LA PREMIERE EPITRE AUX CORINTIENS

Arend Remmers avec des modifications par Philippe Laügt


Table des matières abrégée :

1 - Introduction

2 - Ch. 1

3 - Ch. 2 — Le mystère de Dieu

4 - Ch. 3 — Les serviteurs et leur service

5 - Ch. 4 — Un bon serviteur de Dieu

6 - Ch. 5 — Le désordre moral à Corinthe

7 - Ch. 6 — Querelles entre frères et immoralité

8 - Ch. 7 — Mariage et divorce + Se marier ou rester seul

9 - Ch. 8 — Les forts et les faibles

10 - Ch. 9— Ministère et salaire

11 - Ch. 10 — La table du Seigneur et la responsabilité qui s’y lie

12 - Ch. 11 — Ordonnances divines

13 - Ch. 12 — Le Corps de Christ et les Dons spirituels des membres (l’Esprit de puissance)

14 - Ch. 13 — L’Esprit d’amour

15 - Ch. 14 — L’Esprit de sobre bon sens

16 - Ch. 15 — La Résurrection des morts

17 - Ch. 16


Table des matières détaillée :

1 - Introduction

1.1 - L’assemblée à Corinthe

1.2 - Motif et but de l’épître

2 - Ch. 1

2.1 - Salutations et actions de grâces (v. 1 à 9)

2.1.1 - Salutations (v. 1-3)

2.1.2 - Actions de grâces (v. 4-9)

2.2 - Dissensions dans l’assemblée — ce qui est noble et ce qui ne l’est pas (v. 10-31)

2.2.1 - Divisions (v. 10-17)

2.2.2 - Sagesse et folie (v. 18-25)

2.2.3 - La vraie gloire (v. 26-31)

3 - Ch. 2 — Le mystère de Dieu

3.1 - Le témoignage de Dieu (v. 1-5)

3.1.1 - La vraie sagesse (v. 6-16)

3.1.2 - Les sept caractères de la sagesse divine :

3.1.3 - La communication de la sagesse divine

4 - Ch. 3 — Les serviteurs et leur service

4.1 - Les Corinthiens charnels (v. 1-5)

4.2 - Le travail pour la maison de Dieu (v. 6-17)

4.3 - Aveuglement (v. 18-23)

5 - Ch. 4 — Un bon serviteur de Dieu

5.1 - Le juste jugement (v. 1-5)

5.2 - De vrais serviteurs de Dieu (v. 6-13)

5.3 - Père ou maître (v. 14-21)

6 - Ch. 5 — Le désordre moral à Corinthe

6.1 - Comment s’occuper d’un mal manifeste dans la maison de Dieu (v. 1-8)

6.2 - L’exercice de la discipline (v. 9-13)

7 - Ch. 6 — Querelles entre frères et immoralité

7.1 - Querelles entre frères (v. 1-11)

7.2 - Fuyez la fornication (v. 12-20)

8 - Ch. 7 — Mariage et divorce + Se marier ou rester seul

8.1 - Mariage et divorce (v. 1 à 24)

8.1.1 - Comportement entre époux (v. 1-7)

8.1.2 - Non mariés et veufs (v. 8- 9)

8.1.3 - Séparation (v. 10-11)

8.1.4 - « Les autres » (v. 12-24)

8.2 - Se marier ou rester seul ? (v. 25-40)

9 - Ch. 8 — Les forts et les faibles

10 - Ch. 9— Ministère et salaire

10.1 - L’ouvrier et son salaire (v. 1-14)

10.2 - L’apôtre et son ministère (v. 15-27)

11 - Ch. 10 — La table du Seigneur et la responsabilité qui s’y lie

11.1 - L’exemple solennel du peuple d’Israël (v. 1-13)

11.2 - La table du Seigneur (v. 14-22)

11.3 - Des égards envers les autres (v. 23-33 ; 11:1)

12 - Ch. 11 — Ordonnances divines

12.1 - La position de la femme (v. 2-16)

12.2 - L’assemblée et la cène du Seigneur (v. 17-34)

12.2.1 - L’esprit de parti :

12.2.2 - La cène du Seigneur :

13 - Ch. 12 — Le Corps de Christ et les Dons spirituels des membres (l’Esprit de puissance)

13.1 - Manifestations spirituelles (v. 1-11)

13.2 - Plusieurs membres – un seul corps (v. 12-31)

14 - Ch. 13 — L’Esprit d’amour

14.1 - L’amour doit être présent (v. 1-3)

14.2 - L’essence de l’amour divin dans les croyants (v. 4-7)

14.3 - L’amour est éternel (v. 8-13)

15 - Ch. 14 — L’Esprit de sobre bon sens

15.1 - L’exercice des dons dans les réunions

15.2 - Prophétie et parler en langues (v. 1-6)

15.3 - La nécessité de l’intelligibilité (v. 7-25)

15.4 - L’ordre divin dans l’usage des dons dans l’assemblée (v. 26-40)

16 - Ch. 15 — La Résurrection des morts

16.1 - L’évangile et la résurrection de Jésus Christ (v. 1-11)

16.2 - Conséquences de la négation de la résurrection (v. 12-19)

16.3 - La résurrection et son déroulement (v. 20-28)

16.4 - La résurrection, espérance de la foi (v. 29-34)

16.5 - Questions insensées et la réponse qui y est apportée (v. 35-41)

16.6 - Faiblesse et puissance (v. 42-50)

16.7 - Résurrection et transmutation (v. 51-58)

17 - Ch. 16

17.1 - La collecte en faveur des saints en Judée (v. 1-4)

17.2 - Projets de voyage (v. 5-12)

17.3 - Exhortations finales (v. 13-18)

17.4 - Salutations et exhortations finales (v.19-24)


1 - Introduction

1.1 - L’assemblée à Corinthe

Située sur l’isthme reliant le nord de la Grèce au Péloponnèse, et flanquée des deux ports renommés de Cenchrée et de Lechaion, Corinthe était, au temps du Nouveau Testament, une grande ville portuaire et marchande. En raison de sa situation, elle était un centre d’affaires, de culture et de philosophie, mais aussi de plaisirs, d’idolâtrie et de corruption ; l’immoralité des Corinthiens était proverbiale.

C’est au cours de son deuxième voyage missionnaire (environ 51-54 après J.C.) que Paul s’est rendu pour la première fois à Corinthe ; il y est resté 18 mois, car le Seigneur avait » un grand peuple dans cette ville » (Act. 18:10). Selon son habitude, il annonça l’évangile d’abord aux Juifs, et plus tard, également aux païens. L’assemblée formée dans cette ville, composée de Juifs et de Grecs, était doublement exposée aux influences du monde : par l’origine principalement païenne des croyants (1 Cor. 6:9-11) et par le contact permanent avec un entourage profane. L’épître nous apprend que la licence des mœurs avait déteint sur quelques-uns des membres de l’assemblée (5:1 ; 6:15-18). Certains croyants ne voyaient aucun mal à manger de la viande sacrifiée aux idoles (8:10), ou même à entrer dans les temples d’idoles (10:14-22). Des problèmes existaient aussi entre les croyants : formation de groupes, dissensions (1:11 ; 3:4 ; 11:18), procès devant les tribunaux du monde (6:1-8), désordre durant les réunions (11:20-34 ; 14:33) et même la négation de la doctrine de la résurrection (15:22, 35). À cela s’ajoutait le fait que quelques-uns à Corinthe mettaient en doute l’autorité apostolique de Paul (9).


1.2 - Motif et but de l’épître

Au début et à la fin de l’épître (1:1 ; 16:21), Paul se présente comme son auteur, et au verset 15 du chapitre 4, il rappelle qu’il avait conduit les Corinthiens à la foi au Seigneur Jésus. Durant son séjour de trois ans à Éphèse, mis à part les faits déjà mentionnés, il avait eu connaissance d’autres détails concernant l’assemblée à Corinthe. C’est ainsi qu’il avait appris par ceux de la maison de Chloé qu’il y avait des dissensions parmi eux (1:11), et de plus, les Corinthiens lui avaient écrit une lettre dans laquelle ils posaient différentes questions (7:1 ; 8:1 ; 16:1).

Vers la fin de son séjour à Éphèse (16:8), probablement en l’an 57, Paul, le cœur lourd, entreprit d’écrire, sous la direction du Saint Esprit, cette lettre sévère à l’assemblée à Corinthe. La supposition souvent exprimée qu’il y a encore eu d’autres lettres ou visites de l’apôtre tire son origine du verset 9 de 1 Corinthiens 5. Il s’agit toutefois de pure spéculation. Lorsque Paul écrivit la première lettre, il avait l’intention de visiter les Corinthiens une deuxième fois (4:19 ; 11:34 ; 16:5-7). Sachant qu’une telle visite aurait conduit à une confrontation, vu le triste état des Corinthiens, il y renonça pour les épargner (2 Cor. 1:15, 23 ; 2:1) et il envoya plutôt Tite à Corinthe. Au retour de celui-ci (2 Cor. 2:13 ; 7:6, 7), Paul écrivit la seconde épître, où il rappelle à plusieurs reprises la tristesse qu’il avait éprouvée en écrivant la première lettre (2:4 ; 7:8). Lorsqu’en 2 Corinthiens 12:14 et 13:1, il parle de « troisième fois », il évoque sa troisième intention de venir vers eux, alors que cela n’aurait été que sa deuxième visite effective. Selon Actes 20:2 et 3, cette visite a eu lieu à l’occasion de son séjour de trois mois en Grèce. C’est à Corinthe que Paul écrivit l’épître aux Romains, où il mentionne Phœbé, « servante de l’assemblée qui est à Cenchrée », ainsi que son hôte Gaïus (Rom. 16:1, 23 ; 1 Cor. 1:14).

La première et la seconde épîtres aux Corinthiens sont les deux seules lettres dans le Nouveau Testament qui sont adressées à « l’assemblée de Dieu » comme telle et, même pour la première, à « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre » (1:2). Cette lettre concerne donc tous ceux qui confessent appartenir au Seigneur. C’est pourquoi le titre « Seigneur » y revient plus souvent que dans toute autre épître du Nouveau Testament. La portée universelle de la doctrine de l’apôtre Paul n’est pas seulement affirmée au verset 2 du premier chapitre, mais encore dans plusieurs autres passages : 4:17 ; 7:17 ; 11:16 ; 14:33 ; 16:1.

La première épître aux Corinthiens contient des instructions détaillées quant à l’ordre intérieur et quant à la marche collective de l’Assemblée de Dieu. Aussi y est-il souvent fait appel à la responsabilité des croyants. Ainsi, par exemple, l’expression : « Ne savez-vous pas ? » est répétée dix fois : 3:16 ; 5:6 ; 6:2, 3, 9, 15, 16, 19 ; 9:13, 24 ; voir aussi 10:1 ; 12:1).

Dans la première partie de l’épître (chap. 1 à 9), l’assemblée est présentée sous l’aspect d’un édifice, d’un saint temple de Dieu (voir 3:9-17). L’ordre divin doit régner dans la maison de Dieu. C’est pourquoi notre responsabilité dans la construction (chap. 3) et la discipline dans l’assemblée (chap. 5) y sont mis en évidence.

Dans la seconde partie (chap. 10 à 16), il s’agit davantage de l’assemblée de Dieu vue comme le corps de Christ (10:17 ; 12:12, 13, 27) ; la pensée principale y est l’unité. Les nombreux membres du corps, avec leurs diverses fonctions, ne représentent pas un obstacle à cette unité, mais constituent plutôt une polarité vivante et permanente.


2 - Ch. 1

2.1 - Salutations et actions de grâces (v. 1 à 9)

2.1.1 - Salutations (v. 1-3)

Comme il le fait souvent dans ses épîtres, Paul commence par se présenter comme apôtre, c’est-à-dire comme envoyé de Jésus Christ. Il avait été appelé à cette fonction et à ce service, non par des hommes, mais par Dieu lui-même, Celui qui appelle tous ses serviteurs (voir Gal. 1:1 ). Il s’associe le frère Sosthène, peut-être le même que le chef de synagogue de Corinthe en Actes 18:17.

Paul nomme comme destinataire de la lettre : « l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe ».

Notons que le mot « assemblée » (en grec : ekklesia) est utilisé dans le Nouveau Testament avec trois significations différentes :


De plus, Paul nomme les Corinthiens « sanctifiés dans le Christ Jésus » et « saints appelés ». Par la foi au Seigneur Jésus, ils avaient été unis à Lui, et par là avaient été sanctifiés, étaient devenus des saints. Ainsi, par grâce, tout chrétien est sanctifié, c’est-à-dire mis à part pour lui. Dieu est saint et tout ce qui est en relation avec Lui doit également porter ce caractère.

Mais ensuite Paul étend sa salutation à « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre ». L’épître reçoit ainsi une portée universelle, car elle ne s’adresse pas seulement à l’assemblée à Corinthe d’alors, mais à tous les habitants de la terre qui confessent être chrétiens. Il s’agit, par là, en premier lieu de ceux qui invoquent le Seigneur « d’un cœur pur » (2 Tim. 2:22), mais il se peut qu’il se trouve parmi eux des personnes qui ne le font qu’extérieurement et dont les œuvres ne prouvent pas qu’elles sont nées de nouveau. Malgré la portée universelle de cette lettre, les enseignements de la première épître aux Corinthiens quant aux dons de grâce et au service, à l’ordre dans l’assemblée et à la position de la femme chrétienne, sont souvent négligés dans la chrétienté.

Lorsque l’apôtre souhaite la grâce et la paix aux destinataires de l’épître, il le pense d’une manière très pratique. Tous les enfants de Dieu se trouvent dans la grâce de Dieu et ont la paix avec lui. Mais, dans la vie de foi quotidienne, et dans nos rapports mutuels, la grâce et la paix nous manquent souvent. Le désir de notre Dieu et Père et de notre Seigneur Jésus Christ est que nous ne manquions pas de la grâce de Dieu, que sa paix habite dans nos cœurs et que nous soyons en paix entre nous.


2.1.2 - Actions de grâces (v. 4-9)

Dans chacune de ses épîtres (excepté celle aux Galates), Paul commence par remercier pour tout ce que la grâce de Dieu a produit chez les croyants. Mais alors que, dans d’autres épîtres, il peut louer la foi, l’amour et les bonnes œuvres des destinataires, il se limite ici à rendre grâces pour ce que Dieu avait opéré envers et dans les Corinthiens. Comme nous le verrons au cours de l’épître, il se trouvait chez eux beaucoup de manifestations affligeantes et peu de choses dignes de louange. Aussi l’apôtre ne remercie-t-il ici que pour la grâce de Dieu qui leur avait été donnée en Christ, pour les richesses de la vérité et de la connaissance, et pour les nombreux dons de grâce qu’ils avaient reçus. Les Corinthiens étaient effectivement abondamment bénis. Mais ils étaient charnels et ne répondaient pas aux grands privilèges qui leur avaient été accordés.

C’est pourquoi aussi Paul ne leur parle pas ici de la venue du Seigneur pour l’enlèvement des croyants, mais leur rappelle son apparition, c’est-à-dire l’événement par lequel il se manifestera sur la terre dans sa gloire de Fils de l’homme, entouré de ses saints, pour établir son règne dans le royaume millénaire. Les croyants seront alors manifestés avec Lui (Col. 3:4) et tous ceux qui ont servi fidèlement le Seigneur pourront se réjouir de contribuer un peu à la gloire de leur Seigneur bien-aimé (2 Thes. 1:10 ; 2 Tim. 4:8). La révélation - ou apparition - du Seigneur nous rappelle notre responsabilité, pour nous stimuler à la fidélité et au dévouement. Ceci n’avait que peu occupé la pensée des Corinthiens.

Mais le Seigneur ne veut pas que le rappel de notre responsabilité nous rende anxieux. Il est Celui qui nous affermira « jusqu’à la fin ». Il ne demande rien aux siens sans leur donner la capacité et la force pour l’accomplir, et ceci, jusqu’à la fin. Sans Lui, nous ne pouvons rien faire, mais si nous nous appuyons sur Lui, nous serons gardés pour être irréprochables dans Son jour - le jour ou la journée du Seigneur (1 Thes. 5:2), du Seigneur Jésus (1 Cor. 5:5), de Jésus Christ (Phil. 1:6) ; de Christ (Phil. 1:10), appelé aussi parfois : « ce jour-là » (2 Thes. 1:10), n’est pas un simple jour, mais couvre la période où Christ, comme Fils de l’homme, exercera un juste jugement !

Non seulement le Seigneur Jésus, mais Dieu aussi, dans sa fidélité, nous vient en aide. Nous ne sommes pas seuls, mais nous nous trouvons par grâce dans la communion de Jésus Christ, le Fils de Dieu, notre Seigneur. Les quatre titres ou noms du Seigneur contenus dans ce dernier verset caractérisent cette communion à laquelle Dieu nous a appelés. Si, dans la pratique, nous vivons dans la conscience et dans la jouissance de cette communion avec le Seigneur, nous nous garderons de toute conformité avec le monde, et de tout égoïsme.


2.2 - Dissensions dans l’assemblée — ce qui est noble et ce qui ne l’est pas (v. 10-31)

Le mal principal dans l’assemblée à Corinthe consistait dans les dissensions et l’esprit de parti. Paul va s’occuper de ce problème en premier lieu. Il y revient constamment dans les quatre premiers chapitres.


2.2.1 - Divisions (v. 10-17)

Après son action de grâces, l’apôtre Paul se sent contraint de donner immédiatement une exhortation. Toutefois, il rappelle d’abord aux Corinthiens, qu’il considère et aime comme ses frères, qu’il s’adresse à eux au nom de leur commun Seigneur Jésus Christ. Il commence par les exhorter à parler un même langage et à éviter les divisions. Comme croyants, ils avaient tous le même Seigneur, qui les avait rachetés. Dans le service pour Lui, ils devaient tous poursuivre le même but : l’honorer et être en bénédiction à leur entourage, même si, en tant qu’instruments de Dieu, ils étaient différemment doués. Ils possédaient enfin tous le même Esprit Saint par lequel ils avaient été baptisés en un seul corps et pouvaient garder l’unité de l’Esprit (Éph. 4:3). Si donc maintenant des divisions (ou déchirures, comp. Matt. 9:16) apparaissaient au milieu d’eux, l’origine n’en pouvait être que dans leur chair, agissant dans la vieille nature mauvaise du croyant. C’est pourquoi Paul les exhorte à être parfaitement unis en regardant au Seigneur Jésus, non seulement dans un même avis, c’est-à-dire dans le jugement exprimé, mais aussi dans un même sentiment, c’est-à-dire dans la compréhension et dans la pensée. Ceci explique aussi la première exhortation de l’apôtre : ils devaient parler un « même langage » (v. 10). S’ils avaient tous le Seigneur devant les yeux, et jugeaient toutes choses selon son évaluation, ils parleraient aussi le même langage. Il s’agit donc non pas d’une uniformité dans la manière de s’exprimer, mais de l’unité dans le témoignage rendu à leur commun Seigneur.

Paul indique alors très ouvertement aux Corinthiens - qu’il nomme ses frères pour la deuxième fois dans ce paragraphe sérieux - de quelle source il avait appris qu’ils avaient des dissensions parmi eux (v. 11). C’était par le moyen des « proches de Chloé » ; celle-ci était apparemment une sœur fidèle à Corinthe, qui souffrait de ces différends. L’apôtre avait ainsi appris que parmi les Corinthiens, non seulement il y avait de l’attachement ou même une préférence pour certains serviteurs du Seigneur, mais que, à l’insu peut-être de ceux-ci, ils en avaient fait des chefs de partis ! Les uns considéraient l’apôtre Paul, l’instrument de Dieu pour la conversion des Corinthiens (voir 4:15), comme leur conducteur. D’autres se réclamaient de l’éloquent Apollos, qui avait été très utile aux croyants peu de temps après la première visite de Paul (Act. 18:24 ; 19:1 ; 1 Cor. 3:4-6). D’autres encore disaient que c’était de Pierre (en araméen : Céphas), le plus connu des douze apôtres de Christ, qu’ils dépendaient ! Les Corinthiens, qui par là même faisaient de ces hommes des chefs de partis, étaient-ils conscients qu’ils portaient atteinte à la position unique du Seigneur Jésus ? Finalement il y avait un quatrième groupe qui voulait même faire de Christ le chef de leur parti !

Ils montraient ainsi tous qu’ils n’avaient pas compris la vraie signification de la croix de Christ. Lorsque le Seigneur a été crucifié pour les pécheurs, Dieu a condamné définitivement en Lui, l’homme parfait, le péché et le vieil homme, mais aussi sa sagesse, et tous ses prétendus « acquis ». En même temps, par la croix, un homme nouveau a été créé, et le fondement a été posé pour le corps de Christ, auquel appartiennent, par l’œuvre de l’Esprit Saint, tous ceux qui croient en Lui (Rom. 6:6-11 ; Éph. 2:15, 16).

C’est pourquoi Paul doit poser à ces croyants la question : « Le Christ est-il divisé ? » (v. 13a). Par leurs querelles et leurs divisions, ils pratiquaient ce qui était courant dans le monde, mais en contradiction totale avec l’unité du corps de Christ. « Le Christ » indique ici le Seigneur Jésus comme la Tête et en même temps l’Assemblée comme le corps uni à lui (1 Cor. 12:12). Puis l’apôtre poursuit : « Paul a-t-il été crucifié pour vous ? ou avez-vous été baptisés pour le nom de Paul ? » (v. 13b). Les Corinthiens ne pouvaient pas avoir de doutes quant à la réponse à donner à ces questions. Ce n’est pas Paul, mais le Seigneur Jésus qui avait pris pour eux la place du mépris à la croix, et, par le baptême, ils ne s’étaient pas identifiés avec un homme remarquable, mais avaient exprimé avec foi qu’ils étaient ensevelis avec leur Sauveur, avec lequel aussi ils étaient crucifiés et morts par la foi (Rom. 6:2-4). Si le grand apôtre avait baptisé quelques-uns des Corinthiens, ceux-ci auraient peut-être pu se prévaloir avec fierté de ce fait pour prétendre être des chrétiens particulièrement privilégiés, parce que baptisés par un homme si connu. Ce n’était pourtant pas le cas. Au contraire, Paul remerciait Dieu de ce qu’il n’avait baptisé que Crispus, Gaïus et la maison de Stéphanas (v. 14, 16). De la sorte, aucun « parti » ne pouvait se prévaloir, manifestant de l’orgueil charnel, avoir été baptisé par le grand apôtre Paul.

Pour justifier le fait qu’il n’avait baptisé qu’un petit nombre d’entre les croyants corinthiens, Paul explique maintenant que Christ ne l’avait pas envoyé pour baptiser. Ces paroles étonnent peut-être beaucoup de chrétiens. Paul n’attachait-il donc pas d’importance au baptême ? Une telle conclusion erronée est démentie clairement par des passages tels que Act. 19:3-5 ; Rom. 6:3-4 ; Gal. 3:27 et Éph. 4:5. Paul reconnaissait pleinement la signification des paroles adressées par le Seigneur ressuscité à ses disciples : « Allez donc et faites disciples toutes les nations, les baptisant pour le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, leur enseignant à garder tout ce que je vous ai commandé » (Matt. 28:19-20) Mais il savait aussi que le Seigneur avait institué le baptême alors qu’il était encore sur la terre et qu’en conséquence, sa signification est liée à la place qu’occupe le disciple de Jésus ici-bas. Or à la différence des douze apôtres, Paul avait été appelé par un Christ déjà glorifié dans le ciel. Son évangile était l’évangile de la gloire. Il nous révèle que celui qui a cru au Seigneur crucifié, est maintenant identifié avec lui, comme le Christ glorifié ; il est un membre de son assemblée, de son corps. Ce message à caractère céleste, qui avait été un mystère dans les économies précédentes (Éph. 1:10-11 ; 3:3-11 ; 5:32 ; Col. 1:27), avait été confié à Paul avant tout autre, et celui-ci ne voulait l’anéantir ni par la surestimation de la position chrétienne sur la terre ni par une « sagesse de parole » humaine. Le but de la « sagesse de parole » est de rendre attrayant pour l’intelligence humaine non seulement la forme, mais aussi le contenu de ce qui est dit. Or l’évangile s’adresse non pas à l’intelligence mais à la conscience de l’homme. Dans d’autres passages, Paul parle de ce message dont le Seigneur l’a chargé comme de « mon évangile » (Rom. 16:25 ; 2 Tim. 2:8) et comme de « l’évangile de la gloire » (2 Cor. 4:4 ; 1 Tim. 1:11). Ici cependant, il l’appelle « la parole de la croix » (v. 18), parce que la croix de Christ est la base de tout. C’est ce qu’il fallait rappeler aux Corinthiens.


2.2.2 - Sagesse et folie (v. 18-25)

Tout en ayant la foi au Seigneur Jésus, les Corinthiens étaient encore fortement influencés par la pensée grecque. Ils n’acceptaient que difficilement la totale corruption de la nature humaine. C’est pourquoi « la parole de la croix » est au centre de ce paragraphe. Lorsque le Seigneur Jésus était sur la croix, la miséricorde et l’amour de Dieu pour des hommes perdus ont été manifestés, car c’était son propre Fils bien-aimé qu’Il livrait pour eux. C’est aussi à la croix que la sainteté et la justice de Dieu ont été pleinement révélées, car là, Il a fait tomber sur lui le jugement de nos péchés. La sagesse du conseil de Dieu a été ainsi dévoilée à la croix. Ce que les hommes en ont vu était cependant tout différent. Ils considéraient un condamné à mort, qui même devait subir la mort la plus honteuse. La crucifixion était en effet le supplice le plus dégradant ; il n’était appliqué par les Romains qu’aux esclaves et aux étrangers. Selon l’appréciation du monde, il était donc impossible que ce crucifié puisse être le Sauveur voulu de Dieu. Ainsi, « la parole de la croix » n’est que folie pour tous ceux qui périssent. Seul celui qui reçoit ce message expérimente qu’il est véritablement la puissance de Dieu pour le salut éternel d’hommes perdus.

Les Corinthiens pensaient peut-être : Si la foi peut accomplir de si grandes choses envers de pauvres hommes illettrés qu’ils en viennent à développer des dons jusqu’alors ignorés, qu’en sera-t-il lorsqu’on y ajoutera la pensée et la sagesse humaines ! Quel triomphe ce serait, si non seulement des hommes simples, mais aussi les sages et les intelligents confessaient le Seigneur Jésus ! L’apôtre s’élève contre de tels raisonnements charnels en citant Esaïe 29:14. Toute la sagesse, la science et la rhétorique humaines n’ont pas la moindre valeur aux yeux de Dieu. Ces choses exaltent l’homme naturel et c’est pourquoi elles constituent un obstacle à la réception du message de l’évangile.

Il est impossible à l’homme naturel, même en rassemblant toutes les forces dont il dispose, de connaître Dieu par sa propre sagesse et ses efforts personnels. Dans sa sagesse, Dieu a fermé cette voie, afin qu’aucun homme ne puisse se glorifier de connaître Dieu par sa propre force. Mais il a plu aussi à Dieu, dans cette même sagesse, de faire que la prédication du message du salut paraisse comme une folie pour l’intelligence humaine. Car pourrait-il y avoir quelque chose de plus inconcevable pour la pensée humaine que le Créateur du ciel et de la terre soit devenu homme, qu’il ait été toutefois rejeté et crucifié par ses propres créatures ? Mais c’est précisément ce fait que le Fils de Dieu a été crucifié pour des pécheurs, qui forme le cœur de l’évangile. Seul celui qui croit cela est sauvé. Que pour les Juifs, qui exigent des signes pour confirmer la gloire du Messie, le message de la croix soit une occasion de chute, et qu’il soit considéré comme une folie par les Grecs, qui recherchent une sagesse qui glorifie la pensée humaine, la substance de l’évangile n’en reste pas moins « Christ crucifié » (v. 23). La puissance et la sagesse de Dieu ne se révèlent en Christ qu’à ceux qui, par la foi, ont reçu le message de sa grâce, soit Juifs soit Grecs. Ce n’est que par la puissance de Dieu que l’homme naît de nouveau ; ce n’est que par Sa sagesse qu’il est béni de toute bénédiction spirituelle. La croix de Christ, qui est folie et faiblesse aux yeux de l’homme naturel, surpasse de loin dans ses effets les pensées des plus sages et les capacités des plus puissants.

2.2.3 - La vraie gloire (v. 26-31)

En s’examinant eux-mêmes, les Corinthiens pouvaient bien confirmer les paroles de l’apôtre Paul. Dieu, dans sa grâce, les avait appelés par l’évangile et les avait abondamment bénis (v. 5-7). Mais ils n’étaient redevables de ces bénédictions ni à leur sagesse, ni à leur force ou à leur dignité. Au contraire, Dieu avait choisi les choses folles, faibles, viles, et méprisées du monde pour couvrir de honte les hommes sages, les choses puissantes et tout ce que l’homme exalte dans ce monde. Aucun d’eux ne pouvait se vanter d’avoir contribué à sa position d’enfants de Dieu ou aux dons de grâce qu’il avait reçus ! Et pourtant, les Corinthiens se glorifiaient eux-mêmes, au lieu de reconnaître avec gratitude que tout ce qu’ils possédaient sur le plan spirituel avait son origine en Dieu et était devenu leur part en vertu de leur position en Christ qui était mort et ressuscité pour eux, et qui maintenant occupe à la droite de Dieu la place de la puissance et de la gloire suprêmes. Dieu qui, depuis la chute du premier homme, connaît les besoins du pécheur et y a parfaitement pourvu en Christ. Il lui donne sagesse et justice en Christ, le rend capable de mener une vie de sainteté pratique pour lui, et lui assure une pleine rédemption au terme de sa vie de foi (Éph. 4:30). Dieu seul a pourvu avec grâce et amour à tout pour le temps et l’éternité. Aussi Paul peut-il citer à l’appui ce verset de l’Ancien Testament qu’il répétera encore en 2 Corinthiens 10:17: » Celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur » (v. 31). Comme dans d’autres cas, le Saint Esprit réunit ici en une seule déclaration des paroles empruntées à différents livres de l’Ancien Testament. En Jérémie 9:24, il est dit : « Que celui qui se glorifie, se glorifie en ceci, qu’il a de l’intelligence… », et en Esaïe 45:25: » En l’Eternel (ou : dans le Seigneur)… se glorifiera toute la semence d’Israël ». On retrouve d’ailleurs de telles « citations combinées » en Matt. 27:9 ; Luc 10:27 ; 2 Cor. 6:16-18.


3 - Ch. 2 — Le mystère de Dieu

3.1 - Le témoignage de Dieu (v. 1-5)

Paul revient maintenant sur sa prédication de l’évangile déjà évoquée au chapitre premier : « … non pas avec sagesse de parole, afin que la croix du Christ ne soit pas rendue vaine » (1:17). En Actes 18, Luc parle de la première visite de l’apôtre à Corinthe. Paul avait demeuré chez Aquilas et Priscilla, un couple chrétien fidèle, et il gagnait son pain en faisant des tentes. Dès le début de son séjour, les Juifs avaient rejeté son message, et plus tard, ils l’avaient même accusé devant le proconsul Gallion. En 1905, on a trouvé à Delphes une pierre avec une inscription où il est fait mention du nom de Gallion, proconsul de l’Achaïe. Cette inscription, qui confirme l’exactitude du récit de Luc et la vérité de la Parole, date probablement de l’an 52 après Jésus Christ.

Malgré tout, Paul est resté sur l’ordre du Seigneur un an et demi dans cette ville.

Il nomme ici son message : « le témoignage de Dieu » (v. 1). Quelques manuscrits grecs lisent : « le mystère de Dieu », mais les versets suivants, jusqu’au chapitre 3 (v. 2), montrent que Paul ne pouvait pas encore leur communiquer ce mystère aux Corinthiens, à cause de leur état.

Jean emploie la même expression dans sa première épître, quoique avec un sens un peu différent (1 Jean 5:9-11). Il s’agit du plus important témoignage qui ait jamais été annoncé sur la terre : il contient le jugement de Dieu sur l’homme déchu et son plan de salut par la mort de Christ sur la croix. Ce témoignage de Dieu n’a aucunement besoin de l’appui de la rhétorique ou de la sagesse humaines. L’homme déchu en retirerait à nouveau de l’honneur. En venant à Corinthe, l’une des plus grandes villes de Grèce, Paul, Juif doué et instruit, de la métropole culturelle de Tarse, n’avait qu’un but. Il voulait prêcher là un seul message : « Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » (v. 2). Ces paroles impliquent certainement l’œuvre de la rédemption. Mais elles expriment avant tout que le Seigneur Jésus, méprisé et rejeté, avait souffert la mort la plus honteuse que les hommes de ce temps-là pouvaient alors s’imaginer. Ce message renferme donc la plus grande opposition possible avec la recherche humaine de l’estime de l’honneur et de la gloire.

Lorsque Paul mentionne ici que c’est dans la faiblesse, dans la crainte et un grand tremblement qu’il s’est trouvé à Corinthe la première fois (v. 3), il avait bien des motifs d’éprouver de l’anxiété à cause de l’opposition acharnée des Juifs. Ce qu’il dit ici explique l’encouragement que le Seigneur lui avait adressé antérieurement, une nuit : « Ne crains pas, mais parle, ne te tais pas, parce que je suis avec toi ; et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai un grand peuple dans cette ville » (Actes 18:10). Combien d’évangélistes et de témoins du Seigneur connaissent dans certaines occasions la même expérience que Paul alors ! Aujourd’hui encore, le Seigneur fortifie et encourage ses serviteurs.

Toutefois, la crainte de l’apôtre n’était pas uniquement due aux attaques de l’ennemi. Face à ces hommes de Corinthe, imbus d’eux-mêmes, il ne pouvait pas se présenter dans la même attitude. Il était conscient de sa faiblesse. Mais c’était justement dans cette faiblesse que résidait sa force (2 Cor. 12:10) ! Sa parole (la forme de son message) et sa prédication (son contenu) n’étaient donc pas non plus caractérisées par un don de persuasion et par la sagesse humaine. En serviteur fidèle de Christ, il renonçait à tous les procédés rhétoriques de la chair. Ni le thème de la prédication (v. 1- 2), ni l’attitude du serviteur (v. 3), ni la forme du message (v. 4) ne laissaient la moindre place à la chair.

Le Saint Esprit, que Paul mentionne ici pour la première fois dans cette épître, prend dans la suite de ce chapitre une place essentielle. Il est manifeste que là où la chair se déploie, le Saint Esprit ne trouve pas de place. Pour que l’Esprit puisse agir en puissance, il faut donc que la chair avec ses supposés « dons et prétentions » disparaisse. Ainsi la « démonstration de l’Esprit et de puissance » est mise en contraste flagrant avec les « paroles persuasives de sagesse » (v. 4).

Lorsque par une telle prédication de l’évangile, des hommes sont amenés à une foi vivante dans le Seigneur Jésus, il est clair que cela n’a pas eu lieu par l’intelligence ou des capacités humaines, mais c’est dû uniquement à l’action du Saint Esprit. Bien que la prédication ait été faible en apparence, elle manifestait en réalité la puissance de Dieu. Ainsi dès le début, l’apôtre tendait à ce que la foi des rachetés repose, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. Ceci n’était cependant pas seulement le désir de l’apôtre, mais c’était l’intention de Dieu. Celui qui se laisse convaincre par des arguments habiles ne peut se sentir sûr que jusqu’à ce que quelqu’un vienne avec de meilleurs raisonnements et renverse tout. Celui qui, toutefois, s’appuie sur le témoignage de la Parole de Dieu, sait que, derrière elle, il y a toute la puissance de Dieu. Elle est expérimentée par la foi. Elle transporte le pécheur du milieu des ténèbres dans la merveilleuse lumière de Dieu, elle donne la vie éternelle à celui qui était mort dans ses fautes et dans ses péchés, et elle se manifeste chaque jour dans la vie du croyant qui se confie en elle.


3.1.1 - La vraie sagesse (v. 6-16)

Jusqu’ici, l’apôtre avait opposé la simplicité et l’apparence méprisable du message de l’évangile à la sagesse humaine tant prisée par les Corinthiens charnels. Il leur fait savoir maintenant que les messagers du Christ avaient eux aussi une sagesse à prêcher. Cette sagesse n’était cependant pas destinée à l’homme naturel, mais aux « parfaits ».

Le terme « parfait » (en grec : teleios, teleioô) a trois significations dans le Nouveau Testament en rapport avec la vie spirituelle :


Les parfaits dont parle ici l’apôtre (v. 6) ne sont toutefois pas les érudits de ce monde, ce sont les croyants qui vivent et marchent dans la pleine conscience de leur position en Christ comme enfants de Dieu, c’est-à-dire sont adultes dans la foi ! On ne pouvait pas en dire autant des Corinthiens, comme le montrent clairement les versets 1 et 2 du chapitre 3.

L’apôtre énumère d’abord dans les versets 6 à 10 sept caractères de cette sagesse. Il montre ensuite (v. 11-16) comment elle est révélée, communiquée et comprise. Mais il ne pouvait pas communiquer le contenu du mystère qu’elle renfermait aux Corinthiens à cause de leurs pensées charnelles. En raison de leur état, ils étaient incapables de le comprendre.


3.1.2 - Les sept caractères de la sagesse divine :

1. Le premier caractère de la sagesse annoncée par l’apôtre était qu’elle n’avait rien de commun avec celle de ce monde et des chefs de ce siècle. Contrairement à cette sagesse, tant les idées que les acquis des « grands » de ce monde tombent vite dans l’oubli.

2. Le deuxième caractère de cette sagesse met en évidence le contraste avec la prétendue sagesse des grands de ce monde : il s’agit de la sagesse de Dieu qui, en Romains 16:27, est appelé le « Dieu qui seul est sage ».

3. Troisièmement, il s’agit d’une sagesse cachée à l’intelligence naturelle de l’homme, qui prend par là même la forme d’un mystère. Ce mystère, dont l’apôtre Paul parle si souvent dans ses épîtres, n’était pas révélé dans l’Ancien Testament. Toutefois, après l’accomplissement de l’œuvre de la rédemption par le Seigneur Jésus, il est pleinement exposé dans les écrits de l’apôtre Paul (Rom. 16:25, 26 ; Éph. 3:4-6, 9). Seuls les croyants spirituels peuvent le comprendre. Or ce n’était pas le cas des Corinthiens. C’est pourquoi Paul ne pouvait pas leur communiquer ici le contenu de ce mystère : Christ, l’homme glorifié, est assis maintenant à la droite de Dieu et, comme chef sur toutes choses, Il est aussi la tête de l’assemblée qui, étant son corps, sera éternellement unie à lui dans le ciel.

4. Quatrième caractère de cette sagesse : elle était préétablie dans le conseil éternel de Dieu pour la gloire de ses enfants. Dès avant la fondation du monde, c’est-à-dire avant la création de l’univers, le Fils bien-aimé du Père a été préconnu pour accomplir, comme Agneau de Dieu, l’œuvre de la rédemption par laquelle les croyants, élus en lui, sont éternellement bénis (Jean 17:24 ; 1 Pier. 1:20 ; Éph. 1:4).

5. Le cinquième caractère de cette sagesse est qu’elle n’a été connue par aucun des chefs intellectuels ou politiques de ce siècle. La preuve en est qu’ils ont crucifié le Seigneur Jésus. Ils ont vu en lui l’homme méprisé, mais n’ont pas discerné qu’il est en réalité le Seigneur de gloire.

6. Sixième caractère : cette sagesse est inaccessible à l’intelligence de l’homme naturel. Paul ne cite pas ici Esaïe 64:4 pour montrer que ces choses sont trop élevées pour être comprises. Mais la citation signifie d’un côté que l’œil, l’oreille et le cœur de l’homme naturel ne peuvent pas les discerner, et de l’autre, qu’elles n’étaient pas encore dévoilées au temps de l’Ancien Testament.

7. Cela nous amène au septième caractère de cette sagesse : elle a été révélée par l’Esprit de Dieu. Ceci ne pouvait avoir lieu qu’après la glorification du Seigneur Jésus dans le ciel et la venue du Saint Esprit sur la terre (Jean 7:39 ; 16:12-15).


3.1.3 - La communication de la sagesse divine

En rapport direct avec ce qui précède, l’apôtre Paul présente dans les versets 10 à 16 les quatre étapes de la communication et de l’appropriation de cette sagesse divine. Quand il dit « nous », il entend par là en premier lieu, comme le montre le contexte, les témoins choisis par Dieu, c’est-à-dire les apôtres et les prophètes du Nouveau Testament (Éph. 3:5).



Combien donc les Corinthiens se trompaient en pensant que la sagesse humaine pouvait rendre l’évangile encore plus grand. Un homme peut-il instruire Dieu ? Paul ajoute cette question en citant Esaïe 40:13. Il leur montre ainsi qu’ils faisaient complètement fausse route en recherchant la sagesse humaine. Le vrai chemin est tout autre. Il leur présente alors pour finir Christ, et la pensée de Christ. Tout chrétien a reçu l’Esprit de Dieu comme conducteur pour sa vie, et s’il se laisse diriger par lui, il sera amené à manifester la pensée de son Seigneur dans sa vie. Combien les Corinthiens en étaient encore éloignés !


4 - Ch. 3 — Les serviteurs et leur service

4.1 - Les Corinthiens charnels (v. 1-5)

L’apôtre Paul revient maintenant sur les dissensions entre les Corinthiens déjà mentionnées au chapitre 1 (v. 12). Il ne s’était écarté que momentanément de ce problème.

Paul devait d’abord placer devant les Corinthiens deux choses importantes :


Or les Corinthiens montraient justement par leur comportement qu’ils étaient charnels, et non pas spirituels. Ils n’étaient certes plus des hommes naturels, n’ayant pas le Saint Esprit (Jude 19), mais étaient sauvés par la grâce de Dieu et avaient reçu le Saint Esprit en vertu de leur foi en l’évangile (Éph. 1:13). Cependant, ils ne soumettaient pas leur volonté à l’action du Saint Esprit, mais se laissaient guider par des points de vue et des principes humains. C’est pourquoi Paul ne pouvait pas leur communiquer les profondeurs de la sagesse de Dieu.

Nous trouvons donc ici trois états différents de l’homme devant Dieu :


Les Corinthiens n’étaient pas spirituels, mais charnels. En accordant une telle place à la pensée humaine, les Corinthiens étaient encore de « petits enfants en Christ ». Tout chrétien commence par être un « enfant » dans la foi (1 Jean 2:12-13). Mais comme dans le domaine de la nature, il existe aussi dans le domaine spirituel une croissance, et celle-ci faisait manifestement défaut chez les Corinthiens. C’est pourquoi, lors de son séjour prolongé parmi eux, Paul n’a pu leur donner comme nourriture spirituelle que les rudiments les plus simples de la foi, ce qu’il nomme ici du « lait » (comp. Héb. 5:12). Ils ne pouvaient alors pas encore supporter une nourriture solide, c’est-à-dire les aspects plus difficiles de la vérité comme par exemple le mystère du Christ, qui est développé si merveilleusement dans l’épître aux Éphésiens. Mais même depuis lors, ils n’avaient fait aucun progrès. Leur état était toujours le même ; ils étaient encore charnels.

Au verset 3, Paul mentionne encore une fois la preuve concrète de leur état d’esprit charnel : il y avait parmi eux des « jalousies » et des « querelles ». Au lieu de se servir mutuellement dans l’amour, comme il convient à des saints, ils se portaient envie les uns aux autres. De cette jalousie naissaient un esprit de parti et des querelles. La jalousie a conduit au premier meurtre dans l’histoire de l’humanité, lorsque Caïn a tué son frère Abel. La jalousie a poussé les Juifs à accuser le Seigneur Jésus et à le faire crucifier. N’est-elle pas aussi de nos jours la cause fréquente de désaccords entre les croyants ?

Visiblement, la jalousie chez les Corinthiens n’était pas tellement relative à des questions terrestres, mais concernait plutôt les dons spirituels comme aussi la considération et l’honneur dans l’assemblée. Pour acquérir plus d’importance, ils se retranchaient derrière des conducteurs renommés, tels qu’Apollos et Paul, à l’insu de ceux-ci. Nous n’avons donc pas ici le cas de conducteurs qui attirent d’autres après eux, comme cela arrive parfois, mais il s’agit de croyants qui cherchent à se donner de l’importance en se prévalant d’hommes considérés ! En ceci, les Corinthiens agissaient exactement comme les gens de ce monde. Ils s’affrontaient mutuellement en se déclarant adeptes des enseignements d’un certain frère ou d’un autre.

Par là même, ils s’étaient écartés dans leur état pratique de l’esprit du christianisme et étaient retournés à des principes humains. La foi chrétienne entraîne le fait que l’homme naturel a été condamné et mis de côté à la croix de Christ. Le chrétien est uni à un Seigneur ressuscité et possède le Saint Esprit comme source de force et comme conducteur de sa nouvelle vie. Combien les Corinthiens présomptueux mais spirituellement si faibles ont dû être frappés, lorsque Paul leur a écrit qu’en disant : « Moi, je suis de Paul » ou : « Moi, je suis d’Apollos », ils marchaient « à la manière des hommes » !

Déjà au chapitre 1 (v. 14), Paul avait relevé avec reconnaissance qu’il n’avait baptisé qu’un petit nombre des Corinthiens, afin que personne ne puisse se servir de ce fait à des fins partisanes. Il leur pose maintenant la question : « Qu’est-ce donc qu’Apollos ? Qu’est-ce que Paul ? » (v. 5). Ces frères doués, qui étaient élevés « contre leur gré » au rang de chefs de partis par les Corinthiens, ne voulaient pas faire cas d’eux-mêmes. Ils se considéraient seulement comme des serviteurs de Dieu et des serviteurs des croyants. En agissant ainsi, ils suivaient l’exemple de leur Seigneur : à ses disciples qui se disputaient pour savoir lequel d’entre eux serait le plus grand, Il avait enseigné que le plus grand est celui qui sert, non celui qui domine. Lui-même avait été au milieu de ses disciples « comme celui qui sert » bien qu’il soit Seigneur sur toutes choses (Luc 22:24-27). De même, Paul et Apollos se considéraient seulement comme des serviteurs de Dieu qui avaient été les instruments de la conversion des Corinthiens. Il est vrai qu’ils avaient des dons et des services très différents, mais ces différences étaient données du Seigneur. Tous deux avaient accompli leurs diverses tâches dans le même esprit, comme serviteurs de Dieu.


4.2 - Le travail pour la maison de Dieu (v. 6-17)

Ni Apollos ni Paul ne désiraient donc être considérés comme des chefs de file mais bien plutôt comme des serviteurs. Cette mise au point donne l’occasion à l’apôtre de développer jusqu’au verset 21 du chapitre 4 divers aspects du service pour le Seigneur.

Il leur rappelle d’abord quelles tâches Apollos et lui-même avaient accomplies à Corinthe. Leur travail dans l’évangile était comparable à l’activité d’un cultivateur. Paul avait planté : par sa prédication, les Corinthiens étaient venus à la foi au Seigneur Jésus. Ensuite, Apollos avait arrosé les jeunes pousses : il leur avait apporté la nourriture et l’aide spirituelle appropriées et nécessaires pour leur croissance. Tous deux n’étaient cependant que les instruments de Dieu qui seul peut donner l’accroissement. À vue humaine, il semblait que Paul ait été « le fondateur », et Apollos, « le docteur » de l’assemblée à Corinthe. Mais selon l’appréciation divine, « ni celui qui plante… ni celui qui arrose » ne comptent (v. 7), mais uniquement Dieu qui « donne l’accroissement ». Il n’y a non plus aucune différence ni même aucun contraste entre celui qui plante et celui qui arrose. Ils ne sont pas dissociables, car ils travaillent pour le même Maître et pour la même œuvre. En cela, Paul et Apollos étaient un modèle lumineux pour les Corinthiens désunis et querelleurs. Cependant chaque serviteur recevra, un jour, au tribunal de Christ, la récompense pour ce qu’il aura fait personnellement pour lui.

Paul et Apollos travaillaient ensemble pour Dieu et sous sa direction. C’est ce que signifie l’expression « collaborateurs de Dieu » (v.9a). Les Corinthiens, quant à eux, étaient « le champ de Dieu » (v. 9b), dans lequel les deux serviteurs avaient travaillé. Cette image n’est pas utilisée ailleurs dans les Saintes Ecritures pour désigner l’assemblée. Il est vrai que dans d’autres passages, l’image du travail du cultivateur est employée pour illustrer l’activité spirituelle (9:10 ; 2 Tim. 2:6 ; Jac. 5:7) ; mais, sinon, l’assemblée n’est présentée que sous l’image du corps, de l’épouse ou de la maison vue parfois comme un temple ou comme un édifice. C’est cette dernière que l’apôtre évoque ici en disant : « Vous êtes… l’édifice de Dieu ». Il ne pense pas à l’assemblée entière sur la terre, mais à l’assemblée locale à Corinthe. Elle est cependant considérée comme une « expression » de l’assemblée de Dieu sur la terre (comp. Éph. 2:21).

Paul était conscient de la grâce que Dieu lui avait faite (comp. 15:10). Qu’il s’agisse de son salut, des dons qu’il avait reçus ou de sa responsabilité, la grâce de Dieu était toujours présente devant ses yeux. C’est dans cette conscience qu’il avait posé « comme un sage architecte » le fondement pour l’assemblée à Corinthe. L’assemblée de Dieu est donc appelée sa maison, son temple, son habitation (Éph. 2:20-22) ; ailleurs, c’est la colonne et le soutien de la vérité (1 Tim. 3:15). À ce sujet, il convient de faire la différence entre ce que bâtit Christ et ce qui est bâti par des instruments humains. Ce qui est bâti par le Seigneur lui-même est parfait. Comme Fils éternel de Dieu, Il est lui-même le roc qui constitue le fondement de cet édifice (Matt. 16:18). Les matériaux dont Il bâtit sa maison sont des « pierres vivantes », c’est-à-dire les vrais croyants (1 Pierre 2:5) et en conséquence, l’édifice selon le conseil de Dieu est « bien ajusté ensemble » (Éph. 2:21). Cependant en 1 Corinthiens 3, la maison de Dieu est considérée sous l’aspect de la responsabilité de l’homme. Là, ceux qui bâtissent sont aussi des hommes, que Dieu veut utiliser et qui sont responsables envers Lui. Il existe alors le danger de construire avec de mauvais matériaux et même que des ouvriers corrompent le saint temple de Dieu (v. 15, 17).

D’autres, après l’apôtre, continueraient ensuite d’édifier sur cet unique fondement « qui est Jésus Christ », comme par exemple Apollos l’avait fait. Cependant chacun de ceux qui participent à cette œuvre est responsable de la façon dont il édifie. Le Seigneur Jésus a posé le fondement par son œuvre expiatoire à la croix et par l’envoi du Saint Esprit sur la terre. L’assemblée repose sur Lui, le Rocher d’éternité. Tout autre fondement serait une œuvre humaine et donc faux.

Soit celui qui participe à l’édification de la maison de Dieu contribue à la bénédiction, soit il cause du tort. Qu’il s’agisse de la prédication de l’évangile ou de l’enseignement des croyants, la question reste la même : Est-ce à la gloire du Seigneur et pour la bénédiction des hommes, ou bien d’autres motifs interviennent-ils, tels la gloire personnelle, l’esprit de parti… ?

Un bon ou un mauvais enseignement - l’or, l’argent, les pierres précieuses, ou le bois, le foin, le chaume (v. 12) - détermineront aussi le caractère des croyants formés par eux. Combien c’est sérieux pour chaque croyant qui désire être employé dans le service du Seigneur ! Les résultats d’un tel service ne sont pas toujours immédiatement perceptibles. Mais le jour vient où tous les croyants seront manifestés devant le tribunal du Christ. Les choses les plus cachées y seront mises en lumière, et seront éprouvées et jugées par le feu de la sainteté divine. « Si l’ouvrage que quelqu’un aura édifié dessus demeure, il recevra une récompense ; si l’ouvrage de quelqu’un vient à être consumé, il en éprouvera une perte, mais lui-même sera sauvé, toutefois comme à travers le feu » (v. 14-15). Paul lui-même se réjouissait à la perspective de ce jour, car il savait que le Seigneur, juste juge, lui donnerait la couronne de justice qui lui était « réservée » (2 Tim. 4:8). Mais il se peut aussi que le travail de quelqu’un ne subsiste pas devant l’appréciation juste du Seigneur. Ce croyant en subira une perte dans la mesure où il ne recevra aucune récompense de son Seigneur. Il s’agit ici non pas de la question du salut, mais de la rétribution des serviteurs de Christ. Cela ressort clairement de ce que dit l’apôtre : « lui-même il sera sauvé… ».

Pour finir, Paul rappelle aux Corinthiens qu’ils sont le « temple de Dieu » (v. 16). L’assemblée n’est pas seulement un édifice en construction jusqu’à la venue du Seigneur, mais elle est déjà maintenant l’habitation, le temple de Dieu. Le Saint Esprit habite dans chaque croyant individuellement, mais aussi dans l’assemblée. Ainsi, le corps de chacun est le temple du Saint Esprit, mais l’assemblée aussi est l’ » habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:22). La caractéristique de ce temple est la présence de Dieu. Quiconque attaque et corrompt ce temple recevra le juste châtiment de Dieu : il est perdu pour l’éternité. Il s’agit ici - non pas comme dans les versets précédents - de croyants qui, pour des motifs charnels, ont travaillé à la maison de Dieu, mais de faux docteurs incrédules qui ont répandu de fausses doctrines au lieu de la vérité divine, et qui ont contribué à ruiner le caractère de l’assemblée de Dieu. De telles personnes ont surgi en grand nombre au cours de l’histoire de la chrétienté, et ont causé d’immenses dégâts au saint temple de Dieu.


4.3 - Aveuglement (v. 18-23)

Paul reprend maintenant le sujet de la sagesse humaine abordé au chapitre 1. Il met en garde les Corinthiens contre l’aveuglement produit par la sagesse de ce monde, qui n’est cependant que folie devant Dieu. Le danger réside dans le fait que non seulement cette sagesse nous remplit de suffisance, mais que, par elle, la croix de Christ est rendue vaine, comme Paul l’a déjà écrit au verset 17 du premier chapitre. On ne peut échapper à un tel aveuglement qu’en rejetant cette prétendue sagesse. Celui qui agit ainsi paraît insensé aux yeux du monde et de ses sages. Mais en réalité, rejeter la sagesse de ce monde est la condition pour acquérir la vraie sagesse de Dieu car il est impossible, par la sagesse humaine, de le connaître ou de lui plaire. Elle donne à l’homme une place importante et ne tient pas compte de Dieu. C’est pour cela que cette sagesse est folie devant Dieu.

À l’appui de cette déclaration, Paul introduit deux citations de l’Ancien Testament par lesquelles il désire atteindre la conscience des Corinthiens. La première exprime comment Dieu agit à l’égard des sages de ce monde et de leurs ruses, la seconde montre le jugement qu’Il porte sur la vanité de leurs raisonnements. Visiblement, dans leur attachement à la sagesse humaine, les Corinthiens s’étaient déjà égarés à tel point qu’ils établissaient des différences et de prétendues contradictions entre les docteurs bien connus tels que Paul, Pierre et Apollos, et les utilisaient pour dissimuler astucieusement leur propre égarement. Une telle manière d’agir, de façon charnelle, doit cependant être condamnée. Dieu sonde le cœur de ses enfants et Il juge tout à sa juste valeur. Les Corinthiens devaient apprendre que la sagesse humaine n’est qu’un obstacle dans la vie de la foi, que les serviteurs dont ils se glorifiaient ne recherchaient ni adeptes ni partisans et que, par ces dissensions, ils se privaient de toute bénédiction de la part de Dieu.

« Ainsi, que personne ne se glorifie dans les hommes, car tout est à vous… », écrit Paul à la fin de ce paragraphe (v. 21). L’assemblée à Corinthe avait été enrichie en toutes choses en Christ, mais chacun n’avait devant les yeux que son propre don, sa propre sagesse, et son propre parti. Les pensées sectaires mesquines de ces croyants les avaient amenés à perdre de vue que, dans sa grâce, Dieu leur avait tout donné (comp. 1:5-7).

Cela ne signifie évidemment pas que les croyants peuvent faire ce qu’ils veulent des dons de Dieu. Ils doivent les recevoir de sa main avec reconnaissance, mais ils n’ont pas le droit de les rejeter, ni de les utiliser de manière charnelle. Or c’était effectivement l’erreur des Corinthiens. Les serviteurs envoyés par Dieu, Paul, Apollos et Pierre, n’étaient pas reconnus par l’ensemble de l’assemblée, mais les différents « partis » à Corinthe ne recevaient que certains serviteurs du Seigneur et se privaient par là de la bénédiction que Dieu leur destinait par le moyen des autres. Ceux qui ne voulaient reconnaître que Paul devaient apprendre qu’Apollos et Pierre leur étaient également donnés, et de même aussi les autres partis.

Ensuite Paul va cependant plus loin dans son enseignement. Le chrétien n’a pas seulement reçu de son Père céleste des bénédictions et des dons spirituels, mais, en réalité, tout est à sa disposition. Le monde aussi est à nous. Comme étrangers sur la terre, nous pouvons en faire usage, sans le considérer cependant comme une propriété durable, « car la figure de ce monde passe » (7:31). Paul disait de lui-même : « …n’ayant rien, et possédant tout » (2 Cor. 6:10).

Le chrétien spirituel reçoit aussi la vie et la mort de la main de son Père, selon qu’Il le trouve bon et juste. Il emploie sa vie en la mettant à la disposition de Christ, son Seigneur. La mort n’est pas une frayeur pour lui, mais le chemin qui le conduit dans la présence de son Seigneur. Paul écrivait aux Philippiens : « J’ai le désir de partir et d’être avec Christ, car c’est, de beaucoup, meilleur » (Phil. 1:23).

Le chrétien possède aussi le présent, le temps dans lequel il vit, sans être troublé par les souffrances, les difficultés et les peines qu’il comporte. Et même il possède déjà par la foi l’avenir, car il est héritier de Dieu et cohéritier de Christ. Le croyant n’a rien ni personne au-dessus de lui sinon Christ, et au-dessous de lui, il a toutes choses. C’est pourquoi Paul peut dire par deux fois : « tout est à vous ». Ceux auxquels il s’adresse sont la propriété du Seigneur. Il l’a acquise à grand prix ! Mais Il est l’héritier de toutes choses, établi par Dieu, Celui qui est maintenant assis à sa droite sur le trône et qui bientôt, comme chef sur toutes choses, va régner avec ses rachetés. Tout leur appartient, parce qu’ils sont unis à Celui à qui Dieu a assujetti toutes choses. Les mots « et Christ à Dieu » montrent que le Seigneur Jésus est considéré ici non pas comme le Fils éternel de Dieu, mais comme l’Homme glorifié. Comme tel, Il est assujetti à Dieu ; pensée saisissante et mystérieuse que nous retrouvons plus loin dans cette épître : « Je veux pourtant que vous le sachiez : le chef de tout homme, c’est le Christ ; le chef de la femme, c’est l’homme ; le chef du Christ, c’est Dieu » (11:3) et : « Quand tout lui aura été assujetti, alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à Celui qui lui a tout assujetti, afin que Dieu soit tout en tous » (15:28).


5 - Ch. 4 — Un bon serviteur de Dieu

5.1 - Le juste jugement (v. 1-5)

L’auteur commence apparemment ici un tout nouveau sujet. Mais n’oublions pas qu’en fait, les dissensions au sein de l’assemblée à Corinthe constituent celui des chapitres 1 à 4. Animés de pensées charnelles et désireux de reconnaissance humaine, les partis parmi les Corinthiens avaient choisi comme conducteurs les frères renommés - Apollos, Paul et Pierre - sans que ceux-ci l’aient recherché !

C’est la raison pour laquelle Paul répète qu’Apollos et lui étaient des serviteurs de Christ, et ne voulaient être rien d’autre (voir 3:5). Il est vrai qu’en grec, le mot employé ici pour serviteur (hupéretés) n’est pas le même qu’au chapitre 3:diakonos (v. 5). Mais le sens profond est le même. Le premier devoir d’un serviteur est d’obéir à son Seigneur et Maître. Cependant Paul et Apollos voulaient être reconnus non seulement comme « serviteurs de Christ », mais aussi comme « administrateurs des mystères de Dieu ». Dieu leur avait confié des mystères qui, selon son conseil, étaient jusqu’alors restés cachés (voir Rom. 16:25, 26 ; Éph. 3:9). Comme nous l’avons remarqué en considérant les chapitres 2 (v. 6) à 3 (v. 3), Paul n’a pas pu parler de ces mystères aux Corinthiens en raison de leur état charnel. En revanche, il a exposé aux Éphésiens « les richesses insondables du Christ » (Éph. 1:9 ; 3:1-12). Par cela même, il s’est montré un fidèle administrateur des mystères de Dieu. Comme serviteur, il était fidèle à son Seigneur, et comme administrateur, il était fidèle à l’égard de ce que Dieu lui avait confié. La fidélité est la caractéristique la plus importante d’un bon administrateur. S’il en est ainsi, parmi les hommes dans ce monde, combien plus alors c’est vrai dans le domaine spirituel !

La fidélité d’un administrateur n’est souvent manifestée qu’au moment où il présente sa comptabilité à son chef. D’autres peuvent déjà avoir pu porter une appréciation sur son comportement, sur ses paroles, mais pas sur sa fidélité. Il en est de même dans la vie des croyants entre eux. Combien vite nous pouvons en venir à un jugement erroné sur un serviteur du Seigneur. Les divers partis à Corinthe avaient porté des appréciations très différentes, et en conséquence partiellement fausses, sur Pierre, Apollos et Paul, et sur leur service. Appartenait-il maintenant à ces derniers de se justifier ? Ce n’aurait pas été selon la volonté de Dieu.

Paul saisit cette occasion pour donner quelques sérieux enseignements aux Corinthiens.

1. S’agissait-il de son service pour le Seigneur Jésus, il lui importait « fort peu » de quelle manière il serait jugé par les Corinthiens, ou même « de jugement d’homme ». Il ne dit pas qu’un tel jugement ne l’intéressait absolument pas, mais qu’il était de moindre importance en regard de celui du Seigneur. Il exprime ainsi délicatement que l’appréciation des hommes, et surtout de ses frères, ne le laissait pas totalement indifférent.

2. Il ne se jugeait pas non plus lui-même. Cela ne signifie évidemment pas qu’il vivait sans se juger lui-même ni sans confesser ses péchés quotidiennement devant le Père. Nous savons par d’autres passages du Nouveau Testament combien Paul s’appliquait à avoir toujours une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes. Ici, il s’agit de son service pour le Seigneur. Selon l’image utilisée par Paul, comme administrateur, il n’était pas habilité à porter une appréciation sur sa propre fidélité ! Si même il n’était conscient d’aucun manquement, il n’était pas pour autant justifié.

3. Le Seigneur Jésus seul peut apprécier la fidélité dans le service. Il ne voit pas seulement l’extérieur, comme les hommes, mais il regarde au cœur (1 Sam. 16:7). Lui seul discerne les vrais motifs, si le mobile du service est l’amour pour lui ou l’amour de soi, s’il y a du zèle ou de l’indolence, etc.

4. Pour ces raisons, les Corinthiens ne devaient pas non plus porter de jugement sur les serviteurs du Seigneur « avant le temps ». L’apôtre précise quand le temps du jugement final sera venu, en disant : « … jusqu’à ce que le Seigneur vienne ». Déjà lors de l’enlèvement des saints, les résultats de l’évangile seront manifestés à la gloire de Dieu, lorsque tous les croyants seront enlevés ensemble à la rencontre du Seigneur, en l’air. Mais le moment viendra où il « mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et manifestera les intentions des cœurs » ; les siens comparaîtront tous « devant le tribunal de Dieu » (Rom. 14:10). Non seulement l’œuvre de chacun sera jugée et récompensée, comme cela est décrit au chapitre 3 versets 14 et 15, mais les pensées et les sentiments cachés de tous les siens le seront aussi. Chacun de nous sera alors manifesté « devant le tribunal du Christ » (2 Cor. 5:10), et à ses propres yeux. Mais dans la gloire divine les faiblesses et les péchés de nos frères et sœurs ne nous intéresseront plus ! Là, rien de ce qui n’est pas en harmonie avec la gloire de Dieu ne peut subsister. À la lumière du tribunal de Christ, nous verrons tout ce qui aura marqué notre vie passée comme le Seigneur l’a toujours vu. Nous serons alors durant toute l’éternité en parfaite harmonie avec lui. Quelle grâce de la part de Dieu de pouvoir alors chanter ses louanges ! Notre Seigneur a, dans sa grâce, porté une fois pour toutes le jugement de nos péchés sur la croix de Golgotha. Mais qu’Il trouve encore, malgré tous nos manquements, un motif de nous attribuer quelque louange, est le sommet de sa grâce qui sera le thème de notre adoration éternelle.


5.2 - De vrais serviteurs de Dieu (v. 6-13)

Les différents partis à Corinthe honoraient les serviteurs du Seigneur qu’ils s’étaient choisis comme « conducteurs », tandis qu’ils méprisaient les autres. Paul s’élève maintenant contre cet orgueil.

Il explique d’abord qu’il a appliqué ses paroles à lui-même et à Apollos, comme s’il y avait une faute de leur part. Au lieu de reprendre les Corinthiens avec une sévérité impitoyable à cause de leur mondanité, leur esprit de parti et leur autosatisfaction, il prend soin, dans un amour fraternel, de ne pas les blesser. Cependant son but est de leur donner par sa propre conduite et par celle d’Apollos, un exemple à imiter. Les Corinthiens pouvaient apprendre de ces fidèles serviteurs à ne pas élever leurs pensées au-delà des enseignements des Saintes Ecritures, dans lesquelles l’orgueil est toujours condamné et l’humilité présentée comme un sentiment agréable à Dieu (comp. Prov. 3:34 ; 16:5). Ils avaient failli à cet égard, car dans leur esprit de parti, ils étaient non seulement divisés, mais de plus orgueilleux et prétentieux.

Par l’emploi du pronom « tu », Paul s’adresse maintenant à chacun (des Corinthiens) personnellement. S’il y avait des différences entre eux sur le plan spirituel, d’où procédaient-elles ? N’est-ce pas de Dieu, qui donne à chacun un don de grâce, selon sa volonté ? Tous les dons spirituels que les Corinthiens possédaient, ils les avaient reçus de Lui, et tout ce qu’ils avaient appris, ils l’avaient, par sa grâce, appris des serviteurs de Christ. C’était donc de l’orgueil de leur part que de se vanter de leurs dons ou de leurs connaissances, comme s’ils les avaient acquis par leurs propres efforts ou leur travail.

L’apôtre devait constater avec tristesse qu’ils se trouvaient tous dans un état d’autosatisfaction et de complaisance qui ne faisait que refléter leur vraie pauvreté spirituelle. Ils étaient rassasiés, mais non de nourriture spirituelle ; ils étaient riches, mais non dans le Seigneur ; dans leur présomption, ils avaient déjà pensé pouvoir régner, sans discerner que c’était maintenant le temps de persévérer et de souffrir pour Christ, et non pas de régner. L’expression « sans nous » est empreinte d’une certaine ironie, car quand, dans le règne millénaire, le temps où les croyants domineront sera là, tous les croyants régneront avec Christ, et non pas seulement quelques-uns (2 Tim. 2:12 ; Apoc. 20:4-6). C’est pourquoi Paul ajoute : « … et je voudrais bien que vous régniez, afin que nous aussi, nous régnions avec vous » (v. 8). Par ces paroles, il évoque le Millénium, lorsque le Seigneur apparaîtra triomphalement, accompagné de tous ses rachetés, et exercera son règne de justice et de paix. L’apôtre attendait non seulement la venue du Seigneur pour prendre auprès de lui les siens, mais aussi ce royaume de paix. Ces deux événements sont encore futurs.

En contraste avec l’aspiration des Corinthiens à l’estime des autres et à leur influence sur eux, Paul se considérait lui-même, et les autres apôtres avec lui, comme la lanterne rouge pour ainsi dire dans ce monde. Il évoquait ainsi (comme en 2 Cor. 2:14-16) les processions triomphales romaines. Lorsque les empereurs revenaient à Rome après une victoire, les prisonniers destinés à mourir dans l’amphithéâtre sous les yeux des foules de spectateurs défilaient derrière, en fin de cortège. Telle était la place que prenaient les apôtres dans ce monde, selon la volonté de Dieu. Aussi bien devant les hommes que devant les anges, ils rendaient ainsi témoignage par leur vie qu’ils ne recherchaient pas une place d’honneur et de considération, mais prenaient celle du mépris et de rejet que le Seigneur Jésus lui-même avait prise dans sa vie et dans sa mort.

Au verset 10, Paul montre le contraste qui en résulte entre les « serviteurs du Seigneur » et les Corinthiens. Eux-mêmes étaient considérés comme des fous pour l’amour de Christ (1:23), ils étaient faibles et méprisés. Quant aux Corinthiens, il ne pouvait être dit d’eux qu’avec une certaine ironie, qu’ils étaient sages en Christ, ainsi que forts et honorables, car ils l’étaient seulement dans leur propre imagination, et peut-être selon l’apparence extérieure, mais non pas aux yeux de Dieu (comp. v. 8).

À l’appui de ses paroles, l’apôtre énumère quelques-unes des difficultés dont lui-même et ses collaborateurs avaient continuellement à souffrir : la faim, la soif, le manque de vêtements, les coups, l’absence de demeure, le dur labeur pour leur subsistance. Quelle consécration au Seigneur animait ces hommes pour qu’ils acceptent de telles épreuves ! Paul mentionne encore d’autres peines pour ces serviteurs, et comment ils ont enduré chacune d’elles : ils ont fait preuve non seulement de persévérance, mais aussi de grâce : « Injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous le supportons ; calomniés, nous supplions » (v. 12). La grâce leur donnait la force d’endurer le plus grand mépris, celui d’être considéré comme « les balayures du monde et le rebut de tous » (v. 13).


5.3 - Père ou maître (v. 14-21)

Pour éviter tout malentendu, Paul explique maintenant aux Corinthiens pourquoi il leur écrit tout cela. Il ne veut pas leur faire honte, mais désire les exhorter comme ses enfants bien-aimés. Il n’était pas un maître pour eux, mais leur père. Dans la Grèce antique comme à Rome, les fils des familles aisées se trouvaient placés, depuis l’âge de sept ans environ jusqu’à dix-sept ans, sous la surveillance permanente d’un maître (en grec : paidagogos) qui les accompagnait sur le chemin de l’école et dans toutes leurs activités, pour leur enseigner un comportement digne de leur rang, et les préserver d’influences néfastes ainsi que de leur propre insouciance. À la différence des « pédagogues » d’aujourd’hui, ce paidagogos ne dispensait aucun enseignement. Son rôle était de maintenir ses protégés dans la soumission. On considérait l’autorité plus importante que l’amour ! Dans le domaine spirituel aussi, il est plus facile de se présenter comme maître que comme père, et c’est la raison pour laquelle les chrétiens capables de dire aux autres en quelques mots comment ils doivent se comporter sont plus nombreux que les chrétiens aptes et disposés à aider d’autres avec amour et patience en vue de leur croissance spirituelle.

Il existait manifestement à Corinthe plusieurs de ces « maîtres », qui voulaient dominer sur les croyants et les tenir dans la soumission, mais il n’y avait que peu de « pères » qui auraient eu de la joie à les voir croître dans la grâce et dans la connaissance de Jésus Christ. Paul était, lui, le vrai père spirituel des croyants à Corinthe, et ceci à double titre. Premièrement, il leur avait annoncé l’évangile (comp. Act. 18) et par cela il avait été le moyen de leur conversion et de leur nouvelle naissance. C’est pourquoi il pouvait dire qu’il les avait engendrés dans le Christ Jésus par l’évangile (comp. Phm 10 ; Gal. 4:19). Mais aussi, comme étant plus avancé dans la foi, Paul pouvait se présenter comme leur père, qui voulait les aider dans un amour plein de sollicitude, lui qui leur avait été en exemple à tous égards. C’est pourquoi il les supplie maintenant d’être ses imitateurs. L’exemple pratique constitue l’une des meilleures méthodes d’enseignement ! Dans l’exhortation qu’il leur adresse : Soyez mes imitateurs, il n’y a aucune prétention, car il voulait par là attirer l’attention non pas sur lui, mais sur Christ, dont il était lui-même un imitateur (11:1).

Comme dans la situation présente, Paul ne pouvait ou ne voulait pas venir à Corinthe, il y avait envoyé Timothée (comp. 16:10). Ce compagnon de longue date de l’apôtre Paul le connaissait comme nul autre et lui était dévoué dans un fidèle attachement filial, comme nous pouvons le déduire de Philippiens 2:20 à 22, et 2 Tim. 3:10. Paul, de son côté, appréciait hautement son compagnon d’œuvre et l’estimait qualifié pour rappeler aux Corinthiens tout ce que, comme fidèle disciple de Christ, il avait transmis en paroles et en actes, non seulement à eux mais aussi dans chaque assemblée. Le chemin du Seigneur dans lequel Paul marchait, était le même pour toutes les assemblées. ‒ La mention de « chaque assemblée » au verset 17 est très remarquable, car elle nous montre l’universalité de l’enseignement confié à l’apôtre Paul, qui actuellement n’est plus accepté même par de nombreux vrais croyants.

Paul savait qu’il y avait à Corinthe des personnes qui saisissaient n’importe quelle occasion pour se mettre en valeur, en faisant de la propagande contre lui et en sapant la confiance des Corinthiens en lui. Elles prétendaient ainsi fièrement que l’apôtre avait envoyé Timothée à Corinthe uniquement parce qu’il n’osait pas s’y rendre lui-même. À cette assertion, il répond qu’il fait entièrement dépendre son projet de visite de la volonté de son Seigneur bien-aimé. À l’adresse de ceux qui s’étaient enflés d’orgueil, il laisse entrevoir l’éventualité d’une sérieuse confrontation, qui mettrait en évidence que la véritable puissance spirituelle se mesure à la marche pratique, et non pas aux paroles. Au chapitre 13 (v. 1), il fait observer aux Corinthiens que l’on peut parler comme un ange et n’être pourtant qu’un « cuivre qui résonne » ou « une cymbale retentissante ». À son arrivée, au plus tard, il serait donc manifesté que ces orgueilleux ne faisaient que séduire les croyants à Corinthe par leur discours.

« Car, ajoute-t-il, le royaume de Dieu n’est pas en parole, mais en puissance » (v. 20). Le « royaume de Dieu » désigne le règne de Christ sur le monde. Les caractères de ce royaume sont la reconnaissance de l’unique autorité du Seigneur Jésus comme roi et l’obéissance à sa Parole. Le royaume de Dieu était déjà annoncé prophétiquement dans l’Ancien Testament (comp. Es. 9:6-7 ; Dan. 9:13-14). Lorsque le roi, Christ, est venu dans le monde, son royaume a commencé (Matt. 12:28), cependant le roi a été rejeté et mis à mort. De ce fait, la domination « officielle » de Christ a été remise à un temps futur. Ce n’est que lors de son apparition en gloire qu’il prendra cette domination dans son royaume et exercera le pouvoir pendant une période de mille ans (Apoc. 20:1-6). Durant ce temps, Satan sera lié et le Seigneur partagera son pouvoir avec les siens. Pendant mille ans, la justice et la paix régneront sur la terre, où il y a maintenant tant d’injustice et de violence.

Nous vivons actuellement dans l’intervalle entre la première venue du Roi et sa seconde apparition. Après le rejet de Christ comme roi, Dieu dans sa sagesse a révélé son conseil glorieux concernant l’assemblée et Il le réalise dans le temps présent. Celui qui croit maintenant au Seigneur Jésus, devient un membre de son corps, de son assemblée qui, lorsqu’elle sera complète, sera recueillie auprès de lui dans la maison du Père, et l’accompagnera lors de son apparition. Depuis la première venue du Seigneur sur la terre, tous ceux qui croient en Lui le confessent aussi comme le roi de son royaume, bien que celui-ci soit maintenant caché aux yeux du monde. De là vient que dans les épîtres du Nouveau Testament, le royaume de Dieu est fréquemment mentionné, parfois relativement au règne officiel futur du Seigneur (comp. 1 Cor. 6:9), parfois aussi en rapport avec le temps présent.

Un caractère essentiel du royaume de Dieu est la reconnaissance de l’autorité du Seigneur Jésus, c’est-à-dire l’obéissance. Les croyants du temps présent se trouvent eux aussi dans le royaume de Dieu et l’obéissance envers leur Seigneur doit se manifester non seulement dans leurs paroles mais en premier lieu dans leurs actions.

La question n’était donc pas de savoir si ou quand l’apôtre viendrait à Corinthe, mais de quelle manière. Des Corinthiens dépendait l’attitude dans laquelle il irait : soit « avec le bâton », c’est-à-dire avec autorité, soit « avec amour et un esprit de douceur » (v. 21), comme leur père en Christ. Nous avons déjà vu (v. 14) qu’il ne désirait pas leur faire honte, mais voulait les servir comme un père.


6 - Ch. 5 — Le désordre moral à Corinthe

La troisième partie de la première épître aux Corinthiens, qui englobe les chapitres 5 et 6, s’occupe du désordre spirituel dans cette assemblée. Au chapitre 5, il s’agit de la discipline de l’assemblée dans un cas de fornication, au chapitre 6, d’affrontements devant les tribunaux entre frères, et à nouveau de fornication.


6.1 - Comment s’occuper d’un mal manifeste dans la maison de Dieu (v. 1-8)

Nous ne savons pas comment Paul avait eu connaissance du cas de fornication décrit au chapitre 5. Dans les Saintes Ecritures, la fornication désigne toutes relations sexuelles entre deux personnes non mariées. Maints passages de l’Ancien comme du Nouveau Testament mettent en garde contre ce péché et ses conséquences. Le cas d’inceste évoqué ici entre un homme et sa belle-mère était si flagrant que Paul doit constater qu’une telle chose n’existait même pas parmi les nations.

Il doit cependant aussi faire aux Corinthiens le grave reproche qu’ils s’étaient enflés d’orgueil (comp. 4:6) au lieu de mener deuil de ce qu’un tel péché ait eu lieu au milieu d’eux. Certes ils n’avaient pas encore été enseignés quant à la manière d’agir dans un tel cas. Mais s’ils avaient été spirituellement vivants et forts, ils auraient mené deuil au sujet de ce déshonneur porté à Dieu et, comme autrefois le peuple d’Israël (Nom. 15:32-36), ils auraient crié à Dieu et auraient attendu ses instructions et sa volonté. Au lieu de cela, ils avaient manifesté de l’orgueil. Comme nous l’avons déjà vu, chacun à Corinthe n’était occupé que de lui-même et de sa propre gloire. De plus, ils avaient complètement perdu de vue la sainteté de Dieu et de son Assemblée.

L’apôtre Paul était pourtant conscient de la gravité de l’état de l’assemblée à Corinthe. C’est pourquoi, à son reproche relativement à leur indifférence, il ajoute aussitôt l’injonction : « …afin que celui qui a commis cette action soit ôté du milieu de vous ! » (v. 2). Il exprime par là un principe important pour l’Assemblée de Dieu.

Le croyant individuellement, de même que l’Assemblée dans son ensemble, ne doit pas s’associer au péché, ou y rester indifférent. Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal (Hab. 1:13), et pareillement, la nouvelle nature que le croyant a reçue de Lui, a en horreur le péché. Mais il n’habite aucun bien dans la chair du croyant, et c’est pourquoi le jugement journalier de soi-même est nécessaire. Si celui-ci est négligé, il s’installe chez le croyant un état qui manifeste un jour ou l’autre le mal non jugé. Dieu est ainsi publiquement déshonoré. L’assemblée doit ôter du milieu d’elle le mal non jugé dans cette personne, et, par là, aussi la personne elle-même. Cette démarche paraît sévère et peu charitable à l’homme naturel. Mais n’oublions pas : Dieu est amour, mais il est aussi lumière, et nous ne devons avoir aucune communion avec les œuvres infructueuses des ténèbres (Éph. 5:11).

Même si Paul se trouvait probablement à Éphèse, c’est-à-dire bien éloigné des Corinthiens, il était pourtant présent en esprit. Son jugement apostolique conduit par l’amour pour son Seigneur et sa sollicitude pour toutes les assemblées (2 Cor. 11:28) était déjà arrêté. Ce n’était pas un jugement général, il concernait ce cas spécial : par son autorité apostolique personnelle, « celui qui a ainsi commis cette action » devait être livré à Satan (v. 4). Qu’un tel acte ne pouvait pas être celui de l’assemblée, ressort de 1 Timothée 1:20, où Paul emploie la même expression pour son intervention personnelle à l’égard d’Hyménée et d’Alexandre.

En revanche, l’assemblée, comme telle, a le devoir de la part du Seigneur Jésus de recevoir et d’exclure, de lier et de délier (v. 2 et 13 ; 2 Cor. 2:7-10 ; comp. Matt. 18:18-20). Elle doit être réunie uniquement au nom du Seigneur Jésus Christ et ne peut agir qu’en Son nom. Paul se sent si étroitement lié à l’assemblée à Corinthe qu’il se voit assemblé en esprit avec eux pour accomplir l’acte solennel de la discipline, avec la puissance du Seigneur Jésus Christ et en son nom.

L’un des buts de l’exclusion est la restauration de la communion interrompue de l’âme avec le Seigneur. Il est vrai que l’assemblée ne peut rien faire de plus dans un tel cas, mais Dieu peut aller jusqu’à la destruction de la chair, afin qu’il soit manifesté, dans la journée du Seigneur Jésus, que l’esprit d’un tel homme est cependant sauvé (v. 5).

Les Corinthiens n’étaient pas seulement enflés d’orgueil, mais de plus, ils se glorifiaient probablement de pouvoir supporter le péché mentionné ici. C’est pourquoi Paul doit leur rappeler le fait connu alors de tous « qu’un peu de levain fait lever la pâte tout entière » (v. 6). Cela signifie que le péché ne peut jamais être considéré pour lui seul. L’assemblée est une, et est ainsi concernée dans son ensemble par le péché. Il ne s’agit cependant pas ici de l’effet du levain, mais l’accent est mis sur le contraste entre « un peu » et « la pâte tout entière ». De même que les fils d’Israël devaient ôter tout levain de leurs maisons avant la Pâque et la fête des pains sans levain, les Corinthiens devaient aussi ôter le vieux levain en jugeant le péché et en ôtant le mal de l’assemblée, afin de représenter dans la pratique ce qu’ils étaient selon la pensée de Dieu : « une nouvelle pâte » (v. 7).

Le Seigneur Jésus, le véritable Agneau pascal, était mort. Les Corinthiens devaient maintenant, spirituellement parlant, célébrer la fête des pains sans levain et cela sans avoir aucune forme de levain au milieu d’eux. « Le vieux levain », ce sont les choses dans lesquelles ils avaient vécu avant leur conversion. Ils pouvaient porter le caractère d’ » un levain de méchanceté et de perversité » et représente l’activité de la chair dans le croyant. « Les pains sans levain de sincérité et de vérité » évoquent Christ lui-même, la nourriture du croyant.


6.2 - L’exercice de la discipline (v. 9-13)

Les paroles du verset 9: » Je vous ai écrit dans la lettre de ne pas avoir de relations avec des fornicateurs » ne signifient pas nécessairement que Paul se réfère à une lettre qu’il aurait écrite auparavant aux Corinthiens. L’emploi du passé plutôt que du présent se retrouve plusieurs fois dans les épîtres du Nouveau Testament (Gal. 6:11 ; 1 Jean 2:21, 26). Par cette manière de s’exprimer inhabituelle pour nous, l’apôtre veut soit souligner ses explications précédentes sur cette question, soit appuyer l’importance de ses paroles actuelles. Cela ressort aussi du fait que la mise en garde exprimée ici de n’avoir aucune relation avec des fornicateurs est répétée et justifiée au verset 11.

Par « relation » il faut entendre un contact personnel sur le plan social ; cela ne va pas aussi loin que « communion » qui exprime une relation étroite. Lorsque Paul met en garde les Corinthiens contre toute relation avec des fornicateurs, il est compréhensible qu’il en limite la portée par ces mots : « non pas absolument avec les fornicateurs de ce monde, ou les cupides et les ravisseurs, ou les idolâtres, puisqu’alors il vous faudrait sortir du monde » (v. 10). Le monde, ici, est la création dans laquelle Satan a introduit le péché. Le chrétien vit dans un tel monde, bien qu’il y soit un étranger. Il ne peut certes avoir aucune communion avec les fornicateurs, les avares, les ravisseurs et les idolâtres, avec lesquels il entre forcément tous les jours en contact, par exemple dans son voisinage, professionnellement ou lors de ses achats, mais il lui est impossible d’éviter totalement le contact avec eux. Il lui faudrait alors sortir réellement de cette société. Telle est la voie qu’ont prise les ermites et les moines du Moyen- Age. En tant que chrétiens, nous ne devons et ne pouvons cependant pas sortir du monde, mais nous avons le devoir, individuellement et collectivement, comme étrangers célestes dans le monde, de rendre témoignage de notre Seigneur et de nous tenir séparés de tout mal.

En répétant sa mise en garde, Paul ajoute donc une indication importante : « Mais en fait, je vous ai écrit que, si quelqu’un appelé frère est fornicateur… vous n’ayez pas de relations avec lui » (v. 11). Dans les versets 6 à 8, il avait présenté aux Corinthiens, au moyen de l’image de la pâte sans levain, leur pureté et leur sainteté aux yeux de Dieu, ainsi que les dangers du levain. Même si le mal était chose courante dans le monde environnant, comme enfants de Dieu, ils ne devaient pas davantage le tolérer pour eux-mêmes que pour les autres ! C’est pourquoi Paul les exhorte à n’avoir aucun relation avec quelqu’un appelé frère qui vit dans le péché. Celui qui confesse être né de nouveau et qui le manifeste dans sa vie pratique, a le droit d’être appelé « frère ». Il est vrai que tout frère, et toute sœur, peut tomber dans le péché. Mais quand le péché est confessé, il y a pardon. Toutefois si quelqu’un « appelé frère » vit publiquement dans les péchés mentionnés ici, la manière même de s’exprimer ici, soulève la question de savoir s’il peut être considéré et traité réellement comme tel.

Visiblement, les péchés mentionnés ici ne sont ni des péchés cachés, ni des manifestations occasionnelles de la chair, si affligeantes que soient ces dernières. Non, il s’agit ici d’un mauvais état du cœur, qui se manifeste dans ces péchés de telle manière que la communion pratique avec la personne concernée est impossible.

Les paroles « que vous ne mangiez pas même avec un tel homme » (v. 11) ne se limitent pas à la participation à la cène du Seigneur ; même un simple repas ordinaire, ou une quelconque expression de communion, avec une personne qui déshonore le Seigneur Jésus par sa mauvaise conduite évidente est défendu. Toute relation personnelle avec elle ne serait pas seulement une reconnaissance et une approbation pratiques de sa mauvaise conduite, mais équivaudrait à s’identifier avec elle. Il incombe à la responsabilité personnelle de tout enfant de Dieu qui a le désir de suivre fidèlement son Seigneur, d’obéir à cette sérieuse injonction ! La rupture de toutes relations avec celui qui vit dans le péché a aussi pour but de produire la repentance et le retour.

Dans les versets 12 et 13, une ligne de séparation nette est tirée entre le « dedans » et le « dehors ». Ceux qui n’ont aucune vraie relation de foi avec Christ comme Sauveur et comme Seigneur sont « du dehors ». Le chrétien doit laisser de tels au jugement de Dieu, qui les atteindra un jour (comp. 11:31, 32). « Dedans » est par contre la sphère où se trouvent, de par leur position, tous ceux qui sont sauvés par la foi au Seigneur Jésus. Là, l’assemblée a pour mission de porter une appréciation et de juger.

Quant à sa position, tout croyant est « dedans », tandis que tout incrédule est « dehors » (comp. Col. 4:5 ; 1 Thes. 4:12 ; 1 Tim. 3:7). Dans la chrétienté, avec ses multiples institutions et traditions non bibliques, une séparation nette entre le « dedans » et le « dehors » comme elle existait au temps de l’apôtre, n’est plus possible aujourd’hui. Quel mélange entre croyants et incrédules nous y voyons ! Combien le mal moral ou doctrinal est supporté et même excusé par de vrais chrétiens ! Il peut ainsi arriver que quelqu’un qui confesse être sauvé, vive publiquement dans le péché et rompe pourtant le pain dans une communauté chrétienne, parce que les principes scripturaires de la discipline n’y sont pas respectés. Un enfant de Dieu fidèle peut-il alors avoir des relations avec un tel homme simplement parce qu’il est reçu dans tel ou tel rassemblement ? Aucunement. Les principes fondamentaux de l’Assemblée de Dieu conservent toute leur validité.

À ces principes se rattache aussi l’exercice de la discipline nécessaire : « Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes » (v. 13). Il s’agit ici non plus de la responsabilité personnelle de chaque croyant individuellement, mais du devoir, déjà mentionné au verset 2, de l’assemblée d’ôter du milieu d’elle, au nom du Seigneur Jésus, celui qui ne veut pas confesser son péché afin d’en être purifié. C’est en Son nom que l’assemblée se réunit, et tout dans son Assemblée doit être en harmonie avec son glorieux et saint Nom. C’est l’acte ultime que puisse accomplir une assemblée - souvent après de nombreux efforts affectueux individuels ou en commun - dans une profonde tristesse et humiliation, mais dans la conscience de sa responsabilité envers son Chef dans le ciel. Mais même alors, quand l’assemblée ne peut plus rien faire, l’Esprit de Dieu peut produire la repentance, le retour, et la restauration.


7 - Ch. 6 — Querelles entre frères et immoralité

7.1 -  Querelles entre frères (v. 1-11)

L’état charnel qui régnait à Corinthe se manifestait aussi en ce que plusieurs entretenaient entre eux des querelles qu’ils portaient devant les tribunaux de ce monde (v. 7). Paul s’oppose à un tel comportement qui ne convient absolument pas pour des enfants de Dieu en posant la question suivante : « Celui qui, parmi vous, a un différend avec un autre, ose-t-il entrer en procès devant les injustes et non devant les saints ? » (v. 1). La relation avec le verset 12 du chapitre 5 est indéniable : « Vous, ne jugez-vous pas ceux du dedans ? » Lorsque des injustices surgissent dans l’assemblée de Dieu, c’est le devoir des frères de s’en occuper avec l’esprit du Seigneur Jésus dans la conscience de la sainteté de Dieu, avec le désir de gagner les cœurs. Mais, à Corinthe, les frères s’affrontaient devant les tribunaux, visiblement avec la pensée d’y obtenir justice. L’expression « devant les injustes », qui désigne ici les incrédules en général (comp. 1 Pier. 3:18), et donc aussi les juges, visait à montrer à ces frères qu’ils n’avaient aucune justice à attendre d’hommes injustes. Dans la dernière partie du verset, il est indiqué que les litiges entre frères également doivent être réglés devant les « saints », c’est-à-dire les croyants. Alors non seulement les exigences de la justice terrestre seront satisfaites, mais la volonté de Dieu le sera aussi !

La question : « Ne savez-vous pas ? » au verset 2, qui est répétée encore cinq fois dans ce chapitre (v. 3, 9, 15, 16, 19), suggère toujours un certain reproche. Paul rappelle ainsi aux destinataires de sa lettre des choses qu’ils savaient ou au moins auraient dû savoir. Il avait déjà mentionné le règne des croyants avec Christ durant le Millénium (4:8) ; ce règne sera précédé du jugement des vivants, auquel participeront également les croyants (comp. Matt. 19:28 ; 25:31-46 ; Apoc. 20:4-6). La Parole de Dieu ne connaît pas le principe actuel de la « séparation des pouvoirs » entre législatif, exécutif et judiciaire. Le pouvoir et la justice forment un tout.

C’est d’ailleurs le seul passage de l’Ecriture qui nous révèle que les saints jugeront non seulement le monde, mais aussi les anges. En eux-mêmes, les anges, comme créatures, sont au-dessus des hommes. Mais tous ceux qui croient au Seigneur Jésus et sont de ce fait un avec Lui, ont reçu une place plus élevée que celle des anges (Héb. 1:6, 14 ; Éph. 1:21-23). Si donc une mission si élevée est réservée aux croyants dans l’avenir, « les affaires de la vie », ne peuvent être que de peu d’importance.

Ces paroles d’introduction montrent que pour le chrétien, il n’y a aucune situation dans la vie courante, où il puisse perdre de vue sa vocation céleste. Après ce rappel solennel, Paul peut maintenant indiquer aux Corinthiens la voie spirituelle à suivre pour régler les problèmes légaux entre croyants. Le verset 4 a fait, il est vrai, l’objet de commentaires très divers, mais il ne ressort qu’une seule signification intelligible du contexte : l’apôtre invite les Corinthiens à s’en remettre, pour résoudre leurs conflits, à ceux d’entre leurs frères qui étaient peu estimés par eux qui avaient une si haute opinion d’eux-mêmes ! Le motif en est simple : la résolution de tels problèmes n’exige pas une grande connaissance de la vérité, ni aucun don de grâce particulier, mais demande tout de même de la sincérité, de la droiture, et de l’impartialité. Par là même, l’injonction de l’apôtre tendait à faire honte aux Corinthiens, au milieu desquels, apparemment, ne se trouvait personne qui possède la sagesse pratique pour décider entre deux frères en conflit (v. 5). Il en était résulté que des frères allaient devant les tribunaux du monde et réglaient leurs litiges devant des incrédules. Quelle image différente ne voyons-nous pas en Abraham, lors d’une querelle qui avait surgi entre les bergers de Lot et les siens (Gen. 13:7-10). Il est dit expressément que les Cananéens et les Phéréziens habitaient alors dans le pays. « Qu’il n’y ait point, je te prie, de contestation entre moi et toi… car nous sommes frères ! » - tel fut le sage conseil d’Abraham à son neveu Lot.

La faute des Corinthiens ne consistait cependant pas seulement en ce qu’ils entraient en procès devant les incrédules ; un état charnel était manifeste parmi eux (v. 6, 7). Inimitiés, querelles, jalousies, colères, intrigues et divisions sont les œuvres de la chair (Gal. 5:20) qui ne conviennent pas à des saints. Ils sont appelés à la paix. Et même si un frère veut engager une dispute avec un autre, celui-ci, s’il est réellement spirituel, manifestera dans la puissance de la vie nouvelle les sentiments de son Seigneur, qui, « lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas l’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2:23). L’état charnel des Corinthiens se révélait dans le fait qu’ils n’étaient pas prêts à supporter une injustice avec douceur et humilité, et à se laisser faire tort ; au contraire chacun cherchait à porter préjudice à l’autre, qui pourtant était son frère dans le Seigneur, et à le léser !

Pour la troisième fois dans ce paragraphe, Paul emploie cette parole d’exhortation : « Ne savez-vous pas ? » (v. 9). Les injustes n’hériteront pas du royaume de Dieu. C’est un principe divin, souligné par le sérieux avertissement qui suit : « Ne vous y trompez pas ». Dans le règne de justice futur du Seigneur, les injustes n’auront part au royaume ni sur la terre ni dans le ciel, mais seuls ceux qui sont lavés dans son sang y participeront. Il est vrai qu’un croyant né de nouveau peut aussi agir injustement, ou tomber dans l’un des péchés mentionnés aux versets 9 et 10 ; mais le cas est différent s’il s’agit de celui qui vit dans ces péchés, et porte ainsi le caractère de pécheur. Celui qui démontre par sa conduite qu’il est un « injuste » ne doit pas espérer avoir un héritage dans le royaume de Dieu. Nous n’avons pas le droit de changer la grâce de notre Dieu en « débauche » (Jude 4).

Cela signifie-t-il alors qu’un véritable enfant de Dieu puisse cependant être perdu lorsqu’il pèche ? Certainement non. Mais nous avons dans ce passage une nouvelle preuve que la grâce de Dieu et la responsabilité de l’homme ne doivent pas être mélangées. Si nous considérons la grâce de Dieu, il est dit : Celui qui croit au Fils ne périt pas, mais reçoit la vie éternelle et personne ne peut l’arracher de la main du Père (Jean 10:28-29). Mais si nous considérons l’homme - également le chrétien - dans sa responsabilité devant Dieu, nous trouvons toujours dans la Parole de Dieu que celui qui confesse appartenir au Seigneur doit le prouver pratiquement par son nouveau comportement : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Tim. 2:19). S’il ne le fait pas, il n’a pas le droit de se prévaloir de la grâce de Dieu. C’est exactement ce que Paul place devant les yeux des Corinthiens désinvoltes à l’égard du péché.

Il leur rappelle en même temps que plusieurs d’entre eux avaient vécu avant leur conversion dans les péchés les plus grossiers, mais que maintenant, par la foi, ils avaient été lavés, sanctifiés et justifiés au nom du Seigneur Jésus, et par l’Esprit de Dieu (v. 11). Le lavage correspond à l’œuvre de Dieu dans la nouvelle naissance ; la sanctification est l’œuvre de l’Esprit, et la justification est la purification de toute culpabilité ou accusation en vertu de l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix. Après la sévère mise en garde antérieure, ce rappel a pour but de placer à nouveau devant les Corinthiens l’immense grâce de Dieu dont ils avaient été les objets !


7.2 - Fuyez la fornication (v. 12-20)

Le verset 12 introduit un nouveau paragraphe ; il concerne le but auquel est destiné le corps du croyant. Suivant une certaine conception philosophique de cette époque, le corps était la partie la plus basse et donc la plus insignifiante de l’être humain. Les paroles d’introduction : « Toutes choses me sont permises… », répétées sous une forme semblable au chapitre 10 (v. 23), montrent que le chrétien ne se trouve pas sous une loi comme l’était l’Israélite, mais que, comme homme nouveau, il est appelé à la liberté (Gal. 5:1). Manifestement, les Corinthiens se prévalaient cependant de cette parole pour justifier leur comportement immoral. Paul répond à une telle attitude par la double mise en garde que tout usage de la liberté chrétienne n’est pas avantageux pour la vie de la foi, et que, par l’emploi erroné de cette liberté nous pouvons perdre le contrôle spirituel de nous-mêmes. Si une chose n’est pas utile pour la vie spirituelle ou exerce sur nous une forte influence, elle tend plutôt à nous détourner du Seigneur qu’à nous rapprocher de lui.

Le verset 13 met en évidence la différence importante entre le ventre et le corps, que les Corinthiens perdaient de vue. Le mot « ventre » désigne ici les fonctions du corps humain, nécessaires au croyant aussi pour le maintien de sa vie naturelle ; elles trouveront leur fin soit avec la mort, soit lors de la venue du Seigneur Jésus. De même aussi, Dieu mettra une fois à néant - c’est-à-dire fera cesser - les aliments nécessaires à la subsistance. Même à l’égard de ces fonctions vitales « neutres » en elles-mêmes, chaque croyant doit se demander s’il en use pour l’utilité, ou s’il se laisse dominer par elles. Au chapitre 10 (v. 31), Paul écrit : « Que vous mangiez, que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ».

En revanche, lorsqu’il est parlé du « corps » du croyant, il s’agit de l’instrument qui subsiste éternellement de son humanité, par lequel il est un membre du corps de Christ, et dans lequel Dieu doit être glorifié, parce qu’il est le temple du Saint Esprit. Tandis que le ventre est destiné aux aliments (et inversement), notre corps appartient au Seigneur et ne doit pas être détourné de son usage pour être employé à la fornication. Les Corinthiens commettaient la double erreur de mettre sur le même plan le « corps » et le » ventre », la fornication et les aliments. L’instinct sexuel, que Dieu a donné pour la multiplication et la sauvegarde de tout le genre humain (Gen. 1:28), n’est cependant pas nécessaire pour le maintien de l’existence personnelle de l’individu ; de plus, il doit trouver sa réalisation seulement dans le mariage (Gen. 2:24), et non pas en dehors. Toute union sexuelle en dehors du mariage est donc désignée par les Saintes Ecritures comme étant le péché de fornication. Le corps du croyant doit néanmoins être là pour le Seigneur, qui pourvoit dans le temps présent à sa conservation, et qui le délivrera lors de sa venue (Rom. 8:23).

L’importance du corps est soulignée dans le verset suivant. De même que notre Seigneur a été ressuscité corporellement et qu’Il est assis maintenant comme homme glorifié à la droite de Dieu, de même nous aussi connaîtrons, lors de sa venue, la puissance de Dieu, quand il ressuscitera tous les saints endormis d’entre le reste des morts (v. 14) et changera le corps des vivants (15:51). Nos corps mortels, maintenant faibles et portant encore l’empreinte du péché, seront alors rendus conformes au corps de la gloire de Christ (Phil. 3:21). Il est parlé de la nature merveilleuse de ce corps de résurrection et de gloire au chapitre 15 (v. 35-50). Dans ce corps glorifié, nous serons capables de voir notre Seigneur « comme Il est » (1 Jean 3:2) et de lui offrir une adoration parfaite et éternelle.

Le corps du croyant appartient cependant au Seigneur dès maintenant et non uniquement après la résurrection (v. 15). Le Saint Esprit ne demeure pas seulement dans chaque croyant individuellement, mais par Lui, nous sommes baptisés pour être un seul corps, le corps de Christ (comp. 12:12-13). En fait, les Corinthiens auraient dû savoir que le corps de Christ sur la terre est constitué de tous les croyants vivants ; leurs corps, comme instruments de la volonté de Christ, la tête, en forment les membres. Quelle contradiction lorsqu’un chrétien abuse de son corps, cet « instrument » de l’unité spirituelle avec Christ, pour s’unir sexuellement avec une prostituée : il en fait ainsi un « membre » d’une pécheresse ! Ceci est expliqué au verset 16 à l’aide de l’ordre de la création : « Ne savez-vous pas que celui qui est uni à une prostituée est un seul corps avec elle ? Car les deux, est-il dit, seront une seule chair » (comp. Gen. 2:24). Selon la volonté de Dieu, mari et femme, dans le lien du mariage, forment une unité. Mais en cas de fornication, une unité est produite contre la volonté de Dieu, en dehors de l’ordre divin, d’une manière coupable (sans qu’il en résulte toutefois un mariage). De ce fait, le corps du chrétien devient une partie ou un membre de la prostituée.

Cette unité charnelle coupable est en opposition directe avec notre unité avec Christ, notre Sauveur et Seigneur, qui existe non en vertu de l’incarnation, c’est-à-dire dans la chair, mais en vertu de son œuvre expiatoire, de la nouvelle naissance et de l’habitation du Saint Esprit, c’est-à-dire en Esprit.

Aussi Paul adjure-t-il les Corinthiens : « Fuyez la fornication ». Dans aucun autre cas que celui-ci, le corps n’est à ce point le moteur et l’instrument d’un péché commis contre sa destinée première (v. 18).

L’apôtre avance encore un autre argument : le corps du chrétien est le temple du Saint Esprit qui habite en lui (v. 19). Non seulement l’Assemblée, comme un tout, est le temple de Dieu (voir 3:16), mais aussi le corps de chaque croyant individuellement est un temple du Saint Esprit. De même que le temple à Jérusalem était, sous l’ancienne alliance, l’habitation de Dieu sur la terre, où s’exerçait le service divin, de même le corps du croyant l’est maintenant. Il n’en a pas toujours été ainsi. L’incrédule fait ce qu’il veut de son corps. Mais le croyant sait qu’il a été acheté à un grand prix. Le prix que le Seigneur Jésus a payé à la croix, a été son sang précieux (1 Pier. 1:18). C’est pourquoi nous sommes exhortés, en conclusion, à glorifier Dieu dans ce corps, c’est-à-dire à accomplir sa volonté et ses pensées, et ainsi à L’honorer.


8 - Ch. 7 — Mariage et divorce + Se marier ou rester seul

8.1 - Mariage et divorce (v. 1 à 24)

8.1.1 - Comportement entre époux (v. 1-7)

Dans ce contexte, on comprend la remarque de Paul au verset 1, qu’il est bon pour un homme d’être libre de tout lien avec l’autre sexe afin de vivre entièrement pour le Seigneur. Mais vu qu’une telle capacité n’est propre qu’à un petit nombre, il convient normalement que les croyants se marient afin d’être gardés du péché de la fornication, c’est-à-dire des rapports extraconjugaux.

Si cependant des croyants sont mariés (v. 3-5), ils doivent en tous points avoir égard l’un à l’autre, et être là l’un pour l’autre. La force de la nature est bien présente, et des chrétiens mariés ne peuvent et ne doivent pas la renier l’un vis-à-vis de l’autre. Ils ne doivent donc pas se priver l’un de l’autre, à moins que ce ne soit d’un consentement mutuel, pour un temps, afin de se consacrer à la prière (v. 5). Là également, l’apôtre ajoute aussitôt une mise en garde contre une surestimation de la capacité de garder la continence dans le mariage. Satan, qui utilise toutes les faiblesses des croyants pour les induire en tentation et si possible les faire tomber, sait combien nous sommes fragiles dans le domaine sexuel. Paul, qui lui-même n’était pas marié (9:5), a cependant été employé par Dieu pour donner avec beaucoup d’indulgence aux Corinthiens son conseil spirituel sur ce sujet délicat, sans dominer sur eux. Même il souhaitait personnellement que tous les hommes soient comme lui ; il exprimait cependant en même temps sa compréhension quant au fait qu’à cet égard tous les hommes n’étaient pas prédisposés de la même manière. La capacité de vivre comme enfant de Dieu pour le Seigneur sans être marié, comme Paul, est aussi un don de grâce de Dieu (v. 6-7).


8.1.2 -  Non mariés et veufs (v. 8- 9)

Paul s’adresse à quatre groupes différents de croyants. Il leur donne un conseil spirituel, mais il leur rappelle aussi les commandements de Dieu, ou du Seigneur. À la base, il y a la pensée que le mariage, selon l’ordre divin dans la création, est bon et, pour la plupart des croyants, nécessaire pour des raisons naturelles, mais que, pour ceux qui en sont capables, il est meilleur de ne pas se marier à cause du service pour le Seigneur. Tout ce qui est dit à ce sujet doit être en outre « dans votre intérêt… en vue de ce qui est bienséant, et pour vous attacher au service du Seigneur sans distraction » (v. 35).

Paul s’adresse d’abord (v. 8) à ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves. Il leur conseille de rester non mariés, comme lui-même. Mais si la nature affirme son droit, il est préférable de se marier que d’être tourmenté par des désirs sexuels, ou même de tomber à cause de cela dans le péché.


8.1.3 -  Séparation (v. 10-11)

Cependant, à ceux qui sont mariés (v. 10), il rappelle que l’interdiction de se séparer est un commandement formel du Seigneur Jésus, qui a dit en Matthieu 19:6: » Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ». Selon la parole de Dieu, il n’existe aucun motif impératif pour un divorce. Toute dissolution d’un mariage est une abomination pour Dieu, qui a dit : « Je hais la répudiation » (Mal. 2:16). Par la grâce, tout péché d’un conjoint peut être pardonné. Même si une séparation a déjà eu lieu, la possibilité d’une réconciliation doit toujours subsister (v. 11). S’il n’y a cependant pas de réconciliation, les conjoints séparés doivent rester seuls, car le mariage est une union pour la vie et ne peut pas être dissous. L’exception citée par le Seigneur Jésus en Matthieu 5:32 et 19:9 n’est pas mentionnée ici.


8.1.4 - « Les autres » (v. 12-24)

Par la formule « les autres », Paul s’adresse maintenant encore à un troisième groupe, dont le Seigneur n’a pas parlé durant sa vie sur la terre : il s’agit des cas ou deux personnes se sont mariées dans l’incrédulité, et dont l’une s’est convertie après le mariage (v. 12-17). Il n’est donc pas question ici d’unions résultant du mariage d’un enfant de Dieu avec un incrédule. Un chrétien ne doit se marier que « dans le Seigneur » ; il lui est défendu de se mettre sous un joug « mal assorti » (v. 39 ; 2 Cor. 6:14). Mais notre Dieu et Père use de grâce envers les croyants qui étaient encore incrédules lors de leur mariage et désire qu’eux aussi agissent avec grâce. Si le conjoint incrédule veut continuer à demeurer avec celui qui est devenu croyant, ce dernier ne doit pas provoquer de lui-même une séparation, lors même que la vie avec une personne du monde comporte bien des difficultés. La volonté de Dieu est que les membres de la famille de ses enfants viennent aussi à la foi. Déjà par la conversion d’un des époux, l’autre est sanctifié, c’est-à-dire qu’il est introduit dans une relation dans laquelle il est extérieurement séparé du monde et peut éprouver l’influence de la parole vivifiante de Dieu. Les enfants qui naissent d’une telle union sont même saints dès leur naissance. Nous voyons ici briller la grâce de Dieu. La parole de Dieu nous enseigne que, normalement, ce qui est saint est profané et souillé par ce qui est impur, mais dans ce cas exceptionnel, c’est l’inverse !

Si l’incrédule se sépare du croyant, le frère ou la sœur n’est pas asservi (v. 15). Il se peut que dans cette partie de la phrase, de même que dans l’exception de Matt. 19:9, soit exprimée la possibilité que le partenaire innocent n’est pas condamné au célibat pour le reste de sa vie. Comme enfant de Dieu, il a toutefois le devoir d’aspirer en toute occasion à la paix, ce qui n’est certainement pas toujours facile.

Par le verset 16, l’apôtre montre que, par un témoignage fidèle, l’incrédule peut être gagné pour le Seigneur et être sauvé (comp. 1 Pier. 3:1-2). Quelle joie ce serait !

Pour terminer cette partie, Paul énonce un principe général qui est valable pour toutes les assemblées : chaque croyant doit rester dans l’état dans lequel le Seigneur l’a placé et où Dieu l’a appelé (v. 17). Cela peut nous donner la tranquillité dans notre époque agitée. Dans les versets 18 à 24, ce principe est illustré par deux exemples. Dans le domaine religieux, tant les Juifs que les païens sont devant Dieu des pécheurs perdus qui, en Christ, par la foi, sont devenue « un », et aucun ne doit chercher à modifier en quoi que ce soit sa condition terrestre. Sur le plan social, la position de l’homme libre peut paraître désirable à l’esclave, en ce qu’elle lui offre plus de possibilité de servir son Seigneur. S’il existe une occasion de devenir libre, il peut en faire usage. Mais le principe demeure : « Frères, que chacun demeure auprès de Dieu dans l’état où il a été appelé » (v. 24).


8.2 - Se marier ou rester seul ? (v. 25-40)

Dès le verset 25, Paul s’adresse à un groupe particulier de ceux qui ne sont pas mariés, savoir à ceux qui sont vierges, hommes ou femmes. Pour ce qui les concerne, il ne peut pas s’appuyer sur un commandement du Seigneur, mais en tant que serviteur que le Seigneur, dans sa grâce, a trouvé fidèle, il communique aux Corinthiens son opinion personnelle. Le fait qu’ici, de même qu’aux versets 12 et 40, Paul exprime son opinion personnelle ne signifie pas que ces passages ne sont pas inspirés du Saint Esprit. L’inspiration est la direction de Dieu par le Saint Esprit lors de la transcription sans faute et infaillible de la Parole de Dieu, par de « saints hommes de Dieu » qui, en eux-mêmes, n’étaient pas sans faute (comp. 1 Cor. 2:13 ; 2 Tim. 3:16 ; 2 Pier. 1:21). L’inspiration ne doit toutefois pas être confondue avec la révélation, c’est-à-dire la communication divine de faits jusqu’alors cachés. Tout ce qui nous est donné à connaître dans les Saintes Ecritures n’est cependant pas fondé sur la révélation, bien que tout soit inspiré par l’Esprit. Sous cette inspiration divine, quelques écrivains de la Parole de Dieu, tels par exemple Josué, Néhémie et Marc, ont communiqué leurs propres expériences. Luc a retransmis divers rapports existants provenant de témoins oculaires concernant la vie du Seigneur Jésus et les psalmistes ont retranscrit leurs propres expériences directes de la part de Dieu, comme Moïse dans la rédaction du récit de la création et Paul dans la communication du mystère concernant Christ et son Assemblée. Quand donc Paul communique ici, comme serviteur fidèle, son opinion personnelle, il le fait sous l’inspiration du Saint Esprit. Ces paroles se situent ainsi sur le même niveau que le reste des Saintes Écritures.

Paul répète le conseil déjà donné aux versets 1 et 8:il est bon de rester non marié. Il en donne ici également le motif : « la nécessité présente », c’est-à-dire la gravité du temps actuel du rejet du Seigneur, dont le chrétien doit être toujours conscient. En même temps, Paul fait cependant clairement comprendre qu’en conseillant le célibat, il ne veut en aucun cas discréditer le mariage chrétien. Celui qui s’est déjà engagé envers une femme par des fiançailles, ne doit pas chercher à rompre ce lien - une union déjà établie ne doit en aucune façon, selon la volonté de Dieu, être rompue. D’un autre côté, Paul confirme son conseil donné au verset 26 par ces mots : « Es-tu lié à une femme, ne cherche pas à en être séparé. N’es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas de femme » (v. 27). Nous pouvons voir là en même temps une nouvelle application du principe énoncé dans les versets 17 à 24, selon lequel chacun doit rester dans l’état dans lequel Dieu l’a appelé. Si toutefois quelqu’un estime devoir se marier, il ne pèche pas en le faisant. Mais dans chaque mariage, il y a cependant des difficultés et des occasions d’affliction que l’apôtre désire épargner aux croyants.

À cette douce mise en garde, il ajoute dans les versets 29 à 31 une sérieuse considération quant aux circonstances dans lesquelles le chrétien se trouve dans le temps actuel. Ce temps est difficile, car le Seigneur peut venir d’un instant à l’autre pour prendre les siens auprès de Lui. Ce n’est que dans cette courte période que nous pouvons le servir et rendre dans le monde témoignage de sa grâce et de son amour. C’est pourquoi nous devons orienter notre vie d’abord sur lui et ne pas nous laisser accaparer par des choses terrestres - même si elles sont permises - et dont le mariage fait partie. Si nous sommes mariés, nous ne devons pas nous laisser détourner par notre conjoint de l’obéissance et du service pour le Seigneur Jésus. La tristesse et la joie se trouvent aussi dans la vie du croyant, mais leurs causes sont temporaires et c’est pourquoi nous ne devons pas nous laisser dominer par elles. Lorsque nous achetons quelque chose, nous devons être conscients du fait que nous avons seulement à le gérer passagèrement pour le Seigneur. Quant à tout ce qui nous est confié dans ce monde pour notre usage, nous devons finalement nous garder de le considérer comme notre propriété ou même comme le but de notre vie. Non, notre objectif permanent est notre Seigneur dans la gloire éternelle (comp. Col. 3:1-3), tandis que la figure de ce monde passe.

Dans son service, l’apôtre Paul avait toujours à cœur le bien spirituel des croyants. Aussi souhaite-t-il que les Corinthiens soient sans inquiétude et gardés dans la paix par une confiance simple dans le Seigneur Jésus. Dans les versets 32 à 35, il leur montre que, aussi bien l’homme non marié que la femme non mariée sont en mesure de consacrer au Seigneur sans partage leur amour, leur force et leurs intérêts ! En revanche, il est tout à fait naturel que ceux qui sont mariés s’appliquent à plaire à leur conjoint.

Bien que Paul constate ici simplement les faits, sans donner une recommandation expresse pour le célibat ou contre le mariage, il montre cependant clairement au verset 35 quelle est son intention en s’exprimant ainsi, Il veut être en aide aux croyants à Corinthe, mais particulièrement à ceux qui sont vierges, qui n’ont encore eu aucun contact avec l’autre sexe, dans les questions qui les agitaient quant au mariage ou au célibat. Il ne voulait en aucun cas les enlacer dans des liens par des directives humaines qui puissent leur devenir un piège. Le célibat imposé aux prêtres dans plus d’une église chrétienne en est un. Combien d’entre eux ont porté ce joug, et sont par la suite tombés ! Non, l’apôtre Paul a devant les yeux un bon but. Il désire d’abord que, parmi les Corinthiens, tout se déroule, quant au mariage et à la relation entre hommes et femmes dans l’ordre et la moralité extérieurs, mais avant tout, que les croyants soient attachés d’un cœur non partagé à leur Seigneur. Celui qui, par exemple, croit devoir rester non marié pour le Seigneur, mais qui en réalité languit de se marier, ne peut pas rester attaché à lui sans partage. Pour un tel, mieux vaut se marier. Il peut alors vivre dans la paix intérieure et peut-être servir mieux le Seigneur dans sa famille qu’auparavant. Mais quant à ceux à qui le Seigneur a accordé la grâce de pouvoir vivre non mariés et sans famille, c’est le bon chemin pour le servir sans distraction extérieure, comme nous le montrent bien des croyants, hommes et femmes, demeurés seuls, aujourd’hui encore dans les champs missionnaires ou plus près de chez nous.

Dans les versets 36 et 37, Paul aborde avec beaucoup de compréhension ces questions qui causent souvent de gros problèmes précisément à des jeunes croyants encore non mariés. Si quelqu’un a le désir de consacrer sa vie entièrement au service de son Seigneur, mais craint de ne pas pouvoir supporter le célibat, il n’y a pas d’obstacle à un mariage de par la Parole de Dieu. Normalement, aucun enfant de Dieu n’est contraint par le Seigneur à demeurer non marié. Que le célibat consacré au Seigneur soit plutôt une exception, ressort du verset 37. Seul celui qui tient ferme dans son cœur, qui n’a aucun problème avec la sexualité naturelle et peut en conséquence tenir en bride sa volonté, est capable de supporter la solitude. Et si telle est réellement la volonté du Seigneur, alors, c’est une bonne chose. Ce verset-là, justement, montre clairement que cette question est personnelle, et ne concerne pas un père et sa fille vierge, ni même un fiancé et sa fiancée, comme bien des commentateurs le pensent. La notion de « vierge » dans ces deux versets est équivalente à celle de « virginité », ce qui est inhabituel, mais pas impossible.

Les versets 38 et 39 donnent un résumé de tout ce qui a été dit dans ce chapitre au sujet du mariage. Comme le mariage fait partie de l’ordre de la création de Dieu, et que le désir sexuel de l’homme n’est pas en soi quelque chose de mauvais, tout croyant qui se marie fait bien. Mais celui qui, comme chrétien, n’éprouve pas le besoin de se marier à tout prix, mais, vu la brièveté du temps et les préoccupations supplémentaires qui accompagnent tout mariage et toute famille, veut servir le Seigneur en restant non marié, fait mieux.

Quand toutefois une femme est mariée, elle est liée à son mari aussi longtemps qu’il vit. Il en est de même évidemment pour le mari. Seule la mort met un terme à une union. Bien qu’au verset 8, il ait été conseillé à celles qui sont veuves de demeurer non mariées, il est établi ici objectivement qu’elles sont libres de se marier. Une seule condition est posée, qu’un enfant de Dieu qui aime son Seigneur remplira volontiers : « seulement dans le Seigneur ». Un mariage chrétien doit être conclu en accord avec sa volonté et avec sa pensée, ce qui comporte non seulement que les deux conjoints sont nés de nouveau, mais aussi que chacun d’eux suit le Seigneur fidèlement et peut réellement être pour l’autre « une aide qui lui corresponde » (Gen. 2:18).

L’apôtre mentionne encore une dernière fois ici la part plus heureuse, celle de rester non marié. Il parle du conseil qu’il donne ici comme étant non pas la volonté du Seigneur valable pour tous, mais l’avis d’un croyant qui possédait le Saint Esprit comme guide et désirait, sous cette conduite, être en aide à d’autres croyants, ici ceux de Corinthe.


9 - Ch. 8 — Les forts et les faibles

Les chapitres 8 à 11 traitent de la juste application - et par contraste, de l’abus - des privilèges que Dieu a donnés aux siens. Au début du chapitre 8, Paul fait probablement référence à une question posée par les Corinthiens (voir 7:1) concernant le fait de manger des choses sacrifiées aux idoles. Bien que, de nos jours, nous ne soyons plus confrontés à ce problème, les enseignements de ce passage peuvent nous être cependant d’une aide précieuse dans bien des questions qui surgissent.


L’apôtre commence par mettre en garde les Corinthiens contre une connaissance purement intellectuelle dont manifestement ils se vantaient (v. 1-3). Toute connaissance des pensées de Dieu – et c’est de cela qu’il s’agit ici – est d’abord acquise au moyen de l’intelligence humaine et enregistrée par la mémoire. La connaissance doit cependant être ensuite appliquée au cœur et à la conscience, afin qu’il y ait croissance dans la vie de la foi. Si elle reste une affaire d’intelligence, elle conduit à la suffisance vis-à-vis des autres chrétiens moins instruits ! En revanche, la vraie connaissance de Dieu et de sa volonté conduit à aider et à servir avec amour son prochain. Le chrétien imbu de sa propre connaissance n’est pas encore parvenu à la vraie connaissance. Toutefois, plus il connaît Dieu et l’aime, plus il est conscient de se tenir dans la lumière et d’être connu de Lui. Cette conscience manquait aux Corinthiens, car la seule connaissance intellectuelle ne conduit pas dans la lumière de Dieu.

L’apôtre aborde maintenant au verset 4 la question posée par les Corinthiens. Il savait tout aussi bien qu’eux qu’une idole, par elle-même, n’est rien d’autre qu’une matière inerte et qu’il n’y a qu’un seul vrai Dieu (comp. 1 Thes. 1:9). Il peut bien y avoir, aux yeux des païens, une multitude de dieux et de seigneurs dans le ciel et sur la terre, mais les croyants savent qu’il n’existe qu’un seul vrai Dieu, le Père, qui est l’origine de toutes choses et le but de leur vie, et un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils de Dieu, par qui l’ancienne et la nouvelle création ont été appelées à l’existence. Sous cet aspect, il serait peu important pour les croyants de savoir si la viande qu’ils mangent provient d’un sacrifice offert aux idoles ou non.

Parmi les croyants à Corinthe, tous n’avaient pas compris que les idoles ne sont vraiment rien. Certains, avant d’être convertis, étaient habitués à manger des choses sacrifiées aux idoles ; ils n’avaient plus, après leur conversion, la liberté de manger de la viande qui avait été offerte à des idoles, parce que leur conscience - très sensible et faible - ne pouvait plus le supporter et en était souillée. Lorsqu’un enfant de Dieu agit contre sa conscience, il pèche (Rom. 14:23) et ne peut pas jouir d’une heureuse communion avec Dieu. Pour d’autres, au contraire, il était clair qu’une idole n’est rien ; ils se sentaient donc en droit de manger de la viande provenant d’un sacrifice offert aux idoles.

Manger ou ne pas manger certains aliments ne nous rend pas plus agréables à Dieu (v. 8). Celui qui, en vertu de sa « connaissance », se sentait libre de manger de la viande offerte aux idoles, n’en avait aucun avantage devant Dieu ; celui qui n’avait pas cette liberté n’en était pas pour autant inférieur. Devant Dieu, il n’y a donc entre les deux aucune différence.

Mais entre eux, les enfants de Dieu doivent avoir égard l’un à l’autre dans leur comportement et ne pas devenir une pierre d’achoppement les uns pour les autres. Manifestement, les Corinthiens n’y prenaient pas garde. Certains allaient même jusqu’à se rendre dans un temple païen pour manger des viandes offertes aux idoles (v. 10) ! Un frère faible, aux yeux duquel c’était un péché, pouvait alors être incité à l’imiter et se laisser entraîner à faire ce que sa conscience lui défendait. Ainsi la connaissance sans amour conduit à agir sans être conscient de ses responsabilités envers les autres, particulièrement envers des croyants faibles. Ceux-ci sont ainsi entraînés à faire quelque chose qu’ils tiennent pour un péché, et peuvent périr.

Il s’agit ici non pas de la question de savoir si un enfant de Dieu peut perdre son salut, mais de tout le sérieux de la responsabilité que porte celui qui entraîne au péché un croyant spirituellement faible. Celui qui mélange du poison dans la nourriture d’un autre se rend coupable devant Dieu, même si cela n’entraîne pas la mort (spirituelle).

Le commandement donné en Actes 15:29 de s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles n’est nullement mis en question ou ignoré ici. Le motif de ce commandement, à savoir que derrière les idoles se cachent les démons (1 Cor. 10:19-22), n’est pas non plus mentionné par Paul. À cause du manque d’amour fraternel parmi les Corinthiens, Paul, conduit par l’Esprit Saint, s’efforce dans ce chapitre de toucher leur cœur et leur conscience et de les rendre attentifs à leur responsabilité réciproque. C’est pourquoi il répond à leur question, non pas en rappelant le commandement valable pour tous les chrétiens, ni en le justifiant, mais par rapport au frère faible.

Les Corinthiens, qui possédaient de grandes connaissances, considéraient manifestement avec un certain mépris ces frères et sœurs faibles. Ils oubliaient ainsi que le Seigneur Jésus était aussi mort pour eux. Ces âmes possédaient pour Lui une valeur infinie !

Celui qui entraîne un autre à pécher, pèche lui-même. Dans ce cas particulier, le péché réside dans le fait que la conscience faible du frère est blessée (v. 12). Mais celui qui pèche contre les frères pèche aussi contre Christ, son Seigneur.

Pour faire honte aux Corinthiens, qui voulaient maintenir leur prétendue liberté sans égards pour leurs frères et sœurs, Paul se présente lui-même au dernier verset de ce chapitre comme un modèle à imiter. Il montre ainsi de la manière la plus claire qu’aucun croyant ne doit être, par quoi que ce soit, et même par une chose aussi « accessoire », une occasion de chute pour un autre.


10 - Ch. 9— Ministère et salaire

10.1 - L’ouvrier et son salaire (v. 1-14)

Dans ce chapitre, Paul semble changer de sujet, mais en réalité, il présente aux Corinthiens un exemple pour l’enseignement qu’il vient de donner, savoir qu’ils devaient user de grâce, et non pas insister sur leurs droits. Il applique à lui-même le principe de considération affectueuse qu’il a placé devant eux. Dieu avait ordonné que ceux qui annoncent l’évangile puissent aussi vivre de l’évangile, mais Paul n’usait pas de ce droit à Corinthe, afin de ne pas être une pierre d’achoppement pour ces croyants.

Il mentionne premièrement (v. 1-2) sa légitimité apostolique qui, à Corinthe, était contestée par quelques-uns (2 Cor. 11:5 ; 12:11-12). En tant qu’apôtre, il ne connaissait que l’autorité du Seigneur qui l’avait appelé ; dans ses rapports avec les autres croyants, il était libre : il n’était soumis à aucune autorité humaine. Une condition préalable pour le ministère des apôtres était qu’ils devaient avoir connu personnellement le Seigneur et avoir été témoins de sa résurrection (voir Act. 1:21-22). Lorsque le Seigneur est ressuscité d’entre les morts, Paul n’était cependant pas encore converti, et il ne l’a probablement pas connu personnellement durant sa vie sur la terre. Mais le Seigneur ressuscité et glorifié lui était apparu aussi, de sorte qu’il pouvait se nommer, comme le dernier, dans la liste des sept témoins de la résurrection de Christ au chapitre 15 (v. 4-8). Si d’autres croyants, qui ne connaissaient pas personnellement l’apôtre, pouvaient mettre en doute son apostolat, les Corinthiens, eux, n’en avaient pas le droit. C’est bien par Paul qu’ils avaient été amenés à la foi au Seigneur Jésus et ils étaient donc la confirmation vivante de son apostolat (comp. 4:15 ; 2 Cor. 3:2-3).

Si donc il y avait à Corinthe des gens qui voulaient indûment exiger une justification de sa part, il répliquait : « N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? » (v. 3). Devaient-ils, lui et les autres serviteurs du Seigneur, être les seuls auxquels le droit de satisfaire les besoins vitaux pouvait être refusé ? Paul et ses collaborateurs étaient-ils les seuls à ne pas avoir le droit de se marier, tandis que les autres apôtres, tels que Céphas (Pierre) et les frères du Seigneur étaient mariés ? Il nous est dit en Matthieu 8:14 déjà que Pierre, considéré par certains à Corinthe comme leur chef de parti (1:12), était marié, mais Paul n’était manifestement pas le seul frère travaillant pour le Seigneur qui soit non marié. Les noms des autres ne sont toutefois pas donnés ici.

Mais quand Paul aborde maintenant au verset 6 son véritable sujet, il mentionne aussi Barnabas qui l’avait accompagné lors de son premier voyage missionnaire. Il semble bien que, contrairement aux autres apôtres, il pourvoyait, comme Paul, à sa propre subsistance dans son service pour le Seigneur. Ces deux serviteurs de Christ devaient-ils être les seuls qui n’aient pas le droit de renoncer à leur profession terrestre afin de travailler librement pour le Seigneur ? Il est possible même que les opposants de l’apôtre prenaient prétexte du fait que seuls lui et Barnabas travaillaient encore pour leur entretien à côté de l’œuvre du Seigneur, pour mettre en doute leur mission divine de semer, vu que visiblement tous les autres serviteurs du Seigneur faisaient usage de leur droit de ne pas travailler !

Paul et Barnabas avaient évidemment aussi ce droit. C’est ce que l’apôtre explique maintenant à l’aide de trois exemples : le soldat est payé par celui pour qui il combat ; le vigneron mange le fruit de la vigne qu’il a plantée ; le berger se nourrit du lait du troupeau qu’il fait paître (v. 7). Ce principe valable dans la vie ordinaire se trouve cependant aussi dans la loi de Moïse. En Deutéronome 25:4, il est écrit : « Tu n’emmuselleras pas le bœuf, pendant qu’il foule le grain ». À côté du sens littéral, ce commandement a – comme presque tout dans l’Ancien Testament (comp. 1 Cor. 10:6, 11 ; Gal. 4:24) – une portée spirituelle. Paul l’applique, au verset 10, aux serviteurs du Seigneur en empruntant encore deux autres images de la vie quotidienne. L’agriculteur qui laboure le fait dans l’espérance que les semailles seront suivies de la moisson, et ensuite, lors du battage, il espère une abondante récolte qui lui assurera sa subsistance.

Lorsque Paul et ses compagnons ont annoncé l’évangile à Corinthe, ils ont semé une semence spirituelle. Conformément au principe qui vient d’être énoncé, il n’y avait en fait rien d’extraordinaire, mais au contraire il était normal qu’ils reçoivent en retour de la part des Corinthiens les biens matériels, c’est-à-dire le nécessaire pour la subsistance de leur corps.

Or ce n’était absolument pas que les Corinthiens aient ignoré cette ordonnance de Dieu et ce droit de ses ouvriers. Ils avaient apporté leur soutien à d’autres frères et, de ce fait, reconnu en même temps qu’il leur était dû. Pourtant combien plus grand était le droit de l’apôtre, que quelques-uns à Corinthe lui refusaient maintenant ! Intentionnellement, Paul n’en avait pas fait usage, afin de ne pas faire obstacle à l’évangile du Christ. Nous lisons en Actes 18:1 à 3, que Paul habitait chez un couple de croyants, Aquilas et Priscilla ; comme lui, ils fabriquaient des tentes. Il avait tout de suite discerné les traits de caractère négatifs des croyants à Corinthe, et avait par conséquent renoncé d’emblée à tout soutien matériel de leur part, alors qu’il avait volontiers accepté dès le début l’aide des Philippiens, bien plus pauvres (Phil. 4:15).

Dans les versets 13 et 14, Paul explique encore une fois le principe du soutien matériel des ouvriers du Seigneur en prenant l’exemple des lévites et des sacrificateurs dans l’Ancien Testament. Les lévites, « qui s’occupent du service du temple » se nourrissaient de la dîme que le peuple d’Israël apportait au sanctuaire (Nom. 18:24), et les sacrificateurs « qui servent à l’autel » recevaient en outre certaines parties des sacrifices (Lév. 2:3 ; 6:19 ; 7:34). De même, selon la volonté du Seigneur, ceux qui annoncent l’évangile, doivent vivre de l’évangile (Luc 10:7). L’évangile, ici, ne désigne certainement pas seulement le message annoncé à ceux qui sont perdus, mais englobe tout le conseil de Dieu, comme en Romains 1:15.


10.2 - L’apôtre et son ministère (v. 15-27)

Lorsque Paul déclare encore une fois au verset 15 ne pas avoir fait valoir son droit de vivre de l’évangile, il ne veut nullement donner l’impression de revendiquer malgré tout un soutien de la part des Corinthiens. Il ne voulait en aucun cas se faire ôter sa gloire. Le motif de sa gloire consistait en ce qu’il respectait les droits des autres, mais ne faisait aucun usage de ses propres droits si cela devait scandaliser quelqu’un.

Dans leur état d’esprit charnel, les Corinthiens pouvaient bien penser que Paul ressentait comme le plus grand honneur d’être un évangéliste connu. Lui-même en jugeait autrement. Le Seigneur lui avait certes fait un don exceptionnel, mais en même temps, il lui avait aussi donné la mission de l’exercer. Paul n’avait donc aucun motif de se glorifier, mais c’était pour lui une nécessité d’obéir à son Seigneur bien-aimé et d’accomplir son service. S’il ne l’avait pas fait, il aurait désobéi. Les paroles « malheur à moi si je n’évangélise pas », montrent avec quel sérieux Paul considérait la désobéissance. Même si le chrétien n’est pas assujetti à une loi comme le Juif, l’autorité de Dieu n’en est pas moins grande pour lui. Et l’amour pour le Seigneur devrait être un plus grand mobile pour obéir qu’une simple soumission.

En accomplissant son ministère de plein gré et volontiers, Paul savait que le Seigneur le récompenserait, Lui qui avait dit dans la parabole des talents : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en ce qui est peu, je t’établirai sur beaucoup » (Matt. 25:23). Néanmoins l’absence d’ardeur et de joie pour le service ne l’aurait pas excusé. Il aurait dû alors se souvenir que le Seigneur lui avait confié ce ministère comme une administration. Il ne pouvait pas simplement s’y soustraire (comp. 4:1, 2).

Ce que Paul avait désigné comme étant « les motifs que j’aurais de me glorifier » au verset 15, il le nomme au verset 18 « son droit dans l’évangile ». Celui-ci consistait en ce qu’il rendait l’évangile « exempt de frais ». Par ces paroles, Paul résume ce qu’il veut faire comprendre aux Corinthiens dans tout ce chapitre. En tant qu’apôtre, il avait le droit de vivre de l’évangile. Mais afin de n’être une pierre d’achoppement pour personne, il avait pris sur lui de renoncer à ce droit et de pourvoir lui-même à son entretien. Sa récompense, c’était de savoir que personne ne pouvait lui imputer des motifs déloyaux dans son ministère, et qu’il ne prêchait pas seulement la grâce, mais la mettait en pratique.

Libre à l’égard de tous, c’est-à-dire ne dépendant de personne, il ne se servait pas de sa liberté pour se placer au-dessus de ses semblables, mais il était prêt à se faire esclave de tous, c’est-à-dire à se soumettre à eux. Une telle attitude faisait de lui un modèle pour les Corinthiens. Ceux-ci croyaient, dans leur prétendue liberté, pouvoir se placer au-dessus des sentiments de leurs frères et sœurs plus faibles. Paul, au contraire, renonçait à un droit réel, et ceci dans quelle intention ? « Afin de gagner le plus possible de gens » (v. 19). Son but principal était d’amener le plus grand nombre possible de personnes au Sauveur. Pour atteindre ce but, il était prêt aux plus importants sacrifices. Quel exemple pour nous qui sommes souvent si paresseux, si indifférents et si occupés de nous-mêmes, sans remarquer qu’ainsi nous sommes un obstacle à la propagation de l’évangile.

Paul illustre maintenant son attitude par quelques exemples (v. 20-22). Il s’adaptait autant que possible à ses auditeurs, sans cependant renoncer pour autant à sa dépendance du Seigneur. En annonçant l’évangile aux Juifs, il le faisait en qualité de Juif, tel qu’il l’était par naissance. À l’objection éventuelle que cela n’avait rien d’extraordinaire, il répond par l’exemple suivant : « pour ceux qui étaient sous la Loi, comme si j’étais sous la Loi (sans être moi-même sous la Loi), afin de gagner ceux qui étaient sous la Loi » (v. 20). Ainsi, il avait circoncis Timothée, à cause des Juifs, alors que, dans une autre occasion, il avait proclamé que la circoncision n’a aucune signification pour le chrétien (Act. 16:3 ; 1 Cor. 7:19). Parmi les païens, qui ne connaissaient pas la Loi, il n’exigeait pas la connaissance de la Loi, ni ne se comportait comme quelqu’un de soumis à la Loi. Bien qu’il ne soit plus désormais sous la loi du Sinaï comme Juif, cela ne signifiait pas qu’il était sans loi, car maintenant aussi il n’était pas sans loi quant à Dieu, mais il était justement soumis à Christ. Un lien étroit et fort existait entre lui et son Seigneur, car il était un esclave de Christ. Il évoque comme troisième exemple les faibles dont il avait déjà parlé au chapitre 8. Si les Corinthiens s’élevaient au-dessus de leurs frères faibles, lui, Paul se mettait à la portée de faibles incrédules. Il faisait tout cela afin que, de quelque manière que ce soit, des hommes soient atteints et sauvés par l’évangile de la grâce, et qu’il puisse se réjouir des fruits de celui-ci.

Par les paroles : « Ne savez-vous pas… ? » (v. 24), Paul, dans cette épître, introduit souvent des exhortations dont les Corinthiens n’auraient en fait plus dû avoir besoin, parce qu’ils devaient connaître ces choses (3:16 ; 5:6 ; 6:9). Ici, l’apôtre leur rappelle une règle bien connue dans le domaine sportif, à savoir que le seul enjeu d’une course est de gagner le prix. Mais du fait que, dans le domaine spirituel, non seulement un, mais tous ceux qui courent bien, obtiennent le prix, Paul veut encourager les Corinthiens à fournir l’effort pour le recevoir. Tout sportif renonce déjà au cours de son entraînement à bien des choses que d’autres peuvent se permettre (v. 25). Si donc il en est déjà ainsi pour un trophée périssable, combien plus cela ne devrait-il pas être le cas pour les croyants, qui recevront une couronne incorruptible ! Paul rappelle ainsi aux Corinthiens d’une manière délicate et pleine d’affection qu’ils n’étaient pas disposés à renoncer à leurs prétendus droits par amour pour leurs frères et sœurs plus faibles.

Mais plutôt que de leur adresser une exhortation directe, Paul se présente alors lui-même – ainsi qu’il le fait si souvent – comme modèle (v. 26). En contraste avec eux qui ne voulaient pas voir le sérieux de leur responsabilité, le grand apôtre vivait dans une abnégation continuelle, afin de maintenir et de fortifier sa force spirituelle. Sa conclusion : « de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je ne sois moi-même réprouvé » (ou : disqualifié) ne signifie pas qu’il craignait de perdre son salut. Il est certes possible que quelqu’un prêche durant toute sa vie, et cependant soit éternellement perdu. Mais un véritable enfant de Dieu ne peut pas perdre son salut. Ce que Paul présente ici dans sa propre personne, c’est l’impossibilité de séparer la grâce et la responsabilité. Celui qui confesse être sauvé et servir le Seigneur, a aussi la responsabilité de vivre en conséquence. Une simple profession ne suffit pas ; elle conduit à la perdition éternelle. C’est ce que pourrait aussi signifier le verset 27 dans le cas d’un prédicateur incrédule.


11 - Ch. 10 — La table du Seigneur et la responsabilité qui s’y lie

11.1 - L’exemple solennel du peuple d’Israël (v. 1-13)

La responsabilité liée à la profession d’appartenir à Dieu est illustrée par Paul dans la première partie du chapitre 10 par l’histoire du peuple d’Israël dans la traversée du désert. Délivré de l’Égypte, il fut conduit par la nuée et traversa sans dommage la mer Rouge. La nuée évoque la communion avec Dieu ; la mer Rouge, la séparation de l’Egypte, figure du monde. Le « baptême », au verset 2, n’est évidemment pas le baptême chrétien. Le verbe « baptiser », dans le Nouveau Testament, est employé dans différents sens. Pensons simplement au baptême de Jean (Marc 1:4), et au baptême du Seigneur à la croix (Luc 12:50). Une des significations de la notion biblique du baptême est l’identification. Par le baptême pour Moïse dans la nuée et dans la mer, les fils d’Israël ont été rattachés à Moïse. Il a été leur conducteur au travers du désert.

Pendant la traversée du désert, les Israélites ont mangé la manne (Ex. 16), et ont bu l’eau du rocher (Ex. 17 ; Nom. 20). Ces deux choses avaient une origine divine - et non pas naturelle - et sont de ce fait appelées « viande spirituelle » et « breuvage spirituel ». La signification profonde de cet enseignement ressort clairement de ce que le Rocher, d’où jaillissait l’eau, n’était personne d’autre que le Christ. Il est aussi la vraie manne, le pain de vie (comp. Jean 6).

L’histoire du peuple d’Israël dans le désert est des plus tristes. Au lieu de parcourir leur chemin avec reconnaissance pour leur délivrance, dans une confiance entière en leur Dieu et dans la joyeuse espérance du pays de Canaan qu’Il leur avait promis, les Israélites murmurèrent et s’élevèrent continuellement contre Dieu et contre les conducteurs qu’Il leur avait donnés. C’est pourquoi Dieu n’a pas pu prendre plaisir en eux. Les rapports négatifs de dix des douze espions les mécontentèrent tellement que Dieu leur imposa quarante ans de pérégrinations jusqu’à la mort de tous ceux qui avaient été délivrés d’Egypte. Deux d’entre eux seulement purent entrer dans le pays de Canaan : Josué et Caleb.

Dans le verset 6, une déclaration d’une grande portée nous est donnée. L’histoire d’Israël n’a pas seulement pour nous un intérêt historique, mais elle a été écrite pour notre instruction spirituelle. Les récits consignés dans l’Ancien Testament ont une signification typique, symbolique. C’est-à-dire qu’ils contiennent sous la surface un enseignement profond, comme nous l’avons déjà vu pour « la manne » et pour « l’eau du rocher », qui sont tous deux des types de Christ. Le but de ces enseignements symboliques est de nous mettre en garde contre les mauvais chemins.

Puis, dans les versets 6 à 10, cinq exemples tirés de la période du pèlerinage d’Israël dans le désert sont mentionnés pour nous servir d’avertissement. Les trois premiers montrent principalement les dangers de la convoitise de la chair, les deux derniers mettent en garde contre la rébellion contre Dieu.

Le premier danger et le plus fréquent consiste dans la convoitise de « choses mauvaises ». En Nombres 11:4, il est relaté que le ramassis du peuple, qui était monté d’Egypte avec Israël, convoita et que tout le peuple fut contaminé. Certes Dieu leur donna, selon leur convoitise, de la chair sous la forme des cailles, mais « il envoya la consomption dans leurs âmes » (Ps. 106:15).

Puis Paul rappelle le culte du veau d’or (Ex. 32), à l’occasion duquel le peuple se divertit sous la conduite d’Aaron.

Ensuite la fornication d’Israël avec les femmes moabites et madianites (Nom. 25) est mentionnée. La prostitution est dans la Bible une image de l’éloignement de Dieu. Le nombre de 23 000 morts n’est pas en contradiction avec les 24 000 en Nombres 25:9, où la totalité est indiquée, tandis que dans notre passage, il est précisé : « en un seul jour ».

Les deux derniers exemples nous montrent combien il est grave d’être insatisfaits des voies de Dieu. En Nombres 21, les Israélites étaient tout près du but, et pourtant ils se plaignirent à nouveau de la manne. Bien qu’ils aient expérimenté la bonté de Dieu pendant quarante ans, ils la mirent en doute. Il envoya alors des serpents brûlants et un grand nombre mourut de leur morsure. Seul un regard vers le serpent d’airain élevé par Moïse pouvait les sauver. Paul mentionne pour finir les murmures des Israélites après la révolte et la mort de l’assemblée de Coré (Nom. 16:41-50). Là encore ce fut une manifestation de mécontentement incompréhensible envers les voies de Dieu.

Au verset 11, Paul explique encore une fois que la signification symbolique de ces événements est destinée à nous servir d’instruction, à nous qui vivons à la fin de toutes les économies ou époques passées des voies de Dieu envers les hommes. De même que l’appartenance au peuple d’Israël ne suffisait pas pour entrer dans le pays de Canaan, de même aujourd’hui une simple confession de Dieu et la connaissance des bénédictions et des privilèges chrétiens ne suffisent pas pour avoir part au salut éternel.

Qu’aucun enfant de Dieu ne pense qu’il est fort de par sa propre force ! Précisément celui qui croit être debout, est en grand danger de tomber. Mais, d’un autre côté, nous pouvons nous appuyer sur l’immense grâce de Dieu, notre Père. Les tentations qu’Il nous envoie pour mettre à l’épreuve notre foi ne dépasseront jamais nos forces et nos capacités humaines. En revanche, les tentations que le Seigneur a connues dans le désert (Matt. 4) allaient en partie au-delà de l’horizon humain. Dieu est fidèle envers ses enfants et ne permettra pas que les épreuves dépassent leurs forces. Il donnera le secours au moment opportun.


11.2 - La table du Seigneur (v. 14-22)

Paul en vient maintenant à un problème particulier des Corinthiens. Ils vivaient au milieu d’idolâtres et étaient eux aussi, comme Israël autrefois, en danger de se laisser entraîner encore, (ou même de nouveau) par les idoles. Déjà au chapitre 8, avec un sérieux appel à l’amour fraternel, l’apôtre Paul les avait mis en garde contre le fait de manger des sacrifices offerts aux idoles. Il revient à nouveau sur ce sujet, mais avec, en arrière-plan, l’exemple solennel du peuple d’Israël et le grand privilège de la communion avec Christ, leur Seigneur.

« Fuyez l’idolâtrie » (v. 14). Dans la Parole de Dieu, nous sommes souvent exhortés à fuir (comp. 6:18 ; 1 Tim. 6:11 ; 2 Tim. 2:22), lorsqu’il y a danger que notre chair se sente attirée par des tentations du diable habilement présentées. De plus Paul en appelle au discernement spirituel des Corinthiens, qui, en pratique, n’était pas bien grand, mais qu’il s’efforçait toujours de stimuler (v. 14-15).

Il présente dans les versets suivants le grand privilège de la communion avec le Seigneur, qui trouve son expression la plus élevée à sa table. Chaque premier jour de la semaine - le jour du Seigneur (comp. Act. 20:7 ; Apoc. 1:10), nous avons le privilège de nous rassembler autour de Lui, d’exprimer d’une manière visible, en participant au pain et à la coupe, notre communion avec Lui et les uns avec les autres, et d’offrir, à Lui et au Père, notre adoration. Nous le faisons dans la conscience des merveilleuses bénédictions que nous avons reçues par son œuvre rédemptrice à la croix. C’est sans doute aussi pour cette raison qu’ici, à la différence de l’ordre habituel, « la coupe de bénédiction », qui est en si grand contraste avec la coupe que notre Seigneur a vidée entièrement à la croix (comp. Luc 22:42), est mentionnée en premier (v. 16).

De même que, dans les sacrifices de l’Ancien Testament, il était d’abord fait aspersion du sang sur l’autel, de même aussi ici, il est d’abord fait mention de la coupe, comme expression de « la communion du sang du Christ ». Le sang précieux de Christ, le prix le plus élevé qui pouvait être payé, a ouvert l’accès jusque dans le sanctuaire de Dieu et nous a acquis justification, rédemption, paix et purification de la conscience (1 Pier. 1:19 ; Héb. 10:19 ; Rom. 5:9 ; Col. 1:20 ; Héb. 9:14) ! Tout croyant a part à ce sang et à tous ses effets bénis.

« Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps du Christ ? » (v. 16b). En mangeant du seul pain, nous exprimons une double communion - d’une part avec le Seigneur Jésus, qui a livré son corps pour nous - d’autre part la communion les uns avec les autres. C’est ce qu’explique Paul au verset 17. Il se place au milieu des croyants à Corinthe quand ils sont réunis à la table du Seigneur et déclare : tous ceux qui participent à ce seul pain, forment ensemble l’expression du seul corps de Christ à Corinthe. Selon la Parole de Dieu, le fait que tous les croyants vivants sur la terre sont baptisés en un seul corps par un seul Esprit trouve son expression visible dans la fraction du pain. Bien que maintenant beaucoup de « barrières » séparent les croyants les uns des autres, la pensée de Dieu subsiste cependant que la table du Seigneur est en principe la place de tous les membres du corps de Christ. Tous ceux qui y participent, expriment d’une manière visible leur communion spirituelle avec Christ et les uns avec les autres. Ce n’est pas une affaire insignifiante ou secondaire ! Lorsque l’âme et l’esprit sont occupés du Seigneur Jésus, il est impossible que le corps ne participe pas ou agisse d’une manière contradictoire. C’est contre ce danger que Paul veut mettre en garde les Corinthiens. Il prend encore une fois dans ce but un exemple du peuple Israël.

Lorsque les Israélites mangeaient le sacrifice de prospérités (seul sacrifice dont, selon Lévitique 7:19, chacun avait en principe le droit de manger), ils exprimaient leur communion avec l’autel et avec Dieu. Après avoir fait aspersion du sang du sacrifice de prospérités sur l’autel, le sacrificateur devait faire fumer la graisse sur l’autel en odeur agréable à Dieu ; c’était la partie la plus précieuse de l’offrande, sa nourriture, son pain. Les sacrificateurs recevaient la poitrine et l’épaule droite et le reste de la chair pouvait être mangé par celui qui apportait l’offrande, et avec lui par tout Israélite qui était pur selon la Loi (Lév. 3 et 7:11-38). C’était une action sainte accomplie dans un lieu saint. L’autel de l’holocauste est appelé en Malachie 1:7 et 12, la « table de l’Éternel », ou « table du Seigneur », quatre cents ans avant que cette notion se trouve dans le Nouveau Testament. Il n’y a aucun doute que Paul veut mettre ici en évidence la similitude entre le fait de manger le sacrifice de prospérités et la participation à la cène du Seigneur comme étant l’expression d’une sainte communion. Bien qu’il s’agisse dans les deux cas d’un acte extérieur, il représente beaucoup plus : il doit exprimer une communion intérieure.

Ce n’est que maintenant que Paul met en évidence le vrai caractère du culte idolâtre païen. Les païens apportaient eux aussi à leurs idoles des sacrifices que, la plupart du temps, ils mangeaient ensuite lors d’un repas en commun. Paul avait certes affirmé au chapitre 8 qu’une idole, et par conséquent ce qui lui est sacrifié, n’est rien. Mais il met en lumière maintenant l’aspect sérieux de la communion avec les démons, sur laquelle les Corinthiens n’étaient visiblement pas au clair. La forme de la question rhétorique : « Que dis-je donc ? - que ce qui est sacrifié à une idole est « quelque chose » ? ou qu’une idole est quelque chose ? » (v. 19), montre qu’il est conscient que les Corinthiens pourraient lui répliquer : Tu viens de nous dire qu’une idole n’est rien et maintenant tu lui donnes une telle importance ? C’est pourquoi il s’explique aussitôt : « Mais… ce que les nations sacrifient, elles le sacrifient à des démons et non pas à Dieu » (v. 20). D’un côté, une idole en elle-même n’est rien qu’une représentation inerte, ou tout au plus une œuvre d’art humaine, et un sacrifice fait à une idole n’est que de la viande ordinaire. Mais ce n’est pas tout. Le pain et le vin, et la chair d’une bête pure, ne sont pas en eux-mêmes des choses consacrées. Cependant une élévation et une consécration spirituelles leur sont conférées par le but saint qui trouve son expression dans la table du Seigneur et par le sacrifice de prospérités à l’Eternel. Il en est de même des sacrifices offerts aux idoles que les nations offrent, non aux idoles, mais aux démons qui sont derrière. Les idoles sont la représentation visible des puissances invisibles mauvaises, imaginées par des incrédules insensés à l’esprit aveuglé par Satan, le dieu de ce monde (Rom. 1:22-23 ; 2 Cor. 4:4). De même que la communion avec Dieu est exprimée à la table du Seigneur et dans le sacrifice de prospérités, de même la communion avec les démons l’est dans le fait de manger du sacrifice offert aux idoles. Certainement les Corinthiens ne voulaient pas avoir communion avec les démons. Mais par leur participation à leurs repas de sacrifices, ils en donnaient l’impression, tout au moins aux autres participants et éventuels observateurs. De plus, il y avait le danger que, par une participation assidue, ils deviennent insensibles intérieurement ou même soient influencés. « Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (15:33).

C’est pourquoi Paul continue : « Or je ne veux pas que vous ayez communion avec les démons. Vous ne pouvez pas boire la coupe du Seigneur et la coupe des démons ; vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur et à la table des démons » (v. 20-21). Il n’est pas juste de qualifier de tables des démons les célébrations chrétiennes de la cène qui n’auraient pas lieu en tenant compte des vérités de la Parole de Dieu ; car il est parlé ici de gens des nations, c’est-à-dire de païens, qui sacrifient aux démons. Mais lorsque le Seigneur répond à l’exclamation pourtant bien intentionnée de Pierre : « Va arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » (Matt. 16:23), et lorsque Paul, plus tard, appelle l’interdiction de se marier et de manger de certains aliments, des « enseignements de démons » (1 Tim. 4:1-3), nous ne pouvons qu’en tirer la conclusion suivante : toute déviation de l’enseignement divin quant à la table du Seigneur peut bien aussi sembler être « seulement » une modification humaine, mais doit en réalité être attribuée à l’influence de Satan et de ses démons. Toutes les ordonnances de Dieu sont toujours le but des attaques du diable.

Pour tout enfant de Dieu, c’est une impossibilité morale de maintenir, à côté de la communion à la table du Seigneur, une autre communion qui se trouve en opposition avec la parole de Dieu. Celui qui pense cependant avoir cette prétendue liberté doit être conscient que par là, il provoque la sainte jalousie du Dieu saint (comp. Deut. 32:16).


11.3 - Des égards envers les autres (v. 23-33 ; 11:1)

Les Corinthiens avaient une conception charnelle de la liberté chrétienne, qui les conduisait à penser qu’ils pouvaient faire tout ce qui leur plaisait. C’est pourquoi l’apôtre Paul doit revenir à plusieurs reprises sur ce point dans son épître (6:12 ; 8:9 et 9:1). Il leur rappelle en même temps que Dieu les a acquis à un grand prix et que de ce fait ils lui appartiennent comme ses serviteurs (6:19, 20 ; 7:22, 23). Il leur expose aussi plus d’une fois les égards fraternels (comp. 8:9-11).

Dans la Loi, toute la vie de l’Israélite était réglée jusque dans les détails, tandis qu’ici, il est dit : « Toutes choses sont permises » (v. 23). Mais n’oublions pas que la Loi concerne l’homme naturel non régénéré, tandis que les enseignements du Saint Esprit dans le Nouveau Testament s’adressent à des hommes nés de nouveau, qui prennent « plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur » (Rom. 7:22) !

Il y a, évidemment, des actes qui transgressent toujours la volonté de Dieu, tels que le vol, la fornication, etc. Mais il y a aussi des agissements extérieurs qui en eux-mêmes ne sont pas mauvais (bien qu’il n’y ait aucun comportement qui ne puisse devenir un péché du fait d’une mauvaise intention). C’est de cela que l’apôtre Paul parle lorsqu’il dit à deux reprises : « Toutes choses sont permises ». Les limites qu’il ajoute chaque fois montrent cependant que nous sommes toujours appelés à examiner si ce que nous faisons est « utile », c’est-à-dire s’il en résulte pour nous et pour d’autres un profit spirituel réel, et si cela « édifie », c’est-à-dire sert à la croissance spirituelle. S’il en est ainsi, nous sommes libres de le faire ; sinon, nous devrions renoncer. Il ressort clairement du verset 24 qu’il ne s’agit pas de l’utilité et de l’édification personnelles : « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d’autrui ».

Paul revient une fois encore sur le thème des « sacrifices offerts aux idoles », qu’il a déjà abordé aux chapitres 8 et 10 (v. 19). Mais tandis que dans ces deux passages, il s’agissait de manger sciemment des sacrifices offerts à des idoles dans un temple païen (8:10 ; 10:21), il est question ici simplement de toute viande vendue au marché. Il semble que c’était une habitude, chez les Grecs de mettre en vente à la boucherie une partie des animaux offerts aux idoles, tandis que lors des sacrifices israélites, les animaux étaient soit entièrement brûlés, soit mangés sur place par les sacrificateurs et ceux qui avaient apporté l’offrande.

Les chrétiens n’avaient pas à s’enquérir pour chaque achat de viande au marché si elle avait éventuellement été auparavant sacrifiée à une idole, mais ils pouvaient la manger en toute bonne conscience (v. 25). Nous aussi nous pouvons nous souvenir à chaque repas que Dieu, le créateur et le conservateur de tous les hommes, nous donne tout, richement, pour en jouir (1 Tim. 6:17), et lui rendre grâces de tout notre cœur pour ses dons. Il en est de même lorsque des parents, des connaissances ou des relations d’affaires incrédules nous invitent à un repas. Nous ne devons certes pas aimer le monde, ni ce qui est dans le monde (1 Jean 2:15), mais il y a des situations où nous ne pouvons pas éviter d’accepter une telle invitation. C’est pourquoi Paul ajoute cette remarque : « …et que vous vous vouliez y aller ». Si donc, après mûre réflexion, nous arrivons à la conclusion que cela puisse selon la volonté de Dieu être utile et pour l’édification (par exemple pour rendre témoignage pour le Seigneur), nous pouvons alors manger de tout ce qui est présenté sans nous enquérir de rien.

Mais si quelqu’un (qui pourrait être un « faible » dans le sens du chapitre 8 verset 7, ou peut-être un incrédule) disait : « ceci a été offert en sacrifice », les Corinthiens ne devaient pas en manger (v. 28). Comme nous l’avons vu au verset 8 du chapitre 8, le chrétien est certes libre de manger de toute chair, mais dans un tel cas, il ne devait pas le faire. Le motif n’en est pas qu’un tel acte lui paraît mauvais, mais est qu’il ne doit pas utiliser sa liberté pour une chose que la conscience d’un autre condamne comme mauvais. Si ce que je fais moi-même en rendant grâces, devient une occasion de blasphème pour un autre, je dois y renoncer par égard pour lui ! Si je ne le fais pas, je ne suis pas un témoin pour le Seigneur Jésus, mais le contraire.

C’est pourquoi Paul ajoute cette double affirmation que, d’un côté et en premier lieu nous devons tout faire pour la gloire de Dieu, mais que, d’un autre côté, nous ne devons donner lieu à aucune occasion de scandale aux Juifs, aux païens et à l’assemblée de Dieu (v. 31-32). Nous n’avons nullement à mettre en opposition ces deux déclarations, car elles se complètent. Comme si souvent dans ses épîtres, Paul se présente en exemple : « …comme moi aussi je m’efforce de plaire à tous en toutes choses, ne cherchant pas mon intérêt personnel, mais celui du grand nombre, afin qu’ils soient sauvés » (v. 33). Ces paroles confirment qu’il est d’abord question dans ces versets du témoignage pour le Seigneur et en vue du salut des incrédules.

L’apôtre commence le chapitre suivant en disant : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (11:1). Il avait déjà une fois encouragé les Corinthiens dans cette épître à être ses imitateurs (4:16). La manière dont il s’exprime ici montre bien qu’il ne cherchait pas à grouper les croyants autour de lui ou derrière lui. Non, son seul désir était de suivre et de servir son bien-aimé Seigneur et de manifester les mêmes sentiments que lui. Malgré ses dons exceptionnels et sa mission, Paul était un homme comme les autres. Et il ne voulait pas que les Corinthiens l’imitent comme un homme extraordinaire, mais souhaitait qu’ils le considèrent comme un fidèle disciple de Christ et marchent en cela dans ses pas.


12 - Ch. 11 — Ordonnances divines

Dans cette partie, Paul traite d’une question d’ordre extérieur, qui concerne aussi bien les hommes que les femmes. Deux choses y retiennent notre attention. Bien que l’apôtre ait eu beaucoup à reprendre parmi les Corinthiens, il les loue pourtant ici de ce qu’ils se souvenaient de lui et gardaient les enseignements qu’il leur avait donnés (voir aussi v. 23). Le second point important est qu’il met toutes les questions vitales des croyants en rapport avec Dieu et ses pensées. Il le fait aussi dans d’autres passages, par exemple en Éphésiens 5:22-33, où il compare la relation de mari et de femme avec l’amour de Christ pour son assemblée. Il est ainsi clair qu’il n’existe aucun domaine neutre dans la vie de la foi, mais que toute notre vie et tout notre comportement doivent être dirigés par nos relations spirituelles et célestes.


12.1 - La position de la femme (v. 2-16)

Il y avait, semble-t-il, à Corinthe des sœurs qui, en priant ou en prophétisant, se comportaient de manière inconvenante. Paul commence son enseignement à ce sujet en détournant l’attention de dessus les hommes pour la fixer sur Dieu. Dans la création, Dieu a établi un ordre qui, bien qu’il ne soit pas respecté dans le monde, doit toujours être reconnu par les rachetés. Christ, le Fils de Dieu devenu homme et le Fils de l’homme glorifié, est comme tel, depuis son œuvre rédemptrice, non seulement la tête de son corps, l’assemblée (Éph. 4:15 ; 5:23 ; Col. 1:18), mais aussi le chef de toute principauté et autorité (Col. 2:10) et chef sur toutes choses (Éph. 1:22). Il est aussi de ce fait le chef invisible de tout homme et de toute femme ; mais Dieu a placé sur la terre l’homme comme chef visible de la femme (voir Gen. 2:18 ; Éph. 5:23). Dieu lui-même est élevé comme chef sur toutes choses (1 Chr. 29:11) et Il est donc aussi le chef de Christ – en tant qu’homme (comp. 15:27-28).

En Christ, c’est-à-dire dans la position des croyants devant Dieu, toutes les différences terrestres sont mises de côté (comp. Gal. 3:28). Mais aussi longtemps que nous sommes sur la terre, l’ordre divin doit s’exprimer dans notre vie et notre comportement. Le silence des femmes dans les assemblées en fait aussi partie (14:34). Si donc il est parlé ici de prier et de prophétiser en relation avec les femmes, ceci ne concerne pas les réunions de l’assemblée, mais se réfère à d’autres occasions comme par exemple dans la famille ou un cercle de sœurs.

Quand donc un homme se tient devant Dieu pour la prière, ou bien qu’il se lève dans la présence de Dieu et prophétise, il doit exprimer de manière visible le fait qu’il agit comme autorité établie de Dieu. Il ne doit par conséquent pas avoir la tête couverte. S’il le fait, il déshonore Christ, son chef (v. 4). En revanche, si une femme prie ou prophétise sans couvrir sa tête, elle déshonore sa tête, car elle agit alors comme un homme, ce qu’elle n’est pas.

Pour souligner le sérieux de cet enseignement, Paul avance ensuite quatre arguments différents.

Premièrement, il explique qu’un tel comportement de la femme équivaut pour elle à la honte d’avoir les cheveux rasés (v. 5). Dans tous les temps et toutes les cultures, avoir la tête rasée a toujours été un signe de honte. Si l’absence de couverture sur la tête de ces femmes n’était pas ressentie comme une honte, elles comprenaient néanmoins parfaitement qu’il était déshonorant pour elles d’avoir les cheveux coupés ou d’être rasées (v. 6). L’homme ne doit pas couvrir sa tête, parce qu’il a été créé à l’image de Dieu et doit Le représenter, Lui le chef invisible, dans la création. La femme, qui n’a pas été créée dans cette pensée, mais a été prise de l’homme comme une aide qui lui corresponde, n’a pas cette fonction de représentation publique et doit, dans son comportement, reconnaître et honorer l’homme comme chef visible.

L’origine et le but lors de la création de l’homme sont mentionnés comme deuxième motif (v. 8-9 ; Gen. 2:18-25). L’homme a été créé par Dieu le premier, tandis que la femme a été tirée de lui ; et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. Cet ordre, nous ne pouvons pas le discerner dans le monde qui nous entoure, nous ne le voyons qu’en reportant nos regards en arrière au début de l’humanité. Dans les versets 11-12, il nous est cependant rappelé la dépendance réciproque de l’homme et de la femme, et leur dépendance commune de Dieu. N’est-ce pas un équilibre divin ? S’il avait été pris en considération, les pays dits chrétiens auraient été gardés, dans les siècles passés, des déductions erronées et charnelles qui ont conduit à une dépréciation de la position de la femme, laquelle a provoqué la réaction actuelle tout aussi erronée allant dans la direction de l’égalité de la femme.

Les anges sont nommés comme troisième motif pour que la femme doive porter sur sa tête un signe de l’autorité sous laquelle elle se trouve ; depuis la création, mais surtout en rapport avec l’œuvre rédemptrice de Christ à la croix, ils sont témoins des voies de Dieu envers l’homme (1 Pier. 1:12 ; Éph. 3:10 ; 1 Cor. 4:9).

Enfin le quatrième et dernier argument est un appel au sentiment naturel (v. 13-15). Celui-ci existe-t-il encore dans les pays occidentaux, où habite la majorité de nos lecteurs, ou bien ne voyons-nous pas au contraire comment toutes les relations naturelles sont renversées ? Il est tout aussi inconvenant qu’une femme se tienne tête découverte dans la présence de Dieu, qu’un homme porte une longue chevelure. C’est au contraire une gloire pour une femme d’avoir une longue chevelure, que Dieu lui a donnée comme voile. Le voile a pour rôle de cacher et est le symbole de la retenue. De même que beaucoup d’autres phénomènes apparus précisément dans les régions qui ont été imprégnées du christianisme pendant des siècles, la mode des cheveux courts pour les femmes, introduite au vingtième siècle, est en contradiction non seulement avec le comportement chrétien, mais aussi avec l’ordre biblique dans la création. Le Seigneur adresse dans ce passage un appel au cœur de chaque femme croyante, comme il l’a fait autrefois à Pierre par ces paroles : « M’aimes-tu ? » (Jean 21:15, 16, 17).

Les Corinthiens avaient une beaucoup trop haute opinion d’eux-mêmes. L’apôtre les exhorte à plusieurs reprises avec une légère ironie à cet égard (3:8 ; 8:2 ; 11:16 ; 14:37). Ici aussi, il condamne leur manière de mettre leur propre pensée au-dessus des communications du Saint Esprit par cette brève remarque : « Si quelqu’un paraît vouloir contester, nous n’avons pas, nous, une telle coutume, ni les assemblées de Dieu » (v. 16).


12.2 - L’assemblée et la cène du Seigneur (v. 17-34)

12.2.1 - L’esprit de parti :

L’apôtre Paul avait déjà blâmé, dans les premiers chapitres, la tendance dangereuse des Corinthiens à former des groupes qui s’affrontaient entre eux. Il était presque inévitable que cette tendance se manifeste aussi dans les réunions. Mais ainsi, ils perdaient le but du rassemblement, qui consiste justement à conduire les membres du corps de Christ à l’unité de la foi. Se réunir en assemblée signifie que les croyants d’un même lieu se rassemblent de manière à manifester le caractère de l’Assemblée de Dieu selon le Nouveau Testament. Le Seigneur Jésus en est le centre (Matt. 18:20). Quel déshonneur pour son saint et glorieux Nom lorsque surgissent dans un tel rassemblement de la division ou du désaccord (en grec : schisma, comp. Jean 10:19) ! L’on est alors bien encore ensemble extérieurement, mais intérieurement, il y a déjà une déchirure.

Satan cherche toujours à détruire l’unité pratique des enfants de Dieu. Lors donc qu’il existe de la désunion entre les frères et les sœurs, ce n’est pas l’œuvre du Saint Esprit. Seule une profonde et sincère humiliation peut guérir une telle plaie. Si celle-ci n’est pas réalisée, le désaccord intérieur dans l’assemblée produira la formation de partis (grec : hairesis, secte) et finalement la séparation. Ce n’est que de cette manière que seront manifestés comme approuvés ceux qui ne peuvent pas s’associer plus longtemps aux principes et à l’esprit de ceux qui suscitent les dissensions. La Parole de Dieu nous appelle à nous supporter l’un l’autre dans l’amour, et cela va extrêmement loin (Éph. 4:2). Mais nous ne sommes jamais exhortés à reconnaître ou à tolérer ce qui est en contradiction avec la volonté et la nature du Seigneur Jésus.

12.2.2 - La cène du Seigneur :

Dans les premiers temps, les chrétiens avaient apparemment l’habitude de se réunir souvent pour prendre un repas en commun (agape, ou repas d’amour) et, en même temps, célébrer aussi la cène du Seigneur (comp. Act. 2:46). Le Seigneur lui-même avait institué la cène à la fin du repas de la Pâque. Mais la cène du Seigneur n’est pas un repas pour satisfaire notre faim et notre soif naturelles, comme le faisaient les Corinthiens. Il semble de plus que leur désunion se soit également manifestée dans ces occasions (Jude 12). Tandis que quelques-uns s’en revenaient en ayant encore faim ou ne recevaient rien, d’autres avaient déjà festoyé et même s’enivraient. Avec indignation, Paul doit leur demander : « N’avez-vous donc pas des maisons pour manger et pour boire ? Ou méprisez-vous l’assemblée de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont rien ? » (v. 22). Le comportement des Corinthiens manifestait un mépris peut-être involontaire de la sainteté de l’assemblée de Dieu, qui attirait la plus grande condamnation.

Le Saint Esprit prend occasion de cette circonstance pour rappeler aux Corinthiens ce que l’apôtre leur avait déjà communiqué oralement quant à la cène du Seigneur. Comme Paul n’avait pas assisté à l’institution de la cène, il en avait reçu la révélation du Seigneur glorifié lui-même.

Toute l’importance de la cène ressort des paroles par lesquelles Paul aborde le sujet : « …la nuit où il fut livré… » (v. 23). En cette nuit où sa vie et son ministère en faveur d’hommes perdus approchaient du but que Dieu s’était fixé de toute éternité, et où Il voyait l’horreur de la crucifixion se dresser devant Lui, le Seigneur rassembla une dernière fois tous ses disciples autour de Lui, pour leur manifester son amour. Après la Pâque, qui allait trouver son accomplissement en Lui, le vrai agneau pascal, le Seigneur dirige, par les signes du pain et de la coupe, le cœur de ses disciples sur son sacrifice tout proche de la croix. Après l’accomplissement de l’œuvre de la rédemption et son élévation dans la gloire du ciel, ils auraient le privilège de se souvenir continuellement par ces signes de sa mort pour leurs péchés. Lui qui connaît le cœur humain, savait combien nous sommes oublieux, et il veut que nous gardions le souvenir permanent de son don de lui-même à la croix.

Le Seigneur prit premièrement le pain et exprima, en rendant grâces, sa parfaite communion avec le Père dans ce moment aussi. Puis Il le rompit et le donna à ses disciples en disant : « Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi » (v. 24). Le pain rompu nous rappelle son corps saint dans lequel Il a porté nos péchés sur la croix et qui a été offert là pour nous (Héb. 10:10 ; 1 Pier. 2:24). Le Seigneur veut que nous mangions le pain en mémoire de Lui, et que nous nous souvenions ainsi de Lui, de ses souffrances et de sa mort pour nous.

Il en fut de même de la coupe que le Seigneur prit, pour laquelle Il rendit grâces, et qu’Il donna ensuite à ses disciples. Comme en Luc 22:20, elle est appelée la coupe « après le souper », car, lors du repas de la Pâque, le Seigneur avait déjà tendu à ses disciples une coupe qu’ils devaient partager entre eux. Cette coupe marquait symboliquement la fin de l’époque de l’ancienne alliance. La coupe après le repas est pourtant appelée « la nouvelle alliance en mon sang » (v. 25). Lors de l’institution de la cène, l’assemblée de Dieu n’existait pas encore. C’est pourquoi le Seigneur parle ici de la nouvelle alliance qui sera établie un jour avec le peuple d’Israël restauré (Jér. 31:31). Cependant le sang par lequel nous sommes maintenant réconciliés avec Dieu est le même sang de Christ, qui constituera aussi le fondement de la nouvelle alliance encore future avec le résidu d’Israël. Les chrétiens sont au bénéfice de ce sang, sur la base duquel une nouvelle alliance sera établie pour Israël (Héb. 8:10).

Le sang, selon la Parole de Dieu, est le symbole de l’âme et de la vie (Lév. 17:11). Le sang répandu parle donc de l’offrande de la vie. C’est aussi le moyen ordonné de Dieu pour la propitiation. La mort est le salaire du péché et ce n’est que par l’offrande de la vie parfaite de Christ, l’Agneau de Dieu, que nous pouvions être délivrés de la mort éternelle. C’est ce dont nous devons nous souvenir en buvant à la coupe.

Le pain et la coupe, comme figure de la séparation du corps et du sang de Christ, nous présentent ainsi ensemble sa mort. Quelle somme de pensées il y a dans ces mots : « la mort du Seigneur » ! Son abaissement, son obéissance, son amour et son dévouement, mais aussi le châtiment de Dieu sur le péché - tout cela est rappelé à notre mémoire. Chaque fois que nous mangeons le pain et que nous buvons la coupe, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (v. 26). Par la fraction du pain, nous rendons, au milieu de ce monde et devant les anges, un témoignage constamment renouvelé à la mort de notre Seigneur. Les premiers chrétiens le faisaient chaque jour (Act. 2:42, 46), mais ensuite cela s’est fait chaque premier jour de la semaine, le jour de la résurrection de Christ, le « jour du Seigneur » (Act. 20:7 ; voir Apoc. 1:10).

Tandis qu’au chapitre 10:14-22, l’enseignement concernant la table du Seigneur nous est présenté sous l’aspect de la communion et de la responsabilité qui y est liée, l’attention des croyants est attirée ici sur leur responsabilité personnelle. Ces deux aspects se complètent mutuellement. Paul adresse à chaque croyant à Corinthe un sérieux appel à ne pas continuer de participer de manière indigne à la cène du Seigneur et se rendre ainsi coupables. En ayant rabaissé la fraction du pain au niveau d’un repas ordinaire au cours duquel se manifestaient les mauvais débordements de la chair, ils méprisaient les « symboles » qui parlaient de la mort de leur Sauveur et Seigneur. Chaque croyant individuellement est ainsi exhorté à s’éprouver soi-même dans la lumière divine, pour pouvoir participer dignement. En principe, les Corinthiens, comme tout croyant, en étaient rendus dignes par le salut qu’ils avaient reçu. Mais dans la pratique, ils s’étaient conduits indignement - et cela peut nous arriver aussi - parce qu’ils avaient oublié, en participant à cette sainte cène, que ces signes parlaient de la mort de leur Seigneur. En mangeant et en buvant à la coupe légèrement, plusieurs avaient attiré sur eux le jugement de Dieu et étaient tombés malades. D’autres étaient même déjà morts, parce qu’ils avaient déshonoré leur Seigneur d’une telle manière que Dieu n’avait pas voulu les laisser plus longtemps sur cette terre (voir Act. 5:1-11 ; 1 Jean 5:16).

Les Corinthiens auraient pu éviter ce châtiment de la part de Dieu en s’éprouvant sérieusement eux-mêmes et en jugeant le mal dans leur cœur. Mais ainsi, ils étaient châtiés par le Seigneur. La deuxième partie du v. 32 montre bien qu’il s’agit d’un jugement temporel : « … afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde ». Les hommes de ce monde, qui ont rejeté le Seigneur Jésus, connaîtront un jugement éternel. Mais celui qui est délivré de la condamnation éternelle par la foi dans le Sauveur doit savoir que le Seigneur discipline les siens, s’ils méprisent sa volonté (voir 1 Pier. 1:15-21).

Finalement, Paul revient encore une fois sur le motif de ses enseignements et de ses répréhensions, et exhorte fraternellement les Corinthiens à s’attendre les uns les autres dans l’amour et la patience, et à ne pas profaner la cène du Seigneur. Il réglerait tous les autres points lors de sa venue.


13 - Ch. 12 — Le Corps de Christ et les Dons spirituels des membres (l’Esprit de puissance)

Au chapitre 12, Paul se tourne vers un nouveau sujet à l’égard duquel les Corinthiens lui avaient, semble-t-il demandé conseil (comp. 7:1, 25 ; 8:1 ; 16:1). Ils ne manquaient, certes, d’aucun don de grâce (1:7), mais ne savaient pas gérer de la manière convenable cette diversité divine, de sorte qu’il en était résulté divers problèmes entre eux.


13.1 - Manifestations spirituelles (v. 1-11)

L’apôtre doit d’abord enseigner aux Corinthiens que la diversité des dons, des manifestations et des opérations spirituels, n’avait absolument rien à faire avec la multiplicité des idoles qu’ils avaient connue précédemment. Il y avait en effet chez les Grecs une infinité d’idoles pour toutes les situations possibles de la vie. Sans savoir réellement ce qu’ils faisaient, ils s’étaient laissés entraîner vers ces idoles muettes (comp. Jean 4:22) et ils n’avaient aucune possibilité de juger de ce que les prêtres et les augures qui étaient en relation avec ces idoles, leur faisaient miroiter.

Il en est cependant tout autrement quant aux diverses manifestations du Saint Esprit. Son but est de glorifier le Seigneur Jésus (Jean 16:14). C’est pourquoi le chrétien a la possibilité de discerner quel esprit est à l’origine des diverses manifestations auxquelles il peut être confronté. Il est impossible que quelqu’un puisse prononcer une malédiction à l’égard du Seigneur Jésus en étant conduit par le Saint Esprit, quelque belles que puissent paraître ses autres paroles. Une telle déclaration ne peut venir que d’une influence démoniaque. D’un autre côté, celui qui confesse Jésus comme Seigneur ne peut le faire que dans la puissance du Saint Esprit. En lisant les évangiles, nous constatons que les démons ne nommaient jamais Jésus du nom de « Seigneur ». Nous avons aujourd’hui la Parole de Dieu complète entre nos mains et pouvons reconnaître si une doctrine est en accord avec elle. Aux Corinthiens qui ne la possédaient pas encore, Dieu donnait cependant par ces enseignements un moyen simple pour distinguer les esprits.

Tous les divers dons de grâce, dont plusieurs seront encore mentionnés dans ce chapitre, procèdent du seul et même Esprit, l’Esprit de Dieu. Il ne s’agit cependant pas là des facultés naturelles de l’homme, mais ce sont des dons divins, qui peuvent toutefois se servir des capacités humaines. Mais tous les dons de grâce ont la même source, qui ne consiste pas en une formation scolaire particulière, mais relève de l’opération souveraine de l’Esprit de Dieu. Quand donc ces dons de grâce sont exercés en vue de la gloire de Dieu et de la bénédiction et l’édification spirituelle des croyants, il y a « service ». Pour tout serviteur, ce « service » doit être effectué sous la direction du même Seigneur. Les hommes ne peuvent pas mandater - ou encore moins ordonner pour un ministère spirituel -, mais il appartient au seul Seigneur qui domine sur tous ses serviteurs de le faire. Lui seul appelle ses serviteurs, et, tôt ou tard, cela sera reconnu de tous les chrétiens spirituels. Aussi bien l’exercice du ministère que ses effets sont « des opérations », qui viennent de Dieu, car Lui seul est la source de toute bénédiction. Les regards doivent se porter sur Dieu « qui opère tout en tous », et non pas sur le serviteur (v. 4-6).

Non seulement l’origine de toutes les manifestations de l’Esprit de Dieu est la même, mais leur but aussi est le même. Si diverses qu’en soient les formes, elles sont néanmoins toutes données pour le bien spirituel de ceux qui en bénéficient (v. 7). Le corps de Christ, dont il est parlé en détail par la suite, doit être édifié et stimulé par ce moyen afin que les divers membres vivent de plus en plus en harmonie avec Dieu et avec ses pensées. Les Corinthiens étaient cependant en danger de se complaire dans les dons spirituels comme des enfants dans un nouveau jouet, et de donner plus d’importance aux instruments humains qu’au Saint Esprit. Ainsi donc dans les versets suivants, quelques-uns des dons de grâce sont énumérés dans l’intention de montrer que c’est le Saint Esprit, et lui seul, qui les distribue (v. 8-11). En tant que Personne divine habitant dans les croyants et dans l’assemblée, Il est, pour toute manifestation venant de Dieu, Celui qui donne comme intermédiaire (« par l’Esprit »), la mesure divine (« selon le même Esprit »), et la puissance caractéristique (« par le même Esprit »).

La « parole de sagesse » et la « parole de connaissance » sont mentionnées en premier lieu. La première désigne l’explication intelligible des choses spirituelles telles que Dieu les voit, la seconde concerne l’exposé, uni au discernement, de Ses pensées révélées (comp. Col. 2:3). « La foi » est ici le don particulier de surmonter les difficultés avec une pleine confiance en Dieu. Les « dons de grâce de guérisons », les « opérations de miracles », les « diverses sortes de langues » - avec « l’interprétation des langues » nécessaire – (v. 9-10) sont appelés des dons-signes, que Dieu a donnés au début du christianisme pour confirmer avec puissance la prédication de l’évangile (comp. Marc 16:17, 18 ; Héb. 2:4). Il y a également eu des signes lors de la délivrance du peuple d’Israël hors d’Egypte. En revanche, « la prophétie et les « discernements d’esprits » sont des dons qui aident à connaître la pensée de Dieu et révèlent les fausses ou mauvaises influences (comp. 1 Jean 4:1).

La comparaison du verset 28 avec Romains 12:6-8 et Éphésiens 4:11 montre que nous ne trouvons nulle part dans le Nouveau Testament une énumération complète des dons de grâce. Chacun de ces passages n’en mentionne que quelques-uns, et ceci avec une intention bien précise. En 1 Corinthiens 12, c’est avant tout pour souligner que les diverses manifestations spirituelles dans les différents croyants sont produites et utilisées par un seul et même Esprit, selon que lui, dans sa sagesse divine, le juge bon (v. 11).


13.2 - Plusieurs membres – un seul corps (v. 12-31)

L’origine unique de toutes les diverses manifestations de l’Esprit est illustrée par l’image du corps humain, qui lui aussi constitue une remarquable unité, bien qu’il soit formé de nombreux membres. Déjà David exprime dans le Psaume 139, ces paroles : « Je te célébrerai de ce que j’ai été fait d’une étrange et admirable manière » (v. 14). Tous les membres sont reliés au cerveau par le système nerveux et sont dirigés par lui. Chez une personne en bonne santé, le corps tout entier fonctionne par conséquent comme une unité parfaite.

Cette image, compréhensible pour tous, est maintenant appliquée au Christ. Le Saint Esprit utilise ainsi une chose connue de chacun pour expliquer une réalité spirituelle qui a son origine dans le conseil éternel de Dieu, le Père (comp. Éph. 3:1-12). Le Seigneur glorifié est la tête dans le ciel, et les membres de son corps – dont il a déjà été fait mention dans les chapitres 6 (v.15) et 10 (v. 17) – se trouvent encore sur la terre. Tous les croyants vivants sont considérés comme les membres d’un corps, composé uniquement de vrais croyants (v. 12). C’est donc l’aspect temporel du corps de Christ qui est placé devant nous ici. Etroitement lié à celui-ci, il y a aussi un aspect local, que nous trouvons au verset 27 de ce chapitre. Enfin s’y ajoute encore l’aspect éternel, qui nous est présenté par exemple en Éphésiens 1:23 ; sous ce dernier point de vue sont compris tous les croyants depuis la Pentecôte (Actes 2) jusqu’à l’enlèvement.

Ce corps de Christ trouve son commencement dans le baptême du Saint Esprit qui a eu lieu le jour de la Pentecôte, après l’ascension du Seigneur Jésus (Act. 2). Jean le Baptiseur avait déjà mentionné cet événement extraordinaire (Matt. 3:11) et le Seigneur lui-même en avait parlé d’une manière plus claire encore (Luc 24:49). Peu avant de s’en aller auprès du Père, Il avait dit à ses disciples : « Vous, vous serez baptisés de l’Esprit Saint dans peu de jours » et encore : « Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous » (Act. 1:5, 8). Après l’élévation du Seigneur au ciel, le Saint Esprit, « l’autre consolateur », est venu pour demeurer dans chaque croyant individuellement et aussi au milieu de ceux qui allaient former l’Assemblée de Dieu sur la terre (comp. 1 Cor. 6:19 ; 3:16). Chaque croyant individuellement est maintenant un temple du Saint Esprit et un membre du corps de Christ, et tous ensemble ils constituent « une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:22) et « le corps de Christ ». Tout cela est le résultat de l’œuvre rédemptrice de Christ et de la venue du Saint Esprit ici-bas.

Ces deux faits, la séance du Seigneur glorifié comme tête dans le ciel, et l’habitation du Saint Esprit dans chaque croyant et dans le seul corps de Christ sur la terre, peuvent être considérés comme les caractères spécifiques de l’économie actuelle de la grâce. Lors de la venue du Seigneur Jésus pour l’enlèvement des siens, le corps sera réuni à lui, la tête, pour l’éternité dans la gloire. La vérité liée à ceci était cachée autrefois, et n’a été révélée qu’à l’apôtre Paul. Ce n’est que dans la mesure où nous la comprenons que nous pouvons réaliser de la bonne manière les pensées de Dieu quant à son Assemblée.

Dans ce seul corps, toutes les distinctions terrestres sont mises de côté. Du temps de l’Ancien Testament, Dieu avait ordonné une séparation stricte entre son peuple et les nations païennes, telles que les Grecs, mais les hommes tombés dans le péché avaient aussi introduit des différences, comme celle entre esclaves et hommes libres. Dans la nouvelle création, et dans le corps de Christ, toutes ces distinctions sont supprimées, car les croyants, par la nouvelle naissance, sont devenus les enfants d’un seul Père et, après avoir cru à l’évangile du salut, ont reçu le même Esprit Saint, dont ils ont été « abreuvés » et dont ils doivent être remplis (v. 13).

Après avoir brièvement expliqué, par une comparaison avec le corps humain, la vérité concernant « le Christ », c’est-à-dire ici Christ et son Assemblée, Paul reprend cette image pour préciser deux enseignements importants. Les versets 14 à 26 parlent donc du corps humain. Ce n’est qu’au verset 27 que l’application du tout est faite au corps de Christ. Il faut toutefois observer une différence significative. Dans le corps humain, tout fonctionne normalement de manière spontanée, car nos membres n’ont pas de volonté propre. Il n’en est pas automatiquement ainsi dans le corps de Christ, car chacun des membres est une personne responsable. Bien que nous soyons nés de nouveau, notre propre volonté charnelle peut s’opposer à la volonté de la Tête. Il en résulte du trouble dans le corps de Christ. Une telle chose est impossible dans notre corps. C’est précisément pour cette raison qu’il est une image si riche en enseignements pour le corps spirituel de Christ, l’Assemblée.

Notre corps est composé non pas d’une seule partie, mais d’un grand nombre (v. 14), c’est-à-dire qu’il n’a pas une seule fonction, mais en a plusieurs différentes. Chacun des membres est nécessaire. Le pied ne peut pas dire : « Parce que je ne suis pas main, je ne fais pas partie du corps », ni l’oreille : « Parce que je ne suis pas œil, je ne fais pas partie du corps » (v. 15, 16). Cela suggère la présence parmi les Corinthiens d’un danger : la sous-estimation de soi ou le complexe d’infériorité. Il peut aussi arriver aujourd’hui, qu’un chrétien se compare à d’autres frères et sœurs qu’il estime plus doués que lui, et en arrive à la conclusion : Si j’étais comme le frère X ou la sœur Y, je pourrais faire quelque chose de valable pour le Seigneur. Mais comme je n’ai pas de tels dons, je ne suis bon à rien. Une telle attitude est impensable de la part des membres de notre corps. L’enseignement que nous avons à en retirer est que dans le corps de Christ aussi, c’est impossible. Sinon, n’y aurait-il pas le danger d’aspirer tous à un seul et même don ?

La réponse est la suivante : « Mais de fait, Dieu a placé les membres - chacun d’eux - dans le corps, comme il l’a voulu » (v. 18). Celui qui a formé notre corps selon sa divine sagesse, a aussi assigné sa place à chaque membre du corps de Christ, et il est bon que nous la reconnaissions et que nous la prenions dans sa dépendance, comme le font les membres de notre corps, qui n’ont pas tous la même fonction, mais qui, malgré leur diversité, forment néanmoins une unité.

Mais il y a aussi dans le corps de Christ le danger inverse, qu’un membre soit orgueilleux et se surestime. Il arrive très souvent parmi les croyants que l’un se place au-dessus de l’autre et pense qu’il n’a pas besoin de lui. Ceci n’existe pas non plus dans notre corps. « L’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ou bien encore la tête, aux pieds : Je n’ai pas besoin de vous. Bien plus, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles, sont nécessaires (v. 21, 22). Chaque partie de notre corps a sa fonction et par conséquent sa nécessité. Nous ne pouvons renoncer à aucune sans subir un dommage. Celles-là même qui ne paraissent pas aussi belles ou fortes, nous les traitons avec des égards particuliers. Tandis que le visage, considéré souvent comme la partie la plus noble, ne nécessite aucune protection particulière, nous revêtons nos pieds de chaussures afin qu’ils ne soient pas blessés dans leur activité, la marche. Ainsi Dieu a assemblé le corps de manière à donner aux parties les plus laides, telles que le cerveau, le cœur et les poumons, une bonne protection par une carapace osseuse, afin qu’aucune partie du corps ne soit désavantagée ou favorisée. Il en est exactement de même pour le corps spirituel, l’Assemblée, et ceci « afin qu’il n’y ait point de division dans le corps » (v. 25). Si un membre souffre, tous les autres doivent alors souffrir avec lui ; ils sont inévitablement affectés. Mais si un membre est glorifié, c’est-à-dire s’il accomplit son service selon la volonté de Dieu, tous les membres en reçoivent de la bénédiction et se réjouissent.

Par les paroles : « Or vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier » (v. 27), Paul applique ce qu’il vient de dire à l’Assemblée, et spécialement aux croyants à Corinthe. Les Corinthiens n’étaient qu’une partie du corps de Christ, et ils sont pourtant appelés « le corps de Christ ». L’assemblée dans un lieu donné est effectivement la seule forme de représentation possible de l’Assemblée entière sur la terre dans son aspect temporel, ce qui trouve en particulier son expression dans la fraction du pain (comp. 10:16-22). L’assemblée locale, selon la Parole de Dieu, représente ainsi toujours l’assemblée tout entière sur la terre et agit pour elle.

C’est ainsi qu’il faut comprendre le verset suivant, où l’ensemble du corps de Christ est de nouveau en vue. Dieu a donné différents dons de grâce aux divers membres. Les apôtres et les prophètes ont été certainement les instruments les plus importants du Saint Esprit dans l’Assemblée (comp. Éph. 2:20 ; 3:5) et figurent pour cette raison en premier dans la liste des dons, mais il n’y a aucun doute qu’ils ne se trouvaient pas dans chaque assemblée locale. De plus, cette énumération n’est pas exhaustive (comp. v. 8-10) ; elle sert à mettre en évidence que tous les membres du corps n’ont pas la même fonction, comme le montrent les questions posées dans les versets 29 et 30. Chaque membre doit donc tendre à devenir un instrument toujours mieux approprié à l’usage que l’Esprit Saint se propose pour elle. On pourrait l’exprimer ainsi : plus il y a de consécration, plus il y aura de dons en exercice. Car cette consécration au Seigneur, l’amour pour Lui et pour les siens, est le seul vrai mobile de tout service pour Lui. L’amour divin en nous est le « chemin bien plus excellent » (v. 31) qui nous est présenté dans le chapitre suivant.


14 - Ch. 13 — L’Esprit d’amour

14.1 - L’amour doit être présent (v. 1-3)

Le treizième chapitre de la première épître aux Corinthiens a souvent été appelé, à juste titre, « l’hymne du Nouveau Testament célébrant l’amour ». Aucun autre livre de la Parole de Dieu ne présente d’une manière aussi belle la grandeur et la beauté de l’amour divin tel qu’il doit se manifester dans les croyants.

Les Corinthiens ne manquaient d’aucun don de grâce (1:7), mais ils n’avaient pas les sentiments qui conviennent, comme nous avons déjà pu le constater à plusieurs occasions (1:10 ; 3:1-4 ; 4:6 ; 5:2 ; 6:1-8). Mais ce qui leur faisait tout particulièrement défaut, c’était un amour vrai les uns envers les autres. Aussi l’apôtre Paul doit-il leur dire maintenant que tout ce qu’un croyant peut exprimer, posséder intérieurement ou faire, est sans valeur si l’amour n’en est pas le mobile. Comme aux chapitres 4 (v. 1- 6), et 9 (v. 26-27), il ne le fait pas cependant par une réprimande directe à l’adresse des Corinthiens, mais se sert de trois exemples hypothétiques, c’est-à-dire seulement supposés, qu’il rattache à lui-même.

S’il s’exprimait dans le langage des hommes ou des anges, mais sans manifester de l’amour ou sans être poussé par l’amour, ses paroles pourraient peut-être faire momentanément une grande impression, comme le son d’une cloche ou d’une cymbale, mais un tel service n’aurait aucun résultat spirituel. C’était le cas du parler en langues, un don particulièrement honoré parmi les Corinthiens, comme le montre le chapitre suivant. Le fait que Paul mentionne ici non seulement les langues humaines mais aussi celles des anges, ne prouve nullement que lui-même les ait effectivement parlées.

Dans l’exemple suivant (v. 2), il mentionne diverses choses impossibles, qui confirment qu’il s’agit bien d’hypothèses. La possession du don de prophétie, le fait de savoir tous les mystères et toute connaissance, la possession d’une foi capable même de déplacer les montagnes (comp. 12:9 et Matt. 17:20) - qui pourrait prétendre cela pour lui-même ? Pourtant même s’il en était ainsi, tout cela serait aussi entièrement sans valeur, si l’amour pour les frères ne remplit pas le cœur.

Pour finir, Paul mentionne deux exemples de la plus haute abnégation pour les autres (v. 3), tout aussi vains cependant, si l’amour n’en est pas le ressort. Combien tout cela devait frapper les Corinthiens qui visiblement faisaient si attention à l’effet extérieur et étaient si imbus d’apparente grandeur ! Or ce qui leur manquait, c’était l’amour, « l’huile » dans les rouages de la communion pratique fraternelle. C’est pourquoi Paul leur présente dans les versets suivants les caractères du vrai amour divin.


14.2 - L’essence de l’amour divin dans les croyants (v. 4-7)

L’amour est un caractère de Dieu, qui est amour (1 Jean 4:8, 16). L’amour éternel, parfait, que rien ne peut troubler, régnait dans la maison du Père entre le Père et le Fils, avant la création du monde (Jean 17:24). Et l’amour pour ses créatures déchues a conduit Dieu à donner son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle (Jean 3:16). À la différence de l’amour naturel humain, qui est, certes, aussi un don de notre Créateur, l’amour de Dieu n’a besoin d’aucune contrepartie ni d’aucun motif dans son objet. Dieu nous a manifesté son amour alors que nous étions encore des pécheurs. Lors de la nouvelle naissance, Il a versé son amour dans nos cœurs par l’Esprit Saint (Rom. 5:5), afin que nous puissions y trouver notre joie et le répandre autour de nous. C’est ainsi que nous témoignons dans la pratique que nous sommes de vrais enfants de Dieu. L’amour dans sa perfection n’a été visible sur la terre que chez un seul Homme : notre Seigneur Jésus. L’énumération qui suit - quinze qualités et caractéristiques du vrai amour - est de ce fait en même temps une description des caractères de Christ, comme homme sur la terre.

Il n’est guère possible de faire un classement précis des caractères de l’amour présentés ici. Nous voyons cependant que huit sont liés à une négation et nous montrent ce que l’amour ne fait pas. Tous les fruits négatifs de la vieille nature chez le croyant, que nous ne connaissons que trop bien, sont incompatibles avec l’amour divin. La patience et la bonté sont des caractères de Dieu connus (comp. Ex. 34:6 ; Rom. 2:4), que doivent aussi manifester ses enfants. En revanche, l’envie (ou : la jalousie), la vantardise, l’orgueil, l’inconvenance, l’égoïsme, l’irritation, l’imputation du mal à autrui, et le fait de se réjouir de l’injustice, lui sont totalement étrangers. L’amour se réjouit avec la vérité, il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout. « Tout » n’est ici évidemment pas pris dans son sens absolu, mais se rapporte à tout ce qui peut être vécu dans la communion avec Dieu, comme le Seigneur Jésus l’a manifesté dans sa vie sur la terre.


14.3 - L’amour est éternel (v. 8-13)

La description des caractères de l’amour divin culmine dans cette affirmation : « L’amour ne périt jamais » (v. 8). Etant l’essence même du Dieu d’éternité, il est lui aussi impérissable et éternel. Tout don, tout service aura sa fin, mais non l’amour de Dieu. Les prophéties, et l’accumulation de connaissance des pensées de Dieu disparaîtront lors de la venue du Seigneur, et donc auront leur fin, quand bien même nous ne posséderons qu’alors la parfaite connaissance (comp. v. 12). Quant au don des langues, cependant, une autre expression est utilisée ; il est dit de celles-ci qu’elles « cesseront », ce qui suggère manifestement qu’elles prendront fin plus tôt. Historiquement, ce don-signe est mentionné pour la dernière fois en Actes 19:6.

Tout ce que le croyant accomplit sur la terre dans la dépendance de Dieu, demeure pourtant imparfait. Qu’il s’agisse de la prophétie, parlant comme porte-parole de Dieu, ou de la connaissance de ses pensées, tout ici demeure partiel. Ce que les Corinthiens estimaient si haut, Paul, ici, doit le déclarer imparfait, ce qui fait ressortir la grandeur de l’amour. Le motif de cette imperfection n’est cependant pas en Dieu, mais dans les hommes, faibles instruments de sa grâce. Ce n’est que lors de la venue du Seigneur pour enlever les siens que ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque le corps de notre abaissement sera transformé en la conformité du corps de sa gloire (Phil. 3:21), un état de perfection sera établi pour l’éternité. Alors nous ne serons plus entravés par le péché ou par la faiblesse.

Deux exemples faciles à comprendre sont donnés maintenant, par lesquels Paul, en s’impliquant directement une fois encore à la première personne du singulier, cherche à expliquer la différence entre notre condition présente et celle qui est à venir (v. 11-12). La manière de parler, de penser et de juger d’un enfant tient à son horizon encore limité. Il doit certes être pris au sérieux, mais devenu adulte, il quittera ce qui est de l’enfance et aura d’autres repères. De même aussi le reflet dans un miroir ne peut être comparé avec la vision face à face (dans l’Antiquité, les miroirs étaient constitués de plaques de métal polies, et ne rendaient qu’une image floue). Le résultat de ces deux exemples est résumé par ces mots : « À présent je connais en partie, mais alors je connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu ». Ici-bas, toute notre connaissance demeure limitée et imparfaite. Cette constatation nous garde de l’orgueil, au sujet duquel Paul écrit au chapitre 8: » Si quelqu’un pense savoir quelque chose, il ne connaît rien encore comme il faut connaître ; mais si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de lui » (v. 2-3). La vraie connaissance est donc produite par l’amour pour Dieu, non pas seulement par l’intelligence intellectuelle. Mais même cette vraie connaissance ne pourra jamais être parfaite ici-bas.

Peut-il demeurer le moindre doute quant au fait que, déjà maintenant, Dieu ait connu et connaisse parfaitement chacun des siens (comp. 8:3 ; Gal. 4:9) ? De la même manière, nous posséderons dans la gloire une connaissance non limitée par la faiblesse de notre corps terrestre et par le péché. Notre connaissance cependant ne sera pas selon la mesure de celle de Dieu, car lui seul est omniscient (comp. 2 Chr. 6:30).

Lorsque Paul écrit au verset 13, que la foi, l’espérance et l’amour demeurent, il ne le dit pas dans un sens absolu ; en effet, la foi et l’espérance prendront fin à la venue du Seigneur, parce que nous verrons alors tout ce que nous croyons et espérons maintenant (comp. Rom. 8:24 ; Héb. 11:1). La foi et l’espérance sont des attitudes de l’esprit et du cœur de l’homme durant sa vie terrestre. Mais l’amour subsistera éternellement, comme le verset 8 l’a déjà déclaré. Dieu est amour ; et de même qu’Il ne peut pas passer, de même l’amour ne passera jamais. Au contraire, c’est alors seulement que nous en jouirons d’une manière parfaite. Mais déjà maintenant, et pour ce même motif, il est le plus grand des trois. Par l’amour, nous pouvons manifester, comme croyants, quelque chose de la nature de Dieu.


15 - Ch. 14 — L’Esprit de sobre bon sens

15.1 - L’exercice des dons dans les réunions

En 2 Timothée 1:7, l’apôtre Paul rappelle à Timothée que « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de sobre bon sens ». Si nous voyons, dans la description des dons de grâce en 1 Corinthiens 12, l’esprit de puissance et, au chapitre 13, l’esprit d’amour, nous trouvons dans le chapitre 14, l’esprit de sobre bon sens. Les Corinthiens ne manquaient certes d’aucun don de grâce (1:7), mais ils se comportaient avec ces richesses spirituelles - et particulièrement avec le don du parler en langues - comme des enfants avec un nouveau jouet. Paul attire maintenant leur attention sur le but des dons, qui est l’édification de l’Assemblée, et non leur propre satisfaction.

Edification signifie construction spirituelle ou, en d’autres termes, aide à la croissance dans la vie de la foi. En 1 Pierre 2 par exemple, l’Assemblée est vue comme le temple de Dieu, édifié extérieurement par l’adjonction de pierres vivantes ; et en Éphésiens 4, elle croît, comme corps de Christ, « de l’intérieur » par le ministère des dons. Une vraie édification met toujours le Seigneur Jésus au centre ! Tout doit procéder de Lui et conduire à Lui.

Il ressort bien de la fréquente mention des termes « édification » et « assemblée » dans ce chapitre qu’il s’agit effectivement des rassemblements des croyants pour l’édification (édifier - édification : v. 3, 4, 5, 12, 17, 26 ; assemblée : v. 4, 5, 12, 19, 23, 28, 33, 34, 35).

En lisant ce chapitre, on peut se demander pourquoi, justement dans ce contexte, le Saint Esprit n’est pas mentionné une seule fois. Cependant, en étudiant d’autres passages tels que Romains 8:14, Galates 5:18 et Jean 16:13, nous voyons que le Saint Esprit est Celui qui conduit, non seulement dans les réunions mais dans toute notre vie, en particulier si les sujets dont nous sommes occupés dans la présence du Seigneur, Lui étant au milieu de nous, sont sur un niveau plus élevé que les circonstances de la vie journalière. Paul dit aux Philippiens : « …nous qui rendons culte par l’Esprit de Dieu, qui nous glorifions dans le Christ Jésus et qui n’avons pas confiance en la chair » (3:3).

Visiblement, le don du parler en langues avait spécialement plu aux Corinthiens. Le Seigneur Jésus avait déjà annoncé à l’avance ce don à ses disciples (Marc 16:17). Il a été exercé pour la première fois à Jérusalem, en Actes 2, puis à Césarée (Act. 10) et à Éphèse (Act. 19). Ce don-signe conduisait des croyants à s’exprimer dans des langues étrangères qu’ils n’avaient pas apprises, mais dont ils recevaient la maîtrise par la puissance du Saint Esprit qui habitait en eux. En Actes 2, nous apprenons qu’ainsi « les choses magnifiques de Dieu » étaient annoncées. Cela suscitait l’admiration parmi les auditeurs juifs. 1 Corinthiens 14:22 nous apprend que le don de grâce du parler en langues a été donné comme signe pour les incrédules, et qu’il pouvait également être le moyen de prononcer des mystères. L’apôtre Paul possédait lui aussi ce don de grâce. Ceux qui parlaient ainsi ne comprenaient en général pas le sens de ce qu’ils disaient (comp. v. 14). Le but premier de ce don était donc non pas l’édification des croyants, mais la manifestation de la puissance de Dieu dans les siens, vis-à-vis des incrédules, particulièrement des Juifs. Comme il s’agissait d’un don de Dieu, il pouvait s’exercer au milieu de l’assemblée si un interprète était présent, pour traduire et expliquer ce qui avait été dit. Mais les Corinthiens ne tenaient aucun compte de cela et parlaient en langues dans les réunions, même en l’absence d’un interprète. Cela ne produisait aucune édification, mais au contraire amenait de la confusion. C’est pourquoi Paul expose ce sujet d’une manière si détaillée dans le chapitre 14.

Il est souvent fait une distinction entre le parler en langues dans les Actes et dans la première épître aux Corinthiens. Il n’y a pourtant aucune raison à cela. Il s’agit toujours des mêmes mots, et donc de la même chose, qu’en Marc 16:17 déjà. Tandis que le livre des Actes ne fait qu’un exposé des faits du parler en langues, dans la première épître aux Corinthiens, Paul présente les caractères de ce don de grâce, et met en garde contre son usage dans les réunions des croyants, s’il ne peut pas être en même temps interprété. Tout comme les dons de guérison, le parler en langues était un don-signe, que Dieu a donné, au début de l’ère chrétienne, pour manifester sa puissance (comp. 13:8).


15.2 - Prophétie et parler en langues (v. 1-6)

Après avoir exhorté, à la fin du chapitre 12, à désirer les dons de grâce plus grands, mais aussi annoncé « un chemin bien plus excellent », Paul a présenté aux Corinthiens, dans le chapitre 13, l’amour divin comme mobile de toute action. Il leur rappelle maintenant encore une fois de poursuivre cet amour. En même temps, il les exhorte à nouveau à rechercher les dons spirituels. À cette occasion, il leur présente la prophétie comme étant le don le plus digne d’être recherché. Il en donne le motif dans les versets suivants.

Comme nous l’avons déjà vu, les Corinthiens étaient très séduits par le don des langues qui, pensaient-ils, les valorisait, et ils l’exerçaient sans doute abondamment dans leurs réunions. Cependant, celui qui parle en langues, sans qu’il y ait traduction, n’apporte rien aux auditeurs. Dieu seul, qui a donné ce don, comprend ce qui est dit. « En esprit », c’est-à-dire dans sa conscience spirituelle remplie du Saint Esprit (conscience qui, selon les déclarations des versets 14 et 15, est distinguée de l’intelligence, c’est-à-dire des capacités intellectuelles humaines), il prononce des mystères que personne - peut-être même pas lui - ne comprend. Dans de telles circonstances, il ne peut pas être question d’édification pour l’assemblée !

Au contraire, celui qui prophétisait édifiait les personnes présentes (v. 3). Dans les Saintes Ecritures, la prophétie n’est absolument pas limitée à l’annonce d’événements futurs. Tant le mot hébreu « nabi » dans l’Ancien Testament, que le mot grec « prophétés », signifient à l’origine « celui qui annonce » (le message divin). Des prophètes tels qu’Elie et Elisée, mais aussi Jonas, Aggée et Malachie ont peu annoncé l’avenir ; cependant ils ont parlé comme les messagers de Dieu à son peuple. Par le ministère prophétique, les pensées de Dieu sont présentées d’une manière si pressante que la conscience et le cœur sont amenés dans sa lumière. Pour cela, il est toutefois nécessaire que le serviteur se trouve dans une étroite communion avec Dieu afin de pouvoir transmettre ses pensées. Parler ainsi dans la présence de Dieu, « comme sa bouche » en quelque sorte, rend le ministère prophétique grand et digne d’être recherché. Le résultat en sera toujours l’édification, l’exhortation ou l’encouragement et la consolation.

En parlant dans une langue qu’aucun des auditeurs ne comprend, le prédicateur peut tout au plus être lui-même parfois édifié (v. 4). On pourrait en déduire que lui au moins comprend ce qu’il dit. Cela pourrait toutefois aussi vouloir dire qu’il est édifié dans son esprit uniquement par la conscience qu’il exerce un don que Dieu lui a donné. Mais ceci peut-il être le but de l’action dans une assemblée ? Jamais ! En revanche, l’assemblée reçoit l’édification nécessaire lorsqu’un frère prophétise sous la direction du Saint Esprit.

Quand Paul souhaite que tous les Corinthiens parlent en langues (v. 5), ce n’est pas en contradiction avec ce qui vient d’être dit. Nous ne devons pas oublier qu’il s’agissait d’un don de grâce de Dieu. Toutefois le souhait qu’il exprime ensuite montre qu’il est plus important d’exercer dans l’assemblée le don de prophétie, car il ressort de ce qu’il vient de dire de ces deux dons, que la communication des pensées et de la volonté de Dieu est préférable pour les auditeurs au parler en une langue qu’ils ne peuvent pas comprendre. Ce n’est que lorsqu’une traduction de la langue suit, que l’assemblée reçoit l’édification nécessaire.

Même si nous ne connaissons plus actuellement le parler en langues, ce passage contient pour nous une instruction importante. L’exercice des dons de grâce a pour but l’édification de l’assemblée, ce qui cependant ne peut être obtenu que si la parole présentée est compréhensible, aussi bien au niveau de l’ouïe qu’en ce qui concerne le contenu. Ce n’était pas le cas pour le parler en langues, mais il en était bien ainsi lorsque l’orateur présentait au cœur des auditeurs une révélation de la part de Dieu, la connaissance de ses pensées, une prophétie ou la doctrine de sa Parole (v. 6). Il était - et il demeure - important que la parole exprimée puisse aussi être comprise.


15.3 - La nécessité de l’intelligibilité (v. 7-25)

Paul développe maintenant la pensée simple mais importante que ce qui est dit doit être intelligible, et il l’explique d’abord dans les versets 7 à 11, par trois exemples.

Premièrement, il prend l’image d’instruments de musique tels que la flûte et la harpe. On reconnaît une mélodie à l’enchaînement de certaines notes et une belle mélodie à l’harmonie de celles-ci. Mais ceci n’est pas possible si l’on fait retentir toujours le même son, ou si l’instrument est manœuvré de manière arbitraire.

Tout soldat connaissait autrefois la sonnerie de trompette pour le combat. Si donc le son de la trompette était entendu, mais sans qu’il soit possible de distinguer le signal connu, personne ne se préparerait au combat. Il en était de même lorsque les Corinthiens parlaient des langues que personne ne connaissait. Ils parlaient en l’air (v. 9).

Comme troisième exemple, Paul mentionne la multiplicité des voix dans la nature. Les cris d’animaux et les langues des hommes ont tous un son distinct et peuvent être aussitôt identifiés et classés par un connaisseur. Mais si l’on ne connaît pas les sons et les paroles d’une langue, aucune communication n’est possible. Celui qui écoute ne peut pas comprendre ce qu’il entend, et malgré tous ses efforts, celui qui parle ne peut pas se faire comprendre. Les Grecs appelaient à l’origine « barbares » tous ceux qui n’étaient pas grecs et dont le langage leur était inintelligible.

Partant de ces exemples, Paul continue son enseignement : « De même vous aussi, puisque vous désirez avec ardeur des dons de l’Esprit, cherchez à en être abondamment doués pour l’édification de l’assemblée  » (v. 12). Après les versets 4 et 5, l’édification de l’assemblée est mentionnée ici pour la troisième fois déjà comme but du service. Paul ne condamne pas la tendance des Corinthiens à rechercher les diverses opérations de l’Esprit Saint, mais il les exhorte à ne pas perdre de vue ce but unique. Ils devaient même tout mettre en œuvre pour en être « abondamment doués ». Quel résultat n’y aurait-il pas eu à Corinthe - et encore maintenant - si chaque frère venait aux réunions animé d’un tel désir ! Seul l’amour pour le Seigneur et pour les siens peut produire une telle disposition de cœur. Mais aussitôt qu’entrent en jeu la recherche de la gloire personnelle, le désir de briller ou de se mettre en avant, l’édification des frères et sœurs en souffrira.

Si quelqu’un avait le don de parler en langues, il devait prier pour être en mesure de traduire (v. 13). Celui qui priait ne comprenait pas toujours lui-même le sens de ses propres paroles (v. 14). Si même Paul avait admis, au verset 4, que celui qui parlait s’édifiait lui-même, il constate maintenant que son intelligence restait cependant « sans fruit ». Au verset 14, « esprit » désigne la conscience spirituelle de celui qui est né de nouveau, et « intelligence », ses capacités de raisonnements. Ni l’un ni l’autre de ces aspects ne devaient être exclus, car tous deux sont nécessaires pour l’édification spirituelle. Par son esprit, le croyant est en relation avec Dieu, et par son intelligence, il doit assimiler tout ce qui est dit. Si quelqu’un priait ou chantait une hymne en langue, sa conscience spirituelle (son « esprit ») était bien active, mais comme il ne pouvait pas souvent comprendre ses propres paroles, son intelligence dans les choses spirituelles n’était pas stimulée. Non, dit l’apôtre, je veux prier et chanter non pas seulement avec l’esprit, mais aussi avec l’intelligence (v. 15).

Les versets 14 à 17 montrent que les cantiques et les prières contribuent aussi à l’édification de l’assemblée. L’édification spirituelle de ceux qui sont assemblés doit être produite non seulement lorsqu’un bon enseignement puisé dans la Parole de Dieu est dispensé, ou que le ministère prophétique place les cœurs dans sa lumière, mais aussi lorsque nous nous adressons ensemble à Dieu par des cantiques et des prières ou dans l’adoration (comp. Col. 3:16). Mais comment les frères et sœurs pourraient-ils ajouter leur « amen » - signifiant « en vérité, certainement » - à une action de grâces s’ils ne savent pas ce qui a été dit (v. 16) ? Ici, « les hommes simples » sont ceux qui ne peuvent pas comprendre la langue utilisée dans la prière. Dans le verset 17, il est clairement exprimé que la prière doit aussi produire l’édification. Le contenu d’une prière en langue peut être bon, et pourtant les auditeurs n’en reçoivent aucune édification. Nous pouvons déduire de ce contexte que les premiers chrétiens avaient l’habitude, à la fin d’une prière, de dire distinctement « Amen ». Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu avait établi cette marque d’approbation et d’identification (voir Rom. 15:33 ; 16:24-27 ; Deut 27:15-26).

Paul possédait lui aussi le don des langues et l’exerçait souvent, semble-t-il (v. 18). Il lui avait été donné par Dieu. Mais dans une réunion de chrétiens, il préférait prononcer cinq paroles avec son intelligence, afin que les autres soient enseignés, plutôt que dix mille paroles dans une langue que personne ne comprenait (v. 19). Tout frère qui désire se laisser employer par le Seigneur en public doit se demander - et il s’agit là d’une « question d’intelligence » - si ce qu’il dit peut être compris des auditeurs. Le Seigneur Jésus en est l’exemple parfait, lui qui présentait la Parole de Dieu aux hommes « selon ce qu’ils pouvaient comprendre » (Marc 4:33). Les Corinthiens n’avaient pas encore saisi ce principe simple, malgré l’abondance de leurs dons de grâce.

C’est pourquoi Paul doit les exhorter à se montrer « intelligents ». Il ne le fait pas avec hauteur, mais par un appel à leur cœur en les nommant d’abord « frères » (v. 20). Mais il doit ensuite les engager, eux qui se comportaient comme des enfants quant à l’appréciation et l’exercice des dons, à devenir à cet égard des adultes, c’est-à-dire à agir d’une manière responsable. Mais pour la méchanceté, ils devaient être comme de petits enfants, sans compromis avec le mal (comp. Rom. 16:19).

Les versets 21 à 25 continuent avec une explication du but du don des langues, et une nouvelle comparaison avec le don de prophétie. Paul cite pour cela un passage du prophète Ésaïe. L’emploi du mot « Loi » montre que ce nom était attribué non seulement aux cinq livres du Pentateuque, mais à tout l’Ancien Testament (comp. Luc 24:44). En Esaïe 28, Dieu prononce par la voix de son prophète le jugement sur le peuple d’Israël. Les versets 11 et 12, cités seulement partiellement, correspondent aux termes de la version des Septante, la traduction grecque de l’Ancien Testament. Dieu y annonce qu’il ne s’adressera plus directement à son peuple terrestre comme auparavant, mais qu’Il le mettra de côté et se tournera en grâce vers les nations ; c’est par les voix étrangères de celles-ci qu’Israël devra désormais prendre connaissance des voies de Dieu ! Mais ce passage « en d’autres langues et par des lèvres étrangères » ne produira pas le retour du peuple endurci, car « même ainsi, ils ne m’écouteront pas, dit le Seigneur » (v. 21 ; comp. Rom. 11:25). La conséquence en est le jugement de la part de Dieu.

Tandis que le don de prophétie est utile pour l’édification des croyants, le parler en langues devient ainsi un signe du jugement de Dieu sur son peuple terrestre incrédule (v. 22). Ce fait est un argument supplémentaire contre le parler en langues dans l’assemblée. Pour mettre cela en évidence, Paul présente d’une manière concise deux situations pratiques (v. 23). Au chapitre 11 (v.18), il avait déjà décrit une réunion par ces mots : « quand vous vous réunissez en assemblée ». Cette expression atteste que ceux qui sont ainsi réunis cherchent à répondre sans condition au caractère de l’Assemblée du Dieu vivant, où le Seigneur Jésus est le seul centre et la Parole de Dieu le seul guide. Selon Matthieu 18:20, les croyants rassemblés ainsi au nom du Seigneur Jésus ont le privilège de le savoir présent au milieu d’eux et, selon 1 Corinthiens 5:4, ils peuvent compter sur sa puissance. Il est dit maintenant dans notre verset : « l’assemblée tout entière se réunit en un même lieu ». Nous voyons ici l’aspect pratique d’un rassemblement, auquel en principe tout croyant - mais aussi l’incrédule - a la possibilité d’être présent. Si donc les Corinthiens parlaient en langues dans une telle réunion, et qu’il entrait des étrangers qui ne connaissaient pas ces langues, ils seraient portés à dire que ceux qui étaient ainsi rassemblés sont fous ! Mais si un ministère de prophétie était exercé, ces personnes seraient placées dans la lumière de Dieu, et devraient reconnaître qu’Il est véritablement présent dans une telle assemblée et s’y révèle (v. 24-25).


15.4 - L’ordre divin dans l’usage des dons dans l’assemblée (v. 26-40)

Lors d’une réunion d’assemblée, le service n’est pas réservé à une seule ou à quelques personnes désignées, mais il est exercé par plusieurs, sans réglementation ou intervention humaines. Cette liberté ne signifie cependant pas que chacun peut faire ce qu’il veut. Celui qui s’exprime doit se tenir sous la direction pratique du Saint Esprit, respecter les instructions de la Parole de Dieu et se poser la question de savoir s’il sert réellement à l’édification de l’assemblée. C’est là aussi une caractéristique d’un rassemblement au nom du Seigneur. Qu’il s’agisse d’un psaume, d’un enseignement, d’une langue, d’une révélation, d’une interprétation ou de quelque autre chose, le but est toujours l’affermissement et la croissance de la vie de la foi (v. 26). Un psaume, ici, ne doit pas être pris dans le sens qu’il a dans l’Ancien Testament ; c’est un cantique qui exprime les expériences de la foi du chrétien et la louange. L’enseignement consiste à expliquer le conseil et les pensées de Dieu. Les révélations au sens du Nouveau Testament n’existent plus actuellement. Mais tant que la Parole de Dieu n’était pas encore complète, Dieu donnait par son Esprit, dans le ministère oral aussi, des communications concernant des sujets jusqu’alors inconnus (comp. 1 Cor. 2:9-13).

Les Corinthiens avaient tendance à participer à l’action dans les réunions sans tenir compte des directives divines mentionnées ci-dessus. Il en résultait un grand désordre, source de déshonneur à l’égard du Seigneur et de préjudice pour les croyants. Aussi sont-ils rappelés à l’ordre, mais d’une manière qui montre très clairement que Paul ne veut pas s’interposer entre les Corinthiens et le Seigneur. Puisque le parler en langues était un don de grâce de Dieu, il ne s’y oppose pas, bien qu’il n’ait effectivement pas été donné pour l’édification des croyants. Pour le maintien de l’ordre extérieur, il ordonne seulement que tout au plus deux ou trois frères parlent en langues, l’un après l’autre, et non simultanément (comp. v. 31), et répète son injonction que, si quelqu’un parle en langue, il soit traduit, afin que les auditeurs puissent comprendre et être édifiés (v. 27 ; comp. v. 5, 13). En l’absence d’interprète, l’intéressé devait se taire dans l’assemblée. Mais il pouvait parler en langues pour lui-même et dans la communion avec Dieu (v. 28 ; comp. v. 2 et 4). Si le désordre dans les réunions décrit ici nous paraît aujourd’hui incompréhensible, les ordonnances de l’apôtre nous montrent cependant l’importance d’un ordre saint dans la présence du Seigneur et d’une attente paisible de la direction du Saint Esprit et les uns à l’égard des autres durant les heures de réunion.

De même pour les prophètes, c’est-à-dire les frères qui avaient reçu le don de prophétie, seuls deux ou trois devaient parler (v. 29). Après ce qui est dit dans le verset 27 quant au don des langues, cette ordonnance semble aussi indiquer une limitation du nombre. Dieu veut par là garder les siens d’un excès de nourriture spirituelle dans une réunion. Si trop de pensées ou d’enseignements divers sont présentés, la capacité d’assimilation des auditeurs est mise à trop forte contribution et le but proposé est manqué. En même temps, les autres sont invités à juger. Il s’agit là non pas de se livrer à une critique des faiblesses humaines, inhérentes à tout serviteur du Seigneur, mais d’apprécier si le ministère est conforme à la Parole et en vue de l’édification de l’assemblée.

Si donc, en ce temps où les Saintes Écritures n’étaient pas encore complètes, un autre frère présent recevait du Saint Esprit une révélation, celui qui était en train de parler devait se taire (v. 30). De cette manière, l’occasion serait de nouveau donnée d’accomplir « avec ordre » chacun à son tour un service qui puisse enseigner, consoler ou exhorter les frères et sœurs (v. 31). Mais un frère ne devait jamais se glisser au premier rang dans le service avec l’excuse ou l’argument que le Saint Esprit l’y avait poussé. Comme Paul l’avait déjà montré dans les versets 15 et 16, le croyant possède aussi une intelligence qui, dans les réunions et pour le service, non seulement demeure active, mais fonctionne comme organe de contrôle. C’est pourquoi il est dit : « Et les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes » (v. 32). Le Dieu de paix ne tolère aucun désordre parmi les siens, particulièrement en ce qui concerne leurs réunions (v. 33). Tout doit s’y dérouler dans l’harmonie spirituelle et dans la paix intérieure et extérieure. Et là où il y a la paix, l’ordre règne aussi. Dans cette épître qui n’est pas destinée seulement aux Corinthiens, mais est adressée à « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre » (1:2), Paul déclare pour la quatrième fois que ses instructions sont valables pour toutes les assemblées (voir 4:17 ; 7:17 ; 11:16).

L’ordre institué de Dieu comporte aussi que les femmes se taisent dans les assemblées (v. 34). Pendant des siècles, cette ordonnance claire est restée incontestée, mais aujourd’hui elle n’est plus acceptée par beaucoup de chrétiens dans les grands pays industrialisés, où l’égalité de l’homme et de la femme est réclamée et encouragée. Selon la Parole de Dieu, l’homme et la femme ont certes la même valeur à Ses yeux, mais non pas la même position. Il est écrit en Galates 3:28: » Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus ni homme, ni femme : car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus ».

Mais selon l’ordre de la création de Dieu, qui en principe demeure valable pour toute femme, et cela aussi longtemps que la terre existe, l’homme est le chef de la femme (1 Cor. 11:3). À cet égard, la femme ne peut pas être l’égale de l’homme, car, quant au corps et à l’âme, elle est faite autrement que l’homme et doit se soumettre à l’homme. La marque visible en est la chevelure longue, non coupée, de la femme ; mais parmi les chrétiens, cette soumission doit aussi se montrer en ce qu’une sœur a la tête couverte, quand elle prie ou prophétise (1 Cor. 11:5), qu’elle n’enseigne pas ni n’use d’autorité sur l’homme (1 Tim. 2:12), et qu’elle ne parle pas dans les assemblées mais garde le silence, comme cela est enseigné ici. L’adjonction : « comme aussi le dit la Loi » (v. 34) se réfère sans doute moins à un commandement précis qu’au caractère général de la Loi (comp. Gen. 2:18 ; 3:16 ; Nom. 3:4-13). Même si une sœur a des questions, elle ne doit pas les poser dans les réunions, mais doit interroger son mari à la maison (v. 35).

Visiblement, les croyants à Corinthe ne discernaient rien qui soit faux, ou même déshonorant dans leur éloignement de l’ordre divin. C’est pourquoi Paul leur pose pour terminer deux questions incisives : « La parole de Dieu est-elle sortie de chez vous, ou est-ce à vous seuls qu’elle est parvenue ? » (v. 36). Il veut leur dire par là que pour leurs réunions le même ordre était valable que pour les autres assemblées. Si cependant quelques-uns d’entre eux pensaient pouvoir défendre une autre manière de faire, en prétextant avoir le don de prophétie ou un discernement spirituel particulièrement bon, ceux-là précisément devaient reconnaître que ce que Paul écrivait ici sous la direction du Saint Esprit était un commandement clair du Seigneur (v. 37), et il ne se contredit pas. Aucune assemblée n’a le droit d’introduire des règles qui s’écartent ou qui vont au-delà de la Parole de Dieu. Celui qui s’y oppose, fait preuve d’une ignorance volontaire envers laquelle il n’y a aucune indulgence à avoir. Il doit lui-même en porter les conséquences.

Pour terminer, Paul récapitule encore une fois les points principaux de ce chapitre. À la fin du chapitre 12 et au début du chapitre 14, il avait encouragé les croyants à Corinthe à désirer les dons spirituels et à les exercer. Leur zèle se concentrait cependant sur le don du parler en langues, raison pour laquelle il a dû leur présenter la prééminence de la prophétie sur le parler en langues dans l’assemblée. Et il le confirme par ces paroles : « Ainsi, frères, désirez ardemment prophétiser, et n’empêchez pas de parler en langues » (v. 39). Cela n’est pas en contradiction avec ce qu’il a dit auparavant, mais souligne le fait qu’il ne voulait pas s’interposer entre un serviteur du Seigneur et le Seigneur. Le parler en langues était aussi un don de grâce de Dieu qui, exercé de la bonne manière, ne devait pas être entravé. Tout ce qui était dit et fait dans les réunions devait cependant avoir lieu « avec bienséance et avec ordre » (v. 40). L’ordre est déterminé en premier lieu par la Parole de Dieu ; mais, comme pour la notion de « bienséance », on ne peut pas exclure que les habitudes particulières de l’époque et du lieu jouent aussi un certain rôle. Il n’y avait et il reste normalement à cet égard un certain consensus qui ne peut pas être simplement négligé par chacun, « car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix, comme dans toutes les assemblées des saints » (v. 33).


16 - Ch. 15 — La Résurrection des morts

Nous ne savons rien de précis de l’arrière-plan et du motif de l’exposé que l’apôtre Paul fait dans ce qui suit. De son argumentation, nous pouvons cependant déduire que la résurrection corporelle des morts prêchée par les apôtres était quelque chose d’impossible aux yeux de certaines personnes dans l’assemblée à Corinthe, probablement des Grecs imbus de culture philosophique et, selon eux, éclairés. Il semble qu’ils n’allaient pourtant pas aussi loin que les sadducéens juifs qui niaient non seulement la résurrection, mais aussi l’existence des anges et des esprits (comp. Act. 17:32 ; Matt. 22:23 ; Actes 23:8). Leur affirmation qu’il n’y avait pas de résurrection des morts (v. 12) allait visiblement dans le sens que la vie des croyants dans l’éternité se limitait à la continuation de la vie de l’âme. Cette doctrine introduite par la ruse de Satan qui attaque le fondement de la foi chrétienne, donne à Paul l’occasion d’écrire la dernière grande section de sa première épître aux Corinthiens, dans laquelle nous sont présentées de glorieuses révélations concernant la résurrection de Christ et des croyants.


16.1 - L’évangile et la résurrection de Jésus Christ (v. 1-11)

Du fait que la résurrection du Seigneur fait partie intégrante de l’évangile, Paul doit d’abord faire honte aux Corinthiens en leur rappelant la parole qu’il leur avait annoncée au commencement. Ils avaient reçu ce message de Dieu par la foi et se trouvaient désormais non seulement établis sur ce nouveau terrain de vie, mais savaient aussi qu’ils étaient par là même sauvés. L’assurance de leur foi reposait toutefois sur les deux conditions suivantes : qu’ils demeurent fermement attachés à la Parole qui leur avait été annoncée et qu’ils n’aient pas cru en vain (v. 1-2).

L’évangile que Paul avait annoncé alors aux Corinthiens lui avait été confié par révélation du Seigneur Jésus (v. 3 ; comp. Gal. 1:11-12). Trois faits en relation avec le salut, déjà annoncés par des prophéties et des types dans l’Ancien Testament (v. 4), constituent le fondement de ce message.


Aux déclarations des écrits de l’Ancien Testament, Paul ajoute encore six autres preuves, qui forment ensemble un septuple témoignage divinement parfait de la résurrection de Christ (v. 5-8).


Paul se souvient encore une fois que, lorsque le Seigneur l’a arrêté, il était en route vers Damas pour persécuter les croyants (Act. 9). Quand il considère sa vie avant sa conversion, il confesse qu’il n’est pas digne d’être appelé apôtre, parce qu’il a persécuté l’assemblée de Dieu (v. 9). Mais le profond changement survenu en lui sur le chemin de Damas montrait que seule la grâce de Dieu pouvait transformer un ennemi de Christ en un apôtre. Et cette grâce envers lui n’avait pas été vaine. Elle l’avait rendu capable d’accomplir son ministère comme apôtre des nations (Gal. 2:7-9), par lequel des milliers ont été amenés à la foi au Sauveur Jésus Christ (v. 10). Même si lui et les autres apôtres du Seigneur - en particulier Pierre - avaient des champs d’activité différents, le thème de leur prédication était pourtant le même. C’était l’évangile du salut, dont la mort et la résurrection de Jésus Christ, le Fils de Dieu constituaient le fondement. C’est ce qu’il avait lui-même prêché aux Corinthiens, et c’est ce qu’ils avaient cru (v. 11).


16.2 - Conséquences de la négation de la résurrection (v. 12-19)

Paul n’en vient que maintenant au motif véritable de son exposé dans ces versets : « Or si Christ est prêché comme celui qui a été ressuscité d’entre les morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection de morts ? » (v. 12). Après les sept témoignages concernant la réalité de la résurrection du Seigneur Jésus, de laquelle un historien a dit une fois qu’elle est le fait le mieux certifié de toute l’Antiquité, Paul déduit sept conséquences de l’affirmation audacieuse, mais dictée par l’incrédulité, de quelques Corinthiens, qu’il n’y a pas de résurrection de morts. Mais il ne formule ces conséquences que pour exposer aux Corinthiens toute l’absurdité d’une telle affirmation. Christ, le Ressuscité, est la preuve divine du fait surnaturel de la résurrection. Il est la réponse à toutes les questions et à tous les doutes.


Il n’y a sans doute aucun autre passage du Nouveau Testament où les conséquences d’un christianisme dépouillé d’une telle manière de sa substance sont ainsi poussées à leur extrême. Mais grâce soit rendue à Dieu, il n’en est rien !


16.3 - La résurrection et son déroulement (v. 20-28)

Presque triomphalement Paul peut continuer : « Mais, maintenant, Christ a été ressuscité » (v. 20). Le paragraphe qui commence par ces mots et dans lequel la résurrection du Seigneur est présentée comme le commencement d’un ordre de choses complètement nouveau, se trouve intercalé entre les versets 19 et 29 par une parenthèse. Après les sept témoignages concernant la résurrection du Seigneur et les sept conséquences négatives tirées de la négation de la résurrection des morts, Paul peut affirmer : « Mais, maintenant, Christ a été ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont endormis ». Il n’est pas seulement « réellement ressuscité », comme les disciples pouvaient dire en Luc 24:34, mais en même temps, il est le premier à l’être, Celui qui sera suivi de beaucoup d’autres, qui sont morts dans la foi. L’expression « prémices » renvoie à la fête israélite de l’offrande de la gerbe des prémices. Selon Lévitique 23:10, le lendemain du sabbat consécutif à la Pâque, une gerbe des prémices de la nouvelle moisson était offerte. Si la Pâque est un type de l’œuvre rédemptrice de Christ (1 Cor. 5:7), la gerbe des prémices typifie la résurrection du Seigneur le premier jour de la semaine.

Selon l’ordre divin, il fallait que ce soit un homme qui apporte aux hommes la résurrection des morts pour la vie éternelle, puisque c’est aussi par un homme que la mort était entrée dans le monde (v. 21). De même que, par le péché et la mort, Adam était devenu en quelque sorte le chef d’une humanité mortelle, ainsi, par sa résurrection, Christ est devenu le chef de tous ceux qui, par la foi, seront lors de sa venue rendus vivants aussi pour ce qui concerne leur corps. Comme en Romains 5, deux « familles » différentes sont placées devant nous ici : d’un côté l’ensemble de l’humanité déchue depuis Adam, de l’autre tous ceux qui, comme croyants, sont « rendus vivants » dans le Christ.

De même que, dans le type de l’Ancien Testament, la moisson suivait l’offrande de la gerbe des prémices, de même aussi, lors de la venue du Seigneur, les croyants délogés seront ressuscités par Lui. Après les prémices vient la moisson : « puis ceux qui sont du Christ, à sa venue » (v. 23). Le terme « venue », ou « présence » (grec : parousia), peut désigner aussi bien la venue du Seigneur pour l’enlèvement des croyants que son apparition en gloire. Il est donc plus général que les expressions « apparition » ou « révélation » qui suggèrent toujours la venue de Christ pour l’établissement du royaume millénaire. La résurrection des croyants aura lieu en deux étapes. Selon 1 Thessaloniciens 4:15 à 17, lors de la venue du Seigneur, tous les morts en Christ seront d’abord ressuscités et, ensemble avec les croyants vivants transmués, iront à la rencontre de leur Seigneur dans les nuées, pour être toujours avec lui. Cependant, durant la période suivante de la grande tribulation, beaucoup de ceux qui viendront à la foi par la prédication de l’évangile du royaume mourront comme martyrs. Lors de l’apparition du Seigneur avec les siens avant le royaume millénaire, ces croyants de la grande tribulation seront aussi ressuscités, pour régner avec Lui. La première résurrection prend fin avec ce second groupe de croyants (Apoc. 20:4-5).

L’auteur passe par-dessus toute la période du royaume millénaire pour continuer : « … ensuite « la fin », quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, quand il aura aboli tout pouvoir, toute autorité, et toute puissance » (v. 24). C’est la fin de tout gouvernement indirect sur le monde. Depuis la chute originelle, toute domination sur la terre servait à réprimer le mal, mais tous les gouvernements humains ont failli. Pourtant, durant le règne millénaire du Fils de l’homme, il y aura un homme qui gouvernera en justice et en paix, et achèvera ainsi l’histoire de ce monde conformément aux pensées de Dieu. Certes Satan sera alors lié, mais la mort sera encore là et atteindra tous ceux qui s’élèveront contre la domination du Prince de paix (Ps. 101:8 ; Ésaïe 66:24). Après le règne de mille ans, Satan sera jeté dans l’étang de feu (Apoc. 20:10), et ensuite la mort et l’Hadès le seront aussi, après avoir été contraints de rendre les corps et les âmes de ceux qui sont perdus et qui recevront alors leur condamnation éternelle (Apoc. 20:13-20).

Lorsque tous les ennemis de Dieu et des siens auront été ôtés, la parole prophétique du Psaume 8 (v. 4-6) concernant le Seigneur Jésus trouvera son parfait accomplissement : « Qu’est-ce que l’homme, que tu te souviennes de lui, et le fils de l’homme que tu le visites ? Tu l’as fait de peu inférieur aux anges, et tu l’as couronné de gloire et d’honneur ; tu l’as fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds » (comp. Éph. 1:22 ; Héb. 2:6-8).

Le verset 27 établit clairement qu’il s’agit ici de la position de Christ « comme homme ». Comme Fils éternel de Dieu, Il est un avec le Père, mais comme homme, Il s’est abaissé volontairement et a pris une place de soumission. Lorsque le conseil de Dieu aura été accompli, à savoir que son Fils reçoive comme homme glorifié la domination universelle, alors seulement l’ancienne création prendra fin et laissera place aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre, dans lesquels la justice habite. Dieu sera alors tout en tous. Cependant le Fils de l’homme gardera éternellement sa place comme homme, car, même si nous Lui serons rendus semblables, ce n’est qu’ainsi que nous pourrons Le voir comme Il est (1 Jean 3:2).


16.4 - La résurrection, espérance de la foi (v. 29-34)

Après avoir exposé brièvement le conseil de Dieu quant à la résurrection de Christ et des siens, Paul reprend au verset 29 l’enchaînement de pensées interrompu au verset 19.

Si les morts ne ressuscitent pas, comme le prétendaient quelques Corinthiens, le baptême serait alors un acte vide de sens. Il est l’image de notre ensevelissement avec Christ, mais… en vue de la résurrection ! Que nous lisions Romains 6:4, Colossiens 2:12 ou 1 Pierre 3:21, tel est partout le sens du baptême. Beaucoup de croyants qui avaient été baptisés pour la mort de Christ, étaient depuis lors décédés, et ils avaient été remplacés par ceux qui avaient été baptisés après eux, à leur place ici-bas pour ainsi dire. Mais pour celui qui se fait baptiser, le baptême devrait paraître dépourvu de sens si tous ceux qui ont été baptisés et se sont endormis ont péri (comp. v. 18).

Tous les nombreux périls encourus durant leur vie par maints croyants au service du Seigneur seraient de même vains et inutiles, s’il n’y avait pas de récompense dans la gloire. Si la vie des croyants se limitait au temps présent, comme cela a déjà été indiqué au verset 19, pourquoi devraient-ils s’exposer au danger, comme le faisait continuellement Paul (v. 30-31) ? Dans le livre des Actes (19:23-41), nous voyons comment, « à vue humaine », il avait « combattu contre les bêtes à Éphèse ». À quoi donc serviraient de tels combats et de telles souffrances, si les morts ne ressuscitent pas ? Si réellement il n’y a pas d’espérance en la résurrection, mieux valait se rendre la vie aussi agréable que possible (v. 32). Mais comme Paul l’a déjà exposé en détail, il n’en est pas ainsi, Dieu soit béni : la résurrection est un fait indiscutable. C’est pourquoi il ajoute une sérieuse mise en garde : « Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (v. 33). Si les croyants à Corinthe se laissaient influencer par des opinions de ce genre, ils ne devaient pas s’étonner que ce soit au détriment de leur foi.

Cependant l’apôtre ne se limite pas à un avertissement, mais termine ce court paragraphe par l’exhortation à se réveiller pour vivre justement et ne plus se rendre coupable de péché par de telles pensées et leurs conséquences charnelles. Il doit pourtant ajouter, à leur confusion, que quelques-uns parmi eux montraient déjà par là qu’ils étaient dans l’ignorance de la véritable nature de Dieu qui est lumière et amour. La vraie connaissance de Dieu n’est pas une affaire d’intelligence : seuls des cœurs et des consciences qui ont été amenés dans sa lumière connaissent réellement Dieu et peuvent croître dans cette connaissance (v. 34).


16.5 - Questions insensées et la réponse qui y est apportée (v. 35-41)

Dans la première partie de ce chapitre, Paul a présenté en détail la résurrection et ses résultats éternels (v. 1-11 ; 20-28) ; il a aussi réfuté les arguments de ceux qui nient cette vérité (v. 12-19 ; 29-34). Il expose maintenant ce qui se passera lors de la résurrection. Il répond d’abord à deux questions, qui avaient peut-être été pour quelques-uns un motif de refuser de croire à la résurrection : « Comment ressuscitent les morts, et avec quel corps reviennent-ils ? » (v. 35). Ce sont là des questions de l’intelligence humaine naturelle qui ne peut se représenter que ce qui s’accorde avec le cours du monde qui lui est familier. Une résurrection corporelle d’êtres humains qui sont morts depuis des siècles et dont les corps sont entièrement décomposés est inconcevable pour elle. Mais pour tous ceux qui croient en Celui qui est mort pour eux, qui comme prémices est ressuscité d’entre les morts, et a fait briller la vie et l’incorruptibilité, la résurrection est un objet d’espérance et de joie. La même folie qui dit : « Il n’y a point de Dieu », soulève aussi des questions incrédules de ce genre.

Dans les versets qui suivent, Paul s’arrête à peine sur la « manière » dont se déroulera la résurrection. Il explique bien qu’une transformation merveilleuse se produira, mais non de quelle manière Dieu fera sortir de la poussière les corps des croyants qui se sont « endormis en Jésus », ni comment l’âme, qui est présentement déjà auprès de Christ, sera de nouveau unie au corps. Mais il s’arrête de manière approfondie sur la question « avec quel corps », pour montrer la différence entre le corps terrestre et le corps céleste. Cette différence sera si immense que les paroles humaines peuvent à peine décrire la gloire future des croyants.

Il constate d’abord que la mort n’est pas la fin, mais qu’elle est en quelque sorte le prélude à la résurrection (v. 36). En disant : « ce que tu sèmes », il dirige nos regards sur la création visible, dans laquelle nous trouvons un « cours pratique » quant à la résurrection. Dans les versets 37 à 41, il explique au moyen d’exemples tirés de la nature l’immense différence qui existe entre le corps mortel du croyant et son corps de résurrection.

Le premier exemple est celui des semailles « de blé… ou d’une des autres semences » (v. 37). Le Seigneur Jésus s’était lui-même comparé au grain de blé qui doit tomber en terre et mourir pour porter beaucoup de fruit (Jean 12:24). Mais Paul utilise l’image du simple grain de blé qui après être semé doit être recouvert de terre, pour montrer qu’au bout d’un certain temps sort une plante toute différente du grain original. Et pourtant l’un provient de l’autre. Ainsi le corps de résurrection sera aussi très différent du corps mortel qui aura été déposé dans la terre. De même que le Dieu Créateur suscite de chaque grain de semence une autre plante, Il donnera aussi, lors de la résurrection, à chaque croyant son propre corps de gloire, et pourtant chacun garde son identité (v. 38) !

Paul considère ensuite les diverses créatures dans ce monde : l’homme, le bétail, les oiseaux et les poissons. Il est facile de reconnaître que leur chair n’est pas la même (v. 39). Est-il étonnant alors que dans le monde de la résurrection aussi, notre corps soit autre ? Le Seigneur Jésus pouvait dire à ses disciples après sa résurrection : « Un esprit n’a pas de la chair et des os, comme vous voyez que j’ai » (Luc 24:39), tandis que, en devenant homme, il a participé au sang et à la chair (Héb. 2:14). Il existe également d’immenses différences entre les corps des êtres humains sur la terre, et les corps célestes, eux aussi créés, et même les divers corps célestes tels que le soleil, la lune et les étoiles diffèrent beaucoup les uns des autres en gloire (v. 40-41). Par cela, l’apôtre ne veut pas indiquer des différences entre les croyants dans la gloire de la résurrection, mais montrer l’immense différence entre le corps terrestre et le corps de résurrection des croyants.


16.6 - Faiblesse et puissance (v. 42-50)

Au verset 42, Paul applique à la résurrection les exemples tirés de la création visible : « Il en est de même aussi de la résurrection des morts ». La mise en terre d’un enfant de Dieu décédé ne signifie pas la fin où toute espérance serait ensevelie et où le deuil assombrirait tout ; ce sont au contraire les semailles d’une précieuse semence dans l’espérance vivante de la résurrection. Il est vrai que le corps naturel de celui qui est mort est caractérisé par la corruption, le déshonneur et la faiblesse, mais le moment vient où il sera ressuscité corps spirituel en incorruptibilité, en gloire et en puissance ; aussi réellement qu’il y a un corps naturel (proprement, animal), il y a également un corps spirituel, qui n’est plus asservi aux besoins naturels de la vie terrestre, mais dominé par l’esprit (v. 42-44).

Pour expliquer tout cela, Paul remonte au commencement, comme il le fait aussi dans d’autres passages (comp. Rom. 5:12-21 ; 1 Cor. 15:21-22). Il s’agit toutefois ici non pas du péché et de la mort, mais du caractère actuel de la vie. Selon Genèse 2:7, le premier homme, Adam, devint une âme vivante par le fait que Dieu souffla en lui la respiration de la vie naturelle. Tandis que Christ, le dernier Adam, a été « vivifié par l’Esprit » et « démontré Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté », lors de la résurrection d’entre les morts (1 Pier. 3:19 ; Rom. 1:4). Par là, il a aussi fait luire la vie et l’incorruptibilité et, comme Esprit vivifiant, Il les communique à tous ceux qui croient en Lui (v. 45 ; 2 Tim. 1:10). Lorsque, le jour de sa résurrection, Il est venu au milieu de ses disciples, « il souffla en eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » (Jean 20:22). Il s’agit ici non pas de l’Esprit Saint « comme Personne » (il n’est descendu que le jour de la Pentecôte), mais de « la vie en abondance » (Jean 10:10), cette vie en résurrection dans sa plénitude et caractérisée par Lui. Tout comme le premier homme reçut la vie naturelle par le souffle de Dieu, les disciples (et avec eux tous ceux qui croient au Seigneur Jésus) reçurent, une fois l’œuvre de la rédemption accomplie, la vie de résurrection par le souffle du dernier Adam. L’expression « le dernier Adam » implique qu’il n’y en aura plus d’autre après lui.

Selon le conseil éternel de Dieu, cependant, ce qui est naturel (ou animal) a précédé ce qui est spirituel (v. 46). Ce qui est périssable doit mourir et être « semé » dans la terre, pour ressusciter en vue d’une vie éternelle infiniment plus glorieuse. L’origine du premier homme est la terre, la poussière, celle du second homme, le ciel. De la même manière que tous les descendants d’Adam lui sont à cet égard semblables, de même ceux qui croient au Seigneur Jésus lui sont semblables, et cela déjà maintenant quant à leur nature, mais bientôt aussi quant à leur corps (v. 47-48). L’expression « le second homme » indique la différence fondamentale avec le premier homme. Dans les paroles qui suivent, à partir du moment de la résurrection, l’apôtre considère pour ainsi dire - de façon rétrospective - la vie terrestre, et dirige ses regards vers l’éternité (v. 49). Tant que nous vivons sur la terre, nous « portons » l’image de celui qui est poussière, c’est-à-dire du premier homme avec toutes ses faiblesses, mais lors de la résurrection, nous serons transformés « en la conformité du corps de sa gloire », pour être éternellement conformes à son image à Lui, qui cependant sera toujours « premier-né parmi beaucoup de frères » et l’objet de notre adoration (Phil. 3:21 ; Rom. 8:29).

L’apôtre Paul résume ce passage en disant : « Or j’affirme ceci, frères : la chair et le sang ne peuvent pas hériter du royaume de Dieu, et la corruption non plus n’hérite pas de l’incorruptibilité « (v. 50). Pour entrer dans la gloire céleste et éternelle du royaume de Dieu - il continuera d’exister, d’une autre manière, après le royaume millénaire (comp. 2 Pier. 1:11 ; Apoc. 22:5) -, il faut non seulement la nouvelle naissance (Jean 3:3, 5), mais aussi la transformation de notre corps. Alors que l’expression « la chair » désigne souvent dans la Parole de Dieu la nature pécheresse de l’homme, « la chair et le sang » sont les caractères spécifiques de l’homme dans sa fragilité (comp. Gal. 1: 16 ; Éph. 6:12 ; Héb. 2:14). Comme nous l’avons vu, notre corps mortel sera entièrement transformé lors de la résurrection pour pouvoir être introduit dans la sphère éternelle de l’incorruptibilité au-delà de la mort.


16.7 - Résurrection et transmutation (v. 51-58)

La résurrection des morts était déjà connue des croyants de l’Ancien Testament. Abraham était prêt à sacrifier son fils Isaac parce qu’il estimait « que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts » (même si ce n’était que pour la vie terrestre ; comp. Héb. 11:19) ; quant à Job, il regardait à la résurrection en vie éternelle (Job 19:25), et Daniel reçut à cet égard une révélation de Dieu (Dan. 12:2, 13). La résurrection en elle-même n’était donc plus un mystère pour les croyants d’alors, même s’ils ne savaient pas qu’à la venue du Seigneur, ils ressusciteraient d’entre les morts incrédules, et que ceux-ci ne seraient ressuscités qu’à la fin du règne millénaire pour leur condamnation éternelle (Apoc. 20:5, 11-15).

Le mystère dont Paul parle ici est la transformation des croyants vivants lors de la venue du Seigneur pour l’enlèvement des siens. Dans ce chapitre, qui traite de la résurrection de Christ et de ses rachetés, la communication concernant le sort des croyants encore en vie lors de sa prochaine venue, apporte donc un complément nécessaire qui clôt le sujet. Nous devons remarquer en outre que dans tout ce chapitre, l’apôtre ne va pas au-delà de la résurrection de ceux qui se sont endormis et de la transformation des vivants. Il ne dit pas un mot de leur enlèvement au ciel dans la maison du Père, qui suit immédiatement. Pour cela, nous avons l’enseignement de la première épître auxThessaloniciens (4:15-18).

Lorsque Paul dit : « Voici, je vous dis un mystère » (v. 51), cela signifie qu’il va révéler une chose jusqu’à présent cachée. Dès ce moment, pour ceux qui la connaissent et la comprennent, ce n’est plus un mystère. Le contenu de ce mystère désormais révélé consiste en ce que, lors de la venue du Seigneur, il y aura non seulement des croyants qui sont morts et qui, par conséquent, seront ressuscités en incorruptibilité et en gloire, mais également des croyants qui seront encore en vie. Ceux-ci ne peuvent pas avoir part à la résurrection, mais seront à ce moment-là transmués en tant que vivants et recevront de cette manière leur nouveau corps dont il a été parlé d’une manière détaillée dans les versets 35 à 50.

Ces deux actes, la résurrection des morts et la transmutation des vivants, auront lieu « en un instant, en un clin d’œil » (v. 52). Le signal sera donné par « la dernière trompette » appelée en 1 Thessaloniciens 4:16 « la trompette de Dieu ». Nous ne savons pas quand elle sonnera, mais le Seigneur Jésus a dit : « Je viens bientôt ». Cette trompette n’est cependant pas la septième trompette d’Apocalypse 11:15, comme beaucoup le pensent ; car celle-là annonce le dernier de sept jugements pénitentiaires de Dieu, qui auront été précédés par sept autres jugements (les sept sceaux). Quand elle retentira, les croyants seront depuis longtemps dans le ciel. Nous les voyons déjà en Apocalypse 4, sous la forme des vingt-quatre anciens assis devant Dieu sur leurs trônes et, au son de la septième trompette de jugement, tombant sur leur face pour l’adorer (4:4 ; 11:16). Comme déjà l’apôtre Paul qui s’inclut dans les versets 51 et 52, nous avons le privilège d’attendre à tout instant l’appel de notre Seigneur ; il se fera entendre avant « l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière » (Apoc. 3:10). S’il ne nous a pas encore recueillis auprès de Lui, c’est uniquement parce qu’Il est patient envers nous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance.

Dans les versets 53 et 54, l’apôtre revient encore une fois sur la nécessité divine de la transformation de notre corps, présentée d’une manière si approfondie dans les versets 42 à 50. Ce corruptible doit revêtir l’incorruptibilité et ce mortel doit revêtir l’immortalité. Par un déploiement de la puissance de Dieu en faveur de ses rachetés, presque inconcevable pour nous, la preuve définitive est donnée que la mort est défaite et vaincue. Selon le verdict de Dieu, la mort est le salaire du péché et aucun homme, depuis le péché originel, ne lui a échappé ; la mort est ainsi jusqu’à maintenant le vainqueur apparent sur toute vie humaine (Gen. 2:17 ; Rom. 6:23). L’aiguillon de la mort, c’est le péché, car il ne laisse aucun repos à la conscience des incrédules ; les commandements de Dieu sont la puissance qui caractérise le péché comme tel (v. 55-56). Mais le Seigneur Jésus, qui était sans péché, a pris volontairement sur Lui la mort, le salaire du péché, et Il a ainsi vaincu la mort et celui qui a le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable. Il a remporté la victoire ! Il a aussi fait briller la vie et l’incorruptibilité et délivré éternellement de leur misère, avant tout morale, tous ceux qui croient en lui (2 Tim. 1:10 ; Héb. 2:14). Le fait que « la mort a été engloutie en victoire » sera en outre manifesté d’une manière toute particulière en ce que, à la venue du Seigneur, tous les croyants qui seront alors en vie ne connaîtront plus du tout la mort, mais seront, comme vivants, transformés en la conformité du corps de sa gloire (Phil. 3:21). Malgré les apparences, le vainqueur n’est plus la mort, mais c’est Dieu, qui accorde à tous ceux qui croient en son Fils de partager sa victoire. Que son nom soit béni éternellement (v. 58) !

Paul est arrivé ainsi à la fin de ses révélations inspirées par le Saint Esprit concernant la résurrection et la transmutation des croyants lors de la venue du Seigneur. Nous ne sommes pas les plus misérables de tous les hommes (v. 19, 29-34), mais en contraste avec tous les autres, nous avons une espérance bienheureuse et vivante, qui va au-delà de la mort et sera bientôt accomplie. Notre vie n’est pas dénuée de sens et sans but, un fruit du hasard et le jouet des puissances terrestres, mais elle est une vie de foi, d’espérance et d’amour. C’est pourquoi nous pouvons nous encourager à demeurer attachés à la Parole de Dieu et à ses promesses d’une manière ferme, inébranlable, et à servir le Seigneur dans le vaste champ de son œuvre sur la terre. Quoique cela implique beaucoup de peine, nous savons que ce travail pour Lui et à son nom n’est pas en vain, mais qu’il est déjà maintenant pour Sa gloire et pour la bénédiction de ceux qui nous entourent. Et bientôt, devant son tribunal, il sera aussi pour notre récompense et notre joie !


17 - Ch. 16

L’apôtre termine sa première épître aux Corinthiens par diverses communications et salutations. Elles montrent que les grands problèmes présents dans cette assemblée n’ont en aucune manière affaibli son amour ni sa sollicitude pour eux. Les informations, partiellement très personnelles et particulières, contiennent des enseignements importants et fondamentaux de l’Esprit Saint.


17.1 - La collecte en faveur des saints en Judée (v. 1-4)

Paul donne d’abord des instructions concernant l’aide aux chrétiens à Jérusalem. Les paroles d’introduction : « Au sujet de la collecte qui se fait en faveur des saints… » et la mention de Jérusalem seulement au verset 3, montrent qu’il s’agissait d’une affaire déjà connue des Corinthiens (7:1 ; 8:1 ; 12:1).

Les croyants en Judée et à Jérusalem se trouvaient dans une situation difficile. Leur pays était sous la domination des Romains, et eux-mêmes étaient persécutés par leurs compatriotes juifs. De ce fait, ils se trouvaient dans une grande pénurie matérielle. Déjà en Actes 11:29, nous lisons que les croyants à Antioche étaient venus en aide aux frères et sœurs de Judée. Galates 2:10 mentionne aussi la nécessité d’assister les « pauvres ». Au cours de ses voyages, Paul recommandait aux assemblées de soutenir ces saints dans leurs besoins. Les assemblées de Macédoine avaient montré à ce sujet leur grande générosité (2 Cor. 8). Aux assemblées de Galatie, toutefois, Paul avait « ordonné » de mettre à part des collectes dans ce but, et il fallait faire de même à Corinthe (v. 1).

Afin de ne pas devoir procéder à la hâte à des collectes lors de l’arrivée de l’apôtre, les frères et sœurs à Corinthe devaient à l’avance chaque premier jour de la semaine mettre personnellement à part chez eux, selon leurs possibilités. La mention du premier jour de la semaine est digne d’attention. C’est le dimanche, le lendemain du sabbat, qui a reçu, par la résurrection du Seigneur Jésus d’entre les morts, une consécration particulière. Il a été tout de suite reconnu et honoré comme un jour caractéristique du christianisme (comp. Jean 20:19, 26). Dès le début, c’est ce jour-là, appelé aussi le « jour du Seigneur » ou la « journée dominicale » (Apoc. 1:10), qu’avait lieu la célébration de la cène. Le fait que, depuis quelques années, le lundi est adopté dans le calendrier comme premier jour de la semaine ne change rien à l’ordre biblique, selon lequel le samedi (« jour du sabbat ») est le dernier jour et le dimanche le premier jour.

La mise à part personnelle et la collecte devaient avoir lieu ce jour-là quand les croyants se réunissaient pour adorer à l’occasion de la cène du Seigneur. En Hébreux 13:15 et 16, la louange aussi bien que l’exercice de la bienfaisance sont désignés comme un « sacrifice » à Dieu (comp. Phil. 4:18). Nous pouvons aussi honorer le Seigneur par un juste emploi des biens terrestres qu’Il nous a confiés.

Il est vrai que l’apôtre ne déclare pas expressément ici que des collectes doivent avoir lieu lors des réunions le jour du Seigneur, mais les dernières paroles du verset 2 ne laissent guère la place à une autre conclusion : « …afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour faire des collectes ». Les dons devaient non seulement être mis à part personnellement chaque dimanche, mais aussi être récoltés régulièrement. Nous ne pensons pas nous tromper en admettant qu’il convient d’agir de la même manière pour rassembler les moyens nécessaires pour tous les autres besoins de l’œuvre du Seigneur. Il est à peine nécessaire de dire que chacun peut en outre apporter une aide tout à fait personnelle.

Les versets 3 et 4 traitent de l’administration des dons rassemblés. Paul ne mentionne que maintenant le lieu d’habitation des destinataires. Lui-même se proposait, lors de sa prochaine visite à Corinthe, de munir les frères désignés par les croyants d’une lettre d’accompagnement afin que ce don destiné aux saints à Jérusalem soit transmis en bonne et due forme. Comme on peut le déduire de 2 Corinthiens 8 et de Romains 15:25, ceci eut lieu après la rédaction de ces deux épîtres. Si cela était nécessaire, Paul accompagnerait lui-même ces frères. De Romains 15:25, il découle que tel fut le cas.


17.2 - Projets de voyage (v. 5-12)

En liaison avec cette importante mission, l’apôtre mentionne maintenant ses projets de voyage. D’Éphèse, où il se trouvait alors (voir v. 8), il se proposait de se rendre en Macédoine, puis de là à Corinthe. Il espérait y demeurer quelque temps, si le Seigneur le permettait. Cependant, cette visite a été retardée, à cause de la situation qui régnait là (2 Cor. 1:15 ; 2:1). Paul voulait d’abord rester à Éphèse, où le Seigneur lui avait ouvert « une porte grande et efficace » (v. 9). Qu’il y ait eu manifestement une forte opposition extérieure à la prédication de l’évangile n’était pas un empêchement pour lui. Nous apprenons ainsi que les difficultés extérieures ne sont pas une indication de la désapprobation du Seigneur, mais certainement aussi que l’absence extérieure de difficultés n’est pas nécessairement la preuve d’un chemin approuvé de Lui. La direction du Seigneur par son Esprit est en premier lieu une question d’un cœur exercé devant Lui à faire sa volonté, et cela d’une manière indépendante des circonstances extérieures. Que le Seigneur se serve de celles-ci est une autre affaire. Quant à la manière dont Il nous dirige, il n’y a pas de règles. Il veut que nous soyons continuellement dépendants de Lui.

Au chapitre 4 (v.17), Paul avait déjà mentionné que Timothée était en route vers Corinthe. D’après Actes 19:22, il voyageait avec Eraste vers la Macédoine. Il avait donc déjà quitté Éphèse, mais n’atteindrait Corinthe qu’après l’arrivée de la lettre. De même que Tite, qui arriva un peu plus tard à Corinthe (2 Cor. 7:6-7), Timothée devait apporter son aide aux croyants à Corinthe. Comme il était une âme sensible, quelque peu craintive, et de plus encore assez jeune, Paul exhorte les Corinthiens à ne pas le mépriser, afin qu’il puisse séjourner parmi eux sans crainte, et insiste en mentionnant le fait qu’il s’employait à l’œuvre du Seigneur comme lui-même (v. 10).

Apollos (v. 12) était venu à Corinthe peu de temps après la première visite de l’apôtre Paul et y avait été d’une grande aide pour les croyants (Act. 18:27 ; 19:1 ; 1 Cor. 3:6). Il ne faisait pas partie du groupe de collaborateurs de Paul et poursuivait son ministère de manière personnelle - toutefois nous avons vu en étudiant le chapitre 3 qu’il agissait sous la direction du même Seigneur et avec le même but. Il se trouvait alors bien à Éphèse. Dans sa grande préoccupation pour l’assemblée à Corinthe, Paul avait voulu le convaincre d’y faire aussi une visite, mais sans succès. Il n’avait pas catégoriquement refusé, mais il ne voyait pas son chemin d’y aller pour l’instant ; il irait plus tard seulement, quand il trouverait « l’occasion favorable ». Malgré son autorité apostolique, Paul n’avait pas fait pression sur ce frère, l’avait laissé libre d’agir dans la dépendance personnelle de leur commun Seigneur. Les frères mentionnés ici sont probablement les trois Corinthiens nommés au verset 17.


17.3 - Exhortations finales (v. 13-18)

La même sollicitude qui avait poussé l’apôtre à persuader Apollos de visiter l’assemblée à Corinthe l’incite semble-t-il maintenant à enchaîner immédiatement avec ces paroles : « Veillez, tenez ferme dans la foi ; comportez-vous en hommes, fortifiez-vous. Que tout parmi vous se fasse dans l’amour » (v. 13-14). Déjà au chapitre 15 (v. 58), il leur avait adressé une exhortation semblable, et maintenant, arrivé à la fin de sa longue lettre, il les appelle encore une fois à la vigilance vis-à-vis des ruses du diable, à la fermeté dans la foi et à l’énergie spirituelle, mais avant tout, à montrer l’amour pratiquement. Tout cela manquait aux Corinthiens si richement bénis et pourtant dans l’ensemble si charnels et faibles spirituellement.

Mais il y avait quelques exceptions. Paul mentionne d’abord la maison de Stéphanas, « les prémices de l’Achaïe » (v. 15). Cette famille était donc la première qui était venue à la foi au Seigneur Jésus dans cette région de la Grèce. Paul l’avait lui-même baptisée (1:16), et dès lors, non seulement Stéphanas, mais toute la famille s’était « vouée au service des saints ». Il n’est pas dit en quoi consistait ce service, mais les paroles du verset 18 - ils avaient réconforté l’esprit, non seulement de l’apôtre, mais aussi des Corinthiens - permettent d’en déduire toute la valeur (comp. Phm v. 7). Personne ne les avait appelés, nommés ou désignés pour ce service ; c’était simplement leur amour pour le Seigneur et pour les siens qui les y conduisait. Quel exemple pour nous ! De quelque nature qu’il soit, un tel service devrait être reçu avec reconnaissance et être reconnu par tous les frères et sœurs. Visiblement ce n’était pas le cas des Corinthiens. C’est pourquoi Paul en mentionne deux fois la nécessité (v. 16,18).

Tandis qu’une grande partie des croyants à Corinthe adoptait une attitude réservée envers Paul, Stéphanas s’était mis en route avec deux autres frères, Forunat et Achaïque, pour venir le visiter (v. 17). La joie ressentie compensait ce en quoi l’assemblée à Corinthe, en tant que telle, avait manqué. Ces frères, qui avaient réconforté non seulement l’apôtre, mais auparavant aussi les Corinthiens, devaient donc être reconnus (v. 18). Réconforter ou rafraîchir, ranimer, tel est un but précieux de tout service (comp. 2 Cor. 7:13 ; Phm v. 7, 20). Aucun don particulier n’est nécessaire pour cela, mais l’amour pour les frères et sœurs est indispensable. C’était donc un bel éloge que Paul exprimait à l’égard de ces trois frères, et un motif particulier de reconnaître de tels hommes.


17.4 - Salutations et exhortations finales (v.19-24)

Paul avait beaucoup travaillé dans cette province romaine d’Asie dont Éphèse était la capitale (comp. Act. 19:10 ; 20:31). Les assemblées établies dans cette région, transmettaient leurs salutations à l’assemblée à Corinthe par l’intermédiaire de l’apôtre (v. 19). Si même les noms des localités ne sont pas mentionnés, ces salutations expriment néanmoins l’unité et la communion des témoignages de Dieu sur la terre, ressenties de façon consciente. C’est d’une grande beauté !

Les époux Aquilas et Priscilla avaient habité quelque temps à Corinthe et y étaient donc bien connus des croyants (Act. 18:2) ; ils les font particulièrement saluer. Ce couple qui est cité six fois dans le Nouveau Testament, bien que toujours brièvement, servait le Seigneur avec beaucoup de dévouement (Act. 18:18, 26 ; Rom. 16:3 ; 2 Tim. 4:19). Il ne servait pas seulement les frères qui travaillaient dans l’œuvre du Seigneur, mais il mettait aussi sa demeure à la disposition de l’assemblée, aussi bien à Éphèse que plus tard à Rome (Rom. 16:3-5). Les salutations mentionnées ici expriment l’amour pour les saints.

« Tous les frères » se joignaient aux salutations de l’apôtre (v. 20). Ce sont assurément les frères qui voyageaient et servaient avec Paul, qui exprimaient ainsi leur affection (comp. Act. 19:22). Le « saint baiser » auquel les Corinthiens sont invités, provient du profond désir de Paul de voir les Corinthiens manifester un amour vrai les uns envers les autres, mais aussi la sainteté dans la vie de tous les jours et entre eux, deux choses qui leur manquaient tellement.

Paul n’écrivait habituellement pas lui-même ses lettres, mais les dictait à un frère qui l’accompagnait et lui servait de « secrétaire » (comp. Rom. 16:22). Ce n’est que pour les Galates qu’il fit une exception. En signe d’authenticité, il ajoutait normalement à la fin une salutation de sa propre main (comp. 2 Thes. 3:17). Tel est le cas ici (v. 21).

Il ajoute cependant encore deux pensées importantes et solennelles : « Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus Christ, qu’il soit anathème » (v. 22). Celui qui refuse l’amour du Seigneur demeure pour l’éternité sous la malédiction de Dieu. Peut-être Paul pense-t-il là à ceux qui, à Corinthe, n’étaient chrétiens que de profession ?

La seconde pensée est de nature plus douce : « Maranatha ! » Il s’agit en fait de deux mots araméens qui signifient : « Notre Seigneur est venu » (Maran atha) ou : « Notre Seigneur, viens » (Maran tha). La seconde traduction est probablement préférable (comp. Apoc. 22:20). Il semble que cette fervente exclamation était si répandue parmi les chrétiens d’origine juive qu’elle était aussi comprise des chrétiens d’entre les nations. Pensons simplement à des expressions aussi connues que « Amen » ou « Alléluia » qui sont tirées de l’hébreu. Mais avec quelle rapidité a disparu l’espérance du retour du Seigneur, dont Paul a parlé d’une manière si saisissante au chapitre 15 ! Il y a près de deux cents ans, le Saint Esprit a de nouveau placé le retour du Seigneur devant le cœur des croyants - mais qu’en est-il aujourd’hui ? Appelons-nous aussi de tout notre cœur comme Paul : « Maranatha » ?

L’apôtre Paul termine cette épître aux Corinthiens avec le souhait que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec eux. Ils avaient appris à connaître cette grâce alors qu’ils étaient des pécheurs, ils étaient maintenant dans cette grâce, mais combien elle leur faisait défaut dans leur vie de foi pratique ! Paul a dû leur adresser beaucoup de paroles sévères. C’était cependant des paroles de grâce, bien que « assaisonnées de sel » (Col. 4:6). Son amour pour eux demeurait inchangé, même si, comme il l’écrivit plus tard, en les aimant plus, il devait être moins aimé (2 Cor. 12:15). Son désir est qu’ils demeurent conscients de son amour pour eux, et il termine par conséquent son épître par ces paroles : « Mon amour est avec vous tous dans le Christ Jésus. Amen ».