Laügt Philippe
Août 2003
Plan de lecture
1.1 - Dieu voit l’éloignement du cœur
1.2 - Un temps de soin de Dieu et de bénédictions avec Dieu
1.3 - Des écarts qui s’aggravent
4 - Comment l’ennemi dérobe les cœurs : Absalom
6 - Importance de l’état intérieur, du cœur, de l’amour pour le Seigneur
Le Seigneur aime
les siens d’un amour éternel. Il les attire toujours avec bonté et il les comble
de ses bienfaits. Il ne leur manque rien dans ses gras pâturages. Aussi quelle tristesse
pour son cœur quand Il discerne chez eux l’abandon
du
premier
amour
, qui est à l’origine de toutes sortes de maux, chez un croyant ou dans
l’assemblée. Rien n’échappe à Son regard scrutateur et le prophète Jérémie devait
crier aux oreilles de Jérusalem toute la douleur que l’Éternel ressentait devant
son éloignement
et lui rappeler son ardent
désir
de la voir
enfin revenir à Lui. Il lui dit : « Si tu ôtes tes abominations de devant
moi, tu ne seras plus errant et tu jureras en vérité, en jugement et en justice :
L’Éternel est vivant ! Et les nations se béniront en lui, et en lui elles se
glorifieront » (Jér. 4:1-2).
Dieu évoque le
moment fugitif
, hélas
, où ce peuple Israël, qu’Il avait arraché « à
main forte et à bras étendu » à la fournaise de fer de l’Égypte (Deut. 4:20 ; 5:15), marchait sans crainte après lui dans
un pays pourtant non semé (Jér. 2:2). Toutes les ressources
naturelles leur faisaient défaut, mais ils se confiaient alors entièrement en L’Éternel
pour la traversée d’un grand et terrible désert (Deut.
2:7). N’avait-Il pas promis de les introduire sur la montagne
de son héritage, dans un pays ruisselant de lait et de miel (Ex. 15:17 ; Nom.
13:28) ? Or « Dieu n’est pas un homme pour mentir, ni un fils d’homme
pour se repentir : aura-t-il dit et ne fera-t-il pas ? » (Nom. 23:19).
Pleins de reconnaissance, ils avaient fait l’expérience de Sa grâce et de Sa puissance
et leurs cœurs débordaient de louange
: « Jah
est ma force et mon cantique, et il a été mon salut. Il est mon Dieu et je lui préparerai
une habitation » (Ex. 15:2:6, 11).
Dieu se plaît à
rappeler la grâce
de la jeunesse et l’amour
des fiançailles de son
peuple bien-aimé. Il en rend témoignage : « Israël était saint à l’Éternel,
les prémices de ses fruits » (Jér. 2:3). Une vraie séparation
n’est possible que si elle se lie à un amour
fervent
, sans cesse renouvelé
pour le Seigneur ! Mais les affections d’Israël pour son Dieu se sont refroidies
et il s’est
mêlé
avec les peuples (Ps. 106:35). Des étrangers ont
consumé sa force et il ne le sait pas ; des cheveux gris ont aussi parsemé
sa tête, et il ne le sait pas (Osée 7:8-9). Triste refrain, qui montre qu’ils sont
inconscients de leur état misérable. Dieu doit constater que cet égarement est devenu
continuel
(Jér. 8:5 ; 30:12-13). « Mon
peuple a fait deux maux : ils m’ont abandonné
, moi la source des eaux
vives, pour se creuser des citernes, des citernes
crevassées qui ne retiennent
pas l’eau » (Jér. 2:13:17 ; Ps. 36:8-9). La
crainte
de
Dieu
a disparu et leur obstination
présente
aggrave leur chute. « D’ancienneté tu as rompu ton joug, arraché tes liens,
et tu as dit : Je ne servirai pas » (Jér. 2
20).
L’Éternel leur
rappelle les soins attentifs de son amour : il a planté Israël, un cep
exquis
, une toute vraie semence. Mais il s’est changé pour
lui
en sarments dégénérés d’une vigne étrangère (Jér. 2:21 ;
És. 5:1-2). Mais Lui demeure fidèle et malgré leur éloignement
actuel, il se souviendra de l’alliance
conclue
dans les jours de leur
jeunesse, et il établira pour
eux
, dans l’avenir, une alliance éternelle
(Ézé. 16:60). Il fait part de ses intentions : « Moi,
je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur ; et
de là je lui donnerai ses vignes, et la vallée d’Acor
pour une porte d’espérance ; et là elle
chantera
comme dans les
jours de sa jeunesse et comme au jour où elle monta du pays d’Égypte » !
(Osée 2:14-15 ; 14:4). Quel amour invariable
que le sien : Au lieu
de chasser l’épouse ingrate et coupable, Il la prend par la main et seul
avec
elle
, cherche à toucher son cœur.
La sinistre vallée
d’Acor
évoque le terrible péché d’Acan, mais elle devient ici une « porte d’espérance »
(Jos. 7:26 ; És. 65:10). De même dans la vallée du
trouble, où nous avons eu affaire à Dieu pour nos fautes passées, nous pourrons
retrouver la communion avec Lui, en confessant nos péchés. Son peuple connaîtra
alors à nouveau cet état heureux, qu’il a déjà connu un trop court instant. Le
Résidu
, épuré durant la grande tribulation, vivra désormais dans une heureuse
intimité avec son Époux. « Il arrivera, en ce jour-là, dit l’Éternel, que tu
m’appelleras : Mon mari, et tu ne m’appelleras plus : Mon maître. Et j’ôterai
de sa bouche les noms des Baals, et on ne se souviendra
plus de leur nom » (Osée 2:16-17).
Rappelons aussi,
dans l’Ancien Testament, un cas frappant : celui de Jonathan. Il assiste émerveillé
à la victoire de David, type de Christ, sur Goliath, figure de Satan. Il est prêt,
lui le fils de Saül, à se dépouiller et à tout donner pour parer David, qui seul
en est digne à ses yeux. À lui, la robe et les vêtements de Jonathan, signes de
sa dignité royale. À David, l’épée de Jonathan, avec laquelle il avait pourtant
remporté des victoires (1 Samuel 14). Il lui donne son arc et sa ceinture, car toute
la force appartient au fils d’Isaï. Mais surtout il l’aime
comme
son
âme
(1 Sam. 18:1).
Que de dévouement,
de renoncements l’on trouve ensuite dans cette vie de Jonathan pour David. Que de
souffrances, d’injures et de dangers il affronte courageusement de la part de son
misérable père Saül, par
fidélité
dans son amour pour David !
Pourquoi alors Jonathan reste-il à la cour royale quand David proscrit, n’est plus
qu’un fugitif, sans asile ? Jonathan n’est-il pas le grand absent dans la caverne
d’Adullam ? (1 Samuel 22). Certes, il rejoint parfois
secrètement
David et fortifie
son âme
en Dieu (1 Sam. 23:16).
Comme son homonyme
(Actes 9), Saül respirait menace et meurtre contre
David
et trouvait
des traîtres prêts à le livrer, entre ses mains, si cela était possible. Au désert,
dans un bois, Jonathan se contente d’exprimer sa confiance : David sera bientôt
le roi d’Israël et il s’attribue la seconde place après lui. Ils font alliance,
mais
David demeure dans le bois tandis que Jonathan
retourne dans
sa maison (1 Sam. 23:14-18). Les affections naturelles
l’emportent
sur son amour pour David. Ils ne reverront plus ici-bas et Jonathan
va mourir sans gloire avec son père, sur la montagne de Guilboa,
de la main même de ces Philistins, qu’il avait vaincus par la foi, au début de sa
course.
David, profondément
attristé, prononce le chant de l’Arc, dont nous citons seulement ces paroles, exprimées
au sujet de Jonathan : « Ton
amour
pour moi était merveilleux,
plus grand que l’amour des femmes », suivies d’une terrible interrogation :
Comment sont tombés les hommes forts ? (2 Sam. 1:26-27).
L’amour fervent exclusif, de Jonathan avait perdu de sa force, et Dieu permet cette
triste fin de course. Il ne sera pas parmi les hommes forts qui vont entourer le
trône de David.
Aimons Christ en
pureté
, c’est le « premier amour ». Laissons Dieu qui a déjà travaillé
dans notre cœur, travailler encore
pour que Christ
soit
tout
(Phil. 1 21). Sa Personne doit avoir un tel attrait pour notre âme, qu’Il devienne
le seul
Centre
de nos affections. Un cœur n’est pas pur tant que tout
ce qui n’est pas de Dieu n’a pas été entièrement mis de côté.
Nous venons d’évoquer
des faits qui touchent à l’histoire d’Israël, mais qu’en est-il présentement
de l’Église (ou de l’Assemblée), objet de Sa faveur, rachetée à grand prix par le
sang
de
Christ
? A-t-elle répondu
à
l’attente
du Seigneur, à son désir fervent (Cant. des Cant. 7:10) ? Introduite par pure
grâce dans des relations aussi intimes que celle d’un Époux avec son épouse, a-t-elle
considéré à sa juste valeur la
bonté
de Dieu à son égard ? (Rom.
11:22). Il convient de reconnaître avec
humiliation
qu’il n’en est
rien.
Il faut constater
avec humiliation et tristesse que tout ce que Dieu a confié à l’homme sur le plan
de la responsabilité, s’est toujours terminé par une faillite
complète
.
Et, ce qui est plus affligeant encore, c’est qu’un déclin
s’est manifesté
immédiatement, chaque fois que dans sa grâce, Dieu a fait don à ses rachetés de
bénédictions nouvelles ! Ainsi Adam a désobéi dès que Dieu lui a confié une
position de domination et de bénédiction. Noé, lui, a péché aussitôt qu’il a pu
récolter les premiers fruits de sa vigne, sur la terre purifiée par le Déluge. De
même, Israël a apostasié avant que les tables de la Loi ne soient apportées dans
le Camp.
L’on constate les
mêmes choses dans toute l’histoire de l’Église. Au
début
elle a porté
quelques beaux fruits de la grâce. Les rachetés étaient étreints
par
l’amour de Christ (2 Cor. 5:14). Le premier amour était visible dans les
détails
de leur vie chrétienne (Act. 2:42-47).
Attachés au Seigneur, les disciples « se réjouissaient d’avoir été estimés
digne
de souffrir des opprobres pour le Nom » ! (Act.
5:41-42 ; 1 Pier. 4:13).
Mais le déclin
s’amorce rapidement. Devant la tromperie délibérée d’Ananias
et de Sapphira, Pierre interroge le mari, chef responsable
de son foyer : « Ananias, pourquoi Satan a-t-il
rempli ton cœur, que tu aies menti
à
l’Esprit
saint
»
(Act. 5:3). Un jugement solennel tombe sur les deux époux
(Act. 5:5-9). Une grande crainte s’empare alors de toute
l’Assemblée (Act. 5 :11). Mais le nombre des disciples
se multipliant, la
chair
, toujours présente
et prête
à se manifester chez le chrétien, si elle n’est pas tenue dans la mort, produit
d’autres fruits : des
murmures
apparaissent (Act. 6:1).
Peu de temps après,
l’apôtre Paul écrit par deux fois aux Corinthiens et revendique avec force leur
amour pour le seul Époux de l’Église : « Je suis jaloux à votre égard
d’une jalousie de Dieu, car je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter
au Christ comme une vierge chaste ». Il fait part de ses
craintes
de voir leurs pensées se détourner de la simplicité
quant
au
Christ
. Déjà le Serpent, dès le commencement, avait si bien su séduire Ève
par sa ruse ! (2 Cor. 11:1-4).
Le danger reste
aujourd’hui toujours aussi grand de prêter l’oreille à un évangile différent
,
si secrètement on trouve trop
exigeant
le christianisme, tel que la
Parole le présente. Un évangile qui exalte
l’homme, et accorde une place
à la chair
, sera supporté et trouve même beaucoup d’adeptes, au nom d’un
faux amour ! L’amour selon Dieu se réjouit avec la vérité. Derrière les ouvriers
trompeurs
, l’apôtre démasque leur maître, Satan. C’était autrefois un chérubin
resplendissant (Ézé. 28:12). Il sait fort bien se présenter
devant un croyant déguisé
en ange de lumière, ce qui le rend plus dangereux
encore (2 Cor. 11:13-15).
Quels sont les
moyens dont Satan se sert pour dérober
nos affections pour Christ ?
La conduite d’Absalom en fournit une illustration. Le
roi David était un type de Christ. Son fils Absalom, malgré
sa beauté physique (2 Sam. 14:25) et la si belle signification
de son nom : Prince
de
paix,
se signale par son mauvais
comportement (2 Sam. 13:23-33 ; 14:30-31). Ensuite
il se propose dans son cœur de conspirer contre son père, en vue de l’évincer. Il
cherche à éblouir
le peuple, et se procure dans ce but, des chars, des chevaux,
et cinquante hommes qui couraient devant lui (2 Sam. 15:1).
De la même façon,
Satan use d’artifices
pour attirer
les foules, toujours avides de
nouveautés. Certains hommes, ses instruments
, se montrent habiles pour séduire
par des moyens mensongers, qui suscitent l’émerveillement. Des âmes simples,
qui ne
sont
pas
enracinées et édifiées en Christ (Col.
2:7) croient qu’il s’agit, comme avec Simon le magicien, « de la puissance
de Dieu appelée la grande » (Act. 8:9-11).
Absalom se levait de bonne heure et se tenait
à la porte de la ville. Et là, il s’efforçait de donner
l’impression
d’avoir à cœur les difficultés de celui qu’une cause obligeait à aller vers le roi,
pour un jugement (2 Sam. 15:2). Il appelait l’homme, l’embrassait
quand il voulait se prosterner, et l’interrogeait. Il affirmait de façon péremptoire
que ses affaires étaient justes
et
bonnes
, ce qui fait toujours
plaisir à entendre ! Ensuite il affirmait que le plaignant n’avait personne
à qui vraiment se confier ! Il donnait à entendre que son père, David, ne se
souciait pas de telles questions et n’était d’ailleurs pas capable de les résoudre.
Cette attitude
trompeuse rappelle celle de l’Ennemi. Il veut toujours entraîner les hommes loin
du Seigneur
. Il veut ruiner la confiance
que le
croyant
a dans Ses soins et Son amour (Ps. 46:1). Absalom cherchait, comme Satan, à usurper
l’autorité
de l’Oint de l’Éternel. Il laisse entendre qu’il est urgent de l’établir comme Juge.
Alors enfin
la justice serait bien rendue (2 Sam.
14:4).
L’Ennemi veut nous
amener toujours sur un chemin d’indépendance et de propre volonté et nous pousse
à chercher du secours ailleurs
qu’en Dieu (Ps. 146:3). Absalom se montrait bienveillant et aimable, mais il était,
en réalité, hypocrite et flatteur. Il dérobait
les
cœurs
(2
Sam. 15:5-6) et son activité funeste a eu de terribles
conséquences (2 Sam. 15:10-11:13-14).
Mais Satan cherche
en vain à
détourner
celui qui s’appuie sur l’amour de Christ à la
Croix et l’a désormais pour Objet de son cœur (2 Cor. 5:14-15). Il est gardé
par la puissance de Dieu par la foi pour un salut qui est prêt à être révélé au
dernier temps (1 Pier. 1:4). Si, par contre, d’autres
objets parviennent à nous séduire, même à notre insu, Christ perd inévitablement
Sa place.
C’est le message
adressé à Éphèse qui met bien en évidence la racine cachée
de tous nos manquements
à l’égard du Seigneur.
Celui qui sonde
les reins et les cœurs (Ps. 7:9) dit à cette assemblée : « Je
connais
»
(Apoc. 2:2). Il met d’abord en évidence tout
ce
qui est à
Sa
gloire
à Éphèse. « Tu as patience et tu as
supporté des afflictions pour mon nom et tu ne t’es pas lassé ». Avec une sainte
énergie, ils ont résisté
aux attaques de Satan pour corrompre l’assemblée
et rejeté
les prétentions des faux-docteurs. L’ensemble
forme un tableau vraiment remarquable.
Sous prétexte de
grâce
ou de faiblesse
, nous refusons parfois d’avoir une attitude
ferme
, devenue nécessaire
. On peut même alors en arriver à supporter
des
méchants
dans une assemblée. Hélas, le Seigneur doit conclure :
« J’ai contre
toi
que tu as abandonné
ton
premier
amour
» (Apoc. 2:4). Cet élément essentiel
,
qui défie l’analyse, faisait maintenant défaut. Cet amour répond à celui du Seigneur,
c’est un amour pur, sans égoïsme, ardent et humble.
Éphèse avait montré
auparavant un tel
amour
, celui d’une épouse pour son époux. C’était
le même amour qui remplissait le cœur de Marie de Béthanie quand elle prend « une
livre de parfum de grand prix » pour oindre les pieds de Jésus, et les essuyer
avec ses cheveux. Elle n’a pas calculé, elle est prête à tout
donner
pour son Seigneur. Elle s’expose à des critiques, à de l’incompréhension. Mais le
cœur de Jésus est rempli de joie. Il prend sa défense : « Permets-lui
d’avoir gardé ceci pour le jour de ma sépulture. Vous avez les pauvres toujours
avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours » (Jean 12:3-8) !
Dans l’assemblée
à Éphèse, le Seigneur n’avait plus la
première
place dans les affections
des siens ! Que chacun s’éprouve lui-même devant Lui. Avons-nous mérité un
tel reproche ? Avec quelle tristesse Il nous l’adressera !
Tout ce qui produit
du désordre
dans une assemblée
ou dans la vie d’un croyant
et peut mener jusqu’à une ruine complète, a sa source dans
un fâcheux état intérieur.
Il faut garder
jalousement pour
Christ
nos affections les plus élevées et les plus pures. Il s’est acquis
tous les droits sur ses rachetés, ils sont à Lui, son trésor particulier (Prov.
23:26 ; 2 Cor. 5:14-15). Un cœur partagé
, double
(Ps. 12:2 :
lire la note) ne peut le satisfaire. Il a tout
donné
pour acquérir
ses rachetés (Matt. 13:46) et Il les aime du même amour dont le Père l’a
aimé
de toute éternité ! (Jean 15:9 ; 17:26).
L’amour n’est pas
un don, au même titre que ceux évoqués par 1 Corinthiens 12, mais c’est le
mobile
indispensable pour exercer tous ces dons de grâce à la gloire de Dieu !
C’est un amour qui ne peut être connu que par une
expérience vécue
.
Nous trouvons dans 1 Corinthiens 13 une liste, non limitative, des caractères de cet amour qui a sa source en Dieu. S’y arrêter suffit à humilier profondément. L’on comprend combien on est personnellement loin de les réaliser !
Si un service pour
le Seigneur n’est pas accompli joyeusement, par
amour
pour Lui, il
devient rapidement un
fardeau
pénible
. Dieu décrit ainsi l’état
du résidu de Juda, peu après leur retour de la captivité. Il les avait aimés d’un
amour merveilleux (Mal. 1:2-3), et pourtant maintenant ils n’hésitaient pas à Lui
présenter du pain souillé, tout en affirmant audacieusement : « En
quoi
t’avons-nous profané » ? Ces hommes osaient déclarer :
« En quoi nous as-tu aimés » ? Si nous perdons la conscience de l’amour
dont le Seigneur nous a aimés, nos affections pour Lui ne sont pas renouvelées et
tout ce qui se lie au service pour le Seigneur en est affecté !
Ils déclaraient
que la Table du Seigneur était souillée
et estimaient sa nourriture méprisable
.
Le service de Dieu leur était devenu à charge. « Et vous dites : Voilà
quel
ennui
!
Et vous soufflez
dessus
, dit l’Éternel des armées, et vous apportez
ce qui a été déchiré, et la bête boiteuse, et la malade. Et maudit est celui qui
trompe, et qui a dans son troupeau un mâle, et fait un vœu et sacrifie au Seigneur
ce qui est corrompu » (Mal. 1:13-14). Le Seigneur ne supporte pas le
formalisme
chez les siens, un aspect extérieur correct, alors qu’il n’a plus
la première place dans nos affections.
Pour arrêter le
déclin, Dieu use parfois d’un remède
qui peut paraître étrange : l’épreuve
.
Après Éphèse (aimable) viendra Smyrne (amère). Dans cette église, les chrétiens,
éprouvés et meurtris, auront l’occasion de manifester leur amour pour le Seigneur,
par une fidélité qui peut aller parfois jusqu’
à la
mort
.
À Éphèse, il y
avait de l’amour pour Christ et il se manifestait par des œuvres, du travail et
de la patience, mais
ce n’étaient plus les premières
œuvres, fruit
d’un amour fervent
pour Christ ! Alors le Seigneur dit : « Souviens
-toi
donc d’où tu es déchu » (Apoc. 2:5).
Quarante ans auparavant,
l’apôtre Paul avait été conduit à faire à Éphèse de grandes révélations, il les
avait entretenus de leur position céleste. Passant, plus tard, à Milet, il avait
appelé auprès de lui les anciens d’Éphèse pour les avertir avec sollicitude des
dangers qui menaçaient l’assemblée (Act. 20:17-35). Or
maintenant, un autre apôtre, Jean, ne
peut pas
se réjouir de trouver
à Éphèse, comme
à
Thessalonique
, une œuvre de foi, un travail
d’amour et une patience d’espérance (1 Thes. 1:3). Pourtant
leur entourage estimait peut-être encore leur
témoignage
extérieur
irréprochable. Que cachent parfois les
apparences
? Le Seigneur
seul, dont les yeux sont une flamme
de feu
(Apoc.
1:14) voit si les seuls vrais
ressorts
intérieurs
qu’il reconnaît
sont actifs pour remplir le service qu’il confie aux siens. Il s’agit de la foi
,
de l’espérance
et de l’amour
. Leur absence est le signe que cette
assemblée ou ce croyant, est en chute.
Le Seigneur permet
dans la vie des siens des circonstances qui mettent à
l’épreuve
la
qualité
de leur attachement à Sa personne. Ainsi Marthe était distraite
par beaucoup de service. C’était un service précieux, pour
Christ et les
siens ! Mais de ce fait elle n’a pas saisi la « bonne part » :
Rester à Ses pieds, apprendre avant tout à
Le
connaître
, accroît
notre amour. Marthe s’autorise à faire un reproche au Seigneur. Alors, dans sa grâce,
il la reprend : « Marthe, Marthe, tu es en souci et tu te tourmentes de
beaucoup de choses, mais il n’est besoin que d’une seule » (Luc 10:38-40).
L’avons-nous choisie, savons-nous la
garder
? C’est ainsi qu’Il
fera brûler
nos cœurs pour Lui.
Ailleurs, à trois
reprises, le Seigneur sonde son disciple Pierre, qui
l’avait
renié
.
Il lui pose une question nécessaire, qui s’avère douloureuse : « M’aimes-tu
plus
que ne font ceux-ci » ? Tu as prétendu avoir un plus grand
attachement qu’eux, mais ils ne m’ont pas renié (Marc 14:29). Où est donc cet amour
ardent
dont
tu
parlais
? Je n’en ai pas eu la preuve !
Bientôt Pierre, se confiant en Celui qui connaît à fond chacune de ses brebis, lui
dit : « Seigneur, tu
connais
toutes choses, tu
sais
que je t’aime » (Jean 21:15-17). Il a perdu confiance en lui-même, désormais
il est propre au service.
Le Seigneur commence
par encourager Ses rachetés à Éphèse à se
souvenir
du caractère de
leur relation avec Lui au commencement, quand le premier
fruit de l’Esprit,
savoir l’amour, avait envahi leur cœur (Rom. 5:5 ; Gal. 5:22). Regarder trop
souvent en
arrière
peut devenir une réelle entrave à la croissance
spirituelle. Mais on a parfois besoin de réaliser le terrain perdu, de revenir
à
soi
-même
, pour être alors disposé à dire avec le fils prodigue :
« Je me lèverai et je m’en irai vers mon père et je lui dirai… (Luc 15:17-18).
Puis, le Seigneur
invite les siens à Éphèse à se
repentir.
Il leur en laisse le
temps
, encore faut-il qu’ils y soient disposés (Apoc.
2:21). Ils doivent premièrement confesser
leur défaillance, afin de retrouver
en s’appuyant sur Lui, leur état premier. « Comme vous avez reçu le Christ,
le Seigneur, marchez en Lui » (Col. 2:6).
Enfin Éphèse reçoit
un avertissement solennel, qui peut nous concerner aussi : « Autrement
Je viens à toi et j’ôterai ta lampe de son lieu » (Apoc.
2:5). Dieu montre, dans sa grâce, beaucoup
de
patience
envers
une
assemblée dont pourtant il discerne parfaitement le bas état, moral
et spirituel
. Mais si le premier amour pour Christ n’est pas retrouvé, elle
ne
peut
plus
être
un flambeau pour Lui au milieu des
ténèbres morales de ce monde. L’amour versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint doit
pouvoir se manifester sans
retenue
.
C’était la prière de l’apôtre
Paul (Éphés. 3:17-19). Sinon la gloire de Dieu est ternie
et la vérité altérée. Il est solennel de voir le Seigneur prêt
à ôter la
lampe, là où tant de choses avaient pourtant reçu Son approbation !
Le déclin des affections
pour Christ a laissé des traces indélébiles dans l’histoire de l’Église sur la terre.
Le même état peut se voir dans une assemblée locale ou la vie d’un croyant. Recherchons
avec
soin
l’origine d’une chute
. Une vraie repentance suivie
d’une réelle confession sera le prélude à la restauration. Sinon Dieu, dans l’exercice
de son
gouvernement
, permet que notre témoignage perde rapidement
toute puissance. Même si aujourd’hui une restauration de l’Église dans
son
ensemble
n’est plus possible, chaque
enfant de Dieu est toujours appelé
à être un
vainqueur
, là où Dieu l’a placé.
Quand l’assemblée
est sous le juste jugement de Dieu, elle n’est plus, hélas, un lieu de sécurité
pour le croyant. D’ailleurs rien ne subsiste de certaines d’entre elles que le souvenir.
Mais l’appel divin s’adresse toujours
à chacun : « Que celui qui
a des oreilles écoute
ce que l’Esprit dit aux Assemblées ». Si un croyant
a le désir de rester fidèle, il veillera jalousement à garder, en dépit de la ruine
générale, son
premier
amour
pour Christ (Apoc. 2:7).
À chaque vainqueur,
le Seigneur promet de donner à manger du fruit
de
l’arbre
de
vie
. C’est le seul qui subsiste dans cette nouvelle création dont Christ
est le fondement. Quel bonheur de pouvoir savourer le fruit de cet arbre, la source
cachée de nourriture spirituelle accordée au croyant, mentionnée dans l’Écriture.
Il en mangera dans le paradis. Là aucun ennemi ne pourra plus s’introduire furtivement
pour détourner de Christ le cœur de son racheté.
Aujourd’hui l’amour
pour Christ de plusieurs s’est
refroidi (
Matt. 24:12). La profession
chrétienne présente dans son ensemble un caractère
laodicéen
et la tendance est de plus en plus forte à la superficialité,
au manque de
réflexion et à la confusion des valeurs essentielles. Chacun désire-t-il humblement
que ses affections pour le Seigneur se
réchauffent
? Les exhortations
de Paul à Timothée prennent dans le temps actuel tout leur sens : « Mais
toi » (2 Tim. 1:8 ; 2:1, 14 , 22 ; 3:10,
14 ; 4:5). Quelle est la réponse de mon cœur à l’amour dont Christ m’a aimé
personnellement ? (Gal. 2:20).
Après notre conversion,
sans doute avons-nous beaucoup aimé le Seigneur, mais où en sommes-nous aujourd’hui ?
Les apparences cachent-elles, comme à Éphèse, un affaiblissement de nos affections ?
Il faut que le premier amour pour Lui soit maintenu ou
retrouvé
. Alors
nous pourrons poursuivre, avec Lui, dans le chemin de la Foi, malgré les difficultés
et les motifs de découragement sur le chemin vers la Maison du Père.
Jésus, de ton amour vient remplir notre âme,
Et fais-la, nuit et jour, brûler de ta flamme
Rédempteur précieux, maintenant dans les cieux,
Soumets tout notre cœur à ton doux empire
Que pour Toi
seul
Seigneur, il batte, il soupire
Tu m’as aimé, c’est de ton amour même, que mon amour vivra.