Arend Remmers
[Texte paru partiellement dans le ME, mais complété en suivant l’original allemand]
Tables des matières : par grandes sections / par chapitres / complète détaillée
Table des matières par grandes sections :
2 - Juda et Jérusalem — Ésaïe 1 à 12
3 - Dix oracles concernant les Nations — Ésaïe 13 à 23
4 - L’achèvement — Ésaïe 24 à 27
5 - Les six « Malheurs » — Ésaïe 28 à 33
6 - Ésaïe 34 à 35 — Jugement et bénédiction
8 - Ésaïe 40 à 66 — Deuxième grande Partie : évolution intérieure d’Israël
Table des matières par chapitres : (autres : Tables par grandes sections / complète détaillée)
1.2 - Ce que le livre d’Ésaïe a en vue
2 - Juda et Jérusalem — Ésaïe 1 à 12
2.1 - Sujets d’accusation de Dieu contre Juda et Jérusalem
2.3 - Jugement et gloire de Sion
2.4 - Le Seigneur juge Son peuple — Ésaïe 5
2.5 - La mission difficile d’Ésaïe — Ésaïe 6
2.6 - Tribulation et Promesse — Ésaïe 7
2.7 - L’attaque de l’Assyrien — Ésaïe 8
2.8 - Espérance et avertissement pour Israël — Ésaïe 9 à 10:4
2.9 - L’Assyrie : verge (= châtiment) de Dieu — Ésaïe 10:5 à 10:34
2.10 - Le règne millénaire — Ésaïe 11 et 12
3 - Dix oracles concernant les Nations — Ésaïe 13 à 23
3.1 - Oracles sur Babel et la Philistie
3.2 - L’Assyrie abattue — Ésaïe 14:24-27
3.3 - Oracle touchant la Philistie — Ésaïe 14: 28-32
3.4 - L’oracle touchant Moab — Ésaïe 15 et 16
3.5 - L’oracle touchant Damas — Ésaïe 17
3.6 - Le retour d’Israël — Ésaïe 18
3.7 - L’oracle touchant l’Égypte — Ésaïe 19 et 20
3.8 - L’oracle touchant le désert de la mer, Duma et l’Arabie — Ésaïe 21
3.9 - L’oracle touchant la vallée de vision — Ésaïe 22
3.10 - Oracle sur Tyr — Ésaïe 23
4 - L’achèvement — Ésaïe 24 à 27
4.1 - Jugement sur toute la création
4.2 - Le cantique de louange d’Israël — Ésaïe 25
4.3 - Le cantique de la délivrance de Juda — Ésaïe 26
5 - Les six « Malheurs » — Ésaïe 28 à 33
5.1 - « Malheur » sur Éphraïm — Ésaïe 28
5.2 - « Malheur(s) » sur Jérusalem ET sur ceux qui méprisent Dieu — Ésaïe 29
5.3 - « Malheur » sur l’alliance avec l’Égypte ! — Ésaïe 30:1-26
5.4 - « Malheur » sur la confiance en l’homme — Ésaïe 31
5.5 - Aperçu du règne de paix — Ésaïe 32
5.6 - Ésaïe 33 — « Malheur » sur l’Assyrien
6 - Ésaïe 34 à 35 — Jugement et bénédiction
6.1 - Jugement sur Édom et ses alliés — Ésaïe 34
6.2 - La bénédiction du règne de paix — Ésaïe 35
7.1 - L’attaque et la défaite de l’Assyrien — Ésaïe 36 et 37
7.2 - Maladie et guérison d’Ézéchias — Ésaïe 38
7.3 - Défaillance d’Ézéchias et annonce du jugement — Ésaïe 39
8 - Ésaïe 40 à 66 — Deuxième grande Partie : évolution intérieure d’Israël
8.1 - L’Éternel exauce Son peuple — Ésaïe 40 à 48
8.2 - La consolation d’Israël — Ésaïe 40
8.3 - Israël, le serviteur de l’Éternel — Ésaïe 41
8.4 - Le vrai Serviteur de l’Éternel et Son peuple — Ésaïe 42
8.5 - Le pardon de Dieu — Ésaïe 43
8.6 - L’Éternel encourage Son peuple — Ésaïe 44
8.7 - L’Éternel annonce la délivrance — Ésaïe 45
8.8 - La chute de Babylone — Ésaïe 46 et 47
8.9 - L’amour de Dieu envers un peuple rebelle — Ésaïe 48
8.10 - Rejet et Souffrances du Serviteur de l’Éternel — Ésaïe 49-57
8.11 - Le Serviteur de l’Éternel — Ésaïe 49 à 50
8.12 - Le réveil du Résidu — Ésaïe 51:1 à 52:12
8.13 - Il a porté le péché de plusieurs Ésaïe 52:13 à 53:12
8.14 - L’avenir de Jérusalem — Ésaïe 54
8.15 - Grâce pour tous les hommes — Ésaïe 55
8.16 - Les rejetés sont reçus — Ésaïe 56
8.17 - Victoire de la grâce sur l’infidélité et l’idolâtrie — Ésaïe 57
8.18 - Restauration et gloire d’Israël — Ésaïe 58 à 66
8.19 - Les dernières communications du prophète — Ésaïe 63 à 66
Table des matières complète détaillée : (autres tables : par grandes sections / par chapitres)
1.2 - Ce que le livre d’Ésaïe a en vue
2 - Juda et Jérusalem — Ésaïe 1 à 12
2.1 - Sujets d’accusation de Dieu contre Juda et Jérusalem
2.1.1 - Les doléances de l’Éternel — Ésaïe 1:1-8
2.1.2 - Ch. 1:9 — Un faible écho
2.1.3 - Ch.1:10-15 — Un service de Dieu répugnant
2.1.4 - Ch. 1:16-20 — Un appel au cœur et à la conscience
2.1.5 - Ch. 1:21-31 — La purification par le jugement
2.2.1 - Ch. 2:1-4 — La Seigneurie du Seigneur
2.2.2 - Ch. 2:5-9 — L’état du peuple
2.2.3 - Ch. 2:10-22 — Le jour de l’Éternel
2.3 - Jugement et gloire de Sion
2.3.1 - Ch. 3:1-15 — Les péchés des conducteurs et du peuple
2.3.2 - Ch. 3:16 à 4:1 — Les péchés et la misère des femmes
2.3.3 - Ch. 4:2-6 — Sanctification et bénédiction futures du peuple
2.4 - Le Seigneur juge Son peuple — Ésaïe 5
2.4.1 - « Un cantique de mon bien-aimé, sur sa vigne »
2.4.2 - Les six « Malheur à ceux qui… ! »
2.5 - La mission difficile d’Ésaïe — Ésaïe 6
2.5.1 - Le prophète voit l’Éternel des armées
2.5.2 - La mission du prophète
2.6 - Tribulation et Promesse — Ésaïe 7
2.6.1 - Ch. 7:1-9 — La détresse
2.6.2 - Ch. 7:10-16 — La promesse
2.6.3 - Ch. 7:17-25 — Le pays est dévasté
2.7 - L’attaque de l’Assyrien — Ésaïe 8
2.7.1 - Ch. 8:1-4 — Jugement sur Damas et Samarie
2.7.2 - Ch. 8:5-10 — L’assyrien dans le pays d’Emmanuel
2.7.3 - Ch. 8:11-20 — Le Résidu
2.7.4 - Ch. 8:21-22 — Détresse et Ténèbres
2.8 - Espérance et avertissement pour Israël — Ésaïe 9 à 10:4
2.8.1 - Chapitre. 9:1-7 — La lumière du salut
2.8.1.1 - Lumière dans l’obscurité
2.8.1.2 - Un enfant nous est né, un fils nous a été donné
2.8.2 - La main de l’Éternel étendue — Ésaïe 9:8 à 10:4
2.9 - L’Assyrie : verge (= châtiment) de Dieu — Ésaïe 10:5 à 10:34
2.9.4 - Ch. 10:5-11 — L’attaque de l’Assyrien
2.9.5 - Ch. 10:12-19 — Le jugement sur l’Assyrien
2.9.6 - Ch. 10:20-27 — Shéar-Jashub
2.9.7 - Ch. 10:28-34 — La fin de l’Assyrien
2.10 - Le règne millénaire — Ésaïe 11 et 12
2.10.1 - Le Germe — Ésaïe 11:1, 2
2.10.2 - Son règne — Ésaïe 11:3-5
2.10.3 - Le règne de paix — Ésaïe 11:6-10
2.10.4 - Le rassemblement d’Israël — Ésaïe 11:11-16
2.10.5 - Chant de louange — Ésaïe 12
3 - Dix oracles concernant les Nations — Ésaïe 13 à 23
3.1 - Oracles sur Babel et la Philistie
3.1.2 - Babel dans l’Ancien Testament
3.1.4 - Babylone dans le Nouveau Testament
3.1.5 - Dieu appelle au jugement sur Babylone — Ésaïe 13:1-8
3.1.6 - Le jour de l’ardeur de la colère de l’Éternel — Ésaïe 13:9 à 16
3.1.7 - Les Mèdes font la conquête de Babylone — Ésaïe 13:17à 22
3.1.8 - Compassion pour Jacob — Ésaïe 14:1-2
3.1.9 - Jugement sur le roi de Babylone — Ésaïe 14:3-23
3.2 - L’Assyrie abattue — Ésaïe 14:24-27
3.3 - Oracle touchant la Philistie — Ésaïe 14: 28-32
3.4 - L’oracle touchant Moab — Ésaïe 15 et 16
3.4.2 - Jugement sur Moab — Ésaïe 15:1-9
3.4.3 - Moab et Juda — Ésaïe 16:1-5
3.4.4 - L’orgueil de Moab puni — Ésaïe 16:6-14
3.5 - L’oracle touchant Damas — Ésaïe 17
3.5.1 - Damas et Éphraïm — Ésaïe 17:1-3
3.5.2 - Le Résidu des dix tribus — Ésaïe 17:4-11
3.5.3 - Le tumulte des peuples — Ésaïe 17: 12-14
3.6 - Le retour d’Israël — Ésaïe 18
3.7 - L’oracle touchant l’Égypte — Ésaïe 19 et 20
3.7.1 - Jugement sur l’Égypte — 19:1-15
3.7.2 - L’Égypte et le peuple de Dieu — 19:16-25 (six fois « en ce jour-là »
3.7.3 - La confiance en l’Égypte est de la folie — 20:1-6
3.8 - L’oracle touchant le désert de la mer, Duma et l’Arabie — Ésaïe 21
3.8.1 - Jugement sur Babel (ancien nom de Babylone) — 21:1-10
3.8.2 - Jugement sur Édom — 21:11-12
3.8.3 - Jugement sur l’Arabie — 21:13-17
3.9 - L’oracle touchant la vallée de vision — Ésaïe 22
3.9.1 - Chute de Jérusalem — 22:1-14
3.9.2 - Shebna et Éliakim : Christ et l’Antichrist — Ésaïe 22:15-25
3.9.2.3 - La fin de l’Antichrist
3.10 - Oracle sur Tyr — Ésaïe 23
3.10.1 - Jugement sur Tyr — 23:1-7
3.10.2 - Le Seigneur juge — 23:8-14
3.10.3 - Rétablissement de Tyr — 23:15-18
4 - L’achèvement — Ésaïe 24 à 27
4.1 - Jugement sur toute la création
4.1.1 - Le peuple de Dieu — ch. 24:1-12
4.1.2 - La Terre — ch. 24:13-20
4.1.3 - Le Seigneur règne — ch. 24:21-23
4.2 - Le cantique de louange d’Israël — Ésaïe 25
4.2.1 - Un cantique de louange — Ésaïe 25:1-5
4.2.2 - Dieu est vainqueur — Ésaïe 25:6-12
4.3 - Le cantique de la délivrance de Juda — Ésaïe 26
4.3.1 - La fidélité et la grâce de Dieu — Ésaïe 26:1-6
4.3.2 - Expériences dans le jugement de Dieu — Ésaïe 26:7-21
4.4.1 - La puissance de Satan brisée — Ésaïe 27:1
4.4.2 - La vigne renouvelée — Ésaïe 27:2-5
4.4.3 - Israël et ses ennemis — Ésaïe 27:6-11
4.4.4 - Retour d’Israël dans le pays — Ésaïe 27:12-13
5 - Les six « Malheurs » — Ésaïe 28 à 33
5.1 - « Malheur » sur Éphraïm — Ésaïe 28
5.1.1 - L’avertissement de Dieu — Ésaïe 28:1-13
5.1.2 - Une alliance avec la mort — Ésaïe 28:14-22
5.1.3 - Une comparaison — Ésaïe 28:23-29
5.2 - « Malheur(s) » sur Jérusalem ET sur ceux qui méprisent Dieu — Ésaïe 29
5.2.1 - Dernière attaque et fin de l’Assyrien — Ésaïe 29:1-8
5.2.2 - Aveuglement spirituel — Ésaïe 29:9-14
5.2.3 - « Malheur » sur le peuple — Ésaïe 29:15-16
5.2.4 - La conversion de Juda — Ésaïe 29:17-24
5.3 - « Malheur » sur l’alliance avec l’Égypte ! — Ésaïe 30:1-26
5.3.1 - Des fils rebelles — Ésaïe 30:1-18
5.3.1.2 - La sentence de Dieu — Ésaïe 30:6, 7
5.3.1.3 - La volonté propre et ses conséquences — Ésaïe 30:8-14
5.3.1.4 - Un sérieux avertissement — Ésaïe 30:15-18
5.3.2 - La miséricorde envers Sion — Ésaïe 30:19-26
5.3.3 - La ruine de l’Assyrien — Ésaïe Ésaïe 30:27-33
5.4 - « Malheur » sur la confiance en l’homme — Ésaïe 31
5.4.1 - Aucune aide de la part de l’Égypte — Ésaïe 31:1-3
5.4.2 - L’Éternel et l’Assyrien — Ésaïe 31:4-9
5.5 - Aperçu du règne de paix — Ésaïe 32
5.5.1 - Le gouvernement juste de Christ (ou : règne en justice) — Ésaïe 32:1-8
5.5.2 - Un avertissement — Ésaïe 32:9-14
5.5.3 - La bénédiction du Millénium — Ésaïe 32:15-20
5.5.3.1 - Ésaïe 32:15 — le Saint Esprit répandu
5.6 - Ésaïe 33 — « Malheur » sur l’Assyrien
5.6.1 - Le ravageur est ravagé — Ésaïe 33:1-13
5.6.2 - Un coup d’œil sur le Millénium — Ésaïe 33:14-24
5.6.2.3 - Ésaïe 33:17, 22 — Voir le Roi dans Sa beauté
6 - Ésaïe 34 à 35 — Jugement et bénédiction
6.1 - Jugement sur Édom et ses alliés — Ésaïe 34
6.1.2 - Édom est anéanti — Ésaïe 34:1-17
6.2 - La bénédiction du règne de paix — Ésaïe 35
6.2.1 - Le pays d’Israël dans le règne millénaire — Ésaïe 35:1-7
6.2.2 - Le peuple d’Israël dans le règne millénaire — Ésaïe 35:8-10
7.1 - L’attaque et la défaite de l’Assyrien — Ésaïe 36 et 37
7.1.2 - Le défi du Rab-Shaké — Ésaïe 36:1-20
7.1.3 - Attaques contre Ézéchias
7.1.5 - La réponse — Ésaïe 36:21 à 37:7
7.1.6 - La réaction d’Ézéchias
7.1.8 - La lettre de Sankhérib — Ésaïe 37:8-13
7.1.10 - La réponse de Dieu — Ésaïe 37:14-38
7.2 - Maladie et guérison d’Ézéchias — Ésaïe 38
7.2.1 - Le verdict divin et la supplication d’Ézéchias — Ésaïe 38:1-3
7.2.2 - La grâce de Dieu — Ésaïe 38:4-8
7.2.3 - Le cantique d’Ézéchias — Ésaïe 38:9-22
7.2.3.1 - La complainte — Ésaïe 38:10-14
7.2.3.2 - La reconnaissance — Ésaïe 38:15-20
7.3 - Défaillance d’Ézéchias et annonce du jugement — Ésaïe 39
7.3.1 - La délégation de Babylone — Ésaïe 39:1-2
7.3.2 - L’annonce faite par Ésaïe — Ésaïe 39:3-8
8 - Ésaïe 40 à 66 — Deuxième grande Partie : évolution intérieure d’Israël
8.1 - L’Éternel exauce Son peuple — Ésaïe 40 à 48
8.2 - La consolation d’Israël — Ésaïe 40
8.2.1 - La grâce de Dieu — Ésaïe 40:1-11
8.2.1.1 - Consolez, consolez mon peuple — Ésaïe 40:1, 2
8.2.1.2 - Jean le baptiseur — Ésaïe 40:3, 4
8.2.1.3 - L’apparition de Christ — Ésaïe 40:5
8.2.1.4 - L’homme et la parole de Dieu — Ésaïe 40:6-8
8.2.1.5 - La venue du Messie — Ésaïe 40:9-11
8.2.2 - La grandeur de Dieu — Ésaïe 40:12-31
8.2.2.1 - Sa grandeur comme Créateur — Ésaïe 40:12-17
8.2.2.2 - Un Dieu incomparable — Ésaïe 40:18-26
8.2.2.3 - Ses soins envers Israël — Ésaïe 40:27-31
8.3 - Israël, le serviteur de l’Éternel — Ésaïe 41
8.3.1 - L’Éternel et les nations — Ésaïe 41:1-7
8.3.2 - L’Éternel et son peuple Israël — Ésaïe 41:8-20
8.3.2.1 - « Ne crains point » — Ésaïe 41:8-14
8.3.2.2 - Le jugement — Ésaïe 41:15, 16
8.3.2.3 - La bénédiction — Ésaïe 41:17-20
8.3.3 - L’Éternel et les vaines idoles — Ésaïe 41:21-29
8.3.3.1 - La sentence — Ésaïe 41:21-24
8.3.3.2 - La manière d’agir de Dieu — Ésaïe 41:25-29
8.4 - Le vrai Serviteur de l’Éternel et Son peuple — Ésaïe 42
8.4.1 - L’élu de l’Éternel — Ésaïe 42:1-4
8.4.2 - Sa mission — Ésaïe 42:5-9
8.4.3 - Le triomphe de Dieu — Ésaïe 42:10-17
8.4.4 - L’aveuglement d’Israël — Ésaïe 42:18-25
8.5 - Le pardon de Dieu — Ésaïe 43
8.5.1 - La promesse du retour d’Israël — Ésaïe 43:1-7
8.5.2 - Israël comme témoin de Dieu — Ésaïe 43:8-13
8.5.3 - Une chose nouvelle va germer — Ésaïe 43:14-21
8.5.4 - La grâce de Dieu imméritée — Ésaïe 43:22-28
8.6 - L’Éternel encourage Son peuple — Ésaïe 44
8.6.1 - Les promesses de Dieu — Ésaïe 44:1-8
8.6.2 - Dieu se moque de l’idolâtrie — Ésaïe 44:9-20
8.6.3 - Rédemption — Ésaïe 44:21-28
8.7 - L’Éternel annonce la délivrance — Ésaïe 45
8.7.1 - Cyrus, instrument de Dieu — Ésaïe 45:1-7
8.7.2 - La souveraineté de Dieu — Ésaïe 45:8-13
8.7.3 - Le Sauveur d’Israël et du monde — Ésaïe 45:14-25
8.8 - La chute de Babylone — Ésaïe 46 et 47
8.8.1 - L’impuissance des idoles et la toute-puissance de Dieu — Ésaïe 46
8.8.2 - La chute de Babylone — Ésaïe 47
8.9 - L’amour de Dieu envers un peuple rebelle — Ésaïe 48
8.9.1 - Grâce imméritée — Ésaïe 48:1-11
8.9.2 - La rédemption — Ésaïe 48:12-22
8.10 - Rejet et Souffrances du Serviteur de l’Éternel — Ésaïe 49-57
8.11 - Le Serviteur de l’Éternel — Ésaïe 49 à 50
8.11.1 - Le Serviteur rejeté. « Une lumière des nations » — Ésaïe 49:1-6
8.11.2 - Le Serviteur rejeté. « Une alliance du peuple » — Ésaïe 49:7-13
8.11.3 - L’Éternel ramène son peuple — Ésaïe 49:14-26
8.11.4 - La puissance de Dieu pour délivrer — Ésaïe 50:1-3
8.11.5 - Le Serviteur dépendant — Ésaïe 50:4-9
8.11.6 - Un appel aux Juifs — Ésaïe 50:10-11
8.12 - Le réveil du Résidu — Ésaïe 51:1 à 52:12
8.12.1 - Encouragement au résidu — Ésaïe 51:1-3
8.12.2 - Annonce de la délivrance — Ésaïe 51:4-6
8.12.3 - Consolation pour le peuple de Dieu — Ésaïe 51:7-8
8.12.4 - Prière et encouragement — Ésaïe 51:9-16
8.12.5 - La délivrance de Jérusalem — Ésaïe 51:17-23
8.12.6 - L’Éternel à Sion — Ésaïe 52:1-10
8.12.7 - « Sortez ! » — Ésaïe 52:11, 12
8.13 - Il a porté le péché de plusieurs Ésaïe 52:13 à 53:12
8.13.1 - Élévation du Serviteur de l’Éternel — Ésaïe 52:13-15
8.13.2 - Souffrances et mépris — Ésaïe 53:1-3
8.13.3 - Repentance et conversion du peuple — Ésaïe 53:4-6
8.13.4 - L’agneau de Dieu — Ésaïe 53:7-9
8.13.5 - Le conseil de Dieu — Ésaïe 53:10-12
8.14 - L’avenir de Jérusalem — Ésaïe 54
8.14.1 - La restauration d’Israël — Ésaïe 54:1-10
8.14.3 - Paix et justice — Ésaïe 54:11-17
8.15 - Grâce pour tous les hommes — Ésaïe 55
8.15.1 - L’invitation — Ésaïe 55:1-3
8.15.2 - Christ, le Souverain — Ésaïe 55:4-5
8.15.3 - Le retour à Dieu — Ésaïe 55:6-13
8.16 - Les rejetés sont reçus — Ésaïe 56
8.16.1 - Marche dans la crainte de Dieu — Ésaïe 56:1-8
8.16.2 - La méchanceté des conducteurs — Ésaïe 56:9-12
8.17 - Victoire de la grâce sur l’infidélité et l’idolâtrie — Ésaïe 57
8.17.1 - Renouveau de l’idolâtrie au temps de la fin — Ésaïe 57:1-14
8.17.2 - La promesse du pardon — Ésaïe 57:15-21
8.18 - Restauration et gloire d’Israël — Ésaïe 58 à 66
8.18.1 - Accusation contre Juda : Piété extérieure ou piété réelle — Ésaïe 58
8.18.1.1 - Une piété hypocrite — Ésaïe 58:1-5
8.18.1.2 - La vraie piété et ses conséquences — Ésaïe 58:6-14
8.18.2 - Conversion et délivrance du peuple de Dieu au temps de la fin — Ésaïe 59
8.18.2.1 - Les péchés de Juda — Ésaïe 59:1-8
8.18.2.2 - La confession de Juda — Ésaïe 59:9-15
8.18.2.3 - La délivrance de Juda — Ésaïe 59:16-21
8.18.3 - La gloire de Sion dans le Millénium — Ésaïe 60
8.18.3.1 - La gloire de l’Éternel — Ésaïe 60:1-7
8.18.3.2 - Sion comme centre — Ésaïe 60:8-14
8.18.3.3 - Bénédiction pour Sion — Ésaïe 60:15-22
8.18.4 - Sion et la nouvelle Jérusalem en Apoc. 21
8.18.5 - Le Messie et son peuple — Ésaïe 61
8.18.6 - Le ministère du Messie — Ésaïe 61:1-3
8.18.6.1 - Les bénédictions d’Israël — Ésaïe 61:4-9
8.18.6.2 - Le cantique de louanges d’Israël — Ésaïe 61:10, 11
8.18.7 - La gloire de Sion — Ésaïe 62
8.18.7.1 - Plus jamais abandonnée — Ésaïe 62:1-5
8.18.7.2 - Les gardiens de Jérusalem — Ésaïe 62:6-9
8.18.7.3 - Le chemin est frayé — Ésaïe 62:10-12
8.19 - Les dernières communications du prophète — Ésaïe 63 à 66
8.19.1 - Jugement sur Édom — Ésaïe 63:1-6
8.19.2 - Prière du résidu — Ésaïe 63:7 à 64:12
8.19.2.1 - Rappel des délivrances d’autrefois — Ésaïe 63:7-14
8.19.2.2 - Supplication à Dieu de manifester sa puissance — Ésaïe 63:15 à 64:5
8.19.2.3 - Confession et supplication pour demander le pardon — Ésaïe 64:6-12
8.19.3 - Digression : Emplacement historique de la prière
8.19.4 - La réponse de Dieu — Ésaïe 65 et 66
8.19.4.1 - Le Dieu de grâce — Ésaïe 65:1, 2
8.19.4.2 - Jugement exercé sur les rebelles — Ésaïe 65:3-7
8.19.4.3 - Le résidu et le peuple apostat — Ésaïe 65:8-16
8.19.4.4 - La création renouvelée — Ésaïe 65:17-25
8.19.4.5 - La gloire de l’Éternel — Ésaïe 66:1-6
8.19.4.6 - L’Éternel reçoit son peuple — Ésaïe 66:7-14
8.19.4.7 - Jugement sur toute chair — Ésaïe 66:15-17
8.19.4.8 - Puissance et gloire de l’Éternel — Ésaïe 66:18-24
Selon l’ancienne tradition juive, Ésaïe (« l’Éternel est salut »), fils d’Amots, était fils d’un frère du roi Amatsia. Ésaïe avait accès assez librement à la cour du roi à Jérusalem (Ésaïe 7:3; 38:1; 39:3). Il se maria et eut deux fils ; l’un s’appelant Shéar-Jashub (en hébreu : « un résidu reviendra »), l’autre Maher-Shalal-Hash-Baz (en hébreu : « le pillage se hâte, le butin arrive bientôt »).
Sa prophétie concerne essentiellement le royaume de Juda avec ses deux tribus, dont la capitale est Jérusalem et qui se trouve au sud du pays de Canaan. Le peuple d’Israël était déjà divisé en deux royaumes depuis l’avènement de Roboam ; et le royaume des dix tribus au Nord fut emmené en captivité en Assyrie, à cause de son idolâtrie, au cours du ministère d’Ésaïe en l’an 721 av. J-C. Les rois de Juda durant le règne desquels Ésaïe exerça son ministère, furent Ozias (ou Azaria), qui régna de 791 à 740 environ av. J-C., Jotham (de 750 à 732 environ, ou 751 à 735), Achaz (environ 742 à 746 ou 735 à 716) et Ézéchias (environ de 726 à 697 ou 716 à 687). Les règnes de ces rois se recouvrent partiellement.
Certes dans le royaume de Juda, l’apostasie vis-à-vis de Dieu n’était pas aussi avancée qu’en Israël, parce que des rois fidèles y régnaient encore, tels que Josaphat, Jotham et Ézéchias, mais il y avait aussi beaucoup de mal. Ozias, au faîte de sa puissance, agit avec infidélité envers Dieu, et Achaz se livra à l’idolâtrie comme les rois d’Israël. Le temps où Ésaïe vécut et par conséquent exerça son ministère, fut un temps difficile. Le royaume de Juda subit des assauts de l’extérieur de la part d’Édom, des Syriens et des Philistins. Les rois impies du royaume du Nord s’allièrent avec les Syriens et attaquèrent Juda à de multiples reprises (2 Rois 15:37; 16:5-6; 2 Chr. 28:5-6). Au lieu de se confier en L’Éternel, les rois de Juda cherchèrent du secours auprès de l’Assyrie (2 Rois 16:7; 2 Chr. 28:16), sans obtenir pourtant aucune aide réelle (2 Chr. 28:20; 32:1). Ésaïe connut de son vivant l’alliance du royaume du Nord avec l’Égypte contre l’Assyrie, qui se termina par la défaite, puis la captivité en Assyrie en l’an 721 av. J-C. (2 Rois 17).
Lorsque Juda fut menacé sous Ézéchias par la grande puissance assyrienne, l’Éternel leur vint en aide (2 Rois 18:7; 2 Chr. 32), mais peu après, Ésaïe dut condamner l’alliance avec Babylone, l’autre grande puissance, et annoncer que 100 ans plus tard aurait lieu la captivité babylonienne du royaume de Juda, les deux tribus (2 Rois 18, 7; 20:12-19).
Les sujets des prophéties d’Ésaïe se rapportent tout d’abord au peuple de Dieu, et aux grandes puissances de l’époque, à savoir l’Assyrie, Babylone et l’Égypte, mais aussi aux peuples plus petits des alentours.
Mais le contenu et la portée de la prophétie du livre d’Ésaïe ne s’arrêtent pas là. Son sujet principal est le Messie, le roi d’Israël envoyé de Dieu, mais qui est aussi le Roi du monde entier, le Seigneur Jésus. Ésaïe indique Sa naissance d’une vierge (7:14), le fait qu’Il est Fils de Dieu (9:6), Ses souffrances et Sa mort pour des hommes pécheurs et perdus (ch.53), Son apparition en jugement au « jour du Seigneur » (13:6,9), mais avant tout Sa domination en bénédiction dans le règne millénaire (9:1-7; 11:1-10; 32:1 etc…). Le Seigneur Jésus Lui-même dit que les Écritures rendent témoignage de Lui, et Pierre confirme que les prophètes de l’Ancien Testament ont rendu témoignage par le Saint Esprit des souffrances et de la gloire de Christ (Jean 5:39; 1 Pierre 1:10-11). Christ est donc l’objet principal de la prophétie d’Ésaïe.
Il s’ensuit que ces prophéties ne peuvent pas être ramenées à des évènements imminents de l’époque, mais que des peuples comme l’Assyrien doivent encore jouer un rôle dans l’avenir. Les évènements de l’époque ne sont que des « pré-accomplissements », ou des exemples d’évènements prophétiques qui doivent encore avoir lieu maintenant. Les déclarations d’Ésaïe vont parfois au-delà des « pré-accomplissements », comme le montre, par exemple, l’expression fréquente : « ce jour-là », expression qui vise la venue future du Seigneur Jésus comme Roi, pour juger les nations et établir Son règne.
Une condition fondamentale pour comprendre la prophétie biblique, est de saisir qu’Israël, le peuple terrestre de Dieu, aura un avenir glorieux sur la terre après avoir traversé de terribles tribulations. Après presque 2000 ans, il est maintenant revenu dans la terre promise par Dieu — même si c’est encore dans l’incrédulité. Après l’enlèvement de l’assemblée de Dieu (l’église), Dieu se tournera cependant de nouveau vers lui en grâce, mais aussi en jugement, jusqu’à ce que toutes les prophéties sur ce peuple soient accomplies, et que, sous le règne de son Roi jusque là rejeté, le Seigneur Jésus, il jouisse de la pleine bénédiction de Dieu (voir Romains 11:25-26).
La soi-disant « théorie de la spiritualisation » qui affirme qu’Israël en tant que peuple, n’a plus d’avenir et que toutes les prédictions se rapportent à l’Église durant le temps de la grâce, omet entièrement que Dieu accomplira en totalité Ses promesses sans repentir à l’égard de Son peuple terrestre (Rom. 11:29). En outre, cette théorie méconnaît que l’assemblée (église) de Dieu, était au temps de l’Ancien Testament un mystère caché qui n’a été révélé par le Saint Esprit que dans le Nouveau Testament (Rom. 16:25-27; 1 Cor. 2:6-7; Éph. 3:1-12; Col. 1:27). Cela implique que l’Ancien Testament ne contient aucune déclaration prophétique sur l’assemblée. C’est pourquoi, les prophéties au sujet d’Israël doivent toutes concerner ce peuple, et ne sont pas valables pour l’assemblée.
Tout cela ne veut cependant pas dire que les livres prophétiques de l’Ancien comme du Nouveau Testament n’auraient rien à nous dire et ne pourraient pas avoir d’application pratique pour le temps actuel. Bien au contraire, cette partie des Saintes Écritures est utile pour nous encourager et nous exhorter, car « toutes les choses qui ont été écrites auparavant, ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et la consolation des écritures, nous ayons espérance » (Rom. 15:4).
Déjà au Moyen-âge, des rabbins juifs émirent pour la première fois la supposition que les 66 chapitres du livre du prophète Ésaïe pourraient ne pas tous émaner du prophète lui-même. À la fin du 18ème siècle, c’est-à-dire au siècle des lumières, des théologiens évangéliques se mirent à douter dans une plus grande mesure encore, de l’unité du livre d’Ésaïe. Les bases principales de cette « critique » qui s’est intensifiée toujours davantage jusqu’à ce jour — et qui en réalité n’est rien d’autre que la mise en doute de l’inspiration divine — sont, à côté de différences linguistiques et thématiques, la mention du roi des Perses, Cyrus, plus de 150 ans avant sa naissance (voir Ésaïe 44:28 ; 45:1). Car, pour la critique théologique moderne, ce n’est pas une prophétie authentique. L’incrédulité en déduit donc que les chapitres correspondants ne peuvent avoir été écrits qu’après les évènements qui y sont décrits !
Mais la citation du nom de Cyrus si longtemps avant sa naissance, n’est pas un cas isolé. Ainsi l’homme de Dieu de Juda, en présence du roi Jéroboam I, fit mention du nom du roi Josias environ trois cents ans avant que celui-ci ne vive (1 Rois 13:2). L’écrivain juif Flavius Josèphe écrit que Cyrus s’étonna en lisant la prophétie d’Ésaïe à son sujet, et qu’à la suite de cette lecture, il édicta le décret relatif au retour des Juifs (Antiquités juives XI 1.1-2 ; Esdras 1:1-4).
Il est incontestable qu’entre Ésaïe 1-39 et 40-66 (que certains appellent le « deutéro-Ésaïe »), il y a des différences aussi bien dans les expressions employées, que dans les sujets abordés. Or dans beaucoup d’ouvrages d’auteurs profanes, on peut reconnaître des différences de style et de thèmes traités chez un même auteur, sans qu’on puisse, pour autant, mettre en doute qu’ils proviennent du même auteur. Le thème central traité dans la première partie d’Ésaïe, concerne davantage l’histoire extérieure d’Israël et des peuples voisins, tandis que la seconde partie traite plutôt de l’évolution intérieure du peuple terrestre de Dieu.
Par ailleurs le livre d’Ésaïe présente différents traits caractéristiques qui sont la marque d’un seul et même auteur. On peut citer tout d’abord la présence de l’expression « Le Saint d’Israël ». Elle occupe une place particulière parmi les différents noms de Dieu, car elle apparaît 25 fois en Ésaïe, 12 fois dans les chapitres 1 à 39 et 13 fois dans les chapitres 40 à 66 (voir les notes explicatives dans Ésaïe 1 à 4). Ce témoignage est particulièrement renforcé par le fait qu’Ésaïe emploie lui-même cette expression en 2 Rois 19:22). L’expression « Le Saint d’Israël » ne se trouve ailleurs que dans les Psaumes 71:22 et 78:41 et 89:18 et en Jérémie 50:29 et 51:5.
De même, l’appellation « Dieu d’Israël », utilisée rarement par les autres prophètes, se trouve très souvent chez Ésaïe, à savoir 13 fois, dont 7 dans la première partie, et 6 dans la seconde partie (Ésaïe 17:6 ; 21:10,17 ; 24:15 ; 29:23 ; 37:16,21 ; 41:17 ; 45:3,15 ; 48:1,2 ; 52,12).
Un autre « mot-clé » d’Ésaïe, est « salut » ou « délivrance » (en hébreu : jesha, jeshu’a, teshu’a, d’où vient le nom de Je(ho)shua = Josué en grec. Jésus, « l’Éternel est sauveur » en dérive). On trouve ce mot 25 fois en Ésaïe : 8 fois dans la première partie, et 17 fois dans la seconde (voir l’explication dans la note à propos d’Ésaïe 12:2). La présence fréquente de ce mot a bien contribué à qualifier Ésaïe du nom de « l’évangéliste parmi les prophètes ».
Dans le Nouveau Testament, le livre d’Ésaïe est cité environ 70 fois, plus que tous les autres prophètes réunis. 28 citations sont tirées des chapitres 40 à 66, parmi lesquelles le nom d’Ésaïe est mentionné spécifiquement 11 fois (Matt. 3:3 ; 8:17 ; 12:17 ; Luc 3:4 ; 4:17 ; Jean 1:23 ; 12:38 ; Actes 8:28-33 ; Romains 10:16, 20,21). Le passage le plus remarquable à cet égard est celui de Jean 12:38-41 avec sa citation des chapitres 53 et 6 (c’est-à-dire de la deuxième partie de ce livre, puis de la première) ; or le nom d’Ésaïe est cité trois fois dans cette citation.
Un témoignage remarquable rendu à l’unité du livre d’Ésaïe a été trouvé dans les manuscrits de la Mer Morte. À Qumran, en 1947, entre autres, on a trouvé un rouleau de parchemin contenant l’intégralité du texte hébreu du livre d’Ésaïe, datant du deuxième siècle av. J.-C. Nulle part dans ce rouleau, il n’y a d’indication qu’il s’agirait du regroupement de textes d’auteurs différents s’étalant sur trois siècles ou davantage. Le chapitre 40 dont on prétend qu’il débuterait le soi disant « deutéro-Ésaïe », commence sans aucun signe particulier quelconque à la suite des dernières lignes d’une division. Visiblement, celui qui a écrit ne savait rien de travaux différents d’auteurs différents.
Selon le principe divin que le jugement de Dieu commence par Sa propre maison (1 Pierre 4:17), l’annonce des jugements de Dieu sur Son peuple précède l’annonce du jugement des nations dans le livre du prophète Ésaïe (voir Ésaïe 9:6 ; 1 Pierre 4:17). Les douze premiers chapitres de ce livre nous montrent donc les relations et les voies de Dieu avec Son peuple terrestre Israël, mais aussi Son but : la révélation du Messie en gloire. Cette section s’achève par un cantique de louange.
Après les paroles introductives sur la personne du prophète, et l’époque où il se situe, le verset 2 commence immédiatement par la description de ce que Dieu a donné à Ésaïe, le fils d’Amots, de voir dans sa vision prophétique. Toutefois, il ne commence pas par parler à Juda et Jérusalem, mais à leur sujet. Comme autrefois Moïse (Deut. 32:1), Il appelle le ciel et la terre à témoigner des paroles de l’Éternel, qui considère ceux qui font partie de Son peuple comme des enfants qu’Il a éduqués, mais dont Il doit établir l’apostasie. Déjà, au début de son histoire, le Seigneur avait appelé le peuple « Son fils premier-né », et les enfants d’Israël l’avaient considéré comme Père (Exode 4:22 ; voir Malachie 1:6 ; 2:10), bien qu’ils ne connussent pas encore la relation d’enfant avec leur Père fondée sur la foi au Seigneur Jésus (Jean 1:12).
Quelle lamentation douloureuse que celle de Dieu au sujet de Son peuple, selon le v. 3 : « Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne, la crèche de son maître ; Israël ne connaît pas, mon peuple n’a point d’intelligence » ! Ils se conduisaient pire que les animaux qui, du moins, connaissent leur propriétaire et la crèche de leur maître.
Bien que dans les premiers versets, Juda et Jérusalem soient désignés comme ceux auxquels était adressée la prophétie d’Ésaïe, cependant Dieu a toujours devant Ses yeux Son peuple tout entier. Il en est de même ici. Les hommes spirituels de l’Ancien Testament, comme Élie et Esdras, ne perdaient jamais non plus de vue l’unité du peuple d’Israël ; et même dans le Nouveau Testament, Paul et Jacques parlent de « nos douze tribus » et des « douze tribus » (1 Rois 18:31 ; Esdras 8:35 ; Actes 26:7 ; Jacques 1:1). Combien plus avons-nous besoin de cette manière de voir dans le temps actuel où les membres du seul corps de Christ, qui sont unis bien plus intimement, sont non seulement séparés en deux parties comme Israël, mais sont dispersés à travers d’innombrables groupes chrétiens !
Le jugement porté par Dieu sur Son peuple dans le cri de douleur du verset 4 s’exprime ensuite dans la quadruple description de son état. Au départ, ils étaient une nation sainte (Exode 19:6) et voilà qu’ils étaient devenus une nation pécheresse ; au lieu d’être le peuple qui Lui appartenait en propre (Deut.14:2), ils étaient chargés d’iniquité ; ils étaient de la semence d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, et les voilà devenus une race de gens qui font le mal ; les fils de l’Éternel (Deut. 14:1) étaient devenus des fils qui se corrompaient ! En outre trois manières d’agir caractérisaient leur conduite : Ils avaient abandonné l’Éternel, ils avaient méprisé le Saint d’Israël, et ils s’étaient retirés en arrière. Les paroles et la loi de Dieu n’avaient plus aucune valeur pour eux.
Le titre « Saint d’Israël » pour Dieu, est caractéristique du livre d’Ésaïe. Il s’y trouve 25 fois, quoique dans un nombre de passages moindre (*). Même si le peuple voulait se souiller toujours plus, Lui demeure fidèle, car Il ne peut se renier Lui-même (2 Tim.2:13), et ce qui l’entoure directement rend témoignage en permanence à Sa sainteté inaltérable (voir Ésaïe 6:3 ; Apoc. 4:8).
(*) Ch. 1:4 ; 5:19,24 ; 10:20 ; 12:6 ; 17:7 ; 29:19,23 ; 30:11,12,15 ; 31:1 ; 37:23 ; 41:14,16,20 ; 43:3,14 ; 45:11 ; 47:4 ; 48:17 ; 49:7 ; 54:5 ; 55:5 ; 60:9,14 ; et aussi dans les paroles d’Ésaïe en 2 Rois 19:22
Bien que Dieu eût particulièrement humilié le roi Achaz et le peuple, à cause de leur infidélité, ce dernier ne s’en était que plus enfoncé dans l’apostasie et l’idolâtrie (2 Chr. 28:5,8, 17-22). Pourquoi Dieu châtierait-Il davantage Son peuple, si c’était pour qu’il aille toujours plus loin dans l’apostasie (v.5) ?
Le « diagnostic » de l’état honteux suit dans les versets 5 à 7. Juda est comparé à un homme malade de la tête et du cœur, et qui ne présente plus aucun endroit sain depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête. Le terme « la tête » désigne ici sans doute le roi.
Les « blessures et meurtrissures et plaies vives » qui n’avaient pas été traitées avec tendresse et de manière appropriée (selon les connaissances de l’époque, voir Luc 10:34) étaient les conséquences des attaques dévastatrices des ennemis de Juda. Leur pays était ravagé, leurs villes étaient détruites, et le produit de leurs champs avait été récolté et dévoré par les étrangers. Les ennemis avaient, pour ainsi dire, tout renversé. L’Éternel avait laissé faire, pour discipliner Son peuple qu’Il aimait et l’amener à revenir. Mais cela avait été en vain.
Dans une certaine mesure, Jérusalem avait été jusqu’alors épargnée ; la ville est désignée ici par « Sion », le nom de la forteresse conquise par David, et qui lui rappelait de manière particulière l’amour de Dieu à son égard (2 Sam. 5:7 ; Psaume 2:6 ; 9:11,14). La ville de Jérusalem, célébrée autrefois comme étant « bien unie ensemble en elle-même », là où « sont placés les trônes de jugement, les trônes de la maison de David » (Psaume 122:3,5), était maintenant comparée à une hutte dans une vigne, et à une cabane dans un champ de concombres, ces abris de fortune où les paysans s’asseyaient jour et nuit pour veiller à ce que les animaux ou les étrangers ne se jettent pas sur leurs précieuses récoltes (voir Job 27:18). Même si Jérusalem n’avait pas encore été assiégée par les Assyriens, cependant, eu égard à la dévastation croissante environnante, elle pouvait être comparée à une ville assiégée (v. 8).
Comme l’évolution des choses se répète ! Ne pouvons-nous pas appliquer la description de ce qui atteint Juda non seulement à la chrétienté actuelle, mais aussi à l’état des vrais croyants ? L’éloignement délibéré de Dieu est plus affreux que les ténèbres de ceux qui n’ont jamais connu Dieu. Pierre écrivait déjà cet avertissement : « Car il leur eut mieux valu n’avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné ; mais ce que dit le proverbe véritable leur est arrivé : Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi lui-même, et la truie lavée, à se vautrer au bourbier » (2 Pierre 2:21-22).
Le diagnostic accablant de Dieu suscite un écho faible, mais émanant d’une vraie foi, dans le cœur et la bouche d’un résidu qui ne se glorifie pas de sa propre fidélité, mais qui attribue tout à la miséricorde de Dieu : « Si l’Éternel des armées ne nous eut laissé un bien petit résidu, nous aurions été comme Sodome, nous ressemblerions à Gomorrhe ». Combien cette réaction a dû réjouir le cœur de Dieu ! Lorsque des siècles plus tard, quelques-uns de ceux qui craignent l’Éternel parlèrent l’un à l’autre, Il fut attentif et un livre de souvenir fut écrit pour ceux qui craignent l’Éternel et qui pensent à Son Nom (Mal. 3:16). Aujourd’hui encore, Ses yeux parcourent toute la terre pour se montrer fort en faveur de ceux qui sont d’un cœur parfait envers Lui (2 Chr. 16:9). Ce verset cité par Paul dans son exposé sur Israël en Romains 9 à 11, trouvera un nouvel accomplissement dans le futur, mais un accomplissement alors définitif (Rom. 9:29).
Les péchés de Sodome et de Gomorrhe sont mentionnés à plusieurs reprises dans la Parole de Dieu, aussi bien que la fin bien connue de ces villes impies sous le jugement sans ménagement de Dieu (Gen. 13:13 ; 19:23-25 ; Éz. 16:49 ; Jude 7). Tous les deux sont placés devant les yeux de ce faible résidu qui y pense avec horreur, mais qui en même temps se jette en pleine confiance dans les bras du puissant Éternel des armées (en hébreu : le Seigneur Sabaoth).
Dieu commence maintenant par s’adresser aux chefs responsables et au peuple, avec un appel à écouter Sa Parole et à respecter Sa loi. Quelle résonance terrible, venant de Sa bouche, que ces noms de Sodome et Gomorrhe appliqués aux conducteurs et aux habitants de Juda ! Durant la grande tribulation, au temps des deux fidèles témoins de Dieu, Jérusalem sera de nouveau appelée « spirituellement Sodome et Égypte, où aussi leur Seigneur a été crucifié » (Apoc. 11:8).
Dans les versets qui suivent (11 à15), Dieu fait dénoncer publiquement le service formaliste et exécrable à Ses yeux, accompli par le peuple. Certes, Il avait Lui-même donné les prescriptions de la loi, mais celles-ci avaient été complètement dénaturées. S’agissant de l’offrande des sacrifices, de faire fumer la graisse, de l’aspersion du sang, ou de l’observation de la nouvelle lune, du sabbat ou des fêtes de l’Éternel, extérieurement tout était méticuleusement accompli, mais les cœurs des hommes étaient bien éloignés de Dieu ; et dans leur vie quotidienne, ils faisaient toutes les injustices possibles, jusqu’à répandre le sang. Sans doute, on voulait être religieux, mais on voulait en même temps faire tout ce dont on avait envie. L’hypocrisie, qui croit pouvoir associer un service divin extérieurement « correct » avec les plus graves péchés, est une abomination pour Dieu (v. 13). C’est pourquoi Il ne peut plus écouter les prières. Il voit que les mains qu’on élève vers Lui ne sont pas des « mains saintes », mais des mains couvertes de sang (v. 15 ; 1 Timothée 2:8).
Chaque fois que les sacrificateurs israélites accomplissaient leur service dans le lieu saint, ils devaient préalablement laver leurs mains et leurs pieds (Exode 30:17-21). Même si quelqu’un s’était souillé au contact d’un corps mort, l’eau de purification devait être aspergée sur lui (Nombres 19). Selon l’enseignement du Nouveau Testament, nous savons que cette purification a une signification symbolique, et est une image de la purification de notre cœur par l’eau de la Parole de Dieu (Jean 15:3 ; Éph. 5:26). Cependant les Israélites de l’ancienne alliance avaient déjà l’intelligence de ces choses, comme le montrent les versets 16 et 17, ainsi que d’autres passages. David s’écrie au Psaume 51, verset 7 : « Purifie-moi du péché avec de l’hysope, et je serai pur ; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige » (voir Psaume 26:6). Ce n’est qu’à la lumière de la Parole de Dieu que le mal est vraiment manifesté comme tel, mais la Parole de Dieu nous montre aussi le chemin en vue de la purification par la confession de nos péchés (Proverbes 28:13 ; 1 Jean 1:9). Alors le chemin est ouvert pour faire le bien, pour chercher ce qui est juste, et être en aide aux opprimés et aux démunis (v. 17).
Si la justice de Dieu est le seul critère, personne ne peut se tenir devant Lui. Ce qui suit pour le pécheur, est valable de tout temps : « C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » (Héb. 10:31). D’où l’appel de l’Éternel à Son peuple terrestre : « Venez et plaidons ensemble » ; c’est un appel plein de grâce et de miséricorde. Car là où l’homme, à cause de sa culpabilité, n’a rien pour se justifier, Lui seul veut et peut ramener même le crime de sang à du blanc pur et sans tache (1:18 ; voir 1:15) !
Si Juda avait pris garde à la voix pleine d’amour de l’Éternel, et avait été disposé à rompre avec ses péchés, il aurait pu à nouveau jouir des riches bénédictions du pays promis de Canaan. Si toutefois il s’y refusait, et continuait à être rebelle à l’égard de son Dieu, il serait battu par ses ennemis, et cesserait d’habiter le pays de Canaan en tant que peuple reconnu de Dieu. Dieu ne laisse planer aucun doute sur cette prédiction. Sa bouche avait parlé par le prophète Ésaïe (1:19, 20).
Les versets 21 à 23 renferment une complainte sur la ville autrefois fidèle de Jérusalem, et qui est devenue maintenant une prostituée, c’est-à-dire qu’elle s’est adonnée à l’idolâtrie. L’Éternel considérait Israël comme Sa femme qu’Il avait épousée (Jér. 2:2 ; 3:1-10 ; Éz. 16). Du fait qu’elle s’était détournée de Lui pour se tourner vers les idoles, elle s’était livrée à la fornication spirituelle (Deut. 31, 16). Dans le Nouveau Testament, c’est spécialement Babylone, la chrétienté sans Christ, qui est nommée la grande prostituée à cause de son idolâtrie (Apoc. 14:8 ; 17:1,2).
Autrefois, la justice habitait dans Jérusalem (pensons seulement à Salomon), maintenant ils étaient des meurtriers. Les princes, représentés par l’argent devenu des scories, et par le vin exquis dilué à l’eau, n’ont pas exercé la justice, mais ont été rebelles aux commandements de Dieu ; ils s’entouraient de voleurs et se laissaient acheter au lieu de faire droit aux orphelins et aux veuves opprimés (voir 1:17). Tout ce qui est bon et juste aux yeux de Dieu, était méprisé et dévoyé en son contraire.
Mais les choses n’en resteront pas toujours là. Dieu qui se nomme ici « le Seigneur, l’Éternel des armées, le Puissant d’Israël », pour montrer toute Sa puissance, prononce Son jugement (1:24). Celui-ci va plus loin que la captivité babylonienne de Juda, et a en vue le temps de la fin (*), qui se trouve ainsi déjà mentionné dans ce chapitre introductif de ce livre prophétique. Les adversaires et les ennemis sont des gens de Son propre peuple, contre lesquels Il tournera Sa main, qu’Il épurera au creuset et qu’Il purifiera avec de la potasse. Ce processus de fusion et purification de l’argent est bien des fois utilisé dans l’Écriture Sainte comme une image de châtiments et de punitions infligés par Dieu. C’est une image sérieuse, mais belle, pleine d’une profonde instruction, car le résultat final n’est pas la destruction, mais la purification ! Les scories et le plomb sont ôtés, et il ne reste plus que l’argent pur, une figure constante de la rédemption dans l’Écriture (voir Zach. 13:9 ; Mal. 3:3).
(*) Par « temps de la fin », nous comprenons la période entre la venue du Seigneur pour enlever les croyants, et Son apparition en gloire pour établir le règne millénaire.
Après la grande tribulation et l’apparition de Christ en gloire, Jérusalem sera la capitale terrestre du royaume millénaire, le centre de paix et de justice (v. 26 ; voir chapitre 2,3 ; Zach. 8:3). Mais avant que vienne la rédemption pour Sion et pour le résidu du peuple d’Israël encore dispersé dans le monde entier, mais alors rentré dans sa terre, il leur faudra subir le jugement de Dieu (v. 27). Par contre, tous ceux qui se seront détournés de Dieu et auront suivi l’Antichrist, devront mourir (v. 28).
Le jugement sur les Juifs incroyants, qui anéantira deux tiers du peuple selon Zacharie 13:8, est maintenant décrit de trois manières différentes. La honte à cause des térébinthes parait désigner l’idolâtrie qui se pratiquait sous ces arbres (voir Éz. 6:13). Ni l’Antichrist, ni l’image de la bête ne leur seront d’aucun secours quand le jugement de Dieu viendra sur eux (1:29). Eux-mêmes ressembleront à un térébinthe flétri et à un jardin sans eau, et ils porteront par cela les conséquences de leur idolâtrie (1:30). Ceux qui se prétendent forts disparaîtront ensemble avec leur œuvre, comme l’étoupe s’enflamme avec une étincelle et brûle. Ni le « fort » ni personne d’autre ne peut éteindre le feu qu’il a allumé par ses œuvres ; il le conduit à la perdition éternelle (1:31 ; voir Apoc. 19:20-21).
Les paroles d’introduction au message d’Ésaïe 2 ressemblent à celles du premier chapitre, à la différence qu’ici, il n’est pas question d’une vision, mais d’une parole que le prophète a vue, touchant Juda et Jérusalem.
Les versets 2 à 4 ressemblent presque mot pour mot à Michée 4:1-3, et il y a encore d’autres passages parallèles entre les deux prophètes (*). À côté de toutes leurs différences (notamment la longueur de leur message), les deux prophètes ont eu cependant des missions très semblables : avertir le peuple de Dieu avant le jugement, et faire connaître Sa miséricorde et annoncer la venue du Messie.
(*) Parmi une quantité de passages qui sont des rappels ou sont simplement parallèles du point de vue des idées, on peut citer : Ésaïe 1:2 et Michée 1:2 ; Ésaïe 8:17 et Michée 7:7 ; Ésaïe 58:1 et Michée 3:8.
« À la fin des jours » (v. 2), le règne de paix de mille ans achèvera l’histoire de cette terre, avant qu’elle s’enfuie devant la face du Juge sur le grand trône blanc, et qu’elle soit brûlée entièrement avec les œuvres qui sont en elles (2 Pierre 3:10 ; Apoc. 20:11). Dans cette période de bénédiction merveilleuse durant le règne de Christ, la « montagne de la maison de l’Éternel », Jérusalem et le temple, sera haut-élevée au-dessus de toutes les autres puissances, et même toutes les nations afflueront en ce lieu-là (Deutéronome 26:19 ; Ésaïe 66:23 ; Zacharie 14:16).
Or ce n’est pas la justice seule qui règnera, mais aussi la paix, annoncée, à travers ces paroles faciles à retenir, mais aujourd’hui trop souvent mal comprises et mal appliquées : « De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des serpes » (v. 4). Il n’y aura pas de guerre pendant ces mille ans. Ainsi la prophétie du patriarche Jacob sur Juda et son héritage s’accomplira dans le vrai « Shilo » (en hébreu : qui apporte la paix, qui procure le repos), auquel les peuples obéiront (Genèse 49:10).
Le coup d’œil sur l’avenir glorieux d’Israël et des peuples de la terre, amène le prophète à adresser un appel à son peuple pour qu’il revienne immédiatement à Dieu, et à marcher dans la lumière de l’Éternel (v. 5). Puis il se tourne immédiatement vers Dieu (v. 6). Il constate qu’Il a déjà abandonné son peuple. En fait, Dieu s’était toujours levé de bonne heure et avait envoyé Ses messagers, ce que le prophète Jérémie avait spécialement rappelé plusieurs fois (Jér. 7:13), mais Dieu connaissait la fin depuis le commencement. Les mauvaises intrications du peuple vers l’orient (l’Assyrie et Babel) et vers l’occident (les Philistins) étaient trop étroites. Le peuple qui devait habiter séparé et ne pas être compté parmi les nations (Nombres 23:9), faisait alliance avec ceux qui appartenaient aux peuples étrangers.
Comme les versets 7 et 8 le montrent, la grande prospérité résultant du commerce avec les peuples voisins, était le moyen par lequel l’idolâtrie avait fait son entrée. Dans le pays, il n’y avait pas seulement de l’argent et de l’or en abondance, comme aussi des chevaux et des chars, mais aussi des idoles, devant lesquelles le peuple de Dieu se prosternait. Le prophète signale déjà ici le ridicule d’adorer et de se prosterner devant ce qu’on a soi-même fabriqué ; il le rappellera plus tard avec beaucoup d’ironie (44:9-20). Différents rois qui, de par leur fonction, auraient dû donner l’exemple, méprisèrent l’avertissement de Dieu en ce qui concerne le grand nombre de chevaux, la richesse en argent et en or, comme aussi les femmes, parce que c’était spécialement ces dernières qui allaient détourner leur cœur de suivre l’Éternel, ce qui se trouve déjà confirmé en Salomon (Deutéronome 17:16).
Mais le jugement sur les pécheurs est
déjà arrêté. L’être humain tiré du sol (en hébreu : Adam)
, et l’homme
(en hébreu : ish
), l’homme du peuple comme le grand, devaient être
jetés par terre, et ne recevraient pas de pardon de la part de Dieu (v. 9).
Les versets 10 et 11 constituent une transition avec ce qui suit, car le prophète ne parle plus maintenant à Dieu comme dans les versets précédents, ni non plus à son peuple terrestre, mais à tous les hommes en général, comme l’indiquent les appellations « être humain » et « homme » déjà vues au verset 9 (comparer les versets 11 et 17).
Un jour, tout l’orgueil et toute l’élévation des hommes trouveront leur fin. À cause de la terreur qui les envahira lors de la venue en majesté de l’Éternel, ils seront forcés de se cacher dans les fentes des rochers, car « en ce jour-là », Un seul sera haut élevé : Dieu.
« Ce jour-là » ou « le jour de l’Éternel » est déjà annoncé dans l’Ancien Testament, comme le jour du jugement de Dieu sur le monde (Ésaïe 13:6-9 ; Joël 1:15 ; 2:2). Mais pour ceux qui craignent le Nom de Dieu, le Messie sera alors comme « le soleil de justice avec la guérison dans ses ailes » (Malachie 4:2) (*).
(*) L’expression « en ce jour-là » désigne habituellement, dans le langage prophétique d’Ésaïe, le temps futur où Dieu s’occupera de nouveau de son peuple terrestre, d’abord en jugement, mais ensuite en grâce et en gloire (Ésaïe 2:11,17,20 ; 3:7,18 ; 4:1,2 ; 5:30 ; 7:18,20,21,23 ; 10:20,27 ; 11:10,11 ; 12:1,4 ; 17:4,7,9 ; 19:16,18,19,21,23,24 ; 20:6 ; 22:8,12,20,25 ; 23:15 ; 24:21 ; 25:9 ; 26:1 ; 27:1,2,12,13 ; 28:5 ; 29:18 ; 30:23 ; 31:7 ; 52:6). L’expression « jour de l’Éternel », par contre, ne se trouve qu’en Ésaïe 13:6,9.
Dans l’Ancien Testament, il ne pouvait pas encore être révélé que Celui qui viendrait était le Seigneur Jésus, mais bien que ce serait le Messie (comparer Daniel 2:44 ; 7:13 et suiv. ; 9:24). Quelle chose tragique que le Seigneur Jésus, lorsqu’Il vint dans l’abaissement sur la terre, n’a pas été reçu par Son propre peuple (Jean 1:11) ! C’est pourquoi la durée et la pleine signification de ce « jour-là » ne sont révélées que dans le Nouveau Testament. Pour les croyants déjà dans le ciel, il commence par le tribunal de Christ (2 Timothée 4:8) ; pour le monde, il commence par l’apparition de Christ en gloire avec tous les croyants et les anges de Sa puissance. C’est là le jugement annoncé par les prophètes, le premier. Ce jour s’étend ensuite par-dessus toute la période du règne de mille ans. L’expression « jour du Seigneur » veut dire que, dans cette période-là, Dieu, dans la personne de son Fils, sera reconnu par le monde, et exercera toute autorité. Ce n’est qu’après, que commencera l’état éternel avec une nouvelle terre et de nouveaux cieux (voir 2 Pierre 3 ; Apoc. 19:11 à 21:8). En « ce jour-là », les croyants qui font partie de l’assemblée de Dieu ne seront plus sur la terre, mais auront été enlevés déjà depuis longtemps dans la maison du Père ; tous les jugements de Dieu annoncés ici et dans d’autres passages, ne les atteindront plus (comparer 1 Thessaloniciens 4:13 à 5:8 ; 2 Thessaloniciens 2 ; Apoc. 3:10).
« Ce jour-là », comme l’enlèvement que nous attendons, est fixé dans les conseils de Dieu (v. 12). Tous ceux qui ne se seront pas courbés dans la repentance et la foi dans l’attente du Messie, seront alors profondément abaissés ; nul n’en sera exempté. Les cèdres du Liban et les chênes de Basan désignent sans doute les gens haut placés dans l’échelle sociale (v. 13 ; comparer Zacharie 11:2) ; les hautes montagnes et les collines élevées représentent les puissances de ce monde (v. 14 ; comparer Psaume 30:8 ; Zacharie 4:7) ; les hautes tours et les puissantes murailles parlent de guerre (v. 15), les navires de Tarsis et les objets d’art précieux évoquent le commerce et l’art (v. 16). De manière similaire, mais encore plus détaillée, Apoc. 18 décrit comment l’ensemble du système mondial sera disloqué par la chute de Babylone.
Comme pour confirmer encore une fois tout cela, le verset 17 répète les paroles du verset 11, et aussi dans les versets 19 et 21, on retrouve l’injonction du verset 10, même s’il s’y trouve quelques petites différences. Entre les deux, il y a cette phrase lapidaire : « Et les idoles disparaîtront entièrement » (v. 18). Dans l’angoisse et la frayeur en face de l’apparition irritée de Christ, les gens jetteront les idoles si sacrées et si précieuses pour eux aux animaux impurs des ténèbres et de la nuit, mais ce sera trop tard (v. 20). Leur désir de se cacher ne leur sera pas plus en aide que pour le premier couple humain après la chute (Genèse 3:8).
Combien l’apparition du Fils de l’homme dans Sa gloire sera impressionnante et effrayante pour les incroyants ! Combien au contraire est merveilleuse notre espérance vivante et bienheureuse de pouvoir attendre le même Seigneur comme Sauveur pour la vie éternelle !
Le chapitre se termine avec un avertissement relatif à la confiance en l’homme. Avec toute son intelligence, sa sagesse, ses capacités et ses conquêtes dont il est si fier, il n’est pourtant qu’une petite créature de rien. Les Psalmistes ont exprimé cela si souvent (Psaumes 90 ; 104:29) ! Mais ici il ne s’agit pas de ceux qui ont placé leur confiance en Dieu, mais de ceux qui ne connaissent ni le Dieu vivant et vrai, ni son Fils, l’« Esprit vivifiant », « qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Corinthiens 15:45 ; 1 Thessaloniciens 1:10).
Comme si souvent dans la Parole de Dieu, le Saint Esprit dans ce passage, relie le présent au temps de la fin. Un autre exemple de cette manière de présenter les choses dans la prophétie, est l’épître de Jude qui commence avec le fait qu’à cette époque-là, « certains hommes s’étaient glissés parmi les fidèles, inscrits jadis à l’avance pour ce jugement » (v. 4), puis l’épître décrit un grand arc jusqu’à l’apparition du Seigneur Jésus en jugement (v. 14 et 15). Il en est de même dans la portion constituée des ch. 3 et 4 du prophète Ésaïe, qui commence par des évènements proche de cette époque, et se termine avec le rétablissement de Sion dans le règne de mille ans.
Le Seigneur, l’Éternel des armées (en hébreu : Adonaï Yahwe Sabaoth) fait tout d’abord annoncer qu’Il ôtera de Jérusalem et de Juda, tout ce sur quoi le peuple s’appuie et fonde son existence. En tout premier lieu sont mentionnées la nourriture et la boisson (v. 1). Dieu avait déjà depuis longtemps menacé son peuple de cela au cas où il désobéirait (Deutéronome 11:16 et suiv. ; 28:23 et suiv.), et nous voyons comment cette annonce s’est accomplie lors des attaques des Assyriens et des Babyloniens (Ésaïe 37:30 ; Lamentations 2:20).
Ensuite, sont énumérées les personnes qui — à tort (comme les devins et les magiciens) ou à raison — constituent les bases de l’état : « L’homme fort et l’homme de guerre, le juge et le prophète, le devin et l’ancien, le chef de cinquantaine et l’homme considéré, et le conseiller, et l’habile ouvrier, et celui qui s’entend aux enchantements » (v. 2 et 3). Or cette prophétie s’est accomplie, lorsque Nebucadnetsar emmena en captivité « tous les chefs et tous les hommes de guerre », et ne laissa à Jérusalem « que le peuple pauvre du pays » (2 Rois 24:14).
Un état de dénuement aussi complet servira, sous le gouvernement de Dieu, de jouet aux caprices de personnes trop jeunes et inexpérimentées (v. 4 ; voir Écclésiaste 10:16). Le résultat en est un désordre sans bornes, et une oppression réciproque, par laquelle tout ordre institué de Dieu ou même simplement tout ordre humain raisonnable se trouve sens dessus dessous (v. 5). L’anarchie qui en découle est irréversible. Même si quelques individus reconnaissent combien la situation est accablante, ils ne se tournent quand même pas vers Dieu pour avoir du secours, mais vers leur « frère », pensant que peut-être, celui-ci pourrait encore au moins sauver ou maintenir quelque chose. Mais plus personne n’est prêt à endosser de responsabilité, même si on le supplie instamment à ce sujet. Le dénuement personnel (« ni pain ni manteau ») sert alors d’excuse à ce que l’on ne peut être ni « médecin » pour venir en aide et guérir « les blessures, les meurtrissures et les plaies vives » (voir 1:6), ni désirer être « chef du peuple », afin de mettre un frein à l’anarchie (v. 6 et 7).
L’Esprit de Dieu montre maintenant les racines de ce déclin complet de Jérusalem et de Juda. Toutes les paroles et les actes de leurs habitants sont dirigés contre Dieu, et même avec l’intention de braver Sa gloire divine. Cependant, « les yeux de sa gloire » voient les motifs cachés du cœur, car ce sont des yeux « comme une flamme de feu » (Apoc. 1:14), qui, dans leur sainteté incorruptible, reconnaissent le mal (v. 8). Dieu voit l’expression mauvaise et orgueilleuse du visage, de même qu’Il entend lorsqu’ils parlent ouvertement de leurs péchés. Adam et Ève ont eu honte et se sont cachés lorsqu’ils eurent commis le premier péché, mais comme les habitants de Sodome qui ne connaissaient pas la honte, les habitants de Jérusalem et de Juda se comportent de la même manière : « Ils parlent ouvertement de leur péché comme Sodome ; ils ne le cachent pas » (v. 9 ; voir 2:10). La sentence de Dieu est celle-ci : « Malheur à leur âme ! Car ils ont fait venir le mal sur eux-mêmes ».
Le principe divin de rétribution, aussi bien à l’égard du bien que du mal, ne cesse pas d’être valable, même si peut-être, cela n’apparaît pas pour l’instant (Romains 2:5-11). Au petit nombre des justes parmi le peuple, il arrivera du bien, car ils jouiront dans l’avenir du fruit de leurs bonnes actions, tandis que les impies (ceux qui sont sans loi) sont menacés d’un nouveau « Malheur » : du mal leur arrivera, parce qu’ils recevront le salaire correspondant à leurs mauvaises actions (v. 10 et 11).
Et cependant, il est et il demeure le peuple de l’Éternel qui — comme l’Éternel doit le proclamer en se lamentant — est opprimé par des hommes méchants, enfantins, et il est gouverné par des femmes, alors qu’Il avait demandé expressément que le roi de Son peuple se fasse une copie de la loi, pour Le craindre, Lui, l’Éternel, et pour faire « toutes les paroles de cette loi et de ces statuts ; … en sorte que son cœur ne s’élève pas au-dessus de ses frères, et qu’il ne s’écarte pas du commandement, ni à droite, ni à gauche » (Deutéronome 17:18-20). L’expression « ceux qui te conduisent te fourvoient » vise les prophètes au sujet desquels Michée, contemporain d’Ésaïe, a dû prononcer le même jugement (Michée 3:5). Ils parlaient à chacun selon ce qui lui plaisait, mais ils taisaient devant le peuple le droit chemin conforme aux pensées de Dieu (comparer 1 Rois 22:11).
Or non seulement l’Éternel voit tout cela, mais Il est aussi le juste Juge qui, un jour, se tiendra là « pour juger les peuples » (v. 13). Tous leurs actes sont inscrits dans Ses livres, et le jour viendra où le Père confiera l’exercice du jugement à Son Fils (comparer Jean 5:22, 27). Lors de l’apparition du Fils de l’homme en gloire, toutes les nations seront assemblées devant Lui et jugées (Matt. 25:31-46). Mille ans plus tard, tous les morts recevront devant le grand trône blanc, leur sentence de condamnation éternelle (Apoc. 20:11-15). Ce verset est un exemple de « saut dans le temps » que l’Esprit fait si souvent dans les prophéties de la Parole de Dieu, lorsqu’à partir d’évènements de l’époque, Il dirige nos regards directement sur la fin.
C’est toutefois d’une autre manière que Dieu entre en jugement avec son peuple terrestre, et avec les anciens et les princes de celui-ci, qui portaient une responsabilité incomparablement plus grande (v. 14 et 15). Aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, Son peuple est l’objet de Sa discipline d’une manière particulière, et celle-ci peut prendre parfois la forme de châtiments. Ézéchiel a dû entendre que le jugement de Dieu sur Son peuple commençait par les vieillards devant le temple, et Pierre écrit au sujet de la chrétienté : « Car le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu » (Éz. 9:6 ; 1 Pierre 4:17). Le jugement de Dieu sur son peuple terrestre et ses conducteurs n’est toutefois pas restreint à un temps déterminé, même s’il atteindra son point culminant lors de la grande tribulation à venir.
Les motifs du jugement annoncé sont résumés en peu de mots. La vigne que les conducteurs avaient broutée au lieu d’en prendre soin et de la cultiver, représentait le peuple qu’ils avaient exploité matériellement. « Car la vigne de l’Éternel des armées est la maison d’Israël » (Ésaïe 5:7). Mais ils avaient traité le peuple de Dieu avec mépris et avec une dureté de cœur sans miséricorde, de sorte que l’Éternel des armées (en hébreu : Yahwe Sabaoth) qui avait vu tout cela, leur demandait avec insistance : « Qu’avez-vous à faire de fouler mon peuple et de broyer la face des pauvres ? » (v. 15).
Mais il n’y avait pas que les hommes figurant au premier rang de l’assemblée, qui provoquaient la colère et finalement le jugement de Dieu. Sommes-nous étonnés de la description détaillée de la démarche des fières « filles de Sion », des femmes qui habitaient à Jérusalem, particulièrement celles de la classe dominante ? Or de telles manifestations d’un état d’esprit charnel, qu’aujourd’hui on considère parfois bien légèrement comme n’étant que des détails extérieurs, n’échappent pas aux yeux de Dieu qui parcourent toute la terre (v. 16 à 23). Salomon n’avait-il pas déjà couronné ses dernières paroles sur les qualités de la « femme vertueuse » en disant : « La grâce est trompeuse, et la beauté est vanité ; la femme qui craint l’Éternel, c’est elle qui sera louée » (Proverbes 31:30) ? Pourquoi Paul exhorte-t-il les sœurs « à se parer d’un costume décent, avec pudeur et modestie, non pas de tresses et d’or ou de perles, ou d’habillements somptueux, mais par de bonnes œuvres, ce qui sied à des femmes qui font profession de servir Dieu » (1 Timothée 2:9-10) ? Pourquoi Pierre recommande-t-il aux femmes croyantes d’avoir une conduite pure, elles « dont la parure ne doit pas être une parure extérieure qui consiste à avoir les cheveux tressés et à être paré d’or et habillé de beaux vêtements, mais l’homme caché du cœur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible, ce qui est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pierre 3:2-4) ? C’est parce que l’extérieur reflète l’état intérieur. Et Dieu voit notre vêtement, notre attitude, et nos regards !
Une raison particulière expliquant cette description détaillée d’Ésaïe dans laquelle il n’est pas nécessaire d’entrer en détail, est le rôle essentiel qui revient aux femmes dans les maisons et dans les familles, spécialement dans l’éducation des enfants. Si, au lieu de la crainte de Dieu et de la modestie, elles manifestent une mise en avant de leur propre personne, accompagnée d’un caractère dépensier, que faut-il dès lors attendre de la génération suivante pour laquelle elles ont la charge de montrer le bon exemple ?
Le châtiment correspondant au comportement éhonté et orgueilleux des « filles de Sion » est présenté avec des expressions fortes. « En ce jour-là » (v. 18), jour qui n’était plus très éloigné, les ennemis du peuple de Dieu, les Babyloniens, pilleraient et dévasteraient le pays et la ville sainte. Dieu se servirait de cette guerre pour ôter d’un coup le précieux ornement des femmes élégantes de Jérusalem. Au lieu de l’odeur agréable de leurs parfums dans le temps présent, la pourriture règnerait, elles seraient ceintes de cordes, leur chevelure serait tondue, comme cela se pratiquait pour les prisonniers, elles seraient vêtues d’un sarrau de toile, habit de misère, et enfin elles seraient flétries comme des esclaves (v. 24).
À la ville de Jérusalem qu’il appelle déjà « fille de Sion » au verset 8 du premier chapitre, le prophète annonce finalement : « Tes hommes tomberont par l’épée, et tes hommes forts, dans la guerre » (v. 25). Mais alors — comme s’il devait se détourner d’elle avec tristesse — il ne s’adresse plus à elle, mais il parle d’elle et se lamente à l’avance sur sa destruction et son pillage, comme le fera plus tard Jérémie devant les ruines restantes : « Et ses portes se lamenteront et mèneront deuil ; et désolée, elle s’assiéra sur la terre » (v. 26 ; comparer Jér. 14:2 ; Lamentations 1:1-4).
Le triste sort des femmes condamnées dans les versets 16 à 24, est mentionné finalement au verset 1 du chapitre 4. Elles se voient non seulement livrées à la misère, mais aussi à la honte de ne pas avoir de mari, parce que les hommes sont tombés lors de la guerre contre Babylone. À la différence des normes occidentales actuelles, le fait d’être veuve et ou stérile étaient en Israël un sujet de honte toute spéciale (voir 54:4 ; Genèse 30:23). Du fond de la détresse qu’elles éprouvent, elles se tournent vers les hommes demeurés de reste mais en bien trop petit nombre, pour avoir au moins le nom d’un protecteur, tout en renonçant expressément à tout ce à quoi elles pouvaient normalement prétendre pour un couple marié, notamment la fourniture de biens matériels indispensables, comme la nourriture et le vêtement (comparer Exode 21:10).
Ainsi se termine cette description de l’état de choses du royaume de Juda, qui attira sur lui le jugement de Dieu, parce qu’« il n’y eut plus de remède » (2 Chroniques 36:16). Dans les années 606-605, 597 et 586 avant Jésus Christ, les ennemis babyloniens envahirent le pays et lui firent la guerre, ainsi qu’à la ville de Jérusalem, jusqu’à ce qu’elle soit consumée et détruite entièrement, et que tous les habitants soient transportés à Babylone pour une captivité de soixante-dix ans (voir 2 Chroniques 36).
La prophétie fait à nouveau un
« saut dans le temps », mais cette fois-ci pour introduire pour la
première fois dans ce livre le Messie promis, l’Oint de Dieu. Son titre ici,
est : « le Germe (en hébreu : zemach
) de l’Éternel »
(comparer Jér. 23:5 ; 33:15 ; Zacharie 3:8 ; 6:12). Si nous
englobons dans notre méditation Ésaïe 11:1 et 53:2, alors une image pleine de
grâce apparaît devant notre regard spirituel. Même si déjà du temps des
prophètes, il ne restait plus qu’une souche du royaume selon l’ordre divin dans
le peuple d’Israël, — certes une souche avec des racines — il sortirait quand
même de là un jour un rejeton, et une racine sortirait d’une terre aride.
Pendant des milliers d’années, Dieu avait attendu du fruit de Ses créatures,
particulièrement de son peuple terrestre Israël, mais Il n’avait rien
recueilli. À quelques exceptions près, tout était stérile et sans vie, ténèbres
et mort. Alors quand même, le « rejeton de l’Éternel » naquit à
Bethléem, la ville d’Isaï et de David, qui apporta le fruit désiré (Ésaïe
11:1). « Mais, quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé
son Fils, né de femme, né sous la loi » (Galates 4:4 ; comparer
Hébreux 7:14).
Lors de sa première venue, Il n’avait
« ni forme ni éclat ; quand nous le voyons, il n’y a point d’apparence
en Lui pour nous le faire désirer » (Ésaïe 53:2), mais lors du règne de
mille ans, Il sera « pour splendeur et pour gloire » du peuple d’Israël.
« Ce jour-là » (v. 2) ne désigne donc pas le temps de Sa vie sur la
terre, ou Son apparition pour exercer le jugement, mais Sa domination qui y
fera suite, et sous laquelle son peuple terrestre jouira d’une bénédiction
jamais connue auparavant. — Le « fruit de la terre (ou du pays ; en
hébreu : erez
) », qui sera un sujet de magnificence et d’ornement
pour les réchappés d’Israël, est-ce un autre titre du Messie (comparer avec le
« grain de blé » en Jean 12:24), où bien cette expression
désigne-t-elle la bénédiction et la fertilité de la terre purifiée durant le
règne de paix (comparer Éz. 34:29) ? — il n’est pas facile de déterminer,
car les deux interprétations conviennent pour le sens.
Qui aura part à ces bénédictions ? Seulement le petit nombre des « réchappés d’Israël », aussi bien des deux tribus que des dix tribus encore disparues du peuple. Nous trouvons ce fait bouleversant confirmé dans plusieurs passages de la Parole de Dieu. Paul cite en Romains 9:27 les paroles suivantes de notre prophète : « Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, le résidu seul sera sauvé » (voir Ésaïe 10:22). Mais ce résidu croyant affiné par la détresse est décrit comme étant « tout Israël » (Romains 11:26 ; comparer Zacharie 13:8-9).
Dans la période qui suit l’enlèvement de l’Église, les jugements punitifs de Dieu symbolisés par les sept sceaux, les sept trompettes, et les sept coupes de la colère de Dieu en Apoc. 6 à 11 et 16, fondront sur la terre entière. Mais Juda subira des épreuves toutes particulières sous la domination effrayante de l’Antichrist : ce sera « la détresse de Jacob » (Jér. 30:7 ; Matt. 24:9-28 ; 2 Thessaloniciens 2:4 ; Apoc. 12:13-17). Deux tiers du peuple, c’est-à-dire des deux tribus, seront exterminés (sur les dix tribus, voir Éz. 20:34-38), et le tiers restant sera affiné par le feu de Dieu, jusqu’à ce que finalement les réchappés soient reconnus par Lui comme étant son peuple, parce qu’ils auront été sanctifiés par la repentance et la foi au Messie qui vient (Zacharie 13:8-9). Alors la saleté des filles de Sion sera nettoyée et les crimes de Jérusalem seront ôtés par l’esprit de jugement et l’esprit de consomption [ou : anéantissement] de la part de Dieu. C’est de ce résidu « écrit parmi les vivants dans Jérusalem » qu’il est question dans les versets 3 et 4.
Lors de sa sortie d’Égypte et par la suite, Israël était accompagné par une colonne de nuée de jour, et une colonne de feu, la nuit. Cette colonne était le signe visible de la sainte présence de Dieu auprès de son peuple ; elle le protégea des Égyptiens, et le conduisit à travers le désert, et reposait au-dessus de la tente d’assignation (Exode 13:21 ; Nombres 9:15). De manière similaire bien qu’entièrement nouvelle, Dieu, dans le règne de mille ans, « créera » sur toutes les habitations de Jérusalem et sur les assemblées de ceux qui seront revenus, ces signes de Sa présence (v. 5). Une gloire jamais connue auparavant remplira, couvrira et protègera la « ville sainte ».
Le dernier verset de ce paragraphe montre que nous n’avons pas encore devant nous, ici, la perfection définitive. Car il y aura encore besoin que Dieu protège les Siens contre la chaleur du jour, et l’orage et la pluie. Une telle protection ne sera plus nécessaire dans l’état éternel, parfait, sur la nouvelle terre et dans les nouveaux cieux (v. 6).
Bien qu’au temps de l’Ancien Testament, l’Assemblée de Dieu soit restée un mystère non encore révélé, nous pouvons peut-être quand même voir dans la « couverture » et le « tabernacle » des v. 5 et 6, une mention cachée de ceux-ci. Dans l’état éternel, comme « nouvelle Jérusalem », elle descendra du ciel comme une épouse ornée, préparée pour son mari, et alors « l’habitation [tabernacle] de Dieu sera avec les hommes » (Apoc. 3:12 ; 21:2-3). Mais déjà, dans le règne de mille ans, elle sera pareillement « revêtue de la gloire de Dieu » (Apoc. 21:10-11). Nous ne pouvons nous représenter la « nouvelle Jérusalem » que comme un corps céleste planant au-dessus du centre du gouvernement terrestre.
L’Écriture Sainte place toujours devant nous deux critères distincts selon lesquels Dieu porte une appréciation sur les siens, et les juge si nécessaire. L’un est la responsabilité de ceux auxquels Il s’est révélé et dont Il s’est occupé en grâce ; l’autre est Sa propre sainteté. Le principe de la responsabilité se trouve en Ésaïe 5, celui de la sainteté de Dieu au chapitre 6.
ME 2003 p. 13
Ce chapitre commence par une prophétie sur le peuple d’Israël, plus précisément sur « la maison d’Israël » et « les hommes de Juda » (v. 7). Le fait que cette prophétie soit appelée « un cantique » ne doit pas nous surprendre. Déjà Moïse, dans son dernier cantique, parle du jugement de Dieu sur Israël (Deut. 32) ; et nous trouvons divers cantiques prophétiques dans l’Apocalypse (5:9 ; 14:3 ; 15:3). Rappelons aussi que de grandes portions des livres prophétiques de l’Ancien Testament sont écrites dans un langage et dans une forme poétiques — bien que cela soit parfois difficile ou impossible à rendre dans une traduction (cf. Lam. 1:1 note).
Le cantique d’Ésaïe est en même temps une parabole. Le Seigneur Jésus lui-même enseignait souvent sous forme de paraboles. Dans l’une d’elles, il utilise une comparaison semblable à celle d’Ésaïe 5 (Matt. 21:33-41). Dans les deux cas, la vigne est une image du peuple d’Israël ou des Juifs.
Il n’y a guère de plante qui exige autant de travail que le cep de vigne, jusqu’à ce que le fruit attendu apparaisse. Il en résulte que la vigne ou le cep sont particulièrement aptes à représenter Israël, le peuple terrestre de Dieu, objet de ses soins attentifs et persévérants. Cette image est plusieurs fois utilisée dans l’Ancien Testament (Jér. 2:21 ; Osée 9:10 ; 10:1 ; Joël 1:7). Dans ce cantique adressé à son « bien-aimé » au sujet de « sa vigne », Ésaïe parle donc du Dieu d’Israël et de son peuple terrestre. Le « coteau fertile » est le pays de Canaan dans lequel l’Éternel avait conduit son peuple et l’avait richement béni. Il ne l’avait laissé manquer de rien : il lui avait donné sa loi, les sacrificateurs et les prophètes ; il lui avait accordé aide et protection (cf. Rom. 9:4, 5). Il aurait donc pu attendre de sa vigne du fruit en abondance, mais au lieu « de bons raisins », il n’a trouvé que « des raisins sauvages ».
Alors Dieu s’adresse aux habitants de Jérusalem et aux hommes de Juda, et leur demande ce qu’il aurait encore pu faire de plus pour sa vigne (v. 3, 4). Il ne pouvait être donné que cette réponse humiliante : rien ! L’homme est manifesté comme étant incapable par lui-même de répondre à ce que Dieu attend de lui. Il en a été ainsi non seulement pour Israël, mais aussi pour la chrétienté — et, en vérité, il en est ainsi pour chaque homme individuellement.
En conclusion, Dieu prononce alors son jugement sur sa vigne. Il abattra sa haie et sa clôture — ce qui constitue sa protection — de sorte que chacun pourra y entrer et la fouler aux pieds. Elle ne sera ni taillée ni sarclée ; les ronces et les épines, symboles du sol maudit, y monteront ; et le ciel restera fermé sur elle afin que la pluie indispensable ne tombe pas pour l’arroser (v. 5, 6 ; cf. Deut. 11:17).
Le verset 7 fournit la clé de la parabole : « Car la
vigne de l’Éternel des armées est la maison d’Israël, et les hommes de Juda
sont la plante de ses délices. Et il s’attendait au juste jugement (mischpath
),
et voici l’effusion de sang (mispach
), — à la justice (zedaqah
),
et voici un cri ! (zeaqah
) ». Les mots hébreux, arrangés de manière
poétique, soulignent le sérieux du jugement de Dieu.
La parabole de la vigne énoncée par le Seigneur Jésus en Matt. 21 va encore plus loin : le fils du maître de la vigne est tué par les cultivateurs (v. 39). Par le rejet du Fils de Dieu, les Juifs ont amené sur eux le jugement d’une mise à l’écart pour un temps. Et Dieu révèle au monde entier qu’il n’attend dorénavant plus aucun fruit de ses créatures responsables — du moins sur le terrain de leur propre capacité.
Cependant, le Fils de Dieu, envoyé du ciel et rejeté par son peuple terrestre, a commencé sur cette terre une œuvre entièrement nouvelle. Elle est décrite par les paroles du Seigneur en Jean 15 : « Moi, je suis le vrai cep, et mon Père est le cultivateur » (v. 1). Celui qui se trouve dans une relation vitale avec le vrai Cep — une relation de foi — porte du fruit par lequel Dieu est glorifié, du fruit qui demeure (v. 8, 16).
Dans les six « Malheur… ! » qui suivent, tous les péchés du peuple ne sont pas dénoncés, mais seulement quelques fautes particulièrement saillantes des plus responsables d’entre eux (cf. chap. 3). De même aussi, le Seigneur Jésus a prononcé sept « Malheur à vous… ! », en s’adressant particulièrement aux scribes et aux pharisiens, les conducteurs aveugles des Juifs de son temps (Matt. 23:13 et suivants).
Le premier « Malheur… ! » (És. 5:8-10) concerne ceux qui sont possédés par le désir d’acquérir des richesses toujours plus grandes. En ajoutant « maison à maison » et en joignant « champ à champ », ils négligent totalement le fait que le pays est la propriété de l’Éternel (cf. Lév. 25:23). Cependant, plus ils amassent, moins ils posséderont. Les récoltes se fondront entre leurs mains.
Le deuxième « Malheur… ! » (v. 11-17) est prononcé contre ceux qui recherchent les plaisirs mondains et qui ne prennent pas garde à l’œuvre de l’Éternel. C’est pourquoi, sous le gouvernement divin, le peuple sera emmené en captivité, parce qu’il a méprisé la connaissance de Dieu et de ses pensées (cf. Osée 4:6). Beaucoup mourront et deviendront la proie du shéol — l’empire des morts. Les grands et les petits seront abaissés ensemble dans la poussière, tandis que « l’Éternel des armées… le Dieu saint, sera sanctifié en justice » (v. 16 ; cf. 2:11 et 17).
Le troisième « Malheur… ! » (v. 18, 19) s’adresse aux moqueurs qui ne prennent pas au sérieux le châtiment de Dieu annoncé par les prophètes, parce qu’il n’a pas encore été exécuté. Mais s’il tarde, c’est en raison de la longanimité de Dieu. Ces hommes pensent que le jugement ne viendra jamais ; par conséquent, ils vivent dans l’injustice, l’hypocrisie et le péché (cf. 2 Pierre 3:4 ; Éccl. 8:11).
Le quatrième « Malheur… ! » (v. 20) est prononcé sur ceux qui mettent sens dessus dessous tous les principes moraux : ils appellent le mal bien et le bien mal, ils mettent les ténèbres pour la lumière, l’amer pour le doux et inversement. La parole de Dieu nous fournit de saines et saintes normes ; lorsque celles-ci sont abandonnées, c’est la désorientation morale complète.
Le cinquième « Malheur… ! » (v. 21) s’en prend à ceux qui sont sages et intelligents à leurs propres yeux, mais qui de fait sont les plus grands insensés, et ainsi les ennemis de la vraie et divine sagesse (cf. Prov. 3:7 ; 26:5, 12, 16 ; 28:11).
Enfin le sixième « Malheur… ! » (v. 22, 23), en quelque sorte un résumé des cinq précédents, est adressé à « ceux qui sont forts pour boire du vin » ; il vise ceux qui recherchent les plaisirs, qui vivent dans l’injustice et renversent les principes moraux. Ces héros des boissons fortes sont les puissants du pays qui s’enrichissent par la corruption et qui pervertissent le droit et la justice.
Cependant, l’Éternel des armées, le Saint d’Israël, ne peut pas laisser impuni le fait que son peuple, et particulièrement ses conducteurs, méprisent sa loi (v. 24). Le jugement viendra sur eux comme un feu et les anéantira entièrement — racine et fleur — (cf. Mal. 4:1). Dans une sainte colère, l’Éternel frappera son peuple.
La forme verbale du passé, utilisée au verset 25, ne doit pas nous faire oublier que ce qui est écrit ici était encore à venir à cette époque — comme cela l’est encore aujourd’hui quant à son résultat final. Les prophéties de l’Ancien Testament ont souvent un accomplissement à court terme qui correspond dans son caractère, sinon dans sa pleine réalisation, aux jugements encore futurs qui sont l’accomplissement définitif de la prophétie. Cela semble bien être évoqué par les mots qui suivent : « Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue » (cf. 9:12, 17, 21 ; 10:4).
Dans les versets 26 à 30, nous pouvons certainement voir les invasions des Assyriens en Israël et des Chaldéens en Juda ; mais l’accomplissement définitif de cette prophétie est encore futur, même si, dans ce passage, il n’est donné encore aucun détail à ce sujet (cf. toutefois 10:5, 12).
Dieu lui-même appellera les « nations lointaines » (v. 26). Sur son ordre, un puissant ennemi viendra attaquer le pays d’Israël, et rien ne pourra le retenir. Les versets 27 et 28 donnent une description expressive de son armée ; elle viendra avec une grande rapidité, ne connaîtra aucune fatigue et sera parfaitement équipée. Face à son attaque, le peuple sera sans puissance. La détresse et la désolation s’étendront dans tout le pays et la lumière du ciel sera obscurcie. Cette prophétie fait allusion en premier lieu à Sankhérib, mais elle aura son plein accomplissement dans les derniers jours, lorsque les Assyriens — qui ne sont pas encore nommés dans ce passage — viendront contre Jérusalem et la prendront, après avoir submergé tout le pays. On en trouve les détails dans les chapitres suivants (cf. 7:17, 18 ; 8:7 ; 10:5).
ME 2003 p. 59
Ozias ou Azaria, roi de Juda, avait fort bien commencé ; hélas ! il a mal fini. « Quand il fut devenu fort, son cœur s’éleva jusqu’à le perdre » (2 Chron. 26:16). En effet, il a eu l’audace d’entrer dans le temple pour y faire fumer l’encens — fonction qui n’appartenait qu’aux sacrificateurs, fils d’Aaron. En conséquence de ce péché, il a fini sa vie lépreux, dans une maison d’isolement. Ésaïe a vécu ces événements et en a même écrit l’histoire, dans un livre qui ne nous est pas conservé (2 Chron. 26:22). Tout cela a sans doute pesé sur le cœur du prophète, qui discernait clairement l’état du peuple et de ses conducteurs, et qui, de la part de Dieu, devait le condamner sévèrement.
« L’année de la mort du roi Ozias », il est accordé à Ésaïe de voir « le Seigneur » dans le temple, « assis sur un trône haut et élevé » (És. 6:1). Les rois de la terre apparaissent et disparaissent, mais le Seigneur est Celui qui ne change pas, Celui qui demeure éternellement le Même. Au-dessus du trône, le prophète aperçoit des « séraphins », mot qui signifie « brûlants ». Ils sont les symboles de la sainteté de Dieu — « car aussi notre Dieu est un feu consumant » (Héb. 12:29). Avec leurs six ailes, ils ressemblent aux quatre animaux que l’on voit avec le trône de Dieu en Apoc. 4 ; comme ceux-ci, ils disent continuellement : « Saint, saint, saint… » (Apoc. 4:8). Par respect, ils se couvrent le visage ; dans l’humilité, ils se couvrent les pieds ; et ils sont continuellement prêts à servir « l’Éternel des armées », dont la gloire remplit toute la terre. L’ébranlement des seuils et la fumée qui remplit la maison rappellent la frayeur qu’avait produite l’apparition du Dieu d’Israël au Sinaï (v. 4 ; Ex. 19:18).
Cette vision, de même que la description du trône de Dieu en Ézéchiel 1, nous montre que les prophètes de l’Ancien Testament n’ont pu voir que partiellement le rayonnement de la gloire divine. Alors que Jean — dans la mesure où cela est possible à une créature — a pu la contempler à face découverte.
Sans qu’il ait pu le savoir, Ésaïe a contemplé ici la gloire du Fils de Dieu (Jean 12:41) — de Celui qui est « l’image du Dieu invisible », « le resplendissement de sa gloire et l’empreinte de sa substance » (Col. 1:15 ; Héb. 1:3). Au début de son Évangile, Jean déclare son existence éternelle : « Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu (Jean 1:1). Avant que la grâce et la vérité soient parfaitement manifestées en Jésus (1:17), chaque apparition de la gloire de Dieu produisait nécessairement sur l’homme la crainte et l’effroi.
Le prophète, qui précédemment avait prononcé les six « malheurs » du jugement sur son peuple, s’écrie maintenant, tandis qu’il est placé en face de la sainteté divine qui scrute son âme et de la gloire divine qui l’accable : « Malheur à moi ! car je suis perdu » (v. 5). Dans la présence de Dieu, il ne voit pas seulement le péché et la dépravation du peuple ; il voit qu’il est lui- même un homme aux lèvres impures, indigne de contempler le vrai roi, l’Éternel des armées. Devant la parfaite sainteté de Dieu, personne ne peut tenir. Mais, la confession du prophète, qui ne se place nullement au-dessus de son peuple, est agréable à Dieu. Il dit lui- même : « J’habite le lieu haut élevé et saint, et avec celui qui est abattu et d’un esprit contrit » (És. 57:15).
Alors, l’autel apparaît. C’est l’autel d’airain, dont le feu fait monter vers Dieu l’odeur agréable de l’offrande, et qui apporte la propitiation et le pardon (Lév. 4:31). Avec un charbon ardent pris de dessus l’autel, l’un des séraphins touche les lèvres impures du prophète, dont le péché est ainsi ôté (v. 6 et 7).
Quelle magnifique image nous avons ici de la vraie expiation et de la sanctification ! La sainteté de Dieu, dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, exigeait une expiation parfaite du péché. Par l’offrande que Jésus Christ a faite de lui-même à la croix, et par le jugement divin qu’il a pris sur lui et qu’il a épuisé, cette expiation a été faite de manière complète et une fois pour toutes. La sainteté de Dieu est satisfaite. Dans son amour, sa grâce et sa miséricorde, il a donné son propre Fils pour cela, et il offre un plein salut à tous ceux qui viennent à lui dans la repentance et la foi.
Nous venons de dire que cette scène est une « image », parce qu’elle ne nous décrit pas la conversion d’Ésaïe. Il avait déjà la foi en Dieu. Seulement, comme tous les croyants de l’Ancien Testament, il ne pouvait pas connaître la signification profonde de la propitiation et du pardon. Cependant, dans l’image que nous avons ici, le principe en est clairement montré. De la même manière, le souverain sacrificateur Joshua apprend de manière concrète, en présence de l’Ange de l’Éternel, quel est le principe de la purification ; ses vêtements sales sont ôtés, et il est revêtu d’habits de fête (Zach. 3:1-5).
Dans ce passage, il ne s’agit pas non plus de l’appel d’Ésaïe au service de prophète, mais d’une mission particulière qui lui est confiée, et pour laquelle Dieu le prépare de cette manière. À ce sujet, nous pouvons penser à Pierre qui, devant la gloire et la puissance du Fils de Dieu devenu homme, s’écrie : « Seigneur, retire- toi de moi, car je suis un homme pécheur », et qui reçoit au même moment la mission : « Ne crains pas ; dorénavant tu prendras des hommes » (Luc 5:8-10).
Ésaïe entend maintenant la voix du Seigneur disant : « Qui enverrai-je, et qui ira pour nous ? » Le pluriel, comme dans la déclaration de Genèse 1, « Faisons l’homme à notre image », laisse déjà percevoir la pluralité des personnes divines. Comme quelqu’un de tout aussi coupable que le peuple entier, mais qui a conscience d’être pardonné, Ésaïe est dans les dispositions intérieures convenables. Ainsi préparé à répondre à cet appel, il dit : « Me voici, envoie- moi » (v. 8).
Il reçoit la mission d’annoncer à « ce peuple » — que maintenant Dieu n’appelle plus « mon peuple », comme au début du livre (cf. 1:3) — l’endurcissement imminent qui va l’atteindre. Cet endurcissement des cœurs n’était pas un acte arbitraire de Dieu, mais sa dernière réponse à la dureté de cœur de son peuple terrestre, qui avait mis de côté avec mépris tous les soins de son amour. Le pharaon d’Égypte avait déjà connu un tel jugement parce qu’il n’avait pas voulu laisser les Israélites sortir de son pays ; et après l’enlèvement des croyants, la chrétienté subira un sort semblable (Ex. 7:13 ; 9:12 ; 2 Thess. 2:10-12). Dans les jours d’Ésaïe, l’endurcissement annoncé consistait en ceci : les hommes entendraient mais ne comprendraient pas, ils verraient mais ne connaîtraient pas. Ils deviendraient spirituellement sourds et aveugles. La conversion et la guérison du peuple ne seraient plus possibles.
Cette prophétie a trouvé son premier accomplissement à l’époque de la captivité babylonienne, lorsque le courroux de Dieu contre son peuple est devenu si grand « qu’il n’y eut plus de remède » (2 Chron. 36:15, 16). Cependant, lorsque les Juifs, environ sept siècles plus tard, ont rejeté tout d’abord le Messie que Dieu leur avait envoyé, puis le témoignage du Saint Esprit concernant un Christ glorifié dans le ciel, ces paroles prophétiques ont eu leur réalisation définitive. C’est pourquoi elles sont citées plusieurs fois dans le Nouveau Testament (Matt. 13:14 ; Marc 4:12 ; Luc 8:10 ; Jean 12:40 ; Act. 28:26). Cet état de choses subsiste encore aujourd’hui, et durera « jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée ; et ainsi tout Israël sera sauvé » (Rom. 11:25, 26). Après l’enlèvement des croyants, Dieu se tournera de nouveau vers son peuple terrestre et le recevra en grâce, mais seulement après une discipline sévère.
Ésaïe savait certainement, par la loi et par les psaumes, que Dieu « ne contestera pas à jamais » et qu’il « ne garde pas sa colère à toujours » (Deut. 30 ; Ps. 103:9). Aussi pose-t-il immédiatement la question : « Jusques à quand, Seigneur ? » (v. 11). Il ne pouvait cependant pas recevoir une réponse correspondant à ce que nous connaissons aujourd’hui. Il lui est dit seulement : « Jusqu’à ce que les villes soient dévastées, de sorte qu’il n’y ait pas d’habitants, et les maisons, de sorte qu’il n’y ait pas d’hommes, et que le sol soit réduit en entière désolation, et que l’Éternel en ait éloigné les hommes, et que la solitude soit grande au milieu du pays » (v. 11, 12). Le prophète devait vivre l’anéantissement du royaume du nord, mais non la désolation de Jérusalem par Nebucadnetsar, environ un siècle plus tard. Après sa mort, sept cents ans devront encore s’écouler jusqu’à ce que les Romains accomplissent une seconde destruction du temple et de la ville (en l’an 70). Ainsi que nous le savons par les Écritures, « le temps de la détresse pour Jacob » est encore futur (Jér. 30:7). Cependant, quelque proche que puisse être ce temps, nous nous trouverons auparavant réunis auprès de notre bien-aimé Seigneur, dans la maison du Père.
Toutes les dévastations précédentes, comme aussi celle qui doit arriver dans le temps de tribulation à venir, ne sont pourtant pas équivalentes à une extinction totale du peuple d’Israël. Un petit résidu sera préservé, dans l’avenir aussi, à travers les jugements qui l’attendent : « il y aura encore là un dixième ; et il reviendra et il sera brouté, comme le térébinthe et le chêne, dont le tronc reste quand ils sont abattus » (v. 13). D’un tronc apparemment mort, de nouvelles pousses peuvent s’élever. C’est ainsi qu’un jour, dans le peuple de Dieu, « la semence sainte » — le résidu croyant — sera là pour la gloire de Dieu et pour la bénédiction de la terre.
La maison de David, qui devait être un exemple et un appui moral pour le peuple terrestre de Dieu, répondait toujours moins à sa mission. Même si les rois de Juda n’étaient pas aussi mauvais que ceux d’Israël, plusieurs d’entre eux ne se souciaient guère, voire pas du tout, des commandements de Dieu ; ainsi Achaz (742-726 avant Jésus Christ) vécut de manière débridée et infidèle à l’Éternel, contrairement à son père Jotham et à son grand-père Ozias qui avaient la crainte de Dieu. Lorsque Retsin, le roi de Syrie, avec Pékakh, le roi d’Israël, entra en guerre contre Juda, Achaz, dans son embarras, appela à son secours le roi d’Assyrie ; mais il dut finalement faire l’expérience que Tiglath-Piléser ne lui était d’aucune aide véritable (comparer 2 Rois 16 et 2 Chroniques 28). En réalité les deux peuples voisins ne purent absolument rien faire contre Jérusalem, parce que Dieu ne le permit pas (7:1).
La détresse et l’excitation étaient pourtant la conséquence directe de la nouvelle que la Syrie s’était alliée à Éphraïm (son nom figure ici comme étant la plus puissante des dix tribus du royaume du Nord et comme les représentant toutes) (7:2). C’était une mise à l’épreuve du cœur pour la maison de David et tout son peuple. Allait-on se confier en Dieu, ou avoir recours à l’aide de l’homme ?
C’est dans une telle situation qu’Ésaïe est envoyé par l’Éternel avec un message pour Achaz. Il doit prendre avec lui son fils Shéar-Jashub, dont le nom est lui-même significatif : « un résidu reviendra ». Les mêmes mots qui composent ce nom prophétique et symbolique, Ésaïe les emploie plus tard dans sa prophétie concernant le temps de la fin : « Le résidu reviendra, le résidu de Jacob, au Dieu fort » (Ésaïe 10:21). Même si le roi et le peuple sont infidèles à leur Dieu, Lui reste cependant fidèle à sa promesse « car Il ne peut se renier Lui-même » (2 Timothée 2:13). Celui qui a déjà été appelé au verset 13 du chapitre 6: « semence sainte », le « tronc », prend une forme vivante dans le nom du fils d’Ésaïe, et est ainsi le signe d’un rayon d’espérance pour les opprimés. Le lieu de la rencontre avec Achaz, « au bout de l’aqueduc de l’étang supérieur, sur la route du champ du foulon », constituait pour la ville un endroit stratégique, que le roi en cette situation de crise tenait à examiner personnellement (comparer 22:9-11). Le prophète rencontre le roi au même endroit où, quelques dizaines d’années plus tard, le Rab-Shaké assyrien allait se moquer de Dieu et de Son peuple, puis allait être Lui-même remis à sa place par Dieu (36:2 et 37:36).
Son message commence par un encouragement étonnant donné à l’infidèle Achaz à se tenir tranquille et à ne pas s’effrayer devant les deux rois ennemis. Si à première vue ceux-ci pouvaient paraître comme un feu consumant, aux yeux de Dieu ils n’étaient rien de plus que « deux bouts de tisons fumants », desquels il ne pouvait provenir aucun danger réel pour le peuple de Dieu (7:4). Puis, Dieu révèle les desseins des ennemis, qu’Achaz ne connaissait probablement pas. Leur plan consistait à établir un autre roi sur Juda, « le fils de Tabeël » (7:6). Par le moyen de cet homme inconnu, dont le père avait pour nom, de manière bien significative : « bon à rien » ou « ne servant à rien », la descendance royale de David serait mise de côté, et par-là la lignée du Messie promis. Cela, Dieu ne pouvait pas le permettre. Retsin et Pékakh pouvaient bien être fiers des capitales de leurs deux pays, et avoir des projets ambitieux, cependant, 65 ans plus tard, le royaume du Nord d’Israël n’existerait plus, car sous le règne du roi d’Assyrie Ésar-Haddon (680-669 avant Jésus Christ), les derniers transplantés étrangers arriveraient à Samarie (comparer Esdras 4:2). Mais Achaz et les habitants de Jérusalem ne subsisteraient pas, s’ils ne se confiaient pas en leur Dieu (7:8-9).
Achaz devait toutefois faire l’expérience de ce que signifiait le fait de chercher du secours dans le monde. Au lieu de trouver de l’aide auprès de l’Assyrie, il devait s’apercevoir que finalement, ce royaume allait être précisément le grand ennemi dont le peuple de Dieu avait à être délivré. C’est la raison pour laquelle le vrai libérateur, Emmanuel, se trouve maintenant introduit.
Dieu propose un signe à l’infidèle Achaz, homme aux pensées profanes, pour lui montrer tout ce qu’Il était capable de faire, dans Sa grâce et dans Sa puissance. Mais Achaz craint la proximité de Dieu et l’évite, et sous un prétexte d’apparence pieuse, il refuse de demander un signe de confirmation (7:10-12). Là-dessus, le prophète dévoile l’hypocrisie d’Achaz, et annonce que Dieu, par la venue d’Emmanuel, donnera le « signe » le plus grand et le plus glorieux, mais Il ne le donnera pas à lui, mais à toute la maison de David (7:14).
Emmanuel, c’est le Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair, le Messie d’Israël, le Sauveur du monde ! En Lui, il y a non seulement le Oui et l’Amen de toutes les promesses de Dieu, mais en Lui est apparue la grâce de Dieu qui apporte le salut à tous les hommes. Lorsque le moment de Sa naissance de la vierge Marie était imminent, l’évangéliste Matthieu reprend à nouveau cette prophétie d’Ésaïe : « Or tout cela arriva, afin que fut accompli ce que le Seigneur a dit par le prophète, disant : Voici, la vierge sera enceinte et enfantera un fils, et on appellera son nom Emmanuel » (Matt. 1:22-23). La maison de David a refusé, mais Dieu ne permettra pas que soit éteinte cette famille sur laquelle reposent les promesses les plus excellentes pour Israël. Dans le Messie promis, le Fils de David, Il mènera jusqu’à leur parfait achèvement Ses conseils de bénédiction.
Il était connu depuis la chute que le vainqueur de Satan
naîtrait d’une femme (Genèse 3:15) ; qu’une jeune femme fût enceinte n’aurait
donc nullement été un « signe », mais la grossesse de la vierge
Marie, de même que la résurrection et l’ascension de Christ font partie des
plus grands miracles de Dieu. C’est sur un tel chemin choisi par Dieu que son
Fils unique est venu comme homme sans péché dans ce monde. Le mot utilisé ici
(en hébreu : alma
), désigne toujours dans la Parole de Dieu, la
jeune fille non mariée, c’est-à-dire la vierge, et est toujours rendu ainsi, à
juste titre, dans la version J.N. Darby.
La signification profonde du signe annoncé réside dans le nom même d’Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec (ou auprès de) nous », nom qui indique la divinité du Fils né de la vierge. Ce fait auquel il est ici seulement fait allusion, ne pouvait être pleinement dévoilée que dans le Nouveau Testament, et c’est ce qu’on trouve d’une manière spécialement claire dans les paroles de l’apôtre Paul inspirées par le Saint Esprit : « Mais quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu’il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption » (Galates 4:4-5).
Le caillé et le miel parlent d’une nourriture simple, mais bonne (comparer 7:22 et Exode 3:8). Ce sont aussi des figures de la Parole de Dieu (1 Pierre 2:2 ; Ps. 19:10 et 119:103). Quand il nous est dit qu’Emmanuel mangera de la crème ou du lait caillé, et du miel, nous pouvons alors penser à l’enseignement parfait communiqué par son Père céleste, que son oreille ouverte recevait chaque matin de sa vie terrestre (50:4). Ainsi Il a été le seul à être venu sur cette terre, et à être capable de manière parfaite, de rejeter le mal et de choisir le bien, comme nous pouvons le constater dans toute Sa vie jusqu’à la croix de Golgotha (7:15).
Au verset 16, le prophète recommence à s’adresser directement à
Achaz au sujet de la situation du moment. Le jeune garçon Shéar-Jashub
accompagné d’Ésaïe était lui-même un « signe », de même que son frère
né plus tard (voir 8:3 et 4:18). L’« enfant » qui ne sait pas encore
rejeter le mal et choisir le bien, n’est donc plus le « fils » de la
vierge des versets 14 et 15, mais le fils aîné du prophète — peu probablement
le fils plus jeune, dont la naissance n’est rapportée qu’au v. 3 du ch. 8.
Avant qu’il ait atteint l’âge et la capacité de distinguer le bien du mal, les
deux rois qu’Achaz craignait, seraient frappés par l’Assyrien et quitteraient
tous deux le pays (en hébreu : adamah
: terre, sol, pays)
(comparer 2 Rois 15:29 et 16:9).
Mais Juda aussi devait subir le juste châtiment de Dieu, et même d’une manière telle que cela ne s’était pas produit depuis le temps du schisme d’Israël en deux royaumes (1 Rois 12). Le roi d’Assyrie en qui Achaz mettait toute sa confiance, allait justement être utilisé pour cela comme verge de Dieu (7:17).
Le pays d’Israël était souvent un objet de litige entre les grandes puissances d’Assyrie et d’Égypte. Maintenant Dieu allait appeler ces deux nations, et comme des mouches et des abeilles, elles allaient se poser en Israël, afin de le saigner à blanc (7:18 et 19, comparer Ps. 118:12). Achaz pensait gagner le roi d’Assyrie pour qu’il l’aide contre la Syrie et Israël, mais en réalité, ce souverain qui habitait de l’autre côté de l’Euphrate, allait venir comme un rasoir commandé par Dieu, et allait livrer le peuple de Dieu à l’opprobre : en effet, tondre la barbe et la chevelure était un signe de honte (7:20). Le pays serait entièrement dépeuplé et dévasté, de sorte qu’aux quelques-uns demeurés de reste, il suffirait d’une vache et de deux brebis ou de deux chèvres pour subsister. Malgré toute cette misère, ces quelques animaux ainsi que la nature abandonnée à elle-même donnent encore « de la crème (ou du lait caillé) et du miel » en abondance ; or ce sont là les signes caractéristiques du pays de Canaan (Exode 3:8) dont Dieu, dans Sa miséricorde, ne prive pas les Siens, même en ce temps-là.
Toutefois à part cela, il n’y a partout qu’épines et ronces : les symboles de la malédiction du péché. Elles ne couvriront pas seulement les vignes les plus excellentes et de plus grande valeur (voir Cantiques des C. 8:11), mais tout le pays, celui-ci ne pouvant plus être utilisé que comme une zone de pâturages assez dangereuse, où, au lieu d’outils de culture, on doit porter sur soi des arcs et des flèches (7:23 à 25).
Le jugement déjà annoncé aux versets 7:8 et 7:16 sur Samarie et Damas, est maintenant confirmé par l’Éternel, qui demande à Ésaïe d’écrire sur un grand écriteau, lisible pour chacun, les paroles mentionnées ci-après, relatives à l’assaillant Assyrien : « Le pillage se hâte, bientôt vient le butin » (8:1; comparer à 10:6). Les noms des deux « fidèles témoins », Urie et Zacharie, signifient : « L’Éternel (Yahwe) est ma lumière » et « L’Éternel (Yahwe) se souvient ». Urie était sacrificateur (voir 2 Rois 16:10 et suiv.), et Zacharie sera aussi un homme renommé parmi le peuple (8:2). Leurs deux noms brillent comme des lueurs divines d’espérance au milieu des jugements imminents.
Ésaïe et sa femme voient la naissance d’un second fils, dont le
nom, donné sur ordre de Dieu, doit correspondre strictement aux paroles déjà
écrites par le prophète sur un écriteau, comme prophétie sur l’Assyrie :
« Le pillage se hâte, bientôt vient le butin » (en hébreu :
Maher-Shalal-Hash-Baz) (8:3). Ce second fils est donc un témoignage vivant des
prophéties prononcées par son père Ésaïe et mises par écrit (comparer 8:18).
Avant que l’enfant puisse parler correctement, les pays de Syrie et d’Éphraïm,
avec leurs capitales Damas et Samarie, seraient ravagés et pillés par le roi d’Assyrie
(8:4). Alors que pour son frère aîné Shéar-Jashub, il est mentionné la capacité
à distinguer le bien du mal (7:16), on trouve pour Maher-Shalal-Hash-Baz, les
paroles les plus simples du langage enfantin : « mon père et ma
mère » (en hébreu avi
et immi
). Il ne s’écoulerait donc qu’un
temps très court jusqu’à l’accomplissement de la prophétie ; celui-ci est
relaté en 2 Rois 15:29 et 16:9. Les évènements eurent lieu vers 734-732 avant
Jésus Christ.
Le message de l’Éternel à son peuple n’est cependant pas terminé. Le peuple qui méprise les eaux de Siloé qui coulent doucement et qui trouve son plaisir en Retsin et en Pékakh, désigne en fait le royaume du Nord [dix tribus]. L’étang de Siloé qui est alimenté par la source de Guihon, était le réservoir d’eau le plus important de Jérusalem, et une figure de la bénédiction divine de la domination royale de la maison de David (voir Néh. 3:15; Jean 9:7). Les dix tribus s’étaient non seulement débarrassées de la royauté instituée par Dieu, mais en outre toléraient avec Pekakh d’avoir un roi qui était un meurtrier (voir 2 Rois 15:25). Elles s’étaient maintenant alliées avec Retsin de Syrie, et par leur attaque en commun, ils avaient rempli Juda d’angoisse et d’épouvante (7:4-9,16).
Mais leur joie prendrait fin à cause de l’énorme masse d’eau du fleuve Euphrate, qui symbolise ici la puissance de l’Assyrie. Dans peu de temps, le royaume du Nord allait être emmené en captivité en Assyrie (721 avant Jésus Christ). Quant à Juda, il ne serait pas non plus épargné, seulement les eaux ne l’atteindraient que « jusqu’au cou », c’est-à-dire que le peuple serait préservé d’un anéantissement total. Ceci nous amène au temps de la fin, lorsque l’Assyrie étendra ses ailes et submergera tout le pays (8:8). Mais ce pays est, et reste le pays d’Emmanuel, qui ne sera pas englouti, mais fera l’expérience de la délivrance par Emmanuel Lui-même (voir Michée 5:1-5).
La relation avec le temps de la fin apparaît particulièrement clair aux versets 9 et 10, car ici, il n’est pas question des Assyriens, mais des « peuples » et de « tous ceux qui habitent au loin sur la terre », qui poussent des cris de guerre et qui se ceignent, mais qui seront brisés. La triple répétition de ces mots « et seront brisés », scelle la destruction irrévocable de ces puissances ennemies, qu’il s’agisse présentement de la deuxième attaque de l’Assyrien, ou de celle encore à venir sous la conduite de Gog et Magog (la Russie), — attaques qui en Ésaïe ne sont pas encore clairement distinguées (voir toutefois Daniel 11:40-45; Éz. 38). Tous leurs plans et leurs propos seront réduits à néant, et cela à cause de la Personne glorieuse, dont le nom est mentionné ici pour la troisième fois, par les mots : « Dieu est avec nous » (en hébreu : immanu El = Emmanuel) (8:10, voir 7:14 et 8:8). Il sera le Sauveur d’Israël dans l’avenir, mais Il est aussi déjà notre Sauveur, Celui qui, comme Sauveur du monde, tend aujourd’hui encore vers tous les hommes ses bras qui sauvent !
Les révélations reçues par Ésaïe étaient en complète opposition avec l’état d’esprit général du peuple dans la détresse. C’est pourquoi l’Éternel devait mettre sa main forte sur lui, afin de lui donner la force pour qu’il ne soit pas ébranlé, mais qu’il reste ferme dans cette situation. Ésaïe se tient ici comme représentant d’un résidu qui est averti de ne pas faire cause commune avec le peuple rebelle (8:11). Les fidèles n’ont pas besoin d’avoir peur comme la masse du peuple, devant la conjuration (ou : coalition) de la Syrie avec les dix tribus (7:2), ni d’établir une alliance avec les assyriens, mais ils peuvent au contraire se confier en l’Éternel des armées, avec la révérence et la crainte de Dieu qui conviennent, et Le sanctifier dans leur cœur (8:12, 13). C’est par des paroles similaires que Pierre encourage les croyants à ne pas craindre les souffrances pour la justice (1 Pierre 3:14-15). Si dans notre cœur, nous laissons au Seigneur la première place qui Lui est due, nous éprouvons la puissance de Sa présence et la paix de Sa communion — alors Lui est notre sanctuaire.
Mais Il sera aussi « pour pierre d’achoppement et pour rocher de trébuchement aux deux maisons d’Israël, pour piège et pour lacet aux habitants de Jérusalem » (8:14). Comme nous le savons, ces paroles se sont en partie déjà réalisées, lorsque dans leur incrédulité, les Juifs ont rejeté le Seigneur Jésus. Paul aussi bien que Pierre appliquent cette prophétie dans ce sens (Romains 9:33 et 1 Pierre 2:8). Paul traite en détail en Romains 9 à 11 de la « chute » [ou : trébuchement] et de l’endurcissement d’Israël à cause du rejet du Seigneur Jésus.
Mais Paul aussi bien qu’Ésaïe mentionnent un « résidu », un certain nombre de croyants issus du peuple terrestre de Dieu, qui ne sont pas endurcis. Tandis « qu’au temps actuel aussi, il y a un résidu selon l’élection de la grâce » (Romains 11:5) qui se lève dans l’assemblée de Dieu, dans laquelle il n’y a ni Juifs ni Grecs, mais où tous sont un en Christ ; il en va autrement au temps d’Ésaïe, comme aussi dans l’avenir après l’enlèvement de l’Église. Car au sein du peuple d’Israël, il y en a quelques-uns qui espèrent en Dieu, et attendent l’accomplissement de Ses prophéties concernant le Messie. C’est de ce résidu qu’il est question dans les versets suivants (8:16-20).
Le prophète est exhorté à lier le « témoignage » et à sceller la « loi » (en hébreu : thora, qui signifie aussi : instruction, enseignement) (8:16). C’est toute la Parole de Dieu qui est ainsi en vue dans ces prophéties données au prophète (voir 8:20 et Ps. 19:8). Même si le peuple vu dans son ensemble, méprisait la sainte Parole de Dieu, cependant celle-ci devait rester gardée parmi (ou : chez) les « disciples » de l’Éternel. Les « disciples » sont des personnes instruites et enseignées par la révélation divine, et dont le modèle le plus élevé est le Fils de Dieu devenu Homme (Ésaïe 50:4; 54:13). Comme un de ces disciples séparés du peuple dont l’Éternel s’est détourné, et qui s’appuient uniquement sur Dieu et sa Parole infaillible, le prophète exprime sa confiance et son espérance en Lui (8:17; comparer Héb. 2:13, où le Seigneur Jésus est vu comme Celui qui se confie entièrement en Dieu).
Les paroles « Voici, moi et les enfants que l’Éternel m’a donnés, nous sommes pour signes et pour prodiges en Israël » (8:18), se rapportent en premier lieu au prophète et à ses deux fils Shéar-Jashub et Maher-Shalal-Hash-Baz (7:3 et 8:3), dont les noms annoncent le retour du résidu, mais aussi le jugement sur la masse du peuple. Dans l’épître aux Hébreux (2:13), qui s’adresse à des croyants d’entre les Juifs, autrement dit au « résidu selon l’élection de la grâce » (Romains 11:5), ces paroles, comme déjà le verset 17, se rapportent toutefois aussi en partie au Seigneur Jésus et aux rachetés. Cela signifie-t-il qu’Ésaïe a prophétisé au sujet de l’assemblée qui, au temps de l’Ancien Testament, était pourtant un mystère non encore dévoilé (Éph. 3:3-11) ? Mais cette prophétie n’aura son plein accomplissement que lors de l’apparition du Seigneur en gloire, quand le résidu sera reçu par Lui en grâce (voir Rom. 11:26 et suiv.). C’est de cela que parle déjà ce qui est ajouté « de la part de l’Éternel des armées qui demeure en la montagne de Sion ». Mais ceux des Juifs qui, dans le temps actuel sont sauvés par la foi en Lui et appartiennent de ce fait à l’Assemblée, font cependant l’expérience d’une « réalisation préalable », semblable à ce qu’on voit en 1 Pierre 2:10.
Le cercle des « disciples » qui forment le résidu, reçoit l’exhortation de rechercher la lumière et la force dans la révélation reçue de Dieu, et par rapport à leurs concitoyens qui désirent les pousser à avoir recours aux évocateurs d’esprits des morts et aux devins, ils sont exhortés à répondre en les orientant vers Dieu (8:19 ; voir Deut. 18:9-14). Quelle folie de croire que les morts pourraient donner des conseils aux vivants (voir Écclésiaste 9:5) ! Et pourtant l’occultisme se répand rapidement dans les temps de perplexité et de désarroi, comme aussi dans le temps actuel. Non, seul le retour « à la loi et au témoignage » (8:16), à la vivante Parole de Dieu, peut donner lumière et sagesse. Pour celui qui ne s’engage pas dans cette voie, l’aurore du salut ne se lèvera pas (8:20).
Dans les derniers versets de ce chapitre, se trouve maintenant dépeint d’une manière forte, l’état du peuple éloigné de Dieu, qui ne veut ni ne peut voir la vraie lumière. À l’intérieur de son propre pays, il est grandement affligé et il parcourt le pays en ayant faim, maudissant son roi et son Dieu (8:21). Qu’il regarde en haut ou en bas, il ne voit que détresse, obscurité de l’angoisse et d’épaisses ténèbres (8:22). Cette prophétie allait déjà s’accomplir bientôt, et au fond ce temps-là dure toujours, jusqu’à atteindre son point culminant dans la grande « détresse de Jacob ». Mais, à travers les jugements de Dieu, le peuple dans son ensemble, sera aussi peu amené à se convertir que l’humanité en général, à travers les plaies décrites dans l’Apocalypse (Apoc. 9:20 et 16:9).
ME 2003 p. 123
Même dans les temps les plus sombres que le peuple terrestre de Dieu a dû traverser à cause de sa désobéissance, Dieu lui a toujours donné, par les prophètes, une espérance quant à la grâce qui devait être manifestée dans l’avenir. Au temps du roi Achaz, le pays opprimé avait cherché son refuge auprès du roi d’Assyrie ; mais celui-ci s’était vite révélé comme son ennemi. Ésaïe avait alors prédit pour le peuple une obscurité spirituelle (8:22), mais celle-ci ne durerait pas toujours. Les tribus de Zabulon et de Nephthali, en Galilée, avaient été emmenées en captivité par Tiglath-Piléser, roi d’Assyrie, événement qui avait marqué le début de la déportation (2 Rois 15:29). Des étrangers avaient été introduits à leur place, ce qui avait d’autant plus couvert le pays d’opprobre. Encore au temps du Nouveau Testament, la Galilée et la Samarie, avec leurs habitants, étaient méprisés par les Juifs (Jean 1:47 ; 4:9 ; 7:52).
Malgré cela, la contrée située près du lac de Génésareth, la Galilée méprisée — la « Galilée des nations » — devait être honorée d’une manière toute particulière par la venue du Messie. Dans le territoire de la tribu de Zabulon se trouvait Nazareth, où l’ange Gabriel a annoncé à Marie la naissance de Jésus (Luc 1:26). Capernaüm, qui, par la présence du Seigneur et par les miracles qu’il avait faits dans cette ville, « a été élevée jusqu’au ciel » (Matt. 11:23), appartenait à Nephthali. Comme l’évangéliste Matthieu le constate expressément, par la venue de Jésus s’est accomplie la prophétie d’Ésaïe : « Terre de Zabulon, et terre de Nephthali, chemin de la mer au-delà du Jourdain, Galilée des nations : le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; et sur ceux qui sont assis dans la région et dans l’ombre de la mort, la lumière s’est levée » (Matt. 4:15, 16 — citation d’És. 9:1, 2).
Ce n’est pas Jérusalem, mais cette contrée méprisée, qui a été la scène principale sur laquelle le Seigneur Jésus a révélé la grâce de Dieu. C’est là qu’a resplendi la lumière divine, « afin de luire à ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour conduire nos pieds dans le chemin de la paix » (Luc 1:79). Cependant, bien peu alors l’ont reconnu.
« Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1:11). Le rejet du Seigneur est la raison pour laquelle presque deux mille ans se sont maintenant écoulés sans que les versets 3 à 5 se soient réalisés. Même s’il y a de nouveau un état d’Israël depuis 1948, plus de la moitié des Juifs vivent encore dispersés dans le monde entier ; on ne saurait donc parler, jusqu’à ce jour, d’une multiplication de la nation et encore moins d’une joie du peuple devant Dieu (v. 3). Tout cela appartient encore au futur.
L’accomplissement des prophéties qui annoncent la bénédiction pour Israël a été interrompu par la crucifixion du Seigneur. Il n’y a ici aucune allusion au temps actuel de la grâce, dans lequel se déploie le mystère des desseins éternels de Dieu concernant Christ glorifié et son assemblée ; la prophétie passe par-dessus ce temps.
Toutefois, quand « la plénitude des nations sera entrée », c’est-à-dire après l’enlèvement des croyants, « tout Israël sera sauvé » (Rom. 11:25, 26). Israël se réjouira comme nation devant le Seigneur, lors de son apparition en gloire, comme le cultivateur se réjouit au temps de la récolte et le soldat lors du partage du butin (fin du v. 3). La libération à venir, qui doit délivrer le peuple de tous ses oppresseurs et de tous ses ennemis, est comparée à sa délivrance des Madianites opérée autrefois par Gédéon, d’apparence si faible avec ses trois cents hommes (v. 4 ; cf. Jug. 7 et 8 ; Ps. 83:9-11 (*)). Les temps de la servitude et de l’oppression du peuple terrestre de Dieu seront définitivement passés ; tout l’équipement militaire sera brûlé avant que commence le règne de paix du Millénium (v. 5 ; cf. 2:4).
(*) La clé de la compréhension des Psaumes est la prophétie qu’ils contiennent au sujet d’Israël et du Messie. C’est ce que montrent non seulement les Psaumes messianiques, mais aussi la répartition en cinq livres qui correspondent aux phases de l’histoire future d’Israël : Livre 1 le principe de la séparation du mal (Ps. 1-41), Livre 2 : le résidu chassé de Jérusalem (Ps. 42-72), Livre 3 : la délivrance du peuple (Ps. 73-89), Livre 4 : le règne de 1000 ans (Ps. 90-106), Livre 5 : la louange de Dieu pour la manière merveilleuse dont Il a agi envers Son peuple (Ps. 107-150).
Par quel moyen ce changement sera-t-il produit ? Nous en
avons l’explication par les paroles qui seront alors celles du résidu
croyant : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et
le gouvernement sera sur son épaule » (v. 6). Le mot « nous » ne
peut se rapporter ni aux Juifs à l’époque où le Seigneur était sur la terre, ni
au monde d’alors, ni aux chrétiens du temps actuel ; il se rapporte aux
Juifs croyants des derniers temps. Lorsque Emmanuel est venu, il y a bientôt
deux mille ans, les Juifs, quant à l’ensemble de la nation, n’ont reconnu ni le
Fils de l’homme dans l’enfant
qui était né
dans l’abaissement, ni
le Fils éternel de Dieu dans le fils
qui leur était donné
. Ils n’ont
pas davantage accepté sa royauté. Leurs chefs ont dit, lors de son
jugement : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » (Jean
19:15). Mais lorsqu’ils se tourneront vers le Seigneur dans la repentance et
dans la foi, non seulement ils discerneront, en se lamentant, qu’ils « ont
percé » autrefois leur Messie, mais ils reconnaîtront avec joie qu’il
était venu pour eux. C’est ainsi seulement que le chemin sera ouvert pour le
règne de paix sous sa domination. En relation avec celle-ci, des noms glorieux
lui sont donnés ici : « Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du
siècle, Prince de paix » (v. 6).
N’est-il pas merveilleux
dans le mystère insondable de sa
personne, que nul ne connaît si ce n’est le Père (Matt. 11:27 ; cf. Jug.
13:18) ? N’est-il pas le conseiller
, la sagesse de Dieu aussi bien
dans la création que dans la rédemption (Prov. 8:22-31 ; És. 11:2 ; 1
Cor. 1:24 ; 2:16) ? Il est le Dieu fort
, par qui et pour qui
toutes choses ont été créées ; il est avant toutes choses et toutes choses
subsistent par lui (Col. 1:16, 17). Il est aussi le Père d’éternité
(*) (à ne pas confondre avec le Père éternel), l’auteur
du temps de bénédiction à venir que l’Ancien Testament désigne souvent par le
terme d’éternité (« ad » en hébreu), et qui est la première étape
bienheureuse de l’état éternel (voir Exode 15:18 ; Ps. 10:16 ; 72:17).
Il est enfin le Prince de paix
qui s’assiéra sur le trône de David et
dont l’empire n’aura pas de fin — c’est-à-dire qu’il ne sera jamais détruit ni
ne passera à un autre (Dan. 2:44). Ce sera un règne de paix et de justice, dans
lequel le jugement s’exercera chaque matin sur le mal, lorsqu’il se manifestera
(v. 7 ; cf. Ps. 72 ; 101:8 ; És. 66:24).
(*) J. N. Darby traduit « Père du siècle » en français — Voir Exposé du livre d’Ésaïe par W.Kelly (p. 132 de l’édition de 1947) et note de bas de page de la traduction anglaise de la Bible par J.N.Darby.
Ce merveilleux résultat ne sera cependant pas atteint par les efforts de l’homme, alors même qu’un tel but n’a jamais été aussi ambitionné qu’aujourd’hui, mais « la jalousie de l’Éternel des armées fera cela » (v. 7). Seul notre Dieu, le Dieu de paix (Rom. 16:20), est capable d’établir la véritable paix sur cette terre pleine de haines et de guerres depuis le début de l’humanité. Et il le fera par son Fils bien-aimé, le Prince de paix.
Cependant, mille ans de paix sur la terre sous le règne du Messie n’auront pas pu changer le cœur de l’homme, ainsi que le démontrera la révolte du diable, lorsqu’il sera délié à la fin de ce temps de bénédiction (Apoc. 20:7-10). La véritable paix, la paix éternelle avec Dieu, est reçue dès maintenant par tous ceux qui, conscients de leurs péchés, se tournent par la foi vers le Fils de Dieu. Il a fait la paix par son œuvre à la croix. Connaissez-vous et possédez-vous la paix avec Dieu ?
La section suivante contient de nouveau, une parole envoyée par l’Éternel : « une parole contre Jacob et elle tombe sur Israël », quoiqu’elle vise d’abord Éphraïm et la Samarie. Chacune des quatre annonces différentes de jugement se termine par la même phrase déjà vue en 5:25 : « Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue » (9:12, 17, 21 ; 10:4). Ce « refrain » récurrent, fait penser que le temps n’est pas encore venu où la main de Dieu ne sera plus étendue sur Son peuple en colère et en courroux, mais en grâce (voir 10:25).
Éphraïm doit se laisser dire qu’il sera châtié par Dieu à cause de son orgueil et de sa présomption. Au lieu de s’humilier à cause des briques qui s’écroulent et des sycomores qui sont coupés, lesquels sont une figure des jugements survenus jusque-là de la part de Dieu, on veut bâtir avec des pierres de taille et planter des cèdres. Comme les Syriens et les Philistins attaquaient le royaume du Sud (Juda), ainsi le royaume du Nord allait aussi être attaqué par l’Assyrien, oppresseur de Retsin, roi de Syrie (voir 2 Chron. 28:18). Ainsi, tout Israël, d’est en ouest, allait être « dévoré » au sens propre du terme. — « Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue ».
Malgré ces jugements, le peuple ne se laisse conduire ni à la repentance ni au retour vers Dieu. C’est pourquoi on trouve ensuite des annonces de jugements sur les anciens qui égarent le peuple, et sur les faux prophètes qui prononcent des mensonges. Mais le peuple, lui aussi, a sa propre culpabilité. Souvent on ne voit comme coupables que les conducteurs qui ont failli. Mais selon 2 Timothée 4:3, la faute est aussi imputable à la grande masse, quand elle se choisit des docteurs ou des conducteurs qui correspondent à ses goûts charnels. La jeunesse aussi est déjà corrompue, et Dieu doit même refuser Sa miséricorde aux veuves et aux orphelins (Deut. 10:18 ; Ps. 68:5), parce qu’ils sont « tous ensemble des profanes et des gens qui font le mal » — « Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue ».
L’iniquité du peuple est maintenant comparée à un feu qui atteint en premier lieu les pécheurs individuellement (« épines et ronces »), puis le peuple tout entier (« les fourrés [épaisseurs] de la forêt »), et ce feu se propageant à une vitesse folle, tout est la proie des flammes et part en fumée (voir Jacq. 3:5 et suiv.). Ce jugement qui s’exerce de lui-même est finalement lui aussi un jugement de Dieu. La haine contre les frères conduit finalement à l’autodestruction (voir Gal. 5:15). — « Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue ».
La quatrième et dernière accusation a pour cible l’autorité publique qui promulgue des lois injustes, ainsi que les juges qui tordent le droit au tribunal à l’encontre des misérables [ou : affligés], et qui dépouillent les pauvres, les veuves et les orphelins. Cet état de choses a eu son point culminant, lorsque le Seigneur Jésus, qui faisait partie de ces « affligés » (Ps. 22:24), a été condamné par Son propre peuple alors qu’Il était innocent ! Que pourront faire au jour de la visitation de Dieu, ceux qui dominent si cruellement sur leur propre peuple ? Vers qui pourront-ils se tourner pour avoir du secours, avec toutes leurs richesses accumulées injustement ? Dieu qui s’est, pour ainsi dire, détourné d’eux, prononce à leur encontre la sentence suivant : Ou bien ils iront en captivité avec le reste du peuple, ou bien ils tomberont au préalable dans la guerre. — « Pour tout cela, sa colère ne s’est pas détournée, et sa main est encore étendue ».
Cette dernière répétition du « refrain » montre également que la colère du Dieu d’Israël ne fut pas apaisée par les captivités assyrienne et babylonienne qui mirent fin à l’existence des deux royaumes d’Israël et de Juda en tant qu’états. L’endurcissement du peuple dure encore aujourd’hui, et ce n’est que lorsque le résidu se tournera vers Lui après la grande tribulation, que la colère de l’Éternel sera apaisée (voir 6:9-13).
À côté de Babel (voir l’introduction aux chapitres 13 et 14), l’Assyrie a joué un grand rôle comme ennemi du peuple terrestre de Dieu, et cela recommencera dans le futur. Dieu utilise ce puissant royaume situé au nord, comme verge à l’égard de Son propre peuple. L’Assyrie est l’un des plus anciens royaumes du monde, mais hormis Genèse 2:14 et 10:11, elle n’apparaît que relativement tard.
Sous le règne du roi impie Menahem (752-742 av. J.C.), le roi assyrien Pul ou Tiglath-Piléser III attaqua le royaume du nord [dix tribus d’Israël], lui fit payer le tribut, et peu de temps après (vers 734-732 av. J.C), pendant le règne de Pekakh (740-732 av. J.C.), il transporta les tribus de Zabulon et de Nephtali : ce furent les premières à aller en captivité (2 Rois 15:19-29). Lorsque la Syrie et Israël déclenchèrent une guerre contre Juda, Achaz appela au secours le roi d’Assyrie, mais au bout du compte, il dut apprendre que Tiglath-Piléser ne lui offrait aucune aide véritable (2 Rois 16 ; 2 Chron. 28). En l’an 721 av. J.C., le royaume du nord fut conquis par Sargon II (722-705 av. J.C.), le successeur de Shalmanéser. La population fut déportée en Assyrie, et le pays fut colonisé par des étrangers dont sont issus les Samaritains (2 Rois 17). Les derniers « émigrants » étrangers vinrent à Samarie (Esdras 4:2) sous le règne du roi assyrien Ésar-Haddon (680-669 av. J.C.). Sans doute, Sankhérib (702-701 av. J.C.) avait tenté de conquérir aussi Juda, mais Dieu l’en avait empêché (2 Rois 18:13 ; 19:35). Vers la fin du septième siècle av. J.C., le royaume d’Assyrie fut victime de l’attaque des Babyloniens et des Mèdes qui, en l’an 612 avant Jésus Christ, conquirent la capitale Ninive et se partagèrent le royaume.
Dans beaucoup de livres prophétiques (surtout Ésaïe, Daniel, Joël, Michée, Nahum et Sophonie) on trouve l’Assyrien, ou le futur roi du nord, en tant que verge employée par l’Éternel qui châtie le peuple d’Israël à cause de sa rébellion contre Lui, à cause de son idolâtrie et de son rejet du Messie (voir Daniel 9:27 ; 12:11 ; Michée 5:14). Lorsque dans la dernière semaine d’années avant l’apparition de Christ, le peuple sous l’autorité de son roi ennemi de Dieu (l’Antichrist) et allié à l’empire Romain, aura atteint le point culminant de l’impiété, alors Dieu fera que l’Assyrien envahira le pays comme les eaux d’un fleuve impétueux, qui atteindra aussi Jérusalem (Ésaïe 8:7, 8). L’image de l’eau qui submerge et entraîne tout, est une caractéristique de l’Assyrien dans la prophétie (voir Ésaïe 28:2, 15, 17, 18 ; 59:19 ; Jér. 47:2 ; Dan. 11:40). Une partie du peuple cherchera refuge en Égypte, mais l’Assyrien ira jusque-là aussi (voir Ésaïe 30:2 ; Dan. 11:42). Alors des rumeurs venant de l’orient et du nord (parmi elles la nouvelle d’une concentration d’armées de l’empire romain) l’amèneront à revenir en Israël (Dan. 11:44-45). Il s’ensuivra le deuxième siège de Jérusalem par l’Assyrien. Mais maintenant, cette puissance mondiale, dont Dieu se sera servi lors de la première attaque comme verge contre les Juifs impies, sera elle-même jugée à son tour. Car le Seigneur Jésus descendra du ciel pour délivrer le résidu croyant des Juifs. Il anéantira d’abord l’armée et le chef de l’empire romain ainsi que l’Antichrist à Armaguédon ; ensuite, l’Assyrien sera écrasé et foulé aux pieds sur les montagnes d’Israël (Ésaïe 14:25 ; 31:8-9 ; Daniel 11:45 ; Apoc. 16:13-16 ; 19:19-21).
Lorsqu’après tous les jugements sur les nations ennemies dressées contre Dieu et contre Son peuple, la paix si longtemps désirée arrivera sous la domination du Messie, il se produira encore une dernière attaque violente venant du nord. L’Assyrien, le futur roi du nord, n’est qu’un représentant de cette dernière puissance ennemie (*). L’attaque, décrite en Éz. 38 et 39, intervient à l’époque qui suit le rétablissement complet du peuple d’Israël dans le pays de la promesse qui figure aux chapitres précédents 36 et 37. Dieu appelle l’assaillant « Gog du pays de Magog, le prince de Rosh, de Meshec et de Tubal » ; il surgira « du fond du nord » (Éz. 38:1, 15 ; 39:2). Avec une rapacité insatiable et une volonté meurtrière, il montera, à la tête d’une force armée regroupant beaucoup de peuples (Éz. 38:12), peut-être pour venger son allié abattu, l’Assyrien, et avec l’espoir de s’emparer du pouvoir mondial après l’anéantissement de l’empire romain. Mais ne connaissant ni Dieu ni Sa puissance, il sera exterminé et anéanti dans le pays d’Israël par une déroute, des maladies et des forces de la nature, de sorte que le Nom de l’Éternel sera manifesté comme étant grand et saint (Éz. 38:20-23). Alors seulement une paix véritable règnera sur la terre (**).
(*) La plupart des prophètes de l’ancien Testament, dans leur vision lointaine du futur, ne font pas encore la distinction entre l’Assyrien et Gog (à ne pas confondre avec Gog et Magog d’Apoc. 20:8, qui n’entreront en scène qu’à la fin du règne millénaire).
(**) Il est question de l’Assyrien dans les passages suivants du livre d’Ésaïe : 5:24- 30 ; 7:17-25 ; 8:5-10 ; 10:5-34 ; 14:24-27 ; 28:14-22 ; 29:1-8 ; 30:27-33 ; 31:8 ; 32:19 ; 33:1 ; 36 à 38.
Le motif de la nouvelle mention de l’Assyrien (voir 8:5-8) est l’anéantissement du royaume du nord par Sargon II en l’an 721 avant Jésus Christ, qui est indiqué au verset 11, même s’il est vrai qu’il est difficile de déterminer si ce verset est relatif à un fait passé ou à une annonce prophétique. D’après 2 Rois 18:13, Sankhérib s’efforça quelque temps plus tard (702/701 av. J.C.) d’asservir aussi Juda, mais en fut empêché par l’intervention de Dieu (2 Rois 19:35). La prophétie d’Ésaïe va cependant plus loin. L’attaque de l’Assyrien décrite ici (il est qualifié par l’Éternel de verge de Sa colère), nous reporte à la fin des temps ; c’est le dernier débordement du courroux de Dieu contre Son peuple terrestre « profane », qui, avec le rejet du Messie et l’adoration de l’Antichrist et de l’image de la bête romaine, aura atteint la pire forme d’idolâtrie (Daniel 9:27 ; 12:11 ; 2 Thes. 2:4 ; Apoc. 13:14 et suiv.). Dieu se servira de l’Assyrien pour dépouiller son peuple et le fouler aux pieds comme la boue des rues (10:5, 6).
Mais loin de se considérer comme un instrument docile dans les mains de Dieu, l’Assyrien a de tout autres plans : il veut exterminer beaucoup de nations (10:7). Pour cela, il s’appuie dans son orgueil sur ses princes et ses généraux qui, quant à leur position, sont comme des rois, et il jette des regards méprisants sur les villes déjà conquises : la ville babylonienne de Calno (ou Calné), - la ville des Héthiens Carkemish, - Hamath, - Arpad et Damas en Syrie, - et enfin, Samarie, la capitale du royaume du nord d’Israël (10:8, 9 ; voir 37:13). Les idoles des royaumes qu’il avait déjà conquis, étaient, à son avis, plus puissantes que les idoles vénérées par les habitants de Jérusalem et de Samarie ; c’est pourquoi, il est certain de pouvoir vaincre Jérusalem, après avoir déjà réussi à Samarie (10:10, 11). Quant à l’Éternel seul vrai Dieu, l’Assyrien ne voit en Lui rien de plus qu’une idole (36:18-20), mais cela n’empêche pas Dieu de se servir de lui comme d’une verge contre Son peuple, car ce dernier s’était rendu coupable de ne plus Le servir Lui seul, mais de servir en outre beaucoup d’idoles (voir 2:8).
Lorsque l’Assyrien a achevé sa mission, le courroux de Dieu contre Israël cesse. « Quand le Seigneur aura achevé toute son œuvre contre la montagne de Sion et contre Israël », quand Son courroux contre Son peuple apostat et idolâtre sera apaisé (voir 40:2), alors Il anéantira l’instrument dont Il s’était servi, spécialement à cause de sa fierté et de son orgueil indescriptibles (10:12). La colère de l’Éternel prend fin avec l’anéantissement de l’Assyrien, et non pas avec celui de l’Antichrist et de l’empire romain, lesquels auront déjà été jugés au préalable.
L’Assyrien se vante de la force et de la sagesse avec laquelle il a planifié ses conquêtes, et les a menées à bonne fin (10:13). L’une de ses tactiques consistait à faire disparaître des états tout entiers, et à supprimer les frontières qui s’y rattachaient, alors qu’elles étaient pourtant basées selon l’ordre divin (voir Deut. 32:8 ; 2 Rois 17:6, 24). Les richesses des peuples étaient ses butins de guerre, et il détrônait à son gré les détenteurs du pouvoir. Ceux qui lors de l’attaque, étaient comme pétrifiés de faiblesse, il les compare à un nid d’oiseaux abandonné, duquel on prend les œufs sans rencontrer aucune résistance (10:14).
Mais le Seigneur, l’Éternel des armées (en hébreu Adonai Jahwé Sabaoth) ne permet pas qu’on se moque de Lui. L’image de la verge de la colère de Dieu (10:5) est maintenant élargie (10:15). L’orgueil de l’Assyrien est comparé à une hache ou à une scie qui s’élèveraient contre la personne qui s’en sert pour travailler, ou à un bâton ou une baguette, qui dirigeraient la main qui les tient ! C’est pourquoi maintenant le jugement intervient. Ceux qui sont « gras », les puissants conducteurs du peuple assyrien (voir Jér. 5:28 ; Éz. 34:17-20) seront saisis de maigreur, et la « gloire », la puissante armée de l’Assyrie sera brûlée au feu (10:16 ; voir 8:7). Le feu consumant n’est personne d’autre que l’Éternel dans Sa sainteté (Deut. 9:3), Celui qui, pour son peuple qu’Il a tellement châtié, est et demeure cependant la « lumière d’Israël » et « son Saint » (10:17 ; voir 1:4). Il anéantira l’Assyrien en un jour comme par un incendie de forêt, de sorte qu’il ne restera qu’un résidu minuscule qui, alors, fera demi-tour [ou : se convertira], et servira l’Éternel dans le règne millénaire (10:18, 19 ; voir 19:23-25).
« En ce jour-là », au moment de l’anéantissement de l’Assyrien, il y aura là un résidu croyant du peuple d’Israël, qui ne s’appuiera pas sur des alliés humains, que ce soit l’Égypte, l’Assyrie ou l’Empire Romain, mais « sur l’Éternel, le Saint d’Israël, en vérité ». C’est la conversion définitive du peuple terrestre de Dieu, la fin de son incrédulité et de son endurcissement. La prophétie contenue dans le nom du fils d’Ésaïe (Shéar-Jashub) s’accomplira : « Le résidu reviendra, le résidu de Jacob, au Dieu fort » (10:20, 21 ; voir 7:3).
Mais quel chemin terrible sera nécessaire pour en arriver là ! Les versets 22 et 23 nous montrent que c’est au travers de la consomption fermement décrétée du côté de Dieu, qu’un petit résidu de vrais croyants du peuple d’Israël se tournera [ou : se convertira] vers Lui. C’est dans ce sens-là que l’apôtre Paul cite ces mêmes versets en Romains 9:27 et suiv. (voir Ésaïe 6:13 ; Zach. 13:8). La tribulation a donc pour Israël un double but. D’une part, dans une vraie repentance, un résidu croyant se tournera [ou : se convertira] vers Dieu, d’autre part, la partie incroyante du peuple sera exterminée (voir 28:22).
Ce petit résidu que le Seigneur, l’Éternel des armées (en hébreu : Adonai Yahwé Sabaoth), considère maintenant comme Son peuple qui habite en Sion — qu’Il avait choisie (Ps. 132:13) — est encouragé à ne pas s’effrayer devant l’attaque de l’Assyrien (10:24). Quel amour se trouve contenu dans ces paroles : « Mon peuple, qui habite en Sion, ne crains pas l’Assyrien » ! Le temps de la tribulation et de la colère de Dieu à l’égard de Son peuple va bientôt être passé, et l’Assyrien, l’instrument employé par Lui pour châtier Son peuple, va être détruit (voir 10:12). En dehors de la défaite de Madian déjà citée en 9:4 comme figure de la destruction de l’Assyrien, l’Égypte aussi est mentionnée. Comme l’Assyrien avait opprimé le peuple de Dieu « à la manière de l’Égypte (10:24 ; voir Exode 3:7 ; peut-être une allusion à l’expédition de conquête de l’Égypte de Daniel 11:42), ainsi Dieu va aussi châtier l’Assyrien « à la manière de l’Égypte » (10:26 ; voir Exode 14:16, 21, 26). Alors le fardeau sera ôté de dessus l’épaule du peuple oppressé, et le joug de servitude sera enlevé du cou, comme celui d’un animal fort et gras (10:27).
Puis la prophétie se tourne de nouveau vers l’attaque de l’Assyrien contre Israël, et il s’ensuit une description de la dernière partie de son trajet d’approche vers Jérusalem. Les localités nommées dans les versets 28 à 32 (Aïath, Migron, Micmash, Guéba, Rama, Guibha de Saül, Gallim, Laïs, Anatoth, Madména, Guébim, Nob) sont au nord de Jérusalem. Lorsque l’armée de Sankhérib se dirigea vers Jérusalem, elle arriva de Lakis au sud-ouest de Jérusalem (36:2), mais au temps de la fin, l’Assyrien attaquera Jérusalem par deux fois. La première fois, il s’avancera depuis son pays, c’est-à-dire en provenance du nord ; mais la deuxième fois, il s’approchera de Jérusalem en venant d’Égypte, c’est-à-dire du sud. Il faut donc admettre que la description porte ici sur les dernières étapes de la première attaque, non pas sur celles de la deuxième invasion (voir Dan. 11:40-45).
Les versets 32 à 34 ne s’accompliront qu’après que l’Assyrien, effrayé par des rumeurs venant de l’orient et du nord (Dan. 11:44), reprend le chemin allant d’Égypte vers la terre sainte. Sa première attaque, son expédition vers l’Égypte et son retour vers Israël sont passés sous silence. Dieu a atteint son but avec Son peuple, et ne permet pas que l’ennemi, qui était encore Sa verge en discipline lors de la première attaque, élève sa main « contre la montagne de la fille de Sion, la colline de Jérusalem ». La puissante armée de l’Assyrien qui se tient devant la ville comme une forêt d’arbres se dressant très haut, est alors abattue et détruite avec une puissance effrayante. « Et il viendra à sa fin, et il n’y aura personne pour le secourir » (Daniel 11:45).
ME 2003 p. 184
« Et il sortira un rejeton du tronc d’Isaï, et une
branche de ses racines fructifiera
» (Ésaïe 11:1).
En contraste avec l’imposante grandeur de l’Assyrie, comparée à une forêt magnifique mais finalement anéantie (És. 10:18, 33 et suiv.), il y a la prophétie bien connue concernant le « rejeton du tronc d’Isaï ». Ce rejeton sortira de la souche, coupée mais non pas complètement desséchée, de la descendance d’Isaï et fructifiera comme une branche de ses racines (cf. 53:2). Déjà au chapitre 4, il est parlé du « germe de l’Éternel » qui sera « pour splendeur et pour gloire » (v. 2) ; on a là déjà une annonce de l’abaissement profond du Messie d’Israël, du Fils de Dieu dans son incarnation, mais aussi des « gloires qui suivraient » (1 Pierre 1:11). Un « rejeton » est petit et a peu d’apparence, mais il est aussi un signe de vie et d’espérance.
La grandeur et la gloire de la maison royale de David s’étaient éteintes depuis longtemps. De l’arbre, image de la grandeur de l’homme, il ne restait plus qu’une souche, lorsque le Seigneur Jésus est né à Bethléhem dans une extrême pauvreté. Plus rien n’était visible de l’ancienne splendeur de cette dynastie dont descendait aussi bien Marie, la mère du Seigneur, que Joseph. C’est pourquoi il n’est pas appelé ici le germe de David (cf. Jér. 23:5), mais il est mis en relation avec Isaï, le père de David. Cela nous rappelle l’origine très humble de cette famille, comme aussi le mépris dont déjà « le fils d’Isaï » — qui était pourtant l’homme selon le cœur de Dieu — a dû faire l’expérience, comme type de Christ (cf. 1 Sam. 20:27, 31 ; 25:10). Cette branche, en apparence si petite et si insignifiante, produira un jour un fruit abondant pour Dieu.
Nous retrouvons cette « branche » (en hébreu : nétser
)
dans le Nouveau Testament : « … en sorte que fût accompli ce qui
avait été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen
»
(Matt. 2:23). Toutefois nous ne trouvons le mot sous cette forme dans aucun
livre prophétique de l’Ancien Testament. Comme auteur inspiré, Matthieu a mis
en relation l’expression « un homme dont le nom est Germe
(en
hébreu : zemach
) » en Zacharie 6:12, avec le mot nétser
« branche » en Ésaïe 11:1 et avec le nom Nazareth
qui en
dérive — le nom d’une ville de Galilée méprisée par les Juifs (cf. És. 9:1).
Celui qui est désigné ici comme le « rejeton » et la
« branche » sera rempli de l’Esprit de l’Éternel ; cela concerne
aussi bien sa première venue — comme un homme humble et méprisé — que son
apparition en gloire. Les sept désignations du Saint Esprit que nous avons dans
le verset 2 rappellent les « sept lampes de feu » brûlant devant le
trône et les « sept yeux » de l’Agneau, symboles des « sept
Esprits de Dieu » (Apoc. 4:5 ; 5:6). Le chiffre sept est l’expression
de la perfection de l’Esprit dont le Messie est rempli pour l’administration du
gouvernement du royaume de Dieu (v. 2). « L’esprit de sagesse et d’intelligence
»
se lie à son aptitude à régner ; « l’esprit de conseil et de force
»
est en rapport avec les décisions qu’il prend et exécute (cf.
« Conseiller, Dieu fort » — És. 9:6) ; « l’esprit de
connaissance et de crainte de l’Éternel
» évoque son intelligence
profonde des pensées de son Dieu et Père, et sa dépendance de lui dans une
parfaite harmonie de cœur. « Celui qui domine parmi les hommes sera juste,
dominant en la crainte de Dieu » (2 Sam. 23:3).
Ainsi, selon le propos de Dieu, l’homme Christ Jésus est destiné à couronner comme chef sur toutes choses, durant son règne de mille ans, « l’administration de la plénitude des temps » (cf. Éph. 1:10). Comme le « second homme », le « dernier Adam », il trouve son plaisir dans la crainte de l’Éternel d’une manière qui ne pouvait jamais être pour aucun autre homme.
« Il ne jugera pas d’après la vue de ses yeux, et ne reprendra pas selon l’ouïe de ses oreilles », c’est-à-dire à la manière humaine, qui trop souvent se fonde sur l’apparence extérieure, mais il jugera selon la connaissance et la sagesse divines (cf. 1 Sam. 16:7). Qui sont les « misérables » et les « débonnaires de la terre » qui feront l’expérience de sa justice et de sa droiture ? Ce sont les « pauvres en esprit » et les « débonnaires » auxquels le Roi, aux jours de son abaissement, a promis le royaume des cieux et l’héritage du pays. Sous son règne de justice, de paix et de bénédiction, le futur résidu croyant, qui aura eu faim et soif de la justice durant la grande tribulation, sera pleinement rassasié (Matt. 5:3-6 ; cf. Ps. 72:12-14).
Toutefois, avant d’entrer dans son règne de paix et de justice, il exercera le jugement (v. 4). Lors de son apparition, il frappera la terre avec la verge de sa bouche, c’est-à-dire par sa parole (cf. Joël 2:11 ; Apoc. 19:15). « Le méchant », le faux roi d’Israël, l’Antichrist, celui qui est aussi appelé « l’inique » (2 Thess. 2:8), sera l’objet particulier de son jugement. Le vrai roi d’Israël le fera mourir par le souffle de ses lèvres. Ses reins ceints de la justice et ses flancs revêtus de la fidélité évoquent sa fermeté et sa détermination dans l’exercice du jugement et du gouvernement (cf. Apoc. 1:13 ; 19:11).
« Et le loup habitera avec l’agneau, et le léopard
couchera avec le chevreau
» (v. 6 ; cf. És. 65:25)
Ces versets ne sont pas — comme certains l’ont pensé — une image de la conversion et de la vie nouvelle dans le temps de la grâce, ni une représentation symbolique du règne millénaire ou de l’éternité. Non, nous avons ici une description littérale de la nature transformée lors du futur règne de paix, lors « du rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps » (Act. 3:21). Les prophéties de l’Ancien Testament et l’enseignement du Nouveau témoignent clairement que l’état actuel de la création est une conséquence du péché et qu’une profonde transformation aura lieu après l’apparition du Seigneur Jésus en gloire (És. 14:7 ; 35:1 ; Osée 2:18 ; Rom. 8:19-22).
Avant le péché, les animaux vivaient aussi de nourriture végétale (Gen. 1:30). C’est seulement lorsque le sol a été maudit à cause de l’homme qu’un changement doit s’être produit dans ce domaine (Gen. 3:17). Un nouveau changement interviendra lors du règne millénaire. L’agressivité des animaux entre eux et envers l’homme cessera. Le loup ne fera pas de mal à l’agneau, pas plus que le léopard au chevreau. Le veau et le jeune lion, la vache et l’ourse paîtront paisiblement ensemble, car « le lion mangera de la paille comme le bœuf ». Un petit enfant conduira un troupeau de veaux, de jeunes lions et de bêtes grasses, et les nourrissons même ne seront plus exposés à aucun danger de la nature.
Ce ne sera toutefois pas seulement dans le monde animal, mais aussi parmi les hommes, que prendra fin la violence. Dans toute la sainte montagne de l’Éternel, expression qui désigne « la terre sainte » (cf. És. 57:13 ; Ps. 78:54 ; Zach. 2:12), il ne se fera plus de mal. En outre, « la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (v. 9).
Au verset 10, nous voyons de nouveau apparaître la « racine d’Isaï » qui réalisera tout cela. Ce mot « racine » (en hébreu : schoresch) peut signifier aussi bien la racine que le rejeton qui en sort (cf. v. 1 et 53:2). C’est pourquoi le Seigneur Jésus peut se nommer « la racine et la postérité de David » en Apoc. 22:16. Comme vrai Dieu et vrai homme, il est à la fois l’origine et le descendant de David. La « racine d’Isaï », jadis si méprisée, se tient maintenant là comme une bannière pour tous les peuples, non pas toutefois comme une bannière de guerre, mais comme point de départ et centre de la paix, que toutes les nations rechercheront avec joie (cf. Ps. 72:8-11, 17 ; Rom. 15:12). De la même manière que la nuée de la gloire de Dieu remplissait et caractérisait jadis son habitation terrestre, ainsi aussi le repos du Roi des rois sera gloire (v. 10 ; cf. Ex. 40:34, 35).
Le prophète se tourne maintenant vers le peuple d’Israël. L’Éternel avait déjà étendu une fois sa main pour délivrer son peuple de l’esclavage de l’Égypte (Ex. 6:6). Mais « en ce jour-là », il le fera « encore une seconde fois, pour acquérir le résidu de son peuple qui sera demeuré de reste » (v. 11). Il ne peut être question ici du retour de la captivité babylonienne, en l’an 536, qui ne concernait que Juda. Ceux qui sont revenus à cette époque ne venaient pas de l’Assyrie, de la Basse et de la Haute-Égypte, de l’Éthiopie, d’Élam, de Hamath et de l’ensemble du territoire situé autour de la Méditerranée, mais de Babylone (cf. Esd. 1). « En ce jour-là », Dieu « élèvera un étendard devant les nations, et rassemblera les exilés d’Israël, et réunira les dispersés de Juda des quatre bouts de la terre » (v. 12 ; cf. 49:22). Sur l’ordre de Dieu, les nations renverront ceux qui appartiennent à son peuple terrestre. Ce que sa providence, de manière presque incompréhensible, a permis dans les années 1933 à 1945 a conduit à un accomplissement partiel de la prophétie par le retour de nombreux Juifs dans leur pays et par la création de l’État d’Israël en 1948. Mais « les exilés d’Israël » appartenant aux dix tribus ne sont, pour autant qu’il nous est possible de le savoir et d’en juger, pas encore rentrés. Avant tout, il manque encore, dans l’ensemble, la repentance et le retour du peuple « à celui qui le frappe » (9:13).
Mais quand il retournera réellement à Dieu, la jalousie
séculaire d’Éphraïm cessera aussi — cette jalousie qui avait eu pour
conséquence, en dernier lieu, le partage du royaume sous Jéroboam (cf. Jug.
8:1 ; 12:1 ; 1 Rois 11:26). Toutes les tribus d’Israël seront réunies
fraternellement en un seul
peuple, comme cela n’a plus jamais été le cas
depuis le temps de Salomon (v. 13).
Unis ainsi, ils vaincront aussi bien les Philistins, leurs ennemis à l’ouest, qu’Édom, Moab et Ammon à l’est (v. 14 ; cf. Jér. 47-49). Les trois derniers peuples nommés échapperont, selon Daniel 11:41, à l’assaut de l’Assyrien et seront châtiés par Israël, l’instrument dans la main du Messie (cf. Zach. 12:6). Mais tandis qu’il y aura une restauration pour Moab et pour Ammon, Édom deviendra un désert perpétuel (Jér. 48:47 ; 49:6, 13). La réapparition des peuplades de l’Ancien Testament que l’on pourrait tenir pour disparues depuis longtemps ne doit pas nous étonner. Le même Dieu qui fera revenir sur la scène les descendants des dix tribus encore disparues aujourd’hui, fera aussi réapparaître en temps voulu les descendants de leurs ennemis d’autrefois et punira leur méchanceté.
Enfin, par « l’impétuosité de son vent », dans l’exercice de ses jugements, l’Éternel opérera des transformations géographiques en faveur de son peuple. Il « desséchera la langue de la mer d’Égypte » — probablement le bras ouest de la mer Rouge appelé le golfe de Suez — et il fendra l’Euphrate en sept ruisseaux qui pourront être traversés à pied (v. 15). De même que Dieu, autrefois, avait frayé un « chemin » (*) à travers la mer Rouge pour son peuple, afin qu’il puisse quitter l’Égypte, de même « il y aura un chemin battu pour le résidu de son peuple » pour qu’il puisse revenir de l’Assyrie (v. 16). Lors du règne millénaire, il y aura même « un chemin battu de l’Égypte à l’Assyrie » (És. 19:23).
(*) L’hébreu « mesillah » désigne à l’origine « une rue revêtue de pierres ou d’un remblai », c'est-à-dire une route sûre et fortifiée (Ps. 84:5, « chemins frayés »). Ésaïe utilise volontiers cette expression qu’on trouve en 7:3 ; 11:16 ; 19:23 ; 33:8 ; 36:2 ; 40:3 ; 49:11 ; 59:7 ; 62:10.
« Et tu diras en ce jour-là : Je te célébrerai,
Éternel, car tu étais en colère contre moi, et ta colère s’est détournée, et tu
m’as consolé
» (v. 1).
Placé devant la gloire du Messie, devant la délivrance qu’il a opérée pour Israël et les bénédictions de son règne, Israël chantera un cantique de louange, comme jadis sur le rivage de la mer Rouge (Ex. 15 ; Osée 2:15). Il y a ici en fait deux cantiques qui commencent l’un et l’autre par les mots « en ce jour-là ». Les versets 1 et 2 sont au singulier et ont pour objet la délivrance d’Israël. Les versets 4 à 6 sont au pluriel ; les rachetés d’Israël y sont invités à publier au monde entier les grands faits de Dieu, et à se réjouir.
Le premier cantique commence par une action de grâces du résidu. Il a passé par de grandes détresses parce que l’Éternel, avec raison, était en colère contre son peuple ; mais celui-ci s’est repenti et il est retourné à Dieu. Le but de Dieu est atteint ; sa colère s’est détournée. Ceux qui ont reçu le Messie par la foi ont été richement consolés par sa présence.
Le peuple peut maintenant chanter : « Voici, Dieu est mon salut » (12:2a) (*). Il n’est pas difficile de reconnaître dans le mot « salut » (en hébreu : jeshua) — qu’Ésaïe aime tant — la similitude avec le nom de Jésus, en hébreu : Jehoshua, « l’Éternel est salut ». Quand Israël, son peuple terrestre, l’aura accepté comme Sauveur, lui qui est la source du salut, toute crainte aura disparu et Jah, l’Éternel (Jehovah), sera le motif et l’objet de son cantique (v. 2). Il est rare que les deux noms de Jah et Jéhovah se trouvent l’un à côté de l’autre comme ici (cf. 26:4). Jéhovah est le Dieu éternel qui s’abaisse en grâce jusqu’à l’homme ; et particulièrement, c’est le Dieu de l’alliance avec son peuple terrestre (cf. Ex. 3:14, 15). Comme Jah, il est l’Absolu, l’Immuable.
(*) Le mot « salut » (hébreu : jeschu’a, jescha, teschu’a) est un mot-clé du prophète Ésaïe. Aucun autre prophète ne l’utilise aussi souvent. On le retrouve en 12:3 ; 17:10 ; 25:9 ; 26:1, 18 ; 33:2, 6 ; 45:8, 17 ; 46:13 ; 49:6, 8 ; 51:5, 6, 8 ; 52:7, 10 ; 56:1 ; 59:11, 17 ; 60:18 ; 61:10 ; 62:1, 11.
Puis le prophète interrompt pour un instant son appel à la reconnaissance, pour attirer l’attention sur la promesse des inépuisables « fontaines du salut », auxquelles les rachetés d’Israël puiseront l’eau de la vie avec joie durant le règne millénaire (v. 3).
En liaison directe avec cela, nous avons l’annonce que les
rachetés d’Israël célébreront l’Éternel, qu’ils invoqueront son nom merveilleux
et qu’ils feront connaître ses actes et la grandeur de son nom parmi les
peuples de toute la terre (v. 4). Un appel particulier à pousser des cris de
joie et à exulter s’adresse à Jérusalem, nommée ici habitante de Sion
,
au milieu de laquelle demeure « le Saint d’Israël ». Celui qu’ils ont
jadis dédaigné et méprisé prendra alors la place qui lui revient au milieu de
son peuple restauré, et recevra tout honneur ! Le peuple doit encore
passer par de profondes vallées avant d’atteindre un tel sommet.
Quel incomparable privilège est le nôtre, nous qui sommes devenus enfants de Dieu par la foi en son Fils, de pouvoir déjà maintenant adorer le Père en Esprit et en vérité comme de vrais adorateurs !
Dans les chapitres 13 à 23, il y a l’annonce de jugements sur chacune des nations qui ont opprimé Israël. Chaque puissance orgueilleuse et ennemie sera jetée à bas, afin que l’Oint de l’Éternel soit, Lui seul, au centre de toutes choses.
Le mot « oracle » (en hébreu : massa
)
introductif à chacune de ces annonces de jugement, signifie en réalité
« charge » ou « fardeau », car le poids des paroles et la
sévérité des jugements sont, dans toute l’acception du terme, un fardeau. Les
diverses significations du mot « fardeau » apparaissent clairement en
Jér. 23:33-40.
Le nom de Babel ou de Babylone (sa forme grecque) se rencontre d’un bout à l’autre des Écritures. La première mention est en Genèse 10:10 : « Le commencement de son royaume fut Babel… ». Et dans l’Apocalypse, Babylone est la puissance de méchanceté la plus influente des derniers temps (18:21). Pour comprendre la signification de Babel et son influence néfaste sur le peuple de Dieu, il faut considérer son histoire et son caractère.
Le fondateur de Babel est Nimrod (Gen. 10:9, 10), « puissant chasseur devant l’Éternel », autrement dit : un homme de pouvoir. La tour de Babel (Gen. 11) est un symbole de la glorification et de la déification de l’homme, dans son désir d’atteindre le ciel par ses propres forces (Gen. 11:4 ; És. 14:13 ; Jér. 51:53). Babylone est devenue ainsi le symbole de l’idolâtrie (És. 21:9 ; Jér. 50:38) et du commerce des choses précieuses de ce monde qui séduisent le cœur de l’homme (cf. Jos. 7:21 ; Apoc. 18:11-14). La signification du nom de Babel est indiquée en Genèse 11:9 : c’est « confusion ».
Du point de vue historique, l’empire babylonien a déployé sa plus grande puissance après le déclin de l’Assyrie, soit dans les années 626 à 539 av. J.C. C’est au cours de cette période qu’ont eu lieu les attaques décisives de Babylone contre le royaume de Juda (605, 597 et 586 av. J.C), qui ont eu pour conséquence l’assujettissement de ce dernier et sa déportation durant soixante-dix ans. (Les habitants du royaume du nord — le royaume d’Israël, les dix tribus — avaient déjà été emmenés en captivité par l’Assyrien en l’an 721 av. J.C). C’est ainsi que, par suite de sa désobéissance et de son obstination, le peuple de Dieu est tombé sous l’influence et sous la domination de cette puissance idolâtre et asservissante.
En l’an 539 av. J.C., Babylone fut conquise par les Mèdes et les Perses (Jér. 13:17 ; Dan. 5:31), et en l’an 537, un résidu juif put remonter à Jérusalem (Esd. 1). Après son annexion à l’empire perse, la ville de Babylone perdit progressivement son importance. Elle était toutefois encore peuplée en bonne partie par des Juifs jusqu’en l’an 1000 apr. J.C. (cf. 1 Pierre 5:13), avant d’être entièrement désertée et de tomber en ruine.
Dans les prophéties bibliques, Babylone est vue comme le symbole de l’idolâtrie et de l’oppression du peuple de Dieu. Elle a été la première puissance à avoir conquis la ville de Jérusalem ; elle a mis fin à la royauté que Dieu avait établie en Israël et a emmené le peuple en captivité.
C’est au moment de ces événements qu’ont commencé « les temps des nations » (Luc 21:24). Dans Ses voies gouvernementales envers la terre, Dieu a placé alors la domination entre les mains des puissances païennes. Ce temps, qui durera jusqu’à l’apparition de Christ, est divisé dans la parole de Dieu en quatre périodes qu’il est très important de connaître pour la compréhension des prophéties bibliques (Dan. 2 et 7 ; Zach. 1:6) :
1. l’empire babylonien,
2. l’empire médo-perse,
3. l’empire grec,
4. l’empire romain.
En Daniel 2, ces quatre empires sont vus en songe dans une perspective humaine par Nebucadnetsar, roi de Babylone. Ils apparaissent comme une imposante statue dont la tête d’or le représente lui-même (Dan. 2:38). La poitrine et les bras d’argent désignent l’empire médo-perse (cf. Dan. 5:26-28), le ventre et les cuisses d’airain, l’empire grec (Dan. 8:20, 21), et enfin, les jambes de fer et les pieds en partie de fer et en partie d’argile, l’empire romain. La pierre qui se détache sans intervention humaine et qui broie d’abord les pieds puis toute la statue est le Seigneur Jésus, Christ, dont le royaume « ne sera jamais détruit » et « ne passera point à un autre peuple » (Dan. 2:44).
En Daniel 7, les quatre empires sont révélés au prophète dans la perspective divine. Il voit quatre animaux sauvages différents monter de la mer. Ceux-ci représentent le véritable caractère de ces empires : violence et incompréhension totale des pensées de Dieu. Babylone est vue là sous la forme d’un lion, la Perse sous celle d’un ours, la Grèce sous celle d’un léopard, et Rome sous celle d’une bête effrayante et puissante ayant dix cornes. Cette bête est cependant tuée avant que la domination soit donnée à Celui qui vient « comme un fils d’homme » « avec les nuées des cieux ». Là encore, Christ est vu comme le vainqueur définitif.
Tous ces empires ont eu leur période de gloire et ont disparu. L’empire romain, qui a connu le point culminant de sa puissance au temps de la naissance de Christ (cf. Luc 2:1), s’est effondré en l’an 476 après J.C. (du moins l’empire romain d’occident). Mais, dans des temps futurs, il retrouvera un regain de vie pour une courte période (Dan. 7:25 ; Apoc. 13:5), avant que le Seigneur Jésus l’anéantisse à son apparition : « La bête que tu as vue était, et n’est pas, et va monter de l’abîme et aller à la perdition » (Apoc. 17:8 ; cf. 19:19, 20). Cette bête, qui monte à la fois de la mer et de l’abîme, a sept têtes, — et dix cornes, comme la quatrième bête de Daniel (Apoc. 13:1). Elle est semblable à un léopard (la Grèce), ses pieds sont comme ceux d’un ours (la Perse), et sa bouche est comme celle d’un lion (Babylone) (13:2). Ainsi, l’empire romain ressuscité réunit en lui-même les caractères de tous les empires précédents, y compris donc les caractères de la Babylone historique. L’inversion de l’ordre chronologique des empires s’explique par le fait que Jean les voit rétrospectivement.
Après l’enlèvement des croyants dans le ciel, une autre Babylone jouera encore une fois un rôle terrible sur cette terre. Sous la conduite de Rome, la puissance religieuse et commerciale de la chrétienté sans vie et sans Christ deviendra Babylone, « la grande prostituée qui est assise sur plusieurs eaux » et dont l’influence s’étend presque au monde entier (Apoc. 17:15, 18). Elle sera aussi caractérisée, comme le fut Babylone dans l’Ancien Testament, par le mélange de la religion et du monde, dans la « confusion » à son plus haut degré. Elle recevra puissance et influence de la bête aux sept têtes et aux dix cornes — le chef de l’empire romain ressuscité — sur lequel elle est assise (Apoc. 17:1-3).
Dans l’Apocalypse, le nom de Babylone a un caractère symbolique. Il n’a aucun rapport avec la ville ou l’empire du Proche-Orient, mais avec une puissance religieuse et commerciale en étroite relation avec l’empire romain de l’Europe de l’ouest dont le siège sera Rome, la ville aux « sept montagnes » (Apoc. 17:9, 18). L’empire romain lui-même aura aussi les caractères de la Babylone de l’Ancien Testament (cf. l’expression « la bouche d’un lion » en Apoc. 13:2 avec les mots « comme un lion » en Daniel 7:4). Le parallèle entre la Babylone antique et la Babylone future ne se trouve pas dans la situation géographique ni dans la puissance militaire, mais bien dans la concordance de la dépravation morale de ces systèmes, tous deux étant les grands antagonistes de Dieu et des Siens.
Alors que la Babylone de l’Ancien Testament a été renversée par les Mèdes et les Perses (És. 13:17 ; Jér. 51:11 ; cf. Dan. 2:39 ; 5:28), celle du Nouveau Testament sera anéantie par les dix rois de l’empire romain qui « haïront la prostituée et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu », un jugement qui en fin de compte vient de Dieu (Apoc. 17:16,17 ; 18:8). Dans cet anéantissement, il faut distinguer entre le jugement sur la puissance religieuse de la « grande prostituée » en Apoc.17 et celui sur la puissance commerciale de la « grande ville » au ch. 18. D’après Apoc. 14:8 et 16:9 l’anéantissement de la prostituée a lieu pendant le déversement des sept coupes du courroux de Dieu. Le chef d’état de l’empire romain, la bête qui porte la femme, mènera la guerre contre Christ et avec l’antichrist lors de l’apparition de Christ, et c’est alors qu’il sera jeté vivant dans l’étang de feu (Apoc. 19:19-21).
Si la prophétie de l’Ancien Testament relative à la chute de Babylone (És. 13-14 ; 46-47 ; Jér. 50-51) s’est partiellement réalisée lors de sa conquête par les Mèdes et les Perses en 539 av. J.C., elle ne trouvera son plein accomplissement que dans le jugement de la Babylone future. Comme la victoire sur la Babylone antique a ouvert le chemin au résidu pour son retour dans la terre d’Israël, de même l’élimination de Babylone, « la grande prostituée », préparera le chemin pour les noces de l’Agneau avec Son épouse dans le ciel, et pour le rétablissement du peuple de Dieu terrestre, Israël, dans ses relations avec Dieu (après la fin de la bête et de l’antichrist), pour le règne de mille ans.
Ici, Ésaïe ne voit pas une « vision » ou une
« parole » (voir 1:1 et 2:1), mais un « oracle » ou un
« fardeau » (en hébreu : massa)
, qui pèsera fortement sur
ceux qui en seront les objets.
Babylone, la première des puissances mondiales qui fit la conquête de Jérusalem la ville sainte, et emmena la population en captivité, est aussi la première dont le jugement est annoncé. Dieu Lui-même mobilise pour ainsi dire Ses « saints » (ces « saints » ne sont pas tant les croyants que les hommes qu’Il a mis à part dans ce but, qui est le Sien) par une bannière [ou : étendard] visible de loin sur une montagne dénudée et élevée, et par un appel à voix forte et par un signe de la main, — Il mobilise par une parole les peuples qui doivent détruire Babylone (13:2, 3).
La réponse qui en résulte, est un tumulte et un vacarme caractéristiques d’une puissante armée sur le pied de guerre que l’Éternel a appelée des pays les plus lointains de la terre pour être des instruments de Sa colère, afin de ruiner tout le pays ! Mais à la différence de ce qui se passera lors de l’apparition du Seigneur Jésus venant du ciel (Apoc. 19:1), aucune Personne divine n’apparaît ici, et les armées ne sont pas conscientes d’être, pour ainsi dire, « des instruments » d’exécution du jugement décidé par Dieu, « Son indignation » (13:4,5 ; Apoc. 17:16,17 ; 18:6).
La prise de Babylone par les Médo-Perses se produisit de manière tout à fait imprévisible, pour ainsi dire en un tournemain. Les hurlements, les douleurs et les afflictions décrits dans les versets qui suivent, ne se rapportent donc pas à cette époque passée depuis longtemps, mais à la dernière demi-semaine d’années de Daniel, avant le jour de l’Éternel qui est « proche » selon le verset 6, lors du jugement définitif sur Babylone (Apoc. 14:8). Les cœurs des hommes se fondront d’angoisse et d’effroi, et leurs visages seront changés, et ils se tordront comme une femme qui enfante.
Le jour de l’Éternel, dont la venue est maintenant annoncée, a
un caractère universel qui va plus loin, car toute la terre (en hébreu erez
:
« la terre, le pays ») sera réduite en désert, et le monde entier (en
hébreu thevel
) sera frappé (13:11). C’est le jour de la fureur et de l’ardeur
de la colère, où les pécheurs seront exterminés de dessus la terre. Toutes les
puissances et les autorités représentées par les étoiles, le soleil et la lune,
seront ébranlées (comp. Matt. 24:29). Dans le monde entier, toute malice, tout
orgueil prendront fin, et seront punis de manière effrayante. Les hommes
mourront en si grand nombre, que ceux qui resteront seront précieux comme l’or
(13:12 ; Matt. 24:22). Cependant il ne faut pas penser seulement aux
croyants, car selon Matt. 25:31-46, le Seigneur Jésus, après Son apparition,
assemblera les nations devant Son trône de gloire, et séparera « les
brebis (c’est-à-dire les croyants), d’avec les boucs (les incroyants) ».
Les cieux et la terre, tous les domaines de la création, seront
ébranlés au jour de l’ardeur de la colère de l’Éternel des armées (en
hébreu : Jahwe Zebaoth
— 13:13 ; comp. Aggée 2:6). Pour les
hommes du monde, ce sera la fin de toutes leurs espérances. Mais pour les
chrétiens, comme le dit Hébreux 12:6, c’est une promesse. Tout ce qui nous
entoure ne peut que nous empêcher de jouir des choses célestes, immuables et
qui demeurent, et qui sont notre part dans le Seigneur Jésus.
Dans ce chaos, la fuite semblera être la seule possibilité de salut : une seule chose comptera alors : être loin du lieu de la destruction ! Tous ceux dont les ennemis pourront s’emparer, femmes ou petits enfants, seront l’objet de leur terrible cruauté et de leur avidité à piller.
Avec la prise de Babylone, le prophète revient maintenant pour un moment vers le proche avenir. Alors que Belshatsar, petit-fils de Nébucadnetsar et fils du roi Nabonid non mentionné dans la Bible, était régent à Babylone pendant l’une des fréquentes absences de son père, les Perses, sous les ordres de leur roi Kyros (Cyrus), purent s’emparer de la ville pratiquement sans combat, en l’an 539 av. J.C., avec l’aide d’un traître, et ils l’annexèrent avec tout le pays au royaume de Perse. Les Mèdes mentionnés au verset 17, étaient un peuple apparenté de près aux Perses, et constituaient une partie importante de la population du royaume de Perse (d’où l’expression « les Mèdes et les Perses » en Daniel 5:28). Le plaisir qu’ils prenaient à guerroyer est décrit au verset 18.
Ensuite, la prophétie fait ici un « saut dans le temps » (voir 3:13 et 4:2) et nous transporte au temps de la dernière semaine d’années avant l’apparition de Christ, au cours de laquelle la Babylone future sera anéantie. Babylone n’a pas été détruite par les Mèdes, mais a existé encore des centaines d’années plus tard, tandis que, lorsqu’il est question au verset 19, de l’« ornement des royaumes » qui est renversé comme Sodome et Gomorrhe et ne sera jamais habité, nous pouvons alors penser à la chute et à l’anéantissement de Babylone en Apoc. 18.
De même que « Babylone la grande… » deviendra « la demeure de démons et le repaire de tout esprit immonde et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable » (Apoc. 18:2), une complainte est aussi prononcée, dans le langage de l’Ancien Testament, au sujet de la destruction de la ville de Babylone, qui sera habitée non seulement par les bêtes du désert, les hiboux, les autruches, les chiens sauvages et les chacals, mais aussi par les démons figurés par les boucs sauvages (comp. Lév. 17:7 ; 2 Chr. 11:15).
La chute de Babylone signifie la délivrance pour le peuple de Dieu. Peu de temps après l’effondrement de l’empire babylonien, le roi de Perse Cyrus publia le fameux édit (« cylindre de Cyrus ») (*), par lequel il accordait à tous les peuples placés sous sa domination, la liberté de pratiquer leur religion. Cet édit fut également le fondement de la proclamation relatée en 2 Chr. 36:22 et Esdras 1:1-3, faite à tous les Juifs du royaume de Perse, de se rendre à Jérusalem afin de rebâtir la maison de l’Éternel. Mais seul un petit résidu de 42360 Juifs se mit en route (Esdras 2:64), et ils étaient obligés de reconnaître qu’ils étaient serviteurs (Esdras 9:9).
(*) Il s’agit d’une pièce d’argile de 23 cm de long, et de forme à peu près cylindrique, portant un texte écrit en caractères cunéiformes. Il relate les exploits du roi de Perse Kyros ou Cyrus (558-529 av. J.C.).
La prophétie des deux premiers versets du chapitre 14 ne sera entièrement accomplie qu’au temps de la fin. Alors seulement, à la fin du « temps des nations », le Seigneur se tournera à nouveau en compassion vers son peuple Israël, les descendants de Jacob. En règle générale, la mention du nom de Jacob (« supplanteur, trompeur ») indique combien Dieu s’est penché profondément vers Son peuple, et la mention du nom d’Israël (« champion de Dieu ») montre à quelle hauteur Dieu l’a élevé et combien Il l’a béni richement. Il rétablira Son peuple dans le pays qu’Il a promis à Abraham, à Isaac et à Jacob comme une possession définitive (Genèse 13:15 ; 26:3 ; 28:13). La création de l’état d’Israël en 1948 peut être considérée comme une confirmation de cette prophétie, mais il y a encore du chemin à faire pour arriver à son accomplissement effectif. Où sont les « étrangers » qui se « joindront » au peuple terrestre de Dieu, où sont les peuples qui « prendront » les Juifs « et les feront venir en leur lieu », et qui seront ensuite dominés, eux les oppresseurs d’autrefois, par ceux qui étaient autrefois opprimés (comp. 49:23 et 60:14) ? Tout cela se situe encore dans le futur. Auparavant, la Babylone du Nouveau Testament aura été définitivement et complètement détruite, ainsi que ceux qui l’auront aidée, selon ce que nous avons vu au chapitre 12 (voir l’introduction du chapitre 13).
De la même manière, la « sentence » sur le roi de Babylone, que le peuple terrestre de Dieu prononcera lorsque l’Éternel lui donnera du repos de son labeur, de son trouble et de son dur service, n’est pas à mettre en relation avec l’effondrement de Babylone, ni avec le retour des Juifs de la captivité babylonienne au temps du roi de Perse Cyrus ; mais cette sentence vise bien plus loin dans le futur. Il faut voir ici le dernier représentant de Babel/Babylone. Le premier a été le roi Nebucadnetsar, la tête d’or de la statue figurant les quatre empires terrestres, et qui est finalement entièrement broyée, en commençant justement par les pieds qui représentent l’empire romain (Daniel 2). Le dernier représentant de Babylone est le chef de ce même empire, c’est-à-dire la bête qui, d’une part présente les caractères des trois empires précédents, y compris Babylone — mais qui, d’autre part, s’associe à l’Antichrist et à Babylone la grande prostituée (Apoc. 13:1-2 ; 17:3-14). Leur caractéristique commune est la glorification de soi, allant jusqu’à se présenter comme dieu, ce qui amène aussi à la chute l’instigateur Satan, qui se tient derrière eux (voir 1 Tim. 3:6 ; Luc 10:18 ; Apoc. 12:9).
Le brisement définitif du bâton des méchants et du sceptre des dominateurs par l’Éternel (14:5) aura lieu après l’apparition de Christ, lorsque les deux représentants de l’idolâtrie des hommes, le chef de l’empire romain et l’Antichrist, seront jetés vifs dans l’étang de feu, tandis que Babylone la prostituée aura déjà reçu son jugement (Apoc. 19:20). Alors, toute la terre sera en repos et tranquille, et il n’y aura pas que les hommes qui éclateront en chants de triomphe. Une paix jamais connue depuis l’éviction du premier couple humain hors du jardin d’Eden, règnera pendant mille ans sur la terre (14:7,8 ; comp. 35:1).
Les versets 9 à 14 montrent à l’évidence qu’il ne peut s’agir ici d’un souverain de la Babylone de l’Ancien Testament. Ce qui est placé ici sous nos yeux est un oppresseur qui se fait lui-même semblable à Dieu, ce qui, en dehors de Satan le chérubin déchu, ne sera fait par personne d’autre parmi les hommes que par le chef de l’empire Romain associé à l’Antichrist, le faux roi des Juifs (Apoc. 13:14-15 ; comp. Daniel 9:27 ; Matt. 24:15). À sa venue inattendue, le shéol même s’émeut. Le mot hébreu « shéol » désigne, dans l’Ancien Testament, le lieu du séjour des âmes des morts, quelle qu’ait été antérieurement leur relation avec Dieu, et quel que soit leur sort éternel. Les croyants de l’Ancien Testament possédaient certes l’espérance de la résurrection (Job 19:25-27 ; Daniel 12:2 ; Jean 11:24), mais ils n’avaient pas reçu davantage de révélation quant à l’état intermédiaire suivant la mort. Ce n’est que lorsque le Seigneur Jésus eut parlé du pauvre Lazare dans le sein d’Abraham et du riche dans les tourments du hadès (Luc 16:19-31), qu’une lumière divine supplémentaire éclaira ce point obscur. Depuis la résurrection et l’ascension de notre Rédempteur, nous pouvons en savoir davantage sur le sujet, à savoir que les âmes des croyants endormis « sont avec Christ » jusqu’à Sa venue, et que cela est de beaucoup meilleur (Phil. 1:23).
Dans un langage imagé extrêmement saisissant, on a la description de l’accueil par les occupants du shéol, les « trépassés », de celui qui est tombé si bas (comp. Ps. 88:10, Prov. 9:18) ; beaucoup d’entre eux étaient même autrefois des rois puissants (14:9-11). Comme pour Satan, le désir du roi de Babylone de « monter aux cieux » a pour résultat le plus profond abaissement et la réjection éternelle ; et la véritable nature de ce désir se révèlera dans les péchés de Babylone accumulés « jusqu’aux cieux » (14:12-15 ; comp. Genèse 11:4 ; Jér. 51:53 ; Daniel 4:19-22 ; Apoc. 18:5) (*).
(*) Au verset 13, la Parole de Dieu fait parler le roi de Babylone selon ce que se figurait son peuple, à savoir qu’il s’imaginait avoir le trône de ses dieux dans la montagne du nord. Il ne faut cependant pas comprendre cela comme une reconnaissance de la mythologie païenne (comp. 13:21).
Dans les versets 16 à 20, nous avons à nouveau devant nous le
roi de Babylone de ce temps-là (Belshatsar), dont l’âme se trouve au shéol,
tandis qu’à sa grande honte, une sépulture honorable est refusée à son corps
(comp. Jér. 22:19 ; 36:30). C’est avec un total étonnement et avec
horreur, que l’on regarde son cadavre privé d’enterrement et putréfié, gisant
au milieu des tués loin du tombeau royal. Quel contraste entre le rejeton et la
branche honorés issus de la racine d’Isaï (11:1), et le roi de Babylone qui, comme
rejeton ou branche (en hébreu netser
) faisant horreur, sera livré à l’ignominie
(14:19) ! Parce qu’il a dévasté les royaumes de la terre, et qu’il n’a pas
renvoyé les prisonniers dans leur pays, y compris les Juifs, et qu’il a mené
son pays à la ruine, il trouvera une fin sans gloire, lui et toute sa dynastie,
la « postérité des méchants » (14:20, 21).
L’Éternel des armées lui-même (en hébreu Jahwe Sabaoth
)
prononce encore une fois sa sentence de jugement (14:22, 23). Babylone sera
retranchée, y compris le nom et le reste (en hébreu schem
et schear
),
c’est-à-dire ceux qui ont une position élevée et ceux de basse condition, — y
compris les pousses et les rejetons (en hébreu nin
et necher
), c’est-à-dire
enfants et postérité, — autrement dit elle sera retranchée « corps et
biens ». L’Éternel des armées lui-même balayera tout cela avec le balai de
la destruction. Babylone sera engloutie et submergée par l’eau de l’Euphrate,
un lieu où s’ébattent les animaux sauvages (comp. 13:19-22).
Après la description du jugement de Babylone, la chute de l’Assyrien est tout-à-coup mentionnée une nouvelle fois, alors que le prophète s’en était déjà abondamment occupé (10:12-19, 28-34). Le motif semble en être que l’ordre chronologique de ces deux évènements futurs doit être encore une fois établi clairement, car dans le passé, l’Assyrie a été châtiée avant Babylone (Jér. 50:18), tandis qu’au temps de la fin, elle sera détruite après la chute de Babylone, et sans doute dans le pays d’Israël (voir l’introduction du chapitre 10). Il suffit d’une phrase pour fixer la chute de l’Assyrien dans le pays de l’Éternel des armées et sur Ses montagnes, et pour déterminer par là même la fin de l’oppression de Son peuple (14:25). Dans les versets précédents et suivants, l’accent est mis sur l’immutabilité des conseils de Dieu. Ce qu’Il décrète se réalisera, et ce qu’Il fait, nul ne peut l’empêcher (14:24, 26, 27).
De tout temps, les Philistins (en hébreu Pelischtim
,
comparer au nom de Palestine
) ont fait partie des ennemis les plus
acharnés du peuple d’Israël, et pour cette raison, ils ont été particulièrement
dangereux du fait qu’ils habitaient à l’intérieur des frontières du pays promis
par Dieu, et qu’ils pouvaient exercer leur influence dévastatrice sans grandes
difficultés. Ils étaient venus de l’île de Caphtor (probablement la Crète),
mais étaient primitivement originaires de Mitsraïm, c’est-à-dire de l’Égypte (Genèse
10:13-14 ; Jér. 47:4). Leurs lieux d’habitation se situaient en bordure de
la Méditerranée, au sud-ouest du pays d’Israël, par conséquent près de l’Égypte.
Leurs villes principales étaient : Asdod, Askalon, Ekron,Gath et Gaza
(comp. 1 Samuel 6:17-18).
Le fait qu’un peuple aussi insignifiant que les Philistins du point de vue de l’histoire universelle, soit mentionné comme objet du jugement de Dieu à côté des grands royaumes du monde tels que Babylone ou l’Assyrie, nous montre avec quelle justice immuable Dieu punira le mal qui aura été fait à son peuple, indépendamment de savoir qui l’a fait et quand cela a eu lieu. Même si actuellement les Philistins semblent ne plus exister (*), Dieu les remettra en lumière à sa manière. Il en sera de même pour les Moabites (ch. 15 et 16).
(*) Note Bibliquest : les événements récents (2008 - 2010) en rapport avec Gaza peuvent être considérés comme manifestant leur renaissance.
L’oracle touchant la Philistie, le deuxième de cette série, fut prononcé en 726 av. J.C., l’année de la mort du roi Achaz, pendant le règne duquel les Philistins s’étaient soulevés contre la domination de Juda, et avaient envahi le sud du pays, après que Ozias (791-740 av. J.C) leur eut infligé une grande défaite (2 Chr. 26:6 ; 28:18). C’est pourquoi ils avaient maintenant de quoi se réjouir d’avoir brisé la verge qui les avait frappés (14:29). Mais Dieu leur fait annoncer par son prophète le terrible châtiment qu’ils devraient recevoir, car « de la ruine du serpent sortira une vipère, et son fruit sera un serpent brûlant qui vole ». Dans le futur immédiat, ce fut Ézéchias (726-697 av. J.C), le fils d’Achaz, qui frappa la Philistie (2 Rois 18:8) ; mais au temps de la fin, ce sera le Messie qui l’anéantira. La « racine du serpent » est la maison royale d’Israël et de Juda qui, après les jours brillants au temps de David et de Salomon, était maintenant grandement affaiblie. Déjà, les anciens traducteurs juifs des Targums (*), avaient vu Ézéchias dans la vipère qui sortirait, et le Messie dans le serpent qui vole (comp. 11:1). Le serpent brûlant qui vole n’est pas ici, par conséquent, l’image de quelque chose de mauvais en soi, mais c’est une image de Christ comme exécuteur de la malédiction qui viendra sur les Philistins comme résultat de la justice punitive de Dieu.
(*) Les Targums sont les traductions du texte biblique hébreu en araméen. Ils sont apparus au temps du Christ et jusqu’au Moyen-âge.
Dans un contexte différent, le serpent d’airain que Moïse dut élever dans le désert pour le salut des Israélites, est aussi un type de Christ qui a été fait péché et malédiction pour nous sur la croix, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui (Nombres 21:8 ; Jean 3:14 ; 2 Cor. 5:21 ; Gal. 3:13).
Alors que le tronc d’Israël engendrera un jour une semence sainte sous forme du résidu croyant (6:13), et que même les plus pauvres, « les premiers-nés des misérables » de ce peuple jadis si pitoyable, seront nourris par Lui-même dans Sa pâture, et seront parfaitement protégés de tous dangers, la Philistie, quant à elle, sera exterminée jusqu’à la racine (14:30) de sorte que rien n’en poussera jamais plus. L’assaut des armées ennemies du nord sera si puissant que les villes et leurs portes seront amenées à crier et à hurler. Les messagers ne seront plus d’aucun secours, car le sort des Philistins est scellé, tandis que l’Éternel soutiendra et fortifiera Sion, tant aimée de Lui, comme un solide fondement et un refuge pour les pauvres de son peuple. Cette prophétie ne trouvera son plein accomplissement qu’au temps de la fin (comp. 11:14 ; Psaume 87).
Les Moabites étaient comme les Ammonites, des descendants de Lot, le neveu d’Abraham ; ils étaient donc apparentés à Israël par leur origine (Gen. 19:37). Ils formaient un peuple aisé d’éleveurs et de cultivateurs, et habitaient à l’est de la Mer Morte. Au nord, ils avaient pour voisin Ammon et au sud Édom. Par crainte des Israélites qui traversèrent leur territoire lors de leur voyage d’Égypte vers Canaan, les Moabites appelèrent à l’aide Balaam pour maudire le peuple d’Israël (Nomb. 22 à 24). Celui-ci ne put toutefois rien faire, sinon prononcer la bénédiction au lieu de la malédiction. C’est pourquoi il conseilla alors aux Moabites d’affaiblir Israël et de le faire chuter en l’excitant à l’idolâtrie et à la fornication (Nomb. 31:16 ; Apoc. 2:14). Par la suite, les Moabites restèrent toujours des ennemis du peuple de Dieu (comp. Juges 3:12-30 ; 1 Samuel 14:47 ; 2 Rois 13:20). À cause de cette inimitié, ceux qui étaient de la famille de Moab étaient exclus de la congrégation de l’Éternel jusqu’à la dixième génération (Deut. 23:4-6). La raison du jugement de Dieu sur Moab est toutefois en premier lieu l’orgueil humain, si haï par l’Éternel (16:6 ; 25:11 ; Jér. 48:29 ; Soph. 2:10 ; comp Prov. 8:13 ; 16:18).
Le troisième oracle est relatif à ce peuple limitrophe d’Israël à l’est. Dieu jugera Moab, parce qu’il a opprimé Son peuple, même s’Il l’a employé à certaines époques pour châtier Israël (2 Chr. 24:2). En des termes émouvants, Ésaïe annonce le destin de ce peuple (comp. 11:14). Dans sa prophétie sur Moab, Jérémie répète plus tard bien des points de l’oracle d’Ésaïe (Jér. 48), qui eurent avec Nebucadnetsar un accomplissement provisoire, l’accomplissement définitif restant encore futur.
Pendant la nuit, la ville de Ar de Moab (« ville de Moab ») et sa forteresse Kir de Moab (« Mur de Moab ») seront détruites (15:1). Dans la honte et dans l’angoisse, avec les têtes chauves, on fuira vers les sanctuaires d’idoles, comme si l’on pouvait en attendre du secours (15:2). Dans les villes du nord du pays, Dibon, Medeba, Hesbon et Helhalé, on n’entend de tous côtés que des lamentations, même de la part des soldats (15:3, 4). Le cœur du prophète est ému, lorsqu’il voit ces images prophétiques avec son œil spirituel (15:5). Les villes connues de Tsoar et Horonaïm se trouvent au sud de Moab. L’eau est tarie, le pays se transforme en désert, et les habitants s’efforcent de sauver ce qui reste de leurs biens, mais le jugement n’est pas encore terminé : Dieu fera venir un lion (symbole de Juda et de l’Agneau, Gen. 49:9, Apoc. 5:5) sur les réchappés de Moab 15:6-9).
Au temps du roi Joram, Moab avait cessé de livrer à Israël la redevance annuelle en moutons et béliers : c’est la raison pour laquelle on a ici l’invitation à s’acquitter de ces obligations à destination de Jérusalem, et non plus de Samarie (16:1 ; comp. 2 Sam. 8:2 ; 2 Rois 3:4-5). Si cela n’avait pas lieu, les habitants de Moab devraient s’attendre alors à pire, à savoir que leurs filles allaient errer comme des oiseaux sans défense autour du fleuve Arnon (16:2).
La prophétie passe ensuite manifestement à un nouveau sujet, qui est confirmé par d’autres passages. Lors de la la grande tribulation, le résidu juif croyant fuira sur les montagnes et dans le désert (Matt. 24:15 et suiv. ; Apoc. 12:14). Mais Moab qui aura échappé à l’attaque de l’Assyrien (Dan. 11:41) servira de refuge à ces fugitifs. Ils seront là en sécurité, jusqu’à ce que le « dévastateur » (l’Assyrien ; comp. 33:1) et l’« oppresseur » (l’Antichrist ; comp 14:4 ; Psaume 72:4 ; Matt. 24:15 et suiv.) aient trouvé leur fin. C’est ainsi que David avait déjà mis ses parents en sécurité auprès de Moab, alors que, fuyant devant Saül, il se cachait dans le lieu fort dans la montagne (1 Sam. 22:3-4). Également lors de l’attaque du roi de Babylone Nebucadnetsar, des Juifs trouvèrent asile en Moab (Jér. 40:11 et suiv.). Moab est exhorté ici à accueillir les réfugiés jusqu’à ce que le danger soit passé (16:3, 4).
Mais, lorsque la destruction aura cessé dans le pays d’Israël, et que les oppresseurs auront disparu du pays, « un trône sera établi par la bonté ; et il y en aura un qui y siégera dans la vérité, dans la tente de David, jugeant et recherchant la droiture, et hâtant la justice » (16:5). Il n’y a pas besoin d’expliquer longuement que cette description se rapporte au règne du Seigneur Jésus dans le royaume millénaire (comp. 9:6 ; 11:1-9 ; Psaumes 85:10 ; 89:14).
Après cette courte parenthèse, le prophète revient à sa mission, la « charge » contre Moab. Le motif du jugement de Dieu est l’orgueil de ce peuple (16:6 ; comp. 25:11 ; Jér. 48:29). L’arboriculture fruitière et la viticulture de la vigne étaient deux des soutiens principaux du bien-être de Moab, de sorte que Jérémie peut comparer ce peuple à un tonneau rempli de vin : « Moab a été à son aise dès sa jeunesse, et tranquille sur sa lie ; il n’a pas été versé de vase en vase et il n’est pas allé en captivité ; c’est pourquoi son goût lui est demeuré, et son parfum ne s’est point changé » (Jér. 48:11). Mais dans le jugement qui va venir, ses champs seront dévastés et ses vignes seront détruites. Les provins qui s’étendent jusqu’à la Mer (morte ?) sont bien une expression imagée décrivant le commerce étendu de ce produit de consommation (le vin, 16:7, 8). Toute la joie — qui n’est toutefois qu’une joie terrestre et mondaine — trouve sa fin (16:10).
Une nouvelle fois, le cœur est ému au plus profond en pensant à la détresse de ce peuple et en y prenant part intérieurement (16:9, 11 ; comp. 15:5 ; Jér. 48:31-36). Déjà le chapitre 15:2 mentionnait que les Moabites cherchaient du secours auprès des idoles, et ici il est assuré que cette recherche ne fournira aucun secours (16:12). Le jugement est irrévocable (comp. Jér. 9:24-25 ; Ézéc. 25:8-11 ; Amos 2:1-3). Dieu l’avait déjà annoncé par la bouche de Balaam, qui était supposé maudire Israël à la requête du roi de Moab, mais il fut obligé, contre sa volonté, de prononcer la pensée de Dieu : « Une étoile surgira de Jacob, et un sceptre s’élèvera d’Israël, et transpercera les côtés de Moab et détruira tous les fils de tumulte » (Nomb. 24:17). D’après le Psaume 60:8, Moab sera frappé par le Messie, mais en association avec Israël (Ésaïe 11:14) ; toutefois Dieu rétablira les captifs [litt. : « tournera la captivité »] de Moab à la fin des jours (Jér. 48:47). Un faible reste subsistera (16:14). Tout cela devait s’accomplir provisoirement sur une durée de trois ans mesurée exactement par Dieu, mais nous ne connaissons pas le point de départ de ces trois ans (comp. 20:3).
Le quatrième oracle d’Ésaïe est dirigé contre Damas, l’antique capitale de la Syrie, pays voisin d’Israël du côté du nord. Au temps d’Ésaïe, Pekakh, roi d’Israël, et Retsin, roi de Syrie, s’étaient alliés contre Achaz qui, dans sa détresse, appela à l’aide Tiglath-Piléser, roi d’Assyrie ; celui-ci s’empara de Damas et mit à mort Retsin (7:1 ; 2 Rois 16:5-9). Mais la prophétie de notre passage va plus loin : elle se rapporte au temps de la fin, comme le verset 7 le montre.
Israël (Éphraïm) est mentionné ici en compagnie des nations, sans doute parce qu’à cette époque il s’était allié avec la Syrie contre Juda, mais aussi, selon ce qu’on peut voir aujourd’hui, parce qu’il est actuellement dispersé parmi les nations depuis déjà plus de deux mille cinq cents ans. Les dix tribus ne sont pas identifiées aujourd’hui, mais au temps propre Dieu les fera réapparaître, les fera sortir des peuples et les amènera pour ainsi dire encore une fois au désert ; et là les rebelles et les apostats seront éliminés, avant que le Résidu rentre dans la terre d’Israël. Ce sera donc un processus tout différent de celui que vivront les deux tribus, qui commenceront par rentrer dans leur pays avant d’y être jugées. Après cela, le peuple sera uni de nouveau pour toujours (Ézéc. 20:34-38 ; 37:21-22).
Dieu s’occupera non seulement de Son peuple terrestre, mais aussi des nations voisines. Par l’invasion des armées du nord, Damas, capitale de la Syrie, et Aroër, ville importante située sur le fleuve Arnon et appartenant temporairement à la Syrie, seront détruites et laissées à l’état de pâturages pour le bétail (17:1, 2 ; comp. Jér. 49:23-27 ; Amos 1:3-5). Mais comme pour la royauté de Damas, toute la puissance et la gloire d’Israël apostat trouveront leur fin (17:3, 4). Comme la prophétie sur la destruction de Damas, la prophétie relative à Éphraïm a aussi trouvé un accomplissement partiel aux jours de Pekakh, et de nouveau lors de la transportation des dix tribus emmenées en captivité en Assyrie, en l’an 722 ou 721 avant Jésus Christ (2 Rois 15:29 ; 17:3-6).
« Et il arrivera en ce jour-là, que la gloire de Jacob sera affaiblie, et que la graisse de sa chair sera amaigrie », c’est-à-dire que toute sa prospérité sera jetée par terre (17:4). Lorsque le peuple de Dieu n’agit pas par la foi, il vit comme les hommes naturels, il est plus faible que le monde ; et lorsque le châtiment arrive, il est entièrement jeté par terre. Les hommes seront moissonnés comme le blé ; cependant il restera un Résidu, comme une glanure. La moisson est souvent la figure d’un jugement au cours duquel s’effectue une séparation entre le bien et le mal (17:5 ; comp. Matthieu 3:12 ; 13:30). Ici aussi, il y a un Résidu visible qui subsistera comme un grappillage sur un olivier (17:6 — figure du peuple d’Israël : comp Jér. 11:16).
« En ce jour-là », les croyants qui constitueront le résidu, regarderont vers Celui qui les a faits, et leurs yeux verront par la foi le Saint d’Israël (voir 1:4). Toute confiance dans les idoles, l’idolâtrie si abominable aux yeux de Dieu, cessera pour toujours (17:7, 8). Jusqu’à présent cette prédiction ne s’est pas encore réalisée.
« En ce jour-là » — ce jour désigné par cette expression figure ici pour la troisième fois dans ce passage — les villes fortes, les remparts de la puissance terrestre seront désolés, de la même manière que les ruines des villes de Canaan qui, lors de la venue des Israélites, avaient été abandonnées par leurs habitants d’origine, et avaient été envahies par la forêt et le désert. L’expression « ce jour-là » ne peut pas désigner un moment particulier, mais seulement le long laps de temps décrit dans les versets 4 à 8. Le peuple est vu ici dans son abandon du Dieu de son salut et du rocher de sa force. Il a planté des « ceps étrangers », ce qui signifie certainement qu’il a adopté des mœurs et des coutumes païens. Pensons seulement aux deux veaux d’or que Jéroboam, le premier roi du royaume des dix tribus, avait établis à la place du Dieu d’Israël (1 Rois 12:28-33) ! Mais tout attachement aux choses du monde, si attirantes pour le cœur humain, ne leur sera d’aucun secours. Au temps du jugement, il n’en restera qu’un tas de brindilles qui se consument.
Cependant les nations aussi subiront leur jugement. À plusieurs reprises, les multitudes de peuples en révolte contre Dieu sont comparées aux masses d’eau bruyantes de la mer (57:20 ; Apoc. 17:15). C’est à elles que s’adresse, de la part de Dieu, le « malheur ! » du verset 12. Lorsque Dieu, dans la Personne de son Fils paraissant en gloire, ouvrira Sa bouche, elles disparaîtront comme du chaume et comme la balle au vent (17:13 ; comp. Apoc. 19:15-21). Par contre Son peuple sera sauvé en tant que « tout Israël », même s’il ne s’agit en réalité que d’un résidu (10:22 ; Rom. 9:27 ; 11:26). La mort de 185000 Assyriens au temps d’Ézéchias a été comme un prélude, un accomplissement partiel de la prophétie d’Ésaïe : « Au temps du soir, voici l’épouvante ; avant le matin, elles ne sont plus » (17:14), car il ne pourrait certainement pas s’agir d’un « tumulte de beaucoup de peuples » et d’un « bruissement de peuplades » pour ce qui concerne l’armée de Sankhérib (2 Rois 19:35).
ME 2003 p. 153
Le chapitre 18 d’Ésaïe, dont le sujet est le peuple de Dieu, est comme inséré entre les oracles touchant Damas et l’Égypte. Ce passage se relie d’une certaine manière au début du chapitre précédent. Là il est question d’une alliance entre le royaume des dix tribus et la Syrie, ici d’une alliance des Juifs avec les nations — alliance qui, à l’époque, était pour un lointain avenir, mais qui, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, peut être clairement reconnue. De même qu’Ézéchiel 37, ce chapitre évoque la résurrection d’un État pour les Juifs dans leur pays, se réalisant tandis qu’ils sont encore dans l’incrédulité.
Cette prophétie est remarquablement complétée, et en partie expliquée, par une déclaration du prophète Sophonie. Celui-ci résume le résultat final, le rétablissement complet d’Israël dans le pays promis, par cette seule phrase : « D’au-delà des fleuves de l’Éthiopie (ou : de Cush), mes suppliants, la fille de mes dispersés, apporteront mon offrande » (Soph. 3:10 — comp. avec És. 18:1 et début du 7).
Par les mots « Ha ! pays qui fais ombre avec tes ailes, toi qui es au-delà des fleuves de Cush… », un pays est interpellé, mais son nom n’est pas mentionné. S’il est vrai que le nom hébreu de Cush est le plus souvent traduit par Éthiopie, il faut remarquer qu’il peut aussi désigner des territoires se trouvant à l’ouest ou à l’est de la mer Rouge, donc non seulement en Afrique mais aussi en Asie (Gen. 2:13 ; 10:6 et suiv. ; 2 Chron. 21:16 ; Ézéch. 29:10). Par conséquent, les « fleuves de Cush » semblent être le Nil à l’ouest et l’Euphrate à l’est. Ces fleuves constituaient les limites du domaine entourant Israël ; Dieu avait autrefois promis à Abraham de donner à sa descendance le territoire allant « depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate » (Gen. 15:18).
Manifestement, le pays éloigné qui n’est pas nommé — celui qui fait ombre avec ses ailes — est dans une relation d’amitié avec Israël et le protège. Il envoie « des ambassadeurs sur la mer et dans des vaisseaux de papyrus » (v. 2). Des bateaux faits de papyrus ou de jonc étaient connus comme moyens de transport sur les fleuves d’Égypte et d’Assyrie, mais l’expression paraît devoir être comprise ici dans un sens général : ce pays, protecteur d’Israël, n’a pas de frontière commune avec ce dernier et a une grande puissance maritime.
Israël est l’objet de ses soins. Il n’existe certainement aucun autre peuple sur la terre auquel puisse mieux s’appliquer la description que nous avons ici : « une nation répandue loin et ravagée… un peuple merveilleux dès ce temps et au-delà… une nation qui attend, attend, et qui est foulée aux pieds, de laquelle les rivières ont ravagé le pays » (v. 2). À part Israël, quel peuple a-t-il dû, au cours d’une histoire qui dure depuis des millénaires, souffrir d’une telle manière — et demeure pourtant « merveilleux » et craint de tous, depuis sa naissance ? Quel peuple a-t-il été foulé aux pieds comme les Juifs, et quel pays a-t-il été, comme Israël, si souvent et si horriblement ravagé par des puissances ennemies — comparables à des fleuves puissants (cf. És. 8:7) ?
L’existence même de ce peuple expulsé de son pays et dispersé à tous les vents est un miracle. En même temps, c’est une des preuves les plus claires de la vérité de l’Écriture Sainte. L’aspiration de beaucoup de Juifs à l’existence d’un foyer national a conduit, depuis environ une centaine d’années, à un mouvement de retour sans cesse croissant dans « le pays de beauté », et a trouvé — après les plus grands « ravages » qui ont eu lieu dans l’histoire de ce peuple — son point culminant dans la fondation d’un État d’Israël indépendant, en 1948. Entre tous les pays, ce sont particulièrement les États Unis qui sont venus à l’aide du jeune État. En quelques décennies, celui-ci est devenu un pays remarquablement développé au point de vue industriel et agricole — avec une puissance militaire énorme. Cependant, tous ces succès commerciaux, politiques et militaires se réalisent alors que le peuple se trouve dans l’incrédulité à l’égard du Seigneur Jésus comme Messie d’Israël. « En entendant vous entendrez et vous ne comprendrez pas, et en voyant vous verrez et vous ne connaîtrez pas » (És. 6:9). Encore aujourd’hui, « le voile demeure sur leur cœur » ; il ne sera enlevé que lorsqu’ils se tourneront vers le Seigneur (2 Cor. 3:14-16).
L’appel qui suit est adressé à tous les habitants du monde : « Quand l’étendard sera élevé sur les montagnes, voyez ; et quand la trompette sonnera, écoutez ! » (v. 3). Le prophète semble passer rapidement par-dessus les événements déjà décrits et attirer l’attention sur la dernière phase du rétablissement du peuple terrestre de Dieu. Déjà au chapitre 11, il avait annoncé que Dieu « élèvera un étendard devant les nations, et rassemblera les exilés d’Israël, et réunira les dispersés de Juda des quatre bouts de la terre » (v. 12). Et au chapitre 27, il parle du son de la trompette qui appellera « ceux qui périssaient dans le pays d’Assyrie, et les exilés du pays d’Égypte », à revenir dans le pays (v. 13). Ces deux signaux divins, l’étendard et la trompette, amèneront toute la terre à regarder et à écouter, et introduiront le retour définitif du peuple.
Mais, jusque-là, il y a encore un chemin douloureux. Tout d’abord, il semblerait que Dieu laisse les choses aller, bien que dans son gouvernement il soit derrière tout ce qui arrive. Il se tient en quelque sorte en arrière et il observe les grands efforts qui sont faits en vue du retour des Juifs dans leur pays sous la protection du pays mentionné dans les versets 1 et 2 : « Je resterai tranquille, et je regarderai de ma demeure, comme une chaleur sereine sur la verdure, comme une nuée de rosée dans la chaleur de la moisson » (v. 4). Il n’a pas encore rétabli les relations avec son peuple, mais il voit tout ce qui se passe dans son pays.
Tout comme la moisson suit nécessairement la floraison, ainsi le but tant désiré apparaît-il enfin comme près d’être atteint. Mais tous les plans humains vont s’effondrer ; car avant que la fleur devienne un raisin vert qui mûrit et que la moisson arrive, Dieu — tout d’abord par le jugement — renouera ses relations avec son peuple, qui dans son ensemble sera encore infidèle. Cependant ceci ne peut arriver avant que l’assemblée soit enlevée au ciel. L’assemblée de Dieu n’est jamais sur la terre en même temps que son peuple terrestre reconnu comme tel ; ce n’est que lorsque « la plénitude des nations » sera entrée que « tout Israël sera sauvé » (Rom. 11:25, 26).
C’est alors que commencera la soixante-dixième semaine d’années dont a parlé le prophète Daniel, dans laquelle s’effectueront les jugements mesurés de Dieu sur son peuple — pour leur châtiment et leur purification (Dan. 9:24-27). Lui-même retranchera les pousses et les sarments de la propre volonté et de la méchanceté. Le peuple sera livré « aux oiseaux de proie des montagnes et aux bêtes de la terre », c’est-à- dire aux puissantes nations du monde (v. 6). Dans ces jugements qui atteindront le peuple de Dieu rentré dans son pays, les impies seront tués et le résidu croyant sera purifié, ainsi que plusieurs autres passages prophétiques de la Parole nous le montrent (cf. 6:11-13 ; 10:20-23).
Le dernier verset montre que les événements décrits ici auront lieu effectivement au temps de la fin. « En ce temps-là, un présent sera apporté à l’Éternel des armées ». Ce présent, c’est le peuple, qui est déjà décrit au verset 2 par des mots presque identiques. Quel présent ce sera en effet pour l’Éternel des armées quand son peuple terrestre — si richement béni autrefois et maintenant encore si obstiné — lui sera offert par toutes les nations comme une « offrande » (cf. És. 66:20 ; Soph. 3:10) ! Le peuple lui- même sera pour Dieu un présent, et après le long temps de son aveuglement, il lui apportera aussi l’admirable présent de sa foi dans le Seigneur Jésus comme Messie.
Alors, ce ne sera pas la montagne de Sinaï — le lieu de la loi qui apporte la terreur et la malédiction — mais « la montagne de Sion » — le lieu de la domination royale et de la grâce — qui sera sur la terre le « lieu où est le nom de l’Éternel des armées ». Tandis que nous, croyants du temps de la grâce, serons déjà et pour toujours unis au Fils de Dieu dans la maison de son Père, les voies de Dieu envers son peuple terrestre trouveront en quelque sorte leur couronnement à la montagne de Sion, d’où, pendant mille ans, la domination du Messie se réalisera dans la justice et dans la paix (cf. És. 2:3 ; Ps. 110:2).
Ésaïe doit prononcer cinq annonces de jugements sur l’Égypte, pays voisin d’Israël du côté du sud. L’Éternel Lui-même « porté sur une nuée rapide », viendra sur le pays (v. 1 ; comp Psaume 104:3). Non seulement les hommes, mais aussi leurs idoles tremblent devant Celui qui a déjà une fois exercé le jugement sur eux, lorsqu’Il fit sortir son peuple hors de la fournaise de fer (Exode 12:12). Être informés de Sa présence alarme Ses ennemis, tandis que Ses rachetés s’en réjouissent (comp Matthieu 2:3 ; 8:29 & Jean 20:20).
Au verset 2, Dieu prend Lui-même la parole contre l’Égypte. Tout d’abord, une guerre civile est annoncée, au cours de laquelle chacun combattra l’un contre l’autre (19:2-3). Quant à la mention de royaumes, il s’agit probablement d’une allusion aux nombreuses cités indépendantes avec leur roi propre, selon ce qui existait à l’époque en Égypte. Dieu réduira à néant toute l’intelligence des Égyptiens, de sorte qu’ils chercheront refuge auprès de leurs idoles et des puissances occultes (19:3 ; 8:19).
En ce qui concerne le roi dur et cruel dans la main duquel Dieu livrera les Égyptiens, il peut s’agir d’un despote issu de leurs propres rangs, ou peut-être aussi d’un dominateur étranger, comme le pensent quelques commentateurs, qui voient l’accomplissement de cette prophétie dans l’assujettissement de l’Égypte par les Assyriens au septième siècle avant Jésus Christ. D’après Daniel 11:42-43, nous savons cependant qu’au temps de la fin aussi, l’Assyrien, poursuivra son chemin vers l’Égypte après un premier siège d’Israël, et fera également la conquête de ce pays.
Un autre châtiment de Dieu est l’assèchement du Nil et la famine qui en résulte (19:5). L’eau du Nil, qui est appelé ici « mer » en raison de son immense étendue, était la source principale de la prospérité de l’Égypte et la fierté des Égyptiens (comp. Deut. 11:10 & Ézéc. 29:3). Par les bras d’eau latéraux et les canaux, l’eau chargée de limon fertile était amenée dans les champs au moyen d’un système d’irrigation ingénieux. Lorsque cette source d’eau colossale tarit, les champs deviennent des déserts, on ne peut plus prendre de poissons, il n’y a plus de récolte de lin ni de coton — en bref, toute la vie économique est mise par terre, et les piliers de soutènement de l’état sont anéantis (19:6-10).
Tsoan (ou Tanis) était une ville très ancienne à l’est du delta du Nil (Nomb. 13:23), dans les ruines de laquelle on a retrouvé des tombeaux de Pharaons y ayant résidé. Noph (ou Moph, Memphis ; comp Osée 9:6) dont les ruines se situent au sud du Caire et à l’ouest du Nil, était la ville de résidence des Pharaons, longtemps avant la fondation d’Alexandrie et du Caire. Tsoan et Memphis représentent donc des villes importantes et très anciennes du pays. Leurs princes étaient les détenteurs de la « sagesse des Égyptiens », dans laquelle Moïse fut, lui aussi, instruit à la cour du Pharaon (Actes 7:22). Mais voilà qu’à ceux-ci comme aux conseillers du Pharaon, cette sagesse fait maintenant complètement défaut, alors qu’elle avait pourtant rendu l’Égypte si célèbre. Ils sont devenus insensés et stupides. Ce que l’Éternel des armées a décidé à l’égard de l’Égypte, ils sont incapables de le révéler, ni même de le discerner (19:11-12).
N’éprouvons-nous pas aujourd’hui quelque chose de tout à fait semblable ? Tous les progrès de la science et de la technique ne rendent pas l’humanité capable de discerner ni de comprendre la vérité et la gravité de la Parole de Dieu. Il semble, au contraire, comme si l’accroissement des connaissances éloignait toujours plus l’humanité du chemin de la vraie connaissance. Combien cela confirme encore aujourd’hui la vérité des paroles de l’apôtre Paul : « La sagesse de ce monde est folie devant Dieu » (1 Cor. 3:19 ; 1:18-25) !
Dans les versets 13 à 15, est exposé le fait que Dieu a fourvoyé les cœurs des sages de l’Égypte. Il a versé un « esprit d’étourdissement » (*), de vertige, de confusion sur le pays. C’est donc Son châtiment. Le peuple est égaré par les conseils erronés, de sorte qu’il est comparable à un homme ivre, qui se vautre dans son propre vomissement, et n’est pas en état de se tenir debout ni de rentrer chez lui. Qu’il soit de haute ou de basse condition, fort ou faible, il n’y a personne en Égypte encore capable de faire quelque chose de sensé (comp. 9:14 et suiv.).
(*) note Bibliquest : JND traduit « esprit de persversité » ; la version allemande traduit « esprit d’étourdissement »
L’expression « en ce jour-là » que l’on trouve six fois dans ce qui suit (voir v. 16, 18, 19, 21, 23, 24) nous transporte au temps futur de la fin (comp. 2:12, 17, 20 & 3:7 & 4:1, 2 & 7:18 etc… ; 10:20 & 11:10, 11 & 12:1 & 17:4 etc…). Comme nous l’avons déjà vu, il ne s’agit pas d’un jour de 24 heures, mais de toute la période future durant laquelle Dieu s’occupera à nouveau directement de la terre, en commençant par des jugements punitifs avant l’apparition du Seigneur, jusqu’à la fin du règne millénaire. Il ressort chaque fois du contexte, de quelle partie de cette longue période il est question.
Ici, il s’agit maintenant de ce que l’Égypte reprendra ses sens dans le futur, avec une conversion décrite en six étapes, dont chacune commence par ces mots : « en ce jour-là ».
« En ce jour-là », l’Égypte, tout d’abord, tremblera encore sous le jugement de Dieu qui, non seulement rachètera le résidu de son peuple et le libérera de ce pays, mais qui secouera Sa main en jugement sur elle « dans l’impétuosité de son vent » (11:11,15). Manifestement, beaucoup d’Égyptiens seront conduits sur la voie de reconnaître la relation de Dieu avec son peuple terrestre. Ils verront que, selon son décret, le pays d’Israël appartient aux Juifs, et que c’est Lui-même qui y a ramené son peuple. De ce fait, le pays de Juda sera une terreur pour l’Égypte (19:16-17). Combien les peuples, y compris l’Égypte, sont aujourd’hui encore loin de le reconnaître ! Mais, « lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice » (26:9). À la lumière de ces paroles, nous pouvons comprendre la description qui suit de la conversion de l’Égypte.
« En ce jour-là », c’est-à-dire sans doute au début du règne millénaire, cinq villes du pays d’Égypte parleront la langue de Canaan, et jureront par le Dieu d’Israël. Seule l’une d’entre elles sera appelée du nom hébreu de Ir-ha-Herès (« ville de destruction » ou, selon une variante ne portant que sur une lettre : Ir-ha-Cherès : « ville du soleil », c’est-à-dire : Héliopolis) ; les autres ne sont pas connues (19:18). En langage symbolique, on trouve décrit ici le résultat de la conversion de l’Égypte à l’Éternel des armées.
« En ce jour-là », un autel sera bâti à l’Éternel au milieu de l’Égypte, et une colonne commémorative sera érigée à la frontière en témoignage à l’Éternel (19:19). Certes, dans le règne millénaire, le centre du culte pour toute la terre sera à Jérusalem (2:3 & 56:7), mais la prophétie de Malachie 1:11 trouvera aussi son accomplissement : « Car du soleil levant jusqu’au soleil couchant, mon nom sera grand parmi les nations ; et en tout lieu, l’encens sera brûlé à mon nom, et une offrande pure sera présentée, car mon nom sera grand parmi les nations ». Sous le joug de l’oppresseur (sans doute l’Assyrien), ils crieront à l’Éternel qui leur enverra un Sauveur (19:20). Lorsque tous les jugements punitifs seront passés, il y aura parmi tous les peuples des gens qui, dans leur détresse, se seront tournés avec foi vers le seul vrai Dieu, et auront fait l’expérience de Son salut.
« En ce jour-là », les Égyptiens sauvés après leur délivrance, reconnaîtront l’Éternel qui se sera révélé à eux dans Sa sainteté, mais aussi dans Sa grâce et Sa miséricorde, et ils lui apporteront des sacrifices et des offrandes, et également ils Lui voueront des vœux et les accompliront (19:21). Il en sera de même en Israël (Ézéc. 43:18-25 & 45:18-25). La reprise des sacrifices de l’Ancien Testament ne doit pas nous étonner. N’oublions pas qu’il s’agit ici de peuples terrestres, avec des bénédictions terrestres, même si elles ne le sont pas exclusivement. Les sacrifices de l’Ancien Testament attestaient que devant Dieu, il n’y avait pas de rémission sans effusion de sang, et en figure (ou : type) ils renvoyaient au sacrifice du Seigneur Jésus (Héb. 8:4 et suiv. & 9:22) ; dans le règne millénaire, les hommes qui vivront alors sur la terre offriront aussi à nouveau de tels sacrifices en souvenir de l’œuvre accomplie de Christ. Dans le temps présent par contre, nous pouvons par la foi au Seigneur Jésus et par Son œuvre expiatoire de la croix, nous tenir dans la pleine jouissance de toutes les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. Comme sainte sacrificature, tous les rachetés peuvent offrir à Dieu des sacrifices de louanges (« le fruit des lèvres »), c’est-à-dire des sacrifices spirituels , qui lui sont agréables par Jésus Christ (Héb. 13:15 & 1 Pierre 2:5). Tandis qu’un jour les sacrifices dans le règne millénaire prendront fin, notre adoration, que nous pouvons déjà commencer ici-bas, durera dans le ciel pendant toute l’éternité (Apoc. 5) !
Mais avant que les Égyptiens ne se tournent vers Lui, Dieu doit les frapper afin de les guérir ensuite (19:22). Cela se fera par l’invasion de l’Assyrien qui aura lieu après le premier siège de Jérusalem, avant qu’il trouve sa fin sur les montagnes de Juda lors de la deuxième attaque (Daniel 11:42-43).
« En ce jour-là », lorsque l’Égypte sera guérie et l’Assyrie libérée de son tyran, ces deux peuples qui, dans le passé, étaient constamment en guerre l’un contre l’autre, vivront ensemble en paix. Leurs pays serviront alors Dieu ensemble, et entre eux existera une relation durable, un « chemin battu » (19:23 ; comp. Psaume 84:5).
« En ce jour-là », Israël sera une « bénédiction au milieu de la terre », et en tant que constituant une partie de l’héritage de l’Éternel des armées, il formera avec l’Égypte, Son peuple, et l’Assyrien, l’ouvrage de Ses mains, une alliance tripartite des peuples bénis (19:24, 25). Alors se réalisera finalement et parfaitement la promesse de bénédiction de Dieu faite à Abraham : « Je te ferai devenir une grande nation, et je te bénirai, et je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction ; et je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et en toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Genèse 12:2-3). Même si, au cours de l’histoire du peuple d’Israël, les puissances ennemies ont toujours cherché et cherchent encore à contrecarrer les desseins de Dieu, Il accomplira son serment (comp Genèse 15:7-21).
Même si ce passage a trouvé un accomplissement historique partiel, comme le chapitre 20 le montre, cependant il renvoie sans aucun doute au temps futur et aux bénédictions du Millénium.
Le chapitre 20 termine la prophétie relative à l’Égypte avec une illustration des relations de Juda avec l’Égypte et l’Assyrie, qui sont décrites au ch. 19. Dans leur lutte contre l’Assyrien, bien des Juifs espéraient l’aide de l’Égypte, mais en vain. Or l’Assyrie allait justement bientôt frapper l’Égypte et l’Éthiopie, et faire de nombreux prisonniers. Ésaïe est appelé à représenter symboliquement cette situation de manière très expressive. De telles « visualisations prophétiques » par les messagers de Dieu sont décrites également dans d’autres passages de la Parole de Dieu (comp Ézéc. 4:1-8 ; Osée 1:2-9). Elles nous montrent que les prophètes n’étaient pas seulement des canaux de la parole de Dieu, mais que Son message les saisissait dans leur être tout entier.
Le passage contient aussi une date bien précise. En Assyrie régnait le roi Sargon qui n’est mentionné dans la Bible que dans ce seul passage, mais dont l’existence est attestée par des inscriptions de Mésopotamie (722-705 avant Jésus Christ), et qui est connu dans l’histoire du monde sous le nom de Sargon II. C’est environ au milieu de son règne que les villes des philistins, notamment Asdod, se révoltèrent contre lui. Il envoya le Tharthan, son général en chef, pour réprimer la révolte qui était soutenue par les Égyptiens.
À cette époque, où le roi Ézéchias avait commencé entre temps de régner (voir 1:1), Dieu parle à son peuple par Ésaïe. Il doit, sur son ordre, marcher çà et là, nu-pieds et « nu », c’est-à-dire sans vêtement de dessus (20:2 ; comp 1 Samuel 19:24 & Jean 21:7). Avant cette injonction, Ésaïe avait déjà manifestement porté le sac en signe de deuil ou à titre de vêtement de prophète ; c’est ce sac qu’il devait maintenant ôter, de même que ses sandales. Pendant trois années, il va parcourir les rues comme un esclave ou un prisonnier de guerre, afin de montrer aux habitants de Juda ce qui allait arriver à ceux sur lesquels ils s’appuyaient.
À la fin de ces trois ans, Dieu explique le comportement profondément surprenant de son serviteur, qui était comme signe et comme figure. Les Assyriens emmèneraient les Égyptiens et les Éthiopiens en captivité, « nus et nu-pieds et leurs hanches découvertes, à la honte de l’Égypte » (20:3, 4). Au parti qui, à Jérusalem, voulait s’allier à l’Égypte contre l’Assyrie, il était ainsi montré l’inutilité d’une telle alliance. La consternation et la honte chez les Juifs seraient justement le résultat final (20:5).
« Comment échapperons-nous ? » demandent les habitants de la bande côtière d’Israël, au vu de l’absence d’espoir d’avoir secours de la part de l’Égypte et de l’Éthiopie face au roi d’Assyrie (20:6). Cette question ne se pose-t’elle pas aussi aujourd’hui à tout homme qui doit reconnaître que « la délivrance qui vient de l’homme est vaine » ? (Psaume 60:11 & 108:12). Pourtant le Seigneur Jésus offre la vie éternelle à tout pécheur. Ce n’est que pour ceux qui méprisent un si grand salut, qu’il n’y a pas d’espoir (Héb. 2:3).
Le sixième oracle vise le « désert de la mer », ce qui désigne Babel, que les Assyriens appelaient le « pays de la mer » à cause des nombreuses inondations de l’Euphrate ; ils appelaient son souverain le « roi de la mer ». Mais le pays devait devenir un « désert » (21:1 ; comp. Jér. 51:36, 43). L’expression « désert de la mer », ne fait-elle pas aussi allusion aux masses de peuples vivant dans l’iniquité et qui constituaient cette puissance idolâtre, ainsi qu’à leur dénuement et leur désolation spirituels (comp. 17:12 & 57:20 & Apoc. 17:3, 15) ?
Babel est synonyme de la plus grande inimitié qui soit contre le peuple de Dieu (voir ch. 13 et 14). Cet empire mondial caractérisé par l’avidité pour les richesses et la puissance, et par l’idolâtrie, fit la conquête de Jérusalem, et mena le peuple de Dieu en captivité. Mais ce peuple tyrannique devait lui-même, à son tour, être un jour pillé et dévasté par une autre puissance qui surgirait comme une terrible tempête du désert. Les instruments du jugement de Dieu furent les Mèdes et les Perses, qui conquirent Babel en 539 av. J.C. ; Élam était en ce temps-là une province perse dont la capitale était Suse (voir 13:17-22 & Daniel 8:2). Le châtiment des oppresseurs aboutit à la libération des Juifs captifs, et à faire cesser toutes leurs plaintes et gémissements (21:2). L’un des premiers actes officiels de Cyrus, roi de Perse, fut d’appeler les Juifs à retourner dans leur pays et à rebâtir le temple à Jérusalem (Esdras 1).
Ésaïe, ce saint homme de Dieu, est profondément bouleversé par la « vision cruelle », par le spectacle prophétique de la chute inattendue de Babel, quoique qu’il s’agît de l’oppresseur de son propre peuple (21:3, 4 ; comp. ch. 15:5 & 16:9). Ce qu’il voit correspond aux faits que Daniel relate et dont il fut le témoin oculaire presque deux cents ans plus tard (Daniel 5). Les tables sont alors prêtes pour le festin de Belshatsar, on mange et on boit, mais ni la sentinelle mise en place, ni la tentative pour se défendre en urgence, ne peuvent empêcher le sort fatal. Enduire les boucliers d’huile servait à faire dévier les coups de l’adversaire (21:5). Mais tout cela intervient trop tard. En cette même nuit, Babel est prise par les Médo-Perses.
Au verset 6, le prophète est engagé à placer une sentinelle (comp. Habakuk 2:1). La chute de Babel avait bien sûr une grande importance pour les Juifs. Elle devait être le point de départ de leur libération. La sentinelle qui passe des nuits entières à attendre, voit prophétiquement apparaître une foule immense de cavaliers, deux par deux, ayant chacun un attelage d’ânes et de chameaux, ce qui pourrait faire allusion aux deux nations des Mèdes et des Perses (21:7, 8). D’après ce que nous savons par l’histoire profane, Babel est tombée entre leurs mains pratiquement sans résistance.
La correspondance de la proclamation du verset 9 : « Babylone est tombée, elle est tombée… » avec Apoc. 14:8 et 18:2 n’est évidemment pas le fait du « hasard », mais elle met en évidence le lien étroit entre la prophétie de l’Ancien Testament et celle du Nouveau. Ce n’est qu’au temps de la fin, que cette prophétie trouvera son plein accomplissement. La puissance mondiale constituée par la Babel historique est la personnification de l’idolâtrie, tout comme la Babylone religieuse future ; cette idolâtrie est jugée ici par Dieu de manière provisoire, mais elle le sera plus tard de manière définitive et pour toujours.
Enfin il est question du peuple terrestre de Dieu, ce peuple
« battu » [comme le blé] qu’Ésaïe en tant que porte-parole de Dieu,
appelle aussi « fils (ou fruit) de mon aire ». L’Éternel des armées
(en hébreu : Yahwe Sabaoth
), le Dieu d’Israël, achèvera les
jugements sur Son peuple, et recueillera le fruit. La prophétie sur Babel
montre comment cela atteindra l’instrument employé à corriger Son peuple. Ce qu’Ésaïe
annonçait était conforme à ce qu’il avait entendu de Lui (21:10).
Duma est l’objet du septième oracle de cette série. Ce nom signifie « silence, silence de mort » (comp. Ps. 115:17) ; il est possible que ce soit un anagramme du nom d’Édom (mot obtenu par transposition des lettres), qui annoncerait en même temps le sort futur de ce peuple. Duma était le nom d’un fils d’Ismaël, dont la descendance vivait sans doute dans la même région que les Édomites, et était, par conséquent, considérée comme ne faisant qu’un avec eux (comp. Gen. 25:14). Les Édomites, descendants d’Ésaü, frère de Jacob, se sont souvent manifestés comme des ennemis du peuple de Dieu ; ils habitaient la région de Séhir, au sud-est de la Mer Morte (comp. Gen. 36:8). À cause de leur inimitié, le jugement de Dieu les atteindra aussi (comp. 11:14 & 34:5 et suiv. & 63:1-4 ; Ps. 137:7 ; Jér. 49:7-22 ; Abdias 12).
La vision ne comprend qu’une question ainsi que la réponse faite par le prophète. Séhir est un lieu où tous les avertissements de Dieu ont été manifestement méprisés ; c’est de là que, par deux fois, la sentinelle prophétique est interpellée de manière moqueuse : « Sentinelle, à quoi en est la nuit ? » (21:11) (*). Celle-ci répond avec une sainte gravité : « Le matin vient, et aussi la nuit ». Pour Israël, le peuple de Dieu, il y aura un jour où un « matin sans nuage » va se lever (2 Sam. 23:4), tandis que pour Édom, ce sera la nuit du jugement. Les peuples voisins, Moab et Ammon, bénéficieront d’une restauration après leur châtiment, mais ce ne sera pas le cas d’Édom, qui sera une désolation perpétuelle (Jér. 48:47 & 49:6, 13). Ce que le croyant attend se réalisera aussi bien que la nuit pour les incrédules et les moqueurs, la nuit de la mort en laquelle personne ne peut plus travailler (Jean 9:4). Mais la nuit n’est pas encore arrivée, et pour ceux qui cherchent et s’interrogent réellement, il reste encore une réponse. C’est pourquoi cette prophétie se termine par ces paroles où s’exprime la grâce de Dieu : « Revenez, venez » (21:12). Le temps de la grâce dure encore, ce que confirme le dernier chapitre de la Bible : « Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut, prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22:17).
(*) Différents commentateurs comprennent la question comme un appel au secours d’Édom, auquel le prophète répond négativement.
Le huitième oracle concerne l’Arabie. Théma et Kédar étaient des fils d’Ismaël ; un Dedan est mentionné une fois (comme Shéba) en tant que descendant de Cham, une autre fois, en tant que descendant d’Abraham (Gen. 10:7 & 25:3, 13, 15). Il s’agit de tribus de bédouins arabes faisant de l’élevage et du commerce dans le voisinage d’Édom, c’est-à-dire au nord-ouest de la péninsule arabique (Jér. 25:13 & 27:20). En l’an 715 av. J.C., les Assyriens avec Sargon II à leur tête envahirent l’Arabie, et frappèrent aussi les tribus mentionnées ici.
Mais la prophétie vise un avenir plus lointain. Pendant la grande tribulation, le résidu juif s’enfuira sur les montagnes de Judée (Matt. 24:16), mais trouvera aussi en partie refuge auprès des peuples voisins. Moab, Meshec et Kédar sont mentionnés expressément (16:4 & Ps. 120:5-7). Mais ensuite les Ismaélites prendront part au combat de l’Assyrien contre Jérusalem (Ps. 83:5-9 & És. 8:9-10). C’est pourquoi le jugement de Dieu les atteindra également (Jér. 49:28-33).
Les caravanes des Dedanites seront frappées dans la guerre, et se cacheront dans le désert d’Arabie, où elles souffriront de la faim et de la soif (21:13). Les habitants de Théma viennent au secours des fuyards en apportant de l’eau et du pain (21:14, 15).
Mais Dieu Lui-même a déjà prononcé la sentence : « Encore une année comme les années d’un mercenaire, et toute la gloire de Kédar aura pris fin » (21:16 & 16:14). Sans doute, un petit résidu subsistera, mais la sentence prononcée par l’Éternel, le Dieu d’Israël, est certaine (21:16, 17). Lui-même est et reste fidèle à Son peuple si infidèle, mais avant tout Il demeure fidèle à Lui-même !
L’objet de ce neuvième oracle est la ville de Jérusalem, comme cela ressort des versets 4 et 9-11. L’expression « la vallée de vision » peut viser Jérusalem elle-même, qui est entourée de montagnes élevées (Ps. 125:2) ; cependant il peut aussi s’agir d’une vallée particulière située dans les environs (Joël 3:12, 14). Les hommes sont montés sur les toits plats de leurs maisons, soit par peur, soit pour mieux apercevoir ce qui se passe (22:1). Les versets 2 et 3 nous transportent dans la « ville », autrefois « pleine de mouvement, bruyante », mais où l’on voit maintenant des tués, qui n’ont pas eu l’honneur de mourir au combat, ainsi que des fuyards qui finalement ont été quand même faits prisonniers.
Le même Esprit qui fait voir au prophète les terribles
évènements à venir, produit en lui une affliction si profonde au vu de la
destruction à venir de la ville bien-aimée (appelée ici la « fille de mon
peuple »), qu’il ne veut se laisser consoler par personne (22:4 ;
comp. 15:5 & 16:9 & 21:3 ; Lam. 2:11 & 3:48). La conquête de
Jérusalem sera pour cette ville un « jour de consternation, d’écrasement
et de trouble, de la part du Seigneur, de l’Éternel des armées (en hébreu :
Adonaï Yahwe Sabaoth
) ». Dieu Lui-même châtiera une dernière fois
son peuple qu’Il a tant aimé, et pourtant apostat, afin de l’amener à la
conversion (22:5). Ce qui est dit ici de cette ville ne s’est réalisé que
partiellement lors de son siège par Sankhérib (702/701 av. J.C.), puis plus
tard lors de sa prise par Nebucadnetsar (586 av. J.C.) et Titus (70 ap. J.C.).
L’accomplissement définitif n’aura lieu que lors de la première attaque de l’Assyrien
du temps de la fin (voir l’introduction au ch. 10:5-34).
Élam, royaume ancien au nord-est du golfe persique, et Kir, terre originelle des Syriens, se trouvaient à cette époque sous domination de l’Assyrie, et avec leur armement remarquable, ils sont ici les représentants de l’armée assyrienne (22:6 ; comp. Gen. 10:22 & 14:1 ; 2 Rois 16:9 ; Amos 9:7). Avec leurs chars et leurs cavaliers, ils occupent les vallées fertiles autour de Jérusalem, et concentrent leurs attaques contre les portes de la ville (22:7). Comme au verset 4 à propos de Jérusalem, le peuple de Juda est vu ici sous l’aspect d’une vierge dont on a ôté le voile, de sorte qu’elle est exposée à la honte, sans défense ni protection (22:8).
Dans leur détresse, au lieu de se tourner vers leur Dieu, les habitants ont recours à des secours humains et des armes humaines. Salomon avait construit la « maison de la forêt » comme un dépôt d’armes à Jérusalem, et il l’avait nommée « maison de la forêt du Liban », car elle était faite de bois de cèdre (1 Rois 7:2 & 10:17). C’est vers ce lieu que se dirigent maintenant les regards des habitants de la ville. Ils voient en outre les brèches dans les murailles de la ville, et tentent de les réparer avec les pierres de maisons démolies, puis ils construisent des réservoirs d’eau supplémentaires pour la population. C’est ainsi qu’Ézéchias, au temps du siège de Sankhérib, fit aussi détourner l’approvisionnement en eau, et réparer les murailles de la ville (22:9-11 ; 2 Chr. 32:2-7, 30). Des efforts similaires auront lieu également lors du siège futur de Jérusalem, à propos duquel le prophète prend comme point de départ les évènements qui seront alors du passé.
Une chose cependant, fait complètement défaut : la pensée que Dieu a fait venir sur Son peuple terrestre la tribulation qui, certes, était depuis longtemps suspendue sur lui (22:11). Mais aucun retour sur soi-même, pas de trace de conversion, pas un cri vers Dieu qui veut pourtant amener son peuple à la repentance et au salut (22:12 ; comp. 2 Cor. 7:10).
Au lieu de ces choses, « l’allégresse et la joie » règnent toujours dans la ville, pourtant serrée de près, et des animaux sont abattus pour festoyer en présence même de la destruction imminente (22:13) ! Juda et Jérusalem ne sont-elles pas plus conscientes que cela ? Cette vie est-elle donc tout ce que nous possédons ? N’y a-t-il ensuite rien à espérer ou rien à craindre ? Est-il possible qu’ils puissent dire en vérité : « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! » ? Paul cite cette parole en 1 Cor. 15:32, pour montrer que ceux qui parlent ainsi ne peuvent être que ceux qui ne croient pas à la résurrection ou à une vie après la mort.
C’est pourquoi cette partie de l’oracle sur la vallée de vision s’achève par la sentence prononcée par Dieu sur un tel endurcissement : « Si jamais cette iniquité vous est pardonnée jusqu’à ce que vous mouriez ! » (22:14). Seule une vraie conversion à Dieu peut sauver le peuple. S’ils ne le font pas, il leur arrivera la même chose qu’aux Juifs, auxquels le Seigneur Jésus dut dire : « Si vous ne croyez pas que c’est moi, vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8:24). L’homme ne peut recevoir de Dieu le pardon de ses péchés que dans cette vie-ci, quelle que soit l’époque où il vit.
ME 2003 p. 209
« Et je mettrai la clef de la maison de David sur son épaule ; et il ouvrira, et personne ne fermera ; et il fermera, et personne n’ouvrira » (v. 22).
Le passage qui est devant nous forme une sorte d’appendice à « l’oracle touchant le désert de la mer », qui décrit le jugement de Babylone (21:1-10), ainsi qu’à « l’oracle touchant la vallée de vision » dans lequel est annoncé le jugement sur Jérusalem par l’Assyrien (22:1-14). Plusieurs prophéties de ces chapitres ont déjà trouvé un accomplissement partiel dans le passé ; mais l’ordre dans lequel elles sont données nous amène à conclure qu’il ne s’agit pas ici, en première ligne, d’événements autrefois imminents, mais bien d’événements qui auront leur accomplissement après l’enlèvement des croyants au ciel. En contraste avec ce qui s’est passé autrefois, il y aura d’abord le jugement de Babylone, puis seulement ensuite viendra le châtiment de Jérusalem par la première attaque de l’Assyrien.
Ainsi que nous le savons par d’autres passages de la parole de Dieu, l’Antichrist, le faux roi à Jérusalem, doit être éliminé et être remplacé par Christ, le Roi des rois. Cet événement est représenté ici au moyen de Shebna et d’Éliakim. Par ce qui arrive à ces deux hommes haut placés à la cour du roi Ézéchias, nous avons devant nous une image prophétique pour les derniers jours. On trouve plusieurs fois cela dans l’Ancien Testament, par exemple avec Saül et David, ou avec Haman et Mardochée.
Shebna est présenté ici comme « intendant » « établi sur la maison » du roi. C’était une position de grande importance, comme le montre l’exemple de Jotham, fils d’Ozias, établi « chef de la maison du roi » et jugeant le peuple du pays (2 Chron. 26:21). Le fait que le nom du père de Shebna ne soit pas mentionné nous incite à penser que cet homme était parvenu à une haute position alors qu’il était d’une descendance très humble ou étrangère. Il n’est rien dit non plus dans la Parole au sujet de l’origine de l’Antichrist. Nous savons que ce sera un Juif qui « n’aura point égard au Dieu de ses pères » (Dan. 11:37), mais il ne nous est donné aucune précision sur son ascendance.
Ésaïe reçoit l’ordre du « Seigneur, l’Éternel des armées », d’aller « auprès de cet intendant, auprès de Shebna » et de lui demander : « Qu’as-tu ici, et qui as- tu ici, que tu te creuses un sépulcre ici ? » (v. 15, 16). Shebna n’avait manifestement aucune relation avec Jérusalem et Juda, la ville et le peuple de Dieu ; mais il voulait se faire un nom et assurer sa mémoire jusque dans un avenir lointain en se faisant creuser un sépulcre coûteux dans un rocher élevé. C’était le symbole d’un orgueil qui, dans un jour futur, aura son paroxysme dans « l’homme de péché », « le fils de perdition » (cf. Dan. 11:36, 37 ; 2 Thess. 2:3, 4). De plus, un sépulcre parle de mort et non de vie.
Toutefois, le Seigneur « enroulera en pelote » avec mépris cet homme orgueilleux, et le « roulera comme une boule dans un pays spacieux ». Lui qui était un opprobre pour la maison de son Seigneur sera renversé de sa haute position et envoyé en exil (v. 19). Là, il devra mourir sans obsèques grandioses et sans sépulcre somptueux. On peut comprendre la portée de cette sentence si on sait la grande importance d’un ensevelissement de classe en ce temps-là (v. 17, 18 ; cf. 14:15-20). Bien plus terrible encore sera la part de l’Antichrist, le faux prophète : il sera pris avec la bête, le chef de l’empire romain, et tous deux seront « jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre » (Apoc. 19:20).
À la place de l’infidèle et orgueilleux Shebna, le Seigneur, « en ce jour-là », appellera son serviteur Éliakim, fils de Hilkija (Éliakim signifie : « Dieu rétablit » ; cf. 49:6). Si quelqu’un, jusqu’ici, n’avait pas vu clairement le rapport avec les temps de la fin, ce rapport lui paraîtra dès maintenant de plus en plus clair. Avec l’expression « en ce jour-là », Ésaïe veut presque toujours parler du temps à venir dans lequel Dieu se tournera de nouveau vers son peuple, d’abord en jugement, et finalement en grâce (cf. 2:11, 17, 20 ; 3:7, 18 ; 4:1, 2 ;…). Ensuite, l’Éternel nomme Éliakim « mon serviteur » : il emploie ainsi un nom que nous rencontrons à plusieurs reprises comme titre du Messie dans la seconde grande division du livre (cf. 42:1 ; Matt. 12:18). Enfin, c’est l’Éternel lui-même qui fera approcher cet homme qu’il connaît déjà comme son fidèle serviteur (v. 20 ; cf. 2 Rois 18:18).
En premier lieu, il le revêtira de la tunique et de la ceinture de Shebna, que celui-ci avait portées à tort. Ces vêtements étaient les symboles de la dignité des personnes haut placées et des sacrificateurs (cf. Lév. 8:13). Il est expressément parlé du port de la ceinture ; celle-ci est déjà mentionnée au chapitre 11 (v. 5) comme marque distinctive du Messie (cf. Apoc. 1:13). Ensuite l’Éternel lui confiera le gouvernement exercé jusqu’ici par Shebna (cf. 9:6). Ainsi Éliakim dispensera une protection paternelle aux habitants de Jérusalem et à la maison de Juda (v. 21 ; cf. Gen. 45:8).
Mais cela n’est pas tout. Dieu mettra « la clef de la maison de David sur son épaule ; et il ouvrira, et personne ne fermera ; et il fermera, et personne n’ouvrira » (v. 22). C’est presque avec les mêmes paroles que le Seigneur Jésus se présente dans la lettre prophétique adressée à l’assemblée à Philadelphie (Apoc. 3:7 ; cf. Apoc. 1:18). Ce qui est dit ici d’Éliakim s’applique en fin de compte à Christ qui est « le saint » et « le véritable », aussi bien dans le temps de la grâce que durant le règne millénaire. La « clef (de la maison) de David » est le symbole de son juste pouvoir de décision comme Fils de David dans le règne millénaire, pouvoir auquel personne ne peut résister. Dieu lui a donné toute autorité dans le ciel et sur la terre (Matt. 28:18). Lui seul décide qui peut entrer dans les bénédictions que Dieu a préparées dès la fondation du monde (cf. Matt. 25:31-46).
En même temps, il sera comme « un clou » fixé « dans un lieu sûr » et « un trône de gloire pour la maison de son père », la maison de David (v. 23 ; cf. Jér. 17:12 ; Luc 1:32). Un clou sert à fixer et à soutenir ; c’est une image de l’appui et de la force de Dieu (Esd. 9:8). Éliakim est donc une figure du Messie duquel tout dépendra durant le règne millénaire, même le service de la maison de Dieu, et cela jusqu’aux plus petits vases (v. 24 ; cf. Zach. 10:4). « Les descendants et les rejetons » sont les hommes en relation avec lui qui exerceront le service. La sainteté des ustensiles et des récipients dans le règne millénaire est décrite en Zacharie 14:20 et 21 dans un langage très expressif : « En ce jour-là, il y aura sur les clochettes des chevaux : Sainteté à l’Éternel ; et les chaudières dans la maison de l’Éternel seront comme les bassins devant l’autel. Et toute chaudière dans Jérusalem et en Juda sera une chose sainte, consacrée à l’Éternel des armées ».
Après cette brève description de la gloire du Messie, on trouve encore une fois, dans le dernier verset du chapitre, l’annonce du jugement de l’Antichrist. Il a eu l’audace de concentrer toute la gloire et l’honneur sur lui-même. Mais, avec tous ses partisans, il sera détruit, « car l’Éternel a parlé » (v. 25 ; cf. 2 Thess. 2:4 ; Apoc. 19:20, 21).
La double mention du clou aux versets 23 et 25 a conduit certains commentateurs à penser que ce dernier verset concernait aussi Éliakim. Mais ce serait en contradiction avec la belle image de la gloire messianique présentée en cet homme fidèle. Le Christ glorifié ne sera ni ôté, ni brisé, ni ne tombera ! « Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » (Dan. 7:14). Il ne peut s’agir de la même personne, puisque les deux versets 20 et 25 se réaliseront au même moment, « en ce jour-là ».
L’utilisation répétée du mot « clou » — pour désigner aussi bien Éliakim que Shebna — est en rapport avec le fait que l’Antichrist sera un imitateur de Christ. Le grand antagoniste du Messie se présentera avec « toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonges ». Et Jésus Christ était, selon le témoignage de Pierre, un « homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous » (2 Thess. 2:9 ; Act. 2:22). L’expression « en ce jour-là » rattache le jugement final de Shebna, comme image de l’Antichrist, à la manifestation simultanée et à l’établissement de Celui dont Éliakim est le type.
La dernière des dix annonces de jugement est proférée à l’encontre de la ville phénicienne de Tyr, en tant que symbole de la puissance commerciale du monde. Cette ville, connue depuis le deuxième siècle avant J.C., était située en partie sur la terre ferme, en partie sur un îlot rocheux auquel Alexandre le Grand fit adjoindre une digue lors de son siège ; celle-ci relie, depuis cette époque, la ville au reste du pays, mais la ville est aujourd’hui un champ de ruines. Les habitants de Tyr étaient connus dans l’antiquité, pour être d’excellents marins et des commerçants influents. Leur orgueil était si grand que le roi de Tyr est représenté, en Éz. 28:11-19, comme un type de Satan. Le Seigneur Jésus mentionne les deux villes voisines de Tyr et de Sidon comme des exemples d’impiété, quoiqu’elles fussent surpassées par Chorazin et de Bethsaïda en ce que ces dernières rejetèrent le Messie d’Israël et ses œuvres ; c’est pourquoi, au jour du jugement, le sort de Tyr et de Sidon sera plus supportable que le leur (Matt. 11:21 et suiv.).
Dans l’antiquité, la ville de Tyr a été à plusieurs reprises l’objet de conquêtes. Parmi les plus connues d’entre elles, on peut citer, d’après l’historien juif Josèphe, les treize années de siège par Nebucadnetsar, roi de Babylone (environ 585-572 avant J.C.) ; ce siège est décrit en détail en Éz. 26 à 28 (voir Éz. 26:7 et 29:18 ; comparer Joël 4:4 et Amos 1:9 et suiv.), ainsi que le siège par Alexandre le Grand en l’an 332 avant J.C. (Zach. 9:2-4). Toutefois, dans les deux cas, la ville ne fut pas détruite. Ésaïe parle bien de l’attaque de Nebucadnetsar, mais, comme c’est le cas la plupart du temps, il regarde au temps de la fin, et décrit les conséquences d’une immense portée de l’effondrement d’une grande puissance économique, comparable à la chute de Babylone en Apoc. 18.
L’oracle commence avec la complainte sur la destruction de la ville (23:1). Les navires de Tarsis sont les navires-marchands de Tyr (voir 2:16). Tarsis est généralement supposée être en Espagne, là où Jonas avait l’intention de s’enfuir, depuis le port méditerranéen de Japho (Jaffa) « à bord d’un navire allant à Tarsis » (Jonas 1:3) ; mais les navires de Tarsis que Salomon et Josaphat envoyèrent depuis Etsion-Gueber sur la Mer Rouge ne faisaient certainement pas voile vers l’Espagne (1 Rois 9:26-28 ; 10:22 ; 22:49). C’est pourquoi il se pourrait bien que l’appellation navires de Tarsis ait un sens plus général, pour désigner des navires de commerce construits pour des voyages au long cours sur mer, en vue du transport de marchandises de luxe. Ici, à cause de la prise de la ville et du port, les navires sont devenus comme apatrides, car il n’y a plus de maisons ni plus de port où ils pourraient rentrer. Les navires qui reviennent, en reçoivent l’information depuis le pays de Kittim, dont le nom est à considérer, ici, comme désignant les habitants de l’île de Chypre, assez proche (voir Nombres 24:24) ; dans un sens plus large, ce terme vise les pays de l’ensemble des côtes méditerranéennes (Jér. 2:10 ; Ézéc. 27:6).
Les habitants de l’île (ou de la côte : le mot hébreu a les
deux sens) sur laquelle Tyr était bâtie, sont invités à garder le silence devant
l’énorme catastrophe qui a atteint la ville. Les nombreux marchands de Sidon
qui faisaient commerce à Tyr des objets précieux ramenés de leurs lointains
voyages, ont disparu (23:2). L’un des plus importants partenaires commerciaux
était l’Égypte, dont les parties fertiles proches du Nil (l’hébreu Shikhor
signifie
« noir, sombre » et désigne ici le Nil ou l’un de ses bras) étaient
très cultivées ; les produits étaient acheminés par mer et étaient source
de profit, non seulement pour les Tyriens, mais aussi pour beaucoup de peuples
(23:3).
Mais il n’y avait pas que les habitants de Tyr qui étaient appelés à faire silence : la ville voisine de Sidon qui leur était étroitement liée, est aussi rendue honteuse. La mer et « la forteresse de la mer » (ce qui est bien une image de la ville de Tyr, insulaire et solidement fortifiée, comp. 23:14) sont comparées à une femme sans enfants, parce que les habitants de la ville, des marins, ne sont plus là (23:4). La nouvelle de la chute de Tyr atteint durement aussi le pays d’Égypte, dont le commerce maritime s’effondre (23:5 ; comp. 23:3). À cela se rajoute la crainte fondée d’une attaque de Nebucadnetsar contre l’Égypte elle-même, laquelle eut effectivement lieu selon Ézéc. 29:17-20.
La question de l’origine de ce châtiment sur la ville riche et fière, est posée au v. 8 : « Qui a pris ce conseil à l’égard de Tyr… ? ». En même temps quelques traits de sa puissance et de son arrogance sont mentionnés, lesquels font clairement apparaître la raison du châtiment. L’appellation « distributrice de couronnes » se rapporte sans doute au fait que, dans les colonies établies par Tyr, comme Carthage, des rois étaient mis en place. L’influence des marchands et des commerçants (mot identique à « Canaan » en hébreu) de Tyr, était devenue comparable à celle des princes et des plus grands de ce monde. Leur orgueil les conduisit à la chute (comp. 2:12, 18 ; Prov. 16:18). Il en a été de même du diable, qui s’est enflé d’orgueil contre Dieu (1 Tim. 3:6), et il en sera encore ainsi de l’Antichrist (2 Thes. 2:4-8). Les croyants du temps actuel sont eux aussi mis en garde contre l’orgueil, car « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles » (Jacq. 4:6). Nul autre que l’Éternel des armées (en hébreu : Yahwe Sabaoth) n’a décrété le jugement sur Tyr et l’a aussi exécuté. Il réduit à néant non seulement la fierté en rapport avec les objets précieux, mais aussi ceux qui les possèdent et ceux qui les vendent (23:9).
Au v. 10, la colonie de Tarsis, fondée probablement par Tyr (voir 23:1), est considérée comme libérée du joug de ses maîtres. Comme le Nil déborde de ses rives, les habitants peuvent maintenant se déplacer indépendamment de la ville-mère, et jouir de leur liberté. La suprématie sévère et contraignante de Tyr est comparée à une ceinture (comp. Jean 21:18 ; Actes 21:11), et elle a maintenant trouvé sa fin.
Dieu Lui-même exécute son jugement sur Tyr, quelles que soient les personnes ou les instruments dont Il se sert à cet effet. « Il a étendu sa main sur la mer » que cette ville considérait comme son domaine réservé. L’Éternel, et non pas Tyr, commande aux royaumes, et leur a donné la mission de détruire tout le pays des Phéniciens (*) ainsi que ses forteresses (23:11). Sa sentence est celle-ci : « Tu ne t’égayeras plus, vierge déshonorée, fille de Sidon ! ». Comme Tyr, Sidon sa proche voisine, était devenue une ville toute à la joie de vivre (comp. 23:7) ; et maintenant, après avoir été conquise par la force par une puissance étrangère, elle est comparée à une vierge à qui on a fait violence, semblable à Babel et à Jérusalem après leur chute (47:1 ; Lam. 2:13). On ne voit plus rien de la magnificence d’autrefois. Comme les habitants de Tyr, ceux de Sidon doivent fuir également, sans doute vers Chypre (en hébreu Kittim ; voir 23:1), l’île voisine, sans pour autant y trouver le repos attendu (23:12).
(*) Ici Canaan ne désigne pas tout le pays d’Israël, mais seulement le pays des Phéniciens (la « femme cananéenne » de Matt. 15:22 est appelée en Marc 7:26 « syro-phénicienne ».
Maintenant (23:13) le prophète indique le nom de l’instrument choisi par Dieu pour le châtiment. Il s’agit des Chaldéens (en hébreu Kasdim, c’est-à-dire les Babyloniens ; comp. Esdras 5:12), qui jusqu’alors, ne s’étaient pas encore manifestés comme des conquérants du monde, car ils étaient alors sous la domination des Assyriens ; mais, après en avoir secoué le joug, ils se retrouvent en tant qu’assaillants devant Tyr (*).
(*) Différents commentateurs rapportent toutefois ce verset soit à la prise de Babylone, soit, par altération du texte biblique, à une conquête de Chypre.
Ils dressent leurs tours devant les murs de la ville pour en faire le siège et la conquérir, pour raser ses palais et laisser derrière eux un tas de ruines (23:13). Cette partie de la prophétie se termine aussi rapidement qu’elle a commencé (23:14, comparer à 23:1). L’attaque des Chaldéens sous Nébucadnetsar est décrite en détail en Éz. 26 à 28 (voir spécialement Éz. 26:7 et 29:18). Selon des sources d’information antiques Nébucadnetsar n’a jamais détruit la ville alors que les prophètes Ésaïe et Ézéchiel parlent de destruction. Cette contradiction apparente s’explique par le fait que les différentes destructions qui ont effectivement eu lieu sont combinées prophétiquement dans la conquête faite par Nébucadnetsar.
Mais les conquérants de Tyr viennent aussi à leur fin. La puissance de Babylone fut brisée en l’an 539 av. J.C. par les Médo-Perses. Un temps de soixante dix années, d’égale durée à celui que Juda avait passé à Babylone (Jér. 25:9) est aussi mesuré à Tyr. Les « jours d’un roi » désignent ce laps de temps déterminé par Dieu, pendant lequel Tyr tomberait dans l’oubli (comp. Jér. 25:11). Ensuite, l’Éternel accorderait un rétablissement qui, cependant, ne l’amènerait pas à se tourner vers Lui. D’après l’histoire, on sait que Tyr, après chaque conquête, se rétablit de manière étonnamment rapide, et acquit une nouvelle prospérité économique (Néh. 13:16). Aux yeux de Dieu, le retour à l’ancien mode de vie n’est toutefois qu’un recommencement de la prostitution. Les relations commerciales renouées avec tous les royaumes de la terre entière, ne font qu’apporter un salaire de prostituée (23:15-17 ; comp. Apoc. 18:3).
Le dernier verset (23:18) montre toutefois un retour vers le bien, qui recevra son plein accomplissement dans le règne millénaire. Nous voyons cela en type déjà dans les relations entre Hiram et Salomon (1 Rois 5:1-12). Et aussi, après le retour du résidu à la fin de la captivité de soixante-dix ans, les habitants de Tyr et de Sidon aidèrent à rebâtir le temple à Jérusalem (Esdras 3:7) ; mais rapidement leur appât du gain reprit le dessus (Néh. 13:16). Toutefois, dans l’accomplissement final de cette prophétie, la « fille de Tyr » viendra avec ses présents, et recherchera la faveur du peuple de Dieu, lorsque le Roi désirera la beauté de son épouse terrestre (Ps. 45:12-13). Les richesses de la terre ne seront plus alors sous la domination du péché, et ne serviront plus à satisfaire l’ambition, l’orgueil et la recherche des plaisirs, mais seront pour la gloire du Seigneur (comp. 60:9-14). D’après la loi, les objets rattachés au culte divin dans la tente d’assignation et dans le temple, étaient « saints à l’Éternel » (voir Exode 30:37 ; Lév. 23:20 ; 27:30). Ce qui pour Lui est saint, appartient aussi ensuite aux serviteurs du lieu saint qui « demeurent devant l’Éternel ».
Les ch. 24 à 27 forment un appendice aux dix oracles qui précèdent. Parce qu’ils comprennent une vue d’ensemble sur les évènements futurs, ces chapitres sont parfois appelés « l’Apocalypse d’Ésaïe » :
Dans la première partie de ce ch. 24, le peuple d’Israël se trouve au premier plan, puis la scène s’élargit à la terre tout entière, pour finalement embrasser également les lieux célestes. À la différence des chapitres précédents, aucun instrument humain n’est mentionné pour exécuter le jugement. Dieu seul exerce le jugement « en ce jour-là », c’est-à-dire au temps où Il recommencera à s’occuper de Son peuple terrestre, et cela ira jusqu’à la fin qui sera glorieuse.
Le sujet principal des v. 1 à 12 est le jugement exercé sur Juda
et Jérusalem. Ceci ressort de la mention des sacrificateurs au v. 2, comme
aussi des lois, du statut et de l’alliance au v. 5. Quant à la ville mentionnée
aux v. 10 à 12, il s’agit bien de Jérusalem. Conformément à cela, la traduction
d’Elberfeld (nouvelle version de Hückeswagen 2003) rend le mot hébreu erez
par « pays » dans les quatre premiers versets, mais après la mention
des « bouts de la terre » (en hébreu : thevel
), elle rend le
mot erez par « terre ». Beaucoup de traducteurs de la Bible et de
commentateurs ne font pas cette distinction, et rapportent toutes les
déclarations de ce chapitre à la terre entière.
L’Éternel Lui-même dévaste le pays qu’Il a promis et donné à son peuple (24:1), et le rend vide ; ses habitants sont dispersés. Personne à cet égard ne fait exception, personne n’est épargné ; toutes les classes de la société sont atteintes pareillement (24:2). Car l’Éternel a dit cette parole (24:3).
Mais ce n’est pas seulement le pays d’Israël, mais la terre entière qui est atteinte par la dévastation. Les jugements des sept sceaux, des sept trompettes et des sept coupes de colère en Apoc. 6 à 16, nous font pressentir l’ampleur des catastrophes que le monde traversera à cause de son impiété (24:4 ; comparer Apoc. 6 à 16). Hénoc déjà, à la septième génération après le premier couple humain, avait annoncé prophétiquement ce jugement sur l’impiété des hommes, selon ce qu’écrit Jude pour la fin des jours (Jude 14-15).
Les v. 5 et 6 nous apprennent la cause morale des jugements. La terre (ou : le pays) a été profanée (par le sang innocent qui y a été répandu selon Nomb. 35:33 et Ps. 106:38), les habitants ont transgressé les lois données par Dieu, le statut et l’alliance. Le monde n’a pas expréssément reçu les commandements de Dieu, et ne peut donc pas les avoir transgressés (voir Rom. 2:12-16 ; 4:15). C’est pourquoi ces déclarations ne peuvent se rapporter qu’à Israël. En conséquence, « l’alliance éternelle » ne se rapporte pas à l’alliance de Dieu faite avec Noé, mais à l’alliance de promesse conclue avec Abraham, et à l’alliance de la loi donnée plus tard à tout le peuple de sa descendance et fondée sur l’obéissance de ce peuple ; cette alliance était censée subsister à toujours, mais elle fut rompue à cause de la transgression (voir Gen. 17:13 ; Exode 31:16 ; 1 Chr. 16:15-17 ; Jér. 11:10). C’est pourquoi, il n’y a que la nouvelle alliance qui soit une véritable « alliance éternelle », qu’aucune autre ne remplacera jamais, le sang de Christ ayant parfaitement répondu pour l’éternité aux saintes exigences de Dieu (És. 55:3 ; Héb. 13:20).
Comme conséquence de l’impiété des hommes, la malédiction de Dieu atteindra la terre (ou : le pays) et les hommes. Dieu avait menacé son peuple de malédiction s’il ne gardait pas ses commandements (Deut. 28:15 et suiv. ; voir Gen. 3:17). Cette malédiction atteindra alors sa pleine mesure. La répétition de « c’est pourquoi » au v. 6, souligne la relation de cause à effet entre les péchés et le jugement.
Par le jugement, la population sera fortement décimée : « Il ne reste que peu d’hommes ». Le reste indiqué ici est celui dont le Seigneur Jésus dit : « Et si ces jours-là n’eussent été abrégés, nulle chair n’eut été sauvée, mais à cause des élus, ces jours-là seront abrégés » (Matt. 24:22 ; comp. És. 10:22).
Toute la joie du monde aura alors une fin (24:7-9). Le vin est une figure de la joie naturelle, qui toutefois ne dégénère que trop facilement en dérèglements et débauche (Juges 9:13 ; Ps. 104:15 ; Éph. 5:18 ; Apoc. 14:8). La musique de distraction, l’une des premières inventions du monde (Gen. 4:21), cessera pour toujours. La joie exubérante sera changée en cris de lamentations. C’est une pensée bien sérieuse aussi pour tout chrétien, que toutes les joies du monde trouveront un jour leur fin sous le jugement de Dieu ! C’est pourquoi nous devrions en être entièrement séparés.
Toute vie commune organisée est devenue impossible, et la culture tant vantée s’effondre d’elle-même. La « cité de désolation » (en hébreu : Kiriath tohu) est en ruine, toutes les maisons sont fermées, de sorte qu’il n’est pas possible d’y entrer (24:10). Bien que différents commentateurs la rejettent, l’explication la plus vraisemblable est que la « cité de désolation » est Jérusalem où seule « la désolation reste », car les armées des grandes puissances se concentreront précisément en Judée et à Jérusalem, et s’y rassembleront, lorsque le jugement de Dieu les atteindra (24:11-12).
Si dans la section précédente, il était question en premier lieu
du pays, et que l’hébreu erez
« pays, terre » avait été
traduit en conséquence, le prophète parle maintenant clairement de la terre
entière. Mais « au milieu de la terre, parmi les peuples », on voit d’abord
un résidu. L’image de la récolte utilisée au v. 13, parle du jugement de Dieu
(voir Apoc. 14:14-20). Comme un grappillage est conservé lors de la récolte des
olives ou de la vendange, ainsi il sortira du jugement futur, des hommes
purifiés qui constitueront un Résidu pour Dieu (24:13 ; voir 17:6).
Ce résidu croyant du peuple terrestre de Dieu, dispersé sur toute la terre, est vu maintenant rempli de joie débordante devant la majesté de l’Éternel apparaissant en gloire. Depuis la mer, depuis le levant, oui, de toute l’étendue de la Méditerranée, éclate la louange du Dieu d’Israël ; et des bouts de la terre, on entend le chant à Sa gloire : « Gloire au Juste ! » (24:14-16 ; voir Apoc. 15:3 ; 16:5-7). Non seulement son jugement terrible pour les hommes est juste, mais le règne de paix de mille ans qui s’ensuit l’est aussi.
Mais la perspective de la louange future des rachetés ne peut pas chasser la pensée du jugement punitif de Dieu. À nouveau, les entrailles du prophète sont émues au plus profond de lui-même, à la pensée de la détresse qui arrive (24:16 ; voir 15:5 ; 16:9 ; 21:3 ; 22:4). Le changement soudain de la joie en malheur fait penser à Jean, le prophète du Nouveau Testament, qui, en considérant l’histoire de Jérusalem et du peuple terrestre de Dieu, doit manger le petit livre qui, dans sa bouche, était doux comme le miel, mais qui remplissait son ventre d’amertume (Apoc. 10:9-11).
Une vision d’horreur se dresse devant les regards du prophète. Toute la corruption morale des hommes — et finalement, pas seulement celle de la masse du peuple juif — se traduit une fois de plus dans ses paroles : « Les perfides ont agi perfidement, les perfides ont agi avec une insigne perfidie », qu’on peut aussi traduire « les pillards pillent, et ils pillent comme des bandits en train de piller ». Mais la corruption finale de « l’habitant de la terre » est arrivée à son terme (24:17). Dans la Parole de Dieu, l’expression « ceux qui habitent sur la terre » au pluriel désigne des incroyants (Apoc. 3:10). Leur plus haut représentant, « l’homme de péché » sera l’Antichrist (2 Thes. 2:3). Celui qui, au v. 4 du ch. 11, est appelé le « méchant », au ch. 16, v. 4 « l’oppresseur », et qui est vu au ch. 22 sous l’aspect de la personne de Shebna, est aussi mentionné ici, où il est désigné au singulier, comme l’« habitant de la terre ».
Pour les impies qui fuient devant le jugement, il n’y a pas de salut (voir Amos 5:19 ; 9:1-4). Quelle que soit la manière dont ils cherchent à échapper, le jugement universel de Dieu qui touche la terre entière les atteindra, car « les fenêtres d’en haut sont ouvertes, et les fondements de la terre sont ébranlés » (24:18 ; voir Gen. 7:11). La terre sera entièrement brisée, dissoute, violemment remuée et elle chancellera comme un homme ivre, elle sera ballottée ça et là comme un hamac [24:20 traduit par « cabane pour la nuit » par JND]. Le langage figuré, très expressif, ne se rapporte pas à la planète en tant que telle, qui ne sera dissoute dans l’embrasement qu’après le règne millénaire (2 Pierre 3:10 ; Apoc. 20:11), mais il se rapporte aux conditions politiques et morales de la terre, tandis qu’aujourd’hui elles sont encore maintenues dans un certain ordre par les autorités instituées par Dieu. Cependant, lorsque la terre sera atteinte par les jugements de Dieu, toute la sécurité et l’ordre auront disparu. Non seulement tout ordre moral sera dissous sous les gouvernements de l’empire romain et d’Israël, dont l’origine sera alors satanique (Apoc. 17:8 ; 2 Thes. 2:9), mais de plus, le jugement de Dieu sur eux aura des conséquences terribles pour la terre entière, lesquelles sont décrites ici de manière impressionnante (24:19-20).
Mais « en ce jour-là » (voir 19:16), Dieu ne visitera pas seulement « les rois de la terre, sur la terre », mais aussi ceux qui se tiennent derrière eux, « l’armée d’en haut en haut » (24:21 ; voir Matt. 24:29 ; Aggée 2:6 ; Héb. 12:26-29). Ce « en haut » désigne le ciel (voir 57:15 ; Job 16:19 ; Ps. 68:18), et « l’armée » représente les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes (Éph. 6:12 ; voir Col. 2:15). Au temps de la fin, Satan avec ses anges sera précipité du ciel sur la terre (Apoc. 12:7-12), puis sera lié avant le début du règne millénaire (Apoc. 20:1-3), pour être finalement jeté dans l’étang de feu préparé pour lui et ses anges, là où tous les incroyants trouveront leur part éternelle et terrible (Apoc. 20:10, 11-15 ; Matt. 25:41). Quant aux « rois de la terre, sur la terre », le chef de l’Empire romain et l’Antichrist, le faux roi des Juifs, ils seront jetés vivants dans l’étang de feu par le Seigneur apparaissant en gloire ; cet étang de feu est le lieu des peines éternelles (Apoc. 19:20). Les dirigeants des pays ennemis de Dieu qui restent, seront pareillement jetés dans le feu éternel à l’occasion du jugement des vivants avant le début du règne millénaire ; et après « beaucoup de jours », ils paraîtront devant le grand trône blanc pour recevoir alors leur sentence définitive de condamnation. Tout cela est esquissé ici en quelques mots (24:22).
Dans la Bible, le soleil et la lune sont souvent des symboles des grandes puissances (24:23 ; voir Gen. 37:9 ; Matt. 24:29 ; Apoc. 12:1). Quand le Seigneur règnera, tous les détenteurs du pouvoir dans le monde devront se retirer, car à côté de Lui, le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, aucune puissance ne peut subsister. Le siège de Sa domination sera la montagne de Sion, la montagne de la grâce, et Jérusalem, la ville du grand Roi (voir 2:1-4). Il aura ses Anciens sur la terre aussi bien qu’au ciel, ceux qui contemplent Sa gloire (voir Matt. 19:28 ; Apoc. 4 et 5).
C’est en quelque sorte comme porte-parole du peuple de Dieu délivré, que le prophète ouvre maintenant la bouche en un cantique de louange. Avec les paroles : « Éternel, tu es mon Dieu » (25:1), le résidu reviendra à son Dieu dans la confession, en un jour futur, à la fin du temps de la tribulation (Osée 2:23 ; Zach. 13:9). Dans ce passage, ces paroles sont une confirmation des prophéties du chapitre précédent, relatives à la détresse future qui atteindra Israël et le monde entier. La manière dont le peuple aura été préservé à travers toutes les tribulations constituera un véritable miracle, — non pas à cause de sa propre manière d’agir ; mais selon le conseil de Dieu, sur la base de Sa fidélité et de Sa vérité, il prendra au milieu des peuples la place que Dieu lui a destinée « car les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11:25-36).
La ville et le palais de l’orgueil et de l’arrogance de l’homme seront détruits et ne seront plus jamais rebâtis (25:2 ; comp. 2 Cor. 10:4,5). On ne peut manquer de voir l’analogie avec le jugement tombant sur le puissant système commercial de Babylone la grande prostituée en Apoc. 18:21. Ceux d’entre les nations tyranniques qui demeureront de reste après les coups terribles de Dieu, et qui auront pu subsister lors du jugement des vivants devant le Seigneur Jésus dans Sa gloire, ceux-là connaîtront ensuite, dans le règne millénaire, un temps glorieux de bénédiction dans la crainte de Dieu (25:3). Qui sont ces nations ? on peut penser qu’il s’agira en première ligne, des différents peuples de l’Empire romain (comp. Apoc. 13:7).
Durant « l’orage », le faible résidu croyant du peuple juif aura été protégé de manière merveilleuse par un « mur » édifié par Dieu, et il aura trouvé auprès de Lui un refuge contre lequel toutes les attaques des ennemis auront échoué. Il n’est pas dit qui sont ces ennemis. Comme nous le savons par d’autres passages de la Parole de Dieu, les adversaires du résidu les plus acharnés qui interviendront, seront l’Antichrist à l’intérieur du pays, et l’Assyrien à l’extérieur ; ce sont donc eux qui sont à considérer en première ligne dans les images de « l’orage » et de la « chaleur » (comp. 8:7, 8 ; Ps. 71:4 ; Matt. 24:15 et suiv.). Mais l’Éternel s’oppose au « bruit tumultueux des étrangers » et à la certitude de victoire des « terribles », et Il les anéantit (25:4, 5).
Maintenant que le jugement est passé, le temps de riche
bénédiction de Sa domination sur tous les peuples peut commencer. Quand il est
dit que l’Éternel des armées (en hébreu : Yahweh Sabaoth
)
« fera en cette montagne, à tous les peuples, un festin de choses grasses,
un festin de vin vieux, de choses grasses moelleuses, de vins vieux bien
épurés », il s’agit bien du lieu mentionné à la fin du ch. 24, au v. 23, à
savoir la montagne de Sion qui, dans le règne millénaire, sera le centre de l’autorité
et de la bénédiction (25:6 ; comp. 2:3 ; 8:18 ; 18:7 ; Joël
3:16 ; Abdias 17 ; Michée 4:7). Le festin, qu’il faut comprendre au
sens figuré, nous rappelle le sacrifice de prospérités, en particulier en
relation avec les festins faits à l’occasion de l’investiture des rois (comp. 1
Sam. 11:15 ; 2 Sam. 6:18-19 ; Ps. 22:26). La graisse est une figure
de ce qu’il y a de meilleur (Lév. 3:16 ; Nomb. 18:12) et par-là de la
grandeur de la bénédiction, et le vin parle de la joie accomplie de ceux qui
sont bénis (comp. Ps. 104:15). Même si ces riches bénédictions futures ne sont
pas exclusivement d’ordre matériel, toutefois elles sont
« terrestres », tandis que le croyant du temps présent est déjà béni
en Christ de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes (Jean
3:12 ; Éph. 1:3).
Or « sur cette montagne », Dieu, non seulement donne, mais Il ôte aussi (25:7). Tous les hommes, y compris les Juifs, qui n’ont pas reçu par la foi le Fils de Dieu, après Sa venue en grâce sur la terre et Sa mort pour les pécheurs perdus, sont pour ainsi dire frappés de cécité, selon les voies gouvernementales de Dieu. Depuis longtemps déjà, « Il a livré [les hommes impies] à un esprit réprouvé, pour pratiquer des choses qui ne conviennent pas » (Rom. 1:28). Après le rejet du Messie, un endurcissement partiel est arrivé au peuple d’Israël, et depuis, un voile est étendu sur leurs cœurs, voile qui ne sera ôté que lorsqu’ils reviendront à Lui (Rom. 11:25 ; 2 Cor. 3:14-16). Pareillement, après l’enlèvement des croyants, Dieu endurcira les hommes qui rejettent le Seigneur Jésus dans le temps actuel, et Il leur enverra une « énergie d’erreur » pour qu’ils croient au mensonge (2 Thes. 2:11). Toutefois ce « voile », cette « couverture », Il les enlèvera un jour de dessus les peuples et les nations, de sorte que — comme pour nous déjà maintenant sur un plan spirituel — ils puissent contempler à face découverte la gloire du Seigneur, et admirer le Roi dans Sa beauté (33:17 ; 2 Cor. 3:18).
Dieu engloutira aussi la mort « pour toujours »
(25:8). En 1 Cor. 15:54, Paul applique ces paroles connues à la résurrection
des croyants lors de l’enlèvement : « Alors s’accomplira la parole
qui est écrite : ‘la mort a été engloutie en victoire’ ». Deux
particularités de cette citation sont à remarquer. L’expression utilisée :
« en victoire », à la place de « pour toujours », s’appuie
sur la signification araméenne du substantif nezach
. D’autre part, par l’emploi
du verbe grec gi(g)nesthai
= « devenir, arriver » au lieu du
verbe habituel pleroon
= « accomplir », l’apôtre exprime qu’il
s’agit seulement d’une réalisation partielle de la prophétie d’Ésaïe. La
résurrection lors de l’enlèvement des croyants n’a rien à faire, il faut le
dire, avec Israël en tant que peuple (comp. 1 Thes. 4:13-18). Mais, après l’apparition
du Seigneur, lors de la deuxième phase de la « première résurrection »,
les croyants mis à mort pendant la grande tribulation (y compris les croyants
juifs) ressusciteront pour régner aussi avec Lui pendant le règne millénaire
(Apoc. 20:4). Pendant ces mille ans, personne ne mourra, à moins d’avoir péché
publiquement (Ps. 101:8 ; És. 66:24 ; Soph. 3:5), mais pour les
croyants du royaume, un changement [transmutation] doit intervenir en vue d’être
en condition pour participer à l’état éternel. Enfin, au terme du règne de
mille ans, la mort et le hadès seront jetés pour toujours dans l’étang de feu
(Apoc. 20:14). Le fait que la mort soit engloutie commence donc lors de l’enlèvement
des croyants, et s’achèvera ensuite lorsque Christ siègera sur le grand trône
blanc. Pour Israël, cela commence avec l’apparition du Seigneur Jésus en
gloire.
Enfin, le Seigneur « essuiera les larmes de dessus tout visage ». Cette prophétie également trouvera son plein accomplissement dans l’état éternel, selon Apoc. 21:4, tandis que pour le peuple terrestre, elle aura sa réalisation dans le règne millénaire, lorsque leur deuil sera changé en joie (És. 61:2-3 ; Jér. 31:13). Dieu ôtera non seulement les conséquences, mais aussi les causes, en particulier l’opprobre dont ils ont souffert sur toute la terre. Pour confirmer cette prophétie, le Saint Esprit ajoute : « Car l’Éternel a parlé ».
« En ce jour-là », le peuple tout entier vers lequel Dieu se tournera à nouveau en grâce, prononcera ces paroles : « Voici, c’est ici notre Dieu… c’est ici l’Éternel, nous l’avons attendu » (comp. 25:1). Pendant longtemps, le résidu croyant a attendu, mais maintenant est arrivé le jour du salut (voir 12:2), qui apporte avec lui une joie débordante (25:9). La main de l’Éternel reposera alors en puissance et en bonté sur la montagne de Sion (comp. 25:6, 10 et Esd. 7:6 et Néh. 2:8).
Mais tout près de là, de l’autre côté du Jourdain, le peuple ennemi de Moab sera abaissé jusque dans la poussière : Moab est le type de l’orgueil sans frein de l’homme pécheur (comp. 16:6 ; Jér. 48:29). Dieu le foulera aux pieds comme la paille sur un tas de fumier, c’est-à-dire qu’Il l’amènera à une fin exécrable (25:10, 11). La « forteresse des hautes défenses des murs » est une image des sentiments orgueilleux du cœur : elle sera jetée à bas (25:12). Paul décrit de manière analogue en 2 Cor. 10:4-5, l’orgueil de l’homme au sein de la chrétienté, avec les paroles suivantes : « forteresses, … raisonnements, … et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu » ; mais cela aussi aura sa fin. Ces choses sont bien aussi pour nous de sérieux avertissements à l’encontre de toute forme de présomption.
ME 2003 p. 262
« En ce jour-là
(voir 2:11) sera chanté ce
cantique… ». C’est le jour où commencera le glorieux règne de paix sous
le gouvernement du Seigneur Jésus. Le résidu du peuple terrestre de Dieu,
restauré spirituellement et affranchi, chantera alors un cantique de louange
dans le pays de Juda (cf. Apoc. 14:3). À certains égards, ce cantique est une
continuation du ch. 25. Il commence par la constatation triomphante :
« Nous avons une ville forte : il a mis le salut pour murailles et
pour remparts » (26:1). Après avoir été foulée aux pieds pendant des
siècles, la Jérusalem terrestre sera « la ville du grand roi », mais
en outre cette « ville » sera l’accomplissement de l’espérance qu’Abraham
possédait déjà (cf. Héb. 11:10). Quand le salut de Dieu est assimilé à des
murailles et à des remparts, la force et la puissance de l’homme n’ont aucune
place ; c’est pourquoi la ville de Dieu se trouve en contraste absolu avec
la ville en ruine de l’orgueil de l’homme (cf. 26:5 et 25:2).
Les portes de la ville seront ouvertes afin que puissent y entrer d’abord le roi de gloire (Ps. 24:7-10), puis à Sa suite le peuple de Dieu, ce peuple autrefois si injuste et infidèle, mais qui maintenant peut être appelé « la nation juste qui garde la fidélité » (26:2 ; cf. Ps. 118:20). Le résidu sauvé est non seulement béni comme ensemble, mais chacun individuellement s’appuie sur Dieu et est ainsi gardé « dans une paix parfaite » (26:3). Ce principe est aussi valable de nos jours. La joie en rapport avec la bénédiction de Dieu, et avec la communion avec Lui et les uns avec les autres, ne peut durer que si notre vie de foi personnelle est caractérisée par une relation intérieure avec notre Dieu (26:3). C’est pourquoi l’ajout : « car il se confie en toi » est tellement significatif.
Cependant l’exhortation suivante suit immédiatement : « Confiez-vous en l’Éternel, à tout jamais ; car en Jah, Jéhovah, est le rocher des siècles » (26:4). Il est le seul qui ne rendra jamais confus ni ne décevra la confiance mise en lui. Moïse pouvait dire de Lui : « Il est le Rocher, son œuvre est parfaite ; car toutes ses voies sont justice. C’est un Dieu fidèle, et il n’y a pas d’iniquité en lui ; il est juste et droit » (Deut. 32:4). Il est tout à la fois Celui qui ne change pas (Jah, le Même) et le Dieu du peuple qu’Il aime tant (Yahweh ou Jéhovah ; 12:2). Il y a de solides motifs qui justifient cette confiance illimitée dans le Dieu puissant d’Israël : « car il abat ceux qui habitent en haut ; il abaisse la ville haut élevée » (26:5). Il a préparé le chemin afin que son peuple puisse être sauvé et béni.
Dans cette image de l’orgueil (« ceux qui habitent en haut »), il est facile de voir l’Antichrist, « qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération… que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par l’apparition de sa venue » (2 Thes. 2:4, 8). Toutefois l’orgueil caractérise aussi l’Assyrien (10:12) et particulièrement Moab (16:6 ; 25:10-12). Alors que pour l’anéantissement de l’Antichrist et de l’Assyrien, nous ne voyons aucune intervention de l’homme, Moab sera frappé par les Juifs qui seront un instrument dans la main du Messie (11:14). Le verset 6 se rapporte à cela ; par les « affligés » et les « misérables », il faut comprendre les Juifs croyants du résidu.
Les chemins des justes sont maintenant aplanis et droits, parce que Dieu les a aplanis, même si cela a été au travers de jugements sévères (26:7). Pendant le temps de la tribulation, les « misérables » et les « affligés » n’ont pas seulement espéré le salut de l’Éternel, mais le désir de leur âme était tourné vers Lui, vers Son nom et vers Son souvenir (26:8). Jour et nuit, leur âme et leur esprit ont soupiré après Lui, et enfin Il a répondu. Ces paroles nous permettent de voir quelque peu l’état de cœur du résidu pendant la grande tribulation. Nous pouvons trouver davantage à ce sujet dans les Psaumes — plus particulièrement dans le deuxième livre (Ps. 42 à 72).
Le résidu croyant a maintenant compris le fait solennel que « les habitants du monde » doivent apprendre à connaître la justice de Dieu par les jugements (26:9). Cela ne veut certainement pas dire que chacun d’entre eux soit justifié, car nous lisons le contraire dans le livre de l’Apocalypse : au lieu de se repentir en présence des justes châtiments de Dieu, les hommes blasphèment (9:20 ; 16:9, 11, 21). L’intention de Dieu, par ces jugements, est de montrer qu’Il est juste et qu’Il agit en justice (cf. Apoc. 15:4). La grâce ne peut pas faire comprendre cette justice aux iniques, à ceux qui persistent dans le mal. L’évangile de la grâce est annoncé depuis bientôt deux mille ans, mais le monde dans son ensemble n’a pas changé. Même dans « le pays de la droiture », le pays promis de Canaan sous le règne futur du Messie, où tout sera ordonné selon Ses pensées, le méchant ne se laissera pas incliner au bien, mais il agira injustement, étant aveugle vis-à-vis de la majesté de l’Éternel (26:10). La conséquence d’une telle conduite, la mort immédiate, est décrite plus loin dans ce livre (65:20 ; 66:24). Bien que les adversaires de Dieu voient Sa main élevée en jugement et en salut pour Son peuple, ils refusent de Le reconnaître. C’est pourquoi ils seront dévorés par le feu du jugement (26:11 ; cf. 2 Thes. 1:8).
Avec une pleine confiance dans le Seigneur, « la nation
juste » (26:2) peut dire maintenant : « Éternel, tu établiras la
paix pour nous », car ils reconnaissent qu’en fait, tous leurs actes de
foi sont Son œuvre (26:12). Sept fois dans ce chapitre, ils s’adressent à Dieu
en invoquant l’Éternel
(26:8, 11, 12, 13, 15, 16, 17). L’exclamation
centrale, celle du verset 13, a la forme : « Éternel, notre
Dieu »
; elle révèle la pleine restauration de leur relation avec
Dieu. Dans la personne du Fils de Dieu rejeté autrefois par la nation, ils
reconnaissent maintenant leur Dieu, l’Éternel, qui s’était révélé à eux par
Moïse. S’ils regardent en arrière, ils ne peuvent que confesser leur faillite
en conséquence de laquelle ils ont été si longtemps dominés par « d’autres
seigneurs » (26:13). Peu de peuples ont connu, comme les Juifs, autant d’oppresseurs
étrangers : les Chaldéens, les Perses, les Syriens, les Romains, les
dominateurs des pays dans lesquels ils ont été dispersés, et enfin l’Antichrist.
Seule la miséricorde de Dieu les a fait revenir pour magnifier et louer son
nom. Les dominateurs étrangers ont été éliminés et ne relèveront plus jamais la
tête comme tels. C’est là le sens des paroles : « les morts ne
vivront pas, les trépassés ne se relèveront pas », car il est évident que,
comme tous les humains, ces « seigneurs » ressusciteront un jour
corporellement, mais pour le jugement éternel (26:14 ; cf. Jean 5:28-29).
Comme au ch. 9 v. 3, le peuple peut maintenant se réjouir de son grand nombre — bien qu’il ne soit en fait qu’un petit résidu (26:15a ; cf. Zach. 13:8-9 ; Rom. 11:26). Toutefois il ne regarde pas à lui-même, mais à son Dieu qui s’est glorifié en cela. En outre Il a repoussé les frontières du pays qu’Israël n’avait jamais possédé auparavant selon toute l’étendue qui lui avait été promise (26:15b ; Gen. 15:18 ; Juges 1) (*).
(*) Ce commentaire correspond à la traduction du v. 15 mise en note par JND [« Tu as reculé tous les bouts (ou frontières) du pays]. JND et WK préfèrent traduire : « Tu l’avais éloignée [la nation] jusqu’à tous les bouts de la terre », ce qui fait alors allusion à la dispersion du peuple sur toute la surface de la terre.
Lorsqu’il considère sa conduite passée, le peuple doit confesser qu’il n’est revenu à Dieu que par le pénible chemin de la détresse et du châtiment ; alors il L’a recherché dans la prière (26:16). Aussi longtemps qu’ils se trouvaient spirituellement loin de la face de l’Éternel, tous leurs efforts étaient comme ceux d’une femme enceinte près d’enfanter, qui est dans les douleurs et crie dans ses peines, mais il n’en était rien résulté. « Nous avons comme enfanté du vent ; nous n’avons pas opéré le salut du pays, et les habitants du monde ne sont pas tombés… » (26:17, 18). Mais maintenant, après cette terrible tribulation, le pays et le peuple de Dieu sont sauvés et les « habitants [impies] du monde » sont jugés (cf. 26:11 ; pour l’expression « ceux qui habitent sur la terre », voir Apoc. 3:10 ; 6:10 ; 8:13).
Avec le verset 19 commence la note finale du cantique :
« Tes morts vivront, mes corps morts se relèveront. Réveillez-vous et
exultez avec chant de triomphe, vous qui habitez dans la poussière ». Le
chapitre précédent contenait une merveilleuse allusion à la première
résurrection : la mort engloutie en victoire (25:8) ; ici il s’agit d’une
remise en vie d’Israël comme peuple, comme en Éz. 37:1-14 (notamment v. 12) et
en Dan. 12:2, où il est aussi question de ceux qui « dorment dans la
poussière » (*). Dans ces trois passages,
nous avons une description figurée de la reprise des relations de Dieu avec son
peuple terrestre, après que pendant longtemps celui-ci ait été
« mort » sur le plan national, et qu’il le soit encore actuellement
sur le plan spirituel (cf. Ps. 71:20 ; Osée 13:1). Cependant la relation
avec Dieu n’est pas rompue ; elle est seulement interrompue
, ainsi
que le montre l’expression « mes corps morts ». Quand la terre aura
jeté dehors « ses trépassés », il viendra un matin sans nuages sur
lequel se lèvera le soleil de justice, avec la guérison dans ses ailes (cf. 2
Sam. 23:4 et Mal. 4:2) ; à cette occasion, le résidu du peuple
nouvellement réapparu est comparé à « la rosée de l’aurore »
(26:19 ; cf. Ps. 110:3 ; Michée 5:7).
(*) Il est remarquable que Paul, en 1 Cor. 15:54 ne cite aucun de ces trois passages comme preuve scripturaire de la résurrection, mais seulement És. 25:8 !
Le verset 20 contient la réponse de Dieu au cantique de Juda. Il
invite son peuple à se cacher pour un petit moment jusqu’à ce que Son
indignation soit passée. De même, Noé a dû chercher refuge dans l’arche, et les
Israélites ont dû rester dans leurs maisons pendant la nuit de la Pâque, tandis
que le jugement de Dieu s’exerçait sur le monde autour d’eux (Gen. 7:1 ;
Ex. 12:22). « Car voici, l’Éternel sort de son lieu pour visiter l’iniquité
des habitants de la terre sur eux » (26:21). Quand la détresse de Jacob
sera passée, le moment viendra où le Seigneur Jésus apparaîtra en gloire et
punira tous ses ennemis sur la terre, à la fois en anéantissant alors toute
opposition, mais aussi en exerçant le jugement, quand Il siégera sur le trône
de Sa gloire et que toutes les nations de la terre seront assemblées devant Lui
(Apoc. 19:11-16 ; Matt. 25:31-46). Tout sera mis en lumière, y compris le
sang versé des innocents mis à mort, en particulier celui des martyrs de la
grande tribulation ; rien ne restera caché et tous les coupables seront
punis. C’est le jugement des vivants
, au début du règne de mille ans de
justice et de paix.
Le premier verset de ce chapitre qui n’est pas facile, constitue la conclusion de la section précédente. L’expression introductive « en ce jour-là » (voir 2:11) nous transporte dans la période située peu de temps après l’apparition du Seigneur Jésus en gloire, lorsqu’Il exercera le jugement sur tous ses ennemis (comp. 26:21). Son épée, dure, grande et forte, est la Parole de Dieu qui, selon Apoc. 19, sort de sa bouche, et avec laquelle Il tuera ses ennemis (Apoc. 19:15, 21). Ici il s’agit spécialement du « léviathan, serpent fuyard et le léviathan, serpent tortueux ; et … le monstre qui est dans la mer » (26:1). Qui ou quoi se trouve représenté par le léviathan (celui qui est « tortueux » ou celui « qui est fuyard ») ? Il est décrit de manière précise dans le livre de Job (40:20 à 41:25) et au Ps. 104 v.26, comme un animal qui vivait à cette époque (le crocodile, ou peut-être un saurien dont l’espèce s’est éteinte depuis lors ?), tandis que le caractère mentionné de « roi sur tous les fils de l’orgueil » en Job 41:25 (voir la note de la traduction JND) semble indiquer qu’il y a lieu, dans le cas présent, de retenir la signification figurée : le léviathan désigne Satan et les puissances du monde qu’il dirige (*). Avant le commencement du règne millénaire, le Seigneur Jésus non seulement ne se bornera pas à anéantir ces royaumes, mais Il fera aussi lier Satan qui, à la fin du règne, sera jeté pour toujours dans l’étang de feu (Apoc. 20:2, 10).
(*) Au Ps. 74 v.14, il est question des têtes du léviathan, ce qui peut être compris comme faisant référence aux sept têtes du dragon et de la bête sortant de la mer (le chef de l’Empire romain). Peut-être faut-il comprendre que, sous la forme des trois animaux présentés ici, il s’agit de l’Assyrie, de Babylone et de l’Égypte, mais dans tous les cas, il y a l’Ennemi rusé qui se tient derrière les puissances du monde. Le « monstre » (en hébreu : tannin) est appelé dans d’autres passages, le « dragon » (Deut. 32:33 ; Néh. 2:13). Sans doute, les Cananéens possédaient aussi dans leur mythologie un « Lotan », monstre à sept têtes qui fut vaincu par Baal ; mais ici, ce n’est pas de mythologie que le passage nous occupe. L’Esprit de Dieu se sert parfois de la manière de parler des peuples païens, dont le prophète Ésaïe et ses lecteurs pouvaient avoir eu connaissance (comp. 13:21 et 14:13).
« En ce jour-là » (voir 2:11), lorsque tous les jugements sont passés, et que le règne du Seigneur commence, alors aussi le « cantique sur la vigne » du ch. 5 v.1-7 trouvera un prolongement et un accomplissement glorieux. Dans les Saintes Écritures, Israël est plus d’une fois comparé à une vigne (ou à un cep). Dieu avait dû la laisser longtemps à l’état désolé, mais après le retour du peuple à Lui, il sera « une vigne de vin pur » [ou : vin ardent, généreux] qui, pour Sa joie, porte un fruit abondant, et de laquelle Il prend soin, qu’Il arrose continuellement, et qu’Il protège de toutes les influences extérieures (27:2-3).
La colère de Dieu est maintenant apaisée. La détresse et la fureur sont passées, et appartiennent à un temps révolu. Et si même des ennemis s’élevaient contre Lui et contre Son peuple, ils seraient alors comme des ronces et des épines, que le feu du jugement consume (27:4). Il serait préférable pour eux de chercher refuge dans Sa force, et de conclure la paix avec Lui (27:5 ; comp. Ps. 2:12).
Cette partie est avant tout difficile parce que, dans la plupart des versets, il n’est pas précisé de qui il s’agit, sauf aux v. 6 et 9 où, à la différence du chapitre précédent, Jacob et Israël sont mentionnés. Cependant, à partir de ces indications, nous pouvons en déduire qu’il s’agit ici de Dieu en train de s’occuper de tout Israël et de ses ennemis. Le peuple est maintenant à nouveau réuni dans son pays et va une nouvelle fois prendre racine, fleurir, bourgeonner et remplir de son fruit la surface de la terre (27:6). Jacob l’avait déjà annoncé dans sa bénédiction sur Joseph en parlant de la « branche qui porte du fruit » et de « ses rameaux [qui] poussent par-dessus la muraille » (Gen. 49:22).
Mais pourquoi Dieu a-t’Il auparavant châtié si sévèrement son peuple ? La réponse à cette question, ou une question semblable fictive, est donnée sous la forme d’une autre question : « L’a-t’Il frappé selon le coup de ceux qui l’ont frappé ? ». Oui, Dieu a certes frappé son peuple, mais pas de la même manière que leurs ennemis. Israël n’est pas la victime d’une « tuerie », c’est-à-dire entièrement exterminé, comme par exemple l’Assyrien (27:7). Le jugement de Dieu sur Israël est d’une toute autre nature que le jugement sur les nations. Il est exercé en vue de la restauration de Son peuple élu qu’Il avait pourtant épousé autrefois, et qu’Il considérait comme Sa femme (comp. Jér. 3:14 ; 31:32). À cause de son endurcissement, Il l’a mis de côté pour un temps (comp. 2:6), mais Il ne l’a pas rejeté pour toujours. La durée limitée du châtiment, aussi bien que la nature de ce châtiment, constituent une preuve du fait qu’ici aussi Il agit comme le « Dieu de mesure » (27:8 ; 2 Cor. 10:13), qui a le bien en vue. Certes, Il doit entrer sévèrement en jugement avec eux, selon les images utilisées : « le vent fort » [« souffle » de Sa bouche, en allemand] et le « vent d’orient » (comp. 11:4 ; Jér. 18:17). Cependant Il ne détruit pas Son peuple, mais Il agit en vue d’expier l’iniquité et la culpabilité (27:9 ; comp. Dan. 9:24). Le jugement mesuré avec précision produira chez le résidu la reconnaissance de son péché, la repentance, et la foi qui sauve, celle dans le Messie reconnu comme leur Rédempteur.
Le « fruit de ce que son péché est ôté » (27:9) sera complet et se manifestera par la destruction de tous les autels d’idoles. La pierre calcaire, brûlée jusqu’à être désagrégée en chaux, est une figure du jugement exercé (33:12). Les ashères et les colonnes dédiées au soleil, ces horreurs de l’idolâtrie cananéenne qui, au temps d’Ésaïe étaient un grand mal au milieu du peuple d’Israël, ne seront plus jamais réédifiées. Lorsque le peuple d’Israël peut exulter à cette parole : « De moi provient ton fruit », il peut dire alors en même temps : « Qu’ai-je plus à faire avec les idoles ? » (Osée 14:8).
De même qu’au v. 7 le regard avait changé de direction, au v. 10 il se tourne de nouveau vers le passé. Il semble qu’Ésaïe a devant les yeux la prise de Jérusalem. Pour qu’Israël en vienne à se débarrasser de ses idoles, Samarie d’abord puis plus tard Jérusalem, la « ville forte », durent être dévastées et rendues désertes (comp. 2 Rois 17 ; 2 Chr. 36:15 et suiv.) (*). Lorsque les armées ennemies s’en furent allées après avoir accompli leur mission, à savoir la destruction de Jérusalem en l’an 586 avant J-C (comp. 24:10), les animaux qui couraient librement çà et là au milieu des ruines de la cité abandonnée, purent brouter les quelques feuilles qui y poussaient, et les femmes purent ramasser des branches sèches pour le feu de leur foyer (27:11).
(*) Comme on le sait, le résidu juif revenu sous Esdras ne s’est plus adonné à l’idolâtrie, mais un autre danger s’est présenté : le zèle pour les « traditions des pères » (comp. Marc 7 ; Gal. 1:14).
Comme Daniel aussi dut le confesser dans sa prière de repentance, le peuple de Dieu était devenu déraisonnable, parce qu’il se refusait à revenir de ses iniquités et à acquérir l’intelligence de la vérité de Dieu (Dan. 9:13). Aux yeux de Dieu, son état était si abominable qu’ « il n’y eut plus de remède » (2 Chr. 36:16). Lui qui en avait fait son peuple et l’avait formé (44:2), ne pouvait plus, après tant de soins infructueux qui découlaient avant tout de son amour, lui accorder aucune miséricorde et aucune grâce (*).
(*) L’interprétation avancée par plusieurs commentateurs pour la « ville forte », comme symbole de la puissance du monde sans Dieu (comp. 25:2 ; 26:5) se heurte à la difficulté d’être obligé de présenter toutes les déclarations des v. 10 et 11-a, comme étant un langage symbolique, et le « peuple » (en hébreu : ‘am) au singulier dans le v. 11b, comme décrivant les « nations » (alors que, dans la bible hébraïque, elles sont habituellement désignées sous le nom de goyim).
Les deux derniers versets de ce chapitre traitent du retour des dix tribus qui, après le schisme du royaume, ont été désormais désignées par le terme « Israël ». Le retour dans leur pays de cette partie du peuple de Dieu, dont l’identification aujourd’hui est encore entièrement dans l’obscurité, aura lieu plus tardivement que le retour des deux tribus. D’après 11:12, elles viendront aussi « des quatre bouts de la terre ». L’Égypte et l’Assyrie sont spécifiquement mentionnées à cette occasion (Osée 11:11 ; Zach. 10:6-11). Mais en contraste avec les deux tribus qui vivront le temps de la tribulation dans leur propre pays, Dieu amènera les dix tribus dans le « désert des peuples » pour les juger, et ne les ramènera qu’après dans leur pays (Éz. 20:30-44). Par la suite elles seront à nouveau réunies aux deux autres tribus et elles serviront leur Dieu sous un roi commun (comp. 11:13 ; Éz. 37:15-28).
Le v. 12 parle de grain battu « en ce jour-là » (voir 27:1). Il ne semble pas qu’ici cette expression parle de jugement, mais plutôt du côté positif du rassemblement, comme le montre aussi la deuxième partie du verset (comp. Juges 6:11 ; Ruth 2:17). Les membres des dix tribus d’Israël qui sont encore cachées pour nous, l’Éternel les fera sortir, pour ainsi dire, comme le blé mûr hors de son enveloppe, et ensuite Il les ramassera « un à un ». Il est à remarquer à ce sujet que l’indication du lieu : « depuis le courant du fleuve » Euphrate (en hébreu : shibolleth ha-nahar, fleuve) jusqu’au torrent d’Égypte (en hébreu : nachal mizrayim) » montre qu’il s’agit d’un territoire qui se situe à l’intérieur des limites du pays de Canaan promises à Abraham (comp. Gen. 15:16 ; 1 Rois 8:65).
« En ce jour-là » aussi, la fête des trompettes trouvera son accomplissement prophétique. D’après Lév. 23:24, elle avait lieu le premier jour du septième mois, ce qui indique un nouveau commencement sur une ancienne base, car le septième mois de l’année sainte était bien le premier de l’année civile en Israël. La « grande trompette » dont on sonnera, est aussi mentionnée par le Seigneur Jésus en Matt. 24:31. C’est le signal donné par Dieu que « ceux qui périssaient dans le pays d’Assyrie et les exilés du pays d’Égypte » doivent être à nouveau rassemblés. Le peuple d’Israël revenu adorera alors le Seigneur à Jérusalem dans le temple réédifié « sur la montagne sainte » (comp. 66:20 ; Éz. 40 et suiv.). Ce n’est pas la « dernière trompette » de 1 Cor. 15:52 ou la « trompette de Dieu » de 1 Thes. 4:16, par laquelle les « morts en Christ » et « nous les vivants » seront appelés vers notre Seigneur qui vient bientôt pour nous enlever pour l’éternité dans le ciel, dans la maison du Père.
Déjà au ch. 5, dans les v. 8 à 23, Ésaïe avait dû proclamer un sextuple « malheur » sur le dérèglement et l’iniquité des conducteurs d’Israël. Dans cette section, suivent encore six annonces de malheur : cinq sur le peuple terrestre de Dieu, et une sur l’Assyrien. Au moyen des jugements qui s’y trouvent annoncés et par la destruction de tous les ennemis, Dieu atteint son but glorieux : le rétablissement de Ses relations avec Son peuple terrestre.
Tout d’abord, c’est à ceux qui font partie du royaume du Nord (c’est-à-dire aux dix tribus menées par Éphraïm ; voir 11:13) qu’est annoncée l’attaque de l’Assyrien. La prise de Samarie ayant eu lieu par Sargon II en l’an 721 av. J-C après trois années de siège, cette prophétie d’Ésaïe a été prononcée et écrite bien peu de temps auparavant. Mais, comme cela ressort de différents versets, cette prophétie passe par-dessus les évènements imminents pour traiter des temps de la fin.
Le premier « malheur » concerne Samarie, la capitale du royaume des dix tribus. La ville est comparée à une « couronne d’orgueil » (comp. Éz. 23:42) dont se glorifiaient les conducteurs d’Éphraïm déraisonnables et adonnés au vin, mais elle est aussi comparée à une « fleur flétrie », c’est-à-dire à ce qui n’est plus qu’un pauvre vestige d’un ancien « bel ornement », qui couronnait autrefois « le sommet de la riche [ou : fertile] vallée », la montagne sur laquelle la ville s’étendait au milieu de riches vallées (28:1 ; comp. 40:6-8).
L’instrument « fort et puissant » — qui n’est pas
nommé, comme en 5:25 (et suiv.) et 10:28 (et suiv.) — est l’Assyrien, employé
comme une verge dans la main du Seigneur (en hébreu : Adonai
), et
qui, comme un orage terrible, submergera tout (comp. 28:15, 18 ;
8:7,8 ; 59:19). Comme une figue précoce est avalée avec une grande
avidité, ainsi il en adviendra à Israël : le royaume des dix tribus sera
détruit ; le figuier et ses fruits, comme aussi la vigne, sont souvent
utilisés comme figure du peuple d’Israël (28:2-4 ; comp. Osée 9:10).
La scène change tout-à-coup au v. 5 : « En ce jour-là » (voir 2:11), Dieu qui a été méprisé si longtemps par son peuple, sera pour le résidu croyant, une « couronne de beauté » et un « diadème d’ornement », en contraste saisissant avec la « couronne d’orgueil » de la vanité humaine mentionnée au v. 1. C’est ainsi que sera donnée à connaître au Résidu de Son peuple, la nouvelle relation avec Dieu, au début du règne millénaire. Alors Il sera pour son peuple tout ce dont il aura besoin : l’« esprit de jugement » pour les juges et la « force héroïque » pour les combattants (28:6).
À partir de 28:7, le regard du prophète se porte à nouveau en arrière, mais maintenant il ne se dirige plus sur Éphraïm, mais sur le royaume des deux tribus, Juda, comme cela résulte des mots d’introduction « Mais ceux-ci aussi », et de la mention de Jérusalem au v. 14. Juda a suivi le chemin d’Éphraïm et n’agit pas mieux (comp. Éz. 23). Certes, il y avait encore là des sacrificateurs de Dieu et des prophètes, mais leur comportement abominable par lequel ils profanaient ce qui est saint, est décrit en termes plus vigoureux que celui des conducteurs d’Israël (28:7-8 ; comp. 5:22 ; 29:9-14 ; Michée 3). Lorsque les sacrificateurs dont les lèvres doivent garder la connaissance, et les prophètes, qui doivent être les messagers de l’Éternel (Mal. 2:7 ; Agg. 1:13) défaillent de manière si honteuse, à qui alors Dieu peut-Il encore confier la connaissance et le message ? Peut-être aux petits enfants (28:9) ? Lorsqu’on en est arrivé si loin — et les sacrificateurs et les prophètes ont manifesté un état spirituel plus bas que celui d’enfants en bas âge — alors la Parole venant de la bouche de Dieu n’est plus comprise, sinon comme un joug pesant, comme « commandement sur commandement, commandement sur commandement, prescription sur prescription, prescription sur prescription ; ici un peu, là un peu » (28:10) (*).
(*) Plusieurs commentateurs comprennent les v. 9 et 10 comme exprimant de l’inutilité, comme s’ils constituaient des expressions ironiques des sacrificateurs et des prophètes à l’encontre d’Ésaïe.
Note Bibliquest : JND traduit « ligne sur ligne » au lieu de « prescription sur prescription ».
Comme les conducteurs du peuple — et avec eux le peuple tout entier — ne voulaient plus écouter Son message clair et simple, Dieu parlerait désormais « à ce peuple » (comp. 6:9) d’une toute autre manière. Ils seraient amenés à entendre des langues étrangères et incompréhensibles pour eux, celles de leurs ennemis et oppresseurs (28:11). La guerre de l’Assyrien contre Juda au cours du règne d’Ézéchias (2 Rois 18:13 et suiv.) qui prit fin certes par l’intervention de Dieu en grâce et en puissance, peut être considérée, tout au plus, comme un accomplissement partiel de cette prophétie d’Ésaïe, comme un prélude aux évènements des temps de la fin.
Cependant, sur le plan spirituel, cette prophétie a trouvé son accomplissement aux premiers temps du christianisme, par le moyen du don de parler en langues étrangères. Comme l’attitude des Juifs à l’encontre du Seigneur Jésus ressemblait, à bien des égards, au refus délibéré de recevoir le message d’Ésaïe, Dieu, en réponse et en châtiment, mit alors de côté Son peuple terrestre et se tourna vers les nations, dans les langues étrangères desquelles les Juifs durent apprendre ce qu’Il opérait par l’évangile de la grâce. On comprend ainsi que Paul, en 1 Cor. 14:21, cite ce verset partiellement et selon la traduction grecque des Septante qui s’écarte un peu du texte hébraïque.
Bien que le but de tous les efforts de Dieu envers Son peuple fût de dispenser repos et rafraîchissement à celui qui est las, ce peuple ne voulut pas écouter (28:12 ; comp. Jér. 6:16). Dorénavant il devrait subir les conséquences de son obstination. À l’avenir, la parole de l’Éternel leur serait : « commandement sur commandement, commandement sur commandement, prescription sur prescription, prescription sur prescription, ici un peu, là un peu… ». Cette parole ne les conduirait plus vers la lumière qu’ils avaient de plus en plus rejetée, mais elle ferait qu’ils « tomberaient en arrière et seraient brisés et enlacés et pris » (28:13). Cette sentence est la conséquence du rejet de Christ lors de Sa venue dans l’abaissement et en grâce.
Le jugement sur Juda au temps de la fin est maintenant décrit plus en détail. La parole de l’Éternel s’adresse directement à ceux qui « gouvernent ce peuple qui est à Jérusalem » en les qualifiant de moqueurs (comp. Ps. 1:1). Il paraît difficile d’appliquer ces propos au temps d’Ézéchias, qui était un roi craignant Dieu et mettant sa confiance en son Dieu, et non pas dans les hommes. Certes il y avait de son temps un parti qui, en secret, s’appuyait sur l’Égypte (comp. ch. 20 ; 30:1-5 ; 2 Rois 18:21), mais on ne peut pas déduire de la Parole de Dieu que ceux-ci puissent être désignés comme ces « hommes moqueurs, gouvernant ce peuple » qui concluent une « alliance avec la mort » et un « pacte avec le shéol » (*) (28:15). Cependant les Juifs apostats du temps de la fin recevront l’Antichrist comme leur dominateur ; c’est lui qui fera alliance avec la bête qui monte de l’abîme, le chef de l’Empire romain, dont la puissance est d’origine satanique ; en cela, c’est dans le sens le plus vrai du terme qu’il conclura une « alliance avec la mort » et un « pacte avec le shéol » (Dan. 9:27 ; comp. Apoc. 13 ; 17:8). Les Juifs donneront leur approbation à cette alliance, dans l’espoir de se prémunir vis-à-vis du danger menaçant de l’Assyrie, peut-être sans savoir qu’il s’agit d’une alliance avec le monde occulte. Bien sûr, ils n’oseraient guère le dire publiquement. Il en va de même de leur affirmation : « car nous avons fait du mensonge notre abri, et nous nous sommes cachés sous la fausseté » — expressions semblables à celles qui caractérisent l’Antichrist en 2 Thes. 2:9-10 : « miracles de mensonge… et séduction d’injustice ».
(*) Le mot hébreu shéol désigne le lieu du séjour des âmes de tous ceux qui sont morts (14:9).
L’expression « fléau qui inonde » derrière lequel les Juifs se figurent être en sécurité, vise la puissance militaire de l’Assyrie qui, dans d’autres passages, est comparée à un fleuve puissant qui submerge tout et qui est aussi désignée comme la verge de la colère de Dieu (28:2 ; 8:7,8 ; 10:5). Dans l’expression « fléau qui inonde », on retrouve à la fois les deux images (*). Dans le futur, l’Assyrien frappera encore deux fois le pays (voir l’introduction du ch. 10). Dans ce qui suit, le prophète va plus loin sur ce sujet.
(*) note Bibliquest : au sens matériel, le fléau est un instrument agricole pour battre le blé.
Mais auparavant, Il adresse au peuple une merveilleuse parole de
consolation de la part du Seigneur Éternel (en hébreu : Adonai Yahweh
).
On voit toujours chez Ésaïe la lumière de la grâce briller au milieu des
ténèbres de l’égarement de l’homme et de son éloignement de Dieu. « Voici,
je pose comme fondement en Sion, une pierre, une pierre éprouvée, une précieuse
pierre de coin, un sûr fondement ; celui qui se fie à elle [ou :
celui qui croit] ne se hâtera pas [par peur] » (28:16). Cette pierre de
coin — Christ, certes rejetée par les hommes, mais choisie par Dieu et
précieuse à Ses yeux — est introduite entre-temps. Déjà l’Assemblée — alors
encore en mystère — est fondée sur Lui (Matt. 16:18 ; Éph. 2:20 ; 1
Pierre 2:4-7), mais, dans l’avenir, le résidu juif trouvera également en Lui
paix et sécurité. Dieu mettre alors dans les cœurs de ces Juifs, de manière
individuelle, la conviction que l’Antichrist ne peut pas être leur Messie. Ce
sont ceux dont il s’agit ici : « celui qui se fie à elle [ou :
celui qui croit], ne se hâtera pas [par peur] ». Christ, la pierre de coin
en Sion, est le seul salut. Celui qui se confie en Lui ne sera pas confus
(comp. Ps. 118:22 ; Rom. 9:33 ; 10:11 ; 1 Pierre 2:6). Il en est
de même aujourd’hui, et il en sera ainsi aussi au temps de la grande
tribulation. Ensuite commencera, pour le résidu fidèle des Juifs, le temps
glorieux du règne millénaire, durant lequel l’injustice qu’ils auront traversée
sera finie une fois pour toutes, et où Dieu mettra « le jugement pour
cordeau » et « la justice pour plomb » (28:17 ; comp.
32:1).
Mais auparavant, le « fléau qui inonde » aura atteint le pays et le peuple des Juifs. Lors de la première offensive de l’Assyrien contre Jérusalem, les attaques balayeront comme autant de vagues successives, le pays et la ville, et il n’y aura pas d’échappatoire pour les impies. La seule nouvelle d’une attaque imminente déclenchera l’épouvante chez les hommes qui, en dépit de leur alliance réputée si solide, ne trouveront ni paix ni protection, « car le lit est trop court pour qu’on s’y allonge, et la couverture trop étroite quand on s’en enveloppe » (28:17-20).
De même que jadis, l’Éternel avait battu les Philistins par l’armée du roi David à la montagne de Peratsim et dans la vallée de Gabaon, ainsi Il fera battre Son propre peuple par l’Assyrien (28:21 ; 1 Chr. 14:8-17). Cette œuvre de Dieu est appelée « étrange » et « inaccoutumée », ce qui ne peut viser ni le châtiment du méchant en soi ni le jugement sur son peuple, que pourtant Il aime tant. Il est « l’Éternel, Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère et grand en bonté et en vérité, gardant la bonté envers des milliers de générations, pardonnant l’iniquité, la transgression et le péché, — mais qui ne tient nullement celui qui en est coupable pour innocent, — qui visite l’iniquité des pères sur les fils, et sur les fils des fils, sur la troisième et sur la quatrième génération (Exode 34:6-7). Et comme toujours, nous voyons que ceux qui sont particulièrement privilégiés sont les premiers à subir les châtiments quand ils pèchent (Éz. 9:16 ; 1 Pierre 4:17). Ce qui est étrange et inaccoutumé, c’est le fait que Dieu emploie comme instruments pour l’exécution de Son jugement, des hommes qui sont des pécheurs encore plus grands que ceux qui sont châtiés. Cependant Ésaïe savait déjà la rétribution que l’Assyrien recevrait, tandis que le prophète Habakuk n’avait besoin que de se placer à son poste d’observation pour apprendre que la méchanceté des Chaldéens, utilisés par Dieu pour réaliser Ses plans, serait punie (10:12 ; Habakuk 1 et 2).
C’est par un avertissement final que se termine la description
des jugements exercés sur Juda par le moyen de l’Assyrien. C’est à tous ceux
qui pensent qu’ils n’ont pas à prendre au sérieux la Parole de Dieu, que s’adresse
la mise en demeure d’Ésaïe de ne pas se livrer à la moquerie, afin de ne pas
aggraver encore le jugement qui menace (comp. 5:18-19 ; 2 Pierre 3:3-7). C’est
du Seigneur, l’Éternel des armées (en hébreu : Adonai Yahweh
Sabaoth
; voir 28:16) qu’Ésaïe a appris que le jugement est
inéluctable. À plusieurs reprises, ce jugement [consomption] sur Juda est
qualifié de « décrété », même si, en fin de compte, la terre toute
entière en sera atteinte (voir 10:23 ; Dan. 9:26-27 ; 11:36).
Les derniers versets de ce chapitre expliquent et éclairent sous forme imagée la sagesse de Dieu dans Ses jugements. Tout d’abord, il est demandé d’y prêter la plus grande attention (28:23). Combien souvent les hommes ont mis en doute la bonté de Dieu de manière légère et superficielle, uniquement parce qu’ils ne connaissent pas Sa Parole et ne comprennent pas Ses pensées. Pourtant la connaissance précise du travail d’agriculteur suffit à montrer que seul un grand nombre d’activités amène au but, celui d’obtenir le fruit désiré. Cela comporte maints travaux bien précis à des moments bien établis ; certains d’entre eux donnent une impression destructive, comme le labourage et le hersage de la terre du champ. Mais ils sont indispensables pour que la semence puisse être déposée dans le sol (28:24). Les différentes manières de semer doivent correspondre au genre de semence répandue, selon qu’il s’agit d’aneth, de cumin, de froment, d’orge ou d’épeautre (céréale qui n’est plus guère utilisée aujourd’hui) (28:25). Dieu qui a créé l’homme, lui a aussi donné l’intelligence pour tout accomplir de manière satisfaisante (28:26).
Mais avec tout cela, le travail du cultivateur est encore bien loin d’être terminé. La récolte a elle aussi ses règles bien précises. Les différents fruits récoltés ne doivent pas être tous traités de la même manière. Les petites céréales telles que l’aneth et le cumin ne peuvent pas être battues avec un gros traîneau ou chariot à battre ou à tranchants, mais elles doivent être battues avec un bâton avec précaution (28:27). De même le blé pour le pain, qui est de haute valeur, ne doit être soumis au battage que durant un temps limité, pour ne pas être écrasé (28:28). Dans tous ces procédés, il est clair qu’il ne s’agit pas d’agriculture moderne mécanisée, mais cela se réfère aux époques où n’existaient pas encore les engins automatisés d’aujourd’hui.
C’est ainsi que la manière dont Dieu agit avec les hommes, spécialement envers les Siens, peut sembler dure et donc incompréhensible, si l’on s’en tient à une observation superficielle. Mais n’oublions pas — et telle est la leçon de ce court passage — que Ses desseins ont toujours pour but final qu’à travers tout, Sa manière d’agir et Son Nom soient en définitive glorifiés, et que la bénédiction pour les hommes soit produite. Semence et récolte sont des images souvent utilisées dans la Parole de Dieu, pour montrer Son travail à l’égard des hommes et avec eux, le fruit pour Lui se trouvant toujours au premier plan, — même si le chemin pour y arriver est accompagné de châtiment. « Cela aussi vient de l’Éternel des armées (en hébreu : Yahweh Sabaoth) : Il se montre merveilleux en conseil et grand en sagesse » (28:29 ; comp. Jér. 32:19 ; Romains 11:33-36).
Le deuxième « malheur » concerne « Ariel », la « cité où David demeura ». Ces deux indications montrent, sans aucun doute, qu’il s’agit de Jérusalem, car David y avait établi autrefois sa résidence (comp. 29:7 ; 2 Sam. 5:6-10). Le nom hébreu Ariel signifie aussi bien « lion de Dieu » (c’est-à-dire héros) que « foyer de Dieu », cette dernière signification désignant d’un côté l’autel de l’holocauste, et étant d’un autre côté une annonce de jugement, car l’Éternel a son feu en Sion, et son four dans Jérusalem (comp. 2 Sam. 23:20 ; Esd. 8:16 ; Éz. 43:15 ; És. 31:9).
Déjà dans les premiers chapitres de ce livre prophétique, on avait eu une description de l’orgueil, de l’immoralité et de l’idolâtrie qui caractérisaient l’état de Juda à l’époque. Ce sera pire dans l’avenir, sous le règne de l’Antichrist. Le respect extérieur des jours de fête répartis le long de l’année, et que Dieu avait institués autrefois comme étant Ses fêtes, ne peut pas empêcher le malheur annoncé par un cri douloureux (comp. Amos 5:21). Quand on ne peut plus voir que de l’iniquité, alors le jugement du côté de Dieu doit suivre inéluctablement (29:1 ; comp. Lévitique 23 ; Ésaïe 1:10-15 ; Amos 4:4,5).
Dieu n’est pas seulement Celui qui parle, mais aussi Celui qui agit. Il va enserrer Ariel, le foyer de Dieu et la ville des héros qu’Il aime tant. De quelle manière cet « enserrement » se manifestera, cela n’est pas encore dit ; seules les conséquences sont mentionnées : soupirs et gémissements chez la population. Pour Dieu, Jérusalem sera un foyer de Dieu où brûlera le feu de Son châtiment — et cependant, dans cette sentence de jugement, il y a l’évocation de sacrifices qui Lui sont agréables, qui étaient offerts sur le « foyer de Dieu », et qui un jour, le seront à nouveau (29:2 ; comp. Éz. 43:15-16).
L’ennemi qui n’est pas mentionné pas son nom, c’est l’Assyrien, dont Dieu amènera la puissante armée contre Jérusalem et la laissera prendre position tout autour de la ville pour en faire le siège (29:3). Face à cette menace, les habitants de Jérusalem abandonneront tout leur orgueil, et cesseront de parler fort de toute leur hauteur, mais de la poussière où ils sont enfoncés, ils parleront sourdement [ou : chuchoteront] dans la plus profonde humiliation (29:4 ; comp. 8:19 ; 28:14 et suiv.).
Mais ensuite, survient un retournement de situation. Tout d’un coup, la multitude des étrangers et des puissants ne sera plus qu’« une fine poussière » et de la « balle qui passe ». N’y a-t-il pas là une image frappante du peu de valeur et de la fugacité de la puissance du monde (comp. 17:13 ; 41:2 ; Daniel 2:35) ? Il est ajouté explicitement : « Cela arrivera en un moment, subitement » (29:5). Le motif en est fourni au v. 6. L’Éternel se tournera à nouveau vers Sa ville bien-aimée, et ce sera accompagné de phénomènes naturels puissants, mais aussi d’« une flamme de feu dévorant », figure de son action en sainteté (comp. Exode 24:17 ; Héb. 12:29).
Contrairement à ce qui s’était passé lors de la première attaque de l’Assyrien selon 28:14-22, l’Éternel intervient maintenant, lors de la seconde attaque. Christ apparaîtra dans Sa gloire et anéantira les ennemis (comp. 14:25 ; 31:4-9). Il ne peut s’agir que du roi du nord, l’Assyrien, qui, allié à beaucoup de nations au temps de la fin, environnera Jérusalem, et sera détruit au cours de sa deuxième attaque par le Fils de l’homme à Son apparition (comp. 8:9-10 ; Zach. 12:2-4). L’expédition militaire de Sankérib en 702-701 avant J-C, n’a été qu’un faible avant-goût de l’attaque de l’Assyrien à la fin des temps. On n’érigea pas d’ouvrages de siège, et la mise à mort de 185000 soldats de l’armée assyrienne en une nuit par un ange de l’Éternel, ne fut pas accompagnée de phénomènes naturels (2 Rois 19:32-34). Il ne peut pas davantage être question ici de la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar, roi de Babylone, en l’an 586 avant J-C, ou par le général romain Titus en l’an 70 après J-C. Dans ces deux cas, il n’y a pas eu d’intervention soudaine et miraculeuse de Dieu pour anéantir les ennemis. Ésaïe parle clairement, ici, du temps de la fin.
Comme les personnages d’un songe nocturne se tenant devant l’âme comme s’ils étaient réels, puis disparaissent dans le néant au réveil, de la même manière « la multitude de toutes les nations qui font la guerre à Ariel » disparaissent devant les yeux du peuple de Dieu, qui est ainsi délivré. Dieu les anéantira comme une image de rêve (29:7). Mais les ennemis eux-mêmes aussi, la « multitude de toutes les nations qui font la guerre contre la montagne de Sion » vivent comme dans un rêve. Ils sont semblables à des affamés et des assoiffés, qui rêvent de manger et boire, et qui au réveil, sont amèrement déçus. Tout ce qu’ils s’étaient figuré dans les désirs de leur imagination en rapport avec leur projet de prise de Jérusalem a été réduit à l’état de chimères et d’illusions. (voir « L’assyrien » en rapport avec 10:1-8).
Sans transition, le prophète porte maintenant à nouveau son attention sur la condition de la masse du peuple juif, condition qui est bien sûr la raison du jugement décrit dans les versets précédents. Cet état caractérisait le peuple, non seulement au temps d’Ésaïe (comp. ch. 1 et 3 et 5:8-23), mais aussi dans les jours où le Seigneur Jésus était sur la terre. C’est l’endurcissement coupable du cœur contre Dieu et contre Sa manière d’agir, et Lui, de son côté, répond à cet endurcissement par un endurcissement envoyé par Lui (comp. 6:9,10).
Par les paroles : « Soyez étonnés et soyez stupéfaits », Ésaïe fait sans doute allusion à la réaction de ses auditeurs ayant entendu ses prophéties solennelles sans les prendre à cœur et sans agir en conséquence. Cette volonté consciente de ne pas comprendre est comparée en figure au fait de s’aveugler, ce qui conduit à l’aveuglement. Se détournant pour ainsi dire de ces gens, le prophète poursuit ensuite avec la constatation : « Ils sont enivrés, mais non de vin ; ils chancellent, mais non par la boisson forte » (29:9). Ceci est différent du langage figuré de 28:7, où s’ expriment l’enivrement spirituel et le laisser-aller du peuple par leur propre faute.
Lorsque l’homme rejette la Parole et les voies de Dieu en grâce, et qu’il s’endurcit contre Lui, il peut arriver un moment (que personne ne connaît sinon Dieu) où Lui-même endurcit le cœur de l’homme. C’est ce qu’on voit chez le Pharaon en Égypte (Exode 7 à 11), et c’est aussi ce qui est arrivé chez les Juifs qui ont refusé le Seigneur Jésus, puis ensuite ont rejeté le témoignage du Saint Esprit par Ses messagers (Rom. 11:25 ; 2 Cor. 3:14-16 ; 1 Pierre 2:7-8). Déjà au ch. 6:9,10, Ésaïe parle de ce que Dieu a agi de cette manière avec Son peuple terrestre. Dieu a versé un esprit de profond sommeil non seulement sur les conducteurs, les prophètes et les voyants, mais sur tout le peuple, et Il a fermé leurs yeux (29:10) (*). Ceux qui n’ont pas voulu recevoir Sa Parole, ne peuvent plus maintenant la recevoir.
(*) De nombreux traducteurs et commentateurs lisent la dernière partie du verset 10, de la manière suivante : « …a fermé vos yeux — les prophètes —, et Il a enveloppé d’un voile vos chefs — les voyants ».
Le résultat est bouleversant. La Parole de Dieu n’est plus comprise. Pour les uns (ceux qui sont instruits), les paroles prophétiques de Dieu sont comme des écrits scellés ; pour les autres (ceux qui sont dépourvus d’instruction), elles sont incompréhensibles (29:11,12). Mais Dieu n’a pas donné Sa Parole pour qu’elle ne soit pas comprise. Un croyant sincère peut comprendre Ses pensées, parce qu’il a reçu son Saint Esprit, qui nous conduit dans toute la vérité (Jean 16:13). Mais si nous nous refusons à reconnaître ou recevoir la Parole de Dieu comme telle, — même si ce refus ne concerne que certaines parties —, une incompréhension totale en sera la suite. Ainsi en était-il autrefois, et ainsi en est-il encore aujourd’hui.
Ce refus personnel à l’égard de Dieu et de Sa Parole n’est cependant pas toujours facile à discerner, parce que souvent « une forme de piété » extérieure est maintenue. Mais Lui voit cela, et certes avec horreur. Il met impitoyablement à nu le culte formaliste de son peuple (comp. 29:1). Le même état prévalait chez le peuple juif au temps du Seigneur Jésus qui, en accusant les pharisiens et les scribes de mettre leurs « traditions » au-dessus de la Parole de Dieu, dut justement opposer ces paroles du prophète Ésaïe (Matt. 15:1-9). La chrétienté aujourd’hui, peut-elle se disculper d’une telle accusation ? La bouche et les lèvres peuvent formuler des confessions [de foi ] pieuses, mais qu’en est-il de notre cœur, le siège de notre volonté et de nos décisions ?
Dans le désert, Israël reçut cette injonction : « Écoute, Israël : L’Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel. Et tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme, et de toute ta force » (Deut. 6:4,5). L’appel divin vieux de milliers d’années, ne nous touche-t-il pas encore aujourd’hui : « Mon fils, donne-moi ton cœur, et que tes yeux se plaisent à mes voies » (Prov. 23:26) ? Combien aussi est sérieuse et importante l’exhortation que Barnabas adressait aux croyants d’Antioche de « demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur » (Actes 11:23) ! Ici cependant, Dieu doit constater au sujet de son peuple qu’il « s’approche de moi de sa bouche et qu’ils m’honorent de leurs lèvres, et que leur cœur est éloigné de moi, et que leur crainte de moi est un commandement d’hommes enseigné » (29:13).
Il voit cette religiosité vide, non seulement avec horreur, mais Il annonce qu’Il va intervenir. Le même Dieu, qui dans son amour et sa miséricorde, a accompli merveille sur merveille envers Son peuple, va maintenant exercer Sa puissance miraculeuse en jugement (Exode 15:11 ; Josué 3:5). S’Il se manifeste de cette manière à l’encontre de son peuple, alors « la sagesse de ses sages périra, et l’intelligence de ses intelligents se cachera » (29:14). Tout le creux et le vide de la sagesse humaine qui croit pouvoir se passer de Dieu, seront manifestés d’un coup.
Lorsque plus tard l’apôtre Paul cite ce verset, il renvoie la prétendue sagesse, autant des scribes Juifs que des philosophes grecs de son temps, à la place qui lui appartient. Toute la sagesse humaine doit céder devant la sagesse de Dieu, qui s’est manifestée de manière adorable en Christ, à la croix (1 Cor. 1:19) !
Dans cette succession de « malheurs », on arrive maintenant au troisième « malheur » qui vise également les membres du peuple terrestre de Dieu (comp. 28:1 ; 29:1). Leurs lèvres peuvent bien tenir des discours pieux, leur cœur est éloigné de Dieu. On forge des plans, qu’on cache loin de l’Éternel, et on agit « dans les ténèbres » (29:15). Sans doute, on peut y voir la « politique secrète » d’un parti à Jérusalem, qui spéculait sur une alliance avec l’Égypte, pour se défendre contre la menace assyrienne (comp. 2 Rois 18:20-21 ; Ésaïe 20:5 ; 30:1-5) ; cependant, d’après Daniel 11:42, l’Égypte jouera encore un rôle au temps de la fin, en relation avec les expéditions militaires de l’Assyrien contre Jérusalem. Mais cet appel à un malheur ne contient-il pas un principe qui va plus loin, et qui est valable de tous les temps ? Jérémie et Ézéchiel eurent affaire de leurs jours à une attitude du peuple tout à fait semblable (Jér. 23:24 ; Éz. 8:12). Quel égarement terrible de l’esprit, de penser que Dieu ne verrait pas à l’intérieur du cœur, ou bien que l’on pourrait se tirer d’affaire sans Lui !
Une telle attitude n’est certes rien d’autre qu’une « absurdité », c’est-à-dire une totale dénaturation des réalités ! L’homme qui pense ainsi, méconnaît et méprise la distance qui existe entre la créature et le Créateur, distance qui est pourtant infiniment plus grande que la différence entre l’argile et le potier. Il ne viendrait à personne la pensée de mettre au même rang le potier et l’argile. Mais, combien de fois dans le cours de l’histoire, les hommes se sont placés au même rang que Dieu ! Justement aujourd’hui, au siècle de la théorie du big-bang et de l’évolution, quelle triste actualité a cette parole concernant la relation de l’« œuvre » et de l’artisan [la chose faite et celui qui l’a faite] — autrement dit la relation de la créature avec le Créateur, de l’homme avec Dieu — : « Il ne m’a pas faite » (29:16) ! Autant une œuvre d’art ne peut pas déclarer que l’artiste qui l’a faite ne comprend rien à son sujet, autant un homme ne peut pas mépriser son Créateur qui le connaît jusqu’au tréfonds de son cœur et qui ne fait qu’attendre son retour vers Lui !
ME 2003 p. 315
« N’y a-t-il pas encore très peu de temps, et le Liban
sera converti en un champ fertile, et le champ fertile sera réputé une forêt
? »
(v. 17).
Dans ce passage, le Saint Esprit dirige le regard du prophète
vers l’avenir, alors lointain, dans lequel — après tous les jugements et toutes
les tribulations qui doivent arriver — viendront les merveilleux « temps
du rétablissement de toutes choses ». Presque trois millénaires se sont
écoulés depuis lors, et pourtant la vérité des paroles qui introduisent ce
passage demeure : « Encore très peu de temps ». Dans une période
sombre, Dieu encourage les siens en leur faisant voir son but glorieux. Il est
le « Dieu d’espérance » (Rom. 15:13 ; Héb. 10:37). Avant d’accomplir
son œuvre rédemptrice à la croix et de monter vers son Père, le Seigneur Jésus
a dit aux siens : « Je reviendrai », et ses dernières paroles
dans les Saintes Écritures sont : « Je viens bientôt
»
(Jean 14:3 ; Apoc. 22:7, 12, 20). Les critiques parlent de « l’attente
imminente non accomplie » des premiers chrétiens, et les moqueurs mettent
de toute manière la venue du Seigneur en doute. Cependant, même s’il s’est déjà
écoulé près de deux millénaires depuis qu’elle a été faite, cette promesse
demeure l’espérance vivante et bienheureuse des chrétiens, tout comme la venue
du Messie était l’espérance des fidèles en Israël — et le sera de nouveau après
l’enlèvement de l’Église. Pour nous, êtres humains, le facteur
« temps » joue un grand rôle, mais il n’en est pas de même pour le
Dieu éternel et immuable. Devant lui, « un jour est… comme mille ans, et
mille ans comme un jour » (2 Pierre 3:8).
Déjà par Ésaïe, Dieu avait consolé son peuple en lui
disant : « Car encore très peu de temps
, et l’indignation sera
accomplie, et ma colère, dans leur destruction » (10:25). Là, il était
question de la destruction de l’Assyrien ; ici, par contre, il s’agit du
temps de bénédiction qui suit, c’est-à-dire du règne millénaire. Le Seigneur
Jésus donne à ce temps le nom significatif de « la régénération ». D’une
part, les hommes qui, étant les bénis du Père, hériteront du royaume qui leur
est préparé dès la fondation du monde, seront alors nés de nouveau ; et d’autre
part, la nature sera l’objet d’un renouvellement qui n’a jamais été vu (Matt.
19:28 ; 25:34 ; Jean 3:5 ; És. 11:6-9 ; 14:7 ; 41:18).
Le Liban avec ses hauts cèdres est parfois utilisé par Ésaïe
comme image de la grandeur de l’homme et de son orgueil qui le conduit à s’élever
lui-même (2:13 ; 10:34 ; 60:13). Il est aussi utilisé, et c’est le
cas ici, pour décrire la beauté et la majesté de la nature (33:9 ; 35:2).
Cette montagne privée depuis longtemps déjà de son magnifique ornement d’arbres
— pensons aux puissants cèdres du Liban d’autrefois — sera transformée en un
champ fertile (hébr. Carmel
), et le champ fertile sera réputé une forêt.
Au chapitre 32, qui nous conduit aussi à jeter un regard dans le règne
millénaire, nous trouvons presque les mêmes paroles, sauf que « le
Liban » y est remplacé par « le désert » (v. 15). Ici donc, le
renouvellement et la restauration du monde végétal dans le règne millénaire
sont esquissés.
« Et en ce jour-là les sourds entendront les paroles du
livre, et les yeux des aveugles, délivrés de l’obscurité et des ténèbres,
verront
» (v. 18).
L’expression « en ce jour-là » confirme qu’il est effectivement parlé de ce temps futur (cf. 2:11). Le refus du message que Dieu a adressé à son peuple autrefois a eu pour conséquence un endurcissement qui dure encore aujourd’hui (cf. 6:9-13 ; 29:9-12). Cependant, par la discipline et les jugements sévères qui auront lieu dans des temps futurs, une partie du peuple juif sera amenée à la repentance et à la conversion, et sera ainsi guérie de sa surdité et de sa cécité spirituelles. Ce résidu juif croyant comprendra alors de nouveau la parole de Dieu. En même temps, il reconnaîtra que Jésus, si longtemps méprisé par ce peuple, est le Messie, et qu’il est mort pour eux sur la croix.
« Et les débonnaires augmenteront leur joie en l’Éternel,
et les pauvres d’entre les hommes s’égayeront dans le Saint d’Israël
»
(v. 19).
Qui sont ces « débonnaires » et ces « pauvres d’entre les hommes » qui se réjouiront en l’Éternel ? Ce sont ceux qui composent le résidu juif croyant, et que nous avons déjà vus dans les « misérables » et les « débonnaires de la terre » au chapitre 11, verset 4. Ce sont ceux que le Seigneur Jésus a devant les yeux lorsque, dans le Sermon sur la montagne, il déclare bienheureux les « pauvres en esprit », parce que c’est à eux qu’est le royaume des cieux, et les « débonnaires », parce que c’est eux qui hériteront de la terre (cf. És. 10:21 ; 14:30 ; 26:6 ; 41:17 ; 61:1 ; Matt. 5:3, 5).
« Car l’homme violent ne sera plus, et le moqueur aura
pris fin ; et tous ceux qui veillent pour l’iniquité seront retranchés,
ceux qui tiennent un homme coupable pour un mot, qui tendent des pièges à ceux
qui reprennent à la porte, et qui font fléchir le droit du juste par des choses
futiles
» (v. 20, 21).
En contraste, l’homme violent et le moqueur ne seront plus, de même que tous ceux qui ont condamné les innocents. Il ne s’agit pas de leur destruction éternelle, mais de la fin de leur activité sur la terre. Dans « l’homme violent », nous pouvons bien voir l’Assyrien et dans le « moqueur », l’Antichrist (*). Tous deux tourmentent — chacun à sa manière — le peuple de Dieu ; et à cause de cela ils recevront, lors du retour du Seigneur Jésus en gloire, leur juste châtiment. En particulier, les adeptes de l’Antichrist en veulent aux croyants du peuple juif. Ils oppriment les justes par de fausses accusations. Dans le discours prophétique qu’il adresse à ses disciples, le Seigneur Jésus décrit le temps — terrible pour le résidu croyant — qui se situe entre l’enlèvement des saints et son apparition. (Voir Marc 13:9-13.)
(*) Le jugement définitif et éternel de l’Antichrist est décrit en Apoc. 19:20 et 20:10.
« C’est pourquoi, ainsi dit à la maison de Jacob l’Éternel
qui racheta Abraham : Maintenant Jacob ne sera plus honteux, et maintenant
sa face ne sera plus pâle
» (v. 22).
Le tableau changera complètement lors de l’apparition du Seigneur. Il se présentera alors à son peuple comme celui qui a racheté Abraham en l’appelant à sortir d’un pays idolâtre et en le justifiant sur le principe de sa foi (cf. Gen. 15:6 ; 48:15 ; Jos. 24:2). Ici le peuple n’est pas appelé Israël, mais « la maison de Jacob » (cf. És. 46:3 ; 48:1). Le nom d’Israël (vainqueur de Dieu) nous montre la hauteur de la bénédiction à laquelle l’Éternel a élevé l’ancêtre du peuple ; en revanche le nom de Jacob (supplanteur) nous rappelle le bas état dans lequel la grâce de Dieu l’a trouvé. Quelle profondeur d’éloignement de son Dieu le peuple a-t-il aussi connue au cours de sa longue histoire, bien que les patriarches Abraham, Isaac et Jacob aient reçu des promesses étendues et merveilleuses ! De même qu’Abraham a été racheté des peuples qui étaient esclaves de l’idolâtrie afin de devenir l’ancêtre du peuple de Dieu, ainsi le résidu sera séparé de la grande partie du peuple qui a sombré dans l’apostasie. Alors, le résidu racheté ne connaîtra plus de honte, ni à cause de ses propres péchés, ni à cause de l’oppression des étrangers (cf. 1:29 ; 29:4 ; Soph. 3:11).
« Car quand il verra ses enfants, l’œuvre de mes mains
au milieu de lui, ils sanctifieront mon nom, et ils sanctifieront le Saint de
Jacob, et ils craindront le Dieu d’Israël
» (v. 23).
Dans l’émerveillement et l’adoration, les enfants de Jacob verront alors l’œuvre des mains de leur Dieu, qui se manifestera aussi bien dans le jugement du mal que dans le renouvellement spirituel du peuple (cf. 10:12 ; 28:21 ; 60:21). Ils sanctifieront le nom de l’Éternel, c’est-à-dire qu’ils honoreront leur Dieu conformément à sa sainteté. En Éz. 36:17-23, nous voyons qu’ils ont fait le contraire, en profanant le nom de leur Dieu par leur désobéissance et leurs péchés, et que, dans les temps futurs, Dieu sanctifiera lui-même de nouveau son nom par le jugement de tout mal. Ce qui nous est dit ici, c’est que, par la foi, des hommes approuveront cette action de Dieu et ainsi ils sanctifieront son nom (cf. 8:13). Les Juifs croyants reconnaîtront et honoreront leur Dieu d’une toute nouvelle manière comme le « Saint de Jacob » et le « Dieu d’Israël », et ils le craindront. Le fait qu’il ne se nomme pas ici le « Saint d’Israël », comme si souvent dans le livre d’Ésaïe, mais le « Saint de Jacob », nous montre de nouveau la grâce infinie avec laquelle il se tourne vers son pauvre peuple égaré.
La grâce de Dieu n’est cependant pas limitée au peuple d’Israël. Quiconque croit au Seigneur Jésus et reçoit « l’évangile de la grâce de Dieu » peut déjà connaître aujourd’hui la grâce et ses richesses (Act. 20:24 ; Éph. 1:7 ; 2:8). Plus nous apprenons à la connaître, plus s’accroît en nous le désir de répondre aussi à sa sainteté et de sanctifier son nom (cf. 1 Pierre 3:15).
Un autre résultat de l’œuvre de l’Éternel est décrit dans le
dernier verset du chapitre : « Et ceux qui errent en esprit auront
de l’intelligence, et les désobéissants apprendront la bonne doctrine
»
(v. 24). Le profond sentiment de la bonté et de la grâce du Dieu saint produira
un esprit contrit et soumis en ces hommes auparavant égarés et rebelles. La
lumière de Dieu chassera les ténèbres spirituelles qui régnaient depuis
longtemps, et auxquelles le prophète Ésaïe avait déjà affaire. L’endurcissement
du peuple dans son égarement fera place à une heureuse intelligence des pensées
de Dieu ; et au lieu des murmures précédents contre ses voies envers eux,
il y aura en eux l’humble désir d’apprendre. Ils découvriront alors que les
voies de Dieu envers son peuple n’ont eu pour but que sa bénédiction. Tout cela
est aujourd’hui encore futur, même si les signes des temps paraissent en
indiquer le prochain accomplissement.
ME 2003 p. 343
Au chapitre 5, Ésaïe avait dû prononcer un sextuple « malheur ! » sur la corruption et l’iniquité des conducteurs d’Israël. Dans les chapitres 28 à 35, on trouve de nouveau six « malheur ! » — cinq sur Israël et un sur l’Assyrie (Cf. És. 28:1 ; 29:1 ; 29:15 ; 30:1 ; 31:1 ; 33:1). Par les jugements qui y sont annoncés et la destruction de tous les ennemis, Dieu atteindra le but glorieux qu’il s’est proposé : le rétablissement de ses relations avec Israël, son peuple terrestre.
Le quatrième malheur est prononcé contre les hommes de Juda qui, peut-être pendant le règne d’Ézéchias, aspiraient à une alliance avec l’Égypte pour se protéger de la menace de l’Assyrien (cf. chap. 20 et 31:1-3).
L’Éternel considère son peuple terrestre, auquel ce « malheur ! » s’adresse, comme des fils rebelles qui refusent toute instruction et qui n’ont aucune intelligence de ce qui leur est bon et utile. Sans l’interroger et sans attendre ses directives, ils projettent en secret de conclure une alliance avec l’Égypte, par laquelle ils espèrent se protéger contre la puissance dominante de l’Assyrien (29:15). Ils cherchent du secours dans le monde pour trouver un abri contre le monde ! Ils ont complètement oublié que Dieu les avait séparés de tous les peuples et avait fait d’eux sa possession — oublié qu’ils ne devaient ni retourner en Égypte, ni conclure une alliance avec les nations païennes qui les entouraient (Ex. 23:32 ; Lév. 20:26 ; Deut. 17:16). L’Éternel n’avait-il pas fait alliance avec eux, ne leur avait-il pas promis et souvent témoigné bénédiction et secours, n’avait-il pas usé de beaucoup de grâce à leur égard ? Mais ils veulent « descendre » en Égypte pour y trouver refuge et protection, au lieu de les trouver auprès de leur Dieu (cf. Gen. 12:10 ; Ps. 57:1). En opposition avec sa volonté, ils accumulent par là péché sur péché, car ils n’interrogent pas sa bouche. C’est un sérieux avertissement pour nous aujourd’hui ; comme eux, nous sommes en danger de faire nos propres plans sans Dieu et de chercher aide et soutien auprès du monde.
L’Égypte, politiquement affaiblie, ne pouvait offrir la protection souhaitée. L’opération se terminera pour Juda dans la honte et l’opprobre. Il est vrai que ses princes et ses messagers arriveront à Tsoan et à Hanès dans la Basse-Égypte (cf. 19:11), mais toutes leurs négociations seront vaines : l’Égypte ne leur sera « ni à aide, ni à utilité, mais à honte et aussi à opprobre ».
Pour souligner la sentence accablante de Dieu sur les plans de
son peuple rebelle, le prophète prononce ensuite « l’oracle(*) touchant les bêtes du midi ». Celui-ci se
réfère à l’Égypte, située au sud d’Israël. Comme les messagers de Juda ne
veulent pas venir les mains vides devant les Égyptiens, ils se mettent en
marche avec une caravane richement chargée. Mais ils doivent suivre un chemin
pénible et dangereux. Ils traversent le désert où les lions et les serpents les
guettent. En fait, ils se donnent du mal pour « un peuple qui ne leur sera
d’aucun profit ». L’aide des Égyptiens est vaine et inutile. Dieu ne peut
désigner ce peuple que par le nom d’« Arrogance » (hébr. Rahab
).
Véritablement, il ne peut rien faire.
(*) ou : « la charge », « le fardeau » ; héb. Massa comme 13:1.
Ésaïe doit écrire cette prophétie aussi bien sur une table que dans un livre, d’une part pour la placer clairement devant les yeux de ses contemporains, et d’autre part afin qu’elle demeure « pour le jour à venir, en témoignage à toujours ». Les versets suivants nous indiquent pour quelle raison.
Dieu répète ce qu’il a contre le peuple de Juda, qu’il appelle « un peuple rebelle, des fils menteurs, des fils qui ne veulent pas entendre la loi de l’Éternel ». Ils ne veulent rien savoir des prophéties et des visions des messagers de Dieu, mais leur demandent de leur dire des choses douces et même des tromperies ! Nous avons un exemple de cette attitude dans les prophètes du temps des rois Josaphat et Achab : tous, excepté Michée, annonçaient une issue positive à l’expédition militaire contre les Syriens, qui devait cependant conduire à la mort d’Achab (1 Rois 22:5-28). Et que dit le Nouveau Testament ? — « Car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement ; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises, et ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables » (2 Tim. 4:3, 4). N’en est-il pas ainsi de nos jours, où des chrétiens, même de vrais enfants de Dieu, n’aiment pas être placés devant tout le sérieux de la parole de Dieu ?
Déjà au temps d’Ésaïe, le peuple voulait s’écarter du chemin que Dieu lui montrait par sa Parole et par les prophètes. Il ne voulait même plus que « le Saint d’Israël » soit placé devant ses yeux (cf. 1:4). Il en était arrivé à un point tel que Dieu n’était plus pour lui qu’un élément gênant.
Cependant, quand le peuple rebelle ne veut plus rien savoir du « Saint d’Israël », Dieu se présente à lui précisément sous ce nom (v. 12, 15). L’homme peut changer, Dieu demeure fidèle à lui-même dans sa sainteté inaltérable. Si les hommes de Juda rejettent ses avertissements quant à une alliance avec l’Égypte, et s’ils persévèrent dans leur propre volonté et dans leurs plans tortueux, ils devront porter les conséquences de leur péché. Leur confiance dans la protection de la grande puissance dont ils cherchent l’alliance sera comme « une brèche qui s’écroule, un renflement dans un mur élevé, dont la rupture arrive subitement, tout à coup ». Un plus puissant entrera en scène et tous leurs plans seront entièrement anéantis. Ce sera comme quand on brise un vase de potier, et qu’il ne reste pas même un tesson assez grand pour prendre un charbon ardent ou pour puiser une gorgée d’eau. C’est ce qui est arrivé lors de la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar en l’an 586 av. J.C. et par Titus en l’an 70 ap. J.C. (cf. Jér. 19:11 ; 2 Chron. 36:19 ; Matt. 24:2). Cette sentence trouvera son plein accomplissement lors de la première attaque de l’Assyrien, au temps de la fin (cf. És. 22:1-14 ; 28:18-22 ; Joël 2 ; Zach. 14:1, 2).
Encore une fois l’Éternel, le Saint d’Israël, s’adresse à son peuple rebelle qui l’a maintes et maintes fois repoussé. Il leur rappelle comment ils pourraient être sauvés : « en revenant » et en se « tenant en repos », c’est-à-dire en se repentant et en renonçant à leurs propres efforts. Ceci conduirait aussi à « la tranquillité » et à « la confiance », à une attente humble et à une foi simple en l’intervention puissante de Dieu. L’Éternel n’avait-il pas montré bien des fois sa puissance en faveur de son peuple depuis l’anéantissement des Égyptiens à la mer Rouge (cf. Ex. 14:14 ; És. 7:4) ? Toutefois ce peuple persiste à ne pas vouloir écouter la voix de son Dieu.
Au lieu de se confier dans le Puissant de Jacob, il met sa confiance dans des chevaux de combat (cf. 31:1). Mais lorsqu’ils disent : « Nous nous enfuirons sur des chevaux », alors sa réponse retentit : « C’est pourquoi vous vous enfuirez ». Et s’ils veulent monter sur des chevaux rapides, ils doivent apprendre que ceux qui les poursuivent seront encore plus rapides. L’habileté qu’ils croient avoir ne leur sera d’aucune utilité (cf. 2 Rois 25:4, 5). Josué avait pu dire au peuple d’Israël : « Un seul homme d’entre vous en poursuit mille ; car l’Éternel, votre Dieu, est celui qui combat pour vous, comme il vous l’a dit » (Jos. 23:10). Mais à ce peuple désobéissant, Dieu prédit maintenant le contraire : « Un millier fuira à la menace d’un seul ; à la menace de cinq, vous fuirez ». Il ne restera de lui qu’un petit résidu, solitaire comme une perche oubliée au sommet d’une montagne (peut-être une hampe de drapeau), ou comme un étendard abandonné sur une colline. Si saisissante que soit cette image dans sa désolation, nous pouvons cependant déjà y voir une lueur d’espérance, une mention voilée du résidu futur vers lequel Dieu se tournera de nouveau en grâce (cf. Zach. 14:2)
Cette grâce insondable brille d’un vif éclat au verset 18 et clôt ainsi la prophétie adressée à un peuple qui se refuse à écouter son Dieu. Le refus n’entraîne pas seulement le jugement, mais il diffère aussi la manifestation de la grâce. Dieu permet la discipline de son peuple jusqu’à ce qu’elle soit amère, afin que sa grâce puisse triompher à la fin. Mais la condition pour qu’il en soit ainsi est que l’on s’attende à lui avec patience et foi. Soixante-dix ans ont dû s’écouler après la prise de Jérusalem par les Babyloniens ; et depuis le rejet du Seigneur Jésus par son peuple terrestre, Dieu « attend » encore pour user de grâce envers son peuple. Et pourtant il aura de nouveau compassion de lui aux derniers temps. Quel bonheur ce sera pour le résidu croyant, quand Dieu se tournera de nouveau en grâce vers lui après l’achèvement de tous les jugements !
Sans transition aucune vient alors la description d’un état entièrement nouveau. D’autres villes, telles que Babylone et Ninive, ont été détruites et ne seront plus jamais habitées (cf. 13:19-21). Mais Sion, le lieu de la royauté de David et de la grâce de Dieu, sera encore « le lieu où est le nom de l’Éternel des armées », le lieu que le Dieu d’Israël a choisi pour son habitation (És. 18:7 ; 24:23 ; Ps. 87:1-3 ; 132:13, 14). Cette ville sera le centre pour le peuple de Dieu restauré. Les deux noms de Sion et de Jérusalem désignent une seule et même ville. C’est là qu’habitera de nouveau le peuple d’Israël. Après presque deux millénaires de domination étrangère, la ville est depuis quelques années la capitale d’un état juif. Mais combien ce peuple est encore éloigné de la paix qui lui est promise par la parole de Dieu !
La déclaration : « Tu ne pleureras plus » est encore bien loin de son accomplissement (cf. 25:8 ; 61:3). Combien de larmes ont été versées dans cette ville au cours des millénaires, et combien peuvent encore y être versées actuellement (cf. Lam. 1:2) ! Mais les plus grandes afflictions sont encore à venir. Il y aura les gémissements du résidu croyant pendant la dernière tribulation et ses lamentations à l’apparition du Christ comme Messie — Celui que le peuple juif a percé (Zach. 12:10-14 ; Matt. 24:30 ; Apoc. 1:7). Cependant Dieu leur promet déjà maintenant qu’il répondra immédiatement à leurs supplications mêlées de larmes et qu’il usera richement de grâce envers eux (cf. És. 65:24). Alors une joie éternelle remplira leurs cœurs (cf. v. 19).
La même grâce divine est offerte aussi aujourd’hui à chaque homme de ce monde qui, comme la grande pécheresse de Luc 7, vient au Sauveur en sentant le fardeau de ses péchés. Elle est aussi pour chaque enfant de Dieu qui abandonne un mauvais chemin et revient au Seigneur : « La tristesse qui est selon Dieu opère une repentance à salut dont on n’a pas de regret » (2 Cor. 2:7 ; 7:10).
Pour le peuple terrestre de Dieu, le chemin jusque-là passera par de douloureuses épreuves. Cependant Dieu leur témoignera sa miséricorde durant ce temps difficile, comme il l’a toujours fait et le fera, « car ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes » (Lam. 3:33). Ainsi il les ramènera pas à pas sur le droit chemin. L’aveuglement gouvernemental qu’il avait lui-même infligé à son peuple aura pris fin (cf. 6:10 ; 29:10). Ceux qui les enseigneront ne se cacheront plus parce qu’on n’accepte ni eux ni leur message (cf. v. 10, 11) ; mais, visibles pour tous, ils montreront le droit chemin. Finalement, le Seigneur Jésus sera lui-même leur Maître parfait, car « qui enseigne comme lui ? » (Job 36:22). Dieu dit au psaume 32 : « Je t’instruirai, et je t’enseignerai le chemin où tu dois marcher ; je te conseillerai, ayant mon œil sur toi » (v. 8). Son conseil, donc, ne peut être discerné que si nos yeux sont aussi dirigés sur lui. Et dès que l’on quitte le droit chemin, la voix du Maître, telle celle d’un bon berger, résonne aux oreilles de ceux qui se sont écartés à droite ou à gauche, en disant : « C’est ici le chemin, marchez-y » (v. 21).
Dans ce processus de guérison spirituelle, ils se sépareront avec détermination de tout ce qui est en contradiction avec la sainteté de Dieu. Les idoles, bien qu’abominables et souillées en elles-mêmes, sont saintes aux yeux de ceux qui les servent. Quand elles seront profanées et détruites, elles seront déclarées « souillées » (cf. 2 Rois 23:8, 10). Quelle que soit la valeur qu’elles puissent paraître avoir, elles seront jetées dehors comme un linge impur. S’il est vrai que les Juifs, après le retour de la captivité babylonienne, ne sont jamais retombés dans les anciennes formes de l’idolâtrie qui avait amené le jugement de Dieu sur eux, néanmoins, durant le règne de l’Antichrist, l’idolâtrie prendra une dimension telle qu’elle n’a encore jamais existé, dans l’adoration de ce faux Messie et de l’image de la bête romaine (Dan. 9:27 ; 2 Thess. 2:4 ; Apoc. 13:14, 15). Le résidu sera totalement exempt de cela.
Dans les versets 23 à 26, Ésaïe montre ce qu’il adviendra du résidu — qui est appelé « tout Israël » dans d’autres passages (cf. Rom. 9:27 ; 11:26) — quand il sera revenu à Dieu. L’expression « en ce jour-là », que nous rencontrons si souvent dans ce livre, indique ici le commencement du règne millénaire (cf. És. 2:11) . En premier lieu sont décrites quelques bénédictions terrestres du peuple, qui jouira alors de l’abondante fertilité du pays. Cette bénédiction fait le plus grand contraste avec la détresse et la misère du temps de la grande tribulation qui précède. En même temps, elle est l’accomplissement des promesses de Dieu à son peuple (cf. Deut. 11:11-15 ; Joël 2:22-27). Les hommes auront une nourriture abondante et savoureuse, et les animaux recevront le meilleur fourrage. La pluie nécessaire pour faire croître la semence tombera au moment opportun, et l’eau jaillira de la terre en ruisseaux et en courants d’eau. Beaucoup de passages des livres prophétiques de l’Ancien Testament parlent de ces bénédictions terrestres. Toutefois, il y aura aussi dans le règne millénaire des bénédictions spirituelles pour Israël et pour les nations (cf. És. 32:15-17).
L’expression « au jour du grand carnage, quand les tours s’écrouleront » (v. 25), peut surprendre à première vue ; elle ne fait cependant que confirmer que le plan de Dieu pour le temps à venir comporte aussi bien sa riche bénédiction pour ceux qui se sont repentis que son terrible jugement sur ses ennemis.
Jusqu’ici, les descriptions doivent être comprises dans un sens littéral et concret, mais au milieu de la phrase, le prophète passe à un langage figuré. Les tours qui s’écroulent (cf. 2:15) évoquent le brisement de l’orgueil et de la puissance militaire, sans doute spécialement de l’Assyrien (et peut-être de l’empire romain).
Mais en même temps, « l’Éternel bandera la brisure de son peuple et guérira la blessure de ses plaies » (cf. Ézéch. 34, 16 ; Osée 6:1). Ces paroles sont aussi à comprendre dans un sens figuré. En raison de sa sainteté, Dieu châtiera son peuple ; mais, dans son amour, il le bandera et le guérira. En ce jour-là, la lumière de la lune sera comme celle du soleil, « et la lumière du soleil sera septuple, comme la lumière de sept jours ». Les luminaires établis par Dieu au commencement pour dominer sur le jour et sur la nuit luiront certainement avec une clarté toute nouvelle sur une création qui est actuellement en travail et soupire sous la servitude de la corruption, et qui, comme nous, attend la révélation des fils de Dieu (Rom. 8:19-23). Toutefois, le sens figuré de cette parole est rendu clair par un passage du chapitre 60 (v. 19, 20). Il y est écrit que, dans le règne de paix, ce ne sera ni le soleil ni la lune qui apporteront la lumière, mais l’Éternel lui-même ; il sera la lumière de son peuple à toujours, et sa gloire. Au sujet de la lumière et de la guérison, le prophète Malachie écrit aussi : « Et pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice ; et la guérison sera dans ses ailes » (4:2).
C’est le Seigneur Jésus lui-même. Il a séjourné autrefois dans l’abaissement au milieu de son peuple, et son visage — comme une anticipation de la gloire à venir — a déjà resplendi comme le soleil, alors qu’il était sur la sainte montagne avec quelques-uns de ses disciples (Matt. 17:2 ; 2 Pierre 1:16-19). Il est le vrai Soleil, le Soleil de justice, sous les ailes protectrices duquel son peuple terrestre, si sévèrement châtié, trouvera un jour la guérison !
Comme cela a été le cas déjà dans les ch. 8:8 ; 10:12 ; 29:5-7, on trouve encore une fois ici, la description de l’anéantissement final de la puissante armée assyrienne dans le pays d’Israël. Leur écrasement devant Jérusalem lors de la mort de 185000 soldats en une nuit, en l’an 702-701 avant J-C, n’était qu’un petit accomplissement préalable anticipant ce qui aura lieu au temps de la fin (voir 37:36-38, et l’introduction du ch. 10:5-34).
Aux nations qui se sont alliées à Assur, qui vivent loin de Dieu et ne Le connaissent pas, Il se manifestera soudainement et de manière inattendue par un jugement terrible, sous Son nom d’Éternel, se présentant comme le Dieu de l’alliance avec Israël Qui intervient pour Son peuple. C’est bien là la signification de l’expression : « Voici , le nom de l’Éternel vient de loin » (30:27). Sa juste colère, eu égard à la méchanceté des ennemis de son peuple est dépeinte par quatre images différentes.
Comme ce qui eut lieu après l’engloutissement de l’armée égyptienne dans la mer Rouge, le peuple de Dieu délivré chantera alors un cantique de louanges (30:29 ; Exode 15). Son cantique et la joie de son cœur qui s’exprimera par lui, seront comparables aux préparatifs d’une fête nocturne, et à la montée à « la montagne de l’Éternel » (ce qui désigne Sion, 27:13 ; 66:20) au son de la flûte. Mais maintenant le peuple restauré ne vient plus devant la face de Dieu comme autrefois, par habitude et avec un cœur endurci (comp. 1:11-15 ; 29:1). Son but est à présent le « rocher d’Israël », un des noms de l’Éternel, que David a employé pour la première fois dans ses dernières paroles (2 Samuel 23:3). Quelle image d’une vraie restauration et d’une joie authentique, anticipant le règne millénaire imminent !
Les ennemis, par contre, entendront la voix majestueuse de l’Éternel, et verront Son bras s’abattant sur eux en jugement (30:30 ; comp. Exode 6:6 ; Psaume 29 ; Luc 1:51). Ce n’est pas par des instruments humains que la puissance militaire de l’Assyrie sera détruite, mais par Dieu Lui-même, à l’aide certainement de phénomènes naturels de grande puissance (comp. 14:25 ; 31:8). La voix de l’Éternel est suffisante pour écraser Assur ! Autrefois, ce peuple puissant avait frappé Juda avec la verge ; maintenant, la même chose lui arrive, mais par la main de Dieu en châtiment (30:31 ; comp. 10:24). Chaque coup mesuré exactement par l’Éternel, sera accompagné du son des tambourins et des harpes. Ainsi, déjà au temps où les Assyriens sont détruits pour toujours, le peuple de Dieu connaîtra une joie comme il n’en avait jamais connue auparavant (30:32).
Sous une forme figurée, le dernier verset décrit le châtiment éternel du dominateur assyrien : « Car un lieu d’horreur (Topheth) (*) est préparé depuis longtemps » (30:33). Le « roi », pour lequel ce lieu est également préparé, est l’Antichrist, qui est aussi décrit au ch. 57:9, et en Daniel 11:36, par ce nom mystérieux. Le faux Messie — que le peuple apostat recevra comme son roi, et que le Seigneur Jésus anéantira, à Son apparition, par le souffle de Sa bouche, — trouvera sa fin en même temps que le chef de l’empire Romain. Tous deux seront jetés vivants dans l’étang de feu embrasé par le soufre (2 Thes. 2:8 ; Apoc. 19:20). Ce qui arrivera à Assur y sera semblable.
(*) Le mot hébreu Tophteh
dérivé de Tophet
(dont
la signification est vraisemblablement « endroit de combustion »),
désigne en 2 Chr. 23:10 et Jér. 7:31 (et suiv.) et 19:6,11-14, un lieu situé
dans la vallée de Hinnom, où l’on offrait des sacrifices barbares et
abominables à la divinité ammonite Moloch. Identifier ce mot ou lui voir une
parenté avec le mot similaire tophet
(« cracher sur ») de Job
17:6, est incertain. La « vallée de Hinnom » située à Jérusalem (en
hébreu : Ge-Hinnom
) ou « vallée du fils (ou des fils) de
Hinnom, est employée en Jér. 7:32 et 19:6 comme équivalent à
« Tophet », et en rapport avec l’avenir, elle est décrite comme la
« vallée de la tuerie ». Le terme grec Gehenna
(géhenne)
dérivé de Ge-Hinnom est un nom utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner
le lieu des peines éternelles, l’enfer (par exemple Matt. 5: 22-29).
Au ch. 31, qui apparaît comme un bref écho du chapitre précédent, le cinquième « malheur » est prononcé sur ceux qui descendent en Égypte pour avoir du secours (31:1). Au début du ch. 30, le même sujet était traité, mais il ne s’agissait encore que de « desseins » et d’« alliances » ; ici il est question de « secours », de « chevaux, de chars et de cavaliers », c’est-à-dire de la réalisation des desseins (comp. 30:16). C’est sur cette puissance mondiale impressionnante, que sont dirigés les regards pleins d’espoir des juifs incrédules, au lieu de l’être sur l’Éternel, le « Saint d’Israël », qui est pourtant leur seul secours réel (voir 1:4). Quel contraste avec le langage du résidu futur qui, au Psaume 20 v. 7, dit prophétiquement : « Ceux-ci font gloire de leurs chars, et ceux-là de leurs chevaux, mais nous, du nom de l’Éternel, notre Dieu » !
Mais même si, dans ses errements, le peuple peut se croire malin, « cependant, Lui aussi est sage et Il fait venir le malheur et ne retire pas Ses paroles » (31:2 ; comp. Deut. 17:16). Il réduira à néant tous les desseins si sages en apparence ; et au lieu du bien escompté, Il fera venir le malheur (c’est-à-dire Sa colère) sur le pays de Juda et sur ses habitants. Combien de fois Il a appelé Son peuple à la repentance et au retour vers Lui, et a annoncé des châtiments à cause de leur désobéissance ! Toutes Ses paroles s’accompliront ; Lui n’aura besoin de revenir sur aucune d’elles. Aussi bien les Juifs qui font le mal, que les Égyptiens qui les aident, tous feront l’expérience de subir Sa puissance en jugement.
Les Égyptiens, estimés si haut, ne sont en réalité que des
hommes — et non pas Dieu (en hébreu : El
: « le
Fort ») — et leurs chevaux de combat si redoutés, ne sont que chair — non
pas esprit (31:3 ; comp. 30:1). On ne pourrait pas exprimer plus nettement
le contraste entre l’indigence de toutes les ressources humaines, et la
toute-puissance de Dieu ! Et cependant, l’homme naturel est toujours
enclin à faire de la chair son bras. Mais l’Éternel n’a besoin que d’étendre la
main pour réduire à néant aussi bien celui qui aide, que ceux qui cherchent de
l’aide. Pour le peuple de Dieu, le secours véritable ne peut pas provenir d’alliés
humains, mais seulement de Lui-même.
Ésaïe peut maintenant annoncer à son peuple ce secours, par un oracle particulier de l’Éternel. L’Éternel des armées (en hébreu Yahwe Sabaoth) Lui-même descendra pour engager personnellement le combat contre l’ennemi sur la montagne de Sion, Sa colline tant aimée.
Au verset 4, Il se présente comme un lion. Le lion, caractérisé en Prov. 30:30 comme « le fort parmi les bêtes », est un symbole de force et de courage, auquel Dieu se compare également dans d’autres passages de l’Écriture (Osée 5:14 ; 11:10 ; 13:7). Juda, le fils de Jacob est le premier homme à être qualifié de lion (Gen. 49:9). Dans le Nouveau Testament, le Seigneur Jésus est « le lion qui est de la tribu de Juda » (Apoc. 5:5). Celui qui, lors de sa première venue, est allé comme un agneau à la boucherie, vaincra tous ses ennemis lors de Sa seconde venue sur la terre, comme un lion et comme un jeune lion. Ces ennemis, — que ce soient alors les Juifs apostats (31:6) ou les Assyriens qui s’approchent (31:8) — seront semblables à un groupe de bergers qui, certes, font beaucoup de bruit, mais qui ne prévaudront pas contre Celui qui est le « lion ».
Mais vis-à-vis de Sa ville bien-aimée et du résidu fidèle de Son peuple, Il n’apparaîtra pas comme un lion qui combat, mais « comme des oiseaux qui déploient leurs ailes ». Déjà, en Deut. 32:11,12, Il s’était comparé à un aigle portant ses petits sur ses ailes, et en Matt. 23:37, le Seigneur Jésus se lamente de ce que, comme une poule qui prend ses poussins sous ses ailes, Il s’est donné de la peine pour les enfants de Jérusalem, mais en vain. Ici nous voyons comment l’Éternel des armées, dans Son amour et Sa miséricorde, protège, sauve, épargne et délivre Jérusalem, comme les oiseaux qui, déployant leurs ailes au-dessus de leur nid, défendent leurs petits contre toute attaque.
Mais le secours qui vient du côté de Dieu n’est pas suscité par l’énergie de la foi d’Israël, mais uniquement et seulement par Son amour pour ce peuple. C’est la raison pour laquelle l’appel à revenir à Lui suit immédiatement, car c’est de Lui qu’ils s’étaient si profondément détournés déjà à ce moment-là (31:6). L’appel s’adresse d’abord aux contemporains d’Ésaïe (30:15), mais il a une portée qui s’étend bien au-delà.
Cela se déduit de l’annonce de la conversion future du résidu juif en Rom. 9:27, où Paul cite les versets 22 et 23 d’Ésaïe 10, alors que dans ceux-ci le prophète parle du retour du résidu spécialement en relation avec l’oppression par l’Assyrien. Cela est confirmé par l’expression « en ce jour-là » du verset 7. Comme nous l’avons déjà remarqué en considérant 2:11, Ésaïe utilise fréquemment l’expression « ce jour-là », pour désigner la période de temps qui suit l’enlèvement de l’Église, — période au cours de laquelle Dieu s’occupera à nouveau de Son peuple terrestre, à la fois, il est vrai, en jugement comme en grâce et en gloire (comp. en particulier 2:17 ; 4:2 ; 11:10 ; 19:24 ; 27:13). Par conséquent, nous ne devons pas voir ici seulement la destruction de l’armée assyrienne devant Jérusalem en 702-701 avant J-C, lorsque 185000 hommes furent tués en une nuit par l’Ange de l’Éternel (2 Rois 19:35), mais en premier lieu, la destruction finale de l’Assyrien dans l’avenir (voir le ch. 10 : « L‘Assyrien »).
Le résidu répondra alors à l’appel de son Dieu à revenir à Lui, et aura en horreur ses idoles d’or et d’argent (comp. 30:22). Jusqu’ici, cette prophétie ne s’est pas encore accomplie pleinement dans l’histoire d’Israël et de Juda. Sans doute, les rois fidèles Ézéchias et Josias ont essayé d’amener un retour de tout le peuple, mais ils n’ont réussi que partiellement. À l’inverse, les rois Manassé, Amon, Jéhoïakim, Jéhoïakin et Sédécias ont servi les idoles et ont fait « ce qui était mauvais aux yeux de l’Éternel… jusqu’à ce que la fureur de l’Éternel monta contre son peuple et qu’il n’y eut plus de remède » (2 Chr. 33:2-7, 22 ; 36:5,9,12,16). La conséquence inéluctable fut la déportation du royaume des deux tribus dans la captivité babylonienne de 70 ans. Après leur retour, les Juifs ne retombèrent certes plus dans l’idolâtrie d’avant, mais au temps de la fin, suivant les paroles prophétiques du Seigneur Jésus, « l’abomination de la désolation » sera « établie dans le lieu saint » (Matt. 24:15). Cela désigne l’Antichrist qui se fera adorer comme Dieu dans le temple à Jérusalem, et peut-être aussi l’image, douée de parole, du chef de l’empire Romain, que tous devront alors adorer (Dan. 9:27 ; 12:11 ; 2 Thes. 2:4 ; Apoc. 13:14-15). Alors, le résidu croyant se détournera de tout cela, et reviendra à son Dieu.
Alors la puissante armée assyrienne tombera dans le pays d’Israël, lorsqu’elle s’avancera pour la seconde attaque contre Jérusalem (31:8). Ce puissant oppresseur viendra certes « comme un fleuve », mais il fuira devant l’épée de Dieu, parce que le souffle de l’Éternel le frappera dans sa fuite (59:19). Ici, l’accent est mis seulement sur le fait que cette chute n’est pas amenée par une intervention humaine, ni même par une contribution humaine, tandis qu’au ch. 14:25, Dieu dit que Lui-même brisera et foulera aux pieds l’Assyrien dans Son pays et sur Ses montagnes, c’est-à-dire dans le pays d’Israël. Quel jugement effrayant que celui qui anéantira cette armée ! Ce ne sont pas les Égyptiens qui ne sont que des hommes et non pas Dieu (31:3), mais c’est Dieu Lui-même qui abattra l’ennemi en l’anéantissant.
Cependant cela ne concernera pas toute l’Assyrie, mais seulement son armée, laquelle sera totalement et définitivement détruite. Ainsi, s’explique qu’il soit dit que « ses jeunes hommes seront soumis aux travaux forcés » [JND : au tribut], c’est-à-dire qu’ils devront travailler au service d’autrui. En tant que nation, l’Assyrie subsistera durant le règne millénaire, et même en tant qu’allié d’Israël (19:23-25). Mais dans ce qui est décrit ici, celui qui auparavant était le chef si puissant de l’armée, celui que l’on voit ici sur le « rocher », fuira de frayeur et d’épouvante, et ses princes seront terrifiés devant l’« étendard », qui désigne symboliquement ici, comme au ch. 11:10, le Messie victorieux. Cette fuite ne lui servira à rien. L’Éternel a « son feu dans Sion et son four dans Jérusalem » (comp. Mal. 3:19). Le feu exprime la sainteté inaltérable de Dieu — ici en jugement — (comp. 2 Thes. 1:8). Déjà, au ch. 29:1, nous avons vu Jérusalem comme l’« Ariel », le foyer de Dieu. Ici, la ville est délivrée de ses ennemis par le feu du jugement du Dieu saint, et elle est purifiée pour qu’Il y habite.
Dans le quatrième livre des Psaumes qui décrit les bénédictions du règne millénaire, on lit ceci : « Car le jugement retournera à la justice, et tous ceux qui sont droits de cœur le suivront » (Ps. 94:15). Ces paroles constituent un titre approprié pour le premier paragraphe de ce chapitre, qui interrompt la série de six appels de « malheur » (ch. 28 à 33) par un aperçu sur la domination du Messie pendant le règne millénaire.
Depuis la chute, l’humanité a déjà vécu dans le péché et l’injustice durant des millénaires. Certes, Dieu avait donné une loi à son peuple Israël après la sortie d’Égypte, et l’observation de cette loi aurait normalement dû conduire non seulement à une vie en commun juste, mais aussi à la justice devant Dieu (Deut. 6:25). Mais l’histoire d’Israël ne montre qu’une chose, à savoir qu’en gardant la loi, personne ne peut être justifié devant Dieu (Rom. 3:20).
C’est la raison pour laquelle le Fils de Dieu est venu comme homme sur la terre, pour vivre ici-bas comme le seul qui fût saint et juste (Actes 3:14). Mais sa vie parfaite ne pouvait sauver personne. C’est pourquoi Il dut mourir, Lui le juste, pour nous injustes, afin de nous amener à Dieu (1 Pierre 3:18). Celui qui croit en Lui, est rendu juste devant Dieu, c’est-à-dire pour parler correctement, il est maintenant justice de Dieu en Christ (2 Cor. 5:21).
Dans un monde qui est encore toujours injuste, ceux qui croient au Seigneur Jésus doivent souffrir à cause de la justice (Matt. 5:6-10 ; 1 Pierre 3:14). Mais, lorsque le Fils de l’homme descendra du ciel avec les rachetés, et apparaîtra sur la terre comme le « soleil de justice », alors la justice de Dieu s’approchera des hommes et sera manifestée dans toute sa gloire (Ésaïe 46:13 ; 56:1 ; Mal. 4:2). Il ne connaîtra pas seulement la justice, mais Il jugera aussi en justice d’abord les nations assemblées devant son trône de gloire, et ensuite durant tout son règne qui durera mille ans (Ésaïe 11:4 ; 16:5 ; 51:4-8 ; Matt. 25:31 et suiv. ; Apoc. 20:4-6).
Aux ch. 9:6-7 et 11:1-10 et 16:5, Ésaïe a déjà annoncé la domination royale future d’un descendant du roi David. Jérémie aussi en parle : « Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, et je susciterai à David un germe juste, et il régnera en roi et prospèrera, et exercera le jugement et la justice dans le pays » (Jér. 23:5). Ce « germe de David » est le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu devenu chair (Matt. 1:1 ; Actes 2:22-36). Pendant son règne, Satan sera lié et sera empêché d’exercer son influence corruptrice sur les hommes (Apoc. 20:1-3). Les hommes seront enfin dans la situation sans entrave de faire ce pour quoi Dieu les a créés : Le servir, Lui (Luc 1:74-75). Il n’y aura plus de tentation ni de séduction venant du dehors, parce que le séducteur sera lié. Mais la nature pécheresse de l’homme demeure inchangée, et elle se manifestera aussi pendant cette période glorieuse. Mais tout péché commis publiquement sera immédiatement et irrévocablement puni (Ps. 101 ; Ésaïe 66:24). Ce n’est qu’après les mille ans, quand le ciel et la terre auront passé, et que l’état éternel de gloire parfaite aura commencé, qu’alors seront suscités de nouveaux cieux et une nouvelle terre dans lesquels la justice habite (2 Pierre 3:13).
Mais, pendant les mille ans, le Seigneur Jésus sera là comme « roi régnant en justice » (32:1). Quant aux princes qui l’accompagnent et « dominent avec droiture », nous pensons d’abord aux disciples auxquels le Seigneur Jésus a attribué le jugement sur les douze tribus d’Israël : « Et moi, je vous confère un royaume comme mon père m’en a conféré un, afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table dans mon royaume ; et que vous soyez assis sur des trônes, jugeant les douze tribus d’Israël » (Luc 22:29-30 ; comp. Matt. 19:28). Par le livre du prophète Ézéchiel, nous savons qu’un « prince » gouvernera le peuple d’Israël en tant que représentant terrestre de Christ (Éz. 34:24 ; 37:24 ; 44:3 ; 45:16 ; 46:2-18). Les croyants glorifiés aussi, qui paraîtront avec le Seigneur Jésus, régneront avec Lui (2 Tim. 2:12 ; Apoc. 5:10 ; 20:6).
L’« homme » du v. 2 est le même que le « roi » du v. 1, à savoir Christ, le Fils de l’homme, que Dieu a ressuscité d’entre les morts et a fait asseoir à sa droite « au-dessus de toute principauté et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non-seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir ; et il a assujetti toutes choses sous ses pieds et l’a donné pour être chef [tête] sur toutes choses à l’assemblée » (Éph. 1:20-22 ; comp. Daniel 7:13, 14, 16, 26, 27 ; Jean 5:27 ; Héb. 2:5-9) (*). Alors que dans le Nouveau Testament la gloire céleste et notre espérance céleste sont au premier plan de ce qui nous est révélé, le sujet de la prophétie dans l’Ancien Testament est la domination et la gloire de Christ sur la terre. Non seulement Il régnera en justice, mais pour tous ceux sur qui pèsent l’oppression, Il sera aussi « comme une protection contre le vent et un abri contre l’orage, comme des ruisseaux d’eau dans un lieu sec, comme l’ombre d’un grand rocher dans un pays aride » (comp. 4:6 ; 25:4 ; 26:4).
(*) Bien que les princes mentionnés au v. 1 « dominent avec droiture » (en contraste avec les conducteurs du peuple de l’époque ; comp. 3:14), le substantif hébreu ish (« homme ») au v. 2 a bien trait au roi, et n’est pas à considérer — comme beaucoup de traducteurs et de commentateurs le font — comme une forme pronominale (« chacun »).
L’endurcissement du peuple d’Israël, annoncé en Ésaïe 6:9-10, fera alors place à un entendement éclairé (comp. 29:18 ; 30:21 ; Jean 12:37-41 ; Rom. 11:25 ; 2 Cor. 3:14-16). Les yeux et les oreilles des hommes seront alors de nouveau ouverts à l’action et au message de Dieu. Avec des cœurs renouvelés, ils connaîtront Dieu et sa volonté, et ils annonceront Ses pensées dans un langage clair (32:3-4 ; comp. Jér. 31:33-34).
En ce temps-là ceux qui sont vils (en hébreu : nabal
:
insensé, homme vil) et les perfides [JND : avares] seront reconnus comme
tels, et ne seront plus appelés nobles et gens de qualité. La méchanceté et l’hypocrisie
auront leur fin (32:5). La vilainie ou la folie sont sans doute dirigées en
premier lieu contre nos semblables, mais en fin de compte, elles le sont bien
contre Dieu, l’Éternel (32:6-7 ; comp. Ps. 14:1). En contraste avec eux,
les débonnaires et les pauvres sont ceux auxquels est promis le royaume de
Dieu ; et un noble est quelqu’un qui ne cherche pas ses propres intérêts,
mais ceux de Dieu (32:8 ; Comparer Matt. 5: 3-11 ; Actes 17:11).
Maintenant, le prophète a de nouveau devant les yeux l’état moral du peuple, qui ressemble à celui qui précède l’apparition de Christ. En particulier, les femmes légères contribuaient beaucoup de son temps au déclin des mœurs en Juda (comp. 3:16 et suiv.). Dans leur sécurité insouciante (mentionnée trois fois dans les v. 9 à 11) elles pensaient sans doute que toutes choses resteraient dans le même état, mais Ésaïe les avertit avec une sainte gravité, d’écouter et de prêter leurs oreilles à ses prédictions concernant un changement radical de leurs conditions de vie (32:9).
L’expression « dans un an et des jours » peut s’appliquer aussi bien au laps de temps allant jusqu’à l’attaque de l’Assyrien en l’an 702-701 avant J-C, qu’à celui allant jusqu’à l’époque alors encore lointaine du temps des jugements futurs (32:10). La même attitude qui régnait à l’époque en Juda, caractérisera aussi les hommes avant l’apparition du Seigneur Jésus : « Quand ils diront : « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point » (1 Thes. 5:3). Leur sécurité superficielle et leur insouciance se changeraient en lamentations, et les champs fertiles deviendraient des déserts avec des épines et des ronces. Le palais royal et Jérusalem, la ville animée, avec ses fortifications, deviendraient l’habitation des animaux domestiques et sauvages (32:11-14) (*). Sans doute, tout cela se produisit réellement mais partiellement lors de l’attaque de l’Assyrien en 702-701 avant J-C, au cours des soixante-dix années de la captivité de Juda (606-537 avant J-C), et après la destruction de Jérusalem en l’an 70 après J-C, mais la description faite ici semble toutefois dépasser le cadre de ces évènements, et faire allusion au temps de la fin.
(*) Ophel (mot hébreu signifiant : « colline ») était une partie de la ville située sur le versant sud-est du mont du temple (2 Chr. 27:3 ; 33:14 ; Néh. 3:26-27).
L’expression « pour toujours » du v. 14 n’a pas — comme le montre le verset suivant — le sens d’« éternité » pris dans l’absolu ; le plus souvent dans l’Ancien Testament, le mot « éternité » n’est pas à prendre de manière absolue. L’expression « pour toujours » désigne ici simplement une longue période dont on ne voit pas la fin. Tandis que les incroyants estiment et espèrent que les choses resteront toujours ainsi, et qu’il n’y a pas d’avenir pour le pays et le peuple juif, — et tandis que d’autres, malgré un espoir mêlé d’anxiété, ne prévoient aucune fin à la dévastation, voilà que Dieu, dans Son omniscience et Sa grâce, voit la fin déjà dès le commencement. Cette perspective grandiose est décrite au v. 15.
« …jusqu’à ce que l’Esprit soit répandu d’en haut sur nous » (32:15). Lorsque le résidu du peuple juif se tournera vers son Dieu dans la repentance et dans la foi, et acceptera le Seigneur Jésus comme son Messie, alors Dieu ne leur cachera plus Sa face, mais Il répandra son Esprit Saint sur eux (voir 44:3 ; Éz. 36:27 ; 39:29). Ce sera pour Son peuple croyant, le signe et le sceau de ce qu’Il les reconnaît ; de plus, il en sera de même pour les croyants des nations qui entreront dans le règne de mille ans, car d’après Joël 2:28-29, l’Esprit sera alors répandu non seulement sur le résidu croyant, mais « sur toute chair ».
Lorsque Pierre à Jérusalem au jour de la Pentecôte, a cité les paroles du prophète Joël, il n’a pas parlé d’un accomplissement de la prophétie de l’Ancien Testament, mais il a employé des paroles d’ordre général : « C’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël… » (Actes 2:16) ; car le véritable accomplissement n’interviendra que lorsque Israël recevra son Messie avec foi. La venue du Saint Esprit pour former l’Assemblée de Dieu n’était qu’une anticipation partielle de l’accomplissement définitif — il est vrai avec des conséquences d’une immense portée. Tout d’abord, le jour de la Pentecôte, le Saint Esprit ne fut pas répandu « sur toute chair », mais sur le petit nombre de croyants qui se trouvaient assemblés à Jérusalem. En second lieu, l’Ancien Testament ne contient aucune prophétie relative à l’Assemblée, car elle constitue le « mystère du Christ » qui n’a été révélé qu’après Son élévation au ciel et après la venue du Saint Esprit (Éph. 3:3-10). L’accomplissement effectif des prophéties de l’Ancien Testament ayant trait à l’effusion du Saint Esprit sur le résidu croyant des Juifs et sur tous les hommes, est donc encore futur.
Le pays des Juifs qui, jusqu’ici, était un désert, sera alors transformé en un champ fertile (en hébreu : carmel) et le champ fertile est assimilé à la forêt. Déjà, au ch. 29:17, le prophète avait décrit avec des paroles similaires, la régénération de la nature au début du règne millénaire (comp. 35:1). Cependant, la manière dont s’exprime le prophète au v. 16 semble indiquer qu’il s’agit non seulement de la terre, mais aussi des cœurs des hommes : « Et la droiture demeurera dans le désert, et la justice habitera le champ fertile ».
Partout, le fruit de la droiture sera que la paix, le repos et la sécurité régneront, et ce sera, sans doute « à toujours » (32:17 ; [« en éternité » dans l’original allemand]). Puisque le règne millénaire, comme son nom l’indique, aura une fin, l’expression « à toujours » n’a pas le sens de « en éternité » selon le sens de cette expression dans le Nouveau Testament. D’après Daniel 7:14, « Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » ; ce passage permet de déduire la signification du mot « éternel » : le Millénium sera la dernière forme de gouvernement sur la terre, et ne sera remplacé par aucun autre. En outre, nous savons d’après Apoc. 22:5 que le Fils de l’homme exercera effectivement une domination éternelle.
Ensuite, Dieu appelle de nouveau encore une fois Israël « mon peuple » (32:18 ; voir 6:9). Lorsqu’il se sera revenu à Lui, Il le reconnaîtra comme tel, bien qu’il ait toujours été son peuple et qu’il le soit resté (comp. Osée 2:1 ; Rom. 11:2). Les habitations du peuple seront alors remplies de paix, de sécurité et de repos tranquille (comp. Michée 4:4 ; Zach. 14:11).
Au v. 19, la contemplation de la scène de paix et de bénédictions est subitement interrompue pour donner lieu à un nouveau coup d’œil en arrière sur la fin de l’Assyrien. « La grêle tombera dans le renversement de la forêt » [JND : sur la forêt]. La forêt est pour nous l’image connue de la puissante armée assyrienne selon 10:18,34, et au ch. 30:30, la grêle est utilisée comme une figure du jugement de Dieu sur cette puissance. Et aussi « la ville sera abaissée dans un lieu bas ». Cette expression orgueilleuse, déjà mentionnée à plusieurs reprises, des talents d’organisation des hommes et de la grandeur humaine, sera détruite (comp. 25:2 et 26:5). Toute la prétendue sagesse et la puissance des hommes incroyants sera entièrement anéantie en ce jour-là.
Mais ensuite, le regard se porte à nouveau sur l’état béni du peuple terrestre de Dieu durant le règne millénaire. Pour la seconde fois, le mot « bienheureux » lui est adressé. La première fois, c’était pour encourager le résidu croyant dans la tribulation (30:18) ; ici, c’est en raison des bénédictions terrestres et surabondantes à venir ; une troisième béatitude est la part de ceux qui tiennent compte de la Parole de Dieu (56:2). Oui, bienheureux tous ceux « qui possèdent le pays » (Ps. 37:9, 11, 22, 29, 34). Ils pourront semer sans avoir besoin de beaucoup de peine ou de labeur, là où le sol est toujours suffisamment irrigué et par conséquent fertile, et ils n’auront plus à veiller avec inquiétude sur le bétail, pour l’empêcher de ravager le produit des champs (comp. 30:23-25).
Le sixième et dernier « malheur » de cette série, s’adresse à l’encontre d’un ravageur [JND : destructeur] qui n’avait jamais été ravagé [JND : détruit] et contre un perfide (ou : ravisseur) qui n’a jamais été dépouillé [JND : contre qui on n’a jamais agi perfidement]. Le « ravageur » est l’Assyrien déjà désigné par ce terme au ch. 16:4 (comp. Jér. 6:22-26 ; Daniel 9:27), tandis que le « ravisseur » qui peut-être se tient derrière lui, est la puissance de Gog qui n’est mentionnée que par Ézéchiel (Éz. 38 et 39). En Éz. 38:17, Dieu adresse une question à Gog, la grande puissance de l’extrême nord [JND : le fond du nord], et cette question montre la relation étroite entre l’Assyrien, le roi du nord, et ce Gog : « N’es-tu pas celui dont j’ai parlé dans les jours d’autrefois par mes serviteurs les prophètes d’Israël qui, en ces jours-là, pendant bien des années, ont prophétisé que je te ferais venir contre eux ? ». Cette question se réfère évidemment aux prophéties des prophètes antérieurs au sujet de l’Assyrien. C’est pourquoi on ne peut pas dire avec certitude, si le « ravageur » et le « ravisseur » sont deux désignations différentes pour le même Assyrien, ou bien si le second fait allusion à Gog. En tout cas, dans la suite du chapitre, l’ennemi semble être l’Assyrien qui, dans beaucoup de prophéties, n’est pas clairement distingué de Gog (*).
(*) Bon nombre de commentateurs voient, il est vrai, l’accomplissement de cette prophétie comme concernant uniquement l’attaque de l’Assyrien, déjà mentionnée à plusieurs reprises par Ésaïe, contre Jérusalem au temps d’Ézéchias (2 Rois 18:14 et suiv.). Vu l’ensemble du contexte de notre chapitre (voir avant tout 33:5,6, mais aussi 33:17-24), cet épisode ne peut cependant être considéré que comme un accomplissement partiel.
Christ, le roi, est entré dans son règne de justice (32:1). Dieu a atteint Son but avec Son peuple, et maintenant l’instrument qu’Il avait précédemment utilisé pour châtier ce peuple, est aussi anéanti à son tour (33:1 ; comp. 10:5-19). Mis à part la parenthèse historique des ch. 36 à 39, ce grand ennemi d’Israël est mentionné ici pour la dernière fois dans la partie prophétique du livre d’Ésaïe.
Cette dernière attaque amène avec elle une grande tribulation pour le résidu croyant qui souffre à cause de sa fidélité et de sa foi au Messie qu’il attend, et dans sa détresse il implore l’Éternel (33:2 ; comp. 25:9). Quelle bénédiction de pouvoir, dans la détresse, regarder à l’Éternel avec foi ! Sa réponse de grâce à la fervente supplication, arrive au bon moment, que Lui seul connaît. Même si chaque matin le « fléau qui inonde » peut passer (voir 28:19), ils peuvent chaque matin s’appuyer à nouveau avec foi sur Son bras puissant ! Il est le seul véritable salut (en hébreu : Jeshua), pour son peuple dans la détresse.
Il est frappant de voir le résidu croyant s’exprimer au début et
à la fin de ce verset, et être interrompu, entre deux, par quelqu’un d’autre :
« Éternel, use de grâce envers nous : nous nous sommes attendus à
toi ; sois leur bras tous les matins
, et notre salut au temps de la
détresse ! ». Sans doute, on peut tout d’abord penser au prophète qui
se considère comme l’intercesseur de son peuple si éprouvé ; mais ici nous
pouvons y voir de plus une référence à Christ et à la manière dont Il intercède
en faveur des siens, et à la manière dont Il s’identifie avec son peuple dans
la détresse, comme lorsqu’Il dit au ch. 63:9 : « Dans toutes leurs
détresses, Il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés ».
C’est immédiatement que le prophète peut voir la réponse de Dieu et proclamer avec joie : « À la voix du tumulte, les peuples s’enfuirent ; quand tu t’es levé, les nations ont été dispersées (33:3).
La destruction de l’armée assyrienne et de ses nations alliées, que Dieu accomplira tout seul sans concours humain, sera accompagnée d’impressionnants phénomènes naturels (voir 14:25 ; 30:30, 31 ; 31:8). Avec ces évènements, le cours des choses est entièrement retourné ! Le verset qui suit s’adresse aux Assyriens : ceux qu’ils ont longtemps opprimé, se déploieront comme une immense nuée de sauterelles pour ramasser le butin (33:4).
Les versets 5 et 6 dirigent nos regards sur l’Éternel qui sera alors haut élevé (comp. 12:4). Il demeure en haut et dans le lieu saint, mais aussi auprès de celui qui est abattu et d’un esprit contrit (57:15). Parce que son peuple est revenu à Lui, Il peut dorénavant remplir de nouveau Sion de droiture et de justice. Après tous les bouleversements des siècles passés, leurs temps (ou : leurs circonstances, leur sort ; comp. Ps. 31:15) seront de nouveau caractérisés par la stabilité divine. Le changement moral qui a eu lieu se montre aussi en ce que les Juifs ne regardent plus le bien-être matériel comme de la bénédiction, car leur part sera alors la plénitude [JND : trésor] de délivrance ou de salut (en hébreu : jeshua), de sagesse et de connaissance. Ils ont appris que la crainte de l’Éternel est leur véritable trésor.
Puis, le regard du prophète se tourne en arrière vers l’oppression due aux ennemis. À ce propos, le parallèle historique ne peut être considéré — comme si souvent — que comme un accomplissement partiel préalable. Lorsque Sankhérib (en 702/701 avant J-C) fit la conquête de Juda, Ézéchias lui compta 300 talents d’argent et 30 talents d’or pour qu’il s’en aille. Mais Sankhérib rompit l’accord conclu, et envoya de Lakis une grande armée contre Jérusalem (2 Rois 18:13 à 19:37). On comprend bien que « leurs hommes vaillants » (*) et les « messagers de paix », les envoyés d’Ézéchias, aient crié et aient pleuré amèrement devant ce revirement pour le pire, car le roi d’Assyrie « a rompu l’alliance, il a méprisé les villes, il n’a égard à personne » (33:7, 8).
(*) Le substantif hébreu er’el
, rendu par « homme
vaillant », est bien une allusion à Ariel
(la désignation utilisée
pour Jérusalem en 29:1 et pour « des lions de Dieu, de puissants hommes
vaillants » en 2 Samuel 23:20).
La signification prophétique ayant trait à l’avenir n’est toutefois pas facile à discerner. Quelques commentateurs y voient l’action impie du chef de l’Empire romain, qui conclura une alliance avec la masse du peuple juif dans la dernière semaine d’années de Daniel, mais qui la rompra après trois ans et demi (comp. 28:14-18 ; Daniel 9:27). Selon une autre interprétation, l’Assyrien aura parmi le peuple juif, des partisans cachés, qu’il a attirés de son côté par ruse, et qui pour cette raison, seront amèrement déçus de ce qu’il ait rompu l’alliance avec eux, lors de sa dernière attaque, (comp. Daniel 8:23-25 ; Nahum 1:11).
L’attaque de l’Assyrien n’amènera pas seulement une grande déception, mais aussi avec elle, d’immenses destructions. Les villes et les voies de communication, mais aussi les régions les plus agréables seront détruites (33:8 et 9). Le Liban, célèbre par ses cèdres, la plaine bien arrosée du Saron, la région de Basan bien connue pour la qualité de son bétail, et le Carmel couvert de forêts, font partie des régions les plus belles et les plus fertiles de tout le pays (comp. 35:2). Ce qui subsistera sera des lieux dépouillés et désertiques.
Cependant le moment va venir où l’Éternel dira : C’est assez ! Lorsque la mesure des péchés de l’Assyrie sera comble, et qu’inversement tout paraîtra perdu pour le peuple de Dieu, l’heure de la délivrance sonnera. Il prononcera Son triple « maintenant » divin, pour annoncer son intervention. Il va se lever, être exalté et élevé (33:10 ; comp. Ps. 12:5 ; 68:1). La vanité de tous les plans des Assyriens en vue de détruire Jérusalem, ne pourrait pas être exprimé de manière plus touchante que par ces paroles : « vous concevrez l’herbe sèche, vous enfanterez le chaume ». Leur souffle bruyant, terrifiant pour les hommes, sera leur propre jugement, car il est comme un feu qui consumera non seulement leurs plans, désormais sans plus de valeur que du foin et du chaume, mais aussi eux-mêmes (33:11). L’armée assyrienne et les peuples qui sont ses alliés, seront réduits à une masse brûlante unique comme quand on cuit la pierre à chaux, et seront brûlés comme des épines coupées et desséchées dans le feu (comp. 9:18). Lorsque le jugement sera achevé, ceux qui sont loin et ceux qui sont près devront entendre ce que Dieu a fait, et reconnaître Sa puissance (33:13).
Le jugement de Dieu n’atteindra pas seulement les ennemis qui assaillent Son peuple de l’extérieur, mais également les nombreux Juifs impies [litt : sans Dieu] qui recevront à ce moment-là leur rétribution pour L’avoir méprisé. Ils sont « les pécheurs en Sion » et « les infâmes » [JND : impies], qui seront terrifiés lors de l’apparition du Seigneur Jésus venant du ciel, et qui demanderont en tremblant : « Qui de nous séjournera dans le feu consumant ? Qui de nous séjournera dans les flammes éternelles ? (33:14 ; comp. Ps. 15 ; 24:3-4). L’apparition du Seigneur Jésus en gloire est une venue « en flammes de feu » (2 Thes. 1:8 ; comp. Mal. 4:1). Le feu dans la Bible, est souvent une figure de la sainteté inaltérable, incorruptible, du Dieu éternel, qui se révèle en jugement (comp. Deut. 4:24 ; Héb. 12:29). Avec une terreur panique, les impies chercheront à fuir devant l’Éternel, mais cela ne leur servira à rien (Zach. 14:5). Son jugement inexorable les atteindra autant que tous les hommes des nations, qui, au temps de la tribulation, n’auront pas reçu l’évangile du royaume avec repentance et foi (5:25).
Comme le montre la réponse du prophète aux questions remplies d’épouvante qui sont posées, seuls pourront subsister en présence de la sainteté divine, ceux qui marchent dans la justice et parlent avec droiture, ceux qui haïssent le gain malhonnête et qui sont intègres, ceux qui ne veulent pas entendre parler de meurtres ni voir ce qui est mal (33:15). Ces signes distinctifs caractérisent les hommes nés de nouveau, et également le résidu croyant du peuple juif. Pour eux, il n’y aura pas de feu du jugement, mais une sécurité parfaite. Dans le temps de paix et de bénédiction qui se lèvera alors, ils habiteront au sens figuré en haut, possédant les forteresses des rochers comme leur refuge et ne manquant de rien (33:16).
Mais leur privilège le plus élevé sera de voir leur roi dans sa beauté (33:17) ! Il est le Même, Celui qu’on a déjà vu aux chapitres 9:6-7 et 11:1-10 et 16:5 comme descendant de David sur son trône, mais en même temps, Il est Celui devant qui, quand Ésaïe le voit, il s’écrie : « Malheur à moi ! Car je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures, et je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures ; car mes yeux ont vu le roi, l’Éternel des armées » (6:5 ; comp. Jean 12:41). Aussi bien comme Dieu éternel que comme Fils de l’homme, Il est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs (comp. 1 Chr. 29:11 ; 1 Tim. 6:15 ; Apoc. 19:16). Cela sera confirmé par l’exclamation triomphante des Juifs croyants, qui ont attendu si ardemment la venue du royaume de Dieu : « L’Éternel est notre roi » (33:22) !
Pour ce qui nous concerne, nous pouvons déjà maintenant voir par la foi notre Seigneur méprisé sur la terre, comme Homme glorifié à la droite de la majesté dans les hauts lieux, et être transformés à Son image par la contemplation de Sa gloire ineffable (2 Cor. 3:18 ; Col. 3:1 ; Héb. 1:3 ; 12:2). Nous le voyons là comme notre Rédempteur et Seigneur, comme notre Avocat et notre Souverain Sacrificateur, comme le chef de l’Assemblée et l’Époux de son épouse. Combien ces gloires sont plus grandes que Sa gloire royale pendant le règne millénaire ! Cependant nous aurons aussi part à cette gloire royale, car quand Il apparaîtra comme juge et dominateur sur le monde, nous l’accompagnerons, de même que Moïse et Élie, lors de son apparition en gloire sur la montagne, apparurent ensemble avec Lui aux trois disciples Pierre, Jacques et Jean, ceux auxquels fut accordé le privilège, dans une préfiguration prophétique, de voir « le Fils de l’homme venant dans son royaume » (Matt. 16:28 à 17:8 ; comp. 2 Pierre 1:16-19). Alors tout œil ne regardera que Lui, et les cœurs de ceux qui Le connaissent, ne seront remplis que de Lui (1 Thes. 3:13 ; 2 Thes. 1:10 ; Apoc. 1:7 ; comp. Matt. 5:8).
Le « pays lointain » (33:17) est le pays promis, dans toute son étendue prophétique, depuis l’Euphrate jusqu’au Nil, tel que le peuple d’Israël n’en a encore jamais pris possession dans son histoire jusqu’à aujourd’hui (voir Gen. 15:18 ; comp. Ésaïe 26:15). Ni Abraham, auquel Dieu l’avait d’abord promis, et qui ne put y séjourner qu’en étranger, ni Moïse qui put le contempler du sommet du Pisga, ne l’ont vu dans toute cette étendue (Deut. 34:1-4).
Dans la rétrospective sur la période passée de la tribulation, le résidu demandera alors : « Où est celui qui enregistre ? Où est celui qui pèse ? Où est celui qui compte les tours ? ». Vraisemblablement, il faut entendre par là les employés des ennemis, pour lesquels le décompte des tours de défense fournissait la base de calcul des « paiements de réparation », c’est-à-dire du tribut imposé aux vaincus, et dont le paiement ponctuel et exact était contrôlé strictement par les vainqueurs (33:18). L’armée arrogante des Assyriens, avec son langage incompréhensible, disparaît pour toujours de la scène par l’effet du jugement de Dieu (33:19).
Le résidu du peuple de Dieu, une fois délivré, peut maintenant porter ses regards sur Sion, le lieu de la grâce, et sur Jérusalem, la ville du grand Roi (comp. 2:2-4). Là se tiendront à nouveau les assemblées solennelles (des fêtes) auxquelles Dieu prend plaisir (comp. 1:13). La Jérusalem terrestre sera alors un lieu d’habitation tranquille, sans sujets d’inquiétude. Comme la nouvelle Jérusalem descendant du ciel dans le livre de l’Apocalypse (figure de l’Assemblée de Dieu dans l’éternité), cette Jérusalem terrestre est comparée ici à une tente ou une hutte (33:20 ; comp. Apoc. 21:2, 3). Mais tandis qu’une tente ordinaire est toujours à nouveau démontée, puis remontée ailleurs, cette tente-là ne sera plus transportée, ses pieux ne seront jamais arrachés ni non plus ses cordes. Le pieu est, dans plusieurs passages de l’Écriture sainte, une figure du soutien de Dieu (Esdras 9:8 ; Ésaïe 22:23 ; Zach. 10:4). Toute inquiétude, toute marche errante du peuple aura fini pour toujours.
Le fondement de la stabilité future de la ville, c’est Dieu Lui-même : « Là, l’Éternel est pour nous magnifique » (33:21). Les paroles du Psaume 132:13, 14 auront leur accomplissement : « Car l’Éternel a choisi Sion ; Il l’a désirée pour être son habitation : c’est ici mon repos à perpétuité ; ici j’habiterai, car je l’ai désirée ». Ni l’attaque de Gog peu après le commencement du règne millénaire, ni le dernier assaut de Satan à la fin de ce règne, ne détruiront la paix de Jérusalem (Éz. 38 et 39 ; Apoc. 20:7-10). Jérusalem sera pour toujours ce que son nom signifie : « Fondation de paix ».
Les villes de Babel et de Ninive, mais aussi d’Égypte s’appuyaient sur de grands fleuves qui présentaient de grands avantages en temps de paix, mais qui avaient des inconvénients en temps de guerre (comp. 19:5 ; 27:1 et Nahum 2:7 ; 3:7, 8). Au temps du règne millénaire, Jérusalem sera comme « un lieu de fleuves, de larges rivières » qui n’apportent avec eux que de la bénédiction, mais qui n’offriront aucune possibilité d’attaque à quelque ennemi que ce soit, car « il n’y viendra aucun vaisseau à rames, aucun navire puissant [JND : noble] n’y passera ». On peut sans doute comprendre cette manière de s’exprimer, comme étant une forme imagée, mais n’oublions pas que, pendant le règne millénaire, « des eaux vives sortiront de Jérusalem, la moitié vers la mer orientale (c’est-à-dire la mer Morte) et la moitié vers la mer d’occident (c’est-à-dire la mer Méditerranée) » (Zach. 14:8 ; Éz. 47 ; comp. Ps. 46:5). Tout parle des riches bénédictions accordées aux hommes qui vivront dans ce temps béni.
Tout danger sera banni pour toujours, grâce à la présence glorieuse de l’Éternel qui est à la fois juge, commandant en chef (ou : conducteur, législateur) et roi d’Israël, et qui sauve Son peuple bien-aimé (33:22). Que le Roi soit en même temps l’Éternel, c’est-à-dire Dieu, et Fils de David, c’est-à-dire Homme, nous l’avons vu déjà dans la description du chapitre 9, v. 6 et 7 : « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; et on appellera son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père d’éternité [JND : du siècle], Prince de paix. À l’accroissement de son empire et à la paix, il n’y aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l’établir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours ». Il n’y a qu’une seule Personne qui corresponde à ces caractères : le Fils de Dieu qui, comme homme, est mort sur la croix de Golgotha « non seulement pour la nation (c’est-à-dire les Juifs), mais aussi pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11:52). Lorsqu’Il sera venu chercher Son Assemblée pour la prendre auprès de Lui dans la maison du Père, Il apparaîtra de nouveau sur la terre pour prendre en Israël Sa place comme Roi, titre qui Lui a été refusé lors de sa première venue, deux mille ans auparavant.
En raison de ce secours puissant, la dernière tentative de l’ennemi en vue de conquérir Jérusalem ne peut pas réussir (*). Au contraire, il est parlé en figure, de faire naufrage. Sa force de combat, anéantie non par la main de l’homme, mais par l’Éternel, est comparée à un bateau de guerre dont les cordages qui tiennent le mât et doivent tendre les toiles, retombent relâchés. Il est désemparé, c’est une épave. Tout le riche butin tombera dans les mains du peuple de Dieu, de sorte qu’il restera quelque chose même pour les boiteux qui arrivent les derniers (33:23 ; comp. Éz. 39:10). Ainsi s’accomplit le dernier des six appels de malheur. Le ravageur est ravagé, le ravisseur est dépouillé [ou : Celui qui détruit est lui-même détruit, celui qui est perfide est pris à son propre piège] (33:1).
(*) Comme au verset 1, il n’est pas non plus facile de dire s’il s’agit ici de la dernière attaque de l’Assyrien, ou de celle de Gog, la grande puissance du fond du nord qui se tient derrière l’Assyrien (Éz. 38 et 39).
Le chapitre se termine avec une courte description de la bénédiction des habitants de Jérusalem et de tout le peuple de Dieu dans le règne millénaire. Il n’y aura plus ni maladie ni faiblesse, et toute la culpabilité du résidu délivré sera pardonnée pour toujours (33:24 ; comp. 57:18-19 ; 58:8 ; Jér. 50:20). Ce n’est pas par sa propre justice ni avec le secours de nations puissantes, mais par l’intervention souveraine et pleine de grâce de Dieu, qu’Israël recevra la prospérité et la paix.
Les ch. 34 et 35 constituent la conclusion de la première partie du livre d’Ésaïe, mais spécialement des ch. 28 à 33 qui contiennent le sextuple « malheur ». Ils occupent de ce fait une position similaire à celle des ch. 24 à 27, qui concluaient les dix oracles au sujet des nations des ch. 13 à 23.
On trouve ici la description du dernier jugement sur les nations avoisinantes ainsi que les bénédictions du règne millénaire. Les paroles de Dieu, dans le livre du prophète Malachie, trouvent ici leur confirmation définitive : « J’ai aimé Jacob et j’ai haï Ésaü » (Mal. 1:2,3).
Les Édomites habitaient la montagne de Séhir, au sud-est de la Mer morte ; ils étaient les descendants d’Ésaü, le frère aîné de Jacob (Gen. 36:1). Mais malgré cette parenté si étroite avec Israël, ils faisaient partie de ses ennemis les plus acharnés (Nomb. 20:14-21 ; 1 Rois 11:14). Malgré cela, Israël ne devait pas les haïr, car ils étaient un peuple frère (Deut. 23:8). Mais la sentence de Dieu s’est fait entendre : « Ésaü n’était-il pas le frère de Jacob ? dit l’Éternel ; et j’ai aimé Jacob ; et j’ai haï Ésaü, et j’ai fait de ses montagnes une désolation, et j’ai livré son héritage aux chacals du désert » (Mal. 1:2-3). Malgré toutes ses faiblesses, Jacob était un croyant qui fut instruit par la discipline de Dieu, tandis qu’Ésaü est appelé « profane » qui a méprisé la grâce de Dieu (Héb. 12:16). Bien qu’Ésaü fût l’aîné, Dieu a montré à son sujet de manière exemplaire, que pour Lui, ce n’est pas la chair qui compte, mais la foi, et qu’Il ne choisit pas les choses fortes, mais les choses faibles (voir 1 Cor. 1:26-31 ; 15:46). Ésaü haïssait son frère Jacob, et ses descendants ont haï le peuple d’Israël (Gen. 27:41 ; Lam. 4:21 ; Amos 1:11 ; Abdias 12-14). C’est pourquoi Édom subira le châtiment de Dieu au temps de la fin. Le jugement sur ce peuple impie sera exécuté par le Seigneur Jésus comme Messie, et en cette circonstance, le peuple d’Israël L’accompagnera et L’aidera (És. 11:14 ; Éz. 36:5 ; Amos 9:12 ; Abdias 21). Après cela, Édom deviendra pour toujours un désert (Jér. 49:13 ; Éz. 25:13 ; 32:29 ; 35:9 ; Joël 4:19 ; Abdias ; Malachie 1:3-4).
Le jugement sur Édom sera le dernier avant le commencement du règne millénaire. Tout d’abord, le Seigneur venant du ciel, anéantira l’armée de l’Empire romain et l’Antichrist, puis ensuite les forces assyriennes, et finalement Édom et les peuples voisins ; le règne de paix commencera après Son retour victorieux.
Édom est si souvent mentionné en relation avec les jugements des temps de la fin, qu’il est impossible de le considérer comme un nom symbolique qui représenterait d’autres peuples — que ce soit alors les Assyriens ou l’Empire romain, malgré l’opinion de beaucoup de commentateurs. Le fait que tout un livre prophétique, à savoir Abdias, même s’il est court, soit consacré uniquement au jugement sur Édom, rend tout à fait clair ce que représente ce peuple voisin d’Israël, lors des jugements de la fin (outre les passages déjà cités, voir Ps. 83:6 et suiv. ; 137:7 ; Ésaïe 63:1-4 ; Jér. 49:7-22). En outre, les différents passages des Écritures ne laissent planer aucun doute sur le fait que le jugement n’aura pas lieu dans le pays d’Israël, mais hors de ses limites. C’est pourquoi il ne peut s’agir ni de la chute de l’armée romaine à Armaguédon, ni de celle de l’Assyrien sur les montagnes d’Israël (Apoc. 16:12-16 ; Ésaïe 14:25 ; Daniel 11:45).
Non seulement Édom, mais aussi les nations, les peuplades, la terre et le monde avec tous ses habitants (voir Ps. 24:1) sont appelés à prêter attention à la venue imminente du jugement de l’Éternel — le dernier jugement avant le commencement du règne de paix (34:1). L’Éternel est en colère à l’égard de toutes les nations, et en fureur contre leurs armées — c’est-à-dire envers tous ceux qui sont de reste après les jugements précédents. Combien grande doit être leur impiété pour qu’Il les voue à une totale destruction et les livre au carnage (34:2) ! Le mot « destruction » signifie proprement « anathème », c’est-à-dire quelque chose qui appartient à Dieu, qui est sanctifié pour Lui. Selon la loi, tout être vivant qui était « voué » [= déclaré anathème], devait être mis à mort (Exode 22:19 ; Lév. 27:28-29). La signification de cet acte est celle-ci : Celui qui s’oppose à Dieu dans sa vie, Dieu lui montre Sa puissance par le châtiment de la mort. Dieu considère Édom en entier comme un « peuple de mon anathème », c’est à dire un « peuple voué à la destruction » (voir 34:5).
Quel spectacle affreux que celui des morts dont le sang coule en bas des montagnes (34:3). Des bouleversements impressionnants s’ensuivront, même si les dernières puissances de cette terre seront anéanties dans les environs immédiats d’Israël (34:4). Les conséquences de l’ouverture du sixième sceau par l’Agneau sont décrites d’une manière analogue (Apoc. 6:12-14). Ce sont des expressions figurées qui décrivent l’anéantissement complet de toute autorité et de tout ordre parmi les hommes.
Que le jugement d’Édom ne provienne pas des hommes, mais de Dieu, cela ressort de l’expression suivante : « Car mon épée sera enivrée dans les cieux » (34:5). On trouve une image semblable déjà en Deut. 32:41-43, où Moïse, à la fin de son cantique, considérant le jugement qui vient, dit : « Si j’aiguise l’éclair de mon épée et que ma main saisisse le jugement, je rendrai la vengeance à mes adversaires et je récompenserai ceux qui me haïssent. J’enivrerai mes flèches de sang, et mon épée dévorera de la chair ; je les enivrerai du sang des tués et des captifs, de la tête des chefs de l’ennemi. Réjouissez-vous, nations, avec son peuple ; car Il vengera le sang de ses serviteurs, et Il rendra la vengeance à ses adversaires, et Il pardonnera à la terre, à son peuple ». L’épée du jugement de Dieu tombe, pour ainsi dire du ciel, directement sur Édom, le peuple voué à la destruction, qui n’a pas voulu se soumettre à Lui, et qui doit maintenant de cette manière, faire l’expérience de la puissance qu’Il revendique (34:2).
Dans les versets 6 et 7, les habitants d’Édom sont assimilés à des animaux destinés aux sacrifices et à l’abattoir. Les agneaux, les boucs, les béliers, les buffles et les taureaux désignent des hommes, spécialement les conducteurs, qui sont mis à mort par l’épée de l’Éternel. Mais ce n’est pas une fête joyeuse comme au ch. 25:6, mais le sacrifice de l’Éternel à Botsra, la capitale du pays d’Édom, le jour de la vengeance et l’année des récompenses « pour la cause de Sion » (34:8). Quelle lumière ces dernières paroles jettent sur ce qui aura lieu ! Elles montrent que finalement toute la prophétie a pour but la position centrale du peuple terrestre de Dieu et de son Roi, le Seigneur Jésus, dans le règne millénaire. Le conseil de Dieu s’accomplira en plénitude, non seulement en rapport avec l’éternité, mais aussi à l’égard de la création. Toutes Ses promesses à Israël, qui trouvent en Christ leur Oui et leur Amen, seront parfaitement accomplies (Rom. 11:29-36 ; 2 Cor. 1:20).
Les versets 9 et 10a décrivent le jugement sur Édom, dans des paroles qui rappellent la ruine de Sodome et Gomorrhe, oui, et même le feu éternel de l’enfer « là où leur ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas » (Jér. 49:18 ; Gen. 19:24-28 ; Marc 9:44 ; Apoc. 14:10-11). Toutefois il ne s’agit manifestement pas de la part éternelle des Édomites sous le jugement, mais de l’état du pays d’Édom qui, durant le règne de mille ans, gardera le souvenir vivant du mal qui a été le sien et de son jugement de la part de Dieu. Cela ne nous fait-il pas penser au serpent qui aussi en ce temps futur, après le « rétablissement de toutes choses » (Actes 3:21), continuera à manger la poussière, — et aussi aux marais et aux étangs de la Mer rouge qui resteront salés (És. 65:25 ; Éz. 47:11) ? Les hommes aussi qui, en ce temps-là, pécheront publiquement, recevront immédiatement leur juste châtiment (Ps. 101:8 ; És. 66:24). Tous ces faits indiquent que le règne béni du Seigneur Jésus durant le dernier millénaire de la création actuelle n’atteindra pas encore l’état de perfection qui existera sur la nouvelle terre et dans le nouveau ciel. Dans le millénium, un roi régnera en justice, tandis que, sur la nouvelle terre et dans le nouveau ciel, la justice habitera (És. 32:1 ; 2 Pierre 3:13). Cependant, dans le temps présent, pour ceux qui suivent les traces de Jésus, ils n’y a ni l’un ni l’autre, mais au contraire les souffrances pour la justice (1 Pierre 3:14).
Dans les versets 10b à 15, Édom est décrit comme un désert
inhabitable et sans chemins tracés, dans lesquels seules les bêtes des contrées
sauvages trouvent un refuge. La désolation (en hébreu : tohu
) et le
vide (en hébreu : bohu
) sont les conséquences du jugement de Dieu,
mesurées par le cordeau et le plomb (34:11). Ces expressions font écho de manière
évidente à l’état de la création décrit comme « désolation et vide »
(en hébreu : tohu wa bohu
; Gen. 1:2), laquelle cependant n’avait
pas été créée pour être vide (És. 45:18 ; comp. Jér. 4:23). Mais ce qui,
au commencement de l’histoire du monde, était une conséquence du mal dirigé
contre le Dieu saint et juste, est maintenant le résultat de Son jugement
mesuré avec précision !
Les princes orgueilleux d’Édom ont disparu de la circulation ; les ruines de leurs palais et de leurs forteresses, dans lesquelles ne croissent plus qu’épines, orties et ronces, sont devenues le repaire de toutes sortes de bêtes sauvages — et de démons et d’esprits mauvais (*) qui, à tous points de vue, sont à leur aise dans ce qui est du chaos (34:12-15 ; comp. Matt. 12:43 ; Marc 5:2-5). Quelle fin épouvantable pour les hommes qui ont méprisé Dieu et Sa grâce !
(*) Les boucs sont vraisemblablement des démons sous forme de boucs (comp. És. 13:21-22 ; Lév. 17:7 ; 2 Chron. 11:15). La lilith, mentionnée uniquement dans ce passage, n’est pas à considérer comme une divinité nocturne, mais comme une divinité du vent, babylonienne à l’origine (dans la littérature rabbinique ultérieure, elle est cependant représentée comme une femme démoniaque).
Les auditeurs et les lecteurs sont maintenant invités à rechercher et à lire dans le « livre de l’Éternel » (34:16). Par ce livre, il faut certes comprendre non pas seulement le message d’Ésaïe consigné par écrit, mais aussi toute la « parole prophétique » contenue dans les Saintes Écritures laquelle sera qualifiée plus tard par Pierre de « lampe qui brille dans un lieu obscur » (2 Pierre 1:19). Pierre lui aussi nous invite à prêter attention à cette Parole, afin que puisse luire la brillante lumière du jour, celle de la connaissance des pensées de Dieu, et, chose plus élevée encore, afin que se lève dans nos cœurs la lumière du Seigneur Jésus venant pour nous comme l’étoile du matin ! Toute la prophétie que le Dieu éternel révèle par Son Esprit, n’a finalement comme but que la glorification de Son Fils, « car l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus » (Apoc. 19:10). Bien des lecteurs peuvent être étonnés et même déconcertés de la grande place occupée par les écrits prophétiques dans la Parole de Dieu, et qu’aussi beaucoup de points particuliers en rapport avec la terre y soient précisés ; selon la sagesse de Dieu, rien ne doit manquer, on ne souffre l’absence de rien !
Le prophète Ésaïe n’est que le canal apportant la parole de Dieu : Sa bouche à Lui a tout commandé et Son Esprit a tout combiné. Tout s’accomplira. La question de savoir comment un peuple historique comme Édom, disparu depuis longtemps de la scène de l’histoire, peut être jugé par Dieu dans l’avenir, — cette question a déjà été abordée lors de l’annonce du jugement sur les Philistins (ch. 14:28-32). À l’occasion de la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar (586 av. J-C) Édom a déjà subi comme un avant-goût de l’accomplissement final de cette prophétie qui attend encore sa réalisation (comp. Mal. 1:4).
Dieu Lui-même a jeté le sort et a partagé au cordeau le pays d’Édom aux bêtes sauvages et aux démons mentionnés dans les versets 11 à 15. Ils habiteront là jusqu’au moment où il ne sera plus trouvé de place, ni pour la terre, ni pour le ciel, c’est-à-dire jusqu’à la fin de l’ancienne création et ainsi jusqu’à l’avènement de l’éternité (34:17 ; comparer Apoc. 20:11).
Avec ce chapitre se termine la première grande partie du livre d’Ésaïe. Après l’« intermède » historique des chapitres 36 à 39, la seconde grande partie du livre fait suite avec les chapitres 40 à 66.
ME 2003 p. 372
Le glorieux avenir du pays d’Israël est ici en contraste absolu avec la dévastation définitive du territoire d’Édom décrite au chapitre précédent. Après la longue période de discipline et de jugements sévères que doit connaître Israël, le règne millénaire apportera un glorieux renouveau, non seulement au peuple lui-même mais aussi à son pays. Pendant des siècles, le territoire autrefois « ruisselant de lait et de miel » a été une contrée misérable, pleine de marécages et de steppes. En dépit des nombreux travaux de culture et des immenses améliorations réalisés par les Juifs rentrés dans leur pays durant le dernier siècle, le sud du pays se compose encore aujourd’hui, en partie, d’un désert et de régions désertiques. Mais aux « temps du rétablissement de toutes choses », Dieu opérera des bouleversements climatiques et biologiques par lesquels « le désert et la terre aride se réjouiront ; le lieu stérile sera dans l’allégresse, et fleurira comme la rose » (v. 1 ; cf. Act. 3:21).
Cette prédiction, déjà évoquée aux chapitres 14 (v. 7) et 32 (v. 15), ne se rapporte ni au retour du résidu des deux tribus de Juda et Benjamin après la captivité babylonienne, ni à la formation de l’assemblée de Dieu dans la dispensation actuelle. (Nous mentionnons cela parce que plusieurs ont pensé pouvoir appliquer à l’Église toutes les prophéties relatives au peuple d’Israël). Mais cette prédiction s’accomplira littéralement dans le règne millénaire. L’enseignement du Nouveau Testament le confirme. « La création elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Car nous savons que toute la création ensemble soupire et est en travail jusqu’à maintenant » (Rom. 8:21, 22). Ce n’est pas dans l’éternité que cette « vive attente » de la création trouvera satisfaction, car alors la création actuelle n’existera plus. Le ciel et la terre auront passé pour faire place à un nouveau ciel et à une nouvelle terre (2 Pierre 3:10-13 ; Apoc. 20:11 ; 21:1). Mais auparavant, pendant « l’administration de la plénitude des temps », c’est- à-dire dans le règne millénaire, Dieu réunira en un toutes choses dans le Christ — celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre (Éph. 1:10). Car Christ a été « établi héritier de toutes choses » (Héb. 1:2). Quant à nous qui croyons en lui maintenant, nous serons aussi glorifiés avec lui, nous hériterons avec lui et nous régnerons avec lui. C’est un privilège qui dépasse de beaucoup les bénédictions du peuple terrestre dans le règne de paix (Rom. 8:17 ; 2 Tim. 2:12). Il est vrai aussi que durant le règne millénaire, Israël sera richement béni non seulement matériellement mais spirituellement (11:1-10 ; 29:17 ; 41:18-20 ; Ézéch. 34:23-31 ; Joël 2:21-32).
Toutefois, dans notre chapitre, il ne s’agit pas d’une bénédiction spirituelle, mais terrestre, matérielle. La terre — et tout particulièrement le pays d’Israël — connaîtra un temps de fertilité encore jamais vu et un changement complet des conditions naturelles ayant eu cours jusqu’alors. Les parties les plus bénies du pays, le Liban, le Carmel et le Saron sont en quelque sorte la mesure de la gloire et de la magnificence qui rempliront le désert (v. 2 ; cf. 33:9 ; 60:13).
À la fin du verset 2, le regard est dirigé sur la source de toute cette gloire et de toute cette magnificence de la nature que verra le peuple terrestre de Dieu : c’est l’Éternel, le Dieu d’Israël. Son apparition en gloire dans la personne de son Fils, le Seigneur Jésus, sera le point de départ du règne millénaire, et pendant ce règne, toute la terre sera remplie de sa gloire (Matt. 25:31 ; Ps. 72:19 ; És. 60:2). Que sera-ce pour les Juifs croyants de voir, après leurs terribles épreuves, la gloire de Christ, leur Messie ardemment désiré, Celui qu’ils ont autrefois rejeté ! Alors ils le reconnaîtront comme ce qu’il est véritablement, le Seigneur, leur Dieu.
Mais d’abord doit avoir lieu pour eux le temps terrible de la grande tribulation. Au verset 3, le prophète leur adresse un encouragement : « Fortifiez les mains lassées, et affermissez les genoux qui chancellent » — paroles que l’écrivain de l’épître aux Hébreux transmet aux croyants qui, déjà au début du christianisme, étaient en danger de perdre courage sous la persécution de la part des ennemis de Christ (Héb. 12:12). Ésaïe poursuit : « Dites à ceux qui ont le cœur timide : Soyez forts, ne craignez pas ; voici votre Dieu : la vengeance vient, la rétribution de Dieu ! Lui-même viendra et vous sauvera » (v. 4). Pour l’Antichrist, l’Assyrien, Édom et ses alliés, l’apparition du Christ en puissance et en gloire sera le signal de leur juste châtiment. Mais pour son peuple si sévèrement châtié, il sera le Sauveur !
Ce temps ne sera pas seulement celui du rétablissement du royaume pour Israël, mais, dans « le siècle à venir », un tout nouvel état de choses se réalisera sur la terre, à tous égards. C’est ce que montrent les expressions employées dans d’autres passages de la Parole — « les temps de rafraîchissement », « le rétablissement de toutes choses », « la régénération » — pour désigner cette glorieuse époque (Matt. 19:28 ; Act. 1:6 ; 3:19, 21). D’immenses changements introduiront et accompagneront le règne de Christ. Les maladies, qui sont une conséquence du péché, n’existeront plus (v. 5 et 6 ; cf. 33:24).
Les nombreuses guérisons opérées par le Seigneur Jésus, lors de sa première venue sur la terre, étaient des preuves de sa mission divine comme roi (cf. És. 53:4 ; Matt. 8:17 ; 11:2-5). Les miracles qu’il a faits, que ses disciples ont faits, et qui ont encore été accomplis dans les premiers temps de l’assemblée, sont appelés dans l’épître aux Hébreux « les miracles du siècle à venir », parce qu’ils sont en fait des signes caractéristiques du règne millénaire (Héb. 6:5). Quand le Seigneur apparaîtra pour la seconde fois, ce ne sera pas seulement quelques-uns mais tous les malades qui seront guéris. Sur toute la terre, il n’y aura plus d’aveugle, de sourd, de paralytique et de muet. Le Seigneur les guérira tous.
La guérison des infirmités corporelles peut sans doute avoir aussi un sens figuré, car il existe aussi une cécité, une surdité, une paralysie et une mutité spirituelles (cf. 6:10 ; 29:10, 18). Telle n’est cependant pas la signification de notre passage, où il est question du rétablissement extérieur de tout ce qui a été gâté par le péché.
C’est aussi ce que montrent les versets 6 et 7, dans lesquels sont indiquées les causes de la fertilité du désert et de la terre aride dont le verset 1 a parlé. Dans les contrées les plus sèches jailliront des sources et des rivières. À la place de régions brûlées par la chaleur, il y aura des étangs et des sources d’eau, de telle sorte que là où gîtaient auparavant les chacals, on verra croître l’herbe et les plantes des marais telles que le roseau et le papyrus (cf. 41:18 ; 43:19).
Dans le pays d’Israël, il y aura certainement beaucoup de chemins sur lesquels le peuple racheté pourra marcher dans la liberté et dans la joie. Cependant, il est fait mention ici d’un chemin particulier, appelé « le chemin de la sainteté » ; il est destiné aux Juifs délivrés de leurs péchés et de tous leurs fardeaux (v. 8, 9). Ce nom nous rappelle les « chemins frayés » qui sont dans les cœurs (Ps. 84:5), et la déclaration d’Ésaïe : « Le chemin du juste est la droiture. Toi qui es droit, tu aplanis le sentier du juste » (26:7). Au lieu du chemin tortueux que chacun pour lui-même a suivi jusqu’ici, il y a maintenant un chemin de sainteté que Dieu a préparé pour son peuple. Aucun homme impur à ses yeux n’y passera, et même les insensés qui le suivent ne s’égareront pas. Il ne s’y trouvera aucun danger quelconque.
Ce « chemin de la sainteté » n’est bien sûr pas une route concrète, mais le chemin sur lequel le peuple reviendra à son Dieu — ce peuple autrefois si éloigné de lui mais appelé maintenant « le peuple saint » (v. 10 ; cf. 43:19 ; 49:11 ; 62:10-12). « Et ceux que l’Éternel a délivrés retourneront et viendront à Sion avec des chants de triomphe ; et une joie éternelle sera sur leur tête ». Leur joie ne prendra jamais fin, car après le règne millénaire, ils jouiront de la joie que procurera « l’habitation de Dieu avec les hommes » (cf. Apoc. 21:3).
Le long pèlerinage des fils d’Israël est alors terminé. Ils ont erré comme leur ancêtre Jacob et leurs jours aussi ont été « courts et mauvais », car le temps passé sans communion avec Dieu est sans valeur. Mais maintenant, ils sont arrivés au but qu’avaient toutes les voies de Dieu envers eux. « Le chagrin et le gémissement » qu’ils ont connus pendant de longs siècles, et tout particulièrement au « temps de la détresse pour Jacob », s’enfuiront pour toujours (cf. 51:11).
Cependant, si grande que soit la bénédiction d’Israël et de toute la terre dans le règne millénaire, la part de ceux qui croient au Seigneur Jésus dans le temps actuel, celui de la grâce, est plus élevée encore. En Christ, le Fils du Père, nous avons trouvé le chemin, la vérité et la vie (Jean 14:6). Nous entrerons avec lui dans une demeure céleste, la maison du Père, où il a préparé une place pour chacun des siens, afin que nous soyons là où il est et que nous voyions éternellement sa gloire (Jean 17:24).
ME 2004 p. 18
Le livre du prophète Ésaïe se compose de deux parties principales :
— les chapitres 1 à 35, qui ont pour sujet les circonstances extérieures d’Israël et des peuples avoisinants,
— les chapitres 40 à 66, dans lesquels il est davantage question du développement intérieur de l’histoire d’Israël.
Entre ces deux parties, les chapitres 36 à 39 constituent un intermède historique. Ils décrivent trois événements du règne du roi Ézéchias, dans lesquels Ésaïe joue un rôle essentiel comme prophète :
— l’invasion et la défaite de l’Assyrie (ch. 36 et 37),
— la maladie et la guérison d’Ézéchias (ch. 38),
— la visite des ambassadeurs babyloniens et l’annonce de la déportation à Babylone (ch. 39).
Ces chapitres 36 à 39 concordent jusque dans les détails avec le récit de 2 Rois 18 à 20, alors que le second livre des Chroniques contient un récit condensé (32:1-33). Deux différences importantes doivent cependant être mentionnées : au début du chapitre 36, Ésaïe omet la faiblesse de foi d’Ézéchias et sa soumission inutile à Sankhérib, ce que rapporte 2 Rois 18:14-16 ; par contre, au chapitre 38 (v. 9-22), Ésaïe ajoute le « psaume » qu’Ézéchias a écrit après sa guérison miraculeuse.
Le triple exposé du règne d’Ézéchias est exceptionnel dans l’Ancien Testament. L’insertion de ce récit au milieu du livre d’Ésaïe indique clairement qu’il contient un message prophétique. Il y a ainsi une relation entre les chapitres 36 et 37 et la première partie du livre, dans laquelle il est souvent question de l’attaque et de la fin de l’Assyrien. Une partie des prophéties antérieures est ainsi confirmée par des événements historiques, qui eux-mêmes ont un sens prophétique. Le chapitre 38 nous rapporte la guérison d’Ézéchias, le roi qui était assis sur le trône de David, qui a été « malade à la mort » mais qui a été aussi rétabli. Peut- être pouvons-nous y voir une allusion à la résurrection de Christ, mort et ressuscité, qui deviendra, à la fin des temps, le Sauveur de son peuple terrestre. Le chapitre 39, avec le récit de la visite des ambassadeurs de Babylone et l’annonce de ses conséquences, conduit prophétiquement à la deuxième partie du livre, dans laquelle la captivité babylonienne et le retour sous Cyrus roi de Perse sont des faits importants.
Le Saint Esprit relie ainsi des circonstances historiques aux prophéties à venir. Nous trouvons quelque chose de semblable dans l’Apocalypse, le livre prophétique du Nouveau Testament. En effet, dans les épîtres des chapitres 2 et 3, sept assemblées existant en Asie mineure y sont vues comme des images prophétiques du développement de l’Église sur la terre.
« La quatorzième année du roi Ézéchias » désigne l’année de sa maladie, après laquelle Dieu lui a accordé encore quinze années. Cette date importante dans la vie d’Ézéchias est donnée au début du chapitre 36, alors que les récits de la maladie elle-même, de la guérison miraculeuse, puis de la visite de l’ambassade babylonienne, ne viennent qu’aux chapitres 38 et 39. L’invasion et la défaite de l’armée assyrienne sous Sankhérib sont présentées ici en premier lieu.
Le prophète avait déjà dû parler plusieurs fois de l’orgueil de l’Assyrien et de sa rage de conquête (cf. 5:26-30 ; 10:5-34 ; 33:1). L’attaque de l’Assyrien futur, préfigurée par la menace de Sankhérib, a déjà été l’objet des prophéties d’Ésaïe (cf. 22:1-14 ; 29:1-9). Nous trouvons ici, comme tableau historique des événements futurs, le récit de l’attaque de l’armée assyrienne et de la délivrance de Dieu en faveur de son peuple.
Selon ses propres annales, Sankhérib a effectué, dans les premières années de son règne, plusieurs expéditions contre les pays avoisinants. Le royaume de Juda a bien tenté de résister à son attaque, avec le soutien de l’Égypte (et peut-être celui de Babylone), mais sans succès (36:6 et 39:1). L’armée assyrienne était venue jusqu’à la côte méditerranéenne et avançait, de la plaine de la ville fortifiée de Lakis (située à environ 40 km au sud ouest de Jérusalem) contre la capitale. Avec une grande armée, le Rab-Shaké — le deuxième commandant en chef de l’armée assyrienne, après le Tharthan — apparaît « près de l’aqueduc de l’étang supérieur, sur la route du champ du foulon », à la place même où Ésaïe avait rencontré le roi Achaz pour lui annoncer la délivrance de l’attaque syrienne (v. 2 ; cf. 7:3). Trois hommes hauts placés lui sont envoyés par Ézéchias comme ambassadeurs : Éliakim, alors préposé sur la maison du roi, Shebna, alors scribe, et Joakh, rédacteur des chroniques (v. 3 ; cf. 22:15-24).
Les trois hommes — et la foule qui se trouve sur la muraille (v. 11) — doivent entendre le Rab-Shaké tenir un discours arrogant et blasphématoire, par lequel il espère saper la confiance d’Ézéchias et du peuple en leur Dieu (v. 4). À ses yeux, « le conseil et la force » ne sont que des paroles vides de sens, car il ne connaît pas Celui sur lequel reposera « l’esprit de conseil et de force », selon la prophétie du chapitre 11 (v. 2).
Puis il se moque de l’Égypte, ce pays sur lequel quelques-uns des Juifs fondaient de grands espoirs — ce qui d’ailleurs avait attiré sur eux les plus sérieux avertissements du prophète (v. 6 ; cf. 30:1-7 ; 31:1-3). Ensuite le Rab-Shaké parle des réformes d’Ézéchias et de sa confiance en Dieu (v. 7 ; cf. 2 Chron. 29-31). Païen sans aucun discernement, il ne fait pas de différence entre l’Éternel, le Dieu d’Israël, et les faux dieux dont Ézéchias a démoli les autels (cf. 10:11).
Il met ensuite en évidence la faiblesse militaire de Juda, particulièrement le manque de chevaux de combat (v. 8). C’était en raison de ce manque que plusieurs des Juifs avaient aspiré à une alliance avec l’Égypte (cf. 30:16 ; 31:1). Enfin, dans son orgueil, il se réclame même de l’Éternel comme étant celui qui l’a mandaté, sans se douter qu’il était effectivement une verge dans la main de Dieu pour frapper Juda, ainsi qu’il le sera de nouveau dans les temps futurs (v. 10 ; cf. 10:5). Là se termine la première partie de la harangue du chef de l’armée assyrienne.
Les trois envoyés du roi Ézéchias prient alors le Rab-Shaké de ne pas parler en langue judaïque (c’est- à-dire hébraïque, la langue du royaume de Juda) mais en syriaque, ou araméen (v. 11). Comme l’hébreu, le syriaque appartient au groupe des langues sémitiques. Il était la langue administrative et diplomatique, mais n’était pas compris de la masse du peuple. La raison de leur demande est, bien sûr, la crainte que les habitants de Jérusalem soient encore plus ébranlés dans leur confiance en Dieu par le discours présomptueux du chef de l’armée assyrienne. Mais c’est précisément le but que celui-ci recherche, ainsi que le montre sa réponse brutale et vulgaire. Celle-ci doit intimider non seulement le peuple qui est sur la muraille, mais aussi les envoyés du roi Ézéchias, et les amener à une capitulation pacifique (v. 12).
Toutefois le Rab-Shaké change ensuite sa tactique pour un moment. De l’intimidation, il passe à la persuasion et à la séduction. Criant à haute voix en langue judaïque, il cherche maintenant à persuader le peuple de Juda de ne pas écouter Ézéchias, prétendant qu’il les trompe en leur faisant mettre leur confiance en l’Éternel qui ne pourra pas les délivrer (v. 13-15). Il cherche ainsi à insinuer dans leurs cœurs la méfiance envers leur roi. Il leur présente ce qui les attend en cas de capitulation pacifique : au lieu de subir la misère d’un siège, ils pourraient, dans un premier temps, continuer à vivre aussi bien que jusqu’alors (v. 16). Toutefois, la politique assyrienne pratiquait la déportation des peuples vaincus ; par ce moyen, ils étaient affaiblis et rendus dociles (10:7, 13, 14 ; 2 Rois 17:24). Ce sort redoutable pour le peuple de Juda, le Rab-Shaké l’embellit par des paroles séduisantes : « …jusqu’à ce que je vienne et que je vous emmène dans un pays comme votre pays, un pays de blé et de moût, un pays de pain et de vignes » (v. 17).
Il termine son discours par des avertissements sans équivoque relativement à la confiance en Ézéchias et en l’Éternel. Avec quel mépris il parle de la puissance de Dieu pour délivrer son peuple (v.18-20) ! Pour lui, le Dieu vivant n’est rien de plus que les faux dieux des nations. Il évoque le sort des villes de Hamath et d’Arpad en Syrie (cf. 10:9). La mention de la Samarie était propre à émouvoir les auditeurs ; à cause de son idolâtrie, ce peuple frère avait été emmené en captivité peu auparavant par les rois d’Assyrie (2 Rois 17:6-23).
Satan, l’adversaire de Dieu, utilise différentes tactiques. Il se présente parfois comme un « ange de lumière » et il fait de ses instruments des « ministres de justice » afin de séduire les cœurs des simples par des discours spécieux. Ou bien il apparaît « comme un lion rugissant… cherchant qui il pourra dévorer » (cf. 2 Cor. 11:13-15 ; 1 Pierre 5:8). De nos jours, précisément comme autrefois par le moyen du Rab-Shaké, il cherche à mettre la foi au seul vrai Dieu au même niveau que les religions de ce monde. Cependant, comme nous allons le voir, on ne se moque pas de Dieu.
Obéissant au commandement d’Ézéchias, les habitants de Jérusalem et les trois envoyés répondent aux paroles blasphématoires du Rab-Shaké par le silence. Ils montrent par là qu’ils demeurent fidèles à leur roi et à sa parole, et qu’ils ne se laissent pas influencer (v. 21). Les envoyés d’Ézéchias reviennent toutefois vers lui avec leurs vêtements déchirés — signe de douleur et d’affliction — et lui rapportent les paroles qu’ils ont entendues (v. 22).
Quand le roi Ézéchias entend ces nouvelles, il déchire aussi ses vêtements et se couvre d’un sac, le vêtement de la détresse, de l’affliction et de l’humiliation (cf. 3:24). En présence de la redoutable menace, il se courbe devant son Dieu et le recherche dans son temple. Il est conscient que lui seul peut aider dans cette situation (37:1). Combien souvent il faut aussi que Dieu nous fasse passer par la détresse et l’humiliation pour nous amener à chercher notre secours auprès de lui !
Ézéchias envoie alors vers Ésaïe deux des témoins des paroles du Rab-Shaké et les anciens des sacrificateurs. Eux aussi sont couverts de sacs (v. 2). Au nom du roi, ils décrivent la situation angoissante du moment. C’est « un jour de détresse, et de châtiment, et d’opprobre » — détresse du côté de l’ennemi qui attaque, châtiment de la part de Dieu sur son peuple, et opprobre jeté sur le nom du Dieu d’Israël par les Assyriens idolâtres. Ce temps d’extrême détresse est comme celui que vivrait une femme, au moment de la naissance d’un enfant, si elle n’a plus aucune force pour enfanter. Sur le plan humain, il n’y a plus de ressources (v. 3 ; cf. Osée 13:13).
Avec crainte, les messagers présentent au prophète de Dieu la demande du roi ; elle est assortie du mot « peut-être » (v. 4). Ézéchias espère que l’Éternel a entendu les paroles du Rab-Shaké par lesquelles il a outragé « le Dieu vivant ». Il parle de lui en disant « ton Dieu » — le Dieu d’Ésaïe — et non « le Saint d’Israël » ou « le Dieu d’Israël », expressions si fréquentes dans ce livre. Il est pourtant hors de doute que l’Éternel a très bien entendu l’insolence de l’Assyrien (cf. v. 29). « Celui qui a planté l’oreille n’entendra-t-il point ? » (Ps. 94:9). Ézéchias doit aussi l’apprendre.
« Fais donc monter une prière pour le résidu qui se trouve encore ». Cette demande finale témoigne de la confiance du roi en Celui qui, déjà dans l’Ancien Testament, s’est révélé comme le « Dieu vivant » (Jos. 3:10 ; Matt. 16:16). Ézéchias connaît la puissance de la prière et il s’identifie avec le faible résidu du peuple de Dieu à Jérusalem, qui n’est pas encore tombé entre les mains de l’ennemi.
Ésaïe n’avait pas besoin d’être contraint à la prière ; il avait sans aucun doute imploré son Dieu depuis longtemps. Il avait d’ailleurs déjà reçu la réponse de l’Éternel. En termes concis mais immensément encourageants, il annonce au roi qu’il n’a nullement à craindre les paroles blasphématoires des envoyés du roi d’Assyrie. Dieu lui-même interviendra et anéantira l’ennemi (v. 5-7). Il mettra en lui un esprit, de telle sorte qu’à l’ouïe d’une nouvelle, il retournera dans son pays et y sera mis à mort (*). La nouvelle entendue par Sankhérib concernait sans doute l’expédition guerrière du roi d’Ethiopie Tirhaka (cf. v. 9), et nous voyons l’accomplissement de la prophétie d’Ésaïe dans les versets 36 à 38. C’est là que nous est rapportée l’intervention miraculeuse de Dieu pour sauver son peuple, sans aucune participation de l’homme. De la même manière, le Seigneur Jésus anéantira l’armée assyrienne après son apparition (cf. 14:25 ; 31:8 ; Dan. 11:45).
(*) Plusieurs passages des Écritures nous parlent d’un mauvais esprit envoyé par Dieu (ou permis de lui) dans un pécheur endurci (1 Sam. 16:14 ; 1 Rois 22:21-24 ; És. 19:14 ; 29:10).
Le Rab-Shaké est retourné de Jérusalem vers son seigneur, le roi d’Assyrie, qui entre-temps avait attaqué la ville de Libna, près de Lakis (v. 8 ; cf. 36:2). Sans doute le Rab-Shaké attendait-il l’ordre de prendre Jérusalem, la ville rebelle. Cependant, par l’intervention de Dieu, les événements prennent soudain une tout autre tournure. L’agresseur est menacé et mis en déroute par d’autres puissances. Plusieurs fois dans son histoire, le peuple de Dieu a pu faire l’expérience du secours divin de cette manière-là (cf. 2 Chron. 20:22 ; Jér. 51:11). Ici Sankhérib entend dire que Tirhaka, roi d’Éthiopie, qui avait l’Égypte sous sa domination, était sorti pour lui faire la guerre. Il veut alors rentrer le plus tôt possible dans son pays. Mais auparavant, il envoie encore rapidement des messagers à Ézéchias (v. 9).
Cette fois-ci, les messagers ne sont que les porteurs d’une courte lettre, dont le contenu ressemble aux paroles du Rab-Shaké (v. 10-13). Cependant il y est donné expressément à Ézéchias son titre de « roi de Juda » et on n’y trouve plus de raillerie à l’égard de l’Égypte (cf. 36:6). Ces deux faits laissent entendre que Sankhérib n’est plus aussi sûr de son affaire. Mais les deux messages concordent pleinement par leur mépris du Dieu vivant, en lequel Ézéchias se confie, et par leur arrogance (cf. 36:7, 18-20). La lettre de Sankhérib s’achève aussi sur le rappel de ce qui était arrivé aux régions et aux villes voisines de l’Assyrie : elles avaient été assujetties depuis longtemps par ses prédécesseurs sans que leurs dieux puissent les sauver (v. 11-13 ; cf. 10:9-11).
Il est bien remarquable de voir la croissance de la foi d’Ézéchias, dans ce temps de détresse. Lors de la première attaque contre Juda, il avait pris l’or qui se trouvait dans le temple de l’Éternel et dans sa propre maison pour apaiser Sankhérib (2 Rois 18:15, 16). Puis, quand la détresse était devenue plus grande, il s’était rendu dans la maison de l’Éternel et avait envoyé des médiateurs à Ésaïe, le prophète.
Mais maintenant, Ézéchias prend la lettre de l’ennemi, monte dans la maison de l’Éternel et la déploie devant lui (v. 14). Cette manière d’agir témoigne d’une entière confiance en son Dieu, d’une confiance enfantine. De la même manière, nous pouvons exposer nos requêtes à Dieu par des prières et des supplications (Phil. 4:6). Dans sa prière, Ézéchias reconnaît d’abord la grandeur et la gloire de son Dieu (v. 16). Ensuite, il se remet, lui et son peuple, entièrement entre les mains de l’Éternel des armées, du Dieu d’Israël qui est assis entre les chérubins, du Créateur des cieux et de la terre, du seul vrai Dieu (v. 15 et 16). Sankhérib a effectivement dévasté tous les pays environnants et a brûlé leurs dieux — qui n’étaient que des ouvrages d’homme — mais il outrage maintenant le Dieu vivant. Ézéchias prie Celui qu’il appelle avec confiance « Éternel, notre Dieu », de les sauver de la main de l’ennemi, « afin que tous les royaumes de la terre sachent que toi seul tu es l’Éternel » (v. 17-20).
Ces dernières paroles évoquent l’époque future du règne millénaire, dans laquelle, après la destruction des ennemis, « la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (11:9).
Dieu ne laisse pas sans réponse celui qui, dans sa détresse, a crié à lui et l’a supplié. Le prophète Ésaïe transmet de la part de Dieu un message d’encouragement au roi dans la détresse, et confirme la fin du roi Sankhérib, comme il l’avait déjà annoncée (cf. v. 6, 7). Il est « l’Éternel, le Dieu d’Israël », qui se place maintenant du côté d’Ézéchias et du peuple de Juda effrayé. Il donne d’abord à Ézéchias la certitude consolante qu’il a entendu sa prière (v. 21). Ensuite il lui fait connaître sa réponse. La première partie de celle-ci (v. 22-29) est une sentence prophétique contre le roi d’Assyrie, alors que la seconde (v. 30-35) est un encouragement adressé à Ézéchias et au peuple de Juda.
En premier lieu est annoncée à l’ennemi sa défaite devant la ville de Dieu. C’est probablement David qui a donné le beau nom de « fille de Sion » à Jérusalem (cf. Ps. 9:14 ; És. 1:8 ; 10:32 ; 16:1 ; 52:2 ; 62:11). Cette ville lui tenait particulièrement à cœur, parce que c’était là le lieu que l’Éternel, dans sa grâce, avait choisi pour son habitation. Ce nom est précédé ici de « vierge », car Jérusalem devait ressortir invaincue et intacte du siège des Assyriens. Pendant que l’ennemi s’en retourne comme il est venu, elle le suit du regard en se moquant et en secouant la tête (v. 22 ; cf. Ps. 22:7).
La raison de cette retraite honteuse est d’emblée indiquée : Sankhérib s’est non seulement moqué du peuple de Dieu, mais il a orgueilleusement bafoué et blasphémé le Saint d’Israël (v. 23 ; cf. 36:20 ; 37:10, 17). Les serviteurs du roi avaient, en son nom, outragé l’Éternel et s’étaient vantés de leurs victoires sur différentes nations. Ici, il est fait mention du Liban avec ses cèdres haut élevés, des régions desséchées qui sont au sud d’Israël et finalement de l’Égypte fertile, que l’Assyrien avait conquis ou voulait encore conquérir. Dans sa présomption, il pense que rien ne peut résister à sa puissance militaire (v. 24 et 25).
Cependant, de la bouche de Celui qu’il a mis au même rang que les faux dieux des pays qu’il a conquis, le roi d’Assyrie doit entendre cette question : « N’as-tu pas entendu que j’ai fait cela dès longtemps, et que je l’ai formé dès les jours d’autrefois ? » (v. 26). Ce n’est pas la grandeur de sa force qui lui a procuré toutes ces victoires, mais Celui dans la main duquel il n’est qu’un instrument. C’est seulement pour cela qu’il a été en mesure de réduire des villes fortes en monceaux de ruines et de détruire sans peine leurs habitants devenus sans force comme l’herbe des champs (v. 27 ; cf. 10:5). Cependant il a abusé de sa puissance d’une manière effroyable ; et surtout, il a manifesté sa rage contre le vrai Dieu avec une insolence démesurée. Mais Celui-ci connaît parfaitement toutes ses pensées et ses voies (v. 28 ; cf. 10:7-11, 13-15). Ainsi, son jugement est prononcé : « Je mettrai mon anneau à ton nez et mon frein entre tes lèvres, et je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu » (v. 29). Comme un animal récalcitrant (cf. Ps. 32:9), Dieu le refrénera et le ramènera dans son pays (v. 29).
Après avoir prononcé ce jugement contre le roi d’Assyrie — qui d’ailleurs se poursuit dans les versets 33 à 35 — le prophète se tourne vers le peuple de Juda (v. 30). Il promet au roi Ézéchias un signe des soins de la grâce de Dieu envers son peuple éprouvé. Cette année même, les habitants du pays mangeront ce qui s’est semé de soi-même après la dernière récolte, puisqu’ils n’ont pas pu labourer leurs champs à cause du siège. Pour la même raison, ils mangeront aussi l’année suivante ce qui aura crû de soi-même. Mais la troisième année, ils sèmeront de nouveau et récolteront. Non seulement ils mangeront ce qui est nécessaire pour vivre, mais ils pourront même boire du vin, image de la joie (v. 30 ; cf. Ps. 104:15).
Les deux versets suivants décrivent le résultat du déploiement de la bonté de Dieu envers son peuple. Ils se rapportent clairement aux temps de la fin : Dieu détruira l’Assyrien lors de sa dernière attaque et bénira abondamment le résidu de son peuple. Pas plus d’un siècle après que ces paroles ont été prononcées, le peuple de Juda a été emmené en captivité à Babylone, tandis que dans un temps futur, sa délivrance sera telle qu’aucun ennemi ne le mettra en danger. Seulement alors, « ce qui est réchappé et demeuré de reste de la maison de Juda, poussera encore des racines en bas et produira du fruit en haut » (v. 31). Jérusalem et la montagne de Sion seront le point de départ et le centre de la résurrection nationale du résidu (cf. 2:3 ; 4:3 ; 35:10 ; 51:11).
Le résidu croyant de Juda des temps futurs, duquel Ésaïe parle si souvent, a une valeur toute particulière pour Dieu. C’est la partie du peuple terrestre qui reviendra à son Dieu dans la repentance et qu’il pourra reconnaître comme étant son peuple (cf. 10:20-22 ; 11:11-16 ; 28:5 ; 46:3). « La jalousie de l’Éternel des armées fera cela » (v. 32). C’est par la même parole que se termine le passage bien connu qui nous présente Celui qui aura toute autorité durant le royaume millénaire (9:7). Ce n’est pas la jalousie et les efforts de l’homme qui opéreront cela, mais le Dieu tout-puissant, qui domine sur toutes choses et qui ne donne pas sa gloire à un autre (cf. 42:8).
Cependant le message de Dieu par le prophète n’est pas encore à son terme. L’Éternel annonce à Ézéchias et à son peuple quelle sera la fin du roi d’Assyrie. Celui-ci ne pourra ni prendre la ville, ni même l’assaillir ou en faire le siège. Il n’entrera pas dans la ville de Dieu, mais s’en retournera par le chemin par lequel il est venu (v. 33, 34). C’est la confirmation expresse des dernières paroles adressées à Sankhérib au verset 29. Dieu lui-même protégera et sauvera Jérusalem. Cependant, ce ne sont pas la fidélité et l’obéissance de son peuple qui en sont le motif, mais sa propre gloire et sa souveraine grâce — et cela, « à cause de David », son serviteur, l’homme selon son cœur, le type du roi qui, un jour, régnera en justice (v. 35).
Le roi Ézéchias n’a pas à attendre longtemps l’exaucement de sa prière et l’accomplissement de la prophétie. « Cette nuit-là », l’Éternel envoie un messager céleste (cf. 2 Rois 19:35). Un seul ange tue une armée de 185 000 soldats (v. 36). Quel tableau de la puissance du Dieu d’Israël ! C’est le même Dieu que nous connaissons comme notre Dieu et Père en Christ. Sa puissance est la même, bien qu’elle se manifeste aujourd’hui en faveur des siens d’une tout autre manière (cf. Éph. 1:19). Battu de cette manière, mais lui-même épargné, le roi de la plus puissante nation de l’époque s’en retourne dans son pays (v. 37). C’est ainsi que s’accomplit la parole de l’Éternel.
Cependant Sankhérib ne profite pas, comme Nebucadnetsar plus tard, de l’enseignement que Dieu lui donne (cf. Dan. 4:34-37). Il demeure un idolâtre jusqu’à sa fin. La mort le surprend alors qu’il se prosterne dans la maison de Nisroc, son dieu. Ses propres fils le frappent là avec l’épée. Ainsi s’accomplit ce qu’Ésaïe, le prophète du seul vrai Dieu, avait prédit (v. 7). L’ennemi est vaincu ; l’époque du cruel Sankhérib est terminée. « Et Ésar-Haddon, son fils, régna à sa place » (v. 38). Après la mort d’Ésar-Haddon, la puissance de l’Assyrie déclina et finalement, Ninive, la capitale de l’Assyrie, succomba aux attaques des Babyloniens et des Mèdes.
La destruction de l’armée assyrienne devant Jérusalem par l’ange de Dieu n’est qu’une ombre de la destruction du roi du nord dans les temps à venir. De même la délivrance et la bénédiction de Juda sous le règne d’Ézéchias ne sont qu’une faible image de la complète délivrance future et de la gloire définitive du peuple de Dieu. L’épisode de la menace de Jérusalem par Sankhérib contient aussi un enseignement prophétique concernant le futur résidu croyant du peuple. Comme Ézéchias s’est confié humblement en l’Éternel, ainsi aussi les Juifs fidèles de ce temps attendront de Dieu seul leur délivrance.
Et pour nous, quel enseignement pratique contiennent ces chapitres ! Pour notre Dieu et Père, il n’y a aucune situation dans laquelle il ne puisse ou ne veuille nous secourir. Parfois il nous laisse passer par les plus grandes difficultés, mais il le fait afin que nous apprenions toujours mieux que notre force est cachée en lui « dans la tranquillité et dans la confiance » (30:15). En cela, le pieux roi Ézéchias est un exemple lumineux pour nous.
ME 2004 p. 76
Les événements décrits dans le chapitre 38 se situent à la même époque que ceux des deux chapitres précédents, quinze ans avant la mort d’Ézéchias (v. 5, 6). Le roi était alors âgé d’environ 39 ans et se trouvait ainsi à la force de l’âge (2 Rois 18:2). Trois ans plus tard est né son fils et successeur Manassé, qui n’avait que douze ans lorsqu’il est monté sur le trône (2 Rois 21:1).
En plus de l’attaque des Assyriens décrite dans les chapitres 36 et 37, une autre épreuve survient : « En ces jours-là, Ézéchias fut malade à la mort » (v. 1). Comme il ne nous est rien dit quant à la cause de cette maladie, qui s’est manifestée sous la forme d’un ulcère, la supposition qu’elle ait été la punition d’un péché est sans fondement. Tout espoir de guérison était réduit à néant par le message que le prophète a dû apporter de la part de l’Éternel : « Donne des ordres pour ta maison, car tu vas mourir et tu ne vivras pas » (v. 1).
Pour les croyants de l’Ancien Testament, auxquels Dieu avait donné des promesses essentiellement terrestres, la mort était encore le « roi des terreurs » (Job 18:14). L’état de l’âme après la mort n’avait rien de désirable pour eux. Il est vrai qu’ils avaient quelque connaissance de la résurrection (Job 19:25-27 ; cf. Dan. 12:2), mais le shéol, le lieu du séjour des morts, était pour eux un endroit d’horreur. Ils ne possédaient aucune révélation relativement à l’état intermédiaire entre la mort et la résurrection. C’est le Seigneur Jésus qui, le premier, a apporté la lumière divine dans cette obscurité (Luc 16:19-31). Depuis la résurrection et l’ascension de notre Rédempteur, nous savons que les âmes des croyants endormis sont « avec Christ » jusqu’à sa venue, ce qui est de beaucoup meilleur (Luc 23:43 ; Phil. 1:23).
La sentence de l’Éternel par le prophète Ésaïe doit avoir été accablante pour Ézéchias. Dieu lui accordait le temps de mettre en ordre ses affaires, mais l’épée était déjà suspendue au-dessus de sa tête. Ce roi pieux n’était pourtant pas totalement sans ressources devant la mort. Conscient du fait que les hommes ne pouvaient pas l’aider, il tourna sa face contre la muraille et pria son Dieu : « Hélas, Éternel ! souviens-toi, je te prie, que j’ai marché devant toi en vérité et avec un cœur parfait, et que j’ai fait ce qui est bon à tes yeux » (v. 3 ; cf. 2 Rois 18:5-7). S’il n’a pas demandé expressément sa guérison, il ressort cependant de ses paroles que, comme roi de Juda, il considérait une mort si précoce, surtout sans héritier du trône, comme une punition de Dieu qu’il n’avait pas méritée. Aussi pouvons-nous bien comprendre son affliction et ses larmes (v. 2, 3).
Mais cet homme de Dieu nous fait aussi penser au Seigneur Jésus, auquel se rapporte la prière prophétique du psaume 102 : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! » (v. 24). Nous savons qu’il a été « blessé pour nos transgressions » et qu’il a « livré son âme à la mort » (És. 53:5, 12). Mais, « durant les jours de sa chair », il a « offert, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort » et il a « été exaucé à cause de sa piété » (Héb. 5:7). Selon le conseil éternel de Dieu, il est mort pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification, mais en même temps, il a aussi été « exalté… prince et sauveur, afin de donner la repentance à Israël et la rémission des péchés » (Act. 5:31). La guérison d’Ézéchias de sa maladie à la mort doit être ainsi considérée comme type de la résurrection de Christ d’entre les morts.
Sur le chemin de retour de cette mission difficile, Ésaïe reçoit déjà de Dieu une réponse de grâce à la prière de son serviteur (v. 4 ; cf. 2 Rois 20:4). Dieu ne mentionne pas les bonnes œuvres et le cœur intègre d’Ézéchias, mais il se réfère à son père David. Le Dieu fidèle se souvient d’abord de son engagement envers celui qu’il avait choisi, l’ancêtre des rois qui ont été sur le trône de Jérusalem. C’est à lui, qui est aussi un type du futur roi d’Israël, que Dieu avait fait des promesses ; et il ne les oublie pas (2 Sam. 7:16 ; cf. Luc 1:32 ; Act. 13:34). Il avait aussi entendu la prière d’Ézéchias et vu ses larmes, et il se laisse fléchir en lui accordant quinze années de vie supplémentaires (v. 5).
Dieu exauce encore aujourd’hui les prières des siens. Si, par exemple, nous prions pour le salut éternel de quelqu’un, nous savons que « cela est bon et agréable devant notre Dieu sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim. 2:1-4). Cependant les prières dans lesquelles se manifeste notre propre volonté ne peuvent certes pas lui être agréables. Dans de tels cas, il se peut qu’il nous accorde notre demande et qu’en même temps il nous en fasse subir les conséquences douloureuses (cf. Ps. 106:15). En ce qui concerne notre vie et nos intérêts terrestres, nous ferons bien de prier dans l’esprit dont notre Seigneur nous donne l’exemple : « Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » (Luc 22:42). Il est vrai qu’en toutes choses nous pouvons exposer nos requêtes à notre Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces, et compter sur la réponse divine ; mais le fait que nos cœurs et nos pensées puissent jouir de la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, est plus encore que l’accomplissement de nos désirs (Phil. 4:7).
Les pensées de Dieu allaient toutefois plus loin encore. Il voulait non seulement rétablir Ézéchias dans sa santé, mais aussi le protéger, lui et la ville de Jérusalem, de l’attaque des Assyriens (v. 6). Ceci a aussi une portée prophétique : dans l’avenir, Dieu protégera encore une fois son peuple de l’Assyrien. Le Seigneur Jésus lui-même apparaîtra et l’anéantira lors de sa seconde attaque contre Jérusalem.
Dieu avait jadis offert un signe à l’impie Achaz, mais celui-ci l’avait refusé (7:10-12). Comme Gédéon en Juges 6, le pieux Ézéchias demande un signe. Et Dieu lui en accorde un qui sera reconnu jusque dans la Babylone lointaine (v. 7 ; cf. 2 Chron. 32:31). Quelles que puissent être les spéculations des hommes au sujet de ce miracle, il est clair que le retour en arrière de l’ombre ne peut être expliqué d’une manière naturelle. C’est un des nombreux miracles de Dieu, le Créateur, qui nous sont rapportés dans sa Parole (cf. Jos. 10:12-14). Par cette chose exceptionnelle, Dieu confirmait la vérité de sa promesse. Non seulement il conduit les destins des hommes et des puissances terrestres, mais le temps est aussi entre ses mains ; c’est ainsi qu’il peut prolonger le temps de sa grâce en faveur des individus ou des peuples (2 Rois 20:19 ; Gen. 15:16 ; Dan. 7:12).
Jusqu’ici, la vie d’Ézéchias a été une vie de foi, une vie à l’honneur de Dieu. Des années ultérieures, l’Écriture nous rapporte peu de chose, à part la visite de l’ambassade babylonienne et ses conséquences (És. 39 ; 2 Rois 20:12-21 ; 2 Chron. 32:25-33). C’est aussi au cours de cette dernière période qu’est né son fils Manassé, qui est entré dans les annales de Juda comme un roi qui « fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel » (2 Rois 21:2).
« L’écrit d’Ézéchias, roi de Juda, quand, ayant été malade, il fut rétabli de sa maladie » (v. 9) ne se trouve ni en 2 Rois ni en 2 Chroniques. La mention exclusive qui en est faite dans le livre du prophète Ésaïe montre son caractère prophétique, et cela aussi bien en rapport avec la mort et la résurrection de Christ qu’avec la tribulation et la restauration du résidu de Juda.
Ce cantique présente plusieurs éléments qui rappellent le livre de Job ou les Psaumes. La première partie (v. 10-14) montre toute l’impuissance et la détresse d’Ézéchias face à une mort imminente ; la deuxième (v. 15-20) exprime sa reconnaissance envers Dieu qui lui a rendu la vie.
Ainsi que nous l’avons déjà signalé à propos du verset 1, la mort avait une tout autre signification pour les croyants de l’Ancien Testament que pour nous aujourd’hui. Pour Ézéchias, elle était quelque chose d’angoissant. Paul, au contraire, aimait « mieux être absent du corps et être présent avec le Seigneur » (2 Cor. 5:8) ; il avait « le désir de déloger et d’être avec Christ » (Phil. 1:23). Ézéchias, qui pouvait penser avoir atteint le milieu de sa vie, apprenait qu’elle devait brusquement prendre fin. Il voyait déjà ouvertes les portes du « shéol » (*) et devait abandonner toutes ses espérances concernant l’avenir (v. 10). Il ne verrait pas Jah, le Puissant d’Israël, sur la terre qu’il appelle « la terre des vivants » (cf. Job 28:13 ; Ps. 27:13 ; Jér. 11:19 ; Ézéch. 26:20). L’attente de tout Israélite — et non seulement le désir des femmes — n’était-elle pas tournée vers la venue du Messie (Dan. 11:37) ? Ézéchias se voyait ainsi ravir cette espérance par sa mort précoce. Dans le sombre royaume des morts, il ne contemplerait plus un homme vivant (v. 11).
(*) Shéol est le nom que l’Ancien Testament donne au séjour des âmes séparées du corps ; cf. 14:9.
Ézéchias compare alors son corps à une tente de berger qui est démontée et emportée (v. 12 ; cf. Job 4:21 ; 2 Cor. 5:1 ; 2 Pierre 1:14). Il compare la fin imminente de sa vie à ce que fait le tisserand quand il a achevé une pièce d’étoffe : il coupe les fils qui la relient au métier à tisser. Ézéchias fait monter sa plainte vers Dieu qui, « du jour à la nuit », c’est-à-dire dans un temps très court, en aura fini avec lui (v. 12 ; cf. Job 4:20).
Puis Ézéchias se souvient de la nuit pendant laquelle il a apaisé son âme en élevant les regards vers Dieu (v. 13 ; Ps. 131:2). Cependant la maladie a persisté et les souffrances se sont renforcées. En gémissant, il se tourne vers Dieu qui, comme un lion, a brisé son corps malade, et il répète : « Du jour à la nuit, tu en auras fini avec moi » (cf. Lam. 3:10).
Les souffrances d’Ézéchias n’étaient pas seulement d’ordre physique. Son gémissement sous la main de Dieu, qu’il compare aux cris de l’hirondelle, de la grue et de la colombe, n’est pas seulement l’expression de ses douleurs, mais aussi de la détresse de son âme face à la mort. Angoissé, puis de nouveau confiant, il élève ses yeux vers l’Éternel comme celui qui le sauve de la détresse : « garantis-moi ! » (v. 14 ; cf. Gen. 43:9 ; Job 17:3).
Un garant doit répondre des dettes de quelqu’un, si celui-ci ne peut pas les rembourser. Qui cependant pourrait « se porter garant » devant Dieu de la dette des péchés de l’homme ? Sachant bien que les hommes ne peuvent lui être d’aucun secours à cet égard, Ézéchias implore à juste titre l’Éternel d’être son garant. Aujourd’hui, nous savons que Dieu nous a donné un garant dans la personne de son propre Fils ; par sa mort sur la croix, lui a réglé la dette que nous ne pouvions payer. Christ est notre « garant » pour l’éternité (Héb. 7:22). Ézéchias ne pouvait pas le connaître ; néanmoins il se confiait en son Dieu.
Un brusque changement de sentiments introduit la seconde partie du cantique (cf. Ps. 22:22). La confiance d’Ézéchias en Dieu n’a pas été déçue, et pourtant ses paroles semblent traduire l’étonnement : « Que dirai-je ? » Manifestement l’exaucement de sa prière a surpassé son attente. Mais n’en est-il pas souvent de même pour nous ? L’apôtre Paul nous enseigne que notre Dieu et Père « peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons » (Éph. 3:20).
Alors Ézéchias élève ses regards vers son Dieu, qui lui a parlé et qui a confirmé ses paroles d’une manière si merveilleuse envers lui. C’est à lui seul qu’il doit non seulement la vie naturelle et la santé, mais aussi la vie spirituelle (v. 16). Il dit : « Voici, au lieu de la paix j’avais amertume sur amertume ; mais toi, tu as aimé mon âme, la retirant de la fosse de destruction, car tu as jeté tous mes péchés derrière ton dos » (v. 17). Il est délivré non seulement de la mort physique, mais de la condamnation éternelle. Sa guérison était pour lui la preuve que Dieu lui avait pardonné tous ses péchés. Comme tous les croyants de cette époque, il ne pouvait pas encore connaître la certitude du salut fondé sur l’œuvre rédemptrice de Christ.
C’est ce que l’on voit aussi dans les paroles qui suivent : « Car ce n’est pas le shéol qui te louera, ni la mort qui te célébrera ; ceux qui descendent dans la fosse ne s’attendent plus à ta vérité. Le vivant, le vivant est celui qui te louera, comme moi aujourd’hui » (v. 18, 19 ; cf. Ps. 6:5 ; 88:10-12). C’est ainsi que pouvaient s’exprimer les croyants qui ne connaissaient pas ce que Dieu nous a révélé concernant ce qui suit la mort. Les croyants de l’Ancien Testament connaissaient bien l’espérance de la résurrection « à la fin des jours » (Dan. 12:13), mais la tombe et le shéol (cf. És. 14:9) avaient pour eux quelque chose d’angoissant. Pour eux, les marques de la faveur de Dieu s’appliquaient en premier lieu à la vie et à la bénédiction sur la terre. L’espérance d’Ézéchias d’avoir une descendance apparaît certainement dans les mots : « Le père fera connaître aux fils ta vérité », la naissance de son fils Manassé n’ayant eu lieu que trois ans plus tard. Mais, hélas ! le témoignage de ce que Dieu avait fait pour son serviteur Ézéchias n’a laissé aucune impression durable chez Manassé, son fils.
Ce psaume atteint son point culminant au verset 20. Ézéchias exprime le désir de rendre sans cesse grâces à l’Éternel pour sa délivrance, et de le louer dans son temple avec les instruments à cordes (cf. 2 Chron. 29:30). Israël a chanté le premier cantique de délivrance sur le rivage de la mer Rouge. Bientôt, la multitude de tous les rachetés entourera le trône de Dieu dans le ciel pour chanter à l’Agneau « un cantique nouveau » qui ne cessera jamais (Ex. 15 ; Apoc. 5:9). Aujourd’hui, c’est le privilège et le devoir de tous les enfants de Dieu d’adorer « le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent » (Jean 4:23).
Les versets 21 et 22 constituent la fin de ce récit ; on les trouve sous une forme similaire quoique non identique en 2 Rois 20:7-8, entre la prophétie d’Ésaïe et l’annonce du mouvement de recul de l’ombre sur les degrés du cadran. Ici, par contre, leur mention a un autre rôle. Ils forment une sorte d’appendice, et ils expliquent à la fois la maladie d’Ézéchias et sa guérison, et aussi le motif du signe donné par Dieu (*).
(*) De nombreux commentateurs supposent cependant qu’il s’agit d’une transposition due à une erreur de copiste, ou bien d’un ajout ultérieur.
Pour terminer de cette section à caractère historique du livre prophétique d’Ésaïe, celui-ci relate une troisième mise à l’épreuve du roi Ézéchias. Il avait été délivré du roi d’Assyrie et de la mort, le « roi des épouvantements » (ch. 36 à 38), mais, lors de la visite des envoyés du roi de Babylone, « Dieu l’abandonna… pour l’éprouver, afin qu’il connut tout ce qui était dans son cœur » (2 Chron. 32:31). Chronologiquement, cet événement se situe entre la maladie d’Ézéchias et l’attaque de l’Assyrien.
Le roi Merodac-Baladan (appelé en 2 Rois 20:12 Berodac-Baladan) (*), assura sa domination sur le royaume de Babylone alors encore relativement insignifiant, lors de l’avènement du roi assyrien Sargon II (environ 722-705 av. J-C), et il la conserva douze ans, c’est à dire d’environ 722 à environ 710 av. J-C.. Puis il dut s’enfuir ; mais après la mort de Sargon, il renouvela ses prétentions au trône de Babylone pour un peu de temps (environ 705 à 703 av. J-C). Nous ne savons pas quand eut lieu la visite de la délégation babylonienne auprès d’Ézéchias. Les motifs de cette démarche étaient sans doute sa maladie et sa guérison, tout autant que le signe miraculeux que Dieu lui avait donné en cette circonstance. Mais peut-être que les envoyés vinrent avec le dessein de le gagner en tant que roi de Juda, en vue d’une alliance contre l’Assyrien. À cet effet, la « lettre et le présent » apportés soulignent le caractère officiel de la visite, et révèlent l’intention de disposer favorablement le roi (39:1 ; comparer Prov. 17:8).
(*) Le nom de Merodac-Baladan est dérivé du nom de la divinité
babylonienne Merodac
ou Mard uk
(comp. Jér. 50:2), et signifie
« Marduk a envoyé un fils » (selon une inscription assyrienne : Marduc-aplu-idinna
).
Ézéchias « se réjouit de leur venue » (39:2a) ; il se sentit flatté dans sa vanité par cette visite de haut rang. Au lieu d’« aller doucement » (38:15), comme il se l’était proposé lors de sa grave maladie, il se laissa entraîner à rechercher la proximité dangereuse de Babylone, l’incarnation de toutes les idolâtries. Vu du point de vue humain, avoir un allié contre l’Assyrien ne pouvait qu’être utile pour Juda. Mais, vu du côté de Dieu, s’engager dans une telle alliance avec ceux qui haïssaient l’Éternel, c’était le premier pas vers le « joug mal assorti avec les incrédules » (voir 2 Cor. 6:14).
2 Chron. 32:27-30 relate combien Dieu lui avait donné beaucoup de richesses. Oubliant qu’à tous égards il était administrateur de Dieu, et rempli de fierté, il ouvrit aux envoyés de la Babylone païenne les portes de sa maison et des chambres de ses trésors, et leur montra toute sa magnificence. L’argent, l’or, les aromates et l’huile mentionnés ici, ont une profonde signification spirituelle. L’argent, dans les Saintes Écritures, est une image de la rédemption (voir Exode 30:11 et suiv.). L’or parle de la gloire de Dieu (voir Héb. 9:4-5). Les aromates représentent toute l’excellence du Seigneur Jésus (voir Exode 30:34 et suiv.), et l’huile est une figure du Saint Esprit (voir Ésaïe 61:1). Nous avons donc ici devant nous des images des bénédictions spirituelles — de sorte qu’Ézéchias, en montrant ces trésors aux envoyés de Babylone, jetait « des perles devant les pourceaux » (39:2 ; comp. Matt. 7:6). Sa confiance en Babylone et en ses propres richesses, le menèrent à la chute. Aussi bien lors de l’attaque de l’Assyrien qu’à l’occasion de sa maladie, Ézéchias rechercha Dieu dans la prière, mais ici, nous ne lisons rien de semblable.
Ésaïe, le prophète, est envoyé par Dieu vers le roi devenu ainsi infidèle. Il ne prononce pas tout de suite une sentence sur lui, mais il lui pose deux questions destinées à toucher sa conscience : « Qu’ont dit ces hommes, et d’où sont-ils venus vers toi ? ». De manière tout à fait significative, Ézéchias dans sa réponse n’aborde pas la première question, et ne répond qu’à la seconde. Manifestement, il n’a pas osé répéter les paroles des envoyés du roi de Babylone. Dans sa réponse à la seconde question, il montre combien il a été très impressionné par la délégation royale venant d’un pays aussi éloigné (39:3).
Mais Ésaïe ne se relâche pas et pose sa troisième question : « Qu’ont-ils vu dans ta maison ? ». À présent, il devait être clair pour le roi qui avait faibli devant le monde, qu’il avait commis une grave faute, lorsque, ayant eu confiance en sa propre capacité et en sa propre force, il avait jeté ses précieuses « perles devant les pourceaux » en montrant aux envoyés tout ce qui se trouvait dans sa maison et dans ses trésors (39:4). Ézéchias avait failli, car il n’avait pas recherché la proximité de son Dieu.
Maintenant Ésaïe doit faire part à Ézéchias de la réponse de l’Éternel des armées. Elle consiste à annoncer deux jugements (39:5). La première sentence est celle-ci : « Voici, des jours viennent où tout ce qui est dans ta maison, et ce que tes pères ont amassé jusqu’à ce jour, sera porté à Babylone ; il n’en restera rien, dit l’Éternel » (39:6). Comme son père Achaz qui s’était appuyé sur l’Assyrie, avait dû faire l’expérience que précisément, cette puissance attaquerait son pays (2 Rois 16:7 ; Ésaïe 7:17), de la même manière Ézéchias dut entendre que le royaume avec lequel il s’était engagé, emporterait tous les trésors de la maison de David à Babylone.
En second lieu, Ésaïe communique ceci : « Et on prendra de tes fils, qui sortiront de toi, que tu auras engendrés, et ils seront eunuques dans le palais du roi de Babylone » (39:7). La maison de David serait réduite à la servitude ! Dans le livre du prophète Daniel, se trouve décrit l’accomplissement de cette prophétie (Daniel 1:3). Et cependant, selon le conseil de Dieu, de ce tronc d’Isaï et David devenu une souche, doit sortir dans la plénitude du temps « un rejeton » qui se tiendrait là comme une bannière des peuples et dont le repos serait gloire (Ésaïe 11:1-10).
Les deux prophéties d’Ésaïe ne se réfèrent cependant pas au peuple de Juda, mais à la maison royale, dont Ézéchias, représentant responsable, avait failli si honteusement dans cette mise à l’épreuve sérieuse. Ce qui est surprenant dans cette prophétie, c’est que la sanction en discipline annoncée de la part de Dieu, ne soit pas l’attaque alors très proche de l’Assyrien en l’an 702 av. J-C, mais la destruction et le pillage de Jérusalem, dans un temps encore lointain, dans les années 605 à 586 av. J-C, sous Nebucadnetsar et la captivité babylonienne.
Ici, le regard du prophète se tourne déjà, sous la conduite du Saint Esprit, vers ce qui constitue la deuxième grande partie du livre, laquelle commence avec le chapitre 40. Combien cela souligne l’intention divine qui a inséré cette partie historique ! Sans doute, Babylone devait devenir le premier des quatre empires mondiaux qui régneraient dans les « temps des nations ». Après la période de la grâce dans laquelle nous vivons, l’Empire romain reconstitué, quatrième et dernier de cette succession d’empire, sera en liaison avec la Babylone religieuse, et amènera l’histoire de l’humanité apostate à son triste sommet, avant que le Seigneur Jésus réduise à néant tout l’orgueil de l’homme lors de Son apparition en gloire.
Mais nous ne devons pas perdre de vue le fait que la captivité babylonienne n’a pas été la conséquence d’un unique péché de ce roi si fidèle par ailleurs. Le vrai motif a été l’infidélité continuelle des autres rois et de tout le peuple avec ses conducteurs, comme 2 Chron. 36:11-16 le décrit. Le péché d’Ézéchias était sans doute typique de la cause, mais n’était pas le motif véritable du châtiment de la part de l’Éternel.
Ézéchias reconnaît alors sa grave faute et s’humilie devant la sentence divine : « La parole de l’Éternel que tu as prononcée, est bonne ». Il reconnaît qu’il a agi avec présomption, et non pas en accord avec la grâce qui lui avait été manifestée du coté de Dieu, ni selon sa bonne résolution antérieure, et il se soumet à cette sentence. C’est ce dont témoigne 2 Chron. 32:25-26. Bien que l’Éternel ait accordé à Ézéchias quinze années de vie supplémentaires en réponse à sa prière, il « ne rendit pas en raison du bienfait qu’il avait reçu ; car son cœur s’éleva, et il y eut de la colère contre lui et contre Juda et Jérusalem. Et Ézéchias s’humilia de ce que son cœur s’était élevé, lui et les habitants de Jérusalem ; et la colère de l’Éternel ne vint pas sur eux pendant les jours d’Ézéchias ».
La première grande partie du livre d’Ésaïe (ch. 1 à 35) contient essentiellement des annonces de jugements sur les nations. Ensuite, la parenthèse historique des ch. 36 à 39 relative à Ézéchias et Ésaïe s’y rattache, comme un élément de transition. Par contre la deuxième grande partie traite de la délivrance et de la restauration d’Israël. Ceci signifie qu’il s’agit spécialement de l’évolution intérieure et de l’histoire du peuple terrestre de Dieu.
Le Messie occupe, dans la deuxième partie, une place toute particulière. Il est vrai qu’Il n’est pas désigné par ce nom (*), mais sa Personne y est mentionnée beaucoup plus souvent que dans la première partie. Il est le vrai Serviteur de l’Éternel, Celui qui a accompli tout Son plaisir. Au milieu de cette seconde partie, se situe le chapitre 53 bien connu : par des paroles qui touchent particulièrement nos cœurs, il décrit l’abaissement, la souffrance et la mort de l’Agneau de Dieu pour nos péchés, mais aussi sa glorification.
(*) La seule occurrence de l’hébreu maschiah,
« oint »,
figure au ch. 45:1 et elle concerne Cyrus (comp. toutefois 61:1).
En relation étroite avec cela, on trouve un « mot-vedette »
(qui revient souvent) particulier à cette deuxième partie du livre d’Ésaïe, à
savoir le « rédempteur » (en hébreu : ga’al
ou go’el
)
et toute la notion de rachat, racheter, racheté. On le voit apparaître
seulement une fois dans la première partie (35:9) ; par contre, on le
trouve vingt-trois fois dans la seconde partie (41:14 ; 43:1,14 ; 44:6,22,23,24 ;
47:4 ; 48:17,20 ; 49:7,26 ; 51:10 ; 52:3,9 ; 54:5,8 ;
59:20 ; 60:16 ; 62:12 ; 63:4,9,16).
L’Éternel, le Saint d’Israël, est le Rédempteur de Son peuple. Un jour, Il accomplira de manière parfaite, les déclarations fournies à l’avance concernant le Rédempteur, — déclarations que l’on trouve insérées dans la Loi, et déjà aussi dans le livre de Ruth sous la forme d’une représentation magnifique avec la personne de Boaz. Selon la loi, celui qui avait droit de rachat était devant trois obligations :
Toutes ces obligations, le Seigneur Jésus les a remplies sur le plan spirituel à l’égard de ceux qui croient en Lui maintenant. Mais cela vaut aussi dans l’avenir, pour les membres de son peuple terrestre. Il est le Libérateur de l’esclavage du diable (Héb. 2:15), le Rédempteur de l’héritage (ou : possession acquise ; Éph. 1:14), mais Il est aussi le juste Juge (Jean 5:27). Dans le livre d’Ésaïe, Il est vu, avant tout, comme le Rédempteur de Son peuple.
Il existe par conséquent dans la manière d’exposer les choses, ainsi que dans leur contenu, des différences bien marquées entre la première et la seconde partie du livre d’Ésaïe. De telles dissemblances ne doivent cependant pas être attribuées à des auteurs différents, mais aux sujets traités et aux buts de la prophétie d’Ésaïe qui varient.
La deuxième grande partie du livre se subdivise en trois sections, de 9 chapitres chacune. Les deux premières sections se terminent par la sentence ; « Il n’y a pas de paix pour les méchants ! » (48:22 ; 57:21), tandis que la dernière section se termine par la description de la damnation éternelle des impies (66:24).
Le sujet principal des chapitres 40 à 48 est l’idolâtrie dont Israël, mais particulièrement Juda et Jérusalem, s’étaient rendus coupables. Comme instrument du châtiment de son peuple, Dieu s’est servi de Babylone, dont le royaume est justement, dans la Bible, l’incarnation personnifiée de l’idolâtrie. Cette manière d’agir de Dieu, difficilement compréhensible, constituait un problème pour le prophète Habakuk. Il se plaignait en ces termes : « Pourquoi contemples-tu ceux qui agissent perfidement, et gardes-tu le silence quand le méchant engloutit celui qui est plus juste que lui, » (Habakuk 1:13). Mais Dieu lui montra que les Chaldéens aussi recevraient leur juste châtiment. Ainsi Ésaïe avait déjà dû prédire le jugement qui s’exercerait sur le deuxième grand ennemi du peuple de Dieu : l’Assyrien, « la cognée », qui se glorifiait contre celui qui s’en sert (10:15).
La captivité babylonienne était le châtiment de Dieu à cause de l’idolâtrie de Son peuple. C’est la raison pour laquelle Babylone, la Chaldée et les chaldéens, sont mentionnés à plusieurs reprises dans les chapitres 40 à 48, mais ils ne le sont plus à partir du chapitre 49 (voir 43:14 ; 47:1,5 ; 48:14,20).
En l’an 605 av. J-C, c’est-à-dire sous le règne de Jéhoïakim, puis en 597 av. J-C sous Jéhoïakin, et finalement sous Sédécias en l’an 586 av. J-C, le pays de Juda et la ville de Jérusalem furent pillés trois fois entièrement par l’armée babylonienne. À chaque fois, des parties entières de population furent déportées à Babylone (2 Chron. 36). Lors de la dernière déportation, le temple fut détruit. Tous ces événements arrivèrent une centaine d’années après l’époque d’Ésaïe. Quant au retour du résidu en provenance de Babylone, retour prédit dans ces chapitres, il eut lieu soixante-dix ans plus tard (*).
(*) Les 70 ans doivent être comptés à partir du premier pillage de Jérusalem en l’an 605 av. J-C. Le retour eut lieu environ en l’an 536 av. J-C.
Avec la destruction de Jérusalem et la déportation de Juda à
Babylone, s’achève la période où Dieu reconnaissait Israël comme Son peuple et
habitait au milieu de lui. Le prophète Ézéchiel dut voir la manière dont la
gloire de Dieu quitta le temple et la ville de Jérusalem (Éz. 9:3 ; 10:4,18 ;
11:23). L’Éternel ne pouvait plus reconnaître Israël comme son peuple ;
celui-ci était devenu Lo-Ammi
(« pas mon peuple »), selon ce
qu’Osée, contemporain d’Ésaïe, dut faire savoir (Osée 1:9 à 2:3). Dès lors
commencèrent « les temps des nations », c’est-à-dire la succession
des quatre empires prophétiques : Babylonien, Médo-perse, Grec et Romain,
au sujet desquels Daniel a beaucoup prophétisé (Daniel 2 et 7 ; comp. Luc
21:24). Quand le temps fut accompli — pendant la première période du quatrième
empire (c’est-à-dire l’empire romain) — Christ, le Fils de Dieu est venu sur la
terre et a accompli, selon le conseil éternel de Dieu, l’œuvre du salut à la
croix. Aujourd’hui, le message salvateur de la grâce insondable de Dieu s’adresse
non seulement à Israël, mais aussi à tous les hommes ! Tous ceux qui
croient au Seigneur Jésus constituent maintenant Son assemblée qui, dans l’Ancien
Testament était encore un mystère caché.
Lorsqu’Il l’aura prise à Lui dans le ciel, alors Dieu se tournera à nouveau vers son peuple terrestre. Un résidu croyant des Juifs recevra Christ comme son Messie, et jouira dans le règne millénaire des riches bénédictions de Dieu. Mais auparavant, ils devront traverser de sévères tribulations. C’est de cette période, au cours de laquelle ils se tourneront vers leur Dieu, qu’il est question dans les chapitres qui suivent. Ils nous montrent comment l’Éternel s’occupe de son peuple terrestre pour l’amener à la repentance et au retour vers Lui, le Dieu vivant et vrai. Le retour du résidu de la captivité babylonienne sous le règne du roi de Perse Cyrus (Korès) peut être considéré tout au plus comme une faible anticipation [ou : avant-goût] de l’accomplissement définitif des prophéties d’Ésaïe. Comme nous le verrons, le prophète porte ses regards bien au-delà, sur le règne millénaire dont il a déjà parlé plusieurs fois dans la première partie (comp. 9:5,6 ; 11:6-10 ; 35:1-10).
ME 2004 p. 110
Ce chapitre nous amène sans transition dans une période future, dans laquelle les temps des nations, où Israël était « Lo-Ammi », sont révolus (cf. Osée 1:9 — 2:1). Dieu ne l’appelle plus « ce peuple » — comme prenant ses distances de lui (cf. 6:9 ; 8:6,…) — mais le reconnaît de nouveau comme étant son peuple. Il lui envoie ce message : « Consolez, consolez mon peuple… » (hébr. Ammi, cf. 1:3). Le prophète, par conséquent, l’appelle « votre Dieu » (v. 1 ; cf. 66:9). Ainsi, pour son peuple terrestre aussi, Dieu se révélera un jour comme « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation » (2 Cor. 1:3).
Combien touchantes sont les paroles qui suivent ! « Parlez au cœur de Jérusalem » (cf. Osée 2:14). Même si le peuple, dont le centre est Jérusalem, a marché durant des millénaires dans un chemin de propre volonté, l’amour de l’Éternel envers lui subsiste. Il aime ce peuple « d’un amour éternel », et il aura aussi compassion de lui « avec une bonté éternelle » (54:8 ; Jér. 31:3). Le temps de la tribulation est révolu, la colère est passée et Dieu parle maintenant avec bonté au cœur de Jérusalem.
Trois raisons sont données au fait que Dieu se tourne de nouveau vers Jérusalem, et par elle vers son peuple (v. 2) :
— « son temps de détresse est accompli ». Le temps de la détresse de Jacob — et non seulement la captivité babylonienne ! — a pris fin.
— « son iniquité est acquittée ». Christ l’a prise sur lui à la croix (cf. 53:4-6 ; Lév. 26:41 et suiv.).
— « elle a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés ». Dans ses voies gouvernementales, Dieu a dû la châtier sévèrement pour ses péchés — particulièrement celui du rejet de Christ — afin qu’elle se tourne vers lui. « Le double » signifie une pleine mesure qui a satisfait à toutes les exigences de Dieu — mais non pas plus que ce qu’elle méritait !
Après ces paroles consolantes et encourageantes vient l’annonce du chemin par lequel ce peuple obtiendra la consolation de son Dieu : « La voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin de l’Éternel, aplanissez dans le lieu stérile une route pour notre Dieu. Toute vallée sera relevée, et toute montagne et toute colline seront abaissées ; et ce qui est tortu sera rendu droit, et les lieux raboteux deviendront une plaine unie ». Comme un héraut annonce l’arrivée d’un roi, ainsi « la voix de celui qui crie » invite à préparer le chemin pour le Roi des rois. Dans le Nouveau Testament, ceci est appliqué à Jean le baptiseur dans les quatre évangiles (Matt. 3:3 ; Marc 1:3 ; Luc 3:4-6 ; Jean 1:23).
Si la contrée dans laquelle Jean se trouvait et prêchait était précisément « le désert » qui borde le Jourdain, c’était là aussi l’expression symbolique de l’état spirituel du peuple de Dieu. C’est pourquoi les mots « désert » et « lieu stérile » employés ici se rapportent plus encore à l’état des Juifs qu’à la nature du pays. Ils dépeignent des cœurs déserts et sans fruit pour Dieu, qui ne connaissent que leurs propres chemins tortueux. Dans ces cœurs, « le chemin de l’Éternel » doit être préparé et « une route pour notre Dieu » doit être aplanie (*). L’image des « vallées » qui doivent être « relevées » suggère la fin de tout abattement et de toute affliction (cf. Ps. 23:4) ; les « montagnes » et les « collines » évoquent la présomption et l’orgueil de l’homme (cf. 2:14 ; Zach. 4:7) ; « ce qui est tortu » et les « lieux raboteux » désignent tout ce qui est une déviation par rapport à la volonté de Dieu. Par sa prédication du baptême de la repentance en rémission des péchés, Jean le baptiseur devait engager les Juifs à préparer au Messie un accueil digne de lui (Luc 1:17, 76).
(*) En hébreu le mot traduit par « route » est le même que celui qui est traduit par « chemins frayés », au psaume 84, v. 5.
Mais, aussi bien le messager que le Roi ont été rejetés par le peuple. Le royaume de Dieu en gloire n’a pas pu être établi. Mais les plans de Dieu ont-ils été compromis ? Nullement ! Le rejet de Christ par son peuple et sa mort sur la croix ont ouvert le chemin pour la prédication de l’évangile de la grâce à toutes les nations et pour la fondation de l’assemblée de Dieu sur la terre. Quand celle-ci sera enlevée au ciel, à la fin du temps de la grâce, « l’évangile du royaume » (Matt. 24:14) sera de nouveau prêché — et cela dans un temps de grande détresse — puis le Seigneur Jésus apparaîtra pour la seconde fois sur la terre pour établir son règne millénaire.
Lorsque, dans les temps futurs, le résidu croyant des Juifs, au point culminant de la grande tribulation, sera préparé intérieurement pour l’apparition du Seigneur Jésus, alors « la gloire de l’Éternel sera révélée ». Lors du retour de la captivité à Babylone, on était encore bien loin de cela. Lors de sa première venue, le Seigneur Jésus a révélé sa gloire, mais d’une manière qui n’était perceptible que par les croyants : « Nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père » (Jean 1:14 ; 2:11). Dans le temps présent nous pouvons contempler sa gloire en Esprit : « Or nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur… » (2 Cor. 3:18). Mais quand « la gloire de l’Éternel sera révélée », lors de l’apparition de Christ, alors « toute chair ensemble la verra » (cf. Matt. 24:30 ; Apoc. 1:7). Non seulement ceux qui l’attendent, mais tous les hommes le verront venir dans sa gloire. L’accomplissement de cette prophétie est encore à venir. Et auparavant, le Seigneur Jésus viendra pour prendre tous les siens auprès de lui (1 Thess. 4:13-18).
Beaucoup des prédictions du prophète Ésaie ont déjà eu leur accomplissement. Celle-ci, qui est en même temps une promesse, s’accomplira aussi — même si elle est mise en doute par les moqueurs des derniers temps (2 Pierre 3:3-13). Comme pour montrer que Dieu a prévu les objections de ces incrédules, ce passage se clôt par l’affirmation : « car la bouche de l’Éternel a parlé ».
Par « une voix » qui n’est pas nommée, nous entendons la voix de Dieu qui ordonne : « Crie ». Celui qui est interpellé — le prophète lui-même — demande : « Que crierai-je ? » La réponse que Dieu place dans sa bouche met en évidence le grand contraste entre les créatures, d’une part, et le Créateur et sa parole, d’autre part.
« Toute chair est de l’herbe. » C’est là la première constatation. On la trouve aussi dans d’autres passages des Écritures (Job 14:2 ; Ps. 37:2 ; 90:5, 6 ; 103:15, 16). Qu’est-ce qui pourrait, mieux que l’herbe, décrire le néant et le caractère éphémère de l’homme ? — cette herbe qui peut se faner en un seul jour sous les rayons brûlants du soleil, ou être subitement fauchée. « Toute chair » — tous les hommes sans exception sont concernés. « Et toute sa beauté, comme la fleur des champs. » Si belle que puisse être la fleur fraîchement éclose, elle se fane ou disparaît rapidement. « L’herbe est desséchée, la fleur est fanée. » Ainsi passe l’homme et tout ce qu’il a fait. Comme le vent desséchant ôte toute vie aux plantes, de même il suffit que Dieu souffle sur l’homme pour que toute sa gloire et sa grandeur s’évanouissent avec lui. Le « souffle (ou l’esprit) de l’Éternel » non seulement donne la vie, mais aussi exerce le jugement.
« Certes, le peuple est de l’herbe. » Il est question là du peuple terrestre de Dieu ; à cet égard, il est au même niveau que tous les autres hommes. Ce constat humiliant est suivi d’une parole consolante : « mais la parole de notre Dieu demeure à toujours ». De même, le Seigneur Jésus dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matt. 24:35 ; cf. Matt. 5:18).
Dans ce passage, le Saint Esprit veut amener l’homme, qu’il soit païen ou Juif, à reconnaître qu’il n’est rien devant Dieu et qu’il ne peut subsister devant son juste jugement. Mais cette parole de Dieu qui demeure à toujours nous indique aussi le chemin de la repentance et de la vie. La foi en cette Parole vivante est, pour les Juifs, le seul chemin pour accepter le Messie ; elle est aussi, dans le temps actuel de la grâce, le seul chemin pour la vie éternelle. C’est pourquoi, dans sa première épître, Pierre peut citer une grande partie de ce passage en l’appliquant aux Juifs qui avaient cru au Seigneur Jésus (1 Pierre 1:24, 25).
Maintenant est introduite Sion, le symbole de la grâce de Dieu en Israël et le centre de la gloire royale. Les noms de Sion et de Jérusalem désignent ici leurs habitants, qui sont appelés à monter sur une haute montagne et à annoncer sans crainte et à forte voix la bonne nouvelle aux autres villes de Juda : « Voici votre Dieu ! » Sion et Jérusalem, où le Seigneur Jésus apparaîtra, sont le point de départ de cette proclamation, et c’est là aussi, dans le Nouveau Testament, que commence la prédication de la repentance et de la rémission des péchés (Luc 24:47).
Déjà au chapitre 35, Ésaïe avait pu crier au résidu opprimé : « Voici votre Dieu ! » Ici nous avons trois « Voici » en rapport avec l’apparition du Seigneur Jésus en gloire et avec les événements qui lui sont liés. Cette manifestation n’aura pas lieu, comme lors de sa première venue, dans la faiblesse et dans l’humiliation, mais tous les hommes verront sa gloire comme homme et comme Dieu.
Son apparition aura trois caractéristiques :
— Il viendra avec puissance et son bras dominera pour lui (cf. 52:10 ; 2 Pierre 1:16 ; Apoc 19:11-16).
— Il récompensera la fidélité des siens et rétribuera la méchanceté de ses adversaires (cf. 59:18 ; 62:11 ; 66:6 ; Apoc. 22:12).
— Grand pasteur des brebis, il prendra soin de son peuple terrestre comme d’un troupeau et le paîtra en ayant particulièrement égard aux faibles (cf. Ézéch. 34:11-23 ; Michée 7:14 ; Zach. 10:3 ; Héb. 13:20).
Nous avons donc ici la description de l’apparition de Christ pour l’établissement de son royaume. C’est véritablement le tableau de l’espérance et de la consolation d’Israël, son peuple terrestre. Ce que nous y trouvons dépasse de loin tout ce que ce peuple a jamais éprouvé au cours de sa longue histoire. Le retour d’un petit résidu de Juifs sous le règne de Cyrus, roi de Perse, peut tout au plus être considéré comme un petit avant- goût de ces événements, mais certainement pas comme l’accomplissement de cette prophétie.
Le Messie, le futur Rédempteur et Roi d’Israël, est en même
temps le Dieu éternel
. Ésaïe vient justement de l’annoncer lorsqu’il a
dit : « Voici votre Dieu ! Voici, le Seigneur l’Éternel viendra
avec puissance, et son bras dominera pour lui. Voici, son salaire est avec lui,
et sa récompense devant lui » (v. 10). En outre, il a déjà annoncé que le
Roi à venir est le Fils de Dieu, même s’il l’a fait en des termes moins clairs
que les écrivains du Nouveau Testament, qui ont révélé le mystère de la
filiation éternelle du Seigneur Jésus. Le nom d’Emmanuel (Dieu avec nous)
devait être donné au Fils de la vierge (És. 7:14 ; cf. Matt. 1:23), et les
noms « Merveilleux, Conseiller, Dieu Fort, Père du siècle, Prince de
paix » devaient être ceux de l’enfant dont le prophète dit : « Un
enfant nous est né, un fils nous a été donné » (És. 9:5 ; cf. Luc
1:31-35).
Dieu ne nous a dévoilé toute la gloire de son Fils que dans le Nouveau Testament. Il est le Fils éternel, le Créateur qui est devenu homme pour révéler Dieu et pour accomplir l’œuvre de la rédemption en faveur des pécheurs perdus (cf. Jean 1:1-3 ; Col. 1:15, 16 ; Héb. 1:2). Maintenant glorifié dans le ciel, il est le Chef de son assemblée. Mais il exercera un jour, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, le gouvernement sur Israël, son peuple terrestre, et sur le monde entier.
Sa grandeur et sa gloire comme créateur et comme conservateur de toutes choses sont maintenant présentées dans ce passage. En contraste avec les vaines idoles, il est le Dieu vivant et vrai, qui est au-dessus de tout, et qui n’a pas oublié son peuple dans les temps les plus difficiles.
En premier lieu est placée devant nos regards sa grandeur comme
Créateur. Il a pour ainsi dire mesuré les eaux des mers et des océans dans le
creux de sa main, fixé de ses doigts les limites de l’étendue des cieux, mesuré
la poussière de la terre dans un boisseau, pesé les montagnes et les collines
dans une balance et ainsi établi leur hauteur. Ces images nous font voir que la
création, si immense qu’elle soit pour nous, est toute petite aux yeux du
Créateur tout-puissant. Les questions posées au verset 12 mettent en lumière l’inanité
de l’homme face à la grandeur de Dieu. La réponse à chacune d’elles est : Dieu
.
Une deuxième série de questions apparaît aux versets 13 et 14.
Elles rappellent à l’homme la parfaite connaissance de Dieu. Quelle créature
pourrait prétendre avoir dirigé l’Esprit de l’Éternel, l’avoir conseillé ou
instruit ? Job a dû entendre des questions semblables de la bouche de
Dieu, et se trouver sans réponse devant lui (Job 38 à 42). À chacune des
questions posées ici, la réponse est incontestablement : personne
.
Quelle merveille pour nous de pouvoir contempler les desseins de Dieu, dans
lesquels personne n’a été son conseiller ! Nous mesurons combien grande
est la grâce avec laquelle il s’est penché aussi bien vers Israël, son peuple
terrestre, que vers nous, pécheurs perdus d’entre les nations.
Comme troisième témoignage de la grandeur de Dieu, il est fait mention de son élévation au-dessus de tous les peuples de la terre. « Voici, les nations sont réputées comme une goutte d’un seau, et comme la poussière d’une balance ; voici, il enlève les îles comme un atome » (v. 15). La vanité et l’insignifiance de l’homme — et de l’humanité tout entière — aux yeux de Dieu ne pourraient pas être exprimées d’une manière plus forte. Et pourtant Dieu ne les abandonne pas à eux-mêmes et à leur misère, mais il leur offre sa grâce.
« Toutes les nations sont comme un rien devant lui ; elles sont réputées par lui comme moins que le néant et le vide » (v. 17). Il est question ici de l’immense distance entre Dieu et l’homme, infranchissable par celui-ci, et non pas d’un mépris du Créateur pour sa créature. De nombreux passages tant de l’Ancien que du Nouveau Testament attestent que Dieu ne méprise pas les peuples (voir par exemple : Deut. 33:3 et Jean 3:16).
La question : « À qui donc comparerez-vous
Dieu ? » semble s’adresser à tous les hommes sur la terre et non
seulement au peuple d’Israël, vers lequel le prophète se tournera de nouveau à
partir du verset 27. Quand il s’agit de Dieu, du Dieu fort (hébr. El
),
il n’y a point de comparaison possible. Aucune créature ne peut se mesurer avec
lui. Contrairement aux nombreuses divinités des nations, qui sont adorées sous
forme d’images, il est impossible d’assimiler le Dieu invisible à quelque « ressemblance »
matérielle (v. 18 ; cf. Col. 1:15 ; 1 Tim. 6:16). Un homme fortuné
peut charger un artisan de lui fondre une idole et de l’ornementer d’or et d’argent ;
un pauvre peut aussi se faire sculpter une idole de bois — mais tous deux se
trouvent sur un terrible chemin d’égarement qui se termine à la perdition
éternelle (v. 19, 20). La description ironique de l’idole, à la fin du verset
20 — « une image taillée qui ne branle pas » — est reprise plus en
détail aux chapitres 44 (v. 8-20) et 46 (v. 5-7).
La grandeur de Dieu et sa suprématie n’ont pas été révélées seulement à Israël. Par les quatre questions du verset 21, Ésaïe rappelle à tous les hommes qu’il est possible de comprendre « la fondation de la terre », et cela soit par le récit de la création (ce qui était particulièrement vrai pour les Israélites), soit par l’intelligence (ce qui est vrai pour tous). La contemplation de la nature et la méditation sur l’origine du monde, dans la crainte de Dieu, conduisent à reconnaître un Créateur qui est en dehors et au-dessus de la création (Ps. 19:1-7). Toutefois, depuis longtemps déjà, les hommes se sont détournés du Créateur, dont la « puissance éternelle » et la « divinité » pouvaient pourtant « se discerner par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites », « et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l’image d’un homme corruptible et d’oiseaux et de quadrupèdes et de reptiles » (Rom. 1:18-23). Ainsi, avant l’idolâtrie, l’homme s’est détourné délibérément de Dieu. De même les théories scientifiques actuelles relatives à l’origine de l’univers s’allient le plus souvent avec le refus du récit biblique de la création.
La majesté du Dieu créateur est ensuite décrite en trois phrases qui résument tout ce qui a été dit jusque-là au sujet de sa gloire (v. 22, 23) :
— Il « est assis au-dessus du cercle de la terre, et ses habitants sont comme des sauterelles » (v. 22). Nous voyons ici sa place infiniment élevée au-dessus de tout le domaine de la terre, et l’extrême petitesse de l’homme (cf. v. 15).
— Il « étend les cieux comme une toile légère, et… les déploie comme une tente pour y habiter ». L’immense tente que constituent les cieux visibles, et qui n’est qu’une infime partie du cosmos connu aujourd’hui, a été étendue par Dieu comme une toile légère et comme une tente pour y habiter (cf. Ps. 104:2).
— Il « réduit ses chefs à néant » et « fait que les juges de la terre sont comme rien » (v. 23). Dieu n’a pas seulement créé les mondes, mais il conduit aussi leurs destinées. Il peut réduire les plus puissants souverains à néant, quand il le veut. C’est ce qui est arrivé à l’orgueilleux Nebucadnetsar qui a dû se nourrir d’herbe comme un animal, ou au blasphémateur Hérode qui a péri rongé par les vers (cf. Dan. 4:33 ; Act. 12:23) ! Le verset 24 souligne le caractère éphémère des grands de la terre (cf. v. 7). Ils sont comme des plantes qui à peine sorties de la terre sont déjà desséchées ; Dieu souffle sur eux et les emporte comme du chaume.
Une nouvelle fois la question du verset 18 est posée, cette fois-ci par Dieu lui-même : « À qui donc me comparerez-vous et serai-je égalé ? dit le Saint » (v. 25). Il prend ici ce nom caractéristique du livre d’Ésaïe. Ce n’est cependant pas « le Saint d’Israël », mais d’une manière absolue « le Saint », qui est au-dessus de tous (cf. 57:15). C’est ainsi qu’Ésaïe a pu apprendre à le connaître dans une vision, comme celui devant lequel même les séraphins doivent cacher leurs faces, parce que lui seul est parfait et pur — celui qui a les yeux trop purs pour voir le mal (És. 6 ; cf. Hab. 1:13).
Malgré sa grandeur et sa sainteté, il n’abandonne pas l’univers à lui-même ; il contrôle et soutient par sa toute-puissance les milliards d’étoiles qu’il a créées, dont on ne peut contempler à l’œil nu qu’une infime partie. Il connaît chacune d’elle par nom, et quand il les appelle, pas une d’elles ne manque (v. 26 ; cf. Ps. 147:4). Les lois selon lesquelles elles suivent leurs parcours sont le résultat de son décret et non pas du hasard. S’il est le créateur, il est aussi le conservateur de toutes choses et de tous les hommes, spécialement des siens (cf. 1 Tim. 4:10).
Maintenant, Dieu s’adresse de nouveau à son peuple terrestre, auquel il a déjà fait entendre des paroles si consolantes dans la première partie du chapitre (v. 1-11). Israël, dans la déception et l’amertume, se lamente : « Ma voie est cachée à l’Éternel, et ma cause a passé inaperçue de mon Dieu » (v. 27). Mais à ce peuple qui se croit abandonné de son Dieu, le prophète demande : Pourquoi parlez- vous ainsi ?
L’Éternel n’avait-il pas envoyé ses prophètes aux dix tribus avant qu’elles aient été emmenées en captivité en Assyrie ? N’avait-il pas fait de même avec les deux tribus avant leur déportation à Babylone ? Son Fils n’a-t-il pas dû dire avec tristesse : « Jérusalem… que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » (Matt. 23:37) ? Certainement, Dieu n’a pas manqué de sollicitude envers son peuple obstiné, mais celui-ci n’a pas été sensible aux soins de son amour. N’en est-il pas quelquefois de même en ce qui nous concerne ? Nous nous plaignons et nous soupirons, mais nous ne voyons pas tout ce que l’amour de notre Dieu et Père a fait pour nous.
« Ne sais-tu pas, n’as-tu pas entendu, que le Dieu d’éternité, l’Éternel, créateur des bouts de la terre, ne se lasse pas et ne se fatigue pas ? On ne sonde pas son intelligence » (v. 28). Les questions ressemblent à celles du début du verset 21. Le prophète rappelle à ce peuple spirituellement aveugle que l’Éternel est « le Dieu d’éternité », qui, non seulement a créé le monde, mais est aussi inlassablement en activité pour lui. Mais son intelligence insondable et l’activité qui en découle dépassent l’entendement de l’homme. Le prophète le dit un peu plus loin : « Car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (55:9).
« Il donne de la force à celui qui est las, et augmente l’énergie à celui qui n’a pas de vigueur » (v. 29). Lui, qui « ne se lasse pas et ne se fatigue pas », est en mesure de donner sa force à tous ceux qui sont épuisés par les combats et les souffrances. L’apôtre Paul a appris que cette force « s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12:9). Seul celui qui reconnaît son impuissance peut la recevoir pleinement. Ce sont des principes divins toujours en vigueur. Ils trouveront un glorieux accomplissement quand le résidu croyant des Juifs, au temps de la détresse de Jacob, reconnaîtra ses voies d’égarement passées. Avec une confiance enfantine, mais encore sans la certitude de son acceptation, il se tournera vers Dieu. Les dispositions de cœur de ces croyants s’expriment dans le troisième livre des psaumes (Ps. 73-89) et dans le troisième groupe des cantiques des degrés (Ps. 129-131). Dans ces psaumes, nous voyons le retour du peuple dans la repentance, en même temps que la grâce et la puissance de Dieu envers les siens.
« Les jeunes gens seront las et se fatigueront, et les jeunes hommes deviendront chancelants ; mais ceux qui s’attendent à l’Éternel renouvelleront leur force, ils s’élèveront avec des ailes, comme des aigles ; ils courront et ne se fatigueront pas, ils marcheront et ne se lasseront pas » (v. 30, 31). La force de l’homme — même celle de la jeunesse — peut s’affaiblir et s’effondrer. Mais celui qui, dans le sentiment de sa propre faiblesse, se confie et s’attend au Seigneur, fera une tout autre expérience — même si parfois le temps d’attente peut paraître très long. Celui « qui ne se lasse pas et ne se fatigue pas » donnera toujours des forces nouvelles à ceux qui se confient en lui. Ils pourront lever leurs regards en haut et surmonter les difficultés, courir avec toute l’énergie nécessaire sans se fatiguer, et marcher avec persévérance sans se lasser.
ME 2004 p. 171
L’Éternel, qui vient d’adresser à son peuple terrestre des paroles de consolation, l’assurant que ceux qui s’attendent à lui « renouvelleront leur force », ordonne maintenant aux îles de faire silence et de se tourner vers lui, dans la crainte et dans la conscience de leur néant. Les « îles », désignent ici les régions côtières de l’ensemble du bassin méditerranéen, c’est- à-dire le monde connu d’alors (cf. Gen. 10:5). Ironiquement, les peuples sont invités à « renouveler leur force » afin de s’approcher de Dieu, de parler avec lui et d’entrer en jugement avec lui (v. 1).
Comme au verset 12 du chapitre 40, l’Éternel pose la question : « Qui… ? » Il demande : « Qui, du levant, réveilla celui dont la justice accompagne les pas ? » (v. 2). La réponse est la même qu’au chapitre précédent ; il est clair que ce n’est personne d’autre que Dieu lui- même. Nous sommes placés ici devant Celui qui fait des puissants de la terre les instruments et les serviteurs de sa justice. De toute évidence, ce verset 2 ne parle pas d’une justice humaine, mais de la justice de Dieu manifestée dans ses actes.
Dieu agit toujours avec justice, c’est-à-dire en plein accord avec sa nature. Il s’agit ici du jugement de l’orgueil des nations idolâtres et de la délivrance de son peuple en grâce, comme accomplissement de ses promesses (cf. 42:21 ; 46:13 ; 51:5, 6, 8 ; 56:1 ; 62:2). La réalisation de la prophétie de Jérémie concernant le retour du résidu juif de la captivité babylonienne a été une preuve de la justice de ses actes, de même que le sera la délivrance future de « tout Israël » (cf. Jér. 25:11-14 ; Dan. 9:1-7 ; 2 Chron. 36:22 ; Rom. 11:26-29).
Quel est l’homme que Dieu a réveillé ? C’est Cyrus, désigné par son nom au chapitre 44, (v. 28), le fondateur du grand empire des Mèdes et des Perses. Dieu l’a appelé « du levant », environ deux cents ans après le temps d’Ésaïe, pour montrer Sa justice. Bien que la venue de Cyrus soit postérieure à Ésaïe, Dieu parle de lui au passé ; il connaît la fin d’une chose avant qu’elle commence. L’ancien noyau de l’empire perse se trouvait à l’est de Babylone, alors que la Médie se situait plus au nord (cf. v. 25). Après son avènement en l’an 559 av. J.C., Cyrus assujettit d’abord l’empire des Mèdes, puis presque l’ensemble du Proche-Orient, des Indes jusqu’à l’Asie mineure et jusqu’à l’Égypte. Babylone a été conquise en 539 av. J.C. La parole de Dieu nous montre ici que ce n’est pas la puissance de Cyrus mais la volonté de Dieu qui l’a fait triompher des nations et lui a soumis les rois ; ceux-ci ont été livrés « à son épée comme de la poussière, et à son arc comme du chaume chassé par le vent » (v. 2).
C’est ainsi qu’il a pu poursuivre ses ennemis tout en demeurant lui-même « en sûreté » sur « un chemin où il n’était pas allé de ses pieds » (v. 3). Son empire était fondé sur la tolérance et le ménagement de ses adversaires, chose totalement nouvelle et inouïe pour l’époque. Après la prise de Babylone, il décréta que les Juifs — qui venaient de subir les soixante-dix ans de captivité — devaient reconstruire le temple à Jérusalem (Esd. 1:1-4). Dieu se tient derrière et au-dessus de l’histoire du monde ; ce fait est particulièrement mis en évidence par l’exemple d’Israël, son peuple terrestre.
Cependant le roi Cyrus n’est qu’une « ombre » du Messie qui, à la fin des jours, lorsqu’il apparaîtra dans sa gloire, s’approchera de Jérusalem par son côté oriental (cf. Ézéch. 43:1 ; Zach. 14:4). Cette prophétie sera pleinement accomplie lorsque le Christ délivrera le résidu juif de sa longue période de servitude, et qu’il exécutera le jugement contre l’idolâtrie parvenue à son paroxysme dans l’adoration de l’Antichrist.
Et qui est à l’origine de tout ? Dieu — qui a appelé les générations humaines à l’existence dès le commencement et qui a dirigé leurs voies. Lui seul, l’Éternel, est le premier et le dernier. Il demeure éternellement « le Même », l’immuable « Je suis » (v. 4 ; cf. Deut. 32:39).
Devant le déploiement de la puissance de Dieu dans le déroulement des événements du monde, les « îles » et les « bouts de la terre » devraient trembler de crainte et d’effroi. Mais au lieu de s’humilier sous la puissante main de Dieu, ils font tout pour s’opposer à lui et à sa manière d’agir, s’encourageant l’un l’autre en cela (v. 5, 6 ; cf. v. 1). Les peuples fondent leurs espérances sur leurs idoles. Ésaïe en a déjà montré l’inutilité au chapitre 40 (v. 19, 20). Sans mentionner expressément ces ouvrages faits de mains d’homme (derrière lesquels se tiennent les démons selon 1 Corinthiens 10:19, 20), le prophète évoque ironiquement le processus de fabrication des images taillées que l’homme doit d’abord rendre solides afin qu’elles puissent l’aider ensuite (v. 7). Mais pas plus que celles d’autrefois, les idoles modernes et futures ne pourront le protéger contre le seul vrai Dieu et contre son Oint (cf. Apoc. 13:14, 15).
Alors que, par la proclamation que Dieu fait entendre, les nations qui se confient en leurs idoles tombent dans le plus grand désarroi, son peuple peut entendre de sa part des paroles de consolation. Tout d’abord, il les encourage en s’adressant à leur cœur et en leur montrant quel sera le sort de leurs ennemis. Puis il place devant eux un aperçu du glorieux temps du Millénium.
L’Éternel commence par rappeler sa grâce envers son peuple, qu’il nomme ici par les deux noms de son ancêtre : Israël et Jacob. Il avait choisi ce peuple alors qu’il était « serviteur en Égypte », pour en faire son propre serviteur (Deut. 7:7 ; 16:12). Longtemps auparavant et en vue de cela, il avait choisi, non Ésaü le fils aîné d’Isaac, mais son frère cadet Jacob ; et il ne l’avait pas rejeté (cf. Gen. 25:23).
Il y a une grande différence entre l’élection des croyants du temps actuel et celle du peuple d’Israël. Nous avons été « élus en Christ », et cela « avant la fondation du monde » (Éph. 1:4). Par contre, l’appel d’Israël était pour le temps de la terre et se rapportait à sa position en comparaison des autres peuples (cf. Deut. 7:6-8 ; Act. 13:17). De même, le futur résidu croyant d’Israël sera constitué par les élus du peuple terrestre de Dieu qui jouiront des bénédictions du règne millénaire sur la terre (Zach. 1:17 ; Matt. 24:22, 24, 31). La mention d’« Abraham, mon ami » (v. 8 ; cf. 2 Chron. 20:7 ; Jacq. 2:23) — le patriarche auquel les Juifs du temps du Seigneur se référaient encore avec vénération et fierté (cf. Jean 8:39, 56) — souligne la pensée de la grâce de Dieu. Contrairement à l’alliance du Sinaï, celle que Dieu avait conclue avec Abraham était inconditionnelle.
Les choses étant vues depuis le pays de Canaan, Dieu avait pris son peuple, dans la personne du patriarche Abraham, « des bouts de la terre » et l’avait « appelé de ses extrémités » (v. 9). Abraham était en effet le premier auquel Dieu avait promis le pays en héritage, et cela longtemps avant que le peuple soit délivré de son esclavage en Égypte et conduit en Canaan. Une délivrance semblable aura lieu à la fin des temps, comme nous avons pu le voir en partie au cours des dernières décennies. Moïse déjà l’avait annoncé : « Quand tes dispersés seraient au bout des cieux, l’Éternel, ton Dieu, te rassemblera de là, et te prendra de là ; et l’Éternel, ton Dieu, te ramènera dans le pays que tes pères ont possédé, et tu le posséderas » (Deut. 30:4, 5 ; cf. Néh. 1:9).
À ce peuple qu’il a appelé dans sa souveraine grâce, Dieu dit : « Ne crains point, car je suis avec toi ; ne sois pas inquiet, car moi je suis ton Dieu. Je te fortifierai ; oui, je t’aiderai ; oui, je te soutiendrai par la droite de ma justice » (v. 10). Combien de cœurs découragés n’ont-ils pas déjà été consolés par ces paroles, depuis le temps où elles ont été écrites ! Elles trouveront cependant leur véritable accomplissement dans les temps futurs, quand Dieu s’occupera de nouveau, en puissance et en justice, de son peuple affligé. Ce peuple est ici encouragé par les mots trois fois répétés : « Ne crains point » (v. 10, 13, 14).
Au verset 10, il donne à son peuple inquiet trois raisons pour ne pas craindre :
— sa présence : « Je suis avec toi » ;
— sa relation avec Israël : « Je suis ton Dieu » ;
— sa promesse de lui donner force, aide et protection : « Je te fortifierai ; oui, je t’aiderai ; oui, je te soutiendrai par la droite de ma justice ».
Tout antisémitisme, toute opposition et toute inimitié contre les Juifs prendront fin un jour par l’intervention de Dieu. Que ce soient ceux qui « s’irritent » ou qui « contestent » contre Israël, ou ceux qui « ont querelle » avec lui ou qui lui « font la guerre », ils seront tous « comme un rien et comme néant », c’est-à-dire qu’ils disparaîtront entièrement. Tous les ennemis du peuple sont inclus dans ce jugement (v. 11, 12).
Le roi David, qui est un type de Christ, a pu éprouver une fois dans sa vie que, « tout autour, l’Éternel lui avait « donné du repos de tous ses ennemis » (2 Sam. 7:1). Mais à part ce moment particulier (et une grande partie du règne de Salomon), le peuple d’Israël, tout au long de son histoire, n’a jamais joui d’une telle période de paix complète, pendant laquelle tous ses ennemis sont « comme un rien et comme néant ». Ce n’est que dans le Millénium que cette prophétie aura son accomplissement, par l’intervention puissante de Dieu.
Au verset 13, l’Éternel confirme à son peuple sa promesse du verset 10 : « Car moi, l’Éternel, ton Dieu, je tiens ta droite, moi qui te dis : Ne crains point, moi je t’aiderai ». Non seulement est prédite la défaite de tous les ennemis, mais aussi l’aide de Dieu à son peuple. Celui-ci peut accepter ces assurances avec foi et confiance.
Au verset 14, l’Éternel encourage pour la troisième fois son peuple, qui ne se voit lui-même que tel un « vermisseau » et n’étant qu’une poignée d’hommes, en lui disant : « Ne crains point… moi je t’aiderai ». L’Éternel est son aide parce qu’il est aussi son « Rédempteur ». Les Israélites qui attendent le Messie seront ainsi amenés, à travers une grande détresse, à reconnaître dans « celui qu’ils auront percé » leur Rédempteur et leur Dieu, qui est en même temps le « Saint d’Israël ».
Lorsque le résidu juif croyant aura discerné cela, le Seigneur, après son apparition en gloire, non seulement les délivrera des ennemis qui les environnent, mais encore se servira d’eux pour vaincre ceux-ci (v. 15 ; cf. 11:4 ; Jér. 30:16 ; Michée 4:13 ; Zach. 12:6, 9 ; 14:14 ; Mal. 4:3). Ce combat victorieux est comparé au battage et au vannage du blé. Lors du battage d’autrefois, un traîneau à battre, constitué de lourdes poutres et pourvu de pointes de pierre, était conduit sur le blé étalé sur le sol. Ainsi les grains étaient séparés des épis. Ensuite, le blé était vanné, c’est-à-dire jeté en l’air au moyen d’une pelle, ce qui permettait au vent d’emporter la balle. Les « montagnes » et les « collines » sont les images d’ennemis orgueilleux et puissants (cf. 2:14 ; Zach. 4:7), qui seront battus et réduits en poussière.
Le peuple n’est cependant pas le seul exécuteur du jugement, il ne fait qu’y participer. Le « vent » qui emporte la balle et le « tourbillon » qui la disperse indiquent clairement la puissance de Dieu qui, en fin de compte, est celui qui exerce le jugement (cf. 40:24). Le peuple, dans sa grande faiblesse, le reconnaîtra volontiers et n’attribuera pas la victoire à ses propres capacités, mais il s’égayera en l’Éternel et se glorifiera dans le Saint d’Israël (v. 16 ; cf. 45:25 ; 1 Cor. 1:31).
Dans ce qui suit, la délivrance future d’Israël (ou plus précisément, de Juda) est présentée par un autre tableau merveilleux. D’abord nous voyons « les affligés et les nécessiteux » dont nous rencontrons si souvent les appels au secours dans les psaumes (Ps. 9:18 ; 12:5 ; 40:17 ; 69:33 ; 72:12 ; 86:1 ; 109:22 ; 140:12). Ils cherchent de l’eau et n’en trouvent pas, de sorte que leur langue est desséchée par la soif (v. 17). Cette manière imagée de s’exprimer nous rappelle le début du deuxième livre des psaumes (Ps. 42-72), où nous trouvons décrites prophétiquement les souffrances des justes, ou du résidu, qui, pendant la grande tribulation, est chassé hors de Jérusalem et attend le Messie. « Comme le cerf brame après les courants d’eau, ainsi mon âme crie après toi, ô Dieu ! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand viendrai-je et paraîtrai-je devant Dieu ? » (Ps. 42:1, 2). Nous voyons là les Juifs fidèles qui ont fui de Jérusalem dans le désert (que ce soit à cause de l’Antichrist ou devant l’attaque de l’Assyrien) et qui soupirent de voir enfin leur Messie ardemment désiré, qui leur donnera la justice et la paix (cf. 16:3, 4 ; Matt. 5:6 ; 24:15-31).
L’Éternel les exaucera. Il est « le Dieu d’Israël » - de tout son peuple - et il ne les abandonnera pas. Par l’apparition de la gloire de Christ, leur soif sera étanchée pour toujours. L’Éternel fera jaillir les « fontaines du salut », auxquelles ils pourront puiser « l’eau de la vie » (cf. 12:3). Au début du Millénium, selon sa promesse au chapitre 44 (v. 3, 4), il versera « de l’eau sur celui qui a soif, et des ruisseaux d’eau sur la terre sèche », termes qui évoquent la descente du Saint Esprit sur toute chair, spécialement sur son peuple (cf. Joël 2:28, 29 ; Act. 2:17, 18). L’eau vive, l’eau jaillissant et coulant d’elle-même, est souvent dans l’Écriture un symbole du Saint Esprit (cf. Jean 7:37-40). Et le « désert » peut être une image de l’état du cœur de l’homme (cf. 40:3).
D’un autre côté nous savons que le pays de la promesse, au début du règne millénaire, connaîtra des bouleversements climatiques et biologiques par lesquels les régions désertiques seront changées en contrées florissantes (cf. 32:15 ; 35:6, 7 ; 43:19, 20 ; Ps. 107:35). Cela est aussi évoqué dans les versets 18 et 19 de notre chapitre. Les sept espèces d’arbres que Dieu fera croître dans le désert et dans le lieu stérile parlent en figure de la perfection de la bénédiction qu’il accordera dans ce temps merveilleux.
Mais le but de Dieu n’est pas seulement la bénédiction en
elle-même ; c’est aussi et avant tout que son peuple discerne « que
la main de l’Éternel a fait cela, et que le Saint d’Israël l’a créé ».
Tous les hommes, mais spécialement le peuple d’Israël, doivent le voir
,
le savoir
, le considérer
et le comprendre
(v. 20). Le
progrès spirituel évoqué par ces quatre verbes devrait d’ailleurs caractériser
tous ceux qui lisent les Saintes Écritures.
Le retour des Juifs de la captivité babylonienne n’a certainement pas été l’accomplissement des prophéties contenues dans ce passage. Il peut être considéré comme « les arrhes » de la fidélité de Dieu jusqu’à la fin. Mais tout sera accompli dans le Millénium d’une manière glorieuse et parfaite. Plusieurs des déclarations que nous avons ici ont aussi une application spirituelle dans tous les temps.
Les versets 21 à 29 sont une suite de l’appel de Dieu à ses
adversaires, sujet commencé dans les versets 1 à 7. Là, il somme les peuplades
idolâtres de s’approcher de lui « en jugement » ; ici, les
idoles doivent produire elles-mêmes leur « cause ». Au début du
chapitre, nous voyons la toute-puissance
de Dieu qui appelle le roi
Cyrus comme dominateur et comme exécuteur de ses conseils ; ici Dieu
proclame sa parfaite connaissance
du passé et de l’avenir.
L’Éternel se présente comme le « roi de Jacob », qui dans son amour et dans sa grâce s’est choisi ce peuple. Il invite les idoles à produire leur « cause » présumée et à présenter leurs « arguments » inexistants (v. 21). Qu’elles déclarent à l’Éternel et à son peuple « ce qui arrivera » et qu’elles prouvent ainsi leur divinité ! Qu’elles déclarent « les premières choses, ce qu’elles sont », c’est-à-dire leurs prophéties passées soi-disant réalisées, afin que l’on puisse les comprendre et en connaître le résultat (cf. 42:9 ; 43:9 ; 48:3) ! Qu’elles fassent donc savoir les choses qui viendront (v. 22) ! Si elles étaient en mesure de le faire, elles prouveraient qu’elles sont des dieux. Mais elles ne peuvent faire ni bien ni mal ; n’étant rien d’autre que l’ouvrage de l’homme, elles ne peuvent absolument rien faire (cf. Soph. 1:12). Par conséquent, toute tentative de comparaison est parfaitement illusoire (v. 23).
D’où la sentence : « Voici, vous êtes moins que rien, et votre œuvre est du néant : qui vous choisit est une abomination… » (v. 24 ; cf. Deut. 27:15 ; 1 Cor. 8:4).
Au verset 25, l’Éternel revient au roi Cyrus. Il l’appellera du nord, lieu d’habitation des Mèdes, et du levant, lieu d’habitation des Perses (cf. v. 2, 3). Les premiers versets du livre d’Esdras nous confirment que c’est l’Éternel qui a réveillé l’esprit de Cyrus, et que ce dernier l’a reconnu comme étant le Dieu des cieux qui lui avait donné tous les royaumes de la terre (Esd. 1:1-4). Comme au verset 2 de notre chapitre, cet instrument de Dieu n’est pas non plus mentionné ici par son nom (cf. 44:28). Seuls ses grands succès militaires et politiques sont décrits : « Et il marchera sur les princes comme sur de la boue, et comme le potier foule l’argile » (v. 25).
Y avait-il une idole qui ait déclaré cela « dès le commencement », c’est-à-dire à l’avance ? Non ! Aucune idole et aucun homme n’en est capable (v. 26). La prophétie contenue dans l’Écriture Sainte est par conséquent une des preuves les plus évidentes de l’existence de Dieu. Pensons par exemple aux nombreuses prophéties concernant le Seigneur Jésus ou le peuple d’Israël, qui se sont accomplies à la lettre. Personne d’autre que Dieu ne sait à l’avance ce qui arrivera.
Dieu est « le premier » (v. 27), l’origine et le commencement de toutes choses (cf. v. 4). Il annonce la délivrance à Sion et envoie un messager de bonnes nouvelles à Jérusalem, mais les idoles ne disent et ne font absolument rien. Le Dieu d’Israël est la seule source de la rédemption et du salut (cf. 43:11, 12). Aucun autre n’est là comme conseiller, et il n’y a personne qui puisse répondre à ses questions (v. 28). C’est pourquoi, pour conclure, la sentence déjà prononcée au verset 24 est répétée : « Tous sont la vanité ». Les images de fonte les plus belles et les plus précieuses sont sans aucune valeur parce que les faux dieux qui se tiennent derrière elles ne sont rien (v. 29 ; cf. 1 Cor. 8:4).
Le chapitre 42 commence avec la première prophétie de l’ensemble des quatre grandes prophéties relatives au Messie figurant dans la deuxième partie du livre d’Ésaïe. Les trois autres sections se trouvent aux chapitres 49:1-6 et 50:4-9 et 52:13 à 53:12. Ils appartiennent à la partie la plus connue de ce livre prophétique.
ME 2004 p. 267
Par l’exclamation : « Voici », nos regards sont portés sur Christ, le Serviteur de l’Éternel. Car c’est bien du Messie, et de lui seul, qu’il est question ici ; il ne peut s’agir ni du peuple d’Israël, qui est parfois aussi appelé « serviteur » de l’Éternel, ni de Cyrus, roi de Perse, auquel ce titre n’est donné nulle part. Le Christ est appelé « serviteur » de Dieu dans plusieurs autres passages (cf. És. 49:6 ; 52:13 ; 53:11 ; Act. 3:13 ; 4:27). Fait particulièrement remarquable, les quatre premiers versets de ce chapitre sont cités dans le Nouveau Testament comme étant des paroles du prophète Ésaïe qui trouvaient alors leur accomplissement dans le Seigneur Jésus (Matt. 12:17-21).
En Lui nous voyons le vrai serviteur de l’Éternel, celui qui est en même temps son élu, en qui son âme trouve son plaisir. S’il nous est présenté ici comme « élu », c’est parce qu’il est considéré comme homme et non pas comme Fils éternel. Entre tous les hommes depuis Adam, il était le seul qui pouvait accomplir le dessein de Dieu. Il est la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu (cf. Luc 23:35 ; 1 Pierre 2:4, 6). En lui, le Fils bien- aimé, le Père trouve continuellement son plaisir (cf. Matt. 3:17 ; 17:5). Sur lui repose son Esprit, par lequel il fera connaître à tous son juste jugement ; « il fera valoir le jugement à l’égard des nations » (v. 1 ; cf. 11:2-5 ; 16:5 ; 61:1). Cette prophétie, aussi bien que celle de la fin du verset 3 (« il fera valoir le jugement en faveur de la vérité ») n’auront leur accomplissement que dans le règne millénaire.
Comme très souvent dans les livres prophétiques de l’Ancien Testament, la première et la deuxième venue du Seigneur Jésus sont présentées comme un tout ; le temps intermédiaire de la grâce est omis (cf. 9:5, 6 ; 11:1-5 ; Michée 5:2). Les prophéties du verset 2 se sont accomplies lors de sa première venue, sa venue dans l’abaissement. Le Seigneur Jésus ne cherchait pas sa propre gloire, mais celle de son Père qui l’avait envoyé (Jean 8:49, 50). Il dit de lui-même : « Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » (Matt. 20:28). Très souvent, il commandait aux personnes qu’il avait guéries de ne pas le faire connaître (cf. Matt. 9:30 ; 12:16 ; Marc 3:12). Quel modèle d’humilité et d’abnégation nous voyons en lui, le parfait serviteur, qui ne criait pas, n’élevait pas sa voix et ne la faisait pas entendre dans la rue (v. 2 ; Matt. 11:29 ; 2 Tim. 2:24, 25) ! Nous avons beaucoup à apprendre de lui.
Mais cette douceur et cette débonnaireté du Seigneur Jésus n’étaient pas seulement son caractère propre, elles se traduisaient aussi dans ses relations avec autrui. Il ne brisait pas le « roseau froissé » et n’éteignait pas « le lin qui brûle à peine » (v. 3). Il n’avait pas été envoyé pour juger le monde, mais pour le sauver (Jean 3:17).
Bien qu’il ait été rejeté par son peuple incrédule, il ne s’est pas laissé décourager. Dans le plus profond abaissement, il a suivi jusqu’à la croix le chemin qui lui avait été tracé. Là il a non seulement accompli l’œuvre de la rédemption en faveur des pécheurs perdus, mais il s’est aussi acquis le droit à l’héritage et à la souveraineté qui lui reviendront dans le règne millénaire. Puis, après son apparition en gloire sur la terre, il établira « le juste jugement sur la terre ; et les îles s’attendront à sa loi » (v. 4 ; cf. 2:2-4 ; 49:4-6).
Le Dieu Créateur s’adresse maintenant à son serviteur élu. D’une manière solennelle, il se présente comme Celui qui seul est vraiment Dieu, et comme « l’Éternel », Celui qui ne peut changer. C’est lui qui a créé et déployé les cieux (cf. 40:22), qui a étendu la terre avec tous ses produits et qui a donné la respiration et un esprit à ses habitants (v. 5).
Il dit : « Moi, l’Éternel, je t’ai appelé » (v. 6). Quand le Dieu tout-puissant appelle son serviteur, il atteint son but. Ce serviteur est le Seigneur Jésus comme Homme sur la terre (cf. 49:1). L’appel a lieu « en justice », c’est-à-dire en plein accord avec la nature de Dieu qui est lumière et amour (cf. 41:2 ; 45:13). Sa justice a aussi en vue le salut éternel de l’homme ; dans l’évangile, la justice de Dieu est révélée « en salut à quiconque croit, et au Juif premièrement, et au Grec » (Rom. 1:16, 17 ; 3:21-26).
Toutefois l’Éternel n’appelle pas seulement son serviteur, il le fortifie aussi en le tenant par la main ; il le garde et le donne pour être « une alliance du peuple ». Cette expression un peu insolite, qui apparaît aussi au chapitre 49 (v. 8), veut dire que c’est en lui que se réalisera la nouvelle alliance que Dieu conclura avec le peuple d’Israël (Jér. 31:31-34 ; Ézéch. 37:26 ; Héb. 8:8). Son sang est en effet « le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés » (Matt. 26:28).
L’ancienne alliance, qui avait été conclue au Sinaï, ne pouvait qu’aboutir à un échec en raison de l’incapacité du peuple d’Israël à satisfaire son engagement. La nouvelle alliance, par contre, repose uniquement sur le sacrifice de Christ accompli à la croix (Héb. 9:15 ; 13:20). Jésus est ainsi le médiateur et le garant de cette « alliance éternelle » que Dieu établira « pour la maison d’Israël » (Héb. 8:10). Cependant, c’est sur l’œuvre rédemptrice de Christ que, dans le temps actuel aussi, la vraie foi se fonde. De sorte que si la nouvelle alliance n’est pas établie à la lettre pour nous, toutefois elle est pour nous quant aux principes spirituels qu’elle implique. C’est pourquoi Paul peut écrire qu’il est un « ministre de la nouvelle alliance » (2 Cor. 3:6 ; cf. 1 Cor. 11:25).
Dieu donnera Christ pour être non seulement « une alliance du peuple », mais aussi « une lumière des nations » (cf. 49:6 ; Luc 2:32). Ainsi les bénédictions du Millénium ne se limiteront pas à Israël, mais toutes les nations marcheront dans la lumière de Dieu, qui luira sur elles dans la personne de Christ. Le chemin qui conduit là est décrit au verset 7. Par leur nature et par leurs péchés, tous les hommes sont « aveugles » quant à la vérité de Dieu, « prisonniers » dans le piège du diable, et « dans les ténèbres » de l’éloignement de Dieu. Le Fils de Dieu est venu pour les délivrer de leur misère. C’est pourquoi ces paroles, qui se rapportent en premier lieu au règne millénaire, trouvent déjà maintenant leur réalisation en ceux qui croient en lui et en son œuvre rédemptrice (v. 7 ; cf. 32:3 ; 35:5 ; 49:9 ; 61:1 ; Jean 8:32 ; Act. 10:38 ; 26:18). « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Act. 2:21 ; cf. Joël 2:32).
Pour confirmer cette glorieuse proclamation, Dieu y appose son
sceau en disant : « Je suis l’Éternel : c’est là mon nom »
(v. 8). Dans ce nom s’exprime sa grâce envers les hommes et particulièrement
envers son peuple Israël (cf. Ex. 3:13-15). Celui qui demeure
éternellement n’abandonne pas les hommes qu’il a créés au sort misérable qu’ils
ont mérité par leur propre faute. Il est non seulement lumière, mais aussi
amour, et il agit en toutes choses à cause de lui-même (cf. 48:11). Il ne
donnera pas à un autre son honneur et sa gloire de seul vrai Dieu éternel qui
sauve et qui juge. Même si les faux dieux ou diverses religions ont la même
prétention, un jour il sera clairement établi que lui seul est Dieu.
Comme confirmation, il revendique pour lui- même la capacité de prédire l’avenir (v. 9). Ce qu’il a annoncé auparavant par les prophètes est arrivé ; il déclarera aussi les « choses nouvelles » avant qu’elles se réalisent (cf. 41:21-24). C’est un appel solennel, adressé non seulement au peuple d’Israël mais à tous les hommes, pour qu’ils croient la parole de Dieu. L’accomplissement, visible pour tous, de prophéties dans le passé devrait conduire les hommes à prendre au sérieux les prophéties non encore réalisées et à avoir foi en la parole de Dieu.
Nous sommes placés ici dans une scène future. Les « choses nouvelles » que l’Éternel a annoncées au verset 9 sont arrivées ! Le vrai serviteur de l’Éternel, le Seigneur Jésus, est apparu en puissance pour établir le juste jugement sur la terre (cf. v. 4). Ceci ne s’est réalisé ni lors du retour des Juifs de Babylone, ni lors de la première venue du Seigneur Jésus sur la terre, mais se rapporte à l’établissement du Millénium. Remarquons les similitudes entre ce que nous avons ici et les psaumes du quatrième livre (Ps. 90 à 106), dont le sujet principal est l’apparition du Messie et son règne de paix (cf. particulièrement Ps. 96:1, 5, 7 ; 98).
« Chantez à l’Éternel un cantique nouveau » (v. 10). Cet appel du prophète sert d’introduction à un passage qui décrit l’effet des terribles jugements de Dieu sur la terre. Nous n’avons pas ici le cantique nouveau entonné par les rachetés de l’Agneau dans le ciel (Apoc. 5:9), mais celui que chantent ceux qui ont attendu l’apparition du Messie sur la terre et qui le saluent comme leur Sauveur (cf. Ps. 33:3 ; 40:3 ; 96:1 ; 98:1 ; 144:9 ; 149:1 ; Apoc. 14:3). C’est ainsi que le peuple d’Israël, après sa délivrance d’Égypte, avait chanté un cantique de reconnaissance à l’Éternel sur le rivage de la mer Rouge (Ex. 15). Le cantique nouveau que nous avons ici sera toutefois chanté « du bout de la terre », c’est-à-dire dans le monde entier, aussi bien par ceux qui « descendent sur la mer » que par les habitants des pays voisins, des « îles » (v. 10 ; cf. Gen. 10:5).
La louange de Dieu retentira aussi des contrées désertiques
environnantes (v. 11). Kédar était un fils d’Ismaël, dont les descendants
vivaient comme bédouins dans l’Arabie du Nord ; les habitants du « rocher »
(hébr. Séla
) sont probablement les ressortissants d’une ville du
territoire de Moab (Gen. 25:13 ; 2 Rois 14:7 ; És. 16:1 ;
21:16). Des fidèles du résidu juif dans le temps de la grande tribulation
trouveront, dans ces deux contrées, un refuge contre l’Assyrien (cf. Ps.
120:5 ; Dan. 11:41). Une partie de ces peuples survivra au jugement de
Dieu, puis servira l’Éternel (21:17 ; 60:7 ; Jér. 48:47 ; 49:6).
À eux tous s’adresse l’exhortation : « Qu’on donne gloire à l’Éternel,
et qu’on déclare sa louange dans les îles ! » Le monde entier
entonnera alors les louanges de Dieu et de son Serviteur, le Seigneur Jésus (v.
12).
Cependant avant qu’il en soit ainsi, le Messie apparaîtra en gloire et en puissance « comme un homme de guerre » ; il exercera le jugement et anéantira ses ennemis (v. 13 ; cf. 30:30, 31 ; 31:4 ; 59:16-18 ; 63:3, 4 ; Zach. 9:14 ; 14:3 ; Apoc. 19:11-16). De même que Dieu a combattu pour son peuple, tout au début de son histoire, lorsqu’il l’a conduit hors d’Égypte, ainsi fera-t-il aussi à la fin (cf. Ex. 14:14).
Même si, pendant un temps, Dieu peut paraître inactif, le jour
viendra où il entreprendra la réalisation du but qu’il s’est proposé (v. 14).
La captivité de Juda à Babylone et le retrait de la gloire de Dieu du temple à
Jérusalem ont marqué le début des temps des nations
. Durant ceux-ci,
Dieu a remis le gouvernement aux quatre grands empires successifs, et il n’intervient
plus de manière directe dans la destinée du monde (Luc 21:24 ; cf. Dan. 2
et 7). Le nom qu’il prend en rapport avec cette période, c’est le « Dieu
des cieux », et non, comme auparavant, le « Dieu possesseur des cieux
et de la terre » ou le « Seigneur de toute la terre » (Dan.
2:37 ; Gen. 14:22 ; Jos. 3:11).
Oui Dieu s’est « tu » longtemps et il s’est « contenu » (cf. 8:17 ; 18:4 ; 30:18 ; 45:15). Mais, dans les versets que nous avons sous les yeux, ce temps est révolu. L’Éternel apparaît non seulement comme un homme de guerre qui anéantit ses ennemis, il se compare aussi à une femme qui, dans les douleurs de l’enfantement, halète et gémit jusqu’à la naissance de son enfant. Les « choses nouvelles » qui « germent » ici sont l’état renouvelé de la terre purifiée dans le Millénium, état que le Seigneur Jésus appelle, en Matt. 19:28, la « régénération » (cf. v. 9 ; 43:19).
Le résultat de ces interventions directes de Dieu sera double : l’Éternel punira ses ennemis et il délivrera son peuple, tous ceux qui auront espéré en lui durant la tribulation. Au verset 15 est décrit le jugement qui s’exercera sur les peuples qui lui ont résisté. Dans leur orgueil, ils pouvaient faire figure de montagnes imposantes et de collines élevées, mais ils deviendront des déserts arides (cf. 2:14 ; 41:15). Les oppresseurs avaient pu paraître comme de grandes rivières ou des étendues d’eau ; ils seront desséchés (cf. Ps. 93:3 ; 107:33, 34 ; És. 8:7 ; 59:19).
Mais pour les « aveugles », c’est-à-dire pour son peuple terrestre, se lèvera un temps de lumière (v. 16 ; cf. v. 7 ; 6:10 ; 25:7 ; 29:9 ; 32:3 ; 35:5 ; 43:8). Eux qui, depuis des siècles, ont un voile devant les yeux relativement au Seigneur Jésus, leur Messie, et qui, dans leur aveuglement, cherchent en vain à obtenir la justice par le moyen de la loi, reconnaîtront alors que ce chemin est faux et se confieront en lui dans la foi (cf. Rom. 10:2-4 ; 11:8-11, 25, 26 ; 2 Cor. 3:14-16). Puis l’Éternel les conduira sur le merveilleux chemin de la vraie foi, chemin qu’ils n’ont pas connu jusqu’alors. Il ôtera tous les obstacles et conduira toutes choses au but qu’il a prévu. Ce qu’il s’est proposé, il l’accomplira.
Le verset 17 montre l’effet de l’intervention de l’Éternel en jugement et en grâce : « Ils se retireront en arrière, ils seront couverts de honte, ceux qui mettent leur confiance en une image taillée, qui disent à une image de fonte : Vous êtes nos dieux » (cf. 1:29 ; 44:9-11 ; 45:16). Les nombreux Juifs qui auront rendu hommage à l’Antichrist et tous ceux qui auront adoré l’image de la bête romaine seront démasqués et détruits (cf. 2 Thess. 2:3-12 ; Apoc. 13:4, 8, 16 ; 19:20 ; És. 1:29).
Au chapitre 6 (v. 10), Ésaïe avait reçu du Seigneur le message : « Engraisse le cœur de ce peuple, et rends ses oreilles pesantes, et bouche ses yeux, de peur qu’il ne voie des yeux, et n’entende de ses oreilles, et ne comprenne de son cœur, et ne se convertisse, et qu’il ne soit guéri ». Nous en voyons ici les conséquences pendant des millénaires : le peuple de Dieu est devenu « aveugle » et « sourd » quant aux voies et à la parole de l’Éternel. Dans les paragraphes précédents, l’Éternel a annoncé sa grâce future envers ces aveugles (v. 7, 16) ; ici il les somme de regarder et d’écouter (v. 18).
Le « serviteur de l’Éternel » du verset 19 n’est pas le Seigneur Jésus, comme au verset 1, mais le peuple d’Israël (cf. 41:8 ; 44:1, 21 ; 45:4). Ce peuple aurait dû être le serviteur, le messager de l’Éternel, celui qui a sa confiance, mais il s’est écarté bien loin de cet appel élevé. Ainsi ces désignations ne se rapportent pas à l’état effectif d’Israël, mais aux « dons de grâce » de Dieu et à son « appel », dont il ne se repent pas et qu’il ne retire pas, malgré la défaillance de l’homme (v. 19 ; cf. Rom. 11:29).
Dieu s’était occupé fidèlement de ce peuple. Combien de paroles Israël avait-il entendues de sa bouche, et combien d’actes puissants avait-il vus - sans les prendre à cœur (v. 20) ! Et pourtant, la parole de Dieu n’est pas invalidée à cause de cela. Qu’il s’agisse du passé, du présent ou de l’avenir, Dieu rendra sa loi grande et honorable « à cause de sa justice » (v. 21 ; cf. Rom. 3:1-7). Au temps de l’Ancien Testament, l’honneur de la loi a été maintenu en ce que le peuple d’Israël a reçu un juste châtiment pour ses péchés. Plus tard, le Fils de Dieu est venu sur la terre, non pas pour annuler la loi mais pour l’accomplir, c’est-à-dire pour la mettre pleinement en valeur. Dans le temps présent, la loi est confirmée par le fait que, dans l’évangile, les péchés des croyants ne sont pas simplement oubliés, mais leur entière punition est proclamée ; elle a été subie par Celui qui n’a pas connu le péché et qui cependant a été fait péché pour nous « afin que nous devenions justice de Dieu en lui » (Rom. 3:31 ; 2 Cor. 5:21). C’est l’heureuse part de tous ceux qui croient au Seigneur Jésus, et il en sera de même pour le résidu juif qui reconnaîtra que l’on ne peut pas subsister devant Dieu en vertu d’œuvres de loi, mais uniquement par la foi en Christ (cf. Jér. 31:33, 34).
Pourtant combien la situation de ce peuple d’Israël est différente actuellement ! Bien que richement béni par Dieu à l’origine, il est maintenant « un peuple pillé et dépouillé ; ils sont tous liés dans des fosses, et ils sont cachés dans des prisons ; ils sont devenus un butin, et il n’y a personne qui délivre, — une proie, et il n’y a personne qui dise : Restitue » (v. 22). Cela s’est confirmé aussi bien matériellement que spirituellement. Non seulement les Juifs ont été persécutés et méprisés par tous les peuples depuis des siècles, mais ils sont aussi dans un état spirituel dont personne ne peut les délivrer, sinon le Seigneur Jésus.
Le prophète adresse alors un appel à ce peuple aveugle et sourd. Il le prépare au grand changement qui interviendra lorsque quelques-uns, individuellement, prêteront l’oreille au message de Dieu : « Qui fera attention, et écoutera ce qui est à venir » (v. 23). Et voilà que le résidu croyant soulève craintivement la question qui laisse discerner le réveil de sa conscience : « Qui a livré Jacob pour être une proie, et Israël à ceux qui le pillent ? N’est-ce pas l’Éternel, celui contre qui nous avons péché ? » Oui, il en est bien ainsi : « Ils n’ont pas voulu marcher dans ses voies, et ils n’ont pas écouté sa loi » (v. 24). Dieu a endurci son peuple et l’a livré à la misère parce qu’il a continuellement péché contre lui — et au plus haut degré par le rejet de Christ — au lieu de respecter sa loi et de la mettre en pratique (v. 25).
Le début du chapitre (*) introduit un thème déjà évoqué dans les chapitres 40 et 41, l’amour invariable de l’Éternel envers Israël, son peuple terrestre (40:27-31 ; 41:8-14). Dans son amour, l’Éternel se tourne de nouveau en grâce vers ce peuple, après une longue période d’interruption de ses relations avec lui. Il l’appelle à nouveau par les deux noms de Jacob et d’Israël, qui rappellent toute l’étendue et la richesse de sa grâce. Il a créé et formé ce peuple — « le plus petit de tous les peuples » — en appelant Abraham et en lui promettant une nombreuse postérité, en faisant sortir celle-ci d’Égypte quelques siècles plus tard, et en la mettant à part pour qu’elle soit un peuple qui lui appartienne en propre, auquel il a donné sa loi.
(*) Ce chapitre commence par les mots « et maintenant » (hébreu : we’atah) qui se retrouvent en tout 14 fois dans Ésaïe (7 fois dans chacune des parties principales). Ces mots sont utilisés pour introduire des communications importantes (5:3,5 ; 16:14 ; 28:22 ; 36:8, 10 ; 37:20 ; 43:1 ; 44:1 ; 47:8 ; 48:16 ; 49:5 ; 52:5 ; 64:7).
Bien qu’Israël, dans le passé, se soit montré très peu digne de
cette grâce, Dieu lui dit : « Ne crains point », et il ajoute,
comme motif de cet encouragement : « Car je t’ai racheté
;
je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi » (v. 1). Les Juifs, souvent fiers
de leur origine, doivent comme tous les autres hommes reconnaître et accepter
le Seigneur Jésus comme leur Rédempteur — celui qui les a rachetés
. Un
jour, le résidu croyant de ce peuple durement éprouvé sera reconnu par Dieu d’une
manière toute nouvelle comme « un peuple qui lui appartient en propre »
(cf. Ex. 19:5 ; Deut. 7:6).
« Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi… quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé… » (v. 2). Le résidu croyant passera par « les eaux » de l’épreuve et par « le feu » du châtiment, toutefois sans être anéanti par eux (cf. Ps. 66:12 ; 1 Pierre 4:12). Celui qui en est le garant énumère plusieurs de ses noms glorieux : « Car moi, je suis l’Éternel, ton Dieu, le Saint d’Israël, ton sauveur » (v. 3). Au peuple asservi et gémissant en Égypte, il s’était révélé comme l’Éternel (Jéhovah / Je suis celui qui suis), le Dieu d’Israël (Ex. 3:14 ; 6:2-8). Mais il est aussi le Saint d’Israël, celui qui en tous temps dit à son peuple : « Soyez saints, car moi je suis saint » (Lév. 11:44 ; 1 Pierre 1:16). Ce Dieu deviendra leur Sauveur (*) ! Quant à nous, nous pouvons déjà maintenant le connaître par la foi comme le Dieu sauveur ; mais quant à Israël, cela deviendra une réalité lorsqu’ils accepteront le Messie qu’ils ont refusé et rejeté. Ils diront par la foi : « Certainement, lui, a porté nos langueurs, et s’est chargé de nos douleurs » (És. 53:4 ; cf. 2 Cor. 3:14-16 ; Rom. 11:26 ; 1 Tim. 1:1 ; 2:3).
(*) C’est ici la première fois de la forme du verbe hébreu jascha’ = sauver dans la seconde partie de ce livre ; Ésaïe l’utilise en tout 28 fois (19:20 ; 25:9 ; 30:15 ; 33:22 ; 35:4 ; 37:20, 35 ; 38:20 ; 43:3, 11, 12 ; 45:15, 17, 20, 21 ; 46:7 ; 47:13, 15 ; 49:25, 26 ; 59:1, 16 ; 60:16 ; 63:1, 5, 8, 9 ; 64:4). Sur le substantif « salut » dérivé de ce verbe, voir explications données en note à És. 12:2.
Mais, si le Seigneur Jésus a porté le châtiment qui est le fondement de leur paix et a livré son âme pour eux en sacrifice pour le péché (És. 53:5, 10), comment comprendre que Dieu donne l’Égypte pour leur rançon et sacrifie pour eux Cush et Seba (*) (v. 3) ? Cette déclaration ne peut se rapporter à la rédemption éternelle, mais seulement à la délivrance terrestre d’Israël de toute servitude. En effet, « un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon » (Ps. 49:7). Pour la réalisation de ses desseins envers ce monde, Dieu sacrifiera des nations pour ouvrir le chemin du retour de son peuple Israël (cf. Prov. 11:8 ; 21:18). Indépendamment de cela, Israël, comme peuple, devra porter la peine de ses péchés (cf. 40:2 ; Amos 3:2).
(*) Seba (voir Gen. 10:7 ; Ps. 72:10 ; en És. 45:14 l’hébreu est « Sebaim ») était un peuple descendant de Cush (et de Cham), et établi en Nubie (nord du Soudan). Ne pas le confondre avec Sheba du sud de l’Arabie (És. 60:6). — L’histoire profane indique que les Perses, sous la domination desquels les Juifs ont pu regagner leur patrie, ont plus tard assujetti ces pays du bord du Nil.
La raison de la grâce avec laquelle Dieu agit est donnée ensuite : « Depuis que tu es devenu précieux à mes yeux, tu as été glorieux, et moi, je t’ai aimé » (v. 4). Ce n’est pas en vertu de leurs qualités et de leurs actions, mais en vertu de son amour, que Dieu les considère au-dessus des peuples. C’est l’amour de Dieu et non le mérite du peuple qui, à la fin des temps, le ramènera dans son pays — ce dont nous vivons actuellement les signes annonciateurs. En rapport avec cela, l’Éternel lui adresse ces paroles consolantes et encourageantes : « Ne crains pas, car je suis avec toi » (v. 5). Il rassemblera de tous les points cardinaux ceux qui appartiennent à son peuple (cf. Deut. 30:3-5 ; És. 11:11, 12 ; 49:12 ; 60:4 ; Zach. 8:7, 8 ; Matt. 24:31). C’est un retour d’une tout autre envergure que celui du petit résidu de Juda remonté de la captivité babylonienne en l’an 536 av. J.C. (cf. Esd. 2:64).
Aux versets 6 et 7, Dieu désigne ceux qui reviendront comme ses
fils et ses filles, ceux qui sont appelés de son nom
et qu’il a créés
,
formés
et faits pour sa gloire
. Ces expressions ne se rapportent
pas à la rédemption, mais uniquement à l’appartenance au peuple terrestre de
Dieu (cf. v. 1 ; Deut. 28:10 ; 32:19). Les Juifs qui rentreront dans
leur pays seront pour la plupart dans un état d’incrédulité ; et là
seulement s’opérera en eux un retour spirituel vers leur Dieu (cf. chap. 18 ;
Ézéch. 37:1-14).
Le verset 8 exprime l’état du cœur, déjà décrit précédemment, de ceux qui sont rentrés au pays : « Fais sortir le peuple aveugle qui a des yeux, et les sourds qui ont des oreilles ». Dieu lui-même a endurci le peuple qui, déjà dans les jours du prophète Ésaïe mais particulièrement par le rejet du Seigneur Jésus, s’est montré sourd et aveugle à l’égard de ses soins d’amour (cf. 6:10 ; 29:18 ; 42:18 ; Rom. 11:8-10). Toutefois il ne le laissera pas toujours dans cet état, mais le ramènera dans son pays et se tournera de nouveau vers lui.
Cet événement extraordinaire, mentionné déjà plusieurs fois par Ésaïe, est maintenant présenté aux nations et aux peuples, invités à se rassembler. Quelqu’un parmi eux a-t-il prédit le merveilleux retour et la restauration du peuple d’Israël, ou même l’un des événements qui s’est accompli ? S’il en est ainsi, que des témoins s’avancent et le déclarent, afin qu’on puisse en juger (v. 9) ! En fait, les témoins de Dieu sont ceux qui appartiennent à son propre peuple, qu’il appelle ici de nouveau « mon serviteur » (v. 10 ; cf. 41:8 ; 44:8). Ils ont été choisis par lui afin qu’ils le croient et qu’ils comprennent qu’il est lui seul le Dieu éternel — afin qu’ils sachent qu’il est le premier, avant lequel aucun Dieu n’a été formé, et le dernier, après lequel il n’y en aura pas. Lui seul peut prédire l’avenir ; lui seul est l’éternel « Je suis » ; lui seul est le Sauveur (v. 11).
Quand la délivrance de son peuple, annoncée à l’avance, sera devenue réalité, chacun pourra reconnaître que le Sauveur qui a opéré cela n’était pas quelque dieu « étranger » mais l’Éternel seul. Combien de fois, dans le passé, Israël s’est-il tourné vers les idoles (cf. Deut. 32:16) ! Mais à la fin des temps, le résidu croyant reconnaîtra que ni l’Antichrist ni l’empire romain avec son idolâtrie ne peuvent lui offrir du secours contre l’assaut des Assyriens. Seul le Seigneur Jésus, leur Messie, le pourra (cf. És. 28:15, 16). C’est précisément cette expérience qui fera d’eux des témoins appropriés de Dieu, qui pourront annoncer avec joie sa délivrance (v. 12). De même, dans le temps actuel, seuls peuvent être de vrais témoins de la grâce de Dieu en Christ ceux qui ont été sauvés par la foi en l’évangile (cf. Act. 1:8).
Toutefois Dieu, qui est éternellement le Même, est non seulement amour mais aussi lumière. Celui qui n’accepte pas son salut devra le rencontrer un jour comme juge ; et de sa main personne ne pourra délivrer (v. 13). Les peuples ennemis et leurs dieux en feront l’expérience lors de l’apparition du Seigneur Jésus. Il en sera de même, plus tard, de ceux qui se tiendront devant le grand trône blanc parce qu’ils n’auront pas cru en l’œuvre rédemptrice du Seigneur Jésus. Ils recevront de sa bouche la sentence de leur condamnation éternelle.
Le Rédempteur, le Saint d’Israël, s’adresse de nouveau à son peuple avec autorité. Il a appelé Cyrus, roi de Perse, et l’a envoyé à Babylone dans le but exprès de libérer son peuple (v. 14 ; cf. 13:3). À la suite d’une attaque subite, de riches habitants de la ville ont apparemment tenté en vain de fuir sur l’Euphrate au moyen des vaisseaux dont ils étaient fiers (v. 14).
Mais personne ne peut résister à la main de Dieu ; il est l’Éternel, le Saint d’Israël, et aussi son « créateur » et son « roi » (v. 15 ; cf. v. 1, 21 ; 6:5). Ces deux derniers titres englobent toute l’histoire du peuple terrestre de Dieu, depuis ses débuts jusqu’au règne du Messie dans le Millénium. On a ici une première indication du fait que la prise de Babylone n’est qu’un premier accomplissement d’une prophétie qui concerne les temps de la fin. Il en est de même du jugement, déjà décrit en détail dans les chapitres 13 et 14, qui tombera sur cette puissance mondiale idolâtre et brutale (cf. 21:9 ; 47:1 et suiv. ; Apoc. 14:8 ; 18:2).
Dans ce qui suit, l’Éternel rappelle la délivrance d’Israël hors d’Égypte. Déjà en ce temps-là, il avait manifesté sa toute-puissance en faveur de son peuple en lui frayant « un chemin dans la mer et un sentier dans les eaux puissantes », dans lesquelles il avait englouti toute l’armée des Égyptiens, avec ses chars et ses chevaux (v. 16, 17 ; cf. Ex. 14:21-31). Cette délivrance de la part de Dieu est présentée ici comme une preuve de la puissance de Dieu pour sauver son peuple et pour anéantir ses ennemis.
Cependant le peuple de Dieu doit diriger ses regards en avant au lieu de s’occuper de son passé (v. 18) — ce qui, bien sûr, ne veut pas dire qu’il doit oublier son histoire (cf. 46:9). Les choses annoncées ici surpassent toutes celles qui sont arrivées auparavant. Dieu avait dit au chapitre précédent : « Voici, les premières choses sont arrivées, et je déclare les choses nouvelles : avant qu’elles germent, je vous les ferai entendre » (42:9), et il dit ici : « Voici, je fais une chose nouvelle ; maintenant elle va germer : ne la connaîtrez- vous pas ? » (v. 19). Ce qui était annoncé va maintenant s’accomplir. Le retour d’un petit résidu juif de Babylone n’est qu’un avant-goût des événements prédits ici. L’Éternel va mettre un chemin dans le désert et des rivières dans le lieu stérile (v. 19 ; cf. 40:3 ; 35:6 ; 41, 18). Dans ces passages, nous pouvons sans aucun doute voir une allusion à l’état spirituel renouvelé d’Israël, lorsqu’il sera richement béni après être revenu à son Dieu. Toutefois leurs contextes montrent qu’ils font aussi allusion aux énormes bouleversements qui interviendront dans la nature au commencement du Millénium. Ainsi au verset 20, même les chacals et les autruches, animaux déclarés impurs par la loi, glorifieront le Seigneur (cf. Lév. 11 ; És. 34:13 ; 35:1 ; 55:13 ; Osée 2:18). Mais avant tout, son peuple « élu », qu’il a « formé » pour lui-même, doit raconter et racontera sa louange dans ce temps glorieux (v. 21). Tous ceux qui ont été rachetés par l’œuvre de Christ, qui aussi autrefois étaient « impurs », peuvent déjà maintenant annoncer les vertus de celui qui les « a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pierre 2:9) !
Ici la série des prophéties s’interrompt. Dieu rappelle à Israël ses nombreuses iniquités. L’expression « à cause de vous », du verset 14, aurait pu éveiller leur orgueil, mais ils n’ont aucun motif de se glorifier. Bien que Dieu ait fait d’eux son propre peuple et qu’il les ait abondamment bénis, ils ont été las de lui et ils l’ont fatigué par leurs péchés.
C’est pourquoi l’Éternel place devant son peuple (à nouveau désigné ici par les deux noms de Jacob et Israël) un acte d’accusation divinement complet comportant sept points en lesquels il a manqué quant à l’honneur qui est dû à Dieu. La première chose est l’absence de prière sincère (v. 22). Suit une énumération de six offrandes volontaires qu’Israël aurait dû apporter à l’Éternel : l’holocauste, le sacrifice de prospérités, l’offrande de gâteau, l’encens, le roseau aromatique et la graisse des sacrifices (v. 23, 24).
Pendant la captivité à Babylone et depuis la destruction du temple à Jérusalem par les Romains, le service divin des sacrifices a été impossible, car lié à ce temple. Mais auparavant le peuple a pu offrir des sacrifices, et il l’a pu après la reconstruction du temple sous Zorobabel jusqu’en l’an 70 après J-C. Dans la première moitié des dernières semaines d’années avant le règne millénaire, le service des sacrifices recommencera, comme cela ressort de Daniel 9:27.
Mais ici, Dieu ne réclame manifestement pas les sacrifices correspondant aux prescriptions de la loi de Sinaï. Ce n’est pas à cause de la valeur de ces sacrifices eux-mêmes que Dieu les avait prescrits (cf. Jér. 7:22-24). À la lumière du Nouveau Testament, nous pouvons voir dans ces sacrifices avant tout une ombre ou une figure de la Personne et de l’œuvre de Christ (Col. 2:16,17 ; Héb. 10:1-10). Pour les Israélites, ils étaient un témoignage constant du fait que l’homme ne peut subsister devant Dieu en vertu de ses propres mérites, mais uniquement dans le jugement complet du moi. Comme le montrent les paroles de David au psaume 51, les hommes pieux d’autrefois pouvaient comprendre que Dieu ne regardait pas aux sacrifices mais au cœur : « Car tu ne prends pas plaisir aux sacrifices, autrement j’en donnerais ; l’holocauste ne t’est point agréable : Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé. Ô Dieu ! tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié » (Ps. 51:16, 17 ; cf Ps. 40:6). Or la plupart des Israélites offraient des sacrifices comme un devoir importun tout en vivant dans l’iniquité et le péché. Ils fatiguaient Dieu. Celui-ci ne pouvait en aucune manière reconnaître leurs offrandes impures comme de véritables sacrifices (cf. Jér. 6:20 ; Osée 6:6 ; Amos 4:4-6 ; Michée 6:3-8 ; Mal. 1:7-14 ; 2:13 ; Matt. 9:13). Ce n’est pas lui qui les avait fatigués par ses ordonnances, mais eux par leurs iniquités. Oubliant l’esprit dans lequel les sacrifices devaient être offerts, et les associant aux péchés les plus affreux, ils s’étaient rendus gravement coupables devant Dieu.
Et malgré tout cela, Dieu offrait le pardon des péchés. Dans sa grâce et son amour, il fait proclamer : « C’est moi, c’est moi qui efface tes transgressions à cause de moi-même ; et je ne me souviendrai pas de tes péchés » (v. 25 ; cf. 44:22 ; Jér. 31:34). L’amour de l’Éternel envers son peuple est entièrement immérité. Au lieu de juger les pécheurs, Dieu efface les péchés et il ne s’en souviendra plus jamais. Il agit ainsi pour sa propre gloire : « À cause de moi-même ». Et il souligne cela par un double « c’est moi ». Le fondement de cela, c’est l’œuvre rédemptrice de Christ à la croix, œuvre qui sera décrite d’une manière détaillée au chapitre 53. Le résultat en est un plein et éternel pardon de tous les péchés de ceux qui croient à l’Agneau de Dieu (cf. Ps. 103:12 ; És. 38:17 ; Michée 7:19 ; Héb. 10:17).
Ce verset 25 se détache merveilleusement sur la description qui vient d’être faite de l’état spirituel d’Israël. C’est comme un sommet du livre d’Ésaïe et il confirme le titre qu’on lui donne parfois : celui d’évangile parmi les prophètes.
Aux versets 9 et 10, Dieu avait appelé les nations à comparaître devant lui afin de se justifier si elles le pouvaient. Maintenant c’est son propre peuple qu’il appelle pour cela (v. 26 ; cf. 1:18). L’Éternel invite Israël à lui montrer s’il y a quelque mérite de son côté. Mais il n’y en a aucun à produire. Au contraire, l’histoire de ce peuple consiste, du début à la fin, en une série interminable de péchés.
L’expression « ton premier père », au verset 27, semble plutôt se référer à Adam qu’aux ancêtres d’Israël, Jacob ou Abraham. C’est par Adam que le péché est entré dans le monde (cf. Osée 6:7 ; Rom. 5:12 et suiv.).
Cependant non seulement le premier père, mais aussi les « médiateurs » du peuple, ceux qui auraient dû lui faire connaître la volonté de Dieu, ont péché (v. 27). Ce sont tout particulièrement les sacrificateurs, dont les lèvres devaient garder la connaissance, et de la bouche desquels on devait rechercher la loi (Deut. 33:10 ; Mal. 2:7). Ils sont aussi appelés les « chefs du lieu saint » (v. 28 ; 1 Chron. 24:5) ; Dieu les a profanés dans sa colère, à cause de leurs iniquités. En outre il a livré tout son peuple à la destruction et à l’opprobre. Tout cela était déjà décrété de sa part à l’époque d’Ésaïe, même si l’accomplissement n’en a eu lieu qu’au moment de la transportation à Babylone. Les conséquences en subsisteront jusqu’au retour final d’Israël vers Dieu.
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Les premiers versets de ce chapitre se relient directement à la fin du chapitre précédent et en constituent la conclusion. Mais le contraste entre le jugement prononcé là et les promesses que l’on trouve ici est immense.
L’Éternel appelle son peuple à l’écouter, ce peuple qu’il a choisi comme son serviteur. Il lui rappelle qu’il l’a formé « dès la matrice » et qu’il l’aide. Il l’encourage en lui disant : « Ne crains pas, mon serviteur Jacob, et toi, Jeshurun, que j’ai choisi » (v. 2 ; cf. 41:8-10). Le nom honorifique de Jeshurun (qui signifie : « celui qui est droit, juste », et qu’on trouve aussi en Deutéronome 32:15 ; 33:5, 26) se réfère prophétiquement à l’état spirituel futur du peuple. Quelle grâce se révèle dans ces paroles du Dieu d’Israël ! Quels encouragements contiennent ces deux versets pour le peuple qui a été si profondément humilié à cause de son infidélité et de son égarement ! Dieu rétablira ses relations avec son peuple terrestre sur un fondement entièrement nouveau — ces relations qui avaient été fondées autrefois sur l’alliance de Sinaï, puis interrompues par la désobéissance du peuple et son rejet de Christ.
Dieu étanchera la soif des hommes au moyen de l’eau de la vie et mettra fin à la sécheresse spirituelle (v. 3). Il versera son Esprit et sa bénédiction sur le peuple, plus précisément sur sa « semence » et sur « ceux qui sortent de lui », c’est-à-dire dans un avenir qui était encore lointain à l’époque d’Ésaïe (cf. 12:3 ; 41:18 ; Ézéch. 36:25 ; Jean 3:5 ; 4:10-14). D’autres passages de la Parole montrent que cette prophétie ne saurait en aucun cas se rapporter au retour des Juifs de Babylone (És. 32:15 ; Ézéch. 36:26 ; Joël 3:1-5). Elle n’aura son accomplissement qu’au début du Millénium et la condition préalable en est la conversion d’Israël à Jésus Christ, son Messie. Il y en a eu toutefois un accomplissement partiel au début du christianisme, à la Pentecôte, lorsque le Saint Esprit a été répandu sur ceux qui croyaient au Seigneur Jésus (Act. 2:16-21).
Quelle sera pour le peuple la conséquence de cette bénédiction ? « Ils germeront parmi l’herbe, comme les saules auprès des courants d’eau » (v. 4). Il n’y aura pas seulement un accroissement rapide et important de la population du pays, initialement petite et composée uniquement de ceux qui font partie du résidu croyant, mais surtout une prospérité spirituelle du peuple (cf. Ps. 1:3 ; Jér. 17:8).
Lorsque l’Éternel reconnaîtra de nouveau Israël comme étant son peuple, tous — Israélites ou nations — ressentiront comme le plus grand honneur d’être mis en relation avec Lui et avec son peuple. L’un dira qu’il est à l’Éternel, un autre s’unira au nom de Jacob, tandis qu’un troisième écrira de sa propre main qu’il appartient à l’Éternel et considérera le nom d’Israël comme un titre honorifique (v. 5).
Les titres sous lesquels Dieu se présente ensuite font ressortir d’une manière particulière sa relation avec Israël. Il est « l’Éternel, le roi d’Israël, et son rédempteur, l’Éternel des armées » (v. 6). Les deux titres intermédiaires portent nos pensées sur le Seigneur Jésus, de même que les paroles qui suivent : « Je suis le premier, et je suis le dernier », que nous trouvons aussi dans le livre de l’Apocalypse (Apoc. 1:8, 17 ; 2:8 ; cf. És. 41:4).
Toutes ces expressions témoignent de l’existence éternelle et de la souveraineté absolue de Dieu. À part lui, le « seul vrai Dieu », aucun être ne peut être désigné ainsi à juste titre (v. 6). Un dieu quelconque a-t-il prédit comme lui l’avenir du « peuple ancien » ? Si oui, qu’il le déclare, ainsi que toutes les autres choses qui arriveront (v. 7 ; cf. 43:9-12) ! Hors lui, personne n’est capable de cela.
Le peuple qui le connaît comme son Dieu est alors encouragé à ne pas avoir peur et à ne pas craindre (v. 8 ; cf. 41:10). Il lui a fait annoncer ses plans par les prophètes et il les réalisera. Il est le seul Dieu, le rocher éternel, en qui l’homme peut sans réserve mettre sa confiance. C’est le peuple d’Israël qui est le mieux à même d’en témoigner (cf. 43:10).
Au verset 9, l’Éternel revient au sujet des idoles que son peuple adorait avant la captivité babylonienne (cf. 40:18-20 ; 42:17 ; 45:16, 20 ; 46:5-7). Dans un langage particulièrement incisif, il montre combien il est insensé de faire et d’adorer des images taillées. Celui qui forme ou se fait construire une idole s’attend bien sûr à ce qu’elle lui soit vraiment utile (v. 10). Mais aussi bien les adorateurs que les constructeurs de telles images seront honteux (v. 11). Car comment ce que l’homme fait, même s’il est habile et expérimenté, pourrait-il être plus fort et meilleur que l’homme lui-même ? Et déjà lorsqu’il forme l’image, il a faim, il a soif et il est fatigué (v. 12).
Le processus de fabrication d’une image taillée suffit à montrer tout le ridicule qui caractérise cet objet. Un sculpteur sur bois travaille selon toutes les règles de son art et réalise une image aussi belle que possible. Pour cela, il a besoin de bois et choisit un arbre approprié. Le fait que celui-ci a cru grâce à la « pluie du ciel », qui ne peut être donnée que par le seul vrai Dieu, le Créateur et le Conservateur du monde, ne fait que souligner le ridicule de tout le processus (v. 13, 14 ; cf. Ps. 147:8).
Et l’ironie s’accroît encore dans les versets 15 à 17. Une moitié du bois est utilisée pour se chauffer, pour rôtir de la viande ou pour cuire du pain, alors que le reste sert à faire une image taillée devant laquelle l’homme qui l’a faite va se prosterner. Aussi le prophète ne peut-il qu’exprimer la sentence, pleine de douleur et de tristesse : « Ils n’ont pas de connaissance et ne comprennent pas ; car Il a couvert d’un enduit leurs yeux, en sorte qu’ils ne voient pas, et leurs cœurs, en sorte qu’ils ne comprennent pas » (v. 18 ; cf. 6:10). C’est à cause de cela qu’on ne discerne pas que c’est une folie d’adorer le matériel qu’on utilise tout à la fois pour faire une « abomination » et pour le réduire en « cendres ». Quel terrible égarement ! Au lieu de la délivrance il ne conduit qu’à la condamnation éternelle ! Tout cela ne s’applique-t-il pas, à bien des égards, à l’homme moderne et à ses idoles : l’argent, le pouvoir, la culture et la science ? — sans parler de l’idolâtrie dans sa forme grossière et de l’occultisme, de plus en plus répandus.
« Souviens-toi de ces choses… » (v. 21). Par ces mots, Dieu invite son peuple à prendre à cœur ce qui vient d’être dit au sujet des idoles et de leur fabrication, comme aussi de l’idolâtrie (cf. 46:8). Israël est le serviteur de l’Éternel, et ne doit pas se trouver sous la domination des démons ! En contraste avec les idoles, qui doivent d’abord être fabriquées par les hommes, Dieu est celui qui a formé toutes choses. Il a formé aussi son peuple Israël, et il ne l’a pas oublié, bien que celui-ci se soit détourné longtemps de lui.
Dans son amour et sa miséricorde, et en vertu de l’œuvre de son Fils à la croix, il a effacé tous les péchés et les transgressions de son peuple aussi entièrement que les nuages s’effacent devant le soleil. Grâce à cette œuvre de rédemption accomplie, il peut lui dire : « Reviens à moi, car je t’ai racheté » (v. 22 ; cf. 41:14 ; 43:1). Lorsque le peuple sera revenu à son Dieu, le verset 23 s’accomplira : « Exultez, cieux, car l’Éternel l’a fait ; jetez des cris, vous, profondeurs de la terre ; éclatez en chants de triomphe, montagnes, forêts, et tous les arbres qui y sont ! Car l’Éternel a racheté Jacob, et s’est glorifié en Israël ». Dans le Millénium, non seulement le peuple d’Israël racheté louera son Dieu et le glorifiera, mais « la création elle- même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption », sous laquelle elle a longtemps soupiré (Rom. 8:21).
Les mots « Ainsi dit l’Éternel », au verset 24, introduisent une nouvelle déclaration prophétique. La rédemption étant maintenant au premier plan, Dieu se présente d’abord comme le « rédempteur » d’Israël, ensuite comme celui qui l’a « formé dès la matrice ». Il est le Tout-Puissant qui a fait toutes choses, le Créateur des cieux et de la terre (cf. 41:14 ; 44:2). Mais il est aussi, et lui seul, Celui qui connaît la fin dès le commencement. C’est donc lui qui peut prédire, comme cela se voit d’une manière si saisissante dans tout ce livre. Lui seul connaît toutes choses, et il manifeste le mensonge de tous les signes et de toutes les divinations des hommes, comme aussi la folie de toute la sagesse humaine et de toute la vaine connaissance des hommes (v. 25 ; cf. 8:19 ; 1 Cor. 1 et 2). En revanche, il confirme la parole de son serviteur et accomplit le conseil de ses messagers (v. 26). Il est difficile de dire si le « serviteur » de l’Éternel, dans ce passage, est le peuple d’Israël (cf. 42:19) ou le prophète lui-même (cf. 20:3). Les « messagers » sont certainement les prophètes que Dieu a envoyés. Les messages qu’il leur a confiés par son Esprit auront tous leur accomplissement. Qu’il s’agisse de l’effondrement des puissants empires assyrien et babylonien, qu’il s’agisse du retour des Juifs de la captivité babylonienne, qu’il s’agisse de la reconstruction du temple et des villes de Juda, tout cela Dieu l’a fait prédire et tout s’est accompli. Il en est de même des prophéties concernant la venue du Sauveur, son rejet et l’endurcissement d’Israël qui en est résulté. Et les prophéties non encore accomplies concernant la conversion future du peuple, l’apparition de Christ, l’anéantissement de tous ses ennemis et le Millénium… se réaliseront tout aussi certainement !
C’est Dieu qui a mis la mer à sec lorsque Israël est sorti d’Égypte, qui a fait s’épuiser de grandes puissances comme les fleuves tarissent par la sécheresse, et qui a permis aux Perses de conquérir la ville de Babylone par le détournement du cours de l’Euphrate. C’est le même Dieu qui a appelé le roi Cyrus pour faire retourner son peuple dans le pays promis et pour faire reconstruire Jérusalem et le temple (v. 27, 28). Dieu s’est servi de cet homme pour réaliser ses plans et pour accomplir tout son bon plaisir. Le retour du résidu de Babylone, prédit ici, est un type de la conversion future d’Israël. Parallèlement, nous pouvons voir en Cyrus une « ombre » du Messie. Dieu le désigne ici comme son berger, c’est-à-dire comme celui qui régnera sur son peuple, et comme celui qui accomplira tout son bon plaisir. Il est cependant bien loin derrière le « bon Berger », qui a laissé sa vie pour les brebis et en qui le Père a trouvé son plaisir. En tant que souverain du deuxième des quatre grands empires prophétiques, il accomplira certes tout le bon plaisir de Dieu, mais il n’est pas lui-même, comme Christ, l’objet du plaisir de Dieu (42:1 ; 53:10).
Pour les critiques, la mention du nom de Cyrus, ici et au premier verset du chapitre 45, est une raison déterminante pour attribuer toute la seconde partie du livre d’Ésaïe à plusieurs écrivains postérieurs à l’exil. Pour eux il est impensable que le nom d’un homme soit mentionné par un prophète plus de 150 ans avant sa naissance. Pourtant il ne s’agit nullement là d’un cas unique. En 1 Rois 13:2, l’homme de Dieu venant de Juda énonce le nom du roi Josias 300 ans à l’avance. La différence entre les idoles et le seul vrai Dieu se manifeste aussi en cela. Dieu a répondu par avance à la critique incrédule en dénonçant à plusieurs reprises, précisément dans cette partie du livre, le néant des idoles et des devins, et en se présentant lui-même comme le Créateur du monde, le Dieu de son peuple Israël, le Dieu qui seul prédit les événements futurs et les fait se réaliser.
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Au chapitre 44 (v. 24-28), l’Éternel a parlé de Cyrus ; maintenant il s’adresse à lui. Si l’appellation « mon berger », qui se trouve dans les versets précédents, a déjà dû faire dresser l’oreille à chaque Israélite, combien plus ici le titre de « oint » (hébr. meshiah : Messie) qui est réservé essentiellement au futur Roi des rois (1 Sam. 2:10, 35 ; Ps. 2:2) ! L’utilisation de ce titre d’honneur montre que Dieu, dans un temps où son peuple est sans roi, peut aussi se servir d’un souverain des nations pour l’accomplissement de ses plans. Le roi syrien Hazaël a lui aussi reçu, si ce n’est le titre de « oint », du moins cette onction de la part de Dieu (1 Rois 19:15).
Comme l’aura le vrai Messie dans un jour futur, Cyrus avait pour mission de délivrer le peuple de Dieu et d’exécuter le jugement sur les ennemis de celui-ci. Mais, bien que Dieu l’ait tenu par la main droite, Cyrus, pour autant que nous puissions le conclure par ce que nous dit l’Écriture, ne l’a pas connu par la foi.
Dieu voulait cependant se servir de cet homme comme d’un instrument pour soumettre les nations et anéantir leur puissance ; il allait ouvrir les portes devant lui. Nous pouvons certainement voir ici une allusion à la prise de Babylone, lorsqu’en 539 A.C., les Mèdes et les Perses ont pu entrer sans obstacle par les portes de la ville (v. 1). Dieu lui-même s’engage à aller devant lui et à balayer tous les obstacles (v. 2). Il lui donnera « les trésors des ténèbres et les richesses des lieux cachés ». Selon les récits des historiens de l’antiquité, Hérodote et Xénophon, Cyrus, par sa victoire en l’an 547 A.C. sur le roi Crésus de Lydie (dont la richesse est légendaire) et aussi par la prise de Babylone, a conquis d’immenses richesses.
Dieu donne maintenant trois raisons pour lesquelles il a choisi Cyrus. La première est donnée au verset 3 : « afin que tu saches que moi, l’Éternel, qui t’ai appelé par ton nom, je suis le Dieu d’Israël ». Il n’est donc pas question, en premier lieu, de la position élevée donnée à Cyrus et de la destruction de Babylone, mais il faut que Cyrus reconnaisse qui est celui qui l’a mandaté : le Dieu d’Israël. Dans sa puissante main, les cœurs des rois sont des ruisseaux d’eau : il les incline « à tout ce qui lui plaît » (Prov. 21:1).
La deuxième raison est au verset 4 : « À cause de mon serviteur Jacob, et d’Israël, mon élu, je t’ai appelé par ton nom ». Celui qui s’est choisi ce « plus petit de tous les peuples » et qui a établi « les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël » veille déjà depuis des millénaires sur son peuple, et le gardera de telle sorte qu’à la fin « tout Israël sera sauvé » (Deut. 7:7 ; 32:8 ; Rom. 11:26). Dans ce but, il a appelé Cyrus par son nom plus de 150 ans avant son apparition ; en outre, il lui a donné des titres magnifiques : « berger » et « oint » (cf. 44:28 ; 45:1). Cependant, bien que Cyrus ait été appelé par Dieu et revêtu de force pour délivrer le résidu de Juda de la captivité babylonienne, il n’a jamais vraiment connu le seul vrai Dieu ; tout au plus y a-t-il eu de sa part une certaine confession de la grandeur du Dieu des cieux (Esd. 1:2-4). Ici l’Éternel doit constater à deux reprises : « Et tu ne me connaissais pas ».
Enfin, au verset 6, nous avons la troisième raison de l’action de Dieu envers Cyrus : « afin qu’ils sachent, depuis le lever du soleil et depuis le couchant, qu’il n’y en a point hors moi » (cf. 43:10, 11 ; 44:6, 8 ; 46:9). Il y aura un jour une connaissance universelle de l’Éternel. L’humanité d’alors en était très éloignée, et elle l’est encore aujourd’hui. Mais dans le Millénium, « la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (11:9 ; cf. Hab. 2:14). Non seulement Israël mais tous les hommes invoqueront le nom du seul Dieu (cf. Zach. 14:9).
Ce Dieu est à l’origine de toutes choses (v. 7). Dans beaucoup de religions, le « bien » et le « mal » sont considérés comme des puissances égales, opposées l’une à l’autre. Mais Dieu se révèle ici dans sa Parole comme celui qui non seulement a formé la lumière, mais qui a aussi créé les ténèbres (bien que cela ne soit pas dit expressément en Genèse 1:3-5). Il fait aussi bien la prospérité que le malheur, car rien n’arrive sans lui et il est au-dessus de toutes choses.
Les mots : « moi… qui crée le malheur (ou : le mal) » ont déjà été une énigme pour beaucoup de lecteurs de la Bible. Dieu est-il donc à l’origine du mal ou du péché ? Lui qui a les yeux trop purs pour voir le mal (Hab. 1:13), pourrait-il, ainsi que quelques-uns le pensent, avoir voulu le péché afin de rendre son amour et sa grâce d’autant plus glorieux ? Cette supposition impie doit être absolument rejetée. Le mal lui-même a son origine non pas en Dieu, qui est lumière et amour, mais dans la volonté des créatures qui se sont rebellées contre lui et contre son autorité (cf. Ézéch. 28:15 ; Rom. 5:12).
Pour cette raison, d’autres pensent que le malheur ou le mal se limite ici aux conséquences du péché, comme par exemple la mort de l’enfant engendré par David dans l’adultère, ou la plaie qui a atteint Israël comme châtiment consécutif au dénombrement du peuple (2 Sam. 11 et 12 et 24). Mais de telles restrictions altèrent le sens profond de ce passage. Job, l’homme parfait et droit, a dit : « Nous avons reçu le bien aussi de la part de Dieu, et nous ne recevrions pas le mal ? » (Job 2:10). Il venait de subir les malheurs les plus terribles, et ce n’était nullement en conséquence de ses péchés. Mais Dieu les avait permis en vue de la purification de sa foi.
Par le « malheur » ou le « mal » que Dieu crée, il ne faut pas comprendre le mal en lui-même, le péché, mais ce qu’il fait rencontrer à l’homme sur son chemin et qui apparaît aux yeux de celui-ci comme « mauvais » ou « mal ». Quel bonheur de savoir que Dieu est derrière et au-dessus de toutes choses (cf. Lam. 3:38 ; Amos 3:6 ; Rom. 8:28) !
Le retour du résidu Juif de la captivité babylonienne, sous l’impulsion de Cyrus roi de Perse, n’était qu’un petit avant-goût de la rédemption future d’Israël, des nations et de toute la création, qui s’accomplira par l’apparition de Christ, le vrai « berger » et le vrai « oint » de Dieu. C’est à cela que se réfère la déclaration du verset 8 : « Cieux, distillez d’en haut, et que les nuages fassent ruisseler la justice ; que la terre s’ouvre, et que, à la fois, le salut se produise et la justice germe ! Moi, l’Éternel, je l’ai créé ». La délivrance et la bénédiction, pour la terre gâtée par le péché, ne peuvent venir que du ciel, des « nuages » desquels, au sens figuré, ruisselle la « justice ». Dieu lui-même doit intervenir, il doit envoyer son Fils bien-aimé, afin que le salut puisse se produire et la justice germer sur la terre. Quelle merveilleuse image de la bénédiction à venir pour toute la terre — bénédiction à laquelle déjà maintenant, spirituellement parlant, peuvent avoir part tous ceux qui croient au Seigneur Jésus !
Ni les contemporains d’Ésaïe ni les Juifs retournés dans leur terre sous le roi Cyrus ne pouvaient discerner la signification typique de la délivrance du joug babylonien. Ils pouvaient bien, cependant, voir la toute-puissance de Dieu qui s’y était manifestée. À ce sujet, ils sont mis en garde contre le mécontentement à l’égard des voies de Dieu. Ésaïe doit prononcer un double « Malheur ! » sur les Juifs qui auraient l’audace de critiquer la manière d’agir de Dieu. Celui-ci, dans sa souveraineté, utiliserait comme instrument de leur délivrance un roi païen qui ne le connaissait pas. Il compare de tels hommes à des tessons qui se permettraient de juger le potier qui les a formés, ou à des enfants qui reprocheraient à leurs parents l’être qu’ils ont mis au monde (v. 9:10 ; Jér. 18:6 ; Rom. 9:19-21). Aucun homme n’a ce droit à l’égard du Dieu souverain.
Il est l’Éternel, le Saint d’Israël, qui aime son peuple qu’il a formé (cf. 43:1). Lui seul sait à l’avance ce qui arrivera et est en mesure de l’annoncer. C’est pourquoi ceux qu’il appelle ses « fils » (cf. v. 10) et « l’œuvre de ses mains » (cf. v. 9) peuvent se confier en lui sans restriction. Dieu prend soin de ses créatures. Il est véritablement le « conservateur de tous les hommes, spécialement des fidèles » (1 Tim. 4:10).
Au verset 12, il rappelle encore une fois à son peuple qu’il est le créateur des cieux et de la terre, avec tout ce qu’ils contiennent (42:5 ; 44:24). Comme tel, il est souverain pour appeler les instruments qu’il veut. Il va réveiller le roi païen Cyrus et permettre ainsi le retour des captifs de Babylone afin qu’ils puissent reconstruire Jérusalem, la ville de Dieu (41:2, 25 ; 44:28). Ce ne sont pas des moyens humains et matériels qui réaliseront tout cela, mais la volonté souveraine de Dieu (v. 13).
Cependant, le retour du petit résidu juif dans le pays de Canaan, par la main du roi Cyrus, n’est pas, de loin, tout ce que Dieu veut faire avec son peuple terrestre. Ce n’est qu’un acompte de la délivrance définitive d’Israël aux temps de la fin. C’est dans cette période encore future que nous place la seconde moitié de ce chapitre.
Au chapitre 43 (v. 3), les Égyptiens, les Éthiopiens et les Sabéens sont présentés comme les représentants des peuples que Dieu va livrer pour libérer le chemin de retour de son peuple terrestre. Au verset 14, ils sont donnés comme exemples des nations qui un jour se soumettront à Israël et reconnaîtront qu’il n’y a point d’autre Dieu que l’Éternel (cf. v. 5, 6, 21, 22 ; 1 Cor. 14:25). Alors l’Éternel mettra son peuple « à la tête, et non à la queue » (Deut. 28:13-44).
En présence de cette vision grandiose de l’avenir, le prophète ne peut que s’émerveiller de la manière d’agir de Dieu. Cela surpasse toute compréhension humaine. Aussi interrompt-il sa prophétie et s’exclame : « Certes, tu es un Dieu qui te caches, le Dieu d’Israël, le Sauveur ». Depuis longtemps, Dieu se tait et, d’une certaine manière, se cache d’Israël (cf. 8:17 ; 18:4 ; 30:18 ; 42:14 ; Osée 3:3-5). Pourtant il n’oublie pas son peuple et il se manifestera de nouveau à lui comme le « Dieu d’Israël », et comme « le Sauveur » (v. 15). Son but, maintenant encore caché à son peuple, lui sera révélé lorsqu’il rendra hommage à Celui qu’il a autrefois rejeté, et qu’il dira : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Ps. 118:26 ; Matt. 23:39). Toutefois le prophète et ceux qui connaissent la prophétie savent toutes ces choses à l’avance (cf. Rom. 11:25-36).
Aussi bien chez les nations que chez Israël, toute idolâtrie aura disparu. Tous les faiseurs d’idoles auront honte et seront confus (v. 16). Différents passages montrent clairement qu’après l’apostasie du christianisme en Europe — apostasie qui se profile déjà aujourd’hui — et l’apparition de l’Antichrist en Israël, il apparaîtra dans ces pays un culte idolâtre tel qu’il n’y en a jamais eu (cf. 42:17 ; Matt. 24:15 ; 2 Thess. 2:4 ; Apoc. 13:4, 8, 15). Mais les instigateurs et les objets de cette idolâtrie, le chef de l’empire romain et l’Antichrist, seront jetés vifs dans l’étang de feu par le Seigneur Jésus lors de son apparition, et tous leurs partisans seront tués (Apoc. 19:19-21). Par contre, le résidu Juif croyant n’aura « pas honte » ; il ne sera « pas confus, aux siècles des siècles », mais il sera « sauvé » « d’un salut éternel » (v. 17 ; cf. 54:4). Bien qu’il ne s’agisse que d’une petite partie du peuple, la parole de Dieu dit cependant ici : « Israël sera sauvé » (cf. 1:9 ; Rom. 11:26).
Au verset 18, Dieu, le créateur des cieux et de la terre, rappelle qu’il y a un but dans tout ce qu’il a créé. Il n’a pas créé la terre pour être vide, mais pour qu’elle soit habitée et pour que les hommes le reconnaissent comme le seul vrai Dieu (Gen. 1:26-31 ; Rom. 1:19, 20). Ce but a été apparemment compromis par la chute de Satan et la désobéissance des hommes. En Genèse 6:6, nous lisons : « Et l’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il s’en affligea dans son cœur. Et l’Éternel dit : J’exterminerai de dessus la face de la terre l’homme que j’ai créé ». Par le déluge, tous les hommes, excepté le juste Noé et sa famille, ont été tués alors. Mais cela n’a pas ôté le péché dans l’homme ; et ce péché s’est montré dans la construction de la tour de Babel, qui était un défi lancé à Dieu. Ensuite, Dieu a choisi Abraham, l’ancêtre d’Israël, son peuple terrestre. Toutefois ce peuple a aussi totalement failli, lorsqu’il a rejeté le Seigneur Jésus, le roi et le sauveur que Dieu lui avait promis. Depuis lors, Dieu rassemble, parmi tous les peuples de la terre, un peuple céleste : l’Assemblée.
Mais qu’adviendra-t-il de la terre ? Après l’enlèvement des croyants, Dieu se tournera de nouveau vers son peuple terrestre ; et en même temps, il fera aussi annoncer l’évangile du royaume aux nations (Rom. 11:25, 26 ; Matt. 24:14). À l’apparition du Seigneur commencera le Millénium, dans lequel toute la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel (És. 11:9). Alors, malgré le péché, le but de Dieu envers cette terre sera réalisé — jusqu’à ce que toute la création actuelle ait passé pour faire place au nouveau ciel et à la nouvelle terre (Apoc. 20:11 ; 21:1). De tout cela, Dieu n’a pas parlé en secret ; mais il l’a fait annoncer à l’avance par son prophète à son peuple terrestre, à la « semence de Jacob » (v. 19 ; cf. Gen. 49:10).
En des termes qui rappellent les versets 1 et 21 du chapitre 41,
mais qui sont ici l’expression de la grâce divine, l’Éternel invite maintenant
les « réchappés des nations » à se rassembler et à s’approcher (v.
20). Il s’agit des hommes des nations qui survivront aux jugements qui auront
lieu avant et lors de l’apparition du Seigneur Jésus. Comme le résidu juif
croyant, ils devront reconnaître que toutes les idoles ne sont que du « bois »,
c’est-à-dire qu’elles sont périssables et sans puissance, et qu’il n’y a qu’un
seul
Dieu juste et sauveur. De tout temps, Dieu a présenté à l’homme sa
souveraineté et son autorité, comme aussi sa grâce qui sauve. Il continuera à
le faire — non seulement en faveur de son peuple terrestre, mais aussi pour « tous
les bouts de la terre » (v. 20-22). Combien grande est la grâce de
Dieu ! Ce n’est pas seulement dans le temps actuel — le « temps de la
grâce » — qu’elle appelle les pécheurs à la repentance et à la foi. Ce
sera aussi durant la grande tribulation, après l’enlèvement des croyants, et
durant le Millénium, c’est-à-dire aussi longtemps qu’il y aura des hommes sur
la terre !
Soulignons toutefois le fait solennel que pour ceux qui auront refusé l’évangile de la grâce tel qu’il est annoncé actuellement, il n’y aura pas de nouvelle possibilité de salut après l’enlèvement des croyants. Au contraire, Dieu leur enverra « une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité » (2 Thess. 2:11).
Cependant la bonne nouvelle de la grâce divine annoncée aux hommes n’est pas facultative. Dieu, qui est au-dessus de tout et qui ne peut jurer par personne de plus grand que par lui-même, proclame irrévocablement : « Devant moi tout genou se ploiera, par moi toute langue jurera » (v. 23 ; cf. Héb. 6:13). Dans leur contexte propre, ces paroles se rapportent aux hommes qui vivront dans le Millénium — soit aux croyants qui hériteront du royaume comme étant ceux que le Seigneur Jésus appelle « les bénis de mon Père », soit à ceux qui se soumettront extérieurement à lui pendant son règne, sans être nés de nouveau (cf. Matt. 25:34 ; Ps. 2:12 ; 18:44). Mais comme l’apôtre Paul le montre en Romains 14:11 et en Philippiens 2:10, ces paroles ont une application universelle. D’une part, tous ceux qui ont répondu à l’appel à la repentance et à la foi au Seigneur Jésus ploient leurs genoux déjà maintenant devant leur Rédempteur et Seigneur, dans la reconnaissance et l’adoration. D’autre part, ceux qui l’auront refusé dans leur vie seront aussi contraints de ployer leurs genoux devant lui. Il faudra que « toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ». Les « êtres célestes » sont les croyants du temps présent, les « êtres terrestres » sont les croyants du Millénium et des autres temps du salut, et les « êtres infernaux » sont ceux qui seront éternellement perdus. Paroles bien sérieuses !
Les versets 24 et 25 confirment d’une manière saisissante que l’Éternel est la seule source de justice et de force pour Israël et pour le monde entier. Les uns, qui auront cru en lui et en son Christ, viendront à lui ; tandis que les autres, « qui s’irritent contre lui » dans le refus et la haine, auront honte pour l’éternité (cf. 41:11). Le peuple d’Israël, c’est-à-dire la partie de ce peuple qui acceptera Christ par la foi, sera alors justifié en l’Éternel et se glorifiera en lui. Il en est de même dans le temps présent. Dans l’assemblée de Dieu, où la différence entre Juifs et nations est abolie, le même principe est vrai, avec des effets plus élevés encore : « Or vous êtes de lui dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption, afin que, comme il est écrit, « celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur » (1 Cor. 1:30, 31).
ME 2005 p. 147
Nous avons déjà trouvé, dans les chapitres 13 et 14, un oracle judiciaire touchant Babylone. Et au chapitre 43 (v. 14), Dieu avait annoncé la prise de la ville par Cyrus, roi de Perse, dont les chapitres 41 à 45 nous ont abondamment entretenus. Maintenant, le Saint Esprit s’occupe encore une fois de la ville idolâtre, de l’ennemie héréditaire d’Israël. Cette puissance mondiale de l’antiquité, dont Dieu s’était servi pour châtier son peuple terrestre, est maintenant elle-même jugée par lui. L’anéantissement historique de la puissance babylonienne est en même temps l’image de ce qui aura lieu à la fin des temps avec Babylone, « la grande prostituée », en Apoc. 17 et 18. Le prophète Jean voit d’abord le jugement du système religieux de Babylone, puis ensuite celui de sa puissance commerciale. De même, en Ésaïe, nous voyons d’abord les idoles (chap. 46) et ensuite la ville de Babylone elle- même (chap. 47).
Bel et Nebo étaient les principales divinités de Babylone (cf. Jér. 50:2). D’ailleurs, des noms tels que Belshatsar et Nebucadnetsar en sont dérivés. Dans ce qui est placé ici devant nous, ces divinités apparaissent plus faibles et plus inutiles que les bêtes de somme par lesquelles leurs images sont portées ! (v. 1). Comme elles sont de pures inventions humaines, elles sont incapables de sauver leurs propres images, alors que celles-ci sont transportées en captivité, comme butin, après la prise de la ville (v. 2).
Après ce bref regard sur les idoles de Babylone, Dieu se tourne vers son peuple, la « maison de Jacob » et « tout le résidu de la maison d’Israël ». Il dit : « Écoutez-moi ». Cet appel à écouter se retrouve plusieurs fois dans la suite (46:12 ; 48:1, 12, 14, 16 ; 51:1, 4, 7). En contraste avec les idoles impuissantes, l’Éternel s’est « chargé » de son peuple dès sa naissance comme nation, et l’a « porté » inlassablement (v. 3). À la fin de la traversée du désert, il rappelle à Israël qu’il l’a porté comme un homme porte son fils (Deut. 1:31). Il demeure éternellement et invariablement « le Même », et il portera les siens jusqu’à leur « vieillesse » et jusqu’aux « cheveux blancs » (v. 4). Il aura de nouveau pitié de son peuple et il le soutiendra jusqu’au règne millénaire, au début duquel cette nation aura plus de 3500 ans d’existence. Puisque, dans ce temps de bénédiction, les hommes ne mourront pas à moins d’avoir péché manifestement, on verra un accomplissement littéral des paroles : « Il n’y aura plus, dès lors, ni petit enfant de peu de jours, ni vieillard qui n’ait pas accompli ses jours » (És. 65:20).
La conclusion de la comparaison entre Dieu et les idoles vient au verset 5 : « À qui me comparerez-vous et m’égalerez-vous ou m’assimilerez-vous, pour que nous soyons semblables ? » (cf. 40:18:25).
Les idoles d’or et d’argent, qui ont déjà été décrites plusieurs fois dans cette partie du livre, sont à nouveau placées devant nous dans toute leur inanité : il est question de leur fabrication et de leur adoration, comme aussi de toute leur impuissance, accentuée ici par le fait qu’elles doivent être portées (v. 6, 7 ; cf. 40:19, 20 ; 44:9-17 ; 45:20).
Puis Dieu s’adresse de nouveau à son peuple rebelle et l’exhorte : « Souvenez-vous de cela, et montrez-vous hommes ; rappelez-le à votre esprit, transgresseurs » (v. 8). L’annonce prophétique de la chute de Babylone et de ses idoles aurait dû conduire le peuple — qui, au temps d’Ésaïe, se trouvait encore dans le pays de Canaan — à revenir à Dieu. Placé devant l’impuissance et la vanité de toutes les idoles, ce peuple qui avait abandonné son Dieu aurait pu se souvenir de ses actes de puissance et de sa fidélité inlassable, et revenir à lui de tout son cœur. Il pouvait discerner l’action de Dieu dès les temps les plus anciens, que ce soit dans la création, lors du déluge, lors de la construction de la tour de Babel, dans l’élection d’Abraham, lors de la délivrance du peuple hors d’Égypte, lors de sa marche dans le désert, ou durant son habitation dans le pays de la promesse. En tout cela, sa main avait été active ; car hors lui il n’y a pas de Dieu, et personne ne peut se comparer à lui (v. 9 ; cf. 43:11 ; 44:6 ; 45:5,…).
Son caractère unique se montre en particulier en ce que lui seul peut prédire valablement l’avenir ; il en est ainsi parce que c’est lui qui conduit et dirige toutes choses (42:9 ; 43:12 ; 45:21). Sa toute-connaissance et sa toute-puissance s’expriment dans les trois affirmations progressives des versets 10 et 11 :
— « déclarant dès le commencement ce qui sera à la fin, et d’ancienneté ce qui n’a pas été fait ;
— disant : Mon conseil s’accomplira, et je ferai tout mon bon plaisir ;
— appelant du levant un oiseau de proie, d’un pays lointain l’homme de mon conseil ».
Il est d’abord question de la préconnaissance de Dieu, puis de l’accomplissement de son conseil et enfin de son exécution concrète. « L’homme de mon conseil » est Cyrus, le roi de Perse, qui, tel un oiseau de proie, prendra soudainement et à l’improviste l’insouciante ville de Babylone (41:2). Comme pour souligner le tout, Dieu conclut : « Oui, je l’ai dit, et je ferai que cela arrivera ; je me le suis proposé, et je l’effectuerai » (v. 10, 11).
Au temps d’Ésaïe, les Juifs résistaient à l’Éternel et à ses messagers, les prophètes (v. 12). C’est ce qu’ils font encore aujourd’hui — comme beaucoup d’autres hommes dans le monde entier — en rejetant son Fils qu’il a envoyé au temps convenable pour l’accomplissement de ses promesses à Israël. Dieu l’a envoyé pour manifester sa « justice ». Par lui la justice de Dieu s’est approchée des hommes (v. 13 ; cf. Rom. 3:21-26 ; 10:1-13). À son salut et à sa justice, que nous pouvons déjà connaître maintenant par l’évangile, Israël aura aussi part lorsque le royaume sera établi. L’Éternel mettra le salut en Sion et sa gloire sur Israël. Au début du règne millénaire, la gloire de Dieu qu’Ézéchiel a vu se retirer du temple de Jérusalem y retournera (cf. Ézéch. 9:3 ; 43:1-5).
Maintenant Babylone, « l’ornement des royaumes, la gloire de l’orgueil des Chaldéens » (13:19), reçoit de Dieu le verdict de son jugement. Cette ville orgueilleuse, qui ici — probablement parce qu’elle avait été invaincue jusqu’alors — est comparée à une vierge, a été prise d’un coup de main, en l’an 539 A.C., par les Mèdes et les Perses sous le roi Cyrus. La capitale de la puissance mondiale qui avait détruit Jérusalem devait maintenant quitter son trône et s’asseoir dans la poussière (v. 1). Ses habitantes choyées, tendres et délicates — appelées collectivement « fille des Chaldéens » — devaient maintenant exécuter des travaux d’esclaves (tels que moudre le blé) et, le voile ôté et la robe relevée, traverser les cours d’eau, si le travail (ou le chemin de la captivité) l’exigeait (v. 2, 3). En résumé, nous avons ici le tableau de l’abaissement le plus profond et de la honte (cf. Jér. 13:26).
Dieu donne aussi le motif de l’effondrement de l’orgueilleuse puissance mondiale : « Je tirerai vengeance, et je ne rencontrerai personne qui m’arrête ». Les Chaldéens avaient été employés par Dieu comme verge sur son peuple désobéissant, mais maintenant ils devaient eux-mêmes subir le châtiment en raison de leur idolâtrie et de leur cruauté (cf. Hab. 1 et 2).
Immédiatement, en présence de cette scène qui signifie pour eux la délivrance, ceux qui appartiennent au peuple de Dieu éclatent en cris d’allégresse : « Notre rédempteur, son nom est l’Éternel des armées, le Saint d’Israël… » (v. 4). L’Éternel des armées, dont la puissance est sans limites, le Saint d’Israël, est leur « rédempteur » (cf. 41:14). Ce titre de rédempteur, le plus révélateur de ses titres de gloire pour Israël, est mis ici en évidence. Lorsqu’il apparaît dans le livre d’Ésaïe, il se rapporte aux temps de la fin, car ce n’est qu’alors que le peuple sera vraiment racheté, ce qui n’a été le cas ni lors du retour du résidu de Babylone, ni lors de la première venue de Christ sur la terre.
Le silence et les ténèbres sont maintenant la part de Babylone, la « fille des Chaldéens » (v. 5). Au temps de la transportation de Juda, elle était encore la « maîtresse des royaumes », et Nebucadnetsar, son souverain, était « le roi des rois » ; mais tout cela est maintenant passé (cf. Ézéch. 26:7 ; Dan. 2:37). Dieu était courroucé contre son peuple et voulait le châtier par le moyen des Chaldéens. C’est pourquoi l’armée de cette nation païenne était venue dans le pays d’Israël et l’avait profané. Mais Babylone a outrepassé les bornes que Dieu avait fixées. Lorsque Dieu a livré son peuple en la main des Chaldéens, ils ont été cruels. Même sur les vieillards, pour lesquels on éprouvait dans l’antiquité un respect plus marqué qu’aujourd’hui, ils ont placé le joug pesant de l’esclavage (v. 6).
Il est frappant de voir comment les traits de caractère de la Babylone antique correspondent à ceux de la Babylone future. Tandis que la première dit : « Je serai maîtresse pour toujours » et « Je ne serai pas assise en veuve, et je ne saurai pas ce que c’est que d’être privée d’enfants » (v. 7, 8), la seconde dit : « Je suis assise en reine, et je ne suis point veuve, et je ne verrai point de deuil » (Apoc. 18:7). Et les jugements que Dieu annonce sont semblables : toutes deux viendront à leur fin en un jour (v. 9 ; Apoc. 18:8-10). Le verset 15 présente un autre parallèle.
Dans les versets 8 à 11, le prophète mentionne quatre motifs essentiels pour le jugement de Babylone, la « voluptueuse » :
— ses sorcelleries et ses sortilèges (magie et occultisme) (v. 9),
— son iniquité (v. 10),
— sa sagesse et sa connaissance (v. 10),
— l’orgueil et la déification de soi-même (v. 8, 10). (Les paroles « C’est moi, et il n’y en a pas d’autre » sont très proches de celles que l’Éternel lui-même emploie ; cf. 45:5, 18 ; 46:9).
Le châtiment de Babylone est exprimé dans un langage imagé ; ce sera : « la privation d’enfants et le veuvage » (v. 9) — allusion probable à la perte de ses habitants et de son roi (v. 9 ; cf. Lam. 1:1). La prise de Babylone par Cyrus amènera sur la ville le malheur et la désolation (v. 11). Ni sa magie ni son soi- disant savoir ne pourront la secourir, car Dieu est derrière tout cela et il agit à cause de son peuple (cf. 43:14) — et en fin de compte, à cause de son propre nom.
Dans les versets 12 à 15, la condamnation de Babylone atteint son point culminant. Ses sorcelleries sont tournées en dérision (v. 12), car ses « interprétateurs des cieux » et ses « observateurs des étoiles » sont embarrassés et impuissants (v. 13). Ils ne seront pas plus que du chaume, et ils seront brûlés par le feu du châtiment divin (v. 14). De même, ceux qui ont trafiqué avec Babylone à l’apogée de son commerce s’éloigneront de ce lieu maintenant désolé et erreront chacun de son côté. La mention directe de ceux avec lesquels elle a trafiqué nous rappelle à nouveau le passage d’Apoc. 18:11-19, où nous voyons les marchands et les marins qui se tiennent loin et se lamentent sur la chute de Babylone. « Il n’y a personne qui te sauve » — aucun sauveur n’est là (v. 15). Il en a été ainsi autrefois et il en sera de même au temps de la fin.
En Apoc. 18 retentit un appel du ciel : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés et que vous ne receviez pas de ses plaies » (v. 4). Que tous les enfants de Dieu aujourd’hui aient à cœur d’être séparés de tout mal et de toute idolâtrie, et de vivre pour notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ! Et que tous ceux qui sont encore loin de Dieu se tournent des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils (1 Thess. 1:9, 10) !
ME 2005 p. 364
Ce chapitre termine la partie du livre qui va du chapitre 40 au 48, dans laquelle sont décrites la captivité à Babylone comme conséquence de l’idolâtrie de Juda, et la délivrance par Cyrus, roi de Perse, type de la délivrance future du résidu juif croyant.
Par l’appel « Écoutez ceci », Dieu s’adresse à son peuple, la « maison de Jacob », à ceux qui sont « appelés du nom d’Israël ». Les deux noms de l’ancêtre de ce peuple rappellent aussi bien son caractère humain (Jacob : « qui tient par le talon, qui supplante »), que la grandeur de sa foi (Israël : « vainqueur ou prince de Dieu »). On y voit la profondeur à laquelle Dieu s’est abaissé et la hauteur à laquelle il a élevé cet homme. Plus précisément toutefois, il ne s’agit ici que de ceux qui sont sortis « des eaux de Juda » (c’est-à-dire qui proviennent de cette source) : ce sont ceux qui appartiennent au royaume des deux tribus. Maintenant, comment ces hommes se présentent-ils ? De leur bouche, ils jurent bien par le nom de l’Éternel et font mention du Dieu d’Israël, mais dans leur cœur, la réalité est bien différente. Malgré leur piété apparente, ils ne connaissent ni la vérité ni la justice (v. 1). Sans doute « ils se nomment d’après la ville sainte » de Jérusalem et se réclament du « Dieu d’Israël », haut élevé et puissant, dont le nom est « l’Éternel des armées » (v. 2). Cependant il y a un immense contraste entre ce qu’ils professent et leur état spirituel. Que les habitants de Juda prêtent donc l’oreille aux paroles de leur Dieu !
Tout d’abord, il leur rappelle qu’il a déjà annoncé longtemps à l’avance les choses qu’il a fait arriver subitement (v. 3 ; cf. 41:22, 23). Et il donne la raison pour laquelle il annonce à son peuple les événements futurs. C’est parce qu’il connaît le cœur dur des hommes, qu’il les compare à des animaux obstinés. De même qu’un animal s’oppose de toutes ses forces à celui qui veut le dompter ou le brider, de même Israël ne voulait pas se soumettre à la volonté de Dieu (Ex. 32:9 ; Ézéch. 3:7). L’intervention des prophètes qui l’appelaient à la repentance, qui lui prédisaient le châtiment de la part de Dieu et lui annonçaient sa grâce, était un signe aussi bien de la déchéance du peuple que de l’infatigable compassion de Dieu envers lui (v. 4 ; cf. 2 Chron. 36:15).
Mais les communications prophétiques de Dieu avaient encore une autre raison. Il voulait leur faire comprendre par-là que leurs images taillées n’étaient que de vains ouvrages d’homme. Par le fait qu’il annonçait des événements précis longtemps à l’avance (comme la déportation à Babylone), le néant de leurs idoles devait leur être rendu évident. D’abord, ces idoles ne pouvaient rien leur prédire de pareil, et ensuite, dans ces circonstances, ils ne pouvaient en aucune manière attribuer les événements aux idoles. La supériorité et l’unicité du Dieu d’Israël étaient manifestes (48:5).
En présence des prophéties qu’il a entendues « dès longtemps » (c’est-à-dire dès sa naissance comme peuple) et qui se sont réalisées, Israël est invité à considérer ces choses et à reconnaître que ce ne sont pas les idoles mais le Dieu d’Israël qui a tout opéré. Toutefois Dieu poursuit : « Je t’ai fait entendre des choses nouvelles, dès maintenant, et des choses cachées et que tu n’as pas connues » (48:6). Quelles sont ces « choses nouvelles » ? Comme dans des passages précédents (42:9 ; 43:19), il s’agit de la miséricorde de Dieu qui serait révélée à ce peuple rebelle par la venue de Christ, le Messie, quand l’accomplissement du temps serait là. Son œuvre rédemptrice sera un des thèmes principaux des chapitres 49 à 57.
Dans l’Ancien Testament, les communications relatives à la venue du Messie sont développées progressivement. Dieu avait promis à Abraham que toutes les nations de la terre se béniraient en sa semence ; et Jacob, dans sa bénédiction, avait annoncé que le roi de paix viendrait de la tribu de Juda (Gen. 22:18 ; 49:10). Mais la plupart des détails relatifs à sa personne, à sa vie, à ses souffrances, à sa mort et aux résultats glorieux de celle-ci, n’ont été communiqués que plus tard par les prophètes. C’est ce que l’on trouve en particulier dans la seconde partie du livre d’Ésaïe. Le seul qui puisse révéler cela est l’Éternel. Lorsqu’il dit que « les choses nouvelles » sont créées maintenant et qu’elles n’ont pas été entendues autrefois, c’est afin que le peuple, connu dès longtemps de lui comme étant infidèle et rebelle, ne s’imagine pas être parvenu de lui-même ou par ses idoles à la connaissance de ces prophéties (48:7, 8 ; cf. 48:5).
En raison de son comportement, Israël n’aurait rien mérité d’autre que la colère de Dieu, ce qui aurait entraîné la fin de son existence. Toutefois si Dieu diffère l’exécution de sa juste colère, ce n’est pas à cause de quelque mérite d’Israël, mais à cause de son propre nom et à cause de sa louange (48:9 ; cf. Ex. 32:10 ; Nomb. 14:12). Dans cette perspective, il faut comprendre les soixante-dix ans de captivité des deux tribus à Babylone comme un processus de purification. Le peuple de Juda devait sans doute être puni pour son idolâtrie, mais il devait aussi être éprouvé et purifié, toutefois non comme de l’argent, mais « au creuset de l’affliction » (48:10 ; cf. Ps. 66:10 ; Ézéch. 22:20-22 ; Zach. 13:9).
Mais si ni les Juifs ni aucun autre homme sur la terre ne peuvent présenter quelque mérite devant Dieu, il montre sa miséricorde à cause de lui-même. Le nom de Celui qui est lumière et amour serait profané si ses promesses ne s’accomplissaient pas et s’il n’agissait pas en grâce. C’est pourquoi tout honneur revient à lui seul dès maintenant et pour l’éternité (48:11 ; 42:8 ; Ézéch. 36:19-23).
Dieu se présente à son peuple comme celui qui est « le Même », celui qui est « le premier et le dernier ». Il lui dit : « Écoute-moi, Jacob, et toi, Israël, que j’ai appelé ». Lui qui a fait annoncer à son peuple la captivité à Babylone lui annonce aussi la délivrance — et cela plus de 150 ans à l’avance. Il est le Créateur de tout l’univers, comme il l’a déjà rappelé plusieurs fois dans cette partie du livre (48:13). Il est en même temps le tout-puissant Souverain qui dispose de toutes choses. Il appelle les étoiles par nom, il a appelé autrefois son peuple terrestre et il appelle aussi le roi Cyrus comme instrument pour la délivrance des siens (40:26 ; 41:9 ; 48:15).
Il invite son peuple à se rassembler et à écouter (48:14). Y a-t-il au monde quelqu’un qui soit en mesure de déclarer les « choses nouvelles » (cf. 48:6) que Dieu fait entendre à son peuple dans ce passage ? La description qui suit se rapporte historiquement au roi Cyrus, déjà mentionné plusieurs fois comme libérateur du résidu juif, mais dans sa portée finale, elle a en vue celui qui est le Messie d’Israël et le Rédempteur du monde. C’est ce que se propose Celui qui se tourne avec miséricorde et amour vers son peuple opiniâtre, et vers le monde entier qu’il a aimé au point de donner son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle (Jean 3:16).
Bien que Cyrus n’ait eu aucune relation intérieure avec Dieu et qu’il n’ait été gouverné que par ses propres motifs, l’Éternel dit pourtant qu’il aime celui qui exécutera son bon plaisir (48:14 ; cf. 45:4). Parole étonnante ! Toutefois le Seigneur n’a-t-il pas aussi aimé le jeune homme riche, qui l’a quitté tout triste parce qu’il ne pouvait pas se séparer de ses grands biens (Marc 10:21) ? En ce qui concerne Cyrus, nous ne devons donc pas donner à ces mots plus de poids qu’il ne convient. Il en est bien autrement en ce qui concerne le Seigneur Jésus, qui a exécuté d’une manière parfaite le bon plaisir de son Dieu et Père, et que le Père a aimé avant la fondation du monde (Jean 17:24). À la croix, Jésus a triomphé de Satan, l’adversaire de Dieu, et lors de son apparition en gloire, il anéantira l’Antichrist, l’empire romain et l’Assyrien. Cyrus n’est qu’une faible image du Rédempteur à venir. Il en est de même au verset 15 : « Moi, moi j’ai parlé, moi je l’ai aussi appelé ; je l’ai fait venir, et son chemin prospérera ». Là aussi, Cyrus, qui devait aller son chemin selon la volonté de Dieu, est un type de Celui qui un jour sauvera entièrement son peuple terrestre.
Avec insistance, Dieu appelle de nouveau son peuple à s’approcher de lui et à écouter (48:16 ; cf. 48:14). Ce n’est pas « en secret » qu’il a annoncé ses plans, mais avec précision par ses prophètes, et il est là pour conduire toutes choses par sa main forte.
Soudain, dans la seconde partie du verset 16, ce n’est plus l’Éternel qui parle, mais une personne qu’il a envoyée : « et maintenant le Seigneur l’Éternel m’a envoyé, et son Esprit ». Cette personne n’est ni Cyrus, ni le prophète Ésaïe, ni le peuple juif rebelle, mais le Messie envoyé par Dieu. C’est lui aussi qui se trouve au centre des chapitres suivants. La prophétie d’Ésaïe voit, bien au-delà de la délivrance du résidu de Babylone, la personne d’un bien plus grand rédempteur que Cyrus. Lui seul peut dire de lui-même : « L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, parce que l’Éternel m’a oint… il m’a envoyé… », et ce n’est que de lui que Dieu peut dire : « Je mettrai mon Esprit sur lui » (61:1 ; 42:1 ; cf. Luc 4:18 ; Act. 10:38). La vérité de la Trinité éternelle, encore non révélée dans l’Ancien Testament, est placée ici sous nos regards — bien que de manière voilée.
L’Éternel, le Rédempteur et le Saint d’Israël, rappelle à son peuple le but de toutes ses actions en discipline et de toutes les afflictions par lesquelles il le fait passer (48:17 ; cf. Jér. 32:33). Ce peuple doit apprendre de Dieu en vue de son profit spirituel et se laisser diriger par lui dans le bon chemin. À l’image de ce qui a eu lieu lors du retour de Babylone, au temps de la fin, Dieu conduira un résidu de son peuple à travers la grande tribulation. Il lui montrera le chemin par lequel il doit marcher et l’amènera vers la délivrance. Il en est toujours ainsi : « Celui-ci nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12:10).
Le regret que Dieu exprime ici : « Oh ! si tu avais fait attention à mes commandements… » (48:18) rappelle les paroles pleines de tristesse que le Seigneur Jésus exprimait au sujet de Jérusalem : « Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix ! » (Luc 19:42 ; cf. Matt. 23:37-39). Si les Juifs avaient été obéissants, ils auraient été épargnés de beaucoup de souffrances. Mais si, à l’avenir, ils observent sa Parole, leur paix sera comme un fleuve et leur justice comme les flots de la mer (cf. 32:17 ; Amos 5:24). La paix et la justice sont toujours le résultat de la repentance et de la foi en l’œuvre rédemptrice de Christ. Ce n’est pas l’œuvre de l’homme qui produit cela. « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ » (Rom. 5:1). Celui qui habite au bord d’un grand fleuve n’a pas à craindre un manque d’eau, et les flots de la mer qui déferlent sans cesse sur le rivage sont l’image d’une abondance inépuisable. Ainsi en sera-t-il de la paix et de la justice que Dieu donnera à son peuple terrestre.
Une autre conséquence de leur obéissance et de leur foi sera l’accomplissement de la promesse de Dieu à Abraham : une semence aussi nombreuse que le sable qui est sur le bord de la mer (48:19 ; cf. Gen. 22:17). Le nom d’Israël ne sera ni retranché ni détruit. L’existence du peuple juif confirme cette prophétie ; mais le plein accomplissement de celle-ci aura lieu dans le règne millénaire.
À la lumière de ce qui précède, il est clair que la portée des deux derniers versets de ce chapitre ne se limite pas au retour des quelque 42 000 Juifs qui sont remontés en Juda sous Zorobabel. À cette époque, quelques-uns seulement ont répondu positivement à l’appel : « Sortez de Babylone, fuyez du milieu des Chaldéens, avec une voix de chant de joie ! » Aucun cri n’a retenti « jusqu’au bout de la terre », et cette foule relativement petite ne pouvait dire : « L’Éternel a racheté son serviteur Jacob » (48:20). Au contraire, « la terreur des peuples de ces contrées était sur eux », et Esdras devait confesser : « Et maintenant, pour un moment, nous est arrivée une faveur de la part de l’Éternel, notre Dieu, pour nous laisser des réchappés et pour nous donner un clou dans son saint lieu, afin que notre Dieu éclaire nos yeux et nous redonne un peu de vie dans notre servitude, car nous sommes serviteurs » (Esd. 3:3 ; 9:8).
Mais dans les temps à venir, le peuple d’Israël rentré dans son pays conclura une alliance avec l’empire romain reconstitué en Europe. Pour les croyants de cette époque future — comme aussi pour les Juifs — ce sera un temps d’oppression par la puissance de Babylone, « la grande prostituée » d’Apoc. 12, assise sur la bête symbolisant l’empire romain (cf. Apoc. 12 ; 13 ; 17 ; 18). Alors retentira de nouveau un cri semblable : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés » (18:4). Dans les trois ans et demi précédant l’apparition du Fils de l’homme sera en outre établie à Jérusalem « l’abomination qui désole », c’est-à-dire une idolâtrie d’une ampleur effrayante qui caractérisera la masse du peuple juif (Dan. 9:27 ; 12:11 ; Matt. 24:15, 16 ; cf. Matt. 12:43-45 ; 2 Thess. 2:3-12). Lors de son apparition en gloire, le Christ délivrera entièrement de toutes ces tribulations le résidu croyant qui l’attend. C’est seulement alors que s’accompliront les paroles : « L’Éternel a racheté son serviteur Jacob » (48:20 ; cf. És. 12).
Comme peuple racheté, ils considéreront le monde à travers lequel Dieu les a conduits comme un désert, où ils ont joui de la grâce de Dieu, et où, pour leur rafraîchissement spirituel, il a fait couler pour eux les eaux du rocher — comme autrefois pendant leur marche à travers le désert, après la sortie d’Égypte (48:21 ; cf. Ps. 105:41 ; 1 Cor. 10:4).
En contraste avec cette position bénie, « il n’y a pas de paix… pour les méchants » (48:22 ; cf. 57:21). Ceux-ci ne connaîtront pas la paix de la conscience, et n’auront pas part à la bénédiction du royaume de paix. Ici, c’est l’Éternel, le Dieu d’Israël, Lui que le peuple devait servir au lieu de se tourner vers les idoles, qui parle en disant « Il n’y a pas de paix pour les méchants ! », tandis qu’en 57:22, c’est Dieu qui le dit.
Les chapitres 49 à 57 constituent la deuxième section de la deuxième partie du livre d’Ésaïe. Dieu entre ici dans un nouveau débat avec son peuple, non pas au sujet de l’idolâtrie comme dans la première section (ch. 40 à 48), mais à propos du rejet du Messie. De même que la première section se termine avec ces paroles : « Il n’y a pas de paix, dit l’Éternel, pour les méchants », la deuxième partie se clôt avec la sentence similaire : « Il n’y a pas de paix, dit mon Dieu, pour les méchants » (48:22 ; 57:21). Le titre d’« Éternel » est en contraste avec les idoles, tandis que « mon Dieu » dénonce, avec la plus grande fermeté, l’iniquité encore plus grande d’un peuple qui a rejeté le vrai Dieu et la vie éternelle dans la Personne de son Messie, le Seigneur Jésus.
Le retour du résidu de la captivité babylonienne, préfiguration de la restauration de la relation d’Israël avec son Dieu, ne joue plus aucun rôle dans cette partie du livre d’Ésaïe. Babylone, la Chaldée et les Chaldéens, mentionnés à plusieurs reprises dans les chapitres 40 à 48, n’apparaissent plus à partir du chapitre 49 (voir 43:14 ; 47:1,5 ; 48:14, 20). Par contre l’Assyrien, le dernier grand oppresseur du peuple de Dieu au temps de la fin, est mentionné au ch. 52:4 (comp. ch.10) (*).
(*) L’inversion de l’ordre historique dans le futur entre Babylone et l’Assyrien, pourrait avoir sa raison d’être en ce que la Babylone de l’Ancien Testament n’a détruit que le royaume de Juda, et qu’à cause de cela, Babylone la prostituée du futur sera active à l’époque où seules deux tribus se trouveront dans le pays, tandis que l’Assyrien, qui a été déjà auparavant l’oppresseur du peuple dans son entier (c’est-à-dire des deux royaumes séparés), ne se manifestera dans l’avenir que quand le peuple tout entier sera à nouveau réuni, c’est-à-dire après ces choses.
Dans la section qui se trouve maintenant devant nous, le Messie, en tant que vrai serviteur, prend la place dans laquelle Israël s’est montré défaillant (49:3, 5, 6 ; 52:13 ; 53:11). Déjà au ch. 42, l’Éternel l’a appelé pour la première fois « mon Serviteur », tandis qu’Il décrit le peuple comme un « serviteur aveugle » et un « messager sourd » (42:1,19).
Il peut paraître surprenant au premier abord et difficile à comprendre, qu’Israël aussi bien que le Messie soient désignés comme « serviteur ». La raison en est la suivante : tout ce que Dieu a confié aux hommes, ils l’ont corrompu. Adam, le premier homme, est tombé dans le péché, et Israël, le peuple terrestre de Dieu, a abandonné Dieu (apostasié). En Christ, Dieu établit un nouveau commencement : en tant que « second Homme », Il est venu à la place d’Adam, le « premier homme » (Rom. 5:12-21 ; 1 Cor. 15:21, 45-49) ; et en tant que vrai serviteur de Dieu, il est venu à la place du serviteur infidèle, Israël — et tout cela seulement afin d’apporter, selon le conseil de Dieu, les riches bénédictions, finalement imméritées !
Dans le Nouveau Testament, on trouve d’autres exemples de ce nouveau commencement en Christ de l’histoire d’Israël : lorsque Matthieu applique au Seigneur Jésus les paroles prononcées à propos d’Israël ; « J’ai appelé mon fils hors d’Égypte » ; et lorsque le Seigneur Jésus se nomme « le vrai cep », en contraste avec Israël, la « vigne branchue » qui n’a porté aucun fruit pour Dieu (Matt. 2:15 ; Jean 15:1 ; Osée 10:1 et 11:1). Ce que l’homme a corrompu par sa désobéissance, Dieu dans sa grâce, l’a rétabli en Christ d’une manière plus glorieuse et plus parfaite !
ME 2006 p. 22
Les six premiers versets du chapitre 49 contiennent la deuxième des quatre prophéties messianiques contenues dans cette partie du livre (cf. 42:1-9 ; 50:4-9 ; 52:13 — 53:12). Le Serviteur de l’Éternel est présenté ici dans son rejet, mais aussi comme le Sauveur pour le monde entier (dans le cadre du Millénium).
De nouveau, tous les peuples proches et lointains, avec les « îles » et les « peuplades », sont appelés à écouter (cf. 34:1 ; 41:1). Comme cela est indiqué ensuite, celui qui fait retentir cet appel est le Serviteur de l’Éternel, le Messie (cf. 42:1). Qui d’autre pourrait, avec une autorité divine, sommer les peuples d’écouter et, en même temps, se présenter comme l’homme que l’Éternel a appelé « dès le ventre » et qu’il a appelé par son nom « dès les entrailles de sa mère » (49:1 ; cf. 49:5 ; Matt. 1:20-25 ; Ps. 22:10) ? Lui seul peut dire que sa bouche, ou la parole qui en sort, est une épée aiguë (cf. 11:4 ; Osée 6:5 ; Apoc. 1:16 ; 19:15, 21). Dieu lui a remis tout le jugement parce qu’il est Fils de l’homme (Jean 5:27). Même si c’est là une chose qui n’est pas encore manifestée devant tous, elle est cependant décrétée et préparée depuis longtemps. « Et il a rendu ma bouche semblable à une épée aiguë ; il m’a caché sous l’ombre de sa main, et il a fait de moi une flèche polie ; il m’a caché dans son carquois » (49:2 ; cf. 51:16).
Nous en sommes arrivés à un point où Dieu crée un nouveau commencement. Puisque Israël a manqué comme témoin et comme serviteur de l’Éternel, le Messie venu dans l’abaissement prend la place de ce peuple : « Et il m’a dit : Tu es mon serviteur, Israël, en qui je me glorifierai » (49:3). Si le peuple d’Israël s’est montré incapable et indigne d’accomplir la volonté divine, Christ, le vrai Serviteur de Dieu, réalisera tout ce que celui-ci s’est proposé. Comme homme, il a pleinement révélé Dieu ; il l’a parfaitement glorifié par son obéissance jusqu’à la mort, en dépit de toute l’opposition des hommes et du diable. C’est pourquoi Dieu peut se glorifier en lui. Il est vrai que, dans le Millénium, l’Éternel se glorifiera aussi en son peuple Israël (44:23). Mais d’une manière combien plus élevée ceci est-il vrai du Fils de l’homme ! « Maintenant le fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et incontinent il le glorifiera » (Jean 13:31, 32).
Cependant, ce que le Serviteur exprime maintenant au sujet de son service fait contraste avec la déclaration de l’Éternel que nous venons de considérer (49:4). Lorsque le Seigneur Jésus accomplissait sa mission sur la terre, il pouvait sembler qu’il avait travaillé en vain et consumé sa force pour le néant. « Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1:11). Vers la fin de son inlassable service et de tout son travail en faveur de son peuple, il a dû exprimer le douloureux reproche : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » (Matt. 23:37 ; cf. Matt. 11:20-24).
Mais, malgré toute l’injustice et l’inimitié que le parfait Serviteur de l’Éternel rencontrait, il ne se décourageait pas. Il se remettait à celui qui juge justement. Il pouvait dire : « Mon jugement est par-devers l’Éternel, et mon œuvre par-devers mon Dieu » (cf. 1 Pierre 2:23). S’il n’était pas reconnu comme il aurait dû l’être par l’ensemble de son peuple, il savait cependant que son service serait pleinement reconnu par Celui qui l’avait envoyé. Il avait confiance à cet égard. Et en effet, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, il l’a haut élevé, et dans un jour à venir, il lui donnera son plein salaire (Ps. 2:8 ; És. 53:10-12).
Mais il y a plus : le Serviteur va en recevoir la confirmation de la bouche même de l’Éternel. Au verset 5, il résume ce qu’il a dit dans les versets 1 à 4. Dès le ventre de sa mère, il était destiné à un service difficile.
Il avait reçu la mission d’amener à la repentance le peuple rebelle et pécheur qui portait le nom de « Jacob », et de le ramener à son Dieu. Cependant le peuple a refusé la main que Dieu lui tendait et n’a pas voulu écouter la voix de son Berger, qu’il a rejeté et crucifié. Ainsi Israël n’a pas pu être « rassemblé », et cela a été un motif de profonde affliction pour le Seigneur à la fin de son service. Il avait été, comme il le dit lui-même, envoyé « aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Matt. 15:24). Mais il a dû finalement leur adresser le reproche : « Vous ne l’avez pas voulu » (Matt. 23:37). Alors, comme à la fin du verset 4, le Serviteur peut diriger son regard vers le ciel et dire : « Je serai glorifié aux yeux de l’Éternel, et mon Dieu sera ma force (49:5 ; cf. Matt. 11:25).
Ce n’est qu’au verset 6 que viennent les paroles de l’Éternel annoncées au début du verset 5. Tout d’abord, il confirme que son Serviteur rétablira « les tribus de Jacob » et qu’il ramènera « les préservés d’Israël ». Si ceci ne pouvait se réaliser lors de la première venue de Christ, il y aura, après l’enlèvement des croyants, un résidu d’Israël qui viendra à la repentance par le moyen de la tribulation. Ce sont : « les préservés d’Israël ». Seul ce résidu constituera le peuple de Dieu dans le Millénium. En Romains 11:26:il est dit que « tout Israël sera sauvé », mais cela signifie que la délivrance impliquera toutes les tribus. La même épître, citant Ésaïe 10:22, confirme : « Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, le résidu seul sera sauvé » (Rom. 9:27). Ceci se rapporte au nombre des « préservés ».
Mais ceci est « peu de chose » aux yeux de Dieu — non
pas dans le sens que la délivrance du résidu d’Israël serait peu importante
pour lui, mais parce qu’il s’est proposé beaucoup plus que cela. Il dit à son
Serviteur, le Messie : « Je te donnerai aussi pour être une lumière
des nations, pour être mon salut jusqu’au bout de la terre ». Dans le
temps qui suivra l’enlèvement des croyants, l’évangile du royaume sera prêché
non seulement aux Juifs, mais « dans la terre habitée tout entière, en
témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin » (Matt.
24:14). Lorsque le Seigneur Jésus, à « la fin », apparaîtra dans sa
gloire pour entrer dans son règne, toutes les nations seront rassemblées devant
lui pour le jugement des vivants, « et il séparera les uns d’avec les
autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les chèvres ». Les brebis
sont ceux qui auront reçu ses messagers porteurs de l’évangile et qui, pour
cette raison, hériteront du royaume qui est préparé pour eux (Matt. 25:31-40).
Ainsi, dans ce temps encore à venir, le Seigneur Jésus sera la lumière
des nations et le salut
de Dieu jusqu’au bout de la terre (cf. Ps.
27:1). Il est hors de doute que ces paroles concernent aussi la prédication de « l’évangile
de la gloire », annoncé actuellement pendant le temps de la grâce. On le
voit en Actes 13:47, où Paul répond aux Juifs qui ont refusé son message en
leur citant la fin du verset 6 d’Ésaïe 49.
Il vaut la peine de remarquer l’inversion de l’ordre des missions du Serviteur de l’Éternel : au chapitre 42, il est donné « pour être une alliance du peuple, pour être une lumière des nations » (49:6), alors que dans notre chapitre il est d’abord « une lumière des nations » (49:6) puis ensuite « une alliance du peuple » (49:8). L’appel des croyants d’aujourd’hui est, contrairement à celui des croyants du Millénium, un appel céleste.
À partir du verset 7, nous avons une autre déclaration de l’Éternel à son Serviteur. Non seulement celui-ci s’est anéanti et s’est abaissé volontairement dans son service, mais il a été aussi méprisé et détesté par son propre peuple ; il a été le « serviteur de ceux qui dominent ». Et le point culminant de cela a été sa crucifixion ignominieuse (53:3 ; Jean 19:11 ; 1 Cor. 1:23 ; Phil. 2:7, 8). Mais il n’en sera pas toujours ainsi. Un jour, les rôles seront inversés. Les rois et les princes se lèveront étonnés et se prosterneront devant le Serviteur de l’Éternel, en reconnaissant que Dieu, le Saint d’Israël, a tout conduit en vue du salut des hommes. Il est fidèle et il fera qu’un jour son élu soit pleinement reconnu (49:7 ; cf. 42:1 ; 52:15 ; Phil. 2:9-11).
La répétition de l’expression : « Ainsi dit l’Éternel », au verset 8, souligne l’importance des paroles qui suivent. L’Éternel annonce qu’en « un temps agréé », il a répondu à son Messie, lorsque celui-ci avait atteint, dans la mort, le point extrême de son abaissement. Il l’a secouru « au jour du salut ». En Hébreux 5:7, il nous est dit que le Seigneur Jésus, durant les jours de sa chair, a présenté des prières et des supplications, avec des larmes, à Celui qui pouvait le sauver de la mort, et qu’il a été exaucé à cause de sa piété. Nous trouvons le contenu de ces prières et leur réponse dans différents psaumes. C’est ainsi qu’il est écrit au sujet du Messie : « Il t’a demandé la vie : tu la lui as donnée, — une longueur de jours pour toujours et à perpétuité » (Ps. 21:4 ; cf. Ps. 16:10 ; 22:21). Dieu a exaucé ces prières du Seigneur Jésus dans sa résurrection ; par celle-ci, la mort a été vaincue à jamais. En 2 Corinthiens 6:2, l’apôtre Paul applique les expressions « temps agréé » et « jour du salut » à toute la période du temps de la grâce — ce temps qui a commencé avec la résurrection de Christ et qui se termine avec l’enlèvement des croyants.
Depuis ce glorieux jour de la résurrection de Christ, Dieu le garde
,
et un jour il le donnera
« pour être une alliance du peuple ».
La « nouvelle alliance », que Dieu conclura avec son peuple terrestre
dans le Millénium, est fondée sur le sang de Christ. Elle est pour ainsi dire,
personnifiée en lui (Héb. 9:11-15). Il rétablira le pays de la promesse, en le
mettant à la disposition de son peuple dans toute son étendue, et il fera
hériter à chaque tribu les héritages dévastés depuis longtemps. Ce qui est
contenu typiquement dans les ordonnances du Jubilé trouvera alors son glorieux
et plein accomplissement (49:8 ; Lév. 25:813 ; Ézéch. 47:13 — 48:35).
Les « prisonniers » et « ceux qui sont dans les ténèbres » sont les Juifs qui, revenant de tous les pays de la terre et de leur éloignement de Dieu, retourneront dans le pays promis et dans la merveilleuse lumière de leur Dieu (49:9 ; cf. 9:1 ; 42:7). Ils trouveront une nourriture abondante aussi bien au point de vue matériel que spirituel. Ni la faim ni la soif ne les tourmenteront. Le soleil brûlant de l’orient ne leur nuira pas, parce que leur Dieu aura compassion d’eux et les mènera à des sources d’eau (49:10 ; cf. Apoc. 7:16). Les montagnes seront faites de chemins frayés pour son peuple et les routes seront élevées et praticables (49:11 ; cf. 11:16). Il est facile de comprendre que tout cela, en relation avec le Millénium, a une signification aussi bien concrète que spirituelle.
Les dispersés du peuple d’Israël viendront de tous les points cardinaux (49:12 ; cf. 49:22 ; 11:12). En présence de cette glorieuse restauration du peuple de Dieu, les cieux et la terre sont invités à éclater en chants de triomphe (cf. 44:23 ; 52:9). Lorsque l’Éternel aura définitivement compassion des affligés de son peuple terrestre — c’est-à-dire du résidu — le cri « Consolez, consolez mon peuple ! » aura son plein accomplissement (49:13 ; cf. 40:1 ; 51:3).
Cependant, le résidu ne discerne pas encore cette consolation de la part de Dieu. Se lamentant et dans le doute, Sion dit : « L’Éternel m’a abandonnée, et le Seigneur m’a oubliée » (49:14 ; cf. 40:27). En réalité, c’est le contraire : c’est Israël qui a abandonné son Dieu et a rejeté son Messie (50:1 ; 53:3 ; Jér. 2:13). Dieu n’a pas rejeté son peuple (Rom. 11:1, 2). Déjà le nom de « Sion », par lequel il l’appelle avec amour, nous rappelle sa grâce immuable (cf. 51:3). Il est vrai qu’il s’est longtemps retenu vis-à-vis de ce peuple, mais il ne l’a pas abandonné ni oublié (42:14 ; 45:15). Peut-on imaginer une image plus touchante de l’amour et de la sollicitude que celle d’une mère qui prend soin de son nourrisson ? Et même s’il peut arriver que des femmes abandonnent leurs propres enfants, Dieu n’abandonnera jamais son peuple (49:15 ; Ps. 27:10).
Comme preuve de cela, il dit à son peuple qui a tant de prix pour lui : « Voici, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains ». Sa main puissante a non seulement fondé la terre et étendu les cieux, mais elle tient fermement tous ses saints pour toujours (cf. Deut. 33:3 ; És. 40:12 ; 48:13 ; 62:3 ; Jean 10:29). L’image de ses mains dans lesquelles il a gravé son peuple nous montre son amour immuable. Il l’a manifesté au suprême degré à la croix — aussi pour Israel — dans le don de son propre Fils. Ceci nous rappelle aussi comment les mains de Jésus ont été cruellement percées. Même si le peuple s’est beaucoup éloigné de lui et que Sion, la ville de Dieu, est détruite, ses murs sont continuellement devant ses yeux (49:16). Il a devant lui la restauration spirituelle future de son peuple terrestre, et il la fait maintenant annoncer par le prophète.
« Tes fils » — ceux qui appartiennent au peuple dont Sion est la mère — rentreront un jour au pays de la promesse, que les destructeurs et les dévastateurs devront quitter (49:17). Bien loin d’avoir oublié sa ville de Sion bien-aimée, Dieu l’invite à regarder vers l’avenir et à voir la foule croissante de ses rapatriés. Il jure que ceux-ci seront un jour son sujet de gloire. Cette multitude sera comme un ornement précieux et une ceinture dont une fiancée se ceint le jour de ses noces (49:18 ; cf. Prov. 17:6).
Le temps de la désolation sera passé et le pays sera trop petit pour le grand nombre de ses habitants, bien que les ennemis qui l’occupaient soient partis (49:19). Les Juifs croyants qui habiteront en nombre croissant dans le pays de Canaan diront à Sion : « Le lieu est trop étroit pour moi ; fais-moi place, afin que j’y habite ». L’expression : « les fils que tu as eus quand tu étais privée d’enfants » rappelle la longue période de stérilité du peuple terrestre de Dieu qui, dans le Millénium, sera remplacée par une période de fécondité extraordinaire (49:20 ; 54:1).
En présence de la multitude du peuple qui réintègre le pays dans la foi, Sion dit avec étonnement : « Qui m’a enfanté ceux-ci ? Et moi, j’étais privée d’enfants et abandonnée, captive et chassée ». Après l’image de la stérilité vient la description de la réalité : pendant de nombreux siècles, le peuple a été « captif et chassé ». La fin du verset 21 évoque, semble-t-il, l’ensemble du peuple d’Israël — non seulement les Juifs, c’est-à-dire les deux tribus, mais aussi les dix tribus disparues jusqu’à ce jour : « Et ceux-ci, qui les a élevés ? Voici, moi j’étais laissée seule, — ceux-ci, où étaient-ils ? » Fidèle à sa Parole, Dieu les amènera tous à la lumière et les ramènera dans son pays (cf. Jér. 3:18 ; Ézéch. 20:38).
Nous apprenons dans les deux versets suivants comment Dieu agira pour produire le retour de son peuple. La prophétie d’Ésaïe mentionne à plusieurs reprises ce sujet (cf. 49:12 ; 11:11, 12 ; 43:5-7 ; 60:4), et les termes employés montrent qu’il ne peut s’agir du retour du petit résidu de la captivité à Babylone. D’autre part, cette description ne se limite pas au retour d’Israël dans le pays promis, mais elle a expressément en vue son retour spirituel à l’Éternel, dans la foi au Rédempteur.
L’Éternel lui-même promet à son peuple qu’il lèvera sa main devant les nations et qu’il élèvera son étendard devant les peuples. Ils exécuteront ce qu’il a décrété. Autrefois, il a amené les Égyptiens, contre leur volonté, à assister les Israélites lors de leur sortie d’Égypte (Ex. 12:33-36). De même, dans l’histoire contemporaine, il a préparé des peuples pour rendre possible, grâce à des secours généreux, le retour des Juifs dans leur pays et la fondation de l’état d’Israël (49:22). Mais avec cela, l’œuvre de retour extérieur et intérieur du peuple vers lui n’est de loin pas encore achevée. De même que des nourriciers et des nourrices prennent soin de la santé des enfants qui leur sont confiés, de même des rois et des princesses se voueront au bien-être du peuple de Dieu. Cependant ils ne feront pas cela comme des souverains charitables, mais comme des serviteurs du Messie et de son peuple, abaissés et humiliés devant Dieu (2:2-5 ; 45:14 ; cf. Ps. 72:9). Si, dans le Millénium, sous la domination de son Messie, Israël sera « à la tête, et non à la queue » de tous les peuples de la terre (Deut. 28:13), ce ne sera pas en raison de sa puissance militaire ou économique, mais parce que, par la repentance et la foi, ce peuple aura acquis la bienheureuse connaissance dont parle le verset 23 : « Et tu sauras que moi je suis l’Éternel : ceux qui s’attendent à moi ne seront pas confus ».
Ce que les hommes tiennent pour impossible, Dieu l’exécutera au temps de la fin. Ce qui a été « pris » et ce qui est « justement captif » (*) sont ceux qui appartiennent au résidu croyant. Contre toute attente humaine, Dieu les délivrera de leurs tribulations (49:24). Il leur promet de les délivrer de la main de « l’homme fort » et de « l’homme puissant ». Ces deux expressions se rapportent probablement aux deux grands ennemis du vrai peuple de Dieu du temps de la fin, l’Antichrist et l’Assyrien (déjà en 25:4,5 et 29:5,20 l’hébreu ariz (puissant, agissant puissamment) vise vraisemblablement l’Assyrien). Le Seigneur Jésus lui-même anéantira les ennemis à son apparition glorieuse et sauvera les « fils » de Sion, le résidu (49:25). Les oppresseurs auront alors un sort terrible (49:26 ; cf. 9:19 ; Apoc. 19:18) ! Ils mangeront leur propre chair et devront boire leur propre sang (9:19 ; Apoc. 19:18).
(*) L’expression hébreu schvi zaddiq du 49:24 pourrait aussi être traduite par « les justes prisonniers » ou « les prisonniers des justes ». La plupart des traductions actuelles suivent le rouleau 1 de Qumran qui lit schvi ariz « les prisonniers du puissant », ce qui correspond à la version syriaque et à la Vulgate.
En ce temps-là, non seulement Israël mais aussi l’ensemble de l’humanité reconnaîtra qu’il n’y a qu’un seul Dieu : l’Éternel (49:26 ; cf. 49:23 ; 40:5). Lui seul est le Sauveur et le Rédempteur d’Israël (41:14 ; 43:3). — Le fait qu’en outre, Il soit aussi le Dieu Sauveur pour tous les hommes, est une vérité révélée dans le Nouveau Testament déjà pour la période actuelle de la grâce (1 Tim. 2:3-6). Quand l’accomplissement du temps est venu, Il a envoyé Son Fils unique (Gal. 4:4), afin que quiconque croit en Lui, ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle (Jean 3:16).
À son peuple qui, à cause de son état misérable, doute de la fidélité de Dieu, l’Éternel fait comprendre qu’il ne l’a pas rejeté pour toujours (50:1 ; cf. 49:14). Il pose d’abord deux questions auxquelles il répond lui-même. La première est : « Où est la lettre de divorce de votre mère que j’ai renvoyée ? » Dans la loi, Dieu avait permis, contrairement à l’ordre originel de la création, qu’un Israélite puisse, dans certaines circonstances, se séparer de sa femme. Il lui donnait alors une lettre de divorce et ne pouvait plus la reprendre pour femme (Deut. 24:1-4 ; cf. Matt. 19:7, 8). Or Dieu n’a jamais donné une telle lettre de divorce à Sion — ici de nouveau appelée la « mère » du peuple juif — mais il s’est détourné d’elle en raison de ses transgressions.
La seconde question : « Qui est celui de mes créanciers auquel je vous ai vendus ? » fait allusion à la coutume de prendre pour esclaves les enfants d’un débiteur insolvable (2 Rois 4:1 ; Néh. 5:5 ; Matt. 18:25). Mais y a-t-il quelqu’un à qui Dieu pourrait devoir quelque chose ? Non, les Juifs s’étaient « vendus » par leurs propres iniquités.
La captivité à Babylone, par laquelle les Juifs ont été châtiés en raison de leur idolâtrie, est certes évoquée maintes fois pour expliquer l’état décrit ici, mais elle n’est pas proprement le thème de ce passage. Elle est celui des chapitres 40 à 48. Le sujet des chapitres 49 à 57 est le rejet du Messie, la plus grande iniquité dont les Juifs se sont rendus coupables. C’est ce qui est développé dans les versets suivants.
« Pourquoi suis-je venu, et il n’y a eu personne ? Pourquoi ai-je appelé, et il n’y a eu personne qui répondît ? » (50:2). On applique parfois ces mots aux soins de Dieu envers son peuple, en ce temps-là, par le moyen de ses prophètes. Toutefois la véritable raison de cette question est ce qui a eu lieu lors de la venue du Fils de Dieu dans l’abaissement le plus profond. Il est bouleversant de voir comment son peuple a réagi à sa venue. Il professait attendre son Messie, mais ne voulait pas vraiment revenir à Dieu. En fait, il ne soupirait qu’après la délivrance du joug détesté des Romains. « Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1:11). Il a appelé et personne n’a répondu, de sorte qu’à la fin de son ministère, il a dû dire aux enfants de Jérusalem : « Vous ne l’avez pas voulu » (Matt. 23:37).
Sa main est-elle devenue trop courte pour qu’il puisse racheter,
ou n’y a-t-il pas de force en lui pour délivrer ? Combien de miracles et
de prodiges a-t-il faits, durant son ministère parmi son peuple, afin que ceux
qui en faisaient partie croient « que Jésus est le Christ, le Fils de
Dieu » (Jean 20:31) ! Combien souvent leur a-t-il dit qu’il est venu « pour
sauver ce qui était perdu » (Matt. 18:11 ; Luc 19:10) ! N’avait-il
pas, lui qui est aussi l’Éternel
de l’Ancien Testament, desséché la mer
par sa réprimande lorsque Israël a été délivré d’Égypte ? N’avait-il pas
fait des rivières un désert, et obscurci les cieux ? (50:3 ; Ex.
7:21 ; 10:21 ; Ps. 106:9) ? Oui, il était leur Sauveur et leur
Rédempteur, et cependant la plupart d’entre eux ne l’ont pas reçu lorsqu’il est
descendu vers eux dans l’abaissement, lorsque Dieu a été manifesté en chair
(cf. Marc 12:1-12).
Ce passage contient la troisième des quatre plus grandes prophéties d’Ésaïe au sujet du Serviteur de l’Éternel (cf. 42:1-4 ; 49:1-6 ; 52:13 à 53:12). Nous le voyons ici comme l’homme qui se laisse enseigner par Dieu pour savoir dire la parole à propos à ceux qui sont accablés et chargés, comme celui qui est haï et maltraité, et qui cependant n’est pas confus dans sa confiance en l’Éternel. Nous trouvons ici les souffrances de Christ dans son abaissement, et au chapitre 53, dans son œuvre expiatoire.
Une caractéristique de ce passage est la quadruple mention du nom : « le Seigneur l’Éternel ». C’est ainsi que le vrai Serviteur, le Fils devenu Homme, appelle son Dieu dans les versets 4, 5, 7 et 9. Ce nom est utilisé pour la première fois par Abraham, l’homme de foi. Il évoque la puissance souveraine de Dieu en même temps que sa sollicitude pleine de grâce envers son peuple terrestre (cf. Gen. 15:2).
« Le Seigneur l’Éternel m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las » (50:4). Le parfait Serviteur parle comme quelqu’un qui est enseigné par Dieu. Combien souvent le Seigneur Jésus a-t-il déclaré que sa doctrine ne venait pas de lui-même, mais de Celui qui l’avait envoyé ! — qu’il ne parlait pas de par lui- même, mais que le Père qui l’avait envoyé lui avait commandé ce qu’il devait dire et comment il avait à parler (Jean 7:16 ; 8:26, 28, 38 ; 12:49 ; 14:10-24 ; 17:8). Bien qu’il fût Dieu, il parlait et agissait comme Homme sur la terre, dans une pleine dépendance de son Père. Combien d’êtres « lassés » — affligés, malades, pécheurs — a-t-il soutenus par les « paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc 4:22) !
« Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne ». Nous voyons ici le moyen par lequel le Serviteur de Dieu a reçu son enseignement. Tôt le matin, lorsque le jour, avec toutes ses rencontres et tous ses problèmes, était encore devant lui, son oreille était réveillée par son Dieu et Père. En plein accord avec ce passage d’Ésaïe, nous lisons dans l’évangile selon Marc, qui présente le Seigneur comme le vrai Serviteur de Dieu : « Et s’étant levé sur le matin, longtemps avant le jour, il sortit et s’en alla dans un lieu désert ; et il priait là » (Marc 1:35). Ainsi notre Seigneur tendait l’oreille matin après matin pour écouter les paroles que son Dieu et Père avait à lui dire, et sa langue divinement enseignée les exprimait ensuite d’une manière parfaite. Quel merveilleux modèle pour nous !
« Le Seigneur l’Éternel m’a ouvert l’oreille, et moi je n’ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière » (50:5). L’oreille ouverte — pas seulement réveillée — nous indique la parfaite obéissance du Serviteur. Non seulement il écoutait, mais il obéissait. Comme Fils éternel de Dieu, il ne connaissait pas l’obéissance. Sa préparation pour le service placé devant lui nous est présentée prophétiquement au psaume 40, par les mots : « Tu m’as creusé des oreilles » (50:6). Puis, lorsqu’il était sur la terre, il « a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Héb. 5:8). Il s’est soumis à la volonté de son Dieu et Père, bien qu’elle ait été liée aux plus grandes souffrances. Un troisième pas dans ce chemin nous est présenté dans le type du serviteur hébreu en Exode 21:1-6. Là c’est l’amour pour son maître, pour sa femme et ses enfants qui amène le serviteur obéissant, à la fin de son temps de service, à se laisser percer l’oreille avec un poinçon. C’est un merveilleux type du dévouement de notre Rédempteur, le vrai Serviteur, jusqu’à la mort — et même au-delà, car « il le servira à toujours ».
« J’ai donné mon dos à ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil ; je n’ai pas caché ma face à l’opprobre et aux crachats » (50:6). Ces souffrances, endurées volontairement par le Serviteur obéissant, portent nos pensées sur la fin de son service. Lorsque le rejet de la part de son peuple a été consommé, lorsqu’il a été accusé et condamné, lui qui était sans péché et innocent, alors tout ce qui est décrit ici a fondu sur lui : les coups, les outrages, les crachats (Matt. 26:67 ; 27:30 ; cf. Job 17:6 ; Michée 5:1). Et le Seigneur Jésus a tout supporté dans une entière soumission, sans ouvrir la bouche.
« Mais le Seigneur l’Éternel m’aidera : c’est pourquoi je ne serai pas confondu ; c’est pourquoi j’ai dressé ma face comme un caillou, et je sais que je ne serai pas confus » (50:7). Dans toutes ses souffrances, le Seigneur Jésus avait la confiance que son Dieu ne le laisserait pas être confondu. Durant les trois heures de ténèbres et au moment de sa mort, il semblait qu’il allait en être autrement. Pourtant, notre Seigneur savait qu’il ne serait pas confus dans sa confiance en Dieu, mais qu’il serait exaucé (Héb. 5:7). L’exaucement a eu lieu par sa résurrection (cf. 49:8 ; Ps. 16:8-11). C’est dans cette perspective qu’il a dressé sa face « comme un caillou ». Il n’était pourtant pas insensible à tous les mauvais traitements qu’il a subis, mais il les a endurés avec patience et dans une pleine confiance en son Dieu (cf. Ézéch. 3:8, 9 ; Luc 9:51 ; Héb. 12:2, 3).
« Celui qui me justifie est proche : qui contestera avec moi ? — tenons-nous là ensemble. Qui plaidera contre moi en jugement ? — qu’il s’approche de moi ! » (50:8). Le Seigneur Jésus n’a pas souffert seulement comme le Serviteur obéissant et persévérant dans sa confiance, mais aussi comme l’innocent et le juste. Celui qui le justifierait (c’est-à-dire qui mettrait en lumière sa perfection) était proche. Dieu l’a ressuscité d’entre les morts le troisième jour et a donné ainsi la première preuve de cette justification. Sa glorification à la droite de Dieu en est une autre preuve. Dans un jour prochain, tous les hommes le verront venir sur la terre comme le Fils de l’homme glorifié et le Juge établi de Dieu.
En Romains 8:33-35, le Saint Esprit applique aux croyants du temps actuel ce qui est dit ici de Christ : « Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? — C’est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamne ? — C’est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous… ». Tous ceux qui, par la foi, sont « en Christ » doivent savoir que la position de Christ dans la gloire est maintenant aussi leur position. Quelle parfaite certitude et quelle sécurité !
Les ennemis de Christ peuvent avoir triomphé autrefois, mais ce n’était là qu’un triomphe de courte durée. Dieu a « aidé » son Serviteur et l’a ressuscité d’entre les morts. Qui pourrait maintenant le déclarer coupable ? Dieu a mis au grand jour, depuis longtemps déjà, qu’il y a 2000 ans, à Jérusalem, un Juste a été condamné injustement (cf. Matt. 27:24 ; Jean 16:8-11). Le principe séculaire de la loi du Sinaï : « Quand… on les jugera, on déclarera juste le juste, et on déclarera méchant le méchant » (Deut. 25:1) a été à ce moment-là honteusement foulé aux pieds. Il sera connu un jour qu’il en a été ainsi avec le Seigneur Jésus. Celui qui a été alors condamné étant innocent sera le Juge, et ses juges iniques — ainsi que tous ceux qui l’auront refusé, lui le Sauveur du monde — seront les condamnés. De leur puissance et de leur supériorité illusoires, il ne restera rien. Sans exception, « ils vieilliront tous comme un vêtement, la teigne les dévorera » (50:9 ; cf. 51:8).
Mais les Juifs recevront-ils leur Messie ? L’Éternel interpelle son peuple : « Qui d’entre vous craint l’Éternel, qui entend la voix de son serviteur… ». Tout le dilemme spirituel du peuple juif est évoqué là (50:10). « La crainte de l’Éternel » a une place importante dans l’enseignement de l’Ancien Testament, particulièrement dans les Psaumes et les Proverbes (voir par exemple Ps. 19:9 ; 111, 10 ; Prov. 1:7 ; 8:13). Cependant, depuis que le Serviteur de l’Éternel, le Seigneur Jésus, est venu sur la terre et qu’il a accompli son œuvre rédemptrice, la crainte de l’Éternel est inséparable de l’écoute de la voix de son Serviteur. Et c’est précisément là le problème du peuple juif ! Ils n’ont pas répondu lorsqu’il a appelé (cf. 50:2). Au contraire, ils l’ont rejeté. Dès lors, ils marchent dans les ténèbres et aucune lumière ne les éclaire (cf. Rom. 11:10 ; 2 Cor. 3:14-16). Toutefois, par l’appel : « Qui d’entre vous… », tous ceux qui composent ce peuple sont invités individuellement à se confier en l’Éternel et à s’appuyer sur leur Dieu qui s’est révélé en Christ. Il n’y a personne d’autre à qui ils peuvent aller, et tous ceux qui marchent dans ce chemin de foi trouveront une glorieuse rédemption lorsque Christ apparaîtra. Il est vrai qu’ils devront passer par une sévère tribulation à cause de l’apostasie de la masse du peuple, mais ils seront finalement bénis (50:10 ; cf. 9:1, 2).
Terrible sera par contre le sort de la grande masse des Juifs qui auront apostasié et qui auront suivi l’Antichrist. Ils allument un feu et s’entourent d’étincelles (50:11). Mais par là, ils ne font que préparer leur propre perte. Dans la seconde épître aux Thessaloniciens, qui nous décrit le jour du Seigneur dans la perspective du Nouveau Testament, nous trouvons aussi ces Juifs incrédules « qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ » et qui « subiront le châtiment d’une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force, quand il viendra pour être, dans ce jour- là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (1:8-10). Aujourd’hui, notre Dieu, comme le Dieu Sauveur, offre à chacun la pleine rédemption en Christ ; en ce jour-là, il exercera par Christ le jugement envers tous ceux qui l’auront rejeté. Le tourment éternel sera leur part.
Comme beaucoup de Juifs qui croient en l’Éternel de l’Ancien Testament mais refusent Christ comme leur Messie, il y a partout dans le monde des hommes qui croient en un Dieu, mais qui pensent pouvoir se passer de son Fils Jésus Christ. Dans cette disposition d’esprit, c’est le caractère de l’Antichrist qui se manifeste, nous dit l’apôtre Jean. « Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antichrist, qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père » (1 Jean 2:22, 23). Une telle hérésie portera ses terribles conséquences durant l’éternité. Le même apôtre écrit : « Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui désobéit (ou : ne croit pas) au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3:36). Que personne ne passe indifférent devant le Seigneur Jésus !
ME 2006 p. 86
Le chapitre 51 et le chapitre 52 jusqu’au verset 12 constituent un tout, dans lequel est décrit le réveil graduel du résidu juif croyant, dans un temps futur. Ce passage est encadré par deux prophéties concernant le Messie rejeté et souffrant pour son peuple (50:1-9 et 52:13 à 53:12). Les deux derniers versets du chapitre 50 font déjà allusion au sujet qui est placé maintenant devant nous. L’ensemble est partagé en sept sections présentant les progrès spirituels du résidu.
Par les mots : « Écoutez-moi », l’Éternel adresse un premier appel à ceux qui poursuivent la justice de la bonne manière et qui le recherchent sincèrement, lui et son Serviteur le Messie. C’est en Christ seul que la justice peut être trouvée, aussi bien dans le temps présent que dans le temps futur où Dieu se tournera de nouveau vers son peuple terrestre (cf. 1 Cor. 1:30 ; Jér. 23:16). Tout d’abord, il n’y en aura que quelques-uns qui obéiront à cet appel, et ceux-ci se sentiront solitaires et abandonnés puisque la grande masse du peuple juif aura apostasié (50:10 ; Rom. 9:31). C’est pourquoi, par un double « regardez », ils sont invités à se souvenir d’Abraham et de Sara, leurs aïeux. Abraham était le « rocher » duquel ils avaient été « taillés », et Sara était le « creux du puits » d’où ils avaient été « tirés » (51:1). Leur ancêtre Abraham aussi était seul lorsqu’il avait été appelé par Dieu à s’en aller en Canaan. Et pourtant, combien richement Dieu avait béni cet homme de foi qui s’était mis en route « ne sachant où il allait » ! Combien sa descendance avait été multipliée ! (51:2 ; Héb. 11:8-12.)
De même qu’Abraham et Sara avaient dû attendre longtemps jusqu’à ce que la promesse de Dieu s’accomplisse, de même aussi la pleine consolation de Dieu ne sera la part du résidu en Sion qu’après une longue période d’exil et de persécution. Le désert et le lieu stérile fleuriront comme un Eden, le jardin de l’Éternel, et la joie ineffable de ses rachetés s’exprimera en cantiques de reconnaissance. Nous avons ici devant nous une brève description du Millénium, comme nous l’avons déjà rencontrée plusieurs fois (51:3 ; 12 ; 35:1-4 ; 41:18-20).
L’injonction : « Prête-moi attention », sensiblement plus pressante que celle du verset 1, introduit le deuxième appel, qui s’adresse maintenant au résidu croyant comme représentant tout le peuple de Dieu. Lorsque Christ, après son apparition, exercera le gouvernement dans le Millénium, la loi (ou la doctrine, l’instruction) sortira d’auprès de lui, et son jugement, ses décrets, serviront de lumière à tous les peuples de la terre (51:4 ; 2, 3). La venue de sa justice est encore future, mais elle n’est plus éloignée et son salut est déjà en chemin vers son peuple. Ses bras puissants, image de son pouvoir, jugeront les peuples. Tous ceux qui auront mis leur espérance en lui hériteront de la bénédiction du Millénium (51:5 ; 56:1 ; Ex. 6:6 ; Matt. 25:31-40).
De même que le verset 6, le Nouveau Testament nous enseigne qu’à la fin, la terre et les cieux vieilliront comme un vêtement et s’en iront en fumée (cf. Héb. 1:11, 12 ; 2 Pierre 3:10). Les incrédules, « ceux qui habitent sur la terre », mourront et trouveront leur châtiment éternel dans l’étang de feu (cf. Matt. 25:41-46 ; Apoc. 17:8 ; 20:11-15). Mais le salut et la justice de Dieu subsisteront à toujours. Après la disparition de l’ancienne création et le jugement des morts, la justice habitera dans les nouveaux cieux et sur la nouvelle terre (cf. 51:8 ; Ps. 102:25-28 ; 2 Pierre 3:10-13).
Le troisième appel : « Écoutez-moi » s’adresse maintenant au peuple qui « connaît la justice » et dans le cœur duquel la loi de l’Éternel est écrite. Ceux qui avaient le cœur dur, qui étaient éloignés de la justice, sont devenus d’abord ceux qui ont poursuivi la justice et finalement ceux qui connaissent la justice (46:12 ; 51:1, 7). L’état final du plein rétablissement des relations entre Dieu et son peuple terrestre est décrit par le prophète Jérémie : « C’est ici l’alliance que j’établirai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Éternel : je mettrai ma loi au-dedans d’eux, et je l’écrirai sur leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jér. 31:33). Mais ici, ils sont encore vus au temps de la tribulation et de la persécution, et c’est pourquoi Dieu les console. Ils n’ont pas à craindre l’opprobre et les outrages des ennemis qui les entourent (51:7).
Dans la perspective du jour de la vengeance de Dieu qui va venir, ils doivent persévérer comme l’a fait d’une manière parfaite leur modèle, le Messie souffrant (50:6-9). Lors du jugement, les ennemis de Dieu et de son peuple seront anéantis, comme un vêtement est rongé par la teigne ou la laine par les vers. Cependant la justice et le salut de l’Éternel demeureront éternellement (51:8 ; cf. 51:6). Dans leur stabilité inébranlable, ils sont en grand contraste avec les souffrances éphémères que les hommes peuvent infliger. C’est aussi la confiance que nous pouvons avoir aujourd’hui, « car notre légère tribulation d’un moment, opère pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire » (2 Cor. 4:17).
Dans la quatrième section, le résidu croyant, conduit par le Saint Esprit, répond à Dieu, plein de confiance en sa puissance. Il dit : « Réveille-toi, réveille-toi, bras de l’Éternel ! » Il lui rappelle les témoignages de sa puissance « aux jours d’autrefois, dans les générations des siècles passés », lorsqu’il délivrait son peuple Israël de l’Égypte. Les expressions « Rahab » et le « monstre des eaux » désignent en effet ce pays (51:9 ; 30:7 ; Ézéch. 29:3). Dans la plus grande détresse, le peuple d’Israël a pu entendre autrefois l’encouragement : « Tenez-vous là, et voyez la délivrance de l’Éternel, qu’il opérera pour vous aujourd’hui ; car les Égyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les verrez plus, à jamais. L’Éternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles » (Ex. 14:13, 14). Rachetés de la puissance de l’Égypte, les Israélites avaient pu traverser à pied sec la mer Rouge, comme sur un chemin frayé (51:10). Dans le livre d’Ésaïe, la sortie du pays d’Égypte est rappelée plusieurs fois (11:11-16 ; 43:17 ; 48:21 ; 50:2 ; 63:11-13). Elle l’est environ cent cinquante fois dans l’ensemble de l’Ancien Testament. En ce qui nous concerne, nous ne pourrons jamais trop nous souvenir, avec une immense reconnaissance, de l’œuvre de rédemption accomplie pour nous par Jésus à la croix.
Le verset 11 est identique au dernier verset du chapitre 35, où Israël est vu dans le Millénium. Maintenant le résidu s’est entièrement approprié la prophétie donnée là et s’appuie sur elle avec foi. Pour « ceux que l’Éternel a délivrés », et qui retourneront à Sion avec des chants de triomphe à la fin de la tribulation, il en sera comme il en a été autrefois pour le peuple d’Israël racheté d’Égypte. La fuite des Juifs devant l’Antichrist et l’Assyrien est mentionnée plusieurs fois dans la Bible (cf. 16:3, 4).
Nous avons ensuite une merveilleuse réponse de l’Éternel au
résidu craintif. « C’est moi
, c’est moi
qui vous
console » (51:12). « C’est moi » : c’est-à-dire Celui qui
est le même, qui subsiste éternellement, qui est immuable (cf. 43:11, 25).
Après ces mots d’encouragement, il rappelle aux croyants anxieux que ceux dont
ils ont peur, que ce soit l’Antichrist ou l’Assyrien, ne sont que des hommes
qui vont mourir et disparaître comme l’herbe (cf. 40:6-8). De plus, il leur
rappelle une fois de plus qu’il est leur Créateur tout-puissant, Celui qui a
appelé les cieux et la terre à l’existence (42:5). S’ils se souviennent de ces
deux faits, ils n’ont pas à trembler devant la fureur de l’oppresseur qui se
prépare à détruire le peuple de Dieu ; l’ennemi sera balayé lors de l’apparition
du Messie (51:13). Dieu annonce : « Celui qui est courbé sous les
chaînes sera bientôt mis en liberté, et il ne mourra pas dans la fosse et ne
sera pas privé de son pain » (v.14). La tribulation des Juifs croyants ne
durera qu’un temps limité, à savoir trois ans et demi (Apoc. 11:2 ; 13:5).
Le Seigneur Jésus dit à ce sujet : « Et si ces jours-là n’eussent été
abrégés, nulle chair n’eût été sauvée ; mais, à cause des élus, ces
jours-là seront abrégés » (Matt. 24:22). Alors le Fils de l’homme
apparaîtra en gloire pour libérer les captifs et rassasier de pain les pauvres.
Qui est le garant que tout arrivera comme le Saint Esprit l’a prédit par les prophètes ? — L’Éternel, le Dieu d’Israël lui-même. « Mais moi, je suis l’Éternel, ton Dieu, qui soulève la mer, et ses flots mugissent : l’Éternel des armées est son nom » (51:15). Il est non seulement le Créateur, ce qu’il a rappelé au verset 13, mais aussi celui qui dirige les événements du monde. Dans les Écritures, la mer est souvent une image des peuples dans leur agitation (Ps. 65:7 ; És. 17:12 ; 57:20 ; Apoc. 17:15). Cependant c’est Dieu qui tient tout dans sa main (cf. Jér. 31:36). L’Éternel des armées est derrière et au-dessus des événements du monde et il conduira toutes choses afin que son peuple terrestre puisse vivre en paix sous le sceptre de son Messie dans le pays qui lui appartient comme héritage — même s’il doit passer auparavant par la grande tribulation.
Le dernier verset de cette section nous montre de nouveau
Christ, le vrai Serviteur de l’Éternel. C’est comme s’il était là en spectateur
et auditeur de cette communication de Dieu à son peuple, et que maintenant l’Éternel
s’adresse personnellement à lui qui réalisera tous ses plans en gloire. L’Éternel
a mis ses paroles dans sa bouche et l’a protégé (cf. 49:2). Lorsqu’il entrera
dans son règne, il purifiera les cieux, renouvellera la terre et dira à
Sion : « Tu es mon peuple ». Le temps dans lequel Israël était
Lo-Ammi, c’est-à-dire « pas mon peuple », sera révolu pour toujours.
Comme l’a prédit le prophète Osée, il sera de nouveau appelé « mon
peuple » (hébr. Ammi
) (Osée 1:9 ; 2:1, 23 ; cf. Zach.
13:9).
La cinquième section commence par un appel qui ressemble à celui du verset 9 : « Réveille-toi, réveille- toi ». Par ces mots, la ville de Jérusalem est tirée de sa léthargie et invitée à se lever. Ses souffrances et ses tribulations sont finies. Elle a « bu de la main de l’Éternel la coupe de sa fureur ». En d’autres termes : elle a porté le châtiment de Dieu à cause de ses péchés (Ps. 60:3). Mais elle a aussi « vidé jusqu’au fond le calice de la coupe d’étourdissement » qui lui a ôté toute force (51:17 ; 40:1, 2). Dans l’état de profonde affliction qui s’en est suivi, elle n’a reçu aucun encouragement, aucun secours. Même ses propres enfants n’ont pu l’aider (51:18). Où donc trouverait- elle la consolation pour ce qui lui est arrivé ?
Deux sortes de châtiments l’ont atteinte : « la dévastation et la ruine » ont frappé le pays et ont anéanti tout ce qu’elle possédait. Outre cela, « la famine et l’épée » sont venues sur les hommes et les ont conduits à la mort (51:19). Ses enfants sont affaiblis comme un animal qui ne peut se libérer d’un filet. Ils ont éprouvé toute la rigueur de la fureur et de la répréhension de l’Éternel (51:20).
Mais maintenant la mesure de sa tribulation est comble. L’Éternel prend en main la cause de son peuple. Il lui dit : « Voici, je prends de ta main la coupe d’étourdissement, le calice de la coupe de ma fureur ; tu n’en boiras plus désormais » (51:22). Tes ennemis, qui t’ont affligée et qui sont passés sur toi comme si tu étais une rue, apprendront maintenant à connaître ma colère (cf. 14:2 ; Zach. 12:2). Par « ceux qui t’affligent » il faut comprendre, sans aucun doute, l’armée des Assyriens qui sont venus sur le pays comme un « fléau qui inonde » et qui trouveront leur fin après l’apparition de Christ (cf. 28:14-22 ; 52:4).
Dans la sixième section retentit un troisième appel au réveil (cf. 51:9, 17). Il concerne Sion, le lieu de la grâce, et Jérusalem, « la ville sainte » (48:2). De même que, dans le premier appel, le bras de l’Éternel a été invité à montrer sa force, c’est Sion qui est maintenant appelée à se réveiller et à se revêtir de sa force — qui en réalité est la force de Dieu. Le temps où la ville était foulée aux pieds a pris fin, aucun pécheur n’y entrera plus jamais (52:1 ; cf. Joël 3:17 ; Apoc. 11:2). Elle peut maintenant secouer d’elle la poussière, le signe du deuil, se délivrer des chaînes de l’oppression et se lever pour s’asseoir pour toujours dans le repos (52:2).
Suivent cinq courtes sentences de l’Éternel sur les Assyriens, les ennemis de son peuple, et sur la délivrance de celui-ci. Les oppresseurs n’ont rien payé pour s’asservir le peuple de Dieu et ne peuvent par conséquent prétendre à aucune rançon. Toutefois, le rachat d’Israël va bien au-delà de la délivrance extérieure du joug de ses oppresseurs. Le peuple ne peut rien payer lui-même pour sa rédemption éternelle, car le prix n’en est pas de l’or ou de l’argent, mais « le sang précieux de Christ », « l’agneau sans défaut et sans tache » (52:3 ; cf. 1 Pierre 1:19). Cela est déjà vrai aujourd’hui pour tous les hommes, mais il en sera ainsi pour le peuple d’Israël dans un temps futur. La justification du pécheur devant Dieu est gratuite, car elle a lieu uniquement par sa grâce et, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus (Rom. 3:24).
Le premier grand oppresseur d’Israël a été l’Égypte ; l’Assyrie sera le dernier. La persécution cruelle et sans cause contre le peuple que Dieu avait choisi a caractérisé ces deux oppresseurs. Comme l’Éternel a délivré autrefois son peuple de l’esclavage de l’Égypte, il le délivrera des armées des Assyriens, à la fin (52:4 ; cf. 10:24-26). L’expression hébraïque rendue par « sans cause » peut aussi être traduite par « à la fin », ce qui, en rapport avec l’Assyrie, serait une allusion supplémentaire à la délivrance d’Israël au temps de la fin.
Dans les derniers jours qui précèdent son apparition, il pourrait sembler que le Seigneur n’a plus d’intérêt envers son peuple, ni de joie en lui. Ce peuple a même été « enlevé » par les puissants Assyriens qui, à cause de cela, poussent des cris de joie et blasphèment continuellement le nom de l’Éternel (52:5).
Cependant le jour de la rédemption, auquel il a déjà été fait allusion dans les deux premiers versets du chapitre, est imminent. Le moment vient où le peuple apprendra à connaître d’une manière merveilleuse le nom de l’Éternel si méprisé par les ennemis. « En ce jour-là » — le jour de l’Éternel — Israël reconnaîtra son Dieu dans la personne de son Fils, lorsqu’il apparaîtra comme vengeur et juge, mais aussi comme Sauveur et comme Roi, lorsqu’il se présentera avec la parole touchante : « Me voici » (52:6).
En esprit, le prophète contemple déjà le messager dont la venue répand la joie. Il le voit courir sur les montagnes de Juda vers Sion (52:7 ; cf. Nahum 1:15 ; Rom. 10:15). Il apporte enfin « de bonnes nouvelles », « la paix », « des nouvelles de bonheur » ; il « annonce le salut » et dit : « Ton Dieu règne » (cf. 24:23 ; Abdias 21). Les sentinelles en Sion voient comment Christ s’approche de sa ville bien-aimée, sur laquelle il a pleuré autrefois, et la « restaure », c’est- à-dire la délivre et fait d’elle « la ville du grand roi » (52:8 ; Matt. .5:35 ; 23:37-39). Même les lieux déserts de la ville dévastée par les Assyriens sont invités à éclater de joie parce que l’Éternel a consolé et racheté son peuple (52:9 ; cf. 51:3). Toutefois, pour cela, l’Éternel a dû auparavant mettre « à nu le bras de sa sainteté aux yeux de toutes les nations » (cf. Zach. 14:3). Il a vaincu pour toujours les puissances qui lui résistaient, à lui et à son peuple, et ainsi « tous les bouts de la terre verront le salut de notre Dieu » (52:10).
La septième et dernière section commence avec l’appel : « Partez, partez ; sortez de là ! » C’est comme une voix qui sort du pays et qui s’adresse à tous ceux qui sont encore loin : ceux qui ont été faits prisonniers lors du premier siège de Jérusalem par les armées assyriennes, ceux qui ont échappé à cette attaque en fuyant dans les pays limitrophes, et peut- être aussi ceux qui, parmi le résidu croyant, ont fui devant l’Antichrist et ont quitté Juda pour se réfugier dans les montagnes (Ps. 126 ; cf. És. 16:3 ; Zach. 14:2 ; Matt. 24:16). Cet appel porte la pensée sur le retour du résidu de Babylone, lorsque les « vases de l’Éternel » ont été ramenés (Esd. 1:7-11), comme aussi sur la sortie d’Égypte ; celle-ci toutefois, contrairement au glorieux et paisible convoi décrit ici, a eu lieu « en hâte » (Deut. 16:3). Maintenant l’Éternel lui-même va devant eux et forme en même temps leur arrière-garde (52:12 ; 58:8). La séparation de tout mal et de toute souillure — au verset 11 — est un principe divin de portée générale. En tout temps, quiconque prononce le nom du Seigneur doit se retirer de l’iniquité (2 Tim. 2:19 ; cf. Lév. 10:10 ; Ézéch. 44:23 ; 2 Cor. 6:17 ; Apoc. 18:4 ; 21:27). Cela était valable pour Israël autrefois, l’est maintenant pour l’assemblée de Dieu et le sera également dans le futur.
ME 2006 p. 109
La quatrième et dernière grande prophétie messianique forme le centre de la seconde division du livre d’Ésaïe, non seulement extérieurement mais aussi quant à son contenu. On peut dire qu’elle constitue le point culminant de toutes les prophéties de l’Ancien Testament concernant le vrai serviteur de l’Éternel — le Sauveur non seulement d’Israël mais aussi du monde entier (42:1-4 ; 49:1-6 ; 50:4-9). Certes nous ne trouvons pas ici la relation entre Christ, comme Chef, et les rachetés qui maintenant appartiennent à son Assemblée et forment son corps. À l’époque de l’Ancien Testament, c’était un « mystère », qui ne pouvait être révélé qu’après l’œuvre de la rédemption et la venue du Saint Esprit (Rom. 16:25, 26 ; Éph. 3:1-11). Néanmoins tous ceux qui croient au seul vrai Dieu jouissent, indépendamment de l’époque à laquelle ils vivent, de bénédictions communes : le pardon des péchés, la vie nouvelle et une bienheureuse espérance. Pour eux tous, ce passage a un prix particulier.
Dans les chapitres précédents, nous avons vu comment le peuple d’Israël,
c’est-à-dire la partie croyante de celui-ci, le résidu
, est retourné
publiquement et intérieurement à son Dieu. L’apparition du Seigneur Jésus, le
serviteur de l’Éternel autrefois rejeté, lui apporte la délivrance définitive
de tous ses ennemis et de toutes ses fautes. Le passage qui est devant nous a
été écrit en vue de ce glorieux moment. Quant à nous, croyants de l’époque
actuelle, nous connaissons sa signification et sa valeur ; il nourrit
notre foi en la merveilleuse personne du Seigneur Jésus décrite ici.
Les docteurs Juifs, qui autrefois appliquaient généralement ce passage au Messie, voient aujourd’hui dans le « serviteur » l’ensemble du peuple. Selon eux, c’est à ce peuple que se rapportent les souffrances décrites ici. Et à l’appui de cette interprétation, ils allèguent que, dans cette division du livre, Israël est désigné plusieurs fois comme serviteur de l’Éternel (cf. 41:8, 9 ; 42:19 ; 43:10 ; 44:1, 2, 21 ; 45:4). Mais ils négligent d’autres passages qui parlent clairement du serviteur comme une personne unique (42:1 ; 49:3, 5, 6).
Le passage qui est sous nos yeux se compose de cinq « strophes » de trois versets chacune, dans lesquelles s’expriment tour à tour Dieu lui-même, le prophète et le résidu qui, quant à sa responsabilité, s’identifie aux Juifs du temps de la vie terrestre de Christ.
« Voici, mon serviteur… » Dans les mêmes termes qu’au chapitre 42 (52:13), Dieu appelle l’attention sur son Serviteur. Toute la vie terrestre de celui-ci, avec son point culminant à la croix, est caractérisée dans la première partie du verset. Ce n’est que de lui que Dieu peut dire : « Mon serviteur agira sagement ». Selon Ésaïe 11:2, 3, il avait tout ce qu’il fallait pour cela : « Et l’Esprit de l’Éternel reposera sur lui, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel. Et son plaisir sera la crainte de l’Éternel ». En plein accord avec la volonté de son Dieu et Père, c’est en toute connaissance de cause et volontairement qu’il a suivi le chemin qui le conduisait à la croix. Et là, dans ses souffrances et dans sa mort, dans ce qui avait l’apparence de la plus grande défaite, il a en réalité accompli le propos éternel de l’amour et de la grâce de Dieu.
La seconde partie du verset 13 nous présente les résultats de son œuvre. Celui qui, comme homme, s’est si profondément abaissé, a été élevé par Dieu (Matt. 23:12 ; Phil. 2:5-11). Dans les trois étapes indiquées ici — « Il sera exalté et élevé, et placé très haut » — nous pouvons voir la résurrection, l’ascension et la glorification du Seigneur à la droite de Dieu. Sa position suprême sera manifeste aux yeux de tous lors de son apparition en gloire (2:11, 17 ; Marc 16:19 ; Éph. 1:20, 21 ; 1 Pierre 3:21, 22).
Le contraste entre les « souffrances qui devaient être la part de Christ et les gloires qui suivraient » (1 Pierre 1:11) est présenté ensuite sous un autre aspect. Au verset 14 et au début du verset 15, la stupéfaction de beaucoup d’hommes autrefois au sujet du Serviteur est mise en parallèle avec l’étonnement futur de beaucoup de nations et de rois lorsqu’ils le verront.
D’abord, la venue et la manifestation du Messie dans l’humilité et dans l’abaissement ne correspondaient pas du tout à l’attente du peuple juif qui aurait préféré le voir venir comme libérateur du joug romain détesté. De plus, sa marche parfaite, caractérisée par l’amour et l’obéissance, mettait en lumière sans ménagement le péché et la méchanceté de l’homme. Cela lui a valu la haine implacable des chefs du peuple, haine qui a atteint son point culminant dans sa crucifixion. La pensée de ses souffrances et des conséquences de celles-ci est si saisissante que la parole est pour un instant adressée au Serviteur lui-même : « Comme beaucoup ont été stupéfaits en te voyant ». La raison de la stupéfaction est indiquée dans la phrase insérée comme une parenthèse : « tellement son visage était défait plus que celui d’aucun homme, et sa forme, plus que celle d’aucun fils d’homme ». Le Nouveau Testament ne nous communique rien au sujet de son « visage » et de sa « forme ». Toutefois nous pouvons penser que non seulement les épouvantables traitements subis dans les derniers pas de son chemin vers la croix, mais déjà la vue constante du péché et de ses terribles conséquences pour les hommes — conséquences dont il s’était chargé dans sa vie — ont laissé leurs marques sur notre bien-aimé Seigneur (53:2-4 ; Ps. 69:10).
Mais quand il apparaîtra pour la seconde fois sur la terre, non plus comme autrefois dans l’abaissement mais avec puissance et une grande gloire, il en sera tout autrement. Non seulement le résidu juif croyant (que nous avons devant nous au chapitre 53) mais aussi « beaucoup de nations », tressailliront d’étonnement à son sujet, et « des rois fermeront leur bouche en le voyant ». Etonnés et muets de respect, les peuples et leurs souverains le confesseront comme « Roi des rois et Seigneur des seigneurs (49:7 ; Apoc. 19:16). Comme la reine de Sheba devant Salomon, ils verront les gloires du Seigneur Jésus, des gloires qu’ils n’ont pas imaginées et qui surpassent tout ce qu’ils ont entendu ; et alors ils le glorifieront (52:15 ; 1 Rois 10:7). Parmi ces nations et ces rois, il y en a certainement qui ne seront pas condamnés lors du jugement des vivants, mais qui participeront à la bénédiction du Millénium (Matt. 25:31-40).
La question : « Qui a cru à ce que nous avons fait entendre, et à qui le bras de l’Éternel a-t-il été révélé ? » sort sans aucun doute de la bouche du prophète (cf. Jean 12:38 ; Rom. 10:16). L’expression « le bras de l’Éternel » évoque le plus souvent sa puissance (40:10 ; 51:9 ; 52:10) ; ici elle désigne sa révélation dans la personne du Fils, qui, dans son abaissement profond, a remporté la victoire la plus complète sur le péché, la mort et le diable. Israël n’en a pas eu le discernement jusqu’à présent.
Mais, au temps de la tribulation de Jacob, ceux qui font partie du résidu croyant et auront attendu la délivrance par le Messie seront délivrés de toutes leurs oppressions par son apparition, et reviendront, par la repentance et la conversion, à Celui que leurs ancêtres ont rejeté. Au chapitre 9 (52:6), nous avons vu comment les Juifs croyants reconnaîtront le Roi venant pour leur délivrance comme étant l’enfant qui autrefois leur était né et le fils qui leur avait été donné. Zacharie annonce aussi cette rencontre : « Ils regarderont vers moi, celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l’amertume pour lui, comme on a de l’amertume pour un premier-né… Et on lui dira : Quelles sont ces blessures à tes mains ? Et il dira : Celles dont j’ai été blessé dans la maison de mes amis » (Zach. 12:10 ; 13:6). Il arrivera au résidu ce qui est arrivé à Thomas auquel le Seigneur Jésus a dû dire : « Parce que tu m’as vu, tu as cru » (Jean 20:29).
Cette rencontre du résidu avec le Seigneur de gloire, de même que la repentance et la conversion qui lui sont liées, sont décrites dans les versets suivants. Les Juifs croyants reconnaîtront, dans le Messie qui apparaît pour leur délivrance, le Sauveur d’Israël et du monde, l’envoyé de Dieu, celui que leur peuple — avec lequel ils s’identifieront pleinement dans une profonde humiliation — a méprisé et rejeté lors de sa première venue.
Et en vérité, sa première apparition n’avait extérieurement rien d’impressionnant. La « terre aride » de laquelle il est sorti évoque l’état du peuple juif auquel manquait toute vie spirituelle. C’est là qu’il est monté « comme un rejeton, et comme une racine sortant d’une terre aride ». Le « rejeton » ou la « racine » sont des symboles de la fragilité et de la faiblesse, mais aussi de la vie qui, dans les livres prophétiques de l’Ancien Testament, se rapportent au Messie (*). Alors que le peuple de Dieu et le monde entier montraient qu’ils étaient morts et sans fruits, lui, le Fils de David et le Fils de Dieu, a accompli, en venant dans le plus profond abaissement, le conseil éternel de Dieu et toutes les promesses de l’Ancien Testament. Sans apparence extérieure, sans rien pour attirer l’attention, il était cependant la manifestation de Dieu en chair et l’objet de tout son plaisir.
(*) Le « rejeton » (hébr. joneq
; cf.
Ézéch. 17:22) est un rameau petit et mince, ou une pousse ; la « racine »
(hébr. schoresch
; cf. 11:1, 10) peut par contre désigner aussi
bien la racine elle-même que la pousse qui sort de celle-ci.
Les Juifs l’ont méprisé, lui qui n’avait à leurs yeux « ni forme, ni éclat ». Il n’était pas venu comme roi dans sa gloire, mais comme serviteur obéissant. Même un Juif croyant tel que Nathanaël posait la question : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? » (Jean 1:47). Un jour le résidu confessera, dans une profonde tristesse, qu’il n’a rien trouvé en lui qui le fasse désirer (53:2).
Le verset 3 décrit comment le Seigneur a été méprisé et délibérément délaissé, mis de côté particulièrement par les conducteurs spirituels du peuple. Ils l’ont appelé « un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des pécheurs ». Ils ont affirmé : « Celui-ci ne chasse les démons que par Béelzébul, chef des démons », et ont convenu entre eux d’exclure de la synagogue quiconque le confesserait comme le Christ (Matt. 11:19 ; 12:24 ; Jean 9:22).
Il a été « homme de douleurs, et sachant ce que c’est que la langueur ». Il en a été ainsi parce qu’il s’était chargé du fardeau de « nos langueurs » et de « nos douleurs » (cf. 53:4). Que de fois n’a-t-il pas soupiré et pleuré en présence de la maladie et de la mort (Marc 7:34 ; 8:12 ; Jean 11:33-38) ! Bien qu’étant lui-même entièrement exempt du péché et de ses terribles conséquences, il est entré dans ces dernières d’une manière tellement complète qu’il a été l’homme de douleurs non seulement à la croix mais tout au long de sa vie terrestre. Et pourtant son peuple qu’il aimait tant n’a rien voulu de lui. On était scandalisé en lui et on se détournait de lui comme de quelqu’un dont le visage est si défait qu’on ne peut le regarder (cf. 52:14), toutefois non parce qu’il effraie mais parce qu’on le méprise : « Il est méprisé, et nous n’avons eu pour lui aucune estime » (cf. Matt. 13:57 ; Marc 6:3).
Le résidu d’Israël confessera un jour devant Dieu et devant les hommes que, dans le Christ qu’ils ont tant méprisé, ils auraient dû voir l’amour de Dieu qui s’était révélé. Dans une méconnaissance entière de leur propre état et de la merveilleuse grâce divine, les Juifs pensaient que Jésus était l’objet du déplaisir de Dieu et qu’il était « battu » et « frappé » de lui. Ils ne voyaient pas que, dans la guérison des malades, la délivrance des démoniaques et la résurrection des morts, il faisait siennes les langueurs et les douleurs des hommes. Car lorsque notre Seigneur accomplissait ses œuvres de délivrance, il sentait et portait parfaitement, en esprit, toute la souffrance résultant du péché (cf. Marc 1:41). Ses miracles n’étaient pas de simples démonstrations de puissance ; ils étaient toujours des preuves de l’amour et de la miséricorde de Dieu. « Nos langueurs » et « nos douleurs », qu’il a prises sur lui dans sa vie, ne tenaient pas seulement aux maladies corporelles, mais aussi à celles de l’âme (53:4 ; cf. 53:3 ; Matt. 8:17). On ne peut cependant pas déduire de ces paroles que, le Seigneur Jésus ayant porté nos maladies, nous n’avons maintenant plus à en souffrir. Il s’agit ici des douleurs que le Seigneur a rencontrées au sein de son peuple terrestre, durant sa vie ici-bas.
L’œuvre de l’expiation constitue sans aucun doute le plus haut degré de ses souffrances. Pierre rapporte les versets 5 et 6 à l’œuvre de Christ à la croix : « Lui- même a porté nos péchés en son corps sur le bois » ; il a pris sur lui le juste châtiment de Dieu que nous avions mérité (1 Pierre 2:24, 25). Le résidu croyant comprendra un jour que c’est à cause de « nos transgressions » et de « nos iniquités » que Christ a été blessé et meurtri, et que seules ses souffrances sous le jugement du Dieu juste et saint pouvaient apporter la paix et la guérison. Les expressions « le châtiment de notre paix » et « ses meurtrissures » se rapportent à ses souffrances de la part de Dieu et non à celles qu’il a subies de la part des hommes (53:5). Le résidu juif ne recevra la pleine connaissance de ce fait que lors de l’apparition de Christ. Par contre, les chrétiens savent aujourd’hui déjà que Christ a « fait la paix par le sang de sa croix ». Il est devenu « notre paix ». Celui qui est justifié par la foi en Christ possède « la paix avec Dieu », éternelle et inébranlable (Col. 1:20 ; Éph. 2:14, 17 ; Rom. 5:1). Mais combien notre Seigneur a dû souffrir pour cela !
Après la mention des transgressions et des iniquités à cause desquelles Christ a dû souffrir et mourir, l’état misérable du peuple terrestre de Dieu est mis en évidence. Ils reconnaissent : « Nous avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes tournés chacun vers son propre chemin » (53:6). Combien souvent le Seigneur Jésus, ému de compassion, a-t-il pu voir son peuple « comme des brebis qui n’ont pas de berger » ! C’est un état dans lequel une grande partie du peuple juif et de l’humanité persiste jusqu’à aujourd’hui (cf. Matt. 9:36) ! Chacun, par nature, va son propre chemin, un chemin qui conduit à la perdition éternelle. Christ seul peut nous en sauver ; car Dieu a fait tomber sur lui l’iniquité de nous tous, notre culpabilité et notre châtiment.
Nous avons ici la réponse de Dieu à la confession du résidu. Dieu seul a vu, dans ces terribles heures de souffrances, les sentiments et les mobiles parfaits de son Fils, qui était venu sur la terre pour mourir comme l’Agneau de Dieu.
En face d’un tel sujet, nous devons distinguer entre ses souffrances de la part des hommes et de la part de Dieu, entre la condamnation inique des tribunaux humains et le juste jugement de Dieu contre le péché. Dans cette scène, nous voyons d’une part la corruption et la méchanceté des hommes dans toute leur étendue, et d’autre part la perfection du Seigneur Jésus et la manière dont Dieu l’a considéré et l’a traité.
Quel contraste entre le chemin de l’Agneau de Dieu et celui des brebis égarées décrites au verset 6 ! Il s’est incliné en silence sous tous les mauvais traitements que des hommes impies et cruels lui ont infligés dans son corps et dans son âme (Matt. 26:63 ; 27:12, 14 ; Luc 23:8, 9 ; Jean 19:9 ; cf. 1 Pierre 2:23). Il ne répondait rien parce qu’il était résolu à se livrer lui-même dans une parfaite obéissance, pour la gloire de Dieu (cf. Ps. 38:13-15). Lui qui était « le lion de la tribu de Juda », « il n’a pas ouvert sa bouche. Il a été amené comme un agneau à la boucherie, et a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent ; et il n’a pas ouvert sa bouche » (53:7 ; cf. Apoc. 5:5). Et s’il l’a ouverte une fois ou l’autre pendant son interrogatoire, ce n’a été que pour la gloire de Dieu, jamais pour exprimer une plainte !
La comparaison avec un agneau se rapporte ici à l’attitude du Seigneur en présence des hommes qui l’ont fait souffrir. Cependant ce mot reporte nos pensées sur plusieurs passages de la Bible : la réponse d’Abraham à son fils Isaac : « Mon fils, Dieu se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste », l’agneau de la Pâque sacrifié en Égypte, l’exclamation de Jean le baptiseur : « Voilà l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde », et la vision prophétique accordée à l’apôtre Jean d’un « agneau… comme immolé », « au milieu du trône et des quatre animaux, et au milieu des anciens ». Et bientôt, dans la gloire éternelle du ciel, des multitudes de rachetés diront : « Digne est l’Agneau qui a été immolé… » (Apoc. 5:12).
Le verset 8 contient quelques difficultés qui ont conduit à des traductions et à des explications très variées. Pour cette raison, nous considérerons le verset phrase après phrase.
« Il est ôté de l’angoisse et du jugement
» — L’angoisse
(ou l’oppression) et le jugement dont il a été ôté se rapportent à la procédure
ignominieuse et inique par laquelle notre Seigneur a été condamné. Dieu a mis
fin à ce procès indigne et humiliant, et il a ôté son Christ. Pilate s’est
étonné de ce que le crucifié soit mort si tôt (Marc 15:44). Cette pensée se
fonde aussi sur le texte grec des « Septante », tel que le lisait l’eunuque
éthiopien dans son char : « Dans son humiliation, son jugement a été
ôté » (Act. 8:33). Ces mots ne peuvent se rapporter aux trois heures de
ténèbres sous le jugement de Dieu, car là rien n’a été « ôté ». La
coupe amère des souffrances devait être bue jusqu’au bout. En ce moment-là,
rien n’a été épargné au Sauveur. Et même lorsqu’il s’est écrié : « Mon
Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », il n’a reçu aucune
réponse (Ps. 22:1, 2).
« Et sa génération, qui la racontera
? » —
Le substantif hébraïque dor
, qui est généralement traduit par « génération »,
apparaît pour la première fois — ce qui souvent est significatif pour la
compréhension spirituelle d’un mot — en Genèse 6:9. Il est traduit là par « ceux
de son temps ». De la même manière, « sa génération » désigne
ici les Juifs incrédules qui vivaient au temps du Seigneur et ont déchargé sur
lui toute leur haine. Ils étaient « les siens » ; c’était en
premier lieu vers eux qu’il était venu, mais ils l’ont refusé, l’ont rejeté et
l’ont mis à mort (cf. Jean 1:11 ; cf. Luc 17:25 ; Actes 2:40). Le
Seigneur Jésus a dit à ses disciples, en rapport avec la tribulation à
venir : « En vérité, je vous dis : cette génération ne passera
point que toutes ces choses ne soient arrivées » (Matt. 24:34). En face d’une
telle méchanceté, le prophète s’écrie, stupéfait : « Et sa
génération, qui la racontera ? » L’expression ne désigne donc pas
ceux qui croient en Christ. Ceux qui sont le fruit du travail de son âme, nous
les trouvons dans les versets 10 à 12.
« Car il a été retranché de la terre des vivants
»
— La relation particulière de Dieu avec cette « génération » par le
moyen du Messie est interrompue depuis le rejet de celui-ci. Christ est mort,
mais il a été ressuscité et élevé dans le ciel. C’est ce qui semble être évoqué
ici, car « la terre des vivants » est la terre elle-même (cf. 38:11).
Le Seigneur Jésus a lui-même annoncé qu’il serait retranché : « Vous
ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui
qui vient au nom du Seigneur ! » (Matt. 23:39 ; cf. Dan. 9:26).
« À cause de la transgression de mon peuple, lui, a été
frappé
» — À la fin du verset, il est évident que c’est Dieu qui
parle ; il parle des Juifs comme étant son peuple. Il indique encore une
fois la véritable raison du terrible châtiment que son Serviteur a dû porter à
la croix (cf. 53:5, 6). Ce n’était pas sa culpabilité, ce n’était pas le
déplaisir de Dieu dans sa personne, c’était « la transgression de mon
peuple ». C’est aussi ce que le résidu confessera par la foi lorsqu’il
retournera à Dieu et au Messie.
Le verset 9 indique l’intention de ceux qui ont condamné à mort le Seigneur Jésus. Le sépulcre qui lui était destiné était en effet « avec les méchants ». Mais Dieu n’a pas permis que son Serviteur subisse cet outrage supplémentaire. Joseph, « un homme riche d’Arimathée », comme le mentionne expressément la parole de Dieu, lui a donné une sépulture digne en le mettant dans un sépulcre « où personne n’avait jamais été déposé » (Matt. 27:57 ; Luc 23:53). C’est ainsi que Dieu l’a honoré, « parce qu’il n’avait fait aucune violence, et qu’il n’y avait pas de fraude dans sa bouche ». Dans toutes ses souffrances il n’a pas ouvert sa bouche, et lorsqu’il a dû l’ouvrir, il n’en est sorti que du bien.
Ces derniers versets portent un regard sur le passé et un regard sur l’avenir. Tout d’abord le résidu croyant montre son intelligence du conseil de Dieu. « Mais il plut à l’Éternel de le meurtrir. » Il n’était pas au pouvoir de Satan, qui selon la sentence de Dieu « briserait le talon » à la semence de la femme, de faire mourir le Seigneur Jésus. Ce n’était pas non plus au pouvoir des hommes, bien qu’il ait été « livré à leur volonté » par Pilate, et qu’ils portent la pleine responsabilité de sa mort (cf. Gen. 3:15 ; Luc 23:25 ; Act. 2:36 ; 3:15 ; 4:10 ; 5:30). Non, c’est « par le conseil défini et par la préconnaissance de Dieu » que Jésus a connu le jugement sur le péché et la mort (Act. 2:23).
Gardons-nous bien d’interpréter la première phrase du verset 10 comme si Dieu avait eu du plaisir à meurtrir son Fils bien-aimé. « Le meurtrir » n’était nullement le but de Dieu, mais le moyen par lequel il a atteint son but glorieux. Son plaisir consistait à accomplir son dessein d’amour dans son Fils bien-aimé, au moment même où la haine et la méchanceté des hommes, pour lesquels avait lieu cette œuvre, atteignaient leur plus haut degré. Ainsi « il l’a soumis à la souffrance » — aussi bien de la part de sa créature indigne que par son jugement sur le péché. L’holocauste devait être « coupé en morceaux » et l’encens composé devait être « pilé » afin que la bonne odeur du sacrifice et de la personne de Christ, dont parlent ces types, puisse monter vers Dieu (Ex. 30:36 ; Lév. 1:6). C’est ce que le résidu croyant comprendra lors de l’apparition de Christ. Et quant à nous, nous admirons dès maintenant le conseil de la grâce, qui dépasse toute compréhension humaine, par lequel Dieu a été glorifié comme jamais, ni auparavant ni après !
Cette œuvre immense est accomplie une fois pour toutes. Christ n’a
pas livré seulement son corps
, dans lequel il a porté tous nos péchés
sur le bois, mais il a livré aussi « son âme
en sacrifice pour le
péché » : il a donné son sang et sa vie (cf. 53:12 ; cf. Lév.
5:6 ; 17:11 ; 1 Pierre 2:24).
Quatre résultats de ce parfait sacrifice de Christ sont mentionnés dans les versets 10 et 11 :
« Il verra une semence
» — Dans la Bible, « semence »
signifie souvent postérité. Ici le mot doit être compris dans un sens
spirituel : il s’agit de tous ceux qui ont accepté par la foi le sacrifice
pour le péché offert par Christ, en premier lieu bien sûr ceux qui
appartiennent au peuple d’Israël (cf. Ps. 22:30).
« Il prolongera ses jours
» — Dieu n’a pas
permis que son saint voie la corruption. Il l’a ressuscité d’entre les morts et
lui a donné « une longueur de jours pour toujours et à perpétuité »
(Ps. 21:4 ; cf. Ps. 102:23-27). Comme le Ressuscité, le Seigneur Jésus
peut dire maintenant : « J’ai été mort ; et voici, je suis
vivant aux siècles des siècles » (Apoc. 1:18).
« Et le plaisir de l’Éternel prospérera en sa main
»
— Le Père a mis toutes choses entre ses mains (Matt. 11:27 ; Jean 13:3),
parce que c’est lui seul qui a accompli pleinement le bon plaisir, c’est-à-dire
la volonté, de Dieu (cf. 46:10). Dans le cadre de la prophétie d’Ésaïe, ceci
concerne en premier lieu le Millénium.
« Il verra du fruit du travail de son âme, et il sera
satisfait
» — Le travail de l’âme de Christ est achevé pour toujours,
car la grande œuvre de la rédemption est accomplie ! Le reniement, la
trahison et la fuite de ses disciples, les moqueries, l’injustice et la haine
de ses ennemis, et surtout les souffrances indicibles de l’abandon de Dieu
durant les heures de ténèbres, tout cela est passé pour toujours. Tout ce
travail pénible n’a pas été vain, et Celui qui l’a accompli voit maintenant du
fruit dont il peut être pleinement satisfait. Déjà au chapitre 49, nous nous
sommes arrêtés sur les paroles de Dieu à son fidèle Serviteur : « C’est
peu de choses que tu me sois serviteur pour rétablir les tribus de Jacob et
pour ramener les préservés d’Israël ; je te donnerai aussi pour être une
lumière des nations, pour être mon salut jusqu’au bout de la terre » (49:6).
Selon les prophéties de l’Ancien Testament, le fruit du travail de son âme est
constitué par les futurs rachetés du peuple d’Israël et des nations. Toutefois
la portée de l’œuvre de la croix s’étend bien au-delà. Déjà maintenant font
partie de ce fruit tous ceux qui croient en Jésus Christ comme leur Sauveur et
leur Seigneur.
Dans la suite du verset 11, Dieu parle à nouveau de son Serviteur et de ce qu’il a accompli. Nous y trouvons deux choses : le service de Jésus pendant sa vie sur la terre, puis son œuvre à la croix.
Comme étant « juste », il a manifesté tout au long de son chemin terrestre sa perfection comme Homme ; et comme « serviteur » de l’Éternel, il a accompli le bon plaisir de Dieu. Par sa parfaite connaissance de la volonté de Dieu (11:2), il a enseigné à son peuple, durant sa vie, le chemin de la justice pratique (cf. Matt. 5:17-20). Avec des paroles très semblables, Daniel parle des « sages… qui ont enseigné la justice à la multitude » (12:3 ; cf. 9:27 ; 11:33-39). Ce que les « sages », au temps de l’Antichrist, seront à la « multitude » (c’est- à-dire en premier lieu aux Juifs incrédules), le Seigneur Jésus l’a déjà été durant toute sa vie. Il s’agit certainement de cela ici, et non pas de la justification des pécheurs, l’œuvre de la rédemption n’étant mentionnée que dans la seconde partie de la phrase. Il est tout à fait vrai que les hommes sont justifiés par la connaissance de la personne et de l’œuvre du Seigneur Jésus et par la foi en lui, mais ce n’est pas ce qui est dit ici.
C’est pourquoi la fin du verset 11 n’est pas introduite par « car » mais par « et » : « …et lui, il portera leurs iniquités ». Comme le montre le passage du prophète Daniel cité ci-dessus, il y en a plusieurs qui « enseignent la justice ». Par contre, un seul pouvait faire propitiation et, comme substitut, porter « en son corps sur le bois » les péchés de ceux qui croient en lui (1 Pierre 2:24). Il a porté non seulement leurs iniquités, mais aussi le terrible — mais juste — châtiment de Dieu pour des fautes qui n’étaient pas les siennes.
Le Serviteur de l’Éternel n’a cependant pas seulement porté les
iniquités de « plusieurs », mais il a acquis par le don de lui-même
une « part » légitime que Dieu lui donnera un jour — « je lui
assignerai une part avec les grands » (53:12). Ne perdons pas de vue que
nous nous trouvons sur le terrain de l’Ancien Testament. Toutes les prophéties
se rapportent à Israël et aux nations ; elles ne vont pas au-delà du
Millénium. Autrefois, rien n’était révélé du mystère du conseil éternel de Dieu
relativement à la glorification de Christ et de son assemblée (Rom. 16:25,
26 ; Éph. 3:1-13). Nous pouvons certes faire une application
de ces
prophéties au temps actuel de l’évangile de la grâce, mais nous ne devons pas
oublier qu’elles se rapportent en fait
au temps de l’apparition de
Christ et du Millénium.
« Et il partagera le butin avec les forts ». Ceux qui précédemment ont été appelés « plusieurs » sont ici les « forts », et le butin est toute la création. Christ ne régnera pas seul, mais avec lui il y aura tous les saints qui auront part à la première résurrection (Apoc. 20:4-6 ; cf. 1 Sam. 30:26-31). Les croyants de l’Ancien Testament en font aussi partie. En Daniel 7:18, ils sont appelés « les saints des lieux très hauts », ce sont eux qui recevront le royaume avec le Messie, le Fils de l’homme.
À la fin du verset 12, nous trouvons quatre motifs pour ce triomphe du Serviteur de l’Éternel. C’est :
— « parce qu’il aura livré son âme à la mort » (Jean 10:17 ; 19:30),
— « et qu’il aura été compté parmi les transgresseurs » (Luc 22:37),
— « et qu’il a porté le péché de plusieurs » (Héb. 9:28),
— « et qu’il a intercédé pour les transgresseurs » (Luc 23:34).
Le fait que nous retrouvions ces particularités — accomplies même jusqu’à la lettre — dans le récit que donne le Nouveau Testament des souffrances et de la mort du Seigneur Jésus, confirme la parfaite unité des Saintes Écritures. Notre Seigneur a dit lui-même : « Sondez les écritures, car vous, vous estimez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jean 5:39 ; cf. Luc 24:27 ; Act. 8:35). Tout ce passage d’Ésaïe est le tableau le plus frappant des souffrances du Messie dans tout l’Ancien Testament. Bien qu’elles soient décrites ici dans la perspective du futur résidu juif croyant, tous ceux qui croient en lui aujourd’hui peuvent se les appliquer personnellement, les lire et les relire avec un profit toujours renouvelé, et adorer l’Agneau de Dieu.
ME 2006 p. 217
Si l’appel au réveil précédemment adressé à Sion pouvait déjà amener la ville de Dieu à éclater de joie (52:9), combien plus le fera la connaissance de l’œuvre rédemptrice de Christ dont parle le chapitre précédent ! Comme dans plusieurs autres passages, le Saint Esprit présente ici Jérusalem, le centre et le symbole de l’ensemble du peuple terrestre de Dieu, sous la figure d’une femme spirituellement mariée à l’Éternel, mais devenue infidèle et répudiée par lui (cf. 53:6 ; És. 50:1 ; Jér. 3:1-5, 8 ; 31:32 ; Osée 1-5).
Jérusalem est appelée par l’Éternel à éclater en chants de triomphe. Elle a été longtemps désolée, stérile, sans douleurs d’enfantement, mais maintenant le nombre de ses enfants est plus grand qu’au temps où elle était « mariée » à son Dieu (54:1). Dieu s’est de nouveau tourné vers elle, parce qu’elle est revenue à lui. Ce ne sont pas seulement quelques croyants qui le serviront, mais une grande multitude. Et même, tout le peuple sera sauvé par la repentance et la foi au Messie, et servira son Dieu avec joie dans le Millénium. C’est de ce temps qu’Ésaïe parle ici.
L’apôtre Paul cite ce premier verset en Galates 4:27, en l’appliquant au temps actuel. II établit une relation entre la Jérusalem terrestre que Dieu recevra de nouveau dans des temps futurs, et la « Jérusalem d’en haut ». Comme enfants de la « Jérusalem d’en haut », les croyants du temps de la grâce seront plus nombreux que tous les croyants du peuple terrestre de Dieu — ce peuple qui a été autrefois marié à l’Éternel par l’alliance de la loi et qui lui a été infidèle.
Même si le peuple racheté est encore peu nombreux au début du Millénium, il croîtra beaucoup en peu de temps. C’est à cet accroissement de la population que se rapporte le verset 2. La tente — symbole de l’habitation — ne peut être assez grande, tant le peuple se multipliera. Pourtant, Dieu le conduira alors au repos tant désiré, comme l’évoquent les mots : « affermis tes pieux ».
Les raisons en sont données au verset 3. Ceux qui appartiennent à ce peuple s’étendront « à droite et à gauche », prendront possession des nations et repeupleront les villes désolées pendant la tribulation. L’Éternel avait promis à Abraham que sa descendance posséderait le pays « depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate » (Gen. 15:18). Cette promesse, qui toutefois n’a pas été réitérée ni accomplie par la suite (cf. Ex. 23:31 ; Nomb. 34:1-12 ; Deut. 11:24 ; Jos. 1:4), sera alors réalisée.
Après l’appel à exulter par lequel s’ouvre le chapitre vient l’exhortation : « Ne crains pas » (54:4 ; cf. 41:10, 13, 14). Les temps de honte et d’opprobre sont passés pour toujours (cf. 61:7). Non seulement ils ne reviendront jamais, mais il n’y en aura pas même le souvenir. La « honte de ta jeunesse » se rapporte moins à l’esclavage d’Israël en Égypte qu’à l’abominable idolâtrie de Juda à cause de laquelle l’Éternel a abandonné son peuple et son sanctuaire (2 Chron. 36:13-16 ; Jér. 3:24, 25 ; Ézéch. 16 et 23). « L’opprobre de ton veuvage » est la conséquence, encore actuelle, de la mise de côté et de la dispersion du peuple parmi toutes les nations (cf. 25:8 ; Jér. 3:25 ; Lam. 1:1). Il ne s’agit pas de la captivité relativement courte à Babylone, dont il n’est plus parlé dans cette partie du livre.
Comme pour appuyer d’une manière particulière les paroles de consolation qu’il a adressées à son peuple, Dieu se présente au verset 5 dans toute sa grandeur et toute sa gloire. Il n’a pas rejeté pour toujours le peuple qu’il a jadis créé pour lui-même, mais, dans son amour divin, il prend soin à nouveau des siens (cf. 43:15 ; Jér. 31:32 ; Ézéch. 16:60 ; Osée 2:18). Son nom « l’Éternel des armées » (Jahweh Sabaoth), particulièrement employé par les prophètes Ésaie et Jérémie, mais aussi par Aggée, Zacharie et Malachie, parle de son amour et de sa toute-puissance. Mais comme le « Saint d’Israël » il est aussi son « rédempteur » (cf. 41:14). La relation entièrement nouvelle du peuple avec Dieu comme le Saint d’Israël sera fondée sur le fait que ce peuple reconnaîtra en Jésus de Nazareth, celui qui a été autrefois méprisé, le Rédempteur envoyé par Dieu.
Le dernier titre mentionné ici — « Dieu de toute la terre » — est clairement en rapport avec le temps du Millénium. Dans l’Ancien Testament, nous trouvons trois appellations voisines, mais cependant de signification différente :
— Comme « Dieu des cieux et de la terre
», il
est le Créateur et le Seigneur de tout l’univers.
— Il est le « Dieu de toute la terre
», mais n’est
appelé ainsi qu’en relation avec son peuple terrestre, Israël, qu’il s’est
choisi d’entre toutes les nations.
— L’appellation « Dieu des cieux
» apparaît
principalement dans les livres écrits après la déportation à Babylone. Depuis
ce moment, le « trône de l’Éternel » sur la terre et le gouvernement
des rois d’Israël et de Juda qui lui est lié ne sont plus là (cf. 1 Chron.
28:5 ; 29:23). Dieu s’est pour ainsi dire retiré dans le ciel et a
transféré le gouvernement, pour la période des « temps des nations »
(Luc 21:24), aux quatre empires décrits dans le livre de Daniel.
Toutefois lorsque Israël sera revenu à son Dieu, le trône du gouvernement de l’Éternel se trouvera de nouveau à Jérusalem, durant le Millénium, et Dieu sera appelé « le Dieu de toute la terre » (cf. Jér. 3:17).
Combien merveilleuse est la grâce de Dieu qui restaurera son peuple terrestre ! Il l’appellera de nouveau à lui, comme un mari qui ramène dans sa maison « une femme délaissée et affligée d’esprit, et une épouse de la jeunesse… qu’on a méprisée » (54:6 ; cf. 54:1, 4 ; 50:1 ; Osée 2:4, 9). Dans sa juste colère à cause du rejet de son Fils bien-aimé, Dieu a abandonné son peuple « pour un petit moment » et lui a caché sa face. Dans la parabole de la vigne, le Seigneur Jésus a annoncé la colère de Dieu contre les cultivateurs qui ont fait mourir l’héritier (Marc 12:1-12). Mais à la fin, l’Éternel rassemblera son peuple « avec de grandes compassions » ; et « avec une bonté éternelle », il aura compassion de lui (54:7, 8 ; cf. Rom. 11:32). Israël sera aussi amené à l’Éternel, son Rédempteur, par l’œuvre accomplie à Golgotha.
Comme il s’agit de manière évidente, dans ce passage, de la réception définitive du peuple d’Israël par l’Éternel, le « petit moment » pendant lequel Dieu a abandonné son peuple ne saurait être la captivité à Babylone. C’est le temps de l’endurcissement partiel et de la mise de côté temporaire que le peuple a attirés sur lui par le rejet du Seigneur. À vue humaine, les millénaires écoulés peuvent paraître une période très longue, mais aux yeux de Dieu, ils ne sont cependant qu’un « petit moment ». N’en est-il pas de même pour nous en rapport avec la promesse du Seigneur : « Voici, je viens bientôt » ? Pour Celui aux yeux duquel mille ans sont comme un jour et un jour comme mille ans, ce temps n’est qu’un « petit moment ».
Ensuite, Dieu fait à son peuple une promesse sous la forme d’un serment. Il rappelle ce qui s’est passé après le déluge, lorsqu’il a conclu avec Noé une alliance équivalente à un serment. Il a alors dit : « Et toute chair ne périra plus par les eaux du déluge, et il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre » (Gen. 9:11). Maintenant, Dieu jure qu’après la grande tribulation, il ne sera plus jamais courroucé contre son peuple ou qu’il ne le tancera plus (54:9). La mention du déluge dans ce contexte a toute sa signification. Le déluge est une figure des jugements de la fin qui fondront sur le monde. Hénoc est une image des croyants qui seront enlevés auparavant. Et Noé représente le peuple d’Israël, préservé au travers de la tribulation pour entrer dans une terre purifiée.
De même qu’il avait conclu une alliance avec Noé après le
déluge, ainsi Dieu fera avec son peuple racheté après le temps de la
tribulation : « Car les montagnes se retireraient et les collines
seraient ébranlées, que ma bonté ne se retirerait pas d’avec toi, et que mon alliance
de paix
ne serait pas ébranlée, dit l’Éternel, qui a compassion de
toi » (54:10). Cependant la « nouvelle alliance », comme elle
est le plus souvent appelée, ne se relie pas à l’alliance faite avec Noé, mais
à « l’ancienne alliance », faite avec le peuple d’Israël à la
montagne de Sinaï (Héb. 8:8 à 9:22). Contrairement à cette première alliance,
qui avait son expression dans la loi (Ex. 34:27, 28) et qui a été rompue par la
désobéissance du peuple, la nouvelle alliance est une « alliance
éternelle », immuable. Elle ne dépend plus de l’obéissance des hommes,
mais elle repose sur la miséricorde de Dieu et sur l’œuvre de Jésus Christ
accomplie une fois pour toutes. C’est pourquoi cette alliance ne sera jamais
ébranlée. Christ lui-même en est la personnification et le garant (42:6 ;
49:8). De plus, elle est une « alliance de paix », qui assurera la
paix extérieure et intérieure (Ézéch. 34:25 ; 37:26).
Le fondement de la nouvelle alliance a été posé par le sacrifice de Christ. Par conséquent, lui-même appelle son sang « le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés » (Matt. 26:28 ; cf. Héb. 10:29 ; 12:24). Bien que l’œuvre expiatoire de Christ concerne non seulement Israël mais tous les hommes, Dieu n’a pas conclu la nouvelle alliance avec les croyants du temps actuel. Il la conclura — comme « l’ancienne alliance » au Sinaï — avec son peuple terrestre, lorsque celui-ci retournera à lui (cf. 55:3 ; 61:8 ; Jér. 31:31 et suivants).
En regardant en arrière, Dieu se souvient encore une fois de la tribulation et des souffrances de la ville de Jérusalem. Toutefois il lui annonce que le temps de l’affliction, des tempêtes et de la désolation est passé. Dorénavant elle sera caractérisée, puisqu’elle est la ville du grand Roi, par la stabilité, la beauté et la gloire. Dieu lui-même la parera, ainsi que toute son enceinte, de pierres précieuses telles que le saphir, le rubis et l’escarboucle (54:11, 12 ; cf. 2 Chron. 3:6). Dans la Bible, les pierres précieuses sont souvent des images de la gloire de Dieu telle qu’elle se reflète dans les croyants (Ex. 28:17 et suivants). C’est ainsi que l’assemblée, qui descendra du ciel comme « la sainte cité, la nouvelle Jérusalem », apparaîtra dans un éclat « semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin », et les fondements de sa muraille seront « ornés de toute pierre précieuse », car elle aura « la gloire de Dieu » (Apoc. 21).
Tous les fils de Jérusalem, c’est-à-dire tous ceux qui font
partie de son peuple (49:14, 17), seront alors parfaitement enseignés de l’Éternel,
et il en résultera pour eux une grande paix
(54:13 ; cf. 50:4). La
citation de ce verset par le Seigneur Jésus (Jean 6:45) contient une
merveilleuse indication du sens profond de cette parole : Dieu lui-même
éveillera, dans les cœurs de ceux qui font partie de son peuple, l’intelligence
quant à la personne de Christ. Alors, par une vraie repentance et une véritable
foi, ils le recevront comme leur Rédempteur.
Parallèlement à cette paix qui vient d’être mentionnée, la justice
est une autre caractéristique du Millénium et de son Roi. Sous son règne de
justice, un peuple justifié par la foi vivra dans la justice pratique (54:14 ;
cf. 11:5 ; 32:1 ; Jér. 23:6 ; Dan. 9:24). Ainsi Jérusalem sera « établie
en justice » à tous égards (cf. 1:26 ; 33:5, 6). Sans crainte d’un
ennemi quelconque ni de l’intérieur ni de l’extérieur, chacun pourra vivre en
paix. Il est vrai qu’au début et à la fin du Millénium, des ennemis « s’assembleront »
contre Christ et contre son peuple (54:15). Mais cela ne proviendra pas de
Dieu. Il s’agira de puissances dirigées par Satan, et Dieu les anéantira à
cause de son peuple bien-aimé. Dieu lui-même a juré qu’il ne sera plus jamais
courroucé contre son peuple (cf. 54:9 ; Ézéch. 38:39 ; Apoc. 20:7-9).
Pour expliquer ce qu’il vient de dire, Dieu déclare qu’il a créé le forgeron qui fabrique les armes ; et même les meilleurs instruments ne peuvent rien opérer si le Créateur ne le veut pas. De même le « destructeur », celui qui utilise les armes, est créé par Dieu pour ruiner, c’est-à-dire que lui non plus ne peut rien exécuter sans ou contre la volonté de Dieu (54:16). Par conséquent aucun instrument forgé contre Jérusalem et aucun agresseur ne pourront réussir. Aucune accusation ne pourra être formulée. Toute plainte contre le peuple de Dieu sera repoussée. En résumé : « C’est là l’héritage des serviteurs de l’Éternel, et leur justice est de par moi, dit l’Éternel » (54:17).
Cependant une certitude plus glorieuse encore concerne déjà maintenant tous « ceux qui sont dans le Christ Jésus » : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?… Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? — C’est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamne ? » (Rom. 8:31-39)
ME 2006 p. 251
Les chapitres 55 à 57 contiennent des exhortations en vue de la délivrance que Dieu va opérer. Il y a d’abord une invitation pour le peuple de Dieu, mais aussi pour tous les hommes, à venir à Lui et à recevoir les bénédictions spirituelles qu’il donne à ceux qui reviennent de leurs mauvaises voies et qui l’écoutent. Dans ce passage, Ésaïe se montre d’une manière particulière comme « l’évangéliste » parmi les prophètes. Cependant, si nous pouvons bien faire une application de ces paroles à l’évangile de la grâce dans le temps actuel, ne perdons pas de vue que la grâce annoncée ici concerne Israël et les nations au début du Millénium.
Le premier verset contient un triple « venez ». Tous
ceux qui ont soif sont appelés à venir acheter de l’eau pour boire, de la
nourriture pour manger, ainsi que du vin et du lait — tout cela sans argent.
Nous avons ici des symboles fréquemment utilisés dans la Bible : l’eau de
la vie, le pain de vie, le vin comme image de la joie, le « pur lait
intellectuel » de la parole de Dieu. Tout cela est offert pour rien à ceux
qui ont soif. Dieu seul, dans sa libre grâce, donne gratuitement (Jean
4:10-14 ; 6:35 ; Apoc. 22:17 ; Ps. 104:15 ; 1 Pierre 2:2).
Ceux qui sont appelés ont soif, mais ils n’ont pas d’argent, c’est-à-dire que
tout leur fait défaut, ils ne possèdent rien (cf. 41:17). Le même principe est
valable aujourd’hui : « Tous ont péché et n’atteignent pas à la
gloire de Dieu, — étant justifiés gratuitement
par sa grâce, par la
rédemption qui est dans le Christ Jésus » (Rom. 3:23-24).
Les hommes peuvent se donner beaucoup de peine, mais tous leurs
efforts ne sont rien d’autre aux yeux de Dieu que de « l’argent pour ce
qui n’est pas du pain » et « le labeur pour ce qui ne rassasie
pas », c’est-à-dire qu’ils manquent le but, la délivrance éternelle de l’âme.
Pour obtenir le salut, ils sont appelés à écouter Dieu, afin de recevoir les
vrais biens et d’être rassasiés et rafraîchis quant à leur âme
(55:2).
Le début du verset 3 montre qu’acheter sans prix signifie écouter la parole de
Dieu et retourner à lui, ouvrir son oreille et son cœur afin que l’âme reçoive
la vraie vie.
C’est par ce chemin que les hommes d’Israël qui, par la repentance et par la foi, ont acheté gratuitement l’eau de la vie et sont nés de nouveau, entreront dans le royaume de Dieu sur la terre (Jean 3:3-5). Dieu fera une « alliance éternelle » avec eux (55:3 ; cf. 61:8). C’est « l’alliance de paix » déjà mentionnée au verset 10 du chapitre précédent. Il est ainsi évident que ces versets se rapportent au peuple d’Israël et non pas à tous les hommes.
Cela est encore souligné par l’expression : « les grâces assurées (ou : immuables) de David ». Ainsi que nous l’avons vu, la nouvelle alliance que Dieu fera avec son peuple terrestre repose sur le sacrifice de Jésus Christ. C’est dans sa personne aussi que « les grâces assurées de David » seront accomplies. Dieu a promis qu’un descendant de David sera assis sur le trône d’Israël « pour toujours » (2 Sam. 7:12-17 ; Ps. 89:3, 4, 49 ; És. 9:6 ; 11:1 ; Ézéch. 34:24). Lorsque le Seigneur Jésus est venu vers son peuple comme le roi promis, il y a deux mille ans, il a été rejeté et mis à mort. Pour que la promesse divine puisse se réaliser, il fallait qu’il soit ressuscité (et glorifié à la droite de Dieu) afin de pouvoir, après son apparition en gloire, monter sur le trône de David. Les « grâces assurées de David », que Paul rappelle dans son discours devant les Juifs d’Antioche, reposent essentiellement sur la résurrection de Christ (55:3 ; Act. 13:34). Le fait de la résurrection constitue ainsi le fondement aussi bien de l’accomplissement des promesses faites à Israël que de la révélation de la grâce de Dieu dans le temps actuel (cf. 2 Tim. 2:8 ; Rom. 4:25). « Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables ! » (Rom. 11:33).
Par un double « voici », notre attention est à nouveau dirigée sur Christ, personne centrale de cette scène. Dans le Millénium, il sera non seulement, comme roi d’Israël, le garant des « grâces assurées de David », mais d’une manière plus large, il sera établi par Dieu « pour témoignage aux peuples » et « pour chef et commandant des peuples » (55:4). Son gouvernement riche de bénédiction sur le monde entier est l’objet de nombreuses prophéties (cf. 2:1-4 ; 11:10 ; 42:1 ; Dan. 9:25 ; Apoc. 1:5).
Le second « voici » s’adresse directement au Roi (55:5). Comme Messie, il n’avait été d’abord envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël (cf. Matt. 15:24). Néanmoins, il appellera alors une nation qu’il n’avait pas connue, et une nation qui ne le connaissait pas accourra vers lui « à cause de l’Éternel, ton Dieu, et du Saint d’Israël ; car il t’a glorifié ». Ce sont les croyants d’entre les nations qui seront placés sous le règne du Messie dans le Millénium (cf. Ps. 18:43 ; Zach. 8:22). Lorsqu’il viendra dans sa gloire comme Fils de l’homme et qu’il s’assiéra sur le trône de sa gloire, alors toutes les nations seront assemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les chèvres (Matt. 25:31-40). Les brebis à sa droite sont ceux qui ont pris soin de ses serviteurs pendant le temps de la tribulation, et qui ont cru à leur message, l’évangile du royaume. Ils hériteront du royaume qui leur est préparé dès la fondation du monde. C’est l’un des résultats du fait que Dieu l’a glorifié comme Fils de l’homme (Jean 13:32).
La condition unique pour être reçu par le Roi qui vient, c’est la foi. D’où l’exhortation : « Cherchez l’Éternel tandis qu’on le trouve ; invoquez-le pendant qu’il est proche » (55:6). Comme Jean le baptiseur qui annonçait le Seigneur Jésus dans le désert de Judée, les prédicateurs de l’évangile du royaume, dans les temps qui précéderont l’apparition de Christ, appelleront premièrement les Juifs incrédules rentrés au pays à retourner à leur Dieu : « Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché » (Matt. 3:2 ; cf. Matt. 24:14). La hâte s’impose, car lorsque le Seigneur Jésus sera apparu, il sera trop tard. Il est merveilleux de constater une fois de plus que la grâce est offerte aussi longtemps que possible. Mais il est aussi dit : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix… » (Ps. 95:7, 8 ; Héb. 3:7, 8).
Les Juifs incrédules sont exhortés à juger leurs voies et leurs pensées, c’est-à-dire à se repentir et à retourner à l’Éternel et à sa miséricorde — « à notre Dieu, car il pardonne abondamment » (55:7). Merveilleuses paroles de la grâce pour le peuple terrestre de Dieu, mais aussi pour les nombreuses personnes qui s’en vont aujourd’hui au-devant de la perdition !
Toutefois l’appréciation de Dieu au sujet de l’homme pécheur, ainsi que sa miséricorde et son pardon, ne s’accordent nullement avec l’image que l’homme se fait volontiers de lui-même. Combien les pensées et les voies de Dieu sont au-dessus de celles des hommes (55:8, 9) ! Nous avons vu à quel point les pensées de Dieu relativement à son Messie diffèrent de celles des Juifs incrédules (52:15 ; 53:4, 5). Et ceux-ci se sont indignés de ce que le salut en Christ, selon le dessein de la grâce de Dieu, soit prêché aux nations. Un Sauveur crucifié est encore aujourd’hui un scandale pour beaucoup de personnes (Act. 22:21-23 ; 1 Cor. 1:18-25). Oui, ses pensées célestes sont infiniment au-dessus de celles des hommes sur la terre. Et pourtant la terre est la scène des voies de Dieu — que ce soit en rapport avec Israël, ce qui est présenté surtout dans l’Ancien Testament, ou avec l’assemblée, ce qui est révélé dans le Nouveau.
Tout cela est éclairé par une comparaison. La pluie et la neige descendent des cieux et y retournent sous forme de vapeur d’eau après avoir arrosé la terre, afin que le blé croisse et que les hommes reçoivent de la nourriture et de la semence pour les moissons suivantes (55:10). Il en est de même de la Parole vivante qui sort de la bouche de Dieu. S’il annonce par elle le retour spirituel de son peuple — par le moyen de l’envoi de son serviteur, prédit jusque dans ses détails — alors s’accomplira aussi ce qui est dit ici : « Elle ne reviendra pas à moi sans effet, mais fera ce qui est mon plaisir, et accomplira ce pour quoi je l’ai envoyée » (55:11). La réception d’Israël par Dieu sera « la vie d’entre les morts » (Rom. 11:15). Quelle confirmation de la vérité et de la fiabilité de la parole prophétique, mais aussi quelle démonstration de la puissance de vie de toute la parole de Dieu qui, dans tous les temps, enseigne aux hommes le chemin qui conduit de la mort à la vie éternelle (Jacq. 1:21 ; 1 Pierre 1:23-25 ; 2 Pierre 1:19) !
Dans les deux derniers versets apparaît devant les yeux du prophète l’image du retour des prisonniers de l’Assyrien, de ceux qui ont fui devant ses armées et devant l’Antichrist — et peut-être aussi du résidu des dix tribus lors de l’apparition de Christ (cf. 52:12 ; Matt. 24:31). Ce glorieux événement apportera aux fidèles du peuple de Dieu la délivrance définitive du joug et de la persécution. Dieu lui-même les fera sortir « avec joie » et les conduira « en paix ». Alors « les montagnes et les collines éclateront… en chants de triomphe, et tous les arbres des champs battront des mains », c’est-à-dire que toute la création y prendra part avec joie (55:12 ; cf. 35:1, 2 ; 44:23 ; 49:13 ; Rom. 8:19-22). C’est seulement alors, au début du Millénium, que la malédiction du péché, sous la figure de l’épine et de l’ortie, sera ôtée de la terre, et qu’à leur place croîtront le cyprès et le myrte (55:13 ; cf. Gen. 3:18 ; És. 41:19 ; Apoc. 22:3). Ainsi qu’Ésaïe l’a déjà mentionné plusieurs fois, d’énormes bouleversements auront lieu dans la nature. Les transformations que Dieu opérera sont brièvement décrites ici (cf. 11:6-9 ; 29:17 ; 41:18-20).
Tout cela « sera pour l’Éternel un nom, un signe à toujours, qui ne sera pas retranché ». Les bénédictions du Millénium auront un double effet : le nom de l’Éternel sera glorifié, et il y aura devant les hommes un rappel continuel de son œuvre de grâce et de justice.
ME 2006 p. 310
Les exhortations du chapitre 55 se poursuivent jusqu’au verset 8 du chapitre 56. Depuis le verset 9 jusqu’à la fin du chapitre 57, nous trouvons les reproches que Dieu adresse à ceux de son peuple qui l’ont abandonné.
Le chapitre 56 commence par un appel de l’Éternel à son peuple. Il l’invite à garder le jugement et à pratiquer la justice, non pas afin que le salut et la justice puissent venir, mais parce que ceux-ci sont déjà proches (56:1 ; 46:13 ; 51:5 ; 62:1). C’est un appel à la repentance et à se tourner vers Christ, celui-ci étant sur le point de paraître dans sa gloire comme Fils de l’homme.
Cet appel renouvellera les prédications à la repentance adressées autrefois au peuple juif incrédule par Jean le baptiseur et par le Seigneur Jésus (Matt. 3:1, 2, 8 ; 4:17 ; 5:20). Ce témoignage ayant été refusé, tous deux ont été mis à mort. Il en est résulté que le royaume de Dieu et le salut de Dieu pour la terre qui y est lié n’ont pu être introduits en ce temps-là. Toutefois, le plan de Dieu n’a pas été annulé pour autant, mais il s’est accompli dans sa plénitude. Selon le merveilleux propos divin, Israël a été mis temporairement de côté, et le temps de la grâce a été introduit. C’est dans ce temps que le message du salut est apporté à tous les hommes et que l’assemblée du Dieu vivant est formée, constituée de tous les rachetés. Toutefois, à la fin du temps de la grâce, Dieu reprendra ses relations interrompues avec Israël, son peuple terrestre.
Le verset 2 montre clairement qu’il s’agit de la préparation morale des Juifs pour le royaume de Dieu qui va venir, et non pas de la proclamation de l’évangile au temps actuel. Le troisième « Bienheureux » du livre d’Ésaïe, que nous avons ici, concerne ceux qui gardent la loi et se tiennent ainsi éloignés du mal (cf. 30:18 ; 32:20). L’observation du sabbat est mise en évidence, ce qui est un indice clair qu’il s’agit ici essentiellement du peuple terrestre de Dieu et non pas de l’humanité en général (Ex. 20:8-11). Cependant le regard du prophète dépasse déjà les limites d’Israël, lorsqu’il s’adresse de manière très générale à « l’homme » et au « fils d’homme » (*).
(*) « L’homme » : hébr. enosch
: l’homme
dans sa faiblesse et sa fragilité.
« Le fils d’homme » : hébr. ben-adam
:
le fils de l’homme.
À la différence de la loi du Sinaï qui, au temps où elle était en vigueur, s’appliquait en principe au peuple d’Israël mis à part pour Dieu, le message du salut dans un temps futur s’adressera à tous les hommes. Certes avant et pendant le Millénium, la différence entre Israël et les nations sera aussi maintenue (contrairement au temps actuel où « il n’y a ni Juif, ni Grec »), mais le temple de Jérusalem sera appelé « une maison de prière pour tous les peuples » (56:7 ; 49:6).
Deux groupes d’hommes, qui selon la loi du Sinaï n’avaient pas accès jusqu’à Dieu, sont mentionnés au verset 3. Il y a d’une part les « fils de l’étranger », qui craignent de demeurer séparés du peuple de Dieu et de n’avoir aucune part à ses bénédictions, et d’autre part les « eunuques » du peuple d’Israël, qui se comparent à un arbre sec parce qu’ils n’auront pas de descendance (cf. Deut. 23:1-3). Dans les deux cas, il s’agit d’hommes qui ont écouté l’appel à la repentance, mais qui n’ont pas encore saisi par la foi toute l’ampleur de la grâce de Dieu.
Or l’Éternel lui-même apporte ses consolations à ces deux groupes, dans les versets suivants. Pour lui, ce ne sont pas l’origine et la position des hommes qui sont déterminantes, mais leur foi, leur obéissance et leur amour pour lui. L’observation du sabbat et l’attachement à l’alliance de l’Éternel se rapportent ici à ce temps futur dans lequel Dieu évaluera la conduite des hommes selon d’autres critères qu’aujourd’hui (56:4, 6). À l’eunuque sont assurés une place dans la maison de Dieu, le temple de Jérusalem, et un nom impérissable, meilleur que beaucoup de fils et de filles (56:5). De même, l’étranger qui s’attache à l’Éternel aura libre accès à la « montagne sainte » de Dieu, le lieu de son habitation, et pourra lui offrir des sacrifices agréés. « Car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples » (56:7). Dans le Millénium, Jérusalem et le temple seront le centre du monde. Toutes les nations de la terre s’y rendront pour adorer l’Éternel (66:23 ; Zach. 14:16). La promesse de Dieu à Abraham qu’en lui et en sa semence seraient bénies toutes les familles de la terre sera alors pleinement accomplie (Gen. 12:3 ; 22:18).
Le Seigneur Jésus, lors de sa seconde purification du temple, cite ce passage d’Ésaïe : « Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations » (Marc 11:17). On ne peut guère y voir une allusion au temps actuel de la grâce. Les deux évangélistes qui, généralement, décrivent de la manière la plus claire les cas où le Seigneur se tourne vers les nations, omettent les mots « pour toutes les nations » (Matt. 21:13 ; Luc 19:46). Les paroles du Seigneur étaient simplement la condamnation publique de la profanation de la maison de Dieu. Jérémie avait aussi fait cela en son temps (Jér. 7:11).
Ce passage se termine par une importante déclaration de Dieu (56:8). Ce ne sont pas les politiciens de ce monde qui décident du destin du peuple terrestre de Dieu, mais c’est lui-même « qui rassemble les exilés d’Israël » d’entre toutes les nations. Ainsi que nous avons pu le voir au cours de ces dernières décennies, de nombreux Juifs dispersés depuis bien longtemps sont rentrés dans le pays de la promesse — même si c’est dans l’incrédulité. Il en manque encore beaucoup, plus particulièrement ceux qui font partie des dix tribus. Mais tous doivent retourner dans leur pays. Cependant, là ne s’achève pas la grande œuvre de Dieu. Avec toutes ces âmes appartenant à son peuple terrestre, il en rassemblera « encore d’autres » (cf. 11:11 ; 66:18). En Apoc. 7, Jean voit, outre les 144 000 scellés de toutes les tribus d’Israël, « une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toute nation et tribus et peuples et langues, se tenant devant le trône et devant l’Agneau » (56:9). Ils ont tous lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau ; ils ont passé par la grande tribulation et l’Agneau lui-même les paîtra durant le Millénium.
À première vue, il semble qu’il n’y a guère de rapport entre le passage précédent et celui que nous abordons, qui s’étend jusqu’à la fin du chapitre 57. Pourtant c’est le même Dieu qui reçoit en grâce ceux qui viennent à lui dans la repentance et la foi, et qui est inexorable vis-à-vis du mal, particulièrement lorsqu’il se manifeste dans son propre peuple (Jér. 25:29 ; Ézéch. 9:6 ; 1 Pierre 4:17).
L’Éternel appelle tout d’abord les bêtes des champs et de la forêt à venir dévorer (56:9). Dans la Bible, les bêtes symbolisent souvent les hommes sans aucune relation avec Dieu. Pensons par exemple aux quatre bêtes qui représentent les grands empires des nations, dans le livre de Daniel, et à Nebucadnetsar devenu pour un temps sans intelligence, comme une bête (Dan. 4:31-33 ; 7:3-6, 17 ; cf. Ps. 73:22). Au temps de la fin, Dieu fera venir l’Assyrien, le roi du nord et son armée, comme verge sur son peuple, à cause de son idolâtrie — sa réception de l’Antichrist. Ces instruments de Dieu fondront alors comme des bêtes sur les hommes (cf. 8, 7, 8 ; Dan. 11:40, 41).
L’état du peuple juif rend cette offensive de l’ennemi non seulement nécessaire, mais aussi très facile. Les conducteurs du peuple, les sacrificateurs et les prophètes, ceux qui devraient être ses sentinelles, sont eux-mêmes comme des bêtes sans raison, spirituellement aveugles et sans aucune connaissance des pensées et des voies de Dieu. Au lieu d’être comme des chiens de berger vigilants et de protéger les troupeaux qui leur sont confiés, ils sont semblables à des chiens muets, incapables d’aboyer et aimant à sommeiller (56:10). Au lieu de veiller, ils restent couchés indolents, ils sommeillent et ils rêvent.
Mais lorsqu’il s’agit de leurs propres intérêts, ils sont comme des chiens voraces. Ils ne savent pas être rassasiés. Au lieu d’être de vrais bergers pour le peuple de Dieu, dans leur folie, ils ne poursuivent que leurs objectifs égoïstes (56:11 ; Ézéch. 34:1-10 ; Michée 2:11 ; 3:5). Dans un langage imagé sévère, le prophète achève la description de ces conducteurs spirituels et de leur conduite, en nous montrant comment ils vivent jour après jour (56:12 ; cf. 28:7).
ME 2006 p. 367
Les reproches de Dieu adressés à son peuple qui l’a abandonné commencent au verset 9 du chapitre 56 et se poursuivent jusqu’à la fin du chapitre 57. Là se termine la deuxième division (chap. 49 à 57) de cette partie du livre, qui a pour sujet le rejet du Messie par son peuple.
Les conducteurs du peuple de Dieu s’égareront complètement, mais Dieu, le vrai berger d’Israël, veillera en ce temps-là sur ses fidèles. Le juste périt et les hommes pieux sont recueillis sans que les impies s’en soucient, mais Dieu ne permet cela que pour les préserver, par sa grâce, du mal qui va venir (57:1). Leurs corps peuvent se reposer dans la tombe. Ce passage ne dit rien de l’état des âmes après la mort. L’Ancien Testament ne contient à ce sujet aucune autre révélation que celle du séjour dans le shéol jusqu’au moment de la résurrection (57:2).
Ensuite, les reproches de Dieu à son peuple commencés au verset 9 du chapitre précédent se poursuivent. L’idolâtrie, à cause de laquelle Israël a été déporté en Assyrie et Juda à Babylone il y a plus de deux mille cinq cents ans, revivra au temps de la fin dans une mesure encore jamais connue. Cette idolâtrie se développera non seulement en Israël, mais en Europe, c’est-à-dire dans tout le territoire de l’empire romain. Après le retour de la captivité à Babylone, les Juifs ne sont pas retombés dans l’idolâtrie ; par contre, nous les voyons caractérisés par la propre justice résultant d’une religiosité légale et extérieure. Mais après l’arrivée de l’Antichrist, cela changera.
Le Seigneur Jésus a aussi parlé de la future idolâtrie du peuple juif et de son assujettissement aux démons. L’exemple le plus connu est en Matt. 12:43-45 : « Or quand l’esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux secs, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti. Et y étant venu, il la trouve vide, balayée et ornée. Alors il va, et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui-même ; et étant entrés, ils habitent là ; et la dernière condition de cet homme-là est pire que la première. Ainsi en sera-t-il aussi de cette génération méchante ». Comme le montrent les derniers mots de ce passage, le Seigneur prédit à son peuple une idolâtrie qui dépassera toutes celles qui ont précédé. Les « sept autres esprits » représentent toute l’énergie de Satan dans la personne de l’Antichrist, qui s’efforcera d’amener les Juifs à la perdition. Cet homme exercera non seulement la puissance politique comme roi des Juifs, mais il se présentera lui-même comme étant Dieu ; il s’assiéra dans le temple de Dieu à Jérusalem et exigera qu’on lui rende hommage, ainsi qu’au chef de l’empire romain (cf. Dan. 11:36 ; 2 Thess. 2:3 et suiv. ; Apoc. 13:11-15).
Ce retour des Juifs à l’idolâtrie sera en même temps le point culminant de leur rejet de Christ. Le Seigneur lui-même a dit à ce sujet : « Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom (l’Antichrist), celui-là vous le recevrez » (Jean 5:43 ; cf. 1 Jean 2:22).
Les Juifs infidèles du temps de la fin, que Dieu appelle en jugement, sont tellement marqués par l’occultisme et l’idolâtrie qu’ils sont appelés « fils de la devineresse, semence de l’adultère et de la prostituée » (57:3). Voyant leur effronterie, il leur demande de qui ils se moquent, qui ils insultent — et c’est sans doute la petite troupe du résidu croyant. « Enfants de transgression » et « semence de mensonge », ainsi sont appelés les adeptes de l’Antichrist, qui lui-même proclamera l’apostasie et attirera des foules à lui — et non seulement d’entre les Juifs — par des signes et des prodiges de mensonge (57:4 ; 2 Thess. 2:9).
La description qui suit correspond à plusieurs égards à l’idolâtrie du peuple de Juda au temps d’Ésaïe, qu’il s’agisse de sacrifices d’enfants, d’offrandes faites sous tout arbre vert et sur toute haute montagne, ou de l’idolâtrie figurée par la prostitution (57:5-7 ; cf. 2 Chron. 28:4 ; 33:3, 6 ; Jér. 19:5 ; Ézéch. 16:15 et suiv.). Cette prophétie devait donc toucher aussi la conscience des contemporains d’Ésaïe.
Hélas ! c’est le peuple élu de Dieu qui apostasiera d’une manière si abominable tout en arborant « la forme de la piété » ! Avant l’entrée dans le pays de Canaan, Dieu avait commandé aux Israélites de garder ses paroles dans leur cœur, et de les écrire sur les poteaux de leurs maisons et sur leurs portes (Deut. 6:6-9). Maintenant il doit constater qu’ils mettent ces signes derrière les portes et les poteaux de leurs habitations afin qu’on ne les voie pas. Dans une hypocrisie totale envers leur Dieu, ils pratiquent dans leurs maisons leur idolâtrie abominable, qui est de nouveau décrite ici, dans un sens figuré, comme une prostitution (57:8).
Au verset 9, nous voyons aussi l’entier assujettissement du peuple à l’Antichrist, l’instigateur de cette séduction. L’huile et les parfums sont les cadeaux précieux par lesquels le peuple rendra hommage à celui qui est appelé « le roi ». Déjà au chapitre 30 (v. 33), Ésaïe a fait mention de ce roi sans nom qui trouvera sa fin dans le même lieu d’horreur que l’Assyrien. De manière analogue, celui qui est simplement désigné par « le roi » en Daniel 11:36 ne peut être que l’inique, le fils de perdition, c’est-à-dire l’Antichrist que les Juifs séduits recevront avec joie.
En outre, ils enverront des messagers au loin et se dégraderont jusqu’au shéol. Comme nous le savons par Apoc. 13, l’Antichrist — la seconde bête qui a deux cornes semblables à celles d’un agneau mais qui parle comme un dragon — sera en étroite relation avec la première bête qui monte de l’abîme et va à la perdition. Cette première bête est le chef de l’empire romain. En Ésaïe 28:15, l’alliance politique faite avec lui est appelée « une alliance avec la mort » et « un pacte avec le shéol ». Pour le peuple aveuglé, aucun chemin n’est trop long, aucun effort n’est trop grand pour atteindre ce but (57:10 ; cf. Dan. 9:27).
Dieu demande aux Juifs qui est celui qui les a amenés à le renier d’une telle manière, lui le seul vrai Dieu, et à oublier complétement sa grandeur et sa gloire, sans avoir tant soit peu conscience du caractère abominable de leur conduite. Malgré le silence et la longue patience de Dieu à l’égard de son péché, le peuple éloigné de lui n’est pas revenu (57:11 ; cf. 45:15).
Toutefois le moment approche où Dieu interviendra. Il dévoilera sans ménagement que ce que les Juifs, dans leur aveuglement complet, considèrent comme étant « la justice » est en réalité la plus affreuse injustice ! Toutes les idoles qu’ils invoqueront alors ne pourront leur offrir aucun secours. Elles ne sont en réalité que vanité et néant et, lors de l’apparition de Christ, elles seront balayées, comme ses ennemis, par le souffle divin (57:12, 13 ; cf. 11:4 ; 41:29 ; 2 Thess. 2:8 ; Apoc. 19:21).
À la fin du verset 13, Dieu dirige nos regards sur ceux qui constituent le résidu pieux. Eux qui, pendant le temps de la tribulation, ont trouvé leur refuge en lui par la foi, hériteront le pays de la promesse, ainsi que le Seigneur Jésus le promet aux débonnaires (Matt. 5:5 ; cf. Ps. 37:9, 11, 12, 29, 34). Ils posséderont aussi sa montagne sainte, le lieu de son habitation sur la terre, et ils jouiront de sa présence (cf. És. 56:7). Pour atteindre ce but, Dieu veillera à ce que tous les obstacles soient ôtés de leur chemin (57:14). Dans chacune des trois divisions de la seconde partie d’Ésaïe, on entend un tel appel à préparer le chemin. Au chapitre 40 (v. 3), c’est le chemin pour l’Éternel dans le cœur des hommes, ici c’est le chemin pour le résidu croyant du peuple de Dieu ; il en est de même au chapitre 62 (v. 10), où les autres peuples sont aussi inclus.
Dieu se présente ici aux siens d’une manière majestueuse. Il se nomme « celui qui est haut élevé et exalté, qui habite l’éternité, et duquel le nom est le Saint » (57:15). Quel contraste avec les vains objets, fabriqués par des mains humaines, que tant d’hommes — et même de son peuple — appellent leurs dieux ! Infiniment élevé au-dessus de toute chose créée, éternel dans son existence et entièrement séparé de tout ce qui est contraire à lui-même et à sa nature — tel est le seul vrai Dieu, le Dieu d’Israël, et aussi notre Dieu. Il habite le lieu haut élevé, inaccessible aux créatures comme telles, et le lieu saint éternel. Mais en même temps — grâce insondable ! — il habite avec chaque homme dont l’esprit est « abattu » et « contrit ». Il ne s’agit pas ici d’un état d’âme accablé, mais de l’aveu de son propre néant et de son propre péché. C’est avec de tels sentiments que l’homme vient à lui pour trouver le plein pardon. Le Seigneur Jésus appelle de telles personnes des « pauvres en esprit » et les qualifie de « bienheureux » ! Ici Dieu se tourne vers eux en grâce et en miséricorde, « pour revivifier l’esprit de ceux qui sont contrits, et pour revivifier le cœur de ceux qui sont abattus (cf. Matt. 5:3 ; Ps. 34:18 ; 51:17). Ceux qui appartiennent au résidu croyant en feront l’expérience dans une pleine mesure lorsqu’ils verront le Seigneur de gloire à son apparition, et qu’ils se prosterneront devant lui dans la foi.
Ceci suppose cependant que l’Éternel ne contestera pas à toujours et ne se courroucera pas à jamais (57:16). Le jugement et la colère prendront fin, sinon l’esprit et l’âme des hommes qu’il châtie défailliraient entièrement. Le Créateur, celui qui les a fait, aura égard à sa propre œuvre. Ceci nous rappelle cette parole du Seigneur Jésus, au sujet du temps de la tribulation : « Et si ces jours-là n’eussent été abrégés, nulle chair n’eût été sauvée ; mais, à cause des élus, ces jours-là seront abrégés » (Matt. 24:22).
De même que les temps qui ont précédé la captivité à Babylone, les temps de la fin seront caractérisés par l’avarice aussi bien que par une idolâtrie effrayante (57:17). Il en sera ainsi des Juifs et des nations (cf. 58:3 fin ; Jér. 2:11 ; 6:13). L’avarice et l’idolâtrie sont très proches l’une de l’autre (Col. 3:5). Celui dont le cœur est cupide ne peut pas servir Dieu. C’est pourquoi Dieu se courroucera contre son peuple terrestre, se cachera de lui et le frappera.
Mais, comme nous l’avons vu au verset 16, ce temps futur du jugement aura une fin. Comme dans le passé, Dieu frappera l’Assyrien, qui a été la verge de sa colère pour châtier son peuple rebelle. Et il le fera aussi d’une manière foudroyante et définitive. Le résidu délivré sera guéri, malgré toutes ses voies corrompues d’autrefois. Il se repentira et mènera deuil et Dieu le conduira et le consolera (57:18 ; 10:5-27).
Dieu lui-même créera la louange et les actions de grâces comme « fruit des lèvres » des rachetés de son peuple. Il en est de même maintenant de ceux qui confessent son nom et prennent leur place méprisée, mais bénie, hors du camp (Héb. 13:15 ; cf. Osée 14:2).
En outre, Dieu dira : « Paix, paix à celui qui est loin, et à celui qui est près » (57:19). Ceux qui sont loin sont ici les dix tribus et les nations, et ceux qui sont près, les deux tribus. Nous retrouvons dans le Nouveau Testament non seulement le « fruit des lèvres », mais aussi « la paix à vous qui étiez loin, et… la paix à ceux qui étaient près » (Éph. 2:17). Dans tous les temps, les bénédictions des rachetés sont fondées sur l’œuvre de Christ à la croix, qu’il s’agisse des membres du corps de Christ dans le temps actuel ou des rachetés qui connaîtront le futur royaume de paix !
En termes brefs mais incisifs, le vrai caractère des impies est présenté encore une fois : ils sont comme la mer agitée, et en même temps ils sont pleins de boue — d’impureté et de péchés (57:20). Un jugement des plus sévères plane sur eux, qu’ils appartiennent au peuple d’Israël ou non. « Il n’y a pas de paix, dit mon Dieu, pour les méchants » (57:21). La même déclaration sort de la bouche de l’Éternel au chapitre 48 (v. 22), tandis qu’ici c’est « Dieu » qui parle. Ce ne sont pas seulement les Juifs, mais tous les hommes, qui sont responsables du rejet de Christ — ce qui constitue le sujet principal de cette division (chap. 49-57). Ainsi ce chapitre, qui commence par la promesse de la paix pour les justes, se termine par une exhortation à la repentance. « Pas de paix pour les méchants » sera un jour le sort définitif de ceux qui sont loin de Dieu.
La troisième et dernière section de la deuxième partie du livre d’Ésaïe à laquelle nous arrivons, se compose à nouveau de trois sous-sections.
Dans les chapitres 58 à 60, on trouve d’abord décrit l’état de la maison de Jacob, état caractérisé par une piété extérieure légale, associée à des péchés manifestes (ch. 58), puis la corruption complète faisant séparation entre Dieu et le peuple, et finalement la confession des péchés par ce peuple, conduisant à l’intervention de l’Éternel par l’apparition de Christ (ch. 59). La conséquence en est la délivrance et les cris de joie en Sion (ch. 60).
La deuxième sous-section (ch. 61:1 à 63:6) introduit de nouveau Christ, le Messie, en commençant par sa première apparition dans l’abaissement et dans la grâce, jusqu’à sa seconde apparition en gloire et en jugement.
La troisième sous-section (ch. 63:7 à 66:24) présente un « dialogue » du résidu avec son Dieu, et en finale, l’annonce de la part de Dieu de la bénédiction pour les croyants et du jugement pour les pécheurs. — Quel contraste, qui en dit long, dans le fait que Ésaïe, le plus grand prophète de l’Ancien Testament, et Malachie, le dernier d’entre eux, terminent leurs prophéties avec l’annonce de jugements, tandis que le dernier livre du Nouveau Testament, qui est aussi un livre prophétique, s’achève avec la grâce du Seigneur Jésus pour tous les saints !
ME 2007 p. 89
Les chapitres 40 à 48 ont mis en évidence l’idolâtrie du peuple, et les chapitres 49 à 57 ont établi sa culpabilité dans le rejet du Messie. Nous avons maintenant la description et la condamnation du misérable état dans lequel la religiosité extérieure va de pair avec les péchés les plus grossiers. Manifestement, Ésaïe a premièrement devant lui l’état d’Israël à son époque ; toutefois cet état se poursuit jusqu’à notre temps et même jusqu’au temps de la fin (cf. 1:11-17 ; 29:13).
L’Éternel invite le prophète à faire connaître ouvertement et sans ménagement au peuple sa transgression et ses péchés (v. 1 ; cf. Michée 3:8). Le peuple est appelé ici, de manière caractéristique, non pas « Israël » mais « maison de Jacob » (cf. 48:1) — avec tout ce que rappelle ce nom. En raison de la solennité et de l’importance de la question soulevée, c’est l’Éternel lui-même et non pas le prophète qui parle dans ce chapitre, à l’exception des versets 8 à 13.
Les Juifs, déjà au temps d’Ésaïe, avaient rabaissé le service divin prescrit dans la loi à des formes religieuses extérieures, ce qui ne les empêchait pas de se livrer à toutes sortes de péchés dans leur vie quotidienne (cf. Jér. 7:9-11). Leur hypocrisie est décrite au verset 2. Jour après jour, le peuple prie Dieu et lui demande quelle est sa volonté, comme le ferait « une nation qui pratiquerait la justice, et n’aurait pas abandonné le juste jugement de son Dieu ». Mais en réalité, il vit en même temps dans la transgression et dans le péché. Lorsqu’il était sur la terre, le Seigneur Jésus a dû dénoncer un état semblable chez les pharisiens et les scribes (cf. Matt. 23). Et dans la chrétienté, tous ceux qui ont « la forme de la piété » mais en ont « renié la puissance » marchent dans le même chemin (2 Tim. 3:5).
Dans ce qui suit, Dieu n’entre pas dans tous les aspects de l’hypocrisie
religieuse mais se limite au jeûne
. L’abstention temporaire de
nourriture n’a jamais été prescrite, ni dans l’Ancien Testament ni dans le
Nouveau. Néanmoins le jeûne est souvent mentionné, aussi bien pour Israël que
pour les chrétiens (par ex. Jug. 20:26 ; Joël 1:14 ; Jér.
14:12 ; 36:6 ; Act. 13:2). Après la captivité à Babylone, le jeûne
régulier est devenu parmi les Juifs une coutume bien ancrée (Zach. 7:5 ;
8:19 ; Luc 18:12). La signification du vrai jeûne apparaît dans le psaume
35 : « Je me vêtais d’un sac ; j’humiliais mon âme dans le
jeûne » (v. 13). Le jeûne agréable à Dieu est l’expression visible d’une
réelle et profonde humiliation.
Ici les Israélites affirment qu’ils jeûnent et qu’ils affligent leurs âmes, mais en même temps ils reprochent à Dieu de ne pas l’avoir remarqué ! Où en sont-ils donc ? Pendant qu’ils jeûnent, ils cherchent leur plaisir et exigent durement tout ce qui leur est dû (v. 3). Au lieu de persévérer dans la vraie humiliation et dans la prière devant Dieu, ils querellent pour revendiquer leurs droits et, dans leur méchanceté, ils n’hésitent pas à frapper (v. 4). Intérieurement ils sont très éloignés de Dieu. Les signes d’affliction extérieurs, tels que courber la tête, aller çà et là couvert d’un sac et s’asseoir dans la cendre, ne changent absolument rien à cela. Ce n’est rien d’autre que de l’hypocrisie (v. 5).
L’hypocrisie religieuse s’est poursuivie après l’exil. Elle a atteint un premier point culminant lorsque les Juifs ont rejeté leur Messie, tout en voulant respecter scrupuleusement les ordonnances de la loi (Matt. 26:59-66 ; Jean 18:28 ; 19:7, 31). Mais ce comportement hypocrite de la masse du peuple juif atteindra son apogée à l’époque de l’Antichrist (cf. 29:1 ; 57:8 ; Mal. 3:5). C’est pourquoi l’Assyrien, verge de la colère de l’Éternel, viendra comme un fléau sur le peuple rebelle, ainsi que le montrent les chapitres 28 et 29, puis le Seigneur Jésus lui-même exercera contre lui un jugement définitif lors de son apparition. Cependant, comme en Malachie 3, ce n’est que l’aspect moral des choses qui est évoqué ici, la relation du peuple avec Dieu. L’Antichrist, ainsi que les nations et leur influence sur les Juifs, ne sont pas mentionnés.
Dieu n’attend pas des siens un simple attachement à des formes extérieures qui peuvent faire bonne impression sur leur entourage. Il ne condamne cependant pas la forme en elle-même, mais l’hypocrisie et la méchanceté qui y sont liées. David dit : « Voici, tu veux la vérité dans l’homme intérieur » (Ps. 51:6). Il en est de même ici. Dieu explique à son peuple comment il doit se conduire pour que le jeûne lui soit agréable. Qu’il s’agisse des relations humaines ou du domaine religieux, ils doivent cesser de tromper les autres, d’user envers eux de méchanceté et de contrainte, de les opprimer et de les asservir (v. 6 ; cf. Matt. 23:4 ; Act. 15:10 ; Gal. 5:1). Il faut qu’ils aient de la miséricorde envers ceux qui ont faim, qui sont misérables et persécutés, ou qui n’ont pas assez de vêtements pour se vêtir. Il s’agit de montrer de cette manière qu’on ne se dérobe pas à ses obligations envers son prochain (v. 7).
Pour le résidu qui est venu à la repentance, qui a pris à cœur
les avertissements de Dieu et qui s’est approché de lui dans une attitude intérieure
et extérieure convenable, la nuit du péché et de l’oppression prendra fin. « Ta
lumière jaillira comme l’aurore et ta santé germera promptement » (v. 8). « Le
soleil de justice », avec « la guérison… dans ses ailes », se
lèvera pour lui quand le Seigneur Jésus apparaîtra en gloire (cf. 9:2 ;
60:1 ; Mal. 4:2). Lui qui est « la lumière du monde » et qui a
été rejeté si longtemps par son propre peuple se présentera finalement aussi à
celui-ci comme sa lumière
. Au peuple malade « depuis la plante du pied
jusqu’à la tête » il apportera, pour le corps et l’âme, la guérison de
toutes les maladies et de toutes les blessures (cf. 1:5, 6 ; Jér. 33:6).
Quand il est dit au verset 8 : « et ta justice marchera devant toi », nos regards sont de nouveau dirigés sur Celui duquel le peuple dira : « L’Éternel notre justice » (Jér. 23:6). Dans sa lumière, ils discerneront que la justice acquise par leur propre conduite n’est rien d’autre qu’un vêtement souillé. Ils s’appuieront par la foi uniquement sur le Seigneur Jésus et le suivront, lui qui leur sera fait — de même qu’aux croyants du temps actuel — « sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption » (64:5 ; 1 Cor. 1:30 ; cf. És. 48:18 ; 54:17 ; 62:2). Comme la nuée de la gloire de Dieu qui allait devant Israël lors de sa sortie d’Égypte, la justice du peuple racheté, dans la personne de Christ, marchera devant lui. En même temps, la gloire de l’Éternel, qui sera revenue dans le temple après une longue absence, formera son arrière-garde (cf. 52:12 ; Ex. 13:21, 22 ; 14:19, 20 ; Ézéch. 43:2-5). Ainsi, le verset 8 décrit en quelques mots les glorieuses conséquences de l’apparition du Seigneur Jésus pour la partie croyante de son peuple terrestre.
En conséquence, leurs prières seront de nouveau entendues (v. 9 ; cf. v. 2, 3). Pour souligner ce qu’est la vraie repentance, Dieu présente encore une fois à son peuple ce qu’il doit abandonner et ce qu’il doit faire pour que puisse se déverser sur lui sa pleine bénédiction : il faut que le joug de l’oppression soit ôté, que l’on cesse de montrer du doigt pour se moquer et de prononcer des paroles iniques ; il faut que la charité et la compassion se montrent par des actes. Il est bien clair qu’il ne s’agit pas seulement de ces choses extérieures, mais d’un véritable retour à Dieu et de la nouvelle naissance. Seul celui qui est né de nouveau peut voir le royaume de Dieu et y entrer (Jean 3:3, 5 ; Ézéch. 36:24-32). Au lieu des ténèbres précédentes, il y aura la lumière. De l’obscurité se lèvera le plein jour (v. 10 ; cf. Prov. 4:18 ; Éph. 5:8). Dans cette lumière spirituelle, Dieu pourra accorder d’autres bénédictions à son peuple, mais à une seule condition : c’est qu’il lui obéisse et garde sa Parole (v. 11, 12). Sept bénédictions sont alors présentées :
1. « L’Éternel te conduira continuellement
… » (v.
11).
Il conduira son peuple par son Esprit en tout temps et en toutes choses, et celui-ci pourra se fier à ses directions et marcher par sa main forte dans la tranquillité et la sécurité.
2. « et rassasiera ton âme dans les sécheresses
… »
Il y aura aussi des sécheresses dans le Millénium pour les peuples qui n’obéiront pas à la parole de Dieu (Zach. 14:17-19). Cependant tous ceux qui sont nés de nouveau et qui ont leur joie dans la parole de Dieu seront rassasiés dans leur corps et dans leur âme.
3. « et rendra agiles tes os
… »
Selon le chapitre 65 (v. 20), il n’y aura pas, dans le Millénium, de « vieillard qui n’ait pas accompli ses jours ». Et au psaume 103 (v. 5), il est dit au sujet des rachetés en ce temps-là : « Il rassasie de biens ta vieillesse ; ta jeunesse se renouvelle comme celle de l’aigle ».
4. « et tu seras comme un jardin arrosé
… »
Dans la Bible, le jardin est souvent une figure d’un lieu particulièrement protégé, un lieu de bénédiction pour les hommes et de joie pour Dieu. Nous voyons déjà cela dans le jardin d’Éden. La fiancée du Cantique des Cantiques est comparée à un jardin clos et à un paradis (Cant. 4:12, 13). Un « jardin arrosé » est une magnifique image des croyants qui vivent pour leur Seigneur seul, trouvent leur force et leur secours auprès de lui — qui est la source de l’eau de la vie — et portent du fruit pour lui.
5. « et comme une source jaillissante dont les eaux ne
trompent pas
. »
Non seulement Dieu bénit, mais il accorde aux siens d’être en bénédiction autour d’eux. Une source offre le rafraîchissement au marcheur assoiffé. Celui qui s’abreuve continuellement à la vraie source de la vie sera pour d’autres une source d’eau vive : « des fleuves d’eaux vives couleront de son ventre » (Jean 7:38), par lesquels ils pourront faire l’expérience de la bénédiction de Dieu.
6. « Et ceux qui seront issus de toi bâtiront ce qui
était ruiné dès longtemps ; tu relèveras les fondements qui étaient restés
de génération en génération
… » (v. 12)
De même que le temple, la muraille et la ville de Jérusalem ont été reconstruits au temps d’Esdras et de Néhémie, ainsi aussi, avant le commencement du Millénium, le sanctuaire de Dieu sur la terre sera encore une fois rétabli (cf. Ézéch. 40). Alors, « ce qui était ruiné dès longtemps » sera bâti et « les fondements » seront relevés. La reconstruction annoncée ici ne se rapporte pas seulement à l’édifice matériel, mais aussi aux ruines spirituelles. Lorsque Dieu annonce dans un autre passage : « En ce jour-là, je relèverai le tabernacle de David, qui est tombé, et je fermerai ses brèches, et je relèverai ses ruines, et je le bâtirai comme aux jours d’autrefois », il parle de la restauration de la royauté de David dans le Millénium (Amos 9:11 ; cf. Ps. 11:3 ; És. 61:4).
7. « et on t’appellera : réparateur des brèches,
restaurateur des sentiers fréquentés
. »
Ce dernier encouragement exprime l’approbation de Dieu sur tous ceux qui ont pris à cœur l’encouragement précédent et l’ont suivi. Aucun effort des siens, si petit soit-il, ne sera oublié de lui. En Néhémie 3, ceux qui ont collaboré à la reconstruction de la muraille de Jérusalem sont tous nommés. Qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, d’individus ou de familles, de personnages hauts placés ou non, leurs noms sont pour toujours inscrits dans le livre de Dieu comme « réparateurs de brèches ». Dans le dernier chapitre de l’épître aux Romains, l’apôtre Paul demande de saluer beaucoup de frères et de sœurs dont il mentionne l’activité pour le Seigneur et pour les saints. En ce temps-là, il n’y avait certainement pas autant de brèches à réparer qu’aujourd’hui, mais tous ces noms témoignent de l’approbation divine de tous ceux qui travaillent pour réparer les brèches et restaurer les sentiers fréquentés. « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1 Cor. 15:58).
La fin du chapitre aborde un autre aspect des ordonnances
judaïques : le sabbat
(v. 13). Contrairement au jeûne
, qui
reposait sur des ordonnances humaines, Dieu avait expressément commandé aux
Israélites de garder le sabbat ; c’était l’un des dix commandements (Ex.
20:8-11). Il ne concernait pas les relations entre les hommes, mais son observation
manifestait la crainte de Dieu. C’est pourquoi l’ordonnance du sabbat est
mentionnée très souvent dans les cinq livres de Moïse.
Sous la nouvelle alliance, la loi en entier sera de nouveau en vigueur, et ainsi aussi l’observation du sabbat, comme nous l’avons déjà vu au chapitre 56 (v. 2 ; cf. 66:23). Ceux qui observeront ce commandement trouveront leurs « délices en l’Éternel » et passeront « sur les lieux hauts de la terre » (v. 14), c’est-à-dire qu’ils jouiront du bonheur et de la bénédiction, et occuperont la place la plus haute parmi tous les peuples de la terre (cf. Deut. 28:1 ; 32:13). Dans le pays que Dieu a promis autrefois à leurs ancêtres, dans « l’héritage de Jacob », ils trouveront définitivement parfaite satisfaction et parfait repos (cf. 1 Rois 8:36 ; Ps. 105:11 ; 135:12 ; Ézéch. 28:25). Comme au premier verset, nous avons ici le nom de ce patriarche qui devait dire à la fin de sa vie : « Les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais », mais qui pouvait pourtant achever sa course en adorant (Gen. 47:9:31). C’est le triomphe de la grâce de Dieu envers son peuple terrestre. Que personne ne mette en doute ses paroles, « car la bouche de l’Éternel a parlé » (cf. 1:20 ; 24:3 ; 40:5) !
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Le prophète décrit ici :
— les péchés qui font séparation entre Dieu et le peuple qui attend la délivrance,
— la confession des péchés du résidu
— et l’intervention de l’Éternel par l’apparition de Christ.
Nous voyons Dieu agir, soit d’une manière visible en puissance et en jugement, soit par son Esprit dans les cœurs des hommes.
Bien que ce passage présente de réels parallèles avec le temps d’Ésaïe (cf. 2 Rois 21:16 ; És. 1:15), les derniers versets du chapitre montrent clairement qu’il se rapporte au temps de la fin. Ésaïe doit à nouveau déclarer au peuple de Juda que ce ne sont pas la faiblesse et l’indifférence qui ont empêché l’Éternel d’écouter leurs prières et de les sauver, mais leurs iniquités et leurs péchés (v. 1, 2 ; cf. 50:2 ; Jean 9:31). Beaucoup de Juifs au temps de la fin feront comme leurs ancêtres au temps du Seigneur Jésus, qui attendaient la délivrance du joug romain par l’établissement du royaume de Dieu sans reconnaître la nécessité de la repentance.
Le prophète fait ensuite la description de l’état moral des Juifs incrédules au temps de l’Antichrist. Leurs mains tachées de sang témoignent de meurtres et d’homicides volontaires et leurs doigts, d’actions iniques. Leurs lèvres et leur langue profèrent le mensonge et l’iniquité (v. 3). La justice et la droiture sont inconnues ; on se confie dans le néant, dans ce qui n’a aucune valeur, et on parle avec fausseté (v. 4). Dans un langage figuré, on peut dire qu’ils « font éclore des œufs de serpents », dont la consommation conduit à la mort spirituelle — il n’en peut sortir que des serpents. Le serpent est ici une figure de l’influence satanique (v. 5). Les « toiles d’araignées » qu’ils tissent sont inaptes à constituer des vêtements et ne peuvent couvrir leur nudité (v. 6). Elles sont en grand contraste avec les « vêtements du salut » dont Dieu revêtira les siens (61:10). L’iniquité et les actes de violence caractérisent ces hommes.
Les péchés mentionnés dans les versets 7 et 8 ressemblent à ceux que nous avons vus aux versets 3 et 4, mais ici Dieu parle de ceux qui les commettent, tandis que là il s’adressait à eux. L’iniquité, la destruction et la ruine caractérisent le chemin de ces hommes rebelles et la vraie paix leur est inconnue. Ce sont les caractères moraux que porteront les Juifs sous le règne de l’Antichrist, mais, sous la conduite de l’Esprit Saint, l’apôtre Paul les attribue aussi à ceux qui vivaient peu après le rejet de Christ (Rom. 3:15-17).
Dès le verset 9 nous avons un tableau prophétique du résidu. Celui-ci discerne l’apostasie du peuple, mais ne voit encore aucune délivrance. Le juste jugement de Dieu et sa justice sont encore loin d’eux, sa lumière ne les éclaire pas encore (v. 9 ; 1:27 ; 46:12, 13 ; 56:1). Ils sont conscients de leur aveuglement — que Dieu leur a infligé comme jugement — et ils se considèrent comme des morts parmi des hommes qui se portent bien (v. 10 ; cf. Deut. 28:29 ; És. 6:9, 10 ; 42:18, 19 ; 43:8). Mais au lieu de « rugir comme les ours » aigris et impatients, ils doivent apprendre à « gémir comme les colombes », humbles et soumis, s’ils veulent faire l’expérience du juste jugement et du salut (v. 11 ; cf. 38:14).
La confession elle-même commence au verset 12 : « Car nos transgressions se sont multipliées devant toi, et nos péchés témoignent contre nous ; car nos transgressions sont avec nous, et nos iniquités, nous les connaissons ». Bien que le résidu croyant soit pleinement séparé du peuple qui pratique le péché, il s’identifie avec lui comme l’ont fait aussi Daniel, Esdras et Néhémie (cf. Dan. 9 ; Esd. 9 ; Néh. 9). Celui qui fait une véritable confession ne rejette pas la faute sur les autres, mais reconnaît sa propre culpabilité. L’objet essentiel de la confession est ici l’apostasie du peuple de Dieu, qui trouvera son expression la plus terrible dans l’acceptation et la vénération de l’Antichrist (v. 13 ; cf. 2 Thess. 2:3, 4). Le juste jugement et la justice, la vérité et la droiture ne peuvent plus être trouvés nulle part (v. 14). Il en résulte que ceux qui ne participent pas à cette apostasie deviennent les victimes de l’injustice. L’Éternel, dont les yeux parcourent toute la terre, voit tout cela avec horreur.
Cependant le moment arrive où l’Éternel intervient. En contraste avec l’enlèvement des croyants, où le Seigneur Jésus prendra les siens auprès de lui dans la gloire céleste, le jugement sera ici sur les pécheurs, et la bénédiction sera pour le peuple d’Israël qui restera sur la terre.
Autrefois, Moïse est intervenu en faveur du peuple pour le mettre à l’abri de la colère de Dieu (Ps. 106:23). Mais au temps dont Ésaïe parle, il n’y aura personne sur la terre qui pourra plaider comme médiateur (v. 16). Le « seul médiateur entre Dieu et les hommes… l’homme Christ Jésus » a été mis à mort par son propre peuple. C’est pourquoi Dieu seul peut agir maintenant. Son bras, image de sa puissance, et sa justice doivent intervenir (40:10 ; 52:10). Au début du chapitre 53, « le bras de l’Éternel » est une appellation figurée du Seigneur Jésus lors de sa première apparition sur la terre, dans l’abaissement et pour faire grâce, mais ici, en rapport avec sa seconde apparition, l’expression évoque sa puissance et sa justice (cf. 2 Tim. 1:10 ; 4:1).
Son entrée en scène, ainsi que l’évoquent ses vêtements, sera caractérisée par la justice et le salut (ou la délivrance) pour les siens, mais aussi par la vengeance contre tous les ennemis et la jalousie pour la sainteté de Dieu (v. 17). Il vaincra définitivement tous ceux qui, par leur conduite, ont manifesté leur inimitié contre lui, qu’il s’agisse des armées de l’empire romain et de l’Antichrist (Apoc. 19:11-21) ou de l’Assyrien (És. 31:8, 9). De même, lors du jugement des vivants, il assemblera toutes les nations devant son trône et les jugera selon leurs actes (Matt. 25:31-46). Les « îles » englobent aussi les régions côtières de la Méditerranée (Gen. 10:5). Ceux qui seront épargnés de ce jugement sont ceux qui « du couchant… craindront le nom de l’Éternel, et du lever du soleil, sa gloire » (v. 19). Si même l’ennemi déferle « comme un fleuve », il sera mis en fuite par « l’étendard » de l’Éternel. Il s’agit de l’armée des Assyriens, pour laquelle Ésaïe emploie plusieurs fois la figure d’un fleuve qui déborde (cf. 8:7 ; 28:2, 15, 18). L’épée avec laquelle cette armée est vaincue sort de la bouche de l’Éternel (cf. 31:8 ; 2 Thess. 2:8 ; Apoc. 19:15).
Celui qui apparaît comme vengeur et juge contre ses ennemis et contre les ennemis de son peuple vient en même temps comme Rédempteur pour Sion, la ville terrestre de Dieu, et pour tous ceux du peuple d’Israël qui sont revenus de leur rébellion à Dieu, dans la repentance et la confession de leurs péchés (v. 20 ; cf. Rom. 11:26). Sa venue leur apportera paix et bénédiction à perpétuité. Tout procède de l’Éternel seul. Dans ce qui suit, il mentionne quelques-uns des merveilleux résultats de leur retour vers lui et vers son Christ : il établira avec eux une nouvelle alliance, dont les bénédictions ne reposeront plus sur leur obéissance mais sur le sang de Christ (55:3 ; Jér. 31:31-34 ; Luc 22:20 ; Héb. 9). Son Esprit reposera sur tout le peuple, et ses paroles qu’il a mises d’abord dans la bouche de son Serviteur, mais maintenant aussi dans leur bouche, ne s’en retireront plus (v. 21). C’est ainsi que les générations du peuple de Dieu, durant le Millénium, rendront à toujours un témoignage à Christ et à sa grâce (cf. 51:16 ; Joël 2:28 ; cf. Jean 3:34).
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La position glorieuse de la ville de Jérusalem dans le Millénium est le sujet de ce chapitre, qui est une suite des derniers versets du chapitre 59. Cette description ne se rapporte certainement pas au résidu rentré de Babylone, car, à cette époque-là, il ne pouvait être question de la « gloire de l’Éternel » sur Sion et d’une possession éternelle du pays (v. 1, 21). Il ne peut s’agir non plus de la nouvelle Jérusalem d’Apoc. 21 et 22, bien que celle-ci présente plus d’un parallèle avec la Jérusalem terrestre décrite ici, comme nous le verrons. Cette description n’a pas davantage affaire avec l’Assemblée ou l’Église actuellement, car au temps de l’Ancien Testament celle-ci était encore un mystère non révélé (Éph. 3:3-11). D’ailleurs, cette dernière ne correspond en aucun point aux détails de ce chapitre 60 d’Ésaïe.
Sion, la ville de Dieu sur la terre, est appelée à se lever et à resplendir, car sa lumière est venue et la gloire de l’Éternel s’est levée sur elle (v. 1 ; cf. v. 14). Tandis que la terre est couverte de ténèbres morales et que les peuples sont dans une obscurité spirituelle entière, l’Éternel resplendit dans toute sa gloire dans la personne de Christ, comme le « soleil de justice » qui s’est levé sur la capitale de son peuple terrestre (v. 2 ; cf. 40:5 ; Mal. 4:2 ; Matt. 25:31). Cependant Sion sera non seulement éclairée par sa lumière, elle la réfléchira. De manière analogue, les croyants de l’époque actuelle, dans le cœur desquels Dieu a relui « pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ » sont « lumière dans le Seigneur » (2 Cor. 4:6 ; Éph. 5:8).
Le rayonnement de cette gloire sera si grand que les nations et leurs rois seront attirés par la splendeur de cette lumière, et désireront y avoir part et en jouir (v. 3). L’apôtre Paul semble y faire allusion dans les versets 12 et 15 de Romains 11. Si le rejet du peuple terrestre de Dieu a ouvert le chemin à l’évangile de la grâce, quelle bénédiction la future réception de ce peuple apportera-t-elle au monde entier !
La ville peut voir avec émerveillement comment les dispersés de son peuple, qui jusqu’ici n’étaient pas encore rentrés, arrivent de loin, de toutes les directions. Les dix tribus, qui jusqu’à aujourd’hui sont encore disparues, reviendront elles aussi (cf. 11:12, 13). Autrefois Dieu avait invité Abraham à lever les yeux pour voir le pays de Canaan qu’il voulait lui donner, à lui et à sa descendance (Gen. 13:14). Maintenant il appelle Sion à faire de même pour considérer le retour de ses fils et de ses filles, celles-ci étant portées sur les bras par les peuples qui viennent aussi (v. 4 ; cf. 14:1, 2 ; 49:18). À cette vue, elle sera rayonnante, son cœur frissonnera et s’élargira au lieu d’être à l’étroit et effrayé (v. 5). Sion sera réjouie non seulement par la venue de ces foules, mais aussi par l’arrivée des richesses des nations, en particulier des peuples qui font du commerce maritime (« l’abondance de la mer » cf. v. 9 ; Ps. 72:10).
Des caravanes de chameaux portant toutes sortes de marchandises viendront de Madian et d’Épha, du nord de l’Arabie (v. 6). Il en viendra de Sheba, nom qui désigne un peuple et un pays au sud de l’Arabie. Ce nom nous rappelle la visite de la reine de Sheba auprès de Salomon, le roi de paix ; « l’or et l’encens » rappellent les dons des mages de l’orient au Roi d’Israël né à Bethléhem (1 Rois 10 ; Matt. 2:11). Ces deux circonstances sont des figures du Millénium, dans lequel les louanges dues à Christ lui seront apportées non seulement par son propre peuple mais aussi par les nations.
Kédar et Nebaïoth (v. 7) étaient des fils d’Ismaël (cf. Gen. 25:13). Comme nous l’avons vu au chapitre 42 (v. 11, 12), une partie des peuples voisins échapperont aux jugements futurs et rendront gloire à Dieu. Leurs possessions ne se trouvant plus sous le pouvoir et sous la malédiction du péché, leur bétail pourra servir au peuple d’Israël pour présenter des offrandes agréables à Dieu. Puis lui-même ornera et rendra glorieux son temple, la maison de sa magnificence (cf. v. 13 ; 23:18 ; Michée 4:13).
L’existence des sacrifices dans le Millénium peut nous étonner puisque nous savons par le Nouveau Testament que le Seigneur Jésus a accompli à la croix un sacrifice parfait dont la valeur est éternelle. Pourtant Ésaïe, Jérémie et particulièrement Ézéchiel parlent de ces sacrifices (Jér. 17:26 ; 33:18 ; Ézéch. 43:18-27 ; 45:18). Tandis que les sacrifices offerts au temps de l’Ancien Testament étaient des types du sacrifice de Christ qui était encore à venir, les sacrifices dans le Millénium rappelleront à son peuple terrestre l’œuvre qu’il a accomplie une fois pour toutes.
La question du verset 8 : « Qui sont ceux-ci, qui volent comme une nuée, et comme les colombes vers leurs colombiers ? » porte nos regards sur le grand nombre de Juifs et d’Israélites qui reviendront dans le pays de leurs pères.
Ce sont aussi « les îles », c’est-à-dire les pays et les peuples autour de la Méditerranée, qui mettront leur espérance en Dieu lorsque les jugements seront passés (cf. És. 51:5). Les navires de Tarsis désignent sans doute de grands navires marchands aptes aux longs voyages en mer. Ici, ils ramènent « tes fils de loin », c’est-à-dire les enfants du peuple d’Israël. Ils transportent en même temps l’argent et l’or de leurs propriétaires « au nom de l’Éternel, ton Dieu, et au Saint d’Israël, car il t’a glorifiée » (v. 9). L’établissement du Millénium amènera sur la terre une gloire qui n’a encore jamais existé. Dieu ne sera pas encore « tout en tous », toutefois son Christ sera le centre glorieux de toutes choses. Sa gloire sera aussi celle de son peuple et de sa ville, la « ville du grand Roi » (cf. Matt. 5:35).
Dans le passé, Dieu s’est servi des rois perses Cyrus, Darius et Artaxerxès pour ramener le résidu juif à Jérusalem, après la captivité à Babylone, et pour aider celui- ci à rebâtir le temple et la ville. Une chose semblable s’accomplira dans un temps futur, et dans une mesure encore beaucoup plus grande : « Les fils de l’étranger bâtiront tes murs, et leurs rois te serviront » (v. 10 ; cf. 49:23 ; 56:6-7 ; 61:5 ; Zach. 6:15). La ville qui a été foulée aux pieds pendant des siècles parce qu’elle a rejeté son Roi ne sera plus frappée par la colère de Dieu, mais sera l’objet de sa faveur et de ses compassions (cf. 54:7, 8 ; Luc 21:24).
Les portes de Jérusalem ne seront plus fermées. Elles seront ouvertes jour et nuit, et cela non seulement parce qu’il n’y aura plus d’ennemis qui pourraient attaquer, mais parce que par elles les richesses des nations seront apportées et leurs rois amenés dans la ville (v. 11 ; cf. 45:14 ; Ps. 72:10 ; 149:8). Par contre, les nations qui ne se soumettront pas de bon gré à Dieu et à son peuple élu seront réduites en désolation (v. 12 ; cf. 66:24). Nous trouvons une déclaration semblable en Zacharie 14:17.
Les cyprès, les pins et les buis, « la gloire du Liban », seront apportés à Jérusalem pour orner le lieu du sanctuaire de Dieu, que ce soit comme matériaux de construction pour les bâtiments du temple ou comme plantation d’ornement aux alentours (v. 13). Le temple du Millénium est décrit dans les chapitres 40 à 44 du livre d’Ézéchiel. Cependant, le regard de ceux qui le considèrent ne doit pas rester fixé sur ce magnifique édifice ; il doit être dirigé sur Dieu qui rend glorieuse la place de ses pieds (cf. v. 7). L’Éternel habite dans le ciel, mais il condescend à appeler son sanctuaire sur la terre « le marchepied de ses pieds » (cf. 1 Chron. 28:2 ; Ps. 2:4 ; Matt. 5:34). Il en était ainsi au temps de Salomon, et il en sera de même à l’avenir. Dans le temps présent, il y a quelque chose de beaucoup plus élevé : l’assemblée chrétienne, la « maison spirituelle » de Dieu, composée de tous les vrais croyants (1 Pierre 2:5). Elle est « un temple saint dans le Seigneur ; en qui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:21, 22). Le temple à Jérusalem passera, mais l’assemblée sera éternellement le glorieux mémorial des conseils de grâce de Dieu en Christ.
Les descendants de ceux qui ont opprimé Jérusalem viendront humblement se courber devant elle, et ceux qui ont méprisé la ville et ses habitants lui témoigneront le plus grand honneur (cf. 45:14 ; 49:23). Et cela ne sera pas le résultat de la contrainte ou de l’exercice du pouvoir, ce sera l’effet d’un changement intérieur dans la repentance et dans la foi en Christ, le Rédempteur. Ces personnes converties appelleront Jérusalem « la ville de l’Éternel, la Sion du Saint d’Israël » (v. 14). Jérémie dit à ce sujet : « Dans ce temps-là on appellera Jérusalem le trône de l’Éternel ; et toutes les nations se rassembleront vers elle, au nom de l’Éternel, à Jérusalem ; et elles ne marcheront plus suivant le penchant obstiné de leur mauvais cœur » (Jér. 3:17).
Le dernier paragraphe de ce chapitre décrit la septuple bénédiction et la gloire que Sion, comme centre du peuple d’Israël et représentant son ensemble, recevra de l’Éternel.
1° v. 15 — Depuis longtemps le peuple était mis de côté et haï (cf. Deut. 28:37). Mais maintenant cette page est tournée. Le temps de la raillerie et du mépris est définitivement passé ; l’honneur est là pour toujours, et la joie, de génération en génération (cf. 54:7).
2° v. 16 — Non seulement Israël prendra la première place parmi toutes les nations, mais il sera aussi soutenu de bon gré par celles-ci de toutes les manières possibles. En cela aussi, il constatera que l’Éternel est son Sauveur et son Rédempteur, le Puissant de Jacob (cf. 49:26 ; Zach. 14:14).
3° v. 17 — D’une part, Dieu veillera à ce qu’Israël acquière de grandes richesses terrestres (cf. v. 9). Et d’autre part, la paix et la justice, les deux caractéristiques éminentes du Millénium, gouverneront toutes choses (cf. 1 Rois 10:27 ; Ps. 85:10).
4° v. 18 — La violence et la dévastation dans le pays prendront fin. Au lieu de cela les murs de la ville seront appelés « Salut » et ses portes « Louange ». Son puissant Sauveur (v. 16) sera sa protection, et tous ceux qui franchiront ses portes le feront avec chants de louange.
5° v. 19, 20 — Durant le Millénium, le soleil et la lune ne cesseront pas de briller, mais il y aura en outre « une lumière plus éclatante que la splendeur du soleil » — ce sera la gloire de l’Éternel. Celle-ci n’éclairera pas seulement la nouvelle Jérusalem de sa lumière éternelle, mais aussi la ville terrestre de Dieu. Les temps d’obscurcissement moral et de tristesse seront passés pour toujours (cf. 30:26 ; Act. 26:13 ; Apoc. 21:23-24).
6° v. 21 — Au début du Millénium, tous les hommes seront nés de nouveau, comme le Seigneur Jésus l’a annoncé à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3:3-5 ; cf. Ézéch. 36:25-27) (*). Parce que les Israélites seront justifiés par la foi en l’Éternel, ils sont appelés ici des « justes » (cf. És. 45:25). Il peut les appeler le « rejeton que j’ai planté, l’œuvre de mes mains », parce qu’il a implanté la Parole de vie en eux et les a créés pour être son ouvrage, et cela pour sa gloire (cf. Éph. 2:10 ; Jacq. 1:21 ; 1 Pierre 1:23). Ce n’est qu’à cette condition qu’ils posséderont pour toujours le pays dans sa pleine extension, comme il l’a promis à leur ancêtre Abraham (v. 21 ; cf. Gen. 15:18-21).
(*) On ne parle pas ici des étrangers à Israël qui se soumettront en dissimulant (Ps. 18:44).
7° v. 22 — De plus, le peuple se multipliera extrêmement : « Le petit deviendra mille, et le moindre, une nation forte. Moi, l’Éternel, je hâterai cela en son temps ». Dieu est la source de toute bénédiction.
Bien qu’il y ait plusieurs similitudes entre la description de
Sion en Ésaïe 60 et celle de la sainte cité, nouvelle Jérusalem, en Apoc. 21,
il s’agit cependant de deux choses différentes. Sion sera une ville dans le
pays d’Israël ; la nouvelle Jérusalem descendant du ciel est une figure de
l’Assemblée glorifiée. Le caractère symbolique
de la sainte cité est
particulièrement souligné par sa forme cubique (v. 16), par l’or pur semblable
à du verre pur, comme matériau de construction (v. 18), et par la mention de
douze portes (v. 12) et d’une seule rue (v. 21). La Jérusalem sur la terre sera
« la ville de l’Éternel, la Sion du Saint d’Israël » (És. 60:14) et
le centre terrestre du règne millénaire du Messie, puis elle disparaîtra avec l’ancienne
création ; la nouvelle Jérusalem, par contre, sera l’éternelle « habitation
de Dieu avec les hommes » (Apoc. 21:3). À ce propos, nous ne devons pas
perdre de vue qu’en Apoc. 21, les versets 1 à 8 décrivent l’état éternel, alors
que les versets suivants — depuis le verset 9 jusqu’au verset 5 du chapitre 22
— font un retour en arrière et nous décrivent ce qui a lieu dans le Millénium.
Ésaïe nous dit qu’ici-bas les nations marcheront à la lumière
de Sion et les rois à la splendeur de son lever
(v. 3). De son côté,
Jean écrit : « Et les nations marcheront par sa lumière » (Apoc.
21:24). Ésaïe voit les peuples venir littéralement à Jérusalem pour avoir part
à sa lumière et à sa bénédiction ; pour Jean, la parfaite lumière de la
cité céleste est comme le poteau indicateur qui montre le chemin aux nations.
La « maison de ma magnificence » au verset 7, le « lieu de mon sanctuaire » et « la place de mes pieds » au verset 13 font allusion au temple qui, selon Éz. 40 à 44, sera bâti dans le Millénium. C’est là que des sacrifices seront de nouveau offerts. De la nouvelle Jérusalem, il est dit expressément : « Et je ne vis pas de temple en elle ; car le Seigneur, Dieu, le Tout-puissant, et l’Agneau, en sont le temple » (Apoc. 21:22).
Les portes de Jérusalem « ne seront fermées ni de jour ni de nuit » (v. 11). Dans la nouvelle Jérusalem, les portes seront aussi continuellement ouvertes, mais en Apoc. 21:25 il n’est question que du jour, « car il n’y aura pas de nuit là ». Sur la terre, selon la promesse de Dieu en Genèse 8:22, le jour et la nuit dureront encore, mais la nouvelle Jérusalem fait déjà partie de la nouvelle création dans laquelle il n’y a plus ni nuit ni ténèbres. La fin du verset 11 contient cependant un élément similaire à ce que nous avons dans l’Apocalypse. À la Jérusalem terrestre seront « apportées les richesses des nations », et quant à la Jérusalem céleste, « les rois de la terre lui apporteront leur gloire… Et on lui apportera la gloire et l’honneur des nations » (Apoc. 21:24, 26). Dans les deux cas, il s’agit de la gloire rendue à Dieu par les hommes.
La menace du châtiment sur les nations qui ne serviront pas Jérusalem, au verset 12, est en contraste avec ce qui concerne la nouvelle Jérusalem. Dans cette dernière règne non seulement la justice mais aussi la grâce. En Apoc. 21:24, 26, il est parlé des nations et des rois qui viendront à la nouvelle Jérusalem, mais non de châtiment sur ceux qui ne le feraient pas.
Les murs et les portes de la ville terrestre porteront les noms symboliques « Salut » et « Louange » (v. 18). Mais en Apoc. 21, la muraille ne porte aucun nom (v. 12, 18), et sur les douze portes sont écrits les noms des douze tribus d’Israël (v. 12).
Aussi bien la Sion future que la sainte cité — la nouvelle Jérusalem — seront illuminées par Dieu et par sa gloire, et serviront de lumière aux nations (v. 19 ; Apoc. 21:23-25). Toutefois, alors qu’il est dit en Ésaïe : « Ton soleil ne se couchera plus, et ta lune ne se retirera pas » (v. 20), nous lisons dans l’Apocalypse : « Et la cité n’a pas besoin du soleil pour l’éclairer… Car il n’y aura pas de nuit là » (v. 23, 25).
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Depuis le début de ce chapitre jusqu’au verset 6 du chapitre 63, nous avons la deuxième partie de la dernière division du livre d’Ésaïe. Nous y voyons de nouveau le Messie tel qu’il est venu ici-bas dans l’abaissement, pour révéler la grâce de Dieu. Nous le voyons également tel qu’il apparaîtra plus tard pour la bénédiction et la gloire d’Israël, comme aussi pour le jugement de ses ennemis.
C’est le Messie qui parle ici, celui dont l’Éternel dit au chapitre 42 : « Je mettrai mon Esprit sur lui » (v. 1). En parlant de lui dans la maison de Corneille, Pierre rend témoignage que « Dieu l’a oint de l’Esprit Saint » pour accomplir son ministère de grâce (Act. 10:38). L’évangile de Luc nous rapporte que le Seigneur Jésus a appliqué ces paroles directement à lui-même. Après les avoir lues dans la synagogue de Nazareth, il a ajouté : « Aujourd’hui cette écriture est accomplie, vous l’entendant » (4:21). Les « débonnaires » auxquels il apporte de « bonnes nouvelles » sont ceux qui appartiennent au résidu croyant. Il les désigne, dans le sermon sur la montagne, comme étant ceux qui « hériteront de la terre » (ou du « pays » ; Matt. 5:5 ; cf. Ps. 37:11). Ils étaient autrefois les « captifs » et les « prisonniers » du péché, mais, avec un « cœur brisé », ils regardent à lui et se confient en lui (cf. Ps. 51:17).
Le Seigneur Jésus est venu pour son peuple comme le Sauveur promis, pour proclamer « l’année de la faveur de l’Éternel », c’est-à-dire le Millénium (v. 2). L’année du Jubilé — dans laquelle, selon la loi, chaque Israélite revenait en possession de son héritage — en est un type (cf. Lév. 25). Si le Christ avait été reçu lors de sa première venue, les choses merveilleuses annoncées ici auraient eu immédiatement leur accomplissement. Mais Dieu savait que son Oint ne serait pas reçu et c’est pourquoi des châtiments sévères doivent encore atteindre le peuple et les nations. En comparant le texte d’Ésaïe avec celui de Luc 4:18, 19, on voit que le Seigneur n’a pas lu les mots : « et le jour de la vengeance de notre Dieu ». Il n’a fait mention que de ce qui parle de la grâce de Dieu. Toutefois, lors de sa seconde apparition, non seulement il viendra en grâce vers son peuple terrestre et consolera tous ceux qui mènent deuil, mais il exercera aussi le jugement. Ce sera le jour de la vengeance par lequel il préparera la terre en vue du règne millénaire (cf. 26:9 ; 34:8 ; 63:4 ; Matt. 13:41).
À ceux de Sion « qui mènent deuil », desquels le Seigneur Jésus parle aussi dans le sermon sur la montagne, sont promises trois choses : « l’ornement au lieu de la cendre », « l’huile de joie au lieu du deuil » et « un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu » (v. 3). Ces termes évoquent le plein accomplissement de toutes les espérances de Jérusalem et d’Israël (Matt. 5:4). Comme au verset 21 du chapitre précédent, les croyants du résidu sont considérés comme étant « plantés » par l’Éternel. De même que les arbres vigoureux bravent la tempête ou le feu et bourgeonnent de nouveau après les coupes, ainsi ces justes, sans craindre la mort, résisteront aux attaques de leurs ennemis ; c’est pourquoi ils seront appelés « térébinthes de justice ». Par eux l’Éternel sera glorifié (v. 3 ; cf. 6:13).
Au chapitre 60, nous avons vu que les fils de l’étranger rebâtiront
les murs
de Sion (v. 10). Ici, par contre, il est question de « ce
qui était ruiné dès longtemps », des « désolations anciennes »,
des « villes ruinées » et des « lieux désolés de génération en
génération » — donc de l’ensemble du pays (v. 4). Cette reconstruction n’est
pas seulement matérielle, elle est avant tout spirituelle (cf. 58:12). Le pays
et le peuple d’Israël seront entièrement renouvelés.
Les nations qui vivront à l’époque du Millénium éprouveront le désir de servir le peuple élu de Dieu (cf. 14:1 ; 56:6 ; 60:10). Ils serviront Israël comme bergers, laboureurs et vignerons (v. 5).
Israël sera ainsi en mesure de se consacrer entièrement au service de son Dieu. L’Éternel avait dit à son peuple, lors de sa délivrance de l’Égypte, qu’il serait « un royaume de sacrificateurs », dont les sujets auraient toujours accès auprès de lui et vivraient pour le servir (Ex. 19:5, 6). Mais cela ne s’est pas réalisé à cette époque. Seule la famille d’Aaron pouvait exercer la sacrificature en Israël. Par contre, dans le Millénium, tous les Israélites seront appelés « les sacrificateurs de l’Éternel » et « les serviteurs de notre Dieu ». Avec le soutien des nations, ils lui offriront des sacrifices agréables (v. 6 ; cf. 60:7). L’assemblée chrétienne, que Dieu a acquise par le sang de son Fils, n’est constituée que de sacrificateurs. En elle peut être réalisée spirituellement la sacrificature de tous les croyants, dans laquelle ils l’adorent et lui donnent gloire (cf. 1 Pierre 2:5 ; Apoc. 1:6).
De même que le peuple recevra de la main de Dieu le « double » en châtiment pour sa méchanceté, de même il recevra ensuite, au lieu de la honte, une double portion de bénédiction (v. 7 ; cf. 40:2 ; 51:19). Comme fils « premier-né » de l’Éternel, un héritage correspondant à cette position lui appartiendra (Ex. 4:22 ; Deut. 21:17). Les cris d’allégresse et une joie éternelle seront sa part. Bien qu’il soit question ici du Millénium, il demeure vrai que la joie de ces croyants ne prendra jamais fin.
L’Éternel « aime le juste jugement » (v. 8). Le moyen par lequel la restauration sera atteinte est la justice et la fidélité de Dieu (cf. 1:27). Sa grâce et son amour se manifestent toujours en parfait accord avec sa justice. Ceci s’est montré d’une manière suprême et merveilleuse à la croix. En raison de ce qui a eu lieu là, tous ceux qui croient maintenant au Seigneur Jésus sont « justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus » (Rom. 3:24 ; cf. Tite 3:7). Dieu, qui aime « le juste jugement » et qui hait « la rapine d’iniquité », donnera à son peuple la récompense avec vérité et fera avec eux une alliance éternelle (cf. 55:3 ; Jér. 32:40 ; Ézéch. 16:60 ; 37:26).
Israël sera connu parmi les nations comme la descendance bénie du peuple que l’Éternel avait élu autrefois (v. 9). Toutes les promesses données à Abraham auront leur plein accomplissement (Gen. 12:2-3 ; 15:18-21 ; 17:2-8 ; 22:16-18).
Le regard dirigé vers la bénédiction se tourne maintenant vers Celui qui bénit. Chaque racheté individuellement, comme aussi le résidu juif collectivement, peut exprimer au sujet de son Dieu les paroles de ces versets. Mais, en accord avec le début du chapitre, Christ lui-même semble s’identifier ici avec son peuple. De même qu’il dit prophétiquement au psaume 22 : « je te louerai au milieu de la congrégation » (le peuple d’Israël racheté), dans les versets 10 et 11 de notre chapitre, s’exprimant au nom de la ville de Sion et de son peuple, il parle avec une joie débordante de son Dieu qui a conduit toutes choses à bonne fin. Les « vêtements du salut » et « la robe de la justice » sont mis à la place du « vêtement souillé » de la propre justice, dans lequel personne ne peut subsister devant Dieu (cf. 64:6). Le « turban » donné par Christ est mis à la place de la cendre, figure du deuil (v. 3 ; cf. Zach. 3:4, 5). Ce sont les objets précieux qu’une épouse reçoit le jour de son mariage (v. 10).
Pour terminer, la fidélité des promesses que Dieu a faites à son peuple est encore une fois mise en évidence. De même que la terre produit ses pousses et que, dans un jardin, la semence commence à germer, « ainsi le Seigneur l’Éternel fera germer la justice et la louange devant toutes les nations » (v. 11).
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Dans ce chapitre c’est aussi Christ, le Messie, qui parle. Qui d’autre pourrait intercéder avec une telle ferveur et un tel sérieux en faveur de Sion, pour que sa justice et son salut apparaissent ? Par son Esprit, il produit aussi dans le résidu — les « gardiens » — un esprit de supplication en faveur de Jérusalem. Maintenant l’intercession n’est plus en rapport avec les péchés d’autrefois, mais avec l’accomplissement des desseins de l’Éternel envers son peuple terrestre.
Déjà au chapitre 46 (v. 13) nous lisons : « J’ai fait
approcher ma justice
; elle ne sera pas éloignée, et mon salut
ne tardera pas » (cf. 51:5 ; 56:1). Maintenant le but est presque
atteint. Le Messie, qui s’identifie entièrement à son peuple bien-aimé,
intercède en faveur de Sion, car elle est toujours la ville de Dieu. Comme
autrefois Boaz à l’égard de Ruth, il n’aura pas de repos avant d’avoir atteint
son but de bénédiction envers Jérusalem (cf. Ruth 3:18). Alors la « justice »
et le « salut » que l’Éternel lui donne resplendiront dans leur
pleine force comme étant à elle, car elle les a faits siens par la foi (v. 1).
Les yeux de toutes les nations seront dirigés sur la justice de Sion et les yeux de tous les rois sur la gloire qui en résultera pour elle (cf. 40:5). Dieu donnera à Sion un « nom nouveau » correspondant à sa nouvelle position, de même qu’il a jadis donné à Abram le nom d’Abraham et à Jacob le nom d’Israël (v. 2). Dans ce chapitre, Jérusalem est aussi appelée « Mon plaisir en elle » (v. 4) et « la recherchée, la ville non abandonnée » (v. 12).
Elle sera pour l’Éternel une « couronne de beauté » et une « tiare royale », non pas sur sa tête, mais dans sa main (v. 3). La couronne est le symbole de la royauté, et la tiare celui de la sacrificature (cf. Ézéch. 21:31 ; Zach. 3:5). Pour le peuple racheté, les deux sont étroitement liées, toutefois ce n’est qu’en Christ qu’elles le sont en perfection (Zach. 6:13). Le caractère sacerdotal de tout le peuple est souligné plusieurs fois dans cette dernière division du livre d’Ésaïe (60:7 ; 61:6 ; 66:21).
Sion, qui était jusque-là « délaissée » par l’Éternel, recevra le nom de « Mon plaisir en elle », car l’Éternel trouvera son plaisir en elle (v. 4). Sa terre, qui était spirituellement un désert, sera appelée « la mariée ». Ici, ce n’est toutefois pas en premier lieu l’Éternel qui se marie avec elle (cf. 54:5), mais ceux qui constituent le peuple et qui sont appelés « tes fils ». Mais comme l’exprime de manière résumée la fin du verset 5, Dieu se réjouira de Sion et de son pays « de la joie que le fiancé a de sa fiancée » (cf. Soph. 3:17).
Non seulement le Messie intercède en faveur de sa ville et de son pays, mais il a aussi établi des « gardiens » sur les murailles de Jérusalem (v. 6). Il ne s’agit pas ici de sentinelles qui doivent avertir la ville en cas d’attaques ennemies, mais des fidèles du résidu juif qui font sans cesse se ressouvenir l’Éternel de ses promesses, « jusqu’à ce qu’il établisse Jérusalem, et qu’il en fasse un sujet de louange sur la terre » (v. 7 ; cf. Ps. 130).
Or l’instante supplication des gardiens ne reste pas sans réponse. L’Éternel a « juré par sa droite », le symbole de sa puissance divine, et « par le bras de sa force » que plus aucun ennemi ni aucun étranger ne pénétrera dans le pays et n’en consommera les récoltes, comme cela a été souvent le cas dans le passé (v. 8 ; cf. 40:10 ; Ex. 15:6 ; Héb. 6:13). Les guerres et les conquêtes ne ravageront plus jamais le pays d’Israël (cf. 54:17 ; Zach. 9:8). Une paix inébranlable et une pleine liberté y régneront. Ceux qui auront récolté du froment le mangeront avec reconnaissance envers l’Éternel, et ceux qui auront vendangé boiront le moût dans les parvis du temple. La manière selon laquelle on jouit ici de la récolte montre que tout se passe sous le regard de Dieu et dans sa communion. Quel temps merveilleux que celui du Millénium, pour la terre et pour le peuple de Dieu ! Comme rachetés de Christ, nous pouvons dès maintenant voir toutes choses en rapport avec Dieu et en jouir devant lui : « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Cor. 10:31).
Le chapitre se termine par un appel semblable à ceux que nous avons déjà trouvés dans les chapitres 40 (v. 3) et 57 (v. 14). Dans le premier, il s’agissait de la préparation du chemin de l’Éternel dans les cœurs, et dans le deuxième, du chemin du résidu croyant. Ici l’appel concerne aussi tous les autres peuples (v. 10).
Il s’agit d’abord, semble-t-il, du résidu fidèle ou des habitants de Sion qui sont invités à entrer par les portes dans la ville pour préparer « le chemin du peuple », c’est-à-dire en vue de l’entrée des autres Juifs. La « chaussée » doit être déblayée de ses pierres et nettoyée. Cette « chaussée » est en fait un chemin élevé (cf. 11:16), et cela aussi bien au sens propre qu’au sens figuré. Au Psaume 84, le mot est traduit par « chemins frayés » (v. 5). Tout obstacle doit être ôté de ce chemin. « L’étendard » qui doit être élevé devant les peuples n’est pas un signe de guerre ou de combat. Il apparaît plusieurs fois dans Ésaïe comme signe, visible de loin, de l’intervention puissante de l’Éternel en faveur de son peuple (cf. 49:22). Tous les peuples viendront en aide à ceux qui appartiennent au peuple de Dieu lors de leur retour (cf. 60:4).
Le glorieux message de l’Éternel annonçant que le salut vient pour Sion sera proclamé jusqu’au bout de la terre. Toutes les nations doivent entendre ce qu’il a fait pour sa ville bien-aimée. Et ceux qui parmi eux auront accepté par la foi l’évangile du royaume aimeront à témoigner : « Voici, ton salut vient » (v. 11 ; cf. Matt. 24:14). Pour la dernière fois dans ce livre apparaît ici le mot « salut » (ou délivrance), et comme la première fois au chapitre 12 (v. 2), ce mot ne désigne pas une bénédiction ou un acte, mais une personne. Dans le premier passage, on trouve : « Voici, Dieu est mon salut », et ici c’est le Seigneur Jésus, dont il est dit : « Voici, son salaire est avec lui, et sa récompense devant lui ».
Ces paroles nous rappellent non seulement le verset 10 du chapitre 40 mais aussi Apoc. 22:12 où le Seigneur promet : « Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon que sera son œuvre ». Lors de son apparition en gloire — et c’est elle qui est ici devant nous — non seulement il apportera aux siens la délivrance de toute tribulation, mais aussi il exercera la vengeance contre ses ennemis. Il sera en même temps le Juge impartial devant lequel toutes les nations de la terre seront assemblées, lors du jugement des vivants, pour recevoir de sa bouche leur juste sentence : la récompense pour leur fidélité et leur dévouement, ou alors le châtiment éternel (Matt. 25:31-46).
Le peuple d’Israël, autrefois calomnié et méprisé, recevra alors deux noms merveilleux : « le peuple saint » et « les rachetés de l’Éternel ». En contraste avec ce qu’elle a connu autrefois, Sion sera appelée « la recherchée » et « la ville non abandonnée » (v. 12 ; cf. 54:7 ; 60:15 ; Jér. 30:17).
Les six premiers versets du ch. 63 constituent la conclusion de la sous-section qui commence au ch. 61:1, et dans laquelle Christ, le Messie est placé devant nous, lors de sa première venue dans l’abaissement et en grâce, comme aussi lors de sa seconde apparition en gloire et en vue du jugement. Les chapitres précédents ont trait sans doute, en premier lieu, à la bénédiction pour Son peuple terrestre, mais, au chapitre 61:2 le « jour de la vengeance » est aussi mentionné. Lors de sa seconde apparition, Il viendra non seulement pour la délivrance de son peuple terrestre, mais aussi pour le jugement sur les nations ennemies.
Lorsqu’Il aura détruit les armées de l’Empire romain et de l’Antichrist, comme aussi celles de l’Assyrien dans le pays d’Israël, Il exercera sur Édom — par conséquent à l’extérieur du pays d’Israël — un autre châtiment de grande ampleur. Ce sera le dernier, avant le commencement du règne millénaire. Auparavant Gog (Éz. 38 et 39) trouvera sa fin plus tard sur les montagnes d’Israël. Édom sera le seul peuple voisin à être anéanti pour toujours (voir 34:11,14 ; Jér. 49:7).
Le prophète Ésaïe (ou peut-être s’agit-il des gardiens, mentionnés dans le ch. 62:6, qui se tiennent sur les murs de Jérusalem), voit ici par anticipation le Messie victorieux, et il pose la question introductive : « Qui est celui-ci, qui vient d’Édom, de Botsra (*) avec des habits teints en rouge… ? ». Comme nous l’avons déjà considéré au ch. 34 (voir plus haut « Jugement sur Édom et ses alliés »), les peuples ennemis voisins d’Israël qui se seront alliés avec les Assyriens, seront frappés par l’Éternel dans le pays d’Édom situé au sud de la Mer morte. Avec tous les signes de la victoire remportée, revêtu d’« habits teints en rouge », mais en même temps « magnifique dans ses vêtements » et marchant « dans la grandeur de sa force », Il s’approche maintenant de Sa ville bien-aimée (comp. Habakuk 3:3).
(*) Botsra, probablement l’actuelle Baseira
,
située à environ 40 km au sud-est de la Mer morte. Elle était l’une des villes les
plus importantes du pays d’Édom.
Sa réponse à la question retentit : « C’est moi, qui parle en justice, puissant pour sauver ». Dans toutes les Saintes Écritures, de Gen. 1:3 à Apoc. 22:20, c’est une caractéristique majeure de Dieu de se faire connaître aux hommes par Sa parole toute-puissante. Ici, Christ se fait reconnaître par le fait de parler en justice. Pour Ses ennemis, cela signifie le jugement ; pour Son peuple au contraire, c’est le salut et la paix (63:1 ; voir 1:27 ; 32:17 ; 45:19,23 ; Apoc. 19:11).
La seconde question : « Pourquoi y a-t-il du rouge à tes vêtements, et tes habits sont-ils comme celui qui foule dans la cuve ? », fait allusion à l’origine de cette couleur rouge frappante (63:2). La réponse confirme qu’elle provient du jus de raisin coulant du pressoir (*). Dans la Parole de Dieu, le fait de fouler dans le pressoir est souvent l’image d’un jugement divin qui n’épargne pas et qui ne fait pas de distinction, et le jus de raisin rouge parle du sang (voir Lam. 1:15 ; Éz. 35:6 ; Joël 3:13 ; Apoc. 14:19-20 ; 19:13, 15). Bien que Christ exercera ses jugements par sa Parole et par le souffle de sa bouche, c’est cette image extraordinairement forte qui est utilisée (voir 11:4 ; 2 Thes. 2:8 ; Apoc. 1: 16 ; 19:21).
(*) Au pressoir, les grappes de raisin récoltées étaient foulées
aux pieds dans une cuve, pour en faire sortir le jus qui s’écoulait par une
goulotte. Les noms d’Édom
et de Botsra
évoquent à l’oreille en
hébreu les mots « rouge » ou « roux » (adom
) et
« vigneron » (bozer
) (voir Gen. 25:30 ; Jér. 49:9).
Comme nous le savons d’après le ch. 11:14 (voir Éz. 25:14), les Juifs joueront certes un certain rôle dans le jugement exercé sur Édom, mais à la fin, Christ sera seul à fouler la cuve du pressoir du jugement de Dieu. Les paroles : « et d’entre les peuples, pas un homme n’a été avec moi » (63:3) se rapportent par conséquent, au reste des nations qui, en ce temps-là, se seront dressées toutes ensemble contre Israël (voir Zach. 12:2). Le Sauveur de son peuple sera seul à fouler dans sa colère et écrasera dans sa fureur, les peuples voisins rassemblés en Édom (63:3).
L’explication de son action est donnée au verset 4 : « Car le jour de la vengeance était dans mon cœur, et l’année de mon rachat (*) était venue ». Au ch. 34:8, nous avons vu la raison de la vengeance de Dieu. C’est la revanche pour la juste cause de Sion » (comp. 61:2). Pendant des milliers d’années, les nations ont maltraité Israël et ont rejeté la grâce de Dieu, mais maintenant, elles reçoivent leurs justes châtiments. Par contre, pour le résidu croyant d’Israël qui est revenu repentant vers son Dieu, Christ apparaît comme Rédempteur, Celui qui rachète (voir ch. 41:14). Alors qu’Il a fixé un « jour » seulement pour sa vengeance, Il parle, dans un contraste frappant, de l’« année de mon rachat (*) » qui évoque pour nous l’année sabbatique, le « sabbat de repos pour le pays » (Lév. 25:4 ; Héb. 4:9).
(*) Proprement : « mes rachetés » ; le
pluriel du participe passé de gr’al
: rachetés, est à comprendre
ici comme un substantif abstrait.
Malgré tous ses efforts, l’humanité, au cours de son histoire, n’a pas réussi à procurer ou à obtenir la justice et la paix ; c’est le contraire qui a eu lieu. Aussi ne devons-nous pas nous étonner de ce que Dieu n’ait trouvé personne qui « Le soutienne » ou qui « secoure » comme lors de la première venue de Christ (63:5 ; voir ch. 50:2). Le Fils de Dieu seul est Celui-là, le Rédempteur, qui introduira la justice et la paix. Dès à présent, tous ceux qui croient en Lui reçoivent cela (la justice et la paix) par grâce et pour l’éternité ; mais au moment où commencera le règne millénaire, ce sera aussi le cas, bien qu’à travers le jugement. Ce n’est pas la puissance de l’homme, mais le bras de Dieu, ce ne sont pas les efforts de l’homme, mais Sa justice qui accomplira ces choses (63:5 ; comp. ch. 26:9 ; 59:16).
À la fin de cette courte section (63:1-6), se trouve encore une fois résumée et explicitée l’image du pressoir déjà utilisée au début. Christ est celui qui « foule au pressoir » et qui, dans sa colère, foulera comme les grappes dans un pressoir, la masse des peuples qui Lui sont hostiles, à Lui et à son peuple (63:6 ; comp. 49:26).
ME 2008 p. 187
Nous arrivons ici à la conclusion du livre d’Ésaïe. Celle-ci se
divise en deux parties : la première va jusqu’à la fin du ch. 64, et la
seconde comprend les ch. 65 et 66. Nous y trouvons un entretien du résidu avec
son Dieu, et aussi l’annonce de la bénédiction qui sera la part des croyants et
du jugement qui atteindra les pécheurs. En premier lieu, l’esprit de
prophétie
(Apoc. 19:10) s’exprime dans le résidu croyant, par la bouche du
prophète. Plusieurs voient ici l’une des plus remarquables prières de la Bible.
Nous y trouvons l’expression des sentiments du résidu croyant à la fin de la
grande tribulation.
Il y a d’abord le rappel reconnaissant des délivrances de l’Éternel dans le passé. Ce regard en arrière réchauffe les cœurs en face de la bonté de Dieu qui, selon Romains 2:4, pousse à la repentance. Et en effet, une profonde repentance s’exprime à la fin de cette première partie.
Lorsque le prophète, comme porte-parole du résidu croyant, jette un coup d’œil sur l’histoire d’Israël, il ne peut faire autrement que célébrer les actes de grandeur, la bonté et la miséricorde de l’Éternel (v. 7). Les Israélites n’étaient pas meilleurs ou plus nombreux que toutes les autres nations, et pourtant Dieu avait pris soin d’eux dans son amour admirable (Deut. 7:7). Il avait dit d’eux qu’ils étaient son peuple, des fils qui ne mentiraient pas (v. 8). Mais s’étaient-ils souvent montrés tels ? (cf. Deut. 9:24 ; 32:5, 20.) L’immense différence s’explique par le fait que nous avons ici les desseins de Dieu. Le peuple de Dieu reste le peuple de Dieu — même s’il est infidèle ! Balaam a dû, sur l’ordre de Dieu, prononcer des paroles semblables : « Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni n’a vu d’injustice en Israël… Selon ce temps il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que Dieu a fait ? » (Nomb. 23:21-23). Il voit la fin dès le commencement, et il parle de son peuple tel qu’il se tiendra un jour devant lui par sa grâce et fera sa joie.
Il en est de même pour tous ceux qui croient au Seigneur Jésus. Nous avons été rendus « agréables dans le Bien-aimé » et Dieu nous voit en lui comme étant « saints et irréprochables », bien que, souvent, notre vie pratique ne corresponde pas à cette merveilleuse position (Éph. 1:4-6).
Les mots « il est devenu leur sauveur » (v. 8) se rapportent d’abord à l’histoire du peuple de Dieu jusqu’au temps d’Ésaïe. Cette histoire a commencé lorsque l’Éternel a délivré son peuple de l’Égypte, mais Dieu s’est encore manifesté comme le « sauveur » d’Israël dans tous les siècles qui ont suivi (cf. Ex. 14:30 ; Jug. 7:7 ; 1 Sam. 17:47 ; 2 Chron. 32:22). Toutefois, si nous considérons ces mots du point de vue du résidu futur, ils revêtent un sens encore plus profond. Nous voyons dans le « Sauveur » le Seigneur Jésus, dont le nom a précisément la signification : l’Éternel Sauveur. Il est venu vers son peuple pour le délivrer non seulement de ses ennemis mais aussi de ses péchés (Matt. 1:21 ; cf. Luc 24:21). Jusqu’à présent, le peuple comme ensemble ne l’a pas encore accepté, toutefois le temps viendra — et c’est de cela que le prophète parle dans ce passage — où un résidu de ce peuple se tournera vers Dieu dans une repentance profonde et acceptera comme Sauveur son Fils autrefois rejeté.
Mais Jésus n’est pas seulement le Sauveur futur d’Israël, il offre déjà maintenant la délivrance éternelle à tous les hommes. Pierre dit aux Juifs : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Act. 4:12). Bienheureux celui qui prend ces paroles au sérieux et croit en lui !
Les mots « dans toutes leurs détresses, il a été en détresse » (v. 9) (*) montrent de quelle manière Dieu est entré dans tout ce qui concernait son peuple terrestre. Lorsqu’il a délivré son peuple opprimé en Égypte, il a agi non seulement en puissance, mais aussi en amour et en miséricorde (Ex. 2:23-25). Lorsque, plus tard, le peuple s’est trouvé dans les difficultés ou dans l’angoisse, c’était toujours les compassions de Dieu qui s’éveillaient en sa faveur (Jug. 2:18 ; 10:16 ; 2 Rois 13:23 ; Ps. 106:45). Cette magnifique déclaration a cependant trouvé son plein accomplissement lorsque le Seigneur Jésus était sur la terre. Au ch. 53 d’Ésaïe, particulièrement dans les versets 4 à 6 et 12, nous voyons comment, pendant sa vie ici-bas, il a porté les langueurs de ceux qui souffraient et s’est chargé de leurs douleurs. Bien souvent, il a été « ému de compassion » en voyant leur état (Matt. 9:36 ; 14:14 ; 15:32 ; 20:34). Il a souffert et même pleuré devant l’endurcissement de Jérusalem (Luc 13:34 ; 19:41). Cependant la plus grande « détresse » dans laquelle il est entré est celle des trois heures de ténèbres de la croix, lorsqu’il a souffert sous le jugement dû aux péchés, afin de sauver tous ceux qui croient en lui de la colère de Dieu et des tourments éternels.
(*) La traduction suit le texte hébreu massorétique Keri (ce qui doit être lu). La forme Ketiv (ce qui est écrit) est « dans toutes leurs détresses, il n’a pas été en détresse » [ou : « il n’y avait pas d’ennemi »] ; c’est ce que suit la Vulgate. La Septante rattache les derniers mots du v.8 au v. 9 : « il leur a été à salut dans toutes leurs détresses ». Plusieurs traductions suivent cette leçon, qui n’a de support dans aucun manuscrit hébreu.
« L’Ange de sa face » n’est par conséquent personne d’autre
que le Fils éternel de Dieu, celui que l’Ancien Testament nous présente plus d’une
fois comme l’Ange de l’Éternel (cf. Jug. 6:12, 16 ; 13:3, 21, 22). En
Exode 13, lors de la sortie de l’Égypte, l’Éternel lui-même allait devant
Israël (v. 21), mais au ch. 14, c’est l’Ange de Dieu qui se place en sauveur
entre le peuple et les Égyptiens (v. 19). En Exode 33, l’Éternel dit à
Moïse : « J’enverrai un ange devant toi » (v. 2), et un peu plus
loin : « Ma face ira, et je te donnerai du repos » (v. 14). La
personne mystérieuse qui est aussi bien l’Ange de Dieu que Dieu lui-même
représente d’une manière voilée le Fils de Dieu, Celui qui est appelé dans l’épître
aux Colossiens « l’image du Dieu invisible » (1:15) (*). L’expression l’Ange de sa face
parle
encore plus distinctement de sa présence personnelle que l’Ange de l’Éternel
,
ou de Dieu
. Dans son amour et dans sa miséricorde, il a racheté
autrefois son peuple et l’a porté par la force de son bras, porté comme sur des
ailes d’aigle. Il le fera aussi dans le futur.
(*) L’« ange de l’alliance » en Mal. 3:1 et l’« autre ange » en Apoc. 8:3 et 10:1 et 18:1 sont aussi des désignations du Seigneur Jésus.
Mais comment le peuple s’était-il comporté en face de toutes les bontés et de toutes les manifestations de la puissance de l’Éternel ? Déjà au bord de la mer Rouge, Israël s’était montré « rebelle » et ce trait l’a caractérisé tout au long de son histoire (v. 10). Asaph dit tristement : « Que de fois ils l’irritèrent dans le désert, et le provoquèrent dans le lieu désolé ! » (Ps. 78:40 ; cf. 106:7 ; Ézéch. 2:5). Quand ils attristaient Dieu, ils attristaient aussi son Esprit qui les conduisait. Un point culminant de ce triste parcours a été le blasphème contre l’Esprit dont les chefs du peuple se sont rendus coupables en prétendant que le Seigneur Jésus chassait les démons par Satan (Matt. 12:22-32). Étienne, le premier martyr chrétien, résume leur attitude en leur disant : « Gens de col roide et incirconcis de cœur et d’oreilles, vous résistez toujours à l’Esprit Saint ; comme vos pères, vous aussi » (Act. 7:51).
Tout cela pouvait-il rester sans réponse de la part de Dieu ? Nous lisons au verset 10 : « Et il se changea pour eux en ennemi ; lui-même, il combattit contre eux ». C’est ainsi que sont advenues les captivités en Assyrie et à Babylone, et plus tard — après la destruction de Jérusalem en l’an 70 — la dispersion des Juifs parmi tous les peuples et leur mise de côté temporaire comme peuple. Tous ces jugements constituent la réponse de Dieu à la rébellion de son peuple contre lui, contre son Fils et contre son Saint Esprit (*). Certes Dieu n’est pas devenu littéralement l’ennemi de son peuple bien-aimé, mais ses voies gouvernementales envers lui ont dû prendre ce caractère.
(*) Sans doute nous pouvons voir dans ce passage une allusion à la vérité de la Trinité de Dieu qui n’était pas encore révélée dans l’Ancien Testament : Dieu qui appelle Son peuple « ses enfants » (63:8 ; comp. 63:16) — le Fils : le Sauveur et l’« Ange de sa face » (63:8,9) — le Saint Esprit (63:10,11,14 ; au v. 10 et 11 Il est appelé comme au Ps. 51:13 « l’Esprit de sa sainteté »).
Toutefois ses voies envers son peuple ont un but positif, ainsi que nous l’avons déjà vu : « Pour un petit moment je t’ai abandonnée, mais avec de grandes compassions je te rassemblerai » (54:7). Après l’enlèvement des croyants, Dieu produira, par l’opération de son Esprit dans les cœurs des Juifs, le retour et la repentance qui sont décrits à partir du verset 11. Ils se souviendront des jours d’autrefois, des jours de Moïse, et s’enquerront à nouveau de Celui qui les a fait monter de la mer Rouge avec Moïse et Aaron, leurs bergers, comme un grand troupeau, et qui les a conduits par son Esprit (Ex. 14 ; Deut. 32:7 ; Ps. 77:20 ; Néh. 9:20). Sa toute-puissance divine accompagnait Moïse dans le chemin. Le passage à travers la mer Rouge, le premier grand miracle de leur voyage, est mentionné une nouvelle fois : « Il fendit les eaux devant eux ». Tout cela Dieu l’a accompli « pour se faire un nom à toujours », c’est-à-dire pour glorifier son nom, pour sa gloire à toujours.
On trouve encore une mention de la mer Rouge au verset 13. Là, le passage des Israélites par les eaux profondes est au premier plan, lorsqu’ils ont pu marcher sans entraves « comme un cheval dans le désert ». De même que, depuis les sommets dénudés des collines, le bétail descend dans les vallées herbeuses, ainsi le peuple a été conduit par l’Esprit de Dieu dans le pays de Canaan pour lui donner du repos. Tout cela était l’œuvre de Dieu seul, et par cela, il s’est magnifiquement glorifié (v. 14).
La délivrance d’Israël de l’Égypte et son introduction dans le pays de Canaan sont pour nous des types bien connus du salut et des bénédictions éternelles que le Seigneur Jésus nous a acquises par son œuvre à la croix. Au temps de la fin, Israël discernera qu’il a de nouveau besoin du salut et de la bénédiction qui viennent de Dieu, et cela non seulement en rapport avec les circonstances extérieures, mais aussi en ce qui concerne leurs âmes et l’éternité. Remarquons comment Dieu rappelle encore et toujours à son peuple la sortie d’Égypte (plus de 150 fois dans l’Ancien Testament).
Le souvenir de la bonté merveilleuse de Dieu dans le passé amènera le résidu croyant à la certitude qu’il est aussi en mesure de délivrer son peuple de la détresse de la grande tribulation. Même s’ils ne voient encore rien du « frémissement de ses entrailles » et de ses « compassions », ils dirigent leurs regards vers les cieux, vers sa sainte et glorieuse demeure, pour lui rappeler, dans une instante prière, sa « jalousie » et sa « puissance » déployées autrefois en faveur de son peuple (v. 15 ; cf. Osée 5:15).
Comme fondement de leur supplication, ils appellent Dieu leur « père », et ceci par deux fois dans le verset 16 (cf. 64:8). Toute la fierté de leur descendance naturelle a disparu (cf. Jean 8:39). Abraham — qui le premier avait reçu de Dieu la promesse de la bénédiction pour sa descendance — et Jacob — le père des douze tribus d’Israël — sont morts depuis longtemps. Ils ne savent rien de la détresse de leurs descendants et ils ne peuvent leur venir en aide. Leur vrai père, leur vraie origine, c’est Dieu, car c’est lui qui les a rachetés de l’Égypte. Lui seul peut maintenant les racheter (*) pour toujours. Déjà dans le livre de l’Exode, nous entendons Dieu appeler son peuple « mon fils, mon premier-né » (4:22). Et plusieurs fois encore, dans l’Ancien Testament, il est appelé le père d’Israël (Deus. 32:6 ; Jér. 31:9 ; Mal. 1:6 ; 2:10). Dans tous ces passages, Dieu est présenté comme père de l’ensemble du peuple, et non des individus. C’est très différent de ce que nous trouvons dans le Nouveau Testament, où Dieu est révélé par le Seigneur Jésus comme le Père de tous ceux qui croient en lui (cf. Jean 1:12). Seul le Fils pouvait révéler le Père (Jean 14:6-9). Ce privilège merveilleux, d’ordre spirituel, repose sur l’œuvre rédemptrice de Christ et sur sa résurrection (Jean 20:17). Celui qui est né de Dieu est devenu participant de sa nature. Il reçoit son Esprit et possède la liberté de l’appeler son Père en Christ (Rom. 8:14-16).
(*) Le mot-vedette « rédempteur » apparaît ici pour la dernière fois en Ésaïe.
Nous savons, non seulement par l’Ancien Testament mais aussi par le Nouveau, que Dieu a endurci son peuple (És. 6:9, 10 ; Rom. 11:25). Comme pour le Pharaon, roi d’Égypte, ceci a été la conséquence de leur propre endurcissement. Ils n’ont pas écouté l’appel, qui leur avait été adressé longtemps auparavant, à ne pas endurcir de nouveau leur cœur comme aux eaux de Massa et de Meriba (Ps. 95:8). Et pour combler la mesure, ils se sont endurcis dans leur opposition à Jésus Christ, leur Messie et leur roi. Mais le résidu prendra conscience de cela et s’en repentira. Le « Pourquoi… ô Éternel » du verset 17 ne doit pas être compris comme une accusation contre Dieu, mais comme un appel pressant à sa miséricorde. Cet appel se fonde sur le fait qu’il y a parmi le peuple rebelle des « serviteurs » de Dieu, c’est-à-dire de vrais croyants, mais aussi que tout le peuple — les « tribus de ton héritage » — a été choisi par lui-même et destiné à la bénédiction.
Israël est le « peuple saint » (v. 18), celui que Dieu a mis à part pour lui-même et auquel il a promis et donné le pays de Canaan. En raison de sa désobéissance, Israël n’a pu jouir de cette possession que durant un temps relativement court. Pendant des siècles, et même des millénaires, il a été un peuple sans patrie. Dans les voies providentielles de Dieu, un état d’Israël autonome a pu être de nouveau créé dans le pays de la promesse, en 1948, après environ 2600 ans de dispersion. Mais après l’enlèvement des croyants de l’époque actuelle, ce peuple devra passer par de grandes tribulations. Le résidu croyant dira, à la fin de ce temps de douleur, peu avant sa délivrance définitive : « Nos ennemis ont foulé aux pieds ton sanctuaire ». Ces « ennemis » sont les Assyriens qui, lors de leur première attaque, s’empareront de Jérusalem et détruiront le temple qui aura été reconstruit (cf. Ps. 74:7 ; 79:1 ; Michée 3:12).
La destruction du temple par Nebucadnetsar (586 av. J.C.), encore future au temps d’Ésaïe, ne peut pas être en vue ici, car dès le ch. 49, Babylone n’est plus le sujet du livre, mais bien le royaume d’Assyrie (52:4). Les sujets principaux des ch. 58 à 66 sont la tribulation et la restauration définitive d’Israël. À cette époque, le roi du nord — l’Assyrien — foulera aux pieds le sanctuaire après qu’il aura été profané par l’Antichrist (Dan. 12:11 ; Matt. 24:15 ; 2 Thess. 2:4). Néanmoins le résidu reconnaît ce temple comme étant le « sanctuaire » de Dieu, comme le Seigneur Jésus l’a fait aussi (cf. Jean 2:16 ; Matt. 21:13).
Les Juifs croyants sont conscients du fait que le peuple dans son ensemble est devenu pour Dieu « Lo-Ammi », c’est-à-dire « pas mon peuple ». Dans une profonde humiliation, ils confessent : « Nous sommes comme ceux sur lesquels tu n’as jamais dominé, qui ne sont pas appelés de ton nom » (v. 19 ; cf. Osée 1:9). On ne peut plus rien discerner des privilèges qui leur avaient été donnés ; c’est comme si Dieu n’avait jamais eu de relation avec eux. Ainsi le résidu se voit sans aucun droit à la grâce de Dieu.
En raison de l’alliance entre l’Antichrist et le chef de l’empire romain, et du déploiement de leurs armées, ainsi que du danger menaçant du côté de l’Assyrien, le résidu se trouve dans la plus grande détresse. Toutefois ces pauvres croyants savent que le secours ne peut venir que d’un seul côté, celui de leur Dieu. Aussi lui adressent-ils leur supplication : « Oh ! si tu fendais les cieux ! Si tu voulais descendre, et que devant toi les montagnes se fondissent ! » (64:1 ; cf. 63:15). Lorsque la tribulation aura atteint son plus haut degré, les cieux s’ouvriront en effet. Le Fils de l’homme apparaîtra dans sa gloire comme « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Matt. 24:27, 30 ; 2 Thess. 1:7 ; Apoc. 19:11-21). Sa venue sera caractérisée par le jugement sur ses adversaires, « comme le feu brûle les broussailles, comme le feu fait bouillonner l’eau » (v. 2).
Les « montagnes » représentent les puissants de ce monde (És. 2:14 ; Zach. 4:7) ; « l’eau » est une figure de l’agitation des nations (cf. És. 17:12) ; « les broussailles » évoquent le néant de leur force et « le feu » est l’image de la sainteté de Dieu dans l’exercice de son jugement (cf. Héb. 12:29). Tout d’abord, l’Antichrist et son allié, le chef de l’empire romain, seront vaincus avec leurs armées ; ensuite il en sera de même de l’armée assyrienne et de ses alliés. Toutes les nations trembleront devant cette manifestation effrayante et inattendue de la puissance de Dieu, sans pareille dans l’histoire de l’humanité (cf. 1 Thess. 5:2, 3). L’instante supplication du résidu se termine avec des paroles qui rappellent celles du verset 1 : « Tu descendis : devant toi les montagnes se fondirent » (v. 3).
Jamais personne n’a entendu parler d’un Dieu qui agisse comme l’Éternel
et qui intervienne en faveur de ceux qui croient en lui, l’attendent et mettent
leur espoir en lui (v. 4). Cela, le résidu ne pourra le dire que lorsqu’il
discernera comment Dieu est intervenu dans l’histoire du monde, par l’apparition
de Christ, pour apporter la délivrance et pour exercer le jugement. Pour
reprendre une image de Lévitique 16, Israël se tient pour ainsi dire devant le
voile du lieu très saint et attend l’apparition du souverain sacrificateur qui
a fait propitiation. Les chrétiens, par contre, ont déjà maintenant accès à la
présence de Dieu, parce que Christ, notre souverain sacrificateur, nous a déjà
frayé le chemin du lieu très saint. C’est pourquoi Paul, en citant ce verset 4
en 1 Corinthiens 2:9, peut remplacer les mots « pour celui qui s’attend
à lui » par « pour ceux qui l’aiment
». Déjà maintenant,
tout le plan d’amour de Dieu nous est révélé (Act. 20:27). Il est vrai que nous
attendons encore la venue du Seigneur pour introduire les siens dans la maison
du Père, mais nous n’attendons plus la révélation des choses qu’il a déjà
préparées pour ceux qui l’aiment. En Christ, nous sommes déjà bénis de toute
bénédiction spirituelle dans les lieux célestes (Éph. 1:3). Qu’il en soit
loué !
Malgré sa situation difficile, le résidu reconnaît avec foi sa relation avec Dieu. Il vient à la rencontre de ceux qui se réjouissent à pratiquer la justice, à marcher dans ses voies et à se souvenir de lui (v. 5). Toutefois le courroux de Dieu que le peuple doit subir montre qu’il a péché contre lui. Lorsque le résidu confessera cela, le peuple se trouvera de fait déjà depuis longtemps dans un état d’éloignement de Dieu et sous sa colère. Leur péché — leur endurcissement contre leur Messie — a déjà commencé lors de son rejet et de sa condamnation inique, et se continuera jusque peu avant son apparition. Pour en arriver à un retour vers Dieu, et pour être préparé à occuper la place privilégiée de peuple terrestre de Dieu, Israël doit subir un sévère processus de purification par le moyen de la tribulation. Pourtant le résidu peut s’écrier avec confiance : « et nous serons sauvés ! »
La confession des péchés se poursuit. Sous le regard pénétrant de Dieu, le résidu croyant s’identifie avec le peuple coupable, comme l’ont fait Daniel, Esdras et Néhémie : « Et tous, nous sommes devenus comme une chose impure » (v. 6) — c’est-à-dire comme un lépreux qui devait continuellement s’écrier : « Impur ! Impur ! » (Lév. 13:45). Toutes leurs actions qu’ils croyaient justes ne sont, aux yeux de Dieu, rien d’autre qu’un vêtement souillé. Les péchés commis les ont spirituellement fanés comme les feuilles d’un arbre desséché (cf. Ps. 1:3). Les mauvaises actions dont ils se sont rendus coupables ont agi comme un vent qui emporte tout sur son passage.
Jusqu’à ce moment, aucun d’entre eux n’a invoqué Dieu avec foi, ni ne s’est levé pour le saisir, comme l’a fait Jacob autrefois pour être béni (Gen. 32:26). De plus, Dieu a caché sa face de son peuple et ne lui a plus fait grâce (54:8). Ils ont dû subir de la manière la plus amère les conséquences de leurs péchés (v. 7).
Les mots « Or maintenant » qui suivent introduisent la dernière partie de cette prière (v. 8). Avec le courage de la foi, le résidu croyant se souvient que Dieu est le père de son peuple terrestre et le lui rappelle. Il l’a créé de ses mains et l’a déjà appelé son fils, son premier-né, au début de son histoire (Ex. 4:22 ; cf. 63:16). De même que le potier forme un vase d’argile, ainsi Dieu les a formés comme peuple ; ils sont l’ouvrage de ses mains (cf. 45:11 ; Jér. 18:6). C’est pourquoi aussi, à la fin, il aura compassion d’eux et il les bénira comme des « vases de miséricorde ».
En pensant au lien qu’il y a entre Dieu et son peuple, le résidu est conduit à une instante supplication : « Ne sois pas extrêmement courroucé, ô Éternel, et ne te souviens pas à toujours de l’iniquité » (v. 9 ; cf. Zach. 12:12). Les « villes saintes » (v. 10) sont les villes dans un pays qui appartient à Dieu et qui est par conséquent une « terre sainte » (Zach. 2:12). Par la première attaque de l’Assyrien, les villes ont été dévastées et Jérusalem n’a pas été épargnée (cf. 10:28-32). C’est là que se trouve le lieu saint suprême, « notre maison sainte et magnifique », que Dieu leur avait donnée à l’origine, afin que là ils le louent, comme l’ont fait leurs ancêtres (v. 11). Cette maison « est brûlée par le feu, et toutes les choses désirables sont dévastées ». À la fin du ch. 63, où il est aussi question de la destruction future du temple par les Assyriens, Israël est appelé « ton peuple saint ». Ici, il est question des « villes saintes » et de la « maison sainte » (v. 10 et 11). Mais en pratique, il en est tout autrement. Le temple dont la destruction est mentionnée ici est, dans toute l’acception des mots : « notre maison », et non plus celle de Dieu. Car ce temple sera bâti par les Juifs dans l’incrédulité et sera finalement le lieu dans lequel l’Antichrist s’élèvera (2 Thess. 2:4).
La supplication s’achève par la question : Dieu continuera-t-il à se taire et laissera-t-il durer jusqu’à l’extrême l’affliction du peuple ? (v. 12 ; cf. 63:15).
Comme on le sait, différents commentateurs niant l’unité du livre d’Ésaïe, attribuent la deuxième partie (ch. 40 à 66) à deux auteurs anonymes du temps de la captivité babylonienne, à savoir : ch. 40 à 55 : « Deutéro-Ésaïe » et ch. 56 à 66 : « Trito-Ésaïe ». Tout ce qui est dit dans ces chapitres se rapporte à leur époque. Cette opinion de critiques bibliques se développant de plus en plus, on peut apporter quelques remarques qui éclairent la portion comprise entre 63:7 et 64:11.
1 - Le fait que depuis le ch. 49, les noms de « Babylone » et de « Chaldéens » n’apparaissent plus, a déjà été signalé. Mais le contenu de la section qui vient d’être considérée, rend impossible de l’attribuer à l’époque située après le retour d’exil.
2 - Ce que nous apprenons dans les livres d’Esdras, Néhémie, Aggée, Zacharie et Malachie quant à l’état du peuple après le retour de Babylone, renvoie une toute autre image que ce qui a été consigné par Ésaïe dans cette section.
3 - Déjà, dans la première partie de la « prière » (63:7-14), qui, avec sa rétrospective de l’histoire d’Israël, est tenue à juste titre comme étant d’ordre général, nous avons une allusion claire au salut opéré par Jésus Christ (63:9). Ceux qui parlent ici ne sont pas vus comme vivant à l’époque suivant immédiatement l’exil, mais bien postérieurement à l’œuvre accomplie à la croix.
4 - La plainte et la supplication du résidu dans la deuxième partie (ch. 63:15 à 64:4) ne s’accordent pas avec l’époque suivant le retour de l’exil. Esdras et Néhémie ont sans doute fait état d’une confession dans l’humiliation (Esd. 9 et Néh. 9) mais, à ce moment-là, le temple et une partie de la ville et de ses murs étaient déjà reconstruits, tandis qu’en Ésaïe 63:18 et 64:10, la destruction complète de ceux-ci est un sujet de plaintes. Cette circonstance et la requête exprimée à Dieu pour qu’Il intervienne, vise beaucoup plutôt la période qui précède immédiatement l’apparition de Christ.
5 - L’appel à Dieu pour qu’Il descende (64:1) en salut (64:5), est également en contraste avec l’époque suivant l’exil, époque au cours de laquelle le peuple avait justement déjà vécu la délivrance et le retour de la captivité babylonienne (63:17 à 64:2). Le ciel ne s’ouvrira qu’une fois dans l’histoire afin que le Seigneur Jésus puisse apparaître en puissance et en gloire, pour le salut de Son peuple et pour le jugement de Ses ennemis sur la terre (Apoc. 19:11 et suiv.).
En vérité, là où la foi fait défaut quant à l’inspiration sans faille de la Parole de Dieu, quant à l’œuvre de rédemption de Christ et quant à la position et l’avenir particuliers d’Israël selon le témoignage qui y est rendu dans les Saintes Écritures, on en arrive à des raisonnements et des hauteurs qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu et qui veulent invalider Sa Parole (voir 2 Cor. 10:4-6). Nous nous en tenons fermement à la parole de notre Seigneur Jésus : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matt. 24:35).
Ici commence la dernière section du livre. Elle contient la réponse de Dieu à la supplication du résidu et donne une vue d’ensemble de ses voies futures envers son peuple. L’état de celui-ci est toutefois si triste, qu’avant de proclamer la grâce, Dieu doit faire des reproches et annoncer le jugement à la partie incrédule du peuple.
Dans l’épître aux Romains, l’apôtre Paul applique ces deux premiers versets au temps actuel : le verset 1 aux nations et le verset 2 au peuple d’Israël endurci (Rom. 10:20, 21). « Les nations dans la chair », appelées « incirconcision par ce qui est appelé la circoncision », sont par nature « sans Christ, sans droit de cité en Israël et étrangères aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde » (Éph. 2:11, 12). En vérité, elles ne se sont pas enquises de lui et ne l’ont pas cherché. Toutefois il s’est tourné vers elles dans sa grâce et elles ont pu le trouver. Paul se considérait lui-même, en s’associant à beaucoup d’autres, comme « ambassadeurs pour Christ, — Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ; nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! » (2 Cor. 5:20). Ainsi en sera-t-il jusqu’à la fin du temps actuel de la grâce. Dans la prédication de l’évangile, Dieu appelle : « Me voici, me voici ». Cet appel s’adresse en premier lieu aux nations qui n’avaient aucune relation avec lui.
Cela se poursuivra après l’enlèvement de l’Église et aura alors son plein accomplissement. Dans l’Apocalypse, Jean voit, outre les 144 000 rachetés de chaque tribu d’Israël, « une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toute nation et tribus et peuples et langues » (7:9). « Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, et ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau » (v. 14 ; cf. És. 55:5).
En même temps, Dieu étend sa main « tout le jour », c’est-à-dire depuis le commencement, vers son peuple terrestre (v. 2) (*). Mais celui-ci n’écoute pas Dieu, suit ses propres pensées et marche dans un chemin qui l’éloigne de lui. Le refus des Juifs de recevoir l’évangile de la grâce et le fait que Dieu s’est tourné vers les nations sont très clairement présentés dans les Actes. Dans les sept premiers chapitres, le rejet du témoignage du Saint Esprit par le peuple est toujours plus évident, et dans la suite, la proclamation de l’évangile aux nations prend une place toujours plus grande. Paul déclare aux Juifs dans la synagogue d’Antioche de Pisidie : « C’était à vous premièrement qu’il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les nations » (Act. 13:46). Déjà au ch. 28 (v. 11), Ésaïe avait annoncé le jugement de Dieu sur Israël et le fait qu’il se tournerait en grâce vers les nations, ceci se traduisant particulièrement par le don des langues, dans les premiers temps du christianisme (cf. 1 Cor. 14:21).
(*) Le substantif « nation » (hébreu : goy) au v. 1 désigne habituellement les païens ; au v. 2 c’est un autre mot (hébreu : am) qui s’utilise aussi pour le peuple d’Israël.
Nous trouvons ensuite huit abominations dont le peuple s’est rendu coupable. De même qu’au ch. 57 (v. 3-7), le prophète mentionne ici quelques formes particulièrement abominables de l’idolâtrie cananéenne, contre lesquelles Dieu avait toujours mis son peuple en garde, mais sans résultat durable. Le peuple avait continuellement provoqué Dieu en face, jusqu’à ce que sa patience arrive à son terme et que Juda soit emmené en captivité à Babylone (2 Chron. 36:14-16). Après le retour de Babylone, il n’est plus fait mention de l’idolâtrie, mais il y a de la religiosité, une piété qui n’est qu’en apparence (Mal. 1:6-14). Au temps de l’Antichrist, ces deux maux graves — une idolâtrie d’une ampleur inconnue et une hypocrisie pharisaïque — s’allieront et caractériseront la masse du peuple. La portée de ce passage est double. D’une part, en mentionnant les formes de l’idolâtrie de ce temps-là, le prophète parle directement à la conscience de ses contemporains. D’autre part, Ésaïe annonce que de semblables outrages à Dieu réapparaîtront dans un temps futur.
Les sacrifices idolâtres offerts « dans les jardins » (v. 3) nous rappellent les « arbres verts », souvent mentionnés dans l’Ancien Testament comme lieux de culte païens (2 Rois 17:10 ; És. 1:29 ; 66:17). Les « autels de briques », sur lesquels les Juifs brûlent de l’encens à leurs dieux, sont en contraste avec les autels de terre ou de pierres non taillées — ou encore avec l’autel de bois de sittim plaqué d’airain ou d’or (Ex. 20:24, 25 ; 27:1 ; 30:1). Le fait qu’ils « habitent dans les sépulcres » et « passent la nuit dans les lieux cachés » (v. 4) fait probablement allusion aux pratiques des évocateurs d’esprits, qui se rendaient dans les sépulcres des morts qu’ils avaient l’intention d’interroger. Or Dieu avait expressément mis en garde son peuple contre les évocateurs d’esprits (Deut. 18:11 ; 2 Rois 21:6 ; És. 8:19 ; 29:4). De plus, selon la loi, il est expressément défendu aux Juifs de « manger la chair du porc » (Lév. 11:7). Le « jus des choses impures dans leurs vases » fait allusion aux sacrifices d’animaux impurs. Enfin, le prophète démasque une piété pharisaïque liée à toutes ces impuretés, et une sainteté d’apparence caractérisant la masse du peuple, bien éloignée de la vraie sainteté (v. 5 ; cf. Matt. 23:27).
De même qu’une fumée âcre provoque l’irritation du nez, ainsi les Juifs adonnés à l’idolâtrie provoquent leur Dieu. Alors que, plein de grâce, il a étendu « tout le jour » ses mains vers ce peuple rebelle, ils sont un feu qui brûle « tout le jour ». Ces images de la fumée et du feu contiennent peut-être déjà une allusion au jugement imminent (cf. 30:27).
Toutes leurs œuvres infâmes sont « écrites » devant Dieu (v. 6). C’est ce que nous voyons aussi en Apoc. 20:12, dans la scène du jugement dernier, devant le grand trône blanc. Toutefois, en Ésaïe, il s’agit en premier lieu d’un jugement collectif temporel, et non du jugement éternel qui est individuel. Dieu ne peut pas se taire en voyant les actions de la partie rebelle du peuple. Il leur donnera la rétribution de leurs iniquités, qui ne sont que la continuation de celles de leurs pères. Ils recevront de la part de Dieu leur salaire mesuré exactement, avant que la bénédiction du Millénium puisse se déverser (v. 7 ; cf. 40:2 ; Jér. 16:18).
Toutefois Dieu ne fera pas périr tout le peuple dans le jugement qui va l’atteindre. Ses promesses demeurent (Rom. 11:29). Ainsi que Pierre l’écrit, « le Seigneur sait délivrer de la tentation les hommes pieux, et réserver les injustes pour le jour du jugement, pour être punis » (2 Pierre 2:9). Ce principe divin de la distinction et de la séparation des justes d’avec les iniques se retrouve dans toute l’Écriture. Ainsi en est-il ici (cf. Mal. 4:1-3). Dans les versets 8-10, le résidu croyant de Juda est d’abord placé sous nos yeux.
Les mots « Ainsi dit l’Éternel » introduisent une communication importante. Lorsqu’un vigneron trouve dans sa vigne quelques bons raisins parmi un grand nombre de mauvais, il ne détruit pas tout ; il y a là « une bénédiction ». De même Dieu ne détruira pas tout le peuple (*) ; il épargnera le résidu croyant (v. 8). L’image de la vigne ou du cep évoque plusieurs fois, dans l’Écriture, le peuple d’Israël (cf. .5:1-7 ; 27:2, 3 ; Osée 10:1 ; Matt. 21:33-41).
(*) La même expression « ne détruis pas (65:8) figure en en-tête des Psaumes 57 à 59 et 75 dans lesquels le résidu en détresse s’enfuit vers Dieu ; cette expression rattache ces psaumes à És. 65. Ceci est souligné par le fait que le dernier de ces psaumes se termine avec le même principe que nous trouvons ici : « Et toutes les cornes des méchants, je les abattrai ; [mais] les cornes des justes seront élevées » (Psaume 75:10).
Alors les fidèles prendront définitivement possession du pays promis (*), dans toute son étendue. Dieu les appelle non seulement « mes serviteurs » mais aussi « mes élus ». Ils lui sont si chers que même le temps de la tribulation sera abrégé à cause d’eux (v. 9 ; cf. Matt. 24:22). Les noms portés par ceux qui constituent le résidu sont semblables à ceux du Messie en qui ils croient — serviteur, possesseur, élu — car ils reflètent ses traits de caractère (cf. 42:1). Les croyants du temps actuel ont été élus en Christ déjà avant la fondation du monde et sont bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes ; par contre, le futur résidu d’Israël sera constitué par les élus du peuple terrestre de Dieu qui jouiront des bénédictions du Millénium sur la terre (Éph. 1:4 ; Matt. 24:24, 31).
(*) L’expression « mes montagnes » concerne tout le pays qui, déjà en Deut. 11:11 est appelé « un pays de montagnes et de vallées » (comp. 14:25 et la désignation « toute ma montagne sainte » au v. 25 et « les montagnes d’Israël » en Éz. 6:2.
Le « Saron » (plaine) est la région fertile qui s’étend
sur la côte de la Méditerranée, du Carmel jusqu’à Japho (v. 10). La « vallée
d’Acor » (trouble), dans les environs de Jéricho, est le lieu où Acan a
été mis à mort (Jos. 7:24, 26 ; Osée 2:15). Ces deux régions représentent
l’ensemble du pays qui, dans le Millénium, contiendra une abondance de gros et
de menu bétail. En ce temps-là, l’agriculture sera florissante. Le résidu qui
aura la possession et la jouissance de tout cela ne sera qu’en assez petit
nombre, mais Dieu le reconnaît cependant comme « mon peuple
qui m’aura
cherché » (cf. Rom. 9:27 ; 11:26).
Les versets 11 et 12 s’adressent à la partie rebelle du peuple, à la charge de laquelle sont citées encore d’autres abominations. Ils ont abandonné l’Éternel et oublié sa montagne sainte, c’est-à-dire la montagne du temple avec le sanctuaire. Ils sacrifient aux astres qu’ils s’imaginent déterminer la vie des hommes. Gad est le dieu de la fortune (Jupiter) et Meni la déesse du destin (Vénus). « L’armée des cieux » et la « reine des cieux » — des astres — sont plusieurs fois mentionnées dans la Bible comme des divinités que Juda adorait (2 Rois 23:5 ; Jér. 44:17). Ces deux formes de culte idolâtre sont peut-être une allusion aux personnages gouvernés par Satan qui, au temps de la fin, exigeront d’être adorés comme Dieu : l’Antichrist et le chef de l’empire romain (2 Thess. 2:4 ; Apoc. 13:4, 8, 12).
Encore une fois Dieu prononce une sentence judiciaire contre eux. Elle sera exécutée d’abord par l’Assyrien et ses alliés, mais finalement par le Seigneur lui-même lorsqu’il apparaîtra en gloire. Dieu les « destine » à l’épée (v. 12), c’est-à-dire à la mort, un destin que la déesse « Meni » ne pouvait certainement pas leur prédire. (Il y a un jeu de mot dans l’original.) Il les a appelés suffisamment, en particulier par l’évangile du royaume que le résidu croyant a prêché. Cependant ils n’ont pas répondu ni même écouté. Ils ont fait ce qui est mauvais à ses yeux et ont choisi ce en quoi il ne prend pas plaisir (cf. 66:4).
Les versets 13 à 16 mettent en contraste le résidu fidèle et la partie incrédule du peuple. Ce passage commence aussi avec les mots : « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel ». Dans les versets 13 et 14, le bonheur et la bénédiction des « serviteurs » de Dieu sont placés quatre fois en regard de la misère de ceux qui l’ont abandonné :
— « Voici, mes serviteurs mangeront, et vous aurez faim ;
— voici, mes serviteurs boiront, et vous aurez soif ;
— voici, mes serviteurs se réjouiront, et vous serez honteux ;
— voici, mes serviteurs chanteront de joie à cause du bonheur de leur cœur, et vous, vous crierez à cause de la douleur de votre cœur, et vous hurlerez à cause du brisement de votre esprit ».
Les rebelles seront si entièrement balayés de la terre que même leur nom, pour les élus de Dieu, ne restera plus que comme « imprécation ». Lorsque le Seigneur Jésus, après son apparition, exercera le jugement sur ceux qui seront vivants alors, il leur dira : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges » (Matt. 25:41 ; cf. Mal. 4:1 ; Matt. 3:12). Par contre, les serviteurs de Dieu recevront « un autre nom » (v. 15). Ceci nous rappelle qu’aux vainqueurs de l’époque chrétienne, le Seigneur Jésus promet « un nouveau nom écrit, que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit » (Apoc. 2:17). Il s’agit dans ce dernier passage d’une promesse céleste pour l’éternité ; par contre, en Ésaïe, il s’agit de la part terrestre des élus dans le Millénium.
Lorsque toutes les promesses de Dieu pour son peuple seront accomplies, celui qui « se bénira » dans le pays (ou : sur la terre), c’est-à-dire se considérera heureux parce qu’il peut prendre part aux bénédictions du règne de paix, le fera en pensant au Dieu de vérité qui donne ces bénédictions (v. 16). Il en sera de même pour celui qui jurera. Dans le Nouveau Testament, il nous est révélé que toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur accomplissement parfait dans le Seigneur Jésus : « En lui est le oui et en lui l’amen ». Il est appelé lui-même « l’Amen » (2 Cor. 1:20 ; Apoc. 3:14). Les chrétiens peuvent savoir ces choses dès maintenant et s’en réjouir. Pour les croyants d’Israël dans le jour à venir, cela se réalisera lors de l’apparition de Christ.
La dernière partie du chapitre contient une description du Millénium.
Par le déluge, Dieu avait autrefois préparé une nouvelle terre — une terre purifiée par le jugement — pour Noé, le juste, et pour sa famille. De la même manière, Dieu introduira, au début du Millénium, « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (v. 17). Il ne s’agit pas des nouveaux cieux et de la nouvelle terre mentionnés en 2 Pierre 3:13 et en Apoc. 21:1, qui subsisteront durant l’éternité. Comme le montre le contenu de tout ce passage — et d’autres portions de l’Écriture — la terre et les cieux actuels seront purifiés par le jugement en vue de l’établissement du Millénium. Les prophéties de l’Ancien Testament qui ont pour objet les desseins et les voies de Dieu envers Israël ne dépassent jamais le règne de paix, et ne précisent pas qu’il se limitera à mille ans.
Nous avons ici le résultat de ce qui est annoncé en Aggée 2, où il est dit : « Car, ainsi dit l’Éternel des armées : Encore une fois, ce sera dans peu de temps, et j’ébranlerai les cieux et la terre, et la mer et la terre sèche ; et j’ébranlerai toutes les nations. Et l’objet du désir de toutes les nations viendra » (v. 6, 7). Lorsque le Seigneur Jésus viendra pour établir son règne, d’énormes bouleversements atteindront le monde. Tous les incrédules de la terre disparaîtront et Satan sera lié pour mille ans (Matt. 25:31-46 ; Apoc. 20:1-3). La terre actuelle présentera un aspect entièrement nouveau, et le Seigneur Jésus en sera le centre. Le ciel aussi sera purifié, le diable et ses anges ayant été préalablement chassés de là (Apoc. 12:7-9 ; cf. Luc 19:38).
Dans ce passage d’Ésaïe, il ne s’agit donc pas encore de la nouvelle création, qui subsistera éternellement, mais de la création actuelle moralement purifiée pour le Millénium. Il est facile de comprendre que, dans ce glorieux état de choses, le triste passé sera oublié (v. 16 et 17).
Selon les desseins de Dieu, la nouvelle création sera introduite progressivement. Chaque croyant peut savoir déjà maintenant que « si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5:17). Il possède la vie nouvelle, éternelle, mais son corps appartient encore à l’ancienne création, jusqu’à ce que le Seigneur Jésus vienne, lui « qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses » (Phil. 3:21). Cet assujettissement de toutes choses à la seigneurie de Christ commencera dans le règne de mille ans, l’ancienne création étant la scène de son gouvernement de paix et de justice. Cette domination sera fondée alors sur l’exercice du jugement, mais dans l’éternité, elle prendra le caractère de l’administration de la bénédiction divine pour tous les hommes (32:1 ; 2 Pierre 1:11). Seulement après le Millénium se réalisera ce que Pierre annonce : « Les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement » (2 Pierre 3:10, 12 ; cf. Apoc. 20:11). Par conséquent, la nouvelle création sera complète lorsque de nouveaux cieux et une nouvelle terre seront formés, dans lesquels la justice habitera (2 Pierre 3:13 ; Apoc. 21:1).
Dans le Millénium, au lieu de l’affliction et du gémissement, le peuple d’Israël connaîtra la joie et l’allégresse sans fin, en raison de ce que Dieu aura opéré [créé] pour eux (*). La ville de Jérusalem, autrefois foulée aux pieds, sera un lieu de jubilation et ses habitants seront remplis de joie (v. 18). Aujourd’hui, celui qui croit au Seigneur Jésus peut « se réjouir d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1:8), une joie qui n’a pas de fin non plus. Dans la parabole du fils prodigue, nous lisons : « Et ils se mirent à faire bonne chère » (Luc 15:24), et il n’est pas parlé d’une fin de cette joie. Lors de la venue du Seigneur, ses esclaves entreront pour toujours « dans la joie » de leur Maître (Matt. 25:21 ; cf. Phil. 4:4).
(*) En hébreu « bara », créer, comme en Gen. 1:1. On trouve ce mot en Ésaïe plus souvent que dans tous les autres livres de l’Ancien Testament, et ici pour la dernière fois (4:5 ; 40:26, 28 ; 41:20 ; 42:5 ; 43:1, 7, 15 ; 45:7, 7, 8, 12, 18, 18 ; 48:7 ; 54:16, 16 ; 57:19 ; 65:17, 18, 18).
Dieu aussi s’égaiera sur Jérusalem et se réjouira en son peuple Israël (v. 19). Il n’y aura plus aucune lamentation, plus aucun cri de douleur (cf. 30:19 ; 62:5 ; Soph. 3:17).
Au temps du Millénium, ni les petits enfants ni les vieillards n’auront à connaître la maladie ou la mort (v. 20). Les prophéties concernant la guérison des maladies auront alors leur plein accomplissement (53:4 ; 58:8). Les guérisons opérées par le Seigneur Jésus pendant sa vie ici-bas étaient un avant-goût de ce qui se réalisera par sa puissance et sa gloire dans ce temps futur. Elles font partie, selon Hébreux 6:5, des « miracles du siècle à venir », c’est-à-dire du Millénium. Pour autant que nous puissions le savoir, aucun croyant ne mourra en ce temps-là (*). Les hommes atteindront un âge encore plus avancé qu’avant le déluge, car même Methushélah, l’homme le plus âgé dont la Bible nous parle, n’a atteint que 969 ans (Gen. 5:27). Ceux qui, à l’apparition de Christ, sont introduits dans le Règne millénaire, vivront pendant mille ans sur la terre (voir Ps. 92:14-15 ; 103:5).
(*) Après la dernière phase de la « première résurrection », au début du Millénium (Apoc. 20:6 ; comp. 1 Cor. 15:20-24), nous ne lisons rien concernant une nouvelle résurrection de croyants. Comme les croyants vivants lors de l’enlèvement, les croyants du Millénium seront transmués à la fin, pour être introduits dans l’état éternel. Par contre, ceux qui seront morts pendant le Millénium comparaîtront devant le grand trône blanc, comme les autres incroyants, pour recevoir la sentence de condamnation éternelle (Apoc. 20:11-15). En feront aussi partie ceux que Satan aura égaré à la fin du Millénium, et qui seront consumés par le feu du ciel (Apoc. 20:7-9).
Alors comment comprendre ce qu’il est dit ici : « Le jeune homme mourra âgé de cent ans, et le pécheur âgé de cent ans sera maudit » ? Puisque le diable sera lié pendant ces mille ans, il n’y aura plus de tentation extérieure conduisant au péché. Ceux qui pécheront seront des incrédules (*). Seuls les croyants peupleront la terre au début du règne, et ils se multiplieront extrêmement (49:19 ; 54:1-3 ; Matt. 25:34). Leurs descendants qui ne viendront pas à la foi — et se soumettront à Christ de manière extérieure — n’auront rien à souffrir aussi longtemps qu’ils ne pécheront pas contre lui (Ps. 18:44 ; 66:3 ; 81:15). Mais s’ils pèchent, ils seront mis à mort (cf. 66:24 ; Ps. 101:5-8). Relativement à la longévité générale, de tels cas seront l’exception, puisqu’un centenaire jugé parce qu’il a péché est appelé « jeune homme ». Ce verset 20 prouve de manière évidente que tout le passage ne parle pas de l’éternité, mais du temps du règne millénaire. Sur la nouvelle terre et dans les nouveaux cieux, il n’y aura ni jugement ni mort (Apoc. 21:4).
(*) Le fait que, dans le règne millénaire des hommes pèchent sans avoir pu être sujets à une tentation d’origine extérieure, prouve définitivement la vérité de l’enseignement biblique si fortement combattue aujourd’hui, à savoir que l’homme est par nature pécheur et inaméliorable. Ce n’est que par la conversion et la nouvelle naissance qu’il peut recevoir de Dieu, une vie nouvelle qui est sans péché.
Dans la loi, l’Éternel avait annoncé à Israël de terribles malédictions s’il s’écartait de ses commandements, et de tels jugements sont tombés bien des fois sur le peuple infidèle (Deut. 28:30, 33). En contraste avec cela, dans le Millénium, « ils bâtiront des maisons et les habiteront,… ils planteront des vignes et en mangeront le fruit » (v. 21). À l’intérieur, aucun danger, à l’extérieur, aucune guerre ne viendront troubler la paix dont les élus de Dieu jouiront. Personne ne les dépouillera du produit de leur travail. Leur vie sera semblable à celle des arbres, dont la longévité atteint des siècles, et ils pourront, avec leurs descendants, jouir longtemps et en paix du fruit de leur travail (v. 22, 23). C’est véritablement un état de choses merveilleux, comme il n’y en a jamais eu sur la terre depuis les jours du jardin d’Éden. Malgré tous les efforts des nations pour faire régner la justice et la paix, et particulièrement dans ces dernières décennies, le monde semble ne jamais avoir été aussi éloigné de ce but. Ah ! si seulement les hommes reconnaissaient que la vraie justice et la vraie paix ne peuvent venir que de Dieu ! C’est ce qu’il donne déjà maintenant à tous ceux qui croient en son Fils. Dans le règne millénaire ce sera la part de tous les vivants.
Comme pour souligner encore une fois qu’il s’agit bien ici d’une description du Millénium, les deux derniers versets mentionnent deux choses qui, dans la première partie du livre, sont sans équivoque dans le contexte du règne de paix. L’unité du livre d’Ésaïe est ainsi confirmée par une concordance presque littérale.
Au verset 24, Dieu promet à son peuple qu’il répondra à leurs prières avant qu’elles soient exprimées, et qu’il les exaucera pendant qu’ils parlent encore. Il est déjà dit quelque chose de semblable au ch. 30 : « Aussitôt qu’il l’entendra, il te répondra » (v. 19) — promesse en rapport avec le pardon futur de Sion.
Encore plus frappante est la concordance du verset 25 avec les versets 6 à 9 du ch. 11, un des passages les plus connus concernant le Millénium. Là le Roi est au centre, ici son peuple élu. Les deux passages décrivent le changement complet des conditions naturelles sur la terre, caractérisées désormais par la paix. Au ch. 11, on voit aussi la fin de l’inimitié entre l’homme et l’animal, mais ici on ne trouve que la cohabitation pacifique dans chacun des deux domaines, celui du monde animal et celui de la société humaine. D’une part : « Le loup et l’agneau paîtront ensemble, et le lion mangera de la paille comme le bœuf » ; d’autre part : « On ne fera pas de tort, et on ne détruira pas sur toute ma montagne sainte ».
Toutefois le jugement prononcé par Dieu sur le serpent demeurera. Satan s’étant servi de lui pour séduire Éve, Dieu lui avait déclaré : « Parce que tu as fait cela, tu es maudit par-dessus tout le bétail et par-dessus toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie » (Gen. 3:14). Le fait que la poussière soit encore la nourriture du serpent est un des indices montrant que le péché ne sera pas entièrement aboli dans le Millénium. Il en est de même du fait que les marais et les étangs qui bordent la mer Morte — là où a eu lieu le châtiment sur Sodome et Gomorrhe — ne seront pas assainis (Ézéch. 47:11).
La fin du livre d’Ésaïe comporte une vue d’ensemble de la période précédant le règne millénaire, de la venue du Messie, et de la manière dont Il s’occupera d’Israël et des nations. Pour faire ressortir toute la gravité des prophéties finales, on trouve dans ce chapitre douze fois la mention de la Parole de Dieu (plus exactement, de l’Éternel), plus souvent donc que dans aucun autre chapitre de ce livre (*).
(*) Deux fois il est mis spécialement l’accent sur « ainsi dit l’Éternel » (v. 1 et 2 ; voir 42:5), 7 fois « dit l’Éternel » (v.2, 9, 17, 20, 21, 22, 23 — aux v. 17 et 22 c’est plus exactement « dit l’Éternel » au passé et non au présent), une fois « dit Dieu » (v. 9), une fois « parole de l’Éternel » (v. 5), une fois « voix de l’Éternel » (v.6).
Après l’enlèvement de l’Église commencera la dernière des 70 semaines d’années dont parle le prophète Daniel (Dan. 9:27). En ce temps-là, les Juifs incrédules recevront l’Antichrist et concluront une alliance — principalement contre l’ennemi du Nord — avec l’empire romain, auquel ils seront unis dans l’apostasie (cf. 28:15 ; Dan. 9:27 ; Jean 5:43). Le temple à Jérusalem sera reconstruit et les sacrifices seront de nouveau offerts, mais la Bible ne dit rien de bon au sujet de ce temple. Après la première moitié de la semaine, c’est-à-dire après trois ans et demi, le chef de l’empire romain fera cesser les sacrifices et l’Antichrist s’assiéra dans le temple pour y recevoir l’adoration de la part du peuple, comme s’il était Dieu (Dan. 9:27 ; Matt. 24:15 ; 2 Thes. 2:3, 4) (*).
(*) La deuxième moitié de la dernière semaine n’est pas seulement mentionnée dans le livre de Daniel, mais elle l’est souvent dans l’Apocalypse (« moitié de la semaine », Dan. 9:27 ; « 42 mois », Apoc. 11:2 ; 13:5 ; « 1260 jours », Apoc. 11:3 ; 12:6 ; « un temps, des temps et une moitié de temps », Dan. 7:25 ; Apoc. 13:14).
C’est sur cet arrière-plan qu’il faut lire la déclaration de l’Éternel qui ouvre le chapitre : « Les cieux sont mon trône, et la terre le marchepied de mes pieds… » (66:1 ; cf. Matt. 5:34, 35). Salomon avait bien conscience que le temple qu’il avait construit correspondait peu à la grandeur de Dieu et à sa vraie nature ; pourtant, Dieu avait pleinement reconnu cette maison (2 Chron. 6:18 ; 7:1).
Il en est tout autrement ici. Dieu doit reprocher aux Juifs apostats, qui auront rebâti le temple selon leur propre volonté et leurs propres sentiments religieux, que leur œuvre n’a pas de valeur : « Quelle est la maison que vous me bâtirez, et quel est le lieu de mon repos ? » Peu après leur rejet définitif du Messie, les chefs des Juifs ont déjà dû entendre cette parole citée par Étienne (Act. 7:48-50). Maintenant que l’apostasie est à son point culminant, il est rappelé que le plus beau temple et le service divin le plus somptueux sont sans valeur si les cœurs sont caractérisés par l’incrédulité et l’idolâtrie (cf. Ps. 50:7-22).
Comme nous l’avons déjà vu au chapitre précédent (65:8-16), il y a, à côté de la grande partie du peuple juif apostat, un petit résidu croyant. Ils peuvent être méprisés et se sentir abandonnés, mais Dieu regarde avec satisfaction « à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à sa parole » (66:2 ; cf. 66:5 ; Ps. 34:18 ; 51:17). Celui qui est « haut élevé et exalté » n’habite pas seulement « le lieu haut élevé et saint », c’est-à-dire le ciel, mais aussi « avec celui qui est abattu et d’un esprit contrit » (57:15). Cela était réalisé en perfection par le Seigneur Jésus sur la terre, lui qui pouvait désigner son corps comme étant un temple (Jean 2:21). C’est vrai aussi pour celui qui croit en lui (1 Cor. 6:19). Devient un « temple du Saint Esprit » celui qui, dans la repentance, se reconnaît devant Dieu comme un pécheur perdu et croit à l’évangile de sa grâce.
Lorsque Dieu ne pourra pas reconnaître comme Sa maison le temple que bâtiront les Juifs (certes religieux extérieurement, mais en réalité apostats), les sacrifices qui Lui seront alors offerts là Lui seront en horreur. Ceux-ci pourront bien paraître extérieurement tout à fait en ordre, mais lorsque l’état du cœur de ceux qui offriront ces sacrifices sera caractérisé par la volonté propre, l’hypocrisie et l’orgueil, Dieu ne pourra que les avoir en abomination. Celui d’entre eux qui apportera un sacrifice important, et à cet effet égorgera un bœuf, sera à Ses yeux comme quelqu’un qui frappe un homme, — celui qui sacrifiera un agneau sera semblable à quelqu’un qui brise la nuque d’un chien, — celui qui offrira un gâteau, sera comme quelqu’un qui offrira du sang de porc, — celui qui fera fumer de l’encens sera comme celui qui bénit une idole (66:4). Selon la loi, les chiens et les porcs sont des animaux impurs (Lév. 11:7 ; Deut. 23:18). Tout ce que ces hommes endurcis peuvent appeler des sacrifices, ne sera rien d’autre qu’une idolâtrie abominable. Pour bien comprendre cela, il est nécessaire de connaître les ordonnances légales de l’Ancien Testament relatives aux sacrifices et à la pureté, et de savoir comment Dieu veut être sanctifié dans ceux qui s’approchent de Lui (66:3 ; voir Lév. 10:3).
Souvent, en considérant les égarements religieux, on excuse les gens en disant qu’ils ont été élevés là-dedans et qu’ils ne connaissent rien de mieux. Dieu parle cependant d’une toute autre manière. S’il s’agit de l’idolâtrie répandue en tant d’endroits de la terre, ou comme ici, de l’état du peuple terrestre de Dieu, chaque homme, selon le jugement de Dieu, est pleinement et totalement responsable de ses actes et des conséquences éternelles qui s’ensuivent. Au sujet des nations qui s’adonnent à l’idolâtrie, Dieu dit ceci : « … parce que, ayant connu Dieu, ils ne le glorifièrent point comme Dieu, ni ne Lui rendirent grâces ; mais ils devinrent vains dans leurs raisonnements, et leur cœur destitué d’intelligence fut rempli de ténèbres… qui, ayant connu la juste sentence de Dieu, que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort, non seulement les pratiquent, mais encore trouvent leur plaisir en ceux qui les commettent » (Rom. 1:21,32). Au sujet de Son peuple terrestre, Sa sentence est ici la suivante : « comme ils ont choisi leurs propres chemins et que leur âme a pris plaisir à leurs choses exécrables [dont le sommet est l’antichrist], moi aussi je choisirai leurs calamités, et je ferai venir sur eux ce qu’ils craignent » (66:3 et 4). Dans les différentes époques de l’histoire du monde, le Dieu de grâce s’est révélé Lui-même et a fait connaître le chemin du salut dans Sa Parole. C’est par elle que la responsabilité de chacun est déterminée. Celui qui choisit son propre chemin indépendamment de la volonté de Dieu, sera un jour amené à Lui en rendre compte et châtié en conséquence.
Une fois de plus, Dieu se souvient qu’Il a appelé son peuple avec tout son amour et avec solennité, mais sans recevoir de réponse ; Il se souvient qu’Il leur a parlé par ses prophètes, puis par Jean le Baptiseur, et finalement par ses témoins du temps de la fin, sans qu’ils aient écouté (voir Mal. 3:1 ; 4:5 ; Matt. 24:14 ; Apoc. 11:3 et suiv.). Au contraire, ils n’ont pas cessé de mal faire et de se choisir ce qui Lui est en abomination. On retrouve presque les mêmes paroles qu’au ch. 65:12b, mais, tandis que dans ce dernier verset, Dieu s’adresse encore directement à la partie apostate du peuple en utilisant le pronom « vous », ici Dieu parle comme à distance, seulement à la troisième personne (« ils » : 66:3b-4).
En contraste avec cela, le résidu fidèle « qui tremble à Sa parole » est encouragé par l’appel du prophète à écouter le parole de l’Éternel (comp. 66:2b). Le petit groupe qui croit en Dieu et attend le Messie aura à souffrir en ce temps-là de terribles hostilités de la part des partisans de l’antichrist (Matt. 24:9-22). Cela se traduira à la fois par des moqueries, du mépris et des persécutions. La situation et les sentiments du résidu sont décrits dans le deuxième livre des Psaumes par des expressions qui touchent le cœur. Leurs ennemis qui seront en fait leurs frères dans la mesure où ils appartiennent au même peuple, les haïront à cause du nom de l’Éternel et les repousseront, et leur diront en se moquant : « Que l’Éternel soit glorifié afin que nous voyions votre joie » (66:5c ; Ps. 42:3, 10). Ils écarteront avec mépris la possibilité d’une intervention de Dieu et se moqueront de l’espérance candide qu’ils mettront en Lui. Au vu d’un tel endurcissement, aucune grâce n’est plus possible. La sentence prononcée est « mais eux, ils seront confus » (66:5d). En premier lieu, Dieu enverra l’Assyrien comme verge de discipline ; il dévastera la ville et le temple malgré leur alliance avec l’empire romain ; beaucoup de Juifs mourront à cette occasion (66:5-6 ; 28:14-22). Alors, comme un voleur dans la nuit (*), le Seigneur Jésus apparaîtra soudain de manière inattendue (Mal. 3:1-3 ; 1 Thes. 5:2 et suiv.). Certes Il viendra d’abord pour anéantir l’armée assyrienne ainsi que la puissance réunie de l’antichrist et de l’empire romain, mais ici il s’agit du jugement sur les Juifs impies. Sa venue produira un tumulte dans la ville de Jérusalem. La voix de l’Éternel retentira du temple (**), et Il rendra leur récompense à Ses ennemis — expression qui désigne les Juifs apostats (66:6 ; 40:10).
(*) L’image de la venue du Seigneur comme un voleur dans la nuit est toujours une image de Son apparition en gloire, non pas de Sa venue pour enlever l’Église.
(**) Il est difficile de dire si la « voix du temple » (66:6) se réfère au temple terrestre ou au temple céleste. Le temple à Jérusalem est détruit par les Assyriens d’après 63:18 et 64:11,12, tandis que le nouveau temple, celui qu’Ézéchiel décrit au ch. 40 et suivants, n’est pas encore bâti. D’après Jér. 25:30, l’Éternel « rugira d’en haut, et de sa demeure sainte, Il fera entendre sa voix ; Il rugira, Il rugira contre son habitation », et lorsque la septième coupe de la colère est versée, il sort « du temple du ciel, une grande voix procédant du trône et disant : c’est fait ! » (Apoc. 16:17). Il est toutefois possible que « la voix [venant] du temple » ne se réfère pas à l’édifice, mais au lieu saint où le temple se trouvait et se tiendra plus tard.
Un tout autre tableau apparaît ensuite devant les yeux du lecteur. Comme dans les chapitres précédents et dans d’autres livres prophétiques, le peuple terrestre de Dieu, représenté par Sion, son centre, est vu sous la figure d’une femme. Cette image parle d’une relation étroite, mais particulièrement de l’amour de Dieu pour Israël, bien que souvent le peuple n’y ait pas répondu. C’est pourquoi il l’a abandonné. Cependant il le recevra de nouveau au temps de la fin. La restauration de la partie croyante du peuple est alors décrite avec l’expression d’une grande joie.
Sans transition, le passage commence par les mots : « Avant qu’elle ait été en travail, elle a enfanté ; avant que les douleurs lui soient venues, elle a donné le jour à un enfant mâle » (66:7). Pour la dernière fois, le prophète attire l’attention de son peuple sur la venue du Messie, dont découle toute bénédiction. Déjà au ch. 9, il a annoncé, tout aussi abruptement, le « fils » que Dieu a « donné », en rapport avec le jugement qui va s’exécuter (66:6, 7). Ce « fils » né avant les douleurs de l’enfantement est le Seigneur Jésus. Cela est confirmé en Apoc. 12:1-5, où nous voyons Israël sous la figure d’une femme qui donne naissance à un enfant, à « un fils mâle ». Celui qui paraîtra un jour en puissance et en gloire est le même que celui qui est venu sur la terre dans l’abaissement, bien longtemps avant les tribulations de son peuple. Le « travail » et les « douleurs » de l’enfantement sont une figure de la grande tribulation que le peuple doit traverser (cf. 26:17 ; Matt. 24:8).
Le temps qui s’est écoulé entre la naissance du Seigneur et la tribulation est ici entièrement omis, car le mystère de Christ et de l’assemblée n’est pas révélé dans les prophéties de l’Ancien Testament. L’exclamation du prophète « Qui a entendu une chose pareille ? Qui a vu de telles choses ? » (66:8) peut se rapporter aussi bien à ce qui précède qu’à ce qui suit, où le prophète décrit la naissance d’un nouveau peuple. « Pays » signifie ici, comme en Juges 18:30, la population du pays d’Israël. Elle est vue comme une « nation » née « en une fois ». Normalement il faut des siècles pour qu’un peuple naisse d’une famille, mais ici un peuple existant depuis longtemps est reconnu tout d’un coup par Dieu — reconnu comme étant son peuple. C’est l’accomplissement des paroles du prophète Osée : « Et je la sèmerai pour moi dans le pays, et je ferai miséricorde à Lo-Rukhama, et je dirai à Lo-Ammi : Tu es mon peuple, et il me dira : Mon Dieu » (Osée 2:23).
Il est vrai qu’avant cela les Juifs seront déjà rentrés au pays, mais dans l’incrédulité (cf. És. 18 ; Ézéch. 37). La condition pour que le peuple soit reconnu de Dieu n’est pas le retour au pays des pères, mais le retour à Dieu par la foi. C’est ce que le Seigneur Jésus enseignait à Nicodème quand il lui disait : « Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 3:3, 5, 7 ; cf. Ézéch. 36:24-32 ; 37:27).
Toutefois, ceci n’aura lieu qu’après l’enlèvement de l’Église, comme le montre Romains 11:25, 26 : « Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère-ci, afin que vous ne soyez pas sages à vos propres yeux : c’est qu’un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu’à ce que la plénitude des nations soit entrée ; et ainsi tout Israël sera sauvé ». Ce n’est qu’ensuite que Dieu renouera ses relations avec son peuple terrestre, d’abord par le jugement et la tribulation, puis, après l’apparition de Christ, par la réception du résidu croyant comme son peuple. Au point culminant de la tribulation, le Rédempteur viendra. Lors de l’apparition de Christ, le résidu croyant confessera le péché du peuple qui l’a rejeté, et le recevra comme Libérateur. Alors s’accompliront les paroles : « Aussitôt que Sion a été en travail, elle a enfanté ses fils » (v. 8). Il ne s’agit donc pas du tout des nations ici, mais du résidu des Juifs qui sera reconnu par Dieu. Avec le résidu des dix tribus, également de retour au pays, ils seront reçus comme étant « tout Israël » et entreront dans le royaume (cf. Rom. 9:27 ; 11:26).
Dans ces versets 7 et 8, il y a un unique travail d’enfantement, mais deux naissances. La première, la naissance avant les douleurs, est celle du Seigneur Jésus (« un enfant mâle », 66:7) ; la seconde, celle qui a lieu pour ainsi dire pendant les douleurs, est la résurrection spirituelle du peuple terrestre de Dieu (66:8 : « un pays », « une nation », « ses fils » ; cf. 8:18 ; 63:8).
L’accomplissement des deux prophéties — la naissance du Messie et la « nouvelle naissance » spirituelle du peuple d’Israël — peut paraître impossible pour l’entendement humain. L’incrédulité nie par conséquent les deux, parce qu’elle fait abstraction de Dieu. Mais de même qu’il a réalisé la première prophétie « quand l’accomplissement du temps est venu », Dieu réalisera aussi la seconde à la « consommation du siècle » (Gal. 4:4 ; Matt. 24:3). Quand son temps est là, rien ni personne ne peut l’empêcher d’accomplir ses desseins (66:9). Pourrait-il laisser commencer le processus de la naissance et ne pas l’achever, ou même empêcher la naissance ? Impossible ! Il est l’Éternel et le Dieu d’Israël, et il accomplira en son temps tout ce qu’il s’est proposé.
Tous ceux qui aiment Jérusalem sont appelés à se réjouir avec elle de ce que Dieu a de nouveau reçu son peuple et sa ville (66:10). Ce ne sont pas les moqueurs qui ont finalement raison, mais ceux qui étaient les objets de leur raillerie, auxquels ils disaient avec ironie au temps de la tribulation : « Que l’Éternel soit glorifié, et que nous voyions votre joie ! » (cf. 66:5).
Tous ceux qui ont mené deuil sur Jérusalem sont maintenant consolés (cf. Matt. 5:4). Cette consolation a un caractère tout particulier. Ce n’est pas simplement des paroles d’encouragement dans la tristesse, pour aider à supporter des circonstances qui ne peuvent être changées. Ici les souffrances et les persécutions du résidu sont à jamais finies et le deuil est passé. La consolation consiste en une situation entièrement changée, et même en une personne : le Seigneur Jésus, « la consolation d’Israël » (Luc 2:25 ; cf. Es 40:1-5). Pour les Juifs croyants, son apparition sera la fin de toutes les souffrances, de même que sa venue pour nous chercher mettra fin, auparavant, à toutes les nôtres.
Présentée comme une femme et comme une mère, la ville de Jérusalem, maintenant richement bénie, allaite ses enfants, c’est-à-dire la partie croyante du peuple. Elle les rassasie « du sein de ses consolations », afin qu’ils puissent se délecter de l’abondance de sa gloire (66:11). En quoi consiste la gloire de Sion ? C’est ce qui résulte de la bénédiction de Dieu (60:1, 2 ; 62:2). Il étend sur elle sa paix comme une rivière et la gloire des nations comme un torrent débordant, et elle transmet avec joie ce qu’il lui donne de cette manière (66:12). Puisque les bénédictions d’Israël pendant le règne millénaire se réalisent sur la terre, elles comprennent des bienfaits matériels aussi bien que spirituels. Ces derniers viendront directement de Dieu, les premiers lui seront apportés par les nations — les uns et les autres dans une mesure inépuisable, à savoir « comme une rivière » et « comme un torrent qui se déborde » (cf. 60:5, 13, 16 ; 61:6). Les nations n’apporteront pas seulement leur gloire au peuple de Dieu, mais aussi leur aide et leur affection (cf. 49:22 ; 60:4).
La ville de Jérusalem est présentée comme la mère qui consolera son peuple. Mais l’Éternel lui-même aussi le fera : « Comme quelqu’un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai » (v. 13) — image pleine de tendresse et de beauté ! L’Éternel est le père de son peuple (63:16 ; 64:8), et de plus il l’aime et le console comme une mère. Ceux qui rentrent au pays, portés sur ses bras d’amour, peuvent maintenant se sentir pour toujours à la maison dans Jérusalem.
Ils contempleront avec émerveillement tout ce que leur Dieu a préparé pour eux (66:14). Leur cœur s’en réjouira, et ils jouiront corps et âme de sa riche bénédiction. « L’herbe » n’est pas ici une figure de la faiblesse humaine comme au ch. 40 (v. 8), mais de la vitalité accordée par Dieu (cf. 58:11 ; Ps. 92:12-15). « La main de l’Éternel », qui a donné à boire à Jérusalem la coupe de sa fureur, mais lui a aussi apporté la délivrance, sera connue de ses serviteurs à tous égards (cf. 40:1 ; 51:17). En même temps, sa sollicitude pour Jérusalem et pour son peuple met en lumière la différence entre « ses serviteurs » et « ses ennemis » — ceux qui sont les objets de sa colère (cf. Mal. 3:17:18 ; Matt. 13:30).
Ce qui a été exprimé à la fin du verset 14 est maintenant arrivé à son accomplissement. La fureur de l’Éternel contre ses ennemis se révélera en jugement. Le feu dans la Bible, est le symbole de la sainteté de Dieu qui consume tout, et qui s’exerce ici en jugement sur les pécheurs (comp. 10:17 ; 33:14). Ses « chars comme un tourbillon » témoignent de Sa majesté et de Sa puissance. Autrefois, Il fit intervenir un char et des chevaux de feu pour enlever au ciel son prophète Élie dans un tourbillon (2 Rois 2:11). À présent, le Seigneur Jésus apparaît Lui-même, afin de rendre l’ardeur de Sa colère sur ses ennemis (66:15 ; Ps. 83:14-16). C’est à Lui que Dieu a donné tout le jugement, parce qu’Il est le Fils de l’homme (Jean 5:22,27).
Ce n’est pas seulement son feu, mais aussi son épée qui va exercer un jugement sans pitié (66:16). En Apoc. 19:15,21, on voit l’épée qui sort de la bouche du Seigneur Jésus, — une image de la Parole qu’Il prononce (comp. 11:4 ; Soph. 3:8 ; 2 Thes. 2:8). Ce sera un événement prodigieux lorsqu’Il fera son apparition accompagné de Ses anges et de tous les saints, afin d’exercer le jugement sur la terre (2 Thes. 1:7-10 ; Jude 14, 15 ; Apoc. 19:11-16). « Toute chair » — c’est à dire l’humanité toute entière dans la mesure où elle se dressera contre Lui à Son apparition — sera alors atteinte, mais en premier lieu les armées de l’Antichrist et de l’Empire romain. « Les tués de l’Éternel seront en grand nombre » (66:16 ; comp. Apoc. 14:20 ; 19:17,18) (*).
(*) Il s’agit ici des jugements qui s’exerceront en relation directe avec l’apparition de Christ. Ce n’est qu’après le début du règne millénaire, lorsque la paix sera déjà introduite, que Gog, en tant que dernier assaillant, sera anéanti (Éz. 38 et 39 ; voir en particulier 38:10-14).
Au verset 17, la raison essentielle du jugement divin est précisée. Il s’agit de l’idolâtrie à laquelle le peuple s’est adonné (comp. 42:17 ; 45:16 ; 57:1-14). Les « jardins » dans lesquels les offrandes faites aux idoles étaient apportées, ont été déjà vus aux ch. 1:29 et 65:3, et « la chair de porc » et « les choses exécrables » ont été vues au ch. 65:4 (« choses impures »). Ici, en plus, sont mentionnées les « souris », lesquelles selon la loi, ne devaient pas davantage être mangées que le porc et les autres nourritures impures (Lév. 11:7, 29, 41). Combien doit être terrible aux yeux de Dieu, ce mélange des pires idolâtries, avec le service du temple rétabli ! Tout tourne en réalité autour de cette personne « seule qui est au milieu », à savoir l’Antichrist. Cet « homme de péché, le fils de perdition » (2 Thes. 2:3) est tellement abominable qu’à l’apparition de Christ, il sera jeté vivant dans l’étang de feu, avec le chef de l’Empire romain (Apoc. 19:20). Après les principaux responsables, leurs adeptes seront tués par l’épée qui sort de sa bouche. « Ils périront tous ensemble » (66:17 ; Apoc. 19:21).
Dieu, qui connaît le cœur de tous les hommes, ne voit pas seulement les actes, mais aussi les pensées de ceux qui se sont détournés de Lui (voir 1 Rois 8:39). C’est bien la signification de la phrase grammaticalement incomplète : « Et moi — leurs actes et leurs pensées… » (66:18a ; = « leurs actes et leurs pensées… [sont devant moi] »). Nous avons vu Son jugement sur eux dans les versets précédents.
Mais il y a encore un autre côté. Après les jugements sur Ses ennemis, Il se tournera en grâce vers tous les peuples. Même si les grandes armées seront anéanties, il restera encore beaucoup de gens dans les pays, qui n’auront pas participé aux déploiements guerriers contre le Seigneur Jésus, et qui n’entendront parler de Lui qu’après Son apparition. Ceux qui parmi eux, croiront en Lui, seront introduits dans les bénédictions du règne de paix. Cela concerne en particulier d’entre le peuple d’Israël le résidu provenant des dix tribus, et d’entre les nations ceux qui habitent loin. Il va les « rassembler… et elles viendront et verront ma gloire » (66:18b).
Le point de départ de ces opérations sera un « signe miraculeux » que Dieu accomplira à l’égard de Son peuple, et partant de là, vers tous les hommes (66:19a). Le mot utilisé ici (en hébreu : oth, = signe, signe miraculeux, signe mémorable) se trouve pour la première fois en Ésaïe 7:11, lors de l’annonce du signe constitué par la naissance de Christ d’une vierge. Ici, pour la dernière fois où de ce mot apparaît, nous pouvons penser à la seconde venue de Christ sur la terre en accord avec Matt. 24:30, où la venue de Christ en gloire est appelée le « signe du Fils de l’homme » (comp. tout le passage de Matt. 24:27-31). Sans doute, après ce « signe miraculeux », il y aura tout d’abord un jugement impitoyable sur tous les adversaires de l’Éternel, tant des nations que du peuple juif. Mais les « réchappés » d’entre eux, c’est-à-dire ceux qui feront partie du résidu croyant, seront envoyés par Dieu aux peuples lointains qui n’auront pas encore entendu parler de Ses actes grandioses ; ayant été témoins de ces actes, ils auront mission d’annoncer la gloire de l’Éternel (66:19 ; comp. 66:18). La teneur de leur prédication correspondra aux paroles du Ps. 2:10-12.
Les indications d’ordre géographique reposent, bien sûr, sur les connaissances de l’époque : Tarsis était située à l’extrémité ouest de la Méditerranée, probablement en Espagne ; Pul (qui n’apparaît qu’ici) et Lud en Afrique du Nord correspondent au sud et au sud-ouest ; Tubal vers la Mer noire et Javan (la Grèce) correspondent au nord, et les « îles lointaines » sont peut-être à rechercher à l’est (comp. Gen. 10:2, 4, 13).
Alors les convertis d’entre les nations (voir Soph. 3:9) « amèneront tous vos frères, d’entre toutes les nations en offrande à l’Éternel » (66:20). Puisque ceux auxquels le verset 20 s’adresse appartiennent au résidu croyant des Juifs, il faut comprendre par leurs « frères », ceux qui appartiennent aux dix tribus, qui ne reviendront qu’après l’apparition de Christ (Éz. 20:34-38 ; comp. Matt. 24:31). Ils seront en effet tirés de tous les pays, mais avant leur entrée dans le pays, ils seront passés au crible par Dieu, ce qui aura pour effet de séparer les rebelles et les apostats, et de faire que ceux-ci n’entrent pas dans le pays. Par contre, le résidu juif aura déjà été épuré auparavant dans le pays même, durant la grande tribulation (Matt. 24:15-38).
Tous les moyens de transport imaginables et disponibles seront utilisés pour ramener le peuple. « Les chevaux, les chars, les voitures, les mulets et les dromadaires [en hébreu : kirkarot (*)] » se réfèrent aux différents moyens de transport connus au temps d’Ésaïe.
(*) Le substantif kirkara (au pluriel kirkarot), qui ne se trouve qu’à cet endroit de la Bible, signifie en hébreu moderne : fiacre, taxi.
Ceux qui rentreront seront apportés « comme offrandes à l’Éternel », ce qui présuppose que les rapatriés retourneront aussi intérieurement à l’Éternel, avec repentance et foi à leur Dieu (comp. 18:7 ; Soph. 3:10). De même que, selon les pensées de Dieu, les Israélites devaient apporter au temple l’« offrande de gâteau » (en hébreu : mincha) dans un vase pur, les croyants des dix tribus seront alors apportés par les croyants des nations comme « offrande » (en hébreu : mincha, c’est-à-dire le même mot) à Jérusalem et à la montagne sainte de Dieu, c’est-à-dire au temple (66:20 ; comp. 27:13). — De manière similaire, l’apôtre Paul désigne les hommes qui sont venus à la foi par sa prédication de l’évangile, comme étant « l’offrande des nations », qu’il présente à Dieu d’une manière digne, comme sacrificateur (Rom. 15:16). Or dans le temps actuel, Jérusalem n’est pas le lieu où l’on adore Dieu, mais les vrais adorateurs ont à adorer le Père en esprit et en vérité (Jean 4:21-24).
Bien que ces Israélites aient été disséminés parmi les nations pendant des millénaires depuis la captivité assyrienne, cependant l’Éternel fera sortir du milieu d’eux ceux qui appartiennent aux familles de sacrificateurs et de lévites, et Il les adjoindra aux serviteurs de Son sanctuaire terrestre qui se trouvent déjà dans le pays (66:21 ; comp. 61:6).
Si le peuple purifié craint que, peut-être, cet état glorieux ne dure pas longtemps, parce que dans le passé il n’a que trop souvent rencontré la guerre et la captivité, il sera alors complètement apaisé par les paroles qui suivent. Aussi sûrement que subsisteront les nouveaux cieux et la nouvelle terre que l’Éternel créera, aussi sûrement le peuple qui se développera (« votre semence et votre nom ») subsistera (66:22). Non seulement la terre, mais aussi le ciel sera renouvelé, de manière que ce nouvel ordre de choses ne puisse pas être troublé, comme cela s’est produit lors de la chute due au péché, au jardin d’Eden.
Comme au ch. 65:17, la manière d’exprimer les choses montre ici aussi qu’il ne s’agit pas de l’état éternel. C’est ainsi que dans la nouvelle création, il n’y aura plus de nations, et par conséquent plus de peuple d’Israël ; mais il y aura seulement encore des « hommes » rachetés, parmi lesquels Dieu habitera (voir Apoc. 21:3). « Le nouveau ciel et la nouvelle terre » caractérisent l’état moral renouvelé de la création actuelle au temps du règne millénaire, lorsque le diable sera lié, et que le Seigneur Jésus règnera comme Roi de justice et de paix (66:22 ; Apoc. 20:2-4). Cette époque sera, à bien des égards, un avant-goût de la gloire éternelle, oui, une étape préalable vers cette gloire.
Le prophète Ézéchiel décrit le nouveau temple qui sera édifié à Jérusalem (Éz. 40-42). La gloire de l’Éternel reviendra là (voir Éz. 9-11 ; 43:2-5). Les sacrificateurs de la descendance de Tsadok (*) avec les lévites, recommenceront à exercer le service des sacrifices, sans doute à titre de souvenir de l’œuvre de Christ accomplie à la croix (Éz. 43:19 ; 44:15-31). Outre les sacrifices journaliers, des offrandes particulières seront apportées les jours de sabbat et de nouvelle lune (Éz. 45:17). La pâque également et la fête des tabernacles seront aussi célébrées. Lors de ces jours de fête, tous les hommes (« toute chair ») seront invités à se prosterner devant l’Éternel à Jérusalem (66:23 ; voir Éz. 45:21-25 ; Zach. 14:16 ; comp. Matt. 26:29).
(*) Tsadok descendant d’Éléazar et Abiathar descendant d’Éli, furent souverains sacrificateurs au temps de David et Salomon (2 Sam. 8:17). Tandis qu’Abiathar suivit la conjuration d’Adonija, Tsadok resta fidèle à Salomon (1 Rois 1:7 et suiv.). À la fois pour cette raison et pour accomplir la parole de l’Éternel prononcée au sujet d’Éli, le « roi de paix » Salomon bannit Abiathar et mis en place Tsadok comme souverain sacrificateur (1 Rois 2:26, 27, 35 ; 1 Sam. 2:31).
Cependant, l’état éternel de gloire parfaite ne sera pas encore atteint. La justice n’« habitera » pas encore dans le ciel et sur la terre, mais « un roi régnera en justice » (32:1 ; comparer à 2 Pierre 3:13). Sophonie dit au sujet de ce temps-là : « L’Éternel juste est au milieu d’elle ; il ne commet pas l’iniquité ; chaque matin, il met en lumière son juste jugement ; il ne fait pas défaut » (Soph. 3:5 ; comp. Ps. 89:15). Même si Satan sera lié pendant le règne de mille ans, et qu’aucune séduction ne pourra provenir de lui, cependant, pendant cette période, et en particulier à la fin, il y aura confirmation de la vérité que l’homme est méchant par nature et ne peut être amélioré. Les mille ans de riches bénédictions du règne de Christ qualifieront définitivement de mensonge l’opinion si répandue aujourd’hui selon laquelle l’homme est bon par nature et ne se corrompt qu’en raison de circonstances adverses.
Beaucoup d’hommes qui naîtront pendant cette période, ne se convertiront pas et se soumettront à l’Éternel « en dissimulant ». Ils le serviront de manière extérieure, mais resteront intérieurement loin de Lui (Ps. 2:12 ; 18:44 ; 66:3). À la fin du Millénium, sous la conduite de Satan, ils attaqueront le camp des saints et seront jugés par Dieu (Apoc. 20:7-10). Mais il y aura aussi des cas déjà pendant le règne millénaire, où les hommes pécheront contre le Seigneur et contre Dieu. Ces « impies du pays » seront mis à mort chaque matin (Ps. 101:8). Les cadavres de ceux qui auront abandonné Dieu, seront les preuves visibles de la domination juste de Christ et serviront d’exemples effrayants pour tous les autres. La mort de ces délinquants ne sera pas seulement temporaire, mais pour l’éternité : ils seront éternellement perdus, « car leur ver ne mourra pas, et leur feu ne s’éteindra pas ». Selon les paroles du Seigneur Jésus, ceci constitue la damnation éternelle, l’« enfer (*) de feu…, là où leur ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas ». Les tourments incessants, intérieurs et extérieurs, seront la part effroyable de ces hommes qui, après leur mort, continueront d’exister éternellement loin de la face de Dieu, d’abord en tant qu’âmes dans le hadès, puis en tant que corps et âme, après la résurrection de jugement et le jugement devant le grand trône blanc, dans l’étang de feu éternel qui est la seconde mort pour l’éternité (66:24 ; comp. Matt. 10:28 ; Marc 9:44,46,48 ; Luc 16:23 ; 2 Thes. 1:9 ; Apoc. 20:11-15).
(*) Le grec geenna (géhenne), dérive de l’hébreu Ge-Hinnom (« vallée de Hinnom » : Josué 15:8 ; Néhémie 11:30). Dans le Nouveau Testament, ce nom désigne le lieu des peines éternelles, l’enfer (par exemple en Matt. 5:22,29). La « vallée de Hinnom » qui se trouve à Jérusalem, ou « vallée du fils de Hinnom » (ou : des fils), est employée de manière équivalente à « Tophet » (Jér. 7:32 ; 19:6) et est désignée, en se référant à l’avenir, comme « vallée de la tuerie ». On dit que les ordures de la ville de Jérusalem y étaient brûlées dans un feu ardent continuel.
Ésaïe, l’« évangéliste parmi les prophètes » achève son livre (livre inspiré par l’Esprit Saint) avec l’annonce du jugement, comme Malachie le dernier des prophètes de l’Ancien Testament. À la fin de l’Apocalypse, Jean, le voyant, interrompt aussi l’annonce du retour du Seigneur et de la part bienheureuse des rachetés par des paroles d’avertissement : « Dehors sont les chiens et les magiciens et les fornicateurs et les meurtriers et les idolâtres, et quiconque aime et fait le mensonge » (Apoc. 22:15). Mais tandis qu’Ésaïe et Malachie terminent leurs prophéties avec l’annonce de jugements, le dernier livre du Nouveau Testament, qui est à la fois le grand livre prophétique du Nouveau Testament, peut s’achever avec le vœu suivant : « La grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec tous les saints » (Apoc. 22:21). Malgré l’immensité de la grâce de Dieu dans tous les âges de l’histoire du monde, il n’y a pas de part intermédiaire : pour chacun, c’est ou bien l’une ou bien l’autre.