NOUVEAU RECUEIL DE PENSÉES

de J. N. Darby


Table des matières :


1 - Le péché

2 - La grâce

3 - La Parole de Dieu

4 - Le Saint Esprit

5 - Les perfections de Christ

6 - La foi

7 - La paix

8 - L’humilité

9 - L’épreuve

10 - La communion

11 - Le combat

12 - La séparation du monde

13 - La joie

14 - Porter la croix

15 - Regardant à Jésus

16 - Le service

17 - Les affections divines

18 - L’Homme de douleurs

19 - L’amour

20 - La toute-suffisance de Christ

21 - Le secours venant du sanctuaire

22 - Le repos

23 - La soumission

24 - La satisfaction

25 - Être près de Dieu

26 - Chute et restauration

27 - La puissance

28 - Sanctification pratique

29 - La louange

30 - Les parvis célestes

31 - Christ est tout

32 - Marcher avec Dieu


Préface


Ces extraits, recueillis par un frère au cours de ses lectures, sont classés selon un ordre similaire à celui adopté dans le précédent « Recueil de Pensées » de J. N. Darby. Cependant, il n’a pas été possible de les répartir en « cinquante-deux semaines » d’égale longueur.


1 - Le péché

Le plus funeste des écarts est l’écart d’un homme pieux.


Le caractère et la mesure de notre sainteté, c’est la sainteté de Dieu lui-même.


Dieu veut que nous réalisions pleinement l’effet de sa présence dans notre conscience. Il nous a placés dans une telle relation avec lui, que notre conscience doit sentir le péché comme il le sent, et ne se trouve pas à l’aise dans le péché.


Dieu, comme Dieu de sainteté, veut que tout soit tiré au clair dans nos coeurs ; ainsi, son amour aura libre cours, et le nôtre aussi envers lui. La conscience doit être parfaite à son égard, afin que le coeur soit libre.


Quand Dieu ne met pas le mal à découvert, c’est le plus terrible jugement possible, car il ne peut tolérer aucune souillure.


Pour ne pas broncher, il faut garder non seulement ses pas, mais surtout son coeur. Une faute grave est toujours l’aboutissement de longues négligences intérieures. La communion avec Dieu est la source de la vigilance.


2 - La grâce

Quand Dieu nous fait grâce, nous trouvons non seulement la grâce, mais Dieu lui-même.


La grâce est l’introduction de l’amour de Dieu et de la vie de Dieu au milieu du mal. Il ne peut pas exister de grâce où il n’y a pas de mal. Dieu donne, par la grâce, une vie qui hait le mal, aime la sainteté et se place devant le mal selon l’efficace de la vie de Christ en nous.


En contraste avec la loi qui exige, l’Évangile nous a fait connaître que Dieu donne, nous a apporté le don de Dieu. La loi exige ce que nous devons être, Christ nous donne ce dont nous avons besoin, le salut.


Quand Dieu a purifié notre conscience par sa grâce parfaite, les intérêts du Seigneur sont les nôtres. Jésus n’est plus notre juge ; il a ôté nos péchés, nous a unis à lui, a pris notre cause en main ; nous ne voyons plus un juge en lui, mais un ami.


Pour être forts et rendre témoignage à la grâce, il nous faut le sentiment du péché d’où Dieu nous a tirés.


Nous ne pouvons avoir des idées justes sur la grâce avant d’être fermement établis sur son grand fondement : le don que Dieu nous a fait de Jésus. Aucun raisonnement de notre coeur ne peut jamais s’élever jusqu’à la grâce de Dieu ; pour être telle, elle doit découler directement et librement de Dieu.


Quand, dans la présence de Dieu, nous nous reposons sur sa grâce, rien ne peut nous troubler. « Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? » — « Qui est-ce qui condamne ? » — « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? ». Mais, dès que nous sortons de la présence de Dieu, nous ne pouvons plus nous reposer sur sa grâce comme lorsque nous sommes en communion avec lui.


Lorsque nous avons appris dans notre faible mesure à estimer le péché comme Dieu l’estime, nous sommes remplis d’étonnement devant cette grâce de Dieu qui peut l’effacer entièrement ; elle a porté Dieu à donner son propre Fils et à le livrer à la mort pour ôter nos péchés.


La vraie source de notre force comme chrétiens, consiste à avoir des pensées très simples sur la grâce.


Demeurer dans le sentiment de la grâce dans la présence de Dieu, est tout le secret de la sainteté, de la paix et du repos du coeur.


La grâce suppose tout le péché et tout le mal qui est en nous, mais elle est la précieuse révélation du fait que, par Jésus, tout ce péché et ce mal ont été ôtés. Un seul péché est plus horrible aux yeux de Dieu que ne le sont pour nous mille péchés et même tous les péchés du monde entier. Néanmoins, avec la plus parfaite connaissance de notre état, il plaît à Dieu de n’être envers nous qu’une seule chose : AMOUR !


La grâce se rapporte à l’essence même de Dieu et non à notre condition, quoique la grandeur de nos péchés magnifie d’autant plus l’étendue de sa grâce ; en outre, la grâce a pour but et pour effet de nous introduire dans la communion de Dieu, de nous sanctifier en amenant notre âme à connaître Dieu et à l’aimer ; c’est pourquoi la connaissance de la grâce est la vraie source de la sanctification.


L’âme qui se replie sur elle-même, inquiète du jugement que Dieu porte sur elle et de ses conséquences, ne se repose pas sur ce que Dieu est ; elle n’est pas dans la grâce.


Quand tout est perdu, la souveraineté de Dieu en grâce commence à se manifester. Au lieu d’anéantir les hommes qui avaient rejeté son Fils unique, Dieu leur offre la grâce. Nous sommes sous la grâce et non sous la loi, ne l’oublions pas. En nous replaçant sous la loi, nous rentrons dans une condition qui a manifesté que nous sommes perdus.


La loi et la grâce sont toutes deux parfaitement justes et ont Dieu lui-même pour auteur ; mais elles sont inconciliables dans leurs principes, dans leur raison d’être. L’une exige la justice de l’homme, l’autre révèle en grâce celle de Dieu quand l’homme est pécheur et perdu.


Il n’est pas si aisé de se dire : si je ne suis pas sauvé comme un misérable mendiant, je ne suis pas sauvé du tout ; je n’ai rien et tout est pure grâce. Combien l’orgueil humain reconnaît difficilement : il y a Christ, et c’est tout.


Si vous croyez encore avoir, par nature, un bon désir dans votre coeur, vous n’avez pas compris la grâce.


Personne, pas même un ange, ne peut parler de la grâce comme un pécheur.


La grâce, loin de dire à l’homme de quitter son état pour venir à Dieu, vient à l’homme dans son péché. Elle pose la main sur le lépreux pour le mettre en relation avec elle. La grâce applique l’amour de Dieu aux besoins de notre ruine.


La grâce attire le cœur, la lumière pénètre la conscience.


Regardez-vous à votre propre cœur pour savoir si Dieu est satisfait ? Oseriez-vous dire que Dieu n’est pas satisfait de son oeuvre ? Voudriez-vous y ajouter quelque chose ? Quant à moi, je vois une chose accomplie, sa justice ; il l’a manifestée. De quel côté vous tournez-vous, du côté de Dieu ou du vôtre, pour devenir autre que vous n’êtes ? Trouverez-vous quelque ressource en vous-même ? La mesure de ce qu’un chrétien doit être se trouve dans la grâce seule. Dieu m’a parfaitement aimé, m’a donné sa justice et je comprends que je dois être à lui tout entier, corps et biens.


Dieu veut que sa grâce nous suffise, et cela est plus précieux que si l’écharde en la chair nous était ôtée.


Jamais Dieu ne nous donnera ce qui peut nous faire oublier notre état de voyageurs dans le désert. Il veut que sa grâce nous suffise ; quand elle ne nous suffit plus, c’est que la chair agit en nous. Il en est de la grâce comme de la manne. Impossible d’en faire provision pour le lendemain, ni de compter sur la grâce d’hier ; nous devons nous appuyer sur Dieu seul, dépendre de lui journellement, voilà son désir. Si nous ne sommes pas satisfaits de voir la manne tous les matins, nous méprisons l’amour de Dieu. La joie du fidèle est de comprendre cet amour et de vivre dans une continuelle dépendance de Dieu.


Si nous nous traînons péniblement dans le chemin chrétien, reconnaissons notre faute, mais comptons sur la grâce qui connaît et comprend tous nos besoins et veut nous rendre heureux, malgré nos faiblesses.


Nous sommes placés dans un lieu de difficultés, d’exercices et d’épreuves, mais nous avons la promesse que nous y sommes « gardés par la puissance de Dieu ». C’est pourquoi notre responsabilité apparaît : nous devons nous appuyer sur sa grâce à chaque instant. Nous sommes placés journellement devant ces exercices pour montrer si nous sommes fidèles en nous appuyant sur sa force à lui et non sur la nôtre, jusqu’à la fin du voyage. Dieu mêle sa grâce à toutes nos épreuves. Il n’a pas seulement opéré pour nous une rédemption éternelle, mais encore « il ne retire pas ses yeux de dessus le juste ».


3 - La Parole de Dieu

Notre jouissance de la Parole dépend premièrement de notre spiritualité en général, puis de l’action de l’Esprit de Dieu en nous. Le grand moyen de profiter de la Parole est de veiller beaucoup sur son âme devant Dieu ; ensuite de prier toujours quand on la lit, de demander à Dieu de nous donner de la nourriture, de mettre notre âme en communion avec lui par le moyen de cette Parole. La communion avec lui est la source, comme elle est aussi l’heureux effet de notre lecture. Elle élargit l’intelligence quant à Dieu lui-même et quant à ses voies en Christ, et cela est d’un grand prix pour l’âme. Si nous ne jouissons pas de notre lecture, ou si, malgré nos prières, Dieu ne se révèle pas à nous par elle (car c’est là le point capital), ne nous contentons pas de rester ainsi, Dieu nous parle par son silence. Il doit y avoir un obstacle entre notre âme et lui : mauvaises pensées tolérées, dureté ou négligence.


La Parole que nous avons reçue ne nous manifeste pas seulement au monde comme n’en étant pas, mais elle nous conduit directement à Dieu. Elle forme nos cœurs d’après un autre monde, en déployant devant nous la vérité, les richesses et la gloire de Christ.


Nos cœurs sont petits et très étroits. Qu’est-ce qui peut les élargir, sinon la communication que Dieu nous fait de ses pensées, quand il nous révèle ce qui est dans son cœur, afin de nous faire connaître ce qui surpasse toute connaissance. Car si ces choses ne dépassaient pas notre intelligence, Dieu ne serait pas Dieu. Nous sommes introduits ainsi dans l’infini. Je ne puis en sortir ; je ne puis le mesurer, ni en toucher les limites, mais j’y suis, et, grâces à Dieu, je n’en sortirai jamais.


4 - Le Saint Esprit

Nous ne trouvons pas la force en luttant, mais en marchant selon l’Esprit. L’Esprit ne peut s’intéresser aux choses que la chair convoite. Aussi, quand la convoitise agit, on n’est pas fort en s’occupant d’elle pour la repousser, mais en étant rempli de l’Esprit et en se nourrissant de Christ.


La puissance et l’action du Saint Esprit nous sont présentées dans la Parole de trois manières différentes : il nous communique la vie ; il demeure en nous ; il distribue à chacun des dons comme il lui plaît. Nous avons ainsi la vie, la communion et les dons.


L’Esprit de Christ ne pousse jamais le fidèle à s’élever en se glorifiant d’être hors du mal. Au contraire, il nous humilie ; sans cela nous ne pouvons trouver la bénédiction.


C’est une grande difficulté pour l’homme d’accepter que Dieu soit tout ; il faut une longue expérience du cœur avant de pouvoir nous mettre complètement de côté. C’est l’œuvre que le Saint Esprit commence et achève en nous.


Si nous étions remplis du Saint Esprit, nous serions toujours en présence de Dieu et n’aurions pas besoin de discipline.


La jouissance des fruits d’une terre procure une assurance plus grande que la seule possession des titres de propriété. On jouit des fruits de la Canaan céleste en goûtant les arrhes du Saint Esprit.


Celui qui est en nous est plus grand que celui qui est dans le monde. Nous avons à manifester, non pas l’innocence de la chair, mais la puissance du Saint Esprit qui domine la chair.


Nous avons été oints, scellés du Saint Esprit ; nous avons en conséquence part à tout. Il n’est rien que le Seigneur Jésus n’ait fait ou n’ait été en se dévouant toute sa vie, dont nous ne soyons rendus capables de jouir ; tous les fruits que Dieu produit dans ce beau pays arrosé et fertile nous appartiennent.


Ne nous contentons pas de la pensée que la gloire nous appartient ; les arrhes de cette gloire, c’est la présence de Dieu même en nous. Voilà ce qui nous donne puissance et repos. La source de nos pensées, c’est Dieu qui habite dans nos cœurs ; son amour y est versé par son Esprit.


Une terre labourée, laissée à elle-même, se durcit de nouveau ; il en est ainsi de nous. Il faut un travail continuel de Dieu pour nous amener à connaître les choses divines autrement qu’à la surface. Ainsi, nous serons fondés et enracinés en elles, notre âme en jouira, et les vérités divines, excellentes et glorieuses, deviendront réelles et vitales au-dedans de nous.


5 - Les perfections de Christ

Il y avait de l’encens sur l’offrande de gâteau, le parfum du nom de Christ. Ce nom a un prix extraordinaire pour tout enfant de Dieu ; il est comme un charme sur lui. Jésus est toute la perfection de Dieu déployée dans l’humanité ; perfection venue de Dieu, retournant à Dieu. Tout cet encens fumait sur l’autel, en agréable odeur.


Le sang de Christ est la première chose nécessaire ; la valeur du sang de Christ, fait péché pour nous, nous présente devant Dieu dans la perfection de cette offrande.


Il y a une distance infinie entre le trône de Dieu et mon coeur de péché. Le Seigneur Jésus a rempli de son amour tout cet intervalle. Je vois Jésus descendre jusqu’à ce monde de pécheurs, s’abaisser jusqu’à la croix, puis remonter jusqu’au trône de Dieu et je puis dire : il n’y a rien entre Dieu et moi qui ne soit rempli de l’amour de Christ.


Christ a pris la place d’homme. Et, parfait comme tel, il n’a point de volonté, non pas même celle d’homme, non pas même de manger quand il a faim : il vit de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Il s’abaisse lui-même et est obéissant jusqu’à la mort, la mort même de la croix, sans résistance, sans chercher à échapper, bien que des légions d’anges fussent prêtes à répondre à son appel. Il persévère à se soumettre à tout ; son obéissance est éprouvée, même jusqu’à la mort ; une obéissance mise à l’épreuve par un abandon et un renoncement constants de soi-même, et cela au milieu du mal.


6 - La foi

La foi est toujours sûre. Elle a scellé, par grâce, que Dieu est vrai. Être incertain ou douter n’est pas de l’humilité, mais le contraire. La vraie humilité consiste à reconnaître la grâce comme entièrement de Dieu, à considérer notre position en Christ avec la pleine conviction de n’être rien en nous-mêmes, mais de posséder tout en lui.


Quand Dieu revêt de la plus belle robe un pécheur indigne, la plus grande humilité est de la porter : Dieu nous l’a donnée ; tout le reste n’est qu’indignité et haillons. Quand nous commençons à nous demander si nous sommes dignes de la porter, ou à dire : je n’en suis pas digne, cela montre que nous croyons possible d’en être dignes. Le Père nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière. La vraie humilité est d’accepter le don de Dieu en grâce.


Être dans le désert est une preuve de la délivrance. Dieu nous y conduit, afin que nous n’y trouvions que lui-même ; sans lui, il n’y a ni force, ni nourriture, ni breuvage, ni sentier. L’intelligence humaine ne peut s’appuyer sur Dieu ; la foi seule le peut, parce qu’elle n’a rien.


Nous devons toujours compter que Dieu est avec nous. C’est la gloire de la foi de dépendre à tout moment de lui, et de lui seul, sans penser au lendemain. Dieu prend soin du lendemain. Notre part est de faire la volonté de Dieu quand elle se présente ; il répond du reste, c’est son affaire à lui. Qui peut nous séparer de l’amour de Dieu ? Lui qui nous a donné son Fils, nous donnera toutes choses avec lui. Aucune circonstance n’est au-dessus de la fidélité de Dieu.


Quoiqu’il y eût devant eux la mer seulement, Dieu dit aux Israélites de marcher. Cela corrobore la promesse : « L’Éternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles ». Ils doivent marcher en avant comme s’il n’y avait ni mer, ni Pharaon. En face d’un ennemi plus fort que nous, Dieu nous entoure d’impossibilités, afin que nous comprenions que lui est pour nous de tout son cœur et de toute sa force.


La foi ne rend pas les circonstances moins dangereuses, mais elle possède Dieu dans les circonstances.


Il ne nous appartient pas de penser quand Dieu a parlé ; notre affaire est de croire.


7 - La paix

Nos sentiments ne doivent pas être, pour nous, un motif de sécurité ajouté à notre foi ; ce ne serait qu’une propre justice plus raffinée.


Si l’on n’est pas en la présence de Dieu, on n’arrive pas franchement et réellement à la conscience de son état ; et il le faut pour avoir une paix solide.


En Dieu nous avons trouvé la paix ; c’est aussi en lui qu’on la garde, j’entends la jouissance et la vraie assurance de sa faveur.


Reposez-vous sur l’amour de Christ et non sur vos sentiments. C’est là que vous avez trouvé la paix ; c’est là que vous la garderez.


Lorsque l’âme a compris ce que Dieu est pour elle, lorsque les facultés du nouvel homme sont dirigées vers leur véritable objet, il y a un repos parfait.


Les âmes qui ont encore quelque confiance en elles-mêmes ont peine à admettre leur impuissance et la nécessité de se confier uniquement en Dieu. Elles trouvent la délivrance quand elles en sont réduites à dire : « Je dois rester tranquille, car je ne puis rien faire moi-même ».


Il n’y aura point de paix pour moi, tant que je chercherai à mêler le fruit de mes propres efforts à la justice dont j’ai besoin devant Dieu.


Le sang de Christ est la réponse de Dieu à toutes les accusations de Satan contre le croyant. Ces accusations tombent ainsi, et c’est là une source de paix continuelle.


Le sang de l’alliance (Hébr. 13:20) est la preuve que la désobéissance a été expiée et l’obéissance, accomplie. Christ a obéi jusqu’à la mort. Tel est le fondement de la nouvelle alliance. Toute désobéissance est effacée, toute obéissance est accomplie. Ce n’est pas dans une obéissance future de notre part que nous trouvons la paix, mais dans celle que Christ a manifestée à la croix.


L’esprit de contestation ne vient pas de l’Évangile. Nos pieds, nos démarches, doivent avoir la préparation, la disposition de paix ; toute notre marche doit porter ce caractère. En demeurant en Christ, le chrétien introduit dans son cœur l’esprit de paix, de calme. Dieu est le Dieu de paix et sa paix garde nos esprits et nos cœurs.


La pierre de touche de la vraie condition d’âme d’une personne se voit dans ses habitudes de vie journalière. « J’ai appris, dit l’apôtre, à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve. » Il l’avait appris. Il n’avait pas seulement la paix dans les circonstances, mais il avait aussi un pouvoir moral sur elles.


Où en êtes-vous ? Vos relations avec Dieu sont-elles entièrement fondées sur Christ lui-même ? Avez-vous renoncé à toute espèce de confiance en vous pour vous soumettre à la justice de Dieu ? Cette justice est-elle parfaite, oui ou non ? Dieu rejettera-t-il cette justice plus tard ? Il n’a pas donné son Fils sur la croix, pour le rejeter ensuite. Christ nous est fait, de la part de Dieu, sagesse, justice, sainteté et rédemption. Puissiez-vous ainsi, en paix avec Dieu, attendre le moment d’être avec Christ dans la gloire !


8 - L’humilité

Savoir que nous ne sommes rien est la place de la bénédiction, car alors Dieu est tout. C’est aussi la place de la force, car alors Dieu peut déployer sa puissance.


Nous apprenons de Christ comment il faut se conduire dans les épreuves de la vie ; il était, lui, doux et humble de cœur, content d’être à la dernière place par la volonté de son Dieu. On ne peut renverser ni abaisser celui qui est déjà au plus bas. Or Jésus, en grâce, par la volonté de son Père, a pris cette place. On y trouve le repos de l’âme.


Penser que Christ a confessé mes péchés comme étant siens, y a-t-il rien de plus propre à m’humilier ?


Quand le coeur est rempli des riches bénédictions de Christ, il ne revient pas en arrière pour se repaître de lui-même.


Il vaut mieux penser à l’amour de Dieu qu’à notre misère. Au fond, cette occupation de nous-mêmes est de l’orgueil : nous n’avons pas pleinement conscience qu’il n’y a aucun bien en nous. Tant que nous n’aurons pas appris cela, nous ne cesserons jamais complètement de regarder à nous pour compter uniquement sur Dieu. C’est notre privilège de nous oublier nous-mêmes en regardant à Christ.


Gardez-vous dans la petitesse, si vous voulez être heureux et bénis. Demeurez dans la présence de Dieu, et vous serez tenus dans la petitesse. Tel est notre privilège. Ainsi seulement nous apprenons à connaître Dieu et nous-mêmes, et le mal aussi pour le juger.


L’Esprit de Christ ne pousse jamais le fidèle à s’élever en se glorifiant d’être hors du mal. Au contraire, il nous humilie, et sans cela nous ne pouvons trouver la bénédiction.


Nous ne sommes rien, et tout ce que nous sommes à nos propres yeux n’est que vanité et un obstacle à la vraie puissance : « Quand je suis faible » dit l’apôtre, « alors je suis fort ».


Dieu ne peut reconnaître les choses qui flattent l’orgueil humain. Celles que l’homme place en haut, Dieu les place en bas. Impossible, quand nous voyons Jésus n’avoir eu aucun lieu où reposer sa tête, de nous trouver à l’aise dans un monde où il n’y a pas eu de place pour lui. Nous pouvons nous tenir seulement près de la crèche ou de la croix.


Heureux sommes-nous quand Dieu sonde notre coeur et nous réduit à nous oublier, à ne penser qu’à Dieu et à ne pas désirer trouver en nous-mêmes un objet qui nous satisfasse.


Si nous ne sentions pas que le vase est de terre, nous ne sentirions pas non plus que la puissance est de Dieu.


Dieu ne peut pas nous bénir tant que nous avons confiance en nous-mêmes ou dans un autre homme ; comment bénirait-il l’orgueil du coeur ? Il nous faut être dépouillés de nous-mêmes. Moïse s’est fait chasser d’Égypte quand il était puissant en paroles et en actions. Pierre, confiant en son affection pour le Seigneur et en ses bons désirs, a renié Jésus.


Ne nous décourageons pas quand Dieu nous dépouille et semble nous abandonner. La véritable bénédiction pour nous, c’est de n’être rien et Dieu tout. Dieu est fidèle pour détruire notre orgueil. Accueillons avec actions de grâces ce qu’il fait pour nous anéantir : il le fait selon sa puissance, pour nous bénir.


La chair doit être mâtée, et nous, humiliés en proportion de notre suffisance. Paul est rendu méprisable dans la chose même où il aurait pu trouver sa gloire, c’est-à-dire dans son ministère.


La grâce trouve le père au cou de son fils avec le baiser de la réconciliation. Le fils prodigue questionne-t-il le père sur son acte ? Lui dit-il : « Traite-moi comme un mercenaire ? » Non, il ne le pouvait pas ; il a reçu simplement la bonté du père et s’est perdu de vue lui-même en présence de ce merveilleux amour ; on n’entend plus dès lors parler du fils prodigue, mais seulement du père. Ainsi l’humilité recevra toujours tout de Dieu.


La foi exclut l’orgueil. Aussi longtemps que je pense pouvoir concourir avec Dieu pour acquérir un peu de justice, je suis sous l’empire d’un orgueil épouvantable. Mais quand je me découvre uniquement pécheur, toute vanterie est exclue pour toujours (Rom. 3:27), et me voilà à ma place dans mes relations avec Dieu. C’est le jugement complet et définitif, l’anéantissement de moi-même. Sans la foi, on ne peut comprendre cette justice de Dieu. Quand on l’a trouvée par la foi, l’orgueil fait place à une humilité réelle.


Christ n’a pas dû être humilié : il s’est humilié lui-même. Nous avons à apprendre la même leçon. Si nous avons quelque confiance en nous-mêmes, nous passerons par des découvertes navrantes de ce que nous sommes. Mais Dieu est fidèle.


9 - L’épreuve

Le Seigneur seul peut réellement consoler quand il nous frappe ; notre consolation procède de la certitude que les coups nous sont infligés par sa main d’amour : ce qui vient de cette main est toujours parfait.


Épargne-moi cette épreuve, dit le fidèle. Non, dit Dieu, il faut y passer. Alors le croyant va de l’avant avec la force de Dieu et soumis à sa volonté. L’épreuve vient, et quelle joie d’arriver de l’autre côté — car l’autre côté, c’est la gloire, — par l’obéissance et la soumission à la volonté de Dieu.


Si Dieu ne nous exauce pas, cela ne prouve nullement qu’il ne nous aime pas. L’exemple de Christ montre que les plus grandes souffrances sont compatibles avec un amour parfait de la part de Dieu. Dieu dispense des consolations aux inconsolables et leur dit : « Je serai dans votre peine, si vous ne pouvez être dans ma joie ».


Toutes les épreuves que Dieu nous envoie ont pour but de nous apprendre à mettre notre confiance en lui et non point dans la chair.


Dans l’épreuve, nous faisons l’expérience de Dieu, de sa patience, de son amour, de son support, de sa fidélité. L’épreuve fond aussi notre cœur et nous apprend à le connaître, tout en nous révélant l’amour et le cœur de Dieu. Deux choses sont nécessaires pour profiter de l’épreuve : 1° Une confiance entière en l’amour de Dieu : s’appuyer sur lui en aveugle. 2° Une soumission entière à sa volonté. La foi doit être éprouvée et prouvée par l’épreuve. Dieu se fait notre serviteur pour notre bonheur.


Quand nous nous plaignons des circonstances, nous murmurons contre Dieu qui les dirige.


L’âme qui souffre fait, à son insu, des progrès immenses ; elle mûrit. Dieu l’ordonne ainsi pour que nous fassions l’expérience de ce qu’il est.


Si la patience a son oeuvre parfaite, le printemps renaît dans nos âmes.


Quand la discipline a produit ses fruits, au lieu de penser à nous-mêmes, nous y voyons Dieu agissant pour briser notre volonté et atteindre le mal dans nos cœurs, afin de nous soumettre à lui. Si la discipline nous décourage, c’est que notre volonté n’est pas brisée.


Quand nous passons par des jours d’épreuve, demeurons en la présence du Dieu de toute consolation ; il ne permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces. L’affliction devient, en sa main, un moyen de nous faire connaître davantage son cœur plein de sympathie et d’amour. Nous aurons ainsi plus de grâces à lui rendre pour les mauvais jours que pour les bons.


Mais si nous traversons des jours de repos, alors demeurons encore plus près du Seigneur. Il y a un réel danger que la nonchalance et l’indifférence s’introduisent facilement dans le cœur. Notre vie étant douce et facile, nous cédons bien vite à l’attrait des choses de ce monde.


Il est plus précieux de faire un sujet d’actions de grâces de nos épreuves que de nos bénédictions. « Je bénirai l’Éternel en tout temps ; sa louange sera continuellement dans ma bouche » (Ps. 34:1).


Il y a beaucoup de choses dont, vues en elles-mêmes, nous ne pouvons remercier Dieu : le brisement des liens les plus précieux à nos cœurs ou la perte des objets de nos affections. Quand nous avons discerné l’amour qui a ordonné et la main qui a dirigé, nous pouvons rendre grâces.


Le croyant peut, en toute circonstance, invoquer le secours de Dieu. Oui, même si notre affliction est le fruit de notre péché, le seul moyen d’être délivrés de notre péché et de notre affliction, c’est d’aller à Dieu en nous cachant derrière son Oint. On ne peut revenir à Dieu qu’en s’abritant derrière Christ : « Toi, notre bouclier ! — vois, ô Dieu ! et regarde la face de ton Oint » (Ps. 84:9).


La piété même ne peut pas remplacer Dieu ; il nous le faut lui-même ; c’est là notre bonheur éternel. S’il nous exerce, c’est en amour. Dieu est Dieu pour tous, pour nous âgés, comme pour les jeunes. Et si, par sa discipline, il nettoie le sarment, c’est pour faire disparaître le « moi ». Alors, quel gain !


10 - La communion

Lorsque nous sommes en communion avec Dieu, chaque difficulté devient l’occasion du déploiement de sa gloire.


Si l’on ne demeure pas dans la communion du Seigneur, on ne sait jamais faire ou dire ce qu’il convient. En revanche, si nous sommes remplis du Saint Esprit, il devient, au moment donné, la source d’actes et de paroles selon Dieu.


Nos cœurs et nos esprits ont besoin d’occupation ; il est important qu’ils s’occupent du bien. Si, au lieu de penser à des frivolités, nous sommes occupés de choses qui sont agréables à Dieu, nous demeurons en communion avec lui. Le Saint Esprit n’est pas contristé.


Pour jouir de la communion avec Dieu, il faut que la puissance du Saint Esprit applique la mort de Christ à la conscience et au cœur. Alors, aucun obstacle ne subsiste plus entre nous et Dieu. Tel est l’état normal du chrétien.


Il est d’une grande importance d’être positivement occupé de Christ. Cela ferme la porte à Satan ; sinon il entre et souille tout.


Si nous ne sommes pas devant Dieu, la chair le manifeste en nous au moment de la tentation. Il est de toute importance que nous soyons habituellement dans cette présence et dans la communion du Seigneur, pour demeurer paisibles et être gardés dans la tentation.


Le secret de la force se trouve dans la conscience de nos relations avec Dieu.


11 - Le combat

La certitude de la grâce, nous préserve-t-elle de trouble ? Non, car tant que nous sommes dans un corps de péché, il y a et il doit y avoir toujours une lutte entre la chair et l’Esprit. Mais il est bien différent d’avoir à soutenir cette lutte avec l’assurance que Dieu est pour moi, parce que je suis « sous la grâce » ; ou de la soutenir dans la crainte qu’il ne soit contre moi, parce que je suis « sous la loi ».

Si je crois que Dieu est contre moi à cause de la présence du mal dans mon cœur (et tant que je serai ici-bas j’en verrai la racine, même si les fruits n’en sont pas manifestés), je serai sans force pour le combat. Bien plus, je serai entièrement découragé et je gémirai, doutant de mon acceptation. Mais si je suis certain que Dieu est pour moi, cette assurance me donnera du courage et me fera remporter la victoire ; je pourrai même m’écrier : « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon coeur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle ». Dans ma confiance en l’amour et en la grâce de Dieu, je puis lui demander de sonder tout le mal en moi. Je n’oserais autrement le faire, de peur d’être accablé de désespoir. Dieu est mon ami ; il est pour moi, contre le mal qui habite en moi.


Notre combat est un combat réel. L’éviter, c’est éviter la bénédiction.


Dans le chemin de la fidélité, Satan placera devant vous des montagnes apparemment infranchissables. Mais Dieu est plus puissant que tout cela et la foi compte sur lui pour vaincre ; car faire la paix avec Satan est une chose honteuse et détestable. Il n’est pas question ici de notre joie, mais de notre combat. Selon le dessein de Dieu, nous devons connaître ce qu’est la guerre. Cela nous surprend parfois et nous nous persuadons facilement qu’il y aurait plus de bénédiction si la montagne était supprimée. Mais si nous résistons à Satan et soutenons le combat en nous fiant à la puissance de Dieu, l’ennemi s’enfuit loin de nous. Il n’est pas seulement battu, mais il s’enfuit ; vous en ferez l’expérience.


Le sentier le plus difficile, à travers la lutte la plus ardente, est le chemin de la victoire et du repos ; il nous fait avancer dans la connaissance de Dieu. Nous y sommes en communion avec Dieu, source de toute joie, gage et avant-goût d’un bonheur éternel et infini.


Notre ennemi est rusé et puissant. Un chrétien manquant de vigilance, néglige la prière et la lecture de la Parole ; il oublie qu’il est en lutte avec Satan et sera bientôt blessé.


Plus nous serons fidèles, plus nous nous trouverons aux prises avec les attaques de l’ennemi. Satan a plus d’intérêt à faire broncher une âme fidèle qu’un chrétien mondain, car son but est de déshonorer l’Évangile devant le monde. C’est pourquoi, plus nous avançons, plus nous sommes exposés à broncher si nous ne nous tenons pas dans la communion de Dieu.


La fin de notre carrière présente à l’Ennemi la meilleure occasion d’accomplir ses desseins, car notre vie, contemplée à la lumière de Dieu, est entachée d’innombrables manquements. Mais pour Dieu, il n’est pas question de ce que nous avons fait. « Selon ce temps il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que Dieu a fait ? » (Nombres 23:23). Dieu connaît d’avance tous les péchés dont Satan peut nous accuser, en disant : « Qu’as-tu fait ? » La foi répond : « Qu’est-ce que Dieu a fait ? » Gardons-nous donc de détourner les yeux de ce que Dieu a fait, sinon nous perdons la certitude de son amour pour nous. Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Si Satan nous accuse, c’est Dieu qui répond pour nous.


La chair recherche le soulagement, elle craint les combats, les difficultés, mais Dieu ne veut pas la soulager aux dépens de l’âme.


Si nous possédons la grâce de Dieu, nous craignons réellement l’Ennemi de nos âmes. Le mondain craint Dieu : il a peur de lui ; mais il ne craint pas Satan. Il fuira l’homme qui lui parle de Dieu, et ne craindra pas celui qui l’entraîne au mal. Le chrétien, au contraire, n’a plus peur de Dieu, mais il redoute Satan. Connaissant sa faiblesse et l’ennemi toujours aux aguets, il sait très bien que, s’il se laisse séduire, il contristera le Saint Esprit. L’enfant de Dieu, possédant un tel trésor, craindra le ravisseur.


Je vis de la vie de Christ ; Satan se tient avec des choses agréables à côté du chemin et avec des choses pénibles sur le chemin, pour me détourner de l’obéissance de Christ, — du chemin de la vie en moi.


Plus il cherche à entraver les desseins de Dieu, plus Satan pousse à leur accomplissement.


Vaincre Satan, résister à ses tentations, manifeste la vigueur de la vie chrétienne. Il nous faut pour cela être occupés du Seigneur.


12 - La séparation du monde

Nous ne pourrons jamais discuter avec un calme spirituel les arguments et les suggestions du monde, en respirant son atmosphère, en acceptant ses avances. Nous devons rester en dehors du monde et être indépendants de lui ; alors, nous serons dans la meilleure position pour rejeter ses propositions et triompher de ses séductions.


Dieu, en nous mettant en relation avec lui, veut nous voir rompre toute alliance avec le monde, car le monde est jugé. On ne peut être du monde et de Christ en même temps.


Tout ce qui est né de Dieu est victorieux du monde ; la victoire, c’est notre foi. Elle nous attache à Christ, à un objet entièrement en dehors du monde ; quand nous avons saisi cet objet, le monde prend à nos yeux son vrai caractère : le lieu où notre Sauveur, le seul homme parfait, a été méprisé, rejeté, crucifié entre deux brigands. Comment pourrions-nous estimer ce monde ou l’aimer ?


Le monde où nous vivons a commencé où le paradis a fini ; en rejetant Christ, il est devenu mille fois pire.


Je désire que la mondanité ne s’empare pas des frères, qu’il n’y ait pas en eux de conformité avec le monde. S’il en était ainsi, leur témoignage serait anéanti ; ils ne serviraient à rien, étant comme le sel qui a perdu sa saveur. Que Dieu les garde !


Si nous avons saisi, ne fût-ce qu’une lueur de la gloire de Christ comme étant nôtre, le monde devient pour nous une scène de misère et d’esclavage.


Plus il y a de bien dans un homme, plus il est distingué comme serviteur de Dieu, plus aussi son infidélité, même légère, peut faire de mal. La mondanité d’un chrétien fait plus de tort que celle d’un mondain. Elle autorise la mondanité chez les saints, elle sanctionne celle du monde.


Si notre lumière luit dans un monde de ténèbres, le monde nous persécutera. Plus nous serons fidèles, moins nous trouverons de paix avec le monde. Pour un chrétien, la paix avec le monde c’est la capitulation et l’infidélité.


Vous ne pouvez pas aimer ce monde-ci et le monde à venir, ni vous attacher au monde à venir sans mépriser ce monde-ci.


S’il y a, dans le chrétien, une seule chose qui ne soit pas de Dieu, il se déshonore lui-même et montre la folie de son cœur. Vouloir garder quelques haillons avec sa robe de noces, n’est-ce pas une folie ? Dieu nous invite à avoir part au cortège glorieux de son Fils ; si nous y apportons quelque chose indigne de cette solennité, cela le déshonore et nous déshonore. Ainsi font les chrétiens qui se mondanisent. Ils apportent au festin des haillons et veulent les garder, parce qu’ils ne se croient pas heureux sans cela.


13 - La joie

Le Dieu que je connais, qui est mien, est celui que je connaîtrai pour l’éternité : quelle source profonde de joie ! Je n’ai pas besoin d’un autre ; je l’ai connu en Jésus ; je l’ai connu comme Père ; mon cœur le désire et le connaît.


L’effet d’une fausse joie est d’endormir la conscience.


La joie en Dieu est une joie sérieuse et solennelle.


L’apôtre sait se réjouir de tout, ne s’inquiéter de rien. Voilà l’expérience normale du chrétien. La puissance de l’Esprit le met au-dessus de tout. La chair est là, mais elle est mâtée. Or voici le secret de cette force : un ensevelissement absolu du vieil homme.


Christ est notre vie, notre force et notre joie éternelle ; un chrétien peut d’autant plus s’appuyer sur lui, qu’il est privé de tout secours extérieur.


« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ». La présence du Seigneur et la communion apportent toujours la joie. La vie de Christ en nous ne peut que se réjouir en la présence de Dieu.


Sachons profiter vraiment de la présence de Dieu qui donne la joie et pas seulement de la joie que sa présence donne.


Ne laissez aucune puissance du mal ou des circonstances vous empêcher de vous réjouir toujours dans le Seigneur, mais pour cela il vous faut être avec lui.


14 - Porter la croix

Satan s’efforce de persuader les enfants de Dieu de ne pas se charger de la croix. La croix reste la croix ; elle n’est pas agréable à porter et sera toujours un scandale au monde.


Dans la pratique, la croix est pénible pour la chair, mais elle met le nouvel homme en liberté, pour qu’il puisse prendre son essor. Alors nous pouvons comprendre les choses comme Dieu les comprend, en voir toute la beauté morale et la perfection, et en jouir. Comme un homme est fier de sa patrie, je suis fier de la croix, en présence du monde entier. Plusieurs croyants doivent avouer que des motifs étrangers au nouvel homme agissent sur leur âme, qu’en bien des occasions ils ne jouissent pas des choses célestes. La raison d’un tel état : en pratique le vieil homme n’est pas crucifié. Nous avons le droit de prendre la croix comme envoyée par la main de Dieu, et de dire : je ne veux rien que Christ, rien que la croix !


Je puis dire à Dieu : « Maintenant je me tiens pour mort », mais Dieu me dit : « Je ne puis me fier à toi, je vais t’y tenir moi-même ». Il vient ainsi à notre secours en nous livrant à la mort.


Quand la discipline a produit ses fruits, au lieu de penser à nous-mêmes, nous y voyons Dieu agissant pour briser notre volonté et atteindre le mal dans nos cœurs, afin de nous soumettre à lui. Si la discipline nous décourage, il y a en nous une volonté qui ne veut pas être brisée.


Le nouvel homme peut se glorifier dans les afflictions, et s’il ne le peut pas, sa nouvelle nature n’est pas en activité.


Nous trouvons beaucoup plus de rafraîchissement dans les choses pénibles que dans les choses agréables. La vallée de Baca devient une fontaine. Le rafraîchissement et la bénédiction sont le fruit de ce qui nous a affligés, humiliés, vidés de nous-mêmes.


La patience exige une entière confiance en Dieu pendant qu’il fait sa propre oeuvre. Nous devons le suivre et non le précéder.


Jésus dit au jeune homme : « Suis-moi, ayant chargé la croix » (Marc 10:21). Les disciples « étaient stupéfiés et craignaient en le suivant » (v. 32), parce qu’il y avait la croix sur le chemin. Ils n’étaient pas les seuls à devoir suivre ce chemin. C’est la part de chaque croyant. Telle était la pensée de Paul en Philippiens 3 : « Je désire, dit-il, posséder Christ. Jésus est sur la croix. Il faut que j’y passe, étant rendu conforme à sa mort ». La croix est moralement pour lui une partie de Jésus et il veut la posséder, posséder Jésus tout entier.


L’amour de Dieu est la clé de toutes les épreuves que nous rencontrons, et la puissance qui nous aide à les supporter. Ayant été exercé, le cœur peut se confier en Dieu s’il a appris que rien ne peut le soutenir sauf l’amour de Dieu. Le « moi » nous empêche de voir cela, c’est pourquoi il nous faut un dépouillement pratique de nous-mêmes, car on ne peut se fier à soi-même. C’est la leçon la plus difficile à apprendre, une chose bien différente que d’être assuré seulement de la paix avec Dieu et de sa faveur. Quand on sent que Dieu est là et qu’il suffit, on peut se confier à lui pour toutes choses ; voilà pourquoi nous nous glorifions dans les tribulations.


15 - Regardant à Jésus

Plus le fidèle s’attache de cœur à la gloire de Christ, plus il est dans sa vraie position. Ignorer ce que Jésus est comme homme, comme Dieu, affaiblit tous les ressorts de la foi.


Ce qui attache nos cœurs à Jésus, c’est son humiliation, ce qu’il est, et ce qu’il est devenu pour nous.


Regarder à Christ, nous délivre de nous-mêmes.


Si nous désirons savoir ce qu’est le péché, la justice, la haine sans cause, un amour sans bornes, le jugement et la condamnation du péché, la délivrance et la paix, la colère divine contre le mal, la parfaite faveur de Dieu et ses délices dans l’œuvre qui l’a ainsi glorifié, il nous faut regarder à la croix.


16 - Le service

Puisse notre travail être une oeuvre de foi et tirer sa force, son existence même, de notre communion avec Dieu notre Père. Puisse-t-il, à chaque moment, procéder de la contemplation des choses invisibles, de la vie qui vit dans l’assurance immuable de la vérité et de la Parole, et porter ainsi l’empreinte de la grâce et de la vérité venues par Jésus Christ, et en être le témoignage.


L’activité préserve de bien des tentations, mais elle peut endurcir le cœur quand on ne se tient pas dans la présence de Dieu et que le cœur ne se juge pas.


Ne travaillons pas au-delà de notre communion.


Nous sommes les domestiques de la foi. Ce que nous ne pouvons faire pour Jésus, nous ne pouvons pas le faire du tout. C’est une loi très dure pour la chair. Nous sommes ou les affranchis de Dieu, ou les esclaves de Satan.


L’oeuvre cachée est la plus belle, la plus près de Dieu et de son cœur, la plus entièrement à lui ; il la reconnaîtra telle au jour où il manifestera ce qu’il aura donné et approuvé.


Si nous ne sommes pas pour Christ, nous sommes contre lui ; ne rien faire pour Christ, c’est servir Satan.


Travailler sans reproche, n’est pas le travail des chrétiens fidèles ; il faut passer par la bonne et la mauvaise réputation. Nous sommes heureux si Dieu et notre conscience ne nous font point de reproche. Malheur à vous si tout le monde dit du bien de vous !


Quel privilège pour nous d’appartenir à Dieu seul et de le servir de tout notre cœur !


17 - Les affections divines

Quand l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs, nous avons plus honte de nos péchés devant Dieu que devant les hommes.


Lorsque l’homme était inimitié contre Dieu, Dieu était amour envers l’homme. Son amour est venu au-devant de notre inimitié.


Dieu, dans son amour, est devenu pour nous un Dieu de près ; il est entré dans tous nos besoins et, par amour, nous a faits ce que nous sommes en Christ.


Quand Dieu vient en grâce pour les hommes, il vient au milieu des bêtes d’une étable, dans l’humiliation la plus profonde.


La révélation vient de l’amour de Dieu. Si Dieu ne nous avait pas aimés, s’il avait voulu agir en justice envers l’homme pécheur, la révélation n’était pas nécessaire.


Nous sommes introduits dans la lumière par la croix, par le sang de Jésus. La lumière descendue dans nos ténèbres nous révèle l’amour de Dieu envers nous. Sachant que cette lumière est l’amour, le croyant jouit de s’y trouver et désire en être entièrement éclairé.


Le même amour qui a reçu le prodigue comme fils, veut le faire entrer dans la maison. En cette qualité et tel que doit être le fils d’un tel père. Les serviteurs reçoivent l’ordre d’apporter la plus belle robe et de l’en revêtir. Ainsi aimés et reçus par amour dans notre misère, nous sommes revêtus de Christ pour entrer dans la maison. Nous n’apportons pas la robe : Dieu nous la fournit. C’est une chose entièrement nouvelle ; nous devenons justice de Dieu en lui. C’est la plus belle robe du ciel.


Si nous sommes en relation avec un Dieu de bonté, où cela s’arrêtera-t-il ? Jusqu’à quel point se manifestera-t-il ? Jusqu’à montrer « dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Éph. 2:7). Dieu a devant lui le plus misérable des pécheurs. Que fera-t-il pour montrer aux anges les richesses de sa bonté ? Il nous prend, nous misérables, et nous place dans la même gloire que Christ, pour montrer aux anges les richesses infinies de sa grâce. En nous, Dieu se montre tel qu’il est. Pour révéler les immenses richesses de sa grâce, Dieu te choisira toi, le plus faible, le plus coupable. Il ne doit pas s’arrêter dans cette bonté ; mettre des bornes à sa grâce à notre égard, sous prétexte que nous sommes trop mauvais pour cela, n’est point de l’humilité. Il commence son oeuvre, la continue et l’achève jusque dans le ciel, pour l’amour de son nom.


Plus nous voyons et sentons l’amour infini et inexprimable de Dieu pour nous, plus notre cœur est humilié, car l’amour et l’orgueil sont incompatibles. Nous ne pourrons jamais être satisfaits de l’amour de notre cœur pour Dieu, si nous avons le sentiment de la profondeur de son amour à lui.


Nous n’avons plus à nous enquérir de ce dont l’homme est capable, mais à apprendre ce dont Dieu est capable ; qui bornera sa puissance ? Il prend un pauvre pécheur et le place dans la même gloire que son Fils bien-aimé, venu pour le racheter. Satan avait dit au premier homme : si tu manges du fruit, tu seras comme Dieu. Dieu répond à Satan en nous rendant semblables à son Fils, à celui qui est la pleine manifestation de sa gloire et de ses conseils.


Quand j’ai compris l’amour de Dieu, je sais que la justice est accomplie et qu’il n’y a plus aucun nuage entre mon cœur et Dieu.


18 - L’Homme de douleurs

À la croix, Jésus — lui seul le pouvait — sentait Dieu contre le péché, mais rien — non, rien ! — ne se trouvait entre lui et Dieu. Rien ne mettait son âme à l’abri du jugement de Dieu devant qui il était fait péché. Il subissait la colère immédiate de Dieu — pensée terrible — sa colère contre le péché. En Gethsémané, il trouvait la face de son Père, en maintenant son regard tourné vers lui à travers les ténèbres que Satan pouvait accumuler. Mais sur la croix, tout était à découvert devant Dieu lui-même.


Jésus a dû aimer en présence d’une haine qui jamais ne désarmait ; il a dû nous aimer couverts de souillures, indifférents, ayant en haine la lumière, nous qui, mille fois, l’avons renié.


Tout ce que Dieu était dans sa nature, il l’était nécessairement contre le péché ; car, quoiqu’il fût amour, l’amour ne trouve pas de place dans la colère contre le péché ; et la perte du sentiment de cet amour, la conscience, dans l’âme, d’être privé de Dieu, est la plus terrible de toutes les souffrances, une horreur indicible pour celui qui connaît cet amour ; or Christ le connaissait dans toute sa perfection. Et la majesté de Dieu, sa sainteté, sa justice, sa vérité, tous ces caractères de Dieu, dans leur nature même, étaient dirigés contre Christ fait péché pour nous. Christ a été fait péché ; nulle consolation d’amour n’a atténué la colère. Jamais le Christ obéissant n’a été aussi précieux qu’alors ; mais son âme devait être mise en oblation pour le péché, afin de porter judiciairement le péché devant Dieu. Voilà ce qui, à la fin des trois heures de ténèbres, a été exprimé par le Seigneur dans ses paroles du Psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » La perfection divine de Christ, en amour, a passé par cette souffrance, sans un seul rayon de consolation de la part de Dieu, ni des hommes. Toutes ses autres afflictions le poussèrent, avec une force croissante, vers cette souffrance suprême, et se confondirent avec elle dans ces ténèbres qui cachaient tout, sauf la colère qu’il endurait de la part de Dieu.


19 - L’amour

L’amour chérit les frères, comme Christ l’a fait, en ayant sa source en lui-même et non dans ses objets ; il sent toutes leurs douleurs et leurs infirmités, mais en restant au-dessus d’elles toutes, pour les porter, les supporter, et trouver en elles l’occasion d’un saint exercice.


Exiger l’amour, ne fait pas aimer ; exiger la sainteté, ne rend pas saint.


Nous devons avoir le coeur assez large pour embrasser tous les enfants de Dieu ; si nous ne le faisons pas, nous perdons en esprit la bénédiction même qui se trouve dans le chemin étroit. L’apôtre dit : « L’amour… que tu as… pour tous les saints » (Philémon 5). Nous ne pouvons proprement réaliser l’amour de Christ dans la communion avec lui, sans y comprendre tous ceux qu’il aime comme siens.


La « communion les uns avec les autres » est l’un des éléments les plus importants de l’état chrétien, et sa portée est beaucoup plus étendue que nous ne le pensons d’habitude.

Si tant de chrétiens en entravent la manifestation, elle ne devrait avoir que plus de puissance, par grâce, dans nos cœurs, et nous devrions penser à toutes ces âmes avec les sentiments de Christ lui-même pour elles. « Quiconque aime Celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de lui » (1 Jean 5:1).


20 - La toute-suffisance de Christ

La connaissance de Christ fait mûrir l’âme.


Nous apprenons à connaître la gloire du Seigneur Jésus par le fait qu’elle répond à nos besoins, comme le pauvre apprécie les richesses du riche par le bien qu’il en reçoit. Oui, c’est par nos besoins, et non en cherchant orgueilleusement à nous élever jusqu’à lui, que nous apprenons ce qu’il est.


Christ est-il venu ici-bas pour exiger quelque chose de moi ? Tel le figuier stérile, je suis dépourvu de fruits ; je suis desséché. Mais le Seigneur, béni soit-il ! est venu dans ce monde parce que je suis tout cela. Le mal qui est en moi, loin de repousser Dieu, l’a amené vers moi dans la personne de Christ. Tout le mal en moi, être misérable, a amené Christ dans le monde.


Je suis infirme ; cependant mes infirmités deviennent non pas une occasion de jugement, mais, pour Dieu, l’occasion de déployer sa tendresse et ses compassions envers moi, par le moyen de notre sacrificateur. Ici-bas, Jésus lave nos pieds, mais devant Dieu, il nous représente dans sa perfection. Il déploie les richesses et les miséricordes de Dieu envers nous ici-bas, et il nous présente à Dieu dans sa propre perfection. Le sang de Christ efface complètement les péchés, nous donne une rédemption éternelle, Dieu se souvient du sang de Christ et non du péché, tellement ce sang est précieux à ses yeux. Ce que Dieu efface, il l’efface pour toujours.


Dieu a donné en Jésus ce que sa gloire et sa justice exigeaient, et nous avons la certitude que tout cela est accompli selon la perfection de cette justice et de cette gloire. Si tout n’était pas accompli, Dieu y aurait mal pourvu, ce qui est un blasphème.


Après avoir fait par lui-même la purification de mes péchés, Christ s’est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux. Il ne s’est pas assis avant d’avoir terminé son oeuvre, et, maintenant que nous croyons en lui, la seule question est celle-ci : quelle est la valeur de son oeuvre ? Mon appréciation de cette oeuvre ne me donne pas la paix, mais le prix que Dieu y attache. Dieu est-il satisfait ? Oui, puisque Christ est assis à la droite de Dieu. Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, l’a glorifié ; il est là maintenant. Celui qui a porté mes péchés est à la droite de Dieu. Croyez-vous qu’il y soit avec mes péchés ? C’est impossible. Voilà résolue la question de mon acceptation.


21 - Le secours venant du sanctuaire

Aaron portait sur son cœur, au pectoral du jugement, les noms de son peuple. Il n’est pas un rayon de la gloire et de l’amour de Dieu brillant sur Christ, qui ne luise aussi sur nous qui sommes portés sur son coeur. Le coeur de Christ nous présente à Dieu, non seulement pour nous obtenir des grâces particulières, mais pour nous présenter nous-mêmes, selon l’amour qu’il y a entre lui et Dieu.

Les Urim et les Thummim sont les lumières et les perfections. Aaron portait sur son coeur devant Dieu, selon les perfections de la présence de Dieu, le jugement des enfants d’Israël. Nos péchés ne peuvent pas s’interposer entre Dieu et Christ. Il nous maintient continuellement en jugement devant Dieu, selon les lumières et les perfections de cette présence. Dieu ne cache jamais sa face. Il peut nous châtier ; par notre faute, nous pouvons perdre sa communion ; mais si Dieu nous cachait sa face, il la cacherait à Christ.


Voyant tout défaillir ici-bas, la question se présente à nous, inéluctable : Christ nous suffit-il ?


Toutes les circonstances sont des chemins pour l’amour de Christ ; il pénètre partout où nous avons à passer.


Jésus aime les siens qui sont dans le monde, tels qu’ils sont dans leurs souillures. Il n’en est pas rebuté. Elles attirent sa grâce, car l’objet de sa grâce, c’est l’iniquité et le mal. Quelle consolation de savoir que Jésus est tout ce qu’il faut pour tout ce que nous sommes !


Il y a dans le ciel un cœur qui sait sympathiser avec nous, qui est tourné vers nous et qui cependant sait tout ce qui nous concerne. Il pense à nous dans son amour ; il est toujours prêt à nous venir en aide. Aucune circonstance n’a jamais pu empêcher la puissance de grâce et de vérité qui était en lui de secourir ceux qui en avaient besoin.


22 - Le repos

Quand on en a fini avec soi-même comme n’ayant aucun bien en soi, on ne l’y cherche plus. Seulement il faut en venir là ; alors on sait que, par la croix de Christ, on en a fini avec le péché dans la chair, car il y a été condamné et jugé tout entier. Alors on pense à l’amour et à Dieu, au lieu de penser à soi ; on se nourrit du pain descendu du ciel, on s’attache à Christ, on sent qu’il est précieux et le tout de nos âmes.


Dieu voit le sang : voilà ce qui donne le repos. Il veut rencontrer le sang, comme réponse à sa justice ; elle y trouve une entière satisfaction. C’est une question entre Dieu et Christ de savoir si le sang du Sauveur satisfait à toutes les exigences de Dieu. La preuve que le sang y a satisfait, c’est que Christ est à la droite de Dieu.


Quand nos cœurs réalisent ce que Dieu est et ce qu’il est pour nous, nous avons du repos. C’est un repos céleste ; mais quand nous cherchons du repos dans le désert, nous oublions Canaan.


Si un croyant a encore confiance en lui-même, il sera difficile de le convaincre de son impuissance et de la nécessité de se confier uniquement en Dieu. Il trouvera la délivrance quand il aura appris à dire : « Je dois rester tranquille, car je ne puis rien faire ».


Paul ne dit pas : « Je crois », mais « Je sais qui j’ai cru » ; c’est là le fondement de son repos.


23 - La soumission

L’enfant de Dieu n’est pas seulement joyeux de son pardon ; mais il est joyeux de faire la volonté du Père. C’était la joie de Christ.


Nous faisons la volonté de Christ, non pour être sauvés, mais parce que nous le sommes. Les Lévites servaient dans le tabernacle, non pour devenir Lévites, mais parce qu’ils l’étaient, en vertu du privilège que Dieu leur avait conféré.


Dieu nous donne assez de lumière pour discerner sa volonté, puis il attend que nous obéissions. Quand nous avons obéi, il nous en fait voir les conséquences, mais il faut obéir à Dieu, et Dieu se réserve de nous faire passer la mer Rouge, comme s’il n’y avait point de mer.


Ne craignons pas d’obéir à la volonté de Dieu. Il ne faut jamais reculer devant les conséquences de cette volonté.


L’obéissance nous rapproche de Dieu et nous place ainsi dans la lumière. L’obéissance nous rend intelligents.


Par l’obéissance, un Homme a vaincu Satan. Quel exemple pour nous !


Quand la volonté de Dieu nous est révélée, nous pouvons aller de l’avant avec une parfaite certitude (Jean 11:6-8). Dieu est là, si seulement nous obéissons. Nous laisser diriger par notre propre volonté nous est le plus préjudiciable. Israël, dans le désert, ne savait où il allait, mais il marchait sans hésitation, en suivant la direction indiquée par la nuée. Les circonstances n’ont pas de pouvoir sur le fidèle qui fait la volonté de Dieu dans toutes les circonstances et n’a pas d’autre règle. Comment Israël aurait-il trouvé sa route, de nuit ou de jour, dans un désert où il n’y avait pas de chemin ? Les circonstances n’étaient rien ; il lui fallait prendre garde à la nuée. Obéir à Dieu est plus important que tout le reste. En prenant garde à lui, on est capable d’aller, chaque fois que la nuée se lève. Il faut le faire dans les détails de la vie de chaque jour. Si nous ne sommes pas attentifs à la nuée quand tout est facile, nous ne la discernerons pas dans les difficultés.


Une âme ignorante, mais fidèle, est plus avancée que celle qui, connaissant plus de vérité, est infidèle. On peut trouver de la joie à entendre la Parole ; mais cette joie n’est rien, si la Parole ne se réalise pas en nous et si nous n’avons pas une communion habituelle avec le Seigneur. On peut être joyeux de savoir Christ notre berger, mais à quoi cela sert-il si on ne le suit pas ?


24 - La satisfaction

Dieu éprouve notre cœur pour nous montrer que nous n’avons rien ici-bas. Nous n’avons qu’à y attendre le désert ; et c’est la seule chose dont nous soyons assurés. Si nous y attendons autre chose, il nous arrivera de vouloir nous y établir, ou d’y trouver la fatigue et la lassitude. Dans le désert, nous devons compter sur Dieu seul. Sa patience, son support, sa tendresse ne peuvent s’apprendre dans le ciel. C’est uniquement dans le désert que nous pouvons connaître ces divers aspects de sa grâce. Dieu laboure nos coeurs pour y semer le blé de son amour.


Gloire, honneurs, richesses, sont autant de biens qui, en nous attachant à la terre, affaiblissent nos vrais liens avec le ciel.


Le chrétien ne peut se réjouir ici-bas avec le monde qui a tué son Sauveur.


Les trois Hébreux de Daniel 3 avaient reçu de l’avancement, ce qui les mettait de trop près en contact avec le monde. Dieu ne les délivre pas de l’épreuve et n’empêche pas qu’on les jette dans la fournaise. Plus un chrétien se trouve lié avec le monde, plus il est en danger ; plus aussi il a à perdre et à souffrir. En effet, si Dieu intervient, c’est pour rompre tous nos liens. Si nous possédons quelque chose du monde, Satan nous l’a vendu, et cela doit être brûlé.


Il ne s’agit pas pour nous d’unir le christianisme à un certain train de vie dans ce monde, comme si nous lui appartenions, mais de vivre ici-bas la même vie que Christ. Notre chemin en Christ traverse les diverses circonstances de la vie et met notre cœur à l’épreuve ; nous sommes appelés à nous y conduire et y juger toutes choses selon les pensées de Christ.


Il y a dans ce monde mille choses dont le cœur humain ne pourra se passer, à moins qu’il ne soit fortement attaché à Jésus.


25 - Être près de Dieu

Nous serions plus en état de saisir la pensée de Christ, si nous étions toujours avec lui par le cœur.


Tenons-nous près du Seigneur, oui, tenons-nous près de lui ; c’est là notre affaire. Ne soyons pas satisfaits de rester dans l’abattement. L’abattement peut nous arriver, et l’âme peut être troublée par les circonstances, mais l’abattement est une preuve qu’on ne s’est pas réfugié auprès de lui tout de suite et qu’il n’était pas assez présent à nos âmes. Mais le Seigneur est fidèle ; notre part, malgré tout, est de nous approcher de lui. Il peut nous laisser sans joie jusqu’à ce qu’il ait sondé notre cœur, mais il ne peut manquer à son amour fidèle.


26 - Chute et restauration

La chair ne sait faire face à aucune difficulté. Comme dans le cas de Pierre, elle peut bien nous pousser au milieu du danger, mais jamais nous en faire sortir.


La chair pousse dans la tentation, mais elle n’y soutient personne.


Toutes les fois qu’un chrétien agit selon la chair, sa mesure de piété sanctionne et autorise aux yeux des autres le mal qu’il fait. Quand la chair agit dans un chrétien, les effets en sont, à cause de cela, bien plus funestes que dans un inconverti. Pierre, par son exemple, entraîna tous les Juifs d’Antioche, même l’apôtre Barnabas, dans sa dissimulation.


Si la chair n’est pas habituellement mortifiée, Dieu nous fait faire l’expérience de ce qu’elle est.


La chair du chrétien aime les mêmes choses que la chair du mondain ; elle a les mêmes devoirs, elle recherche les mêmes plaisirs ; le Seigneur Jésus nous préserve de ce danger. Être occupé des choses de la terre — et non les péchés — empêche de vivre en chrétien.


27 - La puissance

La vie de Christ en nous est bien plus puissante pour produire l’accomplissement de la loi, que la loi elle-même. Si le cœur de mon enfant n’est pas bien disposé, il n’obéit pas à mon commandement, mais si je réussis à produire l’affection dans son cœur, il obéira, car tout commandement est accompli par l’amour. L’amour dans le cœur produit les effets que la loi demande. Au lieu de demander l’obéissance à la loi, Dieu la produit en mettant son amour dans nos cœurs.


Pour pouvoir tenir tête au diable, il nous faut être dans la présence de Dieu, dans la puissance de l’Esprit, et trouver la parole de Dieu qui convient aux circonstances où nous sommes. Pour être victorieux de Satan, une pleine confiance en Dieu est nécessaire, sans chercher de secours ailleurs.


Avons-nous assez jugé notre chair pour être satisfaits de n’être rien et que Jésus soit tout ? Nous réjouissons-nous de voir notre faiblesse manifester la force de Dieu pour nous ?


Tant qu’Israël faisait des briques, il n’avait rien à craindre des chars du Pharaon. Il en est souvent ainsi pour les enfants de Dieu. C’est au moment de leur délivrance qu’ils font, d’une manière inconnue jusque-là, l’expérience de la puissance de Satan ; mais ils apprennent que Jésus est le capitaine de leur salut.


Jouissez-vous des choses promises par Dieu en Christ ? Les difficultés soulevées par Satan sont alors des occasions de victoire.


Dieu a dans le monde un chemin où Satan ne peut nous atteindre. C’est celui où Jésus a marché. Satan est le prince de ce monde ; mais il y a un sentier divin pour le traverser, un sentier unique où la puissance de Dieu se trouve.


28 - Sanctification pratique

Le péché caché corrompt le cœur, l’endurcit, le rend orgueilleux. Il importe que notre conscience soit entièrement vidée devant Dieu.


Il n’y a dans la Parole qu’une seule mesure de sainteté : Christ.


Notre force n’est pas de penser au mal afin de l’éviter, mais de penser à Christ, de nous occuper de lui ; la chair ne peut le faire. C’est un repos pour le cœur qui aime la sainteté, de savoir qu’en Christ nous sommes sans levain. S’il n’en est pas ainsi, la sainteté devient une loi pour l’âme et l’on se décourage, à moins qu’on ne rabaisse la notion de la sainteté.


Si nous aimons la sainteté, opposons-nous donc aux commencements du mal et, pour y parvenir, jouissons de la communion de Dieu ; occupons-nous de bonnes choses. Si la coupe de nos cœurs est pleine de Christ, Satan n’y pourra rien mettre.


Le jugement du mal selon la sainteté divine est ce à quoi le chrétien doit s’appliquer.


29 - La louange

Tout ce qui, dans le culte, n’est pas vivifié par l’Esprit, est de la chair et du péché. Tout doit y être lié à Dieu dans la bonne odeur de Christ ; nous devons nous y nourrir avec Dieu de la perfection du Bien-aimé. C’est là « le droit de l’onction » (Lév. 7:35). Nous sommes oints par le Saint Esprit qui nous donne d’avoir part à ces choses.


Assurément, la conscience de ce que nous sommes doit avoir pour effet de nous humilier, mais elle doit aussi faire déborder nos cœurs envers Dieu et envers sa grâce surabondante.


30 - Les parvis célestes

Notre affaire est d’attendre le Seigneur ; telle est la règle pour nous. Pour le chrétien, la mort est l’exception, elle n’est pas son espérance ; son espérance est d’aller à la rencontre du Seigneur en l’air. Si nous mourons, nous serons absents du corps et présents avec le Seigneur, et lorsqu’il apparaîtra, nous paraîtrons avec lui. Nous verrons le Seigneur face à face ; nous lui serons semblables. C’est là la joie du chrétien. Le croyant se trouve entre la première et la seconde venue de Christ. Il lui est associé dès maintenant, le sert et l’attend, et il veille en l’attendant. Si nous passons par la mort, nous attendons auprès de lui.


En elle-même, la mort est un gain dépassant toutes nos pensées. Il m’est doux de savoir que je m’achemine vers le but, vers mon chez-moi ; ainsi, le but est toujours plus mon chez-moi — ce qui est de l’autre côté du Jourdain. Certes, la venue du précieux Sauveur n’est pas moins l’objet de mes pensées, de mes désirs ; loin de là : je soupire toujours davantage après ce qui satisfera (avec l’amour de Dieu qui en est la source), tous les désirs du cœur, mus par son Esprit, mais les deux choses se lient.


Dieu nous prépare pour le ciel, en tranchant peu à peu les liens qui nous attachent encore à la terre, comme enfants d’Adam. Christ remplace tout, et ainsi tout va bien, tout va mieux.


Dieu prend soin que l’objet de nos cœurs ne soit jamais réalisé ici, afin d’amener le chrétien à montrer clairement qu’il cherche encore sa patrie.


Pour moi, un croyant délogé est un membre de la famille transporté un peu à l’avance là où toute la famille va demeurer. Partout ailleurs on est en passage. Quel bonheur, quand tout lien avec ce monde de misère et de mal aura complètement disparu : nous nous trouverons dans la lumière où tout est parfait !


Christ nous sépare de ce monde et nous en détache en nous montrant que le royaume nous appartient. C’est le bon plaisir du Père de nous le donner ; Christ lui-même se fera notre serviteur dans la gloire, afin que nous y soyons dans une joie parfaite. Toute sa joie sera de nous rendre heureux, car il est amour.


Si nous désirons attendre réellement le Seigneur, il importe que nos cœurs lui soient attachés. Si nous aimons Christ, nous désirons sa venue. Il faut que notre coeur le possède comme l’Objet de ses délices ; ainsi nous pourrons nous écrier : « Oh ! si seulement il venait ! ».


Nous avons de pauvres et faibles cœurs. Toutefois, ils devraient être remplis de l’amour de Christ, en sorte que ce soit notre joie suprême de le voir. Rien ne contribue davantage à une marche sainte que l’attente de son retour. En esprit, nous entrons ainsi déjà dans sa présence.


31 - Christ est tout

Pour remédier à l’affaiblissement spirituel, il faut avant tout que Christ lui-même soit présent à nos âmes. Il faut qu’il soit habituellement pour nous le moyen de juger toutes choses.


Pour renoncer à soi-même, il faut avoir un autre objet que soi, et Christ est cet objet.


« J’ai appris, dit Paul, à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve ». Christ n’était pas plus fidèle à la fin de la vie de l’apôtre qu’au commencement, mais Paul avait réalisé davantage la fidélité de Christ.


Christ est « séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux ». Tel devrait être aussi notre caractère. Pour être séparés des pécheurs, nous devons nous attacher aux choses d’en haut, être occupés de la grâce, de la beauté, de la gloire de Jésus, aimer ce que Dieu aime. Alors nous sommes vraiment libres ; notre liberté est de pouvoir toujours faire la volonté de Dieu, selon le désir du nouvel homme. Christ n’est pas seulement séparé des pécheurs, mais « élevé plus haut que les cieux ». Ce Jésus que j’aime est là. Il faut que nos pensées et nos cœurs soient dans le ciel où est notre Ami. Dieu a mis son Esprit en nous, par lequel nous pouvons connaître ces choses.


Christ crucifié et Christ notre espérance dans la gloire sont les deux centres autour desquels tourne notre vie tout entière.


32 - Marcher avec Dieu

Marcher dans la lumière, c’est marcher devant Dieu, dans la connaissance de Dieu. La connaissance que je fais de Dieu en marchant dans la lumière, m’amène à découvrir en moi des choses que je ne voyais pas auparavant. Marcher dans la lumière est une jouissance.


« Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants » (Éph. 5:1). Quel principe puissant de sanctification découle ici de notre union avec Christ ! Il ne s’agit pas de faire un effort pour imiter Dieu, mais d’agir selon notre nature nouvelle en Christ. « Marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous ». Comme il est facile d’être imitateur de Dieu, quand on marche dans l’amour !


Si nous avons senti puissamment et sincèrement que Dieu est pour nous, nous serons toujours prêts à nous appuyer sur lui. Le chrétien ne doit rien faire sinon dans un esprit de dépendance. Avec les meilleures dispositions, il fait mal quand il agit sans prendre conseil de Dieu par la prière.