Méditations de J. N. Darby

1 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 1

2 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 1 : L’Expérience Chrétienne

3 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2

4 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2:1-18

5 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2:1-18

6 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3

7 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3

8 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3 : Le BUT de l’Apôtre PAUL

9 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3 comparé avec Marc 10

10 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3:1-21

11 - Méditations de J. N. Darby — Marc 10:17-40 — Phil. 3:4-11

12 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 4

13 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 4 — La Paix


1 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 1

n°98 : ME 1896 p. 392

Deux choses se lient dans le coeur de l’apôtre : une grande confiance à l’égard du salut des Philippiens et un ardent désir que l’Esprit de Christ agisse en eux ici-bas, au milieu des tribulations, des difficultés, manifestant les fruits de justice qui sont par Jésus-Christ. On voit les mêmes désirs en Col. 1:3-11. Cette confiance et ces désirs proviennent de ce que l’apôtre s’attachait à ce qu’on trouve en Dieu lui-même, de la fidélité et de l’amour duquel dépendent le salut et la gloire des saints. On les voit, en relation immédiate avec Dieu ; l’Esprit de Dieu est non seulement le gage de leur salut, mais aussi la source de leur conduite. Du moment que les Galates pensent à leur salut comme devant s’accomplir par l’observation de la loi, l’apôtre ne sait que dire d’eux, mais il reprend confiance pour eux en regardant au Seigneur. La première épître aux Corinthiens en offre aussi un exemple frappant (1:8, 9). Quoiqu’ils fussent dans un triste état, l’apôtre se confie en Dieu et en son amour, puis il applique à ces chrétiens, pour les reprendre, tout ce qu’il connaît de Dieu. Paul n’était pas découragé quant à eux, parce qu’il se confiait en Dieu. Il est aussi plein de confiance à l’égard des Philippiens (1:3-6), en considérant la fidélité de Dieu. Cela nourrissait son amour ; il ne voyait pas en eux des hommes, mais des enfants de Dieu, et les compagnons de Christ dans la gloire.


Paul était attaché aux Philippiens, mais il pensait à Dieu comme à la source de toute grâce excellente en eux. Il n’avait pas de repos, qu’il n’eût vu en eux les fruits de l’Esprit et la manifestation de tout ce que Dieu pouvait produire. Nous devons aussi désirer voir cela en nous-mêmes et dans tous les frères. La mesure de ce que Dieu peut produire est notre communion avec lui. Peu de communion, peu de fruits ; beaucoup de communion, beaucoup de désir que tous les frères y participent.

Paul demande que leur amour abonde de plus en plus. La puissance du Saint-Esprit pouvait le produire et la dépendance du Saint-Esprit l’entretenir. Cet amour devait abonder en connaissance et toute intelligence (v. 9). Un père aime son enfant, non pour le gâter, car son amour agit avec intelligence et discernement. Paul voyait que Dieu avait poussé ces fidèles dans la carrière, et le terme de cette carrière est la journée de Christ.

Pour ne pas broncher, il faut garder non seulement ses pas, mais surtout son coeur. Une faute grave n’est jamais que la fin de longues négligences intérieures. La communion avec Dieu est la source de la vigilance. Les chrétiens se contentent souvent d’un christianisme négatif. Dieu agit en nous, et nous devons agir. Le christianisme est l’activité de l’amour de Dieu : la loi était la défense de ce qui est contraire à la sainteté. Christ fait, agit. Le chrétien doit être l’expression de l’activité de l’amour de Dieu. Christ ne s’est pas contenté de s’abstenir du mal, il a fait du bien. Si je sens que ma vie vient de Dieu, je comprends aussi qu’elle doit être l’expression de l’activité de l’amour de Christ. Je ne puis être satisfait que ma vie soit simplement sans reproche ; elle doit être positivement bonne. (Col. 1:9, 10). La mesure de notre conduite, c’est que nous vivions comme il est séant selon le Seigneur, pour lui plaire à tous égards. Si Christ avait agi selon sa propre volonté, il n’aurait pas manifesté le principe de sa vie. L’effet de la justice, c’est de nous faire croître dans la connaissance de Dieu ; cette connaissance nous met en relation avec les choses invisibles et nous fait croître (Col. 1:11).

Pensons à Dieu, comme la source de tout ce que nous faisons ; que notre vie soit la manifestation de l’activité de l’amour de Dieu ; qu’elle manifeste la vie de Christ. Ne soyons satisfaits qu’en produisant ce que nous pouvons concevoir de l’activité de Christ. La jouissance d’une relation nous fait agir selon cette relation. Si je suis avec mon père, j’agis dans cette relation. Il n’y a pas de doute qu’il ne soit mon père ; je ne raisonne pas sur ce qu’il est ; j’en jouis, et chaque jour je m’entretiens avec lui. Le résultat en est de me faire sentir que je ne suis ni à moi-même ni au monde, mais à Christ, racheté par lui à grand prix et transporté dans son royaume.


2 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 1 : L’Expérience Chrétienne

n°266 (ex 263) : ME 1959 p. 300

L’Esprit de Dieu nous décrit dans cette épître l’expérience chrétienne, et nous fait voir chez l’apôtre la conscience d’une supériorité absolue sur toutes les circonstances et toutes les difficultés, depuis la nouvelle naissance jusqu’à la fin de la course. Il y a le combat avec Satan même, mais tout tourne à salut, car Dieu est au-dessus de tout. L’expérience chrétienne est l’introduction de la puissance divine au milieu du mal : il faut que nous le réalisions davantage. C’est dans la conscience qu’il n’a pas atteint le but que chacun a à travailler à son propre salut, et il est bon de le savoir pour n’être pas léger. Si nous étions fidèles nous aurions nous aussi la conscience d’être au-dessus des circonstances.

Deux choses sont à la base de ce combat, pour le chrétien.

D’abord nous ne sommes pas à nous-mêmes. Toute volonté propre, toute action personnelle est un tort fait à Dieu. Le chrétien a été acheté à prix : s’il fait quelque chose pour lui-même, il s’éloigne de la base chrétienne.

En second lieu, nos coeurs sont les temples du Saint Esprit.

Telles sont les deux grandes bases de la vie chrétienne (1 Corinthiens 6:19-20).

C’est parce qu’il s’agit de l’expérience chrétienne dans l’épître aux Philippiens, que Paul y emploie toujours le mot salut dans le sens de la délivrance finale, de l’entrée dans la gloire : « Nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3:21) — « Je ne pense pas moi-même l’avoir saisi », c’est-à-dire je n’estime pas avoir atteint le but, « mais je fais une chose… je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le christ Jésus » (3:14).

« C’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire selon son bon plaisir » (2:13). En Exode 17:16 nous lisons : « L’Éternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération ». Il s’agit là d’Israël mais l’application demeure vraie maintenant encore. Dieu peut agir dans le croyant de telle manière que le mal ne l’atteigne pas. Ce n’est pas qu’il n’y ait pas la chair et que le chrétien n’ait pas besoin d’une écharde, et il reste toujours vrai que la chair doit être matée dans un sens pratique et moral. L’expérience chrétienne, c’est justement l’expérience de la puissance divine dans le croyant, de telle sorte que la chair n’agit pas : c’est la seule chose que Dieu reconnaît comme une expérience chrétienne. « Pour moi, vivre c’est Christ, et mourir, un gain… ; mais si je dois vivre… il en vaut bien la peine… » (1:21, 22). Satan est là sans doute et il y a la lutte ; mais même cela me « tournera à salut ». Quelques-uns prêchent Christ par envie et par un esprit de contention ; Paul est en prison, pensent-ils, c’est une bonne occasion pour faire de l’opposition. — Eh bien ! de toute manière, dit Paul, je me réjouis, puisque Christ est annoncé. Que peut-on faire à un homme qui n’est qu’un instrument dans la main de Dieu qui dirige tout ? « Toutes choses sont à vous » dit Paul en 1 Corinthiens 3:23. Christ a remporté une complète victoire ; le malin n’a plus aucune puissance contre quelqu’un qui Le suit, il s’enfuit. Christ a mesuré cette puissance et, l’ayant détruite, en a fini avec elle.

Aux versets 27-28 du chapitre 1, nous lisons : « Combattant ensemble d’une même âme, avec la foi de l’évangile, et n’étant en rien épouvantés par les adversaires… ce qui… est une démonstration… de votre salut, et cela de la part de Dieu ». Il s’agit de ceux qui sont justifiés ; Dieu est là pour eux. Paul avait été en prison pendant quatre ans. En son absence il écrit aux Philippiens : « Travaillez à votre propre salut… c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire » (2:18). Satan n’entre pas en ligne de compte. Paul était un esprit actif, énergique, déjà avant d’être converti ; il l’est encore plus après sa conversion. Il voit surgir des opposants pendant qu’il est en prison, enchaîné à un soldat pendant des années : « Réjouissez-vous toujours ! » écrit-il. Il n’aurait pas pu parler ainsi s’il n’avait pas eu le dessus sur tout et sur lui-même. « Dieu nous mène en triomphe » dit-il aux Corinthiens (2° épître, 2:14). Dieu l’avait consolé quand il était abattu, il Le connaissait mieux maintenant, et il peut répéter : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ».

Remarquons ce qu’il écrit au chap. 1, v. 19-20 : « car je sais que ceci me tournera à salut… selon ma vive attente et mon espérance que je ne serai confus en rien, mais qu’avec toute hardiesse, maintenant encore comme toujours, Christ sera magnifié dans mon corps, soit par la vie, soit par la mort » : par la vie, oui, on le comprend ; mais par la mort ? C’est qu’on allait faire son procès devant Néron, un persécuteur des chrétiens. C’est alors que l’apôtre écrit : « pour moi, vivre c’est Christ », et, si je meurs, j’aurai Christ. Je ne sais que choisir. C’était une telle joie des deux côtés ! Quelle en est la conséquence ? Son bonheur est tellement grand, il se sent l’objet d’une telle grâce qu’il est débarrassé de tout égoïsme et libre pour penser aux autres. Et son procès ? Il en décide lui-même (v. 24-25) tellement il est certain de l’amour de Christ pour l’Église. Par cette mise de côté totale du moi, il pouvait voir et décider toutes choses, ayant l’oeil net et simple. Ce n’est pas de la résignation, mais quelle supériorité sur tout ! L’amour en exercice lui donnait un bonheur qui laissait le moi absolument de côté. Voilà l’èxpérience chrétienne, la vie divine dans un homme maintenu au-dessus des circonstances tout en les sentant. Christ, Lui, les a senties plus que quiconque. Mais voici un homme vivant de la vie de Dieu et la manifestant : cela se réalise en portant dans le corps la mort dans un sens spirituel et moral, sinon ce sont les circonstances qui agissent sur nous. Paul dit ailleurs qu’il portait partout dans son corps cette mort de Jésus (2 Corinthiens 4:10). Ainsi donc, dans ce premier chapitre de notre épître, on s’occupait de juger un homme qui avait déjà en lui-même la sentence de mort (2 Cor. 1:9). S’il doit être condamné, il est très heureux ; s’il a la vie sauve, il est très heureux : c’est pour lui un bien dans les deux cas. Quelqu’un dira : c’était particulier à Paul ; il avait d’ailleurs fait des progrès. — Mais si Dieu n’avait pas été toujours pour lui, il n’aurait pas fait ces progrès. L’expérience faite par lui garantissait la possibilité d’une expérience identique pour tout chrétien. Quand il était faible, alors il était fort (2 Cor. 12:10). Quand sommes-nous vraiment faibles ? C’est quand nous nous croyons forts et que nous oublions que nous sommes faibles. Nous avons à notre disposition la grâce qui suffit pour la position où nous nous trouvons. C’est Dieu qui opère en nous le vouloir et le faire ; « travaillez avec crainte et tremblement ». Si nous sentons la présence de Dieu dans le combat contre l’ennemi, nous agirons avec crainte et tremblement, non pas à la légère. Mais il ne s’agit pas d’avoir peur de Dieu. C’est Dieu qui travaille en nous. Satan est là qui s’oppose ; et s’il y a l’activité de la chair, il en profite ; si nous nous tenons pour morts, il n’aura pas de prise sur nous. En trois jours Paul a appris cette leçon. Avant sa conversion c’était sa propre justice qui le rendait ennemi de Christ. Il avait une bonne conscience, il était irréprochable quant à la loi, mais il était un ennemi acharné de Christ. Il n’y eut en lui pas un seul motif, pas un seul mouvement, même le plus beau, pas une seule chose qui ne fût mise à nu par la vue de Christ : ce fut un bouleversement complet. Il nous faut Christ. Tout ce qui nous exalte est une perte quant à l’amour de Christ. C’est lorsque tout ce qui est dans notre coeur est placé devant notre conscience par la lumière de Dieu que nous trouvons que tout est péché, parce que cela nous cache Christ : il nous faut Christ au lieu du moi, il nous faut une justice divine. Ce travail de Dieu est nécessaire pour que, après, l’on puisse être utile. Satan sait très bien que notre moi ne peut pas combattre contre lui. On peut dire que Satan avait eu ses griffes enfoncées dans le coeur de Paul.

La découverte que tout le moi est péché nous force à chercher une justice de Dieu. C’est ainsi que le chrétien qui a jugé son moi comme péché, peut, affranchi, servir dans le combat. La chose fut faite d’une manière rapide en Paul. Pour nous, ou Christ est notre motif, ou c’est notre moi : il n’y a pas de milieu.

Nous lisons maintenant : « Ne vous inquiétez de rien » (4:6). N’est-ce pas être supérieur aux circonstances ? Que Dieu nous garde de l’indifférence ; mais il est dit : « Exposez vos requêtes à Dieu… ». Est-ce que Dieu est inquiet ? C’est Lui qui s’occupe de nous. Il nous aide à traverser les circonstances : la tribulation produit la patience ; et la patience, l’expérience ; et l’expérience, l’espérance. Nous voyons beaucoup plus clair dans les choses du ciel quand nous sommes un peu brisés sur la terre. Dieu nous poursuit quand nous allons mal ; Il ne nous lâche pas. Je suppose que vous me confiiez vos enfants : mais s’ils ne se conduisent pas bien je vous les rends. Dieu ne fait pas ainsi ; Il ne nous lâche pas : Il châtie ceux qu’Il aime.

« En toutes choses exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.. » (4:6). Quelle en est la conséquence ? La paix de Dieu gardera nos coeurs, une paix qui surpasse toute intelligence. Si nous avons des circonstances faciles, tant mieux, Dieu en soit béni ! Il est tout naturel alors que nous puissions en éprouver de la paix. Mais que, dans des circonstances écrasantes, la paix de Dieu garde nos coeurs, c’est cette paix-là qui surpasse toute intelligence ! La grande circonstance, c’est Dieu. Il y a des difficultés positives : des coups, les dangers, la faim, la soif, le naufrage (2 Corinthiens 11:25 et Philippiens 4:11-13). Eh bien ! dit Paul, j’ai trouvé que Christ me suffit toujours ; j’ai appris à être content dans toutes les circonstances. Je suis bien partout, je suis content partout. Voilà un homme qui peut tout, qui supporte tout, qui est joyeux en tout. Quant au péché, Dieu est glorifié, Paul n’y vit plus ; quant à tout le reste, ce chrétien est content.

Savez-vous ce que c’est qu’un ami ? Vous ne le savez pas si vous n’avez pas été dans la détresse, quand le coeur est blessé, froissé. Le chrétien connaît cela sur la terre : Christ Lui-même a souffert ainsi, de la part de Judas, de Pierre. C’est là qu’on trouve Christ montrant ce qu’Il est, toujours lui-même, toujours divin, toujours parfait. Qu’il soit le charpentier, ou qu’il s’annonce comme le Fils de Dieu, toujours ferme quand il le faut, en même temps doux comme un agneau, il n’est entamé par aucune chose ici-bas : tel est Christ. Voilà aussi, en Paul, le chrétien. Nous avons ici un homme sujet aux mêmes infirmités que nous, mais dans les choses ordinaires comme dans les choses extraordinaires, il vivait toujours Christ, qui était en lui. L’activité produite par Celui qui opère le vouloir et le faire est la recherche de Christ. La chair subsiste, la lutte continue, Dieu nous aide dans le combat.

Mais est-ce qu’il y a en nous l’oeil net ? C’est l’oeil qui n’a pas d’autre objet que Christ, de sorte que le coeur n’est pas partagé. Ce n’est pas la perfection dans l’absence de la chair ; c’est la perfection dans la conscience de la sentence de mort sur la chair et de la puissance de la vie divine en nous. Bonheur ineffable, paix qui surpasse toute intelligence !

Que Dieu nous donne, car c’est le secret de la chose, de regarder à Christ ! Il est tout ; Il s’est donné pour nous dans sa mort, et Il pense à tout, Il fait tout pour sa chère brebis.


3 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2

15 juillet 1868 — n°197 : ME 1913 p. 274

L’expérience chrétienne est le sujet de cette épître ; elle décrit en détail le sentier du chrétien, vivant dans la puissance de l’Esprit de Dieu. Nous en voyons, pour ainsi dire, le modèle ; on n’y trouve aucune incertitude, mais une parfaite confiance en Dieu. La puissance de l’Esprit de Dieu au milieu du mal, notre lien avec Lui, n’y sont jamais présentés comme affaiblis. Elle insiste sur ce qu’il nous faut apprendre, c’est-à-dire l’entière mise de côté du moi.

Le chap. 2 nous présente l’homme humilié ici-bas ; le chap. 3, l’homme glorifié à la droite de Dieu. Le chap. 2 fait ressortir ce qui forme notre caractère ici-bas, non pas un Christ monté en haut, mais un Christ descendu. Ces deux chapitres nous présentent le déploiement de la vie de Dieu en nous. La seule pensée de Paul, au chap. 3, est qu’il se trouve en chemin vers la gloire ; il n’a point de difficultés ; il estime toutes choses comme des ordures, afin de gagner Christ. En effet, quand l’oeil est fixé sur Lui, il n’y a point de difficultés. On ne court pas dans la lice en gardant son manteau sur soi, et, pour remporter le prix, la simple condition est d’avoir le but (Christ) devant les yeux, et de ne pas en détourner ses regards.

Au chap. 2, le coeur est modelé sur lui. Nous n’y trouvons pas la gloire qui nous attire, comme au chap. 3 ; mais un Christ dont nous devons connaître la pensée pour marcher à travers ce monde. Or cette connaissance juge le moi et produit une conformité et une ressemblance complète avec Lui.

Tout ce que nous possédons pour le moment dans ce monde, c’est le déploiement de la bonté au milieu du mal. La chute de l’homme est générale ; le mal n’a jamais été guéri — mais je connais un autre homme, le Seigneur Jésus-Christ. Le premier homme est complet dans sa ruine ; le second homme complet dans sa gloire. Le premier homme n’est absolument bon à rien ; mais Dieu introduit dans la scène où l’homme se trouve la plénitude de la bénédiction, et aucune chute ne peut rompre un lien formé par la puissance de Dieu. Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur. Les ténèbres qui nous entourent ne font que donner plus d’éclat à la lumière, à la grâce qui a amené Dieu sur la scène. Paul dit : Si vous voulez rendre ma joie accomplie, ayez tous une même pensée, et quelle grâce il met dans cette exhortation ! Il faut que la puissance de Dieu agisse dans nos coeurs pour y produire la pensée de Christ. Le moi ne peut subsister à côté d’elle ; il faut en avoir fini avec lui. Le premier homme fut désobéissant jusqu’à la mort ; dans le second homme, nous trouvons précisément le contraire. Le premier homme s’est élevé, le second s’est abaissé. Le moi aime à être servi, l’amour se plaît à servir. Prenons-nous toujours cette place ? Christ l’a prise et, comme le serviteur hébreu, il « servira à toujours » (Ex. 21). C’est dans cette qualité qu’il est maintenant occupé à laver les pieds de ses disciples, après s’être ceint pour les servir. Il nous exhorte à faire de même (Jean 13), mais il reste le premier, grand, saint et parfait exemple du service. Il n’a cessé d’aller en descendant depuis la gloire de Dieu jusqu’à la croix. Où trouvons-nous trace du moi dans son exemple ?

Regardons à Christ ; contemplons-le, nourrissons-nous de lui, dans son humiliation ; nous serons alors formés sur son caractère. Nous le verrons dans nos frères, et ainsi il ne nous sera pas difficile de les estimer supérieurs à nous-mêmes (v. 4). Si l’amour de Christ est dans mon coeur, je verrai tout ce qu’il y a de bon dans les autres, et le moi sera complètement perdu de vue.

Un autre trait caractéristique du sentier chrétien est l’obéissance. Christ est devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix (v. 8). Ce qui caractérise le nouvel homme est toujours la dépendance et l’obéissance : « Voici, je viens, dit-il, pour faire, ô Dieu, ta volonté ». L’obéissance du Christ était d’avoir la volonté de Dieu comme seul objet et seul motif. Son obéissance était continuelle. Telle doit être la nôtre ; rien ne doit mettre obstacle, dans nos pensées, à la toute-suffisance de Dieu, dans quelque circonstance que nous nous trouvions. La parole de Dieu est le guide et l’aliment dont le nouvel homme se nourrit. Enlevez-la, il ne reste rien ; il n’y a point de vérité dans le monde sans la Parole écrite. Christ est la Parole vivante.

(v. 12-14). — Paul était absent ; présent, il avait travaillé pour les Philippiens ; désormais, ils avaient à poursuivre seuls le combat, mais Dieu était toujours avec eux. Si nous nous reposons entièrement sur Lui, il ne peut jamais y avoir d’obstacle qui nous fasse rebrousser chemin ; car il est impossible que Dieu ne puisse pas poursuivre ses intentions dans ses saints. « C’est lui qui opère en nous le vouloir et le faire selon son bon plaisir » (v. 13).

(v. 15-16). — Le chrétien étant ici-bas dans le sentier de la grâce, son moi doit s’abaisser toujours. Je le répète : l’amour se plaît à servir. Pour glorifier Christ, nous ne devons tenir aucun compte de nous-mêmes. Notre position ici-bas est bien solennelle : nous sommes revêtus du caractère de Christ pour traverser ce monde — cette génération tortue et perverse — en dépit des efforts de Satan pour nous faire marcher selon la chair. Tout chrétien, s’il est en bon état, c’est-à-dire ne pensant point à lui-même, est une épître de Christ.

Notre marche est-elle celle de Christ quand il était ici-bas ? Nous rappelons-nous que nous avons été achetés à prix ? Regardons à Christ : il allait, s’abaissant toujours. Il a commencé à la crèche, car il ne voulait occuper aucune place dans le monde. Où en aurait-il trouvé une ? Si le monde est séparé de Dieu, quel chemin pouvons-nous y suivre ? Le sien était de n’y avoir aucun lieu où reposer sa tête ; le monde était un désert pour lui et nous, nous devons le suivre à travers le désert.

C’est là le vrai secret de Christ ; il nous faut apprendre de Lui, comme Marie, assise à ses pieds pour écouter sa parole. Aimeriez-vous que le monde vous honorât et vous regardât avec estime, ou préférez-vous qu’il vous regarde comme il regardait votre Seigneur ? Soyez beaucoup en sa compagnie, et vous lui ressemblerez en quelque mesure, peu importe dans quelles circonstances. Il ne pensait jamais à lui-même. Voyez-le sur la croix, pensant à sa mère ; dans le jardin, guérissant l’oreille d’un esclave. Se donnait-il même le temps de manger, de se reposer, de s’occuper de lui ? Nous n’avons jamais aucune excuse, si nous laissons notre moi reparaître ; car si nous étions habituellement avec Christ, la chair ne lèverait point la tête. Puissent nos coeurs s’attacher toujours davantage à Lui seul !


4 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2:1-18

n°81 : ME 1895 p. 331

Du moment que le coeur se laisse dominer par la convoitise, sa propre volonté se manifeste et c’est la source de nos péchés. Voilà pourquoi il est dit de « travailler à notre propre salut avec crainte et tremblement » quant à nous-mêmes, car il en est tout autrement lorsqu’il s’agit de notre confiance en Dieu. Paul était en prison et ne pouvait, personnellement, donner ses soins à l’Église, mais, quoique absent, il était présent d’esprit avec elle ; il l’exhortait, afin qu’en son absence elle ne s’élevât pas. Déjà quelques-uns annonçaient Christ par esprit de contention, et il y avait du désaccord entre Évodie et Syntiche. Cela exerçait le coeur de Paul dans sa prison.

Il est assez rare de voir, dans l’Ancien Testament, l’intérieur du coeur humain. Les Psaumes, l’histoire de Moïse, nous en fournissent quelques exemples ; mais le Nouveau Testament nous en présente de beaucoup plus fréquents. Cela tient à ce que Dieu s’y est rapproché davantage de nous. Le Saint-Esprit y agit plus familièrement ; il est le Consolateur qui est venu demeurer ici-bas et qui s’occupe de tous les détails et de toutes les circonstances de ceux au milieu desquels il demeure. Il y prend intérêt ; il y apporte l’amour de Dieu. Qu’y a-t-il de plus digne de Dieu ?

Rien ne nous empêche plus de comprendre la Parole que d’en séparer les sujets de leur contexte. C’est ce qui est souvent arrivé pour le passage du v. 12, dont nous parlons. Paul s’occupe des difficultés de l’Église. Il voudrait voir ses chers Philippiens marcher dans l’humilité, comme Christ lui-même (v. 5-11). Au v. 12, il ne les adresse pas à quelque puissance qui soit dans l’homme. Cette expression : « à votre propre salut », est en contraste avec l’oeuvre de Paul qui, jusqu’à son emprisonnement, avait travaillé lui-même à leur salut. Par l’absence de l’apôtre, les choses avaient éprouvé du changement. Satan cherchait à élever les disciples, en l’absence de celui qui les avait enseignés. Quand Paul était là, éteignant pour eux les dards enflammés du Malin, l’Église se tenait en paix derrière lui. « La mort », disait-il, « opère en nous, et la vie en vous » (2 Cor. 4:12). Les Philippiens avaient, dans le Seigneur, pris confiance par les liens de l’apôtre et en son absence. Mais l’Ennemi pouvait se servir de cette confiance. Ils avaient peut-être perdu en quelque mesure la défiance d’eux-mêmes et de la chair. Paul veut les mettre en garde contre ce piège ; voilà pourquoi il leur parle de crainte et de tremblement. Ce n’est pas Paul, dit-il, qui opère en vous le vouloir et le faire, c’est Dieu. Paul est en prison, mais Dieu est tout-puissant. Plus nous sommes privés de secours extérieurs, plus il nous faut de vigilance et d’humilité, mais nous pouvons compter sur Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire.

Entre le salut qu’il nous donne et la jouissance des résultats du salut, Dieu nous conduit dans un chemin où il éprouve notre coeur par le combat avec Satan. Nous avons le salut, mais, par le combat, nous travaillons à notre salut — car il signifie ici ce qui se trouve devant nous, à la fin de notre carrière chrétienne — avec crainte et tremblement. C’est une oeuvre longue et lente que Dieu opère dans les sauvés, afin de se faire connaître à eux et de leur apprendre ce qui est dans leur coeur. Satan les tente, se transforme en ange de lumière, cherche à les épouvanter : ces combats sont nécessaires et nous font du bien. Il nous faut pour cela de la vigilance, de l’activité spirituelle. Si nous ne veillons pas, Satan a le dessus. L’épreuve nous fait sentir que nous sommes petits et pauvres dans nos coeurs, mais le terrain étant mieux travaillé, nous produisons plus de fruit. Les deux motifs pour la vigilance sont que nous nous trouvons toujours en présence de Satan, et que nous ne savons quand le Seigneur viendra. C’est quand nous possédons la grâce de Dieu que nous craignons réellement l’Ennemi de nos âmes. Le mondain craint Dieu, dans le sens d’avoir peur de lui, mais il ne craint pas Satan ; il fuira l’homme qui lui parle de Dieu, et ne craindra pas celui qui l’entraîne au mal. Le chrétien, au contraire, ne craint plus Dieu, dans le sens que nous venons d’indiquer, et il craint Satan. Sentant sa faiblesse et ayant affaire à un ennemi toujours vigilant, il sait très bien que, s’il se laisse entraîner, il contristera le Saint-Esprit qui ne se prêtera jamais à ce que Dieu réprouve. L’enfant de Dieu, possédant un tel trésor, craindra le ravisseur.

Il est toujours important de s’opposer aux commencements du mal. Satan nous tente en présentant des objets à nos convoitises, des plaisirs, des vanités à nos coeurs et à nos yeux. De là, la nécessité d’être vigilants, de rester en communion suivie avec Dieu, en sorte que nous jouissions assez des choses de Christ pour que celles qui lui sont étrangères n’aient pas d’empire sur nous.

Si nous n’avons pas eu assez de défiance de nous-mêmes, Satan cherche aussi à nous jeter dans la défiance de Dieu. Il présente aussi des difficultés à notre foi. C’est ce qu’il a fait à Jésus dans la tentation, au commencement de son ministère. À la fin, il est revenu, lui présentant la croix, le mépris, la contradiction des pécheurs, la colère, le jugement, l’abandon de Dieu, pour écraser, si possible, sa foi et anéantir son oeuvre.

Telles sont les tentations de Satan. Si nous aimons la sainteté, opposons-nous donc aux commencements du mal, et, pour le faire, jouissons de la communion de Dieu ; occupons-nous de bonnes choses. Si la coupe de nos coeurs est pleine, Satan n’y pourra rien mettre. Et quand nous sommes tombés, notre seule ressource est de confesser notre péché et de regarder à Jésus, notre avocat auprès du Père. Quant à faire la volonté de Dieu, ne craignons rien. Il ne faut jamais reculer devant les conséquences de cette volonté. Nous perdrons dans ce monde nos amis, mais nous aurons déjà dans ce monde cent fois autant, et dans le siècle à venir la vie éternelle.

Le chrétien doit veiller, parce qu’il attend le Seigneur, et qu’il lui faut se trouver tel qu’il devrait être quand le Seigneur viendra. S’il tarde, l’effet de l’attente sera que toute ma vie correspondra exactement à ce que je voudrais qu’elle fût quand je serai devant lui.

Satan est toujours là, et le Seigneur sera bientôt là : tels sont les deux grands motifs à la vigilance. Si j’ai de tels motifs pour veiller et prier, c’est que je suis un enfant de Dieu dans les rangs de l’armée de Dieu. Je n’ai pas pour sujet de crainte et de tremblement que Dieu ne m’aime pas, mais que je perde ce que j’ai. Si je crois que tout l’héritage de Christ m’appartient, quelle joie je montrerai, mais aussi quelle vigilance pour ne pas me laisser dérober ces choses.

Nous appartenons à Jésus, et Jésus nous appartient. Si nous ne le sentons pas, nous ne connaissons ni la force, ni la puissance de notre vie chrétienne.


5 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2:1-18

n°122 : ME 1900 p. 311

Le désir de l’apôtre était que ses chers Philippiens fussent sans reproche (v. 15, 16). Le salut est toujours présenté dans cette épître comme s’opérant à travers le désert et comme une chose qui est pleinement réalisée à la fin de la carrière chrétienne. Cela est simple, parce que notre salut consiste, en effet, à être à la fin dans la gloire de Christ, qu’il nous a lui-même acquise, mais dont nous ne jouissons pas encore. Ayant reçu le Saint-Esprit comme arrhes, nous savons très bien que cette gloire nous appartient. Paul désire que, dans le trajet du désert, nous glorifiions parfaitement Dieu, et, dans ce but, le Saint-Esprit agit sur nos affections pour nous rendre Christ plus précieux. La vie de Jésus glorifiait toujours le Père ; si l’Esprit de Christ est en nous, notre désir sera aussi de le glorifier. Il ne faut pas confondre le désir de glorifier le Seigneur avec l’accomplissement du salut. Quand Jésus glorifiait le Père, il ne s’agissait évidemment pas de l’oeuvre de son salut. Impossible de trouver la paix, si notre salut dépend en quoi que ce soit de la manière dont nous glorifions Dieu. Que l’âme soit mécontente de ne pas le glorifier, c’est une bonne chose, mais si nous y rattachons la certitude du salut, nous serons troublés et même notre service le sera, car cela nous donne un esprit de servitude au lieu d’un esprit de liberté.

C’est dans l’atmosphère de la grâce, qu’on peut servir Dieu. Sous le régime de la grâce, je puis servir Dieu comme les anges le servent, sans préoccupation ni question de salut, mais parce que cela appartient à ma nouvelle nature.

Nous avons à désirer d’être toujours des flambeaux allumés par le Seigneur pour être des lumières dans le monde et, si nous n’avons pas ce désir, c’est la preuve que nous sommes dans un état de sommeil. Nous n’avons pas d’autre relation avec Dieu que celle de sauvés, ses enfants par grâce, et Dieu ne nous connaît pas autrement.

On peut chercher de deux matières à glorifier le Seigneur Jésus. Souvent une âme voit en elle une mauvaise disposition qui l’empêche de glorifier le Seigneur comme elle le devrait ; il y a dans ce cas le danger de retomber sous l’esprit de la loi et celui de regarder à l’obligation de glorifier Dieu, au lieu de regarder au Seigneur lui-même. La vue du mal voile Dieu ; c’est un moyen d’affaiblissement et de découragement. Il n’y a qu’un remède à cela : regarder à Christ. Rien n’est plus humiliant que de regarder à Christ. Souvent, au désir de glorifier Dieu, se joint le désir d’être satisfait de soi-même. C’est tout simplement de l’orgueil. En regardant à Christ, je trouve la perfection qui m’humilie et la grâce qui me relève. Je vois en Lui toute humilité, toute patience, et j’ai honte de moi-même, tout en regardant à la grâce qui me relève et m’encourage. En regardant à moi-même, rien ne peut chasser de mon coeur ce qui me trouble ; je demeure dans l’atmosphère du mal, et je n’y trouve aucune force. En Jésus, la vue s’élève au-dessus du mal ; nous sentons qu’il nous aime, que nous sommes unis à Lui. Si la vérité est venue par Jésus, par Lui aussi est venue la grâce. La vérité nous condamne et nous humilie, la grâce nous encourage et nous relève.

Quoi de plus élevé, de plus béni pour l’âme, que d’avoir le même sentiment que le Seigneur Jésus ! Le coeur répond à cette pensée de l’apôtre. Vivifié et animé par le Saint-Esprit, son désir est d’avoir le même sentiment qui a été en Jésus. Le Saint-Esprit, en demandant cela, déploie devant nos yeux la grâce qui est en Lui : « Lequel, étant en forme de Dieu, etc ». Mais le coeur dit bientôt : « Ah ! si j’étais comme cela ! » ou : « Voilà ce que Dieu demande ». Ce n’est pas là l’oeuvre de l’Esprit, désirant qu’il y ait en nous cette pensée qui a été dans le Christ Jésus et nous montrant aussitôt ce qu’il est. Quand le Saint-Esprit agit dans le coeur, il produit le désir en révélant Jésus, et l’effet du désir, en nous faisant le contempler.

Si je suis disposé à être quelque chose et que je voie le mal en moi, cela me décourage et ne guérit pas le mal. Mais si je m’aperçois que je veux être quelque chose quand Jésus s’est anéanti, j’ai honte de ce désir et je préfère être anéanti avec Jésus. Le mal est ainsi détruit en moi et la communion avec le Seigneur est renouvelée. Mon âme se retrouve dans le courant du bien. Il est impossible de vouloir être quelque chose quand on voit que Jésus s’est anéanti.

Voyons comment Jésus a manifesté cet esprit qui l’a conduit à s’anéantir. Il vient faire une autre volonté que la sienne : « Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté ». Il prend la place qui Lui était prescrite dans les conseils de Dieu. N’avoir aucune volonté, c’est s’anéantir. Jésus s’est anéanti jusqu’à être fait malédiction par Celui dont il est venu faire la volonté.

Lorsque Jacques et Jean demandent d’être assis à sa droite et à sa gauche, il répond : Je n’ai rien à vous donner ; je n’ai aucune volonté en cela. Il fait la volonté du Père. Il donne à ses disciples, à ceux que Dieu veut, les récompenses que son Père veut.

Le résultat de cet anéantissement est le mépris du monde. Jésus se soumet encore à ce mépris. L’homme peut, par héroïsme, se soumettre à tout ce que sa volonté lui dicte ; Jésus, en toutes choses, renonce à la sienne. Il se soumet d’avance à être abandonné, même de ses disciples.

Son Père était là ; c’était pour le glorifier qu’il s’était soumis à cet anéantissement. Dieu le fait péché pour nous ; c’était pour Jésus la chose la plus horrible. Il s’y soumet : « C’est ce qui est agréable à tes yeux ». Mais même alors, Dieu a dû l’abandonner aussi. C’était l’anéantissement sans ressource. Dieu l’avait abandonné. Il n’a plus rien comme récompense, comme appui, comme soulagement. Il n’y avait plus qu’une chose, la puissance de l’amour. Tel est le principe de la vie chrétienne. Que nous ayons la même pensée qui a été dans le Christ Jésus, et nous aurons le même encouragement que Lui ; mais jamais nous ne pourrons dire comme Lui : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Vous suffit-il d’avoir la même part que Jésus dans son anéantissement ? C’est le renoncement à soi-même. Voilà pourquoi Dieu nous éprouve, car il y a en nous une épaisse couche de volonté propre qui n’a pas été atteinte. Tant que ce mal n’a pas été entièrement sondé, on ne peut jouir de Dieu. Heureux sommes-nous quand Dieu sonde notre coeur et nous réduit à nous oublier, à ne penser qu’à Dieu et à ne pas désirer trouver en nous-mêmes quelque chose qui nous satisfasse. Pour cela, il nous faut regarder à Jésus, avoir la même pensée que Lui : alors, le contemplant à face découverte, nous sommes transformés à la même image, de gloire en gloire.


6 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3

n°103 : ME 1897 p. 56

L’apôtre aurait pu trouver facile de se réjouir dans le Seigneur, mais il était en prison et délaissé. Ce sont les afflictions qui nous donnent la mesure de nos liens avec notre héritage céleste. Paul repasse dans son esprit tous les avantages qu’il avait selon le monde : avantages de naissance, de race, de religion, tout ce sur quoi un Juif pouvait se fonder. L’apôtre avait abandonné tout cela, et, après tout, il dit : « Réjouissez-vous dans le Seigneur ». Il sait fort bien où il en est lui-même ; il peut repasser toutes ces choses selon leur valeur, et dire : « Après tout, ce n’est que du fumier ». Privé même de tout ce qui peut réjouir intérieurement son coeur, il leur conseille de se réjouir et regarde toutes choses comme une perte, en comparaison de l’amour de Dieu en Jésus. Deux choses se présentent : les avantages mondains et une religion agréable à la chair, choses par lesquelles Satan a réussi à corrompre l’Église, tandis que pour nous il s’agit de servir Dieu en Esprit, de nous glorifier en Jésus-Christ, et non pas d’être hébreu, pharisien, etc. Tout ce qui attire nos coeurs en dehors de Christ, affaiblit nécessairement notre foi, car même une chose religieuse, si elle n’est pas Christ, est la chair.

Remarquez cette expression : « Afin que je gagne Christ ». Cela consiste en deux choses. 1° Paul veut être trouvé en lui, n’ayant pas sa justice qui est de la loi, mais une justice qui est de Dieu, moyennant la foi. La foi s’attache à une justice qui est de Dieu seul et, du moment qu’on en sort, l’Évangile est ébranlé. 2° Il veut connaître Jésus-Christ lui-même et la vertu de sa résurrection. Il y a dans sa résurrection une vertu, une puissance. Si l’un d’entre nous était ressuscité, mais encore dans ce monde, aurait-il des liens avec le monde, des désirs qui le portent vers lui ? Non, mais il lui tarderait d’être dans la gloire, car rien n’empêcherait chez lui l’essor des affections du nouvel homme. Il serait d’avance dans le ciel par ses désirs et ses pensées. Telle est la vertu de sa résurrection. Quand l’âme a réalisé, par la puissance de la résurrection de Jésus, qu’elle est ressuscitée et que tout lien entre elle et le monde est rompu, elle en est sortie. Christ nous a saisis pour cela. Nous sommes actuellement dans des corps mortels et dans un monde auquel, si nous ne sommes pas très vigilants, nous nous attacherons bientôt.

La vertu de sa résurrection aura pour effet de nous faire oublier les choses qui sont derrière et de nous faire tendre avec effort vers celles qui sont devant ; elle nous fait comprendre, par le Saint-Esprit, le but pour lequel nous avons été saisis.

Tout ce qu’il y a dans le monde, nous empêche de faire des progrès spirituels. Nous avons à considérer qu’il y a une vertu positive dans la résurrection de Jésus. Nous ne sommes pas redevables à la chair quand elle réclame ses droits, mais nous avons le droit d’opposer la mort de Christ aux accusations de Satan, et la résurrection de Christ à l’attrait de toutes les choses de la terre. La vie de résurrection de Christ est en nous et non pas seulement ses effets. Les choses vers lesquelles cette vie nous porte, constituent notre céleste vocation. Ce qui donne la force à cette vie, c’est que nos affections soient puissamment attirées vers un objet. Telle est la puissance de sa résurrection. Ceux qui retournaient en arrière (v. 18), ne possédaient pas cette puissance

Marchons-nous dans ce monde comme ressuscités et comme attendant le moment d’entrer dans la gloire ? Nous avons été saisis par Christ pour cela, et cela nous fait oublier le monde. Notre privilège est de pouvoir oublier tout ce qui est derrière, même nos progrès dans la vie chrétienne, et de regarder en avant. Si je ne désire que Christ, je suis sûr de le gagner ; je n’ai pas besoin de chercher autre chose pour me soutenir. Il peut y avoir des épreuves, des afflictions, mais Dieu s’en sert pour nous faire beaucoup mieux sentir que nous avons tout en lui. Sadrac, Mésac et Abed-Nego étaient « établis sur les services de la province de Babylone », c’est-à-dire avancés dans le monde, et ils n’y ont trouvé que des liens. Ils faisaient partie de la multitude qui devait adorer l’image, mais leurs circonstances extérieures étaient si en vue, que le roi du monde ne pouvait leur pardonner d’avoir trop de conscience pour se prosterner devant sa statue. Le monde les jette dans la fournaise. Ils y ont trouvé le Fils de Dieu et y ont été délivrés des liens dont le monde les avait liés. Ne craignons pas la fournaise ; ne craignons pas les épreuves et les choses pénibles ; au contraire, réjouissons-nous. Elles nous font trouver le Seigneur Jésus.


7 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3

12 Novembre 1844 — n°216 : ME 1916 p. 376

Il est touchant de voir ici l’exercice du coeur, découlant du Saint Esprit, et nous forçant à trouver, dans une vraie confiance, notre tout en Dieu. On a souvent le Seigneur Jésus plutôt à côté de soi que devant soi ; alors on n’est pas dans la pleine lumière ; on ne se juge pas et l’on ne se sent pas directement en sa présence. La foi nous amène en face de Christ afin qu’il luise sur nous ; sans cela il reste dans nos coeurs quelque chose de louche, et la confiance entière nous fait défaut. Le bonheur solide pour nos âmes consiste en une confiance basée sur la vraie lumière de la présence de Christ. Tel était ici le cas de l’apôtre. Il était en prison, sur le point d’être condamné, après une longue vie chrétienne. Son coeur est exercé, jugé, et le résultat est une entière confiance. C’est une chose solennelle, disons plutôt très heureuse, d’être en route pour l’éternité. Cette joyeuse confiance dans le Seigneur éclate dans le coeur de Paul. Toute son épître nous présente le chemin chrétien. Le salut, résultat de la manifestation de Jésus à sa venue, se trouve à l’autre bout du désert que l’on traverse. Avons-nous, pendant la route, l’entière confiance qui caractérisait l’apôtre ? Paul ne parle pas ici de l’amour de Christ pour lui, mais de son affection à lui, pour le Seigneur. Devant Lui, il considère toutes choses comme une perte ; il en est toujours ainsi quand on a une idée juste de Christ. De plus, il n’y a pas d’hésitation sur le but à atteindre. S’il y a hésitation, c’est que nos coeurs ont des désirs charnels, et Jésus ne peut être le but de tels désirs. Il n’est notre force qu’autant qu’il est le but et l’objet de nos coeurs. Toute autre chose est une perte, une acquisition nuisible, comparée à l’excellence de sa connaissance. Christ étant notre objet, nous voyons bien vite ce qui est à sa gloire. Dieu ne peut pas diriger des affections détournées de leur objet, et quand le coeur n’est pas dépouillé de lui-même on trouve, soit de l’incertitude, soit de l’énergie pour le mal, et c’est alors le mal qui donne de l’énergie. L’homme énergique est celui qui n’a qu’un but, et quand le coeur a Christ pour seul objet, il peut parler de bonheur et de joie. Cette vérité est d’une application journalière : quand nos coeurs sont faibles, incertains, malheureux, c’est qu’ils n’ont pas Christ pour seul objet.

Paul estime toutes choses comme des ordures ; il ne dit pas qu’il les a estimées ainsi, une fois pour toutes, mais qu’il fait actuellement et journellement cette expérience. Il est l’homme d’un seul objet. Si vous voulez vous réjouir dans le Seigneur, posséder la sagesse qui rend heureux, le secret est là. Jésus est lumière ; lorsque nous plaçons cette lumière devant nous, nous voyons s’il est, ou non, notre seul objet ; et il faut, pour cela, que nous allions continuellement à Lui. Il est l’objet nécessaire des affections du nouvel homme, et, par là même, il devient la force pour renoncer à tout. Quand je vois Jésus, mon coeur est attiré vers Lui et détourné de tout le reste. Ce qui affaiblit la vie chrétienne, c’est le manque de foi, qui n’a pas su prendre le chemin qui conduit tout droit vers Dieu. Quand on ne veut pas suivre le chemin des promesses de Dieu, les moindres difficultés deviennent insurmontables. Le peuple d’Israël n’a pas voulu monter à la montagne des Amoréens quand Josué l’y engageait ; les choses qui n’auraient été que « son pain », s’il avait suivi la direction de Dieu, deviennent des obstacles insurmontables. La sagesse est de prendre le chemin de Dieu quand il nous le montre ; il est trop tard pour le prendre ensuite. Après cet échec, Dieu devient le guide d’Israël pendant les quarante années du désert, mais combien cela était plus triste et plus humiliant pour le peuple ! Nous nous exposons à beaucoup de travail et de choses pénibles, parce que nous n’avons pas eu le courage de marcher dans le chemin de la foi, tandis que, si notre but avait été Christ, nous aurions oublié toute autre chose.

Paul n’avait pas atteint le but ; il continuait à le poursuivre, ne possédant pas encore les choses qu’il espérait ; c’était un exercice de foi. Mais il savait que Jésus l’avait placé dans ce chemin et l’avait saisi pour cela. Nous sommes dans un chemin dont il est à la fois la fin et le commencement, car « Il est le chemin ». Cela donne une entière humilité, une entière dépendance de la grâce, une entière confiance en son amour. Notre coeur est heureux, heureux en rapport avec Lui, comme celui d’Énoch qui marchait avec Dieu. La conscience de n’avoir pas atteint un but aussi glorieux, prouve son excellence et soutient l’espérance. Quand un trésor à acquérir est assez grand, on ne se décourage pas avant de le posséder. Christ soutient l’énergie intérieure et le but est assez excellent pour qu’il vaille la peine de le poursuivre avec patience. « Je fais une chose ». Pouvons-nous le dire ? On ne fait qu’une chose quand on n’a qu’un but. Soyez certains que cet effort sera toujours accompagné d’une humilité réelle.

« Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur ». Nous sentons que, tant que nous serons dans ce corps, il y aura des afflictions, avec l’impossibilité de jouir pleinement de ce que nous posséderons dans la résurrection. Mais c’est notre part, d’être nécessairement affligés et éprouvés pour jouir de la bénédiction éternelle, et cela nous empêche de chercher du soulagement dans les choses d’un monde dont la fin est la perdition. Nous attendons la rédemption. Il est précieux d’avoir un but si glorieux, que seule la puissance de Dieu qui ramènera Jésus, puisse nous le faire atteindre. Tel est le chrétien : il a besoin d’un Sauveur pour l’accomplissement de sa joie, comme il en a eu besoin pour l’accomplissement de sa justification. Chercher quelque agrément dans le chemin, c’est chercher quelque chose qui détourne le coeur de Christ, et, ajoutons-le, même de l’amour fraternel, car toutes nos affections sont influencées par l’affaiblissement de notre premier amour. Un coeur qui a Jésus pour objet est capable de s’élargir indéfiniment pour l’aimer, comme il en est aimé. Nous sommes tous bien loin de cela, car ce but est si parfait qu’il nous faut, pour l’avoir atteint, attendre comme Sauveur Celui qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire. Quelle joie de penser que Christ, qui est notre force dans le chemin, a Lui-même un tel but et qu’il ne faille rien moins que Sa puissance qui peut s’assujettir toutes choses, pour nous y placer. Ne cherchons pas ailleurs qu’en Jésus la consolation et l’encouragement, lorsque Dieu nous envoie une épreuve destinée à nous faire regarder à Lui. Regardons à Jésus. Il est notre but, notre force, le commencement et la fin de notre chemin. Heureux le chrétien qui Le saisit ! Il y a assez de grâce en Christ, pour faire se réaliser ces choses en nous tous !


8 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3 : Le BUT de l’Apôtre PAUL

n°247 : ME 1935 p. 121

Cette épître ne traite pas de la doctrine ; le mot péché ne s’y trouve même pas. Le sujet traité, c’est l’expérience chrétienne, et, dans notre chapitre, il est parlé aussi de la justice de Dieu en Christ, en contraste avec celle de la loi.

Paul nous est montré comme courant vers un but qu’il cherche à atteindre ; il n’y est point parvenu encore : c’est dans ce sens-là qu’il n’est pas arrivé à la perfection (v. 12). Il dit pourtant au v. 15 : « nous tous donc qui sommes parfaits… » : ici, un homme parfait est un homme fait, qui a atteint toute sa croissance, par contraste avec un enfant qui a encore à se développer ; c’est un homme qui a compris la pensée, le dessein de Dieu à son égard. En 1 Cor 2:6-10, nous lisons : « Or nous parlons sagesse parmi les parfaits, sagesse toutefois non pas de ce siècle,… ». Dieu ne nous a pas fait connaître seulement les immenses richesses de sa grâce, mais aussi les richesses de sa gloire. Non seulement Christ a effacé nos péchés, mais Dieu nous donne toutes choses avec lui et en lui. Si un ami ne fait que juste payer mes dettes, je n’ai plus d’obligation, mais je reste néanmoins sans le sou. Au contraire, comme chrétien, non seulement je suis acquitté devant Dieu de tous mes péchés, mais encore j’ai une fortune immense qui m’est assurée : j’ai la gloire, l’héritage, l’adoption.

Il y a deux genres de service à l’égard des âmes : le premier, le plus précieux peut-être, consiste à présenter le salut aux pécheurs ; le second, également très précieux, a pour objet l’édification de l’âme déjà convertie. Quand j’ai trouvé le salut, je puis en parler à d’autres. L’homme dans la chair, l’homme naturel, vit pour la terre, il ne pense pas à Dieu. Ce n’est jamais vers Dieu que se tournent les pensées d’un homme, même non absorbé par ses occupations. Qu’il vive décemment ou non, il vit sans Dieu. L’homme a d’ailleurs toujours failli, dans toutes les situations où il a été placé : en Eden, Adam désobéit et est chassé hors du paradis ; Noé, sur une terre nouvelle et purifiée par le déluge, s’enivre ; la loi est donnée aux Israélites, et ils font le veau d’or ; la sacrificature est établie, et les fils d’Aaron apportent le feu étranger, de sorte qu’Aaron n’est jamais entré dans les lieux saints avec ses vêtements de gloire et de beauté ; le roi Salomon aima les femmes étrangères et le royaume fut divisé. Alors Dieu dit : J’ai encore mon Fils, les hommes auront du respect pour mon Fils. Jésus vient dans ce monde et il est crucifié. Dieu a permis en cela que le coeur de l’homme soit manifesté, et, par la croix de Christ, il met fin une fois pour toutes à la responsabilité de l’homme. Quand l’épreuve de l’homme a été terminée, « en la consommation des siècles, Christ a été manifesté » (Hébreux 9:26). Il est le « dernier Adam » (1 Cor. 15:45), l’homme des conseils de Dieu. Lors de la fondation du monde, Christ se « réjouissait en la partie habitable de la terre, et ses plaisirs étaient avec les fils des hommes » (Prov. 8:27-31). C’est la pensée qu’on trouve en Luc 2:14 : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts ; et sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes ! » Jésus s’est fait homme ; et, comme homme, il a parfaitement glorifié Dieu. Aussi Dieu l’a placé dans la gloire, l’ayant fait asseoir à sa droite. Un homme est dans la gloire, et c’est Christ. Notre place est là aussi, dans la gloire avec lui. Entre Dieu et Christ seuls fut réglée la question du péché et de la justice de Dieu. Christ « a été manifesté pour l’abolition du péché par le sacrifice de lui-même » (Hébreux 9:26). « Il a rendu parfaits à perpétuité (c’est-à-dire sans interruption, continuellement) ceux qui sont sanctifiés » (Hébreux 10:14). En outre, nous sommes faits enfants de Dieu, et nous avons reçu l’Esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba, Père ! (Rom. 8:15, 16). Les relations sont établies, les affections se développent en rapport avec elles. Il ne s’agit plus de responsabilité quant à la vie, mais d’une position bien assurée, qui n’exclut pourtant pas, évidemment, la responsabilité pour le croyant de marcher d’une manière digne de Celui qui l’a racheté. Celui qui croit n’est plus dans la chair ; il est en Christ, et non plus en Adam. Trop souvent les âmes s’en tiennent au salut qu’elles ont trouvé en Christ et n’entrent pas dans ces vérités. Parfois même l’on pense qu’il y a de l’humilité à demeurer dans l’incertitude ; mais ne pas accepter simplement ce que Dieu donne, c’est de l’orgueil.

À quoi Dieu destine-t-il ceux qui ont reçu par la foi le salut en vertu de l’oeuvre de Christ ? À être « conformes à l’image de son Fils, afin qu’il soit premier-né entre plusieurs frères » (Rom. 8:29). Le Rédempteur ne sera point sans ses rachetés. Il nous a acquis pour la gloire et il a acquis la gloire pour nous. Quand nous le verrons nous lui serons rendus semblables. « Tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes » (1 Cor. 15:48). C’est là la perfection que Paul poursuivait. Il voulait gagner Christ et à cause de cela, il estimait toutes choses comme des ordures. Il ne voulait pas de la justice selon la loi, qui aurait été sa justice à lui ; mais il avait la justice qui est en Christ, de même qu’on échangerait avec bonheur des haillons contre des vêtements précieux. Il n’y a point d’autre perfection pour le chrétien que d’être conforme à Christ. Et, en courant vers ce but, il y a progrès pour l’âme dans ce chemin, comme dit l’apôtre ailleurs : « contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18). Si je réalise ce progrès, mon oeil deviendra toujours plus net : une chose se présente à moi comme incompatible avec la gloire du Seigneur ? eh bien ! j’y renonce ; et je ferai ainsi à l’égard de tout ce que je discerne progressivement comme indigne de Christ. Nous sommes en Christ et Christ est en nous (Jean 14:20). Alors nous avons à refléter Christ, à manifester sa vie dans notre chair mortelle (2 Cor. 4:11). Le Seigneur est toujours avec nous ; nous avons besoin de son secours à chaque instant, mais nous ne serons pas tentés au delà de ce que nous pouvons supporter (1 Cor. 10:13). Il en est du fidèle qui a Christ devant lui comme de quelqu’un qui aperçoit une lumière au bout d’une longue allée : elle devient toujours plus distincte et plus claire à mesure qu’il approche jusqu’à ce qu’il puisse la saisir. Paul était sur le point de comparaître devant Néron ; il s’attendait à des souffrances, mais il savait qu’elles n’auraient pour résultat que de le faire ressembler davantage à Christ en le rendant conforme à sa mort. Christ dans la gloire était le but vers lequel il courait, auquel il voulait parvenir coûte que coûte. Je voudrais vous demander, chers amis : Avez-vous le même but que l’apôtre Paul ?


9 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3 comparé avec Marc 10

n°287 : ME 1929 p. 180

Nous avons dans ce chapitre un exemple frappant de l’effet que produit le Saint-Esprit dans l’âme de celui en qui il habite. Quelle clarté il lui donne quant à la marche ! quelle fermeté devant Dieu ! quelle vraie liberté ! Car cet Esprit lui révèle Christ, et l’âme le voit si clairement, que tout ce qui n’est pas de lui est rejeté comme lui étant contraire.

Je voudrais vous faire remarquer quel contraste il y a entre une telle âme et un homme qui n’est pas ainsi rempli de l’Esprit de Dieu, et cela lors même qu’il serait ou paraîtrait fortement attiré à Jésus, ou lors même qu’il serait converti comme les disciples. Nous verrons successivement ce contraste relativement à l’appréciation de la justice, de la croix et de la gloire et cela en comparant Philip. 3:4-11, avec Marc 10:17-40.

Dans l’histoire que nous donne Marc 10:17-27, nous voyons un homme dont la position fait contraste avec celle de l’apôtre Paul dans Phil. 3, qui montre d’une manière frappante l’effet produit par le Saint Esprit. L’apôtre avait tout abandonné en vue de Christ. Il avait tous les avantages dont un Juif pouvait se glorifier, plus même que le jeune homme de Marc 10. Il avait été élevé aux pieds de Gamaliel, le plus fameux des Rabbins ; il était aussi citoyen de Tarse, ville célèbre, et il avait été instruit dans toutes les connaissances de son siècle. Par dessus tout cela, il possédait le privilège d’avoir une vie sans reproche, comme il le dit, v. 6. Tout cela est fort précieux pour l’homme, tant qu’il n’a pas vu Christ. Tout ce dont un homme peut se glorifier, Paul en a joui : « Si quelque autre s’imagine pouvoir se confier en la chair, moi davantage ». Mais Christ dans sa gloire s’était présenté à Paul, et alors il a pu dire : « Mais les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à cause du Christ, comme une perte. Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ.

Tel était l’état de l’âme de Paul. Il faut que je gagne Christ ; voilà toute mon affaire, tout ce qui me préoccupe ; toute autre chose qui se présente sur mon chemin est une perte. Tel est l’effet que produit l’Esprit de Dieu dans l’âme qui le possède. L’apôtre n’est pas troublé du tout par ce qui se trouve sur son chemin ; il voit clair comme le jour que tout ce qui n’est pas Christ est une perte. Il voit Christ à travers toutes les circonstances. Si c’est de la souffrance, eh bien ! tant mieux, il y trouve quelque chose de plus de Christ. C’est Christ qui est devant lui ; il le voit par la puissance de Dieu. Or en comparant cela avec Marc 10, nous trouvons le contraste que présente celui qui n’a pas l’Esprit. Envisagé d’après la chair, il a pourtant un caractère qui est tout ce qu’il y a de plus aimable, mais Christ n’est pas son but, et tout le reste ne vaut rien.

Cependant son caractère était tel qu’il peut être dit de lui : « et Jésus l’aima » (v. 21). Comme l’apôtre Paul, il était sans reproche quant à la loi ; il était Juif, et jugeait pouvoir obtenir la vie éternelle par la loi. Sa pensée au sujet de Jésus était : Voilà un homme qui saura me dire ce qu’il faut que je fasse pour hériter de la vie éternelle. Le caractère pur, transcendant et parfait du Seigneur l’avait convaincu que la connaissance du plus excellent commandement devait se trouver en Jésus, et il accourut à lui. Il était ardent dans son désir de savoir ce qu’il fallait faire, et il s’approcha de Jésus avec tout le respect possible : « Bon maître ! » (Jésus ne reçoit pas cette louange, parce que celui qui la lui donnait ne voyait en Lui qu’un homme). Et il s’agenouille même devant le Seigneur. Il y avait quelque chose de très beau dans le caractère de celui qui peut dire (et le Seigneur l’accepte comme la vérité) : « J’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse ». Mais le Seigneur met le coeur à l’épreuve, afin de manifester les motifs qui le gouvernent, et cela par la croix, en lui disant : « Va, vends tout ce que tu as, … et viens, suis-moi, ayant chargé la croix ». Tout aimable et estimable que pouvait paraître ce jeune homme, il ne prend pas la croix. Quand il s’agit de l’état de son coeur, il ne veut rien de Christ. Il cherchait la justice de la loi, et Christ devant lui ne réussit pas à l’engager à chercher autre chose. Il ne disait pas comme Paul : « Je fais la perte de toutes choses et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ, et que je sois trouvé en lui, ayant, non point ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ ; la justice qui est de Dieu, moyennant la foi ». C’était ce que produisait le Saint Esprit en Paul, en lui communiquant un Christ glorieux. Paul voit Christ et dit : Voilà ma justice, je ne fais aucun cas de la mienne. Il ne veut pas celle de l’homme, mais celle de Dieu. Si Dieu me donne sa justice, ce n’est pas la mienne que je lui présente.

Supposons même que j’aie accompli toute la loi, et que je sois sans défaut, eh bien ! cette justice ne serait pas celle de Dieu, mais celle de l’homme. La loi de Dieu exige que l’homme aime Dieu et son prochain, et c’est ce que l’homme ne fait pas ; aurais-je même accompli cette loi dans toute son étendue, je n’aurais cependant qu’une justice humaine, tandis que j’en ai une bien meilleure en Christ ; j’ai la justice de Dieu même. Est-ce que la loi de Dieu exige que je donne ma vie pour glorifier Dieu, et cela en faveur d’indignes pécheurs ? (c’est du reste ce que je ne saurais pas faire) ; mais Christ l’a fait ; Il a pu dire : « Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’oeuvre », et Il s’est dévoué jusqu’à la mort. La manière dont Christ s’est donné sur la croix dépasse de beaucoup tout ce que nous aurions pu faire, en supposant que nous eussions été capables d’accomplir la loi. Christ comme homme a glorifié Dieu et a été glorifié auprès de Dieu. C’est ainsi que Paul l’a vu ; alors il a dit : Ah ! voilà la justice qu’il me faut ! De quelle merveilleuse manière l’amour de Dieu n’a-t-il pas été manifesté en Jésus Christ ! Je le vois sur la croix et je me dis : Je ne voudrais pas me passer de cette oeuvre glorieuse : c’est la justice de Christ.

Paul, en voyant Christ, a eu cette pensée : Je vois celui qui, dans le ciel, m’a communiqué une justice divine ; et son langage est nécessairement : « Que je sois trouvé en lui, n’ayant pas ma justice, qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu ».

Aussi longtemps qu’on cherche celle de l’homme, on ne connaît pas celle qui est de Dieu. Paul ayant vu la gloire ne s’arrête pas avant d’avoir dit : Je serai où Christ a le droit d’être. Il est entré au ciel par la justice de Dieu ; eh bien ! voilà ma place ; tout le reste n’est qu’ordure, qu’obstacle, que perte. Je regarde toutes choses comme étant une perte…

Si Christ est ainsi devant mes yeux, tout ce qui n’est pas Christ m’embarrasse : il faut que je gagne Christ. La foi ayant trouvé la justice de Dieu ne veut plus la justice de l’homme ; il faut qu’elle marche maintenant dans un chemin plus excellent. Les richesses qu’estimait le jeune homme n’ont plus aucun prix pour le coeur de Paul ; il a vu Christ, sa justice, son but et le prix de sa céleste vocation.

Dans Marc 10:25, Jésus dit : « Il est plus facile qu’un chameau passe par un trou d’aiguille, qu’un riche n’entre dans le royaume de Dieu ». Et ils s’en étonnèrent excessivement, disant entre eux : « Et qui peut être sauvé ? » Jésus ne leur cache pas ce qui en est : « Pour les hommes, cela est impossible, mais non pas pour Dieu ; car toutes choses sont possibles pour Dieu ». Quant à l’homme cela est impossible, quelles que soient ses prétentions ; il aime l’argent, il est ambitieux ; c’est ce que Jésus Christ lui-même déclare. Mais supposons encore qu’on ait tout quitté, comme Pierre le dit : « Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi ». — Et en effet ils avaient suivi Jésus par la grâce de Dieu. Le coeur des disciples était vraiment attaché à Jésus, leurs affections pour lui étaient vraiment réveillées, ils avaient fait par la grâce ce que le jeune homme n’a pas pu se résoudre à faire ; aussi le Seigneur leur répond : « En vérité, je vous dis : il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères ou soeurs, ou père ou mère, etc., pour l’amour de moi et pour l’amour de l’évangile, qui n’en reçoive maintenant en ce temps-ci cent fois autant… avec des persécutions, et, dans le siècle qui vient la vie éternelle ». Vous avez dû rompre ici-bas des liens pour moi, eh bien ! vous les retrouverez beaucoup plus forts et plus parfaits dans la famille de Dieu, déjà ici-bas, et ensuite, la vie éternelle.

Il y a des âmes qui ont compris ces choses et qui se sont mises en chemin avec Jésus et sincèrement ; mais sur ce chemin nous avons à suivre Jésus et Jésus a passé par la croix : nous rencontrons donc ce qui nous met pleinement à l’épreuve. « Et ils étaient en chemin, montant à Jérusalem, et Jésus allait devant eux ; et ils étaient stupéfiés et craignaient en le suivant » (v. 32). Nous, nous disons peut-être : Qu’on serait heureux d’avoir Jésus devant soi ! Mais les disciples étaient épouvantés : on veut bien être dans le chemin avec Christ et le suivre, mais on ne sait pas ce que cela coûte ; on y marchait, et voilà la difficulté qui se présente : si Jésus allait à Jérusalem, c’était pour y être mis à mort. Les Juifs devaient le crucifier, néanmoins Il voulait y aller. Mais les disciples craignaient en le suivant, parce qu’ils n’avaient pas le Saint Esprit ; toutefois ils n’abandonnèrent pas encore leur Maître, mais ils étaient stupéfiés et troublés.

Jésus est le Bon Berger ; il mène ses brebis dehors, puis il marche devant elles et les brebis le suivent. Les disciples étaient effrayés en suivant Jésus, parce que Jésus les conduisait à la croix. La croix est sur le chemin qui mène à la gloire. Eh bien ! c’est ce que Paul désirait. Les disciples sont épouvantés. Ce que nous voyons en Paul dans Philip. 3 est bien différent : … « pour le connaître, Lui, dit-il, et la puissance de sa résurrection et la communion de ses souffrances, étant rendu conforme à sa mort ». Au lieu d’être épouvanté, Paul pensait : J’aurai part aux souffrances de Christ ; j’aurai donc beaucoup plus de Lui, je mourrai au péché, je mourrai au monde, je serai beaucoup plus conforme à Christ, et tout ce qui détruit la chair détruit ce qui nous voile Christ. Paul n’avait pas devant lui un danger imaginaire : on allait faire son procès, il s’agissait pour lui d’une question de vie ou de mort ; il avait la mort devant lui, mais il voyait que c’était le moyen d’avoir plus de Christ, aussi il dit : Je veux tout cela, parce que c’est Christ. Ce n’était pas des souffrances qu’il voulait, mais la communion de ses souffrances, être rendu conforme à sa mort.

La croix pour nous est légère comparativement à ce que Paul a dû souffrir. Quoi qu’il en soit, c’est la croix qui nous ôte tout ce qui nous empêche de réaliser Christ dans la gloire. Eh bien ! quel contraste ne trouvons-nous pas entre les disciples qui sont épouvantés et craintifs, quand il s’agit d’aller trouver la croix à Jérusalem, et l’apôtre Paul qui se glorifiait de tout ce qui pouvait lui communiquer quelque chose de Christ. Il savait qu’en passant par la mort il mourrait à la mort. Quand Christ est mort, il n’est pas mort quant à la communion avec la gloire du Père ! Non, il en a seulement fini avec le péché qui pesait sur lui à cause de nous, et avec ce monde qui était une terre déserte, altérée et sans eau. Mourir, pour lui, c’était aller jouir auprès de son Père des délices éternelles ; pour nous, la mort n’est pas autre chose.

Ainsi que Christ l’a dit : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » ; Étienne peut dire aussi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». Si la mort nous rend plus conformes à Christ, nous n’avons pas à nous arrêter aux souffrances de la chair ; nous en profitons, parce que c’est la mort à tout ce qui n’est pas Christ, et nous en jouissons, parce que cela nous rend conformes à Christ. La croix est-elle devant moi, j’aurai plus de Christ ; l’énergie de l’Esprit me fait dire : « …Si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts ». Je vois Christ dans la gloire, je veux être comme lui et avec lui, je veux le posséder tel que je le vois, et si pour cela il faut passer par la mort, mourir est un gain. Où il y a l’énergie de l’Esprit, il y a la lumière et un oeil simple qui nous font juger que Christ vaut tout, et le reste rien, et cela purifie le coeur des saints.

Dans Marc 10:35, nous voyons Jacques et Jean demander à Jésus de les faire asseoir, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Ils voulaient avoir une bonne place dans le royaume. Jacques et Jean avaient la foi ; malgré les dangers qu’ils prévoyaient dans ce voyage à Jérusalem, ils croient que Jésus aura la gloire et le royaume et ils disent : Au moins, donne-nous une bonne place. Mais à qui pensaient-ils ? À Jacques et à Jean. Alors Jésus leur parle de boire la coupe, et met de nouveau la croix devant leurs yeux, en les soumettant à la volonté de son Père, ainsi qu’il s’y soumettait. Ici, nous faisons un pas de plus : il s’agit de la gloire ; mais le Saint Esprit n’a aucune communion avec le moi. Or le coeur n’est délivré que quand le Saint Esprit a dirigé nos regards sur Jésus. C’est le cas de Paul, en qui nous voyons tout autre chose que le moi : il ne pense pas à bien travailler pour avoir une bonne place ; c’est de Christ plutôt que de lui-même que Paul est occupé : « afin que je gagne Christ ». Voilà ce que le Saint Esprit lui fait dire. La puissance de l’Esprit a tellement dirigé son regard sur Jésus, que Paul est comme entièrement absorbé par Jésus. L’efficace de l’Esprit crucifie l’égoïsme et fait que nous ne pensons pas à nous-mêmes dans le chemin ; elle ne nous occupe que de Jésus ; être conformes au modèle et regarder à lui, c’est là notre tout, et cela purifie le coeur. Paul a travaillé plus qu’eux tous, et dans ce sens, à vue humaine, il a droit à la plus excellente place ; il n’avait pas pour but de l’obtenir, mais il recherchait Christ seulement. S’il gagne Christ, voilà la justice ; s’il y a souffrance dans le chemin, c’est de la conformité avec Christ ; s’il y la mort, c’est un gain : car nous attendons le Sauveur, le Seigneur Jésus Christ qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire.

Paul ne pense pas à lui ; l’Esprit le remplit de la personne de Christ, et tout ce qui lui cache Christ et sa valeur est rejeté. L’Esprit donne la clarté de vue et le repos au coeur par la connaissance de la justice de Dieu. Alors on veut avoir Christ, on veut le posséder, et on suit le chemin pour y arriver. Il faut aller à Jérusalem, il y a la croix, peu importe. C’est la croix de Christ, et Christ sur la croix, et Christ avec la croix, ce n’est rien moins que la justice divine que nous possédons en lui.

Dans Marc, nous avons le jeune homme qui ne veut pas abandonner ses richesses et prendre la croix pour avoir le ciel ; puis nous voyons les disciples suivant Jésus en craignant, mais toutefois le suivant. Enfin dans Phil. 3, nous voyons Paul suivant le Seigneur sans effroi et avec joie, quoi qu’il en dût souffrir, parce qu’il aimait Christ pour Christ. Il s’agit pour chacun de nous d’avoir Christ lui-même, ce qui rend le coeur pur et l’oeil simple. Il faut que Christ soit tellement notre tout que tout notre désir soit de le posséder, et qu’en vue de la rédemption qui est en Jésus Christ, nous estimions toutes choses comme des ordures, et la mort comme un gain. Acceptés de lui, et remplis de lui, nous pouvons être en paix selon la justice que Dieu lui-même nous donne.


10 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3:1-21

n°159 : ME 1907 p. 175

Ce ne sont pas les oeuvres de la chair qui nous sont présentées ici, mais c’est la confiance en la chair. Personne ne songerait à avoir confiance dans le péché pour plaire à Dieu, ni ne viendrait Lui présenter le péché pour être agréé de Lui ; mais on rencontre continuellement chez les hommes, la confiance dans la chair pour s’approcher de Lui, quand même la chair est corrompue et ne peut produire que de mauvais fruits. Il est affreux que l’âme soit aveuglée à ce point, mais la parole de Dieu est là pour mettre ces choses à nu et nous éclairer sur l’état de notre coeur. Je m’adresse aux personnes qui se trouvent ici, à celles qui se confient en la chair pour plaire à Dieu. C’est une triste chose pour elles, après avoir passé dans la chair toute leur vie, de devoir apprendre que ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu.

La chair se sert de la religion même comme d’instrument. Paul parle ici de la religion juive, mais on peut aussi emprunter bien des choses au christianisme pour se présenter devant Dieu selon la chair ; il va sans dire qu’on ne lui emprunte pas ce qui nous convainc de péché, mais ce qui peut nous exalter devant Lui. Quant à leur état religieux, les âmes aveuglées trouvent des motifs de confiance devant Dieu dans les pratiques religieuses dont la chair s’est emparée. On se revêt de ces dehors comme d’un surtout, pour cacher sa nudité.

C’est ainsi que la chair a confiance en quelque chose qui nous cache à Dieu, et c’est ce que l’apôtre nous présente dans ces versets. On a une religion établie de Dieu, subsistant depuis longtemps, une religion vraie ; et, d’autre part, une conduite irréprochable dans cette religion. La confiance de la chair repose donc ici sur ces deux choses : une religion vraie, et une conduite irréprochable. N’est-ce pas la confiance de la majorité de ceux qui nous entourent ?

Il faut sans doute avoir ces deux choses, mais le mondain a la prétention de les avoir, tandis que le chrétien les a. C’est pourquoi il est si difficile de convaincre et d’éclairer ceux qui se trouvent dans cet état. Paul avait été circoncis selon l’ordonnance de Dieu ; il était un Hébreu pur sang, Benjaminite, pouvant nommer sa tribu dans un temps de confusion, meilleur Juif que d’autres (Gal. 1:14), pharisien, rempli de zèle. C’était la religion de ses pères ; il la connaissait très bien, et y était sans reproche — néanmoins, il était perdu.

Tout cela faisait partie de sa confiance charnelle, et sa conscience n’avait jamais été atteinte. Il avait emprunté au judaïsme ce qui pouvait lui donner meilleure opinion de lui-même, tout en demeurant, de fait, étranger à Dieu dans ce monde. Cela exaltait Saul, et n’exaltait pas Dieu. N’est-ce pas le cas de beaucoup de ceux qui ont été baptisés et se disent chrétiens ? Saul croyait la vérité révélée autrefois à son peuple, comme aujourd’hui l’on croit que la justification est par la foi, non par les oeuvres. Mais si cela devient un moyen d’être contents de nous-mêmes — doctrine vraie ou conduite irréprochable — ce n’est qu’un morceau de plus ajouté à l’habit de propre justice qui nous cache Dieu. Combien il est à déplorer que de vrais chrétiens voient autour d’eux, dans leurs amis et leurs connaissances, des milliers de personnes semblables, sans être sensibles à cet état !

Ne se trouve-t-il pas ici des âmes qui sont tranquilles, parce qu’elles ont la vérité que leurs pères ont crue et qu’elles mènent une conduite irréprochable ? C’est une chose solennelle, d’être tranquille quand on est éloigné de Dieu et perdu. La conscience naturelle retient la lumière extérieure du christianisme. Au milieu d’une société civilisée et polie, le coeur humain veut avoir une bonne réputation. Satan se fait moral, et cela éloigne aussi bien de Dieu que les péchés grossiers. Un Hindou, un mahométan, un Juif, empruntent à leur religion ce qui peut leur donner une bonne réputation ; un chrétien emprunte au christianisme ce qui la lui donne, et ce qui peut le confirmer dans sa bonne opinion de lui-même. Voilà ce qu’il appelle être chrétien.

Paul avait vu que tout cela lui était nuisible, était une perte, et quand il s’était trouvé dans la lumière de Dieu, il avait entièrement perdu la bonne opinion qu’il avait de lui jusque-là. Sa vie irréprochable n’était plus que de l’orgueil, un voile d’hypocrisie jeté sur le péché. Si le Saint Esprit avait agi dans son coeur, il aurait vu le péché en lui, et aurait dit : « Misérable homme que je suis ! » au lieu de se croire irréprochable.

La loi, entrant réellement dans le coeur, donne la connaissance du péché ; mais une conscience réveillée est un triste hôte, car elle nous parle toujours de nous, nous présente à nous-mêmes, et nous fait voir ce que nous sommes. Elle rend l’homme mécontent de lui, parce que c’est Dieu qui tient le miroir dans lequel il se voit, et qu’il ne peut, étant convaincu de péché, ni se tenir en la présence de Dieu, ni éviter sa présence. L’homme qui, avec une conscience réveillée, connaît la vérité, en est d’autant plus effrayé. Si Jésus a été méprisé, persécuté par les hommes, quel repos cela peut-il nous donner quand nous comprendrons que nous l’avons méprisé ou contredit toute notre vie ? L’homme qui a bonne opinion de lui-même passe de fait sa vie à mépriser Jésus et à s’opposer à Lui.

Quand on rencontre la lumière, on voit distinctement que c’est contre un Dieu de sainteté et de bonté qu’on a péché, et l’on a horreur de soi-même, et l’on est abattu et humilié. Alors tout se passe entre Dieu et l’âme ; celle-ci, convaincue de péché, se trouve sous le jugement et déjà jugée, et prend le parti de Dieu contre elle-même. Voilà une âme convertie. Toute justice propre lui est en horreur ; elle voit qu’elle ne peut plus gagner la justice par ses efforts ; elle a besoin de la justice de Dieu, et non plus de cette justice de l’homme qu’elle avait cru posséder quand elle était contente d’elle-même.

Cette justice de l’homme, c’est le pharisaïsme. Le vrai pharisien ne s’attribue pas toute la gloire, mais il dit : Je te rends grâces, ô Dieu, de ce que je suis ; — tandis que le chrétien rend grâces de ce que Dieu est. Une âme sincère, qui cherche à satisfaire la justice de Dieu, aboutira toujours au désespoir.

Il faut à la conscience, dans le sentiment de ce qu’elle est devant Dieu, la seule justice qui le satisfasse, la justice de Dieu lui-même, afin que tout soit par la grâce. Si Dieu fait grâce et que j’y croie, je n’ai rien à y ajouter, et Dieu a voulu que le salut, cette justice, fût par la foi, pour qu’elle fût uniquement par la grâce.

Dire que le Fils de Dieu a été frappé par la colère de Dieu, c’est dire bien plus sur la sainteté et la justice de Dieu que si un homme avait été frappé de cette colère, et l’âme est pleinement satisfaite de savoir que ce qui la sauve répond entièrement à tout ce que Dieu peut exiger.

Jésus est sorti de la mort par la puissance de Dieu en résurrection ; le but où nous tendons est d’être en résurrection avec Lui. Christ a tout accompli à Lui seul ; la justice de Dieu a été glorifiée ; elle est, dans sa personne, assise à la droite de Dieu, et l’âme, saisissant Jésus par la foi, se trouve parfaitement heureuse, parce qu’elle trouve en Lui un nouvel homme, un homme ressuscité. Son but est désormais d’être semblable à Jésus ressuscité. C’est là le grand mobile de la sanctification. Nous Lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est, et celui qui a cette espérance en Lui, se purifie, comme Lui est pur.

La religion de celui qui a été convaincu de péché est certes beaucoup plus heureuse que celle de celui qui est satisfait de lui-même. Pour le premier, Jésus a tout accompli, et Dieu a tout accepté, en faisant asseoir à sa droite Jésus ressuscité.

Que Dieu nous fasse la grâce de sentir l’amour profond de Christ qui, malgré tout ce qu’il a vu en nous, nous a aimés, et a accompli pour nous la justice de Dieu.


11 - Méditations de J. N. Darby — Marc 10:17-40 — Phil. 3:4-11

Lausanne, 5 septembre 1852 — n°195 : ME 1913 p. 232

Ces deux passages offrent un contraste absolu entre deux états d’âme. D’un côté, Paul nous présente (Phil. 3) une âme affranchie par la puissance du Saint-Esprit, chez laquelle nous trouvons la liberté, l’énergie, la paix, l’intelligence spirituelle, la confiance au milieu des difficultés. Cette âme a trouvé Christ.

En opposition avec elle, nous rencontrons (Marc 10) la nature aimable, telle qu’on peut la voir parfois chez les hommes. Le jeune homme, dont il est ici question, était véridique, pur dans sa conduite, respectueux envers ses parents. Il se jette à genoux devant Jésus, saisi par l’attrait qui émane de lui. Jésus le regarde et l’aime, au lieu de le rejeter. On peut rencontrer, en effet, de belles qualités chez les hommes qui ne connaissent pas Dieu. Le jeune homme dit : « Bon maître, que ferai-je, afin que j’hérite de la vie éternelle ? » Il ne parle pas d’être sauvé ; c’est un Juif, à la recherche de quelque commandement jusqu’ici ignoré de lui, qui puisse lui faire acquérir la vie éternelle ; ce n’est pas une âme qui sent son péché. Jésus est pour lui l’homme, l’excellent rabbin, qui saura lui dire ce qu’il faut faire, et non le Fils de Dieu. Aussi Jésus lui dit : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Tu sais les commandements ». Le jeune homme est convaincu de les avoir gardés.

Mais le Seigneur met tout cela de côté ; il va droit au mobile de toute la vie de ce jeune homme, à ce qui se trouve au fond de son coeur, et lui montre qu’il ne veut ni le salut, ni le Sauveur. Les richesses s’étaient placées entre le Seigneur et lui, et quand il voit qu’il faut les quitter, il s’en va.

Son coeur est mis à l’épreuve. Parmi toutes ses bonnes qualités, aucune ne mettait au jour le mobile qui le gouvernait. Ce qui constitue l’homme moralement, c’est l’objet qui gouverne son coeur. Les richesses étaient l’objet de ce jeune homme ; il était aussi loin que possible du royaume de Dieu. On peut être et paraître très aimable, tant que le motif qui nous gouverne n’est pas atteint ; mais, du moment qu’il l’est, tout est renversé et il ne reste rien pour Dieu !

Le cas de Saul de Tarse, en Phil. 3, était très semblable à celui-ci. Saul pouvait avoir confiance en la chair ; il était sans reproche quant à la justice qui est par la loi ; il possédait tous les avantages qu’un Juif pouvait avoir ; mais, lors de sa conversion, il reconnaît que toutes ces choses étaient nuisibles, car elles se plaçaient entre son âme et Christ. Dès que le Saint-Esprit lui eut révélé l’excellence de la connaissance de Christ, il estima tout le reste comme des ordures, afin de gagner ce nouvel objet qui lui était présenté. Il ne s’agit pas chez lui d’un mouvement d’homme énergique, d’un accès de fanatisme, mais d’un jugement calme et motivé. Il connaît la valeur de Celui qui possède son âme et ses affections, et lorsque Christ s’est ainsi emparé de son coeur, tout le reste est considéré comme une perte.

Est-il mauvais de garder les commandements ? C’est ainsi que la chair raisonne. Saul et le jeune homme ne les avaient-ils pas gardés ? Et pourtant ce dernier préfère l’argent au Seigneur, à la gloire, au ciel, et il abandonne, pour cette basse convoitise, tout ce que Dieu peut lui offrir. Avec une conduite irréprochable, son coeur est entièrement dégradé. Quant à Saul, il a vu, dans la gloire, sur le chemin de Damas, ce Jésus qu’il persécutait. Dieu avait mis son sceau sur l’oeuvre de la croix en plaçant là son Fils bien-aimé. Telle est la justice de Dieu, mais cette justice devenait, par la foi, celle de Paul. En vertu de l’oeuvre accomplie pour lui, il appartenait désormais au ciel ; il avait droit à la gloire. C’était la justice de Dieu, non pas celle de l’homme. Si vous observiez en tout point la justice légale, et que vous n’eussiez même jamais convoité, ce ne serait encore que la justice de l’homme ; une justice à laquelle vous travailleriez, et non une justice donnée à la foi. En Christ, j’ai la justice de Dieu, mille fois supérieure à tout ce que j’aurais fait si j’avais observé la loi, aussi bien qu’un ange. Christ n’a-t-il fait qu’accomplir la loi ? Cette dernière demande-t-elle que je me donne pour les péchés d’autrui, que j’aille jusqu’à la mort pour accomplir cette oeuvre ? Elle n’y pense pas même. La justice de Dieu et son oeuvre ont été manifestées et glorifiées dans la mort de Jésus ; et, quand nous ne pouvions apporter à Dieu la justice de l’homme, lui, nous apporte sa propre justice, accomplie pour l’homme pécheur.

Ayant vu, élevé dans la gloire, le Christ qui avait été obéissant jusqu’à la mort, Paul dit : Christ m’a été révélé ; c’est lui que je veux. Observer la loi ne me donne pas le droit d’être où Christ se trouve, en vertu de la justice divine, qui n’est pas ma justice. La justice de Dieu a placé Christ dans la gloire, et c’est là ce qu’il me faut. Je ne veux pas être trouvé en Lui ayant ma propre justice. La justice de Dieu qui justifie un pécheur ne peut s’accorder avec la justice de l’homme qui va rencontrer un juge. Ces deux choses ne peuvent se mélanger, ni s’ajouter l’une à l’autre. Je veux être trouvé en Lui, n’ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ. J’ai la justice de Dieu, Dieu en a fini avec tout ce qui était entre mon âme et Lui ; il m’a paré, couvert de la justice. Je veux cela ; tout le reste n’est qu’empêchement, des fardeaux qui m’entravent, des ordures. Si je trouvais que c’est de ma part un grand sacrifice de quitter les choses du monde, cela prouverait que j’estime encore le monde, car il n’y a pas de grand sacrifice à quitter des ordures. Les quitter, c’est la liberté. La connaissance de la justice manifestée dans la gloire de Jésus à la droite de Dieu, délivre le coeur de tout obstacle.

Aussitôt que Dieu sonde votre coeur, fussiez-vous sans reproche, vous y trouverez quelque chose qui n’est pas Christ ; bien plus, qui le chasse, qui vous empêche de l’aimer et de le suivre, qui possède votre coeur, le péché, en un mot, qui montre que, de fait, vous n’aimez pas Christ du tout. Le jeune homme aimait sa fortune. Certes, il n’est pas le seul.

Que faut-il donc faire ? Simplement reconnaître cette vérité. Mais, puisque vous n’avez pas de justice pour Dieu, Lui en a une pour vous, et Christ est venu vous l’acquérir. Il vous donne le droit de vous trouver là où Dieu l’a placé lui-même. Vous ne pouvez mélanger ces deux choses ; il vous faut l’une ou l’autre. S’il s’agit de la justice de Dieu en Christ, tout le reste est des ordures. On ne se justifie pas avec des ordures. Quand on a saisi cette vérité, l’âme est en paix devant Dieu.

Pierre dit au Seigneur : « Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi » (10:28). Nous avons fait ce que tu viens d’exiger de ce jeune homme. Pierre était converti, mais n’était pas encore affranchi par le Saint-Esprit ; et de même les autres disciples. Ils étaient en chemin pour suivre le Seigneur, mais « ils étaient stupéfiés et craignaient en le suivant » (v. 32). Pourquoi ? Parce qu’il y avait la croix sur le chemin, et Pierre oubliait que c’était précisément ce que Jésus avait dit au jeune homme : « Suis-moi, ayant chargé la croix » (v. 21). Jésus allait monter au ciel, bien plus haut que Jérusalem, mais à Jérusalem la croix l’attendait, et il lui fallait passer par là pour monter au ciel. Les disciples n’étaient pas les seuls à devoir suivre ce chemin ; il faut que nous y passions tous. La croix épouvante l’âme qui a vu la gloire, et trouve que c’est le seul chemin pour obtenir la justice de Dieu. Mais quand on est, comme Paul, sous la puissance du Saint-Esprit, on ne veut connaître que Lui, et la puissance de sa résurrection. La croix est passée ; la mort n’est plus le roi des épouvantements. On en a fini avec la mort, avec le péché, avec une vie où l’homme ne peut être béni ; on commence une vie nouvelle, une vie avec Christ et avec le Père. C’est la pensée de l’apôtre, dans le chap. 3 des Philippiens : Il faut, dit-il, que je possède Christ. Jésus est sur la croix ; il faut que j’y passe, étant rendu conforme à sa mort. Au lieu d’être, comme les disciples, effrayé et stupéfié sur le chemin, Paul désire cela par la puissance du Saint-Esprit. Ayant vu la gloire de Jésus, il veut être avec Lui, là où il se trouve. Le Saint-Esprit lui fait comprendre quel est le chemin de Celui qu’il aime, qu’il poursuit, qu’il voit dans la gloire, lui, l’homme présenté à Dieu sans tache, sans peine, dans toute la beauté et la perfection d’une vie nouvelle où le péché n’entre pas, et il veut le connaître, étant rendu conforme à sa mort. La croix est moralement pour lui une partie de Jésus, et il veut la posséder, posséder Jésus tout entier.

Dans ce chap. 10 de Marc, lorsque Jésus a dit à ses disciples qu’après trois jours il ressuscitera (v. 34), Jacques et Jean (v. 35-40) demandent au Seigneur qu’il leur donne la meilleure place dans sa gloire. Ce n’est pas la chair aimable du jeune homme, ni celle d’hommes convertis, qui reculent devant la croix ; c’est la chair qui, sur le chemin même où l’on suit Jésus, montre son égoïsme et veut avoir la meilleure place. Le Seigneur leur dit : « Pouvez-vous boire la coupe que moi je bois ? » Oui, répondent-ils. — Eh bien ! vous la boirez, mais les places dans la gloire sont préparées, et ce n’est pas à moi de les donner.

Combien est différente la pensée de l’apôtre Paul ! Il ne veut ni la meilleure place, ni la moindre. C’est Christ qu’il veut gagner. Il le voit sur la croix ; il le veut à la croix ; il le voit dans la gloire, il le veut dans la gloire. Si la couronne de justice lui est réservée, ce n’est pas à elle que son coeur s’attache. Ce qui le fait travailler plus que tous les autres apôtres, c’est le Christ auprès duquel il va se trouver ; il a vu en Lui un objet si parfait, si unique, qu’il ne peut rien y ajouter, pas même la meilleure justice de l’homme, pas même la justice d’un ange, car tout mélange le lui gâterait. C’est par la puissance du Saint-Esprit que l’apôtre peut réaliser ces choses. Le Saint-Esprit nous délivre, non des luttes, mais des affections qui nous tenaient en esclavage, et nous donne la liberté dans le coeur et dans la conscience. Par la connaissance de Christ, il nous communique l’énergie, la paix, la joie, la pureté d’affections exemptes de tout égoïsme.

Chers amis, avez-vous cette paix, cette joie, cette liberté ? Le Saint-Esprit vous a-t-il tellement révélé Christ, que vous ayez compris ce que c’est que la justice de Dieu, et que vous ayez abandonné la vôtre ? Ne faites-vous qu’une chose ? Est-ce que vous dites : C’est Christ que je veux gagner ? Le but de votre vie est-il Christ seul ou bien pensez-vous, comme Jacques et Jean, a la place que vous occuperez dans la gloire ? Une situation brillante acquise à une femme par son mariage, est-elle la même chose pour elle que la possession de son mari ?

Qu’il vous soit donné de comprendre que Christ est la seule raison d’être de votre existence ici-bas. « Pour moi », disait l’apôtre, « vivre c’est Christ ! »


12 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 4

n°70 : ME 1894 p. 397

Paul voyait les Philippiens dans le combat et privés en apparence des soins immédiats de l’apôtre, mais cela lui fournit l’occasion de présenter les ressources de Dieu lui-même. Elles sont telles, que le Saint-Esprit nous exhorte à nous réjouir toujours. Christ est notre vie, notre force et notre joie éternelle ; un chrétien peut d’autant plus s’appuyer sur lui, qu’il est privé de tout secours extérieur. « Réjouissez-vous dans le Seigneur », voilà ce que Paul prisonnier dit à l’Église. Malgré toutes les difficultés, il dit : « Réjouissez-vous ». La présence du Seigneur et sa communion sont toujours la joie. La vie de Christ en nous, ne peut que se réjouir en la présence de Dieu. Christ est toutes choses en nous selon les circonstances, si nous sommes en communion avec lui. Avons-nous besoin de fermeté, il est notre fermeté ; de douceur, il est notre douceur. En le trouvant, nous trouvons nécessairement la joie. Et puis, « le Seigneur est proche » ; il arrangera toutes les difficultés, et c’est la conclusion de l’apôtre (v. 5).

Aux v. 6 et 8, nous trouvons deux exhortations : 1° « Ne vous inquiétez de rien ». La conséquence en est la paix de Dieu, au v. 7. Ah ! si, dans toutes les circonstances inquiétantes, nous pensions que le Seigneur est proche ! Il y avait des gens qui prêchaient Christ par contention ; Évodie et Syntiche étaient divisées ; Paul était en prison… mais le Seigneur est proche. Il suffit au milieu de ces difficultés que l’Église présente ses requêtes à Dieu. Elle lui appartient ; le bonheur de ses enfants importe à son coeur. Dieu ne peut perdre la paix, s’inquiéter ; la paix de Dieu, dont les conseils ont déterminé toutes choses, gardera nos coeurs. Ce ne sont pas ici nos coeurs qui garderont la paix avec Dieu, mais c’est elle qui nous garde.

2° La seconde exhortation (v. 8), c’est que toutes les choses excellentes occupent nos pensées. Si les chrétiens, au lieu de penser à des choses frivoles, pensent aux choses qui sont agréables à Dieu, ils demeurent en communion avec lui. Le Saint-Esprit n’est pas contristé. Nos coeurs et nos esprits ont besoin d’occupation ; il est important qu’ils s’occupent de bonnes choses. Le Saint-Esprit est délicat, et tout ce qui n’est pas de ces choses de bonne réputation le contriste.

Au v. 13 : « Je puis toutes choses en Celui qui me fortifie ». Ce passage pourrait décourager le chrétien, quand il verrait qu’il ne peut dire ce que Paul disait. L’apôtre disait cela à la fin de sa course, mais cela n’avait pas toujours été vrai dans son expérience, lors même que cela est toujours vrai quand on regarde à Christ. Il dit : « J’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve » (v. 11), et il avait réalisé cette vérité dans son coeur.

Christ n’était pas plus fidèle à la fin de la vie de Paul qu’au commencement, mais Paul avait réalisé davantage la fidélité de Christ. En principe et par grâce, on peut tout, on peut supporter toutes les difficultés en Christ qui nous fortifie. Il ne faut pas être découragé de n’avoir pas fait la même expérience que Paul, et d’un autre côté, nous sommes certains que Christ ne nous manquera jamais.

Notre Dieu suppléera à tous nos besoins selon ses richesses en grâce dans le Christ Jésus.


13 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 4 — La Paix

Lausanne, 28 septembre 1856 — n°239 : ME 1929 p. 133

L’apôtre, au moment où il écrit cette épître, avait été deux ans en prison à Césarée, puis deux ans à Rome. Dans cette position Dieu le rendait tout aussi utile pour l’Église que par ses travaux actifs. C’est, en effet, de sa captivité que sont datées les épîtres aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Philippiens, aux Hébreux, à Philémon et la seconde à Timothée. Il y a dans ces épîtres, tout un développement des pensées de l’Esprit. L’épître aux Éphésiens nous présente l’Église avec Christ dans les lieux célestes, celle aux Colossiens, Christ la Tête ; dans celle aux Philippiens nous avons le développement des plus douces affections, quoiqu’il y eût aussi des misères à Philippes, où Évodie et Syntiche étaient peu d’accord ensemble. Nous ne trouvons pas dans cette épître la doctrine, mais les circonstances, dans lesquelles les chrétiens se trouvent.

Le fardeau de Paul était de ne pouvoir vaquer aux soins de l’Église, mais le résultat de tout cet exercice est pour lui la paix et la joie. Examinons quel en est le fondement.

Aux v. 4 à 7 de notre chapitre, l’apôtre écrit : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous. Que votre douceur soit connue de tous les hommes ; le Seigneur est proche ; ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées dans le Christ Jésus ». Il ne dit pas que leurs coeurs garderaient la paix de Dieu, mais que la paix dans laquelle Dieu se trouvait, Lui qui ne peut être ni troublé, ni inquiété par quoi que ce soit, remplirait leurs coeurs.

Leur joie devait être dans le Seigneur, non dans les circonstances, et devait porter ce caractère. En prison, séparé de l’Église, et de la prédication de l’Évangile, privé de son activité, le chemin de l’apôtre était comme fermé d’une barrière infranchissable. Il avait à trouver que, quoiqu’il en fût, le Seigneur lui suffisait. Plus il était dans les peines et les difficultés, plus il avait de sujets d’inquiétude, plus aussi il trouvait une joie et une paix que rien ne peut atteindre. Sa joie était dans le Seigneur, preuve qu’aucune angoisse ne pouvait s’emparer de lui.

C’est le caractère de la joie dans le Seigneur de découler d’une source intarissable située si profondément que rien ne peut la troubler. D’autre part dans la paix de Dieu, tout se rapporte à Lui. Dieu était-il troublé ? Ne savait-il pas ce qu’il fallait faire ? Oubliait-il son Église ? Celui aux mains duquel l’apôtre remet tout, lui montre que, dans sa faiblesse, il peut se reposer en Dieu qui pense à l’Église et en prend soin. Il faut une confiance complète en Lui pour pouvoir dire : « La paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos coeurs ». Paix infinie comme l’amour de Christ ! (Éph. 3:19). Quelle chose merveilleuse de pouvoir dire : Cette paix est la paix de Dieu ! Ce n’est pas qu’il n’y ait pas pour moi d’inquiétudes, mais, quelles qu’elles soient, elles ne sont pas trop fortes pour Dieu, quand le coeur cherche sa ressource en Lui.

Pour être gardé dans la paix de Dieu, il faut avoir la paix avec Dieu qui est le fondement de tout, et c’est ce que nous allons examiner.

La paix avec Dieu ne peut se trouver dans un coeur qui a la conscience du péché et se fonde sur quelque chose qui soit en lui-même. On ne pourrait avoir, dans cet état, que la paix sans Dieu. Une conscience endurcie, une conscience troublée ou une conscience parfaite devant Dieu, telles sont les trois positions dans lesquelles l’homme peut se trouver. L’oubli de Dieu n’est pas la paix, car, du moment que je pense à Lui, toute tranquillité disparaît. Aussi le pécheur cherche-t-il à s’étourdir pour ne pas avoir affaire à Dieu, mais l’inévitable jugement arrivera tout de même. Nul homme, ayant affaire à Dieu ne peut se tenir en sa présence. De là l’oubli, ou l’endurcissement du coeur. Au fond, l’homme sait parfaitement bien qu’il n’a pas la paix, aussi la seule paix dont il lui soit donné de jouir, c’est de ne pas penser à Dieu. Êtes-vous dans la présence de Dieu, dont la pleine et parfaite lumière luit sur votre coeur ? C’est la paix d’une conscience parfaite. Mais vous dites : J’ai conscience du péché. Dans ce cas, vous ne pourriez pas dire que la présence de Dieu ne réveille chez vous aucune inquiétude. Quelle chose terrible, que cette présence, le seul bonheur du ciel, quand on n’a pas la paix ! Pouvez-vous désirer, n’étant pas en paix avec Dieu, d’aller au ciel ? Qu’y ferez-vous en présence de Dieu, de Celui qui, dès que vous pensez à Lui, détruit totalement votre paix ?

Comment donc avoir une conscience parfaite devant Dieu ? Vous ne le pouvez, ni un seul jour, ni un seul instant, par vos efforts qui jamais ne vous procureront la paix. La grâce seule la donne, parce qu’elle a fait la paix. L’homme ne peut être en paix avec Dieu dans le péché qu’il ne peut cacher ni à Dieu, ni à lui-même. Il faut que le péché soit ôté, parfaitement ôté, pour que vous ayez affaire à la bonté de Dieu ; il faut qu’il soit ôté pour que Dieu ne le voie plus, et ne puisse jamais le voir. Pouvez-vous faire cela ? Pouvez-vous vous rendre innocent, ou devrez-vous dire comte Job : « Il n’y a pas entre nous un arbitre qui mettrait sa main sur nous deux ? » (Job 9:33). S’il faut que le péché soit ôté de telle manière que Dieu ne le voie plus, il faut que Dieu l’ôte. Vous ne le pouvez, ni personne, sauf Dieu seul, s’il l’ôte selon sa propre perfection. La grâce a pensé au péché et l’a entièrement ôté et détruit. Autant Dieu est saint, autant il a parfaitement ôté le péché dont il s’est occupé. Il a fait la paix par le sang de la croix.

Quelle est la valeur du sang ? Dieu suppose-t-il qu’il reste un peu de péché ? Non, le sang de Jésus Christ a fait la paix, la paix avec Dieu. Dans la mesure de sa sainteté, Dieu a ôté le péché ; comme il ne veut pas le péché en Sa présence, il ôte Lui-même le péché pour toujours en m’introduisant devant Lui par sa grâce.

Il est nécessaire, pour que j’en jouisse, que je me reconnaisse incapable d’avoir, par moi-même, la paix avec Lui : quand il m’a lavé dans le sang de l’Agneau, il ne reste pas devant Lui un seul péché qu’il puisse voir. Christ a fait par lui-même la purification de mes péchés selon sa propre perfection ; voilà une paix parfaite avec Dieu. Il m’a aimé et a montré cet amour en étant fait péché pour moi. Son amour dépend, non de ce que je suis, mais de ce qu’Il est. J’ai une conscience parfaite, parce que Dieu l’a purifiée et je sais qu’Il m’aime, parce qu’Il a tiré cela du fond de son propre coeur. Jésus a dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix », sa propre paix à Lui : la paix qu’Il a faite, Il me l’a donnée.

Dieu ne peut pas me juger pour les choses dont Il m’a purifié. Il vous faut savoir cela. Pouvez-vous marcher avec un Dieu qui vous fait peur ? Nous avons la simple assurance que la paix que Dieu a faite ne peut être détruite, parce qu’Il a mis de côté le péché pour toujours.

Outre la paix avec Dieu, il y a la paix de l’âme, dans la conduite de chaque jour. Si je fais ce qui déplaît à Dieu, ce n’est pas que je doute de son amour, mais je ne puis être satisfait. Si je crois que Dieu a donné son Fils, et que son sang a été répandu pour moi, cela ne me fait pas douter de son amour, quand j’ai péché, puisque c’est pour ce péché que Jésus s’est donné lui-même, mais cela me montre le péché sous un jour abominable. Comment commettre avec légèreté le péché qui a fait agoniser Christ sur la croix ? Je sais que le péché ne peut m’être imputé, mais cela me donne un jugement du péché plus pur, plus profond, parce qu’il a été imputé à Christ qui a souffert pour l’ôter. Telle est la différence entre la douleur d’avoir péché, propre au chrétien, et une mauvaise conscience en présence du jugement.

Je voudrais encore parler d’un sentiment qui est loin d’être pur. Vous avez péché et vous en êtes douloureusement affecté. Est-ce parce que vous avez déplu à Dieu ? Non, mais parce que vous avez détruit par là votre bonne opinion de vous-même. Ce sentiment est très fâcheux. Quelle chose laide que notre coeur ! Combien il est trompeur et rusé, et combien il entre du moi même dans notre chagrin au sujet du péché ! La paix pratique est détruite, jusqu’à ce que le péché soit jugé pour lui-même, jugé à cause de ce que Dieu est, à cause de Sa gloire et de la gloire de Christ. Et tant que la gloire de Dieu n’a pas remplacé notre propre gloire, nous n’avons pas de paix réelle. Une fois la gloire de Dieu rétablie dans le coeur, la paix redevient parfaite et l’âme est restaurée. Vous avez le même jugement que Dieu au sujet du péché, et la communion est restaurée.

Il y a encore un autre point. Vous pouvez n’avoir rien sur la conscience, mais, comme nous tous, vous avez la chair en vous. On voudrait ceci ; on voudrait cela. La volonté n’est pas brisée ; on n’a pas la paix, on s’inquiète aujourd’hui d’une chose dont, dans une semaine peut-être, on ne s’inquiètera nullement. Le coeur n’a pas la stabilité nécessaire pour pouvoir traverser ce pauvre monde sans inquiétude. On se casse la tête pour savoir que faire, quand il n’y a rien à faire du tout. La volonté veut diriger les choses à sa façon. Les affections, les convoitises peut-être, ne sont pas satisfaites. Où trouver une réponse à tout cela ? On ne peut changer ni le monde, ni soi-même. L’homme a perdu son centre, Dieu, et il ne peut avoir de repos. Christ est notre centre retrouvé. Il a traversé pour moi les circonstances où je me trouve, rencontré les mêmes tentations, les mêmes difficultés auxquelles mon égoïsme s’arrête, mais avec un coeur où l’égoïsme n’avait aucune place. Il veut remplir notre coeur. S’agit-il de ce monde, mon coeur est trop grand pour lui, car tout y est vanité et rongement d’esprit. Le monde est vide ; on ne peut se remplir du vide, ou se remplir d’inquiétude. Christ seul peut remplir le coeur, mais si ce dernier est trop grand pour le monde, il est trop petit pour Christ. Avec Lui, c’est le repos, repos d’autant plus parfait que les circonstances sont plus pénibles. J’ai trouvé un ami et mon coeur est occupé d’autre chose que de moi-même ; je me réjouis dans le Seigneur. Plus on est dépouillé de soi, plus le coeur est satisfait. Quand le coeur est avec le monde, il n’y trouve rien qui le remplisse : quand il est avec Jésus, il est trop petit pour le contenir et Christ le remplit jusqu’à le faire déborder. Ah ! j’ai donc enfin trouvé ce qu’il me faut ; je suis guéri des affections vagabondes et stériles. J’ai un objet qui me purifie et qui s’attache mes affections : je n’ai pas besoin d’autre chose !

Réjouissez-vous dans le Seigneur ; vous avez de quoi ; mais si votre coeur vous détache de Christ, Dieu ne vous rendra pas heureux loin de lui. Il ne peut reconnaître de telles affections. Il nous a donné Jésus au milieu des circonstances dans lesquelles nous nous trouvons afin que nous possédions une source éternelle de bonheur intérieur en Celui qui, ayant connu nos inquiétudes, les prend toutes sur Lui sans en sentir le poids. La source en est tarie : Dieu est pour moi. Si j’ai un souci et que je ne sache que faire, je vais à Lui. Il a tout réglé d’avance. Aucun passereau ne tombe en terre sans sa volonté ; les cheveux même de notre tête sont tous comptés et nous ne pouvons en faire devenir un seul blanc ou noir. Apporte-moi, dit-il, tes inquiétudes, elles ne m’inquiètent pas, moi. Je m’en charge et ma paix remplira ton coeur.

Dieu est tellement pour moi, que je n’ai pas besoin de m’inquiéter de quoi que ce soit, non par indifférence, mais par confiance en son amour infini.

Serez-vous inquiets, si vous avez à chaque instant la certitude parfaite que Dieu s’est occupé de vos affaires ? Ce qui manque à l’homme, parce qu’il a abandonné Dieu, c’est de savoir que Dieu est pour lui. Dieu avait donné à l’homme les choses terrestres pour en jouir présentement et, de fait, il a cru le Diable. Alors Dieu lui dit : Tu portes désormais les conséquences et les peines de ta méfiance à mon égard. Il faut que tu me croies. Il faut que tu jouisses de ma bonté par la foi. Pour que nous en jouissions, Christ est venu au milieu de toutes les conséquences de notre infidélité et il y a été pour nous. Ce qui manque à l’homme, c’est la simplicité de la foi. Je sais qu’il est pour moi ; je puis être avec Dieu.

Occupez-vous, ajoute l’apôtre, de toutes les choses vraies, vénérables, justes, pures, aimables ; si vous le faites, le Dieu de paix sera, avec vous (v. 8-9). Ce n’est pas seulement que la paix de Dieu remplira notre coeur : étant faibles, nous avons besoin de Dieu lui-même, dans le monde où nous vivons.

Que Dieu nous donne de comprendre en simplicité le fondement de toutes ces bénédictions : Christ a fait la paix par le sang de sa croix. En vertu de son oeuvre, la conscience est rendue parfaite devant Dieu pour toujours. Le coeur compte sur Lui, est restauré s’il faillit, et, quand une difficulté surgit, il trouve la joie dans le Seigneur et la paix qui garde son coeur.