POUR MIEUX COMPRENDRE quelques termes bibliques

Pierre ROSSEL

1980-1988


(49) ROYAUME

Le royaume est l’un des grands sujets de la Révélation divine. Dans le Nouveau Testament il est caractérisé par certaines expressions qu’il importe de connaître et de distinguer.

1. Le royaume de Dieu : « Jésus vint en Galilée, prêchant l’évangile du royaume de Dieu » (Marc 1:14).

2. Le royaume des cieux : « Jésus commença à prêcher et à dire : Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché » (Matt. 4:17). Cette expression ne se rencontre que dans l’évangile selon Matthieu.

3. Le royaume du Père : « les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (Matt. 13:43).

4. Le royaume du Fils de l’homme : « quelques-uns… ne goûteront point la mort jusqu’à ce qu’ils aient vu le Fils de l’homme venant dans son royaume » (Matt. 16:28).

5. Le royaume de Jésus : « Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde… mon royaume n’est pas d’ici » (Jean 18:36).

6. Le royaume du Christ et de Dieu : « aucun fornicateur, ou impur, ou cupide… n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu » (Éph. 5:5).

7. Le royaume du Fils de son amour : « rendant grâces au Père qui… nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour » (Col. 1:13).

8. Le royaume du Seigneur : « Le Seigneur… me conservera pour son royaume céleste » (2 Tim. 4:18).

9. Le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ : « l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous sera richement donnée » (2 Pierre 1:11).

10. Le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ : « le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ est venu, et il régnera aux siècles des siècles » (Apoc. 11:15).

Telles sont les diverses expressions dont l’Esprit de Dieu se sert pour définir ce qu’est le Royaume, selon qu’il est présenté dans le Nouveau Testament.

L’Esprit de Dieu présente donc le royaume sous divers aspects qu’il importe de ne pas confondre. Quelle est leur signification ?


1. Le royaume de Dieu

C’est la sphère où Dieu gouverne, le domaine où s’exerce le pouvoir gouvernemental de Dieu (R.B.) On ne peut y entrer que par la nouvelle naissance, selon que le Seigneur l’enseigne : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3:5). Sa portée est avant tout morale ou spirituelle. Ainsi l’apôtre Paul écrit : « Le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l’Esprit Saint » (Rom. 14:17). Tout croyant appartient à un tel royaume. Il n’est pas seulement un enfant de Dieu. Il est aussi un sujet du royaume. Comme tel il doit obéissance et soumission à Dieu, son Père.


2. Le royaume des cieux

Cette expression est en contraste avec les royaumes de la terre. Le roi Nébucadnetsar devait apprendre que son royaume lui demeurerait, lorsqu’il aurait « connu que les cieux dominent » (Dan. 4:26).

Seul l’évangile selon Matthieu, l’évangile du Roi promis au peuple d’Israël, fait mention du royaume des cieux. Le Seigneur Jésus, le Messie annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament, est apparu sur la terre, prêchant le royaume des cieux. N’ayant pas été reçu, il n’était pas possible qu’il établit son règne. Le Seigneur est alors devenu le Roi caché dans les cieux, et le royaume allait s’établir d’une manière mystérieuse (S.P.). C’est ce qu’il dit à ses disciples : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des cieux » (Matt. 13:11). Ce n’est que plus tard, lors de la repentance des enfants d’Israël, que le royaume ne sera plus en mystère, mais en gloire et en puissance.


3. Le royaume du Père

C’est le ciel, le royaume céleste où le Père a son domicile (H.R.). Les évangiles parlent du royaume de mon Père, de votre Père, de leur Père.

Le Seigneur Jésus, lors de l’institution de la Cène, dit du fruit de la vigne : « Je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père », c’est-à-dire dans le ciel (Matt. 26:29). Il avait encouragé ses disciples auparavant en leur disant : « Il a plu à votre Père de vous donner le royaume » (Luc 12:32). Ils avaient désormais à le rechercher, et toutes les choses nécessaires de la terre leur seraient données par-dessus. Le Seigneur parle enfin des justes, de ceux qui l’auront suivi : ils brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père (Matt. 13:43). Ce n’est pas le royaume établi en gloire sur la terre, mais la sphère céleste du royaume, où ils vivront dans un climat de douce intimité avec Dieu. Quant à ceux qui auront commis l’iniquité, leur part sera dans la fournaise de feu, là où seront les pleurs et les grincements de dents.


4. Le royaume du Fils de l’homme

C’est la sphère terrestre du royaume de Celui qui, après avoir connu l’humiliation profonde, apparaîtra en gloire : « le Fils de l’homme venant… avec puissance et une grande gloire » (Matt. 24:30). Il dominera alors sur toutes les oeuvres des mains de Dieu, selon que le déclare le psaume 8 (A.L.). La scène de la transfiguration est un échantillon de cette gloire, que le Seigneur a accordée à ses disciples : « Il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne goûteront point la mort jusqu’à ce qu’ils aient vu le Fils de l’homme venant dans son royaume » (Matt. 16:28).


5. Le royaume de Jésus

C’est le royaume céleste dont Jésus est le Roi et dont il parle à Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde… mon royaume n’est pas d’ici ». Comme Fils de l’homme, il établira plus tard son règne sur la terre. Mais, pour le temps présent, il confesse qu’il n’est pas venu pour régner, mais pour rendre témoignage à la vérité (Jean 18:36, 37). C’est là la belle confession faite par le Christ Jésus devant Ponce Pilate, dont parle l’apôtre Paul à Timothée (1 Tim. 6:13).


6. Le royaume du Christ et de Dieu

Devant hériter d’un tel royaume, le croyant doit en manifester ici-bas les caractères moraux. Il est exhorté à marcher dans l’amour, comme des enfants de lumière, comme il convient à des saints (Éph. 5:3, 5). Ce royaume est appelé d’abord le royaume du Christ, de l’Oint de Dieu, car c’est Lui qui, introduisant les siens dans cette scène de félicité et de gloire éternelles, en sera le Chef et le Centre. Il est ensuite nommé le royaume de Dieu, ce qui rappelle au croyant qu’il a à marcher d’une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire (1 Thess. 2:12).


7. Le royaume du Fils de son amour

C’est le royaume, la sphère céleste du royaume, le royaume bienheureux de l’amour, où l’amour règne et domine tout. Délivrés du pouvoir des ténèbres, nous y avons été transportés par la grâce de Dieu (Col. 1:13). Là, maintenant déjà, nous pouvons contempler « la Personne adorable du Fils qui nous y est présentée comme étant les délices éternelles du Père, comme étant Celui sur lequel se déverse son amour » (H.R.).


8. Le royaume céleste du Seigneur

L’apôtre Paul, arrivé au terme de sa vie, savait qu’il serait délivré de toute mauvaise oeuvre, de tout mal de la part du Méchant, de l’Ennemi de l’oeuvre de la grâce de Dieu. Si même il devait être retranché de la terre, il savait que, de toutes manières, il serait conservé pour le royaume de son Seigneur. Il s’en irait pour jouir de lui, à jamais, dans la gloire du ciel.

L’apôtre parle très souvent du Seigneur dans la deuxième épître à Timothée, la dernière épître qu’il a écrite. C’est le Seigneur qui s’était tenu près de lui et qui l’avait fortifié. Ce sera encore le Seigneur qui le recevra dans son royaume céleste. Aussi, dans cette attente, le coeur du vaillant serviteur l’adore-t-il : « À Lui la gloire, aux siècles des siècles ! Amen » (2 Tim. 4:18).


9. Le royaume éternel de notre Seigneur

Le royaume éternel, le ciel où règne notre Seigneur, appartient à tout croyant. Toutefois l’entrée dans un tel royaume peut être riche ou chiche (H.R.). À ceux qui n’auront rien trouvé dans le monde, qui auront tout trouvé dans leur Seigneur, une riche entrée sera accordée. Mais à ceux qui ne se seront pas préoccupés des choses d’en haut, qui auront vécu dans la poursuite des choses de la terre, il ne sera donné qu’une pauvre entrée (2 Pierre 1:11).

L’apôtre Paul parle du royaume céleste du Seigneur. L’apôtre Pierre voit s’ouvrir devant lui le royaume éternel du Seigneur et Sauveur Jésus Christ. L’un et l’autre étaient conscients de l’autorité de Celui qu’ils servaient et dans la gloire duquel ils allaient entrer.


10. Le royaume du monde de notre Seigneur

C’est le règne qui bientôt, en gloire, s’établira sur la terre. Alors sera venu « le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ » (Apoc. 11:15), « le royaume de notre Dieu et le pouvoir de son Christ » (Apoc. 12:10). Ce ne sera plus le monde dont Satan est le chef actuellement (Jean 14:30). De grandes voix, dans le ciel, béniront Dieu parce que les royaumes du monde auront passé à notre Seigneur et à son Christ, à Celui qui aura été autrefois haï, méprisé, rejeté des hommes. La création, qui soupire et qui est en travail jusqu’à maintenant (Rom. 8:22), retrouvera la bénédiction par l’exercice de la royauté bénie du Fils de Dieu (J.N.D.).

Il faut qu’il règne, écrit l’apôtre (1 Cor. 15:25). Puis, quand toutes choses lui auront été assujetties, Il remettra le royaume à Dieu le Père, afin que Dieu soit tout en tous. Notre Seigneur, comme homme, rentrera dans la dépendance de son humanité parfaite et éternelle, tout en demeurant ce qu’il est toujours, le Fils unique dans le sein du Père (H.R.).