Épreuve de la foi — Châtiment — Discipline

J. N. Darby


Lettre n° 23 — ME 1967 p. 53-55

À Mlle P.

Il est clair que les afflictions sont des épreuves de la foi aussi bien que des châtiments ; aussi ne doit-on pas supposer que le sens de ce qui nous arrive se trouve toujours en des châtiments proprement dits. Il y a dans les voies de Dieu discipline aussi bien que châtiment : ce qui purifie, ce qui contribue à mater la chair, ce qui brise la volonté et aide, par une œuvre intérieure, à nous mettre à l’abri des tentations extérieures. Sans cela ces dernières nous surprendraient, à cause de la légèreté innée du cœur qui s’adonne si facilement, hélas ! et sans le savoir, à la vanité, quand il n’y a pas quelque contrepoids. Je ne parle pas de légèreté extérieure, mais de la tendance qui nous est si naturelle d’oublier la présence de Dieu.

Il y a donc le châtiment, la discipline, et aussi l’épreuve de la foi. Le châtiment devrait avoir son effet sur la conscience, en la réveillant au sujet de quelque faute (au moins par l’opération du Saint Esprit qui l’accompagne) ; mais d’autre part l’œuvre n’est pas faite avant que la racine de la faute soit découverte à la conscience, (et cela s’applique à tous les genres de discipline). Le manque de dépendance de Dieu, l’orgueil, peut faire tomber en bien des fautes ; l’âme n’est pas restaurée jusqu’à ce que ce qui a donné lieu à ces fautes soit jugé dans le cœur.

La discipline s’applique plutôt à l’état de l’âme. Il y a négligence, hauteur, oubli intérieur de Dieu, mille choses qui donnent lieu à l’emploi de la serpe du vigneron, et même on a besoin que des choses, nullement découvertes par la conscience, soient empêchées d’agir dans le cœur. La chair doit être ainsi tenue d’avance en échec.

Mais il y a un perfectionnement de la nouvelle créature qui donne en soi lieu à des épreuves. Christ y a passé. Quoique le nouvel homme soit en soi parfait, il y a tout de même progrès. En nous ces diverses choses se mêlent : en Christ il n’y avait que ce dernier. Non pas qu’Il ne fût toujours parfait, mais Il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes ; sa foi et son obéissance ont été mises à l’épreuve par des choses toujours plus difficiles, et cela jusqu’à la mort. Sa perfection n’était pas d’agir mais de souffrir ; il y avait un renoncement toujours plus total à lui-même. Il en fut de même avec l’apôtre Paul. C’est ce que l’on trouve plus particulièrement dans l’épître aux Philippiens. Dieu permet que l’ennemi place des difficultés dans le chemin du nouvel homme. C’est une épreuve ; l’énergie du nouvel homme y est exercée, elle y est fortifiée et plus tard couronnée. Si l’on n’agit pas selon la foi, on recule, on perd la joie, ou au moins la lumière du Saint Esprit. Le nouvel homme, tout en étant parfait dans sa nature, est un être dépendant. C’est la place que Christ a prise. Quelquefois les épreuves extérieures sont nécessaires pour que nous démêlions ce qui est du vieil homme et du nouveau, qui restent confondus l’un avec l’autre dans nos cœurs déçus… Lorsqu’il reste dans le cœur quelque plainte qui ne s’adresse pas à Dieu comme à un Dieu de grâce, quelque méfiance de Lui, c’est la chair et l’œuvre de l’ennemi. Quand, à cause de quelque difficulté, l’on ne marche plus en avant quand Dieu nous en a montré le chemin, la chair agit et l’Esprit est contristé. Ayez confiance en Lui et jouissez de son amour. Nous pouvons être abattus quelquefois (mais presque jamais sans quelque manque de foi), et tout ira bien si nous apportons tout cela à Dieu. Si c’est seulement l’épreuve, nous serons certainement consolés ; s’il y a faute en nous, elle sera découverte. Quoi qu’il en soit, allons à Lui, sa paix gardera nos cœurs.