Paul Fuzier
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Table des matières abrégée :
1 - Le disciple que Jésus aimait
2 - Un avant-goût du ciel : Une part avec Christ. Jouir de l’amour du Père et du Fils
3 - Rom. 8: Activité des trois personnes de la trinité en faveur des croyants
5 - Une part pour nous dans l’amour du Père pour le Fils
7 - « Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage… » (Jean 16:33)
8 - Soins de Dieu dans l’épreuve. 2 Rois 6:1-7 + Exode 15:22-25
9 - Il est le Dieu des délivrances — Histoire d’Ézéchias
10 - Découragement quand on perd Dieu de vue
11 - La venue du Seigneur et ses effets sur le croyant
12 - Rendus parfaits, capables, agréables
13 - « Le méchant fait une œuvre trompeuse ». Proverbes 11:18
14 - 2 Corinthiens 4:16 à 5:21
15 - Conditions pour la bénédiction d’en haut. La rechercher
16 - Jusqu’au jour de Christ (Dieu achèvera Son œuvre)
Table des matières détaillée :
1 - Le disciple que Jésus aimait
2 - Un avant-goût du ciel : Une part avec Christ. Jouir de l’amour du Père et du Fils
2.1 - Structure de l’évangile de Jean
2.2 - Jouir de l’amour du Père et du Fils, et marcher dans la lumière
2.3 - Que se passera-t-il au ciel ? Être avec le Seigneur
2.4 - Jean 14 et 17 : Une part avec Lui plus tard
2.5 - Jean 13:8 et 17:24 : Une part avec Lui maintenant
2.6 - Lavage des pieds pour pouvoir avec une part avec Lui
2.7 - Marcher avec Dieu jusqu’à ce que nous soyons pour toujours avec le Seigneur
3 - Rom. 8: Activité des trois personnes de la trinité en faveur des croyants
4.1 - Jean 12:20-24. Le grain de blé qui tombe en terre et meurt
4.2 - Hébreux 2:9. La gloire de Fils de l’homme
4.3 - Jean 20:18, 20. Contemplation collective
4.4 - Luc 2:17. Adorateurs et témoins
4.5 - 1 Jean 3:2 ; Apoc. 22:4. Le voir bientôt en pleine conformité avec Lui
5 - Une part pour nous dans l’amour du Père pour le Fils
5.1 - La prière de Jean 17:26: « Afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux »
5.2 - Trois passages de Matthieu sur le bien-aimé du Père
5.3 - Sept passages de Jean sur le Fils aimé par le Père : 3:35, 5:20, 15:9, 10:17, 17:23, 24, 26
5.4 - Une part pour nous dans l’amour du Père pour le Fils
7 - « Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage… » (Jean 16:33)
7.1 - Le début du Livre 3 des Psaumes
7.5 - Ps. 75 et 76 : l’espérance du jour de la délivrance
8 - Soins de Dieu dans l’épreuve. 2 Rois 6:1-7 + Exode 15:22-25
8.1 - 2 Rois 6:1-7. Le bois qui fit surnager le fer
8.2 - Le bois qui rendit douces les eaux amères. Exode 15:22-25
8.3 - Dieu nous enseigne à Son école
9 - Il est le Dieu des délivrances — Histoire d’Ézéchias
9.1 - Besoin de fortifier notre foi
9.2 - Début du règne d’ Ézéchias
9.4 - Profiter des sources et réparer les brèches
9.5 - La lettre d’outrage et la prière
9.6 - Une délivrance soudaine malgré une puissance ennemie très forte
9.7 - Supplications répétées dans la maison de Dieu
10 - Découragement quand on perd Dieu de vue
10.2 - Vie de Joseph sans que son père le sût
10.3 - Douleur de Jacob devant les peines accumulées
10.4 - Découragement quand on perd Dieu de vue
10.5 - Toutes choses travaillent pour notre bien
11 - La venue du Seigneur et ses effets sur le croyant
11.1 - Prophétie et souffrances. Prophéties accomplies et prophéties pour le futur
11.2 - Un mauvais usage de la prophétie
11.3 - La prophétie s’occupe de ce qui est après la venue du Seigneur
11.4 - L’objet de la prophétie est Christ
11.5 - Dans la nuit, avant le jour, le temps de l’étoile du matin
11.6 - Attendre le retour du Seigneur
12 - Rendus parfaits, capables, agréables
12.1 - Rendus parfaits. Hébreux 10:14
12.2 - Rendus capables. Colossiens 1:12-13
12.3 - Rendus agréables. Éphésiens 1:6
12.4 - Christ devenu chair, anéanti, abaissé, devenu malédiction
13 - « Le méchant fait une œuvre trompeuse ». Proverbes 11:18
13.1 - La grâce surabonde là où le péché a abondé
13.2 - Satan et son œuvre trompeuse dans les Actes
13.2.1 - La situation initiale : Actes 2:42 à 47
13.2.2 - Satan cherchant à attirer l’attention sur l’homme. Actes 3
13.2.3 - Violence. Actes 4:1-4
13.2.4 - Augmentation du nombre d’ennemis. Actes 4:5-17
13.2.5 - Menaces et relâche. Actes 4:18-22
13.2.6 - Progrès en hardiesse. Actes 4:23-31
13.2.7 - Attaques contre l’assemblée : l’affaire d’Ananias et Sapphira. Actes 4:32 à 5:16
13.2.8 - Nouvelles violences. Actes 5:17-32
13.2.9 - Difficultés internes. Actes 6 et 7
13.2.10 - Persécution. Actes 8
14 - 2 Corinthiens 4:16 à 5:21
14.1.1 - Paul : Grandes souffrances, pas de découragement
14.1.2 - Le corps pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps
14.1.3 - L’homme intérieur peut dépérir
14.1.4 - Occupé des choses qui se voient ou des choses éternelles
14.2.1 - 2 Corinthiens 5:1. Voyageurs dans une tente
14.2.2 - 2 Corinthiens 5:2-4. Gémissements qui font désirer l’éternel domicile
14.2.3 - 2 Corinthiens 5:5. Formés à l’avance pour le ciel
14.3 - 2 Corinthiens 5:9-11. Tribunal de Christ
14.3.1 - Pour le croyant, une manifestation
14.3.3 - À ne pas prendre à la légère
14.4.3 - 2 Corinthiens 5:17-18
15 - Conditions pour la bénédiction d’en haut. La rechercher
15.1 - Le monde cherche du fruit sans tenir compte de Dieu
15.2 - Bénédictions sous conditions d’obéissance
15.3 - Ressources quand il y avait eu infidélité
15.5 - Élie et sa prière pour fermer la bénédiction
15.6 - Recherche de la bénédiction d’en haut
15.7 - Besoin de la bénédiction d’en haut
16 - Jusqu’au jour de Christ (Dieu achèvera Son œuvre)
16.3 - Venue du Seigneur, Jour de Christ
16.4 - Ne pas broncher jusqu’au jour de Christ
16.5 - Dieu achèvera l’œuvre qu’Il a commencée
ME 1947 p. 281 à 290
Il n’est pas de sujet plus précieux à considérer que celui de l’amour du Seigneur pour les siens. Sans doute, le Seigneur aime tous ses rachetés ; chacun d’eux peut dire avec l’apôtre : Il est le « Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20). Mais la pensée de Dieu est de nous amener à jouir profondément dans nos âmes de l’amour de Christ. Cet amour est inlassable et infatigable ; nous en sommes les objets chaque jour. Quoi qu’il en soit de nous, malgré nos infidélités et nos inconséquences, le Seigneur nous aime toujours ! Combien cette pensée est réconfortante. Puissions-nous entrer dans la jouissance de cet amour d’une manière plus réelle. Nous puiserons là, force, joie et encouragement pour la traversée du désert.
Dans le chapitre 3 de l’épître aux Éphésiens, l’apôtre formule une prière. Celle du premier chapitre est adressée à Dieu : l’apôtre demande qu’il nous soit accordé de pouvoir entrer par la foi dans les conseils divins, si riches et glorieux. La prière du chapitre 3 est adressée au Père de notre Seigneur Jésus Christ ; elle a trait à la jouissance de l’amour de Christ. Pour connaître quelque chose de cet amour, il est nécessaire que nous soyons d’abord « fortifiés en puissance, par son Esprit, quant à l’homme intérieur ». Dieu opère, par son Esprit, dans l’homme intérieur, c’est-à-dire dans le nouvel homme. Nés de nouveau, nous avons reçu une nature divine, une vie nouvelle qui a besoin d’être développée et enrichie. C’est le but de l’activité du Saint Esprit dans le croyant que de nourrir les affections du nouvel homme. Pour cela, il occupe nos cœurs de Christ, vrai pain de vie, aliment de la vie nouvelle. Ainsi enrichis, nous réaliserons qu’il n’y a qu’un objet pour le cœur : Christ lui-même. C’est le résultat qui est atteint quand l’homme intérieur a été « fortifié en puissance » : Christ habite par la foi dans le cœur, au centre même et à la source de toutes les affections. Toute la vie pratique est alors transformée ; l’âme est dans un état convenable pour jouir de l’amour de Christ.
L’aboutissement de ce travail divin en nous est, en effet, de nous enraciner et de nous fonder dans l’amour. Pour croître, un arbre enfonce ses racines dans le sol et il s’affermit d’autant plus qu’elles descendent plus profondément dans la terre. Le terrain dans lequel le croyant — comparé à une plante — doit enfoncer ses racines, c’est l’amour. Les racines pourront alors puiser la substance nécessaire à la nourriture de la plante. Un racheté de Christ ne peut croître et prospérer spirituellement que s’il se nourrit de l’amour de Jésus. L’apôtre dit aussi : « fondés dans l’amour ». Un enfant de Dieu doit être comme un édifice dont les assises sont solidement établies. Un arbre sans racines serait bientôt arraché par la tempête, une maison sans fondements ne résisterait pas longtemps. Au contraire, les orages de la vie peuvent survenir, les difficultés et les épreuves se multiplier, rien ne pourra ébranler celui qui est « enraciné et fondé dans l’amour ». Il sait que l’amour du Seigneur demeure malgré tout et il en jouit dans son âme ; rien ne peut affaiblir sa confiance en un Sauveur dont l’amour est immuable. Il lui suffit de se savoir aimé de Lui !
C’est là le plus haut degré du développement spirituel. Les « petits enfants » connaissent le Père, ils ont l’onction de la part du Saint, ils connaissent toutes choses et possèdent les ressources nécessaires pour être gardés dans la vérité. Les « jeunes gens » sont forts parce que la Parole de Dieu demeure en eux ; ils ont vaincu le méchant. Mais les « pères » connaissent Celui qui est dès le commencement. Ils connaissent Celui qui est amour, ils sont « enracinés et fondés dans l’amour ».
Cette part, réalisée d’abord individuellement, le sera ensuite « avec tous les saints ». Que ce serait beau si « tous les saints » étaient occupés de l’amour de Christ ! N’est-ce pas le vrai, le seul remède à tant de misères sur lesquelles nous gémissons ? Entrer « avec tous les saints » dans la jouissance de cet infini ! Embrasser la largeur, la longueur, la profondeur, la hauteur… connaître l’amour du Christ ! mais qui le connaîtra ? c’est le mystère insondable. Son amour surpasse toute connaissance !
Quelques passages de l’évangile selon Jean nous présentent une âme qui jouissait d’une manière réelle de l’amour de Christ, une âme « enracinée et fondée dans l’amour ». Pierre aimait le Seigneur, mais nous savons quelle fut sa chute et ce qui l’avait causée : sa confiance dans son propre amour. Sans doute il est à désirer que nos cœurs soient davantage remplis d’amour pour Celui qui nous a tant aimés, mais notre amour est trop faible, trop inconstant pour que nous puissions bâtir sur ce terrain. Il faut des assises plus solides. Jean — si souvent présenté avec Pierre, dans les évangiles — ne parle pas de son amour pour le Seigneur ; il ne dit pas : « Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi » — « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort » — « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je laisserai ma vie pour toi » (Matt. 26:33 ; Luc 22:33 ; Jean 13:37). Mais il s’appelle « le disciple que Jésus aimait ». Ce qui l’occupe, ce n’est pas son amour pour son Maître, c’est l’amour dont il est aimé par Lui. Il lui suffit de se savoir aimé par Jésus !
Jouir de l’amour du Seigneur produit des résultats pratiques sur lesquels il est utile d’arrêter notre attention. Tout d’abord, le moi est mis de côté, Jean n’est pas occupé de lui, il ne pense qu’à Celui qui l’aime. S’il est obligé, conduit par l’Esprit, de parler de lui, son oubli de soi va jusqu’à ne pas même donner son nom ; il ramène tout à Jésus, il n’est autre chose que l’objet de son amour. Dans l’évangile qu’il a écrit, divinement inspiré, pas une seule fois il ne cite son nom ; chaque fois qu’il doit parler de lui, c’est toujours « le disciple que Jésus aimait ». Certains ont même été jusqu’à douter que cet évangile ait été écrit par lui ; c’est une pensée erronée, mais cela montre à quel point Jean s’oublie lui-même, tant il est occupé de l’amour du Seigneur. Nous réalisons tous combien il est difficile d’être débarrassé du moi égoïste autour duquel, généralement, gravite toute notre existence. « Le disciple que Jésus aimait » nous en donne le secret.
Dans la première partie du chap. 13 de l’évangile selon Jean, nous voyons le Seigneur exerçant l’office qui est encore le sien aujourd’hui. Il veut nous accorder une part avec Lui, et pour cela, nous purifie de toute souillure. « Jésus… ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (v. 1). Cette part avec Lui, c’est la connaissance de son amour nous introduisant dans la joie de sa communion. Mais est-ce que nous laissons toujours le ‘Seigneur laver nos pieds ? Hélas ! la Parole a souvent si peu d’action sur nos consciences !
La deuxième partie du chapitre nous occupe du repos qui découle de l’action purificatrice de la Parole. Pourquoi jouissons-nous si peu de ce repos ? Précisément parce que nos pieds ne sont pas toujours lavés. Lorsqu’il n’y a pas l’action purificatrice de l’eau — c’est-à-dire de la Parole — le repos n’est pas connu. Jean n’avait opposé aucune résistance au travail que le Seigneur voulait opérer, aussi était-il « dans le sein de Jésus », jouissant de son amour. Il y a là une place pour chacun des rachetés, ainsi que nous l’exprimons parfois dans un cantique : « Près de ton cœur ayant tous place… ». Demeurer « dans le sein de Jésus » c’est être si près de Lui que son amour inonde nos cœurs. Mais il faut d’abord que tout soit en règle entre Lui et nous.
Le Seigneur a dit à ses disciples : « L’un d’entre vous me livrera ». Parole sérieuse qui les préoccupe tous. Poids accablant sur le cœur de chacun. Est-il possible que l’un de ceux qui l’avaient suivi, l’un de ceux qui possédaient la vie divine, livre son Maître ? Combien cette parole du Seigneur était de nature à sonder leur cœur et leur conscience ! Et combien ils ont hâte de voir ôté ce poids qui les oppresse et les angoisse tous ! Le Seigneur seul peut dire quel est celui qui le livrera. Mais qui peut lui poser la question ? Sera-ce Pierre ? Non, Pierre lui-même a bien compris qu’un seul est en mesure de recevoir les communications du Seigneur, c’est « le disciple que Jésus aimait ». Aussi, c’est à lui qu’il s’adresse : il lui fait signe de demander « lequel était celui dont il parlait ». Et Jean se penche sur la poitrine de Jésus ! Il est à la place bénie où l’on reçoit la communication de ses pensées. Il est toujours vrai que « le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent » (Ps. 25:14). Nous pouvons remarquer, à ce sujet, que Jean a reçu plus tard les révélations consignées dans le livre de l’Apocalypse. Il est témoin de la venue du Seigneur (Jean 21:22) et le livre de l’Apocalypse nous présente sa venue en grâce comme aussi en jugement. Merveilleuse révélation donnée au « disciple que Jésus aimait ».
Que de circonstances dans nos vies individuelles, dans nos vies de famille ou dans la vie de l’assemblée, dans lesquelles nous aimerions avoir connaissance de la pensée du Seigneur ! Nous restons préoccupés, ne sachant que faire, manquant de discernement spirituel. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas à la place qu’occupait « le disciple que Jésus aimait ». Seule la jouissance de son amour nous conduira à la connaissance de sa pensée.
Dans le chapitre 19 de ce même évangile, nous contemplons notre adorable Sauveur crucifié. Tous sont contre Lui : les anciens, les principaux sacrificateurs, les chefs du peuple, tous ceux qui passaient par là. Quelques-uns cependant se tenaient « près de la croix de Jésus ». Combien le Seigneur y a été sensible ! Les noms de ceux qui étaient là ont été inscrits dans le saint Livre. Aujourd’hui encore, dans ce monde, tous sont contre Lui, Il reste « méprisé et délaissé des hommes ». Quelle joie pour son cœur lorsque quelques-uns prennent place avec Lui dans sa position de réjection ! Y pensons-nous assez et sommes-nous heureux de nous associer à Lui pour Lui procurer une telle joie ? La première nommée des personnes qui étaient près de sa croix, c’est « sa mère ». Quelle douleur pour le cœur de cette mère ! Le moment était venu où se trouvait réalisée la prophétie du vieillard Siméon : « une épée transpercera ta propre âme » (Luc 2:35). Seul le Seigneur pouvait comprendre une telle douleur, seul Il pouvait sympathiser à une telle souffrance. Mais encore ! S’Il comprend la détresse d’un cœur de mère, que dire quand il s’agit de « sa mère » ? Le temps du service est achevé, durant lequel Il était contraint de parler ainsi : « Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme ? » (Jean 2:4). Maintenant, Il peut donner libre cours aux affections de son cœur. Il est très remarquable de voir que dans l’évangile qui met en évidence la divinité de sa Personne, nous avons l’expression de ses sentiments humains, alors qu’Il traverse les douleurs de la croix. Au milieu de souffrances indicibles, Il pense à sa mère ! Quel modèle parfait… Nous tous qui avons encore une mère à aimer, n’oublions jamais ce qu’il y a eu dans le cœur du Seigneur pour « sa mère » au moment suprême !
« Jésus donc, voyant sa mère… » C’est ce qu’Il a de plus cher ici-bas, sans doute — et Il comprend sa douleur. Il ne veut pas la laisser seule au milieu de ce monde. À qui la confier ? qui pourrait en prendre soin comme « le disciple que Jésus aimait » ? Un objet commun liera Marie et Jean : la personne de Jésus.
C’est à celui qui jouit de son amour, qui est « enraciné et fondé dans l’amour », que le Seigneur confiera ce qu’Il a de plus précieux sur la terre. Aujourd’hui, n’est-ce pas son Assemblée ? Pour servir les saints, pour servir l’Assemblée, il faut connaître l’amour de Celui qui « a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle » (Éph. 5:25). Dans la mesure dans laquelle nous jouirons de cet amour, Il pourra nous accorder le privilège de servir, de nous occuper de cette Assemblée qu’Il nourrit et qu’Il chérit.
La scène que nous pouvons considérer dans le premier paragraphe du chap. 21 de l’évangile selon Jean nous permet de dégager un quatrième enseignement. Sept disciples sont partis pour pêcher, illustration d’un service accompli sans aucune direction du Maître, selon la pensée du cœur naturel. Un tel service est sans aucun fruit. Le Seigneur veut nous faire toucher du doigt la vanité de nos propres efforts : « Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? » Il savait qu’ils n’avaient rien, mais cette question est pour nous amener — comme les disciples autrefois — à confesser notre incapacité : « Ils lui répondirent : non ». Quand cette leçon a été apprise, le Seigneur manifeste sa puissance et avec quel amour Il le fait ! Les disciples jettent le filet là où le Maître a commandé et « ils ne pouvaient plus le tirer à cause de la multitude des poissons ». Qui était Celui qui avait opéré ainsi ? Nul ne le savait, avant qu’Il eût agi : « les disciples toutefois ne savaient pas que ce fût Jésus » (v. 4). Mais, après son intervention, qui le reconnaîtra ? Est-ce que ce ne devait pas être Pierre ? Déjà il l’avait vu agir de pareille manière dans la scène du lac de Génézareth (Luc 5:1-11). Mais pour reconnaître le Seigneur, ce n’est ni à l’énergie ni à la mémoire qu’il faut faire appel, c’est la communion avec Lui qui est nécessaire. Aussi, c’est « le disciple que Jésus aimait » qui peut seul s’écrier : « C’est le Seigneur » (v. 7). Il avait tellement joui de son amour que lorsqu’il en discerne les manifestations en puissance, il est obligé de dire : il n’y a que Lui qui puisse agir ainsi !
La connaissance de sa Personne, la jouissance de son amour nous conduiront à reconnaître sa main, puissante et miséricordieuse, dans les circonstances que nous avons à traverser. Nous pourrons dire, avec reconnaissance et adoration : je le connais, seul Il peut opérer ainsi. Dans ses actes, nous le discernerons lui-même.
Enfin la dernière partie du chap. 21 nous fournira un cinquième enseignement. Pierre est restauré, le Seigneur l’a amené à juger ce qui l’avait conduit à une chute si douloureuse et Il peut maintenant lui dire : Suis-moi. C’est alors que, se retournant, il voit suivre « le disciple que Jésus aimait ». Jean n’a pas eu besoin d’être engagé à suivre le Seigneur, après une restauration consécutive à une chute. La confiance que nous pourrions avoir dans notre amour pour le Seigneur nous conduira aux tristes expériences de Pierre, tandis que la jouissance de l’amour du Seigneur nous préservera de chute. Aucun appel du Seigneur n’a été nécessaire pour que Jean aille à sa suite. La personne de Jésus avait tellement d’attrait pour lui qu’il n’avait besoin d’aucun ordre, d’aucun encouragement. C’est son amour qui attire le cœur ! Ainsi nous pourrons le suivre sans aucun effort, sans aucune contrainte.
Mais comment réaliser ce que réalisait si bien le disciple que Jésus aimait » ? Nous avons le sentiment de notre grande faiblesse et nous crions à Celui en qui est la force pour aider. Mais le faisons-nous avec suffisamment de foi ? Nous demandons, sans beaucoup espérer que nous pourrons jouir assez de l’amour du Seigneur pour manifester pratiquement ce que nous avons pu considérer dans ces différents passages. Nous demandons souvent sans grande conviction, plus ou moins résignés à ce qu’il n’y ait aucune transformation dans notre vie chrétienne. Pourquoi cela ? Notre faiblesse est grande, c’est vrai. Mais nous nous adressons à « Celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons » (Éph. 3:20). Et, ajoute l’apôtre, « selon la puissance qui opère en nous ». Il ne s’agit pas de délivrances extérieures qu’Il peut opérer en notre faveur — et qu’Il opère si souvent — mais d’une œuvre intérieure. C’est la puissance qui opère « en nous ». Il veut donc opérer dans notre cœur et réaliser à cet égard « infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons ». Comptons sur Lui pour ce travail qui nous amènera à jouir profondément dans nos âmes de son amour insondable et incommensurable !
Quels résultats seront manifestés alors dans notre vie individuelle, comme aussi « avec tous les saints », tous étant nourris et occupés de son amour ! Le nom du Seigneur sera glorifié en chacun des siens et dans l’Assemblée. « À Lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen. » (Éph. 3:21).
Titre original : Un avant-goût du ciel
ME 1951 p. 57-63
L’Évangile selon Jean nous présente la personne du Seigneur Jésus comme Fils de Dieu. On a souvent remarqué aussi que cet évangile commence par deux chapitres qui ont, avec les trois « lendemains », un caractère essentiellement symbolique, et se termine par deux chapitres ayant, avec les trois manifestations du Seigneur après sa résurrection, le même caractère. Avant ces deux derniers chapitres, les chapitres 18 et 19 retracent le récit de la crucifixion et des circonstances qui l’ont immédiatement précédée et suivie. Depuis le chapitre 3 jusqu’au chapitre 17, trois sujets principaux sont développés : la vie, la lumière et l’amour. Les chapitres 3 à 7 présentent plus spécialement le sujet de la vie éternelle, sur laquelle ils mettent l’accent ; dans les chapitres 8 à 12, le Saint Esprit arrête notre attention, parmi plusieurs autres, sur le sujet de la lumière ; enfin, les chapitres 13 à 17 sont tout entiers remplis de l’amour.
Ces trois sujets sont présentés dans un ordre moral qu’il convient de souligner. Il faut que nous possédions d’abord la vie éternelle sans laquelle nous ne pourrions goûter aucun des autres dons de la grâce divine. Certes, si Dieu nous a donné la vie éternelle, c’est parce qu’Il nous aimait et cela nous est bien dit tout au commencement de cette partie de l’Évangile (3:16). Mais que Dieu nous ait aimés au point de donner pour nous son Fils unique, et que nous jouissions de son amour, sont deux choses différentes ; la première est au commencement du chapitre 3, la seconde n’est développée que dans les chapitres 13 à 17. Possédant la vie éternelle, nous sommes appelés à marcher dans la lumière à la suite de Celui qui a dit : « Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8:12). Pour être rendu capable de le suivre et de l’imiter comme Modèle, il faut être né de nouveau (Jean 3:3 à 8), et cette œuvre de la nouvelle naissance ne peut être opérée en nous que parce qu’une œuvre parfaite a été accomplie pour nous à la croix du Calvaire (ibid. 14 à 16). Marcher dans la lumière, c’est réaliser une marche dans la séparation du monde et des choses qui sont dans le monde ; la lumière manifeste tout et c’est ainsi que nous pouvons juger devant Dieu tout ce qui est en opposition avec son caractère (1 Jean 1:5 à 10). Nous sommes alors dans un état moral convenable pour jouir de l’amour du Père et de l’amour du Fils (cf. 1 Jean 2:15) et nous pouvons ainsi entrer, par le cœur et non pas seulement par l’intelligence, dans ce qui nous est présenté tout au long des chapitres 13 à 17. Il n’est pas possible d’apprécier et de savourer l’amour insondable dont nous avons été aimés et dont nous sommes aimés pour l’éternité, si nous ne sommes pas des enfants de Dieu et si nous ne marchons pas dans la lumière, à la suite de Celui qui a été ici-bas la lumière du monde. Lorsqu’un croyant ne jouit guère de l’amour du Père et de l’amour du Fils, c’est généralement parce qu’il réalise peu cette marche dans la lumière. La conscience n’est alors pas à l’aise devant Dieu, il y a du mal non jugé et cela trouble la jouissance de cet amour dont le Seigneur voudrait que nos cœurs soient remplis.
Encore deux remarques. Notons d’abord que le premier verset de
cet ensemble de cinq chapitres (13 à
17) nous parle de l’amour du
Fils, le dernier de l’amour du Père, de cet amour dont Il aime le Fils et dont
le Fils désire qu’il remplisse notre cœur (13:1-17:26). Il est beau de voir comment est encadré ce
merveilleux sujet ! — Soulignons ensuite ceci : à la fin du chapitre 17, le Seigneur demande à son Père
que les siens soient avec Lui pour contempler cette gloire qui Lui appartient
de toute éternité, qu’Il a quittée pour venir mourir sur la croix et que
maintenant Il prie son Père de Lui donner : « Père, je veux, quant à
ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi
, afin qu’ils voient ma gloire, que tu m’as donnée… » (v. 24). Une part avec
Lui
, c’est là le
ciel !
Que de fois ces questions ont-elles été posées : qu’est-ce que le ciel ? comment y sera-t-on ? qu’y fera-t-on ? — Si Dieu avait voulu nous donner des détails sur le paradis céleste, c’est sans doute après que l’apôtre Paul y a été ravi qu’Il lui aurait permis de décrire tout ce qu’il y a vu. Mais, au contraire, l’apôtre déclare qu’il a entendu « des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer » (2 Cor. 12:4). Cela dépasserait tellement notre compréhension ! Par ailleurs, il n’est pas dans les pensées de Dieu de tout nous révéler. Le silence de l’apôtre nous montre que l’on chercherait en vain d’autres éclaircissements. Tout ce que l’on a pu dire et écrire sur ce sujet n’est donc que le produit de l’imagination humaine si facilement portée, lorsqu’elle s’exerce dans le domaine des choses de Dieu, à vouloir pénétrer dans ce que Dieu a trouvé bon de nous cacher pour le temps actuel, oubliant que « les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu » (Deut. 29:29). Lorsque la Parole de Dieu nous entretient de ce lieu d’ineffables délices où tout est paix, où tout est joie, où nous goûterons un bonheur sans fin et sans nuage, elle nous dit seulement que nous serons avec le Seigneur (Luc 23:43 ; Jean 14:3 et 17:24 ; 2 Cor. 5:8 ; Phil. 1:23 ; 1 Thess. 4:17). Sa présence suffit à réjouir le cœur du racheté et la contemplation de sa Personne adorable constitue la source des inépuisables délices du saint lieu. Être « toujours avec le Seigneur », c’est le ciel, c’est la part éternelle des croyants.
Le Seigneur nous a sauvés pour le ciel et non pour la terre. Avant de quitter les siens, Il leur a dit : « …je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14:2, 3). — Dans la prière qu’Il adresse à son Père avant d’aller à la croix et dans laquelle Il considère l’œuvre comme achevée, Il peut dire : « …et moi, je viens à toi. … Et maintenant je viens à toi… » (ibid. 17:11 et 13). Dieu allait le glorifier « aussitôt », sans attendre la gloire du royaume, car Il avait été glorifié en Lui (ibid. 13:31, 32). Le Fils de l’homme avait droit à la gloire de Dieu. Christ allait recevoir, de son Père, cette gloire qu’Il s’est acquise par ses souffrances et par sa mort expiatoire et Il désire que nous y ayons part avec Lui : « Et la gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée… » (ibid. 17:22). Mais aussi, Il allait être glorifié auprès du Père de la gloire qu’Il avait auprès de Lui avant que le monde fût (ibid. 17:5). Cette gloire, qui est la sienne de toute éternité et dont Il va être glorifié après s’être acquis une gloire nouvelle, Il veut que les siens la contemplent. Le Seigneur a voulu que les siens soient auprès de Lui à jamais pour contempler cette gloire qu’Il a quittée afin de venir ici-bas mourir sur la croix du Calvaire : ils auront ainsi pour l’éternité la mesure de l’abaissement qui a été le sien et Lui aura dans sa proximité les fruits de sa victoire, ceux qu’Il a aimés jusqu’à la mort de la croix, que le Père Lui avait donnés, pécheurs et perdus, pour les amener dans cette gloire où Il voulait les introduire comme des hommes sauvés et parfaits, des « fils », capables d’adorer éternellement le Dieu d’amour (cf. Héb. 2:9 à 13). — Nos cœurs tressaillent d’allégresse à la pensée que bientôt ce désir, exprimé par le Seigneur dans cette prière adressée à son Père, sera exaucé : nous serons avec Lui pour l’éternité et Lui « verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait » (Ésaïe 53:11). Faudrait-il autre chose au racheté de Christ que la présence de Celui qui l’a aimé jusqu’à se livrer Lui-même pour lui ?
Mais le Seigneur ne veut pas attendre ce moment pour nous donner
une part avec Lui ! Il désire que nous la goûtions dès ici-bas. Et il est
bien remarquable que le Seigneur emploie cette expression « avec
moi
», au début de cet ensemble de cinq chapitres comme aussi
Il s’en sert à la fin (13:8 et 17:24). Avec Lui déjà ici-bas, en
attendant le jour glorieux où nous serons avec Lui pour l’éternité ! Avoir
le privilège de savourer sur la terre, au milieu d’un monde ennemi, au travers
de nos difficultés et de nos épreuves, un avant-goût du ciel ! Savons-nous
que nous avons un tel privilège ? Et, si nous le savons, dans quelle
mesure en jouissons-nous ?
Pour en jouir, une condition est nécessaire, celle que le
Seigneur indique à Pierre : « Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi
» (Jean 13:8).
Il est allé nous préparer une place dans la maison de son Père et, en attendant
que nous l’occupions, Il nous prépare pour ce séjour de la gloire, nous
accordant la grâce d’avoir déjà une part « avec Lui » présentement. Nous ne pouvons l’avoir que dans
la mesure où nos pieds sont lavés car toutes les souillures contractées dans la
marche sont un obstacle à la jouissance de cette part avec Lui.
Celui qui sait combien facilement nous contractons de la
souillure en cheminant ici-bas et qui veut cependant nous donner une part avec
Lui, se plaît à remplir en notre faveur ce précieux service : Il lave nos
pieds. Dans l’exercice de cet office, Il agit en nous par le moyen de la Parole
afin que toutes les souillures soient ôtées et qu’ainsi rien ne nous empêche de
jouir de sa communion. Pour l’éternité, une communion ininterrompue avec Lui,
une même part avec Lui, partage de tous
les rachetés
dans la maison
du Père. Déjà pour le jour actuel, une vraie communion avec Lui, une même part
avec Lui, partage de tous les rachetés
qui laissent le Seigneur laver leurs pieds
!
Quelle perte immense nous faisons lorsqu’au lieu de laisser le Seigneur remplir ce service, nous cheminons, continuant à traîner à nos pieds tout ce que nous avons accumulé au cours de nos contacts avec le monde ! Nous traversons ce monde, oubliant tant de fois que nous n’en sommes pas, comme notre parfait Modèle n’en était pas. Aussi, trop souvent, nous pensons comme le monde, nous agissons comme le monde, nous vivons comme le monde, et cela nous paraît très normal… Nous ne commettons peut-être pas de péchés graves, nous nous conduisons honnêtement, suivant l’acception que les hommes donnent à ce terme, et cela nous satisfait. Nous ne soupçonnons guère, parfois, qu’il puisse y avoir une autre existence pour le chrétien ! Nous ne pensons pas qu’il puisse y avoir, pour le racheté, une part « avec Christ », la jouissance de sa communion, réalisée quand la Parole, opérant dans notre être intérieur, exerce notre conscience, nous amène à juger tout ce qui n’est pas en accord avec les pensées de Dieu, nous débarrasse de ce qui est du monde et occupe nos cœurs des choses célestes, de Christ dans la gloire.
Quelle vie heureuse alors, quelles que puissent être les
circonstances du désert ! Une vie durant laquelle il nous serait accordé,
si nous la vivions en quelque mesure, de goûter quelque chose du ciel, de sorte
que le départ de ce monde pour être avec Christ en-haut,
ne comporterait guère de transition ! Tel fut sans doute celui d’Hénoc qui « marcha avec
Dieu
trois cents ans »
« Et Hénoc marcha avec Dieu
; et
il ne fut plus, car Dieu le prit » (Gen. 5:22 et
24).
Dieu veuille lui-même opérer dans nos cœurs et y produire
l’ardent et saint désir de vivre une telle vie ! Qu’Il nous accorde la
grâce de laisser le Seigneur remplir à l’égard de chacun de nous l’office qu’Il
se plaît à exercer pour que, sans cesse, nos pieds soient lavés ! Qu’ainsi
nous ayons une part « avec Lui
» déjà maintenant, en attendant
le jour glorieux où nous serons « toujours
avec le Seigneur
».
Titre original : Les trois personnes de la trinité dans Romains 8
ME 1947 p. 313 à 315
Le chapitre 15 de l’évangile selon Luc nous décrit, en trois paraboles bien connues, l’activité de la grâce divine qui accueille le pécheur repentant avec joie, après l’avoir cherché et trouvé. Il souligne la part que prennent les trois personnes de la Trinité — Père, Fils et Saint Esprit — dans l’accomplissement de cette œuvre : la brebis ramenée à la maison, la drachme retrouvée, le fils prodigue revêtu de la plus belle robe. Cette activité s’exerce encore. Elle est incessante. Comme elle l’a fait pour le salut de pauvres pécheurs perdus, elle se déploie ensuite en faveur des croyants pendant tout le temps du voyage. C’est ce que nous enseigne l’apôtre dans le chapitre 8 de l’épître aux Romains.
S’il n’y a pour nous aucune condamnation, c’est parce qu’au temps convenable, Dieu le Père, « ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair » (8:3). Le Père n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous (8:32). Maintenant qu’Il nous a acquis pour lui-même à un tel prix, nous sommes chers à son cœur et Il nous fait don, librement, de tout ce qu’Il sait nous être bon et utile. Dieu est pour nous (8:31). Nous sommes les objets de son amour infini et invariable. Quand nous étions ses ennemis, Il nous a donné son Fils, pourrait-Il aujourd’hui refuser de répondre aux besoins de ses bien-aimés enfants ? — Non seulement son amour s’exerce à notre égard, mais aussi sa puissance est à notre disposition : du moment qu’Il est pour nous, qui sera contre nous ? Qui pourrait nous ravir de ses bras ou l’empêcher de nous combler des dons de sa grâce ? Il est pour nous ! — Mais encore : c’est Dieu qui justifie (8:34). Qu’en est-il des accusateurs et des accusations, quand c’est le Juge lui-même qui justifie ? L’accusateur des frères (Apoc. 12:10) n’aura-t-il pas la bouche fermée ? Pas une seule fois Joshua n’intervient pour se justifier, c’est Dieu lui-même qui le fait, réduisant au silence celui qui était là « pour s’opposer à lui » (Zach. 3:1-5). Justifiés devant Dieu par la foi en Christ, à cause de Christ, Dieu nous justifie si quelqu’un veut intenter accusation contre nous. Qu’aurions-nous donc à craindre ?
« Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu » s’occupe sans cesse de ceux qu’Il a rachetés. Il intercède pour nous (8:34). Il prend soin de nous au milieu de nos difficultés, de nos luttes, de nos épreuves, nous portant sur son cœur, priant pour chacun des siens ! Il remplit cet office de la sacrificature dans lequel Il a été établi, dans lequel Il est fidèle, dans lequel nous sommes exhortés à le considérer (Héb. 3:1-2). Toujours vivant pour intercéder pour nous, Il peut sauver entièrement — jusqu’à l’achèvement — ceux qui s’approchent de Dieu par lui (Héb. 7:25). Approchons-nous donc avec confiance du trône de la grâce, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur, Jésus le Fils de Dieu. Nous aurons du secours au moment opportun ! (Héb. 4:14-16).
Le Saint Esprit est une personne divine sur la terre, envoyé par le Père et le Fils (Jean 14:26 ; 15:26 ; 16:7) pour prendre notre cause en mains. Il est le Consolateur, « un autre Consolateur » (Jean 14:16. La note, dans nos Bibles, définit ainsi le Consolateur : c’est quelqu’un qui soutient la cause d’une personne, et lui vient en aide et l’assiste). Dans la première partie du chapitre 8 de l’épître aux Romains (8:1 à 10), le Saint Esprit nous est présenté comme nous communiquant une vie nouvelle, la vie de Dieu ; dans la deuxième (8:11 à 27), comme habitant en nous. Habitant en nous, il est : la garantie que nos corps mortels seront vivifiés (8:11), la force pour subjuguer la chair (8:13, voir aussi Galates 5:16 et suivants), la direction dans notre marche afin que nous manifestions ici-bas le caractère de fils de Dieu (8:14), le témoin de notre adoption (8:15-16), les prémices de ce que nous attendons : le salut du corps (8:23), le soutien de notre faiblesse, Celui qui intercède pour nous sur la terre, tandis que Christ intercède pour nous en haut (8:26-27).
Divine activité, précieuse activité que celle du Père, et du Fils et du Saint Esprit — un seul Dieu en trois Personnes. Nous sommes ceux en faveur desquels elle s’exerce d’une façon incessante ! Méditons un tel sujet.
Au travers de nos circonstances si difficiles — angoissantes même, pour beaucoup — au milieu de ce monde désemparé, dans le grand désarroi des hommes et des choses, n’y a-t-il pas là de quoi remplir nos cœurs de paix et de confiance ? En présence de tout ce qui nous environne, souvent tentés de nous écrier aussi : « Hélas, mon seigneur, comment ferons-nous ? », répétons-nous l’un à l’autre, pour notre encouragement et nôtre joie : « Ne crains pas ; car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux » (2 Rois 6:14-16).
ME 1949 p. 3-8
C’est une courte prière que celle exprimée par ces quelques
Grecs, d’entre ceux qui étaient montés pour adorer pendant la fête :
« Nous désirons voir Jésus
» (Jean 12:20-24). Puisse-t-elle,
traduisant un vrai besoin, s’élever de chacun de nos cœurs, au début de l’année
qui commence, afin que, Dieu l’exauçant, il nous soit
accordé chaque jour de contempler Jésus par la foi ; en attendant le
moment où nous le verrons de nos propres yeux !
Ces quelques Grecs préfigurent l’ensemble des nations qui, plus tard, auront part aux bénédictions du règne. Le temps n’était pas encore venu où leur désir pourrait être satisfait. Mais le Messie, le roi d’Israël, étant rejeté, Jésus prend son titre de Fils de l’homme et va présenter ce qui allait avoir lieu immédiatement, en vertu de sa mort : « L’heure est venue pour que le fils de l’homme soit glorifié. En vérité, en vérité, je vous dis : À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Pour que le Fils de l’homme pût être glorifié, il fallait d’abord ses souffrances et sa mort. C’est ainsi que la porte est maintenant ouverte aux nations, autrefois « sans Christ, sans droit de cité en Israël… sans Dieu dans le monde », maintenant « approchés par le sang du Christ » (Éph. 2:11 à 22). Un objet est présenté à notre foi, nos yeux peuvent le contempler dans ses souffrances, dans sa mort, dans la gloire qui est maintenant la sienne.
Les versets 7 et 8 du chapitre 2 de l’épître aux Hébreux placent devant nous le Fils de l’homme : dans la position qu’Il est venu prendre ici-bas : « Tu l’as fait un peu moindre que les anges », et le verset 9 ajoute : « à cause de la passion de la mort », — dans le ciel où Il est entré après avoir remporté la victoire : « Tu l’as couronné de gloire et d’honneur », — dans la suprématie qui est la sienne selon le Psaume 8, comme exerçant une domination universelle, ayant recouvré par sa mort l’héritage usurpé par Satan à la suite de la désobéissance du premier homme : « Tu as assujetti toutes choses sous ses pieds ». Nous soupirons après le moment où Christ apparaîtra dans cette gloire du Fils de l’homme pour « régner en puissance sur tout l’univers » :
Seigneur ! quand sera-ce
que ces temps heureux
où luira ta face
combleront nos vœux ?
La Parole ne dit pas : tu assujettiras, mais : tu as
assujetti. Cependant, si nous considérons l’état de ce monde, « nous ne
voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties ». Plus que
jamais, Satan exerce son empire et la scène au milieu de laquelle nous avons à
vivre manifeste bien qu’il est le prince de ce monde. Tout autour de nous,
nombreux sont les sujets de souffrance, de tristesse et d’inquiétude !
Pour un cœur qui aime le Seigneur, il y a surtout ceci : Christ reste
rejeté et méprisé des hommes, ses droits sont méconnus. Dieu a assujetti toutes
choses sous ses pieds et pourtant, nous ne voyons pas encore que cela soit
réalisé. Mais, quel repos pour nos cœurs ! nous
pouvons élever nos regards au-dessus de tout ce qui nous environne et, par la
foi, contempler le lieu où déjà les droits du Fils de l’homme sont pleinement
reconnus. Ils ne le sont pas sur la terre, l’héritage Lui sera effectivement donné
plus tard — mais ils le sont en haut. « Nous voyons Jésus
… »
(v. 9).
Dans les jours mauvais que nous traversons, alors que le mal fait des progrès incessants et que l’angoisse remplit le cœur des hommes — les nôtres aussi, bien souvent, car nous sommes des « gens de petite foi » — entrons dans le sanctuaire. Là, « nous voyons Jésus » ! La gloire qui le couronne nous rappelle « sa croix, sa honte et ses douleurs ». Il a connu l’amertume de la mort, Il a goûté la mort pour tout. Pour amener plusieurs fils à la gloire, Il a dû être consommé par des souffrances. Cela convenait à la sainteté de Dieu, à sa justice, à sa gloire, à son amour ! — Mais encore, nous le contemplons là-haut comme notre « miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur », Celui qui, ayant souffert étant tenté, est à même de secourir ceux qui sont tentés. Dieu l’a établi dans cet office et Il est fidèle à Celui qui l’a établi (Héb. 3:2). Jamais Il n’oublie aucun racheté, Il porte chacun d’eux sur ses épaules et sur son cœur. Prenons courage au travers de tout, comptons sur Lui, Il est fidèle ! — Voyons-le, considérons-le ! (Héb. 2:9 ; 3:1). C’est l’encouragement si précieux que nous voudrions rappeler aux lecteurs du Messager Évangélique, tout au début de cette nouvelle étape du chemin.
Marie de Magdala se tenait près du
sépulcre, dehors, et pleurait. Sans doute, il ne convenait pas de chercher
parmi les morts Celui qui était vivant. Mais Christ était le seul objet de son
cœur ! Ignorante, sans doute, elle n’avait pourtant qu’un désir :
voir Jésus. Aussi, Celui qui connaît nos pensées les plus secrètes vient se
manifester à elle et la charge d’un message pour « ses frères ». Elle
obéit aussitôt (cf. Jean 14:21-23). Que dit-elle à ceux vers lesquels le
Seigneur l’a envoyée ? En tout premier lieu, « qu’elle a vu le
Seigneur
» (Jean 20:18). Pour elle, de toute la scène qui s’est
déroulée au sépulcre, il reste ceci : elle a vu le Seigneur !
Ensuite, elle délivre le message qui lui a été confié.
S’il y a une contemplation individuelle de la personne du
Seigneur Jésus, il y a aussi une contemplation collective. Nous pouvons
« le voir » chacun, dans notre vie de tous les jours, comme Marie de Magdala l’avait vu — et cette manifestation de Lui-même à
ses bien-aimés est la réponse à l’amour de leur cœur pour Lui, selon Jean
14:21-23. Mais nous sommes heureux de pouvoir aussi fixer nos regards sur Lui
quand, réunis en assemblée, nous expérimentons qu’Il est toujours fidèle à sa
promesse (Matt. 18:20). Le premier jour de la semaine, le Seigneur ressuscité
vint au milieu de ses disciples pour leur dire : Paix vous soit ! et leur montrer ses mains et son côté. Tout cela était de
nature à les réjouir. Mais que lisons-nous ? « Les disciples se
réjouirent donc quand ils virent le Seigneur
» (Jean 20:20).
L’avoir vu, Lui, voilà ce qui remplissait leur cœur de joie. Et lorsqu’ils
retrouvent Thomas, qui avait été absent ce premier jour de la semaine, ils ne
lui font pas le récit des diverses circonstances de ce soir-là, ils se bornent
à lui dire : « Nous avons vu le Seigneur
» (20:25). Cela
résumait tout, c’était la chose capitale.
Si nous pouvons nous rassembler quelques-uns autour du Seigneur,
apprécions-nous la valeur du privilège qui nous est ainsi accordé ? Voir
le Seigneur par la foi, est-ce bien la bénédiction suprême goûtée dans le
rassemblement ? Et si nous avions à dire ce qui a caractérisé telle ou
telle réunion, pourrions-nous assurer en vérité : nous avons vu le
Seigneur
?
Le voir, maintenant, est encore pour la foi. Bien que le
Seigneur fût sur la terre, petit enfant né dans la crèche de Bethléhem, c’était aussi à la foi des bergers qu’il était
fait appel (Luc 2:8 à 20). Il n’y eut aucun doute dans leur cœur quand le
message leur fut annoncé : « Aujourd’hui, dans la cité de David, vous
est né un sauveur ». Ils ne dirent pas : allons et nous verrons si la
chose est arrivée ainsi que le Seigneur nous l’a fait connaître, mais ils
s’écrièrent : « allons et voyons cette chose qui est arrivée ».
C’était un acte de foi ! « Et ils allèrent en hâte ». Obéissance
de la foi. Une récompense y est attachée : la joie de le voir :
« et l’ayant vu
… » Puis, un autre privilège en
découle : ces bergers furent les premiers à Lui rendre hommage, à
glorifier et louer Dieu — ils furent aussi les premiers prédicateurs de la
bonne nouvelle. Adorateurs et témoins, adorateurs de Dieu et témoins au milieu
de ce monde, telle est la part de ceux qui, conduits par la foi, ont vu et
contemplé le Seigneur. Heureux aujourd’hui ceux qui peuvent dire : nous
voyons Jésus — et qui réalisent leur position d’adorateurs et de témoins :
sainte sacrificature pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par
Jésus Christ — sacrificature royale pour annoncer les vertus de Celui qui nous
a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière (1 Pierre 2:5 et 9).
Déjà,
« contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes
transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur
en Esprit » (2 Cor. 3:18), nous sommes ainsi rendus capables de refléter
quelque chose de ses gloires morales. Mais bientôt, ce sera la pleine
conformité à Christ en gloire : « nous lui serons semblables, car nous
le verrons
comme il est » (1 Jean 3:2).
Le jour est si proche où nous allons le voir ! Voir Celui qui nous a tant aimés, qui est mort pour nous sur une croix — Celui que nous aimons parce qu’Il nous a aimés le premier — Celui que nous pouvons contempler par la foi, mais que nous n’avons pas encore vu de nos yeux, « Jésus Christ, lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1:8).
Que cette joie remplisse nos cœurs au travers de toutes les circonstances que notre Dieu et Père trouvera bon de dispenser à chacun de nous tout au long de cette année 1949 ! Élevons nos yeux au-dessus des nuages qui s’amoncellent et contemplons par la foi Celui que nous allons voir, Étoile du matin déjà levée dans nos cœurs !
« Et
ses esclaves le serviront, et ils verront sa face
… » (Apoc. 22:4).
Ah ! bientôt, sans voile,
Luiront tes splendeurs,
Radieuse Étoile
Levée en nos cœurs.
Oh ! quelle allégresse !
Nos yeux te verront,
Et de Toi, sans cesse,
Tes saints jouiront.
Titre original : « Afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux… » (Jean 17:26)
ME 1949 p. 169-175
Avant d’aller à la croix, alors qu’Il allait quitter les siens, le Seigneur a voulu les recommander à son Père. C’est l’objet de la prière qui remplit le chapitre 17 de l’évangile selon Jean et qui se termine ainsi : « Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux ». Telle est la dernière demande adressée par le Fils à son Père, dans un moment aussi solennel.
Tandis qu’Il poursuivait son ministère ici-bas, le Seigneur a révélé aux siens le nom du Père. Il devait le leur faire connaître mieux encore lorsque le Saint Esprit, personne divine, serait avec eux et en eux. Et cela, afin qu’ils jouissent de l’amour du Père — de cet amour dont le Père a aimé le Fils — et en soient remplis, réalisant ainsi que, « délivrés du pouvoir des ténèbres », ils ont été « transportés dans le royaume du Fils de son amour » (Col. 1:13). Ce royaume est caractérisé, a-t-on dit, par la relation qui unit le Fils avec le Père ; les rachetés de Christ sont placés dans la même relation, aimés d’un même amour. Le Seigneur désire que les siens jouissent de cet amour dont le Père l’a aimé et dont Il a joui lui-même ici-bas, en plénitude.
Dans l’évangile selon Matthieu, le Seigneur Jésus nous est présenté, dans trois circonstances, comme le bien-aimé du Père :
1) Chap. 3:17
. Le Fils de Dieu, devenu homme, vient
prendre place parmi les pécheurs repentants, mais son Dieu et Père ne veut pas
qu’Il soit confondu avec eux. L’Esprit Saint descend, sous la forme d’une
colombe, sur Celui qui était saint et pur ; puis la voix du Père se fait
entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon
plaisir ».
2) Chap. 12:18
. Le Seigneur est rejeté par les pharisiens
qui tiennent conseil contre Lui pour le faire périr, mais son heure n’était pas
encore venue et Il continue son service dans l’humilité, défendant expressément
que son nom soit rendu public. La parole du prophète était accomplie :
« Voici mon serviteur que j’ai élu, mon bien-aimé
, en qui mon âme a
trouvé son plaisir… » (Ésaïe 42:1-4). Cette
expression : « mon bien-aimé » est ajoutée à la citation d’Ésaïe : objet de la haine de ce peuple dont Il était
le Messie, le Seigneur était le bien-aimé du Père ! Il marchait dans ce
monde, jouissant de tout ce qu’Il était pour son cœur. Quelle consolation pour
Celui qui était « méprisé et délaissé des hommes, homme de douleurs, et
sachant ce que c’est que la langueur » ! (Ésaïe
53:3).
3) Chap. 17:5
. Le Seigneur prend avec Lui Pierre, Jacques
et Jean auxquels Il veut donner un avant-goût de la gloire du royaume. Mais
Pierre Le place au même rang que Moïse et Élie ; il n’a pas discerné que,
si ses rachetés Lui sont associés dans la gloire, Il est cependant Celui que
son Dieu a oint d’une huile de joie au-dessus de ses compagnons (Ps. 45:7).
Aussi, de la nuée, le Père proclame ce qu’Il est pour Lui :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé
, en qui j’ai trouvé mon
plaisir ; écoutez-le ».
Ces trois passages constituent en quelque sorte une introduction
au sujet que nous désirons proposer à notre méditation — sujet dont nous
comprendrons l’importance en relisant le dernier verset de Jean 17, suprême
désir exprimé par le Seigneur dans cette sublime prière : « … afin
que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux
, et moi en eux ».
Dans l’évangile selon Jean, sept passages nous occupent du Fils, objet de l’amour du Père :
1)
« Le Père aime le Fils
et a mis toutes choses entre ses
mains » (3:35).
Le Père aime le Fils de toute éternité (Prov. 8:30 ; Jean 17:24), mais ici, de façon particulière, parce qu’Il vient dans le monde pour l’accomplissement de ses conseils.
Les versets qui précèdent soulignent le contraste entre le ministère de Jean et celui de Christ, entre le témoignage prophétique et celui de l’Envoyé de Dieu. Les prophètes avaient reçu la mesure de l’Esprit qui leur était nécessaire pour remplir leur service (cf. 2 Rois 2:9), mais Christ n’avait pas reçu l’Esprit par mesure, Il le possédait en plénitude, parlant les paroles de Dieu. Qui l’écoutait, écoutait Dieu et celui qui croyait en Lui scellait que Dieu était vrai (v. 33-34). Dieu, qui avait autrefois parlé aux pères par les prophètes, parlait maintenant dans le Fils (Héb. 1:1). Envoyant ici-bas le Fils de son amour, le Père mettait toutes choses entre ses mains pour le salut de l’homme perdu. Il aime le Fils parce que le Fils prend la responsabilité de tout.
Aussi, toutes choses étant mises entre ses mains, il n’y a pas d’autre moyen de salut que de croire au Fils : « qui croit au Fils a la vie éternelle » (v. 36). Il est le seul chemin pour aller au Père : « Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14:6). Prétendre connaître Dieu sans aller à Celui entre les mains duquel toutes choses ont été mises par le Père, c’est l’esprit de l’antichrist. « Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père » (1 Jean 2:22-24).
2) « Car le Père aime le Fils
, et lui montre toutes
les choses qu’il fait lui-même… » (5:20). Ici, il s’agit de l’amour du
Père pour le Fils marchant dans le chemin de l’obéissance et de la dépendance.
Les Juifs accusaient le Seigneur de se faire égal à Dieu (v. 18). Sans doute, Il était Dieu manifesté en chair et la parfaite expression du Père, mais Il n’avait jamais quitté le sentier de l’homme dépendant. Ses paroles aussi bien que ses œuvres étaient celles du Père, Il ne disait rien et ne faisait rien de Lui-même (Jean 8:26 à 29 ; 12:49, 50 ; 14:10). Il venait d’accomplir des œuvres telles que la guérison du malade de Capernaüm ou du paralytique du réservoir de Béthesda (4:46 à 54 ; 5:1 à 25), mais le Père lui montrerait des œuvres plus grandes encore (sans doute le Seigneur fait-il allusion à la résurrection de Lazare, car il fallait l’œuvre de la résurrection pour sauver l’homme perdu). Toutes ces œuvres, celles que le Fils avait faites et celles qu’Il allait faire, étaient accomplies dans la dépendance du Père (v. 19). Homme obéissant et dépendant, Il est, dans cette position, l’objet de l’amour du Père. Quelle satisfaction éprouve le Père à considérer dans ce monde un homme parfaitement dépendant ! Le seul qu’Il ait jamais pu contempler. Et cet homme, c’est son Fils unique !
3)
« Comme le Père m’a aimé
, moi aussi je vous ai aimés ;
demeurez dans mon amour » (15:9).
Demeurer dans son amour, c’est réaliser une pleine communion avec Lui. Le Fils demeurait dans l’amour du Père (v. 10). Il jouissait de cette communion avec le Père parce qu’Il gardait ses commandements. C’est dans l’obéissance et la dépendance que réside le secret de la communion. Le Père aime Celui qui, tout au long de son chemin, a été sans cesse dans sa communion : « J’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour » (v. 10).
4) « À cause de ceci, le Père m’aime
, c’est que moi
je laisse ma vie, afin que je la reprenne » (10:17).
Le Père aime le Fils parce qu’Il se présente pour l’accomplissement de ses conseils éternels (3:35) — parce qu’Il est ici-bas l’Homme obéissant et dépendant (5:20) — parce qu’Il demeure sans cesse dans une pleine communion avec Lui (15:9-10). Au terme de ce chemin, le Fils va donner au Père un nouveau motif de l’aimer : Il laisse sa vie !
Dans ce chapitre 10 de l’évangile selon Jean, le Seigneur présente successivement trois motifs pour lesquels Il va donner sa vie :
5) « Tu les as aimés comme tu m’as aimé
»
(17:23).
Le Père a donné à son bien-aimé la gloire qu’Il s’est acquise par ses souffrances et par sa mort — la gloire du Fils de l’homme. Lui l’a donnée à ses rachetés afin qu’ils lui soient unis en gloire pour l’éternité : « consommés en un » (v. 23). — Alors, le monde connaîtra : tout d’abord, que le Père a envoyé le Fils auquel il a refusé de croire et qu’il a crucifié ; ensuite, que les croyants ont été aimés du même amour que celui dont le Père aimait le Fils. Aujourd’hui, le monde ignore que nous sommes aimés comme Jésus l’est par le Père. Mais nous le savons déjà et nous en jouissons dans nos cœurs, bien que faiblement, avec reconnaissance et adoration !
6) « Car tu m’as aimé
avant la fondation du
monde » (17:24).
Dans ce verset, il est question de sa gloire divine, celle du Fils de Dieu aimé par le Père avant la fondation du monde. Nous contemplerons cette gloire qui est la sienne de toute éternité, alors qu’Il était l’objet de l’amour du Père, et nous l’adorerons à jamais parce qu’Il a voulu quitter le lieu de la gloire et de l’amour pour venir ici-bas souffrir et mourir sur une croix !
7) « afin que l’amour dont tu m’as aimé
soit en eux,
et moi en eux » (17:26). Tandis qu’Il était avec eux, le Seigneur avait
fait connaître à ses disciples le nom du Père (Jean 14:7, 9, 10). Après sa
résurrection, Il chargea Marie de Magdala de leur
porter ce message : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte
vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean
20:17). « Je leur ai fait connaître ton nom ». Il ajoute :
« et je le leur ferai connaître ». Une fois le Saint Esprit venu sur
la terre comme Personne divine, les disciples furent rendus capables d’entrer
dans cette connaissance d’une manière plus profonde. Nous avons reçu l’Esprit
d’adoption, par lequel nous crions : Abba,
Père ! (Rom. 8:15). Le Saint Esprit nous fait jouir de notre relation avec
le Père et de l’amour du Père — de l’amour dont le Père a aimé le Fils !
L’amour du Père envers nous a été manifesté en ce qu’Il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés (1 Jean 4:10). Mais il y a plus encore : du fait de notre union avec le Fils, nous avons part à l’amour du Père pour son Fils. Ce qui est à Christ est à nous ! — Le cœur du racheté découvre en Jésus l’objet sur lequel reposent les délices et la faveur du Père ; il le contemple venant dans ce monde pour accomplir les conseils divins — marchant dans le chemin de l’obéissance et de la dépendance — jouissant d’une communion ininterrompue avec le Père — laissant sa vie, et il connaît ainsi et savoure quelque chose de l’amour du Père.
« Et moi en eux » : Christ habitant en nous (cf. Éph. 3:17 à 19), notre cœur est rempli de Celui qui est
l’objet de l’amour du Père et nous sommes ainsi rendus capables d’en jouir. Que
rien en nous n’entrave l’action du Saint Esprit ! Il nous fortifiera en
puissance quant à l’homme intérieur, de sorte que Christ habitera par la foi
dans nos cœurs. Il nous fera jouir de notre relation avec le Père et de l’amour
du Père. Alors, l’amour dont le Père a aimé le Fils sera en nous
!
C’est ce que le Seigneur a demandé à son Père pour nous, avant d’aller à la croix !
ME 1947 p. 141-146
Lorsqu’Il était sur la terre, le Seigneur aurait voulu rassembler son peuple à l’ombre de ses ailes. Mais Israël incrédule l’a rejeté et élevé sur une croix, aussi Il s’est écrié — et combien ce devait être douloureux pour son cœur : « Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » (Matt. 23:37). Sur ce peuple coupable du rejet et de la crucifixion de son Messie, sur ce peuple qui n’a pas voulu de la place qui lui était préparée à l’ombre de ses ailes, la colère divine s’appesantira. Israël devra dire : « Car nous sommes consumés par ta colère, et nous sommes épouvantés par ta fureur » (Ps. 90:7). Mais Celui qu’Israël a repoussé va recommencer son histoire. Nouvel Israël, Il prendra la place du peuple et représentera la nation infidèle devant l’Éternel. Le Ps. 91 nous le présente dans cette position. « J’ai dit de l’Éternel : Il est ma confiance et mon lieu fort ; il est mon Dieu, je me confierai en Lui » (v. 2). Tandis que la colère de Dieu est sur le peuple désobéissant et contredisant, Il prend sa place devant l’Éternel, le Dieu de l’alliance avec Israël. C’est alors que l’Esprit de Dieu lui assure toutes les bénédictions qui auraient été la part du peuple s’il avait marché dans le chemin de l’obéissance que Christ est venu suivre ici-bas : « Il te couvrira de ses plumes et sous ses ailes tu auras un refuge » (v. 4). C’est ce dont Israël n’avait pas voulu ! Les versets suivants du Ps. 91 nous disent dans quelle sécurité l’Éternel gardera le seul Homme qui l’ait glorifié sur la terre. Et pourtant il semble que ces versets n’ont pas eu leur accomplissement : Christ n’a pas été épargné, Il a dû endurer tout le poids de la colère de Dieu. Parce qu’Il a voulu être à la place des coupables sous le jugement de Dieu, pour Lui toutes ces bénédictions sont encore à venir, elles seront sa part quand Il viendra prendre possession de son royaume.
Au milieu du peuple qui a méprisé tout ce que son Messie lui apportait et le refuge qu’Il lui offrait, qui a rejeté le Messie lui-même, il y a cependant un résidu fidèle qui apprécie le privilège de pouvoir se cacher à l’ombre de ses ailes. Ruth, nouvel Israël — présenté sous la figure d’une étrangère, car seules la grâce et la foi pourront le mettre en relations avec l’Éternel — a quitté les champs de Moab et est venue s’abriter sous les ailes de l’Éternel, le Dieu d’Israël (Ruth 2:12). Elle dira ensuite à Boaz : « étends ton aile sur ta servante » (3:9). Le livre des Psaumes, qui nous dépeint les sentiments du Résidu dans des jours de grande tribulation, utilise à plusieurs reprises l’expression dont le Seigneur s’est servi quand Il s’adressait à Jérusalem. C’est surtout dans les deux premiers livres que nous la trouvons —livres dans lesquels il est question du Résidu de Juda, à Jérusalem d’abord, puis ensuite loin de la ville, chassé au désert.
Le Ps. 17 est une prière, « prière de David », mais aussi prière de Christ le Juste. Une des demandes du Psaume est celle-ci : « Garde-moi comme la prunelle de l’œil ; cache-moi sous l’ombre de tes ailes » (v. 8). Christ rappelle, dans les premiers versets, ce que fut son sentier sur la terre et c’est là-dessus qu’Il se fonde, comme Homme, pour réclamer la protection de Dieu. Dieu délivre de leurs adversaires ceux qui se confient en Lui (v. 7) et ce verset peut être appliqué non seulement au résidu, mais encore à tous ceux qui sont associés à Christ.
Dans quel monde sommes-nous ? Un monde qui est caractérisé, aujourd’hui comme alors, par l’activité des « méchants », par l’hostilité « d’ardents ennemis » (v. 9). Ce monde qui a été contre Christ est maintenant opposé à tous ceux qui veulent suivre le parfait Modèle et refléter ses caractères. Quelle est alors la ressource du fidèle ? « Garde-moi comme la prunelle de l’œil ; cache-moi sous l’ombre de tes ailes ». Regarder à Dieu pour être gardé « comme la prunelle de l’œil », c’est-à-dire comme ceux qui sont précieux à son cœur. S’attendre à Lui pour être mis à l’abri sous l’ombre de ses ailes ! Une marche dans le sentier que Christ nous a tracé attirera contre nous la haine du monde, mais nous amènera aussi à jouir de la plus douce proximité avec Dieu, nous donnera le sentiment que nous sommes chers à Celui qui nous a acquis au prix des souffrances et de la mort de son Bien-aimé. Nous savourerons alors les bénédictions qui sont la réponse à la prière du v. 8 de ce Psaume. Le monde peut aller son train, manifester sa révolte contre Dieu et sa méchanceté contre ceux qui Lui appartiennent et désirent Lui être fidèles, qu’importe ! Le croyant goûte une part précieuse : il sait qu’il est cher à Celui qui l’a caché à l’ombre de ses ailes !
Dans le Ps. 57, c’est un jour d’épreuve, un temps de calamités. Mais le fidèle est heureux de pouvoir faire appel à toutes les ressources de la grâce de Dieu : « Use de grâce envers moi, ô Dieu ! use de grâce envers moi… » Il connaît Dieu comme le Très-Haut, c’est-à-dire Celui qui est au-dessus de tout, dont la suprématie est absolue : tout est entre ses mains, rien n’arrive que ce qu’Il a commandé ou permis. Quelle paix cela donne au cœur dans un temps de calamités ! Mais, bien plus, Il est encore le Dieu « qui mène tout à bonne fin pour moi », Celui qui fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment. La foi peut ainsi jouir à l’avance de ce que Dieu a préparé pour les siens ; le chemin est difficile sans doute, Dieu humilie et éprouve, mais c’est pour faire du bien à la fin.
Jusqu’à ce moment-là, pour traverser ce temps de calamités, le croyant possède un refuge : l’ombre de ses ailes ! Il est heureux de s’y blottir, jouissant de la proximité du Seigneur, de sa protection et de sa tendresse. Il apprécie ses soins fidèles dans des jours mauvais, confiant dans la délivrance que Dieu enverra au moment convenable : « jusqu’à, ce que les calamités soient passées ».
Ce ne sont pas des ennemis ou des calamités qui, dans le Ps. 36, conduisent l’âme à se réfugier à l’ombre de ses ailes. Sans doute, elle est heureuse d’y trouver un abri contre la méchanceté de l’homme, décrite dans les quatre premiers versets du Psaume. Mais surtout elle y jouit de la bonté de Dieu. C’est parce que cette bonté est précieuse à connaître que les fils des hommes, se réfugient sous l’ombre de ses ailes !
Quelle part dans ce refuge ! À l’ombre de ses ailes, l’âme est rassasiée de la graisse de sa maison, abreuvée au fleuve de ses délices ; elle savoure tous les biens et toutes les joies du sanctuaire. C’est tellement plus que l’abri pour être protégé contre la haine d’ardents ennemis ou pour être gardé dans un temps de calamités ! — quelque apprécié qu’il puisse être. C’est la bonté de Dieu qui a protégé et gardé le fidèle, elle devient maintenant la part dont il jouit. Il est heureux de se réfugier à l’ombre de ses ailes pour la goûter dans la paix du sanctuaire.
Le Ps. 63 nous dit ensuite ce qui remplit le cœur du racheté, venu trouver un refuge à l’ombre de ses ailes. Dans la pleine lumière de la face de Dieu, rassasié des biens de sa maison, abreuvé au fleuve de ses délices, le croyant jouit de la bonté de Dieu — de cette bonté qui est meilleure que la vie (Ps. 36:7 ; 63:3). Alors, la reconnaissance s’élève vers Celui que la foi a su trouver et dans lequel elle a un refuge à l’ombre de ses ailes ! C’est la complète satisfaction que la nouvelle nature trouve en Dieu. L’âme est rassasiée, la louange déborde, les lèvres chantent de joie ! Et pourtant, quelles sont les circonstances extérieures ? David était chassé dans le désert de Juda, le Résidu sera loin de Jérusalem et du temple, le fidèle est dans une terre aride et altérée, sans eau. Cependant ce Psaume n’est pas celui de l’affliction, mais d’une joie débordante. N’avons-nous pas là le secret de la joie au milieu du désert ? Se tenir dans le sanctuaire, demeurer à l’ombre de ses ailes ! L’âme est alors détachée des choses terrestres, elle n’est plus occupée que d’une scène dans laquelle Christ est tout. Elle est rassasiée « de la graisse de sa maison », rassasiée « comme de moelle et de graisse », d’un Christ ressuscité et glorifié, nourriture de la maison de Dieu (Ps. 36:8 ; 63:5). Aussi, à l’ombre de ses ailes, elle peut chanter de joie ! Comment ne le ferait-elle pas ? Au moment où elle semblait privée de tout, elle est plus riche et plus comblée que jamais — rien ne peut la troubler. C’est là qu’est la source de la joie, mais aussi de la force. David l’a dit dans une autre circonstance : « La force et la joie sont dans le lieu où il habite » (1 Chron. 16:27). L’âme peut ainsi s’attacher à Lui pour le suivre, soutenue et fortifiée par Lui tout le long du chemin, jusqu’au bout du voyage.
À l’ombre de ses ailes ! Place bénie s’il en est une. Nous traversons des temps difficiles. La méchanceté et la violence des hommes semblent n’avoir plus aucun frein — et cependant nous savons qu’il y a encore « Celui qui retient » et « ce qui retient ». C’est un temps de calamités. Puissions-nous chercher un refuge là où le Seigneur voudrait nous garder sans cesse — à l’ombre de ses ailes ! Là, nous pouvons jouir de sa bonté, nos âmes seront nourries et rafraîchies et, quelles que puissent être nos circonstances, nous pourrons toujours chanter de joie !
ME 1942 p. 47-51
Au moment de commencer une nouvelle étape du voyage, si le Seigneur nous laisse quelque temps encore, nous aimerions considérer pour l’encouragement de tous ceux qui, au milieu de la tribulation, attendent son retour, les premiers psaumes du troisième livre. Après avoir lu cette portion des Écritures, chacun de nous pourra dire comme David : « Je chanterai à l’Éternel, parce qu’Il m’a fait du bien » (Ps. 13:5). C’était pourtant un jour d’angoisse, durant lequel le roi méprisé et rejeté demande par quatre fois : « Jusques à quand ? » (v. 1 et 2). Mais, dans son affliction, David connaissait la ressource de la foi : « Je me suis confié en ta bonté » (v. 5). Cette ressource est toujours à notre disposition.
Le troisième livre des psaumes concerne l’ensemble du peuple, représenté devant Dieu par un résidu pieux, « ceux qui sont purs de cœur » (Ps. 73 :1). C’est surtout de la détresse de ces fidèles qu’il est question dans ce livre, tandis que dans les deux premiers, il est plutôt parlé prophétiquement des souffrances de Christ, dont celles de David étaient un type.
Le premier verset du Ps. 73 semble donner le caractère de tout l’ensemble du livre. Le premier mot est déjà très remarquable. Voilà tant de sujets de tristesse pour ce pauvre résidu persécuté, tant d’incertitudes, tant de choses qui s’écroulent les unes après les autres… Sur quoi s’appuyer ? Comme une réponse ce mot a retenti : certainement ! Il reste pour la foi une certitude absolue : « Certainement Dieu est bon ». Tout laisserait croire à ceux qui sont ainsi éprouvés qu’ils sont abandonnés. Non, Dieu est bon et c’est envers les siens, « ceux qui sont purs de cœur », que sa bonté s’exerce continuellement. L’assurance de cette invariable bonté est bien de nature à réconforter tous ceux qui sont dans la détresse !
Pourtant, ce Dieu bon et fidèle permet que le méchant prospère et que, sur son peuple, le châtiment revienne chaque matin. La foi va-t-elle chanceler, les pieds vont-ils manquer, les pas glisser selon les expressions du verset 2 ? Non, l’âme est conduite jusque dans le sanctuaire de Dieu pour que la foi soit affermie. C’est de Lui que le fidèle va s’approcher et, au milieu de ses tribulations, pouvant dire : « Je suis toujours avec toi », il réalisera qu’il y a en Lui joie et plaisirs sur la terre.
Que l’âme ait déjà goûté la paix du sanctuaire, qu’elle y ait appris à se connaître et à connaître Dieu, ne met cependant pas un terme à l’épreuve. Tout au contraire, elle semble accrue et le Psaume 74 est un appel particulièrement pressant, adressé à Dieu du milieu de la fournaise. Le résidu rappelle toutes les délivrances passées, pour s’écrier à la fin : « Lève-toi, ô Dieu, plaide ta cause ». Pourquoi ce Dieu puissant qui est intervenu souvent en faveur des siens, semble-t-il les délaisser maintenant ? La cause de son peuple n’est-elle pas la sienne ? Quoi qu’il en soit, c’est avec confiance que le fidèle attend le jour de la délivrance et, assuré qu’il se lèvera enfin, il demande : « Jusques à quand ? » Le sanctuaire est détruit, « l’ennemi a tout saccagé dans le lieu saint… ils ont mis le feu à ton sanctuaire, ils ont profané par terre la demeure de ton nom… ils ont brûlé tous les lieux assignés pour le service de Dieu dans le pays ». Le résidu est là, en butte à tous ces outrages et à tout le débordement du mal, « sans signes », n’ayant « plus de prophète ». Grande est sa détresse !
Mais, Celui qui a dit : « une femme oubliera-t-elle son nourrisson ? Même celles-là oublieront… mais moi je ne t’oublierai pas » (Ésaïe 49:14-15) pourrait-Il oublier son alliance ? Déjà dans les Ps. 75 et 76 le jour de la délivrance est entrevu. Pour rassembler son peuple, Christ va paraître dans toute sa puissance et la gloire de son triomphe. Les résultats de sa victoire seront manifestés. Il jugera les méchants et honorera les justes : « Il abaisse l’un et élève l’autre » (Ps. 75:7). La maison de l’Éternel sera rebâtie dans la ville du grand Roi et la louange montera vers Lui, durant le règne, dans le sanctuaire retrouvé, tandis qu’il y aura abondance de bénédiction sur le peuple pleinement restauré.
Espérance glorieuse !… Mais ce n’est encore qu’une espérance et, bien que « l’attente des justes soit une joie » (Proverbes 10:28), c’est toujours, c’est encore pour le résidu le jour de l’affliction et des larmes. Malgré tout ce qu’il sait et a pu exprimer, le connaissant comme fruit de l’expérience, dans les Ps. 73 à 76, il passe par les exercices qui nous sont dépeints dans le psaume suivant. « Je suis inquiet », dit-il et il pose toutes ces questions : « Le Seigneur rejettera-t-il pour toujours ? et ne montrera-t-il plus sa faveur ? Sa bonté a-t-elle cessé pour toujours ? Sa parole a-t-elle pris fin de génération en génération ? Dieu a-t-il oublié d’user de grâce ? A-t-il enfermé ses miséricordes dans la colère ? » (Ps. 77:7-9). Telles sont les craintes du cœur naturel, si facilement porté à douter de la fidélité et de la bonté de Dieu, si aisément conduit au découragement lorsque l’épreuve se prolonge quelque peu. Et cela, bien que l’âme connaisse de précieuses vérités, jouisse d’une espérance, ait fait tant d’expériences la puissance et de l’amour de Celui qui ne change pas ! c’est bien là « notre infirmité » (Ps. 77:10)…
Le fidèle est amené à faire taire les pensées de son propre cœur et à considérer les desseins de la grâce de Dieu à l’égard des siens — desseins qu’Il accomplira malgré les apparences contraires et au travers de toute la puissance de l’ennemi. Les voies de Dieu — que nous ne comprenons pas plus que le balancement des nuages (Job 37:16) — sont dirigées du « lieu saint ». Quelle paix cela procure à nos cœurs si souvent troublés ! Au milieu de l’agitation des nations, n’oublions pas ce verset du livre des Proverbes : « Il y a beaucoup de pensées dans le cœur d’un homme ; mais le conseil de l’Éternel, c’est là ce qui s’accomplit » (19:21).
Si les voies de Dieu sont mystérieuses et insondables, si « ses traces ne sont pas connues » (Ps. 77:19), il est ajouté pourtant tout aussitôt : « Tu as conduit ton peuple comme un troupeau, par la main de Moïse et d’Aaron ». De quels soins ce peuple a été l’objet, conduit au travers de la Mer Rouge — « dans la mer » — puis durant son long voyage au désert ! « Tu les entretins quarante ans dans le désert, ils ne manquèrent de rien » (Néhémie 9:21). Ils ne manquèrent de rien parce que l’Éternel était leur Berger ! (Ps. 23:1). Le Ps. 78 retrace cette histoire : toutes les voies de Dieu envers son peuple, « ses actes et ses œuvres merveilleuses », sa miséricorde et son long support. Oui, « Il fit partir son peuple comme des brebis et les mena comme un troupeau dans le désert et Il les conduisit sains et saufs » (Ps. 78:52-53). Il est le même hier, aujourd’hui, éternellement. Aussi, ceux qui lui appartiennent, « le troupeau de sa pâture », se confiant en Lui, peuvent « raconter sa louange de génération en génération » (Ps. 79:13).
Ces psaumes ne sont-ils pas, dans l’application que nous pouvons en faire à nos circonstances, pour l’encouragement des croyants dans le jour actuel ? Que de détresses pour tous — soit que l’épreuve nous atteigne directement, soit que nous souffrions en sympathie selon 1 Cor. 12:26, que d’incertitudes… Dieu pourrait-il abandonner les siens ? Bien que parfois les apparences soient contraires, en pleine assurance de foi répétons : « Certainement Dieu est bon ». Pénétrons jusque dans le sanctuaire, lieu de repos et de paix, pour nous approcher de la Personne qui le remplit : notre foi sera nourrie et fortifiée et, au travers de la souffrance, nous réaliserons qu’en Lui il y a des joies ici-bas. Ensemble, dans l’épreuve, redisons « Jusques à quand ? » Confiance de la foi ainsi exprimée, car déjà nous aussi, nous entrevoyons et saluons le jour de la délivrance ! En attendant, si les voies de Dieu restent mystérieuses, rappelons-nous que « sa voie est dans le lieu saint » et que Celui qui nous conduit au travers du désert est un Berger fidèle, Médiateur et Sacrificateur, vrai Moïse et vrai Aaron !
« Vous avez de la tribulation dans le monde » — comme Il le sait bien, n’est-ce pas ? — mais Il aime nous redire : « Ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde ». Ayez bon courage ! Que ces mots résonnent sans cesse à nos oreilles tout au long de cette nouvelle étape du pèlerinage — et puis,
Comptons mieux sur sa tendresse,
Son cœur ne saurait changer ;
De ses brebis en détresse
Il est toujours le Berger !
Titre original : « Les eaux devinrent douces ». Exode 15:22-25
ME 1940 p. 19-21
C’est un récit bien connu qui nous est rapporté au début du chapitre 6 du second livre des Rois. Les fils des prophètes voulaient aller bâtir « un lieu pour y habiter », celui où ils demeuraient étant devenu trop étroit pour eux. C’était là chose naturelle, indispensable même, pourrions-nous dire. Cependant, ils ne veulent rien faire sans avoir l’approbation d’Élisée. Et quand Élisée a dit : « Allez ! » — ils ne se contentent pas de cette parole : ils demandent au prophète de l’Éternel de venir avec eux. Comme ils sont heureux de l’avoir lorsqu’une difficulté se présente ! « Le fer tomba dans l’eau », nous est-il dit. Avec quelle promptitude Élisée va intervenir : « Où est-il tombé ? » Et voilà, jeté dans l’eau, le « morceau de bois » qui fait surnager le fer. Élisée n’a plus qu’à dire : « Enlève-le ». La délivrance est complète.
N’y a-t-il pas un profond enseignement pour nous dans ce court et simple récit ? Que de choses nous entreprenons sans avoir l’approbation du Seigneur — peut-être parce qu’elles nous paraissent naturelles et indispensables ! Et si même nous recherchons sa pensée et son approbation, savons-nous insister et Lui demander d’aller avec nous ? Puissions-nous ne jamais nous engager dans un chemin quelconque sans avoir entendu, au préalable, ces paroles : « Allez » et « J’irai ». Lorsque les difficultés se présenteront, nous aurons avec nous Celui qui veut en prendre connaissance et intervenir avec toute sa puissance pour nous assurer une pleine délivrance, Celui qui a promis, disant : « Je suis avec toi pour te délivrer » (Jérémie 1:8).
Ce « morceau de bois », ne pourrions-nous pas dire qu’il est une figure de l’intervention du Seigneur Jésus dans nos difficultés pour nous délivrer avec puissance ? Dans le chap. 15 du livre de l’Exode, il est question aussi d’un « bois », mais c’est un autre côté qui nous est présenté.
Le peuple a traversé la Mer Rouge : par la puissance de l’Éternel, il a été délivré du Pharaon et, sur l’autre rivage, il chante avec allégresse le cantique de la délivrance. Mais il y a le désert à traverser avant l’entrée dans le pays de la promesse. « Désert grand et terrible » : il n’y a pas d’eau — aucun rafraîchissement pour nos âmes ici-bas. C’est la première expérience qu’il faut faire. Ensuite, il y a Mara : l’épreuve, douloureuse pour la chair. L’âme est remplie d’amertume et le peuple murmure… Que va faire Moïse ? Il cria à l’Éternel. Précieuse ressource que la prière ! Prière ardente, instante : un cri ! Alors, l’Éternel « lui enseigna un bois ». Ce bois est jeté dans les eaux et « les eaux devinrent douces ».
Ce « bois » n’est-il pas une image du Seigneur Jésus — de Celui qui veut réjouir notre cœur, même au milieu de l’épreuve ? N’est-ce pas Christ lui-même, introduit dans nos circonstances ? Alors, les eaux deviennent douces…
Mais, il est facile de dire à quelqu’un : « Vous êtes dans l’épreuve, votre cœur est brisé, vous êtes dans l’amertume. Vous êtes à Mara. Ne murmurez pas. Introduisez Christ dans vos circonstances et tout ira bien ». Il est facile de le dire, mais il est beaucoup plus difficile de le réaliser. C’est quelque chose que nous devons apprendre pratiquement. « Et l’Éternel lui enseigna un bois », lisons-nous. Ce mot « enseigna » ne doit-il pas arrêter notre attention ? C’est à l’école de Dieu que nous sommes : nous avons besoin d’apprendre à avoir Christ devant nous et avec nous — de nous rappeler qu’« aucun malheur n’arrive au juste » (Proverbes 12:21) parce que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains 8:28) et qu’Il veut nous « faire du bien à la fin » (Deutéronome 8:16). Nous avons besoin d’apprendre à dire comme David — non pas seulement de nos lèvres : « Même quand je marcherais par la vallée de l’ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal, car tu es avec moi » (Psaume 23:4). Comme on est heureux alors — encore à Mara, sans doute — de boire des eaux, des eaux qui, auparavant, étaient trouvées amères et faisaient murmurer ; des eaux qui, maintenant, sont devenues douces !
Dans ces jours difficiles, nous pourrions bien dire que nous sommes à Mara — et n’aurions-nous pas aussi, souvent, tendance à murmurer, comme le peuple autrefois ? Notre Dieu veut nous « enseigner un bois ». Laissons-nous enseigner afin qu’ayant Christ devant nous et avec nous, jouissant de Lui, nous puissions dire, en vérité : « les eaux devinrent douces ».
ME 1940 p. 173-177
Le Seigneur pourrait bien nous dire, comme autrefois aux
disciples : « Pourquoi êtes-vous craintifs, gens de petite
foi ? » (Matt. 8:26). Nous savons si peu nous confier en Dieu et nous
le réalisons tout particulièrement dans les jours que nous traversons. Ne
sentons-nous pas combien il nous serait difficile de répéter avec David :
« Sur Dieu seul
mon âme se repose paisiblement
» (Ps.
62:1) ? Aussi, est-ce sans doute avec profit que nous pourrons méditer
l’histoire d’Ézéchias ; elle est remplie d’encouragements pour notre
faible foi. Mais encore, que d’instruction ne renferme-t-elle pas !
La première chose que fit Ézéchias — le premier mois de la première année de son règne —ce fut d’ouvrir les portes de la maison de l’Éternel, fermées par Achaz son père. Ayant assemblé, ensuite, sacrificateurs et lévites, il confesse l’infidélité de Juda, infidélité qui avait attiré sur le peuple la colère de l’Éternel. Son règne débute donc par un retour vers Dieu dans l’humiliation, enseignement important à retenir. La purification de la maison de l’Éternel est commencée et menée à bonne fin ; alors peuvent être offerts le sacrifice pour le péché et l’holocauste. Et la louange s’élève avec joie. C’est la joie qui caractérise ce réveil : Dieu avait disposé le peuple, grand sujet de joie ; la fête des pains sans levain est célébrée « avec une grande joie », « il y eut une grande joie à Jérusalem » parce que rien de semblable n’avait eu lieu depuis les jours de Salomon, c’est-à-dire depuis deux siècles et demi. Sacrificateurs et lévites se lèvent et bénissent le peuple « et leur prière parvint à sa demeure sainte, dans les cieux ».
Au milieu d’un état de choses aussi remarquable, voilà une difficulté qui survient. « Après ces choses et cette fidélité », nous est-il dit, le roi d’Assyrie, Sankhérib, « vint et entra en Judée et campa contre les villes fortes, et il pensait en forcer l’entrée » (2 Chr. 32:1). C’est l’épreuve qui survient dans le chemin de la fidélité. Que va faire Ézéchias ?
Il veut s’assurer, tout d’abord, les eaux des sources qui étaient en dehors de la ville. Elles étaient nécessaires au Résidu assiégé ; n’en avons-nous pas besoin aussi ? Nos sources sont en Christ : si nous ne nous y abreuvons pas, si nous ne réalisons pas une heureuse communion avec le Seigneur, nous n’aurons aucune force pour résister à l’ennemi et glorifier notre Dieu au travers de l’épreuve.
Ensuite, Ézéchias s’occupe activement de la défense de
Jérusalem : il répare les brèches, bâtit une autre muraille et donne des
armes à tous. L’armure étant ainsi revêtue, le roi peut rassembler les chefs de
guerre. Va-t-il examiner avec eux ce qu’il est nécessaire d’entreprendre pour
triompher du roi d’Assyrie ? En aucune façon. Il les rassemble pour parler
à leur cœur — détail si intéressant à noter. La communion avec le Seigneur
réalisée, l’armure revêtue, il y a l’entière confiance du cœur en un Dieu qui
est puissant et qui est amour. C’est à Lui que tout peut être remis avec
confiance, avec la certitude qu’Il est Celui qui veut « combattre nos
combats ». C’est ce que fait Ézéchias : « Fortifiez-vous et
soyez fermes ; ne craignez point et ne soyez point effrayés devant le roi
d’Assyrie et à cause de toute la multitude qui est avec lui ; car avec
nous il y a plus qu’avec lui
: avec lui est un bras de chair, mais avec
nous est l’Éternel, notre Dieu, pour nous aider et pour combattre nos combats
.
Et le peuple s’appuya sur les paroles d’Ézéchias roi de Juda » (v 7 et 8).
Comme il fait bon lire et relire ces deux versets !
Sankhérib avec « toutes ses
forces », « toute la multitude qui est avec lui » n’attaque pas
la ville. Ne semble-t-il pas qu’il y a une puissance qui retient ? Il se
borne à envoyer ses serviteurs pour adresser, au peuple assiégé, un discours
dont le thème est celui-ci : « N’écoutez pas Ézéchias. Ne le croyez
pas. Jamais votre Dieu ne pourra vous délivrer de ma main ». Puis
« Il écrivit une lettre pour outrager l’Éternel, le Dieu d’Israël ».
L’ennemi est toujours actif pour ébranler la confiance en Dieu, pour faire
chanceler la foi. Comment la fortifier ? Certainement pas en discutant
avec lui. C’est auprès de Dieu qu’Ézéchias va chercher du secours, dans la
maison de l’Éternel : là, il prie. Quelle prière ce dût être !
« Et le roi Ézéchias et Ésaïe… prièrent à
ce sujet et ils crièrent au ciel
» (v. 20). Un cri !
Nous aurions pu penser, peut-être, qu’en réponse à cette ardente
prière, Dieu donnerait la victoire à Ézéchias au fort de la bataille. Mais le
roi de Juda n’avait-il pas dit : « Avec nous est l’Éternel, notre
Dieu… pour combattre nos combats » ? C’est selon notre foi qu’Il
veut répondre : « Qu’il vous soit fait selon votre foi » (Matt.
9:29). Quelle délivrance merveilleuse ! « Et il arriva cette nuit-là,
qu’un ange de l’Éternel sortit et frappa dans le camp des Assyriens cent
quatre-vingt-cinq mille hommes ; et quand on se leva le matin, voici
c’étaient tous des corps morts » (2 Rois 19:35 ; 2 Chr. 32:21). Un
seul ange ! au cours de la nuit ! De cette
puissante armée en laquelle Sankhérib avait placé sa
confiance que restait-il ? « C’étaient tous des corps morts »…
« Quand on se leva le matin »… Nous représentons-nous ce réveil
d’Ézéchias et du peuple ? La veille au soir encore, ils avaient pu
considérer tout autour de la ville, les forces assyriennes, ces milliers
d’hommes décidés à leur faire la guerre. Et, au matin, ils contemplaient,
émerveillés, le témoignage de la puissance du Dieu dans lequel ils avaient mis
leur confiance. Ne pouvaient-ils pas déjà prendre dans leur bouche les paroles
que prononcera, dans un jour à venir, le résidu de Juda, après l’anéantissement
de l’Assyrien, au milieu de Jérusalem délivrée ? Délivrance si soudaine
qu’ils seront « comme ceux qui songent
» (Ps. 126:1-3).
N’est-te pas aussi ce qui devait caractériser Ézéchias dans ce jour-là ?
Et quelle joie devait remplir les cœurs !
Oui, notre Dieu est toujours « le Même
» (2
Rois 19:15). Les anges sont toujours ses serviteurs et ils sont « envoyés
pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut » (Héb. 1:14). Il peut aussi employer d’autres moyens pour
nous délivrer, car Il a tous les moyens dans Sa main et toutes choses le
servent (Ps.119:91). Ne soyons pas en souci, inquiets, effrayés par la
puissance des hommes. Et, si nos cœurs sont parfois troublés, pensons aux
185000 hommes détruits par un seul ange au cours d’une seule nuit !
Répétons-nous cette promesse si précieuse que notre Dieu a voulu nous rappeler
tout au début des jours difficiles que nous avons à traverser : « Je
suis avec toi pour te délivrer, dit l’Éternel » (Jér.
1:8). Saisissons-nous de cette promesse pour en jouir beaucoup !
En attendant le jour de la délivrance, imitons l’exemple
d’Ézéchias. Entrons dans la maison de l’Éternel
: revenons-y autant
de fois qu’il sera nécessaire, nous savons qu’Il est toujours prêt à nous
accueillir et Il aime que nous venions ainsi à Lui ; déplions la lettre
devant Lui
(2 Rois 19:14) : exposons tous nos soucis, toutes nos
difficultés ; prions « à ce sujet »
, pour présenter un
besoin précis, le poids qui pèse sur notre cœur ; crions au ciel comme le
firent Ézéchias et Ésaïe. Avant même d’avoir la
réponse, nous aurons déjà cette assurance : « Quant à la prière
que tu m’as faite… je l’ai entendue
» (2 Rois 19:20). La paix de
Dieu, d’un Dieu que rien ne saurait troubler, gardera nos cœurs et nos pensées.
Nous pourrons répéter avec confiance : « Avec nous est l’Éternel
notre Dieu, pour nous aider et pour combattre nos combats ». Le peuple
s’appuya sur ces paroles d’Ézéchias : faisons de même. Ils ont, ensuite,
expérimenté ce que c’est que d’avoir Dieu avec soi : nous
l’expérimenterons aussi.
Titre original : « Toutes ces choses sont contre moi » (Genèse 42:36)
ME 1975 p. 197
Jacob a eu douze fils, dont deux de Rachel : Joseph et Benjamin (Gen. 30:22 à 24 ; 35:16 à 18). Rachel, « belle de taille et belle de visage », était pour lui l’épouse bien-aimée : il « servit pour Rachel sept années ; et elles furent à ses yeux comme peu de jours, parce qu’il l’aimait » (Gen. 29:17 à 20 — voir aussi 27 à 30). C’est immédiatement après la naissance de Benjamin que « Rachel mourut » ; elle avait appelé ce fils Ben-oni, c’est-à-dire : fils de ma peine, et son père l’appela Benjamin, qui signifie : fils de ma droite (Gen. 35:18 à 20).
Jacob aimait tout particulièrement Joseph, « plus que tous ses fils, parce qu’il était pour lui le fils de sa vieillesse » — il avait environ 90 ans quand ce fils lui naquit. Par contre, les frères de Joseph « le haïssaient, et ne pouvaient lui parler paisiblement » (Gen. 37:3 à 5, 8 et 11). Ce chapitre nous dit la mission dont Joseph avait été chargé par Jacob son père : il devait aller vers ses frères qui paissaient le troupeau, pour savoir s’ils se portaient bien et si le bétail était en bon état. Joseph trouve ses frères à Dothan ; « avant qu’il fût proche d’eux, ils complotèrent contre lui pour le faire mourir » ; mais Dieu permet l’intervention de Ruben qui les empêche de mettre leur projet à exécution : il conseille à ses frères de jeter Joseph dans une citerne, d’où il espérait pouvoir le retirer pour le ramener à son père (Gen. 22). Mais sur la proposition de Juda, Joseph est vendu à une caravane d’Ismaélites pour vingt pièces d’argent, Ruben étant, semble-t-il, dans l’ignorance de ce fait puisque, retournant à la citerne pour en retirer Joseph, il ne l’y trouva pas (Gen. 29, 30). — Les frères de Joseph prennent alors sa tunique, tuent un bouc, plongent la tunique dans le sang et la font parvenir à leur père, ainsi amené à penser qu’une « mauvaise bête » avait dévoré son fils bien-aimé ; il « mena deuil sur son fils plusieurs jours ». Hypocritement, ses fils se lèvent « pour le consoler » ! Mais il refusa de se consoler, et dit : « Certainement je descendrai, menant deuil, vers mon fils au shéol » (Gen. 31 à 35).
Jacob ignorait que Joseph était toujours vivant et que, vendu aux marchands ismaélites, il avait été ensuite vendu par eux en Égypte à Potiphar, officier du Pharaon, chef des gardes (Gen. 36). Les chapitres 39 à 41 de ce livre retracent le détail des circonstances à la suite desquelles le Pharaon fut conduit à donner à Joseph une position très élevée en Égypte ; il lui déclare alors : « Toi, tu seras sur ma maison, et tout mon peuple se dirigera d’après ton commandement ; seulement quant au trône je serai plus grand que toi ». Et avec l’anneau du Pharaon à sa main, revêtu de vêtements de byssus, un collier d’or à son cou, le Pharaon lui-même « le fit monter sur le second char qui était à lui ; et on criait devant lui : Abrec ! » — c’est-à-dire : qu’on s’agenouille ! (41:37 à 46).
Celui qui dirige toutes choses en vue du but qu’il veut atteindre envoie une « famine dans tous les pays ; mais dans tout le pays d’Égypte il y avait du pain » (Gen. 54). Jacob, apprenant qu’il y avait du blé en Égypte, y envoie ses fils, sauf toutefois Benjamin « car il disait : De peur qu’un accident ne lui arrive ! » (42:1 à 4). Tout cela était disposé par Dieu pour amener devant Joseph ses frères, afin que leur péché puisse être confessé. Environ vingt années s’étaient écoulées depuis la scène des champs de Dothan, mais ce n’est pas le fait que vingt ans ont passé qui peut effacer un seul péché ! — On comprend pour quelle raison Jacob n’avait pas voulu laisser aller Benjamin : considérant surtout que Joseph n’était plus — tout au moins le croyait-il — il reportait sur ce fils dernier-né l’affection si profonde qu’il avait pour Rachel et pour Joseph. Joseph voit donc arriver ses dix frères et les reconnaît, tandis qu’eux ne le reconnurent pas. Il n’y a chez lui aucun esprit, aucun désir de vengeance ; cependant, il « leur parla durement ». C’était en amour qu’il le faisait, cet amour qu’il ne pouvait encore leur manifester en leur ouvrant ses bras et son cœur comme il l’aurait désiré, tant que leur péché n’avait pas été confessé. Il les accuse d’être des espions, ce qui était une accusation injuste ; mais une accusation semblable manifeste l’état du cœur de celui qui en est l’objet, et c’est en vue de cette manifestation que Joseph la formule. Celui qui a la conscience tranquille peut s’exprimer comme David autrefois : « Remets ta voie sur l’Éternel, et confie-toi en lui ; et lui, il agira, et il produira ta justice comme la lumière, et ton droit comme le plein midi. Demeure tranquille, appuyé sur l’Éternel, et attends-toi à lui » (Ps. 37:5 à 7) — tandis que dans le cas contraire, et c’était celui des dix frères de Joseph, ce qui est dit n’est pas conforme à la vérité : Joseph qui savait, et pour cause, ce qui s’était passé dans les champs de Dothan les entend assurer : « nous sommes d’honnêtes gens » !
Joseph prend alors Siméon, « le lie devant leurs yeux », et, par bonté pour les siens, leur donne du blé ; après quoi il les renvoie pour qu’ils aillent chercher Benjamin. Arrivés auprès de Jacob, ils lui font connaître les exigences de celui qu’ils appellent « l’homme, le seigneur du pays », et qui n’était autre que Joseph ! (Gen. 42:5-34).
Quelle douloureuse épreuve pour le cœur déjà meurtri du patriarche ! La vie de Jacob a été, dans sa première partie, une vie de difficultés et de souffrances, mais il semble que jamais il n’a été éprouvé comme à ce moment-là où il doit dire : « Vous m’avez privé d’enfants : Joseph n’est plus, et Siméon n’est plus, et vous voulez prendre Benjamin ! Toutes ces choses sont contre moi » (Gen. 36). Profondément atteint dans les affections de son cœur de père, Jacob ne peut se résoudre à laisser aller Benjamin. Mais Dieu appesantit sa main et, en définitive, il sera amené à faire le sacrifice de Benjamin : « Et moi, si je suis privé d’enfants, j’en serai privé » (43:1 à 14). « Toutes ces choses sont contre moi » ; en apparence peut-être, mais en apparence seulement, nous allons le voir.
Quel contraste avec la Sunamite dont l’enfant était mort et qui allait vers l’homme de Dieu ! Elle ne disait pas : « Toutes ces choses sont contre moi », mais, aux questions que lui posait Guéhazi, de la part d’Élisée : « Tout va-t-il bien ? Ton mari va-t-il bien ? L’enfant va-t-il bien ? », elle répondait ce seul mot : « Bien » (2 Rois 4:25, 26). Pour elle, brisée dans son cœur de mère comme Jacob l’était dans son cœur de père, tout était bien !
Jacob ignorait alors que Joseph était vivant, qu’il était gouverneur du pays d’Égypte et le plus grand après le Pharaon ; il ignorait aussi que Dieu préparait la scène si touchante de Genèse 46:29, sa rencontre avec ce fils bien-aimé… ; il ignorait encore qu’il aurait désormais tous ses fils auprès de lui et qu’il allait vivre les dix-sept dernières années de sa vie, années si heureuses après les cent trente premières ! Si Jacob avait su tout ce que Dieu se proposait d’accomplir et allait mener à bonne fin après tant d’orages, jamais il n’aurait dit : « Toutes ces choses sont contre moi », mais sans doute : toutes ces choses, si éprouvantes et douloureuses soient-elles, sont disposées pour moi !
Ne nous arrive-t-il pas, dans l’ignorance où nous sommes de ce
que Dieu se plaît à opérer pour nous, de nous trouver plus ou moins accablés au
milieu d’exercices et de difficultés qui nous conduisent peut-être à
dire : « Toutes ces choses sont contre moi » — et cela, qu’il
s’agisse de notre vie individuelle, de celle de notre maison ou de la vie de
l’assemblée ? — Si nous avions plus de communion avec notre Dieu et Père,
avec le Seigneur, nous saurions mieux que Dieu dispose les circonstances en vue
du but qu’il poursuit. Si nous ne perdions pas de vue que « Dieu est pour
nous », nous dirions toujours avec l’apôtre ; « Qui sera contre
nous ? » (Rom. 8:31) ;
nous ne dirions jamais : « Toutes ces choses sont contre moi »
et nous ne connaîtrions jamais le découragement ! — Combien nous avons à
prendre garde quand le découragement nous gagne : il ne peut en aucune
manière être produit dans l’âme par l’action du Saint Esprit ; c’est
l’ennemi qui est à la source. C’est pourquoi lorsque « le cœur du peuple
se découragea en chemin », l’Éternel lui a envoyé « les serpents
brûlants » (Nomb. 21:4 à 6) : c’était un
acte de son gouvernement envers un peuple parlant « contre Dieu et contre
Moïse », c’était aussi pour lui montrer qui était à l’origine des paroles
prononcées.
Dieu nous aime toujours, d’un amour infini révélé pleinement
dans le don de son Fils et qu’il déploie tout au long de notre vie, quelles que
soient les circonstances du chemin. Si l’ennemi cherchait à nous le faire
oublier, relisons le verset souvent rappelé : « Nous savons que toutes
choses
travaillent ensemble pour le bien
de ceux qui aiment Dieu, de
ceux qui sont appelés selon son propos » (Rom. 8:28). Nous le savons
, n’en doutons jamais !
Titre original : À la veille de son retour
ME 1941 p. 209-216
Tout l’ensemble du témoignage prophétique se trouve résumé par les paroles inspirées de l’apôtre Pierre : « …les prophètes qui ont prophétisé de la grâce qui vous était destinée se sont informés et enquis avec soin, recherchant quel temps ou quelle sorte de temps l’Esprit de Christ qui était en eux indiquait, rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient… » (1 Pierre 1:10-11). Les prophéties relatives aux souffrances de Christ ont eu leur accomplissement comme aussi celles qui concernent sa gloire dans la résurrection d’entre les morts et la place qu’Il occupe à la droite de Dieu. Mais celles qui ont pour objet la manifestation de ses gloires au monde constituent la prophétie non encore accomplie. C’est de celle-là que l’on veut parler, en général, lorsqu’on dit plus brièvement : la prophétie. Elle nous présente l’exposé des voies de Dieu envers son peuple terrestre et envers les nations, embrassant l’ensemble des événements qui s’écouleront depuis la venue de Christ pour enlever son Église jusqu’à l’établissement du règne millénaire et même jusqu’à la fin, jusqu’au moment où Christ aura remis le royaume à Dieu le Père et où Dieu sera tout en tous.
On comprend donc quel intérêt éveillent actuellement les questions prophétiques. Les temps sont troublés, les nations dressées les unes contre les autres, le monde entier en plein désarroi… Chacun éprouve une certaine inquiétude à l’égard de ce que sera demain. On voudrait savoir ! Les hommes interrogent ceux qui prétendent « lire dans l’avenir » et veulent trouver dans leurs prédictions des raisons d’espérer. Bien sûr, le croyant s’abstient de le faire car il sait, plus ou moins, que la Parole condamne formellement de telles choses (voir entre autres passages : Lév. 19:26-31 ; 20:6 et 27 ; Deut. 18:9-14 ; Ésaïe 8:9). Mais le désir de savoir subsiste dans son cœur et le conduira peut-être à se tourner vers la prophétie comme l’incrédule se tourne vers les « devins » et les « pronostiqueurs » et à se livrer à cette étude dans un esprit de curiosité. Qu’arrive-t-il alors, bien souvent ? Les vérités essentielles sont méconnues, on applique à l’Église ce qui est écrit pour Israël, au jour actuel ce qui concerne la période postérieure à l’enlèvement de l’Église, on se laisse emporter par son imagination et ce ne sont qu’inquiétudes nouvelles et rongement d’esprit. Il n’y a en cela aucune édification, aucun bien pour l’âme ; le cœur est desséché, découragé et déçu.
Ne perdons pas de vue que nous n’avons pas d’événements prophétiques qui précèdent l’enlèvement de l’Église ; cela a été dit et écrit bien des fois, mais il est peut-être utile de le répéter encore pour ceux que l’ennemi cherche toujours à troubler. Le premier événement que les croyants attendent est la venue du Seigneur en grâce, dans les nuées, pour prendre les siens auprès de Lui. Il mettra un terme à la période actuelle qui est, comme on l’a remarqué, une parenthèse durant laquelle les temps prophétiques ne sont pas comptés. Jusque-là, la Parole ne nous dit rien des divers événements qui doivent se dérouler et qui préparent seulement les événements prophétiques. N’y cherchons pas des détails sur ce que doit être ou ce que doit faire telle ou telle grande puissance, nous nous égarerons. N’essayons pas non plus de juger des événements actuels à la lumière des prophéties, car les bouleversements géographiques se succèdent à une cadence de plus en plus rapide et il est possible que beaucoup doivent encore se produire en très peu de temps, avant l’établissement de l’état de choses décrit dans la Parole pour le jour à venir. Cela aurait d’ailleurs pour effet d’occuper nos cœurs et nos pensées de ce qui est en bas, alors que le Saint Esprit se plaît à diriger nos regards en haut et à les fixer sur Celui qui vient. La Parole nous donne seulement, pour ce qui est de la période que nous vivons — parenthèse entre la soixante-neuvième et la soixante-dixième semaine prophétique — des indications générales semblables à celle-ci : « et jusqu’à la fin il y aura guerre, un décret de désolations » (Daniel 9:26). Ce « décret de désolations » concerne le peuple juif coupable d’avoir rejeté et crucifié son Messie. Il n’est pas besoin d’ajouter que cela s’accomplit à la lettre, sous nos yeux. Nous voyons ce peuple en détresse, persécuté, chassé et, à cet égard, c’est bien aussi pour nous, en un certain sens, « la parole prophétique rendue plus ferme » comme l’avait été pour Pierre, Jacques et Jean la vision anticipée de la gloire du royaume, lors de la transfiguration sur la sainte montagne.
L’apôtre Pierre ajoute, au sujet de la parole prophétique : « à laquelle vous faites bien d’être attentifs ». Nombre d’enfants de Dieu, comprenant combien il est dangereux de chercher dans les prophéties ce qui pourrait satisfaire notre curiosité et désireux d’éviter cet écueil, n’hésitent pas à dire : laissons la prophétie de côté. Ce serait oublier les enseignements de 2 Pierre 1:16-21. Ce serait oublier que le grand Objet de la prophétie c’est Christ, Celui que nous aimons parce qu’Il nous a aimés le premier. Est-ce que nos cœurs ne souffrent pas quand nous considérons ce monde où Il est méconnu et rejeté ? Est-ce que nous ne désirons pas le moment où, apparaissant dans toute sa gloire et sa puissance comme « Roi des rois et Seigneur des seigneurs », Il sera « exalté sur la terre » et où, alors, « un roi règnera en justice » ? (Apoc. 19:11-16 ; Ps. 46:10 ; Ésaïe 32:1). Sans doute. Aussi, à ce titre, la prophétie ne peut nous laisser indifférents. N’aura-t-elle pas encore pour résultat pratique de nous détacher d’un monde sur lequel vont fondre les jugements inexorables dont elle nous parle ? Enfin, y aurait-il une portion quelconque de la Parole divine de laquelle nous oserions dire qu’il n’est pas bon de nous en occuper ? Ne serait-ce pas oublier que « toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » ? (2 Tim. 3:16-17). Ne négligeons donc pas la prophétie. Il importe seulement de veiller quant à l’esprit dans lequel nous nous en occuperons.
Bien des écrits nous ont été laissés et conservés — aide
précieuse dans cette étude — qui nous exposent, à cet égard comme à tous
autres, ce que la Parole enseigne. C’est à cela que nous devons nous en tenir.
Puissions-nous les lire davantage, mais surtout lire la Parole et ces écrits
pour y chercher la Personne de Christ et ses gloires. C’est seulement ainsi que
cette lecture pourra être faite avec profit pour nos âmes. « Bienheureux
ceux qui gardent ses témoignages, qui le
cherchent de tout leur cœur
»
(Ps. 119:2). Bienheureux est celui qui cherche Christ dans les Écritures comme
objet suprême du cœur et des affections !
C’est Lui que nous attendons ! Avant qu’ait commencé à luire le jour où « se lèvera le soleil de justice » (Mal. 4:2), Il se révèle à nous sous un autre caractère, comme « l’étoile du matin » qui déjà par la foi est levée dans nos cœurs. Entre le jour de ses souffrances et celui où sa gloire sera manifestée dans ce monde, il y a la nuit de son absence. C’est pendant cette « nuit » qu’Il est pour le cœur des siens « l’étoile brillante du matin » (Apoc. 22:16). Dans ce verset, le jour de ses souffrances est évoqué quand Il dit : « Moi, Jésus… », car Jésus c’est son nom d’Homme, celui qu’Il a pris dans son abaissement volontaire et son humiliation. Tandis que « la racine et la postérité de David » nous présente sa royauté en grâce pour les nations et sa royauté en gloire pour son peuple : comme « racine de David », Il régnera sur les nations selon ce qui est écrit : « Et, en ce jour-là, il y aura une racine d’Isaï, se tenant là comme une bannière des peuples : les nations la rechercheront, et son repos sera gloire » (Ésaïe 11:10). Comme « postérité de David », Il règnera sur le nouvel Israël, car Il est le vrai Fils de David, le vrai Salomon : « Et il sortira un rejeton du tronc d’Isaï, et une branche de ses racines fructifiera ; et l’Esprit de l’Éternel reposera sur lui… » (Ésaïe 11:1). Lorsque l’ange s’adresse à Marie, il lui déclare : « … tu enfanteras un fils et tu appelleras son nom Jésus » (Luc 1:31), annonçant ainsi sa première venue dans ce monde, pour y souffrir et y mourir, pour faire « l’abolition du péché par son sacrifice » (Héb. 9:26), puis il ajoute : « Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume » (v. 32-33), présentant en cela le jour de son règne et de sa grande puissance. C’est entre ces deux périodes qu’il y a la nuit de son absence dans laquelle nous sommes encore. Pendant tout ce temps-là, pour les siens, pour son Épouse, Il est « l’étoile brillante du matin ». Nous le connaissons comme Celui qui vient, nous jouissons de sa Personne sous ce caractère et c’est seulement pendant « la nuit » que nous avons ce privilège. Encore faut-il que deux conditions soient remplies pour que nous puissions en apprécier toute la douceur : veiller et regarder vers le ciel. Seuls ceux qui veillent et ont les regards dirigés en haut peuvent jouir, dans le cœur, de l’éclat et de la beauté de « l’étoile du matin » !
Pendant si longtemps cette promesse du Seigneur a été perdue de vue : « Je reviendrai » (Jean 14:3). Par grâce, elle a été remise en lumière il y a un peu plus d’un siècle. Sommes-nous assez reconnaissants pour cela ? Réalisons-nous, d’autre part, d’une manière pratique, que nous sommes à la veille du retour du Seigneur ? Il dit : « Je viens bientôt ». Sommes-nous prêts, tous et chacun, pour le moment glorieux — si proche peut-être — de la rencontre ? C’est d’une Personne, c’est de « sa rencontre en l’air » que le Saint Esprit veut occuper nos cœurs. N’était-ce pas ce dont Éliézer entretenait Rebecca durant le voyage ? Aussi l’épouse a-t-elle dit au serviteur : « qui est cet homme qui marche dans les champs à notre rencontre ? » (Gen. 24:65). Elle a discerné une personne, entrevu une rencontre ! Isaac a levé ses yeux et Rebecca aussi a levé ses yeux : dans le cœur de Celui qui vient, dans les cœurs de ceux qui l’attendent il y a un même désir. Nous allons partir « à la rencontre du Seigneur en l’air » (1 Thess. 4:17), ce sera « la bienheureuse espérance » (Tite 2:13) enfin réalisée ! Mais déjà, nous tous qui sommes, par grâce, son Épouse bien-aimée, avons-nous comme Rebecca « levé nos yeux », ayant discerné une Personne et entrevu une rencontre ?
Vers Jésus élevons les yeux ;
Bientôt ce Sauveur glorieux
Redescendra du haut des cieux.
Dans cette bienheureuse attente,
Que notre âme soit vigilante :
Soyons prêts, craignons de dormir ;
Chrétiens, le Sauveur va venir !
Il vient ! c’est le moment de la rencontre tant désirée. Éliézer prend alors la parole, c’est pour raconter à Isaac « toutes les choses qu’il avait faites » (Gen. 24:66). Quel récit — ne l’entendons-nous pas ? — que celui de l’activité du Saint Esprit sur la terre pour former l’Épouse et la conduire vers le lieu de la rencontre ! Serait-ce le récit de nos misères, de nos manquements répétés ? Le Saint Esprit dirait-il alors combien souvent nous l’avons contristé pendant le voyage, combien de fois nous l’avons « éteint » dans son activité bienfaisante ? Non ! Nous pensons que dans cet instant il ne sera pas question de tout cela. Sa venue pour les siens est en rapport avec sa grâce ; tandis que c’est son apparition qui nous présente le côté de notre responsabilité : à son apparition se rattache notre manifestation devant le tribunal de Christ (Romains 14:10-12 ; 2 Cor. 5:10. Voir à ce sujet 2 Tim. 4:8). N’est-ce pas que nous entendrons le divin hôtelier (Luc 10:35) parler de ses soins en faveur de ceux dont il avait la charge ? N’est-ce pas qu’Éliézer devait raconter à Isaac comment Rebecca avait accepté tout ce qui venait de la maison d’Abraham — sa décision de cœur : « J’irai » — son voyage à travers le désert — ses regards tournés en avant, tandis qu’elle oubliait les choses qui sont derrière (cf. Phil. 3:14 et Ps. 45:10) — ses yeux « levés » — mais, par dessus tout, la personne d’Isaac distinguée de loin et la rencontre déjà entrevue et saluée. Oui, ce sera bien le récit non pas de ce que l’épouse a fait, mais de « toutes les choses qu’il avait faites », car tout cela c’est l’œuvre de l’Esprit dans le cœur.
Que rien en nous n’entrave cette action puissante et rafraîchissante du Saint Esprit ! Il réveille et réchauffe les affections de l’épouse pendant le voyage, il s’unit à elle pour dire : Viens ! Il n’a qu’un objet à placer devant nous : Christ. Il n’a qu’un but à nous proposer : « la rencontre du Seigneur en l’air ».
Viens, Seigneur, viens !… C’est le cri de la foi
Que fait monter l’Épouse devant toi.
Accents d’amour. !… qu’en ton Église,
Le Saint Esprit les réalise !
ME 1952 p. 225-227
Quand nous pensons à ce que nous étions et à ce que Dieu a voulu faire de nous, nous pouvons bien dire avec l’Écriture : c’est « ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Cor. 2:9).
Nous étions perdus, moralement morts et, par conséquent, incapables d’aller jusqu’à Dieu. Dans notre état de souillure, il nous eût d’ailleurs été impossible de nous tenir dans la présence de Celui qui a « les yeux trop purs pour voir le mal » (Hab. 1:13). Si même Dieu, voulant avoir un peuple qui Lui appartienne en propre et désirant habiter au milieu de lui, a ordonné les divers sacrifices qui devaient être offerts pour qu’il fût possible de s’approcher de Lui, ces sacrifices ne pouvaient cependant « rendre parfaits ceux qui s’approchent » (Héb. 10:1). Aussi, au temps convenable, Christ s’est présenté. Lui a été le vrai sacrifice pour le péché, le vrai holocauste ; en vertu de son œuvre expiatoire, Dieu a été pleinement satisfait et, croyant en Lui, nous avons été « rendus parfaits à perpétuité » (Héb. 10:14). Quelle perfection dans cette « seule offrande » — dans la Victime et dans l’œuvre accomplie — et quelle perfection en ceux qui sont au bénéfice du sacrifice expiatoire de Christ !
« Rendus parfaits
» ! Dans cette position
où l’œuvre de Christ nous a placés, aucune souillure, aucune trace de ce qui
caractérise l’homme dans la chair, aucune imperfection ! L’ennemi peut
déployer tous ses efforts, essayer de nous faire broncher en chemin, y réussir
hélas parfois, il est impuissant à l’égard de la position parfaite où nous a
établis à jamais l’œuvre de la croix : nous avons été « rendus
parfaits à perpétuité
».
Mais Dieu voulait faire davantage encore. Son désir, de toute
éternité, était de nous introduire dans le lieu même où Il est, où tout
resplendit de sa lumière et parle de son amour. Nous pouvons « rendre
grâces au Père qui nous a rendus capables
de participer au lot des
saints dans la lumière
; qui nous a délivrés du pouvoir des
ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour
»
(Col. 1:12 et 13). Dieu est lumière et amour (1 Jean 1:5 ; 4:8) et c’est
dans sa présence même qu’Il voulait amener des hommes sauvés et parfaits,
« rendus parfaits à perpétuité ». Sans doute, ils n’auraient pu être
introduits devant Lui si d’abord ils n’avaient été rendus parfaits ; mais,
l’ayant été, Dieu ne les laisse pas loin ! Dieu nous a donné sa vie (Jean
20:31 ; 1 Jean 5:11 à 13) et nous a communiqué sa propre nature, de sorte
que nous sommes « rendus capables », déjà maintenant par la foi,
« de participer au lot des saints dans la lumière » et
« transportés dans le royaume du Fils de son amour ».
Y aurait-il quelque chose à ajouter ? Plus rien,
semble-t-il. Cependant, Éphésiens 1:6 nous dit : « Il nous a rendus
agréables
dans le Bien-aimé ». Dieu avait voulu, non seulement créer
l’homme, mais encore trouver son bon plaisir en lui. Comment la chose
était-elle possible après la désobéissance d’Adam et l’entrée du péché dans le
monde ? C’est à l’homme de ses conseils, à l’homme parfait, et à lui seul, que
Dieu a pu dire : « En toi j’ai trouvé mon plaisir » (Luc 3:22)
et il a fallu l’œuvre de Christ pour que Dieu puisse, à nouveau, goûter une
pleine satisfaction dans l’homme — et d’une manière infiniment plus excellente
qu’à l’origine car, en Jésus, l’homme est plus cher à Dieu qu’il ne pouvait
l’être, en Eden, dans son état d’innocence. Le croyant est maintenant uni à
Christ, associé à Lui et vu, par Dieu, en Lui ; il est aimé par Dieu du
même amour dont le Fils lui-même est aimé !
Progression remarquable : nous avons été purifiés de tout péché et « rendus parfaits à perpétuité » — ainsi retirés de notre ancienne condition, Dieu nous introduit dans le lieu où Il habite et, pour cela, Il nous a « rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière » — plus encore : nous sommes vus dans toute l’excellence de Celui qui est le Fils bien-aimé du Père et, en Lui, nous avons été « rendus agréables ».
Mais, pour nous rendre parfaits, capables, agréables… le
« Fils de son amour » est descendu ici-bas, dans un corps semblable
au nôtre à part le péché : « Et la Parole devint
chair, et
habita au milieu de nous » (Jean 1:14). Celui auquel toutes choses seront,
un jour, assujetties « a été fait
un peu moindre que les anges à
cause de la passion de la mort » (Héb. 2:9). Le
Christ Jésus, « étant en forme de Dieu… s’est anéanti
lui-même…
s’est abaissé
lui-même » (Phil. 2:6 à 8) et, tandis qu’Il était
« pendu au bois », Il est « devenu
malédiction pour
nous » (Gal. 3:13). Durant ces trois heures de ténèbres, Dieu l’a traité
comme le péché même : « Celui qui n’a pas connu le péché ; il l’a fait
péché
pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui » (2
Cor. 5:21).
La Parole devint chair, Jésus a été fait un peu moindre que les anges, Il est devenu malédiction pour nous, Il a été fait péché, afin que nous fussions rendus parfaits, capables, agréables ! Si, par grâce, nous pouvons occuper une telle position et jouir d’une si douce relation, n’oublions pas le prix qui a dû être payé par notre bien-aimé Sauveur ! Et que cela produise, dans nos cœurs, une incessante adoration !
ME 1952 p. 85-91, 117-124
L’ennemi redouble d’efforts pour affaiblir, et même détruire, s’il pouvait y arriver, le témoignage collectif confié aux deux ou trois réunis au Nom du Seigneur. En butte à ses assauts répétés, nous aurions bien des motifs d’être découragés, nous demandant parfois s’il ne parviendra pas à faire disparaître ce témoignage.
Certes, en considérant le sujet sur lequel nous voulons nous arrêter aujourd’hui, il n’est pas du tout dans notre pensée de chercher à atténuer notre responsabilité et nous ne voudrions pas que quiconque soit tenté de dire, après avoir lu ces lignes : « Demeurons dans le péché afin que la grâce abonde ». Soulignons bien que si l’ennemi remporte, hélas ! tant de victoires, c’est à notre honte et à notre confusion. Si nous étions constamment revêtus de « l’armure complète de Dieu », nous pourrions « tenir ferme contre les artifices du diable » et le Seigneur serait glorifié, tandis qu’Il est déshonoré chaque fois que nous laissons l’adversaire prendre le dessus. Que Dieu nous garde de perdre de vue ce côté si important, et que tous les ravages que Satan a pu occasionner en raison de notre manque de vigilance nous tiennent humiliés, nous exercent devant Dieu, afin que, « fortifiés dans le Seigneur et dans la puissance de sa force », nous sachions trouver auprès de Lui tout le secours nécessaire pour marcher plus fidèlement et triompher d’un adversaire qui est beaucoup plus fort que nous ! (cf. Éph. 6:10 à 18).
C’est sans oublier cela que nous nous proposons de montrer, par le moyen de plusieurs exemples, que, quelle que soit notre faiblesse, quelque grands et nombreux que soient nos manquements et nos infidélités, quelles que soient les victoires remportées par l’ennemi, ce n’est pas lui qui aura le dernier mot. Dieu a toujours la prérogative de tirer le bien du mal, ce qui ne peut en aucune façon nous amener à prendre les choses à la légère et nous excuser si nous faisons le mal, mais constitue un encouragement pour nous dans des moments où l’ennemi voudrait nous persuader que tout va sombrer. Au milieu de tous les résultats de son œuvre néfaste, dans les jours les plus difficiles, Dieu accomplit son travail ; Il se sert des circonstances les plus douloureuses, les plus humiliantes, pour produire du bien. On a souvent remarqué que Dieu a gagné davantage par la rédemption qu’Il n’avait perdu par la chute de l’homme. Nul ne voudrait prétendre que cela excuse la désobéissance de l’homme, mais cela nous montre bien que la grâce divine surabonde là où le péché a abondé (cf. Rom. 5:20 et 6:1).
Que ces pensées nous encouragent — sans affaiblir le sentiment de notre responsabilité, disons-le à nouveau, et sans nous faire oublier que notre place est dans l’humiliation, en présence de tant de désastres survenus parce que nous n’avons pas su veiller !
Les rudes assauts de Satan contre les témoins et l’Assemblée de Dieu dans ce monde ne sont pas d’aujourd’hui ! Dès le commencement, nous le voyons agir, avec les moyens les plus divers, et remporter des victoires. Mais, si nous lisons avec quelque attention le début du livre des Actes, nous serons frappés de constater qu’en chaque circonstance, il a fait « une œuvre trompeuse ». Sans doute, il est vrai, dans ces premiers temps de l’histoire de l’Église sur la terre, l’Esprit Saint opérait avec une puissance qu’il ne peut plus déployer aujourd’hui où il est contristé de tant de manières. Mais quoi qu’il en soit, l’enseignement contenu dans ces pages demeure et est pour nous un précieux encouragement. Au lieu d’agir nous-mêmes avec les ressources que la chair aura toujours à nous proposer, laissons-nous conduire par l’Esprit, laissons Dieu opérer Lui-même par la puissance de son Esprit, et nous verrons que « le méchant fait une œuvre trompeuse ».
Actes 2:42 à 47 constitue le merveilleux tableau de l’état de l’Assemblée au commencement. Les saints « persévéraient dans la doctrine des apôtres », c’est-à-dire dans l’ensemble des vérités enseignées par eux ; ils demeuraient attachés à la saine doctrine. Ils persévéraient aussi dans « la communion des apôtres », fruit de l’enseignement qui leur avait été présenté et qu’ils avaient reçu : « ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi vous ayez communion avec nous » (1 Jean 1:1 à 3) ; « dans la fraction du pain et les prières » : ils se souvenaient de la mort du Seigneur et, dans le sentiment de leur grande faiblesse, cherchaient par la prière, expression de leur dépendance de Dieu, le secours d’en-haut. « Et toute âme avait de la crainte » : quelle autorité avait la Parole sur les cœurs et les consciences ! Dans ces jours-là, nul n’eût voulu désobéir à ses commandements. Aussi, Dieu pouvait agir avec puissance par son Esprit : les apôtres faisaient « beaucoup de prodiges et de miracles » et « tous les croyants étaient en un même lieu, et ils avaient toutes choses communes », manifestant ce besoin d’unité qui est le fruit de la nature divine sous l’action de l’Esprit Saint. La louange pouvait ainsi monter vers Dieu de cœurs heureux et remplis de joie et un témoignage puissant était rendu, de sorte que « le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ».
L’ennemi va aussitôt s’efforcer de ternir un aussi bel ensemble. Dès le chapitre 3, nous le voyons agir, et avec quelle subtilité ! Bien que ce premier assaut ne paraisse pas très dangereux, il l’est cependant et c’est là un des moyens que Satan a employés, et emploie encore, tant de fois, avec succès. (Disons d’ailleurs, par parenthèse, que tous les assauts de l’adversaire sont dangereux ; sous-estimer sa force ou ses ruses nous conduira toujours à de tristes résultats — cf. Josué 7. Et, à cet égard, les petits commencements ont souvent produit de grands désastres !)
Pierre et Jean avaient accompli à la porte du temple, appelée la Belle, un de ces miracles dont parle le verset 43 du chapitre 2. L’ennemi cherche alors à diriger les regards sur l’homme afin de lui attribuer la puissance qui est de Dieu seul (3:12). Qui dira les ruines survenues dans le témoignage, depuis le commencement, parce qu’on a donné à l’homme la place qui appartient à Dieu ? En s’attachant à l’homme — même à des serviteurs du Seigneur — on s’est détourné de Christ et, au surplus, l’on a fait perdre au serviteur son véritable caractère de serviteur de Dieu, car ce qui caractérise un serviteur de Dieu c’est qu’il attache les âmes à Christ seul. Ainsi se sont formés des groupements dont un homme est le centre, ou encore des partis dans l’Église, car, bien souvent, ce sont les partisans qui font les chefs de partis et, dans plus d’un cas, il n’y aurait pas de chefs de partis s’il n’y avait pas de partisans.
Pierre garde le caractère d’un serviteur de Dieu — les paroles du verset 12 nous le montrent et il présente à tous la personne de Jésus, Celui en qui seul est la puissance et que, seul, nous avons à suivre. Cette ruse de l’ennemi conduit l’apôtre à prêcher Christ, mis à mort mais ressuscité d’entre les morts, et « la foi en son nom », unique moyen de connaître la délivrance. Le témoignage rendu par Pierre (v. 13 à 26) est le résultat auquel aboutit le travail de l’adversaire, entièrement opposé à celui qu’il recherchait.
Au chapitre 4, l’ennemi se servira d’un autre moyen : la violence. « Et ils mirent les mains sur eux », c’est-à-dire sur les apôtres qui « enseignaient le peuple et annonçaient par Jésus la résurrection d’entre les morts », et ils les « firent garder jusqu’au lendemain, car c’était déjà le soir » (v. 2 et 3). L’ennemi va-t-il ainsi réussir à entraver l’œuvre de Dieu ? Non, cette œuvre s’accomplira malgré tout, le verset 4 nous le montre et nous dit avec quelle puissance la Parole opérait.
Nouvel assaut de Satan, au verset 5 de ce même chapitre. Le nombre des adversaires s’est sensiblement accru ; alors que, précédemment, il n’y avait que « les sacrificateurs et le commandant du temple et les sadducéens » (v. 1), nous trouvons maintenant « leurs chefs et leurs anciens et leurs scribes… et Anne, le souverain sacrificateur, et Caïphe, et Jean, et Alexandre, et tous ceux qui étaient de la race souveraine sacerdotale » (v. 5 et 6). Mais si l’ennemi vient, cette fois, avec de nouveaux instruments à sa disposition, il ne réussira cependant pas mieux dans son dessein. Bien au contraire, Pierre, répondant à la question qui a été posée : « Par quelle puissance ou par quel nom avez-vous fait ceci ? », pourra s’adresser, pour la première fois, aux chefs du peuple et, devant eux, rendre témoignage à la valeur du nom de Jésus. C’est « rempli de l’Esprit Saint » qu’il parle, leur présentant d’une part, ce qu’eux ont fait et, d’autre part, ce que Dieu a fait : ils ont crucifié Celui que Dieu a ressuscité d’entre les morts. Et c’est « par ce nom » que l’homme boiteux a été guéri. Plus encore, Pierre ajoute : « et il n’y a de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (v. 8 à 12). Quelle puissance dans une telle évangélisation ! Combien peu, sans aucun doute, l’ennemi avait pensé que l’arrestation des apôtres et leur emprisonnement conduirait à la proclamation d’un tel message qui, depuis lors, a retenti tant de fois pour le salut d’hommes pécheurs !
Non seulement cela, mais « voyant là présent avec eux l’homme qui avait été guéri, ils n’avaient rien à opposer » (v. 14). La déroute de l’ennemi est complète : une double manifestation de la puissance de l’Esprit a fermé la bouche à ceux qui étaient les instruments du diable : d’une part les paroles de Pierre et, d’autre part, la guérison de l’homme impotent.
Une quatrième fois, l’ennemi va essayer d’entraver l’œuvre de Dieu : « Et les ayant appelés, ils leur enjoignirent de ne plus parler ni enseigner, en aucune manière, au nom de Jésus » (4:18). Ce sera encore en vain ! Pierre et Jean répondent : « Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu » (v. 19). De sorte que, malgré leurs menaces, ne pouvant rien obtenir et craignant de s’aliéner le peuple, les chefs sont amenés à relâcher les apôtres. Une fois de plus, Dieu est intervenu pour déjouer les desseins de l’adversaire. Pierre et Jean ont été conduits à déclarer que c’est à Dieu seul qu’ils veulent obéir et « tous glorifiaient Dieu de ce qui avait été fait » (v. 21). Tout concourt à la gloire de Dieu, en dépit des efforts de l’adversaire !
La dernière partie du chapitre 4 de ce livre des Actes nous parle, comme la fin du chapitre 2, de l’état de l’assemblée de Jérusalem. Les apôtres, relâchés, « vinrent vers les leurs » (v. 23). « Les leurs », ce sont ceux qui, réunis en assemblée, se sont séparés de la masse du peuple. Nous les voyons là, en prières, exposant à Dieu les circonstances dans lesquelles ils se trouvaient, lui disant quelles « menaces » (v. 21 et 29) avaient été proférées à l’égard de ses serviteurs et s’attendant à Lui pour être secourus. Dans cette prière, l’assemblée de Jérusalem rappelle que les hommes n’ont pu empêcher l’accomplissement des conseils de Dieu malgré tout le déploiement de leur haine contre Christ (v. 25 à 28) ; pourraient-ils maintenant entraver son œuvre de grâce ? Ce qu’ils désiraient, ce n’était pas tant la fin de leurs exercices, mais l’accomplissement de l’œuvre du Seigneur (v. 29 et 30). En réponse à cette prière de l’assemblée, « ils furent tous remplis du Saint Esprit, et annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse » (cf. v. 29 et, en réponse : v. 31 ; 13:46 ; 14:3 ; 18:26 ; 19:8 ; 26:26 et 28:31). L’ennemi avait usé de violence et proféré des menaces afin que les apôtres ne parlent plus de Jésus (4:18), mais Dieu accomplit son travail malgré tous les efforts de Satan et, en réponse aux prières de l’assemblée exercée par cette attaque de l’adversaire, Il donne à ses serviteurs d’annoncer la Parole avec hardiesse.
En dépit des assauts réitérés de l’adversaire, l’état de l’assemblée à Jérusalem est aussi beau qu’aux premiers jours : « Et la multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme… » (v. 32). Aussi quelle puissance dans le témoignage rendu par les apôtres et quelle grâce sur eux tous ! (v. 33). Nous comprenons donc que le diable va porter maintenant ses coups directement contre l’assemblée. La puissance active du Saint Esprit ne change pas la chair dans le croyant ; rien ne peut d’ailleurs la changer, c’est pourquoi Dieu ne lui donne qu’une place, la mort. Si nous ne réalisons pas pratiquement que « ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Gal. 5:24), la chair, qui est toujours en nous, se montrera par ses « œuvres » (Gal. 5:19 à 21). C’est un instrument dont l’ennemi sait si bien se servir, hélas ! Et c’est celui qu’il va employer pour s’attaquer directement à l’assemblée. Il a été le « lion rugissant » dans le chapitre 4, il sera le « serpent » au chapitre 5. Mais il rencontrera, dans un cas comme dans l’autre, la même puissance de l’Esprit.
Il est bien vrai, comme on l’a dit, que la chair n’est jamais aussi perfide que lorsqu’elle revêt un caractère religieux. Le chapitre 5 du livre des Actes nous montre comment elle essaie d’imiter la nature divine. Ananias, ayant perdu le sentiment de la présence de Dieu (à quels égarements cela peut-il nous conduire !), ne voit plus, dans l’assemblée, que des hommes auxquels il croit pouvoir mentir impunément. Agissant ainsi, il a menti non seulement à des hommes, mais encore à Dieu, présent dans l’assemblée par son Esprit (v. 3 et 4). Dans les circonstances où il fut commis, c’était un « péché à la mort » ! Aujourd’hui sans doute, l’état de l’assemblée n’est plus le même et, de ce fait, des actes de nature semblable ne sont point suivis de l’exercice d’un gouvernement comme celui dont Dieu a usé à l’égard d’Ananias et de Sapphira. Combien cependant est grave, aux yeux de Dieu, le mal dans l’assemblée ! Tout aussi grave que dans la scène d’Actes 5, bien que l’exercice du gouvernement de Dieu ne soit plus le même, le Saint Esprit étant contristé.
En conservant une partie du prix de vente de sa terre, Ananias avait agi d’une façon qui, en soi, n’avait rien de répréhensible. Mais le mal était en ceci : il voulait avoir l’apparence d’une grande piété et laisser croire qu’il avait tout apporté, n’ayant rien gardé pour lui. Dans les circonstances où ce péché était commis, Dieu se devait à Lui-même d’intervenir dans son gouvernement, en frappant Ananias, et ensuite Sapphira, désormais impropres pour le témoignage (v. 5 et 10).
Quel va être le résultat produit par ce travail de l’adversaire, mettant en activité la chair dans le croyant, au sein de l’assemblée ? Sans doute, il y a le trouble dans l’assemblée, le déshonneur porté à Dieu, et tout cela est à notre honte, mais de ce mal, quelle qu’en soit l’extrême gravité, Dieu saura tirer du bien. Il s’en servira pour amener de la bénédiction ! Quelle gloire pour Lui, alors que Son Nom a été déshonoré dans l’assemblée ! « Et une grande crainte s’empara de tous ceux qui en-. tendirent ces choses… — Et une grande crainte s’empara de toute l’assemblée et de tous ceux qui entendaient parler de ces choses » (v. 5 et 11). L’assemblée, c’est un lieu où le mal doit être jugé et, en présence de l’exercice du gouvernement de Dieu pour réprimer le mal, il y a de la crainte dans l’assemblée et chez tous ceux qui sont en contact avec elle. Il y a aussi un nouveau déploiement de la puissance de l’Esprit : « Et beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient parmi le peuple, par les mains des apôtres ; (et ils étaient tous d’un commun accord au portique de Salomon ; mais, d’entre les autres, nul n’osait se joindre à eux, mais le peuple les louait hautement ; et des croyants d’autant plus nombreux se joignaient au Seigneur, une multitude tant d’hommes que de femmes)… » (v. 12 à 16).
On aurait pu croire que ce travail de l’ennemi au sein même de l’assemblée allait aboutir à la ruine du témoignage. Bien au contraire, Dieu intervient aussitôt pour que le mal soit jugé et l’action exercée en jugement produit un déploiement de la puissance de l’Esprit qui est pour la bénédiction de l’assemblée et de tous.
Est-ce la défaite complète de l’adversaire ? Non, il ne se tiendra jamais pour battu ! Ses ruses ont été sans succès ? Il usera à nouveau de la violence : « le souverain sacrificateur… et tous ceux qui étaient avec lui, savoir la secte des sadducéens… remplis de jalousie… mirent les mains sur les apôtres et les jetèrent dans la prison publique » (5:17 et 18). Mais, une fois de plus, Dieu saura intervenir : « un ange du Seigneur ouvrit de nuit les portes de la prison, et les conduisit dehors, et dit : Allez, et, vous tenant dans le temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette vie » (v. 19 et 20). Les disciples enseignent dans le temple, puis rendent témoignage devant le sanhédrin, présentant Jésus mort et ressuscité (v. 21 à 32). Dieu a permis ce nouvel assaut de Satan pour qu’un tel résultat soit produit !
Au chapitre 6, c’est d’un nouveau moyen que l’ennemi se servira. Le nombre des disciples se multipliait (v. 1), preuve certaine que l’œuvre de Dieu s’accomplissait malgré les assauts répétés de l’adversaire. Mais quand le nombre s’accroît, il arrive souvent que l’on se connaît moins, que les liens d’affection fraternelle ne sont plus aussi étroits, qu’il y a donc moins de communion et, partant, moins de confiance réciproque. Tout cela produit généralement des murmures, car on a vite trouvé des sujets de plainte et l’on croit avoir de bonnes raisons de critiquer à peu près tout ce qui est fait dans l’assemblée ! — Mais, ici encore, nous voyons comment, par la puissance de l’Esprit agissant chez les douze, les efforts de Satan sont anéantis. La paix sera ramenée dans l’assemblée, alors qu’elle était menacée par le murmure qui s’était élevé et qui risquait fort de produire une dissension entre les Hellénistes et les Hébreux. La proposition des douze, empreinte de la sagesse d’en-haut, aura l’approbation de toute la multitude et sept hommes seront choisis, ayant un bon témoignage, pleins de l’Esprit Saint et de sagesse, qui s’occuperont d’un service précieux et utile dans l’assemblée. Là aussi, l’ennemi est défait et « la parole de Dieu croissait, et le nombre des disciples se multipliait beaucoup dans Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi » (v. 7).
L’un de ces sept hommes était Étienne qui, « plein de grâce et de puissance, faisait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles ». Et il est ajouté : « ils ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait » (6:8 à 10). Comment jeter par terre un tel serviteur de Dieu ? L’ennemi emploiera une arme dont il s’est servi si souvent, hélas ! la calomnie. « Alors ils subornèrent des hommes qui disaient : Nous l’avons ouï proférant des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu. Et ils soulevèrent le peuple, et les anciens et les scribes ; et tombant sur lui, ils l’enlevèrent et l’amenèrent devant le sanhédrin. Et ils présentèrent de faux témoins… » (v. 11 à 14).
L’ennemi peut calomnier, là encore il fait « une œuvre trompeuse ». Le résultat, ce sera le magnifique discours d’Étienne (chap. 7) et son attitude tandis que la haine et la violence de l’ennemi étant à leur comble, ce fidèle témoin est lapidé : « étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel », il « vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu ». « Et ils lapidaient Étienne qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Et s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché. Et quand il eut dit cela, il s’endormit » (7:55 à 60). Étienne, tout illuminé de la gloire divine, prie pour ses bourreaux, imitant en cela l’exemple de Jésus crucifié entre deux brigands. Ainsi, le travail de l’ennemi, calomnies, faux témoignages, violences, avait abouti à ce résultat : rappel de toute l’histoire du peuple devant le sanhédrin, tandis qu’ensuite, Étienne, fidèle jusqu’à la mort, glorifiait Dieu d’une si remarquable manière. L’adversaire avait cherché à jeter par terre le témoin, à enlever toute autorité à son témoignage en le calomniant, mais, une fois encore, il a fait « une œuvre trompeuse » : le fidèle serviteur a rendu un puissant témoignage et la gloire de Dieu a brillé jusque dans la mort de celui qui donnait sa vie pour son Maître. Quelle défaite pour le diable ! Quelle gloire pour Dieu !
Inlassablement, Satan se remet à l’ouvrage ! Maintenant, il va susciter « une grande persécution contre l’assemblée qui était à Jérusalem » (8:1). Les croyants furent dispersés dans les contrées de la Judée et de la Samarie, tandis que « Saul ravageait l’assemblée, entrant dans les maisons ; et, traînant hommes et femmes, il les livrait pour être jetés en prison » (v. 1 et 3). Ce déchaînement de violence et de haine contre l’assemblée de Dieu et les rachetés de Christ va-t-il, cette fois, produire le résultat recherché par Satan ? Peut-être a-t-on pensé que c’en était fait alors du témoignage de Dieu ?
« Ceux donc qui avaient été dispersés allaient çà et là, annonçant la parole » (v. 4). En présence d’aussi grandes épreuves, il n’y avait chez eux aucun découragement ; par la foi, ils s’élevaient au-dessus de ces circonstances, de telle sorte qu’ils pouvaient aller de lieu en lieu, non pour occuper ceux qu’ils rencontraient de leurs tristesses et de leurs douleurs, mais pour leur annoncer la Parole. Cela montrait bien ce qui occupait leurs cœurs, car « de l’abondance du cœur, la bouche parle » (Luc 6:45).
Combien peu nous savons imiter un tel exemple ! Au travers de difficultés suscitées par l’adversaire, nous sommes souvent occupés, tout au contraire, à aller çà et là pour en entretenir les âmes, au lieu de présenter la Parole et de parler de Christ !
Ceux qui avaient été dispersés annonçaient la Parole, Philippe prêchait le Christ. Quel en fut le résultat ? « Et les foules, d’un commun accord, étaient attentives aux choses que Philippe disait, l’entendant, et voyant les miracles qu’il faisait… et il y eut une grande joie dans cette ville-là » (v. 4 à 8). Mais plus encore, « ceux donc qui avaient été dispersés par la tribulation qui arriva à l’occasion d’Étienne, passèrent jusqu’en Phénicie, et à Chypre, et à Antioche, n’annonçant la parole à personne, si ce n’est à des Juifs seulement. Mais quelques-uns d’entre eux étaient des Cypriotes et des Cyrénéens qui, étant venus à Antioche, parlaient aussi aux Grecs, annonçant le Seigneur Jésus ; et la main du Seigneur était avec eux ; et un grand nombre, ayant cru, se tournèrent vers le Seigneur » (11:19 à 21). L’Évangile était ainsi porté jusqu’à Antioche et l’assemblée de Jérusalem amenée à envoyer là Barnabas, pour voir ce qui en était de l’œuvre du Seigneur dans cette localité. Ayant vu le déploiement de la grâce de Dieu, Barnabas est rempli de joie (v. 23). Telle est l’origine de la formation de la première assemblée de Dieu parmi les nations ! Il a fallu la persécution survenue après la mort d’Étienne pour qu’un travail semblable pût être opéré ! Combien cela était différent du résultat recherché par l’adversaire !
Comme nous l’avons vu pour Pierre, Barnabas manifeste les caractères d’un vrai serviteur de Dieu ; il attache les cœurs à Christ : « il les exhortait tous à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur » (v. 23). Puis, et c’est encore l’un des caractères d’un vrai serviteur, ayant le sentiment qu’il ne peut tout faire, il va chercher Saul qui était mieux qualifié que lui pour enseigner ces jeunes croyants. Pendant un an, Saul et Barnabas prennent place dans l’assemblée d’Antioche et « enseignèrent une grande foule » (v. 26). Des résultats pratiques furent manifestés et un tel témoignage fut rendu par eux tous que « ce fut à Antioche premièrement que les disciples furent nommés chrétiens ».
Quel bel exemple donne ainsi cette assemblée d’Antioche ! Peut-être, dira-t-on, était-ce en raison du fait que, pendant une année, un ministère tel que celui de Saul a été exercé parmi elle ? C’est possible. Mais il faut surtout souligner que c’est certainement parce que tous surent profiter d’un aussi puissant ministère. Notre responsabilité est toujours en proportion des privilèges qui nous sont accordés.
Prenons donc courage malgré tout, si l’ennemi multiplie ses assauts et redouble d’efforts ! Certes, ne perdons pas de vue notre responsabilité et gardons, devant Dieu, la place qui nous convient. C’est dans la mesure où nous le réaliserons que, demeurant près du Seigneur, éprouvant les secours de l’Esprit, nous ferons l’expérience de ce que Dieu veut opérer pour déjouer les plans de l’adversaire, les faire tourner à sa confusion et du mal tirer le bien.
S’Il a pu ainsi agir, dans les différentes scènes qu’il nous a été donné de considérer, c’est parce que des croyants fidèles, pieux, ont été des instruments dans sa main pour l’accomplissement du travail qu’Il se proposait d’opérer. Puisse-t-Il trouver, encore aujourd’hui, des âmes désireuses de le servir avec crainte et tremblement, dans la puissance de l’Esprit Saint, afin que toujours « le méchant fasse une œuvre trompeuse » !
ME 1952 p. 281-288 et 309-319
Pour l’amener à jouir de la gloire, Dieu faisait passer l’apôtre Paul par de grandes souffrances : il en parle dans la deuxième épître aux Corinthiens, premier chapitre (v. 8 à 11), chapitre 4 (v. 8 à 11) et il en parlera encore dans le chapitre 11 (v. 23 à 27). Il peut cependant dire, dans cette même portion des Écritures : « Nous ne nous lassons point » (chap. 4:16). Dans son sentier, rien ne le décourageait parce qu’il savait qui il avait cru, quel Maître il servait et vers quel but il allait. Ce n’était ni une spéculation de son esprit, ni le fruit de ce qui aurait pu lui être dit par les hommes, c’était une certitude de sa foi et le résultat des expériences faites avec le Seigneur. Ayant une telle assurance dans son cœur, il poursuivait avec courage, comptant sur Dieu afin d’avoir les forces nécessaires pour avancer, et contemplant le but glorieux qui était devant lui.
Bien qu’il n’y eût chez lui aucun découragement, son corps était pourtant affaibli par tout ce qu’il avait enduré : « notre homme extérieur dépérit », dit-il. L’homme extérieur, c’est notre corps mortel, le vase qui contient l’âme immortelle que Dieu nous a donnée. Mais l’apôtre ajoute : « toutefois l’homme intérieur est renouvelé de jour en jour ». L’homme intérieur, c’est le nouvel homme, caractérisé par la vie divine reçue par la nouvelle naissance. — En contraste avec l’homme extérieur, qui dépérit au fur et à mesure que les années passent, l’homme intérieur doit prospérer et, pour cela, se renouveler de jour en jour. Il ne le pourra que dans la mesure où l’âme sera occupée et nourrie de Christ.
À des degrés divers, nous sentons aussi que « notre homme extérieur dépérit ». Mais, « l’homme intérieur » est-il renouvelé « de jour en jour » ?
Nous sommes responsables d’obéir à l’exhortation que donne ailleurs l’apôtre : « Livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants, — et vos membres à Dieu, comme instruments de justice », et encore : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent » (Rom. 6:13 et 12:1). Le corps est « pour le Seigneur », mais le même verset ajoute : « et le Seigneur pour le corps » (1 Cor. 6:13). Le Seigneur, nous rappelant, par la plume de l’apôtre, que notre corps est pour Lui, veut aussi nous dire qu’Il s’occupera de notre corps — soit pendant notre vie ici-bas, soit après notre mort si nous avons à passer par la mort — jusqu’au jour de la première résurrection. — D’une part, il y a notre responsabilité : glorifier Dieu dans notre corps, ce corps qui est « membre de Christ », « le temple du Saint Esprit » et qui a été « acheté à prix » (1 Cor. 6:15, 19 et 20). D’autre part, il y a tout le secours du Seigneur : si quelqu’un est appelé à souffrir dans son corps, au service du Maître et s’il réalise, d’une manière peut-être plus accentuée que d’autres, que l’homme extérieur dépérit, il a cet encouragement si précieux que « le Seigneur est pour le corps » et, par-dessus tout, jouissant de Christ, il voit « l’homme intérieur » se renouveler « de jour en jour ».
Bien souvent, pour ce qui nous concerne, l’homme intérieur dépérit tout autant que l’homme extérieur, si ce n’est même davantage. Lorsque le cœur n’est pas occupé de Christ, la vie intérieure n’est pas nourrie et c’est ainsi que l’on va de déclin en déclin, peut-être jusqu’à une chute. La seule nourriture qui convienne à l’homme renouvelé, c’est Christ. Il est à la fois la manne : Christ dans sa parfaite humanité, pain de vie descendu du ciel ; l’agneau rôti : Christ traversant le feu du jugement ; le vieux blé du pays : un Christ ressuscité et glorifié. Privé de cet aliment, il est impossible que l’homme intérieur soit « renouvelé de jour en jour ».
L’apôtre était occupé et vivait de Christ, c’est pourquoi il était rendu capable de vivre pour Christ et de vivre Christ. De sorte qu’il pouvait dire : « Pour moi, vivre c’est Christ » (Phil. 1:21). Nous comprenons qu’il nous exhorte à être ses imitateurs ! (1 Cor. 4:16 et 11:1 ; Phil. 3:17).
En parlant des souffrances qu’il avait endurées, Paul écrivait aux Galates : « je porte en mon corps les marques du Seigneur Jésus » (6:17) et pourtant il emploie, dans la portion des Écritures que nous considérons, l’expression « notre légère tribulation d’un moment ». Il pouvait le faire parce que ses regards n’étaient pas « fixés sur les choses qui se voient » et qui ne sont que « pour un temps », mais « sur celles qui ne se voient pas » et qui sont « éternelles ». Nous savons bien, nous aussi, que « les choses qui se voient » ne sont que « pour un temps » et cependant, elles occupent tellement nos cœurs ! Toute notre vie est parfois consacrée aux « choses qui se voient » ; nous travaillons, nous luttons pour les amasser et, après avoir déployé tant d’efforts, il faut partir et apprendre pratiquement, mais trop tard, que « les choses qui se voient sont pour un temps ». Il ne reste alors rien d’une vie perdue ! Quel contraste avec celle de l’apôtre ! Après avoir parlé, au début du chapitre, de la gloire de Dieu, vue « dans la face de Christ » (v. 6), il montre le travail que Dieu opérait en lui, au sein des circonstances adverses qu’il rencontrait, afin que la gloire fût vue au dehors et il nous dit ensuite que si Dieu lui a fait connaître la tribulation, c’est pour l’amener à jouir de la gloire. Par la tribulation Dieu brise le vase afin que la lumière brille à l’extérieur et que les caractères moraux de Christ soient manifestés. C’est ainsi que l’apôtre pouvait déjà jouir de la gloire, en attendant le jour où, dans un corps glorieux, il réalisera pleinement ce qu’est le « poids éternel de gloire ». Il cherchait les « choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3:1), il y pensait, il en vivait. Vivant en ressuscité, il connaissait un avant-goût de la gloire dans laquelle Christ est entré comme notre précurseur et il était transformé à sa ressemblance. La lumière brillait ! « Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur », il était « transformé en la même image de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18). Combien une telle vie diffère de celle durant laquelle le cœur n’est occupé que des « choses qui se voient » et l’activité n’est dépensée qu’à les accumuler !
Si, dans notre petite mesure, nous est accordé le privilège de souffrir dans le chemin de la fidélité (cf. Matt. 5:10 à 12 et Actes 5:41), puisse cette « légère tribulation d’un moment » opérer « pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire », détacher nos cœurs des « choses qui se voient » et les occuper de « celles qui ne se voient pas » ! Les « choses qui se voient », l’apôtre les laisse entièrement de côté, il ne les voit plus ; ce qu’il voit, par la foi, ce sont « les choses qui ne se voient pas » et qui « sont éternelles ». Il vivait la vie de la foi !
Le chapitre 5 se lie étroitement à la fin du chapitre
précédent : « Car
nous savons que si notre maison terrestre,
qui n’est qu’une tente, est détruite… » (v. 1).
Le dépérissement de l’homme extérieur peut aller jusque-là : la
destruction de la tente. Mais l’apôtre peut dire, unissant à lui tous les
croyants dans cette même certitude de la foi : « nous savons ».
On a fait remarquer que cette expression — si souvent répétée dans la Parole
et, en particulier, dans la première épître de Jean — était comme l’expression
technique de la foi. Tout est incertitude dans ce monde : l’homme ne sait
pas d’où il vient, il ne sait pas où il va ; il ne sait pas beaucoup du passé,
rien de l’avenir et si peu du présent ! L’intelligence naturelle doit
confesser son impuissance devant tant d’énigmes qu’elle ne peut arriver à
percer. Mais le croyant a des certitudes ; il peut dire : je
sais ! On rencontre pourtant des chrétiens dont la foi est tellement mal
assurée qu’ils en sont toujours à douter de leur salut, des déclarations et des
promesses de Dieu, cependant si clairement consignées dans sa Parole ; ils
vivent ainsi dans le doute et dans des craintes perpétuelles. On a été jusqu’à
affirmer que c’est là le véritable combat chrétien ! S’appuyant sur la
Parole de Dieu, les croyants peuvent dire : nous savons. Douter de ce que
nous présente la Parole, c’est mettre en doute ce que Dieu a dit. Quand Dieu a
parlé, la foi est heureuse de saisir ce qu’Il trouve bon de nous révéler et
elle peut répéter avec bonheur, les croyants peuvent proclamer avec
assurance : « nous savons ».
Tout est contraste dans ce premier verset du chapitre 5, comme aussi dans les trois qui terminent le chapitre 4. Là : « homme extérieur » et « homme intérieur », « légère tribulation d’un moment » et « poids éternel de gloire », « choses qui se voient » qui « sont pour un temps » et « celles qui ne se voient pas » qui « sont éternelles ». Ici : « tente » et « édifice », « maison terrestre » et « maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux », plus loin encore, dans les versets 2 à 5, nous avons le même contraste entre le corps mortel et le corps glorieux.
« Notre maison terrestre, qui n’est qu’une tente… ».
Nous sommes des voyageurs dans ce monde, notre âme est dans une habitation
provisoire, une « tente », mais Dieu nous a sauvés pour le ciel,
aussi pouvons-nous dire avec l’apôtre : « nous avons un édifice de la
part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les
cieux ». Pour le séjour de la gloire, nous avons un corps glorieux ;
nous l’avons en ce sens que c’est « le corps de notre abaissement »
qui sera transformé par le Seigneur « en la conformité du corps de sa
gloire » (Phil. 3:20 et 21). La « transformation » de 2 Corinthiens
3:18 s’opère graduellement, tandis que nous serons rendus conformes à Christ
« en un instant, en un clin d’œil » (1 Corinthiens 15:51 et 52). Pour
cela, il faut que nous voyions Christ de nos propres yeux : « nous
savons
que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous
le verrons comme il est
» (1 Jean 3:2). C’est pourquoi l’apôtre aborde
ici la question de la résurrection du corps, ou plutôt de la vivification de
nos corps.
« Dans cette tente, nous gémissons… ». Il est bien vrai que nous avons souvent quelque sujet de plainte qui nous conduit à gémir, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans ce passage : l’apôtre ne se plaignait jamais ; même quand il parle de ses souffrances, il ne se plaint pas. « Bon soldat de Jésus Christ », il prenait sa part des souffrances comme il exhortait Timothée à le faire ; sans murmurer, il endurait des souffrances « jusqu’à être lié de chaînes comme un malfaiteur » (2 Tim. 2:3 et 9). Il est question d’autres gémissements dans la Parole : un homme, encore sous le poids de ses péchés et qui est amené au sentiment de sa culpabilité envers Dieu, gémit en pensant à sa misère ; — une âme, n’ayant pas réalisé l’affranchissement de la puissance du péché et traversant encore les luttes et les angoisses de Romains 7, gémit en soupirant après la délivrance ; — un croyant peut aussi gémir comme faisant partie de cette création par son corps d’abaissement : il participe à ses soupirs et en est l’organe intelligent. Mais les gémissements dont il est question dans notre passage sont d’une nature différente : l’apôtre gémissait parce qu’il sentait que dans son corps mortel, cette « tente », il était à l’étroit pour réaliser la vie de Christ et jouir de Lui. Comme il lui était difficile de vivre en ressuscité alors qu’il se trouvait dans un corps qui ne l’était pas !
Le sentons-nous, nous aussi, et cela nous fait-il gémir ? Si notre ardent désir est de vivre Christ, de vivre de la vie que nous avons reçue, vie divine, vie de résurrection, nous sentirons combien nous sommes à l’étroit pour le réaliser, nous souffrirons des infirmités qui sont inhérentes au vase dans lequel nous nous trouvons, nous aurons conscience des obstacles qui sont en nous et ferons l’expérience que la vieille nature est toujours là, que l’ennemi travaille, par le moyen de la chair en nous, pour nous empêcher de vivre cette vie de résurrection. Alors, nous gémirons comme l’apôtre gémissait.
Ces gémissements produisaient chez Paul un ardent désir, celui dont il parle au verset 2. Si ce désir n’est produit en nous que dans une bien petite mesure, c’est parce que nos gémissements ne sont pas de la même nature que ceux de l’apôtre. Nous gémissons parce que les difficultés sont multipliées, parce que le fardeau nous paraît trop lourd à porter, parce que les circonstances ne sont pas ce que nous aurions voulu qu’elles fussent… Nous demandons la délivrance et nous disons peut-être : Ah ! que le Seigneur vienne promptement pour nous prendre avec Lui et mettre ainsi un terme à tous nos maux ! Ce n’est pas du tout ce qu’éprouvait l’apôtre. Je voudrais, semblait-il dire, arriver au port, avoir revêtu mon domicile qui est du ciel parce qu’alors, rien ne m’empêchera de jouir de Christ ; il n’y aura plus aucun obstacle, plus aucune entrave en moi ! Il gémissait, a-t-on dit, parce qu’il avait une vie de résurrection dans un corps qui ne l’était pas et il avait le désir ardent d’avoir revêtu son domicile qui est du ciel, parce qu’alors tout sera en parfaite harmonie.
C’est à la venue du Seigneur que nous serons introduits dans la gloire et que nous le verrons « comme Il est », lui étant rendus semblables (1 Jean 3:2). Ayant « revêtu notre domicile qui est du ciel », nous jouirons en plénitude de la vie de résurrection, sans qu’il y ait le moindre nuage. Tandis qu’il n’en est pas de même à la mort, pour les croyants qui ont à passer par la mort avant la venue du Seigneur. La mort est la fin des souffrances, elle nous introduit dans le repos, « avec Christ », ce qui est « de beaucoup meilleur » (Phil. 1:23), mais ce n’est pas encore la gloire. De sorte que la vraie espérance chrétienne n’est pas la mort, mais la venue du Seigneur : « non pas que nous désirions d’être dépouillés, mais nous désirons d’être revêtus » (2 Cor. 5:4; cf. Jean 11:26).
La mort nous dépouille : l’âme du croyant est séparée du corps qui, poussière, retourne à la poussière, en attendant le jour glorieux de la première résurrection. Ce que nous désirons, c’est la venue du Seigneur pour enlever son Église ; « nous, les vivants, qui demeurons jusqu’à la venue du Seigneur » (1 Thess. 4:15), nous laisserons alors la « tente » pour prendre possession de « l’édifice », sans que l’âme soit séparée du corps même une fraction de seconde. Ce qui nous débarrassera de la « tente » dans laquelle nous « gémissons », ce ne sera pas la mort, mais la vie, la plénitude de la vie : « ce qui est mortel » sera « absorbé par la vie » (v. 4).
Par la nouvelle naissance, la vie divine nous a été communiquée et nous sommes ainsi préparés pour la jouissance de la part qui sera la nôtre durant l’éternité : Dieu « nous a formés à cela même » (v. 5). Il nous a « prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères » et nous en avons reçu les arrhes, le Saint Esprit habitant dans le croyant. « La tente » est le « temple du Saint Esprit » et « Celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera nos corps mortels… à cause de son Esprit qui habite en nous » (Romains 8:29 ; Éphésiens 1:13 et 14 ; 1 Corinthiens 6:19 ; Romains 8:11). L’apôtre ne dit pas qu’Il ressuscitera nos corps mortels, mais qu’Il les vivifiera, précisément parce que l’espérance du croyant n’est pas la mort ; si Paul avait écrit : ressuscitera, cela impliquerait la mort comme devant précéder la résurrection. Le Saint Esprit est le gage certain de la vivification de nos corps. Dieu « nous a aussi donné les arrhes de l’Esprit » (2 Cor. 5:5).
Bien que l’espérance du croyant ne soit pas la mort, il est possible qu’il ait à passer par la mort. Trois états peuvent le caractériser : celui dans lequel nous sommes présentement, « présents dans le corps, nous sommes absents du Seigneur » — celui des rachetés qui se sont « endormis » avant la venue du Seigneur, « absents du corps », ils sont « présents avec le Seigneur » — celui dans lequel il sera introduit à la venue du. Seigneur : « nous serons tous changés… les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce mortel revête l’immortalité » (2 Cor. 5:6 à 8 ; 1 Cor. 15:51 à 53 ; cf. 1 Thess. 4:16 et 17).
En attendant sa venue, réalisation de notre espérance, si nous sommes appelés à passer par la mort, nous sommes dans cet état intermédiaire bienheureux : « absents du corps… présents avec le Seigneur ».
L’apôtre va maintenant présenter quelques exhortations découlant des vérités qu’il vient d’exposer.
Quel que soit notre état à la venue du Seigneur, c’est-à-dire que nous soyons « présents dans le corps » ou « absents du corps », encore en vie sur la terre ou déjà « délogés », appliquons-nous « avec ardeur à lui être agréables ; car il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ » (2 Cor. 5:9 et 10). Tous, croyants aussi bien qu’incrédules, auront à faire à Christ comme juge. Pour ces derniers, ce sera la comparution devant le « grand trône blanc » et la condamnation éternelle (Apoc. 20:11 à 15. — Il s’agit là du jugement des morts, le jugement judiciaire des vivants ayant eu lieu avant le règne, selon ce que nous enseigne Matt. 25:31 à 46). Pour le croyant, c’est autre chose : lorsqu’il comparaîtra devant le « tribunal du Christ », tout ce qui, dans sa vie, n’aura pas été jugé avant la venue du Seigneur, sera manifesté avec le reste. Pour lui, il n’y a pas de condamnation (cf. Rom. 8:1), mais il y aura manifestation et rétribution.
Tout ce qui n’aura pas été jugé dans notre vie, de nos pensées et de notre conduite, sera mis au jour, manifesté en pleine lumière, dans la lumière de Dieu. Les pensées les plus secrètes de nos cœurs, celles que nous ne voudrions pas dévoiler, même pas à un frère ou à un ami, nos actes, les mobiles qui nous ont fait agir et que nul ne connaît si ce n’est Dieu, tout ce qui, parmi cela, n’aura pas été jugé dans la présence de Dieu pendant notre vie ici-bas, sera alors manifesté à la lumière du tribunal. — Quand on présente ces vérités, il arrive que des croyants en soient effrayés. Il ne doit y avoir là, cependant, aucun sujet d’effroi pour un enfant de Dieu. La manifestation devant le tribunal de Christ est nécessaire car c’est là seulement que nous aurons le sentiment de ce que nous sommes, que nous aurons enfin appris à nous connaître, à voir toute la perversité de notre cœur et à sonder l’abîme d’où nous avons été tirés ! Présentement, nous nous connaissons si peu et nous sommes si peu capables de discerner ce qu’il y a au fond de notre cœur, ce cœur dont Dieu dit qu’il est « trompeur par-dessus tout, et incurable » ! (Jér. 17:9). Mais, devant le tribunal du Christ, nous nous connaîtrons vraiment et nous connaîtrons aussi toute l’étendue de la grâce de Dieu qui nous aura supportés, accompagnés, réconfortés et encouragés tout le long du voyage, malgré tout ce que nous sommes. Considérer l’immensité de cette merveilleuse grâce sera un motif de louanges pour l’éternité !
Il y a, ensuite, la pensée de la rétribution : « afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal ». Les Thessaloniciens seront la « joie » et la « couronne » de l’apôtre Paul (1 Thess. 2:19 et 20) ; fidèle serviteur, il pouvait dire, au terme de sa carrière : « j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi : désormais m’est réservée la couronne de justice que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition » (2 Tim. 4:7 et 8). Il aura la récompense de ce qu’il a fait pour le Seigneur et entendra cette parole : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître » (Matt. 25:21 et 23). Ayant connu quelque chose des souffrances de Christ, il connaîtra la suprême récompense : la joie du Maître. Il aura part à sa joie comme il a eu part à ses souffrances !
Les croyants s’arrêtent généralement assez peu à la pensée du tribunal de Christ. Ils le considèrent parfois avec quelque légèreté, se contentant de savoir qu’ils sont sauvés et qu’il n’y a « aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 8:1). On a même présenté l’argumentation suivante : il nous faut comparaître devant le tribunal du Christ ? Mais nous serons dans un corps glorieux, semblable à celui du Juge et il ne saurait y avoir de condamnation pour nous. Nous n’avons donc rien à craindre : le Seigneur récompensera richement tout le bien qui aura été fait ; quant au mal, il n’en sera pas question puisqu’Il s’en est chargé ! Toute la question du péché et de nos péchés est à jamais réglée, est-ce que nous allons nous mettre en souci ?
Il est à peine besoin de dire que seul l’ennemi peut suggérer de semblables raisonnements ! La pensée du tribunal doit nous rendre sérieux et attentifs, pour ce qui nous concerne en tout premier lieu et, aussi, pour ce qui concerne nos frères. Elle doit nous diriger dans la conduite que nous avons à observer vis-à-vis d’un croyant qui marche mal ; ce n’est pas le moment d’aller lui dire : vous êtes sauvé, vous avez, dans le ciel, une place que Satan ne peut vous ravir (quoique cela reste toujours vrai) — bien au contraire, il convient de l’avertir, d’attirer son attention sur 2 Cor. 5:9 et 10 et de lui montrer qu’il va perdre sa couronne.
Une récompense est promise au fidèle, c’est la « couronne » : le privilège de refléter quelques gloires de Christ, sous des aspects et degrés divers. Dans le ciel, on ne verra, a-t-on dit, que Christ et Christ dans les siens ; avoir une « couronne », ce sera donc faire briller la gloire de Christ d’une façon plus vive que celui qui n’en aura pas, montrer ce que Christ a pu faire en un de ses rachetés ! C’est le « poids éternel de gloire » dont parle l’apôtre à la fin du chapitre 4 ; celui qui aura déjà manifesté ici-bas quelques caractères moraux de Christ, qui, ayant contemplé « à face découverte la gloire du Seigneur », aura été « transformé en la même image, de gloire en gloire », qui, au travers de la « légère tribulation d’un moment » aura glorifié Christ et joui de la gloire avec Lui, connaîtra alors l’inestimable privilège de faire briller quelques perfections de Celui dont la gloire resplendira sur tous et qui sera « dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thess. 1:10), mais avec combien plus de force dans tous ceux qui l’auront fidèlement suivi et servi ici-bas !
En pensant à ce « jour-là », le jour de l’apparition du Seigneur et de notre manifestation devant le tribunal du Christ, l’apôtre peut dire, considérant le chemin qu’il avait parcouru : « le temps de mon départ est arrivé ; j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi : désormais m’est réservée la couronne de justice que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là… » Il était sans aucune crainte quant à la manifestation de sa vie à la lumière du tribunal parce qu’il avait marché ici-bas comme étant constamment dans la présence de Dieu : « nous avons été manifestés à Dieu » (2 Cor. 5:11). Tous ses actes avaient été accomplis comme s’il se trouvait au moment même devant le tribunal, comme si rien n’était caché des mobiles qui le faisaient agir. Si nous accomplissions tous les actes de notre vie, et en particulier ceux de la vie de l’assemblée, à la lumière du tribunal, comme si déjà tout était manifesté des pensées les plus secrètes de nos cœurs, combien tout serait facile !
Le service de l’apôtre s’exerçait aussi bien envers les incrédules qu’envers les saints. Rempli d’une sainte crainte à la pensée du tribunal, il exhortait les croyants à vivre sans cesse dans la crainte de Dieu : « Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint… ». L’amour de Christ l’étreignant — non pas l’amour qu’il avait pour Christ, mais l’amour que Christ a pour tous les hommes et qui l’a conduit à se livrer pour des coupables — il pensait aux inconvertis. La pensée du tribunal, si elle le portait à dire aux croyants : prenez garde ! marchez dans la crainte du Seigneur, l’amenait aussi à avertir les incrédules : il y a le jugement éternel ! mais Dieu veut vous sauver car Il vous aime. Étreint par l’amour du Christ, il leur présentait, en même temps, leur état de perdition et les ressources de Dieu. C’est là ce que l’Évangile met en évidence : la ruine de l’homme et l’amour de Christ. Prêcher la grâce de Dieu sans faire ressortir qu’à ses yeux l’homme est moralement mort, c’est prêcher un Évangile incomplet ; la marche du croyant se ressentira inévitablement du fait que la ruine de l’homme n’a pas été comprise, de ce que la croix de Christ n’a pas été connue comme fin de l’homme dans la chair.
« Si un est mort pour tous, tous donc sont morts » (v.
14). Tous les hommes, sans aucune exception, sont perdus, morts dans leurs
fautes et leurs péchés ; Christ est mort pour tous parce que tous avaient
besoin d’un Sauveur, de sa mort pour avoir la vie. Mais tous ont-ils accepté
pour eux-mêmes le sacrifice de Christ ? Non. C’est pourquoi l’apôtre
n’écrit pas, dans le verset 15 : « et qu’il est mort pour tous, afin
que tous
ne vivent plus pour eux-mêmes », mais : « afin
que ceux qui vivent
ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui
pour eux est mort et a été ressuscité ». — Il est mort pour tous, mais le
bénéfice de son œuvre n’est que pour ceux qui croient (cf. Rom. 3:22 :
« La justice, dis-je, de Dieu par la foi en Jésus Christ envers tous, et
sur tous ceux qui croient ». L’intention de Dieu : envers tous ;
l’application de l’œuvre de Christ : sur tous ceux qui croient). Ceux qui
croient deviennent « ceux qui vivent » : ils sont passés de la
mort à la vie.
Si Christ est « mort pour tous », c’est afin que « ceux qui vivent », ceux qui, nés de nouveau, ont la vie de Dieu, ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour Christ, « Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité ». La pensée du tribunal du Christ est pour notre conscience, voilà maintenant (v. 15) un Objet placé devant nos cœurs ! Pour qui le racheté va-t-il vivre dans ce monde ? Pour soi-même, pour ses proches — ce qui n’est, au fond, que le prolongement de soi-même — ou pour le Seigneur ? — Vivre pour soi, c’est ce qui caractérise le vieil homme ; vivre pour Christ c’est le fruit de la vie nouvelle. Il faut donc vivre de Lui, aliment de la vie divine, afin d’être rendu capable de vivre pour Lui.
« Ceux qui vivent » sont établis dans une relation nouvelle, ils sont unis à Christ et « celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » (1 Cor. 6:17). Par conséquent, ils se trouvent séparés de ceux qui sont encore « dans la chair », les positions des uns et des autres étant complètement différentes. « En sorte que nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la chair » (v. 16). L’homme « en Adam » n’est plus « connu » de Dieu puisque son histoire a pris fin à la croix de Christ ; les enfants de Dieu pourraient-ils donc le « connaître » ? — Avant notre conversion, nous avions, par exemple, des relations avec telle ou telle personne incrédule ; pouvons-nous, maintenant, poursuivre ces relations sous leur même caractère ? Certainement pas. Nous ne pouvons avoir de relations avec de telles personnes que pour saisir l’occasion de leur présenter l’Évangile, leur montrant ce que Dieu a fait pour nous et veut faire pour elles. — Même les relations au sein de la famille, entre maris et femmes, parents et enfants, ont un caractère tout nouveau : elles sont « dans le Seigneur » (cf. Éph. 5 et Col. 3).
Combien souvent il nous arrive de perdre de vue que « nous ne connaissons personne selon la chair » ! Nous le faisons chaque fois que les liens de famille, les considérations de personnes prennent le pas sur les droits du Seigneur. Que de difficultés, dans les assemblées, n’ont, au fond, d’autre cause que celle-là ! Que de difficultés se trouvent singulièrement aggravées par le fait que nous connaissons tel ou tel « selon la chair » au lieu de le connaître seulement selon les liens qui nous unissent en Christ, avec tout ce que comportent les relations fraternelles ! Puissions-nous être gardés d’un aussi sérieux péril, réalisant que « désormais, nous ne connaissons personne selon la chair » !
Ce changement de position ne résulte pas de l’amélioration de l’homme dans la chair : « si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création » (v. 17). Le croyant a « dépouillé le vieil homme avec ses actions » et « revêtu le nouvel homme » qui est « selon l’image de celui qui l’a créé » (Col. 3:9 et 10). Nous comprenons donc que l’apôtre ajoute : « les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ, et qui nous a donné le service de la réconciliation » (v. 17 et 18).
Dieu nous ayant réconciliés avec Lui-même, c’est-à-dire : nous ayant rendus propres pour être en relation avec Lui tel qu’il est, Amour et Lumière, nous a maintenant donné le service de la réconciliation. Notre part, c’est de vivre non plus pour nous-mêmes, mais pour Christ et vivre pour Lui implique l’accomplissement du service qu’Il veut nous confier. Il donne aux uns et aux autres bien des services variés, que nous avons besoin de savoir discerner et pour lesquels nous devons être gardés dans sa dépendance, mais il en est un qui appartient à tous les rachetés, sans distinctions, « le service de la réconciliation ».
« Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes » (v. 19). Tel fut le service de Christ ici-bas ! Il n’est pas dit que Dieu a été réconcilié avec l’homme ; c’est une pensée parfois présentée, mais qui n’est pas juste. C’est l’homme qui a été réconcilié avec Dieu : « qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ… réconciliant le monde avec lui-même ». Dans ce monde, il arrive que l’on parvienne à réconcilier deux personnes ; il y a généralement, toujours pourrait-on même dire, des torts réciproques et la réconciliation est faite quand chacun a reconnu ses torts. Certes, l’homme avait des « torts » vis-à-vis de Dieu, mais il n’y avait de torts que de son côté, c’est pourquoi il est écrit que l’homme a été réconcilié avec Dieu.
Pour opérer cette œuvre de réconciliation, il a fallu la venue de Christ ici-bas. Elle ne pouvait être faite que sur une base juste, car si Dieu est Amour, Il est aussi Lumière et tous les droits de sa justice devaient être satisfaits. Christ a dû être traité comme le péché même, à la croix du Calvaire : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui » (v. 21). Les relations de l’homme avec Dieu sont ainsi rétablies, l’homme est réconcilié avec Dieu, il est justifié devant Dieu étant revêtu de Christ comme justice.
Appelés à ce service de la réconciliation, nous sommes constitués « ambassadeurs pour Christ », « Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ; nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu » (v. 20). Quelle responsabilité pour le serviteur qui présente l’Évangile, quelle responsabilité aussi pour ceux à qui il est présenté ! Parler, c’est parler de la part de Dieu. Refuser le salut par grâce, c’est le refuser à Dieu ! Étant « ambassadeurs pour Christ », nous représentons dans ce monde, non pas un Dieu courroucé dont il faut apaiser la colère — elle s’est appesantie sur son Fils bien-aimé à la croix du Calvaire — mais un Dieu d’amour, qui peut faire grâce et pardonner parce que sa justice est satisfaite par l’œuvre de Christ. Le Dieu que nous sommes responsables de représenter dans ce monde, c’est le Dieu qui est Amour et Lumière.
Que Dieu touche le cœur de ceux qui sont encore loin, insensibles jusqu’à présent à tous les appels de la grâce, irréconciliés avec Lui !
Qu’Il nous accorde d’être attentifs aux enseignements de sa Parole, afin que nous soyons rendus capables de vivre, dans ce monde, non plus pour nous-mêmes, mais pour Celui qui pour nous est mort et a été ressuscité !
Qu’Il nous donne de nous rappeler sans cesse que « le Seigneur doit être craint », que tous nos actes doivent être accomplis comme s’ils étaient déjà manifestés à la lumière du tribunal du Christ, où ils le seront un jour, en même temps que les mobiles qui nous auront guidés.
Qu’Il nous encourage au travers de nos difficultés, de nos épreuves, « légère tribulation d’un moment… ». Qu’elle opère pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire !
Que si notre homme extérieur dépérit, l’homme intérieur soit renouvelé de jour en jour !
Titre original : « … Et la terre produisit son fruit » (Jacques 5:18)
ME 1953 p. 3-13
L’Éternel avait retiré son peuple du pays d’Égypte pour l’introduire dans la terre de Canaan, figure de ce qui nous concerne : Christ « s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais » et, déjà maintenant, Dieu « nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le christ Jésus » (Gal. 1:4 ; Éph. 2:6). Deutéronome 11:10 nous donne les caractères distinctifs de l’Égypte et de Canaan : « Car le pays où tu entres pour le posséder n’est pas comme le pays d’Égypte d’où vous êtes sortis, où tu semais ta semence et où tu l’arrosais avec ton pied comme un jardin à légumes ». Le pays d’Égypte n’était pas arrosé par la pluie des cieux, il possédait un fleuve auquel il devait sa prospérité et dont il s’enorgueillissait, proclamant son indépendance de Dieu : « Mon fleuve est à moi, et je me le suis fait ! » (Ézéch. 29:3) et oubliant que Dieu peut tarir, quand Il le veut, les eaux du fleuve (cf. Ésaïe 19:1-10 ; Ézéch. 29:8-12). Nous avons là une image de ce monde, caractérisé par son indépendance de Dieu, ayant toujours cherché à s’organiser et à vivre sans Lui, pensant ne devoir sa prospérité, plus apparente que réelle, qu’à ses propres ressources et méconnaissant que tout vient de Dieu, qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes » (Matt. 5:45).
Tout autre est le caractère du pays de Canaan : « Mais le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder est un pays de montagnes et de vallées, il boit l’eau de la pluie des cieux, — un pays dont l’Éternel, ton Dieu, a soin, sur lequel l’Éternel, ton Dieu, a continuellement les yeux, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin de l’année » (Deut. 11:11 et 12). La pluie est le signe d’une relation entre le ciel et la terre, de la bénédiction venant d’en haut. Le croyant qui réalise pratiquement sa position « dans les lieux célestes dans le christ Jésus », dépend de Dieu pour tout et n’attend la bénédiction que de Lui seul. Cette bénédiction d’en haut était promise à Israël sous condition d’obéissance : « Et il arrivera que si vous écoutez attentivement mes commandements que je vous commande aujourd’hui, pour aimer l’Éternel, votre Dieu, et pour le servir de tout votre cœur et de toute votre âme, alors je donnerai la pluie de votre pays en son temps, la pluie de la première saison et la pluie de la dernière saison ; et tu recueilleras ton froment, et ton moût, et ton huile ; et je donnerai l’herbe dans tes champs, pour ton bétail ; et tu mangeras, et tu seras rassasié » (Deut. 11:13-15). Que le cœur soit séduit et se tourne vers d’autres objets, la bénédiction est perdue : la colère de l’Éternel s’embrase contre le peuple et Il ferme les cieux, « en sorte qu’il n’y ait pas de pluie, et que la terre ne donne pas son rapport… » (ibid. 16 et 17). Sans doute, nous sommes placés, aujourd’hui, sur un terrain tout différent de celui où se trouvait autrefois Israël, mais les principes des voies de Dieu sont invariables et « toutes les choses qui ont été écrites auparavant ont été écrites pour notre instruction » (Rom. 15:4). Il restera toujours vrai que les bénédictions divines, qu’elles soient temporelles ou spirituelles, sont assurées à celui qui marche dans un chemin d’obéissance et ne peuvent être goûtées en dehors de ce chemin. Il en sera encore ainsi dans un jour à venir, lorsque la fête des tabernacles sera célébrée par un peuple restauré, ramené dans sa terre : il n’y aura pas de bénédiction sur les familles, sur les nations qui ne monteront pas à Jérusalem pour adorer ; « sur celle-là, il n’y aura pas de pluie » (Zach. 14:16-19).
Un secours était assuré à Israël lorsqu’en raison de son infidélité, l’Éternel avait dû cesser d’envoyer la pluie sur la terre : « Quand les cieux seront fermés, et qu’il n’y aura pas de pluie parce qu’ils auront péché contre toi, s’ils prient en se tournant vers ce lieu-ci, et qu’ils confessent ton nom et reviennent de leur péché, parce que tu les auras affligés : alors, toi, écoute dans les cieux, et pardonne le péché de tes serviteurs et de ton peuple… et donne la pluie… ». Si même la famine était dans le pays et que le peuple, assiégé par l’ennemi, ne pût prier, il suffisait de l’intercession d’un seul, exprimant l’humiliation et la confession de tous : « … Quelque plaie, quelque maladie qu’il y ait, quelle que soit la prière, quelle que soit la supplication que fera un homme quelconque de tout ton peuple Israël, quand ils reconnaîtront chacun la plaie de son propre cœur et qu’ils étendront leurs mains vers cette maison : alors, toi, écoute dans les cieux, le lieu de ton habitation, et pardonne, et agis… » (1 Rois 8:35-40). C’est ce que Salomon avait demandé, lors de la dédicace du temple, et sa prière avait été exaucée (cf. 2 Chron. 7:12-22, spécialement les v. 13 et 14). — Dès la fin de son règne, le royaume est divisé et l’infidélité caractérise aussi bien Juda et Benjamin que les dix tribus. Jérusalem et le temple sont abandonnés par Jéroboam qui, après avoir fait deux veaux d’or, dit au peuple : « C’est trop pour vous de monter à Jérusalem ; voici tes dieux, Israël ! qui t’ont fait monter du pays d’Égypte » (1 Rois 12:26-33 ; cf. Deut. 11:16-17.) À ce roi impie (Israël sera livré « à cause des péchés de Jéroboam, qu’il a commis et par lesquels il a fait pécher Israël » — 1 Rois 14:16) succède son fils, Nadab, qui durant les deux années de son règne « fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et marcha dans la voie de son père et dans son péché par lequel il avait fait pécher Israël ». Baësha monte ensuite sur le trône ; il marche « dans la voie de Jéroboam » et « fait pécher » le peuple, de sorte qu’après l’avoir supporté vingt-quatre années, Dieu le met finalement de côté. Éla, son fils, règne à sa place ; il est frappé et mis à mort par l’un de ses serviteurs, Zimri, tandis qu’à Thirtsa, il buvait et s’enivrait dans la maison d’Artsa ! Son successeur, Zimri, ne reste sur le trône que sept jours ! C’est le règne le plus court de tous les rois d’Israël, et même de Juda. Dès que le peuple a appris la conspiration de Zimri et le meurtre d’Éla, il établit roi Omri, le chef de l’armée. « Et Omri fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, et il fit pis que tous ceux qui avaient été avant lui ». De son fils Achab qui lui succède, il est dit aussi qu’il fit « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, plus que tous ceux qui avaient été avant lui ». Le mal allait donc croissant et faisait de rapides progrès !
Ce bref raccourci de l’histoire des sept règnes qui suivirent celui de Salomon nous fait toucher du doigt l’état du peuple à ce moment-là (1 Rois 15 et 16). Quel sombre et humiliant tableau, faisant ressortir l’infidélité du peuple ! Comme dans tous les temps où l’ensemble a failli, la fidélité est individuelle : aux jours de Jéroboam, nous la trouvons chez Abija, dont il est dit « qu’en lui seul, dans la maison de Jéroboam, a été trouvé quelque chose d’agréable à l’Éternel, le Dieu d’Israël » (1 Rois 14:13) ; — aux jours d’Achab, chez Élie.
Dans le secret, le prophète crie à l’Éternel : « il
pria avec instance ». Que demande-t-il ? « Qu’il ne plût
pas » ! (Jacques 5:17). En communion avec Dieu, il a l’intelligence
de ses pensées à l’égard du peuple infidèle et sa prière peut être exaucée car
elle est en plein accord avec la volonté divine. Dans le cœur d’Élie, il y a un
amour profond pour le peuple de Dieu, amour qui n’est en rien altéré ou
affaibli par l’état de ce peuple, bien au contraire ! C’est un amour vrai
et c’est ce qui le conduit à prier avec instance pour que
l’Éternel ferme les cieux, afin qu’il n’y ait pas de pluie sur la terre !
Sans doute la prière d’Élie devait-elle être celle-ci :
« Éternel ! considère l’état de ton
peuple ! Il s’est détourné de toi pour courir après des idoles… C’est en
vain que tu as usé de patience et de grâce jusqu’à présent, Israël n’est pas
revenu de sa mauvaise voie ! Pour le ramener, ne faut-il pas que tu
étendes ta main sur lui ? Tu ne peux plus bénir ce peuple de la pluie des
cieux… Ferme le ciel ! Et que, la conscience de ce peuple étant exercée
par le manque de bénédiction, son cœur soit ramené vers toi, ô Éternel ! afin qu’ensuite, tu puisses bénir le peuple
restauré ! » — Dieu exauce la prière de son serviteur, qui va alors
déclarer à Achab : « L’Éternel, le Dieu d’Israël, devant qui je me
tiens, est vivant, qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma
parole » (1 Rois 17:1).
Désormais, le peuple est sous le jugement gouvernemental de Dieu ; pendant
trois ans et six mois, il n’y aura pas de pluie ! En figure, les relations
de Dieu avec son peuple sont interrompues et Israël est, de ce fait, privé de
la bénédiction divine. Mais, au sein d’un tel état de choses, il y a pourtant
une part précieuse pour la foi ! L’Éternel prendra soin de son
serviteur…
La vie d’Élie est une vie de foi — bien qu’avec ses défaillances, sans doute, car un seul a été « le chef et le consommateur de la foi » ! Le prophète a commencé par la prière de la foi, dans le secret avec Dieu, avant de se présenter à Achab. Ensuite, pendant les trois ans et six mois durant lesquels il n’y eut pas de pluie, sa vie fut un continuel exercice de foi. L’Éternel l’envoie se cacher au torrent du Kérith : « tu boiras du torrent, et j’ai commandé aux corbeaux de te nourrir là ». La parole de l’Éternel est le sûr fondement de sa foi ; ce ne sont pas les circonstances, l’eau du torrent ou la nourriture apportée par les corbeaux, mais ce que l’Éternel a commandé ! Une chose dite par Lui ne s’accomplirait-elle pas ? C’est absolument impossible ! Et nous comprenons pourquoi le chapitre 16 de ce premier livre des Rois se termine par le rappel du jugement dont fut l’objet Hiel, le Béthélite : plus de cinq siècles s’étaient écoulés depuis que l’Éternel avait parlé, par la bouche de Josué, après que les murs de Jéricho tombèrent et que la ville fut brûlée par le feu (Josué 6:26). Avec autant de puissance que si cela eût été le jour même, le jugement fut exécuté comme l’Éternel l’avait dit. Les siècles peuvent passer, sa Parole ne passe pas, elle s’accomplira toujours à la lettre ! Quel encouragement pour la foi dans des jours difficiles !
L’obéissance de la foi brille chez le prophète ; il va au Kérith comme il ira plus tard à Sarepta, simplement parce que l’Éternel a dit : « J’ai commandé » (v. 4 et 9). Combien il est simple, le chemin de la foi : Dieu a commandé, le fidèle obéit sans raisonner ni murmurer. Et quel contraste avec celui de la propre volonté !
Après qu’Élie eut séjourné quelque temps au Kérith,
jouissant de ce que l’Éternel veut accorder à la foi dans des jours d’épreuve,
« le torrent sécha, car il n’y avait pas de pluie dans le pays ».
Sans doute, c’était le cours normal des choses : pas de pluie, le torrent
devait inévitablement sécher ; mais il le fallait afin de rappeler à Élie
ce qu’étaient les circonstances du peuple — il pouvait ainsi, imitant en cela
l’exemple de Celui qui « dans toutes leurs détresses a été en
détresse » (Ésaïe 63:9), entrer en sympathie dans les souffrances d’Israël, bien
qu’elles fussent le juste châtiment de son infidélité — il le fallait également
pour que sa foi en l’Éternel fût maintenue et fortifiée par un constant
exercice. Sa foi était éprouvée : le torrent ayant séché, comment
l’Éternel allait-Il pourvoir à ses besoins ? « Lève-toi, va-t’en à Sarepta… », tel est l’ordre
qu’il reçoit et auquel il obéit aussitôt, comptant sur Celui qui veut prendre
soin de lui. Bien que les circonstances qu’il rencontre en arrivant à Sarepta ne paraissent pas une confirmation de la promesse
divine, le prophète n’a aucun doute ; la confiance de la foi brille chez
lui et l’Éternel est glorifié en cela ! Cette veuve, à laquelle Dieu a
« commandé » de nourrir son serviteur, ne possède pas grand-chose ;
mais c’est précisément dans des conditions semblables que Dieu déploie sa
puissance afin de montrer ce que Lui peut
faire. Le v. 12 du chap. 17 du
premier livre des Rois brosse un court mais saisissant tableau de l’état de ce
monde loin de Dieu : de pauvres ressources, l’égoïsme du cœur naturel pour
en jouir et, devant soi, la mort ! Qu’est-ce qu’Élie pouvait donc espérer
au milieu d’une telle scène ? N’eût-il pu raisonner ainsi : ce n’est
certainement pas là que je serai nourri dans des jours de famine, c’est
ailleurs que l’Éternel aurait dû m’envoyer ? Mais la confiance du prophète
est inébranlable, parce qu’elle repose toujours sur la parole de l’Éternel
(combien est admirable la persévérance
de la foi !) et parce qu’elle
ne voit dans les circonstances adverses qu’un moyen à la disposition de Dieu
pour manifester sa toute-puissance et son amour pour les siens ! Élie
répond à la veuve : C’est bien ! fais selon
ta parole… Seulement, pense d’abord aux droits de Dieu ! Fais ce qu’Il
te demande et je puis te dire ce qu’Il a promis : « Le pot de farine
ne s’épuisera pas, et la cruche d’huile ne manquera pas, jusqu’au jour où
l’Éternel donnera de la pluie sur la face de la terre » (1 Rois 17:13, 14). — Il y a des ressources
inépuisables à la disposition de la foi dans un temps d’épreuve, quand il n’y a
« pas de pluie sur la terre » (Jacques 5:17). N’est-ce pas Christ et
le Saint Esprit, dont nous pouvons voir un symbole dans le « pot de
farine » et la « cruche d’huile » ? Dieu ne peut manquer de
répondre à la foi des siens, jusqu’au jour où l’exercice de la foi aura pris
fin à jamais ! Comme il est frappant le contraste entre ce que le monde
pouvait donner à la veuve de Sarepta (v. 12) et ce
que Dieu lui assure si elle s’attend à Lui et l’honore par l’obéissance et la
confiance de sa foi ! (v. 13 et 14).
Élie avait dit à la veuve : « Va, fais selon ta parole ; seulement… » — « Et elle s’en alla, et fit selon la parole d’Élie ». Sa foi est mise en lumière, elle est de la même nature que celle d’Élie ; aussi, elle et lui font l’expérience réconfortante que Dieu accomplit ses promesses et honore la foi !
Ayant appris que Dieu a la puissance de conserver la vie, la veuve de Sarepta va maintenant apprendre que la vie qu’Il conserve, c’est aussi Lui qui la donne ! La fin du chapitre 17 nous parle, à cet égard, de la prière et de la victoire de la foi (v. 20 à 23).
Le temps durant lequel il n’y eut « pas de pluie sur la terre » était sur le point de se terminer. L’état du peuple allait être manifesté sur le Carmel ; tous pourraient dire, encouragés par l’énergie de la foi d’Élie et se détournant enfin de Baal : « L’Éternel, c’est lui qui est Dieu ! » Aussi, Celui qui connaît l’état des cœurs et n’afflige pas volontiers les fils des hommes, peut-Il dire à Élie : « Va, montre-toi à Achab, et je donnerai de la pluie sur la face de la terre » (1 Rois 18:39 et 1). Lui seul peut donner à nouveau la bénédiction ; c’est le désir de son cœur car Il veut trouver du fruit dans les siens. Ce fruit est produit par la discipline, il est manifesté « plus tard », quand, après l’exercice, Dieu donne à nouveau « de la pluie » : « et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit » (Jacques 5:18 ; cf. Hébreux 12:11 et Ps. 84:6). — Dans un jour à venir, Israël, après avoir connu « une terre aride et altérée, sans eau », traversé « le temps de la détresse » (Ps. 63:1 ; Jérémie 30:7), jouira des bénédictions prophétiquement annoncées (Ésaïe 30:15-26, spécialement le v. 23 se rapportant à notre sujet ; Ézéchiel 34:26, 27 ; Joël 2:12-32, en particulier le v. 23).
Désirons-nous ardemment la bénédiction qui vient d’en haut et sans laquelle nous ne pouvons porter du fruit pour Dieu dans ce monde ? Aimer le Seigneur, le servir de tout notre cœur, c’est ce qui nous est demandé, comme au peuple autrefois ; dans la mesure où nous le réaliserons s’accomplira la promesse divine : « alors je donnerai la pluie… » (Deut. 11:13-15) et nous prospérerons spirituellement. Mais nos faiblesses et nos manquements, notre tiédeur et notre indifférence aussi parfois, nous privent souvent de la jouissance d’une telle part. Dieu veuille nous amener à en souffrir et, par suite, nous faire désirer la pluie des cieux. Nous sommes exhortés à la demander : « Demandez à l’Éternel de la pluie » ; le faisons-nous assez ? Notre état nécessitera peut-être l’exercice d’une discipline appropriée, comme jadis celui d’Israël, mais s’il faut traverser « la vallée de Baca », s’il faut « des éclairs » avant que viennent « des ondées de pluie », quel résultat à la fin, quand la pluie de bénédictions sera répandue, quand Il donnera « à chacun de l’herbe dans son champ » (cf. Ps. 84:6 ; Zach. 10:1 et Jér. 10:13). C’est le « vent du nord » qui « enfante les averses » (Prov. 25:23) : il faut l’épreuve, douloureuse parfois, les larmes de la repentance, pour retrouver la bénédiction perdue, quand le chemin de l’obéissance et de la fidélité a été délaissée !
Nous sommes à la fin de l’histoire de l’Église sur la terre et, si nous la considérons du point de vue de sa responsabilité, nous pouvons pleurer sur la ruine, une ruine qui va croissant ! Où est la fraîcheur du premier amour, la prospérité du témoignage du commencement ? L’Esprit Saint est contristé de bien des manières et Dieu est si souvent déshonoré par ceux qui devraient sans cesse le glorifier ! Sans doute éprouvons-nous, malgré tant de misères, les rafraîchissements de bien des oasis pour lesquels nous devrions être davantage reconnaissants, mais n’est-elle pas retenue, la pluie de bénédictions qu’aimerait nous donner en abondance un Dieu qui veut bénir ? Une terre stérile, parce que privée de la pluie des cieux, c’est l’image d’un croyant qui a perdu la jouissance de la communion avec le Seigneur et de la bénédiction qui en découle — d’une assemblée locale qui dépérit parce que la routine et l’indifférence (pour ne rien dire de tout ce qui pourrait s’y trouver et qui constituerait un mal positif, moral ou doctrinal) ont gagné peu à peu et éteint l’action rafraîchissante de l’Esprit de Dieu — de l’Assemblée dans l’état de ruine où elle est maintenant en tant que témoignage confié à notre responsabilité !
Que la méditation de ce sujet nous soit utile et profitable, au début de cette année nouvelle. Ayons le désir de marcher, chacun pour ce qui nous concerne et en assemblée, dans le chemin de l’obéissance, scrutons nos voies et pour cela, examinons l’état de nos cœurs, tenons-nous « devant Lui » et nous éprouverons que, là, Dieu « donnera la pluie » ! Si nous avons abandonné ce chemin, revenons de notre égarement, demandons à Dieu, avec instance, « de la pluie » et si même Il doit « faire des éclairs », si nous devons passer par « la vallée de Baca », il en vaut la peine pour jouir de la bénédiction à la fin !
Que l’exemple du prophète nous soit en aide : sachons mieux entrer dans la pensée de Dieu et intercéder selon Lui au sujet de son témoignage sur la terre ! Connaissons davantage le chemin tracé pour la foi dans les temps les plus sombres, dans les jours d’épreuve et de famine, quand le ciel est fermé et la pluie retenue, chemin dans lequel nous ferons l’expérience des ressources divines et goûterons tout ce que le Seigneur veut accorder à la foi individuelle, une foi vivante et exercée ! Pour notre encouragement, n’oublions pas qu’Élie était « un homme ayant les mêmes passions que nous » !
ME 1961 p.3-8
L’Épître aux Philippiens a été justement appelée « l’épître de l’expérience chrétienne ». Elle nous présente, effectivement réalisée par l’apôtre Paul, la marche du croyant ; non pas la marche avec ses faiblesses et ses manquements, mais la marche dans toute la puissance de l’Esprit. Arrêté dans son activité extérieure, en captivité depuis des années, l’apôtre rencontre des circonstances éprouvantes au plus haut point, mais elles ne le découragent en aucune manière car la puissance qui le fait marcher lui permet de les dominer. En vérité, il marche « sur les eaux ».
Dans quelle mesure savons-nous pratiquement ce qu’est une telle marche ? Nous avons vite dit, pour essayer de nous excuser : « mais nous ne sommes pas l’apôtre Paul ! » L’argument est sans valeur aucune, car précisément, dans cette épître, Paul ne prend pas son titre d’apôtre, il écrit comme étant « esclave de Jésus Christ », et c’est le caractère que chaque croyant est appelé à manifester dans sa marche et dans son service. D’autre part, les ressources auxquelles Paul puisait pour vivre, pour marcher et pour servir sont toujours là, à l’entière disposition de la foi. Ces ressources se résument d’un mot : Christ. Christ, vie, modèle, but, force et joie du croyant, telle est la substance de l’Épître aux Philippiens. Qu’il nous soit accordé la grâce de vivre Christ, trouvant auprès de Lui et en Lui tout ce qui nous est nécessaire pour marcher, un jour après l’autre, comme des imitateurs de celui qui pouvait dire en vérité : « Pour moi, vivre c’est Christ » (Phil. 1:21).
La marche chrétienne, c’est celle de voyageurs, d’étrangers ici-bas : après avoir exhorté les Philippiens, et nous avec eux, à être « tous ensemble ses imitateurs », l’apôtre nous rappelle que « notre bourgeoisie est dans les cieux » (Phil. 3:17, 20). Et il présente tout aussitôt cette vérité du retour du Seigneur, si précieuse à ceux qui cheminent et qui luttent au milieu d’un monde ennemi : « nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur ». Voyageurs ici-bas, nous sommes encore dans des corps d’infirmité, connaissant toutes les souffrances inhérentes à une telle condition, mais le Seigneur à sa venue va transformer le « corps de notre abaissement » et le rendre conforme au « corps de sa gloire ». Déjà, « en Christ » nous sommes « une nouvelle création » (2 Cor. 5:17), mais nous nous trouvons encore au sein de l’ancienne création et, par nos corps, nous y avons toujours part. La création, aujourd’hui « assujettie à la vanité », sera dans un jour à venir « affranchie de la servitude de la corruption » et, pensée infiniment précieuse pour le croyant, le premier acte de cet affranchissement sera précisément, à la venue du Seigneur, « la délivrance de notre corps », ce corps dans lequel nous avons encore à connaître les conséquences du péché et par lequel nous nous trouvons liés à la première création. Le « corps de notre abaissement » ainsi « transformé », rendu semblable au corps glorieux de notre bien-aimé Sauveur, nous n’aurons plus rien à faire avec ce qui est de cette ancienne création (cf. Rom. 8:19 à 25). Telle est l’espérance du croyant, tandis qu’il chemine en ces bas lieux.
Dans cette Épître de l’expérience et de la marche chrétiennes, il était tout à fait à propos que nous soit présenté le retour du Seigneur comme terme de notre pèlerinage ici-bas, délivrance de tout ce qui nous rattache encore à la première création, espérance qui soutient la foi, — et que nous soit présenté aussi le jour de Christ (1:10 ; 2:16). C’est à ce moment-là que tout sera mis en lumière des « conseils des cœurs » (cf. 1 Cor. 4:5) et que seront manifestés les fruits du travail de la grâce divine en nous. C’est alors que le Seigneur montrera de quelle manière nous avons su faire face à notre responsabilité tout au long du chemin parcouru. Pensons à « ce jour-là » !
Ne pas broncher « jusqu’au jour de Christ », c’est ce que l’apôtre demandait à Dieu pour les croyants de Philippes, c’est également ce que nous avons à demander sans cesse pour nous-mêmes. Que de difficultés rencontrées dans la marche chrétienne, que d’écueils, que de choses susceptibles de nous faire broncher ! L’ennemi est tellement actif, agissant tout autour de nous aussi bien qu’en nous, s’efforçant de nous faire tomber en chemin… « Ainsi, que celui qui croit être debout prenne garde qu’il ne tombe » (1 Cor. 10:12). Combien nous avons besoin d’être gardés par Celui qui seul a le pouvoir de « nous garder sans que nous bronchions » (Jude 24) ! Mais, qu’Il ait ce « pouvoir » n’enlève rien à la responsabilité qui nous incombe de marcher fidèlement, sans broncher. Si nous voulons y faire face, il est nécessaire en premier lieu « que notre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence » et, pour que notre amour abonde, il nous faut être nourris de Christ : c’est de son amour même que notre amour vivra. La manifestation de cet amour sera alors « en connaissance et toute intelligence », connaissance de la volonté du Seigneur, intelligence de ses pensées. Ce sera un amour vrai, combien différent de ce que nous appelons parfois amour, qui n’est ni « en connaissance » ni « en toute intelligence » ; un amour vrai, qui nous donnera le discernement des « choses excellentes ». Nous accomplissons certaines choses que nous croyons bonnes et qui ne le sont pas, d’autres qui le sont peut-être dans une certaine mesure, mais le secret pour être gardé fidèle dans le chemin c’est de « discerner les choses excellentes », celles qui ont l’entière approbation du Seigneur et plaisent à son cœur. Les « choses excellentes » sont les seules que nous devrions rechercher et accomplir. Nous serons alors « purs », et dans nos pensées et dans nos voies, gardés du mal au milieu d’un monde caractérisé par la souillure et la corruption, et nous pourrons avancer sans broncher « jusqu’au jour de Christ ». Mais il n’y a pas seulement cet aspect négatif — ne pas broncher — il y a aussi du fruit produit, une abondance de fruit. Toute l’activité du croyant est ainsi pour la gloire de Dieu : « étant remplis du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu » (Phil. 1:9 à 11).
Considérons ce qu’est notre propre marche chrétienne et mettons-la en parallèle avec celle qui nous est proposée. Quel sujet de profonde humiliation !
L’apôtre parle aussi du jour de Christ dans cette Épître comme étant le moment où sera manifesté l’achèvement du travail de Dieu en nous : il est « assuré de ceci même, que celui qui a commencé en nous une bonne œuvre l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ » (Phil. 1:6). Dieu a commencé en nous un travail, Il l’achèvera, Il ne serait pas Dieu sans cela, car Dieu ne laisse pas une œuvre inachevée. Ce n’est pas Satan qui aura le dernier mot dans toute l’activité qu’il déploie pour nous faire broncher en chemin, pour ruiner le témoignage individuel et collectif que nous sommes appelés à rendre ; Dieu, au travers de tout, achèvera ce qu’Il s’est proposé, rien ni personne ne pourra l’en empêcher. Une année vient de se terminer, au cours de laquelle Dieu a travaillé en nous avec tous les moyens qu’Il a à sa disposition ; une nouvelle commence, nous pouvons être assurés que l’œuvre de sa grâce se poursuivra en chacun des siens, comme aussi dans l’assemblée qu’Il a acquise « par le sang de son propre fils » (Actes 20:28), et cela au travers de toutes les circonstances par lesquelles nous aurons à passer.
Nous connaissons sans doute bien des exercices douloureux et peut-être serions-nous portés à nous décourager en présence de tant de choses attristantes et humiliantes, mais soyons réconfortés en pensant que, malgré toutes nos faiblesses ou nos obstinations, en dépit de notre volonté propre si souvent manifestée, Dieu poursuit son travail en nous et le mènera à bonne fin. Il nous instruit et nous éduque, Il nous forme, Il nous discipline, Il nous dépouille… Prenons courage, les résultats de ce travail de sa grâce seront mis en lumière « au jour de Jésus Christ » ! Et, comme « de Jacob et d’Israël », il pourra être dit alors : « Qu’est-ce que Dieu a fait ? » (cf. Nomb. 23:23).
Dieu achèvera l’œuvre qu’Il a commencée en nous « jusqu’au jour de Jésus Christ ». Que cette pensée si consolante, si bienfaisante pour des cœurs exercés, ne nous conduise pas cependant à oublier notre responsabilité, à perdre de vue Philippiens 1:9 à 11. Mais qu’elle nous soit un encouragement précieux dans le chemin que nous aurons à parcourir tout au long de l’année qui commence !