Méditations de J. N. Darby

1 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3

2 - Méditations de J. N. Darby — Luc 17:11-19

3 - Méditations de J. N. Darby — Jean 20

4 - Méditations de J. N. Darby — Actes 26:29

5 - Méditations de J. N. Darby — Jean 13:3-19

6 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 14:10-20

7 - Méditations de J. N. Darby — Jean 16:1-20

8 - Méditations de J. N. Darby — Romains 4

9 - Méditations de J. N. Darby — Exode 28

10 - Méditations de J. N. Darby — Luc 22:1-38

11 - Méditations de J. N. Darby — Exode 15:1-21

12 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 1

13 - Méditations de J. N. Darby — Apocalypse 21:9-27 ; 22:1-5

14 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 4

15 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 2

16 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 7

17 - Méditations de J. N. Darby — Éphésiens 6

18 - Méditations de J. N. Darby — Romains 7

19 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 3 et 7:11-36

20 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 110

21 - Méditations de J. N. Darby — 1 Thessaloniciens 1

22 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 69

23 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 1 à 2: 2

24 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 4:1-26 ; 6:17-23

25 - Méditations de J. N. Darby — Josué 7

26 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 84

27 - Méditations de J. N. Darby — Jean 6:1-59

28 - Méditations de J. N. Darby — Éphésiens 1

29 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 16

30 - Méditations de J. N. Darby — Luc 22:14-30

31 - Méditations de J. N. Darby — Luc 23:32-46

32 - Méditations de J. N. Darby — Exode 29

33 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 12

34 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 4

35 - Méditations de J. N. Darby — Juges 1:21-36 ; 2:1-5

36 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 11

37 - Méditations de J. N. Darby — Luc 22:39-46

38 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 23

39 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 9:15-23 ; 10:1-6, 33-36

40 - Méditations de J. N. Darby — Galates 5

41 - Méditations de J. N. Darby — Jean 15

42 - Méditations de J. N. Darby — Matthieu 13:44-58

43 - Méditations de J. N. Darby — Éphésiens 4

44 - Méditations de J. N. Darby — Actes 22

45 - Méditations de J. N. Darby — 1 Corinthiens 12

46 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:25 à 13:1

47 - Méditations de J. N. Darby — Éphésiens 5

48 - Méditations de J. N. Darby — Jean 8:12-49

49 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:14

50 - Méditations de J. N. Darby — Josué 1:1-9

51 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 18:16-33

52 - Méditations de J. N. Darby — Jean 2:23 à 3:21

53 - Méditations de J. N. Darby — Tite 2:11 à 3

54 - Méditations de J. N. Darby — Romains 8:26-39

55 - Méditations de J. N. Darby — Jean 17

56 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 24

57 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:13-28

58 - Méditations de J. N. Darby — Matthieu 11

59 - Méditations de J. N. Darby — Exode 17

60 - Méditations de J. N. Darby — 1 Samuel 14

61 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 4

62 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 5

63 - Méditations de J. N. Darby — 2 Samuel 6

64 - Méditations de J. N. Darby — Romains 15:16

65 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 1

66 - Méditations de J. N. Darby — 1 Chroniques 17

67 - Méditations de J. N. Darby — Luc 12:13-59

68 - Méditations de J. N. Darby — 1 Timothée 6

69 - Méditations de J. N. Darby — 1 Corinthiens 13

70 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 4

71 - Méditations de J. N. Darby — Daniel 3

72 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 9

73 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 2:1-15

74 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 47:1-10

75 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 6:1-12

76 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 12

77 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 11

78 - Méditations de J. N. Darby — Apocalypse 3:7-13

79 - Méditations de J. N. Darby — 1 Rois 13 ; Éphésiens 3

80 - Méditations de J. N. Darby — Exode 3

81 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2:1-18

82 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 1 à 2

83 - Méditations de J. N. Darby — Luc 2:1-16

84 - Méditations de J. N. Darby — 1 Rois 13

85 - Méditations de J. N. Darby — Exode 14

86 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 49

87 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 34

88 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 1:1, 2

89 - Méditations de J. N. Darby — Exode 16

90 - Méditations de J. N. Darby — Colossiens 2

91 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 63

92 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 4

93 - Méditations de J. N. Darby — Exode 18

94 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 1

95 - Méditations de J. N. Darby — Romains 13

96 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; Exode 33:4-11 ; 34:28-35

97 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 48

98 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 1

99 - Méditations de J. N. Darby — Exode 24

100 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 1:15-24

101 - Méditations de J. N. Darby — Matthieu 13

102 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 23

103 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3

104 - Méditations de J. N. Darby — Jean 14:15-21

105 - Méditations de J. N. Darby — Luc 5:12-15

106 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 5:1-15

107 - Méditations de J. N. Darby — Deutéronome 1

108 - Méditations de J. N. Darby — Ésaïe 50

109 - Méditations de J. N. Darby — Jean 17:6-19

110 - Méditations de J. N. Darby — Romains 8:12-27

111 - Méditations de J. N. Darby — Luc 23:33-44

112 - Méditations de J. N. Darby — Actes 26

113 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 10:1-25

114 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 4:3-22

115 - Méditations de J. N. Darby — Juges 3:1-4

116 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 12

117 - Méditations de J. N. Darby — Exode 12:1-16

118 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 7

119 - Méditations de J. N. Darby — Luc 7:31-50

120 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 35:9-35

121 - Méditations de J. N. Darby — 1 Corinthiens 2

122 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2:1-18

123 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 88

124 - Méditations de J. N. Darby — Ésaïe 43:14-28

125 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 2:3-27

126 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 1:1-16

127 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 1:17-25 ; 2:1-10

128 - Méditations de J. N. Darby — Zacharie 3:1-5

129 - Méditations de J. N. Darby — Jean 13:1-32

130 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 2:1-12

131 - Méditations de J. N. Darby — Jean 15:1-11

132 - Méditations de J. N. Darby — Jean 4:1, 30

133 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 2:1-12

134 - Méditations de J. N. Darby — 2 Pierre 2:1-9

135 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 23:1-24

136 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:1-15

137 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 3:1-15

138 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 19

139 - Méditations de J. N. Darby — Colossiens 1:1-14

140 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 2:5-18

141 - Méditations de J. N. Darby — 1 Corinthiens 1

142 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:1-16

143 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:17-29

144 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:28-30

145 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:30-40

146 - Méditations de J. N. Darby — Exode 15:1-18

147 - Méditations de J. N. Darby — Colossiens 1:9-29

148 - Méditations de J. N. Darby — Jean 13:1-18

149 - Méditations de J. N. Darby — Jean 1:1-34

150 - Méditations de J. N. Darby — 1 Rois 17


1 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3

n°1 : ME 1886 p. 13

Le chrétien est la lettre de Christ à l’adresse des hommes ; il doit, par sa conduite, parler aux hommes de la bonté, de la sainteté de Dieu, de la puissance du Saint-Esprit. Cette lettre est souvent, il est vrai, barbouillée et tachée, mais elle doit être vue et lue du monde. Ce dernier, s’il en voit les taches, les blâme avec rigueur mais avec raison.

Dieu a fait de plusieurs manières l’épreuve du coeur de l’homme : 1° Par la défense donnée à Adam innocent. Adam désobéit, et le péché est entré dans le monde. 2° Par la loi de Moïse. La loi a donné au péché un caractère nouveau. Le péché était un mal indépendamment de la loi, avant que celle-ci fût introduite : mais la loi lui a imprimé le caractère particulier de désobéissance et de transgression. 3° Par les prophètes. En les rejetant, les hommes ont montré leur haine des bienfaits de Dieu. 4° Surtout par le don de son Fils. « Peut-être que, quand ils verront celui-ci, ils le respecteront », dit Dieu. Mais les hommes ont dit : « Celui-ci est l’héritier, tuons-le ».

Dieu a vu que les pensées de l’homme ne sont que mal en tout temps, et il a voulu en faire faire à l’homme l’expérience et lui révéler ainsi la méchanceté de son coeur. Israël avait été tiré d’Égypte par grâce, préservé des dix plaies par grâce, délivré de la mer, conduit dans le désert par grâce, nourri de manne, abreuvé de l’eau du rocher par grâce ; mais, au lieu de s’en tenir à la grâce, il a voulu mériter la faveur de Dieu en s’engageant à faire toutes les choses imposées par la loi, et il a fait l’expérience de son impuissance. Le peuple d’Israël était au milieu des autres comme un terrain mis à part à la surface du désert ; toute la culture de Dieu n’a servi qu’à montrer l’ingratitude de ce sol. Pour nous, nous n’avons pas crucifié le Christ, il est vrai, mais nous sommes du même terrain qu’Israël, et nous ne donnerions pas d’autres fruits. Israël était dans les conditions les plus favorables de culture spirituelle ; il n’a produit que des ronces, et par nature nous ne pourrons produire autre chose.

Nous sommes donc hors d’état de venir à Dieu, ayant à lui présenter quelque chose de plus qu’Israël, et Dieu doit aussi nous rejeter. Serait-il donc le seul Être qui fût obligé de recevoir des gens indignes dans sa maison, et le ciel le seul endroit où le péché et la souillure eussent leur libre entrée ?

Tout ce que nous sommes, nous le sommes en Jésus, par qui seul nous avons accès auprès du Père. Il a porté notre péché et notre condamnation et les a laissés dans son tombeau, pour s’asseoir dans la gloire à la droite du Père. Le fait seul que Dieu l’a reçu nous est un gage que nous sommes reçus par lui. La mort de Christ parle de la justice de Dieu et de la condamnation du péché. Sa réception dans la gloire parle de la réception en grâce et en gloire des enfants du Père et des cohéritiers de Christ.

Du privilège d’être ses enfants découle le devoir de se conduire en enfants : « Soyez parfaits, comme votre Père qui est aux cieux est parfait ». Tout privilège est la source d’un devoir. Voilà pourquoi le chrétien doit être une lettre vivante, parlant à tous, même aux méchants, de ce qui est dans le Père et chez le Père. Christ est notre lettre et notre recommandation auprès de Dieu ; nous sommes la lettre de Christ pour plaider en sa faveur auprès du monde.

Christ nous a laissé un modèle à suivre ; en le suivant nous nous convaincrons bientôt combien nous sommes inférieurs à lui, et cette expérience nous maintiendra dans l’humilité.


2 - Méditations de J. N. Darby — Luc 17:11-19

n°2 : ME 1886 p. 28

Le fait que Dieu nous a communiqué ses pensées est un don immense de sa part. Dieu agit envers nous en ami, et nous dévoile ses desseins. La parole de Dieu nous rend témoignage de Christ, et nous voilà comme des enfants, mangeant le bon pain de la maison de notre père. Tout ce qu’il y a de grâce en Dieu est à nous ; toutes les pensées de Dieu à l’égard de Christ nous concernent. Il nous arrive souvent, sans doute, de ne pas trouver dans la Parole tout ce qui nous appartient ; mais, néanmoins, Dieu a révélé dans sa Parole tout ce qu’il y a de gloire et de grâce dans son Fils, et nous communique tout cela.

Ce qui donne aux évangiles leurs caractères particuliers, c’est que le Saint-Esprit nous montre, dans chacun d’eux, l’un des caractères de Christ. Nous trouvons, en Matthieu, Christ accomplissant les promesses ; en Marc, Christ serviteur ; en Luc, Christ fils de l’homme ; en Jean, Christ fils de Dieu. Nous possédons de cette manière toute la plénitude de Jésus. Mais l’histoire des évangiles est toujours celle de la réjection du Sauveur. On y voit la méchanceté de l’homme qui va en croissant. En Matth. 5:1-4, Jésus commence par bénir, tandis qu’en Matth. 23, il doit finir par maudire.

À mesure que Satan gâte ce que Dieu a fait, Dieu produit quelque chose de meilleur. Le premier Adam est suivi du second ; la loi, de l’évangile. Dieu ne rétablit pas ce qui est corrompu ; il fait quelque chose de plus excellent pour sa gloire.

Il nous est difficile de juger de tout ce qui est ici-bas, selon ce qui se trouve dans le ciel. C’est le caractère que nous présente le chap. 16 de notre évangile : le principe du jugement de toutes choses est changé sous la nouvelle économie ; les richesses y sont considérées comme un malheur. L’introduction du ciel dans nos pensées change tout à nos yeux. C’est un principe de toute importance pour le chrétien et fort difficile pour lui à réaliser, car les habitudes de penser sont difficiles à déraciner. Un mondain a de la peine à se débarrasser des pensées de la société qui l’entoure ; on trouve aussi les mêmes habitudes fâcheuses dans les pensées et le langage religieux. De fait, un chrétien n’a pas de place dans ce monde : Jésus n’en avait pas. Quand il y entre, il n’y a pas même de place pour lui dans l’hôtellerie ; il est relégué à l’étable. Si, au lieu des pensées de l’homme, nous prenons ce que Dieu a dit de lui-même, et recevons les pensées de Dieu, tout en nous sera joie, liberté, affranchissement.

Sur les dix lépreux, il y avait neuf Juifs et un Samaritain. La lèpre était un type du péché ; de là l’exclusion des lépreux juifs ou samaritains, tout lépreux étant également impur. Chrétien de profession, juif ou païen, tout pécheur est également impur devant Dieu. Tous doivent également se tenir loin, et bien des âmes s’écrient comme les lépreux : « Jésus, maître, aie pitié de nous ! »

Jésus les renvoie au sacrificateur, pour le rendre témoin de leur guérison ; ils croient et obéissent à la parole. En s’en allant, ils sont rendus nets, mais ils vont se placer sous le joug de la loi. Ils avaient reçu un bienfait, une grâce, mais cela ne les empêche pas d’aller, de nouveau, se mettre sous la loi qui allait être abolie.

Le Samaritain revient seul à la source de toute grâce. Il donne gloire à Dieu ; et Jésus ne le renvoie pas sous le joug de la loi. Bien des personnes qui ont trouvé grâce et guérison n’ont pas compris cela, et, au lieu de se tenir avec le Sauveur, se sont replacées sous la servitude de la loi, et n’ont pas compris qu’elles avaient trouvé Dieu dans la bénédiction reçue. Quand Dieu nous fait grâce, nous trouvons non seulement la grâce, mais Dieu lui-même. Dieu commence par justifier le méchant, afin qu’il ne reste plus une seule chose entre Dieu et lui. Pourquoi revenir à la loi, et nous replacer ainsi sous le péché et la condamnation, quand nous avons rencontré Dieu avec tous nos péchés, et reçu grâce ? Nous n’avons pas à regarder continuellement à ce que nous trouvons en nous, mais à ce qui se trouve en Dieu pour nous. Nous n’avons, comme le Samaritain, qu’à glorifier Dieu à haute voix. Autrement, nous jugeons de Dieu selon nous-mêmes, au lieu de nous juger selon la pensée de Dieu.

La foi perce droit au coeur de Dieu. J’ai rencontré la meilleure chose de Dieu, dans mon plus mauvais état ; le Fils de Dieu, dans mon état de péché. À la croix, nous rencontrons Dieu, donnant son Fils pour nos péchés. Connaissant Dieu de cette manière, nous connaissons ce qu’il est pour nous : la grâce a été d’autant plus grande que mes péchés ont été grands. Le seul Dieu que je connaisse est celui qui m’a aimé, dans le don de son Fils pour mes péchés. Quand on a connu Dieu de cette manière, il n’y a pas de bornes à la joie. Tout ce qu’il y a en Jésus d’attrayant, de bon, de puissant, est à moi. L’amour de Dieu m’a placé dans la gloire de Christ ; je suis dans cette seule relation avec Dieu ; il m’aime ; c’est dans ma lèpre qu’il m’a guéri ; c’est dans mes péchés qu’il est venu à moi, qu’il est mort pour moi et m’a donné la guérison.

Si Dieu a voulu se glorifier, c’est en Jésus. L’amour de Dieu en nous, lie tous les chrétiens ensemble ; ce que tous connaissent de Dieu, c’est la manifestation de son amour.


3 - Méditations de J. N. Darby — Jean 20

n°3 : ME 1886 p. 56

Marie de Magdala aimait Jésus, mais elle le cherchait parmi les morts au lieu de le chercher parmi les vivants. Elle vient au sépulcre, comme beaucoup d’âmes attachées au Sauveur, et y pleure. Elle n’avait pas compris la puissance du Seigneur ; elle le cherche où il n’est plus, et s’afflige. Jésus vient au-devant d’elle et parle à son coeur ; au lieu de le trouver dans la mort, elle le retrouve dans la vie, mais il doit remonter vers le Père afin d’y attendre les siens.

C’est tout premièrement à Marie de Magdala, cette pauvre femme qui avait eu sept démons, que Jésus se révèle après sa résurrection. Il fait d’elle son messager pour annoncer la plénitude de sa résurrection.

Il l’envoie vers ses frères : « Va vers mes frères ». Maintenant que Jésus est dans le ciel et qu’il nous a faits enfants de Dieu, il nous appelle ses frères. Ressuscité et glorifié, il est plus près de nous et nous sommes plus près de lui qu’avant sa résurrection.

Jésus va vers son Père et notre Père, vers son Dieu et notre Dieu ; il nous met sur la même ligne que lui-même ; ensemble avec Jésus, nous sommes placés dans la même relation devant Dieu. Si je crois aux paroles de Jésus et me confie en ce qu’il m’a dit, j’accepte et je saisis cette place qu’il nous donne, et dans laquelle Dieu satisfait, non pas seulement notre amour, mais son amour à lui envers nous.

Cette espérance, effet du message qui les place comme des enfants devant Dieu, rassemble les disciples. Quand Jésus était ici-bas il gardait les siens ; il disait, non pas : « Paix vous soit », mais : N’ayez pas peur, ne craignez pas. Maintenant il dit : « Paix vous soit ». Les disciples fermaient la porte aux Juifs ; ils étaient pleins de crainte devant l’homme. Maintenant ils sont pleins d’espoir quant au ciel, ayant Jésus au milieu d’eux. Ce dernier leur communique la joie et la paix de sa présence, et en même temps il les envoie dans le monde. Il n’y a point de paix dans le monde, mais le Seigneur y envoie un message de paix. Toute la force de leur oeuvre devait s’accomplir par le Saint-Esprit.

Lorsque les disciples se réunissent, ce qu’ils ont à désirer avant tout, ce n’est pas de recevoir du bien, mais c’est d’avoir la présence de Jésus et de jouir de cette présence. Ils se réunissent en communion pour goûter ensemble la présence personnelle du Seigneur au milieu d’eux.


4 - Méditations de J. N. Darby — Actes 26:29

n°4 : ME 1886 p. 74

Dans ce passage, Paul fait pour Agrippa un souhait remarquable. Le mondain, même le plus heureux, ne peut souhaiter cela à personne. Tout chrétien doit montrer : 1° une parfaite satisfaction de sa condition devant Dieu ; 2° un désir ardent de voir les autres devenir tels qu’il est.

Comment Paul a-t-il pu dire : « Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous devinssiez de toutes manières, tels que je suis, hormis ces liens ? » On voit en 1 Tim. 1:15, son opinion sur lui-même. Personne au monde n’avait manifesté une haine plus prononcée contre Dieu et contre ceux que Dieu aime. Il ne pouvait souhaiter aux autres d’être encore des pécheurs. Il ne pouvait non plus souhaiter à tous son apostolat ; si tous étaient apôtres, il n’y aurait point d’auditeurs. Il ne pouvait leur souhaiter ses progrès, car lui-même n’en était pas content et désirait autre chose (Phil. 3:12-14).

L’histoire du monde jusqu’à la mort de Jésus est l’histoire de l’iniquité de l’homme qui faillit envers Dieu, dans toutes les circonstances où il est placé. Plus un mauvais arbre est cultivé, plus il produit de mauvais fruits. L’orgueil de l’homme hait les bienfaits de Christ : « Ils ont haï et moi et mon Père ». Paul allait plus loin dans l’iniquité et nous aussi, car Dieu a envoyé le Saint-Esprit et a fait prêcher le pardon aux meurtriers de Jésus. Quand ils eurent rejeté Jésus et que le Saint-Esprit eut dit : « Vous l’avez fait par ignorance… Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés », les Juifs rejettent encore le Saint-Esprit. Étienne le leur reproche ; il reprend leur histoire depuis le désert et leur dit : « Vous résistez toujours à l’Esprit Saint ; comme vos pères, vous aussi ». Par nature, nous rejetons aussi le Fils comme les Juifs, nous résistons aussi au Saint-Esprit.

Au moment où Jésus déjà crucifié est encore outragé, son flanc percé laisse couler l’eau et le sang, symboles de notre salut. Dieu répond à la haine de l’homme par un témoignage d’amour. Le Saint-Esprit vient de nouveau offrir un pardon qu’on rejette. Étienne est lapidé, et pour la première fois, Saul est nommé parmi ses meurtriers. Il va ensuite persécuter les saints dans les villes étrangères.

Dans cette occupation, Dieu le rencontre. Paul était l’expression personnelle de toute la haine du coeur humain contre ce que Dieu fait. Personne, ni parmi les sacrificateurs, ni parmi les Juifs, ni parmi les gentils, n’a été aussi actif dans cette haine que Paul. Aussi peut-on dire de lui, comme lui-même, qu’il était le premier des pécheurs. Et cependant il avait une conscience, il observait la loi, il était fort religieux ; il croyait qu’il fallait persécuter les fidèles, et agissait en cela selon ses vues, selon sa conviction, selon sa conscience, et exécutait sincèrement les ordres des chefs de sa religion. Mais sa conscience était aveuglée par son orgueil et par Satan. L’instrument de la haine de Satan contre Christ était un homme irréprochable selon le monde. Mais Jésus dans la gloire vient à sa rencontre et lui dit : « Pourquoi me persécutes-tu ? » (non pas mes disciples). Pas un de nous qui n’ait été dans le cas de Paul (non pas sans doute avec la même force de caractère) ; pas un qui n’ait regimbé contre les aiguillons et résisté à l’évangile. Nous sommes, en principe, ce que Paul était. La parole de Dieu nous montre, par de grands exemples, des vérités universelles. L’histoire d’Adam et d’Ève est aussi notre histoire. Satan leur dit : « Tu ne mourras pas », et le persuade encore aux incrédules de nos jours quant à la mort seconde.

Mais Paul est aussi un exemple de toute la clémence de Dieu. Dieu laisse la haine de Saul arriver à son comble, et fait, en moins de trois jours, de celui qui était l’apôtre de la haine de l’homme et de Satan contre Dieu, l’apôtre de l’amour et de la grâce de Dieu. C’est que, par ces paroles : « Pourquoi me persécutes-tu ? » Paul avait été convaincu par le Seigneur, alors dans la gloire, que l’Église était une avec lui. Ce que Paul voit d’abord, c’est la gloire de Jésus, un avec son Église. Pierre avait vu le Seigneur sur la terre et l’avait vu monter au ciel. Paul entre par l’autre extrémité de l’évangile. La grâce de Dieu se manifeste à lui en cette occasion d’une manière extraordinaire. La loi, la conscience, les chefs extérieurs de la religion, l’avaient poussé à la persécution ; aussi Paul, en parlant de ces choses, pouvait-il décrire leurs effets ; mais aussi la grâce est le sentiment qui domine chez lui. Son réveil dut être terrible : tout ce qui lui avait servi d’appui lui manquait et le condamnait ; mais bientôt il se trouve enfant de Dieu. L’union de l’Église avec Christ la plaçait en Christ ; dès le moment de sa conversion, l’union de Paul avec Jésus lui donne la même place. Il y trouve, non plus la justice de la loi, mais celle de Dieu. La justice de Dieu est la conséquence de son caractère, elle se trouve en Christ. Paul ne pouvait désirer une justice plus élevée ; il participait à la vie de Christ en étant uni à lui, à l’amour dont Jésus-Christ est l’objet de la part du Père qui a mis en lui toute son affection.

Paul avait la justice de Dieu en Christ, la vie de Christ, l’amour dont Christ est l’objet, la gloire de Jésus ; que pouvait-il souhaiter de plus et à lui-même et aux autres ? Nous qui croyons, nous sommes en possession du même trésor. Chacun de nous doit pouvoir souhaiter aux autres ce que Paul leur souhaitait. Nous participons aux mêmes choses, si nous pouvons dire : Je crois en Jésus, tandis que bien des âmes désirent la conversion des autres, sans être elles-mêmes affermies et en possession du bonheur. Oh ! oui, nous sommes à la fois ces pécheurs sauvés dont Paul était le premier, et ce que Jésus est. La foi s’en tient au témoignage de Dieu et ne lui substitue pas les jugements de l’homme. L’affection infinie de Dieu pour Christ est aussi pour nous, et doit fixer et reposer nos pensées.


5 - Méditations de J. N. Darby — Jean 13:3-19

n°5 : ME 1886 p. 96

Jésus garde toujours le caractère de serviteur. Dans ce passage, il rend à ses disciples le service le plus vil, celui d’un esclave à la réception d’un hôte. Comme l’amour du Père ne cesse jamais à notre égard, de même, par amour, le Fils est notre serviteur à toujours. Il est dans la gloire ; il y a une inconséquence apparente entre l’idée de Dieu et celle de serviteur, entre l’idée de gloire et celle de service. S’humilier était la seule chose nouvelle pour Dieu ; ici, il le fait à l’égard des siens, encore dans le monde, encore ignorants et privés d’intelligence pour comprendre les discours de Jésus et ce qui se passait dans son coeur. L’amour de l’homme a pour objet ce qui attire l’amour, mais Dieu aime parce qu’il est amour ; il aime à cause de ce qui est en lui, il aime par sa nature. Jésus aima jusqu’à la fin les siens qui étaient dans le monde. L’amour de Christ pour nous, le porte à s’humilier et vient s’appliquer à nous dans nos misères. Mais cette humiliation du Seigneur manifeste Judas, car la présence du bien met le mal en lumière.

1° Judas aimait l’argent. 2° Satan lui offre l’occasion de satisfaire cette convoitise. 3° Satan lui endurcit la conscience. Il met au coeur de Judas de trahir Jésus ; il n’y met pas la convoitise, mais il donne à cette convoitise une pâture.

C’est à la vue de tout cela, en présence de cette contradiction de la part des pécheurs et de la gloire qui était devant lui, que Jésus se fait le serviteur de ses disciples. Se ceindre est un signe de servitude ; car il fallait se ceindre pour travailler. Jésus a dû non seulement servir Dieu et se présenter devant lui pour nous, mais aussi s’occuper de nous pour nous laver les pieds. Il y a deux choses dans l’enfant de Dieu : 1° Sa perfection en Jésus : « Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi dans ce monde ». 2° Nous sommes, ici-bas, au milieu de faiblesses et de misères, et le Seigneur s’occupe de nos souillures, et bien que dans la gloire, Jésus se fait encore serviteur dans ce but.

Le chrétien doit chercher la dernière place, mais il ne peut l’occuper ; Jésus y est déjà. Le serviteur qui, par amour pour son maître, sa femme et ses enfants, ne voulait pas sortir pour être libre, et avait l’oreille percée pour être serviteur à toujours, était une figure de Jésus.

Le croyant a d’abord tout le corps lavé d’eau, comme cela se faisait pour les sacrificateurs. C’est l’image de la purification qui n’a lieu qu’une fois et ne se répète plus. Le Seigneur nous lave par la Parole. Étant nés de Dieu, nous sommes nets ; mais Jésus lave constamment nos pieds des souillures que nous contractons dans le monde ; il est sacrificateur pour cela. De quelle manière ce lavage a-t-il lieu ? Par la Parole, le Seigneur nous montre nos souillures et les place sur nos consciences. Le Saint-Esprit nous les fait voir, comprendre, haïr, par leur contraste avec le Seigneur Jésus et en nous le montrant. Nous n’avons donc pas besoin d’être consacrés et purifiés de nouveau ; mais il nous faut toujours le lavage des pieds, quand ils ont été souillés par leur contact avec le monde. Il en était de même du sacrificateur qui devait se laver les pieds toutes les fois qu’il entrait dans le lieu saint.

L’amour s’humilie toujours ; si nous le faisons pour ceux que nous aimons, à bien plus forte raison le Seigneur Jésus l’a fait pour nous.


6 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 14:10-20

n°6 : ME 1886 p. 132

Nous trouvons ici les cérémonies de la loi pour la purification du lépreux, figure de la purification que Christ nous procure, car la lèpre est une image du péché.

Il faut distinguer entre la purification du lépreux et celle du sacrificateur. Il n’y avait que trois aspersions de sang dans l’Ancien Testament. L’aspersion du lépreux, celle du peuple, celle du sacrificateur ; elles se faisaient une fois pour toutes et ne se répétaient pas. Il n’y avait rien à faire pour la guérison du lépreux ; elle était l’oeuvre de Dieu. Pour constater sa maladie, le lépreux était mis à part et observé de sept en sept jours. Quand le lépreux était entièrement blanc de lèpre, ou que la plaie était devenue blanche, il était purifié (Comparez Ps. 32:3-5). Quand le péché est caché et la lèpre intérieure, le mal est plus grand. La manifestation, la confession du péché, conduisent à la paix et mettent le coeur à l’aise ; c’est là le coeur intègre et sans fraude.

Les symptômes de la lèpre sont décrits en Lév. 13. La guérison venait de Dieu ; le sacrificateur devait seulement la constater et accomplir les actes de la purification. La lèpre mettait le lépreux hors du camp ; le péché empêche la communion avec Dieu et le peuple de Dieu. Après sa purification, le lépreux était réintégré dans la communion des enfants d’Israël ; mais le premier effet de la connaissance du péché est de nous ôter le désir de la communion avec Dieu, l’intelligence de cette communion et sa recherche.

La purification nous place de fait et de droit dans la communion des enfants de Dieu, quoique l’âme ne comprenne souvent pas, dès l’abord, qu’elle ait ce droit. La guérison précède souvent la connaissance de cette guérison ; l’âme convertie se place sous la loi au lieu d’accepter tout l’évangile avec joie.

Quant aux moyens employés pour la purification du lépreux, ce sont : 1° Les passereaux, l’un mort, figure de la mort de Christ, on l’égorgeait sur un vase de terre, sur de l’eau vive ; le passereau vivant est le symbole de la résurrection de Christ (Lév. 14:4-7). Nos péchés ont mis Jésus dans le tombeau ; mais il en est sorti et les y a laissés ; il avait tout accompli. 2° (v. 8-9). Le lépreux devait être lavé d’eau ; Jésus nous rend nets par la Parole qu’il nous a dite. Sa Parole fait pour nos âmes ce que la purification d’eau faisait pour le corps (Éph. 5:25-27). Cette purification se faisait une fois pour toutes. La sanctification est une, mais le chrétien doit y croître. Tous les croyants sont justifiés en Christ, c’est un fait accompli ; le Saint-Esprit nous place dans cette position. Il y a la sanctification de Dieu le Père (Jean 17:17), celle de Jésus par son sang, et celle du Saint-Esprit qui rend efficace et la volonté du Père et l’oeuvre du Fils. Le Saint Esprit accomplit la chose individuellement dans le corps. Il nous communique la vie par la Parole, et nous sanctifie entièrement. 3° Après la purification suit l’intelligence de ce qui a été fait ; il faut que le lépreux le comprenne et en reçoive l’efficace dans son coeur (v. 10-20). Le lépreux est présenté à Dieu avec un sacrifice pour le délit. On le marquait de sang comme signe de sanctification. L’intelligence du chrétien ne doit rien laisser entrer par l’oreille de ce qui serait incompatible avec le sang de l’agneau ; la main droite est le symbole de nos actions. Le chrétien ne doit rien faire qui déshonore le sang de Christ ; tout ce qu’il fait chaque jour, il doit le faire au nom du Seigneur Jésus, et ne rien faire qui ne soit selon la mesure des pensées de Dieu dans la mort de Jésus. Tout ce qui, dans nos actions, n’est pas saint comme le sang de Christ, est péché. Le sang sur le gros orteil représente la sanctification de toutes nos démarches. Nous ne sommes pas des êtres négatifs ; la vie de Christ doit toujours agir en nous. Pensées, actions, démarches, tout est sous le sang de Christ, et ce sang est la mesure de ce que doit être notre sainteté. Il faut être sous le sang de Christ ou en dehors. L’enfant de Dieu a sur lui ce sang qui ne peut ni être effacé, ni perdre de sa valeur. Il n’est jamais besoin d’une nouvelle aspersion. Chaque jour, nos âmes sont renouvelées intérieurement par le Saint-Esprit, et nous demandons pardon de nos péchés à notre Père. 4° Ce n’était pas seulement le sang qu’il fallait, c’était aussi l’huile. L’huile ou le Saint-Esprit est donnée, parce que le sang est là. Ce n’est pas après l’eau, c’est après le sang que l’huile est appliquée. Le Saint-Esprit vient en nous, parce que le sang de Christ est sur nous. Si nous sommes devant Dieu aussi purs que le sang de Christ, comment l’Esprit ne serait-il pas en nous ? Le sang de Christ a épuisé la colère de Dieu contre le péché. Tout est amour pour celui qui est sous l’aspersion de ce sang. Le Saint-Esprit est un Esprit d’intelligence, de joie, de paix, d’amour. Ce sont là ses premiers fruits ; c’est un Esprit de force et de puissance pour vaincre les obstacles qui se montrent sur notre chemin.

L’effet de tout cela était de rétablir le lépreux dans la communion de Dieu. Nous sommes devant Dieu dans toute la bonne odeur du sacrifice de Christ.


7 - Méditations de J. N. Darby — Jean 16:1-20

n°7 : ME 1886 p. 135

Le sentiment de notre état actuel devant Dieu provient du jugement du Saint-Esprit en nous. L’inquiétude ou la paix que nous éprouvons viennent du langage du Saint-Esprit qui révèle Dieu à nos âmes. Le Saint-Esprit illumine notre intelligence et agit par la conscience. On peut recevoir l’évangile avec joie, et ne pas durer, parce que la conscience n’a pas été atteinte. On se contente de garder son caractère d’honnête homme, et on ne craint pas de faire devant Dieu ce qu’on n’oserait pas faire devant les hommes. Nos idées du péché sont fausses. Si un homme fait tort au bien de son prochain, on le punit comme un criminel ; s’il nuit, par sa médisance, au caractère de son prochain, il est considéré comme méchant ; s’il médit de Dieu ou blasphème, on le considère, presque avec indifférence, comme un pécheur. Mais, en fait, il n’est pas bienséant de nommer Dieu dans le monde qu’il a fait, ni de nommer Jésus dans les sociétés du monde. Il y a dans l’homme de mauvaises pensées, une mauvaise volonté, et la haine du coeur contre les bienfaits de Dieu.

Le monde est convaincu de péché en ce qu’il a rejeté Jésus, et en ce que le Saint-Esprit est venu prendre, dans cette économie, la place de Jésus rejeté.

Le monde est convaincu de justice, parce que Dieu rejette le péché de sa présence et le pécheur de sa société. Si Dieu admettait le moindre péché dans le ciel, ce dernier serait un lieu aussi misérable que la terre. Les hommes ont tellement maltraité Jésus que, même un brigand, osait l’outrager du milieu de son supplice. Mais la justice se manifeste aussi en ce que Dieu a placé le Juste à sa droite, et le Saint-Esprit en est la preuve : il est ici-bas parce que Jésus est là-haut.

Le monde est convaincu de jugement. Satan s’est fait condamner par la mort qu’il a fait subir à Christ, et cette condamnation, ce jugement se manifestent en ce que Christ est assis à la droite de Dieu. La condamnation de Satan n’a pas encore eu son exécution. Le second Adam a été accepté et admis en la présence de Dieu.


8 - Méditations de J. N. Darby — Romains 4

n°8 : ME 1886 p. 176

Ce qui frappe dans les voies de Dieu, c’est le soin détaillé qu’il prend d’agir sur nos coeurs, et de nous donner une connaissance de nous-mêmes selon lui. On voit, à tout ce que Dieu dit, qu’il nous connaît parfaitement. Le Seigneur raconte à la Samaritaine son histoire, lui montre ce qui est dans son coeur, réveille sa conscience, et lui démontre ainsi Sa mission. Le brigand sur la croix, éclairé par le Saint-Esprit, saisit la perfection de Jésus et lui rend témoignage qu’il n’a rien fait qui ne se dût faire, mais pour nous, dit-il, nous y sommes justement. Cette expérience est nécessaire, non pour être sauvé, mais pour se connaître selon Dieu, et pouvoir être en communion avec lui. Ces expériences peuvent être tristes, angoissantes, mais elles sont profitables et nous affermissent dans la paix. Elles découvrent des choses inattendues et nous instruisent ainsi d’une manière salutaire.

Il y a en nous une tendance perpétuelle à nous placer sous la loi, et à chercher en nous quelque chose qui nous rassure quant à notre état devant Dieu. Mais l’évangile nous montre que Dieu nous a connus à fond et que cependant il nous a aimés. La loi a été donnée à des pécheurs nécessairement condamnés par elle ; elle devait leur révéler leur nature pécheresse et leur perdition. L’homme qui avait été trente-huit ans au réservoir de Béthesda se trouvait, par l’effet même de sa maladie, hors d’état de se servir du seul remède qui pût le guérir. L’effet du christianisme, en éveillant la conscience, est de nous remettre sous le joug de la loi, quand nous n’avons pas les yeux attachés sur Christ. Le christianisme déchire le voile qui nous cachait la sainteté de Dieu, sainteté qui éclate dans la mort de Jésus et qui nous prescrit une tout autre mesure de sanctification. Cela devient souvent un écueil pour des âmes sincères et converties, que trouble le sentiment d’une responsabilité plus grande. Elles n’ont pas encore compris la grâce comme elle doit l’être, et comme le chap. 4 des Romains la fait voir. En cherchant à s’approcher de Dieu par leur sanctification, elles affaiblissent la promesse que Dieu justifie le méchant, et cependant c’est à cause de cela que je serai dans le ciel. Le juste n’a pas besoin d’être justifié, et il ne fera pas des bonnes oeuvres pour l’être, mais parce qu’il est juste. Si je prétends ajouter quelque chose à ma justification par mes oeuvres, elle n’est donc plus une pure grâce (v. 4, 5). Les sentiments que nous éprouvons ne doivent pas être, pour nous, un motif de sécurité ajouté à notre foi ; ce ne serait qu’une propre justice plus raffinée.

En justifiant le méchant, Dieu ne sanctionne pas la méchanceté. La mort de Christ glorifie davantage la justice, la sainteté et l’amour de Dieu, que ne pourrait le faire la condamnation éternelle du pécheur. Si j’avais pu me présenter parfaitement juste à la porte du ciel, Dieu aurait dû me l’ouvrir et j’y serais entré sans connaître son amour, sans connaître Dieu, car il est amour. La croix de Christ montre la justice parfaite de Dieu et son parfait amour envers moi ; elle me montre Dieu pour moi ; elle a mis Christ à ma place et l’a frappé du coup qui m’était dû ; elle est un témoignage permanent de l’amour de Dieu à mon égard. Dieu, après avoir connu et pesé mes péchés, a donné pour moi son Fils, dont le sang était nécessaire à leur expiation. Par l’offrande de Christ, Dieu a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés.

La foi ne peut embrasser que ce qui est hors de moi ; une bonne oeuvre, un bon sentiment, se reconnaissent par l’expérience et non par la foi. La foi fait disparaître, en leur communiquant des privilèges égaux, la distinction entre Juif et gentil.

Le v. 25 montre les deux principes de notre assurance : la mort de Christ et sa résurrection. Ce sont les sources de notre paix avec Dieu. La présence de Dieu même nous laisse alors en pleine paix. Cette assurance en la présence de Dieu ne peut être un fruit de la légèreté, et d’autre part, le doute ne peut provenir que de l’incrédulité à l’égard des promesses de Dieu. Notre salut ne dépend pas de ce que nous sommes à l’égard de Dieu, mais de ce que Dieu est à notre égard ; il provient de l’amour parfait de Dieu qui nous en a donné la preuve dans le don de son Fils. C’est déshonorer Christ, de douter que son sang nous purifie de tout péché. Dieu se manifeste aux pécheurs perdus, non en jugement, mais en grâce.

Plus nous voyons et sentons l’amour infini et inexprimable de Dieu pour nous, plus le coeur en est attendri et humilié, car l’amour et l’orgueil sont incompatibles.

Au commencement de l’épître aux Romains, Paul montre la méchanceté de l’homme ; il convainc Juif et gentil de péché ; il leur montre le sang de Christ comme la réponse de Dieu à cet état. La résurrection de Christ nous montre qu’il y a quelque chose de plus élevé que toutes nos expériences ; elle donne à la conscience la vue claire de notre vivification par la vie de Christ en nous. Elle nous met en état de juger l’arbre et non pas seulement les fruits : le vieil homme, le péché qui demeure en nous, et non les péchés commis. La source de la vie, Christ, est en la présence de Dieu. La vie de Christ m’est communiquée, et c’est une vérité non moins réjouissante que celle du sang de Christ. Celui-ci nous met en paix quant à la condamnation ; avoir Christ lui-même, dans la présence de Dieu, me donne la vie, et je suis rendu agréable dans le bien-aimé. Il est la source de la vie, et cette vie entretient la paix.

La vie de Christ nous donne l’expérience, mais l’expérience ne peut nous autoriser à tirer aucune conséquence quant à ce que nous sommes.

Dieu nous a donné le sang de Christ et a ressuscité Christ. Toutes mes offenses ont été sur Jésus ; mes péchés sont la pierre qui ferme la tombe de Christ. Dieu vient, trouve Christ sous mes péchés, le ressuscite et le place en sa présence. Christ, après avoir subi l’effet de mes péchés, ressuscite sans mes péchés et remonte en la présence de Dieu où il m’introduit, hors des effets de la colère de Dieu, de la puissance de la mort et de Satan. Christ ressuscité témoigne éternellement de notre parfaite justification. Le Saint-Esprit, par la foi, nous donne part à cette justification, mais l’oeuvre qui justifie est accomplie depuis dix-huit siècles.

Le sang de Christ est la réponse de Dieu à mes péchés.

La communication de la vie de Christ ressuscité me donne l’expérience de la sainteté de Dieu et de l’état de mon coeur, source de combats, d’angoisses, et aussi de joie.

La joie et la paix proviennent non des effets de la vie de Christ en nous, mais de la connaissance de l’amour de Dieu et du don de Christ.


9 - Méditations de J. N. Darby — Exode 28

n°9 : ME 1886 p. 214

Ce chapitre nous parle des vêtements qu’Aaron devait revêtir pour se présenter devant l’Éternel. Il était le représentant du peuple, de ces douze tribus d’Israël dont il portait les noms, un type de ce que Christ fait pour nous dans le ciel. Le Seigneur n’est pas sacrificateur selon l’ordre d’Aaron, mais il exerce, maintenant, la sacrificature, selon le type présenté en Aaron.

Maintenant Christ est caché en Dieu, comme le souverain sacrificateur quand il entrait dans le lieu très-saint, le jour des expiations.

Un sacrificateur suppose des péchés, des misères, ou, comme dans l’épître aux Hébreux, des infirmités. Il est médiateur pour intercéder en faveur du peuple et le représenter devant Dieu. Je suis infirme, mais toutes mes infirmités deviennent, non pas une occasion de jugement, mais, pour Dieu, l’occasion de déployer toute sa tendresse et toutes ses compassions envers moi, par le moyen de notre sacrificateur.

Ici-bas, Jésus lave nos pieds, mais devant Dieu il nous représente dans sa perfection. Il déploie les richesses des miséricordes de Dieu envers nous ici-bas, et il nous présente à Dieu dans sa propre perfection. Le chap. 28 de l’Exode nous montre comment le sacrificateur nous présente devant Dieu.

L’éphod était le vêtement caractéristique du souverain sacrificateur : les deux parties en étaient jointes par deux épaulières qui portaient sur deux pierres d’onyx les noms des douze tribus. La ceinture est un signe de service : « Que vos reins soient ceints ». Le pectoral était fixé à l’éphod et portait aussi, sur douze pierres, le nom des douze tribus. Les vêtements étaient de fin lin retors ; ils étaient comme ornés de toutes les grâces possibles, le fond représentant la pureté même.

Aaron devait porter les enfants d’Israël devant Dieu ; il les portait sur ses épaules : tout le fardeau de son peuple et de son gouvernement est sur les épaules de Christ. Si les pierres n’avaient pas été sur les épaules d’Aaron, l’éphod serait tombé ; il était attaché par les noms des enfants d’Israël. Si Christ est sacrificateur, nous sommes sur ses épaules, portés en mémorial devant Dieu. Il porte le fardeau et le gouvernement ; il fait tout ; l’efficace dépend entièrement de lui, même dans ce que nous faisons pour l’Église.

Aaron portait aussi sur son coeur, au pectoral du jugement, les noms de son peuple. Il n’est pas un rayon de la gloire et de l’amour de Dieu luisant sur Christ, qui ne luise aussi sur nous qui sommes portés sur son coeur. Le coeur de Christ nous présente à Dieu. Ce n’est pas seulement pour nous obtenir des grâces particulières, mais c’est nous-mêmes qu’il présente, selon l’amour qu’il y a entre lui et Dieu.

Les Urim et les Thummim sont les lumières et les perfections. Aaron portait sur son coeur devant Dieu, selon les perfections de la présence de Dieu, le jugement des enfants d’Israël. Nos péchés ne peuvent pas dépasser Christ et s’interposer entre Dieu et lui. Il nous maintient continuellement en jugement devant Dieu, selon les lumières et les perfections de cette présence. Dieu ne cache jamais sa face. Il peut nous châtier ; par notre faute, nous pouvons perdre sa communion, mais si Dieu nous cachait sa face, il la cacherait à Christ. Elle est cachée maintenant à Israël qui est sous la loi. Ce sont nos manquements qui élèvent un nuage entre nous et Dieu. C’est une conséquence de notre infirmité, mais la grâce souveraine de Dieu n’en est nullement altérée.

La « sainteté à l’Éternel » est toujours devant Dieu. Nos prières montent en sainteté à l’Éternel, parce que Christ est là. L’iniquité de nos saintes offrandes (car il y en a et tout notre service est imparfait) est présentée devant Dieu selon la sainteté divine en Christ.

Ce chapitre, en nous faisant mieux saisir l’étendue de l’amour et des grâces dont nous sommes les objets, nous remplit d’actions de grâce, et nous fait trouver en Christ des ressources toujours nouvelles, car notre connaissance de lui peut toujours s’accroître et augmenter notre joie.


10 - Méditations de J. N. Darby — Luc 22:1-38

n°10 : ME 1886 p. 217

Toutes les circonstances de la mort de Jésus résument, pour nous, ces deux grands principes : amour de Dieu, haine de l’homme. Ici, le Seigneur fait ses préparatifs de départ ; mais, quoique absent maintenant, il est toujours présent, spirituellement, avec les siens, et veut que les enfants de Dieu s’appuient les uns et les autres sur lui.

Notre force vient de notre faiblesse ; mais le sentiment même de notre faiblesse nous échappe facilement quand la grâce de Dieu agit, parce que nous nous attribuons quelque chose de ses effets. C’est alors que nous avons besoin d’être criblés, car la chair s’est introduite et le mal avec elle.

L’Église est en spectacle au monde, aux anges et aux hommes, pour leur démontrer et leur faire connaître la puissance de Dieu, la puissance du Saint-Esprit dominant sur la puissance du mal — et cela même dans la faiblesse de l’homme. Mais si nous abandonnons l’appui de l’Esprit, la chair reparaît, reprend sa force, nous conduit en tentation et ne nous met pas à l’abri des effets de cette dernière. C’est ce qui arriva à Pierre : la force de la chair suffit pour le conduire en tentation, mais non pour l’en tirer. Jésus permit par là, que Pierre fût criblé et qu’il fit l’expérience de la faiblesse de la chair, afin que, par cette connaissance, il fût rendu propre à fortifier ses frères.

« Vous êtes », dit le Seigneur, « ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations » (v. 28), et cependant ils ne l’avaient souvent ni compris, ni entouré fidèlement. Le Seigneur laisse, par son départ, ses disciples à eux-mêmes, comme des brebis au milieu des loups ; de là l’instruction du v. 36.

Il leur donne aussi l’exemple de son humilité profonde. Du moment où nous pensons être les bienfaiteurs de qui que ce soit (v. 25, 26), nous prenons la place de Dieu ; l’homme est glorifié, aux dépens de Dieu, au milieu de ses semblables. Nous perdons notre caractère d’enfants de Dieu, quand nous perdons notre place de serviteurs. Jésus était le serviteur de tous (v. 27) ; plus nous serons serviteurs, plus nous lui serons semblables. L’amour nous fait serviteurs des autres à cause de leurs misères. Une mère est servante de son enfant, quoique au-dessus de lui.

Quant à la cène, le Seigneur a voulu donner, à ses disciples, un témoignage de son amour. Mais là aussi il était serviteur (v. 14, 15). Le Seigneur allait se placer dans le ciel, y devenir Nazaréen, séparé des joies de ses disciples et séparé extérieurement des pécheurs. L’amour ne peut être heureux sans que ceux qui sont aimés participent à ce qu’il a. Jésus ne peut être satisfait que lorsque l’Église sera réunie avec lui dans la gloire. Mais avant son départ, il nous laisse un gage d’amour. Il avait fort désiré de manger cette pâque avec eux avant de souffrir. Il s’est fait homme et serviteur, afin que nos coeurs aient un objet d’amour humain et divin en même temps. Le lien d’amour est parfait ; c’est la communion la plus intime de lui avec nous, et de nous avec lui. Jésus est le premier-né entre plusieurs frères, et prend ce caractère comme objet de nos affections. Il ne commande pas l’amour, mais le produit par la manifestation de son amour pour nous. Jésus n’est pas changé ; il nous place dans la même position que lui ; il produit en nous le désir de communion avec lui. Prendre un repas en commun est une marque d’amour et de fraternité ; la joie qui l’accompagne n’est pas à son comble, parce que maintenant le Seigneur est séparé de nous, et ne mange plus personnellement avec nous. Il nous a laissés ensemble dans l’amour. Le chrétien est séparé du monde par son amour pour Celui qui en est loin.

Comment un chrétien peut-il s’abstenir de prendre la cène ? C’est s’excommunier. La cène est un gage de pardon, le mémorial de l’amour de Jésus. Christ est spirituellement présent avec les siens, mais il est aussi absent et nous l’attendons. En participant à un seul pain, nous sommes tous un seul corps, et je ne puis me retrancher, m’excommunier du corps de Christ. Dans la cène, Christ a voulu exprimer son amour, rappeler son amour ; c’était un besoin de son coeur. Le signe de l’amour de Christ, ami mort pour nous, ami absent, doit nous être précieux. Il daigne être un de nous, séparé de nous pour un peu de temps, mais ayant sa joie à nous rendre heureux.


11 - Méditations de J. N. Darby — Exode 15:1-21

n°11 : ME 1886 p. 234

Le v. 13 nous montre qu’Israël, sans avoir fait encore un pas dans le désert, est conduit par la miséricorde de Dieu à la demeure de sa sainteté. Mais, du moment que le peuple a passé la mer Rouge, il chante avec joie et triomphe. Il en est de même du chrétien, aussitôt que Christ l’a tiré hors d’Égypte, c’est-à-dire du monde. Israël n’avait jamais été dans un état plus triste que celui qui précéda cette délivrance. Dieu avait fait, sans doute, beaucoup de prodiges en Égypte, mais le peuple ne chante sa délivrance qu’après le passage de la mer Rouge ; type de la mort et de la résurrection de Christ. Notre sujet de frayeur, la mort et le jugement qui nous attendent, devient notre sujet de joie quand nous le considérons dans la mort de Christ et le jugement tombé sur lui. Le miel se trouve dans la gueule du lion. C’est avant de commencer sa marche dans le désert qu’Israël chante le cantique, parce que notre pèlerinage commence par la délivrance de Dieu. L’effet de la délivrance est de nous placer dans le désert.

En Égypte, Israël était esclave de Pharaon, mais il avait en abondance les biens de la terre. C’est la jouissance des choses de cette vie qui nous place sous l’esclavage de Satan, le prince de ce monde. Quand le peuple murmure dans le désert, il se souvient du poisson qu’il mangeait pour rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et de l’ail… mais non pas des briques. Le salut du chrétien condamne le monde au lieu de l’accréditer, mais le jugement est de Dieu. Pourquoi prêcher l’évangile, si le monde n’est pas perdu ?

Lorsque le sang de Christ a été placé sur nous, nous commençons à sortir d’Égypte, mais l’ennemi nous guette et nous attaque en chemin, comme Pharaon poursuivit Israël jusqu’à la mer Rouge. Nous nous trouvons aux prises avec Satan, et il faut que nous sentions sa force : cette expérience est nécessaire pour abattre nos coeurs, pour nous placer devant Dieu dans notre néant, mais aussi pour nous mettre en état de jouir de Dieu. Le sang sur la porte des Israélites, mettait en évidence le jugement de Dieu en leur faveur, mais pour que nous puissions jouir de Dieu, il faut que Pharaon nous poursuive jusqu’à la mer Rouge, jusqu’à la mort.

Satan est derrière nous ; il nous accule et nous pousse dans la mer ; il cherche à nous effrayer de la même manière. C’est alors que la force de Dieu se manifeste dans notre faiblesse ; c’est alors que la vue de la mort et de la résurrection de Christ nous montre la puissance de Dieu triomphant de celle de Satan et nous affranchissant. La mer Rouge devient la sûreté d’Israël, une muraille à droite et à gauche ; ainsi, la mort de Christ devient notre assurance. La mort est la puissance de Satan aussi longtemps que nous ne la voyons pas dans celle de Christ. La mort de Christ est le salaire de mon péché et me soustrait au jugement. Les croyants passent par la mort de Christ et ont part à sa résurrection : nous sommes ressuscités avec lui. Où est Satan, où Pharaon ? Dans la mer Rouge. Du moment où nous avons compris la force et la puissance de Dieu qui nous placent hors d’Égypte, quoique dans le désert, nous n’avons plus rien à redouter de Pharaon. Il ne reste à Satan que la puissance de la mort. Il a déjà fait tout son possible contre nous ; il n’a pu toucher le peuple de Dieu, sans toucher d’abord le chef de notre salut. Rien n’est plus effrayant que d’entendre le Fils de Dieu dire à Dieu : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? » Le jugement dernier et tout le reste n’ont rien d’aussi terrible. Mais la mort n’a pu retenir Christ : du moment qu’il sort du tombeau, la puissance de Satan est détruite et Christ emmène la captivité captive. La mort et le jugement de Christ font tomber Satan dans la fosse qu’il a creusée, tandis que nous sommes amenés auprès de Celui qui nous a aimés.

Être dans le désert est une preuve de la délivrance. Dieu nous conduit dans le désert, afin que nous n’y trouvions que lui-même ; il n’y a, sans lui, ni force, ni nourriture, ni breuvage, ni sentier. L’intelligence humaine ne peut s’appuyer sur Dieu ; la foi seule le peut, parce qu’elle n’a rien. Ou Dieu, ou le désert ; ni l’Égypte, ni Canaan. Quand nous cessons de voir Dieu, le désert est devant nos yeux ; nous sommes hors d’Égypte, pas encore dans le ciel.

Tout ce qui était contre nous est vaincu dans la mort et la résurrection de Christ ; dans le désert, il n’y a que Dieu qui nous donne ce qui est nécessaire pour le voyage et non pour le repos (Deut. 8:2-5). Dieu, dans sa force, nous conduit à la demeure de sa sainteté. C’est le moment de chanter le cantique de délivrance. Nous sommes déjà dans la demeure de sa sainteté, mais non encore introduits dans la gloire (v. 17).


12 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 1

n°12 : ME 1886 p. 316

Héb. 10 nous rappelle les quatre espèces de sacrifices dont parle le Lévitique. Ils sont tous des types de Christ, montrant les desseins de Dieu en lui, et Dieu nous l’a présenté ainsi de près, afin que nous puissions contempler sa gloire infinie.

C’est du tabernacle d’assignation (v. 1), que toutes ces choses ont été communiquées à Moïse. Le tabernacle représentait les choses célestes ; on y trouvait le parvis, le lieu saint et le lieu très-saint, ce dernier fermé par un voile, au delà duquel Moïse seul entrait, et Aaron une fois l’an. Dans le lieu très-saint se trouvait l’arche, le trône de Dieu. Dans le lieu saint étaient le chandelier (lumière, sainteté) et la table avec les pains de proposition ; dans le parvis, l’autel d’airain des holocaustes et la cuve avec l’eau de purification. Le peuple entrait dans le parvis ; les sacrificateurs, types des enfants de Dieu, entraient dans le lieu saint ; le souverain sacrificateur, seul, entrait une fois l’an dans le lieu très-saint. Le tabernacle d’assignation, vu comme un tout, était le lieu où Dieu assignait son peuple en sa présence (Exode 29:42, 43). Pour nous, c’est en Christ que nous pouvons nous approcher de Dieu.

Comme moyen de s’approcher de Dieu, les sacrifices sont de deux sortes : l’holocauste, et le sacrifice pour le péché. Christ a été la réalisation de l’un et de l’autre.

On peut contempler Jésus dans la gloire, dans le ciel, — vu dans le détail de sa bonté, de son amour, de ce qu’il a souffert ici-bas comme ayant pris part à toutes nos afflictions. Plus nous le considérons de cette seconde manière, plus nous trouvons en lui l’objet de notre joie et de notre affection. Il devient pour nous un ami intime et bien connu. Son sacrifice résume tout.

Les sacrifices nous montrent la mort de Christ. Celle-ci a deux caractères : 1° Jésus s’est présenté de plein gré pour nous. 2° Il a été fait péché pour nous. — Nous voyons dans l’holocauste Christ s’offrant volontairement ; dans le sacrifice pour le péché, Christ fait péché pour nous. Ces deux caractères sont importants ; le premier nous montre l’amour infini de Christ. Dans le détail des sacrifices, l’holocauste se présente le premier ; dans l’application de ces sacrifices à l’homme, c’est, au contraire, l’offrande pour le péché qui occupe la première place.

L’holocauste est une odeur agréable (v. 9) ; cela n’est jamais dit du sacrifice pour le péché, où la victime était brûlée hors du camp, type de Christ offert à notre place et rejeté, parce qu’il est fait péché pour nous ; c’est pourquoi il s’écrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus s’est offert complètement, c’est pourquoi le Père l’aime ; il a eu la volonté parfaite de souffrir : « Me voici pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Du moment qu’il entre dans cette carrière, c’est avec une obéissance parfaite ; on peut voir la perfection de Christ à cet égard au jardin de Gethsémané. Mais nous sommes les objets de tout ce que Christ a fait comme homme obéissant. Ce dévouement est nécessairement agréable à Dieu. Il le fallait pour ôter la méchante volonté de l’homme. Tout le mal consiste en notre volonté qui est contraire à celle de Dieu. Christ, lui, n’a point d’autre volonté que celle du Père ; il s’est dévoué, tout entier, à la gloire de Dieu ; en ce sens, Dieu a pu se reposer en Christ ; son dévouement était une agréable odeur à l’Éternel. Christ renonçait à lui-même pour obéir en toutes choses. Lorsqu’il est tenté par Satan, le Seigneur refuse tout, parce qu’il n’avait aucun ordre, aucun commandement du Père de faire ce que Satan voulait. Il a fait cela, non comme Dieu, mais comme homme, sans quoi ce ne serait pas un exemple pour nous de la manière dont nous devons repousser les tentations, par la Parole et par l’entière obéissance à Dieu.

L’offrande devait être sans défaut (v. 3). Christ a été sans tache, même quant à la chair ; tandis que nous sommes conçus dans le péché ; Christ, même selon la chair, a été conçu du Saint-Esprit.

Christ ne donne pas pour nous ses oeuvres seulement, mais aussi sa vie. La mort de Christ est le jugement de Dieu ; la tentation de Christ a montré que Satan n’avait rien en lui. Nos tentations sont une épreuve de ce qu’il y a en nous, et servent à le manifester ; elles exercent un effet sur nous à cause de la convoitise. En Adam, la tentation a trouvé de la faiblesse et non du péché ; il a succombé devant un être plus fort et plus rusé que lui. Dans l’épreuve, Christ se repose sur son Père. La tentation devait éprouver sa sainteté, non aux yeux de Satan, mais à ceux de Dieu : l’effet de cette épreuve a été une bonne odeur à l’Éternel ; elle a manifesté la sainteté de Christ ; elle a été le moyen de mettre au jour toute sa perfection. Héb. 5:7, montre que Jésus a craint ; il a été angoissé et a sué des grumeaux de sang, mais il s’est soumis entièrement. Les hommes, les anges même ne peuvent sonder une telle chose jusqu’au fond.

Jésus qui était la sainteté même, a pu, d’autant mieux, éprouver l’horreur d’être fait péché. L’amour du Père lui faisait sentir d’autant plus la colère qui tombe sur le péché. Il s’est humilié, afin que Dieu fût exalté, glorifié en lui. Il s’est soumis au jugement de toute la sainteté et de toute la puissance de l’Éternel.

Tout cela a été manifesté dans l’homme, dans le Fils de l’homme. L’oeil de Dieu ne pouvait se reposer sur aucun des fils des hommes, ni sur Abraham qui avait menti, ni sur Moïse qui avait péché. Mais en Jésus, Satan ne trouve rien ; l’oeil de Dieu se repose sur lui. Tout ce que Dieu demande à l’homme, il le trouve en Jésus. C’est dans l’homme, c’est en Christ, que les anges voient l’amour, la sainteté, la justice de Dieu. Si Dieu veut se satisfaire à lui-même, il faut qu’il contemple l’homme en Jésus. Le plus petit des enfants de Dieu est présenté dans tout ce que Christ est, dans toute la bonne odeur de Christ devant Dieu. Après le déluge, Dieu flaire le sacrifice de Noé comme une odeur agréable. L’Éternel dit en son coeur : « Je ne maudirai plus ». C’était un type de l’effet du sacrifice de Christ. Christ nous représente et glorifie parfaitement Dieu.

Il est difficile de se dévouer à la colère quand tout est contre nous, et c’est ce que Christ a fait. Christ a été en butte à la haine de l’homme, à la colère de Dieu et à la puissance de Satan. Quand nous le voyons dans ses souffrances, nos coeurs se lient à lui.

Nous sommes présentés à Dieu selon la bonne odeur du sacrifice de Christ. Ma présence devant Dieu est un témoignage de plus de l’efficace de ce sacrifice.


13 - Méditations de J. N. Darby — Apocalypse 21:9-27 ; 22:1-5

n°13 : ME 1886 p. 335

Considérons d’abord le caractère de la joie dans la cité de Dieu. La joie peut contribuer à nous sanctifier, si nous la considérons dans sa source, sans cela elle peut nous faire du mal et nous éloigner de Dieu. Il y a des tentations que Satan choisit de préférence pour ceux qui sont spirituels. C’est par les promesses faites au Messie, mais en les tronquant, que Satan tente Jésus. Aussi longtemps que Paul était dans le troisième ciel, il ne s’enorgueillissait pas, mais il est en danger de le faire quand il se retrouve sur la terre et pense à ses révélations. Les enfants de Dieu ont leur vie cachée avec Christ en Dieu ; elle doit sans cesse découler de cette source.

Les symboles employés dans les descriptions du genre de celle que nous venons de lire, sont d’autant plus obscurs qu’on les adapte généralement à ses propres idées, au lieu de recevoir les idées du Saint-Esprit. Là, l’Église est présentée en gloire ; cette gloire nous appartient maintenant par l’espérance et plus tard en réalité, mais la première chose qui nous est présentée, c’est la gloire de Dieu (v. 10). Dieu a communiqué sa gloire à l’homme dans la personne de Christ.

C’est notre portion actuelle d’avoir l’amour de Dieu répandu dans nos coeurs, et de nous glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu. Nous aimons, selon le principe et la nature de l’amour de Dieu, non pas selon le degré de cet amour. Dieu, nous ayant communiqué sa nature, nous a aussi donné son Esprit pour en jouir.

Les chrétiens n’appartiennent nullement à ce monde ; leur vie est cachée avec Christ en Dieu ; ils doivent donc vivre d’une vie céleste. La joie de Dieu est de nous faire part de tout ce qu’il a ; il donne actuellement la gloire à ses enfants par l’union vitale de l’homme en Christ avec Dieu.

Tout ce que Dieu a développé dans les dispensations passées se retrouve dans la gloire : douze anges, douze tribus, douze apôtres, douze fois douze, mesure de la muraille.

Ses fondements (v. 19) sont ornés de toute pierre précieuse. Le souverain sacrificateur portait aussi devant Dieu, sur des pierres précieuses, le nom des douze tribus. Cette relation avec Dieu est le fondement de la muraille de la cité ; c’est par la personne de Jésus que nous sommes ainsi présentés à Dieu.

Les douze portes (v. 21) étaient douze perles. Ces dernières sont le symbole de la beauté et de la perfection morale, comme dans la parabole de l’homme qui cherche de belles perles. Cette perfection est la porte de la cité.

(v. 18, 21) L’or pur représente la justice divine. Le verre transparent (v. 21) est la même chose que l’eau pure dont Jésus lave ses disciples, seulement dans l’Apocalypse cette eau pure devient stable, et cette pureté est comme un terrain solide où nous marchons, tandis qu’ici-bas nous marchons sur une terre souillée de péchés, où Christ sacrificateur nous lave les pieds. Dans la cité, nous marchons sur la sainteté, dans la sainteté parfaite ; nos démarches y seront sans souillure.

(v. 22) La joie immédiate de la présence de Dieu et de l’Agneau remplit les âmes, et il n’y a plus de temple, car notre culte s’adressera immédiatement à Dieu.

(v. 20). Nous aurons la jouissance de la lumière même ; elle ne sera ni partielle, ni temporaire, comme aujourd’hui.

(v. 27) Il n’entrera dans la ville aucune chose souillée ; elle sera, au dedans, la gardienne des principes de la sainteté de Dieu même, et au dehors l’expression parfaite de l’amour de Dieu pour les pécheurs. Au dedans rien de souillé, mais l’amour peut atteindre au dehors toutes les souillures. « Les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations », et le fleuve d’eau vive coulera de la nouvelle Jérusalem au milieu de la sécheresse des gentils (Chap. 22:1, 2).

Les chrétiens doivent déjà revêtir ces caractères. Nous sommes sur le pectoral de Christ ; nous devons faire briller au dehors la grâce de Christ, de la plénitude duquel nous avons tous reçu et grâce sur grâce. Nous avons à présenter au monde ce caractère, et dans ce but, veiller à ce que la chair n’obscurcisse pas cette grâce, et marcher selon la justice et la sainteté de Dieu.

Nous pouvons entrer en confiance en la présence de Dieu par l’Agneau, car cette présence nous est dévoilée par l’amour qui a déchiré le voile en frappant le Seigneur Jésus.

Que ces choses soient vraies de nous. Impossible de présenter au dehors la grâce au monde, sans la sainteté au dedans. La chair ne peut présenter la grâce de Dieu, car elle contriste le Saint-Esprit. La fidélité journalière, en cherchant la présence de Dieu, nous met en état de résister aux tentations et de marcher dans ce monde en nous tenant à part du péché.


14 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 4

n°14 : ME 1886 p. 355

Cette vie n’offre point de repos ; Christ nous y promet des afflictions, des souffrances, des persécutions, et non le repos. Quand, après le travail, on attend, dans ce monde, la bénédiction et la paix, on trouve la dévastation et la guerre. Le Saint-Esprit que le chrétien possède, au lieu de nous donner du repos en ce monde, produit en nous l’activité. Christ n’a pas connu le repos ici-bas ; ses apôtres ont été éprouvés par toute sorte de souffrances ; pouvons-nous attendre mieux ? Dieu nous donne un repos hors de ce monde plein de péché et de la servitude de la corruption, et Jésus est allé nous préparer un lieu de repos pour nous y recevoir. Délivrés d’Égypte, les Israélites n’avaient pas été introduits dans le repos, mais dans le désert et dans la lutte avec l’ennemi.

Il est pénible de trouver, sans cesse, la guerre autour de nous, et cela devait surtout être sensible aux Hébreux, accoutumés à espérer un Messie terrestre, et peu habitués à la pensée d’un Christ caché en Dieu. Ils ne trouvaient ici-bas rien de ce qu’ils attendaient, du moment où ils devenaient chrétiens, car le chrétien quitte le monde sans être encore en possession du ciel.

L’effet de la rédemption est de nous placer dans le désert ; là nous trouvons l’épreuve de notre chair et l’épreuve de notre coeur. Nous subissons la première comme hommes par la souffrance. Notre coeur est éprouvé pour nous montrer que nous n’avons rien ici-bas. Nous n’avons à y attendre que le désert, et c’est la seule chose dont nous soyons toujours assurés. Si nous y attendons autre chose, il nous arrivera ou de vouloir nous y établir, ou d’y trouver la fatigue et la lassitude. Dans le désert, nous ne pouvons compter que sur Dieu.

Le repos qui nous est promis est celui de Dieu. Dieu n’est pas encore entré dans son repos quant à ses créatures ; il s’est reposé après la création parce que tout était bon, mais le péché a tout gâté, et le repos de Dieu quant à sa créature a été interrompu. Le Seigneur dit : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille ».

Dans la résurrection, Christ s’est reposé de son oeuvre de rédemption ; il est maintenant assis à la droite de Dieu et, quant à notre rédemption, n’a plus rien à faire, mais c’est seulement lorsque Dieu aura rassemblé tout son peuple, que nous entrerons dans le repos.

Deut. 8:2-6, nous montre que Dieu nous a fait entrer dans le désert pour nous humilier et pour nous mettre entièrement sous sa dépendance. Moïse, parlant d’Israël, constate ce fait humiliant qu’il s’est constamment rebellé ; mais Dieu arrive à ses fins ; il dit, par la bouche de Balaam, qu’il n’a point vu d’iniquité en Jacob. Après quarante ans, leurs vêtements n’étaient pas usés, ni leurs pieds foulés. Peut-être, l’effet journalier de l’amour de Dieu était-il peu senti, mais au bout du voyage, le bien qu’il avait fait à son peuple était admirable. Il leur avait donné la manne, l’eau, la nuée pour leur montrer le chemin. Le désert nous fait mieux sentir nos misères. Le désert est pénible à chacun de nous, selon notre caractère, en nous dépouillant de l’objet de nos désirs quant au repos, à l’ambition, etc. Le désert nous montre Dieu s’occupant de tous les détails de notre vie ; c’est la chair seule qui nous empêche d’y jouir de la présence directe de Dieu.

La parole de Dieu et la sacrificature de Christ (v. 12-16) nous sont données pour nous soutenir durant le voyage du désert. La Parole est le premier instrument dont Dieu se sert pour nous y faire du bien ; elle nous donne la connaissance de Dieu et celle de nous-mêmes. L’homme naturel ne comprend pas les choses spirituelles ; Dieu emploie ce qu’il trouve dans nos coeurs pour se faire connaître et pour nous révéler ce que nous sommes — pour pénétrer en nous et y répandre sa lumière qui manifeste nos misères et nos ténèbres. Les affections naturelles deviennent mauvaises quand elles ne tendent pas à Dieu ; elles sont de l’âme et non de l’Esprit : la Parole atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’Esprit. Le nouvel nomme n’a rien ici-bas comme objet ; Dieu est son objet unique. Le chrétien juge tout ce qui, dans son coeur, ne se passe pas selon Dieu, et le même Esprit qui le porte à se juger, lui fait comprendre qu’il n’aura pas à subir le jugement de Dieu. La patience, le support, la tendresse de Dieu ne peuvent s’apprendre dans le ciel ; c’est uniquement dans le désert que nous pouvons connaître Dieu sous ces divers aspects. Dieu laboure nos coeurs pour y semer le blé de son amour. Il est un ami dont nous avons fait la connaissance dans nos misères et dans nos afflictions et que nous retrouverons dans le ciel avec une joie d’autant plus vive.

Au v. 14, nous avons un souverain sacrificateur compatissant qui a fait l’expérience de tous nos besoins et qui plaide notre cause auprès de Dieu. Il a été notre compagnon de voyage dans le désert, c’est pourquoi nous pouvons aller au trône de la grâce qui n’est plus un trône de jugement. Le Saint-Esprit est dans nos coeurs pour les juger, et le Père nous châtie encore, mais ne nous jugera plus.

Laissons les afflictions et la parole de Dieu avoir tout leur effet sur nos coeurs, afin que la patience ait son oeuvre parfaite. Ne leur préférons pas la consolation. Si Dieu nous sonde, c’est pour nous mettre en état de mieux jouir de son amour. La sagesse, pour l’homme, est de se soumettre avec confiance, non pas avec orgueil ou insensibilité.


15 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 2

n°15 : ME 1886 p. 396

En Christ, se trouve l’accomplissement de toutes les cérémonies de la loi. Les Juifs devaient sonder les Écritures, parce qu’elles rendaient témoignage de Lui ; en effet, elles contiennent l’histoire du second Adam aussi bien que celle du premier. L’histoire de Christ est la clef de l’Ancien Testament qui montre, par des types, tout ce qu’Il a été et ce qu’il sera.

Les holocaustes, les sacrifices d’agréable odeur et les offrandes pour le péché, diffèrent beaucoup les uns des autres. Les dernières ne sont jamais de bonne odeur à l’Éternel ; elles étaient brûlées hors du camp.

Notre chapitre parle des offrandes faites par feu, en agréable odeur à l’Éternel. On n’y trouvait pas de sang ; c’était une offrande de gâteau. Ce sacrifice correspond à Christ vu dans son humanité. Abel offrit des victimes et reconnut la nécessité d’un sang expiatoire ; Caïn, venant avec les fruits du sol, méconnaît cette nécessité ; il veut se présenter à Dieu avec ses propres forces, comme s’il n’eût pas été chassé du paradis ; il apporte à Dieu le travail de ses mains, fruit de la malédiction, puisque le sol était maudit et que le travail était un châtiment. Aussi la foi aux promesses manquait-elle au sacrifice de Caïn, et Dieu n’eut pas égard à son offrande.

Christ était pur et peut se présenter dans son humanité comme offrande d’agréable odeur. L’holocauste, c’est Jésus se donnant de plein gré pour nous ; l’offrande du gâteau, c’est l’humanité de Christ, dans sa sainteté parfaite et dans sa bonne odeur. Le regard de Dieu ne pouvait découvrir aucun homme sur qui il pût se reposer ; Christ était le seul homme en qui l’oeil de Dieu ne trouvât rien qui fût souillé, car il était parfait dans son humanité ici-bas. Le gâteau représente tout ce que Jésus était dans sa perfection comme homme : tout en lui était pur et dévoué à Dieu.

Les gâteaux ne devaient avoir ni levain, ni miel. Le levain est l’image du péché, le miel représente les affections naturelles. Le miel est doux et agréable, mais il ne peut entrer dans un sacrifice fait par feu. Les affections naturelles sont gâtées par le péché et la corruption de la volonté ; elles sont des liens qui nous retiennent à la terre ; il faut les briser quelquefois pour le Seigneur ; elles appartiennent à l’homme naturel, et ne peuvent subir l’épreuve du jugement de Dieu, sans que leur origine devienne manifeste. Ainsi, elles ne peuvent être d’agréable odeur à l’Éternel.

Les choses qui contiennent du levain et du miel (v. 12) peuvent être offertes comme prémices. Le jour de la Pentecôte (jour où l’Église fut formée), il fallait mettre du levain dans le gâteau, mais il ne pouvait fumer en agréable odeur. Quand l’Église est présentée à Dieu comme prémices, elle contient du levain, et il faut, en outre, un sacrifice pour le péché (Lév. 23:17-19). Il y avait aussi du pain levé avec les gâteaux du sacrifice de prospérité (Chap. 7:13). Mais si ce qui figure l’Église contient du levain, ce qui figure Christ ne doit point en contenir : son corps avait été formé par le Saint-Esprit ; tout en lui, corps et âme, était pur.

Le gâteau (v. 4) était de fine farine, pétri d’huile et oint d’huile : pétri, c’est-à-dire pénétré dans toutes ses parties. Jésus, né du Saint-Esprit, était parfait et saint dans sa nature humaine, mais on peut aussi dire du nouvel homme en nous, qu’il est pétri d’huile ; ses désirs, ses facultés, ses mouvements, sont saints. Mais le gâteau était aussi oint d’huile. À son baptême, le Seigneur a vu l’Esprit de Dieu descendre sur lui ; il a été oint du Saint-Esprit avant de commencer son ministère. Dès ce moment, il s’élève au-dessus de ses relations avec ses parents selon la chair, et dit à Marie : « Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme ? » La sainteté en lui n’était pas différente de ce qu’elle était auparavant, mais c’en était une autre manifestation. Christ est humble, doux, se soumet à ses parents, jusqu’au moment de son onction par le Saint-Esprit, et cependant, même dans sa soumission, il a la conscience d’être le Fils de Dieu.

Chez nous, la chair se mêle à notre activité, même si celle-ci est selon Dieu ; jamais chez le Seigneur : il n’a jamais rien fait qui ne fût la volonté de Dieu dont, pour agir, il attendait la manifestation. C’est là sa perfection. Quand Dieu veut, Jésus agit ; quand la volonté de Dieu ne se manifeste pas, il attend. Notre activité, dans le bien, est mélangée d’erreur et d’ignorance, quand notre coeur ne s’attend pas complètement à Dieu. C’est seulement quand nous sommes sûrs d’obéir à Dieu que nous sommes forts. Nous résisterions au monde entier avec ce sentiment, que nous ne pouvons pas faire autrement sans déplaire à Dieu. Combien ne mêlons-nous pas notre volonté à celle de Dieu ! Nous avons de la complaisance pour nous-mêmes : être content de soi-même est le caractère de la chair. C’est l’onction du Saint-Esprit qui nous donne la connaissance, la joie et la force.

Il y avait de l’encens (v. 2) sur le gâteau ; le parfum du nom de Christ. Ce nom a quelque chose d’extraordinaire, de précieux, qui touche le coeur d’un enfant de Dieu ; il est comme un charme sur ceux qui ont le Saint-Esprit. Jésus est toute la perfection de Dieu déployée dans l’humanité ; perfection venue de Dieu, retournant à Dieu. Tout cet encens fumait sur l’autel, en agréable odeur.

Combien souvent, ayant en nous des pensées qui viennent de Dieu, nous les laissons retomber sur nous-mêmes, au lieu de nous élever en haut ! En Jésus, tout remonte à Dieu. Dieu a toujours devant lui cette bonne odeur du parfum de Christ.

Aaron et ses fils mangeaient du gâteau, ce qui figure la communion avec Dieu. Une partie du gâteau était brûlée, le reste était mangé par Aaron et ses fils qui figurent l’Église. Cette dernière se nourrit du pain descendu du ciel. Il faut que nos coeurs soient nourris de tout ce que Christ est comme homme, pour que nous partagions ses affections et soyons transformés à son image. Le Seigneur nous deviendra ainsi de plus en plus agréable. C’est là la sainteté.

Quand je prends plaisir en Jésus, je suis en communion avec Dieu ; c’est Dieu en moi ; c’est la joie et la nourriture du chrétien ; c’est ce qui le sanctifie.


16 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 7

n°16 : ME 1886 p. 438

Depuis que le péché est entré dans le monde, il a fallu un Médiateur entre l’homme et Dieu, car il n’y avait plus, pour un pécheur, de possibilité de s’entretenir avec Dieu. Sous la loi, la sacrificature d’Aaron lui donnait cette fonction. La sacrificature étant changée, l’économie l’est par là même. Sous la loi, la sacrificature correspondait aux nécessités de la loi. Il existait, avant la loi, une sacrificature d’un ordre entièrement supérieur, celle de Melchisédec, sacrificature qui n’était pas d’intercession, mais de bénédiction et de louange. Cette épître nous montre que Christ est sacrificateur, non selon l’ordre d’Aaron, mais selon celui de Melchisédec. L’économie actuelle est fondée sur l’expiation qui est un fait accompli, mais elle ne donne pas encore le plein accomplissement des choses. Le Saint-Esprit y tient lieu de gages et d’arrhes des choses futures. Christ est un sacrificateur impérissable ; il est entré une fois pour toutes dans le ciel. Il réunit l’intercession à la bénédiction. Si le chrétien regarde en haut, il se voit présenté à Dieu par Christ ; s’il regarde à lui-même il a besoin de quelqu’un pour lui auprès de Dieu.

Melchisédec bénit Abraham quand il a vaincu tous ses ennemis, et bénit Dieu de la part d’Abraham. Christ n’est pas actuellement « roi de justice » pour ce qui concerne l’exercice de la justice sur la terre ; ce n’est pas actuellement qu’il juge ; c’est dans l’économie future qu’il le fera. Alors aussi il sera « roi de paix », roi et sacrificateur sur son trône, tandis qu’il est maintenant assis sur le trône de son Père. Alors la terre sera bénie, les Juifs et les nations aussi. Nous sommes placés, en esprit, sous la sacrificature de Christ, selon l’ordre de Melchisédec, mais la terre n’a point encore en lui son roi de justice et de paix, son sacrificateur de bénédiction et de louange. Melchisédec n’était pas sacrificateur par descendance, par son origine et sa généalogie qui sont inconnues. Comme lui, Christ est sacrificateur selon la puissance d’une vie impérissable. S’il était sur la terre, le Seigneur ne serait pas sacrificateur, car il y a, pour le peuple terrestre de Dieu, la sacrificature selon l’ordre d’Aaron. Toutefois, dans l’économie actuelle, Christ est aussi sacrificateur d’intercession, selon le type d’Aaron. Dans l’économie future, il le sera uniquement selon l’ordre de Melchisédec. Lév. 9:22, montre qu’Aaron avait aussi envers le peuple une sacrificature de bénédiction. Il bénissait à côté du sacrifice qu’il avait offert. Aaron bénit le peuple depuis l’autel, par l’efficace du sacrifice. Au v. 23, Moïse et Aaron sortirent du tabernacle, comme Jésus sortira du ciel, et ils bénirent le peuple, puis (v. 24) tout le peuple vit la gloire de l’Éternel et ils poussèrent des cris de joie et tombèrent sur leurs faces.

Avant la construction du temple, les chérubins du tabernacle avaient la face tournée vers le propitiatoire qui était sur l’arche de l’alliance ; dans le temple, il n’en était plus de même. Ils regardaient non vers l’arche qui était là, mais vers le dehors. Le règne de Salomon était le type du règne de Christ en justice et en paix, et la justice régnant et étant établie, ces signes de la puissance judiciaire de Dieu peuvent regarder au dehors en bénédiction. Pendant le temps où il n’y avait que l’alliance, leurs regards étaient tournés vers elle, mais lorsque Dieu a établi son trône en justice, il peut se tourner vers le monde et bénir selon cette justice.


17 - Méditations de J. N. Darby — Éphésiens 6

n°17 : ME 1887 p. 74

Christ (v. 1-9) devient le mobile de tout ce que nous avons à faire ; c’est ainsi que tout s’adoucit pour nous ici-bas au milieu de nos misères. Ce sentiment, tout en agissant puissamment sur la conscience, est en même temps une source de joie. Nous pouvons tout faire en la présence du Seigneur Jésus ; c’est lui que nous devons servir toujours et en toute occasion. C’est un privilège immense que d’introduire Christ de cette manière dans toutes les circonstances de notre vie. Nous trouvons ainsi le calme, précisément dans les moments de trouble et d’orage. Pierre n’aurait pas mieux marché sur une mer calme que sur une mer orageuse. La foi a pour résultat de faire que Dieu soit en tout la circonstance principale, quelles que soient les circonstances extérieures. Il faut de la vigilance pour cela. Ce n’est pas au moment où les difficultés surgissent que nous trouvons des ressources autour de nous. Satan nous dresse des embûches, mais sa force tombe instantanément quand Jésus se manifeste. Dans l’enfant de Dieu, la puissance de l’Esprit est plus forte que celle de Satan. Quand le coeur est sous l’influence des embûches de l’ennemi, celui-ci est fort, témoins les Gadaréniens.

L’économie actuelle est appelée la nuit ; il fait nuit pour le monde, mais la nuit est avancée. Nous avons besoin de toutes les armes de Dieu. Combattre contre le sang et la chair, c’est combattre contre la nature humaine. La chair et le sang signifient toujours l’homme (cf. Hébr. 2:14), quand ces deux expressions sont réunies ; ce n’est pas le péché. Les Israélites, entrant dans la Canaan terrestre, ont eu à combattre les hommes, la chair et le sang. Notre Canaan est céleste, et nos ennemis sont, non pas les hommes, mais Satan et ses pièges. La parole de Dieu fait plus souvent mention de Satan que nous.

v. 13. — Le temps actuel, où nous avons à combattre Satan, en l’absence de Christ, est en général un mauvais jour. Paul, à la fin de sa carrière, se trouvait seul ; à mesure qu’il travaillait, Satan gâtait tout. Il est des temps où Satan déploie plus de puissance ; c’est pourquoi nous avons besoin de toutes les armes de Dieu. Un homme qui irait à la guerre en négligeant une partie de ses arrhes serait un insensé. Il en est ainsi du chrétien qui lit la Parole et néglige la prière, ou prie et ne lit pas la Parole. Les chrétiens succombent facilement, quand ils ne prennent pas toutes les armes de Dieu ; Satan trouvera bientôt leur côté faible et les frappera par cet endroit-là. Notre ennemi est rusé et puissant. Un chrétien qui manque à la vigilance, à la prière, à la lecture de la Parole, a oublié qu’il est en lutte avec Satan et sera bientôt blessé.

v. 14. — La vérité, source de toutes nos espérances, de notre vie, de notre force, doit ceindre nos reins ; elle doit juger toutes nos affections. Dans le ciel, nous pourrons nous laisser aller de tout notre coeur à nos affections. Ici-bas, il nous faut toujours veiller sur elles et sur nous-mêmes ; dans le ciel, tout est pur. Ici-bas, on ne peut louer Dieu sans crainte du monde, parce que ce dernier n’a pas un coeur qui réponde au nôtre ; au ciel, le contraire aura lieu. En présence de l’ennemi, au milieu des tentations et des combats, il faut être soldat et muni de toutes armes. Il ne suffit pas d’être sujet fidèle, il faut être prêt au combat. C’est la vérité agissant sur le coeur, retroussant, pour ainsi dire, toutes nos affections, nous débarrassant de ce qui nous encombre, et nous mettant ainsi en état de combattre.

v. 14. — Être revêtu de la justice est rare dans le sens pratique. C’est ce qui fait qu’on n’ose pas se mettre en avant contre l’ennemi ; on a une mauvaise conscience. C’est une triste chose d’être sans cuirasse quand le combat arrive, et nous ne savons pas quand il arrivera. Ici-bas, pendant ce jour mauvais, nous pouvons nous trouver à chaque instant en présence de l’ennemi ; c’est pourquoi nous devons veiller à avoir toujours une bonne conscience devant Dieu et devant les hommes.

v. 15. — L’esprit de contestation ne vient pas de l’Évangile. Nos pieds, nos démarches, doivent avoir la préparation, la disposition de paix ; toute notre marche doit porter ce caractère. Nous avons ici-bas la paix avec Dieu, mais la guerre avec Satan ; au ciel, la paix sera parfaite. En demeurant en Christ, le chrétien introduit dans son coeur l’esprit de paix, de calme. Dieu est le Dieu de paix, et sa paix garde nos esprits et nos coeurs. Un but, même bon, que nous poursuivons, ne nous donne pas la paix ; il faut combattre pour y arriver ; il n’est d’ailleurs pas en notre pouvoir ; ce qui seul est en notre pouvoir est la marche, le chemin, l’obéissance à la volonté de Dieu. L’Église tombe souvent dans le piège en poursuivant un but, au lieu de ne faire que se soumettre à la volonté de Dieu. L’obéissance est une force divine et non humaine. La communion avec Dieu est la source de notre obéissance et de notre force. Avoir les pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix est une des principales dispositions que doit revêtir le chrétien.

v. 16. — Toutes ces armes dont nous avons parlé sont défensives. Il en est de même du bouclier de la foi ; c’est une confiance parfaite en Dieu. Tous les traits enflammés du malin sont éteints par cette disposition. La présence et les secours de Dieu nous sont bien plus assurés pour demain, que demain lui-même. La foi s’attache à Celui qui fait le bien, et non au bien qu’il a fait. Dieu est Dieu dans toutes les circonstances et la communion avec lui nous met en état de tout supporter sans que Satan nous atteigne.

v. 17. — Le casque du salut, une paisible assurance du salut, nous donne une force indicible. La mort, le supplice ne sont plus rien, quand nous savons que, par eux, le monde nous mène droit à Dieu. Le salut m’appartient et non le jugement de Dieu ; je suis déjà du côté de Dieu qui m’a réconcilié avec lui. Je suis encore dans la bataille, parce que Satan est contre moi, par cela même que je suis pour Dieu et que Dieu est pour moi. Le casque du salut nous rend hardis, et nous fait lever la tête, non par orgueil, mais par joie, par activité.

On devient actif pour frapper l’ennemi par l’épée de la Parole. La chair n’a pas d’épée ; mais l’Esprit a la parole de Dieu qui est une épée à deux tranchants. Sans doute, la chair peut se servir de la parole de Dieu, faire de beaux discours par son moyen, amuser les âmes, leur faire plaisir, mais elle les laisse dans l’endurcissement et ne les pénètre pas.

v. 18. — Si nous avons senti puissamment et sincèrement que Dieu est pour nous, nous serons toujours prêts à nous appuyer sur lui. Le chrétien ne doit rien faire que dans l’esprit de dépendance. Avec les meilleures dispositions, il fait mal, quand il agit sans prendre conseil de Dieu par la prière. Avant d’être roi, David n’a jamais agi qu’une fois sans prendre conseil de Dieu. Après être devenu roi, cela lui est arrivé souvent par orgueil ; de là ses crimes. Nous ne devons rien décider sans prière ; cela calme l’esprit et l’on sort de la présence de Dieu, ayant la pensée de Dieu par une entière obéissance. Quand nous ne veillons pas, les circonstances extérieures agissent sur la chair. La vigilance nous fait en tout recourir à Jésus.


18 - Méditations de J. N. Darby — Romains 7

n°18 : ME 1887 p. 134

Il est deux choses auxquelles Satan s’oppose absolument dans nos relations avec Dieu : la confiance et la sainteté. Ces deux choses ne se rencontrent pas nécessairement ensemble : le désir de la sainteté peut être séparé de la confiance en Dieu. On peut aimer la sainteté sans avoir une pleine confiance, parce que la source de ce désir est différente de celle de la confiance. Il est des vérités qui, prises séparément, nous plongent dans la misère. Les amis de Job, par exemple, l’effrayaient par des vérités que le Saint-Esprit nous présente d’une autre manière. Plus l’amour de la sainteté manifeste le péché en nous, plus le désespoir produit par le péché est grand. La source de notre confiance est ce que Dieu est pour nous en Christ. Si nous voyons en Christ uniquement ce que nous devons être, cette comparaison de Christ à nous est un nouveau moyen de faire naître le désespoir.

La confiance en Dieu est un moyen de sanctification ; c’est pourquoi Satan cherche à la détruire dans les âmes qui aiment sincèrement la sainteté, et à lui substituer une fausse confiance, comme il le fit pour Ève.

Pour bien comprendre le chapitre que nous avons lu, il faut comprendre toute l’épître aux Romains. On y trouve (chap. 3 et 4) deux principes : 1° Le sang de Christ comme réponse de Dieu à toutes les exigences de la justice de Dieu, quant à ce que l’homme a fait. 2° L’efficace de la résurrection de Christ sur la vie chrétienne et sur la foi. La résurrection de Christ nous montre (chap. 5:1-3) le péché derrière nous, la grâce dans le présent et la gloire dans l’avenir.

Ces choses découlent de deux grandes sources, le premier Adam et le second Adam. C’est là ce qui remplit la seconde partie du chap. 5. Dans les chapitres suivants, l’apôtre montre l’effet de la vie du second Adam en nous quant au péché (chap. 6), et l’effet de cette vie quant à la loi (chap. 7). Tout cela se rattache à la justification. Si Christ ressuscité me communique sa vie, je suis placé dans toute l’efficace de ce que Christ a fait. Si nos âmes étaient aussi simples que la vérité de Dieu, nous nous verrions dans tout ce que Christ est, et nous aurions une joie inconcevable. En nous révélant l’état de nos âmes, Dieu ne nous demande pas ce que nous en pensons, mais il nous dit ce qu’il en pense. Dieu voit les âmes, auxquelles la vie de Christ est communiquée, dans ce que Christ est selon l’appréciation de Dieu ; Dieu parle de nous selon sa vérité et non selon nos préjugés. Nous avons part à tous les privilèges par la communication d’une vie qui est la sainteté (Chap. 6:3-6).

Dans le chap. 7, l’apôtre montre l’effet de la loi, quand la vie a été communiquée au pécheur. La loi demande que la créature soit parfaite devant Dieu ; elle exige la perfection absolue, sinon elle prononce la condamnation. La grâce est l’introduction de l’amour de Dieu et de la vie de Dieu au milieu du mal. Il ne peut pas exister de grâce où il n’y a pas de mal. Dieu donne, par la grâce, une vie qui hait le mal, aime la sainteté, et se place devant le mal selon l’efficace de la vie de Christ en nous.

La vie peut être introduite dans l’âme, sans une pleine connaissance de l’amour qui a donné cette vie, et c’est l’état qui est représenté au chap. 7. Il est impossible qu’un homme qui n’est pas entièrement affranchi et délivré ait pu décrire cet état. Ce n’est pas dans le brouillard qu’on voit clairement ce qui le constitue, c’est quand on a passé dans la lumière.

(v. 1-4). Le premier mari d’un Juif est la loi ; dans la mort de Christ, le Juif est mort à la loi et peut se marier avec Christ afin de porter du fruit pour Dieu. Le sujet de ce chapitre est la délivrance de la servitude de la loi par la résurrection de Christ. Il n’y a pas de véritable paix sans cela.

(v. 5). « Quand nous étions dans la chair » ; donc le chrétien ne peut pas être dans la chair, car cela ne peut signifier que l’état d’inconversion. Nous ne sommes plus dans la chair, du moment où nous avons reçu la vie de Christ (Rom. 8:8, 9). L’homme qui est en Christ est, devant Dieu, non dans la chair, mais dans l’Esprit.

L’effet de la loi est d’attacher tout péché à l’âme comme sujet de condamnation. Il n’y a point d’autre principe dans la loi, que de nous rendre responsables, sans nous donner ni force, ni grâce. Son effet est décrit au v. 13.

Le v. 14 nous montre la connaissance du nouvel homme : « Nous savons que la loi est spirituelle » ; et l’expérience du nouvel homme : « Mais moi je suis charnel, vendu au péché ». Au v. 17, il va plus loin ; il trouve que la chair n’est pas lui, parce que le nouvel homme juge en lui le vieil homme. Il distingue entre les deux natures. Rom. 3:10, 11, montre que l’homme déchu n’a ni justice, ni intelligence, ni désir de Dieu. Mais, appliquant la sainteté de la loi à son état, il se condamne. S’il comprend et aime la sainteté, il retrouve encore la chair en lui, et se condamne encore. Mais, s’il trouve sa justice en Christ, le dernier obstacle est emporté. Le nouvel homme, aimant la sainteté, cherchant la sainteté, et voyant la chair en présence de la loi, tel est le tableau présenté depuis le v. 14, et il ne peut conduire qu’à l’exclamation finale du v. 24.

Il y a un avancement progressif dans l’affranchissement des âmes. Le premier effet de l’amour de la sainteté est de faire regarder à la chair comme étant nous-même. C’est un triste état. L’âme peut dire : ce n’est pas moi ; ce n’est pas ce que je désire ; mais elle met encore son état en question devant le jugement de Dieu. Quand l’âme croit que tout ce que la chair fait, c’est elle qui le fait, elle est encore tout près du désespoir. La grâce nous a vus dans tous nos péchés et nous a aimés. L’Évangile dit : Vous êtes perdus, je vous ai sauvés. L’âme, par la conscience, raisonne son état. C’est profitable, mais ce n’est pas la paix. La grâce nous montre comme étant ressuscités avec Christ. Dieu ne regarde pas à ma chair, qu’il a jugée en Christ, et ne me juge plus selon la loi. C’est comme Père qu’il me juge, et pour mon bien. Par le sceau du Saint-Esprit, j’ai la force de la vie de Christ pour jouir de Dieu, et c’est le sujet du chap. 8. Celui du chap. 7 est, non le combat intérieur, mais l’effet du combat intérieur, considéré devant la loi. Si la loi est mon mari, Christ n’est pas mon époux ; puis la fin du chapitre montre l’homme régénéré, considérant sa chair en présence de la loi qui le met au désespoir, d’autant plus qu’il comprend mieux la sainteté de Dieu.

Que puis-je donc faire ? Rien ; Dieu a tout fait. Je suis uni à Christ qui est ressuscité et moi avec lui. Ce n’est pas en nous-mêmes que Dieu nous juge ; il nous a jugés en Christ.


19 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 3 et 7:11-36

n°19: ME 1887 p. 256

Sauf les sacrifices pour le péché, qui ont une place à part, tous les sacrifices mentionnés dans les premiers chapitres du Lévitique supposent que le peuple est déjà en relation avec Dieu. Le sacrifice de prospérités vient après l’holocauste (chap. 1) : c’est-à-dire que le croyant, quand il a compris le sacrifice de Christ, a pour état normal d’entrer en communion avec le Père. C’est une chose bien fâcheuse quand un chrétien n’est pas dans cet état, car, pour y être, il ne lui manque rien. Le sang de Christ est toujours devant Dieu et nous sommes toujours acceptés en vertu de ce sang ; la vie de Christ nous a été donnée et doit nous faire comprendre les pensées de Dieu à l’égard de Christ.

Quand nous considérons le sacrifice de Christ, nous lui trouvons deux faces : sa nécessité pour notre salut et sa sainteté devant Dieu. La connaissance de la seconde nous met en communion avec le Père. C’est ce que représentent les sacrifices de prospérités ; ils nous montrent Dieu ayant part avec son peuple à une joie commune. Ils reproduisent les principales circonstances de l’holocauste (Chap. 3:1-3 ; 1:3-6). La graisse représente la vigueur de la volonté, l’énergie intérieure du coeur : elle devait être offerte comme un sacrifice, par feu, à l’Éternel. Le sang est la vie. Ces deux choses étaient la part de l’Éternel. Toute la vie, toutes les affections, toute la force, toutes les pensées du coeur de Christ, ont été offertes à Dieu.

Dans le désert, l’Israélite ne pouvait manger la chair d’une bête sans l’avoir amenée auparavant, comme offrande, au tabernacle. Les païens en agissaient de même à l’égard de leurs idoles, et c’est à quoi 1 Cor. 10:14-22, fait allusion. Les fidèles mangeaient le même animal dont la graisse et le sang avaient été offerts à l’Éternel. Une partie de l’animal était mangée par celui qui faisait l’offrande et ceux qu’il avait conviés. Une autre partie était mangée par Aaron et ses fils. L’épaule droite était la part du sacrificateur qui avait répandu le sang.

Le sacrifice de prospérités était donc un repas de communion entre Dieu et son peuple. Toutes nos actions de grâces et nos louanges sont offertes par Christ et, par lui, mettent en communion Dieu et l’Église. Il ne peut y avoir une prière présentée à Dieu qui ne le soit par Christ selon ses pensées et son sacrifice. Si nous avons de la joie, c’est que nous participons à la joie de Dieu. Dieu trouve sa joie dans tout ce qu’il y a en Christ. Christ, éprouvé par la sainteté de Dieu, n’a rien offert qui ne fût en bonne odeur à l’Éternel. Dieu en jouit, y trouve ses délices. Les fidèles partagent cette joie avec Dieu, en même temps qu’ils y participent en commun. Cette communion est particulièrement représentée et réalisée dans la cène. Toute l’Église de Dieu, représentée par Aaron et ses fils, y a sa part ; Christ, lui-même, le sacrificateur qui a offert le sang et la graisse du sacrifice de prospérités, n’en est pas exclu. L’auteur de la rédemption a part à la joie de la rédemption ; il a la joie de voir des pécheurs sauvés par l’efficacité de son sacrifice.

Il ne peut y avoir dans le coeur de Dieu une joie qui ne soit, en même temps, celle de Christ et de l’Église. Dans les choses de ce monde, un homme ne peut participer à ce qu’un autre possède ; dans l’Église, tout est en commun ; un membre de Christ ne peut souffrir sans que tout le corps souffre. La santé générale de l’Église peut n’en pas être affectée d’une manière sensible et visible, mais la chose n’en est pas moins réelle, parce que toute l’Église n’a qu’un seul Esprit. L’Église est dans l’incrédulité à l’égard de cette vérité ; elle oublie l’action de l’Esprit de Dieu, ne croit et ne sait voir que l’action de l’homme.

Les sacrifices de prospérités représentaient donc la joie commune de Dieu, de Christ et de l’Église.

Une personne souillée ne pouvait avoir part à la communion de ces sacrifices. Si la souillure d’un frère est venue à la connaissance de l’assemblée, c’est une affaire de fidélité pour celle-ci de l’avertir et de ne pas l’admettre à la table du Seigneur. Si un frère a manqué, il doit tout premièrement s’humilier pour pouvoir prendre part au culte ; non pas s’abstenir, mais retrouver par l’humiliation la communion rompue par le péché, la joie et la paix de la présence de Dieu.

Si notre culte ne se rattache pas directement au prix du sacrifice de Christ, tout y devient péché. C’est ce que signifie Lév. 7:15 à 17. Un culte séparé de l’efficacité du sacrifice et de sa parfaite acceptation devant Dieu, est devenu un culte charnel, un culte de forme dans lequel la chair pourra trouver beaucoup de charme (chants, musique, prières, discours), mais qui est absolument étranger à la communion de l’Esprit.

Il faut que le culte soit en esprit et en vérité. Les Samaritains n’avaient ni l’un ni l’autre. Les Juifs avaient la vérité sans l’Esprit ; il en est de même aujourd’hui des chrétiens professants. La chambre est balayée et ornée, mais vide ; l’Esprit est absent, la source jaillissante en vie éternelle manque. Chaque chrétien qui réalise le culte ne se borne pas à recevoir, mais boit à la source pour que l’eau vive, l’Esprit, coule de lui, et ainsi il règne une communion de joie entre Dieu, Christ et l’Église. Un cantique apportant Christ à notre âme et chanté par l’Esprit, nous remplit de joie. Si l’Esprit n’est pas là, je n’y trouverai que de belles paroles et une belle mélodie, et le cantique ne sera plus qu’une chanson et une abomination devant Dieu. Tout ce qui, dans le culte, n’est pas vivifié par l’Esprit, est de la chair et du péché. Tout doit y être lié à Dieu dans la bonne odeur de Christ ; nous devons nous y nourrir avec Dieu de la perfection du Bien-aimé. C’est là le droit de l’onction (Lév. 7:35). Nous sommes oints par le Saint-Esprit qui nous donne le droit d’avoir part à ces choses.

Cette onction est notre part perpétuelle. Quand il est dit : « N’éteignez pas l’Esprit » (1 Thess. 5:19), cela signifie « les dons de l’Esprit ». Il n’est pas possible que le Saint-Esprit soit éteint dans le coeur d’un fidèle ; mais toute pensée qui vient de la chair le contriste. Le Saint-Esprit est le propriétaire de notre coeur et il n’y souffre pas la présence du mal ; il est contristé de tout ce qui ne vient pas de lui. En ce sens, tout péché est contre le Saint-Esprit.


20 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 110

n°20 : ME 1887 p. 275

Ce Psaume nous présente la sacrificature et la royauté du Seigneur. Jésus l’a cité pour confondre ses adversaires lors de sa dernière visite à Jérusalem : « David donc l’appelle Seigneur ; et comment est-il son fils ? » Quand il mentionna ce passage (Luc 20), le Seigneur allait être rejeté et s’asseoir à la droite de Dieu. Tout ce chapitre de Luc montre, dans une suite d’entretiens, la transition de l’économie juive à celle où nous sommes. Cette parole : « Rendez les choses de César à César » (Luc 20:25), condamnait les Juifs que leur infidélité avait asservis aux Romains, mais qui renoncent ensuite eux-mêmes à l’espérance du Messie, en disant : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » (Jean 19:15). Ce Ps. 110 explique aussi le passage de Marc 13:32, où il est dit que personne n’a connaissance du jour et de l’heure du jugement de Dieu, « pas même les anges qui sont dans le ciel, ni même le Fils ». Jésus est assis, comme homme, à la droite de Dieu. S’étant fait serviteur, il attend tout de la volonté de son Père et reçoit le royaume de cette manière ; il attend que Dieu mette ses ennemis pour le marchepied de ses pieds. Il les foulera ensuite. Les ennemis de Christ, que ce passage a particulièrement en vue, sont les Juifs (conf. Luc 19:27). La nation sera détruite. És. 65:14, montre la distinction entre la nation, « ses ennemis », et les élus que Dieu s’est choisi du milieu d’elle, « ses serviteurs ».

Dieu s’est révélé aux Juifs sous le nom de l’Éternel, à nous, sous le nom de Père. Le Père châtie ceux qu’il aime et qu’il reconnaît pour ses enfants ; l’Éternel châtie ses ennemis et les foule dans la cuve de sa colère. Les Psaumes nous montrent les relations de l’Éternel avec les Juifs et le Messie. Sans doute, l’Église est de plusieurs manières intéressée aux choses qu’ils renferment. L’Esprit de Christ y parle par la bouche de Christ et par celle des fidèles. On y trouve exprimées les expériences produites par l’Esprit de Dieu dans le coeur, mais non pas les effets de la résurrection de Christ pour les croyants.

Le v. 1 du Ps. 110 nous présente l’économie actuelle, le v. 2, ce qui la suivra. Christ est le roi du royaume de Dieu ; aujourd’hui, ce royaume a le caractère de royaume des cieux, parce que le roi est dans le ciel. Les v. 2 et 3 s’accompliront, quand il viendra selon Apoc. 11:15.

Au v. 5, c’est Israël qui parle. Christ doit régner sur son peuple, rétablir le trône de David et gouverner les nations. Au v. 7, le Christ s’humiliera, sera rafraîchi dans sa carrière terrestre, puis il sera glorifié.

Le Seigneur n’est pas encore établi comme roi ; il attend que Dieu mette ses ennemis sous ses pieds. Alors le sceptre de sa force sortira de Sion ; il régnera sur les Juifs et sur les nations. L’Église est avec Christ dans des relations plus intimes : il ne règne point sur son épouse et sur ses cohéritiers.


21 - Méditations de J. N. Darby — 1 Thessaloniciens 1

n°21 : ME 1887 p. 277

C’est un beau témoignage que l’apôtre rend aux Thessaloniciens dans ce chapitre. Il priait sans cesse pour eux en vue de leurs combats contre Satan, intercédant pour que Dieu agît dans leur coeur et les soutint contre les assauts de l’ennemi. Mais l’apôtre rendait aussi toujours grâces à Dieu pour eux tous ; leur état étant pour lui une source de joie devant Dieu.

Avant d’aborder ce sujet, remarquons (v. 6 et 7) qu’ils étaient, par les afflictions, en communion avec l’apôtre et le Seigneur, et remplis de joie. Il n’y a jamais de réveil religieux sans persécution. Satan voudrait, avant tout, que les chrétiens se tinssent tranquilles et vécussent en se conformant au monde ; aussi, lorsque les droits de Christ sont réclamés sur les coeurs dans ce monde qui est le royaume de Satan, il met tout en oeuvre pour s’y opposer. N’a-t-il pas suscité à Jésus toutes les oppositions possibles ? Du moment que nous devenons imitateurs des apôtres, nous avons la joie de l’Esprit Saint accompagnée de persécutions. L’effet de ces dernières est de mettre à nu la chair partout où elle se trouve ; Dieu se sert de l’opposition de Satan pour manifester ce qu’il y a dans le coeur de l’homme. L’effet de la fidélité des chrétiens est de rendre, par la persécution même, le monde, à son insu, prédicateur de l’évangile, car en blâmant les principes, la conduite et les espérances du chrétien, il en parle et les publie.

Mais revenons au motif des actions de grâces de l’apôtre. On trouve, au v. 3, plusieurs expressions remarquables. Les mots : « devant notre Dieu et Père », montrent que tout ce que les Thessaloniciens faisaient, découlait de la vraie source du bien. « Votre oeuvre de foi » : Il est des oeuvres chrétiennes qui, faites dans la lumière et la profession de Christ, glorifient Dieu devant les hommes (Matt. 5:16). Il en est d’autres qui, commencées avec lui, se continuent hors du regard de Dieu, et, par conséquent, ne le glorifient pas. La foi, l’amour et l’espérance, étaient à la base de l’oeuvre, du travail et de la patience des Thessaloniciens. L’église d’Éphèse (Apoc. 2:2) avait aussi les oeuvres, le travail et la patience, mais le premier amour s’était éteint. L’eau coulait encore que la source était déjà tarie.

Une oeuvre de foi découle uniquement des rapports de mon âme avec Christ, n’ayant égard ni aux difficultés, ni aux résultats, mais uniquement à la volonté de Dieu. Le travail doit être le fruit de l’amour, sinon il est un travail de mercenaire. Notre travail ne peut être quelque chose que par l’amour, parce qu’il est ainsi l’expression de l’amour de Dieu. La patience dans ce travail sera bien vite nécessaire à cause des difficultés et de l’opposition que nous rencontrons. Cette patience doit être celle de l’espérance. Le travail engendre le travail. La patience chrétienne n’est pas un laisser aller, mais une force en vue de l’espérance de la gloire, au milieu du mépris et de la réjection du monde. Rien ne peut la décourager : l’objet de la foi est toujours le même ; l’amour de Christ toujours le même ; la gloire qui nous est promise est immuable.

Les vérités qui avaient introduit les chrétiens de Thessalonique dans cette vie d’activité et de communion sont rappelées aux v. 9 et 10. Ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu, non vers d’autres idoles. Tout ce qui détache note coeur de Dieu est une idole : l’avare est idolâtre de l’argent, le gourmand fait de son ventre son Dieu. C’est aussi une idolâtrie de se reposer sur l’argent pour être heureux. L’efficace seule du Saint-Esprit peut nous tourner des idoles vers Dieu. Quand Dieu prend possession du coeur, les idoles tombent. Cela ne se fait pas sans combat. Il faut que Dieu soit notre seul objet. Le chemin, sans doute, peut être plus ou moins vite parcouru, mais le point capital est que Dieu soit notre objet. Entre deux hommes, dont l’un est à dix lieues de Genève et s’y rend, dont l’autre n’en est qu’à une lieue mais lui tourne le dos, lequel arrivera le plus vite à Genève ? De fait, le second n’y arrivera jamais.

Dès leur conversion, les Thessaloniciens attendaient des cieux le Seigneur Jésus. Sa venue était le moment attendu de leur délivrance et de leur joie. On désire la présence de celui qu’on aime ; pour attendre le Seigneur avec joie, il faut aussi être assuré qu’il vient pour nous prendre auprès de lui, et qu’il n’y a pour nous ni jugement, ni colère à venir. Le chrétien est, avec le Seigneur, non pas dans des relations vagues, mais dans des relations connues. Christ est connu comme ami, comme Sauveur. En croyant en lui, nous sommes de son parti dans ce monde. Il faut être du premier Adam ou du second. Si je suis uni au second Adam, je connais mon sort ; et je sais que si le premier Adam m’a privé du paradis terrestre, le second m’a donné le ciel. Toute la vie des Thessaloniciens était devenue la manifestation de leur communion avec Christ.


22 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 69

n°22 : ME 1887 p. 297

Ce Psaume se rapporte en entier au Messie ; les malédictions qui y sont prononcées sont le jugement de Dieu sur les ennemis du Christ (conf. Rom. 11:9, 10). Il en est de même de toutes les malédictions des Psaumes.

Plus on considère tout le conseil de Dieu, plus on est frappé de l’extrême légèreté de nos coeurs à l’égard du péché. Combien de fois n’agissons-nous pas selon notre volonté et les convoitises de nos coeurs, sans même penser à Dieu ! Et cependant Dieu, Christ, les anges, et Satan même, envisagent le péché comme une chose infiniment sérieuse. Le coeur de l’homme seul, ce coeur qui est la scène de tous les combats entre le bien et le mal, traite le péché avec légèreté ! C’est dans le monde que le combat de Christ avec Satan et sa victoire sur l’ennemi ont eu lieu, et le monde n’y prend pas garde. C’est ici-bas que Dieu a manifesté toutes ses pensées à tous égards, et l’homme, seul objet de toutes ces manifestations, passe indifférent à côté de ces choses. Rien ne peut mieux démontrer l’éloignement naturel du coeur humain pour tout ce qui est de Dieu.

Quand une telle légèreté se montre chez des chrétiens, elle est d’autant plus déplorable, et elle est tout aussi dangereuse lorsqu’il s’agit de l’Église que s’il est question de notre marche individuelle. Si nous avions compris ce qu’il en a coûté à Christ pour acquérir l’Église, nous ne pourrions nous occuper, selon notre pensée, de ce qui la concerne, et nous comprendrions que nous ne pouvons être pour elle que des instruments de la grâce.

Quand il est dit (v. 17) : « Ne cache pas ta face de ton serviteur », c’est la requête de Christ allant à la mort ; la face de Dieu lui était cachée, parce qu’il expiait le péché et portait notre condamnation. Ce cri ne peut être le nôtre ; Christ seul a pu le pousser, et cela lorsqu’il était notre remplaçant. Toute la colère de Dieu contre le péché a été épuisée dans le jugement que Christ a subi à notre place. Cette colère ne nous atteint plus, car la perfection, l’immensité de l’amour de Dieu pour nous, sont manifestées dans la colère dont nos péchés ont été l’objet en Christ.

Christ, comme homme, a beaucoup souffert de la part des hommes, sous leurs mépris, leurs insultes et le supplice qu’ils lui ont infligé. Il était d’autant plus sensible à ces choses, que son âme était parfaite pour les sentir. Mais, en un certain sens, ces souffrances étaient comparativement encore peu de chose. Il a souffert de la part de ses disciples. Comme homme, il avait besoin en Gethsémané de quelqu’un qui veillât avec lui ; ses disciples dorment. Ils dormaient aussi, quand il leur montrait sa gloire sur la montagne de la transfiguration. L’un des siens le trahit, les autres s’enfuient.

Satan avait la main dans tout cela, mais il ne se borne pas à se servir, contre Christ, de sa puissance sur les hommes, et à priver ainsi le Seigneur de toute consolation. Il vient contre lui avec la puissance des ténèbres et de la mort, mais il n’a rien en Christ et ne rencontre en lui que la pleine soumission à la volonté du Père. Job, lui, se plaignait de Dieu, manifestant ainsi ce qui est au fond du coeur de l’homme.

Mais Jésus a souffert aussi de la part de Dieu. En Gethsémané, Christ appelle Dieu son Père ; sur la croix, où la colère de Dieu tombe sur lui, il dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » En effet, cela était inexplicable ! Dieu ne répond pas. S’il eût répondu, l’expiation n’eût pas été accomplie (Ps. 69:2, 3).

Au v. 5, Christ confesse, comme Souverain sacrificateur, les péchés de son peuple ; il est là, comme mettant la main sur la tête du bouc Azazel.

Au v. 6, il est dans un tel état de délaissement et de honte, qu’il prie, dans son amour, qu’aucun des siens ne soit rendu confus par son ignominie. Ce Psaume nous introduit ainsi dans l’intimité du Seigneur, quand il épanche son coeur devant Dieu dans ses souffrances. Comme Dieu a été glorifié dans sa mort, il l’est maintenant par sa victoire, le Seigneur étant assis à sa droite (v. 29).


23 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 1 à 2: 2

n°23 : ME 1887 p. 316

En nous créant, Dieu voulait avoir ses créatures pour lui-même, mais il y a dans notre nature humaine une quantité de choses dont Satan se sert, depuis que le péché est entré, pour nous détourner de Dieu ou pour nous troubler. Nous possédons, par exemple, une faculté, la conscience, sans laquelle il n’y avait pour nous aucune possibilité de rapports avec Dieu. Elle nous fait juger de ce qui est bien ou mal, nous accuse ou nous approuve, que nous soyons convertis ou non. Satan trouble notre conscience pour nous effrayer, tandis que Christ l’atteint pour nous amener à la connaissance des privilèges éternels qu’il nous a acquis. Le sentiment que la justice est nécessaire pour plaire à Dieu, est une chose naturelle à l’homme. Satan agit sur ce sentiment et nous pousse aux bonnes oeuvres pour nous faire trouver la justice devant Dieu ; il nous détourne ainsi de la simple foi, par laquelle seule nous pouvons être justifiés. Tout homme a une certaine idée innée de piété. Dans le paganisme, Satan la détourne pour soi, en prenant la place de Dieu, et la piété naturelle de l’homme s’agenouille devant des démons. Beaucoup de gens se croient pieux, parce qu’ils ont un vif sentiment des beautés de la création ; Satan s’est alors servi d’un sentiment juste pour détourner la piété de son seul objet. Il ira même jusqu’à faire d’un croyant un mystique, c’est-à-dire un homme dont la piété a pour objet ce qu’il est pour Dieu et la nature de Dieu en lui, au lieu de regarder à ce que Dieu est pour lui. C’est ainsi que Satan se sert de toutes ces choses justes et bonnes en elles-mêmes pour nous séduire. N’oublions pas qu’il mêle toujours un peu de vérité à ses mensonges ; nous éviterons ainsi de trouver bonnes certaines choses qui nous sont présentées comme telles, parce qu’elles contiennent de la vérité. L’ennemi ne va-t-il pas jusqu’à se servir de notre communion avec Dieu pour nous troubler et nous embarrasser ? C’est ce qui arrive à beaucoup de chrétiens en lisant cette première épitre de Jean.

La foi, en nous rapprochant de Dieu, fortifie la conscience, et remet dans leur vrai jour les choses par lesquelles Satan cherche à nous fourvoyer. Elle nous montre, par exemple, les bonnes oeuvres comme un fruit de l’amour et non comme un moyen d’être juste. C’est en portant nos yeux sur Jésus seul, en nous le rendant palpable, pour ainsi dire, et en détruisant, par là-même, tout faux mysticisme, que Dieu nous fait entrer dans sa communion. Nous disons « faux mysticisme », car cette épître nous montre la nature de Dieu dans le chrétien, mais elle a soin de corriger ce qu’un tel exposé pourrait avoir de dangereux pour nous, en nous présentant l’amour de Dieu envers nous, manifesté dans la personne et dans le don de Christ.

Les principes énoncés dans cette épître le sont d’une manière absolue, parce qu’ils sont considérés en eux-mêmes et dans leur vérité devant Dieu. C’est toujours ainsi que l’Esprit parle dans les épîtres de Jean, et que Jésus lui-même parle dans l’évangile du même apôtre. Ces principes abstraits, nous venons de le dire, sont considérés en eux-mêmes ; ils ne sont vus ni dans leur application, ni dans les exceptions de détail. On ne peut comprendre la première épître de Jean, si l’on ne voit les vérités qu’elle enseigne, comme elles sont devant Dieu, et non comme elles sont devant l’homme.

Ce qui nous est dit, v. 1 à 4 du chap. 1, montre que tout le conseil de Dieu s’est réalisé pour nous d’une manière palpable. Cela met d’emblée à néant tout mysticisme.

Au v. 3, le but de l’épître est indiqué. C’est de nous introduire dans la communion du Père et du Fils. C’est ce qui fait la force et la joie de la vie chrétienne. Sans doute, nous avons à faire chaque jour de nouvelles découvertes dans cette communion, mais nous y sommes. Nous ne voyons pas, chaque jour, en notre ami un nouvel ami, mais nous lui découvrons constamment des traits nouveaux qui nous avaient échappé.

Au v. 5, nous trouvons un message : Dieu est lumière. « Toutes choses, étant reprises par la lumière, sont manifestées ; car la lumière manifeste tout » (Éphés. 5:13). La lumière met le mal en évidence ; un seul rayon de soleil dans une chambre obscure, suffit pour faire découvrir la poussière dont l’air est rempli. En participant à la vie de Christ, nous avons cette lumière et nous pouvons comprendre ce qu’elle est, chose impossible avant cela.

« Le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché » (v. 7). Il y a trois manières d’envisager la question du péché : 1 ° Le péché en nous ; 2° les péchés commis avant notre conversion ; 3° les péchés dans lesquels nous tombons lorsque nous sommes enfants de Dieu. Souvent ces différentes manières de considérer le péché nous troublent. Nous comprenons facilement le pardon des péchés commis avant notre conversion ; mais nous sommes bien plus exercés à propos de la question du péché qui est en nous, jusqu’à ce que nous ayons appris que Dieu a condamné (non pas pardonné) le péché (non pas les péchés) dans la chair, à la croix de Christ (Rom. 8:3). Le chrétien est plus angoissé lorsqu’il découvre le péché en lui après sa conversion, qu’il ne l’a été lorsqu’il a été convaincu des péchés commis avant sa conversion. Mais il peut se dire que Christ est mort pour lui tel qu’il est. Tout le mal que Dieu peut découvrir en nous a été comme retranché et ne tombe plus sous le jugement de Dieu, car Christ est mort pour cela.

Une seconde cause de trouble pour le chrétien, ce sont ses chutes. Avant notre conversion, Satan nous aveugle en nous plongeant dans la joie du monde. Après notre conversion, il cherche à nous effrayer et à nous faire perdre la confiance en Dieu, en profitant, pour cela, du péché qui est en nous et des péchés qu’il peut nous arriver de commettre, tout en étant chrétiens. Mais, sur ce dernier point, la Parole nous révèle qu’outre la propitiation accomplie une fois pour toutes, nous avons un Avocat auprès du Père. Je dis « outre la propitiation », car si nos péchés ne sont pas actuellement expiés, ils ne le seront jamais. Sans effusion de sang, il n’y a point de rémission ; et le sang ne peut être répandu, maintenant, une seconde fois ; mais lorsque étant chrétiens il nous arrive de pécher, notre communion avec le Père est détruite ; il faut qu’elle soit rétablie. À cela répond l’office d’avocat. Notre avocat est Jésus Christ le juste. Dans la personne de Christ, la justice n’est jamais ôtée de devant Dieu ; et il est là pour nous ; le Juste est notre Avocat. Ainsi la communion peut être rétablie.

L’Écriture fait une différence entre le péché, notre nature pécheresse, la sève de l’arbre, et les péchés qui en sont le fruit. Christ a répondu à tout cela et maintient ou rétablit la communion. Bénissons Dieu pour la certitude entière que nous avons de notre pleine acceptation en Christ !


24 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 4:1-26 ; 6:17-23

n°24 : ME 1887 p. 337

Le sujet qui nous occupe ce soir est le sacrifice pour le péché. Les chapitres qui précèdent nous montrent Christ dans la perfection de son sacrifice qui l’a fait se dévouer jusqu’à la mort (chap. 1) ; dans la perfection d’une vie de consécration à Dieu (chap. 2) ; et comme objet de la communion du peuple avec Dieu (chap. 3). Le chap. 4 nous présente Christ fait péché pour des coupables.

L’offrande pour le péché devait être parfaite (v. 3), mais comme la victime était identifiée avec le pécheur, elle ne pouvait, comme telle, être une odeur agréable à l’Éternel (conf. 1:9). Christ a été traité de la part de Dieu comme s’il avait été le pécheur lui-même.

Quand il s’agit de l’application des sacrifices à l’individu et de leur efficacité pour lui, le sacrifice pour le péché vient le premier, comme étant celui qui est nécessaire avant tout autre ; ici, il vient en dernier lieu, parce qu’il s’agit, dans les chap. 4 et 5, non pas d’établir les relations du pécheur avec Dieu, comme au grand jour des expiations, mais de la restauration du coupable dans la communion avec Dieu, perdue par sa faute. Nous considérons, ce soir, le sacrifice pour le péché au premier de ces deux points de vue.

Le sang de Christ présenté à Dieu, voilà ce qui nous donne de la hardiesse en Sa présence. Dieu me voit selon l’efficacité du sang de Christ, et c’est ce que Dieu pense de ce sang qui fait ma confiance. Il l’estime comme il doit être estimé ; il l’a reçu et accepté pour l’expiation de mes péchés. Quand l’Esprit de Dieu agit en nous, il nous remet en mémoire nos péchés ; il nous les présente et nous fait sentir ce que nous sommes devant Dieu, en nous retraçant toutes nos souillures. Alors notre âme est angoissée et travaillée, mais ce travail de conscience ne suffit pas ; il nous faut comprendre clairement que Christ a pris et ôté tous nos péchés, car il est des âmes qui se fondent sur le sang de Christ sans avoir compris toute son efficacité. Cette parfaite efficacité nous est présentée très particulièrement dans les sacrifices pour le péché.

Les mondains passent légèrement sur le péché et pensent que Dieu ne tiendra pas compte de leurs fautes. Mais rien ne lui échappe, ni les torts envers autrui, ni les péchés commis par erreur. C’est le péché qui est la cause de l’erreur ; sans le péché, on n’errerait point. Si je n’aime pas comme Christ aime, le péché en est la cause. Si je pèche par ignorance, c’est que l’ignorance est une conséquence de mon caractère de pécheur. Une erreur de jugement provient toujours de ce que nos affections sont éloignées de Dieu, car nos affections dirigent nos jugements. Si mon oeil est simple, tout mon corps sera éclairé. C’est notre privilège à nous, croyants, de participer à la sainteté de Dieu ; tout ce qui, en nous, n’est pas selon cette sainteté est péché.

Dieu nous montre ce qu’il voit en nous, et plus sa lumière pénètre dans nos coeurs, plus nous sommes à même de le découvrir. Une mauvaise conscience nous met en opposition avec cette lumière ; quand nous péchons par erreur, c’est que nous avons mis quelque obstacle à ce que la lumière pénétrât pleinement en nous. Plus j’avance dans la connaissance de la sainteté de Dieu, plus j’apprends à connaître le péché en moi. Cherchons auprès de Dieu lui-même, l’idée que nous nous faisons du péché. Dieu juge du péché selon ses pensées à lui et non pas selon les nôtres. Pour lui, on ne peut toucher à ce qui est souillé, sans être soi-même souillé et coupable (chap. 5:2).

Nos privilèges sont la mesure de notre responsabilité. Dieu nous a admis en sa présence ; le sang de Christ est le témoin de notre pleine acceptation devant lui ; dès l’entrée de la carrière chrétienne, nous sommes affranchis et placés dans une pleine liberté devant Dieu ; mais tout cela ne rabaisse nullement le jugement de Dieu à l’égard de ce qui convient à sa sainteté et du péché dans les siens ; bien au contraire, ce sont ceux dont les vêtements ont été lavés dans le sang de l’Agneau qui doivent garder leurs vêtements purs, veiller à ne pas les souiller, et marcher jour après jour dans la sainteté, sous le regard de Dieu.

Dans le sacrifice qui était offert pour le souverain sacrificateur et pour tout le peuple (chap. 4:1-21), le sang était porté dans le lieu saint et le corps de la victime était brûlé hors du camp, tandis que, dans les autres cas, où le sang n’était pas porté dans le sanctuaire (chap. 4:22-35), le sacrificateur mangeait la victime dans un lieu saint, faisant ainsi le péché sien, s’identifiant de coeur avec le sacrifice pour le péché. C’est ce que Christ a fait pour nous.

Et désormais, Dieu serait injuste envers Christ, s’il ne nous pardonnait pas nos péchés, mais il est fidèle et juste pour le faire et nous purifier de toute iniquité. Notre pardon est une justice que Dieu doit à Christ.


25 - Méditations de J. N. Darby — Josué 7

n°25 : ME 1887 p. 377

Toute notre force est en Dieu, et sa grâce aime à manifester sa puissance dans notre infirmité. Cela est vrai, mais il est tout aussi vrai que Dieu n’abandonne jamais son caractère de sainteté et qu’il maintient aussi toujours sa justice vis-à-vis de ceux qu’il aime. Seulement ses châtiments deviennent pour nous un moyen de bénédiction, et, par sa grâce, concourent, ainsi que toutes choses, à notre bien. La grâce de Dieu n’affaiblit, en aucune manière, son gouvernement ; Dieu bénit l’Église si elle est fidèle, il la châtie selon ses manquements.

Le chap. 7 de Josué nous présente, dans l’histoire d’Israël, des principes applicables aussi à l’histoire de l’Église.

L’histoire d’Israël, dans le désert, correspond à un côté de la vie chrétienne. Comme ce peuple, nous n’entrons dans le désert qu’après avoir été complètement délivrés ; comme pour eux, notre marche à travers le monde, fait ressortir que Dieu est notre seule ressource, notre tout. Nous y apprenons comme Israël (conf. Deut. 8:2-6), que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel. Le chrétien qui ne trouve pas tout en Dieu, qui ne se contente pas de la manne, se trouve privé de tout. Il est dans le désert, regrettant les légumes d’Égypte, mais ne pouvant plus en jouir à sa guise comme autrefois, parce qu’il a été retiré du pays d’esclavage, et que son coeur éclairé par le Saint-Esprit ne saurait plus y être à l’aise. Ainsi, le désert sert à l’exercice de notre foi et à la manifestation de tout ce qui est dans notre coeur : « Pour connaître ce qui était dans ton coeur », dit l’Éternel à Israël. Dieu ne nous donne ici-bas que ce qu’il nous faut pour le voyage, car, notre repos n’étant pas ici, la manne suffit. Mais aussitôt qu’Israël est introduit en Canaan, la manne cesse pour être remplacée par une autre nourriture.

Cette seconde partie de l’histoire d’Israël, l’entrée en Canaan, correspond au second côté de la vie chrétienne ; seulement ce qui, pour le peuple terrestre, était consécutif, est simultané pour l’Église, qui à la fois traverse le monde, et se trouve introduite en Christ dans les lieux célestes dont elle jouit par l’Esprit. Canaan devient pour Israël le théâtre du combat contre ses ennemis (qui sont, pour l’Église, les malices spirituelles dans les lieux célestes), comme le désert avait été le lieu de l’exercice de la patience.

Le premier exploit des Israélites après le passage du Jourdain, est la chute de Jéricho sans force humaine, par la seule puissance de Dieu. Mais Jéricho avait été mise en interdit (Jos. 6:16-19). Or Israël fut infidèle au sujet de l’interdit ; aussi Dieu dut en tenir compte, et ne put sanctionner l’état dans lequel se trouvait son peuple par cette désobéissance. Acan seul avait pris l’interdit, et cependant ce sont trente-six hommes d’Israël qui périssent d’abord. C’est que, par là, Dieu jugeait encore autre chose chez son peuple. Israël s’était prévalu de la victoire de Jéricho pour prendre confiance en ses propres forces, alors que toute sa force était en Dieu. L’interdit sert à montrer que ce peuple, si puissant en Dieu, est parfaitement faible en lui-même, quand la force de Dieu se retire. Elle abandonne le peuple, parce que Dieu ne peut être en communion avec le péché. Quand l’Esprit est contristé par un membre du corps, tout le corps est affaibli.

Dieu est toujours fidèle pour manifester le mal et le juger ; il sait que nous ne pourrions être heureux s’il tolérait le péché. L’effet du jugement est de fondre le coeur du peuple ; le coeur de Josué se fond aussi, mais cela le pousse à s’approcher de Dieu, et il retrouve Sa force en disant : « Que feras-tu pour ton grand nom ? » Le nom de Dieu était déshonoré par le péché d’Israël et par la fuite d’Israël. La réponse de l’Éternel porte sur ces deux points. Il relève Josué, mais l’interdit empêche la communion d’Israël avec Dieu. Pourquoi Dieu jugerait-il le monde, s’il souffrait le péché au milieu de son peuple ? Pourquoi exterminerait-il les Amorrhéens, s’il ne punissait pas l’iniquité d’Israël ? Il est donc de la sagesse et de la fidélité de Dieu de manifester l’interdit et de le juger, afin de pouvoir sortir avec son peuple dans le combat contre Satan. Aï fut pris (chap. 8), sans doute avec beaucoup plus de peine et avec humiliation, mais Dieu ne retire pas sa main que ses ennemis ne soient détruits.

C’est parce que le peuple est reconnu de Dieu, que Dieu l’envoie au combat contre ses ennemis. Plus nous serons fidèles, plus nous nous trouverons aux prises avec les attaques de l’ennemi. Satan a plus d’intérêt à faire broncher une âme fidèle qu’un chrétien mondain, car son but est de déshonorer l’évangile devant le monde. De là vient que, plus nous avançons, plus nous sommes exposés à broncher si nous ne nous tenons pas dans la communion de Dieu. Mais souvenons-nous qu’il faut la fidélité de chacun et de tous pour que tout le corps ait la force de Dieu dans le combat. L’unité du corps de Christ est telle, qu’il est impossible qu’il y ait de l’interdit dans un membre de ce corps, sans que tout le corps soit affaibli.


26 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 84

n°26 : ME 1887 p. 416

Comme il arrive ordinairement dans les Psaumes, le sujet de celui-ci est présenté dès les premiers versets. Il exprime les désirs des fidèles qui, pendant la captivité, avaient été longtemps privés de la joie d’entrer dans les parvis de l’Éternel ; il fournit des accents au bonheur de revoir ces parvis et de suivre le chemin qui y conduit, même par la vallée desséchée de Baca. Comme le résidu d’Israël, l’Église aussi marche vers les tabernacles de Dieu, mais non pas vers ceux qui sont faits de main d’homme. Les tabernacles de l’Éternel sont pour nous la maison du Père ; c’est là seulement que le fidèle est chez soi, et qu’il trouve le repos. Quand l’objet de son coeur est au delà du point auquel il est parvenu, il ne peut jouir du repos, fût-ce même dans l’endroit le plus désirable du monde. Le premier « bonheur » qui nous est présenté, est donc que la maison du Père est notre repos : « Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison » (v. 4). Il ajoute un second bonheur : « Bienheureux… ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés » (v. 5). Le v. 4 parle de notre joie en espérance, le v. 5 de notre joie actuelle et pour le chemin.

Dieu, dans la plus haute perfection de son être (lumière, amour), se manifeste au coeur des pécheurs lors de la première visite qu’il leur fait, et, sous ce rapport, l’enfant de Dieu le plus avancé ne peut le connaître d’une manière plus complète qu’un petit enfant dans la foi. Mais d’un autre côté, s’il est vrai que nous connaissons Dieu dès le commencement de notre course ici-bas, nous apprenons cependant à le connaître toujours davantage. Plus je comprends la perfection de Dieu, plus je connais son amour ; et plus aussi je sens combien il est précieux à mon âme. Si la connaissance de Dieu est séparée de celle de l’amour de Dieu, on n’a pas la vie de Dieu.

« Ils te loueront incessamment » (v. 4). Rien dans le coeur de l’homme naturel ne répond à la louange de Dieu. Essayez de le louer dans les rues d’une ville, vous verrez immédiatement que le coeur de l’homme est inimitié contre Dieu. Les chrétiens peuvent aller dans un monde sans écho pour Dieu, faire entendre la voix de la bonne nouvelle ; mais ce n’est qu’ensemble qu’ils peuvent jouir de Dieu et le louer. Le désir de tout coeur converti est que Dieu soit loué, et ce désir ne sera pleinement satisfait que dans la maison de Dieu. Impossible pour l’âme de jouir en plein du repos, avant que Dieu soit loué incessamment par tous ceux qui l’entourent.

« Bienheureux l’homme dont la force est en toi » (v. 5). Quand je me trouve en présence des difficultés, j’ai besoin de force, moi faible, pour être encouragé et soutenu dans la patience. Pierre manquait de cette force quand il a renié Jésus ; la force de la chair est sujette à la fatigue, la force de Dieu jamais. Aucune créature ne peut être plus forte que la force de Dieu, ni que l’amour de Dieu. Jésus n’a-t-il pas été le plus fort, quand il a vaincu le monde ?

Dieu a mis le repos au bout de la route, et les rachetés seuls sont en chemin pour s’y rendre. Nous faisons, en route, l’expérience de notre propre coeur et des ressources de Dieu pour nous, mais le repos est certain, et la parole de Dieu nous en rend témoignage. Notre route est comme un défilé à traverser, au delà duquel est la gloire. Quand on descend dans le défilé, peut-être y perdra-t-on la gloire de vue et le chemin sera difficile, mais nous avons la certitude que c’est le chemin de la gloire. Nous y trouvons le mépris du monde et la lutte avec Satan ; nous n’y trouvons pas le repos, mais il nous faut avoir ce chemin, les chemins frayés dans le coeur. La vallée de Baca, cette terre desséchée, est alors réduite en fontaine. Lorsque nous sommes en communion avec Dieu, chaque difficulté devient l’occasion du déploiement de la gloire de Dieu.

L’enfant timide trouve de la joie dans la certitude de l’amour de sa mère, lorsque quelque danger se présente, tandis que nous sommes souvent abattus et découragés, parce que notre force n’est pas en Dieu. Dieu veut que sa grâce nous suffise, et cela est plus précieux que si l’écharde en la chair nous était ôtée.

« La pluie la couvre de bénédictions » (v. 6). Elle vient, non de la terre, mais du ciel, auquel nous devons être attachés et d’où nous devons tout attendre. S’il n’y a pas d’eau ici-bas, c’est afin que je sache que Dieu prend, en tout, soin de moi, pour me donner l’eau, la manne, la force, tout en un mot. Dieu dit à Israël qu’il l’a fait passer dans le désert afin de l’humilier (Deut. 8:2-5). Quelle bénédiction que nous soyons ainsi humiliés ! Jamais Dieu n’a fait cela ni aux Égyptiens, ni aux Cananéens. Pour nous, l’effet de ces choses est de nous faire vivre de ce qui sort de la bouche de Dieu et de nous faire marcher de force en force. Les difficultés accroissent, pour nous, les forces que nous trouvons en Dieu. Nous ne sommes pas actuellement capables de jouir de tout ce qui se trouve en Dieu, aussi tout ne nous est pas encore donné, mais à mesure que nous avançons, nous marchons de force en force ; Dieu prend plus de place dans nos âmes ; il manifeste les endroits vides ou les endroits durs de nos coeurs, et s’occupe à remplir les uns, à fondre les autres.

Au v. 8, Dieu se présente à l’âme dans trois relations différentes. Il est l’Éternel, Dieu toujours le même ; le Dieu des armées, Celui qui gouverne toutes choses ; Dieu de Jacob, le Dieu de son peuple qui est fidèle à ses promesses.

« Vois et regarde la face de ton Oint » (v. 9). C’est là notre assurance, le gage de la faveur de Dieu. Dieu nous regarde en Christ, et tout ce que nous lui demandons en son nom, il le fera.

v. 10. Il vaut mieux être à la porte du ciel que dans ce monde.

Le v. 12 résume tout. Je n’ai point d’autre ressource. Si notre confiance est dans l’homme, nous rencontrerons tôt ou tard une occasion où l’homme manquera, et c’est là que Satan nous attendra pour nous cribler. Se confier en Dieu est la chose la plus difficile ; c’est mettre la chair sous ses pieds, car la chair ne trouve rien à y gagner, mais c’est pour le coeur un bonheur inexprimable.


27 - Méditations de J. N. Darby — Jean 6:1-59

n°27 : ME 1887 p. 436

Il y a dans cet évangile quelque chose de très caractéristique quant à l’ordre des sujets. Au chap. 5, par exemple, Jésus donne la vie comme Fils de Dieu ; au chap. 6, il devient, comme Fils de l’homme et dans son humiliation jusqu’à la mort, l’aliment de la vie ; au chap. 7, il sera manifesté en gloire à son retour. Ces divers enseignements se rattachent, chaque fois, à un fait qui vient de se passer. Dans notre chapitre, il rassasie cinq mille personnes, selon ce qui est écrit : « Je rassasierai de pain ses pauvres » (Psaume 132:15). Alors la foule le reconnaît comme le Messie, le prophète attendu depuis Moïse, et que ce dernier avait commandé d’écouter. Les trois caractères de prophète, de sacrificateur et de roi, se trouvent dans ce chapitre : Christ était prophète, et le peuple juif lui a reconnu ce caractère ; il est actuellement sacrificateur à la droite du Père ; il sera reconnu roi, quand il reviendra avec puissance. Au v. 15, le peuple veut le faire roi, parce qu’il n’a compris ni l’humiliation que le Messie devait subir, ni le caractère de sa royauté. Il ne pouvait comprendre le sacerdoce de Christ, parce qu’il ne savait pas que Christ devait entrer dans le sanctuaire avec son propre sang. Jésus, dans son caractère de sacrificateur, monte sur la montagne et prie ; les disciples descendent à la mer et s’embarquent ; ils sont ballottés sur les vagues, image de l’état actuel de l’Église pendant l’absence du Seigneur. Les disciples ont peur quand Jésus leur apparaît, marchant sur la mer ; mais dès qu’ils le reçoivent, le calme revient et ils abordent au lieu où ils allaient. Il en est de même pour nous ; nous sommes ballottés par les vagues, anxieux, effrayés, mais Jésus marche au-dessus de toutes les difficultés, et sa force est notre force. C’est par un tel exemple que le Seigneur nous fait comprendre ce qu’il est pour nous en son absence. Nous semblons entièrement délaissés, au milieu des difficultés et des peines, mais le Seigneur est là-haut pour nous soutenir, et il va quitter cette position pour venir à nous.

Les foules sont étonnées de le retrouver de l’autre côté de la mer. Elles le cherchaient, parce qu’elles avaient été rassasiées de pain, mais Jésus leur montre ce qu’elles ont à faire : la première chose est de croire, de se soumettre entièrement à Dieu. Si Dieu nous commandait quelque grande chose, nous la ferions, parce que cela répondrait à notre orgueil, mais nous avons simplement à obéir par la foi. Dieu demande que nous soumettions à Jésus notre coeur et notre intelligence, tout ce qu’il y a en nous. Jésus doit être notre tout. Cette soumission est, pour un coeur incrédule, bien plus difficile que de faire des choses très difficiles, mais qui nous mettraient en bonne réputation devant les hommes. Le peuple demande à Jésus quel signe il donne de la certitude de ses paroles. Jésus leur répond qu’il est lui-même le pain du ciel ; tout son amour se montre en cela. S’il est possible de ne pas voir tout l’amour de Dieu dans la grande humiliation de Jésus, jusqu’à devenir notre pain du ciel, comment sera-t-il possible de voir cet amour ailleurs ? Le signe que Dieu nous donne pour nous prouver son amour, c’est tout d’abord que Jésus s’est incarné, que, voyant notre état de ruine et d’éloignement de Dieu, il est descendu ici-bas, vers nous, pour nous délivrer, comme il le fit jadis pour Israël en Égypte. Ceux qui n’ont pas encore reçu Jésus pour leur tout, leur nourriture et leur breuvage, ne sont pas rassasiés. Ils éprouvent du vide et du mécontentement (v. 35). Du moment que l’on est en communion avec Jésus, on comprend qu’il n’y a plus pour l’âme ni faim, ni soif. Mais, pour avoir la vie éternelle, il faut non seulement le manger comme pain, mais il faut aussi manger sa chair et boire son sang. Jésus s’est humilié jusqu’au supplice, jusqu’à donner pour nous sa chair et son sang. Il est descendu du ciel pour être serviteur, pour faire, non sa volonté, mais celle du Père. À son plus grand ennemi, à celui qui hier lui crachait au visage, il ouvre aujourd’hui les bras s’il vient à lui, et il le sauve. Il est le serviteur d’un tel homme, parce qu’il est le serviteur du Père qui attire tout homme qui vient à Jésus (v. 39, 40). La volonté du Père est que Christ ne perde rien de ce que le Père lui a donné. Toute âme qui a été attirée à Jésus a ainsi, comme gage, la vie éternelle. Tout cela est fondé sur la volonté du Père et met à néant l’orgueil de la chair. Christ ne fait aucun cas de notre chair et bien qu’elle murmure ou se scandalise (v. 43, 61), il continue sans chercher à lui plaire. Jésus ne s’est pas borné à être serviteur, il a laissé sa vie en rançon, il est mort pour nous, pécheurs. Quand le sang est séparé du corps et a été répandu, c’est que la mort est intervenue. Du moment que nous sommes venus à Christ, nous sommes assurés de tout : Christ a donné sa vie, son sang est devant Dieu ; il est entré lui-même en la présence de Dieu avec l’efficacité de ce sang. La vie que Jésus avait, comme homme, a été donnée ; nos péchés, portés par lui, se sont écoulés, pour ainsi dire, avec son sang ; ce sang les a lavés ; la mort les a expiés, et le sang est présenté à Dieu. Nos âmes pensent à Jésus mort et se nourrissent de cette mort par la foi.

Dès lors, et tant que nous sommes ici-bas, Jésus nous nourrit continuellement de sa vie et de sa mort. Nos affections sont attachées à lui, qui est le témoignage de la tendresse et de l’amour de Dieu pour nous ; et, tandis qu’il est en haut, intercédant pour nous, nous sommes attirés à lui et détachés de coeur des principes de ce monde. Si Jésus a été pauvre, parce qu’il m’a aimé, puis-je désirer les richesses ? Tous les motifs qui dirigent les hommes sont parfaitement contraires à la seule chose glorieuse pour moi, un Christ que les hommes ont méprisé et rejeté. L’unique place que Jésus ait pu prendre en ce monde est la plus basse de toutes ; c’est là que mon coeur s’attache à lui. Si sa mort me montre la sainteté et la colère de Dieu, elle donne en même temps une réponse à tout ce que Dieu exige. C’est dans la personne et l’amour de Jésus que nous apprenons à connaître Dieu comme un feu consumant.

La cène est le symbole de cette mort, mais ce n’est pas d’elle qu’il est question dans ce passage, où il s’agit de manger la chair et de boire le sang de Christ, pour avoir la vie éternelle. Cette nourriture que la foi s’approprie, nous fortifie de jour en jour, elle nous attache à Christ et nous soustrait à l’influence du monde qui perd ainsi sa puissance sur nous. Christ est la source et l’aliment de notre vie ; nourris de lui, nous sommes satisfaits et joyeux, car nous sommes détachés du monde, et nous avons Christ, et nous jugeons de toutes choses selon que nous apprécions Jésus, notre nourriture. Que devient alors pour nous l’orgueil du monde — il a crucifié Jésus ; l’opinion du monde — il a rejeté Jésus. Les choses de la chair sont amères pour l’Esprit, comme celles de l’Esprit sont amères pour la chair. Nous ne pensons pas assez à Jésus, nous ne portons pas assez son empreinte. La chair estime les choses du monde autrement que Jésus ne les aurait estimées. Nous cherchons à faire de Dieu notre serviteur pour nous exalter ici-bas, et nous ne pensons pas que Christ est notre serviteur, pour arracher nos âmes à tout l’effet du poison répandu dans le monde.


28 - Méditations de J. N. Darby — Éphésiens 1

n°28 : ME 1888 p. 55

Ce chapitre nous montre : 1° ce que nous possédons déjà comme rachetés ; 2° l’espérance de la gloire ; 3° le Saint-Esprit qui nous est donné ici-bas, pendant l’absence de Christ, comme arrhes de notre héritage, en attendant la rédemption de toutes choses. C’est du Saint-Esprit, arrhes de notre héritage, source de notre force et de notre communion, que je désire vous entretenir aujourd’hui.

Le Saint-Esprit est donné aux croyants (v. 13). Du temps des apôtres, il manifestait sa présence par des dons extraordinaires. Ces dons ayant pris fin, le fait de sa présence est aujourd’hui méconnu et oublié. On ne voit pas les enfants de Dieu se confier dans la présence et la puissance du Saint-Esprit, pour être dirigés par lui. Le Saint-Esprit gouverne l’Église ; si l’on perd de vue cette vérité, on oublie du même coup que Satan gouverne le monde et en est le prince. Les Écritures ne parlent jamais de l’influence du Saint-Esprit ; elles présentent le Saint-Esprit comme Dieu, comme une personne agissante. Le Saint-Esprit nous communique la vie ; mais ce n’est pas là la présence du Saint-Esprit gouvernant les saints individuellement, et collectivement l’Église.

Le Seigneur dit à ses disciples en s’en allant, qu’il leur enverrait un Consolateur qui serait éternellement avec eux. Après avoir tout accompli, Jésus s’est assis à la droite de Dieu et le Saint-Esprit a été envoyé, non au monde, mais aux disciples seuls.

L’Esprit est l’agent divin immédiat dans la création (Gen. 1:2) et sur nos propres coeurs, mais ce n’est pas là sa présence personnelle en nous. Il faut aussi distinguer entre les dons du Saint-Esprit et sa présence. Il est des hommes qui ont le don de faire des miracles et que le Seigneur n’a pas connus. Balaam qui prophétisait par l’Esprit, était un réprouvé. Judas a fait des miracles sans être converti. Saül était parmi les prophètes et tomba sous le jugement de Dieu. Le Saint-Esprit étant Dieu, agit comme Dieu dans sa souveraineté, sans égard à l’état du coeur. Dans l’Église, il distribue les dons comme il veut. Le Saint-Esprit produit la vie en nous ; c’est par l’efficacité de son opération que nous sommes engendrés de Dieu. Il nous convainc de péché, et nous rend d’abord misérables par la vue de ce que nous sommes. Nous arrivons ainsi à la conviction de notre entière impuissance. L’effet en est de nous introduire dans le sentiment d’une responsabilité toute nouvelle vis-à-vis de Dieu, responsabilité qui découle de la grâce et n’a rien à faire avec la responsabilité de l’homme sous la loi. Quand l’Esprit a fait naître en nous ce sentiment, il nous affranchit et produit la joie. Ces opérations de l’Esprit de Dieu ne sont pas encore sa présence.

Lisons maintenant quelques passages qui nous parlent de ce dernier fait :

Gal. 4:6. Rom. 8:15. Au commencement de la vie chrétienne, avons-nous dit, l’Esprit communique la vie, mais, lorsqu’on est enfant, on reçoit le Saint-Esprit comme gage de l’adoption, et l’on crie : Abba, Père.

2 Cor. 1:20-22. Jean 7:39. Le Saint-Esprit est donné à ceux qui croient.

Éph. 1:13. Rom. 8:15. Le Saint-Esprit est le sceau de notre salut ; ce don est la conséquence de l’accomplissement de ce salut. L’Esprit ne pouvait être donné avant cet accomplissement, avant que Jésus fût glorifié. Auparavant, il était un Esprit prophétique, tandis que maintenant il est nécessairement, pour les croyants, le sceau de ce qui est accompli, le sceau de leur salut. Il rend témoignage dans nos coeurs des pensées de Dieu. Il ne peut être en nous un esprit de crainte ; il ne nous place pas sous la loi ; il nous révèle les pensées de Dieu, et ces pensées sont que Dieu nous considère non comme des serviteurs, mais comme des enfants. Depuis la Pentecôte, quand il est question de l’Église, c’est le mot nous qui est employé. Il nous a aimés, nous a lavés, nous a fait rois et sacrificateurs, nous a ressuscités. Désormais, l’Esprit n’est plus un esprit de prophétie, en sorte que celui qui parle puisse être étranger aux événements qu’il annonce ; c’est un esprit d’accomplissement, de communion, le sceau de mon adoption, de mon salut, et les arrhes de ma gloire.

Ce n’est pas l’humilité qui dit : Je ne sais pas si j’ai le Saint-Esprit. Le témoignage de l’Esprit ne peut être douteux. De ce que quelques-uns rêvent, il ne s’ensuit pas que ceux qui veillent ne puissent avoir la certitude de ce qu’ils voient. Le Saint-Esprit est le gage de tout ce que nous possédons ; il est un esprit de liberté, de joie, de force. Il est vrai qu’on peut être joyeux sans être converti ; qu’on peut écouter l’évangile avec joie, sans que la conscience soit atteinte ; mais quand l’Esprit est là, son fruit se manifeste bientôt, et nous fait voir si cette joie était vraie ou fausse. On trouve toujours chez celui qui est vraiment converti, à côté de la joie et malgré elle, une conscience vivifiée, parce que l’âme a été introduite en la présence de Dieu. L’enfant de Dieu n’est pas seulement joyeux de son pardon ; il est joyeux de faire la volonté du Père. C’était la joie de Christ. Si nous ne faisons pas cette volonté, loin d’être joyeux, nous serons tristes et mal à l’aise. Notre conscience ne peut être satisfaite quand nous perdons, par notre désobéissance, la communion avec Dieu. C’est cette communion qui fait que l’enfant de Dieu hait le péché même, et non pas les conséquences du péché, qu’il le hait par amour pour son Père et non pas pour échapper au châtiment. Celui qui serait joyeux d’être pardonné et qui, alors même que le péché lui permettrait d’entrer au ciel, ne haïrait pas le péché, celui-là ne serait pas un enfant de Dieu. La joie d’un homme inconverti n’est pas une joie dans la présence et dans la communion de Dieu lui-même. Elle peut être produite par la présence des enfants de Dieu, ou par une bonne prédication. Une conscience délicate, plus joyeuse dans la présence de Dieu que hors de cette présence, ne peut se trouver que chez un vrai enfant de Dieu. Il se sent mal à l’aise dans le monde, il peut se sentir tout à fait au large en la présence de Dieu. L’effet d’une fausse joie est d’endormir la conscience.

Voilà ce qui distingue la présence du Saint-Esprit dans l’âme de l’enfant de Dieu qui est affranchi.

Un autre caractère du Saint-Esprit est la connaissance et l’intelligence des choses de Dieu. L’onction de la part du Saint (1 Jean 2:20) est un Esprit d’intelligence qui fait connaître toutes choses. Ce n’est pas l’onction du Sage, mais celle du Saint. Si nous pratiquons le péché et contristons l’Esprit, nous ne pouvons avoir cette connaissance dans une grande mesure. C’est dans la communion de Dieu, que nous connaissons et comprenons les pensées de Dieu. Dieu est un ami dont nous connaissons les pensées intimes. Celui qui est habitué à voir en Christ les conseils, les pensées, les promesses de Dieu, comprend les pensées de Dieu ; elles ne se révèlent pas à celui qui ne vit pas dans sa communion. Ces choses sont cachées aux sages et aux intelligents et révélées aux petits enfants. Quand nous nous sentons petits, nous comprenons la puissance et la richesse de Dieu. C’est le péché seul qui nous obscurcit la parole de Dieu, car l’onction de la part du Saint nous fait connaître toutes choses.

Le Saint-Esprit, en nous révélant l’accomplissement du salut, est le sceau de notre adoption ; il est un esprit de joie, d’affranchissement, de liberté. Il est un esprit de force ; le nouvel homme n’est pas la force, mais l’Esprit est la force du nouvel homme. Ceux qui croient ont la vie éternelle ; le Saint-Esprit devient la puissance de cette vie ; il fortifie ceux qui la possèdent. Il nous communique les choses de Christ avec la conscience qu’elles sont à nous, ce qui le distingue de l’esprit prophétique. Si je passe dans ce monde souillé, le coeur occupé de Dieu, c’est par le Saint-Esprit qui est un esprit de force, car il m’enlève à ce qui m’entoure et m’entretient de Christ, du ciel, de Dieu, et me fait jouir des choses de Christ comme étant miennes. Il nous donne, dans la communion de Dieu, la certitude que Dieu est pour nous. L’oeil est simple, le corps plein de lumière ; nous sommes du parti de Dieu dans le monde.

Si tout cela est vrai, l’Église de Dieu rend témoignage par son état, qu’elle a contristé, que nous avons contristé le Saint-Esprit. Elle est faible, privée de connaissance, de certitude, de puissance. Elle ne se distingue pas, aux yeux du monde, par les résultats de sa communion avec Dieu. C’est un état humiliant. Nous nous sommes, hélas ! contentés de peu de chose. Rebroussons chemin ; humilions-nous devant Dieu ; prions pour nous-mêmes ; intercédons pour l’Église.


29 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 16

n°29 : ME 1888 p. 235

Ce chapitre traite du grand sacrifice qui était offert pour le peuple une fois l’an, type du sacrifice de propitiation offert par Christ une fois pour toutes (Hébr. 9:11-14) Une chose indispensable aux sacrifices était la présence de Dieu ; sans cette présence, il ne pouvait y avoir pour le peuple aucune communion.

Le souverain sacrificateur entrait seul devant Dieu, et commençait par faire expiation pour lui et pour sa maison, après quoi il faisait expiation pour le peuple. Aaron et ses fils représentent toujours l’Église, non pas sous l’aspect d’un seul corps, mais comme une famille de sacrificateurs. Mais de plus, Jésus qui a intercédé pour le peuple sur la croix, est encore là devant Dieu pour lui ; seulement, il n’est pas encore sorti du tabernacle pour apporter à Israël l’assurance de l’acceptation du sacrifice. Nous qui avons cru, nous avons d’avance espéré en Christ. Les Juifs croiront quand ils verront, ; nous croyons sans avoir vu. C’est là la bénédiction de l’Église ; elle participe aux promesses et à l’appel de Dieu et à toute l’efficacité du sacrifice.

Il y avait deux boucs, l’un pour l’Éternel, l’autre pour être Azazel (le bouc qui s’en va) pour le peuple. Le premier était tué et son sang offert à l’Éternel, type de la présentation du sang de Christ à Dieu ; l’autre était chargé vivant du péché du peuple et envoyé au désert.

Afin que Dieu fût pleinement glorifié et pût agir en amour envers les pécheurs, il fallait qu’une expiation fût faite et que le sang fût offert à Dieu. Si Dieu tolérait le péché, ce ne serait pas de l’amour pour les pécheurs, mais une indifférence pour le mal qui déshonorerait son caractère ; ce serait l’amour de Dieu, comme le comprennent les mondains. Mais il y a une intelligence spirituelle qui comprend que Dieu ne peut agréer le mal en sa présence. Il était convenable que le chef du salut fût consacré par les souffrances ; il fallait que le Fils de l’homme fût élevé ; il fallait que le caractère de Dieu fût pleinement glorifié, et que nos péchés fussent complètement éloignés de nous, afin que nous pussions avoir communion éternelle avec Dieu.

Le sang ayant été présenté et l’expiation faite, l’amour peut découler librement du trône de Dieu, et la grâce être annoncée aux pécheurs. Ce qui met la conscience à l’aise quant à nos péchés, c’est que tous ont été mis sur la tête de Jésus qui les a confessés. Il est l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde.


On trouve dans ce chapitre trois grands faits :

1° Le sang présenté à Dieu.

2° Les souillures du tabernacle purifiées par le sang.

3° Les péchés du peuple, confessés par le souverain sacrificateur et mis sur le bouc Azazel.


Considérons ces points l’un après l’autre :

1° Jésus est entré dans le ciel, dans le lieu très-saint, où Dieu habite une lumière inaccessible. Le chemin des lieux saints n’était pas encore manifesté, tant que le premier tabernacle était debout. Ce chemin est manifesté aujourd’hui ; le voile a été déchiré, et nous contemplons la gloire de Dieu à face découverte. Cela établit un grand contraste entre les Juifs et nous. Les Juifs pouvaient, selon leurs lumières, faire des choses qui seraient pour nous de grands péchés. Nous avons été admis dans la présence de Dieu sans voile, quant au principe de nos relations avec lui. Il n’y a rien entre Dieu et nous. Si le voile a été déchiré, Dieu dans toute sa sainteté, et le monde dans tous ses péchés, sont en présence sans intermédiaire. Comment Dieu ne consume-t-il pas le monde ? Jésus a pris sur lui le péché et l’a ôté de devant Dieu ! — Tous les moyens que Dieu avait employés jusqu’à la mort de Christ, se sont montrés vains ; tel est le résultat de l’expérience que Dieu a faite de l’homme pendant 4000 ans. Alors la grâce, c’est-à-dire l’activité de Dieu en amour envers les pécheurs condamnés, s’est manifestée. Elle se manifeste aujourd’hui, jour favorable, jour de salut, tandis que le monde est condamné, mais que le jugement n’est pas encore exécuté. Telle est l’économie actuelle. Le sang de Christ, présenté à Dieu, permet à Dieu d’agir saintement dans son amour envers les pécheurs. Ce sang est la voie, le chemin de l’amour de Dieu. Il n’y a aucune inconséquence en Dieu, sans quoi on ne pourrait se reposer sur lui. Le sang n’est pas sur nous, il est devant les yeux de Dieu ; il a été répandu par aspersion sur le trône de Dieu, qui devient ainsi nécessairement un trône de grâce. Si je possède la vie divine, je vois combien ce sang est précieux, mais ce n’est pas la mesure de mes pensées qui est la mesure de mon assurance ; la foi regarde aux pensées de Dieu, et je sais par la foi que Dieu estime le sang de Christ comme il doit être estimé. Il voit toujours des mêmes yeux : « Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous ». C’est là l’assurance de la foi et notre sécurité. Rien n’a fait ressortir, comme la rédemption, l’horreur de Dieu pour le péché. Pour être toujours en la présence de Dieu, pour être en repos quant à nos relations avec lui, nous n’avons qu’à voir le sang de Christ, accepté de Dieu. Dieu a accepté l’expiation ; il n’est donc plus question de péché entre moi et Dieu. Je ne parle pas ici du combat contre le péché. Quand je pense à moi-même, j’ai nécessairement la conscience du péché ; si je pense à Dieu, je n’en ai plus aucune conscience. Le sang est devant Dieu, et si le péché n’est pas entièrement expié, le sang n’a aucune valeur. Le sang est la réponse de Dieu à toute accusation de Satan contre moi. C’est ainsi que ces accusations tombent, et c’est là une source de paix continuelle.

Il y a une expression parfaite de l’amour de Dieu envers nous. Dieu nous a aimés quand nous étions dans nos péchés et, lorsqu’il a été fatigué de nos iniquités, au lieu de se débarrasser de nous, il s’est débarrassé d’elles par Christ ! Dieu nous a tant aimés qu’il a donné son Fils ; à la croix, il a manifesté son amour. Il n’a point épargné son Fils pour moi ; ce que le ciel contient de plus précieux a été livré pour moi. L’amour de Dieu, l’expiation pour l’homme, voilà ce qu’enseigne et ce que manifeste la croix de Christ. La conscience se réveille devant la croix, mais elle trouve en Christ un plein repos.

2° La purification du lieu saint figure la purification de ce monde et de toute la création dans ses relations avec Dieu. C’est dans ce monde que Christ a souffert ; afin que Christ prenne son héritage, il faut que cet héritage soit purifié. Le péché a tout souillé ; il faut une réconciliation de toutes choses par le sang de Christ. C’est de cette purification du lieu saint, qu’il est question en Col. 1:19, 20 : « En lui, toute la plénitude s’est plue à habiter, et, par lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix, par lui, soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses lui sont dans les cieux ».

3° Dans le bouc Azazel, nous voyons Christ substitué à nous, comme s’il avait commis tous nos péchés qui sont mis sur sa tête et qu’il a confessés, car il était à la fois victime et sacrificateur. C’est un grand soulagement de comprendre qu’il n’y a aucun de nos péchés qui n’ait déjà été confessé devant Dieu. C’est ce qui m’engage à les confesser. Impossible de le faire, si l’on pense que ces péchés nous feront condamner. Mais si Christ l’a fait et si la colère est déjà tombée sur lui, notre coeur est soulagé et nous pouvons hardiment confesser nos péchés sans crainte d’être condamnés. C’est ce qui ôte la fraude du coeur (Ps. 32:2). C’est ainsi que je sais que je suis éternellement sauvé, sinon Christ serait mort en vain. Dieu serait injuste s’il m’imputait mes péchés, puisque Christ en a déjà porté la peine. Ils sont tous sur le bouc Azazel. « Mon serviteur juste… portera leurs iniquités ». Impossible de sonder cet amour de Christ. Plus il était saint, plus il était accablé du poids de nos péchés. Plus il comprenait la sainteté de Dieu, plus il avait horreur du péché. Plus il connaissait l’amour de Dieu, plus il a senti sa colère.

Mes péchés sont, avec le bouc Azazel, dans une terre inhabitable. Ils sont restés dans la tombe de Christ. Le même coup qui a déchiré le voile, a ôté tous mes péchés de devant la face de Dieu !


30 - Méditations de J. N. Darby — Luc 22:14-30

n°30 : ME 1888 p. 256

À la table où le Seigneur leur parlait de son anéantissement jusqu’à la mort dans l’institution de la cène, les disciples se disputent pour savoir lequel d’entre eux sera estimé le plus grand. Ils n’ont pas compris que le principe de l’enfant de Dieu, du disciple, est d’être serviteur, serviteur de tous, par la puissance de l’amour de Dieu agissant en lui. Être grand ici-bas est l’opposé du principe chrétien. On élève dans le monde des monuments aux bienfaiteurs de l’humanité ; le seul monument que le monde ait élevé à Christ est la croix. Mais la croix, c’est la grâce. La grâce fleurit dans la vallée de l’humilité ; c’est dans les vallées, et non au sommet des montagnes, que tout prospère.

La chair s’élève toujours, mais de plus, elle ne sait faire face à aucune difficulté. Comme dans le cas de Pierre, elle peut bien nous pousser au milieu du danger, mais jamais nous en faire sortir. Devant les obstacles, elle nous fait tomber ou bien elle s’endort. Et pourtant, ce sont ces mêmes disciples auxquels Jésus dit qu’ils ont persévéré avec lui dans ses tentations !

Tant qu’il est ici-bas, le Seigneur se montre comme Juif et Messie au milieu des Juifs ; tout change, quand il monte à la droite de Dieu. Il nous est important de comprendre que nos relations sont avec Christ dans la gloire, et non pas avec Christ sur la terre. Quand bien même Paul l’aurait connu selon la chair, il ne l’aurait cependant plus connu de cette manière dans la suite. Quand on confond ces deux choses, on applique à l’économie actuelle des principes qui concernent les Juifs. Les richesses qui étaient une bénédiction pour eux sont, pour le chrétien, un grand piège. Notre vocation étant céleste, nous y sommes d’autant plus libres que nous avons moins d’attaches ici-bas. Gloire, honneur, richesses, sont autant de liens qui, en nous attachant à la terre, affaiblissent nos vrais liens avec le ciel.

Lorsque Christ, le Créateur, a été mis en croix, tous les fondements ont été renversés. En deçà de la croix, l’homme est désormais ruiné et perdu ; dans la croix, il trouve son salut. Mais il nous faut encore aller au delà de la croix.

Tout ce que possédaient les Juifs était extérieur et terrestre ; c’étaient les rudiments du monde. Or Christ s’est donné lui-même pour qu’il nous retirât du présent siècle mauvais. Le monde est ainsi jugé par la croix de Christ. En condamnant Christ, le monde s’est condamné lui-même, et tout a été rompu entre lui et Dieu. C’est désormais la grâce seule qui est le principe selon lequel Dieu peut agir.

Dans la cène, Jésus donne à ses disciples un gage d’amour ; mais auparavant, ayant joui pour la dernière fois avec eux du mémorial de la délivrance des Juifs, il prend un autre caractère. Il reçoit une coupe, non celle de la cène, il la distribue aux disciples sans en boire lui-même, et il ajoute : « Car je vous dis que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu » (v. 18). Il prend désormais, d’une manière ouverte, le caractère du nazaréat, celui de la séparation d’avec les pécheurs. Il était venu au milieu des pécheurs, les cherchant, lui-même sans péché. Il prend désormais la position de séparation, de sainteté, pour s’asseoir à la droite de Dieu. C’est par la résurrection que Jésus a été pleinement déclaré Fils de Dieu en puissance, selon l’Esprit de sainteté. Cette résurrection est une évidence publique de la puissance de la vie de Dieu et de la sainteté de Christ (Rom. 1:4 ; Hébr. 7:26). Christ est maintenant ouvertement séparé des pécheurs. Quand il reviendra, il apparaîtra « sans péché » pour les siens, et repoussera le péché de sa présence, tandis que, sur la terre, Christ a été l’ami des pécheurs et des gens de mauvaise vie. Le chap. 6 des Nombres montre le caractère du nazaréat. Le vin est le signe d’union et de rapports entre convives. C’est pourquoi il est dit que le vin réjouit Dieu et les hommes (Jug. 9:13), mais le nazaréen n’en buvait pas. Le chrétien doit aimer les pécheurs, mais se séparer du péché ; il est nazaréen comme Jésus ; sa sainteté correspond à la position que le Seigneur occupe maintenant, lui qui a dit : « Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité ». C’est par la mort et par la résurrection, que Jésus a pris cette place de séparation vis-à-vis du monde et des pécheurs. Quand le royaume de Dieu sera venu, nous serons tous ensemble dans la joie du Seigneur, avec lui. Maintenant, le chrétien est joyeux, sans doute, mais affligé. Il ne peut être joyeux ici-bas avec le monde qui a tué son Sauveur. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis, mais le temps n’y fait pas de différence, le caractère du monde reste le même ; il faut être converti pour ne plus lui appartenir. Si notre coeur appartient à Jésus, il nous est impossible d’être autrement qu’affligé dans le monde. Le monde se divertit, il danse sur le tombeau de notre Sauveur.

Mais, d’autre part, le chrétien se réjouit dans le Seigneur, est joyeux de sa part céleste, à laquelle le monde ne comprend rien. La joie du chrétien est une espérance pleine de gloire ; mais ici-bas il reste toujours nazaréen et ne peut avoir la gloire dans ce monde. Il invite, il conjure les pécheurs de se convertir, mais il ne peut avoir communion avec eux. Jésus a été rejeté du monde et reçu dans le ciel ; c’est aussi la position du chrétien. Notre Souverain Sacrificateur est élevé au-dessus des cieux. Il nous a laissé un mémorial de son amour dans la cène. S’il n’est plus présent avec nous ici-bas, c’est qu’il s’est donné pour nous. Son absence n’est pas indifférence, car la cène est le mémorial de son amour parfait pour nous.

Christ nous introduit par une vie toute nouvelle dans le royaume céleste. Nous ne sommes pas transportés dans le royaume du Fils bien-aimé sans posséder sa vie, celle du second Adam, qui est Esprit vivifiant. Nous sommes rendus participants de la nature divine. La conversion est non seulement un changement, mais la communication d’une vie qui nous était inconnue auparavant, vie cachée en Christ, séparée des pécheurs, séparée du monde.


31 - Méditations de J. N. Darby — Luc 23:32-46

n°31 : ME 1888 p. 275

Le brigand converti a partagé dans ce monde le sort de son compagnon ; dans le ciel, il partage celui de Jésus. La différence entre les deux brigands vient de Dieu, non des circonstances. Dieu peut se servir des circonstances, mais elles ont souvent un effet tout opposé sur les âmes, comme on le voit dans le cas de ces deux hommes. En principe, toute âme sauvée se trouve dans la même situation que le brigand ; et personne n’a jamais été sauvé autrement que lui. On trouve en lui une foi vivante, plus vivante que celle de beaucoup de chrétiens qui passent tranquillement leur vie dans ce monde.

Il y a une oeuvre faite pour le brigand et une oeuvre faite en lui. Quand l’oeuvre est faite en nous, nous jouissons de tous les effets de l’oeuvre faite pour nous. La parole de Dieu nous présente des cas extraordinaires pour nous enseigner de grands principes. Le péché d’Adam n’est pas différent de ceux que nous commettons, mais nous en voyons bien mieux les effets, quoiqu’ils soient les mêmes pour nos péchés. De même, le salut du brigand est exactement semblable au nôtre.

Le brigand avait une grande foi. Jésus était condamné par la puissance civile, abandonné des siens, rejeté du monde, traité comme un malfaiteur. Rien en lui ne pouvait faire reconnaitre le Fils de Dieu. Extérieurement, rien ne devait faire croire en lui ; il était même plus bas que le malfaiteur qui osait l’outrager, parce qu’il s’était dit le Christ, le Fils de Dieu. Toute l’inimitié, toute la haine du coeur charnel était déchaînée contre lui. Et cependant, c’est alors que le brigand l’appelle son Seigneur, et voit en lui le Christ.

Les incrédules peuvent tolérer toutes les idoles, toutes les religions fausses, ils prétendent pouvoir honorer une procession qui passe dans les rues ; on admet tout dans le monde, excepté de prêcher publiquement Christ. Toutes les fois que Satan voit les droits de Christ proclamés ici-bas, il s’en irrite. Même un brigand outrage Jésus qui le supporte sans ouvrir la bouche, se mettant ainsi au-dessous de celui qui l’injurie.

« Ne crains-tu point Dieu ? » dit à son compagnon le brigand dont le coeur est touché. Sa conscience le place en la présence de Dieu ; c’est là le commencement de la sagesse. C’est la foi, reconnaissant Dieu dans ses droits. La philosophie, l’intelligence, jugent Dieu selon leurs pensées, mais du moment que la conscience agit, l’homme prend sa place devant Dieu et se soumet. Toutes les plus belles idées qu’on peut avoir de Dieu ne changent point, comme telles, nos relations avec lui ; la conscience n’en est pas atteinte. Ce n’est qu’en se présentant à Dieu comme pécheur que l’homme se soumet à Dieu. Quand nous voyons dans les souffrances, dans la mort, tous les effets du péché, nous comprenons que nous avons été chassés du paradis par le péché.

On n’a pas de sentiment profond sans en parler ; la religion qu’on garde pour soi est bien faible. Le commencement de la conversion du brigand est de craindre Dieu. Il censure fortement son compagnon. La présence de Dieu avait changé l’état moral et la dureté de son coeur. Cette présence devient pour lui la circonstance dominante. Le péché n’est plus ce qui nuit à notre réputation, mais ce qui offense Dieu justement. Cet homme ne tient plus au jugement de l’homme, il songe à celui de Dieu. Quand la conscience est éveillée, la pensée dominante est la crainte de Dieu ; l’âme est toute préoccupée de Dieu et de son état devant lui. L’homme introduit dans la présence de Dieu, se juge comme Dieu le juge ; tandis que l’homme naturel essaye d’éviter de penser à Dieu, cherche à s’étourdir pour se persuader que Dieu ne pense pas à lui. Mais Dieu ne nous oublie pas, et nous n’en avons pas de plus grande preuve que notre malaise dès que nous pensons avoir à faire avec lui.

La conviction de la justice de notre condamnation suit le réveil de la conscience. C’est là la franchise chrétienne, c’est la vérité dans le coeur. Le jugement de Dieu ayant pénétré dans le coeur, celui-ci se juge justement. « Et pour nous, dit-il, nous y sommes justement ». Il ne cache pas son péché et ne perd pas son âme pour garder sa réputation, comme, hélas ! bien des gens le font. Il connaît Dieu et se connaît lui-même, ce que les hommes les plus savants ne peuvent faire, s’ils ne sont pas, comme lui, réveillés par la présence de Dieu.

Jésus était là, crucifié parce qu’il était juste, parce qu’il n’avait rien fait qui ne se dût faire. C’est ce que les Juifs n’avaient pas vu, ce que les disciples n’avaient pas compris ; le brigand le reconnaît. Il a la lumière du Saint-Esprit, l’intelligence éclairée pour connaître le Seigneur Jésus comme homme. Il le voit outragé, humilié, ne se vengeant d’aucune insulte, et son coeur est touché. Il prend le parti de jésus, témoigne en sa faveur ; il l’aime. C’est le même mobile qui pousse aussi les chrétiens à se mettre du côté de Jésus contre ceux qui l’outragent. Le brigand voit la gloire et la perfection de Christ.

Il dit aussi : « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume. « Quand l’appelle-t-il Seigneur ? Ce n’est pas au milieu d’un monde tranquille, au milieu d’enfants de Dieu, où si souvent même on a honte de le nommer. Ici Jésus, condamné par les puissances ecclésiastiques et civiles, est proclamé Seigneur par un pauvre brigand, avec une simplicité de foi et une conscience parfaites. Cet homme attend son règne, quoiqu’il ne le voie que sur la croix. Il a compris la gloire à venir du Seigneur ; son coeur et ses affections sont à lui. Il oublie ses souffrances corporelles, il ne songe qu’au Seigneur, il le confesse ; il a la force de reprendre son compagnon.

Crainte de Dieu, connaissance de soi-même, connaissance de Jésus, foi en lui et foi en son règne, oubli de soi, désir d’avoir part et jouissance avec lui… cette foi nous fait honte. Pas un de nous n’en a une pareille, aussi vive, aussi efficace. Tels sont les grands traits de la conversion.

La réponse du Seigneur vient au-devant de la confiance et des espérances de cet homme. Comment le brigand qui se disait justement condamné par les hommes, peut-il dire à Jésus de se souvenir de lui ? C’est qu’il y a en Christ quelque chose qui touche le coeur. Il a pris sur lui notre condamnation. La certitude de l’amour de Dieu et la vue de Jésus portant notre condamnation, mettent le coeur au large. Cela produit la confiance et nous fait dire : Seigneur, souviens-toi de moi ! Si tous nos péchés n’étaient pas déjà ôtés de devant Dieu, il faudrait qu’ils fussent produits au grand jour du jugement. La confiance du brigand était fondée ; un moment avait effacé tous ses péchés.

« Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Ce brigand a été le seul compagnon de Jésus pour passer de la croix dans le paradis. Jésus a pris place avec lui dans la condamnation, lui, entre avec Jésus dans le troisième ciel, et partagera bientôt sa gloire. Son péché a été entièrement effacé ; il a été rendu pur aux yeux de Dieu par l’oeuvre de Christ. Il faut cela pour avoir une vraie paix. C’est parce que notre péché a été placé entièrement devant Dieu et que Jésus l’a confessé et porté, que nous sommes dans la lumière, dans la paix et dans la confiance devant Dieu.

Le brigand était rendu digne d’être « aujourd’hui » dans le paradis. Si nous croyons, la même grâce nous est faite. Nous pouvons être aujourd’hui pleinement en paix, si nous croyons Dieu sur parole, quand il nous dit que le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.

Jésus dit au brigand : « Avec moi ». C’est la seule consolation apparente que Jésus ait dans ce montent-là. Pendant qu’il était sur la croix, il a pu voir dans le brigand le résultat de la croix.


32 - Méditations de J. N. Darby — Exode 29

n°32 : ME 1888 p. 316

Si Dieu nous a rachetés, c’est afin de pouvoir demeurer au milieu de nous (v. 46). La chose sera pleinement accomplie, lorsque le tabernacle de Dieu sera avec les hommes ; aujourd’hui, cette bénédiction a son accomplissement partiel en ce que le Saint-Esprit habite au milieu de nous (Éph. 2:19-22). Il est contristé par l’état de l’Église, mais il n’en est pas moins là pour agir sur nous, nous faire accomplir le bien, louer le Seigneur, comprendre sa Parole. La responsabilité de l’Église serait bien mieux comprise, la puissance bien plus réalisée, il y aurait parmi nous une bien plus grande jouissance de la présence de Dieu, si nous rapportions tout à cette présence, si nous comprenions cette vérité qu’il nous a tirés du monde pour habiter au milieu de nous. Depuis la Pentecôte, il n’est plus parlé du Saint-Esprit que comme étant sur la terre avec l’Église, bien que, comme Dieu, il soit partout.

Ce chapitre nous présente la consécration d’Aaron, type de Christ, et celle d’Aaron et de ses fils qui, pris ensemble, sont toujours un type de l’Église. Il y a plusieurs détails communs à la purification du lépreux et à la consécration des sacrificateurs. Les chrétiens doivent, en effet, être purifiés du péché et consacrés à Dieu pour être la sacrificature royale. Nous sommes cette sacrificature, parce que nous lui appartenons ; chez les Juifs, être Juif ou sacrificateur n’était pas la même chose.

Les offrandes ne pouvaient être présentées que lorsque les sacrificateurs avaient été purifiés. Il n’y a qu’une seule sanctification pour tous, la vie divine. La source et le caractère de cette vie sont la mort et la résurrection de Christ. La vie éternelle nous est donnée et cette vie est dans le Fils ; voilà le témoignage rendu par l’eau, l’Esprit et le sang : l’eau, la purification ; le sang, la mort et l’expiation ; l’Esprit, la résurrection. Christ demeurant ici-bas, ne pouvait être le Chef de la nouvelle famille qui est l’Église. Pour nous, la vie vient de Christ ressuscité, une vie dont Christ ici-bas était l’expression parfaite.

Considéré personnellement, Aaron vient à part (v. 7). Parfaitement pur en lui-même, conçu du Saint-Esprit, Christ a pu être oint du Saint-Esprit sans préparation. Aaron, type de Christ, est oint d’huile sans sacrifice. Comme homme, Christ était pleinement accepté de Dieu ; il a été oint du Saint-Esprit en vertu de sa perfection personnelle. Il n’en était pas ainsi des fils d’Aaron. Afin de pouvoir être introduits dans le service de Dieu, il faut que le sacrifice pour le péché soit offert pour eux. Il faut que le chrétien soit purifié pour être consacré à Dieu. Le sang de Christ est la première chose nécessaire ; la valeur du sang de Christ, fait péché pour nous, nous présente devant Dieu dans la perfection de cette offrande. Quant à l’application du sacrifice, elle suit la sanctification de la personne. En ce sens, la sanctification précède notre consécration à Dieu et notre justification. Il faut que le Saint-Esprit nous sépare du monde, pour que le sang de Christ nous soit appliqué en efficacité de justification. Il fallait être lavé d’eau avant que le sacrifice pour le péché fût offert (Il va sans dire que la justification précède la sanctification journalière). Après le sacrifice pour le péché, l’holocauste est offert, parce que nous sommes présentés devant Dieu selon la bonne odeur du sacrifice de Christ.

On trouve dans le bélier de consécration une pensée de plus que dans la purification du lépreux (Lév. 14) qui, comme nous l’avons dit, offre plusieurs points de contact avec notre chapitre. C’est la consécration à l’Éternel. Tout en nous doit être consacré à Dieu selon la pureté du sang, et selon la confiance qu’il donne devant Dieu. Nous ne sommes pas débiteurs à la chair ; elle n’a point de droits sur nous ; nous pouvons lui opposer le sang de Christ. Satan non plus n’a point de droits sur nous, car la mort de Christ a détruit tous ses droits. Tout est consacré à Dieu, dans notre union avec Christ. Les vêtements sont toutes les choses qui se manifestent, nos habitudes, notre manière d’être. Tout doit provenir de l’onction du Saint-Esprit, répandu sur Aaron et ses fils. Ce sont les affections et les habitudes de Christ qui doivent être nos affections et nos habitudes ici-bas. Christ est dans le lieu très-saint ; tout en nous doit découler de notre union avec Christ, là où il est. Notre caractère doit manifester ce qui est propre au sanctuaire de Dieu, l’obéissance parfaite, la soumission entière, la perfection infinie, la vie pure. L’huile de l’onction figure l’onction du Saint-Esprit, qui donne la connaissance de ces choses et qui est la puissance pour les réaliser ; par cette onction, nous comprenons que nous sommes des personnes célestes.

Consacrés de cette manière, les sacrificateurs pouvaient présenter les offrandes.

L’onction de l’huile (du Saint-Esprit) dépend de notre acceptation parfaite devant Dieu, par le sacrifice de Christ. La présence du Consolateur dans nos coeurs vient à la suite de notre acceptation. L’onction de Christ est venue sans sacrifice, parce qu’il était pur.

Avons-nous saisi cette pensée que tous les chrétiens sont non seulement sauvés, mais consacrés à Dieu ? que nous avons le droit d’entrer en la présence de Dieu, comme étant une sacrificature royale ? Que Dieu nous en donne la joie et la puissance, et nous en fasse sentir la responsabilité.


33 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 12

n°33 : ME 1888 p. 334

Il y a un grand contraste entre le commencement et la fin de ce chapitre, entre Paul ravi au troisième ciel et les chrétiens de Corinthe, entre ce que le chrétien devrait être et ce qu’il peut être — jusqu’où il peut descendre.

Le v. 2 nous présente un grand privilège qu’il est utile de considérer. Paul parle de lui-même comme d’un homme en Christ, et c’est là le caractère de chaque chrétien, de toute l’Église. Paul ne fut pas ravi au troisième ciel en qualité d’apôtre, mais en qualité d’homme en Christ, sur la même ligne que le reste de l’Église. Celui qui est en Christ est une nouvelle création et a sa place dans le troisième ciel, quoique tout homme en Christ n’y soit pas ravi comme l’apôtre. Mais nous sommes vivifiés ensemble avec Christ, assis ensemble dans les lieux célestes en Christ. Il n’y a point d’endroit où la foi ne puisse pénétrer.

Paul n’a pas reçu au troisième ciel une révélation pour la communiquer à d’autres ; au contraire, il y est allé assister à des mystères qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer ; il y est allé réaliser la présence de Dieu et y puiser sa force. Quand l’oeil de la foi pénètre devant Dieu, il y trouve, avec la communion, la force pour marcher devant lui dans toutes les circonstances. Ce n’est pas non plus ici, comme sur la sainte montagne, la vue de la gloire future de Christ ; c’est la communion avec Dieu, à laquelle le corps ne peut participer, à laquelle même il devient insensible. Le principe de cette communion s’applique à nous tous ; le degré n’en est pas le même que pour Paul, mais notre grand et commun privilège est celui-ci : « Afin que vous ayez communion avec nous » (les apôtres) ; « or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ ».

Il y a dans l’épître aux Éphésiens, chap. 1:15-20, et chap. 3:14-19, deux prières fort différentes. La première a pour objet la connaissance de la gloire de Christ et de ce qui s’y rattache ; la seconde exprime le désir que nos âmes jouissent de la communion avec Dieu. L’apôtre demande que nous soyons fortifiés par le Saint-Esprit dans l’homme intérieur, en sorte que le Christ habite dans nos coeurs par la foi, et que nous soyons remplis de la connaissance de l’amour de Christ jusqu’à toute la plénitude de Dieu. Ces bénédictions ne peuvent se réaliser pour nous quand nous recherchons les choses d’ici-bas, car alors nous contristons le Saint Esprit, et l’homme intérieur est aussitôt affaibli.

Quel était le sujet de gloire de l’apôtre Paul ? Non ce qu’il était, ni ce qu’il avait fait, mais ses infirmités (v. 9). Dans la communion avec Dieu, il avait compris que sa force était en Dieu. Si, dans l’infirmité de la chair (Gal. 4:13), il a été l’instrument de la conversion de tant de gens, c’est que la puissance de Dieu était avec lui. Aussi se plaisait-il dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ, dans tout ce qui n’est pas la chair, dans tout ce qui ne la favorise pas.

Du moment que l’apôtre retrouve la conscience de sa présence dans la chair, celle-ci cherche à s’élever et Dieu envoie l’écharde. La chair recherche le soulagement, elle craint les combats, les difficultés, mais Dieu ne veut pas la soulager aux dépens de l’âme. On peut demander avec ardeur la guérison d’infirmités, ou la délivrance de circonstances pénibles, que Dieu n’accordera pas. Notre dépendance de Dieu en est augmentée. Nous devons, non seulement nous attendre aux infirmités, mais y prendre plaisir, afin que la puissance de Christ soit manifestée en nous.

Cette écharde dans la chair envoyée à Paul, afin qu’il ne s’enorgueillit pas, était quelque chose qui le rendait méprisable dans la prédication (Gal. 4:13, 14). C’était un contrepoids au ravissement dont il avait été honoré. Nous n’aurons pas nécessairement la même écharde que Paul ; Dieu nous enverra toujours celle qui nous convient. C’est Satan que Dieu emploie contre la chair. Satan agit sur la chair de quatre manières différentes.

1° Avant la conversion, la chair est sous la domination de Satan, la conscience étant endurcie. Tel était le cas de Judas qui aimait l’argent et était voleur. Quand il eut pris le morceau, Satan entra en lui pour le porter à commettre l’iniquité sans frein, et pour le livrer ensuite au désespoir, quand il vit le résultat de son crime.

2° Avant la conversion, la chair est entraînée à agir par les séductions de Satan.

3° Après la conversion, la chair reste toujours là, et peut tomber sous l’action directe de Satan, si l’Esprit, sceau de la rédemption, n’a pas encore été donné, ou bien s’il n’a pas encore accompli en nous son oeuvre d’affranchissement. On se trouve alors dans le cas de Pierre, s’opposant à Christ dans presque toutes les circonstances. Avant la transfiguration, quand Jésus parle de ses souffrances prochaines et que Pierre, par affection, mais selon la chair, veut l’en dissuader, le Seigneur lui répond : « Va arrière de moi, Satan » (Matth. 16:23).

4° Satan demande à nous avoir pour nous cribler comme le blé, par le moyen de la chair. Jésus l’annonce à ses disciples et prie particulièrement pour Pierre dont la chair était forte.

Pierre se mettait en avant en toute occasion et montrait chaque fois, que la chair est l’opposé de Christ. Jésus dit aux disciples : « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation ». Ce n’est pas encore entrer dans le péché. L’effet de l’Esprit est de pousser Christ à la prière, aussi quand la tentation arrive, elle ne peut rien sur lui ; mais les trois disciples, au lieu de veiller et de prier, dorment, accablés de tristesse, et quand la tentation survient, elle fait d’eux sa proie. Tandis que tout ce qui pouvait briser le coeur du Seigneur se réunissait contre lui, que Judas le trahissait par un baiser, Jésus demeure calme, se soumet, se livre, subit le comble de l’humiliation ; Pierre, lui, tire l’épée. La chair pousse dans la tentation, mais n’y soutient personne ; elle conduit Pierre chez le souverain sacrificateur. Jésus y rend un magnifique témoignage ; Pierre, poussé par Satan, le renie. En toutes choses, la chair est opposée à Christ ; et cependant Pierre aimait beaucoup le Seigneur. — Même après avoir reçu le Saint-Esprit, on voit encore Pierre agir selon la chair (Gal. 2:11-21). Toutes les fois qu’un chrétien agit selon la chair, ce qu’il y a en lui de piété sanctionne et autorise aux yeux des autres le mal qu’il fait. Quand la chair agit dans un chrétien, les effets en sont, à cause de cela, bien plus funestes que dans un inconverti. Pierre, par son exemple, entraîna tous les Juifs d’Antioche, même l’apôtre Barnabas, dans sa dissimulation.

Avoir été même dans le troisième ciel, ne change rien à la chair. La chair s’élevait et pouvait dire à Paul : Personne n’a été là que toi ! C’est alors que l’ange de Satan a la permission de le souffleter, mais devient un instrument de la bonté de Dieu pour empêcher Paul de s’enorgueillir. Dieu ne fait pas cela lui-même, mais Satan, qui aime à faire du mal aux enfants de Dieu, est employé par lui comme un instrument pour nous rendre la chair désagréable, là où elle voudrait s’élever et être considérée.

Ce sont les circonstances pénibles à la chair qui ont le plus de profit pour nos âmes. Il serait inutile à un père d’infliger à son enfant un châtiment qui, pour ce dernier, n’en serait pas un. L’action et la puissance de Dieu en nous, ainsi que notre faiblesse, se manifestent dans ces difficultés. Quand une chose pénible se trouve devant nous, la réponse de Dieu est : « Ma grâce te suffit ». Dieu veut nous introduire en sa présence dans une joie que la chair n’aura pas gâtée, et tout ce qui nous fait sentir la chair d’une manière pénible, nous est particulièrement profitable.


34 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 4

n°34 : ME 1888 p. 376

Les premiers mots de ce chapitre font allusion au chap. 3, où l’apôtre avait établi le contraste entre le ministère de l’Esprit et de la justice, et celui de la mort.

1° Le ministère de l’évangile est un ministère de miséricorde ; il n’exige pas quelque chose de nous, mais il nous apporte la miséricorde de Dieu. 2° C’est le ministère de la gloire de Christ (v. 4). 3° Étant la manifestation de la vérité (v. 2), et plaçant ainsi la conscience des hommes devant Dieu, il est voilé pour ceux qui périssent ; jugement terrible, mais selon la vérité. Cette expression « voilé » fait allusion au v. 18 du chap. 3. La gloire de Dieu n’est pas voilée maintenant ; elle l’était dans l’économie précédente, où personne ne comprenait ce qui était caché sous les types. Maintenant, le voile est ôté.

L’apôtre prêchait le Christ Jésus comme Seigneur (v. 5). L’évangile se présente à nos âmes, de la part de Dieu, comme une demande de soumission à Christ. Cet évangile, qui sortait de la bouche de Paul aussi pur qu’il était entré dans son coeur, quel était-il ? L’évangile de la gloire et de la miséricorde de Dieu.

La manifestation de la gloire de Dieu devant nous, pécheurs, produit nécessairement notre condamnation, en démontrant que nous ne sommes pas ce que cette gloire exige. Quand l’homme est son propre juge, il est content de lui-même ; marchant dans les ténèbres, il ne voit pas son état ; quand la lumière de la gloire de Dieu apparaît, elle le remplit de trouble en lui montrant qu’il est condamné. Mais la manifestation de la gloire de Dieu dans la face de Jésus-Christ, devient pour l’homme pécheur un ministère de miséricorde.

Alors que Christ était ici-bas, il y avait une pleine manifestation de la miséricorde. La première fois que Dieu rencontre l’homme, c’est dans le jardin d’Éden, après la chute. La seconde fois qu’il lui parle directement, c’est sur la montagne de Sinaï en donnant la loi. La troisième fois, c’est quand Dieu est manifesté en chair. La quatrième fois, ce sera quand le Seigneur reviendra. — La première fois, l’homme était déjà déchu ; il avait désobéi à Dieu, obéi à Satan ; il se trouvait nu et misérable, corrompu et souillé. L’effet du péché est de manifester le péché malgré lui. L’homme est de nature nu, convaincu de péché, et ne peut supporter la présence de Dieu. Il fait tout pour se distraire, s’étourdir, et chasser la pensée de cette présence qui troublerait toutes ses fausses joies. La seconde fois, sur la montagne de Sinaï, Dieu apparaît dans une majesté qui remplit l’homme de terreur. Plus Dieu se manifeste, plus l’homme est obligé de reconnaître l’impossibilité de se tenir devant lui. La loi exige ce que l’homme ne peut pas accomplir ; elle met en lumière le péché et la condamnation. Avant la loi, l’homme est déjà désobéissant et perdu ; la loi est donnée pour le démontrer. Elle n’est pas un ministère de salut ; exiger l’obéissance n’est pas offrir un moyen d’être sauvé. Dieu a donné la loi pour produire la connaissance et la conviction du péché, et afin que l’offense (non le péché) abondât. Si Dieu avait donné la loi afin que l’homme fût sauvé par elle, il aurait dû la donner praticable ; mais, sous la loi, Dieu a rencontré l’homme pour le convaincre de péché par la manifestation du péché qui est en lui.

La méchanceté de l’homme étant ainsi prouvée, Dieu rencontre l’homme une troisième fois ; il vient lui-même comme homme dans la personne de Jésus-Christ. Il vient selon un tout autre principe, principe de miséricorde envers l’homme, dans l’état où il se trouve. Ce n’est que pour l’homme qui se sent sans ressource et renié devant Dieu, que cette miséricorde acquiert son efficacité. Mais cette venue de Christ n’est pas encore la plénitude de la gloire de Dieu. Cette gloire était cachée sous l’humiliation de Jésus, afin que la miséricorde fût palpable, accessible, que Dieu pût déployer sa débonnaireté, sa patience, qu’il pût être le serviteur de tous. Ce Dieu, juge des vivants et des morts, vient converser avec les pécheurs et s’abaisse en miséricorde au-dessous du dernier d’entre eux. C’est ce qui ouvre le coeur à la confession de ses péchés. Touché par la miséricorde, il ose confesser son état, parce qu’il sait qu’il ne sera pas condamné. Dieu s’est anéanti, humilié, et s’est présenté à l’homme ruiné et perdu, pour lui faire comprendre que la miséricorde descend jusqu’à lui, et que sa présence est le seul refuge de l’homme pécheur.

C’est là la plénitude de la miséricorde, l’évangile de l’humiliation de Christ, non celui de la gloire. L’évangile de la gloire de Dieu dans la personne de Jésus-Christ était, plus particulièrement, celui que Paul avait à présenter. Les autres apôtres avaient été témoins oculaires de l’humiliation de Jésus, et l’avaient accompagné dans cette humiliation. Paul n’a connu Jésus que dans la gloire ; il est l’apôtre de cette gloire de Christ, qui avait été le moyen de sa conversion. Et pourquoi l’avait-elle converti ? La présence de Christ dans la gloire était la preuve que les péchés de Paul étaient complètement effacés. Le Seigneur n’aurait pu sortir du tombeau, si les péchés de tous les croyants n’avaient pas été entièrement ôtés. Telle est l’importance de la gloire de Christ. Je le répète : la gloire de Dieu dans la face de Jésus-Christ, est l’évidence que tous les péchés que Christ a portés sont effacés. Elle est la preuve de notre justification actuelle. Si la gloire de Dieu m’est révélée maintenant, c’est le gage de mon entier pardon et de la miséricorde de Dieu. C’est pourquoi Paul a pu prêcher immédiatement la gloire de Christ dans la synagogue de Damas. Il pouvait en parler, lui, le premier des pécheurs, auquel la grâce de Dieu ouvrait la bouche, parce que, devant cette gloire, il avait appris qu’il était sauvé. Le fait que Christ dans la gloire parlait à Paul, était la preuve d’une oeuvre accomplie qui place le pécheur, non pas devant la justice de Dieu en jugement, mais devant sa grâce. Dieu ne dit pas : « Qu’as-tu fait ? » mais : « Voici ce que j’ai fait pour toi. « C’est là ce qui affranchit pleinement l’âme. Un pécheur trouve paix et consolation dans le fait que Christ s’est anéanti pour lui, mais Christ vu dans la gloire, donne toute assurance, toute garantie que tout est accompli. Si Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine. Nous trouvons dans la gloire de Christ une grande hardiesse de parler. Voilà pourquoi Paul dit que, si l’évangile est encore voilé, il l’est en ceux qui périssent.

Quand la gloire de Dieu que les hommes ont méprisée, se manifestera aux derniers jours, les hommes n’y verront plus la miséricorde. Ce sera le moment où ils diront aux montagnes et aux rochers : Couvrez-nous ; mais ils ne pourront éviter de la voir.

Le ministère de Paul est joyeux, parce qu’il est le ministère de la miséricorde ; celle-ci le remplit de confiance dans les difficultés. Les souffrances, comme les plaisirs, ne sont que pour un moment ; la gloire qui nous est proposée est éternelle. Nous y puisons la force pour nous détourner du monde et pour nous empêcher de nous laisser envahir par les affections d’ici-bas.


35 - Méditations de J. N. Darby — Juges 1:21-36 ; 2:1-5

n°35 : ME 1888 p. 395

Le livre de Josué contient le récit de l’accomplissement des promesses faites à Abraham. Les fils d’Israël devaient séjourner en Égypte, puis en la quatrième génération revenir en Canaan, car l’iniquité des Amorrhéens n’était pas encore venue à son comble (Gen. 15:16). Les Cananéens représentaient le monde sous l’influence de Satan ; le monde sur lequel Dieu ne prononce le jugement que lorsque son iniquité est arrivée aux dernières limites.

Le livre des Juges est le livre de l’infidélité des Israélites, après que Dieu eut tenu envers eux les promesses qu’il leur avait faites par Josué. Cette infidélité a pour conséquence le châtiment du peuple par les nations même qu’il avait laissé subsister à ses côtés ; ces dernières pillent les Israélites, car Dieu les a vendus en la main de leurs ennemis. Alors Dieu suscite à Israël des juges, pour le délivrer de la main de ceux qui le pillaient.

Les quelques traits que nous venons de tracer nous peignent l’histoire de l’homme depuis le commencement. Chaque fois que Dieu l’a placé dans la bénédiction, il en déchoit aussitôt pour se livrer à l’iniquité, et c’est ce qui arriva à Israël dès son entrée en Canaan.

Mais, comme nous l’avons vu, Dieu n’exerce un jugement définitif que lorsque l’iniquité est parvenue à son comble. La mort de Christ est le comble de l’iniquité d’Israël, le comble de l’iniquité du monde. Aussi l’arrêt est-il déjà prononcé, sans retour, sur le monde et son prince (Jean 16:11). Si le monde n’était pas déjà condamné, Dieu lui donnerait une loi comme règle de conduite, ainsi qu’il le fit jadis à Israël. Avant de condamner les hommes, Dieu a employé tous les moyens possibles pour agir sur leurs coeurs et leurs consciences. Quand Dieu leur envoie ses prophètes, ils les lapident ; quand il envoie son Fils, ils ne l’écoutent pas davantage, l’abreuvent d’outrages et le crucifient. Dès lors le monde est jugé.

Et maintenant, que fait Dieu ? Exécute-t-il son jugement ? Non, il agit en grâce et envoie son évangile. Il fait annoncer dans le monde la bonne nouvelle de la réconciliation ; il réconcilie des hommes, ses ennemis, avec lui-même, il en fait ses enfants et les retire du monde, parce que le monde est jugé. Est-il étonnant que l’amitié du monde soit inimitié contre Dieu ? Si j’avais vu hier la ville de Lausanne crucifier mon père, il me serait impossible d’être aujourd’hui le compagnon ou l’ami de telles gens. L’évangile de la grâce est le seul langage que le chrétien puisse tenir dans ce monde. Au commencement des Actes, les disciples comprennent très bien cette nouvelle situation qui leur est faite, comme conséquence de la croix de Christ. Ils ne peuvent être les amis du souverain sacrificateur et des chefs du peuple, mais ils leur annoncent la grâce et la miséricorde de Dieu.

Aujourd’hui l’état du monde est, au fond, le même qu’alors. Rien n’est changé dans ses principes. Ce qu’il y a dans le monde, convoitise des yeux, convoitise de la chair, orgueil de la vie, s’y trouve aussi bien aujourd’hui qu’alors ; et de plus, la preuve de ce qu’est le coeur de l’homme a été livrée définitivement à la croix.


Il y a donc entre le chrétien et le monde une barrière infranchissable. Hélas ! quant à nos affections et nos habitudes, nous sommes si souvent du monde ! Israël désirait bien posséder Canaan, mais, dans le désert, il regrettait les oignons d’Égypte. Pour posséder le ciel, il nous faut vaincre le monde et ses habitudes dans les circonstances où nous sommes. Il n’y a que la grâce de Dieu et une nouvelle vie, qui puissent nous en donner la force. C’est en vain que nous désirons le ciel, s’il n’y a pas en nous la persévérance, produit de l’Esprit de Christ, et cette décision qui fait arracher l’oeil et couper la main droite. Il faut souvent rompre les liens les plus intimes, et en cela l’approbation de Dieu peut seule nous soutenir et nous suffire. Dieu, en nous mettant en relation avec lui, veut que nous rompions toute alliance avec le monde, car le monde est jugé. On ne peut être du monde et de Christ en même temps.

Dieu avait pleinement manifesté sa puissance en faveur d’Israël, au pays de Canaan. Les murs de Jéricho étaient tombés. Sans doute, le péché d’Acan, s’appropriant l’interdit, c’est-à-dire les choses du monde, avait momentanément affaibli le peuple, mais Israël avait été relevé pour marcher de victoire en victoire. Toutes les fois qu’il combat ses ennemis, l’Éternel est avec lui, et il a le dessus ; l’ennemi est vaincu par la force de Dieu. Mais que trouvons-nous au chap. 1 du livre des Juges ? Au lieu de s’appuyer sur l’Éternel, les Israélites admettent les païens à vivre avec eux ; ils font alliance avec des ennemis jugés. Mais Dieu ne peut être avec les siens, quand ils s’allient avec ce que lui, a condamné. Quand l’Église fait ses concessions au monde, le monde peut souvent lui venir en aide, mais elle devient son esclave. Elle a perdu l’heureux sentiment de la toute-puissance de Dieu, et elle tombe.

C’était à Guilgal qu’Israël avait été sanctifié, mis à part pour Jéhova ; l’Ange de l’Éternel y était, et c’est de là qu’il monte à Bokim. Bokim signifie « pleurs ». L’alliance des chrétiens avec le monde les conduit à la tristesse et aux larmes. L’Éternel avait fait monter Israël hors d’Égypte et avait tout accompli en sa faveur ; mais il n’avait pas écouté sa voix. Pourquoi avait-il fait cela ? (2:2). Dieu laisse alors subsister les Cananéens à côté d’Israël, comme un jugement qu’il prononce contre son peuple (v. 3). Dieu ne peut reconnaître ceux qu’Israël reconnaît ; il ne peut donner sa sanction au monde qui a condamné son Fils.

Le coeur des Israélites avait manqué de confiance envers l’Éternel ; alors ils avaient traité avec leurs ennemis, mais désormais ils ne pouvaient plus être à l’aise avec Dieu. Celui qui souffre à côté de lui l’autel d’un faux dieu, n’ose pas monter à Jérusalem (1:21). La communion avec Dieu et le discernement se perdent ; la conscience même s’endurcit et ne peut plus condamner le mal. Alors une tristesse continuelle s’empare de l’âme, et cela est encore un bienfait, car si l’âme se trouvait à son aise, c’est que l’Esprit de Christ n’y serait plus.

Accepter les principes du monde, voilà la source de la chute du chrétien et de l’Église ; car c’est reconnaître ce que Dieu a condamné. C’est cette infidélité qui nous conduit de Guilgal à Bokim. — Dieu permet ce relâchement, mais ne le sanctionne jamais. Seulement, il se sert, dans sa grâce, de nos ennemis qui sont là, et de la mondanité, pour éprouver notre fidélité et nous apprendre ce que c’est que la guerre (3:2), jusqu’à ce que le repos arrive.

Dieu agit en nous, et Satan dans le monde ; si nous faisons cette distinction, nous sommes toujours les plus forts. C’est parce que nous sommes sortis d’Égypte pour être le peuple de Dieu, que nous devons combattre toutes les habitudes trompeuses du monde. Que Dieu nous donne d’être rendus clairvoyants, par la présence de son Esprit, pour discerner ce qui est du monde et nous en séparer. Une simple erreur de discernement montre que notre oeil n’était pas simple. « Vous n’êtes pas du monde », dit Jésus à ses disciples, « comme moi je ne suis pas du monde ».


36 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 11

n°36 : ME 1891 p. 406

Le livre des Nombres qui fait le récit du voyage des Israélites à travers le désert, fait aussi la relation de leurs rébellions continuelles. C’est la triste histoire du peuple de Dieu, pleine toutefois d’encouragement pour nos âmes, en ce qu’elle exalte Dieu et montre toute sa patience envers son peuple. Tout à la fin du voyage, Dieu déclare « qu’il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni n’a vu d’injustice en Israël » (Nomb. 23:21).

Israël campait au commandement de l’Éternel ; l’arche de l’alliance conduisait le peuple et Dieu lui donnait en toutes choses ses directions. Mais lorsque l’arche, partant de la montagne de Sinaï, les eut conduit trois jours, ils se mirent à murmurer et à se plaindre de la fatigue. Nos coeurs ne font-ils pas de même ? Se plaindre du chemin, c’est le commencement de l’incrédulité, même dans le coeur des fidèles. Après avoir passé la mer Rouge, Israël avait chanté le cantique d’une délivrance parfaite ; mais quand il est question de marcher dans un désert où il n’y a ni eau, ni chemin, et où il faut, en tout, dépendre de Dieu, la chair commence à se fatiguer et regrette les jouissances qu’elle avait en Égypte. Il nous est permis d’être fatigué, non pas de Dieu, mais de ce que nous sommes et de ce qu’ayant un trésor, nous le portons dans des vases de terre, car cette fatigue-là ne nous éloigne pas de Dieu. Plus je suis en la présence de Dieu, plus mon coeur est fatigué du mal. C’est une fatigue et une tristesse selon Christ, qui était lui-même un homme de douleur et sachant ce que c’est que la langueur. Dieu approuve cette fatigue et la soulage : elle provient de l’amour de Christ en nous ; elle ne se relâche pas dans le travail, ne succombe pas dans la tentation. Si je suis fidèle, impossible que je ne sois pas fatigué du péché qui est en moi et autour de moi. Combien était différente la fatigue d’Israël ! Elle provenait de la faiblesse de la chair qui craint les difficultés, n’aime pas à résister, redoute l’effort, et qui, au fond, se plaint de Dieu et murmure contre lui ; et comment pourrait-elle lui être agréable ?

Dieu entend les plaintes de son peuple et sa colère s’embrase contre lui, car en se plaignant, ils avaient « méprisé l’Éternel » qui était au milieu d’eux (v. 20). N’avait-il pas pris soin de tout ce qui les concernait. ? Sans doute, mais la chair ne veut pas être fatiguée et se plaint. Alors, l’Éternel leur fait sentir sa présence et le feu de son jugement en dévore quelques-uns (v. 1). L’humiliation survient et la miséricorde reprend son cours.

Il y avait parmi le peuple des gens dont le coeur était encore en Égypte. Nous n’avons besoin que de peu de chose pour le voyage. Plus notre bagage sera léger, plus la marche nous sera facile. Dieu ne nous donne pas ce qui pourrait nous attacher à ce monde de péché, mais ce qui nous suffit pour le voyage vers Canaan. Les mondains ne peuvent se contenter de ce que Dieu donne, parce que Canaan n’est pas leur but, et qu’ils n’y ont ni leur espoir, ni leur héritage. Israël se met à pleurer et désire de la chair, c’est-à-dire autre chose que ce qui est nécessaire pour le voyage. Quel malheur pour nous, si Dieu nous accordait ce qui nous attache à la terre ! Notre repos n’est pas ici-bas ; c’est la chair qui désire un repos dans ce monde.

Israël dit : « Il nous souvient du poisson que nous mangions en Égypte pour rien, des concombres, et des melons, et des poireaux, et des oignons, et de l’ail ; et maintenant notre âme est asséchée ; il n’y a rien, si ce n’est cette manne devant nos yeux » (v. 5-6). Ils retrouvent le souvenir des choses du monde, mais c’est un souvenir et non une espérance. La manne que leurs yeux voyaient était la grâce suffisante pour le voyage, et rien de plus. Elle n’avait aucun rapport avec ce qui était en Égypte, elle n’était pas non plus la nourriture que le peuple allait trouver en Canaan ; mais elle contenait tout ce qui était nécessaire pour le sustenter pendant le voyage. Israël se souvenait des ressources agréables de l’Égypte, mais il avait oublié les briques ; car Satan a soin de ne pas nous rappeler les souffrances qui se trouvent dans le monde.

Israël pensait que la nourriture d’Égypte le rendrait heureux ; mais si Dieu nous rendait heureux ici-bas avec les choses qui s’y trouvent, il ne serait pas satisfait dans son amour envers nous. Jamais il ne nous donnera ce qui peut nous faire oublier que nous sommes des voyageurs dans le désert. Il veut que sa grâce nous suffise et, quand elle ne nous suffit plus, c’est que la chair agit en nous. Il en est de la grâce comme de la manne. Impossible d’en faire provision pour demain, ni de s’appuyer sur la grâce d’hier ; il faut que nous n’ayons aucun autre appui que Dieu, que nous dépendions journellement de lui ; voilà ce qu’il veut. Quant à lui, il se souvient chaque matin d’Israël pendant quarante ans. S’il n’avait donné la manne qu’une fois par mois, il n’aurait montré son amour qu’une fois et non tous les jours ; mais il nous montre à chaque moment combien il nous aime. Si nos yeux ne sont pas satisfaits de voir la manne tous les matins ; nous méprisons l’amour de Dieu. La joie du fidèle est de comprendre cet amour et de vivre dans une continuelle dépendance de Dieu.

Aux v. 13 et 14, Moïse manque de foi. Il dit : « D’où aurais-je de la chair pour en donner à tout ce peuple ?.. Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi ». Il oublie que la difficulté est devant Dieu et qu’elle concerne Dieu. Les disciples dans la nacelle ont peur, comme si Jésus, qui était avec eux, était en danger d’être noyé. Alors que Dieu a lié sa gloire à nos intérêts, notre incrédulité sépare nos intérêts de la gloire de Dieu.

Le plus grand châtiment que Dieu puisse nous infliger est d’accorder à la chair ce qu’elle désire (v. 18-20). Les Israélites auraient dû, à la vue des cailles, confesser leur péché et retourner à Dieu. Loin de là, ils en mangent, et la chose même qui satisfait leur convoitise les frappe, et les punit.


37 - Méditations de J. N. Darby — Luc 22:39-46

n°37 : ME 1892 p. 32

Comme lors de la tentation au désert, Jésus agit ici, en Gethsémané dans son caractère d’homme, semblable à l’un de nous, mais à part le péché. Les voies, en présence de la tentation, sont : Veillez et priez. Le tentateur peut chercher à nous séduire par des choses agréables, ou à nous effrayer en nous présentant de grandes difficultés dans la voie du Seigneur, où nous sommes entrés.

Jésus fut conduit par l’Esprit au désert pour être tenté. Satan voulait l’empêcher d’entrer dans son ministère. Dans ce but, il lui présente des choses légitimes à accomplir et l’engage à s’appliquer les promesses hors de la voie de l’obéissance. Jésus lui répond comme homme et toujours par la Parole. S’il avait répondu comme Dieu, nous n’aurions pas trouvé dans son exemple la force qui nous est nécessaire contre Satan. Ce dernier, vaincu dans ce combat, quitte le Seigneur pour un temps, pendant lequel Jésus exerce sa puissance pour délivrer l’homme de celle des démons. À la fin de sa carrière, l’Ennemi vient lui livrer un nouvel assaut.

Satan tente les enfants de Dieu d’une manière analogue ; seulement ceux-ci sont conduits en tentation par leur mauvais coeur naturel. Le diable peut leur citer la Parole, comme au Seigneur, mai, il ne les conduit jamais à obéir à cette Parole. Ce qu’il nous faut à nous, pour pouvoir lui tenir tête, c’est d’être en la présence de Dieu, dans la puissance de l’Esprit et d’y trouver la parole de Dieu qui convient aux circonstances où nous sommes. Pour être victorieux de Satan, il faut une pleine confiance en Dieu, et ne pas chercher de secours ailleurs. Nous ne devons pas non plus tenter le Seigneur, douter de sa fidélité, et essayer s’il sera avec nous.

Dans la tentation, Jésus agit comme serviteur, comme homme ; il ne fait rien sans un commandement du Père. Plus nous croissons dans l’amour de Dieu, plus notre zèle se réduit à l’obéissance. Jésus répondait à Satan comme homme, mais jamais selon la chair, tandis que c’est la chair en nous, qui répond aux tentations de Satan. Nous voyons que le Seigneur a toujours résisté aux tentations, par l’Esprit. Lorsque Satan nous tente, nous devons pouvoir le rencontrer par la vie de Christ, lui opposant la présence et l’action de l’Esprit en nous. Ayant la parole de Dieu et l’Esprit en nous pour l’appliquer ; il nous faut encore « veiller et prier » pour rencontrer Satan.

Quand nous sommes en communion avec Dieu, la lumière de sa présence nous fait juger de toutes choses comme lui en juge ; c’est là que nous apprenons réellement ce que nous sommes et ce que le monde est. Si nous ne sommes pas devant Dieu, la chair le manifeste en nous au moment de la tentation. Il est de toute importance que nous soyons habituellement en cette présence et dans la communion du Seigneur pour demeurer paisibles et être gardés dans la tentation. Lorsque nous jugeons la racine du mal qui est en nous, et que nous sommes aux prises avec le monde, nous repoussons ses principes et ses séductions. Possédant les richesses de la grâce de Dieu, nous rejetons tout ce qui lui est contraire. Si nous épanchons toutes nos misères dans le sein du Père, notre vie ici-bas sera sans doute une vie d’épreuves, mais aussi de calme et de joie.

Mais, comme nous l’avons dit en commençant, il y a un autre genre de tentation dans la vie du Sauveur. Quand Satan revient, ce n’est plus pour l’empêcher d’entrer dans son ministère, mais pour l’effrayer et l’empêcher d’accomplir son oeuvre. L’adversaire cherche aussi à nous effrayer ; nous rencontrons des souffrances, des persécutions ; l’opposition de l’Ennemi pour nous empêcher d’être fidèles, non seulement dans les grandes occasions, mais dans les détails de la vie, afin que, trouvés infidèles dans les petites choses, Dieu ne nous confie pas les grandes.

Jésus était dans l’agonie et dans un combat terrible, mais il le livrait à Satan en présence de Dieu et non pas à Judas et aux sacrificateurs. L’effet du combat est non de le décourager, mais de le faire veiller et prier avec plus d’ardeur, aussi, dans le moment critique, est-il plein de calme et de puissance.

Épargne-moi cette épreuve, dit le fidèle. Non, dit Dieu, il faut y passer. Alors le croyant sort de la présence de Dieu avec Sa force, et soumis à Sa volonté. L’épreuve vient, et quelle joie d’arriver de l’autre côté, — car l’autre côté, c’est la gloire, — par l’obéissance et l’accomplissement de la volonté de Dieu.

Il faut veiller et prier pour ne pas entrer en tentation. Si nous avons tout considéré dans la présence de Dieu, l’Esprit nous éclaire et nous fortifie pour le moment critique. Si nous sommes dans la chair et que la tentation arrive, comme dans le cas de Pierre, tous les conseils et tous les avertissements ne servent de rien. Mais quand le combat a été soutenu dans la présence de Dieu, nous y puisons toute force pour remporter la victoire par une heureuse obéissance.


38 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 23

n°38 : ME 1892 p. 52

À la fin des quarante années du désert, Israël, arrivé sur les confins de Moab, était près d’entrer dans le pays de Canaan. Alors Balak mande Balaam pour lui faire maudire Israël. Balaam, pour un salaire d’iniquité, répond à cette invitation, mais Dieu l’empêche de parler comme il le voudrait et met Ses propres paroles dans sa bouche.

C’est ainsi que Satan, à la fin de la vie d’un chrétien, voudrait prononcer la malédiction sur lui et l’empêcher d’entrer dans les bénédictions de la Canaan céleste. C’est la fin de notre carrière qui présente à l’Ennemi la meilleure occasion pour accomplir ses desseins, parce que toute notre vie, contemplée à la lumière de Dieu, offre toujours infiniment de choses à reprendre.

Le jugement que Moïse, homme doux et débonnaire, porte sur Israël, est celui-ci : « Sache que ce n’est pas à cause de ta justice, que l’Éternel, ton Dieu, te donne ce bon pays pour le posséder ; car tu es un peuple de cou roide » (Deut. 9:6). À la même époque, voici le jugement de Dieu sur Israël, à la veille du jour où, ne pouvant maudire le peuple, Balaam enseigna à Balak « à jeter une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangeassent des choses sacrifiées aux idoles, et qu’ils commissent la fornication » (Apoc. 2:14). « Il n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni n’a vu d’injustice en Israël » (Nomb. 23:21). « Car il n’y a pas d’enchantement contre Jacob, ni de divination contre Israël ». Balak croyait à ces enchantements, parce qu’il ne connaissait pas Dieu. Mais pour Dieu, il n’est pas question de ce qu’Israël a fait : « Selon ce temps, il sera dit de Jacob et d’Israël : Qu’est-ce que Dieu a fait ? » (v. 23). Quand Satan nous accuse, Dieu nous juge selon ce qu’il est pour nous et non pas selon ce que nous sommes. Dieu a racheté son peuple et l’a guidé par sa force jusqu’à la demeure de sa sainteté, le délivrant par sa puissance des pièges que Satan mettait sur son chemin. Mais lorsqu’Israël a passé quarante ans par le désert, mettant à nu son méchant coeur, prouvant qu’il était un peuple de col roide, et pour cela châtié et discipliné de Dieu, Satan, l’accusateur des frères, dit : Tu n’as pas le droit de voir les promesses s’accomplir pour toi. Cela est vrai, en un sens, mais Israël étant accusé devant Dieu, il y va non seulement de la conduite de l’homme, mais de la gloire de Dieu, et Dieu nous juge selon ce qu’il est pour nous.

Zach. 3 nous en offre un exemple. Joshua, le grand sacrificateur, ne pouvait rien répondre ; il était vêtu de vêtements sales, mais quand Satan l’accuse, Joshua est pour Dieu un tison sauvé du feu. Comment Satan ose-t-il donc s’en mêler ? Mais entre Dieu et Joshua, une tout autre question surgit. Comment Dieu le recevra-t-il ? Il le revêt d’habits de fête. Dieu connaît d’avance tous les péchés dont Satan peut nous accuser. L’Esprit de Dieu les place devant nous. Satan s’en empare pour nous accuser et nous dire : Qu’as-tu fait ? La foi répond : « Qu’est-ce que Dieu a fait ? » La conscience étant éveillée, plus nous considérons notre état, plus nous voyons que nous n’avons point d’excuse. Si nous repassons notre vie, impossible d’y découvrir la vie ; mais si nous repassons ce que Dieu a fait, nous faisons de tout autres découvertes. Du moment que nous détournons les yeux de ce que Dieu a fait, nous perdons aussi la certitude de l’amour de Dieu pour nous.

Dieu nous a bénis ; Satan est obligé de reconnaître la main de Dieu. Dieu nous a aimés lorsqu’il nous a vus dans notre inimitié contre lui, dans notre état de péché et de ruine, n’ayant rien de bon en nous, esclaves de Satan, malgré la conscience qui nous jugeait. C’est de là qu’il nous a tirés sans notre participation. Dans cet état, l’homme peut avoir le désir d’échapper à l’enfer, mais non celui d’aller à Dieu, car il préfère de beaucoup se passer de Dieu. Quelle consolation pour nous de savoir que sa puissance et son amour sont à l’oeuvre pour nous sortir de cet état. Dieu a entrepris lui-même toute l’oeuvre de notre salut ; il a fait le nécessaire pour effacer le péché et nous délivrer de la puissance de Satan. Satan a vu Jésus se soumettre à sa puissance dans la mort pour nous sauver ; mais Satan n’a pu le comprendre, car il ne comprend rien à l’amour, et, de fait, il s’est détruit lui-même en mettant à mort le Prince de la vie.

Jésus a tout accompli ; toute iniquité est effacée par son sang ; il est impossible maintenant que Dieu voie aucune iniquité en Jacob. Christ est mort pour nous, non seulement pour nos péchés, mais pour nous, tels que nous sommes, dans notre état de rébellion et de péché. Dieu, en donnant son Fils, a condamné le péché dans la chair. La résurrection de Christ a manifesté la puissance de Dieu, pour nous délivrer entièrement de la puissance de Satan. La vie du second Adam est plus puissante que la mort du premier Adam. Maintenant nous avons pleine conscience que Dieu est avec nous et pour nous. Il a tiré du sépulcre et accepté Jésus, Celui qui s’était rendu responsable de tous nos péchés et de tout notre état de péché. Il est le Dieu fort qui nous a tirés d’Égypte, et s’il l’a fait, comment ne nous introduirait-il pas en Canaan ?

Tout ce que Satan pouvait faire, il l’a fait en mettant Jésus à mort. Le résultat en est notre salut. La foi dit : « Qu’est-ce que Dieu a fait ? » Elle ne dit pas : J’espère que Dieu me pardonnera, mais elle dit : Celui qui pour moi n’a pas épargné son propre Fils, comment ne me fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui ? Dieu est pour moi, qui sera contre moi ? Si Satan m’accuse, c’est Dieu qui répond pour moi.


39 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 9:15-23 ; 10:1-6, 33-36

n°39 : ME 1892 p. 76

L’histoire d’Israël est un tableau de notre histoire, car il est dit que toutes ces choses leur sont arrivées en type et pour notre instruction. Comme le peuple était conduit par l’Éternel dans le désert, nous sommes conduits dans ce monde par la grâce de Dieu. Aussitôt qu’il reconnaît Israël comme son peuple, Dieu habite au milieu de lui ; de même il demeure dans l’Église par le Saint-Esprit. Le peuple avait pour se diriger la nuée et les trompettes ; nous avons la volonté et le dessein de Dieu dans sa Parole écrite et le Saint-Esprit pour nous les faire comprendre.

La rédemption nous place dans le désert avec Dieu ; c’est la présence de Dieu lui-même qui nous conduit. Pour être forts et courageux pendant le voyage, il faut reconnaître cette présence de Dieu. Le jour où le pavillon fut dressé, la nuée couvrit le tabernacle de la tente du témoignage ; la présence de Dieu s’attachait ainsi à sa loi. De nuit, la nuée avait l’apparence du feu ; il était -facile d’apercevoir ce feu pendant la nuit. Il en est de même pour nous auxquels la présence de Dieu est bien plus manifeste et plus visible dans les ténèbres et les difficultés.

Israël campait et marchait au commandement de l’Éternel. Rien de plus beau et de plus simple que la manière dont il s’attendait à chaque moment à la volonté de Dieu. Ce qui nous est le plus préjudiciable, c’est de nous laisser diriger par notre propre volonté, et tout spécialement dans les choses de Dieu. Israël ne savait où il allait, mais il marchait sans question et sans hésitation, en suivant la direction que lui indiquait la nuée. Les circonstances n’ont pas de pouvoir sur le fidèle, car il fait la volonté de Dieu dans toutes les circonstances et n’a pas d’autre règle. Comment Israël aurait-il trouvé sa route, de nuit ou de jour, dans un désert où il n’y avait pas de chemin ? Les circonstances n’étaient rien ; il lui fallait prendre garde à la nuée. Philippe était extrêmement béni à Samarie, mais au milieu de toute son activité, l’Esprit lui dit : Va à Gaza la déserte ; le Seigneur y avait une brebis. Philippe obéit et quand son oeuvre est faite, le Saint Esprit le conduit ailleurs. Cet homme avait les yeux fixés sur la nuée pour obéir, et nous donne un bel exemple de la conduite d’un enfant de Dieu. Obéir est plus important que tout le reste. Christ, le parfait serviteur, est venu pour faire la volonté de Celui qui l’avait envoyé. Quand il faut agir, il agit ; il dit : Si quelqu’un marche de jour, il ne bronche pas. Quant à nous-mêmes, qu’il s’agisse de nous lever ou de nous reposer, tout doit être fait selon la volonté de Dieu.

En Matth. 11:25-26, Jésus célèbre le Père, parce que telle a été sa bonne volonté. Il dit : Apprenez de moi, qui suis doux et humble de coeur, à vous soumettre entièrement à la volonté de Dieu. L’enfant de Dieu doit avoir une confiance entière en son Père, unie à une obéissance parfaite. Au milieu de la nuit, la nuée se lève. Dieu dit : Va. L’on va, sans savoir où, mais avec la certitude que c’est Dieu qui nous conduit. Nous n’avons à tenir compte, ni du temps, ni des circonstances. Jésus met dehors ses propres brebis, mais il va devant elles. C’est comme la nuée qui conduisait les Israélites. Quel privilège, d’être conduit à chaque moment par lui ; mais il faut prendre garde à l’Éternel, sinon la nuée pourrait se lever sans qu’aucun de nous le sût. C’est en prenant garde à lui, que l’on est capable d’aller chaque fois que la nuée se lève. Il faut le faire dans les détails de la vie de chaque jour. Si le vieillard Siméon, conduit par le Saint-Esprit, ne s’était pas rendu au temple, il n’aurait pas eu le privilège de rencontrer Jésus. Si nous ne prenons pas garde à l’Éternel, les moindres circonstances peuvent avoir des suites très graves. N’oublions pas que nous sommes les rachetés de l’Éternel pour prendre garde à lui et marcher où il nous conduit.

Les trompettes étaient le témoignage de Dieu. Reconnaître ouvertement, franchement, la vérité de l’Éternel nous importe beaucoup, car l’Éternel se met en avant pour rendre témoignage à sa vérité.

On voit au chap. 10:11-32, que, selon l’ordre de marche, Juda et deux autres tribus allaient les premières, ensuite venait le tabernacle, puis trois autres tribus, puis l’arche de l’alliance ; mais aux v. 33-36, l’arche de l’alliance marche devant eux pour leur chercher un lieu de repos. Dieu sait très bien que, même dans le désert, nous avons besoin de repos en sa présence, et sa fidélité nous le prépare. Lorsqu’Israël dut traverser le Jourdain, l’arche de l’alliance alla devant eux, se plaça au milieu de la rivière et le cours du fleuve s’arrêta, et cependant il débordait, car c’était le temps de la moisson. L’arche se tint là jusqu’à ce que chaque Israélite eût passé. Même dans la mort, nous pouvons compter sur cette conduite.

Dieu s’accommode, non au péché, mais aux résultats du péché. Lorsqu’Israël, effrayé des Cananéens, manque de fidélité et se détourne de la terre promise, la nuée se détourne aussi. À combien plus forte raison, les fidèles doivent-ils souffrir de l’état du peuple de Dieu ? Josué et Caleb ont dû, pendant 38 ans, accompagner Israël dans le désert et subir les conséquences extérieures de son péché. Il nous faut aussi, non pas suivre le péché, mais subir les conséquences pénibles de l’état de l’Église ; mais nous pouvons compter sur la nuée, sur la présence avec nous du Dieu de fidélité.

Si le Saint-Esprit a été contristé, Dieu ne peut pas sanctionner le mal, mais ne manquera pas à sa fidélité envers nous. Jésus a été isolé ; il a passé lui-même par le désert ; il comprend et sent l’état du peuple de Dieu et lui prépare des lieux de repos dans la terre altérée. Nous pouvons toujours compter dans le désert sur la bonté de Dieu, car sans lui nous ne saurions découvrir un chemin. Moïse aurait voulu trouver en Hobab un guide ; c’était oublier la nuée comme guide. Il n’y a pas de chemin au désert, mais Dieu y est. Si nous ne sommes pas attentifs à la nuée, quand tout est facile, nous ne la discernerons pas dans les difficultés, et c’est à la suite du péché que tout devient difficile.

Deux choses nous donnent confiance pour marcher dans le désert : la Parole écrite et le Saint-Esprit. L’une ne servirait de rien sans l’autre, car ce n’est pas la raison humaine qui peut sonder les pensées de Dieu. Le Saint-Esprit nous conduit, mais il nous faut les deux choses, non pas la Parole sans l’Esprit, ni l’Esprit sans la Parole. Il faut le Saint-Esprit pour avoir le désir de comprendre la Parole, puis pour avoir la force de marcher et d’obéir. Dieu est là pour nous instruire et nous conduire ; l’enfant de Dieu peut, quand il y est attentif, discerner clairement la direction du Saint-Esprit. On ne peut être conduit par l’Esprit, quand on fait ce qui est contraire à la Parole ; mais si nous sommes conduits par lui, nous pourrons dire comme Moïse (10:35) : « Lève-toi, ô Éternel, et que tes entremis soient dispersés ! »


40 - Méditations de J. N. Darby — Galates 5

n°40 : ME 1892 p. 97

L’homme aura toujours de la difficulté à comprendre la bonté de Dieu à son égard. Le point extrême de cette difficulté, c’est l’incrédulité qui ne sort pas du domaine du coeur de l’homme et prend son expérience pour les limites du possible. — Pour porter remède à cet état, Dieu agit d’une manière digne de lui ; il nous donne son Esprit pour que nous comprenions ce que le coeur de l’homme ne saurait comprendre ; or, dès que nous recevons les pensées de Dieu, nos pensées s’élargissent et acquièrent une immense étendue (Éphés. 3:18-20). Par son Esprit, nous sondons même les choses profondes de Dieu. Tandis que la plupart des autres vérités de l’évangile sont des objets de foi, cette vérité-ci se réalise en nous. Le Saint-Esprit demeure en nous, agit en nous. Tout ce qu’il y a de bien en nous, la vie que nous possédons comme chrétiens, viennent de lui. C’est une chose nouvelle qui n’existait pas naturellement, qui n’était pas auparavant dans le coeur.

Mais malgré cela, le coeur même du chrétien cherche à se remettre sous la loi pour sa conduite, pour sa communion. Or une telle chose ne peut se faire, car il n’est plus question pour nous d’être justifiés par la loi. Il est dit au v. 5 : « Car nous, par l’Esprit, sur le principe de la foi, nous attendons l’espérance de la justice ». Nous attendons la gloire, l’espérance de tout ce qui appartient à celui qui a la justice de la foi, qui est juste en Christ. Le Saint-Esprit, habitant en moi, me fait comprendre que la justice est accomplie, et j’attends l’espérance de cette justice, tout ce qui appartient à celui que Christ a justifié et qui participe à tout ce que Christ possède. La chair demeure étrangère à ces choses ; elle n’y entre pas ; car elle est une autre nature qui ne peut rien comprendre des choses dans lesquelles le Saint-Esprit nous a introduits, et ne peut que lutter contre ce dernier (v. 17).

L’exhortation qui nous est donnée ici, n’est pas de lutter, mais de marcher par l’Esprit (v. 16, comp. Rom. 8:1-16). Je ne suis pas débiteur à la chair, car je puis la considérer comme une chose morte ; mais j’ai une expérience à faire, c’est de marcher selon l’Esprit, afin de jouir de mon état de justification. Cette expérience est celle de la présence et de la puissance du Saint Esprit en nous. Nous ne la faisons pas pour savoir si nous sommes justifiés, mais parce que nous le sommes.

Notre coeur n’est pas toujours rempli de la joie d’être justifié, sauvé ou affranchi ; il se relâche facilement et s’occupe alors de choses dont l’Esprit ne peut s’occuper. Ce dernier est contristé, ne peut développer sa puissance, et la chair qui est toujours là, trouve son agrément aux choses mauvaises. Pour jouir des choses de Dieu, il faut une conscience exercée selon Dieu. On trouve parmi les hommes beaucoup de joie sans racines, mais quand la joie est enracinée, il faut que tout ce qui, en nous contriste l’Esprit Saint soit jugé. Par ce moyen, tout devient vrai dans le coeur. Le Saint-Esprit agissant en nous, ramène l’âme au sentiment de l’amour de Dieu et à la puissance des choses divines. Ce travail du Saint-Esprit ne nous ramène pas à ce que nous étions auparavant, mais nous fait faire de Christ une expérience nouvelle, et quoique ce soit par un chemin humiliant pour nous, Christ nous en devient plus cher.

Ce n’est pas en luttant, que nous trouvons la force ; c’est en marchant selon l’Esprit. L’Esprit ne peut s’occuper des choses que la chair convoite. Aussi, quand la convoitise agit, ce n’est pas en s’occupant d’elle pour la repousser, qu’on est fort, mais en étant rempli de l’Esprit et en s’occupant des choses de Christ. Si la chair n’est pas habituellement mortifiée, Dieu nous fait faire l’expérience de ce qu’elle est (Rom. 8:12-13 ; Éph. 5:17-20).

L’action de l’Esprit est comparée, pour son effet, à l’ivresse qui nous fait sortir de nous-mêmes. Le monde se débarrasse de ses pensées par le vin ; les enfants de Dieu se débarrassent des choses qui les troublent, en s’entretenant selon l’Esprit par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels. La liberté de l’âme et du coeur consiste à n’être occupé que d’une seule chose.


41 - Méditations de J. N. Darby — Jean 15

n°41 : ME 1892 p. 117

La puissance et l’action du Saint-Esprit nous sont présentées dans la Parole de trois manières distinctes : il nous communique la vie ; il demeure en nous ; il distribue à chacun des dons comme il lui plaît. Nous avons ainsi la vie, la communion et les dons. Quant à ces derniers, il y a des dons de l’Esprit, indépendants de la vie de l’Esprit ; Balaam et Saül nous en offrent des exemples. L’Esprit de vie est aussi bien un Esprit de communion que de puissance. Comme Esprit de communion, il est donné aux disciples seuls, à ceux qui possèdent la vie. Ils ont la communion avec Dieu, dont le Saint-Esprit est la source, lui qui nous communique la connaissance des choses de Christ, les rend vivantes dans nos coeurs et devient ainsi en nous une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle.

Nous trouvons trois espèces d’assurance dans la parole de Dieu : 1° Assurance de foi (Hébr. 10:22), quand la foi s’arrête à ce que Dieu nous dit et que l’Esprit scelle ces vérités dans nos coeurs. 2° Assurance de l’espérance (Hébr. 6:11), quand nous avons par le Saint-Esprit le sentiment intime de la certitude des promesses qui nous sont faites, et la jouissance de ces choses en espérance. 3° Assurance d’intelligence (Col. 2:2), quand nous connaissons le conseil de Dieu et comprenons comment Dieu a réglé et ordonné toutes choses pour la gloire de son Fils et la manifestation de son caractère. L’âme se repose alors dans la nécessité de ces choses.

Mais le Saint-Esprit nous conduit encore plus loin ; il nous place dans l’amour de Dieu qui est la source de toute sagesse. Le plus petit des enfants de Dieu y est placé au même titre que le plus avancé dans les Écritures. Le résumé de toute expérience que nous faisons de Dieu, c’est qu’il est amour. Plus on avance, plus on comprend que Dieu est amour. Nous sommes introduits par le Saint-Esprit dans une telle intimité avec Dieu, que nous pouvons sonder même les choses profondes de Dieu. Dieu aime le Fils ; le Saint-Esprit nous fait pénétrer dans toutes les relations du Père avec le Fils. L’amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.

C’est comme Esprit de communion qu’il est parlé du Saint-Esprit à la fin de l’évangile de Jean. Il y est appelé le Consolateur ; au chap. 16:16, Christ est présenté comme Médiateur pour nous obtenir le Saint-Esprit. Chap. 15:26, il nous l’envoie lui-même. Chap. 14:26, le Père l’envoie. Cet Esprit est le moyen de notre communion avec Dieu. Il nous fait connaître que ce Jésus qui a lavé les pieds des disciples, mangé avec eux, vécu avec eux, est un avec le Père, et que nous sommes un avec lui ; il nous fait connaître que nous sommes enfants de Dieu, que nous sommes un en Jésus avec le Père. Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Nous sommes introduits, non seulement dans la certitude que Dieu nous aime, mais dans la connaissance des relations du Père avec le Fils, et aussi dans la communion des enfants de Dieu les uns avec les autres.

Comme Esprit de dons, le Saint-Esprit agit envers l’Église par notre moyen, pour communiquer certaines choses à d’autres personnes ; comme Esprit de communion, il est dans tous les enfants de Dieu, il appartient à tous. Il est moins important de chasser des démons, que d’avoir son nom écrit dans les cieux.

Le Saint-Esprit appartient à tous les enfants de Dieu. Il est un Esprit de vérité. Les vérités qu’il nous fait connaître, sont les canaux de la communion avec Dieu. Il suffit de connaître une seule de ces vérités, que Jésus est le Christ, pour être sauvé. Une âme qui ne connaît Christ que très peu et qui est fidèle, est plus avancée que celle qui, connaissant plus de vérité, est infidèle. On peut trouver du plaisir et de la joie à entendre expliquer la Parole ; mais cette joie n’est rien, si la Parole ne se réalise pas en nous et si nous n’avons pas une communion habituelle avec le Seigneur. On peut être joyeux de savoir que Christ est notre Berger, mais à quoi cela sert-il si on ne le suit pas. Voilà pourquoi nous sommes souvent très faibles, malgré nos connaissances ; c’est que nous ne réalisons pas ce que nous connaissons. Ce qui nourrit notre amour pour Dieu, c’est de réaliser toutes ces choses.

Ne disons jamais, nous dont le privilège est de connaître ces vérités, qu’il nous suffit de savoir que nous sommes sauvés. C’est mal reconnaître la grâce qui nous introduit dans la maison du Père, que de se refuser à ouvrir les yeux sur les trésors qui y sont accumulés pour nous. Cette communion nous rend toujours humbles, parce qu’elle nous place dans la présence de Dieu ; or dans cette présence, Satan lui-même ne saurait être orgueilleux.


42 - Méditations de J. N. Darby — Matthieu 13:44-58

n°42 : ME 1892 p. 194

Les trois paraboles qui précédent sont adressées à la multitude, les trois dernières aux disciples, comme on le voit au v. 36. Les paraboles du grain de moutarde, de l’ivraie et du levain, montrent des faits, s’occupent de l’état de choses qui caractérise la chrétienté. Aussi, les trois mesures de farine sont une partie du monde que l’évangile christianise ; un grand arbre, dans la parole de Dieu, est l’image d’une puissance capable de protéger d’autres personnes (Pharaon et Nébucadnetsar sont des arbres) ; l’Église, comme puissance extérieure, a pris le même caractère.

Dans les trois dernières paraboles, on voit quelqu’un d’intelligent qui agit avec joie, cherche quelque chose et vend tout ce qu’il a pour l’acquérir. C’est Christ, mais les enfants de Dieu doivent comprendre ces choses et se les appliquer. La parabole du trésor caché montre ce que Christ a fait pour l’Église. Ce trésor, c’est la gloire de Dieu manifestée dans l’Église, le conseil de Dieu à son égard. Christ seul connaissait le prix de ce trésor, et pour l’avoir, il a acheté le champ qui est le monde.

Dans la parabole de la perle, c’est encore Christ qui a connaissance de la beauté, de la pureté morales qu’il a dans l’Église. L’Esprit de Christ produit en nous le même effet. Quand nous connaissons le trésor caché, nous vendons tout pour l’avoir. C’est une chose qui n’est comprise que de certaines personnes. Lorsque j’ai vu la gloire de Dieu en Christ, que je connais la résurrection et mon héritage, tout le reste est comme du fumier pour moi. La perle est la beauté morale, la sainteté, la pureté, la charité, la patience. La chair est en activité partout où ces choses ne nous occupent pas. Il faut les chercher par l’Esprit de Christ qui nous donne le discernement spirituel.

La dernière parabole nous offre de nouveau ces deux choses réunies, le trésor et le discernement. Le royaume des cieux est l’état de choses intérieur et extérieur ici-bas pendant que Christ, est dans le ciel. Les pêcheurs du commencement sont, à la consommation du siècle, des anges, ministres de la providence de Dieu. Dans ces paraboles, ils s’occupent toujours du jugement des méchants, tandis que moi, comme chrétien, je ne m’occupe d’eux que pour leur offrir la grâce, discerner le mal, le juger si c’est nécessaire, mais toujours dans le sens de l’oeuvre de la grâce, en admettant même le cas extrême où le méchant est livré à Satan. Nous avons le même objet qu’avait le coeur de Christ en venant au monde. Quand je vois un mondain, je n’ai que la grâce à lui présenter ; tandis que les anges sont envoyés pour lier en faisceaux les méchants, ou pour les séparer du milieu des justes et les jeter dans la fournaise de feu (v. 30, 49). Dans notre parabole, ce sont les serviteurs qui mettent les bons dans des vaisseaux et les anges qui jettent les méchants dans la fournaise de feu.

Le ministère de la grâce est confié aux enfants de Dieu, à l’Église. Ayant l’Esprit de Christ, nous avons la pensée de Christ qui est d’accomplir le but de Christ. C’est pour nous un privilège immense. L’enfant de Dieu agit par des principes que le monde ne comprend point du tout, et ne craint pas de passer par la bonne et la mauvaise réputation. L’homme spirituel discerne toutes choses et n’est jugé par personne. Nous avons la pensée de Christ. C’est là l’intimité de pensée et d’intelligence entre Christ et l’Église, comme elle existait entre Dieu et Abraham, l’ami de Dieu. Où il y a cette intelligence, il y a aussi la force de Christ par son Esprit qui nous donne cette intelligence. Notre coeur est attaché à Christ, par la connaissance de sa pensée et de ses désirs. Si j’ai de l’incertitude à quelque égard sur ses intentions, c’est que j’ai péché, que mes affections sont hors de Christ, que mon oeil n’est plus net.

Trois choses se rattachent à cette communion.

1° Nous avons les mêmes intérêts que Christ, quoique nous ne comprenions pas encore bien tous ses plans. Nous ne sommes pas à nous-mêmes, mais à Christ qui nous a rachetés.

2° Nous avons l’intelligence, la pensée de Christ. Si mon esprit est formé selon l’Esprit de Christ, je comprendrai tout ce qu’il veut.

3° Nous avons la force de Christ qui, pour nous, est dans l’obéissance.

Le docteur, ou le scribe (v. 52) était bien instruit dans les choses anciennes. Il voit, comme scribe, les pensées de Dieu dans l’Ancien Testament, et, par la foi en Jésus-Christ, il voit les pensées de Dieu dans le Nouveau.

Mais il y a, dans le Nouveau Testament, des choses nouvelles qui ne se trouvent pas dans l’Ancien : le mystère caché en Dieu, l’union de l’Église avec Christ. Nous devons comme chrétiens avoir cette double lumière, produire de notre trésor des choses nouvelles et des choses vieilles.

Puis-je dire que j’estime toutes choses comme des ordures à cause de l’excellence de la connaissance de Christ ? S’il y a de l’eau dans mon vin, il y reste du vin, mais l’eau gâte tout. Si Christ n’est pas notre seul objet, ce qui n’est pas lui, gâte tout. C’est une grâce immense d’avoir part aux intérêts, à l’intelligence et à la force de Christ !


43 - Méditations de J. N. Darby — Éphésiens 4

n°43 : ME 1892 p. 217

Le troisième chapitre de cette épître est une parenthèse, et le quatrième chapitre se relie à la fin du second. L’introduction de cette parenthèse contribue à rendre plus claire la suite des pensées de l’épître. Dans le second chapitre, Paul établit, comme grand principe de la grâce, que le fondement de l’évangile est l’oeuvre de Dieu, non celle de l’homme, ce que Dieu a fait, et non ce que l’homme fait. Tout ce qui a précédé est donc mis de côté. Christ, l’homme ressuscité et glorifié, devient le fondement d’un édifice tout nouveau. Les gentils ne sont plus des étrangers et des gens du dehors, comme sous l’économie juive (2:19).

Pour constituer le peuple de Dieu, la présence de Dieu était indispensable ; pour constituer l’unité du corps, il faut non seulement la vie de Christ mais la présence du Saint-Esprit, car c’est elle qui forme cette unité. La présence de Dieu à Jérusalem, formait le centre et l’unité du peuple juif. Du moment que Dieu n’y est plus, tous sont dispersés. Ainsi, la présence de Dieu distingue, dirige le peuple de Dieu et est le centre de leur union. Ceux qui étaient nés Juifs avaient, par cela même, le droit de monter au temple de Jérusalem. Leur centre était terrestre, car Dieu agissait envers l’homme dans la chair, selon les rudiments du monde. À la mort de Christ, tout cela disparaît. Cette mort introduit le fidèle dans un édifice qui n’a aucun rapport, avec tout ce qui est de la chair. Le système juif est aboli. Notre économie est en principe la manifestation de la présence de Dieu et de sa puissance au milieu des fidèles par l’Esprit. Ce ne sont plus les gentils qui sont des gens du dehors, mais les incrédules ; les croyants sont le tabernacle de Dieu.

Le chapitre 4 nous présente les conséquences que Paul tire de ce grand principe. Il y en a deux :

1° L’unité parfaite de l’Église, par la présence de Dieu, dans la personne du Saint-Esprit. Jean 17:11, 21, 22, reproduit trois fois le grand principe de l’unité. Les Corinthiens qui le méconnaissaient par leurs divisions, sont appelés charnels (1 Cor. 3:1-3). Notre vocation est d’être un en Christ par le Saint-Esprit. Si nous le savons et le sentons, nous montrons inévitablement toute douceur. Impossible à nous d’être alors aigres et orgueilleux, car la présence du Saint Esprit mortifie tout ce qui est de la chair et produit tous ses résultats en humilité, en douceur, en patience. C’est ainsi que nous pouvons marcher d’une manière digne de notre vocation. Au v. 30, cette présence du Saint-Esprit a pour conséquence la sainteté, car chaque pensée de péché le contriste.

2° Une seconde conséquence est la très grande diversité des dons (v. 7). Tous les fidèles sont un par l’Esprit ; mais Dieu, selon sa souveraineté, distribue des dons différents (v. 7-15). Il y a unité, une même pensée, une seule volonté ; tous les membres du corps agissent ensemble, pour l’effet que la volonté d’un seul Esprit veut réaliser. La diversité sert à l’unité du corps, parce qu’elle met les membres dans une dépendance nécessaire les uns des autres. Ces dons ont un effet positif (v. 15-16). Sans nourriture le corps s’affaiblit. Dieu veut que nous croissions dans la connaissance de Jésus-Christ. Étant affermis dans la vérité, nous devenons forts pour repousser l’erreur. Il n’est pas question ici des miracles, mais seulement des dons qui servent à l’accroissement et à la nourriture du corps.

Comme le tabernacle dans le désert, et plus tard le temple à Jérusalem, était le lieu visible de la présence de Dieu, l’Église est aujourd’hui le lieu de la manifestation de l’Esprit de Dieu. Impossible que le monde ait part à cette unité du corps de Christ. Le monde n’a pas l’Esprit, et ne peut l’avoir. Nous avons à garder l’unité de l’Esprit. Il est impossible que nous ne ressentions pas l’état, quel qu’il soit, du corps de Christ. La main ne peut souffrir, sans que le corps entier ne souffre avec elle ; mais si le corps est en bonne santé, la blessure de la main est bientôt guérie. Si le corps est en mauvais état, le mal, quelque léger qu’il soit, s’aggrave. Les membres ont aussi à prendre soin les uns des autres.


44 - Méditations de J. N. Darby — Actes 22

n°44 : ME 1892 p. 245

Le Saint-Esprit met souvent l’apôtre Paul en scène, parce que, dans l’histoire qu’il nous a donnée de lui, se manifestent toutes les voies de Dieu, ainsi que le coeur de l’homme de Dieu. L’apôtre avait une grande activité, une grande force de caractère, une patience admirable, dans les soins qu’il donnait à l’Église.

Le chapitre que nous venons de lire, contient des détails qui montrent ce qu’est une bonne conscience devant Dieu. Si la conscience n’est pas bonne, le Saint-Esprit est contristé, et quelques-uns sont allés jusqu’à faire naufrage quant à la foi. Un enfant qui a offensé son père n’est plus à l’aise devant lui et ne peut lui ouvrir son coeur.

Ce chapitre nous présente d’abord le récit de la conversion de Paul (v. 6-16), puis l’apôtre est ravi en extase (v. 17-21), et Dieu lui commande de s’éloigner de Jérusalem, car c’est Dieu qui règle toutes ces choses. Paul répond librement au Seigneur qu’il est précisément l’homme propre à lui rendre témoignage dans cette ville, au milieu des Juifs. « Je t’ai persécuté », dit-il, « ils le savent, ils verront en moi l’efficace de la grâce ». Tel était le raisonnement de Paul. Le Seigneur n’en tient point compte ; mais ce qui frappe ici, c’est que Paul rappelle toute son iniquité au Seigneur. Il fallait donc que sa conscience fût parfaitement purifiée devant Dieu, car il doit en être ainsi pour que nous osions parler à Dieu en détail de toutes nos offenses, de tous nos péchés. Il y a pour l’enfant de Dieu un faux repos ; c’est lorsque sa conscience n’est pas parfaitement bonne et ouverte devant Dieu. Paul place sous les yeux du Seigneur tout le détail de son péché. Il ne se borne pas à dire : Tu sais tout ; il met tout devant Dieu, sans avoir l’idée que cela puisse lui être imputé ; il s’entretient de ses péchés, comme d’une affaire irrévocablement réglée ; il peut même présenter ses péchés comme motif d’être un apôtre et de rendre témoignage à Jésus dans Jérusalem. Paul raisonne avec le Seigneur comme un ami avec son intime ami. C’est ce que fait aussi Ananias, en Actes 9:13, 14. Quand Dieu a purifié notre conscience par sa grâce parfaite, les intérêts du Seigneur sont les nôtres. Jésus n’est plus notre juge ; il a ôté nos péchés, nous a unis à lui, a pris notre cause en main ; nous ne voyons plus un juge en lui, mais un ami. Au lieu d’être remplis de frayeur devant lui, nous sommes pleins de confiance en lui, parce que nous sommes assurés de son amour. Un changement complet s’est fait dans le coeur. Le raisonnement de Paul en 1 Tim. 1:15, était vrai. Dieu l’avait préparé pour son service, parce qu’il était le plus grand ennemi de Christ et le premier des pécheurs. Dès lors, s’il avait parlé d’autre chose que de la grâce parfaite et du pardon des péchés, il aurait eu la bouche fermée.

Pierre a été préparé par son reniement, ce qui est pire encore que d’être ennemi de Christ. Cela aussi lui fermait la bouche pour toute autre chose que pour la prédication de la grâce. Ils avaient l’un et l’autre une conviction profonde du péché. Pour être forts et rendre témoignage à la grâce, il nous faut le sentiment du péché d’où Dieu nous a tirés. Si l’occasion s’en présente, on peut parler de ses péchés devant les hommes, pourvu que tout ait été mis au clair devant Dieu. Sous l’action du Saint-Esprit, les chrétiens d’Éphèse apportaient leurs livres de magie, confessant et déclarant ce qu’ils avaient fait (Actes 19:19). Quand l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs, nous avons plus honte de nos péchés devant Dieu que devant les hommes.

Pour avoir une bonne conscience, il faut garder une conscience pure, et Paul travaillait à l’avoir aussi bien devant Dieu que devant les hommes. Si nous contristons le Saint-Esprit, il nous est impossible de sentir aussi vivement l’amour de Dieu, et une conscience souillée ne peut être à son aise devant lui ; il y a des coins obscurs qu’elle cache à Dieu quand il entre, et l’âme ne peut plus avoir une parfaite confiance, ni raisonner avec Dieu comme avec un intime ami. Si nous avons d’emblée le sentiment de notre faiblesse, nous sommes poussés à rechercher la force de Dieu. Pouvons-nous avec hardiesse et sans difficulté, sans gêne et sans honte, rappeler devant Dieu tout ce que nous avons pensé, dit et fait ? Ne pas pouvoir le faire, c’est ne pas se tenir en la présence de Dieu ; le faire, c’est rappeler à Dieu sa grâce immense qui a pu nous pardonner. Sans l’oeuvre de Christ, on ne saurait oser de telles choses. Le péché caché corrompt le coeur, l’endurcit, le rend orgueilleux. Il importe que notre conscience soit entièrement vidée devant Dieu ; nous pourrons ensuite oublier ces choses, pour lesquelles nous ne serons pas jugés. Soyons donc fidèles, et ayons une conscience pure devant Dieu et devant les hommes !


45 - Méditations de J. N. Darby — 1 Corinthiens 12

n°45 : ME 1892 p. 266

Dans ce chapitre, il est question du Saint Esprit agissant comme puissance dans l’Église. Quand il exerce ainsi son action, il rend plus tranchée la séparation entre l’Église et le monde, et condamne ce dernier. L’Église infidèle a pu se rapprocher du monde et se mélanger avec lui ; le Saint-Esprit ne le peut pas, aussi sépare-t-il du monde. Il le fait en attachant les coeurs à Christ, en réunissant les enfants de Dieu dispersés et en leur donnant une même pensée. Lorsqu’il y a division entre les enfants de Dieu, c’est qu’ils sont charnels et marchent comme des hommes. Satan, le monde, le péché, dispersent ; le Saint Esprit rassemble. Quand les enfants de Dieu ont perdu l’unité de l’Esprit, c’est que l’esprit de mondanité les a envahis.

Quand la parole de Dieu nous présente le Saint-Esprit, non plus comme puissance, mais comme principe de communion, elle nous en parle autrement. C’est alors le Père qui l’envoie, ou le Fils qui l’envoie au nom du Père. Par lui, nous sommes unis à Christ, un seul esprit avec Christ, et en communion avec le Père et avec le Fils. Mais lorsque la Parole nous montre l’Esprit distribuant des dons comme il lui plaît, elle lui donne la place d’autorité dans l’Église. S’agit-il de l’Esprit comme puissance, Christ lui-même l’a reçu dans ce caractère à l’occasion du baptême de Jean. C’est au même point de vue que vous trouvez l’Esprit mentionné en Luc 24:49 ; Act. 1:8 ; 2:33 ; Éph. 4:5, 6.

Comme homme, Christ se trouve actuellement dans la présence de Dieu, afin de lui présenter l’Église et de recevoir tout ce qui est nécessaire à l’Assemblée, pour le lui communiquer et l’en nourrir. Comme homme, Christ a reçu le Saint Esprit pour l’Église ; il le lui donne, et cet Esprit ne la quitte jamais. La présence du Saint-Esprit dans l’Église est ce qui la distingue du monde. Elle est actuellement d’une faiblesse extrême, parce qu’elle ne se fie pas à la puissance du Saint-Esprit.

À la fin de l’évangile de Luc, le Seigneur ouvre l’intelligence des apôtres pour entendre les Écritures, mais ce n’était pas encore être « revêtus de puissance d’en haut » (Luc 24:45, 49). On peut comprendre la Parole et l’expliquer, sans avoir la puissance qui la rend efficace pour nous et pour autrui. Nous pouvons jouir beaucoup en entendant expliquer la Parole, mais si la puissance du Saint-Esprit n’est pas dans l’âme, cette Parole demeure inefficace, et le coeur n’en ressent pas l’effet.

Dans l’Église, quoique le Saint-Esprit soit un, il y a toutes sortes de dons. L’Esprit est Dieu, et distribue à chacun en particulier comme il lui plaît (v. 11). C’est une puissance de l’Esprit en nous, qui agit par nous pour le bien des autres ; ce n’est ni la vie, ni la communion. On le voit distinctement chez les prophètes qui ont été avant Christ (1 Pier. 1:10-12). On peut être l’agent pour opérer une bénédiction, sans en être soi-même l’objet. Par ces dons qui nous sont départis, nous devenons des serviteurs de Christ : il y a plusieurs dons, mais un même Seigneur (v. 5). Tous ces dons doivent être sous la direction de l’Esprit et au service de Christ. Il arrivait aux Corinthiens d’employer leurs dons à leur propre gloire. Tous les dons peuvent donner lieu à cet abus. Le Saint-Esprit agit librement en qui il veut, car, à cet égard, il est souverain ; il peut parler par la bouche d’un homme inconverti ; il peut même faire parler une ânesse ; il peut, par le frère le plus ignorant, reprendre les plus instruits. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit, en vue de l’utilité commune (v. 7), et il ne faut pas employer les dons, si on ne le fait pour le bien des âmes et pour l’utilité du corps de Christ, de l’Église.

Certains dons étaient un signe pour le monde, et ont discontinué ; d’autres sont nécessaires à la vie de l’Église, et Dieu les a maintenus. Les premiers étaient les ornements de l’Église, son témoignage aux yeux du monde. Si Dieu avait laissé tous ces ornements et continué ces signes à l’Église mondaine et idolâtre, il aurait sanctionné le mal aux yeux même des incrédules.

D’autre part, Christ n’a jamais manqué de donner les dons nécessaires à la nourriture de son corps ; il aime sa chair, la nourrit et l’entretient ; il les continuera toujours. Mais il est arrivé dans l’histoire de l’Église, et il arrive encore tous les jours, que l’Esprit étant contristé, le loup en prend occasion pour venir et disperser le troupeau. Alors les membres, n’étant pas unis de fait, n’agissent plus ensemble pour le bien de tous. Cela n’empêche pas que tout témoin fidèle ne fasse de son mieux au milieu de ce désordre.

Nous devons nous appliquer à reconnaître en nous le don du Saint-Esprit, afin de servir Christ par son exercice. C’est une chose extrêmement triste de voir des chrétiens se choisir un ministre. S’ils écoutaient le Saint-Esprit, ils seraient édifiés par tout ministre de Christ. Du moment où nous reconnaissons la voix du Saint-Esprit, nous devons nous soumettre à cette voix. C’est une cause de bien des misères, que l’homme ait voulu remplacer le Saint-Esprit. Dans les premiers temps de l’Église, l’Esprit agissait, on en reconnaissait la puissance, et on se soumettait à lui. Quand il agit, on est exhorté, instruit, humilié, édifié ; quand c’est l’homme, on jouit peut-être, mais sans profit. Ce ne sont pas les dons les plus manifestes qui sont les plus évidents aux yeux de Dieu et qui agissent le plus puissamment pour le bien de l’Église. Un don de sagesse qui s’exerce en particulier, peut être plus efficace qu’un don de prédicateur qui s’exerce en public. Les membres du corps les plus faibles sont les plus nécessaires. Personne ne voit le coeur, ce réservoir de la vie du corps, mais s’il cessait de battre, tout serait fini ; il est plus essentiel que les yeux et la main que l’on voit. Il est improbable que Dieu ait donné tous les dons à un seul homme. Toute assemblée est languissante, dès qu’un seul homme y exerce ses dons.


46 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:25 à 13:1

n°46 : ME 1892 p. 283

L’Esprit de Dieu nous entretient ici des choses immuables. Tout ce que nous voyons actuellement sera ébranlé, et si nous pouvons désirer qu’il n’en soit pas ainsi, c’est que nous sommes attachés aux choses dont Dieu veut nous détacher. C’est une promesse de Dieu, que tout sera ébranlé. Son jugement sur le monde est déjà prononcé. Est-ce pour nous une chose désirable que cet ébranlement s’accomplisse ? C’est en vain que l’homme cherche à faire de la terre un lieu de bonheur ; sa condamnation est prononcée, et Dieu accomplira ce qu’il a dit. Si notre coeur s’est attaché à Dieu et aux choses que Dieu aime, il possède ce qui demeure et il a la paix dans le sens pratique. Le principe et le fondement de ces choses immuables, c’est l’amour qui demeure à toujours. Il nous rend participants de la nature divine qui ne peut être ébranlée. Il n’y a point d’amour selon Dieu en la chair ; elle est toujours son centre à elle-même. Nous avons l’amour, parce que nous participons à la nature de Dieu, mais nous lui sommes complètement étrangers par nature ; il est la nature de Dieu en nous. L’amour de Dieu est en activité, parce que Dieu est amour, et non parce qu’il trouve quelque chose d’aimable dans l’objet aimé. Quand nous n’étions que pécheurs, il nous a aimés, parce qu’il est amour. Par nature, nous n’aimons que ce qui nous parait aimable, et nous n’aimons plus quand cette qualité a disparu. L’amour chrétien aime ce qui n’est pas aimable ; il aime les pécheurs, en tant que pécheurs, parce qu’il les voit dans la misère du péché. L’amour divin ne dépend pas de l’objet aimé.

Si nous appliquons cette vérité à nous-mêmes, nous constaterons que notre état est des plus tristes. Notre amour pour les pécheurs est souvent refroidi ; nous nous laissons rebuter, décourager. C’est qu’il y a peu d’amour divin en nous. Il en est de même à l’égard des frères. Un frère peut ne pas être un sujet de satisfaction, mais cela devient occasion d’exercer l’amour. Ce dernier se montre dans les châtiments mêmes, comme on le voit dans les rapports d’un père envers ses enfants. Ce n’est pas l’état des autres, mais notre état qui est la mesure de notre amour. Pour aimer selon Christ, il faut être rempli de son Esprit. Si un frère a péché, c’est, pour l’amour, le cas d’entrer en activité. Quand la brebis s’égare, il faut la chercher. Si je regarde mon frère comme étant sous l’aspersion du sang de Christ, je le vois selon la valeur de ce sang. Dieu l’estime ainsi ; l’Esprit de Dieu en moi l’estime ainsi, et je suis affligé de voir qu’un bien-aimé de Dieu ait souillé son caractère. Si je vois dans mon frère le temple du Saint-Esprit, j’aurai horreur de le voir dans le péché, et cela me poussera à exercer envers lui la répréhension dans l’amour.

« Si quelqu’un garde mes commandements, mon Père l’aimera » ; c’est un amour de satisfaction. Si je rencontre un frère qui marche dans la lumière et la présence de Dieu, j’en suis aussi réjoui. On ne peut avoir communion avec un frère qui est en état de péché, mais on peut l’aimer. Si nous ne pouvons pas aimer un frère, c’est manque de grâce et d’amour en nous, et non en lui ; car Christ l’aime encore. Mon amour doit surmonter toutes choses, sans exception. Cet amour ne me rend pas indifférent, mais beaucoup plus ferme contre l’erreur et le péché. Que l’amour fraternel demeure !


47 - Méditations de J. N. Darby — Éphésiens 5

n°47 : ME 1892 p. 304

Plus on lit la Bible avec le Saint-Esprit, plus on voit combien la révélation qui nous y est donnée sépare le chrétien de tout ce qui l’entoure. L’enfant de Dieu a ses habitudes, sa vie à part. Ce chapitre nous montre deux grandes relations des chrétiens : 1° celle d’enfants vis-à-vis du Père, 2° celle d’épouse vis-à-vis de Christ.

Le v. 1 contient le grand principe de la vie chrétienne. Nous sommes tenus de manifester devant le monde, à l’honneur de Dieu, le caractère de ses enfants. Il est des choses justes, que le chrétien ne peut faire, parce que ce ne serait pas imiter Dieu. Ainsi, il ne pourrait suivre la loi du talion, car Dieu ne nous traite pas ainsi (4:32 ; 5:1). Si même j’y perdais ma fortune, il serait plus important pour moi de garder mon caractère que mes biens. Ma grande affaire est de me conduire conformément à la gloire qui m’appartient. Nous en trouvons l’exemple et la mesure en Christ (v. 2).

Le v. 14 est un conseil aux enfants de Dieu mêlés au monde, qui dorment parmi les morts et se relâchent au milieu des mondains. Nous avons à prendre garde de marcher soigneusement, parce que les jours sont mauvais et le deviennent toujours plus. Nous appartenions autrefois à cet état de choses, nous étions ténèbres, mais maintenant nous sommes lumière, car nous participons à la nature de Dieu qui est lumière.

Tous les principes de Dieu sont, pour ainsi dire, humanisés en Christ. Comme imitateurs de Dieu, il est notre exemple à tous égards. Du moment que nous avons compris que nous appartenons à Dieu, nous n’avons plus qu’une seule règle, qu’un seul objet à poursuivre. Impossible de marcher dans deux chemins à la fois. La mondanité nous rend malheureux comme chrétiens, car nous n’avons plus tout à fait ni le christianisme, ni le monde.

Quant à notre relation d’Épouse, Christ fait trois choses pour son Église : 1° Il l’a aimée et s’est donné lui-même pour elle. 2° Il la sanctifie et la purifie par la Parole. 3° Il se la présentera glorieuse, pure comme Ève a été présentée à Adam.

Il paraît que les Éphésiens étaient dans un fort bon état, car Paul ne leur fait point de reproches. Le Saint-Esprit, dans cette épître, s’étend sur les privilèges de l’Église, parce qu’il n’a pas à réprimer un caractère terrestre chez les chrétiens. Dieu aime le monde ; Christ aime l’Église. Je puis participer à ces deux caractères ; je dois aimer tous les hommes, mais avoir pour l’Église une affection particulière. Christ et l’Église ont une intimité de relations qui ne peut exister entre Dieu et le monde. Ces mots : « Il s’est livré lui-même pour elle », nous parlent de toute l’efficace de son oeuvre. Il s’est substitué à nous, nous a aimés ; au lieu d’imputer le péché à son Épouse, il l’a pris tout entier sur lui. Il s’est livré lui-même pour elle, parce qu’il y avait du mal en elle. Ce qu’il y a de plus propre à m’humilier, est de penser que Christ a confessé mes péchés comme étant siens. C’est comme pécheurs, et parce que nous sommes pécheurs que Christ s’est livré pour nous, et sa mort est un fait accompli, dont toute l’efficace est devant Dieu. Christ a aimé l’Église ; le coeur de l’Église doit être tout entier à Christ ! Si elle a un seul sentiment pour le monde, elle est une épouse infidèle. Elle doit, en l’absence de son Époux, vivre dans l’attente de son retour, tenant toutes choses en ordre dans la maison, prenant en toute occasion son parti, et n’ayant en vue que sa gloire. Il ne faut pas même que, dans nos habitudes journalières, nous nous conformions au monde. Ce dernier cache la vérité sous les bienséances ; sa politesse est une mauvaise imitation de l’amour chrétien. Il n’y a dans la Parole qu’une seule mesure de sainteté, c’est Christ. Nous sommes morts et ressuscités avec lui. Notre force n’est pas de penser au mal afin de l’éviter, mais de penser à Christ, de nous occuper de lui, chose que la chair ne peut faire.

Plus tard il se présentera l’Église glorieuse. Quand il paraîtra, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est, et il est l’image du Dieu invisible. Plus nous réalisons Christ, plus nous voyons que nous sommes loin de lui être semblables. Cet état de gloire future agit puissamment sur nos coeurs maintenant, car nous savons que nous ne sommes pas dans cet état. Christ ne serait pas satisfait si son Épouse n’était pas avec lui, partageant tout ce qu’il a lui-même. Je serai devant Dieu sans que son oeil voie en moi rien à blâmer, je lui serai présenté par Christ irrépréhensible. Plus il y aura de lumière, plus il sera évident qu’il n’y a devant Dieu ni tâche, ni ride, dans l’Église. Il faudra que le coeur de Christ soit satisfait en nous, qu’il nous voie tels qu’il nous veut, et c’est aussi la joie de notre coeur, de savoir d’avance que nous serons dans cet état.

Christ nourrit et chérit son Église comme son corps, comme étant lui-même. C’est ce qu’il fait continuellement pour nous au milieu de nos misères, aussi est-il évident que nous devons être entièrement à lui. Nous serions plus en état de saisir sa pensée, si nous étions toujours avec lui par le coeur. Nous avons un privilège et une occasion de fidélité en l’absence de Christ. Il est maintenant méprisé, ce qu’il ne sera pas dans la gloire. Nous pouvons ici-bas partager son opprobre !


48 - Méditations de J. N. Darby — Jean 8:12-49

n°48 : ME 1892 p. 333

Jésus avait déjà dit aux Juifs tout ce qu’il avait à leur annoncer, mais ils avaient rejeté sa doctrine. Le Seigneur discute ici devant eux cette rejection de sa parole. Il était venu au milieu d’eux, apportant la grâce et non pas le jugement. Eux se confiaient à la loi, à leur descendance d’Abraham, enfin à la religion de la chair. Au milieu de beaucoup d’autres choses, la chair a sa religion. Cette religion consiste : 1° en devoirs à accomplir ; 2° à suivre la religion de nos pères et à être zélé pour leur traditions, en s’opposant à toute innovation.

Ces choses sont communes aux païens et à tous les non-chrétiens ; elles n’engagent en rien la conscience. La religion vraie commence au moment où Dieu se présente au coeur, et jamais auparavant ; au moment où nous avons la conscience d’avoir manqué à tous nos devoirs. C’est une religion de grâce. Nous trouvons dans ce chapitre les effets que la religion de Dieu produit sur l’homme. Les Juifs étaient à la vérité la postérité d’Abraham, mais non pas spirituellement. Ils se prévalaient de leur naissance ; ils se disaient libres, quoique esclaves des Romains (v. 33). Leur confiance, fondée sur la chair, avait l’orgueil pour racine.

La religion de Dieu doit nous rendre libres. L’état dans lequel l’homme se trouve est à la fois l’esclavage de la loi et du péché. « Quiconque pratique le péché », dit le Seigneur, « est esclave du péché » (v. 34). Il est des hommes qui voient les conséquences du péché et cependant en subissent le joug. On est toujours esclave des motifs qui agissent sur le coeur ; ainsi l’homme est esclave de ses convoitises, du monde, de Satan. La loi nous fait sentir encore plus cet esclavage. Les Juifs, comme peuple de Dieu, étaient dans sa maison, mais ils étaient sous la loi et dans l’esclavage du péché, et « l’esclave ne reste pas dans la maison pour toujours » (v. 35). Si le Fils ne nous affranchit pas, nous demeurons sous l’esclavage de la loi, qui nous place sous le jugement et la malédiction. « Maudit est celui qui ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi pour les faire ». La loi devrait rendre l’homme esclave de Dieu, mais l’esclave qui ne fait pas la volonté de son maître peut être renvoyé.

Du moment qu’étant né de Dieu, je me trouve en présence de la loi, je reconnais toute sa spiritualité ; j’accepte ainsi une vérité qui me remplit de crainte ; mais ce n’est pas la vérité que la grâce nous révèle et qui nous affranchit. Dieu n’a pas envoyé la loi pour que nous la pratiquions, mais pour mettre en évidence le péché. La vérité nous affranchit ; elle nous présente l’obéissance de Christ et la justice de Dieu.

L’homme qui veut accomplir la loi cherche sa justice, et non la justice de Dieu. Dieu présente à l’homme sa justice à Lui, en Christ. Cela veut dire que, parce que Dieu est juste, il accepte Christ et l’oeuvre qu’il a faite pour nous. Voilà ce qui nous rend libres. Plus de crainte, ni de servitude. La vérité nous affranchit par la connaissance de ce que Dieu a fait pour nous. Nous sommes en règle devant Dieu. Il fait plus encore, il nous donne l’Esprit d’adoption. Il fait de nous ses enfants, dans toute la familiarité et la jouissance de cette qualité.

Dieu fait grâce selon son amour. Nous sommes en sa présence selon le principe de l’oeuvre de Dieu, et non selon le principe de la loi. C’est une relation d’amour. Il n’attend rien de notre part et c’est par amour qu’il agit envers nous, comme un père envers ses enfants. Notre liberté consiste en ces relations d’abandon filial avec le Père. Cette liberté ne peut pas se perdre. « Le fils demeure pour toujours » dans la maison, indépendamment de sa conduite ; c’est une chose établie pour l’éternité. Si j’avais à craindre de perdre un héritage, je serais d’autant plus angoissé que l’héritage serait plus grand. Or je ne puis le perdre. Il va sans dire que si, comme enfant, j’ai commis des fautes, je serai mal à l’aise devant mon père, bien que je me sente aimé de lui. Nous sommes dans la maison. Si nous péchons nous serons misérables, parce que notre conscience aura le sentiment d’avoir déshonoré notre Père et contristé son Esprit.

Demeurer dans la maison de Dieu conduit à une connaissance de Lui, toujours plus intime. Mais dans cet état il peut nous arriver de penser à notre jouissance, au lieu de penser à ce qui en est la source ; ou bien de divulguer cette jouissance, ce qui nous attache à nous-mêmes, nous détache de Dieu et nuit considérablement à notre communion. Cette perte momentanée de la communion travaille le coeur et l’humilie. Cela est nécessaire ; mais le bon Berger restaure l’âme malade et la rétablit dans l’intimité qui est la part d’un enfant fidèle. Il y a pour nous force et vigueur devant Dieu, quand le Saint-Esprit n’est pas contristé, quand il n’est pas obligé d’être le médecin de l’âme, mais qu’il reste, au contraire, son principe de vie et de communion.

La vérité nous affranchit. Le Fils nous affranchit, parce qu’il nous place devant le Père selon ce qu’il est lui-même. Maintenons ce qui est convenable à la maison que nous habitons. Gardons nos coeurs, afin que notre communion ne soit pas interrompue !


49 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:14

n°49 : ME 1892 p. 354

Il est de toute importance de connaître que la grâce, non pas la loi, est le principe de notre sanctification. Ceux qui cherchent la sanctification se placent souvent sous la loi, mais la sanctification comme la justification dépend de la plénitude de la grâce (v. 10). Dieu nous discipline, afin que nous soyons rendus participants de sa sainteté. Le principe même du christianisme est que nous participons à la nature de Dieu qui est amour, que nous la possédons, que nous en avons les privilèges. Dieu est amour, et en participant à sa nature, j’aime. Dieu accomplit en nous la chose qu’il exige. Voilà pourquoi je puis aimer. Nous aimons l’Église, parce que nous avons l’Esprit de Christ, qui aime l’Église ; les hommes, parce que « Dieu a tant aimé le monde » ; les frères, parce que Dieu les aime.

Nous ne sommes point venus à Sinaï, à la loi qui exige de l’homme d’aimer Dieu de tout son coeur et son prochain comme soi-même, mais à la grâce qui nous donne ce que Dieu demande, tandis que la loi, ministère de mort, ne le donne jamais.

Nous sommes rendus participants de la sainteté de Dieu ; c’est quelque chose de bien plus élevé que l’innocence même. Les chrétiens sont, dès ici-bas, bien plus que le premier Adam. Notre privilège est de pouvoir aimer les pécheurs, ce que le premier Adam ne pouvait pas. Nous ne sommes pas, comme Adam, dans l’ignorance du mal : nous étions sous l’empire du péché, mais Dieu nous communique une autre nature qui est sainte, la vie de Christ ; nous sommes nés de l’Esprit. C’est dans cette vie de Christ en nous que consiste la sainteté. Elle se maintient par l’union avec Christ, mais nous avons la sainteté, parce que nous avons la vie de Christ en nous. En nourrissant cette vie qui est en nous, nous croissons dans la sainteté et dans ses fruits. Il n’y a point de loi contre les fruits de l’Esprit ; ils sont une chose positive, produite par la grâce, laquelle nous communique une vie qui n’était pas en nous auparavant. La loi est impuissante à l’égard de cette vie et de ses effets.

Lorsque la sanctification pratique est entravée, c’est que la chair n’est pas entièrement mortifiée. Nourrissez la chair, la sainteté en souffrira d’autant. Cela aura lieu d’une manière presque insensible, l’âme n’étant pas en la présence de Dieu, ou par des chutes évidentes. En cette présence, la chair est toujours mise en évidence et condamnée ; hors de cette présence, les tentations de Satan nous assaillent et nous tombons. Il est affreux que cela puisse arriver à un chrétien, mais ce n’est que trop vrai. L’homme qui n’est pas en la présence de Dieu ne s’humilie point. Il peut être au clair, avoir raison sur bien des choses, mais cela encore l’enorgueillit au lieu de l’humilier. Il ne connaît pas l’amour ; rien n’humilie comme l’amour.

Une chute peut être la suite d’une surprise dans un moment où la présence de Dieu n’est pas réalisée. Est-elle réalisée, alors le péché nous repousse ; nous ne recherchons la sanctification pratique qu’en nous tenant en la présence de Dieu, sur le principe de la grâce. Lorsqu’il y a eu chute et que la repentance a eu son cours, tout le coeur est brisé et humilié ; mais quand nous avons été surpris par le mal, si nous n’avons pas horreur du péché, c’est la preuve que nous sommes endurcis et depuis longtemps loin de la présence de Dieu. Dans un état de vraie communion entre les enfants de Dieu, qu’un frère soit dans le péché, tous en souffriront.

Nous devons attacher une haute importance à la vie spirituelle dans nos âmes et chercher la sanctification, parce que nous participons à la vie de Christ. Comprenons aussi que, par cette vie, nous sommes dans la grâce et non sous la loi, que nous n’avons affaire à Dieu que sur le principe de la grâce. Si la conscience n’est pas bonne, l’effet de la présence de Dieu est de nous rendre tristes et de produire en nous du malaise. La vie de Christ peut se développer en nous avec plus de puissance, mais non devenir plus sainte. Elle peut s’emparer de toutes nos facultés et les employer pour Christ, et en pratique nous sanctifier toujours davantage. Faisons des sentiers droits à nos pieds. Si nous sommes facilement enveloppés par tel ou tel péché, la fidélité consiste à éviter les occasions, dans le sentiment de notre faiblesse. La vie de Christ deviendra plus puissante en nous et nous mettra en état de résister. Le chrétien doit, avant tout, garder sa communion avec Dieu. Appeler les âmes à la sanctification, ce n’est pas leur dire : Vous n’êtes pas saints, mais vous avez la vie de Dieu en vous ; qu’elle y agisse ! La vie chrétienne se compose de détails. Soyons fidèles dans les détails. Que notre joie et notre bonheur soient d’être en la présence de Dieu ! Amen.


50 - Méditations de J. N. Darby — Josué 1:1-9

n°50 : ME 1892 p. 368

Le caractère des personnages remarquables de la parole de Dieu est en type celui de Christ. Il en est particulièrement ainsi de Josué qui introduisit le peuple de Dieu dans le pays de la promesse. Josué n’est pas un Moïse, apôtre de la profession, ni un Aaron, type sacerdotal, mais il représente Christ, agissant par l’Esprit dans son peuple. Tout le livre de Josué nous présente la puissance de l’Esprit de Christ parmi les siens, pour les introduire dans les résultats du salut. Josué paraît pour la première fois dans le combat contre Amalek (Ex. 17:9). Moïse prie ; il est l’apôtre de la profession ; Josué agit. Israël n’a de force qu’en vertu d’une bénédiction non interrompue. Josué est le chef du peuple dans le combat, de même que l’Esprit de Christ nous conduit dans nos combats spirituels. Josué apparaît pour la seconde fois accompagnant Moïse sur la montagne de Sinaï, mais l’Éternel ne lui parle pas (Ex. 24 13) ; puis dans l’intérieur de la tente d’assignation que Moïse dressa hors du camp (Ex. 33:11) ; puis lors de l’expédition des espions en Canaan (Nomb. 13) ; il est enfin nommé pour remplacer Moïse, à la fin du livre des Nombres.

Moïse est allé jusqu’au Jourdain, emblème de la mort ; mais c’est Josué qui introduit le peuple dans la jouissance de ses privilèges.

Deux choses nous représentent la vie chrétienne : le désert, où la patience du peuple de Dieu à travers ce pays altéré et sans eau est mise à l’épreuve ; Canaan, où a lieu le combat, figure de notre combat avec les malices spirituelles dans les lieux célestes (Éph. 6:12). Tout, dans ce combat, est l’effet de la puissance de Dieu. C’est par elle que, dès le début, tombent les murs de Jéricho. L’interdit affaiblit ensuite Israël, parce que la puissance de Dieu ne peut s’employer au profit de l’interdit.

Nous trouvons dans les détails de la vie de Josué, ceux de la vie chrétienne. Cette vie, quoique sous la puissance de l’Esprit, a une responsabilité ; elle doit reproduire le caractère de Dieu. L’Éternel introduit le peuple dans le combat quand il a passé le Jourdain ; de même pour nous, le combat commence quand nous sommes passés de la mort à la vie. Le Jourdain a beau « regorger par-dessus tous ses bords », la puissance de Dieu l’arrête, type de ce que Christ a fait pour nous. La mort est la destruction de l’homme naturel ; c’est un chemin par lequel nous n’avons encore jamais passé. Il nous faut un moyen pour en arrêter la puissance ; c’est le jugement de Dieu sur le péché. Quand le chrétien voit la mort de près, il se trouve en présence du jugement, mais Christ s’y est mis à notre place et a supporté le jugement de Dieu. L’arche est pour nous au milieu du Jourdain ; la mort a perdu sa puissance et n’est plus que l’entrée en Canaan, l’entrée dans la jouissance des promesses de Dieu. Actuellement, c’est pour nos consciences et pour nos âmes que nous en avons l’efficace. Devant nous est le Jourdain débordé ; de l’autre côté, la possession des choses promises. Israël passe le Jourdain avec le sentiment que Dieu en a arrêté la force. L’arche se tient au milieu du Jourdain ; Dieu est pour nous au milieu des plus grandes difficultés. La mort et le jugement deviennent la certitude de notre salut, du moment que nous les voyons sur Christ qui en a porté le poids à notre place. Spirituellement, nous sommes passés de la mort à la vie.

Dès lors nous avons à combattre contre Satan et contre toutes les malices spirituelles. Les principes de ce combat se trouvent au commencement du livre de Josué. Quand nous combattons avec Dieu, Satan s’enfuit ; si nous combattons avec de l’interdit, Satan est le plus fort. Avec Dieu, notre victoire est continuelle ; sans Dieu, notre force est perdue. N’espérons en tout cas pas trouver quelque force dans le concours du monde.

Dieu nous introduit dans le combat, en nous disant : « Fortifie-toi et sois ferme » (1:7-9). Il nous ordonne d’être forts, parce qu’il est notre force et nous demande une confiance entière en lui.

Israël ne pouvait pas se demander : Ai-je passé le Jourdain ? C’est une ingratitude d’être dans le doute. L’ayant passé spirituellement, nous trouvons le combat pour Lui, dans lequel Dieu est pour nous. Un mondain ne craint pas Satan, mais Dieu ; un chrétien ne craint pas Dieu servilement, mais il redoute Satan, parce qu’il se sait faible. Nous avons à combattre Satan, mais Dieu est pour nous. Il a déjà donné son Fils pour nous. Ayons confiance en lui. Cette confiance nous donne le courage de regarder en avant, la force pour accomplir la volonté de Dieu. Le péché est comme derrière nous ; devant nous toute la volonté de Dieu. Bien des chrétiens tremblent à la pensée d’un avenir inconnu ; c’est que Dieu ne remplit pas cet avenir. On tremble d’autant plus qu’on se confie davantage en soi-même.

Une dépendance continuelle de Dieu est la suite de la force de Dieu en nous et de la confiance en lui. Si les bénédictions que Dieu nous accorde, nous inspirent de la confiance en nous-mêmes, elles se tournent contre nous. Christ était dans une dépendance parfaite du Père. La dépendance nous rend humbles.

Dieu dit au v. 2 : « Lève-toi » ; il nous introduit lui-même dans le combat, après avoir frayé lui-même le chemin. Il est avec nous partout où nous allons (v. 9) ; il nous fait prospérer (v. 8), mais non dans la mondanité. Quand nous ne sommes pas devant lui, notre connaissance, nos victoires, sont tout autant de pièges, parce qu’elles nous inspirent de la confiance en nous-mêmes.


51 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 18:16-33

n°51 : ME 1893 p. 273

La destruction de Sodome est un type de ce qui arrivera au jour de la venue du Seigneur. On se conduisait comme si le monde devait durer, et c’est encore le grand péché du monde, ce qui signale l’incrédulité du coeur de l’homme. On fait tous les arrangements possibles, comme si le monde devait durer encore, et cependant, depuis la mort de Jésus, le monde ne peut compter sur un seul jour. Dieu attend que l’iniquité de la terre soit à son comble, qu’elle se manifeste ouvertement, avant d’exercer le jugement. Mais l’exécution de la sentence n’a point encore eu lieu ; le coeur de l’homme s’adonne au mal et compte faire ce qu’il a toujours fait (2 Pier. 3). C’est là le principe de l’incrédulité ; c’était le caractère du monde avant le déluge et celui de Sodome.

Au milieu de tout cela, Abraham étranger et voyageur, est le type des fidèles séparés de coeur de toutes les choses d’ici-bas, le type aussi de l’Église qui n’a qu’un objet, le ciel (Héb. 11). Il a vu de loin les choses promises et a fait profession d’être étranger et voyageur sur la terre. Aussi Dieu ne prend point à honte d’être appelé leur Dieu, mais il aurait honte d’appeler son peuple ceux qui auraient trouvé leur patrie ici-bas. Le fidèle fait aussi profession d’être étranger sur la terre. Abraham n’avait qu’un sépulcre dans le pays de Canaan. Comme il suivait Dieu fidèlement, Dieu prenait à lui un intérêt particulier ; Abraham est appelé son ami. Abraham n’avait pas d’incertitude dans sa marche : il quitte Ur des Chaldéens ; il n’hésite pas entre Ur et Canaan. La femme de Lot, elle, quitte Sodome de corps, non de coeur, et son jugement nous est rappelé par le Seigneur : « Souvenez-vous de la femme de Lot ».

L’Église n’est pas dans un état que Dieu puisse reconnaître, si elle ne fait pas profession d’être étrangère ici-bas et en voyage pour le ciel.

Dieu communique à Abraham ses pensées comme à un ami ; il lui annonce un fils et le Messie ; il lui fait part de la chute imminente de Sodome ; il se révèle à Abraham dans la plus grande intimité : il arrive devant sa tente, s’assied à sa table, converse avec lui, marche avec lui. Le Saint-Esprit nous donne avec Dieu une intimité bien plus grande que celle d’Abraham. Il se peut que nous y ayons fait peu de progrès, mais c’est là notre privilège. Quoique cela ne soit pas visible, la réalité de cette intimité n’en est pas moins grande. Dieu est venu à nous en la personne de Jésus ; ses conseils nous sont révélés dans la Parole et le Saint-Esprit nous est donné. Ce qui nous manque, ce ne sont pas des relations, mais la foi simple et forte d’Abraham.

Abraham ne craint pas la présence de l’Éternel ; cette sorte de crainte est l’effet de notre état de péché. Quand nous avons vu la gloire de Dieu en Jésus et que nous possédons la vie éternelle, la présence de Dieu nous devient très douce ; elle est pour nous une source de force et de pleine confiance ; elle nous rend heureux et produit dans nos coeurs une joie ineffable. Lorsqu’une âme est dans cette intimité avec Dieu, il lui communique ses pensées. « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? »

L’Église est séparée du monde ; elle est amie de Dieu. Dieu lui communique ses pensées et lui confie ce qu’il va faire, non seulement pour elle, mais aussi au monde ; il va juger les vivants et retrancher les méchants. Dieu montre envers Sodome, envers le monde, la plus grande patience. Si un homme avait à gouverner le monde, il ne pourrait en supporter l’ingratitude et l’iniquité pendant une heure.

Les anges se rendent à Sodome, mais Abraham se tient encore devant l’Éternel. C’est aussi la position de l’Église, de se tenir devant Dieu, afin d’apprendre ses desseins et de s’instruire de ses pensées. L’amour de Dieu pour elle lui est familier ; elle a conscience de cet amour. Alors elle intercède pour le monde, espérant qu’il y a encore lieu à la grâce. Elle s’élève au-dessus des circonstances pour puiser la grâce en Dieu qui en est la source. Si je ne puis pas intercéder pour d’autres, c’est que le péché est plus fort que ma foi. Quand nous sommes près de Dieu, l’Esprit qui voit le péché, intercède en nous pour le pécheur.

Dieu fait plus que ce qu’Abraham demande. Il fait sortir Lot de Sodome et le sauve. Les anges ne pouvaient rien faire avant que Lot fût sorti. L’oeil de Dieu était sur lui. Quel bonheur de pouvoir compter sur l’amour de Dieu pour les justes !

L’intercession d’Abraham est persévérante. Nous ne savons pas, comme Dieu le sait, ce qu’il va faire, néanmoins nous pouvons intercéder avec foi. Abraham s’enhardit ; sa confiance grandit ; il connait Dieu à la fin beaucoup mieux qu’au commencement. La paix de Dieu garde son coeur. Le fruit de tout cela est marqué dans le chap. 19:27, 28. Abraham vient au lieu où il s’était tenu devant l’Éternel ; il voit le jugement des méchants, mais il est loin de ce jugement. C’est là notre position ; si nous sommes réellement célestes, c’est ainsi que nous voyons le jugement du monde.

Ce qui a placé Lot au milieu même du jugement, c’est son infidélité, sa convoitise pour le monde et ses attraits. Plus tard, il dresse ses tentes jusqu’à Sodome ; enfin, on le trouve dans Sodome même. Lot est pour nous le type d’un chrétien mondain. Il est sauvé comme à travers le feu, tandis qu’Abraham est avec l’Éternel, converse avec lui, et considère le jugement dans la paix de Dieu.


52 - Méditations de J. N. Darby — Jean 2:23 à 3:21

n°52 : ME 1893 p. 287

Comme jadis à Jérusalem, il y a de nos jours une profession à laquelle Jésus ne se fie pas. Elle est composée de personnes qui ont cru en son nom (2:23), mais avec une foi qui n’est pas fondée sur la parole de Dieu. Plusieurs crurent à cause des miracles, sans qu’il y eût une action sur leur conscience. Ils reconnaissaient qu’un homme faisant de telles choses méritait la confiance. Mais la foi doit s’attacher à la Parole : Celui qui entend ma parole est passé de la mort à la vie. Il ne suffit pas de reconnaître Jésus pour un homme extraordinaire ; c’est ainsi qu’on le reçoit de nos jours, et une telle conviction ne vient pas de l’effet de la parole de Dieu sur le coeur. Si c’est de la foi en quelqu’un, c’est la foi en la parole de l’homme.

Jésus savait ce qui était dans l’homme ; aussi ne se fiait-il pas à ces impressions qui ne provenaient pas de la foi en la parole de Dieu. Il faut que le coeur reconnaisse, par cette Parole, Christ comme envoyé du Père ; là est la vie éternelle, là est la vie de Christ.

Il n’y a dans l’homme, tel qu’il est, rien en quoi Dieu puisse se fier ; Celui qui sonde les coeurs l’a dit ; mais la parole de Dieu peut agir sur la conscience, c’est là que commence la vie. Tel est le cas de Nicodème, quoique les apparences fussent contre lui, car il n’osait pas ouvertement confesser Christ. Il ne vient pas en plein jour, mais de nuit ; mais sa conscience était atteinte ; il avait le sentiment que la vérité qu’il entrevoyait ne pouvait pas être acceptée du monde. Dès que le coeur est attiré vers Christ, il sent, vaguement encore peut-être, qu’il faut rompre avec le monde. Nicodème vient de nuit pour éviter les yeux du monde ; la semence était encore toute faible et petite. Il vient demander à Jésus, non des miracles, mais de l’instruction ; il avait soif de la parole de Christ. Mais quand il n’y a pas plus que cela, voyez l’effet pour un coeur qui reconnaît Christ comme l’envoyé de Dieu : il craint le monde ; il a honte de Jésus, parce qu’il le voit tel qu’il est, tout à fait opposé au monde et possédant en outre des droits sur notre coeur.

Dieu veut mener Nicodème bien plus loin ; il veut mettre devant ses yeux un Christ crucifié, méprisable, et voilà ce qui éprouve réellement le coeur.

Le Seigneur interrompt Nicodème : La chose essentielle n’est pas que je sois à tes yeux un docteur, mais que tu sois né de Dieu. Il faut que Dieu te communique une nouvelle vie, afin que tout en toi soit renouvelé. Le christianisme est la communication d’une vie qui n’existait pas auparavant dans l’homme. C’est le don de Dieu, la vie éternelle. Israël devait aussi naître de nouveau (Ézéch. 37), et cela arrivera aux derniers jours. Nicodème, comme docteur en Israël, n’aurait pas dû l’ignorer. Israël avait manqué sous l’ancienne alliance ; Dieu mettra la loi dans leurs coeurs.

Jésus enseigne donc à Nicodème qu’il lui faut la nouvelle naissance, — et de plus, que le Christ doit être rejeté. Il peut être connu par l’intelligence naturelle, mais dès qu’il condamne l’homme, ce dernier le rejette. « Ils ont haï et moi et mon Père ». Lorsque la vérité de Christ est présentée, savoir qu’il n’y a pas un homme juste, et que Dieu ne peut se fier à ce qui est dans l’homme, Christ est haï et rejeté.

La croix est présentée au v. 15, d’une manière très différente du v. 16. Au v. 15, Christ a été rejeté comme homme. Il faut, vu l’état de l’homme, que le Fils de l’homme soit élevé, afin d’expier le péché et pour que l’homme puisse être reçu de Dieu. C’est une nécessité, mais cette vérité ne donne pas la paix. Le Fils de l’homme a pris notre place : c’est la première chose présentée dans la croix de Jésus, et c’est aussi là souvent que les chrétiens s’arrêtent.

Le v. 16 nous montre Jésus sur la croix comme Fils de Dieu : la preuve éternelle que Dieu m’a aimé dans mon état de péché, c’est qu’il a donné son Fils unique pour moi. Ce n’est plus seulement l’homme qui me représente devant Dieu, mais je vois que Dieu a donné pour moi son Fils. Comment le Fils de Dieu est-il sur la croix ? Parce que Dieu a tant aimé des pécheurs, ses ennemis ! La seule pensée de l’expiation ne donne pas une paix durable. Elle rappelle que Dieu est juge, et dès que les yeux de la foi s’obscurcissent tant soit peu, cette pensée trouble notre paix. Mais la vue de l’amour de Dieu pour le pécheur, avant même que l’expiation fût faite, est la source d’une joie inébranlable, d’une paix parfaite. Le Dieu qui exige une expiation est le Dieu qui juge ; le Dieu de grâce est Celui qui a donné son Fils. C’est ce Dieu qui est amour ; nos relations avec lui sont fondées sur cet amour. Il commence par nous montrer que nous ne pouvons nous fier à nous-mêmes et que lui ne peut se fier à nous, mais il finit par nous prouver que nous pouvons avoir en lui une pleine confiance. La pensée de mes péchés ne peut dans ce cas que hausser la mesure de l’amour de Dieu pour moi.


53 - Méditations de J. N. Darby — Tite 2:11 à 3

n°53 : ME 1893 p. 305

La source d’où découlent les bonnes oeuvres (2:14 ; 3:8) est la connaissance de la grâce, la réception du témoignage rendu à la grâce. Mon coeur s’étant donné à Christ, le dévouement devient ma joie ; il répond au désir de mon âme. Du moment où Celui que j’aime est présenté d’une manière vivante à mon coeur, je me sens porté à faire ce qui lui plaît.

Il y a beaucoup de mondanité dans le christianisme de ces jours-ci ; c’est pourquoi l’on vit en paix avec le monde. Les chrétiens se montrent satisfaits du monde et ce dernier les laisse en repos. Satan persuade aux enfants de Dieu de ne pas se charger de la croix. La croix reste la croix ; elle n’est pas agréable à porter et sera toujours un scandale au monde.

Le moyen de pousser les chrétiens aux bonnes oeuvres, est de leur présenter la grâce de Dieu. Au commencement d’un réveil, tout est amour ; cela repousse le monde tout de suite. Il tient pour fous ou atteints d’une idée fixe ceux qui n’ont pas d’autre préoccupation que Christ, et qui disent que le monde ne vaut plus rien. Dans la suite, les circonstances changent : le monde a vu qu’il ne gagnerait rien par son opposition, car il ne peut empêcher le témoignage rendu par les chrétiens de s’adresser à la conscience. C’est alors qu’il cherche à corrompre ce qu’il ne peut détruire. Sous son influence, on rencontre des gens qui sont au mieux avec ceux qui professent le christianisme, sans avoir pour cela fait de Christ leur tout. Qu’arrive-t-il ? c’est que le christianisme s’affaiblit, que l’homme prend de l’importance, qu’on parle des chrétiens plus que de Christ. Arrivé là, et dans le but de ramener les âmes à la vie, on commence à prêcher les bonnes oeuvres. Mais cela ne sert de rien, car ce sont les motifs pour faire le bien qui sont affaiblis dans les âmes.

Pour remédier à l’affaissement spirituel, il faut avant tout que Christ lui-même soit présent à nos âmes, qu’il soit notre idée fixe. Alors nous reprenons un discernement tout nouveau, les cas, douteux jusque-là, s’éclaircissent ; le discernement découle des motifs qui agissent dans nos coeurs. Ce que nous n’aimons pas, ne nous attire pas. Il faut que Christ soit habituellement pour nous le moyen de juger de toutes choses.

« Dieu nous a sauvés, non sur le principe d’oeuvres accomplies en justice que nous eussions faites » ; c’est là que commencent tous nos motifs pour plaire à Dieu ; nous n’en avons point d’autres, que la connaissance de son amour qui nous a sauvés « selon sa propre miséricorde ».

Autrefois, quand un païen ou un Juif était baptisé, il cessait d’être considéré comme Juif ou païen, mais il était tenu pour chrétien et en possédait tous les privilèges. Le « baptême de la régénération » transportait dans le royaume de Christ. Aujourd’hui que tout le monde s’appelle chrétien et que chacun est accepté comme tel, il faut tout d’abord demander s’il l’est réellement. Au commencement il n’en était point ainsi. Le baptême ou lavage de la régénération est la purification par le moyen de la régénération, sans doute aussi une vie nouvelle communiquée, mais en réalité le transfert dans le royaume du Christ avec tous les privilèges qui s’y rattachent.

À la suite de la vie vient le combat ; celui qui n’a pas la vie n’a pas à combattre contre Satan. La force de Christ est avec nous par le Saint-Esprit. Christ vit en nous et nous garde jusqu’à la fin. Dieu veille sur nous ; les cheveux de nos têtes sont comptés, et Satan ne nous éprouve qu’avec la permission de Dieu. Je ne parle que de nos privilèges dans le combat, mais il y a de plus le privilège de l’espérance qui nous fait voir d’ici-bas la gloire à venir et réalise dans nos coeurs cette gloire qui nous est déjà donnée, quoique nous devions encore l’attendre.

Cette expression : « la régénération » est peu usitée dans la parole de Dieu ; elle ne s’y applique pas à la communication de la vie, mais à la gloire de Christ, quand il aura rétabli toutes choses. Nous avons perdu cette idée, et nous appliquons seulement ce terme au moment où la vie commence.

Le « renouvellement du Saint-Esprit » est autre chose que le baptême de la régénération. Le Saint-Esprit agit toujours comme Dieu ; il est la source d’une vie entièrement nouvelle, d’un être moral nouveau, avec des pensées et des désirs nouveaux ; mais, en outre, il renouvelle chaque jour sa force en nous. Il communique au nouvel homme les choses de Christ. Il met en lui des pensées plus intelligentes et plus éclairées au sujet de Christ, qui produisent des désirs toujours plus grands de le connaître. Il nous fait abonder dans l’espérance.

Si ce renouvellement n’a pas lieu, la vie est là, sans doute, mais elle est en souffrance ; un homme ne souffrirait pas, s’il n’était pas vivant. Pour être sain, il faut être nourri ; il faut que le Saint-Esprit agisse dans nos coeurs. Celui qui est pressé d’arriver au gîte ne s’occupe pas à cueillir des fleurs en chemin. L’homme pressé d’arriver dans la gloire ne trouve aucun plaisir à ce qu’il peut rencontrer en route de joli ou d’agréable.

La Parole, la Cène, la prière, sont, entre autres, les moyens que le Saint-Esprit emploie pour nous renouveler.


54 - Méditations de J. N. Darby — Romains 8:26-39

n°54 : ME 1893 p. 309

Ce chapitre nous montre l’état normal du chrétien : point de condamnation, point de séparation. Il y a cependant aussi de la tristesse pour nous, à nous trouver au milieu d’une création déchue ; mais alors, d’une part le Saint Esprit devient un Esprit de supplications, intercédant par des soupirs inexprimables et, d’autre part, Dieu fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l’aiment. Les chrétiens sont présentés ici avec le caractère de « ceux qui aiment Dieu », parce que Dieu les a prédestinés, appelés, justifiés et glorifiés.

Le chrétien déploie de l’activité, et cependant il a un repos parfait en Dieu. Si je me repose sur lui, je trouve que toutes les circonstances que je traverse, deviennent des moyens que Dieu emploie pour me faire du bien, car je sais que Dieu m’aime. L’apôtre se glorifie dans la certitude de ces choses.

Toutes les opérations de l’amour de Dieu sont présentées ici, sauf la sanctification. L’Esprit nous occupe de Dieu qui veut que nous soyons conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit le premier-né entre plusieurs frères ; ce qui pour nous s’accomplira pleinement à la résurrection. C’est à Christ dans la gloire, que nous serons rendus conformes ; « nous porterons l’image du céleste ».

La sainteté, l’amour, la puissance de Dieu, ainsi que sa justice, se montrent pour nous en Christ. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Dieu est pour nous. C’est le centre de toute notre confiance ; c’est un repos que rien ne peut gâter. L’opposition, les outrages, les souffrances, le péché même, n’ont pas empêché Dieu d’être pour nous. Dieu est pour nous quant à nos péchés, car il nous justifie. Il n’a point épargné son propre Fils. Au lieu de se débarrasser des pécheurs, il s’est débarrassé des péchés en donnant son Fils. Satan et ma conscience m’accusent : Dieu me justifie. Satan accuse Joshua, Dieu le justifie : C’est, dit-il, « un tison que j’ai arraché du feu ». Dieu lui-même est pour nous ; c’est bien plus que d’être justifiés devant lui par le sang de Christ. Nous pouvons conclure et affirmer que Dieu sera pour nous dans toutes nos circonstances, dans tous nos besoins, quels qu’ils soient.

Christ est le fondement de cette assurance ; il est mort, ressuscité, assis à la droite de Dieu. La mort est la preuve de l’amour de Christ pour moi ; il est à la droite de Dieu, parce qu’il m’aime ; son amour intercède pour moi. Nous n’avons pas à être en souci de quoi que ce soit ; Dieu est pour nous. Est-il un détail de ce qui nous concerne, dans lequel il n’entre pas ? La créature est faible ; Dieu est tout puissant ; il est pour nous. Quelque chose peut-il faire obstacle à la réalisation de ses desseins d’amour ?

Cela m’attache à lui. L’amour de Dieu est entré en Christ jusque dans les détails de mes circonstances temporelles. Le but de Dieu, et qui explique tout ce qui nous arrive, est de nous rendre conformes à l’image de son Fila et de nous faire jouir avec lui de toute la gloire et de tout le bonheur dans lesquels il se trouve. Dieu est pour nous : ce n’est pas une vérité dont nous soyons froidement convaincus, mais une source de joie profonde et de confiance illimitée.


55 - Méditations de J. N. Darby — Jean 17

n°55 : ME 1893 p. 337

Le point capital de ce chapitre est la révélation du nom du Père, la connaissance, non pas de l’Éternel, mais du Père. Le résultat de l’oeuvre de Christ est de nous donner le droit d’être faits enfants de Dieu.

L’unité dont le Seigneur parle au v. 11, est celle des disciples dans ce monde, et non dans le ciel. Jésus la veut, pendant que lui est dans le ciel auprès de Dieu, et que les siens sont dans le monde. « Garde-les en ton nom, afin qu’ils soient un ». C’est une unité entièrement divine : « Afin qu’ils soient un, comme nous sommes un » ; un seul vase de la vie, des pensées, de la révélation du Père lui-même, comme Christ l’avait été. Ce n’est pas seulement communication, c’est union. Si, de fait, nous ne sommes pas un, c’est que nous sommes charnels (1 Cor. 3:3-11).

L’unité de ceux qui croiraient par la parole des disciples est développée au v. 21.

Jean ne parle jamais de l’unité de l’Église, mais de l’unité de la famille de Dieu ; mais, en nous reportant aux écrits de Paul, nous trouvons que l’unité est le grand témoignage que Dieu est sur la terre, par le Saint-Esprit, dans l’Église. L’Église y a manqué, et le monde ne croit pas. L’Église est une, malgré Satan ; plus nous le sentirons, plus nous serons humiliés de l’état de l’Église universelle dans le monde. Dieu a placé la bénédiction dans l’unité du corps de Christ. On ne peut comprendre qu’avec tous les saints, quelle est la largeur et la longueur, la profondeur et la hauteur (Éph. 3).

Depuis longtemps, l’Église s’est contentée d’accepter une unité qui aura lieu dans la gloire, quand il n’y aura plus de témoignage à rendre, et de réduire le témoignage ici-bas à un témoignage individuel. Qu’est-ce que cela prouve, sinon l’abandon de la vérité de Dieu ? Au temps de l’apostasie complète d’Israël, Élie fut béni lui seul, pour son témoignage de fidélité individuelle. Mais quand nous nous reportons à ce qui avait lieu au commencement (Actes 2:42-47), nous comprenons l’importance du témoignage collectif, et nous voyons que c’est ce témoignage qui contraint le monde à glorifier Dieu.

Au v.23, l’unité est présentée dans son résultat en gloire. Le monde alors connaîtra que le Père a envoyé le Fils, quoiqu’il soit trop tard pour y croire. Il verra que nous avons été aimés comme Christ ; en ce jour-là, l’Église sera sans tache ni ride, et Dieu la verra selon la pureté de Christ.

Ces trois unités viennent du Saint-Esprit ; elles sont divines ; les deux premières sont manifestées dans le monde et sont réalisées quand Christ est notre seul objet et que nous avons renoncé à nous-mêmes. Pour renoncer à soi-même, il faut avoir un autre objet que soi, et Christ est cet objet. Cela détruit tout égoïsme. Si nous possédons une chose ici-bas, un autre ne la peut posséder ; mais si nous possédons Christ et le ciel, plus nous verrons d’âmes y prendre part, plus nous serons heureux.

C’est une insouciance coupable, de se contenter du fait que l’Église soit une dans la gloire. Humilions-nous-en, comme Daniel, le plus fidèle des Juifs, s’humiliait de la ruine de son peuple à Babylone. L’Esprit de Christ ne pousse jamais le fidèle à s’élever en se glorifiant d’être hors du mal. Au contraire, il nous humilie, et sans cela nous ne pouvons trouver la bénédiction. Que Dieu agisse puissamment en nous, pour nous humilier dans nos coeurs !


56 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 24

n°56 : ME 1893 p. 347

Tout est en germe dans la Genèse. Elle résume, en un sens, toute la Bible. Elle nous montre le commencement des deux alliances, le jugement de Dieu ; elle introduit le grand principe de l’appel de Dieu et dévoile les conseils de Dieu dans la vie des patriarches. Caïn et Abel personnifient les deux familles des hommes ; Abraham est appelé à quitter sa patrie pour aller où Dieu lui montrera. Cet appel a lieu, lorsque Satan s’est manifesté comme prince du monde et se fait adorer (Jos. 24:2). Alors Dieu se choisit un peuple ; Isaac devient le type de Christ ressuscité ; il est l’enfant de la promesse, le type de Celui qui est le chef de l’Église. L’Église est l’épouse de Christ, comme Rebecca est l’épouse d’Isaac.

Nous trouvons, au chap. 24, le type de l’appel de l’Église. Éliézer est envoyé pour chercher Rebecca, comme le Saint-Esprit est venu chercher l’Église.

La foi reconnaît sa position, s’appuie sur la révélation de la parole de Dieu, et agit suivant cette position. Éliézer dit : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Abraham. Dieu s’était déjà manifesté sous ce caractère. Dieu est le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ. Quand la foi agit, elle compte sur les promesses de Dieu déjà révélées, et elle est sûre d’être exaucée. Aussi Éliézer a une pleine confiance. Même quand il y a une apparence de réponse, la foi attend que la volonté de Dieu soit manifestée avec certitude.

Isaac était en Canaan ; il ne va pas chercher sa femme lui-même ; Abraham avait défendu à Éliézer de conduire Isaac chez la femme qu’il lui aurait trouvée. Jésus en a fini avec le monde ; c’est dans ce monde que l’Esprit vient chercher l’Église, mais elle ne doit pas y rester ; sa vocation est céleste ; elle ne peut rien avoir en commun avec le monde, sans perdre sa communion avec Christ. Elle doit sortir de ce monde pour être conduite à lui.

Abraham a donné à Isaac tout ce qu’il a (v. 36). C’est là le conseil de Dieu à l’égard de Christ (Jean 17). Le Saint-Esprit nous présente Christ, comme le Fils auquel le Père a tout donné. C’est de cette manière que l’Église est appelée : Christ lui est présenté comme l’objet de l’amour du Père. Le Père aime le Fils et lui a donné toutes choses.

Éliézer avait le gouvernement de tout ce qui était dans la maison d’Abraham (v. 2). Tel est le caractère du Saint-Esprit ; il prend ce qui est du Père pour nous le communiquer. Éliézer fait part à Rebecca des richesses d’Abraham ; l’Église est attirée par les grâces que le Saint-Esprit apporte à ceux qui sont appelés à la composer.

Rebecca doit tout quitter. Si l’Église suit le Saint-Esprit, il faut qu’elle abandonne tout, que tous les liens avec le monde soient rompus, que Christ soit entièrement le Maître ; car il ne peut partager avec Satan le coeur de son épouse. Le trône de Christ et celui de Satan ne peuvent subsister ensemble. Laban et Béthuel cherchent à retenir Rebecca, mais Éliézer ne veut pas être retenu. Quand le Saint-Esprit agit, il n’a qu’un objet, la gloire de Christ, la volonté du Père. Jésus défendait à ceux qu’il envoyait de saluer personne en chemin. Un coeur rempli du Saint-Esprit n’est préoccupé que de Christ. On quitte tout, parce que les affections sont autre part ; c’est ce qui rend possible de quitter père, mère, champs et sa propre vie. Il est impossible à l’homme de poursuivre deux buts ; il est déterminé par l’un ou par l’autre. Celui qui hésite entre deux buts ne fait jamais rien. Un homme que ses affaires occupent, n’a de temps que pour elles ; mais s’il a son enfant malade, il oublie toutes ses affaires pour son enfant. Celui qui cherche des richesses ne cherche pas Christ. Il faut que ce dernier domine tout dans nos affections. Rien ne prouve mieux la présence du Saint-Esprit dans le coeur, que cette décision dont Éliézer donne l’exemple.

Le Saint-Esprit est venu pour nous faire sortir du monde ; tel est son grand objet par rapport à nous. Éliézer n’avait fait ce long voyage que pour chercher Rebecca. Le coeur de celle-ci est attiré par les présents qu’il lui apporte. Ce n’est pas la loi qui nous pousse vers Christ, dans la crainte de l’enfer ; c’est l’Esprit qui nous attire en prenant les choses de Christ pour nous les donner.

Rebecca quitte tout et suit l’étranger. « J’irai » ; tout est dans ce mot. C’est le coeur renonçant à tout, parce qu’il a savouré ce que le Saint-Esprit lui a communiqué des choses de Christ. Le Saint-Esprit nous conduit tout droit à lui. Rebecca était encore bien loin d’Isaac, quand elle dit : J’irai. Elle quitte tout pour se rendre où Éliézer la conduit. Montrons-nous aussi cette obéissance au Saint-Esprit ?

Isaac quitte l’endroit où Agar avait été chassée de la présence d’Abraham, pour aller au-devant de Rebecca (v. 62 ; conf. 16:14). Il avait une place prête pour son épouse.

Éliézer ne se borne pas à donner une certaine connaissance et des convictions à Rebecca, pour la laisser ensuite où elle était ; non, il la prend et l’amène à Isaac. Beaucoup de chrétiens pensent à introduire du christianisme dans le monde, mais ce n’est pas prendre une épouse pour Christ. Il faut que l’Église soit à lui, et à lui seul. La fidélité d’une femme consiste à tout mettre en ordre dans la maison, selon la volonté de son mari. Le coeur doit être entièrement à Christ. « Celui qui est double de coeur est inconstant dans toutes ses voies ».

Avons-nous dit : « J’irai ? » L’action du Saint-Esprit nous présente Christ comme ayant des droits sur nous ; le monde n’en a aucun ; son amitié est inimitié contre Dieu.

Plus Rebecca s’éloignait des tentes de Laban, plus elle se rapprochait de celles d’Isaac.

Dieu nous fasse la grâce de comprendre les attraits qu’il y a en Jésus, qui s’est dévoué complètement pour nous, afin que nous aussi nous lui soyons complètement dévoués.


57 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:13-28

n°57 : ME 1893 p. 369

On voit dans ces versets un renoncement entier au monde. Ce qui affaiblit l’Église, c’est la mondanité, et nous trouvons ici ce qui doit la caractériser : « Ils faisaient profession d’être étrangers et forains sur la terre ». Les chrétiens introduisent le christianisme dans leur mondanité, pensant par là ratifier leurs voies, mais le chrétien n’est pas de ce monde et ne doit pas en être ; il est bourgeois des cieux ; il n’est point appelé à sanctifier sa mondanité.

Dieu prend soin que l’objet de nos coeurs ne soit jamais réalisé ici-bas, afin que le chrétien montre clairement qu’il cherche encore sa patrie. Dieu a honte de s’appeler le Dieu des mondains, mais n’a pas honte de s’appeler le Dieu de ceux qui lui appartiennent et qui lui rendent témoignage.

Notre foi doit se montrer en sacrifiant tout, comme Abraham. Il sacrifie Isaac, le seul objet qui en apparence puisse accomplir la promesse, pour recevoir cette dernière de Dieu seul (v. 17). La foi ne reçoit pas ici-bas les choses promises ; elle se borne à les saluer de loin, à marcher vers elles, et à recevoir la force journalière pour les atteindre.

(v. 23-24). Prétexter la Providence pour garder sa place dans le monde est une pensée charnelle. La Providence s’applique aussi bien à nous faire descendre que monter, mais on aime à la reconnaître quand elle nous élève, et on ne la voit plus quand elle veut nous abaisser. La Providence se déploie à l’occasion de la naissance de Moïse. Dieu déjoue par elle tous les projets de Pharaon. Si une position est évidemment providentielle, c’est celle de Moïse à la cour du roi ; et cependant le premier effet de la foi chez Moïse est de le porter à quitter tous ses avantages et à ne s’appuyer que sur Dieu. Il rompt même les liens que la Providence avait formés. S’appuyer sur la Providence pour nos circonstances est simplement de l’incrédulité. La vraie valeur de tous les raisonnements sur la Providence est de pousser à « jouir des délices du péché ». C’est ainsi que Dieu lui-même en juge (v. 25).

Israël en Égypte ne pouvait s’allier au monde sans en devenir l’esclave. Or la Providence avait placé Moïse dans la position qui semblait la plus favorable pour la délivrance du peuple de Dieu. Mais sa foi en juge autrement ; elle voit que les promesses étaient faites au peuple de Dieu et compte sur la rémunération ; elle ne doute pas des privilèges qui appartiennent à Israël et de la gloire future qui lui est promise, mais en attendant elle trouve plus de gloire dans l’opprobre du peuple de Dieu, que dans une vie de délices avec le monde.

Le v. 27 nous montre un nouveau trait de la foi de Moïse. Satan gouverne ce monde dont il est le prince. Le croyant demeure ferme contre lui. Moïse était poussé par l’amour du peuple de Dieu ; c’est ce qui le fit tuer l’Égyptien ; il dut fuir d’abord, mais trouva à la fin une rémunération.

Le v. 28 présente encore un autre résultat de la foi. Comme pécheurs, nous avons à faire au jugement de Dieu. Mais le jugement qui détruit les méchants est le moyen de notre délivrance. La mort et le jugement sont pour nous, car Christ les a portés pour nous.


58 - Méditations de J. N. Darby — Matthieu 11

n°58 : ME 1893 p. 391

Le Seigneur fait entendre ici la voix de Dieu dans le monde. Jean, comme précurseur, lui avait rendu témoignage. Il rend ensuite lui-même témoignage à Jean, mais, dit-il, le plus petit dans le royaume des cieux, le moindre des rachetés sous le nouveau régime, était plus grand que Jean-Baptiste, qui n’était pas appelé à avoir part ici-bas aux privilèges immenses apportés par l’oeuvre du Sauveur. Jean, plus près de Christ qu’aucun autre membre de l’ancienne alliance, prophétise de lui et est bien plus qu’un simple prophète. Mais, quoique le plus grand de ceux qui sont nés de femme, il est plus petit que le moindre enfant, né de Dieu, dans sa position ici-bas. Le Saint-Esprit n’avait pas encore été envoyé pour être le lien entre Christ glorifié et les siens. Cette présence du Saint-Esprit dans les fidèles, les met en relation avec le Père et les introduit dans la jouissance des choses célestes ; elle les rend ainsi plus grands que Jean Baptiste.

Le monde, en tant que monde, ne connaît pas ces privilèges et ne peut supporter de voir les enfants de Dieu affirmer qu’ils les possèdent. Mais la foi brise les barrières que le monde lui oppose : le royaume de Dieu est forcé. Sous la loi, il n’en pouvait être ainsi ; on appartenait au système juif par sa naissance. Aujourd’hui, il faut cette violence de la foi qui s’empare de nos privilèges en dépit du monde et, dans ce but, nous rend même ennemis de ceux de notre maison (Matt. 10:37).

Dieu avait employé tous les moyens à l’égard du monde ; les doux sons de la grâce, les appels à la repentance et les menaces (v. 16-17). Jean représente la seconde de ces choses. Séparé du monde, retiré dans le désert, il vient avec des airs lugubres, dans la voie de la justice, prêchant la repentance et annonçant les jugements. Jésus, Dieu lui-même, vient au contraire pour faire grâce, pour gagner à Dieu le coeur de l’homme ; il s’assied avec des publicains et des pécheurs ; il joue pour ainsi dire de la flûte à leurs oreilles. Jean et Jésus ont été rejetés. Tous les moyens dont Dieu disposait pour manifester sa justice ou sa grâce étaient épuisés. La grâce de Dieu envers les pécheurs était un scandale pour le monde.

Jésus, comme homme, a douloureusement senti sa réjection ; son âme s’est fondue au dedans de lui comme de la cire ; mais il se soumet (v. 25-26) ; il voit en cela ce qui est bon aux yeux du Père, le fruit de son amour, et il rend grâces. Les sages et les intelligents rejetaient le Seigneur ; c’était là sa souffrance ; et c’est ce dont il loue Dieu !

Mais le moment où il exprime sa soumission parfaite est pour Dieu l’occasion de déployer la grâce et la gloire de la personne de son Fils (v. 27) : « Toutes choses m’ont été livrées par mon Père ». C’est aussi la bénédiction du chrétien quand le monde le méprise et le rejette ; il peut dire que tout lui a été donné en Christ et par Christ.

« Nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » : l’union de l’humanité et de la divinité dans sa personne est inscrutable.

Jésus a fait l’expérience du monde : c’est un bourbier fangeux. Le monde ne peut consoler un pécheur ; le monde est fatigué de lui-même ; fatigué et chargé, sans la grâce. Jésus a fait l’expérience que le monde a méprisé les remèdes que l’amour de Dieu lui a présentés. Il sait que personne ne peut connaître le Père que celui à qui le Fils voudra le révéler. C’est par cette connaissance seulement qu’il donne le repos et la paix. C’est pourquoi il dit : « Venez à moi ». Jésus introduit l’âme dans la connaissance et la jouissance de l’amour de Dieu. Il nous présente le Père comme il le connaît. Le Père aime le Fils et lui a livré toutes choses, mais il ne l’a point épargné pour nous. En nous présentant ainsi le Père, Christ nous donne le repos du coeur ; il nous place avec le Père dans la même relation où il se trouve lui-même.

Il n’y a pas de repos sans la certitude du salut et de l’amour du Père. Jésus nous donne cette certitude. Il nous a sauvés lui-même, et le Père nous a donné le Fils quand nous étions ses ennemis. Jésus nous donne le repos de la conscience, car il n’y a désormais plus rien à débattre entre Dieu et nous. Je n’ai point de repos, si j’ai à craindre de perdre ce que je possède. Dieu nous aime pour l’éternité.

Le repos se trouve aussi dans la soumission à la volonté de Dieu. « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur ; et vous trouverez le repos de vos âmes ».

Jésus a voulu nous faire comprendre que l’amour de Dieu s’introduit dans toutes les circonstances de notre vie. Jésus est l’ami des pécheurs, à qui il offre la grâce. Christ était Dieu au milieu des pécheurs ; il les cherche ; je vois en lui ce que Dieu est pour eux, un Dieu qui pardonne tout, qui donne tout !

Cela fond le coeur, de comprendre cette grâce. Il n’y a pas de moment où nous connaissions Dieu davantage que lorsque nous avons vu sur la terre Dieu en Jésus, pardonnant aux pécheurs !


59 - Méditations de J. N. Darby — Exode 17

n°59 : ME 1893 p. 414

Au cours d’un long voyage, on se reporte vers le repos qui est au bout. Les difficultés de la route peuvent occuper nos esprits, mais on pense au repos. Nous pouvons y penser selon la chair dans ce cas, nous en aurons assez des fatigues, et nous serons las de travailler et de combattre. Si nous y pensons dans le sentiment de la bonté de Dieu, cela nous encourage à marcher jusqu’au terme.

Deux choses distinguent la vie chrétienne : le repos et l’activité. Quand nos coeurs réalisent ce que Dieu est et ce qu’il est pour nous, nous avons du repos. C’est un repos céleste ; mais quand nous cherchons du repos dans le désert, nous oublions Canaan. Ce n’est pas que Dieu ne nous fournisse quelquefois des étapes sur la route. Quand la nuée s’arrêtait, Israël jouissait un moment de ce repos-là, mais c’était un relâche préparé par Dieu et non par l’homme. Jésus lui-même dit à ses disciples : « Venez à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » (Marc 6:31).

Au chap. 16, nous trouvons le sabbat, le vrai repos du peuple, établi en rapport avec la manne : Christ, le pain qui est descendu du ciel. Le repos est par Christ. C’est par là que le peuple commence. Au chap. 17, vient le combat. Ce qui nous y introduit immédiatement, c’est le don de Dieu, cette eau, figure du Saint-Esprit, dont le peuple est abreuvé et qui coule pour lui du rocher. Avec la présence du Saint-Esprit, vient le combat et non le repos.

Au moment d’être béni par l’eau du rocher, Israël que Dieu avait sorti d’Égypte, qu’il avait sauvé à travers la mer Rouge, Israël tente Dieu. Satan l’y incite pour l’affaiblir. Comment ! mettre en question que Dieu soit réellement au milieu de son peuple ! Dieu est pour nous ; qu’importe que Satan soit contre nous ? Dieu n’est-il pas plus puissant que tous nos ennemis ? Quand nous pouvons dire : L’Éternel est au milieu-de nous, nous n’avons rien à craindre. La foi trouve de la force dans le sentiment que Dieu est pour nous et dans une entière soumission à sa volonté. C’est surtout dans les difficultés que Dieu se manifeste comme étant pour nous. La foi est appelée à accomplir la volonté de Dieu au milieu d’un monde qui ne connaît ni ne fait cette volonté. Elle compte sur la présence de Dieu, quoiqu’elle ne voie rien et qu’il n’y ait rien autour de nous pour nous rassurer. La foi agit, sans penser aux conséquences. Noé fut averti divinement des choses qui ne se voyaient point encore (Héb. 11), et agit uniquement d’après la parole de Dieu. Abraham va, sans savoir où Dieu le conduit. La foi n’a ni les choses promises, ni le monde ; si elle avait la réalisation des promesses, ce ne serait plus la foi. Elle est un exercice continuel de dépendance et ne peut compter que sur Dieu. Du moment que nous n’agissons plus sans voir, notre activité cherche des appuis dans le monde. Peut-être serons-nous ainsi plus à l’aise, mais la communion et la vie de Dieu en nous seront affaiblies.

Nous devons toujours compter que Dieu est avec nous. C’est la gloire de la foi, de dépendre à tout moment de lui, et de lui seul, sans penser au lendemain. Dieu prend soin du lendemain. Je n’ai à faire que la volonté de Dieu, quand elle se présente ; Dieu, répond du reste, c’est son affaire à lui. Qui peut nous séparer de l’amour de Dieu ? Lui qui nous a donné son Fils, nous donnera toutes choses avec lui. Aucune circonstance n’est au-dessus de la fidélité de Dieu.

Je n’ai pas à penser à l’avenir. La seule question est : « L’Éternel est-il au milieu de nous, oui ou non ? « Si nous sommes dans le chemin de Dieu, le chemin nous conduit où Dieu veut que nous allions. Les difficultés se présentent dans le chemin ; y a-t-il là quelque chose d’étonnant ? Ne sommes-nous pas appelés à être dans le monde les soldats de Dieu contre Satan ? Celui-ci ne peut rester endormi. Israël raisonnait devant les difficultés ; c’était de l’incrédulité. Dieu veut que les difficultés exercent notre foi. Il donne de l’eau à son peuple ; le Saint-Esprit nous mène au combat. La consolation nous est présentée à la fin : « Dieu effacera entièrement la mémoire d’Amalek de dessous les cieux » (v. 14). Satan sera brisé sous nos pieds.

La victoire ne dépend pas des efforts, de la sagesse et de la force du peuple, mais des mains de Moïse. Il fallait, pour vaincre, une dépendance continuelle de Dieu. La même sagesse, la même force, a de l’effet ou n’en a pas, selon que notre conduite réalise ou non cette dépendance. Si la bénédiction divine n’est pas en activité en notre faveur, Satan est le plus fort. Il est difficile à l’homme d’être fondé sur cette pensée. Quand Dieu nous bénit, nous considérons facilement cela comme un effet de notre conduite, au lieu de n’y voir que Dieu. Ce qui manque bien souvent chez les chrétiens sincères, c’est de rechercher d’une manière suivie la communion avec le Seigneur. La bénédiction dépend à chaque instant de l’activité de sa grâce en notre faveur.

Toute mémoire de Satan, de nos ennemis sera effacée. Ce n’est pas que le combat doive cesser maintenant. L’Éternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération. Si nous sommes dans le combat, c’est avec Josué, avec Christ comme notre chef, et nous avons la gloire et l’honneur de servir sous lui. Nous aurons la guerre ; il nous faut y compter. Si nous ne sommes pas vigilants, l’ennemi l’est toujours et nous succomberons. Si nous sommes dans le combat, même avec de grandes difficultés, c’est parce que l’Éternel est dans le combat.

Quelquefois Dieu nous donne du repos et des circonstances favorables, mais en général nous sommes en pèlerinage avec lui seul dans le désert.

Il n’y a rien que, dans notre état naturel, nous ne préférions à Dieu, non seulement comme bonheur, mais aussi comme force. On voudrait la force du monde pour l’avancement de l’Église, comme si Dieu ne suffisait pas. Gédéon n’a pu combattre qu’avec 300 hommes. Dieu choisit les choses faibles de ce monde, pour confondre les fortes.

Que Dieu nous donne, avec la certitude que Christ intercède pour nous, cette assurance de foi qui s’appuie sur lui. Quelle bonté de Dieu, de tenir pour péché, le manque de confiance en son amour !


60 - Méditations de J. N. Darby — 1 Samuel 14

n°60 : ME 1893 p. 432

Le caractère de Jonathan offre un grand intérêt. L’infidélité d’Israël avait réduit ce peuple à un triste état. Les Philistins, épargnés jadis quand ils auraient dû être anéantis, subsistaient maintenant « afin que les fils d’Israël connussent, en l’apprenant, ce que c’est que la guerre » (Juges 3:2). Si, par notre infidélité, il n’y a pas destruction des convoitises de Satan, elles deviennent une occasion de combat. C’était par manque de foi, qu’Israël n’avait pas détruit ses ennemis. L’Éternel les laissa subsister pour éprouver son peuple (Juges 2:21-33).

Israël fait un pas de plus ; il s’allie avec les Cananéens, et le résultat, c’est que les Philistins finissent par avoir le dessus au point d’empêcher le peuple de se forger des armes. Il arrive alors qu’Israël descend vers les Philistins pour aiguiser son soc et sa houe, et sa hache, et sa faucille (1 Sam. 13:19-23). Il en est de même pour l’Église : elle en est réduite à chercher auprès du monde les moyens de labourer le terrain que l’Éternel lui a donné.

Saül était un homme distingué, non selon Dieu, mais selon la chair ; aussi s’appuie-t-il sur la chair. David fut roi selon la grâce ; Saül le fut selon le coeur d’Israël. Jonathan est remarquable par son amour pour David. L’économie actuelle doit passer pour faire place au règne de Christ. C’est à lui que le résidu d’Israël s’attachera. Jonathan nous présente donc le type de ce résidu aux derniers temps, formé dans un temps où tout Israël sera plongé dans l’apostasie.

Saül ne délivre pas Israël ; toute son action, même quand il s’allie à Jonathan, ne sert qu’à mettre le peuple dans le plus cruel embarras. Saül désire le bien d’Israël, mais s’appuie sur la chair pour le procurer. Du moment qu’il se mêle des événements, il empêche le bien de se produire ; on trouve en lui à la fois l’incertitude et la témérité.

Jonathan sentait très bien l’état d’Israël, mais ce n’est pas en lui, ni dans le peuple, c’est en Dieu qu’il cherche des ressources. Il aime Israël, il s’attache à lui ; dans le moment dont parle notre chapitre, il possède seul la foi d’Israël, et comprend seul que les Philistins incirconcis, n’ont aucune puissance contre l’Éternel. Le camp des ennemis était rempli d’Hébreux ; ceux qui étaient restés avec Saül tremblaient. Il ne restait que Jonathan ; la délivrance d’Israël dépendait uniquement de lui, car la force de l’Éternel ne dépend pas du nombre. Quand il y a de la foi, même si cette foi est dans un seul homme, toute la force de Dieu est présente. La foi s’attache non aux avantages humains, mais à Dieu. La foi agit dans l’individu ; d’autres en voient l’effet et suivent. Il faut que chacun commence à croire en Jésus pour soi-même, et le résultat c’est que cela réunit à l’Église de Dieu.

La foi de Jonathan réalise l’état vrai des choses. Elle ne voit dans les Philistins autre chose que des incirconcis, et dans Israël autre chose que le peuple de Dieu. Elle se fonde sur le fait que l’Éternel est la vraie force des siens. Elle attaque les Philistins dans leur fort, en apparence inexpugnable, et où il faut grimper sans armes. Les Philistins ont la confiance insolente du monde en sa force ; ils se moquent d’Israël caché dans ses trous. Jonathan reconnaît à cela même, que l’Éternel les a livrés aux mains d’Israël. La hardiesse de la chair est pour l’Église une évidence que c’en est fait du monde. Les hommes du corps de garde tombent devant Jonathan. Il en est encore de même ; la force de la chair tombe toujours ainsi, quand il y a de la foi, et la présence de Dieu se manifeste (v. 15).

Jonathan agit par la foi seule, à l’insu de son père et d’Israël. Ce n’est pas la simplicité de la foi, que de s’arrêter pour voir qui nous suivra ; ce serait chercher de l’appui hors de Dieu seul. Saül songe à consulter Dieu, quand la chose est déjà faite, mais devant le résultat de la foi, il s’arrête.

Les Philistins s’entretuent ; c’est une délivrance pour Israël ; c’en est une aussi pour les Hébreux qui demeurent au milieu des ennemis. On trouve, hélas ! toujours des Hébreux parmi les Philistins. Les Israélites cachés sortent aussi pour la poursuite ; ceux qui entourent Saül font de même.

Au v. 24, le zèle téméraire de Saül se manifeste. Jonathan n’avait rien vu, ni entendu de tout cela. Au milieu même de sa fatigue, une seule bénédiction le rafraîchit et l’éclaire (v. 27-30).

Le résultat de la conduite de Saül se montre au v. 32. Il fait pécher le peuple ; ensuite il veut tuer même Jonathan. Dans tout cela, la patience, la douceur et la bonté de Jonathan sont bien remarquables. Il est libre de tous les embarras et de toutes les difficultés que suscite la marche selon la chair. Sa foi ne s’attend à rien qu’à Dieu seul.


61 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 4

n°61 : ME 1894 p. 56

David, l’instrument principal employé de Dieu pour nous donner les Psaumes, ainsi que les autres psalmistes, a passé par les circonstances dont il parle. Tous les Psaumes sont des prophéties, mais en même temps des expériences, et plus encore des dernières que des premières. C’est l’Esprit de Christ qui, par la bouche du prophète, pense et parle dans ces expériences. Le prophète traverse des circonstances semblables, et le Saint-Esprit exprime ses propres sentiments dans ces circonstances. On connaît l’occasion de plusieurs Psaumes, mais l’Esprit de Dieu a un objet auquel cette occasion correspond. Le premier verset de chaque Paume en contient ordinairement le sommaire.

David voyait sa gloire livrée à l’opprobre ; il figure ici le Messie. Les circonstances sont pareilles à celles de Jésus devant Hérode. David est à l’étroit ; les preuves de la faveur de Dieu à l’égard d’Israël lui manquent aussi. David était, selon l’homme, dans un état désespéré. Toutes les autorités étaient liguées contre lui ; il avait tout perdu, ainsi que ceux qui le suivaient ; les Amalékites avaient tout pillé. David n’avait rien que l’Éternel.

Le chrétien, individuellement, et l’Église, se trouvent dans des circonstances semblables. Le v. 6 est la réponse à la demande : « Qui nous fera voir du bien ? » « « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! » Quand l’âme s’appuie entièrement sur l’Éternel et n’a rien que lui, elle peut être en paix et en joie. Il est facile de bénir Dieu, quand les circonstances vont à souhait. Mais si Dieu nous laisse à leur merci, il nous laisse loin de lui, préoccupés des choses qui périssent. L’Éden est maintenant impossible. Si l’homme est satisfait de tout ce qu’il trouve ici-bas, il est satisfait de la mort, de ce qui périt. L’âme de l’homme est toujours poussée à s’écrier : Qui nous fera voir du bien ? Il ne reste rien ici-bas comme appui de l’âme ; on se trouve chassé d’Éden ; Dieu, n’est pas pour nous ; Satan est contre nous.

Il faut y être contraint pour comprendre que nous sommes éloignés de Dieu, pour ne voir aucun bien en nous-mêmes et aucune ressource au dehors. Si Dieu se révèle à l’âme, elle sentira son état et comprendra qu’elle ne peut échapper à Dieu, qu’il lui faut le rencontrer. Point de bien, point de repos pour elle ! C’est alors qu’elle peut dire : « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! »

Quand une âme qui connaît Dieu, se retire de lui et s’occupe des choses d’ici-bas comme de son objet, Dieu la discipline en la ramenant dans un état où elle doit dire : « Qui nous fera voir du bien ? » Alors la foi trouve pour réponse : « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! » Ramenée à Dieu, l’âme n’a plus alors, ni d’autres ressources, ni d’autres désirs. Elle est entièrement satisfaite de se trouver dans la lumière de la face de Dieu.

Le péché est entré dans le monde, et il n’y a rien qui n’en soit infecté. Qu’est-ce que Dieu peut trouver dans le monde ? Et l’homme ? Il veut s’enrichir des choses qui s’y trouvent, et ne fait que remplir les mains de la mort qui saisit tout. Dieu nous propose Christ (v. 3) et nous fait, par lui, comprendre la vanité de tout le reste. Du moment que Christ est reconnu et reçu par la foi, le coeur s’attache à lui, met en lui son trésor, voit qu’il n’y a point de bien en nous, ni autour de nous. C’est la révélation d’un objet qui fixe et attache nos coeurs, qui nous fait découvrir toujours plus l’état de nos âmes, ce qu’est l’homme, son ignorance des choses spirituelles, la vanité de toutes choses. Tout nous est ôté ? Non, la vanité seule est ôtée et rien de plus. Il nous reste toujours cette assurance inébranlable : « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! » La clarté de la face de Dieu est devenue notre tout, parce que nous savons que Dieu s’est choisi un Bien-aimé, et ne peut chercher son repos dans la vanité. Après la création, Dieu se reposa de toute son oeuvre ; mais le péché a fait de tout cela la vanité même, et Dieu ne peut plus s’y reposer. Il y a un seul homme, Jésus, en qui il a mis tout son bon plaisir. Dieu ne change pas ce monde, mais il se choisit un Bien-aimé (v. 3). C’est là notre rocher et notre assurance.

Jouir de la faveur de Dieu, de la lumière de sa face, est notre seul bien, mais quand nous l’avons, nous pouvons être contents de tout, car cela satisfait aux besoins les plus profonds du coeur. Cela donne aussi de la droiture de se trouver dans cette lumière. Enfin, si je regarde à la face de Dieu, les opinions des hommes ne m’ébranlent pas.

Aussi longtemps que nous pensons qu’il y a en nous quelque bien, nous sommes encore en rébellion contre Dieu. Le monde est content de recevoir les bienfaits de Dieu, mais du moment qu’ils cessent, la rébellion du coeur et l’ingratitude se manifestent. C’est en Christ, et en Christ seul, que Dieu a mis tout son bon plaisir, parce que le monde est entièrement éloigné de lui. Mais il m’a réconcilié avec Dieu, et ainsi le bien-aimé de Dieu est devenu mon bien-aimé.

Suis-je pleinement satisfait, quelles que soient les circonstances, si Dieu lève sur moi la lumière de sa face ? Si je ne le suis pas, il y a encore dans mon coeur quelque chose que le Saint-Esprit condamne. Un coeur qui s’appuie sur les circonstances, perd son bonheur quand elles changent, et ne peut pas dire : « Lève sur nous la lumière de ta face ». Dès qu’on s’attache à Christ, on trouve en lui tout ce qu’on peut désirer. De jour en jour, le chrétien doit apprendre à ne désirer rien d’autre que Christ, que la lumière de la face de Dieu, et à étouffer les rejetons du vieil homme, qui cherchent à se mêler à notre vie.


62 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 5

n°62 : ME 1894 p. 235

Dans les chapitres qui précèdent, Christ est présenté comme l’Apôtre (comparé à Moïse) et le Souverain sacrificateur de notre confession (comparé à Aaron). Comme Moïse avait été le moyen de communiquer au peuple la volonté de Dieu, ainsi en est-il de Jésus pour nous. C’est lui seul que nous devons écouter comme l’apôtre de notre confession. La sacrificature de Christ est montrée tout du long comme plus excellente que celle d’Aaron.

Dans cette sacrificature, deux grands principes sont en jeu. Le premier est la responsabilité, le second la vie. Dieu nous présente dès le commencement ces deux principes dans les deux arbres du jardin, l’arbre de vie et l’arbre de la responsabilité ou de la connaissance du bien et du mal. Tous les hommes reconnaissent leur responsabilité par la voix de la conscience naturelle ; d’un autre côté, tous reconnaissent qu’il faut la vie pour agir et faire le bien.

Mais la vie éternelle aurait été inconcevable dans l’état actuel de chute. Elle aurait perpétué à toujours la misère de l’homme. Aussi Dieu chasse-t-il l’homme du jardin, pour qu’il ne prenne pas de l’arbre de vie. Avant la chute Adam innocent n’avait pas de responsabilité ; il avait des dispositions innocentes qui produisaient certains effets.

La loi donne la connaissance du péché, mais elle ne donne pas la vie ; elle place l’homme, tel qu’il est, sous la responsabilité d’une manière distincte, sans lui communiquer la vie. La responsabilité est d’autant plus grande, que la loi n’est pas en présence du premier Adam innocent, mais de l’homme pécheur. Plus la loi est parfaite, plus il est impossible à l’homme de l’accomplir.

Christ se présente d’abord pour porter toute la responsabilité de l’homme, et devient pour lui la source de la vie qui produit les choses que la responsabilité ne peut pas produire. Il porte toutes les conséquences du fait que l’homme a mangé le fruit de l’arbre de la connaissance. Il nous fait connaître toute la volonté de Dieu, et meurt en se plaçant sous notre responsabilité. Il subit toutes les conséquences de la connaissance du bien et du mal en face de toute la lumière de Dieu. Le péché nous a rendus incapables d’accomplir notre responsabilité, d’aimer Dieu de toute notre âme, et notre prochain comme nous-mêmes. Ou bien Dieu doit abandonner son caractère, ou nous devons être condamnés. L’oubli de nos devoirs ne diminue pas les droits de Dieu sur nous. Le péché détruit l’intelligence et fait que l’homme ne se croit pas pécheur ; la lumière spirituelle nous montre en Christ homme ce que nous devrions être ; elle nous conduit au sentiment de notre ruine, mais elle nous montre aussi le Seigneur Jésus prenant toutes les conséquences de notre responsabilité. C’est la grâce.

Christ est aussi pour nous la source de la vie, d’une nouvelle nature qui produit les choses que la responsabilité exige. La loi augmente la responsabilité de l’homme sans lui communiquer la vie. En Christ, cette responsabilité est ôtée de dessus nous, et il nous donne la vie.

Christ se tient tous les jours entre Dieu et nous ; c’est la sacrificature. Il n’y a plus pour nous un seul péché à expier ; cela est déjà fait, l’expiation est complète ; il n’y a pas de pardon à acquérir, le pardon existe. Christ se présente à Dieu, comme ayant porté notre responsabilité. Mais en outre il connaît nos difficultés, nos infirmités et nos tentations ; il peut nous maintenir devant la présence de Dieu avec une conscience nette.

En même temps qu’une bien plus grande lumière est donnée sur le bien et sur le mal, la médiation de Christ est le moyen par lequel toutes nos misères deviennent, non plus le sujet des châtiments de Dieu, mais l’occasion du déploiement de sa grâce. C’est la source de la droiture. Le chrétien met à nu tout son coeur devant un Dieu qui est lumière et qui est amour. Ayant une confiance entière dans la grâce, il désire que Dieu le sonde jusqu’au fond, afin qu’il ne reste aucunes ténèbres dans son coeur. S’il ne le désire pas, il n’a pas compris la grâce de Dieu, ou bien son coeur est endurci sur quelque point. Si la vie de Christ est en nous, il y a l’amour de la sainteté.

Christ a aussi une sacrificature selon l’ordre de Melchisédec. Il est notre Médiateur pour la louange à Dieu (Ps. 22) et pour la bénédiction de la part de Dieu. Le chrétien est ressuscité avec Christ, uni à Christ : toute sa vie, à ce point de vue, est une vie d’actions de grâces, de louanges à Dieu et de bénédictions de la part de Dieu.

La sacrificature de Christ est aussi une sacrificature d’intercession. Nous prions ; nos prières sont présentées par Christ au Père. Il est, au milieu de l’assemblée, le Médiateur qui présente au Père nos demandes.

Il y a une responsabilité attachée à ma vie nouvelle qui produit le bien, mais si, comme enfant d’Adam et pécheur, il me reste quelque responsabilité, je suis irrévocablement perdu. Christ sur la croix a porté cette responsabilité. Il devient sacrificateur, parce qu’il a accompli cela. Comme homme, je suis placé sous tous les effets de la désobéissance du premier Adam ; comme chrétien, sous tous les effets de l’obéissance de Christ. Christ est sacrificateur quant à nos besoins et à nos péchés ; quant à notre nouvelle vie, il est Médiateur de nos louanges à Dieu.

Le premier effet de toute son oeuvre est la paix. Christ me représente devant Dieu. Dieu exige tout, mais Christ a tout accompli. Il y a paix, selon la satisfaction que Dieu éprouve en Christ. Le second effet est la droiture de coeur, dans la confiance en la grâce de Dieu ; droiture qui fait que le coeur est à nu devant Dieu, au lieu de cacher son péché.

Nos coeurs sont-ils ainsi ouverts devant Dieu ? Présentons toutes choses à Dieu, selon la lumière, en nous comparant avec Christ, non pour être jugés, mais pour nous juger nous-mêmes. Que Dieu nous donne d’être humiliés en nous jugeant, et joyeux en nous confiant en Christ devant lui !


63 - Méditations de J. N. Darby — 2 Samuel 6

n°63 : ME 1894 p. 297

Dieu nous a donné l’histoire de son peuple d’Israël alors que tout allait bien, et aussi quand tout allait mal. On trouve dans cette histoire la conduite de la foi dans toutes les circonstances possibles. Au temps de Saül, on trouve un mélange particulier. Saül ne représente pas l’ordre de Dieu ; c’était le peuple qui avait voulu faire comme les nations et avoir un roi ; aussi Saül est-il retranché. Il était reconnu par la chair et autorisé de Dieu, mais c’était un grand péché qui l’avait placé à la tête du peuple (1 Sam. 8:7-8). Le monde est doué d’une certaine puissance, et lorsque l’Église ne sait pas s’appuyer sur Dieu et que la foi lui manque, elle veut se fortifier en se conformant, dans son organisation, aux choses qui sont la force du monde. Saül a réussi, à plusieurs égards, à chasser les ennemis de Dieu ; l’Église, malgré ses misères, remporte aussi des succès contre les ennemis du Seigneur (1 Sam. 14:47) ; et néanmoins l’ensemble est rejeté de Dieu, quoiqu’il y ait toujours un résidu en Israël, comme on le voit dans le cas de Jonathan.

L’histoire de David qui était un homme selon le coeur de Dieu, montre quelle est la conduite de la foi. Il cherche à connaître la volonté de Dieu, avant d’entreprendre quoi que ce soit. Depuis qu’il fut roi, il tomba et fit sa propre volonté, mais auparavant il s’appuyait sur Dieu, et la puissance de Dieu agissait par lui, souvent sans que personne le sût, comme lorsqu’il tua l’ours et le lion. Quand il se trouve devant Goliath, il ne craint pas le géant ; il voit le monde tel qu’il est, sans l’appui de Dieu ; il voit en Goliath un ennemi de Dieu et l’attaque par la foi, car c’est par elle qu’il combat pour l’Éternel, par elle, que l’Éternel est avec lui. Saül en devient jaloux et veut tuer David. Celui-ci, poursuivi, persécuté, n’agit en tout, hormis à Tsiklag, qu’après avoir consulté l’Éternel.

David n’a avec lui dans sa réjection, que des gens sans aveu, mais dans sa gloire ils sont aussi avec lui et près de lui. Il en est de même de l’Église ; elle ne se compose que de gens méprisés, mais elle sera dans la gloire auprès de Jésus.

Pendant le temps de la persécution de David, l’arche n’était pas à sa place. Prise par les Philistins qui l’avaient mise dans le temple de Dagon, Dieu, malgré l’iniquité de son peuple, avait fait valoir ses droits. Dans l’impuissance d’Israël il montre sa puissance, renverse Dagon, tourmente les Philistins et les contraint à renvoyer son arche. Après la mort de Saül, David veut avoir l’arche chez lui. Saint désir ! il veut avoir Dieu près de lui et être lui-même près de Dieu. Malheureusement David arrange les choses selon la sagesse de l’homme, ce que Dieu tolérera chez les Philistins, mais non chez ceux qui ont la révélation de sa pensée (2 Sam. 6:1-6), et la conséquence est qu’Uzza est frappé. Ce dernier agit comme si Dieu ne savait pas se garder lui-même ; il fait un peu comme les disciples, quand Jésus dormait pendant la tempête.

David, au lieu de s’enquérir auprès de l’Éternel du tort qu’il avait eu, et de reconnaître que les Lévites seuls pouvaient toucher l’arche, a peur de l’Éternel. C’est le cas de la chair : elle a toujours peur de la présence de Dieu. Le roi fait détourner l’arche dans la maison d’Obed-Edom, mais l’Éternel bénit ce dernier.

On voit, en 1 Chron. 15, que David reconnaît sa faute et fait ensuite transporter l’arche, non plus sur un chariot neuf, comme les Philistins, mais par les Lévites, ces premiers-nés d’Israël, types du vrai peuple de Dieu. David alors est plein de joie et amène l’arche dans le tabernacle qu’il avait tendu pour elle. En attendant qu’un autre lui bâtisse un temple, David agit avec fidélité, n’ayant que l’Éternel en vue, et devient par là méprisable à la fille de Saül. Paul disait : « Si je suis de sens rassis, c’est pour vous, si je suis hors de moi-même, c’est pour Dieu ». Le monde méprise ce qui est fait uniquement pour Dieu.

Mais David agissait devant l’Éternel et pour lui, et c’est la seule chose qui le préoccupe. Aussi ne craint-il aucune conséquence ; il est tout occupé de la gloire de Dieu et tout décidé à porter le mépris qui pourra en résulter. Qu’elle est belle, cette préoccupation entière de joie et de dévouement devant l’Éternel, et cette détermination ferme et positive d’agir de même jusqu’au bout, dans la certitude que Dieu l’a choisi plutôt que Saül ! Il est très important de faire son compte d’être méprisable aux yeux du monde ; toute la prudence et les considérations humaines ne sont que péché. Dieu doit être notre seul objet, notre seule préoccupation. Si la foi avait poussé David au premier rang, c’était pour le rendre le plus méprisable parmi le peuple. Mais c’est le vrai moyen d’être honoré de Dieu, tandis que le jugement de Dieu tombe sur Mical. Dieu est la force et la puissance de ceux qui s’appuient uniquement sur lui !


64 - Méditations de J. N. Darby — Romains 15:16

n°64 : ME 1894 p. 316

On est étonné que les hommes non convertis qui se disent chrétiens, puissent lire la parole de Dieu, sans voir qu’elle contient des choses auxquelles ils sont entièrement étrangers. Et pourtant, beaucoup d’entre eux seraient choqués si on leur disait qu’ils possèdent ce qui est énuméré au v. 13.

Paul considère, au v. 16, les chrétiens, l’Église, comme un peuple pris d’entre les gentils par le Saint-Esprit, pour être offert à Dieu : les chrétiens sont l’oblation des gentils, l’offrande des nations. C’est une allusion à ce qui avait lieu parmi les Juifs. Ils avaient une oblation ; c’étaient les Lévites, mis à part et consacrés à Dieu. En Égypte, Dieu avait frappé les premiers-nés pour faire éclater son jugement, mais le jour où il avait frappé tout premier-né d’Égypte, il s’était sanctifié tout premier-né d’Israël. Tous lui étaient consacré. Alors Dieu a pris les Lévites en place des premiers-nés du peuple (Nomb. 3:5-13, 45). C’était là l’offrande à Dieu d’entre les Juifs. Paul fait allusion à ce fait. Nous sommes sanctifiés par le Saint-Esprit d’entre les nations, comme les Lévites du milieu d’Israël. Nous sommes entièrement consacrés à Dieu, et cela est basé sur notre rachat, comme en Nomb. 3:46-50. Autrement, nous manquerions à notre vocation comme offrande des nations. Nous sommes pris du milieu du monde, pour être consacrés à Dieu. Les Lévites étaient entièrement donnés à Aaron (Nomb. 3:9), nous, à Christ. Ils étaient purifiés, donnés à Aaron et offerts à Dieu en offrande (3:13). Lorsque Dieu frappa les premiers-nés d’Égypte, il ménagea ceux d’Israël, parce qu’il avait racheté ce peuple et se l’était acquis. Ces premiers-nés, les Lévites les représentèrent. Dieu les avait acquis pour lui-même. Nous aussi, nous ne sommes pas à nous-mêmes, mais à Celui qui nous a achetés. Le Saint-Esprit nous prend et nous offre à Dieu.

Les Lévites n’avaient aucun héritage en Israël : « Moi, l’Éternel, je suis leur héritage ». Il en est de même des chrétiens vis-à-vis du monde. S’ils ont un héritage selon le monde, ils peuvent l’employer pour la gloire de Dieu, mais ce n’est pas leur héritage céleste. Le Lévite était purifié et devait se consacrer au service de l’Éternel ; le Saint-Esprit purifie le chrétien, lui communique la vie de Christ et la nature divine, et le sanctifie pour le service du Seigneur. Dans le service, chaque Lévite avait son emploi sous la direction du souverain sacrificateur.

Toutes ces choses concernant les Lévites sont des types applicables au chrétien dans son service ici-bas, tandis que, dans le sacrificateur, nous avons le type du chrétien exerçant la sacrificature spirituelle, offrant à Dieu des louanges et des prières, et entrant pour cela avec hardiesse dans le lieu très-saint. Pour le service du tabernacle, nous sommes ici-bas sous les ordres de notre Souverain Sacrificateur ; mais, quant au monde, notre caractère est d’y être voyageurs, étrangers, sans héritage et de n’en être pas, comme Celui qui nous a acquis pour lui, n’en est pas. Nous séjournons dans le monde, et notre privilège est d’y servir Dieu. Si vous vous dites chrétiens, vous n’avez pas autre chose à faire qu’à servir Christ ; votre caractère vous détache de tout autre chose. Tout ce qui concernait le service de Dieu, appartenait aux Lévites seul.

Les chrétiens, par le Saint-Esprit, sont sanctifiés et purifiés selon Dieu. C’est un péché de prétendre être chrétiens, quand le Saint-Esprit ne nous a pas purifiés. Ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu ; il faut une nouvelle vie pour le servir. Une cérémonie, quelle qu’elle soit, de consécration extérieure vous abuse et vous nuit positivement. Ce n’est qu’une conscience tout endormie, qui ose se présenter à Dieu sans posséder la vie de Dieu. Réveillée, elle se juge indigne de se tenir devant lui. Oser servir Dieu, sans être né de Dieu, est un aveuglement de l’orgueil, car comment nous présenter à Dieu tels que nous sommes ?

Les croyants sont consacrés à Dieu pour servir Christ ; car servir Dieu sans servir Christ n’est pas chrétien. Lorsque les Lévites étaient donnés à Dieu, ils l’étaient à Aaron. Étant à son service, nous devons tout faire au nom du Seigneur Jésus et en amour envers le monde, selon les principes de Christ. Faire la volonté d’un autre, est pour la chair une loi insupportable ; même un petit enfant aime à faire sa propre volonté ; et la chair, même chez l’enfant de Dieu, ne veut jamais autre chose, tandis qu’un serviteur doit faire, non sa volonté, mais celle de son maître. Nous sommes les domestiques de la foi. Ce que je ne puis pas faire pour Jésus, je ne puis pas le faire du tout. C’est une loi très dure pour la chair. Nous sommes ou les affranchis de Dieu, ou les esclaves de Satan. C’est un grand privilège de pouvoir faire la volonté de Dieu au milieu de ce monde pécheur.

Nous faisons la volonté de Christ, non pour être sauvés, mais parce que nous le sommes. Les Lévites servaient au tabernacle, non pour être Lévites, mais parce qu’ils l’étaient, et en vertu du privilège que Dieu leur avait conféré.

Pourquoi les anges sont-ils actuellement plus élevés que nous ? Parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire que de servir Dieu. Mais nous sommes introduits dans le service de Dieu par le rachat qu’il a fait de nous par le sang de son Fils, ce à quoi les anges ne participent pas. Je ne puis être le serviteur du monde, parce que je suis le serviteur de Christ. Je ne puis accepter dans le monde une place où je devrais agir selon les principes du monde. S’il y a une seule chose où je ne puisse servir Christ directement, je ne dois pas le faire.

Il y a de plus, dans le service, comme nous l’avons déjà dit, l’activité de l’amour ; c’est le service de Christ lui-même. Cette activité caractérisait sa vie. Chercher les âmes, aimer les pauvres, etc., c’est là s’occuper des affaires de Christ.

Il est très important de comprendre où Dieu nous a placés et ce que nous devons être, c’est-à-dire que nous ne sommes pas du monde, mais séparés du monde pour Christ, acquis à Christ pour le servir.

Êtes-vous contents, coûte que coûte, d’être à Christ de cette manière, au prix de l’opprobre, peut-être même de votre propre vie ? Alors bien des questions et des difficultés disparaîtront absolument. Nos combats intérieurs proviennent de ce qu’il y a des liens qui nous attachent à la terre. Si nous pouvons répondre : « J’en suis content », nous serons heureux. Quand nous nous abandonnons à Christ, il remplit nos coeurs de joie.

Si j’ai le droit de servir Dieu, c’est que je suis délivré de la tyrannie du monde. Oui, Dieu nous a délivrés de ce présent siècle mauvais, pour nous transporter dans le royaume du Fils de son amour !


65 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 1

n°65 : ME 1894 p. 333

Le but de tout ce que Dieu nous envoie est de nous apprendre à mettre notre confiance en lui. La chute a donné à l’homme plus d’intelligence, mais elle l’a séparé de Dieu, et, détruisant sa confiance en Dieu, lui a donné une confiance orgueilleuse en lui-même.

Tout ce que Dieu fait a pour objet de rétablir notre confiance en lui et de détruire celle que nous avons en la chair.

Avant la chute, Satan avait promis à l’homme la connaissance du bien et du mal, mais il lui avait caché que cette connaissance était la ruine de l’âme et l’assujettissait au mal. Dès lors il était plus difficile de rendre l’homme heureux après, qu’avant la chute, et c’est en cela que Dieu montre sa gloire : 1° Il rétablit la confiance en lui, que l’homme avait perdue. 2° Il nous exerce de mille manières, pour que nous fassions l’expérience de ce qu’il est à notre égard.

La confiance implique la vie divine. Le coeur naturel s’imagine que, si nous sommes autant que possible pour Dieu, lui sèra pour nous. La première chose que Dieu fait, c’est de détruire cette pensée. Il met l’homme entièrement de côté. Il faut que tout dépende de sa volonté à lui : nous vivons de sa vie ; par sa volonté nous le servons. C’est une grande difficulté pour l’homme d’accepter que Dieu soit tout ; il faut une longue expérience du coeur avant de pouvoir nous mettre complètement de côté. C’est l’oeuvre que le Saint-Esprit commence et achève en nous.

L’homme naturel cherche à plaire à Dieu pour en être aimé, faisant dépendre la bonté de Dieu de la bonté de l’homme. Dieu détruit cette pensée par les expériences qu’il nous fait faire, afin que nous ne cherchions à faire valoir devant Dieu quoi que ce soit qui soit en nous. Quand l’âme en est arrivée là, elle peut comprendre que Dieu l’a aimée le premier ; elle se trouve devant la pleine évidence de l’amour de Dieu.

C’est ce que montre le v. 2 de notre chapitre : Nous sommes « élus, selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus-Christ ». C’est la sanctification selon la Parole : Nous sommes mis à part par l’Esprit sanctifiant, pour obéir de l’obéissance même de Christ. Le Saint-Esprit nous met à part, nous vivifie, nous place sous l’aspersion du sang de Christ, en sorte que nous soyons purs devant Dieu, et nous voilà capables d’obéir comme lui a obéi.

Nous sommes aussi mis à part pour un héritage (v. 4). Quelle est la puissance qui nous le donne ? Dans la personne de Christ, la vie de Dieu est entrée dans la mort, pour envahir le domaine de Satan. La résurrection a fait éclater la victoire de cette puissance de vie sur la puissance de l’Ennemi. Nous avons part maintenant, quant à nos âmes, à cette résurrection d’entre les morts. La vie de Christ qui est entrée pour nous au plus profond des conséquences du péché, nous met en possession de l’héritage, conservé, non par les hommes, mais dans les cieux pour nous, qui sommes gardés par la puissance de Dieu. L’héritage est gardé dans les cieux, d’où Satan ne peut l’ôter, ni le détruire ; les héritiers sont gardés sur la terre par la puissance de Dieu. Dieu garde l’héritage que nous n’avons pas encore et nous garde pour l’héritage.

Cette puissance de Dieu nous garde par la foi, par la confiance en Dieu, pour le salut. Ce salut ne sera pleinement révélé qu’au dernier temps. La vie de Christ est encore obscurcie en nous par les effets du péché.

« En quoi vous vous réjouissez ». Si nous pouvions faire abstraction de tout et ne penser qu’à ce que Christ nous assure, il n’y aurait en nous que de la joie. Mais il y a encore une grande étendue de terrain à défricher dans le coeur. Il faut que Dieu le laboure, le travaille, pour éprouver notre confiance en lui (v. 6, 7). L’épreuve, l’affliction et la tentation sont pour un peu de temps, vu que cela est nécessaire.

Ces tentations sont de diverses espèces, et ce n’est pas la moindre que de voir le mal dominer. Paul connaissait d’avance le mal qui désolerait l’Église ; il était obligé de n’avoir confiance pour elle qu’en Dieu et de sentir qu’il n’était lui, Paul, que néant, qu’il n’était point la force de l’Église et que toutes les ressources de celle-ci étaient en Christ.

C’est dans l’épreuve que je fais l’expérience de Dieu, de sa patience, de son amour, de son support, de sa fidélité. L’épreuve fond aussi mon coeur et me le fait connaître, tout en me faisant connaître l’amour et le coeur de Dieu.

Nous sommes si occupés de nous-mêmes, que nous ne voyons pas comment, à tout moment, Dieu s’occupe de nos coeurs. Job n’était pas capable de comprendre que son affliction était une affaire qui se passait entre Dieu et Satan dans les lieux célestes. Quand on voit cela, on comprend le but de l’épreuve et sa fin.

Deux choses sont nécessaires pour profiter de l’épreuve : 1° Une confiance entière dans l’amour de Dieu. Il faut s’appuyer sur lui en aveugle. 2° Une soumission entière à la main de Dieu.

Dieu élève ses enfants pour être les compagnons de Jésus dans la gloire. Nous pouvons nous soumettre dans la certitude que Dieu nous aime. C’est l’épreuve de la foi, qui nous tournera à honneur et à gloire, quand Christ paraîtra. Abstraction faite de l’épreuve, le chrétien n’a en Christ qu’une joie pure, mais il faut que la foi soit éprouvée et prouvée par l’épreuve. Le coeur de l’homme est la scène où se passe le combat de Dieu contre le mal. Les anges le contemplent. Dieu se fait notre serviteur pour notre bonheur.


66 - Méditations de J. N. Darby — 1 Chroniques 17

n°66 : ME 1894 p. 337

Les pensées de Dieu dépassent de beaucoup celles de l’homme, même de l’homme fidèle. David, que Dieu avait béni, pense à glorifier Dieu et à lui bâtir une maison. Ce serviteur fidèle communique son projet au prophète, à l’homme spirituel, et Nathan approuve son dessein ; tandis que Dieu met tout cela de côté, non qu’il le désapprouve, mais parce que cela n’est pas dans son conseil.

On s’attache à la pensée de faire quelque chose pour Dieu, mais quand on fait des progrès, on voit toujours davantage que c’est Dieu qui fait tout pour nous. Dieu répond à David en lui dévoilant ses pensées à lui quant à la maison du roi. David voudrait bâtir une maison à Dieu. Celui-ci lui annonce que l’Éternel lui bâtira une maison. Il en est de même en Ex. 15. Moïse dit : Je lui préparerai un tabernacle ; mais Dieu conduit par sa force le peuple jusqu’à la demeure de sa sainteté.

1 Chron. 17:19, montre la vraie manière dont Dieu veut être glorifié. David pensait à glorifier Dieu, mais Dieu lui révèle qu’il veut bénir David et sa famille et qu’il prend soin de se glorifier lui-même mieux que l’homme ne peut le faire. Le désir de David était bon, mais il n’était pas selon la sagesse de Dieu. L’Éternel savait se glorifier lui-même par sa conduite envers Israël. Il l’avait déjà fait (v. 4-5) ; il s’était assujetti à les accompagner partout. C’est aussi ce que fait Jésus pour nous.

Dieu montre à David d’où il l’a tiré : Tu es grand, mais qui t’a rendu tel. Il rappelle à David toute sa bonté et toute sa grâce : David était un enfant méprisé quand Samuel le discerna pour l’oindre. Il enseigne à David : 1° qu’il n’avait pas besoin pour sa gloire de ce que David voulait faire pour lui. 2° Il lui fait connaître sa propre petitesse et que tout ce qui lui était arrivé, c’était la grâce seule qui l’avait fait. 3° Il lui montre tout ce que Dieu lui fera en Christ, dont Salomon était le type.

La révélation des pensées et de la grâce de Dieu a pour effet de nous placer devant sa face. David dit : Qui suis-je ? dans le sentiment qu’il n’est rien en la présence de Dieu, mais aussi dans le sentiment de l’état dans lequel il a été amené (v. 16), et que Dieu l’a tiré du néant pour lui donner une position actuelle devant lui. Mais cela est encore peu de chose (v. 17), Dieu pense à nous pour le temps à venir (v. 18). David exprime un sentiment personnel de reconnaissance ; il y a entre nous et Dieu une relation personnelle qui fait que nous avons le sentiment d’être connus de Dieu.

Le v. 19 explique tout ce que Dieu fait. Il le fait « à cause de son serviteur et selon son coeur ». Tout ce que Dieu est se manifeste en Jésus : son amour, sa justice, sa sainteté, sa grâce. Les anges même voient Dieu en Jésus. Dieu aime le Fils et nous place dans cette relation. Tout ce que Dieu fait est l’expression de l’amour de son coeur pour nous, mais il agit « à cause de son serviteur ». Ce n’est pas ici Nathan disant à David : « Fais ce qui est en ton coeur », mais Dieu agissant selon son coeur à lui. Tout ce qui est de l’homme disparaît devant cela, car tout repose sur la grâce de Dieu. Tout se fait en vue de Christ et pour le peuple de Dieu, la seule nation que Dieu soit venu racheter pour lui (v. 20-21).

David n’a aucune incertitude sur ce que Dieu fera (v. 23-24). Il demande que même le monde dise que Dieu est Dieu à Israël et reconnaisse sa présence avec son peuple. L’Église doit demander que Dieu se manifeste dans sa force et dans sa grâce, pendant qu’elle est encore ici-bas. Dans la certitude de la grâce que Dieu nous a faite et de la gloire qu’il nous donnera, nous avons la hardiesse de lui demander qu’il soit Dieu à Israël.

Au v. 26, David se fonde sur ce que Dieu est et sur ce qu’il lui a révélé. Le v. 27 montre les deux bouts de la chaîne des bénédictions. « Éternel, tu l’as bénie, et elle sera bénie à jamais ».

Quand nous nous rapportons aux désirs de nos coeurs, nous ne sommes pas certains d’être dans le conseil de Dieu. Mais Dieu a parlé, et nous pouvons tout demander selon sa Parole. « Tu es Dieu, et tu as parlé de ce bien à ton serviteur ». Sommes-nous tellement devant Dieu que nous soyons pénétrés de la grâce immense qu’il nous a montrée ? Avons-nous compris l’amour de Dieu pour son peuple ? Nos pensées sont-elles dirigées vers le bien de l’Église de Dieu ? Nos intérêts sont-ils intimement liés à la gloire, au repos et à la bénédiction du peuple de Dieu ?


67 - Méditations de J. N. Darby — Luc 12:13-59

n°67 : ME 1894 p. 356

Ces discours n’ont pas été prononcés dans le ciel, mais sur la terre, par Celui qui a fait l’expérience de ces choses dans le ciel et sur la terre. Christ a éprouvé toutes les difficultés, et la contradiction des pécheurs ; les torrents des méchants l’ont épouvanté (Ps. 18:4). Si, chose impossible, on peut sonder le coeur de Jésus, on y trouve la puissance de l’amour agissant dans l’expérience de toutes nos difficultés. La croix elle-même, est l’expression de l’amour de Dieu, dans l’expérience de tous les maux dans lesquels le péché nous a plongés. Jésus a été élevé de la terre pour attirer tous les hommes à lui. Jésus crucifié, voilà ce qui convient à tous les coeurs travaillés et chargés.

Mais les promesses de Christ sont très précieuses au coeur de ceux qui lui appartiennent et au milieu de leurs difficultés ; elles franchissent tous les obstacles, et nous portent dans le ciel, dans la gloire. Sommes-nous dans la crainte, les promesses s’appliquent aux circonstances où nous nous trouvons, pour fortifier nos âmes. Christ a fait l’expérience de la manière dont les promesses de Dieu s’appliquent à nos misères et à nos difficultés, et il en a senti la force. Il sait parfaitement comment les appliquer à l’âme, et combien la présence du Père est douce à un coeur délaissé. Il nous parle du sein de nos misères selon son amour qui est entré en elles toutes. Il les connaît parfaitement. Personne n’a jamais pu sonder la profondeur de son angoisse et de sa détresse, non plus que la profondeur de son amour.

Aux v. 13-32, Jésus dépeint la folie de ce monde qui cherche sa satisfaction dans les choses qui périssent. Dans tout ce que le monde recherche, il n’y a que des difficultés pour la vie éternelle. Le Seigneur nous montre en même temps notre impuissance à rien faire même selon le monde. Il veut que les disciples sachent que Dieu fait grand cas d’eux, et veille sur eux, sachant tout ce dont ils ont besoin. Il nous révèle le nom de Père que Dieu prend pour les siens, et nous place envers Dieu dans la même relation que lui-même. Si nous sommes les disciples de Jésus, si la grâce a dirigé nos coeurs vers lui, le Seigneur nous dit : « Ne crains point ». Il nous est naturel de craindre ; nous vivons au milieu de gens qui sont les ennemis du Seigneur ; Satan cherche à nous effrayer par la contradiction des pécheurs. Mais il cherche aussi à nous inspirer confiance en nous-mêmes et à compter sur nos propres ressources, afin que nous soyons vaincus, comme Pierre lorsqu’il marcha sur la mer, ou bien quand il entra dans la cour du souverain sacrificateur. Toutes les circonstances sont contre nous ; Satan est plus fort que nous ; nous ne sommes qu’un petit troupeau faible devant la puissance de l’ennemi.

Mais Christ se trouve là. Il a plu au Père de nous donner le royaume ; Christ lui-même nous en donne la certitude, lui qui a traversé toutes les difficultés de ce monde. Il nous communique la volonté du Père, et ces difficultés ne sont plus que le chemin par lequel il nous conduit au royaume. Ce qui est sorti du coeur de Jésus est notre joie ; il satisfaisait son coeur en annonçant au petit troupeau les desseins du Père. Celui qui est venu du Père et qui a passé dans les circonstances où je me trouve, m’a dit ces choses. Christ nous sépare de ce monde et nous en détache en nous montrant que le royaume nous appartient. C’est le bon plaisir du Père de nous le donner, et c’est Christ lui-même qui se fera notre serviteur dans la gloire, afin que nous y soyons dans une joie parfaite. Toute sa joie sera de nous rendre heureux, car il est amour. Il est le plus grand, parce qu’il rend heureux ; il est ainsi le serviteur de notre bonheur, et c’est de cette manière que le coeur de Christ se révèle à nous.

Il nous engage à attendre sa venue. Cette attente doit nous délivrer de bien des misères. Nous ne savons quand il viendra ; mais, s’il nous trouve veillant à son arrivée, Christ nous établira sur tout ce qu’il a. Il nous fait connaître les circonstances où nous nous trouvons, afin que nous ne soyons pas effrayés (v. 51-53). C’est l’effet certain de l’Évangile de Christ. Ce n’est pas la paix dans le monde : Christ a été haï du monde, et celui-ci ne peut pas supporter que Christ réclame ses droits sur le coeur et qu’il établisse sa suprématie sur quelque âme. Ce n’est certes pas un état que Dieu approuve, mais la venue de Christ dans le royaume du prince de ce monde produit toujours la division (v. 49-53), car Satan combat pour ne pas perdre les siens.

Christ (v. 58) était en chemin avec les Juifs et avait des droits à revendiquer contre eux. Ils n’ont pas voulu se réconcilier avec lui et ont été livrés au jugement de Dieu. C’est le sort de toute âme à laquelle Jésus est annoncé et sur laquelle les droits de Christ sont réclamés. Sous l’Évangile aussi, les inconvertis sont en chemin avec le Seigneur qui réclame ses droits et la soumission de leur âme pour être sauvés ; s’ils le rejettent, il ne reste pour eux que la condamnation.

Christ parle sur la terre, au milieu de toutes nos difficultés. Certain de la parole de Christ lui-même, je puis dire : Il a plu au Père de me donner le royaume. Par là, tout devient facile, quoique le chemin puisse présenter des difficultés. À tout moment, il nous faut vivre comme des serviteurs qui attendent leur Maître. Toutes les difficultés sont indiquées d’avance et ont été rencontrées par Christ.

Que Dieu nous fasse comprendre l’amour parfait de Celui qui vint du sein du Père au milieu de nos misères, pour nous introduire dans la maison du Père.


68 - Méditations de J. N. Darby — 1 Timothée 6

n°68 : ME 1894 p. 377

Plus on lit la Bible, plus éclate l’évidence du mal dans l’homme, le manquement de l’homme sous toutes les économies, la triste fin de toutes choses ici-bas, et le caractère de pèlerinage de la vie chrétienne. Il suffit de citer le veau d’or, la chute des fils d’Aaron, la présence des Cananéens après la conquête de Canaan, le roi même tombant aussi à la fin ; tout effort pour remédier au mal, inutile. Le travail même de Christ au milieu des hommes a manqué, par suite de la méchanceté de leur coeur, et il a travaillé en vain (És. 49). Il en est de même pour Paul à la fin de sa carrière : abandonné de tous, il voit par l’Esprit la ruine de l’Église ; et, cette pensée, il l’exprime souvent, en particulier dans la 2° épître à Timothée. Dans le chapitre de la 1° épître que nous avons lu, Paul met Timothée en garde contre le mal dont il est déjà entouré dans l’Église, et l’en sépare.

« Mais toi, ô homme de Dieu… » C’est ce que doit être tout chrétien fidèle dans l’état actuel de l’Église ; Dieu doit être la source de toutes ses pensées. Ici-bas, l’Église aurait dû être la manifestation de la vie cachée de Dieu ; dans la gloire, elle sera la manifestation de la vie de Dieu rendue évidente. De même, le chrétien doit manifester la vie cachée de Dieu. Lorsque la chrétienté abandonnant cette vie, les hommes deviennent chrétiens de nom, l’Esprit dit : « Détourne-toi de telles gens » (2 Tim. 3:5). Christ a manifesté la foi sous toutes ses faces, en patience, en douceur, etc. ; nous devons aussi manifester ces traits de la vie cachée de Dieu et montrer que, si l’homme manque, Dieu ne manque pas. Voilà ce que nous devons rechercher. On peut être privé de secours, mais non privé de Dieu. Nous n’avons pas d’excuse, si nous ne sommes pas la manifestation de la vie de Dieu par l’action de la puissance de son Esprit.

Nous sommes des hommes de Dieu, appartenant à Dieu pour le glorifier ; nous devons fuir tout ce que le monde peut nous présenter, fuir les richesses et toutes les convoitises ; faire tout en vue de l’avenir, afin d’y avoir un trésor placé sur un bon fonds et de saisir la vie éternelle. Tout cela dans l’attente de l’apparition du Seigneur Jésus-Christ. Le dépôt de la foi doit être gardé jusqu’à ce temps-là au milieu des combats et des difficultés. Jésus en est l’exemple, et nous devons manifester sa vie. Le repos et la gloire seront accomplis à l’apparition du Seigneur.

Il nous faut ici manifester la vie de grâce ; plus tard, nous manifesterons la vie de gloire, comme Jésus sera aussi la manifestation publique de la gloire de Dieu, caractère sous lequel il se présente dans l’Apocalypse. Là, le Fils est appelé le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Les droits de Dieu seront manifestés en Jésus ; il est Dieu fait chair en grâce, il sera Dieu manifesté en gloire.

Nous sommes de Dieu, et nous n’avons pas affaire avec le monde, comme étant du monde. Si nous étions à nous-mêmes, ce serait pour l’enfer. Du moment où je dis : Voici une chose qui convient à un homme qui est du monde, je dois fuir cette chose. Les préceptes de Jésus ont pour but de nous faire traverser ce monde dans un sentier de séparation tracé par Dieu lui-même.


69 - Méditations de J. N. Darby — 1 Corinthiens 13

n°69 : ME 1894 p. 394

Rien n’est probablement plus méconnu que l’amour. Ce qui, chez l’homme, est aimable en un certain sens, sert souvent de couverture à l’égoïsme. On appelle de l’amour ne pas aimer à faire de la peine à autrui, et au fond rien ne lui est plus opposé. Dieu est amour, et cependant il ne songe pas à se présenter à l’homme de manière à en être bien reçu. Jésus est venu en amour dans le monde avec des paroles de vérité et les hommes l’ont rejeté. Le Dieu d’amour n’épargne pas l’homme ; il lui montre sa corruption et son orgueil, mais il ne s’épargne pas lui-même et donne son propre Fils pour l’homme. La charité n’épargne pas le mal chez les autres, mais elle est un oubli complet de soi-même. Elle reçoit des autres tout le mal possible, et leur fait tout le bien possible.

Sans l’amour, les plus excellents dons de Dieu ne servent de rien. Les Corinthiens se glorifiaient de leurs dons et la chair en abusait. Paul leur montre que, sans l’amour, les dons les plus excellents exaltent l’homme et sa vanité, que sans l’amour, tous ces dons ne sont rien.

L’apôtre parle dans ce chapitre de différents caractères de l’amour et non de ce que l’amour est en lui-même. Ce n’est pas une définition, mais la manière dont l’amour agit. Quand il est dit : « Dieu est amour », c’est bien le même amour que dans notre chapitre, mais c’est l’amour vu en Dieu, la bonté souveraine, sortant d’elle-même pour se manifester, mais de nous il est dit : « L’amour de Dieu est versé dans nos coeurs, par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5:5). Pour nous l’amour, c’est demeurer en Dieu et Dieu en nous. Dieu est la source, la présence du Saint-Esprit dans le coeur est la puissance de cet amour. Dans le coeur, l’amour de Dieu pour nous et notre amour pour lui, ne sont pas séparés.

L’amour commence pour nous, quand nous comprenons que Dieu nous a aimés. Le coeur naturel n’a aucune idée de l’amour de Dieu (la conscience peut tout au plus connaître quelque chose de sa justice) ; mais quand je sens que Dieu m’a aimé, qu’il a pu aimer un pécheur, je comprends que Dieu est amour. Un philosophe est aveugle à de semblables pensées.

Par la foi, je connais le Dieu d’amour qui m’a sauvé ; le Saint-Esprit vient habiter dans mon coeur pour me donner communion avec lui. Alors mon âme est en repos, satisfaite, parce que je possède ce Dieu qui habite en moi par le Saint-Esprit. J’ai la conscience qu’en le possédant tout m’appartient. Comment ne me contenterais-je pas de la plénitude de Dieu ? Puis-je rien envier de ce que possède un homme quelconque ? J’ai le Dieu d’amour pour ma portion, et je suis satisfait ; je ne désire que de jouir toujours plus de cette plénitude. Mon coeur est ainsi débarrassé de toutes les circonstances extérieures. Mais de plus, connaissant l’amour de Dieu, je sens ma petitesse et mon néant ; mon orgueil naturel, mon désir d’être quelque chose aux yeux des hommes, disparaissent. Je deviens humble ; je me dévoue. L’amour se soumet aux services les plus infimes, en faveur de ce qu’il aime.

L’amour de Jésus-Christ pour nous devient le modèle du nôtre. Cet amour de Christ nous fait supporter les faibles, dans le sentiment que Christ les aime, et cela sans nous rendre moins clairvoyants pour le mal.

Il ne faut pas « poursuivre l’amour » (14:1) pour l’avoir. On émonde l’arbre et on engraisse le terrain avant d’avoir les fruits. Ainsi la présence de Dieu en nous, la communion avec lui et la vie de Christ, nous le font avoir, et l’ayant, nous avons à le poursuivre en en portant les fruits. Cela est bien différent de ce que le monde appelle « charité ».

L’amour est la chose la plus excellente, et cependant, nous l’avons déjà dans son principe ; nous possédons l’amour de Dieu ; nous le posséderons toujours ; il sera toujours en nous. Ainsi l’éternité de notre joie est assurée. Si je pouvais craindre de perdre cet amour, je serais profondément malheureux.

Les meilleurs dons ne sont que des moyens qui auront leur fin, mais l’amour ne périt jamais. Nous verrons Dieu face à face ; nous connaîtrons comme nous avons été connus ; son amour sera éternellement en nous.

Rien ne détruit l’égoïsme, comme de connaître le Dieu d’amour.


70 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 4

n°70 : ME 1894 p. 397

Paul voyait les Philippiens dans le combat et privés en apparence des soins immédiats de l’apôtre, mais cela lui fournit l’occasion de présenter les ressources de Dieu lui-même. Elles sont telles, que le Saint-Esprit nous exhorte à nous réjouir toujours. Christ est notre vie, notre force et notre joie éternelle ; un chrétien peut d’autant plus s’appuyer sur lui, qu’il est privé de tout secours extérieur. « Réjouissez-vous dans le Seigneur », voilà ce que Paul prisonnier dit à l’Église. Malgré toutes les difficultés, il dit : « Réjouissez-vous ». La présence du Seigneur et sa communion sont toujours la joie. La vie de Christ en nous, ne peut que se réjouir en la présence de Dieu. Christ est toutes choses en nous selon les circonstances, si nous sommes en communion avec lui. Avons-nous besoin de fermeté, il est notre fermeté ; de douceur, il est notre douceur. En le trouvant, nous trouvons nécessairement la joie. Et puis, « le Seigneur est proche » ; il arrangera toutes les difficultés, et c’est la conclusion de l’apôtre (v. 5).

Aux v. 6 et 8, nous trouvons deux exhortations : 1° « Ne vous inquiétez de rien ». La conséquence en est la paix de Dieu, au v. 7. Ah ! si, dans toutes les circonstances inquiétantes, nous pensions que le Seigneur est proche ! Il y avait des gens qui prêchaient Christ par contention ; Évodie et Syntiche étaient divisées ; Paul était en prison… mais le Seigneur est proche. Il suffit au milieu de ces difficultés que l’Église présente ses requêtes à Dieu. Elle lui appartient ; le bonheur de ses enfants importe à son coeur. Dieu ne peut perdre la paix, s’inquiéter ; la paix de Dieu, dont les conseils ont déterminé toutes choses, gardera nos coeurs. Ce ne sont pas ici nos coeurs qui garderont la paix avec Dieu, mais c’est elle qui nous garde.

2° La seconde exhortation (v. 8), c’est que toutes les choses excellentes occupent nos pensées. Si les chrétiens, au lieu de penser à des choses frivoles, pensent aux choses qui sont agréables à Dieu, ils demeurent en communion avec lui. Le Saint-Esprit n’est pas contristé. Nos coeurs et nos esprits ont besoin d’occupation ; il est important qu’ils s’occupent de bonnes choses. Le Saint-Esprit est délicat, et tout ce qui n’est pas de ces choses de bonne réputation le contriste.

Au v. 13 : « Je puis toutes choses en Celui qui me fortifie ». Ce passage pourrait décourager le chrétien, quand il verrait qu’il ne peut dire ce que Paul disait. L’apôtre disait cela à la fin de sa course, mais cela n’avait pas toujours été vrai dans son expérience, lors même que cela est toujours vrai quand on regarde à Christ. Il dit : « J’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve » (v. 11), et il avait réalisé cette vérité dans son coeur.

Christ n’était pas plus fidèle à la fin de la vie de Paul qu’au commencement, mais Paul avait réalisé davantage la fidélité de Christ. En principe et par grâce, on peut tout, on peut supporter toutes les difficultés en Christ qui nous fortifie. Il ne faut pas être découragé de n’avoir pas fait la même expérience que Paul, et d’un autre côté, nous sommes certains que Christ ne nous manquera jamais.

Notre Dieu suppléera à tous nos besoins selon ses richesses en grâce dans le Christ Jésus.


71 - Méditations de J. N. Darby — Daniel 3

n°71 : ME 1894 p. 434

Dieu nous présente dans sa Parole quelques exemples frappants de certains principes qui se retrouvent journellement dans l’histoire de l’homme. Ainsi, tout péché est par sa nature semblable à celui d’Adam. Nébucadnetsar agit sur les mêmes principes. Nébucadnetsar, c’est la puissance mondaine qui ne s’appuie pas sur Dieu. Sa position augmentait sa responsabilité de glorifier Dieu ; il était puissant, mais son coeur s’étant élevé, il a estimé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu ; il a désiré que tout lui fût assujetti et a dressé une statue selon sa propre volonté, pour la faire adorer.

La providence de Dieu avait conduit quelques Juifs fidèles à Babylone, et la question se pose pour eux si le peuple de Dieu doit se soumettre à la volonté de l’homme. En principe, les Juifs qui acceptaient le jugement de Dieu, devaient se soumettre à Nébucadnetsar ; mais il y avait pour eux un autre principe, celui de garder une bonne conscience devant Dieu. Si l’autorité royale demandait une chose opposée à Dieu, le peuple de Dieu ne lui devait pas obéissance, car « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». Ces cas sont très pénibles, car alors il faut s’attendre à subir pleinement les conséquences de son obéissance.

Ce qui aggrave les choses en apparence, c’est que, dans tous ces cas, l’appui de Dieu est caché, en sorte que la foi seule peut le voir, tandis que la puissance du monde est manifeste. Tous les satrapes entourent le roi pour accuser les trois Hébreux, mais leur foi repose sur quelque chose qui ne s’est pas vu et ne peut se voir. Dieu veut que la foi soit éprouvée et que nous apprenions à nous appuyer sur lui seul.

Les trois Hébreux avaient reçu de l’avancement dans le monde. Plus un chrétien se trouve lié avec le monde, plus il est en danger ; plus aussi il a à perdre et à souffrir, parce que, lorsque Dieu intervient, c’est pour que tous nos liens soient rompus.

Bien que Dieu se cache, les voies de l’homme ne lui sont pas cachées. Il voit les circonstances et demande que nous soyons fidèles ; c’est ce que savent les trois Hébreux (v. 16-17). Leurs circonstances les mettaient de trop près en contact avec le monde (2:49) ; Dieu ne les délivre pas de l’épreuve et n’empêche pas qu’on les jette dans la fournaise. Le monde est en apparence le plus fort ; c’est la manière de faire de Dieu, même dans le cas de Jésus livré à la mort. Il agit ainsi, pour qu’il y ait une meilleure délivrance. Il n’empêche pas que nous souffrions, mais il manifeste sa puissance en notre faveur d’une manière tout à fait inattendue pour le monde (2 Chron. 16:8-9). La délivrance peut ne pas se montrer au moment même : il a fallu que les trois Hébreux sentissent la puissance terrible du monde et son résultat qui est la fournaise. Mais, comme le vit Ézéchiel (chap. 1), les yeux de la providence de Dieu se promènent sur la terre ; il en est de même en Apoc. 5:6, où cette providence se voit en Jésus. Rien n’échappe à la vue et à la main de Celui qui est mort pour nous. Dès que mon regard s’attache à lui, je vois que tout est sagesse de sa part. Nous aussi, nos souffrances nous conduisent vers la gloire.

L’homme déploie toute sa force et toute sa colère, mais le résultat des souffrances, par lesquelles la providence de Dieu nous fait passer, est de consumer nos liens. Si nous possédons quelque chose du monde, c’est quelque chose que Satan nous a vendu, et cela doit être brûlé.

Voici maintenant que le Fils de Dieu, caché auparavant, se montre dans la fournaise ; les trois Hébreux ne s’y attendaient pas. Leurs liens sont consumés, et la présence du Fils de Dieu leur est manifestée ; et c’est le seul résultat de la fournaise !

C’est maintenant à Christ qu’il nous faut regarder, à lui qui a été rejeté mais qui est au milieu du trône. Les sept Esprits (Apoc. 5:6) jugent, non le monde qui ne le connaît pas, mais toutes nos voies, toutes les choses en nous qui proviennent du monde et de la chair. Comme Esprits de providence, ils préparent toutes choses pour l’épreuve de nos coeurs, ils préparent même la fournaise et nous y font jeter par le monde dont nous avions plus ou moins partagé la puissance en jouissant de ses avantages. Nous voyons alors mieux ce que Dieu est pour nous. Il se glorifie ainsi et manifeste au monde sa puissance à lui. Quand une persécution s’élève les enfants de Dieu sont plus unis, plus joyeux. Quoiqu’il en soit, Dieu nous éprouve de la sorte pour nous purifier et pour nous faire comprendre dans l’épreuve qu’il est tout près de nous. Nous avons à compter uniquement sur Dieu, sans savoir comment il agira ; nous devons compter sur lui, ne sachant pas ce qu’il fera, sachant seulement qu’il délivre (v. 16-17).

Tout le monde se prosterne devant la statue d’or, les trois hébreux seuls restent debout, parce qu’ils connaissent la puissance de Dieu, que le monde ne voit pas. Rien n’échappe à Dieu, et il fera tout tourner à sa gloire et à notre gloire, et il nous fera goûter la présence bénie du Fils de Dieu. Là est notre récompense et notre joie.

Dans toutes nos afflictions, Christ a été affligé ; il est entré dans tous les détails de nos souffrances, et il marche devant ses brebis quand il les a mises dehors.


72 - Méditations de J. N. Darby — Lévitique 9

n°72 : ME 1894 p. 453

Sous la loi, les sacrifices répétés de tant de manières et continuellement, types de la perfection de l’oeuvre de Christ, ne pouvaient qu’apporter à la conscience du peuple le sentiment du poids de ses péchés, mais ils ne pouvaient ôter les péchés. Et de plus, l’accès en la présence de Dieu n’était pas ouvert.

Pour nous, ces types sont l’image d’une oeuvre faite. Le péché demandait l’expiation, et la justice de Dieu contre lui s’est manifestée dans le sacrifice pour le péché. L’holocauste représente la bonne odeur de l’oeuvre de Christ. Nous avons maintenant part à ces choses par la foi en lui. Avec des consciences purifiées, nous entrons dans le sanctuaire pour nous tenir devant Dieu selon la bonne odeur et l’acceptation de Christ lui-même. Voilà ce qui nous est assuré par sa mort, sa vie et son élévation à la droite de Dieu.

Dans ce chapitre, nous trouvons en outre ce que Christ est comme sacrificateur pour nous dans la présence de Dieu. Sans Christ, nous serions complètement privés de la gloire de Dieu (9:6, 23), et la manifestation de cette gloire serait notre condamnation éternelle. Cette gloire, au contraire, sera la joie du peuple de Dieu quand elle sera manifestée. Au lieu d’être privés de la gloire de Dieu, les croyants jouiront de toute la bénédiction qu’elle apporte. La gloire de Dieu ne peut supporter la présence du mal. Ceux qui seront glorifiés jouiront de cette gloire, sans que le mal puisse l’entraver. Alors nous entrerons dans la plénitude de notre jouissance (v. 24). Ce sera une joie, une adoration sans nuage et sans empêchement, car Dieu a ôté de dessus nous ce qui pourrait nous priver de cette gloire.

Nous sommes ici-bas dans une position intermédiaire. Comme croyants, nous ne sommes pas privés de la gloire de Dieu, mais nous ne sommes pas encore sous la bénédiction qui accompagnera la manifestation de cette gloire. Mais nous avons la certitude que le Seigneur Jésus est lui-même entré dans la gloire pour nous. Il est entré dans le tabernacle d’assignation, après avoir offert le sacrifice, puis il en sort pour bénir le peuple, et la gloire de Dieu apparaît (v. 23).

Dieu ne peut plus s’occuper de nos péchés comme juge, sans quoi Jésus serait mort en vain. L’amour de Dieu désire que ses enfants jouissent avec Christ de tout ce dont Il jouit lui-même Il veut que nous partagions Sa gloire en la présence de Dieu. Il ôte ce qui pourrait nous en empêcher, et c’est pour cela qu’il est venu. Il a fait cette oeuvre entièrement et complètement ; tout cela a été le fruit de son amour et le moyen de glorifier son Père par son obéissance et son dévouement à la gloire de Dieu. Cette oeuvre honorait Dieu et lui était agréable. « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que je laisse ma vie, afin que je la reprenne ». Comme cette oeuvre est parfaite, Christ s’est présenté devant Dieu selon cette perfection. Dieu peut jouir de cette oeuvre dans un homme. Il trouve en Christ, non seulement un sacrifice pour le péché, mais un homme parfait, un homme obéissant jusqu’à la mort, un homme sans péché. Il prend plaisir à cette obéissance de Christ, et comme il est amour, il prend plaisir à la joie de ses enfants, à leur communion avec lui, dont il est la source.

Jésus ayant accompli l’oeuvre qui est le fondement de notre salut, est devant Dieu, dans sa présence, comme homme. Il obtient pour nous tout ce qui nous est nécessaire ici-bas. Dieu l’a accepté, et Christ, selon tout le bon plaisir que Dieu met en lui, obtient pour nous la bénédiction de Dieu. Il est en outre notre Avocat auprès du Père. Étant glorifié, il nous fait comprendre que toute la gloire dont il jouit nous appartient, que l’amour de Dieu dont il est l’objet, est sur nous, que sa gloire, au lieu de nous condamner, sera notre héritage. C’est là ce que Christ avait à coeur en agissant envers nous et pour nous. Au milieu du sentiment de toute notre faiblesse, nous avons une espérance vivante qui nous rend joyeux. Christ nous bénit selon nos besoins et selon sa gloire.

Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu ; nous avons en cela une confiance parfaite. Les épreuves de la foi sont l’occasion pour que la puissance de Dieu s’accomplisse dans notre infirmité. Nos péchés sont effacés par l’expiation qui est la démonstration de l’amour de Dieu. Nos péchés, le plus grand obstacle à son amour, ont fait éclater cet amour. Nous avons, dans la mort de Christ, la certitude que Dieu est pour nous ; en cela, nous sommes plus que vainqueurs.

Les épreuves sont la démonstration que j’ai quelque chose de meilleur, un héritage, et ces épreuves tournent à honneur et à gloire à la venue de Christ. La gloire nous appartient, parce que Christ nous aime et a voulu que nous fussions où il est. Christ mort pour nous, vit toujours pour nous. Il s’est identifié avec nous dans la mort, et nous sommes un avec lui en vie. Nous en jouissons dès ici-bas, par la puissance de son Esprit, en attendant que la gloire soit manifestée.

Christ nous bénit, en nourrissant l’homme intérieur de toute l’efficace de ce qu’il a fait. Cela fortifie la foi. Que ces pensées remplissent nos coeurs, par la communion avec Jésus qui vit et intercède pour nous et nous bénit dans nos âmes. La mondanité et les brouillards de ce monde obscurcissent l’oeil. Quand le fidèle voit Christ, assis à la droite de Dieu, il est au-dessus de toutes les circonstances.


73 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 2:1-15

n°73 : ME 1895 p. 13

La pensée de Dieu en nous appelant à être des sacrificateurs pour lui, est exprimée aux v. 5 et 9 de notre chapitre. Quel contraste avec les pensées de l’homme et avec tout ce qu’il recherche ! « Toute la gloire de la chair est comme la fleur de l’herbe ! » (1:24).

L’apôtre écrivait à des Juifs convertis qui avaient gardé quelque chose des idées de leur peuple sur la sacrificature. Le Saint-Esprit les place dans la position de petits enfants (v. 2). Si nous avons goûté que le Seigneur est bon, notre coeur désire le pur lait intellectuel de la Parole, comme un enfant nouveau-né qui n’a qu’un instinct, de se rassasier du lait maternel. Plus nous sommes petits à nos propres yeux, plus nous nous trouvons près de Christ, comme l’enfant nouveau-né près de sa mère. Le jugement d’un enfant est souvent beaucoup plus droit que celui d’un homme fait. Si la grâce est puissante en nous, nous verrons en Christ plus que ce dont nos âmes ont besoin, et nous nous trouverons toujours en sa présence comme ayant goûté que le Seigneur est bon.

Sous le judaïsme, il n’y avait point de différence entre les sacrificateurs, tandis qu’il y avait différentes fonctions parmi les lévites. Il en est de même aujourd’hui : les chrétiens sont tous également sacrificateurs et de la même manière, et ils ont la même fonction. L’idée d’un sacerdoce particulier parmi les chrétiens est entièrement étrangère à la parole de Dieu : par contre, il y a « diversité de dons ». Si quelqu’un a un don, sa position correspond à celle du lévite ; il est serviteur de Christ et de l’Église ; car les lévites étaient les serviteurs des sacrificateurs, de ceux dont la fonction était de s’approcher de Dieu.

Au milieu de ce monde méchant, Dieu nous a donné le privilège immense d’être ses sacrificateurs, une « sainte sacrificature » et une « sacrificature royale ». Comme tels, nous avons d’une part à offrir des sacrifices spirituels, de l’autre, à annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

Il n’y a que les chrétiens qui puissent offrir des sacrifices spirituels. Parmi les Juifs, la famille d’Aaron seule pouvait offrir des sacrifices. Le roi lui-même n’en pouvait offrir, sans être frappé de lèpre comme Ozias (2 Chr. 26). Il n’y a que les chrétiens qui puissent, ayant reçu grâce sur grâce, annoncer les vertus de Celui qui les a acquis et les a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. Les ténèbres ne peuvent annoncer la lumière ; l’homme naturel ne peut annoncer les vertus de Christ.

Si l’Esprit de Christ agit en nous, nous sentons que le Seigneur est bon, nous nous approchons de lui, nous nous proposons d’offrir des sacrifices spirituels. La foi nous attache directement à l’objet de la foi, à Christ et à sa bonté. Plus la foi est en activité en nous, plus il nous sera précieux de le servir. La seconde chose pour laquelle nous vivrons, sera pour annoncer les vertus de Christ. Nous sommes un peuple acquis. Si nous étions à nous-mêmes, nous serions du monde qui a craché au visage du Seigneur et l’a crucifié. Mais nous sommes le peuple acquis, racheté du monde, n’ayant d’autre objet que d’annoncer les vertus de Celui qui nous a acquis. Par rapport au monde, nous sommes des paresseux, ne nous proposant pas de vivre selon son train, ni de nous enrichir. Si les habitants de Lausanne avaient crucifié hier le Seigneur Jésus, il nous serait impossible d’avoir une action commune avec eux, car nous ne voudrions pas être solidaires de ce qu’ils ont fait. Les siècles qui se sont écoulés depuis la croix, n’ont rien changé à l’esprit du monde, ni à l’Esprit de Christ. Nous ne devons pas marcher avec le monde, mais agir en grâce envers lui, selon l’Esprit de Christ.

Autrefois, nous n’étions point un peuple, maintenant nous sommes le peuple de Dieu. La foi dit nous ; elle ne se borne pas à dire qu’il y a un peuple de Dieu. Un Juif ne disait pas : Il y a un peuple de Dieu ; il proclamait hautement en être.

Que notre foi est faible ! Combien de chrétiens, qui n’osent pas dire : « Nous avons obtenu miséricorde ! » Si nous ne pouvons pas le dire clairement et nettement, nous méprisons l’oeuvre de Dieu et la bonté du Seigneur.

Dieu veuille nous remplir de joie, en nous faisant goûter qu’il est bon, afin que nous puissions lui offrir des sacrifices comme son peuple !


74 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 47:1-10

n°74 : ME 1895 p. 31

Cette histoire montre la supériorité des enfants de Dieu sur le monde. Elle nous montre le plus misérable des croyants, placé plus haut que le plus élevé des habitants de cette terre.

Joseph est le type de Christ, rejeté de ses frères, haï, parce qu’il devait régner sur eux, vendu aux étrangers par les siens, et exalté au-dessus des gentils. L’entrevue de Joseph avec ses frères est un type de Christ recevant les Juifs humiliés.

Les Juifs sont, sur la terre, l’exemple de l’élection comme nation et du manquement de l’homme au milieu des privilèges dans lesquels Dieu l’avait placé. Cependant Jacob, le père d’Israël, ruiné par la famine, n’ayant pas de quoi nourrir son bétail, est élevé au-dessus du Pharaon.

Quand nous portons les yeux sur nous-mêmes, c’est pour voir ce que nous sommes, quant à notre responsabilité devant Dieu. Abraham, Isaac, Jacob, prouvent dans leur marche que l’homme placé sous la bénédiction s’éloigne de Dieu. Mais Abraham, quoiqu’il au manqué à quelques égards, est remarquablement béni. Isaac, beaucoup moins fidèle que lui, est frappé dans sa famille. Jacob, bien plus infidèle encore, est bien plus châtié de Dieu. Jacob est un saint dans un triste état ; il emploie des moyens humains pour obtenir ce qui est un objet de foi ; il s’empare de la bénédiction par ruse, au lieu de l’attendre dans l’obéissance. Les moyens qu’il emploie ne sont pas du tout selon la volonté de Dieu ; et cependant, le désir de son coeur était de marcher par la foi ! Il est séparé de sa famille pendant 21 ans et trompé par son beau-père ; il reçoit ainsi le châtiment de son péché.

Quand il est sous l’effet de ce châtiment, Dieu l’accompagne. Jacob rentre en Canaan, ayant peur d’Ésaü, et Dieu vient encore à son secours. Mais le châtiment s’étend aussi à sa famille ; il lui faut maudire Ruben, Siméon et Lévi. Jacob avait donc raison de dire : « Mes jours ont été courts et mauvais ». C’est toujours le cas d’un enfant de Dieu qui ne marche pas fidèlement. Ce n’est pas le cas d’un mondain qui, pendant sa vie, peut jouir de ses biens et a la récompense qu’il désire. Dieu laisse souvent le monde ainsi, et le méchant prospère devant les hommes, ayant ses biens en cette vie. Même à sa mort, ses funérailles cachent la misère de la mort et du péché.

Un chrétien qui n’est pas fidèle est, par la bonté de Dieu, toujours triste, tandis qu’un méchant peut être heureux ici-bas. Mais, du moment qu’un tel chrétien, triste, affligé, se trouve vis-à-vis du plus béni et du plus heureux d’entre les gens du monde, il est au-dessus de ce dernier et peut le bénir. « Or, sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent » (Hébr. 7:7).

Jacob, devant Pharaon, agit sans hésitation comme étant le plus grand. Il a conscience de ce droit, par la certitude de ses relations avec Dieu. Il avait été châtié, mais Dieu l’aimait ; il a le sentiment d’être plus grand que le plus grand du monde ; il sait qu’il appartient à Dieu, et que les promesses de Dieu lui appartiennent. Mais en bénissant, il reconnaît toute son indignité. La conscience de la présence de Dieu produit une sincérité qui lui donne la hardiesse de confesser sa misère devant le Pharaon. Celui-ci aurait pu lui dire : Comment le béni de l’Éternel se trouve-t-il dans un tel état ? Jacob, tout en étant exalté, est humilité : « Mes jours n’ont pas atteint les jours des années de la vie de mes pères ». Ceux qui ont été fidèles, mes pères, n’ont pas été comme moi ; mais, tel que je suis, je puis te bénir.

Dieu a châtié Jacob à cause de ses infidélités, et le châtiment même, donne à Jacob la conscience de la faveur de Dieu ; ses pensées découlent de sa relation avec lui. Le sentiment intime de cette relation nous donne, vis-à-vis du monde, une grande supériorité. Si le monde m’offre quelque chose, je me souviens que Christ est à moi, qu’il est ma portion, et je ne puis échanger ma relation avec Dieu, contre les dons d’un monde qui périra, d’un monde qui a crucifié le Seigneur Jésus. Notre relation avec Dieu nous place plus haut que tout ce que le monde peut attendre. Avons-nous le sentiment de ce privilège ? Nous suffit-il d’avoir Christ, d’être en sa présence ? Oui, si Christ est aimé, car le coeur qui connaît le Seigneur, a goûté qu’il est bon.

Lorsque je m’occupe de ma fidélité, je vois toute sorte de sujets d’humiliation, mais lorsque j’ai la présence de Christ, je suis satisfait. Je suis à Dieu ; ce sentiment me place au-dessus du monde.

Ma conscience d’être à lui, est-elle assez vive pour que je fasse cette confession ? Si cette conscience est faible, si j’ai peur de me dire un enfant de Dieu, j’aurai peur aussi de dire que je suis un pauvre chrétien. Avec la joie d’être un enfant de Dieu, l’âme gagne de la franchise, et je ne crains pas d’avouer que mes jours ont été courts et mauvais. C’est l’effet de cette certitude qui met Jacob à même de bénir le roi. Que Dieu nous donne de nous juger, dans le sentiment que nous sommes enfants de Dieu. Pour être au large avec Dieu, il nous faut laisser Dieu pénétrer de sa lumière tous les recoins cachés de nos coeurs. Du moment que mon coeur n’a rien à cacher à Dieu, Dieu n’a rien à cacher à mon coeur. Il ne veut pas cacher à Abraham ce qu’il va faire (18:17), mais il cache son nom à Jacob (32:29).

Y a-t-il quelque inconverti qui puisse avec raison dire du mal d’un enfant de Dieu ? (Le monde peut haïr les fidèles, mais il méprise toujours les chrétiens qui ne marchent pas selon leurs privilèges et ne se séparent pas de lui). Cet enfant de Dieu que tu as le droit de condamner est placé bien plus haut que toi. Dieu le châtiera à cause de ses infidélités, mais celui qui méprise l’enfant de Dieu, méprise Dieu lui-même. Le monde sait qu’un chrétien ne doit pas faire certaines choses, tandis qu’un mondain qui commet l’iniquité peut être appelé très honnête par le monde. Ce dernier reconnaît ainsi que la position de l’enfant de Dieu est infiniment supérieure à la sienne. S’il trouve le chrétien en faute, il confesse par là qu’il n’est pas un chrétien. Pour ce mondain, au jour du jugement, il ne s’agira pas de la valeur qu’ont eue les enfants de Dieu, mais de la valeur que Christ a eue pour lui.


75 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 6:1-12

n°75 : ME 1895 p. 35

Le mot Nazaréen signifie séparé ; ce qui le rend précieux, c’est que Christ a été appelé de ce nom. Ce type nous présente un esprit de séparation du coeur à Dieu, dont Christ est le modèle.

« Nazaréen » était parmi les Juifs, un terme de mépris. Que cela ne nous étonne pas, car ce qui nous sépare pour Dieu nous expose nécessairement au mépris du monde.

Le monde est séparé de Dieu par le péché. Dieu a chassé l’homme pécheur de sa présence, et l’homme pécheur a aussi chassé Dieu de la sienne, en crucifiant le Seigneur Jésus. En s’attachant à Christ, en lui étant fidèle, on se sépare du monde, parce que Lui est séparé du monde. Lorsque Dieu l’envoya dans le monde, sa sainteté et sa fidélité au Père ont fait de lui le méprisé du monde. Nazareth même était un lieu méprisé : « Quelque chose de bon peut-il venir de Nazareth ? »

Dieu a voulu qu’il y eût cette épreuve pour le coeur, que Celui qui est son Fils bien-aimé ait été le méprisé des hommes. S’il était venu selon la chair et comme Messie glorieux pour les Juifs, il aurait été reçu. Mais maintenant ce Jésus rejeté est « séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux » (Hébr. 7:26).

Il était défendu au Nazaréen de boire du vin. Le vin est le symbole de la joie du monde, de la joie des hommes dans la société de leurs semblables. Jésus s’est séparé de nous par son ascension, c’est pourquoi il dit : « Je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père » (Matt. 26:29). Ce n’est plus aujourd’hui le temps de l’épanchement de son coeur au milieu des siens, et cela ne peut plus être avant que l’Église ait été rassemblée et que le moment des noces de l’Agneau soit venu.

« Séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux… » tel devrait être aussi notre caractère. Dans le ciel, notre sainteté consistera à nous laisser pleinement aller à nos affections ; ici-bas, c’est le contraire : nous y laisser aller, c’est nous associer au mal. Si nous ne sommes pas ceints ici-bas, nos vêtements traînent dans la boue. C’est en nous attachant aux choses d’en haut, en étant occupés de la grâce, de la beauté, de la gloire de Jésus, en aimant ce que Dieu aime, que nous sommes séparés des pécheurs. Alors nous sommes vraiment libres ; notre liberté est de pouvoir toujours faire la volonté de Dieu, selon le désir du nouvel homme. Ainsi le moyen de jouir de cette heureuse liberté, c’est d’être Nazaréens, séparés pour Dieu, par l’efficace du Saint-Esprit, en étant occupés de Christ et en pensant à lui. Jésus est le chef des Nazaréens. Pour avoir affaire avec Dieu, il faut se séparer d’un monde qui est séparé de Dieu.

Christ n’est pas seulement séparé des pécheurs, mais « élevé plus haut que les cieux ». Ce Jésus que j’aime, est là. Il faut que nos pensées et nos coeurs soient dans le ciel où est notre ami, et Dieu a mis son Esprit en nous, par lequel nous pouvons connaître ces choses (1 Cor. 2:7-12).

« Je ne boirai plus du fruit de la vigne… » Ce n’est pas de sociabilité, de joie selon le monde, qu’il s’agit maintenant pour nous, mais de vigilance, d’un dévouement positif au Seigneur. La joie du monde chasse Christ et nous empêche d’être « saints à l’Éternel ». Ce n’est pas dans les rues qu’on oserait chanter des cantiques ; il ne faut pas qu’on parle de Christ dans ce monde qui a été fait par lui.

Notre vie doit être dévouée à Dieu. C’est positif, et non plus négatif, comme de s’abstenir du mal. Il est d’une grande importance d’être positivement occupés de Christ, cela ferme la porte à Satan ; sinon il entre et souille tout. Le Nazaréen une fois souillé, les jours précédents de son nazaréat ne comptent pour rien (v. 12). Il en est de même pour nous, dans la jouissance pratique de la communion avec Dieu. Si Satan entre, cette communion qui était auparavant notre force est perdue, et tout est à recommencer. Nous sommes obligés de retrouver notre force, comme si nous n’avions jamais encore été en communion avec lui.

Quel privilège immense d’être unis à Jésus par l’Esprit, séparés du monde et élevés en Esprit plus haut que les cieux !


76 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 12

n°76 : ME 1895 p. 53

Abraham est le père des fidèles ; il représente la vie et la marche de la foi sur la terre. Avec Abraham commence la première manifestation d’un principe important : l’appel de Dieu. Il y avait déjà eu auparavant des appelés, mais l’appel n’avait pas été révélé. On voit dans les premiers chapitres de la Genèse, les effets du péché et le jugement du monde, mais depuis le chap. 12, Dieu appelle un homme et le fait sortir de sa famille, pour fonder par son moyen un nouveau peuple, à part pour lui. C’est l’appel de Dieu qui opère cette séparation.

Josué 24:2, montre que même les hommes de la famille de Sem étaient tombés dans l’idolâtrie et avaient reconnu Satan comme leur prince, en l’adorant au lieu de Dieu. Dieu ne change pas l’état du monde, mais il appelle un peuple qu’il choisit pour être son peuple. La vocation de Dieu choisit Abraham, l’appelle à tout quitter, et le fait agir sur le principe de la foi, en le conduisait dans un pays inconnu, sans autre certitude que la promesse de Dieu.

Depuis les jours d’Abraham, c’est en nous appelant à être séparés du monde que Dieu nous bénit, et il n’y a pas de bénédiction sans cette séparation. Dieu se sépare un peuple à lui par des promesses, en l’appelant à tout quitter pour lui. Nous devons obéir en quittant tout et en suivant Dieu. Abraham, confiant dans la promesse, entre au pays de Canaan, mais il vit en étranger au milieu de ce qui lui est promis. Dieu nous appelle à tout quitter, parce que ce monde est sous l’esclavage de Satan et n’a d’autre liberté que celle de pécher et de désobéir à Dieu.

La fin du chapitre nous montre le résultat de l’infidélité du croyant, quand il se trouve aux prises avec des circonstances difficiles. Il y avait une famine dans le pays. Quoique en esprit dans le pays de la promesse, le chrétien ressent la famine, du moment qu’il commence à penser à autre chose qu’à Christ. Abraham descend en Égypte, type du monde, prend conseil de sa propre sagesse et non de Dieu, et se trouve aux prises avec une puissance qui lui est supérieure. Quand le chrétien descend dans le monde pour y chercher des ressources, avec sa force humaine individuelle, il se trouve en face de la puissance de Satan qui, bien que cachée, est une force plus grande que la sienne.

Abraham a peur ; il a recours à sa sagesse et renie Sara ; il nie la relation de sa femme avec lui, et cette dernière trouve sa place dans le monde. Abraham est honoré de Pharaon ; c’est ce qui arrive au chrétien qui est dans la main du monde ; il reçoit du monde des honneurs qui ne sont que la preuve de sa servitude.

Abraham a nié la position qui faisait de Sara quelque chose qui lui appartenait entièrement. Il n’a pas voulu confesser hautement ses principes. Le chrétien, quand il manque de fidélité, ne proclame plus que l’Église est l’Épouse de Christ. Alors le monde la revendique. Il veut bien la prendre pour femme et la garder chez lui pour en avoir le bénéfice, mais c’est en effaçant la gloire de Christ. Chacun des dons de Pharaon aurait dû reprocher à Abraham son infidélité. Des jugements sur ce monde en sont le résultat, car Dieu ne renonce pas à ses droits. Parce que les chrétiens, entraînés dans le monde, se conforment à ce dernier, Dieu le frappe de grandes plaies, à cause du déshonneur qui en résulte pour l’Église. Abraham ne devait avoir aucune paix en Égypte, et n’en retirait que les preuves de sa servitude.

Le monde ayant renié le Seigneur Jésus, Dieu ne le reconnaît que comme perdu. Il lui offre la grâce maintenant et le jugera plus tard. Quand la lumière est venue au monde, les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Dieu ne porte pas remède à l’état du monde ; mais il appelle hors du monde ceux qui en avaient fait partie jusque-là. Abraham dut quitter sa famille, parce qu’on y adorait des dieux étrangers. Dieu nous appelle à sortir du monde, et c’est en nous révélant ses promesses en Christ qu’il nous en fait sortir. Jésus est assis à la droite de Dieu, et ceux qui sont appelés, le sont par la révélation de Jésus. Il faut sortir du monde de coeur (non pas encore du corps), et s’attacher à Jésus, rompre avec le monde, comme Jésus a rompu avec lui pour aller s’asseoir à la droite de Dieu. Toutes les promesses sont faites à Abraham et à sa semence, c’est-à-dire à Jésus. Pour y avoir part il faut être à lui. Dieu présente son Fils au monde ; le monde le rejette ; en retour, Dieu le reçoit. Pour avoir part aux richesses de la maison de Dieu, il faut avoir part à Jésus que le monde a rejeté. Par ce principe tout devient facile, quoiqu’il puisse y avoir une famine dans le pays.

Du moment, que je confesse le Seigneur Jésus, je ne puis être que pèlerin et étranger dans le monde. Dieu nous a aimés, appelés, séparés ; et tout ce qui est pénible dans notre vie est une preuve de plus que nous sommes à Christ. Nous avons part à toutes les promesses, car du moment que Christ est ma portion, mon héritage, j’ai tout ce que Dieu lui a donné. Dieu glorifiera son Fils et sa gloire sera mienne, et moi-même je serai à la gloire de Dieu. Tout ce que le Saint-Esprit révèle, il le révèle comme m’appartenant, car je suis un enfant de Dieu. Le chrétien n’est pas, comme les prophètes, un simple canal de la révélation ; il en est l’objet, car il est cohéritier du Fils. Je ne puis rien voir qui appartienne à Jésus, sans dire que tout cela est mien.

Nous sommes étrangers par l’appel de Dieu et, comme tels, nous n’avons plus le monde et nous n’avons pas encore le ciel, mais nous avons Celui qui nous a appelés. Si nous n’avions qu’une profession, notre état serait des plus misérables.

Passer un jour en n’ayant rien que Dieu, est une chose difficile, mais c’est à quoi Dieu veut nous accoutumer. Il nous place dans le désert, pour que nous n’ayons rien que Dieu ; ni conseil, ni route, ni subsistance que par Dieu.

Abraham était séparé de ses faux dieux, mais il sait qu’il peut en paix adorer l’Éternel ; il lui bâtit un autel et le sert, parce qu’il est à Dieu et que Dieu est à lui.

Sommes-nous satisfaits de n’avoir d’autre jouissance que des promesses et la communion avec Dieu ? Dieu ne manquera pas de nous conduire à chaque pas, et il nous fera obtenir l’accomplissement des promesses. Si nous cherchons des ressources dans le monde, le monde nous asservira. Si nos pensées s’éloignent de Dieu, nous trouverons la famine dans le pays. Le monde est plus fort sur son terrain que nous, mais il ne comprend pas les sources de notre confiance. Les chrétiens mondanisés sont, en un certain sens, plus à leur aise que les chrétiens fidèles. Mais il faut, dans le chemin de l’obéissance, savoir supporter la famine en reconnaissant la main de Dieu, et ne pas aller chercher des ressources en Égypte. Laisser l’Église entre les mains du monde, c’est l’exposer à être déshonorée.

Nous devons nous souvenir de ce qui nous a placés dans l’obligation d’être séparés : c’est la grâce, la pure grâce. C’est parce que Dieu a voulu me donner Christ et me faire jouir de tout ce qu’il a donné à Christ, qu’il me sépare du monde.

Il n’y a pour nous qu’une seule obligation vis-à-vis de l’appel de Dieu ; c’est l’obéissance de la foi. Dieu sait mieux pourvoir à notre bonheur que nous-mêmes !


77 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 11

n°77 : ME 1895 p. 71

Le jugement dont il est question au v. 6, aura lieu aux derniers jours ; mais ce qui nous arrêtera aujourd’hui, c’est l’Éternel, présenté comme notre refuge. Les Psaumes font allusion aux derniers temps, où tout sera dans un état complet de désordre et de faiblesse, mais où il y aura un résidu fidèle. Toutes les circonstances mentionnées ici s’accompliront. Si ces jours-là n’étaient abrégés, nulle chair n’échapperait. La Parole nous présente continuellement, par des exemples, les grands principes selon lesquels Dieu agit ; ce Psaume nous présente Dieu comme le refuge de son peuple.

On trouve, quand on se retire vers l’Éternel, un refuge et une force que les méchants ne peuvent comprendre. Point de repos pour qui ne se retire pas vers lui. Toutes les circonstances qui nous tourmentent, nous inquiètent, ne troublent ni n’inquiètent Dieu dans son parfait repos. Il y a pour nos âmes un grand repos dans ce principe très simple, qu’il n’y a rien que Dieu n’ait prévu, et qu’il prend un grand intérêt à l’état dans lequel nous nous trouvons. On croit facilement que, si les circonstances changeaient, les choses nous paraîtraient moins difficiles, mais, dans nos circonstances actuelles, Dieu est aussi puissant et aussi fidèle qu’il le serait en d’autres circonstances. Du moment que nous nous retirons vers lui, nous le trouvons en repos, et il nous communique ce repos. Toutes les circonstances sont réunies contre le juste, telles qu’elles se produiront aux derniers temps sous le règne du méchant. « Puisque les fondements sont ébranlés, que fera le juste ? » La réponse qui lui donne le repos, c’est que l’Éternel est dans le palais de sa sainteté et qu’il sonde le juste et le méchant. Celui-ci ne machine rien que Dieu ne voie et qu’il ne puisse empêcher.

C’est précisément quand le déluge a couvert toute la terre, que Noé a compris la sûreté qu’il y a à se fier à Dieu et à se mettre sous sa protection. Il voyait que l’Éternel avait tout vu, tout prévu, que Dieu était pour lui, et il a trouvé ainsi la certitude de la délivrance et le repos de son âme.

S’il y a des circonstances au-dessus de nos forces, il n’y en a point au-dessus de Dieu ; et en outre il s’intéresse lui-même à nous dans toutes nos circonstances. « Ses yeux contemplent et ses paupières sondent les fils des hommes ». L’Éternel a pensé à tout, a pris soin de tout arranger. C’est plus qu’un soulagement ; au milieu des épreuves de notre foi, nous faisons la connaissance intime de Dieu, et nous trouvons en lui plus que nous n’avions jamais connu de lui.

Étant forcés de nous retirer vers l’Éternel, c’est l’Éternel que nous trouvons compatissant, se communiquant à nous. Le fils prodigue fait, à son retour, la connaissance de ce que son père était pour lui, comme il ne l’avait jamais éprouvé auparavant.


78 - Méditations de J. N. Darby — Apocalypse 3:7-13

n°78 : ME 1895 p. 91

Chacune des épîtres de l’Apocalypse a un sens prophétique et un sens particulier, relatif à un état moral donné. Dans les premières épîtres, l’exhortation : « Que celui qui a des oreilles écoute… » vient avant les promesses ; dans les dernières, elle vient après ; l’individu fidèle est séparé et exhorté à écouter. L’épître à Philadelphie s’applique à l’étal actuel de l’Église.

Il est important de faire attention aux caractères de Christ donnés au début de chaque épître. Ici, il est nommé le Saint et le Véritable. Chaque fois, son titre est lié à l’exhortation contenue dans l’épître, aussi bien qu’à la promesse qui y est faite. Ici, l’état de l’Église est celui des difficultés et de la faiblesse. Christ est le maître de ces difficultés : il a la clef de David, il ouvre et personne ne ferme ; il ferme et personne n’ouvre. C’est ainsi que Jésus se présente à nos yeux.

Ensuite, l’état des fidèles est indiqué : « Je connais tes oeuvres ». Il ne dit pas, comme dans les autres épîtres, ce qu’elles sont ; parce que ces oeuvres sont peu de chose et que l’église elle-même ne peut rien en dire. Il ne peut pas les sanctionner, il ne veut pas les condamner. Il apporte aux fidèles la consolation qu’il les connaît. La meilleure chose qu’il puisse dire d’eux, c’est qu’ils n’ont pas renié le christianisme.

La bonté de Jésus se montre dans ces mots : « J’ai mis devant toi une porte ouverte ». Il n’est pas besoin de force et de violence pour entrer dans le royaume, comme au commencement de l’Évangile. Jésus a ouvert à notre faiblesse et nul ne pourra fermer. La seule réponse de l’Église est la fidélité à sa parole.

Le v. 9 est extrêmement précieux. Au moment où Dieu va détruire une économie, il y a partout de la présomption, et Satan cherche à inspirer la confiance que tout va continuer de même et que tout durera. Les Juifs de ce temps-là faisaient de grandes démonstrations de leur force et de leur puissance, mais ils allaient être abattus et forcés de reconnaître que Christ aimait l’Église. Aujourd’hui, c’est l’économie chrétienne qui va finir. Elle est jugée, et cependant il y a partout la prétention qu’elle durera.

Toutes les fois qu’un enfant de Dieu veut obéir à la Parole, il se trouve dans une condition qui exerce sa patience. Philadelphie est dans le cas de Christ qui est venu à la fin d’une économie. Quand les principaux sacrificateurs lui demandent par quelle autorité il agit, il n’en appelle pas à ses actes de puissance, mais à la conscience de ceux qui l’interrogent et à la parole de Jean Baptiste qui n’avait point fait de miracles. Jésus gardait la Parole, marchait dans l’obéissance, et laissait Dieu juger. Ceux qui sont fidèles à la parole de Dieu et ne suivent ni les traditions, ni les pensées humaines, seront gardés de l’heure de la tentation. Ceux qui habitent sur la terre, comme n’étant pas voyageurs et étrangers, seront atteints par cette heure terrible.

v. 11. « Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as ». Il n’y a pas de progrès ecclésiastique à faire.

Ayant placé les disciples dans les mêmes circonstances que celles qui accompagnaient la fin de l’économie juive, il leur donne tous les privilèges qu’il possède. Il leur donne part à tout ce que donne le Dieu du Seigneur Jésus. Voilà pourquoi il dit : « mon Dieu ». Nous avons part à l’heure de sa patience, nous échapperons à celle de la tentation.

Au v. 12, Jésus fait allusion aux deux colonnes Boaz et Jakin du temple de Salomon (1 Rois 7:21 ; 2 Chron. 3:17). Le disciple ayant participé à la patience de Christ ici-bas, aura part à la gloire du Dieu de Jésus. Jésus a été glorifié, parce qu’il s’est abaissé et qu’il a souffert. Le chrétien qui a partagé la même patience et les mêmes souffrances, quoique faiblement, aura part à la gloire du Seigneur Jésus. Dieu est ici spécialement le Dieu de Jésus, nom qu’il a manifesté sur la croix, en disant : « Mon Dieu ». Christ a un nouveau nom ; il en a d’anciens, mais il a pour l’Église un nouveau nom comme ayant souffert ; c’est le second Adam, le nouvel homme, l’héritier de toutes choses. Christ écrit son nouveau nom sur ceux qui ont eu part ici-bas à sa patience. Ce qui caractérise aujourd’hui le chrétien fidèle, c’est de garder la parole de la patience de Jésus. Mais celui qui vaincra aura bien assez de richesses, pour pouvoir se contenter maintenant de la patience et des souffrances. Si je suis lié à Christ, dans la certitude de posséder tout ce qui est à lui, je me contente de tout en attendant ce moment.


79 - Méditations de J. N. Darby — 1 Rois 13 ; Éphésiens 3

n°79 : ME 1895 p. 292

Je n’ai pas d’autre but en lisant le premier de ces passages que de faire ressortir l’importance pour nous de l’obéissance toute simple, obéissance qui ne se détourne ni à droite, ni à gauche, même à la voix d’un prophète, quand la volonté de Dieu nous est déjà connue.

Le second passage (Éph. 3) nous montre l’importance immense que la parole de Dieu attache à l’Église. Christ lui-même est le centre de tous les conseils de Dieu, mais rien ne lui est plus précieux que l’Église. C’est par elle qu’il fait connaître sa sagesse aux principautés dans les lieux célestes. Paul fut particulièrement le ministre de cette révélation, car si le Saint-Esprit a enseigné les mêmes vérités à tous les apôtres et prophètes, il a donné à chacun d’eux la révélation de quelque partie des richesses du Christ. Pierre, par exempte, insiste davantage sur la gloire personnelle du Seigneur ; Paul sur l’union de l’Église avec lui. Jean fait ressortir le principe que Dieu est amour. Pierre présente Jésus comme la pierre vivante, en vertu de sa résurrection et de sa gloire ; il montre que nous participons à cette gloire. Paul, comme nous l’avons dit, parle de l’union actuelle de l’Église avec Christ. Tous les apôtres avaient accompagné Jésus comme homme ici-bas. Paul seul, arrêté par lui sur le chemin de Damas, apprend à le connaître dans la gloire, et c’est désormais le point de départ de toutes ses pensées, tandis que cette même gloire est au contraire le terme des pensées des autres apôtres.

L’union absolue, l’unité des disciples persécutés avec Jésus, devient le moyen de la conversion de Paul. C’est surtout dans l’épître aux Éphésiens qu’il développe cette unité. Quand il parle de notre position, il la montre en Christ : nous sommes élus en lui avant la fondation du monde, et nos bénédictions sont actuellement dans les lieux célestes en lui. Le monde est le théâtre sur lequel ces choses sont manifestées, mais il n’y entre pour rien. Même les miracles qui s’y accomplissent sont les « puissances du siècle à venir ». Cette union est un mystère qui n’avait pas été révélé auparavant, car dans l’Ancien Testament on ne trouve que Christ, et non pas l’Église. Tel est, par exemple, le passage d’Ésaïe 50:7-9, qui concerne Christ et qui, en Rom. 8:33, 34, est appliqué par le Saint-Esprit à l’Église. Dans l’Ancien Testament, le peuple d’Israël voit la manifestation de la gloire de Christ, mais le mystère, l’union de Christ et de l’Église, ne lui est pas révélé. Jésus-Christ a été serviteur de la circoncision, est-il dit en Rom. 15:8.

Avant la mort de Christ, l’Église n’avait point été révélée comme assise dans les lieux célestes, mais quand, après son ascension, il envoie le Saint-Esprit, celui-ci, par la puissance qui agit en nous avec efficace, sépare un peuple élu hors du monde. Unis par lui à Christ, nous sommes un seul Esprit avec lui. C’est la présence du Saint-Esprit qui distingue l’Église de Dieu : Celle-ci manifeste d’une part, au milieu du monde actuel, la présence du Saint-Esprit par des fruits que l’égoïsme même du monde est capable de comprendre. D’autre part, elle manifeste aux principautés et aux puissances dans les lieux célestes, la sagesse de Dieu infiniment variée. Les anges étaient les administrateurs du gouvernement de Dieu sur Israël, et c’était là ce que signifiait l’échelle de Jacob. Mais dans l’Église, on voit Dieu, unissant à lui, dans la personne de son Fils, des êtres qui autrefois n’étaient que de pauvres pécheurs, et les plaçant au-dessus de toutes les principautés et de toutes les puissances dans les lieux célestes.

Dès que nous rabaissons dans nos coeurs la notion de l’Église, nous manquons au but que Dieu se propose, et Dieu ne nous communique sa force que pour accomplir ce qui est selon sa pensée. Comment aussi pourrons-nous jouir de la bonté et de la miséricorde de Dieu, si nous manquons à ce qu’il se propose ? En serons-nous réduits à nous appuyer sur notre sagesse et nos forces pour accomplir des choses qui ne sont pas selon les pensées de Dieu manifestées dans sa Parole ?

Cherchons donc humblement, dans le sentiment de notre responsabilité, à répondre dans toute notre marche, au but et aux pensées de Dieu, avec la certitude heureuse que Dieu est avec nous dans ce chemin.


80 - Méditations de J. N. Darby — Exode 3

n°80 : ME 1895 p. 312

La vérité que ce chapitre nous présente, c’est que Dieu est descendu pour la délivrance de son peuple. Notre délivrance, à nous chrétiens, est bien plus importante que celle d’Égypte, mais le principe de cette délivrance est le même. Ce chapitre est rempli de détails faits pour attirer nos coeurs vers Dieu et nous montrer ce qu’il est à notre égard.

Ce n’était ni la bonne conduite, ni l’état moral d’Israël, qui avaient attiré sur lui l’intérêt de Dieu. Israël était même tombé dans l’idolâtrie ; à quel point, nous le voyons lorsqu’ils font le veau d’or au désert en l’absence de Moïse. Ils regrettaient jusqu’aux oignons et à la viande d’Égypte par lesquels ils pourraient satisfaire leurs convoitises. Mais Dieu a connu l’état misérable de son peuple, son affliction et toutes ses malheureuses circonstances. Israël était esclave en Égypte, esclave du Pharaon, comme nous le sommes du prince de ce monde, et dans une profonde misère. Dieu ne prend pas seulement connaissance de leurs péchés, mais aussi de leur douleur. Mais aussitôt que Dieu vient montrer sa puissance au milieu de son peuple, qu’il descend pour le délivrer, et se présente dans le royaume de Satan, celui-ci, ne pouvant supporter sa présence, le chasse hors du monde. C’est ainsi que, lorsque Jésus est venu, Satan n’a pu le supporter et l’a crucifié. Il faut toute la puissance de la sainteté de Dieu, pour délivrer son peuple du péché et le faire sortir du monde. Le feu que vit Moïse nous représente la sainteté de Dieu en jugement, mais le feu ne consumait pas le buisson. Ainsi Dieu se présente au milieu de son peuple, jugeant ses faiblesses et ses misères, mais il vient en grâce ; c’est pourquoi le buisson, image d’Israël, n’est pas consumé. C’est Dieu lui-même qui descend et se présente dans la puissance de sa sainteté, se révélant au coeur d’Israël, et ne lui mettant pas en compte le péché, à cause de Christ, pour ne s’occuper que de l’affliction et des misères de son peuple.

On ne peut avoir une plus haute idée de Dieu que ce qui nous est dit au v. 14 : Il se met ici en communication avec son peuple et se présente à lui d’une manière toute nouvelle. Quand l’homme pense à Dieu, il admet qu’il devra paraître devant lui comme juge ; mais ici, l’on voit un Dieu qui s’occupe en grâce de son peuple, avant que ce dernier s’occupe de lui. Il se met en relation intime avec nous, selon tous nos besoins. Il est le Dieu des promesses. Il n’a pas pris à honte d’être appelé le Dieu d’Abraham et le père de nous qui croyons. Je suis, dit-il, le Dieu qui a fait les promesses à Abraham, à Isaac et à Jacob, celui qui, à cause de ses promesses, a soin de vous.

Il est « Je suis », et Jésus dit de même : « Avant qu’Abraham fût, je suis ». Il se présente dans sa majesté, dans sa sainteté en apparence effrayante, comme le feu du buisson, mais en même temps comme Celui qui est en relation intime avec nous. Ce n’est pas à un envoyé de Dieu, mais à Dieu lui-même, que nous avons à faire, et nous avons sa présence avec nous. Jésus est descendu comme Emmanuel, Dieu avec nous ; il est remonté comme homme dans la gloire, afin que nous la partagions éternellement avec lui. Dieu avec nous, tel est son nom, qui lui reste éternellement. Jamais Christ n’aura honte de nous appeler ses frères, car jamais Dieu n’aura honte d’être le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous n’avons pas à attendre le jugement pour paraître devant Dieu. Il est venir à nous et veut être avec nous dans une relation de bénédiction et de promesse. Il nous a visités (v. 16). Hélas ! les Juifs l’ont rejeté et n’ont pas connu le jour de leur visitation.

Dieu laisse longtemps son peuple en esclavage. Quand Lazare est malade, Jésus n’y va pas et demeure où il est. Il laisse agir le mal jusqu’à la mort pour montrer sa toute-puissance et sa délivrance parfaite, contre laquelle toute la puissance de Satan ne peut rien. Mais quand le mal a eu pleinement son cours et que tout est fini, Jésus ressuscite Lazare. Dieu laisse agir le mal, afin d’introduire un bien qui est au delà et en dehors de toute la puissance du mal.

C’est alors qu’une âme est sur le point d’être délivrée, qu’elle souffre le plus. Il en est ainsi d’Israël. Mais pas un soupir d’une âme opprimée par Satan qui ne soit monté vers Dieu, rien d’oublié, pas une larme qui ne soit mise dans ses vaisseaux, car Dieu avait vu toute l’affliction de son peuple, au lieu de regarder à son péché. Il aurait pu voir son idolâtrie, ses murmures, sa rébellion, mais sa grâce voit l’effet du péché et de l’esclavage et ne s’arrête qu’à leurs douleurs. C’est ainsi que Dieu nous a visités en Christ. Dieu est venu non seulement se mettre à notre portée, se rendre familier avec nous, en s’incarnant pour nous, mais il nous donne aussi des promesses pour l’avenir : « J’ai dit : Je vous ferai monter hors de l’affliction de l’Égypte.. » (v. 17). Cela est certain. Dieu a vu la douleur de son peuple et en a pris connaissance. Cela touche les coeurs. Quand sa douleur est passée, un homme malheureux se souvient avec une tendre reconnaissance des marques de sympathie qu’il a reçues. Dieu a vu cette affliction et veut rendre son peuple vainqueur de toute la puissance de ses ennemis, et c’est en remportant lui-même la victoire pour eux. Satan, le prince de ce monde, le prince des ténèbres et de l’autorité de l’air, est vaincu par la puissance et par l’oeuvre de Jésus.

Dieu leur promet d’excellentes choses, un pays découlant de lait et de miel, et il ajoute (v. 18) : « Ils écouteront ta voix ». En effet, ils obéissent à la parole de Moïse. C’est une bénédiction nouvelle, donnée de Dieu, sans laquelle Moïse n’aurait jamais pu entreprendre son oeuvre. Israël était tellement accoutumé à l’Égypte, qu’il eût été content d’y rester, comme le fils prodigue, désirant se rassasier des gousses des pourceaux, plutôt que de penser à la maison de son père. Laissés à nous-mêmes, nous préférons à Dieu toute sorte de choses faites pour exciter le dégoût, ou bien nous choisissons Barabbas plutôt que Jésus.

Dieu sait que Satan ne laissera sa proie que par contrainte (v. 19). Il permet cela, afin que les siens comprennent qu’ils sont sans aucune force. Au moment de passer la mer Rouge, quand il a le Pharaon à dos, Israël sent qu’il n’en a aucune.

L’opposition de Satan à la délivrance du peuple de Dieu, donne lieu à une délivrance totale. Israël passe la mer Rouge et jamais ne rentrera en Égypte. Dès que j’ai trouvé que je suis impie, privé de toute force, impuissant contre Satan, je puis dire : Dieu est pour moi. Il m’a délivré, il m’a montré son amour ; je sais que Dieu est pour moi.

Moïse n’aurait pas eu de force, sans le sentiment que Dieu était avec lui, et le signe que Dieu lui en donne vient après qu’Israël aura obéi (v. 12). Il fallait passer la mer Rouge pour venir adorer avec le peuple en Horeb. Dieu nous donne assez de lumière pour voir sa volonté, puis il attend que nous obéissions. Quand nous avons obéi, il nous en fait voir les conséquences. Mais il faut obéir à Dieu, et Dieu se réserve de nous faire passer la mer Rouge, comme s’il n’y avait point de mer. Sa grâce immense s’emploie tout entière pour nous. Quelle honte que nous osions murmurer, lorsque Dieu n’a en vue que notre délivrance complète !


81 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2:1-18

n°81 : ME 1895 p. 331

Du moment que le coeur se laisse dominer par la convoitise, sa propre volonté se manifeste et c’est la source de nos péchés. Voilà pourquoi il est dit de « travailler à notre propre salut avec crainte et tremblement » quant à nous-mêmes, car il en est tout autrement lorsqu’il s’agit de notre confiance en Dieu. Paul était en prison et ne pouvait, personnellement, donner ses soins à l’Église, mais, quoique absent, il était présent d’esprit avec elle ; il l’exhortait, afin qu’en son absence elle ne s’élevât pas. Déjà quelques-uns annonçaient Christ par esprit de contention, et il y avait du désaccord entre Évodie et Syntiche. Cela exerçait le coeur de Paul dans sa prison.

Il est assez rare de voir, dans l’Ancien Testament, l’intérieur du coeur humain. Les Psaumes, l’histoire de Moïse, nous en fournissent quelques exemples ; mais le Nouveau Testament nous en présente de beaucoup plus fréquents. Cela tient à ce que Dieu s’y est rapproché davantage de nous. Le Saint-Esprit y agit plus familièrement ; il est le Consolateur qui est venu demeurer ici-bas et qui s’occupe de tous les détails et de toutes les circonstances de ceux au milieu desquels il demeure. Il y prend intérêt ; il y apporte l’amour de Dieu. Qu’y a-t-il de plus digne de Dieu ?

Rien ne nous empêche plus de comprendre la Parole que d’en séparer les sujets de leur contexte. C’est ce qui est souvent arrivé pour le passage du v. 12, dont nous parlons. Paul s’occupe des difficultés de l’Église. Il voudrait voir ses chers Philippiens marcher dans l’humilité, comme Christ lui-même (v. 5-11). Au v. 12, il ne les adresse pas à quelque puissance qui soit dans l’homme. Cette expression : « à votre propre salut », est en contraste avec l’oeuvre de Paul qui, jusqu’à son emprisonnement, avait travaillé lui-même à leur salut. Par l’absence de l’apôtre, les choses avaient éprouvé du changement. Satan cherchait à élever les disciples, en l’absence de celui qui les avait enseignés. Quand Paul était là, éteignant pour eux les dards enflammés du Malin, l’Église se tenait en paix derrière lui. « La mort », disait-il, « opère en nous, et la vie en vous » (2 Cor. 4:12). Les Philippiens avaient, dans le Seigneur, pris confiance par les liens de l’apôtre et en son absence. Mais l’Ennemi pouvait se servir de cette confiance. Ils avaient peut-être perdu en quelque mesure la défiance d’eux-mêmes et de la chair. Paul veut les mettre en garde contre ce piège ; voilà pourquoi il leur parle de crainte et de tremblement. Ce n’est pas Paul, dit-il, qui opère en vous le vouloir et le faire, c’est Dieu. Paul est en prison, mais Dieu est tout-puissant. Plus nous sommes privés de secours extérieurs, plus il nous faut de vigilance et d’humilité, mais nous pouvons compter sur Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire.

Entre le salut qu’il nous donne et la jouissance des résultats du salut, Dieu nous conduit dans un chemin où il éprouve notre coeur par le combat avec Satan. Nous avons le salut, mais, par le combat, nous travaillons à notre salut — car il signifie ici ce qui se trouve devant nous, à la fin de notre carrière chrétienne — avec crainte et tremblement. C’est une oeuvre longue et lente que Dieu opère dans les sauvés, afin de se faire connaître à eux et de leur apprendre ce qui est dans leur coeur. Satan les tente, se transforme en ange de lumière, cherche à les épouvanter : ces combats sont nécessaires et nous font du bien. Il nous faut pour cela de la vigilance, de l’activité spirituelle. Si nous ne veillons pas, Satan a le dessus. L’épreuve nous fait sentir que nous sommes petits et pauvres dans nos coeurs, mais le terrain étant mieux travaillé, nous produisons plus de fruit. Les deux motifs pour la vigilance sont que nous nous trouvons toujours en présence de Satan, et que nous ne savons quand le Seigneur viendra. C’est quand nous possédons la grâce de Dieu que nous craignons réellement l’Ennemi de nos âmes. Le mondain craint Dieu, dans le sens d’avoir peur de lui, mais il ne craint pas Satan ; il fuira l’homme qui lui parle de Dieu, et ne craindra pas celui qui l’entraîne au mal. Le chrétien, au contraire, ne craint plus Dieu, dans le sens que nous venons d’indiquer, et il craint Satan. Sentant sa faiblesse et ayant affaire à un ennemi toujours vigilant, il sait très bien que, s’il se laisse entraîner, il contristera le Saint-Esprit qui ne se prêtera jamais à ce que Dieu réprouve. L’enfant de Dieu, possédant un tel trésor, craindra le ravisseur.

Il est toujours important de s’opposer aux commencements du mal. Satan nous tente en présentant des objets à nos convoitises, des plaisirs, des vanités à nos coeurs et à nos yeux. De là, la nécessité d’être vigilants, de rester en communion suivie avec Dieu, en sorte que nous jouissions assez des choses de Christ pour que celles qui lui sont étrangères n’aient pas d’empire sur nous.

Si nous n’avons pas eu assez de défiance de nous-mêmes, Satan cherche aussi à nous jeter dans la défiance de Dieu. Il présente aussi des difficultés à notre foi. C’est ce qu’il a fait à Jésus dans la tentation, au commencement de son ministère. À la fin, il est revenu, lui présentant la croix, le mépris, la contradiction des pécheurs, la colère, le jugement, l’abandon de Dieu, pour écraser, si possible, sa foi et anéantir son oeuvre.

Telles sont les tentations de Satan. Si nous aimons la sainteté, opposons-nous donc aux commencements du mal, et, pour le faire, jouissons de la communion de Dieu ; occupons-nous de bonnes choses. Si la coupe de nos coeurs est pleine, Satan n’y pourra rien mettre. Et quand nous sommes tombés, notre seule ressource est de confesser notre péché et de regarder à Jésus, notre avocat auprès du Père. Quant à faire la volonté de Dieu, ne craignons rien. Il ne faut jamais reculer devant les conséquences de cette volonté. Nous perdrons dans ce monde nos amis, mais nous aurons déjà dans ce monde cent fois autant, et dans le siècle à venir la vie éternelle.

Le chrétien doit veiller, parce qu’il attend le Seigneur, et qu’il lui faut se trouver tel qu’il devrait être quand le Seigneur viendra. S’il tarde, l’effet de l’attente sera que toute ma vie correspondra exactement à ce que je voudrais qu’elle fût quand je serai devant lui.

Satan est toujours là, et le Seigneur sera bientôt là : tels sont les deux grands motifs à la vigilance. Si j’ai de tels motifs pour veiller et prier, c’est que je suis un enfant de Dieu dans les rangs de l’armée de Dieu. Je n’ai pas pour sujet de crainte et de tremblement que Dieu ne m’aime pas, mais que je perde ce que j’ai. Si je crois que tout l’héritage de Christ m’appartient, quelle joie je montrerai, mais aussi quelle vigilance pour ne pas me laisser dérober ces choses.

Nous appartenons à Jésus, et Jésus nous appartient. Si nous ne le sentons pas, nous ne connaissons ni la force, ni la puissance de notre vie chrétienne.


82 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 1 à 2

n°82 : ME 1895 p. 351

La gloire du Seigneur est un de ces sujets devant lesquels on sent son impuissance, quand on est appelé à en parler. Nous apprenons à connaître cette gloire par le fait qu’elle répond à nos besoins, comme le pauvre apprécie les richesses du riche par le bien qu’il en reçoit. Oui, c’est par nos besoins, et non en cherchant orgueilleusement à nous élever jusqu’à lui, que nous apprenons ce qu’il est. Dieu est amour ; nos besoins nous le font connaître ; c’est là ce qui ouvre son Livre à nos coeurs. Quand l’Éternel a donné la loi, tous étaient tenus à distance de sa gloire, si bien qu’une bête même ne pouvait toucher la montagne. C’est que tous ceux qui étaient sous les oeuvres de loi étaient sous la malédiction. Dans le Deutéronome, la malédiction devait être prononcée en Ébal, la bénédiction en Garizim. Or la malédiction seule est mentionnée (Deut. 27). L’apôtre en tire précisément cette conséquence, que « ceux qui sont sur le principe des oeuvres de loi sont sous malédiction » (Gal. 3:10 ; Deut. 27:26). La loi est bonne, mais l’homme est pécheur, et voilà pourquoi la loi ne peut justifier aucun homme.

Toute autre est la grâce. Dieu ne s’est pas borné à nous en envoyer le message ; il est venu lui-même nous l’apporter et nous la faire connaître. Il s’était fait connaître dans le passé à Abraham, à Jacob, à Manoah, et cela très obscurément, à de rares intervalles, sous forme angélique ; mais Jésus est venu comme homme sur la terre et a été « vu des anges ».

Pour que Dieu soit pleinement manifesté à l’homme, il faut trois choses : 1° Que le coeur de l’homme soit à l’aise devant Dieu. Or Dieu se manifeste en grâce, et l’homme fait connaissance non pas avec son juge, mais avec celui dont la bonté est la plus grande gloire. C’est ce que Jésus a fait. Il s’est approché de nous, afin que nous sentions, nous misérables, perdus de réputation, que nous avons ses sympathies les plus intimes. 2° Il faut que l’homme soit devant Dieu, sans péché. Cela a eu lieu dans l’incarnation du Fils de Dieu sans péché, de celui qui est l’homme parfaitement agréable à Dieu. Mais alors il serait resté seul, car si Dieu pouvait l’introduire dans le ciel, il ne pouvait nous y introduire, rien de souillé ne pouvant y entrer. Mais il est venu pour laisser sa vie. Ainsi la question du péché était réglée, et Dieu s’étant manifesté en grâce, par le don de son Fils, aux pécheurs sur la terre, ceux-ci peuvent s’approcher de lui dans le ciel. 3° Il faut enfin que l’homme soit tel que Dieu puisse le recevoir, et c’est encore ce que nous avons en Jésus. « Nous avons été rendus agréables dans le Bien-aimé ».

Considérons, à propos de la personne du Fils, quelques citations contenues dans ces chapitres : Il y a, au Ps. 2 (Hébr. 1:5), une chose frappante quant au Fils de Dieu. L’Éternel lui dit : « Tu es mon Fils », puis il appelle tous les rois de la terre à baiser le Fils, de peur qu’il ne s’irrite. Jérémie dit : « Maudit l’homme qui se confie en l’homme. Béni l’homme qui se confie en l’Éternel » (17:5, 7). Au Ps. 2, il est dit : « Bienheureux tous ceux qui se confient en lui » (le Fils). Le Fils est l’Éternel, en qui l’on doit se confier.

Au Ps. 45:6-7 (Hébr. 1:8-9) : « Ton trône, ô Dieu », s’adresse au Fils ; « Dieu, ton Dieu, t’a oint », s’adresse à Christ, l’oint de Dieu.

Au Ps. 102 (Hébr. 1:10-12), c’est dans le moment où l’humiliation du Messie nous est présentée avec le plus de force, que Dieu le proclame l’Éternel et le Créateur.

Au Ps. 110 (Hébr. 1:13), celui qui a été « le pauvre », est proclamé Seigneur et assis à la droite de Dieu dans la gloire.

Au Ps. 97 (Hébr. 1:6), quand le Premier-né est introduit dans le monde habité à venir, il dit : « Et que tous les anges de Dieu lui rendent hommage ».

Plus le fidèle s’attache de coeur à la gloire de Christ, plus il est dans sa vraie position. L’ignorance sur ce que Jésus est comme homme, comme Dieu, affaiblit tous les ressorts de la foi. Il est précieux de trouver la puissance infinie de l’amour de Dieu, s’accommodant, dans la personne du Seigneur Jésus, à tous nos besoins. Jésus a été « oint d’une huile de joie au-dessus de ses compagnons » (Hébr. 1:9. Ps. 45). Mais déjà actuellement, nous sommes ses compagnons (Hébr. 3:14). Jésus a été fait semblable à nous (à part le péché) et maintenant Christ glorifié, Christ, l’homme parfait, nous appelle ses compagnons et ses frères (Hébr. 2:12 ; Ps. 22), nous place dans la position où il se trouve, nous rend participants de sa vie, de son héritage, de son Esprit, et plus tard de sa gloire. Les anges ne sont pas appelés ses compagnons, ni ses frères. Ce n’est pas la force de l’homme qui peut nous donner une telle place ; c’est la puissance de Dieu, c’est l’Esprit de Dieu. Le Saint-Esprit, dont la plénitude est en lui, est en nous aussi, afin que nous ayons part à ces choses. Par nature, nous sommes des vers, nés de la poussière, et si nous avons quelque chose de plus, c’est le péché. Dieu, dans son amour, est devenu pour nous un Dieu de près ; il est entré dans tous nos besoins, et, par amour, nous a faits ce que nous sommes en Christ.


83 - Méditations de J. N. Darby — Luc 2:1-16

n°83 : ME 1895 p. 354

La naissance de Jésus est un thème pour les pensées mondaines ou superstitieuses des hommes ; mais le fait est que toutes les circonstances de cette naissance sont propres à bouleverser les idées du monde. Tout l’empire romain est mis en mouvement pour l’enregistrement ordonné par l’empereur ; c’est de ce dernier que le monde entier est préoccupé et non de Dieu, et cependant, de cette circonstance ordonnée de Dieu, dépend l’accomplissement des prophéties au sujet de son Fils. Au milieu de la foule, personne n’est moins considéré que Joseph et Marie. En les estimant selon leur rang dans le monde, on les loge dans une écurie. Rien n’exprime mieux le taux d’appréciation du monde que la place donnée aux voyageurs dans une hôtellerie. Quant à Jésus, on ne trouve point de place pour lui.

Pour Dieu, il n’y a rien de grand ou de petit. Ce qui était grand pour le monde, c’était le décret de l’empereur ; ce qui était très petit, ce qu’il ignorait même, c’était le voyage de Joseph à Bethléhem ; et cependant, sans cette circonstance, rien de ce que la Bible nous dit n’aurait pu s’accomplir. C’est pour l’enfant qui va naître à Bethléhem et dont Dieu et les anges sont occupés, que tout l’empire romain est mis en mouvement, car, dans la pensée de Dieu, les passions, la politique des hommes, tout en un mot, doit aboutir à Jésus et à sa gloire.

Dieu s’est humilié, jusqu’à devenir un petit enfant, et les anges le contemplent, désirant sonder de telles choses jusqu’au fond. C’est en voyant, d’un côté, Jésus homme, de l’autre, l’amour de Dieu pour nous, qu’ils comprennent la grâce de Dieu, d’un Dieu qui va jusqu’à prendre une Marie de Magdala, possédée de sept démons, pour la faire asseoir dans la gloire de Christ lui-même. Toute la bonté et tous les conseils de Dieu se manifestent ainsi en Jésus. Où nous faut-il aller le chercher ? Le monde irait sans doute le chercher à la cour d’un roi, ou à Jérusalem, la ville sainte, mais qui songerait à l’aller trouver à Bethléhem dans une crèche ? Le signe donné par les anges que Dieu est là, c’est qu’il est couché dans une crèche, et qu’il n’y a point de place pour lui dans le monde. L’homme ne trouve pas de place pour Dieu. Quand ce dernier vient en grâce pour les hommes, il vient au milieu des bêtes d’une étable, dans la plus basse humiliation. Il faut que l’homme cherche Dieu comme il se manifeste, et non pas autrement, car ce qui le glorifie dans les lieux très hauts, c’est de s’être humilié. S’humilier, se mettre au-dessous du niveau de l’homme, était la seule chose nouvelle pour Dieu. Le résultat de son amour, c’est qu’il se fait serviteur pour nous sauver.

Le monde parle beaucoup d’ordre ; l’ordre de Dieu, c’est que son Fils naisse dans une écurie. Il commence par la crèche, il finit par la croix. Cela montre que tout était en désordre dans le monde, et que Dieu ne pouvait avoir place au milieu de ce désordre engendré par le péché.

Tout ce que l’homme reconnaît pour haut et élevé, Dieu ne peut le reconnaître ; ce qu’il place en haut, Dieu le place en bas. Et, quant aux coeurs de ceux qui lui appartiennent, impossible, quand nous voyons Jésus n’avoir pas un lieu où reposer sa tête, de nous trouver à l’aise dans un monde où il n’y a pas de place pour lui. Nous ne pouvons nous tenir que près de la crèche ou de la croix. D’un autre côté, nous voyons dans cette humiliation de Christ, l’amour de Dieu qui prend la dernière place pour nous servir, dans la puissance de son amour. Il y a une distance infinie entre le trône de Dieu et mon coeur de péché. Le Seigneur Jésus a rempli de son amour tout cet intervalle. Je vois Jésus descendre jusqu’à ce monde de pécheurs, s’abaisser jusqu’à la croix, puis remonter jusqu’au trône de Dieu, et je puis dire : Il n’y a rien entre Dieu et moi qui ne soit rempli de l’amour de Christ.

Le bon plaisir de Dieu se manifeste, en Jésus, envers les hommes (v. 14) ; la source de toutes les louanges à Dieu parmi les anges, c’est l’amour que Dieu a eu pour toi, pour moi, pauvres pécheurs. Dieu qui est amour est ainsi glorifié ; c’est en Jésus, et seulement en lui, que nous trouvons cet amour.

Ce qui attache nos coeurs à Jésus, c’est son humiliation, ce qu’il est, et ce qu’il est devenu pour nous. Cela condamne entièrement le monde, où Christ n’a pas même pu trouver la place que vous et moi nous y occupons. Quelle place désirons-nous dans ce monde, où Jésus n’en a point trouvé ? Occupons-nous toujours de cet amour qui a fait descendre Jésus dans la crèche et jusqu’à la croix !


84 - Méditations de J. N. Darby — 1 Rois 13

n°84 : ME 1895 p. 375

Ce chapitre nous enseigne, d’une manière bien frappante, la simplicité d’obéissance à la volonté de Dieu, du moment que cette volonté nous est connue. C’est pour y avoir manqué, que le jugement est tombé sur le prophète infidèle. Aujourd’hui, Dieu n’agit plus publiquement, comme il le faisait alors parmi les Juifs. Le gouvernement de Dieu en Israël était un gouvernement public, et l’Éternel devait punir son peuple publiquement, toutes les fois qu’il péchait, car il était, extérieurement, un peuple au milieu du monde. C’était par lui que Dieu donnait au monde un échantillon de son gouvernement. Il faut toujours se souvenir de cela, pour comprendre l’histoire d’Israël.

Dès le moment où l’idolâtrie est entrée dans le monde, Dieu a appelé Abraham. Avant le déluge, Énoch avait rendu témoignage, mais il n’y avait pas encore un peuple élu. Lorsque Satan a réussi à se faire adorer en introduisant l’idolâtrie, Dieu appelle Abraham et se choisit un peuple. On voit en Jos. 24:23, que la famille d’Abraham servait d’autres dieux. Ce n’était pas seulement l’iniquité, comme avant le déluge, c’était servir, les démons au lieu de Dieu (1 Cor. 10:20).

Mais Dieu n’exécute pas le jugement avant que l’iniquité soit arrivée à son comble, parce qu’il est plein de support et de patience ; il prononce ses jugements longtemps avant leur exécution, afin d’avertir les pécheurs. Ce n’est que lorsque l’iniquité des Amorrhéens arrive à son comble, qu’Israël, introduit dans le pays de Canaan, frappe ses habitants comme ennemis de Dieu. Il en est de même dans notre chapitre (v. 2).

Dieu établit les limites des peuples selon le nombre des fils d’Israël (Deut. 32:8), mais ce peuple est aussi, aux yeux de tous les peuples, un échantillon de la manière dont Dieu s’y prend pour éprouver le coeur de l’homme. L’épreuve nous fait voir que l’homme, sous la loi de Dieu, essayé par lui, ne vaut absolument rien. Ce gouvernement manifeste Dieu non moins que le coeur de l’homme. Son caractère à lui, est glorifié, tandis que l’homme, arbre et sève, est reconnu entièrement mauvais.

C’est quand tout est perdu, que la souveraineté de Dieu en grâce commence à se manifester. Au lieu de détruire les hommes qui avaient rejeté son Fils unique, Dieu leur offre la grâce. Il nous importe de nous souvenir que nous sommes sous la grâce et non sous la loi. En nous replaçant sous la loi, nous rentrons dans une condition qui a manifesté que nous sommes perdus.

L’Éternel est le Dieu des Juifs (Ex. 6:3), mais, pour nous, Dieu est le Père. S’il y a du mal dans ses enfants, il ne le permet pas ; il les châtie, mais sans qu’ils cessent pour cela d’être ses enfants. C’est comme tels, qu’il a mis dans nos coeurs son Esprit, par lequel nous crions : Abba, Père ! Cet Esprit nous reprend quand nous tombons en quelque mal. Dieu dit à Israël, en Amos : « Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités » (Amos 3:2).

Dans l’Église, la discipline est bien plus cachée, plus intérieure, parce que nous ne sommes pas un peuple extérieur, mais un peuple destiné à manifester la sagesse de Dieu infiniment variée, aux principautés et aux puissances dans les lieux célestes. En Israël, Salomon étant tombé dans l’idolâtrie, Dieu lui ôte une partie de son royaume. Jéroboam, agissant selon la sagesse de l’homme, fait des veaux d’or, sous prétexte de trouver l’Éternel à Dan et à Béthel, mais en réalité afin d’empêcher le peuple de retourner à Jérusalem. Il façonne la religion selon ses plans et ses convenances ; et c’est ainsi que, de nos jours, la sagesse de l’homme arrange extérieurement même le christianisme.

Jéroboam sacrifiait lui-même, alors que les sacrificateurs avaient seuls le droit de le faire. L’ordre donné au prophète de Juda était très positif, très clair : « Tu ne mangeras pas de pain, et tu ne boiras pas d’eau, et tu ne t’en retourneras pas par le chemin par lequel tu es allé » (v. 9). Il devait manifester par là que l’Éternel ne veut point avoir de communion quelconque avec les méchants. Le prophète remplit fidèlement son message ; le roi veut le faire saisir, mais Dieu est avec lui et le délivre. Puis il intercède pour son adversaire, nouvelle preuve que Dieu est avec lui. Alors le roi l’invite : « Viens avec moi à la maison, et rafraîchis-toi, et je te donnerai un présent » (v. 7). C’est ce que fait le monde, quand il reconnaît la présence et la puissance de Dieu avec son peuple ; il voudrait bien alors que le peuple de Dieu vînt au milieu de lui, afin de sanctionner son état par sa présence ; mais son coeur n’est point changé pour cela (v. 33). Le prophète est fidèle, refuse l’invitation, et semble en s’éloignant s’être éloigné du danger.

Mais le danger vient d’un autre prophète qui habitait Béthel, et qui n’avait pas senti l’état d’iniquité de Jéroboam, car il restait au milieu du mal. C’est lui, maintenant, qui désire la présence du prophète fidèle, afin qu’elle sanctionne son état. Il voudrait que le vrai prophète le reconnût, là où il se trouve. Il en est de même des chrétiens infidèles, alliés au monde ; ils recherchent la sanction de ceux qui sont fidèles, quand ils les voient bénis de Dieu. Sans doute, on ne voit pas le vieux prophète sacrifier sur l’autel ou sanctionner activement l’iniquité. Mais il demeurait au milieu de cette iniquité, et il voulait y avoir la communion du prophète fidèle. Ce dernier s’en retourne et vient en effet sanctionner par cet acte la position d’infidélité du vieux prophète. Bien plus, il désobéit à la parole positive de l’Éternel. Il accepte le mensonge du vieux prophète, à cause de sa qualité de prophète, à cause du bien qui était en lui. Plus il y a de bien dans un homme, plus il est distingué comme serviteur de Dieu, plus aussi son infidélité, même légère, peut faire de mal. Il en fut ainsi de Pierre, en Gal. 2, quand il refusa de manger avec les chrétiens d’entre les gentils. La mondanité d’un chrétien fait plus de mal que celle d’un mondain. Elle autorise la mondanité chez les saints, elle sanctionne la mondanité du monde. À table, le vieux prophète est chargé d’annoncer lui-même à l’homme de Dieu le jugement de l’Éternel sur sa désobéissance !

Quand Dieu nous a montré sa volonté, nous devons nous y tenir en simplicité et en obéissance ; sinon, nous avons des châtiments, et la triste conviction d’avoir été infidèles. Le pire serait que Dieu nous laissât dans notre mauvais train. En suivant la volonté de Dieu, nous trouverons toujours la bénédiction. Pour discerner cette volonté, il faut être en communion avec lui. Que le Seigneur nous donne d’être fidèles !


85 - Méditations de J. N. Darby — Exode 14

n°85 : ME 1895 p. 389

On trouve dans ce livre de l’Exode trois caractères de Dieu en rapport avec l’oeuvre de notre salut : 1° Sa condescendance : « J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple… je connais ses douleurs » (3:7). 2° Le jugement de Dieu contre le péché — jugement dont les Israélites furent garantis par le sang placé sur leurs portes. Israël, dans ses péchés et ne pouvant se préserver des jugements de Dieu, est préservé par le sang de l’Agneau (12). Dieu ne saurait nous imputer le péché, sans mépriser le sang de son Fils. 3° Dieu libérateur. Il se trouve que toute la puissance de Dieu est pour nous. Satan se présente avec sa puissance, et Dieu la laisse se manifester et se déployer tout entière, afin que nous comprenions bien que nous en sommes entièrement délivrés pour toujours (14). La chose est vraie, que nous en ayons fait l’expérience ou non, mais notre conviction découle de l’expérience que nous avons acquise.

Il a été permis à l’Ennemi de mettre en jeu toutes ses ressources contre le peuple de Dieu, jusqu’à le poursuivre dans le domaine même de Dieu, à travers la mer. C’était pour Israël un moment de terrible épreuve. Ils avaient entendu la parole de Dieu, ils avaient cru à son amour, le sang avait été mis sur leurs portes et ils en avaient éprouvé l’efficace. Ils s’étaient mis en route pour sortir du royaume de Satan, qui ne les laissait partir que par contrainte et les poursuivait maintenant jusqu’aux confins de son royaume. Dieu ordonne aux enfants d’Israël de se détourner de leur chemin, les plaçant dans une telle situation qu’ils doivent sentir toute leur impuissance et toute la force de Pharaon. Tant qu’Israël faisait des briques, il n’avait rien à craindre des chariots des Égyptiens. Le voici qui, dès le commencement de son voyage, se trouve avoir affaire à tout l’attirail de la puissance du roi. Il en est souvent ainsi pour les enfants de Dieu. C’est au moment de leur délivrance qu’ils font, d’une manière inconnue jusque-là, l’expérience de la puissance de Satan, mais ils apprennent que Jésus est le capitaine de leur salut.

Dieu place Israël de telle sorte, qu’il est seul, en présence de l’ennemi d’un côté, de la mer et du désert de l’autre. La mer Rouge est l’emblème de la mort et du jugement. Quand Israël se voit ainsi acculé, il perd confiance. À la suite de l’efficace du sang de l’agneau, il était heureux de quitter l’Égypte, mais ayant été longtemps l’esclave du monde, il n’avait ni l’expérience nécessaire, ni une foi suffisante en la puissance de Dieu. Il fallait encore qu’il fit l’expérience de la puissance de Satan en regard de celle de Dieu, ainsi que de l’exercice de sa fidélité. Comme Israël, l’enfant de Dieu peut aussi être effrayé et abattu devant la mort et le jugement, fruits du pouvoir de l’Ennemi. Israël ne voit d’autre alternative que de mourir au désert ou de servir les Égyptiens. Cette alternative se présente aussi à notre incrédulité, mais il faut que nous fassions l’expérience de notre impuissance totale contre Satan, quand il s’agit de notre délivrance. Le diable a remporté la victoire sur l’homme innocent ; elle ne lui sera pas difficile à remporter sur l’homme pécheur. Ni en Égypte, ni dans le désert, nous ne pouvons rien pour être délivrés de notre Ennemi, car, par nature, nous sommes non seulement impies, mais privés de toute force.

Quoiqu’il n’y eût pas autre chose devant eux que la mer, Dieu dit aux Israélites de marcher. Cela corrobore ce que Dieu a dit : « L’Éternel combattra pour vous, et vous, vous demeurerez tranquilles ». Ils doivent marcher en avant comme s’il n’y avait ni mer, ni Pharaon. En face d’un Ennemi plus fort que nous, Dieu nous entoure d’impossibilités, afin que nous comprenions que lui est pour nous de tout son coeur et de toute sa force. C’est ce qu’il nous a montré en Christ, lui qui n’a pas épargné son propre Fils, Celui qui pouvait dire : « Le prince de ce monde vient, mais il n’a rien en moi ». — Pilate le reconnaît innocent et le laisse condamner ; les sacrificateurs qui devaient bénir leur Messie, le mettent au rang des malfaiteurs ; les disciples l’abandonnent ; l’un d’entre eux le trahit ; Satan qui a la puissance de la mort, l’exerce contre lui ; il est délaissé de tous ; l’homme déploie sa vigueur contre lui ; Dieu lui-même l’abandonne. C’est vraiment l’heure de l’homme et la puissance des ténèbres. Mais il faut passer la mer Rouge. En Christ, tout le peuple de Dieu a traversé la mort et le jugement. Par la mort, Christ a détruit celui qui avait la puissance de la mort ; mais Jésus, sorti du tombeau, a une vie en dehors de tout le pouvoir de Satan ; la preuve que ce pouvoir est détruit est donnée à la résurrection de Christ. Israël est sorti de la mer Rouge, et pas un seul Égyptien n’apparaît de l’autre côté.

Le chrétien, nous l’avons dit, fait l’expérience de ces choses dans des moments où tout est obscur. Cela arrive aux âmes qui ont encore quelque confiance en elles-mêmes, qui sont difficiles à convaincre d’impuissance et à persuader qu’elles doivent se confier uniquement en Dieu. C’est lorsque ces âmes en sont réduites à dire : « Je dois rester tranquille, car je ne puis rien faire », qu’elles voient la délivrance. Il ne s’agit pas de combattre Pharaon ; il n’est pas nécessaire, pour être délivré, qu’une âme fasse une expérience pareille ; si elle commence par se fier à Dieu, elle pourra l’éviter. Une âme qui a passé par des expériences très douloureuses, peut en retirer l’avantage de mieux comprendre l’état des autres. Il faut pour qu’elles trouvent la délivrance, que ces âmes soient amenées au sentiment de leur impuissance.

Dieu place le sang sur son peuple pour le préserver du jugement, et il le délivre de toute la puissance de Satan. Cette puissance a été manifestée à la croix, mais la résurrection l’a détruite. C’est l’affranchissement, qui consiste non seulement dans la foi à l’expiation, mais en ce que toute la puissance de Dieu est pour nous contre Satan. La confiance seule au sang de l’Agneau n’est pas l’affranchissement.


86 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 49

1 janvier 1841 — n°86 : ME 1895 p. 408

La pensée des fidèles se porte toujours au delà de ce qui les entoure car pour eux la vie présente est la nuit, et le matin qui suivra est la résurrection. « La nuit est fort avancée », dit Paul, « et le jour s’est approché ». Un jour n’a guère plus d’effet sur moi qu’un autre, sinon pour me rappeler que je suis encore dans la nuit (mais non pas de la nuit), dans le pèlerinage, au milieu d’un monde qui hait mon Sauveur.

En repassant, dans notre mémoire, l’année qui vient de s’écouler, nous avons bien des grâces à rendre à Dieu. Plus nous vivons comme chrétiens, plus nous réalisons la fidélité de Dieu. Le jeune chrétien a plus d’élan, celui qui a vécu plus longtemps a fait davantage l’expérience de son coeur et du coeur de Dieu ; il comprend mieux Sa fidélité et réalise davantage qu’il est toujours là pour accomplir tout en nous, selon ses promesses. Il y a une expérience de Dieu que toute la joie du commencement de la vie chrétienne ne peut remplacer. « Attends-toi à l’Éternel », tel en est le résultat. Tout chrétien peut rendre témoignage de la fidélité de Dieu à son égard, mais l’effet de la pratique de la vie chrétienne est de nous donner le sentiment que nous ne pouvons rien, sinon obéir, et que Dieu seul peut agir. On se repose davantage sur lui, on s’attend à sa bonté, on sait qu’il fera toutes choses. Il y a une certitude de sa bonté que l’on ne trouve pas dans une âme encore novice. On n’en devient pas, pour cela, moins actif, mais l’activité, au lieu d’avoir sa source dans nos pensées, a sa source dans l’obéissance.

Devant Dieu, il n’y a point d’époques ; il n’y a que l’éternité. Ce qui nous rappelle le temps, nous rappelle que nous sommes encore ici-bas. Étant morts et ressuscités avec Christ, nous sommes déjà, en ce sens, dans l’éternité. Il faut que nos pensées soient avec Jésus, et avec sa gloire, et ce n’est pas ici-bas que l’on trouve cela.

Il y a deux hommes, le premier et le second Adam ; deux familles, celle du premier et celle du second. Toutes nos pensées découlent de notre relation avec l’une ou l’autre de ces deux familles. Si je tiens à ma relation avec le second Adam, je juge que le monde entier n’est que la scène où le premier a déployé son iniquité et où le second a été rejeté par cette iniquité de l’homme.

La résurrection de Jésus a fait de lui le Chef d’un monde à venir, et ceux qui ont part à sa résurrection appartiennent à ce monde-là. Le mauvais riche n’avait rien de particulièrement mauvais quant à ce monde-ci ; il lui est dit seulement : « Tu as reçu tes biens pendant ta vie ». Tel était son caractère ; il était du monde, il l’aimait, il y faisait joyeuse chère ; or l’amitié du monde est inimitié contre Dieu. Pour le chrétien, tout ce qu’il voit dans ce monde est une conséquence de la chute. Sans parler des convoitises, des inégalités, des maladies, de la misère ; jusqu’à nos maisons et nos habits, et la différence de nos langues le prouve. Pourquoi a-t-on des clefs, sinon par défiance de ses voisins et même des gens de sa propre maison ? Aussi toutes les pensées, tous les désirs du fidèle se portent vers l’aurore du jour à venir. Du moment que nous comprenons ce jour à venir, toutes les choses que les hommes recherchent (v. 11) nous deviennent indifférentes. Le monde compte sur sa durée et sa continuation illimitée (v. 12. Luc 17:26, etc). Mais tout ce qu’il y a de plus excellent parmi les hommes ne dure pas ; bien plus, c’est une abomination devant Dieu, car tout se lie à cette famille du premier Adam qui est vouée à la condamnation. Le temps actuel est la nuit, et le chrétien le sait depuis qu’il a reçu l’Évangile. Dieu a favorisé l’homme de toutes les ressources que ce monde pouvait lui offrir, et l’homme s’est corrompu toujours davantage. La lumière est venue ; le monde a haï la lumière et a préféré les ténèbres. S’il y a maintenant une lumière dans l’Église, c’est la preuve qu’il fait entièrement nuit au dehors. Le monde qui se croit sage et éclairé, méprise cette lumière et reste dans les ténèbres ; mais pour l’Église, la nuit sera bientôt passée et le matin apparaîtra.


L’homme tire de son mieux parti de cet héritage dont il a chassé Jésus, tandis que le chrétien, s’il est fidèle, partage le sort du Sauveur rejeté. Si notre lumière luit dans un monde de ténèbres, il est évident que le monde nous persécutera. Plus nous serons fidèles, moins nous trouverons de paix avec le monde. Pour un chrétien, la paix avec le monde n’est pas autre chose que la capitulation de l’infidélité.

Tout ce qui a rapport au temps et à ce présent siècle mauvais est la nuit. Mais nous, la famille du second Adam, nous avons la lumière pour traverser cette nuit. Le chemin du monde est sa folie (v. 13). Malgré les conseils, tous suivent le même train et vont l’un après l’autre se coucher dans le shéol. Mais nous, nous ne devons pas avoir notre part là où règne la misère du premier Adam ; notre part est la gloire du second Adam ; et c’est au matin de ce jour-là que brillera la gloire de Christ !


87 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 34

n°87 : ME 1895 p. 412

Les Psaumes nous présentent continuellement les justes et les débonnaires, comme ayant des maux en grand nombre et comme traversant l’épreuve. Les deux premiers Psaumes sont le sommaire de tous les autres.

Le 1° parle du bonheur du juste, le 2° de la gloire de Christ. Dans le premier, le Seigneur Jésus est le modèle du juste ; ce dernier nous est représenté comme devant prospérer. Cela est vrai dans les conseils de Dieu, mais en réalité, dans ce monde, le juste parfait est loin d’avoir prospéré, car il a été rejeté des hommes.

Le Ps. 2 nous présente la gloire de Christ, comme Roi des Juifs ; mais auparavant il a été rejeté comme juste et comme Roi. Au Ps. 3, commence la plainte de Christ et du petit résidu qui s’attachera à lui. Dès lors les justes sont toujours présentés comme souffrants et les méchants comme triomphants. Il en sera ainsi jusqu’au moment où Satan sera lié et où Jésus régnera sur la terre. Pour le dire en passant, la gloire de l’Église n’est pas révélée dans les Psaumes.

Au Ps. 34, nous trouvons les expériences de Christ lui-même. Le v. 20 s’est accompli littéralement sur la croix. C’est une allusion à l’agneau pascal (Ex. 12:46). Le Christ nous présente l’expérience de ses douleurs et de ses souffrances pour nous encourager. Il a consommé la foi dont il est le chef. Il nous enseigne à dire : « Je bénirai l’Éternel en tout temps » (v. 1). Pour un enfant de Dieu, l’action de grâces est naturelle, mais, quand on n’a point de soucis, il est facile de louer l’Éternel. C’est ce que les amis de Job lui disaient. Tout ce qui est de Dieu est durable ; son amour en nous, dure ; il en est de même de nos louanges. L’homme naturel ne peut louer Dieu que lorsqu’il est à son aise, tandis que, l’Esprit de Christ nous apprend à le louer en tout temps. Quand la vie de Dieu commence en nous, nous sommes pleins de joie, mais alors commence le voyage, et le voyage est souvent pénible, et si l’on n’a pas fait d’avance son compte qu’il en doit être ainsi, on se laisse abattre et décourager. Les afflictions, les maladies, nous abattent et nous empêchent de rendre grâces, mais simplement parce que nous avons perdu confiance en Dieu.

Le Seigneur Jésus a passé par de grandes frayeurs (v. 4), néanmoins il dit : « Magnifiez l’Éternel avec moi, et exaltons ensemble son nom » (v. 3). Il est entré dans des difficultés beaucoup plus grandes que celles qui nous assaillent, et cependant il dit : « l’Éternel m’a répondu » (v. 4). Après avoir dit : « Père, s’il est possible que cette coupe passe loin de moi », il a pu dire : « La coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » Ce n’est pas à dire que pour nous, ici-bas, le mal s’en ira absolument ; mais cependant lui en a été délivré. Après être mort, il a été ressuscité. Il nous faut faire notre compte que notre vie comme chrétiens sera parsemée de toute sorte de choses pénibles. Christ a passé par toutes ces choses et nous apprend que l’Éternel l’a délivré, qu’il a été son appui, et qu’après avoir passé par l’épreuve, il peut en bénir Dieu. Christ a été crucifié en faiblesse. Ce n’est pas par sa divinité, mais par son humanité qu’il a eu part à ces souffrances. On trouve en 2 Cor. 1:3-6, qu’il n’y a de consolation que pour l’affligé, et cette consolation nous fait sentir que Dieu lui-même est notre joie en Christ, indépendamment de toutes nos circonstances.

Au v. 6, le résidu reconnaît la vérité de cette délivrance, en la voyant réalisée en Christ. Le résultat de toutes ces choses est une connaissance plus intime de Dieu : « Goûtez et voyez que l’Éternel est bon ! Bienheureux l’homme qui se confie en lui ! » (v. 8).


88 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 1:1, 2

n°88 : ME 1895 p. 434

Cette épître renferme des vérités très élevées. Si le coeur de l’homme ne se soumet pas à la vérité, cette vérité même, employée par la chair, tourne contre lui. Aucune vérité n’a fourvoyé plus d’hommes que celle-ci : Dieu est amour. Les méchants en abusent pour rejeter la nécessité de l’effusion du sang de Christ. Dans cette épître les faits les plus simples de la vie chrétienne sont liés aux vérités les plus profondes.

C’est à la fois une sauvegarde contre le mysticisme et contre la tendance à matérialiser le christianisme. Les chrétiens matériels ont contre eux les vérités ; les mystiques ont contre eux les faits. Une âme simple comprend l’amour de Dieu en Christ qui a fait propitiation pour elle ; elle trouve dans cet amour la source de sa joie et cherche à marcher d’une manière digne de cet amour. L’épître commence par cette grande vérité que Christ est la source de la vie, et que la vie a été manifestée. Ensuite, l’apôtre prend les faits les plus simples pour vérifier la vie de Christ en nous ; ces faits sont l’amour fraternel et la justice pratique. Il y avait des personnes qui prétendaient à de très grandes connaissances. L’apôtre affermit les simples en leur présentant la communion avec Dieu et avec son fils Jésus-Christ comme ce qu’il y a de plus élevé et comme la source d’une joie parfaite dont le plus simple, comme le plus avancé, peuvent dire qu’ils la possèdent. Cette communion avec Dieu, en Christ, est le privilège de tous les chrétiens sans exception.


Il y a deux choses : nos relations avec Dieu, comme notre Père, et, avec Dieu, dans son caractère de sainteté. Il faut que ces deux choses s’unissent chez le chrétien : la confiance en Dieu, comme Père, et la crainte du Dieu saint. En nous introduisant dans la communion parfaite avec lui, Dieu se révèle à nous comme étant lumière. Comme tel, il met en évidence tout ce qui ne correspond pas à sa pureté et à sa sainteté, et agit par là sur notre conscience. Si, d’un côté, nous sommes dans la communion la plus intime avec lui, de l’autre, nous ne pouvons et ne devons juger nos coeurs que selon la lumière qui est en Dieu et que nous avons trouvée en lui par Jésus. Marcher dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière, voilà le principe ; nous ne pouvons en prendre un autre.

Christ nous a communiqué sa vie, la vie éternelle qui était avec le Père ; la vie de Dieu est en nous. C’était cette vie qui était la lumière des hommes. Étant unis à Jésus, nous sommes placés dans la lumière de Dieu, dans laquelle nous marchons, comme Dieu est dans la lumière.

Il y a beaucoup de lumière que l’Église n’a pas réalisée, mais la source de notre faiblesse c’est de n’être pas fidèles à la lumière que nous avons. C’est ce qui empêche la communion des enfants de Dieu. Marcher dans la lumière, ce n’est pas être sans péché, car Christ qui nous a introduits dans la lumière est aussi mort pour nous, et son sang nous purifie de tout péché. Il faudrait être comme Dieu même, pour n’avoir point de péché. Si nous sommes dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, l’effet en est de manifester tout péché, non pas seulement les péchés commis, mais aussi le péché intérieur, non encore réalisé, qui se trouve seulement dans le coeur où il se cache, sans être encore un acte positif qui charge la conscience, et qui affaiblit la communion avec Dieu. Or le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous nous disons sans péché, la vérité n’est point en nous ; si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner et nous purifier de toute iniquité. La justice ayant frappé Christ, ne peut plus nous frapper nous-mêmes. Il est juste pour nous pardonner ! C’est une grande sécurité pour l’enfant de Dieu.

Jésus n’est pas l’avocat du monde, mais des élus, des enfants de Dieu actuellement manifestés. « Nous avons un avocat auprès du Père ». Le mot « nous » a presque toujours cette signification dans le Nouveau Testament. En résumé, nous trouvons dans ce chapitre trois points de toute importance : 1° Dieu nous a introduits dans une joie parfaite, dans la communion avec le Père et avec le Fils, par la vie éternelle qui nous a été donnée. Aucune profondeur ne peut aller au delà. 2° Par ce moyen, nous sommes placés dans la lumière, comme Dieu lui-même est dans la lumière, ce qui agit, par la crainte de Dieu, sur nos consciences. 3° Dans cette position, le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché. — La conséquence que le Saint-Esprit en tire, est que, si nous confessons nos péchés, Dieu est juste pour les pardonner.


89 - Méditations de J. N. Darby — Exode 16

n°89 : ME 1895 p. 471

L’histoire de ce qui s’est passé entre la mer Rouge et Sinaï est la manifestation des principes de la grâce, avant que la loi fût donnée. Nous pouvons trouver dans ce récit la représentation des bénédictions de l’Église, comme peuple de Dieu, pendant sa marche ici-bas, objet de toute l’administration de la grâce de Dieu, malgré toutes ses infidélités qui nous sont présentées pour notre instruction dans l’histoire d’Israël après la mer Rouge. Or la grâce seule répond aux murmures du peuple. Les mêmes murmures se sont produits après la promulgation de la loi, mais alors, ce n’est plus la grâce, ce sont les châtiments qui y répondent. Sans doute, après comme avant Sinaï, Dieu donne la manne, les cailles et l’eau du rocher, mais avant la loi, ces dons étaient la manifestation que Dieu est amour, tandis qu’après la loi ils sont accompagnés des jugements les plus sévères. Dans notre chapitre, Israël est sous la grâce, et porté sur des ailes d’aigle. Sa folie a été de se placer sous la loi et d’entreprendre d’accomplir la volonté de Dieu, qui lui avait-dit : « Si vous gardez mon alliance, vous m’appartiendrez en propre d’entre tous les peuples » (Ex. 19:5). Israël aurait dû dire : « Nous ne le pouvons pas ; nous reconnaissons le devoir de t’obéir, mais nous ne pouvons pas accepter les promesses sous cette condition ». Au lieu de cela, ils disent : « Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons ». Entreprendre l’obéissance, c’est toujours l’orgueil, quand on a fait auparavant l’expérience de sa faiblesse et de la grâce de Dieu. Tout devoir est notre ruine, parce que nous sommes des pécheurs. Le devoir n’en subsiste pas moins, mais il n’est pas la condition de la grâce. Israël avait été délivré par le sang et par la mer Rouge ; il reçoit de l’eau et du pain par grâce, mais ensuite il accepte la bénédiction sous condition d’obéissance. C’était à la fois l’oubli des bienfaits reçus de la bonté de Dieu et l’oubli de sa propre faiblesse.

Pour faire ressortir cette folie, Dieu conduit Israël par la grâce, avant de lui donner la loi. La loi est intervenue pour que l’offense abondât (Gal. 6 ; 1 Cor. 15:56 ; 2 Cor. 2). Elle est la puissance du péché et un ministère de mort.

La mer Rouge est la délivrance d’Israël par la puissance de Dieu, qui dès lors commence l’instruction de ses enfants. Le désert devient l’occasion de déployer toutes les richesses de sa grâce. Les Israélites regrettent l’Égypte, et Dieu leur répond en leur donnant plus qu’ils ne désiraient.

Les soins de la grâce comprennent trois choses : Christ, notre pain, notre nourriture ; l’eau du rocher, type du Saint-Esprit ; l’intercession de Jésus.

La manne se lie au sabbat, l’eau du rocher au combat, dans lequel le Saint-Esprit nous introduit. Ce combat est accompagné de l’intercession. Le repos de nos âmes provient du don de Christ, et l’effet de la présence du Saint-Esprit est de nous pousser dans le combat. Ces trois choses se trouvent dans les chap. 16 et 17. Si nous sommes fidèles, nous combattons malgré nous ; chaque pied de terrain doit être enlevé à Satan. En combattant, les forces s’épuisent ; notre faiblesse nous est ainsi révélée ; en même temps que la fidélité de Dieu. Malgré notre faiblesse, l’Ennemi est déjà vaincu : « J’ai vaincu le monde ». « Résistez à Satan, et il s’enfuira loin de vous ». C’est Christ qui combat en nous, et du moment que la force de Christ se déploie en nous, Satan s’en va, reconnaissant la puissance de Celui qui l’a vaincue, lui, le prince de la mort. Israël était déjà pleinement délivré quand il rencontre Amalek ; il n’a pas eu à combattre Pharaon, ce qui pour lui aurait été la mort. Christ, le Prince de la vie, peut seul combattre le prince de la mort.

Israël murmurait de se trouver dans le désert ; il murmure de ce qu’il n’a pas de pain, ensuite, de ce qu’il n’a pas d’eau. Dieu nous envoie des choses pénibles, précisément parce que cela est nécessaire. Le coeur vante ce que l’Éternel avait fait en Égypte, parce qu’en Égypte la volonté n’était pas brisée, ni la chair mortifiée. Israël accuse Moïse de l’avoir amené au désert pour le faire mourir ; la délivrance de Dieu est oubliée ; le coeur retourne au monde ; la chair se souvient de l’Égypte. On n’aime pas à être délivré ; on n’est pas content de la grâce, parce que la chair est en activité et que Dieu ne peut suffire aux désirs de la chair. Rien de ce que Dieu donne ne plait à la chair. Quand nous nous plaignons des circonstances, nous murmurons contre Dieu qui les dirige. Israël était très content d’être dans le désert, lorsqu’il était encore au bord de la mer Rouge.

Après tant de grâces et de délivrances, Israël murmure. Dieu se présente à eux comme leur Sauveur (v. 6). Quand on murmure, on a oublié le salut. Nous disions : « Dieu est bon », au moment où nous sentions la délivrance du péché et de ses conséquences ; mais quand nous nous sentons à l’aise, nous agissons envers Dieu comme s’il n’avait qu’à satisfaire nos désirs. Les difficultés arrivent ; nous murmurons et nous oublions que, si nous y sommes, c’est parce que nous avons été sauvés. Quand j’étais ruiné et réduit à la mendicité, un morceau de pain était trop bon pour moi ; maintenant que je suis délivré et à l’aise, mes murmures ne peuvent provenir que d’un coeur ingrat. Mais Dieu se montre au-dessus de toute l’iniquité, de tout le mal, de tous les murmures. Telle est la grâce ! (v. 7). Dieu n’aurait pu permettre que le péché fût plus grand que lui. « Où le péché a abondé, la grâce a surabondé ». C’est à la croix que le péché de l’homme a le plus abondé ; c’est à la croix que Dieu a fait grâce à toutes les iniquités et qu’il s’est montré plus grand que toute la méchanceté de l’homme. Parce que l’Éternel a ouï les murmures du peuple, il veut lui donner la démonstration de sa bonté.

Le v. 8 montre la pure grâce de Dieu ; ce n’est pas la grâce envers un inconverti ; c’est plus que cela, c’est Dieu faisant grâce à ceux qui murmurent contre ses bontés.

Cette grâce est figurée dans la manne. Christ est la manne, le vrai pain descendu du ciel (Jean 6). Si l’on veut comprendre la gloire de Dieu dans sa bonté, il faut absolument en venir à Christ qui est le don de Dieu pour nous, quand nous étions dans nos péchés. Cela est surtout évident sur la croix. Il faut manger sa chair et boire son sang, le recevoir comme mort, car c’est sa mort qui manifeste le plus évidemment l’amour de Dieu pour les pécheurs.

C’est pourquoi, comme type, le sabbat est ajouté à la manne. Christ est notre repos. Si nous voulons garder cette grâce comme quelque chose qui soit à nous, elle se corrompt ; c’est la propre justice. Il nous faut une dépendance totale, journalière, manger Christ et rien d’autre. Le repos de nos âmes vient entièrement de Christ.

Ensuite il faut combattre, sinon Satan nous éloigne toujours plus de la communion avec Dieu. Mais si nous sommes abattus, nous n’avons qu’à penser à Christ pour rendre grâces. En pensant à tout cela, je glorifie le Seigneur, et mon coeur se repose sur tout ce que Dieu est dans ma délivrance. C’est lui qui agit pour moi, qui fait tout, qui a tout fait pour son Église, pour l’éternité, quand nous n’étions que pécheurs. Dieu remporte, par sa bonté, la victoire sur nos coeurs ingrats et rebelles.


90 - Méditations de J. N. Darby — Colossiens 2

n°90 : ME 1896 p. 17

L’apôtre s’intéressait vivement, même à ceux qui n’avaient pas vu son visage dans la chair (v. 1). Il savait bien qu’étant dans l’Église il était dans le combat. Du moment que le combat cesse, l’Ennemi, toujours présent, est à l’oeuvre pour faire du dégât. Le Seigneur n’a pas encore lié et enfermé Satan dans l’abîme et ne lui a pas encore ravi le monde, mais son oeuvre soustrait déjà son Église, et surtout la conscience de ceux qui croient, à la puissance de Satan. Leur conscience est délivrée, quand, par la foi, ils comprennent cette oeuvre de Christ. Péché ; puissance de Satan, mort et loi, jugement de Dieu, Christ nous a délivrés de tout cela par sa mort. Il s’est soumis à la puissance de Satan et à la mort, et il a pris sur lui nos péchés et leur jugement. Il a porté les conséquences de tout ce qui pesait sur nous. Sa résurrection est sa délivrance parfaite, et partant la nôtre, à l’égard de toutes ces choses. Il était dans le tombeau sous nos péchés, dans notre mort, sous la puissance de l’Ennemi, et nous en sommes délivrés avec lui par sa résurrection. Il nous unit ainsi avec lui.

Il n’y a, dans un sens, que deux hommes sur la terre, Adam et Christ. Nous sommes par nature tous en Adam. Christ prend la place d’Adam ; il faut que nous soyons ou sous l’effet du péché d’Adam, ou sous tout l’effet de ce que Christ, le second Adam, a accompli, et telle est notre part dès que nous avons cru. Ce qui nous sauve, c’est que nous sommes dans le second homme, Christ.

Par cela même que l’Église est délivrée de Satan, et qu’elle a échappé à son pouvoir, elle a à combattre contre lui. Paul le comprenait (v. 1). Le but du combat est indiqué au v. 2. L’apôtre dit : « Pour toutes les richesses d’une pleine certitude d’intelligence ».


La certitude s’applique dans la Parole :

1° À la foi : La « pleine assurance de foi » (Hébr. 10:22) est cette simplicité qui regarde à Jésus, comme donné de Dieu, et qui a le sentiment d’une complète délivrance. C’est un péché que d’avoir un seul doute sur l’efficace du sang de Christ.

2° À l’espérance : La « pleine certitude de l’espérance » (Hébr. 6:11). Le fidèle jouit en espérance, comme d’une réalité, des conséquences de sa délivrance et de son affranchissement. Si on n’a que l’espoir d’être sauvé, on ne peut être joyeux. Ce qui donne de la joie, c’est l’espérance de la gloire, la certitude de posséder l’héritage.

3° À l’intelligence : La « pleine certitude de l’intelligence ». Il ne s’agit ici, ni de ma conscience purifiée, ni de ma gloire, mais de la gloire de Dieu. Dieu a racheté l’Église pour sa propre gloire. Si un seul fidèle manquait à l’Église dans la gloire, Dieu ne serait pas glorifié. La gloire de Christ est aussi l’objet des conseils et de la gloire de Dieu, car Dieu se donnera la gloire de glorifier Christ. Je vois, non plus ma gloire seulement, mais la gloire de Dieu, et que mon salut et celui de l’Église sont nécessaires à cette gloire. Cela donne à mon espérance un grand calme et une grande force. Telle est la pleine certitude de l’intelligence.


Toute notre jouissance des pensées de Dieu dans sa Parole, provient de la puissance du Saint Esprit en nous. Si l’Esprit est contristé, c’est notre faute, et nous ne pouvons nous excuser en alléguant que nous avons été entraînés ou que c’est l’habitude qui nous a fait agir ainsi. Il faut donc marcher selon l’Esprit, pour garder la certitude de foi, d’espérance et d’intelligence.

En nous donnant la vie, Dieu nous place dans le second Adam. Il passe par-dessus toutes nos fautes et nous les pardonne toutes. De plus l’obligation de la loi qui était contre nous a été clouée à la croix (v. 13, 14). Du moment que Dieu exige, l’homme n’accomplit pas, car la loi qui exige n’est pas la vie et ne peut que manifester notre impuissance. Toute cette obligation a été abolie à la croix, par laquelle Jésus a triomphé de toute la puissance de l’Ennemi. J’ai ma place dans le second Adam, en la présence de Dieu, pour jouir de tout ce qu’il a fait. Christ nous a assuré éternellement toutes ces choses. Nous sommes appelés à croire, non ce qu’il peut faire, mais ce qu’il a fait. On ne peut pas plus changer ce que Christ a fait que ce qu’Adam a fait, et la certitude des résultats de l’oeuvre de Christ n’est pas moins grande que celle de l’effet du péché d’Adam. Ce que nous avons à croire est entièrement accompli.

Les promesses de Dieu sont d’excellentes choses, mais la mort et la résurrection de Christ ne sont pas des promesses, ce sont des faits. Pour avoir la paix, nous ne sommes pas appelés à croire aux promesses de Dieu, mais à une oeuvre accomplie. Un aveugle qui a recouvré la vue, n’espère pas qu’il verra clair ; il voit. Jésus est assis à la droite de Dieu, parce que tout est accompli.


91 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 63

n°91 : ME 1896 p. 57

Les épreuves, la solitude, le délaissement d’une âme qui possède le Saint-Esprit, ont pour résultat de lui rendre Dieu plus précieux. « Comme je t’ai contemplé dans le lieu saint » (v. 2) : Jésus seul a pu dire ces paroles dans toute leur plénitude, mais elles peuvent être aussi l’expression de la position de tous les siens. La présence du Saint-Esprit nous fait considérer ce monde comme une terre altérée et sans eau ; il n’y trouve rien, semblable à la colombe de Noé qui ne trouva pas où poser la plante de son pied. Il n’y a rien dans le monde pour rafraîchir l’âme ; la chair y trouve de quoi satisfaire ses désirs, mais non l’Esprit de Christ. À tout moment et sans exception, Jésus n’a trouvé ici-bas qu’une terre altérée et sans eau ; pour lui, aucune jouissance : ses disciples, à la table de la cène, se disputaient pour savoir qui serait le plus grand ; ses amis même ne le comprenaient pas ; ils manquaient entièrement de sympathie, pour répondre à toutes ses affections, et cette froideur avait pour résultat de présenter à ses pensées le ciel dont il était descendu et la communion de son Père et les jouissances célestes. C’est aussi ce que produit l’Esprit de Christ en nous, dans ce monde. Un autre résultat, c’est de nous donner soif de Dieu ; nous l’éprouvons dans la mesure où nous trouvons que ce monde est une terre altérée et sans eau. Ne rien trouver dans ce monde, et trouver tout en Dieu, ce sont donc les deux caractères de la présence de l’Esprit de Christ en nous. La part de la chair, et non de l’Esprit, c’est d’avoir des jouissances dans ce monde.

« Ô Dieu, tu es mon Dieu » ; ce sentiment devient toujours plus vif à mesure que croit notre isolement, mais le résultat en sera que nous verrons la force et la gloire de Dieu (v. 2). Jésus ne les trouvait pas dans ce monde ; il y voyait plutôt la puissance du démon. Il y a dans l’âme un besoin de contempler cette force et cette gloire, à la vue de l’iniquité du monde qui gâte, corrompt, pervertit tout ce que Dieu a fait. La corruption du christianisme est un empêchement à la conversion du monde ; il nous faut lutter maintenant contre cette corruption et non pas seulement contre le paganisme. Les quatre cinquièmes du monde demeurent païens, parce que les chrétiens de nom ne sont pas chrétiens du tout.

Pourquoi Jésus a-t-il tant désiré voir cette force et cette gloire de Dieu ? Parce qu’il était descendu du ciel et qu’il les avait contemplées dans le ciel ; il parlait de ce qu’il avait vu et connu ; il connaissait tous les desseins, toutes les pensées de Dieu. Quelles durent donc être ses pensées, dans ce monde où le démon règne, quand il voyait l’état où les créatures de Dieu avaient été réduites par le péché. Jésus désire voir ce qu’il a déjà contemplé ; s’il est dans le désert de ce monde, c’est qu’il a quitté la gloire du ciel. C’est aussi, avons-nous dit, la part du chrétien qui sort de la présence de Dieu pour se trouver dans le monde ; il a le sentiment que c’est une terre altérée et sans eau, parce qu’il a goûté ce qu’est la présence de Dieu en Jésus.

La certitude que Dieu est notre Dieu, nous le fait rechercher au point du jour. C’est là l’Esprit de Christ, un Esprit familier avec la gloire de Dieu, mais qui, ne voyant rien de pareil autour de lui, soupire après cette gloire. Cet état n’empêche pas l’action de la grâce : « Ta gratuité est meilleure que la vie ; mes lèvres te loueront ». Jésus loue Dieu dans le désert, parce qu’il possède Dieu : « Je te bénirai durant ma vie ». Pour nous, cela dépend de notre union avec Christ, d’une vie qui n’est pas de ce monde et qui remonte à Dieu qui en est la source. Le résultat en est que Jésus peut dire : « Mon âme est rassasiée comme de moelle et de graisse ». Il disait, au bord du puits de Sichar : « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé ». Mais il n’y a pas une de ses joies dont il ne nous fasse aussi jouir. Au v. 6, il est occupé dans les veilles de la nuit des choses qui ont préoccupé le coeur durant le jour. L’esprit, hors de l’activité du monde, repasse les choses qui sont au fond du coeur. Pour nous, c’est souvent le moment de la faiblesse dans lequel ce qu’il y avait au fond de nos coeurs se manifeste. Puissions-nous puiser en Dieu, quand nous sommes ainsi séparés de l’activité qui nous entoure, la joie et la bénédiction. Il est impossible que rien trouble l’âme à l’ombre des ailes du Seigneur qui nous a été en secours (v. 7). L’effet en est, au v. 8, que l’âme s’attache à Dieu pour le suivre et que, à travers le désert, dans notre faiblesse, la droite de Dieu nous soutient. Que Dieu nous donne de sentir toujours plus sa fidélité et sa bonté.


92 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 4

n°92 : ME 1896 p. 74

Quelques versets de ce chapitre présentent des difficultés ; ainsi le v. 1. Souffrir en la chair est notre part et une preuve de la bonté de Dieu ; cela nous fait désister du péché. La volonté de la chair est inimitié contre Dieu ; si je souffre en la chair, ce n’est plus ma volonté qui est en activité. Il faut que la chair souffre, en tant que chair, pour que nous ne péchions pas. Quant à Christ, il n’avait point de péché, et, quant à la chair, il était né du Saint-Esprit. Par la volonté parfaite qui était en lui, il a toujours souffert en la chair qui était l’instrument par lequel il souffrait dans ce monde de péché. Pour nous, la volonté brisée est toujours la souffrance en la chair ; la volonté de notre chair étant mauvaise, il nous faut, pour ne pas pécher, souffrir toujours, souffrir jusqu’à la fin.

Au v. 6, les morts sont ceux qui étaient morts quand l’apôtre écrit cette épître. L’Évangile leur avait été prêché, afin qu’ils fussent jugés selon les hommes quant à la chair ; et qu’ils vécussent selon Dieu quant à l’esprit. Il s’agit ici de la responsabilité que leur donnaient les promesses qu’ils avaient entendues.

v. 11. Il ne faut pas parler, si l’on ne parle pas comme oracle de Dieu, comme annonçant ses paroles. On pourrait même dire des vérités, mais, si ce n’est pas par l’Esprit, elles demeurent sans effet. Si quelque frère parle, il faut que ce soit par l’Esprit. Pour que Dieu soit glorifié, il faut que le Saint-Esprit soit la source de tout ce que nous faisons et disons ; principe simple, mais très important.

v. 12. Souffrir est l’ordre naturel du christianisme ; c’est à quoi nous sommes appelés et destinés ici-bas. La chair désire s’y soustraire, mais c’est se soustraire à ce qui constitue la puissance du règne de Dieu. Souffrir est un privilège ; c’est participer aux souffrances de Christ ; ce n’est pas quelque chose d’étrange. Toutes les fois que nous souffrons comme chrétiens, nous participons aux souffrances de Christ. Au moment où je suis sauvé, je suis joyeux, mais je n’ai pas encore la moindre expérience. Il nous en faut, pour que nous comprenions ce que Dieu est et ce que nous sommes. L’expérience chrétienne ne commence qu’après la connaissance et la certitude du salut. Si j’ai simplement le salut, c’est la joie, mais l’expérience est nécessaire et ce qui la produit, ce sont les épreuves, les contradictions, les souffrances. Nous sommes ainsi toujours plus détachés du monde et nos coeurs toujours plus attachés à Dieu. L’âme qui souffre fait, à son insu, des progrès immenses, elle mûrit. Dieu l’ordonne ainsi, pour que nous fassions l’expérience de ce qu’il est.

Dieu agit en nous de deux manières par cette participation qu’il nous donne aux souffrances de Christ, dont il est dit qu’il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes. 1° Il attaque et détruit le péché en nous. 2° Il nous fait mûrir. Paul avait une écharde, donc une souffrance, en la chair ; il apprend l’obéissance ; toutes les fois qu’il prêchait, il souffrait avec Christ, étant méprisable dans la chair (Gal. 4:14). Ces souffrances se rattachent pour nous au gouvernement de Dieu sur sa maison (v. 17 ; cf. Ézéch. 9:4-6). Dieu ne peut jamais se relâcher de sa sainteté. La chose qui l’offense le plus, c’est quand la sainteté manque dans sa maison ; c’est pourquoi le jugement commence par elle. Je ne puis me plaire dans une ville sale, et encore moins dans ma maison si elle a ce caractère. Le jugement sur la maison de Dieu avait déjà commencé du temps des apôtres.

La relation de Christ avec son Église est celle de la tête avec le corps, chaque membre agissant, selon que cela lui est départi, pour produire le bien de tout le corps. Toutes les grâces découlent de la Tête, Christ, et chaque membre répond à l’impulsion partie de la Tête. C’est là l’état normal. Mais Christ est aussi chef sur sa maison. Or, dès les temps des apôtres, l’état de la maison s’est gâté et Christ est devenu, non plus seulement le chef, mais le juge de sa maison. Un homme, très béni dans l’oeuvre, est retranché ; c’est un jugement qui tombe sur la maison de Dieu, quoique ce soit une bénédiction pour le juste d’être préservé du mal à venir. Tel fut le cas de Josias, retranché par châtiment sur la maison de Dieu, mais en même temps par bénédiction pour lui, afin qu’il ne fût pas enveloppé dans les calamités qui allaient survenir.

Si le jugement commence par nous, et il existe aujourd’hui, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile ? C’est ce que signifient ces mots (v. 18), que le juste est sauvé difficilement, non quant au salut, mais quant à cet état de jugement. Le temps de ce jugement avait déjà commencé avec les apôtres, quant au gouvernement de Dieu envers l’Église.

Un principe présenté au v. 19, est la soumission. La volonté sera brisée dans la souffrance, si nous nous soumettons à Dieu. Il est notre fidèle Créateur. Tout en faisant ressortir la faiblesse de sa créature, la puissance du Créateur la soutient. Jacob, dans sa lutte avec Dieu, a été touché à la hanche ; sa faiblesse lui a été révélée, et il est demeuré boiteux toute sa vie à cause de son infidélité, mais il a été nommé Israël, vainqueur de Dieu, parce que Dieu l’a soutenu et fortifié, en même temps qu’il lui révélait sa faiblesse.

Dieu supporte son Église depuis des siècles, mais il la juge. Paul disait déjà de son temps que chacun cherchait son propre intérêt et personne les intérêts de Jésus-Christ.


93 - Méditations de J. N. Darby — Exode 18

n°93 : ME 1896 p. 271

Ce chapitre nous conduit, en type, jusqu’à l’accomplissement des bénédictions futures ; il va au delà de l’économie actuelle. La grâce s’était manifestée envers le peuple dans le don de la manne et de l’eau du rocher, puis Israël avait rencontré le combat avec Amalek. Tout du long, Dieu surpassait par ses bénédictions les murmures et l’iniquité de son peuple. Au chap. 18, nous voyons quel était le but et quel est le résultat de ces bénédictions. Nourri par la manne, rafraîchi par l’eau du rocher, Israël arrive à la montagne de Dieu et s’y repose. Aaron et tous les anciens d’Israël mangent au pied de cette montagne avec Jéthro, beau-père de Moïse ; c’est la jouissance en commun des bénédictions préparées au peuple.

Mais dès lors tout change. Dans le chapitre qui suit, la montagne de Dieu devient le siège de la loi. En Ex. 3:12, elle est le siège de la bénédiction. « Vous servirez Dieu sur cette montagne », dit l’Éternel, et c’est là que le festin est préparé pour le peuple. Il se repose là après le combat d’Amalek. Nous aussi, nous sommes appelés au repos et à la gloire. Il nous faut arriver à ce repos de la gloire par la vertu qui remporte la victoire dans le bon combat : un homme vertueux garde la fidélité malgré les obstacles et les tentations. Le peuple, étant déjà le peuple de Dieu, avait à remplir son devoir par le combat. Christ nous introduit par le salut dans le chemin du désert où nous trouvons le combat, mais, pour parvenir à la gloire, il faut, en livrant le combat, traverser les obstacles. C’est là la vertu. La couronne est la suite de la victoire. Sans le salut, il n’y a pas de combat. Si Jésus ne nous avait pas aimés, et donné la vie éternelle et la force, nous ne serions pas appelés à combattre. Christ est déjà sorti du combat et entré dans la gloire, lui qui était parti de la gloire. C’est ce que Moïse, en type, avait fait : il avait vu la gloire de Dieu dans le buisson à Horeb, la montagne de Dieu (Ex. 3:1), et il est appelé à revenir à cette même montagne (Ex. 3:12). Il part seul, mais il y revient avec le peuple. Il quitte la gloire pour un temps, rachète Israël, le conduit à travers la mer Rouge, par le désert, jusqu’à la montagne d’où il était parti. C’est ce que Christ a fait ; il a vaincu le monde et nous encourage ainsi. Quelle certitude de salut et de gloire ! Christ a quitté le ciel pour accomplir les conseils de Dieu ; si un seul de ceux qu’il est venu sauver manquait, Christ serait rentré au ciel pour rien ! Moïse avait dit : « Nous irons avec nos jeunes gens et avec nos vieillards, nous irons avec nos fils et avec nos filles » (Ex. 10 :9).

Les détails du chap. 18 sont fort intéressants. Moïse, comme nous l’avons vu, est le type de Christ. Jéthro était un gentil ; Séphora, femme de Moïse, avait été séparée de lui, car Moïse l’avait renvoyée au début de sa mission (Conf. 4:24-26 ; 18:2). Séphora est le type de l’Église prise d’entre les gentils. Moïse, chassé d’Égypte par son peuple, va à la montagne et y prend une femme étrangère ; puis, quand il a amené le peuple à la montagne, Jéthro lui-même y arrive, c’est-à-dire les gentils. Jéthro, sacrificateur gentil, loue le Dieu qu’il connaît maintenant (v. 11). Jéthro, duquel est issue Séphora, connaît la gloire de l’Éternel. Séphora est donc l’épouse d’entre les gentils, comme Jéthro les gentils eux-mêmes. Il reconnaît (v. 10-11) que c’est l’Éternel qui a délivré le peuple de la main des Égyptiens et que, en cela en quoi ils avaient agi présomptueusement, il avait été au-dessus d’eux. « Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice » (És. 26:9). Les jugements de Dieu manifestent que Dieu est le plus fort.

Les gentils mangent avec Israël : la même bénédiction aura lieu à la fin des jours. Au v. 12, Séphora ne parait pas ; l’Église sera dans la gloire quand l’ordre et le gouvernement parfaits seront établis selon la justice. Cela n’a pas lieu maintenant, bien que l’Esprit de Dieu ait pour fonction d’établir l’ordre dans l’Église. Dans notre chapitre, tout est en ordre ; c’est comme dans la vision de Zacharie 4:1-3, tandis qu’en Apoc. 11:2-4, tout est en désordre et ne dépasse pas un témoignage rendu. Il en est de même de l’économie actuelle. L’ordre aura lieu pour la terre, quand nous arriverons à la montagne de Dieu. Alors nous verrons Christ roi et sacrificateur ; maintenant nous avons le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit n’est pas Christ, mais il réalise, autant que possible dans ce monde, les choses qui nous ont été promises. Nous possédons tout et n’avons encore rien, mais quand la gloire arrivera, nous aurons tout.

La puissance de l’Esprit s’est montrée au commencement de l’Église ; alors le témoignage du Saint-Esprit avait une telle puissance qu’il était comme une vue ; mais le désordre s’est introduit, au point que le christianisme est devenu l’une des choses les plus corrompues qui se puisse voir. Cependant l’Église peut réaliser sans l’avoir la gloire de Jésus. Étienne a vu la gloire et a été lapidé. Nous pouvons déjà être bénis ici-bas ; c’est une économie de témoignage, de jouissance par l’Esprit, mais ce n’est pas encore la jouissance des promesses. L’Esprit nous rafraîchit, mais il faut combattre. Après cela, l’Épouse sera présentée à l’Époux ; les enfants seront là ; les gentils et les Juifs seront bénis ensemble sur la terre, et un ordre parfait sera établi.

Tout ce récit est plein, pour nous, de conséquences pratiques. 1° Nous avons la certitude parfaite d’être conduits à la montagne, d’être amenés par Christ dans la gloire d’où il est parti. Nous voyons Jésus couronné de gloire et d’honneur, et cette gloire il nous l’a donnée, quoique nous ne la possédions pas encore. Il y va de la gloire, de l’amour et de la fidélité de Christ, que nous soyons conduits à la gloire d’où il est sorti. Il nous faut, en attendant, supporter l’absence de Jésus, dans la certitude de son amour, car la pensée de l’Époux doit toujours être présente au coeur de son Épouse. Dans un certain sens, nous avons plus besoin de son amour que s’il était encore ici-bas. Le temps viendra où l’Épouse sera présentée à Christ dans toute sa gloire ; où elle entrera dans la jouissance de tout ce qui est à Christ. Il faut, en attendant, qu’elle supporte son absence. S’il y a chez elle de l’amour, la femme est plus active pour faire des choses propres à plaire à son mari en son absence, que lorsqu’il est présent.

2° Du moment où Christ a un peuple, le nom de ce dernier est Guershom : « séjournant là » ou « étranger ». L’Église est nécessairement ici-bas une étrangère. Il faut que nous soyons voyageurs et étrangers, et rien d’autre. Si l’Église perd ce caractère, si elle s’accoutume à l’absence de Christ, elle perd ce qui la caractérise comme son Épouse. Mais son nom est aussi Éliézer : « Dieu une aide » ; elle a l’Éternel pour son aide. Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il nous faut avoir la certitude parfaite que Dieu est pour nous, et que la force de nos ennemis ne fera que manifester la puissance de Dieu en notre faveur.

Plus je suis avec Christ en esprit, plus je sens son absence. Je ne puis le réaliser que par le Saint-Esprit, mais alors je sentirai d’autant plus qu’il n’est pas là, et l’Esprit me fait soupirer et gémir jusqu’à ce que l’Époux vienne.

Que le Saint-Esprit nous fasse penser à Christ, au point de nous faire même renoncer, comme Moïse, à être fils de la fille de Pharaon, c’est-à-dire à tout ce que le monde offre de plus grand. Le chrétien ne sera chez lui qu’au ciel, et aussi longtemps qu’il reste ici-bas il a le mal du pays. Il doit être à la fois Guershom et Éliézer, voyageur, et comptant sur la fidélité de Dieu. Il arrive souvent qu’on voit le bien, mais qu’on a peur d’entrer dans le chemin du témoignage, faute de cette certitude que Dieu est avec nous.


94 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 1

n°94 : ME 1896 p. 292

Dans cette épître en particulier, le Saint-Esprit a pris soin de nous ôter toute incertitude. Dieu s’est révélé, Dieu a parlé, je ne suis rien, je n’ai rien à faire qu’à croire, à me soumettre à la parole de Dieu, et cela met mon âme à l’aise, me rend parfaitement heureux, me donne une parfaite certitude des choses qu’elle me révèle. Il n’y a que la foi qui arrive à cette certitude. Tout ce que l’homme dit peut être probable et se trouver faux après tout, mais ce que Dieu a dit est certain et non pas probable. Comme cela abaisse notre orgueil naturel ! La révélation provient de l’amour de Dieu. Si Dieu ne nous avait pas aimés, il ne nous aurait pas révélé toutes ces choses ; s’il avait voulu agir en justice envers l’homme pécheur, la révélation n’était pas nécessaire.

Ce qui nous a été manifesté, c’est la vie, la vie éternelle qui se trouvait en Jésus. Il nous importe de pouvoir dire : Je sais que la vie éternelle est là et qu’elle ne se trouve nulle part ailleurs. C’est une vie qui a été vue, touchée, manifestée ; elle est l’objet d’un témoignage qui porte au front le sceau de l’amour de Dieu. En tout cela il n’y a aucune ambiguïté, mais une grande certitude. « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils ». Dieu lui-même est venu, Dieu qui peut être touché de nos propres mains ; Dieu, voilé dans l’humanité, est venu jusqu’à moi, malgré ce que Satan a pu faire. Cette vie manifestée ne me laisse aucune incertitude sur l’amour de Dieu.

Mais, en outre, Dieu est lumière, la lumière qui manifeste tout mal et découvre tout ce avec quoi elle est en rapport. Dieu n’est pas seulement une pleine clarté pour lui-même, mais il manifeste tout. Cette lumière est pure et fait ressortir tout ce qui n’est pas lumière et pureté. Quand nous arrivons en présence de la lumière, elle a pour effet de manifester tous nos péchés, et c’est notre condamnation. Mais Dieu est venu en Christ comme lumière au milieu de nous, une lumière qui nous est rendue accessible, Dieu lui-même qui manifeste par sa présence ce qu’il y a dans nos coeurs. La lumière met au même niveau l’homme de bonne réputation et celui qui est ouvertement un pécheur. Souvent l’homme, extérieurement irréprochable, hait davantage la lumière qu’un autre, parce qu’elle manifeste que toute sa justice n’est qu’un voile pour cacher son péché, et il en est blessé. C’est ainsi que Paul, ce pharisien consciencieux et sans reproche, aurait tout fait pour éteindre la lumière, objet de sa haine.

Marcher dans la lumière, c’est marcher devant Dieu, dans la connaissance de Dieu. Il ne s’agit pas ici de ce que l’homme est ou n’est pas ; quand le soleil luit, on marche dans la lumière. Un aveugle même y marche sans la voir, mais ici, marcher dans la lumière, c’est aussi avoir des yeux pour la voir.

Personne n’a vu Dieu, mais le Fils bien-aimé qui est dans le sein du Père, nous l’a révélé. Dieu a été manifesté en chair ; je vois le Dieu de lumière dans l’homme Christ Jésus. Lorsque je me compare avec lui, la lumière manifestée en chair, je vois toutes les perfections de Dieu dans un homme, et je ne vois en moi que ténèbres. « Celui qui connaît le Fils connaît le Père ». En connaissant Jésus comme homme, je suis dans la lumière de Dieu et, dès que je m’y trouve, je désire lui ressembler, si mon coeur est changé par sa connaissance, autrement je ne pourrais le connaître. En le connaissant, j’aime la sainteté, non pas celle d’un homme, mais la sainteté de Christ, et je ne puis admettre une sainteté moindre que celle de Dieu, manifestée dans les actes de l’homme Christ Jésus.

La connaissance que je fais de Dieu en marchant dans la lumière, me fait découvrir en moi des choses que je ne voyais pas auparavant. Mais ce n’est pas tout de les découvrir, cela me porte à m’adresser à lui. Dès qu’on veut le toucher, la vertu sort de Jésus, et sa vertu nous guérit. Oui, il y a une perfection en lui qui nous fait découvrir en nous une foule de choses mauvaises, et c’est un progrès réel. Mais un homme qui a l’habitude du soleil ne saurait travailler la nuit ; même au clair de la lune, il ne verrait pas s’il fait bien ou mal sa besogne. Je ne puis me contenter d’une lumière moindre que celle de Dieu. Marcher dans la lumière est une jouissance.

La lumière est venue à nous ; l’Orient d’en haut nous a visités. Jésus vient, et nous voilà dans la lumière comme du soleil qui se lève. Mais voici qu’elle manifeste le péché, qu’elle en montre à la croix toute l’horreur. Pourquoi ? C’est qu’elle veut nous guérir.

Ce qui m’introduit dans la lumière, c’est la croix, le sang de Jésus. Par l’expiation de mes péchés, je suis amené à la connaissance de ce qu’ils sont. Impossible de marcher dans la lumière sans avoir la certitude d’être sans tache, car ce qui nous y introduit, c’est l’expiation par le sang de Christ.

Un aveugle ne voit rien, et par conséquent ne se trompe pas sur ce qu’il voit. À demi-éclairé, tout se défigure ; les hommes sont comme des arbres ; il ne voit en Dieu qu’un juge ; il attache de l’importance aux traditions et aux superstitions. Lorsque nous voyons que la lumière est descendue dans nos ténèbres, nous sommes assurés que c’est l’amour de Dieu qui vient à nous. Sachant que cette lumière est l’amour, le croyant jouit de s’y trouver et désire en être entièrement éclairé. On ne connaît pas le soleil, si on ne jouit pas de sa chaleur comme de sa lumière. Une lumière réfléchie ne donne point de chaleur.

Il y a une quantité de choses mondaines qui nous empêchent de voir la lumière, en rompant notre communion avec Dieu. Le monde qui est clairvoyant, s’en aperçoit bien vite, et proclame qu’il n’y a pas grande différence entre les chrétiens et lui. Ne nous accommodons pas aux ténèbres, ne soyons contents que lorsque nous réalisons de Dieu tout ce que nous pouvons. Le chrétien qui se contente de peu moissonnera peu ; il sera froid, il n’aura pas d’abandon, il n’aura rien à communiquer du Seigneur Jésus. Il n’y a pas en lui cette recherche de Dieu, cette communion avec lui, que la lumière entretient. La lumière est en nous, nous sommes lumière dans le Seigneur, mais marcher dans la lumière et marcher selon la lumière, sont deux choses différentes. Cette lumière est venue par Jésus, elle nous a sauvés par pure grâce, car tout est grâce, et a brillé d’une manière éclatante sur la croix. Dieu qui est lumière, nous a fait voir la lumière en nous sauvant.


95 - Méditations de J. N. Darby — Romains 13

n°95 : ME 1896 p. 313

Le Saint-Esprit nous considère ici comme chrétiens et nous donne deux grands motifs de la conduite que nous devons tenir comme tels. Dieu n’oublie jamais la position dans laquelle il nous a placés, ni l’étendue de la grâce qui nous y a placés. Ainsi, dans les exhortations et les préceptes qu’il nous donne, Dieu commence toujours par nous rappeler toute la plénitude de sa grâce envers nous. Les chrétiens l’oublient trop souvent ; ils perdent de vue leur position sous la grâce et se placent sous la loi. La grâce chrétienne embrasse tout ce dont la loi exige l’accomplissement. Si j’aime mon prochain, je ne puis ni le voler, ni le tuer. L’amour tient lieu de la loi et l’accomplit (v. 10). La vie de Christ en nous est bien plus puissante pour produire l’accomplissement de la loi, que la loi elle-même. Si le coeur de mon enfant n’est pas bien disposé, il n’obéit pas à mon commandement, mais si je réussis à produire l’affection dans son coeur, il obéira, car tout commandement est accompli par l’amour. L’amour dans le coeur produit les effets que la loi demande.

Quand il parle de l’amour, l’apôtre parle ordinairement de ses effets dans notre conduite envers le prochain ; il n’en parle pas d’une manière mystique, mais selon ses résultats pratiques, que chacun peut connaître et comprendre. Dieu qui est amour est lui-même la source de l’amour ; le Saint-Esprit parle de ses effets dans ce que nous sommes envers notre prochain. Au lieu de demander l’obéissance à la loi, Dieu la produit en mettant son amour dans nos coeurs.

Ensuite, Dieu nous parle de la position où nous sommes. Vu la saison, c’est l’heure de nous réveiller ; la nuit est presque passée, le jour approche. L’apôtre nous donne ainsi l’intelligence du temps où nous vivons. Ce n’est pas le temps de dormir ; l’aube du jour est là. Quand nous avons cru, c’était minuit, les ténèbres. Le salut est plus près que lorsque nous avons cru. Lorsque Christ paraîtra, ce sera le jour ; jusqu’à sa venue, c’est la nuit. Satan est le prince des ténèbres de ce monde. Nous étions nous-mêmes ténèbres ; c’est l’état du monde ; l’économie actuelle est la nuit ; mais la nuit est fort avancée, presque passée.

À minuit on sait que le jour paraîtra, mais rien ne le dénote encore. Le chrétien voit la lumière à l’orient. Il veille, et le soleil qui va se lever sur le monde est déjà levé sur son coeur. Telle est la position du chrétien ici-bas, la saison où il se trouve. Il marche encore au milieu d’un monde de ténèbres, mais il n’en est plus, et il marche selon la lumière qu’il a reçue. En 1 Thess. 5:1-11, nous sommes enfants du jour ; le jour est levé dans notre coeur, mais non pas encore sur le monde où il fait nuit. Il est dit en Éph. 5:14 : « Réveille-toi, toi qui dors ». L’homme qui dort est, sauf la vie, semblable à un mort ; tout ce qu’il peut faire est de rêver. Tels sont les chrétiens qui vivent selon les habitudes du monde : « Relève-toi d’entre les morts ! » Être semblable à un homme mort, ne convient pas à la position où le chrétien se trouve et à la saison qu’il traverse par la grâce de Dieu. Il est dans la nuit, mais il n’est pas de la nuit, et il attend le jour. Dieu nous a révélé que la gloire de Christ va paraître, qu’elle sera notre délivrance, notre moment de joie et de gloire. Dieu use de patience, mais sa promesse n’est pas retardée ; il nous a révélé d’avance un jour de gloire et de lumière. Nous sommes dans un moment d’attente où il nous faut veiller, d’autant plus que ce n’est pas encore le jour. Quand il fera jour, il n’y aura plus à veiller. Que nos coeurs réalisent cette pensée, que le jour approche ! Avant de paraître, il s’est déjà levé dans nos coeurs. Nous devons marcher selon la lumière intérieure de l’Esprit, au milieu des ténèbres de la mort qui ont envahi le monde. Nous pouvons dire ce qu’un Juif ne pouvait pas dire : Le chef de toute cette gloire est déjà glorifié. Le salut est proche, parce que Christ a été glorifié comme homme. Que Dieu nous détache de cette nuit dans laquelle nous vivons, mais dont nous ne sommes plus, et qu’il nous attache à la gloire de Christ, Celui que nous attendons.

Voilà les deux principes que l’apôtre nous propose : l’amour et le fait que la nuit est avancée ; l’amour qui accomplit la loi — l’attente du soleil qui n’est pas encore levé, de ce matin glorieux où Christ, le soleil de justice, paraîtra. Tout ce qui ne convient pas à un homme qui attend le jour, ne nous convient pas. Marchons, en veillant pour l’attendre, et comme voyant d’avance la lumière du soleil. Si l’étoile du matin n’est pas levée dans nos coeurs, nous ne connaissons pas la joie d’attendre le soleil de justice, Christ tel qu’il est, auquel nous serons faits semblables. Que Dieu nous remplisse du sentiment que le jour s’est approché !


96 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 3 ; Exode 33:4-11 ; 34:28-35

n°96 : ME 1896 p. 329

Dans ce chapitre de la 2° épître aux Corinthiens, l’apôtre cite ce qui arriva à Moïse, après la ruine totale d’Israël placé sous la loi, pour nous faire comprendre notre position actuelle sous le ministère de l’Esprit.

Notre Moïse n’a plus de voile pour nous ; nous sommes entrés dans son intimité et nous contemplons le Seigneur à face découverte.

La loi a été un ministère de mort et de condamnation, mais Moïse a été introduit dans l’inimité de Dieu, lui parlant face à face. Ce n’était pas la position d’Israël qui voyait la gloire à travers un voile, mais c’est notre position à nous. Lorsque, pour la première fois, Moïse monte vers Dieu sur le sommet de la montagne, il converse avec Dieu, mais environné de la nuée, dans une certaine obscurité (Ex. 24:15-18). Redescendu de la montagne, il voit le veau d’or et brise les tables de la loi, car l’alliance était déjà rompue. C’est alors qu’il prend le caractère de médiateur. L’infidélité d’Israël avait fait le veau d’or sous prétexte de célébrer une fête à l’Éternel. Aaron conduit le peuple selon son coeur charnel. Moïse, qui a à coeur la gloire de l’Éternel, ne peut supporter ce mal ; il dresse hors du camp la tente d’assignation, et « il arriva que tous ceux qui cherchaient l’Éternel sortirent vers la tente d’assignation qui était hors du camp ». C’était un principe étranger à la loi et nouveau en Israël que de chercher l’Éternel. L’alliance étant rompue par le fait du veau d’or, Moïse sort du camp, intercède et se trouve dès lors dans une intimité beaucoup plus grande même que sur la montagne ; il converse avec Dieu comme un ami avec son ami. C’est la position dans laquelle Christ, notre Clef, se trouve maintenant, et l’Église avec lui. Josué, type du capitaine de notre salut, ne sort pas de l’intérieur de la tente.

Christ a rompu toute relation avec l’homme sur le pied de la loi, pour établir des relations bien plus intimes avec Dieu dans le ciel, en dehors du camp, du monde et de tout système mondain qui a une religion sur la terre. Christ a rompu toute relation avec la terre, pour que nous nous trouvions avec lui hors du camp. Il faut choisir entre la loi et Christ, entre la terre et le ciel.

Christ n’étant plus sur la terre, notre religion doit suivre notre chef. L’Esprit de Christ nous unit à lui, et nous place tels qu’il est en la présence de Dieu. En Rom. 8, l’Esprit est présenté sous trois caractères. Au v. 9, il est l’Esprit de Dieu qui nous révèle ce que Dieu est, en contraste avec notre chair. Ce que Dieu est comme lumière, condamne en nous, racine et fruits, tout ce qui est de la chair. Il est l’Esprit de Christ (v. 9), comme nous unissant avec Christ. Je suis devant Dieu ce que Christ est, et je suis devant le monde ce que Christ était. Si Christ est en moi, le corps est mort à cause du péché ; — je prononce condamnation sur tout ce qui est la chair en moi ; — et l’Esprit est vie à cause de la justice. Enfin (v. 11), il est l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, un Esprit de puissance pour ressusciter notre corps mortel. En 2 Cor. 3:17, il est appelé un Esprit de liberté, et le Seigneur est cet Esprit là. Christ était la pensée et le but de Dieu dans tout le contenu de l’Ancien Testament, dans tous les sacrifices, comme dans toutes les cérémonies extérieures. Dieu prend-il soin des taureaux et des boucs ? Cela est écrit pour notre instruction. Mais comprendre ces choses n’est pas le tout. Si le Saint-Esprit n’est pas puissant en moi, et si son action n’est pas efficace en mon coeur, je n’ai pas la liberté ; je ne vois pas que je suis en Christ, que je jouis comme lui de l’oeuvre du Père, que je suis pour le Père ce qu’il est, l’objet de son amour. Christ en nous est tout cela ; là où est son Esprit, là est la liberté. Christ n’est pas seulement pour moi un objet d’intelligence ; il est en moi ; sa joie est en moi ; son Esprit réalise ces choses dans mon coeur. Christ habite en moi, pour me communiquer sa paix, sa joie, sa gloire en espérance ; j’ai, par conséquent, une entière liberté. Lui-même est en liberté ; il n’est plus ici-bas homme de douleur et sachant ce que c’est que la langueur ; il a vaincu ; ce Christ qui a vaincu est en nous, lui qui a mis son tabernacle dans le ciel, où ceux qui le cherchent le trouvent. Ce n’est pas une figure, que Christ est en nous ; cela se réalise par la puissance de Dieu. Si nous pouvons réaliser la joie et les droits de Christ dans le ciel, nous les possédons déjà. Le péché ? Christ l’a ôté. La mort ? J’ai la vie éternelle. Le témoignage de l’Esprit me montre Christ comme ayant remporté la victoire. La vraie liberté des enfants de Dieu, c’est que Christ réalise en nous tout ce dont il jouit maintenant. Nous devons reconnaître que, quant à la chair, tout est fini. Que Dieu nous fasse réaliser la puissance de l’Esprit de Christ qui nous fait sentir que nous sommes un avec lui !


97 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 48

n°97 : ME 1896 p. 332

Il y a entre les Psaumes beaucoup plus de liaison qu’on ne pense. Il en est ainsi, par exemple, du Ps. 42 au Ps. 48. Ces Psaumes traitent des troubles des Juifs aux derniers jours, jusqu’à ce qu’ils entrent en jouissance du repos. C’est aussi l’histoire d’une âme. Si nous étions remplis du Saint-Esprit, nous serions toujours en présence de Dieu et nous n’aurions pas besoin de discipline. Mais, abstraction faite de cette discipline, le nouvel homme n’a qu’à jouir.

Nous pourrons nous glorifier en tout, même dans les tribulations, quoique la tribulation soit destinée à nous discipliner au sujet de ce qui nous manque. On trouve dans les Psaumes tantôt le fidèle jouissant de l’effet de la relation dans laquelle il est placé, tantôt, comme Daniel, privé de cette jouissance. Le résidu, comme Moïse, souffre plus de la rébellion d’Israël qu’Israël lui-même, parce que le Saint-Esprit agit dans son coeur et le rend beaucoup plus sensible à ce qui a déshonoré Dieu. Comme Josué et Caleb, comme Daniel, nous aussi, nous sommes toujours appelés à supporter les conséquences de l’état du peuple de Dieu. Un fidèle peut donc, comme Jésus avant la résurrection, être privé de toutes les jouissances qui appartiennent à un fidèle (Ps. 22), ou jouir de l’effet des promesses.

On trouve dans les Psaumes, tantôt Dieu, tantôt l’Éternel. L’Éternel est le nom de Dieu dans sa relation avec les Juifs. Cette relation a lieu quand Israël a la jouissance de l’effet de la promesse. Ce contraste entre ces deux noms se trouve dans les Ps. 42 et 48.

Le Ps. 42 contient des gémissements ; le fidèle y est privé du temple et de la présence de Dieu (v. 4). Les ennemis cherchent à troubler son âme qui ne jouit plus de la réalisation des promesses et lui crient : Où est ton Dieu ? (v. 3) Israël est éloigné du temple ; il est au Jourdain, à la montagne de Mitsear ; il est abattu, mais il se soumet et s’attend à Dieu ; s’il n’a pas la jouissance, il a Dieu qui lui reste. C’est l’état d’un coeur fidèle. Daniel souffrait de la chute d’Israël, mais il avait Dieu. Dieu nous suffit, quoique tout le reste soit ôté. Le Ps. 44 contient ce même principe, appliqué à d’autres circonstances ; il montre jusqu’à quel point Israël se trouve abandonné, selon les circonstances extérieures. Néanmoins le résidu demeure fidèle. Le Ps. 45 introduit Christ, et la scène change complètement : tout est joie et allégresse. Nous aussi, nous sommes joyeux, du moment où nous nous rappelons ce que Christ est. Le nom de relation, le nom de l’Éternel se retrouve dans ce Psaume.

Au Ps. 48, le peuple se retrouve dans la jouissance des bénédictions (v. 9-10). Ce qu’il avait entendu (Ps. 42), il le voit.

Christ aussi sentait ce que c’était que de n’avoir rien que Dieu. Nos âmes peuvent se trouver dans cet état, et c’est une preuve de vie que nous nous appuyions sur Dieu. Quand la vie est là, Dieu est nécessaire à l’âme.

Par la puissance de Christ lui-même, et par la résurrection de Jésus qui est le gage de cette puissance, nous jouissons de tout l’effet des promesses et de notre relation avec Dieu comme les enfants du Père, dans toute l’étendue de cette relation. Si la patience a son oeuvre parfaite, le printemps renaît dans nos âmes. L’exercice de la patience fait que le coeur est sondé et que l’on maîtrise et condamne tout ce qui empêche de comprendre et de sonder la volonté de Dieu. Il a aussi pour effet que l’on croît en intelligence-spirituelle (Phil, 1:9 ; Col. 1:9). Si l’on est à Dieu et qu’on s’attende à ses promesses, on jouira de tout ce que Dieu donne. Si nous nous appuyons sur le nom de Dieu (Ps. 48:10), qui est toujours la révélation de ce qu’il est à son peuple, révélation communiquée à leur foi, nous en verrons l’effet et nous en jouirons. Nous aurons aussi cette manne cachée, et ce nom que connaît seul celui qui l’a, c’est-à-dire la jouissance qui appartient à la fidélité individuelle. Christ se communique particulièrement à celui qui est fidèle, par la communion dont l’âme jouit avec lui.


98 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 1

n°98 : ME 1896 p. 392

Deux choses se lient dans le coeur de l’apôtre : une grande confiance à l’égard du salut des Philippiens et un ardent désir que l’Esprit de Christ agisse en eux ici-bas, au milieu des tribulations, des difficultés, manifestant les fruits de justice qui sont par Jésus-Christ. On voit les mêmes désirs en Col. 1:3-11. Cette confiance et ces désirs proviennent de ce que l’apôtre s’attachait à ce qu’on trouve en Dieu lui-même, de la fidélité et de l’amour duquel dépendent le salut et la gloire des saints. On les voit, en relation immédiate avec Dieu ; l’Esprit de Dieu est non seulement le gage de leur salut, mais aussi la source de leur conduite. Du moment que les Galates pensent à leur salut comme devant s’accomplir par l’observation de la loi, l’apôtre ne sait que dire d’eux, mais il reprend confiance pour eux en regardant au Seigneur. La première épître aux Corinthiens en offre aussi un exemple frappant (1:8, 9). Quoiqu’ils fussent dans un triste état, l’apôtre se confie en Dieu et en son amour, puis il applique à ces chrétiens, pour les reprendre, tout ce qu’il connaît de Dieu. Paul n’était pas découragé quant à eux, parce qu’il se confiait en Dieu. Il est aussi plein de confiance à l’égard des Philippiens (1:3-6), en considérant la fidélité de Dieu. Cela nourrissait son amour ; il ne voyait pas en eux des hommes, mais des enfants de Dieu, et les compagnons de Christ dans la gloire.


Paul était attaché aux Philippiens, mais il pensait à Dieu comme à la source de toute grâce excellente en eux. Il n’avait pas de repos, qu’il n’eût vu en eux les fruits de l’Esprit et la manifestation de tout ce que Dieu pouvait produire. Nous devons aussi désirer voir cela en nous-mêmes et dans tous les frères. La mesure de ce que Dieu peut produire est notre communion avec lui. Peu de communion, peu de fruits ; beaucoup de communion, beaucoup de désir que tous les frères y participent.

Paul demande que leur amour abonde de plus en plus. La puissance du Saint-Esprit pouvait le produire et la dépendance du Saint-Esprit l’entretenir. Cet amour devait abonder en connaissance et toute intelligence (v. 9). Un père aime son enfant, non pour le gâter, car son amour agit avec intelligence et discernement. Paul voyait que Dieu avait poussé ces fidèles dans la carrière, et le terme de cette carrière est la journée de Christ.

Pour ne pas broncher, il faut garder non seulement ses pas, mais surtout son coeur. Une faute grave n’est jamais que la fin de longues négligences intérieures. La communion avec Dieu est la source de la vigilance. Les chrétiens se contentent souvent d’un christianisme négatif. Dieu agit en nous, et nous devons agir. Le christianisme est l’activité de l’amour de Dieu : la loi était la défense de ce qui est contraire à la sainteté. Christ fait, agit. Le chrétien doit être l’expression de l’activité de l’amour de Dieu. Christ ne s’est pas contenté de s’abstenir du mal, il a fait du bien. Si je sens que ma vie vient de Dieu, je comprends aussi qu’elle doit être l’expression de l’activité de l’amour de Christ. Je ne puis être satisfait que ma vie soit simplement sans reproche ; elle doit être positivement bonne. (Col. 1:9, 10). La mesure de notre conduite, c’est que nous vivions comme il est séant selon le Seigneur, pour lui plaire à tous égards. Si Christ avait agi selon sa propre volonté, il n’aurait pas manifesté le principe de sa vie. L’effet de la justice, c’est de nous faire croître dans la connaissance de Dieu ; cette connaissance nous met en relation avec les choses invisibles et nous fait croître (Col. 1:11).

Pensons à Dieu, comme la source de tout ce que nous faisons ; que notre vie soit la manifestation de l’activité de l’amour de Dieu ; qu’elle manifeste la vie de Christ. Ne soyons satisfaits qu’en produisant ce que nous pouvons concevoir de l’activité de Christ. La jouissance d’une relation nous fait agir selon cette relation. Si je suis avec mon père, j’agis dans cette relation. Il n’y a pas de doute qu’il ne soit mon père ; je ne raisonne pas sur ce qu’il est ; j’en jouis, et chaque jour je m’entretiens avec lui. Le résultat en est de me faire sentir que je ne suis ni à moi-même ni au monde, mais à Christ, racheté par lui à grand prix et transporté dans son royaume.


99 - Méditations de J. N. Darby — Exode 24

n°99 : ME 1896 p. 409

Nous trouvons ici un principe dont il n’y avait point encore eu d’exemple, savoir une alliance fondée sur le sang. L’alliance de la loi se distingue de la nouvelle alliance. La première était fondée sur l’engagement qu’avait pris Israël de faire tout ce que Dieu avait dit, c’est-à-dire d’observer la loi (v. 3, 7).

Moïse monte sur la montagne, mais des bornes sont plantées pour empêcher le peuple d’y monter. L’Église a une position toute différente ; elle monte avec son Chef. Sous la loi, le chemin du lieu très-saint n’était pas encore manifesté, et il y avait un voile. Moïse seul peut s’approcher de l’Éternel. Mais il y a un mystère, caché depuis le commencement du monde, non encore manifesté sous la loi, c’est l’unité de l’Église avec Christ son chef, comme étant son corps, un corps inséparable de tous les mouvements de la Tête. Tel qu’il est, tels nous sommes dans ce monde. Quant à notre expérience, c’est tout autre chose, nous sommes loin de ce que Christ était ; mais, par le fait de notre union avec Christ, nous pouvons dire que nous sommes nécessairement ce qu’il est. Dire que l’on doit être ce qu’il était, est une folie ; il était, quant au corps, né du Saint-Esprit. Ce qui est vrai, c’est que nous devons marcher sur ses traces ; notre corps ne sera né de nouveau que dans la résurrection. Ce que Christ est, nous le sommes dans ce monde, parce que nous sommes unis à lui par le Saint-Esprit, en vertu de la vie qu’il nous a communiquée. Un tel fait était une chose inconnue avant la glorification du Seigneur Jésus. Le mystère (Rom. 16:25, 26 ; Éph. 3:5-9, etc) maintenant révélé est l’union de Christ avec l’Église qui est son corps. Les fidèles de l’Ancien Testament n’en avaient aucune connaissance, tandis que ceux qui sont à Christ savent maintenant qu’ils sont unis à lui (Jean 14:20).

Le peuple (Ex. 24:5-8) s’engage à observer la loi, et l’alliance est introduite par le sang dont ils sont aspergés, à cette condition. Telle est l’ancienne alliance. Il est évidant que cette alliance, et la bénédiction qui en découlait, dépendait de deux choses : de la fidélité de Dieu et de la fidélité du peuple. La bénédiction est ici la suite de leur obéissance ; pour nous, elle est la suite de l’obéissance de Christ (dans le détail aussi, il est vrai, la suite de notre propre obéissance). Point de bénédiction sans obéissance.

Comme la bénédiction dépendait de la fidélité du peuple et que le peuple était méchant, la bénédiction ne pouvait avoir lieu. Dieu a dû exiger l’obéissance sous l’alliance de la loi. Maintenant, il a dû nous bénir, nous qui sommes sous la grâce. Lorsque la bénédiction dépend de l’obéissance de l’homme, il n’y a point de bénédiction pour lui. Si le peuple manque à sa parole, il faut que Dieu reste fidèle à la sienne et que, par conséquent, il refuse la bénédiction.

Le mot alliance, dans la Parole, n’exige pas nécessairement deux parties contractantes. Une alliance est une disposition de Dieu. L’ancienne alliance était faite avec les Juifs, la nouvelle aussi. Elle n’est pas faite avec nous, mais nous en goûtons tous les bienfaits, parce que les promesses qu’elle contient et dont nous devons jouir comme chrétiens, ont été faites à Christ seul comme semence de la femme et comme semence d’Abraham. Si nous sommes de Christ, nous sommes donc héritiers de la promesse. Dieu ne peut manquer à sa fidélité. La nouvelle alliance repose sur une promesse faite à Christ. La question est donc : Dieu est-il fidèle à son Fils ?

Étant fidèle à Christ, rien ne peut manquer. Dieu a reçu Christ : il me reçoit. La nouvelle alliance ne dépend donc nullement de la conduite de deux parties, mais de la promesse de Dieu à Christ et de la fidélité de Dieu à sa promesse.

Tel est le principe consolant de la grâce. Christ est l’objet d’un amour qui donne et qui promet ; il y a part comme homme parfait et accompli. Nous y avons part par le sang de Christ qui est entré dans le lieu très-saint comme Chef de son peuple. Le sang de l’alliance (Hébr. 13:20) est la preuve que la désobéissance a été expiée et que l’obéissance a été accomplie. Christ a obéi jusqu’à la mort. Voilà l’obéissance sur laquelle est fondée la nouvelle alliance, et le sang qui a été répandu par l’obéissance de Christ est l’expiation de nos désobéissances. Toute désobéissance est effacée, toute obéissance est accomplie. Ce n’est pas dans une obéissance future de notre part que nous trouvons la paix, mais dans l’obéissance déjà accomplie de Christ. Dieu a fait des promesses pour que nous en jouissions avec Christ, mais il faut pour cela que nous soyons parfaitement nettoyés, et pour cela l’effusion de son sang est nécessaire. La nouvelle alliance qui sera faite avec Israël repose sur une promesse de Dieu à Christ, la semence, et nous en avons le bénéfice, parce que nous sommes unis à Christ. Le Juif, sous la loi, commençait par la nécessité de l’obéissance ; le chrétien, par la certitude que Dieu est pour lui, par la certitude de son salut, de la fidélité de Dieu, et de ce que Christ a tout accompli.

Une pensée qui préoccupe souvent les âmes est celle de la nécessité d’être aspergé de nouveau du sang de Christ ; et ainsi la jouissance d’une paix complète avec Dieu est souvent empêchée. Il n’y avait, sous la loi, que trois occasions où fût faite l’aspersion du sang. 1° Sur le peuple pour établir l’alliance. 2° Sur le lépreux pour sa purification. 3° Sur les sacrificateurs pour leur consécration. Le sang a été répandu une fois pour toutes sur le peuple, sur moi comme pécheur, sur nous comme sacrificateurs. Il n’a jamais été répandu de nouveau et ne le sera plus jamais. Si l’aspersion du sang de Christ est sur moi, ce sang peut-il perdre sa valeur ? Cette valeur pourrait-elle être effacée par quelque chose ? Impossible ! Ma conscience est purifiée pour toujours. C’est la vraie position d’un croyant, de savoir que le sang de Christ est pour lui, devant Dieu, avec sa valeur impérissable. Je n’ai donc plus conscience de péché. Plus je sens que le péché ne m’est pas imputé, plus je le juge. C’est en présence de son père qui lui pardonne, qu’un enfant sent le mieux sa faute. Cette grâce rend la conscience délicate. Celui dont les vêtements sont propres, veille à ne pas les salir.

Le principe de l’ancienne alliance était l’obligation du peuple à l’obéissance ; elle dépendait autant de la fidélité du peuple que de celle de Dieu ; la nouvelle dépend de la fidélité de Dieu seul.

Exode 34:5-11, est une modification de l’ancienne alliance que l’on confond souvent avec la nouvelle. Nous n’appartenons pas à une alliance où l’enfant est puni pour le père. Il était impossible, après le veau d’or, que Dieu introduisît Israël en Canaan sur le simple pied de la première alliance. La souveraineté de Dieu intervient ici lorsque tout est perdu sans elle, car tout était perdu pour Israël après le veau d’or. Si Dieu eût agi en justice, c’en était fait du peuple ; alors Dieu se révèle comme le Dieu miséricordieux, faisant grâce, lent à la colère, et il y a espérance. Il faut en venir à la grâce, pour que nos âmes puissent avoir espérance. Du moment que l’on se croit perdu, on est très heureux que Dieu soit souverain et disposé à faire miséricorde à qui il veut. Ceux qui ne croient pas à la souveraineté de Dieu ne savent pas qu’ils sont perdus, ils seraient sans cela heureux d’y recourir pour qu’il leur fût fait miséricorde. Notre orgueil seul nous empêche de nous sentir perdus.


100 - Méditations de J. N. Darby — 2 Corinthiens 1:15-24

n°100 : ME 1896 p. 435

C’est l’état moral des Corinthiens qui pousse l’apôtre à parler, comme il le fait dans ces versets. Quelques-uns d’entre eux étaient tombés, les autres n’étaient pas humiliés. L’apôtre n’avait pas voulu se rendre auprès d’eux avant de leur avoir adressé sa première lettre, dans l’espoir qu’elle agirait sur leurs consciences et produirait la repentance. Il était très angoissé à Éphèse, d’où il avait envoyé Tite à Corinthe. Tite était revenu à Troas où il n’avait pas trouvé Paul qui était parti pour la Macédoine, et Tite le rejoint avec de bonnes nouvelles des Corinthiens. Paul s’était proposé d’aller directement à Corinthe et avait différé pour les épargner. Il écrit la seconde épître avec un coeur joyeux.

Au milieu de tous ces soucis, son coeur était plein de la pensée qu’il avait été envoyé pour prêcher à tous. Et cependant, en lisant l’épître aux Philippiens, on pourrait croire qu’il n’y avait d’autre assemblée que la leur ; il en est de même pour les Corinthiens et les Thessaloniciens. Selon les circonstances, l’apôtre s’appliquait de tout son coeur au bien d’un seul troupeau. C’est ce que l’on trouve en Dieu lui-même qui embrasse à la fois tous ses enfants et s’applique à toutes les circonstances de chacun d’eux dans tous les détails de leur vie. Plus on est rempli de l’Esprit de Dieu, plus on peut, selon les circonstances, s’étendre ou se concentrer.

Au milieu de ces préoccupations, le coeur de Paul déborde de joie du moment qu’il pense à Christ. Toutes les promesses de Dieu sont oui et amen, sont certaines en Christ. Il est l’héritier des promesses, c’est à Lui qu’elles ont été faites. Il y aurait de l’orgueil à me les appliquer directement à moi-même, mais elles sont en Christ, et si je suis en lui je les ai toutes. La vérité et la certitude des promesses de Dieu sont en Christ qui, ressuscité d’entre les morts, les a reçues toutes, après avoir tout accompli pour expier nos péchés qui pouvaient nous empêcher d’en jouir. Christ ressuscité reçoit les promesses, parce qu’il a voulu par l’expiation nous en rendre participants en nous communiquant sa vie. Il est entré dans la puissance d’une vie qu’il peut communiquer même aux morts. Avec toute la puissance de sa perfection et de sa vie, j’ai part à toutes les promesses de Dieu. Ce qui les scelle, c’est la puissance du Saint-Esprit.

Tout cela est à la gloire de Dieu par nous, parce que Christ veut partager cette gloire avec toute son Église, et que Dieu veut se glorifier en Christ par nous. Dieu se glorifie dans ce qu’il fait pour de pauvres pécheurs, en ce qu’il donne une vie nouvelle à une âme morte et montre aux anges une Marie de Magdala dans la gloire même de Christ. En outre, dans ces mots par nous, Dieu embrasse tous les croyants. Ces mots expriment la certitude que chacun de ceux qui croient en Jésus aura part à toutes les promesses, et que nous sommes tous ensemble éternellement unis dans la jouissance de ces mêmes promesses. C’est la présence du Saint-Esprit qui donne cette certitude à l’âme. Celui qui nous lie fermement avec vous à Christ, c’est Dieu. Comme cela vient de Dieu, tous les chrétiens participent à la même certitude et à la même jouissance. Par un seul Esprit nous sommes baptisés en un seul corps. Dieu nous a oints du Saint-Esprit, comme il a oint Jésus de Nazareth du Saint-Esprit et de puissance. Si nous sommes faibles, ce n’est pas que nous ayons une mesure plus ou moins grande du Saint-Esprit, mais à cause de la chair. C’est le Saint-Esprit qui nous donne la certitude divine des vérités de l’Évangile. Car sans lui, elles ne peuvent s’imposer à une âme. L’onction du Saint nous est donnée, et par là nous avons la connaissance de ces choses. Dieu nous scelle de l’Esprit et c’est pour le jour de la rédemption.

En mettant son sceau sur nous, lui ne peut se tromper et mettre en question si nous sommes à lui ou non. Mais on peut être scellé pour jouir de ces choses, sans que le coeur en jouisse réellement.

Christ est héritier de toutes choses, et en recevant l’héritage il a tout reçu. Pour moi, du moment que j’ai cru, je reçois le Saint-Esprit qui est onction, sceau et arrhes ; je suis marqué par le sceau pour la jouissance, et par les arrhes je jouis déjà. Dieu nous introduit donc dans la jouissance de ces choses, et je puis dire à tous ceux qui ont le même Esprit que Dieu se glorifie par nous. La certitude de notre jouissance de ces choses existe toujours ; les croyants du Nouveau Testament ont cette certitude que toutes choses sont à nous, nous à Christ, Christ à Dieu. Le Saint-Esprit ne peut pas me révéler ces choses sans qu’elles m’appartiennent, parce que je suis à Christ et que tout cela est à Christ. Les prophètes de l’Ancien Testament voyaient ces choses à l’avance, mais ils voyaient aussi qu’elles n’étaient pas pour eux.

Il y a deux principes : la certitude individuelle des choses et l’union de l’Église avec Christ. Voilà ce que donne le Saint-Esprit. Il dit toujours nous, parce que tous les fidèles sont introduits ensemble dans ces privilèges. Nous pouvons compter sur toutes ces bénédictions, parce que Christ est glorifié. Nous en avons la jouissance par l’Esprit et nous l’avons ensemble.

Le langage du Saint-Esprit doit être soigneusement retenu ; si nous le perdons, nous perdons beaucoup.


101 - Méditations de J. N. Darby — Matthieu 13

20 mars 1842 — n°101 : ME 1897 p. 15

On ne sème pas là où l’on va recueillir du fruit, ni là où l’on a déjà planté. Semer suppose que, selon la nature, le terrain qu’on ensemence n’aurait rien produit. Le coeur naturel n’est, par lui-même, capable d’aucun bien (Rom. 3:11-12). Jésus était venu chercher du fruit sur son figuier, les Juifs. Ceux-ci avaient des privilèges : les alliances, les oracles de Dieu, la loi, les prophètes ; et ces choses, les chrétiens de nom les possèdent aussi. Mais Jésus, n’ayant point trouvé de fruit sur son figuier, le maudit (Matth. 21). Il avait déjà prononcé la condamnation des Juifs en Matth. 12:38-45, et encore aux v. 47-50. Il ne s’agit plus maintenant des liens nationaux comme Juifs, ou naturels, comme descendance de David et d’Abraham. Dès lors il ne s’adresse plus à la nation d’une manière simple et claire, mais en paraboles (13:13) ; c’est pourquoi il sème à nouveau. Il ne trouve rien de bon, ni chez les Juifs, ni chez les gentils, mais un monde vide et désert où un semeur va semer de bon grain, parce qu’il n’y a rien là que de mauvaises herbes. Rien, dans le coeur de l’homme, ne peut fructifier pour Dieu ; il faut semer, pour qu’il y ait du fruit. C’est sur ce terrain-là que le Seigneur nous place tous, comme hommes naturels. Il a renoncé à chercher du fruit dans le coeur de l’homme ; il a porté sur lui un jugement définitif. L’orgueil seul peut s’imaginer le contraire.

La semence produit des effets variés, et le Seigneur présente ces effets sans parler ici de la doctrine. Une seule classe produit du fruit pour Dieu. Le Seigneur dit : « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende » : il y va du salut de celui qui écoute. Dieu nous présente ici les difficultés, les dangers ; il sait très bien que nous sommes en la présence de Satan avec de mauvais coeurs et que le semeur, après tous ses soins, ne recueille du fruit que d’un seul terrain, sur quatre, car, à part le bon terrain, le coeur est, ou bien un chemin dur sur lequel tout le monde passe, ou un coeur léger qui rejette aussi légèrement qu’il a reçu, ou encore un coeur envahi par le monde.

Dans sa bonté, le Seigneur vient pour semer. Il trouve le coeur de l’homme sans une bonne pensée pour lui. Il en a fait la démonstration (Luc 13:34-35). Quand la loi eut été violée, les prophètes rejetés et maltraités, son témoignage à lui repoussé, Jésus recommence tout de nouveau et sème, car il lui faut la grâce. Il trouve des coeurs qui pullulent de mauvaises choses. Il y a des hommes aimables et qui ont de belles qualités, mais ils les dépensent pour eux-mêmes et pour le monde ; c’est un égoïsme plus subtil, où rien ne s’adresse à Dieu ; l’homme ne glorifie pas Dieu, et cela est d’autant plus mauvais. « Les hommes ont vu et haï et moi et mon Père » ; telle est l’amabilité de l’homme. Jésus n’a rien trouvé dans le monde qui fût aimable envers lui, et plus l’homme qui rejette Dieu se trouve heureux, plus son apostasie est grande. Voilà pourquoi le Père travaille jusqu’à maintenant et Jésus aussi. Dieu sème ; il rend témoignage à sa grâce, à sa bonté, et place nos coeurs sous la responsabilité de recevoir le témoignage de la grâce. Le Seigneur nous présente dans cette parabole ce qui empêche l’homme de le faire.

1° Le coeur est un chemin battu où tout ce qui est du monde passe. La politesse peut s’entretenir de tout, politique, commerce, commérages, mais non du Seigneur Jésus. Si la Parole vient, l’homme n’y comprend rien ; il lui suffit d’être juste et honnête ; Satan ravit tout le bon grain. Néanmoins le Seigneur a semé ; il a fait tout ce qu’il fallait ; il s’est approché de ceux qui n’osaient et ne pouvaient s’approcher de lui. Mais l’homme n’a pas besoin d’un Sauveur et de la grâce ; tout cela lui est incompréhensible. Il ne garde pas mieux la mémoire de la Parole ; il sort, cause avec le voisin et ne pense pas que Satan a arraché de sa mémoire tout ce qu’il a entendu. La chair, même dans l’enfant de Dieu, est exactement la même chose ; les coeurs des hommes sont un chemin battu.

2° Nous trouvons un autre cas, la légèreté. La Parole lève très vite, parce qu’elle n’entre pas profondément. On entend dire que Jésus reçoit le plus grand pécheur, et cela touche ; on voit Jésus rejeté et l’on en est ému, mais la conscience n’étant pas atteinte, on ne voit pas ce qu’il y a entre Dieu et nous ; on reçoit l’Évangile, non par la conscience, mais pour la joie, et quand l’Évangile ne donne pas de la joie, on y renonce. Pour ses enfants, Dieu a voulu qu’il y eût des difficultés tout le long du chemin, mais ces gens-là, si les difficultés surviennent, quittent l’Évangile. Lorsque la semence de l’Évangile entre profondément dans le sol, on connaît son propre coeur ; quand elle atteint la conscience, on voit tant de mal qu’on est honteux de soi-même. C’est ce qui arrive quand la Parole pénètre réellement, mais, dans ce cas, ce qu’elle produit n’est pas la joie. Il y a dans l’Évangile, nous l’avons dit, des choses qui attirent les affections naturelles, mais ces impressions ne durent pas. Les filles de Jérusalem pleuraient sur Jésus ; il leur dit : « Pleurez sur vous-mêmes ». La joie qui résulte de la connaissance de son péché et de la grâce qui s’y applique est tout autre. Ici, c’est une joie qui ne connaît pas notre état de péché et de condamnation ; il n’y a point là de racine ; c’est pourquoi cela ne peut durer qu’un temps (v. 20, 21).

3° La Parole n’est pas oubliée, mais elle produit des effets contraires à notre attente. La Parole est reçue dans un coeur plein du monde ; on l’écoute, en un sens on la reçoit, mais les épines montent. On voit une âme altérée qui recherche les chrétiens, mais il faut renoncer à des plaisirs, à un commerce, à une soirée ; ces choses montent, envahissent, et la Parole disparaît ; il n’y a point de fruit. Ce que la parole de Dieu appelle des soucis, le monde l’appelle souvent des devoirs ; c’est ce que l’on voit au grand souper, en Luc 14. L’homme préfère ses boeufs, ses terres, sa famille, au souper. Il parle de ses devoirs ; cela signifie que son coeur est à telle ou telle chose et ne tient pas à être libre avec Jésus. Les prétendus devoirs font oublier le devoir envers Christ. Il y a aussi la tromperie des richesses. On y met de l’importance. Quand on s’enrichit, on a une haute opinion de soi-même ; on se croit quelque chose quand on n’est rien, et c’est un sujet de jalousie pour les autres. Le pauvre est incrédule, il ne s’attend pas à la bonté de Dieu ; c’est un souci ; son travail est peine perdue : « C’est en vain qu’il se lève matin et qu’il se couche tard, qu’il mange le pain de douleurs », tandis que Dieu « donne le sommeil à son bien-aimé » (Ps. 127). Les soucis n’empêchent pas la Parole de germer, mais ils l’étouffent. Mais n’oublions pas que la chair du chrétien aime les mêmes choses que la chair du mondain, qu’elle a les mêmes devoirs, recherche les mêmes plaisirs, et c’est contre cela que le Seigneur Jésus nous prémunit. Ce ne sont pas les péchés qui empêchent qu’on soit chrétien ; c’est d’être occupé des choses de la terre. Satan vous permet d’être aussi honnêtes gens que vous voudrez, pourvu que vous n’ayez pas Christ, ni la vie éternelle. Toutes ces choses étouffent la seule chose nécessaire, la vie éternelle. Vous ne pouvez avoir la vie, si vous ne la recevez pas tout de nouveau de Dieu.

4° Il y a un terrain qui produit du fruit, mais en quantités diverses. On écoute la Parole et on la comprend, ce qui n’a pas lieu dans le terrain pierreux. L’âme comprend que Dieu agit en grâce, que c’est Dieu qui entre en scène et que, sauf la manifestation du péché, tout s’efface en sa présence. Du moment que Dieu a donné son Fils, il avait vu l’état de péché de l’homme et que le plus petit péché n’avait besoin de rien moins que de la mort du Fils de Dieu. C’est en Christ seul qu’est la vie ; alors la Parole est comprise. « Si vous demeurez en moi, vous porterez beaucoup de fruit ». Mais le coeur de l’homme produit de mauvaises herbes, et il y ajoute encore l’orgueil ! Il blâme Dieu ! L’orgueil, c’est le péché du diable.

Pourquoi donc Dieu pense-t-il à nous ? Par grâce ! Et qui peut rendre raison de la grâce ? Dieu est amour et agit en amour. Le monde peut mépriser Jésus jusqu’à ce qu’il revienne en gloire ; mais il reste sous la responsabilité de recevoir la parole de la grâce que Dieu a semée dans son coeur.


102 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 23

23 juillet 1843 — n°102 : ME 1897 p. 30

Le Seigneur prend ici la place du Berger qui mène ses brebis dehors et marche devant elles, mais il a passé pour nous par les expériences de la brebis sous la conduite de l’Éternel, son Berger. Et dans ce caractère, si le Seigneur a pu parler comme il le fait dans ce Psaume, s’il a pu montrer un coeur que rien ne pouvait troubler, ce n’était pas parce que son chemin n’avait ni peine, ni difficulté, ou parce qu’il n’avait point d’ennemis. Bien au contraire, Jésus était à l’étroit jusqu’à ce qu’il fût baptisé du baptême de la mort et de la colère de Dieu, son âme était angoissée, son esprit troublé ; tous ses ennemis étaient devant lui ; il souffrait de la contradiction des pécheurs contre lui-même ; il faisait l’expérience de la tribulation et de la détresse, et disait à ceux qui étaient appelés à le suivre : « Vous aurez de l’angoisse au monde ». Oui, il nous faut aussi passer par où il a passé, et il nous en enseigne le chemin, car il y a trouvé les mêmes circonstances, les mêmes soulagements et les mêmes grâces que nous-mêmes.

Jésus n’avait pas comme nous la difficulté du mal en lui, mais, étant sans péché, combien il était plus que nous sensible aux souffrances du mal qui l’entourait. Là où nous sommes souvent endurcis par le mal, lui le ressentait parfaitement. Christ sympathise avec nous ; personne ne sympathisait avec lui ; personne ne pouvait lui dire : « Aie bon courage, j’ai vaincu le monde ». Ayant le péché en nous, nous souffrons donc beaucoup moins que lui, mais, à part cela, il s’est placé dans les mêmes circonstances que nous ; il y a employé les mêmes moyens dont nous sommes appelés à user, la dépendance et la prière, avec la même assurance d’être exaucés.

Tout en nous plaçant sous sa propre sauvegarde comme notre Berger, il se place aussi lui-même, comme homme, sous la sauvegarde de Dieu. Il se confie en l’Éternel, s’appuie sur lui. Dieu dit de lui (És. 42:1) : « Voici mon serviteur que je soutiens ».

Il est doux pour les brebis de le voir marchant ainsi devant elles et leur traçant le chemin, dans la faiblesse extérieure, quoiqu’il fût le Dieu suprême, mais avec cette différence que, pour lui, tout était encore à accomplir, tandis que pour nous tout est accompli.

Les Juifs se confiaient en leurs institutions, mais ce n’était pas la foi. Dans ce Psaume, quand toutes les institutions manquent, lorsque l’injustice déborde, le fidèle fait l’heureuse découverte que l’Éternel est son Berger. C’est quand tout est mis en oeuvre par Satan pour affaiblir la foi, que celle-ci trouve un appui inébranlable en Dieu. Jésus enseigne cela à nos coeurs par son exemple et, en contemplant son sentier, nous apprenons quelle est notre confiance ; dans une position difficile, nous savons que Jésus s’y est aussi trouvé et que Dieu ne pouvait pas ne pas montrer sa fidélité envers son Fils. En voyant le lien entre Dieu et Jésus, j’apprends à connaître le lien entre Dieu et moi, car Jésus s’est anéanti pour prendre notre position et se mettre à notre place.

(v. 1). Peu importent les circonstances, c’est une chose arrêtée, je n’aurai point de disette. Ce n’est pas faute de difficultés, car il dit, dans un autre Psaume, qu’il est dans une terre déserte, altérée, sans eau. Il sait que l’Éternel pourvoit à tout cela et il se sent en sûreté. Les soins du Berger rassurent l’enfant de Dieu et il va librement, dans la liberté de la grâce, partout où le Berger le conduit.

(v. 2). L’Éternel est mon Berger et je me repose ; toute la puissance des démons ne peut m’empêcher d’être dans les parcs herbeux. C’est la foi qui donne cette assurance ; on est au milieu des ennemis sans frayeur ; le bon Berger veille sur nous et il nous conduit le long des eaux paisibles, où nous trouvons le rafraîchissement pour nos âmes. Il y a liberté ; on entre, on sort, et on trouve de la pâture. Rien ne peut nous séparer de cet amour qui s’occupe de nous. Lui qui a donné sa vie pour ses brebis, déploie pour nous d’autant plus d’amour que les difficultés sont plus nombreuses, et, monté auprès du Père, il prend soin de ses brebis, comme le Père prenait soin de lui lorsqu’il était sur la terre. « Les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’il se montre fort en faveur de ceux qui sont d’un coeur parfait envers lui » (2 Chron. 16:9). Comme on le voit dans ce passage, c’est dans les difficultés qu’il permet dans ce but et quand il n’y a rien dans les circonstances qui puisse encourager l’âme, que Dieu se montre fort. Ne chercher que Dieu, n’avoir d’autre appui que lui, c’est là que se montre la perfection, l’intégrité du coeur.

(v. 3). Ce n’est pas qu’il n’y ait pas de craintes ; Paul avait des craintes au dedans et des combats au dehors. Jésus a offert des prières et des supplications, avec de grands cris et avec larmes (Hébr. 5:7). Tout cela peut arriver à un coeur intègre. Le Seigneur vient alors restaurer l’âme et consoler ceux qui sont abattus. Il est dit de Jésus que « les eaux lui sont entrées jusque dans l’âme ». « Mon âme, dit-il, est abattue au dedans de moi », et en fin de compte, il a été divinement restauré. La chair évite un chemin où elle trouvera l’abattement, mais elle évite ainsi de se rencontrer avec Dieu et perd l’occasion de le connaître. Tôt ou tard, l’âme restaurée qui a trouvé le Seigneur, jouit de la consolation et de la lumière et reçoit la persuasion que c’est lui-même qui l’a conduite dans le chemin de la bénédiction.

Au v. 5, on trouve la conséquence du fait que l’on s’appuie sur le Berger. Les ennemis sont là, mais Dieu dresse la table et l’on jouit, même en leur présence. Quelle joie éprouvent ceux qui ont la conscience que le Seigneur qui connaît notre chemin, nous bénit et nous conduit. Notre combat est un combat réel ; l’éviter, c’est éviter la bénédiction. Du moment que l’on est mis en avant pour le service du Seigneur, on est nécessairement à la vue des ennemis. Si l’on veut montrer ce que c’est que le peuple de Dieu, il faut le montrer en présence de Satan. Satan peut cribler, et c’est ce qu’il désire, mais il nous faut combattre et mortifier la chair, tout en comptant sur la fidélité de Dieu. Ceux qui n’ont pas le coeur intègre et comptent sur autre chose que sur lui, ne trouvent jamais que Dieu se montre fort.

La foi est la règle selon laquelle Dieu nous conduit. Quand il est l’objet de nos coeurs et de notre foi, tout devient simple et facile. Avec l’oeil net, le corps est plein de lumière. C’est un chemin de luttes, d’abattement, de découragement quelquefois, mais un chemin où Dieu se trouve. Ce ne sont pas toujours des eaux paisibles, mais l’âme acquerra la certitude du chemin où Christ la conduit et la certitude que nous passons où Christ a passé.

Si, par la grâce de Dieu, je vous revois, j’ai la pleine conviction que le Seigneur est notre Berger, qu’il conduira chacun de nous et j’espère, s’il plait à Dieu, que nous nous reverrons plus unis et plus bénis que jamais !


103 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 3

n°103 : ME 1897 p. 56

L’apôtre aurait pu trouver facile de se réjouir dans le Seigneur, mais il était en prison et délaissé. Ce sont les afflictions qui nous donnent la mesure de nos liens avec notre héritage céleste. Paul repasse dans son esprit tous les avantages qu’il avait selon le monde : avantages de naissance, de race, de religion, tout ce sur quoi un Juif pouvait se fonder. L’apôtre avait abandonné tout cela, et, après tout, il dit : « Réjouissez-vous dans le Seigneur ». Il sait fort bien où il en est lui-même ; il peut repasser toutes ces choses selon leur valeur, et dire : « Après tout, ce n’est que du fumier ». Privé même de tout ce qui peut réjouir intérieurement son coeur, il leur conseille de se réjouir et regarde toutes choses comme une perte, en comparaison de l’amour de Dieu en Jésus. Deux choses se présentent : les avantages mondains et une religion agréable à la chair, choses par lesquelles Satan a réussi à corrompre l’Église, tandis que pour nous il s’agit de servir Dieu en Esprit, de nous glorifier en Jésus-Christ, et non pas d’être hébreu, pharisien, etc. Tout ce qui attire nos coeurs en dehors de Christ, affaiblit nécessairement notre foi, car même une chose religieuse, si elle n’est pas Christ, est la chair.

Remarquez cette expression : « Afin que je gagne Christ ». Cela consiste en deux choses. 1° Paul veut être trouvé en lui, n’ayant pas sa justice qui est de la loi, mais une justice qui est de Dieu, moyennant la foi. La foi s’attache à une justice qui est de Dieu seul et, du moment qu’on en sort, l’Évangile est ébranlé. 2° Il veut connaître Jésus-Christ lui-même et la vertu de sa résurrection. Il y a dans sa résurrection une vertu, une puissance. Si l’un d’entre nous était ressuscité, mais encore dans ce monde, aurait-il des liens avec le monde, des désirs qui le portent vers lui ? Non, mais il lui tarderait d’être dans la gloire, car rien n’empêcherait chez lui l’essor des affections du nouvel homme. Il serait d’avance dans le ciel par ses désirs et ses pensées. Telle est la vertu de sa résurrection. Quand l’âme a réalisé, par la puissance de la résurrection de Jésus, qu’elle est ressuscitée et que tout lien entre elle et le monde est rompu, elle en est sortie. Christ nous a saisis pour cela. Nous sommes actuellement dans des corps mortels et dans un monde auquel, si nous ne sommes pas très vigilants, nous nous attacherons bientôt.

La vertu de sa résurrection aura pour effet de nous faire oublier les choses qui sont derrière et de nous faire tendre avec effort vers celles qui sont devant ; elle nous fait comprendre, par le Saint-Esprit, le but pour lequel nous avons été saisis.

Tout ce qu’il y a dans le monde, nous empêche de faire des progrès spirituels. Nous avons à considérer qu’il y a une vertu positive dans la résurrection de Jésus. Nous ne sommes pas redevables à la chair quand elle réclame ses droits, mais nous avons le droit d’opposer la mort de Christ aux accusations de Satan, et la résurrection de Christ à l’attrait de toutes les choses de la terre. La vie de résurrection de Christ est en nous et non pas seulement ses effets. Les choses vers lesquelles cette vie nous porte, constituent notre céleste vocation. Ce qui donne la force à cette vie, c’est que nos affections soient puissamment attirées vers un objet. Telle est la puissance de sa résurrection. Ceux qui retournaient en arrière (v. 18), ne possédaient pas cette puissance.

Marchons-nous dans ce monde comme ressuscités et comme attendant le moment d’entrer dans la gloire ? Nous avons été saisis par Christ pour cela, et cela nous fait oublier le monde. Notre privilège est de pouvoir oublier tout ce qui est derrière, même nos progrès dans la vie chrétienne, et de regarder en avant. Si je ne désire que Christ, je suis sûr de le gagner ; je n’ai pas besoin de chercher autre chose pour me soutenir. Il peut y avoir des épreuves, des afflictions, mais Dieu s’en sert pour nous faire beaucoup mieux sentir que nous avons tout en lui. Sadrac, Mésac et Abed-Nego étaient « établis sur les services de la province de Babylone », c’est-à-dire avancés dans le monde, et ils n’y ont trouvé que des liens. Ils faisaient partie de la multitude qui devait adorer l’image, mais leurs circonstances extérieures étaient si en vue, que le roi du monde ne pouvait leur pardonner d’avoir trop de conscience pour se prosterner devant sa statue. Le monde les jette dans la fournaise. Ils y ont trouvé le Fils de Dieu et y ont été délivrés des liens dont le monde les avait liés. Ne craignons pas la fournaise ; ne craignons pas les épreuves et les choses pénibles ; au contraire, réjouissons-nous. Elles nous font trouver le Seigneur Jésus.


104 - Méditations de J. N. Darby — Jean 14:15-21

n°104 : ME 1897 p. 77

Il y a de la ressemblance entre ce qui a été dit au peuple juif, ce que le Seigneur nous dit ici, et ce que Paul dit en plusieurs endroits.

« Je prierai le Père, et il vous enverra le Consolateur ». Cet envoi du Saint-Esprit est un très grand encouragement pour le fidèle et un grand reproche d’amour pour notre coeur qui ne produit pas les fruits que la présence du Saint-Esprit doit produire. Au milieu de la plus grande ruine, on ne peut pas nous priver de cette promesse de Dieu : L’Esprit « demeure avec vous », car elle n’est pas incompatible avec la ruine absolue de l’Église.

Jésus, au moment de quitter les siens, leur promet un autre Consolateur que lui-même. Jésus ne devait pas demeurer éternellement avec l’Église, mais il dit du Saint-Esprit : « Le Père vous donnera un autre Consolateur pour être avec vous éternellement ». Ce Consolateur ne nous a jamais quittés. Jésus sur la terre a été présenté au monde pour être reçu, mais, quant au Saint-Esprit, le monde ne peut pas le recevoir, et tout effort pour le faire recevoir du monde est contraire à la déclaration de Jésus. Toute grâce, tout ce qui selon Dieu est aimable, pur et juste, découle du Saint-Esprit, et le monde ne peut le recevoir, tandis que ceux avec lesquels le Saint-Esprit demeure le connaissent. Il est avec nous et se fait connaître à nous et non pas au monde. C’est à la suite de cela qu’on garde la parole de Jésus, et que le Père et le Fils viennent faire leur demeure chez nous. C’est l’inverse de ce qui est dit au commencement du chapitre : Il y a des demeures pour nous dans la maison du Père ; en attendant, le Père demeure en nous.

« Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez ». Si Jésus pouvait mourir, nous le pourrions aussi. Jésus reproche à Philippe de ne pas avoir compris et connu qu’il était dans le Père et le Père en lui ; mais en ce jour-là, quand le Saint-Esprit sera donné, dit-il, vous connaîtrez sans incertitude l’unité du Père et du Fils et de plus, tout aussi bien, l’unité du Fils et de l’Église. Le don du Saint-Esprit est une base assurée de toute bénédiction. Le monde n’en sait rien et ne peut le savoir ; tout ce qui constitue la bénédiction entre Dieu et les fidèles n’existant pas pour le monde.

La jouissance de la présence du Consolateur et sa manifestation dépendent de l’obéissance pratique. C’est pourquoi l’on peut voir la plus grande ruine à côté de l’immuable fidélité de Dieu. Un seul mal non jugé peut mettre en ruines l’assemblée de Dieu. En Deut. 29:18-23, il n’y avait qu’une racine d’amertume en Israël et tout le peuple était faible et souillé. Aussi « tout son sol n’était que soufre et sel, un embrasement, comme la subversion de Sodome et de Gomorrhe ». Si le chrétien ou l’assemblée admettent un seul péché, le Saint-Esprit est contristé, et l’âme est affaiblie à tous égards. Moïse savait qu’après sa mort Israël ne manquerait point de se corrompre, mais que la fidélité de Dieu ne manquerait jamais (Deut. 31:29).

C’est exactement aussi ce que Paul dit de l’Église (Actes 20:29-31). On voit la même chose au livre d’Aggée 2:3-5. L’Esprit de Dieu ne peut quitter l’Église, mais si le peuple de Dieu rejette l’Esprit, tout est ruiné. C’est une chose très sérieuse pour nous, de voir que la présence de Dieu avec nous est compatible avec l’état de ruine de l’ordre de choses où nous sommes.

Mais nous avons le privilège d’être le témoignage de Dieu dans le monde et d’y remplacer le Seigneur Jésus. Il n’y aurait que le seul Élie de fidèle en Israël, que ce serait un grand privilège d’être ce témoin-là au milieu de l’infidélité générale. La présence de Dieu dans sa maison y apporte des affections douces et aimables, et c’est notre privilège de jouir tellement de cette présence au milieu de nous, que nous soyons un témoignage au monde du bonheur que Dieu peut donner à son peuple.


105 - Méditations de J. N. Darby — Luc 5:12-15

n°105 : ME 1897 p. 95

Ce passage nous présente une guérison complète, opérée par le Seigneur Jésus, la guérison d’un mal qui chassait l’homme de la présence de Dieu et de la société de ses enfants. Jésus l’opère par sa seule parole. Le lépreux ne pouvait demeurer dans le camp et encore moins s’approcher du tabernacle.

Le péché nous est dépeint de plusieurs manières : il nous paralyse ; c’est une mort ; ici, il nous empêche d’entrer dans la présence de Dieu. Si Dieu veut nous bénir, ce ne peut être qu’en sa présence. Adam, quand il a péché, se cache de lui. Dieu a fait sortir Israël d’Égypte pour habiter au milieu de lui. Cette présence de Dieu est la seule source de joie et la seule force de l’âme convertie. L’inconverti sait que, malgré lui, il lui faut avoir affaire à Dieu, que cela doit arriver infailliblement ; mais il n’y a point de joie pour lui en la présence de Dieu et il ne peut avoir aucune idée du bonheur du ciel. Ce qui donne de la joie dans le ciel lui est étranger. Quand Adam se voit nu, il sent qu’il ne peut se présenter devant Dieu. L’âme inconvertie peut s’étourdir, mais elle n’est pas heureuse ; elle est malade et le montre par son malaise ; elle n’a aucun goût pour les choses de Dieu et Sa présence le trouble.

Pierre, au v. 8 de ce même chapitre, sent qu’il ne peut être tel quel en la présence de Dieu. Il dit : « Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur » ; il sent qu’il ne mérite pas de se trouver devant Lui et que Dieu ne peut pas souffrir un pécheur en sa présence. Dieu a des droits à faire valoir et ne peut pas s’accoutumer au péché. Impossible que Lui et l’homme dans ses péchés se trouvent ensemble. S’il y a un Être saint et pur, il faut que la pureté de cet Être repousse l’impureté où elle se trouve. Le coeur de l’homme sent bien qu’il existe un Être tel, qui a ses droits et qui doit les maintenir. Pierre comprend qu’il ne peut être dans une même nacelle avec Jésus ; il faudrait être endurci pour ne pas sentir que le péché a souillé nos consciences. La conscience peut avoir besoin d’une règle pour juger du péché ; Satan, le monde, peuvent l’aveugler, et l’on peut croire bien faire en tuant les enfants de Dieu — néanmoins la conscience est là et ne peut ignorer, si la lumière l’éclaire, que le péché la souille et qu’il n’est pas convenable que Dieu l’admette en sa présence. La conscience est toujours égoïste, car elle pense toujours à elle-même. Donc la pureté de Dieu et la conscience empêchent que Dieu et le pécheur se rencontrent.

Du moment qu’un homme était lépreux, il était chassé hors du camp, parce que le péché souille tout ce qu’il touche, (Lév. 13:45-46). Le lépreux se condamne lui-même et crie : « Impur, impur ». Il en est de même quand la conscience est atteinte. Se couvrir la barbe est l’expression de la douleur. Quand le Saint-Esprit agit dans le coeur, on trouve le sentiment de la misère et l’abattement.

Si l’homme ne peut s’approcher de la source du bonheur et de la vie, et c’est le cas de tous, y a-t-il une ressource ? L’homme le prétend, mais s’il n’était pas réduit à un état d’insensibilité par le péché, il saurait qu’il lui est impossible d’obtenir par lui-même la guérison.

« Seigneur, dit le lépreux, si tu veux, tu peux me rendre net ». Tout homme reconnaît que Dieu peut guérir, mais cela ne suffit pas et ne soulage pas, car, en général, plus quelqu’un est puissant, moins il se soucie des choses qui sont au-dessous de lui. Il faut que le lépreux reconnaisse en Dieu, non seulement le pouvoir, mais aussi le vouloir. Lorsque nous reconnaissons à la fois la puissance et la bonté de Dieu dans la personne de Jésus, nous avons tout ce qu’il faut pour nous guérir. S’il s’agit de pureté, notre état est repoussant pour Dieu ; s’il s’agit de justice, Dieu nous repousse.

Jésus étend la main et touche le lépreux ; tout autre en eût été souillé, mais Jésus peut toucher le mal sans en être atteint. Quand il agit en grâce, le péché ne le repousse pas ; au contraire, le péché attire la grâce ; la grâce seule peut s’occuper de lui. Jésus vient nous démontrer que le péché ne repousse pas Dieu, parce que Dieu est amour. Il s’approche de nous et nous touche dans notre état de souillure. Sa présence chasse le péché, le bannit de l’âme. Le péché a été plus puissant que l’homme, mais la foi comprend et saisit que Dieu est plus puissant que le péché. Dieu s’en est approché en la personne de Jésus. Il n’y a rien du tout entre nos péchés et Dieu ; Jésus a touché le lépreux.

La présence de Dieu dans la personne de Jésus est la démonstration de la grâce et que Dieu veut nous guérir, nous rendre nets. Ayant manifesté l’état de péché dans lequel nous sommes tous, nous qui haïssons la loi et la lumière, Jésus vient comme l’un de nous. Cela démontre que Dieu pense à nous et qu’il nous a vus dans notre état de faiblesse et de ruine. Il a pesé lui-même ce que c’était que le péché dans la balance de sa sainteté. Dieu pense à nous, à nos péchés, et n’en a pas été repoussé. Ces péchés sont-ils plus puissants que Dieu qui est là au milieu de nous ? S’il est venu maintenant ce n’est pas pour juger. Il est venu en humiliation pour se soumettre à nos besoins, pour s’intéresser à nous, comme s’il avait été lui-même sous le poids du péché ; il est venu se placer sous l’effet du péché, comme devant en être lui-même responsable !

Le coeur a besoin d’être non seulement attiré, mais aussi encouragé. Lorsque Jésus jette un regard sévère sur quelqu’un, c’est sur ceux qui empêchent un pauvre pécheur de venir à lui. Quand le coeur est brisé par la conscience du péché, Jésus le touche par le sentiment de ses besoins et veut encourager ce coeur à se présenter à Dieu.

Une fois que l’âme en est là, il faut encore que la conscience soit à l’aise. Je sens mes péchés, ma misère, je sais que ces péchés ont attiré ses compassions. Je puis avoir confiance en Dieu, et au lieu de sentir que Dieu doit me repousser, je ne trouve en Jésus que Dieu venu en grâce et j’ai la confiance qu’il s’est occupé du mal pour chasser le péché et le guérir. Mon coeur est réconcilié avec Dieu ; il a mis sa confiance en ce Dieu qu’il avait offensé.

Il y a de plus l’exercice de cette puissance de Dieu. Quand même Jésus serait bon comme il l’est, cela ne change pas la justice de Dieu ; mais son sang nous purifie de tout péché. Dieu savait ce qui était nécessaire pour nous en purifier, et il l’a fait. Il a pesé tous nos péchés et a fait venir sur Jésus l’iniquité de nous tous. Vous ne savez pas juger vos péchés comme il faut, en la présence de Dieu ; Dieu l’a fait, et de plus il a fait ce qui ôte le péché. Il ne s’agit pas de ce que je puis penser de mes péchés. Quand j’en serais accablé, quand ils me plongeraient dans un continuel désespoir, cela ne m’aiderait pas, mais Dieu a vu le péché comme Dieu seul peut le voir et l’a effacé par une oeuvre comme Dieu seul peut l’accomplir.

Il y a enfin la communication de la vie de Dieu à nos âmes. Dieu nous fait participer à la vie de Christ qui, n’ayant point de péché, a touché le péché et a vaincu la mort. Nous avons à faire à Christ ressuscité qui nous communique sa vie. Dieu s’approche des plus grands pécheurs, les choisit et leur communique sa vie. Si Dieu était ici, vous attendriez-vous à ce qu’il choisît les gens de mauvaise vie, pour faire comprendre aux âmes accablées qu’il est plus puissant que le mal ? Tel est Jésus ! Nous avons besoin d’une puissance en nous, d’une vie qui ne succombe pas au péché comme la vie d’Adam ; c’est ce que nous avons en Jésus.

En êtes-vous arrivés à pouvoir dire : « Impur, impur ! » Tant que vous n’avez pas dit cela, la fraude demeure dans votre coeur. Personne n’ira de lui-même le dire à ses voisins ; on ne peut le dire qu’en la présence de Dieu et par la lumière de l’Esprit. Mais quand nous avons honte de nous-mêmes, Dieu n’a pas honte de nous et ne nous méprise pas. Croyez-vous que Dieu, qui seul peut mesurer le péché, en a pris toute la mesure en donnant son Fils ? Croyez-vous qu’il l’a expié par la croix de Christ ? Ou cela est vrai, ou bien la sagesse de Dieu lui a fait défaut, car Dieu aurait donné, aurait jugé son Fils en vain !

Que Dieu fasse retentir à vos oreilles la réponse de Jésus : « Je veux, sois net ! »


106 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 5:1-15

n°106 : ME 1897 p. 112

Cette épître abonde en traits qui caractérisent la famille de Dieu. Il y avait des personnes qui cherchaient à séduire et à troubler les chrétiens. L’apôtre écrit en vue de ces dangers et donne la définition de la famille de Dieu. Dans le commencement de ce chapitre, il leur en présente de nouvelles marques, en établissant que quiconque aime Dieu, aime son frère qui est né de Dieu ; la contre-épreuve étant que celui qui aime les enfants de Dieu, aime Dieu. L’une de ces deux choses prouve l’autre. De même aussi, si quelqu’un possède la vérité sans la sainteté, il n’est pas sous la conduite de l’Esprit de Dieu et non plus, s’il a la sainteté sans la vérité. Celui qui dit : J’aime Dieu et qui n’aime pas les enfants de Dieu, est menteur.

L’apôtre dit aussi : « Si quelqu’un aime Dieu, il garde ses commandements ». Cela peut vous paraître très pénible, néanmoins l’apôtre dit : « Ses commandements ne sont pas pénibles ». Quelle difficulté les enfants de Dieu trouvent parfois à consacrer à Dieu une seule heure par semaine ! Ils ne peuvent guère dire : Ses commandements ne sont point pénibles ; la grande difficulté vient pour eux de ce qu’ils ne renoncent pas à eux-mêmes. La chair n’aime pas renoncer à un avenir ; on n’aime pas vendre tout ce que l’on a, laisser notre habit à celui qui nous prend notre manteau. Néanmoins l’apôtre dit : « Ses commandements ne sont point pénibles ». Il faut seulement pour cela être victorieux du monde, surmonter tout, famille, richesse, etc. Même, les enfants de Dieu désirent souvent prospérer dans ce monde. Le monde est un obstacle pour garder les commandements de Dieu et en jouir. Jésus jouissait de faire la volonté de son Père, et il l’a faite jusqu’à la mort. Il n’avait point d’avenir dans ce monde. L’Esprit de Dieu ne nous présente le monde que comme une chose à surmonter. Nos âmes n’ont-elles pour but que Jésus et sa connaissance et ne considèrent-elles le monde que comme une chose à vaincre ? La chair aime et désire le monde, mais ce qui est né de Dieu désire les choses de Dieu.

Ce qui nous fait remporter la victoire sur le monde, c’est notre foi ; l’apôtre l’explique au v. 5. Quand il dit que celui qui est victorieux du monde est celui qui croit au Fils de Dieu, il faut se rappeler que Jésus est un homme qui a été exécuté comme malfaiteur par les autorités ecclésiastiques de son pays, lorsqu’il était présenté par l’Esprit, dans ce monde, comme Fils de Dieu. Celui qui était ainsi méprisé était tout ce que Dieu appréciait au monde. Si tout ce que Dieu apprécie est ainsi rejeté par le monde, et tout ce que le monde apprécie, rejeté de Dieu, le monde est placé dans son vrai jour. Dès que je comprends que ce pauvre fils du charpentier est le glorieux Fils de Dieu, j’ai la foi qui surmonte le monde et le manifeste tel qu’il est. Nous avons des désirs opposés à ceux du monde, un autre monde qui nous appartient. Nous sommes dans ce monde pour y vivre et y travailler, mais du reste il n’est pas autre chose pour nous qu’un objet à vaincre.

Vers. 6-13, le témoignage de Dieu est important. Quand le côté de Jésus fut percé, il en sortit du sang et de l’eau. Le témoignage est sur la terre, au milieu de nous, en nous, si nous croyons. Le sujet du témoignage est que Dieu nous a donné la vie, et que cette vie est en son Fils. Il rend ce témoignage sur cette terre, dans ce désert où nous en avons besoin. Il faut que j’aie ici-bas, bien sûr et bien certain, ce témoignage sur la vie éternelle. Je ne puis demeurer dans le doute sur ce qui convient à la vie éternelle. Dieu a rendu témoignage au sujet de son Fils, et ce témoignage est pour nous. La foi consiste à croire à ce témoignage. Ce témoignage lui-même ne consiste pas à savoir si Christ est mort pour moi, oui ou non, car Dieu ne rend pas un témoignage à notre sujet, mais au sujet de son Fils. Celui qui croit au Fils et que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, a la vie ; la Parole ne va pas plus loin. Il est bien vrai que nous avons ce témoignage en nous si nous croyons, mais c’est la personne et l’oeuvre de Christ qui sont le sujet du témoignage, et rien de plus. Il y a trois témoins, l’eau, le sang et l’Esprit, l’eau sortie de son côté, le sang sorti de son coeur, et le Saint-Esprit venu sur la terre. L’eau purifie ; Jésus lave l’Église par le lavage d’eau, par la Parole. L’eau rend témoignage que tout en nous est la mort. L’eau, dans le baptême, montre que tout en nous est à nettoyer. Elle est la sentence de mort de Jésus, portée sur le coeur, déclarant que tout en nous est mort, mais que nous sommes morts avec Jésus. La sanctification commence toujours par ce principe. Je suis nettoyé par l’eau ; mais l’eau ne suffit pas.

Le sang va plus loin ; ce n’est pas seulement une purification, mais une expiation. Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché. C’est le témoignage de Dieu. Si ma conscience est à son aise, au large devant Dieu, cela vient du sang. J’avais une montagne de péchés, mais le sang l’a effacée et en rend témoignage. Je ne puis pas être à l’aise devant Dieu dans le péché, mais si Dieu dit : « Le sang de Jésus-Christ purifie de tout péché », j’ai la vie éternelle, et il n’y a plus rien entre Dieu et moi.

La présence du Saint-Esprit sur la terre est un témoignage rendu à la gloire de Jésus. Celui qui possède Jésus a la vie.

Ce témoignage a un caractère extérieur ; il place tous les hommes sous la responsabilité. Dieu nous a rendu témoignage au sujet de son Fils ; si nous ne le recevons pas, nous faisons Dieu menteur. C’est dire : La vie n’est pas en moi et je suis ruiné par le péché. C’est à cela que le monde est réduit. Il ne s’agit ni de conscience, ni de loi, mais d’un témoignage rendu par Dieu à Jésus. Si quelqu’un ne le croit pas, il rejette le conseil de miséricorde, de bonté et de salut qui est en Jésus, et il fait Dieu menteur. Par là même, ce témoignage est rendu à notre état de ruine.

Ce témoignage a, pour notre âme, un caractère intérieur. Christ est ma vie ; notre vie est cachée avec Christ en Dieu. Si Satan veut me dérober la vie, il faut qu’il aille la dérober à la droite de Dieu. La vie est en Jésus, Jésus est en moi, le témoignage est en moi, il a toute la certitude de Dieu et toute la puissance de quelque chose qui est au dedans de moi. Le chrétien seul peut le comprendre, il le possède. Sa vie est en nous, son Esprit en nous ; c’est là ce qui nous fait comprendre que c’est une vie éternelle. Il ne s’agit pas de nous, mais de la vie qui est dans le Fils. Il n’y a point d’incertitude entre le Père et le Fils. Eh bien, le Fils est en moi !

Pour le chrétien, le témoignage n’est pas extérieur, parce que Christ habite en lui par la foi.

On croit que, parce que la vie est en nous, il faut un certain témoignage à notre sujet. Non, le témoignage est rendu au Fils, et Dieu commande de croire que ce Jésus, rejeté et crucifié, est son Fils.

Que Dieu nous fasse connaître la joie et la puissance de ce fait que Christ vit en nous, et que le témoignage que Dieu a rendu n’est pas à nos misérables personnes, mais à son Fils, dans lequel Dieu nous a donné la vie éternelle. Que Dieu nous donne, ayant Christ en nous, de vaincre le monde !


107 - Méditations de J. N. Darby — Deutéronome 1

n°107 : ME 1897 p. 132

Nous avons ici un triste résumé de l’histoire d’Israël dans le désert et de la manière dont l’incrédulité se prive, en chemin, de grandes bénédictions. Dieu avait fait passer Israël par le chemin le plus long, afin qu’ils ne rencontrassent pas un peuple aguerri ; il les avait fait traverser la mer Rouge pour qu’ils apprissent à connaître la puissance de Dieu, au lieu de celle de l’ennemi.

Maintenant il s’agit pour eux de la possession et de la jouissance des promesses. Canaan leur avait été promis ; aucun d’eux, sauf Josué et Caleb, n’y est entré, à cause de leur incrédulité ! Il n’y a que onze journées depuis Horeb jusqu’en Canaan (v. 2), et le résultat de leur incrédulité est qu’ils mettent 40 ans à ne faire que ce court trajet. Ce simple fait est un avertissement très solennel. Je me demande si nous avons beaucoup réalisé les promesses de Dieu, la gloire du Seigneur Jésus, l’amour du Père, la communion de ceux qui ont leur bourgeoisie dans les cieux.

Ce chapitre nous explique comment cela a pu arriver. Au livre des Nombres, Dieu compte le peuple et se le consacre à lui-même. Il les a conduits en Horeb dans ce but, il les met en ordre en sa présence ; à leur départ d’Horeb, il sépare les Lévites pour le service ; Dieu est là au milieu d’eux, Israël n’étant que l’avant- et l’arrière-garde de la gloire et de la présence de Dieu. Israël devient l’armée d’Israël ; l’arche va devant eux dès leur première étape pour trouver le lieu où ils doivent se reposer. L’arche est leur gloire et leur guide. Et voici qu’il n’y a, tout le long du voyage d’Israël, que murmures et iniquité ! (Nombr. 10 à 12). Ils veulent retourner en Égypte, ne pensent qu’au temps où ils étaient dans le monde et à leurs aises passées. Dieu les châtie, et pourtant les conduit, malgré leurs murmures, jusqu’à Kadés-Barnéa. Là ils sont tout près de Canaan et de la possession des promesses. C’est là aussi que le chrétien arrive. Il n’est pas encore dans la gloire, mais à la frontière de la gloire et du monde à venir. Encore une courte traversée et j’y suis !

Dieu qui leur avait donné toutes ses promesses, les encourage : « Ne crains point et ne t’effraie point ». Israël désire obtenir une connaissance plus exacte du pays, et l’Éternel ne le lui refuse pas. Le Saint-Esprit, comme les messagers d’Israël, vient nous dire : Le pays que notre Dieu nous donne est bon. Il prend les choses de Christ, toutes les choses que le Père a données au Fils, les fruits de ce pays béni, et nous les communique. Mais Israël refuse d’y monter, quand l’Éternel lui donne les arrhes de ce que le pays contient. Ce que Satan fait, c’est de nous présenter les difficultés pour nous rendre infidèles. Les dangers, la force de l’ennemi, tout cela est vrai. Il est vrai qu’il faut compter si, avec 10000 hommes, on peut aller contre celui qui en a 20000, mais Satan dit ces choses pour nous effrayer. Dieu avait aplani jusque-là toutes les difficultés devant Israël, il s’était associé à eux après les avoir rachetés d’Égypte, il avait combattu pour eux (Ex. 17). Il permet qu’ils comprennent les difficultés ; mais eux se placent devant les difficultés et le coeur leur manque. Ils ont beau voir les fruits du pays, leur coeur refuse d’y entrer. Dieu leur dit : « L’Éternel, votre Dieu, qui marche devant vous » (v. 30). C’était donc l’Éternel qui rencontrait les difficultés, quelque grandes qu’elles fussent, comme le Berger qui marche devant les brebis. Impossible que l’homme les surmonte. Dieu dit : Il faut compter sur moi. Il ajoute : « Votre Dieu combattra lui-même pour vous ». Sans doute, il nous exerce au combat pour la jouissance des promesses ; il nous faut renoncer à nous-mêmes, vivre de régime en toutes choses. Israël ne succombera-t-il pas ? Non, « votre Dieu combattra lui-même pour vous ». Dieu ne nous a-t-il pas déjà délivrés de la puissance de Satan ? C’est la folie des enfants de Dieu, de penser que ce même Dieu n’aura pas la puissance de les délivrer des difficultés que Satan élève sur leur chemin, car ils ne sont plus ses esclaves. Dieu n’a-t-il pas rendu impuissant notre ennemi ? D’où vient donc ce manque de foi ? De ce que, en route, le coeur est retourné en Égypte et s’est écarté de la présence de Dieu et de son témoignage. Hélas ! n’avaient-ils pas vu que l’Éternel leur Dieu « les avait portés comme un homme porte son fils » ? (v. 31). Il ne leur avait pas demandé de la force. Sa patience les avait conduits jusqu’ici. N’est-il pas honteux de ne pas compter sur sa puissance et sur sa force ? Dieu s’était servi des difficultés pour manifester sa fidélité. « Il allait devant eux dans le chemin, la nuit, dans le feu, pour leur faire voir le chemin où ils devaient marcher » (v. 33). La nuit était pour eux le moment le plus sûr et le plus heureux.

L’Éternel avait entendu tous les entretiens de leurs coeurs (v. 34-40), et voici le résultat : Pour tout Israël le fruit de l’incrédulité est un triste trajet de 40 ans dans le désert, au lieu d’entrer directement dans le pays de Canaan. C’est l’histoire continuelle de nos âmes. Tandis que Dieu nous porte comme un homme porte son fils, nous ne voulons pas compter sur sa force pour nous. Ensuite, quand Dieu ne veut pas qu’il monte, la présomption d’Israël le pousse à monter quand même, et il est défait par l’ennemi. Dieu nous présente des occasions de bénédiction ; si nous manquons ces occasions, elles ne se retrouvent pas ; Dieu nous les retire. Plus tard, Dieu n’y est pas et l’on va au-devant d’une défaite.

Dieu ne demande pas mieux que de nous voir jouir des promesses. Il nous y encourage. Si nous voulons connaître le pays, le Saint-Esprit nous en présente les fruits et les difficultés, les raisins d’Eshcol et les villes fortifiées jusqu’au ciel ; mais si, au lieu de chercher à mesurer d’avance les difficultés, nous nous en tenons aux promesses de Dieu, nous allons en avant sans peine. Dieu nous avertit aussi ; laissons sa Parole agir sur nos consciences et craignons de perdre l’occasion.

Jouissez-vous des choses que Dieu nous a promises en Christ ? Voici le pays que Dieu vous a donné. Qu’est-ce qui vous arrête ? Y a-t-il, des craintes, et ne savez-vous pas compter sur le Seigneur ? Si vous allez en avant sans crainte, vous trouverez l’Éternel et rien d’autre. Les difficultés que Satan présente seront des occasions de victoire. Pour nous encourager, le Saint Esprit, dans sa grâce, nous rappelle tout ce que Dieu a fait, l’amour parfait de Celui qui nous a délivrés, la tendresse de Dieu qui nous a conduits jusqu’ici et qui veut nous faire entrer dans la gloire !


108 - Méditations de J. N. Darby — Ésaïe 50

n°108 : ME 1897 p. 154

Dieu nous présente ici le pourquoi du rejet d’Israël. Si cette question a de l’importance quant à ce peuple, elle en a bien plus encore quant à nous-mêmes. Dieu demande : Où sont vos lettres de divorce ? Est-ce moi qui vous ai vendus ? Vous vous êtes vendus par vos iniquités. En Israël, si une femme ne trouvait pas grâce aux yeux de son mari, il pouvait lui donner une lettre de divorce et la renvoyer (Deut 24:1). À cette demande, Dieu répond : C’est à cause de vos transgressions. Mais nous, nous avons été plus coupables qu’Israël et responsables de plus de grâces méprisées, et Dieu doit nous dire des choses plus terribles qu’à son peuple.

Le mal capital, la preuve irréfragable de la mauvaise volonté du coeur de l’homme, se trouve au v. 2 : « Pourquoi suis-je venu, et il n’y a eu personne ? » Dieu passe sous silence l’idolâtrie d’Israël ; il n’en dit pas un mot, mais ce dont il s’occupe ici, c’est de la rejection de Jésus. Cela attire son attention et c’est la condamnation de toute âme qui ne le reçoit pas. Un Christ venu dans ce monde et rejeté, telle est la cause du divorce et du renvoi d’Israël.

Dieu présente ici tout ce que Jésus a fait. Avant qu’il vînt, l’homme avait péché contre Dieu, et il avait fallu que la justice de Dieu le mit hors du jardin d’Éden. C’est l’état auquel nous sommes tous réduits. Adam et Ève, sans avoir rien qui les attirât que la parole de Satan, ont voulu désobéir à Dieu, au moment même où ils jouissaient de ses bontés. Ève croit Satan sur parole, quand il lui suggère que Dieu n’était pas aussi bon qu’elle aurait pu le penser, puisqu’il gardait par devers Lui la seule chose qui pût rendre en quelque sorte l’homme semblable à Lui. Il est vrai que l’homme a acquis la connaissance du bien et du mal, non pas par la bonté de Dieu, mais par la méchanceté du diable. Vous savez bien, n’est-ce pas, que le péché vous rend malheureux ? Et néanmoins, depuis Adam, l’homme suit toujours la même folie et veut être heureux en faisant sa propre volonté, comme Satan le lui suggère. Nous en sommes tous là. Il était juste que Dieu chassât l’homme de sa présence. S’il en avait été autrement, l’homme n’aurait plus eu qu’une mauvaise conscience au milieu des bénédictions de Dieu et, s’il avait encore mangé de l’arbre de vie, il n’aurait fait que perpétuer sa misère.

Dieu balaie ensuite le monde par le déluge, mais l’homme ne tarde pas à s’endurcir de nouveau et devient idolâtre. Alors Dieu se choisit un peuple et lui donne sa loi. Israël la viole de toute manière et s’endurcit encore contre Dieu. Dès lors Il agit autrement : Il envoie des messagers de grâce pour rappeler au coeur de l’homme ses bontés, ses délivrances, comment Dieu avait tiré son peuple d’Égypte et l’avait béni dans le pays où Il l’avait amené. Il lui montre la folie des idoles ; telle était la fonction des prophètes. Mais Israël les rejette et les tue. De nouveau, Dieu s’y prend d’une tout autre manière ; Il vient Lui-même. C’était là sa dernière épreuve. « J’ai encore mon Fils, mon unique… Ils auront du respect pour mon Fils ».

Mais si Dieu vient, peut-Il le faire sans prendre connaissance du péché ? La moindre manifestation de Dieu, comme tel, aurait été de chasser l’homme de sa présence, comme Il en avait chassé Adam pour un seul péché commis. Mais Dieu ne l’a pas fait. Pour manifester ce qu’Il est, Il a dû s’anéantir, venir comme homme au milieu des hommes et plaider leur cause dans leur misère. Il ne pouvait faire autre chose sans être inconséquent avec Lui-même, car il fallait qu’Il montrât que Dieu est amour. C’est ce que Jésus a fait. Il ne pouvait venir autrement que comme juge, à moins qu’Il ne devînt Lui-même l’objet de toute l’indignation de Dieu congre le péché. Quand Il vient, Jésus est toujours Dieu (v. 2, 3) ; et agit dans la création comme Il veut. Mais comment vient-Il ? « Le Seigneur m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las » (v. 4). Qu’est-Il donc venu apprendre ici-bas ? L’humiliation et la misère. Pour être savant et répondre à la misère de l’homme, Il s’est placé au milieu de cette misère. Il a été Lui-même accablé de maux.

Dieu place Jésus dans une position d’obéissance : « Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne » (v. 4). Jésus se trouve au milieu de nos misères, dans la faiblesse la plus complète, afin qu’Il comprenne comment les ressources de Dieu s’appliquent à cette misère. Il a dû se placer complètement dans notre position, dans la petitesse et dans le mépris où Dieu était dans le coeur de l’homme, en présence de toute la mauvaise volonté de l’homme contre Dieu, sans pouvoir et sans vouloir se venger.

Cette grâce est pour l’homme l’occasion d’insulter Dieu, de Lui faire toutes sortes d’indignités. Comment Jésus s’est-Il attiré toutes ces insultes ? Par sa bonté. Pilate savait très bien qu’on l’avait livré par envie. Étant Dieu en amour, Il ne pouvait pas se venger ; et l’homme saisit cette occasion pour entasser outrage sur outrage contre Dieu. Ce n’est pas une supposition ; les hommes ont agi ainsi ; ils le font encore et outragent ceux qui prennent le nom de Christ. Ils insultent Dieu quand ils peuvent l’insulter comme homme, sans que Dieu les juge. L’homme n’aime pas qu’on lui dise ces choses, parce qu’il sait fort bien que c’est la vérité, et qu’il ne peut la souffrir.

Jésus a dû « dresser sa face comme un caillou » (v. 7), à cause de la lâcheté de l’homme qui osait l’insulter. Il ne pouvait traverser autrement le monde, selon les principes de Dieu.

Est-il étonnant maintenant que la rejection de Jésus soit la grande question entre Dieu et le monde ? Dieu voit bien que les hommes sont des pécheurs ; Il s’est placé dans notre situation ; Il est venu au milieu de nous. Mais tout ce que l’homme a pu faire n’a été que l’occasion de montrer qu’il y avait en Dieu un océan d’amour plus profond que toute la malice du coeur de l’homme. C’est ce que la vie de Jésus et toutes ses voies ont manifesté. Le coeur des hommes est maintenant dévoilé, « ils sont sans excuse pour leur péché » ; « ils ont haï, et moi, et mon Père ». Dieu redemande à ce monde le sang de son Fils, et le monde dit, dans sa folie, ce que les Juifs ont dit : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! « 

C’est votre cas, à vous qui êtes ici. Dieu n’avait-il pas été patient ? Cette patience a-t-elle produit quelque chose ? Oui, des insultes et des injures ! Dieu pourrait bien vous imputer vos péchés, mais, dans la prédication de l’Évangile, il ne les impute pas. Il vous présente son Fils. Comme pour Joseph ce que vous avez pensé en mal, Dieu l’a pensé en bien. Si, après cela, vous pouvez rejeter Jésus et la bonté de Dieu en Lui, vous démontrez que toute la patience et la bonté de Dieu sont inutiles, et qu’il faut que Dieu exerce son jugement sur vous. Votre sort dépend de cette petite parole qui exprime la pensée de Dieu, quand Il a envoyé son Fils : « Pourquoi suis-je venu, et il n’y a eu personne ? » Ne vous excusez pas, en disant que Dieu vous a créés pécheurs ; Dieu veut vous prendre où vous êtes et ne pas vous imputer votre péché. Ne dites pas : Nous n’aurions pas tué les prophètes comme nos pères l’ont fait. Vous l’avez fait. Dieu ne vous impute rien et prend sur Lui la responsabilité de tout ce que vous êtes. Voilà l’appel à votre conscience. Il y a aussi un appel à votre coeur. Qu’avez-vous à reprendre à la conduite et aux voies de Jésus ? A-t-Il été trop humble, trop bon pour vous, trop homme de douleurs ? N’y a-t-il rien dans sa conduite qui attire vos coeurs ? Ce sont de tristes coeurs s’il n’y a pas de cordes qui puissent y vibrer, sinon des cordes de rébellion quand Dieu vous présente son Fils.

Le coeur de l’homme a été démontré insensible à tout ce que Dieu a fait. Dieu néanmoins parle encore en grâce ; c’est encore aujourd’hui le jour du salut. Si, au « Pourquoi » de Dieu, vous pouvez répondre : Il s’est trouvé quelqu’un, Jésus s’est trouvé ; vous n’avez qu’à vous jeter dans ses bras. Alors Dieu vous identifie avec Jésus (v. 8). « Celui qui me justifie est près ». Dieu a justifié son Fils dans la résurrection. À qui l’apôtre Paul applique-t-il ce passage ? (Rom. 8:33). À tous ceux qui croient. Celui qui s’identifie avec Jésus par la grâce, peut dire ce que Jésus a dit, car Lui s’est rendu responsable pour nos péchés. La confiance et le bonheur du chrétien, c’est d’être identifié avec Jésus. Alors vous marcherez sur ses traces, vous comprendrez que le monde l’a rejeté et le rejettera toujours.

Le v. 11 vous présente le résultat de votre propre sagesse. Allez, marchez à la lueur de votre feu, de votre lumière, avec ce monde qui a rejeté le Seigneur Jésus. Dieu jugera toutes choses selon leur rapport avec son Fils. Christ ayant été rejeté, Dieu jugera le monde par Lui. Mais où le péché a abondé, la grâce de Dieu a surabondé. Que Dieu vous donne de saisir cette grâce !


109 - Méditations de J. N. Darby — Jean 17:6-19

n°109 : ME 1897 p. 176

Jésus dit ces paroles au moment où il quittait le monde pour aller vers son Père. Il avait, par toute sa conduite individuelle, glorifié le Père sur la terre et il demande que le Père le glorifie. Il veut aussi glorifier le Père par le moyen de ses disciples qu’il place dans le même chemin d’obéissance que lui. Ce que Jésus a fait en glorifiant le Père, il nous appelle à le faire. C’est un principe de toute importance. Si je puis glorifier Dieu sur la terre, c’est parce que la grâce m’a placé dans la même position que Jésus, c’est parce que je suis fils de Dieu et que, ce que Jésus est, je le suis devant Dieu. Dieu a trouvé et trouve son repos dans l’oeuvre et la personne de son Fils. C’est pourquoi Dieu a voulu glorifier Jésus comme récompense de sa fidélité sur la terre. On voit, en Phil. 2:1-16, comment Jésus, après son départ, recommence à glorifier le Père par notre moyen. L’ayant déjà glorifié, il nous place, vis-à-vis du Père, dans la même position que lui-même. Comme cela relève notre règle de conduite !

Nous appartenons au Père, par un effet de son amour. Nous étions au Père avant de le savoir ; il s’est intéressé à nous et nous a donnés au Fils qui a accompli pour nous l’oeuvre du salut et qui a révélé le nom du Père à nos âmes. Ce nom, il ne peut pas nous le faire connaître autrement qu’il ne l’a connu lui-même, étant encore au monde. Jésus ayant été ici-bas dans la faiblesse et la difficulté, il l’a connu comme homme et nous le fait connaître comme il l’a connu, nous plaçant dans la même relation que lui vis-à-vis du Père (v. 6).

Au v. 7, la grâce du Seigneur est très touchante. Il attribue aux disciples toutes les grâces dont le germe est dans leur coeur, et parle d’eux comme si ces grâces étaient déjà accomplies. C’est ainsi que, dans un autre passage, lorsque ses disciples ont chassé quelques démons, il voit Satan lui-même tombant du ciel comme un éclair.

Au v. 9, en envoyant les siens dans le monde, Jésus, avant de les quitter, commence à prier pour ses disciples. Les deux motifs qu’il présente au Père pour qu’il les garde, sont : 1° qu’ils sont au Père ; 2° que le Fils est glorifié en eux. Si le Père ne nous gardait pas, il ne serait pas fidèle à son caractère de Père et à conserver ce qui lui appartient. Si le Père aime son Fils, il faut qu’il les garde, puisque Jésus est glorifié en eux. En pensant à sa fidélité, il faut que le Père garde ses enfants ; en pensant à la gloire de Jésus, il faut encore qu’il les garde. Combien il est précieux qu’il nous soit ainsi donné de connaître ce qui se passe entre le Père et le Fils à notre égard ! Jésus, en quittant les siens, les place sous les soins du Père et se place avec eux, pour ainsi dire, comme leur frère aîné.

Je vois trois caractères de la gloire de Jésus (v. 13) : la joie de communion, la joie d’obéissance, la joie d’aimer : c’est là sa joie accomplie. Il a la joie de communion : « Père, je te rends grâces… je sais que tu m’entends toujours » (Jean 11:41, 42) ; la joie d’obéissance : « Ma viande est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé » (4:34) ; la joie d’amour : « Levez vos yeux et regardez les campagnes ; car elles sont déjà blanches pour la moisson » (4:35). Il se réjouit de voir la moisson des âmes prête à être recueillie dans le grenier.

Il y a, au v. 14, une chose pratique. Jésus nous a donné la parole du Père ; le Père lui parlait, lui avait confié ses pensées. C’est autre chose ici que seulement la vérité. Lorsque Dieu parle, il dit la vérité, mais le Père a communiqué sa parole au Fils. Cette communication implique une parfaite confiance. Elle est une parole de grâce, comme une parole de vérité. Lorsque je prie Dieu et que, me plaçant devant mon Père, je reçois la parole, la pensée de mon Père que le Fils me communique, c’est tout autre chose que simplement la vérité.

Vous trouverez toujours, dans la Parole, le Père en contraste avec le monde, l’Esprit avec la chair, le Fils avec Satan. La parole du Père nous détache du monde. Du moment que nous avons la parole du Père et qu’elle devient notre règle et ce qui conduit nos affections à lui, impossible de cheminer avec le monde. Le monde nous hait ; il ne peut en être autrement. Je suis faible, mais je me réjouis de la haine du monde. Je bénis Dieu qu’il soit assez manifesté dans les siens pour que le monde, lui, manifeste qu’il n’a rien de commun avec Dieu. Vous êtes attaché au Père, vos affections sont auprès de lui ; le monde ne peut le supporter, puisqu’il a rejeté le Fils du Père. Le Seigneur Jésus veut que nous demeurions exposés à la haine du monde, parce que nous possédons la Parole. Cette haine du monde est un trésor. Quand le conseil des Juifs outrageait les apôtres, c’était pour eux une joie de souffrir pour le Seigneur Jésus.

Ce n’est pas tout que d’être haïs du monde, si, par la grâce de Dieu, nous en sommes là ; il faut, n’étant pas du monde comme lui n’est pas du monde, que nous soyons sanctifiés. La Parole que nous avons reçue ne nous manifeste pas seulement au monde comme n’en étant pas, mais elle nous conduit directement à Dieu. Elle forme nos coeurs d’après les choses qui sont dans un autre monde, en déployant devant nous la vérité, les richesses et la gloire de Christ. La Parole prend toutes les choses de Christ et nous sanctifie par la vérité qu’elle contient. Jésus s’est mis à part comme Fils de l’homme, afin que la vérité, la révélation de ce qu’il est, nous sanctifiât, le Saint-Esprit appliquant à nos coeurs la vérité de l’homme selon Dieu, de Jésus. Voilà notre position. Ce n’était pas seulement que Jésus n’était pas du monde ; tout ce qu’il faisait était sanctifié pour Dieu. Jésus veut que, n’étant pas du monde, nous soyons sanctifiés par la vérité, afin que nous soyons des témoins fidèles de la vérité. Tout ce que Jésus faisait, son silence, ses discours, tout en lui rendait témoignage à Dieu. Ce n’est pas notre cas, mais la vie de Jésus en nous sera toujours nécessairement un témoignage rendu à Dieu.

Le Père étant glorifié dans le Fils, nous sommes donc dans la même position : haïs du monde, sanctifiés pour le Père et, enfin, comme troisième chose, au v. 18, envoyés dans le monde, comme lui a été envoyé dans le monde, après en avoir été retirés et avoir été sanctifiés pour Dieu — envoyés dans le monde pour y manifester la grâce et la vie de Jésus. C’est là que la grâce nous place ; c’est là notre vocation. Que le Saint-Esprit nous donne de la réaliser !


110 - Méditations de J. N. Darby — Romains 8:12-27

n°110 : ME 1897 p. 196

Les versets que nous avons lus nous montrent les effets de la présence ou du sceau du Saint Esprit ; ceux qui suivent présentent ce que Dieu fait pour nous, en dehors de nous et de toute opération de son Esprit dans le coeur ; c’est pourquoi la sanctification est omise aux v. 29-30. C’est un sujet nouveau : la prédestination, la justification et la glorification en dehors de nous.

Au commencement du chapitre nous avons les grands principes moraux qui caractérisent le Saint-Esprit, son action sur les affections, jusqu’à la fin du v. 11. C’est la réponse à la question : « Qui me délivrera du corps de cette mort ? » L’apôtre présente les opérations de l’Esprit, la puissance de la résurrection appliquée aux affections premièrement, puis au corps. Quoiqu’il en soit de la nature des opérations de l’Esprit en nous, c’est une chose d’avoir des désirs, une autre chose d’avoir le Saint-Esprit en nous comme sceau.

(v. 12). Du moment que nous avons une autre vie que celle de la chair, nous pouvons dire que nous ne devons plus rien à la chair. Dieu a condamné le péché dans la chair. Mais comment l’a-t-il condamné ? En ce que Christ s’est présenté en ressemblance de chair de péché et pour le péché ! Lorsque j’apprends à me connaître, je comprends combien ma nature est haïssable et le péché en la chair digne de condamnation ; mais lorsque je vois Christ fait péché, je vois bien plus que le mal en moi, je le vois condamné devant Dieu. Lorsque nous saisissons cela, nos pensées sont changées à l’égard du péché. Je vois la perfection de la sainteté en Jésus, mais avec la connaissance de la grâce qui ne m’impute pas le péché. Je puis me trouver en présence de la vérité sans périr, parce que je vois en Jésus la grâce et la vérité tout ensemble. Je ne suis plus débiteur à la chair, je n’ai besoin d’elle en aucune manière, ni pour me rendre heureux, ni pour me rendre misérable. La chair n’est plus moi, le péché dans la chair ayant été condamné en Christ. C’est désormais Christ qui est moi, qui est ma vie. La chair ne m’a fait que du mal, elle n’a plus de droits sur moi ; c’est, au contraire, moi qui ai le droit de lui dire : Je n’ai pas besoin de toi. Au v. 13, le corps et la chair sont identifiés, le corps étant considéré comme la demeure de ce principe du péché.

(v. 14-18). Il n’y a aucun doute sur notre position devant Dieu ; nous sommes enfants et héritiers. Cela est fondé d’une part sur ce qu’il n’y a pas de condamnation, et d’autre part, sur ce que Christ nous a communiqué sa vie.

Le premier verset du chap. 8 résume le chap. 5 de l’épître ; le 2° verset résume le chap. 6 ; et le 3°, le chap. 7. Comme toutes les conséquences du péché d’Adam pesaient sur nous, nous avons maintenant toutes les conséquences de la justice et de la vie du second Adam. Le Saint-Esprit vient habiter en nous, pour que nous puissions comprendre et jouir de ce qui appartient à Christ comme second Adam, choses que même l’âme renouvelée ne comprendrait pas sans lui. De bons désirs ne donnent ni la certitude du salut, ni la paix, ni la connaissance de la gloire des enfants de Dieu. Nous avons besoin de la présence du Saint-Esprit qui met en nous le sceau de Dieu sur ces choses. Il m’annonce que celui qui a ces bons désirs est vivifié et possède ce que Christ possède ; il me fait aussi comprendre le résultat de la justice de Christ, c’est-à-dire la gloire qui appartient au second Adam. Plus je saisis le bonheur, la gloire avec Christ, plus aussi je sonde la misère que le péché a introduite, ainsi que la grâce de Dieu et la plénitude de l’oeuvre de Christ.

En comprenant ces choses, je sens le fardeau de cette création, à laquelle j’appartiens encore comme créature en attendant la rédemption du corps. Sous la loi, nous avions un esprit de servitude et de crainte. Maintenant nous en sommes délivrés. La parenthèse du v. 17 : « Si du moins nous souffrons avec lui », jette comme une ombre sur ce beau tableau, mais il est impossible d’être avec Christ sans souffrir ; impossible que l’Esprit de Christ, impossible que celui qui connaît l’amour et la sainteté de Dieu, puissent être dans ce monde de souillure sans y souffrir.

La vive attente de la création attend que la gloire des fils de Dieu soit révélée. Nous sommes encore de la création quant au corps, quoique en Christ nous soyons de nouvelles créatures. La création ne peut maintenant comprendre la grâce ; quand la gloire viendra, elle sera délivrée.

(v. 23). Nous savons que toute la création soupire. Quel caractère cela donne aux plaisirs du monde qui ne sont autre chose qu’un effort pour s’étourdir et ne pas remarquer la souffrance et la corruption introduites par le péché. Nous touchons par un bout à la gloire de Christ, et par l’autre à la servitude de la corruption ; il n’est pas étonnant que notre vie soit une énigme. Plus nous comprenons la gloire et la bénédiction, plus aussi nous comprenons la misère qui nous entoure. Le Saint-Esprit fait de nous les canaux des soupirs que la création envoie vers Dieu. Je sens la misère de la création, je ne sais peut-être que demander comme soulagement et délivrance. Le Saint-Esprit qui est en moi me pousse vers Dieu ; je puis au moins soupirer, parce que je sens ces choses. Celui qui sonde les coeurs sait quelle est la pensée du Saint Esprit qui s’identifie avec nos misères et intercède pour nous selon Dieu. Il y a d’un côté toute la tendresse de Dieu qui comprend le besoin et la misère, de l’autre la réponse de Dieu à ce besoin que lui seul connaît.

Il n’est pas question de ces soupirs sous la loi. Le Saint-Esprit devient en nous un Esprit d’intercession et de prières, et Dieu répond selon la sympathie du Saint-Esprit à ces besoins qu’il exprime. Nous sommes dans le corps, et ces soupirs de la création sont les nôtres, et ce sont eux qui amènent la pleine délivrance. Dieu met nos larmes dans ses vaisseaux. Telle est l’expression de l’Esprit de Christ dans le coeur du chrétien au milieu d’une création en chute et misérable.

Il est important de distinguer ces soupirs de ce qui est présenté à la fin du chap. 7, où il y a des gémissements produits par la connaissance de la loi. Il ne s’agit plus pour nous des questions que la loi suscite, car en la mort de Jésus nous sommes morts à la loi. Quoique nous ne sachions pas ce qu’il faut demander comme il convient, nous savons que Dieu fera contribuer toutes choses ensemble à notre bien. Tout cela est la conséquence de la présence du Saint-Esprit en nous. Il y produit des soupirs, mais non ceux d’une âme sous la loi.


111 - Méditations de J. N. Darby — Luc 23:33-44

n°111 : ME 1897 p. 234

Il est bon d’avoir de la bouche du Seigneur lui-même le témoignage que le brigand reçut sur la croix : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». L’espérance du malfaiteur n’allait pas jusque-là ; la grâce de Dieu va toujours au delà de nos pensées. Nous avons tellement l’habitude de juger cette grâce selon nos propres coeurs, que nous n’avons qu’une très faible idée de son étendue. Tout se concentre dans cette scène, la certitude du salut, l’iniquité du coeur de l’homme, l’oeuvre de Christ dans le coeur.

Le monde prenait plaisir à mettre Jésus aussi bas que possible. Sa bonté et ses miséricordes ayant attiré l’attention des Juifs, étaient devenues l’occasion de le rendre à leurs yeux aussi méprisable que possible ; jusqu’à le mettre au rang des malfaiteurs. Sa prétention d’être le Fils de Dieu lui attire aussi leurs insultes. Ils ne pouvaient nier que ce Jésus eût sauvé les autres, mais le coeur naturel hait l’Évangile, et quand ils voient Jésus sur la croix, tout en reconnaissant qu’il avait sauvé d’autres personnes, ils se moquent de lui, parce qu’il ne se sauvait pas lui-même. Le monde cherche toujours ici-bas l’apparence de succès. Si l’on veut être chrétien, il faut prendre son parti d’être méprisé par lui. Jésus a été le saint et fidèle témoin ; voilà pourquoi il a été placé plus bas qu’aucun autre, lui, l’élu de Dieu. « Saints et fidèles », ce sont aussi les deux noms donnés à chaque chrétien ; en les portant, nous partagerons la place de Christ. Même l’un des malfaiteurs saisit cette occasion pour se moquer de lui. Les plus méprisables d’entre les hommes et que les gens du monde fouleraient aux pieds, placent encore Jésus assez bas pour faire de lui l’objet de leur mépris. Même un mourant pouvait mépriser le Seigneur Jésus. Voilà le coeur naturel de l’homme quand il est mis à nu par la croix de Christ.

Si le Fils de Dieu est méprisé du monde, c’est sur le chemin du paradis, mais il n’y veut pas entrer seul. Il a fait de la croix la porte du paradis, parce qu’il voulait y faire entrer d’autres hommes avec lui. Descendu du paradis, sa volonté l’a placé sur cette croix où les hommes l’ont cloué, mais où il a donné sa vie par amour, afin que les pécheurs y trouvassent le salut et pussent rentrer dans le paradis avec lui.

Les gens du monde pensent que ce sont les justes qui y entrent, mais si les justes y étaient entrés, cela aurait-il donné aucune joie au coeur de Jésus ? Ce qui a rafraîchi son coeur, c’est d’avoir pu dire au brigand : « Tu y entreras avec moi ». S’il a consolé le coeur du brigand, il s’est consolé lui-même en disant : « Avec moi », car il n’était pas venu sauver des justes, mais des pécheurs. Le brigand n’aurait pu y entrer, ni y être chez lui à son aise, si Jésus n’y avait pas été avec lui. C’est un pauvre malfaiteur qui est la consolation et le salaire de l’âme de Jésus sur la croix.

On entend dire que sur la croix il y avait un brigand sauvé, afin que nul ne désespère, et qu’il n’y en avait qu’un, afin que nul n’ait de présomption. Mais personne ne peut être sauvé autrement que le brigand, et aucun de ceux qui m’écoutent ce soir, n’a manifesté autant de foi et de piété que ce malfaiteur. Il ne cherche aucun autre soulagement que d’être avec Jésus dans son royaume. Il est préoccupé de ses péchés, de la grâce de Jésus, du bonheur d’être avec lui, et nullement de ses souffrances. Le brigand incrédule dit : « Sauve-toi toi-même, et nous aussi ». Il ne pense qu’aux circonstances actuelles de sa misère sur la croix et ne voudrait qu’en être ôté. Son compagnon le censure fortement. Il faut que la conscience soit réveillée pour censurer le péché, pour parler avec hardiesse à un pécheur du péché que nous avons commis nous-mêmes. Bien plus, il faut pour cela une conscience nettoyée. Pierre a renié le Sauveur ; plus tard, il accuse les Juifs de ce péché qu’il avait commis lui-même et dans des circonstances plus honteuses (Actes 3). Il dit à voix haute devant tout le peuple : « Vous avez renié le Saint et le Juste ». Pour censurer ainsi le péché quand on est pécheur soi-même, il faut une conscience purifiée. Quand on se croit juste, il n’est pas difficile de censurer le péché, mais le brigand converti se reconnaît aussi coupable que l’autre ; il a déjà le commencement de la sagesse, savoir la crainte de Dieu. Avec cette crainte, l’opinion des hommes devient peu de chose ; la crainte de Dieu remplace la crainte de l’homme et nous affranchit de l’estime du monde et de la bonne réputation, car il n’y a pas d’esclavage plus triste que celui de sa propre réputation.

« Nous y sommes justement ». Lorsque quelque châtiment tombe sur nous, nous nous excusons, nous accusons les circonstances ; le brigand reconnaît que la honte et le châtiment terrible qui est tombé sur lui, lui sont arrivés justement. Y a-t-il dans nos coeurs autant de grâce, de vérité, de crainte de Dieu, de jugement de nous-mêmes ? Le brigand a la vérité dans la conscience et de plus la soumission du coeur. Être manifesté devant tout le monde comme un malfaiteur, n’est pas facile à supporter. Un coeur réellement brisé peut seul montrer en cela une grande soumission. « Celui-ci n’a rien fait qui ne se dût faire ». Dans la cour du souverain sacrificateur, Pierre n’avait pas osé le dire. Les disciples qui se sont tous enfuis n’avaient pas osé le dire. Comment le brigand le savait-il ? Avait-il été son compagnon ? Non, mais il y a une connaissance qui vient du Saint-Esprit et qui, par un trait de lumière dans l’âme, nous fait connaître le caractère et la vie de Jésus. Il voyait qu’étant né de Dieu, Jésus était sans péché ; il était bon juge de cela, parce qu’il y a dans le coeur une certitude, une clarté de vue, une clarté morale, du moment que Dieu nous enseigne. Quand le Saint-Esprit nous enseigne et que la conscience est éveillée, Jésus se fait connaître et se justifie à nos âmes. Si le brigand avait comparé Jésus avec d’autres, avec le souverain sacrificateur, par exemple, il n’aurait pas pu le juger. Nous ne pouvons pas juger la Parole ; c’est la Parole qui nous juge ; nous sommes jugés par la perfection, par la lumière, par Christ, en un mot, et l’on n’a pas besoin de nous dire que la lumière est la lumière, quand nous la possédons. Du moment que nous avons la Parole ; nous sommes aveugles si nous ne pouvons pas dire : « Celui-ci n’a fait aucun mal ». On ne peut nous persuader que nous ne voyons pas, quand nous voyons. Quand Dieu nous a donné des yeux et la lumière, il y a pour nous une parfaite certitude.

« Seigneur.. ». Comment savait-il que Jésus est le Seigneur ? Le souverain sacrificateur ne le savait pas, mais le brigand le reconnaît comme tel. Le Seigneur sur la croix, cela jette du jour sur tout ce que vous êtes ; cela ne s’explique que par l’amour parfait de Dieu envers l’homme pécheur, Pourquoi le Seigneur sur la croix, si le monde marche comme il doit marcher ? Il y a donc là quelque grand désordre. Le Seigneur sur la croix taxe de mensonge tout ce qu’invente la sagesse du monde -mais aussi il annonce la vérité que Dieu est amour, même pour les pécheurs. C’est un grand fait dans lequel je trouve l’amour immense de Dieu qui s’occupe du péché.

« Souviens-toi de moi ». Les affections du brigand sont entièrement changées ; il oublie sa misère et ne désire qu’une chose, que Jésus se souvienne de lui dans la gloire. Il reconnaît en Jésus, le Seigneur qui doit revenir en gloire. Désirer que Jésus se souvienne de moi, implique la confiance en lui. La conscience avait parlé auparavant, mais, quand elle se trouve en présence de l’amour infini de Dieu, elle n’est pas troublée par le péché ; l’âme prend confiance et prie Jésus de se souvenir d’elle. Jésus avait pris possession du coeur du brigand, car il pouvait dire : Le Seigneur est à côté de moi ; le péché m’a mis sur la croix ; l’amour y a placé Jésus. Le brigand a confiance qu’il sera l’objet de l’amour de Jésus quand il reviendra. Si le coeur n’est pas brisé et si l’on n’a pas de conscience de péché, on cherche des agréments, une meilleure situation dans le monde, mais quand on est jugé devant Dieu, toutes ces choses s’effacent. Il y a une manifestation d’amour assez grande pour que le coeur, saisi par l’amour de Dieu, sorte de ses préoccupations. C’est quand vous vous verrez décidément coupables devant Dieu, que vous souhaiterez d’être les objets de l’amour de Jésus.

La réponse de Jésus met le sceau à tout ce travail de l’Esprit de Dieu ; elle montre que l’oeuvre de Christ est tellement parfaite que le brigand peut, par la foi au Seigneur Jésus, entrer aujourd’hui même dans le paradis. Le brigand n’attendait rien avant la venue du Seigneur dans son royaume, mais il apprend qu’il est accepté selon l’acceptation complète de Christ, qui, après s’être mis sur le même rang qu’un brigand, est entré dans le paradis selon l’acceptation du Père.

Jésus dit : « Avec moi ». C’est bien plus, quant à la jouissance, que d’être simplement dans le paradis. Jésus a acquis des droits pour lui-même. Il nous a obtenu d’être avec lui, d’avoir la même vie, la même gloire, tout ce qu’il a acquis comme homme. Telle est l’efficace de la croix de Christ !

Quand nous avons saisi la vérité que Christ est mort pour des pécheurs, notre âme est en état d’entrer dans le paradis. Il est possible qu’on ne déloge pas de suite, qu’on ait un chemin difficile à traverser, mais, par l’efficace du sang de Christ, le pécheur a le même droit que Jésus et le brigand, d’entrer dans le paradis. Nous sommes tout autant purifiés du péché que cet homme, en la présence de Dieu. Il n’y a pas deux Christ, ni deux efficaces de son sang.

Nous avons vu, dans ce passage, le coeur de l’homme qui méprise tout, même s’il est un brigand crucifié — l’oeuvre qui s’accomplit dans le coeur — la certitude parfaite que donne l’oeuvre de Jésus : « Aujourd’hui tu seras avec moi ! »

Bien-aimés, que la crainte de Dieu remplace dans vos coeurs la crainte de l’homme, et que Jésus soit votre lumière, votre salut et votre joie !


112 - Méditations de J. N. Darby — Actes 26

n°112 : ME 1897 p. 253

Les hommes doivent être dans une situation bien embarrassante quand il s’agit pour eux de décider si quelqu’un est digne de mort ou de prison, parce qu’il a parlé pour Dieu et a proclamé sa bonté dans ce monde. Qu’une telle question puisse être entamée et discutée, cela montre l’état de rébellion dans lequel le monde se trouve. Paul pouvait, au contraire, souhaiter avec hardiesse que « tous devinssent de toutes manières tel qu’il était » ; et c’est en la présence de Dieu qui juge les coeurs et discerne toutes choses qu’il fait ce voeu.

Ce qui caractérisait l’apôtre, c’est que : 1° Il avait la certitude de son salut et de sa position devant Dieu. 2° Il appréciait beaucoup cette position. 3° Il avait l’amour qui lui faisait désirer que les autres fussent tel qu’il était.

C’est là l’efficace du christianisme de pouvoir souhaiter aux autres d’être tels que nous sommes. Paul désirait que le juge qui le citait à son tribunal fût comme lui ; il devait pour cela avoir la joie du coeur et la certitude qu’il possédait le bonheur que les autres n’avaient pas. Il ne désirait pas que tous fussent apôtres, mais que tous fussent chrétiens. Il ne parle pas ici d’un état de sanctification qu’il aurait atteint, car, plus tard, il dit aux Philippiens : « Non que je sois déjà parvenu à la perfection ». Ce n’était donc pas le progrès qu’il avait réalisé, mais c’était ce qu’il avait en Christ, qui lui faisait désirer que tous fussent tels que lui. Si vous avez compris que Christ est à vous et que vous êtes à Christ, si vous avez la communion du Père et du Fils et le sceau de l’Esprit, vous pouvez désirer que les autres soient comme vous.

Paul traversait toutes sortes d’angoisses ; pauvre prisonnier loin de ses amis, tout son partage en ce monde c’étaient des chaînes. Mais, que l’on se trouve dans les circonstances les plus difficiles, on peut néanmoins désirer, si l’on possède Christ, que tout le monde soit comme nous, hormis les liens et les circonstances pénibles. Si quelqu’un perdait sa réputation, ses biens, sa liberté, au lieu de désirer que tous fussent comme lui, il désirerait que personne ne lui fût semblable. C’est que, si quelqu’un n’a pas Christ, il n’a rien que ce que le monde a, rien que la mort ne puisse prendre. Paul était à la fois l’homme le plus juste et le plus grand pécheur. Si un homme n’a pas violé la loi, il peut avoir de la hardiesse, mais non l’assurance du salut. Paul a l’assurance, même en se disant le premier des pécheurs. Il est le seul exemple de ce genre dans la parole de Dieu : il agissait selon sa conscience, même en persécutant ; il croyait devoir faire, et il faisait, de grands efforts pour sa religion ; lui-même avait beaucoup de religion ; il y était très exact, avec une bonne conscience et irréprochable quant à la loi. En même temps, il était le premier des pécheurs, car il était animé de la plus grande haine possible contre Dieu. En tant que la religion nourrit la propre justice et l’orgueil, il était très religieux. Du moment que nous nous vantons de notre religion, elle n’est pas autre chose que de l’orgueil en la présence de Dieu. La religion vraie est ce que Dieu est pour nous, non pas ce que nous sommes pour Dieu. Paul était bien instruit de sa religion ; les traditions des pharisiens l’avaient poussé à la haine des nouveautés. Du moment que nous nous bornons dans notre religion à ce que l’homme peut comprendre et trouver raisonnable, Christ devient une nouveauté pour nous. Il ne pouvait venir à la pensée de l’homme de demander à Dieu qu’il donnât son Fils pour lui ; c’était une chose entièrement nouvelle, inattendue. On se vantera de la religion de ses ancêtres, mais, dès qu’il s’agit de se déclarer pécheur, privé de toute force, cela blesse l’orgueil du coeur de l’homme, et il s’y oppose, ayant à faire à sa réputation et n’étant pas atteint dans sa conscience. Paul savait bien que le nom de Christ contredisait toutes ses traditions et il aurait voulu, si possible, effacer ce nom de la terre. Le coeur s’élève contre l’idée qu’il n’y ait que la grâce pour un monde perdu. Y a-t-il un plus grand acte de péché que de vouloir effacer du monde le nom de Christ ? Et cependant Saul était sans reproche quant à la loi, très exact dans sa religion, et avait une bonne conscience. S’il y a ici quelqu’un qui soit dans ce cas et qui n’ait pas la conviction d’être un pécheur dans sa révolte contre Dieu, qu’il se souvienne que dans cet état il est perdu. C’est ce que Saul de Tarse a compris en se trouvant en présence de Christ et, s’il a été convaincu d’être le premier des pécheurs, comment peut-il souhaiter ici que tous les hommes deviennent de toutes manières tels que lui ? On ne peut désirer, ni que les autres soient des pécheurs, ni qu’ils soient perdus. Paul a donc dû trouver qu’il était sauvé, que, de la part de Dieu, quelque chose répondait à cet état de péché. Ce ne pouvait être une justice d’homme qui avait rassuré Paul, car devant Dieu toute justice d’homme a été pesée et il a prononcé cette sentence : « Il n’y a pas de juste, non, pas même un seul ».

Saul était occupé à détruire le nom de Christ, quand le Seigneur Jésus le rencontre. C’est la condition la plus effrayante possible que d’être surpris en flagrant délit de guerre ouverte contre Dieu ! Aussi Saul est-il écrasé. Que devient sa bonne conscience quand il se trouve être un ennemi de Dieu ? Que valent désormais sa religion, et son exactitude, et son instruction ? Que valent ses docteurs ? Tout cela l’avait trompé, l’avait même poussé à faire la guerre à Dieu. Tous les appuis de son âme lui manquent à la fois ; il se trouve en face de Christ comme un ennemi et un révolté. Cela arrive quelquefois. À quoi sert d’avoir été instruit dans la religion si, après tout, on fait la guerre à Dieu. Paul découvre tout à coup que l’objet des pensées de Dieu est ce Jésus qu’il persécute, que ce Jésus est le Seigneur, et il se trouve en présence de sa gloire.

« Pourquoi me persécutes-tu ? » Saul est informé de l’unité parfaite entre Jésus et les croyants et en reçoit la révélation. C’est l’Évangile prêché à Saul de la bouche du Seigneur Jésus. Il commence par là, par ce qui paraîtrait aujourd’hui un état chrétien fort avancé. Saul persécutait cette voie (22:4), le nom de reproche adressé alors aux chrétiens. Jésus lui dit : Tous ceux de cette voie sont un avec moi. Si le Seigneur lui-même reconnaît que je suis un avec lui, est-il dès lors étonnant que je souhaite à tout le monde d’être comme moi ?

Jésus était dans la gloire après avoir souffert, et subi la peine de nos péchés pour nous unir avec lui. C’est donc une chose terminée ; c’est même avant que nous fussions nés que Jésus a porté nos péchés. Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il s’est assis à la droite de Dieu. Il faut que je voie cela pour me présenter devant Dieu. Si nous avions le droit de demander à Dieu la plus grande marque de son amour, Dieu ne pourrait plus nous la donner, car il a déjà donné son Fils ; il nous a déjà aimés selon la perfection de son amour, et Jésus nous a unis à lui-même en nous communiquant sa vie et en nous donnant son Esprit. Si j’aime quelqu’un, puis-je désirer pour lui une chose meilleure que la vie de Christ, que l’héritage de Christ, que le sceau du Saint-Esprit habitant en lui pour l’assurer de cet héritage ? Connaissant son péché, sa ruine, sa corruption, mais sachant que Dieu en avait pris connaissance et que, malgré cela, il avait donné son Fils pour lui, assuré que Dieu l’aimait comme un Père, scellé du Saint-Esprit, Paul peut désirer que les autres soient comme lui. Et c’est ce que nous pouvons faire aussi, nous qui possédons les mêmes privilèges.

Afin de pouvoir dire avec une telle hardiesse : « Plût à Dieu que vous fussiez tels que je suis », il faut vivre près de Dieu, dans la puissance du Saint-Esprit, autrement l’Esprit étant contristé, nous ne pouvons parler d’une manière vraie et vivante de Jésus et de la position du chrétien. Pour rendre témoignage, il faut avoir bien connu la grâce de Dieu, la plénitude, la certitude de la grâce ; il faut, en outre, vivre dans la communion du Seigneur et ne pas contrister le Saint-Esprit.


113 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 10:1-25

n°113 : ME 1897 p. 274

Il y a une différence entre la manière dont Dieu présente la justification dans l’épître aux Romains et dans celle aux Hébreux. Dans l’épître aux Romains, il s’agit de la justification comme devant un tribunal ; l’homme est coupable et le sang de Christ nous justifie ; de plus, Christ, est ressuscité et le fidèle a part à cette résurrection. Dans l’épître aux Hébreux, la justification est présentée comme nous donnant le droit de nous présenter devant Dieu. Les deux caractères de cette justification sont différents, car entrer en la présence de Dieu comme adorateur est autre chose que d’y entrer comme devant un juge.

Il y avait des sacrifices par lesquels le peuple s’approchait de Dieu. S’il y a un jugement, il faut être nettoyé pour paraître devant Lui ; il faut être net aussi pour se présenter devant Lui comme adorateur. Le premier objet qu’on rencontrait dans le tabernacle, c’était l’autel d’airain, l’autel des holocaustes, où l’on offrait des victimes, types de Christ. Caïn apporte en offrande à Dieu le fruit de son travail ; il veut s’approcher de Dieu tel qu’il est et se croit fort honnête. Dieu doit, dans sa pensée, lui en savoir gré. Mais Abel a reconnu que le sang était nécessaire ; il a présenté une victime de propitiation ; la foi lui a fait reconnaître qu’étant, comme pécheur, chassé de la présence de Dieu, il ne pouvait se présenter comme tel devant lui sans du sang, sans une victime morte en expiation et en propitiation ; que sans effusion de sang, il n’y a point de rémission. Il faut que Dieu soit vrai et que nous paraissions devant lui sans péché ; et il faut que nous soyons vrais et que nous paraissions devant lui comme pécheurs ; et c’est ce qui est résolu en Jésus.

L’efficace du sang de Christ nous est présentée ici dans ce but, afin que nous puissions nous présenter devant Dieu pour l’adorer. Il ne nous suffit pas d’être justifiés comme coupables, il nous faut aussi adorer Dieu. Le but de cette épître est de nous montrer que nous pouvons paraître devant Dieu sans conscience de péché. Pour être mis à part pour Dieu, sanctifiés, il faut que les péchés soient effacés.

Il y a trois choses ici : la volonté de Dieu, l’oeuvre de Christ, le témoignage du Saint-Esprit. La volonté de Dieu qui nous sanctifie et nous purifie pour que nous approchions de lui, doit avoir son effet, sinon l’homme serait plus puissant que Dieu. Il faut l’accomplissement de cette volonté, et c’est l’oeuvre de Christ qui en est l’accomplissement ; il faut le témoignage du Saint-Esprit, car il est nécessaire que nous le sachions. Il faut que je sache que ma dette est payée ; si je n’en ai pas la connaissance, je ne puis que fuir la présence de mon créancier.

Christ vient pour faire la volonté de Dieu. Cette volonté était que le Fils vînt pour accomplir l’oeuvre. Ce n’était pas la volonté de Dieu que l’homme se présentât devant lui comme Caïn, sans du sang, mais que le Fils accomplit cette volonté. « J’ai achevé l’oeuvre que tu m’as donnée à faire » (Jean 17:4). « Par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été constitués pécheurs… par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes » (Rom. 5:19). Le Saint-Esprit rend témoignage à nos âmes que Christ a parfaitement accompli l’oeuvre que le Père lui a donnée à faire ; nous avons la certitude que la dette est payée.

Dieu a eu la volonté de nous sauver, la volonté que son Fils nous sauvât. J’ai la certitude que le Fils a accompli cette volonté, que le Fils a effacé tous mes péchés. Je suis sans conscience de péché : quoique je sache que je suis pécheur, j’ai la conscience de n’avoir plus de péché devant Dieu. C’est la seule chose dont j’aie la conscience par le Saint-Esprit en m’approchant de Dieu. Je reconnais la dette, mais je sais qu’elle est payée. N’avoir plus aucune conscience de péché, c’est là l’état normal du chrétien. Dieu a voulu nous sauver, voilà la première chose. Ensuite, Dieu nous révèle ce qu’il a fait ; il n’en reste pas à une simple volonté ; il a accompli cette volonté et il a donné son Fils. Il a envoyé le Saint-Esprit pour m’apporter l’assurance que Dieu a eu cette volonté et qu’il l’a accomplie. Ma certitude repose sur ce témoignage du Saint Esprit rendu à l’oeuvre de Christ.

Quel est ce témoignage ? Ici, c’est que Christ est assis à la droite de Dieu. Les sacrificateurs offraient tous les jours de nouveaux sacrifices, parce qu’il n’y avait pas de rémission et que la conscience de péché demeurait. Chaque fois qu’un Juif péchait, un agneau devait être immolé. Christ a offert un seul sacrifice pour le péché et est assis à la droite de Dieu. Ayant tout fait, tout accompli pour toujours, il s’assied, tandis que le sacrificateur juif se tient debout tous les jours et ne se repose pas. Le chrétien qui pense avoir de nouveau besoin tous les jours de l’expiation et qui garde ainsi la conscience de péché, est en cela un Juif et non un chrétien. Voilà comment les chrétiens se trouvent en la présence de Dieu pour l’adorer.

Quand un Juif s’approchait du trône de Dieu, il y avait un sacrifice à offrir. Mais le chrétien est déjà introduit dans la maison par le sacrifice ; le sacrifice est derrière lui. J’ai passé l’autel des holocaustes et je suis entré dans le lieu saint. Je n’ai plus l’autel de l’holocauste entre Dieu et moi. À la mort de Christ, le voile du temple a été déchiré. Le coup qui a déchiré le voile et ouvert l’accès en la présence de Dieu, a ôté mon péché. Sans cela le sanctuaire ouvert me ferait m’enfuir de frayeur. Mais j’ai pleine liberté pour entrer dans le lieu très-saint. C’est le Saint-Esprit qui nous en rend témoignage et nous en donne la certitude. Le sang de Christ nous introduit dans la maison de Dieu. C’est là que nous trouvons la sainteté ; c’est là que nous comprenons le péché et en avons horreur ; c’est là qu’ayant le sentiment de la pureté dans la présence de Dieu, nous haïssons la souillure.

Approchons-nous de lui avec une pleine assurance de foi, ayant la certitude de cette oeuvre parfaite de Christ. Le Saint-Esprit nous avertira, nous châtiera peut-être, mais comme des enfants qui ont accès au trône du Père.

Est-ce vraiment notre désir de nous approcher de Dieu ? Cela est impossible, si nous gardons quelque interdit. On n’aime pas, avec de l’interdit, entrer dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, pour que Dieu nous sonde à fond. À la bonne heure, si Dieu voulait se contenter de ce dont nous nous contentons nous-mêmes ! Mais avec de l’interdit, le coeur n’est pas droit ; il s’arrête en chemin avant d’arriver au trône. Personne ne peut se présenter devant Dieu avec son péché ; il faut y venir par le sang de Christ, sans conscience de péché, à travers le voile déchiré, la mort de Christ. Avec une bonne conscience, plus on est dans la présence de Dieu, plus on est heureux. Alors nous ne pouvons douter de l’excellence du sang de Christ ; nous sommes à l’aise dans la maison de Dieu, et nous avons à la fois la conscience de ce que nous sommes et la conscience qu’il a effacé tous nos péchés.


114 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 4:3-22

n°114 : ME 1897 p. 315

C’est ainsi que, dès le commencement, la famille de Dieu a été manifestée et que la famille du diable a pris son caractère et son développement (1 Jean 3:12). Lors de la manifestation du Fils de Dieu, ces deux familles étaient déjà dans le monde, mais, depuis la croix, leur caractère est bien plus tranché. Il faut être de l’une ou de l’autre. Parce qu’un est religieux, on croit qu’on ne peut être de la famille du diable, mais Caïn était religieux et Abel était religieux aussi ; la différence entre eux gisait précisément dans leur religion. L’homme a, par nature, le besoin d’adorer quelque chose, le besoin, non encore raisonné, d’avoir une religion. Il sent qu’il y a une puissance supérieure à lui et que les besoins de son coeur ne peuvent être satisfaits par lui-même. Satan s’est emparé de ces sentiments pour devenir le dieu des hommes, en sorte que ce que les nations sacrifient, elles le sacrifient aux démons.

Aux jours de Caïn, il n’y avait pas encore de faux dieux, ni de démons qu’on adorât directement, aussi le cas de Caïn se rapproche-t-il bien davantage de celui des chrétiens de nom de nos jours. Caïn reconnaissait Dieu et voulait lui présenter un culte. Il en est ainsi maintenant de la plupart des hommes. Mais la pensée seule d’offrir à l’Éternel un culte dans l’état où nous sommes est une abomination, car nous sommes des pécheurs, tandis que Dieu est saint.

Caïn était très honnête ; il s’approche de Dieu pour lui présenter les fruits de la terre, quelque chose qui lui avait coûté beaucoup de travail et de peine. Abel présente une offrande qui ne lui a rien coûté. Quels étaient ces fruits de la terre ? Les résultats de la malédiction de Dieu, les produits du travail auquel l’homme est condamné, parce que le jugement l’a chassé d’Éden et de la présence de Dieu. Caïn croit pouvoir offrir à Dieu, pour lui être agréable, ce que produit la terre maudite ; il ne sent ni la malédiction, ni son état de péché. Tel est encore aujourd’hui l’état du monde. Qu’il ne s’imagine pas avoir part, à la vie éternelle en offrant son culte à Dieu ! Le culte du coeur naturel est la plus grande insulte faite à Dieu ; l’homme, chassé de Sa présence, vient, dans son orgueil qui ne tient aucun compte de la sainteté de Dieu, se présenter à lui dans ses péchés, comme si rien n’était arrivé.

Quelle était l’offrande d’Abel ? Des bêtes mises à mort et leur graisse. Abel est le premier que l’apôtre Paul signale comme un croyant. Il est dit, en Hébr. 11, que, par la foi, il offrit un meilleur sacrifice que Caïn. La mort est la conséquence du péché et la preuve de la condamnation. Abel reconnaît cette condamnation et présente une victime à sa place, un substitut. Il offre comme son seul refuge une expiation ; en figure la mort et le sang de Jésus. Il s’approche avec le sang, car sa foi est en exercice. Voilà en quoi diffèrent ces deux sacrifices. Caïn offre les fruits d’une terre maudite et se présente devant Dieu, comme si le péché n’existait pas ; il en est de même de tous ceux qui pensent s’approcher de Dieu sans l’efficace du sang de Christ. Caïn cherche un Dieu selon ses pensées, qui ne soit pas saint, qui le reçoive tel qu’il est, et il ne tient aucun compte du jugement que Dieu a prononcé. Mais si Dieu recevait Caïn avec les fruits de la malédiction, pourquoi aurait-il chassé Adam de sa présence ?

Du moment que Dieu n’a pas égard au sacrifice de Caïn, ce dernier est irrité ; il ne veut pas d’un tel Dieu ; il ne voit pas que, loin de nous proclamer meilleurs et plus honnêtes que les autres, la foi vient à Dieu reconnaissant l’état de ruine de l’homme, la justice de Dieu quand il condamne, et la grâce qui nous substitue Christ comme victime. L’orgueil de l’homme pécheur s’irrite que Dieu ne lui permette pas d’entrer en sa présence, aussi ce qui se manifeste aussitôt, c’est la haine de Caïn contre son frère. Le monde ne peut supporter que Dieu fasse grâce à quelqu’un. L’orgueil de l’homme aurait dû se soumettre à la grâce de Dieu ; il ne l’a pas voulu.

Le monde a mis à mort Jésus, le Juste, dont la mort d’Abel était le type. En Éden, l’homme a péché contre Dieu ; hors d’Éden, l’homme a haï son prochain. Cette haine arrive à son apogée dans la mort de Christ qui met le comble au péché du monde. L’homme a péché contre Dieu ; il a manifesté sa haine inexorable coutre tout ce qui représentait Dieu sur la terre et il a mis Jésus à mort. Dieu réclame le sang de Christ à ce monde qui l’a versé. Pour ceux qui croient, ce sang est une expiation ; pour ceux qui, comme les Juifs, ont rejeté Christ, ce sang demeure sur eux et sur leurs enfants. Le monde a crucifié le Seigneur et, si vous restez dans le monde, vous prenez position avec lui.

Mais Dieu ne peut s’en tenir là. Il redemande le sang de son Fils au monde, et par son jugement il manifeste le cas qu’il en fait. Pour les croyants, ce que l’homme a pensé en mal, Dieu l’a pensé en bien, et le sang qui a été versé a coulé pour le péché. Ce n’est pas un culte à Dieu que de mépriser le péché du monde et ce que Dieu a dit de ce péché !

(v. 7). « Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé ? » S’il y a un homme juste, sans péché, à la bonne heure, tu peux être reçu. « Si tu ne fais pas bien, le péché est couché à la porte ». Dieu a mis le sacrifice pour le péché à notre porte. Il aurait pu nous punir pour un péché quelconque, pour les violations de la loi ; il ne le fait pas ; il n’impute pas le péché. Dieu dit : Vous avez rejeté le Saint et le Juste, mais ce que vous avez pensé en mal, je l’ai pensé en bien. Cette victime, du sang de laquelle vous êtes coupables, je l’ai mise à votre porte.

Quoi de plus terrible, que d’avoir tué le Fils de Dieu, d’avoir rejeté Dieu qui se présentait en bonté ! Dans le sacrifice pour le péché, Dieu montre au monde son péché, mais il lui montre aussi que l’homme peut désormais s’approcher de Dieu, la victime pour le péché lui ayant été offerte. C’est là ce qui rend l’homme sans excuse. Aussi longtemps que Jésus peut être présenté, l’homme a un remède. L’horreur du péché, c’est que l’homme rejette Jésus et réponde à cette question : « Où est Abel, ton frère ? » « Je ne sais. Suis-je, moi, le gardien de mon frère ? » L’indifférence pour Christ est la preuve de l’indifférence la plus profonde pour le péché et pour ce que Dieu a fait.

Caïn en prend son parti et sort de la présence de l’Éternel. On est insouciant quant à Jésus, mais on voudrait éviter les conséquences immédiates du péché. C’est ce que les hommes désirent ; c’est ce qui leur fait quitter la présence de l’Éternel pour aller dans le monde.

Caïn y établit sa famille ; il veut la placer loin de Dieu ; il cultive pour cela les agréments de la vie. L’effort de l’homme éloigné de Dieu, est de rendre le monde agréable sans lui ; il cherche à se passer de Dieu le plus gaiement possible. Sorti de la présence de Celui dont il a rejeté le Fils, il donne son nom aux villes qu’il bâtit et s’établit dans l’aisance. Il ne lui manque qu’une chose, la présence de Dieu et de Christ, mais cette présence gâterait toute sa joie.

Du moment que le nom de Jésus est invoqué, il faut qu’on reconnaisse que le monde est éloigné de Dieu ; il faut qu’on prenne le parti d’Abel rejeté et qu’on souffre avec Christ. Il n’y a point d’hésitation possible, si l’on a la conscience que Dieu a accepté son Fils et nous a acceptés avec lui. Le coeur est désormais au large avec Dieu et a compris ses pensées. Par ce lien avec Jésus, il se trouve placé dans la faveur de Dieu et en jouit. Mais il faut souffrir dans un monde où Caïn hait toujours Abel jusqu’à la mort. Ce sera le jugement qui manifestera à la fin ce qu’est la famille de Caïn.

Ou bien, il nous faut avoir part avec le crucifié, le rejeté, sans rien dans le monde, reconnaissant notre condamnation dans la mort du Fils de Dieu qui nous sauve, possédant tout l’héritage de Jésus, la souffrance ici-bas et la gloire à venir ; — ou bien, il nous faut être du monde, plongés dans l’aveuglement avec lui, étrangers à toute vérité et courant au-devant du jugement.

Où en êtes-vous ? Pouvez-vous dire que Jésus est votre vie, votre tout ? Que Dieu vous fasse la grâce de comprendre son amour qui, dans le don de Jésus, parle si clairement à vos âmes !


115 - Méditations de J. N. Darby — Juges 3:1-4

n°115 : ME 1897 p. 332

Nous voyons, dans ce livre, comment l’infidélité de l’homme le prive de la bénédiction dans laquelle Dieu l’avait placé et comment Dieu, malgré tout, tire le bien du mal. L’Éternel avait accompli par Josué tout ce qu’il avait promis à Israël (Jos. 24), mais bientôt le peuple, pour ne pas avoir détruit complètement le mal, tomba dans la corruption des faux dieux. Dieu laissa au milieu d’eux quelques puissances ennemies, quelques restes des Cananéens, pour les éprouver plus tard. Si, lors de notre conversion, nous gardons quelque interdit, quelque habitude qui donne à Satan prise sur nous, nous serons, plus tard, exercés par ces choses.

Dieu avait d’abord conduit Israël dans le désert pour l’éprouver, pour l’humilier, et pour savoir s’il garderait ses commandements ou non (Deut. 8). Ici, Dieu emploie un autre moyen pour éprouver Israël ; il se sert dans ce but de ce qui était de la part du peuple une infidélité positive (3:1).

Ce qui donne prise à Satan sur nos coeurs doit être rejeté ; c’est une infidélité de ne pas rompre tel lien avec le monde. Nous avons, pour discerner ces choses, la Parole et la conscience éclairée par le Saint-Esprit. Le coeur fidèle sait faire la différence entre ce qui est de Canaan, le pays maudit, et de Dieu ; il est simple quant au mal et prudent quant au bien. Il n’y a qu’un seul chemin droit et, si mon coeur en est occupé, je n’ai pas besoin de connaître les autres chemins. La fidélité discerne facilement tout ce qu’il faut quitter. Si l’oeil est simple, le corps est rempli de lumière. Il y a infidélité à s’allier avec ce qui est du monde, et si, dans ces choses, nous nous épargnons nous-mêmes, Dieu emploie pour notre châtiment ce que nous avions recherché pour nous satisfaire.

Nous sommes souvent assez insensés et assez imprudents pour ne pas rompre résolument avec tout ce qui n’est pas de Dieu et de Christ. Partout où Israël fait alliance avec les Cananéens asservis, il en reçoit du mal. Josué n’était plus ; Israël reste seul et faible ; il a la paix, mais il est beaucoup moins aguerri dans les choses de Dieu. Au bout de peu de temps, les choses mauvaises qui font la guerre à l’âme, reprennent force ; Israël les avait préférées à l’Éternel. Préférer le moindre objet, un fruit défendu, à ce qui est agréable à Dieu, c’est un très grand mal. Dieu nous livrera à la puissance de cet objet et nous fera sentir l’angoisse d’avoir un autre Maître que lui (2:14, 15). Nous pouvons rompre très facilement les mauvais liens, si nous sommes droits de coeur devant l’Éternel, tandis que, si nous voulons nous épargner, Dieu nous livre à la domination de l’interdit, et nous ne pouvons subsister devant l’ennemi.

Dieu suscitait des juges en Israël ; mais parmi le peuple tous n’étaient pas fidèles, car ils ne voulaient pas écouter le juge. L’oreille de Dieu reste toujours ouverte et la foi ne peut s’adresser à lui sans qu’il nous réponde : « Il te sera fait selon ta foi ».

L’infidélité d’Israël fait que Dieu ne dépossède plus ses ennemis, et l’Éternel s’en sert pour éprouver son peuple. Dieu veut aussi que l’Église soit exercée de la même manière. Cela ne s’appelle pas souffrir avec Christ ou être persécuté, ce qui serait une gloire. Si l’Église devient mondaine, refusant d’être un peuple céleste, Dieu la laisse où elle s’est placée. Ce n’est pas à dire que nous devions en rester là, car Dieu se sert de ces choses pour nous éprouver. Il veut nous aguerrir, nous exercer, nous faire comprendre la puissance de Dieu, soit en faisant la guerre, soit en rencontrant des obstacles, et en apprenant ainsi ce que c’est que d’être fidèles au milieu des difficultés, en comptant sur Dieu. Dieu tire ainsi le bien du mal. C’est l’infidélité de l’Église, que sa mondanité ; ce n’est pas Dieu qui a fait cela. Dieu la laisse subsister pour que l’Église en soit exercée ; voyant ce qui était dans le coeur, il n’a pas aboli ces choses qui devaient être plus tard des épines à nos yeux (Nomb. 33:55). Il ne les a pas laissées pour qu’on les acceptât, mais pour qu’elles servissent à manifester la fidélité qui n’accepte aucune de ces choses. Si la providence divine avait laissé en Israël des vestiges de faux dieux, ce n’était pas pour qu’on les suivit, mais pour exercer la fidélité du peuple à les détruire. Si les faux dieux sont puissants, est-ce une raison pour nous entraîner après eux ? Non, la foi compte, à leur égard, sur la puissance de Dieu.

Nous n’avons pas affaire seulement aux attraits du mal, mais à la puissance de l’ennemi. Dieu veut que nous « connaissions ce que c’est que la guerre » (v. 2). Faites votre compte que, dans le chemin de la fidélité, Satan vous présentera des montagnes infranchissables. La foi reconnaît que Dieu est plus puissant que tout cela et compte sur lui pour vaincre ; car faire la paix avec Satan est une chose honteuse et détestable. Il n’est pas question ici de notre joie, mais de notre combat. Dieu a voulu que nous connussions ce que c’est que la guerre. Quelquefois cela nous étonne et nous nous persuadons facilement qu’il y aurait plus de bénédiction si la montagne était supprimée. Mais du moment que nous résistons à Satan, étant fidèles à faire la guerre en nous fiant à la puissance de Dieu, l’ennemi s’enfuit loin de nous. Il n’est pas seulement battu, mais il s’enfuit ; vous en ferez l’expérience. Dieu veut que nous connaissions ce que c’est que la guerre, pour que nous apprenions que lui est avec nous et pour que chaque âme s’appuie sur lui.

Au commencement de notre carrière chrétienne, Dieu nous ayant donné premièrement la joie pour fortifier nos âmes, nous devons ensuite nous attendre à la guerre. Si nous avons gardé quelque habitude, quelque lien qui ne soit pas de Dieu, Dieu nous y livrera et nous en fera sentir la puissance ; nous moissonnerons ce que nous avons semé et nous serons battus et maltraités par les choses que nous aurons épargnées. Mais quand nous découvrirons que la chose épargnée est un ennemi, prenons courage et faisons-lui la guerre. Dieu sera avec nous, et la fin sera la victoire. L’ennemi disparaîtra pour nous laisser dans la joie et dans la paix que la présence de Dieu nous donne. Nos propres infidélités deviennent ainsi l’occasion de la fidélité de Dieu, quand il nous ramène et nous réveille.


116 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 12

n°116 : ME 1897 p. 357

Nous trouvons trois choses dans ce chapitre, l’appel, la position, et l’infidélité du croyant. C’est ici, pour la première fois, que l’appel de Dieu nous est présenté dans la Parole. Le monde étant corrompu et idolâtre, Dieu appelle Abram. Il est l’objet de l’élection, de l’appel et des promesses de Dieu, les trois racines, pour ainsi dire, de l’arbre de la grâce.

Le monde étant corrompu, l’appel de Dieu nous fait tout quitter et rompre tout lien pour en sortir. Il place pour cela devant nous des promesses qui nous font laisser derrière nous les choses terrestres. Le père d’Abram sort avec lui, mais n’arrive pas en Canaan ; il demeure en Charan, à moitié chemin, et ne jouit jamais des promesses. Abram devait sortir de sa parenté aussi bien que de son pays, mais il avait pris son père avec lui, et son père reste en chemin. La grâce de Dieu passe par-dessus la faiblesse d’Abram, seulement après la sortie d’Ur, il lui faut sortir de nouveau de Charan ; c’était double peine.

Après nous avoir appelés, nous avoir donné les promesses, Dieu nous conduit pour nous introduire dans leur jouissance en Canaan. Il rompt tôt ou tard les liens qui nous en séparent et, si nous ne voulons pas marcher tout droit, nous sommes privés pour le moment de leur jouissance.

Au v. 6, nous trouvons de nouvelles circonstances. Les malices spirituelles sont en possession du pays de la promesse. Abram ne peut les chasser. Nous sommes étrangers dans ce monde, nous avons dû tout quitter pour atteindre les promesses et, cependant, nous n’en sommes pas encore entrés en possession. Nous sommes étrangers sur la terre et nous marchons par la foi, non par la vue des choses du ciel. Les Cananéens, les malices spirituelles, demeurent là où sont les promesses. Abram, lui, demeure avec Dieu, étranger au milieu de Canaan, mais Dieu s’y manifeste à lui ; il a, comme part, la présence de Dieu dans le pays de la promesse où il est étranger.

Dieu se révèle à lui et il lui dresse un autel. Pour nous aussi, la révélation de Dieu, comme Père, à nos âmes, est la source de tout vrai culte. Nous pouvons alors rendre culte à Dieu, tout en n’ayant pas plus qu’Abram de quoi poser notre pied en Canaan. Abram lui-même ne dut-il pas y acheter un sépulcre ?

Abram est aussi pèlerin dans le pays de la promesse ; il le voit, mais ne le possède pas et n’a que les arrhes de l’héritage.

Aux v. 9-13, on voit l’infidélité pratique d’Abram, image de celle de l’Église. Poussé par les difficultés, par la famine, il descend de son chef en Égypte, sans consulter Dieu qui veut, par le désert, nous garder sous sa dépendance, nous nourrir de sa grâce, et non de ce que la sagesse de l’homme nous fait trouver. Quand l’esprit de l’homme est à l’oeuvre, il le fait toujours descendre en Égypte, et nous tombons sous la dépendance du monde quand nous quittons celle de Dieu. C’était pour l’exercice de la foi d’Abram que Dieu lui faisait rencontrer la famine dans le pays où il l’avait introduit. Il en fut de même pour Israël (Deut. 8:3) ; il en est encore de même pour nous. Dieu nous humilie et nous fait avoir faim, alors l’homme demande des cailles et, si Dieu les accorde, c’est en châtiment.

Il nous faut marcher sous la dépendance constante de Dieu. Il nous éprouve de toute manière, comme il le fait envers tous ses enfants, pour savoir si nous tiendrons ferme dans le chemin et si nous retiendrons les choses de Dieu. La sagesse naturelle de l’homme le conduit en Égypte où il préfère être rassasié que d’avoir faim dans le pays de la promesse. Il en est de la chair comme de Saül qui ne sut pas attendre la fin du septième jour pour offrir le sacrifice et perdit ainsi le royaume.

Abram agit de son chef ; il n’est plus avec Dieu, il n’est plus dans la terre de promesse ; il se trouve, avec sa faiblesse, en présence d’une puissance plus grande que la sienne. Alors il renie sa femme. Du moment que nous nions que l’Église soit uniquement à Christ, nous tombons sous la puissance du monde. Abram infidèle est bien traité par le Pharaon, mais aucun des présents du roi ne pouvait entrer chez lui sans lui percer le coeur comme une épée et sans lui reprocher le séjour de Saraï dans le palais du Pharaon. En toute chose, le premier pas est important et montre la tendance de notre coeur. Abram est repris dans son coeur, et tout ce qu’il reçoit est une preuve de sa servitude et de son déshonneur. Mais Dieu n’abandonne ni ses droits, ni sa fidélité. Quoique Pharaon ne fût pas coupable envers Abram, il l’était envers Dieu, et Dieu le frappe. C’est toujours la fin du monde. Dieu revendique ses droits et Christ revendique les siens sur l’Église qu’il a choisie et rachetée pour qu’elle fût à lui seul !


117 - Méditations de J. N. Darby — Exode 12:1-16

n°117 : ME 1898 p. 54

Les délivrances du peuple de Dieu sont toujours liées au fait que Dieu va châtier le monde ; Dieu rend témoignage contre lui, et ce témoignage est universel, n’exceptant personne. La loi distingue entre les justes et les injustes ; le Saint-Esprit prend le monde tel quel et le convainc de péché, parce qu’il n’a pas cru en Christ. L’Évangile commence par traiter le monde comme déjà condamné, comme ayant déjà repoussé Jésus et tout ce que Dieu a fait par lui. Dieu a éprouvé de toute manière le coeur humain ; l’Évangile commence quand cette épreuve est terminée ; il suppose tout le monde perdu et offre le salut à ce qui est perdu.

Souvent les âmes veulent faire l’essai de leur propre force ; il se trouve alors qu’elles n’en ont point. Il arrive même à des âmes converties de chercher à être acceptées de Dieu, en faisant ce que le Seigneur Jésus a commandé.

Pharaon n’a pas voulu laisser aller le peuple de Dieu. Dieu réclame le droit qu’il a sur son peuple, pour être servi par lui. Pharaon — le monde — n’y consent pas. Alors Dieu l’avertit par des signes et des plaies. L’Égypte ne veut pas écouter ; Pharaon endurcit son coeur et devient un monument du jugement de Dieu, pour l’instruction du monde. Comme signe et manifestation de son jugement, Dieu frappe en Égypte les premiers-nés, la force de chaque maison. Il en est de même aujourd’hui ; il en fut de même aux temps de Noé : Dieu somme le monde de se soumettre à Christ, l’avertissant de ses jugements, mais le monde ne consent pas à se soumettre, ni à reconnaître son iniquité.

Le monde est toujours averti des jugements de Dieu. Il est dit d’avance que le Seigneur Jésus sera révélé du ciel en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu et contre ceux qui n’obéissent point à l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ (2 Thess. 1:7-8). Ce n’est pas seulement que Dieu dise au monde, comme la loi : « Voici des hommes qui font du bien et en voici qui dont du mal » ; il demande une soumission complète à sa volonté révélée ; il demande que le monde se soumette à Jésus. Tous ceux qui n’y consentent pas, seront forcés de le faire dans le jugement. Pour sauver le monde, Dieu lui présente son Fils humilié. Sans la soumission à Jésus, tout est inutile, car c’est là ce que Dieu exige. Voici mon Fils ; recevez mon Fils : c’est le salut ; rejetez mon Fils : c’est le jugement. Dieu exige la soumission à Jésus comme Sauveur, la soumission à la grâce. Cela change le coeur ; cela change tout. Il faut le reconnaître et le recevoir ainsi ; ou bien le reconnaître plus tard en condamnation et en jugement. Ici, toute autre question, toute question de bonnes oeuvres, est entièrement mise de côté. Il ne s’agissait pas pour Zachée de ce qu’il avait fait ou voulait faire, mais de ce que le salut était entré dans sa maison. Si Jésus est reçu, c’est la grâce et la vie, sinon il exercera la vengeance sur ceux qui ne se soumettent pas. Il est heureux qu’il en soit ainsi, et que vous n’ayez pas à chercher dans vos propres coeurs ce que vous pouvez présenter à Dieu. Lorsque, par la grâce, l’oeil du coeur est ouvert pour voir la grâce, la gloire et la perfection de Jésus, Christ est dans le coeur et l’effet, voulu de Dieu, est produit.

L’Esprit de Dieu commence par présenter la certitude du jugement, car l’Éternel doit avoir ses droits. Satan est en possession du monde ; il trompe les inconvertis et les tient sous sa puissance ; il fait tout ce qu’il peut pour faire croire au monde qu’il est dans le chemin étroit ; il vous dira que vous êtes assez honnêtes, assez justes comme cela. Mais Dieu a des droits, et le monde ne veut pas obéir à l’Évangile et pense échapper à la vengeance, comme Ève pensait, en désobéissant, échapper à la mort.

Satan se sert, de son côté, pour perdre les âmes de tous les moyens que Dieu emploie pour les réveiller. Le christianisme a modifié le monde, et Satan emploie même le christianisme pour le tromper. Les âmes croient être en règle, parce que, quoique n’étant pas converties, leur conscience naturelle a honte, dans les pays chrétiens, de ce qui caractérise les idolâtres et les barbares. Dans ce sens, l’usage du christianisme est une tromperie de Satan, pour faire croire aux hommes qu’ils peuvent se présenter devant Dieu, parce qu’il n’y a rien chez eux d’aussi grossier que chez les païens.

En Jésus, tout ce qui est parfait en Dieu et en l’homme est présenté à la conscience. La sainteté de Dieu est présentée en Jésus, non selon les droits de cette sainteté, mais en grâce parfaite. Mais Dieu veut une entière soumission à Jésus qui ne repousse personne. Il est Dieu dans toute sa bonté pour attirer les coeurs, mais il faut que l’on se soumette à Jésus. Si Jésus est repoussé, c’est la démonstration que le coeur ne veut pas de Dieu, de quelque manière qu’il se présente à l’homme. C’est là l’épreuve définitive du coeur de l’homme, de son orgueil, de sa dureté, de sa légèreté. Rien de tout cela ne peut subsister en la présence de Jésus ; l’orgueil de l’homme a honte en présence de la croix ; la vanité ne peut se montrer devant Jésus, rejeté du monde et méprisé. Rien de ce qui est dans le coeur de l’homme n’ose se présenter devant ce que Dieu est. Dieu sonde le coeur, et c’est ce que l’homme n’aime pas, ni ne veut. Alors qu’il doit se reconnaître pécheur et soumettre sa conscience et sa volonté, il ne le veut pas. Venir dans ses haillons, confessant sa misère, la grâce seule peut faire une telle chose. À cause de cela, l’orgueil de l’homme hait la grâce plus encore que la loi. Le coeur naturel ne peut pas supporter que tout soit mis à découvert, mais Dieu veut sonder le coeur de l’homme et sauver l’âme pour toujours. Dieu agit selon ce qu’il est et non selon nos pensées. Si l’on ne reçoit pas Jésus, Dieu manifestera ce qu’il est par le jugement, car il passera à travers ce monde, comme il a passé à travers l’Égypte.

Au v. 13, nous trouvons la sûreté parfaite des âmes qui se soumettent à Jésus. Israël avait connaissance du jugement de l’Égypte. Il en est toujours ainsi pour les âmes sauvées : elles prennent connaissance des voies de Dieu, du jugement du monde, tandis que les autres espèrent obtenir le ciel sans examiner ce que Dieu a dit. Ayant pris garde à la révélation de Dieu, l’âme craint le jugement ; mais quand Dieu révèle le jugement, il révèle aussi le moyen d’y échapper, et l’âme qui a la crainte de Dieu s’attache à sa Parole. Le sang placé sur la porte est une folie pour l’homme, mais la simplicité de la foi accepte la parole de Dieu dans toute sa simplicité.

L’ange exterminateur avait reçu des ordres. S’il y avait des Israélites très honnêtes qui n’eussent pas le sang sur leur porte, l’ange devait y entrer. Il faut Christ et le salut, ou bien point de Christ et point de salut. Qui croit au Fils a la vie éternelle ; qui n’a pas le Fils, n’a pas la vie.

Il y a une grande certitude pour ceux qui sont dans la maison, abrités par le sang. C’est Dieu qui exécute le jugement ; impossible qu’il se trompe, impossible de lui échapper ; mais lorsque Dieu dit qu’il passera outre s’il voit le sang, il y a pour Israël entière certitude qu’il passera et qu’il y a un salut au milieu même du jugement. Dieu ne dit pas : « Quand vous verrez le sang », car, pour échapper au jugement, il ne s’agit pas de la vue que vous avez, soit de vos péchés, soit du sang. Dieu a vu le sang ; lui-même estime le sang de Christ ; lui-même estime le péché. La foi accepte le jugement de Dieu et s’arrête à ce jugement sur le péché par le sang.

Tout cela avait lieu pour faire sortir le peuple d’Égypte et non pour le laisser dans la maison. Dieu nous a lui-même garantis de son jugement, puis il fait sortir son peuple. Après cela viennent la colère de Satan, le voyage, le combat, mais en présence de ces choses, l’âme peut se nourrir des joies de Christ, car elle sait qu’elle est sauvée.

Avec la pâque, Israël a dû manger du pain sans levain (le péché écarté) et des herbes amères. Plus je connais ce que Christ est, plus j’ai de pensées amères sur mes péchés. C’est ainsi que le peuple mangeait l’agneau, mais il le mangeait en sûreté. C’eût été un péché de penser que Dieu pouvait manquer à sa délivrance, et c’est un péché de douter que le sang de Christ purifie de tout péché.

Israël est encore en Égypte, mais il n’y est plus esclave. Il a sa ceinture, ses souliers et son bâton ; il est prêt à se mettre en voyage. C’est là notre position ; nous sommes dans le monde, mais celui-ci n’est plus pour nous que le tombeau vide de Jésus. Israël peut se mettre en route avec l’assurance que Dieu est pour lui dans le voyage, parce qu’il s’est déclaré pour lui dans la question du jugement. L’âme peut être travaillée avant d’avoir connu cela. Quand la révélation de Dieu est reçue dans le coeur, l’âme ne peut trouver la paix avant que la révélation de la grâce soit aussi claire et aussi certaine que celle du péché. « Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous ». Le chrétien voit son jugement exécuté en Christ ; il sait que le sang est sur la porte et se confie entièrement en Dieu. La soumission consiste d’abord à se soumettre à la justice de Dieu qui nous condamne, tronc et branches, mais qui nous montre que cette condamnation est tombée sur le Seigneur Jésus.

Quand nous avons trouvé la paix, ce n’est que le commencement du voyage. Israël se met en route, sachant que Dieu est pour lui.

Êtes-vous soumis à Christ ? C’est ce que Dieu demande. Il ne veut ni des offrandes, ni des sacrifices ; il vous présente Jésus, en vous montrant ce que vous êtes. Le plus triste pécheur au monde peut être reçu en grâce par Jésus, car il est là pour le recevoir. Si vous avez été convaincu de péché et du salut par Christ, que Dieu vous fasse la grâce de vous nourrir de son Agneau pour commencer le voyage. Ne reculez pas devant les herbes amères.


118 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 7

n°118 : ME 1898 p. 115

Ce qui nous est dit au v. 26 de ce chapitre suppose toute la hauteur de l’appel de Dieu. Dieu nous dit qu’un « tel souverain sacrificateur nous convenait ». Sans doute, un tel souverain sacrificateur convenait à Dieu, mais aussi à nous, parce que nous sommes si fort rapprochés de Dieu qui ne peut supporter aucune impureté en sa présence, que nous sommes « élevés plus haut que les cieux ». On ne peut rien exprimer de plus élevé, quant à la perfection du christianisme, que ceci : « Un tel souverain sacrificateur nous convenait ».

Christ est en la présence de Dieu selon nos besoins et selon ce que la présence de Dieu exige : il faut ces deux choses ensemble, et elles se trouvent en Jésus qui s’est identifié avec nos besoins et peut se présenter devant Dieu selon le coeur et la sainteté de Dieu.

L’Esprit insiste beaucoup, dans l’épître aux Hébreux, sur ce que Christ est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec et non selon l’ordre d’Aaron, néanmoins il emprunte à la sacrificature de ce dernier toutes les explications qu’il donne à la sacrificature de Christ. Melchisédec était sans généalogie ; il était sacrificateur par la volonté de Dieu, sans rien de plus. Sa sacrificature durait autant que sa vie. Il en est de même de Jésus, tandis que les sacrificateurs selon l’ordre d’Aaron commençaient à 30 ans et finissaient à 50.

Melchisédec ne fait point d’intercession ; c’est une sacrificature de louanges et de bénédiction. C’est aussi ce que sera Jésus sur son trône. Il est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, selon la puissance d’une vie impérissable, mais il ne peut pas encore bénir les Juifs, ni louer Dieu de sa victoire sur ses ennemis. Jésus le fera sur son trône, dans son règne. Il sera le point de rapprochement avec Dieu et le centre de la bénédiction dans les cieux et sur la terre.

Mais les circonstances de sa sacrificature sont selon le type d’Aaron, parce que nous sommes ici-bas dans la faiblesse. Le chrétien possède actuellement une assurance parfaite de l’oeuvre que Dieu a accomplie en Jésus, ainsi que l’exercice pratique de la puissance du Saint-Esprit ici-bas. Actuellement aussi, Christ est assis à la droite de la Majesté dans les cieux, parce que tout est accompli ; mais, quant à nous ici-bas, tout n’est pas accompli ; nous avons des besoins, nous avons à traverser le désert, nous avons à combattre.

Tout croyant est sous le gouvernement de Dieu. Le Saint-Esprit est ici-bas et agit en nous ; il agit en rapport avec le gouvernement de Dieu comme Père. Parce que nous sommes ses enfants, il prend connaissance de tout ce que nous faisons ; si nous nous éloignons de Dieu, il nous laisse souvent aller notre chemin pour nous corriger. Il arrive fréquemment qu’en perdant la lumière, nous pouvons être à notre aise et tranquilles, nous contentant d’un état plus bas quant à notre âme, mais, si nous marchons toujours selon la lumière que nous avons reçue, nous sommes réellement heureux. C’est là notre joie, d’avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes.

C’est ici que l’intercession de Jésus comme sacrificateur, selon le type et non selon l’ordre d’Aaron, est importante. Seulement, en rapport avec cette sacrificature, toutes nos relations avec Dieu sont changées. Elles ne sont pas du tout ce qu’étaient les relations d’Israël. Nous sommes acceptés dans le Bien-aimé, et le Bien-aimé est toujours agréable à Dieu. Il est maintenant assis, parce que, quant à notre acceptation, il n’a plus rien à faire ; nous avons la paix éternelle de l’âme quant à la justification. Mais, comme nous l’avons dit, cela place l’âme sous le gouvernement du Père, et c’est là que commence la sacrificature de Jésus. Son intercession commence quand nous sommes sauvés, car il intercède pour son peuple ; elle s’applique à nos besoins et s’occupe de nous en amour, malgré nos fautes.

Israël était retranché à la suite du veau d’or, mais Moïse intercède, et tout ce qui suit, dans les rapports de Dieu avec Israël, découle de cette intercession. Envers nous, Dieu n’agit plus en justice judiciaire, mais en justice de gouvernement, et l’amour de Dieu peut toujours se déployer à notre égard. Jésus porte, selon le type d’Aaron, nos noms sur le pectoral devant Dieu. Même quand nous péchons, nous avons un Avocat auprès du Père.

Tout cela s’applique au trajet du désert. Ceux qui font l’expérience de leur infirmité et de leurs manquements dans cette traversée, ont, en vertu de l’intercession de Christ, les regards de Dieu en bénédiction sur eux. C’est pourquoi il peut sauver jusqu’au bout ceux qui s’approchent de Dieu par lui. Étant déjà acceptés selon la justice de Dieu, nous sommes gardés dans le désert à travers des difficultés sans nombre. Lui obtient pour nous tous les remèdes dont nous avons besoin.

Le Saint-Esprit est scrutateur ; il sonde et examine nos coeurs, il nous avertit, il prend connaissance de nos faiblesses et de nos fautes pour les présenter comme des besoins, et lui-même en devient l’expression. Ces besoins sont ainsi l’occasion de nouvelles grâces et de nouvelles forces. Voilà pourquoi il peut nous sauver jusqu’au bout. Impossible de présenter à Jésus quelque difficulté ou quelque obstacle insurmontables, ou qui puissent diminuer sa justice en notre faveur. Dans la traversée du désert, combien il serait horrible de faire la connaissance de nous-mêmes, s’il n’y avait pas quelqu’un dont la justice subvient à tout ! Ayant fait lui-même l’expérience de tous nos ennemis, il intercède pour nous, étant compatissant et ayant une pleine connaissance de notre situation et de nos besoins. Il est parvenu à la fin de la carrière et a connu tous nos ennemis ; nous sommes maintenant unis à Celui qui est au-dessus des cieux. C’est une grande puissance, mais cela nous introduit dans de grandes difficultés. La gloire de Christ est la suite de la justice que nous possédons. Pour arriver à cette gloire, il faut que le coeur soit exercé et éprouvé. Nous sommes appelés « par gloire et par vertu », et il faut que la vertu de Jésus se déploie en nous, dans le désert, pendant que nous cheminons vers la gloire. La conséquence en est la manifestation de tout ce que nous sommes, afin que tous nos besoins et toutes nos misères deviennent l’occasion de connaître les richesses de Dieu. Notre âme est exercée de toute manière ici-bas, pour qu’elle soit dépouillée de toute ressource personnelle et que Dieu soit toute notre richesse. Rien ne nous instruit comme nos besoins ; c’est là que nous faisons l’expérience des ressources de Celui qui subvient à tout et que nous apprenons à jouir de toute la fidélité et de toute la bonté de Dieu.

Il est parfaitement vrai que, si nous péchons, nous avons un Avocat auprès du Père, mais il n’est pas nécessaire de broncher pour jouir de l’intercession de Jésus, et c’est ce que nous montre l’épître aux Hébreux. Il y a assez d’ennemis sur le chemin pour que cette intercession nous soit nécessaire. Si j’ai rencontré la victoire sur un point et que j’aille en avant, je découvrirai toujours quelque chose de nouveau dans mon coeur quand je me trouverai en face de Satan. Plus le chrétien avance, plus il a besoin de l’intercession de Jésus. Marchons dans la lumière à la hauteur de la connaissance qui nous est donnée, et nous serons toujours joyeux.


119 - Méditations de J. N. Darby — Luc 7:31-50

n°119 : ME 1898 p. 133

Il est écrit que les pensées de Dieu et ses voies ne sont pas semblables aux nôtres, et c’est ce que nous voyons ici. Quel que soit son instrument, Dieu agit en grâce, et quand la grâce a touché le coeur, non seulement elle l’attire, mais encore elle prononce positivement sur le sort de ceux qu’elle a attirés. Elle appelle, soit par bonté, soit par menace, et, de plus, elle pardonne et remet les péchés.

On voit ces deux appels aux v. 31-35. Dieu s’y prend de toute manière : il menace, il avertit, disant que la cognée est déjà mise à la racine des arbres ; il vient aussi en grâce vers des péagers et des gens de mauvaise vie. L’homme repousse tout. S’il y a sévérité, il dit : « Il a un démon ». S’il y a grâce et débonnaireté, il dit : « C’est un mangeur et un buveur ». Mais Dieu ne peut pas classer les hommes en justes et en injustes, comme l’homme le fait dans son aveuglement ou dans son hypocrisie. Il faut qu’il s’y prenne ainsi : ou il doit se séparer de tout, comme Jean Baptiste, et agir en justice, selon la perfection de cette justice ; ou bien aller en grâce vers des gens de mauvaise vie, selon la perfection de sa grâce. Dieu se sépare de nous tous, s’il veut garder la place qui convient à sa justice, ou bien il vient en Jésus vers les plus mauvais, pour démontrer la richesse de sa grâce. Il faut que l’homme ait affaire à Dieu, soit en justice, soit en grâce, à Dieu tel qu’il est. Selon la grâce, vous pouvez tout recevoir de Dieu. Vous ne pouvez être entre la grâce et la justice et présenter votre justice à Dieu. La justice de Dieu a déjà dit : « Il n’y a pas de juste, non, pas même un seul ». « Aucun homme vivant ne sera justifié devant toi » (Ps. 143:2). Votre sentence est aussi absolument prononcée que si vous étiez déjà devant le grand trône blanc.

S’agit-il de la justice de Dieu, nous sommes déjà jugés. Dieu a déjà prononcé le jugement de toutes nos âmes, et c’est une pensée sérieuse. Ou il nous faut rejeter le témoignage de Dieu (mais le jugement ne peut être rejeté), ou il nous faut admettre qu’il n’y a pas un juste au milieu de nous. Si Dieu juge, c’est en justice. Y a-t-il une plus grande folie et une plus grande témérité, que d’avoir la moindre espérance d’entrer dans le ciel, quand le jugement de Dieu a déjà prononcé qu’il n’y a pas un juste ?

L’homme a démontré son propre péché et son injustice en rejetant tout ce que Dieu a fait pour lui, et en montrant qu’il ne voulait pas de Dieu, quand Dieu venait à lui en bonté dans la personne de Jésus. Il n’y a personne parmi nous qui n’ait pas rejeté des avertissements et des appels personnels de Dieu, et repoussé ainsi les moyens que Dieu emploie pour nous amener à sa connaissance. Si le Saint-Esprit agit dans le coeur, cela même peut devenir, une occasion de conviction de péché, en manifestant que notre coeur ne désire point se soumettre à Dieu.

Si, en me comparant à un autre homme, je me trouve juste et lui pécheur, je ne pense pas à Dieu. Oui, l’homme a oublié Dieu, s’il peut se croire juste ; et il ne peut se trouver juste, lorsqu’il se place en la présence de Dieu. On pourrait penser que plus tard, moitié par miséricorde, moitié par l’éloignement du jugement, on échappera quand le jour viendra. Cela aussi est l’oubli de Dieu. La conscience n’aime pas la lumière et le coeur n’aime ni la grâce, ni la beauté de Jésus ; c’est ce que manifeste la présence en grâce du Seigneur. Mais la sagesse de Dieu, dans le témoignage de Jean Baptiste et dans le témoignage de Jésus, a été justifiée par ses enfants.

Les pharisiens se croyaient plus justes que les autres. Jésus ne se détourne de personne, pas plus d’un pharisien que d’un péager ; la lumière est la même devant tous ; elle a le même caractère et met tout en évidence selon ce caractère. Rien de plus dégradé, de plus misérable, quoique Dieu puisse en avoir compassion, qu’une femme de mauvaise vie. Le pharisien met en doute ce qu’est Jésus pour en juger, mais il se place devant la lumière et il est jugé lui-même. Il faut être dans de bien profondes ténèbres pour prétendre juger Jésus. Simon ne comprenait pas qu’il y eût en Dieu de l’amour et de la grâce ; il ne voit pas que Jésus est prophète ; il ignore que Dieu est là ; c’est le terme de toute la sagacité de l’homme. Mais Jésus, étant prophète, discerne les pensées de Simon, avant de lui parler de cette femme. C’est ce que Dieu fait. On peut juger la parole de Dieu, mais celui que vous voulez juger, Dieu, dans sa Parole, discerne vos pensées, les secrets de votre coeur, et sait si vous recevez la Parole ou si vous la jugez. La lumière met en évidence tout ce qu’elle atteint. Le pharisien se montre entièrement ignorant de Dieu ; il ne voit pas que la justice de Dieu l’atteint lui-même et il ne voit pas que la grâce de Dieu peut atteindre même une femme de mauvaise vie.

Il faut que nos coeurs aiment Dieu ; c’est ce que-la loi commande et ce que la grâce produit. Si une créature aime Dieu parfaitement, elle est pure. C’est ce que Jésus propose à Simon : Celui à qui il aura été plus pardonné, aime plus. Le Seigneur applique cela directement à Simon lui-même. La parole de Dieu va droit à la conscience et dit : Tu es cet homme. Dieu dit de vous, de chacun de vous : Il n’y a pas un juste. Il a patience et ne frappe pas encore, mais le mépris de ses appels trouvera sa rétribution au jour du jugement. Jésus juge Simon par son propre jugement. L’homme peut juger droitement, quand il s’agit de quelque chose qui ne le touche pas, mais non pas quand il s’agit de se condamner lui-même. Simon se trouve ainsi plus éloigné de Dieu qu’une femme de mauvaise vie. L’homme pense plus à sa propre réputation qu’au jugement de Dieu ; c’est une hypocrisie de coeur qui fait qu’on veut paraître bon devant les hommes, quand on est plein de souillures devant Dieu. Simon avait invité Jésus pour le juger, et il se trouve jugé par lui.

Nous avons, de la bouche même de Celui qui jugera les vivants et les morts, ce qu’il pense de Simon et de la pécheresse. Pour Simon, Jésus était un charpentier qui s’était fait prédicateur, et il voulait en juger ; il n’avait ni discerné, ni estimé, ni aimé le Fils de Dieu. Les affections n’étaient pas atteintes par la présence de Celui en qui Dieu a mis tout son bon plaisir. Tout ce qui était en dehors de ce monde maudit, était au delà de son intelligence. Le monde ne peut supporter la présence du Seigneur Jésus, et Simon n’avait pas même observé les convenances de la vie envers lui.

La pécheresse avait discerné ce que Jésus était ; elle ne craint pas d’entrer dans la maison du pharisien ; elle est si préoccupée de Jésus qu’elle oublie les convenances de la vie ; elle a besoin de lui, elle est attirée vers lui et ne pense qu’à lui ; rien ne l’arrête pour le chercher au moment où on peut le trouver ; elle sait que c’en est fait d’elle, si elle ne le trouve pas ; alors tout disparaît ; il faut le posséder, et elle oublie tout dans le besoin qu’elle a de lui.

Le Seigneur avait l’air de ne pas faire attention à cette femme, il la laisse faire ; il veut mettre en évidence le jugement de Dieu. Elle ne se borne pas à estimer Jésus ; elle ne lui apporte pas de l’eau, ce que Simon avait négligé de faire ; elle arrose ses pieds de larmes et les couvre de baisers. Elle était accablée du poids de ses péchés et attirée vers lui ; elle discernait en lui la grâce, et que Dieu était amour, et qu’il pouvait avoir compassion d’une pécheresse, dont le monde même ne pouvait avoir compassion. En même temps, elle dépense inutilement pour lui tout ce qu’elle a, car l’amour ne calcule pas. Simon, avec toute sa sagesse et sa sagacité, ne discerne pas la manifestation de Dieu en Christ ; il ne cherche pas Dieu ; il n’a point d’amour, pas même assez pour offrir de l’eau afin de laver les pieds du Seigneur. Son coeur n’est pas touché, quand il voit la bonté du Sauveur pour cette pauvre femme ; il n’a pour lui ni eau, ni baisers. La femme, dans sa conviction de péché, n’ose pas lui adresser la parole ; elle oublie tout, et, dans son besoin, fait pour lui ce qu’elle peut, lui donne ce qu’elle a.

Lequel des deux est le plus près de Dieu ? Auquel des deux ressemblez-vous ? Auquel aimeriez-vous ressembler ? À Simon, ou à cette pauvre femme, perdue de réputation, mais préoccupée de Celui qui attire son coeur, par la conviction terrible de ses péchés ? Alors, tout est changé ; Jésus prononce l’appréciation de Dieu sur ce coeur attiré. Quand on voit qu’il ne nous repousse pas, cela soulage, mais ce n’est pas la paix, car la paix se lie au pardon. Le Seigneur prend décidément et publiquement le parti de cette femme et s’identifie avec elle et non avec Simon. Elle était convaincue de péché, mais, pour elle, Jésus était tout. Ayant trouvé Dieu, elle trouve la grâce, la justice et un Dieu qui prend décidément son parti. Elle avait tout perdu, sauf Jésus, et Simon est laissé de côté. Ce dernier peut porter sur Christ le jugement qu’il veut ; le coeur de la femme est touché et brisé et le Seigneur lui répond. L’homme blâme l’Évangile, le critique, le juge… et l’homme sera jugé, tandis que les élus seront sauvés par le même Évangile que l’homme a critiqué. L’homme perdu et pécheur a besoin d’être sauvé. Si vous n’avez pas ce besoin, Jésus vous laissera là, pour aller vers le plus misérable d’entre les hommes.

Toute l’érudition, toute la sagesse, tous les jugements du monde sont mis en balance avec un coeur brisé. Dieu est avec celui-ci et rejette les autres. Si je trouve dans ce chapitre ma sentence de la bouche de Dieu, je trouve aussi la pensée de Dieu sur l’âme attirée : « Tes nombreux péchés sont pardonnés ; ta foi t’a sauvée ». Jésus nous donne la connaissance et l’assurance de notre salut. Si vous croyez au Fils de Dieu, comme un pauvre pécheur perdu, Dieu vous dit aussi : « Ta foi t’a sauvé ; va-t’en en paix ». C’est une appréciation prononcée pour l’éternité, et Satan, ni quoi que ce soit, ne peut empêcher ce pardon et cette paix.

Que Dieu vous donne d’avoir le coeur brisé de cette pauvre femme et de trouver ainsi votre place avec elle !


120 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 35:9-35

n°120 : ME 1900 p. 131

La parole de Dieu juge de toutes choses, pour montrer si elles conviennent à la présence de Dieu, et c’est là la seule mesure définitive du péché. Ce qui est souillé devant Dieu, et non devant l’homme, voilà ce qui est péché. La présence de Dieu au milieu de son peuple en est la règle et en juge (v. 34).

La gloire de Dieu se manifestait dans la nuée et tout était jugé par sa présence, car il s’est manifesté d’une manière sensible à Israël, de même qu’il s’est révélé à nous dans la personne de Jésus. Cette dernière manifestation étant beaucoup plus claire que l’autre, car Dieu n’était pas pleinement révélé à Israël, le jugement actuel de Dieu sur le péché est aussi plus clair et plus positif. Alors, certaines choses pouvaient être passées sous silence qui maintenant ne peuvent plus l’être (1 Jean 1:5). Dieu étant pleinement révélé dans la personne de Jésus, ne peut désormais passer sur rien, et il somme tous les hommes, en tout lieu, à se repentir.

Si l’on juge d’une chose autrement que par la Parole et la présence de Dieu, on se trompe. On peut être à l’aise dans le chemin de la perdition quand on n’a jamais connu Dieu, mais la paix dont on jouit est fausse, tant que l’on n’a pas compris que Dieu nous a lavés dans le sang de Jésus. Rien n’est plus étonnant que de voir des âmes tranquilles sans la certitude de cette purification, ni plus incompréhensible que l’insouciance du coeur de l’homme, devant la pensée de passer l’éternité ou en la présence de Dieu, ou bien chassé de sa présence, jugé ou pardonné par Lui. Dieu prend les choses au sérieux, le Seigneur Jésus était toujours sérieux ; Satan lui-même, craignant que les âmes ne lui échappent, est sérieux et préoccupé. Seules, les âmes que Satan domine sont insouciantes et légères. C’est la plus triste preuve que le coeur de l’homme, dans sa folie, est tombé aussi bas que possible. On voit tous les jours, autour de soi, des âmes passer dans l’éternité, et néanmoins le même oubli, la même dureté de coeur, subsistent toujours et tout s’efface, comme le mouvement de l’eau où une pierre est jetée. Le péché a des conséquences qui devraient réveiller le monde. En nous chassant de sa présence, Dieu, dans sa bonté, a ajouté au péché des misères sensibles, comme un appel aux hommes de penser à Lui. En même temps, Dieu dit la vérité et annonce qu’il ne peut y avoir de communion entre la lumière et les ténèbres, entre les enfants de la lumière et les fils des ténèbres. Le monde est ténèbres, Satan est le prince des ténèbres ; aimer ce que Dieu hait, aimer les choses que Satan nous offre, c’est être ténèbres. Si la présence de Christ gâte vos plaisirs, cela montre que Christ n’est pas la joie de vos coeurs. Quand il se présente, même vos plaisirs innocents cessent. Vous appelez innocent ce que sa présence dissipe ; vous n’avez donc pas même conscience de vos ténèbres !

Pourriez-vous dire qu’à un seul moment de votre vie, Christ ait été votre joie ? Quel est donc l’état de votre âme, et comment passeriez-vous une éternité de bonheur en sa présence ? Christ est venu dans ce monde et a été rejeté, parce que le monde le haïssait. « Ils ont vu et haï et moi et mon Père ». Vous voilà, nous voilà tous, selon le jugement de Dieu en grâce. Je dis : « en grâce », car Dieu n’avait nul besoin de vous dire cela, mais, en rendant ce témoignage dans le monde, il a voulu vous avertir pour vous sauver.

Mais, en même temps qu’un Dieu de grâce, il est un Dieu de vérité, et il ne peut nous admettre en sa présence, dans l’état d’éloignement de nos coeurs. Tout est plus facile au pécheur que de se présenter devant Dieu : on accomplit des devoirs, on s’impose des pénitences, même celle de rendre culte à Dieu, mais tout cela n’est pas sa présence. Si Dieu n’est pas votre joie, il n’y aura rien que vous évitiez autant que le ciel, car si vous n’avez pas la joie de cette présence, la frayeur de la gloire de Dieu vous écraserait. Le monde, comme Adam, emploie les dons de Dieu pour se cacher de Lui, car sa conscience lui dit que Dieu est lumière. Mais Dieu qui nous juge selon sa sainteté est un Dieu de grâce, et veut que nous possédions une certitude et une paix qui ne se démentent pas quand nous serons en sa présence. C’est là le salut que Dieu nous a préparé.

Ces choses, nous les voyons dans ce chapitre des Nombres. Dieu juge le péché, au milieu des enfants d’Israël, selon la sainteté de sa présence, mais il donne en même temps un refuge au pécheur, et nous en voyons l’effet sur son âme.

Pour donner toute facilité d’y recourir, il y avait trois villes de refuge à l’orient et trois à l’occident du Jourdain. Le meurtrier avec préméditation devait mourir ; le meurtrier sans préméditation était aussi un pécheur ; il avait répandu sang et le pays était souillé. Dieu qui y habitait ne pouvait pas supporter la souillure, et il en est de même de tout péché. Si l’on pèche volontairement, si l’on veut, si l’on préfère le péché, il n’y a point de remède, puisque l’expiation est par là même rejetée. Dieu ne veut point de souillure ni de péché en sa présence, il faut donc un asile au pécheur qui n’a pas péché volontairement. Si nos âmes ignorent ce qu’est le péché, ce n’est qu’une preuve de plus de l’aveuglement où le péché nous a conduits. Dieu ne peut pas s’aveugler. Il ne veut pas de péché en sa présence et nous en a fourni la preuve en donnant Jésus. Le monde est souillé du sang de Jésus, et Dieu ne peut le voir sous un autre aspect. Quand la foi saisit cela, elle y trouve l’expiation dans le sang même de Christ. Vous êtes coupables du sang de Jésus ; vous avez manifesté que vos coeurs sont dans le même état que les coeurs de ceux qui l’ont rejeté. Les Juifs étaient le meilleur terrain que l’on pût trouver dans le monde, un terrain labouré, ensemencé et arrosé de Dieu, et ce terrain a rejeté Jésus. Les Juifs sont un échantillon du coeur humain, et le reste du monde est pire qu’eux. « Il est venu dans le monde, et le monde ne l’a pas connu ; il vint chez soi, et les siens ne l’ont pas reçu ». C’est parce que vos coeurs sont ce qu’ils sont, que les Juifs ont rejeté Christ. Mais Jésus est votre ville de refuge, parce que vous l’avez fait par ignorance. Dieu veut habiter en Israël, et il faut que le péché en soit absent.

On se voit coupable d’avoir rejeté Jésus, quand on est travaillé par l’Esprit de Dieu ; alors, au lieu de raisonner, on s’enfuit à la ville de refuge. C’est Dieu qui a fixé le lieu du refuge selon sa volonté. Christ a pris la culpabilité de l’homme sur Lui ; sans cette expiation, il n’y aurait point de refuge et de salut. Il n’y a pas d’expiation sans le sang du coupable. Christ a été fait péché pour nous, et, dans sa personne, le sang du coupable a été répandu. Le sang de Christ est la démonstration de la méchanceté de l’homme, en même temps qu’il est le salut de l’homme et l’expiation de son péché. C’est là la sagesse de Dieu lui-même, reçue par la foi. L’âme peut sentir sa responsabilité et chercher, pour se tranquilliser, quelque remède dans sa propre justice. C’est alors que nous voyons que nous sommes perdus et qu’il n’y a qu’à fuir dans la ville de refuge. La même sainteté de Dieu qui a prononcé que le péché ne peut subsister là où Dieu habite, a donné un refuge que sa justice reconnaît. Le droit de vengeance est arrêté. La même justice de Dieu qui a exigé la mort de Jésus pour satisfaction, a mis cette mort pour refuge ; là, celui qui a le droit de vengeance ne peut rien.

Celui qui s’était réfugié ne pouvait retourner à son héritage avant la mort du souverain sacrificateur (*). Le chrétien n’a pas encore son héritage, n’en peut jouir encore, mais il est en paix dans la ville, aussi sûr de son salut, qu’il est sûr d’être pécheur. Le mondain se dit pécheur et espère néanmoins arriver au ciel, parce qu’il ne comprend ni le péché, ni le résultat du péché, selon Dieu, et ainsi il ne dit, ni que le pécheur soit perdu, ni que le chrétien soit sauvé, aveuglé qu’il est des deux côtés ; tandis que Dieu nous dit : Te voilà pécheur et te voilà sauvé.

(*) La mort du souverain sacrificateur représente la fin de l’économie et de l’intercession de Jésus.

Qu’est-ce que cela vous vaudra de vous excuser de vos péchés ? C’est vous excuser d’entrer au ciel. Le sang est versé, le pays est souillé, et Dieu ne peut le permettre. Vous ne pouvez, dans le péché, entrer dans le royaume de Dieu. Pour vos péchés, Dieu présente Christ. Il est notre ville de refuge, ordonnée de Dieu. Est-ce de la sagesse de rester dehors ? Vous ne serez pas plus perdus que vos voisins, dites-vous. C’est bien assez de l’être comme eux ! On n’en sera que plus malheureux, d’être nombreux en enfer. Dieu a vu que vous Lui préfériez toutes vos vanités, et, voyant votre péché, il a donné son Fils. C’est le refuge de vos âmes.

Quel est l’état d’un homme qui, réfugié dans la ville, entend les cris et les réclamations de celui qui a le droit de vengeance ? Il a une joie d’autant plus grande, qu’il est en sûreté. Impossible que la colère de Dieu franchisse la croix de Jésus. De l’autre côté tout est serein ; tout y est paix de la part de Dieu lui-même, et le pécheur y trouve la provision faite par Dieu, non pour les justes, mais pour les pécheurs.

Dieu, dans sa grâce, vous a-t-il fait entrer là ? Dans ce cas, pouvez-vous hésiter sur votre salut ? La gloire du second Adam n’est pas moins certaine que la ruine du premier. Avez-vous trouvé en Jésus le refuge de votre âme ? S’il en est ainsi, c’est la paix ; gardez-vous bien d’en sortir. Si vous n’avez pas la conscience d’être dans la ville, vous aurez nécessairement des craintes.

Vous n’avez autre chose à faire qu’à vous réfugier en Jésus. C’est là le sang de Celui qui a pris pour nous la place d’un coupable et qui a expié nos péchés. Vous saurez alors ce qu’est la paix que Dieu a acquise à votre âme.


121 - Méditations de J. N. Darby — 1 Corinthiens 2

n°121 : ME 1900 p. 276

L’apôtre distingue entre son oeuvre quand il la commença à Corinthe et son travail au milieu de ceux qui avaient déjà la foi et la connaissance de leur position en Christ. Pour combattre la science du monde au milieu d’un peuple savant, il n’a voulu savoir que Jésus-Christ, et encore Jésus-Christ dans la faiblesse, crucifié.

Paul était loin d’être éloquent ; il travaillait dans la faiblesse, dans la crainte et dans un grand tremblement. Il est bon pour le chrétien de sentir sa faiblesse et son néant ; plus on est près de Dieu, plus on les éprouve. Il n’est pas agréable d’être faible et incapable d’accomplir ce qu’on a devant soi, mais c’est une bonne chose. Il arrive souvent que, tout en affirmant qu’il n’y a pas de force en nous, nous ne nous sentons pas faibles. Paul se sentait faible, puisqu’il était dans la crainte et, je le répète, c’est une bonne chose quand nous travaillons pour le Seigneur.

Les paroles de la sagesse humaine sont un attrait pour l’homme ; mais ce que Paul déployait, c’était l’action du Saint-Esprit qui glorifiait la puissance de Dieu. Celui qui est attiré par la sagesse de l’homme, s’attache à cette sagesse ; celui qui est touché par la puissance de Dieu est mis directement en rapport avec Dieu ; il sait de qui il est enseigné. L’homme est capable d’apprendre toute sorte de choses, mais si ces choses ne le mettent pas directement en rapport avec Dieu, son âme n’y gagnera rien pour l’éternité.

v. 6. — Nous sommes parfaits quand nous avons saisi la puissance de notre résurrection avec Jésus. Une âme peut être attirée, vivifiée, justifiée, sans être encore parmi les parfaits. Cette expression se rattache toujours à la résurrection et à la communion que nous avons avec Jésus ressuscité. On peut avoir la foi, sans une assurance simple et bénie d’être identifié avec le Seigneur, d’être ressuscité avec Lui, d’avoir passé par la mort et d’être devant Dieu comme ressuscité et parfait. Dans le premier cas, Christ est déjà l’objet de l’âme, objet qu’elle perd quelquefois de vue ; dans le second, il s’agit d’un état d’âme tout différent. Savoir qu’on est amené à Christ est une chose, savoir qu’on est identifié avec Lui est une autre chose, qui apporte à l’âme une nouvelle sûreté et une nouvelle puissance.

v. 7. — « Pour notre gloire ». Christ en est le centre et le Chef ; on y trouve un lien avec tous les enfants de Dieu ; on a le sentiment de posséder Christ ensemble. Le monde est tout à fait en dehors d’une telle position ; les chefs de ce siècle n’y ont rien vu ; c’est une chose cachée, même à ceux qui, étant attirés, n’ont pas encore reçu le sceau de l’Esprit dans leurs âmes. Si le monde n’avait pas méconnu la gloire de Jésus, cette gloire n’aurait pas été accomplie. Quand il cherche le plus à entraver les desseins de Dieu, Satan ne fait jamais que pousser à leur accomplissement.

v. 9-10. — L’homme le plus instruit du monde, ne sait rien de cette gloire ; tout chrétien peut la connaître. Cela différencie l’intelligence de l’homme de la révélation que nous fait le Saint-Esprit. Les capacités de l’homme n’y sont pour rien, et la conscience du plus grand pécheur est beaucoup plus rapprochée de ces choses que l’intelligence des sages, parce que cette révélation entre en nous par la conscience. Le chrétien ne peut pas prétexter son ignorance ; Pierre était un pêcheur ignorant, mais il était enseigné du Saint-Esprit et pouvait comprendre des choses que, ni le souverain sacrificateur, ni Gamaliel, ne pouvaient comprendre. De plus, le chrétien le plus ignorant, enseigné par le Saint-Esprit, et mis par lui en rapport avec Dieu, est bien plus intelligent dans les choses de Dieu que même le chrétien le plus savant quand il ne cherche pas l’enseignement du Saint-Esprit. L’âme qui se borne à goûter la révélation par l’intelligence n’est pas en position de connaître les choses profondes de Dieu, mais si, comme un pauvre pécheur, vous êtes enseigné de Dieu, quelle certitude, quelle intelligence n’aurez-vous pas !

v. 11-12. — Personne ne sait ce qui est dans la pensée de Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. Nous avons reçu cet Esprit, et c’est par lui que nous connaissons les choses de Dieu. Personne n’en sait tant soit peu sans le Saint-Esprit et, s’il ne demeure pas en nous, nous ne savons rien. Tout ce que nous apprenons de Dieu, nous met en rapport avec Lui ; il faut aussi employer des instruments humains pour nous révéler ces choses. C’est ce que dit le v. 13. « Lesquelles nous proposons » : il parle ici de sa fonction d’apôtre. Même pour les proposer, il faut être enseigné du Saint-Esprit et avoir le Saint-Esprit ; il est nécessaire, soit pour les recevoir, soit pour les communiquer, soit pour les recevoir quand elles sont communiquées.

v. 14-15. — La chair ne peut ni juger l’Esprit de Dieu, ni comprendre ses motifs. Elle ne peut (v. 16) comprendre la pensée du Seigneur, mais nous avons la pensée de Christ. Cela donne un grand calme et une grande sûreté dans la conduite ; cela suppose un état spirituel, non un état charnel. Quand la chair agit, elle entrave nos relations avec Dieu.

La source de toute connaissance, c’est le Saint-Esprit demeurant en nous. Sans doute il y a en nous de la faiblesse, mais en même temps nous avons l’Esprit et la pensée de Christ. Tout ce qui ne vient pas de Dieu ne vaut rien et ne pourra nous servir ni dans la tentation, ni contre l’abattement. Ce que le Saint-Esprit nous a enseigné vaut seul quelque chose. Nous trouvons dans la communion avec Jésus une joie et une douceur qui excluent toute difficulté. L’âme se repose sur son amour et oublie les obstacles, sachant que c’est son affaire à Lui et qu’il y pourvoit. Comme ayant le Saint-Esprit, tout est à nous.


122 - Méditations de J. N. Darby — Philippiens 2:1-18

n°122 : ME 1900 p. 311

Le désir de l’apôtre était que ses chers Philippiens fussent sans reproche (v. 15, 16). Le salut est toujours présenté dans cette épître comme s’opérant à travers le désert et comme une chose qui est pleinement réalisée à la fin de la carrière chrétienne. Cela est simple, parce que notre salut consiste, en effet, à être à la fin dans la gloire de Christ, qu’il nous a lui-même acquise, mais dont nous ne jouissons pas encore. Ayant reçu le Saint-Esprit comme arrhes, nous savons très bien que cette gloire nous appartient. Paul désire que, dans le trajet du désert, nous glorifiions parfaitement Dieu, et, dans ce but, le Saint-Esprit agit sur nos affections pour nous rendre Christ plus précieux. La vie de Jésus glorifiait toujours le Père ; si l’Esprit de Christ est en nous, notre désir sera aussi de le glorifier. Il ne faut pas confondre le désir de glorifier le Seigneur avec l’accomplissement du salut. Quand Jésus glorifiait le Père, il ne s’agissait évidemment pas de l’oeuvre de son salut. Impossible de trouver la paix, si notre salut dépend en quoi que ce soit de la manière dont nous glorifions Dieu. Que l’âme soit mécontente de ne pas le glorifier, c’est une bonne chose, mais si nous y rattachons la certitude du salut, nous serons troublés et même notre service le sera, car cela nous donne un esprit de servitude au lieu d’un esprit de liberté.

C’est dans l’atmosphère de la grâce, qu’on peut servir Dieu. Sous le régime de la grâce, je puis servir Dieu comme les anges le servent, sans préoccupation ni question de salut, mais parce que cela appartient à ma nouvelle nature.

Nous avons à désirer d’être toujours des flambeaux allumés par le Seigneur pour être des lumières dans le monde et, si nous n’avons pas ce désir, c’est la preuve que nous sommes dans un état de sommeil. Nous n’avons pas d’autre relation avec Dieu que celle de sauvés, ses enfants par grâce, et Dieu ne nous connaît pas autrement.

On peut chercher de deux matières à glorifier le Seigneur Jésus. Souvent une âme voit en elle une mauvaise disposition qui l’empêche de glorifier le Seigneur comme elle le devrait ; il y a dans ce cas le danger de retomber sous l’esprit de la loi et celui de regarder à l’obligation de glorifier Dieu, au lieu de regarder au Seigneur lui-même. La vue du mal voile Dieu ; c’est un moyen d’affaiblissement et de découragement. Il n’y a qu’un remède à cela : regarder à Christ. Rien n’est plus humiliant que de regarder à Christ. Souvent, au désir de glorifier Dieu, se joint le désir d’être satisfait de soi-même. C’est tout simplement de l’orgueil. En regardant à Christ, je trouve la perfection qui m’humilie et la grâce qui me relève. Je vois en Lui toute humilité, toute patience, et j’ai honte de moi-même, tout en regardant à la grâce qui me relève et m’encourage. En regardant à moi-même, rien ne peut chasser de mon coeur ce qui me trouble ; je demeure dans l’atmosphère du mal, et je n’y trouve aucune force. En Jésus, la vue s’élève au-dessus du mal ; nous sentons qu’il nous aime, que nous sommes unis à Lui. Si la vérité est venue par Jésus, par Lui aussi est venue la grâce. La vérité nous condamne et nous humilie, la grâce nous encourage et nous relève.

Quoi de plus élevé, de plus béni pour l’âme, que d’avoir le même sentiment que le Seigneur Jésus ! Le coeur répond à cette pensée de l’apôtre. Vivifié et animé par le Saint-Esprit, son désir est d’avoir le même sentiment qui a été en Jésus. Le Saint-Esprit, en demandant cela, déploie devant nos yeux la grâce qui est en Lui : « Lequel, étant en forme de Dieu, etc ». Mais le coeur dit bientôt : « Ah ! si j’étais comme cela ! » ou : « Voilà ce que Dieu demande ». Ce n’est pas là l’oeuvre de l’Esprit, désirant qu’il y ait en nous cette pensée qui a été dans le Christ Jésus et nous montrant aussitôt ce qu’il est. Quand le Saint-Esprit agit dans le coeur, il produit le désir en révélant Jésus, et l’effet du désir, en nous faisant le contempler.

Si je suis disposé à être quelque chose et que je voie le mal en moi, cela me décourage et ne guérit pas le mal. Mais si je m’aperçois que je veux être quelque chose quand Jésus s’est anéanti, j’ai honte de ce désir et je préfère être anéanti avec Jésus. Le mal est ainsi détruit en moi et la communion avec le Seigneur est renouvelée. Mon âme se retrouve dans le courant du bien. Il est impossible de vouloir être quelque chose quand on voit que Jésus s’est anéanti.

Voyons comment Jésus a manifesté cet esprit qui l’a conduit à s’anéantir. Il vient faire une autre volonté que la sienne : « Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté ». Il prend la place qui Lui était prescrite dans les conseils de Dieu. N’avoir aucune volonté, c’est s’anéantir. Jésus s’est anéanti jusqu’à être fait malédiction par Celui dont il est venu faire la volonté.

Lorsque Jacques et Jean demandent d’être assis à sa droite et à sa gauche, il répond : Je n’ai rien à vous donner ; je n’ai aucune volonté en cela. Il fait la volonté du Père. Il donne à ses disciples, à ceux que Dieu veut, les récompenses que son Père veut.

Le résultat de cet anéantissement est le mépris du monde. Jésus se soumet encore à ce mépris. L’homme peut, par héroïsme, se soumettre à tout ce que sa volonté lui dicte ; Jésus, en toutes choses, renonce à la sienne. Il se soumet d’avance à être abandonné, même de ses disciples.

Son Père était là ; c’était pour le glorifier qu’il s’était soumis à cet anéantissement. Dieu le fait péché pour nous ; c’était pour Jésus la chose la plus horrible. Il s’y soumet : « C’est ce qui est agréable à tes yeux ». Mais même alors, Dieu a dû l’abandonner aussi. C’était l’anéantissement sans ressource. Dieu l’avait abandonné. Il n’a plus rien comme récompense, comme appui, comme soulagement. Il n’y avait plus qu’une chose, la puissance de l’amour. Tel est le principe de la vie chrétienne. Que nous ayons la même pensée qui a été dans le Christ Jésus, et nous aurons le même encouragement que Lui ; mais jamais nous ne pourrons dire comme Lui : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Vous suffit-il d’avoir la même part que Jésus dans son anéantissement ? C’est le renoncement à soi-même. Voilà pourquoi Dieu nous éprouve, car il y a en nous une épaisse couche de volonté propre qui n’a pas été atteinte. Tant que ce mal n’a pas été entièrement sondé, on ne peut jouir de Dieu. Heureux sommes-nous quand Dieu sonde notre coeur et nous réduit à nous oublier, à ne penser qu’à Dieu et à ne pas désirer trouver en nous-mêmes quelque chose qui nous satisfasse. Pour cela, il nous faut regarder à Jésus, avoir la même pensée que Lui : alors, le contemplant à face découverte, nous sommes transformés à la même image, de gloire en gloire.


123 - Méditations de J. N. Darby — Psaume 88

n°123 : ME 1900 p. 332

Ce Psaume nous rend attentifs aux souffrances de Christ, comme, en général, c’est dans les Psaumes que nous en trouvons l’expression. Dans les évangiles, nous voyons la perfection de Jésus dans ses souffrances et malgré elles, tout se passant entre Dieu et Lui. Quand il se présentait aux hommes, le Seigneur le faisait toujours dans le résultat de sa communion intime avec le Père. Quant à nous, nous sommes souvent faibles et impatients dans l’épreuve, parce que nous ne présentons point à Dieu tout ce qui exerce notre âme, et que nos coeurs n’étant pas vidés du moi, la chair peut s’en emparer.

Nous trouvons dans les Psaumes ce qui se passait dans le coeur de Christ, en communion avec Dieu au milieu de ses angoisses. Le jardin de Gethsémané nous en offre aussi un aperçu dans les évangiles. On y voit, sans souffrances extérieures, l’angoisse de son âme en face de la mort.

Si nous cherchons la force, l’espérance et la joie pour marcher en avant, il nous faut contempler la gloire de Jésus ; mais rien ne nous rend plus honteux du péché, que de voir ses souffrances, et c’est un puissant moyen que Dieu emploie pour chasser le mal, s’il est dans nos coeurs. Il faut pour cela considérer ses souffrances intérieures. On peut facilement surmonter des difficultés qui n’ont pas trait à l’âme, mais Jésus a parfaitement senti ce que c’est que d’être accablé, ce que sont ces eaux qui entrent jusque dans l’âme. On peut supposer une force morale supportant les souffrances extérieures, et même l’homme naturel peut compatir quand il envisage Jésus de ce côté-là, comme les femmes de Jérusalem qui, sans être converties, pleuraient en le voyant conduit à la mort. Mais il y a souvent chez nous une légèreté de coeur et une indélicatesse de conscience qui proviennent de ce que nous ne sommes pas attentifs aux souffrances de l’âme du Sauveur.

Jésus éprouvait l’inimitié de tous contre Lui. Ce n’était pas comme un héros qui se soutient par sa propre force contre l’ennemi. Son coeur voulait le bien et parlait de paix, mais il n’a pas rencontré la moindre sympathie et il avait le sentiment de toute la puissance de l’ennemi contre Lui. Les puissants taureaux de Basan, le lion déchirant et rugissant, l’environnaient et sa vigueur était desséchée.

Jésus éprouvait aussi l’abandon de Dieu et de ses amis. Eux n’avaient aucun sentiment, aucune sympathie de l’Esprit au milieu de ses souffrances. Satan excite ses ennemis ; le Sauveur savait que Dieu l’abandonnerait à cause de nos péchés, car il en a porté la responsabilité pour nous et la colère de Dieu est tombée sur Lui. Il était responsable aussi de la gloire de Dieu : les outrages de ceux qui l’outrageaient sont tombés sur Lui. Il a eu à soutenir la colère de Dieu et la puissance de Satan, sans chercher contre elles la force de l’homme.

Le Paume 88 nous présente la colère de Dieu tombant sur Jésus selon la loi, quand il est fait malédiction pour nous. Il nous faut savoir tout ce que notre salut lui a coûté. Pour Lui, la mort était, dans toute sa force, les gages du péché et le juste jugement de Dieu, qui l’écrasait à cause du péché. Il a éprouvé jusqu’au fond la terrible colère du Dieu dont il avait connu l’amour, dont l’amour est la vie. Parfaitement saint, il a pu sonder ce que c’est que la colère, parfaitement amour, il a pu faire la même expérience : Christ a été fait malédiction pour nous (Gal. 3). Nous voyons ici cette malédiction tombant sur lui (v. 2). Ce cri n’a pas été exaucé jusqu’à la résurrection (v. 5). Il était retranché par la main de Dieu qui l’avait livré entre les mains de ses ennemis (Ps. 22), et Dieu n’y prenait plus garde (v. 6). « Tu m’as mis dans une fosse profonde ». Cela était terrible, parce que, pour Lui, l’amour de Dieu était la vie. Il était accablé de toutes les vagues de Dieu et, béni soit Dieu qu’il en soit ainsi, car il ne reste aucune vague de Dieu pour nous accabler ! (v. 11). Il a senti la puissance de la mort, comme ne pouvant s’y soustraire, et néanmoins, comme Fils de Dieu, il ne pouvait être retenu par elle (v. 14). Pourquoi me caches-tu ta face ? (v. 15). Cela se voit aussi en Jean 12:27-28, mais on y voit en même temps la perfection de son obéissance. « Dès ma jeunesse » : il est vrai que Jésus n’a été abandonné de Dieu que sur la croix ; sa vie n’était pas une expiation, mais la manifestation de la justice ; néanmoins il savait d’avance pourquoi il était venu. Il voyait le péché dans le monde, l’inimitié du coeur de l’homme, le droit de Satan de faire mourir le pécheur et Celui qui a été fait péché pour nous. Il a toujours senti cela, mais il a agi et vécu en justice, tout en manifestant la grâce parfaite de Dieu. À tout moment il rendait son esprit à Dieu, pour ainsi dire. Il était là en faiblesse, mais est communion parfaite. Il demande que la coupe passe loin de lui, mais il se soumet, épuisant toute la douleur dans la communion avec son Père. Sur la croix il en fut autrement, parce qu’il buvait la coupe. Pendant sa vie, il sentait tous les droits que la colère et la justice de Dieu donnaient à Satan, et il voyait les droits de Dieu dans la main de l’Ennemi qui ne Lui laissait point de relâche.

Quel amour que le sien ! Jamais son pied n’a chancelé, même un moment, dans ce chemin terrible ! Au contraire, il a rendu sa face comme un caillou et il est monté à Jérusalem, parce qu’il nous a aimés.

Voilà ce qui fait du péché une chose abominable et honteuse. Est-il possible que nos coeurs restent insouciants et légers en présence des souffrances de l’âme du Sauveur et retournent, après cette contemplation, légèrement et comme sans y penser, aux choses les plus futiles, après avoir joui de la communion avec Dieu au sujet de son Fils ?

Gardons-nous des péchés, des souillures, des mauvaises convoitises, pour lesquels Jésus a dû affronter la mort. Que Dieu nous fasse penser à ses souffrances et à leur réalité pour son âme !


124 - Méditations de J. N. Darby — Ésaïe 43:14-28

n°124 : ME 1900 p. 352

La première chose à remarquer, c’est la bonté et la grâce immense de Dieu. Il veut plaider avec Israël son peuple et ne pas le laisser dans son iniquité. « Fais-moi souvenir, plaidons ensemble, raconte toi-même, afin que tu sois justifié » (v. 26). Dieu vous appelle à plaider ainsi avec Lui et si vous pouvez lui donner des raisons, montrer que vous n’êtes pas pécheurs et vous justifier, il vous écoutera. « Mais ton premier père a péché » (v. 27), et entre mille choses, Job ne pouvait pas répondre à Dieu sur une seule.

Il y a, à côté de cela, une chose fort sérieuse, c’est que Dieu s’abaisse jusqu’à nous pour que chaque circonstance, chaque pensée soit produite devant Lui. S’il faut rendre compte de quelque chose, il faut rendre compte de tout, afin que tout soit mis en évidence. Qui est-ce qui peut subsister devant Lui ? Si l’on veut la justice, on aura la justice de Dieu et l’on verra si l’on peut être justifié par ses oeuvres devant un Dieu dont la sainteté nous juge.

Il n’y a qu’une classe de personnes qui puisse se présenter devant Dieu et lui remettre en mémoire ce qu’elles ont fait ; ce sont celles qui ont déjà connu et reçu la grâce. Cacher à Dieu ce que l’on fait et vouloir être bien avec Lui, c’est de l’hypocrisie. « Devant toi, nul homme vivant ne sera justifié » (Ps. 143:2).

On peut considérer les hommes comme hommes ou comme chrétiens. L’homme qui voudrait se dire juste, cherche à se placer devant Dieu sur le pied d’un chrétien. Quoique sans Christ, il veut être juste. Chrétien de profession, il désire se prévaloir de son titre. Mais Dieu, je le répète, nous tient comme des hommes ou comme des chrétiens. Considérés comme hommes, il est évident que nous sommes perdus. Pour être avec Dieu et pour remettre en mémoire devant Lui ce que nous sommes sans Christ, il faut n’avoir point de péché. « Mais ton premier père a péché ».

Les hommes ne s’inquiètent pas de Dieu, sauf quand, par sa providence, il se fait leur serviteur pour les combler de biens temporels. Mais quand il s’agit de la conscience, le coeur de l’homme ne cherche jamais Dieu. Une mauvaise conscience n’aime pas Sa présence ; le coupable n’aime pas la présence du juge et se garde bien d’appeler la police. Personne ne voudrait voir le public connaître tout ce qu’il a fait, encore moins voudrait-on se placer devant Dieu pour lui montrer tout ce qu’on a fait, et se placer devant Dieu, sans le lui montrer, c’est de l’hypocrisie. Il faut que votre conscience soit vidée sincèrement devant Dieu.

D’un autre côté, on sait très bien que Dieu connaît tout ce que nous avons fait, même les choses que nous voudrions cacher aux hommes. Mais on fait plus de cas de sa réputation dans le monde que de la vérité et de l’éternité même ; on n’a pas honte de faire sous les yeux de Dieu ce qu’on fait loin des yeux de tous.

(v. 21). — Si Dieu se forme un peuple pour lui-même, c’est pour que ce peuple raconte Sa louange dans le monde. Il y va de la réputation de Dieu. Si vous vous présentez à Dieu comme chrétiens, avez-vous donc fait ce qui racontera sa louange, même aux yeux d’un païen ? Un étranger ne doit trouver au milieu de vous que ce qui est à la louange de Dieu ; la réputation de Dieu doit être établie par notre moyen. Si vous vous présentez à Dieu comme chrétiens, en justice, voilà ce que vous devez Lui montrer. Pouvez-vous dire que vous avez passé une vie qui a glorifié le Seigneur Jésus ? Trouvez-vous dans vos coeurs les mêmes motifs qui le faisaient agir ? Si vous vous dites chrétiens, pourquoi le nom de Christ vous repousse, vous répugne, vous effraie-t-il ? Alors, pourquoi vous dire chrétiens ? N’est-ce pas de l’hypocrisie, puisqu’il n’y a pas un seul motif chrétien qui agisse sur votre coeur ? Pouvez-vous dire que ce que vous faites dans vos sociétés, vous le faites au nom de Jésus, en rendant grâces au Père, et que votre motif a été de raconter la louange de Christ ? Ne vous appelez donc pas chrétiens. Vos voies ont-elles manifesté la vie de Christ ? Si un chrétien venait au milieu de vous, y trouverait-il la louange de Jésus dans toute votre vie pratique ?

Que ferez-vous au jour du jugement, quand il faudra que toutes ces choses soient remises en mémoire ? Il faut à Dieu, dans ce monde où Satan règne, un peuple qui raconte sa louange. Mais « tu ne m’as pas invoqué » (v. 22). L’homme veut rendre culte à Dieu, avoir la réputation d’être un bon chrétien, mais ne veut pas que Dieu se souvienne de ce qu’il a fait ; il ne l’invoque point.

Dieu ne demande rien d’extérieur (v. 23-24), ni offrandes, ni holocaustes. Voyons ce que je t’ai demandé. T’ai-je fatigué de mes services religieux ? Je ne t’ai pas imposé de sacrifice pénible, mais toi, « tu m’as asservi par tes péchés, fatigué par tes iniquités ». Voilà ce que Dieu trouve quand il plaide avec l’homme. Ce dernier pense souvent que Dieu lui doit quelque chose, quand il va au sermon et se donne l’apparence de servir Dieu. C’est parce que l’homme n’aime pas à le servir qu’il s’en vante et s’en fait un mérite. Si le coeur aime ces choses, il en jouit et ne s’en vante pas. C’est se moquer de Dieu, que de Lui offrir de l’encens une heure par semaine, en faisant sa propre volonté tout le reste du temps. Et d’ailleurs, si l’on veut la justice, Dieu n’oublie rien ; il n’oublie pas vos services du dimanche, mais il en sonde les motifs. Et si vous allez vous présenter une heure devant Dieu, pour l’éviter tout le reste du temps, vous montrez ainsi ce qu’il y a de parfaitement mauvais dans le coeur de l’homme. Heureusement que, quelquefois, le Seigneur vous trouve là pour vous convaincre. Ces services religieux seraient la chose dont vous auriez le plus de honte, si vous deviez en rendre compte à Dieu, à qui rien n’échappe. Si la mémoire vous manque, Dieu connaît tout ; son oeil a tout vu. Il ne laisse pas passer les choses comme s’il n’était pas Dieu ; il dit : « Tu m’as travaillé par tes iniquités ». Dieu compte sur son peuple, s’y intéresse, mais le peuple lui a manqué en tout. C’est aussi le cas des prétendus chrétiens ; ils ont fatigué Dieu de leurs péchés. Vos coeurs, peut-être, aiment les ténèbres, mais la lumière existe et tous vos péchés sont vus de Dieu à la lumière de la croix de Christ. À quoi pouvez-vous vous attendre, sinon au jugement de Dieu ? Et néanmoins sa grâce répond à la pleine conviction du péché de l’homme. « C’est moi, c’est moi qui efface tes transgressions, à cause de moi-même » (v. 25). La grâce est la seule espérance du pauvre pécheur. Dieu se rappelle très bien tout ce que le pécheur est, tout ce qu’il a fait. Il voit bien que l’homme est sans excuse, qu’il est souillé, qu’il a rejeté Jésus, qu’il n’a pas « raconté sa louange ». Et quand l’homme s’est privé de la gloire de Dieu, Dieu prend sur Lui la tâche de se glorifier, et il se glorifie comme Dieu d’amour.

Si vous n’êtes pas satisfaits de cela, il vous faut aller plaider avec Dieu et lui remettre en mémoire ce que vous êtes. Si vous ne l’osez pas, remettez-vous-en à la grâce pure et gratuite sans oeuvres. Il faut être dans le vrai devant Dieu, et si vous ne pouvez satisfaire à sa justice, confiez-vous en ce que Dieu est. Il dit : « C’est moi qui efface tes transgressions, à cause de moi-même ». Des iniquités qui sont effacées ne reparaissent jamais ; le sang de Christ efface complètement les péchés, nous donne une rédemption éternelle ; il est d’un tel prix aux yeux de Dieu, que c’est du sang seul que Dieu se souvient et non du péché. La justification que nous avons est éternelle et la grâce de Dieu ne se souvient plus de nos péchés ni de nos iniquités.

L’âme qui prend ces choses comme Dieu les a dites, sait, par la justice et la bonté même de Dieu, qu’il ne se souviendra plus de ses péchés. Pouvez-vous vous présenter devant un Dieu qui a dit : « Je ne me souviendrai plus de vos péchés » ? Si vous avez été travaillés par vos péchés, Dieu aussi en a été travaillé et les a effacés dans le sang de Jésus. Si, oubliant vos péchés, vous présentez à Dieu votre offrande comme Caïn, vous ne trouverez que confusion. Il faut s’en remettre à la grâce ; elle est assurée dans le sang de Jésus. Ce que Dieu efface, il l’efface pour toujours !


125 - Méditations de J. N. Darby — 1 Jean 2:3-27

n°125 : ME 1900 p. 369

Il est des âmes pour lesquelles les « si » contenus dans cette épître, sont un sujet de doute et d’angoisse. Il vaut donc la peine de montrer que c’est précisément pour dissiper les doutes dans l’esprit de ceux auxquels il écrit, que l’apôtre énumère les preuves de la vie de Dieu dans l’âme. Si nous contristons le Saint-Esprit et négligeons l’onction d’en haut par laquelle nous savons toutes choses, il n’est pas étonnant que nous perdions la certitude et la lumière, mais il ne faut pas confondre les âmes qui n’ont jamais eu de certitude avec celles qui l’ont eue et l’ont négligée. Le but de l’apôtre est de fortifier les disciples dans leur assurance. Il dit : « Je vous écris… parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom » ; « parce que vous avez connu le Père » ; « touchant ceux qui vous égarent », etc. Il veut leur faire comprendre que les faux docteurs qui les séduisaient étaient dans un état qu’on pouvait discerner, et il leur donne dans ce but les deux signes de la vie de Dieu, savoir : garder les commandements de Jésus et aimer les frères. Au v. 6, il nous apprend à discerner ces faux docteurs. Il n’y a point d’autre règle que de vivre comme Christ a vécu. Si quelque chose est contre le principe de la vie de Christ nous devons le combattre, même en nous.

Le principe du salut, caché au monde, c’est que la vie de Christ nous est communiquée, que Christ demeure en nous. Les chrétiens eux-mêmes ignorent souvent la conséquence de ce principe, c’est que celui qui dit : Je demeure en Lui, doit marcher comme Lui a marché. Si la grâce de Dieu nous a donné ce privilège, peut-il y avoir une plus grande bénédiction que le droit de vivre sur cette terre comme Jésus y a vécu. Si les chrétiens ne reconnaissent pas cela, je ne sais vraiment ce qu’ils reconnaissent, car c’est s’identifier avec les douceurs de la communion de Jésus, non moins que s’identifier avec ses souffrances ici-bas. Demandez-vous, dans les détails de la vie, si vous vivez comme Jésus a vécu ; cela tranche bien des choses. Mais cela ne veut pas dire : Je suis ce que Jésus était ; nous ne le sommes pas, ni ne le serons jamais, Jésus, quant à la chair, était du Saint-Esprit et la parole de Dieu ne nous demande pas cela, mais elle nous demande de vivre comme Jésus a vécu ; elle ne l’exige pas comme une loi. C’est une chose vraie en Lui et en nous. La vie de Jésus nous est communiquée ; c’est une chose vraie et Dieu ne demande de vivre comme Lui, qu’à ceux auxquels il a donné cette vie. L’expression « enfants » du v. 12, s’applique à tous les chrétiens. Le mot « pères » désigne ceux qui sont mûrs dans le christianisme. Ils sont caractérisés par une connaissance intime du Seigneur, tel qu’il est dès le commencement.

Savoir que Jésus nous a sauvés, est une chose commune à tous les chrétiens, mais les « pères » sont distingués par une connaissance approfondie du Seigneur. Le connaître peu, c’est être jeune dans la foi.

Les jeunes gens sont caractérisés par le combat avec tout ce que Satan nous présente. Celui qui entre dans le chemin de la foi est d’abord très joyeux, mais il ne peut vivre longtemps de cette joie, parce qu’il trouve en lui des facultés et des goûts auxquels Satan présente des amorces. Les jeunes gens en Christ ont déjà vaincu le malin. Satan se cache comme un serpent dans l’herbe, nous présente toute sorte de choses pour nous attirer, ou rugit contre nous, nous oppose toute sorte de conséquences de la vie de Christ, pour nous effrayer et nous empêcher ainsi de vivre comme Christ a vécu. Mais il nous faut juger de tout selon la vie de Christ que nous possédons et nous contenter de la part qu’il nous donne. Quand nous vivons par l’Esprit, le malin ne nous touche pas. Ce qui manifeste la vigueur de la vie chrétienne, c’est de vaincre Satan, de résister à ce qu’il nous présente. Il nous faut pour cela être occupés du Seigneur ; il y a des facultés d’intelligence, des désirs du coeur qui réclament quelque chose et si le nouvel homme ne les emploie pas, Satan et la chair les occuperont.

Ce qui caractérise les petits enfants, c’est l’Esprit d’adoption, la connaissance du Père. Sans cet Esprit, l’apôtre ne suppose pas qu’on soit chrétien ; il y insiste, tandis qu’un chrétien vieilli et expérimenté connaît Jésus. Cette connaissance est le terme de tout.

Il ajoute, en parlant aux jeunes gens : « La parole de Dieu demeure en vous ». C’est là ce qui rend le jeune homme fort ; c’est pour lui le moyen d’intelligence et de discernement ; c’est aussi le signe de sa force. La Parole est l’épée de l’Esprit. Jésus a vaincu le méchant en disant : « Il est écrit », et s’en est tenu à cela. Du moment que je me sers de la parole de Dieu, impossible qu’on me réponde. Si l’on veut m’empêcher d’obéir à cette Parole, je puis dire : Cela vient de Satan. Il pourra y avoir lutte, mais la grâce de Christ suffira pour me donner la victoire. Si vous ne lisez pas soigneusement la Parole et que vous vous contentiez de dire : « Je sais que je suis sauvé, cela me suffit », vous serez vaincu et cela n’est pas étonnant, puisque, pour combattre, vous n’aurez pas votre épée dans la main.

L’apôtre met ensuite les jeunes gens en garde contre le monde (v. 15). Ce dernier est toujours en contraste avec le Père. Souvent les chrétiens n’admettent pas que l’amitié du monde soit inimitié contre Dieu. La Parole emploie le mot monde comme vous l’employez vous-mêmes. Ce monde a rejeté Christ, et le Père l’a fait héritier du monde à venir. Il faut choisir entre les deux. Vous ne pouvez pas aimer ce monde-ci et le monde à venir, ni vous attacher au monde à venir sans mépriser ce monde-ci. Aimer les choses agréables à vos yeux, aimer à être riches, à garder vos richesses et vos aises, ce n’est pas vivre comme Jésus a vécu, et cela vous empêche de croître et de mûrir en Christ.

Au v. 18, l’apôtre revient aux petits enfants ; il les place sous l’onction du Saint, soit quant à leur responsabilité, soit pour leur encouragement. Il leur dit : Vous savez toutes choses. Tout chrétien doit marcher par la foi et il y manque ; aussi l’apôtre les exhorte-t-il en les avertissant que c’est la dernière heure. La dernière heure est, dans la parole, le temps de l’Antichrist et non pas, comme certains docteurs le disent, le temps du Messie.

Si vous êtes de petits enfants en Christ, l’apôtre vous met ici en garde contre les fausses doctrines et vous donne en même temps l’assurance que vous avez l’onction de la part du Saint. Ce n’est pas l’onction du Sage, ou du Dieu tout-puissant, ni même celle du Père, mais l’onction du Saint. Si la sainteté n’est pas au dedans de nous, nous ne pouvons être gardés, ni comprendre les choses de Dieu, car c’est par elle que nous connaissons toutes choses.

Avez-vous le désir de vivre comme Jésus a vécu ? Votre coeur s’est-il, sans interdit, donné à Lui ? Il faut cela pour jouir de la connaissance de Celui qui est dès le commencement. Si vous êtes de petits enfants, vous avez l’onction de la part du Saint. Si vous êtes des jeunes gens, gardez-vous de toute séduction du monde ; gardez-vous de vous y élever, d’y être prudents et sages. C’est pour vous le moyen de vaincre et d’avancer dans la connaissance de Celui qui est dès le commencement.


126 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 1:1-16

n°126 : ME 1900 p. 392

Ce qui importe pour la sainteté de notre conduite et pour la paix habituelle de nos âmes, c’est que nos pensées soient à l’unisson avec celles de Dieu. Impossible qu’il nous manque quelque chose quand rien ne manque à nos affections spirituelles. Jésus est descendu ici-bas pour communiquer à nos âmes la joie du Père et nous révéler cette bonté dont il jouissait lui-même dans Sa maison. Même prophétiquement il nous est toujours présenté ainsi (Prov. 8). Il avait vu la gloire et connaissait dans son coeur la joie et l’amour du Père. Il rendait témoignage de ce qu’il avait vu et parlait de ce qu’il connaissait, mais personne ne recevait son témoignage (Jean 3:11).

Jésus est venu nous retirer des liens de ce monde, nous introduire dans la joie qu’il avait avant la fondation du monde et nous faire entrer dans la gloire qu’il possédait. Le chrétien n’est heureux, joyeux, sanctifié, que lorsque ses affections s’épanouissent et se développent là où le Seigneur Jésus l’a introduit. Il lui faut la gloire et la communion intime avec le Père, deux choses que le Saint-Esprit lui présente.

Quand nos affections nous égarent loin de la place où Jésus nous a introduits, Lui qui est monté vers son Dieu et notre Dieu, vers son Père et notre Père, et nous a placés là comme ses frères — le Saint-Esprit devient un Esprit de répréhension et de tristesse.

Nous voyons au commencement de ce chapitre la manière dont nous jouissons de ces choses. Vient ensuite la distinction entre la crainte qui convient à un chrétien et l’assurance du salut.

Pierre était l’apôtre de la circoncision et s’adresse à ceux qui étaient dispersés. Il les dit élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, non comme nation, mais en sainteté de l’Esprit. Ici, la sanctification de l’Esprit est présentée avant l’aspersion du sang de Jésus-Christ. L’âme étant trouvée et visitée par le Saint-Esprit quand elle est encore dehors, celui-ci la prend dans la carrière du monde, l’en sépare, la sanctifie pour qu’elle obéisse à Jésus-Christ et qu’elle soit placée sous toute l’influence et sous l’effet de l’aspersion de son sang. Pierre place les chrétiens en dehors de ce monde par la résurrection. Leur espérance suit le Seigneur Jésus. Christ étant ressuscité, le chrétien est introduit avec Lui dans sa résurrection, placé en Lui et a sa part avec Lui.

Nous avons été régénérés pour cette espérance vivante. Comme Jésus, nous avons laissé les morts. Le chrétien est encore dans le monde, mais, selon cette nouvelle nature qu’il a reçue, il ne peut se contenter que des choses célestes, de l’héritage avec Christ, héritage qui est réservé dans les cieux et auquel Satan ne peut toucher. Il est gardé pour nous qui sommes gardés sur la terre. La puissance de Dieu nous garde, par la foi, parce que nous ne sommes pas encore en possession des choses promises. Quelle joie et quelle paix pour mon âme ! Mon héritage est gardé dans les cieux, et moi, pauvre, faible et assailli par Satan, je suis gardé sur la terre pour le salut qui va être révélé. Dieu se porte garant de notre héritage et garant de nos âmes sur la terre.

Dans l’intervalle il y a l’épreuve de la foi qui doit être éclairée, purifiée, développée. Quand nous sommes jeunes dans la foi, elle est mêlée de choses qui ne sont pas pures et Dieu a soin de l’épurer. Il lie à tout ce que Jésus est la fin de notre foi, le salut des âmes, un salut spirituel, en contraste avec les délivrances temporelles d’Israël. Lorsque nous sommes remplis du Saint-Esprit, nos affections trouvent tout ce qu’elles désirent, notre coeur est satisfait ; c’est la vraie paix de l’âme. Si vous n’avez pas le repos, c’est que vous n’êtes pas occupés du Seigneur, selon la connaissance que nous en donne le Saint-Esprit. Par l’épreuve de la foi, on reçoit la fin de la foi. Celui qui a Jésus, qui l’a connu, a tout vu, tout connu ; nous ne verrons rien de nouveau quand nous le verrons face à face en résurrection.

Voyons maintenant quelle crainte il convient à un chrétien d’avoir. Ce n’est pas la crainte de ne pas être un enfant de Dieu, car l’apôtre dit : « Si vous invoquez comme Père… », mais c’est la crainte durant le séjour temporel. C’est un coeur rempli de Christ qui traverse un pays ennemi et craint de tomber dans quelque piège pendant le voyage. Le mondain ne craint pas Satan et ses convoitises le précipitent dans sa gueule, mais par contre il redoute Dieu. Le chrétien ne craint plus Dieu, mais il craint de se fourvoyer. Si nous invoquons le Père saint auquel Jésus nous a confiés, le Père ne peut pas permettre chez ses enfants ce qui est contraire à la sainteté, et il les reprend par des avertissements ou par des châtiments. Étant gardés pour l’héritage et introduits dans la maison du Père, ne faites rien pour attirer sur vous ses châtiments et pour troubler votre communion avec Lui. Mais, en tout cas, vous n’auriez pas de châtiments de sa part si vous n’étiez pas rachetés. Nous avons à régler nos pas et notre vie pour que nos affections soient au large et que nous puissions jouir de l’amour du Père, au lieu d’être châtiés par son amour. Étant un avec Jésus, étant en Lui et avec Lui, nous jouissons avec Lui de la communion du Père. Cela doit être pour nous la règle du mal et du bien ; ce qui nuit à notre communion et attire les châtiments du Père, voilà ce que nous devons éviter et fuir.

Cherchez-vous réellement la jouissance de cette position comme enfants de Dieu et avec le Seigneur ? Dès que nous admettons quelque chose qui ne soit pas selon la sainteté de nos relations avec Lui, le Saint-Esprit devient en nous un Esprit de répréhension et de tristesse.

Que Dieu nous rende fidèles et nous donne cette crainte durant notre séjour temporel. Dieu ne peut supporter ce qui nous empêche de jouir de la communion de son amour.


127 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 1:17-25 ; 2:1-10

n°127 : ME 1900 p. 396

Nous avons parlé l’autre jour du caractère de la crainte (v. 17), lorsque nous sommes placés comme enfants en présence de Dieu, crainte qui nous met en garde contre les souillures du monde. Ce qui nous fait craindre la souillure, c’est aussi le prix auquel nous avons été rachetés, c’est-à-dire le précieux sang de Christ (v. 18). L’apôtre dit : « Sachant que vous avez été rachetés », car tous les enfants de Dieu, dans tous les temps, peuvent avoir la pleine certitude du rachat de leurs péchés.

(v. 21). — La foi que j’ai en Dieu est par Jésus. La seule chose que, par Jésus, je puisse croire de Dieu, c’est qu’il m’aime parfaitement. Le Dieu que je connais a agi en puissance et entièrement en ma faveur en donnant et ressuscitant Jésus. Je ne connais pas Dieu par la loi qui prononce la malédiction sur quiconque ne fait pas les choses qu’elle commande ; je connais Dieu par Jésus, et c’est là que je trouve la certitude et la source de toutes mes espérances.

(v. 22). — Le résultat de cette connaissance de Dieu est l’amour fraternel. Nous nous connaissons mutuellement en Christ, comme nous connaissons Dieu par Christ, mais nous avons à nous purifier, car si le coeur ne l’est pas, l’amour fraternel sera toujours affaibli. Le péché est toujours égoïste ; je ne puis chercher quelque satisfaction charnelle dans le péché pour un autre que moi.

(2:4). — La sanctification a deux caractères. Nous sommes une sainte sacrificature. Étant en relation heureuse avec Dieu et vivant dans l’amour les uns avec les autres, qu’avons-nous à faire, si ce n’est à offrir des sacrifices spirituels, chose « agréable à Dieu », dont il jouit et en laquelle il prend plaisir. N’est-il pas bien précieux pour nos âmes que nous puissions faire des choses agréables à Dieu ? C’est à Lui que monte tout le culte de nos coeurs, car nous sommes une maison spirituelle dans laquelle Dieu demeure par son Esprit.

Nous sommes en outre une sacrificature royale. Dieu nous a placés dans la même position que Christ, et, avec la vie de son Fils, nous a communiqué tout ce qui Lui appartient. Jésus, dans sa gloire la plus élevée, est sacrificateur sur son trône ; nous sommes associés à cette sacrificature. La gloire de Dieu sera pleinement manifestée en Christ et c’est là aussi qu’il nous place.

Ayant toute la gloire de Christ comme notre part, nous avons à annoncer toutes ses vertus. Sachant qu’il nous a rachetés, ayant nos coeurs purifiés, nous aimant les uns les autres, notre plus grande joie est d’offrir des sacrifices spirituels et de rendre témoignage à Christ dans ce monde.

Pouvons-nous dire que nous annonçons les vertus de Celui qui nous a appelés ? Avons-nous tellement apprécié les vertus de Christ que nous les annoncions dans le monde ? Certes, si nous sommes en communion avec Lui, de l’abondance de notre coeur notre bouche parlera.


128 - Méditations de J. N. Darby — Zacharie 3:1-5

n°128 : ME 1900 p. 430

Nous voyons ici l’ange de l’Éternel, la manifestation de sa présence. Jacob lutte avec l’ange, Moïse le voit dans le buisson ; la manifestation de la présence de Dieu est toujours appelée de ce nom, car personne ne peut voir la face de Dieu et vivre.

L’ange de l’Éternel siège en tribunal, et c’est là que Satan s’oppose à ce que la bénédiction de Dieu s’accomplisse envers Son peuple. La question se pose, si Dieu veut recevoir le peuple qu’il avait racheté de Babylone et fait rentrer dans son pays, et s’il peut l’y bénir en restant d’accord avec son amour et sa sainteté.

Si l’homme est pécheur et que Dieu le bénisse, c’est que Dieu peut bénir les pécheurs, et si Dieu ne peut bénir des pécheurs, il ne peut bénir personne. Satan cherche à contrarier ces desseins de Dieu, et c’est ce qu’il fait toujours, quoiqu’il ne puisse y réussir. L’esprit de Satan est un esprit de mensonge et de meurtre. Comme Dieu veut bénir les hommes, c’est d’eux que Satan s’occupe. Dieu avait béni Adam ; Satan réussit à le séduire, à entraver et à arrêter la bénédiction. Il n’a pu séduire Jésus, mais il a poussé les Juifs à le faire mourir pour empêcher la bénédiction du peuple de Dieu.

Dieu ne peut sanctionner le péché et ne peut être injuste ni inconséquent vis-à-vis de sa sainteté. Satan cherche à employer cette justice et cette sainteté de Dieu contre son peuple ; on le voit dans le cas de Balaam et de Balak. Il veut accuser et maudire ; ne l’ayant pu, il entraîne Israël dans le péché, pour que Dieu ne puisse plus le bénir, car il est impossible à Dieu de supporter et de bénir le péché. Satan va donc accuser le peuple, comme il a accusé Job. Il dit : Job est hypocrite ; il ne sert pas Dieu pour rien. Tu l’as béni : ôte la bénédiction et il te maudira. Mais Dieu emploie cette malice de Satan à sonder le coeur de Job, sans rejeter Job. Joshua se tient là devant Dieu pour le peuple et Satan cherche à s’opposer à lui. Il accuse les enfants de Dieu et se sert du mal dont ils sont coupables pour attirer la malédiction de Dieu sur eux.

Quoique Satan ne puisse ni comprendre l’amour de Dieu, ni compter sur les effets de cet amour, car il n’aime pas et Dieu est amour, il comprend un peu la justice et la sainteté de Dieu et s’en sert pour accuser les enfants de Dieu, afin que Dieu ne les bénisse pas.

Dans leur folie, les hommes cherchent souvent à se placer devant Dieu sur le principe de la justice, d’après lequel Satan peut, pour ainsi dire, contraindre le Dieu juste à les maudire. Si l’homme veut être juste devant Dieu, Satan cherche à profiter, pour nous condamner, de tout ce qui est vrai, juste et saint en Dieu. Nous avons affaire à un ennemi vigilant qui, après nous avoir entraînés dans le péché, nous accuse devant Dieu, afin qu’il ne nous bénisse pas. Si nous faisons appel à la justice de Dieu, Dieu doit nous condamner. C’est ainsi que les âmes se placent elles-mêmes sous la condamnation.

Il est trop tard pour venir nous dire : Si vous annoncez la grâce, l’homme fera ce qu’il voudra ; car l’homme a déjà fait tout ce qu’il a voulu. Vous avez tous fait votre propre volonté, et s’il n’y a pas de grâce pour ceux qui ont fait tout ce qu’ils ont voulu, il n’y a de grâce pour aucun d’entre vous. La grâce n’a rien de commun avec la justice. La justice a déjà condamné, et la question est de savoir si Dieu peut, selon sa souveraineté, faire grâce à ceux que sa justice a condamnés. L’homme voudrait la miséricorde pour pouvoir pécher un peu et la justice pour nourrir son orgueil. Dieu ne veut ni de l’un ni de l’autre. Que nous reste-t-il ? La grâce qui suppose le droit de pardonner, la souveraineté qui a la volonté de pardonner. Si Dieu ne fait pas usage de sa souveraineté par grâce, pour nous pardonner, nous sommes perdus, car « maudit est quiconque ne fait pas tout ce qui est écrit au livre de la loi ». Ceux qui sont des oeuvres de la loi (non des mauvaises oeuvres) sont sous la malédiction, parce que personne n’accomplit ces oeuvres. Si vous vous placez sur ce principe, c’est sur ce principe que Dieu agira envers vous, car il dit : « Maudit est quiconque… » L’homme est sous la malédiction et la sainteté de Dieu doit la prononcer.

Dieu a-t-il voulu révéler qu’il y a, dans sa pure bonté, une source d’espérance ? Il ne peut voir le souverain sacrificateur avec des vêtements sales : il devait être vêtu de vêtements blancs, parés d’ornements exquis. Vous êtes tous vêtus de vêtements sales, que la justice de Dieu ne peut tolérer, et Satan se tient là pour que Dieu ne les tolère pas. Joshua n’avait pas un mot à dire ; il était évidemment coupable. L’oeil de Dieu voyait tout ce que Satan pouvait opposer, car tout était à découvert devant Son tribunal.

Qui parle avec Joshua, lorsque celui-ci n’osait rien dire ? C’est l’Éternel. Il dit : « Celui-ci n’est-il pas un tison sauvé du feu ? » Il ferme la bouche à Satan : Qu’as-tu à objecter si j’ai retiré ce tison du feu ? Dieu savait bien que les vêtements de Joshua étaient sales ; il savait bien ce qu’était Israël. La question est si Dieu peut, malgré Satan, retirer un tison du feu. Satan ne peut répondre un mot à Dieu, car Dieu reconnaît tout le mal ; il voit ce qu’est un tison dans le feu, il le voit sale en sa présence. Sa justice condamne, mais où le péché a abondé, la grâce a surabondé, et Dieu fait grâce malgré tout le péché. La source de ce pardon, c’est la pure grâce. Si Joshua avait cherché à s’excuser, en disant que ses habits s’étaient salis à Babylone, il se serait fait condamner par Satan. Quand nous cherchons une excuse, nous ne faisons que mettre aux mains de l’Ennemi un glaive contré nous. Dieu nous voit pécheurs, mais veut sauver des pécheurs. Au lieu de rejeter Joshua et de chasser le pécheur loin de Lui, il ôte ses péchés, et Joshua peut demeurer en sa présence. Jésus fait grâce à la femme adultère et prend son parti contre ses accusateurs. L’âme est chargée de ses péchés en la présence de Dieu, et l’Ange dit : « Ôtez de dessus lui les vêtements sales ». Dieu agit en amour et bénit son peuple en ôtant leurs péchés, afin de leur donner, comme au fils prodigue, la plus belle robe de la maison.

Dieu fait deux choses : non seulement il ôte les péchés, mais, de plus, il révèle à l’homme ce qu’il a fait pour lui ; il lui donne de nouveaux vêtements. L’âme a besoin d’être encouragée et fortifiée par Dieu lui-même. Dieu dit à Joshua : « Regarde, j’ai fait passer de dessus toi ton iniquité ». Dieu nous justifie, et si Celui devant lequel nous devons comparaître est Celui qui nous justifie, qui donc condamnera ? Nous savons ce que Dieu a fait, comment il a concilié sa justice et son amour souverain. Il a donné Jésus. Le coeur pourrait-il dire, en présence de la croix : Je ne suis pas pécheur ? Dans ce cas, Dieu se serait trompé, le sang de Christ aurait coulé en vain. S’il nous faut confesser notre péché en présence de la croix, que trouvons-nous là ? L’amour de Dieu qui a donné Jésus, et la justice de Dieu qui l’a frappé une fois pour toutes. La mort de Christ a épuisé, pour ceux qui croient, la justice du Dieu juge. Jésus a confessé nos péchés, tous les péchés dont Satan peut nous accuser et Dieu les a tous punis en Lui. La croix de Christ est la justice de Dieu exécutée contre le péché, mais, en même temps, Dieu a pris notre cause en main et a accompli sa bonne volonté à notre égard. Il a trouvé un moyen qui ferme pour toujours la bouche à l’accusateur ; il a fait venir sur Lui l’iniquité de nous tous. La conscience peut dire : Mes vêtements sont sales, mais Dieu les a ôtés. On n’aime pas avouer que les vêtements qu’on porte soient sales, mais quand on les a dépouillés et qu’on en a d’autres on n’a plus honte de le dire. La fraude est ôtée du coeur et celui-ci condamne le péché, comme Dieu lui-même le condamne.

Il ne suffit pas à Dieu que l’âme ait obtenu grâce ; sa joie est d’agir en amour, sa satisfaction, d’agir selon sa nature. Dieu veut donner confiance à l’âme : « J’ai fait passer de dessus toi ton iniquité ». Qu’y a-t-il désormais entre nous et Dieu ? Rien que cette voix qui dit : « J’ai fait passer de dessus toi ton iniquité ! »

Dieu place Joshua comme sacrificateur en sa présence. C’est ainsi qu’il nous agrée, après nous avoir, comme sacrificateurs, revêtus de Christ. Comment pourrais-je me présenter devant Dieu, s’il n’avait pas pardonné ? Tout vrai culte, rendu à Dieu, provient de ce que Dieu nous a pardonné. Nous avons senti que la satisfaction du coeur de Dieu était de nous pardonner et de nous introduire devant Lui pour lui rendre culte et pour l’adorer en liberté, en joie, en confiance.

Tout ce qu’on trouve en Dieu, tel qu’il s’est révélé en Jésus, c’est qu’il est un Dieu qui s’est occupé de nous, qui a pensé à nous dans nos péchés, et qui se fait connaître à nous comme ayant, par Jésus, fait passer notre iniquité.

Avez-vous cette paix que donne la connaissance de l’oeuvre de Christ ? En tout cas, nous avons tous porté des vêtements sales. Que Dieu vous fasse la grâce de vous faire comprendre, par sa Parole et son Esprit, qu’il a accompli l’oeuvre de votre salut, d’un salut qui vous est révélé de sa part !


129 - Méditations de J. N. Darby — Jean 13:1-32

n°129 : ME 1901 p. 53

J’ai à coeur de vous présenter les caractères divers de Pierre, de Jean et de Judas, au moment où le Seigneur fut trahi.

Nous avons parlé plus d’une fois de la nécessité d’être lavés par Jésus lui-même, et de cette grâce par laquelle le Seigneur s’humilie pour rester toujours notre serviteur, occupé à laver nos pieds. Christ agit en humilité et dans la conscience de toute la gloire qui Lui appartient. La place qu’il prend, quoique le Père Lui au mis toutes choses entre les mains, est celle de serviteur pour nous. Il n’oublie jamais ce qui est encore plus élevé que la gloire, l’amour, amour qui l’engage à s’occuper de nos souillures, ce qui est le plus humiliant exercice de l’amour. Jésus seul a les yeux assez purs pour discerner la moindre souillure et assez d’amour pour la laver. C’est ce qu’il fait aussi maintenant qu’il est entré en possession de la gloire. Nos misères et nos fautes, du moment qu’il y a chez nous une véritable humiliation, sont un chemin — triste chemin, en vérité — qui nous conduit à comprendre l’amour de Jésus. Il possède la gloire, mais il est amour et ne peut, dans la gloire, abandonner le service de l’amour.

En présence de cette grâce et de cet amour, nous voyons ce que sont ses disciples.

Judas est l’exemple le plus triste de la carrière du péché. La Parole nous présente ici le péché qui est en nous tous, dans ses résultats les plus frappants, afin que, les voyant, nous en fuyions les causes. Les enfants de Dieu seuls ont la spiritualité qui peut profiter même de l’exemple des réprouvés, exemple qui ne peut être profitable qu’à eux, parce que seuls ils peuvent discerner les mêmes choses dans leur propre coeur.

Je ferai remarquer trois points dans le cas de Judas.

1° L’avarice, l’amour de l’argent, qui peut être accompagné d’une apparence de dévouement. Judas avait en outre la profession de disciple. Le mal, pendant longtemps, ne produit, chez lui que de petits effets : il volait les sommes qui lui étaient confiées. La convoitise était là, et Satan l’emploie pour lui faire commettre le plus affreux péché possible. L’amour de l’argent est encore plus mauvais dans le coeur d’un enfant de Dieu, que dans le coeur de Judas. Si un chrétien aime mieux deux écus qu’un seul, il est animé du même principe qui fit agir ce traître. Le monde approuve une convoitise honnête qui est beaucoup plus difficile à atteindre ; mais ce péché sépare de Dieu autant que toute autre chose. En Judas, c’était la source du mal.

2° Judas ayant connu Jésus selon la chair et vu sa bonté, sa patience, ses miracles, Satan lui suggère de trahir le Seigneur. Sauf dans le cas d’Adam, chez lequel le mal entre quand il écoute Satan, ce dernier ne produit pas en nous la convoitise ; elle existe et il agit par elle. Il présente l’occasion de gagner de l’argent en vendant le Maître, et emploie la foi extérieure de Judas pour lui faire croire que Jésus saura bien échapper. Judas aveuglé, ne voit les conséquences du mal qu’après la condamnation de Jésus. C’est le second pas : Satan suggère quelque chose qui correspond à notre convoitise.

3° Jésus agit en grâce : il lave les pieds de Judas et lui donne le morceau trempé. Il n’y a rien comme l’hypocrisie pour ouvrir le coeur de l’homme à Satan. Judas était hypocrite ; il avait le dessein de trahir son Maître et néanmoins il mange avec Lui comme si de rien n’était. Satan entre dans son coeur et endurcit sa conscience. Dès lors tout est fini. Jésus ne l’engage pas à ne pas faire ce qu’il fait ; il peut désormais le trahir par un baiser, parce que ce coeur que Satan occupe est désormais garanti contre l’effet naturel des affections. C’est l’endurcissement parvenu au dernier degré, car le coeur naturel n’en arrive pas toujours là. Telle est l’influence de la présence de Satan dans le coeur de l’homme placé devant la grâce. Si cette dernière ne touche pas le coeur, elle l’endurcit.

On voit chez les autres disciples une grande ignorance, mais aussi une grande défiance d’eux-mêmes, unie à une grande confiance dans la parole de Jésus. Ils étaient en perplexité pour savoir qui le trahirait et demandent : « Est-ce moi ? » Leur confiance en la parole du Seigneur manifestait que leur coeur n’était pas endurci ; ils craignaient que cela ne fût vrai d’eux-mêmes. Les avertissements de la Parole produisent le même effet sur des coeurs chrétiens. Mais Jésus gardait ces coeurs humbles qui se défiaient d’eux-mêmes. Cette défiance est entretenue par l’amour ; si nous avons de l’affection pour quelqu’un, nous craignons de faire quelque chose qui ne l’honore pas.

Mais une forte affection pour le Seigneur ne suffit point. Pierre l’aimait beaucoup ; il avait un esprit ardent qui s’intéressait directement à Lui. Cependant il s’adresse à un autre pour savoir de qui Jésus avait parlé, parce que ce disciple que Jésus aimait était dans son sein. Pierre n’avait pas l’habitude d’y être et ne s’y trouve pas dans cette occasion. Jean y était comme à sa place naturelle, la plus près possible du Seigneur, une place où l’on trouve l’intimité de ses pensées. On ne peut pas instantanément connaître les pensées de Christ ; il faut être habituellement dans son sein. Ce n’était pas seulement au moment du souper que Jean jouissait de cette intimité ; elle lui était habituelle ; aussi le Seigneur lui répond-il, et il y a de la bénédiction pour tous. L’affection de Pierre ne suffit pas pour recevoir cette communication.

Il résulte de ce que nous venons de dire qu’il y a trois pas dans le bien.

l° La confiance dans la parole de Jésus et la défiance de soi-même. Lorsque cette parole nous présente le péché, le vrai chrétien se défie de lui-même et craint de déshonorer le Seigneur. Que Dieu nous fasse la grâce d’avoir une telle affection pour sa gloire, que nous ayons cette même crainte du mal.

2° Une affection sincère et ardente pour Jésus qui ne peut être satisfaite si tout n’est pas mis au clair. C’est le cas de Pierre.

3° La communion habituelle avec le Seigneur, nous donnant la connaissance de ses pensées. C’est le cas de Jean.

Le Seigneur Jésus a autant de coeur que de connaissance. Du moment que Judas est sorti, il ne voit que le résultat de ce que Judas allait faire et dit : « Maintenant le fils de l’homme est glorifié ». C’est quand le mal est à son comble que le second Adam glorifie Dieu et est glorifié. Si l’oeuvre du premier Adam a déshonoré Dieu en présence de Satan et des anges, celle du dernier Adam l’a pleinement honoré. La gloire était donc due au Seigneur comme homme, parce que, dans la nature humaine, il a parfaitement accompli la gloire de Dieu lui-même.

Que Dieu rende ces exemples précieux à nos coeurs, afin que nous évitions dans notre marche le mal et tout ce qui pourrait contrister notre Sauveur bien-aimé.


130 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 2:1-12

n°130 : ME 1901 p. 76

Remarquez la manière dont l’Esprit de Dieu, après nous avoir montré l’homme comme ayant rejeté toutes les voies de Dieu à son égard, l’établit tout de nouveau sur un fondement posé par Dieu lui-même. Il faut que l’homme comprenne qu’il est sans ressource et que les voies de Dieu ne font que manifester sa corruption. Lorsque Christ est présenté à l’homme naturel, il le rejette toujours. Le coeur est une fontaine corrompue gâtant tout ce qui y passe, d’autant plus que ce qui y passe est meilleur. C’est ainsi que l’homme a gâté toutes les voies de Dieu.

Dès que l’Esprit suppose l’existence du bien, il voit l’homme comme un « enfant nouveau-né » et c’est comme tels que nous pouvons jouir tous les jours de la parole de Dieu. C’est notre appétit actuel qui nous fait jouir de la nourriture et non pas l’appétit d’hier. Ce que nous recevons devient une partie de nous-mêmes et ne demeure pas un objet de connaissance. « La connaissance enfle, mais l’amour édifie ».

L’homme dépouillé des choses anciennes et nouvellement né est là pour « goûter que le Seigneur est bon ». Ce qui l’anéantit est la conviction que tout en lui est absolument mauvais, si mauvais, qu’il a rejeté Jésus quand Dieu le lui présentait. L’homme n’a pas voulu de cette pierre précieuse, choisie de Dieu, et l’a rejetée ; oui, ce que Dieu avait élu et estimé, nous l’avons rejeté ! Si vous croyez encore qu’il y a, par nature, un bon désir dans votre coeur, vous n’avez pas compris la grâce. Quelle est la misère, la plaie cuisante de ceux qui, sans cette connaissance, désirent plaire au Seigneur ? C’est de voir qu’ils sont mauvais. Cela les trouble, parce qu’ils ne sont pas anéantis devant Dieu et que le principe de l’orgueil leur reste.

Certaines âmes qui ont reçu le Seigneur Jésus avec joie sont ensuite quelquefois troublées, parce que leur conviction du péché n’avait pas été profonde et que leur bonne opinion d’elles-mêmes est détruite, quand elles se voient plus méchantes qu’elles n’avaient pensé.

(v. 7). — Voilà comment on distingue ceux qui croient : c’est pour eux que Christ est précieux. Il peut paraître aimable au coeur naturel, mais il n’est précieux qu’à des pécheurs perdus, n’ayant rien que du mal dans leur coeur. La joie est fondée, quand on se connaît ainsi soi-même et que l’on comprend que Christ est le salut d’une âme où se trouvent toute sorte de mauvaises choses.

(v. 9). — L’Esprit présente ici comme une chose accomplie et comme la position même du chrétien ce qui avait été présenté à Israël sous condition d’observer la loi (Ex. 19:5-6). C’est une chose précieuse de trouver cela accompli en Christ et par la foi en Lui, tandis qu’en parlant au coeur naturel, Dieu dit : « Si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance… vous me serez un royaume de sacrificateurs et une nation sainte ». Dieu avait déjà « amené à lui » et délivré Israël. Après les avoir fait jouir de cette délivrance, il dit : « Si vous gardez » et les place devant la loi. Avant Sinaï, tout était grâce, pure grâce. Israël murmure, Dieu lui donne de l’eau ; il murmure encore, Dieu lui envoie les cailles et la manne ; Amalec vient faire la guerre à Israël, l’assistance de Dieu, en grâce, se déploie par l’intercession de Moïse. Dieu les mène par sa grâce jusqu’à Sinaï. Alors il les place sous la condition d’obéissance, et c’est la ruine d’Israël.

En 1 Pier. 2, nous voyons le contraire. Israël avait violé la loi, tué les prophètes, rejeté Jésus, et Dieu leur dit : « Vous êtes la race élue, la nation sainte », et non pas : Vous serez, si vous obéissez. C’est que le mal était manifesté, était arrivé à son comble par la réjection du Fils. Dès lors, Dieu ne pouvait agir qu’en jugement ou en pure grâce. Il a agi en grâce, quand le mal a été complètement manifesté. Dieu dit : Vous êtes absolument méchants ; vous avez rejeté la pierre vivante, mais, par grâce, vous êtes la race élue, la sacrificature royale, pour annoncer les vertus de Celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

Ce que Dieu a manifesté comme étant la vérité, doit maintenant se manifester dans nos coeurs par la puissance du Saint-Esprit. Nous devons avoir la connaissance claire et distincte que Dieu fait grâce à l’homme, lorsque toute sa méchanceté a été manifestée. Il nous faut compter sur les difficultés du chemin, sur tout le mal qui est en nous, mais compter aussi sur la grâce qui s’applique à ce mal. On pourrait dire : Dieu nous a délivrés et si nous observons les commandements, nous serons la nation sainte. C’est une méprise, car ce serait commencer par la grâce et finir par la loi. Ayant compris qu’il n’existe pas de bien en nous, nous devons aussi comprendre que la grâce de Dieu a agi selon la connaissance exacte qu’elle avait de ce mal. Si je devenais la nation sainte par mon obéissance, toute la gloire en serait à moi et toute l’efficace en serait de moi. La chose n’arrive jamais, car cela exalterait l’homme et non pas Dieu.

Si l’obéissance donne la jouissance des promesses, j’annonce la bonté et la puissance de l’homme et non pas les vertus de Celui qui m’a appelé. Mais si, après avoir péché et rejeté la pierre vivante, je reçois comme une grâce d’être la nation sainte, j’annonce la grâce de Dieu, et il est glorifié par ce qu’il a produit dans des êtres entièrement privés de toute force. Israël avait perdu tout droit à être le peuple de Dieu (v. 10) ; il avait tellement péché que Dieu n’avait plus voulu de lui, ni l’appeler son peuple. C’est là que la grâce nous place. Vous aviez perdu tout droit à être le peuple de Dieu, vous aviez violé la loi, rejeté le Fils, et Dieu, agissant en grâce, vous a sauvés par le fait même que vous l’aviez rejeté. C’est une grâce qui s’applique à nous quand le mal a été complètement manifesté. Vous n’étiez point son peuple, vous êtes son peuple ; vous n’aviez point obtenu miséricorde, vous avez obtenu miséricorde.

Dieu a fait l’expérience de votre coeur ; il vous connaît ; il sait que vous ne valez rien. Il faut que, là-dessus, vous soyez d’accord avec Dieu. Il a fait l’expérience de votre coeur : il a donné la loi, vous l’avez violée ; il a donné les prophètes, vous les avez tués ; son Fils, vous l’avez rejeté et mis à mort. Laissez un enfant à lui-même ; il suivra ses instincts et ne fera que du mal. Dieu, après cette épreuve, vous fait grâce.

Si vous faites l’expérience de vos propres coeurs, n’en soyez pas étonnés, mais soyez-en humiliés et comprenez que la grâce de Dieu s’applique à cela même. Si vous faites cette expérience avec la chair et avec Satan, vous serez profondément troublés ; si vous la faites avec l’Esprit de Dieu, vous serez conduits humiliés à Jésus.

C’est là notre heureuse part de pouvoir annoncer les vertus de Jésus, qui nous a appelés de notre ruine et de nos ténèbres à sa merveilleuse lumière !


131 - Méditations de J. N. Darby — Jean 15:1-11

n°131 : ME 1901 p. 233

L’expression le vrai cep, est une allusion au côté terrestre des choses de Christ, c’est-à-dire à ce qui en est manifesté ici-bas. Israël est la vigne de l’Éternel, selon És. 5 et Ps. 80, mais Jésus dit : Israël n’est plus le vrai cep ; c’est moi, moi, le véritable résidu d’Israël. Il s’agit donc ici, non de la position céleste du Seigneur Jésus, mais de sa position comme représentant Israël, et prenant sa place ici-bas.

Nous trouvons ensuite celui qui prend soin de ce cep : « Mon Père est le cultivateur ». Le cep a des sarments qui sortent de lui et produisent du fruit sur la terre ; c’est la profession de christianisme, ce à quoi les soins et la discipline du Père s’appliquent. S’agissait-il du vieux cep, Israël, un Juif pouvait ne pas porter de fruit et cependant ne pas être retranché, pourvu qu’il évitât d’enfreindre la loi d’une manière grossière. Il n’en est pas de même du vrai cep, dans lequel il s’agit de porter du fruit d’une manière positive. Dieu cherche ce fruit ; il veut qu’il se manifeste sur la terre, en contraste avec les principes du gouvernement de Dieu envers Israël. Dieu cherche dans l’Église un fruit positif à la gloire de son nom par Jésus-Christ. Nos campagnes peuvent être ornées de beaux arbres qui ne sont pas des arbres fruitiers, mais un cep qui n’a pas de fruit ne vaut rien, son bois même n’est bon qu’à être brûlé.

Le Père émonde le sarment pour qu’il porte du fruit et ôte celui qui n’en porte pas. Dans tout ce passage, le mot demeurer désigne la communion habituelle. Quant à notre position et à notre conduite sur la terre, nous avons à demeurer en Lui et en son amour. Jésus lui-même, dans sa nature, est un avec le Père, mais quand il parle de sa position sur la terre, dans l’obéissance et l’accomplissement de la volonté du Père, il dit qu’il « demeure dans son amour ». Il ne s’agit pas ici de l’union, mais de la communion. La communion découle de l’union et nous est présentée comme l’objet à rechercher.

Un chrétien pourrait se contenter de ne pas faire des choses que le monde réprouve ; ce ne serait pas demeurer dans l’amour de Christ. Son amour à Lui ne s’en est pas tenu là ; il n’aurait pas été manifesté comme Fils de Dieu s’il s’était borné à ne pas faire de mal. Dieu est amour ; Jésus était l’activité de l’amour de Dieu sur la terre, et cet amour produisait du fruit. Il en est de même pour nous ; nous sommes la manifestation de la vie de Christ sur la terre, et l’effet naturel de la conscience de son amour et de la communion avec Lui, sera de nous faire produire du fruit. Ce dernier se trouvera nécessairement là où l’amour de Jésus se trouve ; il manquera s’il n’y a pas une communion habituelle avec Lui.

Pour que nous ayons à coeur la gloire du Seigneur, il faut que Sa vie en nous soit nourrie, soit entretenue par la communion avec Lui. Si nous demeurons en Lui, c’est-à-dire si nous sommes dans sa communion, nous désirerons sa gloire, et c’est déjà beaucoup, mais ce n’est pas tout. Jésus ajoute (v. 7) : « Si mes paroles demeurent en vous » : si vous recevez de mes paroles l’instruction pour pouvoir me glorifier, alors vous aurez ce qu’il faut afin de pouvoir demander tout ce que vous voudrez.

(v. 8). « En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit, et vous serez mes disciples ». Le mot disciple va quelquefois plus loin que celui de chrétien. Un disciple est instruit par son maître, tandis que les chrétiens, quoique de vrais chrétiens, tirent souvent leur instruction du monde, de leur propre sagesse et de leurs pensées. Un homme pourrait ainsi être chrétien sans être disciple ; il peut vouloir que le christianisme soit honorable parmi le monde, ce qui est le contraire de la pensée de Christ, tandis que le disciple connaît et suit la pensée et l’instruction de son Maître.

(v. 9). C’est infiniment précieux de voir Jésus nous placer à son égard dans la position où il est à l’égard du Père. Christ s’occupe de nous, comme le Père s’occupait de Lui quand il était sur la terre.

(v. 11) « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie ». La joie d’un père, c’est que ses enfants se conduisent selon son coeur. Jésus est dans le ciel et nous envoie dans le monde ; il est joyeux en pensant aux siens, quand ils glorifient le Père ; son coeur n’a pas de plus grande joie. Mais il y a aussi une pleine joie dans les enfants quand ils portent beaucoup de fruit, accomplissant la volonté du Père et le glorifiant. Une maison n’est pas heureuse, si les enfants se conduisent bien un jour, et mal un autre. Ce qui constitue la joie du Seigneur, c’est que nous demeurions dans son amour. S’il n’en est pas ainsi, notre vie chrétienne devient souvent la proie du monde. Le Seigneur nous appelle spécialement à demeurer dans son amour et à ne pas être tantôt mondains, tantôt chrétiens. L’activité de l’Esprit de Dieu en nous, nous conduira toujours à demeurer en Lui, et c’est ainsi que nous porterons beaucoup de fruit. Jésus ajoute : « Et que votre joie soit accomplie ». Il ne peut y avoir de joie quand on est au-dessous de sa tâche ou qu’on y succombe, mais, dans la communion de Jésus, nous sommes au niveau de notre tâche ; la joie déborde dans nos coeurs et nous fait agir.

Que Dieu nous fasse la grâce d’être remplis d’affection pour le Seigneur, car alors nous dirons : Il faut que je le glorifie.


132 - Méditations de J. N. Darby — Jean 4:1, 30

n°132 : ME 1901 p. 275

Dès le début de son ministère, le Seigneur avait été l’objet de la jalousie des hommes qui ne voulaient pas de Lui, parce qu’il venait troubler leur paix et leur importance selon le monde. Lorsque les pharisiens ont entendu dire que Jésus fait plus de disciples que Jean, le Seigneur quitte la Judée pour retourner en Galilée, ôtant ainsi tout prétexte à la haine de ses adversaires. Ceux-ci repoussaient la lumière et leur mauvais coeur ne pouvait supporter la présence de Dieu en bonté.

Ainsi, déjà rejeté des hommes, Jésus va en Galilée, pays méprisé, éloigné de Jérusalem, que la gloire de Dieu avait choisie pour en faire son centre. Il lui fallait passer par la Samarie, dont les habitants, en abomination aux Juifs, avaient associé leurs idolâtries au culte du vrai Dieu. Jésus n’avait d’autre repos en ce monde, que de faire la volonté de son Père ; fatigué de la route, il ne trouvait pour se reposer, à la chaleur de midi, que le bord du puits de Jacob. Il demande à boire à une femme ; celle-ci s’en étonne, voyant qu’il était Juif, car elle savait que les Juifs méprisaient les Samaritains. Jésus aborde de suite la question de sa mission et de ce qu’il avait à donner Lui-même. Plein de bonté, son coeur ne s’arrête ni à la conduite de cette femme, ni au fait qu’elle était Samaritaine ; il parle du don de Dieu et de l’eau vive qu’il avait à donner. La femme n’y comprend rien. C’est le cas de nous tous : « Il n’y a personne qui ait de l’intelligence ».

Il est important que nous fassions attention, non seulement à ceci, que le coeur n’a point d’intelligence, mais au pourquoi de la chose. Lorsque Jésus lui-même nous parle, pourquoi ne comprenons-nous pas ? C’est qu’au fond la conscience n’est pas attirée par ce que Jésus dit, quoique l’attention de l’homme naturel soit peut-être éveillée. La femme objecte que Jésus n’a rien pour puiser ; elle était préoccupée d’autre chose que de ce que Jésus voulait dire ; son coeur était à ses occupations journalières ; le fardeau de ses circonstances pesait sur elle. C’est le cas de nous tous. Pourtant Jésus parle d’une manière claire, évidente, expresse ; les choses qu’il dit sont importantes, mais ses paroles dévoilent l’état de notre coeur. Préoccupé du monde, des affaires, de l’argent, il ne comprend rien aux paroles de Christ. La bonté de Dieu seule peut le délivrer de l’esclavage et l’éclairer. L’homme par sa chute est sans Dieu dans le monde, et il a un lourd fardeau à porter. Dans ces circonstances, Dieu n’est bon à ses yeux que quand il lui donne quelque chose pour la vie présente, et c’est pourquoi il ne comprend pas ce que Dieu dit, car il juge, non selon la pensée de Dieu, mais selon ses préoccupations terrestres, au milieu desquelles il ne peut ni comprendre, ni goûter les choses de Dieu. C’est aussi le secret du peu de progrès que font les croyants eux-mêmes dans les choses spirituelles. Les choses de Dieu ne sont pas comprises quand le coeur des chrétiens ne les apprécie que selon ses propres besoins. Les choses de la terre s’étant emparées du coeur déchu, sa coupe est déjà trop remplie pour que Dieu y puisse ajouter quelque chose.

Dieu vous offre la vie éternelle, mais ce n’est pas la chose qui vous préoccupe maintenant ; vous n’en avez donc aucun besoin ; ce sont vos besoins du moment qui vous préoccupent et vous gouvernent. On voudrait bien le ciel pour plus tard, mais pour le moment il semble plus important de s’enrichir et d’élever sa famille.

Mais Dieu, pour se faire entendre, produit un besoin dans la conscience, il donne à l’âme la conviction du péché ; alors elle ne peut manquer de savoir que Dieu a été là, car seul il peut atteindre la conscience. Jésus s’empare de la conscience de cette femme, en lui montrant qu’il connaît à fond ce qu’elle est et tout ce qu’elle a fait. Maintenant la conscience a un besoin ; il s’agit pour cette femme d’un Dieu présent qui lui parle ; le besoin est actuel, pressant ; elle ne peut remettre les choses à plus tard. Quand Dieu s’est emparé de la conscience, les plaisirs ou les soucis ne peuvent plus la faire taire ; il faut en finir avec elle ; elle gâte tous nos plaisirs et nous ne pouvons nous en débarrasser, car elle veut être satisfaite. On sent que l’éternité est en jeu et qu’il faut être au clair à cet égard. La conscience est intelligente, parce qu’elle nous dit que Dieu est là : « Tu es un prophète ».

Dieu en veut à nous ; il se manifeste à nos âmes. Une parole de Lui nous révèle notre terrible condition, mais nous la voyons vraie, telle qu’elle est, et c’est un avantage immense de voir que les choses qu’il a dites de nous sont la vérité. La confiance dans la parole de Dieu est alors produite. Jésus s’est manifesté à cette femme comme prophète, parce qu’il lui a dit tout ce qu’elle avait fait. Il ne lui reproche pas ses péchés du tout ; il ne lui en parle que pour atteindre sa conscience, et du moment qu’il a gagné sa confiance, il n’en parle plus. Il ne met nos péchés en mémoire que quand il s’approche de nous. Jésus n’avait montré à la femme qu’un péché positif, mais toute sa conscience devient vivante. Le but est atteint ; il ne lui reproche point son péché, mais voici qu’il l’emploie pour être sa messagère dans toute la ville.

En réponse à la question de la femme, Jésus dit : « Le Père cherche de tels adorateurs ». Il ne veut pas recevoir d’un pécheur un culte quelconque. L’homme pécheur voudrait bien faire bonne mine à Dieu, mais Dieu n’en tient pas compte. Il faut être enfant et en avoir la certitude pour dire : « Notre Père », autrement ce n’est que de l’hypocrisie. Il faut savoir en outre que tous les enfants de Dieu ont Dieu pour Père : « Notre Père ». Je ne puis pas dire « notre Père » avec des pécheurs et leur prêcher que s’ils ne se convertissent pas ils seront perdus.

On trouve ici trois classes de personnes : les Juifs qui avaient la vérité, mais n’avaient pas l’Esprit ; les Samaritains qui n’avaient ni l’Esprit, ni la vérité ; enfin les vrais adorateurs en Esprit et en vérité, des enfants de Dieu, sachant qu’il y a d’autres personnes qui peuvent Lui dire : Notre Père, avec eux. Jésus choisit cette Samaritaine méprisée, au milieu d’une ville, qui ne savait pas ce qu’elle adorait, pour se révéler à elle comme le Christ. Voyez comme cette femme qui, un instant auparavant, ne pensait qu’à sa cruche et à l’eau du puits, est tout à coup devenue intelligente ! Elle comprend ce que les Juifs et leurs sacrificateurs n’avaient pas compris. Jésus se présente à elle comme le don de Dieu. Il n’exige rien, il donne. Il est donc évident que les péchés qu’elle avait commis n’ont pas repoussé ce Dieu qui l’avait connue dans ses péchés et qui s’est humilié au point d’être redevable d’un verre d’eau à une femme de mauvaise conduite. Cela ne prouve-t-il pas que Dieu est amour et que nos péchés ont attiré l’amour de Jésus ? Le coeur angoissé, la conscience convaincue, ayant pris confiance en la parole de Dieu, trouvent l’amour de Dieu déjà manifesté et Jésus qui nous parle du don de Dieu. Il n’y a aucune espérance pour l’âme qui sent son péché, si Dieu n’est pas uniquement et parfaitement amour.

Jésus s’humilie au point de dire : Si tu avais compris que Dieu donne et que l’amour de Dieu a placé le Fils dans la position où tu me vois, tu m’aurais demandé et je t’aurais donné de l’eau vive. Ce don est inépuisable ; c’est une fontaine d’eau jaillissant en vie éternelle ; tous les besoins de ton coeur seront satisfaits !

La femme oublie sa cruche, court à la ville. Peut-être sa famille a-t-elle manqué d’eau ce jour-là ; elle n’y pense plus. Elle est employée par le Seigneur Jésus pour annoncer son nom, parce qu’elle a eu besoin de la grâce gratuite de Dieu. Il n’y a personne, pas même un ange, qui puisse parler de la grâce comme un pécheur. Et voilà comment il se fait que j’aie pu vous la prêcher aujourd’hui.


133 - Méditations de J. N. Darby — 1 Pierre 2:1-12

n°133 : ME 1901 p. 293

Ce chapitre a été dernièrement l’objet de mes méditations, et je désire vous faire remarquer plus particulièrement le v. 9. Nous en avons parlé, il y a quelques jours, en le comparant à Ex. 19:5-6, où l’on trouve les mêmes paroles : « Vous me serez un royaume de sacrificateurs et une nation sainte », mais présentées aux Israélites sous condition d’obéissance. Israël ayant manqué en tout point, Dieu dit maintenant en grâce aux croyants pris d’entre le peuple : « Vous êtes une sacrificature royale, une nation sainte » (v. 9). Je désire vous faire considérer les privilèges que la grâce nous a acquis. Nous sommes une sacrificature sainte et une sacrificature royale, la sacrificature d’Aaron et celle de Melchisédec. Les enfants de Dieu nous sont présentés sous ces deux caractères. Aaron, appelé à offrir des sacrifices, sa sacrificature était sainte, entièrement séparée du peuple. Aaron est le type de Christ et ses fils de l’Église. Ils offraient de l’encens sur l’autel d’or, en présence de Dieu, dans le lieu saint où tous les sacrificateurs pouvaient entrer, tandis que le souverain sacrificateur seul entrait dans le lieu très-saint une fois l’an (Héb. 9:1-15). Un voile séparait le lieu saint du lieu très-saint. Le voile était le signe d’une chose qui n’existe plus, savoir que même le fidèle, sous la loi, ne pouvait entrer dans la présence de Dieu, sans conscience de péché. Jésus, par sa mort, a déchiré le voile et le fidèle peut s’approcher de Dieu, par le chemin nouveau et vivant qu’il nous a inauguré. Maintenant Jésus est entré dans le lieu très-saint, dans les cieux, avec son propre sang, et ceux qui viennent en son nom peuvent y entrer aussi par l’efficacité de son sang, sachant que par Lui, Dieu lui-même a effacé tous nos péchés.

Le souverain sacrificateur n’entrait pas dans le lieu très-saint pour n’y rien faire. Il en est de même pour nous : si nos péchés sont effacés par le précieux sang de Christ (et Dieu nous l’a fait savoir), c’est afin que nous entrions dans le lieu très-saint pour Lui rendre culte. Ce culte est rendu à Dieu en esprit et en vérité, sans aucune conscience de péché. Un chrétien qui ne le rend pas, sera nécessairement misérable.

Nous sommes sacrificateurs. Jésus lui-même a été consacré comme souverain sacrificateur. C’est en cette qualité que Celui qui a été déclaré Fils de Dieu en puissance par la résurrection, a été reçu comme homme dans le lieu très-saint. Nés du Saint-Esprit, tous nos péchés ayant été effacés, nous sommes aussi constitués sacrificateurs pour notre Dieu. Là où le travail du pécheur finit, le service du saint commence, un sacrifice de louanges. Voilà donc ce que nous sommes selon le type d’Aaron.

Il y avait un autre ordre de sacrificature, celle de Melchisédec que Jésus accomplira aussi, selon la puissance d’une vie impérissable. Comme Melchisédec, il est et sera sacrificateur et roi, « sacrificateur sur son trône » (Zach. 6:13). Mais il est dit que celui qui vaincra sera assis avec Lui sur son trône (Apoc. 3:21), et, quand il sera manifesté en gloire, nous le serons avec Lui. C’est donc une sacrificature royale. Jésus sera manifesté comme roi de gloire, roi de justice et roi de paix, et quand il manifestera cette gloire au monde, nous paraîtrons aussi avec Lui dans la même gloire. « La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée ». Plus Dieu donne, plus il est glorifié. Il nous glorifie en nous donnant la gloire, et il est glorifié comme en étant la source. Si je disais que par mes oeuvres j’aurai part à la gloire de Christ, ce serait un orgueil inconcevable et Dieu ne serait pas glorifié, mais, par l’oeuvre de Jésus, notre gloire est devenue nécessaire à la sienne. Il faut que nous soyons glorifiés, pour que le monde connaisse que Dieu nous a aimés comme il a aimé Jésus. Il y aura occasion de louanges à Dieu, en manifestant la gloire de Christ dans ses saints. C’est là la sacrificature royale selon le type de Melchisédec.

Nous ne serons là-haut en possession d’aucun privilège qui ne soit déjà, quoiqu’en faiblesse, notre possession ici-bas. La gloire ne peut être accomplie dans la chair mortelle, mais le chrétien est héritier de tout, quoiqu’il soit encore dans les haillons de ce corps, et il est autant possesseur de tout que lorsqu’il sera dans la gloire. Nous possédons déjà le titre que nous aurons dans le ciel. Ce que les saints disent autour du trône (Apoc. 5:9-10), ils le disent sur la terre (Apoc. 1:6).

Quant au droit qu’a l’enfant de Dieu d’être dans le ciel, nous l’avons déjà. Christ est mort et a vaincu Satan. Il a tout accompli, et si tout ne l’était pas il ne l’accomplirait jamais, car Jésus ne peut mourir une seconde fois. Par le Saint-Esprit, nous avons la connaissance, les arrhes et le sceau de cette position.

Ce qui nous appartient ici-bas, c’est d’abord, d’entrer dans le lieu saint, ensuite de manifester la gloire de Jésus, et c’est là notre sacrificature royale actuelle. Nous avons ces deux privilèges et ces deux responsabilités. Si j’adopte un enfant, il est responsable comme enfant ; c’est une responsabilité de grâce et non légale. Notre premier privilège est de nous approcher de Dieu, et notre responsabilité est d’être fidèle à nous en approcher. Notre second privilège, c’est d’être une sacrificature royale, et notre responsabilité est d’annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. Nous sommes placés dans le monde pour cela. Nous n’avons pas encore la rédemption du corps, et le corps est un obstacle pour la communion avec Dieu et pour la manifestation de la gloire. Mais le Saint-Esprit est plus puissant que le corps. Paul, au troisième ciel, ne sait pas s’il est dans le corps ou hors du corps ; mais quand il rentre dans son état ordinaire, la chair n’est nullement changée, et Dieu lui donne une écharde dans la chair, quelque chose qui la mate et détruit sa volonté. Étienne voit le ciel ouvert ; la gloire lui est révélée ici-bas, mais le corps est lapidé. Nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous (2 Cor. 4). Si nous ne sentions pas que le vase est de terre, nous ne sentirions pas non plus que la puissance est de Dieu. Elle vient à notre secours en temps utile. Paul sentait par la faiblesse et en mourant chaque jour, ce qu’était son corps, mais il sentait aussi la foi-ce de Dieu. Les contrariétés, les persécutions, sont les moyens par lesquels Dieu mortifie la chair, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre corps. Tous les chrétiens ne sont pas au même point que Paul à cet égard, mais le principe est le même pour tous. Nous sommes dans ce monde comme une sainte sacrificature et une sacrificature royale, mais nous avons le trésor dans des vases de terre. Quand le corps sera ressuscité, le vase, autrefois de terre, deviendra, pour ainsi dire, transparent, et la gloire sera pleinement manifestée en lui. Que Dieu nous fasse sentir cela ! Jésus a pris sur Lui tout ce que nous étions et avions mérité : péché, colère de Dieu, puissance de Satan, et il nous a donné tout ce qu’il a : vie, victoire sur Satan, gloire. Telle est la position qu’il nous a faite.

C’est notre privilège de manifester, dans des vases de terre, la gloire de Jésus. Est-ce aussi notre désir ? Ne vous découragez pas, si votre chair est froissée ; cela ne touche en rien la vie de Jésus en nous. Cela n’atteint que le vase et, s’il est fêlé et lézardé, la lumière en sortira plus brillante.


134 - Méditations de J. N. Darby — 2 Pierre 2:1-9

n°134 : ME 1901 p. 311

Dans le premier chapitre de cette épître, l’apôtre avait présenté le retour de Christ comme réalisant toute l’espérance de l’Église, mais, en attendant, le Seigneur agit dans les âmes qu’il retire du monde, tout en les laissant dans le monde. Satan n’est pas encore lié, et les enfants de Dieu sont affligés de diverses tentations (1 Pier. 1:5-7 ; 2:17-25 ; 3:15-18 ; 4:12-19). Dans la gloire de Jésus ils trouveront le repos et la récompense, mais, en attendant le repos dans la gloire, ils ont la souffrance dans ce monde.

2 Pier. 1:16-18, parle de la présence personnelle de Christ et de sa manifestation personnelle en gloire, et nous les présente comme espérance et comme puissance de sanctification. Le chrétien doit se conduire comme un homme qui attend son maître et rejeter tout ce qui est indigne de cette attente. Il ne s’agit pas seulement pour lui d’une certaine intelligence pour expliquer la prophétie ; son coeur doit posséder la venue de Christ comme l’étoile du matin, avant que le soleil se lève.

Mais, comme il y a eu de faux prophètes, il y aura aussi de faux docteurs qui renieront le Maître qui les a achetés. Il n’est pas question ici de Jésus rachetant l’âme pour le salut, mais d’un maître qui achète des esclaves. Jésus a, dans ce sens, acheté tout le monde et a acquis pour lui-même, comme homme, droit et autorité sur toutes choses. Ces méchants renient le maître qui les a achetés et qui a des droits sur eux et sur la création tout entière. C’est ainsi qu’il est dit en Jean 17:2, que Dieu lui a donné autorité sur toute chair.

(v. 2). Lorsque ceux qui portaient le nom de chrétiens se sont corrompus, Christ a été blasphémé, et les choses se passeront de même jusqu’à ce que Satan soit lié. Ce n’est pas en tâchant d’endormir Satan qu’on arrivera au ciel, car il ne cesse de veiller, et il s’agit de remporter la victoire, mais tant qu’il n’est pas lié, il faut que notre foi soit éprouvée. Au commencement, Jésus était suivi de foules remplies d’étonnement et d’admiration, mais quand, en amour, il chercha à soustraire la volonté de l’homme à la puissance de Satan, il fut repoussé, puis rejeté ; aussi dit-il : « J’ai travaillé en vain » (És. 49:4). Cela est important pour nous, parce que, tout en jouissant ici-bas de la bonté de Dieu, il faut nous attendre à souffrir, comme le Seigneur, toute sorte de tentations. Seulement notre coeur à nous n’est pas comme le sien ; il a une quantité de racines dans ce monde, et la souffrance nous en délivre. Le christianisme est une puissance extraordinaire, mais il ne rend jamais l’homme heureux pour cette terre. L’essai de rendre l’homme heureux ici-bas en relation avec Dieu, a été tenté avec les Juifs, mais cette épreuve a démontré que les bénédictions terrestres avaient pour effet de corrompre le coeur et de mettre cette corruption en évidence. L’histoire de Salomon le prouve. Maintenant Dieu veut soustraire le coeur aux choses de ce monde pour le conduire au ciel. Les choses du ciel, par lesquelles Dieu attire le coeur du chrétien, ne suffisent pas pour cela, car notre coeur a toujours la tendance de se replonger dans le monde ; alors, pour rompre ces liens, Dieu place l’épreuve sur notre chemin. Quand Paul est en danger de s’exalter et de s’attacher à lui-même, après être redescendu du troisième ciel, Dieu lui envoie une écharde dans la chair.

Dans ce chapitre, le mal se manifeste sous trois formes :

1° Les anges. Il y avait des anges élus, d’autres qui ne l’étaient pas ; il y a maintenant des anges déchus : le péché s’étant présenté, ils ont péché dans la lumière et en ont été chassés.

2° Le monde ancien. Dieu a gardé Noé, un homme d’une justice positive, au milieu de la ruine du monde.

3° Sodome et Gomorrhe. Elles ont été condamnées et Lot délivré. Lot n’avait nul besoin d’être à Sodome, mais il avait choisi le monde que Dieu a dû détruire, parce qu’il le voyait sous l’aspect d’une plaine belle et bien arrosée. Lot s’était ainsi éloigné de Dieu, tandis qu’Abraham avait les promesses et s’en contentait.

Le cas des anges montre que Dieu ne peut pas supporter le péché. C’est un cas définitif, parce qu’ils ont péché dans la lumière. Le cas de Noé est celui d’un homme fidèle qui, pendant cent vingt ans, n’échappe pas à la moquerie, à la souffrance, et qui demeure fidèle. Lot se trouvait, par sa faute, dans des circonstances pénibles ; il souffrait, parce qu’il avait aimé le monde. Peut-être êtes-vous dans l’angoisse pour la même raison et pour avoir cherché ici-bas une place agréable ? Néanmoins Lot a été sauvé comme à travers le feu. Si c’est notre faute qui nous a placés là, Dieu nous châtiera, mais en tout cas nous sommes appelés à l’honorer dans nos voies. Il saura délivrer de la tentation ceux qui l’honorent.

Sortez de Babylone, pour ne pas participer à ses péchés et à ses plaies, et Dieu vous délivrera. Tout ce que nous avons à faire, c’est d’être fidèles, que nous soyons dans la souffrance, par suite de notre fidélité, comme Noé, ou de notre infidélité, comme Lot — et Dieu nous délivrera.


135 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 23:1-24

n°135 : ME 1901 p. 351

Quand l’âme est réveillée, il est très naturel qu’elle pense exclusivement à elle-même — la conscience est toujours égoïste — mais, pour être affermis dans la foi et au large avec Dieu, il nous faut comprendre les voies de Dieu pour sa gloire. Après avoir trouvé le soulagement dans le sang de Christ, il faut, pour être affermi dans la paix, comprendre comment Dieu a pris notre cause en main, et comment il juge en notre faveur. En Égypte, Israël, esclave de Pharaon, faisait des briques. Bien que l’homme naturel croie être libre en faisant sa propre volonté, le fait est que Satan se l’est assujetti comme son esclave. Dieu prend soin de nous faire sentir cet esclavage par les misères qui sont la conséquence du péché, car, même dans ce monde, les hommes moissonnent ce qu’ils sèment. Avant que l’homme soit revenu à Dieu, l’Esprit agit pour lui faire éprouver un malaise qu’il cherche en vain à satisfaire, une sujétion à Satan, dont il sent ne pouvoir se délivrer. C’est le cas d’Israël en Égypte ; alors il crie à Dieu. Mais, pour avoir affaire à Lui, il faut commencer par le sang, car le Dieu juste et saint ne peut délivrer un pécheur d’une autre manière.

Il envoie l’ange exterminateur pour exécuter le jugement, mais en mettant Israël à l’abri. Il manifeste qu’il est pour son peuple, quand il s’agit du jugement, et pour le prouver il fait tomber le jugement sur la victime. Il nous parle de la justice qui n’épargne pas, mais en nous présentant le sang de son Fils que la justice n’a pas épargné. La vue de l’expiation nous remplit d’espérance, mais lorsque, aux prises avec Satan, nous l’oublions, nous ne pouvons éprouver que de l’angoisse. C’est ce qui arriva à Israël devant la mer Rouge où Pharaon les acculait. L’esclavage qu’il connaissait et redoutait, l’avait affaibli et rendu timide ; il est rempli de frayeur. Est-ce, dit-il à Moïse, parce qu’il n’y a pas de sépulcres en Égypte, que tu nous as emmenés pour mourir dans le désert ? Mais Dieu les délivre et les conduit à pied sec à travers la mer Rouge. Ce qui est devant nous comme mort et jugement, quand Satan nous poursuit, devient la délivrance quand nous voyons que Christ a subi la mort et le jugement, et qu’il est ressuscité, pour nous. Nous sommes ainsi délivrés et affranchis en vertu de ce que Christ a tout accompli. C’est alors que commence la vie chrétienne en présence de Dieu.

Dès qu’Israël a passé la mer, tout est joie et cantique de louange. Dieu a conduit son peuple à la demeure de sa sainteté. Maintenant il s’agit de voir comment il s’y conduira. Il est avec Dieu dans le désert ; comment va-t-il commencer la vie avec Lui ? L’expérience qu’il fait de lui-même, montre qu’il a un coeur revêche et rebelle (Deut. 9).

Quand nous en sommes là, il s’agit de savoir si les accusations de Satan seront pour nous une entrave à la bénédiction. Balak pourra-t-il, par Balaam, trouver l’occasion de maudire Israël, et l’empêcher de posséder les promesses, de passer le Jourdain et d’entrer en Canaan ? Cela a lieu à la fin du désert, après les nombreuses infidélités du peuple et quand Moïse a dû dire : « Vous avez été rebelles jusqu’à maintenant ».

Par deux fois (22:41 ; 23:13), Balak fait voir à Balaam l’extrémité du peuple, pour que la puissance d’Israël n’ait pas d’influence sur son esprit. Ensuite il a tout le peuple devant lui. Mais Balaam bénit Israël (v. 19-21) qui s’était si tristement conduit dans le désert, où son entrée avait été accompagnée d’un chant de triomphe. En sera-t-il de même pour sa sortie ? Oui, mais sans que le peuple le sache et y prenne part. L’ennemi lui-même est contraint contre son gré à célébrer la pensée de Dieu à l’égard d’Israël.

Nos expériences nous trompent assez souvent et nous en faisons de bien tristes quand nous croyons pouvoir nous conduire mieux que Dieu ne nous conduit. Si nous sommes faibles, il nous conduit par un chemin plus long, afin que nous ne nous trouvions pas trop vite aux prises avec Satan. Puis, dans ce chemin, Dieu a pour but de nous mettre dans le vrai quant à nous-mêmes. On se plaint de Dieu, quand la volonté n’est pas brisée. Nous nous croyons pieux quand Dieu nous envoie des choses agréables, mais nous ne voyons plus sa bonté quand les circonstances pénibles nous arrivent. Il nous est facile d’aimer la volonté de Dieu quand notre volonté est d’accord avec elle. Moïse, l’homme le plus doux de la terre, dit de tout le peuple : « Vous avez été rebelles jusqu’à aujourd’hui ». C’est ce que nous sommes, mais il est de toute importance que nous connaissions aussi la pensée de Dieu à notre égard. Il faut à la fois se connaître et connaître la pensée de Dieu. Tandis que Satan cherche à nous placer sous la malédiction, Dieu déclare qu’il « n’a pas aperçu d’iniquité en Jacob, ni n’a vu d’injustice en Israël ». C’est la réponse de Celui qui voit tout, qui le voit beaucoup mieux que Satan, qui a pris une entière connaissance de notre rébellion. Oui, quand Israël est en présence de Satan qui veut le maudire, voici la réponse de Dieu qui n’est pas un homme pour mentir, ni fils d’homme pour se repentir : « Je n’ai pas aperçu d’iniquité en Jacob ! » Dieu ne peut pas, ne veut pas voir l’iniquité de son peuple sauvé, pour le livrer au jugement, quoiqu’il ait vu toutes ses infidélités pour le discipliner et le châtier, qu’il ne lui ait pas passé une seule faute, et qu’il ait interdit l’entrée de Canaan à Moïse lui-même, comme objet de discipline sous la loi. Mais Israël, tout misérable qu’il soit, entre où Moïse n’entre pas, parce qu’il s’agit, non de la loi, mais de la justification. Dès lors, Dieu ne peut voir de péché dans son peuple, parce qu’il a fait venir sur Jésus l’iniquité de tous.

Le passage d’Israël à travers la mer Rouge correspond à notre délivrance. Mais s’il pèche après cela, le vrai chrétien en souffrira beaucoup plus que de tous ses péchés précédents. Mais Dieu a chargé son Fils de tous nos péchés ; il ne les voit donc plus sur nous.

C’est après la rébellion du peuple, déclaré être « une génération tortue et perverse », que Dieu force Balaam à dire : « Je n’ai point vu d’iniquité en Israël » ; « l’Éternel, son Dieu, est avec lui » ; « un chant de triomphe royal est au milieu de lui ». Le Dieu fort qui les a tirés d’Égypte, a été leur force dès le commencement. Il est avec eux, et il n’y a aucune machination possible de Satan, ni enchantement contre Jacob, ni divination contre Israël, car, pour le maudire, il faudrait pouvoir attaquer Dieu lui-même. Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Dieu en haut, dans le monde invisible où la foi pénètre, ne voit point d’iniquité. Dieu est là ; sa force soutient le peuple qu’il a tiré d’Égypte et l’introduit en Canaan. Humilions-nous dans la poussière, quand nous avons manqué, mais Dieu est pour nous !

Où en êtes-vous quant à ces choses ? Le peuple de Dieu est le sujet de la controverse entre Dieu et Satan. Dieu est descendu en Jésus pour délivrer son peuple ; le combat entre la puissance de Satan et la puissance de Dieu en Jésus-Christ, a été soutenu pour le peuple qui en est l’objet. Satan a l’apparence du droit, quand il invoque la justice de Dieu en condamnation sur l’homme pécheur, mais Dieu a répondu à Satan et a maintenu sa justice propre en livrant Jésus. La victoire est remportée pour nous. Sans doute, il faut que cette puissance se manifeste en nous ; Dieu juge, en discipline, toutes nos infidélités, mais, quant au salut et à la justification, il a déjà tout jugé en Christ et c’est Lui qui répond pour nous à toutes les accusations de l’ennemi. Il faut que toute notre propre volonté et la rébellion de nos coeurs soient jugées en sa présence, et nous ne les connaissons bien qu’après avoir vécu longtemps de la vie chrétienne, mais aussi nous ne connaissons qu’alors l’étendue des richesses de la grâce.

Celui qui confond la discipline du Seigneur à notre égard avec le jugement que Jésus a porté pour nous, sera troublé, même sur son lit de mort. Mais Jésus a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin que Dieu pût dire en vérité : « Je n’ai pas aperçu d’iniquité en Jacob ! »


136 - Méditations de J. N. Darby —  Hébreux 12:1-15

n°136 : ME 1901 p. 357

On trouve, au commencement de ce chapitre, deux exhortations : ne pas mépriser la discipline du Seigneur et ne pas perdre courage quand on est repris par Lui (v. 5). Deux choses se réunissent pour former la discipline : l’inimitié de Satan et la bonté de Dieu qui nous châtie, comme on le voit dans le cas de Job. Ce qui prouve que la discipline a produit ses fruits, c’est qu’au lieu de penser à nous-mêmes, nous y voyons Dieu agissant pour briser notre volonté et atteindre le mal dans nos coeurs, afin de nous soumettre à Lui. Quand la discipline nous décourage, c’est qu’il y a en nous une volonté qui ne veut pas être brisée ; il y a quelque chose à reprendre en nous, et Dieu nous châtie pour notre profit, parce qu’il nous aime et afin que nous participions à sa sainteté.

Le but de Dieu est toujours notre communion éternelle avec Lui, tandis que notre volonté a toujours pour objet les circonstances présentes. Or si notre volonté a un but et celle de Dieu un autre, il en résultera nécessairement une lutte et des circonstances pénibles destinées a nous briser.

Les pensées des chrétiens sont souvent fort erronées au sujet de la sanctification. Ils voudraient être plus saints pour être plus agréables à Dieu, c’est-à-dire qu’ils rapportent leurs relations avec Dieu à eux-mêmes, tandis que c’est à Lui-même que Dieu rapporte tout. Sa grâce agit aussi bien pour notre sanctification que pour notre justification.

La sanctification est attribuée, dans la parole de Dieu, à chaque personne de la Trinité, au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Elle est attribuée à la volonté de Dieu (Hébr. 10:10), et plus spécialement au Père (Jean 17:17). C’est la pensée de Dieu à notre égard, de nous séparer pour Lui-même. — Nous sommes aussi sanctifiés, mis à part pour Dieu, par le sang de Christ, et c’est dans ce sens qu’il est toujours parlé de la sanctification dans l’Épître aux Hébreux (10:10, 29 ; 13:12). — La sanctification par l’Esprit nous est souvent présentée (2 Thess. 2:13 ; 1 Pier. 1:2, etc), car c’est par le Saint-Esprit que Dieu fait tout ce qu’il fait, qu’il s’agisse du chaos de la terre (Gen. 1:2), ou du chaos de nos coeurs. C’est la volonté du Père de nous lier à Christ par le Saint-Esprit, après nous avoir rachetés par son sang. Ainsi la sanctification découle de la Trinité.

Quand nous sommes ainsi séparés pour Dieu, le Saint-Esprit qui nous donne une position de sainteté, nous communique aussi une vie. Le chrétien étant déjà purifié par la foi, les affections s’attachent au Seigneur Jésus et purifient le coeur. Aussi Hébr. 12:14, nous engage-t-il à poursuivre la sainteté. La vie sainte se manifeste à travers toute sorte de difficultés ; c’est un exercice de foi, et, dans le sens pratique, le progrès dans la sanctification a lieu, par la foi, dans la contemplation de Jésus, cette contemplation purifiant le coeur en le remplissant de Lui. Sans la sainteté pratique, nul ne peut voir le Seigneur.

Qu’il s’agisse de saine doctrine, d’amour fraternel, de la sagesse d’en haut, de voir le Seigneur, cela ne se rencontre que dans un coeur pur qui seul peut goûter la communion actuelle et pratique avec Dieu.

La sainteté, c’est avoir part à quelque chose qui est en Dieu ; la chair n’y a aucune part quelconque. La sainteté du chrétien n’est rien moins que la sainteté de Dieu lui-même et, si nous sommes séparés de la communion avec Dieu, nous le sommes de la source de la sainteté. Cette puissance est en Dieu, et non en nous. Celui qui a l’espérance d’être tel que Jésus dans la gloire, se purifie comme Lui est pur (1 Jean 3:3). Ce qui ne répond pas à cette pureté, ne satisfait pas la vie de Jésus en nous. Nous avons cette vie et Jésus est dans la gloire. Rien en nous ne peut nous rendre heureux que ce qui satisfait Jésus dans le ciel. La chair ne peut aucunement avoir part à cela.

Nous avons besoin de vigilance, parce que tout ce qu’il y a dans le monde est employé par Satan pour nous faire perdre la communion avec Dieu et la prière qui nous met directement en rapport avec Lui. Nous avons aussi besoin de méditer la Parole en pensant à ce que Jésus est et à sa gloire actuelle et future. Ce n’est que par la méditation qu’on peut en avoir la jouissance. Si ces choses sont vagues dans nos esprits, il n’est pas étonnant que nous en fassions peu de cas, et si nous en faisons peu de cas, cela prouve que notre coeur est très peu capable de saisir ce que Dieu nous donne ; alors il n’est pas étonnant que nous soyons faibles.

Le caractère et la mesure de notre sainteté, c’est la sainteté de Dieu lui-même. Si nous cherchons, pour la réaliser, quelque chose qui soit plus près de nous, c’est Christ dans la gloire, et en le contemplant nous nous purifions comme Lui est pur. C’est pourquoi le chrétien doit éviter soigneusement tout ce qui l’empêche de poursuivre la sainteté, même les choses qu’on appelle innocentes, car rien de ce qui détourne de la communion avec Dieu n’est innocent. Du reste, appliqué aux choses, ce mot ne se trouve pas dans la Parole.


137 - Méditations de J. N. Darby — Genèse 3:1-15

n°137 : ME 1901 p. 391

Ce n’est pas la parole de Dieu qui nous révèle qu’il y a du péché et de la misère dans le monde, mais elle explique à la foi comment Satan y est entré et les conséquences du péché dans les rapports de l’homme avec Dieu. L’homme sait très bien que l’iniquité et la souillure existent ici-bas et personne n’y est satisfait de sa part, car tout homme a du malaise dans le coeur.

Le premier acte du serpent ancien est d’introduire quelque chose — de se placer Lui-même — entre Dieu et nous. Or rien ne peut nous rendre heureux, si ce n’est la certitude qu’entre nous et Dieu il n’y a point de question et que Dieu nous aime. Satan commence par induire l’âme à se méfier de Dieu. L’homme désire satisfaire sa volonté ; Satan lui montre que Dieu ne veut pas qu’il la satisfasse. Il ne porte la pensée de la femme, ni sur la bonté de Dieu, ni sur l’obéissance qui lui est due. La femme savait pourquoi elle ne devait pas manger de l’arbre ; elle savait qu’il en résulterait positivement du mal. Dieu nous a avertis des conséquences du péché ; il a dit : « Vous mourrez ». Satan cherche à nous le cacher et dit à la femme : « Vous ne mourrez nullement… vous serez comme des dieux ». La deuxième assertion est vraie dans un sens : le péché a rendu l’homme beaucoup plus intelligent sur la question du bien et du mal et il peut juger de tout. Mais Satan avait caché à l’homme qu’en désobéissant, il serait entièrement séparé de Dieu et aurait une mauvaise conscience. Tout ce qui est rapproché de nous a plus d’importance et semble de plus grande dimension que ce qui est lointain. L’arbre était devant la femme, le jugement de Dieu était éloigné ; elle prit donc du fruit et en mangea. Leurs yeux furent ouverts ; ils acquirent une connaissance qui, en portant leurs regards sur eux-mêmes, leur fit voir leur nudité.

Satan parle aujourd’hui de la même manière aux hommes. « Vous ne mourrez pas » ; les menaces de Dieu ne s’accompliront pas. Il nous cache les avertissements divins, et nous faisons ce que Satan et nos propres convoitises nous conseillent.

L’homme prend des feuilles de figuier pour voiler sa nudité ; il fait des efforts pour se cacher à lui-même le mal qui lui est arrivé ; mais quand Dieu survient il en est autrement. Dieu s’approche comme si rien n’avait eu lieu ; sans le péché, cette visite aurait été un honneur et une joie pour l’homme ; avec le péché, il s’enfuit et cherche à se cacher de Dieu, comme il avait voulu se cacher à lui-même. Dieu dit à Adam : « Où es-tu ? » Quelle chose horrible pour l’homme que d’être dans le cas de se cacher de Dieu. Il dit « J’ai eu peur », parce que, devant Dieu, sa conscience est atteinte. Toute idée de jouir du péché a disparu, et il ne reste que Dieu que l’on craint et dont on ne peut s’approcher. La relation avec Dieu était, du côté de l’homme, irréparablement rompue.

« Qui t’a montré que tu étais nu ? » Adam répond en accusant la femme et Dieu qui l’a donnée. La lâcheté entre dans l’âme avec le péché. Adam cherche à s’excuser par les circonstances et partage la faute entre la femme et Dieu ; il laisse Dieu vider la question entre Ève et Lui. Une mauvaise conscience craint trop Dieu pour confesser son péché et sait trop bien qu’elle a péché pour le nier.

Si vous aviez pleine confiance en Dieu et que vous fussiez parfaitement sûr que Dieu vous aime, vous seriez heureux. Introduisez de la défiance où il y a du bonheur et des relations intimes, et tout le bonheur s’envole. C’est ce que Satan a réussi à produire dans tous nos coeurs. Vous ne vous fiez pas à Dieu pour votre propre bonheur et vous préférez vous fier à votre volonté et à vos efforts. Telle est l’origine du péché : l’incrédulité qui doute de Dieu, et c’est par là que Satan commence son oeuvre. Il persuade à l’homme que Dieu garde quelque chose pour Lui-même, de peur que l’homme ne soit aussi heureux que Lui.

La femme a tort de s’entretenir avec Satan ; elle n’aurait pas dû écouter une voix qui venait jeter dans son âme des germes de défiance contre Dieu. Satan persuade en outre à tout homme que Dieu est trop bon pour nous juger si nous péchons, et l’homme, malgré le péché, espère et se persuade qu’il ne sera pas condamné. C’est la voix du serpent ancien. Dieu a démontré, dans la mort de son Fils, que le salaire du péché c’est la mort et la colère. La conscience, devenue mauvaise, se cache sa misère et sa nudité à elle-même. Tout l’effort du monde est de se cacher sa nudité devant Dieu ; il voudrait ôter les effets extérieurs et grossiers du péché dans le monde, l’ivrognerie, le meurtre, le vol, etc. Ce sont des ceintures de feuilles avec lesquelles il cherche à se voiler sa misère. Mais en outre, maintenant que le péché est entre nos consciences et Dieu, on voudrait que quelque chose nous cachât de Lui. L’homme se sert pour cela des choses innocentes. Les arbres étaient dans ce cas ; l’homme les emploie pour se cacher de Dieu et il prétend être innocent dans l’usage qu’il en fait. Quand la voix de Dieu réveille notre conscience, nous cherchons à nous cacher de Lui, mais cela est inutile. Dieu dit : « Où es-tu ? » S’il le disait aujourd’hui à chacune de vos âmes, serait-ce une joie pour vous de venir en sa présence ?

Dieu seul est notre ressource et notre refuge quand nous avons péché. Il n’y a que son pardon qui ôte la fraude du coeur, mais si vous vous cachez de Dieu, où en sont vos âmes ? Dieu n’avait pas encore chassé Adam de sa présence, que déjà Adam avait fui la présence de Dieu. Notre conscience nous dit que, si nous avons péché, il n’y a ni feuilles ni arbres qui puissent nous cacher. S’il y a un Dieu juste, l’homme est nécessairement malheureux dans sa conscience ; il ne peut vivre en paix dans le péché que s’il n’y a point de Dieu. Point de Dieu ! c’est là toute l’espérance de l’incrédulité.

Adam cherche à s’excuser comme s’il n’avait rien convoité lui-même, comme s’il n’avait pas obéi à la femme, au lieu d’obéir à Dieu, comme s’il n’était pas responsable, autant qu’elle, d’avoir mangé de l’arbre.

Devant toute la bonté de Dieu, et quoiqu’il ait donné son Fils pour de pauvres pécheurs, vous n’avez pas confiance en Lui. C’est un péché ; peu importe de quelle manière votre défiance se manifeste, votre ingratitude est démontrée.

Ève a écouté et cru Satan au lieu de Dieu ; c’est ce que l’homme fait toujours et il espère, malgré cela, acquérir le salut et la vie éternelle ! Tous les efforts que vous faites pour vous rendre heureux, démontrent que vous ne l’êtes pas. Pourquoi les arts et les plaisirs, si le monde était heureux ? L’effet de la présence de Dieu serait d’arrêter vos plaisirs. S’ils sont incompatibles avec cette présence, où sera leur place dans la vie éternelle ? Le péché n’est pas seulement défiance, désobéissance, mensonge, assujettissement à Satan, c’est aussi de chercher à s’étourdir loin de la présence de Dieu. L’homme peut se soustraire à cette présence pendant que la grâce dure encore. Satan, ses meilleurs amis selon le monde, l’aident à cela, mais ils ne le pourront plus quand Dieu jugera.

Dieu sait bien ce que vous êtes ; il connaît l’iniquité de Satan qui veut faire de l’homme sa proie, mais il y a une réponse que Satan ne connaissait pas et dont l’homme ne pouvait avoir l’idée : Dieu fait une promesse. Il ne donne pas des promesses à ceux qui sont incapables d’en jouir, parce qu’il faut pour cela se confier en Dieu. La question est désormais entre le serpent et le second Adam. Dieu ne dit à Adam que des choses qui montrent les conséquences actuelles du péché. Il dit au serpent ce qu’il fera, puis il fait la promesse de Christ comme seule espérance de l’homme perdu, avant même qu’il l’ait chassé de Sa présence. Dieu révèle ce que Jésus fera en détruisant l’oeuvre de Satan.

On ne voit pas signe de repentance chez l’homme ; il avait montré la lâcheté, la bassesse, la fraude de son coeur. Dieu ne parle pas de l’homme, mais de ses conseils et des réponses qu’il y a en Lui-même à un état pareil. Il annonce la « semence de la femme ». Cette proclamation n’est plus maintenant une promesse, Jésus est venu ; l’homme misérable avait pensé que Dieu, jaloux de son bonheur, n’avait pas voulu lui donner le fruit de l’arbre. Quel mensonge de Satan ! Dieu qui semblait refuser un fruit à l’homme innocent, a donné son Fils à l’homme pécheur, et le coeur de l’homme est si perverti, qu’il n’a pas confiance en Celui qui a donné son Fils. Jésus, au lieu de fuir la condamnation, est allé au-devant d’elle. Au lieu de charger, comme Adam, sa femme de son péché, il a pris sur Lui les péchés de celle qu’il a voulu pour Épouse. Il a rendu impuissant, par la mort, celui qui avait le pouvoir de la mort. L’effet de la mort de Jésus est de nous inspirer une parfaite confiance ; elle nous met en relation avec Dieu, sans crainte et sans difficulté pour nous, parce qu’elle nous revêt quand nous sommes misérables et nus. La grâce a pris connaissance du péché, et le jugement a frappé le Fils !

Votre confiance est-elle en Dieu ? Croyez-vous qu’en amour il a donné son Fils pour vous ? Cette confiance rend l’obéissance facile et nous fait la préférer avec ses conséquences, et au milieu de toutes les difficultés, à notre propre volonté, parce que nous avons appris qu’il n’est rien de plus précieux que l’amour.


138 - Méditations de J. N. Darby — Nombres 19

n°138 : ME 1902 p. 14

Un grand principe se retrouve continuellement dans l’Ancien Testament, savoir l’effet de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Ce principe suppose la grâce. Le Seigneur ne peut demeurer au milieu de son peuple que par grâce, car c’est par grâce qu’il l’a acquis pour Lui appartenir et l’a rassemblé (Ex. 29:43-46). Il en est de même de l’Église ; Dieu veut la bénir par Sa présence au milieu d’elle, non dans le ciel, mais manifestée ici-bas, prenant connaissance de tout ce que son peuple fait, et étant pour lui la source de toute bénédiction. Israël n’était heureux et béni qu’en entourant le tabernacle.

La pensée qui nous est présentée en Ex. 29, c’est que la puissance et la grâce de Dieu avaient été en oeuvre afin de retirer le peuple d’Égypte, de l’avoir à Lui et d’habiter au milieu d’eux, selon la sainteté qu’il avait manifestée et selon laquelle il agira toujours au milieu de son peuple. Il est leur Dieu, mais leur Dieu est saint. Quand il agit dans sa grâce, ce n’est pas la loi qui devient la règle de notre conduite, mais c’est sa présence au milieu de nous, et il agit selon ce que sa présence demande. Un homme naturel peut être gai et joyeux, parce qu’il ignore Dieu complètement et la légèreté de son coeur apaise en un sens sa conscience. Mais la présence de Dieu ne peut réellement réjouir l’âme que lorsque Dieu se révèle en grâce. Israël avait été délivré d’Égypte et des misères du péché qui l’obligeait à faire des briques sans paille. Dieu l’avait conduit dans le désert, à la demeure de sa sainteté, et désormais il agissait au milieu de son peuple selon la sainteté de sa présence. Il en est de même de nous. Dieu nous amène dans le désert, seuls avec Lui, et déploie ce qu’il est pour nous. Dans sa bonté, il nous fait souvent sentir la sainteté de sa présence par des souffrances et des angoisses, et néanmoins il agit toujours en grâce ; il pense à son peuple qu’il a délivré pour l’avoir à Lui seul, et il demeure avec lui pour l’enseigner et l’instruire.

Il est de toute importance que nous comprenions la différence entre notre relation éternelle avec Dieu et l’effet de sa présence au milieu de nous. Les chrétiens se trouvent dans « le grand jour d’expiation » ; ce qui n’avait de valeur que pour un an en Israël, est pour nous éternel, et nous sommes placés pour toujours en la présence de Dieu. Ces choses ne sont pas sensibles et palpables au milieu de nous comme en Israël, mais elles sont beaucoup plus réelles, car, par la mort de Christ, la sainteté de Dieu nous a été manifestée d’une manière beaucoup plus profonde. Nous sommes placés dans la présence de Dieu avec une chair de péché et au milieu d’objets qui agissent sur nos convoitises. Une âme inconvertie ne peut supporter cette présence ; elle veut être heureuse sans la sainteté. Mais si nous avons goûté que le Seigneur est bon, nous aurons l’amour de la sainteté. Le Ps. 139:1-12, exprime le sentiment du coeur qui n’est pas sous la grâce et rencontre la présence de Dieu. Quand il a senti que Dieu veut sauver, qu’il a sauvé, il désire que Dieu le sonde encore, comme on le voit à la fin de ce même Psaume. L’âme a compris que Dieu veut nous conduire à la gloire et désire qu’il la sonde et la purifie, afin que rien n’empêche la bénédiction. Sous la grâce, c’est une joie pour nous que Dieu prenne connaissance de tout. Il ne veut pas laisser en nous des choses qui nous empêchent de jouir de sa communion éternelle. Quelle joie pour le coeur ! Vos coeurs ont-ils compris cela ?

Pour ceux qui entourent le tabernacle de l’Éternel la souillure est quelque chose, tandis que pour le monde elle n’est rien. Dans le monde, pourvu que la société ne soit pas scandalisée, le péché est honorable et on le tolère. Mais la souillure empêchait un Israélite de s’approcher du tabernacle de l’Éternel. La souillure se communiquait. La tente de l’Éternel était là et l’Éternel ne supportait rien de ce qui pouvait la souiller. Si l’Éternel n’avait pas été là, ces souillures n’auraient pas même été mentionnées. Il avait aimé son peuple d’un amour éternel et l’avait racheté pour Lui. Mais Dieu veut que nous réalisions pleinement l’effet de sa présence dans nos consciences. Il nous a placés dans une telle relation avec Lui, qu’il veut que nos consciences sentent le péché comme il le sent, afin qu’elles ne se trouvent pas à l’aise dans le péché.

La génisse rousse était une offrande pour le péché. Elle représente Christ fait péché pour nous. C’est une offrande pure, mais censée souillée, parce qu’elle portait nos péchés. Le Saint-Esprit nous ayant amenés à Dieu par le sang de Christ, nous sommes en sa présence selon l’efficace de ce sang. On brûlait la génisse, on conservait ses cendres et avec l’eau vive qui était versée sur elles, on aspergeait l’homme souillé. Ce n’était pas l’aspersion de sang faite une fois pour toutes, car c’est une seule fois, et pour toujours, que nous sommes justifiés en la présence de Dieu. Pour jouir de la communion avec Dieu, il faut que la puissance du Saint-Esprit applique la mort de Christ à la conscience et au coeur. Quand cette communion existe, c’est comme si le péché n’existait pas ; il ne reste rien entre nous et Dieu, et Il remplit nos coeurs pour que nous n’ayons aucune conscience de péché. Tel est l’état normal du chrétien. Mais s’il entre en contact avec le péché, il perd pour un moment la communion. Dieu ne peut être indifférent à notre indifférence pour Lui. Tout ce qui, en la présence de Dieu, n’est pas la communion avec Lui est un péché et interrompt cette communion. Nous sommes toujours ses enfants, mais, pour s’approcher du tabernacle, il faut être pur et sentir l’effet de la présence de Dieu sur sa conscience. Il n’est pas possible que Satan puisse prévaloir contre nous, mais il nous faut sentir, par le Saint-Esprit, que le péché nous sépare de la présence de Dieu. Rien ne nous fait plus comprendre quelle distance il y a entre le péché et Dieu, que le fait qu’il a donné son Fils. Oui, quand je vois tout ce que Jésus a souffert sous la malédiction, et son amour à travers tout cela, quand je vois qu’il a été rejeté lui-même de Dieu comme une chose souillée, je comprends ce que c’est que le péché et je puis me juger selon la sainteté de la présence de Dieu, devant laquelle je suis introduit ; je vois avec horreur où le vieil homme m’a conduit. Ce sont les cendres de la génisse. Quand la communion est perdue, il faut un peu de temps pour la retrouver et pour que l’âme soit pleinement restaurée. Le coeur doit être sondé et vidé du mal, alors, semblable au soleil, la présence de Dieu peut briller comme auparavant.

Dieu n’admet rien de mauvais en nous, car il veut nous faire jouir pleinement de Lui-même et de sa bonté. Ceux-qui ont eu leurs âmes restaurées par cette grâce peuvent seuls connaître tout l’amour de Christ. Ne cherchons pas à éviter que Dieu nous sonde ; laissons-le faire ; Dieu est toujours amour. Cela finit par un coeur humilié et brisé, mais un coeur qui jouit de Dieu. Si l’application des cendres de la victime nous est pénible en nous faisant comprendre le péché, c’est qu’il y a en nous quelque chose à ôter et à restaurer.


139 - Méditations de J. N. Darby — Colossiens 1:1-14

n°139 : ME 1902 p. 33

Les épîtres sont toutes adressées à des personnes manifestées comme enfants de Dieu, jouissant des privilèges chrétiens, et elles leur donnent les préceptes qui conviennent à cette profession.

Le Saint-Esprit demande ici que notre conduite soit digne du Seigneur ; cela suppose que nous Le connaissons. Il ne s’agit pas seulement de ce qui est honnête ou séant devant les hommes, car Dieu ne peut prendre leur opinion pour règle de son jugement ; c’est Lui qui nous donne, au contraire, la règle de sa sainteté. Si nous voulons plaire à notre voisin plutôt qu’à Dieu et être bien avec lui, c’est l’égoïsme ; c’est déjà un principe de péché.

Je suis étonné parfois, en lisant la parole de Dieu, non pas que l’homme naturel ignore les privilèges chrétiens, mais qu’il ignore qu’il ne les possède pas. Quel est donc l’homme naturel qui pense à être fortifié par la puissance de la gloire de Dieu ? Il est étonnant qu’il ne voie pas que ces idées-là lui sont étrangères et qu’il passe, sans s’y arrêter, devant ces expressions magnifiques qui signifient autre chose, assurément, que d’être honnête homme.

Maintenant je vous prie d’être attentifs à ce qui est dit ici (v. 12-14) avec tant d’assurance et de tranquillité de tous les chrétiens. Vous vous dites chrétiens. Voyez ce qui nous est dit de tous les chrétiens. Un chrétien peut dire que Dieu le Père l’a « rendu capable de participer au lot des saints dans la lumière ». Douter que Dieu vous en ait rendus capables, c’est douter que vous soyez chrétiens. Le chrétien a été « délivré du pouvoir des ténèbres et transporté dans le royaume du Fils bien-aimé » et il a la rédemption, la rémission des péchés par son sang. Vous pensez peut-être qu’un chrétien qui dit cela de lui est un orgueilleux ? Mais voici où est l’orgueil, c’est d’oser se dire chrétien sans avoir les caractères que la parole de Dieu dit leur appartenir, sans être dans leur état, sans posséder ce qu’ils possèdent.

Quand le Père agit, il ne peut se tromper, et ce qu’il fait est accompli et certain. « Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables.. ». C’est une chose de toute gravité de dire que Dieu nous a rendus capables d’entrer en sa présence dans la lumière et la demeure de sa sainteté. L’héritage, le lot des saints est celui de Christ lui-même (Rom. 8:18), de Christ en gloire, dans la lumière, en la présence de Dieu. Il est très grave de dire que je suis rendu capable de posséder la même gloire que Christ et cependant, si vous n’avez pas cela, vous n’avez rien. « Il nous a délivrés de la puissance des ténèbres » : ce sont les ténèbres de l’âme dont Satan, chef de ce monde, est le prince. Dieu est lumière ; Christ, la pleine manifestation de Dieu, est lumière. Tout ce qui obscurcit Dieu, produit les ténèbres. Celui qui s’agenouille devant Plutus, ou celui qui passe sa vie à chercher des richesses, sont aussi bien dans les ténèbres l’un que l’autre. Celui qui préfère cinquante ans de plaisir à la vie éternelle, est dans les ténèbres. On peut parler de Dieu et ne savoir pas grand’chose ; mais Christ est la lumière du monde. Plusieurs âmes ici peuvent dire qu’elles ont préféré bien des choses à Christ ; ce sont des ténèbres. Ce ne sont pas seulement les païens qui sont dans les ténèbres en adorant, d’une manière grossière, leurs idoles. Un homme qui préfère les choses du monde à son salut, est dans les ténèbres ; mais on peut y être d’une autre manière en ignorant le salut. Le païen qui se tourmente pour se sauver est dans les ténèbres, mais celui qui se dit chrétien et veut se sauver par son honnêteté et ses oeuvres, est aussi loin de Dieu et autant dans les ténèbres que celui qui s’immole sous le char de Jaggernauth pour obtenir le salut.

Nous sommes ténèbres : c’est notre état ; si l’on est dans cet état au milieu de la lumière, cela rend les ténèbres encore bien plus évidentes. Quoi ! les ténèbres, là où la Bible se trouve ! Quand un homme, placé devant la lumière, ne voit rien, cela prouve qu’il est absolument aveugle ; il en est de même pour les ténèbres du coeur. L’état terrible des âmes qui sont dans un pays où il y a la lumière, c’est que les ténèbres sont dans l’intérieur des coeurs. Si l’on a la science pour idole, comme amélioration du genre humain, tandis qu’elle n’est qu’une partie supérieure de la corruption humaine, et conduit, tout aussi bien que le reste, en enfer, cette idole, quoique plus subtile, n’est pas moins ténèbres. Accepter ceux qui seraient honnêtes et rejeter ceux qui ne le seraient pas, ne serait ni la miséricorde, ni la justice de Dieu. Il faut être transporté d’un royaume dans un autre. Dieu ne veut sauver les âmes qu’en les introduisant dans le royaume du Fils et en les délivrant de la puissance des ténèbres. Êtes-vous transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé ? Sinon, vous êtes dans le royaume des ténèbres. Si vous compreniez la justice de Dieu, vous sauriez que vous êtes perdus ; si vous compreniez la miséricorde, vous sauriez que vous êtes sauvés. L’homme le plus savant du monde, s’il ne comprend pas ces choses, est dans les ténèbres. Suis-je transporté dans le royaume du Fils bien-aimé ? Aussi longtemps que vous ne pouvez pas répondre à cela par l’affirmative, il n’y a point pour vous de paix possible, et si vous avez, hors de cela, une paix quelconque, cette paix conduit à l’enfer.

Dieu nous arrache à la puissance des ténèbres et nous donne la lumière ; il nous ouvre les yeux. La première chose que la lumière fait, est de nous faire voir l’état de péché et de souillure où nous sommes. Du moment que mes yeux sont ouverts, je sens mon état de péché et je vois ma position devant Dieu. Le premier effet de la lumière n’est pas toujours la paix, mais avant tout de nous faire connaître notre état de péché. La lumière nous fait juger de tout, nous montre qu’il est impossible de cheminer comme nous cheminions auparavant. Impossible de marcher avec le monde, si je vois que le monde est dans les ténèbres. Je comprends que Satan est le prince de ce monde, et je n’ose pas continuer à cheminer avec Satan. Quand on a connu la lumière, on aime la lumière et l’on ne peut plus désirer d’être aveugle ; on ne peut pas renoncer à la lumière.

La lumière nous fait voir d’autres choses que cela. Si je vois seulement mon état de ruine, je ne sens que ce qui me condamne ; la conséquence en est qu’on reçoit la lumière, sans comprendre la grâce. Je ne puis songer à participer à l’héritage des saints, si je vois seulement que je suis pécheur. L’âme, néanmoins, ne peut plus désirer être aveugle, afin de ne pas voir qu’elle est sale. Elle aime mieux souffrir en se voyant souillée, et voir clair. C’est sans doute un triste état, dans lequel il n’est pas bon de rester. Nous possédons cette lumière et cette conviction de péché, parce que nous sommes transportés dans le royaume du Fils bien-aimé de Dieu. Qu’est-ce que le Fils bien-aimé de Dieu a fait quand il nous a transportés là ? Il nous a délivrés de toute imputation de nos péchés. Tout ce que la chair a fait n’est plus imputé. Christ n’a pu avoir son royaume sans racheter l’Église. Booz n’a pu racheter l’héritage sans avoir Naomi avec l’héritage. De même Jésus a accompli l’oeuvre qui a obtenu la rémission éternelle des péchés de ceux qu’il a introduits dans son royaume. Quand ils ont compris l’Évangile, ils ont la certitude la plus simple et la plus évidente que Christ a expié leurs péchés, qu’il ne pouvait entrer dans la gloire sans avoir souffert, et racheter son héritage sans avoir racheté son épouse. Ce n’est pas seulement un effet produit par le Saint-Esprit dans le coeur, des affections changées, c’est un royaume acquis, c’est l’âme transportée des ténèbres dans le royaume du Fils de son amour. Dieu nous a révélé ces choses pour nous en faire jouir ; il nous transporte dans un autre air, nous affranchit du mal et nous fait vivre dans un royaume de lumière et de sainteté. Là où est l’Esprit de Dieu, là est la liberté, la liberté de vivre dans la sainteté et dans l’obéissance à Dieu.

Avez-vous cru que Dieu vous a transportés dans le royaume de son Fils et que vous avez la rédemption de vos péchés par le sang de Christ ? Dieu sait bien ce qu’il pense du sang et il nous le fait connaître. Ce sang n’a pas, devant Dieu, une valeur flottante et incertaine, mais une valeur éternelle. Tous ceux qui sont dans le royaume, possèdent la rédemption. Autre chose est d’être en guerre, comme soldat de Dieu, contre Satan, ou d’être esclave de Satan. Il y a en nous des traîtres ; ce sont nos convoitises, qui ouvrent volontiers la porte à Satan ; mais nous sommes dans le combat, parce que nous sommes soustraits à la puissance des ténèbres et à celle de l’ennemi. C’est le résultat du fait que nous sommes sauvés et transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé.

Si nous avons été transportés dans ce royaume, tout ce qui y est nous appartient. Les frontières des deux royaumes sont tracées de la main de Dieu. On peut passer de l’un à l’autre, sans même le savoir parfaitement, mais il n’y a point de confusion entre eux. Celui qui, dans la lumière, voit ses péchés, peut se croire perdu, mais il se trompe et il ne voit pas encore que Christ, quand il les a portés en son corps sur le bois, a effacé pour toujours les péchés de ceux qu’il a sauvés.


140 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 2:5-18

n°140 : ME 1902 p. 54

Dans le chap, 1, l’apôtre avait parlé de la divinité de Christ et de la gloire de sa personne que les anges étaient appelés à adorer, il parle au chap. 2 de son humiliation et du résultat de cette humiliation qui est de nous exalter dans le ciel. « Étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour nous, afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis » (2 Cor. 8:9).

« Qu’est-ce que l’homme ? » Cette expression est employée de plusieurs manières dans la Parole. Plus on sonde ce que l’homme est, plus on voit qu’il est impuissant et misérable, qu’il passe, et que sa propre faiblesse le conduira en peu d’années à sa fin. En Job 7:17, cette question vient d’un esprit d’aigreur ; dans le Ps. 8, elle a trait à la patience de Dieu. Job montre que l’homme ne vaut pas la peine que Dieu s’arrête à lui ; le Ps. 8 montre, en présence de la faiblesse de la nature humaine, la patience admirable de Dieu. Mais Dieu fait cas de l’homme, parce qu’il a uni à Christ les intérêts de ceux qu’il a sanctifiés.

La prophétie du Ps. 8 est accomplie en ce que l’homme, dans la personne de Jésus, est déjà couronné de gloire et d’honneur. Mais toutes choses ne lui sont pas encore assujetties. Il a dû être glorifié comme homme, et l’on voit ici la manière dont il s’est identifié avec nous. C’est en vue de ce que l’homme est, faible et souillé par le péché, de ce qu’il a gâté l’oeuvre de Dieu et mis le désordre dans l’univers, que cette identification a eu lieu. Pour être glorifié selon les conseils de Dieu, il a fallu qu’il devînt homme, qu’il s’identifiât avec l’homme. Quand nous pensons à ce qu’il était comme Fils de Dieu, nous comprenons la grâce immense qui l’a fait s’associer à nous. Il a dû être traité de Dieu selon l’ordre de choses, au milieu duquel il s’était placé, et en prendre toutes les conséquences, souffrances, misères, afflictions, mort, jugement. Il a ainsi tout souffert de la part de Dieu, tandis que, de la part des hommes, il souffrait pour la justice.

Il était convenable que Dieu consacrât le Chef de notre salut par des souffrances. Jésus, pour nous amener à Dieu, s’est mis en avant pour recevoir, de la main de Dieu, tout ce qui nous était dû, et Dieu, ayant voulu nous amener à la gloire, a dû faire passer son Fils par des afflictions, et agir envers Lui, dans ce monde, comme ayant pris notre place. S’étant exposé à tout pour nous, la conséquence naturelle est qu’il nous identifie avec Lui dans sa gloire, car, sans cela, ses souffrances auraient été inutiles et sans fruit. Il a voulu traiter comme ses frères ceux qui sont sanctifiés.

En Israël, celui qui sanctifie était l’Éternel, et il n’était pas vrai que Celui qui sanctifie et ceux qui étaient sanctifiés étaient « tous d’un ». Il y avait une distance infinie entre eux (Lév. 20). En Christ, ils sont tous d’un, d’une même origine, d’une même nature en résurrection. Ce n’est pas la majesté de Dieu, qui nous sanctifie par la terreur ; c’est Dieu, la Parole faite chair, qui a été traité comme subissant toutes les conséquences du péché, se plaçant dans nos circonstances, et nous unissant à lui-même, en nous communiquant sa vie. C’est ici un principe tout nouveau pour nos âmes, entièrement différent de ce que Dieu était auparavant. Jésus s’approche de nous, est tenté en toutes choses, semblable à nous à part le péché, afin de nous sanctifier, et il nous sanctifie en nous identifiant avec Lui-même en résurrection.

La sanctification n’est pas seulement que nous sommes mis à part pour Dieu, sanctifiés par son sang ; il s’agit ici d’une véritable sanctification pratique du coeur. Jésus, comme homme, nous attire à Lui par la communication de sa vie, nous unit, nous identifie avec Lui-même ; il n’a pas honte de nous appeler ses frères. L’apôtre cite, comme une preuve de la relation de Jésus avec nous, ce passage : « Je me confierai en Lui » (v. 13). Jésus s’est anéanti et s’est placé dans les circonstances d’un fidèle, ayant besoin de se confier en l’Éternel. Il dit : « Je me confierai en Lui ». Quel abaissement ! Quelle gloire de son amour, qu’il se soit identifié avec nous jusqu’à ce point, qu’il ait eu besoin, comme nous, de se confier en l’Éternel ! C’est une chose très douce pour le coeur. Il a crié à Dieu, et Dieu l’a exaucé (Ps. 34:6). Il jouit de la pensée que les débonnaires l’entendront et se réjouiront (v. 2). Nous voyons, en Hébr. 5:7, que Jésus a trouvé cet exaucement dont il a eu besoin Lui-même. Il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes, et a été consacré comme souverain sacrificateur, en passant lui-même par nos circonstances et en étant traité de Dieu comme l’un de nous aurait dû l’être.

Rien ne peut priver l’âme de la conscience et de la joie que nous sommes identifiés avec Jésus. Notre faiblesse nous fait sentir l’efficace de cette grâce, car même nos péchés nous apprennent à connaître la gloire de l’amour de Jésus.


141 - Méditations de J. N. Darby — 1 Corinthiens 1

n°141 : ME 1902 p. 74

Dieu a fait de la croix la pierre de touche de tous les sentiments, de toutes les pensées de l’homme. Tous ceux qui ne reconnaissent pas la puissance et la sagesse de Dieu dans la croix, sont rejetés avec toutes leurs pensées. La sagesse humaine ne peut l’apprécier ; il faut qu’elle soit obligée de s’en remettre à la sagesse de Dieu. Tout ce qui est dans l’homme ne fait que l’aveugler. Dieu a revêtu sa sagesse, sa puissance et sa gloire de cette forme, la croix, afin que l’homme, par sa sagesse, ne la comprit pas. Considérons donc, comment la croix de Christ anéantit la sagesse humaine.

Pour obtenir le salut, il ne s’agit pas de raisonnements. Celui qui a faim a besoin de manger et non de raisonner. De même, raisonner ne sert de rien à ceux qui périssent ; c’est la croix qui les sauve. L’homme n’aime pas la croix, parce qu’elle démontre l’état de son coeur. Dieu n’a pas pu épargner le péché, quand son Fils même a été fait péché, et l’homme voit là ce que Dieu pense du péché. Même la justice de l’homme est une chose honteuse en présence de la croix. La sagesse de l’homme ne sonde jamais le coeur humain pour lui faire dire qu’il est pécheur. La philosophie veut juger Dieu et ne veut pas que l’homme soit jugé par Lui, tandis que la foi nous place devant Dieu, comme devant un juge. La philosophie religieuse est encore pire que l’autre, en jugeant ou voulant juger ce que Dieu est, car ce qu’il faut, c’est la conscience et une conscience éclairée de Dieu.

En présence de la croix, la conscience juge et condamne le péché et rend impossible de s’endurcir. Rien n’est plus humiliant, car alors il faut recevoir le salut et en être redevable à un autre, pour pouvoir paraître devant la sainteté de Dieu.

Poursuivez-vous les plaisirs, ou êtes-vous satisfaits de votre sagesse ou de votre justice ? Y a-t-il peut-être ici des âmes qui pensent qu’il y a des plaisirs innocents ? Comment jugerez-vous de cette innocence, sinon par la croix de Christ ? L’amour de Dieu a envoyé son Fils souffrir sur la croix, et, en présence de la croix, peut-on déclarer innocentes les choses dans lesquelles les passions se développent et qui nourrissent la chair ? Ce qui est précieux au coeur de Dieu, c’est la croix de Christ. Si l’on voyait Christ crucifié au milieu d’une danse innocente, que deviendrait cette danse ? Tout notre plaisir serait gâté, car Satan a inventé les plaisirs pour que les âmes en jouissent loin de Dieu. Dès que la conscience est atteinte, on juge tout cela, parce que Dieu le juge.

Mais peut-être n’avez-vous pas cherché les plaisirs, et cela vous donne une bonne opinion de vous-mêmes. Vous êtes donc justes ? La propre justice est une enveloppe difficile à traverser. Les gens de mauvaise vie sont plus près du royaume des cieux que les justes. L’homme orgueilleux, le propre juste, résiste plus qu’un autre. Comment la croix de Jésus le juge-t-elle ? Comme plus éloigné du royaume des cieux qu’un pécheur, parce que vous résistez davantage et que vous accepteriez volontiers en Dieu un grain de miséricorde qui puisse suppléer à ce qui vous manque pour avoir une opinion parfaite de vous-mêmes. Vous êtes éloignés de Christ, et la croix le démontre.

Si vous avez besoin de la croix de Christ, d’où cela vient-il ? Avez-vous assez péché pour mériter la condamnation ? La croix de Christ le déclare, mais la propre justice a l’effronterie de se présenter devant la croix, comme si elle n’en avait pas besoin, et c’est un péché beaucoup plus grand encore que de suivre ses plaisirs. Votre justice est-elle celle d’un coeur qui pense à Dieu et suit le Seigneur Jésus ? Non, c’est l’hypocrisie qui couvre un peu la grossièreté du péché et voudrait donner bonne apparence au mauvais état de l’âme.

Nous voyons dans la croix la puissance et la sagesse de Dieu. La sagesse de Dieu juge de toutes choses selon leur état, et la puissance de Dieu tire l’homme de l’état où il se trouve. La puissance de Dieu nous met en état de vouloir et de faire autre chose que ce que nous voudrions. Un homme qui connaît le bien et ne peut le faire, ne manifeste pas la puissance de Dieu. Tous les efforts que l’homme peut faire, aboutissent à une bonne opinion de lui-même. Cela ne rétablit pas sa relation avec Dieu. Si Dieu ne nous aimait pas dans notre état de péché, ce ne serait pas l’amour de Dieu pour de pauvres pécheurs, mais pour des gens qui sont capables de faire quelque chose. Dieu justifie l’impie ; il n’a pas à justifier des justes. Il faut que nous soyons des objets de l’amour de Christ, quand nous sommes parfaitement impuissants. Christ s’est approché de nous, là où nous sommes. La croix a démontré que Dieu peut s’occuper de nous en amour, quoique méchants et souillés. Elle a démontré la justice de Dieu, son horreur du péché, lorsqu’il a frappé son Fils, fait péché pour nous. Elle a mis en lumière la vérité de Dieu, car le salaire du péché, c’est la mort. Elle a manifesté la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu. Ce qui montre le plus cette puissance, c’est de trouver un homme pécheur éloigné de Dieu, et de le ramener à Lui. La croix répond à tous les besoins du coeur de l’homme.

Rien de plus difficile que de rétablir la confiance quand elle est perdue. En donnant son Fils, Dieu a pris mon cas en considération et a fait tout ce qui était nécessaire pour m’inspirer toute confiance.

Ce qui est encore difficile, c’est de nous faire confesser le mal. La croix de Christ produit cet effet, devant lequel la philosophie est impuissante. Elle produit la vérité dans l’homme.

Rien n’est plus difficile à guérir, que des passions très fortes. Quand la croix de Christ est connue, tout est complètement changé : Christ nous devient précieux ; les objets de nos passions deviennent abominables à nos yeux et nous aimons ce que nous haïssions.

Ce qui est difficile aussi, c’est qu’une mauvaise conscience devienne bonne. Plus je suis éclairé, plus je vois les taches et les souillures de mon âme. La puissance de Dieu, par la croix, peut donner une bonne conscience, parce que, tout en montrant l’état de péché du coeur, la croix montre que tout est effacé ; elle change le coeur, et donne une bonne conscience. Confessant ce que nous sommes, et le coeur étant vrai, la paix avec Dieu est établie. Voilà comment la croix devient la sagesse et la puissance de Dieu pour la conscience qui en a besoin.

Tout cela n’exalte pas l’homme. Notre part dans la croix, c’est que nous avons commis le péché et que nous avons crucifié Christ. Si l’homme avait pu ajouter quelque mérite à la croix de Christ, il s’en serait vanté ; mais il est impossible qu’un homme qui a conscience du péché, puisse se glorifier d’avoir crucifié le Seigneur Jésus.

Tel est l’homme en présence de la croix. Comment en profitera-t-il ? Par la foi. Si cela a été accompli pour nous et hors de nous, il ne nous reste qu’à bénir Dieu et à croire ce qu’il a fait. Dieu a pu montrer, dans la croix, tout ce qu’est le péché, en montrant sa grâce à l’égard du péché. La propre justice, comme tout le reste, est jugée à la croix. La conscience en prend connaissance. Il faut que la croix de Christ juge tous les mouvements cachés du coeur, tout en ôtant le péché. On ne peut en jouir qu’en croyant ce que Dieu a fait. Dieu justifie qui ? Les méchants. L’homme n’a d’autre part dans sa justification que ses péchés, dont il a besoin d’être justifié. Dieu ne veut pas laisser dans votre coeur ce qui vous donnerait bonne opinion de vous-mêmes. Il vous faut découvrir ce que vous êtes et trouver la parfaite paix. La croix est la seule chose qui mette la vérité dans le coeur.

Vous aimez, n’est-ce pas, à avoir une bonne opinion de vous-mêmes, et aussi que les autres aient une bonne opinion de vous ? La croix détruit tout cela. On sait, peut-être, que Christ a sauvé des pécheurs et l’on voudrait trouver en soi les fruits qui font qu’on est un chrétien. Ce n’est qu’une autre forme de la propre justice. Quand nous voyons que nous sommes pécheurs et perdus, nous savons où nous en sommes. Ce n’est pas l’Évangile, que de vouloir trouver en soi des fruits pour être élu. La base de la confiance évangélique, c’est l’oeuvre de Dieu, le prix de la croix de Christ, aux yeux de Dieu lui-même. Avant que Dieu entre dans mon coeur, il sait beaucoup mieux que moi les choses qui y étaient avant qu’il y entrât. La conscience simple, vraie, se repose sur la grâce de Dieu, manifestée à la croix et saisie par la foi. Dieu a accompli en Jésus l’oeuvre qui efface le péché, et gagne ainsi mon coeur.

Vous reconnaissez-vous comme de pauvres pécheurs, nus devant Dieu ? Que Dieu sonde vos coeurs, vous fasse voir ce que vous êtes, et déchire le voile, afin que vous vous connaissiez pleinement et que vous voyez que Dieu a jugé vos péchés sur la croix !


142 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:1-16

n°142 : ME 1902 p. 132

Après les grands traits de la foi dans le sacrifice d’Abel, la vie d’Énoch et la connaissance de l’avenir en Noé, nous voyons Abraham attendre la cité qui a des fondements, le plein accomplissement des pensées de Dieu qui, seul, peut satisfaire l’attente de la foi. Ensuite viennent des traits plus particuliers, tels que : compter sur Dieu, non pas malgré la difficulté, mais malgré l’impossibilité. De pauvres pêcheurs ont dit à la montagne de se jeter dans la mer, et cela s’est accompli. La foi ne s’informe pas des moyens ; elle n’y pense pas ; elle compte sur la promesse de Dieu, quand on pourrait croire qu’elle manque de prudence. Du moment qu’il s’agit de moyens qui rendent une chose facile à l’homme, si l’on s’attend à ces moyens, ce n’est plus l’oeuvre de Dieu. Quand il y a impossibilité, il faut que Dieu intervienne. La foi ne regarde pas aux circonstances, mais à la volonté de Dieu qui fait tout. L’Église est faible dans la foi, c’est pourquoi nous la voyons compter sur des moyens extérieurs pour faire l’oeuvre de Dieu. Souvenez-vous que, du moment où, selon l’homme, les choses sont faisables, il n’est besoin ni de foi, ni de l’énergie du Saint Esprit. On voit des chrétiens travailler beaucoup pour produire très peu de chose ; lorsque la foi agit, les résultats sont selon la puissance de Dieu (v. 12). Il est évident que pour avoir de grands résultats cette puissance doit agir ; elle choisit les choses faibles pour anéantir les fortes ; Dieu veut se glorifier et non pas que l’homme se glorifie.

On sème avec larmes, et partout où se fait une oeuvre bénie il y a d’abord des douleurs d’enfantement. L’âme sent les difficultés, et Dieu veut nous faire éprouver que nous sommes sans force en toutes choses. Mais si l’on sème avec larmes, on moissonnera avec chants de triomphe.

Tous ceux-ci (v. 13) sont morts dans la foi ; les Juifs attendaient le Messie selon la promesse de Dieu. Nous avons aussi la promesse du retour du Seigneur. Les apôtres sont morts dans la foi sans voir l’accomplissement de la promesse. C’est ce qui rend la vie du chrétien à la fois heureuse et difficile, parce qu’il n’atteint jamais ici-bas les choses que Dieu a promises. Si un homme met beaucoup d’ardeur à poursuivre quelque chose, c’est qu’il l’espère : telle est la vie de la foi. Celui qui possède, ne déploie plus d’énergie pour obtenir. Nous avons ici-bas le privilège de pouvoir être fidèles au milieu des difficultés et des choses ennemies ; nous ne l’aurons pas dans le ciel, où nous jouirons sans difficultés de la présence de Dieu et où toutes nos affections seront en plein exercice. En attendant, il faut semer avec larmes, et les difficultés s’élèvent d’autant plus, que les affections sont plus entièrement au Seigneur.

Non seulement ces hommes de foi étaient « étrangers et voyageurs » ; ils en ont fait profession. On voit quelquefois des gens qui veulent être religieux dans leur coeur et n’en pas parler ; ce n’est pas l’énergie de la foi. Voir le monde perdu et condamné et avoir des espérances dans le ciel, a pour effet de nous faire parler et agir comme étrangers ; il faut que cela se montre dans toute la vie ; le coeur est déjà loin de la scène actuelle et il ne reste au croyant qu’à déloger.

« Ceux qui disent de telles choses montrent clairement qu’ils recherchent une patrie » (v. 14). C’est évidemment une profession ouverte, publique, un témoignage rendu à Christ. Nous ne serions pas contents d’un ami qui n’avouerait pas nous connaître, lorsque nos circonstances sont difficiles. Ainsi un chrétien qui se tient caché est un très mauvais chrétien.

Lorsque, pour le croyant, les difficultés s’élèvent, qu’on l’insulte, qu’on l’abandonne, si ses affections ne sont pas fixées sur Jésus, le souvenir du monde lui revient au coeur. Mais si sa foi est fixée sur Christ, il salue les choses qu’il a vues de loin, ne songe pas à ce qu’il a quitté et n’a, comme objet de ses pensées, que « les choses qui sont devant », pareil à Rebecca, quand elle se rendait au-devant d’Isaac.

En Phil. 3:7, 8, Paul ne renonce pas, ne se prive pas de certaines choses dans un moment d’exaltation, pour s’en repentir ensuite. Son coeur étant rempli de Christ, il ne se souvenait des autres choses que comme des ordures.

« S’ils se fussent souvenus de la patrie dont ils étaient sortis, ils auraient eu du temps pour y retourner » (v. 15). Un vrai chrétien aimerait mieux mourir que de retourner au monde, car il veut avoir part à la résurrection d’entre les morts. Il y a une persévérance du coeur qui démontre que les affections sont toujours en avant et en haut, changées et tournées vers les choses de Dieu, vers ces choses célestes qu’on désire. « C’est pourquoi Dieu n’a point honte d’eux, savoir d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (v. 16). Leur Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! Et pour les chrétiens fidèles il n’est pas seulement le Père, mais notre Père. Il aurait honte d’être appelé le Dieu d’un mondain et qu’il pût être dit qu’il est en relation avec quelqu’un qui recherche les misérables plaisirs de ce monde, ou la vanité, ou l’argent ; oui, Dieu aurait honte de cette relation. Mais il n’a point honte d’être le Dieu de ceux qui sont affectionnés aux choses célestes. Jésus dit : « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu ». Celui qui ne renonce pas à tout, ne peut être son disciple. Nous sommes dans la même position de renoncement que Jésus, mais aussi dans la même relation avec Dieu. Dieu a honte d’être appelé le Dieu de celui dont les affections sont les affections corrompues de la chair et du monde.

Si la grâce avait entraîné après Dieu le coeur de ces hommes de foi, Dieu de son côté, avait travaillé pour eux et leur avait « préparé une cité ». Dieu s’occupe de nous. Si nous sommes occupés de son oeuvre, semant avec larmes et professant d’être étrangers et pèlerins sur la terre, il travaille, selon sa gloire infinie, pour préparer la gloire pour nous, et il trouvera son repos à nous introduire dans ce repos. Nos travaux sont chétifs ici-bas ; le travail de Dieu est glorieux et nous prépare la gloire.

De deux choses l’une ; il faut ou la chair ou la foi ; impossible de rester à mi-chemin. Le but du chrétien ne peut être que les choses célestes. On peut essayer d’employer le christianisme à améliorer le monde. Dieu n’en veut rien. Les désirs, les besoins du nouvel homme, sont tous célestes. Chercher à améliorer le monde par le christianisme, c’est vouloir nous attacher au monde et aux choses terrestres. Dieu veut nous attacher au ciel ; il faut que vous ayez le ciel et la gloire, ou le monde et la perdition. Dieu qui a préparé la cité ne peut vouloir un entre-deux.

Le désir de cette « patrie meilleure » est le désir d’une nature qui est d’en haut et ne peut être satisfaite qu’en retournant à son origine. Comment serais-je pèlerin et étranger, si je cherchais les choses terrestres et l’amélioration du monde ? Dieu nous adresse un appel céleste ; si nous y répondons il n’a point honte de s’appeler notre Dieu et notre Père.

Dieu crible l’âme pour en séparer la balle et préparer le grain pur pour son grenier, et quand nous verrons la gloire du vrai Salomon, nous dirons comme la reine de Sheba : « On ne m’en avait pas rapporté la moitié ». La cité que Dieu nous prépare est digne de Dieu, digne de ses affections aussi bien que de sa gloire.

Que Dieu, dans sa bonté, agisse sur nos âmes pour purifier nos affections, pour nous faire jouir de Lui-même et nous amener à professer que nous sommes des pèlerins et des étrangers sur la terre.


143 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:17-29

n°143 : ME 1902 p. 195

Nous avons vu (méditation n° 142) les croyants faisant profession qu’ils étaient étrangers et pèlerins sur la terre. Nous voyons ici la foi produisant une pleine confiance dans le Dieu de la promesse, quelles que soient les circonstances qu’elle traverse.

« Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac ». Abraham tenait plus aux promesses de Dieu qu’aux affections naturelles. Ce qu’il y avait de plus terrible dans son épreuve, c’est que Dieu avait désigné Isaac comme la semence acceptée de Lui et comme l’objet des promesses. Mais Dieu voulait montrer sa puissance d’une manière plus glorieuse et comment les promesses seraient accomplies, malgré l’opposition de Satan. Le Messie lui-même a dû, dans un sens, renoncer aux promesses qui lui avaient été faites, puisque, pour sauver l’Église, il a dû passer par la mort. Mais ce qui est établi dans la résurrection, au delà de la mort, a une fermeté que Satan est hors d’état d’ébranler. Abraham obéit, s’attachant entièrement et directement à Dieu lui-même et, dût-il tout sacrifier à la parole de Dieu, il sait que Dieu est fidèle et qu’on peut renoncer même à la vie, certain de la retrouver selon la puissance de Dieu, en résurrection. La foi compte sur Dieu, le voit, et ne pense pas aux conséquences. Dieu arrête le bras d’Abraham et confirme les promesses à sa semence. C’est ainsi qu’en obéissant nous apprenons à connaître les voies de Dieu, que nous n’aurions jamais soupçonnées sans cela. L’infidélité nous fait perdre la joie, la force de la vie spirituelle, et nous ne savons plus où nous en sommes. Mais la foi n’a qu’à compter sur Dieu, sans savoir comment Dieu nous tirera d’affaire. Nos infidélités de chaque jour ne sont pas autre chose que le manque de confiance en Dieu. Quand, au fond, vous ne doutiez pas de la volonté de Dieu, vous avez pu hésiter de la faire ; c’est que vous vous arrêtiez aux conséquences, et que vous vous trompiez quand vous pensiez être plus heureux en vous épargnant des difficultés qu’en vous attachant à Dieu. L’obéissance peut nous faire souffrir, mais elle nous fait trouver Dieu mieux qu’auparavant. Dieu nous donne assez de lumière pour suivre sa volonté, mais pas assez pour voir les conséquences. Abraham obéit et sacrifie Isaac, sans prévoir comment Dieu tiendrait sa promesse. Où il y a une pleine confiance en Dieu (v. 19), on trouve une intelligence que d’autres ne connaissent pas. L’obéissance nous rapproche de Dieu et nous place ainsi dans la lumière. L’obéissance nous rend intelligents.

La foi (v. 21-22) conduit à l’espérance d’un avenir selon les promesses de Dieu ; l’esprit d’obéissance étant là, nous sacrifions tout quant au présent ; les choses futures nous deviennent familières et nous agissons suivant cette connaissance. C’est ainsi que la gloire à venir est pour la foi comme si elle allait avoir lieu demain. Joseph pense au lendemain en donnant des ordres touchant ses os.

La confiance en Dieu donne aux parents de Moïse (v. 23) la foi pour le cacher. Dieu agit d’avance et prend soin de Moïse avant de se servir de lui. Aux v. 24-26, on trouve un principe remarquable. Quoique la providence de Dieu soit précieuse, le coeur charnel emploie cette providence à l’encontre de la foi. La providence avait conduit la fille de Pharaon vers Moïse enfant, le lui avait fait élever, comme son propre fils, à la cour du roi, dans toute la sagesse des Égyptiens. En apparence la providence le plaçait là pour y déployer son influence en faveur d’Israël. La première chose que fait sa foi, c’est de quitter tous ces avantages, parce qu’elle compte sur Dieu et non sur les circonstances, et ne prend conseil que de Lui seul. Moïse, voyant le peuple de Dieu dans l’opprobre, s’identifie par la foi avec lui et prend la même place que lui. Dieu recommande cette foi à notre attention par son Esprit. Moïse aurait pu, par son influence, soulager Israël, mais le peuple serait demeuré esclave en Égypte et la puissance de Dieu n’aurait pas été révélée. La foi est imprudente, mais elle a cette prudence éternelle de compter sur Dieu et rien que sur Lui ; elle discerne ce qui est de l’Esprit, et si quelque chose n’en est pas, ce n’est ni de la foi, ni de Dieu.

Au fond, s’en tenir à la providence aurait été vouloir goûter « les délices du péché ». Les hommes ne parlent jamais de providence que pour leur fortune et leurs aises dans ce monde ; ils aiment le monde, et veulent s’appuyer sur les circonstances au lieu de s’appuyer sur Dieu. On ne parle plus de la « bonne providence » quand on est ruiné.

Christ est toujours dans l’opprobre et le monde ne change jamais. Si le chrétien, par la chair, se rapproche du monde et cède ses privilèges à Satan, le monde, lui, ne se rapproche jamais du chrétien ; n’ayant pas l’Esprit, il ne peut s’approcher de celui qui a l’Esprit.

Moïse paraissait s’être affaibli en préférant aux richesses d’Égypte l’opprobre du peuple de Dieu, et, plus encore, du peuple de Dieu dans un mauvais état. Il peut être, en effet, dans la plus triste condition, mais la foi l’identifie toujours avec les promesses divines et le juge, non selon son état, mais selon la pensée de Dieu. Moïse, identifiant Israël avec Dieu, est plein d’énergie contre le mal et compte sur l’Éternel pour son peuple. Il estime l’opprobre de Christ, un plus grand trésor que les richesses d’Égypte, « car il regardait à rémunération » (v. 26).

Nous avons besoin, dans la vie chrétienne, de penser à la rémunération, pour porter la croix et l’opprobre. On a souvent confondu la rémunération avec la justification. Le chrétien, justifié par la foi, peut penser à la rémunération promise au chrétien. Dieu dispense, selon son conseil arrêté des récompenses diverses, une place à la droite de Jésus, une autre à sa gauche. Nous ayant sauvés, il veut nous exciter, nous fortifier, nous consoler par la promesse d’une rémunération. Il nous soutient dans la carrière où la foi nous fait entrer, par la conscience qu’il y a une récompense. Il faut être dans la carrière pour penser aux résultats de la carrière.

Moïse quitte le monde (v. 27). Celui-ci voudrait nous persuader d’être « bons chrétiens », sans y mettre de l’exagération et d’aller avec les autres. La foi nous donne du courage pour jeter, de droite et de gauche, ce qui nous empêche d’atteindre la gloire. Le chrétien quitte nécessairement l’Égypte, parce que Dieu n’y a pas placé la gloire, et il veut être avec le peuple de Dieu pour l’atteindre. Dieu ne veut pas que son peuple soit en Égypte. Vous savez ce qu’est le monde. Réussir dans le monde, être bien placé dans le monde, c’est tout autre chose que le ciel. Tout ce qui est dans le monde, n’est pas du Père, mais est du monde. Quitter le monde quand on en est chassé, n’est pas la foi ; c’est montrer qu’on tient à y rester aussi longtemps qu’on peut. La foi quitte le monde, parce qu’elle s’identifie avec le peuple de Dieu qui n’a rien à faire avec lui. La foi agit selon ses principes, et non parce qu’elle est chassée du monde.

Moïse voit Celui qui est invisible (v. 27) et c’est ce qui le rend ferme. Quand nous réalisons la présence de Dieu, Dieu est tout et Pharaon n’est rien. La foi ne rend pas les circonstances moins dangereuses, mais elle possède Dieu dans les circonstances. Ces dernières, dans la communion avec Lui, deviennent l’occasion d’une obéissance paisible. Si l’on n’est pas en communion avec Dieu, on ne trouve que faiblesse et incertitude dans les difficultés.

Ce qui suit (v. 28-31) s’applique à la confiance dans les moyens ordonnés de Dieu pour le salut : la Pâque, c’est-à-dire le sang et son efficace, la mer Rouge, c’est-à-dire la mort et la résurrection, tandis qu’on voit en Moïse la providence, la foi qui quitte tout, la décision et la fermeté de la foi qui s’attache aux choses invisibles.

L’effet de la foi est de nous placer dans les difficultés, mais d’y réaliser la présence de Dieu.


144 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:28-30

n°144 : ME 1902 p. 212

Nous avons vu, dans les versets précédents, Moïse s’identifiant, par la foi, avec le peuple de Dieu et quittant l’Égypte sans craindre la colère du roi. On trouve (v. 28) la simplicité de la foi qui croit Dieu sur parole et demeure tranquille quand le jugement s’exécute.

Dieu manifeste sa puissance dans la délivrance de son peuple, mais ce n’est pas ainsi que l’oeuvre se présente au début. Il y a d’abord une confiance entière au jugement que Dieu prononce sur le pécheur et au moyen de salut que Dieu offre. On trouve des brigands parmi les sauvés et d’honnêtes gens parmi les condamnés. Si Dieu entre en jugement avec l’homme, nul homme vivant ne sera justifié. Nous sommes ici-bas au milieu des maux que le péché a occasionnés. Israël ne peut être délivré sans Dieu, mais il faut que Dieu soit Dieu, qu’il reste saint ; il faut qu’Israël soit ce qu’il est, et que Dieu le voie tel.

Dieu vient à l’homme, apportant le sang ; rien de plus simple et de plus humiliant. Il faut croire au jugement de Dieu et à l’efficace que Dieu attache au sang. Le jugement est nécessaire, sinon le sang ne le serait pas. Le sang est la confession qu’il faut Dieu, pour que nous soyons garantis des résultats du péché. Le sang est placé sur la porte ; Israël n’est pas touché.

C’est une soumission entière au jugement de Dieu, l’aveu qu’il n’existe de différence entre Israël et les Égyptiens que celle que le sang a faite. Rien n’arrête le jugement ; il renverse tout, sauf le résidu sauvé, au déluge, à Sodome, en Égypte. Le chrétien reconnaît qu’il est coupable et que, si Dieu entre en jugement avec l’homme, nulle âme vivante ne sera justifiée. Il faut croire simplement que Dieu fera ce qu’il a dit et que le sang est efficace. Naaman en est un exemple ; il doit aller au Jourdain et se fier à la parole d’Élisée et à la simplicité du moyen proposé. Dieu indique le remède le plus insignifiant pour le coeur naturel. L’homme, avec sa force, ne peut rien faire, et Dieu, d’un seul mot, peut tout faire. Un peu de sang sur la porte, et Israël sera sauvé. La foi reconnaît la culpabilité, se fie au moyen de salut que Dieu propose, selon la simplicité de ses voies, et se soumet à la justice de Dieu. Le jugement de Dieu ne peut toucher ceux qui ont le sang pour sauvegarde, sinon Dieu manquerait à sa parole et à tout son Être. La foi simple s’arrête à ce que Dieu dit, que le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.

Dieu commence par nous humilier en nous montrant que nous sommes coupables et que son jugement va nous atteindre, si le sang ne nous garantit pas.

La frontière entre les royaumes de Dieu et de Satan, c’est la mort et le jugement. On ne sort du royaume de Satan qu’en traversant la mer Rouge, la mort et le jugement, parce que le jugement de Dieu condamne nécessairement le péché. Le pécheur est dans le royaume de Satan qui a la mort en sa puissance ; or la mort est, quant à l’intention de Dieu, un jugement.

Quand Dieu s’occupe de l’état de son peuple, il faut qu’il le voie pécheur, mais Israël a affaire avec Dieu comme Sauveur. Dès ce moment, tous les rapports de Dieu avec Israël sont ceux d’un Sauveur. Dieu a pris connaissance de leur état, leur présente le sang, prend leur cause en main, les fait sortir d’Égypte. Du moment que le sang a été mis sur la porte, Dieu s’est chargé de tout ce qui regarde son peuple. Il ne peut les conduire dans le désert pour les y laisser périr ; il ne peut changer la mort et le jugement, mais il en fait le moyen d’une délivrance éternelle. Ce qui aurait été la destruction de nos âmes, la mort, est devenu ce qui nous sauve, parce que Jésus est mort pour nous. Satan a le pouvoir de la mort : comment nous y soustraire ? Goliath eut la tête tranchée par l’épée qu’il portait lui-même : par la mort, Jésus a détruit celui qui avait la puissance de la mort. Puisque Dieu a voulu délivrer son peuple, il faut qu’il se charge du jugement. « Où est l’agneau pour l’holocauste ? » dit Isaac à son père. « Dieu », répond Abraham, « se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste ». Dieu s’est pourvu de son propre Agneau pour le sacrifice ; il a donné son Fils. À un tel sacrifice, il faut un dédommagement immense, et c’est la destruction éternelle de la puissance de Satan sur le peuple de Dieu. Dans la résurrection de Jésus, le jugement est entièrement terminé, Dieu a revendiqué les droits qu’avait Satan dans la mort et les a anéantis. Satan a voulu se mesurer avec Dieu, et le résultat en est la destruction éternelle de sa puissance et une délivrance magnifique du peuple de Dieu. Dans la résurrection du Seigneur Jésus, les ennemis de Dieu sont anéantis. S’il s’agit de nous devant Dieu, tout est humiliation, mais s’il s’agit de l’ennemi et des voies de Dieu envers lui, il s’est enfoncé comme du plomb dans les eaux magnifiques et le peuple a trouvé une parfaite délivrance.

Oui, tout est humiliation pour nous, mais s’agit-il des accusations de Satan, la résurrection est la réponse. Nous avons passé la mer Rouge et laissé Satan en Égypte. Pour nos âmes, le sang est la réponse à nos péchés. Dieu a dû livrer son Fils, mais il a dû le glorifier. Ainsi la méchanceté de Satan a été l’occasion de l’exaltation de Jésus et de l’Église dans la gloire. Si nous sommes dans la poussière à cause du péché, nous sommes dans la gloire, en réponse à toutes les méchancetés de l’ennemi.

Ceux qui veulent traverser la mort et le jugement par eux-mêmes sont engloutis dans les eaux de la malice de Satan et de la colère et du jugement de Dieu. Pour Israël, pour celui qui est en Jésus, c’est à pied sec qu’il peut y passer. Dieu place son peuple devant Lui ; il n’est composé que de pauvres pécheurs. Il s’occupe d’eux, prend leur cas en considération, présente le sang, justifie, prend leur cause en main, et pourvoit pleinement à tout dans la mer Rouge, dans le désert et en Canaan. Dieu s’est chargé de tout, même de nos péchés. Il châtie, humilie, instruit son peuple dans le chemin, mais il se charge de tout. Notre place devant Dieu est toujours l’humiliation, mais la foi sait que si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il peut y avoir des afflictions, mais rien qui nous sépare de l’amour de Dieu en Jésus. Les murs de Jéricho tombent par la foi (v. 30).

Que Dieu nous garde toujours dans cet anéantissement de nous-mêmes en Sa présence, et en même temps dans la conviction que tout est à la charge de Dieu et que rien ne peut nous séparer de son Fils. Quand il n’y a que le sang, je regarde à Dieu et je sais que Dieu est pour moi ; mais si je cherche quelque chose en moi-même, Dieu cesse d’être ma force.


145 - Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:30-40

n°145 : ME 1902 p. 233

L’Esprit de Dieu, après avoir exposé dans ce chapitre les principes particuliers de la foi, nous en donne les traits généraux dans les versets que nous venons de lire. Le peuple avait fait la Pâque et traversé la mer Rouge comme une terre sèche. L’homme en est réduit, pour être sauvé, à la foi simple en la Parole et au sang de l’Agneau. Ce qui nous est présenté ici, ce sont des moyens qui, en apparence, ne produisaient aucun effet. Les murs de Jéricho tombèrent par la foi après qu’on eut sonné des trompettes et fait le tour de la ville pendant sept jours. Il y avait là, pour Israël, de quoi avoir honte en présence de ses ennemis, mais les choses qui paraissent ridicules et faibles ne le sont pas quand elles viennent de l’Éternel et ont lieu devant Lui. Pour la foi, les murs de Jéricho n’existent pas, la mer Rouge et le Jourdain ne sont pas des obstacles, et si les ennemis de Dieu se rassemblent contre nous, ils ne font que nous fournir l’occasion d’une victoire plus éclatante.

Le fondement de la foi, c’est la parole de Dieu, et cette Parole puissante emploie même les choses que nous craignons, jugement, mort, pouvoir de Satan, pour nous donner la victoire. Il est important pour nous de ne jamais regarder à l’homme, aux circonstances, aux difficultés. La foi réalise que Dieu est là, et quand il a dit une chose elle va de l’avant, sans même penser aux difficultés.

La foi dans l’individu (v. 31) ne reconnaît que la présence de Dieu. S’il avait fallu déterminer quelle personne devait être sauvée à Jéricho, on n’aurait sans doute pas nommé Rahab. Mais Rahab, par la foi, reconnaît Dieu dans son peuple. Elle était une Cananéenne et en outre une femme de mauvaise vie ; mais la foi abolit toute différence entre les hommes, parce que tous ont péché, et reconnaît que Dieu est riche en miséricorde envers tous ceux qui l’invoquent. La foi identifie la gloire de Dieu avec son peuple, quoique ce dernier manque souvent à manifester cette gloire. Il en était de même de la foi de Rahab (Jos. 2:10, 11). Le monde qui l’entourait devait s’avouer que le peuple de Dieu avait le dessus, et son coeur se fondait malgré toutes les démonstrations par lesquelles il cherchait à affirmer sa puissance. Mais il est indifférent que le monde soit fort ou faible ; la foi reconnaît que Dieu est avec les siens, accepte Son jugement et s’identifie avec Son peuple. Rahab, malgré toutes les difficultés, prend parti avec le peuple de Dieu.

L’Esprit passe rapidement sur les cas mentionnés aux v. 32-40. Au fond, la foi s’exerce toujours quand les promesses de Dieu ne sont pas encore accomplies. Israël, une fois entré en Canaan, ayant manqué comme peuple, la foi agit individuellement dans son état de décadence, chose précieuse pour nous, au milieu de la ruine de l’Élise.

On voit (v. 32) que tous ces hommes ont agi par la foi quand ils étaient dans la détresse et sous l’oppression. La foi se manifeste, non pas quand tout va bien, mais quand tout est difficile. Ce qui est appelé ici la foi est appelé l’Esprit de Dieu dans l’Ancien Testament. La puissance de la foi est celle de l’Esprit de Dieu agissant en nous, mettant en activité un Samson, un Jephthé, comme instruments, demeurant éternellement en nous et produisant des fruits, manifestant enfin la vie de Christ dans notre corps mortel. La foi est la confiance en Dieu qui, par le Saint-Esprit, révèle sa puissance à nos âmes. Cette puissance se manifeste dans tout le cours de la vie chrétienne. Les chrétiens sont souvent arrêtés, parce qu’ils mettent leurs propres forces en regard de la tentation, au lieu de s’en rapporter uniquement à la puissance de Dieu. Un chrétien marchera bien, tant que certaine difficulté qui arrête sa foi ne s’est pas présentée. Cette difficulté qui met la chair en jeu, nous arrête. L’un objecte sa famille, l’autre son avenir. Comme homme je comprends toutes ces objections, mais il s’agit de Dieu et je n’ai rien à savoir de tout le reste. Si devant les difficultés quelqu’un n’a pas la foi, il ne reste qu’à prier pour lui. Dans les affaires de la vie, tous les moyens qu’on emploie pour se tirer d’embarras ne signifient autre chose que : « Je n’ai pas la foi qui compte sur Dieu, qui se rapporte entièrement et seulement à Lui ». L’accomplissement du devoir conduit toujours à des difficultés, mais j’ai la consolation de dire : « Dieu est là et la victoire est certaine », car sans cela il y aurait quelque chose de plus fort que Dieu. Cela demande une parfaite soumission pratique à la volonté de Dieu, l’anéantissement de soi-même. Quand la foi agit, des choses admirables sont produites par la puissance de Dieu.

Si les enfants de Dieu sont fidèles, il les laisse dans l’épreuve et les difficultés pour mettre en évidence tout ce qui, en eux, n’est pas de l’Esprit. Dieu permet aussi que le mal ait son cours et nous éprouve, pour que nous comprenions que le but de la foi n’est pas du tout ici-bas, et pour nous apprendre que, dans les circonstances les plus difficiles, Dieu peut intervenir comme au sacrifice d’Abraham ou à la mort de Lazare. Jésus laisse mourir Lazare, afin de montrer que la puissance de Dieu peut non seulement arrêter la maladie, mais encore ressusciter les morts. Dieu permet tout ce qui écrase Marthe et Marie, pour que nous comprenions que toute la puissance de la vie qui domine la mort est en Jésus (v. 35).

Le v. 36 contient une chose très douce pour nous. Nous nous sentons souvent éloignés de ces grands exemples de foi, mais on trouve ici le train ordinaire et journalier de la persécution ; des moqueries, des coups, des liens, la prison ; mais nous pouvons être certains que nous serons tourmentés en proportion de notre fidélité et du témoignage que nous rendons contre le prince de ce monde.

En résumé, tandis que l’homme s’arrête aux circonstances qui l’entourent, le chrétien va plus loin et voit que, par les circonstances, Satan agit contre lui pour l’inciter au mal, mais il sait, en même temps, que Dieu permet l’activité de l’ennemi pour nous éprouver et pour briser notre volonté.

S’arrêter aux circonstances, c’est l’incrédulité. Bien souvent nous ne pouvons approfondir les voies de Dieu à cet égard. « Satan », dit Jésus, « mettra quelques-uns de vous en prison ». Le Seigneur aurait pu l’empêcher, mais ne l’a pas voulu. « Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand le temps sera venu ». Le péché, c’est agir selon notre volonté ; donc, la chose la plus importante, c’est que notre volonté soit brisée. Notre vie n’est pas de ce monde et nos souffrances doivent être celles de Christ, dont Paul dit qu’il les achevait en son corps.

La foi agit sans jamais recevoir les choses promises ; Dieu veut que nous vivions par la foi et dans l’épreuve. Il n’y aura plus de foi quand nous serons entrés en possession de ces choses. Nous avons la présence du Saint-Esprit qui nous fait savoir que tout ce que Dieu a donné à Christ nous appartient. Les fidèles de l’Ancien Testament n’avaient pas ce privilège.

« Desquels le monde n’était pas digne ». Cela est dit de tous. C’est l’écriteau mis sur le peuple de Dieu. Si les chrétiens ne sont pas tout autres que les mondains, pourrait-on dire d’eux : « Le monde n’en est pas digne » ? Il est humiliant pour nous que notre témoignage soit si peu fidèle et que nous participions si peu à la vie de Christ ; autrement le monde ne serait pas digne de nous et nous rejetterait. Que Dieu nous donne pleinement cette part, et que le Seigneur soit notre force dans notre infirmité !


146 - Méditations de J. N. Darby — Exode 15:1-18

n°146 : ME 1902 p. 251

Ce cantique est un cantique de délivrance, mais je voudrais considérer ce qu’il nous dit de la demeure de Dieu. Or le Saint-Esprit nous présente toujours la fin dès le commencement, car il ne peut rester en deçà des conseils de Dieu et de la gloire de Christ.

Dieu demeure dans une lumière inaccessible qui ne nous regarde pas, si ce n’est pour provoquer notre adoration. Mais, quand Dieu veut entrer en relation avec ses créatures, il vient habiter au milieu d’elles. Sans doute, il demeure au milieu des anges, comme au milieu de créatures glorieuses et parfaites, mais du moment qu’il est question d’alliance, de développement des conseils de Dieu, de grâce, de pardon, de médiation, Dieu ne prend pas les anges, mais la semence d’Abraham ; il veut demeurer avec les hommes. Après le péché, le paradis de l’homme ne pouvait être la demeure de Dieu, car Dieu ne peut demeurer avec le pécheur, ni s’entretenir avec lui. Mais à mesure que le conseil de Dieu se déploie, on trouve que son intention est de demeurer avec son peuple.

La demeure de Dieu nous est présentée ici sous trois aspects.

1° Le salut est plus que la délivrance ; il est aussi ce en quoi nous sommes introduits après avoir été délivrés. Extérieurement, il nous introduit dans le désert, mais nous ayant sauvés pour l’éternité, Dieu demeure au milieu de nous, comme il dit en Ex. 29:46 : « Je les ai fait sortir du pays d’Égypte, pour habiter au milieu d’eux. Plus tard, Dieu habite en gloire dans le temple de Salomon. Ensuite, il vient demeurer en Jésus, dans un homme qui est son temple, et enfin, nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit.

« Il a été mon salut ; il est mon Dieu, et je lui préparerai une habitation » (v. 2). Ayant senti le bonheur d’avoir Dieu pour nous, nous désirons qu’il demeure avec nous. Il est impossible que nous ayons goûté la grâce de Dieu sans désirer cela. Ce désir se rencontrera toujours si l’âme est sincère et fidèle ; jamais, si elle veut conserver quelque relation avec le péché. La pensée que Dieu est terrible et qu’il est préférable qu’il ne soit pas trop près de nous, ne peut naître que de la chair ; mais quand on connaît Dieu comme Sauveur, le désir qu’il habite avec nous ne peut manquer.

2° « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté » (v. 13). Au désert, Dieu avait amené Israël à Lui-même. Sa première parole en Sinaï est : « Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle, et vous ai amenés à moi » (Ex. 19:4), mais :

3° Il dit : « Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel ! le sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi » (v. 17). Dieu se préparait encore un lieu où il voulait habiter avec son peuple ; c’était un sanctuaire établi, une gloire préparée. Jésus dit de même : « Je vais vous préparer une place ». Dieu a préparé la gloire pour y demeurer, pour y être vu. Cette gloire sera visible et manifeste, et Dieu nous y conduira ; c’est le sanctuaire où il demeure.

On trouve donc ici ces trois choses : 1° le désir du coeur que Dieu habite avec nous ; 2° la certitude qu’il nous a conduits à la demeure de sa sainteté ; 3° la révélation que Dieu nous conduira au lieu qu’il a préparé pour son habitation.

Dieu répond par Nathan au désir de David : « L’Éternel te bâtira une maison ». Aussi longtemps que David, type de Christ, est l’homme de guerre, il ne peut pleinement édifier le temple. Ce travail glorieux est réservé à Salomon, l’homme de paix (1 Chr. 17:9-12). C’est lui qui bâtit la maison (2 Chr. 6:2). Salomon est le type de Christ qui bâtit la maison en gloire, accomplissant ainsi le voeu et le désir de nos coeurs.

Ce n’est pas la connaissance du salut individuel qui remplit le coeur du peuple, à la mer Rouge, mais le désir que Dieu ait un domicile fixe au milieu des siens. Peut-être Dieu dira-t-il, comme à David : Ce n’est pas encore le moment. C’est néanmoins là que tendent tous nos désirs, en vue de l’accomplissement des choses promises. Il y aura plus qu’un tabernacle, il y aura un sanctuaire, un domicile fixe que les mains de Dieu ont établi. En attendant, Dieu nous a conduits à la demeure de sa sainteté. C’est la position de l’Église. Les chrétiens ne peuvent se contenter, comme Salomon, que Dieu soit dans les cieux et eux sur la terre. Ils désirent par l’Esprit que Dieu ne soit pas comme un étranger qui vient loger chez eux une nuit, en passant (Jér. 14:8). L’Église peut être affaiblie et dans un triste état, mais elle ne peut abandonner le désir que Dieu soit au milieu d’elle. « Vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:22). Les enfants de Dieu réunis ensemble, deviennent la demeure de Dieu, et l’Esprit anticipe au milieu d’eux ici-bas ce que Christ fera dans la gloire.

Il y a donc ces deux grandes idées : la certitude que Dieu nous a conduits à la demeure de sa sainteté, et celle que nous ne sommes pas encore dans l’héritage, mais que nous y entrerons.

Le Saint-Esprit saisit l’espérance de la gloire de Dieu et nous la donne ; il l’anticipe ; il ne nous fait pas croire que nous accomplirons cela de nous-mêmes ; c’est Christ qui l’accomplira dans la gloire. L’Esprit est un Esprit d’unité ; il rassemble les enfants de Dieu pour que Dieu demeure au milieu d’eux par ce même Esprit. C’est leur joie de sentir cette présence selon le principe du rassemblement en un des enfants de Dieu, car « il y a un seul corps et un seul Esprit ». Les délices du coeur de Dieu, c’est d’habiter au milieu de son peuple en attendant la gloire. Il y a, dans cette habitation, une grande puissance de sainteté. Le Saint-Esprit a pu demeurer en Jésus, parce qu’il était parfaitement pur et saint ; il peut habiter en nous, parce que le sang de Christ nous purifie de tout péché. L’effet de cette présence est de nous faire cheminer selon la pureté et la sainteté qui nous appartiennent. Dieu châtie le peuple, parce qu’il demeure avec lui ; il a laissé marcher les nations en suivant leurs voies, parce qu’il ne demeurait pas au milieu d’elles. Sa sainteté n’en était pas compromise. La présence de Dieu au milieu de nous a pour effet que tout en nous soit jugé ; sans cela, les châtiments s’abattront sur nous et si les châtiments sont méprisés, notre chandelier sera ôté.

Que Dieu fixe cette pensée dans nos coeurs ! Que, par le Saint-Esprit, nous désirions qu’un tabernacle soit dressé dans lequel Dieu demeure. Le domicile fixe sera la gloire. C’est Christ-Salomon qui le bâtit. Que de choses la présence de Dieu briserait et détruirait, si l’homme voulait dresser, sans le Saint-Esprit, un tabernacle pour Dieu. Dieu connaît notre faiblesse ; il ne peut supporter le mal, et sa présence le juge et le châtie dans son peuple.

Pouvons-nous désirer que la présence de Dieu se manifeste au milieu de nous sur la terre ? Quel privilège immense d’être la demeure de Dieu ! Quelle puissance de sainteté cette présence produit ! La conséquence en est de manifester le mal, puis de nous en délivrer par les châtiments, les afflictions ou la discipline.


147 - Méditations de J. N. Darby — Colossiens 1:9-29

n°147 : ME 1902 p. 471

On ne peut méconnaître pour soi-même le fait que souvent nous nous traînons ici-bas, au lieu d’être « fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire », et que nous sommes sans force dans le combat que nous avons entrepris. Cela vient de la faiblesse de notre foi. Il n’y a pas de remède à cela, sinon que Jésus soit plus clairement révélé à nos âmes. L’apôtre suppose l’assurance du salut et que l’on soit rendu capable de « participer au lot des saints dans la lumière ».

J’admets que vous avez cette assurance ; mais, pour jouir de ces choses, le chrétien ne doit pas en rester là. Il nous faut comprendre ce qu’est « le royaume du Fils bien-aimé », l’héritage des saints, pour sentir la puissance de cette position dans la vie ordinaire. La présence du Saint-Esprit donne seule de la force à ces choses. Un chrétien, occupé des choses de ce monde, sait qu’il est sauvé, mais il marche faiblement, parce que sa conscience n’est pas occupée des choses célestes, et qu’elles ont perdu leur effet sur lui. Il faut que l’Esprit agisse pour que nous soyons débarrassés du train de ce monde. L’apôtre habitait dans le ciel et présentait Jésus aux autres chrétiens, pour les exciter à remporter la victoire. Ayant parlé de la rédemption, il est conduit à présenter la personne de Christ, au v. 15. Il parle de « Christ en nous » (v. 27). Les prophètes avaient annoncé le Messie et la gloire. Pour les Juifs, sa présence était la gloire même. Mais Christ est venu, et nous ne sommes pas dans la gloire. Il y avait un mystère pour les gentils : « Christ en vous, l’espérance de la gloire ». Avoir le Messie promis et non la gloire, c’était en effet un mystère. Par la puissance, en Esprit, de Christ demeurant en nous, tout ce que Dieu lui a donné, nous l’avons en espérance. Paul suppose que nous sommes rachetés et que nous comprenons le salut de nos âmes. Il ne s’agit pas ici de progrès, mais de tous les chrétiens qui sont rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière, ayant Christ en eux, l’espérance de la gloire.

Au v. 15, Christ est présenté comme l’image du Dieu invisible. Personne n’a jamais vu Dieu, si ce n’est en Celui en qui Dieu a été manifesté en chair, glorifié en Esprit, vu des anges. En voyant le Seigneur Jésus, j’ai vu Dieu ; en connaissant ses voies, sa gloire, je connais Dieu. Dieu est avec moi dans ma nature humaine ; ce sont des choses dans lesquelles les anges désirent regarder de près. Ayant trouvé le Seigneur, j’ai trouvé Dieu dans toute sa gloire ; Dieu en amour, Dieu près de moi, dans ma nature, et j’ai trouvé mon repos en la présence de Dieu lui-même. Qu’est-ce qui peut troubler la présence de Dieu ? Et si j’ai Dieu, qui est-ce qui me jugera, puisqu’il m’a déjà conduit dans la demeure de sa sainteté ? L’âme trouve un repos et une puissante énergie dans la conscience qu’elle possède, en Jésus, Dieu dans toute sa gloire, et le porteur de cette gloire a anciennement expié mes péchés. Nous avons, en Jésus, la certitude de voir Dieu : « Il est l’image du Dieu invisible ». Jésus est aussi le premier-né de toute la création, en tant qu’il a pris la forme humaine comme chef de la création et médiateur, comme second Adam. Il s’est fait homme pour nous et toutes choses ont été créées par lui et pour lui. Il est le chef de toute la création ; il en est le centre de bénédiction et de gloire (Hébr. 1:1-2).

On trouve encore une autre primauté de Christ au v. 18. Il est le chef du corps, de l’Église. Il existe une relation spéciale entre la Tête et le corps. Il dirige, gouverne, vivifie l’Église qui, comme corps, est le complément de la Tête. Elle est « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». Étant identifiée avec le Seigneur Jésus, l’Église est établie sur toutes choses, Jésus comme Tête, l’Église comme corps. Ce sont donc trois aspects sous lesquels Jésus nous est présenté :

Image de Dieu, Chef de la création, Chef de l’Église qui jouit avec Lui de la suprématie sur toutes les choses qu’il a créées.

Dans ce but, Jésus a dû être couché parmi les morts, expier nos péchés, purifier l’Église pour se la présenter sans tache. Étant ressuscité, il communique la puissance de la résurrection à tous les membres de son corps.

(v. 20). Dieu veut réconcilier toutes choses avec Lui. Quant à nous qui croyons, il nous a maintenant réconciliés. L’Église est réconciliée, « les choses » ne le sont pas encore. La création n’était pas tombée de sa propre volonté, mais bien l’homme ; il était par conséquent plus éloigné de Dieu qu’elle. Jésus commence par réconcilier ce qui était le plus éloigné, et l’effet de cette oeuvre est de nous faire paraître irrépréhensibles aux yeux de Dieu.

L’apôtre était serviteur de l’Évangile, pour prêcher à toute la création sous le ciel (v. 23), et serviteur de l’Église pour révéler pleinement et en détail la gloire de Christ et accomplir la Parole pour qu’aucune des révélations de Dieu ne reste cachée à l’Église. Il voulait remplir les coeurs de l’espérance de la gloire de Dieu. C’est cette espérance qui agit sur nos affections. Il faut l’espérance pour marcher en avant et nous donner de l’activité et du courage. Dieu nous sauve en espérance, pour nous donner des motifs qui agissent sur nos coeurs et les détachent du monde. La croix arrête les accusations de Satan ; mais Christ dans la gloire nous conduit en avant par son Esprit habitant en nous, qui prend les choses de Christ pour nous les communiquer.

La gloire de Christ n’est pas une chose effrayante ; c’est la gloire d’un homme que nous connaissons, qui nous aime, s’occupe de nous et a été plus familier avec les pauvres pécheurs que les pécheurs même.

Que Dieu nous donne la capacité spirituelle de regarder à Jésus pour nous sortir de la mauvaise atmosphère qui nous environne et qu’il nous fortifie en toute force selon la puissance de sa gloire.


148 - Méditations de J. N. Darby — Jean 13:1-18

n°148 : ME 1903 p. 416

Nous avons lu ce chapitre plus d’une fois dans nos méditations. Je désire vous parler aujourd’hui, non pas du sujet général, mais de son application. Ce chapitre fait allusion à ce qui avait lieu dans le temple pour les sacrificateurs qui, lorsqu’ils entraient pour le service, se lavaient les mains et les pieds dans la mer d’airain. Nous sommes appelés à nous laver les pieds les uns aux autres ; il s’agit d’un service de grâce. De son côté, le Seigneur Jésus lui-même l’accomplit envers nous ; cela a lieu dans la conscience. Ce que Jésus fait ici en figure, il le fait réellement en nous. Il est venu par l’eau et par le sang, pour purifier et expier. Il n’est pas question dans ce chapitre du sang de l’expiation, mais de l’eau de la purification. Jésus purifie son Église et les saints individuellement, par le lavage d’eau, par la Parole. Jamais celui qui est purifié par le sang ne peut en avoir besoin de nouveau ; mais le Saint-Esprit agit dans le coeur pour le purifier par l’eau, c’est-à-dire par la Parole.

La position que Jésus prend ici nous montre que la source de toute humilité est dans la conscience de nos privilèges et de notre exaltation. Ce n’est pas loin de Dieu qu’on trouve l’humilité, ni quand on est abaissé, qu’il y a de l’humilité à l’être. Un ver n’est pas humble, parce qu’il ne prétend pas être un homme. Celui qui est élevé peut seul descendre et s’humilier. La seule manière de marcher avec humilité, c’est d’être près de Dieu. Ce n’est qu’alors que nous pouvons exercer la grâce envers les autres, agir envers eux en charité et nous occuper de leurs misères selon cette grâce. Lorsque je suis près de Christ et que je sens ce qu’est le péché, j’ai horreur de voir du péché en quelqu’un que Jésus aime ; je comprends le contraste entre ce que Jésus est et ce qu’est mon frère. Cela me donne une angoisse pleine d’amour pour ce dernier, parce que je comprends la peine que son péché occasionne au Seigneur. Impossible que nous puissions sentir ces choses quand nous sommes loin de Lui. Laver les pieds de nos frères est nous occuper de leurs misères dans le sentiment de ce que Jésus est, et de ce qu’il éprouve.

Cette communion où l’on réalise, les richesses de la grâce de Jésus, donne la grâce. On est sensible au mal ; il est jugé, même dans notre propre coeur ; on est dans l’humilité, tandis que l’humiliation est produite par la conscience du mal en nous. C’est quand toute la grâce coule dans mon âme, que je vois une tache ou une souillure aux pieds de mon frère. En jouissant de la communion de Christ, je juge tout ce qui est contraire à sa grâce.

La puissance de cette communion se manifeste dans la vie, dans la conduite ; on traverse même l’affliction selon la puissance de Dieu ; dans tous ces cas, le malin ne nous touche pas. Ce n’est pas une joie légère et bruyante qui ne juge pas le mal, mais une proximité de Dieu qui garde l’âme dans la communion. Le péché est une chose entièrement jugée ; le résultat est l’humilité. Près de Dieu, on n’a pas besoin d’être orgueilleux ; on est trop heureux de la gloire de Dieu, pour désirer de la gloire pour soi-même. La position de Christ consistait à être assez près de Dieu pour être entièrement humble ; assez près de Dieu, pour s’occuper de tout son peuple selon l’activité du Saint-Esprit. Le chrétien peut trouver la grâce qui est en Jésus, parce qu’il a lui-même les pieds lavés. Mais il ne doit pas s’en contenter ; il est aussi appelé à laver les pieds de ses frères, et c’est pour cela qu’il lui faut la proximité de Jésus et la plénitude de sa grâce. Nous goûtons cette grâce ; nous désirons y participer ; elle nous rafraîchit et nous fortifie, et nous met en état d’agir selon elle envers les autres.

Ce que nous avons à désirer et à chercher, c’est que nos âmes soient en communion immédiate avec le Seigneur, familières avec ses grâces. Si je comprends sa patience, sa bonté, je saurai mieux juger dans mon coeur les racines et les principes du mal. Nous devons désirer avoir les coeurs où tout soit jugé en relation avec les détails de la grâce de Christ.

Quand nous sommes en communion avec Lui, nous ne pouvons nous contenter de voir nos frères n’être pas dans ce même état. Cette communion donne à l’âme la puissance de l’amour ; c’est là ce qu’on trouve dans le coeur de Christ. Il ne peut se contenter de voir les siens avec des pieds souillés, et si nous jouissons de sa communion, nous avons à coeur ce qu’il a lui-même à coeur.

Est-ce là notre état ? Nos âmes, pleines de la grâce de Christ, soupirent-elles après la manifestation de cette grâce dans tous nos frères ? Loin de Lui, il nous est facile d’exhorter, c’est-à-dire de voir le mal et de le juger ; près de Lui, il y a assez de grâce pour porter remède à tout le mal qui se trouve en nous et chez les chrétiens autour de nous. S’il en est ainsi, il sera porté remède au mal. Jésus est une source de grâce plus puissante que toutes les sources de souillure que Satan et le péché ont introduites dans le monde.

La clef de tout cela, c’est la réponse de Jésus : « Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi ». L’objet de tous nos désirs est d’avoir part avec Lui ; et personne ne peut avoir cette part, s’Il ne le lave pas selon la pureté de l’eau qui a découlé de son côté percé.


149 - Méditations de J. N. Darby — Jean 1:1-34

n°149 : ME 1903 p. 435

Si vous examinez de près ce chapitre, vous verrez que Jésus y est présenté, avec beaucoup de méthode, sous divers aspects. En effet, ce chapitre embrasse la gloire de Christ, depuis sa divinité jusqu’à son apparition glorieuse comme Fils de l’homme ; il est comme la préface de cet évangile qui nous présente la personne du Seigneur avec toutes ses gloires.

Le chapitre commence par l’existence de Dieu, avant le commencement de la Genèse. Or Christ se trouvait là. Du v. 1-13, nous voyons la gloire essentielle de Christ comme Dieu et comme venu de Lui. Il est Créateur comme Parole ; il est vie ; il est lumière. La vie est en Lui et cette vie est lumière. Mais les ténèbres ne comprennent rien à la lumière.

Au v. 14, sa personne est présentée d’une manière positive. La Parole est faite chair, elle se rapproche de nous, vit au milieu de nous, est manifestée parmi les hommes (1 Jean 1:2-3) ; elle a habité au milieu de nous. C’est important, car le monde n’a pas voulu de lui et l’a chassé, Lui, la Parole faite chair, pleine de grâce et de vérité. Toute l’histoire du monde roule là-dessus.

Au v. 18, il est la manifestation de Dieu ; il a, comme Fils, manifesté et révélé le Père. Nous ne connaissons pas seulement Dieu, comme le Dieu de Providence, mais comme Père. Jésus nous révèle Dieu, selon l’amour dans lequel il le connaît Lui-même, Lui qui est dans le sein du Père, et le connaît dans la plénitude de sa grâce.

On voit aux v. 19-34, ce que Christ devient pour les siens. Ce n’est plus ce qui est essentiellement en Lui, mais c’est l’homme qui vient accomplir une certaine oeuvre pour la bénédiction de ceux qui croient, et Jean le Baptiseur lui rend témoignage, introduisant l’homme, par la repentance, dans la jouissance des privilèges du royaume. Mais Jésus est présenté d’abord ici comme l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Le premier Adam a introduit le péché dans le monde, le second Adam l’en ôtera. Il n’est pas dit : qui porte les péchés, mais : qui ôte le péché. L’Agneau de Dieu est celui que Dieu lui-même s’est choisi pour expier le péché. Dieu a trouvé la victime et a pourvu à ce que la souillure du péché fût ôtée ; Dieu qui connaît le besoin des hommes et ce qu’exigent sa justice et sa sainteté, s’est pourvu de cet Agneau comme offrande en rapport avec la pureté de sa nature. La création ne pouvait ni fournir, ni présenter cet Agneau, mais Dieu a donné en Jésus ce que sa gloire demandait, ce que sa justice exigeait, et nous avons la certitude que tout est accompli selon la perfection de cette justice et de cette gloire. Si tout n’était pas accompli, c’est que Dieu y aurait mal pourvu, ce qui est un blasphème. La volonté du Père était d’ôter le péché de devant ses yeux ; le Fils se présente pour accomplir cette volonté et se dévouer à cette oeuvre. La souveraineté, l’amour et la pureté de Dieu se réunissent à sa volonté d’ôter le péché. Dieu se glorifie en l’ôtant et en rétablissant toutes choses en sa présence, dans la pureté et le bonheur. Pour le plus petit péché, le sang de Christ est nécessaire, et ce même sang suffit pour ôter le péché tout entier. Dieu a voulu ôter le péché ; la question est de savoir s’il y a réussi et si Jésus a tout accompli. Nous savons par la foi que le péché est entièrement ôté entre Dieu et nous, et que plus tard il sera ôté du monde. C’est comme homme que Jésus a fait cela et qu’il est devenu l’Agneau de Dieu.

Je ne veux pas m’arrêter ici sur le caractère de Jean-Baptiste, quoique l’oeuvre de la grâce soit bien manifeste en lui. Personne ne se cache plus que lui, et d’une manière plus touchante, derrière le Seigneur. Son humilité fait briller sa fidélité.

Jean voit le Saint-Esprit descendre du ciel sur Jésus. Dieu peut reconnaître un tel homme. Le Saint-Esprit ne descendait pas sur les prophètes ; ils recevaient par l’Esprit une révélation et c’était tout ; mais sur Jésus, le Saint-Esprit descend comme une colombe, symbole de douceur et de pureté, et non comme une langue de feu. La colombe de Noé vole autour de l’arche et ne trouve rien dans ce monde où elle puise s’arrêter. Le corbeau pouvait se poser sur quelque charogne flottant sur les eaux du déluge et s’en nourrir. Le Saint-Esprit s’arrête sur Jésus ; c’est un fait nouveau. Jésus n’est pas comme Adam un homme innocent, mais un homme ayant la connaissance du bien et du mal, un homme pur de tout mal, un homme en qui il n’y a que du bien. Oui, cela est nouveau dans le monde.

Non seulement le Saint-Esprit descend sur Lui, mais il en devient le canal (v. 33) ; il baptise du Saint-Esprit. Les prophètes remplissaient leur mission, mais ne baptisaient pas du Saint-Esprit. Jésus, comme homme, le communique, et c’est la part des chrétiens, de l’Église seule ; le monde lui est étranger, il ne peut connaître le Saint Esprit, et le Saint-Esprit ne peut le reconnaître, car il rend témoignage contre le monde.

Si Dieu peut voir des hommes purifiés par le sang de Jésus, son Esprit peut descendre sur eux, parce qu’ils sont purs. Celui sur lequel a pu descendre le Saint-Esprit est Celui qui en baptise, car il en a acquis le droit.

Deux choses distinguent l’Église de Dieu. 1° Avant que le péché soit ôté du monde, le coeur du croyant est assuré que le péché est ôté entre lui et Dieu. Cette vérité est la base de tout. 2° L’Église est baptisée du Saint-Esprit. Ces deux grandes vérités sont sa base et sa puissance, puissance dont Jésus est le canal.

Au v. 34, nous en voyons la conséquence ; c’est le témoignage que Jésus homme, rempli du Saint-Esprit, est reconnu Fils de Dieu.

Jésus a reçu le Saint-Esprit, parce qu’il en était digne personnellement ; nous en sommes rendus dignes par Lui. Le Saint-Esprit est descendu sur Lui, sous forme d’une colombe, parce qu’il était la manifestation de la grâce de Dieu. Sur l’Église, il descend comme des langues de feu pour qu’elle soit le témoin dans le monde de la grâce de Celui qui l’a baptisée.

Si nous négligeons l’une ou l’autre de ces deux vérités, l’Agneau de Dieu qui ôte le péché et le baptême du Saint-Esprit, nous affaiblissons tout et nous perdons la puissance pour agir. Si nous les gardons, nous avons le témoignage que nous sommes enfants de Dieu, car nous voyons Jésus comme homme, déclaré Fils de Dieu, parce que le Saint-Esprit est descendu du ciel et s’est arrêté sur Lui.


150 - Méditations de J. N. Darby — 1 Rois 17

n°150 : ME 1903 p. 455

Remarquez comment la parole de Dieu introduit la personne d’Élie au milieu des misères d’Israël. Le chapitre précédent ne contient que des choses affreuses. Le jugement de Dieu est sur le pays, car le dernier roi agit plus mal que tous les autres ; il épouse la fille du roi de Sidon, et introduit en Israël l’idolâtrie des Cananéens, idolâtrie plus abominable que celle du veau d’or. C’est alors que, le peuple étant réduit à cet état, Élie le Thisbite paraît tout à coup sur la scène. Ainsi Dieu suscite toujours un témoignage au milieu de son peuple, témoignage d’autant plus puissant, que l’iniquité est plus grande.

Élie se tenait en la présence de l’Éternel et c’était sa force. Je désire vous montrer comment Dieu le fortifie et le rend capable de marcher en avant. Élie n’avait pas toujours pour occupation de rendre témoignage et d’accomplir des actes de puissance devant le peuple. Sa position habituelle était de se tenir en présence de l’Éternel, en sorte que, lorsque survenaient des circonstances difficiles, il était préparé à tout. Autre remarque : pendant trois ans et demi, Élie dispose à son gré de la Providence du pays. On aurait pu y voir une manifestation extraordinaire de la puissance du prophète, mais Jacques nous dit : « Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous, et il pria, avec instance qu’il ne plût pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois » (Jacq. 5:17). Cela provenait de ce qu’il se tenait en présence de Dieu, trouvant la puissance divine dans sa communion. Il priait et disposait ainsi de tout. Élie était angoissé de l’état d’iniquité du peuple, et devient l’instrument du châtiment, mais en participant lui-même à ce châtiment. Dieu lui dit de se cacher au torrent du Kerith, parce qu’Achab le cherchait partout pour le détruire (18:10). Dieu le soutient là, tout en mettant sa foi à l’épreuve dans l’état de famine du peuple ; mais le torrent finit par se dessécher. Dieu nous accorde des secours qui viennent à nous manquer. Notre foi est ainsi éprouvée de nouveau pour que nous ne nous appuyions pas sur les ressources que Dieu donne.

La mission d’Élie à Sarepta nous présente plusieurs points remarquables. C’était le dernier endroit où l’on eût pu soupçonner que Dieu enverrait son prophète. Sarepta était en Sidon, le pays de Jézabel qui cherchait Élie pour le détruire. Mais c’est là que se manifeste la grâce souveraine de Dieu. Il dit : « Lève-toi, va-t’en à Sarepta qui appartient à Sidon ». Jésus dit : « Il y avait plusieurs veuves en Israël, aux jours d’Élie, lorsque le ciel fut fermé trois ans et six mois, de sorte qu’il y eut une grande famine dans tout le pays ; et Élie ne fut envoyé vers aucune d’elles » (Luc 4:25). Dieu laisse de côté les veuves d’Israël, et sa grâce souveraine envoie le prophète vers une veuve sidonienne qui meurt de faim. Certes les hommes ne l’auraient pas envoyé pour y être nourri, chez une veuve étrangère qui ne possédait rien ; c’était le contraire de toute prudence humaine, comme de toute idée juive. Dans les circonstances les plus pénibles, nous ne sommes pas plus loin de Dieu que dans les circonstances les plus favorables ; bien plus, les premières sont pour Dieu l’occasion de se manifester.

La femme est pleine de bonne volonté (v. 11) et Élie lui expose ses besoins. Ici, Dieu savait quelque chose que le prophète ignorait. Cette femme connaissait l’Éternel, le Dieu d’Israël (v. 12), et Dieu la connaissait bien ; il envoie cette visite à la pauvre veuve. Comme Rahab, elle reconnaît la puissance de Dieu avec son peuple ; le lien est ainsi formé de suite. Élie lui annonce que Dieu pourvoira à tout ; elle a une foi entière en sa parole et reconnaît la parole de Dieu dans la bouche de son prophète.

Nous trouvons ici une leçon touchante de la grâce de Dieu. Cette pauvre femme ne s’attendait pas à la venue d’Élie et ne savait pas que Dieu pensât à elle. Sa foi est mise à l’épreuve, mais Dieu la visite exactement au moment opportun. Elle n’a plus qu’une dernière poignée de farine, mais Dieu est là pour s’occuper de cette veuve, étrangère à l’alliance d’Israël. Quand la grâce de Dieu agit pour visiter quelqu’un, elle trouve la foi en la parole de Dieu ; et Dieu répond à cette foi. Cette femme apprend ainsi à devenir beaucoup plus familière avec les voies de Dieu.

Mais la présence de Dieu par la Parole tend toujours à « mettre en mémoire notre iniquité » (v. 18). Elle fait venir sur nous des châtiments, afin que nous apprenions à la connaître et à lui obéir. Quand Dieu agit puissamment par son Esprit, il émonde les sarments, afin de leur faire porter plus de fruit. Le fils de la veuve tombe malade et meurt. Lorsque les châtiments de Dieu se manifestent au milieu des siens, c’est le signe qu’il veut les bénir. On voit, en Hébr. 4, que la parole de Dieu est vivante et opérante, jugeant des pensées et des intentions du coeur, et que toutes choses sont nues aux yeux de Celui à qui nous avons affaire. La Parole sonde tout et, tout étant jugé, la sacrificature de Christ est là, qui vivifie, restaure et bénit. Dieu ne nous bénit qu’en nous sondant. Sa présence rencontre le mal et le fait ressortir, mais ce travail est accompagné de hardiesse pour s’approcher du trône de la grâce. La présence de Satan détruit la confiance ; la Parole nous approche de Dieu et produit la confiance. Cette femme n’avait pas pleine confiance, tout en ayant conscience de ce qu’elle était. Élie intercède et devient comme l’instrument, la source de vie pour son enfant. La femme connaît maintenant que Dieu, ayant répondu en grâce, sa Parole est bien la parole de Dieu, et elle a la certitude pratique de la puissance et de la vérité de cette Parole pour le bonheur, la vie et la restauration (v. 24).

N’évitons pas l’effet de la Parole, agissant sur notre conscience et remettant tout en mémoire, car si Dieu le fait, s’il nous sonde, c’est pour nous bénir. La pleine grâce introduit la Parole qui juge, mais qui est inséparable de la grâce.

Ayons confiance. Si le torrent nous manque, nous trouverons une veuve à Sarepta. Qui donc, à la cour d’Achab, aurait pensé à chercher Élie à Sarepta, dans le pays de Jésabel ? La grâce souveraine nous garde et déploie toutes ses ressources pour nous bénir. Que Dieu nous enseigne à compter par la foi sur sa grâce souveraine !