Méditations sur la Parole de Dieu

Jude

Louis Chaudier


Table des matières :

1 - Combats — Éphésiens 6:10-24 ; Galates 5:16-18 ; Jude 3-4 ; Colossiens 4:12-13

2 - L’encouragement de la foi au milieu de la ruine — Jude 17-25


Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage « Méditations sur la vie chrétienne » édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.


1 - Combats — Éphésiens 6:10-24 ; Galates 5:16-18 ; Jude 3-4 ; Colossiens 4:12-13

[LC n° 112]

27 août 1972

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 218


Dans l’épître aux Éphésiens, le combat se passe dans les lieux célestes. Satan, l’ennemi des saints, l’accusateur des frères, l’adversaire de l’assemblée, est contre nous. Mais « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8:31). La puissance de Dieu triomphera des efforts de l’ennemi. C’est pourquoi nous sommes exhortés à nous fortifier « dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » (Éph. 6:10). Là est le secours.

Les cinq armes défensives subviennent aux insuffisances de notre faiblesse, et les deux armes offensives, la Parole et la prière, représentent la puissance des ressources divines. Les combats se livrent à genoux, et nous verrons un jour la réponse de Dieu à nos combats dans la prière. Dieu reste au-dessus de tout, et bientôt Satan sera brisé sous nos pieds (Rom. 16:20). Notre affaire est de résister et de tenir ferme.

Dans l’épître aux Galates, c’est le combat contre la chair, et notre arme, c’est l’Esprit. On n’a vu que la pleine puissance de l’Esprit en Jésus ; il a toujours été conduit par l’Esprit ; il est le modèle parfait.

Dans l’épître de Jude, nous ne luttons plus contre quelqu’un ou quelque chose, mais pour la vérité. « Combattre pour la foi », c’est lutter pour l’ensemble des vérités chrétiennes confiées à la foi. À la fin de sa vie, Paul a dit : « J’ai gardé la foi » (2 Tim. 4:7). Notre devoir est de tenir ferme ce que le Seigneur nous a confié jusqu’à ce qu’il vienne. Dans le rassemblement, on sent bien que Satan cherche à agir sur les croyants pour élargir le chemin. Nos devanciers étaient plus fidèles que nous ; leurs écrits le montrent. Ils étaient fidèles et humbles ; c’étaient des hommes de Dieu dans toute la force du terme, comme Timothée. Que le Seigneur nous accorde de nous détourner des choses qui nous entourent, pour saisir les choses éternelles qui demeurent. Il y aura une récompense pour le vainqueur, « à celui qui vaincra » (Apoc. 2 et 3).

Enfin, l’exemple d’Épaphras nous encourage : « combattant toujours pour vous par des prières » (Col. 4:12). La prière est l’expression de la dépendance. C’est un combat qu’il nous faudrait connaître davantage, comme Jésus l’a connu : nous le voyons sept fois en prière, dans l’évangile de Luc. Il était l’homme parfaitement dépendant. L’état des assemblées seraient plus heureux s’il y avait davantage de prières à ce sujet. La prière est une force incontestable ; elle fait mouvoir le bras de Dieu. Élie « pria avec instance » (Jacq. 5:17) ; Samuel aussi, toute sa vie, et il a commencé tout jeune. Nous prions parce que nous sentons que nous avons besoin de Dieu. Combattons, comme Épaphras, pour que les saints demeurent « parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu » (Col. 4:12).

« Toutes mes sources sont en toi ! » (Ps. 87:7).


2 - L’encouragement de la foi au milieu de la ruine — Jude 17-25

[LC n° 152]

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 368


Dès les premiers versets de son épître, l’apôtre Jude dépeint un état de choses extrême, celui de la fin. Les saints vivent son accomplissement dans la condition actuelle de l’Église, et, malgré tout, les ressources divines sont toujours les mêmes. L’Esprit de Dieu nous apporte une parole d’encouragement au moment où tout est ruiné, intérieurement et extérieurement. La seconde épître de Pierre décrit la corruption intérieure, celle de Jude révèle l’apostasie. Cependant, Jude parle aux fidèles : « Mais vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très-sainte foi, priant par le Saint Esprit, conservez-vous dans l’amour de Dieu, attendant la miséricorde de notre seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle » (v. 20-21). Quatre mots : édifiant, priant, conservant, attendant. Édifier : construire plutôt que démolir, malgré la ruine qui résulte de la corruption tout alentour. La foi a une douceur toute particulière pour le Seigneur lorsque tout tombe en ruine, et c’est la garantie des saints au milieu de cet état de choses. Le chrétien goûte alors la joie dans l’Esprit Saint ; c’est l’état normal du chrétien en tout temps.

Au fur et à mesure que l’histoire du peuple de Dieu s’assombrit, Dieu place une lumière d’autant plus éclatante que les ténèbres sont plus profondes. Trois passages de l’Ancien Testament nous montrent que, plus la ruine est grande, plus la lumière est vive, lorsque la foi est opérante. Tout allait mal aux jours d’Ézéchias : les portes du portique de la maison de l’Éternel étaient fermées, les lampes étaient éteintes (2 Chron. 29:7). Le roi parla alors à tout le peuple de Dieu, et le peuple s’assembla et célébra la Pâque le quatorzième jour du second mois, selon les dispositions accordées par l’Éternel (Nomb. 9:1-14). Il y eut une grande joie, si bien que la fête se prolongea sept autres jours (2 Chron. 30:23). « Il y eut une grande joie à Jérusalem ; car depuis les jours de Salomon, fils de David, roi d’Israël, rien de semblable n’avait eu lieu à Jérusalem » (v. 26). Si heureux que fussent les jours du règne de Salomon, ceux de cette Pâque le furent plus encore. Comme chacun fut pleinement heureux devant l’Éternel, on commença à s’occuper des intérêts du Seigneur. Le peuple apporta « la dîme de tout, en abondance » (31:5), et les sacrificateurs et les lévites s’attachèrent à la loi de l’Éternel (31:4). Dès qu’ils donnèrent, dès que l’intérêt pour les choses de Dieu se manifesta, la joie augmenta, l’Éternel commença de bénir et le regard réjoui du roi reposa sur des monceaux (31:6-12). Le Seigneur nous a ménagé maintes fois la lumière d’un réveil ; mais, hélas, combien souvent nous sommes retombés, comme cela arriva dans l’histoire de Juda !

Le réveil d’Ézéchias fut suivi d’un grand déclin jusqu’au temps de Josias, où il y eut un nouveau réveil. Le mal fut jugé (2 Chron. 34:3-7). Et « Hilkija, le sacrificateur, trouva le livre de la loi de l’Éternel » (34:14). « Et Shaphan y lut devant le roi » (34:18). La parole de Dieu produisit repentance et humiliation ; après quoi, « Josias célébra à Jérusalem la Pâque à l’Éternel » (35:1). Et il est dit : « On n’avait point célébré en Israël de Pâque semblable depuis les jours de Samuel, le prophète ; et aucun des rois d’Israël n’avait célébré une Pâque comme celle que firent Josias, et les sacrificateurs et les lévites, et tout Juda et Israël » (35:18). Ce fut la Pâque la plus remarquable depuis l’établissement du royaume. Quel encouragement pour la foi !

Mais la jouissance de la bénédiction ne préserve pas l’âme d’une chute, à moins que l’oeil ne soit simple (Matt. 6:22) ; et souvent la chute est plus grave encore. Le peuple s’éloigna à nouveau de Dieu : il est emmené en captivité. La grâce de Dieu n’abandonne pas les siens et, dans sa miséricorde, un réveil partiel eut lieu au temps d’Esdras. Beaucoup retournèrent de Babylone à Jérusalem, centre de Dieu sur la terre. C’est un type du réveil qui eut lieu au siècle dernier : le Seigneur a travaillé par son Esprit, réveillé l’intérêt pour sa Parole, et rassemblé à nouveau ses saints sur un terrain divin. Esdras bâtit le temple et Néhémie, après lui, bâtit la muraille, symbole de séparation, avec l’aide de presque tous, hommes et femmes. Quelques-uns bâtirent en deux endroits, comme les Thekohites (Néh. 3:5, 27), bien qu’il soit dit à leur sujet : « Mais les principaux d’entre eux ne plièrent pas leur cou au service de leur Seigneur » (v. 5). Le Seigneur remarqua tout signe de dévouement pour la réparation de la muraille, que ce soit Shallum et ses filles (v. 12), ou Baruc qui « répara avec zèle » (v. 20), ou Meshullam qui « répara vis-à-vis de sa demeure » (v. 30).

La Parole du Seigneur redevient précieuse à celui qui y prend garde (Néh. 8:1-8) et apporte le réconfort et la joie. Par deux fois la proclamation retentit : « Ce jour est saint à l’Éternel, votre Dieu » (8:9), et « ce jour est saint, consacré à notre Seigneur » (8:10). Que c’est beau ! Si nos coeurs trouvent leurs délices en Christ, il y a toujours force et intelligence ! Alors le peuple célébra la fête des tabernacles, anticipant le millenium. De fait, il y avait une compréhension de la pensée du Seigneur plus grande que jamais au cours de l’histoire du peuple, car « toute la congrégation de ceux qui étaient revenus de la captivité fit des tabernacles, et ils habitèrent dans les tabernacles ; car les fils d’Israël n’avaient pas fait cela depuis les jours de Josué, fils de Nun, jusqu’à ce jour-là » (8:17). Il n’était rien arrivé de semblable dans les jours les plus glorieux de la puissance royale. C’est un principe permanent dans l’histoire du peuple de Dieu : s’il y a la foi et le désir de se conformer à sa Parole, la bénédiction sera d’autant plus riche que le jour est plus sombre, pourvu qu’il y ait obéissance. Et plus on avance dans la ruine, plus la foi s’enhardit dans son activité.

« Vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très-sainte foi » (Jude 20), c’est-à-dire sur la révélation de Dieu concernant la vérité chrétienne. La truelle à la main, toujours ; édifier et non démolir, telle est notre affaire. Le chrétien n’est pas un iconoclaste, un destructeur d’idoles, mais un homme qui édifie, développe et expose la vérité d’une façon vivante.

« Priant par le Saint Esprit » (Jude 20). L’Esprit de Dieu est la source constante de la puissance réalisée dans le sentiment que nous n’en avons aucune en nous-mêmes. La joie dans l’Esprit, c’est s’abandonner sans réserve au soin et à la direction de ce consolateur permanent de notre coeur. Nous serons gardés jusqu’à la fin en marchant dans la « communion du Saint Esprit » (2 Cor. 13:13) et la « consolation du Saint Esprit » (Actes 9:31).

« Conservez-vous dans l’amour de Dieu » (Jude 21). Objets de l’amour de Dieu, dans la jouissance de l’amour du Seigneur, cet amour déborde tout naturellement de notre coeur. Le pommier ne fait pas d’efforts pour produire des pommes. N’essayez pas d’être ce que vous voudriez être ; conservez-vous dans l’amour de Dieu et vous ressemblerez nécessairement au Fils de Dieu. L’atmosphère dans laquelle nous vivons a une grande influence sur nous : l’huile de l’onction, répandue sur la tête d’Aaron, descendait sur le bord de ses vêtements et exhalait son parfum partout où il allait (Ps. 133). Si nous sommes près du Seigneur, nous emporterons quelque chose de sa présence. Nous finissons toujours par ressembler à celui qui nous occupe.

« Attendant la miséricorde de notre seigneur Jésus Christ » (Jude 21). Nous attendons sa venue, pleine manifestation de sa miséricorde. Nous serons enlevés hors de cette scène dans notre patrie, le ciel. Nous y sommes attendus, nous y serons les bienvenus. L’Esprit y dirige nos coeurs dès maintenant ; Christ s’y trouve. Paul courait toujours vers ce but par le chemin de la résurrection d’entre les morts ; c’était son but. Notre plus profond désir sera satisfait lorsque, éveillés à sa ressemblance, nous atteindrons ce lieu où le coeur nous porte. La plus grande preuve de la bonté du Seigneur à notre égard sera manifestée le jour où, à jamais ravis hors du monde, nous serons avec le Seigneur, semblables à lui pour toujours : jamais plus nous ne perdrons cette ressemblance. Que le Seigneur, dans sa grâce, nous encourage à continuer d’attendre !

Qu’il est beau de voir cette épître se terminer par un triomphe : « Or, à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie, — au seul Dieu, notre Sauveur, par notre seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles ! Amen » (Jude 24-25). « Avec abondance de joie » : non pas la nôtre, mais la joie de Christ, lorsqu’il se présentera à lui-même cette Église qu’il a aimée et chérie si fidèlement pendant ces deux mille ans. Ce sera le jour de la joie de son coeur.

Que le Seigneur nous rende capables de continuer d’édifier, sans laisser tomber la truelle, de nous conserver dans l’amour de Dieu, de prier par le Saint Esprit, et d’attendre ; bientôt nous serons réunis à la maison, dans la perfection sans nuage de sa propre présence.