Manuel Seibel
Truth and Testimony, 2014, n°4, p. 53 à 156
Table des matières :
1 - La nouvelle alliance dans le Nouveau Testament
2 - La nouvelle alliance dans l’Ancien Testament
4 - La nouvelle alliance dans l’épître aux Hébreux
5 - Ministres de la nouvelle alliance
6 - Une bénédiction plus grande et un horizon étendu
Dieu n’a pas fait d’alliance avec Ses enfants qui sont rachetés au temps de la grâce. Il leur a donné la vie en abondance (Jean 10:10), et les a adoptés en tant que fils (Éphésiens 1:5). Il serait déplacé pour des parents d’établir un contrat avec leurs enfants, et c’est ainsi que nous comprenons que Dieu notre Père n’a pas fait d’alliance avec nous.
Cependant dans le Nouveau Testament il est souvent fait référence à « une nouvelle alliance ». Dans les quatre récits de la Cène, le Seigneur la mentionne en parlant de la coupe et de son sang (Matthieu 26:28 ; Marc 14:24 ; Luc 22:20 ; 1 Corinthiens 11:25). Dans l’épître aux Hébreux nous trouvons encore trois références à ce terme (8:8 ; 9:15 ; 12:24). En outre l’apôtre Paul parle de ‘ministres de la nouvelle alliance’ en 2 Corinthiens 3:6. Nous allons passer rapidement en revue ces passages de l’Écriture pour expliquer en quoi le chrétien est concerné par la nouvelle alliance.
S’il y a une « nouvelle alliance », c’est logiquement qu’il y a une « ancienne alliance ». Or sans aucun doute, cette dernière expression se rapporte à l’alliance que Dieu a faite avec son peuple terrestre, la nation d’Israël, au mont Sinaï (Exode 24:8). Là, Il leur a promis une bénédiction s’ils obéissaient et gardaient tous Ses commandements. Cela veut dire que c’était une alliance bipartite (impliquant des obligations pour les deux parties).
En contraste avec cela, Jérémie 31:31 présente la nouvelle alliance que Dieu fera avec le résidu futur de Juda et d’Israël comme une alliance où c’est Lui qui exécute toutes les obligations. Le résultat de cet arrangement ne dépendra plus de la fidélité du peuple, mais de Dieu seul qui, par Sa fidélité immuable, leur garantira une bénédiction éternelle. Il pardonnera au résidu croyant toutes leurs transgressions.
Jérémie 31 montre tout à fait clairement que les deux alliances représentent des contrats entre Dieu et le peuple d’Israël. Ceci n’a rien à faire avec ceux qui sont rachetés durant le temps de la grâce.
On peut se demander pourquoi le Seigneur Jésus a mentionné la nouvelle alliance quand Il a institué la Cène. Il s’adressait à Ses disciples, des Juifs qui étaient à ce moment-là sous l’ancienne alliance. Cependant peu après, ils allaient faire partie des rachetés du temps de la grâce que Dieu voulait mettre dans une position entièrement différente. Après la Pentecôte, ils ne seraient plus des Juifs, mais l’assemblée de Dieu (voir 1 Corinthiens 10:32). Qu’avaient-ils donc à faire avec la nouvelle alliance ? Ceci devient d’autant plus significatif si nous considérons le fait suivant : l’Esprit de Dieu fait référence à la parole du Seigneur sur la nouvelle alliance dans chacun des quatre récits de la Cène, y compris celui reçu par l’apôtre Paul directement du Seigneur glorifié dans le ciel (1 Corinthiens 11:23-26). Quelle en est l’explication ?
D'abord, ne tirons pas la conclusion fautive que le chrétien est cocontractant de la nouvelle alliance. Ce n’est certainement pas le cas ; aucun passage de l’Écriture ne l’appuie. Mais notons les paroles du Seigneur quand Il introduit la Cène. Paul écrit : « cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang » (1 Corinthiens 11:25). Le sang versé du Seigneur Jésus est la base pour toute bénédiction que Dieu peut donner à l’homme. Ceci inclut la nouvelle alliance que Dieu fera avec Son peuple terrestre dans le millénium. Le pardon des péchés assuré par ce moyen n’est rendu possible qu’à cause de l’expiation du péché faite par Christ.
En instituant la Cène, le Seigneur a désiré qu’il soit bien clair que les chrétiens ne doivent pas penser qu’ils sont les seuls fruits de Son œuvre. Pour cette raison, Il a volontairement attiré notre attention sur la nouvelle alliance, et Il l’a fait dans ce qui est l’expression visible la plus haute de notre communion avec Lui. N’oublions jamais qu’Il a aussi donné Sa vie jusqu’à la mort en sorte que Son peuple terrestre puisse être restauré dans un jour à venir. Il ne veut pas que nous perdions de vue la bénédiction d’Israël.
Une pensée encore plus touchante est que le Seigneur Lui-même n’a jamais oublié Son peuple. Il était sur le point d’introduire quelque chose de complètement nouveau. Durant Son absence de la terre, ceux qui allaient être le plus près de Lui, à savoir Son épouse céleste, allaient jouir de Son souper, la Cène. Mais en même temps le Christ souffrant et rejeté n’oubliait pas Son peuple terrestre. Eux aussi entreraient dans la jouissance de la bénédiction éternelle. Sur la croix Son sang allait couler également pour eux. En un sens Il se réjouissait de ce fait quand Il leur donnait ce souper, la Cène.
Les trois passages de l’épître aux Hébreux qui se réfèrent à la nouvelle alliance (8:8 ; 9:15 ; 12:24) indiquent que la première alliance donnée par Dieu dans l’Ancien Testament n’était que de nature temporaire. S’il allait y avoir quelque chose de nouveau, l’ancien devait disparaître. La nouvelle alliance, c’est à dire la seconde qui remplace la première, est une meilleure alliance. Ce n’est plus quelque chose de passager, mais d’éternel ; c’est à dire qu’elle gardera toute sa valeur durant tout le millénium. Les destinataires de l’épître aux Hébreux, des chrétiens nés Juifs, ne devaient donc pas s’attacher au culte divin sous ses formes anciennes. Certes, il avait été institué par Dieu, mais Il ne l’avait donné que comme un guide dirigeant vers Christ (Galates 3:24). Maintenant Christ est venu et a accompli, remplacé et terminé tout ce qui était ancien (voir Romains 10:4).
Hébreux 9:15 nous montre que le parfait médiateur de la nouvelle alliance, Christ, est le Garant de la bénédiction de ceux qui croient en Lui. Son œuvre de rédemption est la base de toute bénédiction. Dieu peut accorder le pardon à ceux qui se reposent sur l’œuvre de la croix. Le sang de Christ est le fondement qui assure la sécurité éternelle, car comment Dieu pourrait-Il jamais mettre de côté l’œuvre de son Fils ? C’est impossible.
Nous arrivons maintenant à 2 Corinthiens 3:6. Paul écrit que « Dieu nous a rendus », lui l’apôtre et ses compagnons, « propres pour être des ministres de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ».
Quand Paul se désigne, lui et ses compagnons, comme des ‘ministres de la nouvelle alliance’ (*), l’Esprit de Dieu indique que, le fait que le sang de Jésus ait été versé, est la base de notre bénédiction ET des bénédictions du résidu futur d’Israël. La marque distinctive de la nouvelle alliance est la proclamation du pardon des péchés et de la grâce divine qu’elle apporte. Paul exerçait ce ministère de la grâce, et nous le pouvons aussi. Nous n’anticipons pas seulement des bénédictions spirituelles d’un jour futur, mais nous jouissons de ces bénédictions dans un sens beaucoup plus profond et plus vaste, parce qu’elles sont liées à Christ glorifié et à l’habitation du Saint Esprit. Ceci signifie que le ministère chrétien de la nouvelle alliance a un caractère plus noble.
(*) La force du langage de l’original « ministre de la
nouvelle alliance », est que la nouvelle alliance est le caractère
plutôt que le contenu
de leur ministère (note Ed.).
Il y a quelque chose à bien retenir : la nouvelle alliance comme telle n’a pas été conclue avec nous. C’est pourquoi Paul ajoute : « non de la lettre, mais de l’esprit ». C’est aussi ce qui rend clair que le ministère chrétien est directement lié au Saint Esprit qui nous a rendus propres pour ce service. C’est Lui qui nous rend capable de nous occuper des personnes. Et Il ne veut pas que nous perdions de vue que nous ne sommes pas les seuls à jouir des bénédictions de l’œuvre de Christ.
Nos bénédictions sont plus élevées que celles des croyants de toutes les autres époques. Cependant eux aussi entrent dans leurs bénédictions à cause de l’œuvre de Christ. Ils peuvent être cocontractants de la nouvelle alliance, et par suite se tenir dans une relation légale avec Dieu, mais la base de leur joie est la même que la nôtre. Ainsi donc, quand nous lisons quelque chose au sujet de la nouvelle alliance, notre horizon dépasse l’époque, ou dispensation actuelle. Dieu nous l’a révélé de sorte que nous pouvons nous réjouir avec Christ au sujet de cette bénédiction merveilleuse et éternelle. Son fruit est d’une immense portée, il s’étend au-delà de nous, mais ceci ne modifie pas le fait que nous sommes ceux qui sont le plus près de Son cœur.