Philippe Laügt
Mars 2003
Table des matières :
1 - Trois circonstances — Marie incomprise, témoignant par sa conduite
2 - Le choix de Marie : Écouter la Parole — Luc 10
3 - L’attitude paisible de Marie dans la détresse — Jean 11
4 - La piété fervente et intelligente de Marie de Béthanie — Jean 12
Marie s’assied aux pieds de
Jésus, pour être enseignée (Luc 10:39). « Qui enseigne comme
Lui ? » (És. 48:17 ; Psaume 144 :1 ; Prov. 4:4). Dans
l’épreuve, elle s’y jette aussi (Jean 11:32). Enfin, pour L’adorer, c’est
encore à ses pieds qu’elle se tient et répand un parfum de grand prix,
anticipant ainsi Sa sépulture (Jean 12:3-7). Écouter
, prier
, adorer
:
ces trois verbes résument son activité en présence du Seigneur.
Dans chacune de ces
circonstances, Marie est incomprise
et critiquée
. Il en est
souvent de même à l’égard de ceux qui se comportent comme elle. Quand la tiédeur
et la mondanité
prédominent, l’affection, la spiritualité et la droiture
vis à vis du Seigneur sont incomprises.
Dans chacune de ces
situations, Marie garde
le
silence
. Elle ne répond pas aux
reproches de Marthe, aux commentaires erronés des Juifs, venus en principe la
consoler (Jean 11:31), elle reste muette devant la critique acerbe et
intéressée de Judas. Elle sait attendre
patiemment qu’un Autre prenne en
mains sa cause (Ps. 37:5-6). Elle suit ainsi les traces du Seigneur :
« Lorsqu’on l’outrageait, il ne rendait pas l’outrage, quand Il souffrait,
il ne menaçait pas, mais se remettait à Celui qui juge justement » (1
Pier. 2:23). Souvent notre attitude est très différente. Des protestations et
même des accusations fusent en retour, dès que nous estimons être
attaqués !
Dans ces trois récits de la
Parole de Dieu, Marie parle une seule fois (Jean 11:32). Ceux qui l’entourent,
la connaissent davantage, semble-t-il, par sa
conduite
que par
ses paroles. Il en est de même pour Dorcas (Actes 9:36-43). La Parole de Dieu
n’a retenu aucune
de ses paroles, mais, comme pour Marie, sa
vie
« pleine de bonnes oeuvres et d’aumônes » était un témoignage continuel
pour son entourage.
De tels exemples apportent de
grands encouragements à nos sœurs. L’Écriture montre clairement qu’elles
doivent garder le silence dans les rassemblements, mais leur piété
et
leur dévouement
sont un exemple pour tous les rachetés et un témoignage
constant devant les incrédules (2 Cor. 2:15-16).
Elle désire s’asseoir aux
pieds de Jésus pour écouter
Sa Parole (v. 39). Les paroles de Jésus sont
la révélation de Dieu comme Père. Jésus accomplit dans le cœur de Marie une
œuvre spirituelle profonde. Elle est très attentive à ses paroles, chacune est
pour elle un trésor de grand prix (Jér. 15:16). Elle la cache dans son cœur,
afin de ne pas pécher contre Dieu (Ps. 119:11)
Elle rappelle la « bien-aimée » du Cantique des cantiques. Elle compare son Bien-aimé à un pommier, et fait part du plaisir qu’elle a goûté, assise à son ombre (Cant. 2:3).
En chemin, le Seigneur passe
par Béthanie et Il est invité
, avec ses disciples. C’est une des
nombreuses occasions où on Le voit entrer dans une maison
. Il ne fait
pas « acception de personnes » (Act. 10:34) et ses hôtes sont très
différents. L’un d’entre eux est « un des principaux des Pharisiens »
(Luc 14:1), un autre, est « chef de publicains » (Luc 19:2). Cette
fois-ci, son hôtesse s’appelle Marthe (Luc 10:38). Marie est par contre
mentionnée en premier lieu, quand il est question du village et de ses
alentours. Elle est visiblement plus connue (Jean 11:1, 45).
De même aujourd’hui,
certaines sœurs exercent plus particulièrement leurs activités dans le cadre de
leur maison et dans son voisinage immédiat. D’autres, par exemple des
infirmières, ont l’occasion
de laisser un peu de la « bonne odeur
de Christ » (2 Cor. 2:15) en se rendant auprès des malades, dans les
hôpitaux ou dans les foyers où elles vont prodiguer leurs soins. Les activités
de ces sœurs rappellent Marthe ou bien Marie. Elles sont complémentaires :
les dons de grâce sont différents
(Rom. 12:6).
Jésus approuve ici sa
servante : « Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera point
ôtée » (Luc 10:42). Certains ont peut-être estimé son attitude anormale,
voire dictée par une tendance à la paresse, à un moment où sa sœur était
visiblement débordée, « distraite
par beaucoup de
service » ! Souvent les enfants de Dieu aussi se laissent absorber
outre-mesure
par
leur travail séculier (Jean 6:27 ; Agg.
1:6). Ils semblent avoir oublié qu’il faut prendre
le
temps
de cultiver d’abord
des relations d’intimité
avec le Seigneur. On
réjouit ainsi Son cœur, au lieu de le blesser ! Son approbation est la
seule
qui doit avoir du prix pour le croyant. Sommes-nous assurés de
l’avoir à l’égard de nos activités parfois si fiévreuses ? (1 Cor.
4:3-4 ; Rom. 16:12).
Marie a humblement saisi
l’occasion
de s’asseoir aux pieds de Jésus, pour l’écouter parler. Quel
prix cet immense privilège a-t-il pour notre cœur ? Jésus doit dire :
« Marthe, Marthe, tu es en souci et tu
te
tourmentes
de beaucoup de choses, mais il n’est besoin
que d’une
seule
;
et Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée » (Luc 10:41-42).
Celui qui nous enseigne toujours pour notre
profit
(És.
48:17-18), n’allait pas l’engager à abandonner cette place de choix pour aller
aider sa sœur. Le Seigneur n’approuve pas les récriminations de Marthe. Tous
nos murmures sont finalement contre
Dieu (Luc 10:40 ; Job. 21:4)).
La leçon est claire :
servir le
Seigneur
et les siens est notre raison de vivre. Mais même
ce service-là ne doit pas prendre trop de place.
Sinon le serviteur va
restreindre le temps
passé aux pieds du Seigneur, et ces haltes sont
indispensables. Ne soyons pas paresseux au service du Seigneur (Rom. 12:11).
Mais l’activité visible
ne doit pas l’emporter sur la communion cachée.
Les sœurs en Christ ont
l’heureuse responsabilité de répondre d’abord aux besoins matériels et
spirituels de leur famille ; mais elles ont aussi le privilège de visiter
les malades, de distribuer des traités et de venir parfois en aide à leurs
voisins. Elles ont besoin de régler leur emploi du temps, de manière à pouvoir
interrompre leur travail pour s’asseoir avec joie, à l’écart, aux pieds du
Seigneur (Marc 6:31). Celui-ci prend plaisir à parler à notre
cœur et à
notre conscience, au cours de ces moments de prière et de méditation personnelle
et quotidienne
de Sa Parole. L’enseignement collectif
, reçu au
cours des réunions d’édification dans l’assemblée ne suffit pas. Un contact direct
avec lui est toujours
d’un grand prix (Osée 2:14). Cette communion
intime avec Christ doit être entretenue
: rien ne peut la
remplacer.
Soyons sur nos gardes !
Toutes sortes de sujets d’intérêt, des choses apparemment petites
et anodines
sont souvent habilement suggérés par l’Ennemi. Elles
peuvent envahir
nos vies et accaparer
tout notre temps (Cant. 2:15).
Il faut savoir dire NON à de nombreuses distractions
et choisir
des activités réellement utiles. Sinon la Parole est étouffée
, elle n’a
plus d’effet sur notre vie (Marc 4:19). Le cœur se
refroidit
peu
à peu et le Seigneur doit dire : « J’ai contre toi que tu as
abandonné ton premier
amour
» (Apoc. 2:4).
Je fais UNE chose … disait
l’apôtre Paul (Phil. 3:7-9, 14). Rachetés du Seigneur, quelles sont nos
priorités
?
Pour prospérer dans notre vie spirituelle,
il faut chercher premièrement
le royaume de Dieu. Ensuite, si telle est
Sa volonté, toujours
bonne, agréable et parfaite, Il peut donner toutes
choses par-dessus (Matt. 6:33 ; Rom. 12:2).
Au chapitre 11 de Jean, une épreuve sévère atteint ces deux sœurs, Marthe et Marie. Le verset 2 précise que « c’était la Marie qui oignit le Seigneur d’un parfum et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux ». Sa piété et son discernement sont décrits en détail dans la scène suivante. On pense peut-être qu’une si grande épreuve aurait pu être épargnée à Marie, du fait de sa vie de communion avec le Seigneur ? Mais plusieurs serviteurs fidèles, tels que Joseph, Job ou Asaph, au demeurant de grands exemples d’intégrité et de crainte de Dieu, ont dû traverser, eux aussi, de longues périodes de détresse (Deut. 8:14-16).
La tristesse et la souffrance
de ces deux sœurs se trouvent accrues, du fait de leur vaine attente. Comment
comprendre les motifs d’un si long
délai,
avant la réponse du
Seigneur à leur appel angoissé ? Entre temps, leur foyer est devenu une
maison de deuil. Pourtant dans leur complet désarroi, leur seul refuge était
auprès de Lui. ! Leur message était clair, pressant
:
« Seigneur, voici celui que tu
aimes
est malade » (Jean
11:3 ; Ps. 34:6). Mais seule
l’obéissance à la volonté du Père
conduisait le Seigneur sur cette terre. Modèle de dépendance, Il savait toujours
discerner où
Il devait se trouver, et à
quel
moment
,
afin de marcher seulement selon la pensée
de
Dieu
(Jean
7:6, 14 ; Nom. 9:18-19).
Il annonce aux disciples que
Lazare est mort et il s’en
réjouit
! Son absence à Béthanie
pendant la maladie de son ami, aller donner à tous l’occasion de croire
,
en voyant Jésus accomplir le plus grand de Ses miracles rapportés dans les
évangiles (Jean 11:14-15, 40-43).
Les sœurs de Lazare ne
connaissaient pas encore l’immensité de Son amour ! Quand Dieu, dans Sa
sagesse, n’accorde pas une réponse immédiate
à nos prières, ne perdons
pas courage. En paix, soumettons-nous (Jean 13:7 ; cant. 232 des H. et
C.). Paul disait : « Je sais Qui j’ai cru », c’est le
fondement de toute attente paisible
.
L’Écriture emploie pour
parler de l’amour du Seigneur, au verset 5, le mot : « agapeo ».
Il a une portée très supérieure à celui employé par les sœurs, au verset
3 : savoir « phileo ». Il ne s’agit plus simplement d’affection,
mais de l’amour
divin
(Éph.
3:18-19). Marthe et Marie réaliseront bientôt combien cette grande épreuve et
toute la tristesse qu’elle impliquait, était à
la
gloire
de
Dieu
(Jean 11:4). Apprenons à accepter
de
Sa main les circonstances affligeantes (Rom. 8:18). « Celui que le
Seigneur aime
, il le discipline » (Héb. 12:6). Quand nous aurons
souffert un
peu
de
temps
, Dieu nous rendra
accomplis, nous affermira, nous fortifiera et nous établira sur un fondement
inébranlable. À Lui la gloire et la puissance aux siècles des siècles !
Amen (1 Pier. 5:10-11).
Notre sûre consolation vient
de la certitude
que les coups nous sont infligés par Sa main d’amour, et
tout ce qui vient de cette
main
est parfait. Dans les épreuves,
Sa puissance et Sa miséricorde se déploient au moment opportun :
« Toutes choses travaillent ensemble
pour le bien de ceux qui
aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos » (Rom. 8:28). La
Parole de Dieu prend soin de rappeler : « Or Jésus aimait Marthe, et
sa sœur et Lazare » (Jean 11:5).
Quand Marthe entend dire enfin que Jésus venait, elle sort à sa rencontre (Jean 11:20). Elle semble jouer dans cette famille de Béthanie le même rôle que Pierre au milieu des disciples. Il y a déjà quatre jours que Lazare est enseveli, sa mort ne fait de doute pour personne. L’état de corruption est évident (Jean 11:39). La victoire du Seigneur sur la mort n’en sera que plus belle !
Marthe ne doute pas que le
Seigneur peut encore, d’une manière ou d’une autre, les assister. Elle le Lui
dit : « Mais même maintenant je
sais
que tout ce
que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera » (Jean 11:22). Jésus lui
répond : « Ton frère ressuscitera » (Jean 11:23). Mais Marthe ne
connaît que la résurrection « au dernier jour » (Apoc. 20:5), elle ne
connaît pas encore la première
résurrection, celle d’entre
les
morts (1 Thess. 4:16). Alors Jésus lui révèle : « Moi
,
je suis la résurrection et la vie ». Il ajoute : « Celui qui
croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra ; et quiconque vit, et croit
en moi, ne mourra point à jamais » (Jean 11:25).
Que de vérités
essentielles
touchant la résurrection dans ces quelques paroles du Seigneur. Quand Il
viendra lui-même enlever son Église, les morts en Christ ressusciteront premièrement.
Tous les croyants alors vivants sur la terre, seront « changés » (1
Cor. 15:22-23 ; 1 Thes. 4:17) et iront à la rencontre du Seigneur en
l’air. Tandis que les incrédules resteront dans les sépulcres, jusqu’au moment
où ils seront « rendus vivants » pour comparaître devant le grand
Trône blanc, après le Millénium (1 Cor. 15:22-23 : Apoc. 20:12). Ces
paroles du Seigneur ont aussi une autre précieuse portée : Il est présentement,
pour les croyants, la résurrection et la vie. Ils étaient morts dans leurs
fautes et dans leurs péchés, mais Christ les a déjà ressuscités spirituellement
(Jean 5:25 ; Éph. 2:5-6).
Là où ces choses sont reçues, la joie remplace la tristesse, la paix règne là où était la souffrance, la louange est formée au lieu de l’accablement, le triomphe s’établit après l’épreuve. La résurrection du corps, elle, est encore future (Jean 5:28). « Crois-tu cela ? » Interroge le Seigneur ? La réponse de Marthe, montre jusqu’où va présentement la compréhension de sa foi : « Oui, Seigneur, moi je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu qui vient dans le monde ».
Elle comprend que Marie est
plus capable qu’elle d’entrer dans les pensées du Seigneur et s’en va
secrètement l’appeler. Marie est restée paisiblement assise dans la maison,
mais elle se lève promptement, dès qu’elle entend que le Maître est là et qu’il
l’appelle (Jean 11:28-29). Elle n’agit pas comme la Sulamithe. Celle-ci tarde à
se lever et quand enfin elle s’y décide, elle s’aperçoit, avec tristesse, que
son bien-aimé s’est retiré, qu’il est allé plus loin.(Cant.
5:3, 6). Différer
de répondre à l’appel du Seigneur peut avoir des
conséquences désastreuses dans notre vie et engendrer beaucoup de souffrances.
La communion peut être longue à retrouver.
Soyons animés du même état d’esprit que le centurion de Capernaüm. Cet homme, placé sous l’autorité d’autrui, était habitué à une obéissance sans réserve (Matt. 8:9). Prompts à répondre au Seigneur, on goûtera avec Lui des moments d’heureuse communion. Il pourra nous confier un service à Sa gloire. Une riche bénédiction en résulte pour notre âme, et de la joie pour Lui.
Quand Marie rencontre Jésus,
elle se jette à ses pieds et lui dit, exactement comme Marthe :
« Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort »
(Jean 11:32). Elle regarde en arrière, comme tant de personnes dans le deuil.
Mais elle se trouve en présence de « la Parole faite chair », venue
habiter au milieu de nous (Jean 1:14). Il peut sympathiser parfaitement avec
les douleurs et les peines des siens. Au moment de les quitter, le Seigneur
dira aux disciples : « Que votre cœur ne soit pas troublé »
(Jean 14:1). « Jésus, quand il la vit pleurer, et les Juifs qui étaient
avec elle pleurer, frémit en son esprit et se
troubla
»
(Jean 11:33).
Rappelons la note du traducteur
(J.N. Darby) : « Frémir, ici, c’est l’expression de la peine
profonde, mêlée d’indignation, produite dans l’âme du Seigneur à la vue du
pouvoir de la mort sur l’esprit de l’homme ». L’amour du puissant Créateur
des mondes s’exerce, de façon active
, à l’égard de tous ceux qui ont le
cœur brisé, pour bander leurs plaies (Ps. 147:3-5). Sa sympathie a un caractère
unique
. Elle est déployée par Celui duquel il est écrit :
« Certainement, LUI a porté nos langueurs et s’est chargé de nos
douleurs » (És. 53:4). Il peut
et il veut
assister ses
rachetés dans l’épreuve, tarir leurs larmes et remplir leurs cœurs de Sa joie.
Souvenons-nous continuellement de cette parole, adressée à chacun de ses rachetés : « Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jean 11:40). Dans la tristesse, prenons la place qu’Il nous offre à Ses pieds. Nous serons remplis de Sa vie en abondance (Jean 10:10).
Jésus pleure. C’est de Son cœur que jaillissent Ses larmes ! Il est étreint devant toutes les souffrances et les tristesses que le péché a engendrées au cours des âges. Il est venu visiter en grâce la vallée de larmes (Ps. 84:6). Il pleure avec ceux qui pleurent, jusqu’au jour où « Il essuiera toute larme de leurs yeux » (Apoc. 20:4).
Jésus se fait conduire au
tombeau : Le Vainqueur de la mort est là. Il veut que devant la foule, la
gloire de Dieu soit manifestée. Alors il attribue d’avance, dans son
action
de
grâce
, Son pouvoir à Celui qui l’a envoyé (Jean 11:41). Son
puissant cri de commandement, dont il s’est déjà servi vis-à-vis de la
mer et des
démons
, fait surgir Lazare
hors de la mort (1
Cor. 15:55), les mains et les pieds encore liés de bandes, et le visage
enveloppé d’un suaire.
« Jésus leur dit : déliez-le et laissez-le aller » (Jean 11:43-44). Débarrassé de ses vêtements de mort, il pourra marcher en nouveauté de vie (Rom. 6:4), et attentif à rester près de Lui, prendre part à un souper de communion, offert au Seigneur (Jean 12). Quel étonnement pour tous les spectateurs ! Quelle joie immense pour les sœurs de Lazare !
Elle se manifeste au temps convenable, quand Jésus « six jours avant la Pâque » vient, une fois encore, dans cette maison de Béthanie, « où était Lazare le mort, que Jésus avait ressuscité d’entre les morts » (Jean 12:1).
Là, pendant ce souper,
préparé en Son honneur et servi par Marthe (Jean 12:26). Marie exprime son
affection, sa gratitude et son adoration, en oignant les pieds du Seigneur avec
un parfum de nard pur de grand prix. Elle a préparé
et réservé
cette onction précieuse pour Lui seul (Cant. 7:13). Marie montre clairement la
place qu’Il occupe dans son cœur, la première. Il est digne de recevoir le
meilleur
. Marie sait, — la foi rend toujours intelligent, — que si cette
onction n’a pas lieu maintenant
, elle n’aura jamais lieu. C’est un
instant d’adoration unique. Il faut veiller, de crainte que le Seigneur ne soit
« frustré
», privé de ce qui pourtant lui
appartient
absolument. Une attitude méprisante à l’égard de Ses droits, est, de la
part des siens, une terrible offense (Mal. 3:8-9). Prenons garde de ne pas Lui
offrir « des holocaustes qui
ne
coûtent
rien
»
(2 Sam. 24:24).
On peut refuser
de Lui
apporter « les dîmes et les offrandes élevées » (Mal. 3:8-10). On
peut employer son temps et ses capacités à des fins
personnelles
.
Nous sommes appelés à apporter
, pour
le
bien
du
peuple de Dieu, les dîmes de ce que nous avons recueilli dans le champ de la
Parole. Dans ce domaine, on peut frustrer Dieu de deux manières. Soit on
néglige de cultiver son champ et il ne produit rien (Prov. 24:30-34), et par
conséquent il n’y a pas
de dîmes disponibles ; soit on garde
égoïstement pour soi ce qui a réjoui notre âme, sans en faire bénéficier
d’autres. Si l’amour pour Christ nous étreint, on ne vivra plus pour soi-même,
mais pour Celui qui pour nous est mort et ressuscité (2 Cor. 5:14-15).
La pauvre veuve avait
grandement réjoui le Seigneur, en donnant discrètement à Dieu ses deux
pites, tout ce qu’elle avait, toute
sa
subsistance
(Marc
12:42). Il aime celui qui donne joyeusement (2 Cor. 8:3-5 ; 9:7). Marie de
Béthanie, en son jour, apporte ce qui est en son pouvoir et qui, de
l’appréciation même du traître, représentait le salaire du travail de toute une
année. Judas était orfèvre en la matière, car il servait un autre dieu :
l’argent.
En silence, Marie répand le nard et essuie les pieds du Seigneur avec ses longs cheveux, les pieds de Celui qui s’est tant fatigué à parcourir les sentiers de cette terre, pour apporter les bonnes nouvelles de l’amour de Dieu, pour annoncer la paix (És. 52:7), — ces pieds qui seront bientôt percés par des hommes iniques, ceux qui, pour Son amour, ont été ses adversaires (Ps. 22:16 ; 109:4).
Tous ceux qui étaient
présents ont aussi respiré un peu de ce parfum, car son odeur remplissait
toute la maison. Pendant le Culte, une adoration muette
monte aussi du
cœur de nos sœurs, vers le Seigneur. « Culte béni de cœurs qui t’aiment,
encens dont le ciel est rempli » : c’est ce que nous exprimons dans
une hymne.
La seule présence de Lazare,
à table avec Jésus, était un puissant
témoignage
silencieux,
rendu devant tous, que le Seigneur l’avait ressuscité d’entre les morts.
« À cause de lui, plusieurs des Juifs s’en allaient et croyaient en
Jésus » (Jean 11:11). Pendant ce temps, les principaux sacrificateurs
tenaient conseil pour faire mourir Jésus mais Lazare aussi. Ils voulaient
supprimer ce témoin gênant.
Rappelons que l’adoration
a un triple effet. Quand un sacrifice de prospérité était présenté « comme
action de grâce » (Lév. 7:12), Dieu a sa part, la première, le
sacrificateur a la sienne aussi. Mais celui qui avait apporté le sacrifice et
ses amis, ont aussi la leur. Réunis autour du
Seigneur, pour nous souvenir de Ses souffrances et de Sa mort, DIEU est honoré
par l’adoration commune, qui monte de nos cœurs vers Lui. Notre âme est remplie
de la Personne de Christ, et une bénédiction est apportée à tous ceux qui, par
leur « amen », s’associent aux actions de grâces. Exprimée dans la puissance
du Saint Esprit, la louange des saints atteints les dimensions de l’infini.
De Marthe, il est simplement
dit qu’elle servait. Instruite par le Seigneur, elle a compris « que la
vraie grandeur consiste à servir inconnue et à travailler sans être vue »
(JND). Désormais, le travail n’est plus pour elle une tâche pesante, générant
murmures et amertume, mais un moyen de témoigner son
amour
pour
le Seigneur et pour les siens.
Ce jour-là aussi, l’amour joint
à un discernement spirituel profond, acquis aux pieds du Seigneur, va dicter à
Marie sa conduite. Elle ne reste pas assise, elle saisit l’occasion et agit au
moment convenable, quelques jours avant la crucifixion. Son acte d’adoration
est précieux pour Celui qui se rend au Calvaire. « Jésus donc dit :
Permets-lui d’avoir gardé ceci pour le jour de ma sépulture » (Jean 11:7).
Marie montre pratiquement à Celui qu’elle reconnaît comme Sauveur, la
profondeur de son attachement. Jésus montre quel prix a, pour son cœur, cet
amour qui ne calcule pas, qui est prêt à tout
donner (Matt. 26:13).
D’autres aussi, par amour pour le Seigneur, ont acheté des aromates (Marc 16:1) et les ont préparés. Elles n’ont pas hésité devant la dépense et l’effort nécessaire. Mais quand elles sont venues apporter ces aromates, — pourtant de grand matin, le premier jour de la semaine, — c’était déjà trop tard. Le tombeau était vide et le Seigneur était déjà ressuscité (Luc 24:1-2) ! Apprenons de Lui à agir au moment opportun. Toute halte inutile peut être une occasion perdue et des conséquences éternelles (2 Cor. 5:10).
Autrefois de nombreux
Israélites, hommes et femmes avaient désiré apporter leur contribution à la
construction du Tabernacle. Leur cœur les y portait, Plusieurs femmes qui
avaient un esprit libéral, se montraient intelligentes ou plutôt « sages
de cœur » (Ex. 35:21, 25). Mais certains ont
tardé
à
remettre leur offrande à ceux qui faisaient l’ouvrage. Ils en ont été
finalement empêchés. D’autres avaient déjà
répondu, avec empressement,
et très au-delà des besoins ! (Ex. 36:5). « Moïse commanda et on fit
crier dans le camp : Que ni homme ni femme ne fasse plus d’ouvrage pour
l’offrande pour le lieu saint » (Ex. 36:6). Il était trop tard, une
précieuse occasion était perdue
(Éph. 5:16) ! Parfois, peut-être,
nous avons décidé, trop
tard
, de marcher dans ces bonnes oeuvres
que Dieu avait pourtant préparé d’avance, afin que nous marchions en elles
(Éph. 2:10). Que le Seigneur aide chacun de ceux qui L’aiment à discerner Sa
volonté, pour agir comme Marie, au moment opportun.
Ah ! qu’à tes pieds, Seigneur, je reste,
Et, qu’ici bas, ma faible voix
Exalte, unie au chœur céleste,
Le Fils de Dieu mort sur la croix !