Rechercher la volonté de Dieu

et attendre le moment qu’IL a choisi Lamentations 3:26 — Ésaïe 60:22

Philippe Laügt

11 2002

Table des matières :

1 - Fébrilité de notre temps

2 - Le Seigneur

3 - Impatience ou obstination

4 - L’homme de la parabole des noces

5 - Jéroboam

6 - Roboam

7 - Moïse

8 - Guéhazi

9 - Abraham


1 - Fébrilité de notre temps

Étonnante époque, nous vivons à l’âge de la vitesse, tout est envahi par une activité fébrile. Une des conséquences évidentes en est le nombre toujours croissant d’accidents mortels sur les routes. On remplace, par exemple, la si belle formation patiente des huîtres perlières par des perles synthétiques. On gave de nourriture des animaux pour accélérer leur croissance, on impose des rythmes de plus en plus rapides dans les usines, en vue d’accroître le rendement. En un mot, on cherche par toutes sortes de moyens humains, plus ou moins fiables, à augmenter le gain, pour satisfaire cette idole exigeante qui a, si souvent, une grande place dans le cœur, l’amour de l’argent. Cette façon de se comporter est plus que jamais à l’ordre du jour, et elle a des conséquences graves sur le plan spirituel.

Au contraire le développement dans la nature est généralement lent. Mais les hommes ne savent plus, et surtout ne veulent plus attendre. Or rien dans la conduite d’un croyant ne peut recevoir l’approbation de Dieu, s’Il ne trouve pas chez lui la dépendance patiente qui Lui plaît (Jac. 1:3-4).


2 - Le Seigneur

Considérons le parfait exemple du Seigneur (Jean 7:6 ; 11:6 ; Matt. 11:26) pendant son ministère. Anticipant Sa venue ici-bas, la prophétie disait, à son sujet : « Voici mon serviteur, que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir… Il ne se lassera pas, et il ne se hâtera pas jusqu’à ce qu’il ait établi le juste jugement sur la terre » (És. 42:1-4).

Dieu ne se hâte jamais, même devant l’impatience parfois moqueuse de ceux dont il s’occupe (És. 5:19 ; Jér. 17:15). Ses meules tournent lentement, mais ce qui doit être moulu le sera finalement avec le plus grand soin. Il fait sans se hâter de grandes choses que l’on ne peut sonder (Job 5:9).


3 - Impatience ou obstination

Ce qui entrave souvent le plan divin dans la vie de ses créatures, c’est l’impatience (voir Saül dans 1 Sam. 13:8-9) ou l’obstination, dont elles font si facilement preuve. On a tendance à vouloir absolument suivre son propre chemin, et beaucoup d’efforts sont déployés dans ce sens (És. 53:6.). Pratiquement, on refuse souvent de se soumettre à la volonté de Dieu.


Prenons l’exemple de Jonas que Dieu appelle, dans sa grâce, une seconde fois à le servir, malgré sa désobéissance initiale (Jonas 3:1). Occasion exceptionnelle de glorifier Dieu en montrant « un cœur brisé et humilié » (Ps. 51: 17), occasion perdue. Par égoïsme, par dureté de cœur, chacun peut manquer celles que le Seigneur met devant nous (Éph. 2:10). Dans son livre qui a, semble-t-il, plutôt le caractère d’une confession, ses dernières citées sont : « Je fais bien de m’irriter jusqu’à la mort » ! (Jonas 4:9).


On peut parfois aussi agir comme cette personne qui, voyant un papillon se débattre pour sortir de son cocon, voulait absolument lui venir en aide, en réalisant combien ce travail était pénible. Alors à l’aide d’une paire de ciseaux, elle libéra avec précaution le papillon, du moins le croyait-elle. Mais il fut dans l’incapacité de garder son équilibre et trébucha sur le sol. Il y avait encore des sérosités dans le corps de cet insecte, qui rendaient une vie normale impossible. Il aurait fallu attendre qu’il poursuive ses efforts douloureux, pour être vraiment libéré ! Finalement, quel fut le résultat de cette intervention humaine ? Un pauvre estropié, tout mouillé, incapable de déployer ses ailes pour voler !


« Toute puissance, tout service réel et effectif découlent d’une entière dépendance » (JND). Laissons Dieu agir, tracer nos voies, le résultat sera parfait. L’Écriture donne de nombreux exemples de personnes qui ont voulu emprunter des raccourcis à leur goût, au lieu de se soumettre au plan de Dieu à leur égard — un plan qui demandait du temps pour se réaliser ! Elles en ont subi de graves conséquences. Parfois, ceux qui ont agi de cette manière étaient des incrédules, ce qui ne surprend pas, mais il s’agissait aussi souvent de croyants.


4 - L’homme de la parabole des noces

Ainsi l’évangile de Matthieu présente, sous forme de parabole, un homme qui voulait suivre un chemin plus court, fruit de son imagination, pour entrer dans la salle de noces, c’est-à-dire, en figure, pour être sauvé. Il entre sans avoir revêtu la robe de noces. Or il fallait revêtir cette robe fournie par le roi lui-même.

Cette scène a une signification dispensationnelle. Elle décrit ce qui se passera après le rejet de l’Héritier. Mais elle montre aussi la façon d’agir de beaucoup de personnes encore aujourd’hui. Cet homme estimait sans doute que son propre vêtement ferait parfaitement l’affaire et qu’il était même préférable à celui que le roi offrait à chacun de ses invités aux noces de son fils (Matt. 22:2). Il faut accepter au contraire que notre « nudité » doit absolument être couverte par la justice de Dieu (2 Cor. 5:21).

Cet homme s’est gravement trompé. Quand le roi se rend dans la salle du festin, il l’aperçoit aussitôt et lui a dit : « Ami, comment es-tu entré ici, sans avoir une robe de noces ? » (Matt. 22:12). Dans l’impossibilité de répondre, l’homme est jeté dans les ténèbres de dehors (Matt. 22:11-13). Il représente ceux qui estiment pouvoir venir dans la présence d’un Dieu saint avec leurs propres mérites, leur propre justice. Ils peuvent se joindre à l’Église, affirmer suivre Christ, mais leur profession est sans vie. Ils ne l’ont pas reçu comme leur Sauveur personnel, reconnaissant leur état de péché (Luc 5:20 ; Rom. 10:3-4).

Aujourd’hui encore, pour tenir compte des idées et des opinions des hommes, certains prédicateurs n’hésitent pas à affirmer que l’on peut entrer à sa guise dans le ciel, sans s’être préparé à rencontrer Dieu. Un terrible sort final attend ceux qui se laissent berner par ces fausses doctrines, agréables à entendre. Ils seront perdus pour l’éternité.

Le vêtement souillé de la justice humaine (És. 64:6) ou la ceinture de feuilles de figuier qu’Adam et Ève avaient cousue ensemble, ne sont que des images des vains efforts que l’homme fait pour chercher à cacher sa nudité morale (Gen. 3:7 ; És. 28:20). Rien ne peut remplacer la plus belle robe que Dieu, dans sa merveilleuse grâce, a préparée et offre au pécheur qui se repent (Luc 15:22).


5 - Jéroboam

On trouve aussi dans le livre des Rois, l’histoire d’un homme de la tribu d’Éphraïm qui, au lieu de se chercher la volonté de Dieu, se laisse diriger par son imagination, pour établir habilement un faux-culte. Jéroboam, ne manquait ni de courage ni d’intelligence (1 Rois 11:28). Le roi Salomon et le prophète Akhija l’avaient tous deux remarqué.

Le prophète, se rend seul aux champs avec Jéroboam et lui annonce que Dieu va arracher dix tribus de la main de Salomon et les lui donner, à cause de l’idolâtrie qui s’est développée au milieu de son peuple. Le petit royaume de Juda restera par contre soumis à Roboam, fils de Salomon, et à ses descendants, « à cause de mon serviteur David et à cause de Jérusalem, la ville que j’ai choisie d’entre les tribus d’Israël » (1 Rois 11:29-33).

Jéroboam avait été préposé par Salomon sur tous les travaux de la maison de Joseph, c’est à dire sur les tribus d’Éphraïm et de Manassé (1 Rois 11:28). Il avait donc une place importante et, par jalousie, Salomon va bientôt chercher à le faire mourir. Jéroboam s’enfuit alors en Égypte jusqu’à la mort du roi. Mais il est resté populaire et il revient ensuite en Israël, appelé par le peuple (1 Rois 12:3).


6 - Roboam

Roboam, de son côté, semble avoir oublié au moins un des proverbes de son père : « Une réponse douce détourne la fureur » (Prov. 15:1). Quand il succède à Salomon, il se montre insensible aux fardeaux qui pesaient sur son peuple. Du fait de son intransigeance, dix tribus vont se séparer et proclamer Jéroboam roi sur Israël (1 Rois 12:20). Alors Roboam veut leur faire la guerre.

Mais l’Éternel envoie un messager, Shemahia, homme de Dieu, leur dire : « Retournez chacun à votre maison, car c’est de par moi que cette chose a eu lieu » (1 Rois 12:22-24). « Dieu tire la conclusion de nos manquements répétés et il impose des déchirements, humiliants et douloureux. Mais c’est un effet de Sa grâce, pour nous amener à nous tourner vers Lui seul, en toute soumission et en toute confiance » (AG).

Les fils d’Israël écoutèrent la parole de l’Éternel. Ce que Dieu a décidé contre la maison de David, doit comme toujours s’accomplir.

Toutefois Jéroboam, fils de Nébath, devenu roi sur Israël, ne va pas tarder à montrer « un méchant cœur d’incrédulité » (Héb. 3:12). Il méprise les promesses et les avertissements reçus de la part de l’Éternel (1 Rois 11:37-39). « Il dit en son cœur : maintenant le royaume retournera à la maison de David. Si le peuple monte offrir des sacrifices à Jérusalem, son cœur retournera à son seigneur et ils me tueront » (1 Rois 12:36-37) ! Il pense donc que son intérêt est de maintenir, à tout prix, la division au milieu du peuple de Dieu, pour assurer la pérennité de son règne. Il prend conseil (auprès de qui ? La Parole reste muette à ce sujet) et décide d’établir rapidement, en politicien rusé, un culte idolâtre.

Il cherche ainsi à briser les liens religieux si forts qui unissaient encore ses nouveaux sujets à Jérusalem, la capitale du royaume rival, mais qui était surtout la ville que Dieu avait choisie. De grandes fêtes appelaient d’ailleurs tous les Israëlites à y monter, trois fois par an (Deut. 16:16-17).

Deux veaux d’or — prodigieux cheminement vers l’idolâtrie ! — sont habilement érigés à Dan et à Béthel aux deux extrémités du pays. La pratique d’une religion purement de formes, est rendue plus aisée ; elle cherche à répondre au désir de confort et aux habitudes des habitants du pays. On peut comparer les paroles que prononce Jéroboam à cette occasion : « C’est trop pour vous de monter à Jérusalem ; voici tes dieux, Israël ! qui t’ont fait monter hors du pays d’Égypte », à celles d’Aaron dans l’affaire du veau d’or (1 Rois 12:28 ; Ex. 32:4-6 ; Néh. 9:18).

Jéroboam établit aussi, au mépris de la volonté de Dieu, des sacrificateurs, qui ne sont pas des fils de Lévi (Deut. 10:8-9 ; 33:8-10). Il institue des fêtes et offre lui-même de l’encens « sur l’autel qu’il avait fait à Béthel » (qui signifie maison de Dieu !) le quinzième jour du huitième mois, le mois qu’il avait imaginé dans son propre cœur (1 Rois 12:32-33). Ni les avertissements sévères du prophète venu crier contre l’autel (1 Rois 13:2), ni même la mort de son fils ne semblent le toucher durablement.

La majeure partie du peuple d’Israël accepte facilement de tels changements. Voilà qui révèle l’état des cœurs ! N’en est-il pas de même aujourd’hui ? On s’éloigne peu à peu des enseignements les plus précis de la Parole, sans apparemment réaliser la gravité d’une telle attitude.

Ceux qui craignent Dieu, persécutés, s’enfuient alors en Juda. Il s’agit en particulier des Lévites, devenus très suspects aux yeux de cet idolâtre (2 Chr. 11:11-15). Israël perd ainsi ceux qui enseignaient les ordonnances de Dieu à Jacob et la Loi en Israël, dans une grande partie des 48 villes lévitiques réparties sur tout le territoire (Deut. 33:10). Nos pays ont connu aussi de telles persécutions, au moment de la Réforme, avec pour conséquence un grand appauvrissement spirituel.

On trouve dans cette scène les éléments caractéristiques d’un culte entièrement inventé par l’homme, expert à se servir de la religion à des fins personnelles (Osée 8:4-5). La Parole stigmatise vingt et une fois le péché de Jéroboam ! Tout ceci ne rappelle-t-il pas la grande apostasie de l’église romaine avec ses rites parfois blasphématoires ? Là aussi, la Parole de Dieu est mise de côté et remplacée par la tradition, où l’imagination de l’homme se donne libre cours. Chacun fait ce qui est bon à ses yeux (Juges 21:25). L’erreur du protestantisme a été de confondre la sacrificature avec le ministère (deux choses totalement différentes dans l’Écriture). L’erreur de Rome, a été de confier toutes les fonctions sacerdotales à quelques personnes dûment consacrées, à l’exclusion de tout autre membre du Corps de Christ, alors que tous les croyants sont présentement sacrificateurs, selon l’enseignement de l’Écriture (voir 1 Pier. 2:5, 9).

Retenons qu’aujourd’hui Dieu ne reconnaît qu’un lieu comme centre de rassemblement pour son peuple. Il est établi dans Matt. 18:20 : « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux ».


7 - Moïse

Moïse — à plusieurs égards un type de Christ — avait été suscité par Dieu pour accomplir un service particulier : Il devait faire sortir le peuple Israël, alors en esclavage en Égypte, au temps fixé par l’Éternel (Gen. 15:13-14). Mais comme d’autres serviteurs, Moïse a commis des erreurs et montré ses infirmités. « Parfois, il voulait agir trop vite ou trop fort, parfois au contraire, trop lentement et trop lâchement » (CHM). Mais Dieu répond à ces faux-pas, et magnifie Sa grâce et Sa patience.

Élevé à la cour du roi d’Égypte, Moïse devenu grand, refuse d’être appelé fils de la fille du Pharaon. Il choisit par la foi, d’être plutôt dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre de Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte (Héb. 11:26). Quels étaient ses motifs ? « Il regardait à la rémunération ». Ses regards se portaient plus loin et plus haut, — excellentes dispositions ayant l’approbation divine.

Mais il vient au cœur de Moïse de visiter ses frères. C’était un bon mouvement de sa part, mais nos impulsions suivies d’une action rapide, ont souvent des conséquences fâcheuses (Prov. 19:2). Chaque serviteur a besoin avant tout d’une préparation personnelle, en compagnie du Seigneur, pour discerner le moment pour agir à Sa gloire.

Quand Pierre affirme : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort » (Luc 22:33), Jésus l’avertit qu’il en est présentement incapable. Pierre s’obstine, il a confiance en lui-même. Résultat : il va renier le Seigneur (Matt. 26:74). Mais, quand il est restauré et affermi dans l’amour pour Christ, alors le Seigneur lui dira : « Toi, suis-moi » (Jean 21:19, 23). Il pourra fortifier ses frères (Luc 22:32).

Ici aussi, Moïse sort sans attendre d’avoir reçu un ordre défini de la part de Dieu. Sans doute a-t-il pensé simplement que ses frères admireraient son renoncement aux richesses de l’Égypte et son dévouement à leur cause ! et qu’il pourrait les aider (Actes 7:25). Il va donc vers ses frères et voit leurs fardeaux. Or justement un égyptien frappait un hébreu d’entre ses frères. Que va faire Moïse ? « Il regarda çà et là, et vit qu’il n’y avait personne, et il frappa l’Égyptien et le cacha dans le sable » (Ex. 2:12).

S’il avait été sûr que Dieu l’appelait à agir, il n’aurait pas ainsi regardé ça et là, et il ne se serait pas hâté de cacher le corps de cet homme dans le sable. Quand on agit avec Dieu et pour Dieu, dans l’intelligence de ses pensées, on est sans inquiétude ! (2 Chr. 31:21). Ce qui est essentiel c’est d’avoir l’assurance de l’approbation divine sur nos actes : On ne peut pas aller à la guerre à ses propres dépens (1 Cor. 9:7), mais il faut disposer de tout le secours divin. Il y a un combat chrétien à soutenir, mais quand le Seigneur envoie, Il met toutes Ses ressources à la disposition de son serviteur (Luc 22:35-36 ; És. 41:10). Encore faut-il veiller à rester constamment dans Sa dépendance.

Le lendemain, Moïse sort à nouveau, et la situation s’aggrave. Deux hommes hébreux se querellent. Moïse, qui ne manque pas de discernement, dit au coupable : « Pourquoi frappes-tu ton compagnon ? » Mais ce dernier lui répond : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? Veux-tu me tuer comme tu as tué l’Égyptien ? Et Moïse eut peur et dit : Certainement le fait est connu » (Ex. 2:13-14). En effet le Pharaon a appris la conduite de Moïse, et cherche à le tuer. Il n’est plus protégé par l’immunité dont jouissait certainement la famille royale. Méconnu de ses frères et rejeté, Moïse s’enfuit dans un pays étranger.

En Madian, il va rester quarante ans comme simple berger au désert. Mais quel temps précieux pour lui. Il est à l’école de Dieu, qui lui parle au cœur (Osée 2:14 ; Job 36:22). Il l’aide à oublier aussi la manière dont ce monde agit, à perdre les habitudes de l’Égypte (Osée 2:14) ! Combien le croyant a besoin de connaître de tels moments à l’écart !

Finalement, au moment convenable, l’Éternel se révèle pleinement à cet homme déjà âgé, dans une grande vision, celle du buisson ardent (Ex. 3:1-6). Maintenant Moïse n’a plus confiance en lui-même, et il va se confier entièrement en Dieu, qui lui donne des preuves assurées de son appui pour accomplir le service qui est maintenant devant lui (Ex. 4:1-9).

La préparation pour un service particulier peut se révéler lente, et peut coûter cher. Il faut apprendre à se recommander comme serviteur de Dieu par une grande patience dans les tribulations… dans la bonne et la mauvaise renommée (2 Cor. 6:8). Mais ce qui doit avoir du prix pour un cœur qui l’aime Dieu, c’est que le résultat soit à la gloire de Dieu. Jean le Baptiseur a dû passer ainsi plusieurs années au désert, avant d’aller prêcher la repentance, comme le précurseur de Christ. Son service a été relativement court, mais de grande valeur (Matt. 3:1-3 ; 11:11).

Courir sans être envoyé est voué à l’échec. Retenons la manière dont le Seigneur Jésus agit à l’égard des disciples. Il les appelle pour qu’ils puissent être d’abord avec Lui et, ensuite, Il les envoie prêcher la Parole (Marc 3:14).


8 - Guéhazi

Un autre récit, très différent, concerne Guéhazi (2 Rois 5). Cet homme était le serviteur privilégié d’Élisée le prophète. Vivant habituellement dans sa compagnie, il l’avait vu accomplir beaucoup de miracles, et même ressusciter un mort (2 Rois 8:4-5). Mais il est secrètement dévoré par le désir de devenir riche. Or une occasion se présente, pense-t-il, de commencer à amasser les biens qu’il convoite.

Naaman, le chef de l’armée du roi de Syrie, vient d’être guéri de sa lèpre par Élisée. Très reconnaissant, il veut absolument faire un présent somptueux au prophète. Mais, quelle déception pour Guéhazi d’entendre cet homme de Dieu répondre noblement : « L’Éternel, devant qui je me tiens, est vivant, que je ne le prendrai pas » (2 Rois 5:16).

Le désir d’Élisée c’est que Naaman, un homme des nations, apprenne que le salut donné par Dieu est entièrement gratuit. Tant de personnes n’arrivent pas à l’accepter, justement à cause de sa gratuité. À plus forte raison quand elles voient certains membres du clergé tirer de la religion un profit personnel ! La Parole de Dieu appelle cette manière de faire : être avides d’un gain honteux (1 Tim. 3:8 ; Tite 1:7 ; 1 Pier. 5:2).

Guéhazi veut absolument obtenir ce que son cœur convoite. Pour satisfaire ses convoitises, il est prêt à user de ruse et de mensonge. Avec audace, il prend le nom de Dieu en vain et ose dire : « l’Éternel est vivant si je ne cours après lui, et si je ne prends de lui quelque chose ! » (2 Rois 5:20-21). Le voilà qui poursuit Naaman, auquel il affirme : « Mon maître m’a envoyé ». Peu lui importe si sa façon d’agir, dictée par l’amour de l’argent, dérobe Sa gloire à Dieu, et risque de tenir chez Naaman, ce nouveau converti, la pensée si précieuse dont son cœur est rempli : la gratuité du don de Dieu. À son retour, Élisée interroge son serviteur : « D’où viens-tu ? » Guéhazi lui ment effrontément : « Ton serviteur n’est allé nulle part » ! (2 Rois 5:25).

Alors le prophète lui répond : « Mon cœur n’est-il pas allé, quand l’homme s’est retourné de dessus le char à ta rencontre ? Est-ce le temps de prendre de l’argent, et de prendre des vêtements, et des oliviers, et des vignes, et du menu et du gros bétail, et des serviteurs et des servantes ? » (2 Rois 5:26). Question sérieuse pour tous les disciples d’un Maître qui a accepté d’être le Pauvre ici-bas, pour que nous soyons spirituellement enrichis (2 Cor. 8:9).

Les chrétiens occupent la place de témoignage qui a été retirée à Israël (Jacq. 1:18). Toutefois l’apôtre écrit : « Ne t’enorgueillis pas, mais crains (si en effet Dieu n’a pas épargné les branches qui sont telles selon la nature) qu’il ne t’épargne pas non plus » (Rom. 11:20-21). À la veille de son retour, ce n’est pas le temps de chercher à s’enrichir ici-bas et d’y prendre ses aises ! (Jacq. 5:3 ; Agg. 1:4). Notre manière de vivre doit être en accord avec nos paroles. Alors celles-ci pourront avoir vraiment de l’entrée dans le cœur et la conscience de ceux qui nous entourent.

Élisée déclare à Guéhazi : « La lèpre de Naaman s’attachera à toi et à ta semence pour toujours. Et Guéhazi sortit de devant lui, lépreux, blanc comme la neige » (2 Rois 5:27).

La Parole de Dieu nous avertit : « Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans un piège, et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition (1 Tim. 6:8-10). Le chrétien possède des biens meilleurs et permanents. Le réalise t-il vraiment ? Alors la recherche des biens de la terre ne pourra pas ralentir, encore moins arrêter sa course (Héb. 10:36).


9 - Abraham

Un exemple parmi d’autres, est celui plus surprenant d’Abraham. Il désirait beaucoup un héritier et se fondait avec foi sur la promesse divine (Gen. 15:4-6). Mais le temps s’écoule, l’attente est plus longue que prévue. Abraham est âgé, sa femme Sara est maintenant « hors d’âge », dans l’impossibilité, à vue humaine, d’attendre un enfant (Héb. 11:11). Elle-même affirme : « Tu vois que l’Éternel m’a empêchée d’avoir des enfants » (Gen. 16:2).

Alors l’incrédulité trouve une place dans l’esprit de cet homme de foi. Il abdique ses responsabilités de chef de foyer, et dans son impatience, il accepte le subterfuge que Sara lui propose. Il va vers sa servante, Agar, qu’il avait malheureusement ramené d’Égypte (Gen. 16:2-3). Notre pauvre cœur naturel ne supporte pas d’attendre. Cherchons au contraire à imiter « ceux qui, par la foi et par la patience, héritent de ce qui avait été promis » (Héb. 6:12).

La façon d’agir d’Abraham et de Sara n’était qu’un pauvre effort humain pour essayer d’aider ( !) Dieu à accomplir sa promesse. Mais Abraham et Sara n’ont fait qu’accroître fortement leurs difficultés en essayant d’avoir recours à Agar (Gal. 4:29 ; 6:7-8). Celui qui marche vraiment par la foi apprend à se confier dans les seules ressources divines.

Abraham a peut-être pensé : Après tout, Ismaël aussi est sorti de mes entrailles (Gen. 15:4). D’où, plus tard, ce triste plaidoyer devant Dieu, conséquence d’une foi défaillante : « Oh, qu’Ismaël vive devant toi ! » (Gen. 17:19). Mais, au temps convenable à Ses yeux, Dieu accomplit sa promesse. Sarah reçoit la force de fonder une prospérité et Isaac, le fils promis, va naître (Héb. 11:11).

Les conséquences funestes de cet effort d’Abraham seront un long conflit, qui s’éternise encore entre les fils de la servante et ceux de la femme libre. Rappelons à ce sujet, l’épître aux Galates, où l’activité de la chair est mise en contraste avec ce que l’on attend et reçoit en se reposant simplement sur les promesses de Dieu (4:22-25). La chair ne profite de rien, ses fruits sont toujours mauvais (Jean 6:63).


C’est une chose bonne de savoir attendre, et dans le silence, le temps choisi par Dieu (Lam. 3:26). Que de fois avons-nous amèrement regretté d’avoir agi avec hâte ! (És. 28: 16). Certes, parfois, Dieu annule, à sa gloire, les conséquences d’un péché. Mais d’autres fois, il permet que le cœur reste chargé jusqu’à la fin de la vie, à la suite d’un faux-pas, d’une action précipitée, faute d’avoir su attendre une direction claire, de la part de Dieu. Discerner Sa volonté peut être long ; il faut l’attendre, c’est le seul chemin de la bénédiction (Hab. 2:3).


Te laisser seul agir et nous tracer nos voies

Dieu de paix, Dieu d’amour !

Trouver auprès de toi la source de nos joies

À tout instant du jour ! À tout instant du jour !