Louis Chaudier
Table des matières :
1 - Éphèse, Smyrne, Pergame — Réunion d’étude sur Apocalypse 2:1-17
2 - Déclin — Apocalypse 2:18-29 ; 3
3 - Thyatire, Sardes, Philidelphie et Laodicée — Apocalypse 2:18-29 ; 3
4 - Thyatire, Sardes, Laodicée — Apocalypse 2:18-29 ; 3:1-22
5 - Les caractères de l’Église responsable jusqu’à Laodicée — Apocalypse 3
6 - Le Seigneur suit ses assemblées — Apocalypse 3:1-22
9 - Philadelphie et le Réveil — Apocalypse 3:7-12
11 - Le jugement de la prostituée et les noces de l’Agneau — Apocalypse 17 ; 19 ; 21:1-8 ; 22:14-21
14 - L’espérance de la gloire — Ésaïe 11:1-10 ; 32:1-4, 14-18 ; 60 ; Apocalypse 21
17 - Deux paradis — Genèse 3:22-24 ; 4:8-22 ; Apocalypse 22:14-15 ; Jean 14:6 ; Matthieu 7:13-14
Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.
Certains textes ont été repris de l’ouvrage « Méditations sur la vie chrétienne » édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.
[LC n° 153]
octobre 1971
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 384
Les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse présentent le tableau des circonstances et des faits, explicites ou sous-entendus, qui ont marqué et marqueront l’histoire de l’Église sur la terre. L’Apocalypse est un livre de jugements, et le jugement de Dieu commence par sa propre maison. Il ne pouvait juger le monde avant de juger sa maison ; et il l’a jugée partout où elle le méritait. Les privilèges accordés aux croyants de la période chrétienne ne peuvent en aucune manière amoindrir les exigences des droits de Christ. Il est question ici des assemblées, non pas des individus, bien que leur sort soit lié à l’assemblée et que le Seigneur leur demande d’obéir. Une assemblée locale lui appartient. Il emploie ceux qu’il veut, mais ils restent serviteurs, lui seul est Seigneur ; il est le centre auquel tout se rapporte. Toute tendance à l’initiative personnelle est coupée à la racine. Il s’agit de condamner non seulement l’inconduite, mais aussi tout motif d’agir qui n’est pas selon le Seigneur. Dans une assemblée locale, il y a des éléments plus responsables que d’autres. Un frère qui est dans l’assemblée depuis quarante ou cinquante ans est plus responsable que quelqu’un qui s’y trouve depuis quelques semaines. La qualification d’un serviteur ne dépend pas d’une décision de l’assemblée. S’il y a la crainte de Dieu, le Seigneur se charge de faire reconnaître ceux qui ont un service et ceux qui ont une autorité.
À Éphèse, il n’y a pas grand chose à redire, en apparence ; mais, en réalité, l’abandon du premier amour est la porte ouverte à toute infidélité. Le premier amour est produit dans le secret, entretenu par le Saint Esprit ; celui qui le vit ne cherche pas à le faire paraître aux yeux des autres ; il dépend du Seigneur dans chaque détail de la vie de l’assemblée ; il a la connaissance de la place que le Seigneur lui assigne. Les valeurs mondaines, charnelles, terrestres, qui donnent du prestige à l’homme, sont rejetées. L’abandon du premier amour est plus grave que les choses grossières, car il endurcit le coeur et fait triompher le « moi ». Dans l’assemblée, le premier amour est vécu lorsque seules les valeurs spirituelles sont reconnues. S’il y a place pour d’autres valeurs, le coeur est partagé et devient idolâtre. Même si tous les frères sont disposés à nous louer dans notre service, le Seigneur seul sait quels sont les motifs qui nous font agir et s’ils sont compatibles avec lui. Amour et obéissance sont un. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » (Jean 14:23). Il est impossible de le servir sans lui obéir.
Ayons en horreur tout ce qui pourrait faire de nous un centre ! Ayons en horreur cela ! Il n’y a pas deux centres, deux seigneurs, deux chefs. Il n’y a pas d’autre centre de rassemblement des saints, dans les Écritures, que le Seigneur Jésus lui-même. Nous n’avons pas à suivre les égarements de l’Église en ruine, où il y a plusieurs chefs et plusieurs seigneurs. Ne laissons pas entrer ces éléments dans nos coeurs, dans les assemblées : ils sont à l’origine de l’église professante. Chacun a la responsabilité de ne pas encourager ce qui peut conduire un rassemblement local à être moins attaché au Seigneur. Ce qui s’est passé dans l’église professante est un très grand péché. Si nous avons une pensée d’élévation personnelle, confessons-la tout de suite ! Le Seigneur ne nous demande pas une chose si extraordinaire : lui donner la première place. Il est à la portée de tout croyant de lui accorder dans son coeur une place chaque jour un peu plus grande. Les distractions sont une plaie pour le chrétien. Satan sait se servir d’un rien, d’un objet insignifiant, pour faire passer la journée sans le Seigneur et, peu à peu, en créer l’habitude.
Et, dans la vie d’assemblée, ne faisons pas fléchir le droit devant les exigences humaines qui se manifestent parmi nous. Ne serait-ce pas fouler aux pieds son amour ? L’origine des difficultés d’assemblée, qui peuvent atteindre des proportions terribles, remonte souvent à une multitude de détails dont nous n’avions pas apprécié l’importance. Une assemblée ne se maintient jamais toute seule : le Seigneur la soutient. Mais elle peut s’enfoncer toute seule dans le mal : quand nous frustrons le Seigneur de ses droits, nous nous frustrons nous-mêmes, et les dommages sont incalculables.
Les frères les plus avancés sont responsables au premier chef. S’ils gardent le silence quand ils devraient parler, ils sont responsables. S’ils parlent, que ce soit selon le Seigneur ; et s’ils se taisent, ils manquent à leur devoir. Fermer les yeux sur tout, c’est une lâcheté morale envers celui que nous prétendons aimer. Si nous apprécions sa présence, il nous guidera. Et si les réunions sont heureuses, même les inconvertis le sentiront. Dans le cas contraire, nous nous éloignons de Christ, même si nous avons les mêmes paroles sur nos lèvres et chantons les mêmes cantiques. « L’amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l’Esprit Saint » (Rom. 5:5). Au Seigneur seul revient la gloire, dès maintenant et à jamais ! C’est le sentiment de l’amour du Seigneur pour nous qui alimente notre amour pour lui, comme l’enfant aime sa mère à cause de la sollicitude qu’elle lui a manifestée durant sa maladie.
L’oeuvre, le travail, la patience des Éphésiens sont relevés sans autre qualificatif. Ailleurs, il est parlé de l’oeuvre de foi, du travail d’amour et de la patience d’espérance des Thessaloniciens (1 Thess. 1:3). À Thessalonique, l’assemblée était toute fraîche. L’oeuvre de foi est accomplie en comptant sur le Seigneur, et non pas sur les ressources humaines ; et la confiance en Dieu produit des oeuvres qu’il approuve. Le travail d’amour n’est pas un travail de mercenaire, mais un travail produit par l’amour de Dieu dans le fidèle, qui se dévoue pour son Seigneur et non pour son prestige personnel. Mieux vaut faire peu, mais faire un travail de qualité. La patience d’espérance n’est pas l’attente d’on ne sait quoi, mais l’espérance de la venue de Christ à son heure, selon la volonté du Père. Tout ce qui ne porte pas ces caractères est produit par le vieil homme.
Le Seigneur qui parle en Éphésiens 5 est le même que celui qui parle en Apocalypse 2, mais il ne parle pas de la même manière. De même, une mère qui aime son enfant lui parle différemment selon sa conduite. Dans l’assemblée, le ton n’est pas toujours le même. Le Seigneur connaît les fautes et les manquements et, si les serviteurs dépendent de lui, ils seront appelés à joindre les appels pour la conscience à la présentation de la grâce. L’état de la conscience joue un rôle primordial dans la vie de l’homme, et du chrétien en particulier. « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime » (Apoc. 3:19). Si nous refusons de dire à notre frère quelque chose qui ne lui fera pas plaisir, nous cherchons notre crédit. Si nous sommes appelés à le désapprouver, nous devons le faire dans l’amour. Quand l’assemblée est obligée de se séparer d’un frère, elle doit le faire par amour pour le Seigneur, sans haine, ni violence. L’amour n’est pas indépendant de la vérité ; l’amour et la vérité sont toujours liés. L’histoire des assemblées, même récente, nous enseigne que nous avons à serrer de très près les instructions divines. Tout ce qui s’est passé à Corinthe peut encore se passer. Que cela nous tienne sur le qui-vive et nous rende sérieux ! Le Seigneur nourrit son Église, certes, mais ici il la juge. L’étude de la nature de l’Église a peut-être été négligée parmi nous. Le réveil du siècle dernier a été marqué par le fait que des âmes dévouées, formées par le Seigneur, ont retrouvé le premier amour : rien de plus sérieux, rien de plus précieux, rien de si élevé ! La foi, la piété ont retrouvé, en partie tout au moins, la vérité concernant l’Église.
Certains connaissent le Seigneur depuis plusieurs dizaines d’années. Posons-nous la question : Est-ce que tu n’as pas abandonné ton premier amour ? Considérons les choses d’une façon précise. Nous connaissons depuis longtemps des joies qui n’ont pas leurs pareilles, nous réalisons la communion avec le Seigneur ; on n’est pas chrétien, sans cela. Mais trouvons-nous autant de joie dans le Seigneur que la première fois où nous l’avons rencontré ? Si nous avons marché avec le Seigneur, il nous sera beaucoup plus précieux aujourd’hui. C’est cela le premier amour, entretenu dans le coeur. Mais si nous avons fait notre chemin dans le monde, le Seigneur nous est moins cher, parce que nous lui avons fermé la porte de notre coeur. Est-ce que le Seigneur m’est toujours plus cher ? Est-il la source de mes plus grandes joies ? Est-il celui que rien ne peut remplacer, celui dont je ne peux absolument pas me passer ? Nos conducteurs ont connu ces sentiments-là et ils n’en ont pas fait étalage, mais la qualité de leur piété les manifestait d’une façon inimitable. Dieu veut la réalité. Si nous ne goûtons pas quelque chose du premier amour, que reste-t-il ? Rien.
Tant que la main du Seigneur n’a pas ôté la lampe, les coeurs décidés seront engagés à combattre par leurs prières pour que le Seigneur intervienne dans les difficultés d’une assemblée locale. Et, en particulier, si l’ange, partie responsable de l’assemblée, a des devoirs, il a aussi le privilège d’être actif pour en améliorer l’état moral. Ce sont, pour la foi et la piété, des occasions de servir, d’abord en se mettant à genoux pour prier. Ne parlons pas du premier amour si nous négligeons sa première manifestation, à savoir les intérêts du Seigneur et ceux des rachetés qui forment son épouse. Chaque membre du corps de Christ a sa responsabilité et son service : l’ange n’est pas responsable pour tous. L’amour pour le Seigneur est individuel, d’où résulte un sentiment collectif, qui s’exprime en particulier dans le culte. Il est impossible qu’un exercice de foi individuel d’un frère ou d’une soeur n’ait pas d’effets pour le bien d’une assemblée. On a vu des assemblées sauvées du désastre par l’intercession d’une soeur, dans l’ombre, mais au service du Seigneur. La vie d’une assemblée locale doit être un sujet de supplications de tous ceux qui sont en communion : ils en sont responsables. Il nous sera demandé des comptes de ce que nous avons fait du travail de nos conducteurs au siècle dernier. Le témoignage est pour ceux pour qui Christ est tout. Nos conducteurs ont consacré leur vie entière, dans les peines et les souffrances de toutes sortes, à Celui qui avait toute la place dans leur coeur. C’est un exemple récent du premier amour.
Éphèse avait plusieurs actes de fidélité à son actif, approuvés du Seigneur : elle ne pouvait « supporter les méchants », elle a « éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas ». Le Seigneur a vu cela, mais il conduit Éphèse à se pencher sur son propre coeur. Aussi gardons-nous de porter des appréciations sur les millions de chrétiens qui nous entourent, appréciations qui peuvent paraître justes, mais qui ne sont pas toujours opportunes. Extérieurement, notre connaissance surpasse peut-être celle de beaucoup d’autres chrétiens, mais ne faisons pas cette comparaison à notre avantage. Que la constatation de nos infidélités nous rende sensibles aux reproches que le Seigneur nous fait ; un tel exercice nous rendrait en tous cas plus humbles, et le Seigneur en est le modèle inimitable. S’il nous est accordé d’être fidèles, que nous soyons les derniers à nous en prévaloir.
« Garde ton coeur plus que tout ce qu’on garde, car de lui sont les issues de la vie » (Prov. 4:23). Si nous désirons que notre vie individuelle et la vie d’assemblée soient vécues à la gloire du Seigneur, gardons notre coeur soigneusement ! N’y laissons pas pénétrer des idoles ! Gardons-le pour le Seigneur et pour lui seul, toutes les affections étant tournées vers lui. Barnabas, envoyé à l’assemblée d’Antioche, se réjouit en voyant ce que la grâce de Dieu y avait opéré et « il les exhortait tous à demeurer attachés au Seigneur de tout leur coeur » (Act. 11:23) ; voilà le premier amour, qui pousse à faire les « premières oeuvres » à la gloire de Dieu. Christ dans le coeur, c’est tout ; les dogmes ne sont rien. Est-ce que l’amour de Paul pour Christ, à la fin de sa vie, était moins ardent qu’à sa conversion ? Pas du tout, au contraire. L’amour de Christ en lui était plus puissant à la fin de sa vie qu’au commencement. Avec le Seigneur, rien ne s’use, rien ne s’émousse, tout garde une fraîcheur éternelle : c’est le secret pour ne pas manquer sa vie.
« Il faut que lui croisse, et que moi je diminue » (Jean 3:30) est l’expression claire de ce renoncement à soi-même pour l’objet qui remplit le coeur. Il n’était pas besoin pour Paul de se poser la question s’il aimait le Seigneur. Si la question doit être posée, il y a danger. Quelqu’un qui aime le Seigneur du premier amour ne se pose pas cette question, jamais. Mais des convoitises se glissent si rapidement dans nos coeurs que nous devons mortifier nos membres qui sont sur la terre. Demandons à celui qui connaît notre coeur mieux que nous, de nous sonder : « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon coeur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle » (Ps. 139:23-24).
Le service finit par lasser, s’il n’y a que le service. Mais on ne se lasse jamais de Christ. Le service chrétien ne nourrit pas le coeur, et le chrétien a besoin d’être nourri. Ce n’est pas la doctrine qui donne de la force, mais Christ, que la doctrine fait connaître. « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20). Paul ne s’est jamais lassé de son service. Il était rempli de joie. C’était un homme qui embarrassait tout le monde ; on ne savait qu’en faire : en prison, il chantait.
Quand l’assemblée se relâche, le Seigneur s’en occupe d’une manière appropriée. Il emploie l’épreuve. Il lâche la bride à Satan. Ce sont des réalités. Le relâchement est entré dans Éphèse par l’abandon du premier amour, par la recherche de la facilité. Le Seigneur, lui, ne veut pas abandonner son Église ; à Smyrne, il l’éprouve durement : la mort, la mort violente, la persécution. Mais il l’encourage aussi ; lui-même a passé par ce chemin. Le Seigneur n’engage jamais les siens dans une voie qu’il n’a pas connue. Aujourd’hui encore, il suffirait que le Seigneur lâche la bride à Satan pour que les chrétiens connaissent les mêmes circonstances. Si tout va bien, nous sommes en danger. Il n’y a guère d’exemples d’une prospérité spirituelle et morale au cours de longues années de prospérité terrestre ; les croyants s’endorment. Chacun de nous en a fait l’expérience dans sa vie personnelle. Il faut veiller, et veiller est une forme de souffrance, de combat. Il n’y a pas de repos ici-bas. « Levez-vous, partons d’ici ! » (Jean 14:31), ce n’est pas un lieu de repos. Si la Parole ne suffit pas, le Seigneur nous envoie une épreuve. Il est plus profitable pour nous d’avoir le Seigneur près de nous dans les combats que de ne pas l’avoir quand nous vivons dans la facilité. Nous voyons, en définitive, que c’est un gain. L’apôtre vivait cet exercice intérieur d’une façon permanente : « portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus » (2 Cor. 4:10). Un frère disait : « C’est une épreuve que de ne pas en avoir ». Mais il ne nous appartient pas de demander l’épreuve ! Nous sommes invités à prier pour les autorités, « afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté » (1 Tim. 2:2). Mais une vie de piété sous-entend qu’on a le Seigneur. Si on a une bonne conscience, on peut alors demander que les autorités nous protègent, en se soumettant à elles. Une vie paisible et tranquille a une grande valeur aux yeux de Dieu.
Gardons-nous de parler d’épreuves en théoriciens. La souffrance, et c’est solennel, touche à la présence du mal dans le monde. Mais la ressource est toujours la même, la présence du Seigneur. Souvent, lors des persécutions ou des souffrances personnelles, ceux qui paraissaient avoir le plus d’énergie pour y faire face ont succombé, tandis que d’autres, qui y pensaient dans la prière, en tremblant, ont tenu ferme. La présence du Seigneur change tout. « Sois fidèle jusqu’à la mort », cela signifie : si tu te confies en moi, tu seras soutenu jusqu’à la mort. Nous le voyons dans les psaumes, en particulier. Car nous sommes forts en paroles, mais quand le Seigneur nous serre de près, nous apprenons à nous connaître, dans l’humilité et dans la crainte. Daniel et ses amis l’ont appris (ils n’auraient jamais pu l’apprendre autrement) : on ne peut se tenir dans la fosse aux lions ou dans la fournaise de feu ardent que si le Seigneur y est lui-même.
Dieu se sert de Satan ; il s’en sert très souvent. Satan n’est pas à l’origine de tous les troubles, mais de beaucoup qui se sont manifestés dans les assemblées. Ne pensons pas que nous soyons à l’abri de cela ! Satan n’agit pas nécessairement d’une manière brutale : il a un plan d’opération, et peut agir en douceur. Nous devons être sur nos gardes, et surtout les anges des assemblées. On ne joue pas avec Satan. Plus un ouvrier du Seigneur est aux avant-postes, plus il est en danger et plus il doit être sur ses gardes. Si un croyant est orgueilleux, Dieu ne le supportera pas et permettra que Satan agisse. Job avait un orgueil caché, dont il n’était pas conscient. L’Éternel a dit à Satan : « Va labourer cette terre en friche » ! Dans les épreuves, trois points sont à considérer : 1. Quel est l’instrument ? 2. Quel est l’ennemi ? 3. Quelle est l’intention de Dieu ? Au Ps. 118, ces trois points apparaissent : l. L’instrument : les hommes (v. 10-12). 2. L’ennemi : Satan (v. 13). 3. L’intention de Dieu : châtier (v. 18).
Toutes les fois qu’une difficulté d’importance notoire se présente, il est nécessaire que les frères les plus responsables l’examinent à la lumière de l’Écriture. Plus d’une fois, Satan a fait un travail souterrain, qui a fini par venir au jour ; et il s’est servi de frères pour cela. Dieu est-il dépassé ? Non, jamais. Il avertit, et nous n’en tenons pas compte. À son moment, il dit : « C’est assez ! », et il permet à Satan d’intervenir.
À Pergame, l’assemblée en était venue à habiter dans un domaine qui n’était pas le sien. De nos jours, des tendances nous poussent à habiter dans le monde et à nous y trouver chez nous. Nous en constatons les conséquences dans le témoignage. Satan a son trône dans le monde, il en est le chef. Ce titre ne lui a été donné qu’après le rejet de Christ : « le chef du monde vient » (Jean 14:30). Satan n’a qu’un but, faire le mal en s’opposant à Dieu. Il est le méchant et n’est que cela. Il a montré sa force en faisant tomber Adam et Ève, simplement en leur parlant. Il a menti : c’est l’origine de tout le drame du monde. L’Assemblée habite dans le monde, là où est le trône de Satan. Satan cherche à nuire à l’Assemblée, à lui mentir par de faux docteurs qui annoncent de fausses doctrines. Le Seigneur se présente alors avec l’épée à deux tranchants, la Parole de Dieu. Il en connaît la vertu. Dans le désert, Satan avait la même arme dans la main, mais il l’a utilisée avec ruse. Le Seigneur a répondu à la Parole par la Parole, en vérité. À Pergame, le Seigneur a rendu puissante sa Parole, pour maintenir un témoignage par ceux qui ont tenu ferme et qui n’ont pas renié sa foi, en dépit des efforts de Satan. Tout ce qui est de Dieu dans le monde a été attaqué par Satan. S’il pouvait détruire toutes les assemblées, il remporterait une grande victoire. La puissance d’une assemblée réside dans la fidélité à garder la Parole.
Au siècle dernier, une assemblée préoccupait les frères. Ils ont prié un serviteur du Seigneur de s’y rendre, ce qu’il a accepté après beaucoup d’hésitation. Après un ou deux jours sur place, il a dit : « Satan est là » ; il y était entré. Placé devant nos consciences, ce fait devrait nous faire trembler. Les frères ont beaucoup prié et Satan est parti. L’origine de ce mal était une défaillance chez un frère et une soeur, dont l’activité chrétienne bénie les avait remplis d’orgueil. Dieu a permis que Satan entre dans la place, et Satan n’a pas perdu son temps. S’il y a négligence chez les frères et les soeurs d’une assemblée locale, la chair se manifeste et Satan s’en empare. Mais s’il y a un travail de coeur par les prières, le Saint Esprit chassera Satan. Pensons toujours que, s’il y a négligence, Satan peut beaucoup gêner nos services collectifs et individuels. Il est en activité permanente pour chercher à détruire une assemblée locale. « Résistez au diable, et il s’enfuira de vous » (Jacq. 4:7). Résister au diable, c’est vivre dans la communion avec le Seigneur. Si cette assemblée n’a pas disparu (elle aurait pu disparaître), c’est par l’intervention du Seigneur en réponse à la piété de frères et de soeurs. Mais Satan se sert aussi des fautes de frères ou de soeurs pour faire des dégâts. S’il y a des difficultés dans une assemblée, il faut en chercher la nature et, même si elles ne paraissent pas graves, Satan est toujours prêt à causer la ruine. S’il ne peut la jeter par terre en une fois, il prendra son temps. Il importe alors que les fidèles aient tout de suite une position nette, sans équivoque et intraitable. C’est la condition de la victoire.
Le fidèle dispose de la nourriture du pèlerin : c’est la manne cachée, Christ caché dans le ciel, « lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez » (1 Pierre 1:8). Cette communion avec lui est le secret de nos vies de tous les jours ; elle donne de la valeur à nos journées, elle est la source de la joie accomplie. Avec la manne, le Seigneur tend un caillou blanc, signe de son approbation et de la connaissance personnelle que le fidèle en reçoit. Un frère a dit : « Si j’avais à choisir dans le ciel entre la joie que me procurerait une approbation publique du Seigneur et une approbation secrète de son coeur à mon coeur, c’est la seconde que je choisirais ».
[LC n° 154]
14 juillet 1946
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 374
Nous nous approchons du moment où le Seigneur viendra prendre les siens, mais aussi du moment où l’Eglise professante sera jugée, selon les caractères que nous révèlent les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse. En effet, le déclin de la chrétienté, protestante en particulier, s’est nettement accentué ces dernières années, et les assemblées ont suivi de près cette évolution. La Parole nous présente la venue du Seigneur, afin de nous placer devant nos responsabilités et nos privilèges. Nous portons volontiers sur la chrétienté professante un jugement facile et avantageux pour nous, mais, quand le Seigneur viendra, dans quel état me trouvera-t-il ? Et si le Seigneur venait maintenant, serait-ce pour moi une surprise ? Des liens m’empêchent-ils de penser avec une joie sans réserve à la venue du Seigneur ? Y a-t-il, dans ma vie, des choses que je n’ai pas jugées ? Mon coeur a-t-il des parties ténébreuses ? Ai-je des relations coupables avec le monde ou des activités charnelles qui ne sont pas jugées ? Si la vérité de la venue du Seigneur reste à l’état de vérité générale, elle augmente ma responsabilité et ne me donne aucune force. Il n’y a pas de vérité plus sanctifiante que celle-là : « Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur » (1 Jean 3:3). Nous nous habituons à la Parole de Dieu, nous en détournons facilement le tranchant, nous en détournons la puissance de nos âmes. On se glorifie parfois de connaître beaucoup de vérités, mais il faudrait montrer qu’elles ont de la puissance sur nous. Il y a plus de cent cinquante ans que le Seigneur a suscité un témoignage après des siècles de ténèbres ; il a fait retentir le cri de minuit : « Voici l’époux ; sortez à sa rencontre » (Matt. 25:6). Il a ajouté cette vérité à beaucoup d’autres, dont il a confié le dépôt à ceux qui, par la foi, étaient sortis de la masse professante pour s’engager après Jésus. De quel cachet une telle vérité ne devrait-elle pas marquer ceux qui la connaissent !
L’épître à Thyatire concerne la papauté ; celle à Sardes, le système issu de la Réformation ; celle à Philadelphie, le témoignage du siècle dernier ; celle à Laodicée, l’état de choses issu de Sardes et de Philadelphie. Ces caractères de l’Eglise subsistent ensemble jusqu’à la fin. Dans chacune des quatre assemblées, l’Esprit discerne un résidu formé de témoins fidèles. C’est à eux qu’il s’adresse : « À celui qui vaincra… » et « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ». La promesse aux vainqueurs est donnée avant l’exhortation à écouter ; dans les trois premières épîtres, l’ordre est inversé. « Celui qui vaincra », dans les quatre dernières épîtres, c’est le résidu fidèle que l’Esprit discerne et qu’il invite à écouter ce qu’il dit aux assemblées. Dans tous les milieux chrétiens, quelque nom qu’ils portent, le Seigneur a des témoins fidèles. Le Seigneur trouve bon de laisser des âmes fidèles au milieu même de Thyatire, dont il est dit que les dernières oeuvres dépassent les premières. Ces fidèles, préoccupés peut-être d’abord de charité, connaissent Christ en vérité, même sans avoir beaucoup de lumière. Il y a des âmes qui se dévouent entièrement au Seigneur, aux pauvres, aux petits de ce monde. C’est un travail que Dieu opère et qu’il révélera un jour comme un fruit de sa propre grâce à la gloire de Christ. Il est bon que nos coeurs soient larges, gardés de toute étroitesse ; la fermeté, irréductible à l’égard des principes du témoignage, n’empêche pas un coeur très large à l’égard des témoins que le Seigneur se conserve en tout temps et en tout lieu. Nous devons nous garder de la critique facile, et donner l’exemple.
Dans les sept épîtres, une promesse est faite aux vainqueurs. Tout au long de l’histoire de l’Église, des croyants ont lutté pour la victoire. Une promesse est faite à celui qui vaincra, comme pour dire : beaucoup sont partis, mais tous ne vaincront pas ; tous n’ont pas eu la foi au départ et n’arriveront pas. Dans Thyatire, il y a ceux qui luttent et qui auront vaincu. Nous, nous avons souvent oublié et méconnu le combat. C’est un caractère lié à la vie chrétienne, comme le service ou la marche. Les fidèles de Thyatire ont une lutte à soutenir, un combat à livrer, une victoire à remporter, tout seuls peut-être, souffrant de ce qu’ils voient autour d’eux et au-dessus d’eux. Nous nous lamentons parfois de nous sentir très isolés. Le Seigneur sait combien d’âmes obscures sont beaucoup plus isolées que nous, sans avoir le réconfort de la communion fraternelle, et plus dévouées que nous. Le Seigneur les laisse là, il a des témoins là. On entend dire : il faut arracher des âmes à ces milieux pour les amener sur le terrain du témoignage. Le Seigneur ne parle pas ainsi, il se laisse des témoins partout ; il ne restaurera pas l’Assemblée dans son état premier. Il reconnaît et supporte toute sorte de maux et de difficultés ; nous devons faire comme lui ; nous ne pouvons pas être plus sages que lui. Il peut retirer une âme de Thyatire ou de Sardes et l’amener là où il y a plus de lumière ; c’est son affaire ; mais il veut avoir des témoins partout et il en a partout.
« Celui qui vaincra, et celui qui gardera mes oeuvres jusqu’à la fin, — je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer, comme sont brisés les vases de poterie, selon que moi aussi j’ai reçu de mon Père ; et je lui donnerai l’étoile du matin » (2:26-28). Ce fidèle de Thyatire, obscur et inconnu, qui aura renoncé à tout pouvoir dans un milieu qui en avait beaucoup, recevra du Seigneur une récompense en rapport avec sa fidélité : l’autorité sur les nations et l’étoile brillante du matin, Christ venant prendre l’Église. Dans la masse immense de Thyatire, il n’y a pas un fidèle que l’oeil du Seigneur ne suive, que le coeur du Seigneur n’aime et dont la fidélité et le service ne montent devant lui comme un parfum de bonne odeur.
De Sardes il est dit : « Tu as le nom de vivre, et tu es mort » (3:1). Ce jugement de la Parole de Dieu caractérise un état de l’Église dans un temps et dans un lieu donnés, mais peut s’appliquer aussi à un individu, à un chrétien, à un frère. Au sens propre, ici, ce jugement s’applique à ce corps qui est résulté du travail de l’Esprit de Dieu à la Réformation. La Réformation a abandonné certaines erreurs, mais elle n’est pas revenue au commencement ; elle est même restée à des vérités très élémentaires sur pas mal de points, tandis que le témoignage de Philadelphie est revenu au commencement ; c’est la différence entre le travail de l’Esprit au commencement de Sardes et le travail de l’Esprit à Philadelphie. Les saints de Philadelphie ont retrouvé toutes les vérités du commencement ; ils ont retrouvé le Seigneur comme au temps des Actes, mais pas avec la même puissance, pas avec les mêmes bénédictions. Ce résidu a retrouvé Jésus, s’est réuni autour de Jésus ; les vérités du commencement ont formé le dépôt que le Seigneur a mis entre ses mains. L’Esprit de Dieu seul donne la lumière. Un homme, si éminent soit-il, serviteur de Dieu doué peut-être de toute sorte de talents, si l’Esprit ne lui donne pas la lumière, ne peut entrer dans les choses profondes de Dieu.
La venue du Seigneur est présentée à Sardes comme celle d’un voleur, sous le même caractère que pour le monde. Sardes est devenue comme le monde. Mais « tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements » (3:4). Les vêtements, c’est la marche, la vie pratique ; ils n’ont pas mondanisé. Nous connaissons de ces hommes de Sardes — le Seigneur, lui, les connaît tous — chez lesquels il y a la crainte de Dieu, du sérieux dans le détail de la marche ; des âmes qui veillent à la justice pratique, à une marche juste devant Dieu et devant les hommes, avec une conscience toujours en éveil ; ils nous font baisser la tête. Leur fidélité n’est pas perdue. Si quelquefois nous avons regretté que le Seigneur les ait laissés dans le milieu où ils sont, sans conduire leurs pas dans un chemin plus éclairé par la Parole de Dieu, laissons le Seigneur choisir ses témoins et les garder où il les veut, et imitons, là où nous sommes, la foi de ceux qui, peut-être moins éclairés que nous, marchent parfois beaucoup mieux.
« Celui qui vaincra,… je n’effacerai point son nom du livre de vie » (3:5). C’est comme si le Seigneur disait : vous, vous avez cru avoir des droits supérieurs et plus sûrs à la bénédiction, vous avez écrits vous-mêmes votre nom dans le livre de vie, vous avez cru que votre titre était un titre sûr ; eh bien, il y a des noms que j’effacerai du livre de vie ; mais celui-là, celui qui vaincra, je n’effacerai point son nom ! Sardes pense avoir un nom plus noble que celui de Thyatire, mais elle n’a plus de puissance : c’est une marque certaine du déclin. Et puisqu’on n’a plus de puissance, on se réclame des hommes de foi qui ont été incontestablement des hommes de Dieu ; on se nourrit de leurs biographies. Nous pouvons nous appliquer cette pensée à nous-mêmes : ce noble titre de « frère » — il est dit que le Seigneur n’a pas honte d’appeler les saints « ses frères » (Héb. 2:11) — n’assure la bénédiction que lorsqu’il correspond à la réalité du travail de la grâce dans le coeur. Il ne sert à rien d’être fier d’un nom, d’un témoignage extérieur. C’est pourquoi le Seigneur dit à ses disciples qui étaient très heureux d’avoir fait des miracles : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont assujettis, mais réjouissez-vous parce que vos noms sont écrits dans les cieux » (Luc 10:20). Ne nous réjouissons pas de ce que le Seigneur nous ait mis à part dans la chrétienté ; ce serait du pharisaïsme, s’il n’y avait que cela ; réjouissons-nous de ce que nos noms sont écrits dans le livre de vie.
Philadelphie a été incontestablement le témoignage collectif suscité au siècle dernier ; le Seigneur le montrera en temps utile. Ce fut un témoignage qui avait peu de force, il n’a pas entraîné les masses chrétiennes, mais a tiré d’entre elles les fidèles qui ont entendu la voix du Seigneur, là où ils étaient, et les a groupés autour de Christ, les a attachés à Christ, dans l’obéissance à sa Parole. Les premiers chrétiens de ce témoignage ont tout perdu pour suivre Christ, sans se vanter d’avoir fait de grands sacrifices ; dans le secret, ils ont coupé des liens pour Christ ; ils ne l’ont pas dit, ils l’ont fait. À leurs premières réunions, leur nombre aurait pu se compter sur les doigts d’une main. Chose remarquable, Christ avait un tel prix pour eux que plusieurs de ces témoins, choisis par le Seigneur parmi des hommes éminents, ont quitté la perspective d’un avenir brillant sur la terre par amour pour Christ. Un tel esprit nous anime-t-il encore aujourd’hui ? Le Seigneur nous arrête à cette question. Comme il serait incongru de dire aujourd’hui : nous sommes Philadelphie. Quelle leçon nous donne la Parole de Dieu et quel exemple nous laissent nos devanciers !
Où est le témoignage de Philadelphie aujourd’hui ? Le Seigneur le sait. Exhortons-nous à rechercher les caractères de Philadelphie, à ne pas renier le nom du Seigneur et à garder sa Parole. Pensez-vous que ce soit peu de choses ? Nos devanciers ont lutté pour cela. Les larmes ne leur ont pas manqué, mais au milieu de leurs tristesses, leur joie a été profonde en Christ, et en Christ seul. Ce sont eux qui nous ont appris que la source de la force était dans le Seigneur et dans la séparation pour lui, non pas dans les frères. Ce ne sont pas les frères qui se fortifient entre eux ; ils peuvent se consoler et s’aider, mais ils ne peuvent se fortifier que dans le Seigneur. Ce sont eux qui ont dit, quand le Seigneur les a mis à l’épreuve par des frères infidèles qui abandonnaient la vérité : « les frères si nous pouvons, Christ à tout prix ». C’est un besoin pressant et la conviction de la bénédiction des saints aujourd’hui, que Christ leur soit plus précieux que tout. Il faudrait que les âmes qui viennent là disent : j’ai trouvé Christ, j’ai trouvé Dieu. Les frères et les soeurs sont tous responsables. Ils sont chacun soit une aide, soit une entrave. Si les réunions ne sont que des rencontres où nous avons du plaisir ensemble, notre coeur n’y trouve pas son compte, et le coeur qui aime Christ se lassera vite de cela. Si Christ n’est pas là, tout se corrompt ; l’excès de miel corrompt tout. Veillons à ce que nos relations fraternelles, les réunions, la vie de séparation des saints soient sanctifiées par la présence de Christ et la puissance du Saint Esprit. Nous sentons que cela nous manque. Aujourd’hui, si nous ne veillons pas, nous pouvons être satisfaits d’être nombreux, et nous élever au lieu de nous abaisser. Que le Seigneur nous donne de manifester les caractères pratiques de Philadelphie dans la séparation produite par Christ, et pour Christ. Nos devanciers ont été très tôt mis à l’épreuve ; à peine vingt ans après le début du témoignage, ils vécurent une épreuve terrible causée par la mondanité et des manifestations de la chair supportée sans être jugée, prenant la place de l’Esprit, le discernement spirituel disparaissant en faveur du jugement naturel, la conscience s’endurcissant, la connaissance des volontés dans l’esprit n’ayant plus aucun poids sur la conscience. La situation devint extrêmement douloureuse, mais la fidélité a été manifestée par le Seigneur : « Celui qui vaincra… ». Nous avons toujours à veiller, à lutter, toujours. Il arrive que, dans les rassemblements où il n’y a pas de luttes pendant nombre d’années, tout à coup le Seigneur permet qu’une difficulté éclate ; c’est parce qu’on s’était endormi sans s’en rendre compte.
Laodicée porte les caractères de ce qui est issu de Sardes et de Philadelphie. Ils sont déjà bien visibles dans la chrétienté aujourd’hui : beaucoup d’activité, beaucoup d’agitation, beaucoup de christianisme apparent et, cela va de pair, beaucoup de tiédeur envers Christ. On parle encore de Christ comme modèle de l’homme, mais on ne veut plus du Sauveur, de la croix, du sang de Christ, et on se contente d’une morale chrétienne. Or, sans Christ Sauveur, c’est l’apostasie. La tiédeur, c’est l’absence de vie. La conversion, la venue d’une âme à Dieu, la nouvelle naissance, on ne connaît pas. Il est bon de rappeler cela au milieu de nous. La conversion peut se produire sur une durée assez longue, mais, longue ou instantanée, le résultat doit être le même. Le premier et constant souci des parents est-il de prier pour la conversion de leurs enfants ? Un homme est ce qu’il aime ; non pas ce qu’il dit, ni ce qu’il fait, mais ce qu’il a au fond de son coeur ; s’il n’aime pas Christ, il le montrera : c’est le secret de la tiédeur.
La conversion est un fait, et la foi vaut ce qu’elle a coûté. Mieux vaut partir avec Christ, non pas sur la base d’influences, de sentiments, d’émotions, mais sur celle d’un travail profond du coeur et de la conscience. Les parents ont, à juste titre, le souci matériel de leurs enfants ; en ont-ils d’abord le souci spirituel ? La jeunesse pose des questions, et se pose des questions, que la génération précédente n’aurait pas posées et ne se serait pas posées. La tendance à tout remettre en question est une marque certaine du déclin. Le remède à la tiédeur ? Acheter un collyre (3:18), c’est le Saint Esprit ; et des vêtements blancs, c’est la conversion. Où est Laodicée aujourd’hui ? Partout où il y a un tiède, qui professe Christ sans l’avoir dans son coeur.
Le Seigneur se tient à la porte du corps de Laodicée et il frappe ; sa grâce ne s’arrête pas. « Si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi ». Que le Seigneur veuille maintenir son témoignage jusqu’à la fin et donner à ceux qu’il a appelés à cela un coeur brûlant pour lui ! Un coeur qui, dans le secret, lui dise : Seigneur, je t’aime parce que tu m’as aimé le premier. Que le Seigneur nous donne la foi pour triompher de toutes les épreuves, pour être de ceux auxquels sont promises les récompenses de la victoire !
[LC n° 155]
4 juillet 1954
Nous avons là quatre lettres sur sept. Parmi ces quatre, il y en a trois dans lesquelles la venue du Seigneur est présentée, et de façons différentes. La venue du Seigneur est présentée d’abord à l’Église de Thyatire, qui représente le système papal, dont l’origine est déjà maintenant bien ancienne, et qui doit aller jusqu’à la fin, puisque nous voyons les mots « jusqu’à ce que je vienne », au verset 25, et que, d’autre part, la promesse faite au vainqueur : « celui qui vaincra, et celui qui gardera mes oeuvres jusqu’à la fin, — je lui donnerai autorité sur les nations », indique que ce qui remplacera la position ecclésiastique (c’est-à-dire en tant qu’Église) de ce corps qui représente l’église professante, c’est le règne, le royaume.
Dans ce système, qui est immense, de Thyatire, il y a eu dès le début — qui date des quatrième et cinquième siècles — des fidèles se détachant, par leur façon de vivre et de rendre témoignage, de cette masse devenue opposée à Dieu. C’est un des étonnements qu’on ressent, à la lecture des Écritures, de voir que ce qui a porté le nom de Dieu, a été très tôt corrompu. C’est le mystère d’iniquité, dont parle la seconde épître aux Thessaloniciens (chap. 2), et dont il est question aussi dans la première épître de Jean. C’est une chose qui paraît étonnante, que l’iniquité soit entrée, déjà du temps des apôtres, dans la chose la plus précieuse que Dieu ait établie, à savoir l’Église. Le mal est entré très tôt. D’ailleurs, dans tout ce que Dieu confie à l’homme, le mal entre. Nous n’échappons pas à cette règle ; nous n’avons pas à éluder le fait de cette vérité. Cela a la force d’un fait, et nous avons à en tirer les leçons.
Thyatire, donc, a contenu de nombreux fidèles, qui ont beaucoup souffert. Les fidèles ont toujours souffert. Nous nous étonnons, quelquefois, que l’attachement au Seigneur, aujourd’hui, fasse souffrir. Le fidèle n’a jamais été à son aise dans ce monde, jamais. Et il y a eu des fidèles remarquables, au cours des siècles, dans cette église de Thyatire, des fidèles qui ont rompu avec ce que nous aimons tous, nos aises. Il suffit que chacun de nous s’interroge, devant Dieu, se place devant Dieu, pour voir quelle est la force de l’amour des aises, de nos habitudes ; non seulement de nos affaires, mais de tout ce qui constitue la vie ordinaire du chrétien, la vie ordinaire d’un homme. Lorsque le Seigneur ne nous demande pas de rompre avec cet attachement à nos aises et à nos habitudes, nous ne sommes pas mis à l’épreuve. Nous pouvons alors penser que nous sommes fidèles, que nous aimons beaucoup le Seigneur, et il arrive que nous le disions. Mais c’est tout autre chose lorsque nous sommes mis à l’épreuve, de telle manière que la fidélité doive entraîner la rupture d’un lien cher (je ne dis pas d’un lien avec des êtres chers, bien que le Seigneur ait produit cela plus d’une fois, mais simplement avec ce qui constitue notre vie quotidienne, avec ce que nous aimons tellement, avec cet ensemble que tout homme dans ce monde cherche à établir, et que beaucoup appellent le bonheur : un mode d’existence troublé le moins possible, et assuré le plus possible contre toutes les douleurs qui interviennent dans la vie des hommes. Le grand souci de tous les hommes — nous le voyons autour de nous — c’est cela).
Eh bien, au cours des siècles de cette histoire de Thyatire, qui correspond à une phase de l’histoire de l’Église, et qui a encore la position de maîtresse souveraine sur la chrétienté, l’autorité extérieure, le Seigneur, chose étrange, ne dit rien. Il a l’air de ne rien dire, de ne rien voir, de laisser faire, comme si tout lui échappait, et comme s’il ne savait pas que, dans le sein de cette institution prétentieuse et puissante, il y avait le coeur des siens qui souffre. C’est comme si son oreille n’entendait pas leur cri, comme s’il n’avait pas vu, au cours des siècles, tout le sang versé de ses témoins — et il y en a eu — dans le secret, dans l’ombre, dans les cachots, et sous les tortures. Il y a eu de tels témoins qui, au péril de leur vie, portaient une portion, un fragment des Écritures, sous leurs vêtements, au péril de leur vie !
C’est pourquoi il y a un tableau de la fidélité, au milieu de l’infidélité de Thyatire. Les allusions historiques qui sont faites là sont d’un très grand intérêt ; ce sont les tribulations des rois qui ont eu des relations avec elle. Et nous voyons ici comment Dieu caractérise, de la façon la plus honteuse, les relations de ceux qui portent le nom de Jésus avec le monde. Il les définit de la façon la plus complète et la plus honteuse. Cela est applicable aux rapports individuels du croyant avec le monde, de la même façon. Plusieurs rois de la terre — même chrétiens — ont eu de grandes tribulations, parce qu’ils ont eu des rapports avec cette femme, ce système de Thyatire.
Il s’agissait de vaincre, pour les fidèles de Thyatire. Il s’agit encore de vaincre. Il y a, encore aujourd’hui, des vainqueurs. Nous l’avons vu : « À celui qui vaincra… ». C’est une victoire, donc un combat. Vaincre (répété sept fois dans ces sept lettres), cela veut dire être fidèle au Seigneur, malgré la chair, malgré le monde. Et ces fidèles de Thyatire — et il y en a encore aujourd’hui, sans aucun doute, dans cette masse ; il y en aura, à la gloire du Seigneur, jusqu’à la fin — reçoivent une promesse. Ceux qui auront subi le joug terrible d’une institution, dont on a vu les caractères au cours des siècles, et qui auront vaincu, ceux-là auront comme compensation le partage du pouvoir avec Jésus, l’exercice du pouvoir sur le monde : « et je lui donnerai autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer » (v. 26-27). Cela est écrit trois fois, dans l’Écriture : ici, au Psaume 2, et en Apocalypse 12 ; et ces deux dernières citations sont relatives au Seigneur lui-même.
Le fidèle de Thyatire, qui aura tant souffert, qui souffre aujourd’hui (le Seigneur peut ne pas permettre qu’il échappe à la terrible tyrannie, souvent sanglante, de cette autorité), et qui aura souffert sans rien dire et rien pouvoir, aura, comme compensation, le partage, avec le Seigneur, du pouvoir sur les nations. Voilà sa récompense. Est-elle seulement celle des fidèles de Thyatire ? Certainement non. Est-ce celle de tous les chrétiens ? Certainement oui. Pourquoi est-elle définie d’une façon spéciale pour Thyatire ? Parce que ceux de Thyatire ont eu a souffrir de la tyrannie du système dans lequel ils se sont trouvés, et la compensation leur est donnée là. Autrement, chers amis, tous ceux qui auront cru au Seigneur partageront son règne. Nous régnerons. Il y aura un temps où nous serons, pour ainsi dire, mêlés à la politique du monde, lorsque le Seigneur lui-même tiendra les rênes.
Mais une autre promesse est faite : « Je lui donnerai l’étoile du matin » (v. 28). Ce fidèle de Thyatire, qui aura souffert, bien souvent dans l’ombre et dans l’isolement (ce qui est le plus dur ; nous pensons peu à cela ; une des grandes épreuves de ceux qui ont été fidèles dans nombre de circonstances a été l’isolement, être seul ! Nous, nous sommes heureux d’avoir la communion des frères, des soeurs, d’être portés par leurs prières. Est-ce que cela a été toujours le cas du fidèle de Thyatire ? Il s’en faut bien), reçoit cette promesse : « Je lui donnerai l’étoile du matin » ; c’est-à-dire : je lui donnerai la joie de la communion avec Jésus venant comme l’étoile du matin. C’est ce que nous trouvons aussi à la fin du même livre. Cette joie, les chrétiens l’auront quand le Seigneur viendra. Elle ne sera pas la part exclusive de ceux de Thyatire ; elle sera celle de tous les chrétiens. L’étoile du matin, redisons-le encore une fois, nous parle de Jésus, qui se présente comme l’espérance du coeur du croyant, l’espérance qui est accomplie lorsque le Seigneur vient, avant que le jour de son règne soit là. Le jour, dans l’écriture, c’est l’établissement du règne. Le jour est établi quand le soleil paraît au ciel ; et « le soleil de justice qui apporte la santé dans ses rayons » (Mal. 4:2), c’est Christ, mais Christ Roi, dominant dans ce monde et apportant la délivrance aux fidèles terrestres qui l’attendront. Mais il y a, pour les fidèles célestes, pour l’Église, l’espérance de Jésus venant pour eux avant le jour. La belle étoile du matin, cette étoile splendide qui brille, se détache, se distingue des autres, brille avant le jour ; elle est l’annonciatrice du jour. Elle paraît avant le jour, et ce sont ceux qui veillent qui la voient. Veiller, dans le sens chrétien du mot, c’est attendre Jésus ; c’est l’aimer. La venue du Seigneur, avant le jour, pour chercher les siens, c’est l’espérance chrétienne proprement dite.
Nous n’attendons pas, tout d’abord, que le Seigneur vienne établir son règne, faire cesser les injustices, les violences et la corruption, qui sont dans ce monde. Non ; nous attendons que le Seigneur vienne nous arracher à ce monde (c’est l’espérance chrétienne), nous faire quitter ce monde ; tandis que les bénédictions terrestres seront apportées par Jésus quand Il viendra régner comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Notre espérance est céleste. En est-il ainsi, pratiquement, chers amis ? Toute la question est là. Elle est de savoir quelle est notre consolation, dans un monde où rien n’est en ordre selon Dieu, rien en accord avec la gloire de Dieu (les faits que nous observons partout, et d’abord bien des choses qui se passent dans notre propre coeur, ne sont pas en accord avec la gloire de Dieu)… Le tout est de savoir si nous aspirons après la délivrance, qui n’est pas celle que procurera l’exercice du pouvoir, mais celle qui sera accomplie quand Jésus nous arrachera à la terre. La pensée que le Seigneur vient nous rend-elle heureux, ou mal à l’aise ? Est-ce pour nous une promesse, ou une menace, comme celle-ci, que le Seigneur prononce à l’égard du monde : « Encore une fois j’ébranlerai les cieux et la terre » (Agg. 2:6) ? Mais la venue du Seigneur est-elle une vraie promesse, pour notre coeur ? Cela nous sonde ; et nous sommes exhortés à penser tous les jours à la venue du Seigneur. Nous n’avons pas à chercher pour cela des choses exceptionnelles, et à abandonner, en aucune manière, l’accomplissement de nos devoirs. Comme disait un homme très pieux : Je saurais que le Seigneur viendrait ce soir, je ne sais pas si je ne moissonnerais pas néanmoins mon seigle.
La pensée que le Seigneur vient et que nous sommes là pour l’attendre n’exclut ni n’affaiblit en rien le sentiment que, jusqu’à ce qu’Il vienne, nous avons à faire sa volonté ! Tant qu’il n’est pas venu, le seul souci que nous devons avoir, c’est de faire sa volonté. Il trouvera l’un accomplissant son travail, la mère de famille soignant son enfant, le serviteur prêchant la Parole, le missionnaire allant par le monde pour prêcher l’évangile. Mais le grand point, pour que cette attente de la venue du Seigneur soit réalisée, c’est que nous soyons là, veillant pour faire sa volonté ; c’est la seule chose que nous ayons à faire. Peut-être que le chrétien qui sera le plus honoré (on peut le penser), qui sera le plus récompensé, par le lever de l’étoile du matin, ce sera quelque chrétien inconnu de tout le monde, un homme consciencieux dans sa vie, dans l’accomplissement de sa tâche quotidienne, et qui cherche à la réaliser avec le Seigneur, et qui est tout prêt à arrêter son travail pour partir. Son travail est en ordre ; ses affaires sont en ordre, son coeur aussi ; sa vie est en ordre. Le Seigneur vient. On peut penser qu’il y a, dans le monde, des chrétiens, des femmes, des hommes qui, sans bruit, attendent le Seigneur. Voilà ce que c’est que l’attente. Et ils chantent dans leur coeur un cantique continuel. Ce n’est pas un déploiement extérieur de grand zèle, ni une grande ardeur apparente à attendre le Seigneur. Non ; sans rien dire, mon coeur l’attend ; mon coeur est en rapport avec lui ; mon coeur vit au ciel, jouit du ciel. Et le fidèle qui vivra ainsi — comme Paul le fit — pourra, quand Jésus le prendra au ciel, dire : Enfin, me voilà arrivé au lieu où j’ai déjà vécu. Ce n’est pas facile, cela, chers amis.
« Je lui donnerai l’étoile du matin ». À la fin de l’Apocalypse, nous lisons : « Moi, je suis l’étoile brillante du matin. Et l’Esprit et l’Épouse disent : Viens » (22:16-17). Si cette étoile brillante attire le regard, on se détourne de ce qui peut briller ailleurs.
Chers amis, qu’il nous soit donné d’être exercés. On a pu être heureux et fidèle pendant un jour. Il faut recommencer le lendemain, parce que, le lendemain, notre coeur peut manifester sa tendance à s’évader, à s’échapper, à se fixer sur les choses qui sont dans le monde. Même le souci du devoir à accomplir peut nous détourner de cet heureux état de l’attente du Seigneur. Il se peut aussi que nous ayons un mauvais état de conscience, que des liens fâcheux se soient formés dans nos coeurs, sans que ce soit un mal manifeste. Alors nous n’avons pas le Seigneur avec nous, en vivant, en marchant, et nous ne l’attendons pas. C’est exerçant, cela, chers amis, tous les jours ! Oh, quand nous sommes en mauvais état, nous disons : Mais, on ne peut pas vivre la vie chrétienne ! Tandis que, lorsque nous avons le Seigneur avec nous dans cette vie tranquille et pieuse, nous disons : Mais c’est le ciel sur la terre ; et c’est vrai. Nous avons alors le regard clairvoyant pour n’importe quoi, pour l’accomplissement de notre tâche. Nous avons même beaucoup plus de courage et de force pour accomplir une tâche, même rebutante, car on la fait avec Jésus. C’est avec Lui qu’on a de la force, de la paix, du repos, de la joie ; bien que la joie soit une chose moins profonde que la paix. La joie varie ; la paix de Dieu, en elle-même, jamais. La paix de Dieu est quelque chose de beaucoup plus profond, de beaucoup plus égal, de beaucoup plus continu, que la joie ; c’est la paix qui surpasse toute intelligence. Nous ne l’analysons pas pour la connaître. Ce n’est pas un effort de pensée, intellectuel, qui sonde ce qu’est la paix de Dieu. Pour cela, il faudrait sonder ce qu’est Dieu, ce qui est absolument hors de la portée de l’homme. Mais celui dont le coeur est rempli de la paix de Dieu sait ce qu’elle vaut, sait ce qu’elle est. De même que celui qui meurt de soif et qui trouve une source peut dire : J’ai appris aujourd’hui ce qu’est l’eau pure. C’est ainsi que nous apprenons à connaître Dieu. J’apprends à connaître Dieu par mes besoins. Je ne peux pas me passer de Dieu ; c’est ainsi que j’apprends à le connaître.
L’étoile brillante du matin, est-ce qu’elle brille dans notre ciel ? Brille-t-elle dans notre ciel, tous les jours, cette étoile brillante du matin ? Dans le ciel de notre âme ? Si c’est vrai, nous aurons du courage pour bien des choses, pour en supporter beaucoup, pour faire tout ce que le Seigneur veut que nous fassions.
À Sardes, le Seigneur se présente comme un voleur. Ce n’est pas comme l’étoile brillante du matin ; c’est la venue comme un voleur. La nuit, il n’y a pas de lumière. Personne n’est content, à la pensée que le voleur pourrait entrer chez lui, la nuit. Jésus vient comme un voleur ; nous trouvons ailleurs qu’il vient, pour le monde, comme un voleur dans la nuit, quand ils diront : Paix et sûreté ! Cela paraît étrange, que le monde dise un jour : « Paix et sûreté » (1 Thess. 5:3), avec toutes les menaces qui s’amoncellent sur lui ! Il aura, au moins un instant, trouvé une apparence de paix. « Comme un voleur » : pourquoi, à Sardes, présente-t-il sa venue comme celle d’un voleur ? C’est que cette menace correspond à l’état de Sardes. Sardes représente ce qui est issu de la Réforme. Il y a eu un mouvement de l’Esprit de Dieu qui a travaillé dans Thyatire, et en a fait sortir des âmes ; cela a été la Réforme, un travail profond, avec beaucoup de larmes, avec du sang, avec aussi des infidélités, en particulier ce qui a suivi, lorsqu’on s’est appuyé sur la puissance de l’épée de l’homme, des rois — mais c’est une autre question. À la suite de ce mouvement-là (et c’est le danger qui nous guette tous), de cet immense réveil, on a pris des habitudes. On a une vie chrétienne faite d’habitudes, des habitudes différant de celles de Thyatire — car il y a les habitudes religieuses et chrétiennes dans toutes les sphères. Elles étaient différentes, mais sont devenues des habitudes mortes. Voilà le danger ; et c’est un danger qui guette chacun. Il y a un danger de prendre des habitudes, les habitudes d’une famille chrétienne, où le chef, le père, la mère, sont des chrétiens. Les enfants peuvent avoir de très bonnes habitudes. Le Seigneur dit : S’il n’y a que cela, « tu as le nom de vivre et tu es mort ». Est-ce un danger permanent ? Oui. « Tu as le nom de vivre et tu es mort ». Oh, le chrétien de Sardes disait, il dit encore : Mes ancêtres ; j’ai des ancêtres, de braves chrétiens, qui sont morts pour leur foi sur le bûcher au seizième siècle (véritablement pour leur foi, parce qu’ils ont confessé Jésus, qu’ils n’ont pas voulu se plier à l’infidélité). Mais ce n’est pas parce qu’un ancêtre a été fidèle jusqu’à la mort, que le descendant a lui-même la simple foi qui sauve. Voilà pourquoi le danger d’avoir le nom de vivre, et d’être mort, existe partout. Qu’il nous soit donné d’y penser et, tout d’abord, dans les familles. C’est un bien précieux avertissement d’amour et de grâce que le Seigneur donne ici : « Tu as le nom de vivre et tu es mort ».
Si le Seigneur vient ce soir, que se passera-t-il, dans toutes nos maisons ? Sans parler des tout petits enfants, qui sont hors de cette question, comme nous le savons, tous les autres partiront-ils, ou ne partiront-ils pas ? C’est là la vraie question, et quelles que soient les apparences. Voilà un jeune homme ou une jeune fille qui est irréprochable, qui a des habitudes très bonnes en elles-mêmes, et que Dieu approuve, dans une rectitude de marche extérieure qui est loin d’être sans valeur, même aux yeux de Dieu (car Dieu est honoré par une marche sérieuse, et non par une marche insensée) ; mais la question n’est pas là. Si le Seigneur vient ce soir, chers amis, visitons un peu nos maisons, faisons un peu le tour de nos maisons. Qui part, qui reste ? Il peut arriver que le père ou la mère ne pourrait pas, dans sa propre famille, tracer un trait plaçant à gauche ceux qui partiraient, et à droite ceux qui resteraient. Il se peut qu’il y ait des doutes.
Et qu’en est-il de quelqu’un qui appréhende la venue du Seigneur ? Il peut avoir la vie de Dieu, mais ne pas réaliser l’affranchissement ; ou être dans un mauvais état, c’est-à-dire avec sur la conscience des choses qui ne sont pas réglées ; ou il n’est pas un vrai chrétien. Chers amis, je dis cela avec toute affection, en pensant au sérieux qu’il y a à le dire, à ce qu’est une âme aux yeux du Seigneur, une âme immortelle, qui sera éternellement heureuse ou malheureuse, sans aucune autre alternative.
Que le Seigneur nous donne à tous d’avoir affaire à lui. C’est à lui qu’il faut dire si la pensée de sa venue nous trouble. Prenons garde à cette tendance qu’on a à se séduire. On peut, sans être un hypocrite, se séduire soi-même ; on peut être sincère et se séduire. Il y a des gens très sincères qui ont mis à mort les chrétiens, disant : C’est pour la gloire de Dieu. L’Écriture ne dit-elle pas que cet état existe ? Que le Seigneur nous donne, chers amis, d’être tout à fait au large avec Lui. Ce n’est pas pour faire plaisir à mon père, à ma mère, à mon meilleur ami ; ce n’est pas pour mon intérêt. Ce n’est pas pour ce que j’ai de plus cher au monde, que je dois me séduire moi-même ; oh non, chers amis ! Et quand nous avons affaire à une âme, nous devons l’aider à ce que rien en elle ne vienne affaiblir le poids de la vérité, pour que cette âme ne se séduise pas.
On me rappelait, il y a peu de temps, la parole d’un serviteur du Seigneur, délogé depuis quelques dizaines d’années, frère grave et aimant les âmes, les brebis du Seigneur, les aimant véritablement, se dépensant pour elles, consacrant beaucoup de choses pour elles, et qui disait, dans une conversation : Il y aura des âmes qui auront été ensemble de longues années, avec toutes les apparences d’une identité de position vis-à-vis du Seigneur et devant Dieu, qui auront vécu des années et des années ensemble, peut-être même ayant annoncé ensemble la mort du Seigneur, et qui ne seront pas ensemble au ciel. Je m’abrite, même sur ce point, sur l’autorité de quelqu’un qui était un serviteur du Seigneur. Voilà comment nous avons à voir les choses, chers amis !
Mais, si nous avons Jésus dans notre coeur, nous ne reculerons pas devant ces considérations directes, aucunement. Nous n’avons pas peur, et ce n’est pas la folie ni la hardiesse de la chair. Mais nous sommes heureux dans notre coeur de dire : Seigneur Jésus, je te dois tout ; tu es ma vie ; tu es à moi, pour ma vie, pour ma mort, pour le temps et l’éternité. On ne le dit pas pour tromper les autres, ni pour se séduire soi-même ; on le dit parce que c’est vrai, et parce que le Seigneur nous le dit. C’est individuel. Que le Seigneur, chers amis, nous accorde de ne pas décourager une âme. Un homme qui aurait une conscience labourée, il faut l’aider. Mais un homme qui pense que les habitudes chrétiennes font un vrai chrétien — elles ne le font pas plus que le baptême — il faut le détromper.
Quel bonheur, d’avoir la vérité doctrinale ! Mais ce que je viens de dire n’est même pas la doctrine, bien que cela touche la doctrine ; c’est plutôt la vérité morale. C’est Dieu dans le coeur d’un homme. Et, quand il est là, cet homme le sait, et ne peut pas ne pas le dire. Il le sait ; il n’a pas besoin que son père en rende témoignage. Quand Dieu ouvre le coeur de son enfant, le père n’y est pour rien. Que Dieu soit glorifié en tout, c’est juste. Nous serons toujours bénis dans la mesure où, en toutes choses et toujours, nous aurons en vue la gloire de Dieu en nous abaissant nous-mêmes. Que l’homme soit abaissé, c’est une très bonne chose. Cherchons toujours la gloire de Dieu ! Cela peut nous coûter cher, mais c’est la bénédiction. Fait-on ainsi, dans les familles ? C’est au Seigneur qu’il faut le dire, et c’est à lui qu’il faut demander la force et la grâce pour le faire.
Sardes était remplie d’habitudes extérieures. Les vêtements d’un homme, c’est ce qui se voit. C’est ce qui constitue la façon d’être extérieure, et visible aux yeux des autres. Ils avaient des vêtements. Mais le Seigneur dit : Je viens sur toi comme un voleur, comme il viendra sur le monde, par surprise, pour châtier. Pourquoi ? Parce que Sardes est devenue mondaine. Sardes représente l’état de l’Église devenue mondaine. C’est un fait sur lequel nous n’avons pas à insister, parce qu’il nous touche tous. C’est dangereux, de devenir mondain ! Je le dis pour mon compte. C’est un sujet d’exercices continuels, de ne pas devenir mondain. Sardes, qui est issue de la Réforme, a sombré dans la mondanité. Et on a vu, et on voit, ce qui caractérise cet état de choses : la recherche de tout ce qui est prisé dans le monde, de tout ce qui est apprécié, de ce qui honore l’homme à ses propres yeux et aux yeux du monde. Pourtant, à Sardes, on avait le nom de vivre, et on se réclamait d’une ascendance de qualité, chrétiennement parlant ! Chers amis, que Dieu nous garde ! Il faut que ce soit Dieu qui nous garde ; nous en avons tous également besoin. Personne ne peut se garder lui-même ; et celui qui veut faire des progrès dans la vie chrétienne a à être gardé durant toute sa vie. « Tu as le nom de vivre et tu est mort » ; tu étais fier de tes vêtements. Ils avaient l’air de dire : Voilà un chrétien descendant d’hommes fidèles ! Le Seigneur dit : « Je viens sur toi comme un voleur ». Il est ajouté « Toutefois tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; et ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes » (3:4). Un nom, c’est un homme, c’est une personne ! Oh, chers amis, comment souille-t-on ses vêtements ? Par les contacts avec le monde. Qui règne, dans le monde ? Le mal. Et le mal qui est dans notre coeur est bien d’accord avec le mal qui est autour de nous. Cela nous fait trop souffrir, tous les jours, pour que nous l’ignorions.
Quelques-uns n’ont pas souillé leurs vêtements ; ils n’ont pas aimé ce qui est brillant, dans le monde. Chers amis, que le Seigneur nous garde ! Ce n’est pas que nous voulions abaisser qui que ce soit, ni les valeurs humaines, mais elles sont d’un ordre différent des valeurs chrétiennes. D’ailleurs, ce qu’il y a de supérieur dans un homme, c’est la valeur morale. Les valeurs morales sont infiniment supérieures à toutes les valeurs intellectuelles, parce qu’elles sont, chez le chrétien en particulier, un reflet de ce que Dieu est en lui-même, de la nature de Dieu. Il n’y a rien de supérieur, rien qui arrive au bord de cela. L’intelligence pense, mais ce n’est pas par la pensée que l’homme saisit Dieu ; c’est par la nature de Dieu qu’il jouit de Dieu et en reflète quelque chose. Mais ce qui est de Dieu est absolument hors de la portée de la pensée de l’homme. C’est ce qui fait que, pour honorer Dieu le plus possible, il ne suffit pas de penser, d’agir, d’une manière noble, mais d’abord de recevoir ce que Dieu donne, la nature divine. C’est celle qui fait un chrétien. Je suis chrétien parce que Dieu m’a donné la nature divine ; cette vie est dans son Fils. Voilà ce qu’est un chrétien. Celui qui n’a pas le Fils n’a pas la vie. C’est ce qui fait que des personnes illettrées — on en trouverait certainement, dans divers pays — vivant en communion avec Dieu, font briller la gloire de Dieu dans leur vie d’une incomparable façon. Elles ne savent pas beaucoup parler, mais on voit Dieu briller dans leur façon d’être, de parler, de se comporter, dans les diverses circonstances qu’elles traversent. C’est supérieur à tout. Ce qui est le reflet de la gloire de Dieu dans les chrétiens, c’est la vie de Christ en eux. Dieu dit : J’ai écrit Jésus en vous ; je l’ai placé dans votre coeur ; montrez-le. Rien n’approche de cela. C’est infiniment au-dessus de toutes les autres valeurs, quelles qu’elles soient.
« Ils n’ont pas souillé leurs vêtements ; ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes ». Quelle chose que le Seigneur dise qu’ils en sont dignes, quelle parole ! Il est dit, dans l’épître aux Hébreux, des fidèles persécutés, que le monde n’était pas digne d’eux. Le monde n’est pas digne de ceux qui ont à coeur la gloire de Dieu.
Nous avons le trésor de la connaissance de Dieu « dans des vases de terre » (2 Cor. 4:7), un vase grossier. C’est ce que nous sommes. Sardes n’a pas pu le supporter, et a voulu embellir ce vase. S’il est embelli, ou il ne contient pas le trésor, ou il ne peut pas le manifester. Parce que le vase de terre, Dieu le brise, et c’est à travers un vase brisé que la vie divine apparaît. Chers amis, faisons bien notre compte de ceci, que c’est au milieu de gens instruits à être petits que le Seigneur est à son aise. Faisons bien notre compte, chers amis, que le Seigneur nous tient abaissé, nous brise de bien des manières, parce qu’il veut se manifester en nous, dans notre coeur et dans notre vie. Que le Seigneur nous remplisse de ces choses. Nous avons à veiller, et à nous rappeler que l’humilité peut se trouver dans toutes sortes de conditions d’existence. Il ne faut pas croire que quelqu’un qui est dénué de toute ressource extérieure, et même de tout caractère mondain, est nécessairement humble ; pas du tout. L’humilité est réalisée lorsque le Seigneur Jésus agit dans notre coeur, remplit notre coeur, tient en bride en nous ce qui doit être tenu en bride, c’est-à-dire ce moi au visage multiple, et qu’il nous occupe de Lui, nous remplissant de la jouissance de lui-même, de joie et de communion avec Lui. Voilà celui qui est humble. Il pense à Christ, aux brebis de Jésus. Il pense aussi à lui-même, mais pour une chose que nous ne faisons pas assez, pour se juger. Nous pensons peut-être du bien de nous, alors que nous sommes appelés à penser à nous pour nous juger.
« Ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes » ; et il est dit aussi de celui qui vaincra que le Seigneur n’effacera pas son nom du livre de vie. Mais il effacera le nom de tous ceux qui se réclamaient de Lui simplement parce qu’ils avaient de bonnes habitudes chrétiennes.
Que le Seigneur nous fasse jouir de Lui. Y aurait-il quelqu’un qui ne le connaisse pas ? Qu’il crie à Lui, qu’il demande. Le Seigneur répond. Et, quant à nous tous qui lui appartenons, qu’Il nous donne de prier les uns pour les autres. Et que sa vie brille en nous pour sa gloire, pour sa joie et pour notre joie.
[LC n° 156]
18 janvier 1959
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 397
La venue du Seigneur, présentée dans les quatre dernières épîtres de Jean « aux sept assemblées qui sont en Asie » (Apoc. 1:4), est une vérité très connue, mais elle sert souvent d’oreiller de paresse, d’oreiller pour dormir. Le chrétien n’attend pas des événements prophétiques ; aucun ne se réalisera entre le moment où il est converti et son départ. La prophétie, dont le centre est Jérusalem, est pour la terre, pour les Juifs, pour les nations, pour l’Europe occidentale, pour l’Europe du nord, pour l’ensemble du monde. Mais la venue de Jésus pour enlever les siens n’est pas un fait prophétique ; c’est une vérité chrétienne. Nos devanciers, auxquels on trouve parfois que certains frères se réfèrent trop souvent, avant d’être des docteurs inégalés, furent des chrétiens pour qui la connaissance de Jésus a changé la vie intérieure. Au lieu de s’efforcer, leur vie durant, d’associer les joies chrétiennes et les joies terrestres, ils ont laissé toute la place à Jésus dans leur coeur. La venue de Jésus est une vérité qui s’inscrit dans le coeur. On n’a pas besoin de dire à un malade qui souffre, et qui pense bientôt mourir, qu’il faut veiller. L’exhortation s’adresse bien plutôt à ceux qui dorment ou sont en danger de s’endormir. Et on peut dormir en étant très fidèle extérieurement pendant toute une vie chrétienne. Ces vérités nous pèsent à la balance de Dieu, et nous sentons que nous sommes très légers. Que le Seigneur nous aide à ne pas nous abriter sous le manteau de la profession du siècle dernier ; elle ne vaut pas mieux que celle de la grande maison chrétienne.
L’épître à Thyatire est la première où il est parlé de la venue du Seigneur. Thyatire, c’est la papauté, et son manteau couvre la chrétienté jusqu’à la venue du Seigneur. Elle renferme des choses remarquables et des choses terribles : « Je connais tes oeuvres » (2:19), dit le Seigneur à Thyatire, comme il dit à chacun : « Je connais tes oeuvres, je connais très bien les prétentions de ton coeur ». « Je connais… tes dernières oeuvres qui dépassent les premières ». L’histoire nous apprend que Thyatire a fait de grandes choses ; il y a eu dans son sein des témoignages d’une qualité exceptionnelle. C’est une grande leçon de modestie, à nous qui nous croyons volontiers les meilleurs chrétiens depuis les apôtres. Il n’est pas mauvais de connaître l’histoire de chrétiens qui ont vécu dans des conditions tragiques, pourchassés par des autorités impitoyables, persévérant dans la crainte du Seigneur, cherchant à le connaître toujours plus, pas toujours très avancés dans la doctrine, professant même des erreurs ; ils ont souvent sacrifié tout leur bien-être, refusant toute association de leur foi avec le monde, persécutés mais honorés du Seigneur. Voilà les premières oeuvres, et les dernières qui dépassent les premières. Il n’est pas mauvais de dire cela. Il est difficile de connaître toute la vérité, parce que des historiens, ennemis de ces témoins, ont faussé volontairement l’histoire, mais le Seigneur le sait. Ces croyants, emportés par des fausses doctrines, ont été pourtant très fidèles au Seigneur, même si, au cours des siècles, des historiens se sont employés avec malice à souligner leurs erreurs de doctrine pour annuler la valeur de leur témoignage.
Jésabel apparaît dans l’assemblée à Thyatire ; c’est une femme qui se dit prophétesse. Au milieu de cet état de choses, le Seigneur demande aux fidèles de tenir ferme ce qu’il leur a donné, de vaincre et de garder ses oeuvres (2:25-26). En quoi pouvons-nous vaincre aujourd’hui, et qu’est-ce que nous avons à vaincre ? Aux fidèles de Thyatire sont données d’une part autorité sur les nations, et d’autre part l’étoile du matin. C’est le Seigneur qui donne l’autorité ; c’est lui qui paîtra les nations avec une verge de fer (Ps. 2:9) et qui s’associe les fidèles de Thyatire pour cela. Ce sera pour eux une récompense particulière en raison de ce qu’ils auront enduré de la part de ceux qui détenaient l’autorité, sans que les autres croyants n’en soient écartés pour autant.
« Je lui donnerai l’étoile du matin » (Apoc. 2:28) ; c’est Christ, le soleil de justice, qui va paraître pour éclairer, réchauffer, vivifier et apporter la bénédiction à toute la terre pendant le millenium. L’Église ne sera plus sur la terre, mais avec le Seigneur. Chaque croyant, instruit dans la vérité aujourd’hui, est-il sûr de recevoir l’étoile brillante du matin ? Pas du tout. L’étoile du matin n’est pas une vérité, mais une récompense promise au vainqueur. Si un chrétien est endormi et ne pense pas au Seigneur, s’il est enfoncé dans la poursuite de ce qu’il convoite, il sera enlevé par le Seigneur à sa venue, mais ne connaîtra pas la joie du fidèle qui veille, qui attend le Seigneur et qui verra ses voeux comblés à sa venue. La perception de l’étoile du matin est un état d’âme pratique, non pas une vérité abstraite ; c’est la joie que le Seigneur apportera à celui qui l’aime. Celui qui aura recherché ses aises pendant toute sa carrière chrétienne n’y pense même pas. Aucun rayon de l’étoile du matin n’a pénétré dans le coeur de celui qui aura eu tout ce qu’il voulait sur la terre ; elle n’apportera aucune joie à son âme, mais plutôt déception et regret. Et la pensée de la venue du Seigneur à tel ou tel moment ne produit-elle pas en nous, frères et soeurs, même âgés, de la gêne au lieu de la joie ?
Nous avons besoin de réviser nos façons de voir et de penser : les vérités divines placées dans nos esprits ne doivent pas être classées une fois pour toutes. L’étoile du matin est une bénédiction en rapport avec l’état propre de l’âme. Traitons-nous la Parole de Dieu comme une archive familiale ou comme une lecture profane ? Le Seigneur vient. On a dit quelquefois que nous ne devions pas souhaiter la venue du Seigneur pour nous délivrer de nos peines ; bien sûr ! Nous serons pourtant bien contents d’en être délivrés, et de nos combats, et de nos travaux. Mais la joie exprimée par la promesse de l’étoile du matin est autre : si mon coeur aime Jésus, je désire qu’il vienne ; mon coeur l’exprime à Jésus sans que personne d’autre ne l’entende. Nous serons heureux de voir ces fidèles de Thyatire, et ceux de Smyrne, et même les croyants d’Éphèse qui ont abandonné leur premier amour. Ils auront chacun leur couronne, et elle ne sera pas mise à faux. Les martyrs de Smyrne seront là, ceux qui auront aimé le Seigneur plus qu’un époux, qu’une épouse, qu’une mère ou qu’une fille. Nous verrons une main qui ne se trompera pas déposer sur leur tête une juste couronne. Notre joie sera comblée de les voir, ceux qui n’auront pas manqué leur carrière chrétienne, qui, à cause de la confession du nom du Seigneur, auront été conduits à la mort et auront vaincu, plus même que la crainte de la mort, les sollicitations d’un être cher qui leur disait : « Garde ta confession dans ton coeur, ne te compromets pas pour Christ. Le Seigneur sait bien que tu l’aimes », alors que le Seigneur leur disait : « Sois fidèle jusqu’à la mort » (2:10). Un silence peut avoir la valeur d’un reniement. Le Seigneur lui-même a dit : « Je n’ai point célé ta bonté et ta vérité » (Ps. 40:10). Quant à nous, combien auront manqué leur carrière sans en avoir l’air, à cause d’une vie trop facile ! Personne n’oserait dire qu’il juge les choses toujours ainsi, mais tendons-nous vers ce but ? Sans difficultés, il n’y a pas de victoire à remporter. Celui qui dit : « À celui qui vaincra » sait ce que c’est que vaincre et ce qu’il faut vaincre.
Sardes est le déclin du protestantisme peu après la Réformation où l’Esprit de Dieu a fait réapparaître des vérités fondamentales, comme la justification par la foi ; mais l’ensemble des vérités chrétiennes n’a revu le jour qu’au témoignage du siècle dernier. La Réformation a fait beaucoup plus de bruit que le témoignage de Philadelphie, parce que ses promoteurs se sont mêlés au monde et à la politique ; ils se sont servis du bras séculier et des puissances humaines ; plus d’une fois, ils ont pris l’épée dans leur main. Philadelphie, sans force, ne s’est appuyée sur rien, sur aucune puissance humaine, sur aucune puissance d’argent ; les Philadelphiens en avaient, ils l’ont laissé : ni argent, ni violence. Un éclat d’une pureté qu’on ne trouve que là : pas d’autre appui que Christ. S’appuyer sur les choses de ce monde, sur les honneurs de ce monde, c’est renier et outrager le Seigneur.
« Tu as le nom de vivre, et tu es mort » (Apoc. 3:1). On peut avoir le nom de vivre, et être inconverti. Le Seigneur est plein de grâce, mais que de fois il paraît impitoyable. « Mais, dit-on, je suis aussi fidèle que celui-ci, je marche aussi bien que lui, peut-être mieux encore, je sais beaucoup de choses, je prends la cène ». Il faut s’arrêter à cela : « Tu as le nom de vivre ». Si le Seigneur venait à cet instant, resterait-il quelqu’un sur ces bancs ? En Dieu seul se trouve la vérité. Ni les circonstances, ni le monde, ni vous-mêmes ne sont un appui sûr : un jour cet appui vous manquera, et vous sentirez un abîme sous vos pieds. Telle est la valeur de la vérité révélée. Sommes-nous prêts à lâcher le manche de notre outil à tout instant ? Quelle est la raison d’être des frères dans ce monde, s’ils ne sont pas cela ? Quand une personne est convertie, elle peut partir ; il peut lui arriver n’importe quoi, jamais le mot « malheur » ne sera prononcé comme une menace sur sa tête, jamais, quoi qu’il arrive. Le malheur est terrible, quand il sort de la bouche de Dieu : « Malheur, malheur, malheur, à ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 8:13). « Tu as le nom de vivre, et tu es mort ».
« Je viendrai sur toi comme un voleur, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai sur toi » (3:3). On ne désire ni on n’attend un voleur. Et bien, le Seigneur viendra à Sardes comme un voleur, comme il viendra pour le monde, pour ceux qui dorment la nuit (1 Thess. 5:2-6) ! Le protestantisme, issu de la Réformation, est devenu comme le monde. Il a mondanisé au lieu de s’attacher au Seigneur et de recevoir la vérité vivante que la Réformation avait mise en évidence ; il est devenu amateur de puissance, d’honneur et de titres. Cela est devenu fréquent aujourd’hui.
« Tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; et ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes » (Apoc. 3:4). Des âmes, pendant toute une vie chrétienne, se sont trouvées seules dans ce milieu, n’étant pas éclairées pour aller ailleurs, n’ayant pas connaissance d’autre chose ; pendant toute une vie, elles auront cultivé leurs rapports avec le Seigneur, sans personne autour d’elles pour les éclairer, pour les aider, toutes seules, n’ayant communion avec personne : ce n’est pas rien pour le Seigneur, cela, et c’est beaucoup plus que ceux qui, aujourd’hui, se décident à aller faire du bruit dans le monde en prêchant l’évangile, avec orchestre de toute nature ; c’est un outrage permanent à l’égard du Seigneur. « Ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes ». Quelle beauté morale ! Il y aura sans doute bien des regrets quand nous serons avec le Seigneur, on peut le penser ; en tout cas, il y aura une juste appréciation de ce que nous aurons fait, le tribunal de Christ n’est pas pour rien. Quand nous en serons là, nous dirons : « Mais comment, avec toute la Parole de Dieu, comment me suis-je laissé aveugler au point de ne chercher que l’apparence, de me contenter d’un beau manteau sans chercher le Seigneur dans mon coeur, tout frère que j’étais ? ». Notre vie chrétienne n’est pas une promenade au milieu des apparences, comme la vie du monde : « Certainement l’homme se promène parmi ce qui n’a que l’apparence » (Ps. 39:6). Et nous aidons souvent les jeunes à se bercer de cette illusion que ce qui se voit est la réalité. La réalité est dans notre coeur. Quand on a le ciel dans son âme, l’apparence n’a plus de prix.
Le Seigneur vient enlever les siens, et le monde ne le saura pas. La Parole ne donne pas de détails ; elle ne nourrit pas la curiosité, même des chrétiens. La curiosité est toujours charnelle. Au bout d’un certain temps, la prophétie reprendra son cours et le Seigneur viendra pour juger le monde, comme un voleur dans la nuit, et pour juger l’esprit de Sardes devenu mondain tout en se réclamant du Seigneur.
Laodicée est le terme final de l’ensemble protestant, caractérisé par l’influence de la Bible. C’est un état singulier qui ressemble à un visage chrétien, qui se dit chrétien avec de hautes prétentions. Laodicée est quelqu’un qui sait tout, qui parle de tout, qui est riche et qui n’a besoin de rien. Il se croit bien vêtu, doué de beaucoup de discernement. C’est le christianisme des derniers jours qui est la composante de Sardes et de Philadelphie, de la prétention de Sardes à être dépositaire du travail accompli par le Seigneur à la Réformation, et de la richesse des vérités chrétiennes, remises à jour par Philadelphie, qui ne sont plus vécues en réalité et en sincérité. Laodicée est devenue un jeu de l’esprit, au lieu d’être une action sur le coeur et la conscience ; c’est le risque que nous courons aujourd’hui dans les assemblées.
« Tu es tiède… ni froid ni bouillant » (3:16). La tiédeur, c’est l’indifférence. On est prêt à parler des choses chrétiennes, de Dieu, de Jésus, du jugement, du péché, de ce qu’on veut ; on fait des discours, on écrit des livres, et le coeur ni la conscience ne sont engagés pour autant. Cet esprit se développe, non pas dans la sphère de Thyatire, mais dans celles de Sardes et de Philadelphie. Tiède à l’égard de Christ, comme quelqu’un qui a une pierre dans sa main, prêt à la jeter à celui qui parle de Jésus. Aujourd’hui on est large, tolérant ; on peut dire de Jésus ce qu’on veut. On veut tout expliquer avec son intelligence naturelle, sans que sa conscience et son coeur ne soient touchés. C’est une abomination, et le Seigneur dit : « Je vais te vomir de ma bouche » (3:16).
Le Seigneur est à la porte de Laodicée ; si quelqu’un est là et entend l’appel de Jésus, le Seigneur l’invitera à souper avec lui. Sa récompense ? Il s’assiéra avec lui sur son trône ; c’est la plus vaste de toutes les récompenses qu’un chrétien puisse obtenir de la main du Seigneur.
Que le Seigneur nous soit en aide, pour nous tenir auprès de lui devant les hommes, mais d’abord quand nous sommes seuls. Qu’il soit notre joie et notre force !
[LC n° 157]
Le Riou — 12 août 1964
Nous nous arrêterons surtout sur l’assemblée de Laodicée. Mais on ne peut guère la séparer de la lettre écrite aux deux autres assemblées. Tout se rapporte à ces temps, qui sont les temps fâcheux de la fin, préparés peu à peu, mais arrivant maintenant à leur pleine manifestation. C’est la fin de ce qui est appelé, dans le premier chapitre, « les choses qui sont » (v. 19). Jean devait rendre témoignage des choses qu’il avait vues, c’est-à-dire de la vision du Seigneur comme le Fils de l’homme, ayant en main tout l’appareil du jugement judiciaire qui lui appartient ; puis des choses qui sont, tout ce qui se rapporte la période de l’histoire de l’Église sur la terre ; et ensuite des choses qui doivent venir après celles-ci, et qui font l’objet des visions prophétiques, qui commencent au chapitre 4.
Dans les chapitres 2 et 3, les sept lettres aux diverses assemblées d’Asie présentent tout ce qu’il est important de savoir concernant la pensée du Seigneur, en tant que juge, et comme celui qui prend pleinement connaissance de toutes choses à l’égard de ce qu’est le témoignage rendu, sur la terre, par cette Église, cette Assemblée, qu’il a laissée ici-bas pour attendre son retour et, en l’attendant, rendre témoignage de lui, porter sa lumière. Ce sont les sept lampes d’or. Il marche au milieu des sept lampes d’or.
Il ne s’agit pas ici de l’Église, de l’Assemblée, telle qu’elle nous est présentée ailleurs, dans les Éphésiens, dans l’épître aux Corinthiens, et dans l’épître aux Colossiens, comme le corps de Christ lié à la tête glorifiée dans le ciel, et possédant en lui une position qui ne peut être atteinte en aucune manière. Il s’agit ici de l’Église vue ici-bas, avec une responsabilité particulière. Et le Seigneur lui parle selon ce qu’elle a manifesté, selon qu’elle a répondu à cette responsabilité. Comme toujours pour tout ce qui est confié à l’homme (même s’il s’agit de privilèges aussi élevés que sont ceux de l’Église, et même s’il s’agit d’hommes qui ont été les objets d’une opération puissante du Saint Esprit et de la Parole, de sorte que leur nouvelle naissance les a introduits dans ce domaine béni de la famille de Dieu et du corps de Christ, avec l’Esprit Saint descendu les baptisant ici-bas et opérant en eux), comme toutes les fois que quelque chose est confié à l’homme, celui-ci se montre incapable de le garder intact.
L’Église a manqué à son témoignage, comme Israël avait manqué au sien ; de sorte qu’il devrait y être mis fin. Mais de quelle manière ? S’il s’agit de la fidélité de Christ à ses promesses, on le trouvera parfaitement fidèle. « Il se la présentera glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable » (Éph. 5:27). Mais s’il s’agit de l’Église visible et du témoignage, qui a été si altéré, dans ce monde, jusqu’à une ruine complète, alors c’est le jugement, le jugement commençant par la maison de Dieu. Quand le Seigneur vient exécuter le jugement à l’égard de la terre, c’est ce qui a porté son nom ici-bas qui est d’abord l’objet de son intervention en jugement.
C’est donc l’Église responsable que nous avons, au cours de ces sept épîtres. Ce qui ne veut pas dire que le Seigneur ne voit pas, en elles, ce qui est si précieux à son coeur. S’il y a ce côté de l’Église responsable, il y a là aussi ceux qu’il aime, ceux qu’il nourrit et chérit, ce qui est son corps. Et il travaille toujours à la purifier par le lavage d’eau par la Parole (Éph. 5:26). C’est pourquoi il a fait écrire, et le Saint Esprit fait entendre, aux assemblées, aux différentes expressions qu’aura prise, ici-bas, l’Église, sous son caractère d’Église responsable et visible.
Je tiens à souligner ce fait, que le Seigneur parle tout à la fois à un ensemble, où se mêlent le travail de l’homme et le travail de l’Esprit, l’Église responsable. Et il parle à ceux qui peuvent entendre, au milieu de cet état de choses, et qui, alors, constituent bien l’Église telle que lui la voit.
C’est pourquoi, même dans l’assemblée dont l’état est le plus lamentable, nous trouvons des expressions d’amour : à Thyatire, lorsqu’il s’agit de ceux qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan ; à Laodicée même, quand il dit : « Je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ». Mais n’oublions pas le caractère que le Seigneur revêt ici, tout au long, qui est celui qui connaît les oeuvres, mais qui, par delà les oeuvres, sonde les coeurs, sonde les reins, et qui rend, au moment voulu, la rétribution voulue.
Un fait qui est bien remarquable, c’est qu’il ne s’adresse pas directement à l’assemblée comme telle. Il n’y a pas cette intimité qu’il y aurait si les choses étaient parfaitement convenables, si le témoignage répondait à ce qu’il a établi. Il parle à quelqu’un. Il y a une personne interposée, l’ange de l’assemblée. L’ange est le représentant de l’assemblée. Nous trouvons donc là, personnifié, l’état moral de l’ensemble.
Ces anges sont symbolisés par des étoiles. Il y a là une autorité, donc une autorité subordonnée à celui qui est présenté dans le premier chapitre comme celui qui a le visage comme le soleil quand il luit dans sa force. Tout devrait, ici, dépendre de lui, comme étoile portant un caractère céleste, et propre à indiquer les temps et à guider les hommes. Les représentants des assemblées, et les assemblées, ont manqué, l’un après l’autre.
À Sardes, il revendique cette autorité dont on a fait un usage qui ne correspondait pas à toute la gloire et à l’autorité du Seigneur. C’est ce côté donc du témoignage visible et de la responsabilité ici-bas qui se montre, dans ces deux chapitres.
Nous avons, avec Éphèse, un abandon du premier amour. C’est le point de départ. Et, finalement, c’est le motif constant de tout le déclin qui va suivre, et se prolonger jusqu’à la ruine totale. Smyrne, c’est le temps des persécutions, par lesquelles le Seigneur manifeste qu’il y a tout de même, par sa grâce, des témoins fidèles. Et il ralentit, par là aussi, le déclin. Pergame, c’est l’établissement de l’Église parmi les puissances de cette terre, parmi les dominations de ce monde, habitant là où est le trône de Satan. Thyatire, c’est le plein développement de cette puissance temporelle, de ce monde que l’Église a affirmé : une grande puissance de ce monde, s’affirmant comme telle, se liant en partie avec les pouvoirs de ce monde ; et, d’autre part, sur le terrain religieux, établissant toute une organisation — mais en fait, une idolâtrie — mettant de côté les droits du Seigneur. C’est Jézabel agissant, ainsi, au milieu de l’Église. C’est un état de choses qui dure encore, et doit durer jusqu’à la fin. Parce que, avec cette église de Thyatire, il est parlé, pour la première fois, de la venue du Seigneur au résidu fidèle, mais pauvre, faible, ignorant sans doute, et méprisé, qui est à Thyatire. Le Seigneur dit : « Je ne vous impose pas d’autre charge » (Apoc. 2:24).
Avec le troisième chapitre et les trois dernières églises, nous nous trouvons dans un domaine quelque peu différent, et même, à bien des égards, tout à fait différent. Le Seigneur ne revêt pas ici les caractères qu’il avait pris dans le premier chapitre, sauf un. Il a les sept étoiles, mais il ne les a pas dans sa main. D’autre part, nous avons là celui qui a la plénitude des esprits de Dieu, alors que les pensées humaines et l’esprit de l’homme avaient tout dirigé, dans l’édification de cette grande construction religieuse qu’est Thyatire.
Ici, dans les trois dernières épîtres, il ne sera plus question de Jézabel. Il n’est plus question d’idolâtrie. Tout ce qui est reproché ici à Sardes n’est pas de l’idolâtrie, mais un état moral (ce sont des gens qui sont sortis de Thyatire ; c’est, dans l’ordre historique des choses, de ce qui est résulté de la grandeur de la Réformation, amenant toute une grande partie de la chrétienté à se séparer de la papauté). Mais nous avons, avec ces trois épîtres, le développement d’un état moral qui, s’il n’est pas caractérisé par l’idolâtrie de Thyatire, est peut-être, à d’autres égards, inférieur à certains états de Thyatire.
Avec Sardes, nous avons ce qui a le nom de vivre, mais qui est mort. Beaucoup d’apparences, beaucoup d’activités, mais le Seigneur disant : Ses oeuvres ne sont pas parfaites. C’est ce qui est issu de ce grand mouvement de la Réformation, mais où l’homme a apporté sa propre activité, ses propres pensées. Toutefois, il y a ceux qui, là, ont gardé leurs vêtements, ceux qui n’ont point souillé leurs vêtements. De cet état de mal, la grâce de Dieu a voulu tirer, cependant, à un moment donné, et en vue de la fin toute proche, un témoignage selon sa pensée. À Sardes, il avait été dit : Je viens sur toi comme un voleur ; tu ne sais pas à quelle heure je viendrai sur toi. Avertissement solennel ! On peut dire que c’est un des aspects du cri de minuit qui a retenti. Et, l’Esprit de Dieu opérant alors, Dieu a permis qu’il y eut ce témoignage, sans force quant à lui-même, mais s’attendant à celui qui ouvre la porte et nul ne ferme, qui ferme et nul n’ouvre, celui qui est le Saint et le Véritable, et appliqué à garder sa Parole, ne pas renier son nom. Il y a là un témoignage établi par Dieu. Dans quelle mesure, ensuite, a-t-il été gardé ? La responsabilité, de nouveau, intervient. Mais on voit bien qu’il y a quelque chose de tout nouveau, de même qu’il y avait eu quelque chose de nouveau avant Sardes. De même, maintenant, Dieu a voulu susciter ce témoignage ayant le caractère de Philadelphie. Parce que là, il y a peu de force, mais l’attachement à la Parole, la fidélité au Nom, il y a une promesse : « Je viens bientôt », assortie d’un « prends garde », d’un avertissement plein d’amour, de même que la promesse d’être gardé de l’heure de l’épreuve qui vient sur la terre habitée tout entière. « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ». Le Seigneur ne vient pas ici comme un voleur, mais comme celui qui a une couronne dont il veut couronner le vainqueur. Il dit : « Prends garde que personne ne la prenne (ce n’est pas le Seigneur qui veut l’ôter). Mais tu es exposé à te la laisser ravir par d’autres. Il y a une couronne. Combats de telle façon que tu sois couronné ». Dans les temps où nous sommes, le témoignage de Philadelphie va jusqu’à la fin. Mais la responsabilité de chacun est de marcher d’une manière digne de ce témoignage. Et alors là, nous courbons tous la tête.
Avec Laodicée, nous avons la contrepartie. Il n’y a pas de contraste plus marqué qu’entre Philadelphie et Laodicée. L’une et l’autre vont jusqu’à la fin de l’histoire de l’Église responsable, mais avec des traits moraux complètement opposés. À Laodicée, le Seigneur n’a que des reproches à adresser, tandis qu’il n’adresse pas de reproches, mais seulement un avertissement, à Philadelphie. C’est sur le caractère moral de cette assemblée que nous aurons à nous arrêter plus particulièrement. Mais ce qui apparaît, évidemment, c’est qu’il y a là un état qui est résulté, dans la chrétienté, du fait que Dieu avait suscité le témoignage de Philadelphie. C’est ce qui résulte du rejet, par l’ensemble de la chrétienté, particulièrement de la chrétienté du caractère de Sardes, du témoignage de Philadelphie. On n’a pas voulu prendre la place dans Philadelphie ; alors on se trouve dans l’état de Laodicée. C’est ce qui donne tant de solennité, tant de sérieux, qui doit nous mettre en garde, nous amener à nous repentir, et nous amener à confesser combien nous cédons à un tel courant. C’est l’état moral des derniers jours. Le résultat : « Je vais te vomir de ma bouche ». À qui le Seigneur dit-il cela ? À l’ange de l’assemblée. On ne voudrait pas dire, même s’agissant de l’église de Laodicée, qu’il va vomir une église comme église. Ce n’est pas possible. Mais la forme qu’elle a prise, l’état dans lequel elle se trouve, voilà ce que le Seigneur vomira. Mais, dès lors, il n’y aura plus d’Église sur la terre. Il a parlé de sa venue à Thyatire, et à propos de Sardes : « Je viens sur toi comme un voleur ». Voilà le jugement proche. Mais il a dit, comme promesse, à Philadelphie : « Je viens bientôt ». Il n’y a pas de promesse à Laodicée en tant qu’assemblée. Mais il y a une promesse individuelle, mais sans qu’il soit question du retour. Tout va s’interrompre. Il n’y aura plus de témoignage sur la terre (de ce caractère-là, avec le nom d’église de Christ ici-bas).
À partir du chapitre 4, lorsque s’ouvre le livre des choses qui viennent après celles-ci, il n’est plus question d’Église. Le mot n’intervient plus. Il est question de Babylone, la grande prostituée. Mais c’en est fini pour l’Église.
Ceux qui, parmi nous, ont été, depuis bien des années, enseignés, ceux-là n’ont qu’à courber la tête. Le Seigneur veuille imprimer, sur ceux qui sont responsables parce qu’ils ont tellement reçu, le sentiment de l’humiliation.
Nous avons besoin d’être au clair sur ce que comporte ce témoignage, ce qu’il nécessite pour être rendu. Ceux-là l’avaient compris qui, lorsque le cri de minuit a retenti, ont pris délibérément position contre ce qui n’était que l’esprit du monde, caractérisant ce qui s’appelait faussement l’Église. Ceux-là avaient vu clair. Et la pensée que le Seigneur venait les avait conduit, avec décision, avec énergie, avec dévouement de coeur, à suivre ce qui était le chemin du témoignage. Bien des générations ont passé, depuis lors. Est-ce que l’esprit de ce témoignage a changé ? Si nous, nous avons fait défaut ; si, comme témoins responsables, nous avons manqué à ce qui était notre vocation céleste, il reste établi que ces trois dernières églises vont jusqu’à la fin.
Nous avons là ce qui a suivi le puissant témoignage de l’Esprit de Dieu à la Réformation. Le Seigneur dit à Philadelphie : « Tu as peu de force, mais moi j’en ai ». « Tu as gardé ma Parole » : a-t-elle du prix pour nos coeurs ? « Tu n’as pas renié mon nom » : est-ce que nous mettons au-dessus de tout le nom du Seigneur ?
Nous n’avons pas à nous enorgueillir de ce que nous avons reçu comme un héritage spirituel. Nous n’estimerons jamais assez ce que nous ont légué de chers serviteurs du Seigneur, qui nous ont dit : « Voilà le chemin ». Mais peut-être nous contenterions-nous de savoir ces choses sans les vivre. Alors voilà que le Seigneur va s’adresser à nous comme individus : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ».
Le très grand danger que court notre génération, ou celle qui vient après, c’est de ne pas avoir le sentiment des temps et des saisons, et de croire que ce qui est depuis cinquante ou cent ans, va durer toujours. De nos jours, ce qui donne un immense intérêt à ces passages, c’est qu’on peut presque distinguer ces quatre états :
de Thyatire
,
c’est facile ;
de Sardes
,
c’est un peu moins facile peut-être qu’il y a un demi-siècle ;
de Philadelphie
,
on peut le découvrir encore, sans nul doute ;
les traits de Laodicée
se sont étrangement affermis,
marqués, aggravés, depuis des dizaines d’années. Ne pensons pas que nous sommes
à l’abri de cette déchéance. Des Laodicées, il est probable qu’il serait facile
d’en découvrir, dans les rassemblements des saints — je ne dis pas des
personnes à tendance laodicéenne, car lequel d’entre nous ne pourrait pas
avouer qu’il peut être caractérisé, quelquefois, par de telles tendances — mais
d’authentiques laodicéens.
Les exhortations que nous donnent ces passages sont très profondes, parce qu’elles touchent à la position ecclésiastique, idée inséparablement liée à celle du témoignage. Les quatre premières assemblées vont ensemble. C’est ce qu’on a appelé la succession apostolique. Les quatre dernières vont ensemble. Thyatire, nous savons ce que c’est ; et les autres sont l’histoire du protestantisme. Cela commence à Sardes, avant Sardes même. Nous y sommes. Thyatire est là. Sardes, Philadelphie, Laodicée, sont là. Nous considérerons les caractères moraux de ces assemblées, sans les considérer aussi dans leur place historique.
Sardes, c’est ce qui est issu de la Réformation. Ce n’est pas la Réformation elle-même, parce que c’est le Saint Esprit qui avait produit cela ; et il ne peut pas juger ce qu’il a fait. Mais il juge la déchéance qui a suivi. Tout ce qui a été fait n’était sûrement pas selon l’Esprit de Dieu. Il y a des choses qui ont été faites, lors de la Réforme, dont on sent très bien qu’elles ne peuvent pas avoir leur place à Philadelphie. Là, il y a moins d’éclat, moins de bruit. Mais la qualité interne, à Philadelphie, est tout autre. On ne se représente pas un vrai philadelphien disant ou faisant ce qu’ont fait les réformateurs que le Seigneur a suscités. La tache était autre, dans les deux cas. Sardes, c’est le protestantisme qui est devenu mondain. N’insistons pas sur cela ; car nous avons aussi des caractères de Sardes, à cet égard. De sorte que les exhortations sont universelles, même spécifiquement données à une assemblée. Elles ont une valeur universelle et permanente, pour un individu comme pour un corps de chrétiens, ou pour le témoignage entier.
Le Seigneur, à Sardes, vient comme un voleur, parce que Sardes aura sombré dans le monde. Le Seigneur vient comme un voleur pour le monde. Le monde est une plaie, pour le christianisme. Dans cet état de choses, à Sardes, le Seigneur en voit qui ont des vêtements blancs. Nous en connaissons qui ont gardé la crainte du Seigneur, l’amour du Seigneur, et un grand souci de rectitude dans la marche. Des vêtements blancs, c’est ce qui paraît dans un homme, et ce qui se voit extérieurement, la manifestation extérieure, chez un chrétien, de Christ lui-même. En effet, l’intégrité morale, le sérieux, était un trait de Sardes, de ses descendants. Sans nul doute, ce trait va parfaitement bien à un philadelphien. Ce trait est souligné à Sardes, au milieu des vêtements mondains dont se sont couverts les vêtements de la réformation. Le Seigneur voit un résidu dans les ruines : « quelques vêtements ». « Ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes ».
Comme la Parole de Dieu est puissante, à la fois pour condamner et pour encourager ! Dieu ne peut pas bénir sans sonder, et il ne peut pas sonder sans bénir.
Il est toujours encourageant de rencontrer l’un de ceux de Sardes qui n’ont point souillé leurs vêtements, et, de même, de nous approcher de ceux que le Seigneur appelle « les autres », à Thyatire. Ce sont des individus conséquents avec ce qu’ils ont reçu, et attachés à la Parole de Dieu, dans la mesure où la lumière leur a été accordée. Nous serions de parfaits sectaires, si nous ne les reconnaissions pas. Dieu ne leur demandera pas autre chose que d’être fidèles à ce qu’ils ont reçu.
Pour nous, la chose est différente, bien chère jeunesse chrétienne. Il s’agit de cette obéissance de la foi, cette soumission à la Parole de Dieu, cet attachement à la personne du Seigneur.
Que nous le voulions ou non, au contact de la vérité que nous avons reçue, nous sommes responsables, selon ce privilège, et dans la mesure où nous savons ce que représentent Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes et Laodicée. Nous sommes responsables des leçons qui se dégagent des vérités, dans la mesure où nous les connaissons. Nous sommes à la fin de toute cette histoire. Une génération est responsable de tout ce qui précède.
Le Seigneur jugera de la fidélité de chacun. Cela nous sort de nous-mêmes, et nous garde de croire qu’il y a, et qu’il y a eu, au monde, des chrétiens fidèles, uniquement chez les frères. Cela doit aller de pair avec un sentiment de très grande responsabilité, pour tenir ce qui nous a été confié, et être exercés pour marcher selon ce qui nous a été enseigné. Quand nous pensons à un fidèle de Thyatire, un homme en vêtements blancs de Smyrne, même sans le connaître, et qui aurait marché, toute sa vie peut-être, solitaire, sans beaucoup d’appui fraternel, nous comprenons que ce chrétien, qui aura été fidèle, aura eu besoin de plus de piété que nous, et aura eu beaucoup plus de fidélité, de foi, que nous, qui avons été gardés par les frères qui nous entourent, et d’autant plus portés qu’ils sont plus nombreux.
[LC n° 158]
5 décembre 1971
D’une façon générale, ces chapitres remplissent l’intervalle entre les récits donnés dans les épîtres, et la venue du Seigneur. La naissance de l’Église a eu lieu à la Pentecôte. Les Juifs ont été des ennemis. Le Seigneur appelle Paul, un serviteur qui fut remarquable. C’était l’ennemi le plus acharné contre l’Église. Dieu en fait le serviteur le plus fidèle.
D’après les récits que nous donnent les apôtres, la vie des assemblées n’était pas idéale. Dieu ne fait jamais de l’histoire. Quand il en fait, c’est toujours pour nous donner des instructions morales. Dieu n’amuse pas les âmes. Nous, nous cherchons à amuser les âmes, même en présentant la Parole. Nous n’en avons pas le droit. C’est trop solennel. Il vaudrait mieux ne rien faire, ne rien dire, et prier.
Notons encore que là, dans l’assemblée, le Seigneur se promène. Et il se promène les yeux ouverts. Il voit tout. Rejetons cette pensée, que le Seigneur ne fait qu’entourer son Église de ses tendres soins. Il ne fait pas que cela. Il la surveille. Il se promène comme quelqu’un qui a les yeux comme une flamme de feu. Tout sera apprécié par lui-même. Il se rend compte de tout. On a l’air de se moquer des frères, parce qu’ils n’ont aucune organisation. Mais ils ont le Seigneur avec eux, et le Seigneur de tout. Et il se charge de ses affaires. Si quelqu’un fait mal son travail, il se charge de le remplacer, ou même de le châtier.
Il a suivi de près l’histoire de Corinthe. Il l’a suivie de très près. C’est écrit là, pour toujours. À combien d’entre nous le Seigneur ne serait-il pas en droit de dire : « J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour » (Apoc. 2:4) ? Par quoi a-t-il été remplacé ? Par mes intérêts à moi. Pour ce qui est dans l’assemblée et en dehors de l’assemblée, par quoi ai-je remplacé les intérêts du Seigneur ? Par mes intérêts.
Le Seigneur vous demande une chose, votre coeur. Ce qu’il veut, c’est votre coeur. On peut faire beaucoup de choses. Ce qu’il veut, c’est notre cœur. Pour qui faites-vous ceci ou cela ? Où est votre coeur ? Vous voulez des directions, des encouragements ? Voilà le chemin. Que le Seigneur nous garde. Vous pouvez avoir une famille, faire votre vie, sans pour cela perdre votre premier amour toutefois, en le faisant passer le premier, en toute chose. Oh, chers frères et soeurs, que le Seigneur nous donne d’être beaucoup plus simples et vrais ! La vie sans lui est un calvaire.
Ne poussez pas les jeunes dans un service. Vous pourriez perdre leur vie toute entière. On ne les pousse pas au service. Ce qu’il leur faut, c’est avoir affaire au Seigneur, le coeur attaché à lui. C’est cela, la piété !
Sardes : « Tu as le nom de vivre, et tu es mort ». Nous pouvons, nous aussi, avoir eu, dans notre vie, le nom de vivre, et avoir été mort. Nous pouvons avoir été, un certain temps, attachés au Seigneur. Et puis, un beau jour, il y a eu une éclipse. Notre attachement pour le Seigneur, et les caractères qui en découlaient, ont disparu. Tu as une réputation qui ne correspond pas à ce que tu es. N’y a-t-il rien pour nous, en cela ? Si nous aimons le Seigneur, nous n’avons nul besoin de chercher à nous faire valoir. Faire cela serait déjà abandonner son premier amour.
On a vu un frère, une soeur, qui avait une réputation de piété. Puis, un jour, cela a disparu. L’amour du monde, la paresse spirituelle, et bien des choses semblables, en ont pris la place. « Toutefois tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements » (v. 4). Le nombre des fidèles se compte.
Un de nos anciens frères disait : « Ne nous plaignons pas, frères, car les prisons sont les collèges par lesquels le Seigneur nous fait passer ». Que Dieu nous garde de toute accoutumance aux choses de Dieu. Ce qu’il nous donne est aussi nouveau au commencement qu’à la fin de la journée. Rien de ce qu’il donne ne lasse. Ce qu’il donne est toujours nouveau. Voyez les hommes de ce monde : c’est une course effrénée ; et jamais ils ne sont satisfaits.
v.5 : « Celui qui vaincra… je n’effacerai point son nom du livre de vie ». Est-ce inutile à dire ? Voilà une assemblée, celle de Paris. Si on nous demandait de faire la liste des personnes qui sont ici, que ferait-on ? On inscrirait les personnes qui prennent la cène. Mais serait-il sûr que, dans toute cette liste-là, il ne s’y trouverait pas, un jour, des noms effacés ? Entre un vivant et un mort, le Seigneur fera toujours la différence. Le Seigneur regarde sa liste à lui. Et c’est ainsi, chers frères et soeurs, que se fera un contrôle final. Lui-même exercera le contrôle. C’est « je » ! Qu’on se souvienne que, tôt ou tard, chacun aura affaire au Seigneur.
N’affaiblissons jamais le fait d’un rassemblement comme celui-ci. Il est très dangereux de faire parti d’un groupe de chrétiens, sans passer par Christ, et par Lui seul. C’est le propre de la Parole, d’être droite, et d’être parfaite. Elle est la vérité. Autrefois, il y avait des frères plus simples, qui disaient la vérité. Ils étaient peut-être aussi plus durs. Ce n’était pas plus mal.
Quand le Seigneur remplit une âme, elle le sait très bien. Elle sait qu’il est là. Nous avons besoin de peser cela. Comme toutes ces choses sont riches et pratiques ! Notre vie avec Christ aura d’abord des conséquences morales, et ensuite extérieures.
Puis, il y a Philadelphie. Cette période a été souvent passée sous silence. L’oeuvre fut plus profonde que celle de la Réforme, sans toutefois abaisser la valeur du temps de la Réforme. À Philadelphie, la Parole a été creusée très profondément. Maintenant, elle nous est devenue trop familière. À Philadelphie, l’amour des frères pour l’Écriture était inégalable. Ils avaient du respect pour elle. Ils avaient conscience qu’on ne pouvait entrer dans ces choses que par le Saint Esprit. Il arrive souvent que des frères cherchent la lumière à travers le dédale des ténèbres. Elle ne vient pas de là, mais de Dieu. Et c’est la même lumière qu’au commencement. Il n’y en a pas deux. Un chrétien, c’est Dieu dans un homme. Si nous honorions Dieu davantage, nous pourrions faire face à tout l’univers ; et nous pourrions faire face à tout. Est-ce excessif, cela ? Voyons le brigand sur la croix. C’est le seul qui fut sage.
v. 8 : « Tu as gardé ma Parole, et tu n’as pas renié mon nom ». Cela veut dire quelque chose. Ce n’est pas une question de mémoire ; parce qu’alors, ce seraient ceux qui ont de la mémoire qui seraient les plus fidèles. Mais « tu l’as gardée dans ton coeur ». « Que la Parole… habite en vous richement » (Col. 3:16). Tu l’as laissée passer avant tes pensées à toi. Impossible de surmonter nos pensées, les tentations qui se présentent à nous, sans la Parole ; impossible ! Dans les assemblées, c’est tout pareil. Mes intérêts doivent être mis de côté. Le Seigneur est sensible à notre attachement pour lui. Si vous n’avez pas le même service que nos fidèles devanciers, vous pouvez avoir au moins le même attachement pour le Seigneur. Si vous cherchez à tergiverser, c’est que déjà vous avez abandonné votre premier amour.
Si le Seigneur se présentait là, et si le Seigneur disait, à haute voix, tout ce qui se fait dans le secret, il y a bien des choses qui ne se feraient pas. Y a-t-il une différence parce qu’on ne voit pas le Seigneur ? Son nom, c’est lui-même. Nous sommes réunis en son nom, c’est-à-dire autour de sa personne.
Ne pas rechercher la volonté du Seigneur, ne pas rechercher quelle est la pensée du Seigneur, en toute chose, c’est renier son nom. Voyons où on a commencé à l’abandonner. Si nous craignions tous Dieu, nous serions gardés de bien des misères.
Il y a des frères qui cherchent à grouper des frères autour d’eux. Est-ce bien, cela ? C’est renier son nom. Les frères du siècle dernier, pour rien au monde vous ne les auriez fait sortir du chemin de sa volonté. Laissons au Seigneur sa gloire. Ce sont ses intérêts. Nous n’avons pas le droit d’associer nos pensées aux siennes. C’est plus graves qu’une attitude grossière. Celle-ci sera réprimée par les autorités ; tandis que, pour celle-là, le monde ne vous gênera pas. Il ne vous dira rien, si vous associez vos pensées avec celles de Dieu.
Ne faisons que ce que le Seigneur veut, et toujours derrière lui. Ne cherchons pas nos intérêts. Si nous avions toujours agi ainsi, que de maux sans nombre auraient été épargnés. Lorsqu’une infidélité se manifeste, l’origine peut être très lointaine : un endurcissement, une négligence, un encouragement à une infidélité. Pour le Seigneur, rien n’a échappé.
Si le Seigneur venait ce soir, qu’il nous soit donné de lui dire : « Seigneur, si tu venais ce soir nous chercher, y aurait-il quelque chose à revoir, à rectifier, dans ma vie ? ». Les détails ne sont pas à négliger. Il y a bien des manières de franchir les frontières.
Notre grande affaire, c’est de marcher devant Dieu. Eh bien, nos frères d’autrefois n’ont pas reculé à montrer leur attachement au Seigneur, jusqu’à la mort. Qu’est-ce qu’il nous demande, aujourd’hui ? On voudrait gagner sur tous les tableaux, si j’ose dire ; c’est-à-dire le ciel et la terre.
Que le Seigneur agisse dans nos coeurs, les transforme, et nous accorde de retourner à ce premier amour perdu !
[LC n° 44]
Lausanne
Il est clair, pour tout croyant qui craint Dieu, qu’il ne saurait se poser de question à l’égard de la valeur de la Parole de Dieu, de sa permanence, de sa suffisance en ce jour du vingtième siècle, et de sa suffisance au même degré que pour ceux qui, au temps des apôtres, ont éprouvé sa force, ou pour ceux qui, au cours des siècles, l’ont fait à leur tour, ou encore pour ceux qui, d’une manière spécialement riche, l’ont fait, au cours des 19° et 20° siècles.
Aucune personne craignant Dieu ne peut être tentée — étant gardée, bien entendu — de chercher ailleurs la lumière de la vérité pour les jours dans lesquels nous sommes arrivés, vérité qui est exactement celle que le Seigneur a donnée, il y a vingt siècles, et qui n’a pas subi l’ombre d’une variation, ni dans sa lettre, ni dans son esprit.
Par conséquent, ce que nous pouvons déjà dire, à quiconque, à nous tous, et à ceux qui voient le terme de leur carrière à une distance peu éloignée, aussi bien qu’à ceux qui la commencent, c’est que la Parole demeure l’unique ressource. Ele a été la ressource unique et suffisante pour tous ceux qui ont déjà vécu dans la période chrétienne, dans cette parenthèse qui peut se fermer ce soir, la parenthèse de l’Église, et qui est celle aussi où toutes les choses de Dieu sont présentées à des personnes qui n’ont pas vu, mais qui ont cru, par le Saint Esprit.
Le grand caractère de cette dispensation, c’est la présence du Saint Esprit sur la terre, chose que la chrétienté a méconnue et rejetée, dans bien des cas. Et si elle ne le fait pas en doctrine, elle le fait en pratique, ce qui est encore plus grave. Nous avons besoin de nous rappeler qu’il nous arrive, à nous aussi, quelque instruits que nous ayons pu être, de le faire également.
Nous n’avons donc pas à attendre des révélations nouvelles. Nous ne sommes pas surpris s’il y a, à droite et à gauche, des prétentions de ce genre. Nous n’avons pas à en être surpris. Ces influences-là n’entament pas le chrétien qui est gardé par le Seigneur.
La source de la lumière, de l’amour, de la grâce, de la vérité, de la paix, du bonheur profond, du bonheur qui a été, dans tous les temps, la vraie force des saints, est dans l’Écriture, que nous avons entre nos mains.
Nous avons donc, tout d’abord, dans 2 Tim., ces deux vérités très importantes, de la présence, de l’action et de l’importance du Saint Esprit, et puis du saint dépôt scripturaire qui a été fait à l’Église, aux saints, et que Dieu nous a conservé, quand bien même nous aurions mérité qu’Il nous le retire (et alors, cela eût été pour nous le plus grand de tous les malheurs).
La seconde épître à Timothée est une épître pour une période où le ciel est chargé, sombre, où les circonstances des chrétiens et de l’Église ne sont, en apparence et en fait, pas réjouissantes. Eh bien, la Parole nous présente des ressources pour les mauvais jours, comme elle nous en présente pour les jours faciles ! Et nous pouvons bien faire notre compte, que la période de la facilité relative est pour nous révolue ; et cela vaut beaucoup mieux.
D’ailleurs, même dans les jours où les circonstances paraissaient très faciles et très favorables, personne, qu’il soit jeune ou non, n’a pu honorer et servir le Seigneur, avoir des rapports véritables, heureux, et vivre avec Lui et avec le Père, que par la foi. C’est par la foi que nous sommes debout. « Nous marchons par la foi, non par la vue » (1 Cor. 5:7). Cela est vrai à toutes les heures de l’histoire de l’Église, aux dernières comme aux premières ; cela est vrai aujourd’hui. La foi est le grand principe de la vie chrétienne, parce que la foi est le fait par lequel nous croyons ce que Dieu dit. Et elle est cette puissance, de source exclusivement divine, par laquelle nous comptons sur Dieu envers et contre tout… et tous.
Si nous n’avons pas assez de foi, Dieu est toujours là pour nous en donner, si nous le Lui demandons. Qu’il nous soit donné de ramener les besoins que nous éprouvons à leur élément véritable, essentiel, et de ne pas nous perdre dans des considérations secondaires.
Le Saint Esprit nous a été donné. Tout vrai chrétien l’a, bien que cela se manifeste d’une façon moins puissante, chez nous aujourd’hui, que chez l’apôtre Paul ; mais l’apôtre simple chrétien, parce que nous avons toujours la tendance de sous-estimer, et de prendre prétexte que Paul était apôtre, pour oublier Paul simple chrétien. Ce qui est le chrétien chez lui est, à bien des égards, plus admirable, spirituellement parlant, que l’apôtre. Et, en tous cas, le chrétien est celui que nous avons à imiter, d’après l’exhortation de l’Écriture.
Le Saint Esprit, nous l’avons. Chaque chrétien ici l’a. Quelqu’un qui n’a pas le Saint Esprit, qui n’est pas scellé, n’est pas dans l’état chrétien. Il ne fait pas partie du corps de Christ. Mais je ne développe pas cela. Tout vrai chrétien a le Saint Esprit, et le Saint Esprit est en lui, en chacun de nous. Un esprit d’amour, de puissance, de conseil, voilà le Saint Esprit.
Le premier grand point nous intéresse tous, étant individuel, pratique. Tout enseignement qui n’a pas une vérité pratique, on ne peut pas penser qu’il soit scripturaire, car il est impossible de penser que Dieu ait dit quelque chose dans l’Écriture qui ne doive pas avoir une portée pratique. Il n’a pas donné l’Écriture aux anges, mais aux hommes ; elle est présentée aux hommes, aux inconvertis, mais aussi aux chrétiens, pour leur instruction, leur consolation, pour toute leur carrière ici-bas.
On demande aujourd’hui : Où est la force ? Nous sommes d’accord : il y a très peu de force. Philadelphie, c’était le témoignage du siècle dernier. Il a fait moins de bruit, il a beaucoup moins remué le monde, que la Réforme ne l’a fait. Extérieurement, il y avait beaucoup moins de puissance. Du temps de Philadelphie, on n’a pas fait de miracles. « Tu as peu de force… ».
Ce qui nous intéresse immédiatement, nous tous, du plus âgé au plus jeune, du plus spirituel — s’il y en a un — au plus jeune chrétien, d’une façon très pratique et très précieuse, c’est ce principe : De quelle façon traitons-nous cet Hôte, que nous avons, et qui est le Saint Esprit, dont notre corps est le temple ? Et de quelle façon traitons-nous cet Esprit de puissance ? Car il ne suffit pas que nous soyons assurés qu’Il se révèle tel ; il faut que nous soyons exercés à ne pas le contrister.
L’éteindre, c’est dans l’Assemblée. Le contrister, c’est dans l’individu. Lorsque le Saint Esprit est contristé, au lieu d’employer sa puissance à nous réjouir (« le fruit de l’Esprit est la joie, la paix… » — Gal. 5:22 ; nous savons cela), à nous remplir de paix, de joie, de tranquillité, de confiance, de patience, d’énergie, toutes ces vertus chrétiennes qui ne peuvent être, dans le chrétien, que le fruit de l’opération de l’Esprit (le Saint Esprit nous révèle la beauté de Jésus, la vie de Jésus, et nous fait nous nourrir de la vie de Jésus), il doit agir en nous pour nous reprendre.
Il s’agit d’être exercés, pour savoir comment nous devons nous comporter, en raison de la présence de cette personne divine. Le Saint Esprit n’est pas une influence ; c’est une personne divine. Retenons ceci : Il produit des effets, mais c’est une personne divine. C’est aussi admirable que propre à nous remplir de confusion, en constatant avec quelle légèreté, avec quelle insouciance, nous acceptons cette vérité-là, que le Saint Esprit est en chacun de nous, de même qu’Il habite dans l’Assemblée.
Il s’agit toujours d’en arriver aux choses pratiques. Il ne faut pas attendre de rendre le dernier souffle, pour constater que la vie ici-bas est quelque chose de sérieux. Comment traitons-nous cet Hôte divin ? Comment sommes-nous exercés pour ne pas l’attrister ? pour ne pas le contrister, si on reprend l’expression des textes scripturaires (És. 63:10).
L’Esprit et la chair sont en nous. La chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair. Que chacun de nous soit exercé, pour ne pas attrister le Saint Esprit.
On nous a appris, et nous avons pu reconnaître, par expérience, la vérité de cette parole très simple : Une pensée légère suffit à attrister le Saint Esprit. Combien de centaines de pensées légères avons-nous, au cours d’une seule journée, et de paroles légères, chers amis ? Que chacun de nous pense à cela ; car rien n’échappe au Saint Esprit. C’est par le Saint Esprit seulement que nous pouvons accomplir quelque service. Tout ce que Dieu fait directement, dans l’homme et par lui, Il le fait par le Saint Esprit.
Nous ne pouvons pas réaliser la présence du Seigneur, comme elle est définie en Matt. 18, autrement que par le Saint Esprit. Les deux choses sont distinctes : le Seigneur est présent en personne et en esprit ; mais c’est par le Saint Esprit et son opération, dans les saints et au milieu d’eux, qu’on peut goûter la présence du Seigneur. Ce n’est pas parce que nous nous réclamerons de la présence du Seigneur que nous l’aurons pratiquement. En réalité, ce sera en jugeant, chacun, dans son propre coeur, dans sa propre vie personnelle, en cherchant la communion avec le Seigneur et avec le Père. Au lieu qu’elle soit un fait occasionnel, comme cela est souvent le cas, que nous demandions au Seigneur qu’Il fasse que ce soit un état de plus en plus continu. Et normalement, dans une vie chrétienne, c’est ainsi que le progrès se marque. Il se marque, pratiquement, par le fait que la communion, qui était occasionnelle et facilement troublée, devient beaucoup plus égale, en même temps que beaucoup plus profonde, parce qu’il y a davantage d’expériences sur des points de détail.
La vie chrétienne est faite de détails, de toutes manières, dans les pensées, dans les paroles, dans tout le comportement.
Vous ne vous représentez pas l’apôtre Paul comme un homme léger, dans le sens ordinaire du mot. Vous ne vous représentez pas les frères et soeurs, auxquels nous devons tant (et, dans un sens, je pourrais dire, auxquels nous devons tout ce que nous savons), comme des hommes légers dans leur façon de faire. Que Dieu nous donne d’y penser. Le secret de la force gît là ; n’allons pas le chercher loin. La vie chrétienne est profondément simple, en même temps qu’elle est profondément admirable, et qu’elle est inimitable, pour celui qui n’a pas la vie de Dieu. Que Dieu nous accorde cela.
N’oublions pas que l’Esprit est présenté comme le Saint Esprit. Il détecte — pour employer un mot un peu moderne — tous nos sentiments, tout ce qui bouillonne dans notre coeur, tout ce qui ne vient pas au jour — et qui ne viendra jamais au jour. Tout cela suffit à l’arrêter. Et par quoi cela se traduit-il, pour nous ? Par une sécheresse d’âme, par de la langueur d’âme.
Nous sommes très diligents et vigilants pour la santé de nos corps, et nous sommes attentifs au moindre indice. Et, lorsque nous sommes en alerte, ces moindres indices sont des éléments, pour les personnes compétentes auxquelles nous faisons appel. À combien plus forte raison la santé de nos âmes, chers jeunes amis chrétiens, qui cherchez peut-être votre voie dans ce monde tourmenté, ce monde menteur et corrompu du haut en bas et de bas en haut. Vous cherchez votre voie ; elle est à la porte de votre coeur. Cherchez le Seigneur ; cherchez-le beaucoup, par la prière, par la lecture et la méditation de la Parole. Confessez-Lui de très près — et prenez cela comme une habitude, non pas au sens mauvais du mot, mais au sens le plus chrétien — confessez au Seigneur, au Père, vos manquements, que nous faisons tous, à tout âge, en pensées, en paroles et en actes. Le secret de notre bonheur, de notre paix quotidienne, du bon état de nos âmes et de notre force, en même temps que de l’intelligence spirituelle pour toute question, est là.
Comme la vie chrétienne est simple, mais comme elle est précise !
On est quelquefois tenté de penser que l’apôtre était un chrétien trop exceptionnel, et hors des dimensions habituelles. Mais c’était un homme avec lequel nous aurions eu la plus grande liberté. Ce n’était pas un homme qui planait ; c’était un homme qui se mêlait à la vie ordinaire, et dans lequel la vie chrétienne montrait sa force, à propos de toutes les questions qui se posent, pour un chrétien, ici-bas. C’est ainsi que nous ne sommes pas appelés à nous isoler de la société et à rechercher une vie qui ne soit pas celle dont le Seigneur Lui-même nous a donné l’exemple.
Aucun progrès, pour aucun chrétien, n’est le fruit de ses propres efforts. Il faut couper cette tendance, absolument et définitivement, à la racine. Le secret du progrès du chrétien n’est pas le fruit de ses efforts, mais il est tout entièrement l’effet de la grâce de Dieu agissant en lui avec puissance. Demandons ; ce qui est toujours ouvert devant nous, c’est la prière. Le chemin pour prier est toujours ouvert ; et même s’il nous paraît fermé, c’est justement le meilleur moment pour persévérer dans la prière. Jamais un chrétien n’a autant besoin de prier que quand il n’en éprouve pas le besoin. Si nous confessons nos manquements, nous ferons des expériences personnelles, cachées, secrètes. Chacun a ses secrets ; chaque vie chrétienne est un secret, et doit l’être. Nous ferons des expériences précieuses, et ces expériences sont autrement importantes et utiles que toutes les démonstrations extérieures. D’abord l’intérieur, et toujours l’intérieur ; l’extérieur suit.
C’est un Esprit de puissance, communiquant, suivant nos besoins, l’humilité de Jésus, la patience de Jésus, de telle façon que cette vertu fait partie de notre état spirituel, dans la mesure où nous sommes dépendants. C’est ainsi qu’on est formé, pratiquement, à l’image de son Modèle.
Mais alors, lorsque le Saint Esprit est contristé, au lieu d’employer sa puissance à cela, Il est obligé de nous faire des reproches. Et Il parle à notre conscience, qui est mal à l’aise. C’est encore une grande grâce, car nous ne sommes pas fidèles envers nous-mêmes, pour nous faire les reproches que nous méritons. Nous ne sommes pas toujours fidèles envers nos frères. Mais le Seigneur est toujours fidèle, et le Saint Esprit également.
Donc, si le Saint Esprit n’est pas attristé, il est un Esprit de puissance. Ce qui manque, de nos jours, c’est la puissance ; ce n’est pas la connaissance. La connaissance de toutes les vérités fondamentales, relatives à l’individu ou relatives à l’assemblée, donc au Témoignage, n’est pas la puissance. Il faut peut-être un certain temps pour apprendre cela, pour se rendre compte de cela ; il faut une certaine maturité d’âme, ou une certaine expérience avec le Seigneur. La puissance n’est pas nécessairement liée à la connaissance. Mais la puissance est toujours liée à la communion avec le Seigneur, et au fait que le Saint Esprit en nous n’est pas gêné par la manifestation de la chair, encore une fois, en pensées, en paroles, en actions.
Vous ne vous représentez pas l’apôtre flattant ses frères. Vous ne vous représentez pas nos conducteurs, qui ont, de la part du Seigneur, mérité ce nom, flattant leurs frères. Vous ne vous les représentez pas avec des manières prises dans le monde, même inconsciemment ; non, point du tout.
Le secret de la puissance tient à cet examen simple et vrai, et non pas fait une fois pour toutes, mais entretenu comme un exercice de piété. Qu’est-ce que la piété, sinon cela ? La piété consiste à cultiver des rapports vrais avec le Seigneur. Ces rapports ne peuvent être que par la nature divine que nous tenons de Christ. Nous avons reçu la nature de Dieu, cette nature qui ne pèche jamais. Cette nature n’est jamais légère, jamais mondaine, ne recherche jamais les folles plaisanteries, qui sont un pain pour le monde et un poison pour les chrétiens. Cette nouvelle nature trouve ses délices en Dieu, dans la gravité, la paix, et l’inexprimable bonheur de la communion avec Dieu.
Que le Seigneur nous donne de ne pas reculer devant ces exercices. Tous ces exercices sont « payants », et ils procurent à l’âme, chez laquelle le Seigneur les entretient, un bienfait qu’il est impossible d’exprimer.
Que le Seigneur nous accorde de veiller de très près sur nos voies, et nous trouverons de la force. Car, au lieu d’avoir Dieu contre nous dans bien des choses, nous l’aurons pour nous dans le détail. Christ sera notre patience, et nous fera expérimenter que, dans la patience, qui suppose toujours la souffrance, il peut y avoir un bonheur que nous ne goûterions pas dans des circonstances plus faciles.
L’apôtre pouvait dire, sans mentir : « Je puis toutes chose en Celui qui me fortifie » (Phil. 4:13). « Je me réjouis dans les détresses ». « Quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12:10). C’est le Saint Esprit qui lui donnait de surmonter les difficultés. Et, au lieu de voir un homme qui n’en pouvait plus et qui demandait grâce, c’est un homme qui nous dit, à nous aussi, ce qu’il disait aux chrétiens de son temps : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » (Phil. 4:4).
Qu’y a-t-il de plus puissant qu’une âme qui traverse des difficultés avec patience ? Il n’y a pas de plus grande démonstration que cela. Ce qui manque, de nos jours, ce sont des démonstrations de ce genre. On cherche, on prétend avoir de la puissance et, si on osait, on partirait chasser les démons. Les démonstrations les plus belles et les plus merveilleuses de puissance sont celles que le Seigneur accomplit lorsqu’Il détruit en nous toutes les énergies qui s’opposent à Dieu, au Seigneur et à l’Esprit Saint.
Pour chercher un exemple qui ne sera pas rare, et à propos duquel personne ne pourra se dérober, il n’y a rien de plus difficile, pour un chrétien — et pour un inconverti, c’est impossible — que de détruire l’égoïsme, d’effacer l’activité du moi. Le moi ne disparaîtra que quand nous quitterons cette scène. Mais être délivrés de son influence, de son action, quelle chose difficile ! Si nous ne sommes pas sous l’action du Saint Esprit, ce que nous faisons, même pour le service chrétien, est entaché de cette faiblesse, de cette faute, de ce manquement, du fait que le moi intervient, ce moi qui a le même visage, aux yeux de Dieu, dans un chrétien que chez le plus affreux des hommes opposés à Dieu.
Et si nous voulons, dans ces derniers jours, glorifier Dieu et le Seigneur, et découvrir le chemin où nous pourrons ainsi glorifier ces personnes divines, si nous voulons réaliser cela, n’allons pas chercher loin. N’allons pas chercher des actions d’éclat, des actions qui risquent seulement de tourner à la confusion de tout le monde. N’allons pas nous égarer dans des sentiers qui ne sont pas ceux que Dieu a tracés. Penchons-nous sur l’Écriture, et demandons au Seigneur qu’Il nous aide à remporter, jour après jour, quelque victoire nouvelle sur ce « moi » qui est en nous, et à ce que nous soyons, aujourd’hui, un peu moins asservis à lui, un peu plus débarrassés de cette recherche de nous-mêmes, qui nous poursuit même dans le service et le témoignage chrétien. Et qu’Il nous accorde la grâce que ce soit notre prière de tous les jours, que le Seigneur nous délivre de cet égoïsme, qui est en tous, et qui est un péché indélébile, qui marque chacun des chrétiens, qui est une forteresse contre laquelle aucune puissance n’a jamais rien pu faire. Le Saint Esprit peut seul en avoir raison.
Voilà le genre de puissance, de nos jours et de tous les jours, supérieur à tous les autres.
Supposez qu’il y ait un chrétien en qui le Saint Esprit agisse avec une puissance non limitée, en aucune manière. Vous auriez un homme qui serait rempli de Christ. Vous auriez un homme qui s’oublierait à tous égards et pour toutes choses, qui ne chercherait pas sa gloire, dans aucun domaine, qui ne chercherait son propre intérêt en aucun point, qui n’aurait à coeur que la gloire du Seigneur, le vrai bien des inconvertis. Et puis, ayant fait le bien, ayant accompli un service que le Seigneur lui avait confié, il n’aurait rien de plus pressé que de se réfugier à l’ombre de son aile. N’y a-t-il rien de supérieur à cela, au vingtième siècle ? Car il s’agit ici d’une victoire de l’Esprit, remportée sur la nature foncière de l’homme, cette nature dont Dieu n’a rien pu faire. Dieu est alors intervenu d’une manière merveilleuse, en introduisant un autre homme, qui est le dernier Adam, le second homme, venu du ciel, dont nous possédons la vie. Dieu n’a rien pu faire pour le premier Adam. La merveille des merveilles, c’est que le Saint Esprit peut produire en nous la vie du second homme. Si nous voulons nous arrêter devant ce qu’Il a produit de plus beau, en tout premier lieu, le premier de tous les fruits, lorsqu’aucune tache n’était venu ternir le témoignage, c’est Actes 4:32 : « Ils étaient un coeur et une âme ; et nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait, qu’elle fût à lui… ».
Retrouver cela dans l’ensemble, non ; chez certains individus, oui. Chez certains hommes du Témoignage, j’en suis sûr. Mais ce qui est infiniment supérieur au fait de guérir un malade, même si le Seigneur voulait l’accorder de nos jours, c’est de voir le Saint Esprit dompter cette vieille nature, pour que le nouvel homme, la nouvelle nature, prenne son accroissement. À ce moment-là, nous n’aurons plus à nous faire de souci ; nous n’aurons pas à nous demander : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Le chemin resplendira comme la lumière du soleil à midi. Et, quand nous avons tant de questions sur le chemin à suivre, c’est simplement notre coeur qui est enténébré ; et c’est dans notre coeur que nous avons à demander à Dieu qu’Il mette de l’ordre. La mise en ordre, c’est la mise de côté du moi, des convoitises, de ces passions qualifiées dans ce pauvre monde.
Voilà, chers jeunes qui commencez votre carrière, comment, d’après l’Écriture, vous pouvez la fournir, d’une façon qui honorera le Seigneur et qui vous remplira d’une espérance dont vous n’avez pas l’idée, qui vous enrichira dans la connaissance de Dieu, du Seigneur, et vous rendra vainqueurs de ce qui est en vous et de ce qui est autour de vous.
Combien cette vérité éternelle de l’Écriture résout toutes les questions qu’une génération après l’autre se pose, et devant lesquelles, l’une après l’autre est obligée d’avouer, si elle est sincère, sa totale impuissance.
Un Esprit de puissance ! Ce qu’il faut, c’est de la puissance, de la puissance pour être tout simplement chrétien, et de la puissance pour marcher et pour servir. Mais, avant de nous préoccuper du service, occupons-nous de notre propre état. Je sais bien qu’on accusera les chrétiens de se préoccuper d’eux-mêmes ; mais cela est essentiel, et toujours nécessaire. Et, dans la mesure où nous connaissons la communion avec le Père et son Fils Jésus Christ, nous demandons au Père, et nous demandons au Seigneur, de nous garder dans cet état, hors duquel il n’y a, pratiquement, rien. Sans la présence et l’action du Saint Esprit en nous, il n’y a pas d’amour, pas plus qu’il n’y a de puissance.
C’est difficile d’aimer, c’est très difficile. L’amour s’oppose à la haine. L’amour de Jésus s’est opposé à la haine, et il a triomphé de la haine. L’amour chrétien peut triompher de la haine qu’il trouve au-dehors, du mépris, de l’opposition sous toutes ses formes ; mais ce n’est pas la chose la plus difficile à vaincre. L’amour peut surmonter la haine, le mépris, tous les sentiments qui se manifestent si facilement dans le monde vis-à-vis des chrétiens, et qui se manifesteraient plus facilement encore si nous étions plus fidèles.
Mais il y a un point qui est important, même s’il y a peu de questions pour nous, du fait de la haine que nous ne rencontrons pas. Il y a peu de haine, d’opposition, de mépris, aujourd’hui. Un chrétien sérieux, on l’honore trop ; on peut croire qu’il n’est pas assez fidèle. Même si Dieu peut avoir calmé cette opposition, supposant même que ce soit selon Dieu que nous ayons des temps paisibles de la part du dehors, l’amour a à vaincre un ennemi qui est en nous tous, qui est l’égoïsme. L’amour surmonte l’égoïsme. Et Dieu peut nous donner de réaliser, par l’Esprit Saint, cet amour qui fait que le moi est mis de côté. Que ce soit un problème jamais résolu, et à propos duquel nous avons à être exercés tous les jours, cela est certain. Mais la ressource est là ; et il est bon de nous arrêter devant cette ressource.
À mesure qu’on avance dans la vie chrétienne, on se rend compte davantage que ce qui est le plus important, dans la vie chrétienne, c’est l’état intérieur du coeur, ce sont les rapports avec Dieu. Et je citerai, pour confirmer cela, en m’abritant derrière un autre, cette parole sortie de sa bouche par ses écrits : « Dieu fait plus en nous que par nous ». Et la vie de celui qui a ainsi parlé a été plus pleine de travail que celle d’aucun d’entre nous ; sa vie de dévouement, de service, a été consacrée au Seigneur.
Dieu fait plus en nous que par nous ; tandis que nous sommes beaucoup plus préoccupés, surtout quand nous sommes jeunes, nous avons tous la tendance, au contraire, de penser que Dieu fait plus par nous qu’en nous. Ce n’est sûrement pas vrai. L’apôtre lui-même, pour citer une parole inspirée, ne dit pas : « Pour moi, vivre, c’est prêcher, vivre, prier, visiter les malades ; c’est annoncer l’évangile ». Il a fait tout cela, mais il dit : « Pour moi, vivre c’est Christ » (Phil. 1:21).
L’essentiel de la vie d’un homme, la valeur d’un chrétien, n’est pas dans ce qu’il fait. La valeur d’un chrétien est dans ce qu’il est et, par conséquent, dans la manière et dans l’esprit dans lesquels il fait ce qu’il fait. De nos jours, nous pouvons être tentés d’être égarés par des activités de tous ordres.
D’autre part, un point de toute importance, lié à ce sujet, c’est que, lorsque nous sommes ainsi exercés à ne pas attrister le Saint Esprit dans notre marche, dans notre vie, quand nous sommes seuls en accomplissant notre travail ordinaire, il ne faudrait pas penser que les gens qui ont de lourdes tâches doivent être désavantagés, quant à la vie chrétienne. Ce serait accuser Dieu d’injustice et, s’il fallait être dégagé de toute obligation présente pour être un chrétien fidèle, ce serait dommage.
Il y en a qui sont ainsi appelés, et nous pouvons demander qu’il y en ait de tels. Mais, de toutes façons, ce sont des exceptions ; et ils ont besoin de veiller à cultiver ces bons rapports avec le Seigneur, pour que leur service ne revête jamais le caractère de « métier », mais soit toujours un service accompli dans la dépendance, renouvelée jour après jour. Cela exige un exercice de tous les jours, de prières, de supplications, de jugement de soi-même ; autrement dit, de piété pratique.
Ce ne sont donc pas les activités extérieures qui sont une garantie de fidélité ou de valeur de la vie chrétienne ; c’est l’état d’âme dans lequel nous nous trouvons, lorsque nous accomplissons ces services.
Tous les chrétiens ont aussi un service ; ils ont aussi une marche, un témoignage. Leur vie toute entière doit être tissée d’exercices que le Seigneur produit en eux, et c’est cela, la vie chrétienne d’un homme. Ce n’est pas sa vie extérieure, mais les relations qu’il a avec Dieu, en accomplissant sa tâche. Mères de famille et qui que ce soit, qui avons des occupations diverses, si nous sommes à notre place, nous pouvons être exercés. Une mère de famille pourra être une servante qui aura honoré le Seigneur plus que d’autres, qui se seront mis en avant, pour accomplir des services plus spectaculaires. Un frère peut très bien être appelé à faire son travail au bureau, dans lequel sa place lui a été assignée. Et, s’il a le Seigneur avec lui, sa vie sera aussi pleine que celle d’un autre. Cela est propre à nous encourager, non pas à la paresse ; car c’est encore un très grand mal que la paresse spirituelle, qui est lié à l’égoïsme de nos pauvres coeurs. Mais que nous ne soyons pas prompts à poser l’outil que le Seigneur a placé entre nos mains, pour nous engager dans tel ou tel chemin, pour faire mieux. Que le Seigneur nous garde de cela.
Que ceux qu’Il appelle — et encore, que ceux-là aient un appel certain — aient affaire au Seigneur tous les jours de l’exercice de leur service, pour que leur carrière soit commencée, continuée et terminée avec Lui ; mais cela non plus n’est pas facile. Cela est impossible, sans Dieu. Le moindre service, offrir un verre d’eau froide, si je ne le fais pas pour le Seigneur, mon service est perdu.
Comme c’est précieux et réconfortant, et admirable en même temps, de trouver là des caractères éternels et invariables, qui répondent aux vrais besoins de tous les temps, et dans toutes les circonstances. Ce n’est pas la peine de se chercher un gîte où on est isolé de tous les hommes ; on ne pourra pas s’isoler de soi-même. La façon d’être libéré de soi-même, c’est d’avoir le coeur rempli de Dieu. C’est le secret de la libération et de la liberté pratique. Chers jeunes amis chrétiens, pour vous encourager, je désire vous dire que vous ne trouverez pas cette liberté d’un seul coup, et même, que nous n’arriverons pas à la liberté totale. Et même, la libération totale ne se fait, en général, que quand nous quittons ce corps. Mais toutefois, cela en vaut la peine. Si nous ne sommes pas exercés dans ce sens, notre carrière chrétienne est manquée.
Cultivons la communion avec le Seigneur de très près, lisant l’Écriture, ne cherchant pas à nous former un bagage énorme et impressionnant de connaissances — bien que l’étude de la Parole soit nécessaire et qu’il faille l’étudier ; c’est de toute importance. Mais, en même temps que cela, cultivons la communion avec le Père et son Fils. Et nous ne l’aurons jamais sans avoir des exercices de conscience. Ceci peut paraître insignifiant, sans doute, et de peu d’importance. Il n’y a rien qui apporte à l’âme les mêmes satisfactions, le même degré de communion, de joie, de force, et qui nous révèle Dieu et qui remplit l’âme d’une paix et d’une lumière semblables.
Si on remonte en arrière, on ne regrette pas d’avoir été appelé à suivre ce chemin d’exercices. Si on a des regrets, ces regrets sont de n’avoir pas commencé plus tôt dans ce chemin-là.
Étant données la lumière et les instructions que nous avons reçues, c’est dans ce chemin-là que tous les frères sont appelés. Tous ceux qui ont été placés au contact de la Parole, comme nous l’avons été, et qui sont dépositaires d’un ensemble de connaissances qui ferait pâlir la science des réformateurs, tous ceux-là, le Seigneur ne les a pas instruits de cette manière pour qu’ils se permettent une vie relâchée, où le moi, l’amour du monde, puissent avoir leur part, plus ou moins encouragés ou tolérés. Il leur a donné cette connaissance pour qu’ils soient engagés dans ce combat qu’ils ont à livrer, non pas au-dehors d’abord, mais au-dedans, pour désapprouver toutes les manifestations de ce moi dont Dieu n’a rien à faire, et dont Il a réglé le sort en le mettant à mort, notre moi ayant été crucifié avec Christ. Je ne parle pas du « moi » des inconvertis, mais du « moi » de tous les croyants.
Que le Seigneur nous encourage. La vie chrétienne est faite de détails, dans la vie quotidienne. Et ce qui concerne les détails de notre vie détermine, non pas seulement la valeur d’une de nos journées, mais contribue à déterminer la valeur, aux yeux du Seigneur, de notre carrière chrétienne toute entière.
La carrière chrétienne, dans ces exercices de renoncement, fruits de la grâce de Dieu, est la seule qui vaille la peine d’être vécue. C’était la seule du temps de Paul, et c’est la seule aujourd’hui.
[LC n° 159]
28 mars 1971
Il faut, individuellement, chacun pour notre compte, revenir aux vérités fondamentales. Nous constatons, chacun pour nous-mêmes, que nous risquons de les mettre au niveau des questions de détails.
Le Seigneur ne présente pas ces vérités selon nos privilèges. Peut-être avons-nous une tendance un peu trop soutenue à nous en tenir à cela.
Le Seigneur, ici, se montre comme un juge. Et le jugement commence par sa propre maison (1 Pier. 4:17). Il est celui qui inspecte, qui visite. Le Seigneur, étant dans le temple, promenait ses regards (Marc 11:11). Ainsi, le Seigneur promène ses regards dans les assemblées. Rien ne lui échappe ; et il n’oublie rien.
Il n’y a pas que les privilèges. On verra que celle qui a été le plus comblée de privilèges, sera l’endroit où se manifestera la plus grande méchanceté.
Le Seigneur nous parle pour nous avertir. Vous avertissez bien vos enfants. Si un père flattait toujours son enfant, son enfant serait en danger de tourner très mal.
Parfois, on aime qu’on nous flatte. Les frères et les soeurs sont très sensibles à cela. Autrement dit, on fait passer les frères et les soeurs avant le Seigneur. Et, avec cela, on lui demande de lui être fidèle, à longueur de journée ! C’est très facile, de lui être fidèle en paroles.
Demeurer dans la vérité et dans la lumière, c’est le moyen de réaliser la sainteté. Et une marche dans la sainteté, c’est éliminer de sa vie tout ce que la vieille nature peut nourrir.
Il est le Saint et le Véritable.
Ce qui est à désirer, c’est qu’il y ait un caractère de Philadelphie. Car il peut germer parmi nous, le caractère de Laodicée. La sainteté et la vérité, oh, c’est très délicat ; on n’aime pas cela. « Le fruit de la lumière consiste en toute bonté, et justice, et vérité » (Éph. 5:9). « Que Dieu soit vrai et tout homme menteur » (Rom. 3:4).
Est-ce que nous avons à coeur de réaliser la vérité en nous ? Parfois, un mensonge est consommé par un silence. Le Seigneur se moque de nos promesses. Ce qui lui plaît, c’est l’état de nos coeurs. Si l’état de nos coeurs est bon, cela lui plaît. On n’est pas heureux, quand on n’est pas au clair avec lui. Il est « le Saint et le Véritable ». « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Tim. 2:19).
« Tu as gardé ma Parole, et tu n’as pas renié mon nom » (Apoc. 3:8). Qu’est-ce que cela veut dire ? Comme le disait un frère, l’activité de Philadelphie était trop au-dessous de la surface pour être vue du monde. Chez un homme de Sardes, vous ne trouverez pas ce caractère de Philadelphie, où Christ est tout.
Ce qui a caractérisé Philadelphie, c’est Christ sur la croix, Christ dans le ciel, Christ revenant. Philadelphie avait tout son coeur avec Christ dans le ciel.
N’avons-nous pas tendance à considérer deux chrétiens, et à les apprécier, selon leur position sociale ? Et comme il est bon de le redire, n’est-ce pas ? Le Seigneur nous fera des reproches, un jour. Redisons-le : Les valeurs, dans l’assemblée, sont les valeurs spirituelles ; et il n’y en a pas d’autres. Un frère illettré, dans l’assemblée, mais pieux, viendrait nous apporter quelque chose de la part du Seigneur, ce frère pourra avoir plus de valeur, à Ses yeux, que le frère le plus cultivé. Je prends cet exemple extrême pour nous dépouiller de nos erreurs.
Quel témoignage ce serait, si on pouvait dire : « Vous savez, cet homme, cette femme, vous pouvez le prendre à quelque heure que ce soit, jamais vous ne le prendrez en défaut » ; ne cherchant pas à se faire remarquer, marchant dans l’ombre.
Nous avons à veiller sur nos coeurs, chaque jour, contre l’influence du monde.
Celui qui a Christ sans argent est riche. Celui qui a de l’argent sans Christ est pauvre. S’il y en a un de qui on ne peut pas se passer, c’est bien le Seigneur. Que le Seigneur nous aide, dans les assemblées, à nous exciter à l’amour et aux bonnes oeuvres ; oui, à l’amour divin !
Ne pas renier son nom, c’est son autorité. Nous arrivons ainsi à l’autorité du Seigneur dans l’assemblée.
Quand des assemblées locales ont été formées, dans bien des endroits, dans divers pays, les frères et les soeurs ont été les objets de toutes sortes de moqueries, qui visaient ce rassemblement qui, par la nature des choses, était en contradiction avec tout le reste. On disait : « Comment voulez-vous que cela tienne ? ». Est-ce que le mépris ne vous a pas fait reculer, plus d’une fois, d’être fidèle au Seigneur ? Nous aimons tellement les flatteries, qu’on tienne compte de nous.
Ne faisons jamais passer le service avant le Seigneur ! Nous avons à encourager les âmes à rechercher le Seigneur, à nous laisser passer à l’école du Seigneur. Chacun a son expérience propre qui le lie au Seigneur. Ne pas renier le nom du Seigneur : il est dans l’assemblée. Par le Saint Esprit, nous pouvons goûter sa Parole, avoir sa pensée et agir de sa part. La présence du Seigneur peut se faire sentir. Dans cette présence, on est content.
Toutes les fois que la communion avec le Seigneur baisse, la chair fait des siennes. Si ce n’est pas lui qui nous fait nous mouvoir, c’est la chair qui se manifeste. Et on peut s’attendre à tous les malheurs. Et alors, de la part d’un jeune frère, d’une jeune soeur, très aimable, on assiste à des choses effrayantes. Et on devient un ennemi de la vérité, une entrave dans l’assemblée.
Un homme spirituel, voilà ce qu’il faudrait rechercher. Il pourra être une aide, dans l’assemblée. Paul, vous ne l’auriez pas fait fléchir par une flatterie, ni par une menace.
Confiez-vous en Christ ! C’est le Seigneur qu’il faut rechercher, à tout prix.
Mais il a établi l’ordre dans l’assemblée. Les frères et les soeurs sont responsables. Personne ne peut dire : « Je me lave les mains de tout ». Il y a un ordre. Dieu est un Dieu d’ordre, dans l’assemblée (1 Cor. 14:33). Si la présence du Seigneur est réalisée, les hommes qui entreront pour la première fois dans cette salle diront : « Vraiment, la présence de Dieu est là ! ».
Chacun doit savoir ce à quoi le Seigneur l’appelle. Peut-être sommes-nous désobéissants ? C’est probable. Il y a toujours Satan, qui cherche à ravager et à entraîner les chrétiens à la ruine. C’est pourquoi les réunions ont une haute valeur. D’une réunion, on peut emporter un riche bienfait. On vient pour trouver Dieu et goûter sa présence. Comme le disait un frère, il vaudrait mieux ne rien dire et goûter sa présence.
Il faut toujours se dire qu’il y a là, dans les réunions, des frères, des soeurs, qui ont des fardeaux, et des inconvertis. Si nous agissons par la chair, le climat n’est plus le même. Voyez le mal que vous pouvez faire.
L’assemblée doit se purifier de toute iniquité.
Que Dieu nous donne de marcher humblement ! Que Dieu nous donne de réaliser cette humilité qui lui plaît ! La grâce fleurit dans la vallée de l’humilité. Et Dieu sait bien qui est humble. L’orgueil, que de maux il a produit !
Si du mal existe, s’il n’est pas connu, il en résulte une souffrance. Le Saint Esprit est attristé. Chers frères et chères soeurs, que nous priions le Seigneur pour qu’il préserve les assemblées ! Une soeur, plus elle est effacée, meilleure est sa position. On dira : « Mais il y a des situations insolubles ! ». Pour Dieu, jamais.
Un chrétien orgueilleux peut devenir un méchant. Nous avons à veiller à ce que l’assemblée ne s’accoutume pas au mal. Quelque chose est cachée ? Demandons au Seigneur que le mal soit confessé. Le Seigneur peut très bien faire qu’un frère, ayant péché, se lève à minuit pour aller confesser sa faute. Dieu brise une résistance, une volonté. C’est terrible, une volonté d’homme ! Le mal n’est pas manifesté ? Demandons au Seigneur qu’il le manifeste.
Les liens familiaux dans les assemblées, où trouvez-vous cela, dans les Écritures ? Et avec cela, on chantera des cantiques, et puis à quatre voix ! Est-ce cela, la fidélité au Seigneur ? Non, pas du tout !
J’ai lu l’histoire d’un jeune martyr se rendant au lieu du supplice. Sa mère, pour l’encourager, lui cria : « Vive Jésus et ses témoins ». Et aujourd’hui, on ferait facilement plier la vérité pour la considération de quelqu’un.
Jamais nous ne regretterons d’avoir été fidèles au Seigneur. Toujours nous regretterons d’avoir fait passer nos intérêts avant le Seigneur.
L’assemblée peut être amenée à ôter le coupable du milieu d’elle. Alors le Seigneur peut bénir. L’excommunication de quelqu’un, c’est toujours en vue de son retour.
J’ai vu, à propos de difficultés, qu’après le premier amour, on a fait passer des intérêts avant le Seigneur. Et il en est résulté de grands troubles. Il faut veiller à cela, chers amis ! Et, à l’origine de cela, il y a l’esprit de parti et de clan. La Parole, elle, nous sonde.
Quand on connaît un mal, on ne doit pas garder ce mal pour soi. C’est très grave. Un frère a été châtié jusqu’à la mort pour l’avoir caché. Un mal n’est pas contre les personnes, mais contre le Seigneur.
Si le Seigneur venait et visitait l’assemblée, est-ce qu’il approuverait tout ? Certainement pas ! C’est ce qui est dans notre coeur qui compte. Le Seigneur regarde au coeur. Avec Dieu, on est heureux.
On ne doit pas couvrir une faute. On peut faire appel à des frères. L’amour s’occupe du mal, avec Dieu, et de la part de Dieu. Tout cela est très sérieux et très heureux.
Avec nous, nous portons un coeur insondable. La sonde de Dieu est la seule qui aille jusqu’au bout. Nous avons tout à gagner à marcher avec Dieu. La vie d’une assemblée est très sérieuse. Nous sommes chez le Seigneur, dans l’assemblée. Le Seigneur n’est pas mort sur la croix pour que la chair fasse des siennes.
N’en parlons pas trop, de ce sacrifice expiatoire. Ne le profanons pas en en parlant à tort et à travers.
S’il y a un endroit où la chair ne doit pas se manifester, c’est bien dans l’assemblée.
Jug. 21:9 : Les habitants de Jabès de Galaad étaient indifférents. L’indifférence à l’égard du coupable doit être traitée comme le mal. Nous avons à veiller, dans les assemblées, à ce que la table du Seigneur soit gardée pure.
Que nous ne soyons pas indifférents à l’égard de la souillure, qui exclut le Seigneur de l’assemblée !
[LC n° 160]
Le Plateau — août 1972
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 406
Nous sommes très heureux de connaître, a posteriori, la qualité spirituelle et morale de nos conducteurs du siècle passé, qui ont vécu les caractères de Philadelphie, et nous ont appris à mieux apprécier l’Écriture. Qu’on pense ce qu’on voudra, mais nous affirmons, pour dégager notre propre responsabilité, que leur travail a été un travail de Dieu qui n’a pas eu son pareil, quant à la qualité, depuis les apôtres eux-mêmes. Nous ne saurions trop engager la jeunesse convertie, dans la mesure où elle peut le faire, à prendre connaissance de ce mouvement, qui n’est pas né de la volonté des hommes, mais de Dieu. Ces serviteurs de Dieu ont été obligés de rompre des liens qui leur étaient très chers, parce que l’obéissance à leur Maître avait un prix supérieur à tout : ils n’ont pas hésité. Philadelphie a brillé par des caractères moraux. On n’a pas mis à mort ses témoins ; ce mouvement a passé beaucoup plus inaperçu que d’autres, mais il était profond. Un écrivain récent disait, après avoir fait des recherches sur ce sujet : « Un fait notoire, c’est qu’on ne sait pas comment ce mouvement est entré dans l’histoire ». Il est apparu un beau jour ; on ne sait comment il avait été formé. Ce travail avait été avant tout intérieur, il était né dans les coeurs et dans les consciences. Ces chrétiens ne cachaient pas leur drapeau, mais ils s’attendaient à leur Maître pour accomplir simplement ce qu’ils avaient devant eux. Ils ont connu de grandes difficultés, ils ont livré de durs combats ; pour eux, le Seigneur était le Saint et le Véritable. Leur fidélité s’est manifestée par la séparation du mal.
Le Seigneur a ouvert la porte. Il y a eu plusieurs mouvements en même temps, et le Seigneur a fait en sorte que la vérité soit étudiée et diffusée en des endroits différents. Il a agi par son Esprit, tout est là ; et la vérité a fait du chemin. Que les jeunes ne se sentent pas désavantagés parce qu’ils sont nés et ont grandi dans un corps de chrétiens insignifiant quant au nombre et à l’importance, mais qu’ils prennent conscience que leur position est exceptionnellement privilégiée. Au commencement déjà, ce mouvement a été méprisé ; cela n’a pas manqué. Le mépris est une arme redoutable, dans la main de Satan. On supporte moins bien le mépris que la violence. Le Seigneur a été « méprisé et délaissé des hommes » (És. 53:3). Si cela a été dit de lui, c’est pour souligner que le mépris est une arme très puissante contre quelqu’un. Nos frères ont été méprisés, et ils ont continué leur chemin. Des frères souvent très capables, et des soeurs engagées, sont allés en nombre croissant, issus de toute condition, heureux, venant trouver le Seigneur sans qu’on ait besoin de les traîner. Ils agissaient par la foi. Quand on vit que le mépris ne freinait ni n’affaiblissait le mouvement, on employa la violence ; les manifestations se firent plus vives et plus générales. Rappelons un exemple pittoresque de la façon dont ces croyants ont été souvent traités par leur entourage. On disait d’eux : « Ce sont des zéros ». Un jour, un de ces frères, fort modeste d’ailleurs, répondit : « Oui, nous sommes des zéros ; mais si on met le chiffre un devant des zéros, on peut obtenir un très grand nombre » ; le chiffre un désignait le Saint Esprit, dans la pensée de ce frère. N’y aurait-il que mille chrétiens dans le monde, insignifiant quant au rôle social qu’ils pourraient jouer dans la société moderne, mais conduits par le Saint Esprit, ils seraient plus forts que le monde entier. Ne nous efforçons pas de fortifier le témoignage par des moyens mondains. Notre grande affaire, c’est de chercher à ne pas attrister le Saint Esprit, ni en nous-mêmes, ni dans les rassemblements des saints. C’est ainsi que les croyants, si insignifiants qu’ils soient, braveront Satan et le monde entier. Voilà le secret de la puissance !
On n’a pas arrêté le mouvement ; il a continué, et nous pouvons dire qu’il n’a pas encore été étouffé ; mais il n’a plus la même force. Pourquoi ? Pourquoi tant de problèmes au milieu des saints ? La chair s’est manifestée, et la chair, même bien intentionnée, a toujours une activité perverse. Pourquoi aujourd’hui n’avons-nous pas la même énergie spirituelle, la même puissance, le même contentement en Christ ? Nous sommes devenus mondains, charnels. Nous faisons plus d’une fois passer le Seigneur en arrière, dans notre vie individuelle et dans l’assemblée, qui est « la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15). Le Seigneur est le seul Chef, le seul Maître, lui seul a l’autorité. Allons à lui simplement, en toute droiture de coeur, nous attachant à lui, en priant, et en nous humiliant s’il le faut. Nous sommes responsables de ce que nous avons reçu de nos devanciers. Philadelphie a disparu, mais on peut en voir des caractères chez des individus, même si l’état général est difficile à retrouver. Dans les ressources que nous a laissées Philadelphie, tout est à portée de main. Cultivons la communion avec le Seigneur et marchons avec lui ! Tenir ferme ce que nous avons, c’est précisément tenir ferme ce qui nous a été légué.
[LC n° 161]
Dimanche après-midi 11 mai 1947
Ce livre est le livre de la venue du Seigneur. Cette venue aura diverses conséquences. Le premier fait de cette venue, c’est l’enlèvement des saints. Mais le Seigneur viendra aussi pour s’occuper de la terre. Dans Jean, le Seigneur dit : « Je ne fais pas de demandes pour le monde » (17:9), et un autre passage dit, dans les Ps. 8 (v. 6) et 110 (v. 1) : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour le marchepied de tes pieds », citation répétée plusieurs fois dans le Nouveau Testament. Le Seigneur est donc assis sur le trône du Père, jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds. Il y a un moment où le Seigneur — qui n’a pas demandé le monde — le demandera. Le Seigneur s’est acquis le monde. Il a autorité sur toute chair ; il s’est acquis cette autorité par sa mort. Le Seigneur a renoncé à sa couronne de Messie, mais il reçoit la couronne du Fils de l’homme ; et le pouvoir du Fils de l’homme est bien plus étendu que le pouvoir du Messie. Nous trouvons cette transition dans les évangiles, et nous trouvons le caractère de ces deux pouvoirs dans toute la Parole de Dieu. Il ne faut pas penser que le Seigneur se désintéresse de la terre. Et, à cet égard, le sort de la terre intéresse le croyant, parce que le sort de la terre est lié à la gloire de Christ, et que tout ce qui touche à la gloire de Christ touche le croyant. D’ailleurs, l’Église est appelée à partager les souffrances de Christ, et elle est appelée aussi à partager la gloire de Christ, son règne.
Le chrétien qui comprend qu’il n’a pas à s’occuper de la terre comprend, non pas qu’il n’aura pas à s’y intéresser, mais simplement que le moment n’est pas venu. C’est une question d’opportunité ; ce n’est pas le moment. Le chrétien ne peut pas régner tant que, moralement, son Seigneur et Maître est crucifié. Le chrétien ne peut pas gouverner le monde, en petit ou en grand, tant que son Maître (car « le serviteur n’est pas plus grand que son maître » — Jean 15:20) demeure le rejeté et le méprisé, dans le monde. Si nous sommes pénétrés de cette pensée, bien des cas qui se présentent devant nous, dans notre vie chrétienne, seront réglés d’avance. « Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile… » (2 Tim. 3:16). Dieu a tenu à nous donner des enseignements sur ce qui doit arriver. Le chrétien est en avance sur le monde. Les hommes les plus grands, les plus avertis, voient moins loin que le chrétien pieux, humble, dépendant ; ils savent beaucoup moins de choses que lui. Le chrétien ne connaît pas le détail, la portée, de tel ou tel événement qui se passe dans le monde, mais sait d’une façon certaine l’orientation générale des événements, dans quel sens Dieu dirige toutes choses, pour que la gloire de Christ couvre un jour toute la terre. C’est pourquoi Dieu nous instruit dans les prophètes. Dans l’Ancien Testament, les prophéties sont rattachées davantage à l’histoire d’Israël et, dans l’Apocalypse, davantage à l’histoire de la chrétienté, bien que les deux se complètent et se rejoignent. Nous sentons bien que les jours où nous sommes arrivés sont des jours qui nous amènent à la porte des événements apocalyptiques. Tout le monde en a le sentiment ; dans le monde même, cette pensée du sérieux du moment — sans qu’il puisse l’analyser ni l’expliquer — existe. Mais le chrétien sent très bien que toutes choses mûrissent pour les derniers événements — nous ne pouvons que nous en réjouir. Mais il y a aussi, dans cette constatation, des leçons importantes, pour les saints aujourd’hui. Nous trouvons, dans ces passages et d’autres auxquels ces versets font allusion, que le moment vient où trois principaux acteurs se partageront l’activité sur la terre. C’est l’apparition des deux bêtes, l’une qui sort de la mer, l’autre qui monte de la terre. La première est dépeinte, et sa description se relie à ce que nous trouvons ailleurs ; c’est l’apparition de l’empire romain. Évidemment, ces choses qui se préparent, et qui probablement se réaliseront rapidement, nous, les saints, ne les verrons pas de la terre. Mais il n’empêche que le sentiment de leur proximité doit parler profondément à nos coeurs et à nos consciences.
L’apparition de l’empire romain, c’est cette bête qui sort de la mer, de la masse confuse et mouvante des nations. La bête, qui était autrefois le quatrième des grands empires, celui sous lequel le Seigneur est venu, va réapparaître.
Si quelqu’un ici était indécis quant à la position intérieure qu’il doit prendre à l’égard des événements du jour — car il semble bien que tout se dessine pour la fin — il lui suffit, s’il est droit et soumis, d’écouter ce que dit la Parole, pour être à l’abri de toute hésitation.
La bête romaine va réapparaître ! L’apôtre est saisi d’étonnement ; mais elle doit reparaître. Elle est dépeinte dans le prophète Daniel.
Ne pensons à aucun moment que l’esprit d’indifférence, de tolérance — comme on dit — la largeur de vue des hommes d’aujourd’hui (beaucoup plus tolérants qu’au Moyen Âge, ou même qu’en d’autres temps), ne nous faisons pas l’illusion que cette tolérance ne traduit en aucune manière l’amitié de Dieu dans la masse chrétienne. Il peut rejoindre ce caractère de tiédeur, que le Seigneur reproche à la dernière forme du témoignage. Que nous bénissions le Seigneur de ce qu’on n’allume pas de bûchers pour nous y jeter, nous pouvons le faire ; c’est sa volonté. Mais que nous suppliions le Seigneur pour que nous ayons la fidélité de ceux qui n’ont pas aimé leur vie, même jusqu’à la mort, quand il s’agissait d’aimer le Seigneur plus que leur propre vie !
Il est plus difficile aujourd’hui, incontestablement, d’aimer le Seigneur, en ne suivant pas le courant du présent siècle, en ne se conformant pas au présent siècle, que de laisser sa vie par amour pour le Seigneur, lorsque la vie des saints était en jeu. Suivre Jésus aujourd’hui appelle une mise à mort quotidienne, dans le détail, de notre propre volonté. Nous pouvons placer cela devant chacun de nous, et nous rendre compte que ce n’est pas une question facile.
Un deuxième personnage qui apparaîtra, et dont on sent bien que son apparition se prépare, c’est l’autre bête, celle qui sort de la terre, et que la Parole appelle « l’antichrist ». Son nom l’indique, c’est l’homme qui concentre dans toute sa personne la puissance d’hostilité à Christ. Il est contre Christ ; et toute la puissance du diable sera dans cet homme pour s’opposer à Christ. Jean dit : Il y a plusieurs antichrists ; déjà du temps de l’apôtre Jean ! Oui, parce que déjà l’esprit de l’antichrist était apparu. C’est une chose qui étonne, de voir que, du temps des apôtres déjà, l’apostasie était là, en germe. On peut dire que cette apostasie a commencé lorsque le Seigneur dit à Éphèse : « Tu as abandonné ton premier amour » (Apoc. 2:4). Tout le reste, c’est la prolongation que le Seigneur a donnée. Mais l’apostasie a commencé là ; et, déjà, le Seigneur, à ce moment, voyait qu’il vomirait un jour l’Église professante de sa bouche.
L’antichrist, c’est l’homme qui est contre Christ, dont toute la puissance sera contre Christ. Il apparaît avec deux cornes, comme un agneau, imitant Christ en toutes choses. Car il y a une trinité dans le mal, comme il y a une trinité éternelle du bien. Et le diable s’efforcera d’imiter le Seigneur et Dieu en mal, pour séduire les hommes. Il n’attend pas ce moment-là pour le faire.
Voilà l’apparition de ce second personnage, très puissant : l’antichrist. Il suffit que nous lisions ce que nous trouvons ici pour nous rendre compte de la puissance déployée à ce moment-là.
L’existence de ce pouvoir donné ainsi s’explique parce que le diable lui-même sera précipité du ciel sur la terre. « Malheur à toi, terre ». Quelle parole, lorsque Dieu dit « Malheur à toi, terre », lui qui dit tant de fois « Bienheureux » ! Un jour, à un moment donné, il dira : « Malheur à toi, terre ».
Ce que sera la terre lorsque le diable sera précipité sur elle, c’est absolument inimaginable. Ce sera l’apostasie ouverte, c’est-à-dire l’abandon ouvert de tout témoignage à Dieu, quel qu’il soit : apostasie juive, apostasie chrétienne. Les Juifs et les chrétiens apostasieront de façon ouverte ; et c’est à ce moment-là que le résidu juif — formé d’âmes pieuses, instruites par la Parole, par les Psaumes en particulier — connaîtra des souffrances sans nom, de la part des Juifs impies, conduits par l’antichrist.
Il y aura les quarante-deux mois dont il est parlé dans ce livre, cette période, dernière demi-semaine de Daniel, où le mal sera déchaîné sans aucun frein. Au sein de ce déluge (car ce sera un déluge, la Parole emploie cette image ; d’ailleurs, le déluge est une figure de ce déluge moral et spirituel), il y aura un résidu de croyants juifs qui attendront le Messie, qui, au milieu des plus grandes douleurs, s’attacheront à certaines parties de la Parole, et qui souffriront. Il y aura toujours des témoins ; le Seigneur a toujours eu des témoins, et il en aura toujours. Mais que personne ne pense que ce seront des chrétiens ; ce ne seront pas des chrétiens. À la venue du Seigneur, en cet instant, tous ceux qui sont au Seigneur, qui ont été convertis, qui sont croyants, partiront avec le Seigneur. Ceux dont la dépouille est en terre depuis plus ou moins longtemps ressusciteront ; ceux qui sont vivants — nous ici — nous serons transmués, nous partirons. Et, s’il y a quelqu’un ici qui ne soit pas à Christ, il restera.
À ce quelqu’un — s’il y en a un — c’est le devoir du ministère de dire ceci, que ce quelqu’un aura perdu toute occasion de recevoir la vérité. Il aura vécu dans la période chrétienne pendant que la croix était prêchée, période unique dans l’histoire de l’homme. Il aura méprisé la grâce ; il aura foulé aux pieds le sang du Fils de Dieu. Que lui restera-t-il ? Une énergie d’erreur sera envoyée à de tels hommes (2 Thess. 2:11-12).
C’est pourquoi — que de fois cela nous est arrivé de le faire ici — nous nous sentons pressés de prier que le Seigneur veuille travailler dans notre coeur à tous, pour que chacun de nous puisse dire : Seigneur, tu peux venir ; je suis prêt.
Il ne faut pas être converti pour les frères ; il ne faut pas être chrétien pour les frères — pour un frère ou pour une soeur, ou pour tous les frères du monde — mais pour le Seigneur. C’est une réalité. On est mort ou on est vivant ; on est perdu ou on est sauvé. Beaucoup se rient de ces vérités enfantines. Elles sont, on peut le dire, vieilles comme l’évangile du commencement ; et beaucoup désireraient qu’on présentât des vérités à la hauteur de l’orgueil de l’esprit moderne de l’homme. Mais nous n’avons rien de mieux à dire que ce que Jésus nous dit toujours. Nous ne serons pas plus sage que lui. Vous croyez en Christ (c’est au Seigneur que vous pouvez le dire) ? C’est bien ; vous partez. Vous ne connaissez pas Jésus ? Eh bien, vous restez. C’est le premier point, le premier fait, de votre sort.
Il vient un autre personnage. C’est cette femme. Qu’est-ce que c’est que cette femme, assise sur une bête écarlate ? Elle a un nom. C’est Dieu qui le donne. Nous n’oserions pas employer ce mot, qui définit moralement, à lui seul, ce que cette femme est pour Dieu : « Viens ici, je te montrerai cette femme ». Qui est-elle ? Nous pouvons être saisis d’étonnement, en voyant cette femme assise sur une bête écarlate. Cette femme, c’est la chrétienté et, plus particulièrement, la papauté. Que de fois il a dû nous arriver, à tous, de dire : Mais les frères, ces chrétiens, ces deux ou trois qui se rassemblent, comme ils pèsent peu, comme ils comptent peu, comme ils font triste figure, en présence de cette masse immense et organisée de la chrétienté ! Cela nous est arrivé bien des fois, dans le secret de notre âme. Qu’il y ait des chrétiens dans cette masse, c’est incontestable. Thyatire (chap. 2) nous représente une forme de ce témoignage, et il y a là des fidèles, certainement. Mais voilà donc ce que c’est que cette femme : la fausse épouse. Il y a une vraie épouse ; il y a une fausse épouse. Il y a un vrai Christ ; il y a un faux Christ ! Plus loin, l’ange dira : « Viens ici, et je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau ». Ici, il dit : « Viens ici, et je te montrerai la femme, la grande prostituée ». Et qu’est ce qualificatif ? Ces versets le disent d’une façon très claire : elle a eu des relations avec les rois de la terre. Voilà ce que c’est que cette irrégularité dans sa conduite, des relations avec les rois de la terre. Elle a oublié que, pour la terre, il y avait un seul Roi des rois et Seigneur des seigneurs, et que ce Roi des rois et Seigneur des seigneurs était celui dont, en principe, elle était l’épouse. Elle s’est lassée de la croix de Christ. Et toutes les fois que nous nous lassons, individuellement, de la croix de Christ, qu’est-ce que le Seigneur nous dit, comment nous appelle-t-il ? « Adultères » ! Il faut tout de même que nous ne nous contentions pas toujours de nous décerner intérieurement, silencieusement, des brevets de fidélité et de piété, quand nous ne sommes pas dignes de les recevoir. Il faut que l’oreille soit ouverte à ce que celui qui sonde les coeurs et les reins (Jésus sonde les coeurs et les reins) nous fait entendre. Il nous dit que nous sommes mondains et infidèles. Voilà le qualificatif ! On s’est lassé de la croix ; la chrétienté s’en est lassée très tôt. Combien de temps a duré la fidélité au Seigneur et à l’évangile de Paul, de Jean et des autres, après les apôtres ? Une génération, peut-être trente ans.
Cette église, cette femme, se vante des pères. On se vante beaucoup des pères. Ce n’est pas une lecture à conseiller, parce que c’est une perte de temps. Mais lorsque, à l’occasion on peut jeter un regard sur ce qu’ont été ces pères, on se rend compte qu’ils ont très tôt perdu la trace de Paul, de Jean et des apôtres. Ils ont inventé des pensées, au lieu de recevoir les pensées de Dieu ; c’est l’apostasie en germe.
« Je te montrerai cette femme ». Qu’est-ce que cela veut dire, qu’elle soit sur la bête écarlate ? Qu’elle domine sur l’empire. C’est ce que nous pouvons répondre, toutes les fois qu’on nous attaque dans le détail sur notre réserve. Nous pouvons dire : C’est un des griefs que vous êtes les premiers à faire à cette puissance religieuse, d’avoir mêlé le spirituel et le temporel ; ne nous entraînez pas dans ce chemin, que vous êtes les premiers à condamner.
La domination de cette femme, de ce pouvoir spirituel, sur les rois de la terre, c’est un chapitre qu’on peut dire humainement épuisé ; et loin de nous la pensée de manquer de charité en jetant la pierre à qui que ce soit. Ce n’est pas dans cette pensée que nous lisons ces chapitres, mais pour nous souvenir de ce que l’Esprit dit : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple » ; et, si vous êtes dehors, ne rentrez pas dans son sein.
Quand le dénouement aura lieu, quand le mystère de Dieu sera terminé … — c’est l’expression de l’Apocalypse (10:7) ; il y a un mystère de Dieu : Tout est mystère ; tout est en désordre ; tout est à l’envers ; c’est le mal qui triomphe, la corruption, partout. On dirait que Dieu laisse faire ou approuve. Et puis, Jésus est méprisé, son nom est bafoué ; c’est le mystère d’iniquité qui commence, et qui aura lieu à ce moment-là. C’est un étonnement, pour la foi. Mais comment Dieu permet-Il cela ? Tout simplement, Dieu a la vue plus longue que nous. Mais il y a un moment où l’achèvement arrive, pour le monde aussi.
« Sortez du milieu d’elle, mon peuple ». Nous risquons, dans le détail, de nous mêler à elle, à l’esprit du présent siècle. Plus les frères seront fidèles, plus ils seront de petite apparence. Notre force n’est pas la même. L’Église professante a voulu le pouvoir royal. Elle a voulu l’épée ; elle s’en est servi. Et qu’est-ce que l’Esprit lui reproche ici ? « En toi a été trouvé le sang des saints ». Depuis quand ? Depuis deux mille ans. C’est ce que le Seigneur dit, à la fin de son ministère : « Vous êtes responsables du sang des prophètes depuis… Zacharie » (Luc 11:50-51) ; c’est la même femme.
On désire ce dénouement, certainement, non pas pour le jugement, mais parce que le chrétien soupire, dans ce monde. Il est toujours sur le qui-vive. Quand donc, Seigneur, quand donc en sera-t-il fini de cette victoire apparente du mal ?
En attendant, le résidu juif, à la fin, quand il sera persécuté, appellera la vengeance. Et c’est pourquoi nous trouvons cela, dans les Psaumes : « Vengeance, quand donc vengeras-tu le sang de tes saints ? ». On peut dire que le Seigneur Jésus, pratiquement, se liant au résidu, a pu s’associer à cet appel. Dans les Psaumes, où il est parlé de la souffrance de Christ, nous voyons que le Seigneur réclame, de la part de son Père, le jugement. Mais, dans le Psaume 22, psaume d’expiation, il n’y a pas trace de cette pensée, ni d’une revendication de Christ. Il est venu exclusivement pour faire l’expiation des péchés. Il y a les souffrances de la part de l’homme qui sont dépeintes ; mais ce qui y est, hélas, c’est la souffrance de la part de Dieu. C’est pourquoi il n’y a pas de revendication, de la part de Christ. Par contre, dans le Psaume 69 ou d’autres, le Seigneur s’associe aux appels du résidu broyé, persécuté, pour être délivré. Le résidu sera délivré par le jugement, tandis que le Seigneur délivrera l’Église d’une façon tout à fait différente, en l’enlevant. Noé a été délivré à travers le déluge, Énoch avant le déluge.
Toutes les fois que nous avons l’esprit du monde — et du monde religieux — moralement, nous nous associons à cette femme, à son histoire. Combien il est à désirer que les frères, nous tous — et c’est le bonheur, c’est le repos, de notre esprit, de notre coeur — nous soyons persévérants, pour suivre Jésus, en portant notre croix fidèlement.
Je n’insisterai pas sur le désir de voir se manifester la vaine pompe. La pompe caractérise cette femme ; tout ce qui est glorieux, qui impressionne, qui est lié à la gloire de la terre, c’est ce qui la caractérise. Vous savez bien qu’il n’y a pas une cérémonie qui ne cache les laideurs du coeur de l’homme et les laideurs du sépulcre. On ne veut même pas les laideurs de la mort. Le diable a bien réussi, a bien joué son jeu. Mais c’est le Seigneur qui aura le dernier mot ; et nous n’avons pas à attendre ce moment pour penser comme lui.
Que le Seigneur nous donne d’être, dans notre esprit, séparés de l’esprit du monde, qui gouverne le monde. On est toujours affligé, quand on voit des chrétiens qui s’imaginent que quelque pouvoir, quelque chose de grand, de puissant, donnera de la puissance au témoignage, aux frères, aux soeurs. Il ne faut pas penser cela ; on peut dire que c’est une infidélité au Seigneur. Il n’y a qu’une chose qui donne de la gloire, de la grandeur, de l’honneur et de la puissance, aux saints : c’est la présence de Christ. Cela, personne ne l’ôtera.
C’est difficile et il faut un lent, un persévérant, dépouillement de soi-même, pour y arriver. Mais on ne voudrait pas revenir en arrière ; et que le Seigneur nous en garde ! C’est un progrès certain, et c’est même, pratiquement, le vrai progrès.
Quel est le sort de ce personnage ? La femme sera jetée par terre par la bête. La bête, l’empire, le grand roi temporel, détruira la puissance de cette femme.
Quel est le sort de ces deux bêtes, la bête qui sort de la terre et celle qui sort de la mer ? Nous l’avons au chap. 19. Ils sont jetés (la bête et le faux prophète) tous les deux vifs dans l’étang de feu et de soufre. Ce sont les responsables de l’empire romain. Ils y sont jetés vifs ; ils ne passent pas par la mort. Cela est bien sérieux et solennel. Il n’y a encore personne, en enfer, à l’encontre de l’opinion répandue ; et les deux premiers que la Parole nous y signale, en tout cas, les voilà. Dans l’étang de feu et de soufre, qui est la seconde mort, ils sont tourmentés au siècle des siècles.
Ensuite, il est parlé de la première résurrection, qui se fera en plusieurs moments, à la venue du Seigneur. S’il vient maintenant, tous ceux qui sont endormis ressusciteront ; ceux qui sont croyants vivants seront transmués. Nous partirons à la rencontre du Seigneur.
Il y a une autre résurrection, avant le règne de mille ans (chap. 20). Il y aura eu des témoins, au long de ces trois ans et demi, des gens qui auront été égorgés, qui ressusciteront et régneront mille ans. La terre connaîtra le règne de Christ pendant mille ans. Et, chose étonnante, au terme des mille ans, le diable, qui aura été lié dans l’abîme — car le règne millénaire sera marqué par le fait qu’il n’y aura pas de puissance du mal — sera délié. Mais, pendant le règne, les hommes pourront jouir de la création. Nous, nous passons à travers la création. Disons, en passant, qu’un chrétien qui occuperait sa vie à contempler les belles oeuvres de la création ferait fausse route. En passant, qu’il voie la gloire de Dieu dans la création, mais en passant, à l’image des hommes de Gédéon. Un chrétien qui s’attarde à contempler cette vieille création, sans aucun doute, oublie qu’il fait partie de la nouvelle. C’est pourquoi vous voyez la Parole parler si peu, et nous arrêter si peu, sur toutes ces beautés de la première création.
Un chrétien saisi par Christ, quelque brûlant qu’il ait pu être de sonder les choses de la création, a changé. Ce chrétien ne s’attarde pas à chercher « parmi les morts celui qui est vivant » (Luc 24:5). C’est pourquoi on laisse — Dieu le supporte — tant d’activité, tant de puissance, employées à sonder cette vieille création. Que chacun ait à faire au Seigneur pour cela. Mais, sans aucun doute, si nous avons connu quelqu’un selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. Christ nous arrache aux choses les plus belles de ce monde, et il y en a. Ceci est si vrai, que non seulement les choses belles de ce monde ne doivent pas arrêter la piété, mais le Seigneur va jusqu’au fond, et touche notre coeur dans ses parties les plus profondes : « Quelqu’un qui aime père, mère… plus que moi n’est pas digne de moi » (Matt. 10:37).
J’ai été frappé plus d’une fois par le rapprochement qu’on pourrait faire avec les idolâtres de l’Ancien Testament où, dans Ézéchiel, on voit des anciens du peuple qui se prosternent devant le soleil. Vous feriez sourire l’homme moderne, en lui disant cela. Mais sondez la question, et dites s’il y a une grande différence entre ceux qui se prosternent devant le soleil comme devant un dieu, et ceux qui consacrent leur vie et leur âme à l’étudier. C’est le piège que l’ennemi place sur le chemin de l’un ou de l’autre, de placer pour son coeur ce qui serait innocent, et même bon, si le péché n’était pas là, mais qui, le péché étant là, devient une idole.
Il y a deux morts : la première mort et la seconde. La première est entrée par le péché d’Adam. Peut-être qu’on n’a pas assez remarqué que, dans la malédiction de Dieu, lorsqu’Adam a péché, il n’y a rien qui parle de la seconde mort ; c’est une chose étonnante. Il n’y a qu’une allusion à ce qui devait arriver plus tard, c’est ce qui est relatif au serpent. Mais ce qui est dit à l’homme : « tu mourras », c’était la mort quant à la vie sur la terre. Mais il n’est préjugé en rien, il n’y a aucune annonce, quant à ce qui concerne l’état éternel de l’âme. Ce qui est dit à Adam et à Ève, c’est une sorte de gouvernement terrible ; mais gouvernement, ce n’est par le mot définitif de Dieu. Dieu, après avoir frappé l’homme par son gouvernement, est intervenu, par la suite, pour introduire autre chose. La terre n’est présentée ainsi que comme une sphère temporelle où Dieu a fait une expérience, l’expérience fondamentale de la responsabilité de l’homme. L’homme peut-il répondre à cette question de la responsabilité ? C’est ce qui était présenté par l’un des deux arbres du jardin d’Éden. Il a été prouvé que non ; et Dieu, dans son conseil, introduit une nouvelle scène, où il n’y a qu’un arbre, l’arbre de vie. Dieu introduit l’homme dans sa pure et puissante grâce. L’homme s’est fermé la terre ; Dieu va lui ouvrir le ciel, en donnant Jésus (c’est l’oeuvre de l’expiation). Mais, après cette oeuvre, après la croix de Jésus, toutes choses sont réglées définitivement. Il ne s’agit plus d’un gouvernement temporaire, de la mort du corps, mais de l’état éternel de l’âme. C’est la seconde mort, l’étang de feu.
Dans le chap. 20, après le millenium, la terre disparaît, brûlée par le feu. Tout ce que les hommes auront fait, dont ils sont si fiers, disparaît. Il apparaît de nouveaux cieux, une nouvelle terre et, auparavant, le trône blanc, le jugement des impies, selon la parfaite pureté de Dieu. Et ceux qui paraissent devant le trône blanc sont tous condamnés. Pourquoi paraissent-ils ? Pour qu’ils soient d’accord avec Dieu quant au jugement de Dieu. La gloire de Dieu exige cela, qu’ils soient d’accord avec Dieu quant à leur propre jugement. Ne jouons pas avec ces saintes choses. Ce qu’est la pureté de Dieu, personne ne peut le concevoir ; ce qu’est Dieu lumière échappe à toute pensée.
Pourquoi, dans notre vie chrétienne, tout chrétien authentique que nous sommes, à supposer que nous priions, que nous veillions, que nous marchions soigneusement, nous arrive-t-il de perdre la communion avec Dieu ? C’est parce que quelque souillure, par inadvertance, par négligence, s’est introduite dans notre vie ; et le fait que ce soit par négligence n’empêche pas qu’elle est incompatible avec la présence de Dieu. À plus forte raison lorsqu’il s’agit du péché volontaire. C’est une des raisons pour lesquelles le chrétien, qui soupire, aspire à ce moment où, enfin, ce bonheur qu’il goûte et qui est le sien, qui est sa portion, son seul bonheur, sera pour lui sans partage, sans interruption, sans aucune ombre, sans aucun nuage. Ne péchons pas volontairement ; et que le Seigneur nous donne de veiller. Le progrès, dans la vie chrétienne, c’est cela, la vigilance dans tous les détails. Et, si nous avons des âmes autour de nous, ne leur disons pas qu’elles sont sauvées si elles ne le sont pas. Ne leur laissons pas attendre d’être devant le grand trône blanc pour régler leur sort, ou de quitter la terre.
Il n’y a pas de position moyenne. On est avec Dieu ou hors de Dieu. On est alors dans les ténèbres, et ce que cela signifie dépasse notre compréhension : « les ténèbres de dehors… là seront les pleurs et les grincements de dents ».
Les sages, aujourd’hui, se rient de tout cela. Mais les sages, Dieu les appelle fous ; et « si quelqu’un est sage parmi ce siècle, qu’il devienne fou, afin de devenir sage » (1 Cor. 3:18).
Que le Seigneur nous donne d’être attentif à cela. Et il nous dit encore, vis-à-vis de ce monde qui peut-être nous tente, monde religieux ou politique, ou monde plus généralement (et sa voix, retenons-la) : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple, et soyez séparés ».
[LC n° 162]
Dimanche après-midi 30 janvier 1949
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 410
Les épîtres ont été données à l’Église pour sa nourriture, son instruction, sa croissance. L’Apocalypse, elle, est un secret que Dieu nous confie, comme jadis à Abraham : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? » (Gen. 18:17). Dieu y révèle sa pensée à l’Assemblée, plutôt que sa pensée sur l’Assemblée. C’est pourquoi il est dit : « L’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus » (Apoc. 19:10). Aussi la bénédiction ou la malédiction sont liées à la réception ou au mépris de cette révélation. Même si ce livre a donné lieu aux interprétations les plus extravagantes, il est bien propre à nous instruire. Il fait partie de la Parole de Dieu, bonne pour rendre l’homme de Dieu accompli, et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre (2 Tim. 3:17). Il jette une lumière incomparable sur la position des chrétiens aujourd’hui. Il est propre à nous détacher du monde, en nous faisant comprendre ce qu’est le monde et quelle sera sa fin.
Le retour de Christ est une vérité chrétienne fondamentale : « Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils » (1 Thess. 1:9-10). Le fait que cette vérité ait paru étrange et qu’elle ait été ignorée, fait sentir combien l’Église s’est écartée de son appel initial. On a oublié que Jésus vient, on s’est mis à manger et à boire avec les ivrognes (Matt. 24:49), comme dit le Seigneur, c’est-à-dire à se lier au monde pour s’enivrer des joies du monde. Si quelqu’un fait cela et dit : Viens, Seigneur Jésus, c’est un menteur.
Le tableau du chapitre 17 fait contraste avec celui du chapitre 21 ; Jean est invité à les contempler l’un et l’autre : « Viens ici » (17:1 ; 21:9). La Parole ne voile pas ses mots ; elle sait parler net quand il le faut. La femme d’Apocalypse 17 est caractérisée par un seul mot, Babylone, et désigne ce corps innombrable d’hommes qui professaient retenir les plus hautes révélations de Dieu, les révélations chrétiennes. Babylone est l’adversaire des témoins de Dieu dans tous les temps, le lieu où le peuple de Dieu a été amené captif. L’esprit de Babylone traverse les siècles et se retrouve dans la chrétienté au moment où le Seigneur va venir. Il s’oppose à tout témoignage de Dieu dans le monde, étalant sa force pour rejeter Dieu. Elle est « enivrée du sang des saints, et du sang des témoins de Jésus » (17:6). La Babylone chrétienne hérite en culpabilité devant Dieu, et en châtiment de la part de Dieu, de tout ce qui s’est fait avant elle, parce qu’elle se réclame du témoignage le plus élevé que Dieu ait confié aux hommes, le témoignage des vérités chrétiennes ; la corruption d’un tel témoignage est la chose la plus affreuse aux yeux de Dieu. L’Église étant enlevée, le monde, et en particulier le monde chrétien, sera entièrement jugé. Cette femme, « assise sur plusieurs eaux » (17:1), a beaucoup d’influence : elle a commis fornication avec les rois de la terre. Or, une assemblée fidèle est celle qui aime Jésus ; de même un chrétien fidèle est celui qui aime Jésus ; chaque chrétien aurait dû le montrer en se gardant pur du monde.
Cette femme est dans un désert (17:3), dans un désert moral ; c’est tout ce qu’elle trouve dans le monde. Elle a pourtant un nom, du prestige, du pouvoir. Ses doctrines alimentent des masses ; elle est assise sur plusieurs eaux, et les eaux et les fleuves sont corrompus (8:11 ; 11:6 ; 16:4), comme le sont aujourd’hui les courants des pensées humaines. Il y a vingt ou trente ans, l’influence chrétienne était encore puissante dans certains milieux sociaux ou religieux ; elle se traduisait par la crainte de Dieu, qui, malgré tout, barrait la porte au débordement du mal. Avec quelle rapidité aujourd’hui, et avec quelle puissance l’homme s’est totalement substitué à Dieu ! Les sources qui alimentent les peuples sont corrompues. C’est un fait acquis et définitif ; on ne reviendra pas en arrière. C’est une anticipation de la fin. Ne soyons pas fiers de ces prodigieux progrès matériels, qui sont des armes puissantes entre les mains du diable pour propager ses propres erreurs et ses propres tentations.
La femme a « sept têtes et dix cornes » (17:3). Les sept têtes sont sept formes de gouvernement ; une huitième doit apparaître (17:11), la forme impériale, l’empire romain occidental. Les dix cornes sont dix rois qui viendront. À travers les cheminements hésitants des hommes se dessine déjà cette puissance occidentale romaine, signe avant-coureur de la venue de Jésus ; quel bonheur ! La chrétienté s’est corrompue avec les rois de la terre. « Sortez du milieu d’elle, mon peuple ! » (18:4). Voilà ce qu’il faut dire dès aujourd’hui ! Et si quelqu’un est sorti de Babylone, qu’il lui soit donné de n’y pas retourner. Si quelqu’un de nous était tenté d’imiter ce qui se fait dans la chrétienté, qu’il se donne la peine d’en lire la fin. De cette chrétienté, au sein de laquelle nous sommes, nous devons strictement et jalousement rester séparés, moralement et spirituellement.
Le jugement contre la femme ? Ce sont les dix cornes qui ont reçu pouvoir une heure avec la bête (17:12) pour exercer le jugement contre la femme. « Les dix cornes que tu as vues et la bête, — celles-ci haïront la prostituée et la rendront déserte et nue » (17:16). Le jugement de la prostituée est providentiel. Les deux bêtes, la bête romaine représentée par les dix rois, et l’autre bête qui est le faux prophète, l’antichrist, haïront la prostituée, et c’est la bête romaine qui exercera de la part de Dieu le jugement contre elle, pour la faire disparaître. Et la dernière forme de révolte contre Dieu, ce sont les dix cornes qui combattront contre l’Agneau. Le jugement des deux bêtes, la bête romaine et l’antichrist, ne sera pas providentiel ; il sera exercé directement par celui qui sortira du ciel pour les jeter tous deux vivants dans l’étang de feu et de soufre (19:20), qui est la seconde mort : ils y seront les premiers. L’étang de feu et de soufre, c’est l’enfer, la seconde mort, la mort éternelle, la souffrance éternelle. Tout le monde ressuscitera, les incrédules comme les croyants, mais pas au même moment. Et l’incrédule reprendra un corps pour être jugé et jeté dans l’étang de feu et de soufre. Discuter ou nier l’enfer, c’est réduire à néant la valeur du sacrifice de Jésus et de ses souffrances insondables. Le sang de Jésus, aujourd’hui encore, « parle mieux qu’Abel » (Héb. 12:24), mais il ne parlera pas toujours.
La terre se prépare à ces événements inouïs qui précéderont l’aurore du règne de paix, d’une part un déploiement affreux de corruption et de violence, et d’autre part, des jugements inimaginables. Pour le moment Dieu freine ces événements par la présence même des chrétiens : c’est leur seul rôle dans la politique du monde ; habités par le Saint Esprit, ils constituent un barrage au débordement du mal. Lorsque ce barrage sera ôté, que le Saint Esprit sera parti avec les chrétiens, et qu’en outre, fait inouï, Satan aura été précipité du ciel sur la terre, ce sera la période sans pareille de la dernière demi-semaine de Daniel. Voilà où s’achemine la civilisation chrétienne moderne ! Les chrétiens sont avertis, même s’ils ne connaissent pas tous les détails de la manière dont Dieu mettra un terme au pouvoir de l’homme.
Il y a donc trois personnages : la prostituée, qui est la chrétienté professante, le chef de l’empire romain et le faux prophète, qui est l’antichrist. Ils gouvernent chacun à leur place, pendant les temps sombres dont le Seigneur a dit qu’aucun ne serait semblable à ceux-là dans toute l’histoire du monde (Marc 13:19). Voilà où va ce monde que nous envions peut-être et que nous imitons souvent ! Cet esprit de Babylone, de hauteur et de mensonge, a été en opposition avec les témoins de Dieu dans tous les temps. Un jour, les ténèbres seront d’un côté et la lumière de l’autre. D’une main sûre et infaillible, Dieu séparera pour lui ceux dans le coeur desquels il aura lui-même placé en vérité le trésor de la connaissance de Christ, ces bienheureux qui auront lavé leurs robes dans le sang de l’Agneau (Apoc. 7:14). Tous les menteurs seront dehors. Dès lors, aucun évangile ne sera plus prêché à ceux qui constituent Babylone ; il leur sera envoyé une énergie d’erreur. Quand Jésus, tout à l’heure, nous aura enlevés, ceux qui ne partiront pas resteront avec leur désespoir. Les vérités de l’évangile sont simples et solennelles : il y a la mort et il y a la vie ; il y a le ciel et il y a l’enfer. Aujourd’hui est encore un jour de grâce.
« Alléluia ! Le salut et la gloire et la puissance de notre Dieu ! » (19:1). Après le jugement de la prostituée, la joie éclate dans un cantique dont la puissance et l’allégresse sont inégalées dans toute la Parole. Ah, il est fini, le règne de cette femme, responsable du sang de tant de fidèles ! Il en a coulé, du sang des témoins de Jésus, tout au long des siècles, et cela parce qu’ils aimaient Jésus, et parce qu’ils le disaient ! Le monde a mis à mort Jésus parce qu’il rendait témoignage à Dieu ; il a versé le sang des témoins de Jésus pendant des siècles, et Dieu restait comme sourd et insensible. Le monde semblait plus fort que Dieu, et, sous l’autel, les âmes de ceux qui ont été égorgés pour la Parole de Dieu crient : « Jusques à quand, ô Souverain,… ne venges-tu pas notre sang ? » (Apoc. 6:10). Le livre du souvenir de Dieu est à jour, rien n’est perdu de ce qui a été fait au nom de Jésus, par amour pour Jésus, en face même de l’opposition du monde entier, et d’un monde qui osait se réclamer de Jésus. Dieu ouvrira ses propres livres et mettra en lumière ce que sa grâce aura opéré pour entretenir dans les siens, au milieu des circonstances difficiles, l’amour vivant et vainqueur de Jésus.
L’heure de la joie approche, celle des noces de l’Agneau ; l’épouse sera parée de fin lin, c’est-à-dire des actes justes des saints, des actes de fidélité que la grâce aura produits dans les saints ; ils seront un ornement pour Christ et pour l’Église. Un jour, nous nous reposerons. Notre coeur brûle à la perspective de cette allégresse qui remplira tant d’âmes : « Les noces de l’Agneau sont venues » (19:7). « Bienheureux ceux qui mènent deuil, car c’est eux qui seront consolés ;… bienheureux ceux qui sont purs de coeur, car c’est eux qui verront Dieu » (Matt. 5:4, 8).
« Je vis la sainte cité, nouvelle Jérusalem, descendant du ciel » (Apoc. 21:2). « Voici, l’habitation de Dieu est avec les hommes » (21:3). Les versets 1 à 5 du chapitre 21 décrivent l’état éternel ; très peu d’autres passages en parlent. La suite du chapitre décrit la sainte cité. L’épouse est présentée comme une cité, elle est la capitale céleste du gouvernement de Dieu, et Jérusalem, la capitale terrestre. Dieu habitera avec les hommes, son habitation sera dans l’Église, au milieu des hommes. Dieu nous a préparé une position de gloire dans l’état éternel ; cette pensée donne du courage pour traverser ce monde, qui n’est qu’un lieu de passage. Nous serons devant Dieu, plongés dans l’amour de Dieu d’une façon égale, continue, infinie, pour l’éternité !
[LC n° 163]
Le Chambon — lundi 7 juin 1965
Un des derniers versets que nous venons de lire nous fait savoir que les choses contenues dans ce livre ont été communiquées, d’une façon spéciale, par le Seigneur, par l’instrument qu’il a choisi, Jean, pour que ces choses soient dites aux assemblées.
Voilà un livre dont l’ensemble — une grande partie en tout cas — n’est pas, proprement, ce qui répond aux besoins de l’édification de l’Église. Mais cela fait partie de l’Écriture, qui est utile, comme tout le reste de l’Écriture. Et, dans ce livre en particulier, le Seigneur livre ses secrets à l’Église et aux assemblées, ces secrets sur ce qui doit arriver, en dehors même de l’Église. C’est de la prophétie.
Nous pouvons particulièrement déplorer que la prophétie disparaisse, pratiquement en grande partie, de nos études. La prophétie n’est pas proprement pour l’Église. Mais elle est la révélation du secret du Seigneur à l’Église, à celle qu’il aime. Et l’Église est ainsi instruite sur ce qui concerne le monde et sur l’avenir, afin qu’elle soit, par cela même, enseignée à être plus fidèle.
Si l’Église était pénétrée de ce qui est dit dans l’Apocalypse, et ce qui est l’expression de l’Église de nos jours, sûrement, nous serions moins mondains que nous ne le sommes, certainement. Si nous comprenions un peu que ce monde vit et se meut, pour ainsi dire, sur un volcan, l’influence que le monde a sur nous pourrait être diminuée. Et ce serait un très grand progrès moral et spirituel, pour les chrétiens.
Ce livre, qui est réputé illisible par beaucoup, porte avec lui un double témoignage, au commencement et à la fin, d’une bénédiction spéciale à celui qui le lit et le comprend, et d’une malédiction à celui qui ne le fait pas.
Si nous aimions la lecture de ce livre, ces difficultés nous paraîtraient bien moins grandes que celles de tant de mystères de la création que nous sommes obligés de sonder, pour notre formation humaine et terrestre. Nous nous donnons beaucoup moins de mal pour sonder ce que le Seigneur a dit. D’accord, il faut le Saint Esprit, bien entendu. Mais, même avec le Saint Esprit, nous sommes exhortés à y mettre toute diligence, parce que la diligence est l’expression d’un besoin vrai, donc de la droiture de l’homme devant Dieu.
Nous avons quelques-uns des personnages qui joueront leur rôle, quand l’Église sera partie. Le monde de la fin aura été préparé avant que l’Église ne soit partie.
Il y a deux mille ans que c’est la dernière heure. Les premiers signes de l’apostasie et la déclaration de la ruine ont eu lieu presque tout au début.
L’Église sera partie. Elle peut partir ce soir, chose que nous connaissons mieux, comme vérité générale. Seulement, peut-être, cette connaissance n’est pas toujours bien placée, c’est-à-dire qu’elle ne produit pas toujours l’effet qu’elle devrait produire.
Quand l’Église sera enlevée, ce qui se prépare se développera rapidement.
Je désirerais dire quelques mots sur les personnages dont on ne peut pas dire qu’ils soient sur la scène, mais dont nous pensons que cette mise en place, à plus ou moins longue échéance, se prépare.
Un signe, qui serait peut-être le plus fort, c’est la déchéance générale de la chrétienté. C’est la chute sensationnelle qui s’est manifestée, depuis un petit nombre de décades, dans la chrétienté, la chute spirituelle et morale.
Cela ne durera pas toujours. Le Seigneur ne supportera pas toujours qu’on bafoue son nom, qu’on méprise son nom, en méprisant ce qu’il a fait, en méprisant les serviteurs dont il s’est servi pour le faire ; et — si on employait une parole tout à fait mondaine — en brûlant aujourd’hui ce qu’on adorait il y a deux ou trois siècles. Les mêmes personnes, qu’on honorait en leur temps, et chez lesquelles on savait découvrir des instruments du Seigneur et des hommes dans lesquels le Saint Esprit agissait pour faire le travail que le Seigneur voulait faire, ces mêmes hommes, aujourd’hui, même si on se défend de le faire, on les renie. Cela s’étale devant tous les regards. Qu’on ne prétexte pas que ces serviteurs aient pu avoir des défaillances ; le Seigneur ne recevrait pas cela. Le travail qu’il a fait, même si l’instrument n’a pas toujours été à la hauteur, travail qui s’est montré par des fruits, est un témoignage dont tous ceux qui ont suivi sont responsables. Pour cela, il faut remonter à deux, trois ou quatre cents ans.
Cette évolution de l’état d’esprit, dans la chrétienté, est un signe probablement majeur. Et il faut y prendre garde, et veiller à ne pas nous laisser emporter par le courant. Il faut remonter le courant, aujourd’hui. Il nous faut tenir à ce que nous avons une fois connu. C’est tellement facile, de se laisser aller au courant du jour, de se laisser convaincre que ce qui était vrai autrefois n’est plus vrai maintenant. La vérité ne varie jamais. Sinon, elle n’est pas la vérité. Il n’y a pas de variation dans la vérité, pas plus qu’en Dieu.
Aujourd’hui, pour être sauvé, pour être en règle avec Dieu, pour être heureux, pour savoir ce qu’est un homme, pour savoir la raison pour laquelle un homme est ici-bas, pour savoir sa destinée, la source de vérité, pour répondre aux questions que nous nous posons tous, une fois ou l’autre, est inchangée.
Que nos philosophes, ou nos théologiens, fassent ce qu’ils veulent, ils ne nous expliqueront pas ce qui nous tourmente. Jamais ils ne nous donneront la clé de cette énigme de notre présence sur la terre. Ils pourront nous endormir avec des paroles, mais pour nous préparer à un épouvantable réveil, dont nous allons dire quelque chose.
Ce n’est pas la première mort qui est redoutable ; c’est la seconde. C’est le jugement. C’est la vérité, cela.
Qu’il nous soit donné, dans les assemblées, de présenter la vérité inchangée. L’homme est toujours le même. Il souffre ; il pleure ; il pèche ; il a peur ; il s’amuse. Il fait preuve de manières insensées, comme toujours, bien que ce soit dans un décor différent.
Quand cette Église sera partie, composée de tous les chrétiens scellés du Saint Esprit, le monde connaîtra d’autres jours. Le monde chrétien, en particulier (le monde religieux chrétien), sera représenté par ce personnage appelé « Babylone ». Le monde politique sera représenté par un autre personnage, qui est appelé « la Bête ». Le monde politique religieux sera représenté par un troisième personnage, appelé « la seconde bête ». Ces acteurs auront leur rôle à jouer. Et Dieu permettra qu’ils se préparent et prennent leur place, pour que ses desseins s’accomplissent, en vue du grand jugement pré-millénaire.
Ce ne sont pas toujours que les hommes feront, sur la terre, tout ce qu’ils veulent, et que la terre sera le jardin de récréation du diable. Cela ne tiendra pas toujours.
En pensant à cela, nous ne pensons pas seulement à tout le mal grossier, à la violence et à la corruption. Mais le jugement de Dieu englobe tous les gens qui auront passé pour être très justes, très honnêtes, très intègres. Il y a une foule d’élite humaine qui sera confondue avec ceux dont les péchés étaient beaucoup plus apparents. Il n’y a pas de différence fondamentale.
Cette Babylone est représentée par une femme. Babylone, c’est confusion. La première fois qu’il en est parlé, c’est dans l’Ancien Testament. C’est dans la Genèse, après le déluge. Le déluge a balayé l’ancien monde. Qu’est-ce qui a caractérisé l’ancien monde ? La corruption, jusqu’au déluge, est ce qui a caractérisé l’humanité. Cet ancien monde a été balayé, pour que fussent éliminées les manifestations d’un péché épouvantable, dont la Genèse parle, pour que les traces, les témoins, de ces péchés, fussent éliminés.
À partir du déluge, le monde recommence. Et ce que nous voyons apparaître, à partir de ce moment-là, c’est l’idolâtrie. Babylone, c’est la confusion. Et c’est à propos de cette confusion qu’on voit apparaître la tour de Babel. Mais le mot est le même : la prétention de l’homme de s’élever jusqu’à Dieu et de se passer de lui. La tendance est donc très ancienne.
La Babylone historique, c’est celle-là, qui a eu un double effet : la corruption, et la tenue en captivité du peuple de Dieu.
Il y aura une Babylone mystique, celle dont nous sommes occupés ici. Cette Babylone prétend être une femme. Elle est mise en contraste avec la femme qui est présentée ailleurs. « Viens ici, je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau » (21:9).
Babylone, c’est cet ensemble de profession et de prétention chrétiennes, qui prétendra être l’Église, l’Épouse, la femme de l’Agneau. Et l’apôtre la voit dans un désert, parée d’or et de pierres précieuses. Sur son front, mystère. Cette femme est présentée comme entretenant des relations avec des rois de la terre. C’est la mondanisation de ceux qui portaient un nom tel, alors qu’ils auraient dû être gardés sans tache et purs du contact avec le monde. L’Écriture flétrit les rapports de ce qui a le nom de chrétien avec le monde. Elle les flétrit de la plus grave manière. Il ne peut y avoir une flétrissure aussi grave que celle par laquelle le Seigneur caractérise ceux qui portent le nom de chrétien ayant des rapports avec le monde. Nous l’avons vu aujourd’hui, celui qui aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui (1 Jean 2:15). L’amitié du monde est qualifiée d’adultère. Quand est-ce qu’on aime le monde, chers amis ? Quand on a communion avec lui, qu’on prend part à ces joies ; quand on porte ses lèvres à la coupe à laquelle le monde porte les siennes ; quand, dans son coeur, on recherche les joies que le monde recherche. Qu’il nous soit donné de prendre garde. Cette femme est là. Nous voyons qu’elle est en relation avec la Bête.
Il y a deux Bêtes : la Bête qui sort de la terre, et celle qui sort de la mer. Celle qui sort de la mer, c’est la grande bête romaine. C’est le quatrième empire, qui reparaîtra, auquel Dieu avait donné le pouvoir après que son trône a été retiré de Jérusalem. Voilà encore un des effets de l’infidélité du peuple juif. Il avait, au milieu de lui, le trône de Dieu (le trône veut toujours dire puissance, puissance en gouvernement, en jugement, ou puissance en déploiement de grâce). Le trône représente aussi une puissance suprême souveraine. Les Juifs ayant été infidèles, Dieu s’en est allé du milieu d’eux. Il donne le pouvoir à Nébucadnetsar. C’est la tête d’or de la statue. Et c’est le seul des quatre empires qui se sont succédés, qui ait reçu directement le pouvoir de la part de Dieu. Il avait un pouvoir absolu. Il pouvait tuer, faire ce qu’il voulait. Mais, ayant reçu ce pouvoir de la part de Dieu, il a déshonoré Dieu. Nous savons ce qu’il est arrivé au roi de Babylone. Lisez Daniel ; scènes étranges, mais vraies.
Il y a, dans l’Écriture, des quantités de récits sur lesquels les étudiants de la Bible buttent, et jettent la Bible loin d’eux en disant : C’est impossible.
La foi se réjouit de voir tout ce que Dieu sème à profusion, dans les divers livres de l’Écriture. L’Écriture est tissée d’une telle manière, qu’on ne peut pas arracher quelque chose (le livre de Jonas), sans braver les paroles de Jésus, qui a parlé de Jonas.
C’est un livre inexprimablement magnifique. Comment le connaît-on ? En le lisant. Les choses de Dieu sont infinies. On les connaît en les recevant. Les créatures que nous sommes, connaissent l’infini en goûtant ce qu’il est, jamais en le sondant. Nous ne le pouvons pas. C’est impossible de le faire.
Le quatrième de ces empires est l’empire romain. Il était quand le Seigneur est venu, et il a participé à son rejet. Les comptes ne sont pas réglés. Le monde a dit : Nous voilà bien débarrassés. Le monde n’a qu’à attendre.
On voit bien, en tout cas, non pas l’empire romain qui apparaîtra — les chrétiens ne le verront pas — mais il y a quand même de singuliers mouvements, depuis un certain nombre d’années. Faut-il faire fi de tout cela ? Sûrement pas. Nous ne faisons pas de politique. Si nous faisons de la politique, nous sommes comme Babylone. Mais Dieu à la sienne, si j’ose parler ainsi.
Prenons garde à tout ce que par quoi Dieu peut nous éclairer, quant à ce qu’il a dit.
Voilà la bête romaine. Elle aura dix rois, dix cornes. Sept têtes, c’est dans le temps. Les rois et la bête sont ensemble, à un moment donné, la bête étant une des dix, qui aura une suprématie. Ce sera un huitième. Les sept rois auront été sous l’empire romain, et celui-là sera un huitième.
Chacun sait qu’on a émit la pensée que Charlemagne a pu être une des têtes, et plus encore Napoléon. À ce moment-là, il y a eu un mouvement qui tendait à faire reparaître l’empire romain. Cela aura lieu.
Dieu a créé la diversité de langues, qui a été une bride de fer entre les nations. Avec l’existence des nations est né aussi un autre sentiment, l’égoïsme. L’égoïsme revêt bien des formes : égoïsme individuel ; égoïsme de famille, quelquefois de clans aussi ; et égoïsme national. Ce sont des manifestations très diverses d’un même élément fondamental, universel.
Au commencement, pendant un temps, cet état de choses babylonien, la religion chrétienne, sera d’accord avec la Bête. On peut bien dire que la religion est indispensable aux rois, l’homme étant un animal religieux, comme on l’a dit, ayant un instinct incoercible à l’égard de ce besoin d’un Dieu, le Dieu vrai ou des dieux, quels qu’ils soient. Les conducteurs s’en servent. Et ils inventeront plutôt une religion pour entraîner des masses. Les peuples en contact avec la Parole de Dieu en subissent les effets. Partout où la Parole de Dieu est ouverte, elle a un effet moralisateur, qu’on ne retrouve pas ailleurs. Elle apporte et produit avec elle une crainte de Dieu extérieure. Et les peuples qui sont sous l’influence de la Parole de Dieu sont moins facilement maniables par les autorités, en un sens ; car ils aiment trop ce qui est vrai. Tandis que les autres, qui ne sont pas sous la lumière de la Parole de Dieu, ont des façons d’agir plus ténébreuses.
À un moment donné, Babylone et la Bête sont d’accord. Et, à un autre moment, Babylone reçoit son châtiment, et le reçoit d’une façon providentielle. Ce sont les rois qui la rendent déserte et nue, et lui enlèvent son influence. Voilà la fin de cet état de choses que nous connaissons, au milieu duquel nous nous mouvons, et qui pourrait surprendre quelqu’un qui s’y trouverait tout d’un coup placé. Il se trouverait profondément surpris de voir cet ensemble politique et religieux.
« Sortez de Babylone, mon peuple ». On peut toujours le dire. Le jugement de Babylone sera un très grand jugement.
Dans le chapitre 18, il y a une très grande lamentation à la suite de la chute de Babylone. Il y a une série d’activités corporatives qui expriment leur désolation, à la chute de Babylone.
Dans Babylone, il y a un élément religieux et un élément mondain, rejoignant la Babylone historique dans son esprit. Il n’y a rien comme l’association du monde et de la religion, pour favoriser les convoitises des hommes et, en particulier, ce qu’on voit, de nos jours, progresser à une si grande échelle, la prospérité matérielle. J’ai été frappé plus d’une fois, en lisant ce qu’au siècle dernier, on a écrit sur ces passages. Ceux qui ont ainsi parlé ont prophétisé. Cela était moins apparent. L’immense activité commerciale et matérielle, ce développement inouï auquel nous assistons, et qui opère une véritable révolution, cela n’a l’air de rien. Il n’y a pas de mal à cela. Allons doucement ; apaisant la conscience des gens par cette religiosité qui ne coûte rien et qui n’appelle à aucun renoncement, à aucun sacrifice ; qui, au contraire, sanctionne les activités libres des goûts et des convoitises des hommes. Cet état de choses permet le développement de cette prospérité, qui se réalise en faisant bon marché des réclamations de la conscience. Quand Satan, par un moyen ou par un autre, a réussi à étouffer la conscience de quelqu’un, à l’endormir, en établissant ainsi un état, il tient cet homme dans ses mains. Ce sont des jouets, dans ses mains.
Nous avons à veiller, chers frères et soeurs, à avoir une conscience délicate. Dans cet état de choses, il n’y a pas nécessairement un mal grossier. Mais c’est un appât du gain, cette soif insatiable à l’égard des choses matérielles. Il n’y a pas de limite. Vous n’avez jamais vu quelqu’un qui dit, après avoir bien prospéré : Je m’arrête.
Ces prospérités s’obtiennent avec des défaillances intérieures que Dieu connaît. Voilà pourquoi, lorsque Babylone est tombée, elle qui a favorisé le progrès de cet état de chose, tout le monde se lamente beaucoup. Chacun sent que, Babylone étant tombée, le tour des autres va venir. Voilà le monde. Jeunesse, voilà le monde où vous faites vos premiers pas. Que Dieu vous accorde d’avoir les yeux ouverts sur tout le faux étalage de ses gloires et des prospérités humaines. Ce n’est pas un raisonnement qui convainc un homme que le monde est mauvais. Jamais vous n’obtiendrez cela par le raisonnement. C’est par la lumière de Dieu entrant dans votre coeur.
Il y a des idoles possibles, dans un coeur d’homme, dans un coeur de chrétien. Oh, chers amis, ce n’est pas pour rien que Jésus est venu ! On ne peut pas dire de Jésus qu’il a mal fait sa carrière et que, dans quoi que ce soit de sa carrière d’homme, du commencement à la fin, il ait encouragé le développement de ce mal que nous avons ici. Il a commencé pauvre, et pauvre il a fini. Nous n’avons pas à l’imiter à la lettre, mais dans l’esprit. Que le Seigneur nous soit en aide, pour que ces mensonges et ces fautes, ces péchés, ne nous éblouissent pas.
L’Apocalypse est un livre admirable, comme source de lumière, sur des quantités de points. Nous sommes plus forts, en histoire, que les historiens. Nous ne nous mettons pas en parallèle avec eux, sur leur terrain. Mais notre science est beaucoup plus sûre ; elle est parfaitement sûre.
Que Dieu vous convainque, chacun. Lui-même le fait. Et le chrétien n’est pas toujours à se poser des questions. Elles sont résolues en même temps, quelles qu’elles soient.
Ce qui a favorisé cette prospérité sans Dieu a un départ très ancien. Le père de la science et des arts, on connaît cette famille.
Cette femme, qui a tellement péché, est jugée. La petite Bête et la grande Bête connaîtront un jugement différent. Babylone reçoit un jugement gouvernemental direct par des instruments. Mais, pour la Bête romaine, ce n’est pas d’une façon directe.
Nous avons, pour la petite Bête qui sort de la terre prophétique (ici, c’est la terre juive), l’Antichrist. C’est une personne.
Plusieurs antichrists représentent une période. Mais il y a un être humain dont la destinée sera d’incarner, en lui, toute la profession anti-chrétienne. Cet homme, c’est l’Antichrist.
Quand le Seigneur vient pour juger, il commencera par juger la bête romaine. Pourquoi est-ce lui qui juge ? Parce que l’empire romain, le quatrième, est lié au premier. Il vient directement du ciel.
Ces deux hommes sont jetés dans l’étang de feu et de soufre. C’est solennel, et c’est sérieux.
Les gens qui prospèrent sur tous les points, leur vie est un drame, comme celle de ceux pour qui rien ne prospère.
Nous avons donc ces personnages, et leur fin. Puis nous avons lu quelque chose de relatif à la fin, la nouvelle création. Il y a le trône blanc, avant. Après les jugements de la Bête romaine, de l’Antichrist, le Seigneur établira son règne sur la terre. Ce sera le règne millénaire qui aura lieu. Mais il y aura une fin. L’Église régnera avec Christ. Dans quelles conditions, exactement ? Nous n’avons pas à le savoir ; peu importe. Mais cela aura lieu. À la fin du règne millénaire, toute cette création disparaît.
Qu’est-ce que cela peut bien nous faire, de savoir ce qu’est un atome, à part les satisfactions intellectuelles que nous pouvons trouver à ces recherches, puisque tout doit disparaître ?
L’homme ne connaît pas l’essence des choses. Il étudie les effets des choses ; mais la nature essentielle des choses lui échappe, et lui échappera toujours. Il y a beaucoup de choses très simples, et dont l’homme ne connaît pas le premier mot. Il y a une chose très simple, que tout le monde connaît, la douleur. Mais personne ne sait ce qu’elle est. Donc, les plus grandes certitudes sont d’un autre ordre que les certitudes ordinaires. De même pour la foi. Je connais Dieu. Je ne peux pas l’expliquer ; mais c’est une certitude. Voilà pourquoi tous ceux qui raisonnent se fourvoient. C’est toujours l’homme. Tandis que, pour la foi, nous la recevons par une opération divine.
Ensuite, il nous est parlé des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, où la justice habite. La grâce règne, pour le moment, par la justice. Pendant le millenium, la justice régnera. Mais là, la justice habite. Nous voyons qu’un appel est adressé : « À celui qui a soif, je donnerai, moi, gratuitement, de la fontaine de l’eau de la vie » (21:6).
Nous voyons cette expression : « Moi, je suis l’alpha et l’oméga… le commencement et la fin ». Celui qui parle était avant que le monde fût, et il sera encore là lorsque tout aura disparu. Le monde aura été le théâtre de toute l’agitation des hommes, remplissant les anges de stupéfaction, de voir qu’il y a une créature qui ose se comporter comme elle le fait. Les anges font la volonté de Dieu, continuellement. Qu’est-ce qu’ils doivent penser de nous, en nous voyant ?
Celui qui vaincra, je lui serai Dieu, et lui me sera fils. Puis, pour les autres, voyez la liste, au ch. 21.
« Que celui qui est saint soit sanctifié encore » (22:11). Ce n’est pas, proprement, de notre temps ; mais on peut l’appliquer.
Tout va bientôt se terminer ; et ce sera fini. Maintenant encore, nous pouvons dire que celui qui pèche s’arrête de pécher. Mais il y aura un temps où chacun sera entraîné. Et là, il est dit encore : « Je suis l’alpha et l’oméga… le commencement et la fin ». Quelle gloire de Dieu ! Elle est là, dans les pages, les versets. Il faut avoir du courage, pour mépriser l’Écriture, un courage insensé, le courage de la folie. Pour ceux qui lavent leur robe, ils auront droit à l’arbre de vie. Ce n’est pas dit souvent, ceci. Ils auront ce droit en grâce. Si quelqu’un lave sa robe, Dieu ne pourra pas lui refuser d’avoir part à l’arbre de vie qui est dans la cité, et d’entrer par la porte dans la cité. L’arbre de vie, c’est Christ qui donne la vie.
Dans le paradis de l’homme, il y avait deux arbres. Dans le paradis de Dieu, il n’y a qu’un seul arbre. Le paradis de Dieu, je pense qu’on le trouve deux fois, dans l’Écriture. On le trouve dans la lettre à Éphèse. Le paradis de l’homme était parfait ; mais il n’était pas à l’abri d’une ruine. La ruine est entrée. Dans le paradis de Dieu, il n’y a qu’un arbre. La question du péché soulève la question de la responsabilité. L’homme ne peut pas y faire face. Il ne peut pas se corriger. Il ne peut pas commencer, continuer, sa vie, sans pécher. Il est responsable. Il est perdu, quels que soient les enseignements qu’on lui donne — et il y a encore des chefs, dans la chrétienté, qui osent conduire leur troupeau sur le chemin de la responsabilité, pour avoir la vie. Satan est derrière tout cela.
Ils entrent par les portes dans la cité. « Dehors sont les chiens… et quiconque aime et fait le mensonge » (22:15).
En terminant, nous lisons : « Je suis l’étoile brillante du matin », avant que le soleil se lève. Le soleil se lèvera pour éclairer le millenium. L’étoile brillante précède le jour. C’est ce qu’est Jésus pour ceux qui l’aiment, qui l’attendent. Ce que le Seigneur produit dans les siens est attribué aussi aux siens. C’est l’Esprit qui dit : Viens. Mais il produit cela dans l’Épouse. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ».
Voilà ce que le Saint Esprit produit, encore aujourd’hui, chez les chrétiens qui connaissent cela. Que le chrétien qui ne connaît pas encore la vérité de la venue du Seigneur se joigne à ces chrétiens, pour dire aussi : Viens. Et si quelqu’un, dans cette salle, ne connaît pas Jésus, qu’il se joigne aussi à nous pour dire : Viens.
Que le Seigneur donne à chacun ce dont nous avons besoin, pour sa gloire et pour notre bénédiction éternelle. Mais prenons garde à l’influence si puissante, si pénétrante, du monde, sur nos coeurs et sur nos voies.
[LC n° 164]
12 septembre 1971
Ce livre, dans son ensemble, n’a pas la place que trouvent, par exemple, les Évangiles ; et ce n’est pas surprenant. L’Écriture ne se répète pas. L’Écriture est un tout. Mais, étant donné que c’est un livre prophétique, qui annonce l’avenir, un livre merveilleux, dont l’importance est grande pour l’Épouse elle-même (car le Seigneur a confié à l’Église, aux chrétiens, la révélation relative à l’avenir du monde), il était bon que l’Église soit ainsi informée. Et ceci est propre à rappeler que l’Église n’est pas du monde, et qu’elle ne doit pas se mêler à lui. Christ instruit son Église.
L’annonce des évènements de la fin se renforce de jour en jour. Et il est important que la jeunesse chrétienne soit fondée, sur cette révélation. Nous nous rendons compte que l’atmosphère dans laquelle nous nous mouvons dépasse les hommes. Ce n’est pas parce que l’Église n’est pas du monde, qu’elle ne doit pas être informée. Mais c’est pour qu’elle connaisse mieux les frontières qui la séparent de ce monde-là. Et ces frontières sont d’ordre moral. La séparation n’est pas par des frontières apparentes, mais par des frontières morales.
Tout chrétien, quel qu’il soit, isolé peut-être, peut réaliser cette séparation. L’Église va être enlevée. Il n’y a pas de date. Pour l’Épouse du Seigneur, sa position est dans son coeur. Conservons des affections vivantes pour le Seigneur ! Elle a à veiller à ne pas laisser disperser ses affections ici et là. Ceci est très important. La séparation extérieure ne suffit pas ; il faut un état intérieur. Ce qui lie l’Épouse au Seigneur, c’est la puissance du Saint Esprit. Sa séparation est intérieure. La grande différence qu’elle a avec le monde, sera manifestée un jour, et de la plus forte manière, quand le Seigneur viendra. La séparation de l’Église, en chacun de nous, est parfois floue. Elle sera alors très nette.
Il est utile de savoir ce qu’est ce monde, dans lequel nous sommes appelés à vivre, mais aussi à être séparés. Satan est le chef de ce monde. Il n’a pas fini d’accomplir ses exploits. Et il est bon de nous tenir sur nos gardes.
Puis il y a des personnages. L’un est la Bête ; l’autre, le faux prophète. L’un est un système politique ; l’autre, un système religieux. L’empire romain est responsable du sang de Christ. Dieu ne peut pas passer sur cela sans qu’il intervienne. Babylone est un système religieux. Dieu lui reproche, en particulier, d’avoir versé le sang des saints. Babylone cherche les apparences. Ce n’est pas étonnant, car elle a mauvaise conscience. La vérité se suffit à elle-même. Elle se glorifie en elle-même. Moins il y a de vérité, plus on s’attache aux apparences, dans tous les domaines. La simplicité est le caractère d’un croyant fidèle. Un chrétien qui jouit du Seigneur, sa personne lui suffit. Il n’y a aucune gloire plus grande, dans le monde, que ce qui est de Dieu. La vraie gloire est toujours ce qui est de Dieu et en Dieu, et ce que Dieu communique.
Alors cette fausse Église se pare. Elle couvre son mensonge. C’est une parure factice. Comme cela est vrai ! Quand on n’est pas dans un bon état, on cherche à paraître. Quand on est dans un bon état, on ne cherche rien du tout.
Chacun fera bien de relire ces passages.
Quand les hommes sont occupés de leurs affaires, d’une façon passionnée, et qu’ils réussissent, le coeur s’y attache. Et cela devient une idole. Et alors, un élément moral qui vient encore, dans cet organisme ainsi formé, et qui se développe de plus en plus, c’est : On ne doit pas avoir une conscience délicate.
Il faudra que cette prospérité se développe. Les hommes doivent sentir que la puissance qui se développe ainsi, on ne peut pas lui donner un frein ! Et elle se terminera par de terribles jugements.
Chap. 18 : On voit que tout le monde pleure. Tous les corps de métier pleurent. Que nous ne nous fassions pas d’illusions sur l’avenir du monde ! Et voyons, de nos jours, de quelle manière l’activité professionnelle peut gêner la réalisation de la vie spirituelle simple, si nous ne veillons pas, si nous ne nourrissons pas nos âmes. Il y aura un déclin spirituel et moral.
Si un frère s’endurcit, il peut aller très loin, et peut ainsi perdre, pratiquement, toute relation avec le Seigneur. Que le Seigneur nous garde de nous laisser éblouir par ces prodiges. Tout cela est condamné. Tout cela est un signe du jugement de Dieu.
Il ne faut pas se presser, pour étudier l’Apocalypse. Mais lire ce livre est un immense bienfait. L’heure des jugements va sonner. Dieu a une longue patience. Il attend que l’iniquité aille à son comble. Et, comme quelqu’un l’a dit : « La tempête de Dieu soufflera contre tout ce qui s’opposera à lui ».
Chap. 19:20 : La Bête et le faux prophète sont les deux premiers personnages qui seront jetés en enfer. Satan est alors lié (20:1-3).
La vieille nature est toujours la même. Quel est Satan ? C’est un être, mais un être très supérieur. Nous n’avons pas le droit de l’outrager. Ne nous moquons pas de lui. C’est un être très supérieur. Satan a une activité envers les hommes. C’est un être tout à fait supérieur. Le Seigneur dit à Pergame : « Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan » (Apoc. 2:13). Il est dit aussi : « Résistez au diable, et il s’enfuira de vous » (Jac. 4:7). N’éliminons pas Satan de la scène. Il travaille jusqu’à ce qu’il soit lié ; et, après, jusqu’à la fin.
Dieu nous donne ce qui est de lui, à son point de vue. Voilà la fin des deux personnages. Il y aura aussi la marque de la Bête. Tout tend à une unification. Et ceci, nous le comprenons aisément.
Ce chapitre 20, il est bon que nous y revenions assez souvent. Le trône blanc indique la pureté absolue de celui qui est dessus. Puis il y a un livre. Et tous ceux qui ne sont pas marqués dans ce livre sont jetés dans l’étang de feu.
Devant le tribunal de Christ, tous les croyants seront manifestés, pour que leurs oeuvres soient appréciées. Devant le grand trône blanc, tous les inconvertis seront jugés.
Lorsque l’Évangile est prêché, il est bon de dire que, d’un moment à l’autre, cette période de la grâce peut se clore. Puis une autre suivra, mais qui sera différente. Il est bon de savoir que cette période actuelle peut se terminer à tout moment. Il existe un enfer. C’est un feu qui ne s’éteint pas. Chers amis, est-ce que ces choses sont toujours présentes devant nous, afin que nous soyons des témoins ? À l’occasion, nous pourrons dire : « Mon cher, quel est l’état de votre âme ? ». Le reste, c’est secondaire.
Même dans les milieux évangéliques, on n’aime pas parler de l’enfer. Et puis, peut-être que, devant ceux qui nous entourent, nous ne montrons pas assez que nous faisons passer ces choses avant toutes les autres.
Que le Seigneur nous donne de peser cela ! Sans cela, nous risquons d’être emportés par le tourbillon des progrès occidentaux. Le courant du monde ne mène jamais vers Dieu. Il y a beaucoup d’enfants, ici. Un enfant qui meurt en bas âge, bien ! Mais les autres ? Il réussit en ceci, en cela. Peut-être est-ce cela que nous recherchons ? On distrait les enfants par ceci ou cela. Je n’insiste pas. Mais on ne sait pas si l’enfant arrivera à l’âge adulte. C’est jouer avec le feu.
On craint Dieu et sa Parole. Cela est un signe de piété, maintenant plus que jamais.
[LC n° 32]
Dimanche après-midi 20 juin 1948
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 85
Celui qui descend d’Isaï régnera sur la terre et sera roi de justice et roi de paix. Cette espérance de voir enfin régner la justice et la paix, ce désir, cette soif, cette faim sont, au fond, dans les coeurs et les esprits de tous les hommes. Le monde entier est fatigué. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil : la violence et la corruption ont tour à tour, et souvent tout ensemble, régné dans ce monde ; là où la grâce de Dieu ne touche pas les coeurs et les esprits, les hommes sont fatigués. L’inquiétude générale des peuples, des esprits et des coeurs, parle aux croyants de la fin des choses. Nous sommes tout près de la fin des jours, selon l’expression de l’Ancien Testament. Il y aura enfin un moment où ce ne sera plus le règne de l’homme, bien que, en réalité, Dieu conduise toutes choses, comme Zacharie nous le montre sous l’image de chevaux conduits entre deux montagnes d’airain (Zach. 6) : la puissance providentielle de Dieu, dans l’inextricable complexité des choses, ne perd jamais de vue ses desseins.
Bien que le chrétien soit du ciel, il brûle de voir s’établir sur la terre cette ère de paix et de justice, où enfin le Seigneur Jésus sera glorifié et honoré comme il doit l’être, où enfin la vérité ne trébuchera plus sur la place publique (És. 59:14). Depuis combien de siècles la vérité ne trébuche-t-elle pas sur la place publique ! Depuis combien de siècles le mensonge ne s’en donne-t-il pas à coeur joie dans ce monde ! Le chrétien est le premier à désirer l’établissement du règne, d’un état de choses où la justice sera la ceinture du roi de paix. Son coeur aspire à l’établissement du règne de Christ. Dieu a par-devers lui un homme qu’il mettra à la tête de la création, celui qui sera Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Mais en attendant ce moment où Jésus sortira du sanctuaire, revêtu de puissance et de gloire, nous disons : « Seigneur, tant que tu n’as pas ta couronne de gloire, nous ne pouvons pas avoir la nôtre, car, aux yeux du monde, tu conserves toujours ta couronne d’épines ». Les prophètes — je ne saurais trop conseiller à chacun de les lire — déploient le conseil de Dieu quant à la terre avec une force extraordinaire. Si nous sommes rassasiés de la gloire de Christ, nous savons que, jusqu’à ce moment-là, nous n’aurons point de repos sur la terre, ni justice, ni gloire, ni vérité, ce n’est pas possible. Le moment vient où le Seigneur, après avoir dit à son Père : « Je ne fais pas de demandes pour le monde » (Jean 17:9), lui demandera le monde. Le « jusqu’à ce que » prendra fin : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds » (Ps. 110:1). Le moment vient où celui qui a renoncé à tout, que le monde a oublié et que le monde est heureux d’avoir chassé de la terre, paraîtra aux yeux de l’univers ; les rois seront consternés (Ps. 48:4-5), voyant paraître en gloire, avec les armées du ciel, celui qui a été crucifié. Nous, nous serons pas étonnés, puisque nous viendrons avec lui.
Rien n’est propre à nous élever au-dessus des contingences si médiocres et si corrompues dans lesquelles nous vivons tous les jours, comme la pensée que Jésus vient et que nous sommes liés à un Christ qui est Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Nous, les croyants, nous sommes les premiers à brûler de voir cette aube millénaire où enfin le roi de gloire, l’homme selon le coeur de Dieu, qui a été abreuvé d’opprobres et à la face duquel on a craché, régnera par toute la terre et la couvrira de sa gloire comme les eaux couvrent le fond de la mer.
Dans la dernière demi-semaine de Daniel, trois ans et demi, Satan sera précipité sur la terre ; il ne sera plus l’accusateur des frères, comme maintenant ; il n’aura plus de frein, toute sa force sera employée à égarer les hommes et à persécuter les croyants. Lorsque les chrétiens seront partis, le Saint Esprit, « celui qui retient » (2 Thess. 2:7), la plus puissante barrière contre le mal, ne sera plus sur la terre. La dernière semaine de Daniel sera marquée par des événements d’une violence et d’une densité incroyables.
L’Église sera enlevée avant les épreuves, comme Énoch a été enlevé avant le déluge : « Il ne fut plus, car Dieu le prit » (Gen. 5:24). Mais, comme Noé a été sauvé dans l’arche à travers le déluge, le résidu juif sera sauvé à travers la catastrophe effroyable qui va venir sur le monde. Ce résidu sera constitué d’un petit noyau de fidèles au milieu d’une masse juive infidèle, hostile et prête à recevoir l’antichrist. Le déluge est une image des événements de la fin, des jugements effroyables qui atteindront les nations et le peuple juif apostat. Car il y aura une double apostasie, l’apostasie chrétienne et l’apostasie juive ; et l’apostasie, c’est l’abandon public de la foi, la négation ouverte de ce qu’on a professé pendant un temps. Alors un roi régnera en justice sur toute la terre. Il aura anéanti l’antichrist par le souffle de sa bouche et détruit la bête romaine, le chef de l’Empire romain ; ils seront jetés tous deux dans l’étang de soufre, qui est la seconde mort.
Il y a en effet deux morts. La première, c’est la mort gouvernementale, qui passe à tous les hommes en raison de la désobéissance d’Adam ; c’est un gouvernement terrible, aucun n’y échappe. La seconde mort, c’est l’étang de feu, un état de souffrance éternelle. Tout le monde ressuscitera, mais pas au même moment. Lorsque le Seigneur viendra chercher les croyants, ils partiront avec lui. Leur corps corruptible sera changé en un corps glorieux, et les corps des croyants, déposés dans les cimetières du monde entier, ressusciteront. À cette première résurrection se rattache, avant la règne de Christ, la résurrection de ceux qui ont été mis à mort sous le règne de la bête romaine, car ils régneront mille ans avec Christ. « Bienheureux et saint celui qui a part à la première résurrection : sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir » (Apoc. 20:6). Les incrédules ressusciteront aussi : ils passeront devant le grand trône blanc ; leur état éternel sera la seconde mort, l’étang de feu, c’est-à-dire la souffrance éternelle loin de Dieu, les ténèbres du dehors. Devant le trône blanc, il n’y aura pas un avocat pour plaider la cause des prévenus ; il n’y aura que des accusations. Chacun devra reconnaître que Dieu a raison ; chacun reconnaîtra la gloire et la sainteté de Dieu. Ce n’est pas la gloire de l’homme qui est en question, c’est la gloire de Dieu. Dieu ne fait pas de compromis avec le mal. Nous, nous en faisons facilement ; mais Dieu jamais. Ce qui met en relief, de la façon la plus éclatante, les droits de la gloire de Dieu quant au péché, c’est la croix ; ensuite, c’est l’étang de feu, la seconde mort. Ceux qui ont porté atteinte à la vérité des peines éternelles ont toujours commencé par méconnaître la sainteté de Dieu d’une façon qui touche au blasphème.
Dans Ésaïe 60, toutes les nations apportent leur gloire et leur hommage à la capitale du monde, cette ville où notre Seigneur Jésus Christ a été crucifié. Toutefois, cette gloire ne durera que mille ans. Au commencement de ce règne, il n’y aura que des justes ; mais ceux qui naîtront après ne le seront pas forcément. Pendant le règne, l’homme ne sera pas mis à l’épreuve, puisque Satan ne sera pas là. Mais, à la fin de ce règne, l’homme, après avoir joui de Dieu, sera entraîné par le diable : c’est la fin des jours. Le coeur de l’homme est incurable. Rien ne montre mieux l’état de notre coeur à tous, et pas seulement celui des habitants du règne millénaire, que la croix, la grâce, la gloire. Quand donc serons-nous délivrés de la puissance du mal qui est en nous et dont nous n’avons souvent même pas conscience ? Dans le ciel, parce qu’il ne restera en nous plus rien de la vieille création. Jusque-là nous ne sommes pas à l’abri.
Nous sommes fatigués du monde : il ne s’y trouve rien de bon, de pur, d’innocent, de saint ; le Seigneur le sait. Qu’il nous donne la force de le traverser à sa gloire ! Prenons soin de nos vêtements, comme il est dit aux quelques fidèles de Sardes (il n’y en avait pas beaucoup) : « Tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; et ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes » (Apoc. 3:4). Ceux-là ont pris soin de leurs vêtements.
Quelle gloire, quel bonheur, quel repos quand notre coeur, enfin, aura atteint le port !
[LC n° 76]
12 avril 1970
La vérité qui a été placée devant nous dès le début est d’une valeur, d’une importance, qui pourraient difficilement être définies.
Le thème de ces cantiques, c’est l’amour. On en parle beaucoup. On sent qu’il y a là un élément de la vérité morale vivante, un élément de la bénédiction, l’élément essentiel, avec cet autre élément, qui est la lumière. Et, en rapport avec Dieu, les deux sont un.
Nous n’avons pas, dans l’Écriture, une étude analytique de l’amour, pas plus que de la lumière, ni en ce qui concerne Dieu. L’amour, on ne le connaît que quand on l’a. C’est vrai aussi dans les relations humaines.
Entre un père et son fils, il y a une relation vivante entre eux. Le petit enfant l’a avec sa mère. Ainsi, les vérités, nous les connaissons en les recevant. Nous connaissons Dieu par nos besoins, auxquels Dieu fait face.
Ceux qui sont chrétiens ici n’ont pas besoin de Dieu en tant que pécheur. Cette sorte de besoin est satisfaite pour toujours. Leur relation de base est définitivement assurée. Voilà pourquoi l’amour a une telle place. Voilà pourquoi, chers frères et soeurs, nous avons plus, beaucoup plus, que nous ne le réalisons. L’amour ne se connaît qu’en le réalisant.
Quand nous avons perdu la jouissance de l’amour du Père, nous ne pouvons pas parler d’amour. Sinon, notre attitude est fausse.
Un chrétien qui marche mal est en très mauvaise posture pour parler de Dieu.
C’est Dieu qui est amour. C’est Dieu qui déverse son amour dans le coeur de ses enfants. C’est la nature de Dieu qui déploie ses effets dans le coeur de ses enfants.
C’est admirable. Et cela tend à faire connaître ce qui est en Dieu lui-même.
Encore une fois, la grande affaire, c’est notre état. Dieu a eu, envers nous, cette grâce d’avoir avec lui des rapports vivants. Si nous assemblons seulement des vérités pour étudier la Parole, nous risquons de perdre notre temps.
C’est plus profitable d’étudier les Écritures, même de cette manière, que des textes mondains. C’est sûr. Parce que, un jour ou l’autre, Dieu peut la bénir. Mais ce n’est pas de cette manière qu’on l’étudie. Ce n’est pas ainsi que le Saint Esprit agit.
La présence sur la terre d’un incrédule est une offense permanente à la gloire de Dieu. On peut aller plus loin. Nos actes à nous, chrétiens, lorsque nous marchons mal, sont une offense à la gloire de Dieu.
Toutes choses disparaîtront, les dons, les services.
La chose la plus grande que Dieu nous aura donnée ici-bas, c’est l’amour. Toute l’activité des saints se tournera, en adoration permanente, à la gloire de Dieu, dans la jouissance de l’amour du Père et du Fils.
Le service ne peut être valable que s’il est rempli pour Christ, dans l’amour de Dieu (1 Jean 5:2 ; 1:7).
Nous aimons nos frères dans la mesure où l’amour de Dieu rempli nos coeurs.
Pourquoi certains ont plus d’amour que les autres ? Nous n’avons en nous-mêmes aucune source d’amour, mais en Christ seul. L’amour bannit l’égoïsme.
Alors, chers frères et soeurs, nous avons des choses à revoir. Toute la valeur de la vie chrétienne est là. Si ce n’est pas l’amour de Dieu qui remplit le coeur, est-ce alors votre amour ? Il ne vaut pas cher.
Quand le Saint Esprit est contristé, l’amour est arrêté. La source de l’amour versé en nous est arrêtée. Donc, la première chose à faire, c’est de retrouver cette source, pour y voir. Nos anciens veillaient à cela avec un très grand soin. L’un d’eux disait : Ne laissez pas la communion s’interrompre !
Ce ne sont pas les vérités que nous aurons soigneusement étudiées qui nous feront vaincre notre égoïsme. Mais c’est le Saint Esprit.
« Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Rom. 5:2).
Nous pensons passablement à la gloire de Dieu, et au lieu où nous serons bientôt introduits.
v. 5 : « L’espérance ne rend point honteux ». Si la jouissance de Dieu n’était que pour plus tard, ce serait bien loin. Grâce à Dieu, il nous donne autre chose.
Il y en a qui passent par des épreuves cuisantes. Le Seigneur le sait. Grâce à Dieu, il y a un présent, dans les consolations. Il y a un présent, dans les ressources en Dieu, pour quelque circonstance que ce soit.
La consolation est toujours dans la présence de Dieu, au coeur et à la conscience de chacun de ceux qui sont éprouvés. C’est Dieu lui-même qui peut remplir nos coeurs, et cela, tous les jours. Dieu nous offre cette part. Est-ce réalisable ? Oui. Est-ce une chose extraordinaire ? Non. Un tel chrétien serait le plus riche de tous les autres, le plus riche de tous. Il serait peut-être le plus pauvre ; qu’importe ! Il serait toujours prêt à donner. Que Dieu nous fasse faire des progrès dans cette réalisation pratique.
Pour le présent, l’amour de Dieu est versé dans nos coeurs.
Au lieu d’être des gens qui parlent, soyons des chrétiens qui en jouissent, et qui en parlent de l’abondance du coeur. C’est le plus puissant des témoignages. Il faut, pour cela, boire à la source d’une façon continuelle.
Quelle merveille, d’avoir le Saint Esprit ! C’est une bénédiction pour l’individu, et une bénédiction pour l’assemblée.
Quelqu’un qui n’a pas le Saint Esprit n’est pas un chrétien.
Il y aura un tri qui se fera, à la venue du Seigneur, un tri définitif. Ce tri se fera. Pensons-y ! Et l’amour nous pousse à y penser.
Un mot sur 1 Cor. 13. Il est placé là après le chapitre 12, qui nous parle des manifestations spirituelles. Le Seigneur parle ici des effets de l’action du Saint Esprit. Il y a beaucoup de dons, mais un seul Esprit. Il y a plusieurs activités spirituelles, alors qu’il y a un seul Esprit. Mais le Seigneur met les choses en place. Il y a un chemin bien plus excellent que les dons ; c’est l’amour.
Un homme du dix-septième siècle, qui était fidèle, un de ceux qui ont brillé par leur piété, l’un d’eux, disait : L’amour, sur tous les dons, l’emporte avec justice. Retenons cela !
Si nous ne buvons pas habituellement à la source de l’amour divin, nous sommes occupés de notre don, et non pas de l’amour des saints. Alors que, si nous buvons à la source de l’amour, nous avons la gloire de Dieu devant nous, et l’intérêt pour les saints. Car n’oublions pas, des chrétiens très sérieux peuvent très bien sombrer.
Nul n’a pu trouver, dans ce monde, quelqu’un qui puisse se débarrasser de lui-même. Si Dieu n’est pas dans notre coeur, c’est le « moi » qui s’y trouve. Cela paraît sévère ; mais c’est Dieu qui le dit.
Chers frères et soeurs, que Dieu nous accorde de vivre beaucoup près du Seigneur. C’est le seul moyen d’être en aide à nos frères.
Le critère sûr de l’opération divine dans un homme, c’est par l’amour de Dieu versé dans le coeur, et la jouissance de son amour.
v. 4-5 : Nous y voyons la bonté. « L’amour n’est pas envieux ; l’amour ne se vante pas ; il ne s’enfle pas d’orgueil ; il n’agit pas avec inconvenance ». Parce que Dieu est là, et le « moi » est tenu en bride. C’est admirable ! Le monde dira : Il est fou ; il ne prend aucune précaution ; il se dépense sans compter. Et pourtant, c’est le chemin, ce que le Seigneur a réalisé à la perfection.
On a dit que des chrétiens pieux n’agiraient jamais qu’avec un tact parfait, fussent-ils dépourvus de toute convenance mondaine, ignorants et sans éducation, à cet égard. Cela est un témoignage.
Le Seigneur était un charpentier. Les qualités dont l’amour revêt un fidèle sont un véritable ornement à la gloire de Dieu. Ce serait un témoignage exceptionnellement puissant devant les hommes. Le bien selon Dieu appelle la haine, de la part des hommes.
v. 5 : « Il ne cherche pas son propre intérêt ; il ne s’irrite pas ; il n’impute pas le mal ». Le bien, c’est la lumière, et ne pas juger son frère. Si on voit quelque chose qui ne va pas, chez lui, on est exercé devant le Seigneur. Mais on ne devancera pas le Seigneur. C’est ne pas avoir cette disposition d’esprit, bien qu’on soit clairvoyant.
L’amour et la grâce ont attiré cette femme samaritaine, qui fuyait la société. Le Seigneur la prend à son niveau, et la tire par sa patience et sa douceur. Cette grâce n’étouffe pas la vérité. L’amour et la grâce ont attiré cette femme. La confiance est introduite dans cette âme. Et, lorsque la confiance est introduite, il dit : « Va, appelle ton mari » (Jean 4:16). La flèche est lancée. La femme ne part pas.
L’amour de Dieu prépare le chemin de la restauration.
Il y a l’égoïsme collectif, l’égoïsme familial. Il n’est pas meilleur.
v. 6-7 : « Il ne se réjouit pas de l’injustice, mais se réjouit avec la vérité ; il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout ». L’amour ne supporte pas tout, dans le sens où nous le comprendrions peut-être parfois. Mais il supporte tout ce que Dieu peut supporter. L’amour sait agir. Il sait rester tranquille. Il sait être patient. Il sait parler. Il sait se taire.
La foi nous tient en relation avec Dieu. L’amour divin, c’est Dieu, Dieu dans le coeur. Et il aura toute sa manifestation dans la gloire.
Chers frères et soeurs, que Dieu nous encourage à cela, à boire à une eau vive, à la source de l’amour. Que ce soit un trait distinctif : s’y abreuver pour être utiles autour de nous, mais d’abord pour la gloire du Seigneur !
Que Dieu nous fasse la grâce de lui donner la première place, ce qui est le secret de la vraie communion les uns avec les autres.
[LC n° 54]
Marseille — 1 janvier 1966
La création au sein de laquelle nous nous mouvons, de laquelle nous faisons partie, exprime quelque chose de ce qu’est Dieu. Elle-même le déclare. Même pour celui qui se dit athée, cette création contient un témoignage suffisant pour rendre responsable celui qui se prétend athée. Mais cette création, telle qu’elle est, pose d’innombrables questions ; et l’incrédule a beau jeu d’embarrasser même quelquefois le croyant.
L’une de ces questions, redoutable, solennelle, nous pouvons dire terrible, est la présence, au sein de cette création, d’un élément dont beaucoup hésitent, malgré tout, à en attribuer l’existence au Créateur, bien que plusieurs incrédules ou philosophes n’aient pas reculé devant une telle affirmation. Ce fait, cet élément d’une importance majeure, c’est la présence du mal, et ses effets. On ne peut pas nier que, lorsque l’homme a commis une faute et que cette faute est connue, il a honte. La honte est un fait universel. Comment expliquer la souffrance morale que tout le monde connaît, et la souffrance physique ? Beaucoup se détournent du spectacle de cette misère, en se distrayant, en s’occupant de diverses manières. C’est l’histoire de tous ceux qui ne cherchent pas Dieu, ou qui Le cherchent mal. Et on peut manquer sa vie toute entière, dans la recherche mal conduite de la vérité, en se tenant dans un chemin qui n’a pas d’issue. Et tous les chemins sont sans issue, sauf un seul.
Le livre que nous avons entre les mains, et que Dieu a appris à la plupart d’entre nous à vénérer et à aimer, ce livre répand la lumière sur ce monde rempli de mystères. Il nous donne une réponse décisive à nos questions. C’est ce que nous avons trouvé quand nous avons reçu la foi, nous qui étions comme les autres. Même si notre éducation a été fortement marquée par les enseignements chrétiens, tant que nous n’avons pas eu la foi, nous étions comme les pires incrédules, dans la nuit. Que ceci soit bien retenu.
La Parole de Dieu se présente comme la seule source de lumière. Le chrétien la reconnaît comme telle. Et, s’il lui a été donné, avant ou après la connaissance qu’il a faite lui-même de cette lumière-là, de chercher, de considérer les sources qui prétendent être des lumières, il est toujours de plus en plus convaincu que seule la Parole de Dieu donne la lumière, que seule elle apporte à l’âme la vérité. Et quel est le besoin suprême d’un homme ? C’est bien vite dit, et cela se résume en très peu de mots, le besoin de quelque créature humaine que ce soit : c’est la vraie connaissance de Dieu. Toutes les activités divines dont la Parole nous fait le récit, quelles qu’elles soient, n’ont pas d’autre objet que de permettre à Dieu de Se révéler, et de Se révéler, non pas à un Adam marchant dans l’innocence, dans un Éden conservé dans sa condition première (cet état est perdu à jamais), mais de Se révéler au pécheur.
La Parole de Dieu nous présente essentiellement, d’un bout à l’autre, comment Dieu a agi pour rendre possible la révélation de son Être inconnaissable, insondable, son Être infini. Ce qu’Il fait pour se manifester demeure entièrement hors de la perception de qui que ce soit. Dieu a agi, et c’est ce que nous présente l’Écriture. Celui qui connaît Dieu véritablement a tout. Sa connaissance sur des quantités de points de détails peut être plus ou moins grande ; mais il n’y a pas de bénédiction supérieure à celle de la connaissance de Dieu. Quand je connais Dieu, j’ai beaucoup de choses à apprendre sur Lui, sur ce qu’Il a fait ; mais, pour le temps et l’éternité, il n’y a rien, pour une créature humaine, de supérieur à la connaissance de Dieu.
Je le connaîtrai en gloire, dans l’éternité. Je le connaîtrai dans des conditions différentes d’aujourd’hui. Mais c’est le même Dieu, dont la nature s’exprime par deux mots : Il est amour ; Il est lumière. En dehors de Dieu, il n’y a pas d’amour ; en dehors de Dieu, il n’y a pas de vraie lumière.
L’amour d’une mère, l’amour de deux conjoints, ces formes d’amour n’ont rien à voir avec la relation de l’âme avec Dieu. Dieu est amour. L’amour chrétien, c’est l’amour qui est de Dieu ; et l’amour chrétien n’a rien à voir avec l’amour des relations naturelles. Il est différent ; il est supérieur ; il est éternel ; tandis que les relations naturelles, terrestres, cessent, quand le lien se rompt ; et toutes auront cessé, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
Nous sommes placés dans une situation de fait : la ruine de l’homme ; et c’est à propos de cette situation que Dieu a agi.
Au jardin d’Éden, Adam et Ève étaient parfaitement heureux, et ont connu la bonté de Dieu. Mais il n’y a pas trace d’une rédemption. Pour qu’il y ait rédemption, il fallait qu’il y ait eût chute. Et c’est la rédemption qui a introduit des éléments entièrement nouveaux, et d’une importance infiniment supérieure, dans les relations de l’âme avec Dieu. De sorte que Dieu a gouverné les choses. La sagesse de Dieu avait conçu, avait préparé et, au temps convenable, Il a racheté. La chute d’Adam et d’Ève qui, en apparence et au premier abord, a apporté une ruine paraissant définitive, et un état de choses qui semblait désespéré, Dieu en a fait le moyen de préparer un état de choses infiniment supérieur.
Nous louons le Dieu Créateur, et nous sommes ceux qui peuvent le faire le mieux. Qui, nous ? Les croyants. Mais ce même Dieu, nous Le louons d’une autre manière, et nous Lui attribuons un autre titre, dont l’expression n’aurait jamais pu sortir des lèvres d’Adam et d’Ève, et ne serait jamais monté à leur coeur : c’est le Dieu Sauveur.
Nous nous occupons essentiellement de la rédemption. Voilà pourquoi les chrétiens, et les frères en particulier, s’occupent si peu de la création. Ils savent qu’elle appartient à Dieu. Ils savent qu’un jour, tout sera en ordre, pour une période brève par rapport à l’éternité. Ils savent qu’il y aura un ordre établi à la gloire de Dieu, et qu’après tant de désordres, la voix entière de la création célébrera le Dieu Créateur. Mais, même alors, elle le célébrera comme un Dieu Sauveur. Mais cet état sera provisoire. La création sera détruite par Dieu Lui-même.
Ce qui s’est passé sur cette terre a une importance éternelle. On peut dire que cette terre n’est qu’un grain de poussière dans l’infini ; mais ne confondons pas les dimensions du théâtre avec l’importance du drame qui s’y joue, drame dans lequel est en question la gloire de Dieu à propos de l’homme, et de l’homme déchu.
Ces pensées-là, nous ne les avons pas inventées, et nous ne les aurions jamais eues. Nous les trouvons dans l’Écriture. Tout ce dont nous avons besoin est révélé. Tout vient d’en haut. La vérité chrétienne est un objet de révélation. Nous sommes ceux qui reçoivent, et Dieu est Celui qui révèle, par son Esprit. Que nous étudiions l’Écriture avec le Seigneur ! Si nous ne le faisons pas avec Lui, nous perdons notre temps. Ne pensons pas que nous pouvons entrer dans la connaissance de ses gloires et de sa grâce, sans son secours, sans l’action de son Esprit en nous.
Nous entrons, par le christianisme, dans le domaine des choses faites par Dieu, dans le domaine de la rédemption.
Nous sommes misérables, parce que nous sommes des pécheurs. Voilà le grand point.
Et tout ce que Dieu fait, depuis la chute, sans arrêt, est relatif à la présence du bien et du mal dans l’homme.
L’homme s’amuse, et le diable l’amuse, l’occupe du soleil, des astres. Il l’occupe de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. C’est d’autant plus saisissant, que Satan se sert des choses que Dieu a faites, pour en faire un écran entre l’homme et Dieu. C’est extraordinaire. C’est le comble de la victoire de Satan. Voilà pourquoi, quand un chrétien connaît Dieu et a été amené à la lumière, il peut s’intéresser à ces questions-là. Mais il veille à ne pas s’y engager, parce qu’il sait que tout cela n’est pas l’essentiel.
Tout cela n’apporte rien de définitif, et rien de valable pour l’âme. Dieu travailla à propos du péché, du bien et du mal, qui est dans ce monde. Il s’est révélé ; Il s’est fait connaître. Mais cette révélation de Dieu est dans sa nature, et non pas dans sa puissance créatrice. Les chrétiens professants sont le plus grand nombre. Ils parlent du Dieu Tout-puissant, et ils considèrent volontiers que Dieu doit être satisfait de l’hommage qu’ils Lui rendent, en Lui disant : Dieu Tout-puissant !
Dieu veut que nous ayons affaire à Lui d’une autre manière. Il est le Dieu saint, et nous sommes des pécheurs. Et le christianisme règle ce problème. Dieu s’est fait connaître ainsi. Le christianisme développe la manière dont Dieu s’est fait connaître aux pauvres pécheurs ; et c’est la rédemption.
« Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu » (Jean 1:1). Voilà des phrases qu’on ne trouve jamais, dans quelque religion que ce soit. Personne ne peut inventer des phrases pareilles ; il en est de même des évangiles. On a pu dire que, pour inventer les évangiles, il faudrait être comme Jésus. Impossible à une imagination d’homme, même des grands écrivains, des poètes, d’inventer une vie comme celle-là. Pour écrire la vie de Jésus, il faut être cette vie-là ; il faut être cet Être ainsi présenté.
Au commencement, la Parole était Dieu le Fils. Elle était auprès de Dieu, et elle était Dieu. Il n’y a pas plus de temps pour elle que pour Dieu. De toute éternité, le Fils, la Parole, Celui qui devait venir, Dieu le Fils, était auprès de Dieu.
Il est dit plus bas : « La Parole devint chair » (v. 14). C’est l’incarnation.
Là, c’est son existence éternelle. La déité est formée des trois personnes : le Père, le Fils, et le Saint Esprit. Le Père et le Fils sont objets ; le Saint Esprit est agent. C’est Lui qui agit dans l’homme, et Il révèle à l’homme ce qui est relatif au Père et au Fils.
D’une manière particulière, dans le Fils, il y avait la vie qui devait être communiquée aux hommes. La vie était la lumière, pour les hommes. Il est venu ; les ténèbres ne l’ont pas reçu.
Les hommes s’imaginent (et peut-être aussi les chrétiens) qu’ils vont pouvoir établir une relation avec Dieu sur le plan naturel, par des oeuvres, par des religions ; mais c’est impossible. Le paradis est un paradis perdu ; Dieu ne le rétablit pas. Pour que Dieu rétablisse des relations entre Lui et l’homme, il a fallu premièrement l’incarnation, c’est-à-dire la venue de Dieu sous forme d’homme.
Ce n’était pas vrai en Éden. Dieu se promenait dans le jardin et, quand la chute s’est produite, Adam se cache. Nos vêtements proclament eux-mêmes, tous les jours, ce fait solennel.
Ce sont des questions qui, pour un chrétien, conservent un intérêt permanent, parce que la gloire de Dieu et le bonheur de l’homme sont en question.
Il y a une philosophie divine, et le chrétien y trouve une profonde joie ; c’est la philosophie de la sagesse divine. Parmi les hommes, chacun a sa philosophie, et cherche à expliquer, à sa manière, le mystère du monde. La philosophie divine est une source de délices illimités, pour le chrétien, parce qu’elle est la vérité.
Jamais Dieu, dans le jardin d’Éden, n’aurait fait comme Il a fait, en venant au milieu des hommes, après la chute. L’incarnation n’aurait pas eu sa place. Dieu a été manifesté en chair ; c’est l’incarnation. Alors, on pourrait croire que tout va s’arranger, maintenant, si Dieu vient habiter au milieu des hommes. On pourrait croire que cette faillite, cette banqueroute du jardin d’Éden, que tout ce désordre, va être arrangé. Non ; et l’effet premier de cette venue de Jésus ici-bas a été de montrer que la faillite était bien plus grave qu’on ne l’aurait pensé ; elle était désespérée. « Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (1:11). La lumière est venue, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres.
Lequel d’entre nous ici, chers frères, oserait dire que ce n’est pas vrai pour lui, et que, peut-être plus d’une fois par jour, il ne préfère pas, sur tel ou tel point, les ténèbres à la lumière ? Toutes les fois que nous faisons notre volonté propre, nous préférons les ténèbres à la lumière.
Quand nous sommes avec Dieu, nous n’avons pas peur. Si nous sommes en mauvais état, nous avons peur, car notre conscience n’est pas à l’aise. Si nous marchons avec le Seigneur, notre conscience est à l’aise et, étant d’accord avec Dieu, nous sommes assurés de sa bénédiction. Quand nous sommes rebelles, soyons assurés que Dieu ne nous bénira pas. On n’a pas de souci à se faire ; Dieu réglera, en son temps, à sa manière, toutes les situations. Heureux celui qui, en s’adressant à Lui, demande qu’elles soient réglées ; car Dieu aura toujours le dernier mot, même lorsque nous sommes en désaccord avec Lui. On ne gagne pas, à lutter avec Dieu. C’est une défaite sans grandeur qui attend celui qui ose le faire, qu’il s’agisse d’un inconverti ou d’un chrétien.
Voilà donc l’incarnation, ce fait extraordinaire, la venue de Dieu manifesté en chair. On ne pourra pas dire qu’on n’a pas vu Dieu manifesté. Et « les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises ». Les hommes préfèrent les ténèbres. C’est la vérité ; le chrétien le sait.
Comme la vie chrétienne est simple ! Comme elle est claire ! Le chemin du chrétien est droit comme un I, et clair comme la lumière du jour. C’est nous qui compliquons la vie chrétienne. Pourquoi ? Parce que nos oeuvres sont mauvaises, parce que nos convoitises sont là, et que nous ne les réprimons pas. La question n’est pas leur présence ; la question est celle de leur action. C’est là que nous manquons. Dieu ne fait pas de reproches parce que nous avons la chair, mais parce que nous la laissons agir.
Le Seigneur est donc venu. N’allons pas jeter la pierre aux Juifs, qui l’ont rejeté ; parce que, nous tous, nous avons tous fait comme eux. Notre coeur naturel est exactement le même. Si la crucifixion s’était produite hier, vendredi, notre coeur se serait montré aussi mauvais. Est-ce que chacun de nous en est convaincu, devant Dieu ?
Cela nous rend humbles, et c’est ce que Dieu veut. C’est une grande qualité, pour un chrétien, d’être humble. C’est ce que Dieu aime.
L’incarnation n’a pas suffi. C’est pourquoi nous trouvons, plus loin : « Voilà l’Agneau de Dieu » (1:29). C’est plus que l’incarnation. C’est un pas plus en avant, dans le déroulement des révélations de Dieu. Jamais, en Éden, on n’aurait parlé d’un agneau ; ce n’était pas nécessaire. Mais maintenant, Jésus est venu. Le Seigneur est montré ici comme rejeté, dès le début. Jean nous le dit tout de suite, et les évangiles nous montrent son rejet.
Voilà une idée toute nouvelle, un fait d’une immense importance. Il n’a pas fallu seulement la venue de Dieu en chair, d’un Dieu qui a parlé, qui est allé au milieu des hommes, qui ne s’est pas tenu à distance des hommes, en leur parlant de loin, mais au milieu de tout le monde. Il faisait ce qu’Il avait à faire. Il disait ce qu’Il avait à dire. Et Il a répandu partout la grâce, la vérité, la lumière.
Vous cherchez un modèle, après cela, parmi les hommes ? Ils pullulent, ceux qui cherchent des modèles ; et, plus encore, il y en a qui osent se présenter comme modèles. Le chrétien est effrayé et attristé, en voyant cela. Ne nous laissons pas éblouir par toutes les prétentions des hommes. Ayons horreur de tout ce qui obscurcit le discernement spirituel. Le discernement spirituel est toujours en rapport avec la gloire du Seigneur. Quand on voit cette chrétienté, qui foule aux pieds la vérité éternelle écrite dans ce livre, on se souvient que, derrière la scène, il y a le personnage directeur, qui mène tout dans ce monde. Et ce personnage, c’est Satan ; et il est dans les lieux célestes.
Voilà donc l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. Voilà donc que Dieu est obligé de pousser plus loin son intervention, et est arrivé au point suprême de cette intervention. C’est l’expiation : « Voilà l’Agneau de Dieu ».
Dieu a voulu montrer ce qu’est la puissance de l’amour, et cela, dans la rédemption. Mais il a fallu l’Agneau, qui évoque toujours l’idée d’une victime expiatoire. Cela nous est familier quant au mot ; que cela ne nous soit pas familier quant à la profondeur qui y est renfermée !
À cause de la rédemption, Dieu a pu donner à des pécheurs le droit d’être appelés enfants de Dieu. S’il n’y avait pas eu d’expiation, Dieu ne pouvait donner à personne le droit d’être appelé enfant de Dieu. Pourquoi Dieu n’aurait-Il pas pu nous accorder cette grâce ? Parce qu’un péché, un mensonge, une vanité quelconque, une idole, qui peut être « un rien », manifesté ou enseveli dans le coeur de l’homme, sans que personne ne le sache, cela ne peut pas subsister, devant Dieu. Il faut qu’Il enlève de sa vue l’être qui porte en lui ce qui n’est pas selon sa gloire.
Dieu donc, étant offensé par le péché, ne pouvait pas supporter cela. Et Il devait être glorifié à l’égard des péchés. Voilà pourquoi Jésus est mort ; ou bien, nous devions tous être condamnés. Et ce sera le lot éternel de ceux qui auront rejeté la vérité : l’incarnation, la mort expiatoire de Jésus, la prédication de la grâce qui continue depuis vingt siècles. On en parle, on l’annonce ; et l’Écriture est là pour diffuser, dans le monde entier, ces vérités de Dieu. Alors, pour ceux qui auront rejeté tout ce que Dieu a donné, depuis si longtemps, Dieu emploiera le dernier moyen, qui est celui qu’Il a toujours à portée de sa main, le jugement éternel.
Mais si Dieu avait agi en jugement à l’égard de tous les hommes, Il n’eût jamais été connu dans ce qu’Il est. Il a voulu communiquer à des hommes le bonheur infini, éternel, pur, de la connaissance de Lui-même. Il n’est pas de bonheur qui soit comparable à celui-là.
Nous avons l’Agneau de Dieu, qui a glorifié Dieu à l’égard du mal. Jésus s’est placé devant Dieu comme coupable pour tous les croyants, comme si c’était Lui qui avait commis les péchés de tous les croyants, les nôtres. Il s’est placé sous le jugement de Dieu, de sorte que, maintenant, Dieu peut nous recevoir, sans qu’Il soit déshonoré. Au contraire, Il a été glorifié.
Pour compenser l’outrage, il faut à Dieu l’offrande très sainte du Juste, qui revendique sa gloire et qui met en évidence tous ses droits.
Dieu a gagné, par la rédemption, plus qu’Il n’avait perdu par le péché. Il y a eu un gain en gloire, pour Dieu, par l’oeuvre de la rédemption ; de sorte que, maintenant, Dieu peut ouvrir son coeur. Dieu peut Se faire connaître. Dieu peut appeler aujourd’hui un homme pécheur, inconverti, un très grand pécheur peut-être ; Il peut appeler n’importe qui. Le brigand, sur la croix, sera dans le ciel, alors que tant d’honnêtes gens seront en enfer. Ils se seront cru plus sages que Dieu, et ils auront cru que Dieu se trompait, quand Il disait que tout le monde était pécheur. Ce brigand sera dans le ciel, à la gloire de Dieu et à la gloire de Christ.
Le chrétien connaît Dieu. Il a Dieu dans son coeur, Dieu manifesté en Christ. Pourquoi est-ce que nous tenons tant à Jésus ? Pourquoi toujours Jésus ? Et même, pourquoi Jésus, d’une manière distincte de Dieu ? Parce que Jésus est Dieu manifesté en chair.
« En Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 2:9), et « en Lui, toute la plénitude s’est plu à habiter » (Col. 1:19).
Avoir Dieu, connaître Dieu, c’est la source d’un bonheur infini. Futur ? Non, déjà présent. Pour traverser ce monde, avec tout ce qu’il contient, il faut autre chose que des versets qu’on a dans sa mémoire. Il faut autre chose que des conseils que nous nous donnons les uns aux autres. Il faut Dieu dans notre coeur. Si nous l’avions d’une manière permanente, toutes les exhortations seraient inutiles. Celui qui réaliserait cela continuellement n’aurait pas besoin d’être exhorté, au sujet de l’orgueil, de la vanité, du monde. Mais, en fait, les exhortations et la vigilance sont toujours nécessaires.
Ne faisons pas du christianisme un simple énoncé de vérités, toutes parfaites à leur place. Elles sont utiles à rappeler. Ainsi, « n’aimez pas le monde » (1 Jean 2:15). Pourquoi est-ce nécessaire ? Parce que Dieu sait très bien que notre coeur naturel l’aime.
La joie de la communion du saint avec le Père et le Fils est telle, que les peines passent à l’arrière-plan. Quand le chrétien n’a pas cette joie, il n’a rien. Il est dans une fausse position. Il n’a pas le monde et, pratiquement, il n’a pas Dieu. Quand ils sont sortis du chemin de la foi, les chrétiens vont quelquefois plus loin, dans le mal, que les inconvertis.
Quel bonheur de connaître Dieu, de connaître Christ ! Il n’y a rien de plus grand, de plus précieux.
Dieu a voulu nous donner le ciel, déjà, durant notre pèlerinage. Souvent, nous Lui disons : le ciel ? Plus tard. Mais Dieu sait que, si nous choisissons la terre, nous choisissons la misère. Étant données nos tendances naturelles, nous avons besoin du Seigneur, pour être fidèles et heureux ici-bas.
Que personne ne dise que c’est regarder trop haut. C’est Satan qui suggère cela. Il faut regarder tout à fait en haut, pour bien marcher en bas. N’allons pas dire que ce soit quelque chose d’impossible, bien que nous ayons tous des progrès à faire.
Il est bien sûr que vous auriez eu beaucoup de peine à rendre l’apôtre Paul malheureux. Des gens comme cela sont une peste, pour le monde. Leur présence le condamne toujours.
Voilà ce fidèle qui s’appelle Paul. Tout ce qu’il dit est opposé au monde. Il présente la vérité de Dieu ; elle condamne le monde. On le met en prison ; il est aussi heureux en prison que dehors. On le menace de mort ; il n’en est troublé en aucune manière. Devant un roi, lié dans les chaînes, il peut lui dire : « Plût à Dieu que tu fusses comme moi, hormis ces liens » (Act. 26:29). Que chacun de nous réfléchisse à cela, devant le Seigneur.
Si nous réalisions un tel bonheur caché, dont les gens du monde sentent qu’ils ne l’ont pas, croyez-vous que Celui qui est mort sur la croix pour nous ne serait pas mieux honoré, que toute sa vérité ne serait pas mieux mise en valeur ? Croyez-vous que nous ne rendrions pas le Seigneur beaucoup plus heureux, dans les siens ? Sûrement ; et, pour nous-mêmes, nous aurions tout à gagner.
Ce n’est pas la loi. La loi a sa place ailleurs. La chrétien est avec Dieu. Qu’Il nous accorde la grâce de rechercher ces choses. Il ne peut pas ne pas les donner, à la foi qui les Lui demandent.
[LC n° 1]
26 avril 1964
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 9
Les premiers chapitres de la Genèse sont d’un extrême intérêt. Les hommes sont bien embarrassés avec des passages comme ceux-là. Il n’y a pas eu de témoin. Il y en a eu pour ce qui concerne la vie de Jésus, par exemple, quoique, en dehors d’une explication et d’une compréhension spirituelles des choses, il ne faille pas nous attendre à un témoignage profitable. Mais pour la création, il n’y a pas de témoin parce qu’il ne pouvait pas y en avoir. Le seul témoin est Celui qui parle. Il laisse tomber ses paroles comme des oracles avec une simplicité qui ne fait que confirmer leur autorité absolue. Il connaît tout à fond parce qu’il a lui-même tout créé. L’Écriture donne au chrétien des réponses sûres aux besoins de son esprit, de son coeur et de sa conscience ; seul il connaît l’explication véritable de cette énigme que constitue le monde dans son état actuel.
L’homme est un être étrange : il a des besoins très élevés, il connaît le bien et le mal et il ne peut pas éliminer de son esprit cette connaissance mystérieuse. C’est sa caractéristique essentielle, bien plus noble que son aptitude à penser ; en cela, il ressemble à Dieu. Il connaît le bien et le mal d’une façon intrinsèque, sans qu’une loi lui impose la distinction entre ce qui est bien et ce qui est mal, même si parfois sa conscience est oblitérée. Il est impossible à l’homme de chasser de son esprit la voix de sa conscience. Cette faculté témoigne qu’il est différent d’une bête. Un enfant très jeune a déjà des réactions qui trahissent l’activité de sa conscience. La lumière entre dans l’homme par la conscience, non par la pensée ou par un effort mental : c’est l’erreur des rationalistes, qui tous aboutissent à une impasse. On ne découvre pas Dieu par la pensée, mais par la conscience. Dieu nous parle d’une façon suffisante, mais très sommaire, des profonds secrets de sa création. En revanche, la Bible toute entière abonde et surabonde en considérations et instructions relatives au bien et au mal. La Parole de Dieu, c’est cela ; c’est ce qui la distingue de tous les livres humains, c’est ce qui la dresse contre tous les livres humains. Si vous parlez à des gens instruits de telle question relative à la création, leurs oreilles s’ouvrent ; ils sont flattés de se considérer comme des dieux capables d’expliquer certains phénomènes de la sphère dans laquelle ils se meuvent et qu’ils estiment être leur propriété. Mais dès que vous touchez la question du péché, vous ne trouvez plus d’oreille pour vous écouter. Or l’Écriture ne parle, au fond, que de cela. On n’aurait pas besoin de la grâce s’il n’y avait pas de péché. La grâce entre en scène parce que le péché l’a précédée. Dieu est trop bon pour nous amuser avec des questions secondaires, comme la création d’un monde qu’il détruira un jour, ou la création de l’homme qu’il détruira aussi dans sa forme actuelle.
La Parole de Dieu est entièrement consacrée aux activités divines à l’égard de la misère qui a fondu sur l’humanité, un des tout premiers jours de la création, en raison d’un péché jugé aujourd’hui dérisoire. Ce n’est pas par convention que les frères le disent, probablement plus et mieux que la plupart des vrais chrétiens d’ailleurs ; s’ils sont vrais devant Dieu, ils le disent par une profonde conviction intérieure : l’homme est un être perdu, et Dieu nous a raconté l’histoire tragique de cette chute. Les moralistes sentent bien qu’il faut regarder cette misère en face, le mensonge, la souffrance, la maladie, la mort. Toutes les couches sociales sont touchées, de l’homme le plus frustre à l’homme le plus raffiné. L’Écriture est claire, il n’y a pas de différence. Le reste est un vernis dont on revêt un matériau perdu. Les frères et les soeurs âgés ont pu l’apprendre en apprenant à se connaître eux-mêmes ; mais je dis cela aux jeunes pour que le monde ne les détourne pas ; ils ont à portée de mains le seul foyer de lumière qui existe dans ce monde couvert de ténèbres.
L’homme est tombé ; Ève a désobéi, Adam l’a suivie. C’est la fin de l’accès à ce paradis d’innocence. Même un enfant n’est pas innocent, dans le sens essentiel du mot ; un enfant ou un homme est innocent à l’égard d’un acte auquel il n’a pas participé. Mais devant Dieu il n’y a pas d’innocence, c’est fini depuis longtemps. Notre conscience nous fait honte du mal que nous ne pouvons pas ne pas faire, même si les hommes se jettent dans les plaisirs ou dans les affaires pour se fuir eux-mêmes.
Le premier couple est chassé hors du paradis. Ce qui est arrivé après cette aube tragique n’est pas moins solennel ; un frère tue son frère. Et pourquoi donc ? « Parce que ses oeuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes » (1 Jean 3:12). Le premier crime a été commis par haine religieuse. Nous sommes descendants d’Adam et Ève ; nous sommes dans le même état moral que Caïn qui a rougi ses mains du sang de son frère. Après la première faute, une seconde : la violence ! Toutes les vagues du mal qui ont suivi celle-là en portent l’image. La jeunesse chrétienne doit veiller à éviter tout contact avec le mal, bien qu’il soit plus difficilement évitable aujourd’hui qu’autrefois.
Caïn est ainsi emporté dans le chemin de la malédiction ; c’est l’histoire du monde. Qu’est-ce que cela peut nous faire qu’il y ait eu, dans l’Égypte ancienne, telle ou telle dynastie, même si certains sont obligés de s’instruire pour faire face à leurs charges professionnelles ? Mais que nos premiers parents soient responsables du meurtre commis par un de leurs enfants, c’est une leçon morale de la plus haute valeur, permanente, universelle et définitive pour l’humanité. Si nous maintenons ce fait biblique que l’humanité ne peut pas être améliorée, ne nous attendons pas à pouvoir partager cette conviction avec tout le monde, même pas avec les personnes convenables et de qualité, même pas avec toutes les personnes véritablement chrétiennes. Certaines d’entre elles n’ont pas abandonné l’espoir d’effacer les traces des crimes de l’homme écrites sur le frontispice de l’humanité par le doigt de Dieu. Le chrétien apprend, dans l’expérience de sa vie, l’exactitude de l’affirmation de Paul, homme de haute valeur morale avant sa conversion et croyant d’élite après sa conversion : « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien » (Rom. 7:18). Il n’est pas nécessaire de marcher sur les traces de Caïn pour arriver à cette conviction. Nous pouvons apprendre cette leçon avec Dieu, et la leçon est encore plus profonde ; nous n’avons pas besoin de l’apprendre avec Satan. À l’école de Dieu, nous apprenons à nous mettre d’accord avec lui. Les frères, avec toute la lumière qu’ils ont reçue sur ces sujets fondamentaux, devraient être les plus humbles de tous les hommes et glorifier Dieu plus que tous les hommes, étant d’accord avec Dieu contre eux-mêmes. Toute prétention est une offense à Dieu parce qu’elle dément les déclarations divines, comme si l’homme avait le droit de lever la tête après tout ce qu’il a fait.
L’origine de la création intéresse les savants ; laissons-leur cela, il faut bien qu’ils fassent quelque chose. Il faut bien qu’un homme ait un objet ; pour l’un, les affaires ; pour l’autre, les arts ; pour l’autre encore, les sciences, ou la philosophie. Le travail en soi est une chose excellente et la paresse est condamnable. Mais la soif inextinguible de l’homme est la démonstration publique et permanente qu’il a perdu Dieu. S’il avait Dieu, il serait tranquille. Au jardin d’Éden, il n’y a pas eu de savants, ni d’artistes, ni de philosophes. Un frère disait : « La perfection pour une créature, c’est de jouir de son Créateur ». Au ciel, nous ne ferons pas autre chose, nous n’aurons pas d’autres désirs. Nous serons plongés dans l’amour de Dieu comme dans un océan sans fond ni rivage. Un vase, même fêlé, plongé dans l’océan, reste toujours plein.
L’histoire morale de l’homme, avec toutes ses misères et ses aspirations, avec ses besoins et ses capacités, nous montre qu’il a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Si nous frappons un homme, nous commettons un crime de lèse-déité. Après le déluge, le gouvernement de la terre est donné à Noé : le sang de l’homme doit être vengé ; une bête qui avait tué un homme devait être mise à mort. Nous n’avons pas à abaisser l’homme ni à l’élever.
L’homme a, pour ainsi dire, été chassé deux fois : Adam et Ève du jardin d’Éden d’abord, puis Caïn devenu vagabond loin de la présence de Dieu. Nous voyons, dans la descendance de Caïn, la naissance de diverses activités de notre monde. Apparaissent ceux qui habitent sous des tentes, les nomades qui gardent leur bétail ; ceux qui manient la harpe et la flûte, qui s’expriment par les arts ; ceux qui forgent l’airain et le fer, adonnés à la science et à la technique. Ces activités, qui se sont développées au cours des siècles d’une façon si remarquable, prouvent que l’homme, ayant perdu Dieu deux fois, s’est dépensé fébrilement à satisfaire ses aspirations sans Dieu. Ces activités, auxquelles d’ailleurs nous participons nécessairement à notre époque où l’homme fait tant de prouesses, qui ne dépassent pourtant guère celles de cette époque primitive où il y avait si peu de ressources, démontrent les aptitudes intellectuelles de cette créature qui a perdu Dieu et qui, d’une génération à l’autre, erre à droite et à gauche sans trouver un lieu de repos. Des hommes très brillants auront peiné toute leur vie en laissant espérer l’aurore d’un jour meilleur. Or tout cela est condamné : nous ne pouvons pas faire Dieu menteur. Toute page de l’Écriture est signée de Celui qui ne peut mentir ou se démentir, l’alpha et l’oméga, qui était avant quoi que ce soit fût et qui sera quand tout aura disparu sous sa forme actuelle. Que Dieu nous élève à ses propres hauteurs !
Un paradis s’est fermé à jamais, celui des deux arbres. Un autre paradis s’est ouvert, celui d’un seul arbre. « Bienheureux ceux qui lavent leurs robes, afin qu’ils aient droit à l’arbre de vie » (Apoc. 22:14), qui est dans le paradis de Dieu. La fin de l’Écriture fait contraste avec le commencement. Le désastre du commencement fait place à la grâce souveraine et victorieuse. Il n’y a plus l’arbre de la connaissance du bien et du mal, celui de l’homme responsable. Adam, mis à l’épreuve, est tombé, et le chemin de l’arbre de vie est devenu inaccessible. Alors Dieu est intervenu en grâce souveraine, sans nous demander notre avis. Il y a désormais deux domaines, celui de la gloire de Dieu, de la bénédiction absolue dans la présence de Dieu, et celui des ténèbres du dehors. L’oeuvre de Christ ouvre un autre monde défini par le paradis de Dieu où il n’y a plus que l’arbre de vie, et l’arbre de vie, c’est Christ. La question de la responsabilité de l’homme a été résolue par Christ à la croix. Dieu, ayant été glorifié par le sacrifice de Christ, peut, en justice et en grâce, ouvrir toutes grandes les portes d’un monde nouveau ; quiconque peut y entrer en lavant sa robe. Chacun est individuellement responsable devant Dieu : ajouter foi à ce que Dieu lui offre, ou demeurer sous sa propre responsabilité. Il y a la porte étroite et la porte large. Peu nombreux sont ceux qui suivent le chemin resserré, nombreux sont ceux qui suivent le chemin spacieux. Mépriser la grâce, c’est outrager Dieu. « Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14:6), dit Jésus. Ce n’est pas en pensant qu’on trouve Dieu, ni en faisant de bonnes oeuvres, ni en étant un honnête homme. Le seul chemin pour accéder à la connaissance de Dieu, c’est celui de la foi en Christ qui est le chemin du paradis de Dieu, et ce chemin passe par la croix.