Louis Chaudier
Table des matières :
Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.
Certains textes ont été repris de l’ouvrage « Méditations sur la vie chrétienne » édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.
[LC n° 4]
31 mai 1970
Le désert ne fait pas partie des conseils de Dieu. Les conseils de Dieu sont ses voies pour faire passer nos âmes d’un état de misère à un état de bonheur.
Personne ne pourra arrêter Dieu dans ses conseils. Les conseils de Dieu, ce sont ses voies, par lesquelles il veut faire passer les siens. En général, Dieu a ses voies à l’égard de ceux qui sont à lui. Il a un travail à faire en eux.
Ce cantique place devant nous les ressources du chrétien : « Contre moi dans ce monde… ». Quand Dieu a pris à lui une âme, son éducation dure toute la vie. Il veut nous rendre intelligent quant à ses pensées. Dieu nous suit et nous tient. Personne n’échappe à sa main. Un peu plus tôt, un peu plus tard, Dieu fait à notre égard ce qu’il veut faire. Ce travail est double : un travail de dépouillement, et un travail d’enrichissement.
Quand on est un jeune chrétien, on est tout feu, tout flamme. Puis il arrive, très souvent, que le premier amour baisse, que le cœur soit encombré de toutes sortes d’objets. Ce que Dieu veut, ce n’est pas un extérieur de dévouement. Non ; ce qu’il veut, c’est notre cœur. Ce qu’il veut, ce n’est pas notre porte-monnaie, mais notre cœur. S’il a notre cœur, il aura le reste. Lequel d’entre nous ne mérite pas ce reproche : « Tu as abandonné ton premier amour » (Apoc. 2:4) ? Les relations naturelles peuvent aider, et elles peuvent gêner. Avec Dieu, son regard nous suit où que nous soyons. Il fait notre éducation à tous. Est-ce qu’il y a quelqu’un, ici, qui regrette d’avoir passé à cette école ? Est-ce qu’il y a des regrets à y rester ? Souvent pas !
Dans Exode, il y a un chant de cantique. C’est la position de quelqu’un qui est converti. Il est à l’abri de la puissance du Pharaon. Au beau cantique succède une manifestation entièrement contraire. C’est Mara, les eaux amères. Et, au lieu d’un cantique de délivrance, c’est le murmure. Lequel d’entre nous n’a-t-il pas murmuré, dans sa vie ? Et peut-être après avoir passé toute une après-midi à chanter des cantiques !
Mais Dieu n’est jamais dépassé. Il enseigne un bois. Et ce bois, jeté dans cette eau, la rend douce.
Pourquoi murmurons-nous ? Qu’est-ce qui produit cela ? Quelqu’un qui murmure n’est pas heureux. « Priez sans cesse. En toutes choses rendez grâces » (1 Thess. 5:17-18).
Dieu nous serre de très près. Il ne veut pas que ses enfants fassent leurs quatre volontés. Et pourquoi ? Pour notre bonheur, mais aussi pour sa propre gloire.
La bénédiction durable du chrétien contient ce qui brise sa volonté. Voilà le christianisme ! Il n’y en a pas deux. Le christianisme, c’est la manifestation de Christ dans un homme.
Notre volonté nous suit jusqu’au dernier souffle. Un ancien frère disait ce qu’une femme, très célèbre au dix-neuvième siècle, avait déclaré : « Savez-vous ce qui meurt chez nous en dernier lieu ? C’est l’amour-propre » ; et c’est une femme mondaine qui parlait ainsi. Prenons-en pour nous, n’est-ce pas !
Voilà le christianisme. Les apparences, c’est quelque chose que le vent emporte, s’il n’y a que cela.
Moïse prend un bois. Ce qui nous fait murmurer, c’est quelque chose qui contrarie nos plans. À la lumière de Dieu, on se voit, et on se voit soi-même.
Les eaux deviennent douces. Ce bois est la mise à mort de la chair en nous, de notre volonté propre. La valeur de la croix n’est pas seulement pour être sauvés. Mais elle nous libère de nous-même.
On peut dire à une âme : « Du moment que vous croyez, vous êtes sauvée ». Elle pourrait répondre : « Oui, mais j’aime les choses que j’aimais avant… ». Et pourtant, ce peut être un authentique chrétien.
Le Seigneur n’a laissé aucun de nous ici, chers amis, pour qu’il dirige la barque à son gré. Nous avons en nous ce qui est ennemi de Dieu. La libération est dans la croix. Tout le vernis du monde ne va pas avec la croix. Voilà ce que les gens sérieux n’aiment pas.
Quelqu’un disait : « C’est étonnant, ce qu’une âme peut faire de progrès, lorsqu’elle sort d’une épreuve ! ». Vous ne pouvez pas avoir le ciel et la terre. Nous bénirons beaucoup plus le Seigneur pour nos épreuves que pour nos joies. Lorsqu’on est jeune, on ne pense pas cela.
On nous a appris, à l’école du dimanche : « On n’est à lui, ni trop tôt, ni trop longtemps ». Retenons ces cantiques si simples : « Jésus est le meilleur Maître ».
Et puis viennent les expériences. Dieu nous brise : « Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé et humilié » (Ps. 51:17). Retenons cela, chère jeunesse ! Alors, si le Seigneur touche l’emboîture de la hanche, s’il brise le ressort de la volonté propre, c’est une bénédiction.
Psaume 30:5 : « Le soir, les pleurs viennent loger avec nous, et le matin il y a un chant de joie ». Deutéronome 8:16 : « … afin de t’humilier et afin de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin ». Dieu ne panse pas les plaies à la légère. Quand Dieu apporte la paix, on le sent bien. Les leçons du désert sont irremplaçables.
Le résultat de la course chrétienne est très important. Nous le verrons au tribunal. Nous verrons tout ce que notre chair nous aura fait faire, et nous aura fait perdre comme bénédiction. Tout homme rendra compte devant Dieu. Tout passera devant nous. On n’échappera pas toujours. On ne se cachera pas toujours.
Ce cher apôtre Paul a fait une course dans le désert. Mais ce n’est pas sa qualité d’apôtre qui le soutenait. Il était un chrétien qui avait appris, un chrétien qui apprenait. Il a fallu qu’à la fin de sa course, il fut abandonné. Mais il dit : « Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié » (2 Tim. 4:17).
Comme il aimait Christ de tout son cœur ! « Oui, ma coupe est comble » (Ps. 23:5). Il chantait en prison, dans la honte, et déshonoré devant tout le monde.
Comme disait un frère : Dans le ciel, il y aura une riche entrée et une chiche entrée ; une riche entrée, pour ceux qui auront vécu pour lui, et une chiche entrée, pour ceux qui auront laissé le Seigneur à la porte.
Il y aura un moment où tout sera déclaré sous son vrai jour. « Oui, le souverain bien-être, le vrai bonheur ici-bas, c’est d’avoir Jésus pour Maître, de le suivre pas à pas ». Voilà le secret du bonheur, pour les petits, pour les isolés, pour ceux qui n’ont pas de secours.
Nous avons déjà rappelé cette image. C’est comme un enfant, jouant avec ses jouets préférés. Présentez-lui un autre jouet beaucoup plus beau ; il lâchera tout pour le prendre. Que le Seigneur nous donne de trouver tellement notre joie en lui, que nous ne souhaitions rien d’autre, mais que nous fassions envie aux autres. Donnons-nous quelque peu ce spectacle, autour de nous ? C’est cela, le témoignage.
Le monde promet, et il ne tient pas. Le Seigneur promet, et il tient ce qu’il a promis. Que le Seigneur nous donne son aide, pour bien commencer, pour bien continuer, et pour bien finir ; pour vivre de lui, afin de vivre dans la mesure où il le demande, de vivre de lui.