Louis Chaudier
Table des matières :
1 - Rejetant tout fardeau — Hébreux 4:12-16 ; 12:1-2 ; 1 Jean 2:1-3
2 - Les sacrifices de la foi — Hébreux 10:32-39 ; 11:1-10, 16-19, 24-40, 12:1-3 ; 13:12-14
3 - Les expériences de la foi — Hébreux 11 ; 12:1-17
4 - La foi — Hébreux 11 ; 12:1-3
5 - La marche de la foi — Hébreux 11:1-4, 7-8, 16, 23-25, 28-30, 32-37 ; 12:1-2
6 - L’épreuve de la foi et l’exemple de Jésus — Hébreux 11:32-40 ; 12:1-17
7 - Jésus modèle parfait de la foi — Hébreux 12:1-3
11 - Nos conducteurs — Hébreux 13:7-8, 17
Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.
Certains textes ont été repris de l’ouvrage « Méditations sur la vie chrétienne » édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.
[LC n° 133]
24 juillet 1969
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 237
La vie chrétienne, selon la pensée divine, est une vie d’exercices. Le jeune croyant, qui connaît les élans des premières joies de la conversion, ne l’éprouve pas tout de suite. Mais il sera peu à peu conduit à faire l’expérience de ce que Dieu dit pour les siens dans l’Écriture ; et ce qu’il dit pour les siens est bien plus abondant que ce qu’il dit à l’adresse des inconvertis. Dieu permet que nous fassions des expériences. Si nous étions fidèles, notre vie serait plus simple. La vie d’Abraham a connu moins de difficultés que la vie de Jacob. Nous connaissons des croyants dont la vie a été très simple quant aux faits extérieurs, mais très riche quant à Dieu. C’est quand nous marchons avec nonchalance, que nous rencontrons des difficultés.
« Rejetant tout fardeau et le péché » (Héb. 12:1) : les épreuves peuvent ralentir la course du croyant, ou même l’interrompre. Surmonté par son épreuve, il peut être accablé au point de perdre la communion avec le Seigneur. C’est pourquoi nous avons à prier pour les frères et les soeurs dans l’épreuve, pour que le Seigneur leur donne de ne pas être écrasés par elle, mais enrichis. Sans Dieu, c’est impossible, mais avec lui l’épreuve se solde par un très grand bénéfice. Soyons gardés de regimber ; regardons au Seigneur et non pas aux circonstances. Lui-même a dit : « Mon joug est aisé et mon fardeau est léger » (Matt. 11:30). Combien de chrétiens ont honoré le Seigneur dans des épreuves très dures en manifestant qu’il était avec eux. Il est difficile de trouver des chrétiens qui prospèrent spirituellement quand leurs circonstances sont favorables, à moins que le Seigneur se soit tenu entre le coeur et les circonstances favorables, comme nous lui demandons de se tenir entre notre coeur et les circonstances difficiles. Mais, que les circonstances soient favorables ou difficiles, quand le Seigneur est là, il y a peu de différence ; le Seigneur en réduit l’écart. Le chemin de l’un n’est pas celui de l’autre, mais, en définitive, le but recherché par le Seigneur est le même. Pour l’un et l’autre, les journées passées sans lui sont des journées grises. N’en prenons pas l’habitude ! Le Seigneur est le grand consolateur. L’apôtre était tellement consolé à l’égard de toute son affliction qu’il pouvait consoler les autres (2 Cor. 1:4). Nous pouvons envier sa foi. Avec une telle foi, les circonstances ne nous feraient pas peur ; mais nous avons tellement l’habitude de nous complaire dans nos aises. Prions pour nos frères et soeurs qui sont dans l’affliction, afin que, passant par la vallée de Baca, ils en fassent une fontaine (Ps. 84:6). C’est une expérience que le fidèle ne regrette jamais. Dans la conscience de ses infirmités, dans tout ce qui brise sa volonté, il éprouve la sympathie du Seigneur ; mais ne cherchons pas sa sympathie quand nous avons péché !
Les frères ne peuvent pas donner plus qu’ils n’ont reçu aux pieds du Seigneur et, pour recevoir, il faut le désirer et le demander. Il faut puiser d’abord pour pouvoir arroser. Mais boire à la source du vrai bonheur est le devoir de chaque frère et de chaque soeur. Quelle place le Seigneur tient-il dans notre vie quotidienne ? Le reste ne compte pour rien. Nous sommes responsables de marcher selon la lumière que nous avons reçue, mais nous ne pouvons pas la communiquer à un autre frère ; le Seigneur seul peut le faire. C’est pourquoi il peut y avoir de grandes différences intérieures entre croyants. Un frère ou une soeur qui se sentent isolés doivent beaucoup prier pour cultiver la communion avec le Seigneur. Plus une personne est pieuse, plus elle risque d’être isolée, à moins qu’elle n’en rencontre d’autres qui passent par les mêmes exercices. Quand les jours sont mauvais, l’isolement se fait sentir ; mais le chrétien fidèle est sûr d’avoir l’approbation du Seigneur. Au commencement, le Saint Esprit agissait avec puissance ; les âmes étaient attirées par la lumière. Les temps ont changé, mais nous pouvons goûter ce privilège encore aujourd’hui. Le chemin qu’on fait avec le Seigneur est un chemin de bonheur, même au travers des difficultés. Lorsque tout va bien pour un chrétien, selon ses désirs, il n’y a pas d’exercices, et la perte est incalculable.
Quand un chrétien pèche, il ne doit pas s’attendre à la sympathie du Seigneur. L’amour d’un père qui encourage un fils obéissant n’encourage pas un fils rebelle, et pourtant c’est le même amour pour les deux fils. Quand notre propre volonté se fait jour, si nous ne demandons pas au Seigneur d’en détruire le germe, elle se traduit en actes, en pensées, en paroles. Alors le Seigneur se sert de sa Parole comme d’une épée aiguë à deux tranchants. Il s’en est servi à l’égard de Pierre, qui l’aimait de tout son coeur ; il était toujours en avant, toujours le premier, mais il devait apprendre à se connaître. Ne voyons pas les choses de Dieu d’une façon abstraite et globale ; c’est le but que poursuit Satan. Certains pensent qu’il suffit d’avoir des contacts avec les choses divines pour être intégrés parmi les croyants ; faisons attention à cela parmi nous ! Le christianisme se vit ; sa force, c’est la réalité. Quand nous avons manqué, confessons-le tout de suite. Ne traînons pas des arriérés, c’est dangereux et c’est un dommage pour tous. Si un frère ou une soeur ont des comptes en retard, c’est une souffrance pour l’assemblée locale. Quand nous manquons, sans même que personne ne s’en aperçoive, la communion est interrompue ; lorsque notre vie chrétienne devient machinale, nous sommes en danger. Il est excellent d’être fidèle aux réunions, mais ce n’est pas forcément un signe de vraie piété. Recherchons la présence du Seigneur tous les jours !
[LC n° 134]
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 241
Les chrétiens hébreux étaient découragés en raison des circonstances difficiles. Mais ils avaient connu une période meilleure et Dieu n’était pas injuste pour oublier leur oeuvre (6:10). Dieu n’oublie rien. La fin du chapitre 10 rappelle un moment où leur foi avait beaucoup brillé, non pas en remportant de grandes victoires extérieures, mais quand ils avaient été persécutés, quand on leur avait enlevé leurs biens ; au lieu de gémir, ils s’étaient réjouis. « Vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens » (10:34). Ils avaient honoré Dieu. N’ayant plus rien, ils étaient heureux. Comment supporterions-nous cette épreuve aujourd’hui ?
La vérité de Dieu n’a pas changé ; elle est éternelle. Si quelqu’un est triste parce qu’on lui enlève sa fortune, il ne rend pas un beau témoignage : on lui a enlevé son idole. La vraie foi est toujours supérieure à tout. Aux Hébreux, on enlevait leur fortune ; à d’autres, on a enlevé la vie : combien de chrétiens sont morts en exprimant leur joie ! Quand quelque chose a chassé Christ de notre coeur, cela nous paraît impossible. Si on ne veut pas vivre par la foi dans ce monde, qu’on prenne le chemin qu’on aime ! Ce ne sera pas celui où Christ délivre, aide, porte, console, celui où on connaît Christ pour soi-même. S’il y a une idole dans le coeur, il faut d’abord l’enlever : nous n’échapperons pas à ce travail de Dieu. La souffrance avec et pour Christ, c’est le bonheur du chrétien. Il faudra bien un jour passer par le dépouillement total. Si un chrétien ne veut pas lâcher, par amour pour Christ, ce qui l’empêche de jouir de Christ, il faudra qu’il le lâche à la fin, par force ; et quelle perte n’aura-t-il pas subie ! Parmi les Hébreux, certains se retiraient (10:38-39), comme il y en a toujours eu. Aujourd’hui encore des chrétiens se retirent, tout en se réclamant du nom de chrétien ; on veut un christianisme tranquille, qui ne gêne personne, et on vit comme des païens : c’est le chemin du grand nombre.
Le Saint Esprit présente alors aux chrétiens hébreux des exemples de foi tirés de l’Ancien Testament. Aujourd’hui encore les Juifs tiennent aux Écritures, mais cela ne veut pas dire qu’ils y croient. De même, beaucoup de chrétiens sont attachés au christianisme, mais ne connaissent pas Christ. Intraitables sur leurs doctrines, sur leurs oeuvres, leur bouche est murée devant Christ. Une mère n’a-t-elle rien à dire de son enfant ? Ce serait une triste mère. Un chrétien qui n’a rien à dire de Christ a un coeur de glace. Vous lui parlez de politique, de l’argent, de l’or, des vanités du monde, des grandeurs humaines, son coeur s’ouvre ; pour Christ, rien. Cet outrage permanent à Jésus par ceux qui portent son nom ne durera pas toujours. Christ veut prendre toute la place ; il l’aura bien dans le ciel. Beaucoup de ces chrétiens se feraient tuer pour leurs traditions chrétiennes ; mais si on les introduisait au ciel, ils s’ennuieraient et s’enfuiraient.
Les chrétiens hébreux trouvaient étrange de vivre dans ce monde sans voir. Nous marchons par la foi, non par la vue. Nous ne voyons pas les choses pour lesquelles nous vivons, vers lesquelles nous allons ; c’est une caractéristique de la période chrétienne. Nous sommes attachés à quelqu’un que nous n’avons pas vu : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez » (1 Pierre 1:8) ; « lequel », c’est Christ. Le chrétien a donné son coeur à Christ qu’il n’a jamais vu ; il a un trésor qu’il n’a jamais vu ; il a une espérance, l’ancre de l’âme, fixée dans le ciel qu’il n’a jamais vu.
Pour fermer la bouche à ceux qui voudraient détourner les chrétiens, le Saint Esprit donne des exemples d’hommes qui ont marché par la foi et non par la vue. Abel a apporté à Dieu un sacrifice sanglant et il a été agréé : « Par la foi, Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn » (Héb. 11:4). Il s’est approché de Dieu ayant, pour ainsi dire, dans ses mains, un sacrifice acceptable, celui de Christ. « Nous sommes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu » (Éph. 2:8). D’innombrables personnes, dites chrétiennes, s’appuient sur leurs oeuvres pour faire leur salut ; Dieu ne reçoit pas de tels sacrifices. On est sauvé par la foi ou on est perdu.
Le nom de Noé était très connu en Israël ; il est cité plusieurs fois dans les Écritures. Noé a cru Dieu, a craint Dieu, a bâti une arche pendant cent vingt ans ; on s’est moqué de lui et le déluge est arrivé, détruisant tous les hommes, sauf lui et les siens. Le déluge, « les eaux de Noé » (És. 54:9), est le jugement terrestre duquel est sorti le monde nouveau, celui dans lequel nous sommes, qui durera jusqu’au millénium. Dieu y a confié à l’homme le pouvoir de châtier par la mort celui qui verse le sang de l’homme ; c’est selon Dieu. Ce jugement de Dieu sur le monde de Noé est une image du jugement qui va fondre sur la terre après l’enlèvement des chrétiens, comme Enoch a été enlevé par la foi avant le déluge.
À la veille du règne de Christ, « les tués de l’Eternel seront en grand nombre » (És. 66:16) ; il ne restera que très peu d’hommes sur la terre. Il y aura des jugements sanglants extraordinaires, dont le déluge est une image. Il faut le dire, cela fait partie de l’évangile. Quand on prêche l’évangile : croyez et vous serez sauvés, c’est la vérité. Mais à la fin de la période actuelle, les coeurs sont devenus très durs. Les gens disent : je le sais ; j’ai appris cela quand j’étais enfant. Il faut dire : « Qui croit au Fils a la vie éternelle », mais l’évangile ne s’arrête pas là : qui ne croit pas, « la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3:36). L’évangile complet ne parle pas que de la croix, mais aussi de la colère ; le jugement est une réalité. Le Seigneur a dit qu’il n’y a jamais eu et qu’il n’y aura jamais plus de tribulation semblable dans toute l’histoire de l’homme (Matt. 24:21) : c’est la « grande tribulation », une tribulation universelle. Les chrétiens seront au ciel : « Je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière » (Apoc. 3:10). Le témoignage de Philadelphie approchera tout près de cette épreuve mais n’y entrera pas. Le monde, lui, se prépare pour cette souffrance extraordinaire. Le dernier acte de la vie du monde, avant le règne de Christ, sera un acte sanglant. Et qui conduira le jugement ? Christ lui-même. Nous en approchons de très près, mais aujourd’hui encore la grâce est proclamée. Qui pourrait dire qu’il n’a rien à mettre en ordre dans sa vie ? Aucun signe n’annoncera la venue de Jésus. Si le coeur est à Christ, il attend Christ. Mais celui qui dit : j’attends Jésus, et qui n’aime pas Jésus, est un menteur. Noé a bâti l’arche, on s’est moqué de lui. Après cent vingt ans, le déluge est venu et a tout emporté. Noé semblait avoir tort pour les moqueurs de son temps ; il a eu raison de la part de Dieu. Il en sera toujours ainsi.
Abraham a offert son fils. Nous, nous préférerions formuler cette prière : épargne-moi des peines et donne-moi un chemin bien tranquille ! Abraham a cru Dieu, il a compté sur Dieu. Dieu lui a dit un jour de s’en aller : il est parti ne sachant où il allait. Dieu lui avait dit : « En Isaac te sera appelée une semence » (Gen. 21:12), et un jour il lui dit : « Prends ton fils… offre-le en holocauste » (22:2). Par la foi, Abraham obéit, monte sur le mont Morija, s’apprête à égorger son fils, estimant « que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts » (Héb. 11:19). Jacques nous donne cet exemple comme oeuvre de foi (2:21). Si Abraham avait consulté sa femme ou son entourage, tout le monde lui aurait dit : c’est une folie, tu t’es trompé ; offrir ton fils, alors que Dieu condamne cet acte chez les nations, c’est une erreur. Pendant trois jours, Abraham a marché avec son fils ; il a laissé les serviteurs, il a pris son fils, le bois, le couteau ; nous saurons un jour les sentiments qui remplissaient alors son coeur. Il a glorifié Dieu en le prenant au mot : voilà la foi ! Nous, nous faisons souvent l’inverse : nous sacrifions la vérité de Dieu pour plaire à ceux que nous aimons. Abraham aurait pu dire : mais c’est le fils que tu m’as donné, mon fils unique. Dieu avait précisé : c’est « ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac » (Gen. 22:2). Dieu touche la corde la plus sensible du coeur d’Abraham ; c’est celle qu’il veut toucher en nous. Est-ce que nous pensons toujours à Dieu d’abord ? Dieu ne nous force pas : vous ne le voulez pas, ne le faites pas ! Des personnes iront en enfer pour avoir aimé ceci ou cela plus que Dieu ; et nous tous, à des degrés divers, nous avons subi des pertes dans notre vie chrétienne parce que nous avons aimé ceci ou cela plus que Christ.
Par la foi, Moïse a refusé d’être appelé fils de la fille du Pharaon. Élevé à la cour du Pharaon, il aurait pu invoquer de bonnes raisons pour profiter d’une situation privilégiée : je suis haut placé, je vais être puissant pour aider mes frères. « Estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Egypte » (Héb. 11:26). Il a choisi ; Dieu ne lui aurait pas donné une autre occasion pour le faire. Si, dans notre vie individuelle, familiale ou d’assemblée, Dieu nous offre une occasion de l’honorer, n’attendons pas qu’il nous la présente une autre fois ; la perte pourrait être totale.
Les combats de la foi présentés à la fin du chapitre 11 ont tous eu lieu dans le pays de Canaan. Avant, c’étaient les difficultés d’Abraham avec ceux qui l’entouraient, de Moïse avec le Pharaon, de Rahab avec son pays ; maintenant, ce sont les luttes de David avec le peuple ; ce sont les plus éprouvantes. Il n’y a rien de si douloureux pour les chrétiens que d’avoir à se séparer des autres chrétiens ; c’est là qu’il faut le plus de foi.
Notre tendance est d’éviter les difficultés. Nous n’avons pas à les rechercher, mais à les accepter. Nous sommes souvent prêts à dire : Seigneur, épargne-moi ce combat, je suis un homme de paix. Beaucoup d’hommes sont des hommes de paix ; ils aiment mieux rester tranquilles. Nul n’a été un homme de paix comme le Seigneur, et personne n’a combattu comme lui. Il a continuellement enduré la contradiction des pécheurs contre lui-même (Héb. 12:3). Nous préférons la paix à la guerre ; c’est souvent alors la chair qui choisit. Elle nous dit : Qu’on nous laisse tranquilles, nous ne demandons de comptes à personne. Christ s’est occupé des hommes, on l’a accablé d’injures ; il a tout supporté et a rendu témoignage à Dieu en toutes circonstances. C’est le chemin de Christ, c’est aussi le nôtre.
[LC n° 135]
5 septembre 1948
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 248
La vie chrétienne est une vie vécue par la foi, et, hélas, on se fatigue à ne marcher que par la foi ; on se lasse. Les premiers chrétiens hébreux avaient trouvé plus commode de vivre un christianisme terrestre ; c’est aussi notre tendance. Mais Dieu veut nous tenir en haleine pour nous garder à la hauteur de sa pensée, à la hauteur de la position de l’Église ; il faudra d’abord lutter jusqu’au bout, pour soi-même d’abord, pour son frère ensuite, pour que cette position soit réalisée. L’appel chrétien est d’une beauté incomparable, parce qu’il lie les affections au ciel. Le chrétien qui aime Christ ne peut pas s’en passer, ni se contenter d’un demi-Christ. Il est en Christ devant Dieu, et le monde où il vit n’est pas le monde qui le fait vivre. Les sources qui alimentent son âme sont en Christ. Les chrétiens hébreux voulaient revenir aux formes religieuses extérieures où la chair trouve son compte. Là est le vrai fond de tout conflit chrétien : la tendance à lier les commodités de la chair à la grâce et à la gloire de notre Seigneur Jésus Christ. Dieu nous dit : non, c’est fini ; la gloire de l’homme et la gloire de Dieu ne peuvent pas vivre ensemble. La conversion est le point de départ d’une vie nouvelle par la foi. Toutes les fois qu’un chrétien ne vit pas par la foi, il ne vit pas en chrétien ; la foi est l’essence même de la vie chrétienne. Mais une religion terrestre est commode et la marche par la foi est éprouvante.
« La foi est l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas ». Dieu ne met pas sur un même pied ce qui est de lui et ce qui n’est pas de lui. Qu’il nous garde de placer la lumière et les ténèbres sur le même terrain, au nom d’un amour qui n’est pas celui de Dieu. La première fois qu’on trouve le mot « croire », dans l’Ancien Testament, c’est au sujet d’Abraham ; mais le premier homme dont la foi est nommée, c’est Abel. Des deux premiers fils d’Adam, l’un a eu la foi, et l’autre pas. Caïn a tué son frère. « Et pour quelle raison le tua-t-il ? Parce que ses oeuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes » (1 Jean 3:12). Que de crimes ont été commis depuis, pour les mêmes raisons ! Quand on nous presse parfois de moderniser le christianisme, c’est la manifestation des mêmes tendances, et l’antichrist aura le triste privilège de concentrer dans sa personne les principes du péché de Caïn. Toute apostasie commence à la chute d’Adam. Nous en voyons les effets, Dieu en connaît les causes.
Abel se présente avec un sacrifice et il reçoit le témoignage d’être juste ; il ne l’était pas, mais il reçoit le témoignage d’être juste, parce qu’il a, aux yeux de Dieu, la valeur du sacrifice qu’il apporte ; comme le vrai croyant qui aujourd’hui vient à Dieu au nom de Christ. Voilà le salut ! Abel est mort, mais il parle encore.
Énoch marcha avec Dieu trois cents ans ; il a prophétisé (Jude 14), « et il ne fut plus, car Dieu le prit » (Gen. 5:24). Son enlèvement fut le couronnement se sa vie. Marcher avec Dieu, mettre Dieu avant toutes choses, ce n’est pas facile ! La vie d’Enoch a brillé comme une étoile dans le commencement ténébreux de l’humanité. Une vie de trois cents ans résumée en une ligne ! Savoir se contenter de Dieu tous les jours, dans toutes les difficultés, dans tous les combats. « Sur Dieu seul mon âme se repose paisiblement » (Ps. 62:1), disait David. Nous sommes plus savants qu’Énoch et que David, mais lorsque l’orage arrive, pouvons-nous vivre encore comme Énoch ou parler comme David, en vérité ? Et si le Seigneur venait maintenant, notre enlèvement serait-il le couronnement d’une marche par la foi ?
Noé a bâti son arche pendant cent vingt ans ; on se moquait de lui, comme on a dit d’un plus grand que lui : « Il a un démon, et il est fou » (Jean 10:20). Et le déluge est venu. Noé a été gardé à travers le jugement, comme le résidu d’Israël le sera à travers les eaux puissantes du jugement futur. Il craignit, comme le brigand sur la croix : « Et tu ne crains pas Dieu, toi… ? » (Luc 23:40). Noé « craignit et bâtit une arche ». C’est la foi : Dieu a parlé, cela arrivera, même si aucun signe n’annonce la catastrophe ; il n’est pas plus facile qu’alors de marcher par la foi, et « sans la foi il est impossible de lui plaire » (Héb. 11:6). Tout ce que nous ne faisons pas par la foi est péché ; la chair peut être très rusée, ce qui n’est pas un signe d’intelligence ; car l’intelligence selon Dieu, c’est de connaître Dieu ; celui qui ne connaît pas Dieu « est comme les bêtes qui périssent » (Ps. 49:20).
Moïse, étant haut placé, s’est abaissé par la foi, et par la foi Moïse et le peuple d’Israël ont traversé le désert. Si nous nous sentons parfois découragés dans les épreuves que nous rencontrons, il faut nous souvenir que, de tout temps, la foi a dû surmonter des obstacles insurmontables ; elle se nourrit d’impossibilités, parce qu’elle compte sur Dieu. La nuit de la Pâque, il fallait de la foi pour croire que le sang d’un agneau arrêterait le jugement de Dieu. Il fallait de la foi pour croire que Dieu écraserait le Pharaon et qu’il délivrerait son peuple des eaux de la mer Rouge. Dieu est à la disposition de la foi.
Les combats chrétiens sont d’ordre spirituel, plus directement dirigés contre le diable et ses anges ; il faut plus de foi que jadis pour les affronter. Il est plus difficile de remporter une victoire spirituelle sur l’Ennemi que d’entrer dans les eaux du Jourdain. La chair est plus vite frappée par un fait miraculeux visible, mais les phénomènes d’ordre moral et spirituel, la conversion d’une âme, l’affranchissement d’un chrétien enlacé par le monde, sont des libérations d’un ordre supérieur. « Ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10:11).
« Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent » (Héb. 11:30). Ce tour quotidien de la ville avec des trompettes était une randonnée ridicule aux yeux de tous. Dieu se plaît à réduire à rien l’apparence de ses soldats, afin que, de toute évidence, la victoire soit à lui seul.
À la fin du chapitre, les preuves de foi sont tirées de faits accomplis au milieu d’un peuple souvent infidèle dans le pays de la promesse. Il n’y a pas de plus grande épreuve pour la foi que la lutte pour les droits du Seigneur au sein de ceux qui sont ou se disent chrétiens. Celui qui va présenter l’évangile aux païens sait qu’il rencontrera un ennemi à visage découvert ; il va sur le terrain de l’adversaire. Mais avoir affaire à des personnes qui se disent chrétiennes, qui savent beaucoup de choses sur le christianisme, qui se prévalent du privilège de leurs connaissances, c’est la plus grande épreuve qui soit. Il a fallu de la foi pour lutter contre l’apostasie du peuple d’Israël, contre les sacrifices aux idoles, contre les alliances avec les nations voisines. Quelles luttes que celles d’un Gédéon ou d’un Samuel ! C’est le temps où nous sommes. Au Moyen-Âge, des croyants furent torturés, parce qu’ils luttaient, non pas contre des païens, mais contre de soi-disants chrétiens et contre leurs erreurs, au nom de la vérité. La vérité est le centre de convergence de la haine et de l’opposition de toutes les erreurs. Pour entendre l’erreur, les hommes ouvrent leurs deux oreilles, et ils la propagent ; mais ils sont sourds à la vérité. Il y a quelques siècles, des chrétiens ont su mourir pour Christ, et pourtant il leur suffisait d’abjurer pour avoir la vie sauve ; il suffisait d’une concession extérieure pour sauver sa vie dans ce monde et conserver l’espérance de la vie éternelle dans l’autre. Mais la fidélité à Christ, c’est autre chose : « Ils n’ont pas aimé leur vie, même jusqu’à la mort » (Apoc. 12:11). Aujourd’hui, quand on rappelle les droits éternels de Christ, on sent bien qu’on n’est pas prêt à renoncer à sa vie, et même pas au plus petit de ses intérêts ; et on dit qu’on aime Christ ! Quand Christ nous demande une concession pour lui, nous disons : Seigneur, fais la concession, et laisse-moi ce que j’aime ; je t’aurai dans l’autre monde. « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur coeur est fort éloigné de moi » (Matt. 15:8). Voilà un bon christianisme qui ne dérange personne et qui laisse chacun tranquille sur sa lie (Jér. 48:11 ; Soph. 1:12). Tous ceux qui ont été « lapidés, sciés, tentés » au sein du peuple, la grâce de Dieu ne les a pas laissés sur leur lie ; elle ne les a pas laissés s’enfoncer dans leurs propres pensées.
Si le Seigneur n’avait pas été fidèle, il n’aurait pas été crucifié. Mais il n’a pas caché la justice à la grande congrégation (Ps. 40:9). Il a passé sa vie à dire ce que Dieu est ; ni les Juifs, ni les nations n’ont pu le supporter : « Ote, ôte ! crucifie-le ! » (Jean 19:15). Il a méprisé la honte, il a enduré la croix (Héb. 12:2). Supporter la honte devant le monde, la moquerie, le mépris, l’opposition, c’est douloureux et pénible. Il ne faut pas succomber sous le poids du fardeau ; il peut nous écraser. « Rejette ton fardeau sur l’Éternel » (Ps. 55:22). Et il faut aussi rejeter le péché qui nous enveloppe si aisément, le bannir de nos voies et du milieu du peuple de Dieu. Que Dieu nous y aide ! Le chemin de la foi est un chemin de combats et de peines, mais de joie incomparable, celle que Dieu verse dans le coeur par le Saint Esprit.
[LC n° 136]
2 février 1958
Les chrétiens hébreux auxquels l’épître est adressée étaient, non seulement en danger au point de vue de l’orientation doctrinale, sous l’influence de mauvais docteurs, mais ils étaient en danger aussi de fléchir quant à leur fermeté pratique, en danger de se décourager. C’est ce qu’on trouve dans le dernier paragraphe du chapitre 10. C’est pourquoi le Saint Esprit rappelle tout ce qu’ils avaient fait auparavant, leur dévouement pour les autres, et ce qu’ils avaient supporté : des souffrances, des persécutions, l’enlèvement de leurs biens. Ce sont des choses sérieuses, cela, et qui ne sont pas courantes. Peut-être que pas un de nous, ici, n’a traversé de telles choses. Eh bien, ces chrétiens avaient eu une période remarquable de fidélité au milieu des difficultés, et malgré une mauvaise influence religieuse, qui n’était pas chrétienne. Mais ils étaient sur le point de fléchir, et peut-être de se dire : À quoi bon tenir dans ce chemin où il y a des épreuves, des difficultés, des renoncements, des souffrances ? Alors l’apôtre vient placer devant eux, et devant nous, le grand principe qui anime la vie chrétienne en tout temps. Et ce principe, qui n’est pas abstrait (car c’est une puissance réelle et efficace), c’est la foi.
Le mot foi, dans la Parole, a plusieurs sens. Le premier sens, c’est ce par quoi on croit Dieu, ce que Dieu dit. Dans ce sens-là, il est dit, par exemple : « Vous êtes sauvés… par la foi » (Éph. 2:8) ; « la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10:17). Mais la foi a aussi un autre sens, celui que nous trouvons ici, un sens parallèle au premier, un peu différent ; c’est le sens de confiance. La foi est nécessaire au pauvre pécheur pour venir en relation avec Dieu. Sans la foi, il est impossible de connaître Dieu. Mais on est en danger de croire que, lorsqu’on est devenu un enfant de Dieu, on n’a plus besoin de foi. Or on en a besoin continuellement, dans le sens de la confiance en Dieu, pour réaliser l’appui qu’on trouve en Dieu, et pour ne le trouver qu’en Lui seul. C’est l’oubli de ce grand principe, vivant et puissant, qui fait que notre marche chrétienne, si souvent, au lieu d’être énergique, patiente et intelligente, et de surmonter les obstacles, se laisse surmonter par les difficultés.
De sorte que le travail de Dieu n’est pas fini, quand une âme est convertie. Dieu entreprend à son égard un travail d’une autre nature, pour l’engager à se confier en Lui d’une façon toujours plus grande. Chers amis, que chacun examine un peu, pour son compte, devant Dieu, à quel degré il sait se confier en Dieu. Si nous faisons cet examen, nous serons étonnés de constater que notre confiance en Dieu est très petite.
Nous disons facilement (et souvent légèrement) : Jésus est un modèle. Eh bien, il est un modèle de la confiance ; cherchons les passages, et lisons-les, où la confiance du Seigneur est présentée. Dès sa naissance : « tu m’as donné confiance sur les mamelles de ma mère » (Ps. 22:9). Rien ne peut ébranler la confiance de Christ dans son Père : « je me suis toujours confié en toi » (Ps. 91:12 ; 16:1). Le Seigneur n’avait, dans ce monde, aucun autre appui que son Père. Nous, nous nous appuyons sur beaucoup de choses. Celui qui a les biens de la terre, dans une mesure ou une autre, le sait bien. Combien nous avons à veiller sur ce point. Le Seigneur ne s’appuyait sur rien, dans ce monde ; il n’y avait aucun appui.
Eh bien, ce grand principe de la foi, de la confiance en Dieu, est développé dans ce que nous avons lu. Nous y trouvons, en particulier avec l’exemple d’Abel, la foi qui met en rapport avec Dieu. Mais y est aussi exposé, de la façon la plus riche, ce grand principe de la confiance.
Nous trouvons d’abord que, pour avoir la connaissance du Dieu créateur, il n’y a pas d’autre moyen que la foi. « Par la foi nous connaissons » ce mystère inexplicable de la création, « nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu » (11:3) ; la foi nous donne cette intelligence, cette connaissance. Ce qu’est la création échappe à tous les esprits des hommes. D’ailleurs, dans l’idée de la création, ne l’oublions pas, il y a l’idée foncière de tirer quelque chose de rien. C’est ce qu’a fait le Dieu créateur. Les sages, les philosophes, dans tous les temps, ont cherché à expliquer la création. Mais nulle part on n’a trouvé cette idée, qui n’est que dans la Bible, à savoir que Dieu a créé en partant de rien. On trouve ailleurs l’explication de l’arrangement des choses. Mais l’idée d’une puissance créatrice qui a fait apparaître le monde, ou un élément du monde, en partant de rien, cette idée est exclusivement scripturaire.
Par la foi, nous avons cette certitude, cette connaissance. Nous n’avons pas à en être plus fiers. Un chrétien n’a pas à se mettre sur le même pied qu’un savant qui étudie ces choses et les expose ; ce serait de la sottise, de la part de ce chrétien, et un orgueil insensé. Tout chrétien sait ; mais il n’est pas dit que Dieu lui a donné le moyen d’expliquer le mystère de la création. Que Dieu nous garde de le faire ! Retenons seulement ce que l’Écriture, de la façon la plus sobre, nous révèle.
Ensuite, avec Abel, nous nous trouvons sur le terrain de la rédemption.
Ce monde est devenu un monde en désordre. Et si la création du monde est une énigme impossible à déchiffrer, il y en a une autre encore plus difficile à déchiffrer ; c’est la présence du mal dans ce monde. Voilà une énigme ! On n’a pas fini d’y penser ! On ne la déchiffrera pas par une prouesse intellectuelle, comme veulent le faire beaucoup de personnes ! Et puis, si le mal lui-même ne retient pas l’attention des hommes, Dieu a permis que les conséquences du mal soient telles, qu’il ne soit pas possible qu’on ne les voie pas. Et c’est une miséricorde ! Le fils prodigue mourait de faim, dans le pays éloigné ; jamais il ne serait revenu chez son père, s’il avait été bien à son aise !
Cette énigme du mal est là, devant l’homme qui a des aspirations au bien. Certains disent : Quel est le Dieu qui a créé les choses ainsi ? Certains osent dire : Il ne peut pas y avoir de Dieu, pour qu’il ait créé les choses ainsi. « Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu ». Par la foi, nous savons aussi l’origine du mal dans ce monde, et comment on en est délivré. C’est ce qu’Abel avait saisi ; et il est un exemple pour nous. Il a compris, pour ainsi dire, que la catastrophe du mal était entrée dans ce monde. Abel n’était pas au jardin d’Éden ; il n’y avait pas là d’enfants. Mais ses parents lui ont raconté ce qui s’était passé ; et Caïn aussi a entendu ce que ses parents lui ont dit. Mais Abel a ressenti que la catastrophe était entrée dans le monde. Et cette merveille de l’intelligence de la foi fait qu’Abel, plus intelligent que son père, que sa mère et que son frère aîné, s’avance vers Dieu avec un sacrifice. Il n’est pas écrit qu’il a rendu témoignage. Nous sommes très portés à parler du témoignage que nous avons à rendre ; et c’est bien, sans doute. Mais ici, ce qui est dit est différent : « il a reçu témoignage » de la part de Dieu ; c’est beau !
Abel a eu l’intelligence des choses. Il a, par son geste, proclamé qu’il était impossible que Dieu fût l’auteur du monde dans lequel Abel se trouvait. Au lieu de faire comme tous nos sages, qui nous disent : « Quel est le Dieu qui a créé cela ? Il n’est pas digne qu’on l’honore », ou bien : « Il n’y a pas de Dieu », Abel reconnaît Dieu et proclame qu’il n’est pas l’auteur du mal qu’il voit dans ce monde, et dont il est le quatrième à souffrir. C’est ce que fait toujours la foi ; elle fait comme Abel. Nous venons à Dieu en tenant, pour ainsi dire, entre nos mains, l’excellence du sacrifice de Jésus, représenté par la bête du troupeau d’Abel ; et nous proclamons par là que Dieu est bien le créateur, et n’est pas l’auteur du mal, que c’est nous tous qui en sommes coupables, et qu’il fallait, à l’égard du mal qui est entré par notre faute, une juste sentence. Voilà ce que font les croyants, aujourd’hui ; et c’est ainsi qu’ils reçoivent le témoignage d’être justes.
Après les vérités de la création et de la rédemption, nous avons un autre point : la marche, et la marche par la foi, illustrée par la troisième personne qui est citée là, Énoch. Il nous présente, d’une façon tout à fait remarquable, la marche par la foi et, en particulier, la marche chrétienne. Pourquoi en particulier ? Parce qu’il y a eu, et qu’il y aura, des croyants, dont la carrière sera moins absolument une marche par la foi que celle des chrétiens. Les croyants du règne millénaire, par exemple, seront parfaitement nés de nouveau, et le principe de la foi sera actif en eux ; mais ils se mouvront dans une création qui sera, pour la période en question, la plénitude de leur bénédiction. Ils seront satisfaits d’être sur la terre, tout à fait contents. C’est d’ailleurs une part que beaucoup de chrétiens (chacun de nous, plus ou moins) aimeraient souvent bien avoir aussi. Nous sommes, hélas, portés à désirer que la part chrétienne que Dieu nous a donnée soit un peu moins céleste, et un peu plus terrestre, et à vouloir un mélange des biens célestes et des avantages du royaume millénaire. C’est bien vrai, hélas !
D’Énoch, un croyant des plus fidèles, dont il est parlé peut-être trois fois dans la Bible, il nous est dit très peu de choses. Avec très peu de mots, l’Écriture nous donne par lui l’image la plus pleine de la vie et de la marche du croyant : « Par la foi Énoch marcha avec Dieu ». Voilà la marche d’Énoch. Ailleurs, nous trouvons : « Énoch marcha avec Dieu trois cents ans » (Gen. 5:22). Énoch illustre le caractère céleste. On ne voit pas de contact avec le monde qui l’entoure. Il a marché avec Dieu ; il ne fut plus, car Dieu le prit. Les circonstances ordinaires de la vie d’un homme ne marquent pas la vie d’Énoch. Il a marché ; il a plu à Dieu ; il a été enlevé. C’est absolument l’image de la carrière chrétienne : marcher avec Dieu, recevoir le témoignage d’avoir plu à Dieu. Il a été enlevé ; et son enlèvement est un témoignage qu’Énoch a reçu (non pas rendu), pour avoir marché avec Dieu pendant trois cents ans.
Combien de temps marchons-nous avec Dieu, dans une journée, dans une semaine ? C’est par la foi qu’Énoch marcha. Cette vie, qui paraît sans rien de saillant, est peut-être la vie la plus pleine qui nous soit donnée ici comme modèle.
Par la foi, nous savons qui est l’auteur et le dominateur de toute la création. Par la foi, nous savons comment résoudre cette question si terrible du mal qui a ravagé cette création. Par la foi, nous savons — comme Énoch nous la montre — quelle est, dans ce monde, la destinée de ceux qui ont reçu la foi. En effet, Énoch est un croyant dont la vie déclare que le monde dans lequel il est n’est pas selon la pensée de Dieu. Sa foi déclare qu’il y a un autre monde, et qu’en attendant cet autre monde, la grande affaire, c’est de marcher avec Dieu. Que Dieu nous accorde la grâce de le faire, sans bruit. Marcher avec Dieu, cela veut dire vivre en communion avec Dieu, d’accord avec Dieu.
Nous trouvons ensuite, dans l’exemple d’Abraham, d’autres caractères de la foi. La vie d’Abraham a été davantage remplie de péripéties que celle d’Énoch (mais beaucoup moins que celle de Jacob). Dieu a voulu, dans la vie d’Abraham, nous présenter d’autres principes. Nous voyons ici qu’Abraham, appelé, obéit, « ne sachant où il allait ». Lequel d’entre nous fait-il ainsi, pratiquement, au degré où Abraham l’a fait ? Que de fois, après être partis par la foi, après avoir marché par la foi en suivant le Seigneur comme dans un pays non semé (« Je me souviens… de la grâce de ta jeunesse… quand tu marchais après moi… dans un pays non semé » — Jér. 2:2), nous regardons à nouveau autour de nous, nous nous arrêtons, et le monde et ses affaires nous reprennent !
Abraham a rompu des liens. Dieu l’a appelé ; il a rompu des liens. Il est parti, ne sachant où il allait. C’est bien le principe de la confiance. Lorsqu’on est appelé par Dieu, il y a une rupture d’avec un passé. Tous les liens qui nous attachaient à notre existence passée sont rompus. Je ne dis pas les liens familiaux, mais tous les liens qui nous attachaient à ce pour quoi nous vivions. Un autre horizon est devant nous.
Térakh, père d’Abraham, l’a suivi ; son neveu Lot aussi. Il n’est pas dit que Dieu avait appelé Térakh, ni Lot. Lot était un croyant ; quand à Térakh, il ne l’était certainement pas.
Abraham n’a pas consommé d’un seul coup une complète rupture. Son père l’a suivi, et ils ont commencé une première étape ; et cette première étape s’est arrêtée à Charan. Ils s’arrêtent là, jusqu’à ce que Térakh meure ; cela a été une douleur, pour Abraham. Il aurait pu dire, comme Jacob ailleurs : « Ce lieu-ci est terrible » (Gen. 28:17). Mais non ; Abraham reprend sa course. Il ensevelit son père à Charan, et il reprend sa course. Cet arrêt dans sa marche n’est pas signalé, dans l’épître aux Hébreux. Les infidélités ne sont pas signalées, dans l’épître aux Hébreux. « Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit… ne sachant où il allait » (11:8). Nous savons ce qui est arrivé à Lot. Il a sombré dans le pays promis, parce qu’il avait marché avec les jambes d’Abraham, un certain temps, et qu’ainsi il n’a pas pu « tenir ». Lorsque le monde s’est offert à Lot, sous les formes agréables d’une plaine fleurie et arrosée, le coeur de Lot n’a pas balancé. Il a choisi, et il est parti à Sodome.
Nous savons quelle a été la fin de Lot (ce juste Lot), une très triste fin. C’était un juste ; mais il n’a pas eu la foi pour la marche, cette puissance de la foi qui a fait que les plaines de Sodome n’ont pas tenté Abraham, que cette tentation n’a pas effleuré son coeur.
Sachons bien que nous ne pouvons pas tourner le dos aux tentations du monde simplement par des habitudes, ou par l’éducation chrétienne, même si nous sommes de vrais chrétiens. L’éducation chrétienne n’est pas une force capable de résister à la puissance d’attraction des choses de ce monde. Elle est terrible, cette puissance, pour les jeunes, et pour ceux qui ne sont plus jeunes. Il n’y a que la foi qui puisse faire échec à cette puissance-là. Il ne s’agit pas de prendre des résolutions. Vous prenez des résolutions : « Je ne boirai pas à cette coupe-là ». Attendez, il y en a une autre qui vous sera préparée, et à laquelle vous porterez vos lèvres. Ce n’est pas par une volonté de renoncement, ni par des décisions prises simplement par notre volonté, que nous sommes vainqueurs, mais par la foi qui nous fait réaliser la présence de Dieu dans les circonstances de notre chemin. Lot n’avait pas cette foi, pour la marche ; et il nous arrive très souvent de ressembler à Lot.
Plus tard, la foi d’Abraham remporte d’autres victoires. Il a eu quelques fléchissements. Nous ne nous complaisons pas à les souligner. Mais, un jour, il y a eu une famine dans le pays ; et Abraham, qui avait laissé tout ce qu’il possédait sans rien avoir que sa foi, faiblit, lorsque la famine l’entoure. Qu’est-il arrivé, à ce moment ? Il n’a probablement pas veillé. Il va en Égypte. Il était pourtant plus facile de compter sur Dieu dans le pays de la promesse, sur Dieu qui lui avait aidé à venir jusque-là, que de rompre avec tous les liens avec lesquels il avait rompu, dans le commencement. Son comportement ne s’explique pas. La chair n’est jamais sage, mais insensée ; et elle nous entraîne toujours dans des situations difficiles.
Mais Abraham fut restauré ; et il lui fut donné l’occasion de porter du fruit pour Dieu d’une façon peut-être unique dans toute l’Écriture, et devant laquelle chacun peut s’arrêter. Il a offert son fils, nous savons dans quelles conditions (Dieu ne lui a pas demandé cela au premier jour que sa foi a été fortifiée !). Dieu lui a fourni l’occasion de montrer qu’il aimait Dieu plus que son fils bien-aimé, sur lequel reposaient toutes les promesses.
Nous avons beaucoup d’autres exemples qui présentent l’énergie de la foi surmontant les difficultés. Nous ne pouvons pas vaincre, sans la foi, dans ce monde qui est plus fort que la chair christianisée, que nos bonnes résolutions, que tout ce que nous pouvons entreprendre. Ne comptons pas sur ces choses. Satan est très fort, contre la chair ; il a tous les droits sur la chair. Or, si nous ne marchons pas par la foi, nous marchons par la chair, par la vue.
Que le Seigneur nous aide tous, particulièrement les jeunes chrétiens, ceux qui commencent. Dans ce monde, si on ne va pas par la foi, on ne peut pas aller avec Dieu. C’est très sérieux.
Puis nous trouvons d’autres actes mémorables, comme les persécutions — nous ne savons pas ce que c’est ! Il y en a eu alors, il y en a eu depuis. La puissance de la foi s’est manifestée lorsque les croyants étaient soumis au fer et au feu, au bûcher, aux bêtes féroces. Nous, nous sommes bien à notre aise, et nous cherchons nos aises, et nous nous y complaisons, chers amis ! Mais est-ce que cela veut dire que le monde soit, pour Dieu et pour nous, un monde meilleur qu’autrefois ? En aucune manière. Nous n’osons pas penser aux persécutions ! On entend des chrétiens dire (même ceux qui ne sont pas parmi nous) : Oh, si des persécutions arrivaient, nous ne pourrions pas faire comme nos devanciers, nous le sentons bien ! Mais nous n’avons pas à penser à des persécutions possibles, pour faire une réserve de force pour le cas où des choses semblables arriveraient. Non ; nous avons à demander à Dieu qu’il nous donne de marcher avec lui. Quand il n’y a pas de persécutions, il y a toujours des tentations. La persécution, c’est une tentation ; mais il y a, tous les jours, les tentations que le monde nous offre, qui nous font perdre une demi-journée, en entraînant nos coeurs dans une convoitise — peut-être une « noble » convoitise, peut-être « nos » passions, peut-être de « nobles » passions. C’est une victoire de Satan ; ce n’est pas la foi.
Que Dieu nous garde, dans les jours faciles, quand il n’y a pas de menaces de violence ! Que Dieu nous donne de nous souvenir qu’il faut la foi, non pas seulement pour surmonter les menaces du monde et ses persécutions, mais pour surmonter ses tentations. Et, dans bien des vies chrétiennes, et dans bien des périodes chrétiennes, la foi aura brillé en ce que, tout au long d’une carrière, un croyant aura veillé pour ne pas se laisser séduire par les tentations du monde, et ne pas se laisser entraîner. Pendant une semaine, chers amis, d’un dimanche à l’autre, qu’est-ce que nous faisons ? Il faut voir ce que nous faisons. On ne peut pas dire que nous n’avons pas l’occasion de montrer la force de notre foi. Nous n’avons pas l’occasion de montrer si notre foi résiste au bûcher ; mais nous avons l’occasion de montrer si notre foi résiste aux mille attraits — dans le détail — par lesquels Satan veut entrer dans notre âme, par des choses en apparence innocentes : la lecture, par exemple, à laquelle on se donne, et qui fait entrer dans l’âme ce qui en fait sortir Christ. Cela, ce n’est pas marcher avec Dieu, c’est marcher avec le monde ; c’est perdre sa force. Nous perdons ainsi notre force. Nous ne faisons pas une règle. Il n’y a pas de règles proprement dites, dans la vie chrétienne. Elle n’est pas régie par un code, ni par les dix articles de la loi. La vie chrétienne n’est pas régie de cette manière. La loi ne donne pas de force ; les articles ne donnent pas de force. La force, c’est la foi, c’est-à-dire la présence de Dieu dans le coeur, Dieu avec nous dans notre coeur, qui fait que, Dieu étant avec nous, les circonstances sont plus faibles que nous. Et, au lieu qu’elles nous fassent du mal, eh bien, nous les traversons sans qu’elles nous causent de dommage. Mais il faut veiller pour cela, et de près !
Ce qui se passe dans le monde peut remplir facilement la journée du chrétien, très facilement, surtout si on est obligé d’avoir des rapports avec des gens du monde. Jamais les gens du monde ne vous apportent quelque chose qui vous fasse du bien. Et, dans les contacts entre un chrétien et un inconverti, c’est toujours le chrétien qui y perd, pour la bonne et simple raison que l’inconverti lui apporte des rapports avec ce qui n’est pas chrétien en lui. Jamais il ne lui apporte un avantage. Ne pensons pas que ce soit aller trop loin, de dire cela ; d’ailleurs, la Parole nous l’enseigne. Énoch marcha avec Dieu. S’il fallait donner d’autres exemples précis, c’est facile ; les exemples sont innombrables, ainsi que les exhortations à la vigilance. Les hommes de Dieu, qui nous ont précédés, étaient forts, parce qu’ils veillaient à l’entrée de leur coeur. Si nous sommes plongés dans la lecture d’un livre pendant un jour, deux jours (c’est très facile et fascinant ; et aujourd’hui, il y a de la lecture pour tous les goûts), c’est très triste. On préfère ne pas en parler, mais c’est une terrible réalité, pour les enfants qui sont les hommes à venir ! Si nous nous nourrissons avec avidité de tout cela, c’est un mal incalculable qui est fait. Comme disait un homme, d’une destinée qu’on peut penser avoir été terrible : « Toutes ces choses-là, elles font qu’il y a une tache apportée ; et la tache est là, au fond, tout au fond du coeur ». Dieu ne peut pas aimer cela.
Si nous voulons la puissance de la foi, veillons à cela, à tout ce que le monde peut apporter à notre coeur.
Regardez toutes ces personnes de foi qui nous sont présentées. C’étaient des personnes séparées : Abraham était séparé, sauf quand il a été en chute ; Énoch, n’en parlons pas. Mais Lot était un mondain ; le monde l’a emporté.
Que le Seigneur nous soit en aide ! Tout ce qui n’est pas fait selon le principe de la foi est péché (Rom. 14:23). Et ne pensons pas que la foi brille plus fortement lorsqu’elle triomphe de la menace de la mort, de la persécution, de la dent des fauves, du fer ou du feu, que lorsqu’elle sait se frayer un chemin de séparation et de dépendance de Dieu, au milieu des fleurs que le monde veut semer sur notre chemin. Il est peut-être plus difficile de faire une carrière selon Dieu au milieu des fleurs que le monde sème sur notre chemin, de la faire fidèlement, que de résister quelques heures sur un bûcher, jusqu’à la mort ; c’est probablement plus difficile. Lorsque chacun aura terminé sa carrière, le Seigneur saura, d’une main qui ne se trompera pas, mettre une couronne sur le front de ceux à qui il aura donné de triompher par la foi. Il est bien possible que ceux qui auront combattu par la foi avec patience un demi-siècle durant ou, comme Énoch, trois cents ans, qui recommençait jour après jour à veiller dans une monotonie apparente, que des témoins ainsi fidèles, sans bruit, reçoivent, au jour de la « rémunération », une couronne aussi brillante que celle que recevront, des mains du juste Juge, ceux qui l’auront confessé sous l’ardeur du feu, ou de quelque douleur qu’ont pu leur procurer ceux qui les ont mis à mort.
Que le Seigneur nous donne de ne pas croire que l’époque où nous vivons n’est pas une époque aussi glorieuse, pour la foi, que celles dans lesquelles, depuis vingt siècles, il a été donné aux saints, non seulement d’aimer le Seigneur et de le servir, mais aussi de souffrir et de mourir pour lui. Le renoncement, la dépendance avec le Seigneur, ce n’est pas autre chose que la réalisation de la mort dans le détail, pour que la vie de Christ puisse se développer dans les siens. Que le Seigneur nous soit en aide ! La vie chrétienne n’est pas une théorie ; c’est une réalité. Le secret de sa force, c’est la foi, c’est-à-dire la présence de Dieu dans notre coeur, jour après jour. Que cette présence soit, par nous tous, de mieux en mieux réalisée !
[LC n° 137]
22 décembre 1968
Cette vérité de la foi tient une grande place, dans le Nouveau Testament, et dans toute la Parole. Et elle devrait tenir une grande place, au moins, dans la vie d’un croyant, alors qu’elle n’en tient aucune dans la vie d’un inconverti.
La foi n’est pas croire en Dieu. Les démons aussi croient, et ils frissonnent. La foi, c’est croire Dieu, croire ce que Dieu dit, et aussi avoir confiance en Dieu. On croit pour devenir un chrétien ; c’est donc la foi. Et il faut encore la foi pour vivre en chrétien. C’est alors ici la confiance en Dieu. On se confie en Dieu, au lieu de s’appuyer sur soi. Les jeunes ne se rendent pas bien compte de la difficulté qu’il y a à vivre de foi, sans confiance en soi. Les années passant, on apprend à se méfier de soi. Et c’est une grande leçon apprise. C’est là que se reconnaît la vraie piété et l’amour pour le Seigneur. On compte sur Dieu. Un homme comme Paul comptait sur Dieu en tout. La foi est un don de Dieu. Il peut y avoir une imitation de la foi. Mais l’imitation de la foi n’est pas la foi.
Le danger, à la fin d’une dispensation comme celle où nous sommes parvenus (et les choses iront en s’accentuant), c’est que les habitudes se substituent à la réalité. C’est un danger très grand parmi nous, chez les frères.
Dès que Dieu a commencé son oeuvre dans une âme, il est là. Cette âme a des rapports avec Dieu, des rapports incommunicables. La foi ne s’explique pas ; elle se montre par des faits. Elle ne se démontre pas par des discours, mais par la vie, par la marche. Il y a des traits, dans la vie d’un vrai chrétien, qui démontrent que Dieu est là. Il peut y avoir des faits, car il y a la vie, et des manifestations de la vie par le Saint Esprit.
On fait croire à la jeunesse, maintenant, que le monde connaît tous les mystères de la création. Ce n’est pas vrai du tout. Et même si c’était vrai, l’homme dit : Rien n’est venu de rien. Dieu dit, dans le christianisme : Tout est venu de rien. Dieu a tiré la création du néant. Que la jeunesse écoute la Parole de Dieu, même si elle n’est pas convertie. La vérité n’est pas un objet de raisonnement ; elle est un objet de foi. L’expérience, à cet égard, n’est pas mauvaise, mais à condition que Dieu en fasse sortir. Car il est arrivé que des âmes sont allées jusqu’au désespoir. Cela est arrivé. Combien, quand la mort est venue, ont perdu leur superbe ! « Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par la parole de Dieu, de sorte que ce qui se voit n’a pas été fait de choses qui paraissent » (v. 3). Satan a réussi à se servir de la création pour la placer comme écran entre l’homme et Dieu. Et, plus encore, Satan a réussi à se servir du christianisme, le plaçant comme écran entre l’homme et Dieu, et cela, en le dénaturant. Quel être que Satan !
Dieu seul peut dissiper tous les doutes, quels qu’ils soient.
Un chrétien n’est plus de cette création. Son coeur n’est plus là. Comme c’est simple et profond ! Ce n’est pas par des raisonnements qu’on peut persuader quelqu’un (cela est de toute importance), bien que ceux-ci peuvent parfois aider. L’assurance que donne la foi, c’est divin. Plus les choses iront, plus il y aura une tendance toujours croissante à l’apparence de la vie chrétienne sans la vie.
Dieu nous donne ce qu’il faut pour ôter des montagnes sur notre chemin.
Après la création, vient ensuite la question du péché. Le péché est arrivé. Les hommes qui s’occupent de la création ne s’occupent pas de ce terrible état de choses. Ils passent à côté. Personne ne peut le vaincre. Dieu a permis que les effets de la chute demeurent. Vous allez faire tout le bien possible qui peut être fait dans les hôpitaux ; jamais vous ne pourrez arrêter ce débordement de malades, dans les hôpitaux. Vous pourrez écrire des choses de toutes sortes ; vous ne pourrez jamais ôter les terribles conséquences du péché. Rien à faire ; il n’y a pas d’issue. Une seule cependant le peut, c’est la foi.
« Par la foi, Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn ». Abel a l’intelligence des choses de Dieu, de ce qui convient devant Dieu. Il est le seul. On ne le lui a pas dit. Ses parents ne lui en ont pas parlé. Sinon, Caïn aussi l’aurait appris. Abel se distingue de tous les autres. Il est le seul des quatre. Et Caïn ose offrir à Dieu des choses maudites. Abel est intelligent, pour comprendre qu’on ne peut s’approcher de Dieu sans la mort. Jésus a été une sainte victime expiatoire. Et la mort qui a frappé Jésus ne frappe plus le croyant qui croit en lui. Ce sont ici des principes fondamentaux, sans lequel nous n’aurions jamais connu ces choses. Une fois sortis d’Éden, nous aurions été directement en enfer, sans les connaître.
On flatte la jeunesse. Elle est une pâte beaucoup plus malléable, et Satan en profite. Que Dieu leur accorde de le trouver, même s’il ne les flatte pas. Rien n’est plus dangereux que de flatter. Le flatteur n’est pas droit ; c’est un menteur. Le Seigneur a toujours dit la vérité, et parfois avec une apparence de dureté. Mais que le Seigneur nous garde de flatter. Lisons à cet égard le livre des Proverbes.
Un chrétien pieux et fidèle se rendra compte, toujours davantage, qu’il n’y a rien de bon en lui. Il n’a pas besoin de chute pour l’apprendre.
Ensuite, il y a Noé. Quelle confiance en Dieu ne lui a-t-il pas fallu ! Il a enduré la moquerie, le mépris. Il a persévéré jusqu’au bout. Il est pour nous un exemple de foi. Noé avait le secret de Dieu. La foi a un secret. C’est le secret de Dieu. Avec Dieu, on voit clair. On n’a pas de coeur double. Si nous avions davantage de foi, nous marcherions sans consulter personne ; bien que nous puissions parfois, dirigés par le Seigneur, être aidés par les frères.
Seulement huit personnes ont été sauvées du déluge. Eh bien, la foi est toujours du côté du petit nombre. Et souvent, elle est toute seule. Et pourquoi ? Parce qu’elle est avec Dieu. Son coeur n’est pas double. Un enfant de douze ans résisterait à tout l’univers, avec Dieu. Et pourquoi pas ? La foi sait que cela est vrai.
Les hommes de ce monde disent : « La Bible dit que… ». Mais la foi sait. Le chemin de la connaissance de Dieu est direct. Et quand la foi voit clair, elle a la conviction divine. Personne ne dit la vérité, tandis que Dieu dit tout de tout.
Dans ce monde, l’homme dit « moi », et toujours « moi ». Et où cela mène -t-il ? À la catastrophe.
Abraham fut très riche en foi. Il fut le père de la foi. Il a laissé tout ce qu’il avait de cher. Par le déluge, Dieu a fait disparaître la corruption. Il a balayé le fruit de cette corruption, où même les anges avaient leur part. Après le déluge, l’idolâtrie est venue s’installer.
Abraham fut le père de la foi. Les liens naturels ont paralysé un temps sa marche en avant, comme cela nous arrive à nous aussi, trop souvent. De la part d’Abraham, ce n’était pas juste. On a beau dire et beau faire, ce n’était pas juste. Sans doute, cela aurait été pour lui une rupture douloureuse. Combien de croyants, durant les âges, ont abandonné tout ce qu’ils avaient de plus cher ici-bas, pour suivre Christ, à quelque prix que ce soit. Un jour, le Seigneur manifestera tout ce qui aura été pour sa gloire ici-bas. Il y a eu des croyants qui ont abandonné leur avenir pour suivre Christ. Et nous, nous chicanons ; nous cherchons à faire passer nos privilèges avant les intérêts du Seigneur. Ces croyants ont eu une occasion ; ils l’ont saisie. Abraham a eu une occasion ; Abraham l’a saisie. Et nous, nous avons aussi l’occasion ; saisissons-la. Elle ne reviendra peut-être plus jamais ; jamais plus de la même manière, en tous les cas. Servir le Seigneur ne peut pas ne pas nous amener à des renoncements. Ou bien alors, nous cessons d’être fidèles.
Lot est l’image d’un chrétien qui ne marche pas à la hauteur de ses privilèges. Pendant un temps, Lot marcha avec les jambes d’Abraham. Et il a failli perdre sa vie à Sodome. Il y a perdu sa femme et sa famille.
Moïse a choisi « plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte » (v. 25-26). Nous sommes frappés de voir ici qu’il est fait mention de « l’opprobre du Christ ». Moïse a préféré l’opprobre du Christ que toutes les richesses de l’Égypte. L’opprobre du Christ, dont il est parlé ici, c’est l’opprobre de tout ce qui est de Dieu ici-bas, de la part du monde, ou de personnes chrétiennes ayant une vie plus relâchée. Dieu honore les siens, en disant que c’était déjà, à ce moment-là, « l’opprobre du Christ ». Notre vie est faite de défaites ou de victoires. Bien que Moïse eut des manquements, à certains égards, dans l’ensemble, sa vie a été faite de victoires. Il ne faut pas croire qu’une victoire se remporte sans souffrance, sans peine et sans renoncement. Moïse aurait pu dire : « Oh, Dieu m’a placé à la cour du Pharaon ! Sûrement, c’est sa volonté que j’y reste. Je pourrai ainsi venir en aide à mon peuple et le soulager. Dieu m’a donné ces avantages pour l’y servir ». Dieu lui a donné ces avantages pour lui donner l’occasion d’y renoncer. On a souvent dit : La conscience ne raisonne pas. Quand un chrétien raisonne, c’est un mauvais indice. Dans la présence de Dieu, on ne raisonne pas. L’essentiel pour nous est de nous tenir dans la présence de Dieu. Il nous arrive parfois de marcher avec ceux qui nous éloignent de cette présence. Et c’est parfois ceux-là même que nous recherchons.
Moïse était près de Dieu, et a ajouté foi à ce que Dieu dit. Il restait près de Dieu. C’est la grande affaire. Sans la foi, il est impossible de lui plaire. L’éducation chrétienne la meilleure n’est pas la foi. À la première occasion un peu sérieuse, on tombera. Là où l’un triomphe, l’autre tombe. Le Seigneur seul peut nous aider. La condition la meilleure est souvent celle où on s’alignera au niveau le plus bas.
On a souvent pensé que ce chapitre aurait pu être allongé.
On peut montrer au Seigneur qu’on l’aime, en renonçant à telle ou telle chose, sans que rien d’apparent ne se manifeste. Nous avons dix ou vingt occasions par jour pour montrer au Seigneur que nous l’aimons. Et, en mille occasions, nous lui montrons que nous le faisons passer le dernier. C’est en cela que se mesure la valeur d’une vie chrétienne. Qu’il nous soit donné de lui montrer que nous l’aimons.
Parfois, nous disons : Si les chrétiens étaient plus fidèles, moi aussi je le serai. Combien de croyants ont agi à la gloire du Seigneur, sans être encouragés par leurs proches. Si nous demeurons près du Seigneur, nous découvrirons bientôt ce qui peut lui plaire. Nous disons : Ah, si je vivais en ces temps de persécutions, je pourrais montrer au Seigneur que je l’aime ! Mais, chers amis, n’avons-nous pas, tout le long du jour, mille occasions de lui montrer qu’il nous est plus cher que tout au monde ? Vous pensez que ce n’est rien, vivre toute une vie durant, renonçant à tout pour Christ, vivant près de lui et pour lui ? N’est-ce rien, cela ? Nous n’avons pas choisi notre temps. Des martyrs ont saisi l’occasion. Nous aussi, saisissons celle de lui montrer qu’il a, dans notre coeur, la première place. « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (Apoc. 3:11).
Si nous réduisons notre christianisme au salut de l’âme, eh bien, chers amis, nous ne brillerons pas, lorsque tout sera manifesté devant tous. Et, s’il y a des regrets, à ce moment-là, nous regretterons alors de ne pas avoir saisi l’occasion. Offrir sa vie à Christ dans les détails de chaque jour, avoir la persévérance de la foi, c’est quelque chose. Pour nous, l’occasion est encore là, pour lui montrer, à lui et à lui seul, qu’il nous est plus cher ; que qui ? Que nous-mêmes.
Pesons nos voies. Et ne manquons pas l’occasion de lui monter, dans le secret, qu’il nous est très cher.
Lorsque nos vies seront manifestées, dans la pleine lumière, nous serons surpris de voir alors que tel ou tel, que nous aurions oublié, n’a pas été oublié du Seigneur, et aura eu, durant sa vie, un renoncement, puis un autre et encore un autre, sans que personne ne le sache. C’est celui-là qui aura aimé le Seigneur, et que le Seigneur honorera.
« Quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, celui-là la sauvera » (Luc 9:24).
S’il y a des inconvertis — et il y en a, sans doute — qu’il veuille s’en occuper. Et quant aux autres, qu’il se les attache.
[LC n° 138]
22 avril 1951
Si quelqu’un pense que la vie chrétienne est une promenade, s’il n’a pas encore appris que la vie chrétienne n’est pas une promenade, qu’au moins, d’avance, il lise et écoute ce que Dieu dit. Le Seigneur lui-même, dans les Évangiles, nous a aussi tout à fait avertis. De sorte que, si nous rencontrons de la souffrance sur le chemin de la foi, nous ne devons pas dire que nous ne le savions pas, mais bien plutôt : Seigneur, nous le savions ; tu nous avais bien avertis !
Une victoire du diable a été de transformer la vie chrétienne en une marche fleurie. C’est la grande marche chrétienne, le grand courant chrétien, où il n’y a pas d’opprobre. Dans le grand christianisme, il n’y a pas d’opprobre. Au contraire, il y a moins d’opprobre à être chrétien que païen, beaucoup moins. Le chrétien se moque du païen ; l’opprobre est beaucoup plus sur le païen. Beaucoup ont pensé que c’était une victoire de la foi, que les choses aient tourné ainsi ; bien au contraire, c’est la défaite de la foi. C’est la victoire du diable et du monde, que les choses aient tourné ainsi, dans la chrétienté, où, au lieu que le fait d’être chrétien soit un opprobre, c’est maintenant un titre tellement glorieux, qu’on le porte par des signes équivalant à des bijoux.
Eh bien, ce chapitre très connu d’Hébreux 11 nous montre que le chemin de la foi est un chemin d’épreuve pour la foi. Les combats et les exercices qui commencent notre lecture, à la différence de ceux qui précèdent, ont lieu dans le pays. Avant, nous avons un aperçu des exercices d’un Abraham, d’un Moïse, la sortie d’Égypte, la traversée de la mer Rouge. En fait, nous lisons cela bien tranquillement assis chez nous, et nous trouvons que ce sont de très belles histoires, au meilleur sens du mot. Mais, si nous avions été à la place d’un Israélite la nuit de la Pâque, nous aurions peut-être tremblé très fortement, en pensant au destructeur qui passait, nous disant : « s’il entrait chez moi… » ! Lorsqu’il s’agissait de traverser la mer Rouge, les Égyptiens, armés jusqu’aux dents, les suivaient. Et, quand ils étaient au fond de la mer, nous aurions peut-être dit : « Et si les eaux revenaient… » ! Nous lisons cela d’une façon tranquille. Mais, quand il faut vivre la chose, et quand nous traversons une mer Rouge quelconque, une difficulté quelconque, nous comprenons un peu ce que les hommes de foi, ou bien Israël, ont rencontré, dans ces moments. C’est pourquoi Dieu nous fait traverser des mers Rouge, de toutes sortes de manière, pour que nous apprenions à nous connaître, et que nous puissions dire : J’ai appris à connaître Dieu.
Ainsi, on ne trouve pas de vie de foi qui ne soit une vie d’épreuve de la foi. Ce ne sont pas nécessairement des épreuves extérieures ; car un homme peut marcher avec une vie extérieure sans heurts apparents, et sa vie peut être une vie de foi, celle d’un chrétien qui, pendant cinquante ans, a, du matin au soir, marché avec Dieu : Seigneur, aide-moi pour ceci, pour cela, pour ce travail que j’ai à faire, pour tout ! Mais qui d’entre nous fait cela, ici, chers amis, d’une façon continue ? Cela tient quelqu’un très serré. C’est aussi éprouvant que d’avoir à traverser une mer Rouge. C’est comme si on disait à Dieu : Je ne peux pas me passer de toi ; il faut que je t’aie partout.
On ne peut pas, par les circonstances extérieures, juger de la valeur d’une vie chrétienne. Celle d’Abraham a été beaucoup moins fertile en incidents que d’autres ; elle a pourtant été très riche, intérieurement. La vie d’un Moïse a été très fertile en incidents, parce que sa position était très différente. Moïse avait une position où il devait, inévitablement, rencontrer des difficultés extérieures, en marchant avec Dieu.
Les difficultés rapportées dans ce chapitre, jusqu’au verset 32, se passent hors du pays ; mais celles-ci qui suivent, dans le pays. Les noms que nous avons, à partir du verset 32, sont ceux de Gédéon, Samson, David, Samuel. Ils parlent des difficultés rencontrées dans le pays, et parmi le peuple de Dieu. On aurait peut-être pensé que Dieu aurait fait grâce de ce paragraphe ; pas du tout ; ou qu’il aurait seulement montré la foi glorieuse remportant des victoires sur les ennemis extérieurs, Dieu soutenant son peuple et l’amenant dans le pays de la promesse. Mais non ; Dieu rappelle qu’il y a eu des actes de foi au milieu des difficultés du peuple. Si le peuple avait bien marché, il n’y aurait pas eu de Gédéon, pas de Samson ; ces hommes-là n’auraient pas été utiles. Le seul fait de leur présence est la démonstration que l’état du peuple exigeait des hommes qui condamnaient cet état. Eh bien, il a fallu de la foi. Il en faut toujours ! C’est difficile, d’être chrétien. Aujourd’hui, si on veut suivre le Seigneur, c’est peut-être plus difficile qu’au commencement.
La foi compte sur Dieu. Là où il n’y a pas de foi, on regarde ici et là, pour s’appuyer sur l’un ou sur l’autre, et on fait beaucoup de choses très laides. Mais la foi compte sur Dieu. Les difficultés sont l’affaire de Dieu, et non la mienne. L’essentiel, pour chacun, c’est de s’appliquer à avoir une bonne conscience, à réaliser la présence de Dieu, et à s’appuyer sur Lui. La foi met Dieu à la place de nous-mêmes ; elle introduit Dieu partout. Si nous avions de la foi comme un grain de moutarde, rien ne nous embarrasserait. La foi souffre bien plus que l’incrédulité ; mais, avec cela, elle jouit de beaucoup de joie et de consolation, et elle a Dieu avec elle. Voilà donc ce qu’exprime ce dernier paragraphe.
David a erré de caverne en caverne, comme une perdrix sur une montagne. C’est la partie la plus glorieuse de sa vie. Sa vie n’a jamais été plus glorieuse que quand Saül le poursuivait. Sans sécurité apparente, il n’avait pas de repos. Il pensait s’arrêter dans un endroit, et il fallait qu’il s’en aille dans un autre. Mais il comptait sur Dieu. C’est une très bonne chose. Mais nous, nous n’aimons pas compter sur Dieu. Ah, je peux compter sur ceci, sur cela ! Et puis, Dieu nous apprend qu’il ne faut compter que sur Lui. Au reste, pour mourir, nous n’aurons que Dieu.
Ceux qui, dans cette période, ont reçu témoignage d’avoir plu à Dieu, sont ceux qui ont marché par la foi, « desquels le monde n’était pas digne » (11:38). Ceux qui vont par la foi, le monde n’est pas digne d’eux ; et c’est en eux que Dieu prend son plaisir. C’est vrai pour tous les détails de notre vie.
Si nous passons une journée sans vivre par la foi, c’est une journée perdue. Nous avons peut-être fait beaucoup de choses, même au nom du Seigneur, beaucoup de visites. Pourtant, c’est une journée perdue, dont nous aurons à rendre compte à Dieu. Mais la vivre par la foi, occupés peut-être au même service, ou bien, dans le secret, à la lecture de la Parole, la prière, la méditation, ou encore dans l’accomplissement de notre travail ordinaire, voilà une journée gagnée.
Ce dernier paragraphe du chapitre 11, versets 32 à 38, est très consolant et encourageant. Au verset 39, qui s’applique à tous les hommes de foi du chapitre 11, il est dit, non pas qu’ils ont rendu témoignage, mais qu’ils ont reçu témoignage. Dieu honore la foi.
Ainsi, Abel a reçu le témoignage d’être juste. Il y a un moment où la foi recevra son témoignage. Quelquefois, peut-être souvent, c’est sur la terre. Mais, quoi qu’il en soit, la foi ne perd jamais rien. Elle peut tout perdre en apparence, mais rien n’est perdu. Elle recevra témoignage de la part de quelqu’un qui ne manquera pas de le lui donner.
Chapitre 12. Nous avons une nuée de témoins, les exemples du chapitre 11. Ils étaient tout à fait concluants, pour les Hébreux, et fermaient la bouche à tous les faux docteurs qui entraînaient les chrétiens hébreux en arrière. Pour nous, croyants, ce verset 1 du chapitre 12 nous dit que, si nous souffrons, si quelqu’un, ici ou ailleurs dans ce monde, pour confesser le nom de Christ, la vérité de Christ, souffre, il ne doit pas en être étonné. Il y en a eu d’autres avant lui.
« Rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément » (12:1). Il nous faut faire attention à cela. Voilà deux choses qui arrêtent la course du chrétien.
Un fardeau peut être constitué par une épreuve personnelle ou familiale. Il se peut que les coeurs gardent, chérissent, pour ainsi dire, une douleur. On trouve cet état d’âme : une âme qui chérit sa douleur. C’est un fardeau qui empêche l’âme de s’appuyer sur Dieu. On voit cela : « Mon âme refusait d’être consolée » (Ps. 77:2). Des âmes préfèrent rester seules avec leur douleur, quelquefois une vie durant ; ce n’est pas un bon état. C’est un état qui accable l’âme, et il nous est dit de rejeter ce fardeau. Il faut aider une telle âme à rejeter ce fardeau, à ce qu’entre elle et son fardeau, Dieu soit placé. « Rejette ton fardeau sur l’Éternel, et il te soutiendra » (Ps. 55:22). Et Pierre nous dit aussi : « Rejetant sur lui tout votre souci, car il a soin de vous » (1 Pier. 5:7). Il faut le rejeter comme un objet dont il faut se séparer, le jeter loin de soi : « rejetant sur Dieu tout votre souci ». Peut-être y a-t-il une âme, ici, qui a un fardeau caché, secret. Cette âme risque de ne pas faire de progrès, si elle se nourrit de sa douleur. Dieu connaît sa douleur et, dans ces eaux amères, les eaux de Mara, il jette un bois mystérieux ; et les mêmes eaux, des eaux amères, deviennent des eaux douces. Quand nous avons un fardeau qui risque d’écraser notre coeur, lorsque la mort, d’une façon ou d’une autre, fait sentir sa saveur amère à notre âme, qu’est-ce que Dieu présente à notre coeur ? Christ, la croix de Christ. C’est ce qui transforme l’eau amère en eau douce. Et, alors, quand cela se réalise, on voit une âme faire plus de progrès, dans une épreuve, qu’elle n’en avait fait jusque-là en vingt ans ! C’est pourquoi l’épreuve est très souvent la porte ouverte à l’entrée de Dieu lui-même dans l’âme.
Il y en a, des épreuves, dans ce monde, chers amis ! Quand nous voyons des épreuves, il nous faut demander à Dieu de bien vouloir nous employer comme serviteurs auprès de ces âmes, pour apporter Dieu à leur coeur. Et Dieu changera l’eau amère en eau douce.
Il y a peut-être ici nombre d’âmes qui ont une douleur dont elle ne voudraient parler à personne, une épreuve, une contrariété ; ou bien c’est un deuil, qui a fait une brèche humainement irréparable.
Eh bien, puissions-nous être, auprès de telles âmes, des messagers par lesquels Dieu s’introduit entre le coeur et l’épreuve, et enlève le fardeau. L’âme continue à pleurer, mais ses larmes ne sont plus les mêmes ; et Dieu dit « qu’il les met dans ses vaisseaux » (Ps. 56:8).
Rejeter le péché, c’est plus facile à comprendre — le péché qui nous enveloppe si aisément. Le péché entrave le chrétien. Il ne peut pas marcher ; il tombe. Qu’est-ce que la parole de Dieu appelle péché ? Il vaut la peine de se poser la question. Si nous le demandons à cinquante personnes, nous aurons cinquante appréciations différentes. Qu’est-ce que Dieu appelle péché ? À coup sûr, c’est la pensée de Dieu qui compte ; c’est elle qui a de la valeur, pour nous. Le péché, c’est tout ce qui n’est pas l’activité de la vie divine dans le croyant. Tout ce qui n’est pas la volonté de Dieu accomplie dans le croyant est péché. Cela va très loin ; cela va partout. Cela touche à toute notre vie. Certains veulent faire du péché simplement une transgression à certains commandements. Mais, pour Dieu, c’est toute activité de ce qui n’est pas la vie divine en nous. Si quelqu’un n’est pas un vrai chrétien, tout ce qu’il fait est péché, même si c’est un homme d’une conduite irréprochable, aux yeux des hommes.
De sorte que, chez le chrétien, l’absence de péché est liée à l’obéissance à la volonté de Dieu ; cela va très loin. Il s’agit d’obéir, de dépendre de Dieu ; autrement, il vaut mieux ne pas agir. Même le service — et que de fois ne l’a-t-on pas vu — peut contribuer à endurcir un chrétien. Des serviteurs consacrant leur vie entière au Seigneur ont dit que si, dans le service même et le dévouement pour le Seigneur, nous ne dépendons pas du Seigneur, nous aurons une mauvaise conscience ; et c’est l’état le plus dangereux qui soit.
Alors, qu’il nous soit donné de rejeter le péché qui nous enveloppe si aisément. Que Dieu nous donne de nous tenir près de Lui, pour que le sentiment de ce qui est désobéissance à son égard soit toujours plus vif en nous. La mesure du bien et du mal est connue dans la présence de Dieu ; et alors, nous ne poserons pas la question : Quel bien ou quel mal y a-t-il à cela ?
« Courons avec patience » : voilà une expression qu’il nous faut retenir aussi. C’est difficile, de courir avec patience. Et c’est peut-être le plus beau témoignage que nous ont laissé ceux que la Parole appelle nos conducteurs, d’avoir bien marché pendant cinquante, soixante, soixante-dix ans… C’est peut-être un témoignage plus grand que ce qu’ils ont dit, écrit et fait, d’avoir fourni avec Dieu une marche aussi longue, que nous savons, à notre tour, être éprouvante.
« Courons avec patience… fixant les yeux sur Jésus » : c’est un état d’âme. Ce verset est très facile à dire, et nous le disons souvent à la légère. Que signifie-t-il, pratiquement ? Comment le réalise-t-on, ainsi que ce qui est dit dans 2 Corinthiens 3:18 : « Or nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » ? Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est un état du coeur ; ce n’est pas simplement penser à Jésus. On peut être dans un mauvais état, et apaiser sa conscience en disant : Seigneur, je pense à toi. Nous sommes assez pervers pour cela, et l’expérience le prouve. Nous disons : « Seigneur je pense à toi », au moment où nous lui désobéissons. Il ne s’agit pas d’une pensée de notre esprit, pas plus que d’une parole de nos lèvres. Fixer les yeux sur Jésus, c’est, par le Saint Esprit agissant en nous avec force, en communion avec notre Seigneur Jésus Christ, avoir le coeur rempli de Christ, rempli de la Parole de Dieu. C’est être rempli de l’Esprit. C’est avoir les pensées de Dieu remplissant notre âme. Alors Jésus, qui est à la droite de Dieu, Jésus dans sa vie, Jésus dans sa mort et sa gloire, occupe et nourrit l’âme par l’efficace de la Parole et de l’Esprit. C’est le pain que Dieu donne ; et l’âme mange ce pain. C’est une réalité spirituelle plus marquée que le fait de manger du pain pour notre corps.
Mais nous nous séduisons nous-mêmes, lorsque nous nous contentons de le dire, ou que nous nous contentons d’y penser. C’est le Saint Esprit seul qui produit, dans nos coeurs et dans nos esprits, chez le nouvel homme, cette activité des pensées et des sentiments qui fait qu’on jouit de Jésus, qu’on pense à Jésus, non pas par un effort volontaire, mais par l’action de la Parole et de l’Esprit de Dieu dans notre âme. Un heureux état, c’est la communion avec le Seigneur. Le Seigneur nous lave les pieds, dans ce monde, pour que nous ayons communion avec Lui dans la gloire où Il est. Qu’Il nous donne de ne pas nous séduire avec des formules souvent répétées à la légère. Mais rappelons-nous que fixer les yeux sur Jésus, c’est un état d’âme. Et nous ne le réaliserons que si nous rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si aisément. Ce serait trop commode, et une chose honteuse, chers amis, de faire nos caprices, et de dire : Je pense à Jésus qui est à la droite de Dieu. Il s’agit d’un état d’âme. Et qui nous le donne ? La présence de Dieu, rien d’autre.
« Fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi », et non pas de notre foi.
La vie de Jésus a été une vie toute de foi. Sa marche de foi est close ; et c’est le seul dont la marche soit close, parce que c’est le seul qui soit dans la gloire. Il n’y a qu’un homme dans la gloire, l’homme Christ Jésus. Après sa mort, sa résurrection, son ascension, Il est dans la gloire. Et c’est le point final de la course chrétienne. Le terme final, c’est la gloire. Quant au point de départ, souvent, on le cache. On parle bien du point d’arrivée, très volontiers ; mais du point de départ, il n’en faut presque plus parler. Le point de départ de la vie chrétienne, c’est la croix. Toute la vie chrétienne remplit cet espace, cet intervalle, entre la croix et la gloire.
Et, pour que nous ne nous séduisions pas nous-mêmes sur ce point, le Seigneur nous dit que, si cette croix est notre point de départ, nous avons aussi à porter la croix chaque jour ; pas simplement à parler de la gloire chaque jour, mais à parler de la croix chaque jour.
Il est le chef, le consommateur ; c’est-à-dire qu’en Lui, tout ce qu’est la vie de foi a été entièrement réalisé. C’est la réalisation totale d’une vie par la foi.
Pour nous encourager, l’Esprit développe quelques pensées sur ce sujet. Le Seigneur, dans sa course patiente par la foi, avait la joie devant Lui : « il y a des plaisirs à ta droite pour toujours » (Ps. 16:11). Eh bien, pour nous aussi, la joie est devant nous, la joie dans la gloire. Pour le moment, c’est la joie dans la peine, les larmes, le labeur, et toutes sortes de souffrances. Plus tard, ce sera la même joie, mais dans la gloire et le repos.
Notre Seigneur a enduré la croix. Nous n’avons pas l’idée de ce qu’a été la croix. Il ne nous a rien laissé de l’amertume de la croix ; Il a pris tout cela pour Lui. La souffrance pour l’expiation, cette coupe qu’Il a bue sur la croix, est sa part exclusivement. Il ne nous en a rien laissé, sans quoi nous serions perdus.
Mais il y a autre chose qu’Il nous donne, à quoi nous n’aimons pas beaucoup nous arrêter : aucune souffrance expiatoire, mais les souffrances pour la justice et pour le nom de Christ. Il nous laisse ces deux sortes de souffrances. Et nous sommes appelés à connaître ce que sont les souffrances pour la justice pratique : vivre justement dans un monde qui est injuste, et qui ne supporte pas les personnes chrétiennes qui veulent vivre justement. « Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le christ Jésus, seront persécutés » (2 Tim. 3:12) ; et cela se vérifie de beaucoup de manières.
« Il a enduré la croix, Il a méprisé la honte » (12:2) ; quelle scène ! Contemplons Jésus sur la croix ; quelle scène ! Il n’y a aucune grandeur humaine, aucun héroïsme, dans la croix ; rien que de la honte, de l’abaissement, du dépouillement ; mais une gloire morale comme la gloire même du ciel ne la déploiera pas.
Il a méprisé la honte ; il l’a traitée avec mépris. Lui qui était Dieu, a traité la honte avec mépris ; et nous ne Lui avons pas ménagé la honte. Quand nous pensons qu’on a craché au visage du Seigneur ! On l’a fait aussi à des disciples du Seigneur depuis, au cours du témoignage. Mais ce sera un sujet de gloire, pour tous ces disciples du Seigneur, qu’avant de mettre à mort, de faire monter au bûcher, on a insultés comme on a insulté Jésus. Le Seigneur manifestera devant tous que c’est une couronne de gloire qu’il réserve pour ceux qui auront été fidèles jusqu’à la mort. Ils auront réalisé beaucoup mieux que nous cette parole : « le disciple n’est pas plus grand que son Maître » (Matt. 10:24).
Et puis, est-ce que nous pensons un peu au tribunal de Christ ? On entend dire qu’il laisse des chrétiens, frères et soeurs, indifférents. C’est solennel. Cela devrait toucher notre coeur et notre conscience. Nous vivons trop dans le cadre de ce monde, c’est-à-dire pas assez par la foi. Et, si nous vivions par la foi, nous saurions vraiment que tout ce qui est haut estimé aux yeux des hommes, est une abomination devant Dieu.
Jésus est assis à la droite du trône de Dieu. Le trône représente toujours l’autorité ; même dans l’expression : « le trône de la grâce », il y a une idée d’autorité.
« Considérer », cela veut dire : regarder avec soin, de très près. « Considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même ».
Si on a craché au visage de Christ, chers amis — et dans quelles conditions — si nous avons fait cela, et s’il est le chef et le consommateur de la foi, s’il ouvre devant nous le chemin de la foi, que le Seigneur nous donne d’avoir la gloire dans notre coeur, les yeux de notre coeur étant éclairés. Que ce soit un état d’âme ; car si c’était notre état d’âme toujours, alors nous ne craindrions pas.
Le Psaume 16 dit : « Parce qu’il est à ma droite » — c’est Christ qui parle — « je ne serai pas ébranlé » (v. 8). Si nous réalisions toujours ce que c’est que d’avoir Dieu à notre droite, nous ne craindrions rien, chers amis. Nous n’aurions d’autre crainte que celle qui se développe dans l’âme du chrétien, dans la mesure où il vit près de Dieu, la seule crainte que Dieu approuve chez le chrétien, celle de Lui déplaire.
Que Dieu nous donne de marcher en le sentant à notre droite, jusqu’à ce que le Seigneur vienne et nous prenne avec Lui dans la gloire.
Que Dieu bénisse sa Parole et remplisse notre coeur de Jésus qu’elle révèle !
[LC n° 139]
Mardi 2 novembre 1954
Jésus est appelé ici « le chef et le consommateur de la foi ». De nombreux hommes de foi ont été mentionnés, dans le chapitre précédent. Mais il en est un qui les dépasse, qui est infiniment au-dessus d’eux. C’est Jésus. Il est le chef de la foi, parce qu’il est précisément à la tête de tous ceux qui ont manifesté leur foi, soit par l’énergie de la foi, soit par la patience de la foi. Il est à la tête de toute cette longue lignée d’hommes de foi, dont il a été fait mention dans le chapitre précédent. Chacun d’eux a pu parcourir une partie de la course de la foi. Mais il y en a un qui a fourni la course de la foi parfaite et définitive. Il est le consommateur de la foi, parce qu’il a montré, d’une manière divine, tous les caractères de la foi. En lui, véritablement, la foi a été manifestée dans sa perfection, c’est-à-dire a été consommée. Tous les caractères de la foi ont été mis en évidence, d’une manière parfaite, dans la personne de Christ. Il a fourni la course chrétienne. Il a achevé la course de la foi, d’une manière qui a entièrement et parfaitement glorifié Dieu. Et maintenant, la foi peut le contempler, après l’achèvement de sa course, dans la place glorieuse qui est précisément réservée à la foi. Il a une place à nulle autre pareille. Mais cela encourage les croyants à fixer les regards sur Jésus, maintenant dans la gloire. Et le croyant peut voir quel est l’aboutissement de la course de la foi. Tous les autres témoins sont morts, sans avoir reçu, effectivement, le prix de la course, la récompense de leur foi. Tandis que Christ a reçu, déjà maintenant, dans la gloire, la récompense de la course qu’il a fournie ici-bas. C’est un encouragement, pour les croyants. Quelle perfection, dans la course que Christ a fournie ici-bas ! Quelle lumière et quelle perfection ! Quelle obéissance, quelle dépendance, quel amour, quelle puissance de la manifestation de l’amour !
Les croyants de toutes les dispensations ont pu manifester, chacun dans sa faible mesure, un ou plusieurs caractères de la foi, mais d’une manière très imparfaite. La course qu’ils ont fournie a toujours été marquée de défaillances. Tandis que le témoin fidèle a fourni, du commencement à la fin, une course entièrement à la gloire de Dieu. Tout ce qui le glorifie a été manifesté, en perfection, par la course de notre Seigneur Jésus.
Au sujet des autres témoins, il nous est dit : « considérant l’issue de leur conduite, imitez leur foi » (13:7). Mais, d’aucun, il ne nous est dit de fixer les yeux sur lui.
Nous sommes appelés à fixer les yeux sur Jésus seul. C’est, au fond, un danger auquel nous sommes soumis, de fixer les yeux sur des conducteurs, et non pas sur Christ. Nous devons les considérer, mais imiter leur foi. Considérer l’issue de leur conduite, mais nos regards doivent être constamment fixés sur le modèle parfait, inimitable, que Dieu nous a donné. Non seulement nous connaîtrons la direction à suivre, nous saurons ce que comporte la course de la foi ; mais aussi, nous recevrons la force nécessaire pour continuer la course sans défaillir.
Il y a le modèle qui est devant nous. Mais il y a la force que nous recevons de cette contemplation permanente de Christ dans la gloire.
C’est une différence pratique bien importante. La connaissance des saints qui ont bien marché est toujours un encouragement, pour nous. Mais en Jésus seul se trouve la force qu’il communique, jour après jour, à celui qui regarde à lui. Dans un exemple d’homme de foi, il y a un encouragement. Dans l’exemple que Jésus donne, il y a la force effective pour chacun des saints. Il la communique. Il y a plus qu’un encouragement moral. Il y a communication d’une force, d’une grâce, de tout ce dont on a besoin, chaque jour.
Ce qui est un encouragement, dans un homme fidèle, c’est ce qui, en lui, reflète Christ. Mais aucun saint, en lui-même, n’est une source directe de force pour d’autres. Jésus est homme, et Jésus est Dieu. Nous avons celui qui est Dieu, et celui qui est un homme, qui est présenté ici dans la mise à l’épreuve qu’il a subie comme homme. Mais il est Dieu. Et tout ce qu’il est, est la source de tout ce dont nous avons besoin. Nous ne prions pas nos conducteurs. Nous prions Jésus, qui est à la droite de Dieu, qui a achevé la course. Nous avons des relations vivantes avec lui. Mais nier aussi les encouragements qu’on peut trouver dans les exemples de croyants fidèles, ce serait nier tout l’enseignement du chapitre 11.
C’est pourquoi il est dit : « Ayant une si grande nuée de témoins qui nous entoure ». Cette multitude de témoins nous encourage. Ils étaient des hommes comme nous, placés dans des situations analogues. Ils ont pu réaliser la course de la foi, avec le secours venu d’en haut, que Dieu leur a donné jusqu’à la fin. Ils sont, en quelque sorte, devant nous, pour nous dire : « Nous étions faibles, comme vous. Mais Dieu, dans sa fidélité, nous a donné tout ce qui était indispensable pour marcher selon ses pensées, selon le désir de son coeur. Ce n’est pas nous qui avions l’énergie ni la patience nécessaires. Dieu nous les a donnés, dans sa grâce ».
Les saints, dont l’histoire est résumée dans ce chapitre 11, avaient eu, chacun, à triompher de difficultés diverses, et à les traverser par la foi. La foi les rendait intelligents, les rendait énergiques, ou les rendait patients, les rendait supérieurs aux difficultés. Ici, il est remarquable que, pour Jésus, le chef et le consommateur de la foi, le résumé de ce qu’il a enduré ainsi comme homme se concentre dans cette présentation de la croix (non pas vue ici quant à sa vertu pour d’autres, mais vue dans le fait qu’elle a été, pour Jésus, la mise à l’épreuve suprême). C’est ce qu’il a eu à rencontrer et à vaincre.
En deux versets, ce tableau de la mise à l’épreuve de Jésus comme homme, ce tableau de son triomphe comme chef de la foi, de ce qui a suivi cette victoire, nous est donné, d’une façon absolument remarquable, étant donné que d’autres passages de l’Écriture nous éclairent. Tout ce qui précède pâlit, comme épreuve, comme souffrance, devant ce que Jésus a accepté, dans sa vie, et jusque sur la croix.
Il est dit : « À cause de la joie qui était devant lui ». Cette joie, c’était précisément l’achèvement de la course. Ce n’était pas ici dans la joie. Ce n’est pas ce que nous disons souvent, le fruit du travail de son âme. Mais c’est ici la joie éprouvée de l’aboutissement de la course.
Ce serait à mettre en parallèle avec le verset de Jean 17 : « L’oeuvre que tu m’as donnée à faire » (v. 4).
Ici, ce n’est pas le salut des pécheurs qui est en vue, mais l’achèvement de sa course. Le Psaume 16 le montre. Il savait toutes les épreuves par lesquelles il devrait passer. Mais il savait qu’au-delà, il y avait la résurrection, l’aboutissement dans la gloire.
Ce qui est présenté là, c’est son exemple personnel comme homme. Ce passage nous révèle ainsi quelque chose de ce qui remplissait son coeur et son esprit. Il est venu dans ce monde pour courir la course complète, et par la foi, dans une absolue confiance en Dieu (on l’a sans doute signalée). La foi n’est pas seulement le côté par lequel nous nous approprions le salut ; mais c’est la confiance en Dieu. Jésus a vécu une course dans laquelle sa confiance en Dieu a été entière. Sa confiance en Dieu lui avait été donnée dès avant sa naissance. Il dit : « Je me confie en toi » (Ps. 16:1). C’est le caractère absolu de Jésus.
C’est un encouragement, pour nous. Il s’agit du Seigneur comme homme parfait. Comme homme, il avait besoin d’un objet dans son coeur. De même, le croyant, tout au long de sa course, rencontre les difficultés, les épreuves, les souffrances. Mais il a, au fond du coeur, une joie divine, que rien ne peut lui ôter.
Deux dangers ont été présentés, pour nous : le fardeau, et le péché. Quant au second, il ne pouvait être question de cela, pour Jésus. Il n’y a pas même allusion à cela. Mais, à l’égard de tout ce qu’il a rencontré, il s’est confié entièrement en son Dieu et Père. Et l’épreuve à laquelle il a été soumis, en particulier, est cette croix infâme, ignominieuse, une croix où il a dû supporter la honte. Quelle mise à l’épreuve, pour lui, Dieu, qui savait ce que c’était que la gloire de Dieu, d’accepter cette place, de devenir comme un homme, de prendre, dans ce monde, la toute dernière place. C’était une souffrance, pour Jésus. C’étaient ses délices, parce que c’était la volonté de Dieu, mais c’était une souffrance, accepter cette place sur la croix, dans la honte. Voilà la mise à l’épreuve de Jésus dans le chemin de la foi. C’est la croix qui, là, brille devant nous. Et, devant cette croix, tout ce que les anciens de si grande renommée ont souffert, tout disparaît.
Quelle perfection, dans ce chemin ! Rien ne l’a arrêté. L’ombre de la croix, qui se dressait devant lui, ne l’a pas arrêté, dans son chemin de dévouement absolu au Père, lui qui pensait à faire la volonté de son Père jusqu’au bout. Sa course a été parfaite. Il est allé droit devant lui, fixant les yeux sur le but à atteindre.
« Il a enduré la croix ; il a méprisé la honte ».
Nous pensons à Paul, qui dit à Timothée : « Endure les souffrances » (2 Tim. 4:5). Voilà la foi. Jésus a enduré la croix. Ce qu’est la croix n’est pas développé ici, mais abondamment ailleurs.
Il a enduré la croix, par avance, comme nous le savons, à la fin de sa carrière. C’est un objet de la plus sainte méditation, pour nos âmes. Nous reculons très fréquemment devant des difficultés que nous rencontrons, parce qu’elles nous amollissent, des circonstances qui nous abaissent, qui nous brisent (alors que nous avons besoin de l’être). Combien de choses nous font reculer ! Jésus a enduré la croix, alors que cela signifiait, pour lui, toute souffrance. Les souffrance de la part des hommes, il les sentait. « La contradiction de la part des pécheurs contre lui-même », il l’a eue, surtout à la croix.
Il a souffert de la part du diable, qui s’est acharné à déshonorer le Seigneur, à soulever contre lui le monde entier, le monde bien pensant et le monde le plus grossier ; tous d’accord.
Tout le monde est toujours d’accord, contre Jésus. Et cette croix, où il a accepté de prendre cette place d’humiliation publique ! Il a été offert en spectacle. Jésus a tout senti.
Nous, un peu d’opprobre nous fait reculer et nous rend infidèles, nous fait abandonner la position de foi et de témoignage. Lui, il a enduré la croix et méprisé la honte.
Voilà une chose que Jésus a méprisée. Nous faisons bon marché des souffrances de Jésus. Ce qui nous est présenté ici, c’est l’exemple. C’est ce que Jésus a souffert en tant que souffrances, s’opposant à l’activité de la foi, à la vie de la foi. L’exemple de Jésus nous apprend à faire comme lui. Le Seigneur nous appelle, nous aussi, à endurer la croix ; non pas — bien entendu — quant au côté des souffrances expiatoires ; mais tout le reste, parfaitement ; et à mépriser la honte.
Si nous nous arrêtons devant cela, nous pouvons très bien, chacun pour son compte, reconnaître que c’est l’oubli de ce caractère de Jésus qui fait que nous sommes infidèles, bien des fois. Nous renonçons à endurer la croix. Nous ne savons pas mépriser la honte. Nous ne voulons pas la croix, parce que c’est la souffrance. Nous aimons mieux la faveur des hommes que la honte et l’opprobre qui résultent de la fidélité envers Dieu. Il a été le seul à y être. Il a connu seul ce que c’est que le bannissement, de la part du monde. Il n’a eu aucune part des faveurs du monde. Il ne les a pas recherchées. Alors, il a connu entièrement et absolument la honte, qui vient de la part du monde, à l’égard de quelqu’un qui n’a comme souci que la gloire de Dieu, ce qui a été le cas de Jésus. Si nous étions les imitateurs de Jésus, nous saurions ce que cela veut dire. Paul le savait, dans une bonne mesure. Il a méprisé le fait d’être appelé « balayures du monde » (1 Cor. 4:13). Paul a enduré la croix, parce que la croix était, pour lui, ce qu’il portait chaque jour. C’est le chemin de la croix. Il n’y en a pas d’autres.
La chair ne peut absolument pas s’y engager. Elle serait interdite, devant ces choses. Il n’y a que l’énergie de la foi qui pourrait nous faire réaliser ce que Christ a manifesté, d’une manière parfaite. La foi des fidèles, depuis la croix, a toujours vécu cela, à des degrés divers. Il y a une grande variété, dans le degré. Les saints peuvent mépriser la honte. La foi vit en cela. Toutes les fois que la foi est active, elle réalise cela.
Moïse a estimé l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte.
En fixant les yeux sur Jésus, et pas seulement sur sa vie, mais aussi comme il est maintenant, en ayant affaire au Seigneur, nous trouvons la force pour l’imiter. Il n’y a pas d’autre secret. Alors, là, nous pouvons imiter les conducteurs, parce qu’ils ont été des hommes qui ont, d’une façon remarquable, enduré la croix et méprisé la honte.
Deux traits, qui sont toujours frappants, chez des hommes que nous pouvons considérer comme des conducteurs : dans leur vie, ils ont montré qu’ils enduraient la croix, et qu’ils méprisaient la honte. Voilà deux expressions qui méritent la plus sérieuse attention de nos coeurs.
C’est ce qui explique le relâchement, dans la vie des chrétiens. C’est qu’on ne veut pas endurer la croix, ou en endurer le moins possible. Et, comme la honte ne fait jamais plaisir à personne, on n’est pas supérieur, par l’énergie de la foi. Et on renonce à une attitude de foi.
C’est souvent notre histoire. Dieu le sait. Nous sommes placés devant ces versets pour être encouragés à faire des progrès. Reconnaître ses fautes, c’est le point de départ d’une marche meilleure. Ne nous faisons pas d’illusions. C’est le secret d’une vie à la gloire de Dieu. Ce verset met le doigt sur ces choses, que nous ne faisons pas assez. N’oublions pas que nous avons le privilège de pouvoir endurer la croix.
Le fait d’être chrétien et de le dire attire toujours la honte.
Il y a là une aversion des gens du monde contre tout ce qui se rattache à Jésus, une aversion insurmontable. Il faut accepter la honte que le nom de Jésus fait rejaillir sur les siens. On pourrait dire : Depuis que Jésus a été sur la croix, les choses ont changées. Aucunement ! Le monde est le même, là où il n’y a pas la vie de Dieu.
[LC n° 28]
9 décembre 1956
On trouve, dans les Psaumes, plusieurs autres passages où on voit une âme se parler à elle-même. Et il arrive souvent qu’il en est ainsi, lorsqu’une âme souffre, ou lorsqu’elle est dans une grande joie. C’est ce que nous trouvons, par exemple, dans d’autres Psaumes. « Éveille-toi, mon âme » ; « Éveillez-vous, luth et harpe » (Ps. 57:8). Nous avons tous connu, à cet égard, des moments d’une sorte et de l’autre. Il nous est arrivé à tous ainsi d’être seuls, et de sentir que nous étions seuls avec Dieu et devant Dieu, et de nous parler à nous-mêmes. Ce n’est pas une chose que l’Écriture interdise, puisque des exemples nous en sont donnés. Et, en particulier pour les moments pénibles, que de fois il nous est arrivé à tous de parler ainsi, dans une sorte de soliloque réalisé devant Dieu, et de répandre notre âme devant Dieu, nous-mêmes prêtant l’oreille à ce que nos coeurs exprimaient.
Ce sujet des épreuves et de la discipline (les deux ne sont pas nécessairement liés) est un sujet qui est toujours d’actualité. Aucun moment ne se passe sans qu’il y ait, ici ou là, une âme ou deux qui soit, qu’on le sache ou non, dans ces circonstances, où elles sont dans des exercices, des difficultés et des combats, que nous pouvons ignorer. Nous pouvons bien dire cela de notre passage ici-bas, sans qu’il acquière toujours, à tout moment, l’intensité que nous pouvons connaître à certains moments particulièrement, où nous sommes mis à l’épreuve et où, d’une façon ou d’une autre, nous sommes tenus sous la discipline, dans le meilleur sens du mot — car la discipline est loin d’avoir seulement un sens péjoratif.
Les sujets que nous trouvons dans l’Écriture nous instruisent à cet égard. Nous avons, dans l’épître aux Hébreux, un passage qui traite, entre autres, de la discipline que le Seigneur exerce. Et ne pensons pas qu’il exerce cette discipline seulement par moments. Il l’exerce d’une façon continue. La façon dont il l’exerce varie d’un moment à l’autre. Mais il n’y a pas un moment, dans notre vie chrétienne, où le Seigneur nous perde de vue, chacun de nous. Du moment que quelqu’un est au Seigneur, alors commence pour lui, non pas les travaux de la grâce pour l’amener à cette connaissance, mais les travaux de la grâce pour le préparer pour la joie éternelle avec le Seigneur. On a souvent comparé cela avec la pierre, qui est tirée toute brute de la carrière, et qui est soumise à des travaux nombreux, avant qu’elle ait pris la forme définitive de l’intention de celui qui dirige les travaux, que celui qui dirige tout veut lui donner en vue du dessein final. C’est pourquoi chacun, chaque jour, reçoit, en vue de ce dessein final, telle instruction. Il traverse telle circonstance, pour être formé pour le moment et pour le lieu où nous entrerons bientôt, quand le Seigneur nous y appellera.
Nous oublions trop qu’une fois qu’une âme est convertie, c’est quelque chose qui commence. Sans doute, c’est un passé qui finit. Mais nous pouvons dire que c’est une éternité qui commence, une période nouvelle qui commence, et se terminera dans l’éternité. Ce que nous rencontrons chaque jour est ce que Dieu peut, soit permettre, soit préparer (il ne faut pas croire que tout ce qu’il permet, il l’approuve). Mais il peut se servir de tout pour nous, finalement, comme il l’entend. C’est une chose qu’on a de la peine à apprendre, et que nous apprenons lentement, et à la longue, que Dieu a un dessein à l’égard de tout croyant. Il a un but précis à l’égard de chacun de nous. Il s’occupe de chacun. En apparence, il peut le perdre de vue ; en fait, jamais. En apparence, il peut se désintéresser des circonstances. Nous pouvons croire qu’en apparence, une journée qui s’est passée dans ce qu’on pourrait appeler le calme plat, est une journée pendant laquelle Dieu ne s’est pas occupé de nous. Ce n’est pas le cas. Dans cette journée, Dieu s’est occupé de nous, et a pensé à nous en amour et en vérité, même si — comme c’est très souvent le cas — nous l’ignorons.
Dans Hébreux, nous avons d’abord deux choses qui nous sont signalées, deux dangers différents quant à leurs caractères, à leurs causes. Ces deux dangers, à l’égard de la vie chrétienne et de la marche chrétienne, sont l’un, un fardeau, l’autre, un péché. Et, en méditant sur ces deux expressions, nous ne pouvons pas ne pas être frappés sur ce que, dans leur simplicité, elles embrassent comme profondeur d’expérience et de fait : le fardeau, le péché. Un fardeau pour le coeur ; un péché, fardeau pour la conscience : cela résume tout ce que nous pouvons rencontrer, et qui nous empêche de marcher et de vivre en chrétiens, et qui, pour ainsi dire, peut arrêter notre accroissement. Un fardeau, c’est un souci ; c’est l’épreuve ; c’est le chagrin. C’est ce qui oppresse le coeur, et risquerait d’arrêter le développement de la vie de l’âme, la vie spirituelle. Lequel d’entre nous, lorsqu’il a subi un choc, lorsque, dans son sentier, a surgi, tout à coup ou d’une façon plus ou moins prévisible, une circonstance difficile, n’a pas éprouvé que ce fait, ce fait pénible, cette circonstance douloureuse, s’est placé entre son coeur et le Seigneur ? C’est difficile, de trouver quelqu’un dont l’âme n’a pas été atteinte, de cette façon, par une circonstance de ce genre. Je ne dis pas que l’âme n’a pas été atteinte. Au contraire, il serait anormal qu’elle ne le fût pas. Mais il serait sans doute difficile, et probablement ne trouverait-on personne au monde, pas un chrétien, qui ne doive confesser que telle épreuve, dans sa vie, telle circonstance, a rompu le lien qui, pratiquement, unit l’âme du croyant au Seigneur. C’est là le danger de l’épreuve.
Il y en a au moins un (pour que nous ne pensions pas que ces pensées, ces considérations, soient purement théoriques, et qu’elles ne fassent pas partie de la vie chrétienne), et un homme, un vrai homme, qui a réalisé cela. C’est notre Seigneur Jésus Christ. Les épreuves ne lui ont pas manqué. Les coups qu’il a reçus, la Parole nous en donne, nous en décrit, quelques-uns, mais en bien petit nombre, par rapport à tout ce qu’il a rencontré. Jamais, à aucun moment, dans aucun lien, les épreuves qu’il a rencontrées, et que le Père permettait, jamais une seule n’a réussi à le séparer de la communion parfaite avec son Père. Arrêtons-nous, chers amis, sur cela : Jésus qui — nous le lisons, c’est écrit — est un modèle. Seulement, nous disons bien que Jésus est un modèle ; mais, souvent, nous ne désirons pas le suivre. On peut chercher, dans la vie de Jésus ; on ne trouvera jamais qu’un fait, une circonstance, une insulte, un outrage, la trahison de ses amis, l’ingratitude de la foule tout entière, n’a altéré, d’une part, ses relations avec son Père, et d’autre part, la manifestation de cette perfection vis-à-vis des autres.
Voilà le chemin qui nous est tracé, chers amis. Et je parle avant tout, ici, pour le moment, de ce que nous rencontrons, et qui s’appelle épreuve. Nos coeurs sont sensibles à l’épreuve ; et cette sensibilité à l’épreuve est loin de déplaire à Dieu. La dureté dans l’épreuve serait, au contraire, anormale. Les pleurs dans l’épreuve sont tout à fait à leur place. Et, pour nier cela, il faudrait arracher plus d’une page de l’Écriture.
Eh bien, qu’il nous soit donné, chers amis, d’être enseignés, de la part du Seigneur, à savoir monter les degrés — comme disait quelqu’un — de ce chemin qui nous conduit jusqu’au trône de la grâce, pour avoir du secours au moment opportun (Héb. 4:16). Quand l’épreuve nous assaille, elle se place très souvent entre notre coeur et le Seigneur. Et le travail de la grâce, de la foi, c’est de retrouver le Seigneur se plaçant entre notre coeur et l’épreuve. Nous pouvons prier les uns pour les autres, à cet égard.
Un autre qui a suivi de très près son Maître, c’était un homme pécheur. Il s’appellait l’apôtre Paul. C’était très difficile de le priver des consolations que son âme trouvait dans le Seigneur, et dans le Seigneur tout seul.
Nous avons beaucoup d’appuis, beaucoup plus que nous ne le pensons. Et ces appuis sont tout à fait légitimes. Mais ce ne sont pas des appuis, proprement, pour la vie de nos âmes. Il était très difficile de placer, entre le coeur de l’apôtre et Christ, une circonstance, un outrage, une prison. En prison, voilà un homme qui était plus heureux qu’en dehors de la prison. Le Seigneur nous enseigne ce secret-là, dans la vie. Notre vie est faite de menus détails, souvent aussi de circonstances beaucoup plus marquantes. Et, si nous sommes exercés à chercher le Seigneur jour après jour, dans le déroulement des circonstances habituelles, à le chercher et à le trouver, nous saurons mieux le trouver aussi dans les circonstances exceptionnelles.
Que le Seigneur nous y aide, et encourage les jeunes chrétiens à beaucoup se tourner du côté du Seigneur. David a appris cela. Le lion et l’ours ont été, pour lui, une occasion, tout jeune qu’il était, d’avoir Dieu avec lui, pour faire face à un danger. Cela a marqué tout sa vie. La vie de David a été marquée par ces deux faits initiaux, qui étaient un secret pour lui. Et gardons ces secrets ; ne les divulguons pas. Cultivons avec le Seigneur ces relations soutenues. Et gardons ce qu’il nous dira, et qui ne sera pas toujours — il s’en faut bien — des choses qui pourront plaire à la chair. Heureux celui qui a commencé avec de telles expériences dans la vie chrétienne. Heureux celui qui est exercé pour continuer de cette manière. Heureux celui à qui il est donné de commencer, à quelque moment que ce soit de sa vie chrétienne. Ce n’est jamais trop tard.
Pour parler du Seigneur dans sa vie d’homme de douleur et de communion continue avec le Père, nous ne pouvons pas passer sous silence qu’il y eut, dans sa vie, un moment, et un seul, où cette joie lui a été retirée. Ce moment, c’est celui qu’il a accepté de rencontrer, de traverser, avec la souffrance qui y était comprise. C’étaient les trois heures d’abandon où — nous avons à le rappeler et à le dire fermement, parce que cela n’est pas toujours reçu — il a perdu la joie de la communion avec son Père. Et il fallait qu’il en fut ainsi. Pour lui, c’était l’épreuve absolue, la souffrance absolue. Il ne pouvait pas compter, en entrant dans ces souffrances, sur la moindre consolation. C’est une chose unique.
Pour nous, quelle que soit notre douleur, nous pouvons nous tourner vers Dieu. Même un chrétien qui a manqué, et même gravement manqué, où voulez-vous qu’il se tourne ? Vers qui faut-il qu’il se tourne ? Y aurait-il toutes les portes fermées, si j’ai manqué, il y a une porte qui n’est jamais fermée, pour un chrétien. Jamais la porte qui le conduit à Dieu n’est fermée. Le péché qu’il a commis interrompt la communion avec Dieu. Mais, s’il n’avait pas la ressource de pouvoir s’adresser à Dieu, et s’il n’avait pas, d’après l’Écriture, l’encouragement que, quel que soit son manquement, il peut crier à Dieu, évidemment, il n’aurait qu’une issue, le désespoir. Il n’aurait que cela. Or ce n’est pas le chemin que nous donne l’Écriture. Pour le chrétien, il y a toujours un chemin.
Et nous arrivons ici à cet autre côté dont parle l’épître aux Hébreux : « le péché qui nous enveloppe si aisément ».
Quand nous avons manqué, alors le péché paralyse notre course, et un fardeau la paralyse. Une épreuve la paralyse ; mais un péché aussi.
Le fardeau oppresse le coeur. Et chacun de nous sait que la tendance, dans une épreuve, c’est de se nourrir de sa douleur : « Mon âme refuse d’être consolée », dit le psalmiste ailleurs (Ps. 77:2). Nous avons tous passé par là, à vouloir nous nourrir de notre douleur ; alors que nous avons à l’apporter au Seigneur, qui apporte là la douceur de sa présence. L’épreuve reste. Que de choses qui ne peuvent pas être changées ! L’épreuve reste. Les larmes continuent ; mais leur amertume n’est plus la même. Que le Seigneur nous donne d’en faire l’expérience.
Mais alors, pour le péché, il y a une chose qui est plus grave. C’est que le péché est un poids pour la conscience. N’y a-t-il pas d’issue ? Il y a une issue, là aussi ; il y a un chemin. Nous avons d’abord à rejeter le péché, à fuir le péché. Et c’est une instruction que nous trouvons ailleurs. Et c’est une très grande sagesse, que nous avons à retenir jusqu’à la fin de notre carrière. Le grand secret de la sécurité, ce n’est pas de se débattre avec le péché, de se battre avec lui ; c’est de le fuir. La sagesse, c’est de fuir, fuir le péché le plus loin possible, et tout ce qui risque de contaminer notre âme. Que Dieu nous aide en cela.
Mais, quand nous avons manqué — et lequel d’entre nous n’a pas connu cela — si Dieu n’était pas Dieu, évidemment, nous n’aurions pas de ressource. Mais nous en avons une. Et cette ressource, c’est de nous tourner vers Dieu lui-même. Quel que soit le péché que nous avons commis, le premier offensé, c’est Dieu. Celui qui reçoit le plus d’outrage, c’est Dieu. Tout péché est, avant tout, un péché commis contre Dieu. Eh bien, tournons-nous vers Dieu. Un enfant de Dieu est un enfant de Dieu même s’il est désobéissant. Mais il est un enfant de Dieu à l’égard duquel Dieu établit une relation de réserve. Il n’est jamais dit que Dieu cache sa face de ses enfants, dans quelque état qu’ils soient. Il ne la cache jamais. Pour cacher sa face à un chrétien, même en mauvais état, il faudrait que Dieu cache sa face à Christ, ce qui n’est pas possible. Tel que Jésus est devant Dieu, tels sont les siens. Les siens sont aimés comme Jésus est aimé ; parfaits comme Jésus est parfait. Sa justice est leur justice. C’est à retenir ; c’est le fondement de la vérité.
Mais ce qui s’interpose entre notre âme et Dieu, c’est, quand nous avons un manquement, un nuage. Il n’est pas sur la face de Dieu ; il n’est pas sur la face de Christ. Il n’y a pas de voile — pour employer un mot de l’Ancien et du Nouveau Testaments. Nos péchés ne mettent jamais un voile sur la face de Christ. Dire cela n’est pas conforme à l’Écriture. Mais ils mettent un voile sur notre coeur. Ils mettent de la gêne dans nos rapports avec Dieu. Et nous en faisons bien souvent l’expérience. Si nous n’avions pas Dieu pour nous tourner vers lui quand nous avons manqué, nous pourrions dire : C’est le désespoir ; nous n’avons personne. Ce n’est pas mon frère qui peut enlever ce nuage que mon péché a établi sur mon coeur devant Dieu. Ce n’est pas mon frère, ni tous les frères ensemble. Qu’est-ce que j’ai à faire ? J’ai à confesser mon péché (nous le trouvons en toutes lettres ; ce n’est pas le sujet, ici) à Dieu, à me mettre d’accord avec Dieu. Dieu met son doigt sur mon péché. Je reconnais le mal ; je glorifie Dieu en cela. Je mets le péché de mon côté ; je justifie Dieu. Alors je jouis à nouveau de la face de Dieu.
« Rejetant tout péché », cela veut dire, a priori, qu’il y a une sagesse préventive. Il y a ce que la piété, préventivement, accomplit. Et plus un chrétien vit dans la crainte, plus il se défie, moins il sera porté à jouer à ce qui peut nuire à son âme. Il y a une sorte d’instinct spirituel qui se développe, et nous fait sentir que ceci sera mauvais et cela sera bon, et qui nous apprend (comme dit Héb. 5:14) « les sens exercés à discerner le bien et le mal ». On ne pose plus la question : « Quel mal y a-t-il à ceci ou à cela ? ». Quand on est exercé, la question est la suivante : « Est-ce que ceci réchauffera mon coeur, réchauffera mes affections pour le Seigneur, ou les refroidira ? ».
Nous trouvons ensuite la discipline. Mais que personne ne pense que la discipline a un sens péjoratif. Au contraire, la discipline, ce sont les soins de l’amour à l’égard de ceux que Dieu aime. Nous avons beaucoup de choses à apprendre, dans la vie, et beaucoup de choses à désapprendre. Nous avons beaucoup d’illusions à perdre, et d’abord sur nous-mêmes. C’est un signe très fort, de voir ce progrès dans une âme qui, au lieu de nourrir de bonnes pensées à son sujet, ne s’occupe pas de soi. On l’a souvent dit — et, en prenant de l’âge, nous nous rendons compte que ceux qui nous l’ont appris avaient passé par là — de ne pas s’occuper de soi, sauf pour une seule chose, se juger. Mais, quand on s’est jugé, qu’on est au large avec Dieu, ne pas penser à soi, ni en bien, ni en mal, mais s’occuper de Christ et s’occuper des autres, pour leur être utile. Et, si on a à penser à soi, comme disait un serviteur du Seigneur — et retenons ces paroles, qui sont le fruit de longues expériences d’homme sérieux — penser à soi avec un mépris silencieux. Quel heureux état !
Il est encore écrit que « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles » (1 Pier. 5:5). Personne ne peut savoir si son frère est orgueilleux ou humble. Il peut avoir l’air de ceci ou l’air de cela, et n’être pas ce qu’il paraît. Mais Dieu le sait. Il ne s’y trompe pas ! C’est Dieu qui résiste aux orgueilleux et qui donne la grâce aux humbles. Il n’a besoin de personne, pour qu’on le renseigne sur l’état intérieur d’un coeur ou d’un autre. Il se charge de le connaître.
Dans 2 Cor. 12, voilà un beau passage. Que de fois il a pu nous consoler, chers amis, et aussi nous instruire. Voilà un très beau passage. C’est du christianisme pratique, cela. Ce qui n’est pas du christianisme pratique, n’est pas du christianisme de Dieu. Dieu ne parle pas pour qu’on ne tienne pas compte de ce qu’il dit.
Au chap. 12 de 2 Cor., voilà l’apôtre Paul qui nous lève le voile, un peu, sur une certaine tranche de sa vie. Et il nous dit qu’il a eu des révélations exceptionnelles. Ce n’était pas un mystique, dans le mauvais sens du mot. C’était un homme de sens très rassis. Il savait ce qu’il faisait, ce qu’il voyait. Et il savait s’occuper des détails matériels, à l’occasion d’un esclave qui avait quitté son maître. Il savait s’occuper de toutes sortes de questions matérielles, le cas échéant. Ce n’était pas un mystique qui se perdait dans les fruits de son imagination. C’était quelqu’un qui était à la fois de sens rassis et hors de sens : « Car si nous sommes hors de nous-mêmes, c’est pour Dieu ; si nous sommes de sens rassis, c’est pour vous » (2 Cor. 5:13).
L’apôtre Paul nous révèle là qu’il avait une épreuve. Il en parle. Cette épreuve, c’était son écharde. C’était une épreuve, une discipline. On ne pouvait pas dire que l’apôtre Paul avait manqué en cela. Non, il n’avait pas manqué. Il n’a pas mauvaise conscience, quand il parle ainsi. Cette épreuve a été une épreuve préventive. Mais il n’a pas manqué. Voilà un exemple où la discipline n’a pas un sens péjoratif ; elle n’a pas le sens de châtiment. On assimile souvent discipline à châtiment. Ce sont deux choses distinctes.
L’apôtre Paul, donc, avait eu des révélations ; et il était encore dans la chair. Nous sommes dans la chair. Nous pouvons nous enorgueillir d’être des chrétiens, par rapport à ceux qui ne sont pas convertis. Nous pouvons nous enorgueillir d’être des gens sérieux, par rapport à ceux qui ne le sont pas. On peut s’enorgueillir de tout, être fier de sa piété, se nourrir journellement, aujourd’hui, de la piété dont on a fait preuve hier. On n’en finit jamais ; jamais on n’en peut sortir. Il y a un moyen d’en sortir ; mais ce n’est pas un moyen humain. Aucun n’y échappe. On ne peut pas dire : Le plus pieux, le plus sérieux, est à l’abri de ce danger. Il n’y a pas, dans ce monde, de situation humaine à l’abri de cela. De sorte que, si nous pensons à tel de nos frères qui est en danger de s’élever parce qu’il a ceci que je n’ai pas, autre chose que je n’ai pas, je dois veiller sur moi-même à ne pas m’élever en pensant à ce que je pourrais avoir que lui n’a pas. De sorte que je dois d’abord penser à moi-même, à veiller à avoir mon âme en ordre pour moi-même. Voilà le secret du vrai bonheur, du grand bonheur : veiller à avoir une âme heureuse avec le Seigneur.
Alors on peut s’occuper des autres, quand le Seigneur nous donne de le faire ; penser aux autres, prier pour les autres. On a l’oeil beaucoup plus clairvoyant pour discerner une tendance chez d’autres. Et on prie pour eux, le cas échéant ; on peut servir. Mais, si nous ne sommes pas en bon état, nos services porteront à faux ; et nous oublierons qu’il y a la parabole de la paille et de la poutre, qu’il ne faut jamais perdre de vue. Quel bonheur que nous ayons la Parole de Dieu !
Nous avons là un serviteur, un homme sans doute unique, qui vivait bien près du Seigneur. Nous pouvons être certains de cela. Il a reçu des révélations — c’était un apôtre. Il a reçu des choses qui sont données de Dieu directement. Aucun homme, aujourd’hui, ne reçoit des révélations. La Parole de Dieu est complète. On peut recevoir l’intelligence des Écritures ; c’est sûr. Elle varie d’un chrétien à l’autre, suivant sa piété, ses relations avec Dieu. Mais ce ne sont pas de nouvelles révélations, sauf si on entend par là la révélation, à un chrétien ou à plusieurs, de la pensée déjà révélée dans l’Écriture. L’Écriture n’est pas ouverte aux intelligents, approfondie d’une façon égale, parce que Dieu ne peut pas nous parler en faisant abstraction de notre état moral. L’intelligence, le progrès spirituel, sont toujours fonction de notre état moral pratique. Il suffit d’un bon état moral pour avoir cette intelligence spirituelle. Il ne suffit pas de ne pas être mondain. On peut ne pas être mondain, et ne pas être en bon état. Il suffit d’être en bon état intérieur, où on se juge. « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles ». Non seulement on se garde du monde, mais de soi-même.
Nous avons donc bien à faire, chers amis. Nous avons toujours à faire. Mais c’est la grâce de Dieu qui fait cela. Ce ne sont pas les regards de la loi ; ce n’est pas la condamnation de la loi. Et ne pensons pas que la grâce fasse bon marché, et un meilleur marché, de nos manquements ; bien loin de là. Elle touche des points sur lesquels la loi glissera facilement. Mais la grâce s’occupe de nous, nous supporte, nous relève, nous redresse, nous corrige.
Voilà l’apôtre. Il avait ses révélations. Et, pour qu’il ne s’enorgueillisse pas (la chair de Paul n’était pas meilleure que la nôtre), ne puisse pas penser : Il n’y en a pas deux comme toi (en effet, il n’y en avait pas deux), il a reçu une écharde, un ange de Satan pour le souffleter. C’est très sérieux. Il a prié trois fois pour que l’écharde lui soit enlevée. Voilà une triple prière non exaucée, et de la part d’un homme comme Paul !
Alors le Seigneur, qui connaissait bien son serviteur, dit : Non, Paul ; il faut que tu gardes ton écharde. Qu’était-ce ? On a beaucoup pensé — c’est la curiosité qui s’occupe de cela ; rappelons que la curiosité est toujours charnelle. Peut-être était-ce ce qu’on trouve dans les Galates : il avait une infirmité pour parler ; cela l’humiliait publiquement. Une humiliation publique, on n’aime pas cela. Aucun de nous n’aime cela. Avoir une humiliation publique permanente, devant tout le monde, on n’aime pas cela. On aime, au contraire, ce qui nous met en avant, ce qui orne l’homme. Mais le Seigneur, en apparence, a déshonoré son serviteur.
Voilà un homme qui était humilié par ce qu’il portait. Il n’avait point d’apparence extérieure. Mais « ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité ». La puissance de Dieu ne va pas avec l’apparence de l’homme ; retenons cela. L’énergie, la force de l’homme, les capacités de l’homme, quand elles sont au service de la volonté de l’homme, Dieu ne peut pas aller avec cela. C’est constant, dans l’Écriture, Ancien et Nouveau Testaments.
Que le Seigneur encourage les chers jeunes frères à chercher leur force auprès du Seigneur. Nous supplions qu’ils le fassent. Que le Seigneur leur donne de le faire, et d’apprendre ainsi (on l’apprend lentement, sauf quelquefois plus rapidement) que le Seigneur ne donne pas son appui à ce qui est de la chair, la volonté de la chair. On n’y croit pas vite. On est très lent, avant de le croire et avant de l’accepter. Et encore, peut-être faut-il, pour l’avoir bien compris, attendre qu’on en ait fini avec la vie dans ce monde. C’est bien possible.
Chers amis, notre bonheur, c’est Dieu lui-même. Et nous jouissons de Dieu dans la mesure où nous ne nourrissons pas ce que lui n’approuve pas, de nos prétentions. Quelqu’un qui est intelligent, quelqu’un qui a toutes sortes de qualités, ses qualités ne sont pas perdues. Mais elles ne doivent pas être au service du ressort moral intérieur, qui est la volonté de l’homme. Il faut que Dieu brise la volonté. Et il se servira de cet homme intelligent s’il le veut.
Quelle erreur, quel égarement, que tout ce qui est fait, enseigné, loin de la présence de Dieu !
Nous avons Dieu avec nous quand nous ne sommes rien. Quand nous étions jeunes — nous nous en souvenons bien, bien que cela commence à être très loin — nous avons toujours été frappés de ce que nos frères d’alors, dont beaucoup étaient très simples, sachant tout juste lire — tous n’étaient pas ainsi ; il y en avait de très capables, même éminents — nous mettaient en garde, et n’ont jamais cessé de nous mettre en garde, contre le danger qu’il y a, à vouloir mettre en avant la capacité de l’homme. On trouve cette tendance chez l’homme le plus insignifiant. Ne pensons pas que ce soit seulement le lot des hommes les plus capables.
L’apôtre dit : « Je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités… dans les détresses pour Christ ». Qu’est-ce que les infirmités ? L’apôtre se glorifiait dans son écharde. On n’est pas fier d’avoir une écharde. On n’est pas fier d’avoir quelque chose qui humilie. Cela ne chargeait pas sa conscience. Faisons bien attention ; ce n’était pas le poids d’un manquement. C’était un brisement, qui contribuait à briser la volonté de Paul, à briser le vase dans lequel le trésor était contenu. Et l’apôtre Paul qui, avant sa conversion, était un homme auquel il n’aurait pas fait bon de donner une écharde — nous le comprenons bien — et qui ne devait pas supporter facilement un joug, voilà un homme qui peut dire : « Je me réjouis dans mes peines… pour Christ ». Une infirmité, c’est tout ce qui brisait sa volonté, tout ce qui contribuait à le rendre capable de jouir davantage de Christ. Alors il dit : Je me réjouis ; car quand je suis faible et brisé, c’est alors que je suis fort, parce que j’ai Dieu avec moi et pour moi. Nous ne l’aurons pas autrement, chers amis, jamais.
Que le Seigneur nous encourage tous. Ceux qui ont bien des années de vie chrétienne ici, nous savons que nous avons besoin de cela. Nous en avons eu besoin dans la semaine qui vient de passer. Nous en avons besoin une heure après l’autre. Nous avons dû nous humilier bien des fois, et chercher le Seigneur dans le secret, et dire : Je n’ai pas su me contenter de toi ; je n’ai pas su être dépendant, être obéissant ; et je n’ai pas su chercher ta volonté à toi seul, et ta gloire à toi seul.
Mais, chers amis, que cela nous encourage. Et veuille le Seigneur produire cela chez les jeunes. Ce n’est pas un chemin pénible, mais un chemin où on est très heureux, quoique brisé. Un chrétien gardé dans ce chemin-là est beaucoup plus heureux. Nous sommes beaucoup plus heureux qu’il y a trente ans, d’un bonheur plus égal, dont on connaît mieux la source, dont on sait beaucoup mieux ce qui la tarit, ce qui vient nous en priver. Et on se défie davantage de soi — jamais assez. Mais on connaît beaucoup mieux Christ et le Père. On sait beaucoup mieux ce qu’on a. On se laisse beaucoup moins prendre par les apparences. La bonne volonté ne paraît pas mauvaise comme la mauvaise volonté. On ne mettrait pas sur le même plan, dans le monde, la bonne et la mauvaise volonté d’un homme. Mais la bonne et la mauvaise volonté d’un chrétien, c’est la même chose qu’une mauvaise volonté, si ce n’est pas la volonté de Christ.
Que le Seigneur nous donne de ne pas nous décourager.
Notre vie tout entière est une épreuve, une discipline, une formation, une éducation. Que le Seigneur veuille encourager en particulier ceux qui passent par l’épreuve. Il y a des épreuves que nous connaissons, parmi nous. Et il y en a d’autres que nous pouvons connaître, que tous ne connaissent pas, et qui sont de grandes épreuves.
N’oublions jamais que le peuple de Dieu est un peuple qui ne fait pas ses quatre volontés, qui n’est pas exempt de toutes les souffrances qui atteignent les hommes. C’est un peuple auquel nous avons besoin de penser, comme le Seigneur, en grâce, en charité, en intercession soutenue. Nous avons besoin de penser les uns aux autres, pour que le Seigneur se tienne près de chacun, dans le coeur de chacun, dans sa vie de tous les jours. Que le Seigneur nous accorde d’accomplir ce service.
[LC n° 140]
Dimanche après-midi 16 avril 1950
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 254
On n’aime pas parler de la discipline, et il n’y a pourtant pas un jour où Dieu ne l’exerce envers ses enfants d’une main sûre, à la fois douce et ferme. « Ta main est forte » (Ps. 89:13). Dieu ne se désintéresse pas pour autant des inconvertis ; il impose son gouvernement à un individu aussi bien qu’à une nation. Si une nation fait le mal à l’excès, il peut patienter cinquante ans avant d’envoyer une autre nation contre elle pour la châtier ; il peut même agir directement : il ne s’est servi de personne pour détruire Sodome et Gomorrhe. Ces deux villes sont un exemple de ce que Dieu fera au monde chrétien en temps opportun, car il n’est ni sourd ni aveugle ; il voit non seulement ce que les hommes voient, mais il discerne toutes choses et ses jugements sont en rapport avec ce qu’il sait lui seul. Il règle tout divinement.
Pourquoi la discipline ? Pour que nous participions à sa sainteté. Dieu discipline ses enfants parce qu’il les aime, comme un père qui a le souci du bien de son enfant, qui désire que son enfant reflète ses propres qualités morales. « Soyez saints, car moi je suis saint » (1 Pierre 1:16). La mesure de la sainteté, c’est celle de Dieu, non pas celle des juges de ce monde, ni celle des pharisiens de toute espèce. Et sans la sainteté, « nul ne verra le Seigneur » (Héb. 12:14). Dans les temps où l’Esprit de Dieu travaillait avec force, un verset comme celui-là labourait les âmes. Mais plus on approche de la fin, plus les âmes s’habituent aux passages les plus saisissants de l’Écriture. La sanctification, c’est la mise à part pour Dieu. Quand Dieu veut une âme, il la met à part et lui donne la vie. Il y a une sanctification initiale, qui est la mise à part par Dieu et pour Dieu ; et il y a la sanctification progressive, celle du chrétien qui est occupé du Seigneur et devient chaque jour plus conforme à Christ ; s’il est occupé du monde, il deviendra chaque jour un peu plus mondain. Mais personne ne peut faire la discrimination entre ceux qui sont nés de Dieu et ceux qui ne le sont pas.
On peut mépriser la discipline : c’est un danger. C’est penser que les circonstances sont dues au seul hasard. « Ne méprise pas la discipline du Seigneur » (Héb. 12:5). « Ésaü méprisa son droit d’aînesse » (Gen. 25:34), et Dieu lui dira : « Tu es fort méprisé » (Abd. 2). « Ceux qui m’honorent, je les honorerai ; et ceux qui me méprisent seront en petite estime » (1 Sam. 2:30). Dieu est fidèle, on peut s’appuyer sur lui ; ce n’est pas un roseau qui se casse et déchire toute l’épaule (Éz. 29:6-7). On peut aussi perdre courage ; c’est un autre danger. Une âme qui connaît la discipline de Dieu est souvent portée vers l’un ou l’autre de ces états. Dans le ciel, nous remercierons le Seigneur bien plus pour les épreuves qu’il nous aura données que pour les joies. Quand il y a beaucoup d’eau dans la rivière, on vogue facilement ; on oublie Dieu. Mais quand il y a peu d’eau, les danger sont grands, on crie, on a besoin de Dieu ; il entend. « À l’Éternel, en ma détresse, j’ai crié » (Ps. 120:1). Une âme exercée par la discipline (Héb. 12:11) porte du fruit ; la plupart du temps, un chrétien qui n’a pas d’épreuves rejette Dieu derrière son dos et il n’y a pas de fruit.
« Redressez les mains lassées et les genoux défaillants » (Héb. 12:12). On se fatigue de prier. Si nous voyons un frère ou une soeur accablé par quelque exercice, il faut prier avec lui et l’encourager à ne pas se lasser. La vie du chrétien est une vie de prières.
« Faites des sentiers droits à vos pieds » (Héb. 12:13). Celui qui suit un chemin tortueux cherche souvent à le faire paraître droit aux yeux des autres ; il se soucie plus des hommes que de Dieu. Celui qui suit un chemin droit ne s’occupe pas tellement de ce que les autres disent ; il a affaire à Dieu. La droiture, c’est avoir Dieu devant soi. On manque de droiture vis-à-vis de Dieu quand on dit : Seigneur, montre-moi ta volonté, qu’il nous la montre et qu’on prend un autre chemin. Un jour, Dieu mettra en évidence les conseils des coeurs ; cette gloire n’appartient qu’à lui seul. À nous il est dit : ne jugez pas ; nous n’avons pas à juger les motifs ; mais quant aux actes, la Parole nous dit : jugez ceux du dedans ; Dieu s’occupera lui-même du monde.
« Veillant de peur que quelqu’un ne manque de la grâce de Dieu » (Héb. 12:15). Le courant de la grâce dans le coeur entretient les relations avec Dieu ; sans cette grâce, la porte est ouverte à l’Ennemi ; il faut crier alors à ses frères : venez m’aider, je suis en danger ; sinon on s’enfonce toujours un peu plus. « De peur que quelque racine d’amertume, bourgeonnant en haut, ne vous trouble, et que par elle plusieurs ne soient souillés » (Héb. 12:15) ; c’est une allusion à Deutéronome 29:18, c’est la mondanité. Quand le monde entre dans le coeur d’un chrétien, il est changé peu à peu, il s’étiole, il s’appauvrit. Il parlera des choses de Dieu peut-être plus qu’avant, mais le son n’est pas le même. « De l’abondance du coeur la bouche parle » (Matt. 12:34), mais on peut mentir. Quand le monde entre dans une famille, toute la famille est troublée et souillée ; et celui qui apporte le monde dans l’assemblée souille l’assemblée. Le monde a envahi le christianisme : quel tableau ! Le courant du monde coule à flot dans la chrétienté : il a troublé, il a tout souillé. Il faut laisser le monde chrétien dehors. Des contacts sont inévitables avec le monde, mais Dieu sait nous faire sentir quand le monde entre dans notre coeur ; notre conscience de chrétien nous le dit, et Dieu est trop fidèle pour ne pas nous le dire.
En guise de conclusion à ces exhortations morales, l’Esprit de Dieu présente l’exemple vivant d’Ésaü, solennel entre tous, qui traverse toute l’Écriture. « De peur qu’il n’y ait quelque fornicateur, ou profane comme Ésaü, qui pour un seul mets vendit son droit de premier-né » (Héb. 12:16) ; c’est la chute, puis l’apostasie : « Il ne trouva pas lieu à la repentance » (Héb. 12:17) pour retrouver la bénédiction. Ésaü est fornicateur et profane. Il était en apparence plus sympathique que Jacob, que nous appellerions aujourd’hui un arriviste ; mais Jacob aimait Dieu et Ésaü n’aimait pas Dieu : voilà l’immense différence ! Jacob a été adroit pour la mal, rusé, il a supplanté, mais il tenait à la bénédiction de Dieu. Ses procédés étaient mauvais ; il a manqué de foi, mais dans son coeur il aimait Dieu. Ésaü était un fornicateur, il voulait satisfaire sa chair ; et il était un profane, il a vendu son droit d’aînesse pour un plat de lentilles. Il aimait la chasse, comme Nimrod qui était « un puissant chasseur devant l’Éternel » (Gen. 10:9), comme les gens qui se vantent de ce titre aujourd’hui encore. Pour un seul mets, il vendit son droit d’aînesse, qui était une bénédiction liée à la condition d’aîné ; Ésaü l’a méprisé, il a méprisé Dieu, car c’est Dieu qui l’avait institué. Il était profane, parce qu’il a traité les choses de Dieu comme les choses de l’homme. Les choses de Dieu doivent être laissées à Dieu. Un inconverti n’a rien à voir dans les choses de Dieu ; s’il s’en empare, il les profane. Pour les approcher avec vérité, il faut la foi. « Vous savez » — et nous le savons bien mieux encore que les Hébreux — « que, aussi, plus tard, désirant hériter de la bénédiction, il fut rejeté, (car il ne trouva pas lieu à la repentance,) quoiqu’il l’eût recherchée — la bénédiction — avec larmes ». Il a pleuré.
Que représente le droit d’aînesse pour nous ? Un homme baptisé porte le nom de chrétien. Le sceau du baptême chrétien le distingue des païens ; il a un droit d’aînesse ; il est extérieurement plus près de Dieu que les autres ; le nom de Dieu a été invoqué sur lui. Combien de chrétiens méprisent ce droit d’aînesse et ne désirent même pas croître dans la vraie connaissance de Dieu ! Ésaü était coupable parce qu’il était dans une position privilégiée et qu’il n’a pas su en tirer parti. Être fornicateur et profane comme Ésaü, aujourd’hui, c’est mépriser la position chrétienne dans laquelle le Seigneur nous a placés, et nous conduire comme si nous n’y étions pas. Mais les chrétiens qui se trouvent dans les milieux où on cherche à suivre la Parole de Dieu ont un droit d’aînesse par rapport aux autres chrétiens, et il leur sera demandé compte de la façon dont ils ont apprécié leur position. En méprisant ce droit d’aînesse, ils sont, à des degrés divers, fornicateurs et profanes ; ils pourront pleurer pour chercher la bénédiction, ils risquent d’être rejetés. Ils sont fornicateurs parce qu’ils méprisent Dieu pour se complaire à eux-mêmes, et ils sont profanes parce qu’ils n’apprécient pas les dons de Dieu à leur sainte valeur.
« On ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6:7). Ésaü s’est moqué de Dieu ; il a déjà moissonné, et il n’a pas fini de moissonner. Il avait peut-être de bonnes raisons à invoquer, mais Dieu ne lui donne pas la parole pour se justifier. La bénédiction est sur Jacob, bien qu’il s’y soit mal pris pour l’obtenir, et qu’il ait été châtié toute sa vie pour cela. Rien n’offense Dieu comme l’oubli de ce qu’il est et le mépris de ce qu’il donne. Qu’il nous soit donné d’apprécier ce que Dieu nous a confié ; on ne joue pas avec les choses saintes.
Après le marchandage du droit d’aînesse (et que de marchandages ne voit-on pas aujourd’hui dans la chrétienté, et même parmi nous), une bénédiction bien relative est accordée à Ésaü au cours de cette scène où il pleure. Isaac a senti que la bénédiction échappait à Ésaü, contre son gré. Que de fois des parents influencent défavorablement leurs enfants pour des considérations personnelles, frappés de cécité spirituelle, comme Isaac dont les yeux étaient affaiblis (Gen. 27:1). Personne n’a aidé Ésaü à ce moment, même pas sa mère, qui préférait Jacob. Mais l’Écriture ne donne aucune justification à la conduite d’Ésaü : il a eu tort, il a été rejeté.
Malgré tout, Ésaü ne semble pas mal tourner. Il a prospéré ; il y a eu des rois en Édom avant qu’un roi ne régnât sur Israël (Gen. 36:31) ; il y a eu des chefs (Gen. 36:40). Mais la Parole rappelle qu’Ésaü, c’est Édom : ce nom d’Édom lie pour toujours Ésaü au souvenir de son apostasie. Il n’a pas mal tourné, selon les gens de ce monde, mais la malédiction est liée à sa personne. L’Écriture parle d’Édom comme un peuple maudit. Selon les prophéties, Édom ne sera jamais restauré. Abdias dénonce l’orgueil d’Édom : « L’arrogance de ton coeur t’a séduit… tu t’élèves comme l’aigle,… je te ferai descendre de là » (Abd. 3-4). La colère de Dieu contre Ésaü ne s’apaisera que par un jugement total et définitif.
Ésaü a maudit Israël quand Jérusalem, jugée par Dieu pour sa propre infidélité, a été abattue et foulée aux pieds. Il a été témoin de cette ruine et s’en est réjoui. Dieu le lui rappelle et lui dit avec une insistance singulière : « Tu n’aurais pas dû… ; tu n’aurais pas dû… ». La haine d’Ésaü contre le peuple de Dieu, contre tout ce qui est de Dieu, s’est montrée tout au long de l’histoire d’Édom ; cette haine ne s’est jamais éteinte ; Ésaü a méprisé Dieu, haï Dieu ; Abdias nous en raconte les faits. Mais, ajoute ce prophète, Jérusalem sera restaurée à la fin et Ésaü sera totalement détruit. Malachie nous le dit aussi. Après le retour de la captivité de Babylone, le résidu juif n’était pas en brillant état, il était faible et misérable ; il discutait en remettant en question l’amour de Dieu pour lui. Et pourtant, après qu’Ésaü eut révélé l’état de son coeur par sa propre histoire, Dieu peut dire : « J’ai aimé Jacob ; et j’ai haï Ésaü » (Mal. 1:3), parce qu’Ésaü me haïssait. À la fin des jours, le Seigneur foulera les peuples dans le pays d’Édom, et Édom fera partie de ce jugement terrible et sanglant. « Qui est celui-ci, qui vient d’Édom, de Botsra, avec des habits teints en rouge ? » (És. 63:1). Christ sera seul à fouler le pressoir et le sang rejaillira sur ses vêtements.
Que Dieu nous garde, en nous et parmi nous, de toute racine d’amertume qui trouble et qui souille ! Qu’il nous donne de l’aimer et de le lui montrer !
[LC n° 90]
9 mai 1954
Je cite aussi de mémoire le passage où se trouvent ces mots : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort » (Matt. 26:38).
Je rappelle aussi les paroles prononcées par le Seigneur avant de quitter les siens, dont Il sentait que le coeur était brisé à la pensée que Jésus, qu’ils aimaient, allait les laisser tout seuls, aux prises avec un monde dont ils avaient senti la dureté se préciser à l’égard de leur maître bien-aimé. Ce qui fait que Jésus pouvait leur dire : « Vous avez persévéré avec moi dans mes tentations » (Luc 22:28). Le Seigneur leur dit : « Je vous enverrai le consolateur » ; Il l’a envoyé.
Ce sujet précieux de la tristesse et de la joie, dont on vient de nous parler, est bien digne de retenir la méditation de nos coeurs. Pourquoi sommes-nous tristes ? Pourquoi sommes-nous joyeux ? Cela touche à toute la vie pratique, réelle, de notre âme, de notre coeur. La tristesse du coeur, de l’âme, peut avoir son origine dans la conscience ; elle peut aussi avoir son origine ailleurs. Et la Parole répond à tout.
Voilà un coeur qui est brisé par une épreuve, alors que la conscience est bonne. Nous savons tous ce que c’est que de passer par une épreuve sans que la conscience soit chargée. Le coeur est brisé par une tristesse ; « attristés », dit Paul.
Considérons ce genre de tristesse. Il n’est pas un chrétien, pas une famille, pas un corps de chrétien, pas une assemblée — si le Saint Esprit se meut en elle — qui ne connaisse ce genre de tristesse, de peine.
Le Seigneur sait très bien qu’alors, notre coeur est brisé. Et pourtant, en effet, comme cela nous a été rappelé, il nous dit : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » (Phil. 4:4). « Toujours » ; il n’y a pas d’exceptions à cela. Dans ce cas d’épreuve, nous pleurons ; les larmes remplissent le coeur de l’assemblée (lequel d’entre nous n’a pas connu cela, dans sa carrière chrétienne ?). Mais alors, il y a la douceur de la présence divine. Jésus vient dans notre coeur et nous donne de réaliser ce miracle que Lui seul peut faire : nous pleurons et nous nous réjouissons en même temps. « Tu mets mes larmes dans tes vaisseaux, ne sont-elles pas dans ton livre ? » (Ps. 56:8). Est-ce que le Seigneur nous demande d’avoir un coeur insensible et sec ? Pas du tout. Et, s’il fallait s’arrêter sur ce point, il suffirait de dire ce que l’Écriture présente, et ce sur quoi d’autres plus qualifiés que nous aujourd’hui ont insisté : il est dit que Jésus a pleuré ; il n’est jamais dit qu’Il ai ri. C’est un fait. Qu’on discute sur ce point, qu’on l’interprète comme on le veut, c’est un fait absolu, divin, que l’Écriture ne donne jamais une trace d’un fait où Jésus ait ri, ni souri.
Ainsi, le Seigneur peut réaliser en nous cette merveille que, tout en étant affligés (c’est écrit — mais nous ne sommes pas affligés « comme les autres qui n’ont pas d’espérance », 1 Thess. 4), nous avons, en même temps, dans nos âmes, cette joie divine, qui est grave, efficace, et qui console nos coeurs. Elle ne nous empêche pas pour autant de pleurer. Mais que de fois cette présence de Jésus avec les siens, dont le coeur est brisé, demeurera pour eux le souvenir le plus brillant de toute leur carrière terrestre ! Mais il faut le Seigneur ; c’est autre chose que des mots !
Ces tristesses liées aux circonstances, nul n’y échappe. Et combien nous avons besoin du Seigneur pour que, véritablement, nous puissions connaître quelque chose de cette joie, de la consolation divine, qui est une joie au milieu de nos larmes. Le Seigneur n’arrête pas d’un seul coup la souffrance du coeur. Ce n’est pas parce qu’il vient dans notre coeur que la souffrance cesse pour autant ; et la souffrance n’est jamais une chose, en elle-même, agréable. Mais Il est avec nous dans la souffrance et la transforme. Il se montre supérieur à elle. Le coeur est même rendu plus sensible à la douleur, avec lui. Mais il est sensible, aussi, à l’efficacité de la consolation qui est fournie. Que de fois ne l’avons-nous pas éprouvée, dans le secret de notre âme ; et c’est ainsi que l’âme s’enrichit dans la connaissance de Jésus.
Le Seigneur a connu la tristesse dans son âme jusqu’à la mort ; nous savons pourquoi. Au moment même où Il disait : « Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort » (Matt. 26:38), sa communion avec le Père était parfaite, puisqu’elle n’a été interrompue que pendant les trois heures de la croix. Son coeur était rempli d’une joie accomplie ; et, en même temps, il sentait, à l’infini, toute l’horreur du péché qui l’entourait, toute l’inimitié des pécheurs contre Dieu, qui lui causait une souffrance qui n’a jamais cessé.
« Attristés, mais toujours joyeux ». Voilà l’état remarquable de l’apôtre Paul, imitateur de Christ. « Attristé » : il avait bien peu de sujets de joie, dans les saints ! Voilà aussi pour nous un sujet de souffrance, si nous avons à coeur le bien des saints, du témoignage ! Voilà un sujet de tristesse, de souffrance ! L’apôtre était assiégé nuit et jour par sa sollicitude pour toutes les assemblées de Dieu. Il était attristé, en voyant combien les coeurs n’étaient pas, à l’égard de Jésus, ce qu’ils auraient dû être. Et il était toujours joyeux, veillant à l’état de sa propre âme.
Nous pouvons penser, d’ailleurs, qu’il y a des moments de tristesse dans notre vie qui ont une cause tout à fait en dehors de nous. Supposons que, dans une assemblée, un chrétien marche mal, qu’il y ait là quelque péché, quelque faute inconnue, un chrétien qui est mondain ou qui marche mal. Il y a une tristesse qui en résulte, une souffrance chez tous les autres ; et il est impossible qu’il en soit autrement. Chacun a sa responsabilité à cet égard, sans aucun doute. Il peut y avoir des faits très précis à l’origine de ces tristesses et de ces souffrances.
Dans 2 Cor. 7, que nous avons lu, nous trouvons qu’il y a une tristesse selon Dieu, et une selon le monde. La tristesse selon Dieu, c’est ce qui a été lu tout à l’heure, dans l’épître de Jacques ; c’est une tristesse que le Saint Esprit opère dans la conscience à propos de quelque chose qui doit être réglé et ne l’a pas encore été ; c’est une tristesse liée à la repentance. Quant à la tristesse selon le monde, elle opère la mort. Le monde est triste et fait le mal, mais sans exercices de conscience. Il ne se tourne pas vers Dieu. Quel en est le résultat ? Judas en est un exemple : c’est le remords, le désespoir.
Il y a des causes de tristesse pour lesquelles nous avons un remède précis que l’Écriture nous apporte, soit dans Jacques, soit dans Corinthiens ; c’est bien important. Mais toutes les tristesses n’ont pas ces causes-là !
Dans l’épître aux Hébreux (chap. 12), nous trouvons l’école de Dieu, à laquelle nous passons tous, dans laquelle nous sommes tous, car toute notre vie durant nous sommes à l’école de Dieu. C’est ce que signifie le mot discipline. Discipline veut dire : former. C’est l’ensemble des moyens dont Dieu se sert pour nous former. Le verset nous dit « qu’aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse » (Héb. 12:11). Toutes les épreuves par lesquelles Dieu nous fait passer sont un sujet de souffrance. Nous sommes tous sous la bonne main de Dieu. C’est Lui qui nous éduque, qui fait notre éducation morale et spirituelle ; et il est dit, d’une façon expresse, qu’aucune de ces formations ne semble être, pour le moment, un sujet de joie, mais de tristesse. C’est parce que Dieu nous brise en quelque chose, et ce n’est jamais agréable, d’être brisé. Il brise notre volonté en touchant quelque chose qui s’y rattache. Mais nous voyons que, plus tard, cette discipline, cette formation, ce stage à une école, à une classe de l’école de Dieu, porte un fruit paisible. Ce n’est pas le fruit agité que la chair prétend porter, mais le fruit paisible de la justice pratique : des choses agréables à Dieu. Ce chrétien est plus humble, moins mondain, moins volontaire ; il répand davantage le parfum de la vie de Christ. C’est un fruit paisible, le fruit paisible de la justice pratique. Mais ce fruit est porté par ceux qui sont exercés, qui, au lieu de traverser cet exercice en cherchant à maintenir une joie fausse, acceptent la tristesse que la main de Dieu trouve bon de leur dispenser. C’est pourquoi les versets précédents nous disent qu’il y a deux dangers, dans ces circonstances : être découragé, ce qui est, pour ainsi dire, avoir lâché la main de Dieu ; et, d’autre part, traiter la chose à la légère. Voilà les deux dangers : être découragés, ou bien alors dire : ceci est fortuit ; ceci n’a pas de sens, de signification. Et c’est cela qui est appelé mépriser la discipline. Dans toute notre vie, nous avons à avoir l’oeil spirituel ouvert sur le sens des choses que nous rencontrons, tous les jours, tout le temps.
Enfin, nous avons vu que la puissance pratique et la source de la joie, c’est le Saint Esprit. Il n’y en a pas d’autres. C’était le Saint Esprit qui faisait chanter Paul et Silas, dans la prison. C’est lui qui produit la supériorité sur les circonstances et sur la chair. Dans Galates (passage lu), le fruit de l’Esprit, est-il dit, est « l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance… » ; il s’oppose aux différents fruits de la chair.
Lorsque l’Esprit est contristé en nous, nous ne sommes pas heureux. Si l’Esprit est contristé au milieu de nous par quelque mal qui est là, inconnu, non manifesté encore, il y a en nous une tristesse qui n’est pas de bonne source. Mais nous n’y pouvons rien, tant que la chose n’est pas réglée.
Combien la vie de notre âme est une chose délicate ! Mais des ressources sont à notre disposition. De sorte que nous devrions être des gens qui, dans ce monde, proclament la gloire de Dieu et, pour reprendre un passage qui a été lu ce matin, être un peuple au milieu duquel un chant de triomphe royal retentit. Nous devrions toujours être cela. Nos larmes, nos épreuves, ce n’est pas, au fond, ce qui nous empêche de bénir Dieu. Ce qui nous empêche de le faire, c’est notre volonté non brisée ; c’est du mal non jugé, le manque de séparation du monde, un manque d’exercice avec Dieu et avec le Seigneur. Autrement, nous réaliserions cette merveille d’être attristés mais toujours joyeux. Nous ne pouvons pas ne pas être tristes, quand nous voyons les pauvres pécheurs qui vont tout droit en enfer, et sans le savoir, et qui, croyant parfois être dans le bon chemin, outragent Dieu ou se séduisent eux-mêmes. Quel sujet de tristesse, si nous étions des chrétiens fidèles ! Tandis que, souvent, nous allons boire le vin qu’ils boivent, c’est-à-dire que nous allons prendre la même coupe qu’eux, ce vin qui était interdit au nazaréen, le vin de la communion avec la joie du monde. Que de fois cela arrive ! Ce n’est pas une joie selon Dieu, cela ; c’est une joie pécheresse, coupable, et qui est cause de tristesse, parmi le peuple de Dieu. Combien nous avons à veiller, chacun pour soi. Et, si nous aimons le Seigneur et si nous aimons les siens, nous veillerons, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les bien-aimés du Seigneur. « Si un membre souffre, tous les membres souffrent » (1 Cor. 12:26) ; si un membre est glorifié, les autres le sont avec lui. Si un frère est rempli de joie pour le Seigneur, c’est un bénéfice pour le Seigneur et pour les bien-aimés du Seigneur. Si un frère est rempli de la joie du monde, s’il trempe ses lèvres dans la coupe dans laquelle le monde trempe les siennes, ce frère est infidèle au Seigneur, et infidèle à son service envers les saints, absolument infidèle.
Ah, si l’Église avait gardé ce caractère du commencement, elle eût été remplie des manifestations de la gloire de Dieu, et de la joie que Dieu donne à ceux qui se tiennent en sa présence, en communion avec lui !
S’il y avait ici quelqu’un qui soit triste parce que ses circonstances sont pénibles, eh bien, bien-aimés, est-ce que nous savons aller le trouver ? Est-ce que nous savons prier pour lui ? Est-ce que nous savons nous tenir près de lui, pour que Dieu remplisse son coeur de cette joie qui n’arrête pas les larmes, mais qui transforme les larmes amères en des larmes douces ? Faisons-nous cela, chers amis ? Le Seigneur l’a fait. Il vaut mieux aller dans la maison du deuil que dans la maison du rire. Mais est-ce que nous le faisons ? Est-ce que nous pensons à ceux qui ainsi souffrent, dont le coeur est brisé ? Et à l’égard des autres, de quelqu’un qui a besoin de sentir ses misères, de mener deuil et pleurer, il y a aussi un service, au moins la prière. Si nous voyons quelqu’un qui extériorise une joie légère, alors que d’autres sentiments siéraient beaucoup mieux à son âme et à son état, remplissons-nous à son égard le service qui conviendrait devant le Seigneur, au moins par la prière, en demandant pour lui que le sillon de la charrue de Dieu soit tracé dans son coeur, le sillon au fond duquel le Seigneur fait lever son propre blé ? Pensons-nous à lui comme nous avons à le faire, devant Dieu, et accomplissons-nous à son égard ce service délicat auquel l’amour pense, et que l’amour est assez intelligent pour accomplir ? Il y a là un travail persévérant, délicat. Il suffit d’y penser pour sentir, chacun pour soi, qu’on y manque beaucoup. Et quand un frère est dans la tristesse directement par sa faute, eh bien, faisons-nous toujours ce que l’amour du Seigneur nous invite à faire pour que ce frère, qui est peut-être attristé par quelque profond travail de conscience, retrouve avec le Seigneur, avec le Père, cette lumière, cette clarté de la présence de Dieu, qui est le secret de la joie (y en a-t-il une autre part ?) ?
Et veillons-nous ainsi à penser aux épreuves des saints, à ceux qui sont dans le deuil ? Il y a là tout un travail d’amour à remplir, dans le détail, au moins en prière devant Dieu. Il y a évidemment un service pastoral ; mais on n’a pas besoin d’être un pasteur pour penser à son frère et à sa soeur, pour penser à lui en prière devant Dieu. Le plus jeune frère, la plus jeune soeur, a l’occasion d’accomplir ce service pour le Maître et pour ceux qui lui sont si chers.
Et si on voit un frère mondain, est-ce qu’on va lui sauter au cou, comme pour approuver tout ce qu’il fait ? Est-ce qu’on n’a rien à lui dire, à lui montrer ? Est-ce qu’il n’y a pas à l’avertir, d’une façon ou d’une autre ? Car il se prépare de grandes tristesses.
La joie que le Seigneur donne est une joie sainte ; c’est une joie grave, qui remplit le coeur. Nous sommes heureux dans le Seigneur, si nous sommes avec lui. Mais, dans un monde où, on l’a souvent dit, nous avons à serrer nos vêtements autour de nous, nous avons à être des nazaréens, pour être heureux. Le moment vient où notre vigilance cessera, où ce sera la joie pure dont on nous a parlé tout à l’heure : « On ne sera que joyeux », comme il est écrit au sujet de la fête des tabernacles (Deut. 16:15) qui nous parle de la joie éternelle. Nous pourrons alors, mais pas avant, laisser flotter nos vêtements : « mangez, amis, buvez abondamment, bien-aimés » (Cant. 5:1). « En vérité, dit le Seigneur, je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Matt. 26:29).
[LC n° 141]
15 août 1974
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 364
« Souvenez-vous de vos conducteurs ».
« Obéissez à vos conducteurs ».
Aucun frère n’oserait s’arroger le titre de conducteur ; c’est dans l’église professante que le conducteur s’établit lui-même dans cette fonction. Il serait pourtant souhaitable qu’il y en ait dans chaque assemblée.
Un conducteur a été formé par Dieu ; il a appris à reporter toutes choses à Dieu, car il a appris à se méfier de lui-même. Le bien est bien, s’il l’est véritablement pour Dieu ; le mal, quelles que soient les apparences, est mal, s’il n’est pas bien pour Dieu. Un frère de valeur, qui a été un vrai conducteur, bien qu’il refusât ce titre, disait : « Je ne peux pas me fier à mon coeur deux instants de suite ». Qui a marché avec Dieu a fait aussi cette expérience. C’est le moi aux mille visages qui nous embarrasse dans notre vie. Aussi, notre affaire, c’est de nous tenir devant le Seigneur, personnellement, chaque jour. Notre christianisme est-il animé du saint souci de rechercher en tout temps la pensée de notre Père pour la faire ? Un conducteur marche avec Dieu, débarrassé de lui-même, débarrassé des erreurs de jugement du monde. Il juge les choses par l’Esprit Saint, comme Dieu les juge ; Christ est sa vie. Par son exemple, ses paroles, son dévouement, son absence d’égoïsme, il montre qu’il suit son Maître. Il ne se place pas entre les âmes et le Maître, mais les aide à découvrir le Maître. Il ne nourrit pas sa vanité ; même dans son service, il n’a pas une bonne opinion de lui-même ; il sait que l’Esprit seul peut produire du bien par son moyen.
Les conducteurs ont une autorité morale. Pour mériter cette qualification, un frère doit marcher très soigneusement. Des soeurs aussi peuvent avoir cette autorité-là, mais sans en avoir la position extérieure ; car rester dans l’ombre, accepter une position de retrait pour plaire à leur Maître, c’est leur gloire.
Souvenons-nous de nos conducteurs du siècle dernier ; leur exemple est celui de véritables conducteurs selon Dieu. La jeunesse qui aime le Seigneur doit chercher à se nourrir à ces sources-là. « Obéissez à vos conducteurs ». Si de tels frères font une remarque justifiée, il faut en remercier le Seigneur. Un chrétien qui aime le Seigneur ne refusera jamais de reconnaître Dieu dans un frère ou dans une soeur. C’est Dieu qui se manifeste en lui. C’est son bonheur de reconnaître ce que Dieu fait, là où il veut, comme il le veut et quand il le veut. Cela élargit le coeur.
Le secret pour une vie intérieure, une vie de famille ou une vie d’assemblée bénéfique, c’est l’action du Saint Esprit. C’est lui qui nous conduit dans l’intelligence de la Parole de Dieu. Par lui nous avons communion avec le Père et son Fils Jésus Christ. « Remplis de l’Esprit » (Éph. 5:18), là est la source de la joie et de la force. Un chrétien rempli du Saint Esprit ne voit pas ce qui est dans le monde ; son coeur est ailleurs.
Il y a un grand sommeil dans les assemblées, dans les coeurs et dans les consciences. Quand une difficulté réelle surgit et qu’un frère spirituel pense qu’il ne peut pas la passer sous silence, il est grave de vouloir la couvrir ; la chair peut se manifester en couvrant le mal. Pourquoi se réclamer de la présence du Seigneur au milieu de nous, si nous ne savons pas compter sur lui quand les difficultés surgissent ? Nous le déshonorons. S’il y a des éléments pieux, le Seigneur peut empêcher les désordres. Mais si nous préférons les sourires de nos frères et de nos soeurs aux intérêts du Seigneur, nous portons gravement atteinte au rassemblement qui représente l’Église. Si nous étions plus pieux, le Seigneur guérirait sans se servir nécessairement de frères ; il ne se sert en tout cas jamais de la chair. Il est saint, sa table est sainte, l’Église est sans tache à ses yeux. Il ne l’introduira pas dans le ciel telle qu’elle est, mais il y jugera auparavant tout ce qui n’est pas conforme à sa gloire. Le plus important, dans la vie d’assemblée, c’est la piété et la prière fervente de tous les frères, de toutes les soeurs, chacun restant à sa place pour l’enseignement et pour l’exhortation.
Un don, c’est une qualification pour accomplir une tâche pour le bien de l’assemblée, à la gloire du Seigneur. On doit reconnaître un don chez un frère qu’on s’efforcera d’aider, et même d’avertir s’il le faut. Il a besoin de s’attendre au Seigneur pour savoir quand et comment agir. Le don se prouve par ses fruits. Frères et soeurs sont responsables devant le Seigneur d’avoir un état intérieur et une attitude qui contribuent au bien-être du rassemblement. Une soeur doit avoir à coeur les intérêts de son Maître, tout comme un frère.
Nous ne sommes pas sur la terre pour accomplir des exploits artistiques, littéraires ou scientifiques, et pour y acquérir une gloire éphémère. Le Seigneur avant tout, sa gloire et la gloire du Père, voilà notre bonheur et notre force !