Table des matières :
1.1.1 - Péché en général ou péché particulier
1.1.2 - Le Seigneur liant guérison, pardon des péchés, et foi
1.2 - Guérisons (d’inconvertis) : des signes confirmant la Parole
1.3 - Servitude de la corruption, dépérissement de l’homme extérieur
1.4.3 - Intervention préventive
1.4.5 - Buts multiples de Dieu
1.4.6 - Situation à peser. Désordres
1.4.7 - Ne pas persévérer dans un chemin d’égarement
1.5 - Recevoir instruction, retourner à l’Éternel
2 - Correspondance au sujet du recours aux médecins
3 - La maladie d’Épaphrodite — Phil. 2:25-27
Maladies : P. Fuzier - ME 1966
p.29-40
Correspondance : auteur inconnu (A.Gibert probablement) - ME 1968 p 78-82
La maladie d’Épaphrodite - ME 1957 p. 223, 224
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest
La maladie est l’une des conséquences de l’entrée du péché dans le monde. Adam n’aurait jamais connu dans le jardin d’Éden ni la maladie, ni la souffrance, ni la mort s’il avait obéi au commandement de l’Éternel qui lui défendait de manger « de l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Gen. 2:17). C’est à l’instigation de Satan que le premier homme a été conduit à la désobéissance ; il faut d’ailleurs, c’est un principe constant, chercher l’activité de l’ennemi à l’origine de toute désobéissance et la réelle confession d’un péché devrait toujours nous amener à juger ces deux points : comment et pourquoi avons-nous prêté l’oreille à la voix de notre redoutable adversaire ?
Les Juifs voyaient dans la maladie non pas seulement une conséquence générale du péché mais aussi la conséquence directe d’un péché commis par celui qui en était frappé ou par celui qui se trouvait lié à la faute. C’est ainsi, par exemple, que les disciples interrogent le Seigneur au sujet de l’aveugle-né : « Rabbi, qui a péché : celui-ci, ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » (Jean 9:2). La réponse du Seigneur montre bien que la maladie n’est pas toujours une conséquence directe d’un péché commis, si même elle peut l’être parfois, comme l’Écriture nous en donne ailleurs des exemples sur lesquels nous serons amenés à revenir.
Plusieurs scènes des Évangiles nous autorisent à dire que la maladie est bien un des signes de la présence du péché dans le monde ; le Seigneur lie les deux choses et, guérissant la maladie, apporte le pardon des péchés. Il dira par exemple aux scribes : « Pourquoi pensez-vous du mal dans vos cœurs ? Car lequel est le plus facile, de dire : Tes péchés sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi et marche ? Or, afin que vous sachiez que le fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés… ; alors il dit au paralytique : Lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. Et il se leva et s’en alla dans sa maison ». De même lorsqu’Il s’adresse au paralytique du réservoir de Béthesda : « Voici, tu es guéri ; ne pèche plus, de peur que pis ne t’arrive » (Matt. 9:4 à 7 ; Jean 5:14). On pourrait multiplier les exemples. — Remarquons encore que le rétablissement miraculeux de la santé par la puissance du Seigneur est généralement présenté comme découlant de la foi. Aux deux aveugles qui viennent à Lui, Il pose cette question : « Croyez-vous que je puisse faire ceci ? », question à laquelle ils répondent : « Oui, Seigneur » ; « Alors il toucha leurs yeux, disant : Qu’il vous soit fait selon votre foi. Et leurs yeux furent ouverts ». Au lépreux guéri qui, seul des dix, revient sur ses pas pour glorifier Dieu et rendre grâces à Jésus en se jetant à ses pieds, le Seigneur adresse cette parole : « Lève-toi, et t’en va ; ta foi t’a guéri ». Nous pourrions rappeler également l’histoire de la femme cananéenne et, là encore, multiplier les exemples. Ceux que nous avons cités (Matt. 9:28, 29 — comp. Marc 10:51, 52 ; Luc 17:15 à 19 ; Matt. 15:28) suffisent pour établir que les maladies sont bien, d’une manière générale, une conséquence de la nature pécheresse de l’homme ; mais « la puissance du Seigneur était là pour les guérir » (Luc 5:17).
Cette puissance était exercée par le Seigneur Lui-même ou encore par le moyen des disciples, envoyés par Lui. Après qu’Il les eut envoyés deux à deux, leur donnant autorité sur les esprits immondes, il nous est dit qu’ils « prêchèrent qu’on se repentît, et chassèrent beaucoup de démons, et oignirent d’huile beaucoup d’infirmes et les guérirent » (Marc 6:7, 12, 13). Les douze ne pouvaient déployer une telle puissance que par la foi, dans l’exercice du jeûne et de la prière, ainsi que le Seigneur devait le leur montrer dans une circonstance où leur incapacité avait été manifeste (cf. Marc 9:14 à 29).
Après l’ascension du Seigneur, les apôtres, envoyés pour
« prêcher l’évangile à toute la création », reçurent des « dons
signes », en particulier le pouvoir de guérir les malades et les infirmes,
« le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant
la parole
par les signes qui l’accompagnaient » (cf. Marc 16:15 à 20).
Mais il faut souligner ici deux points importants : tout d’abord, ces
« signes » n’ont été donnés que pour un temps, ils n’étaient plus
nécessaires pour « confirmer la parole » des envoyés du Seigneur
lorsque l’ensemble des écrits inspirés, la Parole complète, devint le moyen de
discerner le caractère de l’envoyé (de sorte qu’il faut prendre garde
aujourd’hui à la véritable origine de l’activité des guérisseurs ou prétendus
tels) ; ensuite, ce pouvoir de guérison ne fut exercé que durant la
période où le Saint Esprit pouvait agir puissamment, sans être contristé comme
il l’est de nos jours, et seulement pour servir de « signe, non à ceux qui
croient, mais aux incrédules » (1 Cor. 14:22). Il nous est dit par
exemple : « Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les
mains de Paul ; de sorte que même on portait de dessus son corps des
mouchoirs et des tabliers sur les infirmes ; et les maladies les
quittaient et les esprits malins sortaient » (Actes 19:11, 12). Par la
puissance de Dieu, Paul guérissait les malades de corps et d’esprit. Actes
28:8, 9 nous le montre encore guérissant le père de Publius
et les autres malades qui se trouvaient dans l’île de Malte. Mais cette
puissance n’a été exercée par lui ni pour guérir Épaphrodite,
ou Trophime laissé « malade à Milet », ni
Timothée sujet à de « fréquentes indispositions » (Phil. 2:27 ;
2 Tim. 4:20 ; 1 Tim.
5:23). C’est donc bien que la maladie ne peut être considérée de la même
manière suivant qu’elle atteint un croyant ou un inconverti, bien qu’elle
demeure toujours et pour tous une conséquence de l’entrée du péché dans le
monde.
Pour le croyant en effet, la maladie est bien une des preuves les plus saisissantes de la chute ; elle fait partie de « la servitude de la corruption » dont parle l’apôtre (Rom. 8:21) et constitue l’un des aspects — l’une des causes ou aussi l’un des effets, suivant le cas — du dépérissement de « l’homme extérieur » (cf. 2 Cor. 4:16). Bien des maladies de ceux qui atteignent un âge avancé ne sont pas autre chose que la conséquence de ce dépérissement de l’homme extérieur.
Mais le croyant est appelé à voir dans la maladie l’un des moyens dont Dieu se sert, dans son amour, pour l’exercice de sa discipline envers lui, dans le sens le plus large du terme, c’est-à-dire l’ensemble de ses dispensations à son égard en vue de sa formation. N’oublions pas que la discipline du Père s’exerce uniquement envers ses enfants ; le « tous » de Héb. 12:8 désigne seulement les « fils » et non tous les hommes, le contexte le montre à l’évidence. Les incrédules ont affaire, comme tous les hommes indistinctement, avec le gouvernement de Dieu, selon le principe posé en Galates 6:7 ; mais ils ne connaissent jamais la discipline du Père à l’égard de ses enfants puisqu’ils n’en sont pas, bien que Dieu puisse se servir d’une maladie pour amener un incrédule à la repentance et à la foi en Christ.
La maladie peut être, dans certains cas, un châtiment envoyé par Dieu, une discipline « corrective » pour un croyant qui va toujours plus loin sur un chemin d’égarement, ayant refusé d’écouter tous les avertissements qui lui ont été adressés. Si nous désobéissons aux enseignements de la Parole, raisonnant dans nos cœurs pour essayer de nous justifier ou d’apaiser notre conscience, méprisant tout avertissement, soyons assurés que tôt ou tard Dieu interviendra pour nous ramener car Il nous aime beaucoup plus qu’un père n’aime un enfant indocile et rebelle. — Lorsqu’Asa « fut malade des pieds », c’était n’en doutons pas un châtiment infligé par Dieu à ce roi qui, au lieu de s’appuyer sur Lui seul, avait cherché du secours auprès du roi de Syrie et qui, après avoir ainsi « agi follement », « s’irrita contre le voyant, et le mit en prison », puis « opprima quelques-uns du peuple » ; c’était aussi un moyen de manifester son état. Asa reste sourd et rebelle : pas plus qu’il ne l’avait fait lors de ses luttes avec Baësha, roi d’Israël, « dans sa maladie aussi, il ne rechercha pas l’Éternel, mais les médecins » (2 Chron. 16:7 à 14). Image d’un croyant qui a manqué, qui est averti de telle ou telle manière, qui au lieu d’écouter « s’irrite » et « s’indigne » contre les instruments dont Dieu se sert pour lui parler, et qui, atteint par une maladie envoyée comme châtiment, cherche la guérison auprès des seuls médecins, au lieu de recevoir l’instruction que Dieu veut lui donner par ce moyen, ce qui serait pour lui le vrai chemin de la restauration, de la guérison, de la bénédiction ! Prenons garde de ne pas imiter l’exemple d’Asa si nous avions à connaître des circonstances semblables ! — Par quels exercices profitables, au contraire, est passé un Ezéchias lorsqu’il fut « malade à la mort » ! Aussi nous est-il dit que « ayant été malade, il fut rétabli de sa maladie » (Ésaïe 38). Que de fois on aimerait faire comprendre à tel ou tel malade que la guérison n’est pas tellement dans le secours du médecin (si utile qu’il puisse être comme donné par Dieu et reçu de Lui), mais dans la confession et l’humiliation !
Une maladie envoyée à un croyant peut être aussi, entre les mains de Dieu, un moyen pour le garder, le préserver d’une chute à laquelle il pourrait être exposé. C’est ainsi qu’il fut donné à l’apôtre Paul « une écharde pour la chair » afin, dit-il, « que je ne m’enorgueillisse pas » ; et cela l’amène à se glorifier dans ses infirmités, à y prendre plaisir (cf. 2 Cor. 12:7 à 10). Il s’agit là d’une discipline que nous pourrions appeler « préventive » et qui n’est en aucune manière un châtiment de Dieu, bien que, dans le cas de l’apôtre, Dieu se serve d’un « ange de Satan pour le souffleter » (ib. 7).
La maladie peut être également, pour un croyant fidèle, l’épreuve de la foi. Dieu la lui envoie, le fait passer par un tel chemin, pour montrer ce que peut produire la vie divine, dans la puissance de l’Esprit Saint, au travers de circonstances douloureuses où l’on voit les conséquences de la désobéissance et de la chute du premier homme. S’approcher de tels malades, c’est être le spectateur de véritables triomphes. Dieu opère ce qu’écrit David dans le Psaume 41 : « Tu transformeras tout son lit, quand il sera malade » (v. 3). Une telle épreuve sera « trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pierre 1:7). Quel encouragement précieux pour celui qui est appelé à la traverser !
Dans bien des cas sans doute, et sans que nous perdions de vue les distinctions qui précèdent, Dieu poursuit un double but en dispensant à l’un des siens telle ou telle maladie : Il veut produire en lui, pour qu’il en opère le dépouillement, la recherche de ce dont Il aimerait le voir délivré, quelque mal, quelque habitude, quelque relation qui le fait désobéir à la Parole ; Il veut ensuite développer chez lui les activités du nouvel homme. De telle sorte que si l’homme extérieur est amené à dépérir, l’homme intérieur l’est à se renouveler de jour en jour (cf. 2 Cor. 4:16). Quelle bénédiction le croyant trouvera dans la maladie chaque fois qu’il en sera ainsi, et quel témoignage il rendra tout autour de lui ! Et même une discipline envoyée comme châtiment pourra devenir l’épreuve de la foi, l’histoire de Josaphat en est un exemple bien connu (cf. 2 Chron. 18 à 20). Remarquons d’ailleurs à ce propos que le même cas de maladie présente souvent, tout à la fois, plusieurs sinon l’ensemble des caractères que nous venons de distinguer dans les paragraphes précédents. Remarquons aussi que par le moyen des maladies — et, plus généralement, des épreuves qu’Il trouve bon de nous dispenser — le Seigneur parle à l’entourage familial et à l’assemblée tout autant et parfois plus qu’au malade lui-même.
Certes, dans tous les temps les enfants de Dieu ont eu à connaître bien des souffrances, à traverser bien des maladies, mais ne semble-t-il pas que dans les jours actuels de semblables exercices se trouvent multipliés ? Cela ne devrait-il pas au moins nous conduire à de sérieuses réflexions ? Nous voulons bien penser que nombre de maladies endurées par tant de chers enfants de Dieu sont l’épreuve de leur foi — nous en avons eu, et en avons encore, de très précieux témoignages, Dieu en soit béni ! — ; d’autres sont de ces disciplines « préventives » ou « formatives », qui nous sont dispensées pour nous préserver de chute ou en vue de notre formation, de notre développement spirituel, pour nous préparer peut-être à l’accomplissement de tel service que le Seigneur veut nous confier. Mais n’en est-il pas, parfois, qui sont à l’aboutissement d’un chemin de désobéissance et ne peut-on en être frappé ? À une assemblée en désordre, l’apôtre écrivait : « C’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment. Mais si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde » (1 Cor. 11:30 à 32). N’arrive-t-il pas, hélas ! que nos vies individuelles, nos maisons, une assemblée locale peut-être, soient plus ou moins caractérisées par un certain désordre ? Nous ne voulons pas tant parler de dérèglements qui révoltent les consciences — bien qu’ils puissent être parfois — mais de l’oubli, dans la marche pratique, de ce qu’est l’ordre selon Dieu. Dieu nous donne des enseignements dans sa Parole ; y obéir nous fera marcher dans le respect de l’ordre établi par Lui, tandis que lorsque nous y désobéissons l’ordre selon Dieu n’est plus maintenu et, que nous en ayons conscience ou non, nous vivons dans un désordre plus ou moins accusé. Sans doute pas grave à nos yeux dans la plupart des cas : nous agissons selon nos pensées ou sentiments personnels, désireux de faire pour le mieux et nous croyons fermement avoir ainsi l’approbation de Dieu, perdant de vue qu’elle ne peut nous être accordée que si nos voies sont réglées par la Parole et par la Parole seule. Nous péchons souvent « par erreur », c’est-à-dire en « ne faisant pas tous ces commandements » (cf. Nomb. 15:22 et suivants) : cela résulte, en bien des cas, de notre peu de connaissance de l’Écriture, de l’ignorance où nous sommes de tel de ses enseignements. Dieu permet que, tôt ou tard, l’enseignement ignoré ou oublié nous soit rappelé ; il serait grave alors de continuer à agir comme par le passé, au lieu de confesser un péché que Dieu est prêt à pardonner : cela nous conduirait au péché « par fierté ». De l’âme qui a commis un tel péché, il est dit qu’elle a « outragé l’Éternel », « méprisé la parole de l’Éternel » et « enfreint son commandement » (cf. Nomb. 15:30, 31). Ce n’est plus « ne pas faire tous ces commandements… tout ce que l’Éternel vous a commandé », mais « enfreindre » positivement un commandement de Dieu que l’on ne peut prétendre ignorer.
Dieu nous garde de prendre ces choses à la légère et de persévérer dans un chemin de désobéissance à sa Parole ! Bien des arguments sont parfois mis en avant pour essayer d’excuser une telle conduite : Dieu est plein de grâce, dira-t-on par exemple, Il sait quelle est notre extrême faiblesse, notre incapacité à faire tout ce qu’Il nous demande… — comme si Dieu ne nous avait pas donné toutes les ressources nécessaires pour une marche fidèle, nous commandait ce que nous ne pouvons accomplir et pouvait se satisfaire de désobéissances délibérées et non jugées ; ou encore : Mais il en est tant qui n’y regardent pas de si près et qui sont si heureux, dont les affaires prospèrent… — comme si les culpabilités des uns ou des autres pouvaient être une justification de nos propres défaillances et comme si nous n’avions pas chacun affaire avec Dieu et si nous ne devions pas tous comparaître un jour devant le tribunal de Christ ! ; ou bien même : Après tout, nous avons toujours agi ainsi, pourquoi changer ? — comme si la patience et le support de Dieu envers nous pouvaient justifier la persévérance dans le mal ! L’on pourrait citer bien d’autres argumentations du même genre ; qu’il nous suffise de poser la question : qui peut seul nous suggérer de telles pensées, sinon l’ennemi de nos âmes ? C’est lui qui, par le moyen de tant de ruses subtiles, nous conduit insensiblement et souvent même sans que nous en ayons conscience sur un chemin d’égarement. Il nous habitue à des désobéissances, généralement peu graves à nos yeux (mais aux yeux de Dieu, toute désobéissance est grave dans son principe même), puis à d’autres qui revêtent un caractère plus sérieux et c’est ainsi qu’il s’efforce de nous entraîner toujours plus loin dans cette voie ! Si nous restons sourds à tous les appels de la grâce divine, si nous refusons d’écouter, l’ennemi finira par nous endurcir dans la désobéissance : un croyant qu’il a engagé dans un tel chemin perd toute force spirituelle pour résister aux tentations et devient une proie facile pour l’adversaire qui a de plus en plus d’emprise sur lui et peut même aller dans certains cas jusqu’à prendre possession de son esprit, ce que Dieu permet dans l’exercice de son gouvernement.
On parle beaucoup de nos jours de maladies mentales et de maladies nerveuses, sans doute plus qu’en d’autres temps. En dehors de celles qui peuvent provenir d’une certaine hérédité, ou, encore, de l’affaiblissement de facultés usées par l’âge, sont-elles toutes uniquement la conséquence de l’agitation des villes, des conditions de l’existence moderne qui provoque une incontestable fatigue nerveuse ? On peut se le demander. Au début de son histoire, il nous est dit de Saül que « l’Esprit de Dieu le saisit » ; mais ensuite, après que Samuel lui eut déclaré : « Parce que tu as rejeté la parole de l’Éternel, il t’a aussi rejeté comme roi », nous lisons : « Et l’Esprit de l’Éternel se retira d’avec Saül, et un mauvais esprit envoyé par l’Éternel le troublait », esprit qui ne se retirait de lui que grâce à l’intervention de David « fils d’Isaï, le Bethléhémite, qui sait jouer, un homme fort et vaillant, et un homme de guerre, et qui a l’intelligence des choses, et un bel homme, et l’Eternel est avec lui » (cf. 1 Sam. 10:6, 10 ; 15:23 à 26 ; 16:14 à 23). Dieu a la puissance de garder nos esprits aussi bien que nos corps. Job, traversant une douloureuse épreuve, a pu Lui dire : « Tu m’as donné la vie, et tu as usé de bonté envers moi, et tes soins ont gardé mon esprit » ; Dieu avait permis à Satan de « toucher à ses os et à sa chair » mais Il a « gardé son esprit » (Job 2:4 à 7 ; 10:12). Pourquoi donc permet-Il que l’ennemi agisse sur l’esprit d’un racheté, parfois jusqu’à en prendre possession ? Certes, Il est Souverain et qui peut percer le secret de ses voies ? Que cependant de telles circonstances nous conduisent à de profonds exercices avec Lui qui, dans la communion réalisée, peut s’Il le juge à propos nous faire connaître alors quelque chose de son « secret » (cf. Ps. 25:14). Et quoi qu’il en soit, nous pouvons au moins poser la question : ne peut-il y avoir parfois, dans de semblables circonstances, comme ce fut le cas pour Saül le roi impie (s’il fut le roi selon la chair, son histoire ne nous montre-t-elle pas, précisément, ce à quoi peut conduire l’activité de la chair en nous ?), une discipline de Dieu à l’égard de l’un des siens qui a méconnu tel enseignement de sa Parole et qui a persisté dans ses voies alors qu’Il lui adressait, par tant de moyens à sa disposition, des avertissements qu’il a refusé d’écouter, imitant le triste exemple du roi Asa ? Des désobéissances répétées, non jugées, font de nous une proie facile pour l’adversaire et sont susceptibles d’amener sur nous un châtiment de Dieu, pour l’exercice duquel Il peut se servir de Satan comme instrument. Comme ce fut le cas pour Asa, tous les médecins du monde sont impuissants dans de telles maladies, c’est vers Dieu que l’âme doit se tourner, dans l’humiliation et la confession sincère de son péché, criant à Lui pour une pleine délivrance et une entière restauration.
Dieu nous préserve de passer rapidement et avec plus ou moins d’indifférence sur tant de douleurs qui atteignent la famille de la foi ! Puissions-nous « regarder », « y appliquer notre cœur », « voir » et chacun en « recevoir instruction » (cf. Prov. 24:32). Dieu nous parle et de bien des manières, « recherchons nos voies, et scrutons-les, et retournons jusqu’à l’Éternel » (cf. Lam. de Jér. 3:22 à 42). Il est prêt à recevoir une confession droite et franche et à pardonner entièrement celui qui la fait (cf. 1 Jean 1:9), que cela encourage à l’abandon d’un chemin d’égarement une âme qui y persévérerait, peut-être parce qu’elle n’a connu jusqu’ici aucune discipline douloureuse. Gardons-nous d’oublier que ce n’est jamais nous qui aurons le dernier mot, Dieu en soit béni !
Par dessus tout, puissions-nous être profondément pénétrés de l’amour dont le Seigneur nous aime, de ce qu’Il a fait et de ce qu’il fait pour nous, de ce qu’il est pour nous tout le long du chemin et que cet amour touche nos cœurs de telle manière que, à l’imitation de notre parfait Modèle, nous soyons amenés à dire en toute vérité : « C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles » (Ps. 40:8).
Auteur inconnu (A.Gibert probablement)
ME 1968 p 78-82
« Comment expliquer, à des incrédules surtout, mais aussi à des chrétiens faibles en foi (Rom. 14) que (sans penser le moins du monde aux théories de certaines sectes de nos jours !) nous estimons légitime de recourir à la médecine, alors que nous affirmons être aux soins du Seigneur, entièrement, pour tous les besoins de notre vie ? Je vous avoue n’être pas au clair là-dessus, ni tellement sûr de moi lorsque je vais consulter un docteur. Je me souviens trop d’Asa — et même d’Achazia en un sens, car le principe du manque de confiance était au fond le même…
À voir la facilité avec laquelle beaucoup de chrétiens se tournent vers le docteur et semblent attendre leur secours de la médecine seule, on peut se demander s’ils n’en ont pas entièrement oublié le sens de la discipline paternelle (Hébreux 12) et le rôle si profondément bienfaisant de la souffrance. Hélas, ne vivons-nous pas trop souvent à la manière des hommes, en conformité avec ce siècle ? L’esprit laodicéen, en ce domaine, autant et plus encore peut-être qu’en un autre, nous atteint manifestement. Que Dieu nous garde de nous y engager plus avant ! Car n’est-ce pas ce qui caractérise l’homme d’aujourd’hui, que cette superbe confiance en lui-même, en son pouvoir, ne voulant plus reconnaître en rien la main de Dieu, et prétendant se débarrasser de tous les maux par son génie ? »
L’article « sur les Maladies » publié dans le Messager évangélique de 1966, page 29, répond en partie à la question de notre frère, et la réponse que nous croyons pouvoir donner ci-après à sa demande, à savoir s’il est légitime pour un croyant de consulter un médecin en cas de maladie, découle tout naturellement des considérations que l’on trouvera dans l’article en question.
La maladie est un des moyens les plus habituels et les plus efficaces employés par notre Père pour parler à ses enfants, que ce soit à titre de discipline paternelle — ou pour nous apprendre une leçon (la patience par exemple) — ou pour nous arrêter sur un mauvais chemin — ou pour nous mettre en garde contre des dangers que nous ne voyons peut-être pas — ou pour nous mettre un temps, ou définitivement, à l’écart de notre service habituel — ou pour nous humilier — ou pour nous apprendre à sympathiser avec d’autres malades — ou pour être en témoignage à d’autres (personnel d’un hôpital et voisins de lit par exemple — ou encore pour exercer nos proches, etc. Les leçons sont variées et il nous appartient de les apprendre en les acceptant humblement, avec reconnaissance et même avec joie, au lieu de nous plaindre, comme c’est, hélas, souvent le cas.
À première vue, ce qui précède pourrait paraître justifier la pensée que, puisque Dieu nous a envoyé la maladie, il ne nous appartient pas, à nous, de chercher à y mettre fin en consultant un médecin ou en prenant des médicaments. Mais, en agissant ainsi, en refusant les soins et les médicaments que Dieu, dans sa bonté, met à notre disposition et que Lui seul peut rendre efficaces, nous pouvons tout aussi bien manifester de la volonté propre. Avons-nous le droit de le faire ? Les soins du médecin et les remèdes qu’il prescrit ne sont-ils pas les moyens de guérison mis à notre portée par la main toute-puissante et bénissante à laquelle nous avons à regarder avec dépendance et confiance ? Ce n’est pas, en effet, dans le médecin lui-même, ou encore le chirurgien, qu’il nous convient de mettre notre confiance, mais en Dieu seul qui, si nous le Lui demandons et s’il le juge bon, donnera efficacité au remède prescrit et guidera la main du chirurgien.
Le cas d’un malade refusant cette aide nous paraît semblable à celui d’un homme qui, près de se noyer, repousserait une main tendue vers lui pour le sauver, en disant : « Je m’attends à Dieu seul pour me tirer de là ». N’est-ce pas Dieu qui lui envoie un sauveur ?
Négliger la santé de notre corps en alléguant le fait incontestable que Dieu en prend soin serait, au fond, la même chose que se refuser à tout effort en vue de nous nourrir, du moment que nous avons demandé à Dieu, conservateur de tous les hommes et spécialement des fidèles, de nous donner le pain qu’il nous faut ; ce serait méconnaître Genèse 3:17. En fait, il n’y a pas de différence fondamentale entre un usage sobre et sain de la médecine, et l’alimentation de nos corps. Le tout est de voir en notre Père la source unique de tout bien.
Qu’a fait l’apôtre Paul pour que Timothée fût soulagé de ses fréquentes indispositions ? Il ne l’a pas guéri miraculeusement, comme sans doute il aurait pu le faire, ni engagé à ne rien faire en attendant la guérison, mais il lui a proposé un remède : « Use d’un peu de vin » (1 Tim. 5:23). Le bon Samaritain use d’huile et de vin pour soigner le blessé, et Ésaïe de même ordonne une masse de figues pour guérir l’ulcère dont souffrait Ezéchias. Le prophète Jérémie parle du baume de Galaad, de médecin et d’appareil de pansement (Jér. 8:22).
Notre correspondant cite le cas d’Asa. Il est dit, en effet (2 Chron. 16:12), que, dans sa maladie, il ne rechercha pas l’Éternel, mais les médecins. Son péché a donc été de rechercher les médecins au lieu de l’Éternel, alors que Lui seul peut agir, le cas échéant, par le moyen des médecins : ils n’ont aucun pouvoir sans le secours de l’Éternel ; et si nous mettons notre confiance en eux, nous serons confus.
Admirons donc, et célébrons la bonté de Dieu qui met à la disposition des hommes des remèdes efficaces dans la mesure où il le trouve bon. N’est-ce pas là un sujet de reconnaissance à ajouter à tant d’autres, « car sa bonté demeure à toujours » ?
Dieu veuille nous garder d’agir comme Asa.
Nous désirons ajouter encore à ce sujet les deux remarques suivantes. Il ne nous semble pas, comme on le croit parfois, que ce soit une preuve de foi que de refuser les soins d’un médecin pour des motifs dits religieux, et d’utiliser, par contre, pour se soigner, des moyens empiriques prônés par les journaux, ou par des personnes incompétentes. D’autre part, ne manque-t-il pas aussi parfois de foi en Dieu, celui qui s’adresse à un premier médecin, puis à un second, puis à un autre encore, sans autre motif que vouloir hâter une guérison estimée trop lente ? N’est-ce pas là, non seulement manquer de confiance envers les médecins, mais surtout manquer de foi envers Celui qui dirige les médecins ?
Bien que le sujet soit quelque peu différent, on lira ou relira avec profit la brochure « La prière et les guérisons » par S. P.
Auteur inconnu
ME 1957 p. 223, 224
… Il y avait assez de puissance dans l’Église au commencement pour guérir toutes espèces de maladies ; mais nous ne voyons pas que ce genre de puissance ait été employé pour l’Église.
L’Église devait connaître des choses plus profondes que les signes et les miracles qui peuvent étonner l’âme sans l’introduire dans la communion avec Dieu. L’Église est placée dans la pleine possession de la vie, et c’est le bon plaisir du Seigneur que de donner à ses membres la force de supporter le poids de la maladie ; ou de faire que la maladie soit pour eux l’occasion de manifester leur propre sympathie et de mettre en exercice l’amour des saints. Il vaut mieux apprendre à connaître la sympathie de Dieu, que d’être témoin de sa puissance et Dieu prend plaisir à voir ses enfants trouver dans son cœur leur asile et leur habitation. Assurément, comme homme, l’apôtre Paul aurait été extrêmement heureux de voir Épaphrodite se rétablir par un pouvoir miraculeux ; mais Paul et Épaphrodite étaient enseignés à la même école. Aussi, l’un et l’autre devaient-ils apprendre ce qu’étaient les trésors de la miséricorde de Dieu. Dieu voit les afflictions de ses saints, Il en a compassion et leur fait connaître non seulement sa puissance mais encore son amour. Il plut à Dieu d’exercer la sympathie de son serviteur Paul par la maladie d’Épaphrodite et aussi de manifester tout ce qu’il y avait de sympathie en Lui-même pour Paul et pour Épaphrodite.
Combien notre foi est petite et sait peu nous introduire dans les sympathies de Dieu ! Combien peu nous savons les faire participer à nos douleurs ! L’injuste pensée qu’Il aime à nous envoyer tristesse sur tristesse ne s’élève que trop souvent dans nos cœurs.