Louis Chaudier
Table des matières :
2 - Rejetant tout fardeau — Hébreux 4:12-16 ; 12:1-2 ; 1 Jean 2:1-3
3 - Dieu, source de l’amour — 1 Jean 2:5 ; 4:7-21 ; 5:1-3
4 - Faire mourir la chair — Romains 8:12-14 ; Éphésiens 6:10-18 ; 1 Jean 2:12-17
5 - Le chrétien et le monde — Jean 17:14 ; 1 Jean 2:15
Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.
Certains textes ont été repris de l’ouvrage « Méditations sur la vie chrétienne » édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.
[LC n° 54]
Marseille — 1 janvier 1966
La création au sein de laquelle nous nous mouvons, de laquelle nous faisons partie, exprime quelque chose de ce qu’est Dieu. Elle-même le déclare. Même pour celui qui se dit athée, cette création contient un témoignage suffisant pour rendre responsable celui qui se prétend athée. Mais cette création, telle qu’elle est, pose d’innombrables questions ; et l’incrédule a beau jeu d’embarrasser même quelquefois le croyant.
L’une de ces questions, redoutable, solennelle, nous pouvons dire terrible, est la présence, au sein de cette création, d’un élément dont beaucoup hésitent, malgré tout, à en attribuer l’existence au Créateur, bien que plusieurs incrédules ou philosophes n’aient pas reculé devant une telle affirmation. Ce fait, cet élément d’une importance majeure, c’est la présence du mal, et ses effets. On ne peut pas nier que, lorsque l’homme a commis une faute et que cette faute est connue, il a honte. La honte est un fait universel. Comment expliquer la souffrance morale que tout le monde connaît, et la souffrance physique ? Beaucoup se détournent du spectacle de cette misère, en se distrayant, en s’occupant de diverses manières. C’est l’histoire de tous ceux qui ne cherchent pas Dieu, ou qui Le cherchent mal. Et on peut manquer sa vie toute entière, dans la recherche mal conduite de la vérité, en se tenant dans un chemin qui n’a pas d’issue. Et tous les chemins sont sans issue, sauf un seul.
Le livre que nous avons entre les mains, et que Dieu a appris à la plupart d’entre nous à vénérer et à aimer, ce livre répand la lumière sur ce monde rempli de mystères. Il nous donne une réponse décisive à nos questions. C’est ce que nous avons trouvé quand nous avons reçu la foi, nous qui étions comme les autres. Même si notre éducation a été fortement marquée par les enseignements chrétiens, tant que nous n’avons pas eu la foi, nous étions comme les pires incrédules, dans la nuit. Que ceci soit bien retenu.
La Parole de Dieu se présente comme la seule source de lumière. Le chrétien la reconnaît comme telle. Et, s’il lui a été donné, avant ou après la connaissance qu’il a faite lui-même de cette lumière-là, de chercher, de considérer les sources qui prétendent être des lumières, il est toujours de plus en plus convaincu que seule la Parole de Dieu donne la lumière, que seule elle apporte à l’âme la vérité. Et quel est le besoin suprême d’un homme ? C’est bien vite dit, et cela se résume en très peu de mots, le besoin de quelque créature humaine que ce soit : c’est la vraie connaissance de Dieu. Toutes les activités divines dont la Parole nous fait le récit, quelles qu’elles soient, n’ont pas d’autre objet que de permettre à Dieu de Se révéler, et de Se révéler, non pas à un Adam marchant dans l’innocence, dans un Éden conservé dans sa condition première (cet état est perdu à jamais), mais de Se révéler au pécheur.
La Parole de Dieu nous présente essentiellement, d’un bout à l’autre, comment Dieu a agi pour rendre possible la révélation de son Être inconnaissable, insondable, son Être infini. Ce qu’Il fait pour se manifester demeure entièrement hors de la perception de qui que ce soit. Dieu a agi, et c’est ce que nous présente l’Écriture. Celui qui connaît Dieu véritablement a tout. Sa connaissance sur des quantités de points de détails peut être plus ou moins grande ; mais il n’y a pas de bénédiction supérieure à celle de la connaissance de Dieu. Quand je connais Dieu, j’ai beaucoup de choses à apprendre sur Lui, sur ce qu’Il a fait ; mais, pour le temps et l’éternité, il n’y a rien, pour une créature humaine, de supérieur à la connaissance de Dieu.
Je le connaîtrai en gloire, dans l’éternité. Je le connaîtrai dans des conditions différentes d’aujourd’hui. Mais c’est le même Dieu, dont la nature s’exprime par deux mots : Il est amour ; Il est lumière. En dehors de Dieu, il n’y a pas d’amour ; en dehors de Dieu, il n’y a pas de vraie lumière.
L’amour d’une mère, l’amour de deux conjoints, ces formes d’amour n’ont rien à voir avec la relation de l’âme avec Dieu. Dieu est amour. L’amour chrétien, c’est l’amour qui est de Dieu ; et l’amour chrétien n’a rien à voir avec l’amour des relations naturelles. Il est différent ; il est supérieur ; il est éternel ; tandis que les relations naturelles, terrestres, cessent, quand le lien se rompt ; et toutes auront cessé, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
Nous sommes placés dans une situation de fait : la ruine de l’homme ; et c’est à propos de cette situation que Dieu a agi.
Au jardin d’Éden, Adam et Ève étaient parfaitement heureux, et ont connu la bonté de Dieu. Mais il n’y a pas trace d’une rédemption. Pour qu’il y ait rédemption, il fallait qu’il y ait eût chute. Et c’est la rédemption qui a introduit des éléments entièrement nouveaux, et d’une importance infiniment supérieure, dans les relations de l’âme avec Dieu. De sorte que Dieu a gouverné les choses. La sagesse de Dieu avait conçu, avait préparé et, au temps convenable, Il a racheté. La chute d’Adam et d’Ève qui, en apparence et au premier abord, a apporté une ruine paraissant définitive, et un état de choses qui semblait désespéré, Dieu en a fait le moyen de préparer un état de choses infiniment supérieur.
Nous louons le Dieu Créateur, et nous sommes ceux qui peuvent le faire le mieux. Qui, nous ? Les croyants. Mais ce même Dieu, nous Le louons d’une autre manière, et nous Lui attribuons un autre titre, dont l’expression n’aurait jamais pu sortir des lèvres d’Adam et d’Ève, et ne serait jamais monté à leur coeur : c’est le Dieu Sauveur.
Nous nous occupons essentiellement de la rédemption. Voilà pourquoi les chrétiens, et les frères en particulier, s’occupent si peu de la création. Ils savent qu’elle appartient à Dieu. Ils savent qu’un jour, tout sera en ordre, pour une période brève par rapport à l’éternité. Ils savent qu’il y aura un ordre établi à la gloire de Dieu, et qu’après tant de désordres, la voix entière de la création célébrera le Dieu Créateur. Mais, même alors, elle le célébrera comme un Dieu Sauveur. Mais cet état sera provisoire. La création sera détruite par Dieu Lui-même.
Ce qui s’est passé sur cette terre a une importance éternelle. On peut dire que cette terre n’est qu’un grain de poussière dans l’infini ; mais ne confondons pas les dimensions du théâtre avec l’importance du drame qui s’y joue, drame dans lequel est en question la gloire de Dieu à propos de l’homme, et de l’homme déchu.
Ces pensées-là, nous ne les avons pas inventées, et nous ne les aurions jamais eues. Nous les trouvons dans l’Écriture. Tout ce dont nous avons besoin est révélé. Tout vient d’en haut. La vérité chrétienne est un objet de révélation. Nous sommes ceux qui reçoivent, et Dieu est Celui qui révèle, par son Esprit. Que nous étudiions l’Écriture avec le Seigneur ! Si nous ne le faisons pas avec Lui, nous perdons notre temps. Ne pensons pas que nous pouvons entrer dans la connaissance de ses gloires et de sa grâce, sans son secours, sans l’action de son Esprit en nous.
Nous entrons, par le christianisme, dans le domaine des choses faites par Dieu, dans le domaine de la rédemption.
Nous sommes misérables, parce que nous sommes des pécheurs. Voilà le grand point.
Et tout ce que Dieu fait, depuis la chute, sans arrêt, est relatif à la présence du bien et du mal dans l’homme.
L’homme s’amuse, et le diable l’amuse, l’occupe du soleil, des astres. Il l’occupe de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. C’est d’autant plus saisissant, que Satan se sert des choses que Dieu a faites, pour en faire un écran entre l’homme et Dieu. C’est extraordinaire. C’est le comble de la victoire de Satan. Voilà pourquoi, quand un chrétien connaît Dieu et a été amené à la lumière, il peut s’intéresser à ces questions-là. Mais il veille à ne pas s’y engager, parce qu’il sait que tout cela n’est pas l’essentiel.
Tout cela n’apporte rien de définitif, et rien de valable pour l’âme. Dieu travailla à propos du péché, du bien et du mal, qui est dans ce monde. Il s’est révélé ; Il s’est fait connaître. Mais cette révélation de Dieu est dans sa nature, et non pas dans sa puissance créatrice. Les chrétiens professants sont le plus grand nombre. Ils parlent du Dieu Tout-puissant, et ils considèrent volontiers que Dieu doit être satisfait de l’hommage qu’ils Lui rendent, en Lui disant : Dieu Tout-puissant !
Dieu veut que nous ayons affaire à Lui d’une autre manière. Il est le Dieu saint, et nous sommes des pécheurs. Et le christianisme règle ce problème. Dieu s’est fait connaître ainsi. Le christianisme développe la manière dont Dieu s’est fait connaître aux pauvres pécheurs ; et c’est la rédemption.
« Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu » (Jean 1:1). Voilà des phrases qu’on ne trouve jamais, dans quelque religion que ce soit. Personne ne peut inventer des phrases pareilles ; il en est de même des évangiles. On a pu dire que, pour inventer les évangiles, il faudrait être comme Jésus. Impossible à une imagination d’homme, même des grands écrivains, des poètes, d’inventer une vie comme celle-là. Pour écrire la vie de Jésus, il faut être cette vie-là ; il faut être cet Être ainsi présenté.
Au commencement, la Parole était Dieu le Fils. Elle était auprès de Dieu, et elle était Dieu. Il n’y a pas plus de temps pour elle que pour Dieu. De toute éternité, le Fils, la Parole, Celui qui devait venir, Dieu le Fils, était auprès de Dieu.
Il est dit plus bas : « La Parole devint chair » (v. 14). C’est l’incarnation.
Là, c’est son existence éternelle. La déité est formée des trois personnes : le Père, le Fils, et le Saint Esprit. Le Père et le Fils sont objets ; le Saint Esprit est agent. C’est Lui qui agit dans l’homme, et Il révèle à l’homme ce qui est relatif au Père et au Fils.
D’une manière particulière, dans le Fils, il y avait la vie qui devait être communiquée aux hommes. La vie était la lumière, pour les hommes. Il est venu ; les ténèbres ne l’ont pas reçu.
Les hommes s’imaginent (et peut-être aussi les chrétiens) qu’ils vont pouvoir établir une relation avec Dieu sur le plan naturel, par des oeuvres, par des religions ; mais c’est impossible. Le paradis est un paradis perdu ; Dieu ne le rétablit pas. Pour que Dieu rétablisse des relations entre Lui et l’homme, il a fallu premièrement l’incarnation, c’est-à-dire la venue de Dieu sous forme d’homme.
Ce n’était pas vrai en Éden. Dieu se promenait dans le jardin et, quand la chute s’est produite, Adam se cache. Nos vêtements proclament eux-mêmes, tous les jours, ce fait solennel.
Ce sont des questions qui, pour un chrétien, conservent un intérêt permanent, parce que la gloire de Dieu et le bonheur de l’homme sont en question.
Il y a une philosophie divine, et le chrétien y trouve une profonde joie ; c’est la philosophie de la sagesse divine. Parmi les hommes, chacun a sa philosophie, et cherche à expliquer, à sa manière, le mystère du monde. La philosophie divine est une source de délices illimités, pour le chrétien, parce qu’elle est la vérité.
Jamais Dieu, dans le jardin d’Éden, n’aurait fait comme Il a fait, en venant au milieu des hommes, après la chute. L’incarnation n’aurait pas eu sa place. Dieu a été manifesté en chair ; c’est l’incarnation. Alors, on pourrait croire que tout va s’arranger, maintenant, si Dieu vient habiter au milieu des hommes. On pourrait croire que cette faillite, cette banqueroute du jardin d’Éden, que tout ce désordre, va être arrangé. Non ; et l’effet premier de cette venue de Jésus ici-bas a été de montrer que la faillite était bien plus grave qu’on ne l’aurait pensé ; elle était désespérée. « Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (1:11). La lumière est venue, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres.
Lequel d’entre nous ici, chers frères, oserait dire que ce n’est pas vrai pour lui, et que, peut-être plus d’une fois par jour, il ne préfère pas, sur tel ou tel point, les ténèbres à la lumière ? Toutes les fois que nous faisons notre volonté propre, nous préférons les ténèbres à la lumière.
Quand nous sommes avec Dieu, nous n’avons pas peur. Si nous sommes en mauvais état, nous avons peur, car notre conscience n’est pas à l’aise. Si nous marchons avec le Seigneur, notre conscience est à l’aise et, étant d’accord avec Dieu, nous sommes assurés de sa bénédiction. Quand nous sommes rebelles, soyons assurés que Dieu ne nous bénira pas. On n’a pas de souci à se faire ; Dieu réglera, en son temps, à sa manière, toutes les situations. Heureux celui qui, en s’adressant à Lui, demande qu’elles soient réglées ; car Dieu aura toujours le dernier mot, même lorsque nous sommes en désaccord avec Lui. On ne gagne pas, à lutter avec Dieu. C’est une défaite sans grandeur qui attend celui qui ose le faire, qu’il s’agisse d’un inconverti ou d’un chrétien.
Voilà donc l’incarnation, ce fait extraordinaire, la venue de Dieu manifesté en chair. On ne pourra pas dire qu’on n’a pas vu Dieu manifesté. Et « les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises ». Les hommes préfèrent les ténèbres. C’est la vérité ; le chrétien le sait.
Comme la vie chrétienne est simple ! Comme elle est claire ! Le chemin du chrétien est droit comme un I, et clair comme la lumière du jour. C’est nous qui compliquons la vie chrétienne. Pourquoi ? Parce que nos oeuvres sont mauvaises, parce que nos convoitises sont là, et que nous ne les réprimons pas. La question n’est pas leur présence ; la question est celle de leur action. C’est là que nous manquons. Dieu ne fait pas de reproches parce que nous avons la chair, mais parce que nous la laissons agir.
Le Seigneur est donc venu. N’allons pas jeter la pierre aux Juifs, qui l’ont rejeté ; parce que, nous tous, nous avons tous fait comme eux. Notre coeur naturel est exactement le même. Si la crucifixion s’était produite hier, vendredi, notre coeur se serait montré aussi mauvais. Est-ce que chacun de nous en est convaincu, devant Dieu ?
Cela nous rend humbles, et c’est ce que Dieu veut. C’est une grande qualité, pour un chrétien, d’être humble. C’est ce que Dieu aime.
L’incarnation n’a pas suffi. C’est pourquoi nous trouvons, plus loin : « Voilà l’Agneau de Dieu » (1:29). C’est plus que l’incarnation. C’est un pas plus en avant, dans le déroulement des révélations de Dieu. Jamais, en Éden, on n’aurait parlé d’un agneau ; ce n’était pas nécessaire. Mais maintenant, Jésus est venu. Le Seigneur est montré ici comme rejeté, dès le début. Jean nous le dit tout de suite, et les évangiles nous montrent son rejet.
Voilà une idée toute nouvelle, un fait d’une immense importance. Il n’a pas fallu seulement la venue de Dieu en chair, d’un Dieu qui a parlé, qui est allé au milieu des hommes, qui ne s’est pas tenu à distance des hommes, en leur parlant de loin, mais au milieu de tout le monde. Il faisait ce qu’Il avait à faire. Il disait ce qu’Il avait à dire. Et Il a répandu partout la grâce, la vérité, la lumière.
Vous cherchez un modèle, après cela, parmi les hommes ? Ils pullulent, ceux qui cherchent des modèles ; et, plus encore, il y en a qui osent se présenter comme modèles. Le chrétien est effrayé et attristé, en voyant cela. Ne nous laissons pas éblouir par toutes les prétentions des hommes. Ayons horreur de tout ce qui obscurcit le discernement spirituel. Le discernement spirituel est toujours en rapport avec la gloire du Seigneur. Quand on voit cette chrétienté, qui foule aux pieds la vérité éternelle écrite dans ce livre, on se souvient que, derrière la scène, il y a le personnage directeur, qui mène tout dans ce monde. Et ce personnage, c’est Satan ; et il est dans les lieux célestes.
Voilà donc l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. Voilà donc que Dieu est obligé de pousser plus loin son intervention, et est arrivé au point suprême de cette intervention. C’est l’expiation : « Voilà l’Agneau de Dieu ».
Dieu a voulu montrer ce qu’est la puissance de l’amour, et cela, dans la rédemption. Mais il a fallu l’Agneau, qui évoque toujours l’idée d’une victime expiatoire. Cela nous est familier quant au mot ; que cela ne nous soit pas familier quant à la profondeur qui y est renfermée !
À cause de la rédemption, Dieu a pu donner à des pécheurs le droit d’être appelés enfants de Dieu. S’il n’y avait pas eu d’expiation, Dieu ne pouvait donner à personne le droit d’être appelé enfant de Dieu. Pourquoi Dieu n’aurait-Il pas pu nous accorder cette grâce ? Parce qu’un péché, un mensonge, une vanité quelconque, une idole, qui peut être « un rien », manifesté ou enseveli dans le coeur de l’homme, sans que personne ne le sache, cela ne peut pas subsister, devant Dieu. Il faut qu’Il enlève de sa vue l’être qui porte en lui ce qui n’est pas selon sa gloire.
Dieu donc, étant offensé par le péché, ne pouvait pas supporter cela. Et Il devait être glorifié à l’égard des péchés. Voilà pourquoi Jésus est mort ; ou bien, nous devions tous être condamnés. Et ce sera le lot éternel de ceux qui auront rejeté la vérité : l’incarnation, la mort expiatoire de Jésus, la prédication de la grâce qui continue depuis vingt siècles. On en parle, on l’annonce ; et l’Écriture est là pour diffuser, dans le monde entier, ces vérités de Dieu. Alors, pour ceux qui auront rejeté tout ce que Dieu a donné, depuis si longtemps, Dieu emploiera le dernier moyen, qui est celui qu’Il a toujours à portée de sa main, le jugement éternel.
Mais si Dieu avait agi en jugement à l’égard de tous les hommes, Il n’eût jamais été connu dans ce qu’Il est. Il a voulu communiquer à des hommes le bonheur infini, éternel, pur, de la connaissance de Lui-même. Il n’est pas de bonheur qui soit comparable à celui-là.
Nous avons l’Agneau de Dieu, qui a glorifié Dieu à l’égard du mal. Jésus s’est placé devant Dieu comme coupable pour tous les croyants, comme si c’était Lui qui avait commis les péchés de tous les croyants, les nôtres. Il s’est placé sous le jugement de Dieu, de sorte que, maintenant, Dieu peut nous recevoir, sans qu’Il soit déshonoré. Au contraire, Il a été glorifié.
Pour compenser l’outrage, il faut à Dieu l’offrande très sainte du Juste, qui revendique sa gloire et qui met en évidence tous ses droits.
Dieu a gagné, par la rédemption, plus qu’Il n’avait perdu par le péché. Il y a eu un gain en gloire, pour Dieu, par l’oeuvre de la rédemption ; de sorte que, maintenant, Dieu peut ouvrir son coeur. Dieu peut Se faire connaître. Dieu peut appeler aujourd’hui un homme pécheur, inconverti, un très grand pécheur peut-être ; Il peut appeler n’importe qui. Le brigand, sur la croix, sera dans le ciel, alors que tant d’honnêtes gens seront en enfer. Ils se seront cru plus sages que Dieu, et ils auront cru que Dieu se trompait, quand Il disait que tout le monde était pécheur. Ce brigand sera dans le ciel, à la gloire de Dieu et à la gloire de Christ.
Le chrétien connaît Dieu. Il a Dieu dans son coeur, Dieu manifesté en Christ. Pourquoi est-ce que nous tenons tant à Jésus ? Pourquoi toujours Jésus ? Et même, pourquoi Jésus, d’une manière distincte de Dieu ? Parce que Jésus est Dieu manifesté en chair.
« En Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement » (Col. 2:9), et « en Lui, toute la plénitude s’est plu à habiter » (Col. 1:19).
Avoir Dieu, connaître Dieu, c’est la source d’un bonheur infini. Futur ? Non, déjà présent. Pour traverser ce monde, avec tout ce qu’il contient, il faut autre chose que des versets qu’on a dans sa mémoire. Il faut autre chose que des conseils que nous nous donnons les uns aux autres. Il faut Dieu dans notre coeur. Si nous l’avions d’une manière permanente, toutes les exhortations seraient inutiles. Celui qui réaliserait cela continuellement n’aurait pas besoin d’être exhorté, au sujet de l’orgueil, de la vanité, du monde. Mais, en fait, les exhortations et la vigilance sont toujours nécessaires.
Ne faisons pas du christianisme un simple énoncé de vérités, toutes parfaites à leur place. Elles sont utiles à rappeler. Ainsi, « n’aimez pas le monde » (1 Jean 2:15). Pourquoi est-ce nécessaire ? Parce que Dieu sait très bien que notre coeur naturel l’aime.
La joie de la communion du saint avec le Père et le Fils est telle, que les peines passent à l’arrière-plan. Quand le chrétien n’a pas cette joie, il n’a rien. Il est dans une fausse position. Il n’a pas le monde et, pratiquement, il n’a pas Dieu. Quand ils sont sortis du chemin de la foi, les chrétiens vont quelquefois plus loin, dans le mal, que les inconvertis.
Quel bonheur de connaître Dieu, de connaître Christ ! Il n’y a rien de plus grand, de plus précieux.
Dieu a voulu nous donner le ciel, déjà, durant notre pèlerinage. Souvent, nous Lui disons : le ciel ? Plus tard. Mais Dieu sait que, si nous choisissons la terre, nous choisissons la misère. Étant données nos tendances naturelles, nous avons besoin du Seigneur, pour être fidèles et heureux ici-bas.
Que personne ne dise que c’est regarder trop haut. C’est Satan qui suggère cela. Il faut regarder tout à fait en haut, pour bien marcher en bas. N’allons pas dire que ce soit quelque chose d’impossible, bien que nous ayons tous des progrès à faire.
Il est bien sûr que vous auriez eu beaucoup de peine à rendre l’apôtre Paul malheureux. Des gens comme cela sont une peste, pour le monde. Leur présence le condamne toujours.
Voilà ce fidèle qui s’appelle Paul. Tout ce qu’il dit est opposé au monde. Il présente la vérité de Dieu ; elle condamne le monde. On le met en prison ; il est aussi heureux en prison que dehors. On le menace de mort ; il n’en est troublé en aucune manière. Devant un roi, lié dans les chaînes, il peut lui dire : « Plût à Dieu que tu fusses comme moi, hormis ces liens » (Act. 26:29). Que chacun de nous réfléchisse à cela, devant le Seigneur.
Si nous réalisions un tel bonheur caché, dont les gens du monde sentent qu’ils ne l’ont pas, croyez-vous que Celui qui est mort sur la croix pour nous ne serait pas mieux honoré, que toute sa vérité ne serait pas mieux mise en valeur ? Croyez-vous que nous ne rendrions pas le Seigneur beaucoup plus heureux, dans les siens ? Sûrement ; et, pour nous-mêmes, nous aurions tout à gagner.
Ce n’est pas la loi. La loi a sa place ailleurs. La chrétien est avec Dieu. Qu’Il nous accorde la grâce de rechercher ces choses. Il ne peut pas ne pas les donner, à la foi qui les Lui demandent.
[LC n° 133]
24 juillet 1969
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 237
La vie chrétienne, selon la pensée divine, est une vie d’exercices. Le jeune croyant, qui connaît les élans des premières joies de la conversion, ne l’éprouve pas tout de suite. Mais il sera peu à peu conduit à faire l’expérience de ce que Dieu dit pour les siens dans l’Écriture ; et ce qu’il dit pour les siens est bien plus abondant que ce qu’il dit à l’adresse des inconvertis. Dieu permet que nous fassions des expériences. Si nous étions fidèles, notre vie serait plus simple. La vie d’Abraham a connu moins de difficultés que la vie de Jacob. Nous connaissons des croyants dont la vie a été très simple quant aux faits extérieurs, mais très riche quant à Dieu. C’est quand nous marchons avec nonchalance, que nous rencontrons des difficultés.
« Rejetant tout fardeau et le péché » (Héb. 12:1) : les épreuves peuvent ralentir la course du croyant, ou même l’interrompre. Surmonté par son épreuve, il peut être accablé au point de perdre la communion avec le Seigneur. C’est pourquoi nous avons à prier pour les frères et les soeurs dans l’épreuve, pour que le Seigneur leur donne de ne pas être écrasés par elle, mais enrichis. Sans Dieu, c’est impossible, mais avec lui l’épreuve se solde par un très grand bénéfice. Soyons gardés de regimber ; regardons au Seigneur et non pas aux circonstances. Lui-même a dit : « Mon joug est aisé et mon fardeau est léger » (Matt. 11:30). Combien de chrétiens ont honoré le Seigneur dans des épreuves très dures en manifestant qu’il était avec eux. Il est difficile de trouver des chrétiens qui prospèrent spirituellement quand leurs circonstances sont favorables, à moins que le Seigneur se soit tenu entre le coeur et les circonstances favorables, comme nous lui demandons de se tenir entre notre coeur et les circonstances difficiles. Mais, que les circonstances soient favorables ou difficiles, quand le Seigneur est là, il y a peu de différence ; le Seigneur en réduit l’écart. Le chemin de l’un n’est pas celui de l’autre, mais, en définitive, le but recherché par le Seigneur est le même. Pour l’un et l’autre, les journées passées sans lui sont des journées grises. N’en prenons pas l’habitude ! Le Seigneur est le grand consolateur. L’apôtre était tellement consolé à l’égard de toute son affliction qu’il pouvait consoler les autres (2 Cor. 1:4). Nous pouvons envier sa foi. Avec une telle foi, les circonstances ne nous feraient pas peur ; mais nous avons tellement l’habitude de nous complaire dans nos aises. Prions pour nos frères et soeurs qui sont dans l’affliction, afin que, passant par la vallée de Baca, ils en fassent une fontaine (Ps. 84:6). C’est une expérience que le fidèle ne regrette jamais. Dans la conscience de ses infirmités, dans tout ce qui brise sa volonté, il éprouve la sympathie du Seigneur ; mais ne cherchons pas sa sympathie quand nous avons péché !
Les frères ne peuvent pas donner plus qu’ils n’ont reçu aux pieds du Seigneur et, pour recevoir, il faut le désirer et le demander. Il faut puiser d’abord pour pouvoir arroser. Mais boire à la source du vrai bonheur est le devoir de chaque frère et de chaque soeur. Quelle place le Seigneur tient-il dans notre vie quotidienne ? Le reste ne compte pour rien. Nous sommes responsables de marcher selon la lumière que nous avons reçue, mais nous ne pouvons pas la communiquer à un autre frère ; le Seigneur seul peut le faire. C’est pourquoi il peut y avoir de grandes différences intérieures entre croyants. Un frère ou une soeur qui se sentent isolés doivent beaucoup prier pour cultiver la communion avec le Seigneur. Plus une personne est pieuse, plus elle risque d’être isolée, à moins qu’elle n’en rencontre d’autres qui passent par les mêmes exercices. Quand les jours sont mauvais, l’isolement se fait sentir ; mais le chrétien fidèle est sûr d’avoir l’approbation du Seigneur. Au commencement, le Saint Esprit agissait avec puissance ; les âmes étaient attirées par la lumière. Les temps ont changé, mais nous pouvons goûter ce privilège encore aujourd’hui. Le chemin qu’on fait avec le Seigneur est un chemin de bonheur, même au travers des difficultés. Lorsque tout va bien pour un chrétien, selon ses désirs, il n’y a pas d’exercices, et la perte est incalculable.
Quand un chrétien pèche, il ne doit pas s’attendre à la sympathie du Seigneur. L’amour d’un père qui encourage un fils obéissant n’encourage pas un fils rebelle, et pourtant c’est le même amour pour les deux fils. Quand notre propre volonté se fait jour, si nous ne demandons pas au Seigneur d’en détruire le germe, elle se traduit en actes, en pensées, en paroles. Alors le Seigneur se sert de sa Parole comme d’une épée aiguë à deux tranchants. Il s’en est servi à l’égard de Pierre, qui l’aimait de tout son coeur ; il était toujours en avant, toujours le premier, mais il devait apprendre à se connaître. Ne voyons pas les choses de Dieu d’une façon abstraite et globale ; c’est le but que poursuit Satan. Certains pensent qu’il suffit d’avoir des contacts avec les choses divines pour être intégrés parmi les croyants ; faisons attention à cela parmi nous ! Le christianisme se vit ; sa force, c’est la réalité. Quand nous avons manqué, confessons-le tout de suite. Ne traînons pas des arriérés, c’est dangereux et c’est un dommage pour tous. Si un frère ou une soeur ont des comptes en retard, c’est une souffrance pour l’assemblée locale. Quand nous manquons, sans même que personne ne s’en aperçoive, la communion est interrompue ; lorsque notre vie chrétienne devient machinale, nous sommes en danger. Il est excellent d’être fidèle aux réunions, mais ce n’est pas forcément un signe de vraie piété. Recherchons la présence du Seigneur tous les jours !
[LC n° 151]
30 juillet 1970
Personne ne peut parler de l’amour de Dieu, s’il ne l’a pas goûté. L’amour que Dieu verse dans nos coeurs est un amour dans lequel il n’y a pas trace d’égoïsme.
Nous avons chanté que notre vie soit ranimée. Cela revient, au fond, à être dépouillé de notre égoïsme. Nous demandons au Seigneur qu’il nous relève, qu’il nous empêche de tomber plus bas. Mais écoutons ce que lui-même veut nous dire quant aux moyens à employer. Il y a des choses auxquelles nous avons à renoncer, et il y en a que nous avons à rechercher, à saisir, avec l’énergie de la foi.
Quand nous prions à cet égard, si nous sommes droits, nous demandons à Dieu que, par un moyen ou par un autre, il apporte en nous une amélioration de notre état pratique. Pour cela, d’une part, il nous dépouille, et, d’autre part, il nous enrichit. Dieu n’enrichit pas sans un dépouillement préalable. On n’a pas à lui apprendre le travail qu’il doit faire ; et on ne peut pas le faire à sa place. Il peut se servir des frères, sans doute ; mais ce ne sont que des instruments, qui disparaissent devant la présence de Dieu.
Nous ne pouvons pas aimer les frères et aimer Dieu, si nous ne gardons pas ses commandements. L’amour est présenté comme un commandement. Nous ne pouvons pas aimer sans dépendance de Dieu. Un frère qui aime beaucoup, c’est un frère qui vit avec Dieu, qui marche avec Dieu (un frère ou une soeur).
En nous, nous n’avons pas une source d’amour. Elle est en Christ. La vie divine, dans le croyant, est la même que celle qui était en Christ. Mais, dans le croyant, elle est pauvrement manifestée, parce qu’elle est obscurcie par des quantités de choses. Toutes les manifestations de la vie divine en Christ sont le modèle de ce que nous avons à manifester dans nos vies. Voilà pourquoi il est dit : « Ce qui est vrai en lui et en vous » (1 Jean 2:8).
Si nous montrons de l’égoïsme dans notre vie, nous n’aurons pas d’excuse à donner, devant le tribunal de Christ. Chacun de nous a le devoir de considérer le modèle qui est en Christ, en recherchant la communion avec lui, et en lisant ce que l’Écriture dit de lui, de sa vie. Un de nos chers devanciers a pu dire, en considérant la vie de Jésus : « Voilà un homme qui n’a jamais rien fait pour lui-même ! ». Impossible de trouver, dans la vie de Jésus, une trace d’égoïsme. Quelque méchant qu’on ait pu être à son égard, jamais, de son coeur, n’est sorti le moindre sentiment de haine. Voilà notre modèle, chers frères et soeurs ! Voilà le christianisme !
« Revêtez-vous de l’amour, qui est le lien de la perfection » (Col. 3:14). Quand l’amour de Dieu agit puissamment, il efface les différences de caractère.
Dans ce qui nous est dit au début du livre des Actes, nous voyons que « toutes choses étaient communes entre eux » (4:32). Il n’y avait pas le « mien » et le « tien » ; ils mettaient tout ensemble. Le Saint Esprit produisait cela. On n’a pas retrouvé chose pareille, dans la vie de l’Église. Ce qui nous unit, essentiellement, c’est le Saint Esprit. L’amour entre les saints, c’est l’unité dans la pratique. Mais, hélas, il suffit d’un petit vent d’orage pour la mettre en question. Et il arrive, plus d’une fois, qu’au lieu de montrer un amour vrai, c’est l’égoïsme qui réapparaît.
Demandons au Seigneur de nous faire faire des progrès. Que nous soyons un peu plus fidèles, au fur et à mesure que nous avançons, pour en finir peu à peu avec soi. C’est la grande leçon de la vie d’un chrétien.
Pour Dieu, il n’y a que deux hommes : le premier Adam, et le dernier Adam. Les chrétiens sont liés au dernier Adam. Il est leur vie, leur puissance, leur modèle, leur joie. En faisant des progrès dans la connaissance de Christ et des joies qui sont en Dieu, nous en ferons aussi dans la façon dont nous avons à nous maîtriser nous-mêmes. Si on ne jouit pas de ce bonheur-là, on n’est heureux nulle part. Mais, en Christ, nous avons le secret d’un bonheur présent et éternel.
L’amour, c’est le secret de la puissance, cet amour de Dieu qui a été versé dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rom. 5:5). Les écrits de Jean sont très beaux. Quel témoignage réel et puissant les saints rendraient au monde, s’ils avaient de l’amour entre eux — pas un amour selon le monde, mais le véritable amour de Dieu !
Que le Seigneur nous soit en aide, à chacun. Qu’il nous accorde de toujours puiser à la source de l’amour, pour pouvoir mieux le servir, pour pouvoir mieux marcher à la gloire de Dieu, pour notre propre joie, notre propre sécurité, notre propre bonheur. Nous avons besoin de toujours puiser et toujours boire à la source des vraies joies. Et cette source, c’est Christ.
[LC n° 81]
20 décembre 1969
Éph. 6:15 : Les chrétiens sont des gens qui doivent être caractérisés par un esprit de paix. S’il n’en est pas ainsi, nous détruisons l’effet de l’évangile.
Il n’est pas un combat que le Seigneur nous appelle à livrer, il n’est pas une victoire que nous sommes invités à remporter, qui ne soit pas le fruit d’un combat qu’il a livré et d’une victoire qu’il a remportée. Mais Dieu demande à ses enfants que nous combattions de telle manière, que nous remportions la victoire. Et il ne fait pas d’erreur. S’il le demande à ses enfants, c’est parce qu’ils peuvent remporter la victoire. Il leur a donné tous les moyens pour la réaliser. Ce n’est pas rien, bien sûr. Ce n’est pas une petite affaire. Mais Dieu ne nous demande pas notre avis. C’est une réalité, le monde, Satan, la chair. Pour un inconverti, ils le laissent bien tranquille. Il a bien des peines et des ennuis. Mais ces débats le laisse bien tranquille.
Il y a cette question de la chair. Il faut bien en parler. Vous pouvez bien vous rendre compte des manifestations de la chair. Vous pouvez recevoir des excuses de vos proches. Mais Dieu ne fait pas ainsi. Nous ne passons pas inaperçus, devant lui.
Pour des jeunes croyants, ce mot, « orgueil de la vie », semble leur poser des questions. Ils n’en comprennent pas le sens. L’orgueil de la vie, c’est l’état naturel dans lequel chacun se trouve. Chacun de nous à son « moi ». Il a une certaine considération intérieure de lui-même. L’orgueil est en chacun de nous, l’orgueil d’être intelligent. On s’oppose contre Dieu, et on a honte de lui faire front. Il en est ainsi chaque fois qu’on s’oppose à Dieu. C’est une redoutable puissance que les convoitises ! Que nous ne pensions pas que nous sommes libres, quand nous ne le sommes pas. La domination de soi-même, se maîtriser soi-même, y a-t-il une manifestation de puissance égale à celle-là ? Probablement pas !
Ce que le chrétien a à faire, c’est de faire mourir les actions de la chair. Et si, la semaine dernière, nous avons nourri une convoitise, nous avons à la juger, et à la confesser avec précision. Alors seulement nous sommes purifiés. Cela demande un exercice de toute la vie. Voilà ce qui fait que la vie chrétienne est une vie de dépendance. Est-ce pénible ? Pas du tout ! C’est la liberté.
Nous sommes remplis de confusion et de honte, lorsque nous avons manqué. Mais, plus que cela, on demande au Seigneur, d’une façon préventive. On sait bien qu’il y a des lieux où le chrétien ne peut pas aller. Sinon, on le laissera à la porte. C’est ce qui fait qu’un chrétien qui est fidèle a beaucoup moins de déboires qu’un chrétien qui a une vie relâchée.
Nous avons une grande puissance en nous. C’est le Saint Esprit : « Si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8:13). Un grand point pour les saints, c’est de ne pas contrister le Saint Esprit. Sinon, il deviendra un Esprit de répréhension.
C’est une question de toute importance que ces questions traitées dans l’épître aux Romains, quant à l’affranchissement du chrétien, au combat chrétien. Dans quels milieux traite-t-on de ces sujets de toute importance ? Dieu le sait.
Nous sommes exhortés à réaliser ces choses. Sans ces vérités-là, le christianisme tombe. Nos anciens frères connaissaient bien l’importance de ces sujets. C’est pourquoi ils tenaient ces vérités de très près. C’est une question de vie ou de mort. Il n’y a pas de compromis possible entre l’Esprit et le monde.
Les habitudes extérieures que vous donnez à vos enfants ne sont rien. Il faut un travail intérieur, personnel, avec Dieu.
Nous sommes dans la présence de Dieu. S’il n’en est pas ainsi, notre rassemblement n’est rien du tout.
Et l’histoire d’Ananias et de Saphira ? C’est très bon, de relire cela. Il est très bon de relire ces sujets. Ce mal est arrivé dans l’Assemblée, et cela de la part de frères et de soeurs, s’il vous plaît ! On a menti au Saint Esprit. Jamais on ne sera trop strict — et chacun pour soi, chers amis.
D’ailleurs, on ne peut être utile que dans la mesure où on a accepté la Parole pour soi-même, personnellement.
Il y a eu des frères et des soeurs qui étaient très stricts, surtout sur des questions morales. On ne les aurait pas fait dévier du chemin. Il y a des frères et des soeurs qui manquent, de nos jours. Avec Christ, on n’envie rien, et on n’envie personne. Il y a le monde, danger pour la jeunesse comme pour les plus âgés, danger pour les uns comme pour les autres. On peut sombrer à tout âge. Dans ce monde, il y a de quoi satisfaire tous les désirs du coeur naturel. Il y a des choses très intéressantes (la science, les arts, la technique). On n’en finit plus. Et on oublie qu’on aura affaire, un jour, à Dieu. Le danger est que, pendant tout le temps passé à ces choses, on aura oublié de penser à son âme, si c’est un inconverti. Et, si c’est un chrétien, il aura oublié de penser à sa carrière chrétienne. Qu’il nous soit donné de veiller !
Ce qui manque, aujourd’hui, c’est la crainte de Dieu. Elle est méprisée, aujourd’hui. Le refus d’autorité est le caractère des derniers jours. Dieu peut prendre un jeune homme dans le monde, et faire de lui un témoin pour le Seigneur. Et pourquoi pas ?
Éph. 6 : Le chrétien a à lutter contre la chair qui est en lui. Et si un chrétien a des tendances, il doit veiller beaucoup plus, lire la Parole beaucoup plus. Et l’orgueil : nous avons tous en nous cet orgueil de nous-mêmes. Il peut y avoir aussi des degrés, dans ce mal. Les uns seront plus orgueilleux que d’autres. Mais un chrétien, même le plus orgueilleux, pourra devenir le plus humble et le plus doux de tous les autres. C’en est un témoignage, celui-là ! Je l’ai souvent dit ici ; mais je le répète, au cas où il y aurait des jeunes qui n’étaient pas là : L’esprit de soumission dans l’humilité est supérieur à tout don.
Là où le Seigneur se manifeste à un coeur, ce pourra être une soeur modeste, passant inaperçue, mais dans laquelle on sent qu’il y a Christ ; et cela, sans ostentation. Il n’y a rien de supérieur à cela ! L’huile qui est dans le vase est plus précieuse que le vase. Le vase, c’est le corps du croyant. Mais ce qui est en lui, la personne de Christ, est ce qui est précieux. Nous avons à veiller à cela, chers frères et soeurs, et surtout si nous accomplissons un service. Nous avons à veiller à ce que notre état intérieur reste et demeure sous le regard de Dieu. Il nous apprendra alors à parler, et il nous apprendra à nous taire. Comme c’est admirable !
Nous avons à beaucoup prier, pour que soit réalisée en nous cette vie de Christ, pour que Christ, sa personne adorable, soit vue en nous ; afin qu’on puisse voir en nous celui dont nous ne pouvons pas nous passer.
Un serviteur du Seigneur avait fait une visite. Une personne parlant à ce serviteur lui dit : « Vous avez fait une bonne visite, aujourd’hui ». Il lui a été répondu : « Satan me l’a déjà dit ! ». Voilà de quelle trempe ces serviteurs étaient. Le Seigneur avait la première place.
Éph. 6 : C’est le combat proprement chrétien. Je me suis souvent demandé combien de croyants, dans le monde chrétien, ont été éclairés comme nous le sommes. Chacun peut étudier cette épître, la plus haute qui soit, la plus complète. Elle est relative à la vie céleste. Nous sommes ressuscités dans les lieux célestes. C’est notre Seigneur, c’est notre Maître, qui se trouve là, et qui a, au fond, au fond de nous-mêmes (de chaque croyant, on peut bien le dire), la première place. Sinon, on n’est pas un chrétien. Ce sont les contemplations des choses célestes qui nous sèvrent, sans effort, de tout ce qui est autour de nous, et qui nous libèrent déjà des joies du monde.
Le croyant ne se réjouit pas dans les bénédictions que le Seigneur donne, mais dans notre part céleste, dans le donateur, dans ce qu’il est. Et cette joie-là ne peut jamais nous être ôtée. Paul, en prison, avait le coeur avec son Seigneur dans la gloire. Il est notre puissance et notre consolateur. Nous avons le Saint Esprit comme notre puissance. L’état normal du chrétien est de jouir des lieux célestes. Il peut dire : « Ma vie est ailleurs. Ah, j’y suis déjà ; et la mort m’y fera entrer ! ». Il est déjà dans cet autre monde, que nous n’avons jamais vu. Nos yeux sont déjà vers les choses qui ne se voient pas. Il faut bien que cela ait un sens, une réalité, ici-bas.
Quand vous voyez une âme pauvre, une croyante, ainsi heureuse en Christ, c’est une élite, cela ! Toutes les sources de notre christianisme sont dans les lieux célestes. Celui qui est le plus riche, est celui qui se nourrit de Christ dans la gloire.
La Réforme a laissé le chrétien au pied de la croix. Mais ce n’est pas la Parole, cela ! C’est mutiler gravement la Parole que d’agir ainsi. Le chrétien est uni à son chef dans la gloire. Nous avons trois positions, dans la personne de Christ, pour le croyant ici-bas. Nous avons Christ, mourant sur la croix ; Christ, dans la gloire, dans les lieux célestes ; Christ, revenant.
Il faut tout cela, pour la vie chrétienne. C’est un Sauveur glorifié ; c’est un Sauveur que nous attendons. Quelles richesses nous avons là ! Elles sont admirables. On ne peut pas le dire. La vie chrétienne ne se connaît que lorsqu’on la vit.
Satan voudrait qu’on soit des chrétiens très sérieux, et le ciel plus tard, pas maintenant. Les chrétiens de la première heure ont insisté sur tous ces points. Car il est impossible de vivre la vie chrétienne sans réaliser tout cela.
Quand un chrétien est céleste, la plus grande partie de ses difficultés est ôtée. Le principal, c’est que nous soyons des chrétiens célestes. Nous avons, dans les lieux célestes, quelqu’un qui veut nous empêcher de nous y promener de long en large. Nous n’avons pas à attendre que Satan soit précipité du ciel pour en jouir. Car Satan ne sera précipité du ciel que lorsque nous ne serons plus sur la terre.
Si les frères ne sont pas célestes, inévitablement, ils sombreront dans la ruine générale. Il faut, d’une part, la possession de la vie divine, et d’autre part, entretenir cette vie divine dans les lieux célestes. Goûtez-vous de ces joies célestes tous les jours de la semaine ? Ne serait-ce pas le dimanche seulement que vous y entrez ? Alors vous perdez six jours sur sept chaque semaine.
Que faut-il ? Il faut être pieux. Sinon, alors, vous n’êtes pas heureux. Inévitablement, vous n’êtes pas heureux. Le Seigneur voudrait que nous soyons toujours heureux. Et pourtant, tout ce qui nous entoure est bien propre à nous rendre malheureux. Mais cela ne dépend pas de nous.
Las de tout, on pourrait dire : « Seigneur, viens ! ». Mais ce n’est pas à nous de décider du moment de notre départ.
[LC n° 69]
22 novembre 1970
« Ils ne sont pas du monde » (Jean 17:14). « N’aimez pas le monde » (1 Jean 2:15). Le chrétien n’est pas du monde. Les contacts sont inévitables et comportent des dangers. La position sociale d’un homme ne révèle pas nécessairement sa valeur morale. Une situation élevée peut correspondre à une grande médiocrité morale. La raison de vivre des hommes, c’est le monde. Pour la plupart, c’est l’accession à la gloire. Notre coeur est lié à un autre monde. Nous avons d’autres besoins et d’autres ressources. Le jeune chrétien a tout ce qu’il faut pour être gardé du monde. Un chrétien manque sérieusement, s’il oriente sa vie comme les inconvertis, même les meilleurs. Ils ne peuvent être des modèles aux croyants ; cela jetterait le christianisme par terre. Le monde est coupable ; il a rejeté Christ. La mise à l’épreuve du monde a été faite ; elle n’est plus à faire.
Le chrétien a une double nature : l’une aime ce qui est de Dieu, l’autre ce qui est du monde. Le nouvel homme ne peut pas aimer le monde. La séparation commence par soi-même. « Daniel arrêta dans son coeur… » (Dan. 1:8). Toute la vie, le nouvel homme doit contrôler le vieil homme. Si un homme du monde comprend vos motifs, vous êtes mondains. Nous devons nous occuper des choses de Dieu, lire la Parole, prier, confesser nos manquements, pour être séparés du monde, et nous séparer du mal qui est en nous. Pour réaliser cela, des chrétiens se sont cloîtrés ; mais cela ne résout pas du tout le problème. Le Seigneur est resté en contact avec les foules ; nous aussi, nous avons des contacts humains, qui ne sont pas religieux, sans pour autant abandonner notre caractère de chrétien. Que le Seigneur nous aide, en particulier dans nos rapports professionnels. Si nous sommes simples, sans ambition, si nous réalisons cette parole : « Que chacun demeure auprès de Dieu dans l’état dans lequel il a été appelé » (1 Cor. 7:24), nous serons gardés de devenir mondains.
Nous avons à saisir l’occasion. Seul le Seigneur peut pousser quelqu’un dans le service. Un jeune chrétien se connaît mal ; il est vulnérable aux attaques de l’ennemi. N’allons jamais au-delà de notre foi du moment, du degré d’engagement de notre âme avec le Seigneur. La puissance pratique de Christ dans l’âme varie aussi d’un chrétien à l’autre. « Tout ce qui n’est pas sur le principe de la foi est péché » (Rom. 14:23).
Appliquons-nous d’abord à montrer notre foi par notre comportement. Le témoignage le plus puissant est le comportement personnel. Dans nos relations professionnelles, Dieu bénira un bon témoignage sans parole. Si on fait un tort, il faut le reconnaître. La Parole ne relève aucune faute, dans la vie de Joseph ; pourtant, il fut accusé injustement, alors qu’il s’acquittait de sa tâche avec toute bonne conscience. Ne partageons pas les motifs de notre foi avec des moqueurs ou des blasphémateurs ; nous pourrions augmenter leur péché. Ne jetons pas nos perles devant les pourceaux (Matt. 7:6). Ne pensons pas qu’il faille déployer son drapeau d’une façon inconsidérée. La foi reste un secret : « Gardant la foi et une bonne conscience » (1 Tim. 1:19). Soyons sérieux, sans affectation, prêts à céder, évitant la contestation. Un chrétien ne peut pas être gouverné par les motifs du monde ; cela laisserait supposer que Dieu les approuve. Notre souci, c’est l’état des âmes. Notre mission ne peut être remplie par personne d’autre.
On cherche à pousser les chrétiens à la philanthropie ; c’est une erreur. La Parole dit : « Il n’y a point de juste, non pas même un seul…il n’y en a aucun qui exerce la bonté » (Rom. 3:10, 12). Le Seigneur peut pousser un frère à exercer la charité ; mais ce n’est pas toujours la bonne occasion pour présenter l’évangile, et nous n’avons pas besoin de nous engager dans une organisation humaine pour cela. Nous avons à répondre, peut-être, à des besoins personnels, mais sans entretenir une oeuvre dont nous sommes par ailleurs séparés. On ne peut pas encourager d’un côté, et nous séparer de l’autre. Faisons la charité pour la gloire de Dieu, et pas pour la nôtre. Le Seigneur s’est servi de chrétiens fidèles, pour annoncer l’évangile. On leur jetait des pierres ; devenus une organisation philanthropique, ils sont portés au pinacle. Cela a jeté une ombre sur l’essentiel, le salut des âmes. Alors, nous dira-t-on : Pourquoi ne partez-vous pas évangéliser ? Il faut dépendre du Seigneur, pour cela ; « Paul,…apôtre appelé » (Rom. 1:1) ; « j’ai été établi prédicateur et apôtre » (1 Tim. 2:7). S’engager dans l’oeuvre est une chose ; s’y tenir, une autre. Notre vision des choses selon l’Écriture est moins claire, aujourd’hui, parce que l’Église est en désordre. La fidélité du chrétien, dictée par la crainte de Dieu, a plus d’une fois provoqué la haine. « Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous » (Luc 6:26). Si je travaille au service du Seigneur pour ma propre gloire, il vaut mieux que je m’abstienne. Paul était un esclave, non pas un organisateur ; c’est la plus heureuse des conditions. Nous devons reconnaître l’autorité du Seigneur. L’abandon de ce respect est un signe de l’apostasie.
La vie chrétienne est individuelle. Celle du mari n’est pas celle de sa compagne ; chacun a sa vie propre et son degré de foi. Converti, un jeune homme a un secret avec le Seigneur. Ayons la vérité dans l’homme intérieur, le souci de la vérité morale, sans fraude aucune.