Réponse à 150 questions touchant divers sujets bibliques ou de la vie chrétienne, posées par les lecteurs du périodique « le Salut de Dieu » entre 1873 et 1917 (par W.J.Lowe puis Élie Périer)
« Sondez les Écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi » Jean 5:39
« Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » 2 Timothée 3:16, 17
« Et ils reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi » Actes 17:11
3. Gen. 14 ; Héb. 7. Melchisédec
60. Act. 7:56 ; Héb. 1:3, 13 ; 10:12 ; 12:2. Le Fils de l’homme debout et assis
97. Héb. 4:11. Signification du repos dans ce passage
98. Héb. 4:12 ; 1 Thess. 5:23. Différence entre l’âme et l’esprit
99. Héb. 6:4-6 ; 2 Pier. 2:20-22. Quelqu’un qui est scellé du Saint Esprit peut-il perdre son salut ?
100. Héb. 7:3 ; 2 Chron. 26:16-21. Melchisédec, Ozias
101. Héb. 9:23. Purification des choses célestes
102. Héb. 11:39 ; 6:15. Promesses faites à Abraham. Y a-t-il contradiction ?
103. Héb. 13:17 et Matt. 23:8. Quelle différence faut-il faire entre ces conducteurs ?
104. Héb. 13:7, 17 et Matt. 23:8. Faut-il reconnaître ou être sur ses gardes vis-à-vis de ces conducteurs ?
Tout le chapitre 7 de l’épître aux Hébreux, pris en rapport avec la citation du Psaume 110, montre que le récit contenu dans le chapitre 14 du livre de la Genèse se rapporte à une personne qui vivait sur la terre du temps d’Abraham. Une seule remarque entre autres, suffirait pour établir le caractère exceptionnel de ce temps-là : c’est que trois ou quatre des descendants immédiats de Noé vivaient encore. Héber a même survécu à Abraham. Toutefois, quelque intéressants que soient ces détails, nous n’avons pas à nous y arrêter. Le Saint Esprit, dans l’épître aux Hébreux, se sert non pas de certains faits avérés au sujet du roi de Salem, mais du récit inspiré, qui présente un type des plus remarquables de Celui qui devait venir. Il est écrit que Melchisédec fut « assimilé au Fils de Dieu » (Hébreux 7:3). Or, l’expression « assimilé » s’adapte évidemment au récit de Moïse. Dieu a donné par le Saint Esprit les mots précis par lesquels Il voulait que la rencontre avec Abraham fût décrite. Ces mots fournissent donc l’explication du passage des Psaumes : « Tu es sacrificateur pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédec ». L’auteur de l’épître n’en sort pas, ni ne cherche, en puisant dans la tradition ou ailleurs, à compléter la courte histoire de cet homme extraordinaire. Tout ce que nous connaissons de lui est contenu dans trois versets de la Genèse ; mais ils suffisent pour présenter clairement ce qu’est la sacrificature actuelle de Christ. Ils vont même plus loin, et indiquent ce que sera cette sacrificature, lorsque son royaume sera établi en gloire sur la terre. Mais pour nous, la vérité importante est que Jésus, assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux, est dès à présent sacrificateur pour nous. Celui qui a dit : « Assieds-toi à ma droite », a dit aussi : « Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec » (Psaume 110:1:4). L’explication donnée dans le chapitre 7 de l’épître aux Hébreux nous fait comprendre, sous beaucoup de rapports, et l’importance du récit inspiré de la Genèse, et le caractère de la sacrificature valable pour nous pendant la durée de notre course terrestre.
L’épître aux Hébreux fait connaître la position de tous les croyants sur la terre en rapport avec le rejet du Messie et l’accomplissement définitif par lui de l’oeuvre de la rédemption. Jésus est souverain sacrificateur dans le ciel, son oeuvre achevée ; il s’est assis, en attendant que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds, — contraste frappant avec les sacrificateurs lévitiques qui étaient toujours « debout », parce que leur service n’était jamais fini. Le Saint Esprit, dans cette épître, s’adresse premièrement au Juif (au Juif converti, bien entendu), parce que le Juif avait des droits terrestres assurés par les promesses de Dieu faites à ses pères. Le gentil n’en avait pas, en sorte que pour celui-ci la question est plus simple. Mais les Juifs croyants, ainsi que nous le voyons, même chez Pierre et les autres apôtres, au commencement du livre des Actes, avaient beaucoup de peine à accepter la mise de côté de leurs privilèges et des rites mosaïques, en faveur des nations qui jusqu’alors n’y pouvaient participer qu’en se faisant prosélytes. Cependant, par le rejet de leur Messie, les Juifs avaient perdu tout droit à la réalisation des bénédictions que le Messie seul pouvait apporter et devait dispenser. En même temps, par sa mort, l’accès dans les lieux saints était ouvert, le voile étant déchiré ; et c’est « dans le ciel même » que le Christ est entré, « afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu » ; c’est là que les mérites de son précieux sang « qui parle mieux qu’Abel », sont pleinement manifestés en faveur de tous les croyants tant Gentils que Juifs (Hébreux 1:8-10 ; 9:24 ; Actes 13:46-48).
Mais, dans le livre des Actes, et surtout dans les premiers chapitres, l’Esprit Saint nous fait assister aux événements qui ont abouti au changement de position et de relation dont nous avons parlé. Les Juifs avaient crucifié leur Messie, mais Dieu, au lieu de les punir immédiatement, dans sa grâce, les invitait encore à la repentance. Il agissait envers eux et envers le monde entier d’après la valeur qu’avait à ses yeux le sang de son Fils Jésus Christ, qui purifie de tout péché. C’était le premier et le grand résultat de la mort de Christ. Le jugement de ce monde pour avoir crucifié Jésus est remis à un jour à venir (Actes 17:30-31). Par conséquent l’apôtre Pierre présente Jésus comme prêt à revenir du ciel, si les Juifs se tournaient vers Dieu. Il attribue à l’ignorance (*), leur crime national d’avoir mis à mort le prince de la vie, puis il ajoute : « Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés : en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la présence du Seigneur, et qu’il envoie Jésus Christ qui vous a été préordonné… » (Actes 3:12-20).
(*) Rappelons que le Seigneur lui-même, et plus tard le Saint Esprit par l’apôtre Paul, ont mis en avant l’ignorance comme un titre à la grâce (Luc 23:34 ; 1 Corinthiens 2:8 ; 1 Timothée 1:13).
Dieu donne à Etienne de voir sa gloire, et Jésus « debout » à sa droite. Il était, pour ainsi dire, prêt à revenir si les Juifs écoutaient l’appel suprême qui leur était adressé. Au lieu de le faire, ils consommèrent leur rébellion en mettant à mort Etienne, et par cet acte ils fermèrent la porte de la grâce que la miséricorde de Dieu leur tenait encore ouverte. Dès ce moment-là, l’évangile fut présenté aux nations. Et par une merveilleuse direction des voies de Dieu, le jeune homme, aux pieds duquel les témoins qui lapidaient Etienne avaient déposé leurs vêtements, devint, bientôt après, le grand apôtre des nations. Les Juifs, comme Etienne le leur montra, n’avaient pas seulement violé la loi, tué les prophètes et crucifié Christ, mais ils résistaient toujours au Saint Esprit, et dorénavant le jugement de Dieu les attendait. Encore quelques années et leur ville serait détruite et la nation dispersée (Matthieu 22:6-7).
Dans le verset 9 de ce chapitre qui précède l’exhortation citée, nous voyons que le « repos » est appelé « sabbatique », et qu’il est aussi le repos de Dieu. Le passage cité de la Genèse, au vers. 4, sert à en faire comprendre le caractère. C’est un état de perfection absolue où Dieu se complaît selon tous les attributs de sa majesté. Quand il eut achevé la création, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon » (Genèse 1:31). Il n’y avait rien à y ajouter pour la compléter, pour la rendre plus belle, ou pour qu’elle répondît mieux aux desseins de celui qui avait « appelé toutes choses à l’existence ». L’oeuvre était terminée, la création était parfaite. Mais le Créateur ne voulait pas être seul pour en jouir ; il avait déjà formé l’homme, la dernière de toutes ses oeuvres, son « chef-d’oeuvre », si on peut ainsi parler, et l’avait doué d’une intelligence qui le rendait capable de prendre part à la joie divine. Dieu « se reposa au septième jour de toute son oeuvre qu’il fit. Et Dieu bénit le septième jour et le sanctifia ; car en ce jour il se reposa de toute son oeuvre que Dieu créa en la faisant » (Genèse 2:2-3).
Le septième jour fut ainsi un sabbat de rafraîchissement, dont le Seigneur dit expressément qu’il « a été fait pour l’homme » (Marc 2:27). Du moment que Dieu avait séparé d’entre les nations de la terre les fils d’Israël pour qu’ils soient à lui, il leur donna le sabbat comme signe de leur sanctification, ainsi que de son dessein arrêté de les bénir dans le pays qu’il leur avait préparé. Ce repos fut rappelé lors de la promulgation de la loi, et son observation fut imposée avec une rigueur telle, qu’il était même défendu d’allumer du feu le jour du sabbat. Voyez Exode 16:23, 25 ; 20:11 ; 31:12-17 ; 35:2-3 ; Lévitique 23:3. Le sabbat devait rappeler aux fils d’Israël qu’ils étaient sortis de l’esclavage pour être à Dieu ; c’était un « signe » qu’ils devaient toujours garder (Deutéronome 5:15 ; Ézéchiel 20:12, 16, 20).
Le « repos » du peuple, lors de leur prise de possession du pays de Canaan, ne répondait cependant que partiellement aux pensées de Dieu au sujet du sabbat. Celui-ci était plutôt une figure des bénédictions futures qui seront réalisées pour ce peuple lorsque le Messie reviendra pour établir son royaume millénaire en gloire au milieu de lui (voyez Jérémie 31:2). Toutefois l’accomplissement final du repos sabbatique dans l’état éternel dépasse infiniment tout ce qui a été réalisé dans le passé et même tout ce dont on jouira sur la terre pendant le règne glorieux du Seigneur. De ce repos définitif personne n’a encore joui, mais il est l’apanage de la foi : les croyants vont y avoir part, comme il est dit : « il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu » (Hébreux 4:9).
Nous voyons donc qu’il n’est pas question ici du repos de l’âme
que Jésus offre au pécheur fatigué et chargé qui vient à lui ; il ne
s’agit pas non plus de cesser de mal faire et d’apprendre à bien faire, selon
Ésaïe 1:16. Car certes les oeuvres dont Dieu s’est reposé n’étaient pas
mauvaises ; elles étaient bonnes, impossible de les améliorer. Et « celui
qui est entré dans son repos, lui aussi s’est reposé de ses oeuvres, comme Dieu
des siennes propres ». Nous
devons donc y voir une scène parfaite de bénédiction et de joie, réservée pour
les croyants, scène dans laquelle Dieu trouvera sa satisfaction au milieu du
bonheur suprême de tous ceux qui ont été ou qui auront été rachetés par le sang
de Jésus.
Le dimanche, premier jour de la semaine, que nous gardons en rapport avec la résurrection du Seigneur Jésus d’entre les morts, ne répond pas au sabbat juif ni ne le remplace, sauf, dans ce sens spirituel, que par la résurrection de Jésus et sa séance à la droite de Dieu nous entrevoyons déjà le repos éternel, et nous attendons son retour pour qu’il nous y fasse entrer. Que nos coeurs soient tellement engagés avec lui que nous portions le cachet de gens qui sont en route pour ce repos-là, et que nous n’ayons pas l’air de chercher un repos éphémère sur la terre.
L’emploi de ces termes dans l’Ancien Testament, surtout au
commencement de la Genèse, nous fournit une distinction très nette, qui est
confirmée à mesure qu’on approfondit le sujet. Le mot traduit par « âme » est
très général et concerne un être animé
, soit homme, soit bête ; de là vient qu’il se confond souvent avec « vie »,
ou bien, d’un autre côté, il est synonyme de « personne », même s’il s’agit d’une
personne qui a été vivante et ne l’est plus, c’est-à-dire un corps mort.
Quelques exemples suffiront à éclaircir ce que nous venons de dire (le mot qui
correspond à « âme » est en italique) :
Genèse 1:21 : « tout être
vivant qui se meut » ;
Genèse 2:7 « l’homme devint une âme
vivante » ;
Genèse 9:4 « vous ne mangerez pas la chair avec sa vie
, c’est-à-dire son sang » ;
Genèse 9:15 : « mon alliance qui est entre moi et vous et
tout être
vivant de toute
chair » ;
Genèse 19:17 « Sauve-toi, pour ta vie
! » ;
Genèse 46:15 « Toutes les âmes
(ou les personnes
), ses fils et ses
filles furent trente-trois » ;
Nombres 9:6 : « impurs à cause du corps mort
(littéralement âme) d’un homme ».
On peut comparer avec ceux-ci des passages tels que 1 Corinthiens 2:14 ; Jude 19, où « homme animal » exprime simplement l’homme naturel, tel qu’il est né dans ce monde, sans aucune action de l’Esprit de Dieu sur lui ou en lui.
Le mot « esprit » exprime la puissance de vie qui anime l’homme et
qui vient de Dieu. Il signifie aussi « souffle », et est souvent employé pour
« vent », comme Genèse 8:1 ; Jean 3:8. Il s’applique aussi proprement à
Dieu, comme nous le savons : « Dieu est Esprit
».
Voici quelques autres passages :
Genèse 1:2 : « L’Esprit
de Dieu planait sur la face des eaux » ;
Genèse 6:3 : « Mon Esprit
ne contestera pas à toujours avec l’homme, puisque lui n’est que chair » ;
Genèse 6:17 : « pour détruire de dessous les cieux toute chair
en laquelle il y a esprit
de
vie » ;
Exode 10:13 : « L’Éternel amena sur le pays un vent
d’orient ».
De même, on trouve « esprit
de sagesse et d’intelligence » (Ésaie 11:2), « esprit
de connaissance et de crainte de l’Éternel », saint Esprit,
et encore « esprit malin », « esprit immonde », etc.
Quelle clarté ne trouvons-nous pas dans ce beau passage de 1
Corinthiens 15:45 : « Le premier homme Adam devint une âme
vivante, le dernier Adam (c’est-à-dire Christ), un esprit
vivifiant. Mais ce qui est
spirituel n’est pas le premier, mais ce qui est animal ; ensuite ce qui
est spirituel ».
« L’esprit » est mis en contraste avec « la chair », comme on le voit en Genèse 6:3 ; Romains 8:5, 6, 12, 13 ; Galates 5:16, 19, 22 ; 1 Pierre 3:18 ; 4:6 ; et tant d’autres passages. L’âme et le corps sont mis en contraste lorsqu’on parle d’une manière générale de ce qui se voit et de ce qui ne se voit pas, de ce qui en nous est mortel et de ce qui est immortel.
D’après le passage d’Hébreux 4:12, nous devons comprendre que la parole de Dieu juge les motifs et les mouvements du coeur, distinguant entre ce qui est naturel dans les sentiments et ce qui est spirituel, entre les désirs (ou les convoitises) et la force de la volonté. Elle nous fait voir ce qui est de l’homme et ce qui est de Dieu. Elle nous place, comme quelqu’un l’a écrit, « dans la présence de Dieu avec tout ce qu’elle nous force à découvrir, mettant notre conscience sous le regard de Dieu lui-même ».
Dans l’autre passage cité (1 Thess. 5:23) il s’agit de la sanctification de notre être tout entier, dont les trois parties sont signalées : « l’esprit », à savoir les pensées, les mouvements de la vie dans l’âme, soumis à l’action de l’Esprit de Dieu par la Parole ; — « l’âme », c’est-à-dire les goûts, les affections, les désirs, tout ce qui nous porte à nous occuper d’une chose ou à la rechercher, — enfin « le corps », composé de ses différents membres par lesquels les actions s’accomplissent. Le croyant a reçu de Dieu une nature sainte, ce qui est impliqué dans la nouvelle naissance (comparez 2 Pierre 1:4). Or, c’est dans la dépendance de Dieu et en ayant Dieu révélé en Christ comme objet pour le coeur, que la sainteté de cette nature nouvelle se développe et se manifeste en pratique. L’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous est donné. Et l’Esprit prend de ce qui est à Christ pour nous le révéler (voyez Romains 5:5 ; Jean 14:15, 16 ; 2 Corinthiens 3).
À propos de 1 Thess. 5:23, nous ajoutons quelques lignes tirées des « Etudes sur la Parole » :
« L’apôtre demande que, selon ce caractère du « Dieu de Paix », Dieu opère en nous pour faire que tout en nous réponde à la nature de Celui qui nous a été ainsi révélé. C’est dans ce passage seulement que cette division de la nature de l’homme en ses trois parties constitutives est donnée : l’homme a un corps, une âme et un esprit. L’apôtre veut parler de l’homme, dans toutes les parties de son être : il veut que le vase (le corps) par lequel il exprime ce qu’il est, que les affections naturelles de son âme, que la partie la plus élevée de sa nature, savoir son esprit, par lequel il est au-dessus des animaux et en relation intelligente avec Dieu, que toutes ces diverses parties de son être soient pures et consacrées à Dieu, et que Dieu se trouve en tout comme mobile, objet et guide.
« Souvent, en parlant de l’homme, l’Écriture se sert des mots âme
et esprit,
sans distinction, car l’âme de l’homme a été formée
autrement que celle des bêtes, en ce que Dieu a soufflé dans les narines de
l’homme l’esprit de vie, et que c’est ainsi que l’homme est devenu une âme
vivante. Il suffit donc de dire âme,
en
parlant de l’homme, la partie supérieure de son être est sous-entendue ;
et en disant esprit,
dans ce même
sens, le caractère élevé de son âme est exprimé.
« L’animal a bien ses affections naturelles ; il a une âme vivante, il est capable de s’attacher, il reconnaît ceux qui lui font du bien, se dévoue à son maître, mais il n’a pas ce qui le met en rapport avec Dieu (hélas ! ce qui en nous se place aussi en inimitié contre Lui) ».
Rien ne peut contredire une déclaration claire et positive des Écritures. Or, nous lisons dans le chapitre 4 de l’épître aux Galates : « Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant : Abba, Père ». Il est encore écrit dans l’Écclésiaste : « Tout ce que Dieu fait subsiste à toujours » (3:14). Le sceau de l’Esprit n’est-il pas tout entier l’oeuvre de Dieu ? Les trois personnes divines y sont engagées : Christ a opéré la rédemption en vertu de laquelle Dieu nous fait ses enfants, puis le Saint Esprit est le sceau de cette oeuvre. Il ne peut « sceller » un incrédule. Mais un véritable croyant est « scellé » du Saint Esprit, afin qu’il jouisse pleinement de la relation dans laquelle Dieu l’a fait entrer, et qu’il s’approche de Dieu dans la joie et la confiance de la foi (Éphés. 2:18).
Quant aux passages cités, celui de la 2° épître de Pierre ne
présente pas de difficulté, car il ne s’agit là que de la connaissance
de la voie de la justice, sans qu’il soit question
d’être régénéré ou « né de nouveau ». Une telle connaissance peut n’être
qu’intellectuelle. L’exemple donné le prouve : On pourrait laver une
truie, elle n’en resterait pas moins toujours une truie. Un tel lavage n’est
qu’extérieur, comme l’était la justice dont se vantaient les pharisiens
(Matthieu 23:25-28). Une « truie » n’est pas une de ces brebis dont le Seigneur a
dit : « Mes brebis écoutent ma voix ».
L’autre passage est plus difficile, à cause du mot « participation » qui a deux sens : une participation intime, comme s’il s’agit d’une nature ou d’un caractère, ainsi que l’on dirait d’un fils qu’il participe aux qualités qui ont distingué son père. Puis il y a une participation extérieure dans le sens d’un associé qui a part aux profits ou aux pertes d’une entreprise. La langue grecque a deux mots distincts pour exprimer ces deux idées, et celui qui est employé dans le chapitre 6 de l’épître aux Hébreux est le même qui est traduit ailleurs par « compagnons ». Il s’agit donc d’une association ou participation extérieure. Ne peut-on pas prendre Judas comme un exemple solennel de ce genre de participation ? Il avait en effet accompagné le Seigneur ; il avait été envoyé comme les autres apôtres pour prêcher et guérir les maladies. Jusqu’au dernier souper, personne ne considérait Judas comme étant capable de trahir le Seigneur. Jésus seul savait qu’il était « le fils de perdition ». Dans le passage d’Hébr. 6:4-6, il n’est fait mention ni de conversion, ni de repentance, ni de vie, ni de nouvelle naissance, mais simplement d’avoir été « éclairé », et d’avoir goûté la bonne parole de Dieu et les choses que le Seigneur faisait. Il est possible que cela n’aille pas plus loin que l’intelligence ou les sentiments naturels. Si la conscience n’est pas atteinte, une chute arrivera tôt ou tard, et l’absence d’une oeuvre opérée dans l’âme sera alors mise en évidence.
Ce qui est dit de Melchisédec dans l’épître aux Hébreux, est tiré du récit que nous trouvons en Genèse 14:18-20, appuyé par le 1er et le 4° versets du Psaume 110 : « Assieds-toi à ma droite… L’Éternel a juré, et il ne se repentira point : Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédec ».
Le fait que Melchisédec était un personnage vivant du temps d’Abraham, ne fait pas de doute. Mais la chose importante à observer, ce sont les termes précis du récit inspiré. Il a été expressément « assimilé au Fils de Dieu », comme le dit l’auteur de l’épître. C’est-à-dire que toute la description a été conçue dans des termes voulus de Dieu, en vue de faire ressortir son caractère typique, eu égard au Fils de Dieu qui devait venir. Melchisédec exerçait les deux fonctions de roi et de sacrificateur ; en cela il était un type remarquable du Seigneur. Et combien il est précieux pour nous de constater que le Seigneur nous donne ces fonctions auprès de lui (voyez Matthieu 12:3-8 ; 1 Pierre 2:9 ; Apocalypse 1:6 ; 5:10 ; 20:6).
Plus tard, lorsque l’Éternel a séparé pour lui le peuple d’Israël en le retirant du pays d’Égypte, il établit pour lui une sacrificature d’un ordre différent, à laquelle la royauté n’était nullement attachée. Lui-même était leur roi. C’est ce que rappelle Samuel, au moment où le peuple voulait absolument avoir un roi comme toutes les nations (1 Samuel 12:12, 13, 17). Le roi, choisi par le peuple, ne pouvait en aucune manière remplacer les sacrificateurs de la race d’Aaron, ni exercer leurs fonctions. Dieu maintenait ceux-ci à tout prix (1 Samuel 2:35). Par conséquent, lorsque le roi Ozias, enflé d’orgueil à cause de sa prospérité extraordinaire, voulut cumuler les deux fonctions, il fut immédiatement frappé de lèpre, et privé des fonctions royales.
Tout le chapitre 9 de l’épître aux Hébreux, en prenant pour base
les types du tabernacle et de son service institués par l’intermédiaire de
Moïse dans le désert, montre le contraste entre ces choses et les bénédictions
spirituelles et célestes qui sont maintenant, par la mort de Christ, la portion
de ceux qui croient. Le tabernacle construit par les enfants d’Israël sous la
direction de Moïse était « un sanctuaire terrestre »,
et les sacrifices de boucs et de taureaux offerts pour le péché n’étaient
que le type du seul sacrifice qui est efficace pour ôter le péché, c’est-à-dire
celui de Christ. « Car il est impossible que le sang de taureaux et de boucs ôte
le péché » (Hébreux 10:4). Seul le sang de Christ purifie de tout péché. Du fait
qu’il s’agit des « choses célestes », c’est-à-dire du ciel
, où Christ est entré et où Dieu veut nous donner une place,
selon sa grâce parfaite, il faut un sacrifice meilleur que ceux qui furent
offerts selon la loi, sacrifices que Dieu n’a pas voulus à cause de leur
inefficacité, comme dit le Seigneur lorsqu’il entre dans le monde pour
accomplir la volonté de Dieu en se donnant lui-même pour nous (Voyez chapitre
10:5-9). Car Christ est entré dans le ciel même, afin de paraître pour nous
devant la face de Dieu, montrant dès à présent, dans sa propre personne, la
pensée arrêtée de Dieu d’avoir « plusieurs fils dans la gloire » (Hébreux 2:10).
Il a fait tout ce qui était nécessaire pour nous purifier et il nous a rendus
propres pour cette place, nous ayant sanctifiés par son sang. Dès lors, il n’a
pas honte d’appeler « frères » ceux qu’il a sanctifiés. C’est par la mort qu’il
est devenu le chef de notre salut, et qu’il nous a ouvert l’entrée dans le ciel
même. Le brigand converti fut le premier à qui Jésus communiqua cette
bénédiction, en lui disant : « En vérité, je te dis : aujourd’hui tu
seras avec moi dans le paradis » (Luc 23:43).
Dans le désert, la purification du sanctuaire fut nécessaire à cause des impuretés des enfants d’Israël, au milieu desquels Dieu demeurait (Lévitique 16:15-19). À plus forte raison faut-il que les péchés soient absolument ôtés lorsqu’il s’agit de nous introduire dans le ciel, et de nous donner, dès à présent, une part aux bénédictions spirituelles qui sont en Christ dans les lieux célestes (voyez Éphésiens 1:3).
L’expression au pluriel : « meilleurs sacrifices » est
employée, semble-t-il, en rapport avec les diverses offrandes de la loi, qui,
toutes, présentaient quelques-uns des aspects du seul sacrifice de Christ. Elle
ne veut nullement dire qu’il est besoin d’un sacrifice autre que celui que
Christ a déjà offert. Tout le chapitre et le chapitre suivant prouvent le
contraire. Le témoignage du Saint Esprit est : « Je ne me souviendrai plus
jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités ». Telle est l’assurance que l’oeuvre
qui expie le péché ne peut jamais être répétée. Le croyant possède ainsi une
conscience nette : il sait que le sang de Christ purifie de tout
péché ; il sait aussi que Christ « est entré une fois pour toutes
dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle
» (Hébr. 9:12).
Il est évident que les deux passages se rapportent à des choses
différentes. La foi d’Abraham a été formée et nourrie par les communications
que Dieu lui fit, et qui avaient pour but de le garder dans une attente
continuelle de Dieu lui-même, sans qu’il jouît de la possession actuelle des bénédictions
et de l’héritage qui lui étaient assurés par la parole de Dieu, dans le pays où
il vivait comme étranger. Car s’il les avait possédées, il aurait marché par la
vue
et non par la foi
(voyez Hébreux 11:8-10). Sa vie et
son témoignage étaient ainsi caractérisés par la possession des promesses de la
part de Dieu, et par l’attente de recevoir, au temps voulu de Dieu, les choses
promises.
Toutefois, pour ce qui tenait à ses rapports personnels avec
Dieu, sa patience a été récompensée. Il reçut le fils promis après avoir perdu,
dans la vieillesse, toute espérance de le recevoir, car son corps était déjà
amorti (Romains 4:19-22). Sa foi a été ainsi affermie dans le Dieu Tout-Puissant.
De même, sa
postérité a été multipliée et gardée, de telle manière qu’elle est encore
aujourd’hui, parmi les nations, l’une des merveilles de la grâce
toute-puissante et de la fidélité de Dieu. Bien des races d’hommes ont disparu
complètement de dessus la terre, mais les Juifs demeurent, dans leur
dispersion, distincts de tous les autres peuples. Quoiqu’ils soient méprisés et
souvent persécutés, ils conservent jusqu’à un certain point leur autonomie, et
s’emparent même des positions d’influence et d’autorité.
D’autre part, — et c’est le grand sujet de l’épître aux Hébreux,
— il y a eu déjà un accomplissement merveilleux des promesses en ce que Christ est venu,
encore que sa gloire ne
soit pas à présent manifestée sur la terre, comme elle le sera bientôt. Le
Seigneur dit : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait
mon jour ; et il l’a vu, et s’est réjoui » (Jean 8:56). Les bénédictions
qui se rapportent à Christ sont donc maintenant réalisées, pour la foi, en
rapport avec sa position actuelle dans le ciel, où il est déjà couronné de
gloire et d’honneur, en attendant que son règne soit formellement établi sur la
terre. C’est ce qui distingue le christianisme d’avec le judaïsme.
Il faut toujours se souvenir du caractère spécial des promesses
faites à Abraham : elles sont sans
condition ;
c’est-à-dire que leur accomplissement dépend de la
fidélité du Dieu tout-puissant qui a promis, et non pas de la conduite de
l’homme, mis à l’épreuve, par la loi, sous le rapport de sa responsabilité.
D’une lecture attentive des passages, il ressort qu’en Matthieu il s’agit de « conducteurs » qui se mettaient à la place du Seigneur, tandis que dans l’épître aux Hébreux, il est question de ceux qui ont été envoyés par le Seigneur pour annoncer la parole et pour paître le troupeau. La différence ressort dans ce que dit l’apôtre Paul dans ses adieux aux anciens de l’assemblée d’Éphèse (Comparez Actes 20:28-30 ; 1 Pierre 5:2-4).
Servir dans l’humilité, suivant la capacité fournie par le Seigneur est une chose, revendiquer le nom de « conducteur », afin de dominer sur le troupeau en est une autre.
Disons d’abord que les mots traduits par « conducteurs » dans les
deux passages, ne sont pas identiques : didaskalos
(Matthieu 23), hegoumanos
(Hébr. 13). En Matthieu la forme employée donne davantage l’idée d’une autorité
imposée, et sous le système juif on le comprend facilement. L’emploi qu’en fait
le Seigneur en Matth. 23 concorde bien avec le mot « Rabbi », comme le verset 8
le démontre. Les Juifs étaient habitués à ce terme, et ceux qui se l’attribuaient,
voulaient qu’on le leur donnât. Mais pour le chrétien le seul guide ou
conducteur, dans ce sens, est Christ ; et tous les fidèles doivent y
penser, non seulement pour eux-mêmes, mais dans tous leurs rapports avec leurs
frères, afin qu’ils n’interviennent jamais entre le Seigneur et ceux qui lui
appartiennent, mais que tout ministère ait pour but de rapprocher l’auditeur,
non pas de celui qui parle, mais du Seigneur lui-même. Cela nous rappelle tout
le passage de Jean 13:1-17, surtout le verset 13. La tendance du coeur naturel
est toujours d’imiter ce qui produit un effet sur les sens, ou qui devient un
objet d’admiration pour les hommes. Du temps du Seigneur, les chefs religieux
de la nation qui auraient dû être les premiers à l’accueillir, parce qu’ils
possédaient les Écritures qui parlaient de lui, ont poussé le peuple à le
rejeter et à le faire crucifier. On sait combien la même tendance s’est
manifestée dans l’église ; et ce qui a amené le jugement sur les Juifs,
l’amènera aussi sur l’église professante. Nous devons nous rappeler que, si
nous pouvons entrer spirituellement « dans le ciel » où Jésus est entré pour
nous, notre place dans le monde est « hors du camp », c’est-à-dire sous
l’opprobre qui a été la part du Christ ici-bas, et dont sa croix est l’expression
(Voyez Galates 6:14).
L’Esprit de Dieu rappelle cela dans le chapitre 13 de l’épître aux Hébreux. En gardant cette place, nous éprouverons les soins du Seigneur, pour tout ce qui est nécessaire à notre progrès spirituel. Étant monté en haut, Christ a donné les « dons » divers dans ce but (Éphésiens 4:8-13). Par conséquent les croyants sont exhortés à l’obéissance envers ceux qui veillent sur les âmes et dont les fruits manifestent que leur service est réellement de Dieu. Par contre, ceux qui veulent dominer « sur des héritages » comme dit Pierre, retombent dans le système que le Seigneur a jugé au chapitre 23 de Matthieu.