Actes 9:10-19 ; 22:12-16
2 Timothée 2:21
2001
Philippe Laügt
Table des matières :
4 - Le changement intérieur : un vase de miséricorde
5 - Le visiteur de Paul : Ananias
5.1 - Un instrument faible — un disciple obéissant
5.2 - Ne pas craindre ce que Dieu demande
5.6 - Un travail d’âme profond
5.7 - Compassion et cœur pour les âmes
5.9 - Un serviteur fidèle et exemplaire
Saul est mentionné pour la première fois dans la Parole de Dieu au chapitre
7 des Actes. Étienne, plein de grâce et de puissance, a été enlevé et comparaît
devant le Sanhédrin (Act. 6:8-12). L’accusé, rempli
du Saint Esprit,
fait un exposé très solennel de la conduite de ce peuple au cou roide (Ex.
32:9 ; 33:3). Il conclut : « Vous résistez toujours
à l’Esprit
Saint ». Quel contraste entre la paix
de ce disciple, absorbé par la
vision glorieuse de Jésus, debout à la droite de Dieu, et la rage
de ses
adversaires ! (Act. 7:54-56).
Après ce simulacre de jugement, « d’un
commun
accord
,
ils se précipitent sur lui ; et l’ayant poussé hors de la ville, ils le
lapidaient, et les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un
jeune
homme
, appelé
Saul
» (Act. 7:57-58). Les témoins devaient
en effet jeter
la
première
pierre
au condamné (Deut. 17:7 ; Jean 8:3-7).
Pendant sa lapidation, Étienne prie
: « Seigneur Jésus, reçois
mon esprit ». Il se met à genoux et crie à haute voix : « Seigneur, ne leur
impute point ce péché ». Toute cette scène se déroule en présence de ce jeune
homme, Saul. La Parole ajoute qu’il consentait
à
la
mort
d’Étienne » (Act. 8:1).
Au début d’Actes 9 on le retrouve « respirant encore menace
et
meurtre contre les disciples du Seigneur ». Ravager
l’Assemblée était
devenue sa raison de vivre (Act. 9:3). Il le confessera plus tard
publiquement : « J’ai persécuté cette
voie
jusqu’à la mort,
liant les hommes et les femmes, et les livrant pour être mis en prison » (Act.
22:4).
Le but précis du voyage de Saul à Damas est de « trouver dans les synagogues
quelques-uns qui fussent de
la
voie
, et les amener, hommes
et femmes, liés à Jérusalem » (Act. 9:3). Les adeptes juifs
de « la voie »,
c’est à dire de l’Église à ses débuts, (Act. 18:25-26 ; 19:9, 23 ;
22:4 ; 24:14, 22) s’exposaient à être poursuivis comme apostats
.
Mais la puissance de Dieu va arracher
à Satan un de ses meilleurs
instruments et l’enrôler à Son service. Celui qui jusqu’ici était un blasphémateur
,
un persécuteur
, un outrageux
(1 Tim. 1:13-15 ; Gal. 1:13)
est « saisi
par
le
Christ
», jeté à terre à proximité
de Damas (Phil. 3:12). Il occupe désormais une grande et belle place dans le
Nouveau Testament !
Aveuglé soudain par une lumière
qui brille du ciel comme un éclair autour
de
lui
, il apprend que Celui qui l’interpelle en langue
hébraïque, du haut de la gloire : « Saul ! Saul » (Act. 26:14) :
est ce
Jésus
qu’il persécutait, en
persécutant
les
siens
. Le Seigneur, la Tête glorifiée dans le ciel, s’identifie
toujours avec ses rachetés. Ils lui sont intimement liés, comme les membres de
son Corps. Ses pauvres disciples que Saul voulait amener prisonniers à
Jérusalem, font partie de Lui-même : (Matt. 25:40, 45 ; Luc 10:16).
Saul de
Tarse
(Act. 22:3) apprend soudain, à sa grande
confusion, que Jésus
qu’il croyait mort, est ressuscité
et qu’Il
est dans la gloire
. Les croyants l’affirmaient (Act. 2 :32 ;
3 :15 ; 5:32), mais Saul avait rejeté leur témoignage. Plus tard,
quelle différence ! Festus cherchera à résumer
le conflit entre Paul et les principaux sacrificateurs des Juifs, en
disant : il s’agit « d’un certain Jésus mort
, que Paul affirmait être
vivant
» ! (Act. 25:19) L’Apôtre défendra à son tour, avec vigueur,
la réalité de la résurrection
de
Jésus
-Christ
, un
point essentiel,
constamment affirmé dans ce livre des Actes.
Maintenant la volonté de Saul est brisée
, son orgueil terrassé
,
et son esprit soumis
. Il demande : « Que dois-je faire, Seigneur
?
Le premier signe de sa conversion et de sa repentance, comme le Seigneur le dit
lui-même, c’est de prier.
Saul reçoit cet ordre : « Lève-toi et va à Damas, et là on te parlera de
toutes les choses qu’il t’est ordonné
de faire » (Act. 22:10). Au
chapitre 26:14-18, Paul, dirigé par le Saint Esprit, raconte à nouveau cette
scène devant le roi Agrippa. On apprend que le Seigneur lui a dit : « Il
t’est dur de regimber contre les aiguillons ». Peut-il avait-il été déjà repris
dans sa conscience, en montrant tant de cruauté ? Mais « la conscience est
comme un chien fidèle, à force de voir passer les mêmes choses, il n’aboie
plus » (Félix Neff).
Saul va-t-il résister
au moment où une si
grande
grâce
se déploie en sa faveur ? Non. il dit au roi
Agrippa : « Je n’ai pas été désobéissant à la vision céleste » (Act. 26:19).
Le Seigneur lui a dit : « Je te suis apparu afin de te désigner pour serviteur
et témoin
, et des choses que tu as vues et de celles pour lesquelles je
t’apparaîtrai » (1 Cor. 9 :1). L’intervention d’Ananias,
envoyé par Dieu, n’est pas mentionnée dans ce récit.
Plusieurs personnes accompagnaient cet orgueilleux pharisien. Leur
intention était de l’aider à accomplir sa cruelle mission. Ils tombent tous à
terre (Act. 26:14) mais après avoir seulement entendu le
son
d’une
voix et avoir été ébloui par une lumière,
sans voir personne (Act. 9:7).
Ils s’arrêtent tout interdits, et quand Saul se relève, « ses yeux étant
ouverts, il ne voyait personne » (Act. 9:8). Désormais il faut le conduire par
la
main
, il est devenu entièrement dépendant
. Il n’y voit
plus, « à cause de la gloire de cette lumière » (Act. 22 :11 ; 2 Cor.
4:6).
Il arrive à Damas dans des conditions totalement différentes de celles
qu’il avait prévues. Ce n’est plus un inquisiteur redouté, mais un pauvre
aveugle
brisé, plein d’angoisse. Il est seul
avec Dieu : un
travail profond
se poursuit dans son âme. « Il fut trois jour sans voir
et il ne mangea ni ne but » (Act. 9:10). Ce temps de solitude est nécessaire, à cause
de la tempête furieuse qui s’est déchaînée en lui. Son terrible passé passe
devant lui.
Il découvre d’abord que devant Dieu, il n’est qu’un pécheur perdu
,
prêt à tomber sous le juste jugement de Dieu. Dans l’ignorance, dans
l’incrédulité, il avait pensé servir Dieu. Mais maintenant il comprend que
devant Sa sainteté, toutes ses bonnes œuvres, sa propre justice, n’étaient
qu’un vêtement
souillé
(És. 64:6).
Toutes ses valeurs de référence
sont changées : « Les choses qui
pour
moi
étaient un gain
, je les ai regardées, à
cause
du
Christ
, comme une perte
» (Phil. 3:4-8). Il passe par
ces exercices qu’il décrira si bien au chapitre 7 des Romains.
Cet homme religieux, quant à la Loi, pharisien, qui était connu de tous
pour le zèle déployé à persécuter les saints (Phil. 3:4-6) pourra bientôt
dire : « Je
suis
crucifié
avec
Christ
;
et je ne vis plus moi, mais Christ
vit
en
moi
»
(Gal. 2:20). « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création :
les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites
nouvelles et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par
Christ » (2 Cor. 5:17-18).
Il était, lui aussi, un de ces vases tout préparé pour la destruction (Rom.
9:22), mais il est devenu un vase de miséricorde
. La
grâce
du Seigneur a surabondé en
sa
faveur
, avec la foi et
l’amour qui est dans le christ Jésus » (1 Tim. 1:13-16).
Si Pierre avait suivi le Seigneur sur la terre, jusqu’au moment de son
Ascension dans la gloire, Saul — qui sera aussi appelé Paul (Act. 13:9), reçoit
son appel directement
du
Ciel
. Il se voit confié, lui
aussi, « le service de la réconciliation (2 Cor. 5:18-21). Il accomplira dans sa
chair ce qui restait
à
souffrir
des afflictions du Christ
pour son Corps, qui est l’Assemblée (Col. 1:24). Sa course achevée, il est prêt
à être rendu conforme à la mort de Christ, c’est-à-dire à mourir à tout ce à
quoi Christ est mort, même si pour lui cela signifie finalement le
martyre
(Phil. 3:10).
Son apostolat commence au
moment
où Pierre achève le sien. Ce
n’est plus le temps où le Messie vivait sur la terre, mais son service se situe
après
la résurrection du Seigneur d’entre les morts et Son élévation
dans la gloire.
Si nous avions été appelés à choisir un visiteur qui puisse aider
Saul de Tarse, sans doute aurions-nous cherché quelqu’un de réputé pour sa
connaissance
et même pour ses capacités oratoires. Mais Dieu trouve son
plaisir à se servir de faibles
instruments
, « en sorte que nulle
chair ne
se
glorifie
devant Lui » (1 Cor. 1:27-29).
Souvent dans l’entourage de serviteurs de Dieu très connus, on peut trouver
des croyants qui les ont aidés à surmonter des épreuves ou des moments de
découragement. Dieu tient ses livres à jour et chacun d’eux recevra sa juste
récompense : « Bien, bon et fidèle esclave, tu as été fidèle en peu de
chose
, je t’établirai sur beaucoup ; entre
dans
la
joie
de
ton
maître
» (Matt. 25:21).
Il y avait à Damas un disciple — c’est
plus
qu’un frère —
Ananias (un nom qui signifie : l’Éternel m’a fait grâce). Ce terme
disciple se trouve déjà dans l’Ancien Testament (1 Chr. 25:8 )
mais aussi dans Ésaïe 8:16 : « Lie le témoignage, scelle la loi parmi mes
disciples ».
Un disciple écoute
son Maître, reçoit
ses enseignements et Le
suit
avec fidélité (Jean 12:26). Il n’est parlé d’Ananias
que dans
cette
circonstance
. Dieu l’a choisi
, et il
va accomplir son service avec
fidélité
. Il intervient au moment
convenable, sans précipitation, ce qui suppose de sa part un vrai discernement
(Prov. 15:23). L’on peut avoir beaucoup d’activité mais peu d’obéissance.
Dieu l’appelle par
son
nom,
dans une vision. Sa communion
avec Dieu est habituelle. Il est prêt
: « Me
voici
,
Seigneur
» (Act. 9:10). Il connaît la voix du Berger (Jean 10:27). Jésus
est-il pour chacun d’entre nous un Sauveur et un Seigneur connu
?
Ceux qui vivent dans une réelle proximité
avec Dieu discernent plus
aisément Sa volonté (És. 50:4).
On trouve dans l’Ancien Testament trois personnes qui ont répondu
aussi : « Me voici ». Il y a d’abord Joseph
(Gen.
37 :14) prompt à obéir à son père, ensuite Samuel
(1 Sam. 3:1-7)
disposé à apprendre de la part de l’Éternel et le prophète Ésaïe,
prêt à
servir aux desseins de Dieu (És. 6 :8).
Le parfait Serviteur dit prophétiquement : « Voici, je viens ; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir » (Ps. 40:7 ; cité dans Héb. 10:7). Le croyant est invité à marcher sur Ses traces (1 Pier. 2:21).
L’exemple d’Ananias rappelle que nous ne devrions jamais être effrayés d’obéir à Dieu. Quand Il nous demande de suivre un chemin, Il nous y dirige du commencement à la fin.
Ananias fait part à Dieu de ses inquiétudes avec révérence, il répand
son cœur devant Lui avec simplicité (Act. 9:13-14). Dieu est amour
,
c’est ce qui attire le cœur. Dieu est lumière
, voilà ce qui remplit de
crainte. Le Seigneur sait de quoi nous sommes formés (Ps. 103:14). Abraham
pouvait lui dire : « Je te prie, j’ai
osé
parler
au
Seigneur, moi qui suis poussière et cendre » (Gen.
18:27).
La mauvaise réputation de Saul était connue jusqu’à Damas. « Seigneur, j’ai
ouï parler à plusieurs de cet homme, combien de maux il a fait à tes saints à
Jérusalem, et il a pouvoir de la part des principaux sacrificateurs de lier tous
ceux qui invoquent ton nom »
(Act. 9:13-14). Nous sommes peut-être prompts à
estimer qu’il manque de confiance en Dieu. Mais parfois nous lui ressemblons,
au lieu de nous confier entièrement dans Son amour omniscient.
Dieu a compassion de son serviteur Ananias et il ne lui fait aucun reproche. Au contraire il répond avec bonté à ses difficultés, en lui exposant son propos merveilleux à l’égard de ce persécuteur, transformé par sa grâce.
Ananias est le premier à apprendre les desseins de Dieu à l’égard de Saul.
« Va
, car cet homme m’est un vase
d’élection
pour porter
mon nom devant les nations et les rois et les fils d’Israël ; car je lui
montrerai combien il doit souffrir
pour mon nom » (Act. 9:16 ; 2
Cor. 11:23-28). Porter le nom de Jésus implique la souffrance.
Israël est cité en dernier, car l’essentiel
du service de Paul
concernera les
nations
. Son ministère est consécutif à une
rupture complète avec Israël selon la chair, après la mort d’Étienne. Les espérances
du chrétien ne sont plus terrestres
, mais célestes. Après la Croix,
c’est « l’Israël de Dieu » qui est l’objet de Sa grâce (Gal. 6:16).
Pour servir l’Éternel, le
jeune Samuel a dû apprendre à reconnaître Sa voix (1 Sam. 3:7) mais cet humble
disciple est déjà préparé : « Et Ananias s’en alla ». Un grand miracle avait
eu lieu publiquement
vis-à-vis de Saul. Ce travail doit se poursuivre en
privé,
et il est confié à Ananias. Il s’achèvera dans le désert d’Arabie
(Gal. 1:16-17).
Le serviteur doit être dépendant
pour délivrer le
message
qui convient. Il doit l’être aussi pour savoir à quel moment
il convient
de le porter. Ananias est envoyé vers Saul, après que ce dernier ait passé trois
jours (ni deux ni quatre) sans manger ni boire. La communion avec le Seigneur
est essentielle. Soyons à l’écoute, comme Jésus l’était durant son service
ici-bas, pour recevoir les directions d’En Haut (Jean 7:6 ; 11:21, 32,
37). Que de fois l’on risque d’aller au gré de sa fantaisie, et la visite au
lieu d’être en bénédiction, aura des conséquences malheureuses (Act. 7:23-28).
Il faut aussi savoir attendre
le moment de recevoir
une visite,
même si elle est ardemment désirée.
Quand l’apôtre Paul rappelle les circonstances qui ont entouré sa
conversion, il parle d’Ananias. Il a été frappé par
sa piété
et son bon
témoignage
auprès de tous les Juifs
qui demeuraient à Damas (Act. 22:12). La piété fait
intervenir Dieu dans tout ce qui se présente dans notre vie. Les racines sont
invisibles, mais les fruits sont manifestés. Quelle impression notre
conduite
laisse-t-elle sur ceux qui nous entourent ? (Phil. 2:15).
Ce que nous
sommes
en pratique et ce que Dieu fait
en
nous
a plus d’importance que ce que nous
savons
et ce que Dieu
fait
par
notre
moyen
.
Ananias était plein
de
sollicitude
pour les intérêts
du Seigneur et pour ceux des siens. Il garde un contact constant avec les
saints
– c’est la première fois qu’ils sont ainsi appelés. On le voit
dans sa manière d’exposer les dangers qui menacent le Témoignage et aussi les
disciples. Dieu peut
lui confier un service en faveur de Saul. Peut
être, au début, son état d’esprit rappelle-t-il celui de Jonas. Il n’a pas
encore compris l’étendue
de
la
grâce
de Dieu. Pour
en avoir une juste appréciation, il faut s’estimer soi
-même
,
comme Paul, le
premier
des pécheurs (1 Tim. 1:15).
Saul est averti
par une vision de la venue d’Ananias
(Act. 9:12). Au même moment Dieu commande à Ananias : « Lève-toi, et va
dans la rue appelée la Droite, et cherche
dans la maison de Judas, un
nommé Saul de Tarse ; car voici il prie
». Prier, c’est le premier
cri
d’une âme qui naît à la vie (Act. 9:11). Celui qui peut dire à Nathanaël qu’il le voyait sous le figuier, avant qu’il
vienne à sa rencontre (Jean 1:47-48) aide Ananias et lui donne des indications
précises pour chercher et trouver Saul. Quand Dieu estime le moment venu
d’établir un contact spirituel entre l’apôtre Pierre et Corneille, le centurion
romain. Il dirige tout en vue de cette rencontre, aux conséquences incalculables
pour tous ceux qui appartiennent aux nations (Act. 10:3-6 ; 10:17).
Dieu connaissait parfaitement l’état intérieur
de Saul. Il savait
que son comportement extérieur
en était l’expression fidèle. En est-il
toujours de même pour nous ? Dieu voit si nos cœurs sont déchirés plutôt
que nos vêtements (Joël 2:13).
La puissance de Dieu peut librement se déployer si une âme est passée par
ce temps spirituel
où le jeûne
et la prière s
ont à leur
place. Le trésor, la connaissance de la gloire de Dieu,
peut alors être
déposé dans les vases de terre (2 Cor. 4:7).
On reçoit le salut
en croyant à l’Évangile. Il présente le travail
de Christ dans toute
sa plénitude. C’est la réponse
divine
à toutes
les
questions
susceptibles de se poser à une
conscience et à un cœur, réveillés
par le Saint Esprit.
Certains prédicateurs modernes emploient assez volontiers de petites
phrases lapidaires, et surtout réductrices
. À les entendre, la
conversion se résumerait à « un seul regard jeté à la Croix ». Ils parlent aussi
volontiers de « délivrance immédiate
». Mais ces formules ne sont pas en
accord avec l’enseignement de l’Écriture.
Une confusion
peut s’établir dans l’esprit de plusieurs entre la
possession de la vie divine et une véritable jouissance du salut. Heureusement
Dieu achève toujours
le travail commencé dans une âme. L’exemple de Saul
en est la démonstration. Outre les épisodes évoqués, il y aura son séjour dans
le désert d’Arabie.
Il faut que l’homme soit entièrement
jugé dans la lumière divine.
C’est un travail souvent très douloureux et plus ou moins long (voir Romains 7
et, dans une mesure, le Ps. 88). Une réelle humiliation en est le fruit et
alors le racheté peut jouir d’une
paix
solide et durable.
À la différence de Jonas qui reste insensible vis-à-vis de la grande ville
de Ninive (Jonas 4:5), Ananias est
maintenant plein
de
compassion
pour Saul. Il a ouvert avec révérence son cœur devant Dieu, et toutes ses
craintes ont disparu. Faisons-Lui part de tous
nos exercices. Celui dont les compassions sont nouvelles chaque matin, s’occupe
avec amour de tout
ce qui nous concerne, du début à la fin de notre
course ici-bas (Héb. 4:15).
Ananias entre dans cette maison de Judas et, sans hésiter, appelle avec
amour, cet inconnu : « Saul, frère
».
Ce terme, parfois
galvaudé aujourd’hui, montre que Saul fait désormais partie de la famille de
Dieu. C’est un de ceux qu’il était venu persécuter qui le traite ainsi. Avec
quelle émotion Saul a du entendre de telles paroles. Il se souviendra toujours
de la chaleur
de cet accueil. Il en rendra témoignage devant les Juifs à
Jérusalem, des années plus tard (Act. 22:13). Comment accueillons-nous ceux qui
s’approchent du rassemblement ?
Tout se déroule comme le Seigneur l’avait annoncé à Saul (Act. 22:14).
Ananias lui impose ensuite les mains en disant : « Le Seigneur
Jésus
qui t’est apparu dans le chemin par où tu venais, m’a envoyé pour que tu recouvres
la
vue
et que tu sois rempli
de
l’Esprit
Saint
».
Il lui parle d’une Personne connue et précieuse à son cœur. Il mentionne son
autorité (Seigneur) et son amour (Jésus). C’est Dieu qui a envoyé Ananias, d’où
la force
de son message.
Alors Il tombe des yeux de Saul » comme
des
écailles
».
Plus tard Paul dira : « Sur l’heure, levant les yeux, moi je le vis » (Act.
22:13). Sa vue naturelle lui est rendue, mais surtout les yeux de son cœur sont
désormais éclairés
pour voir ce qu’il n’avait encore jamais contemplé (Éph. 1:18). Il entre dans un tout nouveau domaine
,
où l’Esprit, qui sonde
toutes
choses
, même
les
choses
profondes
de Dieu, enseigne aux rachetés ce que Dieu leur
fait connaître : Les choses spirituelles ne peuvent être connues que par
des moyens
spirituels (1 Cor. 2:9-16).
Ananias annonce alors à Saul : « Le Dieu de nos pères t’a
choisi
d’avance
pour connaître sa volonté et pour voir le
Juste
et entendre une parole de sa bouche » (Act. 22:14).
Se levant, Saul est baptisé par ce simple disciple et il est rempli du
Saint Esprit, sans doute au moment de son baptême. Une visite spéciale des
apôtres, alors à Jérusalem, n’est pas nécessaire. Saul lui-même va devenir le
grand apôtre des nations. Dieu veille à réduire à néant toutes les prétentions
humaines.
Saul mange et reprend des forces. Puis il passe quelques jours avec les
disciples qui étaient à Damas. Cette communion d’esprit et de cœur avec eux est
le sceau de sa conversion. Il prêche aussitôt
Christ dans les
synagogues, disant que Lui
est
le
Fils
de
Dieu
(Act. 9:19-20). Le lion est devenu un agneau, mais il n’a pas perdu son
énergie !
Ananias est en exemple à chaque croyant. Il s’attache soigneusement
à toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Le chapitre 22 des Actes fournit
des détails sur ce que Dieu lui avait commandé de faire
et de dire
.
Il n’y a chez Ananias aucune place au fruit de l’imagination
(2 Pier. 1:16) et part quand son Maître l’envoie. Il se
comporte comme un fidèle
serviteur de Dieu
(1 Thes.
2:3-4).