Louis Chaudier
Table des matières :
1 - Communiquer des choses spirituelles par des moyens spirituels — 1 Cor. 2:13
2 - L’activité de l’Esprit — 1 Corinthiens 2:10-16 ; 12:1-13, 26, 27, 31 ; 14:3, 15, 32, 40
5 - La présence du Saint Esprit dans le croyant — 1 Corinthiens 6:19-20 ; 2:10-16 ; Jean 16:13-15
6 - La cellule familiale — 1 Corinthiens 11:1-19 ; Éphésiens 5:22 à 6:4
8 - Le travail de l’Esprit dans l’Assemblée — 1 Corinthiens 12
9 - Les dons de grâce, les dons spirituels — 1 Corinthiens 12:28-31 ; Éphésiens 4:11
Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.
Certains textes ont été repris de l’ouvrage « Méditations sur la vie chrétienne » édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.
[LC n° 172]
7 novembre 1971
Il ne faut pas chercher à convaincre les âmes. Les conversions sont opérées quand l’Esprit travaille dans le coeur. Les Corinthiens étaient férus de culture et pétris de corruption ; mais les vérités divines sont au-dessus des contingences humaines. Le serviteur rempli de l’Esprit est le mieux placé pour servir. Même pour écrire une lettre, il faut être conduit par l’Esprit. Il nous conduit pour accomplir un service, mais pas au-delà. Cette vérité met de côté toutes les organisations humaines, dans la vie de l’assemblée.
Dans l’assemblée, l’Esprit se charge de faire exprimer la pensée du Seigneur. Les autres apprécient et jugent (1 Cor. 14:29), mais pas dans un mauvais sentiment. « Les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes » (1 Cor. 14:32). L’action de l’Esprit produit chez le serviteur un contrôle de lui-même, s’il y a la crainte de Dieu. Le serviteur reste responsable de ce qu’il dit et de ce qu’il fait. Il doit veiller à la chair qui est en lui. Quand le Saint Esprit agit, les assistants le sentent ; ce fait s’impose, même aux inconvertis. Dieu est là ; Dieu fait sentir sa présence. Si les effets de l’Esprit ne sont pas toujours visibles, ils réalisent pourtant la communion dans le service. Si la Parole est annoncée par l’Esprit avec puissance, les incrédules sont obligés de le reconnaître. L’Église professante a inventé toute une organisation, parce qu’elle ne croit pas à la présence de l’Esprit.
L’acte doit suivre le travail intérieur de l’Esprit. Dans l’histoire de l’Église, il est arrivé que des hommes très simples tiennent tête à des théologiens et les confondent. Un vase doit être préparé par l’Esprit, non par la sagesse des hommes, car « la sagesse de ce monde est folie devant Dieu » (1 Cor. 3:19). Notre génération fait plus d’études qu’il y a un siècle. Les capacités spirituelles sont-elles supérieures ? Sommes-nous plus fidèles ? Certes non. Le Seigneur s’est servi de vases très instruits, au siècle dernier. Paul ne s’est jamais glorifié de sa science.
Depuis que Dieu est venu vers l’homme, le chemin de la vérité passe par trois phases successives :
1. Dieu a révélé à l’apôtre, par son Esprit, sa pensée, qui ne peut être connue d’aucune autre manière ; c’est un don de Dieu (1 Cor. 2:10). La Parole tout entière est une révélation de Dieu par l’Esprit.
2. Dieu la communique par son Esprit (1 Cor. 2:12-13).
3. Il en avise les âmes rendues propres à la recevoir par l’Esprit (1 Cor. 2:14).
Dieu révèle, l’apôtre communique, le Saint Esprit fait recevoir. Toute cette opération est de Dieu. Les études humaines, les efforts de l’esprit humain, sont impropres, pour accéder à cette connaissance-là. Combien de millions d’âmes ignorent cela !
Les « moyens spirituels » (1 Cor. 2:13) sont ceux de l’Esprit. La foi lie l’âme à Dieu, et la vérité de Dieu à l’âme. C’est l’opération de l’Esprit, d’où l’importance de lier l’étude de la Parole à la prière. La dépendance de Dieu est fondamentale ; nous ne pouvons pas avancer, sans lui. Le Saint Esprit nous révèle alors une vérité nouvelle de la Parole, qu’on n’avait pas comprise, mais ne nous donne pas une nouvelle révélation. Entre autres vérités, celles relatives à l’Église sont d’une grande importance, car elles sont le fondement même du témoignage. Il est désirable que nous soyons entretenus de ces choses par l’Esprit. Il nous faut être convaincus de la vérité divine par l’Esprit. Aucun effort intellectuel ne peut nous faire connaître cela. C’est pourquoi, faire des études de théologie est contraire à l’Écriture. Dieu peut se servir des capacités intellectuelles ; mais nous avons à nous attendre à Dieu seul, pour discerner notre chemin, pas à pas.
Il faut abandonner bien des privilèges, pour servir le Seigneur. Nos conducteurs du siècle dernier ont tout abandonné. Ils ont été des vases de capacité supérieure. Quand le maître les a appelés, ils n’ont pas utilisé leurs avantages. Il faut être appelé, comme Moïse, qui a abandonné tous les avantages qui auraient pu lui être utiles pour conduire le peuple ; et il est parti dans le désert, où Dieu l’a rejoint. N’exerçons aucune pression sur un jeune, pour accomplir un service ! Rien ni personne ne doit s’interposer entre l’âme et le Seigneur ; il est le maître. Il appelle ses serviteurs lui-même, et les place où il veut. Mais nous sommes responsables d’user de nos facultés pour lui, même si l’attrait du monde, des sciences ou des arts, par exemple, ne favorise pas nos choix. Nos conducteurs du siècle dernier ont choisi ; ils ont été mis à part pour un travail à part. Quelle crainte de Dieu, quelle piété, quelle fidélité, mais aussi quelle puissance spirituelle ; leur comportement moral reste pour nous un exemple admirable !
[LC n° 82]
Marseille — 2 janvier 1966
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 326
Depuis que le Seigneur a quitté cette terre, le fait le plus important qui s’y soit produit, c’est la descente du Saint Esprit. Le Seigneur l’avait annoncé : « il sera en vous » (Jean 14:17). C’est un grand péché de la chrétienté, et un danger que nous courons de nos jours, d’oublier cette présence. Le témoignage du siècle dernier a mis en évidence cette vérité selon les enseignements et l’exemple de Paul qui, lui, a répondu à l’attente du Seigneur. Nous sommes en danger de nous laisser aller à un christianisme confortable qui ne nous ôte rien, ou pas grand-chose, et qui permet, en apparence, de concilier des choses inconciliables. C’est le propre des déclins de laisser croire que la fidélité peut être maintenue facilement.
Le Seigneur nous a donné le Saint Esprit. Le corps d’un chrétien en est le temple, et Dieu habite dans l’assemblée par son Esprit. Quand une personne est scellée du Saint Esprit, après que l’Esprit lui a communiqué la vie, elle fait partie du corps de Christ, elle en est un membre. Les chrétiens sont un seul corps, baptisés d’un seul Esprit. Le mot « union » n’est pas scripturaire ; il ne figure pas dans l’Écriture, parce que ce mot indique un rapprochement purement extérieur. Il y a deux unités de l’Esprit : l’une, c’est l’unité du corps ; elle n’est pas créée par la vie, ni par la foi, mais par l’Esprit ; l’unité du corps est créée et maintenue par le Saint Esprit. L’autre, c’est l’unité de famille, réalisée aussi par l’Esprit ; nous sommes enfants de Dieu. Jean parle de l’unité de famille et Paul de l’unité du corps. Les sentiments liés à ces deux sortes de relation sont distincts. La relation d’enfant de Dieu entraîne des sentiments différents de celle du membre du corps de Christ. Faire partie de la famille de Dieu entraîne des sentiments différents de ceux produits par le fait de faire partie de l’Épouse de Christ.
Par le Saint Esprit, nous réalisons la présence du Seigneur en nous et dans l’assemblée. Si le Saint Esprit est contristé par la légèreté ou l’égarement d’un frère ou d’une soeur, le Seigneur ne se retire pas, mais il affaiblit le sentiment de sa présence. Le Saint Esprit ne nous approuve pas quand nous manquons, jamais ; les inconséquences dans notre marche ont toujours des effets. Le Seigneur peut même ôter une lampe dans le monde, en se retirant d’un rassemblement local. « Tu as abandonné ton premier amour » (Apoc. 2:4). Ne méprisons pas la présence du Saint Esprit ; il peut seul, en nous et au milieu de nous, nous faire vivre tous les caractères de la vie chrétienne. Nous sommes des êtres continuellement dépendants, même dans la vie collective de l’assemblée. Nous devons arriver aux réunions sans savoir comment elles se dérouleront. Dans la vie collective des saints, il y a toujours danger qu’un ordre humain s’établisse au détriment de la pensée de Dieu. Nous venons aux réunions pour rencontrer Dieu ; si nous ne le rencontrons pas, nous avons perdu notre temps et, de déclin en déclin, en apparence sans importance, le formalisme s’établit. Que les réunions soient un sujet d’exercice pour tous, frères et soeurs. Chacun est responsable à sa place. Les soeurs n’ont pas le droit de parler dans l’assemblée, mais elles ont le devoir de parler au Seigneur de son assemblée. On peut être en contact avec les choses de Dieu sans Dieu. On ne devrait pas prononcer le nom même du Seigneur à la légère. « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Tim. 2:19), qu’il se retire de tout ce que Dieu ne reconnaît pas ; et il ne reconnaît pas plus notre « moi » que celui du pire des criminels.
Il faut lire l’Écriture par le Saint Esprit. On court au désastre quand on néglige la vérité. Beaucoup d’âmes auront été bercées tranquillement au son de la Parole de Dieu sans être atteintes. Remonter le courant n’est pas chose facile. Cela suppose, en tout temps, la mise de côté de soi-même, la mort à soi-même ; seul le Saint Esprit peut le faire. Il faut toute la puissance de Dieu pour rendre un homme véritablement humble. Mais voilà le christianisme : au lieu que ce soit l’homme qui se manifeste, c’est Dieu qui se manifeste en lui. L’homme, en apparence, n’est pas changé, mais, intérieurement, il est tout autre. Il faut la puissance du Saint Esprit dans notre vie à chacun, tous les jours. Le vieil homme de Paul n’était pas meilleur que le nôtre, mais Paul le surveillait de très près et ne le laissait pas se manifester. Si un malfaiteur est dans ma maison, je l’enferme dans une pièce. Tel est le secret de la vie chrétienne. C’est un exercice toute la vie. Craignons d’avoir un christianisme de forme et d’habitude, un christianisme de façade. Faisons attention d’abord à nous-mêmes.
Les choses de Dieu ont été révélées par l’Esprit (1 Cor. 2:10), communiquées par l’apôtre par l’Esprit (2:13), reçues par le fidèle par l’Esprit (2:14). C’est un passage fondamental pour les défenseurs de la vérité contre les incrédules, contre les rationalistes qui surgissent en tout temps, de la part de l’Ennemi, pour effacer la vérité. Les choses de Dieu sont révélées par l’Esprit ; elles ne sont pas montées au coeur de l’homme. Ce sont des choses d’un autre ordre. La vérité divine, la Parole de Dieu, est descendue de haut en bas ; elle a été révélée, elle est inconnaissable autrement. On peut étudier la création et percer ses mystères, mais les choses de Dieu sont absolument inconnaissables, dans l’ensemble et dans le détail, autrement que par le Saint Esprit.
Dieu nous a donné le Saint Esprit pour que nous soyons des chrétiens fidèles. La grande affaire est de savoir comment nous traitons cet hôte. Jamais il n’encouragera notre « moi », même pour faire des choses chrétiennes. Un chrétien âgé ne peut pas compter sur son expérience. Il a pu faire des expériences, mais il ne s’en nourrit pas. Ce n’est pas la joie que j’ai eue hier qui peut m’aider aujourd’hui. La dépendance quotidienne et continue du Seigneur, par la grâce du Saint Esprit, est le secret d’une vie heureuse et fidèle. L’apôtre ne s’est pas relâché à la fin de sa vie, parce qu’il avait un ennemi intérieur qui ne l’aurait pas ménagé. Notre « moi » ne nous ménage pas, quand nous nous relâchons. Le sommeil, nos petites habitudes chrétiennes, toujours les mêmes, c’est une parodie du christianisme. Un chrétien, c’est Christ dans un homme. « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20). C’est un sommet difficilement accessible, sans doute, mais n’attendons pas que Dieu change sa mesure. Il ne va pas adapter sa vérité à nos désirs, ni à nos infidélités. Il nous faut tout le christianisme de Dieu, sinon nous sommes perdus.
Les chrétiens de Corinthe sortaient du paganisme, où il y avait des démonstrations étonnantes de la puissance satanique. Nous oublions la puissance de Satan ; sur la terre, le Seigneur ne pouvait pas faire un pas sans que les démons ne se manifestent. Le christianisme a affaibli la puissance des manifestations sataniques, mais les démons sont toujours là ; les hérésies, par exemple, sont le plus souvent les fruits d’une action directe de Satan. Le Saint Esprit dit à l’assemblée de Pergame : « Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan » (Apoc. 2:13). Nous ne sommes pas chez les païens, ici. Les manifestations spirituelles de 1 Corinthiens 12 comprennent aussi les manifestations démoniaques, mais, en face de la pluralité des démons, il y a un seul Esprit. « Nul ne peut dire Seigneur Jésus, si ce n’est par l’Esprit Saint » (1 Cor. 12:3). Le Saint Esprit produisait des effets différents de ceux que produisaient les esprits des démons.
Il distribue à l’un la parole de connaissance, à un autre la parole de sagesse, à un autre la foi. La sagesse humaine n’a rien à faire dans le christianisme. Les qualités humaines ne sont pas suffisantes pour faire le travail de Dieu. Les vases diffèrent. Le vase et le don qui est dans le vase sont deux choses différentes. Le don que le Seigneur met dans le vase est en rapport avec la capacité (Matt. 25:15). Un frère a du jugement, un autre de l’intelligence, un autre de l’énergie. Le Seigneur peut se servir des qualités humaines, mais elles ne suffisent pas. Paul était un homme très cultivé, un vase exceptionnel pour une oeuvre exceptionnelle. Pierre était un homme illettré, énergique. C’était un autre vase dont le Seigneur s’est servi pour un autre service. Il a formé le vase, il a brisé le vase. L’homme ne se sert plus de ses capacités pour lui-même, mais comme un esclave s’en sert pour être utile à son maître. Le troupeau du Seigneur a besoin du service et des activités de chacun à sa place. Chacun doit savoir le don qu’il a reçu et ne pas envier le don de son frère ou le service que le Seigneur ne lui a pas donné. Des chrétiens sont toujours à la recherche d’activités extérieures, c’est une sorte de maladie. Quand un chrétien marche avec le Seigneur, il n’a pas à se demander ce qu’il fera le lendemain, le Seigneur l’aidera.
Le chrétien n’a pas de ressource dans le monde, mais le Seigneur fait couler l’eau dans les sables du désert. Il nous rafraîchit dans les difficultés de la vie, dans les difficultés du désert. Il n’y a pas de lieu plus propice pour apprécier une eau pure que le désert où on meurt de soif. De tous temps, des chrétiens ont voulu ajouter des ressources humaines à la vérité. Une organisation humaine manifeste que ni l’Esprit, ni la Parole ne suffisent : il faut organiser, créer une institution, prévoir… Au siècle dernier, on s’est moqué des frères, on les a méprisés pour essayer de les décourager. Le Seigneur les avait appelés au prix de profonds exercices. Ils ont payé très cher cette foi de pareil prix, ces vérités pour lesquelles ils auraient, sans doute, sacrifié leur vie.
« Je prierai avec l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence ; je chanterai avec l’esprit, mais je chanterai aussi avec l’intelligence » (1 Cor. 14:15). Ce verset est cité sur le recueil de cantiques. D’une part, le Saint Esprit agira en puissance : il était présent à la création ; il a fait parler une ânesse pour reprendre le faux prophète ; il a ébranlé la maison dans laquelle étaient les disciples. D’autre part, dans le christianisme, le Saint Esprit rend les saints participants de ce dont il les occupe. La vérité est pour eux. Dans l’Ancien Testament, un prophète n’était qu’un canal, il était étranger à tout ce qu’il disait. Dans le Nouveau Testament, il recevait cela pour lui-même, et il le communique à d’autres. Celui qui présente la vérité en jouit lui-même. Je ne me contente pas de prier par la puissance de l’Esprit, mais je réalise pour moi-même ce que je dis. Je chante des cantiques et j’en jouis moi-même. Il y a une différence entre la puissance intrinsèque du Saint Esprit et la réalisation personnelle des choses qu’il communique.
L’épître aux Corinthiens nous montre une assemblée portes et fenêtres ouvertes. Que le Seigneur nous rende attentifs aux enseignements qu’elle nous donne ! Qu’il nous soit en aide à tous ! Que chacun reconnaisse le don qui est dans son frère, fidèle lui-même à la place qui lui est assignée ! C’est ainsi que le Seigneur est honoré.
[LC n° 102]
Dimanche après-midi 28 janvier 1951
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 333
Dieu n’envisage pas qu’un croyant reste seul. Jésus est venu « pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11:52). L’expression « enfants de Dieu » ne s’applique pas aux croyants de l’Ancien Testament, et les vrais croyants en Israël n’étaient pas rassemblés comme tels. Il y avait une masse d’incrédules et, disséminés dans cette masse, des croyants, comme David, Jonathan ou la plupart des prophètes ; il n’y avait pas un rassemblement séparé de croyants se détachant de la masse incrédule. L’un des objets pour lesquels Jésus est mort est de détacher l’ensemble des croyants de la masse incrédule. Au commencement, les croyants étaient détachés, de sorte qu’une lettre portant l’adresse « Aux chrétiens qui sont à Corinthe » serait arrivée à destination. Une assemblée était un corps d’hommes et de femmes à part, connu pour être un corps chrétien aux yeux du monde. Un homme saisi par la grâce de Dieu était arraché à son milieu, juif ou païen ; on n’avait pas besoin de lui dire d’en sortir. La puissance de l’Esprit de Dieu, toujours la même, jadis comme aujourd’hui, surmonte tous les obstacles (et il y en a, dans un coeur d’homme !), rompt les chaînes, et dirige vers Dieu l’homme qu’il a appelé. Cette puissance de l’Esprit est caractéristique de la période chrétienne. « Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des oeuvres de loi ? » (Gal. 3:2). L’apôtre fait allusion au fait évident que les Galates avaient reçu le Saint Esprit. Tout le monde le savait ; il y avait eu là une preuve, un témoignage de puissance auquel l’apôtre se réfère pour leur dire : réalisez-vous que vous avez reçu le Saint Esprit ? À ce moment-là, l’action du Saint Esprit était une preuve extérieure du travail de Dieu pour arracher un homme au paganisme ou au judaïsme et l’amener dans la présence de Dieu.
Cette puissance du Saint Esprit est moins visible aujourd’hui, au point même qu’on a nié la présence du Saint Esprit dans le monde, et pas seulement sa puissance. Or le Saint Esprit est venu sur la terre à la Pentecôte. Comme Dieu, il est partout ; mais la période inaugurée à la Pentecôte est une parenthèse unique dans l’histoire des conseils de Dieu : le Saint Esprit habite sur la terre depuis bientôt deux mille ans, et il n’a pas encore quitté la terre. Mais la chrétienté, qui aurait dû être le vase de la puissance du Saint Esprit au milieu du monde, est devenue aujourd’hui le vase d’une puissance adverse. Au lieu d’agir avec des démonstrations de puissance, en particulier par les dons miraculeux qui existaient au commencement, le Saint Esprit agit de façon limitée ; mais quand il travaille, il est aussi efficace qu’autrefois. Nous devrions tous demander que son travail dans les âmes pour leur révéler Christ soit aussi lisible et évident qu’avant, même s’il n’est pas accompagné de signes semblables de puissance. Le Saint Esprit restera jusqu’à l’instant précis où le dernier élu sera sauvé. Son travail terminé, il s’en ira, et la parenthèse de la grâce sera fermée, le temps où la grâce illimitée et souveraine de Dieu est manifestée dans le monde.
Non seulement Dieu produit le salut individuel du pécheur, mais il produit en même temps la formation du corps de Christ, de l’Assemblée. Quand un enfant est converti, notre joie est double : une âme est passée de la mort à la vie, et une pierre vivante a été ajoutée à la maison de Dieu, un membre au corps de Christ. Souvent, nous pensons simplement au bonheur d’une âme et nous oublions que, suivant un dessein divin d’avant les temps des siècles, cet enfant converti est ajouté à l’Assemblée, à la gloire de Christ ; par l’Esprit, un témoin de la puissance de Christ et de l’accomplissement du dessein de Dieu s’ajoute à d’autres.
En Éphésiens 1 et 5 et en 1 Corinthiens 12, l’Assemblée de Dieu est présentée comme le corps mystique de Christ ; c’est une réalité insondable, que nous ne pouvons pas analyser, que nous recevons par la foi. Ce corps est formé par le Seigneur ; « nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » (1 Cor. 12:13). L’unité du corps ne provient pas de l’unité de vie ; nous ne sommes pas baptisés en un seul corps simplement parce que nous avons la vie divine. Abraham, par exemple, a eu la vie, il sera dans la gloire, mais il ne fait pas partie de l’Assemblée des élus qui sont baptisés par l’Esprit pour être un seul corps, il ne fait pas partie du corps de Christ. On pourrait se dire : oh, ces pensées sont peut-être bonnes pour les frères anciens qui ont du temps pour les examiner de près ; elles ne sont pas bonnes pour les jeunes ! Où trouvons-nous que l’épître aux Éphésiens soit réservée aux personnes âgées ? Comment pourrons-nous honorer le Seigneur, et l’aimer comme il nous aime, si nous ignorons ses desseins à notre égard ? Si le Saint Esprit ne nous donne pas le sentiment de l’union du corps avec la tête et de l’épouse avec l’époux, comment y aurait-il dans l’assemblée des affections pour lui ? Il y a des affections individuelles, chaque racheté peut dire : Jésus est mon Sauveur, le « Fils de Dieu… m’a aimé et… s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20), mais quand nous rompons le pain, le Seigneur attend davantage ; il attend l’expression des sentiments de l’épouse pour l’époux ; et lorsque l’Assemblée se lie au monde, elle ne se rend pas seulement coupable du péché d’un individu infidèle au Seigneur, mais de l’infidélité de l’épouse vis-à-vis de l’époux. La chrétienté professante est jugée de la façon la plus grave parce qu’elle s’est liée au monde ; elle a été infidèle tout en professant être l’épouse de Christ.
Nous avons besoin de revenir à ces vérités. À une assemblée locale, l’apôtre dit : « Vous êtes le corps de Christ » (1 Cor. 12:27) ; l’assemblée de Corinthe était, à Corinthe, l’expression du corps de Christ ; tous les membres du corps de Christ n’étaient pas à Corinthe, il n’était pas possible qu’ils soient tous en un même lieu. Le rassemblement en un des enfants de Dieu dispersés, pour lequel Christ est mort, ne peut matériellement pas se réaliser en un seul et même endroit. Mais partout où une assemblée de Dieu porte ce nom selon la Parole, elle est l’expression du corps de Christ tout entier à cet endroit. Ceci donne une extrême importance à la réalisation d’une assemblée locale selon le coeur du Seigneur ; il n’y a rien que le Seigneur aime autant et que le diable déteste autant. Le diable ne s’attaquera pas tellement à un grand corps de chrétiens plus ou moins mondains, qui associent leurs pensées à celles de la Parole ; mais toutes les fois que le peuple de Dieu se place sur le terrain de Dieu, l’Ennemi s’acharne contre lui. Rien n’est glorieux dans ce monde comme une assemblée de Dieu, formée peut-être même seulement de trois fidèles ; ils gênent l’Ennemi plus que le monde chrétien entier, qui compte pourtant de nombreux vrais chrétiens, mais qui sont emportés dans le courant de ce monde.
Dans une assemblée locale, il y a un sentiment collectif et une pensée collective. On peut être infidèle au Seigneur en donnant la main au mal, en l’approuvant, en le tolérant ou, premier signe du déclin, en abandonnant le premier amour : « J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour… J’ôterai ta lampe de son lieu » (Apoc. 2:4, 5). Cette menace a été exécutée ; les affections n’étaient plus les mêmes, non pas celles des individus, mais celles de l’Église, comme cela arrive aussi dans la vie d’un chrétien, quand, au bout d’un certain temps, mille choses se sont placées entre Christ et son coeur. Quand une assemblée commence, souvent le départ est beau ; mais il faudra, une fois ou l’autre, qu’elle passe par l’épreuve et que le criblage se fasse. Après tout ce que Jésus a fait pour nous, pensons à tout ce que nous pouvons faire contre lui. Il pourrait nous dire à tout moment, à une assemblée comme à chacun de nous : voilà ce qui n’est pas par moi, ni de moi, ni pour moi. Qu’est-ce qui répond à l’amour ? — l’amour. Qu’est-ce qui satisfait le coeur de Christ ? — l’amour de l’Église. Nous pourrions donner notre vie pour être brûlés ; si ce n’est pas pour Christ, cela ne sert à rien. Les chrétiens les plus fidèles sont ceux dont le coeur n’est pas double, ceux dont le coeur ne vagabonde pas tout en se réclamant du Seigneur.
« Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle » (Éph. 5:25). Il la sanctifie en lui parlant ; il ne parle pas qu’aux individus, il parle à l’Église. Seule la vérité sanctifie l’Église. Le mensonge souille, la vérité sanctifie. « Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité » (Jean 17:17). La sanctification a un double caractère ; il y a une sanctification initiale et définitive, qui sauve et qui met à part pour Dieu ; et il y a une sanctification pratique et progressive par la vérité, qui est Christ, la Parole, le Saint Esprit. Un chrétien peut dire au Seigneur (et c’est mieux de ne le dire qu’au Seigneur) : il y a cinq ans, ou dix ans, je tolérais cela dans ma vie, et je m’en humilie devant toi. Voilà le progrès : on a l’oeil ouvert sur les dangers sur lesquels on avait autrefois l’oeil fermé. Mais même les progrès dans la sanctification, il faut les oublier ; on ne se nourrit pas de ses progrès et, quand on se nourrit de Christ, on voit qu’il en reste beaucoup à faire avant d’être connu pour porter la croix de Christ comme notre bannière. Nous avons encore beaucoup de choses à lâcher ; que Dieu nous y aide ! Ne soyons pas mondains ! Un chrétien est comme un arbre : il se nourrit par une infinité de petits filaments, non par son tronc, ni par ses grosses racines. Le monde entre chez un chrétien par d’innombrables petits fils qui lui apportent une mauvaise nourriture. Comment s’opère la sanctification ? Le Seigneur coupe un fil, puis un autre, les relations avec le monde sont peu à peu coupées ; les détails sont aussi importants dans la vie d’un chrétien que dans la vie d’une assemblée.
L’Assemblée est présentée aussi comme une maison (Éph. 2:19-22), une habitation : Dieu habite par son Esprit dans l’Assemblée, qui est formée de pierres vivantes. Il avait un temple autrefois, mais Dieu a ordonné qu’on le jette par terre. Dans ce temple, il y avait trois parties : le parvis, le lieu saint, le lieu très saint ; le voile était le symbole d’un accès impossible, le signe de l’interdiction absolue d’entrer dans la présence de Dieu. Le souverain sacrificateur, une fois l’an et avec d’infinies précautions, passait à travers le voile et entrait dans le lieu très saint. Dieu avait dit : j’habiterai dans l’obscurité profonde (1 Rois 8:12). On n’entrait pas auprès de Dieu ; on n’a pu y entrer que quand Dieu en est sorti. Maintenant le voile a été déchiré depuis le haut jusqu’en bas. Jésus est mort sur la croix, il a fait propitiation ; dès lors, Dieu est favorable à l’homme, ayant été satisfait par le sacrifice de Christ, qui a démontré qu’il est juste et saint et amour. L’entrée dans sa présence est libre pour tout pécheur qui vient à lui par Jésus. Dieu habite dans l’Assemblée. Elle est une habitation de Dieu par l’Esprit.
Dieu habite dans une assemblée locale, expression de l’Assemblée universelle. Cette vérité n’est pas une doctrine toute théorique ; notre façon d’être dans l’assemblée n’est pas liée à nos rapports les uns avec les autres, mais découle directement de la présence de Dieu. Beaucoup de nos douleurs viennent, au fond, du fait que nous avons oublié cette habitation de Dieu par l’Esprit dans l’Assemblée. Nous nous sommes vus les uns et les autres, nous n’avons vu que les hommes, nous n’avons vu que les frères. Dieu habite dans cet édifice et le vrai croyant fait partie de l’Assemblée qui est de Dieu, qui est mise à part pour Dieu et pour Christ ; et Dieu habite dans une assemblée locale. La Parole nous enseigne « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant » (1 Tim. 3:15) : nous sommes chez le Seigneur, nous sommes devant Dieu. Si nos coeurs à tous n’oubliaient pas de telles réalités, que de questions ne seraient même pas soulevées et seraient facilement réglées ! Que Dieu nous donne d’avoir à coeur sa gloire ! Il sera contre nous, s’il le faut, pour la gloire de son saint Fils et pour notre bien.
La maison est devenue une grande maison ; la chrétienté est devenue une très grande maison. Mais Dieu, dans sa miséricorde, a placé dans sa Parole deux ou trois versets qui, s’il n’y étaient pas, nous laisseraient désemparés ; il y a Matthieu 18:20 et 2 Timothée 2:19-21, qui nous laissent les directives de Dieu pour les temps de ruine ; ils sont une lumière dans notre sentier et une joie pour notre coeur. Que son nom soit béni et glorifié dans l’Assemblée !
[LC n° 159]
28 mars 1971
Il faut, individuellement, chacun pour notre compte, revenir aux vérités fondamentales. Nous constatons, chacun pour nous-mêmes, que nous risquons de les mettre au niveau des questions de détails.
Le Seigneur ne présente pas ces vérités selon nos privilèges. Peut-être avons-nous une tendance un peu trop soutenue à nous en tenir à cela.
Le Seigneur, ici, se montre comme un juge. Et le jugement commence par sa propre maison (1 Pier. 4:17). Il est celui qui inspecte, qui visite. Le Seigneur, étant dans le temple, promenait ses regards (Marc 11:11). Ainsi, le Seigneur promène ses regards dans les assemblées. Rien ne lui échappe ; et il n’oublie rien.
Il n’y a pas que les privilèges. On verra que celle qui a été le plus comblée de privilèges, sera l’endroit où se manifestera la plus grande méchanceté.
Le Seigneur nous parle pour nous avertir. Vous avertissez bien vos enfants. Si un père flattait toujours son enfant, son enfant serait en danger de tourner très mal.
Parfois, on aime qu’on nous flatte. Les frères et les soeurs sont très sensibles à cela. Autrement dit, on fait passer les frères et les soeurs avant le Seigneur. Et, avec cela, on lui demande de lui être fidèle, à longueur de journée ! C’est très facile, de lui être fidèle en paroles.
Demeurer dans la vérité et dans la lumière, c’est le moyen de réaliser la sainteté. Et une marche dans la sainteté, c’est éliminer de sa vie tout ce que la vieille nature peut nourrir.
Il est le Saint et le Véritable.
Ce qui est à désirer, c’est qu’il y ait un caractère de Philadelphie. Car il peut germer parmi nous, le caractère de Laodicée. La sainteté et la vérité, oh, c’est très délicat ; on n’aime pas cela. « Le fruit de la lumière consiste en toute bonté, et justice, et vérité » (Éph. 5:9). « Que Dieu soit vrai et tout homme menteur » (Rom. 3:4).
Est-ce que nous avons à coeur de réaliser la vérité en nous ? Parfois, un mensonge est consommé par un silence. Le Seigneur se moque de nos promesses. Ce qui lui plaît, c’est l’état de nos coeurs. Si l’état de nos coeurs est bon, cela lui plaît. On n’est pas heureux, quand on n’est pas au clair avec lui. Il est « le Saint et le Véritable ». « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (2 Tim. 2:19).
« Tu as gardé ma Parole, et tu n’as pas renié mon nom » (Apoc. 3:8). Qu’est-ce que cela veut dire ? Comme le disait un frère, l’activité de Philadelphie était trop au-dessous de la surface pour être vue du monde. Chez un homme de Sardes, vous ne trouverez pas ce caractère de Philadelphie, où Christ est tout.
Ce qui a caractérisé Philadelphie, c’est Christ sur la croix, Christ dans le ciel, Christ revenant. Philadelphie avait tout son coeur avec Christ dans le ciel.
N’avons-nous pas tendance à considérer deux chrétiens, et à les apprécier, selon leur position sociale ? Et comme il est bon de le redire, n’est-ce pas ? Le Seigneur nous fera des reproches, un jour. Redisons-le : Les valeurs, dans l’assemblée, sont les valeurs spirituelles ; et il n’y en a pas d’autres. Un frère illettré, dans l’assemblée, mais pieux, viendrait nous apporter quelque chose de la part du Seigneur, ce frère pourra avoir plus de valeur, à Ses yeux, que le frère le plus cultivé. Je prends cet exemple extrême pour nous dépouiller de nos erreurs.
Quel témoignage ce serait, si on pouvait dire : « Vous savez, cet homme, cette femme, vous pouvez le prendre à quelque heure que ce soit, jamais vous ne le prendrez en défaut » ; ne cherchant pas à se faire remarquer, marchant dans l’ombre.
Nous avons à veiller sur nos coeurs, chaque jour, contre l’influence du monde.
Celui qui a Christ sans argent est riche. Celui qui a de l’argent sans Christ est pauvre. S’il y en a un de qui on ne peut pas se passer, c’est bien le Seigneur. Que le Seigneur nous aide, dans les assemblées, à nous exciter à l’amour et aux bonnes oeuvres ; oui, à l’amour divin !
Ne pas renier son nom, c’est son autorité. Nous arrivons ainsi à l’autorité du Seigneur dans l’assemblée.
Quand des assemblées locales ont été formées, dans bien des endroits, dans divers pays, les frères et les soeurs ont été les objets de toutes sortes de moqueries, qui visaient ce rassemblement qui, par la nature des choses, était en contradiction avec tout le reste. On disait : « Comment voulez-vous que cela tienne ? ». Est-ce que le mépris ne vous a pas fait reculer, plus d’une fois, d’être fidèle au Seigneur ? Nous aimons tellement les flatteries, qu’on tienne compte de nous.
Ne faisons jamais passer le service avant le Seigneur ! Nous avons à encourager les âmes à rechercher le Seigneur, à nous laisser passer à l’école du Seigneur. Chacun a son expérience propre qui le lie au Seigneur. Ne pas renier le nom du Seigneur : il est dans l’assemblée. Par le Saint Esprit, nous pouvons goûter sa Parole, avoir sa pensée et agir de sa part. La présence du Seigneur peut se faire sentir. Dans cette présence, on est content.
Toutes les fois que la communion avec le Seigneur baisse, la chair fait des siennes. Si ce n’est pas lui qui nous fait nous mouvoir, c’est la chair qui se manifeste. Et on peut s’attendre à tous les malheurs. Et alors, de la part d’un jeune frère, d’une jeune soeur, très aimable, on assiste à des choses effrayantes. Et on devient un ennemi de la vérité, une entrave dans l’assemblée.
Un homme spirituel, voilà ce qu’il faudrait rechercher. Il pourra être une aide, dans l’assemblée. Paul, vous ne l’auriez pas fait fléchir par une flatterie, ni par une menace.
Confiez-vous en Christ ! C’est le Seigneur qu’il faut rechercher, à tout prix.
Mais il a établi l’ordre dans l’assemblée. Les frères et les soeurs sont responsables. Personne ne peut dire : « Je me lave les mains de tout ». Il y a un ordre. Dieu est un Dieu d’ordre, dans l’assemblée (1 Cor. 14:33). Si la présence du Seigneur est réalisée, les hommes qui entreront pour la première fois dans cette salle diront : « Vraiment, la présence de Dieu est là ! ».
Chacun doit savoir ce à quoi le Seigneur l’appelle. Peut-être sommes-nous désobéissants ? C’est probable. Il y a toujours Satan, qui cherche à ravager et à entraîner les chrétiens à la ruine. C’est pourquoi les réunions ont une haute valeur. D’une réunion, on peut emporter un riche bienfait. On vient pour trouver Dieu et goûter sa présence. Comme le disait un frère, il vaudrait mieux ne rien dire et goûter sa présence.
Il faut toujours se dire qu’il y a là, dans les réunions, des frères, des soeurs, qui ont des fardeaux, et des inconvertis. Si nous agissons par la chair, le climat n’est plus le même. Voyez le mal que vous pouvez faire.
L’assemblée doit se purifier de toute iniquité.
Que Dieu nous donne de marcher humblement ! Que Dieu nous donne de réaliser cette humilité qui lui plaît ! La grâce fleurit dans la vallée de l’humilité. Et Dieu sait bien qui est humble. L’orgueil, que de maux il a produit !
Si du mal existe, s’il n’est pas connu, il en résulte une souffrance. Le Saint Esprit est attristé. Chers frères et chères soeurs, que nous priions le Seigneur pour qu’il préserve les assemblées ! Une soeur, plus elle est effacée, meilleure est sa position. On dira : « Mais il y a des situations insolubles ! ». Pour Dieu, jamais.
Un chrétien orgueilleux peut devenir un méchant. Nous avons à veiller à ce que l’assemblée ne s’accoutume pas au mal. Quelque chose est cachée ? Demandons au Seigneur que le mal soit confessé. Le Seigneur peut très bien faire qu’un frère, ayant péché, se lève à minuit pour aller confesser sa faute. Dieu brise une résistance, une volonté. C’est terrible, une volonté d’homme ! Le mal n’est pas manifesté ? Demandons au Seigneur qu’il le manifeste.
Les liens familiaux dans les assemblées, où trouvez-vous cela, dans les Écritures ? Et avec cela, on chantera des cantiques, et puis à quatre voix ! Est-ce cela, la fidélité au Seigneur ? Non, pas du tout !
J’ai lu l’histoire d’un jeune martyr se rendant au lieu du supplice. Sa mère, pour l’encourager, lui cria : « Vive Jésus et ses témoins ». Et aujourd’hui, on ferait facilement plier la vérité pour la considération de quelqu’un.
Jamais nous ne regretterons d’avoir été fidèles au Seigneur. Toujours nous regretterons d’avoir fait passer nos intérêts avant le Seigneur.
L’assemblée peut être amenée à ôter le coupable du milieu d’elle. Alors le Seigneur peut bénir. L’excommunication de quelqu’un, c’est toujours en vue de son retour.
J’ai vu, à propos de difficultés, qu’après le premier amour, on a fait passer des intérêts avant le Seigneur. Et il en est résulté de grands troubles. Il faut veiller à cela, chers amis ! Et, à l’origine de cela, il y a l’esprit de parti et de clan. La Parole, elle, nous sonde.
Quand on connaît un mal, on ne doit pas garder ce mal pour soi. C’est très grave. Un frère a été châtié jusqu’à la mort pour l’avoir caché. Un mal n’est pas contre les personnes, mais contre le Seigneur.
Si le Seigneur venait et visitait l’assemblée, est-ce qu’il approuverait tout ? Certainement pas ! C’est ce qui est dans notre coeur qui compte. Le Seigneur regarde au coeur. Avec Dieu, on est heureux.
On ne doit pas couvrir une faute. On peut faire appel à des frères. L’amour s’occupe du mal, avec Dieu, et de la part de Dieu. Tout cela est très sérieux et très heureux.
Avec nous, nous portons un coeur insondable. La sonde de Dieu est la seule qui aille jusqu’au bout. Nous avons tout à gagner à marcher avec Dieu. La vie d’une assemblée est très sérieuse. Nous sommes chez le Seigneur, dans l’assemblée. Le Seigneur n’est pas mort sur la croix pour que la chair fasse des siennes.
N’en parlons pas trop, de ce sacrifice expiatoire. Ne le profanons pas en en parlant à tort et à travers.
S’il y a un endroit où la chair ne doit pas se manifester, c’est bien dans l’assemblée.
Jug. 21:9 : Les habitants de Jabès de Galaad étaient indifférents. L’indifférence à l’égard du coupable doit être traitée comme le mal. Nous avons à veiller, dans les assemblées, à ce que la table du Seigneur soit gardée pure.
Que nous ne soyons pas indifférents à l’égard de la souillure, qui exclut le Seigneur de l’assemblée !
[LC n° 83]
Paris — dimanche 23 novembre 1975
Réunion pour les jeunes gens
1 Cor. 6:19-20 : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? Et vous n’êtes pas à vous-mêmes ; car vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps ».
Le Saint Esprit n’est pas un privilège seulement pour les apôtres ou pour les dons, mais pour tous les croyants. Le Saint Esprit est une des trois personnes de la Trinité. Chacune de ces personnes divines : le Père, le Fils et le Saint Esprit, a sa mission. Le Fils est mort sur la croix. Nous nous prosternons en adorant en face de Dieu, Dieu en trois personnes. Quel mystère ! Adorer, c’est tout ce que nous pouvons faire, en voyant, dans l’Écriture, ce qui se rattache à cela : Dieu en trois personnes. Mais chacun a une place à lui. Nous touchons là à ce mystère insondable de la Déité. Dieu n’a été connu que par ce qu’il a fait.
En Act. 5:3-4, nous voyons que le Saint Esprit est Dieu.
En Jean 16:7, le Saint Esprit remplace le Seigneur sur la terre. « Si je m’en vais, je vous enverrai le Consolateur ».
Le Saint Esprit vient dans un croyant, et il habite en lui pour toujours. Le Saint Esprit est l’agent. C’est lui qui est actif, pour accomplir les conseils divins. Le Père et le Fils sont objets. C’est le Saint Esprit qui nous met en relation avec le Père et avec le Fils.
La communion, c’est un état d’âme. Ce n’est pas intellectuel. C’est par l’Esprit que cet état d’âme est produit et qu’il est conservé, dans la mesure où il n’est pas contristé.
Dieu en trois personnes, quelle merveille ! Ce ne sont pas les frères qui ont imaginé cela. Ils ont tiré ces conclusions. Ils ont compris ces vérités merveilleuses de l’Écriture sainte, comprise par le Saint Esprit.
La présence du Saint Esprit dans le croyant est un point capital à rappeler, de nos jours.
En Jean 16:13-15, nous avons : « L’Esprit de vérité vous conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous 1’annoncera ».
Le mot « enfant » indique une relation. La relation de Père à enfant est caractéristique du christianisme. Cette relation n’existait pas, pour les saints de l’Ancien Testament. Une date marque l’univers tout entier : la venue de Christ, et la descente du Saint Esprit à la Pentecôte.
Il y avait un conseil divin, un conseil d’ancienneté. Dieu voulait une épouse pour son Fils. Le mariage en est une image bien faible, sans doute, à côté de l’union de Christ et de l’Épouse.
Nous n’avons que l’Écriture pour nous guider. Notre imagination et notre intellectualisme n’ont rien à faire là. Les qualités intellectuelles de l’homme n’ont rien à voir avec ses qualités spirituelles.
Nous avons à apprendre que nos relations avec Dieu sont maintenues par une puissance toute divine. Le chrétien a une partie divine (la nouvelle nature), qui reçoit les choses qui viennent de Dieu.
1 Cor. 2:10-16 : « L’Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu… Ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Mais nous, nous avons reçu, non l’esprit du monde, mais l’Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu ; desquelles aussi nous parlons, non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l’Esprit, communiquant des choses spirituelles par des moyens spirituels. Or l’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie… celui qui est spirituel discerne toutes choses ; mais lui n’est discerné par personne ; car qui a connu la pensée du Seigneur pour qu’il l’instruise. Mais nous, nous avons la pensée de Christ ».
Le nouvel homme ne trouve aucun plaisir dans les choses humaines et du monde ; le vieil homme, toujours.
Que la capacité du vase puisse être employée par Dieu, cela est vrai. Le Saint Esprit emploie des vases différents, mais remplis de lui.
Nous ne voyons pas le Saint Esprit. Il s’occupe de nous, de notre état moral. Adam et Ève n’avaient pas de problèmes, avant la chute. Depuis, le monde en a, de toutes parts.
La venue du Saint Esprit est une démonstration permanente que Christ a été rejeté du monde. Le Consolateur est sur la terre depuis la Pentecôte. Il travaille. Les conseils de Dieu s’accomplissent peu à peu. La formation de l’Église s’accomplit depuis la Pentecôte. C’est le grand dessein de Dieu.
L’histoire du monde est admirable, solennelle. C’est un mystère, la présence de l’homme sur la terre. Quand le Saint Esprit partira de la terre avec l’Église, ce seront les jugements de Dieu qui s’abattront sur la terre.
Le seul moyen d’entrer dans les choses divines, c’est la Parole de Dieu lue par l’Esprit, et la prière faite par l’Esprit.
Nous avons à nous rappeler que nous avons en nous un hôte de la plus haute dignité. Et nous avons à rechercher la sainteté intérieure. Tout ce qui est bon aux yeux de Dieu rejette tout ce qui est mauvais. Un homme du monde ne peut pas juger des choses et des actes comme un homme pieux. Il jugera à la manière de l’homme. Mais l’Esprit juge tout parfaitement.
Dans le ciel, il n’y aura même pas une mauvaise pensée. Tout sera parfait. La chair ne sera plus là. Il n’y aura pas trace de mal, même légère.
D’ailleurs, aucune trace de mal ne se trouve dans l’Esprit et dans le nouvel homme, qui est une nouvelle création, qui est céleste.
Pour voir les choses comme Dieu les voit, il nous faut la Parole de Dieu et le Saint Esprit. Le Saint Esprit est contristé quand nous marchons mal, par le péché. Nous avons à veiller comment nous traitons cet hôte divin. Le Saint Esprit ne supporte pas l’orgueil. Il fait valoir les droits de Dieu. Nous sommes suivis par Dieu de beaucoup plus près que nous ne le pensons. Le Saint Esprit est aussi un Esprit d’amour. Il ne perd pas de vue le croyant. Il habite en lui pour toujours.
On ne peut pas ne pas être heureux, quand les rapports avec Dieu sont bons. Ce qui rend heureux les croyants, ce ne sont pas les circonstances, mais Dieu dans le coeur. Le nouvel homme ne pèche jamais. Il ne le peut pas. Ces deux natures, nous les voyons dans l’épître aux Romains.
Pour qu’une réunion soit heureuse, il faut que le Saint Esprit ne soit pas contristé. Si cela était réalisé, une joie sainte, grave, incomparable, serait notre partage.
Il faut être vrai avec Dieu. Il voit tout ; il sonde tout. Demandons-lui simplement de nous aider. Il ne peut pas ne pas le faire. Ne laissons pas s’accumuler en nous des interdits. Cela a été la ruine de beaucoup de carrières chrétiennes.
La Parole de Dieu est complète. Nous n’avons rien à y ajouter, rien à y retrancher.
Même quand nous ne savons pas demander comme il convient, l’Esprit intercède et agit (Rom. 8:26). Nous ne prions pas l’Esprit, mais nous prions par l’Esprit.
Une des marques de la vraie piété, c’est que le croyant a à coeur de ne pas contrister le Saint Esprit. C’est cela, le vrai bonheur ! Nous ne sommes pas heureux comme nous le devrions. Nous avons à montrer que nous avons trouvé, que nous ne cherchons plus, que nous connaissons, le bonheur, que nous connaissons Dieu. Nous n’avons plus à chercher autre chose.
Le but de notre vie, c’est Christ. Tout ce qui nous sépare de lui n’est pas bon.
Un chrétien ne ressemble à aucun autre homme. Il a quelque chose, intérieurement, qui le rend différent des autres. Il possède le Saint Esprit. Il possède Christ. Il vit dans un autre monde ; et ce monde, c’est le ciel.
Le Saint Esprit nous rend malheureux, quand nous avons manqué ; heureusement. Il purifie la conscience, et nous conduit à rejeter ce qui nous a donné mauvaise conscience, pour retrouver la liberté et la relation heureuse avec Dieu.
Le grand problème, c’est celui du bien et du mal. Par la conscience, nous connaissons le bien et le mal. À la chute, l’homme, par la conscience, a appris à discerner entre le bien et le mal. Mais la conscience est souvent endurcie, aveuglée. Elle doit être renouvelée, éclairée, par le Saint Esprit.
Nous connaissons le bien et le mal par la Parole et par l’Esprit agissant sur nos consciences.
L’entrée du mal dans le monde est le fait de Satan.
La conscience est la faculté supérieure de l’homme, supérieure à tous les autres talents humains.
Le Saint Esprit nous fait avoir horreur du mal. Mais aussi, il nous donne de la puissance, la force de nous arracher au mal, et d’être des vainqueurs.
Gal. 5:22 : « Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix (résultats relativement à Dieu), la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur (vis-à-vis des hommes), la tempérance (vis-à-vis de nous-mêmes) ».
Gal. 5:25 : « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit ».
2 Tim. 1:7 : « Dieu ne nous a pas donné un Esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de conseil ».
[LC n° 84]
25 mars 1947
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 211
Il n’y a que la Parole de Dieu pour contrôler nos jugements sur toutes choses et nous donner de la lumière sur ce qui concerne la vie chrétienne. Dans le monde actuel, la cellule familiale est particulièrement attaquée par l’ennemi. Une évolution, qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui est plus visible, tend à relativiser l’importance de cette sphère créée par Dieu. Disons, en passant, que cette autre sphère de relations humaines, la nation, est selon Dieu. Dieu a créé les nations lors de la construction de la tour de Babel, et les nations mêmes ont été groupées autour d’Israël (Deut. 32:8).
L’ordre familial est en danger dans la société actuelle ; c’est un fait qu’on peut observer chaque jour. Comme il demeure une forteresse pour la piété, l’ennemi s’y acharne ; la disparition des affections naturelles est un signe certain des derniers jours. Bien que l’homme ait défiguré son aspect, la pensée de Dieu demeure — la chute ne l’a pas changée — et Dieu mesure la responsabilité de l’homme, de nous tous, par rapport à l’état initial, par rapport à la position où il a été placé et dont il s’est écarté. L’origine de la famille se situe à la création et le christianisme apporte une puissance nouvelle aux liens familiaux qu’il met en honneur. Mais si Dieu avait donné une femme à Adam, Lémec en a pris deux (Gen. 4:19) ; l’indépendance a commencé très tôt et la descendance de Lémec a été marquée de ce caractère.
Le chef de la femme, c’est l’homme ; le mari a une place d’autorité de la part de Dieu, la femme une place de soumission de la part de Dieu, les enfants une place d’obéissance de la part de Dieu. « Si quelqu’un paraît vouloir contester », dit l’apôtre, « nous, nous n’avons pas une telle coutume, ni les assemblées de Dieu » (1 Cor. 11:16). Ce n’est pas à un frère qu’il aura à faire, mais au Dieu qui a institué cet ordre de choses, et au Seigneur des saints. Nous désirons, au contraire, nous aider les uns les autres, pour ne pas passer à côté de la pensée de Dieu dans la vie chrétienne et la vie familiale.
1 Cor. 11 nous parle de l’attitude extérieure des frères et des soeurs : Dieu prend note de tels détails, et les anges aussi sont témoins de ce qu’est le peuple de Dieu ; la femme doit avoir la tête couverte, rappel de l’ordre suivant lequel Dieu a créé l’homme et la femme ; c’est la mise en honneur de la pensée profonde de Dieu à ce sujet. Éph. 5 nous le dit : « Ce mystère est grand ; mais moi je parle relativement à Christ et à l’assemblée » (v. 32). Le premier couple, Adam et Ève, comme aussi tous les couples, est une image de la position relative de Christ et de l’Assemblée.
Que de fois la question des cheveux coupés n’a-t-elle pas été soulevée ! On dit : il ne faut pas en parler. Nous répondons : Dieu en parle. Ce ne sont pas les frères qui parlent ; ce n’est pas à eux qu’on rendra compte de sa position à ce sujet. Nous aurons tous à rendre compte de ce que nous aurons lu ou entendu. Cela devrait régler la question dans le fond de nos coeurs. Et s’il nous faut faire comme tous les critiques de tous les temps, prendre des ciseaux et couper les passages qui nous gênent, nous aurons à rendre compte de tout cela à notre Seigneur Jésus Christ. Que nous prenions toujours plus l’habitude de lire la Parole de Dieu avec une sainte attention et, lorsque le tranchant de cette épée nous paraît trop affilé, ne détournons pas ce tranchant de notre coeur et de notre conscience ! Nous aurons la bénédiction de Dieu à ce prix. Sachons dire au Seigneur : « Parle, car ton serviteur écoute » (1 Sam. 3:10). Facilement nous nous réclamons des hommes de foi de la Parole, mais, lorsqu’il s’agit de marcher sur leurs traces, que de fois nous sommes défaillants !
Dieu donne l’autorité au mari : le mari est le chef et la femme est soumise ; aujourd’hui, la tendance à supprimer toutes les nuances se généralise et pénètre dans les familles. Cela, c’est de l’apostasie, l’abandon ouvert et public de ce que Dieu a dit. Que des incrédules ou des chrétiens chancelants s’engagent dans ce chemin, c’est leur affaire ; mais le chrétien qui fait ainsi se met contre Dieu même.
Nous ne doutons pas qu’il n’est pas de parents qui ne désirent ardemment que Dieu bénisse leur foyer. La première condition, c’est de rechercher ce que Dieu a dit et a fait. Si on va sciemment contre ce qu’il a dit et fait, et qu’on mange ensuite des fruits amers, il ne faut pas incriminer Dieu. Si nous ne prenons pas soin de la gloire de Dieu, Dieu en prend soin ; il ne se renie pas lui-même. Il nous faut peser cela, c’est très sérieux, mais très heureux.
Le chef de la femme, c’est le mari ; la femme a été créée à cause du mari, à cause de l’homme, et non pas l’homme à cause de la femme. La femme qui sort de son foyer pour exercer des activités extérieures, c’est un danger. C’est un fait ; je le soumets à votre réflexion sans trancher des cas particuliers, aucunement. Mais nous pouvons tous nous demander si cette habitude qui se généralise ne risque pas de faire oublier à l’homme et à la femme leur place respective. Il n’est au pouvoir d’aucun frère de tracer le chemin à quiconque, absolument pas ; mais il est du devoir de chacun de lire la Parole et d’en tirer les enseignements pour telle ou telle situation. Ces questions peuvent être très complexes. Que faire ? Nous rejeter sur Dieu, crier à Dieu. La bénédiction de Dieu commence par l’obéissance. Savoir et ne pas obéir, c’est le plus triste des états. Abraham aurait pu dire à Dieu : où me fais-tu aller ? Ce n’eût pas été la foi. Il ne savait pas où il allait.
Ces sujets sont brûlants, parce qu’ils sont d’actualité ; ils sont la vie des saints, la vie quotidienne. Chacun peut avoir de la lumière pour son propre compte. Je ne sais si le Seigneur a donné à des frères ou à des soeurs une lumière particulière pour les autres ; ce n’est pas mon cas, mais je libère ma conscience vis-à-vis du Seigneur en soulignant ces vérités de la Parole de Dieu concernant la vie du chrétien et de sa famille. En trente ans, les changements sociaux ont été extraordinaires. Le peuple de Dieu doit-il revêtir les caractères du monde ou ceux de la foi et de la piété ? Que doit faire un jeune ménage ? Qu’il demande son chemin au Seigneur avec piété, avec droiture, sans que, au fond, son coeur ait déjà choisi ! Il s’agit, dans nos maisons, dans nos vies quotidiennes, de peser, à la balance de Dieu, ce qui est selon sa volonté et ce qui est selon la nôtre. Personne d’entre nous ne saurait dire qu’il a toujours fait la volonté de Dieu ; même la connaissance de cette volonté peut demander des années de labourage ; si on est avec Dieu, on attend ; sinon, on n’a pas la patience d’attendre. Je supplie chacun des chers jeunes, engagés dans le chemin de la vie, de s’y engager avec Jésus, sans rien tordre des déclarations de la Parole de Dieu ; qu’ils sèment de la bonne semence dans leur champ ! Qu’ils veillent à ne pas y semer l’ivraie ! Si l’ivraie est semée, on récoltera de l’ivraie, et nous n’en aurons que trop semé à notre insu.
Aujourd’hui, la femme veut être l’égale de l’homme, même la supérieure ; elle se prévaut de raisons très valables, peut-être de dons supérieurs à ceux de l’homme. La femme de foi se soumettra, sans hésitations, à ce que Dieu dit. Combien de fois nous perdons notre vie à la gagner ! Je trouve dans la Parole, dans la pratique, dans l’histoire du témoignage, que c’est en s’abaissant que nous trouvons Jésus ; il faut descendre le chemin que Jésus a descendu avant nous. Je puis rendre témoignage que j’ai trouvé Jésus dans ce qui m’a abaissé, lorsque nul oeil n’était témoin de ce chemin dans l’ombre où le Seigneur me conduisait, parce qu’il y était passé le premier. Ayant vécu dans le faux jour de ce monde, si la lumière de Dieu est projetée un jour dans toute sa gravité, nous disons : Seigneur, comment avons-nous pu nous séduire comme nous l’avons fait ? Mais, pour marcher dans le chemin de la foi, il faut la foi. Vous n’avez pas la foi ? Ne marchez pas dans ce chemin ! Ne simulez pas une mesure de foi que vous n’avez pas, mais demandez au Seigneur qu’il vous augmente la foi ! Faites un pas avec Christ, il vous fera faire le suivant ; mais il ne nous en fait pas faire deux à la fois. Cela parle au chef du foyer, à l’épouse, aux parents. S’il y a discussions sur ce point, il ne s’agit pas de dire : qu’est-ce que ce frère a dit ? Il a ses idées à lui. Il s’agit de savoir ce que Dieu dit. Nous désirons tous la bénédiction de notre foyer, de chaque assemblée ; nous l’aurons dans la mesure où nous prendrons Dieu au mot dans tous les détails.
Le mari est le chef ; la femme lui est soumise ; les parents élèvent leurs enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur, sous l’autorité de la Parole de Dieu, pour qu’il y ait la bénédiction du Seigneur sur les enfants. Toute relation crée des devoirs : le père de famille, l’époux, l’épouse, les enfants ; chacun a des devoirs.
Dès qu’un homme s’est engagé dans une profession, il doit en accepter toutes les obligations ; il n’aura pas le droit, devant Dieu, de méconnaître une seule de ses obligations. Nous avons des obligations vis-à-vis de nos supérieurs, de nos égaux, de nos inférieurs. Engagé dans une profession inconsidérément, il ne faudrait pas dire après coup : Dieu d’abord ; non, mes obligations d’abord, Dieu après. On est surpris de voir des frères s’engager à la légère, sans être exercés quant aux conséquences de leurs engagements. Il y a des moments cruciaux où notre vie, ou une partie de notre vie, se décide ; un acte de foi apporte la bénédiction pour toute une carrière. En revanche, ce même acte accompli sans foi prive de la bénédiction. La première chose : avez-vous l’approbation de Dieu ? Sinon, que voulez-vous que les frères fassent ? Ils peuvent prier pour vous ; mais si vous-même n’avez pas marché avec Dieu, vous vous privez de la bénédiction, même si on veut faire croire aujourd’hui qu’on peut faire ce qu’on veut et que le résultat sera identique.
Les dernières années ont fait faire à l’humanité, et à la masse chrétienne, une chute dont elle ne se relèvera jamais. Tout en déplorant cela, nous sentons que le Seigneur est proche. Que nos coeurs brûlent pour lui, et que les frères, les soeurs, les pères, les mères, les enfants, aient tous à coeur de consulter la sainte Parole de notre Dieu ! Qu’ils ne disent pas : un frère a dit cela, il a parlé pour ne rien dire ; mais plutôt : quelle lumière la Parole de Dieu a-t-elle projetée sur notre chemin ?
En 1 Pierre 3:6, Dieu règle les rapports de l’épouse vis-à-vis de son époux ; il prend Sara comme exemple. Or Sara et Pierre sont séparés par des milliers d’années, mais la pensée de Dieu n’a pas changé ; quels que soient les temps, ce que Dieu a établi doit demeurer ; ses pensées sont invariables. « Et Dieu les bénit » (Gen. 1:28) ; tel est son but.
L’ennemi, le monde qui nous entoure bat en brèche la Parole de Dieu ; demeurons-lui attachés de tout notre coeur ! Nous vivons un temps de ruine ; les temps ont changé ; la pensée de Dieu, elle, n’a pas changé.
[LC n° 85]
Réunion d’étude de Pentecôte 1956
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 311
Dans la vie chrétienne, rien ne doit se faire machinalement et sans un exercice continuel.
1 Corinthiens 11 nous rappelle que la participation à la cène d’une manière qui honore le Seigneur requiert un certain état moral. L’action directe du Seigneur d’une part, et la fidélité des saints d’autre part, en particulier à l’égard de la cène, sont des éléments importants dans la vie de l’assemblée. Quand nous oublions les droits du Seigneur, lui ne les oublie pas ; il nous les rappelle. Si nous ne savons pas les faire valoir, il se charge de maintenir lui-même les droits de sa gloire, et cela pour le bien même des saints.
L’Assemblée n’est nulle part appelée à mettre de l’ordre dans le monde. Elle l’a oublié au cours des siècles ; elle a repris le glaive pour faire régner la justice : ce n’est pas sa mission, en aucune manière. Doit-elle être indifférente au mal qui l’entoure ? Non, elle doit s’en séparer. Mais l’assemblée a le devoir de juger le mal au milieu d’elle.
À Corinthe, des croyants en communion à la table du Seigneur négligeaient de se juger et, par conséquent, d’ôter le mal qui était dans leur coeur. Dieu était obligé d’agir en gouvernement, vis-à-vis d’eux. L’expression « c’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment » (1 Cor. 11:30) prouve qu’ils étaient châtiés par le Seigneur, afin de ne pas être condamnés avec le monde. Ce jugement direct de la part du Seigneur sur les siens concerne chacun pour lui-même. Nous ne sommes pas appelés à juger les autres, mais à nous juger nous-mêmes. Dieu veut que nous sachions nous laisser instruire par les situations diverses qu’il place devant nos yeux. Une âme pourrait peut-être, devant la gravité du fait de participer à la cène du Seigneur indignement, se priver de ce privilège, de manière à éviter de tomber sous le jugement de Dieu. C’est pourquoi nous lisons : « Mais que chacun s’éprouve soi-même… » (11:28). La solennité de ce service ne doit pas entraver le coeur qui aime le Seigneur ; la ressource est donnée.
Les Corinthiens prenaient la cène indignement, ne distinguant pas dans le pain le corps du Seigneur, et dans le vin le sang du Seigneur ; ils la confondaient avec un repas ordinaire. On prend aussi la cène indignement lorsqu’on oublie ce qu’elle exprime, ce qu’elle est ; et cela s’accompagne très vite de l’oubli du jugement de soi-même. Si l’état de notre coeur ne correspond pas à ce que le Seigneur est, à ce que le Seigneur attend, jugeons-nous avant de nous approcher. Alors nous pourrons avoir le coeur occupé du mémorial du Seigneur, de sa mort qui exprime tout ce que Dieu pense de l’homme et témoigne en même temps de tout son amour. Ce n’est pas une question de dignité de celui qui s’approche : nous sommes tous indignes par nature. C’est l’oeuvre de Christ qui purifie le pécheur et le rend propre pour annoncer sa mort. Annoncer la mort du Seigneur, c’est annoncer sur l’homme dans la chair le jugement que Dieu a porté. Cela convient à la gloire et à la sainteté du Seigneur ; et ainsi la chose est faite d’une manière digne de lui.
Qu’est-ce que manger le pain et boire la coupe du Seigneur dignement ? C’est réaliser le jugement de soi-même. Ceci ne doit pas avoir lieu seulement quand on est coupable d’un acte répréhensible ou d’une pensée mauvaise, mais même si on a eu une conduite irréprochable pendant la semaine. Se juger soi-même, c’est reconnaître qu’on n’est rien, que tout vient de la grâce du Seigneur. Dans ces dispositions-là, en participant au mémorial que le Seigneur nous a laissé, on est gardé de se glorifier, on rend toute gloire au Seigneur, à qui seul elle appartient.
Le jugement de soi-même n’est pas seulement le jugement d’un manquement positif, bien qu’il soit alors plus nécessaire que jamais. Si nous nous jugions habituellement devant Dieu, comme la Parole nous invite à le faire, beaucoup de manquements seraient évités. Il faut toujours se tenir devant Dieu. Le jugement de soi-même est produit par la lecture de la Parole. Un frère disait : « Le matin, mon premier travail est de lire la Parole de Dieu, mais si elle ne m’a pas amené à me juger, j’ai perdu mon temps ». Si la Parole nous présente Christ, nous serons amenés à juger nos coeurs, le « moi ». Le mot « soi-même » ne suppose pas qu’on juge les autres ; « soi-même », c’est le jugement profond du vieil homme.
C’est toujours par la lecture de la Parole que nous sommes conduits à cet état. « Si quelqu’un a péché — c’est un accident, ce n’est pas un état — nous avons un avocat auprès du Père » (1 Jean 2:1). Comment agit-il ? Par sa Parole et par son Esprit, qui opèrent dans nos coeurs pour nous amener à confesser et à abandonner notre péché, et ainsi à retrouver la communion perdue. Et « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). C’est par la Parole et par l’Esprit que nous sommes amenés à ce lavage, à cette purification, à la confession et à l’abandon.
Le Seigneur — on le comprend bien, mais c’est plus difficile de le réaliser — ne peut pas tolérer que ce qui est condamné en nous par sa mort même, vienne se mêler à un service où nous rappelons cette mort. Sa mort est la condamnation de tout ce qui, en nous, n’est pas de Dieu. Elle est la mise de côté entière de ce que nous ne savons pas mettre de côté, de ce qui, dans notre état pratique, n’est pas en accord avec notre position. Moralement, pour prendre la cène, on doit juger les mouvements intérieurs du coeur. Le péché grossier, en un sens, est plus facile à juger, parce que le frère le moins spirituel sera souvent le premier à prendre une pierre pour lapider le coupable. Mais l’égoïsme, l’orgueil, la préoccupation de soi… ! L’orgueil aussi est un péché, l’égoïsme est un péché : ce sont des péchés terribles ! Le Seigneur est mort à cause de cela, et nous avons à tenir pour mort ce que Dieu a tué et à agir en conséquence. Nous avons à juger, d’une façon pratique, tous ces mouvements intérieurs, avant de prendre la cène où nous proclamons que nous avons été tués. Ce qui en nous est mortel a été mis à mort. Tout cela se lie aux vérités profondes de l’évangile, non pas l’évangile du salut de l’âme, mais l’évangile de Dieu tout entier.
Les exhortations de 1 Corinthiens 11 s’adressent à des personnes en communion à la table du Seigneur. Il ne faudrait pas appliquer ces versets à des personnes qui, tout en étant des croyants, ne sont pas encore en communion. Certains le font en prétendant que la participation à la cène est une affaire personnelle, que chacun est responsable pour soi, puisqu’il est écrit : « Que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange… », et que les frères n’ont pas le droit de soumettre les personnes qui désirent s’approcher de la table du Seigneur à un examen quelconque. En Matthieu 18, il est clairement établi que l’assemblée est revêtue d’autorité de la part du Seigneur et qu’une administration lui est confiée, non pas en rapport avec les droits des frères, ni même avec les droits de l’assemblée, mais en rapport avec les droits du Seigneur. Or on a souvent cherché à affaiblir, et même à annuler, ce pouvoir administratif à cause de la faillibilité des frères. Dans toute société humaine, il faut une autorité reconnue. Ainsi, dans le cadre de la famille, le mari, le père, est revêtu d’autorité de la part de Dieu, indépendamment de ses capacités, de ses qualités ou de ses faiblesses ; son autorité doit être reconnue. Dans l’assemblée, si cette autorité n’est pas reconnue, il n’est pas possible qu’il y ait la paix, parce qu’il ne peut pas y avoir d’ordre, et il n’y a pas d’ordre sans autorité reconnue. Le Seigneur, pendant son absence, sans cesser d’agir directement lui-même, a établi cette autorité en rapport avec ses droits, autorité qu’il a confiée à l’assemblée pour en exercer l’administration. Pour cette raison, il ne convient pas qu’un chrétien, même fidèle, irréprochable dans sa conduite, s’approche de la table du Seigneur à titre personnel.
L’assemblée a le pouvoir de lier et de délier, de retenir ou de remettre les péchés administrativement ; il ne s’agit pas du pardon éternel, c’est Dieu seul qui le donne. Mais sur la terre, il y a un pardon administratif exercé par l’assemblée selon Jean 20:23. Jésus, ressuscité, se trouve au milieu des siens réunis, représentants en type l’Assemblée qui allait être constituée. Il leur dit : « À quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; et à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus » (non pas « seront », mais « sont ») ; c’est une part actuelle, en rapport avec la terre, et non pour le ciel. C’est pourquoi il est dit : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel » (Matt. 18:18), et non pas « pour le ciel ».
L’exercice de ce pouvoir administratif apparaît dans les deux épîtres aux Corinthiens ; il n’y a rien de plus clair. Le chapitre 5 de la première épître nous montre la nécessité pour l’assemblée de juger le mal et d’ôter le méchant de son sein. Dans le chapitre 2 de la deuxième épître, l’apôtre recommande aux Corinthiens d’exercer la miséricorde, de pardonner : « Celui à qui vous pardonnez quelque chose, moi aussi je pardonne » (v. 10). Il ne s’agit pas d’un pardon personnel, mais du pardon administratif accordé par l’assemblée et par nul autre que l’assemblée. Un groupe de frères, ou un frère isolé, n’a aucun pouvoir administratif en rapport avec l’assemblée ; il n’a pas le droit de retirer la cène à qui que ce soit et de la donner à qui que ce soit. Si le meilleur de mes amis, pour lequel j’aurais dix fois plus d’estime que pour moi-même, venait à la réunion sans avoir été reçu en communion par l’assemblée, et me demandait de lui passer la cène, je ne la lui donnerais pas et je lui dirais : « Je ne le fais pas, parce que je n’ai pas la compétence pour le faire ; ce n’est pas à moi que le Seigneur a confié le pouvoir de lier et de délier ; je dois être soumis à l’assemblée, reconnaître l’autorité du Seigneur dans l’assemblée et le pouvoir administratif confié à l’assemblée. Si vous désirez prendre la cène, vous y avez droit aussi bien que moi, mais il faut que vous vous adressiez à la bonne place ».
C’est pourquoi tous les frères ensemble ne sont pas qualifiés non plus pour lier et délier. Les frères examinent. Quelques frères peuvent même étudier un cas, sans mettre au jour tout ce qu’ils ont découvert, et le présenter devant les frères ; mais c’est l’assemblée tout entière, soeurs comprises, qui lie et délie, qui reçoit et exclut de la part du Seigneur, à une occasion où elle est réunie comme telle.
Ce sont, bien entendu, les frères et les soeurs de l’assemblée locale qui administrent ; ils n’ont pas de compétence pour administrer une autre assemblée. Il pourrait arriver qu’une assemblée voisine, connaissant des choses que cette assemblée responsable ignore, la renseigne ; de même un frère individuellement. Le ou les frères se libéreront ainsi de leur responsabilité, mais ils n’insisteront pas pour faire valoir leur point de vue. Comme il convient qu’il y ait soumission personnelle à une assemblée, il convient aussi qu’il y ait soumission réciproque entre les assemblées.
Une décision grave peut être fausse, même si elle a été prise en toute droiture. Il faut alors que les frères responsables aient affaire avec le Seigneur, pour que ses intérêts et l’amour des saints les dirigent, et non pas seulement les informations reçues.
Envisageons le cas où un frère est l’objet de la discipline de l’assemblée, et est personnellement convaincu que l’assemblée s’est trompée. Ce frère, s’il est dans les dispositions qui conviennent, verra le Seigneur au-dessus de l’assemblée et recevra cette épreuve de sa part. S’il s’en remet au Seigneur avec patience, il est impossible qu’Il n’intervienne pas en sa faveur. Mais que faire en attendant ? Rester tranquille, ne pas défendre ses propres intérêts et ne pas chercher des défenseurs ailleurs. Dans la mesure où nous défendons nos propres droits, nous empêchons le Seigneur de les défendre. Il vaut donc mieux que nous le laissions faire ; il le fera bien mieux que nous.
Quelle sera l’attitude du frère exclu ? Assister aux réunions de l’assemblée locale, discrètement, sans s’asseoir au premier banc. Si la décision a été prise, admettons en Amérique, et que ce frère se trouve parmi nous et exprime le désir de prendre sa place, son chemin moral doit repasser par l’Amérique ; l’affaire sera traitée de façon officielle entre les assemblées. Agir autrement serait nier l’unité du corps de Christ. Il est faux de rompre le pain à un endroit parce que les frères sont sympathiques, et non dans l’assemblée voisine parce que les frères ne le sont pas. Ce serait faire de l’assemblée un triste système. Si un frère a Dieu avec lui, et qu’on lui ait fait un tort grave, plutôt que de regimber, il sera bien plus heureux en se courbant, comme on le lui demande officiellement, prenant la dernière place au fond du local de l’assemblée, attendant que la lumière soit faite, même si elle ne devait être faite qu’au ciel. Si le frère à qui on a fait tort veut avoir raison, il a justement tort. S’il a raison devant Dieu, cela sera manifesté tôt ou tard ; mais dès qu’il revendique ses propres droits, il entre dans son tort et Dieu n’intervient pas.
Nous ne sommes pas toujours punis par où nous avons péché, et il peut arriver que nous souffrions d’une injustice. Il est plus avantageux de souffrir une fois pour un péché que nous n’avons pas commis que de souffrir pour tous les péchés que nous avons commis. Quand les frères de Joseph sont allés en Egypte pour y chercher du blé, la seconde fois, on a mis la coupe de Joseph dans le sac de Benjamin. Ils s’en retournent reconnaissants, parce que Dieu les a secourus. Les Egyptiens les rejoignent et les accusent d’avoir volé la coupe de Joseph. On pourrait s’écrier : « Quelle injustice, quelle cruauté de faire passer ces hommes par ces angoisses et de les obliger à confesser un péché qu’ils n’ont pas commis ! ». Ils disent : « Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs » (Gen. 44:16) et non pas : « Nous sommes d’honnêtes gens » (42:11), comme précédemment. Ils savaient que, s’ils n’étaient pas coupables du vol dont on les accusait, ils étaient coupables d’un péché plus grave. Nous devrions toujours y penser ; cela aiderait à supporter l’injustice.
Une erreur de jugement peut se manifester. Josué s’est trompé en accueillant les Gabaonites, en leur faisant grâce ; mais la chose était faite. Saül a voulu rétablir l’ordre et les exterminer. À la suite de cela, du temps de David, la famine est tombée sur Israël pendant trois ans. « Et l’Éternel dit : C’est à cause de Saül et de sa maison de sang, parce qu’il a fait mourir les Gabaonites » (2 Sam. 21:1). Dieu ne voit pas l’Assemblée en 1956 ; il voit l’Assemblée. Dieu n’agit pas toujours au moment où le mal apparaît ; il agit lorsque l’état spirituel de l’assemblée lui permet de faire entendre sa voix, peut-être longtemps après. Ainsi Saül n’a pas été discipliné, car il n’aurait rien compris ; mais David, lui, a recherché l’Éternel sous le poids de la discipline.
On voit parfois des frères qui ont une difficulté dans l’assemblée locale aller rompre le pain dans l’assemblée voisine. C’est faux, c’est renier pratiquement le principe de l’unité du corps. Il vaut mieux souffrir dans le chemin du Seigneur que d’éviter la souffrance en dehors de son chemin.
L’état idéal et parfait d’une assemblée ne s’est jamais trouvé et ne se trouvera jamais. Le Seigneur supporte des choses qu’il n’approuve pas. Plus nous serons près du Seigneur, moins nous les approuverons, mais plus nous saurons les supporter. Un de nos conducteurs disait : « Si je ne voulais aller que dans les assemblées où j’ai communion avec tout ce qui s’y fait, je ne pourrais aller dans aucune ». Prions beaucoup pour que le Seigneur intervienne et menons deuil ; ne pensons pas que nous pouvons éviter de souffrir. Du jour où nous deviendrions indifférents à l’état de l’assemblée, nous aurions le Seigneur contre nous. Une assemblée peut être maintenue simplement parce que quelques éléments pieux, sans bruit, ont beaucoup affaire avec le Seigneur et lui parlent de tout ce qu’ils ont sur le coeur, de tout ce que le Seigneur leur donne de sentir et de porter avec lui. Nous aurons des surprises, quand le Seigneur montrera ce qu’il a accompli dans les siens ; et peut-être, bien des soeurs qui auront vécu dans l’ombre, inconnues, auront une place d’honneur au-dessus de tous les frères.
La droiture, c’est l’état d’une âme qui reconnaît devant le Seigneur ce qu’elle doit reconnaître. C’est à quoi le service pastoral doit conduire, avec précaution, le plus discrètement possible. Quand tout ce qui doit être jugé a été jugé devant le Seigneur, la grâce peut couler ; mais tant que cela n’est pas fait, rien n’est fait.
Quelqu’un peut être malade à la mort, au sujet duquel il est dit : « Je ne dis pas qu’il demande » (1 Jean 5:16). Nous n’avons pas une liste de péchés à la mort : c’est le discernement spirituel qui les perçoit. Il se peut que, dans le cas d’un malade, on ne puisse demander la guérison. Pierre n’a pas prié pour Ananias et Sapphira. Ce sont des choses solennelles, mais elles constituent la vie de l’Assemblée de Dieu. Les faits sont là, et les misères que nous portons tous en nous-mêmes aussi.
On cite parfois, en rapport avec l’exclusion d’un frère : « L’amour couvre une multitude de péchés » (1 Pierre 4:8). Mais on ne peut pas couvrir un péché publiquement connu dans l’assemblée, ou même au dehors ; c’est impossible. Il y a diverses sortes de disciplines. Voici une difficulté qui survient entre deux frères ; elle n’a pas besoin d’être portée à la connaissance de tous, si elle peut être réglée directement entre eux. Lorsqu’un frère vient avec amour au-devant d’un autre frère pour qu’il ne se prive pas de la communion avec l’assemblée, c’est la discipline fraternelle. Lorsqu’un frère, un ancien, un surveillant, va reprendre quelqu’un et lui dire : « Mon cher, tu t’engages dans une mauvaise voie », et l’exhorte à revenir, c’est la discipline paternelle. Il n’est pas nécessaire que ce service soit connu de tous les frères. Mais lorsqu’un péché ayant porté atteinte au témoignage est découvert, on ne peut pas le couvrir, du moins pas tout de suite ; il doit être confessé par le coupable et par l’assemblée, puisque c’est le péché de l’assemblée. Il s’agit alors de la discipline du Seigneur sur sa maison. Quand le Seigneur a pardonné, il couvre lui-même le péché et l’assemblée est appelée à faire de même. C’est pourquoi, si un frère a été exclu puis restauré, lorsque l’assemblée a reconnu officiellement l’oeuvre du Seigneur dans son coeur et dans sa conscience, il ne convient pas qu’on ramène son péché devant lui. La restauration est l’oeuvre du Seigneur ; nous pouvons et devons y participer, mais c’est le travail du Seigneur dans le coeur. Elle est distincte de la confession ; la confession d’un péché peut être immédiate et la restauration très longue. Cela est important pratiquement. Il ne faut pas que des sentiments d’ordre familial ou un esprit de clan interviennent. Il faut pouvoir constater la restauration d’une âme, surtout après une chute grave ou lorsqu’il y a une tendance tenace. Cela exige de la spiritualité et du sérieux. Alors, on couvre le péché ; il est enseveli ; la restauration de l’âme est constatée et l’assemblée délie. L’assemblée reconnaît la restauration et prononce la réintégration de la part du Seigneur. Désormais le passé est oublié.
« L’amour couvre une multitude de péchés ». Ce principe invite à couvrir ce que Dieu couvre, à ne pas le découvrir à plaisir, en public notamment, mais il n’autorise pas une négligence à l’égard d’un mal que nous pouvons constater chez un frère. L’amour n’est jamais indifférent ; il n’est pas paresseux pour laisser quelque mal se développer chez un frère. Si nous aimons notre frère comme nous-mêmes, nous ne voudrions pas qu’il subisse un dommage, comme nous ne voudrions pas le subir nous-mêmes. Il y a un équilibre difficile à garder. Il nous faut tendre à couvrir tout ce qu’on peut couvrir. Il y a bien des choses qui ne viennent pas au jour, que le Seigneur connaît et qu’il faut porter avec lui. Le service sacerdotal accompli par des frères, ou par un frère, dépend de la piété et de la spiritualité à l’égard du péché. Un frère peut porter un péché devant Dieu, en parler au Seigneur et « manger le sacrifice pour le péché dans un lieu saint » (Lév. 6:19). Un service pastoral pourrait guérir bien des plaies sans qu’elles viennent au jour. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas vues, mais elles ne sont pas manifestées devant tous.
Dans un cas d’exclusion, un frère mal renseigné peut soutenir celui qui a manqué. Cela amène du trouble et, par là même, empêche la restauration. Un frère sentimental, même s’il est pieux et a un bon témoignage, peut se laisser influencer ; alors il empêche le travail de Dieu dans le coeur. C’est un danger très grave. Il faut toujours attendre, et dans le silence, le salut qui vient de l’Éternel (Lam. 3:26). Un frère qui soutient un frère exclu, parce qu’il est convaincu que ce frère est victime d’une injustice, n’a pas du tout la pensée du Seigneur.
« Si deux d’entre vous sont d’accord… » : la prière, ici, est en rapport spécialement avec l’administration de l’assemblée. Une assemblée qui prie, qui s’humilie, qui s’attend au Seigneur, ne peut pas être abandonnée à sa faiblesse.
Ce n’est pas habituel qu’une décision d’assemblée soit injuste ; mais c’est habituel que, lorsque la décision est selon le Seigneur, celui qui en est l’objet trouve qu’elle est injuste. L’Ennemi s’acharne de plus en plus à créer un esprit de parti : de cette manière, il ruine le témoignage. Dans une assemblée, quand les frères ne sont pas d’accord sur une question administrative, il faut s’humilier, prier aussi longtemps qu’on ne voit pas clair ; il ne faut pas prendre de décision, mais attendre. La patience est mise à l’épreuve. Si les frères et les soeurs s’attendent au Seigneur, il est impossible qu’il n’intervienne pas. Même s’il faut un miracle, il le fera, mais quand il le jugera bon.
Que faire si, dans une assemblée, un seul frère n’est pas d’accord pour prendre une décision ? S’il y a de la spiritualité, les frères attendront jusqu’à ce qu’ils discernent si le motif est valable. L’assemblée n’est pas une démocratie, même si elle tend à le devenir, dans l’esprit de beaucoup. Si s’en était une, chacun aurait sa voix ; mais nul n’a sa voix, le Seigneur seul a la sienne. Si la voix d’un frère ou d’une soeur peut être entendue, c’est parce qu’elle est la voix du Seigneur. C’est pourquoi on ne peut pas établir de règles. Ce sont des cas d’espèces ; il n’y a pas deux cas semblables, il n’y a pas deux assemblées qui soient rigoureusement dans le même état : les éléments qui les composent sont différents, le degré de communion avec le Seigneur et le degré de spiritualité sont variables.
On a parlé de prière. Ce n’est pas seulement lorsque les frères sont réunis pour examiner un cas devant le Seigneur qu’il faut prier ; c’est chaque jour. Portons-nous devant le Seigneur, dans le secret ou en famille, les cas qui nous exercent et font souffrir l’assemblée, au lieu peut-être d’en parler beaucoup à droite et à gauche ? Le travail de Dieu se fait à genoux d’abord. Il est nécessaire aussi de commencer une réunion d’administration par la prière ; cela ne se fait pas toujours. Mais cela ne suffit pas, il faut continuer la réunion dans la dépendance et la crainte de Dieu. Il est arrivé à un frère de refuser de prier à la fin d’une réunion d’administration en disant : « Il n’est pas possible de nous adresser à Dieu dans l’état où nous sommes ; après ce qui vient de se passer, il faut baisser la tête et rentrer chacun chez soi ». Il est arrivé aussi que des frères spirituels disent : « Mieux vaut se mettre à genoux que de continuer », parce que la chair se manifestait.
Pour réaliser ce qu’est une assemblée de Dieu, il faut que nous prenions à coeur les droits du Seigneur, que nous reconnaissions la sainteté de sa table et la nécessité de juger le mal. Il faut faire la différence entre une assemblée où le mal exerce la conscience, même s’il n’est pas jugé tout de suite officiellement, et une assemblée où on est indifférent à l’égard du mal.
Jugeons-nous donc nous-mêmes, humilions-nous devant le Seigneur, ayons à coeur les droits de sa gloire ! Mais, pour exercer la discipline avec une plus grande sagesse, il faudrait relever le niveau moral et spirituel des assemblées par la prière, par la Parole, par des frères et des soeurs qui se nourrissent de Christ, qui vivent quotidiennement avec lui. S’il n’y a pas de dons dans un rassemblement, il y aura toujours la présence du Seigneur. Il faut nous en souvenir et assister nombreux à toutes les réunions autour du Seigneur, afin de nous aider les uns les autres et d’élever le niveau moral des âmes pour la gloire du Seigneur. Nous en avons tant besoin.
[LC n° 86]
Dimanche 11 août 1970
Ce chapitre est capital pour la compréhension de la vérité de l’unité du corps de Christ. Il nous parle de l’Esprit opérant comme Esprit de puissance dans l’Assemblée, par le moyen de ce qui est appelé ici les dons de grâce.
Au ch. 12, nous avons l’Esprit de puissance.
Au ch. 13, nous avons l’Esprit d’amour.
Au ch. 14, nous avons l’Esprit de conseil.
Ici, c’est l’Esprit comme Esprit de puissance ; non pas seulement la puissance de l’Esprit, une puissance exercée, une influence qui agit, mais une personne divine, agissant dans la puissance divine, agissant sur la terre, dans le temps présent. Son action sera autre, quand l’Église ne sera plus sur la terre. Cette action de l’Esprit, comme personne ici-bas, s’exerce dans l’Assemblée sur la terre. L’Église de Dieu, c’est celle qui est formée par des croyants, et uniquement des croyants, mis à part, scellés du Saint Esprit, et étant au bénéfice du baptême du Saint Esprit, comme nous l’avons dans un verset capital de ce chapitre (v. 13).
C’est dans l’Assemblée, comme personne, que l’Esprit agit. Il habite dans l’Assemblée ; il habite dans le croyant individuellement. C’est l’énergie divine animant le corps de Christ sur la terre.
Il est là, mettant à part, de par sa présence même, cette Assemblée sur la terre. Elle est constituée par quelque chose d’étranger, ici-bas. L’Esprit ne travaille pas pour le monde en tant que monde. Mais il travaille dans l’Assemblée. Et, s’il y a un travail de l’Esprit dans le monde, il se fait du dedans vers le dehors. Mais le monde et l’Assemblée sont deux choses entièrement différentes. Il y a le témoignage que le Saint Esprit rend dans l’Assemblée aux yeux du monde, et avec l’Assemblée dans le monde. Et combien nous avons à y prêter attention. Il y a un travail de l’Esprit dans le monde, pour tirer des âmes, pour les amener à la vie, pour qu’elles soient ensuite placées dans le corps de Christ, dans l’Assemblée. C’est le témoignage, la prédication.
Mais les instruments dont l’Esprit de Dieu se sert sont formés là par le Saint Esprit, dans l’Assemblée. Pour la prédication (nous avons cela amplement, dans le livre des Actes), la présentation de l’Évangile ne peut se faire dans le monde que parce qu’il y a une base. Il y a l’Église formée sur la terre. Il y a eu la Pentecôte, au commencement du christianisme.
Au ch. 12, nous avons exclusivement ce travail dans l’Assemblée. C’est un corps vivant. Et il est tel parce qu’il y a un seul et même Esprit. Verset 13 : « Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps ». Et là, il n’y a pas de différence : soit Grec, soit Juif, soit esclave, soit homme libre. « … et nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit ».
L’action de cet Esprit s’exerce dans l’Assemblée par le moyen des dons de l’Esprit. Ces dons de grâce, qu’il distribue lui-même selon sa sagesse divine, sa pleine connaissance des besoins, des temps, des circonstances, selon qu’il lui plaît (versets 4-11), sont employés pour le service du Seigneur, selon la diversité des services, relevant tous du Seigneur. Le grand office de l’Esprit de Dieu, c’est de glorifier Christ ; c’est de mettre en évidence, à la place qui lui est due, la seigneurie de Jésus, que Dieu a exalté et placé à sa droite. C’est seulement par le Saint Esprit que quelqu’un peut dire : Seigneur Jésus, reconnaissant cette seigneurie. Tous les services qui sont appelés à s’effectuer sont à la gloire de cette personne, et selon la seigneurie de ce Maître suprême qui est Jésus. C’est pourquoi il est dit : « Il y a diversités de services, et le même Seigneur ». L’exercice de ces dons de grâce se fait, non pas selon une volonté, une direction, de caractère humain, mais de Dieu lui-même. C’est Dieu qui opère, dans sa souveraineté et sa toute-puissance (v. 6). Dans les Éphésiens, nous avons : « C’est Dieu qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté » (1:11). De là l’importance de ces dons de grâce dans leur diversité, l’unité étant assurée par l’Esprit, par le Seigneur, par Dieu lui-même. Voilà ce que l’Esprit manifeste, dans et par ce corps de Christ. Il s’agit des manifestations spirituelles.
Ces manifestations de grâce ont des formes très variées, et une diversité si grande, qu’il y a autant de dons de grâce que de services, et autant de services que de serviteurs. Nous sommes sur la terre pour servir. Chacun a son service ; chacun a son don de grâce. L’attention est portée sur des dons de grâce particulièrement importants pour le fonctionnement du corps. Mais n’oublions pas la responsabilité de chaque croyant à cet égard.
On voit, dans ce chapitre, que ces manifestations peuvent être des manifestations extérieures, une activité visible, et même des actes de puissance extérieure, des miracles, des guérisons. Cela était nécessaire pour accompagner la prédication de la Parole. Mais ce qui est essentiel, c’est la présentation de la Parole elle-même.
Dans l’épître aux Éphésiens, nous trouverions les évangélistes, parce qu’il est question de porter l’évangile au dehors, et d’amener de nouvelles âmes dans l’Assemblée. Mais ces dons concernant la Parole sont évidemment de toute importance. Ce qui est important, c’est l’action invisible, l’action secrète, du Saint Esprit dans les âmes, dans les coeurs, sur les consciences. C’est à cela que concouraient, à cette époque, les dons miraculeux, mais d’abord la présentation de la Parole, l’un confirmant l’autre. Quelle que soit l’époque de la vie de l’Église, et particulièrement dans les derniers temps, le Saint Esprit opère toujours, par la Parole appliquée à l’âme pour sa bénédiction, mais pour placer le croyant dans la conscience des privilèges qui sont les siens et, par conséquent, des grandes responsabilités qui sont les siennes.
Le Saint Esprit met à part les croyants individuellement, mais aussi collectivement, en fait quelque chose à part de ce monde. Dans l’évangile de Jean, au ch. 14, il est parlé de l’Esprit de vérité, l’Esprit consolateur, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas (v. 17). Quand l’Esprit est envoyé comme Esprit de puissance — c’est ce qui a eu lieu à la Pentecôte — il y a ensuite la prédication de l’apôtre Pierre, et des âmes saisies de componction, qui constituent, dès ce moment-là, l’Assemblée, qui sont baptisées, qui goûteront les bénédictions spirituelles. Mais alors, une des premières choses que l’apôtre leur dit, c’est : « Séparez-vous » ; sauvez-vous de cette génération perverse.
Plus loin, nous trouvons : « Le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés » (Act. 2:47). Et, plus tard, on trouverait, lorsque l’Esprit Saint est communiqué à des croyants qui, jusque-là, n’avaient connu que le baptême de Jean, aussitôt après, l’apôtre qui sépare les disciples et les enseigne spécialement. On insiste sur ces choses, parce qu’il ne manque pas d’enseignements, dans ce monde, pour parler de l’Esprit de Dieu comme agissant universellement dans les hommes, et comme devant habiter dans les hommes quels qu’ils soient, et dans les inconvertis. Il n’y a pas de communion entre l’Esprit de Dieu et les idoles.
Il serait difficile de trouver un sujet dont l’étude soit plus opportune que celui que nous présente ce chapitre.
Le Saint Esprit est venu à la Pentecôte, et il n’est pas reparti. Il ne repartira pas seul. Et sa présence ici-bas, son activité, ont pour objet la formation de l’Église, en même temps que le maintien d’un témoignage à la gloire du Seigneur, dans ce monde où il a été maltraité comme il l’a été. Avant que les jugements de Dieu ouvrent les yeux de tous les hommes et que, devant la manifestation de ce qui sera en puissance, chacun sera forcé de le confesser comme Seigneur, il y a toute cette période chrétienne, d’une immense valeur morale. C’est le fait de l’Église, qui a pour mission d’être le vase de la manifestation des gloires de Christ, dans un monde qui est celui que Christ a connu, et que l’Église connaît.
On a souvent fait remarquer, à propos de ce chapitre, que, de nos jours, dans bien des milieux, chez nous aussi, il arrive qu’on réduise presque les considérations, les réflexions, sur le travail de l’Esprit de Dieu, à la conversion des individus, le souci étant de voir des âmes qui seront sûres d’aller au ciel. Ce n’est pas la première pensée de Dieu, cela. Et lorsque nous laissons de jeunes frères s’orienter de cette manière, nous allons contre le courant de la pensée divine. Personne n’a établi, ici-bas, le christianisme ; Dieu s’en est chargé. Et le christianisme que nous avons à vivre de nos jours devrait être le même, la puissance mise à part pour des raisons faciles à connaître, que celui du commencement. Nous n’avons aucun droit d’apporter une altération quelconque à ce que le Seigneur a enseigné. Nous n’avons aucun droit d’enseigner autre chose que ce que le Seigneur a enseigné.
La grande pensée de Dieu, pendant cette parenthèse hors du temps, c’est l’Église dans sa formation, et l’Église en témoignage, un témoignage qui est d’une nature qui n’a jamais été connue, et qui ne le sera pas dans l’avenir. C’est la gloire de l’Église de réaliser son union avec son chef. N’y aurait-il au monde qu’un seul groupement chrétien qui serait, par la grâce de Dieu, animé par les pensées, les sentiments, selon les enseignements, de l’Écriture, et qui serait gardé dans une marche correspondant à ce que le Seigneur attendait de son Église, il donnerait autant de plaisir au Seigneur, en un sens, que l’Église qui lui fût restée fidèle depuis le début.
Pensons à lui. Nous ne convertissons personne. Nous avons à servir ; nous avons à enseigner. Mais, encore une fois, ce chapitre nous montre que, quel que soit le genre d’activités auxquelles nous pouvons être appelés, nous ne le connaissons, nous ne l’accomplissons, et il ne peut être approuvé, que si notre action est par l’Esprit.
C’est bien plus difficile, et exerçant, et éprouvant, de dépendre du Saint Esprit, que de servir à sa guise, selon ses propres pensées, ou en s’entraînant mutuellement à concevoir une certaine façon de servir et d’agir, et de se consacrer à cela. Notre grande affaire, dans tous les détails, pour chacun individuellement et dans nos réunions, c’est la dépendance du Saint Esprit. Et plus elle sera strictement réalisée, plus le Seigneur sera honoré et aura de joie dans les siens ; et plus ceux-ci connaîtront davantage ce qu’est la communion avec lui, et véritablement sa présence. Cela seul apaise la faim et la soif des âmes.
Le Saint Esprit est dans l’Église. Et, même dans les temps de ruine, si un groupe de chrétiens était fidèle, il pourrait voir des choses bien plus merveilleuses, moralement parlant. Car nous n’avons pas à penser à attirer les regards du monde ; bien au contraire. Les manifestations internes, d’ordre moral, l’élimination de l’égoïsme, chose introuvable, devraient se trouver là. Elle ne peut pas se trouver sans la puissance de l’Esprit Saint. Il est plus difficile de n’être pas égoïste que de faire un miracle. Ce n’est pas le même ordre de puissance qui est nécessaire. La présence de Dieu opère cela, et l’a opéré, à la Pentecôte, d’une façon brillante.
Si nous réalisons ces réunions autour de Christ, c’est par l’Esprit Saint, bien entendu, et non pas en nous réclamant seulement de sa présence, comme nous le faisons fréquemment (nous n’avons pas tort de nous en réclamer). Mais examinons combien de fois nous le faisons alors que ce ne sont que des paroles des lèvres. La présence du Seigneur, dans les rassemblements des saints, n’a de valeur que si elle est goûtée. Et elle ne peut être goûtée que par l’opération du Saint Esprit.
Ce chapitre ne parle pas de cela. Mais il y a une gêne, dans cette manifestation de l’Esprit, lorsque la chair n’est pas jugée. Et alors, tout notre christianisme va, plus ou moins, à la dérive. Revenons aux sources. C’est notre seul chemin. Si nous n’avions qu’un jour à vivre encore ici-bas, il n’y a rien d’autre à faire qu’à chercher le Seigneur comme il a dit qu’il se montrerait.
Il y a des dons de toutes sortes. Les miracles sont en dernier lieu, dans la liste du ch. 12. La grâce est bien au-dessus de la puissance. Un inconverti peut faire des miracles. Judas en a fait, probablement, et tant d’autres. Ne mettons pas au premier rang le côté des manifestations extérieures, qui peuvent frapper, et peut-être attirer les regards, et nous faire paraître des gens extraordinaires. Au contraire, cherchons les effets intérieurs, chacun pour son compte. Si nous le faisions mieux, chers frères et soeurs, âgés et jeunes, nous connaîtrions beaucoup mieux ce qu’est le ciel sur la terre, et nous saurions beaucoup mieux rendre le témoignage que le Seigneur attend de nous.
Combien cela est vrai pour nos réunions. Le chap. 14 nous conduira à cela. C’est lui qui opère toutes choses. Ce qu’il ne fait pas n’est pas bon ; et ce qu’il fait ne peut pas ne pas être bon. C’est à la gloire du Seigneur, dans ce monde où il y a des démons, et qui le font savoir, des démons que le Seigneur a rencontrés, des démons parmi les païens. Et il y en a aussi dans la chrétienté. Satan conduit beaucoup plus de choses, dans les activités chrétiennes, qu’on ne le pense. L’Église devrait être la manifestation d’un état de choses où le Saint Esprit opère ; et cela, à la gloire du Seigneur. Ce serait un témoignage qui exprimerait de la plus forte manière que, sur la croix, le Seigneur n’a pas été le vaincu, mais que c’est lui le vainqueur. Et, au fond, on pourrait résumer que tout le témoignage de l’Église se réduit à ceci : manifester, au cours des siècles, que Christ, vaincu en apparence à la croix, c’est lui le vainqueur éternel.
L’épître aux Colossiens nous présente ceci, que, à la croix, celui qui fût un Christ crucifié en infirmité, a triomphé de toutes les puissances spirituelles de méchanceté, de ce que Satan avait mis en oeuvre pour empêcher le travail divin de la rédemption (2:15).
Nous savons, par nos expériences personnelles et ce que nous discernons au milieu de nous, que cette notion fondamentale, savoir que le christianisme est le fait du Saint Esprit, est importante à saisir. On ne peut la saisir que par la foi. Et combien elle est importante à vivre et à réaliser, avec le secours de l’Esprit Saint, pour la gloire du Seigneur lui-même.
Il faut nous rappeler de l’état de la chrétienté, celle qui professait être engagée sur les traces du Christ, au début du 19° siècle. Et nous ne pouvons que rendre grâces à Dieu de ce que le travail de l’Esprit Saint, tel qu’il l’a opéré dans la période qui a suivi ce sommeil spirituel, a alors réveillé les âmes, pour fixer les affections de ceux qui étaient alors convertis, amenés par la nouvelle naissance à la connaissance du salut par grâce, fixer les âmes, sur la personne du Seigneur, faisant valoir cette personne au milieu de ceux en lesquels l’Esprit plaçait la vie de Christ.
Il n’est que de voir avec quelle ferveur et quelle clarté, données par l’Esprit lui-même, ceux que nous aimons à appeler nos devanciers, avaient le souci de tout ramener, de leur enseignement, à cette personne, que le Saint Esprit faisait valoir par sa Parole dans le coeur de ceux qui devaient constituer le témoignage des derniers jours. Et si nous sommes en danger d’oublier ces choses, bien que nous les connaissions par l’intelligence, et de les réaliser en pratique, nous serons infidèles à ce qui est l’attente du Seigneur lui-même, et nous méconnaîtrons, en pratique, la puissance de l’Esprit Saint. Toutes les fois que la chair se mêle de l’oeuvre de Dieu, avec toute bonne volonté, toutes les fois que ce travail du Seigneur, par le moyen de son Esprit, se trouve entravé par des initiatives dont la source n’est pas pure, le résultat n’est plus la manifestation de la gloire du Christ. C’est l’homme qui se met en avant.
Nous aimons souvent chanter : « Quelle douceur dans ce culte de frères, où l’Esprit Saint est notre directeur ». Mais puissions-nous mieux le réaliser ! Toute âme pieuse qui se trouve là, dans la présence du Seigneur, a le sentiment, souvent douloureux, que ce que nous chantons, nous sommes en danger de le méconnaître, en pratique. Laisser l’Esprit Saint diriger toutes choses, dans l’assemblée, c’est une nécessité impérative ; en sorte que, dans la paix, tout fidèle en éprouve, et le pouvoir, et la réalité.
Il est bon que nous soyons tous exercés à cet égard. Alors l’Esprit, qui distribue comme il lui plaît, saura produire, dans le coeur de ceux qui ne désirent pas autre chose que la gloire du Seigneur, ce qui orientera les pensées et remplira les coeurs de lui-même.
[LC n° 87]
14 juin 1970
1 Cor. 12:28-31 donne une liste de dons spirituels ; Éph. 4:11 énumère les dons fondamentaux nécessaires à la formation de l’Église. Les frères ne sont pas ennemis de l’évangélisation, s’il y a accord entre l’accomplissement de ce service et son objet. Les dons divers agissent dans un même but divin. Les païens ont divers esprits ; les dons spirituels, eux, sont animés par une seule puissance, le Saint Esprit.
La caractéristique d’un rassemblement selon Dieu, c’est la libre action du Saint Esprit. Cela donne un sens très élevé à un rassemblement, même si une assemblée ne réalise pas toujours sa position. Les bases restent les mêmes ; elles sont divines. Le Saint Esprit est l’agent, le Père et le Fils sont les objets ; c’est donc l’Esprit qui agit. Un vase n’a pas les mêmes qualités qu’un autre, mais le Seigneur n’emploie pas un vase qui a une volonté propre. Le vase doit être brisé pour servir. Le Seigneur a choisi Pierre, un illettré. Une assemblée excellente peut être formée de gens peu instruits, car la puissance spirituelle dépend de la puissance morale : « Les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes » (1 Cor. 14:32). Un frère qui agit est responsable de son action. La puissance morale, chez un frère, ne provoquera jamais de désordre. Les frères les plus utiles ne sont pas toujours les plus instruits, mais ce sont ceux qui vivent le plus près du Seigneur. Même intellectuel, un homme ne deviendra jamais spirituel par ses propres efforts. L’assemblée peut être bénie par la seule prière d’un frère tout simple. Le don n’est pas la chose essentielle, mais bien la place que Christ tient dans le coeur.
Paul avait certainement tous les dons, et un frère peut en avoir plusieurs. Le don de pasteur, rare et très utile, consiste à s’occuper de l’état pratique des âmes. Pour être un bon pasteur, il faut connaître la saine doctrine. Docteur et pasteur sont des dons qui vont ensemble.
Si, dans l’assemblée, un frère est tombé, les réunions s’en ressentent, même si nous n’en connaissons pas la cause. Le Saint Esprit est très sensible à tout ce qui est contraire à la nature de Dieu. C’est pourquoi nous devons juger, tous les jours, nos pensées et nos sentiments. Ce ne sont pas seulement des choses grossières qui attristent l’Esprit. Les frères et les soeurs en vue ont à veiller plus que les autres, car leur chute aura, pratiquement, beaucoup plus de conséquences. L’assemblée devrait être à même de s’en rendre compte, par l’exercice de leur ministère.
Le don de prophète est davantage public. Il atteint les âmes sans rien connaître de leur état. Pour édifier l’assemblée, un frère ne doit parler que de ce qu’il a vécu avec le Seigneur. La vérité doit opérer en lui avant d’opérer dans les autres par lui. « Il n’y a point de juste, non pas même un seul » (Rom. 3:10) ; il enseignera cela avec profit, s’il a appris à se connaître lui-même. Enseigner une vérité qu’on n’a pas éprouvée pour soi-même est une forme d’intellectualisme. On rencontre ce danger à un haut niveau, chez les théologiens. Si le Seigneur nous appelle à faire un pas, faisons-le sous l’action du Saint Esprit. Qu’il agisse en nous d’abord, même s’il peut agir par nous sans nous : il a fait parler l’ânesse de Balaam ! Conscients de son action, nous ne sommes plus qu’un simple canal. S’il y a progrès moral, le ministère d’un frère ne sera plus le même dix ans plus tard.
Les soeurs doivent se taire dans les assemblées (1 Cor. 14:34-35), bien qu’une soeur soit souvent plus spirituelle qu’un frère. Il n’est pas rare qu’un frère fasse appel au jugement d’une soeur. Une soeur spirituelle pourrait parfois donner, dans l’assemblée, plus qu’un frère, mais elle sera plus utile en restant à sa place et en priant.
C’est très délicat de pousser des jeunes dont on ne connaît pas toujours l’état intérieur. Nous n’avons pas à prendre la place du Seigneur. C’est contraire à l’enseignement de la Parole, de pousser des frères à l’action. Encourager un frère trop craintif, c’est autre chose. Nous avons à être dépendants du Seigneur, et la dépendance exclut les initiatives. De même, nous n’avons pas à préparer une réunion, sinon par une préparation morale de notre vie et l’étude régulière de la vérité. Ayant son propre bagage, l’âme discerne par l’Esprit la vérité à présenter. Cette préparation continuelle de l’Esprit est un fruit de la piété de l’ouvrier. Nous n’avons pas à nous préoccuper du déroulement d’une réunion, mais à nous attendre au Seigneur et au Saint Esprit ; c’est ce qui distingue les frères.
Les réunions d’étude se passent un peu différemment, parce que le sujet est connu. Des questions peuvent être posées librement ; plus de trois frères peuvent intervenir. Le ministère de Paul et Barnabas s’accomplissait peut-être de cette manière, au début des Actes.
C’est une insulte à l’autorité de Dieu et du Seigneur que de créer des systèmes susceptibles de tout arranger, pour faire face à tout. Ne faisons pas passer la pensée de l’homme avant celle du Seigneur !
[LC n° 76]
12 avril 1970
La vérité qui a été placée devant nous dès le début est d’une valeur, d’une importance, qui pourraient difficilement être définies.
Le thème de ces cantiques, c’est l’amour. On en parle beaucoup. On sent qu’il y a là un élément de la vérité morale vivante, un élément de la bénédiction, l’élément essentiel, avec cet autre élément, qui est la lumière. Et, en rapport avec Dieu, les deux sont un.
Nous n’avons pas, dans l’Écriture, une étude analytique de l’amour, pas plus que de la lumière, ni en ce qui concerne Dieu. L’amour, on ne le connaît que quand on l’a. C’est vrai aussi dans les relations humaines.
Entre un père et son fils, il y a une relation vivante entre eux. Le petit enfant l’a avec sa mère. Ainsi, les vérités, nous les connaissons en les recevant. Nous connaissons Dieu par nos besoins, auxquels Dieu fait face.
Ceux qui sont chrétiens ici n’ont pas besoin de Dieu en tant que pécheur. Cette sorte de besoin est satisfaite pour toujours. Leur relation de base est définitivement assurée. Voilà pourquoi l’amour a une telle place. Voilà pourquoi, chers frères et soeurs, nous avons plus, beaucoup plus, que nous ne le réalisons. L’amour ne se connaît qu’en le réalisant.
Quand nous avons perdu la jouissance de l’amour du Père, nous ne pouvons pas parler d’amour. Sinon, notre attitude est fausse.
Un chrétien qui marche mal est en très mauvaise posture pour parler de Dieu.
C’est Dieu qui est amour. C’est Dieu qui déverse son amour dans le coeur de ses enfants. C’est la nature de Dieu qui déploie ses effets dans le coeur de ses enfants.
C’est admirable. Et cela tend à faire connaître ce qui est en Dieu lui-même.
Encore une fois, la grande affaire, c’est notre état. Dieu a eu, envers nous, cette grâce d’avoir avec lui des rapports vivants. Si nous assemblons seulement des vérités pour étudier la Parole, nous risquons de perdre notre temps.
C’est plus profitable d’étudier les Écritures, même de cette manière, que des textes mondains. C’est sûr. Parce que, un jour ou l’autre, Dieu peut la bénir. Mais ce n’est pas de cette manière qu’on l’étudie. Ce n’est pas ainsi que le Saint Esprit agit.
La présence sur la terre d’un incrédule est une offense permanente à la gloire de Dieu. On peut aller plus loin. Nos actes à nous, chrétiens, lorsque nous marchons mal, sont une offense à la gloire de Dieu.
Toutes choses disparaîtront, les dons, les services.
La chose la plus grande que Dieu nous aura donnée ici-bas, c’est l’amour. Toute l’activité des saints se tournera, en adoration permanente, à la gloire de Dieu, dans la jouissance de l’amour du Père et du Fils.
Le service ne peut être valable que s’il est rempli pour Christ, dans l’amour de Dieu (1 Jean 5:2 ; 1:7).
Nous aimons nos frères dans la mesure où l’amour de Dieu rempli nos coeurs.
Pourquoi certains ont plus d’amour que les autres ? Nous n’avons en nous-mêmes aucune source d’amour, mais en Christ seul. L’amour bannit l’égoïsme.
Alors, chers frères et soeurs, nous avons des choses à revoir. Toute la valeur de la vie chrétienne est là. Si ce n’est pas l’amour de Dieu qui remplit le coeur, est-ce alors votre amour ? Il ne vaut pas cher.
Quand le Saint Esprit est contristé, l’amour est arrêté. La source de l’amour versé en nous est arrêtée. Donc, la première chose à faire, c’est de retrouver cette source, pour y voir. Nos anciens veillaient à cela avec un très grand soin. L’un d’eux disait : Ne laissez pas la communion s’interrompre !
Ce ne sont pas les vérités que nous aurons soigneusement étudiées qui nous feront vaincre notre égoïsme. Mais c’est le Saint Esprit.
« Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Rom. 5:2).
Nous pensons passablement à la gloire de Dieu, et au lieu où nous serons bientôt introduits.
v. 5 : « L’espérance ne rend point honteux ». Si la jouissance de Dieu n’était que pour plus tard, ce serait bien loin. Grâce à Dieu, il nous donne autre chose.
Il y en a qui passent par des épreuves cuisantes. Le Seigneur le sait. Grâce à Dieu, il y a un présent, dans les consolations. Il y a un présent, dans les ressources en Dieu, pour quelque circonstance que ce soit.
La consolation est toujours dans la présence de Dieu, au coeur et à la conscience de chacun de ceux qui sont éprouvés. C’est Dieu lui-même qui peut remplir nos coeurs, et cela, tous les jours. Dieu nous offre cette part. Est-ce réalisable ? Oui. Est-ce une chose extraordinaire ? Non. Un tel chrétien serait le plus riche de tous les autres, le plus riche de tous. Il serait peut-être le plus pauvre ; qu’importe ! Il serait toujours prêt à donner. Que Dieu nous fasse faire des progrès dans cette réalisation pratique.
Pour le présent, l’amour de Dieu est versé dans nos coeurs.
Au lieu d’être des gens qui parlent, soyons des chrétiens qui en jouissent, et qui en parlent de l’abondance du coeur. C’est le plus puissant des témoignages. Il faut, pour cela, boire à la source d’une façon continuelle.
Quelle merveille, d’avoir le Saint Esprit ! C’est une bénédiction pour l’individu, et une bénédiction pour l’assemblée.
Quelqu’un qui n’a pas le Saint Esprit n’est pas un chrétien.
Il y aura un tri qui se fera, à la venue du Seigneur, un tri définitif. Ce tri se fera. Pensons-y ! Et l’amour nous pousse à y penser.
Un mot sur 1 Cor. 13. Il est placé là après le chapitre 12, qui nous parle des manifestations spirituelles. Le Seigneur parle ici des effets de l’action du Saint Esprit. Il y a beaucoup de dons, mais un seul Esprit. Il y a plusieurs activités spirituelles, alors qu’il y a un seul Esprit. Mais le Seigneur met les choses en place. Il y a un chemin bien plus excellent que les dons ; c’est l’amour.
Un homme du dix-septième siècle, qui était fidèle, un de ceux qui ont brillé par leur piété, l’un d’eux, disait : L’amour, sur tous les dons, l’emporte avec justice. Retenons cela !
Si nous ne buvons pas habituellement à la source de l’amour divin, nous sommes occupés de notre don, et non pas de l’amour des saints. Alors que, si nous buvons à la source de l’amour, nous avons la gloire de Dieu devant nous, et l’intérêt pour les saints. Car n’oublions pas, des chrétiens très sérieux peuvent très bien sombrer.
Nul n’a pu trouver, dans ce monde, quelqu’un qui puisse se débarrasser de lui-même. Si Dieu n’est pas dans notre coeur, c’est le « moi » qui s’y trouve. Cela paraît sévère ; mais c’est Dieu qui le dit.
Chers frères et soeurs, que Dieu nous accorde de vivre beaucoup près du Seigneur. C’est le seul moyen d’être en aide à nos frères.
Le critère sûr de l’opération divine dans un homme, c’est par l’amour de Dieu versé dans le coeur, et la jouissance de son amour.
v. 4-5 : Nous y voyons la bonté. « L’amour n’est pas envieux ; l’amour ne se vante pas ; il ne s’enfle pas d’orgueil ; il n’agit pas avec inconvenance ». Parce que Dieu est là, et le « moi » est tenu en bride. C’est admirable ! Le monde dira : Il est fou ; il ne prend aucune précaution ; il se dépense sans compter. Et pourtant, c’est le chemin, ce que le Seigneur a réalisé à la perfection.
On a dit que des chrétiens pieux n’agiraient jamais qu’avec un tact parfait, fussent-ils dépourvus de toute convenance mondaine, ignorants et sans éducation, à cet égard. Cela est un témoignage.
Le Seigneur était un charpentier. Les qualités dont l’amour revêt un fidèle sont un véritable ornement à la gloire de Dieu. Ce serait un témoignage exceptionnellement puissant devant les hommes. Le bien selon Dieu appelle la haine, de la part des hommes.
v. 5 : « Il ne cherche pas son propre intérêt ; il ne s’irrite pas ; il n’impute pas le mal ». Le bien, c’est la lumière, et ne pas juger son frère. Si on voit quelque chose qui ne va pas, chez lui, on est exercé devant le Seigneur. Mais on ne devancera pas le Seigneur. C’est ne pas avoir cette disposition d’esprit, bien qu’on soit clairvoyant.
L’amour et la grâce ont attiré cette femme samaritaine, qui fuyait la société. Le Seigneur la prend à son niveau, et la tire par sa patience et sa douceur. Cette grâce n’étouffe pas la vérité. L’amour et la grâce ont attiré cette femme. La confiance est introduite dans cette âme. Et, lorsque la confiance est introduite, il dit : « Va, appelle ton mari » (Jean 4:16). La flèche est lancée. La femme ne part pas.
L’amour de Dieu prépare le chemin de la restauration.
Il y a l’égoïsme collectif, l’égoïsme familial. Il n’est pas meilleur.
v. 6-7 : « Il ne se réjouit pas de l’injustice, mais se réjouit avec la vérité ; il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout ». L’amour ne supporte pas tout, dans le sens où nous le comprendrions peut-être parfois. Mais il supporte tout ce que Dieu peut supporter. L’amour sait agir. Il sait rester tranquille. Il sait être patient. Il sait parler. Il sait se taire.
La foi nous tient en relation avec Dieu. L’amour divin, c’est Dieu, Dieu dans le coeur. Et il aura toute sa manifestation dans la gloire.
Chers frères et soeurs, que Dieu nous encourage à cela, à boire à une eau vive, à la source de l’amour. Que ce soit un trait distinctif : s’y abreuver pour être utiles autour de nous, mais d’abord pour la gloire du Seigneur !
Que Dieu nous fasse la grâce de lui donner la première place, ce qui est le secret de la vraie communion les uns avec les autres.
[LC n° 147]
5 août 1962
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 286
« Vous convoitez, et vous n’avez pas ; vous tuez et vous avez d’ardents désirs, et vous ne pouvez obtenir » (Jacq. 4:2). Les désirs de nos coeurs naturels sont ceux de la vieille nature que nous avons tant de peine à considérer comme morte, du vieil homme qui a été crucifié avec Christ. Cette vieille nature est la source de toutes les guerres, entre des frères, dans une famille, au sein d’une assemblée. Elle nous conduit, dans l’exercice même de la prière, à demander mal, non pas pour le développement de notre vie spirituelle, mais pour satisfaire les désirs du coeur naturel. Ainsi, des bénédictions spirituelles nous échappent, parce que notre nouvelle nature n’est pas en activité : « Vous n’avez pas, parce que vous ne demandez pas » (4:2). La vieille nature a d’ardents désirs, posséder des biens matériels ou jouir d’une certaine autorité, par exemple. Ces désirs ne devraient pas exister chez le croyant ; ce sont ceux de la chair. Que Dieu nous en garde et que nous sachions leur imposer silence.
« Désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel » (1 Pierre 2:2). Rejetant les produits de la vieille nature, qui sont un obstacle au développement spirituel, nous pourrons croître et prospérer spirituellement. Le pur lait intellectuel est, dans ce passage, la nourriture qui convient à tous les stades du développement du croyant ; en revanche, en 1 Cor. 3:1-2 et en Héb. 5:12-14, il est la nourriture des petits enfants en contraste avec la nourriture solide, avec la viande, qui convient à des croyants déjà avancés dans la vie chrétienne. Le pur lait intellectuel que nous sommes exhortés à désirer ardemment, c’est la Parole qui nous présente Christ, nourriture excellente sans laquelle il n’y a pas de développement spirituel possible. Cette nourriture doit rester pure, non frelatée, non mélangée avec les pensées naturelles de l’homme. Le ministère doit dispenser cette nourriture qui vient de Dieu, qui est le travail de l’Esprit de Dieu, qui est en accord avec la Parole de Dieu. Est-ce que notre coeur brûle du désir de s’emparer de cette nourriture ? Ou bien se nourrit-il de lectures sans utilité pour la vie spirituelle ? Plus un croyant vit près du Seigneur, plus il sera nourri de la nourriture excellente dont il a besoin.
« Si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Pierre 2:3). Voilà pourquoi nous avons si peu cet ardent désir. Nous savons si peu apprécier la fidèle bonté du Seigneur dans toutes les étapes du chemin, dans les jours de joie comme dans les jours de peine. Formant une maison spirituelle, une sainte sacrificature (1 Pierre 2:5), nous pouvons alors nous approcher de Christ comme d’une pierre vivante pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par lui. Nous serons des adorateurs dans la mesure où nous avons désiré ardemment le pur lait intellectuel. Si nous n’avons pas été chaque jour aux pieds du Seigneur, nous viendrons devant lui avec des corbeilles vides le dimanche. Toutes les réunions d’assemblée ont un caractère collectif ; c’est donc l’assemblée toute entière qui adore.
« Désirez avec ardeur les dons de grâce plus grands » (1 Cor. 12:31). « Désirez avec ardeur les dons spirituels, mais surtout de prophétiser » (1 Cor. 14:1). « Désirez avec ardeur de prophétiser » (1 Cor. 14:39). Les instruments que Dieu emploie sont précieux à leur place, mais le secret de la bénédiction dans une assemblée, c’est l’exercice profond de tous les frères, de toutes les soeurs, pour la prospérité spirituelle de l’assemblée, et non pas l’exercice même des dons, si éminents soient-ils. Prophétiser, c’est mettre les âmes en rapport avec Dieu, par la Parole, au moment du besoin. Quelquefois, cinq paroles peuvent suffire pour faire du bien à tous. Désirons-nous ce don avec ardeur, ou manifestons-nous une paresse coupable en laissant la charge aux autres ? Le manque d’un exercice secret avec le Seigneur est la cause de beaucoup de faiblesse. La vie individuelle d’abord, ensuite seulement il peut y avoir accroissement dans l’assemblée.
« Si quelqu’un aspire à la surveillance, il désire une oeuvre bonne » (1 Tim. 3:1). Voilà un désir qui devrait être dans le coeur de quelques frères dans l’assemblée, par amour pour les saints et pour l’assemblée, pour servir les saints et l’assemblée. La charge de l’ancien se rapproche de beaucoup du ministère pastoral, mais le surveillant connaît les circonstances et les besoins personnels, il connaît les brebis du troupeau. Il discerne aussi ce qui peut nuire au bon ordre : il pressent le danger ; il doit avertir, retenir. Mais il lui faut des qualités morales, une autorité morale. Que de maux dont on aurait pu être préservé s’il y avait eu, en temps opportun, l’intervention d’un ancien !
« Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Éternel » (Ps. 84:2). Une âme, en route pour la maison, en savoure déjà les félicités. Le pèlerin fait l’expérience de celui qui pouvait dire : « Le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête » (Matt. 8:20). Cette âme n’a qu’un but en traversant la terre : « Tes autels ». Cette âme ne s’attache à rien d’autre ici-bas qu’à la personne dont la Sulamithe pouvait dire : « Toute sa personne est désirable » (Cant. 5:16).
« Ayant le désir de déloger et d’être avec Christ » (Phil. 1:23) ; c’est le désir de l’apôtre Paul. Pourtant, il était prêt à rester, à lutter encore, si cela était avantageux pour les Philippiens. Mais son désir ardent était d’être avec Christ.
« Désirant avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui est du ciel » (2 Cor. 5:2). Dans le corps, qui est souvent une entrave au développement spirituel, nous gémissons, étant chargés. Ce corps n’est pas à la mesure de la vie divine qui est en lui. Bientôt, nous allons prendre possession de la « maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux » (2 Cor. 5:1).
« J’ai fort désiré de manger cette pâque avec vous » (Luc 22:15). Devant le désir si fortement exprimé par le Seigneur, pouvons-nous dire : « le désir de notre âme est après ton nom et après ton souvenir » (És. 26:8) ?
Que Dieu produise lui-même en nous ces saints désirs pour la paix de nos âmes, pour notre enrichissement spirituel, pour une vie individuelle plus nourrie de Christ, plus vraie, et aussi pour la prospérité de l’assemblée !