Cantique des Cantiques 5:2 à 6:5 ; Éphésiens 5:25-27, 29 à 32 ; Apocalypse 19:7
par Paul F. REGARD — 1932
les titres et sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières :
3 - La Bien-Aimée rend témoignage à la personne du Bien-Aimé
4 - Effet du témoignage de la Bien-Aimée
5 - Ce que le Seigneur est, et tout ce qu’il a fait.
6 - Ce que le Seigneur cherche
Dans le Nouveau Testament, la collectivité des chrétiens nous est présentée sous trois aspects :
1° comme la maison de
Dieu ;
c’est le domaine de la profession chrétienne ; c’est le
terrain sur lequel se trouvent tous les baptisés, professants et
croyants ; dans ce domaine, chacun d’eux est en contact avec la vérité et
se trouve placé en rapport avec l’autorité du Seigneur ; c’est là un grand
privilège, et ce privilège comporte pour chacun une responsabilité ;
2° comme le corps de
Christ ;
ce dernier est composé de tous ceux qui sont nés de nouveau
et qui possèdent la vie de Dieu, la vie de Christ ; tous les vrais
croyants, tous les rachetés du Sauveur, font partie de cet admirable corps
mystique dont le Seigneur est lui-même la tête glorieuse, le chef suprême dans
le ciel ; ils en font tous partie, même quand ils ne le savent pas ;
mais on ne peut pas dire d’eux tous qu’ils le représentent sur la terre ;
3° comme l’Épouse du
Seigneur ;
tous ceux qui ont cru au Fils de Dieu possèdent le Père et la
vie éternelle, et font partie de l’Épouse. L’Épouse nous parle des liens d’amour qui
unissent l’Église au
Seigneur et des tendres affections
qui sont propres à charmer le coeur de notre adorable Sauveur. Cet aspect de la
vérité est très précieux à considérer. L’Esprit, qui prend ce qui est du
Seigneur pour nous l’annoncer (Jean 16:14, 15), travaille sans cesse en nous,
afin de développer ces saintes affections pour le Seigneur de gloire. C’est
l’adorable personne du Bien-Aimé
dans
lequel Dieu nous a rendus agréables à lui-même pour le temps et pour
l’éternité ; c’est, par grâce, notre propre Bien-Aimé ; et, nous,
nous l’aimons parce qu’il nous a aimés lui-même le premier (Éphésiens
1:6 ; 1 Jean 4:19).
Le Seigneur s’occupe avec une sollicitude inlassable de son
Église ici-bas. Il l’a aimée et s’est livré lui-même pour elle. Ressuscité et
élevé dans la gloire après l’ignominie et les tourments de son précieux
sacrifice sur la croix, il prend soin de sa future Épouse dans le temps présent
et la sanctifie par sa Parole, afin qu’elle reproduise ici-bas ses caractères.
Il se la présentera plus tard glorieuse, irréprochable, exempte de toute tache
et de toute imperfection, pleinement capable et digne de refléter sa propre
grâce et sa propre beauté, pour qu’elle soit à toujours, dans le ciel même, la
bien-aimée compagne de sa tendresse. Dans l’Épître de Paul aux Éphésiens
(chapitre 5), nous voyons que c’est le
Seigneur lui-même qui prépare l’Église, son Épouse chérie,
en vue de la
gloire éternelle. Dans un tel travail, nous n’avons rien à faire sinon à nous
montrer dociles et attentifs aux enseignements du Seigneur, de la Parole de
Dieu et du Saint-Esprit qui prend ce qui est du Seigneur pour nous le
communiquer. Le Seigneur de gloire veut que nous recevions toute lumière et
toute bénédiction de la grâce divine et de sa personne adorable qui en est la
parfaite expression. Mais le Seigneur s’adresse aussi à notre responsabilité et
nous invite, d’autre part, à faire quelque chose pour lui plaire. Non seulement
il nous prépare lui-même en vue de notre éternelle union avec lui, le céleste
Époux ; mais il veut que nous fassions quelque chose, nous aussi, afin de nous préparer
aux saints épanchements de la
bienheureuse éternité. Au chapitre 19 du livre de l’Apocalypse (verset 7), il
est dit : « les noces de l’Agneau sont venues ; et sa femme s’est préparée ».
Dans l’Ancien Testament, il est beaucoup parlé des choses du coeur.
Et l’on a pu dire que
le livre des Psaumes est comme le coeur des Écritures. Les Évangiles nous racontent
historiquement les grands faits du christianisme : la naissance,
l’activité, le ministère, le précieux sacrifice du Sauveur et sa résurrection
glorieuse. Le Nouveau Testament nous présente la doctrine du Christ,
c’est-à-dire l’harmonieux trésor des grandes vérités chrétiennes dont notre
adorable Seigneur est à la fois le centre et l’objet. Mais c’est par l’Ancien
Testament, et surtout par le livre des Psaumes, que nous savons,
prophétiquement, ce qui s’est passé dans l’âme
sainte
et dans le coeur parfait
de
notre bien-aimé Sauveur et que nous apprenons à connaître les sentiments intimes
qu’il a éprouvés au
temps de ses souffrances ici-bas, avant la croix et sur la croix.
Le livre qui est de nature à réveiller et à développer, plus que
tout autre, les tendres affections de
l’Épouse pour l’Époux
se trouve dans l’Ancien Testament, c’est le Cantique des Cantiques.
Littéralement, la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques
n’est pas l’Église ; c’est le résidu
d’Israël présenté comme épouse terrestre du Roi de gloire, tandis que l’Église
est son Épouse céleste et éternelle. Mais nous savons que l’explication des
textes de l’Écriture est très riche. S’il y a dans certains textes une
application littérale qui concerne seulement Israël, ces textes comportent
aussi une application morale
qui est
des plus précieuses pour nous-mêmes. Et cette application morale concerne
directement l’Épouse céleste du Seigneur d’une manière plus élevée, plus
complète, plus intime et plus tendre que ce n’est le cas pour le résidu
d’Israël, de sorte que nous pouvons y trouver une source d’édification
profonde. Cela rend très grand pour nous l’intérêt du Cantique des Cantiques.
Nous faisons nous-mêmes les expériences dont parle ce livre.
La Bien-Aimée dormait ; son coeur cependant restait en
éveil, malgré cet assoupissement. Elle reconnaît ainsi la voix suave du
Bien-Aimé qui heurte à la porte et qui s’adresse à elle avec une tendresse
délicieuse, avec une délicatesse exquise : « Ouvre-moi, ma soeur, mon amie,
ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles,
des gouttes de la nuit ». Qui tient par excellence ce sublime langage sinon le
bien-aimé Sauveur qui, manifestant la grâce de Dieu sur la terre, peine et prie
pour les siens dans son inaltérable amour et qui, dans la glorieuse splendeur
de son humanité sainte et parfaite, au milieu des fatigues de son divin
ministère, passe la nuit dehors (Luc 6:12 ; 21:37 ; 22:39) ? Le
Seigneur frappait à notre porte. Bien souvent, malgré notre vocation céleste, nous
avons fait comme la Bien-Aimée du Cantique
des Cantiques.
Elle avait ôté sa tunique, lavé ses pieds, pris ses aises
dans sa demeure. Il lui en a coûté de se lever pour aller ouvrir. Elle a
hésité. Alors le Bien-Aimé a passé plus loin, non sans avoir avancé la main et
laissé, selon la belle coutume orientale, sur les poignées du verrou, le
précieux souvenir de son passage, le parfum délicat de ses souffrances et de
son amour. Le coeur de la Bien-Aimée s’est ému enfin ; mais elle a ouvert
la porte avec un retard tel que le Bien-Aimé avait passé plus loin. Cela ne
nous est-il pas arrivé à nous-mêmes ? Nous aimons sans doute le Seigneur
qui nous a aimés le premier ; mais bien souvent nous ne l’avons pas aimé
assez pour nous déranger en son honneur
et pour lui ouvrir la porte en temps utile.
Nous avons voulu jouir du repos
et prendre nos aises dans ce monde. Nos coeurs distraits se laissaient
accaparer par les choses d’ici-bas. Et, dans ces conditions, le Saint-Esprit ne
pouvant plus accomplir en nous la plénitude de son doux ministère, nous avons
éprouvé une perte immense : notre indolence coupable nous a privés de la
précieuse visite du Bien-Aimé. Le Seigneur avait passé plus loin. Le Sauveur a
cependant parlé à nos coeurs en laissant sur les poignées du verrou le précieux
témoignage de son passage, car il est amour.
Alors a commencé pour nous, comme pour la BienAimée du Cantique des Cantiques,
une course
éplorée. Alors nous avons cherché et appelé notre Bien-Aimé. Et le Seigneur,
pour mieux révéler ensuite à nos âmes, l’excellence et la grandeur de sa
personne adorable, semblait tout d’abord se dérober à nous et répondre par le
silence à notre appel. Nous avons passé par les voies de l’affliction. C’est
dans les eaux profondes de l’épreuve que nous avons appris à connaître les
merveilles et les oeuvres de l’Éternel (Psaume 107:24). La souffrance
joue nécessairement un très grand rôle dans la vie
chrétienne. Nous sommes les disciples de l’Homme de douleurs, les élèves de
celui qui, par l’effet des fatigues et des souffrances de son ministère,
n’avait ni forme ni éclat, bien qu’il fût en lui-même, comme nous le
constaterons, en l’adorant, dans les radieuses splendeurs de la résurrection,
plus beau que tous les fils des hommes (Ésaïe 52:14 ; 53:2, 3. Psaume
45:2). En matière de christianisme, nous ne pouvons rien apprendre de bon et
d’utile sans la souffrance. Si la souffrance nous meurtrit, par chacun de nos
propres maux, le Seigneur de gloire
cherche à intéresser nos coeurs à ses souffrances à lui.
Jusque dans ses
douleurs expiatoires, que nous ne saurions en aucune façon partager, notre
bien-aimé Sauveur nous a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces,
comme nous le voyons au chapitre 2 de la 1° Épître de Pierre (versets 20 à
25)-. Et, dans son Épître aux Philippiens, qui nous conduit sur les plus hauts
sommets du christianisme pratique, au chapitre 3, l’apôtre Paul se dirige
lui-même et cherche à conduire les saints vers le Seigneur dans la gloire « pour
le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection et la communion de ses
souffrances » (verset 10). S’il faut souffrir ici-bas, même injustement, pour
apprendre à connaître, à servir, à glorifier le Seigneur, il en vaut bien la
peine ; et le fruit béni de toutes nos épreuves et de toutes nos afflictions
terrestres resplendira en gloire dans le ciel, pendant l’éternité, autour de
l’Agneau. Le parfait Serviteur de l’Éternel, « verra du fruit du travail de son
âme et sera satisfait » Ésaïe 53:11).
Dans sa course agitée, la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques
a été frappée, blessée, exposée à de graves
inconvénients. Elle a perdu son voile. Et son
indignité
lui est apparue à elle-même et a été manifestée devant tous les
yeux. C’est ainsi que le Seigneur permet que nous fassions, au milieu de
l’épreuve et de la douleur, l’expérience de toute notre faiblesse, afin de
mieux apprécier ensuite la majestueuse grandeur et la suprême excellence de sa
personne adorable. Nos yeux sont ainsi rendus capables de discerner toute la beauté et toute la valeur du
Bien-Aimé
. Si le Seigneur fait d’abord comme s’il n’entendait pas notre
appel, c’est pour que nous apprenions à nous connaître et à nous juger
nous-mêmes, afin de mieux comprendre ce
qu’il est, lui
. Il nous afflige en vue de nous bénir ensuite. Par
l’affliction, il nous prépare pour son service ici-bas et pour la gloire
éternelle. Précieuse expérience, que rien ne saurait remplacer !
Sans doute, nos coeurs ne s’élèvent pas jusqu’aux hauteurs
qu’ils devraient atteindre à la gloire du Bien-Aimé. Mais si l’amour du Seigneur
a pour nous le prix qu’il doit avoir, malgré notre extrême faiblesse, nous
sommes rendus capables de parler du Seigneur à d’autres personnes et d’éveiller
leur intérêt à l’égard des grâces et des mérites de notre cher Sauveur. Le
fruit de l’oeuvre de Dieu en nous est un
témoignage rendu, du sein de la faiblesse, à l’adorable personne du « Fils de
son amour »
(Colossiens 1:13). Pour ce précieux témoignage, dans le chapitre
12 de la 2° Épître aux Corinthiens, le Seigneur dit à chacun de nous comme à
l’apôtre Paul : « Ma grâce te suffit ; car ma puissance s’accomplit
dans l’infirmité » (verset 9).
La question posée à la Bien-Aimée : « Ton Bien-Aimé,
qu’est-il de plus qu’un autre Bien-Aimé, ô la plus belle parmi les
femmes ? Ton Bien-Aimé qu’est-il de plus qu’un autre Bien-Aimé que tu nous
adjures ainsi ? » est pour elle une occasion admirable de rendre témoignage
au Seigneur de gloire après les
enseignements de l’expérience et de l’épreuve.
Mûrie par les afflictions,
la Bien-Aimée peut rendre à l’adorable personne du Bien-Aimé un témoignage complet.
Ce témoignage
est
remarquable en tous points. Rien de ce qui concerne la personne adorable du
Bien-Aimé ne reste étranger aux préoccupations et aux affections de la
Bien-Aimée.
Le Bien-Aimé
dont elle
énumère les mérites et décrit les grâces avec une plénitude admirable n’est
autre que le Fils bien-aimé du Père, ce Fils dans lequel et par lequel, comme
nous l’avons déjà rappelé, Dieu nous a rendus agréables à lui-même pour le
temps présent et pour l’éternel avenir. C’est le Fils unique et bien-aimé qui
est de toute éternité l’objet des pures et parfaites délices de Dieu et en qui
le Père trouve tout son plaisir (Proverbes 8:22 à 31 ; Matthieu 3:17 et
17:5 ; etc). C’est le Fils que le Père a envoyé ici-bas pour révéler aux
hommes sa gloire et son amour (Jean 1:14, 18). C’est le Fils que le Père aime,
entre les mains duquel il a remis toutes choses (Jean 3:35 ; 5:20 ;
13:3 ; 17:2), et duquel il a dit : « Écoutez-le » (Matthieu 17:5 ;
Marc 9:7 ; Luc 9:35). C’est aussi le Fils que le Père aime parce qu’il a
laissé sa vie afin de la reprendre dans les splendeurs de la résurrection,
selon le commandement de son Père (Jean 10:17, 18.). En raison de l’oeuvre de
la croix, ce Bien-Aimé est devenu par grâce notre propre Bien-Aimé, car Dieu
nous convie à trouver tous nos plaisirs dans ce Fils qui fait l’objet éternel
de ses délices. Ah ! puissions-nous dire, en toute sincérité de coeur et
d’esprit, comme la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques : « Mon Bien-Aimé »
! Ce langage, déjà
si beau dans la bouche du résidu d’Israël présenté comme épouse terrestre du
Roi des rois, est celui qui convient d’une façon plus élevée, plus tendre et
plus intime, à l’Épouse céleste du Seigneur, à cette Épouse que le Seigneur de
gloire prépare et invite à se préparer elle-même en vue des noces de l’Agneau
et des joies infinies qui rempliront l’éternité.
L’expression blanc et
vermeil
est d’une richesse magnifique. Le premier de ces deux termes, blanc,
s’applique à la sainte, parfaite
et glorieuse humanité du bien-aimé Sauveur en qui la plénitude de la Déité a
habité et habite corporellement (Colossiens 2:9 ; 1:19). Le second terme,
le mot vermeil,
fait allusion au
précieux sang qui a coulé ici-bas dans les veines immaculées du Fils de l’homme
et du Fils de Dieu, qui a été versé sur la croix, auquel nous devons une
rédemption éternelle et la rémission de tous nos péchés (Éphésiens 1:7).
Le Bien-Aimé est un
porte-bannière entre dix mille.
Celui qui a été seul sur la croix, dans la
détresse suprême, entre la terre hostile et le ciel voilé, pendant les trois
heures de ténèbres et d’expiation, est entouré de ses nombreux rachetés dans
les joies de la résurrection (Hébreux 2:10 ; 1:9). Il est le témoin fidèle
et véritable, le chef et le consommateur de la foi, (Apocalypse 1:5 et
3:14 ; Hébreux 12:2). C’est lui qui tient dans ses mains victorieuses le
drapeau du témoignage, la bannière de l’amour (cf. 2:4) ; et cette
précieuse bannière constitue un puissant signe de ralliement autour de sa
personne adorable. Le témoignage de Dieu dans ce monde est celui du Seigneur
lui-même ; il ne nous appartient pas ; et nous n’avons pas le droit
d’en disposer à notre gré.
Sa tête
est un or très
fin. C’est la précieuse tête de celui qui, venu en chair ici-bas, est le Dieu
véritable et la vie éternelle (1 Jean 5:20). Dans sa majesté souveraine, elle
manifeste, avec l’éclat d’une finesse et d’une pureté sans pareilles, toute la
perfection de la justice divine. Cette tête auguste et chérie est celle qui a
porté ici-bas la couronne d’épines (Matthieu 27:29 ; Marc 15:17 ;
Jean 19:2) ; les épines qui ont poussé sur la terre par suite du péché
(Genèse 3:18) ont servi à meurtrir cette tête adorable que les soldats ont
insultée et frappée (Matthieu 27:30 ; Marc 15:19). Cette tête est celle
qui, toutes choses accomplies, s’est inclinée sur la croix (Jean 19:30). Cette
tête est celle que, par la foi, nous contemplons maintenant couronnée de gloire
et d’honneur dans le temple du ciel, au séjour du bonheur suprême (Hébreux
2:9 ; 12:2). Bientôt, nous la verrons face à face (1 Jean 3:2 ; 1
Corinthiens 13:12) dans les radieuses félicités de la maison du Père, où nous
passerons toute l’éternité avec le Seigneur de gloire, notre adorable Époux.
Les boucles
d’un noir
magnifique attestent la merveilleuse vigueur du Sauveur et nous font voir sa
splendide et éternelle jeunesse. Au milieu des fatigues de son ministère, ainsi
que nous l’avons déjà rappelé d’après les chapitres 52 et 53 du prophète Ésaïe,
le Seigneur de gloire n’avait ni forme ni éclat ; son visage était défait
plus que celui d’aucun homme et sa forme plus que celle d’aucun fils d’homme.
Mais, en lui-même, comme le montre le Psaume 45 (le « cantique du Bien-Aimé »),
notre adorable Sauveur est plus beau que les fils des hommes. Dans les joies
éternelles de la résurrection, nous ne manquerons pas de le constater, et nous
admirerons sans cesse la beauté surhumaine du Roi des rois, notre céleste
Époux. La longueur des boucles flottantes que porte le Bien-Aimé nous parle de
l’entière consécration à Dieu du vrai Nazaréen (Nombres 6:5), parfait Serviteur
de l’Éternel.
Les yeux
du Bien-Aimé
ont une puissante vision. Et son regard est plein de tendresse, comme celui de
la colombe. Ces yeux, dont la pupille se compare à des ruisseaux d’eau qui sont
pour l’Épouse une source de rafraîchissement intarissable, et dont le blanc
offre l’éclat et la pureté du lait et symbolise l’aliment complet qui se trouve
dans la personne du Seigneur : le pur lait intellectuel (1 Pierre 2:2),
sont bien placés chacun dans son orbite. Le Sauveur est le pain vivant, qui est
descendu du ciel. Ses paroles, qui sont esprit et qui sont vie, ôtant la soif à
tout jamais (Jean 6). Tout est parfait, absolument parfait, dans l’auguste
personne du Bien-Aimé.
Ses joues —
ces joues
qui ont reçu les soufflets injurieux et les ignobles crachats des méchants et
dont les iniques ont arraché le poil (Ésaïe 50:6 ; Jean 18:22 et
19:3 ; Matthieu 27:30 ; Marc 15:19) — semblables à des parterres
embaumés, à des corbeilles de fleurs, charmant à la fois notre vue et notre
odorat, exhalent un parfum aromatique. Et ce précieux parfum rappelle sans
cesse à la Bien-Aimée les souffrances du Bien-Aimé. L’Écriture nous révèle
prophétiquement ces faits bien longtemps avant les scènes du procès et du
crucifiement.
Les lèvres
du Sauveur
ressemblent à des lis d’une beauté surhumaine et distillent une myrrhe limpide,
dont les gouttes rappellent les larmes. Ce sont les précieuses leçons,
l’enseignement mûri par la souffrance, du Maître débonnaire et humble de coeur,
l’exemple efficace de l’Agneau royal qui s’est laissé frustrer de tous ses
droits, condamner contre toute justice et clouer sur le bois ignominieux de la
croix. De sa bouche sainte, au milieu des pires injustices et des plus atroces
douleurs, ne sont sorties, ni plaintes, ni protestations, ni menaces (Ésaïe
53:7). Seule la grâce a resplendi sur les lèvres adorables du Seigneur, quand
la contradiction des pécheurs se déchaînait contre lui (Psaume 45:2 ;
Hébreux 12:3). Et la grâce qui brille sur les lèvres de notre Bien-Aimé
resplendira en gloire pendant toute l’éternité.
Ses mains
, souveraines
dispensatrices de la justice divine, se comparent à des rondelles d’or fin dont
le tour n’a ni commencement ni fin ; ce sont des mains d’une perfection
absolue et éternelle. Ce sont ces précieuses mains qui se sont étendues sur
l’humanité coupable pour la bénir et qui ont versé sur les hommes en révolte
contre Dieu, avec une compassion inlassable, bienfait sur bienfait. Ce sont ces
mains adorables que la haine et la perversité des méchants ont percées et
endolories. Ce sont les mains qui portent les glorieuses blessures que le
Seigneur, méconnu et rejeté des siens, a reçues de ceux qu’il appelle, par
grâce, ses amis (Psaume 22:16 ; Zacharie 13:6). Ces mains divines où les
doigts, aptes au travail le plus délicat et si habiles à tout ouvrage, sont
enchâssés comme des chrysolites, ces mains tendres et secourables, ces mains
meurtries pour nous, ces mains qui conservent éternellement en gloire
l’émouvant souvenir des souffrances de la croix, restent sans cesse ouvertes
pour nous bénir. Si Dieu nous afflige ici-bas, c’est en vue de nous apprendre à
connaître, par grâce, l’adorable personne du Seigneur, la puissance de sa
résurrection et la communion de ses souffrances (Philippiens 3:10). Dans toute
l’éternité, nous verrons les heureux résultats des pénibles épreuves que
l’amour de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ nous dispense ici-bas.
C’est à nous qui sommes le plus profondément affligés sur la terre que le
Seigneur donne la plus belle part. Ses doigts sont habiles. Il fait toutes
choses bien. Gloire à lui, gloire sans cesse !
Le ventre ou
le sein
du Bien-Aimé est le siège de ses
entrailles et nous parle, d’une façon aussi intime que tendre, de ses
précieuses affections. Le coeur du Sauveur désire se révéler à nous toujours
davantage (Jean 14:21). Son sein blanc, pareil à un chef-d’oeuvre d’ivoire
artistement poli, nous montre combien tout est parfait dans la sainte et
glorieuse humanité du Seigneur. Le saphir, qui est bleu comme chacun le sait,
nous parle du ciel, d’où est descendu le second homme, le dernier Adam (1
Corinthiens 15:45, 47), l’adorable Sauveur qui est à la fois et en même temps
Dieu et homme. Les saphirs représentent les grâces célestes et divines du
Seigneur de gloire parant avec splendeur les perfections de sa sainte humanité.
Tout est merveilleux et admirable dans les précieuses affections de celui que
nous aimons parce qu’il nous a lui-même aimés le premier (1 Jean 4:19).
Les jambes
du
Bien-Aimé, ces jambes qui reposent sur les bases étincelantes de la justice
divine, cet or d’une finesse sans pareille, se comparent à de fermes colonnes
ayant l’éclat et la pureté du marbre blanc. Ce sont ces jambes adorables qui se
sont fatiguées ici-bas quand le Sauveur allait de lieu en lieu faisant le bien
(Actes 10:38 et 39), et qui ont connu, elles aussi, les affreux tourments du
supplice de la croix (Psaume 22:16). Rien qu’en voyant le Sauveur marcher, dès
le début de son précieux ministère, Jean-Baptiste pouvait dire : « Voici
l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde »., « Voici l’Agneau de Dieu » (Jean
1:29, 36). Tout dans la personne du Bien-Aimé a du prix pour le coeur de la
Bien-Aimée. Aucune partie, aucun détail de cette personne adorable n’échappe
aux investigations de son tendre amour.
Puis viennent, comme au début de cette merveilleuse description,
les caractères généraux du Bien-Aimé. Son port
et son aspect
ont la gloire du
Liban (Ésaïe 60:13), la majesté des cèdres (Psaumes 92:12 ; 104:1, 16). La
gloire et la majesté du Seigneur nous font sentir notre extrême petitesse. Et
plus nous discernons notre petitesse dans la lumière resplendissante du
Seigneur et sous l’éclat de sa grandeur souveraine, plus sa personne adorable
devient chère à nos coeurs.
Le palais
du Sauveur
humble et débonnaire (Matthieu 11:29) est plein de douceur pour ceux qui en
goûtent le fruit (Cf. 2:3). Combien doux est le palais de celui qui a été
ici-bas et qui demeure dans la gloire, la Parole faite chair, la parfaite
expression de tout ce que Dieu est, de tout ce que Dieu pense, de tout ce que
Dieu dit, la manifestation éloquente et complète de la vérité (Jean 1:14 et
17:17 ; 15:26 ; 2 Corinthiens 4:6 ; Colossiens 2:9). C’est lui
qui fait entendre les douces communications du Père (Jean 3:34 ; 12:49,
50 ; 14:10 ; 17:8). Les paroles du Sauveur sont pleines de grâce et
de vérité, comme sa personne adorable (Jean 1:14). Toutes ses paroles sont
esprit et sont vie (Jean 6:63). Il est le Bon Berger qui connaît ses brebis nom
par nom, qui les conduit, qui les nourrit sans cesse des trésors de son amour,
qui les rassemble autour de lui, et qui se montre toujours soucieux de leur
bien (Psaume 23 ; Jean 10). Il est le pain de vie, le pain descendu du
ciel. Et c’est lui qui possède l’eau qui ôte la soif à jamais (Jean 6). Les
brebis écoutent sa voix pleine de charme et suivent sa personne adorable (Jean
10:3, 4, 27). La Bien-Aimée s’assied aux pieds du Bien-Aimé pour écouter sa
parole (cf. 2:3). Sa part est la précieuse part de Marie de Béthanie, celle qui
ne saurait être ôtée, même dans l’éternité (Luc 10:42).
Le dernier trait résume l’ensemble si harmonieusement dépeint
dans les versets précédents. « Tel est mon
Bien-Aimé, tel est mon Ami ».,
dit la Bien-Aimée. Tout est grâce radieuse,
beauté resplendissante, charme exquis, majesté souveraine, grandeur admirable,
gloire magnifique, puissance infinie dans l’adorable personne du Bien-Aimé.
Puissent nos coeurs s’attacher toujours davantage à sa merveilleuse personne (Ésaïe
9:6) !
Le témoignage rendu par la Bien-Aimée n’est pas sans produire du fruit. L’intérêt des assistantes est captivé. Les filles de Jérusalem disent : « Où est allé ton Bien-Aimé, ô la plus belle parmi les femmes ? De quel côté ton Bien-Aimé s’est-il tourné ? Nous le chercherons avec toi ». Il en va de même pour nous. Par la grâce et par la bonté du Seigneur, dont la puissance s’accomplit dans l’infirmité (2 Corinthiens 12:9), lorsque nous rendons un témoignage digne de lui, il y a des âmes qui sont attirées et qui désirent le chercher avec nous. Rien ne peut inviter les âmes à rechercher le Seigneur comme un amour pur et sans mélange pour sa personne adorable. L’amour trouve toujours le moyen de s’exprimer d’une manière digne de celui qui en est l’objet.
La réponse
de la
Bien-Aimée est de toute beauté. Le verset 2 du chapitre 6 résume tout ce que le Seigneur est, et tout ce
qu’il a fait.
Notre adorable Sauveur est le Bien-Aimé
. Il est le Bien-Aimé de Dieu. Dès avant la création de
l’univers, de toute éternité, comme nous le voyons à la fin du chapitre 8 du
livre des Proverbes (versets 22 à 31), et dans d’autres passages (Jean 1:1,
2 ; 1 Jean 1:2), le Seigneur avait une existence personnelle auprès de
Dieu. Il était nourri en amour auprès de lui comme son artisan et faisait ses
pures délices tous les jours. En deux occasions solennelles, d’abord au baptême
du Sauveur, ensuite sur la sainte montagne, au moment de la transfiguration du
Seigneur, la voix du Père s’est fait entendre du ciel ; Dieu a dit :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Matthieu
3:17 ; Marc 1:11 ; Luc 3:22 ; Matthieu 17:5 ; Marc
9:7 ; Luc 9:35 ; cf. 2 Pierre 1:17). Comme nous le montre Matthieu
12:18, d’après Ésaïe 42:1, il est le serviteur élu en qui l’âme de l’Éternel
trouve son plaisir. Dans ce passage, qu’il cite d’après la Septante, Matthieu
ajoute les mots « mon Bien-Aimé ».
Cette
addition appartient au Nouveau Testament où le Fils de Dieu se trouve
pleinement révélé. Le Nouveau Testament nous montre aussi que le Seigneur est
un objet d’amour pour le Père en raison de l’oeuvre de la croix. Jean
l’Évangéliste nous rapporte cette parole mémorable du Sauveur : « A cause
de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la
reprenne. Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai
le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu
ce commandement de mon Père (10:17, 18). Si nous avons été rendus agréables à
Dieu, c’est « dans le Bien-Aimé » (Éphésiens 1:6), dans ce Bien-Aimé du Père qui,
par grâce, est maintenant notre propre Bien-Aimé, Dieu nous invitant à partager
avec lui-même le merveilleux objet de ses saintes délices. Comme la Bien-Aimée
du Cantique des Cantiques,
mais d’une
façon plus élevée, plus intime, plus douce encore, l’Église bienheureuse,
l’Épouse céleste, peut dire et répéter dès ici-bas, avec ravissement, avec
gratitude, avec adoration, à celui qui l’a aimée et qui s’est livré lui-même
pour elle, qui la chérit sans cesse et qui la comblera de ses joies
éternelles : « Mon Bien-Aimé
».
Qu’a fait le Bien-Aimé ? Il est descendu
. Il est descendu du haut de la gloire du ciel, en
réponse au cri de désespoir de l’humanité déchue, impuissante et perdue :
« Oh ! si tu fendais les cieux ! Si tu voulais descendre ! »
(Ésaïe 64:1). Outre ce qui, prophétiquement,
concerne le peuple d’Israël d’une façon littérale et spéciale, ce cri poignant
exprime bien la détresse morale des hommes en présence de leur irrémédiable
ruine, lorsqu’ils viennent à discerner leur incapacité absolue. Dieu répond à
tous les besoins de sa créature. L’âme éclairée, qui, sentant la vanité et
l’impuissance de tous les efforts humains, pousse ce cri, trouve aussitôt la
réponse à l’angoisse qui la tenaille et qui l’étreint dans la venue du
Bien-Aimé qui est descendu du ciel, qui s’est anéanti lui-même, prenant la
forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes, et qui, étant trouvé
en figure comme un homme, s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant
jusqu’à la mort, et à la mort de la croix (Jean 3:13 ; Philippiens 2:5-8).
La suite du passage nous dit comment, où,
et pourquoi
le Bien-Aimé est
descendu.
Le Bien-Aimé est descendu dans
son jardin
. Il est venu dans son propre domaine (Jean 1:11). Notre précieux
Sauveur lui-même a dit à la Samaritaine : « le salut vient des Juifs » (Jean
4:22). Le Sauveur est né en Israël. Il est né sous la loi, comme Paul l’indique
dans son Épître aux Galates (4:4). Et, dans son Épître aux Romains, l’apôtre
rappelle que c’est des pères que, selon la chair, est issu le Christ, qui est
sur toutes choses Dieu béni éternellement (9:5).
Le Sauveur a fait son entrée dans ce monde non seulement au sein
du peuple d’Israël, comme un rejeton et comme une racine sortant d’une terre
aride (Ésaïe 11:1 ; 53:2), mais en cette portion déterminée de son jardin
que la Bien-Aimée appelle les parterres
des aromates,
en ce résidu fidèle dont les deux premiers chapitres de
l’Évangile selon Luc nous présentent le ravissant tableau. Ce pieux résidu,
auquel appartenait la famille et les amis de Marie et dont faisaient partie le
noble vieillard Siméon et la vénérable prophétesse Anne, attendait le Sauveur
avec patience et avec amour, et constituait pour Dieu, au milieu d’un peuple
ingrat et rebelle, des parterres d’aromates dont le parfum montait agréablement
devant lui. C’est ainsi que le Bien-Aimé a fait sur la terre son apparition
pleine de grâce. C’est ainsi que le dernier Adam, le second homme, l’Homme parfait
et définitif, est venu du ciel (1 Corinthiens 15:47).
Mais le Seigneur de gloire n’est pas seulement descendu sur la
terre. Il est aussi descendu, en grâce, dans
le sépulcre et dans la mort.
Notre adorable Sauveur, a confessé, porté, expié nos nombreux et
affreux péchés sur le bois de la croix (Psaume 40:1, 12 ; 1 Pierre 2:24).
Il a été fait péché pour nous, lui, le Saint et le Juste, qui n’avait pas connu
le péché, afin que nous puissions devenir justice de Dieu en lui (2 Corinthiens
5:21). Il a été blessé pour nos transgressions ; il a été meurtri pour nos
iniquités ; le châtiment de notre paix a été sur lui ; et par ses
meurtrissures nous sommes guéris (Ésaïe 53:5, 6). Il a été notre parfait
substitut sous l’ardeur du juste courroux de Dieu contre le péché et contre nos
péchés pendant les trois heures de ténèbres et d’expiation. Il est descendu dans les profondeurs
inexorables de la mort,
dont son âme a mesuré tout l’empire et sondé tout
l’effroi (Psaume 22). Par la mort, il a rendu impuissant celui qui avait le
pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et il a délivré tous ceux qui, par
crainte de la mort, étaient pendant toute leur vie, assujettis à la servitude
(Hébreux 11:14 et 15).
Et il a été avec le riche dans sa mort, parce qu’il n’avait fait
aucune violence et qu’il n’y avait aucune fraude dans sa bouche (Ésaïe 53:9).
Joseph d’Arimathée, cet homme juste et pieux, ce conseiller honorable et
intègre, cet opulent propriétaire foncier, qui possédait, près de la place des
exécutions capitales, un important jardin où, suivant l’antique usage des
riches de Jérusalem, il s’était fait tailler un sépulcre dans le roc, y déposa,
enveloppée d’un linceul net, la sainte et précieuse dépouille du Seigneur de
gloire (Matthieu 27:57-60 ; Marc 15:42-46 ; Luc 23:50-54 ; Jean
19:38-42). C’est dans ce sépulcre
magnifique,
où personne n’avait jamais été mis (Luc 23:53 ; Jean 19:41), que le corps
du Sauveur fut placé, dans des conditions telles qu’aucun doute ne pouvait être
émis sur l’identité de celui qui devait en sortir bientôt tout étincelant des
gloires et des splendeurs de la résurrection. Le jardin de Joseph d’Arimathée
est ainsi devenu le jardin du Bien-Aimé,
selon
le conseil de Dieu qui couvre son Fils de magnificence et d’honneur après
l’ignominie et les tourments du sacrifice de la croix. Et ce précieux jardin
offre aussi, en figure, ses parterres
d’aromates,
puisque, comme nous le lisons dans l’Évangile selon Jean,
Joseph d’Arimathée et Nicodème prirent le corps de Jésus et l’enveloppèrent de
linges avec les aromates, comme les Juifs ont coutume d’ensevelir (Jean 19:39,
40). Glorieux jardin de la résurrection, jardin tout embaumé, jardin situé tout
près du Calvaire (Jean 19:42) ! Précieux sépulcre, d’où le Bien-Aimé,
ressuscité par la gloire magnifique du Père et reprenant sa vie lui-même après
l’avoir laissée (Romains 6:4 ; Jean 10:17), est sorti, dans le voisinage
de sa croix, victorieux et triomphant pour l’éternité !
Sommes-nous éprouvés, affligés, tourmentés, crucifiés dans nos
affections les plus chères, nous trouvons, pour ainsi dire à côté du lieu où
nous souffrons, le jardin du Bien-Aimé,
le
jardin fleuri et resplendissant de la résurrection, le glorieux jardin où nous
pouvons, comme Marie de Magdala, rencontrer le
Seigneur ressuscité (
Jean 20:1 ; 11 à 18). Apprenons à le connaître
lui, la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances
(Philippiens 3:10). Et notre douleur sera aussitôt illuminée d’une joie
profonde, glorieuse et éternelle. Quelle est la tenue de l’Épouse ? Elle
porte sur elle le précieux parfum des souffrances du Bien-Aimé ; et ses
vêtements en sont tous imprégnés (Jean 19:39 ; Psaume 45:8). Telle est la
parure de l’Épouse ; telle est la parure qui convient au Seigneur de
gloire, à sa dignité et à son amour.
Le Bien-Aimé, qui a conquis au prix de ses souffrances saintes
tous les privilèges et toutes les bénédictions dont nous jouissons actuellement
et dont nous jouirons pendant l’éternité, le Bon Berger qui a mis sa vie pour
ses brebis et qui l’a reprise dans les radieuses splendeurs de la résurrection,
se plaît à faire paître son troupeau
dans
les jardins de son amour. Il nous connaît nom par nom. Il s’intéresse à chacun
de nous. Il prend soin de nous avec une tendresse exquise. Il nous conduit
doucement. Il nous protège sans cesse. Il nous donne à tout instant aide,
secours, conseil. Il nous nourrit. Il nous chérit (Jean 10 ; Ésaïe 40:11).
Il se plaît à réunir toutes ses brebis en un seul troupeau autour de sa
personne adorable. Il y a un seul troupeau pour un seul et même berger (Jean
10:16).
Le but que se propose l’amour du Seigneur est aussi de cueillir des lis.
Considérons les lis et
la façon dont ils croissent : ils ne travaillent ni ne filent ;
cependant, même Salomon dans toute sa gloire n’était pas vêtu comme l’un d’eux
(Luc 12:27 ; Matthieu 6:28). La beauté surhumaine des lis vient de Dieu
seul. Les hommes, qui ne peuvent rien faire pour la produire, ne peuvent rien
faire non plus pour se revêtir eux-mêmes des somptueux vêtements de la justice
divine. Rien n’égale la splendide parure que l’oeuvre parfaite et immortelle du
Bien-Aimé, accomplie une fois pour toutes sur la croix (Jean 19:28-30 ;
Hébreux 9:11-14), confère à ses chers rachetés. Et le Seigneur de gloire,
ressuscité après les tourments et l’ignominie du crucifiement, ne demande,
aujourd’hui encore qu’à cueillir des lis, pour en faire un bouquet, toujours
plus important, toujours plus beau, toujours plus magnifique. Ce bouquet
merveilleux, dont l’amour du grand Pasteur entretient sans cesse la fraîcheur,
est destiné à s’épanouir dans la gloire éternelle sans se flétrir jamais. Le
Bien-Aimé, qui paît parmi les lis, verra du fruit du travail de son âme et sera
satisfait (Ésaïe 53:11).
Au verset 3 du chapitre 6, nous voyons que la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques
se réjouit d’être
à son Bien-Aimé, de savoir que son Bien-Aimé est à elle, et de connaître la
bienfaisante activité de celui qu’elle chérit. Ce passage implique un état plus
élevé que celui des versets 16 et 17 du chapitre 2, où la Bien-Aimée dit :
« Mon Bien-Aimé est à moi, et je suis à lui, qui paît parmi les lis, jusqu’à ce
que l’aube se lève et que les ombres fuient ». Au verset 3 du chapitre 6, la
Bien-Aimée, pense en premier lieu aux droits du Bien-Aimé, tandis que dans le
premier cas (chapitre 2) c’est à elle-même qu’elle songe tout d’abord. Mais
l’état indiqué par le verset 2 du chapitre 6 est, à son tour, remplacé par un
autre état, plus élevé encore. Au verset 10 du chapitre 7, la Bien-Aimée ne
tient elle-même plus aucune place dans ses propres pensées ; elle ne pense
plus qu’à son Bien-Aimé ; elle dit : « Je suis à mon Bien-Aimé et son
désir se porte vers moi ».
En attendant la pleine lumière des félicités éternelles et l’éclat immaculé des noces de l’Agneau dans les joies suprêmes de la résurrection (Proverbes 4:18 ; Apocalypse 19:7), le Seigneur de gloire attire nos coeurs vers le ciel où il est entré comme notre précurseur (Hébreux 6:20) ; et son coeur à lui est attiré ici-bas, vers la scène d’affliction où les siens peinent et souffrent. En ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés (Hébreux 2:18). Le Bien-Aimé applique le baume délicieux de son amour et de ses consolations sur toutes nos meurtrissures. De même que les mains percées, les pieds percés, le côté percé, la face adorable du Bien-Aimé garderont éternellement, magnifié en gloire, le souvenir des douleurs de la croix, de même, à la louange de sa grâce divine, les résultats bénis des humbles blessures que nous subissons sur la terre étincelleront dans le ciel à jamais, comme un précieux fruit de l’amour du Seigneur (Jean 20:20, 27 ; 1 Jean 3:2 ; 2 Corinthiens 4:17 ; Colossiens 3:4).
Alors, l’Épouse n’aimera que le Bien-Aimé. Son amour, pur et infini, s’exprimera en perfection dans les saints épanchements de la bienheureuse éternité. Et le Bien-Aimé, qui lui-même se reposera dans son amour (Sophonie 3:17), sera souverainement glorifié dans l’allégresse immuable du printemps céleste, de ce printemps radieux qui, comme Dieu lui-même, demeure à toujours.