Méditations de J. N. Darby

1 - Méditations de J. N. Darby — Josué 1:1-9

2 - Méditations de J. N. Darby — Josué 5:9-15 : La Nourriture du Chrétien

3 - Méditations de J. N. Darby — Josué 7


1 - Méditations de J. N. Darby — Josué 1:1-9

n°50 : ME 1892 p. 368

Le caractère des personnages remarquables de la parole de Dieu est en type celui de Christ. Il en est particulièrement ainsi de Josué qui introduisit le peuple de Dieu dans le pays de la promesse. Josué n’est pas un Moïse, apôtre de la profession, ni un Aaron, type sacerdotal, mais il représente Christ, agissant par l’Esprit dans son peuple. Tout le livre de Josué nous présente la puissance de l’Esprit de Christ parmi les siens, pour les introduire dans les résultats du salut. Josué paraît pour la première fois dans le combat contre Amalek (Ex. 17:9). Moïse prie ; il est l’apôtre de la profession ; Josué agit. Israël n’a de force qu’en vertu d’une bénédiction non interrompue. Josué est le chef du peuple dans le combat, de même que l’Esprit de Christ nous conduit dans nos combats spirituels. Josué apparaît pour la seconde fois accompagnant Moïse sur la montagne de Sinaï, mais l’Éternel ne lui parle pas (Ex. 24 13) ; puis dans l’intérieur de la tente d’assignation que Moïse dressa hors du camp (Ex. 33:11) ; puis lors de l’expédition des espions en Canaan (Nomb. 13) ; il est enfin nommé pour remplacer Moïse, à la fin du livre des Nombres.

Moïse est allé jusqu’au Jourdain, emblème de la mort ; mais c’est Josué qui introduit le peuple dans la jouissance de ses privilèges.

Deux choses nous représentent la vie chrétienne : le désert, où la patience du peuple de Dieu à travers ce pays altéré et sans eau est mise à l’épreuve ; Canaan, où a lieu le combat, figure de notre combat avec les malices spirituelles dans les lieux célestes (Éph. 6:12). Tout, dans ce combat, est l’effet de la puissance de Dieu. C’est par elle que, dès le début, tombent les murs de Jéricho. L’interdit affaiblit ensuite Israël, parce que la puissance de Dieu ne peut s’employer au profit de l’interdit.

Nous trouvons dans les détails de la vie de Josué, ceux de la vie chrétienne. Cette vie, quoique sous la puissance de l’Esprit, a une responsabilité ; elle doit reproduire le caractère de Dieu. L’Éternel introduit le peuple dans le combat quand il a passé le Jourdain ; de même pour nous, le combat commence quand nous sommes passés de la mort à la vie. Le Jourdain a beau « regorger par-dessus tous ses bords », la puissance de Dieu l’arrête, type de ce que Christ a fait pour nous. La mort est la destruction de l’homme naturel ; c’est un chemin par lequel nous n’avons encore jamais passé. Il nous faut un moyen pour en arrêter la puissance ; c’est le jugement de Dieu sur le péché. Quand le chrétien voit la mort de près, il se trouve en présence du jugement, mais Christ s’y est mis à notre place et a supporté le jugement de Dieu. L’arche est pour nous au milieu du Jourdain ; la mort a perdu sa puissance et n’est plus que l’entrée en Canaan, l’entrée dans la jouissance des promesses de Dieu. Actuellement, c’est pour nos consciences et pour nos âmes que nous en avons l’efficace. Devant nous est le Jourdain débordé ; de l’autre côté, la possession des choses promises. Israël passe le Jourdain avec le sentiment que Dieu en a arrêté la force. L’arche se tient au milieu du Jourdain ; Dieu est pour nous au milieu des plus grandes difficultés. La mort et le jugement deviennent la certitude de notre salut, du moment que nous les voyons sur Christ qui en a porté le poids à notre place. Spirituellement, nous sommes passés de la mort à la vie.

Dès lors nous avons à combattre contre Satan et contre toutes les malices spirituelles. Les principes de ce combat se trouvent au commencement du livre de Josué. Quand nous combattons avec Dieu, Satan s’enfuit ; si nous combattons avec de l’interdit, Satan est le plus fort. Avec Dieu, notre victoire est continuelle ; sans Dieu, notre force est perdue. N’espérons en tout cas pas trouver quelque force dans le concours du monde.

Dieu nous introduit dans le combat, en nous disant : « Fortifie-toi et sois ferme » (1:7-9). Il nous ordonne d’être forts, parce qu’il est notre force et nous demande une confiance entière en lui.

Israël ne pouvait pas se demander : Ai-je passé le Jourdain ? C’est une ingratitude d’être dans le doute. L’ayant passé spirituellement, nous trouvons le combat pour Lui, dans lequel Dieu est pour nous. Un mondain ne craint pas Satan, mais Dieu ; un chrétien ne craint pas Dieu servilement, mais il redoute Satan, parce qu’il se sait faible. Nous avons à combattre Satan, mais Dieu est pour nous. Il a déjà donné son Fils pour nous. Ayons confiance en lui. Cette confiance nous donne le courage de regarder en avant, la force pour accomplir la volonté de Dieu. Le péché est comme derrière nous ; devant nous toute la volonté de Dieu. Bien des chrétiens tremblent à la pensée d’un avenir inconnu ; c’est que Dieu ne remplit pas cet avenir. On tremble d’autant plus qu’on se confie davantage en soi-même.

Une dépendance continuelle de Dieu est la suite de la force de Dieu en nous et de la confiance en lui. Si les bénédictions que Dieu nous accorde, nous inspirent de la confiance en nous-mêmes, elles se tournent contre nous. Christ était dans une dépendance parfaite du Père. La dépendance nous rend humbles.

Dieu dit au v. 2 : « Lève-toi » ; il nous introduit lui-même dans le combat, après avoir frayé lui-même le chemin. Il est avec nous partout où nous allons (v. 9) ; il nous fait prospérer (v. 8), mais non dans la mondanité. Quand nous ne sommes pas devant lui, notre connaissance, nos victoires, sont tout autant de pièges, parce qu’elles nous inspirent de la confiance en nous-mêmes.


2 - Méditations de J. N. Darby — Josué 5:9-15 : La Nourriture du Chrétien

n°245 : ME 1934 p. 324

L’appel et la vocation du chrétien sont une chose merveilleuse. Il n’a pas seulement devant lui la gloire à venir, mais, possédant la nature divine, il est appelé à être semblable à Christ. C’est pourquoi nous lisons en Éphésiens 5:25-27 : « Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ; afin que lui se présentât l’assemblée à lui-même, glorieuse… ». La Parole sanctifie, mais c’est la communion avec Jésus dans la gloire qui, moralement déjà, glorifie.

En jouissant de ce qu’il est, nous sommes rendus participants de sa gloire. Les exhortations de l’épître aux Éphésiens se résument en ceci : vous avez été amenés à connaître le Dieu de la grâce et de la gloire ; eh bien ! cette connaissance doit se manifester dans votre conduite (5:1). Dans le même sens, le Seigneur dit en Matthieu 5:48 : « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ». Ainsi, ce qui est connu spirituellement dans le coeur se reproduit dans la marche et dans le témoignage, comme Jean nous en offre encore un exemple : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de la vie,… nous vous l’annonçons. « (1 Jean 1:1-3). C’est dans la mesure où je discerne Christ, où je jouis de lui, que je le manifeste dans ma vie, car c’est sa présence dans mon âme qui juge la chair et est la source de ma joie et de ma force.

Considérons comment Christ peut ainsi nourrir nos âmes et les soutenir, en maintenant en elles la jouissance de lui-même au milieu des difficultés de la vie présente. Si nous ne l’avons pas lui-même dans toutes les circonstances, notre amour pour lui s’affaiblit dans nos âmes et notre coeur se refroidit.

Nous pouvons considérer dans le chrétien trois caractères : D’abord, il est un pécheur racheté, un objet de la grâce.

En second lieu, sa part est avec Christ dans la gloire.

Enfin, pendant qu’il est sur la terre, Christ est pour lui ce qu’était la manne pour Israël.

Ce dernier fait est temporaire, pour la traversée du désert ; les deux autres sont éternels.

Quand Dieu a visité son peuple en Égypte, il ne lui a pas parlé du désert qu’il aurait à traverser, mais il lui a parlé de Canaan. De même, en nous tirant du monde par la connaissance de Jésus, Dieu nous parle du ciel. Il a en vue pour nous la gloire. Quant à nous, nous nous arrêtons souvent à considérer nos circonstances présentes, mais quand l’Esprit agit dans une âme, elle ne voit que le but devant elle. Paul ne vivait pas dans les choses qui se voient et qui étaient nulles pour lui ; mais il demeurait dans la jouissance des choses éternelles. La première condition nécessaire pour pouvoir considérer ainsi le monde comme nul, c’est de savoir que l’on n’en est pas. Dieu nous a trouvés dans le péché où nous étions loin de lui, et il a agi comme il fallait pour nous placer dans le ciel. Comme il a ressuscité Christ hors de la mort et l’a fait asseoir à sa droite, par la même puissance il nous a tirés de notre état de péché pour nous introduire dans le ciel et notre première condition est abolie.

Dans le passage que nous avons lu, nous trouvons que le peuple a fait la Pâque à Guilgal et a mangé du cru du pays en remplacement de la manne qui cesse à ce moment-là. Tout cela dit au croyant qu’il a à vivre dans le ciel, à se nourrir d’un Christ glorifié. Sa part ne consiste pas seulement à être à l’abri du jugement de Dieu, mais à jouir des choses célestes.

Dans le désert, Israël n’était plus en Égypte, il était délivré du Pharaon, mais cependant il ne mangeait pas le cru du pays. Il en est de même pour un chrétien qui en est à comprendre seulement le salut qu’il a en Christ : il n’est plus sous la condamnation, mais il ne peut glorifier Dieu avec intelligence ; il est garanti du jugement, mais il ne connaît pas les pleins et glorieux résultats de l’oeuvre de Christ. Il faut donc d’abord que toute lutte ou toute crainte quant au salut ait entièrement cessé et que nous connaissions Dieu comme Sauveur. Un chrétien est celui qui peut dire : Christ a tout accompli pour mon salut et m’a arraché à la puissance de Satan ; de la même manière qu’Israël pouvait dire : je ne crains plus le Pharaon, il a été englouti au fond de la mer. La délivrance est complète, Dieu s’est manifesté comme notre Dieu Sauveur, et alors « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous » ? Peu importe donc que Satan et le désert soient encore là, puisque je sais que Dieu est pour moi.

Mais il y a une autre vérité qu’il me faut aussi comprendre : il y a le Jourdain. Christ est mort et ressuscité pour moi : voilà ce que me dit la croix ; mais le Jourdain me dit que je suis mort et ressuscité avec Christ. Réaliser la connaissance et la jouissance de notre union avec lui, c’est manger du cru du pays, c’est être dans le ciel.

Une fois qu’on est introduit dans le pays, on commence à combattre les ennemis qui s’y trouvent, mais on mange du cru du pays. Le peuple campait à Guilgal, le lieu de la circoncision. C’est quand on a la conscience d’être dans le ciel que l’on juge tout à la mesure du ciel. Si mes affections sont en haut, je laisse les choses du monde. C’est là qu’il faut demeurer pour juger la chair en la présence de Dieu.

Quand le peuple a mangé du cru du pays, la manne a cessé. Lorsque le croyant réalise sa position céleste, il jouit de la rédemption d’une manière toute nouvelle. Au début, il pense à ses péchés et à Christ qui les a ôtés ; il a appris qu’il était un pauvre pécheur et que Christ l’a fait entrer dans la présence de Dieu. Mais ensuite il apprend que Dieu l’aime comme il aime Christ, qu’il jouit de la faveur de Dieu ; il comprend la pensée d’amour de cette rédemption accomplie par Jésus et il commence à apprécier l’oeuvre de Christ comme Dieu l’apprécie, il a les mêmes pensées que Dieu à cet égard. L’âme alors considère Christ et se nourrit de lui d’une manière toute nouvelle. Il ne s’agit plus seulement pour moi d’être délivré, mais je suis à Dieu lui-même en Christ, je contemple toute la perfection de l’Agneau qui est dans le ciel. Et si je pense à quel abaissement il s’est soumis jusqu’à la croix, et à l’anéantissement de lui-même pour revendiquer les caractères et la gloire de Dieu, pour que Dieu pût être juste sans abdiquer son amour, et agir en amour sans abandonner sa justice, alors j’adore Christ. Le Fils de l’homme a été glorifié par Dieu, parce que Dieu a été glorifié par lui. Il a renoncé à tout et a eu dans le Père une confiance absolue, même sur la croix, comme il l’exprime au Ps. 22:3 : « Et toi, tu es saint, toi qui habites au milieu des louanges d’Israël ». Il s’est humilié volontairement, il est allé jusqu’au bout et a bu la coupe, pour que Dieu fût glorifié.

C’est de tout cela que je me nourris maintenant. Le chrétien qui est dans le ciel contemple Christ et l’adore. Plus nous serons spirituels, plus nous comprendrons cette gloire que Christ a voulu partager avec nous qui sommes destinés à lui être semblables. Christ dans le ciel n’est-il pas pour moi un objet d’affection ? Suis-je heureux de le voir là ? Il veut que nos coeurs trouvent un aliment à le contempler dans la gloire : « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père » (Jean 14:28). Et lorsque nous nous souvenons que Jésus a été humilié et rejeté du monde, nous sommes heureux de le voir dans le ciel. Christ dans la gloire est la nourriture appropriée à nos âmes ; il est le cru du pays dans lequel nous sommes entrés par la foi. Car le chrétien est du ciel, et son coeur doit se nourrir d’un Christ glorifié.

Toutefois, comme le peuple arrivé en Canaan va avoir affaire à des ennemis, de même le croyant, entré dans les lieux célestes par la foi, a des combats à y livrer, car le complet et parfait repos n’aura lieu que lors de l’entrée effective dans le ciel. Le chrétien a été tiré de l’Égypte, le monde, où, pécheur, il se trouvait ; maintenant il est de Canaan, mais aussi il traverse le désert et quelquefois son coeur se lasse et retourne en arrière, en Égypte. Le monde ne doit être pour lui que ce qu’il était pour Jésus, « une terre aride et altérée, sans eau » (Ps. 63:1). C’est un désert où se rencontrent les serpents brûlants, mais il faut le traverser avec Dieu, et nous pouvons tout surmonter si nos coeurs sont nourris de Christ. Pourquoi n’en est-il pas toujours ainsi ? Parce que nous ne mangeons pas du cru du pays, parce que nous ne demeurons pas dans la communion du Seigneur.

À la différence de ce qui en était pour le peuple d’Israël, le chrétien qui réalise sa position céleste est à la fois dans le désert et en Canaan. C’est pourquoi il peut se nourrir en même temps du cru du pays et de la manne, qui est encore Christ. Jésus en parle en Jean 6:32 : « mon Père vous donne le vrai pain qui vient du ciel ». Nous avons à nous nourrir de lui, comme de la vraie manne. Lorsque Jésus montait sur la montagne, c’était pour lui comme le cru du pays : il se nourrissait de la gloire. Quand il redescendait il rencontrait la puissance de Satan, mais dans toutes les circonstances du désert il vivait de la vie de son Père. Il a traversé ce monde dans la puissance de la foi, veillant en prières et cela d’autant plus que croissaient les difficultés, poursuivant son chemin avec le secours de son Père. De même nous avons à nous nourrir de Lui qui a été tenté, humilié et fidèle en toutes choses ; notre privilège est de l’imiter, de réaliser que nous sommes ses disciples et de manifester devant le monde quelque chose de ses perfections. Si le chrétien marche avec Christ, on verra en lui bonté, support et douceur. Pour Jésus l’effet des tentations était toujours de faire ressortir la grâce parfaite qui était en lui. Si je demeure près de lui, je saurai supporter une insulte et rester débonnaire parce que je me nourris de celui qui a été tel. Ce n’est pas que le fait d’être chrétien me mette dans l’obligation légale d’agir ainsi, mais j’ai toutes les ressources pour cela, parce que je ne suis pas du monde, mais du ciel. Telle est la manne pour le croyant et il convient chaque jour de s’en nourrir avec diligence, car la manne d’un jour était gâtée le lendemain. C’est là que se trouve le secret d’une vie qui glorifie Dieu en reproduisant les caractères de Christ dans quelque position que ce soit.

Un autre fait encore nous est signalé dans les versets 13-15. Avant que le peuple eût livré le premier combat, Christ lui-même se présente comme chef de l’armée. Josué lui demande : « Es-tu pour nous, ou pour nos ennemis ? » En effet, quand il s’agit de Christ, on est pour lui ou contre lui, sans autre position possible. Lorsqu’il est question de suivre Christ dans le ciel, le coeur se manifeste. Plus un croyant est spirituel, plus il est engagé avec un Christ céleste et avec les choses qui sont en haut ; l’attitude d’un croyant charnel, au contraire, est en opposition avec la pensée du Seigneur et avec la vraie bénédiction du peuple de Dieu.

Remarquons en terminant que le peuple, pour livrer ses combats, devait avoir Guilgal comme point de départ, ainsi que nous le voyons par la suite. Le jugement continuel de soi-même, l’humiliation en cas de chute, pour la restauration de l’âme, sont les conditions nécessaires pour les victoires de la foi.

Si nous voulons connaître la joie céleste, il faut nous nourrir de Jésus comme de la manne descendue du ciel, suffisante pour toutes nos circonstances. Alors nous pourrons jouir de lui et de la gloire comme de notre éternelle portion.


3 - Méditations de J. N. Darby — Josué 7

n°25 : ME 1887 p. 377

Toute notre force est en Dieu, et sa grâce aime à manifester sa puissance dans notre infirmité. Cela est vrai, mais il est tout aussi vrai que Dieu n’abandonne jamais son caractère de sainteté et qu’il maintient aussi toujours sa justice vis-à-vis de ceux qu’il aime. Seulement ses châtiments deviennent pour nous un moyen de bénédiction, et, par sa grâce, concourent, ainsi que toutes choses, à notre bien. La grâce de Dieu n’affaiblit, en aucune manière, son gouvernement ; Dieu bénit l’Église si elle est fidèle, il la châtie selon ses manquements.

Le chap. 7 de Josué nous présente, dans l’histoire d’Israël, des principes applicables aussi à l’histoire de l’Église.

L’histoire d’Israël, dans le désert, correspond à un côté de la vie chrétienne. Comme ce peuple, nous n’entrons dans le désert qu’après avoir été complètement délivrés ; comme pour eux, notre marche à travers le monde, fait ressortir que Dieu est notre seule ressource, notre tout. Nous y apprenons comme Israël (conf. Deut. 8:2-6), que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel. Le chrétien qui ne trouve pas tout en Dieu, qui ne se contente pas de la manne, se trouve privé de tout. Il est dans le désert, regrettant les légumes d’Égypte, mais ne pouvant plus en jouir à sa guise comme autrefois, parce qu’il a été retiré du pays d’esclavage, et que son coeur éclairé par le Saint-Esprit ne saurait plus y être à l’aise. Ainsi, le désert sert à l’exercice de notre foi et à la manifestation de tout ce qui est dans notre coeur : « Pour connaître ce qui était dans ton coeur », dit l’Éternel à Israël. Dieu ne nous donne ici-bas que ce qu’il nous faut pour le voyage, car, notre repos n’étant pas ici, la manne suffit. Mais aussitôt qu’Israël est introduit en Canaan, la manne cesse pour être remplacée par une autre nourriture.

Cette seconde partie de l’histoire d’Israël, l’entrée en Canaan, correspond au second côté de la vie chrétienne ; seulement ce qui, pour le peuple terrestre, était consécutif, est simultané pour l’Église, qui à la fois traverse le monde, et se trouve introduite en Christ dans les lieux célestes dont elle jouit par l’Esprit. Canaan devient pour Israël le théâtre du combat contre ses ennemis (qui sont, pour l’Église, les malices spirituelles dans les lieux célestes), comme le désert avait été le lieu de l’exercice de la patience.

Le premier exploit des Israélites après le passage du Jourdain, est la chute de Jéricho sans force humaine, par la seule puissance de Dieu. Mais Jéricho avait été mise en interdit (Jos. 6:16-19). Or Israël fut infidèle au sujet de l’interdit ; aussi Dieu dut en tenir compte, et ne put sanctionner l’état dans lequel se trouvait son peuple par cette désobéissance. Acan seul avait pris l’interdit, et cependant ce sont trente-six hommes d’Israël qui périssent d’abord. C’est que, par là, Dieu jugeait encore autre chose chez son peuple. Israël s’était prévalu de la victoire de Jéricho pour prendre confiance en ses propres forces, alors que toute sa force était en Dieu. L’interdit sert à montrer que ce peuple, si puissant en Dieu, est parfaitement faible en lui-même, quand la force de Dieu se retire. Elle abandonne le peuple, parce que Dieu ne peut être en communion avec le péché. Quand l’Esprit est contristé par un membre du corps, tout le corps est affaibli.

Dieu est toujours fidèle pour manifester le mal et le juger ; il sait que nous ne pourrions être heureux s’il tolérait le péché. L’effet du jugement est de fondre le coeur du peuple ; le coeur de Josué se fond aussi, mais cela le pousse à s’approcher de Dieu, et il retrouve Sa force en disant : « Que feras-tu pour ton grand nom ? » Le nom de Dieu était déshonoré par le péché d’Israël et par la fuite d’Israël. La réponse de l’Éternel porte sur ces deux points. Il relève Josué, mais l’interdit empêche la communion d’Israël avec Dieu. Pourquoi Dieu jugerait-il le monde, s’il souffrait le péché au milieu de son peuple ? Pourquoi exterminerait-il les Amorrhéens, s’il ne punissait pas l’iniquité d’Israël ? Il est donc de la sagesse et de la fidélité de Dieu de manifester l’interdit et de le juger, afin de pouvoir sortir avec son peuple dans le combat contre Satan. Aï fut pris (chap. 8), sans doute avec beaucoup plus de peine et avec humiliation, mais Dieu ne retire pas sa main que ses ennemis ne soient détruits.

C’est parce que le peuple est reconnu de Dieu, que Dieu l’envoie au combat contre ses ennemis. Plus nous serons fidèles, plus nous nous trouverons aux prises avec les attaques de l’ennemi. Satan a plus d’intérêt à faire broncher une âme fidèle qu’un chrétien mondain, car son but est de déshonorer l’évangile devant le monde. De là vient que, plus nous avançons, plus nous sommes exposés à broncher si nous ne nous tenons pas dans la communion de Dieu. Mais souvenons-nous qu’il faut la fidélité de chacun et de tous pour que tout le corps ait la force de Dieu dans le combat. L’unité du corps de Christ est telle, qu’il est impossible qu’il y ait de l’interdit dans un membre de ce corps, sans que tout le corps soit affaibli.