Ô Dieu ! Ta voie est dans le lieu saint…Ta voie est dans la mer, et tes sentiers dans les grandes eaux ; et tes traces ne sont pas connues (Ps 77:13, 19).
Philippe Laügt
Décembre 2005
Table des matières :
1 - 1 Asaph, prophète, chantre et psalmiste
1.1 - Établi pour la louange, devant l’arche
1.2 - Plus de charges, plus de bénédictions
2 - Le Psaume 77, un psaume d’Asaph
2.1 - Abattement et doutes du chantre. Les ressources
Les lévites avaient la responsabilité d’établir leurs frères
comme chantres
, avec des instruments de musique, des luths, et des
harpes et des cymbales qu’ils faisaient retentir en élevant leur voix avec
joie ! Héman
, fils de Joël, un descendant de Coré, fut choisi… et
d’entre ses frères, Asaph
, le fils de Bérékia, de la descendance de
Kehath, à laquelle étaient confiés les ustensiles du tabernacle au désert, et Éthan
,
parmi les fils de Mérari (1 Chr. 15:16-17). Ils étaient tous des hommes
« instruits dans l’art de chanter » (1 Chr. 25:7).
Après être restée trois mois dans la maison d’Obed-Edom, l’arche de l’Éternel avait été placée en son lieu, sous la tente que David avait tendue pour elle. Ensuite le roi offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérités devant l’Éternel (2 Sam. 6:12-17) et « il établit des lévites devant l’arche de l’Éternel pour faire le service, pour rappeler, célébrer et louer l’Éternel, le Dieu d’Israël ». David désigne chacun par son nom ; le premier nommé est Asaph, il est appelé le chef. Il faisait continuellement retentir les cymbales. En outre, en ce jour solennel, c’est entre ses mains et celles de ses frères que David remet un psaume, le premier, pour célébrer l’Éternel et invoquer son nom (1 Chr. 16:4-7). Ce psaume s’achève en demandant à Dieu : « Rassemble-nous et délivre-nous d’entre les nations, afin que nous célébrions ton saint nom, et que nous nous glorifions de ta louange ». À une telle prière, tout le peuple s’associe et répond : Amen ! Et il loue l’Éternel ! (1 Chr. 16:35-36).
Dans ce récit, tout montre qu’Asaph avait acquis un bon degré
(1 Tim. 3:13). Aussi David le plaça-t-il là, devant l’arche de
l’alliance de l’Éternel
, avec ses frères, pour faire le service devant
l’arche continuellement, selon l’œuvre de chaque jour (1 Chr. 16:4). Plus loin,
il est précisé que lorsque les lévites jetèrent les sorts pour leurs charges,
le petit comme le grand, l’homme expert avec le disciple, Dieu permit
que le premier sort échoie justement à Asaph (1 Chr. 25 8-9). « On jette
le sort dans le giron, mais toute décision est de par l’Éternel
»
(Prov. 16:33). Asaph prophétisait sous la direction du roi (1 Chr. 25:2). Il
est aussi appelé le voyant
(1 Chr. 29:30). Il sera encore dans le
sanctuaire quand la maison de l’Éternel achevée par Salomon sera remplie d’une
nuée « telle que les sacrificateurs ne pouvaient pas s’y tenir pour faire
le service, car la gloire de l’Éternel remplissait la maison de Dieu » (2
Chr. 5:13-14).
Dieu s’est plu à entourer ce serviteur de bénédictions
excellentes. Il aura le privilège
de diriger ses fils et d’exercer sur
eux une influence bénie. Dans le livre des Psaumes, qui célèbre plus que tout
autre livre de l’Écriture la gloire de Dieu, douze d’entre eux sont attribués à
Asaph : les Psaumes 50 et 73 à 83. Asaph parle comme oracle de Dieu (1
Pierre 4:11), il exprime un intérêt profond pour le peuple de Dieu opprimé,
mais ses psaumes sont aussi l’expression de ce qu’il éprouve personnellement.
Il a compris le rôle que Dieu confie à son peuple : Lui apporter la louange (Ps. 50:23 ; Ps. 147:1). Il habite au milieu de son peuple et partage ses afflictions. Ses psaumes anticipent aussi les épreuves du résidu futur, Asaph entrant aussi, sous l’action de l’Esprit, dans les affections de Christ pour ce résidu fidèle et souffrant.
Il y a de nombreux témoignages dans l’Écriture de la ferveur d’esprit et de la joie d’Asaph dans son activité journalière de prophète et de chantre. Il est donc d’autant plus surprenant de constater son abattement et ses doutes. Va-t-il défaillir et se décourager dans le service précieux que Dieu lui a confié (Act. 13:36) ? Comme tant d’autres, il ne s’est pas tenu constamment dans le sanctuaire : de là résulte le travail douloureux par lequel il passe. Fort heureusement dans la seconde partie du Psaume 77, il se souvient de Celui vers lequel il faut se tourner pour être fortifié au jour de l’épreuve (Dan. 10:19). La même ressource ne demeure-t-elle pas indispensable au croyant qui suit parfois un sentier semblable à celui de ce psalmiste ?
En lisant ce psaume 77, on constate qu’il ressemble au Ps. 73, écrit aussi par Asaph et sans doute plus connu. Comme la plupart des psaumes, il débute par les conclusions auxquelles cet homme de Dieu est parvenu.
Asaph s’exprime avec force : « Ma voix s’adresse à
Dieu et je crierai ; ma voix s’adresse à Dieu, et il m’écoutera
» ! Puis il est occupé par les
circonstances qu’il traverse : il ne trouve pas de consolation dans sa
détresse. Même si durant la nuit sa main reste constamment étendue pour la
prière, il perd courage et s’agite. De façon anormale, penser à Dieu le fait
gémir au lieu de le réjouir. Il reconnaît : « Mon âme refusait
d’être consolée ». Tout en chérissant sa douleur, son âme repousse toute
intervention, toute aide. Une telle attitude le prive de tout repos : les
lamentations l’empêchent même de dormir. Alors se réalisent pour Asaph les
paroles de Salomon : « C’est en vain que vous vous levez matin et que
vous vous couchez tard, que vous mangez le pain de douleurs » (Ps. 127:2).
Il n’a plus cette communion paisible avec le Seigneur, qui est un besoin vital,
quelles que soient les circonstances ! Sans elle, le croyant ne peut
goûter cette assurance exprimée à la fin du même verset : « Ainsi, Il
donne le sommeil à son bien-aimé ».
Asaph est maintenant si troublé qu’il reste muet
, lui qui
était appelé à bénir l’Éternel en tout temps, et à avoir continuellement
sa louange dans sa bouche (Ps. 34:1). Il pense aux jours d’autrefois et les
compare tristement avec la situation actuelle. Son état d’esprit rappelle celui
de Gédéon. Ce dernier répond à l’Ange venu l’encourager à se lever pour
délivrer son peuple qui gémit sous l’esclavage de Madian : « Ah !
mon seigneur, si l’Éternel est avec nous, pourquoi donc toutes ces choses nous
sont-elles arrivées ?… Où sont toutes ses merveilles que nos pères nous
ont racontées ?… Et maintenant l’Éternel nous a abandonnés » (Jug. 6:13).
De nuit, le psalmiste se souvient de son cantique, des joyeux
accents de reconnaissance que lui inspiraient hier encore les divins bienfaits.
Ils sont aujourd’hui remplacés par des soupirs, des gémissements et par un silence
morne (Ps. 42:8). Il médite (Ps. 63:6), son esprit cherche diligemment une
explication à la conduite du Seigneur qui lui paraît mystérieuse ! Mais en
réalité, il est lui-même le
centre
de ses propres pensées, il est
occupé de lui-même.
Les pronoms personnels je
, moi
et l’adjectif mon
abondent : on les retrouve plus
de vingt fois
, alors que Dieu
ne s’y trouve que sept fois
. Asaph montre à quel point il
est désorienté en formulant une série de cinq hypothèses attristantes ;
chacune d’elles converge vers cette unique interrogation : Dieu nous
aurait-il abandonnés ? A-t-Il « oublié d’user de grâce » ? A-t-Il
« enfermé ses miséricordes dans la colère » ! (Ps. 77:7-9). Au
Psaume 73, sa perplexité l’avait même conduit à porter envie aux méchants en
voyant leur prospérité. Car il la comparait
à son propre sort : son
châtiment revenait tous les matins, pensait-il ! (Ps. 73:3, 13-14). Ici,
il compare
la situation présente aux bénédictions du passé, et il est
tout près de conclure avec audace que Dieu n’est plus
le même
! On retrouve chez lui
cette disposition à se décourager, qui est toujours une véritable entrave pour
un développement spirituel harmonieux (Héb. 12:5, 11).
Heureusement, à la fin du verset 9 (comme aux v. 3 et 15) le
psalmiste marque une pause
, un « Sélah ». C’est l’occasion
pour Asaph de réaliser subitement qu’il s’est égaré dans ses pensées. Il le
confesse : « C’est ici mon infirmité ». Il comprend que cette faiblesse
répétée a provoqué son abattement ! Soupirer après des bénédictions dont nous
avons joui
autrefois
génère inutilement du trouble. Il est
certes précieux de se souvenir
« des années de la droite du Très-Haut…
des œuvres de Jah… et de ses merveilles d’autrefois » (Ps. 77:10-11) afin
que des actions de grâces en résultent. Il y a des expériences avec Dieu que
nous n’oublierons jamais. Moïse exhortait le peuple, tout en leur rappelant la
pensée de Dieu, à se souvenir de Ses voies, de Ses œuvres et de Ses
commandements (Deut. 8:2-4). Si le temps présent paraît plus difficile, ne
désespérons pas ! C’était l’infirmité d’Asaph, et c’est peut-être aussi
parfois la nôtre
! Il ne sert à rien de se lamenter ! Soyons
résolument occupés
de Celui qui nous entoure en tout temps
de Ses
grâces et qui reste immuable dans Son amour ! Et même si, à cause de nos
infidélités, Dieu est « affligé » (Ps. 78:41 ; en un sens
« limité » selon la variante de ce verbe affliger indiquée en note),
même si Dieu est obligé de retenir
pour un temps la bénédiction (Amos 4:7 ;
Aggée 1:10), soyons assurés que Sa fidélité ne change pas (Ps. 36:5 ; 2
Tim. 2:13).
Ailleurs, après avoir incité son peuple à ne plus Le frustrer
mais à apporter fidèlement les dîmes à la maison du trésor, Dieu ajoute : « Éprouvez-moi
par ce moyen… si je ne vous ouvre pas les écluses des cieux, et ne verse pas
sur vous la bénédiction jusqu’à ce qu’il n’y ait plus assez de place
»
(Mal. 3:10-12).
Soudain Asaph reprend courage. Son changement d’attitude
spirituelle est comparable à celui qui se produit entre Romains 7 et Romains 8.
Asaph lève ses regards vers les cieux et affirme maintenant sa confiance en
Dieu
seul
, même si la bénédiction
est retirée. Il est déterminé à se souvenir des circonstances périlleuses où Dieu
est intervenu en faveur de son peuple. Il est conduit aussitôt à
reconnaître que Dieu est saint, que tout ce qu’Il fait est parfait, juste et
bon et qu’Il ne fait pas d’erreur. Dans les dix derniers versets, les pronoms
personnels désignant Asaph ne se trouvent plus que trois fois, alors que les noms
et les pronoms en relation avec la déité reviennent plus de vingt fois !
Le ministère de Christ chez le croyant par le moyen du Saint Esprit a pour
effet de mettre de côté tous ces « je, moi, mon » !
Quand on trouve Dieu, les questions tombent. Asaph Le
célèbre pour ce qu’Il est et pour ce qu’Il a fait (Ps. 77:11-12). Il n’entre
pas toutefois, comme au Ps. 73, dans le sanctuaire, mais il reconnaît que Sa
voie est dans le lieu saint
où tout est lumière, où tout est clarté.
Et là, Dieu agit de façon parfaite, avec droiture, en opposition avec les voies
détournées d’Israël et de l’homme en général. Il a fait des merveilles dans le
passé et Il en fera encore et toujours. « Tu as racheté par ton bras ton
peuple » (Ps. 77:15). L’Éternel l’a délivré de la servitude, faisant ainsi
connaître Sa puissance parmi les peuples. Là, tout devient facile à comprendre
(Ps. 73:17).
Les fils d’Israël, parvenus sur l’autre rive de la mer Rouge, ont chanté d’une seule voix la gloire de Dieu, comme le fait ici le psalmiste : « Qui est comme toi parmi les dieux, ô Éternel ? Qui est comme toi, magnifique en sainteté, terrible en louanges, opérant des merveilles » ? (Ex. 15:11).
Asaph s’attache ensuite à décrire de façon remarquable la majesté de Dieu. Les termes employés rappellent d’autres expressions de l’Écriture : celles du Psaume 114:3-4, de Habakuk 3:8-15 et de 2 Sam. 22:8-19. « Toutes choses le servent » (Ps. 119:91) ; s’Il le juge bon, Dieu se sert des forces de la nature pour délivrer son peuple et pour détruire ses ennemis.
« Ta voie est dans la mer
»,
conclut le psalmiste. Qui peut connaître les sentiers de Dieu et qui peut les
changer ? Ses traces ne sont pas connues : mais Il doit être la
confiance des siens, même s’ils ne comprennent pas immédiatement ses desseins.
Il avait un sentier pour que son peuple puisse traverser la mer Rouge à pied
sec (Ex. 14:28). Au moment de l’épreuve, les siens sont enseignés à discerner
ses merveilles dans les eaux profondes de l’affliction (Ps. 107:23-30). Le
trait final d’Asaph est emprunté à Nomb. 33:1 (voir aussi Ps 78:52). Le
psalmiste s’arrête soudain : sa confiance en Dieu est à nouveau parfaite.
Ayant oublié la détresse qui submergeait son cœur au début du psaume, il se
repose maintenant entièrement sur son
Dieu.
Nous pouvons nous souvenir, comme Israël, de ce qui correspond à
la mer Rouge et au Jourdain, où Christ est descendu. Par son sang versé à la
croix, Christ a vaincu Satan, et nous a sauvé. Sa mort met ses rachetés en
possession de leur héritage céleste. Dans l’affliction, n’accusons pas Dieu,
même secrètement, d’avoir changé
. Il est immuable, saint, juste, plein
de grâce. En dépit de tous les obstacles, son peuple sera conduit comme un
troupeau dans son héritage. Comment douter ? Pourquoi se plaindre ?
Le Seigneur Lui
-même
nous conduit (Ps 73:24 ; Ex. 3:15).
Oui, sur Dieu seul, repose-toi mon âme ; Jésus est là, toujours à tes côtés.
Dans la douleur, dans les eaux, dans la flamme, son tendre amour a voulu te porter.
Si Dieu te forme et t’éprouve, mon âme, Il te conduit vers la félicité.
Repose-toi, paisible et confiante, laisse à Jésus le soin de ton bonheur
Dans le passé son aide fut constante, Il restera ton guide et ton Sauveur.
Comme autrefois, sa voix ferme et puissante apaisera les vagues en fureur.