Philippe Laügt
16.02.2004
Table des matières :
5 - L’entrée dans le sanctuaire, et ce qu’on y apprend
5.2 - Apprendre à voir comme Christ voit
5.3 - La figure de ce monde passe
6 - Résultat final : la louange
Au début de la Genèse, très vite après la chute d’Adam et d’Ève et
l’entrée du péché dans le monde, Jubal, un descendant
de Caïn, devient père « de ceux qui manient la harpe et la flûte » (Gen. 4:20-21). La
violence,
un des grands traits du péché avec
la corruption
, caractérise son
père Lémec (Gen. 4:23).
Quel usage les hommes vont-ils faire de ces
capacités que Dieu leur a données : le chant et la musique ? Vont-ils
s’en servir pour louer leur Créateur, comme le suggère le Psaume. 150 :
« Que tout ce qui respire loue Jah ! Louez Jah » ? Hélas, il suffit de lire dans le livre d’Amos,
pour constater le contraire. Ce sont pourtant des fils d’Israël, mais ils font partie
de ceux qui sont à
l’aise
en Sion ! Malheur
à
eux
, car au moment où la ruine
est très grande, les tribus divisées, ils cherchent à vivre, le plus possible, dans
les délices de la terre (Jac. 5:5). Dans le cadre d’une
recherche effrénée de leur
plaisir
, ils chantent au son du luth,
et inventent, comme David, des instruments pour accompagner le chant, mais
à
leur usage
. Ils cherchent à « éloigner le mauvais jour »
et ils ne sont pas disposés à
s’humilier, à s’affliger
« de la brèche de Joseph » (Amos 6:3-6) !
Quelle mise en garde pour les enfants de Dieu, tentés parfois de
s’engager dans un chemin, où ils espèrent trouver une abondance de pain et un insouciant
repos (Ézé. 16:49). Le monde suggère constamment de vains
plaisirs qui s’avèrent sans lendemain. Il cherche à anesthésier
notre conscience
pour nous éloigner de Christ. L’esprit du monde et des sentiments charnels ont souvent envahi l’Église et le Saint Esprit est attristé (Éph. 5:18-19). Tout n’édifie pas, la musique doit rester servante.
Le chant à l’unisson plaît à Dieu plus que n’importe quel instrument.
En contraste avec les désirs égoïstes d’autosatisfaction, l’Écriture
met l’accent sur le comportement d’un homme, selon le cœur de Dieu (Ps. 89:20).
Les pensées de David sont constamment occupées
de l’arche
(Ps. 132:4-5). Il a compris
sa valeur pour l’Éternel et saisi que sa
présence
est le signe
que Dieu daigne demeurer au milieu de son peuple. Maintenant, éclairés par la Parole
et le Saint Esprit, chacun peut
savoir que cette arche est un symbole
de
Christ
lui-même.
Il y avait longtemps déjà que le chant et la musique montaient vers
Dieu, avec son approbation. Il y avait eu en particulier le cantique
de la
délivrance
, sur les bords de la Mer rouge (Ex. 15:1-15). D’autres cantiques
se sont spontanément élevés vers Dieu : En particulier à Béer, au bord du puits
(Nom. 21:16-18), celui de Debora et de Barak dans un temps
de ruine (Jug. 5:1-31) et celui d’Anne, dont l’enfant,
Samuel, remplacera les sacrificateurs défaillants (1 Sam.
2:1-10).
Le chant et la musique sont bienséants. Ils retentissent, sur ordre de l’Éternel, essentiellement lors du sabbat et dans les jours de joie et de fête solennelle (Nom. 10:10).
Quand, le moment venu, l’arche est ramenée en grande pompe à Jérusalem,
David et toute la maison d’Israël s’égaient devant l’Éternel, avec toutes sortes
d’instruments de musique (2 Sam. 6:5). David a préparé
dans la ville du grand Roi une place pour l’arche de Dieu : il a tendu une
tente pour elle. Les sacrificateurs et les lévites se sont sanctifiés. David ordonne
alors aux chefs des lévites
d’établir leurs frères, les chantres
.
Le roi s’applique à organiser le chant, les chœurs et leur accompagnement
dans le sanctuaire, d’une manière digne de Dieu (1 Chr. 16:4-6). Il choisit Asaph, établit chef des lévites, et avec lui Heman et Ethan pour diriger la musique
sacrée (1 Chr. 6:31-47). Ils assistent David, pour louer
l’Éternel
devant l’arche, et le « doux psalmiste d’Israël » remet entre les mains
d’Asaph, un psaume, le premier, qui invite à chanter des
cantiques à l’Éternel et à méditer toutes ses œuvres merveilleuses (1 Chr. 16:7-36 ;
2 Sam. 23:1). Il se termine par ces paroles :
« Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, d’éternité jusqu’en l’éternité »
(1 Chr. 16:36) !
Lorsque les lévites jetèrent le sort pour leurs charges, le petit
comme le grand, l’homme expert avec le disciple », le premier sort échut à
Asaph. « On jette le sort dans le giron, mais toute
décision est de par l’Éternel » (Prov. 16:33). Asaph,
prophétise et fait retentir les cymbales devant
l’Éternel
(1 Chr. 25:2:7).
Ailleurs il est aussi appelé « le voyant » (1 Chr. 29:30). Son activité
le met continuellement en contact avec
David
. Après la construction de
la Maison de l’Éternel par Salomon, on retrouve Asaph
(2 Chr. 5:12). Il est en tête des chantres, vêtus de byssus, qui se tenaient à l’orient
de l’autel, avec leurs instruments de musique. Ils louaient l’Éternel parce que
« sa bonté demeure à toujours » (Ps 138:8). Asaph
est dans
le sanctuaire
quand la maison de l’Éternel est remplie
par une nuée
. Dieu entoure son serviteur de
bénédictions excellentes. Asaph aura le privilège de diriger
ses fils et d’exercer
sur eux
, une influence bénie. On les retrouve longtemps après, attachés
à l’exercice de leur charge (2 Chr. 29:13 ; 35:15 ; Esd. 2:41 ; 3:10 ; Néh.
7:44).
Longtemps après avoir quitté cette terre, dont il a ressent toute
la vanité, la fidélité de ce psalmiste reste en mémoire. Lors d’un réveil, du temps
d’Ézéchias, ce roi dit aux lévites de louer l’Éternel avec les paroles de David
et d’Asaph
, ce qu’ils font avec
joie
(2 Chr. 29:30). Au temps de Néhémie, ceux qui sont rentrés de la captivité, se souviennent
des temps glorieux de David et de Salomon, du
temps d’Asaph
,
où les cantiques s’élevaient avec intelligence vers le Très-haut (Néh. 12:46).
Douze psaumes, d’abord le psaume 50, et les psaumes 73 à 83, sont
attribués à Asaph. Ils sont certainement en rapport avec
son service, et l’expression de ce qu’il éprouve, associé au service de la sacrificature.
Leur lecture et leur méditation font réaliser ce qu’Asaph
ressent. Il comprend ce qu’est la louange
et le rôle dévolu au peuple pour répondre un peu
à la pensée de Dieu. En tant que prophète, il partage
les afflictions du
peuple et anticipe celles du résidu futur. Il entre quelque peu, par l’Esprit, dans
les affections de Christ pour ce résidu
souffrant et fidèle, sans pour autant
minimiser la joie que lui procurent ses fonctions de chantre.
Il est dans la Maison de l’Éternel, près du Tabernacle. Il se tient
devant Lui et parle comme « oracle
de Dieu »
.
Arrêtons-nous un peu sur le Psaume 73. On y apprend combien les pensées
d’Asaph diffèrent, avant
et après
son entrée dans
le sanctuaire !
Ce Psaume commence par une affirmation très encourageante : une sorte de résumé des expériences décrites dans ce psaume par Asaph : « Certainement Dieu est bon envers Israël, envers ceux qui sont purs de cœur ».
Ensuite, dans les versets 2 à 12, le Psalmiste décrit avec droiture
son état intérieur
: il a porté
envie
aux méchants.
L’hébreu dit : j’ai
brûlé
, de jalousie ou d’indignation,
mais plutôt des deux ensemble ? Ses pensées sont devenues amères : il
est découragé
. Il comprend toutefois qu’avec de telles dispositions, le danger
de glisser et de s’écarter
est devenu très réel (Héb. 2:2) ! Un faux
-pas
peut parfois avoir
des conséquences incalculables, surtout quand il s’agit d’un conducteur ! D’où
les efforts de l’Ennemi. Vivre
constamment
dans un monde où la corruption
et la violence semblent triompher, est pour chaque croyant une épreuve peu ordinaire !
Aussi, comme Job en son temps, cet homme de Dieu est ébranlé
dans sa foi
(Job. 21:7-15).
Il ne faut pas oublier l’exhortation du Psaume 37:1-2 :
« Ne t’irrite pas de ceux qui font le mal, ne sois pas jaloux de ceux qui pratiquent
l’iniquité ; car bientôt, comme l’herbe, ils seront fauchés ». Asaph aurait pu s’associer à Habakuk,
pour constater que : « Le méchant cerne le juste » et demander, avec
lui à Dieu : « Pourquoi contemples
-tu ceux qui agissent perfidement, et gardes
-tu le silence
quand le méchant engloutit celui qui est plus juste
que lui » ? (Hab. 1:4, 13). Cette prospérité des méchants sur
la
terre
, ne cesse de l’impressionner
(Ps 73:3, 12) ! « Il n’y a pas de tourments dans leur mort », ils
sont abondamment rassasiés
de biens, au point que « leurs yeux leur
sortent de graisse ; ils dépassent les imaginations de leur cœur » (Ps.
73:4-7) !
En outre ils exercent sur le peuple de Dieu une attraction
néfaste
.
Séduit par tant de réussite
, ce dernier se tourne de ce côté-là. Il imite
ces impies et on lui verse de l’eau à plein bord ! Il boit à longs traits ces
joies fausses et impures (Ps. 73:10). Gouverné par un usurpateur, Satan, ce monde
est toujours disposé à répondre aux désirs
charnels
de celui qui
se laisse entraîner dans le chemin large, attiré
par le mirage d’une vie
de facilité (Luc 15:13).
Le chrétien, traversant des circonstances difficiles, peut être tenté
de chercher
du secours
auprès des hommes de ce monde. Mais ceux-ci ont toujours
le caractère de méchants
, on l’oublie parfois (1 Jean 3:10) ! La Parole
met en garde les enfants de Dieu : « Ne vous confiez pas dans les principaux,
dans un fils d’homme en qui il n’y a point de salut » (Ps. 146:3 ; 1 Sam. 27:1).
Ces méchants disent encore, avec un orgueil impudent :
« Comment Dieu connaîtrait-il, et y aurait-il de la connaissance chez le Très-Haut » ?
Ils oublient, pour leur perte, la puissance
souveraine
de Celui
auquel il faudra rendre compte de tous leurs actes (Ps. 73:11 ; Job 22:13-14 ;
Ps. 50:21).
Ensuite, du verset 13 à 16, Asaph reconnaît
qu’il s’est lassé dans ses exercices de piété, ils ne suffisent
plus
à remplir son cœur dans un temps
d’épreuve
difficile, où il dit :
« J’ai été battu tout le jour, et mon châtiment revenait chaque matin »
(Ps. 73:14) ! Alors, devant ce tableau qui reste encore pour lui une énigme
,
sa foi chancelle
et il se surprend à penser : « Certainement
,
c’est en
vain
que j’ai purifié mon cœur et que j’ai lavé mes mains dans
l’innocence » (Ps. 73:13-14).
Heureusement sa conscience le reprend aussitôt
et il reconnaît que s’il parlait
ainsi, il serait infidèle
, lui auquel appartiennent,
par
grâce
, les prérogatives qui s’attachent à la génération des fils
de Dieu. Ne perdons jamais de vue que noblesse
oblige
! Dans
une circonstance différente, mais au fond pour les mêmes raisons, Élihu comprend que, malgré son jeune âge, il ne
peut
pas garder le silence
(Ps. 73:15 ; Job 31:32-36).
Asaph, lui, est de plus en plus accablé
par la situation. Assailli par la multitude de ses pensées, il se débat
, il cherche à comprendre.
Attention ! Si le lévite, qui conduit la louange, glisse, d’autres glisseront
avec
lui ! Il a reçu ce privilège
et cette responsabilité
de conduire la louange, mais il est en proie à cette arme subtile de l’ennemi, le
découragement
. « De peu, d’un rien » (Ps. 73:2) il en viendrait
à des conclusions fâcheuses et hâtives. Sa confession met en évidence toute l’importance
de l’état
intérieur
de chaque
adorateur, aujourd’hui comme hier
(Ps. 51:16) !
Une sérieuse préparation est absolument nécessaire (1 Cor. 11:28)
pour chanter
« de nos cœurs à Dieu » (Éph.
5:19 ; Col. 3:16). Une simple forme
extérieure
Lui est
odieuse
. « Ôte de devant moi le bruit de tes cantiques » commande
t-il à son peuple dévoyé (Amos 5:23). Asaph est un homme
de Dieu : il doit être placé dans la lumière du saint lieu, pour
ne plus errer
dans ses pensées et courir le risque terrible de faire
« naufrage quant à la foi » (1 Tim. 1:19). Entrer
dans le sanctuaire, se trouver dans la présence divine, apporte la solution à tous
les problèmes (Ps. 73:17-28). C’est le
seul lieu
où l’on peut apprendre. La volonté
de l’homme se soumet et Dieu est réellement connu.
Rien ensuite n’a
pourtant changé dans les circonstances
d’Asaph et dans son environnement. Les méchants sont toujours
là, railleurs. Ils parlent avec hauteur d’opprimer (Ps. 73:8:12). La chair et le
cœur de ce serviteur de Dieu sont toujours
consumés
(Ps. 73:26).
MAIS Asaph, depuis qu’il est dans
la
lumière
(Ps. 36:6), comprend
la parfaite harmonie des voies de Dieu. Un croyant disait : « Quand on
trouve Dieu, les questions tombent ». Où en sommes-nous
à cet égard,
chers lecteurs ?
Il discerne maintenant ces
voies de Dieu
qu’il jugeait jusqu’ici impénétrables. Pour cet adorateur,
en
ce temps-là
, entrer dans les sanctuaires de
Dieu, c’était chercher à rester dans le Tabernacle (Héb.
9:23 ; Ps. 27:4). La structure même de cette Tente montre qu’il est impossible
qu’une lumière venue de l’extérieur y pénètre. Aucun rayon ne peut traverser les
épaisses couvertures de tapis superposées, retombant sur les côtés (Ex. 26:7-14).
Tandis qu’à
l’intérieur
, le chandelier
d’or
pur, avec ses sept lampes, répand sa lumière dans le lieu saint, et le lieu très
saint, lui, est tout éclairé par la présence glorieuse de l’Arche recouverte par
le propitiatoire.
Quand Saul de Tarse, en plein midi, est jeté à terre par le Seigneur
sur le chemin de Damas, il se trouve soudain entouré, avec ses compagnons, d’une
lumière venue du ciel, plus
éclatante
que la splendeur du soleil.
Cette vision ne le quittera plus (Actes 26:13).
Tant de questions ont jusqu’ici rendu Asaph
perplexe ! Mais maintenant tout
devient clair
! Son entendement
est renouvelé (Ps. 139:17 ; Job 34:29 ; Rom. 12:2).
Dans ce Tabernacle, on peut voir, répandue un peu partout, la couleur
bleue
: Elle rappelle la proximité céleste. Cette même couleur se retrouve
aussi sur l’éphod et la robe de l’éphod (Ex. 25:4 ; 26:4 ; 28:28, 31,
37 ; 39:21, 31). Quand le voile, qui sépare le lieu saint du lieu très saint,
est décrit, le bleu est mentionné d’abord
. Ce voile est une figure de l’humanité
du Seigneur (Ex. 26:31 ; Héb. 10:20). Quand l’apôtre
parle du second
homme
, venu du ciel, met en évidence
l’humanité parfaite de Christ : il montre que son caractère céleste est toujours
perceptible (1 Cor. 15:47).
Chaque fois que l’on démontait le Tabernacle en vue d’une nouvelle
étape dans le désert, l’arche était d’abord recouverte par le voile, puis de peaux
de taissons et enfin, d’un drap tout
de
bleu
(Nom. 4:5-6). L’or
aussi scintillait partout dans ce Tabernacle. Il était connu depuis la plus haute
antiquité, et estimé à sa juste valeur (Gen. 2:12). Il
est souvent dans l’Écriture le symbole de ce qui est de Dieu, en contraste avec
la vanité de l’homme et de ses activités (És. 2:22). Dans
le Tabernacle, et plus précisément dans le lieu très-saint,
se trouve le sang
, celui du bouc offert une
fois l’an
en sacrifice pour le péché du
peuple (Lév. 16:15). Le souverain sacrificateur en faisait
aspersion sur le propitiatoire, ombragé par ces chérubins de gloire, gardiens de
la sainteté de Dieu (Lév. 16:15-16). Son regard pouvait
se poser avec satisfaction sur ce qui préfigurait le sang précieux de Christ. L’arche
du témoignage est dans le lieu très-saint. Elle était
de bois de sittim, le seul bois utile qui pousse dans
le désert (És. 53:1-3). C’était une figure, alors mystérieuse,
de l’humanité
du Seigneur Jésus, né dans l’abaissement, au milieu d’un peuple
incrédule et sans fruit pour Dieu : « La Parole devint chair et habita
au milieu de nous » (Jean 1:14). Mais elle était entièrement plaquée au-dedans
et au dehors avec de l’or pur, avec de plus un couronnement d’or tout autour (Ex.
25:10-11). L’apôtre inspiré ajoute, « et nous vîmes sa
gloire
,
une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père » (Jean 1:14). Le propitiatoire
était lui aussi
en or et recouvrait très exactement l’Arche. Il en était, dans un sens, le complément.
Mais, à la différence de l’arche, il n’y avait pas de bois de sittim. Il était ombragé par des chérubins. Leurs faces tournées
vers
le propitiatoire, y contemplaient le sang (Ex. 25:17 ; Héb.
9:5). Moïse avait placé dans l’arche le témoignage que Dieu lui avait donné, savoir
les tables
de la Loi
(Ex. 34:28-29). Leur présence,
connue de l’adorateur, annonçait la venue de Christ, qui seul
pourrait rendre
« grande et honorable » cette Loi divine (Ps. 40:8 ; És. 42:21). Il y avait aussi dans l’arche une cruche
d’or
,
contenant un omer de manne
, ce « pain des
puissants » mangé par le peuple au désert (Ps. 78:25). La verge
d’Aaron
,
qui avait bourgeonné, s’y trouvait également (Ex. 16:32-36 ; Nom. 17:1-11 ;
Héb. 9:4).
La signification exacte de ces précieux types était certainement
un mystère
pour les adorateurs,
du temps d’Asaph. Mais ils savaient qu’ils pourraient
plaire à Dieu, en les recevant de sa part et en les gardant avec soin. Maintenant,
instruits par le Saint Esprit, nous comprenons que c’était toujours
Christ
qui était en vue, dans tous ces types. En Lui
seul
Dieu a toujours
trouvé Son plaisir. Il est toujours la nourriture des siens. Salué par Dieu comme
Souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec (Héb. 5:10), il est toujours vivant pour intercéder en faveur
de ceux qui lui obéissent, dans la puissance d’une vie
impérissable
— dont la verge qui avait bourgeonné est le type.
On trouvait aussi dans le lieu saint, la Table en bois de sittim, plaquée d’or. Dans la Parole, une table est le symbole
de la communion. Sa hauteur était la même que celle de l’arche, mais la longueur
et la largeur étaient moindres. Elle aussi avait un couronnement
d’or, qui évoque la perfection avec laquelle Christ présente son peuple à Dieu.
Le pain, sur la table, était continuellement
devant Lui. Maintenant, nous
pouvons comprendre que cette table aussi était une figure de Christ. Dans ses perfections,
Il présente sans cesse les siens à Dieu. Le pain était la nourriture continuelle
des sacrificateurs : Christ est la nourriture du croyant.
Il y avait aussi en abondance du fin
coton retors
dans le Tabernacle et il composait
aussi la majeure partie du costume des sacrificateurs (Ex. 25:4 ; 26:1, 31 ;
27:9). Le fin coton retors composait aussi essentiellement le voile. C’était une
figure de la justice parfaite de Christ, seule base sur laquelle Dieu peut justifier
l’impie
(Rom. 3:24, 26 ; 4:5). Dans le Tabernacle, surtout dans la texture des tapis,
se trouvait de la
pourpre
et de l’écarlate
. Ils évoquaient,
nos cœurs le réalisent maintenant clairement, les souffrances qui devaient être
la part de Christ, et Ses gloires royales, terrestres et impériales, qui suivront.
Le Tabernacle, que l’on vient d’évoquer succinctement, était
« l’image
des choses qui sont dans les cieux » (Héb. 9:23). Si un lévite, comme Asaph,
(1 Chr. 6:39) avait le privilège d’entrer dans ce sanctuaire, les choses de la terre
pâlissaient, peu à peu, devant ses yeux. En est-il de même quand nous entrons, par
la foi, dans le ciel même ? Comme Asaph, nous sommes
encore sur la terre, avec nos peines, nos douleurs et la fragilité de notre corps
d’infirmité. L’absence de plancher dans le Tabernacle le rappelait : les sacrificateurs
avaient leurs pieds sur le sable
. Les rachetés sont ressuscités
en
Christ et assis
dans les lieux célestes en Lui : telle est leur position
(Éph. 2:6). Toutefois même s’ils vivent encore dans le
monde, ils peuvent apprendre
, sous la conduite du Saint Esprit, à voir les
choses comme Christ les voit.
Pour la gloire de Dieu, les pensées d’Asaph
dans ce Psaume sont désormais amenées captives
à Son obéissance (2 Cor. 10:5).
Dieu lui a accordé la faveur
d’entrer dans ce sanctuaire où se trouvent, en figure, la force
et la beauté
(Ps. 96:6), dans un Temple où tout
dit gloire
(Ps. 29:9).
L’époque et le contexte dans lesquels vivait cet homme de Dieu étaient
bien différents des nôtres, mais tout
ce qui l’entourait avait désormais
pour
lui
une valeur
tout autre. Il apprend
combien la
prospérité du méchant est passagère, lui qui n’est
qu’un habitant de la terre
(Apoc. 3:10 ; 6:10 ; 8:13…). Il s’en va peu à peu vers
une destruction éternelle et rien
ne de sa gloire terrestre ne subsistera
(Ps. 73:19). C’est le doute qui, en considérant les choses, « sous le soleil »,
s’est un moment emparé de l’esprit du Prédicateur : « J’ai dit en mon
cœur : le sort du fou m’atteint moi aussi : et pourquoi alors ai-je été
si sage ? » (Ecc. 2:15 ; Mal. 3:14). Mais
tout
change dans présence
de Dieu. D’ailleurs même le Prédicateur,
dont la compréhension dépassait le cadre de son livre, exhorte son lecteur :
« Souviens-toi de ton Créateur dans les jours de ta jeunesse… Avant qu’arrivent
les années dont tu diras : Je n’y prends pas plaisir » (Ecc. 12:1).
Asaph considère maintenant
avec
crainte la ruine subite et effrayante de ces méchants auxquels auparavant il
portait
envie
! (Luc 16:19, 23-24 ;
Job 27:19-20). Il porte un jugement profond sur sa
propre folie
, ce qui est le témoignage de
l’œuvre de Dieu en lui : « J’étais alors stupide
et je n’avais
pas de connaissance ; j’étais avec toi comme une
brute
»
(Ps. 73:22 ; Ps. 92:5-6) ! Il a marché par
la vue
au lieu de marcher par la foi,
avec pour résultat inévitable que le cœur s’aigrit (2 Cor. 5:7). Soyons aussi sur
nos gardes !
Voilà qui met en évidence combien les pensées
peuvent dériver (Matt. 15:19), sans que pourtant les
paroles ne laissent encore rien paraître (Ps. 73:2). Mais il reconnaît, comme David,
après avoir confessé ses péchés, que sa vigueur (spirituelle) s’était changée en
une sécheresse d’été (Ps. 32:4-5). Sa communion avec Dieu s’en est trouvée troublée,
peut-être même interrompue. Quel contraste entre la droiture et l’humilité de ces
serviteurs de Dieu, qui ne craignent pas de confesser
publiquement
leurs fautes (Job 33:27), et l’orgueil et l’hypocrisie des hommes de la terre, qui
cherchent au contraire à les cacher
soigneusement
.
Même alors
qu’il errait
dans ses pensées, Asaph le réalise
maintenant, dans sa grâce, Dieu ne l’a pas abandonné. Il a appris
dans le
sanctuaire à se
connaître
et à mesurer l’étendue des
ressources divines :
1 — « Mais je suis toujours avec toi ». Il peut jouir d’une
incessante communion avec Dieu. Compagnie d’autant plus précieuse quand s’éclaircissent
les rangs de ceux avec lesquels l’on a marché et combattu un temps. Le Seigneur
seul ne fait jamais
défaut
.
2 — « Tu m’as tenu par la main droite » (Ps. 73:23 ; Ps. 16:8). Plus on avance et plus on ressent sa faiblesse. Être assuré qu’Il me tient dans Sa main est un puissant soutien pour être gardé de chute.
3 — Le psalmiste rempli de confiance
, affirme :
« Tu me conduiras par
ton conseil
» (Ps. 73:24 ; Ps. 16:7). Son conseil est infaillible
dans les circonstances difficiles, les peines, les souffrances. Il veut
conduire
les siens, se servant même, s’il le faut, de la bride et du mors. Quel repos de
se confier en Lui (Ps. 32:8-9 ; Prov. 8:14).
4 — Dieu est la seule espérance
d’Asaph :
« Après
la gloire, tu me recevras » dit-il. Lorsque la gloire de
Christ sera établie et sa puissance comme Roi manifestée, Israël sera reçu en grâce,
dans les bénédictions du royaume.
Et pour ceux qui appartiennent actuellement à la dispensation
de
la grâce
, chaque
jour les rapproche de la venue du Seigneur (Héb. 2:10) :
Dieu les destine à la gloire qui couronne l’Agneau dans la sainte cité !
5 — « Qui ai-je dans les cieux ? Et je n’ai eu de plaisir
sur la terre qu’en
toi
» (Ps. 73:25). Il n’est pas
de plus grande part qu’un homme puisse posséder dans le ciel et sur la terre.
6 — « Ma chair et mon cœur sont consumés, Dieu est le rocher
de mon cœur ». Chacun
fait l’expérience que l’homme extérieur dépérit
, mais l’homme intérieur,
peut se
renouveler
en Christ de jour en jour, s’il trouve toutes ses
sources en
Lui
(2 Cor. 4:16 ; Ps. 87:7).
Il se peut que nous ayons à rencontrer en chemin la
main
de Dieu en
discipline
(Héb. 12:6). Notre vie peut
alors apparaître plus
ardue
que celle d’un incrédule. La
réponse est trouvée dans
le sanctuaire
: si le croyant est en route pour le ciel et
Dieu l’y prépare, l’incrédule se dirige lui vers l’enfer (Luc. 16:22-25 ; 2
Thess. 1:9).
7 — Asaph conclut « Dieu est mon
partage pour
toujours
» (Ps. 73:26). Il est
pleinement
restauré
. Le Seigneur veut réjouir parfaitement les siens dans
leurs circonstances ici-bas, et il sera leur
bonheur
pendant l’éternité.
Demeurer uni à Lui, c’est la vraie félicité.
Il est indispensable d’acquérir une certitude de foi semblable à
celle d’Asaph. : « Pour
moi
,
m’approcher de Dieu est mon bien » (Ps 73:28). Quelle différence avec le
« pour
moi
» au début de ce Psaume (Ps.
73:2) ! Ceux qui se confient en Lui ne sont jamais confus. Ils n’auront pas
de disette, Dieu subviendra à tous leurs besoins, matériels ou spirituels (Luc 22:36).
Dans ce monde, nous côtoyons sans cesse ceux
qui
sont loin
et ceux
qui se détournent
vers les idoles (Ps. 73:27). Enfants de Dieu, il faut rester près de Lui, sinon
on est sans force contre l’Ennemi qui nous assaille. Il faut apprendre à reconnaître :
« Quand Tu
soutiens
mes pas dans tes
sentiers
,
mes pieds ne chancellent pas » et demander à Dieu
, dans le secret, son
secours
(Ps. 17:5).
Instruits
, avec Asaph, notre heureuse
part est, dès maintenant, d’annoncer à notre entourage, « tous Ses faits »
(Ps. 107:22), en particulier la miséricorde dont nous réalisons être les objets !
(Ps. 73:28 ; És. 43:21 ; Ps. 71:18). Mais d’abord
notre part est de louer
notre Dieu et Père, dans la présence de notre Seigneur,
ressuscité et glorifié. Bientôt, loin des troubles d’ici-bas, cette louange sera
parfaite
. En attendant, soyons de ceux qui participent, comme Asaph, aux saintes activités et aux joies du sanctuaire.
Quel autre ai-je aux cieux,
Quel autre en ces lieux,
Que toi mon Berger, mon guide, l’Ami de mon cœur ?
Quel autre voudrait,
Quel autre pourrait,
Me voyant gémir, Me tirer d’angoisse et me secourir ?