Philippe Laügt
Table des matières
« Comment
, dans sa colère, le Seigneur a
t-il couvert d’un nuage la fille de Sion ! » (Lam. 2:1). « Comment
l’or pur est-il devenu obscur, et
l’or fin a-t-il été changé ! Comment
les pierres du lieu saint sont-elles répandues au coin de toutes les
rues ! » (Lam. 4:1). Ces terribles questions sont posées dans les
Lamentations de Jérémie, après
la
prise de Jérusalem, tombée à cause du
jugement divin
.
Dieu
a compassion
de son peuple et de
sa demeure et, se levant de bonne heure, il leur envoie ses messagers (2 Chr.
36:15). « Mais ils se moquaient des messagers de Dieu, et méprisaient ses
paroles, et se raillaient de ses prophètes, jusqu’à ce que la fureur de
l’Éternel monta contre son peuple et qu’il n’y eut plus de remède
» (2 Chr. 36:16). Alors Il envoie contre eux
le roi des Chaldéens. Il n’a pas compassion
et détruit tout
sur son passage,
Ses troupes brûlent la Maison de Dieu, abattent la muraille de Jérusalem. Tous
les objets désirables sont livrés à la destruction (2 Chr. 36:17 ; Jér.
52).
Dans
ses lamentations, le prophète Jérémie partage
la douleur des rares survivants, restés dans la ville. Ils ont tous touchés
dans leurs affections les plus intimes, broyés sans pitié par un ennemi brutal.
Mais
la portée de ce récit dépasse de beaucoup
les circonstances qui en donnent l’occasion. L’Esprit de Dieu veut nous faire
anticiper un temps encore à venir
,
cette grande tribulation
,
qu’Israël doit traverser, pour avoir crucifié
son Messie
, le Seigneur de gloire.
Il
faudra un travail intense
dans la
conscience et dans le coeur, pour que le peuple connaisse enfin cette restauration
définitive
, attendue depuis si longtemps.
On
est touché de voir Jérémie, qui n’est pas personnellement coupable, prendre une
si grande part à leur humiliation. Il s’identifie
avec le peuple rebelle, qui a si grièvement péché (Lam. 1:8). Ne l’a-t-il pas
supplié, pendant quarante ans
, de
se repentir ?
On
se souvient qu’au début de son ministère, Dieu a montré à son jeune serviteur,
Jérémie, un pot bouillant
, prêt à
se déverser, et l’a averti : « Du nord, le mal fondra sur tous les
habitants du pays » (Jér. 1:13-14). Mais personne
,
comme du temps d’Ésaïe, n’est disposé à écouter les avertissements du prophète.
Finalement, la patience de Dieu arrive à son terme, et les envahisseurs
annoncés ont fondus sur le Pays.
D’autres auraient dit : « Je vous ai pourtant averti. Si seulement vous m’aviez écouté ! » Mais, en vrai serviteur de Dieu, Jérémie ne cherche pas se glorifier d’avoir eu raison.
À
se complaire en compagnie des idolâtres (Ps. 50:18 ; Osée 4:12-17),
Jérusalem n’a pas tardé à les imiter
(1 Cor. 15:33). Dieu envoie maintenant son peuple en captivité au milieu des
nations, jusqu’à ce qu’ils soient rassasiés de leurs voies et se souviennent de
Celui qui leur dit, depuis longtemps déjà, dans son amour : « Si tu
reviens, ô Israël, reviens à moi ; et si tu ôtes tes abominations de
devant moi, tu ne seras plus errant » (Jér. 4:1).
Il
faut reconnaître que le même éloignement s’est manifesté chez les rachetés du
Seigneur après
la Croix. L’Église
s’est très vite corrompue, malgré les avertissements répétés des apôtres et des
prophètes. Les conséquences en gouvernement de sa ruine se sont manifestées,
des ténèbres spirituelles de plus en plus épaisses ont envahi l’Église.
Plus
tard, un travail puissant de l’Esprit de Dieu, la Réforme
, a été vite gâté par l’activité malfaisante de la
chair. l’Église s’est laissée rapidement pénétrer par l’esprit du monde. Au
point que l’on a pu, à juste titre, demander : « Mais où donc est
l’Église ? » et recevoir une réponse surprenante : « Dans le monde » et
à la question : « Où est le monde ? » cette réponse : « Dans
l’Église ».
Au
cours des siècles, d’autres résidus se sont formés, choisissant d’être dans
l’opprobre avec le peuple de Dieu. Mais, à leur tour, ils se sont laissé séduire
par les attraits trompeurs de ce
monde et des fausses doctrines antiscripturaires.
Ces égarements se sont manifestés aussi parmi ceux qui sont sortis des « systèmes humains », pour rendre un témoignage à l’unité de l’Église et à son appel céleste. On peut s’interroger avec tristesse : « Comment les hommes forts sont-ils tombés au milieu de la bataille » ! (2 Sam. 1:25). La vie chrétienne est aussi un combat (Éphés 6:12).
L’amour
du monde
, et l’orgueil
spirituel
peuvent envahir notre coeur, et notre témoignage s’en
trouve ruiné.
Le
jugement de Dieu commence par sa propre maison : Il permet des divisions
qui laissent l’assemblée fort
affaiblie. Il y a peu de coeurs brisés, semble t-il. Les consciences sont
plutôt endurcies et l’indifférence
prévaut parfois. Dieu connaît tout ce désordre, le danger est d’enduire le mur
d’un mauvais mortier, pour chercher à cacher notre état réel
(Éz. 13:10-14).
Dieu
invite plutôt à écouter « la verg
e
et Celui qui l’a décrété
» (Mich.
6:9). Si un coeur tremble à sa Parole, il en résulte une réelle confession,
dans le jugement de soi-même. L’on retrouve alors ce chemin où Dieu se plaît à
bénir les siens.
Pour
avoir refusé
de revenir vers son
Dieu, malgré ses appels réitérés (Jér. 5:3 ; Os. 11:5), Jérusalem ne
trouve personne
qui lui soit en
aide au jour de sa détresse ! (Lam. 1:7 ; És. 51:18-19), personne
qui la console (Lam. 1:2, 9, 17,
21). Tous ses prétendus amis agissent perfidement envers elle. Par contre elle
trouve en Jérémie, type de Christ, un fidèle et fervent intercesseur (Prov.
17:17).
Si
l’on considère, de façon plus détaillée, l’état de Jérusalem, comme Néhémie le
fera aussi plus tard (Néh. 1:13-16), il y a tout lieu d’être stupéfait
! Autrefois ville prospère,
elle est maintenant détruite de fond en comble, vidée de la majeure partie de
ses habitants. Ils sont, soit fauchés par la mort, soit déportés par l’ennemi.
Même « les petits enfants
ont
marché captifs devant l’adversaire » (Lam. 1:5). Personne n’a trouvé grâce aux
yeux des Chaldéens et Dieu n’est pas intervenu.
Cette
ville, jusqu’alors « belle dans son élévation, la joie de toute la terre » (Ps.
48:2 ; Lam. 2:15), devient « comme veuve ». Sa ruine
est un sujet de moquerie pour ses orgueilleux
adversaires. (Lam. 1:7). Même le sanctuaire
,
dont l’entrée était interdite aux nations par Dieu lui-même, n’est pas épargné.
Tous ses trésors sont emportés (Lam. 1:10).
Si
nous méprisons pratiquement le dépôt que Dieu s’est plu à nous confier, il le retire
et le confie à d’autres. C’est une
occasion pour l’ennemi de se moquer. D’ailleurs ici, le peuple affamé, errant
pour chercher du pain
, est prêt à
se séparer du peu qu’il possède encore, pour assouvir sa faim (Lam. 1:11).
Accablée
par le silence
de Dieu, la ville
gémit et lui adresse une ardente prière : « Regarde
,…
je suis devenue vile ». Elle est « descendue prodigieusement » (Lam. 1:9).
Suit
un appel émouvant pour éveiller, si possible, la compassion des passants :
« N’est-ce rien
pour vous tous
qui passez par le chemin ? »
s’écrie Jérusalem. « Contemplez et voyez s’il est une douleur comme ma
douleur… à moi que l’Éternel a affligé au jour de l’ardeur de sa colère »
(Lam. 1:12).
Elle
se sert de comparaisons saisissantes pour décrire son état misérable, sa
langueur : Un feu
a été
envoyé d’en Haut pour maîtriser ses os, c’est à dire la partie la plus intime
de son être. Un filet
a été tendu
sous ses pieds. Autre image, plus terrible encore : « Le Seigneur a foulé comme au pressoir
la vierge, fille de
Juda ! » (Lam. 1:13-15).
Que
de fois nous passons indifférents
à côté de la souffrance des autres ! (v. 21). Que d’occasions perdues de
leur exprimer un peu
de
sympathie ! Que Dieu rende nos coeurs plus sensibles, moins égoïstes
, mieux à même d’entrer dans les
peines de ceux qui nous entourent, et à leur apporter, de Sa part
, une consolation véritable (2
Cor. 1:4).
Ici,
Jérusalem, au milieu de ses larmes, déclare : « Il est loin de moi, le consolateur
qui restaurerait mon âme »
(Lam. 1:16).
Comment
ne pas penser à la douleur, sans égale, du Seigneur à la Croix, consécutive à
la colère de Dieu ? (v. 12) Christ « n’avait
rien fait qui ne se dût faire
», il était fait péché pour nous
. Tandis qu’ici, par la bouche de
Jérémie, Jérusalem reconnaît, comme le fera plus tard le brigand sur la Croix,
avoir réellement mérité ce qui lui arrive (Lam. 1:18 ; Luc. 23:41).
On
pense aussi à cette foule de « ceux qui passaient par là », devant le Sauveur
crucifié (Matt. 27:39). Il y avait parmi eux des gens hostiles
ou moqueurs
, mais beaucoup d’indifférents
.
Rien
n’a changé aujourd’hui encore en présence de la Croix. À chacun
, la question se pose : « Quelle
place les souffrances et la mort de Jésus ont-elles dans mon
coeur » ? Puis-je témoigner comme
l’apôtre que le Fils de Dieu m’a aimé
et s’est livré lui-même pour moi ?
Toute
la destruction de Jérusalem, est présentée comme l’oeuvre du Seigneur et la
sienne seule
(Lam. 1:14-15 ;
2:1, 2, 5, 6, 7, 8, 17, 22).
Habituellement,
l’on s’arrête facilement à ce que l’on peut appeler les causes secondes
. Pourtant Job, atteint
subitement par plusieurs grandes épreuves, ne tombe pas dans ce piège (Job
1:20-22). Il faut reconnaître la main
de Celui qui nous éprouve, et se rappeler que son désir est toujours de bénir à
la fin ; « Celui que le Seigneur aime, il le discipline » (Héb. 12:5-6).
Quelle pensée consolante ! Apprenons à nous humilier sous Sa
puissante main.
Cette
attitude de coeur
est évidente
dans l’humble confession qui suit : « L’Éternel est juste
, car je me suis rebellée contre son
commandement » (Lam. 1:18). Mais Il demeure toujours le seul recours : « Regarde
Éternel, car je suis dans la
détresse » (Lam. 1:20).
La
cité désolée demande ensuite, comme le fait le résidu dans les Psaumes, le
jugement de ses adversaires. « Ils se sont réjouis
de ce que toi
tu as fait » (Lam.
1:21 ; 2:15 ; Ps. 35:15). Une telle requête ne serait pas convenable
de la part de chrétiens, durant la période actuelle de la grâce
(Matt. 5:44 ; Rom. 12:19-20).
Dans la complainte suivante
, une
description détaillée de la ruine de Jérusalem est faite. Le Seigneur « a
couvert d’un nuage la fille de Sion ! Il a jeté des cieux sur la terre
la beauté d’Israël »
(Lam. 2:1). Il ne s’est pas souvenu du
« marchepied de ses pieds ».
Notons
qu’il n’est pas dit de Jérusalem,
comme
c’est le cas pour Capernaüm : « qu’elle est abaissée jusque dans le
hadès
» (Matt. 11:23). Cette dernière ville a été élevée jusqu’au
ciel,
du fait que le Seigneur y habitait
(Matt. 4:13 ; 9:1). Mais malgré tous les miracles opérés au milieu d’elle,
elle ne s’est pas repentie. Le jugement de Sodome sera plus supportable que le
sien, au jour du jugement.
Tandis
que Jérusalem, abaissée pour un temps, mis au rang des autres villes des
nations, sera restaurée
et sera
plus élevée encore que dans le passé : L’Éternel l’appelle : « ma
montagne sainte » (És. 66:20).
Le roi de Juda, les sacrificateurs, les prophètes sont, pour la plupart, massacrés ou emmenés en captivité. Mais ce n’est pas de l’activité malfaisante de l’ennemi qu’il est question ici.
C’est
Dieu
qui, dans l’ardeur de sa
colère
,
dans son
indignation
, dans sa fureur
, a retranché « toute la corne
d’Israël » (Lam. 2:3), et élevé celle de ses adversaires (Lam. 2:17). La corne
, dans l’Écriture, est le symbole de
la force.
À
quatre reprises, dans ces versets 4 et 5, le prophète fait ressortir que
l’Éternel a agi comme
un ennemi
. Il a bandé son arc et « tué tout
ce qui était agréable à l’oeil dans la tente de la fille de Sion » (Lam. 2:4).
Pourtant Dieu n’est jamais un ennemi pour les siens. C’est leur
iniquité qui le contraint d’agir
ainsi.
Que
de fois des enfants de Dieu, du fait de leur obstination
ont dû apprendre comme le cheval ou comme le mulet, qui ont besoin de la bride
et du mors pour les refréner « quand ils ne veulent
pas
s’approcher de toi » (Ps. 32:9). Mais la foi
est assurée que Son amour et Sa
tendresse sont inchangés. Il n’abandonne jamais les siens (Ps. 37:28).
Il
n’y a plus de culte, plus de service sacerdotal. « La Loi n’est plus
» (Lam. 2:9). Cette expression souligne que
la Loi n’est plus respectée sur des points de la plus haute importance, à
commencer par ces sacrifices qui doivent pourtant être offerts continuellement.
Les
prophètes
n’ont vu pour le peuple
que « la vanité et la folie ». Ils sont responsables de ne pas avoir dénoncé
l’iniquité du peuple. Il aurait ainsi été préservé d’aller en captivité (Lam.
2:14). Maintenant ils passent « la nuit sans vision, les ténèbres sans
divination » (Mich. 3:6-7).
Les
anciens
de la fille de Sion,
assis par terre, ont de la poussière sur leur tête et sont vêtus de sac en
signe de deuil. Ils gardent le silence (Lam. 2:20).
Les
vierges
et les femmes, humiliées
par l’ennemi, dans la détresse, baissent leur tête vers la terre (Lam.
1:4 ; 2:10 ; 5:11).
Le
Seigneur
a fait oublier dans Sion
les jours solennels et le Sabbat. On a bien « poussé des cris dans la Maison de
l’Éternel, comme au jour d’une fête solennelle », mais c’étaient les adversaires
qui rugissaient
ainsi au milieu
des lieux assignés au service divin ! (Lam. 2:7 ; Ps. 74:4).
Le Seigneur a saccagé la clôture de Son jardin, un jardin où il n’a trouvé que des raisins sauvages (Lam. 2:6 ; Ps, 80:12-16 ; És. 5:1-7).
Dieu
« s’est proposé de détruire la
muraille de la fille de Sion » ! (Lam. 2:8). « Il a étendu le cordeau
, il n’a pas retiré sa main
pour cesser de détruire ».
Il ne s’agit pas ici d’un cordeau pour mesurer des lots dans le bel héritage
(Ps. 16:6) mais du « cordeau de la désolation » (És. 34:11). Dieu a englouti et
n’a pas cessé !. Tout est en ruines, les portes sont enfoncées dans la
terre et les barres sont brisées. (Lam. 2:8-9). Comment peut-on désormais séparer
ce qui est saint
de ce qui est profane
? (Éz. 42:20).
L’autel et le sanctuaire sont souillés, dévastés. Tous les objets précieux sont emportés à Babylone (Lam. 1:10). Plus tard, Belshshatsar ose commander, à l’occasion d’un festin, d’amener ces vases d’or et d’argent, tirés du Temple, pour y boire du vin ! (Dan. 5:2).
Même l’Arche, encore mentionnée dans Jérémie 3:16, appelée le « marchepied de Ses pieds » (Lam. 2:1 ; Ps. 132:7) va disparaître à jamais.
Dieu
rompt
ses relations avec son
peuple coupable. Il l’appelle désormais « Lo-Ammi » : pas mon peuple
(Osée 1:9). Devant un tel tableau
de désolation, la tristesse du prophète est immense. Ses larmes, intarissables,
coulent devant cette ruine « grande comme la mer » (Lam. 2:13).
Mais
cette situation humiliante n’empêche pas Jérémie d’espérer
(Lam. 3:29). Il est décidé à mener deuil « jusqu’à ce que
l’Éternel regarde
et voie des cieux » (Lam. 1:9,
11, 20 ; 2:20 ; 3:50, 63 ; 5:1).
Jésus,
dans les perfections de son coeur, parfaitement humain et parfaitement divin, a
pleuré pendant les jours de sa chair sur Jérusalem (Héb. 5:7) : « Si tu
eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui
appartiennent à ta paix » ! Dans son omniscience, Il sait tout ce que la
ville coupable va endurer, après
le rejet de son Messie, et Il en parle à ses disciples (Luc 19:41-44). Quelle
douleur pour son merveilleux amour ! Il a longtemps cherché à rassembler
ses enfants « comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes » (Matt.
23:37). Il voulait accomplir ses pensées de grâce à l’égard de Jérusalem, créée
pour être une jubilation, encore appelée la
sainte
ville après la crucifixion (Matt. 27:53).
Mais
la patience de Dieu a un terme, même vis à vis de son peuple. Mesurons la
solennité de ces paroles d’Ésaïe : « Est-ce peu de chose pour vous
de lasser la patience des
hommes, que vous lassiez aussi
la
patience de Dieu ? » (És. 7:13).
Les
prophètes n’ont pas dénoncé les crimes de Juda, ni cherché à l’amener à la
repentance. Enduire un mur avec un mauvais mortier cache momentanément son état
réel
(Éz. 13:10). Tous les grands
aussi, ont mérité ce jugement
sévère (Jér. 5:5). Que de fois on voit que la main des chefs et des gouverneurs
est la
première
pour suivre un chemin de péché (Esd. 9:2).
D’autres souffrent aussi, sans être pourtant directement responsables. C’est le cas des vieillards et celui des enfants. Même des nourrissons défaillent de faim, couchés au coin des rues de la ville (Lam. 2:11, 19, 21 ; 4:4).
C’est seulement en retrouvant la communion avec son Dieu que le peuple recevra la nourriture pour son corps et la paix pour son âme. Sinon, il reste affamé et agité.
Faute
d’aliments appropriés pour l’édification des âmes, qui amène une croissance
spirituelle normale, il y a beaucoup de croyants affaiblis
, défaillants, dans les assemblées. Il faut
considérer soigneusement nos voies et retourner au Seigneur.
Devant l’ampleur du désastre, Jérémie ne soulève pas d’interrogation. Mais il se tient à la brèche pour le pays (Éz. 22:30), et intercède encore pour ce peuple qu’il aime.
Sa noble attitude rappelle l’intercession du Seigneur sur la Croix à l’égard de ses bourreaux : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23:34).
On
retrouve ici « ceux qui passent par le chemin » (Lam. 2:15-16), avec plutôt
maintenant des moqueries
dans
leur bouche, ce qui montre leur méchanceté foncière. Leur attitude n’est pas
sans rappeler celle des Pharisiens, à l’égard d’Étienne. Ils sifflent et
grincent des dents. Ils disent, avec une joie mauvaise : « Nous les avons
engloutis ; oui, c’est ici le jour que nous attendions ! ». Grandement
attristé, Jérémie affirme : L’Éternel
a fait ce qu’il s’était proposé… l’ennemi s’est réjoui sur toi ! (Lam.
2:16-17 ; Ps. 35:21, 25).
Jésus,
la sainte Victime, a connu de tels outrages, poussés à l’extrême, durant les
heures terribles de la croix (Ps. 22:7-8 ; Matt. 27:29-31). Ce qui est un
sujet d’adoration
pour la foi, a
été un sujet de moquerie. Ils ont osé dire : « Il a sauvé les autres
, il ne peut se sauver lui-même ;
s’il est le roi d’Israël, qu’il descende
maintenant de la croix,
et nous croirons en Lui. Il s’est confié en Dieu
, qu’il le délivre
maintenant, s’il tient à Lui
»
(Matt. 27:42-43).
Mais cette
terrible épreuve fait briller ses perfections. Plus Il est broyé
et plus un parfum d’agréable odeur
monte vers Dieu.
S’exprimant
au sujet des habitants affligés de Jérusalem, le prophète déclare : « Leur coeur
a crié au Seigneur » (Lam. 2:18). Ce
n’est plus des vêtements que l’on déchire, c’est vraiment le coeur qui se brise
(Osée 7:14 ; Joël 2:13). La ville dans sa détresse, répond au conseil :
« Lève-toi, crie de nuit » (Lam. 2:19). Elle se tourne vers Celui qu’elle a
déshonoré et son coeur se répand devant Lui comme de l’eau : « Regarde
Éternel, et considère à qui tu fais
ainsi ! » (Lam. 2:20).
Les calamités qui fondent sur elle sont décrites, en commençant par la plus horrible. À force de misère, des mères peuvent-elles en arriver à dévorer les petits enfants, dont elles prennent soin ? Jérémie a déjà annoncé de telles atrocités (Jér. 19:9). Moïse la présente comme un des châtiments consécutifs à l’apostasie d’Israël (Lév. 26:29 ; Deut. 28:53, 56).
Une
autre question angoissée est posée ensuite : « Tuera-t-on le sacrificateur
et le prophète dans le sanctuaire du
Seigneur
? » (Lam. 2:20). Un crime aussi odieux a déjà eu lieu
(2 Chr. 24:21, cité dans Matt. 23:35).
On comprend que Jérusalem s’écrie : « Tu as convoqué, comme en un jour de fête solennelle, mes terreurs de toutes parts ; et au jour de la colère de l’Éternel, il n’y a eu ni réchappé, ni reste » (Lam. 2:22).
Dans la complainte suivante
, la
détresse du prophète atteint son comble. Sans être personnellement coupable, il
prend sur lui
les forfaits de son
peuple. Tout se passe comme si le châtiment tombe sur lui seul
: « Je suis l’homme
qui ai vu l’affliction par la verge de sa
fureur » (Lam. 3:1).
Conduit et amené dans les ténèbres, et non dans la lumière (És. 59:9), Jérémie apparaît dans ce passage, comme un type du Seigneur Jésus, quand il paie, devant la justice inflexible de Dieu, l’immense prix de la Rédemption.
Pour
le Seigneur, les souffrances de la part de l’homme (Comparer Lam. 3:14, 30 avec
le Ps. 69:12 et És. 50:6) sont suivies par celles qu’il rencontre de la part de Dieu
, pendant les trois
heures de ténèbres. Fait péché pour nous
(2 Cor. 5:21), il subit à notre place le terrible courroux divin. Les effets de
cette colère sont évoqués ici (Comparer Lam. 3:8 avec le Ps. 22:2). C’est contre lui
que Dieu a « tout le jour tourné
et retourné Sa main » (Lam. 3:3). Il a bâti contre Lui un mur infranchissable
(Lam. 3:5).
Le
Seigneur, plus que tout autre, a habité dans des lieux ténébreux
(Lam. 3:6). Il a douloureusement ressentit
la solitude, son âme était rejetée « loin de la paix » (Lam. 3:17). Sur la Croix,
Dieu ferme l’accès à sa prière. Il bande son arc et darde ses flèches contre la
sainte Victime (Lam. 2:4 ; 3:12).
Mais
dans le coeur du Seigneur, la confiance et l’espérance ne font pas défaut un
seul instant (Ps. 22:9-10), à la différence de Jérémie, qui touche le fond
, et en vient à dire :
« Ma confiance est périe, et mon espérance en l’Éternel » (Lam. 3:18).
Mais
bientôt le prophète se souvient des « bontés de l’Éternel ». Le ton change,
l’espérance renaît
(Lam. 3:21).
Sa confiance s’affirme jusqu’au verset 36. L’affligé cherche du secours auprès
de Celui qui le frappe ! Son âme, jusqu’alors abattue, réalise que cette
calamité, voulue et mesurée
par
Dieu, a déjà sans doute atteint son comble.
Sa
foi
est à nouveau soumise et confiante
. Il s’adresse à son
Dieu : « Souviens-toi de mon affliction » (Lam. 3:19). Il affirme :
« Ses compassions ne cessent pas
,
elles sont nouvelles
chaque
matin ». C’est une source inépuisable ! Grande est sa fidélité, Le prophète
ajoute : « c’est pourquoi j’espérerai en
Lui
», même si toutes les autres sources de joie ont disparu !
(3:22-24 ; Hab. 3:17-18 ; Phil. 4:11-13).
L’Éternel
est bon
pour ceux qui s’attendent
à Lui (Lam. 3:25 ; Mich. 7:7). La patience est une disposition devenue
rare, alors que ceux qui habitent sur la terre montrent un désir effréné
d’obtenir ce que le coeur naturel convoite (Marc 4:19).
Deux
choses bonnes
pour l’homme sont
mentionnées : Il est bon de savoir
attendre
, et dans le silence
,
le salut
de l’Éternel. Attitude
bénie, au milieu des troubles et des perplexités du chemin. Il est bon aussi de
porter le joug
dans sa jeunesse,
car notre volonté propre doit être brisée. Acceptons le joug aisé
du Seigneur (Matt. 11:30), au lieu
d’être obligé d’apprendre, dans la douleur, courbé « sous un joug de
transgressions » (Lam. 1:14). Dans cet état, on éprouve combien il est difficile
d’être libéré du joug de l’ennemi, après l’avoir longtemps porté !
Les
versets qui suivent (Lam. 3:28-30) font penser une fois encore au Seigneur. En
effet, qui
plus que Lui a connu
la solitude
? (Ps.
102:7 ; Ps. 26:16). Qui
a su
comme Lui se taire
devant ses
accusateurs et les faux-témoins ? (Matt. 27:12-14). Il a mis sa bouche
dans la poussière, en signe de soumission absolue à la volonté de Dieu. La
verset suivant met en évidence Ses merveilleux motifs : Il a pris sur Lui
notre iniquité et il a
présenté sa joue à celui qui le frappait (És. 50:6). Dans son chemin de
renoncement, Il a été rassasié d’opprobre
.
L’épreuve
ne doit jamais
faire douter de
l’amour de Dieu. « Ce n’est pas volontiers
qu’il afflige et contriste les fils des hommes » (Lam. 3:33). À plus forte raison
quant il s’agit des siens. Il le fait pour un peu de temps, si cela est
nécessaire (1 Pier. 1:6).
Une
épreuve doit être l’occasion de s’examiner devant Dieu sans complaisance
: « Recherchons nos voies
et scrutons-les, et retournons jusqu’à l’Éternel » (Lam. 3:40). Alors, chacun
peut reconnaître avec le Psalmiste : « Il est bon pour moi que j’aie été
affligé, afin que j’apprenne tes statuts », et reconnaître : « Avant que je
fusse affligé, j’errais
, mais
maintenant je garde ta Parole » (Ps. 119:71, 67).
Il
y a, sur cette terre, des injustices flagrantes (Lam. 3:34-36). Jérémie a été
le témoin oculaire de l’une d’entre elles. Les Chaldéens ont traité avec une
grande cruauté leurs prisonniers de guerre. Que de fois l’on fait tort
à un homme dans sa cause et l’on fait
fléchir son droit !
Mais
tout se passe « devant la face du Très-haut » et rien n’arrive sans qu’Il ne
l’ait commandé (Job. 1:12 ; 2:6). C’est de
Lui
que viennent « les maux et les biens ».
C’est
bien ce que David a compris devant les paroles violentes de Shimhi. Il arrête
le bouillant Abishaï, prêt à intervenir et affirme que c’est l’Éternel
qui lui a dit :
Maudit David ! (2 Sam. 16:7-10).
Mais
quel est donc le but
que Dieu
poursuit ? « Vous avez vu la fin
du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux »
écrit Jacques (5:11). Dieu désire produire dans le coeur des siens un profond jugement de nous-même
s qui nous fait
souvent cruellement défaut. Il faut revenir à Lui : « Élevons nos coeurs
avec nos mains vers Dieu » et
confessons, comme Jérémie : « Nous avons désobéi et nous avons été
rebelles » (Lam. 3:42).
Or
souvent, nous cherchons plutôt
à
échapper à la discipline qui, pour le présent, ne semble pas être un sujet de
joie (Héb. 12:11).
C’est
l’attitude de Juda : Dieu envoie le roi de Babylone contre lui
, à cause de leurs péchés. Mais leur
premier réflexe est de se tourner vers le roi d’Égypte, pour chercher en vain
du secours (És. 36:6 ; Jér. 17:5). Agir ainsi, c’est désobéir ouvertement
à l’enseignement de la Parole de Dieu (Jac. 4:9-10).
Le
prophète doit ajouter : « Tu n’as pas pardonné ». C’est inutile de prier, si
l’on est déterminé à continuer
de
pécher (Job 20:12-13). Dieu s’enveloppe d’un nuage, la prière ne passe pas
(Jér. 14:11-12). C’est le signe solennel que l’on n’a pas jugé son mauvais
état, de sorte qu’il devient désespéré :
Désormais
Jérémie doit dire : « Tu nous as faits la balayure
et le rebut
au milieu des
peuples » (Lam. 3:45). Paul, se sert de ces expressions touchant les apôtres.
Ceux-ci acceptent d’être ainsi traités. Ils réalisent pleinement que l’opprobre
est lié au service du Seigneur. Tandis que les hommes estiment une telle
condition extrêmement misérable (1 Cor. 4,13).
« Ceux
qui sont mes ennemis sans cause
»
(Ps. 35:19 ; 69:4), m’ont fait la chasse comme à l’oiseau, rappelle le
prophète (Lam. 3:52 ; Jér. 37:15-16). David emploie le même langage, quand
Saül le poursuit comme une perdrix sur la montagne (1 Sam. 26:20). Pour le
Seigneur, plus encore que pour David ou Jérémie, ces ennemis impitoyables sont
ses proches ! (Ps. 55:12-13).
Jérémie se souvient de l’horrible fosse où il a été jeté (Jér. 38:4-6). « Les eaux ont coulé par dessus ma tête ». « Ils m’ont ôté la vie… J’ai dit : Je suis retranché ! » (Lam 3:53-54). C’est en tout cas l’intention avouée de ses adversaires : « Qu’on fasse donc mourir cet homme ! ». Mais Dieu prépare un instrument inattendu, Ébed-Mélec l’Éthiopien, et le prophète est délivré (Jér. 38:7-13).
Mais
le Seigneur, pour sa part, a dû réellement
entrer dans la mort (Rom. 5:6, 8) pour rendre impuissant celui qui avait le
pouvoir de la mort, c’est à dire le diable (Héb. 2:14). Prophétiquement,
l’homme Christ-Jésus dit : « Il s’est penché vers moi, et a entendu mon
cri. Il m’a fait monter hors du puits de la destruction, hors d’un bourbier
fangeux » (Ps. 40:1-2).
Le prophète rappelle aussi que sa prière a été exaucée : C’était, comme pour Jonas, « de la fosse des abîmes ». Un enfant de Dieu est l’objet de toutes Ses compassions. « Tu t’es approché au jour que je t’ai invoqué, tu as dit : Ne crains pas » (Lam. 3:57). Précieuse parole, si fréquente dans l’Écriture. Ce sont de puissants motifs d’espérer une prompte délivrance (Ps. 69:18) !
Dieu
a vu leurs outrages, leurs machinations
.
Il sait que son serviteur sert de chanson aux buveurs (Lam. 3:14, 63 ; Ps.
69:12). Il a pris sa cause en mains, Il rendra aux adversaires selon leurs
oeuvres (2 Tim. 4:14 ; Rom, 12:19).
Dans la quatrième complainte
,
Jérusalem en ruines offre au spectateur un contraste saisissant avec ce qu’elle
était du temps de sa prospérité. Le prophète s’étonne : Comment
ces fils de Sion, « si précieux, estimés
à l’égal de l’or fin », sont-ils
maintenant réputés des vases de terre, ouvrage des mains d’un potier ?
(Lam. 4:2). En fait, leur belle prestance s’est révélée trompeuse. L’épreuve
annoncée a eu lieu (Jér. 9:7). Elle met en évidence le véritable état
du coeur. L’or seul
résiste. Le feu divin de l’Affineur a tout consumé (1 Cor. 3:13 ; Jér.
6:29). La mort est partout dans la ville, Ils n’ont pas échappé à la souillure.
C’est
souvent dans des circonstances extrêmes, que la cruauté éclate au grand jour.
Le comportement de la fille de Sion ressemble maintenant à celui des « autruches
du désert », cruelles à l’égard de leur couvée (Lam. 4:3 ; Job 39:19). Elle
n’a plus de pitié, rien ne semble subsister de son instinct maternel. Personne,
un mot qui revient souvent dans
ce livre (Lam. 1:4, 7, 9, 21 ; 4:4 ; 5:8), n’est disposé à s’occuper
même des petits enfants affamés. L’égoïsme
naturel s’étale, dans toute sa laideur.
Même
les plus riches, ceux qui « mangeaient des mets délicats », qui ont été « élevés
sur l’écarlate », partagent la même misère et périssent dans les rues. La peine
de l’iniquité d’Israël est plus grande que la peine du péché de Sodome :
le sort de cette ville a été plus supportable, au moins ses habitants ont péri
en un instant, tandis que ceux qui restent à Jérusalem meurent lentement
d’inanition (Lam. 4:5-6).
La corruption touche même les nazaréens. S’agit-il des Récabites ? (Jér. 35). En tout cas on ne les connaît plus dans les rues de Jérusalem. Au lieu d’être « plus purs que la neige, plus blancs que le lait, leur figure est devenue plus sombre que le noir » (Lam. 4:7-8).
Les chrétiens se font-ils reconnaître par la pureté de leur conduite et leur séparation pour Dieu ?
Avec douleur, Jérémie confirme ici qu’à force de misère, ce qui était auparavant une crainte, est devenue une terrible réalité : « Des femmes tendres » en sont venues à commettre de véritables infamies : Elles ont fait cuire leurs enfants pour s’en nourrir ! (Lam. 4:10 ; 2:20).
L’Éternel
a accompli sa fureur. Il a « allumé un feu en Sion qui en a dévoré les
fondements » (Lam. 4:11). La ville de Jérusalem était réputée imprenable
(Lam. 4:12), avec son puissant
système de défense, complété par plusieurs rois, Ozias et Manassé en
particulier. D’ailleurs, les nations environnantes savaient bien qu’à plusieurs
reprises Dieu avait sauvé de façon miraculeuse Jérusalem, la ville du grand Roi
(2 Rois 19:32-34 par
exemple).
Mais
Dieu verse sa fureur sur Jérusalem, à cause des péchés des prophètes
, et des iniquités des sacrificateurs
. Chargés de veiller sur le
peuple, ils ont en réalité versé le sang des justes (Lam. 4:13). Jérémie
connaît, par expérience personnelle leur cruauté (Jér. 26:8). Maintenant, on
peut les voir errer dans les rues, aveugles, souillés de sang, de sorte qu’on
ne peut toucher leurs vêtements. On leur crie : « Retirez-vous ! un
impur ! ne touchez pas ! » (Lev. 13:45). Ils sont contraints de
s’enfuir. L’on dit parmi les nations : « Ils n’auront plus leur
demeure » ! Quelle honte, quand le monde est ainsi témoin de nos misères (2
Sam. 1:20).
Tous ces affligés ont attendu, inutilement, un « secours de vanité ». Ils ont compté « continuellement sur une nation qui ne sauvait pas » (Lam. 4:17). Il s’agit des Égyptiens, leurs prétendus alliés. Or pendant ce temps, les Chaldéens épient les habitants de Jérusalem, apparemment du haut des tours dont ils se servent pour assiéger la ville. Ils font la chasse à ceux qui s’aventurent hors des maisons et leur lancent des flèches. Il est devenu dangereux de marcher sur les places.
Plus tard, quand la brèche est faite à la ville, l’ennemi poursuit, par monts et par vaux, Sédécias, qui cherche à s’enfuir. Finalement les Chaldéens s’emparent de celui qui a si mal porté son titre d’Oint de l’Éternel (Lam. 4:19-20 ; Jér. 39:4-5 ; 52:8). Il faudra attendre la venue du véritable Oint de l’Éternel, pour qu’enfin son peuple puisse habiter à son ombre en parfaite sécurité.
Désespérés,
les hommes de Juda déclarent : « Notre fin est proche, nos jours sont
accomplis » (Lam. 4:18). Une déclaration qui remplit d’allégresse la fille
d’Édom ! Mais cette joie mauvaise sera de courte durée. Les nations « ont
aidé au mal » (Zach. 1:15 ; Amos 1:11). À leur tour, elles connaîtront le
châtiment de Dieu. Il visitera leur iniquité : « La coupe
[c’est une coupe de colère, de
vengeance divine] passera » vers Édom ; « Tu seras enivrée et tu te mettras
à nu » (Lam. 4:21 ; Éz. 25:12-14).
Le
peuple pense qu’il n’y a plus d’espoir. C’est à ce moment-là que Dieu
déclare : « La peine de ton iniquité a
pris fin
, fille de Sion » (Lam. 4:22). C’est la seule fois qu’Il parle directement
dans ce
livre : Sion ne sera plus menée en captivité.
C’est
toujours au moment où l’on réalise être vraiment à bout
de ressources, que Dieu se plaît à intervenir,
montrant son amour et sa puissance. « Parlez au coeur de Jérusalem et criez-lui
que son temps de détresse est accompli, que son iniquité est acquittée » (És.
40:2 ; Jér. 46:27-28).
Quel contraste absolu entre l’avenir de Sion et celui d’Édom ! La lecture du livre du prophète Abdias montre qu’Édom va être l’objet d’un jugement définitif, sans même qu’un résidu ne soit épargné.
Il reste encore une complainte
,
mais elle a plutôt le caractère d’une supplication.
Le résidu y fait une fois encore la triste et humiliante description
de son état
, sans rien cacher.
Les fidèles invitent à nouveau Dieu à regarder
leur opprobre (Ex. 3:7). Ils veulent attirer son attention sur leurs malheurs
passés et présents.
Le
précieux héritage est aux mains des étrangers (Ps. 79:1). Eux-mêmes ressentent
douloureusement leur esclavage. Ils ont follement abandonné la source des eaux
vives (Jér. 2:13). « Parce que tu n’as pas servi l’Éternel, avec joie et de bon
coeur… tu serviras, dans la faim et dans la soif et dans la nudité… tes
ennemis » (Deut. 28:47-48). Ils doivent payer très cher leur eau
et les fournitures de première
nécessité, comme le bois
, pour
faire cuire leurs aliments (Lam. 5:4). Ils ont « tendu la main vers l’Égypte,
vers l’Assyrie, pour être rassasiés de pain » (Lam. 5:6), mais ils n’ont pas eu
de repos. Au contraire, un rude service leur a été imposé. Sans compter des
outrages et des humiliations continuelles, d’une nature extrêmement pénible
(Lam. 5:11-13). Leurs ennemis ne respectent ni l’âge, ni la condition. C’est
une terrible école, que celle de Satan !
À
nouveau, ils reconnaissent que leurs pères ont péché (Lam. 5:7), mais eux aussi
: « Malheur à nous, car nous
avons péché » (Lam. 5:16). Leur coeur est abattu, leurs yeux obscurcis par les
larmes, quand ils pensent à la montagne de Sion, si désolée, que des renards
s’y promènent en toute quiétude au milieu des ruines.
Cette
complainte se termine par ces paroles particulièrement touchantes : « Toi,
ô Éternel ! Tu demeures à toujours, ton trône est de génération en
génération » (Lam. 5:19). Oui, Dieu seul
peut les guérir, les restaurer et « renouveler leurs jours comme ceux
autrefois » ! Les coeurs s’abandonnent avec droiture à la sainte volonté de
Dieu.
Dès
lors, il y a place pour l’espérance
!
Comment pourrait-on croire qu’ils sont entièrement
rejetés ? (Jér. 14:19). Les dons de grâces et l’appel de Dieu sont sans
repentir ! (Rom. 11:29). Il se doit à lui-même, à sa sainteté, de les
châtier, mais son âme est toujours en peine
de la misère d’Israël (Jug. 10:16).
Bientôt, le Soleil de justice apportera la guérison au pauvre résidu souffrant (Mal. 4:2). Dieu essuiera toute larme de leurs yeux et les fera jouir de ce pays ruisselant de lait et de miel, promis à son ami, Abraham.
Il
faut reconnaître avec humiliation que le mal a aussi envahi l’Église. Comme un levain
qui fait lever la pâte tout
entière, la mondanité, l’abandon de la crainte de Dieu, la mise de côté des
enseignements de l’Écriture conjugués, ont provoqué une grande ruine. Ils
engendrent de tristes effets moraux, aussi lamentables que ceux qui sont
décrits dans ce livre.
Comme
pour ce peuple, « notre coeur a cessé de se
réjouir
» (Lam. 5:15). Avons-nous encore à coeur la gloire de Dieu ou
restons-nous indifférents à la misère spirituelle des rassemblements ? Ne
laissons pas notre conscience s’endurcir peu à peu. Israël demande ici : Fais-nous
revenir
à Toi
, ô Éternel ! et nous reviendrons
(Ps. 80:3, 7, 19). Lui
seul peut aussi guérir l’Église. Il va se la présenter sans tâche, ni ride ni
rien de semblable. Il veut nous rendre les années mangées par la sauterelle,
l’yélec ou la locuste, sa grande armée
,
envoyée en discipline au milieu de nous (Joël. 2:25). Laissons-le opérer,
soyons attentifs à écouter sa voix douce et subtile et obéissons
.
Ces
affligés de Juda semblent incertains
quant à l’issue de leur épreuve. Ils se demandent si c’est vraiment
la volonté de Dieu de les
restaurer ? (Lam. 5:22).
Mais nous savons
par l’Écriture, que si
nous confessons nos péchés, Celui qui s’est
acquis l’Assemblée par son sang précieux versé à la Croix, est fidèle et juste
pour nous pardonner (1 Jean 1:9). Il faut que nos coeurs soient enfin vraiment
humiliés et notre Dieu fidèle répondra. Il demeure le MÊME (És. 41 4).
Du rocher de Jacob toute l’oeuvre est parfaite
Ce que sa bouche a dit, sa main l’accomplira.
Le Tout-Puissant nous soutiendra !
Car il est notre Dieu, notre haute retraite.
De tous nos ennemis il sait quel est le nombre
Son bras combat pour nous et nous délivrera
Sa puissance triomphera
Les méchants, devant Lui, s’enfuiront comme une ombre
2. 11. 2000