DÉSORMAIS QUE PERSONNE NE VIENNE ME TROUBLER,

CAR MOI JE PORTE EN MON CORPS LES MARQUES DU SEIGNEUR JÉSUS Galates 6:17

Philippe Laügt

Juin 2005


Table des matières :

1 - Les inquiétudes de Paul au sujet des Galates

2 - Application actuelle de l’égarement des Galates

3 - La vie dans la liberté chrétienne

4 - Que personne ne vienne me troubler, car moi, je porte en mon corps les marques du Seigneur Jésus

4.1 - « Que personne ne vienne me troubler »

4.2 - « Je porte en mon corps les marques du Seigneur Jésus »

5 - Conclusion et salutations


1 - Les inquiétudes de Paul au sujet des Galates

L’apôtre Paul est grandement troublé d’avoir à s’adresser aux assemblées en Galatie, trompées par de faux-docteurs. Les Galates sont en grand danger, après les avoir écoutés, d’abandonner la grâce, comme seul moyen de salut, et d’accepter un évangile différent : « Il y a des gens qui vous troublent et qui veulent pervertir l’évangile du Christ » (Gal. 1:7). Ce serviteur fidèle a eu beaucoup de peine en apprenant de si tristes nouvelles !

Dans son épître, l’apôtre met en évidence le contraste qui existe entre :


Il établit également le contraste entre :


Les motifs de ces faux-docteurs étaient particulièrement vils : Circoncis eux-mêmes, ils ne gardaient pas la loi, mais ils voulaient que les Galates soient circoncis « afin de se glorifier dans votre chair », précise Paul (Gal. 6:13). On comprend pourquoi l’apôtre n’hésite pas à écrire : « Si quelqu’un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu’il soit anathème » (Gal. 1:9). Il ne cherchait pas à satisfaire les hommes mais Dieu. Le souci de plaire aux hommes fait perdre de vue le caractère d’esclave de Christ (1 Thes. 2:4) !

Ces faux frères furtivement introduits dans ces assemblées de Galatie, cherchaient à les réduire en esclavage. Or déjà, leurs frères en Christ d’origine juive avaient eu bien de la peine à se détacher des ordonnances, de la circoncision et de l’observance de la loi. Satan aime bien se servir d’une arme qu’il a déjà utilisée avec quelque succès. Les Galates, bien que n’étant pas juifs, étaient en train de tomber dans ce piège. Paul les met en garde contre ce terrible danger : « L’homme n’est pas justifié sur le principe des œuvres de loi, mais par la foi en Jésus-Christ » (Gal. 2:16). Du commencement à la fin, LA FOI est la seule condition pour être justifié. Et cette foi elle-même est un effet de la grâce ! Que par la loi personne ne soit justifié devant Dieu, c’est évident, puisque le juste vivra de foi » (Gal. 3:11). Faire des œuvres pour être sauvé revient à dire que l’œuvre de Jésus à la Croix n’est pas suffisante, ce que semblent encore penser de nombreux chrétiens ! Mais, étant crucifié avec Christ, le croyant est mort à la Loi.

Bouleversé, Paul interroge : « Ô Galates insensés, qui vous a ensorcelés, vous devant les yeux de qui Jésus a été dépeint crucifié » (Gal. 3:1). Le zèle de l’apôtre pour la vérité s’accompagne d’un grand amour pour ces pauvres Galates. Il se demande, avec angoisse, si après avoir commencé par l’Esprit, ils vont achever par la chair et retourner aux faibles et misérables éléments auxquels ils ont été asservis dans le passé ? (Gal.3:3 et 4:9). Au commencement de son ministère auprès d’eux, il les avait, dit-il, évangélisés dans l’infirmité de la chair. Mais il se plaît à rappeler combien leur cœur s’était montré dévoué à son égard. Si la chose avait été possible, ils auraient été prêts à arracher leurs propres yeux pour les lui donner ! Était-il maintenant devenu leur ennemi, en leur disant la vérité ? (Gal. 4:13-16). Si nos convictions changent dès que le serviteur qui nous a annoncé la Parole est parti (Gal. 1:12, 15-16), elles sont bien fragiles ! Notre foi doit reposer fermement sur les enseignements de la Parole de Dieu !

Paul appelle les Galates ses enfants : ils étaient le fruit de son ministère (Gal. 4:19 ; 1 Thes. 2:11-12). Combien il voudrait être près d’eux et changer de langage ! Pour l’instant sa perplexité est grande mais remarquons-le, il ajoute : « J’ai confiance à votre égard dans le Christ Jésus » (Gal. 4:19-20 ; 5:10).


2 - Application actuelle de l’égarement des Galates

Peut-être pensons-nous ne plus courir le danger aujourd’hui de nous replacer sous la Loi ? Détrompons-nous, c’est mal nous connaître que de penser cela ! Chaque fois que l’on se complaît dans sa conduite, avec cette pensée secrète que Dieu serait redevable à l’homme de quelque chose, on a une attitude légaliste. Quand on prend une résolution, sans compter sur le Seigneur ou en se comparant aux autres à son avantage, on montre un esprit de propre justice, attitude qui est en réalité ennemie de la grâce. Pour illustrer l’opposition permanente entre la chair et l’Esprit, Paul se sert de l’exemple des deux fils d’Abraham. Isaac était le fils de la promesse, il était né de Sara, la femme libre. À ce titre, il était le seul à pouvoir hériter des promesses que Dieu avait faites à son père. C’est avec lui que devait être établie l’alliance, tandis qu’Ismaël, lui aussi enfant d’Abraham, — mais issu d’Agar, la servante, donc selon la chair, — n’avait aucun droit aux bénédictions promises à son père (Gal. 4:29-30). Toute l’histoire d’Isaac et d’Ismaël met en évidence l’inimitié qui s’en est suivie entre eux, et à leur suite entre leurs descendants (Gen. 21:9-10).


3 - La vie dans la liberté chrétienne

L’homme a toujours considéré la liberté comme le bien le plus précieux. Mais, aussi longtemps qu’il est un esclave de ses passions, il n’en jouit pas : Il faut que le croyant devienne un affranchi du Seigneur, pour être placé dans la liberté (Gal. 5:1 ; Jean 8:36). Cette déclaration du début du chapitre 5, peut être considérée comme la clé de toute l’épître.

Libéré de son esclavage, une question se pose au racheté du Seigneur. Quel usage fera-t-il de cette liberté ? Va-t-il se replacer sous le joug de la Loi ? Ou user de cette liberté comme d’une occasion pour la chair ? Cette vieille nature se trouve encore en lui et se montre toujours disposée, dès qu’on lui en laisse le loisir, à produire de mauvais fruits (Gal. 5:13). Ce serait un retour en arrière désastreux : repasser en somme d’une activité joyeuse au service de son Libérateur à la tyrannie exercée par les multiples idoles de ce monde ! (Gal. 4:8-9 ; Luc 11:26 ; 1 Thes. 1:9). « Tenez-vous donc fermes » dit Paul à ces Galates, venus des nations au christianisme. Ils étaient autrefois esclaves du péché, ils sont maintenant en danger de tomber sous un autre joug de servitude, celui de la Loi. Or personne n’a pu ni ne peut accomplir la loi, sinon le Seigneur, qui a été le seul homme parfait sur la terre. Elle ne justifie personne, mais condamne tous les hommes. En effet, elle met en évidence qu’ils sont tous des transgresseurs. Cette loi sainte a pour effet de rendre le péché excessivement pécheur (Rom. 7:12-13)

On comprend que le chrétien a le privilège et la responsabilité d’employer cette liberté, avec le secours de l’Esprit, puissance de la vie nouvelle, si chèrement payée par son Sauveur, à servir Dieu en servant aussi son prochain. Et finalement, c’est ainsi qu’il peut, dans une mesure, accomplir la loi, car : « celui qui aime les autres a accompli la loi » (Rom. 13:8-9 ; Jean 13:34). L’amour divin est versé dans notre cœur par l’Esprit qui nous a été donné.


Dans cette épître, le croyant est déclaré « mort à la loi », afin de vivre à Dieu (Gal. 2:19). Il a « crucifié la chair » avec ses passions et ses convoitises, pour vivre par l’Esprit (Gal. 5:24). En outre, le monde lui est aussi crucifié et il l’est au monde. Dorénavant pour le racheté, la Croix, qui tient une grande place dans cette épître, est son seul sujet possible de gloire (Gal. 6:14). Répétons-le : désormais ce monde n’a pas plus de droits sur le croyant que le croyant n’en a sur lui ! Une barrière infranchissable se dresse entre eux : la Croix du Seigneur Jésus Christ.

Paul était crucifié avec Christ, il ne vivait plus, lui, mais Christ vivait en lui. Ce qu’il vivait encore dans la chair, il le vivait dans la foi au Fils de Dieu, qui l’avait aimé et s’était livré lui-même pour lui (Gal. 2:20) ! Quel homme heureux et digne d’envie ! Heureux ceux qui suivent son exemple dans un temps où la tendance est de faire toujours plus de concessions à ce monde, dans le domaine social ou même politique.

« Car ni la circoncision ni l’incirconcision ne sont rien, mais une nouvelle création » affirme aussi l’apôtre (Gal. 6:15). Ces distinctions auxquelles les hommes ont accordé tant de prix, ont perdu toute signification dans la nouvelle création, à laquelle appartiennent désormais tous les croyants sans distinction. Elle seule a maintenant du prix aux yeux de Dieu.

Avant de terminer son épître, Paul souhaite paix et miséricorde à ceux qui marchent selon cette règle de la nouvelle création, qu’ils soient circoncis ou non ! Et il emploie pour les désigner une expression remarquable : « l’Israël de Dieu ». Il faut comprendre par ce terme tous ceux qui, par la foi, sont dans une relation vitale avec Christ (Gal. 6:15-16).


4 - Que personne ne vienne me troubler, car moi, je porte en mon corps les marques du Seigneur Jésus

4.1 - « Que personne ne vienne me troubler »

Mais à son souhait de bénédiction adressé à de tels croyants, l’apôtre lie une injonction : « Désormais que personne ne vienne me troubler, car moi, je porte en mon corps les marques du Seigneur Jésus » (Gal. 6:17). C’est la même expression que le Seigneur utilise dans Matthieu 26:10, en parlant à ses disciples de la femme qui a répandu sur Sa tête le parfum de grand prix. Cette expression est traduite alors par « donner du déplaisir ».

Cette épître est pleine de sujets de trouble. Les Galates aussi avaient été troublés. Paul vient justement d’écrire : « Celui qui vous trouble, quel qu’il soit, en portera le jugement » et encore : « Je voudrais que ceux qui vous bouleversent se retranchassent même » (Gal. 5:10, 12). Rempli de sollicitude pour toutes les assemblées, Paul aussi avait été troublé. Il a dû écrire : « Mes enfants pour l’enfantement desquels je travaille de nouveau jusqu’à ce que Christ ait été formé en vous » (Gal. 4:19) ! Tout le trouble venait de ces docteurs judaïsant, qui cherchaient à pervertir la foi de ces jeunes convertis, tout en attaquant Paul lui-même, mettant en doute sa sincérité et même son apostolat !


4.2 - « Je porte en mon corps les marques du Seigneur Jésus »

Autrefois et même parfois encore aujourd’hui, on marquait au fer rouge les criminels pour stigmatiser leur mauvais état, mais aussi les esclaves, avec les initiales de leur maître, auxquels ils étaient censés appartenir « corps et âme ». De telles pratiques expriment souvent la cruauté des hommes à l’égard de leurs semblables. Dans le livre de l’Exode on relève pourtant l’exemple précieux d’un serviteur qui se trouve bien chez son maître et qui l’aime. Il pourrait retrouver sa liberté, mais il dit positivement : « J’aime mon maître, ma femme et mes enfants, je ne veux pas sortir libre ». Alors on le fait approcher de la porte ou du poteau, et « son maître lui percera l’oreille avec un poinçon ; et il le servira à toujours » (Ex. 21:2-6 ; Deut. 15:16). Dans cette figure du serviteur hébreu, on se réjouit de discerner avant tout une image du Seigneur. Cet Homme obéissant, ce parfait serviteur, aurait pu sortir libre et remonter au ciel sans passer par la mort. Mais il serait demeuré seul ! Alors dans son amour infini, il a payé l’immense prix nécessaire pour acquérir une épouse chérie. Son sang versé, ses blessures en restent le gage et proclament, pour l’éternité, l’abaissement volontaire de Celui qui a pris la forme d’esclave (Phil. 2:7).

Paul était un homme ayant les mêmes passions que nous. Mais il a imité de près le modèle que Jésus a laissé sur cette terre (1 Pier. 2:21-23). Durant son service pour son Maître, il a été souvent emprisonné, flagellé, couvert de meurtrissures et même lapidé, laissé pour mort à Lystre. À bon droit il a pu dire : « Soyez mes imitateurs, frères » (Phil. 3:17 ; 1 Cor. 11:1). N’ayons pas honte de souffrir pour Christ. Sortons résolument vers Lui, hors du camp, portant son opprobre (Héb. 13:13).

Le Seigneur avait dit à son serviteur Ananias, en parlant de Saul de Tarse, devenu ensuite Paul, c’est à dire « petit » : « Je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom » (Act. 9:16) ! Que de peines et de maux l’apôtre n’a-t-il pas enduré ! Son corps portait les traces indélébiles de ses souffrances. À tous égards, Il s’était montré un fidèle serviteur, imitateur de Christ (2 Cor. 11:23-33 ; Col. 1:24). Quel contraste avec tous ceux qui cherchent leur propre gloire et évitent soigneusement de suivre un chemin de douleurs. Or la meilleure preuve d’un amour sincère pour Christ, c’est justement d’être prêts à souffrir pour Lui (2 Tim. 2:12).


5 - Conclusion et salutations

Toute cette épître constitue un ardent plaidoyer adressé aux Galates par l’apôtre inspiré. Son cœur a été profondément blessé de voir des frères bien-aimés se laisser séduire et égarer. N’oublions pas l’avertissement solennel que le Saint Esprit adresse à nos propres cœurs dans cette épître ! Le danger de se laisser entraîner vers le légalisme s’est encore accru de nos jours : les affections pour Christ se sont refroidies, même si parfois, de grandes professions de foi proclament le contraire !


Les salutations de l’apôtre n’ont pas la chaleur de celles d’autres épîtres. Les Galates étaient sauvés et, pour cette raison, chers au Seigneur, malgré leur faible état pratique. Mais Paul ne peut qu’être à l’étroit dans ses entrailles, car l’intimité n’est plus possible avec ceux qui abandonnent le seul fondement de la grâce. Se placer à nouveau sous la loi, c’est méconnaître la perfection de l’œuvre de Christ et redonner une place à la chair, pourtant définitivement mise de côté à la Croix. Si l’apôtre a encore confiance à l’égard des Galates, c’est seulement dans le Seigneur.

C’est par le mot « Frères » que s’achève ainsi pratiquement l’épître. Ce n’est pas accidentel. C’est une expression de l’amour et de l’unité entre les rachetés dans la famille de Dieu. Il faut se souvenir de quels soins fidèles notre Père entoure ses brebis en danger de se laisser égarer par de faux-docteurs.