MÉDITATIONS

sur les ÉPÎTRES PROPHÉTIQUES aux SEPT ÉGLISES

par J.N. DARBY


Londres, février et mars 1852


TABLE DES MATIÈRES

1 - Première méditation — Introduction

2 - Deuxième méditation — L’Église — L’Église responsable — Éphèse

2.1 - L’ÉGLISE RESPONSABLE

2.2 - Éphèse

Troisième méditation — Smyrne — Pergame — Thyatire

2.3 - Smyrne

2.4 - Pergame

2.5 - Thyatire

3 - Quatrième méditation — THYATIRE (Suite)

4 - Cinquième méditation

4.1 - Sardes

4.2 - Philadelphie

5 - Sixième méditation — PHILADELPHIE (Suite)

6 - Septième méditation — LAODICÉE

7 - Appendice


1 - Première méditation — Introduction

Je me suis proposé d’entrer dans quelques détails sur les épîtres aux Sept Églises ; mais avant de le faire, il est bon de dire quelques mots sur le caractère général de l’Apocalypse. Il est de la dernière importance que nous ayons une idée juste et arrêtée sur certains grands principes qui courent à travers tout ce livre — sinon nous ne comprendrons point le but de Dieu. Et ici, qu’on se rappelle, que c’est de l’Écriture seule que nous pouvons tirer ce dessein : ce que Dieu veut accomplir, ce qu’il fait et sa manière de le faire.

Le premier chapitre introduit le Livre tout entier. C’est une révélation donnée à Jésus Christ, afin de montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver, pour préparer l’apparition du Christ. C’est une pensée admirable, que, la manière dont Dieu le fait, — car Dieu ne peut pas écrire comme l’homme, pour raconter seulement ce qui intéresse ou affecte les passions des hommes ; mais quand Dieu écrit, c’est pour faire ressortir quelque chose qui serve de pierre de touche à nos âmes et les mette en communion avec lui. Prenez les Évangiles, par exemple, — ils ne sont pas écrits simplement pour donner un récit historique de la vie du Christ lorsqu’il était ici-bas, mais aussi pour déployer devant nos âmes les conseils de Dieu et ses voies de grâce dans l’oeuvre et la personne de son Fils ; et ce n’est qu’en apprenant ce que sont les pensées et les voies de Dieu que nous sommes rendus capables de comprendre ce que Dieu fait.

Le Livre de l’Apocalypse est, du commencement à la fin, un Livre du Jugement. Dieu y est révélé comme quelqu’un qui va exécuter le jugement et cela s’applique à l’Église elle-même, telle qu’on la voit dans les chapitres 2 et 3, c’est-à-dire sur la terre comme sujette au jugement. La prophétie parle, il est vrai, des choses même qui sont sous le jugement, et des moyens par lesquels ce dernier peut être détourné ; mais cela n’empêche pas que ce Livre ne soit d’un bout à l’autre un livre de jugement, à l’exception toutefois de la description de la position glorieuse de l’Église comme Jérusalem céleste et de son activité sur les chevaux blancs au chapitre 19. Sauf cette exception, le jugement est la part de l’Église elle-même. Or ce n’est qu’autant que nous saisissons clairement cette vérité, que nous pouvons comprendre le but de l’Apocalypse.

En outre, dans toute la partie prophétique de ce Livre, nous ne trouvons point le nom de Père, sauf au premier verset du chap. 14, où le nom du Père de l’Agneau est inscrit sur les fronts des 144000 (*) — la relation de l’Épouse, la Femme de l’Agneau, ne s’y trouve, non plus, que lorsqu’il est parlé des noces de l’Agneau comme ayant lieu. L’Apocalypse contient un système et des relations d’un tout autre caractère. Ce sont les voies de Dieu à l’égard de ce qui est sur la terre envisagé dans sa responsabilité. Cette pensée toute simple fait éviter bien des erreurs. De plus, ce n’est pas seulement le jugement d’une manière abstraite, mais le jugement en rapport avec la terre, c’est-à-dire que les hommes sont responsables sur la terre de ce qui est confié à leur garde. Ainsi, même s’il est parlé de l’Église comme étant sur la terre, c’est en tant qu’il s’agit de sa responsabilité ; or comme telle elle est sujette au jugement ; car encore sous ce rapport, c’est la terre qui est le sujet du Livre.

(*) Dans les épîtres adressées aux sept églises, le mot « Père » ne se trouve pas non plus en rapport avec les enfants de Dieu. Il se rencontre quelquefois, mais toujours et seulement en rapport avec Christ. Ces passages sont 1:6 ; 2:27 ; 3:5, 21.

Une remarque importante se présente ensuite : c’est que tout le caractère du Livre est prophétique. « Bienheureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie ». Et même dans les épîtres aux Sept Églises, le langage est prophétique. Il n’en est pas ainsi des diverses épîtres qui précèdent l’Apocalypse dans le Nouveau Testament ; ce sont des communications adressées aux Églises ou aux saints pour diriger leur conduite dans le moment même où l’épître leur était écrite et dans la relation où la grâce de Dieu les a placés avec lui-même et avec le Seigneur Jésus. Je dis que ces épîtres sont prophétiques, c’est-à-dire qu’elles renferment la déclaration des résultats et des conséquences que les jugements amèneraient sur les églises comme corps visibles, et non pas le ministère de la grâce et la direction donnée aux chrétiens dans une relation qui ne supporte aucun changement. Il ne s’agit pas ici d’une bénédiction qui se réalise en celui qui parle, et en ceux qui reçoivent son message parce qu’ils ont des oreilles pour entendre. On en voit la preuve dans les Prophètes de l’Ancien Testament et dans les passages prophétiques dispersés dans les Épîtres. Si vous jetez les yeux sur 1 Pierre 1:11, 12, vous verrez ce que je veux dire : « … et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous qu’ils administraient ces choses » — cela constitue le caractère propre de la Prophétie. Elle est adressée aux uns en vue d’autres. Elle ne dit pas comme le Saint Esprit dans les Épîtres : « nous » ; elle est une révélation de choses futures. Le prophète ne prophétisait pas sur lui, puisque l’Esprit de Christ révèle au prophète des choses qui ont rapport à d’autres individus et non à lui-même. La différence, relativement aux croyants qui viendraient plus tard, était, que ces mêmes choses leur étaient rapportées par ceux qui avaient prêché l’Évangile par le Saint Esprit envoyé du ciel. Car lorsque le Saint Esprit parle dans les chrétiens, il révèle les choses desquelles il parle comme les concernant eux-mêmes et c’est ainsi que, lorsque le Saint Esprit parle dans les saints, il dit toujours « nous ». Ce petit mot « nous », nous ne le trouvons nulle part, avec le même rapport, dans l’Ancien Testament : Il nous a aimés et nous a lavés ; — la gloire de Dieu par nous — Qui nous a bénis — selon qu’il nous a élus — nous ayant prédestinés — qui nous a délivrés — qui nous a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Ce n’est pas simplement ici montrer des choses à venir. Quand le Saint Esprit révèle quelque chose de ce qui a rapport à Christ, il embrasse tous les saints : « afin que nous soyons capables de comprendre avec tous les saints … » En un mot, le Saint Esprit quand il parle ainsi comprend tous les saints, comme étant associés dans la bénédiction, et leur applique tout ce que Dieu a donné « dans le Christ Jésus » ; encore ne jouit-on pas de toutes ces choses actuellement, de manière que nous avons à espérer jusqu’au bout « la grâce qui nous sera apportée en la révélation de Jésus Christ ».

Nous avons donc trois choses distinctes et progressives. Premièrement, l’Esprit de prophétie dans les temps passés administrant ces choses, mais non pas pour ceux qui prophétisaient eux-mêmes. Secondement : le Saint Esprit envoyé ici-bas, sceau, arrhes, onction, par lequel notre part nous est connue et par lequel nous en jouissons. Troisièmement : la gloire. En attendant, le Saint Esprit est un Esprit d’attente, parce que, pendant que nous sommes ici-bas, nous n’avons pas encore obtenu de fait ce que nous aurons : nous avons les arrhes, et nous attendons l’adoption, « savoir la rédemption de notre corps » ; mais le caractère propre de l’Esprit de Dieu, en rapport avec l’Église, comme y demeurant, est de donner la conscience et la jouissance présente de ce qu’il révèle dans le mot emphatique : « nous », quoique le salut soit toujours quelque chose d’individuel.

Nous voyons en Hébreux 9, qu’à la fin du siècle Christ a été enlevé au ciel, et que, pendant qu’il est en haut, avant qu’il revienne sur la terre, une oeuvre a lieu par le Saint Esprit, pour assembler un corps et l’unir à lui, le Chef (ou la tête) dans le ciel à la droite de Dieu ; comme il est dit au Psaume 110 : « Assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds ». Le Chef, en vertu de ce qu’Il est élevé à la droite de Dieu, envoie le Saint Esprit ici-bas pour assembler un corps identifié avec lui, qui ait la même gloire que lui, dont les membres soient de sa chair et de ses os. Tel est proprement le caractère de l’Esprit en rapport avec l’Église — non pas la prophétie, ce qui doit arriver sur la terre à d’autres, — mais le sceau, les arrhes et l’assurance de bénédictions qui sont nôtres, attestant comment Dieu nous a bénis, nous et non pas d’autres, jusqu’à ce qu’il vienne. Alors, béni soit Dieu ! il n’y aura pas une parcelle, quelque petite qu’elle soit, de cette poussière précieuse de ses rachetés qui soit laissée en arrière, car « celui qui est uni au Seigneur est un seul Esprit avec lui », et Christ prendra tout notre être avec lui, l’esprit, l’âme et le corps, pour lui donner à jamais une parfaite jouissance avec lui.

Lorsque l’Esprit de Dieu vient comme Esprit prophétique, c’est tout différent : son témoignage s’applique à quelque chose de terrestre ; jamais il ne prophétise du ciel. S’il vient dire : toute la gloire du ciel est à vous, ce n’est pas une prophétie, mais une révélation. Dans un sens nous sommes là, réalisant notre communion dans les lieux célestes, tout en attendant ici-bas le plein accomplissement de ces choses par la rédemption de notre corps. Quand je descends sur la terre, pour penser à la terre, je puis avoir affaire avec l’Église, mais en tant qu’elle est un corps responsable sur la terre, appelé « les choses qui sont » et responsable selon la mesure des privilèges dont il jouit ici-bas pendant l’absence de Jésus.

Il est de la dernière importance de se bien pénétrer de cette vérité, sinon nous n’entendrons rien aux actes de Dieu. Le Saint Esprit habitant dans l’Église m’associe à Christ. S’agit-il de justice ? je suis justice de Dieu en Lui ; — de vie ? Il est ma vie ; — de gloire ? « la gloire, dit-il, que tu m’as donnée, je la leur ai donnée » — tout ce qu’il est, est à nous, sauf sa Divinité, dans laquelle il va sans dire qu’il est seul, en ce qui nous concerne. Tout ce que Christ a m’appartient, car « celui qui est uni au Seigneur est un seul Esprit avec lui ». La prophétie n’a pas pu traiter de ceci, vu que c’était un mystère caché en Dieu dès les siècles et dès les générations ; mais par le Saint Esprit il a été maintenant manifesté que, dans le temps présent, l’Église est en union vivante avec Christ à la droite de Dieu dans le ciel, — avec Christ, tête céleste dont les membres composent l’Église sur la terre. Les saints de l’Ancien Testament ne pouvaient parler d’un homme dans le ciel, avec ses membres sur la terre ; cela n’aurait eu aucun sens pour eux ; et le Christ a dû être rejeté de la terre avant que je puisse parler de lui, comme étant la Tête dans le ciel, avec ses membres sur la terre. Du moment qu’elle s’occupe de la Prophétie, l’Église est introduite dans la connaissance de ce que Dieu va faire sur la terre.

Quand la Parole est adressée aux Églises dans les chap. 2 et 3 de l’Apocalypse, elle ne parle jamais de la grâce qui découle de la Tête dans les membres du corps, et même quand nous voyons les saints dans le ciel, ils sont présentés comme autant d’adorateurs y ayant un objet de culte, et comme autant de rois et de sacrificateurs à Dieu. La Parole ne parle pas de l’Église comme telle dans ces sept épîtres, mais la présente sous forme d’un certain nombre d’assemblées qui traversent certaines circonstances ; elle n’en parle pas comme des membres d’un corps, ni ne mentionne la puissance vivante de grâce agissant ici-bas pour produire de la bénédiction, mais elle traite de la conduite de ceux qui ont joui des avantages de la grâce, lorsqu’ils avaient été établis dans cette position de bénédiction. Elle ne parle pas de ce qu’est l’Église, mais de ce que l’Église a fait. Ce n’est pas la condition de l’Église comme établie en grâce par la puissance du Saint Esprit (car il n’est pas parlé du Saint Esprit qui y a placé les croyants, comme agissant ou habitant en eux), c’est la responsabilité de l’Église. Vous ne trouverez nulle part en parcourant ce Livre, comme je l’ai déjà dit, l’amour du Père pour les enfants, ni le Saint Esprit, comme l’âme, pour ainsi dire, du corps, l’unissant à la Tête, ni la puissance de grâce dont le mariage de l’Agneau est le grand résultat. Il s’agit donc de l’Église, dans une condition donnée sur la terre, responsable et sujette au jugement. Nous ne trouvons donc rien ici quant à l’union avec Christ ; mais ce que nous trouvons, c’est le témoignage de Christ à l’égard de telle ou telle condition des églises, et la révélation du jugement qu’il porte sur elles. Ceci rend ce jugement très simple, facile à comprendre et plein de profit pour nos âmes comme avertissement — tandis que les privilèges dans lesquels nous sommes établis sont la source de toute bénédiction, et confirment la vérité que « la joie du Seigneur est notre force ».


Ce que nous trouvons au chap. 1, v. 1 de l’Apocalypse est très précieux et plein d’instruction. C’est « la Révélation de Jésus Christ que Dieu lui a donnée, pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt (ou avec promptitude) ». Or ceci n’est pas Christ comme Tête du corps dans le ciel, relation et position qui sont clairement révélées dans les Épîtres. Mais c’est la révélation que Dieu a donnée, non pas au Saint Esprit, mais à Christ, pour montrer non pas aux, fils, mais à ses esclaves, les choses qui doivent arriver bientôt. Ce n’est pas non plus le Saint Esprit, comme dans l’épître aux Éphésiens, apportant ici-bas de l’instruction aux enfants et à l’Épouse, au sujet de leurs relations avec le Père et avec l’Époux ; mais c’est une révélation à des serviteurs, de choses qui vont arriver bientôt sur la terre. « Et il l’a signifiée en l’envoyant par son Ange ». Ainsi le ministère des anges est introduit ici, démontrant le caractère prophétique de ce passage. En un mot, il ne s’agit pas ici du déploiement des richesses de Christ par le Saint Esprit, mais d’un message, envoyé par le moyen d’un Ange, à son esclave Jean.


Verset 2 : « qui a rendu témoignage » non de la communion avec Christ, ni de la plénitude de Christ, mais « de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus Christ ». Le témoignage de Jésus Christ n’est pas sa plénitude ; et remarquez comment ici nous sommes descendus à des événements sur la terre qui ne sont jamais la plénitude de Christ dans le ciel. Il faut que nos esprits soient au clair à ce sujet.

Au verset 3 nous trouvons la bénédiction promise à ceux qui lisent et à ceux qui écoutent cette prophétie.

Verset 4. « Grâce et paix à vous de la part de celui qui est, et qui était, et qui vient, et de la part des sept Esprits qui sont devant son trône ». La grâce et la paix ici ne sont pas de la part du Père et du Fils, mais de l’Éternel. Ce n’est pas la même chose qu’en 2 Cor. 13:13, quoique, sans doute, les Sept Esprits fassent allusion au Saint Esprit, le nombre sept étant le symbole de la perfection dans la diversité de sa puissance. Le titre donné ici est en rapport avec le développement de la puissance et de l’intelligence avec lesquelles la terre est gouvernée.

Verset 5. « Et de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre ». « Et de la part de Jésus Christ » : Christ est le dernier des trois qui soit mentionné, pour montrer combien il est entièrement révélé ici en rapport avec le gouvernement de la terre. — « Le témoin fidèle » : Celui qui, sans jamais faillir, montra ce qu’est Dieu, quand il était sur la terre. « Le premier-né des morts » : celui dans lequel est montrée la puissance de la résurrection « d’entre les morts » ici-bas. « Le Prince des rois de la terre ». Il n’est pas appelé ici « le Fils du Père » ; il n’est pas fait mention de lui comme la Tête de son Corps, l’Église, ni comme l’Agneau au milieu du trône, mais comme le Chef des rois de la terre, car c’est simplement en rapport avec la terre qu’il est considéré.

Mais, du moment qu’il est fait mention de Christ, remarquez l’élan du coeur de l’Église à la pensée de sa relation propre et personnelle avec lui : « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang, et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père ». Ceci ne manque jamais ; quand il est parlé de Christ, n’importe à quel sujet, il est toujours notre Christ, avec lequel nous sommes associés d’une manière vivante, en sorte qu’il est impossible d’entendre seulement son nom sans que l’âme y réponde et reconnaisse ce que Christ est pour elle. Si même je pense au jugement et à lui comme Juge, je dis : Je suis un avec lui, en toutes choses il est mon Christ. De même à la fin du Livre, quand la partie prophétique est terminée, nous trouvons encore une réponse de ce genre : dès qu’il a dit : « Je suis… l’étoile brillante du matin », l’Église répond, selon son espérance en lui : « Viens ! » L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! C’est ainsi qu’il devrait en être toujours ; Christ lui-même devrait remplir chaque pensée et chaque affection de notre coeur. C’est précisément cela qui donne sa valeur à chaque trait du témoignage rendu à Christ, à chaque partie de sa gloire : ce qui regarde Christ me regarde, quel que soit le sujet immédiat dont il est question. Si mon coeur est occupé de Christ lui-même qui possède la gloire à venir, la gloire elle-même ne serait rien à moins que je ne le trouve, lui, dans cette gloire. J’ai toujours besoin de quelque chose qui concerne Christ, et parce que cela concerne Christ, cela me concerne nécessairement. Il est parfaitement vrai que, même parmi les sujets qui se rapportent au Seigneur, il y en a qui sont plus intéressants que d’autres, selon qu’ils nous mettent plus intimement en rapport avec lui. La couronne de Christ, en ce jour-là, sera composée de plusieurs diadèmes, et chacun d’eux, quoique porté en vue d’autres que l’Église, fera partie de notre joie, parce qu’il fait partie de sa gloire, car nous-mêmes nous serions malheureux à la pensée qu’Il pourrait perdre une partie de sa couronne de gloire. Notre joie ne consiste pas seulement dans la connaissance de notre salut individuel, car notre salut individuel n’est pas la fin de notre joie, quoique, béni soit Dieu ! il en soit le commencement. Il n’y a rien, quelque distinct de notre salut que cela paraisse, qui puisse jamais perdre sa valeur aux yeux d’un saint, quand nous le considérons en rapport avec la gloire de Christ. Nous pouvons voir cela manifesté au lit de mort du chrétien : si Christ lui-même a été sa joie, il sera rempli de joie au moment du départ. Lorsque l’âme est principalement occupée de l’oeuvre de Christ comme ayant apporté le salut, on trouve chez elle la paix, parce qu’elle connaît le salut ; mais si la personne de Christ est devenue l’objet de ses affections et qu’elle soit occupée du Sauveur lui-même, elle a une source constante de joie intérieure aussi bien qu’une paix solide ; car lorsque Christ est l’objet personnel de l’âme, elle possède une joie que le seul fait de la connaissance de son salut, toute bénie qu’elle soit, ne peut lui donner d’une manière continue. Si Christ lui-même est ma joie, je ne serai donc pas simplement heureux parce que je suis sauvé, mais la pensée de Celui vers lequel je vais, remplira mon âme de joie. Il est vrai que je vais au ciel, mais la pensée qui fait du ciel un ciel pour mon âme, c’est que Christ lui-même s’y trouve ; il y a quelqu’un auprès duquel je me rends ; je vais être dans le ciel avec la personne que j’ai aimée sur la terre.

Dès le commencement de l’Apocalypse, l’Église est placée dans une position à part. Sa place sacerdotale est dans le ciel, en dehors de l’action de ce Livre ; en haut, au lieu d’où le Livre est venu. Aussi lisons-nous au 5° verset : « À celui qui nous aime » ; il n’y a là ni pensée ni question de jugement, car il nous aime ; il n’y a pas non plus incertitude quant à notre condition, car il nous a lavés de nos péchés dans son sang ; la place que je dois avoir n’est donc plus mise en question, car Christ a été mort et il est ressuscité », et il nous a faits rois et sacrificateurs, titres que nous obtenons sans être placés sous une responsabilité qui les mette en question. Nous avons une responsabilité sans doute, mais Jésus nous a lavés et nous avons conscience de la place dans laquelle nous sommes établis, ayant la réponse du coeur dans lequel le Saint Esprit habite.

La place de l’Église est incontestablement déterminée ici avant que tout autre point soit développé. Ce même principe est plus clairement établi dans le chap. 1 des Éphésiens. L’Église est dès l’abord présentée comme jouissant de la même acceptation que le Seigneur Jésus lui-même, avant que soit montré le mystère de sa volonté. Ce n’est pas la prophétie, mais l’Église qui est placée, en premier lieu, comme acceptée dans le bien-aimé, comme Christ lui-même, afin d’être le reflet de sa gloire. Ensuite Dieu, dans l’abondance de sa grâce et de sa sagesse envers elle, l’introduit dans le secret de ses pensées et de ses conseils quant à la gloire de Christ, quand il réunira toutes choses en lui. Ici l’Esprit clôt tout cela par un amen, car maintenant il va commencer le sujet du livre, en rapport avec la terre.

Verset 7. « Voici, il vient avec les nuées, et tout oeil le verra, et ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui » ; mais non pas l’Église. Je ne me lamenterai pas, quand je verrai Christ. Ah ! combien mon visage sera radieux, lorsque pour la première fois je l’apercevrai ! quoique, hélas ! si nos affections ne sont pas droites, ce ne peut être un sujet actuel de joie de penser que nous allons être enlevés à sa rencontre. Ici je voudrais demander si vous vous permettez quelque chose qui vous porte à désirer que la venue du Seigneur soit différée, alors même que ce serait une affection naturelle qui interviendrait pour en détourner vos yeux et votre coeur ? Mais si notre coeur est concentré sur Christ, et si nous sentons ce que c’est que de vivre dans un monde, non de travail seulement mais de péché, quelle pensée d’être hors de cette scène avec Christ ! Sûrement, il n’y a pas une fibre du coeur d’un saint qui ne vibre pas d’une manière exactement contraire aux sentiments de ceux dont les yeux le verront et qui se lamenteront. Il est vrai que quelques-uns seront couverts de honte devant lui à sa venue. Mais ce ne sera pas assurément l’Église qui lui appartient et qui par grâce demeure en lui. Quand je dis : tout oeil le verra, il s’agit de se lamenter avec ce pauvre monde ; mais quand je dis : mon oeil le verra, alors chaque fibre de mon coeur bondit de joie, ce qui est bien différent de se lamenter. Mais est-ce que mon espoir est seulement d’être épargné ? Christ n’a-t-il pas dit : « Je vais vous préparer une place, et je reviendrai et vous prendrai auprès de moi », ce qui signifie : « Ce monde n’est pas assez bon pour vous ; je ne puis demeurer avec vous, où tout porte l’empreinte du péché et de la douleur ; mais, vous ayant préparé la place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi là où je serai ». Combien ces deux aspects de la venue du Seigneur diffèrent !

Verset 8. Après avoir vu dans les versets précédents sa gloire et sa domination, nous voyons ici la gloire de sa personne : « l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin », le Tout-Puissant. Ce n’est pas le Père ; quelle différence entre attendre ce que le Tout-Puissant fera sur la terre, ou être introduits dans la maison du Père et nous entretenir de ce qu’Il sera pour nous quand nous y serons ! Je voudrais faire ici une remarque sur ce nom de Tout-Puissant. Il y a trois grands noms sous lesquels Dieu s’est révélé à l’homme : 1° d’abord à Abraham en Gen. 17 : « Je suis le Dieu Tout-Puissant (El-Shaddaï) ; marche devant ma face et sois parfait » ; comme s’il avait dit : « Je suis le Tout-Puissant, c’est pourquoi confie-toi en moi ». « Il ne permit à personne de les opprimer et il reprit des rois à cause d’eux » (Ps. 105:14).

2° Quand il vient à Israël, c’est tout autre chose. Nous le trouvons, dans l’Exode, se révélant à eux comme Jéhovah, l’Éternel, et accomplissant toutes ses promesses (Ex. 6:2, 3).

3° À l’Église, il se révèle comme Père. Nous sommes mis en rapport avec sa toute-puissance et son caractère d’Éternel, dans la relation de Père, communiquant la vie éternelle : « Je vous serai pour Père, dit le Seigneur Tout-Puissant », en sorte que c’est comme Père, aussi bien que comme Tout-Puissant, que nous le connaissons ; Christ dit que c’est la vie éternelle de connaître le Père et lui : « Celui qui m’a vu a vu le Père », et encore : « celui qui vous tuera, pensera servir Dieu, et ils vous feront cela, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi » ; ils croiront rendre service à Dieu en tuant les enfants de Dieu.

Versets 9-16. « Moi Jean… j’étais dans l’île appelée Patmos pour la parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus Christ ». Remarquez encore ici le caractère que Christ prend en rapport avec les sept Églises, aussi bien qu’avec le monde. Ce n’est pas ici comme tête du corps, comme source de grâce pour ses membres ici-bas, mais comme quelqu’un qui marcherait au milieu de choses qui sont en dehors de lui-même, et qui prononcerait son jugement sur leur état extérieur.

Verset 13. Nous voyons ici que Christ, quoique révélé comme le Fils de l’homme, est aussi l’Éternel et possède tous les caractères de l’Ancien des jours en Daniel 7. « Sa tête et ses cheveux étaient blancs, comme de la laine blanche ». En Daniel, le Fils de l’homme est amené à l’Ancien des jours. En Apoc. 1:14, il nous est montré comme étant lui-même l’Ancien des jours ; « ses yeux étaient comme une flamme de feu » ; Dieu est un feu consumant, « et de sa bouche sortait une épée aiguë à deux tranchants » ; il possède ainsi toute autorité avec l’épée du jugement.

Versets 17, 18. « Et lorsque je le vis, je tombai à ses pieds comme mort ; et il mit sa droite sur moi, disant : Ne crains point ; moi, je suis le premier et le dernier, et le vivant ; et j’ai été mort ; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles ».

Il est merveilleusement encourageant pour l’âme, que cet Être divin, l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, Celui qui dit : « Il n’y a pas d’autre Dieu que moi », soit le même qui est descendu sous la puissance de la mort pour mes péchés et qui, ressuscitant sans eux, ne les a pas seulement mis de côté pour toujours, mais m’a délivré de celui qui avait (et justement) la puissance de la mort, savoir le diable, et m’a amené dans la propre présence de Dieu : « Il a souffert pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu ». C’est ce qui donne à l’âme une paix si ferme ; car si je suis venu à Dieu, je n’ai plus rien à chercher : Non seulement, il est dit : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » ; mais si mon âme a vu Christ mourant sur là croix pour mes péchés, c’est là aussi que j’ai rencontré Dieu avec la question solennelle du jugement ; je suis donc venu à Dieu par un Christ mort et vivant, et étant venu à lui-même, j’ai obtenu tout ce que la terre ou le ciel peuvent me donner. Car le plus doux, le plus humble des hommes, qui a été conduit comme un agneau à la boucherie, est le Dieu même auquel j’ai été amené, et cela maintenant, sans que la moindre tache de péché puisse me rendre honteux en sa présence. Je suis donc avec lui dans l’amour parfait, tout sujet de crainte étant banni pour toujours.

Verset 19. Revenons maintenant à la partie prophétique. Nous trouvons ici une chose très importante : les trois grandes parties du Livre de l’Apocalypse y sont très distinctement constatées : 1° « les choses que tu as vues », savoir Christ lui-même ; 2° « les choses qui sont » : la condition dans le temps, l’état extérieur de l’Église, ou des Églises, et non pas son état éternel et ses immuables privilèges ; 3° « les choses qui doivent arriver après celles-ci », les choses prophétiques, les derniers événements en rapport avec le monde.

Le chap. 4 montre l’Église dans le ciel, mais en parlant des choses qui sont, je ne fais en aucune manière allusion à l’état éternel de l’Église dans son union avec Christ comme sa tête en grâce ; au contraire, j’entends une condition dans le temps, un état extérieur de l’Église considérée comme responsable ici-bas durant une période donnée ; et cette condition dans le temps, cet état extérieur est jugé dans les sept Églises. Je le répète : ce n’est pas de nos bénédictions spirituelles, dans les lieux célestes en Christ, qu’il s’agit ici, mais de Christ marchant au milieu de ce qui est en dehors de lui-même sur la terre. Sur la terre, il a besoin d’un chandelier, d’une lumière ; il n’en est pas de même dans le ciel ; là il n’est besoin ni d’un chandelier, ni d’une lampe pour donner de la lumière, car le Seigneur Dieu Tout-Puissant et l’Agneau en sont la lumière. Mais, sur la terre, il a besoin de porte-lumière, en conséquence, le caractère de chandeliers est donné aux sept Églises, pour être « la lumière du monde » ; elles sont allumées d’en haut, afin de donner de la lumière sur la terre, dans les lieux ténébreux d’en bas ; afin de rendre témoignage à Christ, pendant qu’il est absent dans le ciel, caché en Dieu. Or c’est pour éprouver ces porte-lumière que Christ marche comme Fils de l’homme au milieu des chandeliers. Il est vrai que notre vie est cachée avec Christ en Dieu ; mais, en marchant sur la terre, nous devons briller comme des luminaires dans le monde, démonstrateurs de ce que le ciel peut produire ; nous devons vivre dans le ciel tout en marchant sur la terre ; selon ce que Jésus disait de lui-même, quand il était sur la terre : « le Fils de l’homme qui est dans le ciel ».

Verset 20. « Le mystère des sept Étoiles » suggère la pensée de pouvoir — d’un pouvoir subordonné — et les Anges (*) sont les symboliques représentants des Églises. La puissance spirituelle, comme représentant Christ sur la terre, était ce que l’Église aurait dû déployer. Dans l’Écriture, le pouvoir suprême est symbolisé par le soleil ; un pouvoir subordonné par les étoiles. L’ange de quelqu’un désigne le représentant de celui qui n’est pas là, même quand il s’agit de l’ange de l’Éternel. Ainsi lorsque Pierre frappait à la porte, on dit : « C’est son ange » ; et des enfants : « leurs anges ». Comme exemple de ce que j’entends, quand Jacob eut rencontré l’ange à Péniel, il est dit qu’il lutta avec l’ange et qu’il fut le plus fort, il appela le lieu « la face de Dieu » ; c’est ainsi que Moïse fut avec l’ange au buisson ; et c’est ainsi que nous avons les anges des sept Églises.

(*) On a supposé que ce mot est employé en rapport avec l’ange de la synagogue et désigne, par conséquent, l’évêque ou le principal ancien. Mais l’ange de la synagogue n’était nullement le chef de la synagogue, c’était un lecteur, le chef de la synagogue était un tout autre personnage.

Prenons maintenant l’idée générale. Nous avons vu, que nous n’avons pas ici l’Église considérée dans son union avec Christ, sa Tête ; elle n’y est pas non plus considérée dans son propre caractère céleste (quoique ce caractère dût être manifesté en elle), mais elle est montrée dans son état temporel, comme placée sous l’oeil du Seigneur pour le jugement.

Ce n’est pas Christ comme Tête du corps, qui est présenté ici, mais des responsabilités attachées au corps dans son état temporel, à la suite de privilèges reçus, et la conduite qui devrait en découler. Ce n’est pas non plus la communication de ces privilèges, mais l’usage que nous en avons fait. Afin d’illustrer ceci, considérons un temps particulier de bénédiction pour l’Église. La Réformation, par exemple, a été une oeuvre de l’Esprit de Dieu, et Dieu vient, pour ainsi dire, afin de voir ce que les hommes ont fait de son oeuvre, comment ils ont usé de la bénédiction qu’ils avaient obtenues par le réveil de Sa vérité ; Il vient afin de juger l’usage qu’ils ont fait des privilèges qui leur furent accordés alors. Qu’est-il sorti des trois siècles écoulés depuis que le Saint Esprit travaillait si puissamment ? L’oeuvre du Fils de Dieu, en témoignage à l’Évangile de sa grâce, la justification par la foi : c’est ce qui alors, nous le savons, fut mis en lumière. Quel en a été le résultat dans l’Église professante ? C’est comme s’il avait dit : « Qu’y avait-il de plus à faire ? J’ai semé de bonne semence, j’ai planté un cep exquis, et maintenant je suis venu chercher du fruit ; où est-il ? » Aucune des églises, par conséquent, n’est présentée ici comme l’oeuvre de Dieu en elle-même ; car puisqu’il s’agit d’une investigation judiciaire, Dieu ne juge pas ici sa propre oeuvre (j’ai à peine besoin de le dire), mais il juge l’homme, sur la base de la responsabilité, selon ce qu’il a reçu par cette oeuvre.

Je trouve dans l’Écriture une distinction complète et très définie en parlant de l’Église de Dieu. Les souffrances de Christ et les gloires qui devaient les suivre, constituaient le témoignage des prophètes avant que le Saint Esprit eût été envoyé. Christ avait dit : « Sur ce roc je bâtirai mon Assemblée » ; elle n’était pas encore fondée. Nous ne trouvons pas Christ comme Tête dans le ciel, avant que la rédemption soit une chose tout à fait accomplie ; je ne parle pas ici du salut individuel, mais du corps de Christ. Dans l’histoire d’Étienne nous faisons un pas de plus : un homme sur la terre, rempli du Saint Esprit, voit le ciel ouvert et le Fils de l’homme à la droite de Dieu. Dans l’histoire de Paul, nous avons encore quelque chose de plus : l’union avec Christ, membres de lui-même ; non pas une simple participation de sa nature, comme il est dit : « participants de la nature divine », mais, dans la puissance par laquelle il est ressuscité, l’union par le Saint Esprit avec lui-même, la Tête : « Pourquoi me persécutes-tu ? » Si ma main est blessée, je puis dire : je suis blessé, car ma main est une partie de moi. Mais il est un autre caractère que ce corps possède en conséquence, il est « édifié ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ». Or l’Église étant le lieu où Dieu habite, étant établie sur la terre pour manifester la gloire de Dieu, Dieu vient juger quel a été l’effet de ces privilèges, placés entre les mains de l’homme. Ce n’est donc pas de l’habitation du Saint Esprit dans l’Église qu’il s’agit, mais de l’usage que les hommes en ont fait.

Il y a deux principes d’après lesquels Dieu juge toujours son peuple : 1° son état à l’origine, le point où il s’est écarté de la bénédiction par laquelle il a commencé ; 2° le point auquel tendent ses voies — l’espérance placée devant son peuple. L’aptitude pour la bénédiction dont il veut leur faire part, à la fin, lorsqu’il manifestera sa présence.

Nous pouvons prendre Israël comme exemple, en démonstration de ce principe. En Ésaïe 5, Dieu dit : « Qu’y avait-il encore à faire pour ma vigne que je n’aie pas fait pour elle ? » Et ensuite au chapitre 6, où la gloire du Seigneur est vue, sa manifestation a prouvé non seulement que l’état d’Israël ne répondait pas à la bénédiction qui lui avait été conférée au début, car Ésaïe dit : « je demeure au milieu d’un peuple aux lèvres impures », mais que leur état n’était pas en accord avec la gloire que le Seigneur leur avait enseigné d’attendre. Le Résidu selon la grâce est toujours préservé, tandis que les autres sont jugés.

Mais pour revenir à la condition de l’Église, le Seigneur montre d’abord le privilège qu’il lui a donné, puis demande ensuite si sa marche a été d’accord avec ce privilège. C’est comme s’il disait à l’Église d’Éphèse : As-tu abandonné ton premier amour ? Oui, tu l’as fait ! « Souviens-toi donc d’ tu es déchu ». Je t’ai aimée et je me suis donné moi-même pour toi. Telle était la juste mesure de l’amour pour lui, dans lequel ils auraient dû marcher, « comme l’Église de Dieu qu’il avait acquise par le sang de son propre fils » et placée sous la garde du sang, quant à la sainteté de la marche, comme vus en type dans les sacrificateurs. Le sang était placé sur la main, le pied et l’oreille, en sorte qu’ils ne pussent se permettre aucune chose qui pût déshonorer une telle sauvegarde. Alors vient la question : Avons-nous agi selon le sang qui a été placé sur nous ? a-t-il rien passé en regard de ce sang, en pensée, en acte ou en conduite, que ce qui est selon Dieu ? Le Seigneur exerce toujours le jugement d’une église, quoiqu’il ait eu longtemps patience avec elle : Il a montré son long support envers Israël durant plus de sept siècles, après avoir prononcé son jugement par la bouche d’Ésaïe, mais il n’abaisse jamais le niveau des exigences de sa première bénédiction, quoiqu’il soit patient quand son peuple y manque.

À Sardes, il dit : « Je n’ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu », et cependant combien elle était déchue ! Nous pouvons nous humilier nous-mêmes devant Dieu sous le poids de nos fautes, mais, quoique nous trouvions toujours cette grâce qui nous relève de nouveau, Dieu n’abaisse jamais la mesure de ce qui devrait être produit, et nous ne pourrions même désirer qu’il le fît. Non, aucun véritable saint ne saurait désirer qu’il rabaissât le niveau de Sa sainteté pour nous faire entrer dans le ciel.

Par la grâce de Dieu, je ne pourrais rien accepter d’inférieur au tableau de l’Église, tel que Dieu l’a d’abord donné. Prenez même l’homme comme homme ; hélas ! j’ai perdu l’innocence ; mais puis-je accepter une mesure inférieure à l’absence totale de péché ? Mais ce n’est pas tout ; car Dieu place maintenant devant mon coeur un plus excellent objet de désir : il remplace ce qui est perdu par la pleine révélation de lui-même ; sa propre gloire dans son peuple. Le saint doit donc juger son état non par celui dont Adam est déchu, ni même uniquement par le premier état de l’Église, mais par le Christ qu’il va rencontrer.

Il y a donc deux manières selon lesquelles Dieu juge : d’abord l’abandon de notre premier état de bénédiction ; ensuite jusqu’à quel point répondons-nous à la plénitude de la bénédiction, à laquelle Dieu nous appelle ? De sorte que c’est selon notre bénédiction passée et selon notre bénédiction future que Dieu nous juge. Aussi voyons-nous présenté, dans toutes les épîtres aux sept Églises, leur abandon des bénédictions originelles, puis la question dans quelle mesure leur condition présente correspond aux bénédictions auxquelles elles sont appelées et dont il est parlé comme d’une promesse future. Paul pouvait dire : « Je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière, je cours droit au but » ; quand un homme peut dire cela, alors sa conscience est bonne et heureuse avec Dieu en vue de la gloire qui est devant lui. Mais je désirerais insister sur ceci pour le bien de vos âmes : que votre règle est fausse et vos affections faussées, si vous faites autre chose que suivre le Christ de gloire présenté aux yeux de votre coeur. Vous savez bien que l’Église n’a pas gardé son premier amour ; oh ! souvenez-vous que, bien que Dieu soit patient, il ne peut pas abaisser sa mesure ; c’est pourquoi repentez-vous. Il y a abondance de grâce pour relever et pour restaurer ; mais ma conscience ne pourrait être heureuse, si Dieu diminuait la perfection du tableau qu’il m’a donné de l’Église.


L’homme a perdu son innocence ; mais la bénédiction est entrée par le moyen de la croix, et bien que je n’aie pas atteint le résultat glorieux de la rédemption manifestée dans la gloire de Celui qui l’a accomplie, « je cours droit au but » ; ma conscience ne saurait être heureuse autrement. Supposez que la pensée de la venue du Seigneur pour nous recevoir en gloire nous fût très présente, que de choses disparaîtraient ; que d’objets auxquels nous tenons si fort maintenant, que de chagrins et de soucis qui nous chargent, seraient réduits à néant si l’espérance de sa venue était constamment devant nos yeux ! « Celui qui a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur ».

Mais l’Église a perdu son premier amour et a aussi perdu son attente. L’espérance de la venue du Seigneur le rend très présent à nos âmes, en tant qu’elle juge la condition où nous sommes. Vous êtes appelés à aller au-devant de Jésus : êtes-vous dans une position qui soit de nature à vous rendre confus de par lui à sa venue ?


Il y a aussi un autre principe qui est un motif de sainteté dans l’Église, c’est la présence du Saint Esprit. Il est dit : « Ne contristez pas le Saint Esprit de Dieu ». Ne faites rien qui ne convienne à Sa présence, ni à la gloire que vous allez atteindre et dont il est le témoin.

Dans les trois premières Églises, il n’est point fait allusion à la venue du Seigneur ; mais ensuite, quand les choses étaient complètement en déchéance, la pensée de la venue du Seigneur est introduite ; elle est notre joie et notre espérance pour nous soutenir quand toute autre chose fait défaut.


Je voudrais récapituler brièvement ce que j’ai dit. Le caractère du Livre de l’Apocalypse est prophétique. Nous n’y voyons nullement l’Église comme étant l’habitation du Saint Esprit donnant la connaissance de Christ comme Tête du corps, ou la communion avec le Père et avec le Fils. Ici tout est judiciaire. Christ est distinctement le Juge, d’abord de l’Église, puis du monde ; de l’Église considérée dans sa condition terrestre et non céleste. Le Livre entier est divisé en trois parties : les choses vues, les choses qui sont, et les choses qui doivent arriver après celles-ci ; et comme nous l’avons vu, Dieu a deux grandes manières de juger. Il regarde si nous profitons des bénédictions qu’il nous a déjà accordées et si nous marchons conformément à la gloire promise.


Il y a un retour en grâce attendu selon les privilèges accordés, et une réponse du coeur à la gloire à laquelle il nous appelle ; nous ayant bénis, il attend cette réponse : « Amen, viens, Seigneur Jésus ». Il attend du fruit de sa grâce envers nous, et j’ai à considérer ce à quoi je suis appelé par cette grâce. « Non que je sois déjà parvenu au but, mais je poursuis » dans la jouissance d’une nouvelle vie, « oubliant les choses qui sont derrière ». Dieu a à coeur de nous bénir d’une certaine manière ; et il s’attend à ce que nos coeurs répondent à cette connaissance de la vocation céleste.


Puissions-nous goûter maintenant ce à quoi Dieu nous a appelés en communion avec son Fils ; que cela s’empare de telle manière de nos affections que nous soyons capables de dire avec sincérité : « Je fais une chose ». Que le Seigneur ouvre nos yeux, les remplisse de la gloire du Seigneur Jésus Christ, et nous fasse marcher dans la puissance de cette espérance de le voir tel qu’il est, et d’être avec lui, semblables à lui éternellement !


2 - Deuxième méditation — L’Église — L’Église responsable — Éphèse

Dans notre dernier entretien, j’ai rappelé en peu de mots le caractère distinctif de l’Église de Dieu, et j’ai dit, quant au livre de l’Apocalypse, qu’il était un livre de jugement soit pour l’Église soit pour le monde.

Il est important, ai-je ajouté, de distinguer entre l’Église, considérée comme un corps responsable sur la terre, et par conséquent sujet au jugement, et l’Église considérée comme le corps de Christ, jouissant comme telle de sa position propre devant Dieu et de ses privilèges. Si nous ne gardons pas ces deux vérités bien distinctes devant notre esprit, nous ne rencontrerons que confusion.

Nous avons vu l’autre jour, que Dieu a donné Christ pour « chef sur toutes choses à l’Assemblée, qui est son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». La pensée et le dessein de Dieu à l’égard de l’Église, est qu’elle soit le corps de Christ quand il aura domination sur toutes choses. Dieu a élevé Christ bien au-dessus de toute principauté, puissance, empire et domination ; il a placé toutes choses sous ses pieds et l’a donné pour tête, au-dessus de toutes choses, à l’Église, qui est son corps, appelée en conséquence « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». Toute la plénitude de la Déité habite en Christ ; mais ceci est tout autre chose : nous sommes actuellement son complément, c’est-à-dire que nous complétons l’homme mystique dont Christ est la Tête. Car l’Église est ce qui complète et manifeste la gloire de Christ dans le monde à venir ; et alors il n’y aura pas seulement un Christ dans le ciel, connu du croyant, mais un Christ dominant sur la terre, et au-dessus de toutes choses. C’est une précieuse pensée que ce n’est pas simplement Dieu comme Dieu, mais que c’est Christ en rédemption et plénitude médiatoriale, en grâce et en justice, qui remplit toutes choses. « Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux afin qu’il remplît toutes choses ». Tout, depuis la poussière de la terre jusqu’au trône de Dieu, a été le théâtre de l’accomplissement de la gloire de Christ, en même temps que le témoin de cette gloire. Mais lorsqu’il « remplira ainsi toutes choses », ce ne sera pas comme étant seul, mais comme la Tête du corps qui se forme maintenant ; et ainsi il s’associe l’Église dans sa domination et dans sa gloire. En ce jour-là tout lui sera assujetti, mais l’Église lui sera associée, précisément comme il en était en Eden. Adam, image de Celui qui devait venir, avait seigneurie sur toute la création ; Ève ne faisait pas partie de cette création sur laquelle Adam régnait, et elle n’avait non plus aucun droit propre sur elle, mais elle était l’associée d’Adam dans cette domination. Le passage d’Éph. 5, nous parle de la formation d’Ève et l’applique à l’Église : « Ce mystère est grand ; mais moi, je parle relativement à Christ et à l’Église ».

Christ a tout droit à cette domination sur toutes choses (Col. 1). Comme Dieu, « toutes choses ont été créées par lui et pour lui ». Mais il a une double suprématie : Il est Chef de la création, lorsque, comme Fils, il prend place en elle, car il est le Créateur ; il est aussi Chef de l’Église, car il est la Tête du corps, de l’Église, « lui qui est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’en toutes choses, il tienne, lui, la première place ».

Un second titre à la primauté, c’est qu’« il est le Fils » ; non seulement comme Créateur (ainsi que nous avons vu en Col. 1 : « Il nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour »), mais aussi par héritage. Nous trouvons en Héb. 1, le conseil et l’intention de Dieu par rapport à son Fils « qu’il a établi héritier de toutes choses ».

Un troisième titre à la primauté, c’est qu’il est homme. Le Ps. 8, qui célèbre la gloire millénaire est cité et appliqué à Christ par le Saint Esprit en Héb. 2:6-9. Nous voyons couronné de gloire et d’honneur, puis ayant toutes choses sous ses pieds, Jésus qui a été fait un peu moindre que les anges (voy. aussi : Éph. 1:22 ; 1 Cor. 15:27).

Il a donc droit à la domination ; d’abord, comme Créateur, car par lui « toutes choses ont été créées » ; secondement, comme Fils : « Il l’a établi héritier de toutes choses » ; troisièmement, comme homme : dans les conseils de Dieu toutes choses sont placées sous ses pieds. Et comme il ne peut prendre l’héritage dans son état de souillure, il a un quatrième titre comme Rédempteur. Ses droits s’exercent sur un héritage racheté et purifié, « les choses célestes elles-mêmes devant être purifiées par de meilleurs sacrifices que ceux-là ». Quant à nous qui étions sous le péché, étrangers et ennemis dans notre entendement, dans les mauvaises oeuvres, il ne s’agit pas seulement de purification, notre culpabilité nous est ôtée. Alors il nous prend et fait de nous son corps, ainsi qu’il est écrit : « Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os ». Le Saint Esprit descend et nous consacre pour être le corps de Christ en puissance de vie, et en unité parce que nous sommes baptisés du Saint Esprit pour être un seul corps. Non seulement chaque âme en particulier est vivifiée et scellée par l’Esprit, mais les croyants sont « baptisés pour être un seul corps par l’Esprit ». Cela a commencé au jour de la Pentecôte, et dès lors ce baptême a été la portion de tout croyant. C’est une grande et précieuse vérité que, quoique nous ayons pu contrister le Saint Esprit, le Saint Esprit habite néanmoins dans le croyant et le reprend. Il est aussi très précieux pour l’Église de savoir que le Saint Esprit n’est pas seulement ici-bas comme le Seigneur Jésus, un peu de temps avec son peuple, pour s’en aller ensuite. « Il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous éternellement ». Et remarquez bien ceci, que l’habitation permanente du Saint Esprit dans l’Église a lieu en vertu de la rédemption que Christ a accomplie, et ne dépend pas de l’usage que nous faisons des privilèges donnés (Il est vrai néanmoins que, l’Esprit étant présent, il agit selon l’usage ou l’abus de ces privilèges).

L’Église de Dieu, unie au Seigneur Jésus Christ, a sa place, 1° en vertu de la personne de Christ ; 2° en rédemption par Christ ; 3° par la présence du Saint Esprit. Ce n’est pas une question de prophétie, mais c’est la puissance de la grâce divine et vivante, plaçant l’Église dans la gloire de Dieu. Du moment que le Saint Esprit a ainsi formé l’Église, elle est traitée ici-bas comme le corps de Christ : « duquel tout le corps bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement produit l’accroissement du corps », précisément comme, dans la croissance d’un enfant, le corps est là, chaque membre à sa place, et croît jusqu’à sa pleine stature.


2.1 - L’ÉGLISE RESPONSABLE

Ceci m’amène au second caractère de l’Église. L’un et l’autre nous sont présentés en Éph. 1 et 2. Le premier est le corps de Christ, le second l’habitation de Dieu par l’Esprit ; le premier est dans le ciel, le second sur la terre. Ce second caractère est d’une extrême importance. L’Église de Dieu étant formée par le Saint Esprit sur la terre, il en résulte nécessairement la responsabilité pour l’Église, de manifester sur la terre la gloire de Celui qui l’a ainsi établie. La responsabilité ne change jamais la grâce de Dieu ; mais tant qu’elle reste sur la terre, l’Église est responsable de la gloire ici-bas de son Chef absent. Pas comme étant sous la loi ; mais l’Église a la responsabilité de représenter la gloire de Celui qui l’a rachetée et l’a placée ici-bas ; elle doit être une lumière au milieu des ténèbres, « au milieu d’une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde », « annonçant les vertus de Celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ». Ou, comme Paul l’exprime en 2 Cor. 3 : « Vous êtes manifestés comme étant la lettre de Christ, connue et lue de tous les hommes ». L’expression est bien la lettre, et non les lettres de Christ ; c’est un seul corps, une seule copie de Christ. L’Église aurait dû être une lettre de recommandation de Christ à tous les hommes, afin que les hommes lussent et vissent en elle la puissance de la rédemption et le caractère de Celui qui est absent — par le Saint Esprit habitant en elle, et la formant pour être le témoin visible de sa Tête invisible. Jésus dit en Jean 17 : « afin que tous soient un » ; et à quelle fin ? « afin que le monde croie » (non pas encore connaisse, car cela est le fruit de la gloire), que c’est toi qui m’as envoyé. Tel aurait dû être le résultat de cette unité en tant qu’elle se rapporte au temps présent. Car lorsque l’Église est dans la gloire publiquement manifestée de Christ, et comme Christ, le monde doit nécessairement connaître que le Père a envoyé le Fils, et non seulement cela, mais il connaîtra que le Père nous a aimés comme il a aimé Jésus, en nous voyant dans la même gloire que Jésus. C’est donc antérieurement à cette époque que le monde devait voir l’Église comme « une », afin de croire ; qu’il devait voir l’Église dans sa position de responsabilité, comme épître de Christ. Sa responsabilité est que la vie de la Tête dans le ciel soit manifestée sur la terre en puissance. Nous voyons ainsi dans quelle position responsable on se trouve sous la grâce ; car c’est en tant que placés, comme nous le sommes, sous la libre et souveraine grâce, que notre responsabilité entre en jeu. Placés donc sur le terrain d’un corps responsable sur la terre, nous voyons le Seigneur prendre connaissance des oeuvres de l’Église sous cette responsabilité.

Dans ces chap. 2 et 3 de l’Apocalypse, nous avons le Seigneur, non comme la Tête du corps, non comme Celui duquel la grâce descend aux membres de ce corps, mais comme Celui qui marche au milieu des chandeliers dans le caractère de Juge, pour voir s’ils agissent conformément à la grâce reçue. Ce principe de jugement se retrouve dans toutes les sept églises : Je donnerai à chacun de vous selon l’usage qu’il aura fait des privilèges et des grâces dans lesquels il a été placé à l’origine. Cette parole est solennelle pour nous selon la proportion où nous estimons la grâce ; ce n’est pas une condamnation comme par la loi ; mais plus je comprends l’amour auquel j’ai manqué de rendre témoignage, plus mon coeur sera attristé de ne pas répondre à cette grâce, puisque cela lie le péché, pour ainsi dire, au nom de Dieu que je porte. L’effet de l’iniquité d’Israël ne démontrait pas seulement que l’homme était pécheur, mais, comme Dieu avait mis Son nom sur eux, elle liait le péché au nom de Dieu. Or c’est ce que Dieu reproche à Israël quand il dit : « Le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations ». Le témoignage de son nom avait été confié à leur garde, et il aurait dû être gardé par eux. Dieu saura revendiquer les droits de son saint nom sur la terre à la fin ; ce sera bien plus encore le cas quand il s’agira de l’Église du Dieu vivant. Le monde doit voir d’une manière pratique, dans l’Église, une sainteté parfaite et un amour parfait ; car nous sommes participants de la sainteté de Dieu, et nous sommes les objets de son amour infini et parfait. L’Église ne devrait jamais avoir sur la terre qu’une position et un service : celui de manifester au monde ce qu’elle tire de sa Tête vivante dans le ciel. L’Église n’a jamais connu Christ selon la chair, le seul Christ qu’elle connaisse est le Christ que le monde a rejeté et qui est maintenant dans le ciel. L’Église devrait donc être dans une si complète séparation du monde, qu’elle manifestât ce qu’est sa Tête. Et ainsi l’Église serait une lettre de recommandation de Christ. C’est cela qui est la force, du mot « lettre » dans ce passage. Le monde doit voir en vous ce que Christ est, comme la loi fut vue écrite sur des tables de pierre : une lettre vivante « connue et lue de tous les hommes ». Notre marche aura un caractère d’autant plus profondément spirituel, que nous réaliserons davantage ce que sa grâce a fait pour nous et ce à quoi elle nous a appelés.

Nous voyons donc que le Seigneur n’abandonne jamais cela en principe. Il ne se départ jamais de ses propres pensées quant au témoignage que doit rendre l’Église, quoiqu’il la supporte patiemment quand elle y manque.

Venons-en maintenant à un autre point : l’usage qu’on doit faire de ces lettres aux Églises. Il y a deux choses évidentes : 1° il est historiquement vrai, qu’il y a eu sur la terre des Églises dans la condition dont il est parlé ici ; et 2° qu’elles renferment une instruction morale, profitable à tous les saints individuellement, applicable à quiconque a des oreilles pour entendre et un coeur intelligent pour connaître la pensée du Seigneur.

Cela est tout simple, mais si nous allons plus loin, nous trouvons qu’il y a une signification dans le nombre des églises auxquelles le Seigneur s’adresse. Le nombre sept étant le symbole de la perfection, est le nombre souvent employé dans ce Livre : sept sceaux, sept trompettes, sept coupes, marquant ainsi le cycle complet des pensées de Dieu au sujet de l’Église responsable sur la terre, selon la grâce dans laquelle elle y a été placée. Ce n’est pas qu’il n’y eût que sept églises ou assemblées sur la terre, au temps où ces lettres furent envoyées, car nous connaissons, par exemple, celles de Colosses et de Thessalonique ; mais celles-ci et toutes les autres furent laissées de côté, parce qu’elles ne présentaient pas les éléments moraux dont le Saint Esprit avait besoin pour ce tableau complet.

Lorsque nous pensons à l’unité du corps et de la Tête, nous trouvons, en privilège et non en responsabilité, la vie de Christ et la gloire de Christ comme mesure et but final. Mais ces chapitres présentent l’état actuel et multiple de l’Église. Ensuite ces sept Églises sont considérées chacune à part en rapport avec sa responsabilité. Et, par conséquent, elles ne peuvent pas comprendre le corps, en général, dans un temps donné, puisque nous les trouvons dans un état tout à fait différent l’une de l’autre ; de sorte qu’on ne peut pas appliquer à l’une ce qui est dit de l’autre, car il y a des reproches distincts et des promesses distinctes. Nous trouverons cependant, en abordant les détails, qu’il est fait mention de diverses parties de l’Église professante comme subsistant partiellement ensemble dans un même temps. En sorte que nous trouvons ceci : Chaque description s’applique, en un sens, à l’Église entière, considérée comme un tout, mais toutes ne s’appliquent pas à toute l’Église considérée dans un seul et même temps. Et par conséquent vous avez dans ces églises soit un tableau successif de la condition de l’Église sur la terre, comme responsable envers Dieu, depuis le commencement jusqu’à la fin de cette dispensation, au point de vue prophétique, soit l’état particulier d’une partie de l’Église responsable, nécessaire pour en compléter le tableau, c’est-à-dire les divers aspects qu’elle aura présentés dans le monde jusqu’à ce que le Seigneur la vomisse de sa bouche.

Direz-vous : « Comment l’Église peut-elle être vomie hors de la bouche de Christ, puisqu’elle est le corps de Christ, et qu’elle doit être avec Lui en gloire ? — Cela est vrai si vous parlez du corps de Christ, mais remarquez que l’Église comme corps extérieur sur la terre, ne perd jamais sa responsabilité, quel que soit l’état qui la caractérise. Tout le temps qu’elle est considérée comme sur la terre, elle est responsable de sa conduite. Si le serviteur infidèle n’a pas fait la volonté de son maître, il doit être traité, non comme n’étant pas du tout serviteur, mais comme hypocrite, selon la position dans laquelle il a été trouvé ; et non comme étant tel réellement, car en réalité il n’a jamais servi. Il ne lui a pas été dit : « Tu n’es pas serviteur », mais « jetez le serviteur inutile dans les ténèbres de dehors et donnez-lui sa portion avec les hypocrites ». Ainsi il a été pris et condamné sur la base de sa profession.


Il en fut de même d’Israël qui avait été formé par Dieu, pour porter son nom devant le monde. Ceux qui en faisaient partie tombèrent, furent traités comme responsables et furent retranchés. Comme envisagée sous l’ancienne alliance, la sentence de ce figuier stérile a été « Que désormais personne ne mange jamais de fruit de toi ». Le figuier peut porter des feuilles, mais quand le Seigneur vient chercher du fruit, n’en trouvant point, il dit : « Que jamais aucun fruit ne naisse plus de toi ! … » et incontinent il sèche. Ainsi Israël a été retranché, comme vase destiné à porter le nom de Dieu devant le monde, mais cela ne touchait pas la question de la fidélité de Dieu. Dieu restaurera Israël aux derniers jours, et jusqu’à ce moment la grâce continue à prendre un résidu d’entre eux, comme la vraie postérité d’Abraham, seulement pour de meilleurs privilèges, car si Israël, comme un tout, a été mis de côté, Dieu établit alors une chose nouvelle, et d’entre les Juifs et les Gentils « le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ». Il ne s’agit pas de la question du salut individuel, mais du vase dont Dieu se sert pour porter son nom devant le monde. Les individus qui croient iront au ciel, mais le vase du témoignage qui a failli doit être brisé. Dieu use à son égard d’une longue patience, mais si, après tout ce qu’Il a fait, sa vigne ne produit que des grappes sauvages, elle doit être retranchée. Sans doute un résidu fidèle est pris au ciel, mais le vase est rejeté comme témoignage public visible sur la terre.

En Rom. 11, nous voyons comment Dieu place l’olivier, qui prend la forme chrétienne, comme un système public visible sur la terre, ainsi qu’il fit d’Israël. « Considère la bonté et la sévérité de Dieu : la sévérité envers ceux qui sont tombés, la bonté de Dieu envers toi si tu persévères dans cette bonté, autrement toi aussi tu seras retranché ». Et Dieu peut rejeter l’Église professante sans être en désaccord avec ce qu’il a révélé de lui-même, parce qu’il n’est pas question ici de sa grâce et de sa bonté, ou de salut individuel, mais simplement et seulement de responsabilité. Et c’est ce qui fait de ses voies envers les Églises un avertissement sérieux et positif pour nous, puisque le même principe s’applique à la fois au témoignage gentil et au témoignage juif. Dieu accomplira à la lettre chaque promesse qu’il a faite à Israël ; et néanmoins nous savons tous comme un fait évident, que Dieu a retranché Israël comme témoignage visible, destiné à porter son nom au monde. Il rejettera de la même manière l’Église, si elle faillit à sa responsabilité sur la terre. Nous voyons ainsi comment Dieu maintient son gouvernement à l’égard du témoignage que son peuple doit porter sous chaque dispensation, et qu’il ne s’agit pas du salut individuel, garanti à toujours aux individus en Israël et dans l’Église, quoique l’un et l’autre doivent être mis de côté quant à leur témoignage public visible. Nous trouvons ainsi non seulement la responsabilité, mais les résultats de l’infidélité.


2.2 - Éphèse

Considérons maintenant l’exemple et l’avertissement positif que Dieu nous donne dans la parole adressée à l’Église d’Éphèse.

Un grand moyen d’affermissement pour l’âme est d’être instruite des voies et des oeuvres de Dieu dans les Écritures ; mais c’est une source de joie pour moi-même de trouver l’application immédiate de la vérité à ma propre âme. Les principes généraux de l’Écriture sont très précieux ; mais l’application individuelle de la vérité au coeur et à la conscience est encore plus précieuse.

Dans ces épîtres aux Églises, nous trouvons : En premier lieu le caractère de Christ toujours adapté à l’état de chaque Église particulière. Dans l’Église d’Éphèse, comme affaire d’application générale, il est « Celui qui tient les sept étoiles dans sa droite, qui marche au milieu des sept lampes d’or ». C’est Christ révélé dans le caractère particulier sous lequel il exerce le jugement. 2° Nous voyons ensuite, dans chaque Église, le caractère spécial des épreuves des fidèles. 3° Une promesse spéciale est donnée pour soutenir la foi de ceux qui sont placés sous l’épreuve. Ainsi il y a la grâce et la miséricorde qui répondent aux circonstances particulières de l’Église. 4° Portant nos regards en avant vers les temps de la bénédiction plénière, nous voyons la part donnée « à celui qui vaincra », lorsque Christ aura recueilli les saints auprès de lui.

Les Églises sont divisées en deux sections : trois Églises dans la première et quatre dans la seconde. Ce point est d’un grand intérêt. Ce qui est dit aux trois premières églises semble s’adresser à l’Église en général ; c’est-à-dire à des saints qui, tout en ayant à vaincre, sont considérés comme étant l’ensemble du corps, tandis qu’un petit résidu est considéré plus distinctement à part, dans les quatre dernières épîtres. Dans les épîtres aux trois premières Églises, l’exhortation : « Que celui qui a des oreilles écoute », précède les promesses faites au fidèle vainqueur. Dans les épîtres aux quatre dernières, l’exhortation suit les promesses.

Dans les trois premières, il est question de l’oreille qui entend en rapport avec le témoignage général de l’Église, avant de séparer le résidu fidèle qui vaincra. Dans les quatre dernières, l’exhortation suit la victoire.

Dans les premières, l’Église est engagée, comme l’on dirait, à reporter ses pensées sur l’état et la position où elle était à son origine, condition représentée comme pouvant redevenir son partage, si elle se repent. Nous avons fait observer, dans notre dernière méditation, que Dieu a deux manières de juger un peuple établi sur sa responsabilité : soit d’après la grâce qui l’y a placé, soit d’après la gloire à laquelle il est appelé, et c’est à cette grâce que s’applique la pensée de restauration que nous trouvons dans ce qui est dit aux trois premières églises. Mais à Thyatire, une autre pensée se présente. L’Église, comme un tout, se trouve dans une condition désespérée (j’entends ici par l’Église, l’Église en témoignage ici-bas comme un corps visible dans le monde) ; mais c’est alors que l’espérance individuelle est toujours présentée et que l’Esprit s’adresse spécialement à ceux qui vaincront en les encourageant par la gloire future lors du retour de Christ. C’est pourquoi à Thyatire, cette espérance particulière est adressée au résidu : « Ce que vous avez, tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne ».

Outre ces vérités générales, je voudrais encore faire remarquer que, dans l’épître à la première Église, celle d’Éphèse, nous voyons le caractère général de Christ comme exerçant le jugement, « tenant les sept étoiles dans sa main droite » ; c’est-à-dire tenant toute l’autorité et toute la puissance ; « marchant au milieu des sept lampes d’or », les Églises ; en faisant le tour afin de voir si les lumières brillent suffisamment, et répandent cette véritable lumière qu’il avait allumée.

Ainsi nous voyons chacune d’elles marquée de l’empreinte spéciale de sa responsabilité. Puis observez comment il commence cette épître à Éphèse. Il nomme chaque point qu’il peut approuver de quelque manière, avant d’en arriver à ce qui fait ombre au tableau. « Je connais tes oeuvres, et ton travail, et ta patience ». Quel bonheur qu’il sache tout ce qui nous concerne, même « les pensées et les intentions de notre coeur » ! « Mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour ». Remarquez ici un autre principe important : de quoi Christ devait-il nécessairement être jaloux, sinon de son amour pour l’Église, qui était plus fort que la mort ? Il est parfaitement impossible qu’il puisse oublier son amour pour l’Église, et par conséquent tout aussi impossible qu’il puisse être satisfait sans qu’elle revienne à son amour pour Lui ; car, souvenez-vous en, l’amour seul peut satisfaire l’amour. Le reproche même qu’il lui adresse manifeste la force de son amour pour l’Église, lequel ne peut avoir de repos qu’autant qu’il rencontre une réponse chez elle ; car Lui ne saurait se refroidir jusqu’à se contenter d’une faible réponse à son amour, quelque refroidie que soit l’Église dans ses pensées sur l’amour de Christ à son égard. Il peut y avoir encore bien du fruit à l’extérieur : des « oeuvres, du travail et de la patience » ; mais quels que soient la peine et le travail, la vraie source en est disparue ; « tu as abandonné ton premier amour » : c’est là le grand mal. Qu’importe combien de peine vous vous donnez et combien vous travaillez, si l’amour pour Christ n’est pas le motif de votre service ; il ne sera, dit l’Apôtre, que comme un airain qui résonne ou comme une cymbale retentissante, qui meurt avec le son qu’elle rend.

Nous avons donc ici à Éphèse le premier grand principe de la chute et par conséquent le grand jugement général qui est venu sur toute l’Église. « Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières oeuvres » (remarquez comment il les ramène au point de départ de leur chute). « Autrement je viens à toi, et j’ôterai ta lampe de son lieu, à moins que tu ne te repentes ». Il ne peut pas permettre à ce qui ne manifeste pas le grand amour dont il a aimé l’Église de demeurer dans le monde, car, s’il le permettait, il cesserait d’être « le témoin fidèle et véritable ». Ce principe de reproche tendre et fidèle est la preuve bénie que son amour ne se refroidit jamais, quel que soit le manque du nôtre.

La manière dont le Seigneur agit individuellement envers les âmes est exactement la même que celle dont il agit envers l’Église ; il prend connaissance de tout éloignement de lui, mais la porte demeure toujours ouverte au repentir, et dès que le péché est jugé et vu comme Dieu le voit, il n’y a plus rien qui fasse obstacle à un rétablissement immédiat. Du moment que la conscience s’humilie sous le péché et le confesse, sa position est franche, car lorsqu’il y a eu du mal, la droiture de l’âme se trouve dans la conscience de ce mal et dans le pouvoir de le confesser ; or il faut que l’Église de Dieu ou l’âme de l’individu soit dans cet état de droiture, de sincérité devant Dieu, pour que Dieu la restaure (Job 33:23-26). Dès que le péché est jugé dans la conscience, l’amour de Dieu, qui jamais ne fait défaut, se révèle pour répondre à ce besoin. Il en est ainsi dans les détails journaliers de la vie chrétienne ; il se peut que des jugements atteignent son peuple, mais au travers de tous ces jugements perce son amour qui châtie.

Et c’est ainsi qu’on apprend pourquoi le Seigneur reproche à l’Église d’avoir abandonné son premier amour ; on trouve ici la révélation de son parfait et invariable amour qui brille à travers le jugement porté sur leur état. Ne voyons-nous pas la même chose dans les relations naturelles de la vie ? Prenez le mari et la femme ; celle-ci peut prendre soin de son ménage, et accomplir ses devoirs de manière à ce que rien n’y manque et que son mari n’y trouve rien à redire ; mais si l’amour de la femme a diminué, tous ses services satisferont-ils le mari, si lui l’aime comme au commencement ? Non, sans doute ; eh bien ! si cela ne lui suffit pas à lui, cela ne suffira pas non plus à Christ. Il lui faut le reflet de son amour. C’est comme s’il disait : tes bonnes qualités ne m’échappent pas, mais il faut que je t’aie toi-même. L’amour qui naguère était la source de toute ton action a disparu, donc ton service est sans valeur ; si l’amour vient à manquer, qu’importe le reste ? Notre amour, il est vrai, ne saurait répondre dignement au sien ; mais il peut y répondre sincèrement ; car s’il n’y a pas affection adéquate, Christ vise au moins à ce que nous n’ayons pas des coeurs partagés quant à leur objet. Le coeur est partagé quand il y a de l’inconstance dans les affections. C’était là le secret du manquement à Éphèse. Le coeur n’était plus sans partage quant à l’objet de son affection, l’oeil avait cessé d’être simple, le reflet parfait de cet amour, qui s’était acquis l’Église pour lui-même, n’existait plus. Mais même en disant : « j’ai quelque chose contre toi », Christ révèle tout ce qu’il y a de bon : « Tu as supporté des afflictions, tu as patience, tu as supporté des afflictions pour mon nom et tu ne t’es pas lassé ». Mais, dira-t-on peut-être, que faut-il de plus au Seigneur ? Il la veut elle-même, dit-il ; souvenons-nous de ceci quant à l’Église. Alors il ajoute : « Souviens-toi donc d’où tu es déchu, et repens-toi, et fais les premières oeuvres ». Je vois là un mot bien solennel, mais bien touchant pour nous, car nous nous sommes bien plus éloignés qu’eux de notre premier amour ; cependant le coeur de celui qui est fidèle trouve un certain refuge en Christ, car son âme trouve dans le reproche même une preuve infaillible de ce que son amour n’a point changé.

De quoi fait-il mention ici comme étant excellent ? D’oeuvres, de travail et de patience. Rien de ce qui marque le déclin n’est mentionné ici, mais les oeuvres qui étaient faites ne se rattachaient point au premier amour. Et remarquons ici que l’Église a un service positif à accomplir, un service très distinct de celui auquel les Juifs ont jamais été appelés. Dieu n’attendait pas des Juifs l’activité de l’amour, mais l’Église ayant reçu grâce, doit sortir en grâce pour appeler les pauvres pécheurs à entrer. Les Juifs avaient la loi comme muraille pour garder la justice au dedans, mais n’avaient point de porte ouverte pour en laisser sortir l’amour.

Prenez les Thessaloniciens, qui sont en contraste direct avec ces saints d’Éphèse, et se trouvent dans toute la fraîcheur de « leur premier amour ». Qu’est-il remarqué en eux ? « Leur oeuvre de foi, leur travail d’amour, et leur patience d’espérance de notre Seigneur Jésus Christ ». Ce sont précisément les œuvres recommandées à Éphèse, car il n’était pas dit que les Éphésiens n’eussent point d’oeuvres, mais que la source de tout cela était tarie ; tandis que chez les Thessaloniciens, la source de tout était en pleine activité. Les trois grands principes du christianisme : la Foi, l’Espérance et l’Amour, se trouvaient tous à Thessalonique ; le coeur était pleinement lié à la source de la puissance. La foi qui caractérisait leur « oeuvre » les faisait marcher en communion avec Dieu. L’amour qui caractérisait leur travail les mettait en rapport avec la source de toute puissance. Et dans l’espérance qui caractérisait leur « patience », nous voyons la venue du Seigneur comme l’objet qui se présentait à leurs âmes et les maintenait dans un service patient. Ainsi donc nous voyons chez les Thessaloniciens la puissance spirituelle, Christ lui-même comme objet, et l’amour qui caractérise tout. Supposez que je travaille à quelque chose et que l’esprit de l’amour m’inspire pendant que je suis occupé, quelle différence y aura-t-il lorsque tout l’ouvrage sera marqué au sceau de l’amour ! supposez que ce soit seulement dans l’oeuvre de la prédication de l’Évangile, comme je présenterai dans toute sa plénitude l’amour de Dieu pour un monde perdu, si l’amour de Christ jaillit dans toute sa fraîcheur de mon âme ! Mais, hélas ! que de fois nous avons à nous reprocher de parcourir un cercle de devoirs chrétiens, tout en étant fidèles dans nos intentions générales, sans que cela découle de la fraîche réalisation de l’amour de Christ pour nous-mêmes.


Mais la justice et la vraie sainteté et l’aspect de l’Église en rapport avec ces caractères de Dieu, ont aussi bien leur place ici que l’amour qui est Sa nature :


« Tu ne peux supporter les méchants ». L’état naturel, l’état normal de l’Église, est la pleine puissance du bien au milieu du mal, rendant par la puissance divine un brillant témoignage. L’Église, et ici je n’entends pas un individu, ne doit pas être l’endroit au dedans duquel le bien et le mal soient en conflit ; mais elle doit être dans un tel état qu’elle soit la manifestation du bien au milieu du mal. Mais supposez un déclin, et la question du mal surgit au dedans ; — « des fleuves d’eau vive couleront de ton ventre », c’est là le seul état qui convienne à l’Église, mais lorsque cela cesse d’être le cas, il commence à être question du mal au dedans, comme ici : « Tu ne peux supporter les méchants ». Le mal s’était introduit, sinon cela n’aurait pu se dire ; c’est que déjà le fleuve d’amour avait cessé de déborder ; ses eaux étant devenues basses, la possibilité d’y naviguer en sûreté et d’une manière bénie, était devenue pénible ; les digues avaient croulé, le mal avait pénétré, sans quoi le Seigneur n’eût pas pu faire cette remarque. Prenez le cas d’Ananias et de Sapphira. ils voulaient se faire une réputation de dévouement, réputation que l’Église avait, mais qu’ils voulaient, sans en accepter les charges, et c’est ainsi que l’hypocrisie était entrée dans l’Église ; mais la puissance du bien se trouvait là pour exposer publiquement le mal qui tâchait de revêtir le caractère du bien, afin de s’accréditer. L’amour de l’argent, modifié par le désir d’une réputation au sein de l’Église, les gouvernait en réalité. Et il fallait que la présence du Saint Esprit se manifestât en jugement. C’est un triste commencement quand il faut que le bien, au lieu de se manifester en gardant le mal dehors, se caractérise par un conflit avec le mal. Quant à la doctrine il en est de même : « Mais tu as ceci, que tu hais les oeuvres des Nicolaïtes, lesquelles moi aussi je hais » ; on devait exercer la patience, nous voyons de prime abord que ce n’est pas ici la première joie à la vue de ce qui est bon, mais une oeuvre de patience était nécessaire : et dans notre marche comme chrétiens, il nous faut avoir bien égard à ce trait caractéristique. Ce qui caractérise individuellement la puissance, c’est la patience, lorsque le temps de conflit avec le mal commence.

Nous trouvons ensuite un autre principe : Il y a des cas où le Seigneur approuve la haine : « Tu hais ce que moi aussi je hais ». La doctrine des Nicolaïtes introduisait un relâchement à l’égard du mal, portant le caractère de la grâce, et mettait ainsi Christ en association avec le mal. Or c’est une chose terrible que d’introduire ce qui associe Dieu au mal, car Satan voudrait bien imiter ou contrefaire la grâce dans cette association, précisément ce dont Dieu dit : « Mon âme le hait ». Nous avons vu que le caractère sous lequel Christ est présenté ici se rattache aux jugements. Il marche au milieu des chandeliers. Or, dans l’Église d’Éphèse, qui est un tableau général et sert d’introduction, le jugement est aussi général : « J’ôterai la lampe de son lieu ». En somme nous avons ici trois choses : la responsabilité, la chute et le jugement qui en est la conséquence. Ensuite pour ce qui concerne la promesse il est dit : « À celui qui vaincra, je lui donnerai de manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu », c’est-à-dire le paradis que Dieu a fait pour lui-même. Ce n’est pas le Paradis dans lequel Dieu visitait l’homme pour voir ce qu’il faisait, comme quand il vint vers Adam, et où, s’il faisait bien, il lui permettait de rester, mais d’où il le chassait s’il faisait mal ; mais c’est Dieu prenant l’homme dans Son propre paradis. Quelle différence entre le paradis de l’homme, dans lequel Dieu vint pour y trouver le péché et par conséquent en chasser l’homme, et le paradis de Dieu, dans lequel l’homme, par suite de la rédemption, est introduit pour n’en plus sortir. Dans le paradis de Dieu il n’y a pas deux arbres ; l’arbre de la connaissance du bien et du mal n’y est pas, nous en avons eu assez dans notre propre responsabilité. Nous le posséderons là selon la sainteté de Dieu, et de fait, en nature, nous le possédons déjà, « étant renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés » « en justice et sainteté de la vérité ». Mais il n’y a qu’un seul arbre, l’arbre de vie, l’unique parfaite source intarissable de vie en Dieu, et auquel nous participons, non point par suite d’une responsabilité, mais par suite de la rédemption et de la puissance vivifiante d’une rédemption d’après les conseils et les pensées de Dieu lui-même. Non pas que la responsabilité soit mise de côté, mais elle est accomplie selon l’amour de Christ lui-même : « À celui qui vaincra je lui donnerai de manger de l’arbre de vie ». La grâce avait soutenu l’individu qui avait vaincu ; et quand l’Église avait manqué, au lieu de se laisser entraîner par le courant de la ruine générale, le saint ayant assez d’énergie spirituelle pour apprécier à sa juste valeur le mal du dedans et le juger devant Dieu, au lieu d’être découragé et de se laisser submerger, quand d’autres abandonnaient leur premier amour, le saint, dis-je, remporte la victoire. Mais alors il est bon de voir que c’est la grâce qui a tout fait : « Ma grâce te suffit ». Et le résultat en est qu’ils sont établis dans le paradis de Dieu, se nourrissant de tout le fruit mûr que l’arbre de la vie peut produire.

En appliquant tout ceci comme principe général, nous trouvons que le témoignage secret de la grâce au coeur fidèle est la source de la force. Si « pour moi vivre c’est Christ », c’est le témoignage de la grâce qui ne manque jamais, qui me porte au travers de toutes les épreuves et de toutes les difficultés ; oui, même plus l’épreuve et l’infidélité sont grandes, plus elles manifestent ce que Dieu est pour mon âme, en sorte que je connais Dieu d’une manière dont jamais je ne l’avais connu auparavant (comme « Abraham, lequel étant éprouvé, offrit Isaac » et apprit ainsi à connaître Dieu comme « le Dieu de la résurrection », ce qu’il n’avait jamais fait auparavant). Quelle consolation de trouver que plus nous sommes environnés d’obstacles, plus nous jouissons de Christ, et de pouvoir regarder à Christ, seul fidèle au milieu de l’infidélité générale. « Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, pour leur faire connaître son alliance ».

À Éphèse donc, nous voyons le commencement de la chute de l’Église. Tel est le témoignage du Juge, et la conséquence de la chute sera que la lampe sera ôtée de son lieu, à moins qu’elle ne se repente ; et, quant à cette menace, elle est rappelée à ses premières oeuvres, sinon elle cessera d’être un témoin sur la terre.

La chute n’était pas dans les actes extérieurs, elle n’était pas dans sa conduite, ni en ce qu’elle ne réfutait pas les faux docteurs, mais en ce qu’elle avait perdu l’intimité de la communion avec Christ, en amour ; ses oeuvres n’avaient diminué ni en quantité ni en zèle, mais leur caractère était détérioré ; Christ discernait quand il n’y avait plus en elles le même amour pour lui.


Troisième méditation — Smyrne — Pergame — Thyatire

2.3 - Smyrne

Nous avons remarqué la dernière fois, que le livre de la Révélation porte d’un bout à l’autre le caractère du jugement : d’abord au milieu des Églises et puis dans le monde. Ainsi nous avons le Seigneur marchant au milieu des chandeliers, exerçant le jugement, prenant connaissance de tout ce qui se passe, et disant : « Je rendrai à chacun, selon ses oeuvres ». De même nous avons vu précédemment l’importance de la distinction entre l’Église vue en Christ dans le ciel, et l’Église vue sur la terre, comme représentant Christ. Nous sommes participants de sa vie en tant qu’unis avec lui dans le ciel, et néanmoins il est vrai qu’il a établi l’Église, son corps, comme un vase pour porter son nom devant le monde, comme une épître de Christ connue et lue de tous les hommes. Nous avons encore fait observer que la responsabilité ici-bas ne touche en aucune manière à la question du salut ; et de plus que la fidélité de Dieu envers des individus ne touche pas le jugement de la corporation portant son nom. Dieu avait promis dans sa fidélité de les conduire à la plénitude de sa gloire ; mais en même temps, il faut qu’il les juge pour avoir manqué à la responsabilité où il les avait placés ici-bas. Nous ne devons point confondre ses jugements sur le vase établi en témoignage sur la terre et sa fidélité envers l’Église, l’Épouse unie par le Saint Esprit avec Christ dans le ciel. Mais il y a plus. C’est individuellement que Dieu juge ses saints pour leur bien, en exerçant leurs coeurs et leurs consciences par des avertissements et, s’ils n’y prennent garde, par des châtiments ; ainsi les siens courbés sous ses jugements sont bénis, tandis que « les simples passent outre et en portent la peine » (Prov. 22:3) : à la fin ceux-ci, comme corps, sont vomis de sa bouche, tandis que les épreuves, la discipline, et le châtiment tournent au profit de l’Église quant à sa vocation céleste. Dans chacune des épîtres aux Sept Églises, nous trouvons une révélation particulière de Christ, à laquelle correspond le jugement particulier dont parle l’épître ; et de même il y a aussi des promesses spéciales répondant aux besoins particuliers de chaque Église, répondant aux exercices du coeur pour le soutenir, et enfin dans chacune d’elles il est donné des gages à ceux qui sont fidèles.

La première chose qui caractérisait Éphèse, considérée sous le point de vue de sa responsabilité, c’était qu’elle avait abandonné la puissance de sa position primitive : qu’elle avait abandonné son premier amour. Ainsi en général, souvenons-nous que ce n’est plus ici la grâce découlant de la Tête ; ce ne sont plus « toutes les jointures du fournissement », mais des répréhensions, des avertissements et des promesses, pour agir sur les coeurs et les consciences de saints individuels dans leur responsabilité ici-bas.

Puis il y a une autre chose qu’il est bon de se rappeler, c’est que nous ne trouverons jamais que le sujet de l’épître soit ici la puissance du Saint Esprit activement à l’oeuvre pour former et pour rassembler ; si c’est de jugement qu’il est question, évidemment ce ne peut être cela, car on ne peut jamais dire de Christ qu’il juge l’oeuvre du Saint Esprit : c’est de la puissance en grâce. Quand le Saint Esprit opère, il ne peut être question que de puissance agissant en grâce. Mais Christ, en prononçant son jugement, montre son appréciation de l’emploi qu’on a fait de l’Esprit de Dieu, quand celui-ci a été donné. La première grande vérité, c’est que le Seigneur considère l’Église comme responsable de tout l’amour dont elle est l’objet, et s’attend à un retour de sa part, et s’il ne le trouve pas, mais trouve qu’elle a abandonné son premier amour, abandon qui n’est que le triste commencement d’un mal plus grand, alors il dit : « Repens-toi, autrement j’ôterai ta lampe de son lieu ».

Puis remarquez encore autre chose : Ce ne sont pas des individus qui sont jugés ici, mais des églises ; quoique des individus puissent entendre ces avertissements et en profiter, l’Esprit parle aux églises ; mais comme il n’y a point de réponse de l’Église, point de repentir, qu’elle ne pratique pas les premières oeuvres, qu’elle ne revient pas à son premier amour, la lampe doit être ôtée. Et c’est alors que l’Esprit s’adresse individuellement à celui qui a des oreilles pour qu’il entende ce que l’Esprit dit aux églises.

Mais bien que l’Église ait failli comme telle et que la lampe doive être ôtée, il y a encore quelque chose comme une énergie individuelle pour vaincre ; et remarquez-le, il s’agit d’une victoire dans la condition où l’Église se trouve ; il s’agit de vaincre là-même où l’on se trouve. C’est un état de choses bien différent de celui où le Saint Esprit verse la bénédiction à pleins flots. Il y a maintenant au dedans de l’Église, non pas seulement dans le monde, des choses à vaincre : « La victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi ». Il veut raviver le coeur du fidèle par des promesses pour le soutenir, mais dès que la chute a commencé, il devient nécessaire aux fidèles de se maintenir là où ils sont ; il y avait des pièges, des difficultés et des dangers au dedans ; car, souvenons-nous-en, l’Église était déchue de son premier amour, lors de l’épître à Smyrne ; et du moment que l’Esprit s’adresse à l’Église comme à une Église en chute, elle cesse d’être un lieu de sûreté pour le saint ; et il ne peut plus recevoir comme chose admise, qu’en marchant avec elle, il marche selon la puissance et la volonté de Dieu. Une église déchue ne peut m’abriter contre l’erreur ; étant elle-même sous un jugement, elle ne peut offrir de garantie pour rien.

Dès lors donc il y a particularisation, car je ne puis plus me retrancher derrière l’Église pour telle ou telle chose ; l’Église peut avoir raison en telle ou telle chose ; mais il faut que je m’assure à l’égard de ce qui se trouve dans l’Église, au moyen de la Parole de Dieu ; car je dois discerner ce que je peux suivre ou non d’après la Parole de Dieu appliquée par l’Esprit. Il ne s’ensuit nullement que cet état de choses supposât qu’il n’y eût aucune bénédiction, qu’il ne fût resté rien d’excellent, dans l’Église, puisque nous voyons que le Seigneur reconnaît et qu’il loue plusieurs choses. Mais je n’ai pas besoin de dire que le principe qu’une Église en chute cesse d’être un garant pour moi est de la dernière importance, et que par conséquent je dois juger, sous ma responsabilité individuelle, ce que je dois recevoir et ce que je dois rejeter. Comme établie de Dieu, l’Église avait été un endroit sûr pour les individus à l’égard de leur marche, comme étant l’expression de la puissance immédiate du Saint Esprit, le résultat propre de son oeuvre ; mais il n’en est plus ainsi.

Je saisirai cette occasion pour faire une observation sur le mot « développement », que Satan a introduit comme son mot favori. Maintenant cette pensée de développement dans l’Église du Dieu vivant implique une parfaite et complète incrédulité. En Dieu il n’y a rien à développer ; il est la source parfaite et invariable de tout. Or, ce à quoi Dieu nous a appelés, c’est à jouir d’une parfaite révélation de Lui-même en Christ, comme on le voit en 1 Jean 1:1, 2. Il y avait là la manifestation de la vie éternelle, laquelle était auprès du Père, et il est évident qu’il ne peut y avoir de développement de ce qui a été manifesté, à moins que nous ne puissions avoir quelque chose qui aille au-delà de ceci, savoir que Dieu est lumière, et Christ était la vraie lumière ; et pouvons-nous avoir quelque chose de meilleur que cette lumière-ci ? — pouvons-nous ajouter quelque chose à cette révélation de « la vérité » ? Il y a beaucoup à apprendre sur son compte ; mais c’est une personne qui est présentée ici et non pas une doctrine. S’il s’agissait simplement d’une doctrine, on pourrait y ajouter quelque chose, savoir une autre doctrine ; mais il n’est pas question d’une doctrine seulement, mais d’une personne vivante qui a été révélée ; or, si cette personne c’est Christ même, que peut-il être révélé de plus ? Nous ne pouvons rien ajouter à ce que Dieu a opéré. Hélas ! l’homme peut en déchoir, comme c’était le cas d’Éphèse. ils avaient abandonné leur premier amour, ils avaient abandonné quelque chose et ce fait-là ne constituait point un développement. Il va sans dire que nous avons toujours à apprendre et devrions toujours apprendre davantage de ce qui a été révélé au commencement ; mais Dieu produit toujours les choses parfaites au commencement, car Dieu ne peut établir que ce qui est parfait — ne peut rien établir qui soit inférieur à sa pensée ou qui lui soit contraire.

Ainsi l’homme en innocence avait été établi parfait dans cette innocence, et Adam tomba. La sacrificature d’Aaron était parfaite en son genre, mais Nadab et Abihu firent défaut. Quoi que ce soit que Dieu ait planté, il l’a planté complètement comme une semence juste, selon sa pensée. Quoi que ce soit qui vienne de Dieu, ce doit être parfait et ne saurait être rendu plus parfait au moyen d’une opération quelconque. C’est une vérité très simple que celle-ci, mais c’en est une qui coupe à sa racine et renverse tout un système de pensées et de sentiments, qui mettrait quoi que ce soit entre nos âmes et Christ. Ce n’est pas que Dieu ne puisse révéler davantage à la créature qu’il n’a révélé jusqu’à présent, et ne puisse faire des choses meilleures que ce qui a eu lieu précédemment. Et c’est ce qu’il fait : le second Adam est évidemment infiniment plus excellent que le premier. Mais la chose qu’il établit est absolument parfaite comme l’expression de sa pensée dans cette chose. L’homme ne peut ni l’améliorer ni y rien ajouter. La chose établie pour nous est la manifestation parfaite de Dieu en Christ ; donc la notion de développement est ou le rejet du véritable objet présenté ou un blasphème. C’est ainsi que Jean dit ce qui était dès le commencement, quand il voulait maintenir les saints en sûreté. Mais même quant à la gloire considérée comme placée sous la responsabilité de l’homme, elle passe. Dieu lui-même t’avait plantée, « un cep exquis, une toute vraie semence ; comment t’es-tu changée pour moi en sarments dégénérés d’une vigne étrangère ? » (Jér. 2:21). Et d’où cela vient-il donc ? De ce que, dès le moment que quelque chose est confié aux mains de l’homme, il y manque.

Ensuite nous trouvons un autre principe. Une fois la chute arrivée, Dieu use du pouvoir de Satan, agissant par le moyen de l’hostilité du monde pour deux fins : — 1° pour exercer la vie divine dans le saint ; 2° pour arrêter un éloignement plus grand du Seigneur. C’est ici « la tribulation » qu’ils devaient subir et c’est ainsi que, lorsque nous venons à Smyrne, nous entendons parler de persécutions. Si vous prenez l’histoire de la vie de Christ, c’était un exercice d’épreuve et de souffrance jusqu’à ce qu’il eût atteint la croix ; ce n’était pas qu’il en eût besoin pour être délivré de quelque mal existant ; cela ne faisait que manifester plus pleinement sa perfection, afin qu’il fût amené à la perfection comme homme dans le juste résultat en gloire de ce qu’il était moralement. « Quoiqu’il fût Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes ». La manifestation de tout ce qui était en lui a été accomplie par l’opposition et le mépris. Sa voie devenait de plus en plus obscure à mesure qu’il approchait de la croix. Il avait Satan à vaincre : « à celui qui vaincra, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi aussi j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône ».

Le second but pour lequel Dieu use du pouvoir de Satan pour persécuter et éprouver les saints, c’est pour les empêcher de s’éloigner davantage de lui. Si les circonstances sont prospères, le coeur du saint tend constamment à se reposer en elles, parce que la chair se tourne naturellement vers ce qui lui est agréable dans le monde pour s’y reposer, d’où résulte un déclin de vitalité intérieure ; mais cette tendance serait fâcheuse ; aussi Dieu dit-il : « Levez-vous et allez-vous-en ! car ce n’est pas ici un lieu de repos, à cause de la souillure ». La persécution est le partage naturel de l’Église, tant qu’elle est ici-bas dans un monde de péché. Lorsque l’Église voulut prendre du repos au commencement, Dieu fut bientôt obligé de permettre qu’elle fût persécutée.

Dans l’Évangile de Matthieu, le Seigneur explique d’une manière admirable l’esprit et le caractère du Royaume dans le Sermon sur la montagne. « Bienheureux les pauvres en esprit ». « Bienheureux les débonnaires ». « Bienheureux ceux qui sont purs de coeur », etc. La bénédiction caractérise le Royaume, et Dieu montrait ce qui à ses yeux était bienheureux. C’était précisément, lors du Sermon sur la montagne, que la grâce de Christ commençait à se manifester, en dévoilant les conséquences naturelles des principes et du caractère moral de son royaume. Les miracles qu’il avait déjà faits avaient attiré l’attention des multitudes de toutes les contrées d’alentour, et là-dessus il explique à ceux qui l’écoutaient, l’esprit et la vraie nature du Royaume, dont ils s’étaient formé une tout autre idée, et leur dit qui sont les bienheureux, tandis qu’à la fin de cet Évangile, au chapitre 23, il ne s’agit plus de bénédiction, mais de : malheur à vous ! malheur à vous ! « Voici, votre maison vous est laissée déserte. Car je vous dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Et cela provenait de ce que l’opposition de l’homme avait été pleinement mise en évidence par la manifestation parfaite de ce que Christ était. Le commencement de l’Évangile de Matthieu était l’épanchement naturel de son coeur, le cours de sa vie mettait pleinement en évidence ce qui était dans leurs coeurs. « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, etc… »

Mais revenons à notre sujet. Dieu nous dispense des tribulations, de l’opposition du dehors, pour développer la grâce dans l’homme et pour mettre obstacle à notre tendance constante de nous éloigner de Lui ; dans le cas de Christ, c’était toujours et exclusivement la manifestation de la grâce qui était en Lui. C’est ainsi que Dieu se sert de Satan comme d’un instrument, pour opérer de la bénédiction même pour l’Église. Voyez Job, par exemple, et comment Dieu se sert merveilleusement de Satan à son égard pour le bénir. C’est Dieu qui commence la conversation avec Satan, sachant d’avance parfaitement ce qu’il voulait en agissant ainsi ; et il lui dit : « As-tu considéré mon serviteur Job ? » La malice de Satan était toute disposée à le tourmenter et à le persécuter ; mais Dieu se sert de cette malice de Satan pour amener Job à ce qui était nécessaire pour son bonheur, c’est-à-dire à connaître le mal qui était dans son coeur, qu’il n’aurait pas appris à connaître ainsi d’aucune autre manière. Puis voyez Paul : il fut ravi au troisième ciel, pour y acquérir le sentiment de la puissance de Dieu qu’il lui fallait pour son ministère particulier envers l’Église et le monde, et une révélation de la gloire de Jésus qui le soutînt dans toutes les épreuves par lesquelles il devait inévitablement passer. Or quel usage la chair ferait-elle de tout ceci ? Elle s’enflerait et dirait : « Maintenant, Paul, tu as été au troisième ciel et il n’y a eu nul autre que toi qui y ait été ». Aussi il lui fut mis une écharde dans la chair, un ange ou un messager de Satan pour le souffleter, et il pria trois fois le Seigneur pour qu’elle se retirât de lui ; mais non, ceci ne se pouvait pas, de peur que Paul ne s’élevât outre mesure ; mais il reçoit l’assurance que la grâce du Seigneur lui suffit. Ce qui devenait la force de Paul quant à lui, c’était ce par quoi il avait appris à connaître sa propre faiblesse : « l’écharde dans la chair, l’ange de Satan pour le souffleter », car dans ce cas il s’agissait de la grâce et de la force de Christ et non pas de celles de Paul.

Or maintenant aussi Paul peut dire : « Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi ».

Il semble étonnant que Dieu se serve de Satan comme instrument pour éprouver les saints ; toutefois il le fait comme nous le voyons ici ; car il ne dit point : « Je vous jetterai en prison » ; mais : « le Diable mettra quelques-uns de vous en prison ». Or le Seigneur n’aurait-il pas pu l’empêcher ? Sans doute, mais comme l’épreuve était nécessaire, s’il eût empêché le Diable d’agir ainsi, il les eût privés des bénédictions qui devaient résulter de cette épreuve. Voyez encore le cas de Pierre. Le Seigneur dit : « Satan a désiré vous avoir pour vous cribler comme on crible le blé ; mais j’ai prié pour toi ». Qu’est-ce que le Seigneur a demandé ? Que Pierre ne fût point criblé ? Nullement ; Pierre avait besoin d’être criblé, parce qu’il avait confiance en la chair ; mais le Seigneur avait prié que sa foi ne défaillît point, c’est-à-dire que Pierre fût soutenu dans son épreuve et qu’il obtînt la bénédiction qui lui était réservée. Or c’est à ceci que Pierre fait allusion quand il dit : « Que l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt, et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ ». Et lorsque Satan aurait, par ce crible, séparé la balle d’avec le bon grain, alors le Seigneur se servirait de Pierre comme il le lui dit : « Toi donc, quand tu seras revenu, fortifie tes frères ».

Une fois en chute, ayant abandonné son premier amour, l’Église avait besoin d’être mise dans la fournaise pour empêcher que le monde, ses attraits et tout le mal qui s’y trouve n’exerçassent leur influence sur ses mauvaises tendances à elle-même, tant qu’elle était dans ce corps de péché et de mort. Tant qu’elle marchait dans la fraîcheur de « son premier amour », le monde n’avait point de pouvoir sur elle ; Christ était trop vivement l’objet de son coeur pour qu’elle pût se laisser entraîner à d’autres affections, qui laissent le coeur ouvert aux raisonnements de l’incrédulité ; mais lorsqu’elle eut abandonné son « premier amour », l’Église devint la proie de sa propre chair de péché, sur laquelle agissait le mal qui l’entourait ; c’est pourquoi elle devait entrer dans la fournaise, où Satan persécute, afin de l’empêcher de tomber dans une position encore plus dangereuse, dans le monde où Satan demeure.

Vers. 9. « Je connais ta tribulation et ta pauvreté, mais tu es riche ». L’Église était pauvre et misérable en apparence, lors de son établissement. Abandonnant leur premier amour, les chrétiens étaient en danger de tomber dans le courant des raisonnements du monde ; le Seigneur en lâche le Prince contre eux et ainsi ils deviennent insignifiants et pauvres aux yeux du monde, position à laquelle l’opposition du monde réduit les saints. « Mais tu es riche », dit le Seigneur. Ils étaient quelques pauvres méprisés au commencement : mais maintenant ils s’étaient multipliés dans le monde et accrus, et dès lors, il y avait la tendance à se reposer sur l’effet déjà produit et non pas sur le Seigneur ; mais le Seigneur les aimant trop pour tolérer cela, doit les faire traverser la fournaise, pour leur apprendre à se reposer sur lui ; car il ramènera l’Église entièrement à sa part à elle, et à cet effet il se sert de l’hostilité du monde pour l’obliger à revenir à ses propres espérances et à ses privilèges. Autrement il pourrait paraître étrange que le Seigneur laissât les saints exposés à « une tribulation de dix jours », si ce n’était pour leur apprendre que c’était le ciel et non pas la terre qui était leur partage ; qu’ils n’avaient pas à rester sur la terre, mais à la traverser en pèlerins et voyageurs pour le glorifier, lui qui, lorsqu’il était ici-bas, était étranger, et qui maintenant dans la gloire est étranger au monde comme tel. Eh bien ! comme nous le disions, il semblerait étrange que l’Église eût besoin de persécution, n’était-ce qu’elle avait besoin d’être amenée à la conscience profonde de l’état dont elle était si profondément déchue. C’est pour cette raison que Christ avait permis, non seulement que le Diable en jetât quelques-uns en prison, mais encore qu’il dit : « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie ». Il se peut qu’ils soient martyrs, et puis ? Jésus leur donne la couronne de vie. L’Église s’était glissée dans le monde, mais là où il y avait de la foi vivante, il y avait des martyrs ; il en est exactement de même de nos jours. Les chrétiens recherchent exactement les mêmes choses que le monde : des richesses, du pouvoir et de l’influence, — précisément trois choses que le Seigneur n’avait pas. Or peut-on m’appeler étranger, là où j’ai du pouvoir et de l’influence ? Non, certes, et si le Seigneur fait tourner le courant contre eux, alors ils ont à passer par la fournaise. Il faut que l’Église renonce à un Christ céleste, et à un Christ crucifié, pour accepter, de quelque manière que ce soit, le monde comme sa part. L’Église de Dieu ne peut pas réunir le monde et la religion sans perdre sa véritable nature.

L’objet du judaïsme était d’associer la religion avec ce monde, avec la terre ; c’était ainsi que Dieu voulait essayer, si l’homme pouvait être attiré à lui au moyen de choses terrestres qui fussent en rapport avec lui. Dans ce but Dieu leur donna un temple magnifique, de superbes costumes, des cérémonies splendides, de la musique et des chants, afin de se rattacher les goûts et les sentiments naturels ; mais tout cela, remarquez-le, avait besoin d’une sacrificature entre eux et Dieu ; car il ne s’agissait pas de la présence de Dieu comme lumière dans le ciel ; et les choses terrestres ne font que tenir l’âme à distance de Dieu. Où que ce soit que le monde et la religion soient liés, la sacrificature doit intervenir, parce que, du moment où vous avez l’homme tel qu’il est, il ne peut se tenir devant Dieu, dans Sa lumière ; il a, par conséquent, besoin d’un sacrificateur. Mais maintenant, nous avons été rapprochés, nous pouvons nous tenir dans la lumière comme Dieu est dans la lumière ; nous sommes sacrificateurs : et quant à notre position devant Dieu, il n’est plus besoin d’une sacrificature entre Dieu et nous. Christ a souffert hors de la porte ; et du moment que le sang de Christ, par lequel nous sommes sanctifiés, a été porté dans le lieu saint devant Dieu, nous sommes en rapport avec les lieux célestes, et nous ne le sommes plus avec une cité terrestre ; il n’y a plus de cité sainte actuellement ; et nous sommes placés entièrement hors du monde et du monde rendu religieux selon la chair, car le camp est cela. « Sortons donc vers lui hors du camp », et entrons avec lui au dedans du voile. C’était précisément ce que l’Apôtre enseignait aux Hébreux : ils ne pouvaient continuer à suivre une religion qui tenait au monde ; ils ne pouvaient continuer avec le judaïsme qui était la religion terrestre de Dieu. Aussi l’Apôtre dit-il : « Si j’ai connu Christ selon la chair, je ne le connais plus ainsi ». Christ était maintenant pour lui un Christ exclusivement céleste. Des ordonnances charnelles mettaient l’homme en rapport avec Dieu sous le judaïsme ; mais Christ étant rejeté, ceux qui le suivent ont sa place, celle d’acceptation au ciel et de rejet sur la terre. — La croix ou le ciel. Maintenant il n’y a plus de milieu — le Christ est entièrement céleste et nous sommes ressuscités, afin d’être assis dans les lieux célestes en lui. Du moment que l’Église perd le sens de sa place céleste en Christ, le Seigneur, dans son amour fidèle, lâche la puissance de Satan sur nous, afin que nous apprenions que ce monde que nous cherchons à rendre religieux, est l’endroit même où Satan a son trône. Il va sans dire que nous ne manquerons pas de voir le monde et ses pensées à l’égard de la religion nous être entièrement opposés ; mais dans ce cas nous aurons Christ et ses pensées avec nous ; car il nous dit : « Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir », « je suis le premier et le dernier, qui a été mort, et qui a repris vie ». Jésus se présente à cette Église sous le caractère de Celui qui a été mort et qui est vivant. Christ n’est pas seulement divin — Christ n’est pas seulement Dieu, mais « il est encore Celui qui a été mort, et voici, il est vivant pour toujours ». Considéré comme homme, il a été rejeté et retranché, de manière que, comme pour Marie de Magdala, il nous faut ou un sépulcre vide, ou Jésus ressuscité. Si votre coeur est fixé sur Christ, tout ce que vous trouverez dans ce monde, n’est que le sépulcre de Jésus, un sépulcre vide. Nous n’avons donc pas affaire avec ce monde, car si nous sommes en Esprit avec notre Chef dans le ciel, c’est là que nous avons toutes nos bénédictions. Mais alors c’est une difficulté constante, dans un monde tel que celui-ci, d’avoir le coeur et l’âme au ciel et de les y tenir ; cependant c’est ce qu’il faut, car si nous ne sommes pas attachés au monde, le monde s’attachera spontanément à nous ; et si la chute arrive et que le premier amour soit abandonné, alors la tribulation devra intervenir, pour que nous ne soyons pas condamnés avec le monde. Tel était le cas de l’Église ; elle avait abandonné son premier amour ; c’est pourquoi il fallait qu’elle passât par cette voie d’épreuves, afin de se souvenir qu’elle n’était pas du monde. Le judaïsme s’était introduit furtivement, et d’autre part, le développement, « s’ingérant dans des choses qu’il n’a pas vues, enflé d’un vain orgueil par les pensées de sa chair ». Au lieu d’être quelques méprisés, un petit troupeau, leur nombre s’accroissait d’une manière étonnante, de manière qu’ils avaient belle apparence selon la chair. Qu’en résulta-t-il bientôt ? Une organisation selon le modèle de la hiérarchie juive qui se reproduit sous le nom chrétien. Mais alors la persécution intervient et s’abat sur tous comme une tempête ; mais s’il y a persécution jusqu’à la mort même, là où se trouve une foi vivante en un Seigneur vivant, même si elle conduit à la mort ici-bas, on n’aura rien à souffrir de la seconde mort. L’histoire de l’Église de ces temps-là prouve que la puissance vivante et la vérité dans l’Église résidaient, non dans ses docteurs, mais dans ses martyrs.


2.4 - Pergame

« Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan ». Ici le mal se présente sous un autre caractère qui est plus subtil. Le Seigneur reconnaît tout ce qu’il peut reconnaître. L’Église avait traversé la persécution et elle était demeurée fidèle : « Tu tiens ferme mon nom, et tu n’as pas renié ma foi, même dans les jours dans lesquels Antipas, mon fidèle témoin, a été mis à mort ». Mais maintenant ce n’est plus seulement la persécution du dehors de la part du monde (elle assaillait, mais purifiait l’Église), il y a la corruption doctrinale au dedans. L’Église de Dieu est placée dans une position de responsabilité dans le monde, où est le trône de Satan et où elle est tenue de maintenir son vrai caractère. Quand elle cesse de le présenter, le monde cesse de persécuter et elle y habite ; c’est ce qui lui est arrivé dans le temps que nous considérons, et elle y a toujours habité depuis. Il n’est pas question ici de conduite individuelle, mais de la position de l’Église comme corps.

Il y a des gens qui s’imaginent que Satan a cessé d’être le prince de ce monde quand Christ fut crucifié ; or je dirais, au contraire, que c’est à la croix de Christ que Satan est devenu, dans toute la portée du mot, le Prince de ce monde. Il le fut toujours réellement quant au coeur de l’homme ; mais jusqu’au rejet de Christ, on aurait pu encore espérer que l’emploi de quelque moyen pourrait faire naître quelque bien dans le coeur de l’homme ; mais la croix démontra et détermina l’asservissement de l’homme à Satan, de manière à prouver que rien ne l’en pouvait délivrer. En effet, la croix était virtuellement la destruction de son empire, car Christ y vainquit celui qui avait l’empire de la mort, savoir le Diable. Alors, dans un sens, quant à l’accomplissement de l’oeuvre, par laquelle cette victoire devait avoir lieu en vue de la justice devant Dieu, son pouvoir cessa ; il eut la tête brisée, bien que le résultat de cette oeuvre accomplie ne soit pas encore introduit en puissance. Le système juif avait placé l’homme sous la responsabilité par la loi et l’avait éprouvé sur le terrain de l’obéissance ; or là il avait manqué ; mais il est tenté de croire que, s’il pouvait faire tout ce qui lui plairait, il rétablirait tout. Il fut encore mis à l’épreuve dans cette position, la puissance lui fut remise entre les mains dans la personne de Nébucadnetsar. L’homme ne sut se maintenir ni dans la première, ni dans la seconde de ces deux conditions ; ni dans celle des Juifs, ni comme représentant du pouvoir impérial. Satan risqua le tout pour se défaire de Christ et cela n’aboutit qu’à sa propre défaite ; cependant il lui est encore laissé un temps pour gouverner le monde qui, sous ses formes universelles et variées, est l’instrument de Satan, comme cela se voit à la crucifixion. Satan, le prince de ce monde, vint et ne trouva rien en Christ, mais les principaux sacrificateurs, les Pharisiens, Ponce Pilate, les Juifs et la puissance gentile, tous étaient conduits par lui, et même, ayant peur de son empire qui se manifestait dans le monde, les propres disciples de Jésus l’abandonnèrent. En un mot, le monde entier a été amené par Satan à rejeter le Christ. Et depuis ce moment Satan est le prince manifeste de ce monde ; car jusqu’à ce que Christ eût été rejeté par le monde, Satan ne pouvait être déclaré prince du monde. Le Seigneur lui-même le reconnut comme tel, en l’appelant de ce nom et en disant : « Maintenant est le jugement du monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors ». « Le prince de ce monde vient et il n’a rien en moi ».

L’Église de Dieu a été complètement retirée du monde, pour être associée à Celui que Dieu a établi Chef dans le ciel ; c’est pourquoi les chrétiens n’ont que faire de demeurer comme s’ils étaient chez eux, là où est le trône de Satan. Mais hélas ! l’Église a, de fait, négligé de retenir la Tête et a assumé un caractère terrestre : Si « pour moi vivre, c’est Christ », ce n’est pas Christ que de s’en tenir à la religion du monde ; car il faut à l’homme dans la chair quelque chose entre lui et la Tête. Il y a une différence des plus absolues entre le chrétien et la religion du monde. « Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances ? » Il faut à un homme du monde des ordonnances : comment se conduirait-il religieusement sans elles ? Mais des ordonnances ne sont pas Christ ; elles ont été clouées à sa croix. Il n’y a possibilité d’échapper à la religion du monde, aux ordonnances et autres choses semblables, qu’en connaissant la puissance d’un Christ mort et ressuscité et en marchant selon cette puissance. L’homme dans la chair doit avoir une religion consistant en ordonnances entre lui et Dieu ; mais s’il est uni à la Tête dans le ciel, il n’a besoin de rien pour être approché davantage ; et s’il n’est pas uni à la Tête, il est séparé de Christ ; placez quoi que ce soit entre Christ et l’âme, tout est perdu ; la position change totalement.

Cette tendance corrompue de s’associer avec le monde amena la persécution ; mais avec elle la promesse qui y correspondait : « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie ». Il est parfaitement vrai que le Seigneur suscite des épreuves, mais vous ne trouverez jamais qu’il acquiesce moralement au mal. Il ne peut tenter par des doctrines mauvaises. Le Seigneur leur avait enseigné qu’il y avait du mal dans cette association corrompue avec le monde, en rendant le monde persécuteur ; mais jamais il n’eût pu, lui, envoyer le mauvais enseignement de Balaam ; car il serait impossible de dire que, en vérité, Christ envoie la tentation morale comme une verge pour discipliner les saints. Il peut la permettre dans sa sainte sagesse. L’effort de l’Ennemi à Pergame, ne ressemblait pas à la tribulation dont il est parlé à Smyrne. À Pergame, Balaam voulait les associer religieusement avec le monde, mal plus déplorable que la puissance de Satan persécutant ouvertement.

À Éphèse nous avions le commencement de la chute : l’abandon du premier amour. À Smyrne, ils sont dans la fournaise. La persécution n’avait pas atteint le but de Satan. La fidélité, même jusqu’à la mort, avait donné aux fidèles la couronne du martyre ; mais ici, à Pergame, surgit un nouveau danger : ils habitaient là où était le trône de Satan : le monde est la place du trône de Satan ; et maintenant la corruption agréable à la chair, associant l’Église avec le monde, est enseignée : l’ennemi travaille au dedans : « Tu as là des gens qui tiennent la doctrine de Balaam ».

Il y a une différence énorme et très instructive entre la persécution de Smyrne et la séduction de Pergame. À Smyrne le Seigneur dit : « Le Diable va jeter quelques-uns de vous en prison afin que vous soyez éprouvés… Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie ». Je suis mort pour vous, et maintenant soyez fidèles jusqu’à la mort pour moi.

À Smyrne le Seigneur n’intervenait pas pour empêcher les conséquences de la position dans laquelle ils étaient, mais il les a employées pour maintenir le vrai caractère de l’Église à son déclin, en donnant l’assurance d’une promesse éternelle et céleste, une couronne au fidèle. Mais à Pergame, le fait qu’ils habitent dans le lieu où était le trône de Satan se manifeste d’une autre manière. Et le Seigneur ne pouvait pas, à moins de juger le monde, ôter le piège en agissant sur le monde lui-même. Vous avez là la subtilité satanique agissant de concert avec le monde et par son esprit dans l’Église : un faux prophète l’amenant à s’associer avec le lieu du trône de Satan, où l’Église habitait, savoir le monde qui a cessé d’être persécuteur. Vous avez ici Balaam ; ce n’est pas encore Jésabel.

C’est un bien terrible et épouvantable caractère que celui de Balaam. La question avait déjà été soulevée, en conséquence de la chute d’Israël, si Dieu les introduirait dans la terre de la promesse ; si Satan, par le moyen de ses instruments, Balak et Balaam, n’empêcherait pas l’entrée d’Israël en Canaan. Leur effort était d’amener Jéhovah à maudire Israël ; mais ils ne le purent, car, quand il s’agissait de l’accusateur, « Dieu ne vit pas d’injustice en Israël » ; il ne fut pas possible non plus d’user de la puissance de Satan contre le peuple de Dieu, comme dit Balaam : « Il n’y a pas d’enchantement contre Jacob, ni de divination contre Israël ». Dieu retint les lèvres de Balaam et le força à prononcer malgré lui des bénédictions au lieu de malédictions. « Résistez au Diable, et il s’enfuira de vous ». Lorsque le Diable vient comme adversaire, il n’a pas de pouvoir ; le secret de son pouvoir consiste à venir comme tentateur et séducteur. Satan n’ayant pu réussir à obtenir que Jéhovah maudît Israël, il séduit le peuple et l’entraîne dans le péché, en l’amenant « à manger des choses sacrifiées aux idoles et à commettre la fornication », et alors comment le Dieu saint les introduirait-il dans le pays ? (voir Nomb. 25).

À Pergame, Satan s’insinue dans l’Église comme Satan séducteur ; tandis qu’à Smyrne il reste en dehors d’elle comme Satan persécuteur. Aussi à Smyrne l’exhortation est-elle : « Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir ». La faiblesse et le danger sont dans la crainte. Lorsque le saint est hors de la persécution, il tremble souvent quand il y regarde et s’épouvante ; mais quand il s’y trouve en plein, s’il a la foi, du sein de l’épreuve il élève ses yeux vers Dieu, et trouve qu’il n’a jamais été aussi heureux. Il est ainsi séparé du monde et apprend à sentir ce qu’est sa propre part. Mais lorsque l’Église habite sur le territoire de Satan, s’il n’a pas ce caractère de persécuteur, il lui donne autant du monde qu’il peut (car, comme Satan le dit : « Cette autorité m’a été donnée et je la donne à qui je veux ») ; et si l’on peut dire du monde : « tu as enrichi l’Église », alors, au lieu de la Tête ressuscitée, c’est le monde qui aura le coeur de l’Église ; « car où est notre trésor, là aussi sera notre cceur ». Balaam était prophète, quoique faux prophète ; il pouvait se servir du nom de Jéhovah, et il déclare qu’il ne peut dire que ce que l’Éternel lui aura dit ; et nous voyons que son esprit pénètre dans l’Église pour la mettre à l’aise dans le monde. Le méchant serviteur qui dit dans son coeur : « Mon maître tarde à venir », et qui se met à manger et à boire avec les ivrognes, fut traité comme étant encore serviteur, quoique méchant serviteur. Si Satan peut seulement mettre un chrétien à son aise dans le monde, son but est atteint. On peut ensuite aller et manger dans les temples des idoles.

Dans la doctrine des Nicolaïtes, nous avons la chair agissant dans l’Église de Dieu ; et en Balaam, c’est l’esprit du monde introduit par le faux prophète ; il entre et d’une façon séduisante, pour induire l’Église à s’associer au monde, et la rendre tranquille et à l’aise au milieu d’un monde qui a tué Christ.

Nous avons en Balaam un docteur, une espèce d’instructeur religieux, comme il est dit : « Des gens qui tiennent la doctrine de Balaam, lequel enseignait à Balak à jeter une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël ». « Ainsi tu en as, toi aussi, qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes ». Dans le premier cas, à Éphèse, c’étaient « les oeuvres des Nicolaïtes », mais ici c’est une doctrine, autorisant de mauvaises oeuvres — l’antinomianisme, et pis que cela, — ce qui n’était pas contre la loi seulement, mais contre Christ ; une corruption au dedans, produite par l’association avec le monde au dehors. C’est une chose fort triste (et nos coeurs devraient porter le fardeau de ce qui se passe au dedans de l’Église) de voir la manière dont l’Église décline encore, lorsque la tribulation avait relevé son éclat pour Dieu, après que sa chute eut commencé en Éphèse. La racine du mal étant là, le retour au bien-être l’a rendue satisfaite de demeurer là où était le trône de Satan ; et ainsi la porte se trouva naturellement ouverte à la fausse doctrine, la fausse doctrine liant la chair à la spiritualité, ce qui est le véritable antinomianisme. C’est pourquoi Satan n’a pas le désir de persécuter quand il peut corrompre ; car les persécutions de Satan poussent l’âme vers Dieu, tandis que ses corruptions séductrices éloignent imperceptiblement l’âme de Dieu. Il n’y avait pas encore la pleine maturité du mal, comme au temps de Jésabel, mais seulement l’enseignement de la doctrine qui permettait ces mauvaises oeuvres. L’Église suivante nous montrera les enfants nés de ce mal, le mal étant moralement leur lieu de naissance.

Nous voyons que l’oeil et le coeur du Seigneur, les avaient suivis là où ils habitaient, jusqu’au trône même de Satan, comme il est dit : « Je sais où tu habites ». Il les appelle à sortir de cet esprit d’association avec le mal par cette parole d’avertissement : « Repens-toi donc : autrement je viens à toi promptement, et je combattrai contre eux par l’épée de ma bouche ». Ici il est parlé de la Parole d’une manière judiciaire, comme d’une épée qui sort de la bouche du Seigneur. Dans un semblable état de choses, la Parole de Dieu est la source à laquelle le saint a recours. Les promesses deviennent beaucoup plus individuelles : « à celui qui vaincra, je lui donnerai de la manne cachée » : c’était une fidélité cachée qui devait être soutenue par la promesse d’une manne cachée, fidélité manifestée, à la vérité, dans un sens, parce que les fruits étaient vus par tous ceux qui étaient à l’entour. L’Église comme corps habitait dans le monde ; alors comme conséquence nécessaire, il faut cette vie cachée du fidèle avec Dieu dans la puissance de la Parole. C’est le lien intérieur avec ce qui ne change jamais dans son caractère, et qui soutient la fidélité intime envers Dieu. Quelle différence entre cette vie et l’emploi judiciaire de la Parole, dans laquelle Jésus combat contre l’Église par l’épée de sa bouche (les membres vivants étant unis à Christ, qui a souffert sur la terre, mais qui est maintenant dans le ciel).

La manne signifie le Fils de Dieu fait chair pour donner la vie à nos âmes, son entrée en humiliation dans toutes nos circonstances, et elle est la provision pour la marche journalière à travers le désert ; car il est parlé de la manne en connexion avec Jésus, le pain de vie envoyé du ciel : « Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel » (Jean 6). Mais qu’est-ce donc que la manne cachée ? La manne pour Israël était répandue autour du camp, on devait la recueillir chaque jour pour s’en nourrir ; de même Christ doit être la provision journalière de l’âme pendant que nous sommes dans le désert du monde ; mais ce n’est pas là la manne cachée. Il devait y avoir une cruche d’or remplie de manne, placée devant Dieu, et quand les Israélites furent entrés au pays, ils devaient avoir le mémorial de ce dont ils avaient joui dans le désert. Cette manne cachée est le souvenir d’un Christ souffrant ici-bas ; le souvenir de ce que Christ a été dans le désert comme homme, homme souffrant, humilié et qui fait les délices éternelles de Dieu dans le ciel. Or dans notre état éternel, celui qui aura vaincu, qui aura été fidèle dans la séparation avec Christ d’avec le monde, aura la jouissance éternelle de la communion avec Dieu dans ses délices en Christ jadis humilié : ce sera la même espèce de délices quoique dans une mesure différente. Si nous marchons fidèlement avec Christ rejeté, au lieu de laisser entrer Balaam dans nos coeurs, nous jouirons de Christ ici-bas ; mais nous ne pouvons jouir de Christ dans nos âmes, si nous sommes mêlés avec l’impiété et le monde. Et si nous prétendons à cela, alors c’est le Nicolaïsme. Mais dans la mesure où nous trouvons et comprenons le secret de ce que Christ était dans le monde, nous nous nourrissons de lui dans nos âmes ; or il n’en peut être ainsi si nous marchons dans l’esprit du monde. Nous ne pouvons même jouir de la présentation de Christ dans les Évangiles, à moins que ce ne soit comme une nourriture pour l’âme. Un homme peut dire que la vérité est très belle, mais si elle ne nourrit que son imagination, elle ne lui fait pas de bien. Dieu n’a pas donné son Fils pour souffrir ici-bas, et servir ensuite d’objet d’amusement, mais afin qu’on fasse de lui sa nourriture.

Le « caillou blanc » donne l’idée générale d’un vote en faveur de quelqu’un : c’est la marque secrète de l’approbation d’une personne par une autre. Il y a dans le ciel des joies publiques, communes à tous, des myriades de voix répétant de concert le cantique de louange. Il y a aussi des joies que nous partageons ensemble en Christ ici-bas, mais il doit être l’objet de nos affections individuelles aussi bien que de nos affections communes. Vous ne pouvez jamais connaître ma joie particulière en Christ, et je ne puis non plus goûter jamais la vôtre ; et cela est vrai des affections les plus élevées : « Un nouveau nom écrit que nul ne connaît, sinon celui qui le reçoit » ; ce nom n’aurait pas de signification pour tout autre que celui à qui il est donné. Christ se révèle à l’âme de telle manière qu’un étranger ne se mêle pas avec sa joie. La joie individuelle, la communion personnelle est distincte de la joie universelle qu’elle renchérit toutefois ; et cette joie individuelle que nous connaissons ici, ne sera jamais interrompue.

Cette promesse, de même que toutes celles faites aux églises, se rapporte au temps futur de la bénédiction céleste ; mais elle est aussi maintenant une source de joie et de force. L’Esprit de Dieu en fait jouir l’âme par anticipation ; et dès maintenant nous pouvons recevoir de Christ ce caillou blanc, cette expression intime et individuelle de sa grâce et de son amour, que d’autres ne peuvent avoir pour moi, et que je ne puis non plus avoir pour eux. Combien cela rend ce « caillou blanc » supérieur à tout le reste ! quelle secrète source de force n’est-ce pas, quand même tout le monde trouve que j’ai tort, si je possède le caillou blanc de l’approbation de Christ, appris dans l’obéissance à la Parole, mais de plus, connu dans le coeur. Mais, je le répète, il faut que je juge tout par la Parole, cette épée de sa bouche, qui détruit la force de toutes les oeuvres de Balaam et nous en purifie. Alors je ne suis pas en peine : Que le monde parle des choses comme il lui plaît, Christ m’a parlé et dans le jour de gloire qui vient, il ratifiera tout ce qu’il m’a dit.

C’est assez triste qu’un Balaam enseigne dans l’Église, mais remarquez qu’il ne peut y avoir aucun trouble parmi les saints, qui ne fasse pas ressortir la fidélité de Celui qui attend pour bénir le vainqueur et amener ainsi l’âme en communion avec Christ, comme rien autre ne saurait le faire. S’il y a un faux enseignement au dedans, la parole est comme dans la persécution ou toute autre occasion : « Il faut vaincre ». « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Assemblées ». C’est le moyen de vaincre le mal, quel qu’il soit, qui assiège l’Église.


2.5 - Thyatire

L’heure m’empêche de faire autre chose que jeter un coup d’oeil sur Thyatire.

Vous avez cette différence, quand Jésabel entre sur la scène : c’est encore une prophétesse, mais elle devient elle-même mère d’enfants ; toute une classe de personnes est née de cette corruption. Aux personnes qui jouaient avec ce mal, avec cette corruption, ou dont les âmes étaient simplement égarées, le Seigneur dit : « Je les punirai, à moins qu’ils ne se repentent ». Mais à ceux dont l’existence morale a sa source dans cette corruption, il dit : Je les tuerai. « Je ferai mourir de mort ses enfants ». Au moment où vous trouvez cette condition de l’Église, comme engendrant la corruption, on voit apparaître le jugement des nations : « elles seront brisées comme sont brisés les vases de poterie » ; et le coeur des croyants est dirigé vers la venue du Seigneur : « Je lui donnerai l’étoile du matin ».

Je suis heureux de terminer par cette promesse, car elle est pleine de bénédiction. En attendant, le Seigneur lui-même devient pour nous la manne cachée. Qu’il nous donne, ainsi qu’à tous les saints d’éviter tout ce qui ressemble à l’esprit et à la doctrine de Balaam. Nous sommes un avec Jésus, membres de son corps, de sa chair et de ses os, et rien ne demeurera que cette union avec Christ. Aussi la connaissance de notre union, et sa réalisation dans nos âmes est la seule sauvegarde contre l’esprit de séduction du jour auquel nous vivons. Que le Seigneur nous donne d’être fidèles à cette précieuse vérité, que nous sommes un avec Celui qui est à la droite de Dieu. Alors, si les hommes tâchent de se placer entre moi et Dieu par leurs ordonnances et leur sacrificature, je puis dire : « Non ; j’ai été amené trop près de Dieu, pour que vous vous placiez entre nous, trop près aussi, pour que vous puissiez me rapprocher davantage de Lui. C’est là que la grâce m’a placé. Tout le reste est un pitoyable non-sens ». Nous sommes appelés à juger le mal dans l’Église, car Dieu ne peut accepter Balaam et Jésabel, si nous, nous le pouvons. Que le Seigneur nous donne donc de nous souvenir que, quand l’Église vient à être infidèle, nous sommes appelés à porter un jugement et à vaincre. Nous sommes spécialement invités à prendre garde à ceci, au temps où nous vivons, savoir que l’Église, étant elle-même sous le jugement, ne peut être une garantie pour la foi, ou pour quelque autre chose que ce soit.


3 - Quatrième méditation — THYATIRE (Suite)

J’ai fait allusion en quelques mots, dans la dernière soirée, à l’Église de Thyatire, à cause du rapport entre Balaam et Jésabel : Balaam est un prophète agissant parmi les saints pour les séduire, et Jésabel une prophétesse, établie au dedans. Dans le dernier cas le mal a encore empiré ; il ne s’agit plus de séduction simplement, mais d’un enfantement. Il y a des enfants issus de cette corruption.

Maintenant nous venons, dans cette partie du chapitre, comme sur un terrain nouveau. Deux choses le caractérisent. L’Esprit de Dieu, qui s’élève bien au-dessus de toute notre ruine, dirige l’oeil du résidu fidèle vers la venue du Seigneur Jésus ; et l’expression : « que celui qui a des oreilles, écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées », ne se rattache plus à ce qui s’adresse à l’Église en général, mais elle vient à la suite des promesses faites à ceux qui vaincront. Ceci fait ressortir la séparation du résidu d’avec le corps, en général, et la position du résidu est indiquée d’une manière spéciale, comme n’étant plus en rapport avec le corps général de l’Église, mais avec la place de ceux auxquels la promesse est faite : « À celui qui vaincra, etc ». Dans la lettre à cette église et aux trois suivantes, l’exhortation à écouter est placée après la promesse particulière.

Le principe distinctif, introduit, comme nous l’avons vu, dans la dernière église, celle de Pergame, est que le monde est la place du trône de Satan ; donc l’Église doit être dans l’une de ces deux positions : une Église persécutée, souffrant dans le monde à cause de sa fidélité, ou bien elle doit perdre ce caractère et en venir à céder au monde et à marcher avec lui.

Nous avons vu, à Éphèse, le commencement de la ruine : « tu as abandonné ton premier amour », — à Smyrne, la persécution : « le Diable jettera quelques-uns de vous en prison », afin de les purifier pour Dieu ; — à Pergame, des doctrines corruptrices au dedans, — et toutes ces choses appliquées non pas aux manquements individuels, mais à l’état de l’Église comme corps, et caractérisant ce qu’était l’Église à certaines époques de cette économie. Dans l’épître à Pergame, nous trouvons que l’enseignement séducteur a lieu, mais nous ne le voyons point encore établi au dedans.

Balaam, le faux prophète, séduisait les serviteurs de Dieu et entraînait l’Église dans le monde : « Tu en as là qui retiennent la doctrine de Balaam » ; et c’est à celui qui obtient la victoire, qu’est donnée individuellement la promesse précieuse de la manne cachée et du caillou blanc. Mais maintenant, ici à Thyatire, il y a quelque chose de plus : « Tu laisses faire la femme Jésabel, qui se dit prophétesse … » Ici on tolérait le mal. Nous avons vu que, lorsque Balaam ne put réussir à faire maudire Israël de la part de Dieu, il essaya de les faire tomber dans le malheur, en les associant avec le mal, dans lequel vivait le peuple de l’adversaire. Ici, il en est exactement de même.

Mais cependant à Thyatire, nous avons un état de choses plus terrible encore ; car il n’y avait pas seulement enseignement du mal — c’est-à-dire qu’il n’y en avait pas seulement qui retenaient la doctrine de Balaam, mais il y avait une personne établie au dedans même de l’Église qui avait des enfants, produits de cet égarement ; ce n’est pas seulement qu’on séduit les enfants de Dieu pour les entraîner dans le mal, mais Jésabel est, pour ainsi dire, tellement chez elle là, que des enfants lui sont nés et se trouvent là chez eux, ayant leur origine dans la corruption même. Mais alors, remarquez-le, à mesure que le mal et la méchanceté s’accroissent, nous voyons aussi l’énergie des fidèles augmenter ; car Dieu avait un résidu au milieu du mal, et la fidélité de ce résidu brillait d’un éclat plus vif en raison même de l’épaisseur des ténèbres environnantes.

Nous avons l’exemple de cet état de choses dans l’histoire d’Israël.

En présence du culte idolâtre du veau d’or, et sous une Jésabel persécutrice, des hommes extraordinaires, tels qu’Élie et Élisée, sont suscités avec une puissance particulière de témoignage, manifestant ainsi que Dieu suffit toujours aux besoins de son peuple. Quand le mal en est venu à un tel point, qu’il est impossible que les fidèles marchent avec ce mal ; alors, dans un état de séparation, ils arrivent à un degré de connaissance et de puissance plus avancé que celui où ils étaient, lorsque l’Église était dans une condition plus prospère ; — il se peut que ce soit une condition de plus d’épreuves. Au temps d’Élie, Dieu a maintenu la gloire de son nom d’une manière toute particulière. La nation d’Israël tout entière s’était tellement pervertie, que Dieu l’aurait retranchée ; mais le temps n’était pas encore arrivé. Cependant, bien qu’au temps d’Élie rien ne fût selon l’ordre, qu’il n’y eût ni temple, ni sacrifice, ni sacrificateur au Mont Carmel, néanmoins Dieu était là pour ses quelques fidèles, d’une manière dont le peuple à Jérusalem n’avait ni la connaissance ni la jouissance ; car ces fidèles avaient avec eux la vertu puissante de Dieu, qui rendait témoignage à la parole de son prophète. Tel était aussi le cas de Moïse : il continua fidèlement sa marche avec Dieu, quand tout Israël à l’entour était en ruine. Et ce n’était pas lorsque Israël marchait bien que Moïse était le plus près de Dieu, mais quand tous s’étaient éloignés. Ce fut lorsqu’on avait fait le veau d’or que Moïse prit le tabernacle et le tendit pour soi hors du camp, l’éloignant du camp, et qu’il alla au-devant de Dieu et que l’Éternel parlait avec lui face à face, comme un homme parle avec son intime ami. Et nous voyons, Nombres 12, que l’Éternel en parle, lorsque Aaron et Marie avaient parlé contre Moïse ; Dieu dit : « Pourquoi n’avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse », qui est « fidèle dans toute ma maison ; je parle avec lui bouche à bouche ».

Quand Moïse allait au-devant de Dieu, dans le tabernacle en dehors du camp, il était, pour ainsi dire, plus excellent que lorsque Dieu l’appelait vers Lui au sommet du Sinaï. — Nous trouvons, en effet, comme principe constant dans l’Écriture, que, quand la chute se déclare de la manière la plus évidente et la plus générale, le témoignage et la vertu de Dieu se magnifient d’une manière beaucoup plus éclatante dans ceux qui lui sont fidèles, qu’auparavant dans le corps en masse ; c’est ainsi que Dieu prouve, comme le dit Jéthro, que, « en cela même en quoi ils ont agi présomptueusement (c’est-à-dire dans leur péché et dans leur rébellion contre Dieu) Il a été au-dessus d’eux » (Exode 18:11) en grâce et en puissance. Il en était de même au temps de Jésus, qui était l’exemple le plus précieux et le plus glorieux de ce principe ; car c’était le Seigneur lui-même qui rendait le témoignage le plus complet et le plus précieux de grâce et de justice, ayant trait aux voies du monde et de son peuple, au moment même où Israël et le monde commettaient le plus affreux péché, celui de crucifier le fils de Dieu ; car c’est à l’époque même où Israël s’était engraissé ; où il était disposé à recevoir sept autres esprits plus méchants que celui dont il avait été possédé anciennement ; où il était prêt à tomber dans un dernier état pire que le premier, — c’est à cette époque que Dieu, qui leur avait auparavant parlé en diverses manières, par des sacrifices et des types et des prophètes, leur parla dans le Fils, dans la personne du doux et humble Jésus.

C’est ce qui a lieu quand Jésabel entre en scène à Thyatire. « Je connais tes oeuvres… et tes dernières oeuvres qui dépassent les premières ». En effet, la condition de Thyatire avait poussé les saints à un genre d’énergie qui leur avait été inconnue auparavant. Et c’est ainsi qu’il en a toujours été dans l’histoire de l’Église pendant ce qu’on appelle « les âges de ténèbres ». Nous y trouvons le témoignage le plus fidèle, une telle mesure de dévouement (que, certes, je serais heureux de la constater actuellement d’une manière quelconque) inconnue en d’autres temps, les hommes risquant leur vie pour rendre témoignage à Dieu ; mais combien peu y en a-t-il dans nos jours de paresse et de recherche de bien-être !

« Je connais tes oeuvres, et ton amour, et ta foi, et ton service, et ta patience, et tes dernières oeuvres qui dépassent les premières ». Ici nous voyons agir et l’amour et la foi, ce qui manquait à Éphèse ; aussi, que dit le Seigneur ? Je veux les encourager par l’espérance ; de manière que nous avons ici la foi, l’espérance et l’amour, les trois grands principes du christianisme ; bien qu’ils ne se suivent pas dans l’ordre heureux de l’épître aux Thessaloniciens, on les rencontre néanmoins. Et remarquez combien Dieu est prompt à prendre connaissance de ce qu’il y a de bon, avant même de parler de ce qu’il y a de mauvais.


Nous trouvons ici ce caractère de jugement en Christ : « Voici ce que dit le Fils de Dieu, qui a ses yeux comme une flamme de feu et dont les pieds sont semblables à de l’airain brillant ». Le feu est le symbole du jugement, infaillible, pénétrant partout comme l’oeil de Dieu. Mais que voit-il d’abord ? Sans doute, il sonde d’un coup d’oeil toute l’horreur de ce mal ; toutefois il prend plaisir à signaler ce qui réjouissait son coeur en ses pauvres saints méprisés dont personne ne se souciait, et tandis que ses pieds, semblables à de l’airain brillant, indiquent le caractère invariable de cette justice que Dieu manifeste ici-bas dans ses voies spirituelles envers l’homme et dans ce qu’il exige de lui, et qui, en l’homme, était divinement accomplie en Christ et caractérisait sa personne, cependant l’oeil de Dieu se repose toujours sur la plus petite étincelle de fidélité au milieu du mal. Il n’y a pas un seul battement d’un coeur qui lui est fidèle, quand partout l’iniquité abonde, qui passe inaperçu de lui, et c’est ce qui soutient le coeur au milieu des circonstances les plus adverses. Or il est heureux pour nous de savoir (dans la simplicité de la foi) toute la portée de ces deux petits mots : « Je connais » et de les réaliser en puissance dans nos âmes, marchant ainsi dans la conscience joyeuse que l’oeil de Dieu repose sur notre marche et sur nos voies.


Vers. 20. « Mais j’ai contre toi que tu laisses faire la femme Jésabel », etc. Ici donc l’Église en corps est caractérisée par sa tolérance du mal ; ce n’est plus comme auparavant : « tu ne peux supporter les méchants » ; car il y avait maintenant connivence publique avec cet esprit de mal qui était dans l’Église. C’était descendre bien plus bas que d’avoir seulement un mauvais enseignement au milieu d’eux : « tu laisses faire la femme Jésabel, qui se dit prophétesse, et elle enseigne et égare mes esclaves ». Ils supportaient une femme qui avait un caractère avoué dans l’Église : « elle se disait prophétesse ». Sans doute c’était une fausse prophétesse, mais qui faisait profession de retenir et d’enseigner la parole de Dieu dans l’Église. « Je lui ai donné du temps afin qu’elle se repentît et elle ne veut pas se repentir ». D’où il paraît que Dieu n’agit point immédiatement en jugement avec elle, mais lui donne du temps pour se repentir. Il a patience avec elle, mais elle ne se repent pas. Ce n’est pas avec les nations idolâtres qu’il agit ici ; à elles il prêche l’Évangile pour que les âmes soient gagnées à Christ ; mais ici il y avait une personne qui se disait prophétesse dans l’Église, enseignant les serviteurs de Dieu « pour qu’ils commettent la fornication et mangent des choses sacrifiées aux idoles » ; et Dieu la traite sur le pied de sa profession. Il lui donne du temps pour se repentir de sa fornication et elle ne s’est pas repentie. Il faut donc qu’il exécute le jugement.

Et, remarquez-le, il n’est pas fait mention d’une lampe. Il lui donne du temps pour se repentir ; mais il n’est pas dit : « J’ôterai ta lampe de son lieu, à moins que tu ne te repentes », comme à Éphèse, car Jésabel n’est pas reconnue comme une lampe. Il y a deux caractères du jugement, car ils n’étaient pas tous les enfants de Jésabel. « Commettre adultère » est une figure fréquente dans les Écritures et signifie : frayer avec le mal. La première espèce de jugement, c’est : « Voici, je la jette sur un lit, et ceux qui commettent adultère avec elle dans une grande tribulation, à moins qu’ils ne se repentent de ses oeuvres » ; la seconde : « et je ferai mourir de mort ses enfants ». Il y en a qui ne sont pas ses enfants, mais des personnes qui ont affaire avec elle et qui sont contentes de s’associer au mal et d’avoir communion avec lui ; ceux-là, je les punirai, ils goûteront le fruit de leurs voies « et toutes les assemblées connaîtront que c’est moi qui sonde les reins et les coeurs ». Je saurai distinguer ceux qui sont contents de se laisser entraîner par le mal, et ceux qui se maintiennent dans une position de fidélité à mon égard. Ceux qui ont commis adultère avec elle, ceux qui ont fraternisé avec cet esprit de fausse prophétie, « je les jetterai dans une grande tribulation à moins qu’ils ne se repentent » ; mais ceux qui sont ses enfants, qui ont reçu la position et le nom de chrétiens, en vertu de cette fausse doctrine, encourront un jugement complet et absolu : « je ferai mourir de mort ses enfants ». Pour ceux-ci il n’y a pas seulement tribulation ; ils sont les objets d’un jugement plein et complet ; puisque ceux qui sont nés d’elle seront visités par un jugement immédiat : « je les ferai mourir de mort », le temps leur ayant été donné pour qu’ils se repentissent.

Qu’il est triste de voir des chrétiens, comme on le voit souvent, se permettre des rapports avec un tel mal. Prenez, par exemple, les Galates : il y avait parmi eux des saints qui pactisaient avec le judaïsme, des saints qui tâchaient d’introduire la loi ; ce n’est pas qu’ils ne fussent pas chrétiens, mais ils trempaient dans ce qui était extrêmement odieux au Seigneur. Aussi Paul leur dit-il : « Je suis en perplexité à votre sujet », bien que plus tard sa foi, en les rattachant à leur Chef ressuscité, en vertu de la grâce immanquable de Christ et de leur perfection en Lui, dise : « J’ai confiance à votre égard par le Seigneur ». Ceci exige beaucoup de vigilance, car l’âme est toujours exposée à accepter des principes que Dieu hait. Les Colossiens ne retenaient pas le Chef ; ils laissaient s’interposer quelque chose entre la Tête et les membres. L’apôtre Paul est dans une angoisse extrême, toutes les fois qu’il voit quelque chose s’introduire, tendant à séparer le saint de son union immédiate, propre et personnelle avec Christ. Si c’est un vrai chrétien qui se permet ainsi de transiger avec le mal, il faut qu’il passe par la tribulation pour être purifié pour Dieu ; si c’est un inconverti, il n’a qu’à s’attendre au jugement. C’est une pensée très solennelle, mais très vraie, que Dieu ayant enseigné à ses saints qu’ils sont un avec Christ, celui qui met quelque intermédiaire entre eux et la Tête, nie virtuellement le christianisme. C’était la vérité capitale donnée à Paul, pour qu’il la développât ; et ce qu’il avait reçu d’une manière spéciale du Seigneur : « Je suis Jésus que tu persécutes » ; aussi, quoi que ce fût : oeuvres de loi, sacrificature, ou toute autre chose qui se plaçait entre l’âme et Christ, cela mettait l’esprit de Paul à la torture, puisque c’était nier la grande vérité qu’il avait apprise, la vérité même par laquelle il avait été converti, savoir que l’Église est une avec Christ, « membres de son corps, de sa chair et de ses os ».

Cette précieuse vérité, retenue dans la simplicité de la foi, donne de la puissance à l’âme, chasse toute autre pensée, et pénètre dans toute la vie journalière du chrétien pour juger tout ce qui se place entre son âme et Christ. Si j’étais un Juif, j’aurais besoin de quelque chose sur la terre et de quelqu’un entre moi et Dieu que je ne connais qu’obscurément ; mais je suis un chrétien ; c’est pourquoi tout ce qu’il me faut est dans le ciel. Et de plus, si je suis un chrétien, je suis uni à Christ, je suis un avec Lui, rien ne peut se placer entre nous : ce ne serait rien moins que mettre entièrement de côté le christianisme. Bien des chrétiens s’épouvanteraient, s’ils savaient combien de choses ils mettent entre eux et Christ, niant ainsi virtuellement leur unité avec Christ au ciel. Si vous vouliez placer un sacrificateur ou prêtre sur la terre entre moi et Dieu, ou toute autre personne que Christ dans le ciel, vous m’ôteriez d’un seul coup mon privilège, car si Christ est sacrificateur et que je sois un avec lui, il faut que moi aussi je sois sacrificateur ; mais cette sacrificature s’exerce-t-elle sur la terre ? Non ; sa place est dans le ciel. Une sacrificature terrestre nie doublement le christianisme. Elle rend terrestre le système auquel nous appartenons, ainsi que notre position, et elle nie notre association avec Christ. Si j’étais un Juif, je me rendrais à un temple terrestre, et j’aurais raison : mais je suis un chrétien, et si je vais à Dieu, ce doit être dans le ciel ; étant un avec Christ, je n’ai point de lieu de culte sur la terre, quoique mon corps y soit. Christ en ayant été rejeté, je suis dans le ciel, et si je dois me servir d’un prêtre sur la terre, il faut que je quitte le ciel et que je descende sur la terre pour me servir de lui. La sacrificature s’exerce dans la sphère à laquelle elle appartient ; la sacrificature terrestre convenait, alors que Dieu était entre les Chérubins derrière le voile, sur la terre ; vient ensuite la sacrificature céleste qui s’exerce dans le ciel. Oui, chers amis, si nos âmes sont lavées dans le sang de Christ, tout ce dont il est possible que nous ayons besoin est dans le ciel. « Notre vie est cachée avec le Christ en Dieu », et alors nécessairement il nous convenait d’avoir un tel souverain sacrificateur, « saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux ». Que le Seigneur, dans sa bonté, accorde seulement à sa vérité plus de pouvoir sur nos âmes et alors toutes ces questions de sacrificature terrestre, d’ordonnances, et autres de ce genre, disparaîtraient bientôt. Il me faut ou un véritable sacrificateur (prêtre) au ciel, ou ne pas avoir un vrai Christ pour mon âme.

Remarquez bien le caractère que le Seigneur prend ici, vers. 23 : « C’est moi qui sonde les reins et les coeurs ». C’est comme s’il disait : Vous ne m’échapperez pas, et quelque plausible que puisse être le mal, et quoique vous y mettiez même le nom du Seigneur (comme Israël le fit en donnant le nom de Jéhovah au veau d’or : « C’est ici ton Dieu, ô Israël !… Demain il y aura fête à l’Éternel » (Ex. 32:4, 5), tout ceci n’empêchera point que vous n’encourriez le jugement, parce que vous avez mis mes saints au-dessous de la position où je les avais placés, moi, en Christ et que vous avez corrompu la vérité de Dieu d’une manière idolâtre.

Vers. 24. Dans ce verset et ceux qui suivent, le Seigneur s’occupe du résidu fidèle et nous trouvons par conséquent une manière d’agir différente : « Mais à vous, je dis, aux autres qui sont à Thyatire, autant qu’il y en a qui n’ont pas cette doctrine (de commettre adultère et de manger des choses sacrifiées aux idoles) qui n’ont pas connu les profondeurs de Satan, comme ils disent : je ne vous impose pas d’autre charge ». Cette abstinence du mal, bien que très bénie, ne constitue pourtant pas la croissance de l’âme de force en force jusqu’à sa pleine mesure en Christ. « Mais seulement ce que vous avez, tenez-le ferme ». Je m’en vais faire mourir de mort ses enfants, mais retenez ce que vous avez « jusqu’à ce que je vienne ». C’est ce vers quoi il dirige maintenant leur foi, l’oeil de leurs âmes, savoir vers sa venue. Il ne s’attend pas à ce qu’ils en reviennent au point d’où l’Église est déchue, mais il dirige leurs regards en avant vers sa venue. Je vais exécuter le jugement : « je ferai mourir de mort ses enfants » ; ainsi donc vous ne devez point vous attendre à ce que Jésabel s’améliore ou qu’elle retrouve la condition d’une lampe ; non, vous devez fixer les yeux sur autre chose ; et c’est ici qu’est introduite l’espérance. Cependant elle n’est pas présentée sous la forme brillante et bienheureuse qu’elle avait au commencement, comme chez les Thessaloniciens, qui avaient été convertis des idoles à Dieu « pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre des cieux son Fils ». Ici l’espérance est d’un caractère différent, étant présentée comme un refuge aux fidèles, parce que, « au lieu établi pour la justice, il y a de la méchanceté ». La consolation présentée au milieu de la ruine générale c’est : « Jusqu’à ce que je vienne ». Le Seigneur reconnaît bien « les oeuvres, l’amour, le service, la foi, la patience » qui existent. Ce que vous avez encore est peu de chose, dit-il, cependant « retenez ce que vous avez jusqu’à ce que je vienne ». C’est une chose que la venue du Seigneur soit présentée à quelques fidèles, comme une consolation au milieu du mal et d’un état de l’Église caractérisé par les corruptions de Jésabel ; c’est une autre chose très différente que cette venue soit présentée comme la brillante et bienheureuse espérance de l’Église pour la soutenir et l’élever au-dessus des corruptions du monde. Mais ce n’est pas seulement le fait qu’il vient ; il y a plus, la splendeur de Celui qui vient peut seule satisfaire tous les désirs du coeur.

Vers. 26-28. Ici il signale les conséquences de sa venue pour les nations et pour l’Église. — « Et celui qui vaincra et celui qui gardera mes oeuvres jusqu’à la fin, je lui donnerai autorité sur les nations ». Expression remarquable que celle de : « Je vous donnerai autorité sur les nations » ; nous n’en trouvons pas de pareille à l’époque où l’Église était en pleine prospérité ; mais dès que l’Église professante en est venue à être elle-même l’endroit où les saints sont exposés aux plus graves épreuves ; dès que l’association avec le monde de ce qui porte son nom a rendu cette Église mère des enfants de corruption ; les fidèles, dans un tel état de choses, ont des promesses spéciales, pour servir d’appui à leurs âmes. Nous savons par l’histoire comment, dans les temps les plus obscurs, les hommes de foi ont dû se frayer leur chemin à travers le mal dans l’Église, craignant d’être découverts par ceux qui s’appelaient du nom de l’Église, et soumis à la persécution des puissances, qui gouvernaient la terre. Car l’Église nominale est au fond la puissance de Satan, fondée sur la corruption et exercée par le moyen des nations. Or il en est ainsi ici : ayant la foi et la patience, persévérez à travers toutes les difficultés ; et si Jésabel et ses enfants sont dans l’Église, d’un côté ; et la persécution des nations, de l’autre, il y a promesse d’association avec Jésus lui-même, « l’Étoile brillante du matin », et là où se trouvera la foi à cela, il y aura pouvoir sur les nations. Le monde qui, sous la puissance de Satan, a été l’épreuve des saints, leur sera assujetti : « À celui qui vaincra et qui gardera mes oeuvres jusqu’à la fin », au milieu d’une église en chute, d’une église corrompue, « je lui donnerai autorité sur les nations ». En Matthieu 24, nous avons la même chose quant au principe, quoique ne s’appliquant pas au même moment — « Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé ». « Et je lui donnerai l’étoile du matin ». De sorte que le Seigneur donne au résidu fidèle, en cette position d’épreuve, la conscience particulière de son union avec Lui. La difficulté de la position où ils se trouvaient, était que tous ceux qui les entouraient se tournaient vers Jésabel et sa corruption, pour manger des choses consacrées aux idoles et pour commettre fornication. Et alors ils s’écrient : « Que faut-il que nous fassions ? » À quoi le Seigneur répond : « Suivez-moi, gardez mes oeuvres jusqu’à la fin », et vous aurez ma part à la fin, « comme je l’ai reçue de mon Père ».

Nous trouvons signalés ici deux caractères de la venue du Seigneur. En premier lieu, sa venue en rapport avec le monde, puisqu’il s’agit d’exercer l’autorité sur les nations ; en second lieu, sa venue en rapport avec les saints, comme l’Étoile du matin. Quant au premier de ces deux caractères, le Psaume 2 s’y rapporte au vers. 9. L’Église du Dieu vivant eût dû, par sa marche sur cette terre, juger le monde ; mais maintenant qu’elle a commis fornication avec le monde, elle n’a pas de pouvoir pour le juger ; c’est pourquoi le Seigneur dit : « Il faut que je le fasse, moi », car l’Église n’ayant pas su juger le monde par la sainteté et la séparation de sa marche, le Seigneur est forcé de rendre témoignage à ce qu’est le monde en le jugeant. Si les persécutés se soumettaient à l’autorité du monde, parce qu’elle était ordonnée de Dieu, ils en étaient cependant moralement séparés. Quelle qu’ait été l’influence de Jésabel, ils furent honorés en étant martyrs. Les puissances du monde se ligueront à la fin contre l’Oint de Dieu, mais en dépit de cette opposition le temps viendra où Il revendiquera sa puissance sur les nations. Maintenant il est assis à la droite de Dieu et le Saint Esprit est descendu pour rassembler l’Église, et lorsque l’Église sera enlevée auprès du Seigneur, Il sortira et jugera le monde. « Et moi, j’ai oint mon Roi sur Sion, la montagne de sa sainteté. Je raconterai le décret : Tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré ». Ce n’est pas comme Fils éternel du Père qu’il est ici question de lui, mais comme né dans le monde, comme homme établi en gloire pour gouverner la terre. — « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et pour ta possession les bouts de la terre ». Christ ne fait pas cela maintenant ; à présent il ne demande pas encore le monde (comp. Jean 17:9). Du moment qu’il le fera, le jugement du monde doit s’ensuivre : « Tu les briseras avec un sceptre de fer ». Il ne brise pas encore les nations, mais il envoie son précieux Évangile, pour rassembler des âmes en les retirant du monde, et le Saint Esprit est envoyé ici-bas pour les unir au Seigneur, en formant ainsi l’Église. Mais quand il demandera les nations, ce sera pour les mettre en pièces comme un vase de potier. Ce sera le jugement des vivants. Et c’est à cela qu’a trait l’avertissement à la fin du Psaume 2 : « Et maintenant, ô rois ! etc. Baisez le Fils, de peur qu’il ne s’irrite » ; car si vous ne vous soumettez pas à la grâce de l’Agneau qui vous accorde, dans sa patience, l’occasion de vous repentir, vous devrez fléchir sous la colère de l’Agneau alors : « Tout genou fléchira devant lui ».

Or remarquez quelle est la part de l’Église, comme étant une avec Christ : « À celui qui vaincra, je lui donnerai autorité sur les nations, etc., selon que moi aussi j’ai reçu de mon Père ». Or il est dit de Christ, qu’il les brisera avec un sceptre de fer. Le monde doit être remis en ordre et le Seigneur le jugera, et quand il viendra à cet effet, l’Église sera associée à cette oeuvre ; mais à l’heure qu’il est elle habite où est le trône de Satan, le mal l’environnant de toutes parts ; elle ne peut pas le toucher pour le redresser. Aussi c’est comme si Christ disait à ceux qui lui sont restés fidèles : « Ne vous effrayez point, ne vous inquiétez point des persécutions ; non pas même des corruptions de Jésabel ; gardez mes oeuvres jusqu’à la fin. C’est ici le temps de la patience et d’une humble fidélité ; marchez au milieu du monde comme j’ai marché au milieu d’Israël, et je vous donnerai autorité sur les nations, comme moi aussi je l’ai reçue de la part de mon Père. Cette autorité sera vôtre, quand j’assumerai la mienne et que je régnerai ». C’est ici le caractère spécial d’association avec Christ en puissance.

Mais, en attendant, que nous faut-il faire pour réformer le monde ? Rien ; et c’est ce que la chair ne peut comprendre. Nous n’avons pas à nous mêler avec les nations qui se mutinent, ni à nous engager dans les alliances des nations (tout en nous souvenant que nous avons à être soumis aux puissances comme ordonnées de Dieu, et à leur obéir), ni à nous souiller en touchant aux vices de Jésabel, mais à nous attendre à Dieu : « Gardez mes oeuvres jusqu’à la fin », et à attendre patiemment, car lorsque Christ aura le dessus, nous l’aurons avec lui. Ses intérêts sont les nôtres et les nôtres sont les siens ; ils sont si étroitement unis qu’ils ne peuvent se séparer. La portée de cette expression dans les Colossiens : « Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances ? » est celle-ci : Il est caché en Dieu et moi aussi ; c’est là le raisonnement : Sa vie est la nôtre. « Vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Christ lie si étroitement son état avec le nôtre, que, si lui est caché en Dieu, nous aussi, nous le sommes. Et quand il s’agit de son apparition, il dit de même : « Quand il sera manifesté, alors nous aussi, nous serons manifestés avec lui en gloire ». Étant donc entièrement unis à Christ, pendant qu’il attend sur le trône du Père, nous sommes en esprit appelés à attendre avec lui ici-bas.

Ici je pourrais dire en passant qu’au Psaume 110, nous pourrions bien trouver une explication de l’expression : « Quant à ce jour personne ne le sait, pas même le Fils ». Le Fils est assis à la droite du Père, et prophétiquement il est considéré comme attendant là, puisque l’Éternel lui dit : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds ». Par conséquent, en ce sens, il se peut dire que le Fils ne sait pas le jour ni l’heure, car comme le dit Paul en Héb. 10 : « jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds », quand ils le seront aussi pour nous. C’est ainsi que, dans l’épître à Philadelphie, nous sommes engagés à garder la parole de sa patience, puisque s’il attend, il n’est nullement étonnant que nous aussi nous ayons à attendre ; c’est lui-même qui est la meilleure part de ce que nous attendons.

C’est ici la part propre et particulière à l’Église, d’être associée avec lui ; l’autre, l’autorité sur les nations, n’en est que le fruit et la conséquence. Il faut qu’il juge, mais pour nous il est « l’Étoile du matin ». Le jugement est son oeuvre étrange ; il est lent à la colère ; mais il faut qu’il exécute le jugement, parce qu’il ne peut pas permettre que l’iniquité continue à jamais : car il va prendre possession de son propre trône, et il ne peut avoir de trône en rapport avec Satan et avec le mal dont celui-ci est la source : voilà pourquoi il lui faut renverser le mal, car il ne peut le tolérer ; de sorte que le pouvoir antichrétien dans le monde doit être détruit, puisqu’Il ne peut pas établir son propre trône et laisser subsister celui de Satan. C’est ainsi qu’il est dit au Ps. 94:20 : « Le trône d’iniquité… sera-t-il uni à toi ? » Cela ne se pourrait ; il faut donc qu’il fasse son oeuvre étrange, mais son oeuvre à lui, pour ainsi dire, est de briller dans son éclat céleste, notre place à nous, d’y être associés avec lui.

« Je lui donnerai l’étoile du matin ». … Et qui est-ce qui la voit cette étoile du matin ? Celui qui veille pendant qu’il fait nuit ; tous voient le soleil dans son éclat ; mais ceux qui ne sont pas de la nuit, quoiqu’ils sachent moralement qu’il fait nuit, ceux qui attendent l’étoile du matin, ceux-là seuls la voient et l’obtiennent en partage. Ils sont des enfants non pas de la nuit, mais du jour et, par cela même, ils attendent le jour. Quand parut l’étoile qui annonçait que Jésus était né roi des Juifs, il y avait des Annes et des Siméons qui attendaient la consolation d’Israël. Les amis d’Anne, qui étaient-ils dans ce jour de ténèbres ? Ceux-là seuls qui attendaient la rédemption en Israël ; et c’est à eux qu’elle parlait de lui. En eux fut accomplie cette parole de Malachie : « Et ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre ». Ils se connaissaient, comme nous le voyons, et ils jouissaient, en esprit, par la vérité qui est en Jésus, de la consolation qui suit dans le Prophète : « Et pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le soleil de justice, et la guérison sera dans ses ailes ». Ils étaient là quelques pauvres êtres méprisés, peu connus, et dont on se souciait moins encore ; mais ils attendaient la rédemption en Israël ; ils sentaient la ruine et le mal, parce qu’ils étaient sensibles à la gloire de Dieu et au privilège d’être son peuple. En eux nous trouvons une plus grande démonstration de foi qu’en Élie, quand il invoquait le feu du ciel. Ils ne rétablissaient pas le temple, mais s’entretenaient ensemble des pensées de Dieu. Élie rétablissait les choses extérieures, mais n’avait pas de foi pour les choses intérieures (*). Il n’avait pas une pleine confiance en la fidélité infaillible de Dieu à l’égard du Résidu. La loi était la mesure de son appréciation ; mais les Annes et les Siméons avaient le secret de Dieu dans leurs âmes (« le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, et son alliance pour la leur donner à connaître ») et marchaient dans la voie étroite et silencieuse de la foi ; non pas en réformant le temple, mais en parlant à tous ceux qui attendaient la consolation en Israël. Étaient-ils donc satisfaits de cet état de choses ? Non ; mais séparés du mal, ils attendaient la consolation d’Israël, qui seule pouvait remédier au mal. Or de nos jours, il en est exactement de même : le chrétien ne peut pas changer Jésabel, il ne peut pas non plus se mêler à la masse de ceux qui font profession d’adorer dans le temple ; il ne peut pas se mêler aux systèmes soi-disant religieux du jour et, loin de les attaquer avec violence, il laisse au Seigneur le soin de les juger ; dans une séparation de tout mal, il attend avec calme et patience, dans les veilles de la longue et sombre nuit d’épreuve, l’étoile matinière du jour de gloire : — « À celui qui vaincra, je lui donnerai l’étoile du matin » et cette étoile du matin, c’est Christ lui-même. Il est connu de cette manière à ceux qui, bien que dans la nuit, ne sont pas de la nuit, mais enfants du jour. L’étoile du matin s’éclipse avant que le monde voie le soleil, avant que le soleil se lève, avant que le jour paraisse. Mais avant que le soleil se lève, l’étoile du matin est là pour ceux qui veillent pendant la nuit. Le monde verra le soleil, mais l’étoile du matin s’est éclipsée quant au monde, avant que le soleil se lève. C’est ainsi que nous serons partis pour être avec l’étoile du matin, avant que le jour de Christ apparaisse pour le monde, et quand Christ apparaîtra nous apparaîtrons, nous aussi, avec lui en gloire.

(*) Remarquez à cette occasion le caractère de Christ : parfait lui-même sous la loi, il réussit par la patience infaillible de sa grâce, et en supportant tout, à faire parvenir la voix du bon Berger, à chaque brebis du troupeau. Tandis que le pauvre Élie, tout dévoué qu’il fût, fait descendre le feu sur les adversaires, mais n’a pas su se mettre en rapport avec les sept mille que Dieu connaissait. Christ se refuse à faire descendre le feu du ciel. Il porte le jugement, quoiqu’il accomplit la loi, et quoi qu’il en coûtât, il fait en sorte que la voix de l’Éternel soit entendue du plus pauvre, du plus coupable du plus caché du troupeau. La conséquence est que les brebis du troupeau lui appartiennent et que tout pouvoir de juger lui est donné sur toutes choses.

Il y a trois passages qui ont trait à cette Étoile du matin ; il est bien important de vous les rappeler. Pierre dit dans sa deuxième épître au chapitre 1 : « Et nous avons la parole prophétique rendue plus ferme, à laquelle vous faites bien d’être attentifs, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et que l’étoile du matin se soit levée dans vos coeurs ». Les prophètes d’Israël avaient prédit le plein jour de la bénédiction sur la terre, en disant : « Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue » (És. 60:1). « Voici, un roi régnera en justice » (És. 32:1), — et le témoignage des prophètes avait été confirmé aux disciples par la vision sur la sainte montagne. Ils ont prophétisé aussi des événements qui devaient arriver au monde ; événements qui seraient la démonstration du jugement de ce monde sous toutes ses formes de volonté rebelle et de puissance : de Ninive, de Babylone, des bêtes qui monteraient sur la terre — de Jérusalem et du sort qui l’attendait pour avoir abandonné Dieu ; ainsi le jugement était signalé, de sorte qu’il y avait comme un fanal qui, au milieu de l’obscurité de ce monde lui-même, fournissait une lumière qui rappelait à celui qui y prenait garde d’éviter le crime de la volonté humaine, lequel conduisait au jugement divin. Or ils faisaient bien de s’attacher à cette lumière jusqu’à ce que l’Étoile du matin se levât dans leurs coeurs, car cette lumière éclairait un endroit obscur. Toutefois l’Étoile du matin elle-même, était quelque chose de plus excellent encore.

Les prophéties, sans doute, sont simples, et leurs avertissements sont clairs. Elles me mettent en garde contre l’esprit du monde dont le jugement est annoncé. Dans l’Apocalypse, je vois qu’il est question d’esprits impurs, semblables à des grenouilles, qui vont vers les rois de toute la terre et du monde entier, afin de les rassembler pour le combat de la grande journée du Dieu Tout-Puissant. Il est possible que je ne comprenne pas qui sont, ou ce que sont ces grenouilles : ceci n’empêche pas que le but de la prophétie ne soit très évident. Ces grenouilles ne sont pas le pouvoir du bien, elles conduisent les rois de la terre à la bataille du grand jour du Dieu Tout-Puissant. La prophétie éclaire donc la nuit de l’histoire du monde en l’absence de Christ. — Mais l’Étoile du matin, c’est Christ lui-même, comme nous le voyons en Apoc. 22. Il est « l’Étoile brillante du matin ». Il sera le soleil de justice pour le monde, quand il paraîtra ; mais alors aussi aura lieu le jugement. Alors les méchants seront tous comme du chaume ; ils seront comme de la cendre sous la plante des pieds de ceux qui craignent le nom de l’Éternel, en ce jour qui vient, ardent comme un four (Mal. 4). Mais l’Étoile apparaît à ceux qui veillent, avant que le soleil paraisse au monde ; car puisque je puis comprendre, par le moyen de l’avertissement prophétique, que ce lieu sombre, ce monde va être jugé, que la nuit est avancée et que le jour est proche, il fait donc nuit maintenant, quoi qu’on en puisse penser. Mais j’ai besoin de l’Étoile du matin dans mon coeur (c’est-à-dire que j’ai besoin, avant le jour, de l’espérance de Christ, venant pour ravir son Église auprès de lui, car l’Étoile du matin est donnée à ceux qui vaincront) ; j’ai besoin de l’Étoile du matin, pour réjouir mon âme au travers de cette longue et affreuse nuit, — nuit plus sombre maintenant, quoique la nuit soit fort avancée, car l’obscurité augmente toujours, jusqu’à ce que l’aurore d’un nouveau jour s’élève de l’autre côté du ciel et qu’apparaisse l’Étoile du matin, pour fixer l’oeil qui veille et qui attend et ranimer le coeur par une espérance sûre et certaine. Qu’avons-nous donc affaire avec les choses de ce lieu sombre, qui est sous le jugement pour avoir cloué le Fils de Dieu sur la croix ? — Ne recherchez donc point les richesses, les honneurs, le pouvoir de ce monde, sur lequel Christ va exécuter le jugement. Un rayon de la gloire de Christ chassera devant lui, comme le vent la feuille d’automne, toute la gloire de ce monde souillé ; ne vous mêlez donc pas au monde en vous amassant des richesses — qu’en ferez-vous lorsque Christ viendra ? Souvenez-vous-en, le Seigneur est proche. Mais est-ce que je me tiens séparé du monde par la seule raison qu’il va être jugé ? Non certes ; toute ma part pour le temps et pour l’éternité est en Christ ; l’Étoile du matin s’est levée dans mon coeur, et ce qui me sépare du monde, ce n’est pas la crainte, mais ce sont mes affections.


Christ, venant comme Étoile du matin, est distinct du lever du soleil ; car lorsque le soleil se lèvera sur le monde, ce sera en jugement (voir Ésaïe 2). Mais en dehors de tout et avant tout, nous avons notre part en Christ ; nous ne sommes pas du monde, nous avons été rachetés du monde ; c’est au Seigneur Jésus Christ que nous appartenons, de sorte que les foudres du jugement ne sauraient nous atteindre : nous sommes assis ensemble avec lui dans le ciel, d’où viennent les jugements. Le chap. 4 de l’Apocalypse nous présente un tableau bien précieux et bien consolant de la position de l’Église. Nous y voyons les vingt-quatre anciens sur leurs trônes autour du trône, duquel sortent des éclairs et des tonnerres et des voix, et ils demeurent parfaitement impassibles. Mais était-ce de l’insensibilité ? Décidément non ; car lorsqu’il est question de Dieu dans son caractère de sainteté, ils se prosternent en l’adorant et jettent leurs couronnes devant le trône ; cette sainteté ne leur inspire pas non plus de crainte, quand les êtres vivants proclament le nom trois fois Saint, de Celui qui est assis sur le trône ; mais c’est leur culte qui retentit à nos oreilles : ils se prosternent et jettent leurs couronnes devant lui, avec la pleine appréciation de l’excellence de Celui qui seul est assis sur le trône. Christ est cette Étoile du matin, donc quand le jour a commencé à luire et que l’Étoile du matin s’est levée dans nos coeurs, nous connaissons notre association avec Christ lui-même, comme étant dans le lieu même d’où procède le jugement.

À la fin de l’Apocalypse, nous retrouvons encore l’Étoile (chap. 22:16). Le Seigneur nous ramène du témoignage prophétique à sa personne elle-même, en disant : « Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange ». « Moi, je suis la racine et la postérité de David », (ceci se rapporte à sa royauté en Sion : « Domine au milieu de tes ennemis ») « l’étoile brillante du matin ». Du moment qu’il se présente lui-même comme l’Étoile brillante du matin, l’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ». L’Esprit dans l’Église dit : « Viens ». C’est la réponse à cette révélation de lui-même ; la mention de sa venue attire et réveille la réponse de l’Esprit ; c’est là le caractère qu’il a pour l’Église lors de sa venue. Dans l’amour de son coeur, Dieu a associé l’Église avec Jésus, et pour peu qu’elle entende son nom, elle se sent engagée à pousser le cri : « Viens ! » car ce nom fait vibrer une corde qui répond immédiatement ; aussi ne dit-il pas ici : « Voici, je viens bientôt ». Il ne s’agit pas de l’époque à laquelle il viendra, mais de ce que c’est lui en personne qui vient. Ce n’est pas sa venue — quelque bénie que soit cette pensée — mais c’est lui-même qui est là ; et c’est ce qui provoque cette réponse du coeur, où habite le Saint Esprit. Nous sommes pour lui, et nous serons avec lui ; ce ne saurait être moins que cela, car il nous appelle « son corps ». Quelle place glorieuse ! Non pas seulement merveilleuse, mais glorieuse, d’être identifiés avec le Christ de Dieu ! Aucune interprétation de passages prophétiques des Écritures, quelque belle et vraie qu’elle soit, quelque utile qu’elle puisse être en tant qu’avertissement solennel par rapport au monde, ne peut jamais remplacer, dans l’âme enseignée de Dieu, la connaissance de son union vivante avec un Jésus qui va venir et l’attente actuelle de sa personne. Cette espérance n’est pas de la prophétie. C’est l’attente réelle, bienheureuse et sanctifiante de l’âme qui connaît Jésus et s’attend à le voir et à être avec lui.

L’Épouse seule entend la voix de l’Époux, ce qui provoque aussitôt l’expression du désir de sa venue. À cela l’Époux répond en l’assurant qu’il va venir ; puis l’Apocalypse se termine en lui laissant cela comme sa part et son attente à elle, quelles que soient les communications qui lui aient été faites à l’égard du jugement de ce monde, auquel elle n’appartient pas. Le Seigneur Jésus est représenté comme ayant quitté le monde et prenant maintenant son Épouse pour être avec lui. Et quand le monde dira : « Paix et sûreté ! alors une subite destruction viendra sur eux… et ils n’échapperont point ».

Paul termine le chap. 4 de sa première épître aux Thessaloniciens par les mots : « Ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». Est-ce tout ? Oui, c’est tout, car au coeur qui a appris à l’aimer, il ne peut rien dire de plus. Puis il ajoute : « Or au sujet des temps et des saisons, frères, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive » ; vous êtes enfants du jour, c’est ce que vous attendez. Aucune explication de ceci comme doctrine ne saurait atteindre le coeur. Vous ne pouvez pas faire comprendre à quelqu’un une relation dans laquelle il n’est pas ; pour la comprendre il faut qu’il y soit. Une âme non vivifiée peut comprendre, jusqu’à un certain point, ce que veut dire la Prophétie ; mais il ne faut rien moins que d’avoir senti et savouré ce que c’est que d’être uni avec Christ lui-même, pour faire désirer son retour personnel. Pourquoi ? Parce que, pour cela, il faut que la relation soit connue. En Apoc. 22:16, cette relation est connue, l’affection est réveillée, et il y a réponse immédiate.

Supposez un cas : Une femme attend son mari, il frappe à la porte, il n’a pas dit un mot encore ; mais sa femme sait déjà qui est à la porte, car c’est celui qu’elle aime qui est là, et ainsi les sentiments naturels et les affections propres à une femme sont réveillés, lorsque la corde est touchée par ce qui agit sur ces affections. Mais alors il faut que le lien soit dans le coeur, que l’affection soit là pour produire cette réponse ; la corde que fait vibrer cette bienheureuse vérité doit exister, pour être réveillée. Il y a une telle conscience d’union avec Jésus, par la puissance de l’Esprit de Dieu, que du moment qu’il est fait mention de sa venue, la corde vibre instantanément et le cri instinctif de « Viens » se fait entendre. L’intelligence, quelque avancée qu’elle puisse être, ne saurait produire ce cri. Et qu’elle est grande la différence entre attendre Jésus, parce qu’il a fait de moi une partie de lui-même, et attendre sa venue pour juger les pauvres pécheurs ! Maintenant remarquez l’effet pratique de cette attente de Jésus ; elle nous enlève complètement au monde, pour nous attacher au ciel. Si mes affections pour Jésus sont ce qu’elles doivent être, je regarderai trop directement en haut, pour prendre garde aux choses qui m’entourent. Il y a bien des choses à l’entour de moi dans le monde, bien du tourment et bien du bruit ; mais cela ne trouble pas la bienheureuse paix de mon âme, parce que rien ne saurait changer ma relation indissoluble avec un Jésus qui va venir, ni séparer mon espérance de sa personne.

Du moment qu’on voit ce qu’est la venue de Jésus pour l’Église, un millier de passages changent de caractère. Prenez les Psaumes, ceux, par exemple, qui parlent du jugement des méchants : « Le juste se réjouira quand il verra la vengeance ; il lavera ses pieds dans le sang du méchant ». (Ps. 58:10). Nous ne sommes pas ceux qui parlent ainsi, c’est le langage de Juifs et, de plus, de Juifs pieux délivrés par la verge puissante qui brisera leurs ennemis, lorsque toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de Lui. Mais moi, ai-je besoin que mes ennemis soient détruits pour arriver à Christ ? Certainement non. Je quitterai mes ennemis pour être avec Lui. C’est, en effet, une pensée bien affligeante, quoique nous reconnaissions le juste jugement de Dieu, qu’un tel jugement doive être exécuté sur ceux qui l’ont méprisé, lui et sa grâce. Mais quant à moi, je vais tout droit vers Christ dans le ciel. Ma place est en lui, dans l’union la plus étroite et la plus intime, pendant qu’il est caché en Dieu. Je fais partie de l’Épouse, je suis membre du corps de Christ, je suis de sa chair, et de ses os. Du moment que nous avons saisi ce centre précieux, Christ, et avec lui, par conséquent, Dieu lui-même, chaque passage de l’Écriture trouve sa vraie place et nous acquérons, par le Saint Esprit, une intelligence spirituelle des choses du ciel et de nos rapports avec elles, et des choses de la terre et de notre séparation d’avec elles ; et par-dessus tout, nos coeurs sont placés là où il faut qu’ils soient, car étant fixés sur Jésus, nous l’attendons lui. Quand il apparaîtra, nous aussi nous paraîtrons avec lui en gloire, « et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ».

Que le Seigneur nous donne une telle intelligence de la rédemption et de notre position en lui, qu’elle attache nos coeurs à lui, afin que notre marche journalière ici-bas soit celle d’hommes attendant leur Seigneur, qui a promis de venir et de nous prendre à lui, d’hommes veillant au milieu d’une nuit obscure, ayant conscience qu’il fait nuit, bien qu’ils ne soient pas de la nuit, d’hommes qui veillent et attendent le jour, avec l’étoile du matin levée dans leur coeur. Que le Seigneur nous garde des idoles, et avant tout de tout ce qui rappelle Jésabel, de peur que nous le contristions par quelqu’une des choses qui ont été introduites pour gâter et corrompre ce qu’il avait autrefois planté, si pur et si beau pour être la manifestation de sa gloire dans un monde de ténèbres et de méchanceté !


4 - Cinquième méditation

4.1 - Sardes

Je sens, bien-aimés frères, que les premiers mots de ce chapitre nous consolent d’une façon particulière, devant la haute solennité de cette lettre à l’Église de Sardes. Je ne connais rien de plus solennel que le point de vue, duquel l’Esprit de Dieu, dans l’épître à Sardes, envisage l’Église professante, quant à son nom, son caractère, et sa responsabilité dans le monde. Car si la lettre est adressée à l’Église, elle est considérée au point de vue de ce qu’est le Fils de Dieu, puisque, par la puissance de la grâce divine, elle devrait être l’expression de sa nature et de sa puissance, d’où découle sa vie, et elle est adressée à l’Église professante, suivant la position qu’elle a prise ostensiblement.

J’éprouve toujours quelque difficulté à parler sur ce sujet, à cause du sentiment que j’ai (et je prie le Seigneur de vous communiquer ce sentiment, et à un degré plus élevé encore) de la responsabilité qui s’y rattache. L’Église de Sardes était véritablement dans une condition bien solennelle ; néanmoins il y a consolation dans la plénitude et la perfection de Christ manifestées ici pour les besoins de l’Église ; et, quand tout le reste semble manquer, Christ fait d’autant plus paraître cette immuable plénitude qui se trouve toujours en lui pour suffire à tout.

Le caractère du Seigneur (je l’ai fait remarquer déjà, comme habituel dans ces épîtres) est adapté à l’état de ceux auxquels il s’adresse : « Voici ce que dit Celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles ». Il n’est pas dit ici, comme dans la lettre à Éphèse : « Celui qui tient dans sa main droite les sept étoiles », mais « celui qui a les sept étoiles ». Or remarquez que le changement ou l’omission d’un mot, dans l’Écriturc, a toujours une grande signification. Les étoiles (anges (*)) des sept Églises sont les représentants symboliques des églises, mais considérés en ceux qui ont un caractère d’autorité sous Celui qui est le Chef du gouvernement. Dans la lettre à Éphèse, Christ tient toute l’autorité en sa main : les étoiles étant, comme je viens de le faire observer, les représentants symboliques de tout le système d’autorité, de cette active énergie qui caractérise les églises aux yeux de Christ, qui agit en son nom au milieu des sept lampes d’or, jugeant l’état de l’Église et en tenant les représentants dans sa main droite.

(*) Quoique ces sujets ne m’occupent point ici, je ferai remarquer (d’autant plus qu’on a beaucoup insisté sur ce point) comme explication, que l’ange de la synagogue n’était nullement le gouverneur de la synagogue ; il était plutôt le lecteur de la synagogue. Les anges peuvent exceller en force, mais ils sont des esprits envoyée pour servir. L’étoile est ce qui donne l’idée d’autorité, quoique d’autorité subordonnée, en tant que symbole, mais non pas le mot ange.

Mais ici, à Sardes, la chute et même la mort spirituelles sont entrées et caractérisent l’état de l’Église : « Je connais tes oeuvres : que tu as le nom de vivre, et tu es mort ». Nous avons vu comment la chute et la déchéance étaient déjà venues précédemment dans l’Église, mais Sardes est dans un bien plus triste état que les églises qui l’ont précédée, car elle a la réputation de vivre, tandis qu’elle est morte. C’est pourquoi le Seigneur se présente à Sardes comme ayant, pour la foi, toute la plénitude du Saint Esprit à sa disposition : « Celui qui a les sept Esprits de Dieu ». De même les sept étoiles, toute autorité dans l’Église, sont à sa disposition, sept étant le symbole de la perfection.

Quelle que soit la chute de l’Église — de quelque manière qu’elle se soit associée avec le monde, il est toujours vrai que la plénitude du Saint Esprit est sa portion, sous celui qui est la Tête de l’Église et qui en prend soin, l’aime et veille sur elle ; en sorte que, d’un côté, l’Église est sans excuse, de l’autre, le saint qui a de la foi a une ressource. Mais maintenant que toute chose a complètement manqué, que non seulement les saints de Dieu ont été séduits par la fausse doctrine de Balaam, mais que Jésabel y a trouvé son domicile, ayant des enfants nés là (or, comme il est dit de Sion : « Celui-ci et celui-là y sont nés » ; de même il y avait pour Jésabel ceux qui avaient le nom de chrétiens et leur lieu de naissance dans le mal même), une autre scène se présente ici, lorsque le mal s’est pleinement développé : un état de mort, quoique toute énergie spirituelle et toute puissance et autorité se trouvent être là en Christ lui-même, avec lequel tous ont affaire. Cette précieuse vérité, savoir que tout pouvoir, en rapport avec le Saint Esprit, est assurément là en Christ, est présentée pour la consolation et la bénédiction du fidèle qui vaincra. C’est son appui au milieu du mal qui déborde.

Sous quelque forme que la corruption soit entrée, que ce soit Jésabel ou Balaam, le Seigneur dit : « Je la connais toute ». Si la mort est empreinte sur l’Église professante, Christ dit encore : « J’ai les sept Esprits de Dieu », et nul ne peut les toucher. C’est pourquoi, pendant que tout va mal, nous trouvons qu’Il a toujours tout ce qui est nécessaire pour la pleine bénédiction de l’Église : les sept Esprits de Dieu. Ce fait n’est pas le moins du monde altéré, ni par la chute de l’homme, ni par la malice de Satan.

En Apoc. 4:5 et 5:6, il est également fait mention des sept Esprits de Dieu : « sept lampes de feu brûlant devant le trône qui sont les sept Esprits de Dieu » et encore : « sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés sur toute la terre ». Ces images expriment une puissance multiple et une sagesse multiple ; en sorte que c’est comme si le Seigneur avait dit : « Il y a ici tout ce qui peut produire et assurer le bien, et j’ai tout cela sous ma garde ». À Thyatire, il avait été obligé de leur apprendre à attendre la venue comme le seul refuge au milieu du mal ; et ensuite cette espérance est introduite comme l’étoile brillante du matin pour éclairer l’âme au milieu des ténèbres environnantes. Ici, dans l’église de Sardes, où l’on avait la réputation de vivre, mais où l’on était mort, il soutient, en outre, les fidèles, par l’assurance que, pour ce qui concerne la vraie source de toute force, il n’y a aucun déclin. Si tout appui extérieur manque, Il est, lui, toujours le même, et maintenant il veut le faire connaître à l’Église, comme le pouvoir qui soutient et assiste les quelques fidèles ; mais il ne fait pas de miracle pour leur délivrance. C’est ainsi, comme nous pouvons le remarquer, que lorsque Israël fit le veau d’or, il n’y eut pas de miracle pour remédier à cette chute ; mais il y avait en Moïse la puissance spirituelle, quand il prit une tente et la tendit hors du camp.

Les prophètes prophétisaient en Juda, mais ils ne faisaient pas de miracles, sauf lorsque l’ombre retourna de dix degrés en arrière sur le cadran d’Achaz, comme signe particulier donné à Ezéchias. Ils rendaient témoignage, afin de ramener l’homme à la vérité publiquement reconnue dans un système établi de Dieu, et de consoler les coeurs des fidèles. Mais lorsque toute la nation se fut ouvertement éloignée de Dieu sous Jéroboam et qu’à la fin le culte de Baal eut été établi, Dieu opéra des miracles par les mains de ses serviteurs Élie et Élisée. Ainsi, tandis que Dieu envoyait toujours à Juda témoignage sur témoignage en miséricorde et en grâce, mais non pas de miracles ; quand la chute ouverte fut arrivée, sa puissance dut se manifester, afin de prouver qu’il était l’Éternel. en contraste avec Baal — ce que Juda ne niait point. Des actes de puissance, avec des hommes qui professent la vérité dans la corruption, les corrompraient encore davantage ; mais l’exercice de la puissance comme témoignage envers ceux qui se sont éloignés est une preuve de la patiente bonté de Dieu. C’est là un grand principe dans les voies de Dieu et c’est de ce grand principe que je parle, plutôt que du fait qu’il y avait là des miracles (*). Le grand principe pratique que nous avons ici est que nous pouvons toujours compter sur Dieu, quelle que soit la chute. Il est vrai que nous ne pouvons qu’y être sensibles et nous devrions en avoir le sentiment profond ; mais en même temps, nous ne devons jamais souffrir qu’un sentiment excessif du péché de l’homme obscurcisse le regard de la foi ou la conscience du pouvoir de Christ ; c’est alors que l’oeil devrait, au contraire, se tourner positivement vers ce qui ne peut jamais manquer. Ainsi nous pouvons envisager avec calme la chute de l’Église, parce que nous la contemplons du sein de cet amour qui ne pourra jamais faire défaut ; et cependant nous devons l’avoir très à coeur et la sentir profondément, comme déshonorant le Seigneur. Voyez, par exemple, comment l’apôtre Paul s’élève entièrement au-dessus de la chute des Corinthiens et des Galates, lorsqu’il en vient à la source de sa confiance dans le Seigneur. Voyez encore de quelle manière dégoûtante les Corinthiens avaient marché, au moment où Paul leur écrit, dans une fornication telle que rien de semblable n’était nommé parmi les Gentils ; il avait donc à les blâmer ; mais il regardait, au-dessus de leur état actuel, à la source de leur vie et de leur espérance. C’est pourquoi, avant d’en venir au mal dans lequel ils étaient, il peut leur parler d’être « affermis jusqu’à la fin, pour être irréprochables dans le jour de notre Seigneur Jésus Christ ». Il en est de même pour les Galates : Quand Paul leur écrit, il leur dit : « Je suis en perplexité à votre sujet », car s’étant placés sous la loi, il se demande s’il doit changer de langage. — Il a besoin de savoir comment il doit leur parler, car ils étaient hors du fondement chrétien de la grâce et il en revient, par conséquent, à leur parler d’après les enseignements qui se trouvaient dans la loi. Mais quand il s’élève à Christ, son coeur arrive à la source de la confiance, confiance non en eux, mais à leur sujet, et alors il peut dire : « J’ai confiance à votre égard par le Seigneur, que vous n’aurez point d’autre sentiment ». Le bon état de nos âmes consiste à avoir une juste appréciation de tout ce qui est en Christ, et, par conséquent, de tout ce que l’Église doit être pour Lui. De cette manière le sentiment de la chute de celle qui aurait dû être le fidèle témoin de Christ augmentera sans diminuer notre confiance dans le Seigneur Jésus. C’est là ce qui maintiendra le fidèle dans la fermeté et la paix à travers tout, parce que sa confiance n’est pas dans ce que l’Église doit être pour Christ, mais dans ce que Christ est pour elle.

(*) Moïse les a opérés comme preuve de sa mission, parce que alors rien n’était établi divinement en Israël. Mais ce n’est pas ici notre sujet. C’est le même principe. Les prophètes juifs en appelaient à ce qui était établi.

Aussi remarquez la bonté du Seigneur dans la manière dont débute cette lettre à Sardes. Avant de décrire leur état terrible, il se présente lui-même à eux comme possédant toujours la plénitude de puissance de l’Esprit comme ressource de la foi. De sorte que, malgré toute la chute et tout le mal actuels, le pouvoir et l’efficace de l’Esprit demeuraient encore les mêmes, parce qu’ils ne dépendaient pas de la marche des saints ici-bas, mais de la valeur de l’oeuvre de Christ dans le ciel. De la même manière, Dieu parla autrefois à Israël, après sa chute, par la bouche du prophète Aggée, disant : « La parole selon laquelle j’ai fait alliance avec vous, lorsque vous sortîtes d’Égypte et mon Esprit demeurent au milieu de vous : ne craignez point ». Il en est de même ici — « Celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles, dit ces choses ». Ensuite il arrive à prendre connaissance de l’état de l’Église : « Je connais tes oeuvres : que tu as le nom de vivre, et tu es mort ». Quelle terrible condition que celle-là ! c’est le tableau exact de ce que nous voyons tout autour de nous, je ne veux pas dire seulement aux jours actuels ; mais de ce qui a été, à la lettre, l’état de l’Église pendant le dernier siècle et plus.

À Sardes, ce n’est pas l’Église ayant abandonné son premier amour comme à Éphèse, quoique telle ait été l’origine de tout ce qui a suivi dès lors. Ce n’est pas non plus, comme à Smyrne, la souffrance sous la persécution de la part de Satan qui a le pouvoir du monde ; ni, comme à Pergame, l’habitation dans ce même monde où est son trône, avec des gens qui retiennent la doctrine de Balaam et des Nicolaïtes, doctrine autorisant les mauvaises oeuvres. Ce n’est pas non plus, comme à Thyatire, souffrir que la prophétesse Jésabel séduise et enseigne les esclaves de Christ à commettre fornication et à manger des choses sacrifiées aux idoles. Ce n’est pas encore, non plus, l’Église arrivée à l’état de Laodicée, prête à être vomie de la bouche du Seigneur. Il ne s’agit pas non plus d’un état semblable à celui d’Israël, ouvertement et positivement adorateurs de Baal ; aussi la grâce a-t-elle encore quelque oeuvre à accomplir, et c’est pourquoi nous la voyons agissant encore çà et là. L’église de Sardes, comme nous l’avons vu, s’était détournée d’une mauvaise doctrine et d’un enseignement corrompu. Son mal était d’une nature plus négative ; il consistait en une forme morte, sans aucune puissance vitale. Elle avait assurément grande réputation de vivre. Il n’y avait pas ici Jésabel, ni des gens qui mangeassent des choses sacrifiées aux idoles, et elle n’avait non plus pas encore été vomie de la bouche de Christ. On avait extérieurement la vérité, mais elle était morte ; on faisait extérieurement une profession publique du christianisme, mais, hélas ! s’il y avait le nom de vivre, il n’y avait pas de puissance de vie. On retenait la doctrine et le nom du christianisme ; mais Christ n’y était pas ! Prenez l’orthodoxie, telle qu’elle est maintenant et telle qu’elle a été depuis assez longtemps, et dites si ce n’est pas précisément cela. — On s’est séparé de Jésabel, mais une forme morte a été introduite à la place. Et ici rappelons-nous ce que nous avons remarqué précédemment, que dans ces épîtres aux Églises, rien de ce qui est placé sous le jugement n’a aucun rapport avec l’énergie du Saint Esprit dans son activité. La chose qui est jugée, c’est l’usage qui a été fait de ces grâces et de ces dons de l’Esprit de Dieu.

Comme démonstration de cela, considérez l’oeuvre de la Réformation. Il y avait là, quant à l’énergie qui l’a produite, une oeuvre incontestable de l’Esprit de Dieu, s’il s’agit de ce que Dieu fait et non de ce qu’il juge. C’est pour ne pas avoir fait cette distinction qu’on s’embarrasse dans des difficultés. Maintenant il y a lieu de demander, où sont les fruits qui auraient dû être produits par les privilèges accordés à l’époque de la Réformation et dont on a si longtemps joui dès lors ? Dieu allume une lampe pour la mettre, non sous un boisseau, mais sur un pied de lampe, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Ensuite Dieu regarde si elle manifeste la lumière qu’il y a placée. Dans les églises, nous trouvons qu’il est question d’un bon ou d’un mauvais état, mais jamais le bon état n’est mentionné, en rapport avec le Saint Esprit, comme fruit de son opération au moment même.

« Je n’ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu ». Elle avait été établie dans toute la perfection qui était en Christ pour elle ; en conséquence il attend ce qui répondrait à la perfection dans laquelle elle avait été placée dans l’origine. Ainsi le Seigneur se présente lui-même comme celui qui a toute cette perfection en puissance et en énergie spirituelle, et il cherche ce qui y répond. On dit : « N’est-il pas étrange de leur reprocher que leurs oeuvres ne sont pas parfaites, puisqu’il nous est déclaré qu’ils sont morts ? » Non, car le Seigneur ne peut jamais abaisser sa propre mesure, en agissant avec le mal soit dans l’Église, soit dans l’individu. S’il donne une mesure, c’est par elle qu’il doit juger. L’Église doit être jugée selon les ressources qu’elle a à sa disposition. Dieu ne se départ pas de cela, quand il attend une réponse à ce qu’il a fait. C’est pourquoi nous avons à nous demander nous-mêmes si, comme individus, nous manifestons au monde la sainteté dont nous sommes faits participants, et l’amour dont nous sommes les objets. Il y a des gens en très grand nombre qui professent Christ, tandis qu’il y en a comparativement peu qui vivent Christ. Ici, ce n’est pas un avertissement quant à Balaam et sa doctrine corrompue, quant aux choses sacrifiées aux idoles, ou quant à Jésabel ; mais le Seigneur cherche la vie. Il cherche des oeuvres parfaites, accomplies selon la mesure de grâce avec laquelle il a mis l’Église en rapport.

Si nous regardons à nous-mêmes, chers amis, que pouvons-nous dire ? La question n’est pas si nous produisons en définitive quelque fruit, mais si les fruits que nous portons sont dignes de Celui par lequel le terrain est cultivé. Si je cultive un champ et l’ensemence de blé, et qu’il ne rapporte pas selon les travaux que j’ai exécutés, je dois le laisser et je ne puis plus y semer du blé. Je ne parle pas ici du salut de l’âme, mais du jugement du Seigneur touchant les résultats obtenus sur des saints, sur des âmes déjà sauvées.

Il est vrai que Dieu produira, en perfection, les fruits de tous les principes de sa grâce, lorsque Christ prendra son pouvoir ; mais auparavant il confie cela à l’homme. Il a donné la loi à Israël, et ils y ont entièrement failli ; mais Christ dit : « J’ai caché ta parole dans mon coeur » ; de même aussi quant à Israël, Dieu écrira sa loi dans leurs coeurs. Israël est devenu maintenant « un proverbe et une raillerie parmi toutes les nations », parce qu’il a été infidèle ; mais au jour de la puissance de Christ, quand Dieu produira du fruit en perfection et en plénitude, alors « Israël fleurira et poussera, et remplira de fruits la face du monde ».

Prenez ensuite le gouvernement qui a été remis entre les mains de l’homme. Le pouvoir fut confié à Nébucadnetsar, et nous savons ce qu’il en est advenu ; mais le gouvernement sera établi en perfection, quand « les royaumes de ce monde seront devenus les royaumes de notre Seigneur et de son Christ ». De même aussi l’Église de Dieu fut établie sur la terre, parfaite en Christ, afin de manifester la gloire de sa Tête absente dans le ciel, et la puissance du Saint Esprit lui fut conférée. Elle devint l’habitation de Dieu par l’Esprit. Mais, hélas ! comme elle a misérablement failli ! et que sont devenus les fruits de grâce qu’il attend comme témoignage à sa grâce reçue ! Mais lorsque Christ « viendra pour être glorifié dans ses saints et être admiré dans tous ceux qui auront cru », alors l’Église sera manifestée en gloire, et le monde apprendra qu’elle a été aimée du même amour dont Christ a été aimé. Mais maintenant il s’agit de responsabilité et de responsabilité pour chaque individu, si l’Église manque. On arrivera à ceci, que l’Église professante sera vomie de Sa bouche. Seulement souvenons-nous qu’il ne s’agit pas de salut, mais de profession devant le monde.

Prenez le jour de la Pentecôte, où le Saint Esprit fut donné afin de produire certains effets. En ce jour-là les fruits appropriés furent produits. Quant au temps actuel, la question se présente : l’Église de Dieu porte-t-elle pour Dieu des fruits qui répondent à la puissance du témoignage qui lui a été confié ? Non ; l’Église comme corps ne le fait pas. Vient alors l’avertissement individuel : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées », et cela applique la question à chacun de nous : « Jusqu’à quel point rendons-nous individuellement témoignage à la grâce de Dieu ? » témoignage, je ne dis pas en rapport avec la plénitude primitive de puissance publique manifestée dans l’Église, mais remplissant la mesure de ce que nous avons reçu individuellement et le service spirituel d’un saint, selon la puissance actuelle de Christ ; car Dieu agit ainsi en pratique avec l’Église et la grâce en Christ est toujours suffisante pour cela. Quand cette question se pose entre notre âme et Dieu, nous devons certainement reconnaître que nous n’avons pas atteint cette mesure individuelle de grâce reçue. Nous pouvons, à la vérité, combattre avec zèle pour un nom, mais la question devant Dieu a trait à la puissance et aux pleins fruits de la grâce, dans la mesure de ce que nous avons reçu, et si l’âme ne s’élève pas à cela, c’est une chose terrible pour elle de se reposer sur une réputation religieuse, tandis que ses oeuvres ne sont pas parfaites devant Dieu.

Oh ! que le Seigneur nous garde de nous reposer sur une réputation religieuse ; car de toutes les terribles choses qui peuvent arriver à un saint, une des pires est de s’y confier, particulièrement, j’en suis certain, pour celui qui est engagé dans le ministère. Hélas ! combien souvent n’en avons-nous pas vu, travaillant avec dévouement et zèle, bénis dans leurs travaux, rassemblant réellement d’autres personnes dans la vérité en Christ, mais formant un cercle autour d’eux-mêmes ; ils ont ainsi « réputation de vivre », sont contents du cercle qu’ils ont formé, et se reposent sur les fruits produits, et non en Celui qui est seul la puissance de vie. Ainsi leur utilité s’en est allée, et ils s’arrêtent eux-mêmes avant d’avoir atteint le but. En parfait contraste avec cela, considérez la marche terrestre du Seigneur. À chaque pas qu’il faisait, il perdait de son crédit auprès de ceux qui l’entouraient, parce qu’il marchait avec son Père, et qu’il brillait d’un éclat toujours plus grand, jusqu’à ce qu’à la fin les hommes ne purent plus supporter sa lumière, et autant que cela était en eux, ils l’éteignirent sur la croix, parce que ceux au milieu desquels il marchait ne connaissaient pas sa mesure de communion avec le Père, et ne pouvaient y atteindre. Ses disciples eux-mêmes ne purent s’élever à ce qu’exigeait leur caractère de disciples, car ils s’enfuirent, comme il l’avait dit : « Vous serez dispersés, chacun chez soi, et vous me laisserez seul », néanmoins « je ne suis pas seul, car le Père est avec moi ». Ainsi nous voyons notre adorable Seigneur descendre de plus en plus bas dans l’estimation de l’homme, jusqu’à ce qu’ils le mettent à mort, « la mort même de la croix ».

Ensuite vint Paul. Quelle grande énergie spirituelle de foi se trouva en lui ! Il marchait avec Dieu en puissance ; mais ceux qui l’entouraient ne pouvaient atteindre au point auquel il était arrivé ; et par conséquent, comme il avançait, il dut nécessairement les laisser derrière lui. Son sentier devint de plus en plus solitaire, et il dut dire, à la fin de sa course : « Tous ceux qui sont en Asie se sont détournés de moi » ; et encore : « Tous m’ont abandonné. Mais le Seigneur s’est tenu près de moi ». De tous ceux qu’il avait rassemblés, il n’y en eut qu’un seul qui visitât Paul dans sa prison. Une pleine énergie, par le pouvoir de laquelle il marchait avec Dieu, fut maintenue en Paul, tandis que les autres restaient en arrière, comme il le dit : Il y en avait qui étaient devenus les « ennemis de la croix de Christ », des gens qui avaient leurs affections aux choses de la terre. Et ainsi ne se soutenant pas à la hauteur de la foi, ils perdirent de vue leur bourgeoisie céleste.

En proportion de cette secrète mesure de communion dans notre marche avec Dieu et de ce qui se passe d’heure en heure entre notre âme et Lui, on pourra calculer le degré de notre isolement. Ce à quoi nous devons particulièrement faire attention, c’est que toutes nos oeuvres soient parfaites devant Dieu, que tous nos actes soient mesurés en rapport immédiat avec Lui ; et cela doit nécessairement produire un certain degré d’isolement. Il en fut ainsi de Christ. Il fut toujours humble, toujours solitaire, plein néanmoins d’amour pour tous, et d’une affabilité parfaite pour toute âme dans le besoin, aussi bien que pour ses disciples. Il importe peu que nous baissions dans l’estime des autres ; c’est la conséquence nécessaire de la fidélité. L’inverse de cela est, précisément, avec une grande apparence devant le monde, ce qui est dit de Sardes : « tu as le nom de vivre, et tu es mort », « car je n’ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu ». Ces oeuvres sont faites en vue de l’homme et non en vue de Dieu. En même temps, c’est une chose tout à fait bonne que de marcher avec les saints, en gardant et cultivant leur affection, quoique, plus la marche individuelle sera fidèle, plus aussi l’isolement sera grand, parce que c’est le plus petit nombre qui comprend cela. En même temps, plus on sera rapproché de Christ, plus la grâce envers les autres sera grande, selon ce qu’il dit : « afin que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi l’un l’autre ». Ainsi il y aura, dans une marche près de Dieu, un sentiment permanent de sa faveur secrète ; mais alors cette dépendance personnelle de Dieu doit conduire à l’isolement ; c’est pourquoi notre sentier sera solitaire, comme l’a toujours été celui de Christ. Avec toute sa grâce et son humilité, prêtant l’oreille à tous, servant tous ; allant même jusqu’à nous laver les pieds, il fut laissé tout seul, mais non laissé de Dieu, comme il le dît : « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent ».

Considérons maintenant les conséquences des oeuvres qui ne sont pas parfaites devant Dieu ; et c’est ce que je trouve si solennel dans l’avertissement donné ici : « Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde et repens-toi ». Remarquez ces deux points « reçu et entendu » : 1° La grâce qu’elle a reçue et dans laquelle elle a été établie ; et 2° la parole révélée de Dieu, comme leur règle et leur guide. La grâce a été reçue et la parole communiquée. Ce n’est pas ce que nous n’avons pas reçu, mais ce que nous avons reçu, que nous sommes appelés à considérer. Le Seigneur présente la mesure de la responsabilité dans ces deux points : ce que l’Église a reçu, et en quoi elle a été établie ; et ce qu’elle a entendu, la parole de Dieu étant la seule mesure de direction révélée. Dieu nous donne sa parole pour nous guider, et sa grâce pour marcher selon elle.

« Si donc tu ne veilles pas, je viendrai sur toi comme un voleur, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai sur toi ». C’est une très ennuyeuse et fatigante chose de veiller sur chacun, car il faut aussi veiller sur soi-même. Le coeur se fatigue d’être constamment attentif à tout ce qui se passe ; il est impossible de veiller si nous ne nous tenons pas près de Christ, si nous n’avons pas le sentiment qu’il nous observe et prend connaissance de nous. Nous avons besoin d’une grande vigilance dans le service actif ; à la vérité tout notre service doit être en rapport immédiat avec Dieu, comme affaire de foi individuelle. Nous pouvons y être éprouvés, le buisson peut être très épais, mais l’objet placé de l’autre côté, être très clair. Il y a une disposition constante à perdre cette clarté de jugement concernant une chose, et nous l’aurions, si nous nous tenions près de Christ. Quand nous jugeons d’une épreuve dans la présence de Christ, l’issue en paraît facile ; mais lorsque nous sommes entrés dans l’épreuve, nous ne la voyons pas toujours clairement. Lorsqu’on commence à descendre dans une vallée, on aperçoit assez distinctement le sentier qui mène de l’autre côté, mais dès qu’on est entré dans le bois dont elle est garnie, il n’est pas aussi facile de discerner le chemin qui conduit au côté opposé. Ainsi quand nous nous trouvons dans les peines et les fatigues des circonstances de l’épreuve, nous sommes exposés à perdre la clarté d’intelligence que nous avions en jugeant d’elle dans la présence de Christ. Nous éprouvons tous qu’il y a une grande difficulté pratique à voir, d’une manière aussi nette, quand nous sommes dans la forêt, que lorsque nous sommes avec Christ sur les hauteurs. Notre oeil doit être simple pour faire la volonté de Dieu ; et plus nous serons humbles, plus aussi nous serons simples et serons ainsi guidés par la sagesse de Sa volonté, qui voit la fin depuis le commencement. La plus vaste intelligence humaine dont on ait entendu parler ne saurait jamais discerner les voies de Dieu, tandis que « le petit enfant » qui regarde à Dieu, a la sagesse de Dieu. Chaque pas que nous faisons devrait être marqué du sentiment de l’approbation de Dieu, car il guidera en jugement ceux qui sont doux, et il enseignera sa voie aux humbles.

« Si donc tu ne veilles pas, je viendrai sur toi comme un voleur, et tu ne sauras point à quelle heure je viendrai sur toi ». S’il n’y a pas cette vigilance dans l’Église professante, combien solennel est ce résultat : « Je viendrai sur toi comme un voleur » ; — quelle épouvantable chose, lorsque l’Église professante, avec sa grande réputation, est réduite, selon l’estimation et le jugement de Dieu, au niveau du monde, quand elle n’a pas répondu par ses oeuvres à l’attente de Dieu. Il n’avait pas trouvé ses oeuvres parfaites devant Dieu, parce qu’elles n’étaient pas en rapport avec les privilèges qu’il avait accordés. Dieu leur dit ici : S’il n’y a pas conformité à ce que je vous ai donné, s’il n’y a pas vigilance, je dois vous traiter comme je traiterai le monde. En 1 Thess. 5:2, il est dit, par rapport au monde, « que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit ». Quant aux saints il est dit : « Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, en sorte que le jour vous surprenne comme un voleur, car vous êtes tous des fils de la lumière et des fils du jour ». Lorsque viendra Celui qui introduit le jour, les fils du jour viendront avec lui ; ils seront, en effet, comme les rayons du soleil de justice. « Quand le Christ qui est notre vie sera manifesté, alors nous aussi nous serons manifestés avec lui en gloire », — « lorsqu’il viendra pour être glorifié dans ses saints et être admiré dans tous ceux qui auront cru ». Et encore : « Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin que le monde connaisse que tu les as aimés, comme tu m’as aimé ».

En 1 Thess. 5, l’Esprit de Dieu met le monde en contraste avec l’Église de Dieu, tandis qu’ici, à Sardes, le Seigneur met en contraste l’Église professante avec les enfants de Dieu et lui annonce que sa portion sera celle du monde. C’est pourquoi le Seigneur s’adresse à Sardes, comme il s’adresserait au monde ; sa sentence n’est pas comme celle de Jésabel ; mais elle est jugée selon ce qu’elle est en esprit : le monde. Car si l’Église professante ne s’élève pas à la mesure de ce qu’elle a reçu et entendu, ce sera là sa portion. Si elle n’est pas trouvée veillant, elle va au-devant des mêmes jugements que le monde. Naturellement nous ne disons pas que l’Église de Dieu, qui est une avec Christ en gloire et dont la vie est cachée avec Christ en Dieu, puisse être jamais traitée ainsi ; mais c’est une pensée bien solennelle, que le grand corps professant, avec « son grand nom de vivre » et une « belle apparence dans la chair », subira le même jugement que le monde. Il est en fait le monde lui-même. Alors surgit la question : jusqu’à quel point vos âmes ont-elles réalisé que tout ce qui, autour de nous, porte le nom de Dieu, mais n’est pas de Dieu, l’Église nominale, la chrétienté, comme on l’appelle, qui est en effet le monde, trouvera le jour être pour elle comme « un four » ? « Car voici, le jour vient, brûlant comme un four, et tous les orgueilleux et tous les méchants seront du chaume, et le jour qui vient les brûlera, dit l’Éternel des armées, de manière à ne leur laisser ni racine ni branche ». Quel fait solennel, n’est-ce donc pas, chers amis, qu’au temps où nous vivons, nous marchions à travers une scène qui doit être visitée de cette manière, parce que Dieu l’a dit ; et hélas ! nous ne savons pas combien promptement !

« Toutefois tu as quelques noms à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; et ils marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes ». Un autre point important est développé ici, car nous y trouvons les caractères de ce qui est appelé « l’Église invisible ». — « Tu as à Sardes quelques noms ». Ces « noms » signifient ici des individus que le Seigneur a comptés et connus, nom par nom. Ce sont ceux qui n’ont point « souillé leurs vêtements » ; ils n’ont pas marché avec le monde. Or l’Église professante a souillé ses vêtements. Ni les séductions de Balaam », ni les corruptions de Jésabel, ne sont peut-être reprochées à Sardes, mais « elle pense aux choses de la terre » et « se glorifie dans sa honte ». Sardes n’a pas gardé ses vêtements non souillés par le monde, et c’est pourquoi sa tache n’est pas celle de ses fils. Comme Paul le disait, « même en pleurant : ils sont ennemis de la croix de Christ », eux qui ont leurs pensées aux choses de la terre. La chose dont il est question ici, c’est l’esprit du monde remplissant le coeur comme un objet approuvé, d’où résulte la conformité avec lui pour marcher en sa compagnie. Mais ceux qui ont retenu la croix de Christ avec des vêtements non souillés « marcheront avec moi en vêtements blancs, car ils en sont dignes ».


Le caractère de la bénédiction répond toujours à celui de la difficulté, ils ont gardé leurs vêtements non souillés par le monde, lorsqu’ils étaient ici-bas ; c’est pourquoi ils marcheront avec Lui en vêtements blancs là-haut, « et je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges ». Remarquez comme cela est individuel — « son nom », revenant ainsi constamment. La force de l’expression « le livre de vie » est évidemment celle d’un registre général de ceux qui font profession, figure prise de la coutume des corporations des cités, où un nom peut être enregistré, sous un titre dont la fausseté pourra être prouvée, mais qui, à première vue, donne droit à ce titre, quoique après examen il doive être biffé. Ceux qui étaient écrits dans ce livre avaient une profession, « nom de vivre », ce qui est très différent d’être écrits « dans le livre de vie avant la fondation du monde », parce que dans ce cas Dieu les y a écrits, et c’est ainsi le livre des conseils et des desseins de Dieu.


« Je confesserai son nom » ; le Seigneur distinguera quiconque est à lui. Nous voyons dans ces individus-ci, que l’Église invisible existe au milieu de la ruine de tout, et lorsque le corps visible sera jugé, ils échapperont. Ils n’échapperont pas simplement, car auparavant ils seront pris par le Seigneur, de telle sorte que, lorsque le Seigneur viendra pour juger le monde, ils viendront avec lui. L’Église visible ne répondant pas à la grâce sera traitée comme le monde. Il y a donc ici, je n’en doute point, une Église invisible, mais remarquez que, lorsque la véritable Église est invisible, alors l’Église visible est traitée exactement comme le monde. Ces églises étaient appelées des lampes, et Dieu avait mis en elles la lumière, non pour être placée sous un boisseau, mais pour être mise sur un pied de lampe, afin d’éclairer tous ceux qui étaient autour d’elles. Eh bien ! la lumière est-elle invisible ? Si elle l’est, quelle est la valeur d’une lumière invisible ? elle ne mérite que la condamnation. Ce que l’on a dit pendant ces trois derniers siècles, est tout à fait vrai : il y a une Église invisible ; mais c’est la condamnation de celle qui est visible. Considérée quant à son témoignage collectif public, pour Dieu, maintient-elle les préceptes de Christ dans sa conduite et dans sa vie ? Non ; et en conséquence il n’y a pas eu dans l’Église le témoignage visible à toute la grâce, à la vérité et à la bénédiction, qui constituent la portion de l’Église en Christ.

Nous voudrions montrer ici que ces épîtres nous présentent des aspects bien divers de la venue du Seigneur. Dans le cas de Thyatire, quand Jésabel est l’état de l’Église, il détourne les regards de toute espérance de sa restauration comme ensemble, et les dirige vers l’étoile du matin pour la consolation de ceux qui, quoique n’étant pas de la nuit, sentent néanmoins que c’est la nuit, et veillent en attendant l’étoile du matin. Il présente ainsi l’espérance de Sa venue comme un refuge pour le fidèle victorieux au milieu du mal qui abonde. Mais ici à Sardes, Sa venue aura le caractère de jugement : « Je viendrai sur toi comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi ». Sardes étant dans un état de ruine et de mort, cela amène nécessairement le jugement ; car si l’Église professante est descendue à l’état de mort, elle doit être traitée comme les morts. Mais à Philadelphie, c’est tout autre chose. Là Jésus s’adresse à un pauvre, faible résidu, au milieu de l’apostasie, avec l’espérance précieuse et encourageante de sa prompte venue : « Voici, je viens bientôt ».


4.2 - Philadelphie

Si nous portons nos regards en arrière vers la marche générale des premières églises, nous y voyons la déchéance, puis l’effort de l’ennemi pour corrompre ; ensuite des avertissements, mais ici un résidu consolé. Ce qui caractérise ces fidèles, c’est que, tout en n’ayant que peu de force, ils sont néanmoins en rapport intime avec Jésus Christ lui-même. Ce qui, dans la première épître de Jean, caractérise les pères en Christ, c’est la connaissance de Celui qui est dès le commencement. De même, à Philadelphie, nous trouvons peu de force, mais le non reniement de Son nom. L’épître à l’Église, le fondement de la déclaration qui lui est faite, est en rapport avec Christ ; c’est Christ lui-même : ce n’est pas une question de puissance. Mais quand tout va mal, comme dans la première épître de Jean, où il y avait beaucoup d’Antichrists, il y avait des fidèles qui possédaient ce qui les rendait capables de dévoiler le séducteur ; car « celui qui est né de Dieu se conserve lui-même et le méchant ne le touche pas ». Sentant qu’il n’y a point d’espoir maintenant d’une restauration de l’Église, en tant que pouvoir manifesté, ce qui caractérise l’église de Philadelphie, c’est de garder la parole de la patience de Christ. Le nom de Celui qui est le saint et le véritable, est imprimé sur elle. Dans la manière dont Christ est présenté, il n’est pas question de puissance, comme dans Sardes, mais de l’infaillible certitude de ce qu’il a été dans son caractère et de ce qu’il a dit : Celui qui est le saint et celui qui est le véritable. Quand tout allait mal autour d’eux, ils avaient à s’attacher à la simplicité qui était en Christ, comme dans l’épître de Jean : « Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle. Enfants, gardez-vous des idoles ». Ils avaient reçu la vie éternelle dans leurs âmes, et l’ayant touchée de leurs mains, l’ayant vue par la foi, ils pouvaient dire qui était ce véritable, et ils pouvaient dire aussi : « C’est le saint », car il n’est pas seulement celui qui a le pouvoir, mais « il est le saint ». Remarquez aussi que ces caractères de Christ ne font pas partie de sa gloire, dont il est parlé au premier chapitre, mais ont rapport à son caractère moral, discerné par le fidèle exercé dans sa foi. Mais les saints ici avaient « gardé la parole de la patience de Christ », et lorsque la parole de Dieu est appréciée comme telle, le caractère de Christ lui-même gouverne l’âme ; ses préceptes deviennent notre autorité, et Christ lui-même personnellement règle les affections du coeur. La parole de Dieu lie l’âme avec Christ tel qu’il était et tel qu’il est ; elle nous donne précisément un Christ écrit (voyez Matt. 5) : « Bienheureux sont les pauvres en esprit » ; et qui est pauvre en esprit comme Christ ? « Bienheureux ceux qui sont purs de coeur » ; et qui est aussi pur que lui ? « Bienheureux les débonnaires » ; et qui est débonnaire comme lui ? « Bienheureux ceux qui procurent la paix » ; n’était-il pas, lui, le prince de paix ? La première chose, naturellement, est de l’avoir comme le Christ vivant, pour le salut de l’âme ; ensuite, par la parole écrite, nous obtenons l’intelligence spirituelle de ce qu’est ce Christ, la Parole étant la simple expression de Christ lui-même. Celui qui était l’image empreinte de Dieu, « devint chair, et habita au milieu de nous, et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père, pleine de grâce et de vérité ». Or quand nous avons ainsi trouvé le témoignage de l’Esprit à Christ, le coeur s’attache à lui comme « au saint et au véritable ». Ainsi le Christ, trouvé dans la Parole, gouverne les affections, car nous n’osons pas, nous ne voudrions pas être sans ce Christ écrit, ni nous en séparer. Ce lien vivant à un Christ vivant est la seule sauvegarde contre ceux qui voudraient nous séduire.

Paul dit à Timothée : « Dès l’enfance tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus » ; et assurément il ne peut y avoir une meilleure connaissance que la connaissance de Christ. C’était là le sujet principal dans l’épître de Jean : un père en Christ « connaissait Celui qui est dès le commencement » ; il pouvait dire ce que le vrai Christ était — il connaissait celui qui était saint, celui qui était véritable. Ce n’est pas de développement qu’il est besoin, mais simplement de retour à la simplicité qui est en Christ ; de le connaître véritablement, lui qui a été révélé dès l’origine, Celui qui était dès le commencement. C’est pourquoi, si mon âme est unie au Christ de la parole écrite, le Christ que j’ai aimé ici-bas est le même Christ que j’attends comme venant m’enlever là-haut. Le précieux portrait que nous avons ici du Seigneur Jésus, n’est pas comme celui du premier chapitre, avec « ses yeux comme une flamme de feu et ses pieds semblables à de l’airain brillant, comme embrasés dans une fournaise » : ferme, immuable, feu consumant en jugement, il est ainsi manifesté, selon ce qui avait été révélé par le Saint Esprit. Mais le portrait qui nous est donné de lui, est en rapport avec le caractère moral qui lui est attribué dans la parole écrite : « Le Saint et le Véritable ».

« Celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira ». Christ ne cherche pas la force dans les saints — Il entre dans son service personnel et particulier, et tient la clef lui-même ; c’est là notre confiance. Si les vagues s’élèvent furieuses dans les pays qui nous entourent, et que la prédication de l’Évangile semble être interdite ; eh bien ! tout cela est en sa main. Je puis désirer que l’Évangile soit prêché dans tel pays, et les obstacles peuvent paraître trop nombreux et trop grands ; mais ma consolation est de savoir que Christ a la clef, et que toute la puissance de Dieu est à sa disposition ; et, comme cela est dit en Jean 10, « le portier lui ouvre » ; de sorte que lorsque Jésus se présentait lui-même, comme dans les Évangiles, nul ne pouvait exclure son témoignage : tous les pouvoirs de la terre, les Pharisiens, les docteurs de la loi, les principaux sacrificateurs, les gouverneurs, les Pilates et les Hérodes (ces renards) ne pouvaient empêcher une seule pauvre brebis d’entendre la voix du bon Berger dans les jours de sa chair. Il en est de même maintenant, car Christ est « le même hier, et aujourd’hui et éternellement ». Telle est notre confiance dans la prédication de l’Évangile ; car quelle que soit la liberté dont nous sommes bénis dans ce pays si favorisé, je ne compterais pas une seule année de plus sur elle, mais bien sur cette simple promesse : « J’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer ». Je puis aller sans la moindre crainte dans quelque pays que ce soit, quelles que soient les circonstances extérieures, si je vois que le Seigneur a mis une porte ouverte devant moi. Naturellement il nous faut attendre le moment du Seigneur pour avoir la porte ouverte, comme ce fut le cas pour Paul. Un temps il fut empêché de prêcher en Asie ; et ensuite nous l’y trouvons à l’oeuvre pendant trois ans, le Seigneur y approuvant ses travaux de telle sorte que toute l’Asie, avec Éphése, la capitale, où il rassembla une église, entendit la parole de Dieu. Il va sans dire qu’il nous faudra nous contenter de nous appuyer, par la foi, sur le bras de Celui qui tient la clef, et nous aurons à posséder nos âmes par notre patience ; car il y aura toujours des circonstances pour exercer notre foi ; et Dieu permettra que ces circonstances surgissent pour nous prouver que nous ne pouvons rien faire sans lui ; car c’est quand nous trouvons que nous n’avons point de force, que Dieu répond à notre faiblesse selon sa propre force ; parce qu’il ne peut manquer de répondre à la foi qu’il a donnée. — « J’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer ». Cette parole m’a souvent donné une grande confiance : « Personne ne peut la fermer ! » C’est là un précieux appui, que si Christ a ouvert une porte, personne, homme, diable ni malin esprit ne la peut fermer. Et quoique nous n’ayons point de force, même pour pousser la porte ouverte, elle est ouverte pour nous. Toute l’Église est faible, aussi faible que possible, et cela dans un mauvais sens, car quelle foi avons-nous ? Nous entendons parler d’un peu de foi, Dieu nous montre son pouvoir, comme nous l’avons appris au sujet de telle contrée étrangère. Mais où est-ce que la force et l’énergie de foi peuvent être entendues parmi nous ?

« Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve » : cela scelle notre sûreté et notre puissance. C’est la patience propre de Christ, car il attend aussi le royaume : attendant jusqu’à ce que ses ennemis deviennent son marchepied. Nous attendons comme lui et avec lui ; mais ici c’est par la Parole. C’est ce qui est notre garant et notre sécurité — la Parole, par laquelle il nous guide dans la même pensée et le même esprit avec lesquels Il attend, séparés du monde et unis à lui dans les mêmes espérances, joies et délices que Lui, ne trouvant pas de repos avant que Lui ait trouvé le sien — la Parole qui conduit notre pensée, en nous communiquant les siennes, en nous introduisant dans la même attente que Lui. Seulement retenons ferme la parole de la patience de Christ dans ces derniers temps fâcheux. C’est là notre force contre l’adversaire : la connaissance de Christ lui-même ; non pas la puissance ecclésiastique, mais de posséder le caractère du saint et du véritable, attendant à part du monde, comme lui, gardant sa Parole et lui appartenant de telle manière qu’il nous prend hors de l’épreuve qui menace le monde. Et cependant la porte ouverte du service est nôtre en dépit de tout.

Ainsi associés avec lui, nous avons sa propre part. N’étant pas en esprit habitants de la terre, mais attendant avec lui, il ne nous fait pas traverser l’heure de l’épreuve, qui doit cribler ceux qui ont leur demeure ici-bas. Cette épreuve confondra, par la puissance de l’ennemi et la tribulation qui vient de Dieu, les hommes de ce monde, et fera de ce dernier, pour ceux d’entre les saints qui s’y attacheraient, un trop grand tourment pour qu’ils puissent s’y attacher plus longtemps. Le saint de Philadelphie échappe à tout cela ; il peut regarder directement au ciel et au Christ céleste auquel il appartient ; uni de coeur avec lui, il sait que Christ ne manquera pas à son coeur, mais qu’aussitôt qu’il se lèvera pour revendiquer ses droits et son pouvoir vis-à-vis du monde, il recueillera ses bien-aimés pour être avec lui, selon l’espérance qu’il leur a donnée. Attachons-nous seulement à la parole écrite de Dieu, et nous pourrons défier toute la puissance de nos adversaires, non que nous soyons leurs adversaires, Dieu nous en garde ! seulement ayons la conscience de l’approbation du Christ, et la proximité du coeur avec Dieu, qui prend la parole de Dieu pour guide, parce qu’elle est sa parole, et alors la puissance de Christ s’accomplira dans notre faiblesse. Ce qui caractérise les vrais saints dans le temps présent, c’est la parole écrite de Dieu, apportant le caractère et le nom de Christ, comme vérité et sainteté dans le coeur. En marchant ainsi en communion avec Celui qui est le saint et le véritable, on sera en sûreté.

« Voici, je donne de ceux de la synagogue de Satan qui se disent être Juifs — et ils ne le sont pas, mais ils mentent ; voici, je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds et ils connaîtront que moi je t’ai aimé ». Ici nous trouvons des personnes qui ont un tout autre caractère et le Seigneur parle très clairement ; il ne les ménage nullement ; ils sont la synagogue de Satan. Que prétendaient ces Juifs ? Ils se réclamaient de tout ce qui leur donnait extérieurement un droit religieux pour gouverner, commander, administrer la vérité : savoir l’antiquité, des ordonnances établies de Dieu, — ce qu’elles avaient été réellement dans le cas des Juifs, et la preuve qu’ils étaient le vrai et seul peuple de Dieu, la sacrificature instituée de Dieu. Ils prétendaient être les administrateurs, autorisés par Dieu, de ses bénédictions à l’exclusion de tous autres ; ils prétendaient au zèle pour Dieu et à la possession de ses oracles. Personne d’autre qu’eux ne possédait ces privilèges. Pouvait-on trouver ailleurs la vie éternelle ? Quand l’autorité de Christ est reconnue dans le coeur, alors vient cette parole : « Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu ». Si Dieu nous a donné la vie éternelle en Christ, nous n’avons pas besoin d’eux, et nous ne pouvons permettre que quelque chose s’interpose et fasse séparation entre nous et lui. Nous ne pouvons nous retirer de Christ ; nous avons trouvé le véritable Christ dans la Parole, et nous ne pouvons que parler de ce que nous avons vu et entendu. Celui qui voudrait me conduire ailleurs, je puis aisément le reconnaître, comme étant de la synagogue de Satan. Ils peuvent prospérer maintenant ; quant à moi, j’attendrai avec Christ, gardant cette parole qui m’enseigne de sa part, à attendre avec lui jusqu’à ce qu’il vienne et établisse la bénédiction et la gloire.

Mais si Dieu vous a donné la vie éternelle, alors vous ne devez pas discuter avec ceux de la synagogue de Satan, comme s’ils avaient quelque droit de la part de Dieu (ils n’en ont point), mais jugez vous-mêmes si vous devez obéir à eux ou à Dieu. Nous avons « le saint et le véritable » — « et le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent » (Ps. 25:14). Ils ne devaient pas contester avec cette synagogue de Satan, et quoiqu’ils n’eussent que peu de force, et n’eussent aucune réputation, ils devaient néanmoins posséder leurs âmes dans la patience, parce que Christ manifestera encore son amour pour eux devant leurs adversaires. La synagogue de Satan était une religion de la chair, qui se reposait sur des choses extérieures — sur tout ce que la nature peut réclamer comme religieux — ordonnances, oeuvres et choses semblables, prenant et occupant la place des Juifs au temps de Paul. Or il en est spirituellement de même aujourd’hui. Mais « ils connaîtront que moi je t’ai aimé », le grec met de l’emphase sur moi et toi. La question revient donc à ceci : Christ est-il suffisant pour moi ? L’approbation de Christ est-elle un motif suffisant pour gouverner ma conduite ? Si l’approbation de Christ ne suffit pas pour contenter une âme, cette âme ne pourra jamais marcher droitement.

« Je viens bientôt, tiens ferme ce que tu as », savoir « la parole de ma patience ». J’attends, et vous devez attendre. Christ attend que ses ennemis deviennent son marchepied. Au lieu de prendre nos aises, nous devons attendre qu’il intervienne, précisément comme il attendait que son Père intervînt, comme il attend maintenant que ses ennemis soient faits son marchepied.

Je voudrais faire remarquer ici de quelle manière emphatique le mot « mon » vient dans toute cette épître. C’est l’identification pratique du saint avec Celui qui est le Saint et le Véritable. Attendant avec Lui, pendant que nous sommes rejetés de ceux qui ont pour eux les ordonnances et l’antiquité, nous aurons part avec lui dans la gloire. L’expression « mon » est spécialement liée à tout dans la gloire. Vous avez été faibles en témoignage ici-bas ; mais vous avez gardé la parole de ma patience et vous serez « une colonne » de puissance « dans le temple de mon Dieu » ! (voyez v. 12).

Que le Seigneur nous donne de marcher dans la puissance de l’Esprit avec des coeurs fixés sur Christ, en tant que révélé comme le Saint et le Véritable, gardant la parole de sa patience, de sorte que son approbation soit notre éternelle récompense ! Puisse-t-il nous garder séparés du monde, contre lequel il vient en jugement !

Quel grand contraste entre attendre ce qui est suspendu, comme un sujet de terreur sur la tête de quelqu’un, et connaître Christ de telle sorte, le posséder si complètement comme l’objet de nos désirs et de nos affections, que lorsqu’il dit : « Certainement, je viens bientôt », la réponse immédiate de nos coeurs, soit « Oui, Seigneur Jésus, viens ! »


5 - Sixième méditation — PHILADELPHIE (Suite)

Dans la dernière soirée, nous avons dit seulement quelques mots sur les traits généraux de l’église de Philadelphie, juste ce qui était nécessaire pour la rattacher à la précédente église, celle de Sardes. Nous reviendrons donc maintenant en arrière, avec l’aide du Seigneur, pour considérer d’une façon plus particulière les détails de notre sujet. Remarquons, en premier lieu, que le trait principal de cette Église, est celui d’une bénédiction spéciale en vue d’un besoin spécial. Car après tout le développement du mal effroyable, à travers lequel nous avons eu à passer dans la précédente condition des églises, maintenant que nous sommes arrivés à Philadelphie, nous trouvons que tout est miséricorde et bénédiction.

Il est très précieux d’observer que, quelque pauvre et faible que soit le peuple de Dieu, même si les fidèles sont réduits à un résidu individuel, le Seigneur ne les oublie jamais. Ses regards sont toujours sur eux, afin de leur fournir de ses ressources selon ce dont ils ont besoin et quand ils en ont besoin, au temps où les choses qui les entourent sont les plus ténébreuses. C’est lorsque l’Église, aussi bien que le monde, sont arrivés à un état de ténèbres qu’on puisse toucher à la main, que les quelques fidèles qui restent ont le plus de « lumière dans le Seigneur » ; car la vie de la foi est toujours nourrie et soutenue en proportion du poids qui pèse sur elle et des difficultés à travers lesquelles elle a à passer.

C’est une autre question de savoir jusqu’à quel point le peuple de Dieu peut être employé en témoignage par lui en un temps de ruine ; il le fera selon sa sagesse. Nous en voyons un exemple (comme nous l’avons déjà remarqué) en Israël. La chute du peuple à l’occasion du veau d’or rencontra sa réponse dans la puissance spirituelle intérieure, lorsque Moïse plaça le tabernacle hors du camp ; et quand le culte de Baal prévalut ouvertement et d’une manière avouée, Dieu suscita Élie et Élisée avec une grande manifestation extérieure de puissance ; mais alors les 7000 fidèles furent cachés par Dieu. Le Seigneur peut ne pas vouloir mettre l’honneur extérieur d’être son témoignage sur ce qui a manqué. Néanmoins il fournit la grâce nécessaire et la puissance intérieure de vie, afin de soutenir l’âme individuelle, grâce qui, en tant que découlant de la Tête dans la gloire pour l’entretien du corps sur la terre, ne peut jamais manquer. Ainsi, quant aux dons dans l’Église, par exemple : ceux qui étaient pour signes, « les dons miraculeux », comme ils sont appelés quelquefois, étaient en témoignage au monde, les signes étant pour ceux qui ne croient pas, comme aussi « les langues », « les dons de guérison », etc. Ces dons peuvent tous disparaître ; mais ceux qui découlent de la Tête pour soutenir les membres du corps, ne peuvent jamais être retirés, car « personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ, l’Assemblée ».

Dans l’épître aux Éphésiens, où l’Église est spécialement présentée comme le corps de Christ, nous trouvons qu’il est parlé des dons accordés à l’Église, comme étant « en vue du perfectionnement des saints, pour l’oeuvre du service, pour l’édification du corps de Christ ». Il ne s’y trouve pas un mot touchant les dons-signes, tandis que, dans les Corinthiens, nous avons « les dons de guérison, diverses langues, l’interprétation des langues », etc. Nous trouvons ainsi dans l’Écriture deux caractères de dons distinctement marqués, 1° les dons-signes, comme dans les Corinthiens, signes publics attachés à l’Église pour le témoignage extérieur, comme moyens d’attirer un monde incrédule ; 2° les dons qui découlent de la Tête pour nourrir le corps. Cette alimentation doit toujours demeurer. Elle peut venir comme témoignage extérieur, ou bien directement de Christ lui-même comme exercice de sa grâce ; mais il ne peut pas se faire que cette grâce ne découle toujours de la Tête. C’est précisément ce que nous trouvons dans l’église de Philadelphie ; ce qui la caractérisait, c’était la faiblesse, le manque de pouvoir, mais une beaucoup plus grande proximité de Celui qui est puissance, un plus grand degré d’affection pour le Seigneur, plus d’intimité de communion avec lui, et, dans les promesses qui s’y trouvent, une identification beaucoup plus positive avec Christ lui-même.

La faiblesse est ce qui caractérisait l’église de Philadelphie, mais aussi elle était sans reproche de la part du Seigneur. Et nous devons toujours nous souvenir de ceci, que quoique Dieu puisse accorder un déploiement extérieur de puissance, tel que dons de guérison, langues et choses semblables, comme témoignage au monde, et que ces choses puissent cesser, le sentiment de notre faiblesse n’en est pas moins en tout temps, soit avec cette manifestation extérieure de puissance, soit sans elle, une force suffisante, si elle est mêlée avec la foi. La détresse du coeur peut accompagner, sans incrédulité, ce sentiment de faiblesse. Le Seigneur Jésus a éprouvé ce sentiment de profonde tristesse. « Maintenant mon âme est troublée et que dirai-je ! Père, délivre-moi de cette heure ! » Mais nous voyons aussi que la tristesse est précisément la chose qui l’attachait immédiatement à son Père.

Mais, hélas ! trop souvent nous sommes tellement sous l’impression de la tristesse elle-même, nos âmes se tournent d’une telle manière vers les sujets de cette tristesse, que nous sommes amenés à douter que Dieu puisse y remédier ; car au lieu de dire : « Dans la multitude des pensées qui étaient au dedans de moi, tes consolations ont fait les délices de mon âme » [Ps. 94:19], nous ne sommes occupés, dans la multitude de nos pensées, qu’à songer à ce qu’il faut faire, ne regardant ainsi qu’à ce que nous trouvons au dedans de nous et ne faisant que nous en occuper, au point même de tenir Dieu dehors. Mais ce ne fut jamais le cas pour le Seigneur Jésus : du moment que l’heure de l’angoisse apparut devant son âme, son cri immédiat fut : « Père ! délivre-moi de cette heure ». Mais si nous nous occupons de notre faiblesse autrement que pour être amenés au sentiment immédiat de la force de Dieu, Dieu avec nous et Dieu pour nous, c’est de l’incrédulité.

De plus, ce n’est pas dans le sentiment de la grandeur des dons et des révélations de Dieu envers nous que notre force repose, car les signes et les miracles ne donnent pas la force intérieure. Ils peuvent, dans les temps d’épreuve, nous confirmer sa parole, mais ils ne communiquent jamais la force intérieure. Il est important de comprendre cela. Prenez, par exemple, le cas de Paul, qui fut ravi au troisième ciel, et y entendit des choses qu’il ne lui était pas possible d’exprimer. Chose étonnante que celle-là ! et sans doute c’était un point d’appui pour l’âme de Paul dans ses épreuves, de revenir sur cette pensée qu’il avait été dans le troisième ciel, mais cela ne lui communiquait pas la force intérieure ; au contraire, la chair se serait élevée sans l’intervention souveraine de Dieu, et ce n’eût pas été là de la force. Mais lorsque l’apôtre eut quelque chose qui le faisait s’apercevoir de sa propre faiblesse, alors la force de la part de Dieu put intervenir. Il en est ainsi de nous. Nos coeurs sont si trompeurs et notre chair est si méchante, que, si nous ne veillions pas, nous abuserions de tout ce que le Seigneur nous confie. Nous n’avons pas besoin de nous arrêter à demander, ici, en quoi consistait « l’écharde dans la chair » de Paul, quoique souvent on en ait fait le sujet de beaucoup de recherche inutile par pure curiosité ; mais nous voudrions faire remarquer que chacun de nous aura une écharde différente selon le danger auquel il sera exposé. Nous savons, par Gal. 4:13, 14, que c’était quelque chose qui tendait à le rendre méprisable dans la chair, produisant ainsi dans son ministère une faiblesse sensible : aussi Paul cria-t-il trois fois au Seigneur d’éloigner cela ; mais le Seigneur lui répondit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité ». Paul doit réaliser ce sentiment de la faiblesse, afin d’apprendre où gît la véritable force ; et il peut alors se glorifier dans ses infirmités, de telle sorte que la puissance de Christ repose sur lui, suivant ce qu’il dit : « quand je suis faible, alors je suis fort ». Il y a toujours de la force à regarder à Dieu, mais si l’esprit s’arrête à sa faiblesse, autrement que pour l’apporter à Dieu, cela devient de l’incrédulité. Il peut survenir des difficultés, Dieu peut permettre que plusieurs choses surgissent pour manifester notre faiblesse ; mais la marche simple de la foi est d’aller en avant, sans chercher d’avance ce que nous avons à faire, mais comptant sur le secours dont nous avons besoin et que nous trouverons, quand le moment sera arrivé. Le sentiment que nous ne sommes rien nous rend heureux de nous oublier nous-mêmes, et c’est alors que Christ devient tout pour l’âme. Il y a une force réelle à suivre simplement la voie de l’obéissance dans ce que nous pouvons avoir à faire, quelle que soit l’épreuve. Il en fut ainsi de David quand il eut à combattre : « Le Seigneur qui m’a délivré de la patte de l’ours et de la griffe du lion, me délivrera de la main de ce Philistin ». Peu importait à David s’il s’agissait du lion, de l’ours ou de ce géant Philistin ; tout cela était la même chose pour lui, car par lui-même il était aussi faible en présence de l’un qu’en présence de l’autre ; mais il alla tranquillement faire son devoir, tenant pour certain que Dieu serait avec lui. — Telle est la foi.

Voyez un contraste avec cette marche dans l’incrédulité des espions envoyés par Moïse pour examiner le pays : ils tremblaient et disaient qu’ils n’étaient que comme des sauterelles en présence de leurs ennemis, oubliant ainsi tout à fait ce que Dieu était pour eux, et faisant de leur entrée en Canaan une affaire entre eux et les Anakim, au lieu d’une affaire entre les Anakim et Dieu. Mais lorsque je jette un simple regard sur le Seigneur, « je puis tout par Christ qui me fortifie » [Phil. 4:13]. Au milieu de circonstances propres à nous troubler, nous ne devons pas regarder à nous-mêmes, n’étant rien que faiblesse, mais simplement regarder au Seigneur en qui réside pour nous toute force.

Le cas de Philadelphie était un cas de faiblesse évidente, mais de fidélité ; il peut y avoir grande apparence de puissance, et néanmoins une faiblesse réelle. Comme le Saint Esprit le dit aux Corinthiens, il peut y avoir le don de parler les langues des hommes et des anges, l’intelligence de tous les mystères, et toutes les connaissances, et néanmoins il peut y avoir là, en même temps, la plus profonde faiblesse, parce que tout cela n’est pas fait en communion avec Dieu. Il n’y a pas d’état plus dangereux que celui dans lequel la manifestation extérieure du pouvoir va au delà de l’union et de la communion intérieure de l’âme avec Dieu ; la vie au dedans doit être en harmonie avec le déploiement de puissance au dehors.

« Voici ce que dit le saint, le véritable ». Ici, à Philadelphie, nous avons le Seigneur dans son caractère moral, et non dans le caractère personnel de sa puissance comme Fils de Dieu, mais le « saint et le véritable », s’adaptant en grâce à la condition et aux besoins de ses fidèles. Nous le trouvons aussi disposant tellement de moyens en faveur de l’Église, et d’une telle manière, que s’il ouvre une porte, nul ne peut la fermer, et s’il la ferme, nul ne peut l’ouvrir.

Il y a donc ici ces deux choses : Il est le saint et le véritable pour ceux qui se confient en lui, et aussi il a, non pas à la vérité ici le déploiement du pouvoir, mais la clef du pouvoir, selon ce que l’Éternel dit à Shebna en Ésaïe 22:22 : « Je mettrai la clef de la maison de David sur son épaule ; et il ouvrira et personne ne fermera, et il fermera et personne n’ouvrira ».

Ainsi donc, là où se trouve cette faiblesse, il encourage l’Église à se confier en lui, en tant que le Saint et le Véritable ; et là où se trouvent cette disposition à se reposer sur son droit à ouvrir et fermer, cette confiance dans sa personne et cette conformité à son caractère, l’Église est parfaitement en sûreté ; peu importe ce qui peut arriver, et que le pouvoir de l’homme ou de Satan aille aussi loin que possible, si je me repose en Christ qui est parfaitement véritable. Il a ouvert une porte, que ni homme ni démon ne peuvent fermer.


Comme cette position de l’Église de Philadelphie a de l’analogie avec celle de Christ quand il était sur la terre ! Chacun cherchait à lui fermer la porte. Pilate, Hérode, les Scribes, les Pharisiens, et toute la nation des Juifs s’efforçaient tous de fermer la porte à Christ. Comme l’Église de Philadelphie, Christ se trouvait au milieu d’un ordre de choses que Dieu avait jadis institué, mais qui avait manqué entièrement ; car dans le temps de Christ, il n’y avait là ni l’arche, ni l’Urim et le Thummim, ni la Schékinah (la gloire de la présence de Dieu dans le Temple). Tout ce qui avait constitué réellement la manifestation sensible du pouvoir et du témoignage, avait disparu ; et loin que Jéhovah eût un trône à Jérusalem, ils étaient tombés eux-mêmes sous le pouvoir des Gentils et étaient devenus esclaves du trône de l’homme. C’est de là que tirait son extrême subtilité la question que les Juifs soumirent à notre Seigneur [Matt. 22:17-21] : « Que t’en semble : est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? » Si le Seigneur avait répondu : non, c’eût été la négation du châtiment de Dieu pour leurs péchés ; et s’il avait dit : oui, cela équivalait à la négation de son titre comme Messie. Mais le Seigneur apercevant leur malice, sa réponse revint à ceci : « Vous vous êtes placés vous-mêmes sous cette domination par vos péchés, c’est pourquoi maintenant vous devez en accepter les lois ». Ce n’est pas seulement la déclaration : « Les pouvoirs qui existent sont ordonnés de Dieu », et nous nous soumettons à eux comme tels. Mais dans le cas d’Israël, une autre conduite eût été la négation du châtiment de Dieu pour leurs péchés, comme il est dit : « Nous sommes esclaves aujourd’hui à cause de nos péchés » [Néh. 9:36-37]. Le Seigneur se soumit lui-même à cette domination en payant le tribut. Mais quoique Israël, comme corps, eût manqué à sa fidélité à Dieu, Dieu cependant ne pouvait manquer à sa fidélité envers eux, car son Esprit demeurait au milieu d’eux, ainsi que nous l’apprenons en Aggée. Et c’est pour cela que nous trouvons qu’il y avait un petit résidu : les Annes et les Siméons, qui attendaient la rédemption d’Israël. Comme il est dit en Malachie : « Ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre ». — Ainsi c’était une condition de ténèbres entières et quand Celui qui était la lumière est entré, il a été sur-le-champ rejeté. Et qu’est-il arrivé ? La porte lui a-t-elle été fermée ? Non, « le portier lui ouvre ». Christ était entré par la porte, et non, comme tous les prétendants qui l’avaient précédé, en grimpant par quelque autre endroit : mais tout en travaillant avec une puissance divine, Christ était entré par la porte fixée de Dieu, et personne ne peut la lui fermer ; précisément comme Dieu nous a aussi fixé le moyen. Christ a dit de lui-même : « Je suis la porte, si quelqu’un entre par moi il sera sauvé ».

Tout ce qui lie notre position avec Christ est pour nous une véritable bénédiction ; car y a-t-il jamais eu quelqu’un qui ait marché dans une aussi constante et humble fidélité envers Dieu que la sienne ? En considérant le contraste de son humble marche avec celle d’Élie, que voyons-nous ? Élie exerça son ministère avec une grande puissance extérieure ; il fit descendre le feu du ciel pour détruire les prophètes de Baal, et il pensait qu’il était seul demeuré fidèle à Dieu, tandis que Dieu avait 7000 hommes, qui n’avaient point fléchi le genou devant Baal, et qu’Élie n’avait pas découverts. Christ, au contraire, était satisfait de n’être rien dans un monde où l’homme était tout et d’où Dieu était exclu ; il acceptait d’être traité comme le rebut de la terre. Et cependant, dans le même temps, il n’y avait pas une seule brebis perdue de la maison d’Israël (fût-ce d’ailleurs le plus vil d’entre les pécheurs, fût-ce la Samaritaine, la femme adultère ou un péager), que sa voix n’atteignît, comme la voix du bon berger, et que son regard ne découvrît. C’est pourquoi, en vertu même de son humiliation, il donne à ceux qui n’ont maintenant que ce « peu de force », la même place, qu’il a prise lui-même, et leur ouvre, comme le portier l’a fait pour lui, une porte que personne ne peut fermer. Nous attendons la gloire : « Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée » ; et, tout en attendant ainsi, nous avons à traverser ce sur quoi a été écrit : « Icabod », ou « la gloire s’en est allée ». Le témoignage de cette dispensation s’en est allé pour n’être jamais rétabli. Ce sur quoi le Seigneur insiste auprès d’eux, c’est qu’ils ne doivent pas supposer qu’on puisse mettre ordre au mal, tel que celui de Thyatire et de Sardes. Il dit seulement : « Voici, je viens bientôt, tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne », c’est-à-dire : « garde la parole de ma patience, jusqu’à ce que je vienne ». Nous nous trouvons ainsi dans des circonstances analogues à celles de Christ ; car lorsque le Seigneur dit : « Voici, je viens bientôt », c’est afin que nous soyons dans une position encore plus semblable à la sienne ; position qui, quoique accompagnée d’épreuves et d’humiliation, est une position bénie, puisque nous nous trouvons précisément dans celle que Jésus a prise, et avec la même promesse : une porte ouverte que personne ne peut fermer ; c’est là la foi qu’il faut pour le temps actuel. Ce n’est pas de beaucoup de force que nous avons besoin, mais ce qui nous est le plus nécessaire, c’est une conformité plus grande à la position de Christ.

Remarquez ensuite une autre chose particulière à cette Église de Philadelphie. Le Seigneur ne se met pas à sonder leurs oeuvres ; mais il laisse le coeur de ces pauvres êtres faibles satisfait de la conscience qu’il les connaît. Il n’en est pas de même pour les autres Églises : Il remarque le caractère de leurs oeuvres : Il a dit à Sardes : « Je n’ai pas trouvé tes oeuvres parfaites devant mon Dieu » ; mais c’est assez pour nous qu’il connaisse nos oeuvres. Oh ! quelle consolation cela donne ! car si nous avions à chercher la perfection comme dans Sardes, nous aurions bien de la peine à rendre compte ; le mélange, le peu de foi nous épouvanteraient ; de fait, aucune de nos oeuvres n’a répondu à la grâce reçue. Sans doute il y a abondance d’activité, il y a beaucoup de ce que l’homme peut approuver ; mais à considérer le caractère général du service, qu’il est difficile de trouver quelque chose que Dieu puisse approuver ! Ainsi donc, quand nous nous occupons de l’état des choses dans le monde qui nous entoure et dans l’Église de Dieu elle-même, nos coeurs se fondraient au dedans de nous si nous ne nous reposions sur cette si précieuse vérité, que Christ connaît tout.

Mais alors, leur dit-il qu’il n’a rien trouvé chez eux ? Non ; il dit : « Tu as gardé ma parole » ; ce qui caractérisait Christ, doit être le trait caractéristique de l’Église de Dieu. Christ pouvait dire : « J’ai caché ta parole dans mon coeur » [Ps. 119:11], et c’est là ce qui caractérise tout particulièrement la fidélité dans les derniers jours. Paul dit en écrivant à Timothée : « Dans les derniers jours il surviendra des temps fâcheux » ; il annonce qu’il y aurait une terrible forme de piété sans puissance ; que même de son temps, le mystère d’iniquité était déjà là, et que les hommes méchants et séducteurs iraient en empirant. Contre ce mal, il y a une sauvegarde que l’apôtre signale en ces termes : « Mais toi demeure dans les choses que tu as apprises, et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que dès l’enfance tu connais les saintes lettres », la simple parole écrite, que nous appelons la Bible, lue dès sa jeunesse. La sûreté ne se trouverait point dans une manifestation de puissance extérieure, ni même dans des miracles, mais simplement dans la parole écrite. C’était là l’instrument de bénédiction, l’autorité reconnue par Timothée ; il va sans dire que la grâce de Dieu avait été nécessaire pour sa conversion.

Je dis ceci, parce que, se tenir étroitement attaché à la parole de Dieu, est la sauvegarde particulière de ces derniers jours, savoir l’autorité spéciale de la parole de Dieu elle-même, précisément ce que Timothée, dès son enfance, avait trouvé dans les Écritures ; Timothée y avait ajouté naturellement ce qu’il avait appris des apôtres également inspirés, et qui est devenu depuis pour nous la parole écrite. C’est en la parole écrite de Dieu que gît, par la grâce, toute notre sûreté. Le Seigneur ne dit pas : « Tu as de la force », mais : « Tu as gardé MA parole » ; et ensuite plus bas il ne dit pas : « Tu m’as connu sous tel ou tel caractère », mais : « Tu n’as pas renié mon nom ». Le nom du Seigneur signifie toujours la révélation de ce qu’il est ; comme s’il est appelé Christ, il est l’Oint. Le Seigneur dit ici : comme vous vous êtes fermement attachés à moi tel que j’ai été révélé, je ferai que ceux qui ont un faux nom, « viendront et se prosterneront devant tes pieds, et ils connaîtront que moi je t’ai aimé ». Nous trouvons ici les deux caractères en contraste ; et il faut aussi remarquer l’emphase sur le mot ma. C’est sur la parole de Christ que je suis appelé à m’appuyer : « ma parole », la parole de Christ lui-même, la communion avec Christ lui-même, pas même la parole de l’Église. Supposez, par exemple, que je prenne la parole de l’Église, c’est prétendre que l’Église a l’autorité ; mais si je prends la parole de Christ, alors j’ai l’autorité de Christ lui-même ; et c’est par la parole de Christ que je dois juger tout ce qui concerne l’Église elle-même. La parole de Christ nous unit avec Christ, son nom et sa personne ; or ce sont ces deux choses qu’il nous est particulièrement essentiel d’avoir pour être capables de marcher contre le courant des séductions que nous savons être propres aux derniers jours. C’est une puissance de séduction qui caractérise ces temps : « les hommes méchants et séducteurs iront en empirant » ; « Je vous ai écrit ces choses touchant ceux qui vous égarent ».


En parlant d’une manière générale du caractère des temps, nous attendons un pouvoir séducteur. Il y aura un Antichrist distinct et défini, qui manifestera ce pouvoir d’une autre manière, mais « même à présent il y a plusieurs antichrists ». Nous avons donc à combattre ardemment « pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints ». Si l’homme dont la venue est selon l’efficace de Satan, avec des signes et de faux miracles, doit prévaloir contre ceux qui « n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés », nous avons besoin de tenir ferme et cela nous gardera de celui qui viendra comme un ange de lumière ; mais ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité tomberont dans ses embûches. Or cette sauvegarde nous l’avons dans la parole de Christ lui-même, en gardant la parole de sa patience, et en ne reniant pas son nom.


Il faut que ce soit une chose individuelle, car l’entrée de la puissance séductrice signale les temps dans lesquels nous vivons comme des temps fâcheux, non pas par une persécution ouverte ou des difficultés semblables ; mais, comme le serpent a séduit Ève par sa ruse, ainsi nos coeurs sont en danger de dégénérer de la simplicité quant au Christ. Et qu’avons-nous pour nous en garantir ? Est-ce une manifestation extérieure de puissance, des miracles, etc… ? Non, nous n’avons pas de force extérieure pour résister à Satan ; nous sommes la faiblesse même : « Tu as peu de force » ; mais notre sûreté est en ceci, que chaque âme individuellement tienne ferme la parole écrite de Christ et ne renie pas son nom.

Il semble que ce n’est pas beaucoup de dire d’eux « Tu as gardé ma parole et tu n’as pas renié mon nom », car ils n’avaient pas fait beaucoup ; eh bien ! que pouvaient-ils faire ? Mais, chers amis, pouvoir parler ainsi à leur sujet quand la puissance de séduction était là, c’était tout dire d’eux. Lorsque tout ce qui avait lieu tendait à mettre de côté la parole écrite, ils la gardaient ; et lorsque tout aboutissait à renier le nom de Christ, ils ne le reniaient point. Ce qui est beaucoup aux yeux de Dieu, ce n’est point de faire descendre le feu du ciel comme le fit Élie, mais d’être fidèles au milieu de l’infidélité qui nous environne. De même il semble que ce n’est pas beaucoup, de dire que 7000 ne s’étaient point conformés à l’acte grossier d’adorer Baal, ni de dire simplement qu’ils « n’avaient pas fléchi le genou devant lui » ; mais, en effet, c’était tout dire à leur sujet, parce qu’ils étaient entourés de ceux « qui fléchissaient le genou devant Baal ». De même l’Église avait d’abord été établie en puissance, mais l’ivraie avait été abondamment semée parmi le blé, et ce qui signale les fidèles, c’est que, lorsque le pouvoir de séduction apparaît, ils ne sont pas séduits ni entraînés par lui ; ce n’est pas manifestation de puissance extérieure, mais simplement fidélité de marche avec Dieu au milieu du mal. Ainsi donc il y avait dans l’église de Philadelphie une fidélité de marche qui lui donnait de la force intérieure, quoiqu’il n’y eût pas un déploiement extérieur de puissance.


« Voici, je donne de ceux de la synagogue de Satan, qui se disent être Juifs et ils ne le sont pas, mais ils mentent ». Ici nous trouvons cette fidélité individuelle dans la marche secrète avec Dieu, mise en contraste avec ceux qui s’en tiennent à un système établi ; il y avait abondance de formes, une belle apparence selon la chair ; on se vantait d’être Juif et l’on entreprenait de rétablir ce qui avait formé autrefois le caractère extérieur du peuple de Dieu ; ne considérant pas que c’est une chose « nouvelle » que Dieu a établie maintenant et qui met le coeur à l’épreuve. Ils ne rejettent pas la parole de Dieu (les Juifs ne le faisaient pas davantage), mais ce n’est pas la parole de Dieu qui les gouverne. Les Juifs recevaient les Écritures, mais ils rejetèrent Christ et le mirent à mort. Comme Jésus avait dit : « Ils vous chasseront des synagogues » et ce n’était pas sans l’idée de servir Dieu en agissant ainsi : « Le temps vient que quiconque vous fera mourir croira servir Dieu » ; mais c’était simple rejet de la lumière envoyée de Dieu. « Et ils vous feront ces choses, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi ». Une ancienne vérité, qui a trouvé faveur dans le monde de manière à être réputée orthodoxe, ne peut mettre le coeur à l’épreuve ; elle accrédite la nature, on est estimé pour elle. Si je puis avoir de la religion et me donner du crédit par elle, au lieu d’avoir, par son moyen, le coeur mis à l’épreuve dans l’exercice de la foi, je puis être pleinement certain que ce n’est point la religion de Dieu, quoique ce puisse être la vérité jusqu’à un certain point ; ce n’est point la foi en Dieu. C’est là ce que faisait la synagogue des Juifs ; ils mettaient de côté le nom de Christ et la parole de Christ, pour des choses sur lesquelles ils pouvaient se reposer, lorsqu’il n’y avait pas de coeur pour Christ ; la tradition, les ordonnances, les pères, telles étaient les choses qu’ils aimaient et non pas la parole de Christ pour eux-mêmes.


Il est parfaitement vrai que les Juifs avaient été le peuple de Dieu, mais ils ont rejeté et foulé aux pieds le nom de Christ ; et c’est là ce qui fait toute la différence, car maintenant que Christ a été manifesté, ce que Dieu attend c’est une fidèle obéissance à son Fils. Demeurer fidèlement attaché à Christ, tout est là maintenant.


« Je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds, et ils connaîtront que moi je t’ai aimé ». Dieu n’a pas reconnu comme son peuple ces prétendants à l’antiquité religieuse ; tout ce qu’ils devaient trouver, c’est précisément de savoir que Christ a aimé ce pauvre résidu méprisé. « Connaître que moi je t’ai aimé ». Voyez maintenant ce qui doit satisfaire le coeur ; ce n’est pas une reconnaissance actuelle de la part de ceux qui font profession de connaître Dieu, tandis qu’ils le renient par leurs oeuvres ; mais une calme et ferme confiance que Christ nous aime. C’est ce qui met le coeur à l’épreuve. Si vous avez besoin de jouissances actuelles, de brillants tableaux offerts à votre esprit ; s’il vous faut le goût satisfait, l’imagination nourrie ; si vous avez besoin de gagner des hommes ; s’il vous faut quelque chose de « la vénérable antiquité », Christ n’est dans aucune de ces choses, « il est le même hier, et aujourd’hui, et éternellement » ; et il est lui-même la vérité. Et si nous avons l’amour de Jésus, présent dans nos âmes, nous possédons en lui tout ce dont nous avons besoin.


Il y a bien des personnes qui demandent : qu’est-ce que la vérité ? Avec de telles personnes, ces prétentions peuvent avoir du poids. La synagogue de Satan peut être une religion, et une religion antique, vénérable, pleine de somptueux attraits, et de ce qui a de l’autorité sur la chair, comme on le voit chez Pilate qui demandait : « qu’est-ce que la vérité ? » et ensuite crucifiait Jésus qui est la vérité, afin de plaire aux prêtres de l’époque. Le caractère de ces derniers jours est justement celui-ci, que les hommes cherchent toujours et ne viennent jamais à la connaissance de la vérité. Je n’ai pas besoin de demander ce qu’est la vérité, si je la possède ; ce qu’un homme cherche il ne le possède pas. Un homme qui cherche toujours la vérité, reconnaît par là-même qu’il ne l’a pas trouvée. Christ a dit : « Je suis la vérité » ; il est le centre de toute vérité, et la base de tout ce qui nous unit à Dieu. Un incrédule élèvera des doutes sur toute chose, mais il n’établit rien ; or nous avons besoin de quelque chose qui soit certain ; du moment où nous avons la personne de Christ, nous avons la vérité. « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1:18). Ai-je besoin de savoir ce que Dieu est, ce que l’homme est ? Je trouve en Christ un tableau parfait de ce que Dieu est pour l’homme et de ce qu’il est lui, comme homme, pour Dieu. Tout est en Christ ; nous avons à croître naturellement dans la connaissance de cela. Le coeur qui possède Christ n’a pas besoin de la synagogue de Satan ; le coeur qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est véritable ; l’âme qui connaît cela est de la manière la plus simple gardée du mal. J’ai trouvé la grâce aussi bien que la vérité. « La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ ». Lorsque je demeurais dans le mensonge, c’est la grâce qui a apporté la vérité à mon âme ; et que faut-il de plus à l’âme ? Elle a de la tristesse, en fait, à cause du milieu souillé à travers lequel elle passe maintenant, mais il n’y a plus d’incertitude quant à sa part ; elle a trouvé toute chose en Christ, il n’y a rien à ajouter à sa bénédiction secrète. « Je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds (dans le sens de rendre hommage), et ils connaîtront que moi je t’ai aimé ». Nous savons cela maintenant, non certes comme en étant dignes, car tout cela est par grâce ; mais nous en avons la jouissance actuelle par la présence de Christ, selon qu’il dit : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux ». Le monde ne connaît pas cela maintenant ; mais en ce jour-là, le monde connaîtra que le Père nous a aimés comme il a aimé son Fils ! Quand le coeur saisit cet amour de Christ pour nous, il s’y repose ; il doit être satisfait de la jouissance présente de l’amour de Christ, quoique ceux qui nous entourent n’en sachent rien. Maintenant le Seigneur sèvre en diverses manières nos coeurs de tout ce qui nous environne, afin que nous puissions trouver, dans le témoignage de son amour personnel pour nous, ce qui est propre à fortifier la foi, à affermir la conscience et à guider le coeur. Christ dit : « Je suis la porte », et c’est là ce qui autorise la marche de la brebis qui le suit. Au temps de Christ, il y avait l’ordre de choses juif que Dieu avait établi ; et il n’y avait pas d’autorité pour en sortir, avant que Christ ne sortît ; mais le coeur attiré et attaché à Christ avait l’ordre spécial de le suivre en dehors du système établi : « Suivre l’Agneau où qu’il aille ».

Dans cette église de Philadelphie, nous avons la promesse relative à l’espérance qu’a l’Église d’être avec Christ dans la gloire. L’identification avec lui dans sa position associe les saints avec lui-même, et avec la parole de sa patience. Toute l’Église n’était pas du même sentiment qu’eux ; et ils ne jouissaient pas encore du plein résultat de son amour : je veux dire, qu’ils n’avaient pas Christ personnellement et pleinement présent avec eux ; mais si l’amour de Christ doit être le guide de ma conduite, ce dont mon coeur a besoin, c’est que Christ soit avec moi ; car si nous aimons quelqu’un, nous éprouvons sûrement le besoin d’être avec lui. Mais, en ayant Christ dans le coeur, nous gardons la parole de sa patience. Sans doute, c’est un temps où nous sommes éprouvés, criblés, purifiés et exercés, mais il nous faut attendre ; et remarquez de plus comment cette bienheureuse identification avec lui est continuellement maintenue, comme ce n’est pas simplement la parole de la patience, mais de « MA patience ». Et pourquoi « ma patience » ? Parce que Christ attend (voyez Ps. 110), et c’est ce qui détermine toute notre conduite, car si Christ attend, nous devons aussi attendre. Christ doit demeurer dans un état d’attente et, pour ainsi dire, dans un exercice de patience par rapport au temps du Père ; et c’est dans ce sens que le Fils est dit ne pas connaître le temps que le Père a réservé à sa disposition. Christ a fait tout ce qui était nécessaire pour ses amis, et il s’est assis à la droite de Dieu, « attendant jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour son marchepied ». Christ attend qu’il ait rassemblé tous ses amis, avant de faire, comme il dit, son oeuvre étrange sur la terre, à l’égard de ses ennemis. Et de là vient que cette expression de « ma patience » est précisément celle qu’il nous fallait, car nous attendons ce jour dont Christ nous parle : « Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi ». Nous voyons toute la création gémissant autour de nous dans l’attente de ce jour, et nous aussi nous gémissons en nous-mêmes, attendant la rédemption du corps. Mais jusque-là, tout est dans le désordre. Où en sont les Juifs, encore bien-aimés à cause des pères ? Ils sont comme errants et vagabonds sur la face de la terre, sans sacrificateurs, sans théraphim, sans quoi que ce soit, tout desséchés, pour ainsi dire, quoique le Seigneur travaille au milieu d’eux. Si je regarde au monde, tout est péché et misère ; si je considère toute la création, elle gémit : quant à ce qui s’appelle l’Église, le cri universel est : qui nous fera voir du bien ? Qui est satisfait de quoi que ce soit ? je ne parle pas dans le sens mauvais de mécontentement ; mais il n’y a rien qui donne du repos à l’âme. Prenez le système que vous voudrez, peu importe, le sentiment général est que les fondements du monde sont détruits. Le corbeau peut, à la vérité, aller et descendre sur quelque carcasse flottante, mais la colombe ne peut trouver nulle part, sauf dans l’arche, où poser la plante de son pied. Et qu’avons-nous, au milieu des épaisses ténèbres de la nuit, pour y reposer nos âmes fatiguées ? Rien, sinon l’attente certaine de la venue de l’étoile brillante du matin. Jusqu’à quand Christ attendra-t-il de pouvoir agir en jugement, et quand exécutera-t-il ce dernier ? Quand il aura pris ses amis avec lui, il commencera d’agir dans le caractère de Juge, non, à la vérité, pour retrancher tous ses ennemis à la fois, mais c’est alors qu’il prendra son grand pouvoir. Ce qu’il attend tout particulièrement, c’est que ceux qui ont sa part soient avec lui-même et comme lui-même. Nous sommes prédestinés à être conformes à son image. Il jouira du travail de son âme et en sera rassasié, lorsqu’il aura son Épouse avec lui et telle que lui. Pour que l’homme mystique, l’enfant mâle d’Apoc. 12, puisse agir, il faut d’abord qu’il soit complet (il va sans dire qu’il l’est essentiellement en lui-même) comme Chef, au-dessus de toutes choses, de l’Église, qui est son corps. La Tête et le corps doivent être unis, avant qu’il puisse prendre ce titre, parce que, quant à la revendication de ce dernier, cet homme mystique ne peut l’entreprendre, jusqu’à ce que l’Église ait été prise à lui, car jusqu’à ce moment-là, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’Église, le corps, soit unie dans le ciel à la tête, Christ, l’homme mystique, en ce sens, n’est pas complet. En conséquence, il faut que l’Église ait été enlevée, avant que Christ puisse venir en jugement.

Or quel est maintenant le grand obstacle à la pleine bénédiction de l’Église ? Tout, dès le commencement, a manqué : — Adam — l’homme avant le déluge — Noé — la loi ; prenez ensuite le christianisme : voyez l’ivraie semée parmi le blé ! voyez le sacerdoce, par l’influence de Satan, prenant la place de Christ et de notre union avec lui. Le premier acte de puissance, lorsque l’homme mystique est complet, est de précipiter Satan et ses anges du ciel, où on ne les revoit plus jamais (Apoc. 12:9) ; mais ils sont précipités sur la terre, et alors le Diable est dans une grande colère, parce qu’il sait qu’il ne lui reste que peu de temps, et dans sa fureur, il soulève toutes choses contre le Seigneur Jésus Christ, s’étant pleinement révélé comme adversaire. Alors le Seigneur viendra avec ses saints exécuter le jugement sur la terre. Il rétablira les choses en bannissant le mal, et aussitôt que ses ennemis seront faits son marchepied, il introduira la plénitude de la bénédiction. Mais il nous faut bien retenir dans notre esprit, que le jugement suit la réunion de l’Église avec Christ. L’homme mystique doit être complet, avant de pouvoir exercer le jugement. Alors Christ prend un caractère entièrement différent : Jusqu’à ce qu’il nous prenne dans la gloire, c’est comme Sauveur qu’il est présenté (et même alors, après l’enlèvement de l’Église, il y aura, sans aucun doute, un Résidu sauvé) ; mais quand cet événement aura eu lieu, le temps favorable sera terminé, et alors « il jugera et combattra en justice ». Quand il sortira de cette manière, nous comprendrons parfaitement pourquoi il nous parlait de la parole de sa patience ; car, jusqu’à ce qu’il prenne à lui son grand pouvoir et qu’il règne, nous sommes- de coeur et d’esprit liés avec lui dans cette parole de sa patience ; et la bénédiction spéciale qui s’y trouve, c’est notre association avec Christ lui-même, c’est d’avoir notre sort lié avec Christ en toutes choses. En tant qu’homme, sans atténuer en rien la gloire divine de sa personne, mais comme revêtant le caractère de serviteur, Christ doit attendre jusqu’à ce que Dieu, dans son bon plaisir, place toutes choses sous ses pieds, et c’est, je n’en doute pas, le sens des paroles : Quant à ce jour nul ne le sait, pas même le Fils, mais le Père seul. Étant ainsi unis avec Christ et ayant dans ce moment-ci son amour comme la part qui satisfait notre âme, nous préférons attendre et avoir notre bonheur avec lui, que de l’avoir avant lui. Le caractère propre de l’Église de Dieu est d’être en union parfaite avec Christ lui-même ; ce n’est pas seulement d’être bénie, mais c’est d’être unie à Celui qui bénit. Nous sommes son épouse ; c’est là notre place propre, et toutes les fois que nous en descendons, nous nous éloignons de la pleine puissance des pensées d’amour de Dieu à notre égard, et de ce que Christ est pour nous de sa part.

Nous trouvons l’Église associée à Christ en tout ce qui est dit de lui dans le jour de sa gloire. Dans son caractère de Melchisédec, par exemple, il occupe en autorité la place la plus élevée, en tant que Roi, et dans le culte la plus rapprochée, comme Sacrificateur ; or nous sommes aussi faits rois et sacrificateurs. Ève fut associée avec Adam dans la domination ; mais il n’y avait rien dans toute la création qui pût prendre sa place, comme il est écrit : il ne se trouvait point d’aide pour Adam. Mais lorsque Ève lui eut été amenée, il put dire : « Cette fois, celle-ci est os de mes os et chair de ma chair ». Il ne s’était pas trouvé d’aide pour lui. Cela est également vrai du Seigneur et de l’Église, car il peut dire : — « Maintenant celle-ci est os de mes os et chair de ma chair » et il peut se réjouir et prendre ses délices en ce qu’a produit son propre amour.


Que le Seigneur nous garde de déchoir de cette position qui est notre vraie place. Puisse-t-il nous donner le sentiment profond et permanent de notre pleine et précieuse union avec lui-même ; car le coeur de Jésus ne saurait être satisfait sans cela, et le nôtre ne devrait pas l’être ! Il ne s’agit pas de nos mérites, car nous sommes de vils pécheurs, mais de l’affection de Christ. La vraie humilité consiste à ne pas penser à nous-mêmes ; mais remarquez qu’il est beaucoup plus difficile de s’oublier, que d’avoir de soi une mauvaise opinion. Si nous ne voulons pas être humbles, il faut que nous soyons humiliés.


« Parce que tu as gardé la parole de ma patience, je te garderai aussi ». Le Seigneur dit : Si je te reconnais comme gardant « la parole de ma patience », non pas comme ayant quelque force, mais comme étant associé avec moi-même, alors « je te garderai, etc ». Ainsi il nous lie avec lui-même, quelque pauvres faibles êtres que nous soyons, comme les damans qui ne sont qu’une faible nation, et qui néanmoins font leur nid dans le rocher. « Moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre ». Maintenant par rapport aux conséquences, quelle consolation nous trouvons ici ! Il ne s’agit pas du tout de force, mais d’être gardé d’un temps terrible qui vient, « pour éprouver ceux qui habitent sur la terre ». C’est la condition morale d’une classe de personnes.

Supposez-vous que Dieu prenne plaisir à affliger son peuple ? Non, Dieu n’a pas besoin, en vérité, de vous faire entrer en tentation, mais si vous vous êtes placés dans une position où vous soyez mêlés avec ceux qui habitent sur la terre, sur lesquels vient l’heure de l’épreuve, il faut qu’une action s’exerce sur vous pour vous détacher de ce qui sera soumis à cette heure terrible d’épreuve. L’Évangile est prêché maintenant, et il retire nos âmes du monde, et toutes les pensées, les sentiments, les désirs et les affections des saints devraient tendre vers le jour de la gloire. Si nous sommes entrés dans le lieu de la patience de Christ, nous n’avons pas besoin d’être criblés, comme le monde ; mais si nous sommes mêlés avec le monde, nous devrons participer aux troubles de l’heure de la tentation qui vient pour éprouver ceux qui habitent sur la terre, sinon nous serons auparavant criblés pratiquement pour être délivrés de cette heure. Le temps vient où la Bête blasphémera ceux qui habitent dans le ciel, mais elle ne pourra pas les toucher. Si nous connaissons notre caractère céleste, il nous rend étrangers et pèlerins sur la terre, au lieu d’y habiter, et d’y chercher notre part : mais ceux qui y habitent doivent passer par cette heure d’épreuve qui vient, afin de les éprouver. Remarquez que ceci est tout à fait différent de la tribulation dont il est parlé en Matt. 24. Ce temps de trouble est limité à Jérusalem, suivant qu’il est dit en Jérémie : Ce sera un temps de trouble pour Jacob ; il en sera pourtant délivré. Mais ici c’est un temps de trouble qui viendra sur le monde entier, « pour éprouver ceux qui habitent sur la terre ». Il gardera de cette heure ceux qui auront gardé la parole de la patience de Christ. Si le Seigneur trouve maintenant chez eux du fruit en rapport avec ce que cette tentation doit produire, il ne sera pas nécessaire qu’ils soient éprouvés par elle.

Voyez ensuite comment il les encourage : « Voici, je viens bientôt », comme s’il voulait dire : « Il vous faut continuer à porter patiemment ma part, même sous la croix, puisque vous aurez part à ma gloire ; mais, « je viens bientôt ». Ce n’est pas ici sa venue, selon qu’elle est présentée à Sardes, comme un voleur dans la nuit. Ce que le Seigneur voudrait mettre sur la conscience de l’Église maintenant, c’est que son retour est tout prochain. Il ne leur en dit pas le moment, mais il place devant eux sa venue, comme leur soutien, leur joie, leur espérance, et fixe ainsi leur coeur sur lui-même : car ce n’est pas tant l’idée qu’il vient promptement qu’il veut leur inculquer, mais que c’est lui-même qui vient : « Moi, Jésus », etc. Oh ! si le coeur goûte l’amour de Dieu, quelle consolation après tout, de se reposer sur lui, comme à la fin de ce Livre. Après avoir conduit la pensée de l’Église à travers les choses qu’il va faire sur la terre, Christ ramène son coeur à lui-même.

Ce qui caractérise l’église de Philadelphie, est son rapport immédiat avec lui ; c’est Christ lui-même qui vient. Ce n’est ni la connaissance, ni la Prophétie qui peuvent satisfaire le coeur ; mais la pensée que Jésus vient pour nous prendre à lui-même est l’espérance bénie de celui qui lui est uni par grâce. La Prophétie a trait à la venue de Christ sur la terre ; mais la propre et précieuse espérance de celui qui est uni à Christ par la foi, c’est d’aller vers Lui.

Je respecte et vénère profondément l’avertissement de Dieu touchant le jugement qui vient, etc., mais ce n’est pas affaire d’affection ; les desseins de Dieu concernant Jérusalem, dont la Prophétie parle, sont très importants et très instructifs pour l’esprit, mais les affections ne sont pas mises en exercice par ma connaissance de ce qui a trait au jugement de Babylone, de l’Antichrist. J’aime Christ, c’est pourquoi il me tarde de le voir, mais les prophéties du jugement qui vient ne lient pas le coeur et l’esprit à la personne du Seigneur Jésus.

Nous avons ensuite cet avertissement : « Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne ». Oh ! que le Seigneur nous donne de garder sa parole et de l’attendre, comme l’affaire de chaque moment. Si le Diable pouvait nous enlever l’espérance de la venue du Seigneur, comme affaire présente, ce serait nous ravir notre couronne. Ni homme, ni démon ne peuvent nous ravir quelque chose, quand nous n’aurions que ce sentiment vif de la foi qui nous attache à la venue du Seigneur comme chose actuelle. Perdre cela, c’est perdre notre puissance spirituelle, et tout ce qui nous ravit la puissance spirituelle dans notre union avec Christ, revient à nous ôter notre couronne. Or, bien-aimés frères, nous marchons maintenant parmi toute espèce de choses propres à nous la ravir : choses qui mettent à l’épreuve et en question notre foi en la venue de Jésus. Dans le cas des dix vierges, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Les sages étaient aussi bien endormies que les folles, et à minuit, quand on entendit le cri : « Voici, l’Époux vient » elles se levèrent toutes et préparèrent leurs lampes ; il n’y avait pas de différence sous ce rapport ; les unes avaient l’huile de l’Esprit et non pas les autres ; mais entre le cri et l’arrivée de fait de l’Époux, il y avait assez de temps pour que les lampes s’éteignissent, si elles n’étaient pas pourvues d’huile ; et ainsi la vraie différence entre les vierges consistait dans la possession ou la non-possession de l’huile. Si la première pensée des vierges folles, eût été Christ lui, même, elles auraient pensé à la lumière dont l’Époux aurait besoin quand il viendrait. Mais elles étaient occupées d’autre chose ; satisfaites d’être avec les autres vierges, les vêtements et des lampes sans huile suffisant pour cela.

Mais, hélas ! sans huile elles ne pouvaient garder leurs lampes allumées toute la nuit pour leur Seigneur. Néanmoins il y en eut là qui furent prêtes à le recevoir : « Et quand l’Époux vint, celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces, et la porte fut fermée ». Il en est de même pour nous. Le cri s’est fait entendre et, entre ce cri et Son arrivée, le Seigneur nous éprouve pour voir si nos coeurs sont fixés sur lui ou non.

Nous avons à peine assez de temps pour considérer la promesse : « Celui qui vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, etc. ». Ici, nous voyons de quelle manière précise toutes les promesses sont liées avec le temps de la gloire — la « nouvelle Jérusalem » — ici le coeur est élevé dans son propre lieu d’habitation. Prenons-nous, tout en marchant sur cette terre, la position d’habitants du ciel ? Ils sont, de la manière la plus parfaite, liés avec la Jérusalem céleste, leur éternelle demeure. « Celui qui vaincra », sera dans le temple de Dieu, en contraste avec la synagogue de Satan ; dans la pleine jouissance des choses de Dieu, tout le conseil de son amour étant pleinement accompli. — « Je le ferai une colonne » ; il peut avoir été faible sur la terre, et ne répondant pas à la pensée de Dieu en prenant la place de « colonne et de soutien de la vérité » ; il sera alors la colonne même de force, la force de Dieu, parce qu’il aura tenu ferme contre la puissance de séduction.

C’est toujours « MON Dieu » : partout Christ maintient cette association avec lui-même ; il a été autrefois, en apparence, quelqu’un de faible sur la terre ; il dit : « J’ai été rejeté ; vous avez pris avec moi la place de mon rejet, et je connais ceux qui m’ont été fidèles ; je vais à mon Père et votre Père, à mon Dieu et votre Dieu ».

« J’écrirai sur lui le nom de mon Dieu » : la manière selon laquelle Christ comme homme connaît Dieu ; vous aurez ce nom publiquement placé sur vous car vous n’avez point renié mon nom ici-bas — « la cité de mon Dieu », attendue par la foi, c’est là votre place. Abraham attendait une cité dont Dieu est l’architecte et le fondateur. Cette bourgeoisie céleste sera alors empreinte sur le fidèle, dans la cité du Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, étranger sur la terre. Si les hommes cherchent une stabilité ecclésiastique, l’établissement actuel des choses, ils peuvent l’avoir maintenant ; mais alors il n’est pas selon la parole de Dieu. S’il leur suffit de marcher à présent simplement avec Christ, attendant que Dieu reconnaisse une cité comme sienne (la cité de mon Dieu), ils l’auront alors. Si un roi est chassé de son pays, ceux qui sont attachés à sa personne se sentent étrangers dans le pays, pendant tout le temps que leur maître en est absent ; il en est ainsi du chrétien maintenant : il appartient à Christ ; il est enfant du jour et il attend Christ et le jour de son apparition.

« Mon nouveau nom », non pas son ancien nom de Messie, mais son admirable nouveau nom, pris par Lui comme résultat d’une rédemption céleste. Nous aurons alors ce qui est stable, car, en un sens, nous ne l’avons pas maintenant.

Que le Seigneur nous donne de connaître ce que c’est que d’être réellement unis avec Christ lui-même, et de connaître cette précieuse pensée de Dieu envers nous, envers qui, dans les siècles à venir il manifestera « les immenses richesses de sa grâce, etc ». Il nous a unis avec l’objet de ses délices infinies, de ses éternelles délices, car nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os, et par conséquent nous avons le privilège et la part de Jésus lui-même. Que Dieu garde nos coeurs nets des souillures de ce présent siècle mauvais, et dans la fraîcheur d’affection pour lui ! Cela ne peut se faire qu’en gardant la communion avec lui. Connaître notre portion en lui, connaître la valeur de son nom, donne de la force et du courage pour garder sa parole et ne pas renier ce nom.


6 - Septième méditation — LAODICÉE

J’eusse bien aimé réaliser, l’autre soir, le projet que j’avais formé de terminer nos méditations sur les sept Églises ; toutefois je ne suis pas fâché que le temps y ait mis alors obstacle, car je sens vivement toute l’importance de la dernière épître, et elle me fournira l’occasion de résumer ce que nous avons parcouru, quant au témoignage rendu par la parole de Dieu à la venue du Seigneur Jésus Christ. Nous voyons dans l’épître adressée à l’église de Laodicée, qu’elle est menacée d’un jugement final et absolu, sans qu’il y ait la moindre possibilité d’y échapper. Ce n’est pas cependant que son mal soit venu à son comble, car alors où serait l’utilité de l’avertir ? Ainsi qu’aux six autres, la Parole est adressée à l’église de Laodicée comme ayant le caractère de l’Église de Dieu ; c’est-à-dire comme tenant devant Dieu la position d’un témoignage reconnu de lui vis-à-vis du monde, et c’est comme telle qu’elle est menacée d’être rejetée. Ceci est important en vue d’autres passages de l’Écriture. Ce n’est pas l’histoire de ce qui s’est accompli, mais l’avertissement et la menace de ce qui va venir ; d’où il s’ensuit que son caractère est prophétique. Et comme tout le livre de l’Apocalypse traite du jugement, nous trouvons, dans ces épîtres aux Églises, le jugement de l’Église professante placée sous l’oeil de Dieu comme étant dans cette position. Ici je rappellerai ce que j’ai déjà dit et ce dont il est important de se souvenir, c’est qu’il n’est pas question ici de l’oeuvre de la grâce de Dieu ; car si tel était le cas, il n’y aurait pas eu place pour ces sept épîtres ; — il n’est pas question non plus de Christ, tête du corps, comme source de grâce pour ses membres ; — ni de l’oeuvre de l’Esprit de Dieu, puisque cette oeuvre n’est jamais exposée au jugement, et que la grâce, qui découle de la Tête sur les membres, ne peut jamais venir à manquer. Cela ne peut jamais être l’objet d’avertissements ni de menaces. C’est la condition et l’état de l’Église, qui sont représentés ici comme occupant la place de responsabilité sous les yeux de Dieu, et les voies de Christ envers elle qui en sont le résultat, dans l’attente du fruit produit.

Remarquez ici que, bien que ces épîtres soient adressées à des églises et non à des individus, ces derniers ont cependant des trésors à y recueillir par l’instruction du Saint Esprit ; j’espère que dès maintenant nous avons reçu quelque profit de cette instruction. Les promesses sont adressées à des individus, « à celui qui vaincra » au milieu de ces circonstances pénibles ; mais les voies de Dieu s’exercent à l’égard du corps responsable.

Nous n’avons donc pas ici les secours de l’Esprit de grâce fournis par le Chef du corps ; ce ne sont pas non plus les directions de l’amour paternel, agissant par l’Esprit envers les enfants au dedans, parce que cela suppose que l’Église est dans une position normale et prospère, et qu’il lui est donné des directions répondant à cet état et au dessein pour lequel elle est appelée à la position d’Église. Il y a, en Laodicée, ce qui ne peut pas s’appliquer aux individus ; vous pouvez donner des avertissements à des individus dans l’Église de Dieu, « tandis que les simples passent outre et en portent la peine » ; seulement ici ce n’est pas seulement des avertissements, mais c’est le retranchement qui est annoncé, et ceci ne peut jamais s’appliquer à un enfant de Dieu : « Parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche ». C’est le retranchement du corps professant extérieur qui, comme tel, porte le nom d’Église. Ceci nous fait voir la vérité importante de la responsabilité de l’Église de Dieu professante sur la terre ; et c’est à cause de cela, que je suis si heureux de l’occasion que j’ai de récapituler les principes généraux qui s’y rapportent.

« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Laodicée écris : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu ». Le caractère de Christ, tel qu’il est présenté ici, est bien remarquable. Dans les trois dernières églises, nous avons vu que Christ quitte, pour ainsi dire, ce qui le caractérise au premier chapitre, c’est-à-dire qu’il n’est présenté sous aucun des traits qu’il y revêt ; mais que nous trouvons une révélation nouvelle et particulière de lui-même, en harmonie avec les circonstances de l’Église à laquelle l’épître s’adresse. Ce ne sont pas les mêmes traits de caractère, que Jean avait vus dans la vision ; ces traits ne s’accordent donc pas avec les choses « vues », mais avec « les choses qui sont », dans une condition nouvelle et distincte de celle dans lesquelles elles s’étaient trouvées dans leur relation primitive avec Christ, et par conséquent il est fait une nouvelle révélation de Christ pour les nouveaux besoins de l’Église.

À Philadelphie, Christ n’était pas connu sous le même caractère qu’à Thyatire, c’est-à-dire comme « Fils sur sa maison », mais l’église de Philadelphie devait saisir de nouveaux traits de son caractère pour ses besoins particuliers. Dès cette période et même avant cette période, c’est-à-dire dès le temps de la complète corruption de sa position primitive, la venue du Seigneur est présentée à l’Église. Le fidèle ne pouvait désormais plus s’arrêter à l’espérance du rétablissement de l’Église, comme un tout professant ; c’est pourquoi la venue du Seigneur lui est présentée comme unique ressource, afin que le Résidu fidèle pût la considérer comme son seul refuge et pût trouver en Christ, alors que tout lui échappait, tout ce qu’il lui fallait comme espoir et sujet de confiance. Ceux qui avaient une foi particulière en Jésus, ne pouvaient point suivre le courant ordinaire des pensées de l’Église, car s’ils le faisaient, ils se trouveraient avec Jésabel ou avec Sardes, ayant le nom de vivre, mais étant morts. La foi a besoin d’être entretenue d’une façon particulière pour nous préserver des séductions de la « synagogue de Satan ». La grâce habituelle suffit quand l’Église elle-même est dans son état normal, mais une grâce extraordinaire est nécessaire pour soutenir les croyants, lorsque l’Église ne garde pas sa place. Si Jésabel est là, une foi ordinaire ne me suffit pas pour marcher. Christ et le mensonge ne peuvent aller ensemble. S’il y a le nom de vivre quoique mort, il me faut quelque chose de spécial pour soutenir la vie en moi ; ainsi donc que ce soit Jésabel séduisant, (*) ou Babylone corrompant, ou Laodicée près d’être vomie de la bouche du Seigneur, je ne saurais marcher content de l’état moral des choses ; j’aurais donc besoin d’une grâce spéciale appropriée à cet état discerné par l’intelligence spirituelle seule, car il n’est pas la relation naturelle entre Christ et l’Église comme telle. Il va sans dire qu’en tout temps nous avons besoin de la grâce de Dieu pour nous soutenir ; sans elle nous ne saurions faire un pas, chacun le sait : j’en ai besoin, et vous aussi comme nous tous ; mais quand ce qui porte le nom de l’Église de Dieu est près d’être maudit, et va être vomi de sa bouche, il faut une double mesure de grâce, il la faut d’un caractère particulier pour soutenir les fidèles dans la voie étroite et solitaire où ils seront appelés à marcher. Et remarquez ici que c’est alors qu’ils en étaient venus à l’état de choses philadelphien, avec son peu de force, gardant la parole de Christ et ne reniant pas son nom, qu’est introduite la venue du Seigneur, pour consoler les fidèles ; puis le sujet est abandonné. Or quoique l’Église subsiste encore dans la forme, elle est cependant complètement rejetée et il est déclaré, sans que ce jugement puisse être détourné, que Christ la vomira de sa bouche. Le jugement n’est pas accompli, mais il est certain et supposé tel. La raison pour laquelle il n’est plus fait mention de la venue du Seigneur après Philadelphie, c’est que toute espérance au sujet de l’Église étant moralement perdue, l’ensemble étant l’objet du jugement, le Seigneur se présente comme dehors : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ». S’il y a encore des saints au dedans, le témoignage leur arrive comme du dehors de la scène dont ils font partie. En Philadelphie, toute action envers les saints, pour les maintenir dans une position de témoignage est terminée, car l’Église professante était devenue alors soit Jésabel comme corruption, soit Sardes comme état de mort, en sorte qu’elle devait être jugée comme le monde ; le Résidu avait reçu témoignage comme retenant la parole de la patience de Christ, et il est encouragé par l’assurance que Christ viendra bientôt. Or ce Résidu devait être satisfait par l’assurance qu’alors la synagogue de Satan saurait que Christ l’avait aimé.

(*) Jésabel est la source du mal au dedans, Babylone corrompt le monde, Laodicée elle-même est vomie comme ne valant rien.

Dans l’Église de Philadelphie, le caractère de la venue du Seigneur était mis à sa vraie place. Considérée par l’Église, la venue du Seigneur est pour elle-même. Christ dit : « C’est pour vous que je viens », et l’espérance de l’Église est de le voir lui en personne. C’est vous et moi, dit-il, qui devons être ensemble, constituant le caractère propre de l’Église : l’espérance et une joie accomplie. Et c’est pourquoi au chapitre 22, lorsque le Seigneur a achevé toute la partie prophétique il dit : « Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous rendre témoignage de ces choses dans les assemblées… Je suis l’étoile brillante du matin ». Cette présentation de lui-même réveille le cri : « Viens ». Lorsqu’il avertit les hommes, il ne dit pas : « Voici, je viens bientôt ». L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens » ; et alors dans une réponse qui remplit le coeur d’assurance, il dit : « Oui, je viens bientôt » ; à quoi l’Église répond : « Amen ! viens, Seigneur Jésus ! » Il est donc très évident que la venue du Seigneur pour prendre l’Église à lui, doit être quelque chose qui se passe entièrement entre lui et l’Église seule. Mais il n’en sera pas ainsi du Résidu d’Israël ; l’exécution du jugement sera nécessaire pour qu’ils puissent prendre leur position sur la terre. Au fait l’arrivée du Seigneur sur la terre même doit être accompagnée de l’exécution du jugement, « cueillant de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité ». Et il est évident que la délivrance du résidu d’Israël rattache la venue du Seigneur à l’exécution du jugement sur ce qui le méprise, Lui, avant qu’il soit possible à Israël de posséder la bénédiction. Cela explique le cri de vengeance qui retentit partout si fort dans les Psaumes. Prenez, par exemple, le Psaume 94 : « Dieu des vengeances, Éternel, Dieu des vengeances ! fais luire ta splendeur ». Or nous, nous ne cherchons pas la vengeance pour pouvoir jouir de la bénédiction avec Christ ; Dieu nous a donné la grâce en partage de toute manière, et nous n’avons affaire qu’avec la grâce. Je n’attends pas le Seigneur pour qu’il me venge de mes ennemis, car je l’attends pour être enlevé à sa rencontre en l’air. Et pour qu’on me comprenne clairement, je voudrais de nouveau faire observer que, partout dans les Écritures, ce cri, en rapport avec la venue du Seigneur sur la terre, est le langage du Résidu d’Israël et non pas le langage de l’Église de Dieu.

Prenez le Psaume 68:23 : « Afin que tu trempes ton pied dans le sang de tes ennemis et que la langue de tes chiens en ait sa part ». Ce ne sont pas là les pensées qui occupent mon âme dans la contemplation de la venue de Jésus en l’air. Si, par grâce, mon coeur s’est soumis à la grâce de l’Agneau, alors je n’ai aucun rapport quelconque avec ce qui sera soumis à la colère de l’Agneau. C’est lui que j’attends, à cause de ce qu’il est lui, abstraction faite de toute autre chose. De même dans la description des bénédictions juives à venir (És. 60:12) : « La nation et le royaume qui ne te serviront pas, périront ». Tandis qu’il est dit de la nouvelle Jérusalem : « Et les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations ». Israël est le théâtre des justes jugements de Dieu, l’Église est le théâtre de la grâce souveraine de Dieu ; et jamais elle n’en sort, car l’Église comme telle ne demande jamais vengeance ; elle verra la justice de la vengeance, quand Dieu vengera le sang de ceux qui ont souffert, et se réjouira de ce que la corruption est détruite, mais sa part en propre à elle est d’être avec Christ. La terre sera délivrée par le moyen du jugement ; mais notre part à nous est d’aller à la rencontre du Seigneur en l’air et d’être toujours avec lui.

L’église de Philadelphie, ayant obtenu pour la part qui lui est propre, la venue du Seigneur, le sujet de cette bienheureuse espérance est dès lors laissé de côté ; c’est pourquoi, en Laodicée, il n’y a rien qui se rapporte à la venue du Seigneur, quoique naturellement elle n’en reste pas moins vraie si elle ne lui est pas présentée. C’est une autre chose dont il est question ici ; le caractère prophétique apparaît, parce que le Seigneur parle de ce qui va arriver en jugement ; il va juger l’Église elle-même ; c’est toujours de l’Église professante qu’il parle (souvenons-nous-en), de ce qui tient la place de l’Église de Dieu, comme devant être le témoignage pour Dieu dans le monde. Et remarquez maintenant le caractère particulier que Christ revêt ici : si l’Église, ce vase de témoignage pour Dieu, ce témoin, est mise de côté par le Seigneur, parce qu’il l’a prise en dégoût, alors le Seigneur intervient lui-même, non pas tant dans la dignité de sa personne, telle qu’elle est présentée au chap. 1, mais comme « le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu », pour prendre la place de ce qui avait si complètement manqué comme témoin de Dieu sur la terre.

En Jacques, nous voyons que le dessein de Dieu est, « que nous (l’Église) soyons des prémices de ses créatures » et l’Église aura cette place dans la plénitude de la création restaurée ; cependant dès maintenant même l’Église est appelée à avoir sa place particulière, en tant qu’elle a les prémices de l’Esprit ; mais considérée dans sa position de témoignage, l’Église a totalement manqué, ne tenant point, dans la puissance du Saint Esprit, cette place de prémices des créatures de Dieu. Car quels sont les fruits de l’Esprit ? Ne sont-ce pas « l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance ? » Ces fruits, les voyez-vous dans l’Église professante ? Non ; eh bien ! voilà la preuve que l’Église professante a manqué en n’étant pas ces « prémices des créatures de Dieu », car l’Église professante ne tient point une place au-dessus de l’état présent de la création ou du monde qui l’environne. Si un homme venait de Chine à Londres, verrait-il ces fruits de l’Esprit dans l’Église professante ? ou bien trouverait-il, de toute manière, la même avarice, le même amour du monde que dans son pays ? « Oh ! », pourrait-il dire : « je pourrais faire tout cela en Chine. Tout ce que les chrétiens font à Londres (et de vrais chrétiens même) ; je peux le faire par toute la Chine ; quoiqu’il puisse y avoir une manière meilleure et plus raffinée de s’y prendre à Londres qu’en Chine. Mais en Chine il y a les mêmes résultats, car ce que les chrétiens professants font à Londres, cela se fait aussi en Chine, bien qu’on ne s’y prenne pas aussi commodément quant à la chair, mais tout aussi complètement quant au coeur.

Je ne crois pas que l’Église professante en soit encore à la pleine maturité de l’état de Laodicée ; si c’était le cas, il serait inutile de l’avertir. Dieu tient le frein et ne permet pas encore que le mal se développe aussi pleinement. C’était tout aussi vrai en principe à Éphèse, du moment que l’Église abandonnait son premier amour ; mais nous ne le voyons développé que dans l’état laodicéen, quand Christ vomit le tout ensemble de sa bouche. Et souvenez-vous que c’est l’Église professante qui est vomie ainsi, et non pas l’Église du Dieu vivant, le corps et l’Épouse de Christ. Ce retranchement ne signifie pas non plus seulement, que la lampe est ôtée de son lieu ; car lorsqu’il ne peut pas être dit de l’Église professante : « Vous n’êtes pas du monde, comme je ne suis pas du monde », alors, au lieu d’être l’objet des délices de Christ, elle devient, chose terrible à dire, un objet de dégoût pour lui : « je te vomirai de ma bouche ».


Rien ne peut être plus solennel que la condition à laquelle viendra l’Église professante pour s’attirer une pareille sentence de la part du Seigneur. Nous trouvons encore en ceci un autre témoignage remarquable, rendu au caractère successif de ces églises ; les choses vont de mal en pis, jusqu’à ce qu’elles viennent à une condition telle, qu’elles soient vomies de la bouche de Christ. — Alors une porte est ouverte au ciel (Apoc. 4) et Jean y est ravi. Alors commence le jugement du monde et l’introduction du Fils unique dans son héritage terrestre.


Dieu en a fini avec l’Église comme témoignage, du moment que Laodicée est vomie. Et lorsque l’Église en est venue à cet état complet de chute, Christ la remplace comme « le témoin fidèle et véritable » de Dieu. Christ se présente comme faisant ce que l’Église aurait dû faire. Christ est le Grand Amen de toutes les promesses de Dieu ; l’Église aurait dû montrer comment toutes les promesses de Dieu étaient Oui et Amen dans le Christ Jésus ; mais elle n’a pas été capable de le faire, elle a manqué de mettre son Amen aux promesses de Dieu. « Amen » veut dire « mettre son sceau sur la vérité » (voyez Ésale 7:9) : « Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas », ou littéralement : « si vous ne dites pas amen, vous ne serez pas amen ». « Si vous ne voulez pas confirmer mes promesses, vous ne serez pas confirmés ». Il va sans dire qu’il n’est pas possible que Dieu manque à ses conseils en Christ ; par conséquent, l’Église, le Corps de Christ sera dans la gloire avec sa Tête ; mais s’il s’agit de témoignage sur la terre, alors, en vérité, l’Église, en pratique, n’a pas mis son Amen aux promesses de Dieu en Christ, car l’Église était appelée à manifester, par sa marche sur la terre, la puissance de sa vocation céleste ; mais dans sa marche elle n’a pas répondu à ce que Dieu avait affirmé ; car nous ne voyons pas l’Église donner ce témoignage céleste par le Saint Esprit, et répondre au Seigneur Jésus Christ qui est assis à la droite de Dieu ; et par conséquent, comme Dieu ne peut se laisser sans témoignage, Christ se présente immédiatement comme « l’Amen, le témoin fidèle et véritable » : la personne qui va sceller toutes les promesses et toutes les prophéties, Celui qui met le grand Amen à toutes choses comme le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu. L’Église professante a failli ; elle contient dans ses vastes limites une grande masse de gens qui n’ont jamais été convertis et portent le nom de Christ sans professer la vie de Christ ; mais la chute commença par la vraie Église, ce fut par elle que la corruption s’introduisit ; « elle abandonna son premier amour » et ce qui s’ensuivit alors, c’est que le monde y entra comme Dieu dit : « Dans le lieu de la justice, là il y avait la méchanceté ». Comme il a été dit souvent, la corruption des choses les meilleures est la pire des corruptions. De sorte qu’il n’y a réellement rien sur la surface de la terre d’aussi diamétralement opposé à Dieu que le christianisme professant.

« Le commencement de la création de Dieu » ; Christ paraît ici comme le bienheureux témoin que Dieu veut encore établir la création selon Sa volonté, Christ lui-même étant le chef et le centre de toute cette création (voir Prov. 8). Ce n’est pas la promesse de Christ venant pour prendre l’Église à lui comme en Philadelphie, mais Christ lui-même prenant la place de plein et parfait témoignage pour Dieu et étant Celui qui accomplit toutes les promesses de Dieu, dont l’Église aurait dû être la manifestation. Dans ce caractère, Christ supplante, pour ainsi dire, l’Église dans la manifestation des desseins et des promesses de Dieu qui ne peuvent manquer. Si l’Église est irrévocablement mise de côté, le témoin demeure et tel sera l’appui des fidèles, ce qui maintiendra leur foi, même quand le mal montera comme un fleuve ; tel sera le terrain solide que rien ne peut atteindre, la force où l’âme peut s’appuyer, en supposant que l’Église n’existe plus ; car la force de toute âme, est de se confier en lui.

Je voudrais maintenant en venir au témoignage général de la parole de Dieu, au sujet de la chute complète et par conséquent de la mise de côté de ce qui aurait dû lui rendre témoignage, en sorte que l’honneur, la puissance et la gloire rejailliront sur Christ, et sur Christ seul. L’homme, comme homme, a manqué en ce qui lui avait été confié et alors nous voyons Christ, l’homme véritable, établi dans les conseils de Dieu (Psaume 8). La déclaration de Dieu est qu’il y aura entière mise de côté de tout ce qui a porté le nom, le titre et l’autorité de Dieu sur la terre.

Voyez, par exemple, la puissance ; elle était ordonnée de Dieu pour être dans les mains de l’homme qui était ainsi dans un certain sens le représentant de Dieu ; aussi comme chrétiens, nous devons reconnaître les puissances qui existent et nous y soumettre comme « ordonnées de Dieu ». « Il appelle dieux, ceux à qui la parole de Dieu est venue » (Jean 10:35), « mais vous mourrez comme un homme, et vous tomberez comme un des princes » (Ps. 82:7) ; car, quand Dieu juge parmi les dieux, qu’en résulte-t-il ? Ils ont manqué complètement, et le jugement s’exécute immédiatement. La petite pierre coupée sans mains frappe la statue de la puissance des Gentils et elle devient comme le chaume de l’aire d’été et comme la balle enlevée par le tourbillon et il ne fut plus trouvé de place pour eux. En attendant, qu’elle est grande, la patience que Dieu exerce pendant tous les progrès du mal, que dénote cette statue de Daniel !


Il y avait trois grands traits caractéristiques de l’abus de la puissance en Babylone ; ils se remarquent dans les trois degrés progressifs du mal : l’idolâtrie, l’impiété et l’apostasie s’exaltant elles-mêmes.


Et d’abord, il y avait idolâtrie en Nébucadnetsar, érigeant la statue d’or dans les plaines de Dura, établissant l’idolâtrie pour obtenir l’unité par le moyen d’une influence religieuse commune. 2° Il y avait impiété en Belshatsar, qui se sert des vases du temple de Dieu dont il s’était emparé. 3° Il y avait apostasie en Darius, qui se fait Dieu. Dieu est d’un long support à l’égard de tout cela, jusqu’à ce que, finalement, quand le pouvoir s’est concentré en une rébellion positive et ouverte contre Christ, Dieu s’élève dans la puissance de la pierre détachée sans mains, met tout en pièces comme un vase de potier, et la pierre devient une grande montagne remplissant toute la terre. Nous voyons donc que la puissance qui avait été d’abord donnée à l’homme, pour qu’il en usât à la gloire de Dieu, se corrompt en ses mains et qu’il s’en sert finalement contre Dieu. Ici le pouvoir Gentil cesse pour faire place à Christ, le grand objet de la puissance et de la gloire de Dieu.


Maintenant voyez Israël sous la loi. Non seulement tous tombent sur la pierre et ils sont brisés, mais l’esprit malin d’idolâtrie qui était sorti d’eux, prendra sept autres esprits plus méchants que lui et, entrant en eux, les soumettra à cette plénitude de mal, de sorte que leur dernier état sera pire que le premier ; c’est-à-dire qu’ils continueront à mûrir dans le mal, jusqu’à ce qu’ils se joignent enfin ouvertement à l’idolâtrie et au péché de l’apostasie : alors Dieu les abandonnera comme nation, quoiqu’un résidu soit épargné.

Quant à l’Église de Dieu — il y a bien plus de difficulté à croire qu’il y aura chez elle un rejet complet et final de la vérité, quand même cela ne sera vrai que de l’Église professante. C’est une vérité solennelle que, lorsque le mal s’introduit au commencement, il va toujours en augmentant et en mûrissant jusqu’à ce qu’intervienne le jugement ; et remarquez encore que le jugement ne s’exécute à l’égard du mal que lorsqu’il est arrivé à sa pleine maturité. « L’iniquité des Amoréens n’est pas encore venue à son comble ». Ce principe est établi d’une manière complète et claire dans la parabole de l’ivraie. L’ivraie avait été semée au commencement, mais ne devait point être arrachée encore ; l’ivraie et le blé devaient rester jusqu’à la moisson. Le Seigneur déclare donc positivement que le mal est entré au commencement et continuerait en mûrissant jusqu’à l’exécution du jugement. Ce n’est pas d’individus qu’il s’agit ni de savoir si tout le blé sera recueilli dans le grenier (ce sera, il va sans dire, le cas), mais de ce que le témoignage public est gâté ; la moisson avait été ruinée dans le champ ; à cela l’homme ne pouvait remédier ; il n’est pas dans la compétence de l’homme de remédier à une récolte gâtée, ni d’arracher l’ivraie ; notre affaire, c’est la grâce.

Voyez la deuxième épître aux Thessaloniciens : le mystère d’iniquité était déjà en train du temps des apôtres, mais quelque chose faisait obstacle à sa pleine manifestation. Et encore de nos jours, exactement la même iniquité est en train. « Seulement celui qui retient maintenant, le fera jusqu’à ce qu’il soit loin » ; mais le mal continuera d’agir, jusqu’à ce que la rébellion et l’apostasie ouverte se terminent par la pleine exécution du jugement.

Voyez le Livre de l’Apocalypse. Sans entrer dans les détails, il y a là un témoignage simple et évident à ce que devra être la fin de toute cette économie : « Et je vis sortir de la bouche du dragon et de la bouche de la bête et de la bouche du faux prophète trois esprits immondes, comme des grenouilles » (Apoc. 16:13) ; il peut se trouver des personnes qui discutent sur ce que sont ces grenouilles, mais une chose est très claire, c’est qu’elles sont quelque puissance du mal, allant vers les rois de la terre, afin de les rassembler pour la grande journée du Dieu Tout-Puissant, pour faire la guerre à Dieu. Ainsi donc les choses mûrissent pour la pleine manifestation du mal ; et quand l’iniquité sera à son comble, une grande voix sortira du trône, disant : « C’est fait », sur quoi le jugement suivra immédiatement. Bien que d’application directe à l’Église professante, nous avons ici quelque chose qui s’adresse bien immédiatement à nos consciences.

Avant l’introduction du bien parfait en rapport avec le pouvoir et le règne de Christ, nous voyons tous les différents fils du mal, aboutir à un seul jugement commun.

L’homme, dans son caractère de rébellion ouverte, se déclarant lui-même être Dieu, doit subir le jugement.

Ensuite Israël, ligué avec le pouvoir apostat, retourne à l’idolâtrie, du sein de laquelle Abraham, son père, avait été appelé, et s’identifie avec les Gentils apostats, disant : « Nous ne voulons d’autre roi que César ». S’étant vendu par ses péchés à César, ce peuple doit de nouveau rendre à César ce qui est à César, s’unir dans le mal avec les Gentils et finalement être jugé avec eux. Tandis qu’un Résidu élu hérite de la bénédiction, Ésaïe 66 nous présente la nation juive dans son extrême perversité, « mangeant la chair du porc ».

Nous trouvons ensuite la corruption Babylonienne du christianisme, car le caractère de Babylone est la corruption idolâtre, et elle sera détruite de même. Tout le mal sera alors à son apogée : La femme assise sur une bête couleur d’écarlate, la mère des fornications ; les pleins résultats de la séduction de Jésabel ; la Bête qui est la puissance ; le faux prophète ; l’homme révolté ; la chrétienté apostate ; la parole de Dieu rejetée ; la loi abandonnée ; la grâce méprisée : toutes ces formes variées du mal se rapprochant l’une de l’autre et se coalisant, formeront finalement un seul objet commun de jugement, et c’est ainsi que le mal sera entièrement mis de côté, pour que le bien seul demeure.

L’Église professante est-elle exempte de tout ce jugement ? Certainement, non. Tout le blé sera recueilli en sûreté dans le grenier, mais si nous prenons la parole de Dieu pour guide, nous ne saurions supposer un seul instant que l’Église professante pourrait être exemptée de ce jugement général. Prenez Jude, qui dit aux saints, qu’il a dû leur écrire pour les « exhorter à combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints » ; et pourquoi cela ? Parce qu’il s’est glissé quelques hommes « impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus Christ ». Or Énoch, le septième depuis Adam, prophétisa d’eux, en disant : « Voici, le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades pour exécuter le jugement contre tous, et pour convaincre tous les impies d’entre eux de toutes leurs oeuvres d’impiété ». Mais où ces faux frères se trouvaient-ils ? Au milieu de l’Église de Dieu, comme Jude le dit : « ils sont des taches dans vos agapes faisant des festins avec vous ». Car ce n’est point parmi les Juifs qu’ils se trouvaient, ni même parmi les Gentils, mais au milieu de l’Église de Dieu, la corrompant, « se repaissant eux-mêmes » sans crainte. Dieu a permis dans sa grande grâce qu’il y eût pleine manifestation de toute source et de toute forme de mal qui pourrait surgir plus tard — avant que le canon de l’Écriture fût fermé, afin que nous eussions le jugement que porte la parole de Dieu écrite sur tout mal quand il surgit ; sans cela, nous n’eussions point été à même de découvrir l’excessive subtilité du mystère d’iniquité qui est encore en train ; mais, en possession de la Parole écrite comme guide, nous sommes appelés, comme enfants de Dieu, à juger toute chose d’après la Parole et rien d’autre.

Lisez encore 2 Timothée 3 : « Sache ceci, que dans les derniers jours, il surviendra des temps fâcheux ; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, orgueilleux, outrageux, etc ». ; leur fausse piété se manifeste en ce qu’ils sont amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu ; en ce qu’ils ont « la forme de la piété » mais en ont « renié la puissance » et remarquez-le, ce n’est pas simplement au judaïsme que ceci s’applique, quoique ce soit l’esprit du judaïsme. Or, est-il encore ajouté : « les hommes méchants et les imposteurs iront de mal en pis, séduisant et étant séduits ». Alors l’apôtre ayant mentionné les différents caractères des faux frères qui s’introduisent dans les maisons ; caractères qui nous servent, à nous aussi, pour nous guider, conclut en disant à Timothée : « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises, et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l’enfance, tu connais les saintes lettres qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli, et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre ». Nous apprenons ainsi, par les instructions de Paul à Timothée, que dans ces jours d’iniquité croissante, le seul abri parfaitement sûr pour l’homme de Dieu, ce sont les Saintes Écritures ; c’est de s’en tenir à l’usage simple et pieux de ces Écritures, comme Timothée ; sa mère et sa grand-mère, femmes pieuses, les avaient étudiées, comme lui-même les avait lues dès sa plus tendre enfance. Ce n’est pas à une autorité ni à une puissance, non, pas même à la puissance de l’Esprit de Dieu, séparée de la simple parole écrite de Dieu, que le fidèle peut se fier pour guide.

Les passages auxquels nous avons fait allusion, nous apprennent donc que l’occasion immédiate, l’objet, et la cause interne de tout le terrible jugement qui s’approche, se rapportent à l’Église professante elle-même. Elle aurait dû être le témoin de Dieu sur la terre, l’épître de Christ connue et lue de tous les hommes, mais s’étant corrompue, c’est cette Église professante qui, la toute première et en définitive, a fait descendre sur elle la colère de Dieu. Oh ! chers amis, il ne peut y avoir un sujet plus solennel que de se dire, que ce ne sont pas seulement Israël et Babylone que le jugement atteindra, mais, selon la propre parole de Dieu, l’Église professante elle-même. Je dis église, en l’appliquant à la chrétienté, à ce qui professe de porter le nom de Christ. Il y a le même témoignage dans l’Épître de Jean : « Dès maintenant il y a plusieurs antichrists ». Je n’en doute nullement, l’Antichrist surgira du milieu des Juifs et sera une manifestation plénière de cet esprit de l’Antichrist qui, dès maintenant même, nie le Père et le Fils, et nie donc que Jésus est le Christ. C’est une chose effroyable à penser que l’apostasie ait le caractère religieux qu’elle porte ; ce qui caractérise les nombreux antichrists, c’est qu’ils nient la vérité chrétienne, et quoiqu’il doive y avoir apostasie complète, ce sera toujours une apostasie des doctrines du christianisme. Combien l’esprit d’apostasie s’introduisit promptement ! Combien vite fut-il vrai de dire : « tous cherchent leurs intérêts particuliers et non ceux de Jésus Christ ! » Que le Seigneur, dans sa grâce, ouvre les yeux de ses saints, leur fasse voir la nature et le caractère réel de ces derniers jours fâcheux, et qu’ils se rappellent que, bien que la patience de Dieu soit longue, pendant qu’il rassemble les âmes pour le salut et que, dans ce sens, ils doivent considérer le retardement du Seigneur comme ayant le salut pour but, — qu’ils se rappellent que son jugement, pour être différé, n’a pas changé, car la Parole est sortie de sa bouche et le seul remède contre le mal actuel est le jugement.

Dès le commencement nous voyons les principes de la corruption s’introduire, le témoignage pour Dieu faire défaut, l’ivraie semée, la moisson gâtée dans le champ. Le mystère d’iniquité était en train, et dans la lettre à Laodicée, nous voyons le Seigneur attribuer le double caractère que présentait Laodicée, aux mauvais principes qui étaient entrés au commencement. Le but pour lequel la bonne semence avait été semée dans le champ était manqué, car au lieu d’être le témoin de Dieu, l’Église a dit : « Je suis riche et je me suis enrichi ». Ainsi il y a deux points qui sont particulièrement importants, en tant qu’ils caractérisent l’église de Laodicée : de grandes prétentions à posséder des richesses spirituelles, — et ni froideur ni chaleur pour Christ. D’abord de grandes prétentions à des richesses spirituelles, mais quant à la vie ils en avaient la forme sans la puissance. « Tu n’es ni froid ni bouillant ». Ce n’est ni une haine positive contre Christ, ni un zèle positif pour Christ ; c’est l’Église qui marche extérieurement en s’accordant toutes ses aises et dans un esprit de mondanité, tout en prétendant à beaucoup de richesses spirituelles, signe certain de pauvreté ; car toutes les fois que nous voyons professer si hautement qu’on possède en soi-même les richesses de Dieu, nous pouvons être sûrs de trouver de la pauvreté. Et pourquoi donc ? Parce que ces richesses se trouvent en Christ seul. Lorsque l’Église dit : « je suis riche et… je n’ai besoin de rien », elle se glorifie d’une source de richesses en elle-même, fait, d’elle-même, le vase de la grâce au lieu de Christ, et en agissant ainsi, ne scelle pas de son Amen les promesses de Dieu, dans le Christ Jésus ; elle n’est pas non plus le témoin fidèle et véritable de Dieu ; elle cesse de l’être du moment qu’elle ne regarde plus à Christ comme source unique, et qu’elle se considère comme le vase des richesses : elle devient nécessairement alors un faux témoin au lieu d’être un témoin véritable. Dès que je dis : l’Église est ceci ou cela, je regarde à l’Église et non pas à Christ ; mon oeil se retire complètement de Christ pour contempler l’Église ; je la considère au lieu de le considérer Lui, quelles que soient mes prétentions à l’honorer. Il ne s’agit pas ici de la fidélité de Dieu, mais de notre chute. Cela est de la dernière importance pour nous garder de déception. En Philadelphie, ils ne possédaient pas toutes leurs richesses en Christ, ils n’avaient qu’un peu de force et tout ce que le Seigneur pouvait dire d’eux était, qu’ils avaient gardé sa parole et n’avaient pas renié son nom. Parce que la pauvreté était sentie dans l’Église, Christ se réjouissait en eux et pouvait leur dire : Je suis à vous et je viens pour vous. Je ferai que ceux de la synagogue de Satan connaîtront que je vous ai aimés — mais du moment qu’il y a des prétentions à être riche en soi-même, qu’on s’accrédite par le moyen des richesses, Christ, au lieu de trouver ses délices dans l’Église, la prend positivement en dégoût : « Je te vomirai de ma bouche ». Or en considérant de nos jours l’Église professante, nous verrons comme elle croît dans cette prétention d’être riche en elle-même. Quand je trouve, ne fût-ce que très peu de force, mais qu’on garde Sa Parole et qu’on ne renie pas Son nom, je puis dire : « Réjouissez-vous, le Seigneur vient bientôt ». Car reconnaître que je suis pauvre et que je n’ai que peu de force n’est pas nécessairement de l’incrédulité par rapport à Christ. Ce n’est pas nier ce qui est en lui à notre usage, que de nous appuyer sur lui pour avoir de la force, parce que nous n’en avons pas. C’est le corps tirant sa plénitude de la Tête. Mais quand je trouve dans une Église la pensée de plénitude et de richesses en elle-même, alors je dis : Vous êtes en chemin vers Laodicée, dont la fin est d’être vomie de la bouche de Christ. L’église de Laodicée, ayant la pensée de se suffire à elle-même et d’être riche en elle-même, ignorait complètement son état devant Dieu. « Parce que tu dis : je suis riche et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et que tu ne connais pas que toi tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu » ; c’est pourquoi, dit le Seigneur, « je te conseille d’acheter de moi de l’or passé au feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu, et que la honte de ta nudité ne paraisse pas ; et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies ».

L’Église ne regardait pas au Seigneur pour toutes ces choses et par conséquent toutes ces choses lui manquaient. « L’or » est la justice divine, en plein contraste avec la justice humaine ; il caractérise la position, les richesses des saints. « Les vêtements blancs » sont les oeuvres des saints, fruits de la foi en la justice divine, et suivant la possession de cette justice. La justice humaine est une chose entièrement distincte de la justice des saints ; car la justice des saints découle de coeurs affranchis par la justice divine. Si nous considérons le Fakir dans les Indes ou le Derviche en Turquie, nous trouvons des oeuvres en abondance, mais nous ne trouvons jamais la moindre chose qui soit fondée sur la rédemption. Les oeuvres de l’Esprit découlent de l’Esprit, qui a été le sceau de la justice divine dans l’âme ; ces oeuvres saintes sont les fruits du Saint Esprit en nous. Ce sont donc ici les vêtements blancs qui manquaient à ceux de Laodicée ; n’ayant pas la justice divine, ils ne pouvaient point avoir de justice spirituelle pratique, point d’oeuvres de saints, parce qu’il est dit que « le fin lin ce sont les justices des saints ». Ils manquaient aussi « de collyre », car ils étaient aussi aveugles que la nature peut l’être pour les choses de Dieu ; ils n’avaient aucun discernement spirituel en quoi que ce fût, et cependant ils disaient : « Nous voyons » et c’est pourquoi leur péché demeure. Ainsi, n’ayant ni justice divine, ni fruits de l’Esprit qui en découlent et demeurant encore dans l’état d’aveuglement naturel, Laodicée manquait de tout. Il y avait beaucoup de prétentions, tandis que tout ce qui était réel devant Dieu manquait, et que tout ce qui était fictif s’y trouvait.

Toutefois le Seigneur ne les abandonne pas encore ; mais ici, en Laodicée, le Seigneur parle comme étant placé en dehors d’elle ; car lorsque l’Église en est arrivée à prendre de fait une position juive, le Seigneur se tient dehors et s’adresse individuellement aux âmes qui sont dedans : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix … » Le Seigneur désire attirer l’attention ; il veut être admis ; il avertit l’Église de ce qui la menace : d’un jugement positif ; mais jusqu’à ce que ce jugement s’exécute, il ne peut que continuer à exercer sa précieuse grâce. Toutefois les objets de cette grâce sont individuels, l’Église étant abandonnée. — « Si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; et je souperai avec lui, et lui avec moi » : il aura sa portion à ma table. — « À celui qui vaincra, je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône ».

Or remarquez-le, en apparence cette dernière promesse est bien grande, mais pour ce qui me concerne elle me paraît précisément la moindre, parce que c’est seulement d’une place dans la gloire céleste qu’il s’agit ; il n’est point parlé d’union particulière avec Christ, comme dans la promesse faite à Pergame ou même aux fidèles à Sardes ou à Thyatire.

Il n’y a pas non plus l’idée d’une intimité individuelle, révélée comme motif ; cette intimité est la portion exclusive de l’Épouse. Régner avec Christ est simplement une démonstration publique de récompense et de gloire, chose toute différente de l’intimité secrète de « la manne cachée, et du caillou blanc ». On avait entendu frapper à la porte et on avait répondu par grâce à cet appel ; la conséquence est qu’on est élevé à la gloire céleste ; ils ont vaincu ; il faut par conséquent qu’ils aient leur récompense : ils seront assis avec lui sur son trône. Ils ont aussi part à la première résurrection et ainsi ils règnent avec Christ. Mais il peut en être dit autant des deux témoins au chap. 11 : « Ils montèrent au ciel dans la nuée, et leurs ennemis les contemplèrent ». On monte, on s’assied sur des trônes ; on a sa récompense, mais une récompense qui ne s’élève qu’au fait d’avoir reçu une place dans la gloire ; seulement il n’y a pas la même intimité, il n’y a pas les délices particulières, il n’y a pas la joie philadelphienne de Christ possédant l’Église pour l’amour d’elle ; et de l’Église possédant Christ pour l’amour de lui ; seulement on reçoit une place dans la gloire.

Le témoignage solennel du Seigneur est que l’Église professante doit être vomie de sa bouche, et cela devrait attrister nos coeurs davantage que le jugement du monde ; ce fait portant un caractère plus terrible pour le coeur que le jugement de l’Antichrist lui-même, car Laodicée est une chose qui dégoûte Christ ayant eu avec Lui une certaine relation extérieure. Quand je parle de l’Église professante du temps actuel, j’entends ce qu’on appelle communément la chrétienté, ce qui porte le nom de Christ, mais le renie par ses oeuvres ; c’est pourquoi le coeur, les pensées et la nature de Christ rejettent absolument, comme dégoûtant, ce qui avait professé être en relation avec lui.

Il y aura, à la fin, beaucoup plus de liaison entre le judaïsme et le christianisme de nom, qu’on ne le suppose en général. L’agneau à deux cornes, le faux prophète de l’Apocalypse, qui s’attribue le caractère du Messie, le fera au profit de l’Empereur romain. Dès le commencement la corruption de l’Église a eu ce double caractère : l’idolâtrie, le culte des anges, etc., et le judaïsme. Voyez les Colossiens : « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines déceptions » ; et ailleurs : « Que personne ne vous frustre du prix du combat faisant sa volonté propre dans l’humilité et dans le culte des anges ». Puis voyez les Galates : Par les suggestions juives, « ils observaient des jours, et des mois, et des temps et des années ». Toujours il y a eu tendance de mêler le judaïsme au christianisme ; et du moment que le judaïsme est mis de côté par Dieu, il n’est pas meilleur que le paganisme (voir Gal. 4:8-10). La religion de la chair, le principe gentil du culte des anges, la philosophie et la vaine déception, d’un côté ; le judaïsme avec l’observation des jours, des mois, des temps et des années, de l’autre, avaient envahi l’Église dès le commencement et offrirent à Paul l’occasion d’avertir les saints de ne pas retourner à ces misérables éléments et à ce joug judaïque dont ils avaient été affranchis, comme il le dit : « Ayant connu Dieu… comment retournez-vous de nouveau aux faibles et misérables éléments, auxquels vous voulez encore derechef être asservis ? » Dieu avait pris comme exemple la chair en Israël pour prouver qu’en elle il n’y avait rien de bon ; il avait permis aux Juifs de suivre la tendance de la religion de l’homme, en leur donnant la loi, des ordonnances, de somptueux vêtements, des bâtiments splendides, le son des trompettes et autres choses semblables ; mais maintenant Christ est venu et il est « la fin de la loi en justice à tout croyant ». Par cette justice, les Galates étaient affranchis de toute leur ignorance païenne et de tous leurs faux dieux ; mais les voilà qui retournaient en arrière, et en embrassant le judaïsme, rentraient dans leur ancien paganisme, dont l’esprit est la religion de la chair ; car judaïsme ou paganisme, toutes ces formes sont de la même famille, bien que, comme figures, Dieu ait pu s’en servir pour mettre l’homme à l’épreuve jusqu’à l’arrivée de la semence promise. Mais maintenant ces formes ont leur propre caractère comme auparavant dans le paganisme. Elles sont « sans Dieu » en aucune manière ; elles sont la justice de la chair qui se sert de tout ce que nous revêt d’une belle apparence. Ainsi le courant de la corruption qui datait du commencement ; ce retour vers les misérables éléments ; la religiosité dans la chair, qui veut s’établir par des ordonnances, cherchant tout, excepté le collyre pour ses yeux, ira en augmentant jusqu’à la fin (car le principe en est toujours le même) et s’associera ainsi avec ce qui est formellement le judaïsme, comme le judaïsme s’associera avec ce principe dans un caractère d’idolâtrie complète. La déception de nos jours, c’est le judaïsme ; il se contente de tout ce qui prend la forme de la piété sans en avoir la puissance.

C’est ce principe d’idolâtrie babylonienne qui régnera finalement par le moyen de la Bête. L’esprit d’incrédulité acceptera tout : il acceptera le judaïsme comme tel ; il acceptera l’idolâtrie babylonienne comme telle, et le résultat sera que les Juifs incrédules seront séduits par cette puissance qui en Orient prendra la forme du judaïsme, tandis qu’en Occident elle se présentera ouvertement comme l’idolâtrie babylonienne. Il est de toute gravité de penser, que ce monde que nous traversons doive être le théâtre de toutes ces choses. Quels que puissent être l’orgueil et la gloire que l’homme tire de l’Église professante, finalement Christ la vomira comme telle de sa bouche, avec toutes ses prétentions à la pleine puissance du Saint Esprit, sans rien qui reconnaisse à Christ sa valeur, mais attribuant toute valeur à elle-même, et s’en accréditant.

Que le Seigneur nous garde dans la condition philadelphienne ; sans doute avec bien peu de force, mais en retenant la Parole de sa patience, et dans la jouissance sensible d’une association parfaite avec Celui qui a mis devant nous une porte ouverte et qui la tiendra ouverte jusqu’à ce qu’il vienne pour nous recueillir auprès de Lui.


7 - Appendice

Les Méditations qui précèdent avaient pour but l’édification pratique des saints ; il s’y trouve une lacune que nous pouvons combler ici, en exposant avec plus de précision les conditions successives de l’Église, auxquelles s’applique la condition morale développée dans chacune des sept épîtres.

Que le lecteur de ces Méditations s’en souvienne : Il ne doit s’attendre, dans aucun cas, à trouver ici l’active énergie de l’Esprit de Dieu, source de la bénédiction de l’Église, mais la forme ou la condition de l’Église professante, après que cette énergie avait opéré et que la responsabilité de l’homme était entrée en scène. Dans cet état il peut y avoir une certaine mesure de bénédiction ou une grande culpabilité. Seulement l’énergie du Saint Esprit ne saurait jamais être l’objet du jugement.

La première Église, en effet, montre déjà les saints déchus de leur premier état de bénédiction, produit par la puissance du Saint Esprit. Ceci indique suffisamment l’époque à laquelle la première Église se rapporte et caractérise, d’une manière générale, ce qui en est résulté pour l’Église professante tout entière, comme système établi de Dieu, pour être une lumière dans le monde. C’est comme telle que l’Église est considérée ici, et non dans sa position parfaitement assurée, en tant que vrai corps vivant de Christ, selon le pouvoir de la rédemption, assurée par la puissance infaillible du Seigneur.

L’Église avait abandonné son premier amour. C’était là ce qui montrait que l’homme avait manqué à la bénédiction de Dieu sous laquelle il était placé. Si l’Église, en tant que vue dans le monde, ne retournait pas à ses premières oeuvres, elle serait ôtée de son lieu. Telle était sa condition déjà dès les jours apostoliques, immédiatement après qu’elle eut été établie. Tel est l’homme. Responsabilité comme ayant reçu le Saint Esprit, chute, menace d’être ôtée de son lieu, s’il n’y a pas retour aux premières oeuvres : telle est la Parole adressée à Éphèse. L’oeuvre du Saint Esprit lui est rappelée, comme résultat pratique, au commencement. Il restait encore beaucoup de choses bonnes, ils maintenaient entre autres les liens des relations naturelles comme obligations morales, et jugeaient ceux qui prétendaient à l’autorité dans l’enseignement. Mais le coeur, en pratique, s’était éloigné de Christ.

Ceci fraya bientôt le chemin pour que l’Église fût placée dans la tribulation pour un temps limité, cependant les pauvres du troupeau, les fidèles allaient être exposés à des accusations injurieuses de la part de ceux qui prétendaient avoir des titres bien établis à être le peuple de Dieu ; et en même temps à des persécutions de la part de ceux du dehors. Ceci caractérisait l’Église. Cet état dura de Néron jusqu’à Dioclétien.

Après cela un autre état de choses caractérisa l’Église. Elle avait passé par la tribulation et il y avait eu de fidèles martyrs. Le monde où était son habitation terrestre, avait été son ennemi. Maintenant des doctrines ou plutôt un enseignement est introduit qui la conduit à s’associer avec le monde : à commettre fornication et à manger des choses consacrées aux idoles ; c’était ainsi que Balaam s’était conduit envers Israël. Ne pouvant, en ennemi, le maudire ni le détruire, il conseilla la corruption sous le voile de l’amitié. Il y avait aussi des doctrines qui conduisaient à de mauvaises oeuvres, et sanctionnaient la violation de liens moraux directs. La fidélité personnelle était appelée du milieu du mal. Ceci datait de Constantin tout en s’étant insinué auparavant, mais caractérisait maintenant l’Église et continua à la caractériser, jusqu’à devenir un système établi ; et le Papisme proprement dit devint la mère d’enfants dans l’Église professante.

Telle est Thyatire. Jésabel n’est pas simplement une prophétesse qui séduit les serviteurs de Dieu, comme ceux qui tenaient la doctrine de Balaam ; elle est mère d’enfants : ceux qui auraient des rapports avec elle seraient dans une grande tribulation et ses enfants sous un jugement définitif. Ici déjà l’avertissement d’entendre vient après la séparation du résidu. Dans les trois premières églises, cet appel était encore en rapport avec le corps tout entier ; et plus loin, toute repentance et toute restauration étant abandonnées, la venue de Christ et le changement complet de toute l’économie sont présentés aux saints comme leur espérance. Ceci termine, je le pense, l’histoire prophétique du corps entier, en général.

Nous avons ensuite le Protestantisme (je ne dis pas la Réformation, comme oeuvre du pouvoir actif de Dieu par le Saint Esprit), mais le Protestantisme comme le grand résultat public parmi les hommes dans la chrétienté professante. C’est pourquoi Christ est vu de nouveau, à cet effet, ayant tout dans sa main pour l’Église. Quant à l’Église elle-même, elle a le nom de vivre, mais elle est morte. Ce n’est pas Jésabel produisant des enfants de corruption, de fornication et d’idolâtrie, mais il n’y a pas de réponse à ce qui avait été reçu et entendu. L’Église allait être visitée comme le monde en jugement par l’arrivée de Christ (comparez 1 Thess. 5). On peut remarquer que ces états généraux qui caractérisent l’Église vont jusqu’à la fin. Ainsi Éphèse, Thyatire, Sardes, Philadelphie, et, cela va sans dire, Laodicée, bien que quelques-unes de ces Églises aient pu avoir commencé tard.

Mais tout ne devait point être laissé dans cet état. Il ne devait pas y avoir rétablissement de force — et s’il m’est permis de parler ainsi, les sept esprits et les sept étoiles ne servent de rien dans les mains de Christ, sinon pour condamner — mais il y aurait une compagnie fidèle à Christ, gardant sa parole, ne reniant pas son nom, n’ayant qu’un peu de force, mais ayant la porte ouverte devant elle. Le caractère de Christ — non pas sa puissance — est mis en saillie, et la fermeté dans la marche, l’obéissance, la dépendance et la confession de Christ sont énumérées par le Saint Esprit, comme caractérisant ceux dont Christ montrerait qu’il les avait aimés. Ils étaient affermis par la pensée qu’il allait venir promptement.

Reste le résultat après la manifestation de ces méprisés de Philadelphie ; le résultat quant au corps professant, en général, n’est pas la corruption : Jésabel ; mais la tiédeur : le fait d’avoir une très haute idée de ce qu’on possédait, mais sans justice de Dieu, sans discernement spirituel, sans des fruits ayant un caractère spirituel. L’Église est vomie de la bouche de Christ. Telle est la fin du monde professant en tant que distinct de Jésabel. C’est ainsi que nous est donnée toute l’histoire caractéristique de l’Église professante, depuis les jours des apôtres, jusqu’à ce qu’elle soit entièrement rejetée, ou jugée du jugement de Dieu. Avertissement adressé déjà à Éphèse, mais exécuté après une patience merveilleuse, sur Jésabel et Laodicée ; Christ prend alors, dans le caractère sous lequel il s’adresse à Laodicée, la place de témoin, place dans laquelle l’Église n’avait pas été capable de se maintenir. Que le Seigneur nous donne maintenant un caractère vraiment philadelphien !