Le visage voilé de Moïse — Exode 34 et 2 Cor. 3

Arend Remmers [ajouts bibliquest entre crochets]

Im Glauben leben 2024-4 et -5, p.3


1 - [Titres ou Qualificatifs appliqués à Moïse]

2 - Quand Moïse « rayonnait »

3 - La peur du peuple

4 - [Conséquences pratiques du refus de la gloire]

4.1 - [Quand le Seigneur a été homme sur la terre]

4.2 - [Les Corinthiens vis-à-vis de l’apôtre Paul]

4.3 - [Pas de bénédiction sans la communion, pas de grâce sans la sainteté]

4.4 - [Perte de la vérité dans la chrétienté. Pertes pour Israël]

5 - Les conséquences à longue portée/terme pour le peuple d’Israël

5.1 - [Une gloire passagère]

5.2 - [La gloire de toute la période de la loi devait être temporaire]

5.3 - [Disparition de toute la période de la loi, car Christ est la fin de la loi]

5.4 - [La gloire du ministère liée à la rédemption par Christ éclipse tout ce qui a précédé]

5.5 - [Endurcissement punitif des cœurs qui ont refusé de voir la gloire]

6 - Le voile sur leur cœur

6.1 - [L’endurcissement par voile sur le cœur s’est poursuivi au-delà de Moïse, jusqu’à aujourd’hui]

6.2 - [Ce n’est qu’en Christ que le voile peut être ôté des cœurs]

6.3 - [Le voile ôté pour Israël après l’enlèvement de l’assemblée ou église]

7 - Contempler la gloire « à face découverte »

7.1 - [Parenthèse de 2 Cor. 3:7-16 : le ministère de l’Esprit a pour objet Christ glorifié, et c’est en dehors de la loi]

7.2 - [Les croyants du temps actuels peuvent contempler la gloire « à face découverte »]

7.3 - [Résumé de 2 Cor. 3:7-18]

7.4 - [Contemplation de la gloire sans entrave et triomphante]

7.5 - [Une transformation du croyant de gloire en gloire par le Saint Esprit]

7.6 - [Étienne martyr, modèle et exemple concret de cette contemplation de la gloire qui transforme]

7.7 - [2 Cor. 4 v.4 et 6: l’éclat de la lumière de la gloire]


1 - [Titres ou Qualificatifs appliqués à Moïse]

Aucun personnage de l’Ancien Testament n’est aussi souvent mentionné dans le Nouveau Testament que Moïse. Il est à la fois le premier que l’Écriture sainte appelle « homme de Dieu », et celui qui est le plus souvent appelé ainsi (cf. Deut. 33:1 ; Jos. 14:6 ; 1 Chron. 23:14 ; 2 Chron. 30:16 ; Esdras 3:2 ; Ps. 90:1). Il est le seul dont il est dit : « L’Éternel parlait à Moïse face à face, comme un homme parle avec son ami » (Ex. 33:11). Seul Abraham, appelé « ami de Dieu », a le même titre (2 Chron. 20:7 ; Ésa. 41:8 ; Jacq. 2:23).

Moïse est également une figure de Christ. C’est ce que nous apprend Hébreux 3, où le Seigneur Jésus est appelé « apôtre et souverain sacrificateur de notre confession » (Héb. 3:1). Moïse était « l’apôtre » que Dieu avait envoyé pour sauver son peuple Israël de l’esclavage de l’Égypte, et Aaron devint le souverain sacrificateur du peuple racheté. Christ était les deux en une seule personne. Les v. 2 à 6 de Héb. 3 sont expliqués par Nombres 12:7,8 : « Il n’en est pas ainsi de mon serviteur Moïse, qui est fidèle dans toute ma maison ; Je parle avec lui bouche à bouche, clairement et non en énigmes ; et il voit la ressemblance (ou : l’image) de l’Éternel ». Si Moïse, en tant que serviteur, a été fidèle dans toute la maison de Dieu, cela s’applique de manière absolument parfaite à Celui qui est « Fils sur Sa maison ». Il ressort de la phrase explicative « et nous sommes sa maison » en Héb. 3.6 qu’il s’agit ici de l’assemblée de Dieu (cf. Héb. 10:21).


2 - Quand Moïse « rayonnait »

Quand Moïse reçut pour la deuxième fois les deux tables de la loi de Dieu et qu’il descendit de la montagne de Sinaï, la peau de son visage rayonnait (Exode 34:29-35). Il avait vu la « ressemblance » de Dieu (ou « l’image » de Dieu), et Dieu lui avait parlé bouche à bouche. En remettant les secondes tables de la Loi, Dieu avait également annoncé Sa grâce et Sa miséricorde. Cela n’avait pas été le cas pour les premières tables. Comme le peuple avait déjà transgressé le premier commandement par idolâtrie avant de recevoir la loi de Dieu, il était devenu évident que l’homme ne pouvait pas répondre aux saintes exigences de Dieu. C’est seulement par le moyen de la grâce que le Dieu saint peut rencontrer effectivement les hommes, c’est pourquoi la loi aussi, en tant que base de la relation entre Lui et Israël, était empreinte de Sa grâce (cf. Ex. 34:6).

Moïse ne pouvait pas non plus voir le visage même de Dieu (Ex. 33:20-23). Car Dieu en Lui-même est invisible. Cependant, Moïse a pu contempler « la ressemblance de l’Éternel » (ou Son « image ») (*). Dans le Nouveau Testament, nous apprenons que Christ est la véritable image de Dieu (Col. 1:15). C’est pourquoi, dans l’Ancien Testament, nous pouvons déjà voir dans « la ressemblance » ou « l’image de l’Éternel » une référence au Fils, tout comme dans les expressions l’« Ange de Dieu/de l’Éternel » dans d’autres passages. Or cette contemplation a provoqué chez Moïse un changement visible de l’extérieur.


(*) En Exode 24:9,10, les anciens d’Israël ont vu ce qui était révélé de Dieu (« Dieu d’Israël ») ou visible par les hommes, et non Son Être véritable.


Moïse ne se rendit pas compte de ce que la peau de son visage avait changé et rayonnait (Ex. 34:29). Il n’était pas occupé de lui-même, mais il était impressionné et rempli de la sainteté de Dieu, et aussi de Sa grâce. Il ne réalisait pas les traces que cela laissait chez lui, même extérieurement.

Moïse n’est-il pas un double modèle ?


3 - La peur du peuple

D’autres croyants de l’époque de l’Ancien Testament, comme Gédéon et Manoah, ont eu très peur lorsqu’ils ont pris conscience d’avoir vu l’Éternel ou Son Ange (Juges 6:22 ; 13:22). Moïse a donc été une exception à son époque.

Le peuple d’Israël, qui ne connaissait pas cette proximité de Dieu, ne put pas non plus supporter l’éclat de la peau de Moïse. Apparemment, même Aaron fit partie de ceux qui eurent peur devant cette vision effrayante pour eux : « Aaron et tous les enfants d’Israël regardèrent Moïse, et voici la peau de son visage rayonnait ; et ils craignirent de s’approcher de lui » (Exode 34:30). Moïse avait un accès tout spécial à Dieu. Il n’avait pas peur devant Lui. Son contact avec Dieu laissait des traces glorieuses sur son visage. Mais les autres Israélites ne pouvaient pas supporter de le voir.

Manifestement, ce n’était pas la seule chose qui fit peur aux Israélites. Comme Moïse le leur reproche plus tard, leur refus allait encore plus loin. Il leur rappelle en effet leurs paroles : « Que je n’entende plus la voix de l’Éternel, mon Dieu, et que je ne voie plus ce grand feu, afin que je ne meure pas ! » (Deut. 18:16). Ils n’avaient pas seulement peur du rayonnement de la gloire de Dieu sur le visage de Moïse, mais aussi de la présence, de la voix et des paroles de Dieu.

Quelle honte pour eux ! Au lieu de se réjouir que la gloire de leur Dieu, qui les avait sauvés et guidés de manière si merveilleuse, soit devenue visible sur la figure de Moïse, ils ont pris peur. Moïse dut les encourager à s’approcher. Mais il dut couvrir la gloire qui rayonnait de lui. Ce n’est que lorsqu’il entrait dans la présence de Dieu qu’il retirait le « voile ». Ensuite, lorsqu’il recommençait à s’adresser au peuple, il se couvrait à nouveau le visage (Ex. 34:29-35).

L’apôtre Paul nous donne une explication à ce sujet. « Si le ministère de la mort, gravé en lettres sur des pierres, a été introduit avec gloire, de sorte que les fils d’Israël ne pouvaient pas arrêter leurs yeux sur le visage de Moïse, à cause de la gloire de son visage, laquelle devait prendre fin… » (2 Cor. 3:7). Paul compare ici l’ère de la loi et son début avec le temps présent de la grâce. Dans ce contexte, le mot « lettre » renvoie toujours à la loi de l’ancienne alliance (cf. Rom. 2:27,29 ; 7:6).

Le temps de grâce dans lequel nous vivons est entièrement caractérisé par la gloire de Dieu. L’évangile de la grâce est aussi l’évangile de la gloire (2 Cor. 4:4 ; 1 Tim. 1:11). Par Son dévouement et Son sacrifice à la croix, le Seigneur Jésus a glorifié Dieu (Jean 13,32). Il a été ressuscité par la gloire du Père et a été accueilli dans la gloire lors de Son ascension (Romains 6:4 ; 1 Timothée 3:16). Lors de la venue du Seigneur pour l’enlèvement des croyants, nos corps seront transformés afin d’être rendus conformes au corps de gloire de Christ (Phil. 3:21). C’est alors seulement que nous serons parfaitement en mesure de voir et de jouir éternellement et sans trouble de la gloire éternelle de Dieu en Christ (1 Pierre 5:10 ; cf. 2 Cor. 4:17 ; 2 Timothée 2:10). Vraiment, tout dans ce merveilleux conseil divin est rempli de Sa gloire, et ce pour l’éternité !

Mais la période de la loi a aussi été introduite avec une gloire divine. Non seulement avec des éclairs, des tonnerres et le son de trompettes, mais aussi par le visage rayonnant de Moïse (voir Ex. 19:16 ; 24:16.17 ; Deut. 5:24). Dieu s’était approché de Son peuple et s’était révélé à lui en sainteté, mais aussi en grâce. Mais la masse du peuple pécheur et incrédule n’était ni en état ni disposé à arrêter leurs yeux sur ce reflet de Sa gloire.

Encore une fois, combien il était triste que les Israélites n’aient eu aucun désir de communion avec leur Dieu ! Ils ne pouvaient même pas supporter la vue de Moïse, qui connaissait et jouissait de cette communion. Et ils n’étaient pas contraints d’« arrêter leurs yeux » sur lui. Encore aujourd’hui Dieu ne force personne à Le regarder, Lui et Sa gloire. Cela est et reste une chose volontaire, tout comme la foi en Lui et en Son Fils.


4 - [Conséquences pratiques du refus de la gloire]

4.1 - [Quand le Seigneur a été homme sur la terre]

L’homme naturel ne peut pas supporter la présence et la gloire de Dieu. La chair, la vieille nature chez le croyant, n’a aucune relation avec Dieu. Cela signifie que les gens non-croyants ne sont pas les seuls à vouloir se cacher de Dieu, comme Adam et Eve l’ont fait après la chute (Gen. 3:8-10) ; les croyants charnels craignent eux aussi d’entrer dans la sainte présence de Dieu ou de fréquenter ceux qui en jouissent et en rayonnent un peu.

N’en était-il pas de même, d’une manière toute particulière, quand Dieu s’est révélé dans l’Homme Christ Jésus ? Les Gadaréniens avaient moins de difficultés à supporter les démoniaques dans leurs environs que la présence de Jésus. Ils eurent peur de Lui, et Lui demandèrent de quitter leur territoire (Marc 5:15,17). À la fin de Son chemin, Lui qui n’avait rien fait de mal, se tint silencieux et muet devant Ses accusateurs qui, dans leur colère contre Lui, criaient : « Crucifie-Le ! » (Marc 15:14). Dans la solitude de Son âme, le Seigneur ne se plaignit pas en disant : « Malgré mon amour », mais « Pour mon amour [c’est-à-dire : à cause de mon amour] ils ont été mes adversaires » (Ps. 109:4). L’amour de Dieu qui rayonnait de Lui était justement la cause de la haine des Juifs. Ils ne voulaient pas Le voir.


4.2 - [Les Corinthiens vis-à-vis de l’apôtre Paul]

L’apôtre Paul a connu une situation similaire. Pourquoi certains de l’assemblée à Corinthe aimaient-ils de moins en moins Paul à mesure qu’il les aimait davantage (2 Cor. 12:15) ? Parce qu’avec l’amour de Dieu et le zèle divin, il se souciait de les présenter à Christ comme une vierge chaste. Mais il craignait que leurs pensées soient détournées de la simplicité quant à Christ, et qu’elles soient ainsi corrompues, tout comme Eve avait été séduite par le serpent (2 Cor. 11:2,3). Pourquoi « tous ceux qui sont en Asie » s’étaient-ils détournés de Paul (Actes 19:10 ; 2 Tim. 1:15) ? N’était-ce pas en premier lieu à cause de son dévouement total à son Seigneur, à cause duquel il avait fait la perte de tout et le considérait comme des ordures ?


4.3 - [Pas de bénédiction sans la communion, pas de grâce sans la sainteté]

Moïse et Paul ont été des hommes solitaires en raison de leur dévouement à Dieu et de leur communion avec Lui — et cela a été vrai à un bien plus haut degré de notre Seigneur sur la terre. Les gens voulaient certes jouir extérieurement de la bénédiction de Dieu, mais pas de la communion avec ceux qui étaient pour eux des modèles éclatants d’une communion avec Dieu totalement séparée de tout le reste. Sur un plan général, on voudrait accepter la grâce de Dieu, mais pas Sa sainteté. Mais ce n’est pas possible. Dieu n’est pas seulement amour, Il est aussi lumière. L’un ne peut pas être séparé de l’autre.


4.4 - [Perte de la vérité dans la chrétienté. Pertes pour Israël]

Les conséquences d’une telle attitude sont inéluctables. Dans la chrétienté, peu après le départ des apôtres, des éléments importants de la vérité ont été perdus : notre place parfaite en Christ devant Dieu le Père, la position et l’attente célestes des croyants individuels et de l’assemblée et, en lien avec cela, la séparation d’avec le monde mauvais qui nous entoure, et enfin l’attente de la venue prochaine de notre Seigneur.

L’exemple d’Israël, puisque c’est de cela qu’il s’agit ici, montre clairement que cette attitude de refus face au rayonnement de la gloire de Dieu a eu des conséquences importantes, qui se prolongent jusqu’à notre époque.


Or, nous tous qui contemplons à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit (2 Cor. 3:18)


5 - Les conséquences à longue portée/terme pour le peuple d’Israël

5.1 - [Une gloire passagère]

À un moment donné, le visage de Moïse cessa de rayonner. Cette gloire n’était pas permanente, elle a pris fin (2 Cor. 3:7). L’ère de la Loi a certes commencé avec gloire, mais cette gloire était conçue pour disparaître, c’est-à-dire qu’elle n’a été visible qu’un temps, puis elle a cessé. Et ce moment-là, les Israélites ne le saisirent pas, car Moïse se couvrait le visage à leur demande quand il leur parlait. Personne ne put donc dire à partir de quand le visage de Moïse cessa de rayonner. Il est même possible que certains aient été soulagés qu’il en soit ainsi, car ils ne pouvaient pas supporter la vue de la gloire de Dieu sur le visage de Moïse.


5.2 - [La gloire de toute la période de la loi devait être temporaire]

L’apôtre Paul évoque la disparition de la gloire en 2 Corinthiens 3. Il y mentionne cet événement, mais il élargit le regard à l’ensemble de l’ère de la loi. Il qualifie cette période de période du « ministère de la mort » et du « ministère de la condamnation », parce que personne ne pouvait observer la loi et que tous étaient donc sous le jugement et la condamnation à mort de Dieu. Mais la loi ne devait pas avoir le dernier mot. Elle devait être ôtée et remplacée en Christ par quelque chose « qui demeure ». Aussi grande qu’ait pu être la gloire avec laquelle la loi a été introduite, elle devait prendre fin un jour et être remplacée par une gloire infiniment plus grande et éternelle. En comparaison, la gloire initiale de la loi devait s’effacer (2 Cor. 3:10). Le ministère de l’Esprit » ou « ministère de la justice » devait prendre la place du ministère de la mort et de la condamnation. On entend par là le temps de la grâce que Christ a inauguré par Son œuvre de rédemption sur la croix. « Car si ce qui devait prendre fin a été introduit avec gloire, combien plus ce qui demeure, subsistera-t-il en gloire » (2 Cor. 3:11).


5.3 - [Disparition de toute la période de la loi, car Christ est la fin de la loi]

Il est important de voir que « ce qui devait prendre fin » est la gloire du visage de Moïse au v. 7, tandis qu’au v. 11 c’est l’ère entière de la loi, et au v. 13 c’est probablement les deux.

Ce n’est donc pas seulement la gloire visible à court terme de la face de Moïse qui a « pris fin », mais aussi tout le système de la loi introduit avec une gloire divine. Ce dernier point est également confirmé ailleurs dans le Nouveau Testament : « Car Christ est la fin de la loi, pour justice à tout croyant » (Rom. 10:4 ; cf. Gal 3:23-26).


5.4 - [La gloire du ministère liée à la rédemption par Christ éclipse tout ce qui a précédé]

La gloire du ministère liée à la rédemption par Christ dépasse de loin la gloire de la loi mentionnée (2 Cor. 3:10). Même si, la nuit, quelqu’un est subjugué par la contemplation du ciel étoilé, cette gloire doit disparaître devant les rayons du soleil levant et sa lumière. C’est ainsi qu’il faut considérer la loi par rapport à la grâce. Bien qu’elle ait été introduite avec gloire, elle devait prendre fin, car « il y a une abrogation du commandement précédent à cause de sa faiblesse et de son inutilité (car la loi n’a rien amené à la perfection) et introduction d’une meilleure espérance par laquelle nous nous approchons de Dieu » (Héb. 7:18, 19). Le message de la grâce et ses conséquences éternelles et bénies éclipsent tout ce qui a précédé (2 Cor. 3:11). L’espoir de passer bientôt de la foi à la contemplation de cette gloire de Christ a donné à l’apôtre Paul une grande liberté de témoignage, car il savait qui il avait cru et en était pleinement convaincu et rempli (2 Cor. 3:12).


5.5 - [Endurcissement punitif des cœurs qui ont refusé de voir la gloire]

Les Israélites qui, à l’époque, refusèrent de contempler la gloire de Dieu en face de Moïse, révélèrent ainsi un endurcissement de leur cœur vis-à-vis de Dieu. La conséquence en fut que Lui endurcit leur entendement (c’est-à-dire leurs pensées) (2 Cor. 3:14). Il en est souvent ainsi. Les gens s’endurcissent vis-à-vis de Dieu et, comme punition, Il peut endurcir leurs cœurs. C’est ce que nous voyons aussi chez le pharaon en Égypte avant l’exode du peuple d’Israël.


6 - Le voile sur leur cœur

6.1 - [L’endurcissement par voile sur le cœur s’est poursuivi au-delà de Moïse, jusqu’à aujourd’hui]

Pour les Israélites, la punition consista à ne pas pouvoir reconnaître le caractère temporaire et la fin prévisible de l’alliance conclue avec eux. C’est le sens des mots « afin que les fils d’Israël n’arrêtassent pas leurs yeux sur la consommation de ce qui devait prendre fin » (2 Cor. 3:13). Par la suite, leurs descendants ont cru et croient encore aujourd’hui que l’ancienne alliance n’a pas de fin, mais qu’elle est impérissable. Au sens figuré, ils avaient et ont eux-mêmes un « voile sur leur cœur ». La mention à deux reprises des mots « jusqu’à aujourd’hui » (2 Cor. 3:14,15) montre que cela ne s’appliquait pas seulement aux contemporains de Moïse, mais aussi à leurs descendants.

Lorsque Paul parle ici de la « lecture de l’ancienne alliance », il pense à la lecture de la Bible hébraïque, de l’Ancien Testament (*). À cause du « voile sur leur visage », les Israélites/Juifs ne peuvent pas voir que l’ancienne alliance et son ministère, autrefois introduits avec gloire, ont pris fin depuis longtemps, depuis la croix de Golgotha.


(*) En grec, le terme utilisé ici pour « alliance » est « diatheke », qui signifie aussi « testament » (Héb. 9:15-18). L’expression « ancienne alliance » est traduite en latin dans la Vulgate par « vetus testamentum ». La désignation que nous utilisons aujourd’hui d’« Ancien Testament » est donc une manière biblique de s’exprimer et qui remonte à 2 Cor. 3:14.


6.2 - [Ce n’est qu’en Christ que le voile peut être ôté des cœurs]

Ils ne pouvaient et ne peuvent pas reconnaître la fin de l’ancienne alliance, qui avait été instaurée autrefois avec gloire. Ils connaissaient l’Ancien Testament (l’« ancienne alliance »), en particulier la Loi (« Moïse »), et pourtant ils n’en comprenaient pas le sens profond (2 Cor. 3:14, 15). Ils ne comprenaient surtout pas que la loi et les prophètes faisaient référence à Christ, c’est-à-dire à Jésus de Nazareth (cf. Luc 24:44 ; Jean 1:45). Quand le Seigneur Jésus, celui qui a accompli toutes les promesses et tous les types de l’Ancien Testament, est venu, ils L’ont rejeté. Ils n’ont pas vu qu’Il est la fin de la loi et se sont accrochés à ce qui, selon le plan de Dieu, devait prendre fin. Ce n’est qu’en Christ que ce voile peut être ôté des cœurs. Il en est ainsi jusqu’à aujourd’hui. Déjà dans le temps présent, tous les Juifs qui viennent à Christ dans la repentance et la foi, font l’expérience qu’en Lui, le voile de l’incompréhension et de l’endurcissement est ôté de leurs cœurs. Tous les Juifs croyants sont actuellement intégrés par le Saint-Esprit comme membres dans le corps de Christ, comme il est dit en 1 Corinthiens 12:13 : « Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit ». Mais dans l’avenir, un résidu « se tournera vers le Seigneur ». Alors, le voile sera ôté de leurs cœurs (2 Cor. 3:14-16).


6.3 - [Le voile ôté pour Israël après l’enlèvement de l’assemblée ou église]

C’est ce que confirment les paroles de l’apôtre Paul en Romains 11:25, 26 : « Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère … : c’est qu’un endurcissement partiel est arrivé à Israël, jusqu’à ce que le nombre complet (la plénitude) des nations soit entré ; et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : ‘Le Sauveur (ou : Libérateur) viendra de Sion, lui détournera de Jacob les impiétés’ ». Cela signifie qu’Israël sera en grande partie endurci jusqu’à l’enlèvement de l’assemblée (ou : église) : Le voile reste sur leur cœur en ce qui concerne notre Seigneur Jésus Christ. Ils ne Le reconnaissent pas comme leur Sauveur. Mais cela changera après l’enlèvement. Une petite partie du peuple, appelée « les intelligents » ou « les sages » par Daniel, proclamera l’évangile du Royaume de Dieu au milieu d’une grande tribulation et, ce faisant, ils « enseigneront la justice à la multitude (c’est-à-dire au résidu croyant à venir) » (Dan. 12:1-3). Même s’il ne s’agit vraiment que d’un résidu, Dieu le désigne comme Son peuple (entier) racheté (cf. Ésa. 10:21,22 ; Rom. 9:27 ; 11:26).


Quelle fin glorieuse après un triste parcours !


7 - Contempler la gloire « à face découverte »

7.1 - [Parenthèse de 2 Cor. 3:7-16 : le ministère de l’Esprit a pour objet Christ glorifié, et c’est en dehors de la loi]

Les v. 7 à 16 de 2 Cor. 3 forment une parenthèse (marquée comme telle dans la traduction en français de Darby). Le v. 17, avec les mots « Or le Seigneur est l’Esprit ; et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté », fait immédiatement suite aux paroles du v. 6 : « Car la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie ». Mais en même temps, l’idée du « ministère de l’Esprit », qui consiste en gloire (2 Cor. 3:8), est également reprise. Toute cette parenthèse doit faire comprendre que la lettre (c’est-à-dire la loi) conduit à la mort, mais que l’Esprit de Dieu fait vivre (cf. 2 Cor. 3:7, 8). Ce n’est que par Lui et la foi au Seigneur Jésus que l’homme reçoit la vie éternelle et l’accès à la gloire de Dieu. Quel contraste avec la position du peuple d’Israël qui, à cause du rejet de la gloire de Dieu dans la face de Moïse, ne pouvait plus rien reconnaître réellement !

L’œuvre rédemptrice de Christ a d’une part mis fin au « ministère de la mort », mais a en même temps constitué le fondement du « ministère de l’Esprit », qui « subsistera en gloire ». Les mots « Or le Seigneur est l’Esprit » signifient que Christ glorifié est l’objet principal du ministère du Saint Esprit dans le temps présent (cf. Jean 15:26 ; 16:14). Ensuite, il est ajouté : « Mais là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (cf. Gal. 5:1). Maintenant, ce n’est plus le joug de la loi, la peur de la mort et de la condamnation qui règnent. En tant que croyants, nous sommes libérés en Christ de toute servitude (cf. Rom. 6:18 ; 8:2 ; Héb. 2:15).


7.2 - [Les croyants du temps actuels peuvent contempler la gloire « à face découverte »]

Contrairement aux Israélites, sur le cœur desquels le voile de l’incompréhension de l’Ancien Testament a été posée comme punition de Dieu, tous les croyants maintenant, sans exception, peuvent contempler « à visage découvert » (c’est-à-dire avec les yeux de leur cœur) la gloire du Seigneur. C’est ce que Moïse était autorisé à faire lorsqu’il entrait en présence de Dieu, même s’il n’avait qu’une faible impression de la gloire de Dieu (voir Exode 33:18-23). Mais les Israélites, qui ne voulaient pas voir cette gloire au début, ne peuvent pas la reconnaître jusqu’à aujourd’hui, parce que Dieu les a endurcis et que le voile de l’incompréhension est sur leur cœur. Ce n’est que lors de leur futur retour au Seigneur que ce voile sera ôté.


7.3 - [Résumé de 2 Cor. 3:7-18]

Résumons encore une fois brièvement les différents aspects qu’on peut reconnaître ici :


7.4 - [Contemplation de la gloire sans entrave et triomphante]

L’argumentation et l’enseignement de l’apôtre Paul se terminent par une phrase finale triomphante : « Or nous tous, contemplant le visage découvert la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit » (2 Cor. 3.18 ; [traduction française Darby : comme par le Seigneur en Esprit]). En présence du Dieu d’Israël, Moïse n’a eu qu’une faible impression de Sa gloire. En revanche, nous pouvons contempler sans entrave la gloire de notre Rédempteur avec les yeux de notre cœur. Sa gloire surpasse de loin tout le reste !

Cette gloire n’est pas celle qu’Il a révélée en tant qu’homme sur la terre (Jean 1:14), mais sa gloire actuelle en tant qu’homme dans le ciel (voir 1 Pierre 1:21). Le rayonnement du visage de Moïse rappelait aux Israélites les saintes et justes exigences de Dieu qu’ils ne pouvaient pas satisfaire et qui les conduisaient donc à la condamnation ; mais la gloire de l’homme Christ Jésus à la droite de Dieu est la preuve que tous nos péchés sont pardonnés. Celui qui nous a tant aimés et qui s’est livré pour nous sur la croix de Golgotha, et qui va bientôt nous chercher pour nous prendre auprès de Lui, veut diriger notre regard vers là où Il est déjà maintenant en tant qu’homme glorifié (voir Héb. 2:9 ; 12:2).


7.5 - [Une transformation du croyant de gloire en gloire par le Saint Esprit]

Cela doit être le motif dominant de notre vie de foi, non pas un acte unique, mais comme un processus qui dure. « De gloire » – c’est la gloire du Seigneur en haut – « en gloire » – c’est le résultat en nous. La transformation s’opère maintenant par le Saint Esprit sur notre esprit + à Sa venue, le Seigneur transformera aussi notre corps pour le rendre conforme à Son corps de gloire (Phil. 3:21). Les mots « comme par le Seigneur, l’Esprit » [ndT : traduction française Darby : comme par le Seigneur en Esprit] signifient que le Saint-Esprit est aussi Seigneur que le Père et le Fils.


Cette contemplation de la gloire du Seigneur dans le ciel doit avoir deux effets :


7.6 - [Étienne martyr, modèle et exemple concret de cette contemplation de la gloire qui transforme]

Nous en voyons un bel exemple en Étienne, le premier martyr de la chrétienté. Son bref ministère ne nous est rapporté que dans les deux chapitres 6 et 7 des Actes des Apôtres. Il était l’un des sept serviteurs à Jérusalem qui servaient les tables pour les croyants lors de leurs repas communs. Lorsqu’il a été mis en accusation par les ennemis de l’évangile, il a prononcé une prédication saisissante. Mais déjà avant son dernier appel solennel, ses adversaires virent « son visage comme le visage d’un ange » (Actes 6:15). Il était déjà empreint de la gloire céleste. Alors qu’il était lapidé par eux, il leva ses yeux au ciel et vit le Seigneur dans la gloire. Ses dernières paroles furent : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! » En cela, il était semblable à son Seigneur, qui avait prié sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Il a vécu pour son Seigneur, il a témoigné de Lui et, peu avant sa mort, il a pu voir « la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu », comme s’Il s’était levé pour accueillir dans la gloire ce premier témoin par son sang !


7.7 - [2 Cor. 4 v.4 et 6: l’éclat de la lumière de la gloire]

Nous aussi, nous devons contempler ce Christ. Le faisons-nous ? Il est notre Sauveur envoyé par Dieu, mais aussi notre Souverain Sacrificateur, qui s’applique sans cesse pour nous, pour que nous ne nous égarions pas du chemin de la foi. Lorsque nous Le contemplons avec foi, nous voyons avec les yeux de notre cœur « l’éclat de la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » (2 Cor. 4:6). Et tout homme qui croit à la bonne nouvelle du salut reçoit « l’éclat de la lumière de l’évangile de la gloire du Christ, qui est l’image de Dieu » (2 Cor. 4:4). Combien cet « éclat de lumière » (ou « rayonnement, illumination ») dépasse de loin toute gloire de ce monde !


 « Or, nous tous qui, le visage découvert, contemplons la gloire du Seigneur, nous sommes transformés, selon la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit » (2 Cor. 3.18)