1 CORINTHIENS ch. 3:1-5 — Les divisions dans l'assemblée

A.Remmers

Le travail pour la maison de Dieu (1)

Les Corinthiens, des chrétiens charnels : v.1-5

Paul revient maintenant sur le sujet des dissensions entre les Corinthiens, déjà abordé 91.12). En fait, il ne l'avait abandonné qu'en apparence, pour souligner seulement deux points importants :
- La sagesse humaine dont ils faisaient grand cas constitue un obstacle pour la foi (1.19; 2.5), et
- La sagesse divine n'est accessible qu'aux chrétiens spirituels (2.6-16).

Or, précisément, les Corinthiens ne se comportaient pas de manière spirituelle, mais charnelle. Certes, ils n'étaient plus des "hommes naturels, n'ayant pas l'Esprit" (Jude 19), car ils étaient sauvés par la grâce de Dieu et, comme tels, avaient reçu le Saint Esprit (Éph. 1.13). Mais au lieu de soumettre leur volonté à l'action de cet Esprit, ils se laissaient guider par des principes humains. Dès lors, Paul n'avait pas pu leur communiquer les profondeurs de la sagesse de Dieu.

L'homme naturel, l'homme spirituel et l'homme charnel

Nous trouvons donc ici les trois états possibles de l'homme devant Dieu :
- 1. L'homme naturel (2.14), irrégénéré, dépourvu de la connaissance et de l'intelligence des pensées de Dieu, est conduit par sa propre nature.
-2. L'homme spirituel possède le Saint Esprit et se laisse diriger par lui.
-3. Le croyant charnel ne vit pas selon la Parole de Dieu mais cède aux mouvements de la chair, selon sa première manière de vivre (Éph. 4.22), pour diriger ses pensées, ses paroles et ses actes. Ainsi, les Corinthiens étaient charnels, et non pas spirituels.

Les Corinthiens, de petits enfants en Christ

En accordant une telle place aux sentiments humains, les Corinthiens étaient encore de "petits enfants en Christ". C'est la position initiale de tout chrétien (1 Jean 2.12,13). Mais comme tout le corps naturel se développe, il existe aussi une croissance dans le domaine spirituel. Celle-ci faisant manifestement défaut chez les Corinthiens, Paul ne peut leur proposer d'autre nourriture que le lait, un aliment spirituel constitué des choses élémentaires de la foi (Héb. 5.12). Ils ne pouvaient assimiler la nourriture solide, les aspects plus élevés de la vérité. Ainsi, l'apôtre ne pouvait pas leur communiquer le mystère du Christ, déployé de manière si merveilleuse dans l'épître aux Éphésiens. Au jour où il écrivait, rien n'avait changé quant à leur état : ils étaient toujours charnels (v.2).

Les conséquences dans l'assemblée de Corinthe : l'envie et les querelles

Paul souligne de nouveau les fruits de leur comportement charnel (v.3) : il y avait parmi eux de l'envie et des querelles. Au lieu de se servir mutuellement dans l'amour, comme il convient à des croyants, ils se portaient envie les uns aux autres. De cette jalousie naissaient un esprit de parti et des querelles. La jalousie a conduit Caïn au premier crime, contre son frère Abel. Elle a amené les Juifs à accuser le Seigneur Jésus et à le crucifier. La jalousie n'est-elle pas de nos jours aussi la source fréquente de désaccords dans les assemblées ?

Ce sentiment de jalousie concernait plutôt les dons spirituels, les honneurs et l'estime dans l'assemblée que les choses de la terre. Pour acquérir plus d'importance, certains frères de Corinthe se rangeaient derrière des conducteurs estimés, tels Apollos et Paul, sans que ceux-ci l'aient voulu. Ce n'étaient pas les conducteurs qui désiraient attirer des croyants après eux, mais les croyants eux-mêmes qui recherchaient un avantage personnel en se prévalant d'hommes considérés. En ceci les Corinthiens agissaient comme les hommes de ce monde. En se déclarant les ardents partisans de la doctrine de certains frères, ils se combattaient en fait mutuellement.

Par là même, ils s'étaient écartés de l'esprit du christianisme et étaient revenus à des principes humains. Car la foi chrétienne condamne l'homme naturel et le met de côté par l'oeuvre de la croix. Le croyant est uni à un Seigneur ressuscité et possède le Saint Esprit, source de force de la vie nouvelle. Combien les paroles de Paul ont dû toucher ces Corinthiens, si présomptueux, mais si pauvres spirituellement : leur marche était à la manière des hommes, et non pas selon Dieu, quand ils disaient : "Moi, je suis de Paul ; et l'autre : moi, je suis d'Apollos".

La vraie place du serviteur

Il leur pose alors la question : "Qui donc est Apollos, et qui est Paul ?" Ces frères doués, élevés contre leur gré au rang de chefs de partis, ne s'attribuent aucun mérite. Ils se considéraient eux-mêmes simplement comme des serviteurs de Dieu et des croyants. En agissant ainsi, ils suivaient l'exemple de leur Seigneur, qui, lors de la contestation des disciples, pour savoir lequel d'entre eux serait estimé le plus grand, leur montre clairement que le plus grand est celui qui sert. Lui-même était au milieu d'eux "comme celui qui sert", tout en étant le Seigneur sur toutes choses (Luc 22:24-27).

C'est comme serviteurs que les apôtres avaient été les instruments de la conversion des Corinthiens. Sans doute leurs dons et leurs services particuliers différaient de l'un à l'autre, mais ces spécificités étaient l'affaire du Seigneur. Tous deux avaient accompli leurs tâches respectives comme serviteurs de Dieu.