâce, que ce soit dans la loi, dans les psaumes ou les prophètes, que ce soit dans l’évangile ou dans le royaume.


Ensuite, dans le reste du ch. 26, on a le compte rendu du dénombrement.


28 - Nombres 27 — Filles de Tselophkad. Nomination de Josué

28.1 - La requête des filles de Tselophkad

Au ch. 27 qui suit, un incident d’un intérêt considérable illustre la tendre attention que Dieu porte à Son peuple. « Et les filles de Tselophkad, fils de Hépher, fils de Galaad, fils de Makir, fils de Manassé, des familles de Manassé, fils de Joseph, s’approchèrent ; et voici les noms de ses filles : Makhla, Noa, et Hogla, et Milca, et Thirtsa. Elles se tinrent devant Moïse, devant le sacrificateur Éléazar, devant les princes et devant toute l’assemblée, à l’entrée de la tente d’assignation, et dirent : Notre père est mort dans le désert, et il n’était pas du nombre de ceux qui s’ameutèrent contre l’Éternel en la compagnie de Coré ; il est mort dans son péché, et il n’a pas eu de fils. Pourquoi le nom de notre père serait-il supprimé du milieu de sa famille, parce qu’il n’a pas de fils ? » (27:1-3). Il ne restait pas de fils. C’était un cas qui ne s’était pas encore présenté ; mais, comme nous le voyons, les filles de Tselophkad comptaient sur Dieu, et pas en vain. Il est impossible que Dieu soit comme un pauvre homme, disant : « Vous attendez plus de bien que je suis prêt à vous accorder ». Dieu ne pourrait pas faire une telle réponse. Il donne toujours davantage. Quelle que soit la requête de la foi, la réponse de grâce ne manque jamais d’aller au-delà. Ainsi, les filles de Tselophkad eurent leur place assurée dans la bonté de Dieu, bien qu’en dehors de la routine habituelle de la loi.


28.2 - Nomination de Josué. Différence d’avec Moïse

Après cela, l’Éternel commande à Moïse de monter sur le mont Abarim pour voir le pays, et lui dit qu’il va être « recueilli vers ses peuples ». Cela conduit aussi à la nomination d’un autre. Il faut remarquer dans la nomination de Josué, que celui-ci n’est pas moins que Moïse un type de Christ, mais avec une différence précise entre les deux. Josué présente le chef (capitaine) du salut, et cela correspond à Christ ; mais ce n’est plus Christ selon la chair : il n’est pas considéré comme un Messie juif, aussi béni que cela puisse être. Car Christ est bien plus qu’un Messie. Après Son rejet sur la terre, quand il n’était plus question de présentation à Israël comme son Roi, Christ a agi alors dans la puissance du Saint Esprit sans être présent corporellement. C’est cela que Josué représente. C’est Christ, sans aucun doute, mais Christ agissant dans la puissance de l’Esprit, — non pas Christ dans la chair en relation avec les promesses et les espérances d’Israël. C’est ce type que nous voyons ici ; il est développé en détail ailleurs. Mais aucun aspect n’est à négliger.

Quand Moïse conduisait le peuple, il agissait seul ; mais quand Josué les conduit, il est dit : « Il se tiendra devant Éléazar, le sacrificateur, qui interrogera pour lui les jugements d’urim devant l’Éternel » (27:21). Comment cela s’applique-t-il à Christ ? Cela peut sembler être une difficulté, mais en réalité cela confirme l’application qui vient d’être faite ; car nous savons que, tandis que le peuple est conduit à prendre possession de la terre sainte, son privilège est maintenant de traverser le Jourdain, et d’entrer dans ces bénédictions avec lesquelles ils sont bénis dans les lieux célestes. Notez donc ici le lien entre Christ agissant ainsi par l’Esprit et Sa position comme sacrificateur. Au moment même où nous entrons dans nos bénédictions célestes par la puissance de l’Esprit, nous avons aussi Christ comme Sacrificateur dans la présence de Dieu. Avec Moïse, nous ne trouvons pas un tel état de choses. Il ne lui a jamais été dit de se tenir devant le sacrificateur.

Aaron pouvait parler, plutôt que Moïse, car il savait bien parler. Il s’est acquitté d’autres tâches, mais il n’y a rien de comparable à ce qu’on a ici : Dieu veille admirablement sur tous ces types, Il les adapte et les façonne afin d’imprimer la pleine vérité sur nos âmes. Dans le cas de Christ, bien sûr, Il est Lui-même la tête de l’église, pour agir en nous par l’Esprit de Dieu ; mais en plus, Il est le grand Souverain Sacrificateur. Il unit les deux fonctions. Il faut nécessairement deux individus différents dans le type, mais le grand Antitype les combine.


29 - Nombres 28-29 — Fêtes et sacrifices

29.1 - Le livre des Nombres n’est pas seulement celui du désert

En Nombres 28 et 29, nous avons un exposé des fêtes et des sacrifices quelque peu difficile et certainement très différent de celui que nous avons ailleurs. Mais tout est facile pour ceux qui gardent à l’esprit le sujet spécial de ce livre. Il ne s’agit pas simplement, comme on l’a remarqué, d’un pèlerinage à travers le désert. Il s’agit bien de cela, mais il s’agit aussi de la terre. En bref, la terre est la scène, et pour nous le désert. Mais la terre ne sera pas toujours le désert. C’est une remarque importante à faire pour comprendre les Nombres. Car un temps vient où ce qui est maintenant un désert, sera sans doute encore la terre pour le peuple de Dieu qui s’y trouve, mais ce ne sera plus le lieu mouvementé d’épreuves et de peines qu’il est maintenant. Si nous tenons fermement à ce fait, l’application de ces deux chapitres sera rendue plus facile.


29.2 - Les sacrifices

29.2.1 - Ch. 28:3-8 — Sacrifice quotidien

Tout d’abord, nous avons l’offrande en général. Il y a l’odeur agréable de Christ qui monte continuellement, et dans laquelle Dieu considère Son peuple sur la terre. C’est l’Agneau de Dieu qui revêt tous ceux qui sont Siens de Sa propre acceptation devant Dieu. C’est ce que signifiaient les agneaux quotidiens, mais il y a beaucoup plus que cela.


29.2.2 - Ch. 28:9-10 — Sacrifice au jour du sabbat

Il est dit : « Et le jour du sabbat, vous offrirez deux agneaux âgés d’un an, sans défaut, et deux dixièmes de farine, comme offrande de gâteau » (28:9). Ceci mène clairement au repos de Dieu dont le sabbat est toujours la figure bien connue. Quand il arrivera, la seule différence sera que le témoignage à la valeur de Christ sera plus largement répandu et plus complet. Dieu ne manquera jamais de faire que le témoignage de l’odeur agréable de Christ s’élève devant Lui. Le christianisme l’a fait ressortir dans ses profondeurs, mais c’est une chose qui n’est connue que du croyant d’une part, et de Dieu d’autre part.

Mais quand le sabbat se lèvera sur la terre, le vrai sabbat de l’Éternel dans toute sa signification, il y en aura un témoignage public dans le monde entier, — un témoignage sur lequel on ne pourra se méprendre. C’est à cela que semble faire référence les deux agneaux. C’est l’idée du repos de Dieu en contraste avec le temps de travail qui précède le repos (comme, par exemple, dans le temps présent). « Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu » (Héb. 4:9). Le temps du vrai repos n’est pas encore venu. Notez que cela ne signifie pas le repos que nous avons obtenu pour nos âmes par la foi. Nous devons toujours nous garder de cette méprise courante. Il est bien vrai que nous avons maintenant en Christ le repos pour la conscience et pour le cœur ; mais ce n’est pas là le sens de Héb. 4. Il s’agit plutôt du repos de la gloire pour le peuple de Dieu et pour le monde, quand il y aura ce témoignage répandu partout.


29.2.3 - Ch. 28:11 — Sacrifice en début de mois

Viennent ensuite « les débuts de vos mois ». Cette expression est particulière au livre des Nombres et ne se trouve dans aucun autre livre du Pentateuque. La raison en est, semble-t-il, qu’elle est essentiellement liée aux types d’Israël dans le désert — leurs expériences et leurs changements en tant que peuple sur la terre. « Au début de vos mois », c’est-à-dire à la nouvelle lune, lorsque resplendit à nouveau cette lune qui avait disparu. Un tel type ne convient nullement à l’église qui est appelée pendant les ténèbres d’Israël, après que la lumière se soit éteinte et avant qu’elle ne brille de nouveau. « Au début de vos mois, vous offrirez en holocauste à l’Éternel deux jeunes taureaux et un bélier, sept agneaux d’un an sans défaut », avec les offrandes et les libations correspondantes. Le taureau représente la plus grande forme de présentation de Christ offert à Dieu, avec l’idée d’énergie et de dévouement à Dieu, et cela dans un témoignage adéquat figuré par le chiffre « deux ». Les agneaux indiquent encore Christ, je suppose, mais Christ apprécié dans une moindre mesure. Le taureau est l’appréciation la plus complète de Christ. Ceux qui L’avaient si longtemps méprisé Le reconnaîtront désormais avec d’autant plus de ferveur qu’ils L’avaient méconnu auparavant. Le Seigneur en prend note en grâce.

Le bélier est un type de Christ en tant qu’offrande de consécration à Dieu ; ici, ce n’est qu’un faible témoignage — « un bélier ». Les « sept agneaux » signifient la plénitude de l’odeur agréable de Christ devant Dieu. Il y a aussi, comme nous le savons, le nécessaire sacrifice pour le péché.


29.2.4 - Ch. 28:16 — Les premières fêtes jusqu’à la fête des semaines (Pentecôte)

Mais nous arrivons maintenant aux fêtes. Le quatorzième jour du premier mois, on a la Pâque (28:16) avec le sacrifice de deux jeunes taureaux (28:19), exactement la même règle que pour le début des mois, les nouvelles lunes. Ensuite, dans le cas de la fête des semaines, « au jour des premiers fruits, quand vous présenterez une offrande nouvelle de gâteau à l’Éternel » (l’offrande de la Pentecôte), il y a un type similaire (deux jeunes taureaux, un bélier, sept agneaux). Lorsque vos semaines seront écoulées, « vous aurez une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre de service. Et vous présenterez un holocauste en odeur agréable à l’Éternel : deux jeunes taureaux, un bélier et sept agneaux d’un an » (28:26-27).


29.2.5 - Ch. 29:1-11 — Les fêtes du premier et du dixième jour du septième mois

Ce qui fait ressortir plus nettement la vérité, c’est le changement que nous constatons en arrivant au septième mois. C’est le type reconnu de ce qui concerne spécifiquement Israël — Israël convoqué et amené à la bénédiction de Dieu. Ici, nous voyons la différence très marquée ; car il n’est demandé qu’« un jeune taureau, un bélier et sept agneaux d’un an sans défaut ». Il manque la plénitude de la grâce qui s’épanchait envers les Gentils aussi bien qu’envers les Juifs. Ce n’est qu’un seul témoignage de la grâce que Dieu est sur le point de manifester à Son peuple Israël. Il peut inclure la plus grande forme d’appréciation, mais il ne s’agit pourtant que d’un témoignage partiel de la grâce. Il n’y a qu’un seul jeune taureau — et non les deux qu’on trouvait dans le cas précédent.

Pareillement le jour de l’expiation présente aussi la même figure : « Le dixième jour de ce septième mois, vous aurez une sainte convocation ; vous affligerez vos âmes ; vous ne ferez aucune œuvre ; mais vous offrirez à l’Éternel un holocauste d’agréable odeur : un jeune taureau, un bélier et sept agneaux d’un an » (29:7-8).


29.2.6 - Ch. 29:12-16 — La fête des tabernacles

Mais après quelques jours, c’est un type très différent qui nous est présenté. « Le quinzième jour du septième mois, vous aurez une sainte convocation ; vous ne ferez aucune œuvre de service, et vous célébrerez une fête à l’Éternel pendant sept jours ; vous présenterez un holocauste, un sacrifice par feu d’odeur agréable à l’Éternel : treize jeunes taureaux » (29:12-13). Ceci est certainement très remarquable. Pourquoi un tel changement ? Il n’y a rien de tel auparavant. Ce n’est qu’en arrivant à la fête des Tabernacles que ce changement soudain apparaît. Auparavant, nous entendons parler, dans certaines circonstances, de deux taureaux ou d’un seul taureau : ici, il y en a treize. Pourquoi treize ? N’était-ce pas destiné à exercer notre pensée spirituelle quant à la vérité de Dieu ? Ne devons-nous pas en déduire qu’il s’agit de toute l’expression de Christ connue sur la terre, sauf qu’elle n’est pas la plus complète ? Il ne s’agit plus des opérations préparatoires. Le premier et le dixième jour du mois représentent les voies de Dieu préparatoires pour ramener le peuple juif à sa position de témoin de la gloire de Christ dans le millénium. Mais maintenant au quinzième jour, ils sont dans cette position de témoin de la gloire de Christ — non pas dans les processus préliminaires, pour ainsi dire, avec Dieu qui les conduit graduellement. C’est pourquoi nous lisons maintenant : « Vous offrirez un holocauste, un sacrifice par feu d’odeur agréable à l’Éternel : treize jeunes taureaux, deux béliers, et quatorze agneaux d’un an » (29:13). Treize semble signifier que c’est tout, mais pas complet, et que c’est la forme qui l’exprime le plus ; car il est clair que deux fois sept serait l’expression la plus complète. Treize n’est qu’un peu moins ; la figure s’approche au maximum de la complétude. Tel est le type du millénium parmi les fêtes. Le millénium ne sera peut-être pas la perfection, mais il en sera extrêmement proche.

Cette fête nous donne la juste idée de ce grand jour. Il est faux de dire qu’il n’y aura pas de péché dans l’âge à venir. En même temps, le péché sera tout à fait exceptionnel. Il y aura un grand effet produit en l’honneur de l’œuvre du Seigneur Jésus. La réconciliation de toutes choses selon Christ et par Sa croix sera manifestée d’une manière seulement incomplète. C’est ce qui est représenté par la fête ici.


29.2.7 - Ch. 29:17-34 — Le déclin durant le millénium

Mais dans les détails de cette fête, on a la preuve d’un autre fait frappant. Il semblerait que le sens de la grâce du Seigneur ne soit pas conservé de manière adéquate pendant tout le millénium. Hélas ! cet âge présentera des symptômes de déclin, car nous savons par ailleurs qu’à la fin, il y aura un vaste déchaînement de rébellion lorsque Satan sera relâché pour un temps. Il n’y a eu qu’un seul témoin fidèle. Même dans le millénium, lorsque Satan ne tentera plus, il sera constaté le fait solennel qu’il n’y a pas de maintien de la puissance de témoignage avec laquelle ils auront commencé. C’est pourquoi, comme nous le constatons, cette fête représente toute la scène du jour millénaire. Il est dit que le jour suivant, le deuxième jour, « vous offrirez douze jeunes taureaux », et le troisième jour onze taureaux, et le quatrième jour dix taureaux, et le cinquième jour neuf taureaux, et ainsi de suite en décroissant. Il est certain que tout cela a non seulement une signification, mais que celle-ci indique qu’il n’y aura pas le maintien du même dévouement qu’au début.


29.2.8 - Ch. 29:35-39 — Le huitième jour, un témoignage à une scène céleste

Néanmoins, le dessein de Dieu ne faillit jamais. C’est pourquoi nous trouvons qu’au huitième jour « vous présenterez un holocauste, un sacrifice par feu d’odeur agréable à l’Éternel, un taureau, un bélier et sept agneaux » (29:36). Le huitième jour ne nous apporte ici qu’un seul témoignage, indiquant ce qui est hors de la terre. Il peut sembler extraordinaire, à première vue, que le huitième jour soit inférieur aux sept jours. Pendant les sept jours, le nombre n’est jamais descendu jusqu’à un seul taureau. Mais la raison semble être la suivante : dans les Nombres, nous avons le témoignage et le service de Christ sur la terre, et par conséquent rien de plus qu’un témoignage à ce qui est en dehors et au-dessus de la terre. Cela porte les regards vers une autre scène, une scène céleste, qui n’était pas proprement le sujet du livre. Ce n’est donc qu’un témoin isolé des choses célestes, et non leur introduction en puissance.


30 - Nombres 30 — Les obligations issues de vœux

Nombres 30 présente un autre exposé, très différent, de la vérité de Dieu. Il s’agit de diverses relations. Nous rencontrons ici un principe très béni. L’ordre des relations dépend de celui à qui nous sommes en relation. C’est Lui qui gouverne. L’arrangement de Dieu dans ces questions n’est pas de faire reposer le poids sur le plus faible en place de responsabilité, mais sur le plus élevé, qui est censé avoir la force et la sagesse.


30.1 - Vœu d’un homme

Le premier cas dont il est question dans ce chapitre est le suivant : « Si un homme fait un vœu à l’Éternel, ou s’il prête serment de lier son âme par une obligation, il ne violera pas sa parole, il fera tout ce qui sera sorti de sa bouche » (30:3). Ne savons-nous pas de qui il s’agit ? Nous connaissons Celui qui n’a jamais besoin qu’on Lui rappelle une parole : en effet, il n’y en a pas d’autre. Sa parole tient ; nous pouvons nous y fier sans crainte.


30.2 - Vœu d’une femme

Mais il n’en va pas de même pour la femme, le vase plus faible. « Si une femme fait un vœu à l’Éternel et se lie par une obligation, étant dans la maison de son père dans sa jeunesse, et que son père entende son vœu et l’obligation par lequel elle a obligé son âme, et que son père ait gardé le silence à son égard, tous ses vœux subsisteront et tous les engagements par lesquels elle a lié son âme seront valables » (30:5). Telle est notre position, comme c’était celle d’Israël. Ils tenaient la place de la femme selon le type de ce chapitre, comme l’homme était l’Éternel-Messie, sans doute, dans toute sa portée. Mais c’est l’Éternel qui parlait, et Ses paroles demeuraient ; l’Éternel-Messie était Celui d’Israël qui était infaillible.

Beaucoup de paroles irréfléchies étaient dites, beaucoup de vœux insensés étaient faits. Comment Lui les traitait-Il ? De deux manières. Il agissait dans la puissance de Sa grâce, et désavouait ce qui était dit à tort, ne liant pas le vœu insensé sur celle qui avait parlé imprudemment de ses lèvres. Il permettait que ses paroles disparaissent, qu’elles soient rompues, qu’elles n’aient pas d’effet contraignant. Quelle grâce de la part du Seigneur ! D’un autre côté, agissant dans Sa sagesse gouvernementale, Il pouvait permettre que l’insensée constate sa folie ; et Il le faisait. Cela aussi a été vrai pour Israël. Il a permis que Son peuple sente les conséquences de ce qu’ils avaient dit dans leur orgueil.

Mais il est certain que le jour vient où Il agira dans la plénitude de Sa grâce, et tout ce qui est insensé sera comme non entendu, non enregistré, et effacé pour toujours.


30.3 - Comment l’appliquer au chrétien

La même chose est vraie, considérée dans une autre relation. Supposons qu’il ne s’agisse pas d’un père avec son enfant, mais d’un mari (30:6-8) : dans ce cas, tout dépend du mari. Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur la façon dont cela s’applique parfaitement soit par rapport à Israël soit par rapport à l’Église. Toute notre bénédiction dépend de Celui à qui nous appartenons. En même temps, dans Son gouvernement, Il peut nous permettre de sentir notre propre manque de sagesse et manque de s’attendre à Lui.

D’un autre côté, quand il est question d’une veuve ou d’une divorcée, il est clair que la personne est en dehors d’une relation, et alors tout demeure (30:9-10). Mais ce n’est pas la relation du chrétien ou de l’Église, si nous croyons les Écritures. Israël peut être une veuve, et peut aussi être considéré comme divorcée, mais jamais l’église, l’épouse de Christ. Pour nous, nous savons que le mariage est encore à venir, et c’est de cette manière que l’Écriture le considère. Vous voyez donc que la puissance de la pleine grâce reste entre les mains de notre Époux. Nous avons la position d’enfants, et notre Père agit donc dans la plénitude de Son amour. Nous avons la place de l’épouse, mais pas encore mariée. Elle repose entre Ses mains pour qu’Il agisse en parfaite grâce. Il n’en va pas de même pour Israël. C’est pourquoi nous trouvons un autre cas de double action de la part de l’Éternel — d’une part une sévérité qui n’oublie pas leur folie, mais la juge ; et d’autre part une pleine miséricorde qui remédie selon Son propre amour. L’Éternel a exécuté l’une, mais Il fera certainement preuve de l’autre.


31 - Nombres 31 — Contre les madianites

31.1 - Selon les intérêts de l’Éternel et d’Israël

Dans Nombres 31, nous avons un principe béni auquel il a déjà été fait brièvement allusion, mais qui est maintenant appliqué. Nous avons vu que Balaam ne pouvait pas séparer Dieu d’Israël. Nous avons vu qu’il a, en fait, séparé Israël de Dieu dans une certaine mesure. Dieu ne pouvait pas permettre que Son serviteur (Moïse) meure avant de voir cette disgrâce complètement effacée. Comment cela s’est-il fait ? « Exécute la vengeance », dit l’Éternel, « des fils d’Israël sur les Madianites, après quoi tu seras recueilli auprès de tes peuples » (31:2). Il aurait été inconvenant à la grâce de Dieu envers Son serviteur de laisser une pensée douloureuse sur son cœur, maintenant qu’il allait être recueilli auprès de ses pères et allait s’endormir. « Moïse parla au peuple, et dit : Armez quelques-uns d’entre vous pour la guerre, qu’ils aillent contre les Madianites et qu’ils exécutent la vengeance de l’Éternel sur Madian » (31:3). N’est-ce pas là de la perfection ? Quand l’Éternel a parlé, Il a dit à Son serviteur d’exécuter la vengeance des fils d’Israël sur les Madianites ; mais quand Moïse parle, il leur dit d’exécuter la vengeance de l’Éternel sur les Madianites. Avec combien d’exactitude l’Éternel assure Sa propre gloire, et Il le fait en grâce envers Son peuple ! l’Éternel pensait aux enfants d’Israël, et les fils d’Israël pensaient à l’Éternel. C’était un intérêt commun — l’Éternel et Israël avaient à cœur une seule et même chose. C’était bien la vraie et puissante grâce de Dieu qui renversait complètement ce que le péché de l’homme avait accompli. Lorsqu’ils tombèrent sous l’emprise du piège, il aurait pu sembler qu’ils devaient être séparés de l’Éternel. Mais non ; le lien devait être fixé, pour ne jamais être rompu.


31.2 - Vengeance de l’Éternel

En conséquence, l’expédition n’exigeait pas de grandes forces : il n’était pas question de rassembler tout Israël maintenant. Un petit corps suffirait. Ce devait être une compagnie choisie, non pas les plus braves, mais des membres de chaque tribu. Il s’agissait d’exécuter la vengeance de l’Éternel sur les Madianites, et les tribus se partageraient également la tâche. Tout ce qui tendrait à faire intervenir Israël dans son ensemble ferait échouer cette identification à Son nom en leur donnant de l’importance, même si cela ne revêtait pas l’aspect d’un sentiment national ou de vengeance personnelle. Cela ne devait être ni l’un ni l’autre maintenant ; tout devait être fait saintement en Son nom. Il fallait que ce soit la vengeance de l’Éternel. En conséquence, elle est ordonnée selon une manière sacrée, avec un groupe choisi de chaque tribu. « On détacha d’entre les milliers d’Israël, mille de chaque tribu, douze mille hommes armés pour la guerre » (31:5) — un groupe relativement petit pour faire face à un peuple redoutable.

« Moïse les envoya à la guerre, mille de chaque tribu, eux et… » et qui ? Un capitaine ? un capitaine d’élite ? Josué ? — Non ; « Phinées, fils du sacrificateur Éléazar, à la guerre, avec les instruments sacrés, et les trompettes au son éclatant dans sa main » (31:6). Le conducteur devait être saint, et les instruments sacrés ne devaient pas manquer. Les trompettes devaient être là pour les oreilles de l’Éternel aussi bien que pour celles d’Israël. Le résultat ne pouvait être mis en doute, et l’issue du combat nous est immédiatement présentée.


31.3 - Butin partagé

De plus, on voit que l’Éternel établit des principes très sains quant au partage du butin. Une certaine réserve est faite. Le principe est le suivant : rien ne peut être utilisé par Israël sans avoir passé par le feu. Tout ce qui était pour eux devait passer par le jugement scrutateur de Dieu. En outre, le peuple qui n’avait pas combattu devait avoir sa part aussi bien que celui qui avait combattu. Il était réservé à David de décider qu’ils devaient tous avoir la même part (1 Sam. 30:24). Cette ordonnance devrait attendre un autre jour. Mais ici, elle n’était pas conforme à la pleine grâce du jour. C’était une saison de bonté, et rien de plus.


32 - Nombres 32 — Le choix de ceux qui voulurent rester en deçà du Jourdain

D’après le ch. 32 qui suit, il semblerait que ce soit cette victoire qui ait suggéré une pensée hâtive aux chefs de certaines tribus d’Israël. Ils aimaient particulièrement le pays conquis, et désiraient rester du mauvais côté du Jourdain. Moïse en fut affligé. Néanmoins, après les avoir consultés, il leur céda ; seulement, il insista sur leur devoir d’aider leurs frères. En attendant, quelle que soit la part de répartition qu’ils avaient choisie pour eux-mêmes (et ils durent faire le constat du manque de sagesse de choisir ainsi, au lieu d’accepter le choix de l’Éternel), ils durent néanmoins partager les conflits du peuple en Canaan.


33 - Nombres 33 — Étapes du voyage

Nombres 33 témoigne d’une autre et belle vérité, le souvenir que l’Éternel a de tout le passé, de tous nos voyages, de toutes les scènes de difficultés issues de notre faiblesse, et pire encore occasionnellement, issues de jugements solennels. Tout cela est répété ici. Il était bon de penser à Ses voies envers eux ; pour ceux qui étaient sur le point d’entrer dans une nouvelle scène, il était bon de regarder en arrière sur chaque étape du voyage. Ce chapitre est donc loin d’être un chapitre sans importance, ou, comme on pourrait penser superficiellement, une simple liste sèche de noms. Il n’y a aucune partie de l’Écriture qui n’ait un but divin et moral.


34 - Nombres 34. Ch. 35 — Les villes de refuge

Le ch. 34 qui suit, présente les personnes qui devaient partager l’héritage.

Ceci introduit en Nombres 35 l’institution singulière des villes lévitiques, dont certaines étaient réservées à ceux qui auraient pu être coupables d’effusion de sang. Si l’effusion de sang était faite avec intention de nuire, le coupable ne pouvait trouver aucun abri dans un tel asile. Ces villes ne pouvaient servir que de prison d’où le coupable serait pris et jugé en temps voulu. Mais dans beaucoup de cas la mort s’ensuivait sans qu’il y ait eu malice. D’un côté Dieu ne voulait pas que verser le sang soit pris à la légère ; d’un autre côté, Il ne voulait pas ranger les innocents dans la classe des meurtriers.


34.1 - Le pardon possible conformément au Nouveau Testament

Le ch. 35 expose ensuite d’une manière concrète ce qui était toujours devant les yeux de Dieu : l’acte de culpabilité par le sang qui allait se produire, et la manière divine d’agir envers Israël à cet égard. Je n’ai pas besoin de dire beaucoup de mots à ce sujet. Israël s’est souillé de sang, et se tient accusé devant Dieu d’avoir mis à mort son propre Messie. La grâce de Dieu agit, et aussi le jugement de Dieu. Les deux sont vrais, et les deux sont vrais pour Israël. Il y a eu ceux qui L’ont tué volontairement, et qui en ont déjà porté le jugement et qui le porteront encore. Mais il y a eu ceux pour lesquels la grâce a plaidé, et certainement pas sans réponse ; car Celui-là même dont le sang a été versé, a crié à Dieu du haut de la croix pour intercéder en leur faveur : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23:34). Quelle puissance et quelle merveille dans le calcul de la grâce ! L’Esprit de Dieu répondit à cela quand il amena Pierre à dire : « Je sais que vous l’avez fait par ignorance, de même que vos chefs » (Actes 3:17). Et c’est ainsi qu’il y a eu ceux qui non seulement ont trouver un abri, mais qui, l’ayant trouvé, ont été gardés par Dieu. Bien plus : dans un certain sens providentiel, cela s’applique même à ceux qui n’ont pas été amenés de la place des Juifs à celle des chrétiens ; mais cela n’apparaît pas ici, car Dieu ne voulait pas que l’appartenance au corps de Christ soit ainsi anticipée.


34.2 - La limitation de protection selon la vie du grand sacrificateur

Mais nous avons un type important de la place des Juifs sur la terre. L’homme abrité dans la ville de refuge à cause du sang versé, et qui, au lieu d’être mis à mort, y trouvait un séjour temporaire, était dans l’attente du moment où il pourrait revenir. Cette limitation de son séjour est donnée ici. Elle n’apparaît que dans le livre des Nombres. Le meurtrier (est-il dit) « y restera jusqu’à la mort du grand sacrificateur, qui a été oint de l’huile sainte. Mais si le meurtrier vient à sortir des limites de la ville de son refuge, où il s’était enfui, et que le vengeur du sang le trouve hors des limites de la ville de son refuge, et que le vengeur du sang tue le meurtrier, il ne sera pas coupable de sang, car il aurait dû rester dans la ville de son refuge jusqu’à la mort du grand sacrificateur ; mais après la mort du grand sacrificateur, le meurtrier retournera dans le pays de sa possession » (35:25-28).


34.3 - Application à Israël maintenant et dans l’avenir

Ceci subsiste pour Israël. Ce peuple est celui qui a versé le sang et est maintenant dans la ville de refuge. Christ exerce maintenant Sa sacrificature selon le type dont il est question ici, et Il est le sacrificateur oint qui « est toujours vivant pour intercéder » dans la présence de Dieu (Héb. 7:25) ; aussi longtemps qu’il en est ainsi, le meurtrier doit rester hors du pays de sa possession. Le Juif ne reviendra jamais comme accrédité de Dieu tant que Christ exercera Sa sacrificature comme maintenant, en haut, à l’intérieur du voile déchiré. Mais nous savons bien que notre Seigneur Jésus va revenir. Nous savons donc qu’il va mettre fin à la forme (*) sous laquelle Il exerce maintenant Sa sacrificature, ce qui est représenté en type par la mort du grand sacrificateur oint de l’huile sainte. La mort du grand sacrificateur actuel en ce jour-là typifie la fin de ce caractère de sacrificature dans laquelle notre Seigneur agit maintenant.


(*) Héb. 7:24 semble contredire en ce qu’il est dit que Christ a la sacrificature qui ne se transmet pas, contrairement à celle d’Aaron, de père en fils. Il a le sacrificature intransmissible (ἀπαράβατον). — Mais il s’agit en fait d’une négation du transfert par succession, et non du changement de forme de sacrificature selon Sa grâce et Sa sagesse dans le siècle à venir.


C’est ainsi que, lorsque le Seigneur n’accomplira plus le type d’Aaron à l’intérieur du voile, lorsqu’Il sortira comme le grand Melchisédec, il y aura non pas une nouvelle base, mais une nouvelle forme et un nouveau caractère de Sa sacrificature ; elle ne sera plus comme maintenant une sacrificature d’intercession fondée sur le sang seulement, mais il y aura ce qui correspond à l’apport du pain et du vin, comme le sacrificateur du Dieu Très-Haut, possesseur du ciel et de la terre (le nom millénaire de Dieu) (Gen. 14:18-20). Lorsque ce jour viendra, le meurtrier n’aura plus besoin d’être protégé dans la ville de refuge, mais il retournera dans le pays de son héritage.


35 - Nombres 36 — L’héritage demeurant dans la tribu

En Nombres 36, nous avons un autre point qui conclut le récit des filles de Tselophkad. De même que l’avis précédent honorait leur foi, de même celui-ci sert de garde-fou et met de l’ordre dans cette affaire, assurant la gloire de Dieu, mais évitant la confusion parmi les hommes ; car les tribus d’Israël devaient être dûment gardées. D’un côté, il était conforme à la bonté de Dieu que les filles héritent s’il n’y avait pas de fils ; d’un autre côté, il ne pouvait être permis que l’héritage sorte de la tribu de leurs pères. C’est ce qui est prévu ici, comme l’autre côté était disposé auparavant. Ainsi, le livre entier abonde, du début à la fin, en preuves répétées, continues et parfaites de la sollicitude de l’amour de Dieu pour Son peuple sur la terre.