par Philippe Tapernoux
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Table des matières :
1 - Hébreux 1 — L’apôtre de notre confession
1.2 - Personne glorieuse de Christ : Fils, Héritier, Créateur, Rédempteur
1.3 - Sept citations de l’Ancien Testament — 1:5-13
2 - Hébreux 2:8-18 — Nous voyons Jésus
2.1 - Partageant les souffrances de Christ et encouragés en fixant les yeux sur Jésus dans la gloire
2.2 - Quatre motifs de l’abaissement volontaire et des souffrances de Christ
2.2.1 - Pour la gloire de Dieu — la rédemption, la réconciliation
2.2.2 - Pour sauver des hommes
2.2.3 - Pour délivrer les croyants de l’esclavage de Satan
2.2.4 - Pour mieux sympathiser avec les Siens
3 - Hébreux 3 — Considérez l’apôtre et le Souverain Sacrificateur de notre confession
3.1 - Christ, un objet céleste pour attirer les cœurs
3.2 - 3:2-5 — Christ au-dessus de Moïse
3.3 - 3:6 — Maison de Dieu et responsabilité du croyant
3.4 - 3:7-11 — Israël et la profession sans vie
3.5 - 3:12 — Les chrétiens et le danger d’une profession sans vie
3.6 - 3:13 — S’exhorter mutuellement
3.7 - 3:14 — Compagnons du Christ
3.8 - 3:16-18 — Responsabilité accrue des chrétiens
4 - Hébreux 4 — Le repos de Dieu et les ressources du désert
4.2 - Une profession réelle est nécessaire pour atteindre le repos
4.3 - Promesse d’un repos et travail de Dieu
4.4 - Trois aspects du repos — le repos sabbatique
4.5 - S’appliquer à entrer dans le repos
4.6 - Ressources : la Parole de Dieu
4.7 - Ressources : Le Souverain Sacrificateur
5 - Hébreux 10:22-39 — Le juste vivra de foi
ME 1924 p. 96
L’Ennemi se servait d’une arme redoutable contre les croyants juifs auxquels cette épître était adressée, en leur montrant le retour aux ordonnances établies de Dieu autrefois, et qu’ils avaient quittées pour s’attacher à Christ, comme le moyen d’échapper à l’opprobre et à la persécution.
Quel est le remède que Dieu apporte à l’état de ces chrétiens affaiblis ? Il place devant eux dans cette épître la glorieuse Personne de Christ dans toute son excellence, ainsi que la plénitude des bénédictions qui découlent de son oeuvre pour les siens, afin d’attirer leurs coeurs à Lui et de les engager à courir avec patience à sa rencontre. C’est aussi pour nous le secret de la bénédiction et de la force. Considérons de près le tableau des gloires de Christ que nous donne ce chapitre, afin que nos affections s’attachent à Lui pour le suivre dans le sentier de la foi, étant gardés de chercher notre repos dans les choses visibles.
La position chrétienne est envisagée à deux points de vue dans les épîtres du Nouveau Testament : 1° Dans l’épître aux Éphésiens, nous sommes vus comme assis en Christ dans les lieux célestes, et de là nous redescendons sur la terre pour y manifester dans la puissance du saint Esprit, la vie de résurrection du Chef auquel nous sommes unis. 2° Dans l’épître aux Hébreux, nous sommes considérés comme étant encore ici-bas, quoique participant à un appel céleste. Notre position a son type dans celle d’Israël après la traversée de la Mer Rouge. Nous sommes délivrés, comme l’était ce peuple en figure par la mort et la résurrection de Christ, de la mort, du jugement, de la puissance de Satan et du monde.
Ayant devant nous la Canaan
céleste, ainsi qu’un Christ glorieux qui attire nos regards et nos coeurs en
haut, nous allons à sa rencontre, et chaque jour nous rapproche du moment où
nous le verrons face à face. De plus, Il exerce en notre faveur, dans la
présence de Dieu, une sacrificature par laquelle nous recevons grâce et secours
pour traverser le désert. Il s’agit donc pour nous de nous emparer par la foi
de nos privilèges, car il n’y a rien pour la chair et les sens dans le domaine
de nos bénédictions. Si la foi manque, on tombe en route, comme ce fut le cas
d’Israël dans son voyage après la sortie d’Égypte. C’est le désert
qui manifeste la réalité de la
profession chrétienne ; car, si celle-ci n’est pas accompagnée de
l’opération du Saint Esprit, par laquelle l’âme est vivifiée, on ne peut
persévérer dans le chemin du ciel et l’on retourne au monde.
Notre chapitre nous présente la glorieuse Personne de Christ comme étant « l’Apôtre de notre confession » chrétienne (3:1), en contraste avec la profession judaïque. Comme tel, Il est venu de la part de Dieu nous apporter la révélation de ses pensées, de son Être et de sa gloire : Il est « Dieu manifesté en chair » (1 Tim. 3:16). Nous le voyons ensuite, au chap. 2, comme l’Homme autrefois abaissé, et qui est entré dans la gloire, où Il exerce en notre faveur une sacrificature à laquelle l’ont qualifié son abaissement et ses souffrances ici-bas.
Dieu a toujours parlé aux pères, dépositaires de ses promesses, par les prophètes, instruments que le Saint Esprit employait pour leur communiquer ses pensées. Mais, bien que les messages qu’ils apportaient fussent de Dieu et revêtus de son autorité, quel contraste entre ces instruments humains et Celui dans lequel Dieu nous a parlé « à la fin de ces jour-là » (v. 9), à la fin du temps d’épreuve du premier Adam sous la loi. Il nous a alors parlé lui-même « en Fils » (v. 2), c’est-à-dire comme Personne divine elle-même, la Parole éternelle qui s’est abaissée jusqu’à nous. Il est venu nous apporter, non des communications partielles de ses pensées, mais la pleine révélation de son Être, de sa gloire, de sa volonté, de ses conseils. L’Esprit de Dieu entre d’emblée dans le développement des perfections et des gloires qui lui appartiennent. On sent que c’est un sujet délicieux pour le coeur du Père : Il aime à nous occuper du Fils de son amour. Le Saint Esprit, dans cette épître, nous révèle ses gloires et son excellence, afin de nous attacher à sa Personne.
Le Fils a été établi « héritier de toutes choses » (v. 2). Puis, c’est par lui que Dieu a créé le vaste univers. Quelles gloires sont concentrées en Celui qui s’est abaissé jusqu’à nous pour souffrir et accomplir les conseils divins ! « Par lui-même, il a fait la purification des péchés et s’est assis à la droite de la majesté dans les cieux » (v. 3). Par son oeuvre de rédemption, Il a acquis un droit nouveau à la possession de l’héritage usurpé par l’Ennemi. En vertu de sa victoire, la plénitude de la gloire divine sera manifestée dans l’accomplissement de ses desseins et la réconciliation des choses créées avec Dieu (Col. 1:19).
Ainsi Christ est l’Héritier,
parce qu’Il est le Fils, le Créateur
et
le Rédempteur.
Non seulement Il a
créé toutes choses, mais il les soutient par sa parole puissante. Les hommes
parlent des lois naturelles, par lesquelles les mondes se soutiennent dans
l’espace, voulant exclure Dieu de l’univers qu’Il a créé. La Parole répond que
toutes choses dépendent de la puissance de Christ. Lorsque Satan cherche à le
frustrer de sa gloire et à détourner les coeurs de sa Personne, comme c’était
le cas pour les Hébreux, Dieu la met en relief avec d’autant plus d’éclat.
Tous les rayons de la gloire morale de Dieu ont brillé en Christ ici-bas, bien que la foi seule l’ait discerné. Enseigné par l’Esprit, Jean peut dire : « Nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père, pleine de grâce et de vérité » (Jean 1:16). L’empreinte de la divinité et « le resplendissement de sa gloire » (v. 3) étaient manifestés dans tous ses actes, dans chacune de ses paroles, dans ses moindres mouvements. La Personne de Christ était ici-bas la reproduction exacte, la fidèle empreinte, la manifestation parfaite de la gloire de Dieu. Celle-ci a brillé de tout son éclat au milieu des ténèbres de ce monde, bien que l’homme soit demeuré aveugle à sa lumière.
L’oeuvre de la rédemption nous est présentée ici comme étant celle du Fils de Dieu, qui l’a accomplie « par lui-même » (v. 3), sans le secours de personne. Il a ôté les péchés de plusieurs, puis, de son plein droit, « Il s’est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux » (v. 3), comme témoignage éclatant de la satisfaction infinie que Dieu a trouvée dans son obéissance et son sacrifice. Ailleurs, nous lisons que « Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire » (1 Pierre 1:21), mais ici tout est attribué au Fils. C’est ainsi que Dieu fait éclater sa gloire lorsque l’homme la méconnaît, et qu’Il encourage nos coeurs à s’attacher à sa Personne.
L’écrivain sacré établit
ensuite un parallèle entre la gloire de Christ et celle des anges, en
l’appuyant de sept
citations de
l’Ancien Testament. Ce parallèle fait ressortir la supériorité éclatante de
Christ sur eux, ainsi que sur l’ordre de choses terrestre dont ils étaient les
administrateurs. Remarquons que cette épître fait constamment appel aux
Écritures, parce qu’il importait de faire ressortir que, d’un bout à l’autre,
elles rendent témoignage à la personne de Christ. L’ordre de choses auquel les
Juifs s’attachaient était remplacé par le christianisme ; l’excellence des
bénédictions que ce dernier apportait était mesurée par la supériorité infinie
de la Personne de Christ sur les anges, administrateurs de la loi (Actes 7:53 ; Gal. 3:19).
Le premier
passage cité au v. 5
est tiré du Ps. 2 : « Tu es mon Fils ; moi, je t’ai aujourd’hui
engendré » (Ps. 2:7). Ce psaume nous révèle le propos de Dieu quant à son Oint,
en face de la révolte des hommes contre lui. Il est reconnu Fils de Dieu dans
ce monde. Dans la Parole il est déclaré tel à deux points de vue : d’abord, Il
est le Fils éternel du Père, la seconde Personne de la Trinité, la Parole qui
était auprès de Dieu et qui était Dieu (Jean 1:1), le grand « Je suis
»
par qui toutes choses furent créées, et qui les soutient par la parole de sa
puissance. Ensuite, comme Homme, Il est déclaré Fils de Dieu, engendré de Dieu
quant à son humanité, ayant reçu un corps formé par Lui, et dont il est dit :
« La sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu » (Luc 1:35 ; Ps.
40:6 ; Héb. 10:5). « Un enfant nous est né, un
Fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; et on
appellera son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince
de paix » (És. 9:6, 7). Aucun ange ne possède des gloires et une place comme
celles-là.
La deuxième
citation fait ressortir les conseils de Dieu à l’égard de
son Oint : « Moi, je lui serai pour père et lui me sera pour fils » (v. 5). Christ est Celui dont Salomon
était le type. Or, Dieu a-t-il jamais introduit un ange dans une relation
pareille avec lui ? A-t-il jamais établi un ange dans sa maison et dans
son royaume, comme Il le fera du vrai Fils de David dont le trône sera affermi
« pour toujours » ? (1 Chron. 17:12-13).
La troisième
citation (v. 6) nous révèle la gloire du Premier-né dont
il est dit : « Je ferai de lui le premier-né, le plus élevé des rois de la
terre » (Ps. 89:27). Lorsqu’il
est entré dans le monde dans l’humble condition d’un homme abaissé, les anges
ont proclamé sa gloire et loué Dieu pour sa bonté envers les hommes, en
disant : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts ; et sur la terre
paix, et bon plaisir dans les hommes » (Luc 2:14). Le Ps. 97 nous transporte
prophétiquement au moment où sa gloire éclatera aux yeux de tous. Ainsi, que ce
soit dans la condition humble d’un petit enfant naissant dans une étable, ou
dans la manifestation de sa gloire et de sa puissance, Il est l’Objet de
l’adoration de ces créatures célestes qui prennent plaisir à reconnaître son
excellence infinie.
La quatrième
citation nous montre la place des anges et leur service
dans la création. Ce sont des êtres qui obéissent à la voix de Celui qui leur a
donné l’existence et qui reconnaissent qu’ils ont été créés pour la gloire de
Dieu et l’accomplissement de sa volonté : « Qui fait ses anges des esprits, et
ses ministres une flamme de feu » (v. 7).
Ils ne sortent pas de cette position de dépendance de Dieu et servent
« en faveur de ceux qui vont hériter du salut » (v. 14).
La cinquième
citation établit par voie de contraste la gloire divine
du Fils : « Mais
quant au Fils :
Ton trône, ô Dieu, demeure aux siècles des siècles » (v. 8). Pourquoi est-il
reconnu Fils de Dieu comme né dans ce monde ? C’est parce qu’Il est le
Dieu éternel qui a été manifesté en chair, l’Homme glorieux qui est oint d’une
huile de joie au-dessus de ses compagnons (v. 9). Son règne sera caractérisé
par la justice et la paix. Le mal sera ôté et Dieu sera glorifié dans le
bonheur et la délivrance de sa création terrestre.
La sixième
citation est empruntée au Ps. 102. Aucun Psaume messianique
ne nous présente d’une manière plus saisissante le contraste entre
l’abaissement, la souffrance, l’humiliation jusqu’à la mort de l’Homme Christ
Jésus et sa gloire personnelle, divine et éternelle. Il est retranché au milieu
de ses jours : que deviennent les promesses qui se rattachent à sa
Personne ? Le temps de rebâtir Sion arrivera, mais, puisque ses jours sont
abrégés et que sa force est abattue dans le chemin (v. 23), qu’adviendra-t-il
du royaume fondé sur la manifestation de sa puissance ? La réponse donnée
par le saint Esprit à ces questions solennelles est de toute beauté et donne à
tout ce chapitre une puissance merveilleuse : « Toi, dans les commencements,
Seigneur, tu as fondé la terre… Tu es le Même, et tes ans ne cesseront point »
(v. 10-12). Il est le Créateur des cieux et de la terre qui s’est abaissé
jusqu’à la mort de la croix, et ses jours ne finiront pas. L’Homme de douleurs qui a « mêlé de pleurs son breuvage » (v.
9) et qui, durant les trois heures sombres de la croix a été l’objet de « la
colère et de l’indignation » du Dieu saint (v. 10) est le Dieu éternel et « les
cieux sont les oeuvres de ses mains ». Ils périront, mais lui demeure ; sa
gloire subsiste à toujours.
Tous les conseils de Dieu sont donc assurés en Lui, en raison de ce qu’Il est en lui-même, lui, le Fils éternel, Créateur et Rédempteur. Les versets précédents nous avaient parlé de ses gloires officielles et acquises, mais le v. 10 nous amène au sommet de toute la révélation divine quant à la Personne de Christ, à ce qu’Il est en lui-même, le Dieu éternel, en contraste avec les anges, créatures de ses mains. Il est « le Même », nom de Dieu révélé à Israël et souvent rappelé par les prophètes, en rapport avec les promesses qu’Il lui a faites (És. 43:10, 13 ; 41:4 ; Mal. 3:6).
La septième
citation tirée du Ps. 110 nous révèle la position actuelle
de gloire de l’Homme abaissé qui a souffert la mort de la croix, dont nous
parle le Psaume précédent. Dieu, l’a ressuscité et fait asseoir à sa droite, le
lieu de la puissance et de la gloire. Ses droits sont reconnus dans le ciel, en
attendant que la terre, scène de son rejet, soit le théâtre de ses victoires.
Le moment vient où la volonté de Dieu sera faite sur la terre comme au ciel
(Matt. 6:10). Maintenant les ennemis de Christ ont encore la haute main, bien
que les rênes du gouvernement soient toujours sous le contrôle souverain de
Celui qui, bientôt, brisera Satan sous nos pieds (Rom. 16:20) et abattra tout
ce qui s’exalte et s’élève contre sa volonté (És.
2:12).
En contraste avec toutes ces gloires de Christ, que sont les anges ? Des créatures célestes qui, dans les voies providentielles de Dieu servent « en faveur de ceux qui vont hériter du salut » (v. 14). Dans le royaume à venir, l’administration du gouvernement de Dieu ne leur sera pas confiée, mais elle sera remise entre les mains du Fils de l’homme qui partagera cette gloire avec ses saints célestes (2:5). Le caractère que revêtent présentement ces derniers est celui d’une participation actuelle au rejet dont leur Seigneur est l’objet de la part du monde. Tel est le point de vue sous lequel la position chrétienne est envisagée dans cette épître. Ce n’est pas, comme d’autres épîtres nous la présentent, notre union avec lui dans les lieux célestes, mais une part à cet appel qui nous rend étrangers ici-bas avec l’espérance de la gloire dans laquelle nous allons entrer. Pour l’atteindre, il faut franchir le désert avec tous ses dangers et ses obstacles, et ceux qui ne sont pas vitalement unis à Christ ne peuvent arriver au terme et tombent en route. C’est le voyage qui éprouve et manifeste tous les coeurs. Il faut que nous nous attachions avec toute l’énergie de la foi à cette glorieuse révélation de la Personne et de l’oeuvre de Christ, « de peur que nous ne nous écartions » (2:1), ou « glissions loin », comme un navire qui manque le port et va se briser sur les rochers.
Puissions-nous, dans l’énergie de la foi, saisir « l’espérance proposée, comme une ancre de l’âme, sûre et ferme » (6:18, 19). Ainsi, à mesure que les ténèbres deviennent plus épaisses autour de nous, souvenons-nous des promesses et des avertissements de la Parole. « Considérons l’Apôtre et le souverain Sacrificateur de notre confession » (3:1) et « courons avec patience la course qui est devant nous, fixant les yeux sur Jésus, le Chef et le Consommateur de la foi » (12:1).
ME 1920 p. 251
La gloire actuelle de Christ
dans les cieux nous est révélée pour la joie de nos âmes et notre
affermissement dans le sentier de la foi qui y conduit. À l’appui de cette
vérité de la position élevée dans laquelle Dieu a placé l’Homme obéissant,
l’écrivain de l’épître cite le Psaume 8 qui nous révèle les gloires futures du
Fils de l’homme autrefois abaissé et dans la souffrance, ainsi que l’étendue de
sa domination qui embrasse l’univers entier : « Tu l’as fait dominer sur
les oeuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous ses pieds » (Ps.
8:6). Son droit à la possession de tout le vaste domaine de la création a été
reconnu dans le ciel, mais son glorieux héritage ne lui sera donné que dans le
jour à venir. C’est ce que nous déclare notre chapitre (2:7, 8). Les droits de
Christ sont toujours méconnus sur la terre qui, pendant son absence, est encore
sous le pouvoir d’un usurpateur, et ses serviteurs qui désirent lui être
fidèles sont appelés à partager ses souffrances et son rejet. Toutefois, ceux
qui marchent par la foi sont dans le secret des pensées de Dieu : ils
savent que Celui que la terre rejette est le Seigneur de toutes choses et qu’il
est couronné de gloire dans le ciel, en attendant que « toutes choses » soient
placées de fait sous ses pieds. Il était important pour les croyants juifs
auxquels cette épître était adressée de considérer cette vérité précieuse, car
ils étaient en danger de se décourager à cause des souffrances du chemin. Le
remède à leur état était de fixer les yeux sur Jésus élevé à la droite de Dieu,
de le voir par la foi dans la plénitude de sa gloire, de sa puissance, de sa
victoire et de son amour. C’est ainsi que le coeur est gagné et encouragé à le
suivre dans le combat et la souffrance. Celui que nous voyons
(v. 9),
c’est l’Homme glorifié qui a porté dans le ciel cette humanité qu’Il avait
prise par amour et par obéissance. En devenant Homme, il a été fait un peu
moindre que les anges, car il est entré en grâce dans une condition inférieure
à la leur, « à cause de la passion de la mort », c’est-à-dire afin qu’il pût souffrir la mort expiatoire de la croix.
Pourquoi cet abaissement volontaire et ces souffrances du Fils de Dieu étaient-ils nécessaires ? Notre chapitre nous en donne quatre motifs
Il convenait à la gloire de
Dieu que le péché de l’homme avait déshonoré, que le Chef du salut fût consommé
par la souffrance (v. 10). La gloire du Dieu Créateur, à cause de qui et
par qui sont toutes choses, exigeait que
le mal qui souillait l’oeuvre de ses mains fût ôté de devant ses yeux. De plus,
dans son amour, il avait formé le propos d’amener des hommes sauvés et parfaits
en sa présence : Il voulait des fils
dans la gloire de sa
demeure ; aussi, il convenait à sa majesté qu’ils fussent purifiés de leur
état de péché par une oeuvre qui satisfît aux exigences de sa nature. Celui qui
avait pris en main leur cause, le Chef de leur salut, quoique parfait en
lui-même, ne pouvait les avoir comme ses compagnons dans la gloire qu’après
avoir souffert pour eux la mort de la croix. Il a été « consommé par des
souffrances » (v. 10), c’est-à-dire rendu pleinement propre ou qualifié pour cet
office, ce caractère de Sauveur des pécheurs perdus, en donnant sa vie pour eux
à la croix. C’est « la grâce de Dieu » qui est la source première de l’œuvre de
la rédemption. Ce sont ses compassions envers les coupables enfants d’Adam qui
ont nécessité ce grand sacrifice. Sa sainteté inexorable exigeait la punition
du péché, c’est pourquoi notre substitut a goûté la mort. Il en a ressenti,
dans son âme sainte, toute l’amertume sous le jugement divin. Les effets de sa
victoire s’étendent au vaste domaine de la création, car Il a goûté la mort
« pour tout
». La réconciliation des croyants avec Dieu est une
bénédiction actuelle acquise par la foi au sang de Christ (Rom. 5:10 ;
Col. 1:21). En outre, l’univers entier qui a été souillé par la révolte des
créatures déchues sera réconcilié avec Dieu, c’est-à-dire ramené dans un état
dans lequel il puisse trouver ses délices dans le travail de ses mains, en
vertu de l’oeuvre de Christ sur la croix. « En lui, toute la plénitude s’est
plue à habiter, et, par lui, à réconcilier toutes choses
avec elle-même,
ayant fait la paix par le sang de la croix » (Col. 1:19, 20).
Cette réconciliation, appelée
aussi « la régénération » (Matt. 19:28) et « le rétablissement de toutes choses »
(Actes 3:21), sera effectuée par le déploiement de la puissance de Christ en
son jour (Col. 1:20). Il a goûté la mort pour tout
, personnes et choses,
afin que les croyants maintenant et les choses créées plus tard soient amenés
dans une relation bénie et immuable avec Dieu.
Le fruit glorieux de l’oeuvre
de la rédemption est d’amener dans une union intime Christ et les saints célestes
sur le terrain de la résurrection : « Car et celui qui sanctifie et ceux
qui sont sanctifiés sont tous d’un » (v. 11). « Celui qui sanctifie », Christ,
l’homme victorieux de la mort, et ceux qu’il a « sanctifiés », qu’il a séparés de
ce monde et délivrés de leur ancienne condition de péché, de mort et
d’esclavage et amenés à la possession de la vie et du salut, sont tous d’un
. Ils sont d’une même origine en résurrection, et placés ainsi
sur un terrain commun de bénédiction, étant devant Dieu dans la même
faveur : Lui, le chef, le premier-né d’entre les morts, s’y trouve à cause
de son excellence infinie ; eux, ses frères et ses compagnons, y ont été
amenés en vertu de son sacrifice. Selon l’usage de l’épître, ces vérités sont
appuyées de trois citations de l’Ancien Testament. Christ aurait bien sujet
d’avoir honte d’appeler ses frères des êtres tels que nous, mais son amour nous
voit comme les objets du conseil de Dieu nous ayant lavés dans son sang, il
peut donc s’identifier avec les siens et prendre place avec eux sur le terrain
de la résurrection où son oeuvre les a amenés. Aussi, selon la parole
prophétique, il déclare : « J’annoncerai ton nom à mes frères
;
au milieu de l’assemblée, je chanterai tes louanges » (v. 12). Il veut bien nous
appeler ses frères, mais il serait inconvenant que nous le nommions « notre
Frère ». Évitons ce langage qui n’a pas l’approbation de l’Écriture. Remarquons
ici avec quel soin jaloux la Parole défend la gloire personnelle de Celui qui
s’est abaissé jusqu’à nous. Ainsi, au v. 11, nous lisons : « Celui qui
sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un
». L’Esprit
ne dit pas : « d’un même Père », ce qui mettrait le Fils au niveau de ceux
qu’il a sanctifiés. La vérité de l’union des saints avec lui est affirmée, sans
que sa gloire personnelle en soit atteinte. Il dit aussi : « Je monte vers mon
Père et votre
Père » (Jean 20:17), non pas : « notre
Père », ce
qui impliquerait une égalité d’essence du Fils et de ceux qu’il a amenés au
Père. Sa gloire personnelle et divine n’est jamais sacrifiée, quelque profond
que soit son abaissement volontaire.
C’est après sa victoire sur la mort et son prince qu’il annonce à ses disciples la relation et la position nouvelles dans lesquelles son oeuvre les avait amenés avec le Père et devant Dieu. Il a maintenant une Assemblée, unie à Lui, objet de la faveur de Dieu et qui peut chanter ses louanges sous sa direction, car il se trouve au milieu de ses saints pour occuper leurs coeurs de sa Personne et de l’amour du Père.
Le second passage cité nous
révèle le caractère pratique de Christ manifesté dans sa vie de dépendance et
d’obéissance ici-bas : « Moi, je me confierai en lui » (v. 13). C’est là ce
que nous avons à réaliser pour refléter notre parfait Modèle et être ses
témoins en son absence. Enfin, dans une troisième citation, nous trouvons la
consommation
glorieuse du propos de Dieu à l’égard des saints qu’il a unis à Christ
victorieux de la mort. Il peut déjà les présenter au Père comme le fruit de son
travail, et comme étant les enfants qu’il lui a donnés (És.
8:18). En Jean 17, il parle d’eux, à plusieurs reprises, comme étant ceux que
le Père lui a
donnés
(Jean 17:6, 9, 12, 24). À la fin du voyage,
il les amènera dans sa présence « avec abondance de joie » (Jude 24), et alors
sera pleinement réalisée cette parole : « Me voici, moi et les enfants que
Dieu m’a donnés » (v. 13). Pendant qu’Israël rejette son Messie et que l’Éternel laisse ce peuple dans
l’incrédulité, l’Église est comme un résidu pieux qui reconnaît ses droits et
lui appartient comme son Assemblée.
Nous
trouvons ensuite un second motif important de l’humiliation volontaire du
Seigneur de gloire. Ceux qu’il voulait sauver étaient des hommes
:
il devait donc entrer dans leur condition, revêtir un corps humain parfait formé
par Dieu, obéir et souffrir sur la croix, afin que Dieu fût glorifié et pût en justice accomplir Ses desseins d’amour : « Puis
donc que les enfants ont eu part au sang et à la chair, lui aussi semblablement
y a participé » (v. 14). Le « sang et la chair », indique l’humanité (Éph. 6:12) en contraste avec une condition spirituelle
comme celle des anges. L’expression « la chair et le sang » est employée par
l’Écriture pour désigner l’état moral de l’homme déchu (1 Cor. 15:50 ;
Gal. 1:16). Il faut se garder de l’appliquer à Christ. Son humanité était pure
et sans tache : « La sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu »
(Luc 1:35). Il a participé
au sang et à la chair ; le mot n’est pas
le même que celui qui est appliqué à ceux qu’il venait sauver. En grâce, il est
entré dans cette condition d’abaissement, mais son humanité n’a rien connu de
la déchéance de la nôtre.
Les « enfants » que le Fils éternel venait racheter pour les amener au Père étaient tombés sous la puissance du diable. Le chef de leur salut devait donc devenir un homme, afin de pouvoir souffrir la mort pour eux. Il devait descendre dans ce sombre domaine, dernière forteresse de l’ennemi. Celui-ci, par la crainte qu’inspirait la mort à ses victimes, les tenait sous l’esclavage. En mourant pour nous, il a brisé nos chaînes. Nous jouissons maintenant par la foi de cette délivrance dans la puissance du Saint Esprit, qui nous révèle la gloire dans laquelle Christ est entré et notre union avec lui en vie et en justice.
Remarquons que c’est « par la mort » que Christ a vaincu Satan et l’a rendu impuissant pour ceux qui croient. C’est l’épée même de Goliath, l’arme par laquelle il effrayait Israël, que David emploie pour lui couper la tête (1 Sam. 17:51). C’est aussi le sens de l’énigme de Samson : « De celui qui mange est sorti le manger, et du fort est sortie la douceur » (Juges 14:14). Du lion déchiré par l’homme fort procède la douceur de la délivrance et des bénédictions divines, fruit de la victoire de Christ. C’est en subissant la croix qu’il a vaincu Satan. Sa mort était une apparente défaite. C’est ainsi qu’en jugeaient ses deux disciples qui s’en retournaient attristés à Emmaüs (Luc 24), mais ils apprirent à le connaître comme le second Adam victorieux de la mort. Il a vaincu celui qui avait « le pouvoir de la mort ». C’est Christ qui a maintenant ce pouvoir : Il tient les clés de la mort (pour le corps) et du hadès (pour l’âme) (Apoc. 1:18). La mort est toujours là, mais, pour la foi, elle a perdu son caractère de roi des terreurs. Il y a eu, dans la résurrection de Christ, une manifestation éclatante de sa victoire. Les puissances des ténèbres ont été comme menées captives en triomphe, comme l’étaient les ennemis vaincus qui ornaient le cortège des généraux victorieux à Rome (Col. 2:15 ; Éph. 4:8).
Enfin nous avons à considérer un dernier aspect sous lequel nous est présentée la vérité de l’humiliation du Seigneur et de ses résultats bénis. Il devait descendre sur cette scène de souffrances, afin d’entrer en grâce dans les circonstances éprouvantes de ceux qu’il venait sauver. Ayant ainsi appris par une expérience douloureuse ce qu’était le sentier d’obéissance dans lequel il était entré pour faire la volonté de Dieu, il peut maintenant exercer, en sa présence, le service de la sacrificature pour les siens dans le combat : « Car, en ce qu’il a souffert étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés » (v. 17, 18). Il attire nos coeurs en haut, en nous révélant sa gloire, son amour et les bénédictions infinies qui découlent de notre appel céleste. Puissions-nous fixer nos regards sur Jésus, le Chef et le consommateur de la foi et courir à sa rencontre avec patience, en « rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément » (12:1).
ME 1920 p. 146, 175
Les mots : « C’est pourquoi »
(v. 1) qui se retrouvent fréquemment dans cette épître introduisent des
exhortations pratiques qui découlent des vérités glorieuses exposées dans les
chapitres précédents. Ces exhortations sont adressées aux « frères saints,
participants à l’appel céleste ». Ils sont associés à Christ, dans son opprobre
et dans sa gloire, comme ses « compagnons » (v. 14), ayant été délivrés du
présent siècle et amenés, par son oeuvre, sur un terrain de séparation pour
Dieu. Ils sont appelés à participer à une gloire qui les attend en haut et qui
fait l’objet de leur espérance. Cet appel les distingue d’Israël, peuple
terrestre auquel le pays de Canaan est destiné, mais qui n’en prendra
possession que plus tard. Maintenant, Dieu prépare les siens pour une patrie
céleste, en leur donnant des affections, une vie et un objet en rapport avec
celle-ci. Cet objet, c’est Christ, « l’Apôtre et le souverain sacrificateur de
notre confession » ou de notre « profession de foi ». Comme Apôtre
, il est venu
de la part de Dieu, nous apporter la pleine révélation de son Être, de ses
perfections et de ses pensées. Sa gloire a brillé dans l’abaissement de son
humanité ici-bas. C’est le sujet du chapitre 1. Comme souverain Sacrificateur
, il est entré dans les lieux célestes,
sphère de sa sacrificature et de nos bénédictions, après avoir accompli son
oeuvre de rédemption pour nous (voir chap. 11). Il attire nos regards et nos
coeurs en haut, en nous révélant sa gloire, son amour et les bénédictions
infinies que nous avons en Lui et qui découlent de notre appel. Si la foi est
en activité dans nos âmes, nous le voyons, nous le considérons ; nos
coeurs s’attachent à Lui, nous courons à sa rencontre et la terre perd ses
attraits. Mais le danger pour nous, comme pour les Hébreux, c’est que la foi
perde sa fraîcheur, sa vigueur et son énergie et que nous retournions de nos
coeurs en Égypte. Nous oublions alors les promesses de Dieu, la Canaan céleste
et le Sauveur glorieux qui est entré dans les lieux saints, après avoir
souffert et accompli l’oeuvre de la rédemption à la croix. Aussi, comme eux,
nous avons besoin des exhortations de cette épître.
Du côté de Dieu, tout est sûr
et accompli : le ciel est ouvert
; le voile est déchiré, l’oeuvre
de la rédemption est achevée ; le Saint Esprit a été donné ; par son
opération en nous, nous sommes vivifiés et sanctifiés pour Dieu, et il rend
témoignage à notre parfaite acceptation devant Lui et à notre union avec
Christ, l’Homme glorieux, le Premier-né entre plusieurs frères. Mais nous
sommes encore dans le désert
, exposés aux embûches, aux épreuves et aux
combats de la route. C’est le désert qui manifeste l’état de tous les coeurs.
Si la foi vivante, produite en nous par l’opération divine, lie nos âmes
vitalement à Christ nous arriverons au bout de la course, malgré tous les
obstacles du chemin, mais si une âme n’a que la profession sans la vie, elle
tombe en route comme Israël dans le désert. Aucune brebis du bon Berger ne peut
périr, mais toute plante que le Père n’a pas plantée sera déracinée (Matth. 15:13).
Comme dans toute l’épître,
l’Esprit établit le contraste entre la gloire de Christ et l’ancien ordre de
choses duquel Dieu avait sorti ces Hébreux. C’est Moïse qui était le
dispensateur de l’économie lévitique, le médiateur entre le peuple et Dieu,
tandis que c’est Christ qui est établi à la tête de la maison spirituelle dont
nous sommes les pierres vivantes. Combien sa gloire est plus grande que celle
de Moïse ! D’abord il est le Fils
tandis
que ce dernier, quelque fidèle qu’il fût, n’était qu’un serviteur.
Le témoignage rendu à Moïse est bien précieux et digne
de notre attention, mais la gloire du Fils, à qui appartient la maison est bien
au-dessus de la sienne.
Non seulement Christ est le
Fils, mais il est le Créateur
qui a « bâti toutes choses ». L’univers
entier est sorti de ses mains toute-puissantes. Dans
ce sens, c’est celui-ci qui est sa maison, le lieu où il manifeste sa gloire :
« Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’étendue annonce l’ouvrage de ses
mains » (Ps. 19:1). Toutefois, Dieu a voulu avoir une demeure spéciale
, un lieu où sa gloire fût manifestée d’une manière toute
particulière, non seulement « sa puissance éternelle et sa divinité » [Rom. 1:20]
comme c’est le cas dans les oeuvres de la création, mais la gloire
de sa grâce
[Éph.
1:6].
C’est avec l’homme que Dieu a
voulu habiter et cette pensée remplit toute l’Écriture. Elle a été manifestée
déjà en Eden où Dieu venait lui rendre visite, avant la chute, mais ce ne fut
qu’après la rédemption d’Israël à travers la mer Rouge qu’il révéla son propos
d’établir son sanctuaire au milieu de son peuple (Ex. 15:17). Le tabernacle où
sa gloire était manifestée, dans la nuée, puis le temple où il demeurait entre
les chérubins, rendaient témoignage à ce désir du
coeur de Dieu. Mais il fallait l’oeuvre de la croix pour accomplir pleinement
son propos : le résultat béni de cette oeuvre fut que le Saint Esprit vint
habiter dans les rachetés et au milieu d’eux. Ils devinrent ainsi la maison de
Dieu collectivement, et chacun d’eux individuellement le temple du Saint Esprit
(1 Cor. 3:16 ; 6:19).
Cette maison est confiée à la responsabilité de l’homme. Aussi lisons-nous : « Nous sommes sa maison, si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance » (3:6). Il faut distinguer les deux aspects sous lesquels cette vérité nous est présentée dans la Parole : 1° La maison est vue comme le fruit du travail de Christ (1 Pierre 2:4, 5). Il est la pierre de fondement, à laquelle les croyants sont ajoutés comme des pierres vivantes. C’est son oeuvre et l’homme n’y entre que comme objet de sa grâce et de sa puissance souveraines, ainsi que le Seigneur l’avait dit à Pierre : « Sur ce roc, je bâtirai mon Assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matth. 16:18). Aucune puissance de l’ennemi ne peut compromettre le fruit des souffrances et de la mort expiatoires de l’Homme de douleurs : Il verra son Assemblée bien-aimée dans toute sa beauté ; elle sera « le temple saint » (Éph. 2:21), dans lequel Dieu manifestera sa gloire ; l’habitation éternelle de son amour (Apoc. 21:3). 2° La maison est aussi envisagée en rapport avec la responsabilité des bâtisseurs humains. Le fondement en est posé, « lequel est Jésus-Christ, mais que chacun considère comment il édifie dessus » (1 Cor. 3:10, 11). Il y entre de mauvais matériaux, « du bois, du foin, du chaume », qui seront brûlés au jour du Seigneur.
Dans notre passage, le Saint
Esprit avertit les Juifs qui étaient entrés dans la profession chrétienne du
danger qu’ils couraient de retourner aux ombres de l’économie légale, en
abandonnant ainsi les bénédictions révélées à la foi. Aussi pour être la maison
de Dieu, il faut demeurer ferme dans l’attente de la gloire qui fait l’objet de
l’espérance placée devant les croyants. Il n’y a rien pour la chair et les sens
dans un tel chemin, mais le coeur attaché à la Parole se repose avec confiance
sur les promesses de Dieu et salue avec allégresse la bienheureuse espérance
placée devant lui. Nous trouvons ici l’activité de la vie divine dans les trois
grands principes qui la caractérisent, et dans lesquels elle se manifeste : la
foi, l’amour et l’espérance. La
foi
retient avec énergie les promesses de Dieu et garde jusqu’au bout
« la confiance » en elles. L’amour
s’attache au Christ glorieux qui est
l’objet du coeur dans le chemin de la souffrance. L’espérance
nous fait réaliser la gloire à venir
et nous la fait attendre avec patience (v. 6).
Remarquons encore que toutes
les gloires développées dans cette épître se concentrent sur une Personne
connue autrefois dans l’humiliation et la souffrance : « Jésus
, qui est
fidèle à Celui qui l’a établi » (v. 2) dans sa souveraine sacrificature. Son Nom
est celui sous lequel il a été connu comme l’homme méprisé et rejeté, mais
qu’il a reçu dans la gloire, comme un « nouveau nom » (Apoc.
3:12), qui est « au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout
genou » (Phil. 2:9, 10). Comme il a été « le témoin fidèle » ici-bas (Apoc. 1:5 ; 3:14), il est fidèle aussi dans l’exercice
de sa sacrificature envers ceux qui forment sa maison.
Nous avons à considérer sérieusement les exhortations pratiques qui découlent de ce merveilleux tableau des gloires de Christ et de la position bénie que nous occupons comme pierres vivantes de sa maison. Nous devons veiller à ne pas nous laisser détourner du chemin de la gloire par les convoitises de l’Égypte. Nous sommes encore dans le désert et notre position ressemble à celle du peuple d’Israël, dont l’histoire était bien connue des Hébreux et devait leur servir d’avertissement, comme à nous et à tous ceux qui font profession de marcher vers le repos promis. Il y a un repos à venir pour le peuple de Dieu (3:11 ; 4:1, 3, 5, 8, 9), et c’est vers ce but béni que nous nous acheminons. Nous avons tout ce qu’il faut pour y entrer, la vie divine, le Saint-Esprit, la rédemption, le Christ glorieux qui attire nos regards et nos coeurs en haut, mais c’est la foi seule qui s’empare du repos promis et qui nous rend capables de refuser les choses présentes et de nous attacher aux réalités invisibles.
Le danger pour nous est de
professer le christianisme, sans que cette profession soit accompagnée de la
foi vraie qui attache le coeur à Christ et purifie les
affections en les portant sur cet objet béni et les choses du ciel. Si cette
foi n’est pas vivante dans l’âme, le coeur s’endurcit et se ferme à la voix
divine, pour courir après les vanités mensongères. C’est ce qui arriva à
Israël, ainsi que le rappelle le Ps. 95 cité dans notre chapitre. C’est
l’Esprit Saint qui parle par la bouche du psalmiste ; aussi combien grande
est la portée de cet avertissement ! (v. 7). « L’irritation
» (Mériba) et
« la tentation
» (v. 8) (Massa) nous rappellent les murmures du peuple dans le
désert (Ex. 17:7). De fait, toute l’histoire d’Israël, de la mer Rouge au
Jourdain, se résume dans ces deux mots. Le peuple irritait Dieu par son
incrédulité et son mépris de ses promesses, et c’est ce qui caractérise encore
la profession sans vie qui rejette la Parole divine. Nous avons à prendre à
coeur les exhortations de l’Esprit, car nous sommes encore dans un monde de
péché dont Satan est le prince.
Il est important de comprendre la position spéciale dans laquelle se trouvaient les croyants hébreux auxquels l’épître est adressée. Ils avaient abandonné le système de la loi et des ordonnances pour s’attacher à un Christ céleste qui ne peut être connu que par la foi, puisqu’il est invisible à nos yeux. Par son sacrifice, ils avaient trouvé la paix pour leurs consciences troublées et, dans sa Personne, un objet pour leurs coeurs. Au début de leur vie chrétienne, leur foi était si vivante qu’ils avaient accepté avec joie les souffrances pour Christ et même l’enlèvement de leurs biens (10:34). Mais, plus tard, la puissance et la fraîcheur du premier amour ayant décliné dans leurs coeurs, l’ennemi réussissait à les décourager à cause des afflictions de la route, et plusieurs d’entre eux étaient en danger de retourner au monde pour échapper à l’opprobre de Christ ; quelques-uns même l’avaient déjà fait. En prenant cette voie, ils s’associaient à ceux qui avaient crucifié le Seigneur et se plaçaient sous le jugement qui allait atteindre la nation incrédule et rebelle. Ils rejetaient les deux grandes bénédictions du christianisme : 1° la personne et l’oeuvre de Christ (10:26-31) ; 2° le témoignage du Saint Esprit donné en suite de la victoire de la croix (6:4-8). Il ne restait plus de pardon à attendre pour ceux qui, de propos délibéré, rejetaient ainsi la grâce et les dons de Dieu, après les avoir goûtés. La conséquence de leur incrédulité était un endurcissement judiciaire qui les éloignait de la bénédiction et rendait impossible une oeuvre de repentance dans leurs âmes.
Les mêmes dangers existent pour tous ceux qui font profession de christianisme aujourd’hui, quoique les circonstances ne soient pas les mêmes. L’avertissement du verset 12 nous est donc tout à fait applicable. Dieu ne laissera périr aucun de ceux qui lui appartiennent par la foi en Christ ; d’autre part, nous sommes tous sur le terrain de la profession ; or il y a des professants qui ont la vie et d’autres qui ne l’ont pas ; c’est le désert qui manifeste l’état vrai de chacun. Si l’oeuvre divine n’a pas été opérée dans une âme, la semence n’étant pas tombée dans « la bonne terre » (Luc 8:8), on retourne au monde et il n’y a pas de fruit à maturité. Alors on abandonne « le Dieu vivant », parce qu’on ne l’a jamais réellement connu. Le « méchant coeur d’incrédulité » (v. 12) caractérise l’homme naturel qui est rebelle à Dieu et incrédule à sa Parole, à ses promesses et à son amour.
Il est important de nous
souvenir que nous appartenons au « Dieu vivant et vrai » (1 Thess.
1:9), un « Dieu de près et non de loin » (Jér. 23:23), que la foi connaît dans son
amour et sa puissance, tandis que l’homme aveugle et incrédule ne jouit
d’aucune des bénédictions qu’Il dispense. Christ est « le Fils du Dieu vivant
» (Matth. 16:16). En Lui, la puissance de la vie divine a été manifestée dans
son triomphe sur la mort. C’est sur Lui que l’Assemblée est fondée ; elle
est le fruit de sa victoire et possède une vie que ni la mort, ni le pouvoir de
l’ennemi ne peuvent atteindre. Aussi le Seigneur déclare-t-il à Pierre : « Sur
ce roc, je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès
ne prévaudront pas contre elle » (Matth. 16:8).
Prenons à coeur les
avertissements de cette épître ; comme les Hébreux auxquels elle était
adressée, nous sommes en danger d’oublier « le Dieu vivant » (Hébr. 3:12 ; 9:14 ; 10:31 ; 12:22),
pour nous attacher aux vanités mensongères. « Prenez garde, frères
» (v. 12). Ils étaient tous reconnus, selon leur profession,
comme des « frères », des membres de la famille de Dieu et des « compagnons de
Christ » dans son opprobre, mais le désert manifesterait s’ils étaient tous
vitalement unis à Lui et participants par la foi des bénédictions qui découlent
de son oeuvre. Ils étaient tous des branches de « l’olivier
» (Rom. 11),
comme le sont tous ceux qui font profession d’appartenir à Christ et qui, par
ce fait même, sont dans l’enceinte de la bénédiction, où le Saint Esprit opère
pour amener les âmes et les unir à Lui dans la gloire. Mais, s’ils retournaient
au judaïsme, ils abandonnaient le terrain béni où se trouvent la lumière et les
privilèges du christianisme : ils étaient alors en danger d’être retranchés de
l’arbre des promesses, comme l’a été la nation juive dans son ensemble et comme
le sera la chrétienté apostate au jour du jugement (Rom. 11:16-22).
C’est pourquoi,
nous avons à
nous exhorter l’un l’autre à nous attacher fermement au Seigneur (v. 13) et à chercher son secours,
par la prière et par la méditation de la Parole, de peur que quelqu’un d’entre
nous ne s’endurcisse, en se laissant séduire par les attractions que Satan lui
présente dans un monde où règne le péché. Si le mal n’est pas jugé dans nos
coeurs, il s’y produit un endurcissement moral qui ôte toute puissance à la
vérité et empêche la voix du bon Berger de parvenir à nos âmes. Le plein résultat
de cet endurcissement, qui peut être long et graduel, est un retour complet au
monde. Si l’âme a été vraiment vivifiée, elle sera ramenée par la discipline du
Père, sinon elle tombe dans l’apostasie.
Nous trouvons ici la patiente grâce du Seigneur en exercice envers les âmes, aussi longtemps que dure son jour de miséricorde. Mais celui-ci n’est jamais présenté comme devant durer longtemps : il est limité par le mot : « Aujourd’hui » (v. 13, 15). Demain, peut-être, ce sera trop tard, car le jugement est à la porte. Il en fut ainsi pour la nation juive, car quelques courtes années après que cette épître fut écrite, Jérusalem fut détruite et une grande partie du peuple fut mis à mort.
Nous sommes devenus les
compagnons du Christ à un double point de vue : 1° dans son opprobre et son
rejet maintenant (3:1-14) ; 2° dans
sa gloire, en son jour (1:9). Si nous souffrons avec Lui, nous régnerons aussi
avec Lui. Il faut persévérer dans le chemin de la foi et retenir jusqu’au bout
de la course « le commencement de notre assurance » (v. 14), c’est-à-dire
l’assurance et la confiance aux promesses de Dieu qui nous ont caractérisés au
commencement de notre vie chrétienne. Le Saint Esprit insiste, dans ses
exhortations, sur deux caractères de la vie divine dans le croyant : l’obéissance
et la foi
. Ce sont des traits du nouvel homme qui n’existent
pas dans le coeur naturel. Le premier Adam pouvait être en relation extérieure
avec Dieu, comme l’était
Israël « selon la chair » (1 Cor. 10:18), mais il ne peut pas manifester les
caractères de la vie divine : les fruits de celle-ci ne se trouvent que chez
ceux qui l’ont reçue par la foi.
Ainsi, bien que participant aux promesses et aux bénédictions divines, Israël dans le désert fut incrédule et désobéissant et ne put entrer dans le repos. C’est contre ce peuple que Dieu a été « indigné » (v. 10), car rien ne provoque sa colère comme la rébellion de ceux qui sont en relation avec lui, qui voient ses merveilles comme c’était le cas des Israélites, en Égypte et à la mer Rouge, et qui, malgré tous ces témoignages de son amour et de sa puissance, l’abandonnent pour se livrer à la méchanceté de leur coeur et à l’idolâtrie.
La chrétienté est encore plus
coupable, car elle a le témoignage du Saint Esprit, rendu à l’oeuvre de la
rédemption et à la glorieuse personne de Celui qui l’a accomplie. L’écrivain
sacré fait ressortir en terminant que les privilèges extérieurs
du peuple de Dieu ne garantissent pas du jugement ceux
qui se détournent du chemin de la foi et de l’obéissance, et que la
connaissance intellectuelle de la vérité ne suffit pas pour faire entrer dans
le repos (v. 16-18). « Nous qui avons cru
, nous entrons dans le repos » (4:3).
ME 1922 p. 171, 180
Cette épître est
essentiellement celle du désert
. Les croyants y sont vus comme étant
participants d’un appel céleste et s’acheminant vers un Christ élevé dans la
gloire, mais ayant à traverser, de même qu’Israël après la mer Rouge, un « grand
et terrible désert ». Ce voyage, semé d’épreuves, d’exercices et de dangers,
manifeste l’état de tous les coeurs. Si la profession du christianisme n’est
pas accompagnée de l’œuvre du Saint Esprit dans l’âme, qui la lie vitalement à
Christ, On tombe en route et on retourne au monde. De là cette parole
solennelle du v. 1 : « Craignons
».
Ce verset se lie à la fin du chapitre
3 dans laquelle l’écrivain sacré rappelle, par l’exemple d’Israël dans le
désert, qu’il ne suffit pas d’être extérieurement en rapport avec Dieu pour
avoir part aux bénédictions immuables et éternelles qu’il a en réserve pour ses
rachetés. Notre chapitre développe cette pensée en expliquant ce qu’est le
repos de Dieu, vers lequel s’achemine son peuple, et dans lequel nous jouirons
éternellement des fruits de l’œuvre de la rédemption, ainsi que de l’amour
ineffable de Celui qui l’a accomplie. Ensuite il nous présente les ressources
que Dieu a mises à notre portée dans le désert, pour que nous puissions arriver
au repos final. La première est la Parole
qui émane de Lui par son Esprit (v. 12) et qui opère efficacement en nous
pour juger toute activité de la chair, tout ce qui nous détournerait du chemin
du ciel. La seconde ressource précieuse est la
sacrificature de Christ
(v. 14) qui s’exerce en notre faveur devant Dieu,
et a trait aux infirmités et aux souffrances de ceux qui marchent vers le repos
promis. Enfin, nous avons le trône de la
grâce
(v. 16), où nous rencontrons Dieu dans sa majesté, mais aussi dans
son amour infini, et où nous puisons le secours de sa miséricorde pour tous les
besoins de la route.
Tels sont les trois précieux appuis du fidèle dans sa marche à travers le désert. Le secret de la bénédiction et de la sécurité pour lui, dans son chemin vers le ciel, est de mettre sans cesse à profit les ressources que Dieu a mises à sa disposition.
La crainte exprimée au v. 1 relativement aux professants qui pourraient ne pas atteindre le repos promis, ne diminue en rien la parfaite sécurité du vrai croyant, ni l’entière assurance que lui donne la foi aux promesses de Dieu, mais elle engage son cœur à rechercher sans cesse la présence du Seigneur, ainsi qu’à sonder ses motifs d’action à la lumière de sa Parole, et à juger tout ce qui est en désaccord avec elle. Tout ce qui est incompatible avec sa sainteté, tout ce qui ne supporte pas la lumière, tout ce qui est le fruit de la chair en nous, doit être mis à découvert et rejeté. Craignons donc que quelqu’un d’entre nous « paraisse ne pas atteindre » le repos qui est le but glorieux de notre course. Il en est ainsi d’un professant du christianisme dont la conduite ne manifeste pas les caractères de Christ ; dans ce cas, on peut craindre qu’il ne soit pas véritablement à Lui et en route vers le ciel. Ne nous contentons pas d’une vaine profession de la vérité chrétienne, mais demandons-nous sérieusement où nous en sommes dans nos relations avec le Seigneur : le connaissons-nous réellement, l’aimons-nous et le suivons-nous, ou nos coeurs sont-ils dans le monde, comme ceux d’Israël dans le désert étaient demeurés en Égypte ?
Nous avons entendu la bonne
nouvelle d’un salut accompli qui nous ouvre le ciel, comme Israël avait appris
qu’en le délivrant du pays de l’esclavage, Dieu le conduisait vers la Canaan
terrestre, mais ce message d’amour ne leur servit de rien, parce qu’il « ne fut
pas mêlé avec la foi » (v. 2) dans leurs coeurs, c’est-à-dire qu’il ne fut pas
accompagné de cette opération divine, qui donne la foi à la Parole et
communique la vie, par laquelle l’âme connaît Dieu et jouit de ses pensées, de
ses promesses et de son amour. Si ce travail salutaire est accompli dans une
âme, elle possède ce qui est nécessaire pour entrer dans le repos : « Nous qui avons cru
, nous entrons dans le repos » (v. 3) ; nous en sommes
participants, nous en sommes « les entrants ». La position du chrétien à cet
égard ressemble à celle d’un voyageur qui a son billet de chemin de fer, et qui
attend sur le quai de la gare l’arrivée du train. Il n’a aucune crainte quant à
son droit d’y entrer, mais doit veiller à tout ce qui pourrait lui faire perdre
de vue le but de son voyage. C’est ainsi que nous cheminons à la rencontre du
Seigneur qui nous mettra en possession du repos de Dieu, auquel son œuvre nous
donne droit. Telle est la part inaliénable de la foi.
Si la profession que nous
faisons d’appartenir à Christ est accompagnée de la réalité que donne la
possession de la vie par la foi en Lui, nous atteindrons sûrement le repos,
sinon nous sommes en danger de tomber en route. « Tomber » ne signifie pas ici
« faire une chute », ce qui peut arriver hélas ! à un vrai chrétien, mais
abandonner la profession du christianisme et retourner au monde, comme
l’avaient déjà fait plusieurs des Hébreux, après avoir confessé appartenir au
Seigneur ; de là la nécessité des exhortations solennelles de cette épître
(voir Héb. 6:4-6). À l’appui de cette vérité, le
Saint Esprit nous donne de nouveau l’exemple d’Israël non seulement dans son
voyage à travers le désert
, mais dans ses expériences dans le
pays
de Canaan.
C’est à ce peuple que s’adresse cette parole du Psaume 95 : « S’ils entrent dans mon repos ! » (v. 3). Longtemps après que Josué eut introduit Israël dans la Canaan terrestre, l’Esprit de Dieu, parlant par la bouche de David, avertit ainsi les désobéissants de la colère de Dieu et les menace de la privation de son repos. Si donc Josué leur avait donné le repos que Dieu avait en réserve pour ses rachetés, Il n’aurait pas parlé après cela d’un autre jour et d’un autre repos. Canaan n’était donc que la figure de bénédictions meilleures et permanentes que Dieu voulait donner aux siens. De fait, Canaan était encore une terre souillée par le péché et Dieu ne pouvait y trouver son repos.
Comment concilier cette promesse d’un repos à venir, dans lequel seront amenés ceux qui ont cru, avec le fait que les oeuvres de Dieu ayant été terminées, Il se reposa le septième jour (Gen. 2:2) ? Ce premier repos de la création a été troublé par le péché et, dès lors, Dieu a recommencé à travailler en grâce ; ainsi que le dit Jésus : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille » (Jean 5:17). Or, le travail et le repos ne peuvent exister ensemble, le repos étant la cessation du travail. Il viendra un jour où Dieu se reposera dans le fruit de son travail d’amour ; ce sera le repos de la rédemption dans lequel il nous amènera par sa puissance. Ce repos est devant nous et, si nous cherchons dans une scène souillée un autre repos, nous encourons la discipline du Père, par laquelle nous sommes ramenés dans le chemin du ciel.
Le repos nous est présenté
sous trois aspect dans la Parole : 1° le repos de la conscience
que reçoit l’âme fatiguée sous le poids de ses péchés,
lorsqu’elle apprend à connaître Christ comme son Sauveur, ainsi que la valeur
de son oeuvre accomplie (Matt. 11:28 ; Rom. 5:1) ; 2° le repos du coeur
, que le croyant trouve dans la scène du combat et de la
souffrance, en prenant le joug du Seigneur, et en marchant avec Lui, dans la
soumission à sa volonté (Matt. 11:29). 3° Enfin le repos de Dieu
, final,
immuable, éternel, dans lequel nous serons amenés à la venue du Seigneur, et
qui sera pleinement réalisé dans tout l’univers de Dieu dans les nouveaux cieux
et la nouvelle terre, dans lesquels habitera la justice et où « Dieu sera tout
en tous » (2 Pierre 3:13 ; 1 Cor. 15:28 ; Apoc.
21:2-4). C’est vers ce repos béni que s’acheminent les croyants, ayant, comme Israël
dans le désert, toutes les ressources divines pour le chemin de la foi.
Le jugement prononcé contre
les désobéissants (Ps. 95:11) prouve, par voie de contraste, que les fidèles
entreront dans le repos. Comme Josué et Caleb eurent part à la bénédiction
promise, ceux qui maintenant reçoivent par la foi la Parole de Dieu seront
amenés dans la félicité de sa présence et de sa maison. Puisque le repos est
offert à la foi et qu’il est dans les pensées de Dieu d’y introduire ceux qui
croient, il détermine un certain jour, jour de grâce et d’appel, durant lequel
tous les pécheurs sont conviés à recevoir cette Parole du salut et à se
soumettre à l’Évangile. Ce jour est un moment précis, limité par le mot :
« Aujourd’hui
» (v. 7). L’appel est pressant, solennel ; chacun doit y
répondre de suite, car, demain peut-être, la porte sera fermée. C’est la voix
divine qui parle à l’homme ; s’il n’écoute pas, son coeur
s’endurcit ; cette voix n’a plus d’attrait ; la Parole qu’elle fait
entendre n’a plus d’autorité sur la conscience. Le coeur s’attache aux choses
visibles, celles qui ne se voient pas étant désormais sans valeur pour lui.
Sous l’empire du péché, un croyant peut tomber dans cet état (3:13). Dans ce
cas, il faudra la discipline du Père pour le ramener. Si la vie divine n’a pas
été communiquée à l’âme, on retourne avec la masse incrédule. Pour les
professants hébreux, retourner au judaïsme, c’était abandonner Christ et
retomber dans l’endurcissement judiciaire auquel cette nation a été livrée.
Il était important pour les
chrétiens juifs de comprendre que le repos était ailleurs qu’en Canaan, et
qu’ils ne le trouveraient pas en s’associant de nouveau avec la nation rebelle.
De fait, Josué n’a pas amené le peuple dans le repos
, mais dans le combat
(v. 8). La position d’Israël dans le livre de Josué est la figure de celle que
nous occupons actuellement par la foi. Quoiqu’étant
unis à Christ et assis en Lui dans les lieux célestes, ainsi que nous
l’enseigne l’épître aux Éphésiens, nous ne sommes pas encore dans le repos
promis et devons lutter contre les malices spirituelles qui sont dans les lieux
célestes (Éph. 6:10-20).
La conclusion bénie à laquelle arrive le Saint Esprit est qu’ « il reste un repos sabbatique (*) pour le peuple de Dieu » (v. 9). Tel est le phare lumineux vers lequel sont dirigés les regards du pèlerin fatigué, le repos ineffable dans lequel Dieu lui-même trouvera la satisfaction de son amour avec ses bienheureux rachetés. Ce repos ne sera plus troublé à jamais, comme le fut le premier sabbat. Pour nous, peuple céleste, il sera pleinement réalisé dans la maison du Père. Pour Israël restauré et béni sous le sceptre paisible de son Messie longtemps rejeté, le repos millénaire sera l’accomplissement de la parole prophétique annonçant la bénédiction promise (Soph. 3:17).
(*) Sabbatismos, un seul mot dans l’original
L’exposé de la vérité dans cette épître est toujours suivi d’exhortations pratiques relatives à la marche qui doit en découler. C’est pourquoi nous devons nous appliquer « à entrer dans ce repos-là » (v. 11). Pour l’atteindre, nous avons, comme Israël autrefois, à franchir un désert aride et dangereux. Les mots : « appliquons-nous » supposent un exercice constant de cœur et de conscience en ceux qui sont en route vers le repos.
Comme nous l’avons remarqué
précédemment, nous trouvons ensuite les ressources infinies que la grâce divine
a mises à la disposition de la foi, pour que nous puissions atteindre le but
glorieux vers lequel nous nous acheminons. Pour être gardés de la désobéissance
qui amena la chute d’Israël dans le désert, il nous faut nous attacher à la Parole de Dieu
(v. 12). L’exemple du
peuple incrédule qui tomba en route doit servir d’avertissement à tous ceux qui
professent être sur le chemin du ciel. Plusieurs des professants hébreux
étaient déjà retournés au judaïsme, abandonnant ainsi les bénédictions de
l’évangile, et s’associant de nouveau à ceux qui avaient crucifié le Fils de
Dieu et qui allaient tomber sous le jugement (6:4-8). La grande question pour
nous, comme elle l’était pour eux, est de savoir si nous sommes vitalement unis
à Christ. Il y a des professants qui ont la vie et d’autres qui ne l’ont pas.
C’est le désert qui manifeste l’état de chacun. Si nous avons reçu Christ par
la foi, nous pouvons faire de douloureuses et humiliantes expériences dans le
désert, mais la discipline du Père interviendra pour nous restaurer, parce que
nous avons la vie et sommes ses enfants. Si, hélas ! ce
lien vital manque, on finit par tomber en route et retourner au monde : la
fin d’une telle voie, si la grâce n’intervient pour produire la repentance et
la foi, c’est la perdition éternelle.
Le grand instrument dont Dieu
se sert pour la bénédiction de nos âmes est sa Parole. C’est par elle que nous
apprenons à le connaître et sommes vivifiés et régénérés (1 Pierre 1:23). Par
l’opération du Saint-Esprit, cette semence divine et
incorruptible est communiquée à nos âmes. Cette Parole est vivante
; elle nous vient du Dieu vivant
et nous apporte la vie éternelle, lorsqu’elle est mêlée avec
la foi en ceux qui l’écoutent. Elle est « opérante » (v. 12) ; par elle
l’entendement est renouvelé et éclairé ; notre être moral est ainsi mis en
rapport avec Dieu ; la foi est produite dans l’âme, amenant la conviction
de péché et la connaissance du Dieu Sauveur. C’est ainsi que le croyant est mis
en route vers le repos de Dieu. Ici commence tout le travail de Sa grâce pour
le former, le corriger, l’instruire par la Parole et, par elle nourrir la vie
qu’Il lui a donnée, en l’occupant de la glorieuse Personne dans laquelle il a
trouvé un objet pour ses affections renouvelées. Dieu veut ainsi nous délivrer
de tout ce qui paralyserait les progrès de nos âmes et nous arrêterait dans
notre course vers le ciel. À cet égard, l’action de la Parole est double :
1° Elle agit comme une épée aiguë à deux tranchants qui juge en nous toute
activité de la chair et nous en délivre pratiquement. Elle pénètre « jusqu’à la
division de l’âme et de l’esprit ». L’âme
,
en contraste avec l’esprit
, comprend
ici l’être naturel en nous. « L’homme animal » (1 Cor. 2:14, voir aussi Jude 19)
n’est conduit que par les sentiments et les affections de la vie naturelle de
l’homme déchu. C’est cette nature que la Parole appelle la chair
; celle-ci
est incapable d’aucun bien ; « la pensée de la chair est la
mort » : elle ne se soumet pas à la loi de Dieu et ne le peut pas. Quoique,
en vertu de l’œuvre de la croix, elle ne caractérise plus notre position devant
Dieu, de sorte que nous ne sommes plus dans
la chair
devant Lui, elle est encore en nous et doit être placée sans cesse
sous le jugement de la croix (Rom. 6:11). L’esprit
,
dans notre passage, est la vie divine communiquée par le Saint Esprit, et dont
la présence en nous avec ce dernier qui en est la puissance, constitue le
nouvel homme. Ces deux natures sont en conflit constant, mais le Saint Esprit
agissant par la Parole nous rend capables de discerner et de juger les
tendances, les pensées et les mouvements de la chair, de sorte que nous n’accomplissions
pas ses convoitises, mais que nous manifestions les caractères de Christ en
marchant dans la foi en Lui (Gal. 2:20 ; 5:17).
Le passage qui nous occupe nous montre l’importance infinie de la Parole dans ce travail qui s’opère en nous. Elle divise ou sépare ce qui est de la chair en nous et ce qui est le fruit de l’opération de l’Esprit et de la vie qu’il nous a communiquée. Elle expose ainsi à nos yeux les ruses et les méchantes dispositions de nos cœurs, afin que nous les jugions sans cesse et qu’elles ne se traduisent pas en pensées, paroles et actes coupables. Les « jointures » sont plus extérieures que les « moelles ». Celles-ci sont cachées dans les os et symbolisent les profondeurs de notre être moral. Ce qu’il y a de plus intime en nous, aussi bien que l’activité manifeste de notre volonté est jugé par la Parole, qui discerne non seulement les pensées de nos cœurs, mais leurs « intentions », c’est-à-dire les tendances qui donnent naissance aux pensées. Si nous nous soumettons à son autorité, nous sommes ainsi gardés de l’activité du mal qui est en nous et de celui qui nous entoure.
Outre cet effet négatif de la
Parole, elle a une puissance positive
pour former le nouvel homme, en l’occupant de Christ et en nous révélant ses
gloires présentes et futures. C’est ainsi qu’en contraste avec les choses
visibles, dans lesquelles se glorifiaient les Juifs incrédules, les croyants
d’entre eux étaient introduits, par l’enseignement de la Parole, dans un
domaine nouveau et céleste qui remplissait leurs cœurs d’une joie ineffable et
glorieuse. Il y a un lien intime entre la Parole et Dieu qui nous l’a donnée et
qui, par son moyen, nous amène dans sa lumière, où « toutes choses sont nues et
découvertes » (v. 13). « Il n’y a aucune créature
qui soit cachée devant lui ». Tous les hommes sont jugés par la Parole et
devront comparaître devant Celui qui connaît toutes choses et qui mettra à nu
tous les secrets des cœurs. Nous le connaissons comme un Dieu d’amour qui a
trouvé le moyen de guérir toutes les plaies de nos âmes que sa lumière
découvre.
Une autre ressource
infiniment précieuse nous est ensuite présentée : nous avons un « grand Souverain Sacrificateur
qui a traversé les cieux, Jésus le
Fils de Dieu » (v. 14). Les gloires qui lui appartiennent ont déjà été dépeintes
dans les chapitres 1 et 2, où Il est vu comme l’Apôtre et le Souverain
Sacrificateur de notre confession. Toutes les gloires divines et humaines se
concentrent en Celui qui a été connu dans la souffrance ici-bas et dont le nom
de « Jésus » rappelle son abaissement et sa victoire. L’Homme
de douleurs qui a rencontré dans ce monde toute l’opposition de ses créatures
déchues est maintenant dans la gloire. Il est non seulement l’Homme parfait,
mais le Fils de Dieu
; sa divinité donne à son
service et à son oeuvre son excellence infinie. Il « a traversé les cieux » comme
autrefois le souverain sacrificateur traversait le parvis et le lieu saint du
tabernacle dans le désert, pour atteindre le lieu très saint, où, dans le grand
jour des propitiations, il aspergeait de sang le propitiatoire (Lév. 16:14).
Notre Souverain Sacrificateur est entré dans les vrais lieux saints et s’y est assis. Il a porté dans le sanctuaire, sous le regard de Dieu, toute l’excellence infinie de son propre sang, fondement de sa sacrificature. Celle-ci est exercée en faveur de ceux qu’Il a rachetés et qui sont encore aux prises avec les difficultés et les luttes du désert. Il nous apporte de la part de Dieu le secours nécessaire pour surmonter les obstacles de la route. Ce qui le rend propre à exercer ce service d’amour envers les siens dans le combat et la souffrance, c’est l’expérience qu’Il a acquise dans sa vie de douleurs ici-bas de ce qu’est la scène que nous traversons. Il y « a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché ». Satan a cherché à le détourner du sentier de l’obéissance par les choses qu’il a présentées au premier Adam, et par lesquelles ce dernier a succombé. Par contre, il n’a rencontré chez l’Homme obéissant que la perfection infinie d’une nature qui repoussait toutes ses suggestions par un attachement inébranlable à la Parole divine. Ainsi les tentations qui éveillent en nous la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie, ont fait ressortir la perfection d’obéissance, de dépendance et de confiance du second Adam, et l’Ennemi dut se retirer vaincu.
La sacrificature que le
Seigneur Jésus exerce en la présence de Dieu pour nous a trait aux infirmités
des siens, non au péché. S’il y a eu, dans leur marche, une faute positive, le
Seigneur plaide auprès du Père, comme Avocat, et le résultat de son
intercession est que la Parole est appliquée à l’âme du croyant en chute pour
l’amener à juger ses voies et le restaurer dans la communion perdue. Le
Sacrificateur est devant Dieu
, dans
la présence duquel son sacrifice a amené le croyant dans une position de faveur
parfaite ; l’Avocat plaide auprès du Père
(1 Jean 2:1), parce que le
péché détruit la jouissance de la communion avec Lui, et qu’elle ne peut être
rétablie dans l’âme de celui qui a manqué que par le jugement et la confession
de ses fautes (1 Jean 1:9).
« Approchons-nous donc
» (v.
16). Nous avons un libre accès au trône de la grâce ; nous y
rencontrons un Dieu d’amour qui nous voit selon toute l’excellence de l’oeuvre
de la croix, et qui, en vertu du ministère incessant de notre grand souverain
Sacrificateur, déploie envers les siens dans la faiblesse et le combat, toutes
les ressources de sa miséricorde.
Tenons donc ferme notre confession et courons avec patience la course de la foi, en fixant les yeux sur notre divin Modèle, sur « Jésus, le Chef et le Consommateur de la foi » (Héb. 12:2), en attendant le moment où nous partagerons son repos et sa joie dans la félicité de la maison du Père.
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest — ME 1922 p. 333
Il est toujours regrettable
que l’on soit obligé de regarder en
arrière
, comme les croyants
hébreux sont invités à le faire dans ce passage (v. 32) pour être amenés à
juger le déclin de l’énergie spirituelle et des fruits de la vie de Dieu, qui
caractérisait leur état présent, en contraste avec les jours précédents de
force et de bénédiction que l’écrivain sacré leur rappelle. L’apôtre Paul courait droit au but, en
oubliant les choses qui étaient derrière lui, et en progressant toujours
dans la connaissance de Christ (Phil. 3). Les Hébreux devaient juger à la
lumière de la Parole leur état actuel de torpeur et de paresse
spirituelles (5:11 ; 6:12), en se souvenant des jours heureux qui avaient caractérisé
le début de leur vie chrétienne. La paresse est un grand danger dans la
carrière de la foi : le paresseux craint la fatigue et refuse le travail.
Nous avons à veiller contre ce piège de l’ennemi dans lequel nous tombons si
facilement. Remarquons que l’indolence spirituelle s’associe souvent à une
grande énergie dans la poursuite de nos intérêts matériels.
Les versets qui nous occupent nous présentent un tableau complet et précieux des divers fruits de l’opération de l’Esprit qui avaient caractérisé ces croyants dans les premiers jours de leur témoignage : puissent-ils être manifestés encore en nous dans ces temps périlleux de la fin. Nous trouverons ici sept traits remarquables de la foi des fidèles dans les souffrances endurées pour le nom du Seigneur :
combatde souffrances (v. 32)
sympathiepour les saints emprisonnés à cause de leur témoignage pour Christ (v. 34)
joiemanifestée dans le sacrifice de leurs biens matériels (v. 34)
confiancedans le Seigneur et dans ses promesses (v. 35)
patiencedans l’épreuve (v. 36)
obéissanceà la volonté de Dieu (v. 36)
foi, source et mobile de toute l’activité du fidèle, dans ses divers caractères que nous venons d’énumérer (v. 38).
Ces résultats de la foi produits chez les Hébreux au commencement de leur vie chrétienne se retrouvent dans la vie des hommes de Dieu mentionnés au chap. 11. De tels exemples étaient donnés aux Hébreux, comme à nous, pour l’encouragement dont ils avaient besoin, afin de persévérer dans le combat jusqu’au bout.
Ces
croyants avaient été « illuminés » (v. 32)
de cette lumière divine qui
brille dans la face de Jésus-Christ (2 Cor. 4:6). L’effet de cette lumière n’était pas seulement une
illumination passagère, laissant ensuite l’âme dans de profondes ténèbres,
comme c’était le cas de ceux qui rejetaient le témoignage du Saint Esprit,
après avoir été éclairés par lui (6:4). La lumière qui avait resplendi dans
leurs âmes leur avait apporté la vie
: c’était « la lumière de la vie »
(Jean 8:12). La puissance divine avait opéré en eux pour la leur communiquer
par la foi en Celui qui est la vie et la lumière des hommes, et les fruits de
cette vie avaient été manifestés en eux. Ils avaient enduré pour le nom du
Seigneur un grand combat de souffrances. Satan qui hait, dans un monde dont il
est le prince, ce témoignage aux droits et à la victoire de Christ, fait tout
ce qu’il peut pour l’anéantir, soit par la persécution ouverte, soit par la
ruse. Il avait déchaîné contre ces fidèles témoins une violente opposition dont
nous avons le récit dans le livre des Actes, mais, si grandes étaient la puissance et l’attraction des objets célestes de
la foi des saints, qu’ils avaient enduré avec joie l’enlèvement de leurs biens.
Ceux qui avaient été dispersés par la persécution « allaient çà et là annonçant la Parole
»
(Actes 8:4). Ils n’allaient pas raconter leurs souffrances, en se
lamentant sur leur malheureux sort et la perte de leurs biens, mais, remplis de
joie dans le Seigneur, ils portaient l’Évangile dans les endroits nouveaux où
Dieu conduisait leurs pas.
Ils avaient été « offerts en spectacle » (v. 33), ils étaient devenus la risée du monde et l’objet des insultes, des railleries, des coups de leurs ennemis ; de plus, un bon nombre d’entre eux avaient été emprisonnés et même mis à mort pour le nom du Seigneur. Ceux auxquels l’épître est adressée n’avaient pas encore résisté jusqu’au sang ; néanmoins ils avaient enduré un grand combat de souffrances et avaient montré de la sympathie à ceux qui avaient été mis en prison pour leur témoignage. Les apôtres aussi étaient offerts en spectacle (1 Cor. 4:9). Semblables à ces gladiateurs qui combattaient dans l’arène devant les foules rassemblées dans l’amphithéâtre, ils étaient produits sur la scène où se déroulait ce dernier et merveilleux combat pour la vérité, dont les anges et les hommes étaient les spectateurs.
Dans l’effusion du premier amour, les Hébreux avaient abandonné avec joie leurs possessions terrestres pour le nom du Seigneur, parce que leurs regards étaient alors portés sur les réalités invisibles. La foi rend présentes et certaines les bénédictions futures promises par Dieu, ainsi que l’exprime le v. 34 : « Sachant que vous avez pour vous-mêmes des biens meilleurs et permanents. » La foi est l’assurance des choses qu’on espère (11:1) ; elle donne à l’âme l’intime conviction et la démonstration intérieure de la réalité de ces choses. Comme la révélation de ce glorieux domaine de la foi en fait connaître la supériorité infinie sur tout ce qui tombe sous nos sens, les choses visibles sont facilement abandonnées, lorsque l’Esprit nous rend capables de nous approprier celles qui ne se voient pas. Il en avait été ainsi des Hébreux au commencement de leur carrière, mais, hélas ! comme il arrive souvent dans la vie des enfants de Dieu, la foi, l’amour et l’espérance qui avaient brillé d’un si vif éclat au début, s’étaient affaiblies durant le voyage à travers le désert.
Remarquons les mots : vous avez
(v. 34) qui se retrouvent si souvent dans cette épître, et qui
expriment avec force les bénédictions actuelles qui sont la part de la foi, en
contraste avec les choses visibles ; celles-ci caractérisaient l’économie
de la loi et, pour les Juifs incrédules, elles paraissaient les seules sur
lesquelles on pût compter. Ainsi nous avons un grand souverain sacrificateur
établi sur la
maison de Dieu (4:14) ; nous avons « une ferme consolation
» et une
« bonne espérance
» (6:18) ; nous avons « une pleine
liberté
» pour entrer dans les lieux saints (10:19) ; nous avons
« des biens meilleurs
et permanents » (10:34) ;
enfin nous avons « un autel
» (13:10,) lieu de rencontre avec Dieu sur le
terrain de la rédemption accomplie à la croix.
La
foi possède des bénédictions sûres, un trésor dans les cieux que les vers, ni
la rouille ne peuvent détruire, une sainte cité, une patrie éternelle. Nos
bénédictions, notre appel, notre souverain sacrificateur, notre cité, notre
patrie, sont célestes (3:1 ; 4:14 ; 11:16 ; 12:22). En outre, la jouissance de notre glorieuse part
ne nous rend pas égoïstes, mais remplit, au contraire, nos cœurs d’amour pour
nos frères. C’est ainsi que les Hébreux avaient montré de la sympathie
pour ceux qui étaient emprisonnés
à cause du nom du Seigneur, ne craignant pas de s’identifier avec eux, dans
l’opprobre et la souffrance qu’attirait sur eux la confession de ce Nom béni
(v. 34). Par contre, dans un jour de déclin, l’apôtre Paul, en prison depuis
plusieurs années, était abandonné de tous ceux qui étaient en Asie qui n’avaient
plus assez de foi et d’amour pour sympathiser avec lui dans ses liens (2 Tim. 1:15).
La confiance
dans le Seigneur et dans ses promesses qui avait soutenu
ces croyants dans leurs épreuves précédentes, a une grande récompense, et il ne
faut pas l’abandonner (v. 35). Il est
souvent question de la récompense de la foi dans cette épître. Dieu est
le Rémunérateur de ceux qui le recherchent (11:6). Moïse « regardait à la
rémunération », lorsqu’il estimait l’opprobre de Christ un plus grand trésor que
les richesses de l’Égypte (11:26).
Cette épître compare la position actuelle des croyants avec celle
d’Israël dans le désert, en voyage vers Canaan. .Si la confiance en Dieu et en
ses promesses est abandonnée, on tombe en route et l’on retourne au monde. Une
telle apostasie est la preuve que l’âme n’avait pas été réellement vivifiée et
amenée à Christ par la foi. Mais pour nous, « nous ne sommes pas de ceux qui se
retirent pour la perdition, mais de ceux qui croient pour la conservation de
l’âme » (v. 39).
Nous avons déjà remarqué quatre traits précieux de la vie divine manifestés au début de la carrière des croyants hébreux :
souffrances pour le nom du Seigneur (v. 32).
pathiepour les saints persécutés (v. 33).
joiedans la perte des biens matériels, découlant de la réalisation des biens célestes (v. 34).
confiancedans les promesses de Dieu (v. 35).
Le verset 36 nous présente deux traits
nouveaux : la patience
et la soumission
à la volonté de Dieu. Ces
deux vertus chrétiennes sont intimement liées l’une à l’autre et sont le fruit
l’une de l’autre. La patience est produite par le brisement de la propre
volonté opéré le plus souvent par l’épreuve de la foi. « La tribulation produit
la patience » (Rom. 5:3). Par
les circonstances adverses, Dieu nous humilie et produit en nous la soumission
à sa sainte volonté : « N’ai-je pas soumis et fait taire mon âme, comme un
enfant sevré auprès de sa mère ? » (Ps. 131:3). C’est ainsi que son œuvre
salutaire s’opère en nous et que sont produits des fruits précieux de vie, de
sainteté et de justice (Hébr. 12:9, 10, 11), à la gloire du Seigneur. La
volonté propre étant brisée, nous sommes en état de marcher dans le chemin de
Dieu et de faire sa volonté. Cette voie de renoncement pour la chair et de souffrance
nous conduit à la jouissance éternelle des « choses promises » (v. 36). Celles-ci
embrassent les bénédictions qui sont devant nous : la conformité à Christ
en gloire, le repos de Dieu que nous goûterons en sa présence et le royaume
dont nous jouirons avec le Seigneur, avec l’Homme glorieux, sous les pieds
duquel toutes choses seront placées en son jour.
Le Saint Esprit insiste
ensuite sur la proximité du retour de Celui que nous attendons. Il viendra dans
« très peu de temps » (v. 37) nous prendre à Lui, nous mettre en possession des
choses promises et nous manifester avec Lui en gloire. Puis vient cette
importante déclaration du prophète Habakuk citée
trois fois dans le Nouveau Testament : « Or le juste vivra de foi » (Rom. 1:17 ; Gal. 3:12 ; Hébr. 10:38).
Dans la première citation, l’emphase est sur le mot juste,
parce que le grand sujet de l’épître aux Romains est la
justice justifiante de Dieu manifestée dans l’Évangile et devenant la part de
celui qui croit au glorieux message du salut (Rom. 3:21, 22). Dans la seconde, l’emphase est sur le mot foi
, car, dans l’épître aux Galates, l’apôtre établit son
importance en contraste avec la loi
sous laquelle l’ennemi voulait replacer ces croyants, les entraînant ainsi à
abandonner le terrain même du christianisme. Enfin, dans la troisième citation
que nous méditons aujourd’hui, l’emphase est sur le mot vivre
, parce qu’il
s’agit ici de la vie pratique de la foi que les Hébreux étaient appelés à
réaliser dans le chemin de la patience et du combat, dans lequel le Seigneur
les conduisait. « Si quelqu’un se retire » (v. 38), il prouve par là qu’il ne possède pas cette foi de grand
prix, lien vital et divin entre nos âmes et Christ, formé par l’opération du
Saint Esprit. Dieu « ne prend pas plaisir » en celui qui se retire du chemin de
la foi et de la souffrance qui mène à la gloire, pour retourner dans le chemin
large qui conduit à la perdition.
Rien, dans les avertissements adressés par cette épître aux professants ne doit ébranler la confiance de la foi. Nous, croyants qui formons ici-bas la famille de Dieu, ne faisons pas partie de cette classe de personnes qui abandonnent le terrain de la bénédiction, mais de ceux qui croient pour avoir part à ce salut final et éternel préparé pour ceux qui aiment Dieu (1 Cor. 2:9).
En lisant les solennelles
exhortations adressées aux Hébreux, on pourrait se demander anxieusement si
pour nous tout est bien éternellement assuré, et l’ennemi s’est souvent servi
de cette épître pour troubler des âmes mal affermies dans la grâce. Cependant
la part précieuse de ceux qui ont reçu par la foi le témoignage divin est
clairement établie dans cet écrit inspiré qui fait partie des « saintes lettres »
propres à nous rendre « sages à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus »
(2 Tim. 3:15). Si nous sommes de ceux qui croient
(v. 39),
l’écrivain sacré déclare clairement et simplement notre droit au repos
de Dieu et à la gloire, dont seront exclus les incrédules « qui se retirent pour
la perdition » (10:39 ; 3:12 ; 4:1, 2, 3). Que le Seigneur incline nos
cœurs à l’obéissance de la foi et à l’attente patiente de sa venue, « car,
encore très peu de temps, et Celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » (v.
37).