J. N. Darby (ajouts bibliquest entre crochets)
Collected Writings 21 p.142-144
1 - [Agir ou penser sans Dieu mène à l’obscurité]
2 - [Croire que Jésus était « Je Suis »]
3 - [La vérité des espérances et la base des promesses sont dans « Je suis »]
4 - [« Je Suis », critère clé de la foi]
5 - [Portée infinie de la révélation de « Je Suis ». Base du repos, sujet d’adoration]
Les Juifs étaient plongés, non pas dans la vérité de leur système, mais dans la simple ignorance qui amène à agir selon les apparences présentes. Il s’agit là d’un principe essentiel et profond de l’erreur, auquel il faut veiller — ne pas voir Dieu ni les choses selon Sa pensée (ce qui était justement le point en question), mais les pensées de l’homme dans les choses de Dieu. D’où précisément l’état actuel de l’église. C’était la grande question entre Jésus et les Juifs, le point sur lequel Jésus devait être reconnu, et sur lequel repose la fidélité à Son égard, comme la Sienne à l’égard de Son Père.
Les Juifs Lui dirent donc : « Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ? ». Ils pensaient que le sens était le même, parce qu’ils ne regardaient pas au-delà de l’extérieur. Sur le plan humain, le raisonnement des Juifs était généralement correct. Il était tout à fait erroné sur le plan moral, sans conscience, donc sans Dieu et sans ce que Dieu seul peut enseigner. Ils l’ont maintenant ramené au point de la simple humanité de Christ — le point de leur obscurité. Notre Seigneur, en tant que vérité, ne pouvait que donner la lumière. « Avant qu’Abraham fût (soit né), je suis ». Vous ne connaissez pas Mon existence, Mon être. « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, Je suis ». La grande vérité était dite, la vérité essentielle, vitale et éternelle, de laquelle tout dépend, sans laquelle il ne peut y avoir de vérité, ni de venue à l’homme, ni de retour de l’homme à Dieu par la rédemption. Car comment l’homme pourrait-il être restauré par ce qui n’était pas ? Et cela était vrai pour tout, sauf pour Celui qui est Unique. La poussière devrait-elle être un rédempteur ? Pourtant, c’est de la poussière que l’homme devait être racheté.
La grande vérité était déclarée. Aucun mensonge ne pouvait s’y opposer. La nécessité de l’existence du Sauveur supposait l’inanité de tout le reste — elle ne pouvait pas être falsifiée, mais seulement niée par la violence. Ils pouvaient dire que c’était un blasphème, et prendre des pierres dans leur zèle pour Dieu, en rejetant Sa manifestation. « Ils prirent des pierres pour les jeter contre Lui. Jésus se cacha et sortit du temple ». Passant au milieu d’eux, Il s’en alla. Le temps de leur iniquité n’était pas venu : Son heure n’était pas venue. Mais quelles circonstances ! et avec qui discuter ! et quelle vérité ! la croyons-nous ? Croyons-nous, dis-je, que Jésus (un homme comme nous, à l’exception du péché) était « Je suis » ? Tout est dit, si nous Le croyons mort et revivant ; car en cela est la rédemption, et c’est par là qu’Il devait passer.
C’est vrai, tout simplement vrai, le centre — merveilleux, merveilleux pour nous — de toute la manifestation de Dieu, et à juste titre dans sa gloire pour les pécheurs élus ; très touchant dans sa bénédiction pour tous les pécheurs ; profond, forcément profond, dans sa condamnation des pécheurs aveugles qui Le rejetaient. « Sans conteste, le mystère de la piété est grand : Dieu manifesté dans la chair, justifié en esprit, vu des anges, prêché parmi les nations, cru dans le monde » (1 Tim. 3:16) — et, plus merveilleux encore, « élevé dans la gloire ». Ainsi, en ce qui concerne la vérité essentielle, Il était « Je suis ».
À ce moment-là, quant à la dispensation, la chose ainsi révélée, ou plutôt discutée avec les Juifs, est le sujet de Jean 8. Le Seigneur est présenté comme la lumière du monde ; comme le Fils de l’homme élevé ; tout au long comme le Fils dans la puissance de vie, en personne comme Fils, jusqu’à cette grande révélation de « Je suis » : la vérité réelle et accomplie de toutes les espérances juives, et la base de toutes les promesses communes, et ceci comme la Parole, et par la Parole — la caractéristique essentielle. Je ne connais rien qui ait autant étonné mon esprit que cette révélation du « Je suis », ou la pensée réelle que Jésus pouvait dire « Je suis » ; la connexion de ces possibilités inchangeables (pour l’homme), et l’enchainement dans lequel toutes les actions de Dieu sont présentées comme accomplies en Lui, tandis que Lui restait véritablement Dieu ; et pourtant Il pouvait dire « le Fils de l’homme, qui est dans le ciel ».
Il est évident que seul le don de la foi pouvait, ne serait-ce qu’en un seul point, comprendre ou connaître la vérité dans la Personne de Jésus ! alors que, par la perfection de Sa manifestation dans la chair, toute âme était tenue de la recevoir comme la vraie parole de Dieu, notre Dieu, en amour. Le fait général pénétrant, « Je suis », la parole qui englobe tout, doit immédiatement clore toute controverse. On est forcément ou bien opposants ou bien de ceux qui s’inclinent devant le trône de Dieu. Nous devons nous tenir dans l’admiration de Jésus. Qu’on dise donc : « Embrassez le Fils ! » [Ps. 2:12]. Seigneur Jésus ! quelle sorte de sujétion Te devons-nous ? Nous avons entendu parler de Toi par l’oreille ; mais maintenant que nos yeux Te voient, nous avons horreur de nous [Job 42]. Oh ! pouvons-nous voir cela en Jésus ? L’avons-nous vu ? Personne ne peut le voir en dehors de Lui. Ce n’est la vérité qu’en Lui. Il est certain que nous déplacerions des montagnes si nous le croyions : pourtant c’est la simple vérité.
Penses-y, mon âme ! Jésus que tu connais, cet étranger au monde parmi les Siens, Il est « JE SUIS ». Désormais, soyons morts à tout hormis cela. Je suis en effet incapable de m’exprimer. Je lis et je parle avec Jésus, j’observe Jésus dans Ses voies, en tant que serviteur, et voici que Lui, Lui-même, est « JE SUIS », avec qui je suis, dont je suis la voie, dont j’adore la grâce. Christ est l’union de ces deux choses : l’homme, l’homme rejeté, que je regarde maintenant avec une sympathie très reconnaissante, et voici la présence de Dieu ! Combien cela rabaisse les pensées, les expériences, les jugements et les notions des hommes ! La perfection de Dieu était là — Dieu rejeté par les hommes. Qu’est-ce qui peut correspondre ou avoir sa place à côté de cela ? Que ce soit mon expérience. Gloire au Dieu Très-Haut. Amen. Pourtant, pour moi, c’est Jésus ; en vérité, c’est « Je suis ». C’est ce sur quoi je me repose, c’est en quoi je demeure, c’est à cela que je reviens. C’est tout en tout. Je ne peux que me taire, mais je voudrais dire ce qu’aucune langue ne peut prononcer et qu’aucune pensée ne peut concevoir au préalable. C’est ce que nous apprendrons, et en quoi nous croîtrons toujours — et qui nous dépassera toujours, car c’est ici Dieu révélé dans Son nom essentiel d’existence — Dieu révélé dans un homme, en Jésus ! Je Le connais, je suis familier avec Jésus, je suis chez moi avec Dieu, j’honore le Père en Lui, et Lui est un avec et dans le Père, oui, je me réjouis de le faire. Mais je dis : y croyons-nous ?
Je crois tout cela, et pourtant, pour ainsi dire, je ne crois rien. Je suis comme rien dans la pensée de cela, mais vivant pour toujours par cela, béni soit Dieu et Son nom. Tous Le loueront ainsi. Oui, Seigneur Jésus, Dieu Très-Haut, il en sera ainsi. Seigneur Jésus ! Tu es « Je suis », Tu es « JE SUIS » ; pourtant Tu as pris des petits enfants dans Tes bras ; pourtant Tu as souffert, Tu es mort et Tu as été dans la fosse horrible — oui, pour nos péchés ! Je connais donc le propitiatoire : Je sais que les péchés ne me sont pas imputés, que je suis réconcilié avec Dieu et que Dieu est Celui qui réconcilie.