Louis Chaudier
Table des matières :
4 - Affranchissement — Jean 2:19 ; Romains 6:4
5 - La justification et la mise à mort du vieil homme — Romains 6:4-14, 20-23 ; 8:1-12 ; 12:1
6 - Le mal dans le vieil homme — Galates 5:11, 16-26 ; 6:7-8, 14 ; Romains 6:4-7, 11-12, 14, 18, 22
7 - La mort, force du croyant — Romains 6:4, 6, 11, 12, 14 ; 8:12-14 ; Éphésiens 6:10-20
8 - Justifiés — Romains 6:4-23
9 - Dans la chair ou dans l’Esprit — Romains 7:7-25 ; 8
10 - Faire mourir la chair — Romains 8:12-14 ; Éphésiens 6:10-18 ; 1 Jean 2:12-17
11 - Malheur à moi ! — Ésaïe 6:1-8 ; Romains 12:1-2
Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.
Certains textes ont été repris de l’ouvrage « Méditations sur la vie chrétienne » édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.
[LC n° 74]
16 mai 1954
Dans cette épître, à laquelle il est bon pour chaque croyant (et aussi pour un inconverti) de revenir, et de revenir fréquemment, nous trouvons, dès les premiers versets, la présentation de ce qui est appelé l’évangile de Dieu. Comme chacun a pu le remarquer, tout est rattaché à Dieu, d’une façon particulière, dans cette épître, et premièrement, « l’évangile de Dieu touchant son Fils » (1:1, 3). Nous savons également — nous l’avons lu — qu’on y trouve « la justice de Dieu », et l’expression est même employée sans l’article : « justice de Dieu », ce qui lui donne plus de force, la présentant d’une façon plus abstraite et plus profonde. On y trouve le tribunal de Dieu (14:10), tandis qu’ailleurs on trouve le tribunal de Christ (2 Cor. 5:10) ; c’est la même chose, au fond. Seulement, tout est ici rapporté à la nature et au caractère de Dieu, en contraste avec la nature et le caractère de l’homme.
Nous avons lu que l’apôtre n’avait pas honte de « cet évangile qui est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit, et au Juif premièrement, et au Grec ». Pourquoi l’apôtre n’avait-il pas honte de cet évangile ? Il aurait pu en avoir honte, parce que son éducation juive le portait à se glorifier de ce qu’il avait reçu sous le signe de la loi de Moïse et à rejeter tout le reste. Un Juif était porté à rejeter tout ce qui n’avait pas été donné de Dieu par la loi. D’autre part, si un Juif n’avait pas gardé sa séparation d’avec les nations, il était infidèle, selon la loi. Tandis que maintenant, le mur mitoyen de clôture entre Juifs et nations est abattu. Et Paul, qui était juif, hébreu d’entre les hébreux, quant à la loi pharisien, qui jusqu’à sa conversion se glorifiait de tous les privilèges que Dieu avait accordés aux Juifs, maintenant, n’a pas honte de ce qu’il appelle l’évangile de Dieu, qui est pour tous les hommes. Et s’il a honte de quelque chose, c’est de lui-même, quelque enrichi qu’il pût être par les instructions que Dieu avait données autrefois à son peuple par la loi. Ce n’est pas de la loi qu’il a honte (l’épître elle-même le démentirait). Elle n’est pas mise de côté, et elle demeure intégralement. Elle a été accomplie.
Il dit ceci : Je n’ai pas honte de l’évangile. L’évangile de Dieu, lui, avait opéré ce qu’au prix de tant d’efforts il avait en vain cherché à réaliser, lui qui pouvait dire de lui-même ce qu’aucun d’entre nous n’aurait osé prendre à son compte : « quant à la loi, sans reproche » (Phil. 3:6). Il avait servi Dieu avec une conscience sans reproche (2 Tim. 1:3) ; aucun d’entre nous n’oserait souscrire à une telle déclaration.
Eh bien, ce que Saul de Tarse n’avait pas réussi à s’approprier, malgré tous ses efforts, l’apôtre Paul nous le présente ici comme un don apporté par l’évangile de Dieu, savoir cette chose importante entre toutes, et avant toute autre : la justification, la justice de Dieu. Et c’est ce qu’il nous présente tout de suite. Il n’a pas honte de l’évangile, parce que la justice de Dieu y est révélée sur le principe de la foi, pour la foi.
L’apôtre était très heureux de prêcher aux hommes le moyen divin de devenir juste. Et c’est le privilège de quiconque prêche l’évangile, de pouvoir présenter aux hommes ce don que Dieu fait, cette richesse qu’Il est tout prêt à donner à quiconque croit, richesse qui consiste, pour un homme, à être revêtu, non pas aux yeux de ses voisins, mais de Dieu Lui-même, de ce qui est appelé « la justice de Dieu ». Elle est révélée dans l’évangile sur le principe de la foi, pour la foi. Et l’apôtre se glorifie d’avoir le don de Dieu à présenter à tous les hommes, qui étaient tous des pécheurs. Il ne les accablait pas, les déclarant pécheurs, car il se met en tête de liste ! Nous ne pouvons pas nous mettre en tête de liste, Paul l’a fait : « Je suis le premier des pécheurs » (1 Tim. 1:15) (il aurait pu dire, de la même manière : je suis le premier des justifiés). Cela donnait, de la part de Dieu, une valeur immense à l’enseignement qu’il présentait aux pauvres pécheurs. Il ne reculait pas devant les déclarations les plus fortes, et c’est ce que tout serviteur de Dieu et tout chrétien doivent faire, vis-à-vis de tout homme. Il ne voilait en rien l’état des pécheurs auxquels il s’adressait. Il ne les séduisait pas, ne les trompait pas ; il ne frelatait pas le vin qu’il présentait. Il disait à tous que nous sommes tous des pécheurs, et que nous ne sommes que cela. Et c’est pourquoi l’apôtre n’avait pas honte de l’évangile de Dieu, de cet enseignement en apparence dérisoire et sans attrait, auquel le coeur naturel est opposé. Il n’en avait pas honte, non pas seulement parce qu’il venait de Dieu (la loi aussi venait de Dieu), mais parce qu’il apportait, de la part de Dieu, à l’homme, le remède à tout son état de péché ! C’est le seul enseignement qui apporte ce remède. Il n’avait donc pas honte de l’évangile, car en l’apportant, il apportait le principe de la justification par la foi.
Est-ce que chacun de nous, ici, est au clair sur la valeur de cette justification par la foi ? Est-ce que chacun de nous, ici, porte dans son coeur cette condamnation intérieure qui fait qu’il est d’accord avec Dieu, lorsque Dieu trace de lui (car c’est de chacun de nous que Dieu le trace) ce portrait, ce terrible, ineffaçable, portrait, lu dans le chapitre 3 ?
Dieu dit qu’il ne regarde pas à l’apparence des hommes. Tout ce qui a une belle apparence est une abomination devant Dieu, est-il écrit. Le mot « abomination » est employé pour désigner l’idolâtrie. Commettre des abominations, dans l’Ancien ou le Nouveau Testament, c’est attribuer à un autre ce qui doit être attribué à Dieu. Ce qui a une belle apparence devant les hommes, avant tout dans l’ordre des questions morales, des questions touchant la nature, les droits de Dieu, les droits de la conscience (bien que la conscience naturelle soit souvent un pauvre juge), est une abomination devant Dieu. Il n’y avait rien qui eut une si belle apparence devant les hommes qu’un Juif zélé. Le Juif zélé pouvait se prévaloir, aux yeux des païens qui l’entouraient et dont ses pères étaient sortis, de toute l’instruction qu’il avait reçue ; il pouvait dire qu’il l’avait reçue de Dieu. Il pouvait même avoir cette très belle apparence qui est définie et condamnée en un terme qui passe d’une génération à l’autre avec toute sa force : le pharisaïsme. Mais Dieu déchire cette robe factice tissée par l’homme, et montre l’homme dans toute sa nudité morale, l’homme de tous les temps, païen ou Juif. Les deux portraits sont identiques, et à ces deux portraits, on peut en juxtaposer un autre qui coïncide avec eux, celui du chrétien purement professant, où qu’il soit ; ce portrait est également gravé. Car le chapitre 3 est tout à fait applicable au chrétien professant. Les mêmes traits de ce visage moral se retrouvent dans tous les temps, dans tous les lieux, qu’il s’agisse du païen d’autrefois ou d’aujourd’hui, du Juif d’autrefois ou d’aujourd’hui, du chrétien professant de tous les temps du christianisme. Et ces traits sont gravés là par l’Esprit de Dieu, ineffaçables.
C’est un grand point, chers amis, lorsqu’au lieu de nous regarder avec des yeux favorables, nous nous regardons avec, pour ainsi dire, l’oeil de Dieu. Et, pour nous voir de cette manière, nous n’avons qu’à écouter ce que Dieu dit de chacun de nous ; c’est un portrait personnel de chacun. Ce sont des déclarations que chacun doit appliquer à son coeur. C’est pourquoi l’apôtre, dans cette épître aux Romains, dès qu’il a présenté l’évangile de Dieu pour la justification par la foi (déclaration consolante et rassurante), entre dans le coeur du sujet, en développant l’histoire morale de l’homme en deux chapitres, et démontre la nécessité d’une telle justification. Ces deux chapitres (à peine plus) — chap. 1:18 à chap. 3:21 — résument soixante siècles d’histoire morale, toute l’histoire morale de l’homme. L’apôtre parle des hommes d’avant le déluge, quand il n’y avait pas d’idolâtrie. L’idolâtrie est venue après le déluge, après ce bouleversement d’où huit personnes sont sorties. Et le diable a remporté alors une victoire considérable, en détournant les hommes vers lui, par le moyen de l’idole matérielle. Le paganisme était né.
Les ancêtres d’Abraham « avaient servi d’autres dieux », est-il écrit. Dieu le fait sortir du milieu païen. Nous avons ensuite l’histoire des Juifs, qui étaient instruits dans les choses de Dieu, qui auraient dû avoir un niveau moral supérieur, une conscience plus délicate. Ils étaient plus près de Dieu. Mais leur portrait est également tracé, et se retrouve au chapitre 3, sur lequel il est bon que nous nous arrêtions tous. Il y a là un sujet de méditation, pour le chrétien qui a du chemin derrière lui comme pour le jeune chrétien, à qui tant de voix diverses disent le contraire de ce qui est écrit dans ce chapitre 3.
En considérant ce chapitre, nous comprenons pourquoi l’apôtre était si heureux de présenter la bonne nouvelle, l’Évangile, avant de faire ces déclarations susceptibles d’acculer les auditeurs ou les lecteurs au désespoir. Il leur présente auparavant la bonne nouvelle de la justice de Dieu, de la justification par Dieu sur le principe de la foi, c’est-à-dire qu’on devient juste en croyant. Cette justification n’est que pour la foi. Elle exclut tous les efforts qu’un homme peut faire pour se justifier par un autre moyen que celui de la foi, ces efforts fussent-ils proposés par la loi que Dieu avait donnée en Israël ; tous ces efforts sont exclus. Nous savons bien, par l’Écriture, qu’un jeune homme vint au Seigneur et lui dit : « Que ferai-je pour avoir la vie éternelle ? » ; « Si tu fais ces choses, tu vivras par elles », dit le Seigneur. Mais personne n’a pu faire ces choses, et l’effort demandé par Dieu à l’homme pour qu’il soit juste n’est plus demandé à l’homme, quel qu’il soit, Juif ou Grec ; c’est fini. Si nous considérons les Juifs (puisque c’était à eux que l’appel avait été adressé, et que c’est sur eux que Dieu comptait, pour ainsi dire), quel a été le fruit qu’ils ont produit ? On l’a vu au calvaire. Le terrain juif (exclusion faite, évidemment, de ce que Dieu a produit par la foi, d’une façon individuelle) n’a produit autre chose que des ronces et des épines, ce qui est une réalisation morale de ce qui est dit à propos du sol. Lorsque Dieu a maudit le sol, il a produit des ronces et des épines. Le coeur de l’homme est un sol qui produit des ronces, des épines. Le coeur de l’homme, personne ne le voit ; on ne le voit pas, on n’a pas même le droit de regarder le coeur de son frère ou de son voisin. C’est ce que Dieu dit : « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés » (Matt. 7:1).
Depuis le jour où il s’est détourné de Dieu pour se tourner vers le diable, ce coeur porte ces fruits visibles aux yeux de tout l’univers : des épines et des ronces. Considérons, chacun pour soi, notre coeur. Cette terre de malédiction n’a-t-elle pas porté des fruits visibles, qui définissent sa nature ?
Eh bien, pour Dieu, il faut être juste ! Qu’est-ce que cela veut dire ? Être juste, c’est être fidèle à tous les devoirs que créent pour nous les relations dans lesquelles nous sommes placés. C’est remplir toutes les obligations que crée une relation. La première de toutes nos relations, et en un sens la seule éternelle, c’est notre relation avec Dieu. Qu’il le veuille ou non, l’homme a une relation avec Dieu. L’homme est une créature de Dieu ; il a une relation avec Dieu. Hélas, il foule aux pieds le nom de Dieu, comme s’il n’y avait rien en dehors de lui-même ! Mais il y a un Dieu, et non seulement il y a un Dieu, mais tout homme a des comptes à rendre à Dieu, car toute relation implique des obligations.
Il y a les relations familiales. Qui est-ce qui a été juste dans toutes les obligations des relations familiales ? Qui est-ce qui a accompli toutes ses obligations, dans le cercle de la famille, dans la moindre des pensées, dans les paroles les plus ordinaires ? Qui est-ce qui a accompli tout ce qui fait que Dieu pourrait dire d’un homme, d’une femme, d’un enfant, d’un père et d’une mère : Voilà un juste ? Il y a aussi les relations sociales. Qui oserait lever la tête devant Dieu et dire qu’il a été un juste devant Dieu ? Quant au fait qu’il est dans une société, quelle qu’elle soit, il y a des devoirs, absolument, dans quelque société que ce soit, que ce soient les hommes au milieu desquels ou avec lesquels on travaille, ou la société plus large avec laquelle nous sommes en contact, ou celle de tous les hommes, d’une façon générale. De plus, si un homme n’est pas juste dans ses relations avec un autre homme, il n’est pas juste vis-à-vis de Dieu ; il a commis une injustice envers Dieu. Car quelque péché qui soit commis contre quelqu’un est avant tout un péché contre Dieu. Si je mens à un homme, je pèche contre Dieu. Avant de pécher contre l’homme à qui j’ai dit un mensonge, je pèche d’abord devant Dieu.
Non, « il n’y a pas un juste, non pas même un seul ». Ne nous dérobons pas à la puissance pénétrante de la Parole de Dieu ; ne nous dérobons pas à cela. C’est le secret de la bénédiction, pour l’inconverti d’abord, qui est porté à faire tout ce qu’il peut pour se dérober et pour renouveler à l’infini, au cours des siècles, le geste d’Adam et d’Ève qui, lorsqu’ils ont vu ce qu’ils étaient, se sont fait un vêtement. Ce vêtement était et demeure un aveu permanent, à la face du monde, qu’ils avaient péché.
Oh, chers amis, quelle pensée celle-là : nous sommes pécheurs ! Quelle grâce que celle de Dieu, qui nous a dit et qui nous redit (et il est le seul à le faire) : Voilà ce que tu es ! Personne d’autre au monde ne nous le dit ; les philosophes ne nous le disent pas. Ils ne se connaissent pas eux-mêmes ; ce sont des aveugles conducteurs d’aveugles ; ils tombent tous dans une fosse. Ils n’ont pas la lumière ni la puissance nécessaires pour discerner ce qui est en eux-mêmes. Nous pouvons remercier le Seigneur, remercier Dieu, de ce qu’il nous a donné sa Parole, et de ce qu’il nous a donné de la croire et de ne pas dire : C’est pour mon frère, c’est pour mon voisin ; mais de dire : C’est pour moi. Quand on en est là, on comprend qu’on a besoin d’une justice. Dieu nous aide à le voir. Au reste, en avançant dans la carrière chrétienne, nous constatons que le nombre de nos infidélités, de nos injustices, et leur importance, est bien plus grand que nous ne le pensions quand nous commencions notre vie chrétienne, parce que le sentiment des droits de Dieu, auxquels tout se rapporte et auxquels Dieu rapporte tout, croît en nous. En est-il bien ainsi pour chacun de nous ? Eh bien, la justice de Dieu est révélée dans l’Évangile de Dieu, sur le principe de la foi, pour la foi. Le juste vivra de foi. Il a la vie par la foi.
Autrement, il n’y a pas un juste, pas même un seul.
Il est bon de nous arrêter un peu sur ce portrait de ce que l’homme est par lui-même. L’épître de Jacques dit que nous sommes très vaniteux, et que nous aimons bien, nous, croyants, à couvrir ce portrait que Dieu a tracé de notre physionomie morale par un portrait avantageux que nous nous faisons de nous-mêmes. Oh, on est content de soi, facilement content de soi ! C’est un mauvais signe, quand un chrétien est content de lui. Et c’est aussi, d’ailleurs, un triste signe, quand il proclame très haut qu’il est mécontent de lui ; ce n’est pas vrai.
Mais si la grâce nous est accordée de rester dans la présence de Dieu, nous portons dans notre coeur le sentiment secret de ce que nous sommes vraiment. Heureux sommes-nous lorsque nous portons ce sentiment, dont Ézéchiel parle deux ou trois fois, et qui fait dire à Job : « J’ai horreur de moi ». Ainsi, on est d’accord avec Dieu. On n’a pas horreur des autres ; ce serait un sentiment facile, naturel, coupable ; mais « horreur de moi ». Voilà un signe que l’âme mûrit. Que Dieu nous accorde cela, chers amis. Et, en même temps, c’est une sécurité morale pratique ; on se méfie de soi.
Il arrive qu’on encense un défunt, un homme qui est mort, en louanges ! Car les hommes se décernent entre eux des brevets de toutes sortes, dans leur vie, dans leur mort ; toutes sortes de brevets qui honorent quoi ? Leur chair pécheresse, sur laquelle Dieu a mis un signe, la croix. Partout, le doigt de Dieu a marqué ce signe, la croix, sur toute chair. Non pas que toute chair soit au bénéfice de la croix, mais toute chair est placée sous la condamnation, qui est une des choses que la croix manifeste, la condamnation de toute chair.
Il y a eu un juste. Il est appelé, dans l’Écriture, le Juste ; c’est Jésus. Et il y a ceux qui ont été justifiés par le sang de Jésus ; Dieu les appelle justes. Ils sont justes ; c’est Dieu qui le dit. Et le croyant déclare, en courbant le front : J’étais pécheur, mais Dieu m’a justifié par la foi au sang de Jésus, ce qui est le seul moyen d’être juste. Mais autrement, il n’y a eu qu’un juste : le Juste. On a dit que ce titre de Jésus est peut-être le plus distinctif de tous : le Juste. S’il n’avait pas été le Juste, il n’aurait pu entreprendre le salut des autres. « Il est mort, le Juste pour les injustes » (1 Pierre 3:18). « Vous avez mis à mort le Juste : il ne vous résiste pas » (Jacques 5:6). Cette dernière citation, prise dans l’épître de Jacques, peut d’ailleurs s’appliquer à un chrétien, car le chrétien n’est pas appelé à se défendre, quand il est persécuté.
« Il n’y a pas de juste, non pas même un seul » ; on a besoin d’entendre cette voix, en face de toutes celles qui disent le contraire. Est-ce que nous écoutons ce que Dieu dit, chers amis, ou est-ce que nous sommes très diligents pour fermer l’oreille à ce que Dieu nous dit, et pour l’ouvrir à ce que notre coeur nous dit ? Notre coeur dit de très bonnes choses de nous-mêmes ; il nous en dit du bien. Mais Dieu, jamais ! Certes, un chrétien gardé par la grâce de Dieu dans les choses qui plaisent à Dieu jouira de l’approbation de Dieu ; c’est une autre chose. C’est ainsi que le Seigneur Jésus a dit, en Jean 14:23 : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui ». C’est l’amour d’approbation ; c’est une autre chose. Lorsque les voies du chrétien plaisent à Dieu, Dieu le lui fait sentir ; et ceci est d’un prix sur lequel nous n’avons pas besoin d’insister. Il approuve ce chrétien ; mais il n’approuve pas, pour autant, le vieil homme qui est en lui.
« Il n’y a pas de juste, non, pas même un seul, personne qui ait de l’intelligence ». Pourtant, beaucoup se croient intelligents, cultivés ; et même, des frères se croient supérieurs aux autres frères à cause de leur intelligence, de leurs capacités naturelles. Il y a un moyen d’être intelligent selon Dieu ; « l’intelligence, c’est de me connaître », dit le Seigneur par la plume de Jérémie (9:24). C’est ici l’intelligence : Le connaître ; et non pas seulement connaître Dieu pour être sauvé, mais le connaître dans le chemin qu’on suit, dans ce qu’on fait, dans sa marche. C’est cela, être intelligent. Ce qui rend intelligent, c’est la pensée de Dieu. Si nous avons des pensées qui ne sont pas liées aux pensées de Dieu, nous sommes des insensés. Notre sagesse viendra à néant, parce que nous négligeons la première de toutes nos relations et le premier de nos devoirs, à savoir nos relations avec Dieu dans tout ce qui constitue notre vie courante.
« Il n’y a personne qui ait de l’intelligence, personne qui cherche Dieu ; ils se sont tous détournés… tous ensemble rendus inutiles ; il n’y en a aucun qui exerce la bonté, il n’y en a pas même un seul ». Écoutons ce que Dieu dit : « Il n’y en a pas un qui exerce la bonté » ! Personne ne fait des efforts pour la bonté (il est évident que c’est à l’exclusion de l’activité de la vie divine dans les croyants) ! Dieu voit bien ce qui se fait. Il y a des gens cruels, qui versent le sang, et des gens qui s’emploient à guérir les plaies que les autres font. Mais Dieu dit, quant à l’homme dans son état naturel, que pas un n’exerce la bonté ; pas un ! C’est un terrible tableau. Nous n’aurions pas osé dire cela, mais nous ne pouvons que lire ce qu’exprime l’Écriture. Au jeune homme qui lui dit : « Bon maître, que ferai-je pour hériter de la vie éternelle ? », le Seigneur répond : « Nul n’est bon sinon un seul, Dieu » (Marc 10:18). Quelle est la valeur de cette déclaration ? Que la bonté dans l’homme est entièrement niée ; il n’y a rien de bon dans l’homme. Ce qui, dans l’homme, ne vient pas de Dieu, est mauvais. S’il y avait de la bonté dans l’homme, dans celui qui panse les plaies qu’un homme cruel a causées aux autres, cela renverserait les paroles de Dieu lui-même, et cela annulerait le fait capital, qui est à l’origine de l’histoire du monde, que le monde veut oublier, mais que Dieu n’oublie pas, à savoir que le monde est un monde de pécheurs, un monde entièrement séparé de Dieu.
Quoi que le monde fasse, tout ce qu’il fait est de travers, parce que la première chose que le monde devrait faire, pour guérir ses maux, serait de retrouver ses relations avec Dieu. Mais il ne le comprend pas, et ne le peut pas !
Il n’y a pas de bonté dans l’homme. Chers jeunes croyants, c’est Dieu qui le dit, et non pas nous. Vous verrez, en avançant dans la vie, le vrai caractère de ce que vous croyiez être bon ; et vous changerez la déclaration tacite, intérieure, muette, que vous faisiez sur vous-mêmes ; et vous serez d’accord avec Dieu qu’il n’y a pas de bonté dans l’homme. Où est-elle, la bonté ? En Dieu. S’il y avait de la bonté dans l’homme, il pourrait venir à Dieu avec un fruit à lui. Mais, depuis l’histoire de Caïn, c’est un fait réglé. Dieu a permis que les grands principes moraux fussent dégagés dès le début, pour qu’il y ait là un principe directeur moral pour tous ceux qui auraient ces déclarations entre les mains. Le monde a oublié la chute ; peut-être même les chrétiens l’oublient ! Le monde a oublié la chose ; il n’en parle pas. Allons parler de la chute aux hommes ; légende, invention, disent-ils ! Nous savons très bien qu’on relègue ces faits, ces déclarations divines, au rang des inventions d’une génération ancienne. Mais le chrétien sait bien que tout cela est la vérité. Il le sait, et il a la lumière de Dieu sur son propre coeur.
« C’est un sépulcre ouvert que leur gosier ». Voyez, chers amis, ce que Dieu dit de nous ! Pourtant, il y a des choses belles, dans l’homme. On sent qu’il était un être noble, formé par Dieu ; il y a des choses qui le disent. Il en reste des traces, dans ce jeune homme aimable dont il est écrit : « Jésus l’aima ». Les hommes l’ont confusément senti ; les sages l’ont dit, et leurs déclarations sont même une sorte d’aveu d’un sentiment universel qui dit que l’homme est un dieu tombé. C’est une parole d’homme ; mais Dieu nous l’a dit autrement, et beaucoup mieux. L’homme fait à l’image morale de Dieu est tombé.
« C’est un sépulcre ouvert que leur gosier ». Que de paroles se prononcent, dans le monde, durant un jour ; toutes sortes de paroles ! Mais là, c’est Dieu qui parle ; voilà comment Il voit l’homme, comment Il voit l’humanité. L’humanité est très fière ; l’orgueil l’étouffe, un orgueil qui est près de l’écrasement, tout près, car Dieu ne supporte pas toujours l’orgueil de l’homme. Il abaisse ceux qui s’élèvent, tel Nébucadnetsar, qui était à la tête du plus élevé des quatre grands empires, et le seul à tenir son autorité directement de Dieu. Dieu avait donné à Nébucadnetsar un pouvoir absolu, un pouvoir absolument complet ; mais il s’est tellement élevé que Dieu l’a abattu et l’a rendu, pour des années, comme une bête sauvage !
« C’est un sépulcre ouvert que leur gosier ». « Par nos langues nous prévaudrons », dit le Psaume (12:4) de l’antichrist qui doit venir. Mais il y a beaucoup d’antichrists, aujourd’hui. Jean nous le dit depuis longtemps : « C’est ici la dernière heure » (1 Jean 2:18), et déjà de son temps ! Il y a un antichrist qui doit concentrer en lui tout cet esprit-là ; mais il y a beaucoup d’antichrists. Quelqu’un qui aurait ses pensées opposées à Christ en tant que Fils de Dieu, en tant que venu du Père, en tant qu’ayant manifesté Dieu sur la terre, opposé à Christ en tant que Dieu devenu homme et mort sur la croix, opposé au seul nom qui ait été donné sous le ciel et par lequel il nous faille être sauvés, c’est un antichrist.
« Ils ont frauduleusement usé de leurs langues ». Que de mensonges ont été dits ! « Tu ne prendras pas le nom de Dieu en vain » (cf. Ex. 20:7 ; Deut. 5:11), c’est-à-dire pour mentir. C’est la loi ; mais « ils ont frauduleusement usé de leurs langues ». Il y en a un qui n’a jamais employé sa langue que pour glorifier Dieu et exprimer avec vérité un état intérieur qui glorifiait Dieu. Sa pensée et sa parole étaient d’accord ; c’est Jésus. Voilà encore pourquoi il était juste.
Dieu s’occupe de nos langues. « Ils ont frauduleusement usé de leurs langues ; il y a du venin d’aspic sous leurs lèvres ». Le serpent est toujours l’emblème du diable : un venin d’aspic ! Le mal vient du diable ; il le produit dans le coeur de l’homme qui est tombé, et dans lequel s’agitent les convoitises. Le diable nourrit les convoitises et entretient cet état de malice, à propos duquel il est dit au chrétien : « Quant à la malice, soyez de petits enfants » (1 Cor. 14:10), mais quant à la connaissance de Christ, soyez des hommes faits. C’est ainsi qu’on trouve sa joie dans le Seigneur ; c’est la condition du bonheur. Ce n’est pas celui dont le coeur est rempli de malice qui est heureux, mais celui qui est comme un petit enfant quant à la malice. Le Seigneur allait tout droit son chemin, à la gloire de Dieu, ne se protégeant en rien. Il arrive qu’un chrétien se protège par mille choses, parfois par un mensonge ! Le Seigneur ne se protégeait en rien. Il était toujours le même, toujours vérité, toujours grâce, même devant ses ennemis, divinement parfait. Il ne se protégeait pas, et il n’employait pas sa puissance divine pour se protéger. Il ne s’abritait que dans la confiance en Dieu. C’est ce que Dieu nous demande. La vie chrétienne est une vie simple. On a dit que la vie de Jésus était une vie transparente comme la lumière ; c’est vrai.
« Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ». Quel tableau ! « Leurs pieds sont rapides pour verser le sang ; il n’y a point de crainte de Dieu devant leurs yeux ». Quand un chrétien craint Dieu, il a Dieu devant lui. Il voit Dieu, pratiquement ; il sent que Dieu ne peut supporter telle ou telle chose. Une crainte salutaire le retient, cette crainte qui est le commencement de la sagesse. « Il n’y a point de crainte de Dieu devant leurs yeux ».
Que Dieu nous donne, à nous croyants, d’avoir cette crainte de Dieu devant nous. Je suis tenté d’aller à tel endroit, mais mon regard vis-à-vis de Dieu se trouble. Non, je ne peux pas y aller. Dieu est fidèle. Il voit tout ; il sait notre pensée avant qu’elle soit formée ; il la connaît. Et il nous donnera, à l’instant convenable, si nous sommes droits devant lui et exercés, le sentiment qu’il nous faut pour être gardés de commettre une chose qui serait opposée à la gloire de Dieu. Retenons cette expression : « pas de crainte de Dieu devant leurs yeux ». Si nous contemplons Dieu, si Dieu est devant les regards de notre foi, si la présence de Dieu est avec nous, nous sentons ce qui plaît à Dieu et ce qui ne lui plaît pas, et cela nous retient de déplaire à Dieu. Mais c’est toute notre vie, cela ! Car les caractères affreux qui sont dépeints là, dans ce chapitre, ils existent chez le vieillard qui a soixante ou quatre-vingts ans de vie chrétienne comme chez celui qui a été converti hier. Toute cette énergie intérieure de mal, elle est là, latente ou active ! Elle est latente si elle est bridée par la grâce de Dieu. Le chrétien qui compte sur Dieu, qui est la seule source de tout bien, sait tenir tout cela en échec. Le fait d’avoir une langue et un coeur mauvais, d’avoir des pieds prêts à aller très volontiers là où le sang se verse, là où la violence se consomme, ne nous donne pas une mauvaise conscience ni ne nous prive de la joie de Dieu. Ce n’est pas la chair dans un homme qui le prive de la joie de Dieu, ce sont ses fruits. Autrement, aucun homme n’aurait joui de la communion avec Dieu. Ce n’est pas la présence en nous de cet être moral pervers, méchant, mauvais, corrompu, qui alourdit notre conscience. Ce qui la gêne, l’alourdit, la rend mauvaise et, par conséquent, nous amène dans un état où nous pouvons commettre n’importe quoi, c’est de le laisser agir.
Paul avait en lui toute cette puissance de mal, mais il aurait pu dire, sans mentir : Tout cela est tenu pour mort, en bride.
Et c’est pourquoi l’évangile de Dieu ne se limite pas au pardon. Ce n’eût été, de la part de Dieu, qu’une demi-grâce, de nous dire : Vous êtes pardonnés, et de nous laisser ensuite sans ressources à l’égard de tout ce monde intérieur qui s’agite dans le coeur et la conscience, de nous laisser désemparés, sans moyens, en face de tout le mal qui est en nous. Mais Dieu a bien fait son travail ; il ne peut pas ne pas faire très bien son travail. Non seulement il vient nous dire : Vous êtes justifiés de tout ce que votre être intérieur a commis, de toute la corruption et la violence qu’il a manifestées ; mais Il veut que nous sachions ce qu’Il a fait pour que tout ce corps de péché, comme il est dit en Romains 6, tout cet être moral qui concentre en lui la puissance de mal qui est en nous, soit tenu en bride. Et c’est la deuxième partie de cette épître, où Dieu, après nous avoir dit : « vous êtes pardonnés ; c’est fait, vous êtes lavés de vos péchés, de tout ce que vous avez fait avec la nature que vous avez », nous déclare qu’Il a brisé les chaînes qui nous tenaient esclaves par cette nature, qu’Il nous a donné une nouvelle nature et une puissance, le Saint Esprit.
Cet homme du chapitre 3 qui ment, qui est corrompu, qui commet la violence, qui use de sa langue pour frauder de toutes manières, c’est un esclave. Regardez toutes ses chaînes ; il ne les voit pas. Il est l’esclave de son coeurs, de ses convoitises, de l’or qu’il aime, de tout ce qu’il chérit dans son coeur, de toute idolâtrie intérieure. Voilà ses chaînes. L’évangile nous dit : Ces chaînes, pour vous, Dieu les a brisées. Et Il nous demande, chers amis — et si nous ne prêtons pas l’oreille à cela, nous aurons à rendre compte à Dieu pour une ingratitude à laquelle nulle autre ne saurait être comparée — de réaliser, non seulement que le sang de Jésus a été versé pour nous blanchir de nos péchés, mais que son oeuvre libératrice a brisé nos chaînes, et qu’en suite de cette oeuvre, une puissance nous est donnée qui nous permet, avec la grâce de Dieu — tout est de Dieu, et c’est à sa gloire — de ne pas vivre en esclave dans ce monde d’esclaves, mais de vivre en homme libre. On sent assez la place que cette pensée doit occuper, cet idéal, comme disent les hommes, de la liberté : vivre libre dans ce monde, sans chaînes ! Avez-vous des chaînes, chers amis ? Y a-t-il des chaînes qui lient votre coeur, qui font que votre coeur, votre vie, n’est pas libre pour Dieu ? Chers amis, si vous avez des chaînes, eh bien, en cela même, vous n’usez pas de la grâce que Dieu nous a faite, par l’oeuvre de Jésus, par la mort et le sang de Jésus. Car Jésus n’est pas seulement mort pour que nous soyions pardonnés, mais pour que nous soyions délivrés, libres, heureux. Et le peuple de Dieu est un peuple qui est libre, libre pour servir Dieu ; nous avons ces mots dans Romains 6 et 8, les mots « libres » et « affranchis ». Les esclaves étaient des hommes sur lesquels leurs maîtres avaient le droit de vie et de mort. Et rien n’avait de valeur, aux yeux d’un esclave, comme le fait d’être rendu libre.
Que Dieu nous aide à être heureux en Lui, heureux dans le Seigneur, et reconnaissants, recherchant les résultats de l’oeuvre qu’il a accomplie au prix de sa souffrance sur la croix. Il est mort pour nous sur la croix afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Et nous trouvons aussi la grâce d’être morts avec Lui afin de pouvoir le servir en nouveauté de vie.
[LC n° 75]
Le Riou — 8 août 1967
Notes prises à un ensevelissement
On pourrait penser que ce n’est pas dans une région comme celle-ci, honorée par Dieu, honorée par les manifestations de sa puissance pour son propre témoignage, honorée parce que Dieu y a, depuis des siècles, maintenu des témoins, de vrais croyants, honorée parce que — ce qui est loin d’être le cas de la majorité des régions de notre pays — la Bible se trouve (ou se trouvait) dans la plupart des maisons (et y reste, même fermée, un témoin de la fidélité de Dieu ; et, si elle y est fermée, un témoin de l’infidélité des hommes), qu’on ignore ce qu’est un chrétien.
Je désire, car c’est nécessaire partout, de nos jours, dire quelques mots sur ce que c’est qu’un chrétien, sur ce que sont les fondements du christianisme.
Rien n’est plus courant que le mot « chrétien », pourtant rare dans l’Écriture. L’Écriture emploie le mot « enfant de Dieu », expression rarement prononcée, semble-t-il, dans ce qui s’appelle le monde chrétien, la chrétienté. On demanderait à quelqu’un, dans l’assistance : Êtes-vous chrétien ? Oui ; je ne suis pas un païen. Êtes-vous un enfant de Dieu ? La plupart répondraient : Je ne comprends pas. Cette expression serre de trop près la vérité, vérité dont je désire dire quelques mots.
Qu’est-ce qu’un chrétien ?
Dans ce que nous avons lu, nous avons entendu de quelle manière Dieu apprécie tous les hommes. Relisons ce portrait, qui est le nôtre à chacun, dans la Bible. Ne nous faisons pas de nous-mêmes un portrait flatteur. Ne nous laissons pas faire de nous-mêmes, par nos proches, un portrait flatteur. Dieu ne fait jamais, d’aucun homme, un portrait flatteur. Il dit : Il est un être pécheur. L’histoire d’Adam et d’Ève, au jardin d’Eden, est parfaitement vraie. Dieu les a chassés du paradis. Jamais ce paradis n’a pu être retrouvé, ni ne le sera jamais. On s’emploie à retrouver un paradis, sur cette terre. Mais, de génération en génération, violence, corruption, guerres, surgissent, de façon à décourager les espoirs de ceux qui ont quelque sentiment de vérité. Ne nourrissons pas d’illusions sur l’histoire de l’humanité.
Dieu dit donc que tous les hommes sont pécheurs. Tous ne sont pas des criminels effectifs, ou des voleurs, mais ont, chacun pour son compte, l’étoffe d’un criminel, d’un voleur.
D’ailleurs, vous pèserez un peu la valeur de votre attitude, dans le rejet — si vous en rejetez la présentation — de Jésus venu ici-bas. Si vous le rejetez, vous vous rendez coupable d’un crime qui est le rejet du Fils de Dieu venu dans ce monde. Vous vous rendez participant au crime qui a mis à mort le Fils de Dieu, dans ce monde.
Il y a de « braves gens », « d’honnêtes gens ». Tout cela est excellent, dans les relations humaines. Mais, devant la mort, ce qui compte, ce sont les relations avec Dieu. Le point important, le point final, c’est l’échéance inévitable : chacun devra rencontrer Dieu pour lui tout seul. Il n’aura pas son père, pas sa mère, pas son épouse. Il sera là, tout seul, dans sa réalité, favorable ou maudite. Je dis cela parce que c’est la Parole qui le dit.
Nous n’édifions pas une philosophie, une morale, une religion de plus, comme chacun a dans sa tête une philosophie, une morale. Tout cela, c’est du vent.
Mais la Parole nous dit que nous avons tous péché. Qui oserait la contredire ? En pensée, en parole, en acte, vous n’êtes pas voleur, pas criminel. Mais qu’est-ce qui a rempli votre esprit, depuis ce matin, devant Dieu, vis-à-vis de Dieu, qui hait l’orgueil, la propre suffisance, la propre volonté ? Dans l’état d’innocence, dans le jardin d’Éden, l’homme n’avait pas de volonté. Dans le ciel, nous n’aurons pas de volonté.
« Tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu ». Considérons ce tableau. Il vaut mieux le considérer dans son caractère entièrement sombre, pour que la lumière de Dieu en brille davantage.
Pourquoi mourons-nous ? « Les gages du péché, c’est la mort », le châtiment d’Adam, qui s’est transmis à toute sa descendance (dans la descendance d’Adam, vous n’avez jamais entendu parler d’un homme immortel). Quand nous péchons vis-à-vis de notre prochain, c’est d’abord contre Dieu. Tout péché est d’abord contre Dieu, toujours. Si je fais tort à mon prochain, je déshonore Dieu. Je suis coupable à deux titres, au moins.
L’homme est inguérissable. Aujourd’hui, avec les progrès d’une civilisation « technique », nos relations sont-elles meilleures, plus heureuses, dans un village, entre états ? Regardez ce qui s’est passé en Europe depuis quarante ou cinquante ans (et ce n’est pas dans le monde païen, c’est en Europe christianisée !). Il ne s’est peut-être rien fait de pire ailleurs. Des peuples se sont entre-tués, les uns et les autres se réclamant du même christianisme. Vous pourriez penser que les leçons serviraient. Dieu ne pense pas comme vous. Il y a soixante siècles que l’expérience dure.
Dieu est intervenu. Il y a des scènes de péché. Il y a aussi des joies, des joies familiales ; c’est vrai. Mais qu’y a-t-il de sûr ? Voilà une famille unie et heureuse, et la menace pèse sur chacune de nos familles, à tout instant. Le prix d’un lien n’est pas une garantie de sa solidité. Votre avis n’est pas demandé, quand la mort doit venir vous rendre visite. Pourquoi se détourne-t-on de cette réalité ? On cherche à s’étourdir. Nos philosophes et nos grands écrivains en parlent un peu, mais jamais en face. Ils en ont une peur terrible. Quand on réussit à saisir quelqu’un des aveux de tous les grands personnages, on voit que tous tremblent comme des feuilles.
Seul le chrétien en parle — bien qu’elle soit le roi des terreurs — comme ayant été amené au-delà de la mort. Tous les chrétiens ici ne sont pas sûrs de mourir. Le Seigneur peut venir les prendre d’un moment à l’autre. Le chrétien n’a pas du tout peur de la mort. Ce n’est pas avec ostentation. Il en parle dans la crainte, mais avec une véritable assurance dans son âme.
Nous ne suivons pas une bannière quelconque, ou un parti. Nous désirons présenter la vérité éternelle de Dieu, la seule qui sauve. Nous n’avons rien à défendre. Nous présentons — c’est un privilège que Dieu nous accorde — la vérité divine dans cette scène de mort, de péché. Quel péché !
Quand on est un chrétien, on n’a pas d’abord horreur de son voisin. On a d’abord horreur de soi.
Dans cette scène, Jésus est venu.
Les catéchumènes, comme on les appelle, ont un « bagage ». Quand, au cours de cette instruction religieuse, s’est opérée, dans l’âme de l’intéressé, ce que la Parole de Dieu appelle la nouvelle naissance, c’est très bien. Mais si cette transformation ne s’est pas opérée, voilà quelqu’un lancé dans la vie, qui se croit chrétien, et qui ne l’est pas, pas plus que les païens.
Jésus est venu ici-bas. Il est venu pour entreprendre le salut de l’homme. Il est le « dernier Adam » (il y a le « premier Adam » et le « dernier Adam », et il n’y en aura pas d’autre). Il est né du Saint Esprit. On le sait ; les catéchumènes le savent. Il a fait sa carrière sans péché, sans péché dans son coeur, pas un ; sans péché dans ses paroles, jamais ; dans ses actes, jamais. Il aurait pu retourner dans le ciel d’où il venait. Il était, seul, propre pour ciel. Mais, s’il l’avait fait, son passage ici-bas n’aurait eu pour effet, pour nous, que de révéler la gravité insondable de notre état.
Tout ce que l’homme fait, il le fait par égoïsme. Retenez bien cela. Ce n’est pas moi qui le dis. Il n’y a qu’un amour qui soit désintéressé, c’est celui que Dieu verse dans un coeur, parce qu’il vient de Dieu. Même l’amour familial est égoïste, en un sens.
Jésus est venu, et il est allé sur la croix. Tous les catéchumènes le savent. Que s’est-il passé, sur la croix ? Il est resté six heures sur la croix. Dans les trois dernières heures, il a été abandonné de Dieu. Il a été traité comme le péché méritait de l’être (c’est une monstruosité, que le péché soit ainsi sur la terre ; les anges en sont stupéfaits). Le Seigneur Jésus, dans ces trois dernières heures de la croix, a supporté le jugement de Dieu contre tous les actes pécheurs de tous les croyants des temps passés, présents, et à venir — car il y aura un temps à venir, qui ne sera pas la période chrétienne, laquelle est sur le point de se terminer.
Celui qui est né de nouveau, étant croyant, lié à Christ, le connaissant dans son coeur comme son Sauveur (non pas une simple adhésion de l’esprit, résultat d’une éducation religieuse, dont on se contente la plupart du temps ; mais, cette transformation étant opérée, la nouvelle naissance, l’âme reçoit par la foi Christ comme son Sauveur), ses péchés, tous les péchés de sa vie, sont effacés par le sang de Jésus.
Beaucoup de gens ne veulent pas accepter cela. La majorité est toujours du côté de l’incrédulité.
Le sang parle du sacrifice expiatoire de Christ sous le jugement de Dieu. Ainsi, pour tous les croyants, le jugement de Dieu est passé. Mais, pour ceux qui n’auront pas cru, après la mort suit le jugement. Et ce jugement sera sans rémission, en condamnation, en condamnation éternelle. C’est l’Écriture qui le dit. C’est terrible ; mais nous n’avons pas le droit d’affaiblir la rigueur de cette vérité. Pesons cela. C’est très sérieux, et en même temps très heureux. On n’est jamais plus heureux que là. Tous ceux qui ne sont pas croyants s’amusent beaucoup. Ils rient beaucoup. Ils font leurs quatre volontés toute la semaine, toute leur vie. Mais ils ne sont jamais heureux d’un bonheur divin, d’un bonheur éternel, qui est la part, déjà, d’un vrai chrétien. Demandez à Dieu de vous accorder de le devenir.
Ne faisons jamais du christianisme un ensemble d’enseignements, qui laissent l’homme dormir dans sa misère avec une conscience endurcie. N’attendez pas de Dieu qu’il vous dise : Tu es un brave garçon, une brave femme. La grâce sous-entend toujours le péché. Il y a grâce parce qu’il y a péché. Sinon, il n’y aurait pas besoin de grâce. Et il y a vérité, en même temps.
Il est amour aussi, le « bon Dieu », comme on l’appelle (expression qui n’est pas dans l’Écriture). Il est deux choses : Il est amour, et il est lumière. Amour, il vous aime ; lumière, il ne peut voir aucun mal. Voilà une pensée d’orgueil qui est passée dans votre coeur : il ne peut la supporter.
La grâce est pour les pécheurs. J’en étais un ; je suis sauvé ; j’apprécie la grâce. Mais ceux qui se croient « très biens », qui se complaisent à recevoir l’encens et l’hommage de leurs contemporains, ceux-là sont loin de Dieu. C’est Satan qui insuffle ces pensées-là au coeur des hommes. Quand on connaît Dieu, et si la grâce est accordée de rester près de lui, c’est la lumière éblouissante. L’homme est mauvais, et Dieu seul est bon.
« Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1:7). Par la foi : c’est individuel, non pas collectif. C’est chacun pour son compte, comme s’il était tout seul, comme si le Seigneur n’était mort que pour lui. Dans une famille de dix personnes, il pourrait y avoir deux croyants, et les autres dehors ! Parfaitement. La différence ? Chez ces deux personnes, la Parole de Dieu, par le Saint Esprit, aura opéré la nouvelle naissance. C’est cette nouvelle naissance qui fait qu’on devient un enfant de Dieu. On a une nouvelle nature, qui tient de celle de Dieu, qui ne pèche pas. Cette nature-là ne pèche jamais. Je ne dis pas que le croyant ne pèche jamais ; la nature divine ne pèche jamais. Ne confondons pas. Elle est aussi pure maintenant que quand elle sera manifestée dans le ciel.
On entre dans cet état chrétien par la foi en Christ, par ce qu’on entend par la Parole de Dieu, par la foi personnelle en Christ. Demandez donc, chacun pour votre compte, au Seigneur, de le recevoir et de le croire.
On n’aime pas les vrais chrétiens, dans les petits villages et dans les grands. Ils n’honorent pas toujours leurs vérités ; c’est sûr. Mais, indépendamment de cela, un chrétien pieux, qui marche bien, vous l’invitez ici ou là : Je ne peux pas ; cela m’est impossible ; je ne peux pas vous suivre, parce que je serais obligé d’abandonner celui qui m’aime, et celui que j’aime. Personne ne m’a commandé cela (nos voisins s’imaginent souvent que nous avons des « a priori », des règles de détail, nous interdisant de faire ceci ou cela ; pas du tout). Si nous désirons suivre le Seigneur, son chemin est un chemin qui sépare du mal. Il ne s’agit pas de mépriser les hommes. Le chrétien pieux est celui qui méprise le moins les hommes. Et si vous insistez : « Mais, mon ami, je ne peux pas vous parler toujours ; vous ne le supporteriez pas. Je vous parle par mon comportement. Je suis un vrai chrétien ; je sais que je vais aller au ciel. Je sais que le Seigneur laisse ses rachetés dans le monde pour qu’ils y soient des témoins pour d’autres ; témoins de la vérité que le monde est perdu, et que vous êtes entièrement perdu. Et je vous dis cela de toutes les manières que je peux, par des réticences quant à la liberté des relations (je ne parle pas des amusements grossiers) ».
La vie chrétienne est admirable. C’est la seule lumière, la seule vérité, la seule puissance qui soit, au monde. Il n’y a rien d’autre. On se demande souvent comment peuvent vivre les gens qui rejettent la vérité, la Parole de Dieu ; comment ils peuvent supporter ce qu’ils découvrent en eux-mêmes, et chez les autres, ce qu’ils voient ; et puis, avec devant eux cette frayeur qu’on ne peut chasser de l’esprit, cette frayeur de la fin de la carrière.
« Qui croit au Fils a la vie éternelle, et ne vient pas en jugement ». « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». « Mais celui qui ne croit pas, la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3:16, 36 ; 5:24). Je cite l’Écriture.
Lisez les Écritures. Lisez la Bible. Consacrez-vous à sa lecture. Et, si vous demandez à Dieu, vous y trouverez le salut, et le bonheur pour la terre et pour l’éternité. Le christianisme, ce ne sont pas des vérités abstraites ; c’est Christ. Et quand nous connaissons Christ, nous connaissons Dieu. Dieu est le Dieu bienheureux.
Et alors, le chrétien ne va pas en jugement. S’il meurt, sa mort s’appelle, dans la Parole, un « délogement ». L’âme du croyant va avec le Seigneur ; celle de l’inconverti, dans un lieu vague, appelé « shéol », « hadès ». Quand le Seigneur viendra, tous ceux qui auront cru iront à sa rencontre. Et tous les autres, qui sont dans le monde chrétien, n’entendront plus jamais prêcher l’Évangile. Il n’y aura plus jamais, parmi eux, de chrétien qui les gêne. Il leur sera envoyé une énergie d’erreur (2 Thess. 2:11).
Il y aura un règne de justice et de paix. Jésus, le Sauveur des croyants, est aussi celui qui régnera sur la terre en justice et en paix, après que des jugements épouvantables seront passés sur la terre. Voilà ce qui attend le monde. Pour le moment, les chrétiens attendent le Seigneur, qui les enlèvera avec lui. Après cela, l’histoire de la terre deviendra effectivement terrible. Ce sera un jugement analogue au déluge, mais bien plus terrible et sanglant. Je désire presser la jeunesse, et les autres, à l’égard de ces sujets, parce que c’est la vérité.
Un chrétien véritable est quelqu’un qui connaît Dieu. Un enfant de dix ans peut le dire, s’il le connaît. Si sa piété, par la grâce de Dieu, se développe, s’il lit la Parole de Dieu, s’il cultive ses rapports avec Dieu, il fera des progrès dans la piété, dans la connaissance du Seigneur. Il fera son travail ; et il le fera d’autant mieux qu’il a une piété véritable. Ses progrès se marqueront dans le fait que cet homme deviendra plus humble, plus modeste, plus sérieux, plus séparé du mal, plus dévoué, plus aimable vis-à-vis des hommes, plus disposé, moins égoïste ; tout ce qui est l’opposé de la nature pécheresse adamique. Ces caractères peuvent se développer, parce qu’ils sont ceux de la nature divine. C’est une transformation intérieure. Et il est évident qu’elle doit produire des changements extérieurs. On a souvent vu que les voisins eux-mêmes étaient étonnés des changements survenus dans la conduite de celui qui était toujours prêt à rire et à faire des choses plus ou moins recommandables.
On ne devient pas chrétien par l’effet de bons enseignements moraux, mais par la réception de la vie divine par la foi en Christ. La nature adamique est aussi mauvaise dans cet homme, maintenant qu’il est chrétien, qu’avant qu’il le fut devenu. L’enseignement chrétien ne consiste pas à améliorer cette nature inchangeable. En quoi consiste le progrès ? Le chrétien est un homme qui a un corps physique, des facultés intellectuelles et morales, et, en outre, une nature qui est divine, qui aime Dieu de tout son coeur, avec encore son moi, la première nature, qui ne change jamais. Le progrès, pour le chrétien, n’est pas de « devenir meilleur », mais d’empêcher le vieil homme, le moi, sa colère, son égoïsme, ses convoitises, ses passions, de se manifester. En voilà un problème ! On cherche à réaliser cela dans des inconvertis. Personne n’y est jamais arrivé ; c’est impossible. Domptez vos convoitises, vos passions, votre moi ; empêchez votre volonté, votre impatience, votre colère : il faut tuer l’homme. Le christianisme s’occupe de cela.
Un chrétien a cette mauvaise nature. Et il a le secret divin pour l’empêcher de se manifester, par la Parole de Dieu, par le Saint Esprit. Car le chrétien a en lui le Saint Esprit. Nos corps sont le temple du Saint Esprit. Voilà encore une vérité qui peut surprendre des personnes dites chrétiennes, mais mal enseignées. Par la puissance de la Parole de Dieu et du Saint Esprit, le chrétien peut tenir ce moi en bride. L’homme était autrefois emporté par quelque passion. Devenu chrétien, il peut la dompter.
C’est le problème de la fidélité de l’enfant de Dieu. Aucun chrétien au monde ne saurait dire qu’il a été un chrétien parfait. Il n’y en a pas. Mais cela n’excuse personne. Est-ce que Dieu excuse quelqu’un, lorsqu’il manque en pensée (mon frère ne le voit pas ; Dieu le sait) ? Non. Quelle est la conséquence ? L’enfant de Dieu, lorsqu’il laisse agir cette première nature incorrigible, perd sa joie, son bonheur. Il n’est plus un chrétien heureux. S’il a véritablement la vie divine, jamais il ne peut la perdre. Il est enfant de Dieu pour toujours.
Alors, lorsque l’enfant de Dieu est un enfant infidèle, et qu’il ressemble ainsi à tous les enfants du monde (qui ressemblent à leurs parents : ils sont souvent infidèles), il reçoit des sanctions, plus ou moins graves. Dieu lui retire sa joie, chose terrible, que des inconvertis ne peuvent pas apprécier. Dieu lui retire sa joie et sa force. Il souffre d’une honte qu’il ne peut pas ne pas sentir. Et cela peut aller plus loin. On a vu quelquefois la mort d’un enfant infidèle. Dieu peut très bien juger à mort l’un de ses enfants infidèles, et souvent dans des tourments terribles. Dieu s’occupe de sa famille. Quand un de ses enfants est scellé, c’est pour l’éternité. S’il est fidèle, il est heureux ; il progresse. La fidélité, ici-bas, récoltera des joies pour l’éternité. Il n’y aura pas uniformité, dans la bénédiction éternelle. Donc, une perte présente est une perte éternelle. Mais gardons-nous bien de penser que, du fait qu’un chrétien a des écarts, et même peut tomber dans un état d’infidélité, il perd sa qualité de chrétien.
Quand est-ce qu’on saura quels sont les chrétiens, dans cette assistance ? Quand nous serons au ciel. Il y a bien des personnes, dans tous les milieux, qui s’imaginent être chrétiennes, et qui ne le sont pas. Tous les théologiens ont ravagé l’Écriture. La ressource ? Lisez la Parole. Vous n’avez besoin de personne. Dieu se chargera de l’ouvrir à votre coeur et à votre conscience.
Voilà pour nous, chrétiens, un appel à la fidélité au Seigneur. Si nous voulons être heureux ici-bas, aimons le Seigneur ; suivons le Seigneur. Il nous conduira dans des sentiers où il y a, certes, des renoncements. Un chrétien qui ne va pas au cinéma n’a aucun regret, quant à des choses semblables. Il dit : Pauvres gens, entraînés vers l’erreur et la nuit éternelle.
Que le Seigneur nous bénisse tous, chers amis, à l’occasion du départ de M.
Si on posait la question : « Que pensez-vous de ce départ ? », au sujet de celui qui est parti, les avis seraient partagés. La grande affaire, c’est la réalité devant Dieu. Que la marche du chrétien soit entachée de toutes sortes de faiblesses (et lequel d’entre nous n’a pas à reconnaître des manquements de toutes espèces, dans le détail ?), sans doute. Mais nous ne pouvons pas excuser même un mouvement de mauvaise humeur. Avez-vous vu un mouvement de mauvaise humeur, chez Christ ? Jamais.
Christ n’oubliera aucun des siens. Il n’en prendra pas un autre par erreur. Il n’en laissera pas un par erreur.
Que le Seigneur nous bénisse. Si vous n’avez pas la Bible, achetez-la. Ce n’est pas bien cher. Surtout, lisez-la.
De ce qu’un homme aura fait, quelque succès qu’il ait eu, quelque louange qu’il aura méritée, seule lui sera profitable celle que Dieu donne à ceux qui aiment son Fils, qu’il a donné, et à propos duquel Paul pouvait dire : « Le Fils de Dieu m’a aimé, et s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20).
Avant que ne sonne notre dernière minute ici-bas, que chacun de nous, dans son coeur et devant Dieu, puisse parler ainsi.
[LC n° 76]
12 avril 1970
La vérité qui a été placée devant nous dès le début est d’une valeur, d’une importance, qui pourraient difficilement être définies.
Le thème de ces cantiques, c’est l’amour. On en parle beaucoup. On sent qu’il y a là un élément de la vérité morale vivante, un élément de la bénédiction, l’élément essentiel, avec cet autre élément, qui est la lumière. Et, en rapport avec Dieu, les deux sont un.
Nous n’avons pas, dans l’Écriture, une étude analytique de l’amour, pas plus que de la lumière, ni en ce qui concerne Dieu. L’amour, on ne le connaît que quand on l’a. C’est vrai aussi dans les relations humaines.
Entre un père et son fils, il y a une relation vivante entre eux. Le petit enfant l’a avec sa mère. Ainsi, les vérités, nous les connaissons en les recevant. Nous connaissons Dieu par nos besoins, auxquels Dieu fait face.
Ceux qui sont chrétiens ici n’ont pas besoin de Dieu en tant que pécheur. Cette sorte de besoin est satisfaite pour toujours. Leur relation de base est définitivement assurée. Voilà pourquoi l’amour a une telle place. Voilà pourquoi, chers frères et soeurs, nous avons plus, beaucoup plus, que nous ne le réalisons. L’amour ne se connaît qu’en le réalisant.
Quand nous avons perdu la jouissance de l’amour du Père, nous ne pouvons pas parler d’amour. Sinon, notre attitude est fausse.
Un chrétien qui marche mal est en très mauvaise posture pour parler de Dieu.
C’est Dieu qui est amour. C’est Dieu qui déverse son amour dans le coeur de ses enfants. C’est la nature de Dieu qui déploie ses effets dans le coeur de ses enfants.
C’est admirable. Et cela tend à faire connaître ce qui est en Dieu lui-même.
Encore une fois, la grande affaire, c’est notre état. Dieu a eu, envers nous, cette grâce d’avoir avec lui des rapports vivants. Si nous assemblons seulement des vérités pour étudier la Parole, nous risquons de perdre notre temps.
C’est plus profitable d’étudier les Écritures, même de cette manière, que des textes mondains. C’est sûr. Parce que, un jour ou l’autre, Dieu peut la bénir. Mais ce n’est pas de cette manière qu’on l’étudie. Ce n’est pas ainsi que le Saint Esprit agit.
La présence sur la terre d’un incrédule est une offense permanente à la gloire de Dieu. On peut aller plus loin. Nos actes à nous, chrétiens, lorsque nous marchons mal, sont une offense à la gloire de Dieu.
Toutes choses disparaîtront, les dons, les services.
La chose la plus grande que Dieu nous aura donnée ici-bas, c’est l’amour. Toute l’activité des saints se tournera, en adoration permanente, à la gloire de Dieu, dans la jouissance de l’amour du Père et du Fils.
Le service ne peut être valable que s’il est rempli pour Christ, dans l’amour de Dieu (1 Jean 5:2 ; 1:7).
Nous aimons nos frères dans la mesure où l’amour de Dieu rempli nos coeurs.
Pourquoi certains ont plus d’amour que les autres ? Nous n’avons en nous-mêmes aucune source d’amour, mais en Christ seul. L’amour bannit l’égoïsme.
Alors, chers frères et soeurs, nous avons des choses à revoir. Toute la valeur de la vie chrétienne est là. Si ce n’est pas l’amour de Dieu qui remplit le coeur, est-ce alors votre amour ? Il ne vaut pas cher.
Quand le Saint Esprit est contristé, l’amour est arrêté. La source de l’amour versé en nous est arrêtée. Donc, la première chose à faire, c’est de retrouver cette source, pour y voir. Nos anciens veillaient à cela avec un très grand soin. L’un d’eux disait : Ne laissez pas la communion s’interrompre !
Ce ne sont pas les vérités que nous aurons soigneusement étudiées qui nous feront vaincre notre égoïsme. Mais c’est le Saint Esprit.
« Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Rom. 5:2).
Nous pensons passablement à la gloire de Dieu, et au lieu où nous serons bientôt introduits.
v. 5 : « L’espérance ne rend point honteux ». Si la jouissance de Dieu n’était que pour plus tard, ce serait bien loin. Grâce à Dieu, il nous donne autre chose.
Il y en a qui passent par des épreuves cuisantes. Le Seigneur le sait. Grâce à Dieu, il y a un présent, dans les consolations. Il y a un présent, dans les ressources en Dieu, pour quelque circonstance que ce soit.
La consolation est toujours dans la présence de Dieu, au coeur et à la conscience de chacun de ceux qui sont éprouvés. C’est Dieu lui-même qui peut remplir nos coeurs, et cela, tous les jours. Dieu nous offre cette part. Est-ce réalisable ? Oui. Est-ce une chose extraordinaire ? Non. Un tel chrétien serait le plus riche de tous les autres, le plus riche de tous. Il serait peut-être le plus pauvre ; qu’importe ! Il serait toujours prêt à donner. Que Dieu nous fasse faire des progrès dans cette réalisation pratique.
Pour le présent, l’amour de Dieu est versé dans nos coeurs.
Au lieu d’être des gens qui parlent, soyons des chrétiens qui en jouissent, et qui en parlent de l’abondance du coeur. C’est le plus puissant des témoignages. Il faut, pour cela, boire à la source d’une façon continuelle.
Quelle merveille, d’avoir le Saint Esprit ! C’est une bénédiction pour l’individu, et une bénédiction pour l’assemblée.
Quelqu’un qui n’a pas le Saint Esprit n’est pas un chrétien.
Il y aura un tri qui se fera, à la venue du Seigneur, un tri définitif. Ce tri se fera. Pensons-y ! Et l’amour nous pousse à y penser.
Un mot sur 1 Cor. 13. Il est placé là après le chapitre 12, qui nous parle des manifestations spirituelles. Le Seigneur parle ici des effets de l’action du Saint Esprit. Il y a beaucoup de dons, mais un seul Esprit. Il y a plusieurs activités spirituelles, alors qu’il y a un seul Esprit. Mais le Seigneur met les choses en place. Il y a un chemin bien plus excellent que les dons ; c’est l’amour.
Un homme du dix-septième siècle, qui était fidèle, un de ceux qui ont brillé par leur piété, l’un d’eux, disait : L’amour, sur tous les dons, l’emporte avec justice. Retenons cela !
Si nous ne buvons pas habituellement à la source de l’amour divin, nous sommes occupés de notre don, et non pas de l’amour des saints. Alors que, si nous buvons à la source de l’amour, nous avons la gloire de Dieu devant nous, et l’intérêt pour les saints. Car n’oublions pas, des chrétiens très sérieux peuvent très bien sombrer.
Nul n’a pu trouver, dans ce monde, quelqu’un qui puisse se débarrasser de lui-même. Si Dieu n’est pas dans notre coeur, c’est le « moi » qui s’y trouve. Cela paraît sévère ; mais c’est Dieu qui le dit.
Chers frères et soeurs, que Dieu nous accorde de vivre beaucoup près du Seigneur. C’est le seul moyen d’être en aide à nos frères.
Le critère sûr de l’opération divine dans un homme, c’est par l’amour de Dieu versé dans le coeur, et la jouissance de son amour.
v. 4-5 : Nous y voyons la bonté. « L’amour n’est pas envieux ; l’amour ne se vante pas ; il ne s’enfle pas d’orgueil ; il n’agit pas avec inconvenance ». Parce que Dieu est là, et le « moi » est tenu en bride. C’est admirable ! Le monde dira : Il est fou ; il ne prend aucune précaution ; il se dépense sans compter. Et pourtant, c’est le chemin, ce que le Seigneur a réalisé à la perfection.
On a dit que des chrétiens pieux n’agiraient jamais qu’avec un tact parfait, fussent-ils dépourvus de toute convenance mondaine, ignorants et sans éducation, à cet égard. Cela est un témoignage.
Le Seigneur était un charpentier. Les qualités dont l’amour revêt un fidèle sont un véritable ornement à la gloire de Dieu. Ce serait un témoignage exceptionnellement puissant devant les hommes. Le bien selon Dieu appelle la haine, de la part des hommes.
v. 5 : « Il ne cherche pas son propre intérêt ; il ne s’irrite pas ; il n’impute pas le mal ». Le bien, c’est la lumière, et ne pas juger son frère. Si on voit quelque chose qui ne va pas, chez lui, on est exercé devant le Seigneur. Mais on ne devancera pas le Seigneur. C’est ne pas avoir cette disposition d’esprit, bien qu’on soit clairvoyant.
L’amour et la grâce ont attiré cette femme samaritaine, qui fuyait la société. Le Seigneur la prend à son niveau, et la tire par sa patience et sa douceur. Cette grâce n’étouffe pas la vérité. L’amour et la grâce ont attiré cette femme. La confiance est introduite dans cette âme. Et, lorsque la confiance est introduite, il dit : « Va, appelle ton mari » (Jean 4:16). La flèche est lancée. La femme ne part pas.
L’amour de Dieu prépare le chemin de la restauration.
Il y a l’égoïsme collectif, l’égoïsme familial. Il n’est pas meilleur.
v. 6-7 : « Il ne se réjouit pas de l’injustice, mais se réjouit avec la vérité ; il supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout ». L’amour ne supporte pas tout, dans le sens où nous le comprendrions peut-être parfois. Mais il supporte tout ce que Dieu peut supporter. L’amour sait agir. Il sait rester tranquille. Il sait être patient. Il sait parler. Il sait se taire.
La foi nous tient en relation avec Dieu. L’amour divin, c’est Dieu, Dieu dans le coeur. Et il aura toute sa manifestation dans la gloire.
Chers frères et soeurs, que Dieu nous encourage à cela, à boire à une eau vive, à la source de l’amour. Que ce soit un trait distinctif : s’y abreuver pour être utiles autour de nous, mais d’abord pour la gloire du Seigneur !
Que Dieu nous fasse la grâce de lui donner la première place, ce qui est le secret de la vraie communion les uns avec les autres.
[LC n° 55]
13 juin 1971
« Vivifié par l’Esprit » (1 Pierre 3:18). Les trois personnes de la Trinité sont à l’oeuvre pour la résurrection du Seigneur, qui s’est offert lui-même à Dieu par l’Esprit éternel (Héb. 9:14). Le Saint Esprit fait briller la perfection de Jésus acceptant de mourir pour les autres. C’est la mort du Saint et du Juste, aussi saint dans sa mort que dans sa vie ; alors que, pour nous, « les gages du péché, c’est la mort » (Rom. 6:23). Le Seigneur n’a pas été revêtu de nos péchés comme d’un manteau, mais a été traité comme le péché, lui qui était sans péché (2 Cor. 5:21). Il était notre substitut sous le jugement de Dieu.
Tout au long de notre vie, nous découvrons des aspects de l’opération du Saint Esprit en nous. « L’amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l’Esprit Saint » (Rom. 5:5). C’est Dieu qui le donne ; pour nous, pas d’efforts à faire. C’est une action continue de l’Esprit. Il n’y a rien de plus précieux et de plus élevé, et c’est une source de consolation et de puissance pour les pèlerins que nous sommes. Il n’est pas d’autres sources de puissance contre le mal.
Le sujet de Romains 8 est l’affranchissement. C’est un mot caractéristique du langage des frères. Le chrétien est en butte à deux puissances : la puissance du péché, et la puissance de l’Esprit de vie. On ne devient pas chrétien sans l’opération de l’Esprit de Dieu ; mais l’Esprit est aussi une puissance d’affranchissement. La puissance n’est pas dans la nouvelle nature, mais dans l’Esprit. Tout n’est pas changé, à la conversion. Le vieil homme reste un ennemi implacable. Le péché et la mort sont deux puissances contre lesquelles, seul, je ne puis rien. Dieu a pardonné les péchés Il s’est occupé des fruits, mais aussi de l’arbre qui les a produits. Dieu a condamné le péché dans la chair à la croix ; il a crucifié le vieil homme (Rom. 6:6). Il s’est occupé, et de l’arbre, et de ses fruits, du vieil homme et des actes mauvais qu’il a pu faire. Le moi a été condamné ; et son existence est une anomalie essentielle ; il ne devrait pas exister. L’Écriture nous donne la lumière sur ce point. Un chrétien peut être troublé par une faute, jusqu’à douter même de son salut. Il ne reste qu’une solution : « Par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps » (Rom. 8:13). Cela devrait produire une vie sans péché, car le péché est une anomalie, chez le chrétien. Satan s’emploie à ce qu’un péché en entraîne un second. Il faut être sérieux, pour progresser dans la réalisation de l’affranchissement. Le remède préventif au péché, c’est la vie de communion avec Christ. Si quelqu’un est en communion avec Dieu, Satan ne le touche pas ; le vieil homme n’existe plus, pratiquement. Si j’ai péché, je le confesse. Si j’ai péché contre un homme, je dois le reconnaître devant lui. Dieu peut alors ôter ce péché de ma vie, parce que le Seigneur est mort pour cela. Il n’est pas question ici du châtiment gouvernemental, mais de la disposition intérieure du chrétien. Il y a progrès dans l’affranchissement dès que, se connaissant soi-même, on fuit les occasions pour la chair de se manifester. Un chrétien pieux fuit le mal. Il est plus facile d’arracher une herbe qu’une herbe devenue arbre. « Morts au péché… afin que… nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (Rom. 6:2,4) ; nous avons à le réaliser pratiquement. L’homme du monde a Dieu contre lui ; il est malheureux. Ne lui emboîtons pas le pas !
[LC n° 77]
Valentigney — lundi 21 mai 1956
Nous avons lu, hier, et médité les vérités qu’il est essentiel pour un pécheur de connaître (vérités vitales, pour un pécheur), qui montrent comment doit se régler, pour celui-ci, la question redoutable qui pèse sur les esprits des hommes, qu’ils l’avouent ou qu’ils ne l’avouent pas : Comment paraître devant Dieu ? Dieu est juste, et nous sommes injustes ; « il n’y a pas un juste », dit l’Écriture. Que faudrait-il avoir fait, pour être juste ? Il faudrait avoir été fidèle dans toutes les relations où on s’est trouvé ; il aurait fallu avoir accompli, dans toutes les relations où on s’est trouvé (relations avec Dieu, relations avec les hommes, relations de famille, relations sociales), ce que la gloire de Dieu exigeait qu’il fut accompli. Or toutes nos relations, pratiquement, sont marquées du sceau de l’injustice.
Il a été rappelé que, devant cette situation, Dieu donne au croyant une justice. Christ est notre justice ; il est aussi notre sainteté, comme il est notre vie. Christ est tout, pour un chrétien. Ces choses ont été présentées pour dissiper, dans l’âme d’un homme, l’ombre épaisse que jette en elle cette pensée terrifiante que cette vie est éphémère, qu’elle peut cesser à l’instant qui suit l’instant présent, et qu’à son terme il faut être muni — à moins d’être voué au malheur — de ce qui nous permettra de paraître devant Dieu d’une façon telle que Dieu puisse nous accepter.
C’est la partie de l’évangile qu’on prêche, et qu’il faut prêcher, jour et nuit, aux pauvres pécheurs — fussent-ils enfants de chrétiens — de la manière la plus incisive qui soit. Et ce caractère incisif d’une prédication, ce n’est pas l’esprit de l’homme qui le donne, mais c’est l’Esprit de Dieu, qui qualifie ses serviteurs pour que cette puissance de pénétration des vérités, qui, sans cela, pourraient paraître usées, demeure intacte. L’évangile est intact ; sa puissance est aussi réelle qu’au premier jour. Et Dieu nous eût-il donné toute l’Écriture ce matin, qu’elle ne serait pas plus neuve pour lui, et pas plus neuve pour la foi.
Cette partie de l’évangile, il faut la savoir pour mourir ; il faut la savoir en pensant qu’on va mourir. On mourra dans dix ans, ou dans vingt ans, ou tout à l’heure ; peu importe. Ce n’est pas l’intervalle qui supprime l’exercice et résout la question.
En parlant ainsi, nous rappelons ce qui a été dit hier, et espérons que chacun, ici, a, de la part de Dieu, reçu la réponse à cette question, la solution au problème le plus important de la vie, à savoir que les rapports du croyant avec Dieu sont bien réglés par Dieu, et que ce règlement porte une signature qui n’est pas celle du croyant, mais de Dieu lui-même.
Cette netteté de la vérité et de l’évangile, en rapport avec la justification du pécheur, ne doit être estompée en aucune manière. Que Dieu donne à ses serviteurs de la maintenir dans toute sa force. Le sang de Jésus Christ seul purifie de tout péché et fait d’un homme injuste, qui, sur toute la ligne, a fait faillite et banqueroute, un homme qui peut soutenir le regard de Dieu. Le regard de Dieu se repose avec complaisance sur n’importe quel croyant qui est ici, qu’il soit né nouvellement hier, ou que sa conversion remonte à un demi-siècle, parce que cet homme est recouvert des perfections de Christ lui-même. Voilà la position du chrétien ; voilà ce qu’il faut avoir pour être tranquille quant à l’avenir, quant à l’au-delà, quant à la mort, quant à ce qui suit la mort. Un phénomène, dont le caractère étonnant n’a pas d’égal, c’est la folie avec laquelle les hommes se jettent tous les jours dans un tourbillon de vanité, pour ne pas penser à la question majeure, capitale, qui devrait les préoccuper à tout instant de leur vie. C’est un fait étonnant qui, avec d’autres, prouve la réalité de la chute de l’homme et l’état d’assujettissement du monde à son chef, qui s’appelle Satan.
Que Dieu nous donne de faire, des vérités révélées, des vérités vivantes, de réaliser qu’elles sont des vérités vivantes. Dieu a sa philosophie, pour ainsi dire, et sa morale. Il y a une philosophie des choses selon Dieu ; il y a une appréciation selon Dieu de toutes les choses sous le soleil. Les hommes ont leur philosophie (sans doute chacun la sienne) ; mais Dieu a sa pensée, et il a un jugement sur tout ce qui existe sous le soleil. Le chrétien s’exerce à avoir la même pensée que Dieu. Il n’a pas besoin des philosophes ; il peut ouvrir le livre d’un philosophe — nous l’avons tous fait, et bien des fois — mais il ne trouve là que mensonge et erreur. Il a la vérité, il a la lumière ; Dieu les lui a données. Dieu le lui dit ; Dieu est avec lui ; Dieu est en lui. Si Dieu n’était pas capable de dire à chacun de ses enfants qu’il est son enfant, qui donc au monde, et dans l’univers, pourrait donner cette conviction à un homme, quel qu’il soit ? Personne !
Mais nous savons bien (et Dieu le savait avant nous !) que nous avions besoin d’autre chose. Si nous avions besoin d’un évangile pour mourir, nous avions aussi besoin d’un évangile pour vivre. Or un grand nombre de chrétiens (la majorité d’entre nous, peut-être nous tous) est tout à fait désireux de saisir avec ardeur tout ce que Dieu dit dans la partie de l’évangile qui concerne ce qu’il faut pour mourir ; et puis, on le dirait, ils font tous leurs efforts pour prendre le moins possible de la partie de l’évangile relative à ce qu’il faut au croyant pour vivre. Nous ne pouvons pas justifier cela, mais n’est-ce pas vrai de chacun de nous ?
Nous sommes heureux de bénir Dieu tous les jours (peut-être ne le faisons-nous même pas tous les jours !), du bonheur que nous avons d’être rassurés, de pouvoir nous endormir tranquilles, et de ne pas avoir, en nous endormant, à nous dire : mais si je venais à mourir ? Cette question ne nous trouble pas, parce que nous avons saisi à plein coeur, par la foi, la vérité que Dieu nous a donnée à cet égard. Mais lorsque Dieu, qui continue à nous parler une fois que nous sommes chrétiens, nous parle comme à des chrétiens, qu’est-ce que nous constatons ? Les pages où Dieu nous parle à nous, croyants, pour nous aider à vivre dans ce monde comme Lui l’entend, comme Lui le désire, nous les tournons ; nous nous y arrêtons moins, et nous ne laissons pas la force de ce qu’elles contiennent se graver dans notre coeur, de la même manière que nous l’avons fait pour les vérités concernant le salut. C’est bien affligeant, et c’est une terrible offense que nous faisons à Dieu ! Dieu a-t-il pu prononcer une seule parole inutile ? Or nous laissons croire qu’il y a une bonne partie de l’Écriture qui est inutile, qui est vaine, et à propos de laquelle Dieu aurait mieux fait de se taire !
Les versets que nous avons lus sont des exemples de ces passages de l’Écriture. Comme chacun le sait, ils se trouvent dans cette partie de l’épître aux Romains où l’Esprit de Dieu ne s’adresse plus au pécheur qui tremble à la pensée qu’il va peut-être être jeté en enfer, mais au chrétien qui devrait trembler — pas de la même manière, mais trembler aussi — à la pensée (quelle pensée !) qu’il peut être trouvé dans ce monde dans une position opposée à la gloire de Dieu, et, par conséquent, un champion au service de l’Ennemi du Seigneur !
Quand un homme est converti, qu’est-ce que la conversion va changer dans sa vie ? Ne va-t-elle rien changer dans sa vie ? Est-il converti pour avoir les mêmes pensées, les mêmes affections, le même avenir terrestre — sauf que son horizon, qui était fermé et sombre, est devenu clair parce qu’il sait que quoi qu’il traverse ici-bas, il ira au ciel (c’est la joie secrète de son coeur) ? Est-il converti pour cela ? Ne doit-il pas y avoir de changements, dans la vie d’un homme qui est converti ? Dieu n’attend-Il pas qu’il y ait des changements dans sa vie, dans le courant de ses pensées et dans son activité extérieure ?
Dieu nous enseigne à cet égard, dans l’Écriture. Il nous dit, par beaucoup de passages de celle-ci : Vous êtes devenus mes enfants ; je vais vous aider à le montrer. Ces passages sont probablement bien plus nombreux que ceux qui s’adressent au pauvre pécheur pour qu’il soit sauvé !
Chers amis, le christianisme du vingtième siècle, pour Dieu, c’est celui du commencement. Dieu ne l’a pas changé, et Dieu n’en a pas deux. Le christianisme d’aujourd’hui, selon Dieu, c’est celui que Paul s’est appliqué à vivre, et de quelle manière ! Est-ce que nous y pensons un peu, cher amis ? Tout en restant pénétrés du fait que, quels que soient nos exercices, nous restons très loin en arrière du modèle qu’est le Seigneur, et même du modèle qu’est Paul. D’ailleurs, si nous réalisons cette distance et notre pauvreté, c’est une preuve que nous sommes engagés dans le même chemin, et que nous n’avons pas fermé notre oreille aux enseignements que Dieu nous donne sur ce qu’est la vie du chrétien dans ce monde. Car Dieu a beaucoup de choses à nous dire, à nous chrétiens, beaucoup d’instructions à nous donner, beaucoup de conseils. Il sait quelles créatures fragiles nous sommes, impénétrables, insondables sauf par lui, des êtres qui sont des énigmes, qui ne connaissent pas mais que Dieu connaît, et qu’il a voulu entourer de tous ses soins !
Nous venons de lire quelques instructions relatives à la vie chrétienne, qui nous rappellent ce que nous trouvons déjà dans l’Ancien Testament. Dieu nous le rappelle, à nous croyants, en Romains 6, et nous définit ce qu’est le chemin chrétien. Le chemin du chrétien, dans ce monde, n’est pas le chemin d’un incrédule ! On ne le fera jamais croire à une personne droite. L’incrédule a son chemin ; le chrétien a le sien. Où commence ce chemin, pour le chrétien ? Quel est son point de départ ? On peut dire, en un sens, qu’il commence à la croix ; on pourrait même dire qu’il y revient toujours. Nous avons vu, dans notre chapitre 5, que la Parole attaque ces questions difficiles relatives au chemin du chrétien. Et de quoi nous parle-t-elle, pour y répondre, dans ce chapitre 6 ? Du péché. Peut-être un croyant dira-t-il : Mais pourquoi Dieu me parle-t-il encore du péché, à moi qui suis chrétien ? Le péché, le péché… : Dieu fait erreur ! Ou bien je ne suis pas un chrétien, et c’est moi qui fais erreur ! Dieu s’adresse bien au chrétien, et il parle du péché.
Il nous entretient du péché, non pas pour nous en nourrir, loin de là, mais pour que nous sachions, par sa grâce, ne pas être surmontés, au contact du péché qui est dans le monde et qui est dans notre coeur. Comment serons-nous un chrétien à la gloire de Dieu, dans la condition où nous sommes actuellement ? Il sera facile d’être à la gloire de Dieu, dans le ciel. Ce sera très agréable ; il n’y aura que du bonheur à obéir, à servir Dieu. Mais ce n’est pas si facile que cela, aujourd’hui ! Pourquoi ? À cause du péché. Et nous trouvons ici, à l’égard de ce péché qui est en nous, notre nature pécheresse, que Dieu proclame une bonne nouvelle, dont la valeur égale, à sa place, celle de la bonne nouvelle que Dieu vient nous dire à l’égard de nos péchés ; cette bonne nouvelle sur la nature pécheresse qui est en nous, c’est : Vous êtes morts. Quelle bonne nouvelle ! Vous êtes morts. Dieu vient nous dire : Vous êtes morts ; vous avez été ensevelis par le baptême. Dieu nous le dit (et nous le savons bien) : chacun de nous a une volonté terrible, une volonté indomptable. On n’a pas dompté la volonté de l’homme. On ne dompte pas celle d’un enfant ; on y met un frein. Mais, quand le frein disparaît, la volonté agit. Voilà la racine de tout péché ! La racine de tous les péchés, c’est la volonté propre, rien d’autre.
Quand l’homme est tombé, il est devenu à ses yeux comme un Dieu, et il se prend comme tel. Mais il mourra comme un homme, selon qu’il est écrit.
Nous avons une volonté terrible ; chacun de nous a une volonté terrible. Elle s’affirme de façon subtile ou violente, de façon douce et patiente ou brutale. Mais, quelles que soient les modalités de sa manifestation, toutes les fois que notre volonté s’affirme, nous péchons, même si c’est en vue de servir la meilleure des causes, la gloire du Seigneur. Dieu n’a pas besoin de la volonté naturelle d’un homme, pour la gloire du Seigneur. Il ne demande rien d’un homme, rien du tout. La beauté, la grandeur, le caractère exclusif, tout à fait à part du christianisme, c’est que Dieu se montre riche, apporte tout à ceux qui sont dans la misère la plus complète. Que toute la gloire soit donnée à Dieu ! Et, en prêchant la vérité telle que l’Écriture nous la donne, nous rendons gloire à Dieu.
Dieu nous connaît et vient nous aider, nous qui croyons, à trouver la paix — non plus à l’égard des péchés, qui chargeaient notre conscience jusqu’à ce que nous ayons cru — du coeur, et la paix de la conscience aussi, à l’égard de la racine de mal qui est en chacun de nous tous, notre volonté qui fait agir nos membres d’une façon qui déshonore Dieu. Alors que la volonté de Dieu, si nous écoutions ce qu’il nous dit, ferait agir nos membres pour sa gloire ; et nous serions alors des chrétiens fidèles. Il nous dit, à l’égard de cette puissance qu’est notre volonté, à l’égard de cette énergie intérieure qui se révèle déjà chez l’enfant et se développe avec l’âge, à l’égard de tout cela qui s’appelle le vieil homme, nature opposée à Dieu, qui est en nous et qui nous vient d’Adam : Je m’en suis chargé ; je m’en suis occupé ; j’ai mis cela dans la mort. Je me suis occupé, non seulement de vos péchés, mais aussi de ce que vous êtes dans votre être intérieur naturel : inimitié contre Dieu, et uniquement cela. Dieu nous dit : J’ai mis cela dans la mort. C’est une bonne nouvelle !
Dans tous les temps, des philosophes ont cherché, en vain, à débarrasser l’homme de ce qu’il est par nature. Les autorités que Dieu maintient dans ce monde, autorités sociales ou familiales, sont des freins établis pour brider la volonté, cette énergie propre à l’homme et qui, si elle n’était pas bridée, donnerait ce qui se verra pendant les temps de la plus grande tribulation qui aura eu lieu sous le soleil.
Mais Dieu nous donne, à l’égard de cette volonté, une délivrance intérieure, une délivrance individuelle. Il vient nous dire : Cette puissance, ce vieil homme, a été crucifié ; je l’ai mis dans la mort. Pourtant, c’est lui qui est la cause de toutes nos misères, pratiquement ; parce que, quand notre vieil homme, c’est-à-dire notre volonté, se manifeste (je parle aux chrétiens), il détruit toute la vie chrétienne : notre bonheur, notre communion avec Dieu, notre sainteté, notre paix, notre joie. N’allons pas chercher ailleurs l’explication du fait qu’il nous arrive d’avoir une mauvaise et triste journée, durant laquelle nos âmes sont sans Dieu. Si nous cherchons bien, nous trouverons qu’à tel moment, et à propos de telle chose, notre volonté est intervenue, et elle a interrompu nos relations avec Dieu, de sorte qu’au lieu d’avoir la puissance, la grâce de Dieu, pour être des enfants de Dieu heureux, libres, dont le bonheur est d’obéir, et qui font la volonté de Dieu, nous sommes, pratiquement, comme si nous étions sans Dieu. Et combien de fois cela nous arrive ! Et à la suite de quoi ? Chacun peut bien le savoir ; quoique il arrive que nous ne puissions pas dire pourquoi nous avons perdu la communion avec le Seigneur. Mais il y a une raison ; car Dieu ne permet pas que nous la perdions sans raison, et il connaît mieux notre coeur que nous, comme il est écrit en 1 Jean 3:20 : « si notre coeur nous condamne, Dieu est plus grand que notre coeur et il sait toutes choses ».
Le progrès du chrétien se traduit dans la vigilance à ne pas perdre la communion par ce qui nous paraît des détails.
Dieu nous dit : Votre vieil homme a été mis à mort ; le vieil homme a été crucifié avec Christ. Ce n’est pas qu’une figure ; c’est une réalité, devant Dieu. Aux inconvertis, l’Évangile dit : Celui qui croit en Jésus est lavé de ses péchés. Cela, le chrétien le reçoit sans réserve. Aux chrétiens, il ajoute : Votre vieil homme a été crucifié ; Dieu a condamné le péché dans la chair ; Jésus est mort, vous êtes morts avec lui. Nous, chrétiens, nous avons été ensevelis dans la mort, et nous pouvons vivre en tenant en bride cet ennemi mortel qui ne nous quitte ni jour ni nuit, mais que Dieu a placé dans la mort. Et comment pouvons-nous le tenir en bride ? Comment cela peut-il se faire ? Cet arbre, cette source de tous les mauvais fruits, a reçu son coup de mort. Il fallait que cet être pécheur reçût le juste jugement qu’il méritait, une condamnation. C’est ce que nous trouvons aux chapitres 6 et 8 : Dieu a condamné le péché dans la chair. Il n’est pas écrit que Dieu pardonne au vieil homme ; non, il le condamne. Il nous pardonne les péchés que nous avons commis, mais il ne pardonne jamais au vieil homme. Il l’a tué ; il l’a mis dans la mort. Ce vieil homme, ayant reçu sa sentence, la seule digne de lui, qui est la mort, Dieu nous déclare que son juste jugement ayant passé sur cet être intérieur, ennemi de Dieu, nous avons maintenant le privilège de pouvoir le tenir pour mort. Il n’est pas écrit, ni ici ni ailleurs, que nous avons à faire mourir le vieil homme, mais bien les actions du vieil homme. Quand ce vieil homme, cet arbre mauvais, bourgeonne, c’est une poussée d’ambition qui monte dans notre coeur ; ce sont des sentiments de vanité, un peu de coquetterie — c’est à cela que tient la vie chrétienne, qui n’est pas une vie irréelle ; c’est cela qui est la vie pratique de nos âmes — une poussée de mondanité, d’amour de l’argent, de la fraude, de la dissimulation, quelle qu’elle soit, du mensonge sous toutes ses formes. Nous avons le privilège de pouvoir venir à Dieu, et en sachant qu’un être qui produit de tels fruits a été frappé à mort à la croix. Et nous demandons à Dieu de nous aider à couper ces bourgeons qui poussent, et à nous délivrer de ces tendances qui, toujours, d’une façon ou d’une autre, veulent se manifester en nous, croyants.
Quel bonheur, chers amis, que d’avoir la vérité ! Il n’y a rien de comparable, nulle part ! Et nous allons souvent, dans ce monde, comme si nous avions les mains chargées de chaînes ! Au lieu d’aller comme des hommes libres — et les chrétiens sont les seuls qui le soient — nous allons avec les mains chargées de chaînes, et les pieds aussi ! Et, plus que cela, liés par des chaînes dont le premier anneau plonge dans notre coeur. Au lieu d’être des gens libres — comme nous devrions le montrer — nous avons souvent un visage d’esclave. Cela ne va pas aux enfants de Dieu, et cela n’est pas à la gloire de Dieu ! Est-ce que nous prenons notre parti d’avoir l’air d’un peuple d’esclaves, alors que Dieu a marqué le nom de son Fils sur les siens ? Est-ce que cela nous laisse indifférents ? Ou est-ce que notre coeur brûle d’être dans ce monde avec le Seigneur et pour Lui, de montrer, dans ce que nous sommes et dans notre façon de vivre, que nous appartenons au grand Vainqueur de tous les ennemis de Dieu et des siens ? Telle devrait être notre vie, la vie des chrétiens.
Lorsque les tendances du vieil homme se font jour dans notre âme — et c’est tous les jours que, d’une façon ou d’une autre, elles peuvent se manifester — il nous faut aller à Dieu, au Seigneur. Et nous lui disons : Voilà ce que je pense ; voilà de quel côté mon coeur se tourne ; voilà la tendance qui est en moi. Nous le confessons au Seigneur. Et, comme le Seigneur Jésus est mort sur la croix et que nous sommes morts avec lui, que tous les comptes ont été réglés, la grâce nous est accordée par le Seigneur, au moment même, la grâce qui nous délivre d’une puissance qui, sans cela, serait plus forte que tous les chrétiens ensemble.
La ressource est dans le Seigneur pour la liberté, comme elle est dans le Seigneur pour le salut de l’âme. Il n’y a pas d’autre ressource, ailleurs. Quelle merveille que l’évangile de Dieu ! Il sonde l’homme, en connaît toute la structure morale ; et il nous apporte ce qu’il nous faut pour que nous soyons heureux dans le Seigneur. Est-ce que nous apprécions ces bienfaits ?
Il nous dit : Tenez-vous donc pour morts. Il ne s’agit pas du corps physique, car ce n’est pas lui qui est la source de l’énergie du vieil homme ; il n’est qu’un instrument. C’est pourquoi nous lisons que ce même corps physique, ces membres, de même que nos facultés intellectuelles et morales, que nous avons mis au service de cette volonté intérieure qui s’appelle le vieil homme et de ses caprices, nous sommes appelés à les employer, maintenant que nous sommes des chrétiens, pour la gloire de Dieu : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu » (Rom. 12:1). Voilà le chrétien !
Un chrétien n’est pas devenu paresseux ni moins intelligent du jour où il a été converti, où il est devenu chrétien ; mais ses capacités, ses facultés, ont changé de maître.
Ah, c’est toute la vie chrétienne, cela ! Le Seigneur, la Parole de Dieu, une épée aiguë à deux tranchants (mais elle n’est pas qu’une épée), vient pénétrer jusqu’au fond de ce que nous sommes. Elle transperce et n’épargne rien de ce qui est de la volonté propre. N’attendons pas la grâce de Dieu pour notre volonté, ni les sympathies du Seigneur pour notre volonté propre et pour les fruits du vieil homme ! Jamais nous ne l’aurons ! La sympathie du Seigneur est pour les chrétiens à l’égard de leur condition, à l’égard de leur infirmité, de ce qui les brise. Nous ne l’aurons jamais à l’égard du mal. Le Seigneur, au contraire, sera contre nous sur tous les points où nous laisserons agir notre volonté propre. Il est fidèle !
« Tenez-vous pour morts », « portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus » (2 Cor. 4:10). Cela ne veut pas dire qu’on soit mort à la nature, mais que tout ce qui se traduit par des tendances qui ne sont pas selon la volonté de Dieu, tout ce qui ne vient pas de Dieu, doit être surveillé de près et jugé. C’est le secret du bonheur.
N’arriverait-il pas souvent, lorsque nous goûtons de la joie dans nos coeurs, qu’un examen attentif des sources de cette joie montrerait qu’il se trouve en elle peu de vraie joie en Dieu, souvent peut-être très peu ? Mais plus nous avançons, plus nous sommes exercés, et plus nous disons : Il nous faut ce que le Seigneur donne, la joie, la force, la paix, la patience (celle que le Seigneur donne, et non pas celle d’un caractère naturellement patient !), qui sont Christ, comme disait un serviteur du Seigneur : « Christ est ma patience, Christ est tout ».
Il y a deux natures en nous, croyants. Nous ne pouvons les nourrir toutes deux ; ce n’est pas possible. Si nous nourrissons le nouvel homme, le vieil homme ne se développe pas. Si nous prenons soin du vieil homme, le nouvel homme reste parfait dans sa nature, mais ne se développe pas. Si le vieil homme est tenu pour mort, le chrétien fait des progrès ; il mûrit. Au lieu de voir chez lui bien des choses qu’on voyait il y a dix ans ou vingt ans, on constate qu’il n’est plus le même. On sent que Dieu est avec lui, qu’il a affaire à Dieu. Ses réactions sont beaucoup plus divines, et la nature — même la nature — à plus forte raison la propre volonté, a moins de place dans sa vie. Heureux le chrétien qui marche dans ce chemin où, tous les jours, on rend visite à la mort ! Bienheureux est-il ! Et heureux est celui que le Seigneur garde ; faisant des progrès, il mûrit. Ce qui est en lui mortel et condamné est, pratiquement, de plus en plus livré à la mort ; et on voit s’épanouir l’âme, sans bruit. C’est une merveille, et un fruit que le Seigneur mûrit pour sa gloire, dans l’éternité.
Soyons exercés de ce côté-là.
Est-ce que cet exercice diminuera, dans les saints, le zèle et le dévouement pour le Seigneur ? En aucune manière. Seulement, il le purifiera, puisqu’il est dit : Offrez vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu ; c’est-à-dire notre vie toute entière.
Je suppose que, quand nous repassons avec le Seigneur tout ce que nous avons pu faire, quand nous pensons au service, à l’activité qu’il nous confie, nous sommes obligés de réviser nos appréciations. Et si nous avons plus de lumière dans notre âme, notre appréciation change ; notre jugement sur nous-mêmes devient beaucoup plus profond. C’est un très heureux état, qui fera que nous n’aurons pas moins de zèle, mais que nous serons plus obéissants. Et, au lieu de partir quand le Seigneur nous dit de rester, ou inversement, nous entendrons quand Il nous parle. Y a-t-il quelque chose de supérieur à cela, pour un chrétien ? Rien. Y a-t-il d’autre secret pour cela que celui d’obéir ? Il n’y en a pas d’autre. Un serviteur disait : Si le Seigneur m’avait donné comme mission de surveiller la porte, je m’appliquerais à faire cela pour mériter la confiance de mon maître ! Peu importe ce que Dieu nous donne à faire ! Ce qui importe, c’est la façon dont nous le faisons, et le fait que nous faisons la volonté de notre maître. On a dit qu’un ange qui serait envoyé par le Seigneur pour balayer les rues, trouverait ses délices à le faire. En est-il de même pour nous, chers amis ? Ce principe est-il dans notre coeur ? Si oui, nous possédons le bonheur. Mais, hélas, comme nos joies sont mélangées, pratiquement !
« Tenez-vous pour morts » ; nous avons le privilège de pouvoir le réaliser, parce que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce. Vous ne pouvez pas dire cela à vos enfants non convertis ; ce serait cruel. On demande cela à un chrétien parce qu’il a une ressource ; la loi n’en donnait aucune. Placer un homme sous la loi, c’est lui demander de renoncer, sans lui donner la force de le faire. C’est le jeter dans une situation terrible, où il deviendra le martyr d’une souffrance sans fruit. Tandis que le chrétien… quelle est la puissance qui est en lui ? Ce n’est pas la vie divine, mais le Saint Esprit. Il est la puissance du chrétien, à tous égards, pour toutes choses.
Que le Seigneur nous aide ! La vie chrétienne — on l’a souvent dit — est faite de détails, et remplie de détails. De deux chrétiens traversant des circonstances semblables, l’un y trouve l’occasion d’apprendre quelque chose avec le Seigneur, de découvrir en lui une mauvaise tendance et de la juger ; l’autre, peut-être, devient un peu plus endurci, et mûrit un fruit qui est mauvais.
« Tenez-vous vous-mêmes pour morts ». Sous la grâce, j’ai Christ et le Saint Esprit. J’ai une nature nouvelle, une puissance qui est le Saint Esprit, un objet pour mon coeur qui est Christ. Tout est de Dieu. Dans ce que Dieu nous appelle, moralement, à lui consacrer, tout est de Lui. Le corps n’est que l’instrument que nous pouvons consacrer, sous l’action de Dieu lui-même en nous.
On peut parcourir les bibliothèques de la terre, consulter tous les sages de tous les temps, on ne trouve pas cela ailleurs que dans l’Écriture. Un enfant converti qui entre dans ce chemin-là en sait plus que tous les philosophes du monde, sur la vérité éternelle.
Le chapitre 8 décrit l’état chrétien. Le Saint Esprit vient comme personne demeurer en chacun des chrétiens. Il est la puissance de la vie nouvelle du chrétien. Il rend aussi témoignage avec notre esprit que nous sommes enfant de Dieu. Nos amis peuvent le constater ; mais c’est Dieu qui nous en rend témoignage.
Que Dieu nous encourage à ne pas oublier que nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes. C’est difficile, car le monde nous attire, petits et grands ; les petits, les jeunes, le pauvre, le riche, chacun ; le monde qui est autour de nous, et aussi cette volonté qui est en nous et qui, très cordialement, donne la main au monde pour faire broncher. De surcroît, ces deux ennemis que nous avons toujours sont dirigés par le diable. Pour faire face à cela, il nous faut des ressources toutes divines, rien d’autre ; jamais la morale, même chrétienne, n’aidera un homme chrétien à marcher, pas plus qu’elle ne l’a sauvé. Mais c’est Dieu avec nous, et en nous, qui nous gardera de nous laisser amorcer par le monde. On se laisse amorcer par si peu de chose ! Une petite convoitise, un peu de fraude, un peu de coquetterie, un peu d’attrait pour ce qui se fait ; pour certains, c’est un peu d’argent. Et il ne s’agit pas de regarder dans le coeur de son frère ; ce n’est pas en faisant cela que je trouverai de la force, mais bien en me jugeant moi-même de près. Ce jugement doit être continuel. Si nous le réalisions continuellement, nous serions dans une paix continuelle ; et, de cette façon, nous serions à la gloire de Dieu, dans ce monde. Il serait évident — et on le dirait — que la source de notre vie n’est pas là, et que les racines nourricières de notre âme ne plongent pas dans le monde. Où plongeraient-elles ? Dans la vérité et la grâce divines.
Prenons garde au monde. Nous pouvons l’aimer par des choses qui n’ont l’air de rien, et même des choses très légitimes. Ce qui nous rend, pratiquement, supérieurs aux séductions du monde, c’est d’être en communion avec Dieu, avec le Seigneur. Et, pour cela, il faut que le Saint Esprit ne soit pas contristé, que le mal en nous soit jugé. Si nous avons manqué aujourd’hui en quelque chose, confessons-le au Seigneur le plus tôt possible, et n’ayons pas de repos que la communion ne soit retrouvée. Ne laissons pas la communion s’interrompre !
Mais, dites-vous alors, on est toujours sur le qui-vive ! Oui, mais pas d’une façon désagréable. On est vigilant, mais en cela on est heureux, et on a Dieu avec soi. On est libre parce qu’on fait la volonté d’un autre ; et c’est la joie du chrétien de faire la volonté de Dieu. C’étaient les délices de Christ.
L’obéissance chrétienne, c’est ne pas se mouvoir sans un ordre de Christ. L’obéissance de Christ était la source même de tout ce qu’il faisait ; telle devrait être l’obéissance des chrétiens. Si nous étions fidèles, nous n’aurions jamais besoin d’être arrêtés, dans notre chemin. Notre chemin serait celui de l’obéissance dès le départ. Dans le ciel, on ne fera qu’obéir. Quelle merveille !
La merveille est peut-être encore plus grande sur la terre !
[LC n° 97]
21 février 1971
La grande affaire, pour un chrétien, qu’il soit jeune ou qu’il soit vieux, qu’il commence ou qu’il finisse, c’est qu’il marche avec Dieu. S’il ne marche pas avec Dieu, il marche mal. S’il ne marche pas avec Dieu, il marche de travers. Cela vous gêne ? C’est possible. Mais le christianisme n’est pas pour nous mettre à l’aise.
Nous avons à veiller, chers amis, à ne pas nous habituer à un christianisme routinier, et toujours, et chaque jour. Tout ce qui est dans l’Écriture est pour tous ceux qui l’on entre les mains. Il n’y a rien de si dangereux que de détourner la Parole, lorsqu’elle vient nous déranger dans nos façons de voir. On peut avoir la tête pleine de vérités, sans qu’elles aient d’effets dans nos vies. Et ainsi, nous accroissons notre responsabilité. Si l’étude de la Parole ne vous rapproche pas de Christ, il vaut mieux ne pas l’étudier, ou au moins pas comme vous le faites. Judas était l’un des douze. Et jamais on n’aurait cru que lui aurait été l’instrument, entre les mains de Satan, pour livrer son Maître. Ce fut une douleur supplémentaire, dans la coupe des souffrances de Christ. Satan a emporté Judas. Et ne croyez-vous pas que, depuis, Satan en a emporté beaucoup ? Que le Seigneur nous garde de nous laisser nous endurcir à ce point ! Ce serait la preuve que Dieu est contre nous. Un moment vient où les appels de la grâce s’arrêtent, parce que nous n’avons pas voulu écouter. On ne se moque pas de Dieu. D’ailleurs, on n’est jamais heureux, avec des compromis.
Il ne s’agit pas de disserter sur les vérités. La ressource consiste à les communiquer aux autres. Vous êtes un chrétien. Ne jouez jamais avec la grâce de Dieu. Et dire, à l’occasion : « Ah, mon ami, vous continuez votre chemin comme si vous teniez encore la main du Seigneur ! Prenez garde ! Vous ne savez pas ce qui va vous arriver ».
Vous ne serez jamais heureux, en dehors de la présence de Dieu. Que le Seigneur nous encourage à revenir aux sources ! Nous sommes tous responsables de la vie d’assemblée. Paul n’était pas un promeneur.
La distraction est une véritable plaie, pour un chrétien. C’est une véritable maladie mortelle. Le chrétien possède deux natures. Nous ne pouvons pas faire notre chemin sans ce compagnon de malheur qu’est le vieil homme. L’Esprit condamnera toujours la chair, et la chair condamnera toujours l’Esprit. Plus un chrétien progresse, plus il découvrira des manifestations charnelles en lui.
La vie chrétienne est faite d’exercices continuels, et pourrait se solder par des victoires continuelles. Des chrétiens pourraient vous dire : « Vous pouvez aller ici ». Mais si vous perdez Christ là, vous direz non ; et ceci, à des chrétiens. Est-ce qu’un tel homme est heureux ? Oui. Il n’y a qu’une bonne part ; il n’y en a pas deux. Bien des choses, dans une vie d’homme ou d’assemblée, sont le fruit de la volonté propre. Et le Seigneur pourrait nous dire : « Si vous aviez été dépendants, je vous aurais conduits ».
C’est très dangereux, d’avoir une influence sur quelqu’un. Soyons imitateurs de la foi, non pas de la marche. On pense que le christianisme n’est pas vivant. Mais le christianisme est très vivant, comme aux premiers jours de la Pentecôte. Que Dieu nous garde aux sources. Qu’est-ce que le christianisme ? C’est Christ.
Comment arriver à empêcher les manifestations de la chair ? Comment ? Et pourquoi peut-on faire cela ? Le chrétien a une nouvelle nature, qui est de Dieu. Et, en même temps, il a la vieille nature, source de tous ses maux. Que de choses se cachent dans la pénombre, dans le clair-obscur, qui n’est pas la lumière. Et ainsi, quelqu’un peut s’habituer à mentir.
Judas aimait l’argent. Et pour quelle somme livra-t-il son Maître ? Insignifiante. Mais il avait la convoitise dans son coeur. Et il arrive à faire ce que bien des gens ne voudraient pas faire, trahir un ami. Quand Satan tient quelqu’un, tout mal est possible. C’est pourquoi nous avons à veiller jusqu’à notre dernier souffle. Nous le voyons bien : une journée passée sans lui, et nous sommes malheureux.
On a vu des femmes aller à la mort pour Christ, et très paisiblement. Si le Seigneur demande de faire le pas, il donne aussi la force de le faire. Et c’est pour le bien des autres. Quand Dieu, par son Esprit, a scellé une âme, il ne la reniera jamais ; et cela, en vertu du sang de Christ. Sans cette valeur du sang de Christ, tout le monde est condamné. Tant qu’une âme n’a pas le Saint Esprit, elle n’est pas dans un état chrétien.
Qu’est-ce qui a été mis à mort, et que nous encourageons souvent, en lui favorisant ses activités ? Le « moi ». Né à la chute, il peut mener un homme au pire des péchés. Vous savez que le meilleur des hommes peut être amené au pire des crimes.
Nous avons deux natures cohabitant dans un même corps. Et le chrétien est responsable de ses actes. Je suis responsable, moi, un seul être, de deux natures. Le croyant est responsable tel qu’il est. Nous sommes responsables de ce que le « moi » fait, en public ou en cachette. Comment pouvons-nous être au-dessus de tout cela ? L’orgueil est aussi dangereux que la violence. Quelle ressource avons-nous ? Le « moi » est quelque chose que Dieu condamne. Il condamne la source du mal. Dieu a visité cette source, ce vieil homme.
Si le chrétien ne laisse pas agir le « moi », sa conscience n’est pas souillée par sa présence. Nous avons à veiller à ne pas lui laisser produire des fruits. Voilà le secret de la vie chrétienne.
Si nous confessons nos manquements, « Dieu est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9), à cause de l’oeuvre de Christ. Rien ne peut être séparé de l’expiation. Nous avons un compagnon de voyage qui ne nous lâchera jamais. « Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4:10). C’est le secret du vrai bonheur. Si nous ne voulons pas apprendre avec Dieu, il nous faudra apprendre à l’école de Satan. Ne nous moquons pas de Dieu !
On a souvent fait du mal à la jeunesse, en parlant devant elle de choses qu’elle n’aurait pas dû savoir ; ce qui est plus d’une fois de la médisance. On peut détruire en elle cet élément vital, qui disparaît de nos jours, qui est la révérence.
Un ancien frère disait : Ce que je trouvais dur, étant jeune, mais qui s’est justifié par la suite, c’est que la curiosité est toujours charnelle.
Quand Jésus rempli un coeur, il déborde de bonheur. Voilà comment nous avons à veiller sur nous-mêmes.
Nos anciens étaient des gens heureux, mais à la conduite très stricte quant à eux-mêmes, prenant garde à ne pas dépasser leur degré de communion.
Quand il y a des divisions, Satan agit. On a oublié les frontières divines entre le bien et le mal. La crainte s’en va, et Satan tient son monde.
Que le Seigneur nous remplisse de crainte et de joie, nous encourageant les uns les autres, cultivant la communion avec lui, chacun pour son compte. Aidons-nous par une parole d’avertissement : « Attention ! Vous êtes sur une pente ».
Enfin, que le Seigneur nous soit en aide ! On a toujours l’intelligence nécessaire, quand on a le Seigneur avec nous. On la perd quand on le perd.
[LC n° 78]
13 mars 1972
Le Seigneur sait dans quelle mesure chacun de nous est disposé à entrer, le plus possible, dans la connaissance de la vérité. Cette remarque toute simple n’est pas faite sans raison. Nous savons bien que c’est une tendance générale de ne pas y entrer toujours davantage, une fois que nous avons l’assurance du pardon. Nous savons qu’il y a eu, au cours des siècles, et de nos jours encore, des chrétiens qui réduisent la doctrine à cela ; et qui, une fois assurés quant à leur avenir, pensent que la marche, le service, le témoignage, sont laissés à leur propre initiative. Ce n’est pas ce que nous trouvons dans l’Écriture. C’est un point que nous avons à méditer. La doctrine de l’Évangile serre les choses de beaucoup plus près que cela. Et, surtout parmi nous, nous n’avons pas de prétexte à faire valoir, si nous ne savons pas cela.
Quelqu’un qui est passé de la mort à la vie (c’est-à-dire qui a reçu la vie divine, étant scellé du Saint Esprit ; car il n’y a pas d’état chrétien sans la présence du Saint Esprit dans l’individu. Cette présence est définitive et éternelle), l’Évangile ne s’arrête pas là. Quand on conteste, on n’a jamais raison, avec Dieu. Quand une âme a reçu la vie divine, le Seigneur dit : « Voilà quelqu’un qui m’appartient ». Cette âme-là ne s’appartient plus à elle-même, corps et âme. Ne sommes-nous pas tentés de nous accorder une marge d’activité possible ? Il ne nous en laisse pas. Ne perdons pas cela de vue, chers frères et soeurs ! Cela pourrait régler bien des questions, et nous faire voir clair. Et, quand nous ne voyons pas clair, c’est que nous n’avons pas un oeil simple. Et le contraire d’un oeil simple, c’est un oeil méchant. Il n’y a pas de moyen terme. Est-ce que la vérité vous gêne ? Si oui, c’est que vous êtes en mauvais état. Sinon, vous en prendriez le plus possible.
Il ne faut pas jouer avec Dieu, chers frères et soeurs. Nous serons toujours battus. Et, un jour ou l’autre, vous pourriez le payer très cher ! Gardons-nous des vérités générales, qui n’engagent pas. La vérité est vivante, et aussi pénétrante.
« Mon cher, le chemin, le voilà ! Il n’y en a pas deux ». Un frère qui parlerait autrement serait un serviteur de Satan, même au milieu de nous. Est-ce que Dieu oublie qu’il est lumière ? Pas du tout. Il est amour, et aussi lumière.
Que vous le vouliez ou non, vous avez une marche à fournir ; vous avez un combat à livrer. Vous n’êtes pas le maître. Et cela, afin que nous puissions discerner où sont nos ressources, et pouvoir les découvrir. Nous sommes sûrs d’aller au ciel. C’est tout ce qu’il faut pour pouvoir mourir en paix. Et, entre temps, qu’est-ce que nous avons à faire, ici-bas ? La Parole nous donne un secret ; et le secret de quoi ? Le secret de la force. Votre caractère, ne vous a-t-il jamais fait souffrir ? Ne vous a-t-il jamais fait verser des larmes ? N’a-t-il jamais fait couvrir votre visage de honte, même chez un jeune homme de vingt ans ? Comment échapper à cela ? La Parole vous donnera la clé de la liberté. Si vous cherchez, dans ce monde, personne ne la possède. « Il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom. 3:22-23). Entre le plus grand philosophe et le brigand sur la croix, il n’y a pas de différence, en la présence de Dieu.
Les chrétiens sont des gens qui sont morts. Ils sont vivants, sur un point de vue ; mais ils sont morts avant de mourir. Ils sont morts avec Christ, crucifiés avec lui. Votre vieil homme est mort avec Christ. Il doit bien y avoir quelque chose d’utile à cela. C’est la Parole qui parle ainsi. Croyez-vous qu’on en parle, dans les milieux évangéliques ? Est-ce que nous le rappelons assez, dans les assemblées ? On dit : « C’est très commode ! Ainsi, on est libéré une fois pour toutes ». Attendez ! Dieu dit : « Vous avez en vous quelque chose qui est abominable, horrible. Et vous n’y pouvez rien ! Chez les uns, c’est la mondanité ; chez les autres, c’est la fraude, plus ou moins avouée ». On ne sait jamais, si Dieu n’intervenait pas, ce que pourraient faire les meilleurs jeunes gens, les meilleures jeunes filles. Pour quelqu’un qui n’a pas la vie, évidemment, ce qui l’attend, c’est le jugement éternel, n’ayant avec lui que son vieil homme.
Quand vous trichez, quand vous fraudez, Dieu le sait. C’est inscrit. Et vous ne pouvez pas, ainsi, avoir la même liberté avec Dieu. Un père de famille n’a pas la même liberté avec un enfant désobéissant qu’avec un enfant soumis. Quand j’ai péché, que faut-il faire ? Confesser.
Je dis cela dans l’assemblée, car nous le perdons de vue. La force n’est pas en nous, la force pour refuser. Le Seigneur est non seulement mort pour nos péchés, mais pour la puissance du péché qui est en moi.
En conséquence, comment allons-nous réduire au silence cette puissance, car nous avons un adversaire qui n’aime pas Dieu ? Comment allons-nous nous comporter, devant cette présence qu’il nous faut accepter ?
Nous avons, par la mort de Christ, qui est aussi notre mort, la puissance, par le Saint Esprit qui est en nous, de faire mourir les actions du corps. Voilà ! Un frère a manqué ; il a fait des choses malhonnêtes. Bénissons Dieu de ce qu’il nous a donné la lumière sur ces points. Bien des frères se lancent dans leurs activités, sans exercer ce contrôle sur eux-mêmes. Si un frère s’est emporté par un mouvement d’orgueil ou de colère, qu’est-ce qu’il faut faire ? La confession.
Si vous aviez l’occasion de considérer la carrière de nos frères des derniers temps, au siècle dernier, vous verriez avec quels soins ils contrôlaient leurs comportements intérieurs. Cela a été la puissance de leur service extérieur. Dieu est avec celui qui est intègre. Et ainsi, ils ne craignaient personne. Ils ne fléchissaient devant personne. Ce qui serait mieux, c’est de rester avec le Seigneur. Si je vis avec lui, le méchant ne me touche pas. Ce croyant pourrait traverser tout Paris sans être entamé. Quand Christ remplit le coeur d’un chrétien, il est gardé du mal. « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas » (1 Jean 5:18).
Par le Saint Esprit, nous pouvons faire mourir les actions du corps. Le vieil homme est bien là, mais il est mort. C’est une merveille !
La Parole est parfois comme une épée, qui atteint jusque dans la conscience. L’obéissance est un des traits les plus brillants de la vie chrétienne. Plus un chrétien est spirituel, moins il se laisse éblouir par les apparences. Celui qui ne se juge pas lui-même, a perdu sa clarté spirituelle. C’est normal ; c’est une conséquence inévitable. Ne laissons pas s’accumuler des interdits, dans notre vie. On ne sait jamais jusqu’où un frère ou une soeur peut aller, ainsi. Les grandes chutes ne sont jamais instantanées. Elles sont toujours progressives, pour arriver à des choses étonnantes. Disons-nous bien que nous portons en nous un ennemi irréductible. On peut parfois sentir une gêne, dans les réunions, sans que nous sachions pourquoi. Tout cela est très sérieux. Un frère, une soeur, qui ne veille pas sur lui-même, fait un mal immense, vis-à-vis de ses frères et soeurs. C’est une chose sérieuse, d’entrer dans le témoignage. Il n’y a pas que des privilèges. Il y a, avant tout, des devoirs. Que Dieu nous garde tous ! Et qu’il nous garde d’abaisser le niveau de nos responsabilités.
Ce qu’il cherche toujours, c’est le coeur. « L’Éternel regarde au coeur » (1 Sam. 16:7). Si nous sommes exercés, nous pouvons être amenés à voir ce qui n’est pas normal. C’est à cette condition-là, chers frères et soeurs, que le Seigneur restera avec nous.
À une période particulièrement difficile, un ancien frère du siècle dernier disait : « Nous étions arrivés à dire : Seigneur, où vas-tu ? Il ne pouvait plus rester ».
Éph. 6 nous montre un caractère de la position chrétienne. Ce passage est unique, dans la Parole, sauf en Josué, lorsque le peuple eut traversé le Jourdain et mis les pieds sur la terre promise. Le croyant est mort. La mort a passé sur lui. Le peuple arrive dans le pays promis. C’est Guilgal. C’est l’application de la mort sur eux, ce qui leur appartient. Le peuple devait toujours revenir à Guilgal, pour engager la lutte contre Satan et ses anges. Voilà le pays. Mais le peuple devait en prendre possession. Nous aussi, nous sommes dans les lieux célestes. Et nous sommes appelés à en prendre possession. Si vous demandez à certaines personnes : « Où se trouve Satan ? », beaucoup diront : « Satan est en enfer ». Pas du tout ! Satan est dans les lieux célestes. Nous sommes dans les lieux célestes. Qu’est-ce que cela veut dire ? Vous savez ce que c’est que d’entrer dans les lieux célestes. Et je pense que pas un frère, pas une soeur, ne sache pas ce que c’est que de goûter la joie des lieux célestes. Mais, une fois dans les lieux célestes, vous avez à en prendre possession. Ce sont là nos joies en Christ, les plus belles, les plus puissantes, connues avec le Seigneur. L’Église aurait dû être céleste, toute entière. C’était sa mission. On aurait dû savoir que, dans ce monde, il y avait une classe de personnes dont les affections étaient entièrement hors du monde. Rien n’échappe au monde. Comme un chrétien spirituel, on ne sait pas pourquoi il vit. On ne sait pas où il trouve sa joie.
L’Église aurait dû être entièrement céleste, ayant ensemble une source de joie commune, à laquelle le monde ne peut avoir part. C’est pourquoi il y a des réunions autour de Christ, dans sa présence. L’Église vient trouver là une source de joie qu’elle ne trouve nulle part ailleurs. Au cours des siècles, l’Église aurait dû montrer que, dans ce monde, il y avait un tel lieu. Certains ont été fidèles. Ils sont morts, non en gémissant, mais en rendant grâces. Ah, Satan prétend qu’il a remporté la victoire ? Ce n’est pas vrai. C’est Satan qui a été vaincu, et Christ a été victorieux. En attendant, l’Église aurait dû le montrer. Si nous l’avons oublié, nous avons perdu la plus précieuse mission céleste. Et rien n’aurait été plus efficace, pour la conversion des âmes.
Si nous avons à coeur la gloire de Dieu dans l’Église, nous serons bénis au-delà de toute attente. Comment voulez-vous qu’un coeur qui aime le Seigneur, rempli des choses célestes, soit attiré par l’orgueil ? Ce n’est pas possible !
Que le Seigneur encourage les jeunes frères ! Qu’ils ne pensent pas qu’à quatre-vingts ans, ils en auront le temps. Leur vie sera manquée. Que le Seigneur nous occupe de lui, afin que, lorsque nous parlons de sa personne, ce soit de l’abondance d’un coeur que lui seul peut remplir.
[LC n° 79]
9 décembre 1962
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 157
La vie individuelle des saints est fondamentale. Les erreurs collectives viennent le plus souvent de la carence de la vie spirituelle individuelle. Nous devons nous placer en vérité devant les déclarations de la Parole. Le christianisme commence par la mort et la condamnation de l’homme en Adam, et se termine par la vie, la vie éternelle, fondée sur la justification. Le portrait de l’homme est présenté en Romains 3:10-23 ; le diagnostic est sans appel : « Il n’y a point de juste, non pas même un seul » (Rom. 3:10), pas même un enfant de croyant, et même du croyant le plus fidèle et le plus éclairé. Dieu découvre le mal parce qu’il veut le guérir. Il n’y a point de juste, ni devant Dieu, ni dans les relations humaines. Nous sommes portés à faire de nous des portraits flatteurs, mais notre vrai portrait est là sous la lumière divine, tracé par ces paroles frémissantes de vérité.
La justification est un acte de grâce ; parce qu’elle a coûté très cher, la vraie grâce n’est pas aveugle, elle est liée à la vérité. Mais le sentiment de la grâce est souvent aveuglé par les influences humaines.
La justification commence à la croix par le sang de Jésus ; c’est l’expiation des péchés, et l’éternité commence là pour le croyant. La résurrection de Christ établit alors des relations nouvelles : il a été ressuscité pour notre justification et nous sommes ressuscités avec lui. Nous sommes « justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5:21). La justice, pour Dieu, c’est la fidélité quant à lui-même et aux exigences de sa nature. Dieu est juste, et parce qu’il est juste, il ouvre l’accès de sa présence à « celui qui est de la foi de Jésus » (Rom. 3:26). Nous sommes ainsi « justice de Dieu en lui ».
La balance de Dieu n’est sensible qu’aux valeurs morales et spirituelles. L’heure est sérieuse : soyons fidèles et conséquents ! Combattons la mondanité et la tolérance. La plus subtile manifestation de la chair, c’est la satisfaction de soi-même. Le croyant est mort aux péchés, mais le vieil homme est en lui : il peut agir même dans le chrétien, et c’est inquiétant. Le vieil homme restera jusqu’à la mort ; il est condamné à mort, mais il est là. Ce n’est pas sa puissance qui doit me troubler, mais ses actions. « Tenez-vous vous-mêmes pour morts aux péchés, mais pour vivants à Dieu » (Rom. 6:11). Je suis responsable que le nouvel homme porte des fruits et que le vieil homme n’en porte pas. C’est un combat, mais la foi vaut ce qu’elle a coûté.
Le remède à l’activité de la vieille nature, c’est fuir, fuir les convoitises de la jeunesse. Et pour fuir, il faut une puissance plus grande que celle des passions et des convoitises, une puissance qui non seulement les domine, mais les vainc. Cette puissance se trouve dans la prière et la méditation de la Parole qui rend fort (1 Jean 2:14). Il faut soigner le dehors, c’est la séparation du monde, et soigner le dedans, notre être intérieur, car c’est Dieu qui opère en nous et le vouloir et le faire (Phil. 2:13).
Les choses de Dieu sont révélées par l’Esprit, reçues de l’Esprit, vécues par l’Esprit. Le Saint Esprit fait mourir les actions de la chair. « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair » (Gal. 5:16). Mais il faut s’occuper du bien pour être à l’abri du mal, « sages quant au bien, et simples quant au mal » (Rom. 16:19). Si nous nous nourrissons de potins de toute nature, nous sommes vulnérables ; occupées du Seigneur Jésus, nos âmes sont à l’abri. Si Jésus est notre vie, il y a plénitude de communion. Il y a deux hommes, le premier et le second. Le second homme, le dernier Adam, Christ, vient remplacer le premier homme Adam ; il doit être seul reconnu dans le nouvel homme. Dieu ne reconnaît que le second. Que notre vie tout entière se résume en ceci : faire la volonté de celui qui s’est donné pour les siens. « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20)
[LC n° 80]
Dimanche après-midi 5 décembre 1948
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 160
L’épître aux Romains nous montre de quelle façon Dieu a résolu la redoutable question du péché, pour rendre l’homme capable de se tenir devant lui. Elle nous montre que le travail de la grâce de Dieu est double : un travail extérieur à l’homme et un travail en lui, dans son coeur. Beaucoup savent que Dieu a fait un travail extérieur à l’homme, mais ils ne s’en sont pas approprié les effets et restent étrangers à la vie de Dieu. Ceux qui connaissent la grâce, sans la posséder pour eux-mêmes, ne font qu’accroître leur culpabilité. Le travail de la grâce de Dieu extérieur à l’homme s’est fait à la croix. Même s’il n’y avait eu aucun croyant en l’oeuvre de Christ, cette oeuvre demeurerait d’une extrême valeur aux yeux de Dieu. Mais, par la grâce de Dieu, l’oeuvre de Christ a été crue par des millions d’hommes, qui ont reçu individuellement la vie éternelle, et qui savent qu’ils sont lavés de leurs péchés dans le sang de Christ : c’est l’oeuvre de Dieu en l’homme. Je dois croire comme si l’oeuvre de Christ avait été accomplie pour moi tout seul. Aujourd’hui, les hommes sont imprégnés de la doctrine chrétienne, mais le plus souvent d’une façon toute extérieure.
Avant la croix, Satan en avait pris à son aise dans le monde ; il y était maître et seigneur en apparence. Il avait avili le coeur de l’homme au point de lui faire adorer toutes sortes d’idoles. Mais la puissance de Dieu a fait reculer le paganisme. De nombreux miracles ont accompagné la prédication de l’évangile dans le monde païen et manifesté la puissance de la vérité. Au commencement l’Esprit n’était pas contristé comme aujourd’hui. Maintenant le diable a mis la main sur la chrétienté. « Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan » (Apoc. 2:13). Il faudrait, pour conquérir la chrétienté (s’il pouvait seulement en être question), plus de puissance qu’il n’en a fallu au début de l’Église pour que l’évangile se propage. Nous ne saurions trop nous encourager à avoir une juste perception de l’état du christianisme aujourd’hui et de la position chrétienne. La position chrétienne actuelle est très difficile, parce que le diable lui-même s’est installé dans la chrétienté, et se sert des vérités chrétiennes pour détourner l’homme de Dieu : c’est sa suprême victoire.
Dieu dit : « Qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3:36). Le diable fait dire : « Qui connaît un certain nombre de vérités chrétiennes a la vie éternelle », et il emmène des millions d’âmes dans les ténèbres de dehors. Le Saint Esprit nous fait voir le vrai visage du monde chrétien. La mission des chrétiens est de dire au monde, avec la force et la sagesse que Dieu donne : ne vous laissez pas séduire ! « Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils… la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3:36). Il n’y a pas de position moyenne entre la vie et la mort, entre la lumière et les ténèbres. Le diable cherche à persuader les âmes qu’il y a des vérités intermédiaires entre l’erreur et la vérité ; il n’y en a pas. On est enfant de Dieu ou enfant du diable.
On n’aime pas parler des péchés. Romains 2 en parle et nous montre tous ces sages que les gens avertis admirent, que le monde appelle parfois des « immortels », alors qu’ils sont deux fois morts. Le chrétien qui se laisse éblouir par cela est infidèle à son Sauveur. C’est le devoir des chrétiens d’avertir les âmes devant lesquelles on fait briller une lumière qui n’est pas celle de Dieu ; il faut leur dire : « on vous trompe jusqu’à la seconde mort ; seul ce que Dieu dit est la vérité ; il ne se trompe pas quant à la laideur des choses que couvrent les apparences du monde ». Dieu parle aux hommes des péchés qu’ils ont commis. Le premier et constant souci du chrétien, c’est d’être en règle avec Dieu ; le constant souci de Dieu, c’est le péché. Les différences humaines ne sont rien en présence de l’absolu divin. La seule supériorité valable pour Dieu est morale ; l’état moral seul compte. « L’Éternel regarde au coeur » (1 Sam. 16:7). Ses péchés, tout ce qu’on a fait, personne n’ose le dire ; c’est affreux ! Le sentiment irrépressible du bien et du mal est un mystère profond. Quand nous serons dans la lumière de Dieu, nous nous prosternerons devant Jésus et le bénirons d’avoir effacé nos péchés. Il nous a lavés de nos péchés dans son sang. Voilà la vérité de Dieu : j’ai péché ; le sang de Jésus Christ me purifie de tout péché. Quand nous nous réunissons autour de Jésus, nous sentons que nous ne lui donnons pas la louange que nous devrions lui donner. Mais rien n’est perdu, nous l’adorerons aux siècles des siècles : « À celui qui nous aime… » (Apoc. 1:5).
En Romains 3, le croyant a compris que Dieu a lavé ses péchés ; il dit : je suis un chrétien. Si son entourage en doute, il n’a qu’à attendre, Dieu se chargera de montrer si la vie de Jésus est dans cet homme. Il faudra attendre peut-être des années, mais il y aura des témoignages que la vie divine est là. Il faut voir les choses sérieusement, car rien ne ressemble autant à un vrai chrétien qu’un faux chrétien. Si la conscience n’est pas réellement touchée, rien n’est fait. Dans la parabole du semeur, il y a quatre terrains ; un seul porte du fruit. Voilà un chrétien vrai ; ses péchés sont pardonnés par Dieu ; quelle délivrance ! Mais ce chrétien s’aperçoit qu’il fait encore des choses qu’il réprouve (Rom. 7). Le doute naît dans son coeur : je ne suis pas un chrétien, je me suis trompé ! Des âmes droites sont labourées par cette constatation. La deuxième étape de l’éducation divine consiste à nous apprendre ce que nous sommes. La conclusion ? « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien » (Rom. 7:18). On l’apprend par l’expérience. Quand finit cette leçon ? On apprend toute sa vie qu’on est foncièrement mauvais, qu’il n’y a rien de bon dans l’homme. Le chrétien a vu son portrait dans la Parole de Dieu et se voit lui-même comme Dieu le voit. Il dit : « J’ai horreur de moi » (Job 42:6).
La différence pratique entre deux chrétiens résulte de la mesure où ils ont réalisé ces choses avec Dieu. Ces leçons ne sont pas nécessairement apprises dans la honte et l’humiliation ; un chrétien qui marche avec Dieu peut faire d’immenses progrès sans défaillances extérieures. Mais si nous ne marchons pas avec Dieu, nous apprenons à nous connaître avec le diable.
Ainsi donc, la croix de Christ nous apprend, d’une part, que nous sommes pardonnés pour les péchés que nous avons commis, et, d’autre part, que nous sommes délivrés de l’état de péché où nous sommes par nature.
« Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rom. 7:24). Le chrétien décrit ainsi la perversité de ses actes avant de découvrir la mauvaise nature en lui, la chair. Au chapitre 8, il peut dire : je ne suis plus dans la chair, mais dans l’Esprit (v. 9). Ce chapitre fixe la position chrétienne : le Saint Esprit est la source de la puissance. C’est un chapitre d’une incomparable valeur. Le chrétien n’est plus dans la chair, la puissance de l’Esprit l’a délivré. L’Esprit de Christ forme Christ en moi, et l’Esprit de vie me fait don de la vie divine.
Le sceau du Saint Esprit est le gage, le témoignage que nous serons enlevés avec Jésus quand il viendra (v. 11). De plus, c’est par l’Esprit que nous crions : « Abba, Père ! » (v. 15) ; c’est lui qui rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (v. 16) ; il est les prémices de la délivrance de notre corps (v. 23) ; c’est lui qui intercède et nous est en aide dans notre infirmité (v. 26). Tant qu’une âme n’est pas scellée par l’Esprit, elle n’est pas propre pour le témoignage rendu à la table du Seigneur. Lorsqu’elle est scellée, ointe du Saint Esprit, elle entre dans le seul corps dont font partie tous les chrétiens ; elle peut alors prendre sa place à la table du Seigneur ; il faut que le sceau du Saint Esprit soit posé sur elle.
Il faut prier pour que Dieu opère des conversions vraies ; il nous met à l’épreuve à cet égard ; il éprouve la persévérance dans la prière, parce qu’il éprouve ainsi l’engagement du coeur dans la demande qui lui est présentée. Pensons toujours à la conversion de ceux avec lesquels nous avons affaire ! Notre seule sécurité, c’est de s’attacher à Christ et à sa Parole, qui demeure éternellement.
[LC n° 81]
20 décembre 1969
Éph. 6:15 : Les chrétiens sont des gens qui doivent être caractérisés par un esprit de paix. S’il n’en est pas ainsi, nous détruisons l’effet de l’évangile.
Il n’est pas un combat que le Seigneur nous appelle à livrer, il n’est pas une victoire que nous sommes invités à remporter, qui ne soit pas le fruit d’un combat qu’il a livré et d’une victoire qu’il a remportée. Mais Dieu demande à ses enfants que nous combattions de telle manière, que nous remportions la victoire. Et il ne fait pas d’erreur. S’il le demande à ses enfants, c’est parce qu’ils peuvent remporter la victoire. Il leur a donné tous les moyens pour la réaliser. Ce n’est pas rien, bien sûr. Ce n’est pas une petite affaire. Mais Dieu ne nous demande pas notre avis. C’est une réalité, le monde, Satan, la chair. Pour un inconverti, ils le laissent bien tranquille. Il a bien des peines et des ennuis. Mais ces débats le laisse bien tranquille.
Il y a cette question de la chair. Il faut bien en parler. Vous pouvez bien vous rendre compte des manifestations de la chair. Vous pouvez recevoir des excuses de vos proches. Mais Dieu ne fait pas ainsi. Nous ne passons pas inaperçus, devant lui.
Pour des jeunes croyants, ce mot, « orgueil de la vie », semble leur poser des questions. Ils n’en comprennent pas le sens. L’orgueil de la vie, c’est l’état naturel dans lequel chacun se trouve. Chacun de nous à son « moi ». Il a une certaine considération intérieure de lui-même. L’orgueil est en chacun de nous, l’orgueil d’être intelligent. On s’oppose contre Dieu, et on a honte de lui faire front. Il en est ainsi chaque fois qu’on s’oppose à Dieu. C’est une redoutable puissance que les convoitises ! Que nous ne pensions pas que nous sommes libres, quand nous ne le sommes pas. La domination de soi-même, se maîtriser soi-même, y a-t-il une manifestation de puissance égale à celle-là ? Probablement pas !
Ce que le chrétien a à faire, c’est de faire mourir les actions de la chair. Et si, la semaine dernière, nous avons nourri une convoitise, nous avons à la juger, et à la confesser avec précision. Alors seulement nous sommes purifiés. Cela demande un exercice de toute la vie. Voilà ce qui fait que la vie chrétienne est une vie de dépendance. Est-ce pénible ? Pas du tout ! C’est la liberté.
Nous sommes remplis de confusion et de honte, lorsque nous avons manqué. Mais, plus que cela, on demande au Seigneur, d’une façon préventive. On sait bien qu’il y a des lieux où le chrétien ne peut pas aller. Sinon, on le laissera à la porte. C’est ce qui fait qu’un chrétien qui est fidèle a beaucoup moins de déboires qu’un chrétien qui a une vie relâchée.
Nous avons une grande puissance en nous. C’est le Saint Esprit : « Si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8:13). Un grand point pour les saints, c’est de ne pas contrister le Saint Esprit. Sinon, il deviendra un Esprit de répréhension.
C’est une question de toute importance que ces questions traitées dans l’épître aux Romains, quant à l’affranchissement du chrétien, au combat chrétien. Dans quels milieux traite-t-on de ces sujets de toute importance ? Dieu le sait.
Nous sommes exhortés à réaliser ces choses. Sans ces vérités-là, le christianisme tombe. Nos anciens frères connaissaient bien l’importance de ces sujets. C’est pourquoi ils tenaient ces vérités de très près. C’est une question de vie ou de mort. Il n’y a pas de compromis possible entre l’Esprit et le monde.
Les habitudes extérieures que vous donnez à vos enfants ne sont rien. Il faut un travail intérieur, personnel, avec Dieu.
Nous sommes dans la présence de Dieu. S’il n’en est pas ainsi, notre rassemblement n’est rien du tout.
Et l’histoire d’Ananias et de Saphira ? C’est très bon, de relire cela. Il est très bon de relire ces sujets. Ce mal est arrivé dans l’Assemblée, et cela de la part de frères et de soeurs, s’il vous plaît ! On a menti au Saint Esprit. Jamais on ne sera trop strict — et chacun pour soi, chers amis.
D’ailleurs, on ne peut être utile que dans la mesure où on a accepté la Parole pour soi-même, personnellement.
Il y a eu des frères et des soeurs qui étaient très stricts, surtout sur des questions morales. On ne les aurait pas fait dévier du chemin. Il y a des frères et des soeurs qui manquent, de nos jours. Avec Christ, on n’envie rien, et on n’envie personne. Il y a le monde, danger pour la jeunesse comme pour les plus âgés, danger pour les uns comme pour les autres. On peut sombrer à tout âge. Dans ce monde, il y a de quoi satisfaire tous les désirs du coeur naturel. Il y a des choses très intéressantes (la science, les arts, la technique). On n’en finit plus. Et on oublie qu’on aura affaire, un jour, à Dieu. Le danger est que, pendant tout le temps passé à ces choses, on aura oublié de penser à son âme, si c’est un inconverti. Et, si c’est un chrétien, il aura oublié de penser à sa carrière chrétienne. Qu’il nous soit donné de veiller !
Ce qui manque, aujourd’hui, c’est la crainte de Dieu. Elle est méprisée, aujourd’hui. Le refus d’autorité est le caractère des derniers jours. Dieu peut prendre un jeune homme dans le monde, et faire de lui un témoin pour le Seigneur. Et pourquoi pas ?
Éph. 6 : Le chrétien a à lutter contre la chair qui est en lui. Et si un chrétien a des tendances, il doit veiller beaucoup plus, lire la Parole beaucoup plus. Et l’orgueil : nous avons tous en nous cet orgueil de nous-mêmes. Il peut y avoir aussi des degrés, dans ce mal. Les uns seront plus orgueilleux que d’autres. Mais un chrétien, même le plus orgueilleux, pourra devenir le plus humble et le plus doux de tous les autres. C’en est un témoignage, celui-là ! Je l’ai souvent dit ici ; mais je le répète, au cas où il y aurait des jeunes qui n’étaient pas là : L’esprit de soumission dans l’humilité est supérieur à tout don.
Là où le Seigneur se manifeste à un coeur, ce pourra être une soeur modeste, passant inaperçue, mais dans laquelle on sent qu’il y a Christ ; et cela, sans ostentation. Il n’y a rien de supérieur à cela ! L’huile qui est dans le vase est plus précieuse que le vase. Le vase, c’est le corps du croyant. Mais ce qui est en lui, la personne de Christ, est ce qui est précieux. Nous avons à veiller à cela, chers frères et soeurs, et surtout si nous accomplissons un service. Nous avons à veiller à ce que notre état intérieur reste et demeure sous le regard de Dieu. Il nous apprendra alors à parler, et il nous apprendra à nous taire. Comme c’est admirable !
Nous avons à beaucoup prier, pour que soit réalisée en nous cette vie de Christ, pour que Christ, sa personne adorable, soit vue en nous ; afin qu’on puisse voir en nous celui dont nous ne pouvons pas nous passer.
Un serviteur du Seigneur avait fait une visite. Une personne parlant à ce serviteur lui dit : « Vous avez fait une bonne visite, aujourd’hui ». Il lui a été répondu : « Satan me l’a déjà dit ! ». Voilà de quelle trempe ces serviteurs étaient. Le Seigneur avait la première place.
Éph. 6 : C’est le combat proprement chrétien. Je me suis souvent demandé combien de croyants, dans le monde chrétien, ont été éclairés comme nous le sommes. Chacun peut étudier cette épître, la plus haute qui soit, la plus complète. Elle est relative à la vie céleste. Nous sommes ressuscités dans les lieux célestes. C’est notre Seigneur, c’est notre Maître, qui se trouve là, et qui a, au fond, au fond de nous-mêmes (de chaque croyant, on peut bien le dire), la première place. Sinon, on n’est pas un chrétien. Ce sont les contemplations des choses célestes qui nous sèvrent, sans effort, de tout ce qui est autour de nous, et qui nous libèrent déjà des joies du monde.
Le croyant ne se réjouit pas dans les bénédictions que le Seigneur donne, mais dans notre part céleste, dans le donateur, dans ce qu’il est. Et cette joie-là ne peut jamais nous être ôtée. Paul, en prison, avait le coeur avec son Seigneur dans la gloire. Il est notre puissance et notre consolateur. Nous avons le Saint Esprit comme notre puissance. L’état normal du chrétien est de jouir des lieux célestes. Il peut dire : « Ma vie est ailleurs. Ah, j’y suis déjà ; et la mort m’y fera entrer ! ». Il est déjà dans cet autre monde, que nous n’avons jamais vu. Nos yeux sont déjà vers les choses qui ne se voient pas. Il faut bien que cela ait un sens, une réalité, ici-bas.
Quand vous voyez une âme pauvre, une croyante, ainsi heureuse en Christ, c’est une élite, cela ! Toutes les sources de notre christianisme sont dans les lieux célestes. Celui qui est le plus riche, est celui qui se nourrit de Christ dans la gloire.
La Réforme a laissé le chrétien au pied de la croix. Mais ce n’est pas la Parole, cela ! C’est mutiler gravement la Parole que d’agir ainsi. Le chrétien est uni à son chef dans la gloire. Nous avons trois positions, dans la personne de Christ, pour le croyant ici-bas. Nous avons Christ, mourant sur la croix ; Christ, dans la gloire, dans les lieux célestes ; Christ, revenant.
Il faut tout cela, pour la vie chrétienne. C’est un Sauveur glorifié ; c’est un Sauveur que nous attendons. Quelles richesses nous avons là ! Elles sont admirables. On ne peut pas le dire. La vie chrétienne ne se connaît que lorsqu’on la vit.
Satan voudrait qu’on soit des chrétiens très sérieux, et le ciel plus tard, pas maintenant. Les chrétiens de la première heure ont insisté sur tous ces points. Car il est impossible de vivre la vie chrétienne sans réaliser tout cela.
Quand un chrétien est céleste, la plus grande partie de ses difficultés est ôtée. Le principal, c’est que nous soyons des chrétiens célestes. Nous avons, dans les lieux célestes, quelqu’un qui veut nous empêcher de nous y promener de long en large. Nous n’avons pas à attendre que Satan soit précipité du ciel pour en jouir. Car Satan ne sera précipité du ciel que lorsque nous ne serons plus sur la terre.
Si les frères ne sont pas célestes, inévitablement, ils sombreront dans la ruine générale. Il faut, d’une part, la possession de la vie divine, et d’autre part, entretenir cette vie divine dans les lieux célestes. Goûtez-vous de ces joies célestes tous les jours de la semaine ? Ne serait-ce pas le dimanche seulement que vous y entrez ? Alors vous perdez six jours sur sept chaque semaine.
Que faut-il ? Il faut être pieux. Sinon, alors, vous n’êtes pas heureux. Inévitablement, vous n’êtes pas heureux. Le Seigneur voudrait que nous soyons toujours heureux. Et pourtant, tout ce qui nous entoure est bien propre à nous rendre malheureux. Mais cela ne dépend pas de nous.
Las de tout, on pourrait dire : « Seigneur, viens ! ». Mais ce n’est pas à nous de décider du moment de notre départ.
[LC n° 31]
18 novembre 1962
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 78
« L’année de la mort du roi Ozias… ». Le chapitre 6 d’Ésaïe débute par cette mention qui caractérise l’époque. La signification en est importante. Qui est ce roi Ozias ? 2 Chron. 26 nous renseigne sur une partie de la vie de ce roi. Son nom signifie : « L’Éternel est ma force ». Il avait eu un très bon début. C’est le cas de beaucoup de croyants. Au début, notre force n’est pas en nous-mêmes, mais en Christ. Tout serait en ordre si nous ne nous appuyions jamais sur nous-mêmes, comme nous le faisons si souvent.
Bon début. Quelques jeunes frères dans l’assemblée donnent des espoirs. Il est important qu’il y ait des jeunes frères pour remplacer les frères âgés qui partent ; mais il faut veiller à respecter l’autorité de la Parole, il faut que les jeunes frères soient soumis aux anciens. Nous sommes dans les temps de la fin. L’esprit du monde — l’indépendance, la révolte contre l’autorité, le désir d’être quelqu’un aux yeux des autres — cet esprit-là ne reste pas à la porte de l’assemblée, il s’introduit également au milieu de nous.
2 Chron. 26:15-16 nous dit : « Il fut merveilleusement aidé jusqu’à ce qu’il devint fort. Mais quand il fut devenu fort, son coeur s’éleva jusqu’à le perdre, et il pécha contre l’Éternel, son Dieu, et entra dans le temple de l’Éternel pour faire fumer l’encens sur l’autel de l’encens ». Ce service était réservé aux sacrificateurs. Des sacrificateurs, hommes vaillants, se sont opposés au roi. Où sont les hommes vaillants dans l’assemblée ? Il y a des esprits qui prennent des initiatives qu’on ne doit pas laisser passer ; il faut des hommes forts pour s’opposer à eux. Nous devrions tous être de ces hommes vaillants, les soeurs aussi. Nous avons tous la Parole de Dieu, qui nous donne la mesure déterminée par l’Éternel. Aucun ne peut dire : « Je ne le sais pas ». Quand on doit dire quelque chose à un frère, il arrive qu’on se heurte à de la violence ; il se fâche, comme Ozias : « Et Ozias s’emporta » (v. 19). La nature humaine est toujours la même aujourd’hui. « Et le roi Ozias fut lépreux jusqu’au jour de sa mort ». Si quelqu’un, dans l’assemblée, devient lépreux — péché manifeste ou mauvais état du coeur — il doit être mis dehors, comme le roi Ozias, qui « habita, lépreux, dans une maison d’isolement, car il fut exclu de la maison de l’Éternel » (v. 21). Il est important de comprendre ce que signifie l’exclusion. Toute l’assemblée devrait s’humilier devant Dieu. Dieu peut alors donner la grâce pour que celui qui a péché soit rétabli. Toute l’assemblée est responsable. Me suis-je préoccupé de ce frère, de cette soeur exclu ? Lui ai-je lavé les pieds à temps ? Mais une fois l’exclusion prononcée, il ne faut pas briser la discipline de l’assemblée par une poignée de main ou des paroles d’amitié, sinon le frère exclu a beaucoup plus de peine à revenir ; il faut que cette discipline serve à le rétablir. Beaucoup de frères et de soeurs manifestent un amour faux. Si quelqu’un sort vers le lépreux, il est lui-même atteint de lèpre, et cela se répercute sur toute l’assemblée.
« L’année de la mort du roi Ozias », c’est un moment tout particulier pour Ésaïe, jeune homme, que Dieu veut employer comme prophète, « envoyé de Dieu » vers un peuple révolté. L’apôtre Paul se dit souvent « appelé de Dieu ». Dans la chrétienté, plusieurs sortent sans être envoyés. Il ne suffit pas de sortir, il faut être appelé. Un frère a dit : « Le Seigneur légitime lui-même ses serviteurs, ils n’ont pas besoin de se recommander eux-mêmes » (2 Cor. 10:18). Ésaïe reçoit son service de Dieu. Ce n’est pas un service agréable que celui de prophète ; il doit réveiller la conscience, et on n’aime pas être tiré de son sommeil. Il n’y a plus actuellement de prophètes au sens de l’Ancien Testament, mais le service de prophète existe toujours pour réveiller les consciences. « Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts » (Éph. 5:14). On peut être dans un sommeil analogue à la mort ; il faut être sérieusement secoué pour en sortir, mais il importe que la vie soit conséquente avec les paroles.
Ésaïe, jeune homme, avait vécu une partie de l’histoire du roi Ozias ; il savait quel avait été son sort : il avait eu affaire à un Dieu saint. Nous aussi, nous sommes bien en relation avec Dieu comme notre Père en Jésus Christ, mais l’autre face demeure : il est un feu consumant, un Dieu saint ; il ne peut rien laisser passer de mauvais, il juge le mal (1 Pierre 3:12 ; Ps. 34:12-16). Dieu se manifeste à Ésaïe, cette année-là, pour l’introduire dans la lumière de sa présence. « Je vis le Seigneur assis ». Il s’y reconnaît pécheur, perdu. Dans sa lumière, tout change ; nous nous rendons compte de notre néant. Son trône est haut et élevé (És. 6:1 ; Apoc. 4:2-8) ; nous voyons l’Éternel dans sa gloire. Dès lors, qu’est-ce que l’homme ? Que sommes-nous, nous ses enfants, bien que, en Jésus Christ, il soit notre Père ? Que sommes-nous ? Des grains de poussière. Et il nous a sortis des ténèbres, dans son amour, pour nous posséder pour l’éternité.
C’est lui, l’Éternel, qu’Ésaïe voit. En sa présence, il s’écrie : « Malheur à moi ! car je suis perdu » (És. 6:5) « Et l’un des séraphins vola vers moi » (v. 6). Les séraphins, êtres sans péché, ont six ailes, comme les quatre animaux d’Apocalypse 4. Si nous parlons de ces êtres aux hommes, ils nous disent : ce sont des fables pour les enfants. Le croyant sait par la Parole de Dieu que les anges existent, et qu’il y a plusieurs classes d’anges ; il y a même parmi eux des princes. Satan était un prince des anges ; dans son orgueil, il s’est élevé pour être l’égal de Dieu ; il a été précipité, et de nombreux anges avec lui.
« De deux ailes ils se couvraient la face ». N’oublions jamais ni la grandeur, ni la sainteté de Dieu, en particulier dans la maison de Dieu, dans l’Assemblée ! « Soyez saints, car moi je suis saint » (1 Pierre 1:16). « Prends garde à ton pied, quand tu vas dans la maison de Dieu… Ne te presse point de ta bouche, et que ton coeur ne se hâte point de proférer une parole devant Dieu ; car Dieu est dans les cieux, et toi sur la terre » (Eccl. 5:1, 2).
« De deux ailes ils volaient ». Ils sont les exécuteurs de la volonté de Dieu (Ps. 103:20-21). Dans l’Ancien Testament, ils apparaissent souvent pour accomplir leurs missions divines. Les ailes sont l’image de la disponibilité pour le service de Dieu. « Vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai » (1 Thess. 1:9). C’est la première des choses que nous faisons quand nous sommes sauvés ; nous disons au Seigneur : « Que puis-je faire pour toi ? Montre-moi comment je puis te servir ! ». Puis par la suite, nos ailes restent souvent sans force faute d’être employées ; nous dispersons nos efforts aux choses de ce monde.
« Et de deux ils se couvraient les pieds ». Nous nous salissons les pieds en traversant cette terre. Les anges, eux, ne se les salissent pas. Combien plus de motifs avons-nous de nous couvrir les pieds, c’est-à-dire de nous mettre à l’abri du sang de Golgotha par le jugement de nous-mêmes ! Plus nous le ferons, plus notre conscience sera délicate à l’égard des petites souillures. Il est fidèle pour nous pardonner.
« Et les fondements des seuils étaient ébranlés à la voix de celui qui criait, et la maison était remplie de fumée » (És. 6:4). La fumée vient d’un feu de jugement. Avant que cette vision ne lui apparaisse, nous entendons Ésaïe dire par six fois : « Malheur à ceux qui… » (És. 5). Ici il doit dire : « Malheur à moi ! car je suis perdu ; car moi, je suis un homme aux lèvres impures » (És. 6:5). Si un homme se condamne lui-même, Dieu peut alors envoyer un séraphin avec un charbon ardent : « Et ton iniquité est ôtée, et propitiation est faite pour ton péché » (v. 7), car Dieu a donné un autel sur lequel Jésus Christ, l’Agneau de Dieu, a été immolé. Sur cet autel, il fallait qu’il supportât tout le jugement de Dieu de la sixième à la neuvième heure. Il faisait nuit, à Golgotha ! Un type de Christ, Isaac, lorsqu’il montait vers Morija, dit à son père : « Voici le feu et le bois ; mais où est l’agneau pour l’holocauste ? » (Gen. 22:7). Christ, lui, savait qu’il devait être l’agneau pour l’holocauste. C’est à cause de nos péchés que le couteau l’a transpercé. Nous ne pouvons nullement comprendre cette oeuvre, cependant notre Dieu Sauveur l’a accomplie. « Il plut à l’Éternel de le meurtrir ; il l’a soumis à la souffrance » (És. 53:10). Il a été pilé très fin pour que Dieu flairât l’odeur de l’encens « saint, consacré à l’Éternel » (Ex. 30:36-37). L’offrande de l’holocauste est coupée en morceaux (Lév. 1:6). Ce sont des expressions qui, toutes, ont trait aux souffrances du Seigneur pour nos péchés. Quand le charbon ardent a touché nos « lèvres impures », a brûlé notre péché, alors nous pouvons dire : « Grâces à Dieu pour son don inexprimable ! » (2 Cor. 9:15).
« Qui enverrai-je ? ». Dans quel but le Seigneur veut-il envoyer quelqu’un ? Pour mettre le doigt sur le péché du peuple rebelle. « Me voici, envoie-moi ». Là où nous sommes placés, nous avons un service à accomplir pour le Seigneur. Si nous ne sommes pas fidèles dans les petites choses, le Seigneur ne peut pas nous en confier de grandes. Il n’est pas nécessaire de tout quitter et de partir en Chine pour le servir. Il y en a quelques-uns qui y sont appelés, mais ce n’est pas le grand nombre. La première des choses est d’accomplir notre travail dans notre famille, auprès de nos voisins, de nos collègues, dans la ville où nous vivons. Pouvons-nous dire comme l’apôtre Paul : « Je suis net du sang de tous » (Act. 20:26) ? Nous avons manqué plus d’une occasion. Avant de sortir pour travailler pour le Seigneur, il faut d’abord apprendre, il faut savoir attendre, jusqu’à ce que lui ouvre la voie. Si chez tel ou tel frère il y a une activité de l’Esprit, l’assemblée le constatera, elle sera avec lui dans son service. Comment pourrait-il sortir sans la bénédiction de l’assemblée ?
« Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent » (Rom. 12:1). Ceci s’adresse aussi aux soeurs. Notre corps est le temple du Saint Esprit ; nous ne pouvons plus agir à notre guise. Nous devons pouvoir dire au Seigneur : « Je suis pour toi seul ». Laissons la saleté de ce monde, ce que l’apôtre Paul appelle des ordures ! Pour qu’un ballon puisse monter, il faut jeter du lest par-dessus bord. Il vaut la peine que nous nous conformions à la Parole et non pas au monde. Aimons-nous assez le Seigneur pour cela ? « Si vous m’aimez, gardez mes commandements » (Jean 14:15).