Pierre ROSSEL
1980-1988
Si le terme apostasie
ne se rencontre pas souvent dans
l’Écriture, l’idée par contre est fréquemment exprimée. Il s’y trouve deux
fois, plus une fois le verbe apostasier
.
Le prophète déjà devait dire de la maison d’Israël et de ses sacrificateurs qu’ils ne connaissaient pas l’Éternel et qu’ils s’étaient enfoncés dans la corruption de l’apostasie. Aussi l’Éternel de dire : « Moi, je les châtierai tous » (Osée 5:2-4).
Qu’est-ce donc que l’apostasie ? Elle a été définie comme étant l’abandon complet et public de la foi et de la doctrine chrétienne, en un mot du christianisme (H.R.). Des principes subversifs sont tout d’abord apparus au début de l’histoire de l’Église. Ils se sont développés au cours des siècles et se développeront encore jusqu’à ce que l’apostasie atteigne son apogée dans la révélation de l’homme de péché, de celui qui s’opposera et s’élèvera contre tout ce qui est appelé Dieu. L’apôtre montre en effet que trois événements doivent avoir lieu avant que vienne le jour de l’apparition du Seigneur : son retour ou le rassemblement des siens auprès de Lui, l’apostasie et la révélation de l’homme de péché, le fils de perdition, c’est-à-dire l’Antichrist.
L’apostasie est un mal graduel. C’est tout d’abord l’abandon
d’une vérité reçue. L’apôtre déclare qu’aux derniers temps quelques-uns apostasieront
de la foi, tandis qu’on s’élèvera contre l’institution sacrée du mariage et le
don de la nourriture que Dieu a créée pour être prise avec des actions de
grâces (1 Tim. 4:3). Puis l’on s’attaque à d’autres vérités. On finira par
mépriser la vérité chrétienne dans son ensemble. Ce sera l’apostasie totale, où
l’on rejettera tout ce qui est de Dieu le Père et tout ce qui est de Dieu le
Fils. Ce sera l’apostasie dite chrétienne, dont l’épître de Jude donne un
tableau saisissant : notre seul maître et Seigneur Jésus Christ sera
renié.
La parole de Dieu parle aussi d’une apostasie juive. La masse de
la nation d’Israël, le peuple dit apostat, reniera le Dieu souverain et son
Messie (H.R.). Cette apostasie sera incarnée en un homme, issu du peuple juif,
que l’apôtre Jean appelle l’antichrist
(1 Jean 2:18). L’apôtre Paul le désigne comme étant l’homme de péché,
le fils de
perdition
, l’inique
(2 Thess. 2:3, 8). Cet homme est encore comparé à une bête
qui a deux cornes semblables à un agneau (Apoc. 13:11),
allusion au pouvoir religieux et au pouvoir temporel qu’il exercera. Il est
appelé tantôt le faux prophète
qui
fera de grands miracles (Apoc. 19:20), tantôt le roi
qui agira selon son bon plaisir (Dan. 11:36). Comme tel, il proférera des
choses impies et horribles contre le Dieu des dieux, il n’aura point égard au
Dieu de ses pères, il honorera un dieu que n’ont pas connu ses pères. C’est là
le tableau de l’apostasie juive, telle qu’elle se manifestera à la fin des
jours.
Il a été donné à l’apôtre Paul d’énoncer une semblable prophétie. Il déclare que l’antichrist sera le fils de perdition, enfanté pour ainsi dire par la perdition ; qu’il s’élèvera contre tout ce qui est appelé Dieu et que, s’asseyant au temple de Dieu, il se présentera lui-même comme étant Dieu (2 Thess. 2:4). Il n’admettra qu’une religion, le culte de lui-même, l’homme devenu Dieu !
Tel est le tableau de l’apostasie chrétienne dont les premiers
signes sont apparus au temps des apôtres déjà. Le mystère d’iniquité opère
déjà, dit Paul. Et Jean : l’antichrist vient,
comme… le vrai Christ vint,
et
les siens ne le reçurent pas (Jean 1:11 ; 1 Jean 2:18). Elle s’est développée au cours des siècles et se
développera jusqu’à son plein épanouissement. Les apostats auront alors
entièrement rejeté tout ce qui est du vrai Dieu et de son Christ, tant dans le
monde juif que dans le monde christianisé.