LA PART DU CROYANT EN CHRIST — Colossiens 1

J. N. Darby

Méditation à Lausanne, 26 août 1849 — ME 1932p159


1 - [La contemplation de la gloire fait voir la grâce]

2 - [Ce que la grâce a fait]

3 - [Le but de Dieu : glorifier Son Fils Le Fils glorifié dans le bien fait aux hommes

4 - [Immenses richesses de Sa grâce]

5 - [La paix faite avant qu’Il nous l’annonce]

6 - [Réconciliés maintenant…]

7 - [Rendus capables…]

8 - [Le mystère caché… Christ en vous…]

9 - [Christ rendu précieux au cœur, ainsi que la part qu’Il nous a faite]


1 - [La contemplation de la gloire fait voir la grâce]

C’est la vue de la gloire du Seigneur Jésus qui agissait dans le cœur de l’apôtre pour lui donner le besoin de voir croître les cœurs dans la connaissance de celui-ci. Il en est rempli. En contemplant cette gloire il voit la plénitude de la grâce ; tout lui parle de la grâce parfaite de Dieu. La terre, la loi même, tout disparaît ; il est crucifié au monde, lui, la chair et ses affections. Du côté de l’homme tout était perdu, le Juif était enfant de colère comme aussi les autres ; mais dès que brillait la grâce elle suffisait pour introduire et Juif et gentil dans la lumière dont Dieu Lui-même était le centre et la perfection. Et à voir Dieu opérer ainsi, selon son cœur à Lui, l’apôtre ne pouvait avoir d’autre désir que celui de faire monter les âmes à la hauteur des pensées de Dieu. Les chrétiens n’en étaient pas là, c’est pourquoi il les exhorte ici.

Paul avait le regard fixé sur Jésus, sur la gloire en Lui, et il veut que les chrétiens saisissent cela. C’est toujours l’amour des âmes qui l’étreint. Lorsqu’il prêchait aux pécheurs inconvertis, il comprenait que ce que Christ était pour lui Il pouvait l’être pour les autres, et son cœur n’était pas satisfait de les en voir privés, par leur manque de connaissance ou de foi. Ici il veut que les chrétiens jouissent vraiment de leur position, il les pousse à prendre leur part de leurs richesses, par l’Esprit, dès maintenant.


2 - [Ce que la grâce a fait]

On saisit là l’unité de son enseignement. Le point de départ, c’est la ruine de l’homme, dégradé, inimitié contre Dieu ; « en moi, dit-il, il n’y a aucun bien », — et pourtant il était un zélé observateur de la loi. La conséquence de cette ruine complète, c’est qu’il n’y avait qu’une ressource : se réfugier dans le cœur de Dieu. Il voit alors et montre ce que Dieu a fait et ce qu’il est pour l’homme ; c’est la grâce parfaite ; il est rempli de la connaissance spirituelle de cette grâce sans bornes, et il ne cesse d’en parler.

Nous allons voir comment Dieu, par cette grâce, nous place dans une position infiniment bénie en Christ, jusqu’à nous donner le privilège de souffrir avec Lui pour ce qu’Il aime et d’avoir part à son propre témoignage dans ce monde (il s’agit, bien entendu, des souffrances que Christ a endurées pour la justice, et c’est à propos de celles-là que l’apôtre dit accomplir ce qui reste encore à souffrir des afflictions du Christ pour l’assemblée (1:24) ; quant aux souffrances de Christ pour le péché à notre place, nous n’y avons aucune part).


3 - [Le but de Dieu : glorifier Son Fils Le Fils glorifié dans le bien fait aux hommes

Nous étions étrangers et ennemis quant à notre entendement, dans nos mauvaises œuvres (1:21). Non seulement nos œuvres étaient contraires à la loi, mais dans notre entendement même nous étions entièrement éloignés de Dieu. L’entendement de l’homme naturel ne juge des choses que comme un pécheur. Mais le but de Dieu a été, toujours, de glorifier son Fils. Et comme Il est un Dieu d’amour, son Fils doit être glorifié dans le bien qu’Il vient faire aux hommes, quand Dieu Le met en possession de toutes choses. C’est ce qui est révélé à la foi. Christ avait créé toutes choses par Lui et pour Lui. Maintenant la création est plongée dans le péché, assujettie à la corruption. Tout est le contraire de l’œuvre d’un Dieu de bonté. Tout est gâté. Dieu veut que Christ possède toutes choses, et qu’Il les possède en gloire. C’est le Christ devant qui tout genou se ploiera, Lui que les hommes maintenant méprisent ; Satan lui-même sera forcé de reconnaître que Jésus est seigneur à la gloire de Dieu le Père. Si ce n’est pas par la grâce, ce sera par le jugement, mais tout être lui rendra hommage. Il possédera toutes choses.

Ce n’est pas tout. Voilà ce qui est son droit, mais il ne s’agit là que de glorification, non d’amour. Or en Lui la plénitude de la Déité « s’est plu à réconcilier toutes choses avec elle-même, soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux » (1:19-20).


4 - [Immenses richesses de Sa grâce]

Nous vivons dans un monde qui ne reconnaît pas Dieu. Dieu agit en grâce et n’exécute pas le jugement sur un tel monde. Il faudra un jour reconnaître que tout est à Christ, mais outre ce droit, cette souveraineté, il y a la grâce de Dieu, l’amour de Dieu. Il a voulu que, lorsque tout sera réconcilié dans les cieux et sur la terre, il y eût des âmes bénies et heureuses comme Christ, « afin qu’Il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Éph. 2:7). Quelles richesses de grâce, en effet ! Nous étions inimitié contre Dieu ; sous la loi l’homme a été désobéissant. Quand Christ est venu on Lui a craché au visage, et en même temps nous étions sans force, esclaves des convoitises, du monde, de ce qui nous entoure. Haine contre Dieu, faiblesse et souillure, voilà l’homme. Et c’est là que Dieu cherche des compagnons pour son Fils ! Il les visite en grâce, pour les rendre participants au lot des saints dans la lumière. Les hommes se vantent des capacités des hommes, et se moquent de l’idée d’être dans la gloire de Jésus. Et de fait, ce serait folie que de penser acquérir soi-même des droits à y être. Mais Dieu, et Lui seul, pouvait introduire dans la lumière de tels misérables. Ceux qu’il visite sont dans le même état que le reste des hommes. Il n’y avait pas de différence morale entre son peuple et les Égyptiens, mais Dieu avait des pensées de grâce envers lui, et Il a pris en main sa cause. Il a voulu nous rendre propres à l’héritage. Il ne suffit pas de nous montrer le ciel, il faut nous rendre capables d’y entrer. Le Père a donné au Fils ceux qui doivent entrer dans la gloire, et II a fait Lui-même la paix par le sang de sa croix.


5 - [La paix faite avant qu’Il nous l’annonce]

Où étions-nous quand cette paix a été faite ? Il a fait cette paix Lui-même, en Christ et par Christ. C’est d’une paix effectuée que Dieu nous parle ; Il ne peut pas prêcher un Évangile avant d’avoir un Évangile à prêcher ; Il ne peut dire à aucun homme : Venez à moi, s’il n’a pas ôté le péché. Aussi appelle-t-Il le pécheur quand la paix est faite ; alors celui-ci peut venir. Nous trouvons ailleurs que Christ a fait par Lui-même la purification des péchés. Dieu ne peut pas dire qu’un homme souillé n’est pas souillé, mais Il a lavé le péché par le sang de la croix. La chose est faite avant d’être annoncée, et Dieu se manifeste dans cette œuvre qui ôte le péché. Il appelle les pécheurs : Venez, peut-Il leur dire. La paix est faite, J’ai accepté l’œuvre de mon Fils ; Je l’ai placé à ma droite en vertu de son œuvre. Il ne s’agit ni de promesses, ni de signes, mais d’une manifestation de Dieu dans une chose pleinement accomplie selon ses propres pensées. Il ne pourrait dire : Venez, si le sang de la croix ne suffisait pas pour qu’on vînt. C’est précisément cette impossibilité qu’Il accueille le péché, qui doit faire venir sans crainte quand Il appelle. Parce qu’Il ne peut supporter la souillure en sa présence, Il a parfaitement ôté la souillure. Voilà donc où nous en sommes, voilà ce sang de la croix qui ôte le péché, de sorte que l’amour de Dieu peut couler à grands flots vers les pécheurs : Christ a frayé le chemin à l’amour divin, et Il peut dire au coupable : Voyez le sang ! Christ était à l’étroit jusqu’à ce qu’il eût subi la colère, parce que jusqu’alors Il ne pouvait parler de l’amour de Dieu. Une fois la paix faite, Il l’annonce aux pauvres pécheurs, et Il surmonte l’inimitié dans le cœur de l’homme par la vue de l’amour. Il n’est plus question de péché entre Dieu et nous. Rien n’empêche l’activité de son amour envers nous. Si après la mort suit le jugement, à nous qui attendons Christ Il apparaîtra sans qu’il soit question de péché. Toute la question a été résolue à sa première venue. Tel est cet évangile si précieux ; il annonce ce que Dieu a fait pour venir vers l’homme et ce qu’Il a accompli jusqu’à l’achèvement. Si vous êtes mes ennemis, dit-Il, je suis votre ami. Voyez ce que j’ai fait pour ôter le péché qui vous sépare de moi.


6 - [Réconciliés maintenant…]

Voici maintenant une nouvelle question ; quelle place nous fait-Il en cela ? « Vous qui étiez autrefois étrangers et ennemis quant à votre entendement, il vous a toutefois maintenant réconciliés dans le corps de sa chair ». Telle est la part actuelle du croyant. La création n’est pas encore réconciliée, mais Dieu a commencé par ses ennemis. Cette réconciliation précède évidemment le jour du jugement. En dehors de l’œuvre de Christ, l’homme doit attendre le jour du jugement pour que tout soit manifesté. Mais si je suis réconcilié maintenant, tout est réglé, tout est jugé, j’ai anticipé le jour du jugement. J’ai confessé avoir mérité la condamnation et la mort, comme si ma sentence était prononcée du haut du grand trône blanc, et j’ai reçu la parole de réconciliation. Tout ce qui séparait l’âme de Dieu est ôté !

Êtes-vous réconciliés avec Dieu ? Avez-vous la conscience que Dieu vous est un ami ? Vous dites garder quelque inquiétude ? Alors c’est que vous n’avez pas la foi simple, qui met à l’aise parce que Dieu est amour, qu’Il a fait l’œuvre et qu’Il vous a réconciliés ! Vous trouvez extraordinaire que moi, pécheur, je puisse avoir l’idée que je suis irrépréhensible pour l’éternité. Mais Dieu a voulu me rendre tel, Christ a fait l’œuvre nécessaire pour me présenter saint et irréprochable devant Lui (1:22). Puis-je douter qu’Il ait réussi ?

Ainsi l’apôtre, par l’Esprit, veut nous faire comprendre les intentions de Dieu à l’égard des croyants. Il n’est pas seulement le ministre de l’évangile, mais serviteur de l’assemblée pour compléter la parole de Dieu (1:25). Ces intentions de Dieu, c’est de réconcilier toutes choses, et de nous avoir comme compagnons de Christ, ses frères, son épouse, son corps, c’est de nous avoir dans la même gloire que Christ. Quand Christ possédera toutes choses, Il veut que nous soyons là pour les posséder avec Lui, comme Il a créé Ève pour Adam après avoir tout créé.


7 - [Rendus capables…]

Devant de telles révélations on comprend l’exhortation du v. 12: « rendant grâces au Père, etc. » Ces actions de grâces supposent que nos cœurs ont saisi l’étendue de notre position. En est-il ainsi pour nous tous ? Avez-vous compris que Dieu vous a rendus, non pas vous rendra capables de participer au lot des saints dans la lumière, qu’Il vous a transportés dans le royaume du Fils de son amour ? Quand l’âme a saisi cela, elle a saisi qu’elle n’est plus de ce monde, comme Christ n’en est pas.

La jouissance de ces choses, en pratique, doit attirer notre attention. Nous faisons partie du corps de Christ ; en conséquence, nous souffrons ici-bas avec Christ. Nous sommes tellement un avec Lui que nous avons la même part que Lui sur la terre. Si je suis fidèle, je souffre comme Christ, car je parle de Christ devant le monde et je suis traité comme Lui. Nous sommes amenés à une telle connaissance de Dieu que nous pouvons aller dans le monde, et dire au monde : Je connais Dieu, et je suis heureux ! Cela entraînera des souffrances, de la part d’un monde qui est inimitié contre Dieu. C’est là souffrir avec Jésus, non point, encore une fois, souffrir pour le péché, comme Lui a souffert à la croix, mais souffrir pour la justice. Il me semble entendre Christ dire : « Je vous mets entièrement à ma place, je fais de vous les vases de la justice de Dieu, je vous ai donné ce trésor ; annoncez-le ; le monde va vous haïr, mais vous serez dans ma communion ». L’homme ne pourrait rien faire de semblable, mais c’est l’œuvre de Dieu, qui a sauvé l’Église, de sorte qu’il y a dans le monde des âmes unies à Jésus, qui ont le même sort que Jésus, savoir sa gloire dans le ciel et ses souffrances sur la terre. Il est notre vie, notre justice, nous serons dans la lumière comme Il est dans la lumière. Que le monde ne puisse supporter d’entendre dire : « Nous sommes de Dieu », n’a rien qui puisse étonner, puisqu’« il gît dans le méchant ».


8 - [Le mystère caché… Christ en vous…]

Mais comment savons-nous ces choses glorieuses ? C’est « le mystère qui avait été caché dès les siècles et dès les générations, mais qui a été maintenant manifesté à ses saints, auxquels Dieu a voulu donner à connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce mystère parmi les nations, c’est-à-dire Christ en vous l’espérance de la gloire » (1:27). Pour que nous jouissions des desseins de Dieu à l’égard de l’Église, Christ est en nous, nous ayant rachetés ; il vient demeurer dans nos cœurs afin que nous ayons la connaissance de ces choses et de cette part. Je ne suis plus de ce monde, Christ m’a racheté et uni à Lui, de sorte que tout ce que le Père a donné à son Fils, Il me l’a donné.


9 - [Christ rendu précieux au cœur, ainsi que la part qu’Il nous a faite]

Combien cela rend Christ précieux au cœur. La connaissance d’un tel amour produit des affections pour lui, et l’énergie, et la liberté. Réaliser cette part bénie, ce n’est pas montrer de la fierté d’un tel héritage, mais avoir Christ Lui-même comme le but, l’objet du cœur, c’est Le voir grandir à nos yeux, Lui qui remplit toutes choses. Bientôt l’heure viendra où ce sera une réalité ; dans le siècle à venir le mal aura été mis de côté par le jugement. Mais en attendant, et tandis que le mal subsiste, il faut le surmonter par l’énergie du Saint Esprit ; voilà pourquoi il y a à souffrir. Quand Christ viendra nous prendre, il ne sera plus question du mal et nous jouirons d’être aimés comme Jésus Lui-même.

Je désire que Dieu rende précieuse à vos âmes la part qu’il vous a faite, et Lui seul, vous ayant rendus capables de la posséder. Qu’il vous donne de savourer l’amour de Christ, afin de ne pas vivre pour vous-mêmes, mais pour Celui qui vous a rachetés. Ne soyez pas satisfaits jusqu’à ce que vous ayez la conscience intime que Dieu vous a donné dans sa grâce la même part que Jésus, et que vous en jouissiez. Qu’Il vous donne, enfin, de savoir souffrir avec Jésus, dans une entière confiance, en rendant témoignage à l’amour de Dieu et à sa bonté.