Philippe Laügt
Janvier 2003
Plan de lecture :
Le livre d’Esther se situe historiquement entre les chapitres 6 et 7 du livre d’Esdras, au moment où le temple s’achève, après le premier retour à Jérusalem. L’action se déroule à Suse, durant le règne de Xerxès, connu comme le fils de Darius, le Perse.
On appelait ce roi Assuérus, comme en Égypte, où tous les rois portaient le titre de Pharaon. Le livre de Daniel (11:2) fait allusion à ce puissant monarque et à ses grandes richesses. Notons que dans ce livre d’Esther les dates abondent. Ce récit se déroule entre la troisième et la douzième année du règne d’Assuérus (Esth. 1:3 ; 3:7).
Le
nom
de
l’Éternel
ne se trouve pas
dans Esther, mais la
main
de
Dieu
agit
constamment
,
de
façon
mystérieuse
, en
faveur
des
siens
(Dan. 4:35 ; Ps. 121:3-4). Aussi, en parcourant ce livre, nous parlerons
librement de Lui, cherchant à mettre l’accent sur Ses puissantes mais secrètes interventions
Les Juifs étaient dispersés et répandus parmi les peuples, du
fait de leur désobéissance
. Ils ont perdu tout titre quelconque, toute
position reconnue de Dieu, mais son amour et sa fidélité à leur égard restaient
immuables
(Esth. 3:8 ; 2 Chr. 36:16). « C’est
un fait infiniment touchant et infiniment important dans les voies de Dieu »
(JND).
Une des leçons importantes à retenir, c’est la
souveraineté
de Dieu sur toutes
les nations. Son
peuple devrait toujours être
disposé à se soumettre à Sa
volonté
. Il peut réaliser avec
reconnaissance que les dons de grâce de Dieu et son appel sont sans
repentir
(Rom. 11:29 ; Gen. 12:1-3). C’est vrai pour
Israël, mais aussi pour l’Église, qui a reçu les très-grandes
et précieuses promesses (2 Pier. 1:4).
Le premier chapitre décrit le
faste
dont ce roi
aimait à s’entourer. L’orgueil
d’Assuérus était à la mesure de son
empire. Ne régnait-il pas sur 127 provinces, de l’Inde à l’Ethiopie ! (Ps.
73:6-8). Sans atteindre un luxe d’une telle ampleur, il ne manque pas, à notre
époque, de fêtes ou d’expositions grandioses, par lesquelles une nation ou une
personne cherchent à éblouir
et à éclipser
leur entourage. C’est l’homme
qui cherche toujours à s’exalter.
Mais une question sérieuse se pose, que personne ne peut
éluder : « Que profitera-t-il à un homme s’il gagne
le monde
entier et qu’il fasse la perte
de son âme ? » (Matt. 16:26).
Ce roi était en
réalité
très
pauvre
,
s’il pouvait montrer toute
sa
gloire
en l’espace de six
mois ! Il faudra au croyant toute
l’éternité
pour sonder
« les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » !
(Éphés. 1:18). Que reste-t-il aujourd’hui de la gloire éphémère de Xerxès ?
Au festin
qu’Assuérus offre à tous
ses
princes
et à tous
ses
serviteurs
pendant 180 jours ( !), succède un
autre festin
de sept jours, pour tout
le
peuple
qui
habitait à Suse. Ce type de réjouissances est fréquent dans ce monde (Ex. 32:6). Comme Daniel (Dan. 1:8 ;
5:1-5) un enfant de Dieu fidèle ne s’associera pas à ces choses. « Il y
avait du vin royal en abondance, selon la
puissance du roi ». Il était servi dans des vases d’or. Les riches
draperies, aux couleurs royales (Esth. 8:15) et les
lits d’or et d’argent sont aussi décrits en détail (Esth. 1:4-8).
« On buvait selon l’édit : on
ne
forçait
personne
; car c’est ainsi que le roi avait ordonné à tous les
grands de sa maison, de faire selon le gré de chacun
» (Esth. 1:8 ; Jér. 18:12).
L’homme naturel refuse toutes les contraintes : Le désir du cœur naturel
est de faire seulement
ce que bon lui semble (Osée 5:11).
La reine Vasthi, elle aussi, faisait
de son côté, un festin
à toutes les femmes de la maison royale.
Mais l’ivresse
engendre rapidement les excès (Prov. 20:1 ;
23:29-31). Le roi, dont « le cœur était gai par le vin », voulut que
de grands dignitaires parmi ses eunuques amènent la reine Vasthi
« pour montrer
sa
beauté
aux peuples et aux
princes » (Esth. 1:11). Or elle refusa
absolument de les suivre, et d’être montrée publiquement comme un
jouet
dont le roi était particulièrement fier.
Devant cette résistance inattendue, Assuérus se met fort en
colère (Esth. 1:12). Ce n’était pas chez lui un signe
d’autorité, mais plutôt de faiblesse
(Prov. 14:17 ; 16:32).
D’ailleurs la désobéissance ouverte de Vasthi mettait
en évidence les limites de son despotisme.
Le chrétien sait, par
expérience, combien il est
difficile de contrôler ses réactions, quand des sujets de contrariété
s’accumulent. Seul le Seigneur peut
et veut
aider les siens à ne
pas céder à la colère, ce fruit si évident de la chair
, toujours prête à se manifester
(Gal. 5:20).
Ainsi bafoué, Xerxès se tourne vers « ses sages, qui
connaissaient les temps ». Ils affirment que l’attitude de Vasthi ne manquera pas d’être connue dans toutes les
provinces et que tous les maris seront rendus méprisables aux yeux de leurs
femmes. Il faut donc que le roi maintienne fermement son autorité (Esth. 1:16-17). Sur
leur conseil, Assuérus décide alors d’ôter la dignité royale à Vasthi et de la donner à
une
autre
qui
sera meilleure qu’elle (Esth. 1:19).
Prophétiquement, le « temps des nations » doit prendre
fin avec l’enlèvement
de l’Église. Le peuple Juif est appelé à occuper à
nouveau la première place, comme ici cette jeune Juive de la tribu de Benjamin.
Dieu est derrière
la
scène
, accomplissant
ses desseins. Il sert ici, à
son
insu
, de ce monarque
païen, en réalité si faible et si vaniteux (Prov. 21:11).
Esther
est donc parmi les jeunes filles choisies, pour
que l’une d’entre elles devienne la
reine
. Elle était belle de
taille et belle de figure et « trouvait faveur aux yeux de tous ceux qui
la voyait » (Esth.2:15). Elle est conduite, à son tour, auprès d’Assuérus
et aussitôt « le roi aima
Esther (c’est seule mention de l’amour
dans ce livre)… elle trouva grâce et faveur devant lui ». Il met sur sa
tête la couronne du royaume. Cette jeune fille réservée
, modeste et
respectueuse de l’autorité, devient donc la
reine
. (Esth.2:9, 15,
17). Désormais, elle se trouve à la place nécessaire pour jouer le rôle
extraordinaire auquel Dieu va l’appeler.
Ne pensez pas, jeunes filles de famille
chrétienne, qu’imiter les manières de faire des jeunes filles de ce monde,
porter leurs vêtements et adopter leurs attitudes trop libres (És. 3:16-24) puissent assurer votre bonheur sur la terre et
surtout pendant l’éternité. Bien au contraire ! À qui
désirez-vous plaire
avant
tout
? Au Seigneur ? Toute la question est là !
Des dangers plus grands guettent ceux ou celles dont l’aspect physique est particulièrement attrayant. Ainsi Joseph, « beau de taille et beau de visage » attire rapidement l’attention d’une femme à la conduite immorale. Mais, en s’appuyant sur l’Éternel, il sera rendu capable de lui résister (Gen. 39:6-7).
Sara, Rebecca, Bath-Shéba et Tamar étaient chacune d’une grande beauté. Elles se sont trouvées dans des situations dangereuses.
Que ceux donc qui pensent avoir du
charme
ou une belle
apparence
soient plus particulièrement sur leurs gardes. Ce que chacun
doit désirer, c’est de posséder cette beauté spirituelle
qui est « d’un
grand prix devant Dieu » (1 Pier. 3:2 ; Prov. 31:30).
La beauté d’Esther et surtout
sa modestie étaient
réelles. Elle ne cherchait pas à se parer de ces atours que d’autres candidates
réclamaient avant d’être présentées au roi. Et pourtant elle conquit
immédiatement les affections d’Assuérus (Esth. 2:13,
15, 17).
Dans ce même chapitre il est question à plusieurs
reprises, de Mardochée
. Sa généalogie est soigneusement établie. Il est
fils de Jaïr, fils de Shimhi,
fils de Kis, Benjaminite.
Il avait été transporté de Jérusalem avec
les
captifs
et
fait partie à Suse de ce peuple abaissé
humilié dont la misère
contrastait si fort avec les fastes de la cour impériale.
Ces captifs n’avaient pas su saisir l’occasion de remonter au pays de leurs
pères. Dieu avait pourtant ouvert le chemin en réveillant
l’esprit de
Cyrus, roi de Perse (Esd. 1:3). Sans doute
avaient-ils appréhendé les dangers de ce long voyage et les destructions
massives de la ville de Jérusalem ? La foi, l’énergie et l’affection pour
la Maison de Dieu avaient sans doute manqués.
Dans cette condition misérable, Dieu va-t-il les délaisser ? Non, fidèle à Ses promesses, il continue à veiller sur eux, mais de façon cachée (Ps. 13:1-2 ; És. 49:16). On voit la place que ce peuple occupe toujours dans Ses pensées.
C’est Mardochée qui avait adopté
et élevée avec dévouement cette
orpheline. Son nom hébreu Hadassa, signifiait :
myrte, mais on l’appelait Esther, c’est à dire : étoile (Esth. 2:7). Mardochée lui avait sagement commandé de ne
pas
faire
connaître
son peuple et sa naissance (Esth. 2:10
et 20). Or Esther se montrait toujours obéissante
et faisait tout ce qu’il lui disait (Esth. 2:20).
Chacun pouvait voir Mardochée se promener devant la cour de la
maison des femmes. Il était soucieux du bien
-être
d’Esther et
désirait savoir ce que l’on faisait à son égard (Esth.
2:10-11). Le comportement de Mardochée est toujours spirituel. La manière dont
il prend
soin
et dirige
Esther est remarquable.
Quant les vierges sont à nouveau rassemblées (Esth. 2:19), Mardochée s’assied à la porte du roi. C’est là qu’il apprend que deux eunuques, parmi les gardiens du seuil, Bigthan et Théresh sont en colère. Ils conspirent contre le roi et cherchent à le tuer.
Esther en parle à Assuérus, au
nom
de
Mardochée
qui cherche la paix de la
ville où il a été transporté
(Jér. 29:7). Le
roi fait une enquête, la chose se révèle exacte. Les deux eunuques sont pendus
et tout
est
écrit
dans le livre des chroniques du royaume,
en présence d’Assuérus (Esth. 2:21-23).
Le choix d’Esther comme
reine
et la découverte d’un
complot
par Mardochée semblent, de prime abord, être des faits sans
aucune relation. Le couronnement
d’Esther est un évènement
public
.
L’occasion d’ailleurs d’un de ces grands festins, si fréquents dans ce
royaume !
Le service
rendu
par Mardochée au roi est, au
contraire, d’ordre plutôt privé
. Mais l’Éternel se servira bientôt de l’un
et
l’autre
de ces faits pour accomplir ses desseins et sauver son peuple de la destruction. Dieu n’intervient pas
seulement dans ce que nous
estimons être des événements
importants
de la vie. « Toutes
choses le servent » (Ps. 119:91) si petites qu’elles soient, à notre faible appréciation.
Mardochée n’a pas reçu immédiatement
une récompense pour avoir sauvé la vie du roi. Mais Dieu permettra
que le roi s’en souvienne en temps voulu (Chap. 6:3 ; Ps. 37:6). Faisons
simplement de
cœur
les bonnes œuvres qu’Il place aujourd’hui devant nous et laissons
Lui les conséquences.
« Après ces choses, le roi Assuérus agrandit
Haman, fils d’Hammedatha, l’Agaguite ». C’était donc un membre de la famille
royale d’Amalek. Assuérus élève
cet homme
vaniteux et séduisant, « et place son siège (ou son trône) au
-dessus
de tous les princes qui étaient avec lui ». « Tous les serviteurs du
roi, qui étaient à la porte du roi, se courbaient et se
prosternaient
devant Haman : car le roi l’avait ainsi commandé
à son égard ». (Esth. 3:1-2). Le but poursuivi
par Satan, « cet astre brillant, fils de l’aurore » était d’être « semblable
au Très-haut » (És. 14:12-14). Il n’y a rien
d’étrange à ce que ses esclaves, dont Haman fait
partie, soient gouvernés par le même l’orgueil.
Prophétiquement, pendant la
grande
tribulation
,
après l’enlèvement de l’Église, deux acteurs principaux domineront la scène. Le
roi, encore appelé la première
Bête
(Apoc.
13), chef de l’empire romain et l’Antichrist
(2
Thess. 2:4), qui s’appuiera sur le premier nommé,
pour combattre avec acharnement
contre
Israël
.
Mais devant Haman, « Mardochée ne
se courbait pas et ne
se
prosternait
pas
» (Esth. 3:2 ; voir aussi Dan. 3:12 ; 6:13). Tous
s’étonnaient de cette attitude, insensée
à leur avis. Ils parlaient à
Mardochée jour après jour, mais il ne les écoutait pas. Finalement, ils en
informent Haman, « pour voir si les affaires de
Mardochée se maintiendraient, car il leur avait clairement déclaré
qu’il
était
Juif »
(Esth. 3:4).
Cette attitude de délation, fondée sur des motifs méprisables
est fréquente dans ce monde. La crainte peut retenir les enfants de Dieu de confesser
ouvertement Christ à l’école, dans leur travail, ou auprès de leurs voisins. Notre
conduite
devrait montrer à notre entourage que nous sommes des chrétiens
(Actes 11:26). Mais sommes-nous
disposés à
souffrir
comme tels ? (1 Pier.
4:16).
Pour comprendre les motifs de cette attitude de Mardochée, il
faut se rappeler que Dieu avait déclaré au début de la marche d’Israël au
désert : « L’Éternel aura la guerre contre
Amalek
de génération en génération » (Ex. 17:16). Plus tard, Il invite son peuple : « Souviens
-toi
de ce que t’a
fait
Amalek
, en chemin, quand vous sortiez d’Égypte :
comment il te rencontra dans le chemin et tomba en queue sur toi, sur tous les faibles
qui se traînaient après toi, quand tu étais las et harassé, et ne
craignit
pas
Dieu
»
(Deut. 25:18).
Israël devait
effacer
la mémoire d’Amalek de dessous les cieux : « Tu ne l’oublieras pas » (Deut.
25:17-19 : 1 Sam. 15:3). De telles
commandements divins empêchaient un israélite fidèle de montrer le moindre
signe de déférence à un ennemi de l’Éternel et de son peuple.
Durant la période actuelle, le Seigneur avertit aussi les siens : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous » (Jean 15:17-18).
Mais le monde a-t-il vraiment des
motifs
pour nous
haïr ? Nous semblons souvent avoir oublié
que nous ne
sommes
pas
du
monde
, ce système organisé sans
Dieu
, et dont Satan est le chef ? Il
nous attire plutôt par ses principes et sa manière de vivre, séduisants pour la
chair (Jean 16:11).
Haman est blessé dans son orgueil (Ps.
73:6). Il est rempli de fureur, mais il lui paraît méprisable de mettre la main
seulement
sur Mardochée
. Il va donc chercher à détruire
tous
les
Juifs
qui vivent dans tout le royaume, « le peuple de
Mardochée » (Esth. 3:5-6). Comme Daniel (Dan. 6:10),
Mardochée désire obéir à la Parole de Dieu, sans se préoccuper des
conséquences. Ce devrait être notre attitude, dictée par nos
affections
pour Christ (Act. 5:29).
Haman sait habilement flatter
Assuérus : « Si le roi le trouve bon » (Esth. 3:9 ; Ps. 5:9 ;
Prov. 29:5). Il rend involontairement un bon témoignage au sujet de ce peuple
dispersé dans toutes les provinces de l’empire. Il expose en effet au roi que :
« leurs lois sont différentes
de celles de tous les peuples, ils ne
pratiquent pas les lois du roi » (Esth.3:8 ; Act.
16:20-21). Haman sait qu’aucun souverain ne désire
avoir dans son royaume des personnes susceptibles de troubler l’ordre public
(lire des accusations similaires dans Esd. 3:13-16).
Quelle est la conclusion d’Haman ?
Il ne convient pas au roi de les laisser faire : il faut
les
détruire
! Généreux quant il s’agit d’aider au mal, il se déclare
prêt à
donner
dans ce but dix mille talents d’argent, une somme
énorme (Matt. 18:24). Il propose de les faire porter dans le trésor du roi (Esth. 3:9). Sans offrir de résistance, ni même chercher à
s’enquérir, le roi donne
son
anneau
à Haman,
l’Agaguite, l’adversaire des Juifs. Il a maintenant « les
pleins pouvoirs » (voir Gen. 41:42). Le roi
ajoute même : « L’argent t’es
donné
et le
peuple
pour en faire ce qui sera bon
à
tes
yeux
» (Esth. 3:11). On voit quelle est l’influence malfaisante de
cet agent de Satan sur le roi ! Il croit triompher
, mais il vient
de signer son arrêt de mort ! (Ps. 10:2).
Superstitieux
comme le sont beaucoup d’incrédules, et
même, hélas, aussi certains croyants, (Ezé. 21:26), Haman veut choisir
un
jour
favorable
pour exécuter son cruel dessein. Il s’en
remet donc au sort pour décider de la
date du massacre : ce sera
le treizième
jour
du
douzième
mois
, au mois
d’Adar. Mais il ignore que si « l’on jette le sort dans le giron, toute
décision
est
de
part
l’Éternel
» (Prov.
16:33). Ce long
délai
(onze mois) va permettre l’accomplissement
des desseins de Dieu en
grâce
vis à vis des siens, même s’ils
sont présentement « Lo-ammi » c’est à dire « pas
mon peuple » (Osée 1:9).
Pour satisfaire la folie meurtrière d’Haman,
l’édit est rapidement préparé et signé au
nom
d’Assuérus
.
D’après la loi des Mèdes et des Perses, comme le rappellent aussi les ennemis
de Daniel, il ne
peut
plus
être
abrogé
(Esth. 8:8 ; Dan. 6:8, 12) !
Puis des courriers royaux « pressés par la parole du
roi » le portent jusque dans les provinces les plus lointaines de
l’empire. Le décret précise que tous
les
juifs
doivent périr
,
être
détruits
, tués
, du jeune garçon au vieillard, sans
épargner
ni femmes ni enfants. De plus, tous leurs biens seront livrés au pillage ! (Esth.
3:13).
On connaît la haine séculaire de Satan, ses efforts inouïs en se servant d’instruments
divers, pour nuire et même détruire entièrement si la chose était possible, les
Juifs, le
peuple
du
Messie
. L’Ennemi
redoute, à juste titre, l’Avènement de Christ, qui scellera
définitivement
sa perte.
Tandis qu’une fois encore le roi et Haman
sont
assis
à
boire
, la ville de Suse, où se trouve
de nombreux juifs, est dans la consternation (Esth. 3:15).
Mais de telles périodes d’épreuve ne sont-elles pas permises pour amener chacun
à s’examiner
et à porter une appréciation plus juste sur sa conduite
passée ? « À celui qui règle sa voie, je ferai voir le salut de
Dieu » (Ps. 50:23).
Mardochée apprend tout ce qui s’est fait. Il déchire ses
vêtements et se couvre d’un sac et de cendres. Puis il sort au milieu de la
ville et pousse un cri
grand
et
amer
. Comment
cacher sa douleur devant ce plan diabolique
? Ce grand deuil est
partagé par toute
la
nation
juive
. Elle est dispersée mais, objet de soins
providentiels, elle ne s’est pas mêlée
aux peuples au milieu desquels elle se
trouve, elle a conservée
son
identité
(Esth. 4:1-5).
On pense en voyant la douleur de Mardochée, à celle du Seigneur,
voyant la ville de Jérusalem, peu avant la Croix. Il pleura sur elle,
disant : « Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne
journée, les choses qui appartiennent à ta paix ! » (Luc 19:41-44).
Elle n’a pas connu le temps de sa visitation en
grâce
, le
jugement va tomber.
Il semble évident ici, comme au temps de la
grande
tribulation,
qui suivra l’enlèvement de l’Église, qu’il n’y a plus
aucune
lueur d’espérance
.
« Toute espérance de pouvoir nous sauver nous fut ôtée » s’écrie plus
tard Luc, lors d’une terrible tempête, traversée avec l’apôtre Paul (Act. 27:20). Mais Dieu s’est réservé le domaine de l’impossible
.
« Espère en Lui contre toute espérance : son bras puissant
t’affermira toujours » (cantique 116 des H et C).
Pourtant un petit espoir
subsiste encore : Esther, reine déjà depuis quatre ans environ, ne
pourrait-elle pas intercéder
auprès de son royal époux ? Cette
circonstance dramatique est l’occasion permise de montrer la hardiesse de sa foi.
Il faudra plus tard la Crucifixion, pour que Joseph d’Arimathée ose se faire connaître comme un disciple, en demandant à Ponce Pilate le corps de Jésus (Jean 19:38). N’oublions pas les paroles du Seigneur : « Quiconque aura honte de moi et de mes paroles… le fils de l’homme aura honte de lui » (Luc 8:38).
Esther va accepter
de jouer le rôle important dans le plan
divin en faveur des siens. Son
exemple doit encourager chaque
enfant de Dieu à Le servir, quoiqu’il en coûte. Ne nous laissons pas surmonter
par ce qui paraît un lourd handicap ou un trop grand sacrifice :
obéissons au Seigneur. Sa puissance s’accomplira dans notre infirmité. Dieu peut faire tourner en
bien
ce qui, au départ, paraissait être une
tragédie
(Gen. 50:20).
Cloîtrée dans le palais, coupée du monde extérieur, Esther
ignore le génocide qui se prépare. Mais ses jeunes filles l’avertissent et « la
reine en fut dans une grande
angoisse
» (Esth.
4:4). Elle cherche à faire accepter des vêtements à Mardochée, mais il les
refuse (Esth. 4:4). Alors elle lui envoie un eunuque,
Hathac et apprend de façon plus précise ce qui est
arrivé. Elle reçoit même de la part de Mardochée une copie de
l’édit rendu en vue de détruire les Juifs.
Mais surtout son père adoptif « lui commanda
d’entrer vers le roi, de le supplier et de faire requête devant lui en faveur de
son
peuple
» (Esth. 4:4-8). Ainsi
directement concernée, la première réaction d’Esther est plutôt négative
Elle fait dire à Mardochée que personne
ne peut entrer auprès du roi, « sans
avoir été appelé ». Sinon la même loi prescrit de le mettre à mort, à moins que le roi ne lui tende
le sceptre d’or,
pour qu’il vive ! Pour motiver ses réticences, et faire ressortir tout ce
que cette démarche avait d’aléatoire, Esther ajoute : « et moi, je n’ai
pas été appelée à entrer vers le roi depuis
trente jours » (Esth. 4:11). Elle se
demandait même si elle n’était pas en défaveur !
Telles sont les
raisons
qu’elle met en avant. La
« bien-aimée » aussi avait des
raisons
pour ne pas ouvrir
à son Bien-aimé : « Je me suis dépouillée de ma tunique, comment la
revêtirais-je ? J’ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? »
(Cant. 5:3).
Le sacrificateur et le lévite également avaient des
raisons
pour passer
outre
, de l’autre côté du chemin, au lieu de
s’approcher et de prendre
soin
d’un homme à demi-mort, couvert de
blessures, dépouillé par les brigands.
C’étaient d’excellentes
raisons, semblait-il, d’ordre religieux
.
Ces gens d’église devaient veiller à
ne
pas
se
souiller
!
(Luc 10:31-32). Ainsi chacun est capable, hélas, de trouver des raisons pertinentes pour se dérober devant ces bonnes œuvres que Dieu prépare à
l’avance pour que nous
marchions en elles (Éphés. 2:10).
Toutefois un certain nombre d’éléments vont encourager la reine
à faire ce pas décisif. Mardochée fait répondre à Esther : « Ne pense
pas en ton âme d’échapper
dans la maison du roi plutôt que tous les
juifs ; car, si
tu
gardes
le
silence
en
ce
temps
-ci
, le soulagement et la délivrance surgiront pour les Juifs d’autre
part, mais toi et la maison de ton père vous
périrez ».
Mardochée ne manque ni de foi, ni de discernement, ni de
fermeté. Il rappelle à sa protégée que ses hésitations et ses craintes
n’empêcheront pas la Providence d’agir.
Esther doit réaliser combien sa position de reine augmente sa responsabilité : « Qui
sait si ce n’est pas pour un temps comme celui-ci que tu
es parvenue à la royauté ? ».(Esth. 4:13-14).
Ces avertissements nous concerne aussi : Chacun doit réaliser que Dieu l’a placé là où
il est avec un but
précis
. Comme David, il est appelé à servir au
propos divin dans sa
propre
génération
! (Act. 13:36 ; Éphés. 2:10).
Si l’on est tenté de rester
passif
, il faut se rappeler d’Esther
et aussi de ces quatre lépreux qui se dirent l’un à
l’autre : « Nous ne faisons pas bien. Ce jour est un jour de bonnes
nouvelles, et nous nous taisons » (2 Rois 7:9).
Retenons cette exhortation solennelle : « Délivre ceux
qui sont menés à la mort, et ne te retire pas de ceux qui chancellent vers une
mort violente. Si tu dis : voici, nous n’en savions rien ; Celui qui pèse
les
cœurs
, Lui
ne le considérera-t-il pas ? et Celui qui garde ton âme, Lui le
sait
;
et
il
rend
à
l’homme selon son oeuvre
»
(Prov. 24:11-12). Avec Esther, soyons conscients que si l’on refuse d’assumer ses responsabilités, un autre sera appelé à prendre notre place dans le service, mais nous en
éprouverons une perte. Quoiqu’il en soit, le propos de Dieu s’accomplira
toujours.
Dans l’évangile de Luc, dans la scène évoquée plus haut, Dieu se
sert d’un samaritain, allant son chemin Ému
de
compassion
, il
s’approche et bande les plaies de cet homme à demi-mort. Il le met sur sa
propre bête, et le mène dans l’hôtellerie, où il prend soin de lui. Il accomplit
avec amour
la tâche que d’autres ont
refusé
d’accomplir (Luc 10:33-34). Israël
a
méprisé
le Nom de l’Éternel des armées. Qu’à cela ne tienne ! Dieu permet que son
Nom soit
grand
en tout lieu parmi
les
nations
(Mal. 1:6, 11). Soyons disposés, avec dépendance, à répondre à
l’appel de Dieu, afin que personne
ne prenne notre
couronne (Apoc. 3:11).
Un autre point a certainement eu une influence capitale sur
Esther. Mardochée lui a rappelé que les
Juifs étaient son
peuple
; c’était en leur faveur
qu’elle devait intercéder auprès du roi (Esth. 4:8).
Alors, elle devient hardie, car elle
réalise ses liens avec
ce peuple sur lequel pèse cette terrible menace.
En empruntant des expressions du Nouveau Testament, on peut dire
qu’Esther est désormais prête « à laisser sa vie pour les frères » (1
Jean 3:16). Aquilas et Priscilla,
Épaphrodite aussi, en leur temps, « ont exposé
leur propre cou » (Act. 16:3-4 ; Phil. 2:30)
pour la vie de l’apôtre Paul. Frères et sœurs en Christ, pourrions-nous dire en
vérité, avec Paul : « Moi, très volontiers je
dépenserai
et serai entièrement
dépensé
pour vos âmes » ? (2 Cor.
12:15).
Fermement décidée, Esther a besoin d’une
préparation
particulière
avant de s’approcher du roi. Et il ne s’agit plus ici de
parfums, comme au commencement ! (Esth. 1:9).
Elle demande à Mardochée que tous
les juifs de Suse jeûnent
pour
elle
, pendant
trois jours et trois nuits. De son côté, elle fera de même, avec ses jeunes
filles (Esth. 4:15-16). Jeûner est, doit être, le
signe d’une grande humiliation devant Dieu (És. 58:3,
5-6). En cas d’urgence, il faut s’attendre
entièrement à Dieu (És. 28:16). Apprendre à agir sans
précipitation
:
Daniel est un bel exemple à cet égard (Dan. 2:12, 17-19, 23, 27-29).
Aujourd’hui, quand les circonstances sont pressantes, « l’assemblée toute
entière
» (1 Cor. 14:23) doit se réunir pour
prier
et
si quelqu’un est dans l’impossibilité de venir, il s’associera à cet exercice
spirituel en privé.
Quel contraste complet entre cet Assuérus inabordable et Celui
qui est disposé
et capable
de sympathiser avec nos
infirmités ! « Approchons-nous avec confiance
du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce
pour avoir du secours au moment opportun » (Héb.
4:15-16). Esther envisage très courageusement les conséquences possibles de sa
démarche : « Si je péris, je périrai » (Esth.
4:16 ; Act. 20:24).
Le troisième jour, revêtue de son vêtement royal, elle se présente dans la cour intérieure de la maison du roi. Et aussitôt qu’Assuérus la voit « elle trouve grâce à ses yeux » (Esth. 5:2). Il lui tend le sceptre d’or, elle le touche. Alors il lui dit : « Que veux-tu, reine Esther, et quelle est ta requête ? Quand ce serait jusqu’à la moitié du royaume, elle te sera donnée » (Esth. 5:3). On pense avec tristesse à la réponse d’Hérodias devant une offre semblable ! (Marc 6:22-25).
La réponse d’Esther surprend ! « Si le roi trouve bon
d’accorder ma demande … que le roi, et Haman avec
lui, vienne
aujourd’hui
au
festin
que je lui ai
préparé » (Esth. 5:4). Assuérus accepte et
envoie en hâte chercher Haman. Pensons un instant à
ce festin, auquel Haman le
traître
participe pour la
dernière
fois
, comme le fera Judas dans
la chambre haute.
Pendant qu’on boit le vin, le roi interroge à nouveau
Esther : Quelle est ta demande ? Mais au lieu de répondre aussitôt,
elle se contente de les
inviter à nouveau et promet « demain
,
je
ferai
selon la parole du roi » (Esth.
5:6-8). Ce jour-là, Haman sort, joyeux et le coeur
gai. Il est saisi de vertige dans son esprit quant il réalise combien son
ascension est rapide et répond à ses désir les plus fous. Mais quand il passe, ce misérable
Mardochée, assis
à la porte du roi, ne se lève pas et ne
bouge pas (Esth. 5:9). C’est vraiment
intolérable ! Haman subitement dégrisé, est
rempli à nouveau de fureur contre Mardochée.
Il se contient et rentre à la maison. Là, il énumère avec
complaisance à ses amis et à sa femme, le nombre de ses fils, l’importance de
ses richesses et tous les honneurs dont il est l’objet (Prov. 18:12). Et même
il raconte comment la reine Esther, suprême consécration, l’a convié lui
seul
au festin préparé pour le roi. D’ailleurs, il est encore le seul invité
pour demain ! (Esth. 5:9-12).
Mais il est incapable de cacher sa
haine
implacable à l’égard de Mardochée, et il affirme : « Tout cela ne
me
sert de
rien
, aussi longtemps que je vois Mardochée le
juif
, assis à la porte du roi » ! (Esth.
5:13 ; 1 Rois 21:4-7). Cette épithète : le juif, dans sa bouche était
méprisante
. Elle prendra plus loin dans ce livre, un caractère tout
différent, triomphal
(Esth. 8 ; 7 ;
9:29, 31).
Au faîte des honneurs dans ce monde, cet homme est constamment
rongé
intérieurement par la haine. Quel tableau saisissant des
profondeurs insoupçonnées du méchant cœur incrédule de l’homme naturel
(Jér. 17:9-10). Qu’à cela ne tienne ! Sa femme et son
entourage l’encouragent à préparer un
bois
, haut de 50 coudées
(près de 23 mètres) et d’y pendre Mardochée. Son supplice aura ainsi un
caractère plus humiliant et se verra de loin !
Combien tout ceci rappelle la Croix de notre Seigneur Jésus
Christ, dressée par les hommes dans ce lieu appelé Crâne
, devant
laquelle toutes les foules se sont assemblées, attirées par ce
spectacle
!
(Luc 23:48)
C’est entendu Haman ira en parler au
roi dès le lendemain matin, et assurément, après lui avoir donner si aisément
l’autorisation de massacrer le peuple juif tout entier, il ne fera aucune difficulté
pour accepter le supplice immédiat de ce juif insolent et méprisable ! Sa
femme, jouant auprès de lui le rôle de Jésabel auprès
d’Achab, ajoute : va-t’en joyeux au festin avec le roi. La proposition
plaît à Haman et il fait préparer le bois … mais
il ne sera pas pour le Juif (Esth. 5:14 ; 7:10).
Esther a été dirigée par la « sagesse d’en haut » (Jac. 3:17) en commençant par inviter le roi à ces deux
banquets. Notre comportement est souvent bien différent. Nous cherchons à être
délivrés le plus rapidement possible
de ce qui nous oppresse. Il y a un contraste évident entre l’attitude calme et
déterminée d’Esther et tout ce
qui, dans ce livre, se fait à
la
hâte
.
Tout
a été
dirigé, selon un enchaînement admirable.
Dieu ne se montre pas, mais il agit constamment en faveur de son Peuple. Il veut le sauver de la
destruction. Ailleurs, il révèle sa colère contre les nations. Pour quel motif
était-il courroucé ? Elles « ont aidé au mal » contre
Israël ! (Zach. 1:15). Ce n’était que des verges
dans la Main divine, mais elles ont exécuté Son jugement avec rage, elles seront brisées
(Abd.
12-14 ; És. 16:6 ; És.
10:5, 7, 12).
D’abord ici entre
ces deux festins, il y aura cette insomnie
du roi. Un incident futile en
apparence, mais c’est Dieu, qui tout en restant invisible, dirige les pensées
d’Assuérus. Il l’incite à ordonner à ses serviteurs de lui lire en
sa présence les Annales du royaume (Esth. 6:1). Il permet
qu’on lise justement dans ces annales ce qui concerne Mardochée, ce
qu’il
a fait
, dans le passé, en faveur du roi (Esth.
2:23 ; 6:2).
Alors Assuérus pose une question
à ce sujet : « Quel
honneur et quelle distinction a-t-on conférés à Mardochée ? » ? Les
serviteurs doivent répondre : « on
n’a
rien
fait
pour lui » (Ecc. 9:15). Aussitôt le roi s’enquiert :
« Qui
est dans la
cour ? ». Or, à ce
moment
précis
Haman entre dans cette cour. Tout est dirigé
, réglé
,
comme un mécanisme minutieux, par une Main souveraine ! (Esth. 6:2-4).
Les incrédules jugeront invraisemblable un
tel
concours
de
circonstances
. Mais, en tant que chrétiens, nous ne sommes
nullement étonnés. Nous connaissons bien, pour en avoir fait l’expérience,
l’intervention toute-puissante qui fait travailler
toutes
choses
ensemble
pour le bien de ceux qui aiment Dieu (Rom. 8:28).
Haman haïssait tellement le
Juif
qu’il s’est levé de
bonne
heure « pour dire au roi de pendre
Mardochée au bois qu’il avait dressé pour lui » ! (Esth.
6:4 ; Rom. 2:15). Le roi dit : « Qu’il entre » et il pose une
question à Haman : « Que faut-il faire à
l’homme
que
le
roi
se
plaît
à
honorer
» ? Aveuglé par son orgueil insensé, Haman
est immédiatement convaincu que c’est à
lui
que le roi pense.
Alors Il propose toute une série de distinctions, dont une
seule
eût fait époque dans la vie d’un homme !! (Esth.
6:6-9).
Alors « Le roi dit à Haman :
Hâte
-toi
, prends le vêtement et le cheval, comme
tu
l’as
dit
, et fais ainsi à Mardochée
le Juif, qui est assis à la porte du roi. N’omet
rien
du
tout
de ce que tu as dit » (Esth.
6:10 ; 1 Sam. 2:7-8). Quel effondrement pour ce
méchant (Ps. 73:18). C’est de la main de cet ennemi, horrifié mais
obligé
d’obéir
, que Mardochée, le
Juif
, reçoit
ces
honneurs royaux. Puis il revient modestement à sa place habituelle, à la porte
du roi (Esth. 6:10-12). Comme Daniel (Dan. 5:17) il
ne se laisse pas éblouir par les vains honneurs de ce monde infidèle.
Mardochée rappelle ici encore un plus
grand
que
lui. Le Seigneur répond à Satan, qui s’engage à lui donner « tous
les
royaumes
du monde et leur gloire » si
seulement
il se
prosterne devant lui : « Va-t’en, Satan » (Matt. 4:8-10).
En voyant ainsi Mardochée traverser Suse, avec son pire ennemi
obligé de tenir la bride de son cheval, on pense à une Personne beaucoup plus
grande que lui : Le Seigneur a été méprisé et rejeté, Il sera conduit en triomphe
dans Jérusalem (Apoc. 19:11-13). Mais tout
genou
devra se ployer devant Lui, des êtres célestes et terrestres et infernaux, et toute
langue
confesser que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le
Père (Phil. 2:10-11).
D’autres personnes déjà dans l’Écriture avaient été des
ombres
de la gloire à venir du Roi des rois. Ainsi Joseph, monté dans un char du
Pharaon, tandis que devant lui on criait : « Qu’on s’agenouille »
(Gen. 41:43) ou encore Salomon, monté sur la mule de
David, avant de recevoir l’onction royale (1 Rois 1:33).
Haman doit exécuter point par point
cette tâche si humiliante à ses yeux. Pourtant ce n’était que le prélude d’une ruine
complète
, . Ensuite il retourne en hâte à sa maison,
triste et la tête couverte (És. 21:4). Est-il rempli
d’un sentiment de honte ou a-t-il simplement le désir de ne pas être
reconnu ? Il raconte à sa femme et à tous ses amis, ce qui vient
d’arriver. Son épouse Zéresh qui, hier encore,
l’excitait à la vengeance, va elle-même sonner a ses oreilles le
glas
de sa grandeur (Prov. 16:18). Elle affirme le caractère irrésistible de cette
race
des
Juifs
et conclut : « Tu tomberas certainement
devant lui » (Prov. 28:18). Elle ne reverra son mari qu’au moment de sa
pendaison (Esth. 7:9).
Selon les conseils divins, bientôt, Israël sera à la tête, et
les nations à la queue (Deut. 28:10-13. Si ce n’est
pas le cas aujourd’hui, c’est la conséquence de leur désobéissance (Deut. 28:15 à 44). Pour Haman, le
dénouement est maintenant tout
proche
(Esth.
6:13). « Encore un peu de temps, et le
méchant
ne sera plus »
(Ps. 37:10)
Le verset suivant (Esth. 6:14) fait
d’ailleurs ressortir combien le rythme de l’action s’accélère
soudain :
« Comme ils parlaient encore avec lui, les eunuques
s’approchèrent et se hâtèrent de conduire Haman au festin qu’Esther avait préparé ». Il n’y a plus
d’échappatoire possible
(Prov. 7:22-23 ; Deut
32:35-36).
Pendant ce festin, alors qu’une fois encore on buvait le vin, le
roi pose à nouveau cette question : « Quelle est ta demande, reine
Esther » ? Et cette fois, sans se départir de son humilité, la reine
va droit au fait : « Que le roi m’accorde ma
vie
et
celle de
mon
peuple
». Elle s’identifie nettement,
comme Moïse, (Héb. 11:25) avec son peuple méprisé
.
Elle ajoute, reprenant les termes de l’édit : « Nous sommes vendus
,
moi et mon peuple, pour être détruits
et tués
et pour
périr
».
Elle affirme qu’elle aurait gardé le silence, s’ils avaient été seulement
vendus pour être serviteurs et servantes, « bien que l’ennemi ne pût compenser le
dommage
fait
au
roi
» (Esth. 7:4). Elle touche ainsi
habilement une corde sensible.
Jusqu’ici elle s’est gardée de révéler l’identité
de cet
ennemi. Elle a su
attendre
la question du roi. À celui, qui en
fait la demande, Dieu donne la
sagesse
nécessaire en paroles et
en actes au moment opportun (Jacq. 1:5). Assuérus
s’interroge : se peut-il que quelqu’un cherche à toucher à
celle
qu’il
aime
et à son peuple ? Il demande fébrilement : « Qui
est-ce et où
est-il, celui que son cœur a rempli de la pensée de faire
ainsi ? » La reine le désigne en quelque sorte du
doigt : « L’adversaire
et l’ennemi
, c’est ce méchant
Haman » (Esth. 7:6).
Trois noms que la Parole de Dieu donne au
diable
lui-même.
Haman est terrifié
devant le
roi et la reine. Tout s’effondre pour lui en un instant (Ps. 73:17-19). Il voit
que son malheur est décidé de la part du roi. Aussi, tandis qu’Assuérus,
bouillant de colère, est sorti dans le jardin attenant (Prov. 16:14), Haman tente un dernier effort et fait requête pour sa vie
auprès de la reine. Dans son désespoir, il tombe sur le divan sur lequel Esther
se trouve couchée.
Le roi revient, et donne volontairement à ce spectacle insolite
la pire signification possible. Il ordonne que l’on couvre la face de Haman, signe
qu’il est condamné.
Exemple frappant de la versatilité humaine (malheur aux vaincus !), un
eunuque, Harbona, intervient pour signaler qu’il y a justement
un
« bois
» dressé dans la maison d’Haman,
celui qui était préparé
pour
Mardochée
(Ps. 7:14-15).
« Qu’on l’y pende » réplique le roi, et sa colère s’apaise seulement
quand Haman
est pendu (Esth. 7:7-10).
Tel Mardochée devant Haman, le favori
du roi, Christ a été le
seul
d’entre les fils des hommes à ne
pas
se
courber
devant Satan
. On se souvient de Ses
paroles lors de la tentation au désert : « Tu rendras hommage au
Seigneur ton Dieu et tu le serviras Lui seul » (Matt. 4:9-10). Rien
ne
pouvait
faire
fléchir
cet Homme parfait. L’Ennemi a redoublé
d’efforts contre Lui (Jér. 11:19). Il a dressé les
hommes contre Jésus, les a poussés à Le crucifier
, comme Haman a préparé un gibet pour Mardochée (bien que ce
dernier n’y soit pas monté).
Or précisément cette Croix, où Satan pensait triompher et en
finir avec Christ (Jér. 11:19), a consacré sa
défaite
définitive
(Col. 2:15 ; Héb. 2:14).
Dieu
est
intervenu
, le cours des évènements
est changé
. Esther reçoit en partage tous les biens d’Haman, l’oppresseur des Juifs. Avec l’assentiment du roi,
elle établit Mardochée le
Juif
— c’est maintenant un titre de gloire — intendant sur toute la maison d’Haman
(Esth. 8:1, 7). Le temps où Mardochée se tenait
humblement à la porte du roi appartient au passé. Il entre
devant
le
roi
, car Esther a fait connaître à Assuérus quelles sont leurs
relations de famille.
« Le roi ôte son
anneau qu’il avait retiré à Haman, et le
donne
à Mardochée » (Esth. 8:2). Mais qu’en sera-t-il de ce peuple d’Israël,
toujours voué à la mort ? Le roi, lié par son
propre
sceau
,
ne peut pas annuler le funeste décret. Alors Esther pleure beaucoup devant lui
et le supplie : « Comment pourrai-je voir le malheur qui atteindra
mon peuple ? » (Esth. 8:6).
Là encore Dieu va incliner
le
cœur
d’Assuérus à la sagesse. « Vous donc, écrivez au nom du roi » (Esth. 8-8). Il laisse à Esther et à Mardochée le soin de
dénouer le complot d’Haman, d’annuler indirectement
la portée du décret. Les scribes sont appelés, et cette fois ils vont écrire
avant tout aux
Juifs
des 127 provinces des lettres scellés du
sceau du roi. Un peu plus de deux mois se sont déjà écoulés depuis le précédent
décret.
Le nouvel édit
est aussi rendu à Suse, la capitale. Il y a un parallélisme rigoureux entre
cette partie du récit et celui qu’on trouve dans Esther 3:12-15. Visiblement le
narrateur veut montrer jusque dans
les
détails
, à quel point la situation est complètement
renversée
. À l’heure d’Haman succède celle
de
Mardochée
.
Quelle joie pour les enfants de Dieu de savoir qu’il en sera bientôt ainsi pour Christ, notre
Seigneur, sur cette terre. Il
faut
qu’Il
règne
, là où Il a été le Méprisé
de
l’homme et Celui que la nation abhorre
, jusqu’à ce qu’Il ait mis tous
ses ennemis sous Ses pieds (1 Cor. 15:25 ; És.
49:6).
Les lettres, portés par des coursiers rapides, accordent aux Juifs de se mettre en défense pour
leur
vie
et de
faire
périr
toute force du
peuple ou de la province qui les opprimeraient, le treizième jour du douzième
mois, qui est le mois d’Adar (Esth. 8:11-12).
Chrétiens, nous avons aussi reçu les moyens de combattre efficacement nos ennemis (Éphés. 6:12). Ne les ménageons pas, eux ne nous épargneront pas. Usons de tous les moyens que Dieu met à notre disposition. En particulier de Sa Parole, l’épée de l’Esprit et de la prière.
Ajoutons qu’aujourd’hui encore chaque enfant de Dieu est
un
envoyé, hâté
et
pressé
par la parole du Roi (Esth. 8:14). Il est responsable de répandre la Bonne
nouvelle du salut jusqu’aux bouts de la terre (Matt. 28:19). Ainsi ceux qui
étaient, du fait de leurs péchés, sous la juste condamnation de Dieu, peuvent
désormais échapper à la mort éternelle, en se mettant à l’abri de
l’œuvre de la Croix (Rom. 6:23).
Après les souffrances viennent les gloires : « Mardochée
sortit de devant le roi, avec un vêtement royal bleu et blanc, une grande
couronne d’or, et un manteau de byssus et de pourpre » (Esth. 8:15). Assuérus lui a conféré gloire, majesté,
honneur et puissance. Cette scène est une figure de l’élévation du Seigneur Jésus Christ,
que nous verrons surgir éblouissant de gloire, Fils de l’homme nimbé de
l’auréole d’or » (H. R). Contemplons, par la foi, avec adoration, le triomphe
de
Jésus
. Il sera accompagné de la destruction
de
tous
ses
ennemis
(Ps. 66:3-4).
Les dix fils d’Haman, dont il était si
fier, périssent (Esth. 5 :11 ; 9:4 ; És. 14:20). En outre, les deux derniers chapitres de ce
livre d’Esther montrent que les
ennemis du peuple de Dieu étaient nombreux, même à Suse. Il en a toujours été ainsi au cours des âges. Nous ne
savons pas de quelle manière exactement ces ennemis avaient persécuté les
Juifs, mais le
jour des rétributions (És. 35:4) avait sonné
pour eux aussi.
Esther n’est
pas
un type des voies de Dieu envers
l’Église
. Ce livre montre, en figure, avec Vasthi
les nations mises de côté, et avec Esther les Juifs appelés à partager les
honneurs du Royaume. La
grâce
est le caractère mis en évidence actuellement par
l’Église.
L’exécution d’une vengeance est absolument incompatible
avec l’appel du
chrétien (Rom. 12:19).
Tandis que durant le Règne millénial de justice et de vérité
, l’exercice
d’une juste vengeance sera au contraire tout à fait à sa place. Quand le Messie
régnera et que Jérusalem sera « la reine », ce que la Parole de Dieu
annonce, s’accomplira : « la nation et le royaume qui ne te serviront
pas périront (És. 60:12).
Les ennemis ne
seront pas frappés seulement au
début
du Règne, mais d’autres
coups leur seront ensuite portés. Les adversaires seront abattus (Mich. 5:9) et ceux qui se sont soumis en dissimulant (Ps.
18:44). « Chaque matin, je détruirai tous les méchants » (Ps.101:8). Si
on veille à respecter les dispensations successives, l’Écriture prend sa vraie
place. Il faut exposer justement la parole de la vérité, la « découper
droit » (2 Tim. 2:15).
« La ville de Suse poussait des cris de joie et se
réjouissait. Pour les Juifs, il y avait lumière
et joie, et allégresse et honneur. Beaucoup se firent Juifs « car la
frayeur
des Juifs tomba sur eux » (Esth. 8:15-17 ; Deut. 2:25 ; 11:25 ; Zach.
8:20-23). Le jour qui devait marquer la disparition d’Israël fut au contraire
celui de son
triomphe
, et de l’anéantissement de ses ennemis. Ce
n’est pas impunément que l’on s’attaque au peuple de Dieu (Zach.
2:8 ; Ps. 105:12-15).
D’année en année, la
grande
délivrance
dont
le peuple a été l’objet devait être commémorée par la fête des Purim, et elle l’est encore : ce seront des jours de
grande joie (Ps. 30:11-12). De même, la chrétienté célèbre encore, avec des
sentiments, hélas, mélangés
, la naissance et la mort du Seigneur.
Puissions-nous nous souvenir le premier
jour
de
la
semaine
,
et même chaque jour de notre vie, de notre rédemption et surtout de l’œuvre et
du triomphe sur la mort de notre glorieux Rédempteur !
Israël sous la discipline a encore
aujourd’hui, ce caractère d’une nation répandue
loin et ravagée, qui attend et qui est foulée
aux pieds (És. 18:2). Mais c’est en même temps, aux
yeux de Dieu, un peuple merveilleux,
au milieu duquel est né le
Sauveur
du monde. Serions-nous les objets de moins de tendresse, si nous faisons partie
du peuple céleste
, de l’épouse de
Christ ?
Le Seigneur est mort pour cette nation Juive, mais aussi « pour
rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11:52). Tous ceux
qui peuvent dire en vérité : « Abba Père »
forment ensemble, le seul
Corps de Christ(1 Cor. 12:12, 27). Mais ils sont
présentement eux
aussi
, du fait de leurs péchés et de leur
désobéissance aux enseignements de sa Parole, dispersés
et dans une
grande
misère.
Il est impossible que nous ne le ressentions
pas : car « si un membre souffre, tous souffrent avec lui » (1
Cor. 12:26).
Mardochée était grand
dans la maison du roi, il allait toujours
grandissant
(Esth. 9:4). Des expressions
similaires sont employées pour Moïse : « L’homme Moïse était grand
dans le pays d’Égypte… très
grand
aux yeux des serviteurs du
Pharaon et aux yeux du peuple » (Ex. 11:3).
Il est encore parlé de Mardochée le
Juif
à la fin
du livre. Il était « grand
parmi les Juifs et agréable
à la
multitude de ses frères, cherchant
le
bien
de son peuple
et parlant pour la
paix
de toute sa race » (Esth. 10:3).
Ces types, tout imparfaits qu’ils soient, rappellent que la place
suprême
appartient à Jésus
,
qui s’est abaissé lui
-même
jusqu’à la mort de la Croix, mais que
maintenant le ciel a reçu (Act. 3:21) jusqu'à l’heure
si proche de Son exaltation. Il sera placé très haut (És.
52:13), au dessus de tout nom qui se nomme (Phil. 2:9-11). Sondons les Écritures,
elles rendent témoignage de Lui (Jean 5:39) C’est en leur parlant de ce qui Le
concerne dans toutes les Écritures, que le Seigneur a fait brûler le cœur des
disciples d’Emmaüs (Luc 24:32). Il est digne d’occuper vraiment la première
place
dans nos pensées et dans nos affections (Col. 1:18b). Nos cœurs
Lui appartiennent-t-ils sans partage ni détour ?
Fils de l’homme exalté que les hommes rejettent
Vers toi montent nos voeux formés par ton amour.
Il est recommandé au lecteur de lire d’abord soigneusement le livre d’Esther et de ne pas négliger au cours de la lecture de l’article les citations tirées de la Parole. L’Écriture s’explique par l’Écriture.