Philippe Laügt
Veillez, et gardez-les jusqu’à ce que vous les pesiez dans les chambres de la maison de l’Éternel — Esdras 8:29
Dieu avait envoyé Nébucadnetsar pour châtier son peuple infidèle. Ils étaient captifs à Babylone, jusqu’à ce que le pays jouisse de ses sabbats, puisque Israël ne les avait pas respectés (2 Chr. 36:21). Le temps des nations a alors commencé et durera qu’au moment où Christ lui-même établira son règne.
Israël a beaucoup perdu, du fait de ses iniquités et de son apostasie. Mais la période annoncée de soixante-dix années d’exil, s’achève (Jér. 25:12). Dieu se sert de plusieurs monarques des nations pour mettre à exécution ses plans. C’est Lui qui est à l’origine de tout mouvement de réveil.
Il réveille d’abord l’esprit de Cyrus « roi de Perse » (Esd. 1:1) et peu après aussi « l’esprit des chefs des pères de Juda et de Benjamin » (Esd. 1:5). Le roi publie dans tout son royaume que l’Éternel, le « Dieu des cieux » (un titre que Dieu prend après avoir livré son peuple dans la main des nations) lui a donné tous les royaumes de la terre et l’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, en Juda. D’où son appel : « Qui d’entre vous, quel qu’il soit, est de son peuple, — que son Dieu soit avec lui et qu’il monte à Jérusalem et qu’il bâtisse la maison de l’Éternel, le Dieu d’Israël, (lui est Dieu) à Jérusalem » (Esd. 1:3).
Une partie notable des captifs à Babylone retourne alors à Jérusalem sous la conduite de Zorobabel et de Jeshua. Quarante sept ans s’écoulent, et Dieu produit dans le coeur d’Esdras et d’un petit nombre d’exilés le désir fervent de retourner en Israël.
Le roi d’alors, Artaxerxès, va accorder à Esdras, toute sa requête (Esd. 7:6). Plus tard, en s’humiliant, Esdras dira : « Maintenant, pour un moment, nous est arrivée une faveur de la part de l’Éternel, notre Dieu, pour nous laisser des réchappés et pour nous donner un clou dans son saint lieu » (Esd. 9:8). Il n’y a pas de prétention chez ce serviteur de Dieu.
Il n’est plus question alors de Zorobabel, probablement recueilli vers ses pères. L’état moral et spirituel du « résidu » déjà remonté de la captivité s’est sérieusement affaibli. Où trouver le secours ? Seule la Parole de Dieu peut appliquer à la conscience et au coeur les statuts et les ordonnances contenus dans la loi de l’Éternel (Esd. 7:10). Il n’y a pas aujourd’hui d’autre moyen de restauration. Sommes-nous disposés à prendre la Parole de Dieu pour guide et à écouter le Seigneur ? « C’est à celui-ci que je regarderai : à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit, et qui tremble à ma parole, dit l’Éternel » (És. 66:2). C’est la seule attitude qui convient à ceux qui ont aujourd’hui cette place du « résidu ». Demander de la puissance dans un temps de ruine est un piège. C’est du jugement de nous-mêmes (1 Cor. 11:31), avec droiture de coeur et une réelle humiliation, que nous avons besoin (Ps. 51:17). Ayons le désir de faire toute la volonté de Dieu.
Dieu a suscité Esdras pour enseigner son peuple. Sa généalogie est établie avec soin et montre qu’il appartient à la race sacerdotale. Il descend d’Aaron, le souverain Sacrificateur (Esd. 7:1-5). Il a donc tous les droits et privilèges liés à la sacrificature. Parmi ses ancêtres, on doit remarquer la fidélité d’un Tsadok et le zèle d’un Phinées, fils d’Éléazar. Il a lui-même disposé son coeur à rechercher cette loi. Il y a chez lui la même ferveur, les mêmes exercices que, plus tard, chez Timothée. C’est l’attitude nécessaire pour être en mesure de servir Dieu (1 Tim. 4:12, 15-16).
Ne fermons pas volontairement les yeux, si nous sommes en mauvais état. Continuer à exercer, dans de telles conditions, une activité spirituelle, sans s’être d’abord jugé devant Dieu, expose plus encore aux subtiles tentations de Satan. Privé du secours d’en Haut, une chute grave est inévitable. Si le Seigneur nous a confié un service au milieu de nos frères, marcher dans le péché, sans le juger, aura de graves conséquences sur l’ensemble du troupeau (Ecc. 9:18).
Esdras est un scribe versé dans la loi de Moïse, donnée par l’Éternel, le Dieu d’Israël (Esd. 7:6). Par son étude diligente de la Parole, accompagnée par la prière, il acquiert une connaissance approfondie. Elle le qualifie pour accomplir son service en communion avec Dieu. C’est le secret de sa piété et de sa marche fidèle. Son désir de mettre la Parole en pratique est en contraste saisissant avec le comportement des docteurs de la loi. Ils chargeaient les hommes de « fardeaux difficiles à porter », et ne les touchaient pas eux-mêmes d’un seul de leurs doigts (Luc 11:46). Il ne suffit pas de connaître la lettre de la Parole, il faut qu’elle ait des conséquences pratiques dans notre vie (Jac. 1:22-23). Alors seulement, comme pour Esdras, Dieu nous appellera, s’Il le juge bon, à enseigner.
Du vrai Serviteur, le
témoignage est rendu au sujet de « toutes les choses que Jésus commença de faire
et d’enseigner
» (Act. 1:1). Il faut que, par leur conduite, ceux qui
présentent la Parole « ornent en toutes choses l’enseignement qui est de notre
Dieu Sauveur » (Tite 2:10).
Lors du premier exode, ils étaient près de cinquante mille à quitter Babylone. Mais parmi ceux qui retournaient en Juda, plusieurs étaient dans l’incapacité de donner, à titre de généalogie, autre chose que l’indication du nom de leur ville. D’où des difficultés, et de l’incertitude en particulier vis à vis de ceux qui aspiraient à la sacrificature (Esd. 2:62). Maintenant, lors de ce nouveau départ, la généalogie de ceux qui se rassemblent, à l’appel d’Esdras, est clairement établie. Ils ne sont que 1502 finalement décidés à partir, mais leurs noms sont inscrits dans le Livre, tandis que celui de ceux qui restent semble perdu. Ce petit résidu réalise sa faiblesse, mais il trouve toutes ses ressources en Dieu.
Au début de l’Église, il y a eu des problèmes comparables. La puissance du Saint Esprit, agissant sans entrave, permettait de discerner le caractère réel d’Ananias et de Sapphira (Act. 5), ou de Simon le magicien, qui faisait profession d’être un véritable croyant (Act. 8). La séparation nécessaire pouvait s’exercer. Aujourd’hui aussi, il faut que le Saint-Esprit soit libre d’agir au milieu de l’assemblée, sans être attristé ou éteint (Éphés. 4:30 ; 1 Thes. 5:19).
Dieu se sert d’Artaxerxès comme dans le passé de Cyrus ou de Darius. La lecture de la lettre de ce monarque (Esd. 7:11-26) permet de mesurer un peu le travail que Dieu a opéré dans l’esprit de ce roi. De son côté, Esdras ne méprise pas l’autorité sous laquelle il est placé. Il sait attendre que le Seigneur ouvre le chemin. L’exemple de Daniel, les explications fournies par l’homme vêtu de lin, aident à comprendre les délais possibles entre le moment où une prière s’élève vers Dieu et l’heure où la réponse est donnée : « Dès le premier jour où tu as appliqué ton coeur à comprendre et à t’humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été entendues, et moi, je suis venu à cause de tes paroles ». Dans le ciel et sur la terre des combats se déroulent à notre insu. Le chef du royaume de Perse résiste ici à la volonté de Dieu. D’où le délai souvent mystérieux avant de recevoir une réponse (Dan 10:5, 12-19).
Artaxerxès, roi de Perse, avait une grande estime pour Esdras, ce sacrificateur, scribe accompli de la loi du Dieu des cieux. Aussi est-il prêt à agir en faveur du résidu de Juda, de ces pauvres exilés qui « sont disposés à se rendre à Jérusalem » (Esd. 7:13). Occasion nouvelle pour Esdras de bénir l’Éternel, qui met de telles pensées dans le coeur du roi. Il souligne que ce n’est pas son influence personnelle, pourtant réelle, qui conduit ce roi à agir (Prov. 8:15 ; 21:1).
Apprenons, avec cet homme de Dieu, à voir la bonne main de Dieu dans toutes nos circonstances (Esd. 7:6, 9, 28 ; 8:18, 22, 31). Esdras, revêtu par l’autorité royale d’une mission soigneusement délimitée, est conduit en paix à Jérusalem, au terme d’une marche de près de quatre mois (Esd. 7:9). Dieu le fortifie pour rassembler du milieu des captifs des chefs qui se montrent disposés à monter avec lui à Sion (Esd. 7:28). L’Éternel dispose aussi plusieurs Lévites à écouter les messagers envoyés par cet homme de Dieu et à se joindre à la petite troupe. C’était plus gratifiant de rester à son aise, avec tant d’autres, à Babylone. On s’est vite accommodé de l’exil, et l’on apprécie peut-être secrètement, comme Sodome : « orgueil, abondance de pain et insouciant repos » (Ézé. 16:49). Après tout, les nouvelles reçues de ce pauvre résidu, qui vit plutôt mal au milieu de ruines, n’ont rien d’attirant !
Ceux qui sont décidés à participer à ce voyage sont délivrés, en chemin, de la main de l’ennemi (Esd. 8:18, 31). C’est toujours Dieu qui garde, guide et protège Esdras et ses compagnons. Il est constamment prêt à se manifester en faveur de ceux qui, parmi les siens, mettent leur confiance en Lui, avec le désir d’obéir à Sa Parole.
Artaxerxès veut que « tout ce qui est ordonné par le Dieu des cieux soit fait exactement pour la maison du Dieu des cieux » (Esd. 7:23). Il reconnaît qu’Esdras a la sagesse de son Dieu dans sa main (Esd. 7:25). De tels croyant sont « une lettre de Christ, connue et lue de tous les hommes » (2 Cor. 3:2-3).
Déjà, lors du premier retour des captifs, Cyrus avait remis à Zorobabel des ustensiles, tirés autrefois de la maison de Dieu, et placés ensuite par Nébucadnetsar dans la maison de son dieu ! (Esd. 1:7-11). Esdras et ses compagnons ne partent pas les mains vides. Le roi et ses sept conseillers, ses princes, mais aussi des Juifs décidés à rester à Babylone, font librement de grands dons pour orner la maison de Dieu (Esd. 7:15-16, 27). Il est plus facile de donner ses biens que de payer de sa personne !
Le projet de quitter Babylone a été arrêté le premier jour du premier mois de l’année (Esd. 7:9). Tout est soigneusement noté dans le livre de Dieu. Pour ceux qui partent, c’est un nouveau commencement dans leur vie. Ils laissent derrière eux les idoles de Babylone, et son atmosphère souillée, pour servir le Dieu vivant et vrai.
D’un point de vue spirituel, Babylone désigne maintenant le système ecclésiastique d’une Église totalement corrompue. Hélas, de vrais enfants de Dieu restent associés à une telle profession chrétienne sans vie.
Mais un résidu en est sorti, se souvenant de l’appel d’Ésaïe 52:11. Le résidu de Juda, remonté de la transportation, préfigure ceux qui, par pure grâce, se trouvent aujourd’hui encore réunis au Nom du Seigneur. Dans des jours de trouble et de confusion, ils se réunissent autour du Seigneur seul. Ils s’appuient sur Sa promesse : « Là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, Je suis là au milieu d’eux » (Matt. 18:20). La lettre à l’assemblée à Philadelphie montre quels sont les caractères qui plaisent aux yeux de Dieu. Le Seigneur, qui marche au milieu des sept lampes d’or, lui dit : « Tu as peu de force, et tu as gardé ma Parole et tu n’as pas renié mon nom » (Apoc. 3:8).
Pour la petite troupe d’Esdras, le rassemblement a lieu près du fleuve Ahava, sans doute un affluent du Tigre. Ceux qui sont là, prennent clairement le caractère « d’étrangers et de forains » (1 Pier. 2:11) comme autrefois Abraham. Ils y campent trois jours avant de poursuivre leur voyage.
Il y a parmi eux « les derniers fils d’Adonikam ». Leurs noms sont donnés : Éliphéleth, Jehiel et Shemahia et avec eux soixante-dix hommes (Esd. 8:13). Quel encouragement pour ceux qui prient pour leurs enfants qui s’attardent dans les sentiers du monde ! Une grande partie de cette famille, au nombre de six cent soixante six, avaient déjà pris part au premier retour (Esd. 2:13). Mais quarante-sept ans après, « les derniers » rejoignent leurs frères ! Prélude heureux au jour où la promesse de l’Éternel se réalisera entièrement : « Tes fils se hâteront, regarde, ils se rassemblent tous, ils viennent vers toi » (És. 49:17-18).
Pour Esdras, force est alors de constater qu’il n’y parmi eux aucun fils de Lévi, en dehors de deux sacrificateurs : Guershom, fils d’Éléazar, et Daniel, fils d’Ithamar. Déjà, lors du premier retour, ils n’étaient que 74, c’est à dire relativement peu, vu le nombre des pèlerins (Esd. 2:40). Les Lévites auraient dû être les premiers à se présenter. Quelle indifférence est mise en évidence dans les affections ! Qu’en est-il des nôtres ?
Il est vrai que retourner à Jérusalem demande aux Lévites un plus grand renoncement. Une telle démarche demande une foi vivante. La plupart de ceux qui font partie des autres tribus, peuvent raisonnablement espérer reprendre possession de l’héritage de leurs pères. Mais les Lévites n’ont point de terre à cultiver. Leur part est meilleure : « L’Éternel était leur héritage ». Encore fallait-il savoir l’apprécier ! En outre, eux dépendent pour leur subsistance des dîmes que les autres tribus doivent apporter régulièrement. Mais il y a souvent eu dans la pratique beaucoup de négligence voire de désobéissance à ce commandement de l’Éternel (Nom. 18:20-21 ; Néh. 13:10). Pour servir le Seigneur dans sa maison, il faut donc se confier entièrement en Lui. Dès que nos affections faiblissent, la recherche de nos propres intérêts devient prépondérante et la négligence vis-à-vis des intérêts du Seigneur s’accroît ! (Jug. 5:16 ; Phil. 2:21).
Sans se décourager, Esdras choisit des chefs, et envoie une délégation d’hommes « intelligents » (d’après la note d’Exode 36:2 : sages de coeur), vers Iddo à Casiphia, lieu où habitent des Lévites. C’est une grâce tout à fait spéciale si, dans un jour de ruine, Dieu suscite encore des hommes intelligents pour prendre soin de son peuple. Esdras met dans leur bouche « des paroles » pour encourager ces Lévites à les rejoindre, animés du désir de vaquer au service de la maison de Dieu.
Ils viennent enfin au nombre de trente-huit ! Il y a parmi eux, un homme « intelligent », fils de Makhli, fils de Lévi, fils d’Israël et Shérébia, et ses fils et ses frères, Hashabia et dix de ses frères, et Shérébia, et Ésaïe. Ce sont des lévites, d’entre les fils de Merari. Ils seront chargés de la garde des trésors pendant le voyage vers Jérusalem (Esd. 8:24). Mais où sont les Kehatites ? Des Néthiniens, serviteurs « subalternes », issus probablement d’une race étrangère, les accompagnent, au nombre de deux cent vingt, « tous désignés par leur nom » (Esd. 8:20).
À chacun des siens, dans sa grâce, Dieu donne une tâche, si simple soit-elle. Ne méprisons pas le service que le Seigneur nous confie : Sommes-nous disposés à servir Dieu en servant les siens ? Il connaît ceux qu’un réel dévouement anime (Rom. 16:1, 6, 12). Les ministères, qui correspondent au service de ces Lévites, sont rares aujourd’hui au milieu du peuple de Dieu. Il faut confesser avec humiliation une affligeante pauvreté. C’est une des conséquences des années mangées dans nos vies, par des sauterelles variées (Joël 2:25) conséquence de notre infidélité. Combien les paroles du prophète gardent un caractère d’actualité : « Le peuple dit [ouvertement ou secrètement ?] : Le temps n’est pas venu, le temps de la maison de l’Éternel, pour la bâtir ». Puis il s’adresse, de la part de Dieu, à la conscience et pose une importante question : « Est-ce le temps pour vous d’habiter dans vos maisons lambrissées tandis que cette maison est dévastée ? » (Agg. 1:4 ; Ps. 102:14).
Avant de partir, il faut discerner la bonne voie (Jér. 6:16), « le vrai chemin, pour nous, pour nos enfants et tout notre avoir » (8:21). Ne faisons pas un pas à la légère. Ce chemin n’est pas le nôtre. Ce n’est pas non plus celui que choisira un « habitant de la terre » (Apoc. 3:10 ; 13:6), se fondant sur ses propres critères et ses propres ressources. C’est seulement dans un chemin d’entière dépendance vis-à-vis de Dieu que le croyant sera tenu à l’abri des attaques de l’Adversaire. Christ a frayé le vrai chemin aux siens, « durant les jours de sa chair », il leur a laissé des traces (Héb. 5:7 ; 1 Pier. 2:21). Il faut le suivre humblement, en se confiant en Dieu seul (Jér. 17:5-8).
Esdras publie un jeûne, « pour nous humilier devant notre Dieu » (8:21). La tristesse doit être réelle. Une attitude purement extérieure n’est qu’une contrefaçon. Écoutons cette parole divine : « Déchirez vos coeurs et non vos vêtements » (Joël 2:13). Il faut éprouver devant Lui nos véritables motifs (Zach. 7:5). Tous ici ressentent, semble t-il, le besoin urgent de se tourner vers Dieu et de Lui demander son secours, avant d’emprunter cette route périlleuse. Chercher sa face, s’humilier ensemble devant Lui, et s’attendre à Lui est toujours pour un croyant le chemin de la bénédiction.
Parfois les difficultés paraissent insurmontables, elles le sont certainement sans le secours d’En-Haut. On peut aussi devenir paresseux, et la paresse peut être spirituelle. Dans un tel état, l’on est facilement persuadé qu’il y a un lion rugissant sur le chemin (Prov. 26:13).
Présentement l’Ennemi utilise toutes sortes de ruses pour nous détourner du rassemblement autour du Seigneur, d’un service dans l’assemblée, ou encore de faire l’oeuvre d’un évangéliste (2 Tim. 4:5). Si le service des Lévites fait défaut au milieu des croyants, la faiblesse s’accentue. Un danger continuel c’est de s’appuyer sur des ressources humaines, et de chercher à se servir des armes de la chair (2 Cor. 10:3-4). Pour être vraiment disposé à marcher après Lui dans un pays non semé, il faut avoir gardé, ou retrouvé le premier amour (Jér. 2:2).
Esdras et ses compagnons de voyage ont rendu un témoignage clair devant le roi, en lui disant : « La main de leur Dieu est en bien sur tous ceux qui le cherchent, et sa force et sa colère sont contre tous ceux qui l’abandonnent » (Esd. 8:22). Le comportement et les paroles d’Esdras ont été ceux d’un serviteur de Dieu. Maintenant il a honte de demander au roi des forces et de la cavalerie pour les aider en chemin contre l’ennemi. Ses exercices paraissent plus profonds que ceux de Néhémie, treize ans plus tard. Ce dernier est en communion avec Dieu, s’adonne à la prière et comprend que la bonne main de son Dieu est sur lui, mais il raconte avec simplicité que « le roi avait envoyé avec moi les chefs de l’armée et des cavaliers » (Néh. 2:9).
Mais désormais pour Esdras, ce serviteur pieux, c’est le Nom et l’honneur de l’Éternel qui sont en jeu. Il fallait veiller à ne pas détruire par sa conduite, dans l’esprit d’Artaxerxès, l’effet du témoignage rendu auparavant. Il accepte les dons du roi, mais ne veut pas lui demander une escorte armée qu’Artaxerxès serait pourtant tout disposé à lui accorder !
Si j’affirme m’appuyer sur Dieu seul, je dois veiller à ce que ma manière d’agir n’en apporte pas le démenti. Il est relativement aisé de dire que l’on fait partie d’un peuple dont l’appel est céleste, plus difficile de vivre d’une manière digne de cet appel au milieu de son entourage. Avant son enlèvement, Énoch reçoit le témoignage d’avoir plu à Dieu (Héb. 11:5). Par sa marche avec Dieu, pendant trois cent ans, il a prouvé que c’était vraiment sa règle de vie.
Aujourd’hui, dans le travail missionnaire, il faut veiller soigneusement sur les moyens employés. Ne cherchons pas à obtenir l’aide du monde, sinon, nous jetterons du déshonneur sur le nom du Seigneur.
Esdras offre un bel exemple d’une foi sincère ! Il sait quels sont les dangers de la route qu’il va emprunter, mais il sait aussi que Dieu est le meilleur des boucliers, et que ses anges « sont des esprits administrateurs, envoyés pour servir en faveur de ceux qui doivent hériter du salut » (Héb. 1:14 ; Ps. 34:7). Avec de telles certitudes dans nos coeurs, que restait-il à faire ? « Nous demandâmes cela à notre Dieu, et il nous exauça » (Esd. 8:23). Dieu écoute la prière et répond toujours à la foi (Ps. 65:2).
Mais ce serviteur ne ternit pas cette confiance en Dieu par de l’insouciance. On lui a confié des vases précieux et des dons. Il réalise sa responsabilité et s’occupe avec soin des préparatifs en vue de ce long et périlleux voyage. Il sépare douze des chefs des sacrificateurs : Shérébia, Hashabia, et dix de leurs frères avec eux. Il compte et pèse entre leurs mains « l’offrande pour la maison de notre Dieu » (Esd. 8:24-25). Le tout, soigneusement décrit, représente une somme considérable (Esd. 8:26). Nul, excepté les sacrificateurs et les Lévites, ne doit « toucher » ou « porter » les ustensiles sacrés de la maison de Dieu (Lév. 21:6). « Vous êtes saints, consacrés à l’Éternel, et les ustensiles sont saints, et l’argent et l’or sont une offrande volontaire à l’Éternel, le Dieu de vos pères. Veillez, et gardez-les jusqu’à ce que vous les pesiez devant les chefs des sacrificateurs dans les chambres de la maison de l’Éternel » (Esd. 8:29). Ce dernier point est de la plus haute importance : « Jusqu’à ce que vous les pesiez ». Tout a été pesé au départ par Esdras lui-même et le sera à l’arrivée par « Mérémoth, fils d’Urie, le sacrificateur, et avec lui était Éléazar, fils de Phinées, et avec eux Jozabad, fils de Jéshua, et Noadia, fils de Binnuï, lévites, selon le nombre et le poids de tout » (Esd. 8:33). Méremoth a un poste de confiance dans la maison de Dieu ; il ne craindra pas pour autant de plier, avec zèle, son cou au travail pénible de la reconstruction (Néh. 3:4, 21). Jozabad sera plus tard parmi ceux qui feront comprendre la loi au peuple (Néh. 8:7).
Rien ne doit manquer à la fin du voyage : il faut traiter avec le plus grand soin tout ce qui touche à la gloire de Dieu (1 Cor. 3:16-17). Soyons intègres dans notre service et montrons toute bonne fidélité. Esdras n’a pas douté de leur honnêteté, mais il a cherché à éviter tout risque de suspicion. L’apôtre Paul a le même exercice : « Nous veillons à ce qui est honnête devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes » (2 Cor. 8:21) et encore : « Ne donnant aucun scandale en rien, afin que le service ne soit pas blâmé » (2 Cor. 6:3). Quant aux offrandes du peuple de Dieu, ceux qui ont la responsabilité des répartitions, doivent rendre compte de leur gestion à leurs frères, avant même d’y être invités.
L’apôtre Paul parle de deux dépôts (2 Tim. 1:12-14) : L’un d’entre eux est confié à Dieu et Paul déclare : « Je suis persuadé qu’Il a la puissance de garder ce que je lui ai confié jusqu’à ce jour-là ». Mais il y a aussi le dépôt que Dieu nous confie : toutes les précieuses vérités contenues dans sa Parole. Paul exhorte : « Timothée, garde ce qui t’a été confié » et : « garde le bon dépôt par l’Esprit saint qui habite en nous » (1 Tim. 6:20 ; 2 Tim. 1:14). Chaque racheté du Seigneur doit veiller tout le long de son voyage, jusqu’à ce qu’il atteigne le Sanctuaire, sur le trésor des Écritures. Là, tout sera pesé à nouveau avec une balance parfaitement fiable, celle du sanctuaire, en relation avec notre responsabilité (Lév. 27:25).
Rien n’a t-il été mésestimé ou même perdu en chemin ? Avons-nous gardé ce qu’Il nous a personnellement confié (Matt. 25:14-15, 21) ? Chacun rendra compte à Dieu de son administration. Nous serons tous manifestés devant le tribunal de Christ (2 Cor. 5:9-10).
Le départ effectif a lieu le douzième jour du premier mois. au bord de ce fleuve Ahava. Confiants en Dieu, ils marchent avec foi, vers le pays de leurs pères. Il répond à leur attente et les délivre de la main de l’ennemi et de toute embûche sur le chemin (Esd. 8:31). Sans doute à vue humaine ont-ils souvent échappé de justesse. Mais le Seigneur les a délivré de tout danger par sa puissance et par sa grâce, Le Saint d’Israël n’a pas été affligé ou limité (Ps. 78:41) :
Ils arrivent à Jérusalem, la cité bien-aimée, où Dieu a mis la mémoire de son Nom (Deut. 12:5, 11) le premier jour du cinquième mois, et y demeurent trois jours. Combien d’actions de grâce ont dû monter de leurs coeurs, remplis de reconnaissance ! Puis, le quatrième jour, l’argent et l’or et les ustensiles sont pesés dans la maison de Dieu, et tout est inscrit, selon le nombre et selon le poids, entre les mains de Mérémoth, le sacrificateur, assisté des lévites (Esd. 8:33-34).
Rien ne manque ! Ils reçoivent l’acquit de leur charge. Recevrons-nous le nôtre de la part de Dieu ? Dans la maison de Dieu, chacun doit rendre compte de son administration, et être manifesté devant le Tribunal de Christ. Tout est soigneusement inscrit et chacun recevra sa louange de la part de Dieu (2 Cor. 5:10).
Ils vont remettre les édits royaux aux satrapes et aux gouverneurs (Esd. 8:36). Mais d’abord des sacrifices sont offerts. Notre première pensée doit toujours être pour Dieu. Ils présentent sur l’autel, outre les sacrifices pour le péché, des holocaustes : « douze taureaux pour tout Israël » (Esd. 8:35). Ce faible résidu de Juda, remonté de la captivité, a le désir de reconnaître et d’affirmer l’unité du peuple de Dieu. C’est tout Israël qui est l’objet de leurs affections. Il sera bientôt sauvé et ramené dans le pays, par Celui qui est le véritable Holocauste et le seul sacrifice pour le péché (Rom. 11:26). Une grande partie de ce peuple est encore dispersée, certains sont restés volontairement à « Babylone », mais le Résidu, dans l’espérance de cette intervention divine, les associe à la louange et à l’action de grâce collective.
Ainsi doivent agir ceux qui, aujourd’hui, se réunissent « hors du camp », au seul Nom du Seigneur Jésus, et sur le terrain du seul Corps, dont tous les croyants sont membres. Sinon, ils tombent dans le sectarisme, si odieux aux yeux du Seigneur.
Ces enfants de Dieu peuvent être méprisés à cause de leur pauvreté spirituelle, de leur état misérable, de leur petit nombre. Mais s’ils s’appliquent à « garder l’unité de l’esprit par le lien de la paix », avec toute humilité et douceur, en se supportant l’un l’autre dans l’amour, avec longanimité (Éphés. 4:2-3), ils ont l’approbation du Seigneur, qui les soutiendra et les bénira.
Ah ! Sans la marche de la foi,
Ma vie est languissante ;
Mais, ô mon Sauveur, c’est en Toi,
En ta vertu puissante,
Qu’est mon asile et mon recours ;
Et Tu me montres tous les jours
Ta faveur éclatante