Laügt Philippe
Octobre 2004
Table des matières :
1 - Rôle des mères. Comment Abija accéda au trône
2 - Début de la vie d’Abija. Différence d’avec David
3.1 - Des paroles qui ne concordent pas avec les actes
3.4 - Généalogies naturelles et lignée de la foi
3.5 - L’origine réelle du schisme. La vérité déformée
3.6 - Ceux qui n’avaient pas le culte divin
3.7 - Ceux qui avaient la tradition religieuse
3.8 - Prétentions, orgueil spirituel, retrouver une vraie communion avec Dieu
4.1 - Impuissance totale de l’homme
4.3 - Fidélité de Dieu à Ses promesses
4.4 - Détruire l’idolâtrie de la maison de Dieu
5 - Triste fin d’Abija et de Jéroboam
6 - Leçons en rapport avec l’Église et ses divisions
6.2 - Ce qui réconforte le croyant. Les victoires de la foi
Les livres des Rois retracent surtout l’histoire des souverains
d’Israël, tandis que ceux des Chroniques relatent plutôt l’histoire des rois de
Juda, c’est à dire des descendants de David. La lecture des livres des Rois
montre à quel point l’homme, par sa conduite désastreuse, a failli à sa
responsabilité — celle des Chroniques, comment Dieu se glorifie envers son
peuple infidèle. On y voit les effets de Sa grâce
et Ses conseils
touchant la royauté de Christ, par les types de David et de Salomon.
Le nom de la mère est précisé pour la plupart des rois. Chaque mère joue en effet un rôle capital auprès de ses enfants. Selon l’ordre divin, elle partage avec son mari la responsabilité de leur instruction (Prov. 1:8 ; 8:20 ; 31:1-3). D’ailleurs, surtout pendant la petite enfance, elle a avec eux une relation beaucoup plus intime que le père. Si une mère a la crainte de Dieu, elle cherche leur prospérité spirituelle (2 Tim. 1:5). Ainsi l’apôtre pouvait se réjouir de constater la marche dans la vérité de ceux de la « dame élue » (2 Jean 4). Si, par contre, elle est incrédule — ou croyante mais, hélas, mondaine, — le développement moral de ses enfants ne peut qu’en souffrir.
Abija n’avait pas eu une mère pieuse, mais idolâtre. Finalement,
son petit-fils Asa lui ôta même sa position de reine, car Maaca avait dressé un
simulacre pour ashère (2 Chr. 15:16). Or Roboam avait aimé cette fille
d’Absalom, plus que toutes ses femmes et toutes ses concubines, et c’est
pourquoi il établit son fils, Abija, chef parmi ses frères, « car il
voulait
le faire roi » (2 Chr. 11:21-22). C’était son choix personnel, il n’avait
pas recherché la volonté de Dieu.
Un court récit, dans le premier livre des Rois, donne un aperçu de la conduite déréglée d’Abija, durant sa brève existence (1 Rois 15:1-8). Le chapitre 13 du second livre des Chroniques contient d’abord une allocution prononcée par ce roi devant son armée et celle de Jéroboam, puis le récit de la bataille qui a ensuite opposé Juda et Israël.
Abija accéda au trône de Juda la dix-huitième année du règne de
Jéroboam. Il marcha dans les mêmes péchés que son père Roboam. Sa conduite morale
relâchée fut la même que celle de Salomon, son grand-père (1 Rois 11:1-4).
Durant sa brève existence, il n’eut pas moins de 14 femmes, 22 fils et 16
filles (2 Chr. 13:21 ; Deut. 17:17). Tout croyant qui, comme lui, cède aux
désirs de sa chair, gâte le témoignage qu’il pourrait rendre au Seigneur dans
ce monde. À la différence donc de David, son arrière-grand-père (1 Rois. 15:3),
le cœur d’Abija ne fut pas parfait
devant l’Éternel. Un cœur parfait
ne signifie pas que le péché est absolument absent dans les voies d’un homme,
mais qu’il a une volonté arrêtée de plaire à Dieu et de Lui obéir à tout prix.
L’Éternel avait donné un ordre à Roboam, par le moyen de
Shemahia : « Ne faites pas la guerre à vos frères, retournez chacun dans sa
maison, car c’est de par moi que cette chose a eu lieu
» (2 Chr. 11:2-4 ; 13:2-3).
Roboam s’était soumis, au moins pour un temps, à la pensée de Dieu, mais
maintenant, poussé par l’orgueil, son fils Abija désobéit ouvertement.
Toutefois « à cause de David » l’Éternel laissera à
Abija une
lampe
à Jérusalem, le jugement mérité par Juda est
différé. L’Écriture parle souvent de lampe
en relation avec la postérité
.
La coutume était d’en laisser brûler constamment une dans la tente. Son
extinction signifiait la disparition de la famille. Le fils d’Abija sera établi
après lui, et Dieu fera subsister Jérusalem ; « parce que David
,
en sa génération, avait fait ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, et ne
s’était détourné de rien de ce qu’Il lui avait commandé, tous les jours de sa
vie, excepté
dans l’affaire d’Urie, le Héthien » (1 Rois 15:4-5).
Dieu est fidèle : les promesses inconditionnelles
faites à David
auront leur plein accomplissement en Christ
. « Le Seigneur Dieu lui
donnera le trône de David son père ; et il régnera sur la maison Jacob à
toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume » (Luc 1:32-33).
Le discours d’Abija est approprié aux circonstances. Si
seulement il avait marché dans un chemin de piété, ses paroles auraient pu
avoir un effet salutaire sur ses frères israélites. Le divorce entre la
conduite et les paroles, assez fréquent, explique la réponse d’un incrédule à
son interlocuteur, qui l’exhortait à se mettre en règle avec Dieu : « Ce
que vous faites
crie si fort que je n’entends pas ce que vous dites ».
Beaucoup d’excellents conseils
,
donnés
avec
de
bonnes
intentions,
ne
sont pas reçus pour ce motif.
Au fond, on peut juger les paroles et les actes de deux façons bien différentes. L’une, plutôt laxiste, que l’on emploie volontiers à l’égard de soi-même, et l’autre, beaucoup plus sévère, dont on se sert pour juger les autres. « Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes » constate même un fablier. Abija était apparemment de ce genre.
Jéroboam, le roi d’Israël était un idolâtre, qui avait fait
pécher gravement Israël (1 Rois 16:26). Il avait refusé
d’écouter le
prophète Akhija, qui l’engageait à faire ce qui était droit aux yeux de Dieu
qui promettait de le bénir s’il obéissait (1 Rois 11:35-38). Jéroboam avait
pris conseil, la Parole ne précise pas de qui (Éz. 11:2). Mais il avait ensuite
décidé de faire deux
veaux d’or. L’un d’entre eux était placé habilement
à Béthel, tout près de la frontière de Juda, et l’autre, à Dan, à l’extrémité
nord du pays (1 Rois 12:29). Faussement paternel, ce roi déclara ensuite aux Israélites :
« C’est
trop pour vous
de monter à
Jérusalem, voici tes
dieux, Israël ! qui t’ont fait monter du pays
d’Égypte » (1 Rois 12:28). Sa crainte secrète était que tout le royaume
retourne à la maison de David (1 Rois 12:26).
Alors il voulut détourner le peuple de monter, en principe trois
fois par an, pour offrir des sacrifices à la maison de l’Éternel. En effet
Jérusalem, la ville du grand Roi, était le seul lieu que Dieu avait désigné
pour être son habitation sur la terre (1 Rois 12:26-33 ; Deut. 12:5-6). Jéroboam
était persuadé que sa force était fonction de l’importance de son armée. Cet Éphraïmite
aurait pourtant dû savoir que pour
l’Éternel
il n’y a pas de différence
entre beaucoup de force et peu de force (2 Chr. 14:11). Quand Il intervient,
l’homme ne peut pas
Lui résister (2 Chr. 20:6).
Les illusions de ce roi étaient comparables à celles du riche,
dont « les biens sont sa ville forte, et comme une haute muraille, dans
son imagination
» (Prov.
18:11). Sur QUI repose notre
confiance ? « Le nom de l’Éternel est une forte tour, le juste y
court et s’y trouve en une haute retraite » (Prov. 18:10).
Hélas, la majeure partie du peuple d’Israël se laissa égarer
par cet homme et pratiqua désormais une fausse
religion.
Aujourd’hui encore,
il y a
beaucoup de
doctrines
erronées et par leur moyen, l’ennemi attire les croyants mal
affermis.
Soyons sur nos gardes (2 Cor. 11:3-4). La Parole de Dieu est le
seul
Rocher
sur lequel notre foi peut se fonder
. Placés devant de
nouveaux enseignements, « un
évangile différent » (2 Cor. 11:3-4), posons-nous ces questions
fondamentales : « Dieu a-t-il parlé ? », et si c’est le
cas, « qu’a-t-Il dit dans Sa Parole ?
Abija ne s’est pas assis
pour voir s’il avait assez de
force pour résister à Jéroboam : il n’a pas agi comme le roi dont parle le
Seigneur dans une parabole. Or le roi d’Israël a justement à sa disposition une
armée double de celle d’Abija (Luc 14:31) ! Mais le roi de Juda imagine
qu’il lui suffit d’avoir respecté les rites
de la
vraie
religion
pour triompher de cet usurpateur, doublé d’un apostat, qui s’est emparé de dix
des douze tribus d’Israël. Il est prêt à ouvrir les hostilités et campe déjà
sur le mont Tsemaraïm, dans la montagne d’Éphraïm, sur le territoire d’Israël.
Une terrible guerre intestine se prépare ; elle concerne l’ensemble du peuple délivré par Dieu de l’esclavage et amené, selon Sa promesse, dans un pays ruisselant de lait et de miel ! Mais rassasiés et engraissés, ils se sont tournés, comme l’Éternel l’avait annoncé, vers d’autres dieux et les ont servis. Ils ont méprisé l’Éternel, et rompu son alliance. Maintenant, à cause de leur désobéissance, ils sont dans la détresse et atteints par toutes sortes de maux (Deut. 31:20-21) ! Plus d’un million d’hommes d’élite, forts et vaillants, écoutent pour l’instant le discours d’Abija. Probablement tous les hommes valides dans les deux royaumes ont répondu : Présent ! Ils sont prêts à s’entretuer.
Abija tente, par ses paroles, d’affaiblir la résistance de son adversaire ; il cherche à le persuader que tous les droits sont de son côté ! Ses paroles, plutôt agressives, sont dignes d’un procureur. La plupart de ses arguments sont calculés pour faire mouche, mais le tableau qu’il brosse est incomplet. Jéroboam aurait pu répliquer sèchement, s’il avait été en règle avec Dieu !
Abija débute par une apostrophe pleine de mépris : « Écoutez-moi,
Jéroboam et tout Israël. N’est-ce pas à vous
de savoir que l’Éternel, le
Dieu d’Israël, a donné à David la royauté sur Israël pour toujours, à lui et
à ses fils
» ? (1 Chr. 13:4-5 ; Ps 18:50). Fier de ses
origines, il veut affirmer sa légitimité, en se servant de l’Écriture (Ps 89:4,
29, 36-37) ! C’était une grande faveur d’appartenir à la lignée de David,
ce roi fidèle
, et d’être au bénéfice d’une « alliance de sel »
c’est à dire imprescriptible (Lév. 2:13 ; Nom. 18:19). Mais ne cherchons
pas, par des généalogies parfois interminables, à nous glorifier d’être les
descendants d’hommes de
foi
, de vrais
conducteurs. Nabal
était de la race de Caleb, mais c’était un homme de Bélial (1 Sam. 25:3, 25).
Jonathan, petit-fils de Moïse, est malgré cela connu comme sacrificateur d’une image
taillée, dans la tribu de Dan (Jug. 18:30) ! Par contre l’apôtre rend
témoignage avec joie à la foi sincère
qui était en Timothée. Elle avait
d’abord habité sa grand’mère Loïs et dans sa mère Eunice et maintenant, Paul
peut ajouter : « j’en suis persuadé, en toi aussi » (2 Tim. 1:5).
C’est la seule vraie
lignée de la foi, on ne peut y prendre rang que par
sa connaissance personnelle
du Seigneur.
Dans son pompeux discours, Abija passe sous silence les vraies
raisons
si humiliantes du grand schisme survenu au milieu du peuple de
Dieu. Cette tragique division était d’abord la conséquence des
péchés
de son grand-père Salomon. Déjà à ce moment-là Dieu avait préparé Jéroboam — un
adversaire d’autant plus redoutable qu’il avait été suscité au
milieu
du peuple (1 Rois 11:22-33 ; Act. 20:30). L’attitude intransigeante
du propre père d’Abija envers le peuple d’Israël, venu avec Jéroboam lui
demander d’alléger leur dur service (2 Chr. 10:4, 14-15), avait comblé la
mesure. La division s’était produite, la patience de Dieu avait atteint son
terme. Roboam n’avait pas tenu compte du sage conseil des vieillards mais il
avait écouté les jeunes gens. Il ne s’était pas montré disposé à
servir
son peuple et à gagner
leur cœur par la bonté (2 Chr. 10:6-8).
Par contre Abija fait ressortir comment Jéroboam, le serviteur
de Salomon, a levé la main contre son seigneur Roboam, aidé par « des
hommes de rien », qui s’étaient assemblés vers lui (2 Chr. 13:6-7). Quelle
surprise de l’entendre décrire son père comme « jeune et craintif »,
et affirmer qu’il « ne s’est pas montré fort devant eux » (2 Chr. 13:7).
Le récit de l’Écriture convainc du contraire (2 Chr. 10:12-14). Au début de son
règne, Roboam avait 41 ans : Son caractère était plutôt raide et dur. Il parle à
Jéroboam et à tout le peuple en termes hautains et méprisants.
Abija déforme
les faits, décidé à rejeter tous les torts
sur Jéroboam, et à justifier son père. C’est une forme de mensonge : elle
ôte toute crédibilité à celui qui parle. Un chrétien doit entièrement renoncer
à cette façon de faire. Le mensonge est un des signes distinctifs du « vieil
homme ». Le diable le père du mensonge (Jean 8:44). Le chrétien a
dépouillé
le vieil homme et revêtu
le nouvel homme. Il cherche désormais à ressembler à Christ et désire parler
la vérité
(Col. 3:9 ; Éph. 4:25).
C’est en vain, affirme Abija, qu’Israël compte sur ses faux dieux,
sur ses deux veaux d’or, et pense se montrer fort contre le royaume
de
l’Éternel
. Ce dernier est dans les mains des fils de David, seuls
représentants légitimes
du Seigneur ! Il reconnaît que leurs
adversaires sont une grande multitude, mais
ils ont abandonné le vrai
culte divin (2 Chr. 13:8) !
Il rappelle encore comment Jéroboam et ses fils ont
chassé
les sacrificateurs de l’Éternel, fils d’Aaron et leurs aides, les Lévites (2
Chr. 11:13-14 ; 13:9 ; Ex. 28:41 ; 29:44). Ceux-ci, pour rester
fidèles à Dieu, ont dû abandonner
leurs banlieues et toutes leurs
possessions, et se réfugier en Juda (2 Chr. 11:14) ! Par la suite Jéroboam
a établi d’autres
sacrificateurs, de toute origine, comme on agissait en
Égypte, où il avait vécu. Quiconque
se présentait avec un jeune taureau
et sept béliers, pour être consacré
(expression qui veut dire les mains
remplies
), devenait sacrificateur « de ce qui n’est pas Dieu »
— des non
-dieux
, comme dit la note (2 Chr. 13:8-9 ; Jér. 2:11 ;
Os. 8:6 ; Gal. 4:8).
Abija parle devant ses troupes. L’état de l’armée est le reflet
de celui de Juda dans son ensemble. Pourtant il ose déclarer publiquement, avec
emphase : « Mais pour nous
l’Éternel
est notre
Dieu
et nous
ne l’avons pas
abandonné » (2 Chr. 13:10) ! Cette prétention diffère beaucoup,
hélas, de la réalité ! Ils avaient, eux aussi
, fait ce qui était
mauvais aux yeux de l’Éternel, et L’avaient provoqué à la jalousie, plus que
leurs pères ! (1 Rois 14:22-25). Dans ce discours, le nous
réitéré
est une forme du
moi
.
Le roi de Juda décrit ensuite, avec complaisance, de quelle
manière les différents aspects du culte étaient soigneusement observés. Le
service se déroulait de façon harmonieuse, « chaque matin et chaque soir »
dans le Lieu saint. Les sacrificateurs de l’Éternel, fils d’Aaron, servaient l’Éternel,
et les lévites remplissaient leurs fonctions. Ils faisaient fumer des
holocaustes à l’Éternel, ainsi que l’encens des drogues odoriférantes (2 Chr.
13:10-11). Sous-entendu : quelle différence avec la confusion
qui
règne maintenant en Israël ! L’homme aime à s’entourer d’une certaine tradition
religieuse qui imite, plus ou moins, les enseignements de l’Écriture (Nomb. 23:1-4).
Il pense se rendre ainsi la divinité
favorable mais ne change rien dans sa
conduite.
Abija se plaît à rappeler : « Nous avons
les
pains rangés sur la table pure ». Ces pains étaient au nombre de douze.
Ils représentaient, dans la pensée de Dieu, les douze
tribus, le peuple
au complet, rassemblé dans un ordre parfait dans le sanctuaire. Dieu n’oublie
aucun des siens, même s’ils sont infidèles et divisés, mais Juda et Israël
s’apprêtaient à se livrer un combat sans merci. Intercédons-nous, avec un cœur
rempli d’amour, pour les frères desquels nous sommes séparés
?
Le chandelier d’or, et ses lampes pour brûler chaque soir, étaient présents aussi ! Sans doute ces lampes étaient-elles arrangées continuellement, comme prescrit (Lév. 24:3). Notre communion avec le Seigneur subit des éclipses, mais la lumière de Christ, le divin chandelier, ne cesse de briller devant Dieu de tout son éclat.
En conclusion, ce roi affirme : « Nous
, nous
faisons l’acquit de la charge que Dieu nous
a confiée » (1 Chr. 13:10-11).
Pourtant le moment approchait rapidement où Dieu leur enverrait dire par le
prophète : « Ne continuez pas d’apporter de vaines
offrandes :
l’encens m’est une abomination
… Je ne puis supporter l’iniquité et la
fête solennelle » (És. 1:10-15).
Abija déclare encore : « Nous
avons avec nous
,
à notre
tête, Dieu
et ses sacrificateurs, et les trompettes au son éclatant, pour sonner avec
éclat contre
vous
» (2 Chr. 13:12 ; voir 1 Sam. 4:3-5).
Il ne paraît pas attristé
de mentionner ces trompettes qui vont, dans un
instant, sonner contre
ses
frères
! Quelles sont
aujourd’hui nos dispositions
secrètes
à l’égard de nos frères « aimés
de Dieu, aimés du Seigneur » (1 Thes. 1:4 ; 2 Thes. 2:13) ?
Que manquait-il à Juda ? Apparemment
rien :
tout semblait en ordre, à sa place. Les sacrificateurs et les lévites faisaient
en effet l’acquit de leur charge, mais étaient-ils engagés
dans ce
service, avec la crainte de déplaire à leur Dieu (Jér. 30:21) ? Les apparences
étaient sauves : c’était le cas, aussi, juste avant la naissance de Jésus
(Luc 1:8-10), mais l’essentiel
manquait. La forme
de la piété
peut souvent être conservée (2 Tim. 3:5), et pourtant les consciences se sont
endurcies.
Le sentiment d’avoir grandement péché fait défaut ; on
n’est pas conscient de sa propre ruine
. Il faudrait, comme David, la
confesser
: il n’y a pas d’autre chemin pour la restauration (Ps. 51:2-4,
17).
Aujourd’hui, dans la plupart des milieux chrétiens, il y a
beaucoup de prétention, comme à Laodicée (Apoc. 3:17 ; Jér. 7:4) ! On
prétend connaître
et agir
selon la pensée de Dieu ! On est
capable de mémoriser des vérités de l’Écriture,
et de les citer à
propos. Mais ont-elles d’abord un réel impact sur notre
conduite ? Nous
sommes très habiles à détecter
les
erreurs chez les autres (Luc 6:42) !
Pourtant notre
cœur n’est-il pas parfois fort
éloigné de Dieu, et
ses enseignements méprisés (És. 29:13 ; Mal. 1:6) ?
Abija cherche à établir le bon droit
de Juda, mais il
s’agit plutôt leur propre
justice
. Son discours s’achève par un
avertissement solennel : « Fils d’Israël, ne faites pas la guerre contre
l’Éternel, le Dieu de vos pères ; car vous ne réussirez pas
» (2 Chr. 13:12 ; Act. 5:39) !
L’Éternel, dans sa grâce, avait richement béni Israël. Ce peuple
avait connu, sous le règne de Salomon, une prospérité exceptionnelle. Mais son
cœur s’était détourné de Dieu. Il l’avait déshonoré, en remplissant d’idoles
tout le pays d’Emmanuel. Maintenant, le petit royaume de Juda suivait le même
chemin (1 Rois 11:33). Tout ce que Dieu confie à la responsabilité de l’homme,
il ne tarde guère à le gâter entièrement. Aujourd’hui encore, malgré
l’habitation du Saint Esprit dans chaque enfant de Dieu et dans l’Assemblée, on
doit constater avec tristesse et humiliation que les divisions et les hérésies
se sont multipliées. Le monde est entré dans les cœurs, au point qu’à cette question :
« Où est le monde ? », on devrait répondre, en baissant la
tête : « dans l’Église
! »
Si Abija avait eu le désir sincère de chercher à guérir
cette douloureuse division, il aurait cherché d’abord à retrouver la communion
avec Dieu. La conduite d’Esdras à cet égard est exemplaire. Malgré sa piété
personnelle, il s’identifie avec son peuple, confesse leurs
iniquités
comme les siennes
. Il s’écrie : « Mon Dieu, je
suis confus, et j’ai
honte de lever ma tête vers toi, ô mon Dieu… Nos
iniquités se sont multipliées par-dessus nos têtes… Nous avons été grandement
coupables » (Esd. 9:5-7). À l’inverse, le discours prétentieux d’Abija
n’est pas de bon augure, et rappelle son père Roboam. On peut résumer ainsi ses
paroles : « Vous
êtes infidèles, mais nous
,
nous sommes fidèles ». Que Dieu nous garde d’être secrètement remplis
d’orgueil spirituel, la pire forme de l’orgueil !
C’est dans de telles dispositions que le roi de Juda et son
armée engagent le combat, persuadés que Dieu est avec eux et doit
leur
donner la victoire. Durant la prernière guerre mondiale, on a vu des soldats
portant un ceinturon où chacun pouvait lire ces paroles : « Dieu est
avec nous » !
Il faut l’embuscade tendue par Jéroboam, et son habile manœuvre
d’encerclement, pour faire sentir à Juda que « toute leur sagesse est
venue à néant » (2 Chr. 13:13-14 ; Ps. 107:27). « La bataille
était contre eux, devant et derrière » (2 Chr. 13:14). Ils comprennent
brusquement qu’ils vont périr ! Une seule
ressource, qui est aussi
la nôtre, leur reste : se tourner vers Dieu et le supplier (És. 45:22) !
Toute prétention est vaine
. Il n’y a plus place que pour la cruelle
réalité. Ce sont des cris de détresse
qui montent vers le ciel, la seule
issue qui reste toujours
libre. La pratique la plus orthodoxe d’une forme
religieuse apparaît subitement telle qu’elle est : inutile
. Dans
une telle circonstance, à quoi sert-il de se targuer d’être un Hébreu des
Hébreux
(Phil. 3:5) ?
Dieu seul peut encore les sauver (Ps 50:15). Si nous confessons enfin
notre impuissance totale, alors
Il peut intervenir. Ce n’est plus à nous
de combattre dans cette affaire. Même David, lors de la dédicace de la Maison
de Dieu, reconnaît qu’il a cru pouvoir s’appuyer sur sa prospérité
(qu’il
appelle « ma montagne », Ps. 30:7). Quelle tragique erreur ! Il
doit subitement reconnaître : « Tu as caché ta face, j’ai été
épouvanté
. Éternel ! J’ai crié à toi, et j’ai supplié le Seigneur ».
Alors dans sa miséricorde, devant un cœur brisé
et humilié
, Dieu
intervient. Avec adoration, David s’écrie : « Tu as changé mon deuil
en allégresse, tu as détaché mon sac, et tu m’as ceint de joie, afin que mon
âme te loue par des cantiques » (Ps 30:6-8, 12).
Les trompettes — quels étranges instruments de combat ! —
ont déjà été évoquées. Les deux trompettes en argent
battu rappellent
que Dieu, dans sa grâce, a placé les siens sur le terrain de la rédemption
(Ex. 15:13 ; Ps. 77:15). Il avait commandé aux fils d’Aaron de les faire
sonner avec éclat, quand le peuple d’Israël irait à la guerre et serait serré
de près
par l’ennemi. Alors ils seraient rappelés en mémoire devant leur
Dieu, et délivrés (Nom. 10:9-10 ; Ps. 106:4 ; 136:23). Israël les a
déjà, à plusieurs reprises, employées avec succès (Jos. 6:4 ; Jug. 7:18).
Ils vont donc en user, mais d’une façon bien moins glorieuse que celle
mentionnée par Abija. Les ennemis qui les pressent, ce sont hélas leurs frères
.
Il y avait encore parmi les combattants de Juda des hommes qui
s’appuyaient sur les promesses de Dieu. Leur prière parvient
dans Sa
demeure sainte, dans les cieux (2 Chr. 30:27 ; 1 Rois 8:30). De leur côté,
les sacrificateurs font entendre le son éclatant
des trompettes. Tous
reprennent courage, et jettent des cris. Alors, malgré leur faiblesse
coupable
, Dieu répond à leurs alarmes. Il y a encore de « bonnes
choses en Juda » (2 Chr. 12:12). Il en tient compte et frappe lui
-même
Jéroboam et son armée, leur infligeant une terrible défaite : cinq cent
mille hommes sont tués ! Dans sa justice, Il se montre fidèle aux
promesses faites à David, Son serviteur. Il permet à Juda de remporter une
victoire, malgré sa misère morale. Mais elle sera, hélas, sans effet durable
sur les consciences et dans les cœurs. Que de fois on néglige des leçons que le
Seigneur cherche à enseigner !
Abija poursuit Jéroboam et les débris de son armée. Il prend
trois villes : Béthel,
Jeshana et Éphron et les villages de leur ressort (2 Chr. 13:19). Or Jéroboam
avait justement placé un de ses deux veaux d’or à Béthel. Cette « maison
de Dieu », où l’Éternel avait autrefois fait des promesses à Jacob (Gen.
28:13-19) était devenue, avec Dan, un des centres de l’idolâtrie (1 Rois 12:29 ;
Amos 4:4). Dieu se montre jaloux
pour Son nom et permet que Béthel
retourne à Juda, mais l’autel idolâtre ne sera pas détruit avant le règne de
Josias (1 Rois 13:2-5 ; 2 Rois 23:4, 15, 17, 19).
Cette terrible défaite était de nature à parler solennellement aux hommes qui pratiquaient effrontément, avec Jéroboam, cette terrible idolâtrie : L’armée de ce roi avait été taillée en pièces, plus de la moitié de ses soldats avaient péri (2 Chr. 13:17).
« Les fils d’Israël sont humiliés
en ce temps-là, et
les fils de Juda affermis
, car ils s’appuyaient sur l’Éternel, le Dieu
de leurs pères » (2 Chr. 13:18). C’est encore la seule ressource du
chrétien, malgré la ruine. Ni la force ni la ruse ne peuvent triompher de ceux
qui placent leur confiance en Dieu.
Pourtant Abija, roi de Juda, ne change pas de conduite et meurt
peu après, apparemment sans repentance
. Serons-nous sensibles à
l’avertissement divin : « Que ferez-vous à la fin » (Jér. 5:31) ?
Jéroboam, l’Éphraïmite, n’a plus de force. Après un règne de
vingt-deux ans, dont la durée montre la patience de l’Éternel, il est frappé
et meurt, la seconde année du règne d’Asa. Lors de la mort de Nabal, la Parole
emploie aussi le même mot : frappé (1 Sam. 25:28) : « Dieu est
lent à la colère et grand en puissance, et il ne tiendra nullement le coupable
pour innocent » (Nahum 1:3). C’est Asa, successeur d’Abija et homme pieux,
qui purifiera Juda des idoles érigées par ses pères (2 Chr. 13:20 : 1 Rois
15:12, 25).
Si l’on se remémore un peu l’histoire de l’Église sur la terre,
on constate que la plupart des divisions ont été accompagnées de retentissantes
prises de position, avec l’intention évidente d’en affirmer le bien-fondé. Mais
si on relit, sans passion, ces professions de foi, on réalise que plus de temps
aurait dû être consacré, avec profit, à s’humilier
vraiment
devant Dieu.
Dieu veut toujours montrer Sa miséricorde, et Il laisse des
réchappés
à
Son
peuple. Il leur accorde même un clou
dans le saint Lieu, à l’abri des prédateurs. Il veut éclairer
les Siens
sur Sa pensée, par l’action du Saint Esprit, et leur redonner un peu de vie
.
Dans la misère, confions-nous toujours en Lui (Esd. 9:8).
Dans la dispersion actuelle, qui évoque ce terrible schisme
survenu autrefois en Israël, c’est un immense réconfort pour le croyant de se
rappeler que Dieu a placé pour toujours
les rênes du gouvernement dans
les mains
sûres
d’un Homme venu du ciel. Le Seigneur
promet : « Je
bâtirai mon assemblée, et les
portes du Hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16:18).
Dieu reconnaît et honore
la foi de ceux qui gardent Sa
Parole et ne renient pas Son Nom. Même s’ils n’étaient que « deux ou trois »
à comprendre ce qui est lié à l’Assemblée dans la pensée de Dieu, Il
maintiendra devant eux une porte ouverte, que nul ne peut fermer (Matt. 16:16,
20 ; Apoc. 3:8). Avec Son tout-puissant secours, gardons une position
ferme, appuyée sur la Vérité. Rendons témoignage à Celui qui est la Vérité
(Jean 14:6). Il reste le seul Centre établi au milieu du déclin général.
Dieu peut accorder des victoires à la foi, même en un temps de
ruine. Il donne la force nécessaire pour la destruction de ces forteresses
élevées par des hommes égarés par Satan (2 Cor. 10:4-5). Elles tourneront à
louange et à honneur pour
Christ
, au jour où Ses gloires
brilleront dans toute leur splendeur (2 Thes. 1:10).
Quant aux Siens, après les luttes indispensables pour rester fidèle
au Seigneur, après aussi tant de fatigues et de faiblesses traversées dans
l’attente de Sa venue, ils goûteront bientôt auprès de Lui une paix durable et
une bénédiction éternelle.