Méditations de J. N. Darby

1 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 1:15-24

2 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3

3 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; Exode 33:4-11 ; 34:28-35

4 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; le voile — 1 : Le voile sur la face de Moïse

5 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; le voile — 2 : Le voile ôté en Christ (2 Corinthiens 3:18)

6 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; le voile — 3 : Le voile sur le coeur d’Israël

7 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 4

8 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 5 : CHRIST, notre Vie

9 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 5 : Notre Position devant Dieu

10 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 12 : Position Chrétienne et État Pratique

11 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 12


1 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 1:15-24

n°100 : ME 1896 p. 435

C’est l’état moral des Corinthiens qui pousse l’apôtre à parler, comme il le fait dans ces versets. Quelques-uns d’entre eux étaient tombés, les autres n’étaient pas humiliés. L’apôtre n’avait pas voulu se rendre auprès d’eux avant de leur avoir adressé sa première lettre, dans l’espoir qu’elle agirait sur leurs consciences et produirait la repentance. Il était très angoissé à Éphèse, d’où il avait envoyé Tite à Corinthe. Tite était revenu à Troas où il n’avait pas trouvé Paul qui était parti pour la Macédoine, et Tite le rejoint avec de bonnes nouvelles des Corinthiens. Paul s’était proposé d’aller directement à Corinthe et avait différé pour les épargner. Il écrit la seconde épître avec un coeur joyeux.

Au milieu de tous ces soucis, son coeur était plein de la pensée qu’il avait été envoyé pour prêcher à tous. Et cependant, en lisant l’épître aux Philippiens, on pourrait croire qu’il n’y avait d’autre assemblée que la leur ; il en est de même pour les Corinthiens et les Thessaloniciens. Selon les circonstances, l’apôtre s’appliquait de tout son coeur au bien d’un seul troupeau. C’est ce que l’on trouve en Dieu lui-même qui embrasse à la fois tous ses enfants et s’applique à toutes les circonstances de chacun d’eux dans tous les détails de leur vie. Plus on est rempli de l’Esprit de Dieu, plus on peut, selon les circonstances, s’étendre ou se concentrer.

Au milieu de ces préoccupations, le coeur de Paul déborde de joie du moment qu’il pense à Christ. Toutes les promesses de Dieu sont oui et amen, sont certaines en Christ. Il est l’héritier des promesses, c’est à Lui qu’elles ont été faites. Il y aurait de l’orgueil à me les appliquer directement à moi-même, mais elles sont en Christ, et si je suis en lui je les ai toutes. La vérité et la certitude des promesses de Dieu sont en Christ qui, ressuscité d’entre les morts, les a reçues toutes, après avoir tout accompli pour expier nos péchés qui pouvaient nous empêcher d’en jouir. Christ ressuscité reçoit les promesses, parce qu’il a voulu par l’expiation nous en rendre participants en nous communiquant sa vie. Il est entré dans la puissance d’une vie qu’il peut communiquer même aux morts. Avec toute la puissance de sa perfection et de sa vie, j’ai part à toutes les promesses de Dieu. Ce qui les scelle, c’est la puissance du Saint-Esprit.

Tout cela est à la gloire de Dieu par nous, parce que Christ veut partager cette gloire avec toute son Église, et que Dieu veut se glorifier en Christ par nous. Dieu se glorifie dans ce qu’il fait pour de pauvres pécheurs, en ce qu’il donne une vie nouvelle à une âme morte et montre aux anges une Marie de Magdala dans la gloire même de Christ. En outre, dans ces mots par nous, Dieu embrasse tous les croyants. Ces mots expriment la certitude que chacun de ceux qui croient en Jésus aura part à toutes les promesses, et que nous sommes tous ensemble éternellement unis dans la jouissance de ces mêmes promesses. C’est la présence du Saint-Esprit qui donne cette certitude à l’âme. Celui qui nous lie fermement avec vous à Christ, c’est Dieu. Comme cela vient de Dieu, tous les chrétiens participent à la même certitude et à la même jouissance. Par un seul Esprit nous sommes baptisés en un seul corps. Dieu nous a oints du Saint-Esprit, comme il a oint Jésus de Nazareth du Saint-Esprit et de puissance. Si nous sommes faibles, ce n’est pas que nous ayons une mesure plus ou moins grande du Saint-Esprit, mais à cause de la chair. C’est le Saint-Esprit qui nous donne la certitude divine des vérités de l’Évangile. Car sans lui, elles ne peuvent s’imposer à une âme. L’onction du Saint nous est donnée, et par là nous avons la connaissance de ces choses. Dieu nous scelle de l’Esprit et c’est pour le jour de la rédemption.

En mettant son sceau sur nous, lui ne peut se tromper et mettre en question si nous sommes à lui ou non. Mais on peut être scellé pour jouir de ces choses, sans que le coeur en jouisse réellement.

Christ est héritier de toutes choses, et en recevant l’héritage il a tout reçu. Pour moi, du moment que j’ai cru, je reçois le Saint-Esprit qui est onction, sceau et arrhes ; je suis marqué par le sceau pour la jouissance, et par les arrhes je jouis déjà. Dieu nous introduit donc dans la jouissance de ces choses, et je puis dire à tous ceux qui ont le même Esprit que Dieu se glorifie par nous. La certitude de notre jouissance de ces choses existe toujours ; les croyants du Nouveau Testament ont cette certitude que toutes choses sont à nous, nous à Christ, Christ à Dieu. Le Saint-Esprit ne peut pas me révéler ces choses sans qu’elles m’appartiennent, parce que je suis à Christ et que tout cela est à Christ. Les prophètes de l’Ancien Testament voyaient ces choses à l’avance, mais ils voyaient aussi qu’elles n’étaient pas pour eux.

Il y a deux principes : la certitude individuelle des choses et l’union de l’Église avec Christ. Voilà ce que donne le Saint-Esprit. Il dit toujours nous, parce que tous les fidèles sont introduits ensemble dans ces privilèges. Nous pouvons compter sur toutes ces bénédictions, parce que Christ est glorifié. Nous en avons la jouissance par l’Esprit et nous l’avons ensemble.

Le langage du Saint-Esprit doit être soigneusement retenu ; si nous le perdons, nous perdons beaucoup.


2 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3

n°1 : ME 1886 p. 13

Le chrétien est la lettre de Christ à l’adresse des hommes ; il doit, par sa conduite, parler aux hommes de la bonté, de la sainteté de Dieu, de la puissance du Saint-Esprit. Cette lettre est souvent, il est vrai, barbouillée et tachée, mais elle doit être vue et lue du monde. Ce dernier, s’il en voit les taches, les blâme avec rigueur mais avec raison.

Dieu a fait de plusieurs manières l’épreuve du coeur de l’homme : 1° Par la défense donnée à Adam innocent. Adam désobéit, et le péché est entré dans le monde. 2° Par la loi de Moïse. La loi a donné au péché un caractère nouveau. Le péché était un mal indépendamment de la loi, avant que celle-ci fût introduite : mais la loi lui a imprimé le caractère particulier de désobéissance et de transgression. 3° Par les prophètes. En les rejetant, les hommes ont montré leur haine des bienfaits de Dieu. 4° Surtout par le don de son Fils. « Peut-être que, quand ils verront celui-ci, ils le respecteront », dit Dieu. Mais les hommes ont dit : « Celui-ci est l’héritier, tuons-le ».

Dieu a vu que les pensées de l’homme ne sont que mal en tout temps, et il a voulu en faire faire à l’homme l’expérience et lui révéler ainsi la méchanceté de son coeur. Israël avait été tiré d’Égypte par grâce, préservé des dix plaies par grâce, délivré de la mer, conduit dans le désert par grâce, nourri de manne, abreuvé de l’eau du rocher par grâce ; mais, au lieu de s’en tenir à la grâce, il a voulu mériter la faveur de Dieu en s’engageant à faire toutes les choses imposées par la loi, et il a fait l’expérience de son impuissance. Le peuple d’Israël était au milieu des autres comme un terrain mis à part à la surface du désert ; toute la culture de Dieu n’a servi qu’à montrer l’ingratitude de ce sol. Pour nous, nous n’avons pas crucifié le Christ, il est vrai, mais nous sommes du même terrain qu’Israël, et nous ne donnerions pas d’autres fruits. Israël était dans les conditions les plus favorables de culture spirituelle ; il n’a produit que des ronces, et par nature nous ne pourrons produire autre chose.

Nous sommes donc hors d’état de venir à Dieu, ayant à lui présenter quelque chose de plus qu’Israël, et Dieu doit aussi nous rejeter. Serait-il donc le seul Être qui fût obligé de recevoir des gens indignes dans sa maison, et le ciel le seul endroit où le péché et la souillure eussent leur libre entrée ?

Tout ce que nous sommes, nous le sommes en Jésus, par qui seul nous avons accès auprès du Père. Il a porté notre péché et notre condamnation et les a laissés dans son tombeau, pour s’asseoir dans la gloire à la droite du Père. Le fait seul que Dieu l’a reçu nous est un gage que nous sommes reçus par lui. La mort de Christ parle de la justice de Dieu et de la condamnation du péché. Sa réception dans la gloire parle de la réception en grâce et en gloire des enfants du Père et des cohéritiers de Christ.

Du privilège d’être ses enfants découle le devoir de se conduire en enfants : « Soyez parfaits, comme votre Père qui est aux cieux est parfait ». Tout privilège est la source d’un devoir. Voilà pourquoi le chrétien doit être une lettre vivante, parlant à tous, même aux méchants, de ce qui est dans le Père et chez le Père. Christ est notre lettre et notre recommandation auprès de Dieu ; nous sommes la lettre de Christ pour plaider en sa faveur auprès du monde.

Christ nous a laissé un modèle à suivre ; en le suivant nous nous convaincrons bientôt combien nous sommes inférieurs à lui, et cette expérience nous maintiendra dans l’humilité.


3 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; Exode 33:4-11 ; 34:28-35

n°96 : ME 1896 p. 329

Dans ce chapitre de la 2° épître aux Corinthiens, l’apôtre cite ce qui arriva à Moïse, après la ruine totale d’Israël placé sous la loi, pour nous faire comprendre notre position actuelle sous le ministère de l’Esprit.

Notre Moïse n’a plus de voile pour nous ; nous sommes entrés dans son intimité et nous contemplons le Seigneur à face découverte.

La loi a été un ministère de mort et de condamnation, mais Moïse a été introduit dans l’intimité de Dieu, lui parlant face à face. Ce n’était pas la position d’Israël qui voyait la gloire à travers un voile, mais c’est notre position à nous. Lorsque, pour la première fois, Moïse monte vers Dieu sur le sommet de la montagne, il converse avec Dieu, mais environné de la nuée, dans une certaine obscurité (Ex. 24:15-18). Redescendu de la montagne, il voit le veau d’or et brise les tables de la loi, car l’alliance était déjà rompue. C’est alors qu’il prend le caractère de médiateur. L’infidélité d’Israël avait fait le veau d’or sous prétexte de célébrer une fête à l’Éternel. Aaron conduit le peuple selon son coeur charnel. Moïse, qui a à coeur la gloire de l’Éternel, ne peut supporter ce mal ; il dresse hors du camp la tente d’assignation, et « il arriva que tous ceux qui cherchaient l’Éternel sortirent vers la tente d’assignation qui était hors du camp ». C’était un principe étranger à la loi et nouveau en Israël que de chercher l’Éternel. L’alliance étant rompue par le fait du veau d’or, Moïse sort du camp, intercède et se trouve dès lors dans une intimité beaucoup plus grande même que sur la montagne ; il converse avec Dieu comme un ami avec son ami. C’est la position dans laquelle Christ, notre Clef, se trouve maintenant, et l’Église avec lui. Josué, type du capitaine de notre salut, ne sort pas de l’intérieur de la tente.

Christ a rompu toute relation avec l’homme sur le pied de la loi, pour établir des relations bien plus intimes avec Dieu dans le ciel, en dehors du camp, du monde et de tout système mondain qui a une religion sur la terre. Christ a rompu toute relation avec la terre, pour que nous nous trouvions avec lui hors du camp. Il faut choisir entre la loi et Christ, entre la terre et le ciel.

Christ n’étant plus sur la terre, notre religion doit suivre notre chef. L’Esprit de Christ nous unit à lui, et nous place tels qu’il est en la présence de Dieu. En Rom. 8, l’Esprit est présenté sous trois caractères. Au v. 9, il est l’Esprit de Dieu qui nous révèle ce que Dieu est, en contraste avec notre chair. Ce que Dieu est comme lumière, condamne en nous, racine et fruits, tout ce qui est de la chair. Il est l’Esprit de Christ (v. 9), comme nous unissant avec Christ. Je suis devant Dieu ce que Christ est, et je suis devant le monde ce que Christ était. Si Christ est en moi, le corps est mort à cause du péché ; — je prononce condamnation sur tout ce qui est la chair en moi ; — et l’Esprit est vie à cause de la justice. Enfin (v. 11), il est l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, un Esprit de puissance pour ressusciter notre corps mortel. En 2 Cor. 3:17, il est appelé un Esprit de liberté, et le Seigneur est cet Esprit là. Christ était la pensée et le but de Dieu dans tout le contenu de l’Ancien Testament, dans tous les sacrifices, comme dans toutes les cérémonies extérieures. Dieu prend-il soin des taureaux et des boucs ? Cela est écrit pour notre instruction. Mais comprendre ces choses n’est pas le tout. Si le Saint-Esprit n’est pas puissant en moi, et si son action n’est pas efficace en mon coeur, je n’ai pas la liberté ; je ne vois pas que je suis en Christ, que je jouis comme lui de l’oeuvre du Père, que je suis pour le Père ce qu’il est, l’objet de son amour. Christ en nous est tout cela ; là où est son Esprit, là est la liberté. Christ n’est pas seulement pour moi un objet d’intelligence ; il est en moi ; sa joie est en moi ; son Esprit réalise ces choses dans mon coeur. Christ habite en moi, pour me communiquer sa paix, sa joie, sa gloire en espérance ; j’ai, par conséquent, une entière liberté. Lui-même est en liberté ; il n’est plus ici-bas homme de douleur et sachant ce que c’est que la langueur ; il a vaincu ; ce Christ qui a vaincu est en nous, lui qui a mis son tabernacle dans le ciel, où ceux qui le cherchent le trouvent. Ce n’est pas une figure, que Christ est en nous ; cela se réalise par la puissance de Dieu. Si nous pouvons réaliser la joie et les droits de Christ dans le ciel, nous les possédons déjà. Le péché ? Christ l’a ôté. La mort ? J’ai la vie éternelle. Le témoignage de l’Esprit me montre Christ comme ayant remporté la victoire. La vraie liberté des enfants de Dieu, c’est que Christ réalise en nous tout ce dont il jouit maintenant. Nous devons reconnaître que, quant à la chair, tout est fini. Que Dieu nous fasse réaliser la puissance de l’Esprit de Christ qui nous fait sentir que nous sommes un avec lui !


4 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; le voile — 1 : Le voile sur la face de Moïse

n°198 : ME 1913 p. 287

Dans la simplicité du ministère de l’Évangile gît sa propre dignité. Mais atteindre cette simplicité est la grande difficulté, à la fois pour ceux qui servent dans le ministère et pour ceux qui écoutent ; parce que le ministère, ou service, est considéré comme une profession savante, et que le christianisme est pour la plupart une affaire traditionnelle.

« Ayant donc une telle espérance », dit l’apôtre, nous usons d’une grande liberté » (2 Cor. 3:12). La gloire du ministère est la vérité qu’il présente, aussi bien que le pouvoir de Dieu de se rencontrer en grâce salutaire avec un pécheur exposé à son juste jugement. La grande variété de caractères et de talents qu’on rencontre chez l’homme disparaît devant cette vérité que, lorsque l’homme est introduit dans la présence de Dieu, « il n’y a point de différence, mais que tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rom. 3:23). Cette conclusion ayant été établie, il n’existe plus aucun empêchement pour le ministère d’agir selon la capacité qui lui appartient, pour se rencontrer avec l’homme dans sa seule vraie condition comme pécheur. Qu’« il n’y ait point de différence entre un homme et un autre homme devant la lumière de la gloire de Dieu », est une chose admise par le ministère du Nouveau Testament, tout aussi bien que, dans une démonstration mathématique, il est admis que « le tout est plus grand qu’une de ses parties ». Nier que l’homme soit perdu, c’est réellement annuler la mort de Christ, dépouiller le ministère du Nouveau Testament de toute sa gloire, et le réduire au niveau d’un système de morale. On peut sans doute le supposer supérieur à d’autres systèmes de même nature, mais il ne sera jamais qu’un des nombreux moyens de venir en aide à l’homme pour son développement, au lieu d’être la seule puissance de Dieu à salut.

Cette pensée au sujet de l’Évangile est de toute importance ; elle rendra peut-être « une grande hardiesse de parler » plus difficile à atteindre que même aux jours de Paul. Lui avait atteint son but, quand il avait réduit le Juif religieux au même niveau que le païen idolâtre, ou le Grec policé, au même niveau que le Scythe barbare. Il est aussi difficile de dépouiller des chrétiens de naissance de leur christianisme, il est aussi difficile de leur faire voir, qu’à moins d’échanger leur christianisme de naissance contre Christ lui-même, ils périront dans leurs péchés — qu’il ne l’était pour Paul de faire comprendre aux Juifs qu’ils ne valaient pas mieux que les gentils.

« Et nous ne faisons pas comme Moïse qui mettait un voile sur sa face, pour que les enfants d’Israël n’arrêtassent pas leurs yeux sur la consommation de ce qui devait prendre fin » (2 Cor. 3:13). Ici, l’apôtre Paul met en contraste la simplicité, la hardiesse, la franchise de son témoignage, à la fois quant à la ruine sans espoir de l’homme et quant à la surabondante grâce de Dieu, avec l’obscurité jetée sur toutes deux par le ministère de Moïse. Cette obscurité était nécessaire pour ce temps-là, car quoique Dieu eût « fait connaître ses voies à Moïse », et l’eût fait entrer dans le secret de sa grâce, cependant son ministère ostensible n’était pas celui de la grâce, mais celui de la loi. « La loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité vinrent par Jésus-Christ » (Jean 1:17). Le peuple avait contracté inconsidérément une alliance avec Dieu, disant : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons » (Ex. 19:8) ; cependant, quand ils virent les tonnerres, et les flammes, et le son de la trompette, et la montagne fumante, ils tremblèrent et se tinrent loin, et dirent à Moïse : « Toi, parle avec nous, et nous écouterons ; mais que Dieu ne parle point avec nous, de peur que nous ne mourions ».

Jusqu’ici il y avait de la terreur, mais point d’obscurité. Il n’y avait point de voile sur le visage de Moïse, quand il descendit de la montagne après le premier séjour de « 40 jours et 40 nuits qu’il y fit » (Ex. 32). Le péché du peuple le fit descendre ; et « Moïse se tourna, et descendit de la montagne, ayant dans sa main les deux tables du témoignage. Et les tables étaient l’ouvrage de Dieu, et l’écriture était l’écriture de Dieu, gravée sur les tables ». Ici, l’alliance était dans la main du médiateur, tout était clair et lumineux. « Et il arriva que lorsque Moïse s’approcha du camp, il vit le veau et les danses et la colère de Moïse s’embrasa, et il jeta de ses mains les tables et les brisa au pied de la montagne » (Ex. 32:19). Cette action était bien significative : le peuple avait rompu l’alliance ; et le médiateur de l’alliance déclarait, en les brisant, qu’elle était rompue, et le jugement en était la suite. Aucun voile n’était nécessaire à cette occasion. Le médiateur avait montré que l’alliance était rompue ; alors il intercède pour le peuple ; et le Seigneur, dans sa fidélité à sa promesse au sujet de la terre de Canaan, propose d’envoyer son Ange devant eux (Ex. 32:30-35 ; 33:1-3).

Mais ceci ne peut satisfaire le coeur de Moïse ; il est en perplexité, et supplie le Seigneur, disant : « Fais-moi connaître ton chemin » ; et : « Si ta face ne vient pas, ne nous fais point monter d’ici ; car à quoi connaîtra-t-on que j’ai trouvé grâce à tes yeux, moi et ton peuple ? Ne sera-ce pas en ce que tu marcheras avec nous ? Ainsi, moi et ton peuple, nous serons séparés de tout peuple qui est sur la face de la terre. Et l’Éternel dit à Moïse : Je ferai cela aussi, dont tu as parlé ; car tu as trouvé grâce à mes yeux, et je te connais par nom ». Moïse enhardi, anticipant pour ainsi dire la déclaration pleine de grâce de celui auquel il rendait témoignage — car à chacun qui a, il sera donné — insiste dans sa requête : « Je te prie, fais-moi voir ta gloire ».

Moïse avait vu d’une manière remarquable la gloire de Dieu, lorsqu’il avait donné la loi ; mais, dans le tabernacle de l’assemblée qu’il avait dressé hors du camp, le Seigneur avait parlé à Moïse face à face, « comme un homme parle avec son intime ami » (Ex. 33:11) ; aussi cherchait-il la vue d’une gloire plus excellente que celle que donnait la loi. Il y avait, derrière la loi, « un chemin » de Dieu, et une « gloire » de Dieu, qui était la fin de la loi, et à laquelle la gloire de la loi servait de préparation et d’introduction. C’était cette gloire que Moïse dut voiler, le temps de sa manifestation publique selon les conseils de Dieu n’étant pas encore « accompli » (Voyez Marc 1:15).

Cette gloire, révélée à Moïse, était réellement « la gloire de Dieu dans la face de Jésus-Christ » (2 Cor. 4:6). Dieu l’a proclamée ainsi : « Je ferai passer toute ma bonté devant ta face, et je crierai le nom de l’Éternel devant toi ; et je ferai grâce à qui je ferai grâce, et je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde » (Ex. 33:19). La souveraineté de Dieu en grâce est un élément essentiel de sa gloire. Israël s’était détruit lui-même, et il n’y avait de secours pour lui que dans l’Éternel (Osée 13:9). Quand tout est perdu, alors est venu le temps où la grâce peut se montrer. Mais la gloire de cette grâce ne pouvait être considérée directement par le législateur d’Israël. Moïse ne pouvait la voir que dans les voies de Dieu, par derrière, après Son passage.

Ayant taillé deux tables de pierre, comme les premières qu’il avait brisées, Moïse monta une seconde fois sur la montagne de Sinaï, et l’Éternel descendit dans la nuée, et s’arrêta là avec lui, et cria le nom de l’Éternel (Ex. 34:1-5). Après un séjour sur la montagne de 40 jours et 40 nuits (v. 28 ; Deut. 10:10), « Moïse descendit de la montagne de Sinaï, tenant en ses mains les deux tables du témoignage — et il ne savait pas que la peau de son visage rayonnait, parce qu’il avait parlé avec Dieu » (Ex. 34:29).

Il y a dans la grâce une puissance capable de transformer : quarante jours de relations intimes avec le Dieu de toute grâce avaient opéré merveilleusement sur Moïse. Maintenant, son coeur connaissait par expérience la grâce avec laquelle il avait conversé, mais il n’avait aucune conscience de l’impression visible qu’elle avait produite sur lui. Bienheureux sommes-nous, quand nous connaissons le secret de l’intimité avec la grâce de Dieu. Elle réjouit le coeur ; elle imprime à la marche du croyant un cachet d’humilité, de telle sorte qu’il est surpris que quelqu’un s’aperçoive du changement produit en lui. En effet, nous pouvons être assurés que nous ne serons jamais employés dans le service de Dieu, sans que nous soyons comme rien à nos propres yeux. Si Dieu fait « resplendir notre face » aux yeux des autres, nous-mêmes devons être les derniers à le découvrir.

Le peuple est plus effrayé de la gloire de la face de Moïse, que des deux tables qui sont dans sa main. Tel est l’homme ! Il est tout disposé à entreprendre pour toute la vie d’obéir à des commandements, mais plus Dieu, dans sa grâce, s’approche de lui, plus il cherche à éviter cette rencontre. Toujours l’homme aime à se trouver loin de Dieu, c’est là son élément naturel ; de sorte que, même quand la doctrine de la croix est proclamée comme renversant toutes les barrières sur le chemin par lequel un pécheur a accès auprès de Dieu — et cette religion, ils osent l’appeler christianisme — ils préfèrent se placer sous une obligation vis-à-vis de Dieu, que de recevoir son don gratuit.

Moïse avait appris a connaître « le chemin de l’Éternel », supportant dans sa miséricorde un peuple placé sous la malédiction de la loi violée. Mais c’est précisément cette gloire qu’il était obligé de voiler, parce que les enfants d’Israël ne devaient pas arrêter leurs yeux sur la consommation de ce qui devait prendre fin. Pour Moïse, tout ce qu’on pouvait attendre de la loi était déjà prouvé. Il pouvait voir ce qui remplacerait cette loi, car « Christ est la fin de la loi pour justice à tout croyant » (Rom. 10:4). Mais Israël, dans son ensemble, ne pouvait pas voir au delà de la loi et attendait d’elle la justice, alors qu’il se trouvait sous sa malédiction. Dieu, conséquent envers lui-même, et non à cause de leurs justices, introduisit éventuellement Israël dans la terre de Canaan. Mais à l’égard des individus, comme il l’avait dit à Moïse, « il faisait grâce à qui il faisait grâce » (Ex. 33:19). Toute âme, ainsi vivifiée par sa grâce, pouvait virtuellement voir, au delà de la loi, la gloire qui resplendissait sur le visage de Moïse. Mais, pendant que le voile était sur la face de Moïse, la grâce était nécessairement obscure. Or maintenant, dit l’apôtre, il n’y a plus de ténèbres. Le ministère est « le ministère de la grâce de Dieu » — de « l’évangile de la gloire du Christ qui est l’image de Dieu » — « l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux » (Éph. 3:2 ; 2 Cor. 4:4 ; 1 Tim. 1:11) ; il est la pleine manifestation de la gloire de cette grâce, dont les rayons illuminaient la face de Moïse, sans que les tables de la loi, que Moïse tenait dans sa main, vinssent l’obscurcir. « La grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ ».

De nos jours, la prédication de l’Évangile de la grâce de Dieu est-elle bien caractérisée par cette grande liberté et cette hardiesse de parole que nous trouvons en Paul ? La prédication moderne n’est-elle pas mieux figurée par Moïse tenant en ses mains les deux tables de la loi, et ayant un voile sur son visage, qui couvre la gloire de la grâce ? Le temps, au milieu duquel nous vivons, a une analogie remarquable avec les temps apostoliques, pour ce qui concerne la réception du témoignage de la pure grâce. C’est à des chrétiens gentils que Paul parle du voile qui couvrait la face de Moïse. Une justice légale, une sainteté*cérémonielle, une sagesse philosophique, sont des barrières également impénétrables à la réception de la grâce, et même à la compréhension de ce qu’elle est, car elle ne peut guère être comprise, sans être goûtée. Le christianisme moderne, dans ses traits généraux, est un effort pour confondre ces éléments incompatibles, la grâce et la loi, un effort ayant pour résultat une justice conventionnelle, car l’union de la grâce et du ritualisme produit « l’assujettissement aux ordonnances » et « un culte arbitraire » ; tandis que l’union de la grâce avec la sagesse humaine aboutit à « la philosophie et à de vaines déceptions » (Comp. Col. 2, avec Gal. 5). Ces choses ne sont que des imitations de Moïse tenant dans ses mains les deux tables de la loi et ayant le visage couvert d’un voile.

Cette vérité se manifeste souvent d’une manière bien significative par la place que ces religions nationales donnent aux tables de la loi, en les plaçant au-dessus de la table de la communion, type frappant, en vérité, de leur organisation. Les doctrines de la grâce sont énoncées avec une grande précision dans leurs Articles de foi, et ces doctrines sont prêchées de coeur du haut de nombreuses chaires ; mais toute cette clarté d’exposition est obscurcie par un rituel conduisant à une justice légale.

Que le Seigneur veuille accorder à tous ses serviteurs qui agissent dans le ministère, d’être et de demeurer dans une position où ils pourront user d’une « grande liberté » dans l’Évangile !


5 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; le voile — 2 : Le voile ôté en Christ (2 Corinthiens 3:18)

n°199 : ME 1913 p. 308

Nous ne pouvons assez admirer la sagesse de Dieu dans le don qu’il nous a fait d’une histoire détaillée d’Israël. Cette histoire est écrite spécialement « pour notre instruction ». Elle démontre clairement l’impossibilité qu’il y a pour l’homme à maintenir sa position devant Dieu, toutes les fois qu’il est placé sous une responsabilité légale. Cependant une démonstration de cette sorte fait défaut, quand il s’agit de porter la conviction dans la conscience. C’est par le pouvoir vivifiant de l’Esprit de Dieu qu’un homme apprend réellement à connaître la ruine sans espoir dans laquelle le péché l’a plongé. Quand un homme est ainsi réellement convaincu de péché, il est capable de profiter de la démonstration que lui offre l’histoire d’Israël, lui montrant la vanité de tout ce qu’on peut attendre de la loi. « L’homme spirituel discerne toutes choses » (1 Cor. 2:15). Mais l’histoire d’Israël nous présente encore une autre instruction, en nous montrant si particulièrement le pouvoir aveuglant d’une religion héréditaire et traditionnelle, même dans le cas d’une organisation originellement établie par Dieu lui-même. L’effet produit par un système de ce genre est d’aveugler les consciences des hommes quant à leur position devant Dieu. « Leurs entendements ont été endurcis, car jusqu’à aujourd’hui, dans la lecture de l’ancienne alliance, ce même voile demeure sans être levé » (2 Cor. 3:14). Leur propre histoire dans le désert ; le cantique que Moïse avait appelé en témoignage contre eux (Deut. 32) ; le témoignage de Samuel contre la corruption de la sacrificature ; le ministère des prophètes par lequel leur orgueil était abattu (Osée 5:5) ; tandis que, par ce même ministère, le fidèle engagé dans le combat était fortifié par des promesses pleines de grâce ; la captivité de Babylone et leur délivrance de cette captivité ; le renouvellement de la parole du Seigneur par Jean-Baptiste (Luc 3:2), après un lugubre silence de 400 ans ; le ministère du Seigneur Jésus lui-même, et plus tard, celui des apôtres avec le Saint-Esprit envoyé du ciel — tout fut impuissant à ôter le voile de dessus la face de Moïse. Jusqu’à aujourd’hui, nous pouvons le dire avec la même vérité que Paul, le voile demeure dans la lecture de l’Ancien Testament sans être levé.

Il n’y a qu’une seule condition dans laquelle le voile tombe de devant le visage de Moïse : Moïse et Élie apparurent avec Jésus sur la montagne de la transfiguration, mais ils disparurent de la scène à ces mots expressifs : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » (Luc 9:28-36). Quand nous sommes enseignés de Dieu, nous venons à Jésus, et de Lui nous apprenons à reporter nos yeux en arrière vers Moïse ; et il faut que nous ayons fait cela avant de pouvoir, avec intelligence et profit, regarder de Moïse vers Christ. Quand nous connaissons le Seigneur, « le voile tombe de dessus le visage de Moïse ». « Ce même voile prend fin en Christ » (2 Cor. 3:14). Ce fut après que les disciples eurent vu le Seigneur ressuscité d’entre les morts, qu’il ouvrit leur entendement pour comprendre les Écritures. « Et il leur dit : Ce sont ici les paroles que je vous disais quand j’étais encore avec vous, qu’il fallait que toutes les choses qui sont écrites de moi dans la loi de Moïse, et dans les prophètes, et dans les psaumes, fussent accomplies » (Luc 24:44). La conversion de Saul, le pharisien, à la foi de Jésus, nous offre un exempte remarquable du voile ôté en Christ. Du moment que le Seigneur lui apparut sur le chemin de Damas, qu’il découvrit que Jésus de Nazareth, contre le nom duquel il croyait qu’il fallait faire beaucoup (Actes 26:9), était véritablement le Seigneur de gloire, dès ce moment-là le voile tomba de dessus la face de Moïse et de dessus son propre coeur. Le même homme qui avait été zélé plus que tous ceux de sa nation pour la religion de ses pères, en ayant saisi la substance (Col. 2:17) dans sa propre âme, fut rendu ainsi éminemment propre à montrer à d’autres le danger qu’il y a de s’attacher à l’ombre, après que « la substance » même a été révélée. Désormais lui aussi pouvait montrer clairement la fin glorieuse annoncée d’avance par les ombres de la loi, savoir : « Christ, la fin de la loi en justice à tout croyant » ; car « la loi et les prophètes ont prophétisé jusqu’à Jean ».

En Christ, le voile fut ôté, de telle sorte que Paul put montrer à Israël, tout au travers de son histoire, la souveraineté de Dieu dans sa grâce envers eux, comme nation, et leur faire voir en même temps que, comme peuple, jamais ils n’avaient pu (ainsi qu’ils l’avaient follement pensé) se tenir devant Dieu sous la loi. L’apôtre pouvait également faire descendre de leur orgueilleuse position ceux qui disaient : « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse » (Jean 9:29), et leur montrer qu’ils étaient aussi entièrement privés de droits à la gloire de Dieu, qu’un pécheur d’entre les gentils. Car il dit à Moïse : « Je ferai grâce à qui je ferai grâce, et j’aurai compassion de qui j’aurai compassion ».

Le vrai caractère de Moïse, comme médiateur de l’ancienne alliance, ne pouvait être reconnu que par un homme en Christ, quand le voile fut ôté de la face de Moïse. Et un homme, ainsi placé dans la grâce, pouvait découvrir non seulement la gloire de cette grâce sous le voile qui couvrait le visage de Moïse, mais l’enlèvement du voile découvrait aussi le vrai caractère de la loi comme ministère de mort et de condamnation. « Annulons-nous donc la loi par la foi ? À Dieu ne plaise : au contraire, nous établissons la loi ». L’intégrité de la loi paraît complète et entière, à qui est en Christ. Il voit que cette loi ne doit être que mort et jugement pour lui ; et il maintient la majesté de la loi précisément à cette occasion : « La loi est sainte, et le commandement est saint, et juste, et bon » (Rom. 7:12). Pour celui qui est en Christ, la loi est établie par la manière dont Christ l’a magnifiée, soit dans sa vie, soit dans sa mort. « L’Éternel a pris plaisir en lui à cause de sa justice ; il a rendu la loi grande et honorable » (Ésaïe 42:21). « Christ naquit sous la loi afin qu’il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption » (Gal. 4:4-5). C’était l’introduction dans la liberté à l’égard de laquelle Christ les avait affranchis, savoir la liberté d’enfants, qui leur faisait voir l’esclavage hors duquel ils avaient été délivrés, et la malédiction de laquelle ils avaient été rachetés. Ceux qui connaissent ces choses, ne voudraient pas rendre vaine la grâce de Dieu et annuler la mort de Christ, en se tournant vers la loi pour y trouver du secours ; ils apprendraient par expérience que rien, si ce n’est la grâce la plus entière, ne peut répondre à leurs besoins. Le voile fut ôté de dessus la face de Moïse, et la grâce resplendit dans toute sa splendeur.

Pour qui est en Christ, l’enlèvement du voile de dessus la face de Moïse a pris une importance toute particulière, en donnant la vie à ceux qui avaient été sous un joug accablant. Voyez avec quel sentiment Pierre en parle : « Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères, ni nous n’avons pu porter ? Mais nous croyons être sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, de la même manière qu’eux aussi » (Actes 15:10-11). Quand Pierre connut le Seigneur, tout ce système d’ordonnances si lourd à porter prit une vivante réalité. Le voile tombant de dessus la face de Moïse, tous les solennels commandements quant aux sacrifices, quant à la sacrificature, aux rangs, aux fêtes, devinrent des oracles vivants : tous ensemble, ils parlaient de Christ. La loi elle-même devint une prophétie. Les ombres recevaient à la fois un sens et un intérêt, maintenant que le corps (Christ) était venu, tandis que l’ombre à elle seule était peu intéressante et intolérable. Les ombres peuvent être utilement employées pour développer les richesses infiniment diverses de la grâce de Christ, leur réalité en Lui, au lieu que vouloir les imposer de nouveau comme devoirs, serait renier Christ ; ou bien les copier comme modèles, serait renvoyer bien loin en arrière ceux qui ont été « approchés par le sang du Christ » (Éph. 2:13).

En Christ, le vrai rocher frappé, la gloire de Dieu est manifestée et son nom déclaré : « Si toutefois », comme dit l’apôtre, « vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Pierre 2:3). « Et vous approchant de Lui, comme d’une pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu, vous aussi, comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ » (1 Pierre 2:4-5). Voilà « le joug aisé et le fardeau léger », que Christ place sur ceux qui le suivent, et c’est là leur vrai honneur et leur vraie dignité. Ils sont justifiés, ils sont saints, ils sont sacrificateurs et rois, et c’est pourquoi ils sont propres à « annoncer les vertus de Celui qui les a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ». Toute obscurité, pour ce qui est de Moïse, est ôtée ; la loi est comprise dans la réalité de son pouvoir de condamnation ; et au lieu d’être réduite à rien, afin de s’accommoder aux convenances de l’homme, elle est considérée comme manifestant en détail les perfections du Sauveur. Le caractère prophétique de la loi n’est pas seulement rendu intelligible, mais il réjouit aussi, en présentant dans un type admirable, « les biens » qui sont déjà nôtres pour en jouir en Christ. Mais après tout, la loi reste bien au-dessous, elle n’est qu’une ombre et non l’image même des choses, un tableau exquis d’une belle scène ; mais combien la scène elle-même ne surpasse-t-elle pas le tableau qui la reproduit !

Le voile est ôté en Christ, et Moïse se présente comme le héraut de la grâce : grâce dans l’amour qui choisit, grâce qui vivifie l’âme morte dans ses fautes et ses péchés, grâce qui nous ouvre les yeux pour voir la gloire de Christ, et dans sa personne, et dans son oeuvre ; grâce dans les « voies » de Dieu, supportant la misère de son peuple ; la grâce, en un mot, qui règne par la justice pour la vie éternelle par Jésus-Christ, notre Seigneur (Rom. 5:21).

Il y a deux points de vue qui renferment les plus profonds enseignements pour nous : « À moins qu’un homme soit né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 3:3) ; mais quand il est ainsi vivifié, il voit la force et connaît la bénédiction du commandement : « Tournez-vous vers moi et soyez sauvés ! » (Ésaïe 45:22). Celui qui est né de Dieu, lui seul, trouve du soulagement à porter ses regards loin de lui-même, sur la croix de Christ. Christ crucifié est pour lui « la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ». Mais quand il est conduit plus avant dans la doctrine de la croix, par le Saint-Esprit, la vérité de la substitution de Christ pour son peuple lui est clairement manifestée, savoir « que Dieu a fait celui qui n’a point connu le péché, être péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5:21). Alors celui qui est né de l’Esprit est rendu capable de voir les choses d’un autre point de vue. Il peut reporter ses regards en arrière, de Christ sur lui-même, de ce que la grâce de Dieu l’a fait être en Christ, sur ce que, par une douloureuse expérience, il trouve en lui-même. Christ est pour lui la vraie lumière, et il est lui-même lumière dans le Seigneur, et ainsi l’homme né de nouveau est capable de démêler les contradictions, qu’il trouve en lui-même et de justifier Dieu de plus en plus dans le chemin de sa grâce.


6 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; le voile — 3 : Le voile sur le coeur d’Israël

n°200 : ME 1913 p. 325

Avec tout leur respect tant vanté pour Moïse, les Israélites ne le reçurent pas réellement comme le messager de Dieu. Ils l’avaient rejeté en Égypte, disant : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? » (Ex. 2:14). Quand il revint auprès d’eux avec des titres de créance si manifestes de la part de Dieu, ils murmurèrent à plusieurs reprises contre lui, et le dernier témoignage qu’il leur rendit fut : « Vous avez été rebelles à l’Éternel depuis le jour que je vous ai connus » (Deut. 9:24). « Car moi, je connais ton esprit de rébellion et ton cou roide. Voici, aujourd’hui, tandis que je suis encore vivant avec vous, vous avez été rebelles à l’Éternel ; combien plus le serez-vous après ma mort ! » (Deut. 31:27). Lorsque vint Jésus « le témoin fidèle et véritable » — « la vraie lumière » — alors Israël revendiqua les titres de Moïse, afin de rabaisser ceux de Jésus. C’est là une des formes du coeur corrompu de l’homme, de sa volonté perverse : il refuse de reconnaître le droit actuel de Dieu. Des hommes qui méprisent la grâce de Dieu en Jésus-Christ, veulent bien reconnaître ses droits dans la loi, et usent de la loi comme d’une arme pour rejeter Christ. Mais Jésus ne voulut point reconnaître la prétendue soumission des Juifs à Moïse : « Ne pensez pas que moi, je vous accuserai devant le Père ; il y en a un qui vous accuse, Moïse, en qui vous espérez ; car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car lui a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous mes paroles ? » (Jean 5:45-47). Le voile était sur leurs coeurs quand ils lisaient Moïse.

L’Évangile de la grâce de Dieu est la manifestation de la gloire de Dieu dans la personne et dans l’oeuvre de son Fils Jésus-Christ. Il est la complète expression de ce nom, que Dieu avait déclaré à Moïse. « La parole certaine et digne de toute acceptation », c’est « que Jésus-Christ est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs » (1 Tim. 1:15). Que l’homme soit un pécheur perdu, tel est le terrain établi sur lequel Dieu s’adresse à lui dans le ministère de la réconciliation. Pierre déclarait à Israël comme peuple : « À vous premièrement, Dieu, ayant suscité son serviteur, l’a envoyé pour vous bénir, en détournant chacun de vous de vos méchancetés » (Actes 3:26). Mais malgré la clarté du témoignage, le voile était sur leurs coeurs, ils regardaient toujours à Moïse. Ils scellèrent leur péché national, en rejetant le Saint Esprit parlant par la bouche d’Étienne, et en mettant à mort celui-ci, comme précédemment ils avaient été les traîtres et les meurtriers du Fils. Lorsque l’apôtre des gentils fut appelé, il rendit témoignage à la pleine gloire de la grâce de Dieu en Jésus-Christ : « Sachez donc, hommes frères, que par lui vous est annoncée la rémission des péchés, et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui » (Actes 13:38-39). Mais le voile demeurait sur leurs coeurs. « C’était à vous premièrement qu’il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les nations » (Actes 13:46).

Considérons maintenant une vérité fondamentale grandement altérée de nos jours : « Ni par force, ni par puissance, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées » (Zach. 4:6). On peut, sans doute, annoncer très clairement et développer heureusement l’Évangile de la grâce de Dieu ; mais tandis que cet Évangile est à découvert « pour ceux qui ont trouvé la connaissance » (Prov. 8:9), si le pouvoir vivifiant de l’Esprit fait défaut, le véritable sens de l’Évangile reste caché et la grâce incomprise. De même, si nous n’avons donné l’assentiment de notre entendement aux doctrines de la grâce, pressé, en quelque sorte, par la clarté de leur exposition, le coeur toujours étranger à ses propres besoins, montre bien vite, qu’il rejette la grâce de Dieu, et que l’indépendance, au lieu de la joie en Christ, est son seul principe. Quand le Seigneur dit aux Juifs qui avaient été attirés par ses miracles : « Travaillez, non point pour la viande qui périt, mais pour la viande qui demeure jusque dans la vie éternelle, laquelle le Fils de l’homme vous donnera, car c’est lui que le Père, Dieu, a scellé » ; quelle fut leur réponse ? « Que ferons-nous, pour faire les oeuvres de Dieu ? » (Jean 6:27-28). Le coeur couvert du voile, accepte facilement la pensée de « travailler », mais il se refuse à la pensée de Dieu « qui donne » ; il se mettra à l’oeuvre honnêtement, anxieusement, « cherchant à établir sa propre justice », mais il refuse de « se soumettre à la justice de Dieu ». Se soumettre ainsi, c’est reconnaître la grâce de Dieu — et c’est reconnaître que Dieu peut donner librement, pour l’amour de lui-même, ce que l’homme jamais ne saurait acquérir, ni réclamer de Dieu comme son droit. Il faut que le voile soit ôté de dessus le coeur, pour que celui-ci discerne ces choses. Le voile tombe à la fois et du coeur d’Israël et de la face de Moïse. Néanmoins, « quand le coeur d’Israël se tournera vers le Seigneur, le voile sera ôté » (2 Cor. 3:16). Il n’y a qu’un seul pouvoir par lequel le coeur méchant d’Israël puisse être converti au Seigneur : les miracles ont été inefficaces sous ce rapport ; l’histoire nationale d’Israël était miraculeuse depuis son origine, mais ils n’en furent pas moins « une génération perverse et corrompue » ; et quand Jésus, dans son infinie condescendance, les invite à venir à Lui, il faut qu’il ajoute : « Mais je vous ai dit qu’aussi vous m’avez vu, et vous ne croyez pas » (Jean 6:36). Quoique Jésus leur parlât « comme jamais homme n’a parlé », les conducteurs religieux interrompirent avec colère les huissiers qui lui rendaient ce témoignage : « Aucun d’entre les chefs, ou d’entre les pharisiens, a-t-il cru en lui ? » (Jean 7:46-49). Leurs yeux étaient témoins de ses miracles, « mais quoiqu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent pas en lui » (Jean 12:37). Quand le Saint-Esprit descendit du ciel comme témoin de la gloire de ce Jésus qu’ils avaient crucifié — rendant des hommes ignorants et illettrés, capables de parler avec tant de clarté et de hardiesse pour glorifier son exaltation — cette parole est encore rappelée : « Gens de col roide, et incirconcis de coeur et d’oreilles, vous résistez toujours à l’Esprit Saint ; comme vos pères, vous aussi » (Actes 7:51). Qu’aurait-on pu faire de plus pour Israël que Dieu n’ait pas fait : « Ils sont sans excuse », et justement aveuglés jusqu’à ce jour.

Mais quoique le Seigneur ne puisse rien faire de plus pour Israël, il peut, pour l’amour de lui-même, faire l’oeuvre merveilleuse de tourner leurs coeurs vers Lui — et c’est ce qui est arrivé : « Et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs ; je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Et je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau » (Ézéch. 36:25-26). « Ce n’est point à cause de vous que je le fais, dit le Seigneur, l’Éternel : sachez-le. Soyez honteux et soyez confus à cause de vos voies, maison d’Israël » (Vers. 32). « Ce n’est point à cause de vous, maison d’Israël, que je le fais, mais c’est à cause de mon saint nom » (v. 22). « L’Esprit vivifie » — c’est le privilège de Dieu d’avoir la vie en lui-même ; Dieu seul peut communiquer la vie — et là où le Saint-Esprit opère selon son office dans la rédemption, l’oeil est ouvert pour voir, l’oreille est ouverte pour entendre, le voile ôté de dessus le coeur, et le coeur gagné au Seigneur.

N’est-il question ici que d’Israël, et les paroles de Paul ne sont-elles pas adressées aussi à nous et écrites pour notre instruction ? Nous apprenons souvent à connaître le mieux notre propre position, en la voyant reproduite dans celle des autres. Ce n’est certainement pas sans intention que l’apôtre, par le Saint-Esprit, en réfère à la future conversion d’Israël, tout en écrivant à des convertis d’entre les gentils. Les Corinthiens pouvaient facilement penser que le privilège d’une civilisation très avancée serait favorable à la cause de l’Évangile ; mais dès le début, Paul répudie une aide pareille. Son témoignage au milieu d’eux, n’était pas en paroles persuasives de la sagesse humaine, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance, afin que leur foi ne reposât pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu (1 Cor. 2:4-5). Ces sages Grecs avaient tracé la ligne de la civilisation, et comptaient pour barbares ceux qui se trouvaient en dehors : leur sagesse cependant, était compatible avec la plus grossière idolâtrie. En opposition avec les Grecs, nous trouvons le Juif religieux affirmant l’unité de la divinité. Le témoignage de Paul est le même pour tous deux, quoique opposés l’un à l’autre : « pour les Juifs un scandale, une folie pour les Grecs » (1 Cor. 1:23). Le voile était également sur le coeur des uns et sur celui des autres, entièrement impénétrable à cette doctrine ; et l’apôtre ne comptait que sur une seule puissance pour ôter le voile, et pour ouvrir les voies à la réception de son témoignage. Quand Jésus était sur le point de quitter ses disciples, il leur fit cette promesse : « Mais quand le Consolateur sera venu, lequel moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage ; parce que dès le commencement vous êtes avec moi » (Jean 15:26-27). Ce double témoignage est également nécessaire : le témoignage des serviteurs de Dieu, et le témoignage vivifiant de l’Esprit. L’exposition la plus claire, les arguments les plus frappants, ne suffisent pas en dehors du pouvoir vivifiant de l’Esprit ; et comme il est l’Esprit de vérité, quand il a vivifié quelqu’un, il rend témoignage, parce que l’Esprit est la vérité (1 Jean 5:6).

On ne peut pas encore dire que le grand corps des professants soit livré à l’aveuglement par le jugement de Dieu, comme il en est d’Israël, quoiqu’il puisse y avoir des cas individuels dans lesquels Dieu envoie une efficace d’erreur, « pour qu’ils croient au mensonge » (2 Thess. 2:11). Mais au point de vue moral, il y a un voile aussi impénétrable sur les coeurs de la grande masse des chrétiens de nom quant à ce que l’Évangile est réellement, que pour ce qui touche le peuple d’Israël, quant à la venue du Messie. Sans parler du papisme, qui est manifestement antichrétien, quel est l’état du grand nombre des protestants de naissance et de traditions, même de ceux qui lisent le Nouveau Testament, si toutefois il est réellement lu ? On lit au travers de la tradition, d’un milieu qui par lui-même est suffisant pour rendre la parole de Dieu nulle et sans effet. On lit subjectivement, comme on lirait les oeuvres d’un auteur humain, au lieu que cette Parole se présente comme l’autorité et l’exposition de la pensée de Dieu, requérant l’obéissance de la foi. Ou bien encore, on cherche dans les livres saints un récit, des annales, sans avoir le moindre égard aux vérités liées à ces faits, c’est-à-dire aux doctrines de l’Évangile. On peut lire aussi ces Saintes Écritures sans reconnaître en elles, le moins du monde, la Parole vivante adressée à des pécheurs ou à des disciples, aussi directement qu’elle pouvait l’être aux premiers jours de l’Église, lorsque cette Parole sortait de la bouche du Seigneur ou de ses apôtres.

Le christianisme existe ; l’existence d’une église est reconnue ; et ces faits mêmes tendent doublement à garder le voile sur le coeur dans la lecture du Nouveau Testament. De ce que des hommes maintiennent le christianisme tel qu’ils l’ont trouvé, de ce qu’ils s’attachent à l’une ou l’autre de ses formes particulières de culte, on en infère volontiers que ces hommes sont chrétiens : de la connaissance personnelle de Dieu, tel qu’il est révélé en Christ, on ne s’en soucie pas. Les doctrines fondamentales de l’Évangile sont obscurcies ; ou bien, si elles sont exposées, une fiction les annule. La controverse entre protestants et catholiques romains est considérée par les premiers comme tournant plutôt sur l’irrationalisme de la croyance catholique et sur ses rapports avec la politique, que sur les questions les plus vitales de la foi qui sauve, comme cela eut lieu au temps de la réformation. « Jusqu’à ce jour, le voile demeure sur le coeur » du grand corps des protestants dans la lecture des Écritures. Ils bronchent sur le seuil : « À moins qu’un homme ne soit né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». Laissons à une saine critique biblique toute sa valeur, reconnaissons toute la lumière jetée sur les Écritures par les recherches des voyageurs modernes, et recevons avec reconnaissance les secours multipliés qui sont à la disposition de celui qui veut étudier les Écritures ; mais toutes ces choses par elles-mêmes n’ont aucune puissance pour ôter le voile de dessus le coeur. La loi ne pouvait donner la vie, et ces études ne le peuvent pas davantage. C’est l’Esprit qui donne la vie. Et dans ce cas, comme dans nombre d’autres, le Seigneur est au-dessus des hommes, dans les choses mêmes dans lesquelles ils se sont portés orgueilleusement. « Le Seigneur est cet Esprit-là ». Dieu permet à l’homme de déployer toutes ses ressources, afin qu’il montre ainsi la distance qu’il y a de l’homme à Dieu, et combien en ce cas-ci en particulier, lorsqu’il s’agit de donner la vie, la ligne de démarcation est largement tracée. « Je suis la vie », dit Jésus. « Je suis (non pas « je serai ») la résurrection et la vie ». — « Le Fils vivifie qui il veut ». — « Le second Adam est un esprit vivifiant ». — « La vie est la lumière des hommes », et l’âme vivifiée voit Jésus comme le salut de Dieu. Dans l’entretien de notre Seigneur avec Nicodème, le sujet, pour ainsi dire, est l’homme : « Et comme il était à Jérusalem, à la Pâque, pendant la fête, plusieurs crurent en son nom, contemplant les miracles qu’il faisait ; mais Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il connaissait tous les hommes, et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme. Or y il avait un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, qui était un chef des Juifs. Celui-ci vint à lui de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu, car personne ne peut faire les miracles que toi tu fais, si Dieu n’est avec lui. Jésus répondit et lui dit : En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 2:23-25 ; 3:1-3).

Nous trouvons dans Nicodème un homme sincère qui donne aux miracles de Jésus la valeur convenable, reconnaissant qu’ils constataient sa mission de la part de Dieu. Nicodème était un docteur en Israël, l’une des autorités religieuses du jour ; cependant il rencontre ici, dès le début, une déclaration qui l’embarrasse. Le voile était sur son coeur, et ainsi avec l’étrange inconsistance qui se trouve dans l’homme, il hésitait à recevoir une doctrine mise en avant par quelqu’un qu’il reconnaissait pour « un docteur venu de Dieu », parce que cette doctrine confondait son intelligence. Un homme peut reconnaître la mission de Jésus, appuyée qu’elle est par de belles et incontestables preuves ; mais sans le pouvoir vivifiant de l’Esprit Saint, il ne peut pas recevoir la doctrine de Christ. Que la même personne puisse être à la fois docteur et la doctrine, c’est ce que celui-là seul qui est né de nouveau est capable de « voir » et de comprendre


7 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 4

n°34 : ME 1888 p. 376

Les premiers mots de ce chapitre font allusion au chap. 3, où l’apôtre avait établi le contraste entre le ministère de l’Esprit et de la justice, et celui de la mort.

1° Le ministère de l’évangile est un ministère de miséricorde ; il n’exige pas quelque chose de nous, mais il nous apporte la miséricorde de Dieu. 2° C’est le ministère de la gloire de Christ (v. 4). 3° Étant la manifestation de la vérité (v. 2), et plaçant ainsi la conscience des hommes devant Dieu, il est voilé pour ceux qui périssent ; jugement terrible, mais selon la vérité. Cette expression « voilé » fait allusion au v. 18 du chap. 3. La gloire de Dieu n’est pas voilée maintenant ; elle l’était dans l’économie précédente, où personne ne comprenait ce qui était caché sous les types. Maintenant, le voile est ôté.

L’apôtre prêchait le Christ Jésus comme Seigneur (v. 5). L’évangile se présente à nos âmes, de la part de Dieu, comme une demande de soumission à Christ. Cet évangile, qui sortait de la bouche de Paul aussi pur qu’il était entré dans son coeur, quel était-il ? L’évangile de la gloire et de la miséricorde de Dieu.

La manifestation de la gloire de Dieu devant nous, pécheurs, produit nécessairement notre condamnation, en démontrant que nous ne sommes pas ce que cette gloire exige. Quand l’homme est son propre juge, il est content de lui-même ; marchant dans les ténèbres, il ne voit pas son état ; quand la lumière de la gloire de Dieu apparaît, elle le remplit de trouble en lui montrant qu’il est condamné. Mais la manifestation de la gloire de Dieu dans la face de Jésus-Christ, devient pour l’homme pécheur un ministère de miséricorde.

Alors que Christ était ici-bas, il y avait une pleine manifestation de la miséricorde. La première fois que Dieu rencontre l’homme, c’est dans le jardin d’Éden, après la chute. La seconde fois qu’il lui parle directement, c’est sur la montagne de Sinaï en donnant la loi. La troisième fois, c’est quand Dieu est manifesté en chair. La quatrième fois, ce sera quand le Seigneur reviendra. — La première fois, l’homme était déjà déchu ; il avait désobéi à Dieu, obéi à Satan ; il se trouvait nu et misérable, corrompu et souillé. L’effet du péché est de manifester le péché malgré lui. L’homme est de nature nu, convaincu de péché, et ne peut supporter la présence de Dieu. Il fait tout pour se distraire, s’étourdir, et chasser la pensée de cette présence qui troublerait toutes ses fausses joies. La seconde fois, sur la montagne de Sinaï, Dieu apparaît dans une majesté qui remplit l’homme de terreur. Plus Dieu se manifeste, plus l’homme est obligé de reconnaître l’impossibilité de se tenir devant lui. La loi exige ce que l’homme ne peut pas accomplir ; elle met en lumière le péché et la condamnation. Avant la loi, l’homme est déjà désobéissant et perdu ; la loi est donnée pour le démontrer. Elle n’est pas un ministère de salut ; exiger l’obéissance n’est pas offrir un moyen d’être sauvé. Dieu a donné la loi pour produire la connaissance et la conviction du péché, et afin que l’offense (non le péché) abondât. Si Dieu avait donné la loi afin que l’homme fût sauvé par elle, il aurait dû la donner praticable ; mais, sous la loi, Dieu a rencontré l’homme pour le convaincre de péché par la manifestation du péché qui est en lui.

La méchanceté de l’homme étant ainsi prouvée, Dieu rencontre l’homme une troisième fois ; il vient lui-même comme homme dans la personne de Jésus-Christ. Il vient selon un tout autre principe, principe de miséricorde envers l’homme, dans l’état où il se trouve. Ce n’est que pour l’homme qui se sent sans ressource et renié devant Dieu, que cette miséricorde acquiert son efficacité. Mais cette venue de Christ n’est pas encore la plénitude de la gloire de Dieu. Cette gloire était cachée sous l’humiliation de Jésus, afin que la miséricorde fût palpable, accessible, que Dieu pût déployer sa débonnaireté, sa patience, qu’il pût être le serviteur de tous. Ce Dieu, juge des vivants et des morts, vient converser avec les pécheurs et s’abaisse en miséricorde au-dessous du dernier d’entre eux. C’est ce qui ouvre le coeur à la confession de ses péchés. Touché par la miséricorde, il ose confesser son état, parce qu’il sait qu’il ne sera pas condamné. Dieu s’est anéanti, humilié, et s’est présenté à l’homme ruiné et perdu, pour lui faire comprendre que la miséricorde descend jusqu’à lui, et que sa présence est le seul refuge de l’homme pécheur.

C’est là la plénitude de la miséricorde, l’évangile de l’humiliation de Christ, non celui de la gloire. L’évangile de la gloire de Dieu dans la personne de Jésus-Christ était, plus particulièrement, celui que Paul avait à présenter. Les autres apôtres avaient été témoins oculaires de l’humiliation de Jésus, et l’avaient accompagné dans cette humiliation. Paul n’a connu Jésus que dans la gloire ; il est l’apôtre de cette gloire de Christ, qui avait été le moyen de sa conversion. Et pourquoi l’avait-elle converti ? La présence de Christ dans la gloire était la preuve que les péchés de Paul étaient complètement effacés. Le Seigneur n’aurait pu sortir du tombeau, si les péchés de tous les croyants n’avaient pas été entièrement ôtés. Telle est l’importance de la gloire de Christ. Je le répète : la gloire de Dieu dans la face de Jésus-Christ, est l’évidence que tous les péchés que Christ a portés sont effacés. Elle est la preuve de notre justification actuelle. Si la gloire de Dieu m’est révélée maintenant, c’est le gage de mon entier pardon et de la miséricorde de Dieu. C’est pourquoi Paul a pu prêcher immédiatement la gloire de Christ dans la synagogue de Damas. Il pouvait en parler, lui, le premier des pécheurs, auquel la grâce de Dieu ouvrait la bouche, parce que, devant cette gloire, il avait appris qu’il était sauvé. Le fait que Christ dans la gloire parlait à Paul, était la preuve d’une oeuvre accomplie qui place le pécheur, non pas devant la justice de Dieu en jugement, mais devant sa grâce. Dieu ne dit pas : « Qu’as-tu fait ? » mais : « Voici ce que j’ai fait pour toi. « C’est là ce qui affranchit pleinement l’âme. Un pécheur trouve paix et consolation dans le fait que Christ s’est anéanti pour lui, mais Christ vu dans la gloire, donne toute assurance, toute garantie que tout est accompli. Si Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine. Nous trouvons dans la gloire de Christ une grande hardiesse de parler. Voilà pourquoi Paul dit que, si l’évangile est encore voilé, il l’est en ceux qui périssent.

Quand la gloire de Dieu que les hommes ont méprisée, se manifestera aux derniers jours, les hommes n’y verront plus la miséricorde. Ce sera le moment où ils diront aux montagnes et aux rochers : Couvrez-nous ; mais ils ne pourront éviter de la voir.

Le ministère de Paul est joyeux, parce qu’il est le ministère de la miséricorde ; celle-ci le remplit de confiance dans les difficultés. Les souffrances, comme les plaisirs, ne sont que pour un moment ; la gloire qui nous est proposée est éternelle. Nous y puisons la force pour nous détourner du monde et pour nous empêcher de nous laisser envahir par les affections d’ici-bas.


8 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 5 : CHRIST, notre Vie

n°246 : ME 1935 p. 44

Nous trouvons ici un principe qui peut s’appliquer à toutes les circonstances. Sans doute, il a été réalisé d’une manière toute particulière dans le cas de l’apôtre Paul en qui l’Esprit a déployé une puissance remarquable, mais c’est le même Esprit qui agit aussi en nous.

Dans ce chapitre, l’apôtre montre d’une manière frappante comment il pouvait réussir à être agréable au Seigneur (v. 9). Il a dit plus haut (1:8) qu’il ne voulait pas que nous ignorions qu’il avait été excessivement chargé, même au delà de ce qu’il pouvait supporter, mais il avait en lui-même la sentence de mort (1:9). Que pouvait la mort contre celui qui se tenait pour mort, dans la réalisation de son union avec Christ et de la puissance de la plénitude de la vie de Christ ? Mais comment donc pouvait-il dire : « Car notre légère tribulation d’un moment opère, pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire… » ? Parce que, le voile étant déchiré, le vase renfermant le trésor (4:7) étant comme brisé, l’apôtre contemple Christ qui a déjà passé par la mort et qui est sa vie, de sorte que la mort ne peut plus l’atteindre. Le secret de sa force était en ce qu’il portait partout dans le corps la mort de Jésus (4:7-10). Il réalisait toujours que le Seigneur était mort quant à ce monde, et il pouvait dire : Voilà où j’en suis (1:9). Alors la vie de Jésus se déployait en lui et la mort ne pouvait rien sur lui.

Nous allons voir maintenant ce qui soutenait Paul dans cette épreuve, car il faut, en effet, que le coeur soit soutenu. Nous lisons, au chapitre 5, verset 1 : « Car nous savons que, si notre maison terrestre qui n’est qu’une tente est détruite, nous avons un édifice de la part de Dieu, une maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux ». Quelle confiance doit nous donner ce passage ! Dieu nous a donné la vie éternelle, elle est bien en nous, mais cette vie est dans son Fils (1 Jean 5:11) et n’est pas dépendante de nous. Non seulement la mort ne peut m’atteindre, mais j’ai, dans les cieux, une maison glorieuse de la part de Dieu. Si je réalise que ma part assurée est la gloire de Dieu dans la personne de Christ, que me peut la mort ? Ainsi Étienne lapidé ne voyait que Jésus à la droite de Dieu.

Cependant, au verset 4, Paul déclare qu’il gémissait. Qu’est-ce qui le faisait gémir ? Pour nous, c’est souvent parce qu’étant dans quelque mesure mêlés au monde, notre vanité souffre de n’être pas satisfaite. Imitant son Maître, Paul ne gémissait pas parce qu’il désirait quoi que ce fût du monde, mais parce qu’il était sur la terre sachant ce qu’est le ciel. Il avait vu la gloire céleste, une gloire qu’il savait être la sienne par Christ et il se trouvait extrêmement chargé dans sa tente terrestre. En est-il ainsi de nous-mêmes ? Est-ce parce que j’ai la vie dans mon âme et que je connais la gloire qui s’y rattache que je gémis dans ce monde ?

Quand on gémit comme c’est souvent le cas, dans le désir d’être délivré des peines, des soucis, ou à cause des convoitises, ce n’est pas gémir comme Christ ou comme Paul. L’apôtre ne désirait pas du tout être dépouillé, mais bien être revêtu (v. 4). Les misères, il les sentait, sans doute, mais ce n’était pas le désir d’en être déchargé qui le faisait gémir, comme si son coeur avait été las. La connaissance de la gloire plus excellente lui rendait sensible l’état de la créature et produisait le désir que la puissance de vie qu’il possédait en Jésus absorbât ce qui était mortel en lui. Il ne sentait pas le besoin d’être déchargé de ce corps, car il savait qu’il y avait en Christ assez de puissance pour le transformer et effacer en lui toute trace de ce qui est mortel. C’est la vie au milieu de la mort, une vie assez puissante en Christ pour vivre de ses propres ressources au dessus des circonstances, selon ce que dit Paul ailleurs : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Galates 2:20). Si l’apôtre sentait quel était le fardeau de ce corps, c’est parce qu’il sentait Christ vivre en lui.

On pourrait objecter : comment pouvez-vous parler d’une telle gloire ? La réponse est au verset 5 : « Or celui qui nous a formés à cela même, c’est Dieu ». Il nous a formés : nous avons ce privilège comme Paul lui-même, et c’est un principe pour toute la vie chrétienne. Sans doute, Paul a été appelé à une oeuvre particulière et nous lui sommes bien inférieurs en travail et en dévouement pour Christ, mais, comme lui, nous avons besoin de la force de Dieu pour surmonter les difficultés et les tentations qui nous assaillent chaque jour. Quelque faible chrétien que vous soyez, vous pouvez dire que, pour vous aussi, « ce qui est mortel sera absorbé par la vie », parce que « celui qui nous a formés à cela même, c’est Dieu ». Tout croyant a Christ pour sa vie, et, en lui, une puissance qui est victorieuse de la mort. Possédant Christ, Paul ne tenait pas compte de la mort, même dans les circonstances où il désespérait de vivre. Ainsi, l’épreuve de la puissance de Christ a été faite en lui.

En Romains 1:4, nous lisons que Jésus a été « déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts ». C’était le témoignage public d’une puissance qui annulait la mort. Et, comme le montre l’expression « selon l’Esprit de sainteté », la même puissance qui s’est manifestée dans la résurrection de Jésus avait agi dans tous les moments de sa vie et lui avait fait surmonter toutes les tentations : et c’est là un précieux sujet de méditation pour l’âme spirituelle.

Pour la transmutation le principe est le même que pour la résurrection : la puissance de la vie absorbe ce qui est mortel, et c’est cette puissance qui peut déjà nous élever au dessus de toutes les circonstances. Si, comme Paul, je dois passer par la mort, eh bien ! cela ne m’ôte rien : je sais la position glorieuse de Christ en suite de sa résurrection en puissance, j’ai la vie de Christ que la mort ne peut toucher, et si je suis absent du corps, je serai présent avec le Seigneur (v. 8).

Pouvons-nous, comme Paul, dire que nous savons que si notre maison terrestre est détruite nous avons dans le ciel un édifice éternel ? et aussi que nous avons toujours confiance ? (v. 6). Cette confiance est fondée sur Dieu, dont la puissance s’est déployée en Christ pour nous donner la vie et la gloire. Nous devons, comme Paul, nous tenir pour morts quant au corps, car il est bien mort, à cause du péché (Romains 8:10) ; mais aussi, quelles que soient les difficultés, nous pouvons avoir confiance. Le croyant est sûr que si on le tue, on ne tue en lui que ce qui est mortel.

Nous sommes dans des circonstances bien moins pénibles que l’apôtre, mais elles sont peut-être plus dangereuses et plus subtiles, parce que ce n’est pas toujours pour Christ que nous y sommes, et alors elles risquent de ruiner nos âmes en nous détachant pratiquement du Seigneur. Quoiqu’il en soit, nous avons en Jésus une puissance qui peut nous faire triompher de tout : un chrétien est quelqu’un qui a en Christ tout ce qu’il faut pour être vainqueur. Si vous vous sentez distraits par le bruit ou par les événements de ce monde, envahis par son influence, amorcés par ses convoitises, pensez qu’il y a en Jésus assez de puissance pour vous arracher à tout cela, car votre vie c’est Christ. Cela n’est pas seulement une doctrine : la seule connaissance d’une doctrine ne donnerait pas la force de passer par où Paul a passé, mais avec la doctrine il faut la foi. Il faut avoir un Christ vivant, et réaliser que, Christ étant notre vie, tout le reste n’est rien. Au chapitre 4, verset 11, l’apôtre dit : « Nous sommes toujours livrés à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle ». C’est là ce qui glorifie le Seigneur.

Que Dieu nous accorde de le glorifier de la sorte !


9 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 5 : Notre Position devant Dieu

n°277 (ex 272) : ME 1965 p. 157

La vie chrétienne normale est marquée par deux caractères essentiels : l’énergie, produite par le but que le croyant a en vue (Phil. 4:13, 14) ; ensuite la paix, qui découle pour lui de l’intelligence de sa position devant Dieu et de sa relation avec Lui. Tant qu’une âme n’a pas la vie éternelle, son affaire est de chercher le salut, mais le vrai christianisme seul réunit en celui qui le réalise l’énergie dans la marche et la paix parfaite.

Un tel état ne peut être connu tant que le croyant conserve en lui-même un esprit légal et qu’il n’a pas conscience qu’il est devant Dieu comme Christ lui-même. Dieu nous a amenés dans sa présence, non en vertu de ce que nous sommes, mais en vertu de l’oeuvre de Christ. La paix que je possède dépend de cette oeuvre ; tant que l’âme n’a pas saisi par la foi cette position, la vraie pensée de Dieu demeure inintelligible pour elle ; il faut alors qu’un travail de Dieu s’accomplisse. Jusque là l’état de cette âme dépend de ses expériences et, aussi longtemps que je dépends de ce que je suis, je demeure sous la loi. Il faut que je sois dépouillé, que je perde toute confiance en la chair et que j’apprenne que je dépends de ce que Dieu est. J’arrive à connaître alors que Dieu est amour, qu’Il ne change pas ; j’ai la conscience d’être en sa présence en vertu seulement de l’oeuvre parfaite de Christ. Il ne saurait venir à un enfant l’idée que sa relation avec son père puisse changer, quand bien même il serait un méchant enfant : ainsi en est-il des enfants de Dieu, dont la Parole nous présente la relation avec leur Père comme si parfaitement établie qu’il ne saurait être question qu’elle puisse être altérée.

L’espérance me fait gémir (v. 2), non parce que je suis incertain de posséder la gloire, mais parce que je ne la possède pas encore : voilà pourquoi « nous gémissons » (v. 2 et 4). « Nous avons ce trésor dans des vases de terre » (4:7), et nous avons en même temps conscience d’être sous les effets d’une puissance qui suffit pour nous placer dans la gloire. Nous sommes pour ainsi dire entravés quant à la gloire, comme un homme capable d’accomplir une chose et qui en serait empêché à cause de ses liens. Nous gémissons, désirant et attendant une délivrance complète. Nous avons la vie, sans doute, mais cette vie est en Christ ; tout pour nous est en Christ : « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils » (1 Jean 5:11). Ainsi, de toute la bénédiction qui est en Jésus, de toute la beauté, de toute la puissance de cette vie, de tout cela je puis dire : Voilà ma vie. Il est de toute nécessité que je regarde à Christ, non seulement quant à ma justice, mais aussi quant à ma vie. Je vois la perfection en Jésus, et si je dis : je ne suis pas cela, alors je reste sous la loi. Mais si je comprends ce qu’est Christ pour moi, alors je dis : Il est ma vie, toute la puissance de cette vie est en moi, comme dit Paul : « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (Phil. 4:13), non parce qu’il n’avait pas de tentations, au contraire, il n’avait que cela, mais Christ remportait la victoire sur tous les ennemis qui se présentaient. En lui se trouvait la vie, et tout, autour de lui, s’opposait à cette vie : ses amis, ses proches, ses ennemis ; la vie a dû surmonter tous les obstacles et toutes les tentations. Si l’on m’ôte la vie de ce corps, pouvait dire Paul, on ne m’ôte que ce qui est mortel. Il pouvait se dire victorieux sur la mort, bien qu’il ait dû passer par la mort. Si le Seigneur était venu pendant que Paul était sur la terre, il n’eût pas été nécessaire que l’apôtre mourût. C’est ce qu’il dit ici (v. 4) : Je n’ai pas besoin de mourir, je ne désire pas être dépouillé, la vie que j’ai a une puissance suffisante pour détruire ce qui est mortel en moi sans que je meure. Il y a une telle puissance dans la vie de Jésus (que nous possédons) que ce qui est mortel en nous peut être absorbé par elle. En Romains 1:4, il est écrit que Jésus a été « déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon l’Esprit de sainteté, par la résurrection des morts » : voilà notre vie, il est possible qu’elle soit manifestée par la résurrection, mais il est possible aussi que ce soit par la transmutation. Connaissant donc cette puissance de vie, nous devons avoir de l’énergie pour nous attacher à Christ et le suivre.

L’évangile nous place dans la présence de Dieu tels qu’Il désire que nous soyons, c’est-à-dire parfaits selon Dieu et dans une paix sans nuage. Nous sommes amenés devant Dieu parce que nous sommes parfaits, autrement nous n’y serions jamais ; on ne peut se tenir là si ce n’est sans péché. Si l’on est sous la loi, on espère pouvoir se tenir dans la présence de Dieu, mais il est impossible de paraître devant Dieu autrement que ou parfait ou condamné. L’homme qui est encore dans ses péchés a peur de cette présence, comme Adam qui se cachait. Caïn, lui, espérait pouvoir la supporter, mais il en est chassé tout de suite. Eh bien ! Christ a fait par lui-même la purification de nos péchés, et Il l’a faite une fois pour toutes, car seul Il pouvait s’offrir à Dieu en sacrifice. Dans quel état êtes-vous devant Dieu ? Êtes-vous encore dans vos péchés ? Alors il vous faut crier à Dieu comme le publicain (Luc 18:13). Christ est mort, Dieu voit le sang qui a lavé le croyant, et ce dernier est en paix en sa présence (Héb. 9:12). Tant que l’oeuvre ne fut pas accomplie, il fallait que le souverain sacrificateur en Israël recommençât chaque année son office (Héb. 10), mais maintenant Christ a fait l’expiation une fois pour toutes, et le croyant a par Lui une assurance parfaite devant Dieu.

Dans notre chapitre nous lisons maintenant au verset 10 : « Car il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ ». Certainement il doit en être ainsi, mais quel est l’effet de cette vérité ? C’est de faire connaître combien le Seigneur doit être craint (v. 11). Par la foi, Paul réalisait ce tribunal, il avait conscience qu’il s’y trouverait juste, sans péché. Christ ayant glorifié Dieu sur la terre, Dieu l’a glorifié dans le ciel, et c’est là que nous sommes, non encore quant à nos corps, mais quant à nos âmes par la foi. Nous y sommes parce que Christ est notre justice et que nous sommes un avec Lui. L’effet pratique de cette vérité est la crainte du Seigneur.

L’apôtre ajoute : « Nous persuadons les hommes » (v. 11). Il était tellement en paix devant ce tribunal en la présence de Dieu, sa position était pour lui si claire et si bien fondée sur Christ, que, quand il parle du tribunal, sa crainte n’a pour objet que les autres, et il s’applique à les solliciter de croire.

Comment arriverons-nous, de fait, devant le tribunal du Christ ? Le Seigneur a dit : « Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi » (Jean 14:3). Quand nous y arriverons, nous serons déjà glorifiés ; nous ne pourrons paraître devant le tribunal du Christ autrement que dans la gloire, puisque cela aura lieu à sa venue pour nous prendre avec Lui. Alors quand, par la foi, je vois d’avance ce que je serai là en vertu de l’oeuvre de Christ, je sollicite les hommes de venir à Jésus. Présentement, la grâce règne par la justice (Rom. 5:21) : c’est la grâce qui donne la justice : « où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5:20). Le croyant sera devant le tribunal du Christ revêtu de la justice de Christ. « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5:21).

Il y a maintenant un autre point important : il s’agit de juger tout ce qui n’est pas selon Dieu, tout ce qui n’est pas selon la lumière. Pour cela il faut d’abord connaître Dieu, évidemment. Pour marcher d’une manière digne du Seigneur, il faut connaître le Seigneur. Je sais bien que Dieu est saint, mais pour juger si une chose est selon sa sainteté, il faut que je sois dans la lumière. Je suis manifesté à Dieu par la justice, et je demeure dans sa lumière, voilà l’effet pratique (v. 11). Paul ajoute : « Et j’espère aussi que nous avons été manifestés dans vos consciences ». Quelle différence entre le judaïsme et le christianisme ! Dans le judaïsme, l’âme n’était jamais dans la présence de Dieu, et les sacrifices annuels rappelaient que le péché était toujours là (Héb. 10:3). Maintenant le sang est porté au-dedans du voile et il est un mémorial de justice (Héb. 9:12). La foi saisit cela, et l’effet de notre manifestation à Dieu, c’est l’amour des âmes, et ensuite la vigilance quant à notre conduite. Il faut que nous prenions, pour ainsi dire, les habitudes et les manières d’être du ciel pour les présenter dans ce monde.

Si l’Israélite était amené devant Dieu, il mourait (Ex. 33:20). Mais quant à nous, nous pouvons réaliser que « contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18). Alors l’effet de cette présence est de juger tout ce qui ne convient pas à cette clarté et à l’amour de Dieu. Car je peux dire alors : Dieu m’a aimé, comment ferais-je telle chose indigne de Lui ? Voudrais-je me souiller avec les choses de ce monde quand j’ai conscience que je suis dans le ciel avec Christ ?

Si je réalise une telle position, j’ai la mesure de ce que je dois faire, par la foi qui est la démonstration de ce qui ne se voit pas. Si le mal se présente devant moi, je puis dire : cela est d’ici-bas, ce n’est pas mon affaire. Quelle grâce et quel privilège ! Si je connais l’amour parfait de Dieu et ma relation avec Lui, n’aurai-je pas soin de préserver mon vêtement de souillure ? Quel monde que celui où nous sommes ! Quelle misère n’offre-t-il pas dans ses grandeurs comme dans ses bassesses ! Et nous nous laissons, hélas ! détourner par de telles choses de la jouissance de ce qui est dans le ciel !

Il faut que nous ayons conscience de la position dans laquelle Christ nous a placés ; le coeur alors s’épanouit dans sa présence en le contemplant à face découverte et en jouissant de son amour qui a tout fait pour nous.


10 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 12 : Position Chrétienne et État Pratique

n°265 (ex 262) : ME 1958 p. 44

Paul était cet homme, « un tel homme », qui avait été ravi au troisième ciel ; mais il se glorifiait et disait se glorifier dans ses infirmités. Elles étaient un contre-poids à la grandeur des révélations qui lui avaient été faites. Il se glorifie d’un « tel homme ». Se glorifier pleinement de ce que nous sommes en Christ est la vraie position chrétienne.

Mais ce qu’est la chair est manifesté aussi dans ce chapitre, où se montre quel contraste peut présenter l’état des chrétiens. On y trouve en effet le chrétien au plus haut degré de son élévation spirituelle, l’homme en Christ, et, à la fin du chapitre, le chrétien marchant selon la chair, et même endurci en quelque mesure. Il est étonnant de voir à quel point nous pouvons aller, car c’est au milieu des chrétiens que se passaient des choses aussi affligeantes.

Il importe de ne pas nous tromper là-dessus. Le christianisme assurément a purifié les moeurs, influé sur la moralité qu’imposent, en dehors de lui, les relations nées de la création ; que l’on soit bon mari, bon père, etc., cela est en rapport avec la position dans laquelle l’homme se trouve placé en tant que créature. Si Dieu est intervenu et a introduit par le christianisme un principe nouveau qui nous place au-dessus de la création, un effet de cette puissance de Dieu agissant dans les siens a été de donner aux relations naturelles plus de force qu’auparavant. Dans toute la sphère où s’exerce l’influence chrétienne, qui manque à ces relations est tenu pour criminel ; le Seigneur met sa sanction de la manière la plus formelle sur elles. Malheur à qui ne se range pas à ce que Dieu a établi. Mais le christianisme est autre chose, Paul se trouve sur un tout autre terrain, celui d’une autre nature. La vieille nature peut changer d’aspect, elle ne change pas en son fond. Les païens avaient pour dieux des démons qui excitaient les hommes à satisfaire leurs convoitises, et les convertis avaient d’autant plus de peine à remporter la victoire sur des habitudes corrompues. On pourrait s’étonner que, parlant à des chrétiens, l’apôtre ait pu dire aux Éphésiens (Éph. 4) : « Que celui qui dérobait ne dérobe plus, etc. », mais c’est qu’ils y étaient habitués, même enseignés ; il n’y avait chez ces païens aucune relation quelconque avec un Dieu connu dans la conscience. Aujourd’hui, ce serait plutôt l’opposé : du fait de la longue influence chrétienne, un homme peut être ce qu’on appelle un honnête homme sans être converti, et sans avoir aucunement l’idée de ce qui tient au premier Adam. L’homme se trompe ainsi sur son véritable état, mais il n’y a pas chez lui la puissance. Le christianisme introduit une toute nouvelle relation avec Dieu lui-même, en Christ. Le fait d’être fidèle à son mari, à sa femme, quelque bon qu’il soit en lui-même, n’a rien à faire avec cette relation, ce n’est pas être en Christ. Rechercher seulement une moralité extérieure ne serait, au mieux, que rétablir l’ordre de la première création. Il ne faut pas confondre cela avec la relation dans laquelle se trouve placée une âme vivifiée de cette nouvelle vie qui appartient à Christ et nous introduit dans une position où aucune des relations d’ici-bas ne subsistera, dans la gloire.

Il est remarquable de voir la manière dont l’apôtre saisit le côté où l’âme est en relation avec Dieu pour la tirer de son mauvais état. Son seul but est de faire sortir de cet état les Corinthiens auxquels il s’adressait. Il dit tout le bien possible des chrétiens les plus méchants, pour les amener à se conduire d’une manière digne de cette relation dans laquelle Dieu les a placés. Il y avait parmi eux des choses telles qu’on n’en faisait pas de pareilles chez les païens, car les chrétiens tombent plus bas que le monde quand les vrais motifs chrétiens viennent à manquer : ils n’en ont pas d’autres, et Satan se joue d’eux. L’apôtre doit leur dire : Je viendrai avec la verge s’il n’y a pas de repentance, — mais il les avertit. Il a ses raisons pour agir ainsi : il le peut parce qu’il parle à des chrétiens. Jamais il ne parle à des convertis comme s’ils étaient inconvertis ; ce sont deux états incompatibles. Mais il écrit aux Corinthiens comme à des chrétiens charnels. Ce ne sont pas des hommes naturels. L’homme qui a l’Esprit peut être dans un état charnel, et il en était ainsi d’eux, mais ils étaient des chrétiens, la preuve en est donnée par celui qui a été ramené. Le chrétien inconséquent tombe dans le mal, mais le pécheur inconverti, même s’il observe les relations naturelles, n’a pas la vie de Christ. Être conséquent avec la vieille création ne dit pas que j’aie la nouvelle, et avoir la nouvelle n’empêche pas que je puisse être dans un état charnel si je ne suis pas vigilant. Dieu aura peut-être à châtier, jusqu’à ôter la vie terrestre, cela arrive même en nos temps. Voilà où le chrétien peut tomber. Nous ne sommes pas dans la chair, mais la chair est bien en nous. Seulement le chrétien inconséquent rencontre plus de barrières que l’inconverti, et il doit s’endurcir alors que le pécheur n’a pas besoin de s’endurcir. L’homme du monde recherche le plaisir et l’avoue, le chrétien ne peut l’avouer, et son état est plus triste que celui de l’homme du monde. Tel est l’affligeant côté des choses que l’on peut voir chez des chrétiens. « Voulez-vous que je vienne vers vous avec la verge ? »

Mais voici l’autre côté, celui de la grâce. Le chrétien peut se trouver au troisième ciel, dans un état tel que Paul ne pouvait même en rendre compte. Il est vrai qu’il n’y a aujourd’hui ni vision ni révélation, mais Paul nous fait comprendre la relation qui rendait possible qu’il fût là : c’est celle d’un « homme en Christ ».

On trouve cela même dans les choses ordinaires. Comment est-il possible que des pécheurs deviennent des instruments pour la conversion d’autres pécheurs, ou pour l’édification des chrétiens ? « Il a emmené captive la captivité et reçu des dons dans l’homme » et pour les hommes. Christ descendu, selon l’amour de Dieu, dans les parties inférieures de la terre, est remonté où est Dieu. Ceux qui étaient les esclaves de Satan ont été délivrés de sa puissance et sont en Christ, d’une manière si absolue, en vertu d’une délivrance si parfaite qu’ils peuvent être employés pour délivrer les autres.

Ce n’est pas que les dispositions du coeur naturel soient changées. Les Israélites dans le désert pensaient aux oignons de l’Égypte et murmuraient contre Moïse, de sorte que Dieu devait descendre en jugement. Au fond de toutes leurs méchancetés, il y avait l’oubli de la délivrance de l’Égypte, et la méconnaissance de la promesse de Canaan. Ils n’en étaient pas moins délivrés, ils n’étaient plus en Égypte, c’est en Canaan et non en Égypte que les combats les attendaient. Vis-à-vis de l’Égypte la délivrance était complète, Israël n’appartenait plus, à aucun degré, à Pharaon, mais à Dieu. Ils pouvaient, hélas, murmurer contre Lui, mais ils étaient à Lui. Moïse disait que c’était un peuple de cou roide, et il avait raison, mais Balaam est forcé de déclarer : « Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob ni d’injustice en Israël ». Dieu les avait délivrés, c’était son travail propre, — et ce n’est là que la figure de la rédemption éternelle que Christ a obtenu pour nous. Balaam prophétisait au moment où le peuple allait se détourner après Baal-Péor et où un homme allait pécher outrageusement sous les yeux des sacrificateurs : Dieu intervient en gouvernement, et vingt-quatre mille hommes sont retranchés en un jour ; mais Il ne permet pas qu’on accuse son peuple. Il s’occupe de lui, mais dès que l’ennemi apprête ses accusations, se dresse comme juge et veut mettre le mal en évidence de façon à faire maudire le peuple, l’Éternel dit qu’Il ne voit pas de mal. Ainsi encore lorsque Joshua est devant l’Ange de l’Éternel et que Satan se tient là pour l’accuser. Joshua n’a rien à dire pour lui-même. C’est un tison retiré du feu : Satan le remettrait-il dans le feu ? C’est Dieu qui justifie, et Lui sait ce qu’il faut pour nous justifier.

Nos pensées sont toujours bien imparfaites. N’espérez pas avoir, avant d’être au ciel, des pensées convenables relativement à la croix de Christ. Mais Dieu sait la valeur du sang de Christ. Et c’est Dieu qui me juge ; je ne me juge pas moi-même. C’est ce qui fait la sécurité du chrétien. Dieu dit : « Je verrai le sang, et je passerai par-dessus ». Il faudrait que Dieu méprisât le sang de son Fils pour voir le péché qu’il couvre, et cela ne se peut. Le sang abrite du jugement celui qui est placé sous l’aspersion de ce sang ; le Dieu de jugement ne pouvait entrer dans la maison marquée du sang de l’agneau pascal. Les Israélites sortent d’Égypte selon l’efficace de ce sang, ils sont délivrés ensuite à la mer Rouge, et désormais le peuple est à Dieu. Ainsi Christ, ayant accompli l’oeuvre de la rédemption, monte en haut avec son propre sang, et envoie le Saint Esprit. Les entreprises de Satan contre l’armée de l’Éternel sont vaines. « Jéhovah mon enseigne », peut dire Moïse. C’est une pauvre armée peut-être, et qui peut être battue, quand il y a au milieu d’elle Acan avec son manteau de prix et son lingot d’or ; mais l’Éternel la revendique comme sienne. Il en est ainsi de l’« homme en Christ ».

Il y a bien des degrés différents dans la réalisation, mais quant à la position tout chrétien est un homme en Christ. Il n’est pas un homme en Adam. Il n’est pas dans la chair. Si nous saisissons que nous sommes réellement en Christ nous comprenons que l’apôtre puisse écrire : « Je me glorifierai d’un tel homme ». Il ne peut en être autrement. C’est aussi ce qui lui faisait dire devant Agrippa : « Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous devinssiez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens ». Non pas qu’il eût bonne opinion de lui-même : « Je ne suis pas parvenu à la perfection, je n’ai pas atteint le but », dit-il ailleurs. Mais c’est un homme en Christ qui parle, pardonné, mis à part, jouissant de la paix de Dieu, comprenant l’amour du Père. Il pouvait bien souhaiter à tous d’être tels qu’il était : et quand vous pouvez souhaiter que tout le monde soit tel que vous, vous pouvez bien vous glorifier de ce que vous êtes. Si cela est manquer d’humilité, Paul n’était pas humble. Avec l’ange de Satan Dieu a voulu humilier la chair, et non pas empêcher l’homme en Christ de se glorifier. Comme homme il était en Christ, et il ne savait pas si c’était Paul comme homme qui avait été dans le ciel. C’est le mélange de l’état de mon coeur avec ma position en Christ qui n’est pas humble. Penser à votre propre état et estimer que vous pouvez en être satisfait, c’est de l’orgueil. Vous direz peut-être : C’est un degré dans mes progrès spirituels ; — mais alors vous ne faites pas dépendre votre paix du sang de Christ. Tandis que si je parle d’un homme en Christ, il s’agit d’une position qui devant Dieu est complètement et définitivement établie. Y a-t-il des progrès en Christ ? Non assurément. On confond les progrès dans la réalisation, dans la jouissance, avec la position que Dieu a donnée. Vous ne pouvez avoir la conscience de ce que Dieu vous a fait être en Christ et ne pas vous glorifier d’être en Christ, même si vous vous trouvez au milieu des affaires de la vie.

Je suis mort et ressuscité avec Christ, il n’y a plus maintenant de condamnation pour moi, je suis aimé comme Christ est aimé. Si je fais mal, l’Esprit de Dieu agit en se servant pour ainsi dire de ma position pour l’appliquer à ma conscience, et non à mon coeur. Il me reprend. Mais Il ne dit pas : Tu n’es pas dans la position. Il remplit mon coeur de cette position au lieu de le remplir du sentiment d’avoir mal fait. Il emploie la position pour me faire sortir du mal. L’état normal, heureux, du chrétien, est de ne pas avoir besoin de penser à lui-même. « Dans le corps, hors du corps, je ne sais… ». L’Esprit de Dieu donne la conscience d’être en Christ.

Voilà notre privilège. L’apôtre l’a réalisé d’une manière tout à fait extraordinaire. Mais, dit-il, « je ne me glorifierai pas de moi-même, si ce n’est dans mes infirmités… Et afin que je ne m’enorgueillisse pas à cause de l’extraordinaire des révélations, il m’a été donné une écharde pour la chair… ». La chair est irrémédiablement mauvaise ; cette position en Christ ne change nullement ma mauvaise nature ; quels que soient les habits qui la revêtent le fond en reste le même. Cette vieille nature est entièrement condamnée, Dieu ne la change pas, Il n’agit que pour la mater, la détruire, la mettre à mort. Toutes les fois qu’il y a le moindre mouvement de cette nature chez le chrétien elle se révèle plus mauvaise que jamais : en effet, il a l’Esprit de Dieu en Lui et la chair lutte contre cet Esprit. La chair dit : « Qui a été au troisième ciel ? Personne que toi, glorifie-t-en ! » Dieu n’a nullement l’intention d’ôter à la chair sa méchanceté, ou de l’amender : si elle eût été amendable le Fils de Dieu n’aurait pas été mis à mort. Venu dans le monde il faut qu’Il y meure : c’est la condamnation de la chair. Et maintenant, quand la vie de Dieu est là, il faut que la chair soit tenue pour condamnée, mise à mort. Satan lui-même n’est qu’un instrument entre les mains de Dieu pour me briser. Dieu avait pourvu à ce que Paul ne s’enorgueillisse pas, mais il est des cas où il faut que l’homme soit humilié. Pierre a dû être criblé comme le blé ; ayant trop de confiance en lui-même il en vient à jurer qu’il ne connaît pas le Seigneur. Mais la grâce avait prié pour lui, et elle ne lui a pas manqué. Au lieu d’aller se pendre comme Judas, il pleure. Quand Jésus le restaure Il ne dit pas : Pourquoi m’as-tu renié ? mais : « M’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? » Qu’est devenue ta confiance ? Voilà où elle t’a mené, vas-tu y revenir ? Maintenant que tu as appris que tu ne peux te confier en toi, moi je te confie mes brebis. Dans le cas de Paul, Dieu le prévient, envoie l’ange de Satan pour qu’il ne s’élève pas, et donne à Paul l’intelligence de la chose. Nous pouvons juger le mal dans la communion avec Dieu, et alors nous ne bronchons pas ; sinon il nous faudra découvrir le mal dans ses fruits, au lieu de l’avoir découvert et jugé dans sa racine. Qui a pensé à l’avance à ce que Satan allait faire à l’égard de Job ? C’est Dieu. Satan devient son instrument, c’est Dieu qui l’a lâché, mais Il ne détourne pas sa main de Job jusqu’à ce que le fruit soit produit. Après avoir supporté la perte de ses biens, de ses fils, de sa santé, il aurait dit : J’ai été affable et généreux dans la prospérité, patient dans l’adversité, — et il aurait été plus content de lui que précédemment. Mais quand il en arrive à maudire son jour, Dieu le tient. Il se croyait certain de pouvoir trouver Dieu, mais Dieu voulait briser sa volonté pour faire remonter dans sa conscience ce qui était déjà dans son coeur, savoir le contentement de lui-même. Alors Job prendra sa place sous le sac et la cendre.

Quand Dieu nous a placés en Christ, la puissance de la nouvelle vie se trouve au contact de tout ce qui se trouve dans la chair, afin que la différence éclate et que tout soit jugé. L’éducation que Dieu fait du chrétien est fondée sur notre position en Christ. Non que, dans la pratique, la force et la puissance, pour le chrétien, soient dans le fait d’être au troisième ciel, mais elles découlent du fait d’y avoir été. Y être ne comporterait pas cette dépendance directe, immédiate et constante de Dieu qui convient à une créature, ce ne serait pas ma place comme créature. La force pratique est dans une dépendance continuelle de la force qui est en Christ. Il faut être dépouillé de soi-même pour dire effectivement : Je ne puis rien en dehors de Christ, et pour ne pas désirer faire un seul pas si Lui-même n’agit en nous. L’avantage d’un vieux chrétien sur un jeune est que par expérience il a pu apprendre cela davantage. Moïse tue un Égyptien… et s’enfuit. Il semblait que, tout ayant été dirigé pour qu’il fût devenu fils de la fille du Pharaon, peu importait, pour quelqu’un de ce rang, qu’il eût tué un Égyptien. Mais il a dû être étranger, devenir un pauvre berger, pour apprendre qu’il n’était rien.

Dans la présence de Dieu, quand on se glorifie en Christ on ne pense pas à soi du tout. Dieu a une telle place qu’on pense à cette gloire, à cette grâce, on pense à Dieu, on s’oublie soi-même ; comment être orgueilleux dans une telle présence ? Mais quand on y a été et qu’on n’y est plus, on est en danger. Avoir eu des révélations expose à y penser et non à Dieu, et c’est ainsi que le mal entre. On est en danger de s’élever quand on pense à soi, précisément parce qu’on a joui de Christ. Dieu envoie ce qui est nécessaire pour nous tenir dans l’humilité ou nous ramener. Quand Paul était contraint de prendre conscience de son néant, quand, ayant à prêcher, il trouvait en lui ce qui rendait sa parole méprisable, cela le tenait en échec, mais Dieu voulait qu’il fût tel afin que Sa puissance fût avec lui.

Il n’est pas besoin de force pour jouir des paroles ineffables dans le troisième ciel, mais il en faut pour agir ici-bas, pour être le vase de la grâce pour les autres, et pour cela il faut être anéanti, et que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non de nous. Il veut que nous sentions que c’est sa puissance à chaque instant, et que nous, nous ne pouvons rien. Si je réalise Christ, je suis content en toutes choses. « Quand je suis faible, alors je suis fort », Christ fait l’oeuvre. Qu’Il soit tout, qu’Il fasse tout, je ne désire rien d’autre. Il faut pour cela être humilié, que non seulement l’homme soit en Christ mais que Christ soit dans l’homme, qu’il ait sa place dans l’homme. Rien n’est plus difficile, car il y faut le sentiment de notre entier néant. Il faut introduire Dieu dans un monde qui l’a abandonné, et que Dieu soit manifesté dans ce monde : telle est la mesure de la position chrétienne. Toute la question est que l’individu disparaisse et que Christ soit là.

Réparer l’homme, m’occuper du premier Adam, c’est me priver de ce que j’ai en Christ. Le nouvel homme ne veut que Christ. Toutes choses sont nouvelles. Il ne s’agit plus du premier Adam, mais de l’homme Christ Jésus, l’homme venu du ciel, Dieu fait homme. C’est cette vie de Jésus que le chrétien doit manifester. L’apôtre disait : « Portant toujours dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps ». Donnez-moi un homme mort, je vous donnerai un Christ vivant. Il s’agit non de raccommoder l’homme mais de tenir la chair pour morte afin que Christ soit manifesté, Dieu lui-même manifesté par cette vie de Christ dans le croyant. Tout ce qui tient au vieil homme est un obstacle à ce qu’il en soit ainsi. Nous avons besoin de comprendre que nous ne valons rien.

Cette manifestation de Dieu dans le monde, n’est-ce pas ce que Christ a été ? Il a été un homme parfait devant Dieu parce qu’Il était Dieu dans l’homme. Le chrétien est placé maintenant ici-bas pour y manifester Dieu lui aussi, mais nous ne sommes pas sans péché comme l’était Jésus ; aussi est-ce dans la mesure où le vieil homme est tenu pour mort que la vie et la puissance de Dieu se manifestent en nous. « Ma grâce te suffit, ma force s’accomplit dans l’infirmité ».

Sommes-nous contents que Christ ait toute la gloire, que nous soyons méprisables dans notre service même, que les chrétiens même ne soient pas contents de nous ? S’il n’en est pas ainsi, c’est que la chair n’est pas jugée. Quand Christ a une telle place dans le coeur que l’on dépend entièrement de Lui, on est indépendant des hommes et de soi-même.

Si Christ n’est pas tout pour vous, ce n’est pas qu’il ne se soit entièrement donné Lui-même pour nous. Il est notre vie, de sa plénitude nous tous nous avons reçu et grâce sur grâce. Ce que nous avons à chercher, c’est d’avoir tellement la conscience de n’être rien que Christ ait toute la place dans notre coeur.

Ne soyons jamais effrayé de vous glorifier de l’homme en Christ. Mais si vous vous glorifiez de ce que Dieu fait en vous, le mal est à la porte.

Voilà les deux côtés du christianisme : l’homme en Christ, — et un anéantissement pratique, de ce que nous sommes nous-mêmes, afin que la vertu de Christ habite en nous. Nous ne vaincrons jamais l’ennemi par quelque chose qui soit en nous. Toute la force de l’homme est comme de la paille. Dieu nous donne de savoir quelle délivrance et quel Libérateur nous avons !


11 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 12

n°33 : ME 1888 p. 334

Il y a un grand contraste entre le commencement et la fin de ce chapitre, entre Paul ravi au troisième ciel et les chrétiens de Corinthe, entre ce que le chrétien devrait être et ce qu’il peut être — jusqu’où il peut descendre.

Le v. 2 nous présente un grand privilège qu’il est utile de considérer. Paul parle de lui-même comme d’un homme en Christ, et c’est là le caractère de chaque chrétien, de toute l’Église. Paul ne fut pas ravi au troisième ciel en qualité d’apôtre, mais en qualité d’homme en Christ, sur la même ligne que le reste de l’Église. Celui qui est en Christ est une nouvelle création et a sa place dans le troisième ciel, quoique tout homme en Christ n’y soit pas ravi comme l’apôtre. Mais nous sommes vivifiés ensemble avec Christ, assis ensemble dans les lieux célestes en Christ. Il n’y a point d’endroit où la foi ne puisse pénétrer.

Paul n’a pas reçu au troisième ciel une révélation pour la communiquer à d’autres ; au contraire, il y est allé assister à des mystères qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer ; il y est allé réaliser la présence de Dieu et y puiser sa force. Quand l’oeil de la foi pénètre devant Dieu, il y trouve, avec la communion, la force pour marcher devant lui dans toutes les circonstances. Ce n’est pas non plus ici, comme sur la sainte montagne, la vue de la gloire future de Christ ; c’est la communion avec Dieu, à laquelle le corps ne peut participer, à laquelle même il devient insensible. Le principe de cette communion s’applique à nous tous ; le degré n’en est pas le même que pour Paul, mais notre grand et commun privilège est celui-ci : « Afin que vous ayez communion avec nous » (les apôtres) ; « or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ ».

Il y a dans l’épître aux Éphésiens, chap. 1:15-20, et chap. 3:14-19, deux prières fort différentes. La première a pour objet la connaissance de la gloire de Christ et de ce qui s’y rattache ; la seconde exprime le désir que nos âmes jouissent de la communion avec Dieu. L’apôtre demande que nous soyons fortifiés par le Saint-Esprit dans l’homme intérieur, en sorte que le Christ habite dans nos coeurs par la foi, et que nous soyons remplis de la connaissance de l’amour de Christ jusqu’à toute la plénitude de Dieu. Ces bénédictions ne peuvent se réaliser pour nous quand nous recherchons les choses d’ici-bas, car alors nous contristons le Saint Esprit, et l’homme intérieur est aussitôt affaibli.

Quel était le sujet de gloire de l’apôtre Paul ? Non ce qu’il était, ni ce qu’il avait fait, mais ses infirmités (v. 9). Dans la communion avec Dieu, il avait compris que sa force était en Dieu. Si, dans l’infirmité de la chair (Gal. 4:13), il a été l’instrument de la conversion de tant de gens, c’est que la puissance de Dieu était avec lui. Aussi se plaisait-il dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ, dans tout ce qui n’est pas la chair, dans tout ce qui ne la favorise pas.

Du moment que l’apôtre retrouve la conscience de sa présence dans la chair, celle-ci cherche à s’élever et Dieu envoie l’écharde. La chair recherche le soulagement, elle craint les combats, les difficultés, mais Dieu ne veut pas la soulager aux dépens de l’âme. On peut demander avec ardeur la guérison d’infirmités, ou la délivrance de circonstances pénibles, que Dieu n’accordera pas. Notre dépendance de Dieu en est augmentée. Nous devons, non seulement nous attendre aux infirmités, mais y prendre plaisir, afin que la puissance de Christ soit manifestée en nous.

Cette écharde dans la chair envoyée à Paul, afin qu’il ne s’enorgueillit pas, était quelque chose qui le rendait méprisable dans la prédication (Gal. 4:13, 14). C’était un contrepoids au ravissement dont il avait été honoré. Nous n’aurons pas nécessairement la même écharde que Paul ; Dieu nous enverra toujours celle qui nous convient. C’est Satan que Dieu emploie contre la chair. Satan agit sur la chair de quatre manières différentes.

1° Avant la conversion, la chair est sous la domination de Satan, la conscience étant endurcie. Tel était le cas de Judas qui aimait l’argent et était voleur. Quand il eut pris le morceau, Satan entra en lui pour le porter à commettre l’iniquité sans frein, et pour le livrer ensuite au désespoir, quand il vit le résultat de son crime.

2° Avant la conversion, la chair est entraînée à agir par les séductions de Satan.

3° Après la conversion, la chair reste toujours là, et peut tomber sous l’action directe de Satan, si l’Esprit, sceau de la rédemption, n’a pas encore été donné, ou bien s’il n’a pas encore accompli en nous son oeuvre d’affranchissement. On se trouve alors dans le cas de Pierre, s’opposant à Christ dans presque toutes les circonstances. Avant la transfiguration, quand Jésus parle de ses souffrances prochaines et que Pierre, par affection, mais selon la chair, veut l’en dissuader, le Seigneur lui répond : « Va arrière de moi, Satan » (Matth. 16:23).

4° Satan demande à nous avoir pour nous cribler comme le blé, par le moyen de la chair. Jésus l’annonce à ses disciples et prie particulièrement pour Pierre dont la chair était forte.

Pierre se mettait en avant en toute occasion et montrait chaque fois, que la chair est l’opposé de Christ. Jésus dit aux disciples : « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation ». Ce n’est pas encore entrer dans le péché. L’effet de l’Esprit est de pousser Christ à la prière, aussi quand la tentation arrive, elle ne peut rien sur lui ; mais les trois disciples, au lieu de veiller et de prier, dorment, accablés de tristesse, et quand la tentation survient, elle fait d’eux sa proie. Tandis que tout ce qui pouvait briser le coeur du Seigneur se réunissait contre lui, que Judas le trahissait par un baiser, Jésus demeure calme, se soumet, se livre, subit le comble de l’humiliation ; Pierre, lui, tire l’épée. La chair pousse dans la tentation, mais n’y soutient personne ; elle conduit Pierre chez le souverain sacrificateur. Jésus y rend un magnifique témoignage ; Pierre, poussé par Satan, le renie. En toutes choses, la chair est opposée à Christ ; et cependant Pierre aimait beaucoup le Seigneur. — Même après avoir reçu le Saint-Esprit, on voit encore Pierre agir selon la chair (Gal. 2:11-21). Toutes les fois qu’un chrétien agit selon la chair, ce qu’il y a en lui de piété sanctionne et autorise aux yeux des autres le mal qu’il fait. Quand la chair agit dans un chrétien, les effets en sont, à cause de cela, bien plus funestes que dans un inconverti. Pierre, par son exemple, entraîna tous les Juifs d’Antioche, même l’apôtre Barnabas, dans sa dissimulation.

Avoir été même dans le troisième ciel, ne change rien à la chair. La chair s’élevait et pouvait dire à Paul : Personne n’a été là que toi ! C’est alors que l’ange de Satan a la permission de le souffleter, mais devient un instrument de la bonté de Dieu pour empêcher Paul de s’enorgueillir. Dieu ne fait pas cela lui-même, mais Satan, qui aime à faire du mal aux enfants de Dieu, est employé par lui comme un instrument pour nous rendre la chair désagréable, là où elle voudrait s’élever et être considérée.

Ce sont les circonstances pénibles à la chair qui ont le plus de profit pour nos âmes. Il serait inutile à un père d’infliger à son enfant un châtiment qui, pour ce dernier, n’en serait pas un. L’action et la puissance de Dieu en nous, ainsi que notre faiblesse, se manifestent dans ces difficultés. Quand une chose pénible se trouve devant nous, la réponse de Dieu est : « Ma grâce te suffit ». Dieu veut nous introduire en sa présence dans une joie que la chair n’aura pas gâtée, et tout ce qui nous fait sentir la chair d’une manière pénible, nous est particulièrement profitable.