J. N. Darby
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Table des matières :
1 - La responsabilité individuelle dans l’Église selon 2 Timothée
2 - Deux points de conduite individuelle
2.2 - Se détourner de la forme de la piété — 2 Tim. 3:5
3 - L’autorité qui gouverne la conduite du chrétien :
3.1 - Dieu par la Parole, en direct
3.2 - Y a-t-il une autorité intermédiaire entre le chrétien et la Parole ?
3.3 - L’individu tenu de juger l’Église
4 - Principe guidant le fidèle quand la chrétienté n’a plus que la forme de la piété
4.1 - Sachant de qui
tu as appris — 2 Tim. 3:14-15
4.2 - Les Écritures ou saintes lettres
5 - Les Écritures selon 2 Timothée (3:14-17)
5.2 - Les Écritures, ressources du chrétien serviteur de Dieu
5.3 - Les Écritures sont tout
ce qui est nécessaire
5.4 - L’Écriture seule source de certitude
Permettez-moi de vous adresser quelques lignes dans lesquelles vous ne trouverez rien de bien nouveau, mais où j’attire votre attention sur un sujet, sur lequel il est de la plus haute importance de nos jours d’être simple et décidé.
La seconde épître de Paul à Timothée nous présente, comme on l’a remarqué depuis longtemps, la ruine de l’Église dans sa position terrestre, et le cœur de l’apôtre profondément affecté par cette ruine, comme devait l’être, sous l’action de l’Esprit de Dieu, celui qui avait été l’instrument de Dieu pour poser le fondement de l’édifice. L’épître individualise le devoir du chrétien ; et c’est là un grand et important principe dans des jours comme les nôtres, où l’Église, ou du moins ce qu’on appelle ainsi — de fait le clergé — renouvelle ses prétentions à gouverner les consciences.
La seconde épître à Timothée
ne nous présente pas, comme l’épître aux Éphésiens, l’Église dans les lieux
célestes, selon le conseil de Dieu, et dans son vrai caractère pleinement
révélé ; elle ne nous donne pas non plus, comme la première épître à
Timothée, l’ordre de l’Église sur la terre ; mais nous y trouvons la vie
et le salut, maintenant pleinement révélés en Christ (chap. 1:1, 9, 10), avec
une piété qu’on pouvait rencontrer chez les Juifs comme tels et dans laquelle
Paul pouvait parler de ses « ancêtres ». L’Église, en effet, n’est pas mentionnée
du tout dans cette épître, non pas que la communion des saints soit passée sous
silence, car l’apôtre en parle expressément ; mais la communion est bornée
à ceux dans lesquels on sait que la pureté de coeur existe, pureté dont la
réalité n’était pas mise en question aux premiers jours de l’Église. Alors
,
ceux qui se présentaient étaient reçus ; seulement le Seigneur prenait
soin de la pureté de l’assemblée et manifestait les siens, ajoutant à l’Église
tous les jours ceux qui devaient être sauvés. Maintenant
, « Dieu
connaît ceux qui sont siens » ;
la responsabilité de se retirer de l’iniquité repose sur quiconque prononce le
nom du Seigneur, et le croyant doit poursuivre la voie de la paix et de la
grâce « avec tous ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur
».
Deux points sont placés ici devant le croyant pour guider ses pas : d’abord sa conduite individuelle, comprenant aussi sa conduite à l’égard d’autres personnes individuellement ; ensuite sa relation avec la profession publique du christianisme dans le monde.
Quant au premier de ces deux points, le croyant, je l’ai dit, doit « se retirer de l’iniquité ». La nature du christianisme est telle que ce dernier ne peut s’associer au mal dans la conduite. Le croyant se purifie lui-même (car c’est ici un devoir individuel) des vases à déshonneur que, dans une grande maison, il s’attend à rencontrer. Il recherche la communion de ceux qui joignent à la profession de Christ « un coeur pur » d’où la profession découle. Le chap. 2 est aussi clair et positif que possible sur ce point : c’est une question de responsabilité individuelle, et il est important d’en saisir les deux côtés. Si l’on ne saisit que le premier, c’est-à-dire la séparation d’avec l’iniquité et la purification d’avec les vases à déshonneur, la conscience peut être droite ; mais on aura un esprit de jugement et de propre justice. Si, au contraire, oubliant le premier, on ne saisit que le second, c’est-à-dire la recherche de la communion avec ceux qui sont purs de coeur, la conscience sera relâchée, la fidélité à Christ et l’obéissance seront plus ou moins perdues. Il faut que le coeur soit pratiquement engagé dans l’amour du peuple de Dieu et dans la communion des saints, et il faut en même temps que la conscience soit pure et fidèle, comme en ayant fini avec le mal quand le mal domine et est toléré partout.
Quant au second des deux
grands points que j’ai signalés, savoir notre relation avec la profession publique
du christianisme dans le monde, le chapitre 3 de l’épître nous fournit des
directions non moins claires. Le péril des derniers jours gît dans une forme de
piété, la puissance de la piété étant reniée. La direction est aussi simple que
positive : « Détourne-toi de telles gens
». Là où est la forme sans la
puissance, nous ne devons pas aller ; et plus que cela, dans un sens
positif, nous devons nous retirer de telles gens. Toutefois cela encore, en
soi-même, dans les jours périlleux, n’est pas suffisant, car au milieu des
ruines de la piété pratique et de l’absence de dévouement dans le monde
évangélique professant, bien des hommes, dont les principes sont beaucoup plus
faux que ceux des masses, mènent individuellement une vie de grande abnégation
— souvent, hélas ! d’après des principes, en eux-mêmes, mortels. — Or,
c’est un piège dangereux que le dévouement associé à la fausse doctrine et à la
mondanité, et non à un degré plus grand de vérité substantielle. Il n’en est
pas ainsi, loin de là, si le résultat est saisi dans son ensemble ; mais
des cas particuliers, et le feu de premières impressions produisent assez
d’effet pour faire, de la piété de certaines personnes, un piège induisant les
hommes à recevoir de fausses doctrines et à tomber entre les mains de Satan, et
c’est ce qui a lieu réellement quand le dévouement est basé sur l’abandon de la
grâce et de la vérité de l’Évangile.
Un autre point, par
conséquent, est mis en lumière ici, savoir l’autorité
avec laquelle nos âmes sont directement en communion, l’autorité sur
laquelle notre conduite repose, le principe gouvernant qui la dirige :
puis, individuellement, l’application à l’âme de cette autorité et de ce
principe. Cette application est-elle médiate ou immédiate ? A-t-elle lieu
par l’intervention de l’Église comme autorité intermédiaire entre moi et
Dieu ? Ou bien s’agit-il d’un rapport direct et immédiat de mon âme avec
Dieu, et d’une soumission immédiate à l’autorité de sa Parole ? Je n’ai
pas besoin de le dire : tout est immédiat ici ; et ce n’est en aucune
manière rejeter la valeur du ministère. Si quelqu’un connaît « la Parole
» mieux que moi, s’il a plus de
puissance spirituelle que moi, il peut me venir en aide, et son service est
selon la pensée et la volonté de Dieu. Or, celui qui me vient ainsi en aide ne
se place pas entre moi et la Parole, mais il m’amène à une connaissance plus
complète de ce que Dieu dit dans cette Parole ; et, par lui, mon âme est d’autant
plus en relation immédiate avec Dieu par sa Parole. Cette parole seule est le
principe dirigeant et la mesure de ma responsabilité, l’expression de
l’autorité de Dieu sur moi. Une autre personne, je le répète, peut être un
instrument pour me placer plus complètement dans cette dépendance, en
m’initiant davantage à ce que Dieu a dit, sans me faire en aucune manière
sortir de cette relation. C’est une relation directe avec Dieu, dont les droits
sont absolus et embrassent mon être tout entier : Dieu a droit à mon
obéissance sans réserve. Il exerce son autorité immédiatement par la Parole.
Cette Parole peut sanctionner, et sanctionne en effet des devoirs vis-à-vis
d’autres personnes, mais ces devoirs sont reconnus par l’autorité de la Parole,
et dans l’obéissance à Dieu dans sa Parole. Il faut que je satisfasse à toutes
les obligations des différentes relations dans lesquelles Dieu m’a placé — mais
par la Parole et selon elle. Ma relation immédiate et première, celle qui
domine tout, est avec Dieu par la Parole. Elle a la préséance sur toutes les
autres, elle les gouverne toutes et réclame une soumission absolue et
immédiate. « Il faut obéir » est le drapeau du chrétien ; mais Dieu, qui
s’est révélé lui-même entièrement et qui se révèle lui-même immédiatement à nous
par la Parole, a un droit absolu sur nous et « il faut obéir à DIEU plutôt qu’aux hommes
» (Actes 5:29 ; comp. 4:19, 20).
Il peut arriver que l’Église
doive être jugée, et c’est ce qui a lieu en effet. Le chrétien doit
individuellement en tenir compte ; il est appelé à juger l’Église, en
sorte que l’Église
ne peut avoir
autorité sur lui, comme loi souveraine, pour son âme. Il est tenu de
reconnaître la parole de Dieu comme loi suprême et norme de la vérité et de la
conduite, ayant de la part de Dieu autorité immédiate sur son âme, sans que
rien d’autre puisse venir se placer entre lui et Dieu. Il est évident que je ne
parle pas ici de la discipline d’une assemblée, exercée selon cette Parole — la
Parole qui l’ordonne reconnaît sa validité — mais de ce qui, en matière
religieuse et de toute
matière, fait
loi et autorité sans appel.
Il se présente en apparence une autre question, mais qui au fond n’en est pas une autre : Est-ce que l’âme reçoit la Parole immédiatement et est-elle responsable à Dieu pour elle-même selon l’autorité de cette Parole ? Ou bien est-ce qu’autre chose peut venir s’interposer avec autorité entre l’âme et la Parole, en sorte que l’âme ne soit pas immédiatement responsable envers Dieu selon cette Parole ? La seule question est réellement celle-ci : La parole de Dieu est-elle adressée immédiatement à la conscience de l’homme, en sorte qu’elle le constitue responsable quand elle lui est adressée ? Aucun homme, dans son bon sens, ne niera que, si Dieu révèle quoi que ce soit à un homme, cet homme doive y prêter attention. L’incrédulité peut contester le fait qu’il y a une parole de Dieu et les catholiques romains se placent souvent sur ce terrain dans la controverse, en mettant la chose en question. Comment savez-vous, disent-ils, qu’il y a une parole de Dieu ? Moi, je suppose ici qu’il y a une parole de Dieu et je demande : est-ce que l’autorité de cette Parole sur mon âme est immédiate, ou bien est-ce que maintenant que je possède cette Parole, il y a quoi que ce soit entre elle et mon âme ? L’autorité des oracles de Dieu est-elle absolue, immédiate ? Ces oracles me placent-ils sous une obligation qui ne tolère pas que rien vienne se placer entre eux et mon âme, ou limiter ou modifier leur autorité ?
À cette occasion je ferai remarquer que, sauf trois épîtres, tous les écrits du Nouveau Testament, et pour autant que le principe dont je parle est en question, tous les écrits de l’Ancien Testament aussi, ont été adressés, non à ceux qu’on appelle le clergé, mais par le clergé au peuple. La prétention du clergé de les posséder en tant que clergé, et comme lui étant adressés, n’est que folie : ces écrits ont été adressés expressément au peuple chrétien par ceux auxquels Dieu avait donné mission de le faire. C’est un fait avéré. Dans l’un de ses écrits, sa première lettre aux Thessaloniciens, Paul adjure expressément ceux-ci d’avoir soin « que la lettre soit lue à tous les saints frères » (1 Thess. 5:27) et les Thessaloniciens étaient des chrétiens nouveau-nés. Si ceux qui professent le christianisme sont aujourd’hui si ignorants qu’ils ne peuvent pas comprendre les choses que Paul écrivait pour « tous les saints frères », il faut en chercher la cause dans le fait de l’enseignement séculaire de l’Église ; or cette incapacité à comprendre disparaît là où il y a de l’humilité et où l’on s’attend à la grâce de Dieu. « L’entrée de tes paroles illumine donnant de l’intelligence aux simples ». « J’ai plus d’intelligence que tous ceux qui m’enseignent, parce que je médite tes préceptes » (Ps. 119:130, 99). « Ils seront tous enseignés de Dieu » (Jean 6:45), telle est la promesse que Dieu nous a donnée.
Mais quelque importante
d’ailleurs que soit cette vérité, je reviens à l’objet spécial de ces lignes
qui est moins général. Je parlais des instructions que l’apôtre donnait dans
des épîtres adressées à un homme, dans lequel il avait la plus grande confiance
comme serviteur et comme homme de Dieu, à un homme qui avait travaillé avec lui
dans l’Évangile comme un fils avec son père, et auquel il pouvait communiquer
ses sentiments les plus intimes et dire ce qui était nécessaire pour l’Église,
quand les jours mauvais viendraient où les hommes auraient la forme de la piété
mais en renieraient la puissance, et placeraient ainsi la conscience dans l’obligation
de juger l’état de l’Église ; je parle de l’épître, en particulier, dans
laquelle l’apôtre nous a révélé le jugement de Christ et nous a invités à nous
soumettre à ce jugement et à agir en conséquence — épître, en un mot, qui
n’apporte pas au chrétien des vérités et des instructions générales, quelque
précieuses qu’elles soient, mais lui fournit des directions particulières pour
les temps fâcheux des derniers jours. Ces directions et cette révélation du
jugement de l’Église sont de la plus haute importance en présence de l’histoire
tout entière de celle-ci.
Nous savons comment on a longtemps maintenu le principe de la soumission à l’Église et par ce moyen les ténèbres, et comment on a longtemps et soigneusement confondu l’Église, telle que Christ l’a aimée, la sanctifie et se la présentera sans tache ni ride, avec l’édifice de bois et de chaume qui, comme ces mêmes gens l’admettent, s’est développé et se présente à nous sous la forme mélangée d’un grand corps mondain ; une Église aussi inique, plus inique même que le monde. Cyprien et divers autres ont enseigné soigneusement que le Saint Esprit était là et ne pouvait être nulle autre part, et que tous ceux qui étaient en dehors de cette forme extérieure étaient perdus. On a si rigoureusement enseigné cette doctrine que — alors que ce même Cyprien confesse que l’état de l’Église, les évêques et tout le reste avec eux, est désastreux, aussi triste que celui du monde, en sorte que la plus terrible persécution ne serait qu’un léger châtiment absolument nécessaire — l’on maintenait que si quelqu’un, pressé par sa conscience, quittait cette chose inique, il perdait absolument le salut et la vie éternelle et qu’il n’y avait de grâce nulle part ailleurs. Par la manière, avec laquelle on insistait ainsi sur les privilèges d’une église dont on reconnaissait la corruption, des âmes qui reculaient devant ce qui déshonorait Christ devenaient la proie des hérétiques ou des fanatiques, quand leurs consciences ne pouvaient plus supporter l’état moral du grand corps extérieur, qui prenait et réclamait la place de l’Église de Dieu. C’est assurément une des douloureuses pages de l’histoire de l’Église que celle qui nous montre des hommes abandonnant le grand corps ecclésiastique, envahi par l’immoralité et l’idolâtrie la plus grossière, et tombant entre les mains de ceux que Satan suscitait pour troubler et ruiner le témoignage de Dieu, ou se mêlant avec eux. L’Église primitive ne s’est jamais défendue contre les attaques de l’hérésie par la vérité que les Irénée (sauf dans une certaine mesure peut-être), les Tertullien, les Cyprien et d’autres n’avaient pas, mais par ses propres prétentions à tout posséder et cela en vertu d’un titre héréditaire. Ceux qui étaient moins rigoureux étaient eux-mêmes des philosophes bien éloignés de la vérité, tels que Clément d’Alexandrie, Origène ; ils faisaient sans doute une différence entre certains hérétiques et d’autres ; mais, après cela, le schisme ou l’hérésie étaient également fatals (*), et si plus tard on fit une différence entre les deux, tout le monde s’accordait néanmoins pour refuser le salut sans distinction à ceux qui y tombaient, ou les brûler quand les bûchers devinrent la coutume de l’Église.
(*) C’est un fait curieux, dans les annales de l’Église, que ce qui a fait de Cyprien le champion opiniâtre de l’unité de l’Église et de la doctrine qu’il n’y avait de grâce nulle autre part, a été finalement abandonné et condamné par l’Église universelle, reconnaissant la validité du baptême schismatique ou hérétique. — Cyprien n’a jamais été conséquent avec lui-même.
Si c’est là l’histoire de
l’Église, de quelle importance n’est-il pas de reconnaître que chacun, pour
lui-même, est tenu
de juger l’état de l’Église professante ; ceux
qui avaient des oreilles ont été appelés de tout temps à reconnaître le
jugement de Christ sur cet état et à se soumettre à la Parole à cet
égard : en l’écoutant, chacun eût appris ainsi à ne pas confondre le corps
de Christ avec le corps professant (*). Mais
le chap. 3 de la seconde épître à Timothée nous donne une direction de
plus ; l’épître nous invite expressément à éviter ceux qui renient la
puissance de la piété, tout en en gardant la forme. Or, si je suis
individuellement appelé à reconnaître le jugement de Christ quant à l’état de
l’Église et à agir en conséquence, quelle que soit d’ailleurs cette action,
l’Église dès lors a cessé d’être une
autorité
et elle est jugée par la Parole, à laquelle je suis expressément
appelé à prêter mon attention dans ce jugement qu’elle prononce ; le
jugement prononcé par l’Église comme corps professant ne peut pas être une
autorité qui gouverne mon jugement spirituel, par lequel je suis tenu de suivre
la Parole qui juge l’Église elle-même dans son esprit et dans son état. Christ
nous appelle individuellement
, expressément, à écouter ce que
l’Esprit dit aux églises (comp. Apoc. 2:7, 11, 17 ; 3:6, 13, 22), non pas
ce que l’Église dit, mais ce qui est dit aux églises. Je ne parle pas ici des
conséquences qui peuvent en découler (les chap. 2 et 3 de la seconde épître à
Timothée sont clairs sur ce point), mais de ce fait que chacun individuellement
est appelé à écouter ce
que Christ dit de l’état de l’Église. Il est digne de remarque que c’est à
Éphèse, où il y avait tant de bénédiction et de privilèges (voyez l’épître aux
Éphésiens et Apoc. 2:1-7), que le fait dont je parle s’accomplit pour la
première fois. Le vase de la plus glorieuse grâce, Éphèse, représente la chute
de l’Église, le point de départ de son premier état, et reçoit le solennel
avertissement : « J’ôterai ta lampe de son lieu ». Toutefois je ne veux pas
dire autre chose maintenant, sinon que chacun, individuellement
, est
appelé à écouter Christ et à se soumettre au jugement qu’il prononce. Chacun
individuellement pour lui-même est tenu de recevoir immédiatement de Christ, ou
de l’Esprit par la Parole, ce qu’Il dit, non seulement indépendamment de
l’autorité de l’Église, mais même au sujet de l’Église elle-même. Se soumettre
ainsi à la Parole est même la preuve que quelqu’un a des oreilles pour
entendre, pour entendre Christ, pour entendre ce que dit l’Esprit.
(*) Augustin ne les confondait pas ; cependant il insistait sur ce que tous ceux qui se séparaient du corps professant étaient perdus, et faisait du jour du jugement le temps de la séparation et une sorte de purgatoire.
Quel est donc le principe qui doit gouverner le fidèle, une fois que la chrétienté a revêtu la forme de la piété sans la puissance, annoncée clairement par l’apôtre pour les temps fâcheux des derniers jours, où les chrétiens auront à se détourner de cette forme de la piété. Le principe en question nous est présenté sous une double face.
L’Église ne peut pas être
l’autorité, car c’est elle qui nous a amenés aux temps fâcheux où nous avons à
nous retirer de l’état de choses général, les hommes ayant revêtu la forme de
la piété sans la puissance. Il n’y a ni principe, ni autorité pour me retenir
dans un pareil état de choses ; je suis tenu de le reconnaître et de m’en
retirer. Les deux faces du principe vrai qui doit me gouverner, c’est d’abord
la connaissance de la personne
de qui j’ai tout appris ; ensuite
les
Écritures.
de quitu as appris — 2 Tim. 3:14-15
La
première de ces faces est aussi simple qu’importante. Une tradition
s’établit ; personne ne sait par qui. On me dit que le fait que « l’Église
l’a conservée » est une sûre base de ma foi. Mais Paul dit : Non, il faut
que tu saches « de qui tu l’as apprise ». On répond : « Des Pères » ou « avec
leur consentement », mais sans me donner aucune source
authentique. Timothée savait qu’il avait appris ces choses
de l’apôtre Paul, d’un homme divinement inspiré, d’un docteur autorisé — et
ainsi ces choses étaient sûres. Aucun enseignement de l’Église, aucune
tradition, même universelle, ne peut m’assurer la vérité. Je ne puis pas dire de qui
(παρα
τινος) je
l’ai appris. Il faut, pour me faire recevoir quelque chose comme la vérité, que
je trouve une personne dont l’autorité et l’inspiration soient certaines. Il
faut que je sache de qui
j’ai appris
la chose. Ce principe s’applique aux « temps fâcheux », caractérisés par le
désordre dans l’Église, car une forme de piété sans la puissance est elle-même
le désordre ; or dans des temps semblables une source certaine d’autorité
est d’une importance capitale. Si Paul, ou Pierre, ou Jean ont enseigné quelque
chose, je sais que c’est la vérité ; j’en suis certain. Si les Pères, ou
on ne sait qui, ont enseigné quelque chose, je n’ai aucune certitude donnée de
Dieu.
La seconde
face du principe auquel j’ai fait allusion et qui, en
partie, se confond avec la première, ce sont les Écritures. Mais cette seconde
autorité a un caractère spécial : les Écritures sont de « saintes lettres ».
Dieu dans sa bonté a voulu que ses saints, ayant la clef de la foi en Jésus
Christ, eussent un guide sûr et certain, et il le leur a donné dans un corps
d’écrits appelé par l’apôtre, c’est-à-dire par l’autorité divine, « les saintes
lettres », desquelles un enfant, guidé par la piété de sa mère, pouvait avoir
connaissance et qui devaient être reçues comme inspirées et ayant cette
autorité divine. Ces « saintes lettres », composées d’un certain nombre d’écrits
distincts, mais formant un ensemble, dont on pouvait parler comme d’un tout
connu : « les saintes lettres
» et de chaque partie duquel on
pouvait dire : « toute Écriture », la bonté de Dieu nous les a données,
sanctionnées de la manière la plus solennelle par le Seigneur lui-même, aussi
bien que par son apôtre, comme un seul tout, oeuvre inspirée de divers auteurs,
documents écrits
qui, à cause de leur
caractère inspiré, réclament la foi. « Sachant ceci premièrement, dit Pierre,
qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même. Car la prophétie
n’est jamais venue par la volonté de l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont
parlé, étant poussés par l’Esprit Saint » (2 Pierre 1:20, 21). « Afin que fût
accompli », répète constamment Matthieu, ou, dans un sens plus général :
« Alors fut accompli » (Matt. 1:22, 23 ; 2:15, 17, 23 ; 4:14 ;
7:17 ; etc.). « L’Écriture ne peut être anéantie », dit le Seigneur (Jean
10:35). « Il est écrit dans les prophètes : « Et ils seront tous enseignés
de Dieu » (Jean 6:45). « Si vous ne croyez pas ses écrits, comment croirez-vous
mes paroles ? » (Jean 5:47). Et à Gethsémané, en contraste avec leur
attitude « dans le temple », Jésus leur dit : « Mais tout ceci est arrivé,
afin que les Écritures soient accomplies » (Matt. 26:56). Ainsi encore :
« Alors il leur ouvrit l’intelligence pour entendre les Écritures »,
disant : « Il est ainsi écrit ; et ainsi il fallait que le Christ
souffrît ». Et le même jour : « Ô gens sans intelligence et lents de coeur à
croire toutes les choses que les prophètes ont dites ! Ne fallait-il pas
que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât dans sa gloire ? Et
commençant par Moise et par tous les prophètes, il leur expliquait, dans toutes
les Écritures, les choses qui le regardent » (Luc 24:45, 46 ; 25-27). — « Il
fallait », parce que cela était dit dans l’Écriture. C’est ainsi que Paul
pouvait dire : « l’Écriture, prévoyant… a annoncé… » (Gal. 3:8) ;
et c’est ainsi que, comme on l’a souvent remarqué, le Seigneur cite l’Ancien
Testament comme un tout reconnu et en usage parmi les Juifs : « Moise,
et… les prophètes, et… les Psaumes » (Luc 24:44). Jésus se servait des
Écritures, du témoignage écrit, pour réduire au silence l’Adversaire, et il se
référait à elles en censurant les Juifs, citant ces Écritures, l’une ou
l’autre, comme partie d’une série de témoignages divins, qui les laissait sans
excuse. Je ne rappelle pas ici les nombreux passages, dans lesquels l’autorité
des Écritures est reconnue par le Seigneur et ses apôtres. Si l’on ne croyait
pas aux Écritures, assure-t-il, quelqu’un ressusciterait en vain d’entre les
morts pour convaincre les hommes (Luc 16:27-31) ; aucun témoignage de la
réalité d’un autre monde ne servirait, si l’on n’écoutait pas ces écrits. Il y
a plus : non seulement l’autorité de certaines Écritures particulières est
affirmée ; mais, il est important de le remarquer, le fait qu’une chose se
trouvait dans les Écritures, lui donnait l’autorité divine. Il suffisait
qu’elle fût « Écriture », pour qu’elle fût revêtue de cette autorité. « L’Écriture
ne peut être anéantie » (Jean 10:35). Ce n’est pas seulement qu’on puisse
trouver dans l’Écriture des vérités (comme dans un sermon quelconque ou dans un
traité comme celui-ci), ou bien, que la parole de Dieu y soit renfermée :
mais le fait de se trouver dans les Écritures donne à ce qui s’y trouve
l’autorité de la parole de Dieu. Placer une chose dans l’Écriture, est la
méthode ordonnée de Dieu pour la revêtir de son autorité ; non pas
seulement pour présenter la vérité, car tout homme peut être un moyen de la
communiquer ; mais c’est l’autorité
pour la vérité. Oui, ce qui est
exprimé dans les Écritures est revêtu d’autorité divine et est reconnu par
Christ lui-même et aussi par tous les apôtres, comme ayant cette autorité.
Ceux-là étaient « plus nobles » qui examinaient « chaque jour les Écritures pour
voir si les choses » qu’un apôtre disait étaient ainsi (Actes 17:11). Les
Écritures ont autorité et sont adressées au peuple de Dieu ; elles ne sont
pas adressées comme telles au clergé ou aux ministres de la Parole — sauf, nous
l’avons vu, une très petite partie, mais elles sont adressées par ces ministres
au peuple.
Elles sont toutes
utiles pour enseigner. Celles que l’apôtre Paul a adressées à ses compagnons
d’oeuvre peuvent nous apprendre ce que l’Église était, ce qu’elle devrait être,
et ce qu’elle serait.
Examinons donc de plus près ce que l’apôtre dit, dans sa lettre à Timothée, sur la valeur de ces livres et la place qu’ils occupent, et cela spécialement quand l’Église, perdant son vrai caractère, a pris la forme de la piété et en renie la puissance.
Après avoir rappelé que
Timothée avait appris la vérité de lui
, Paul dit : « Et que dès
l’enfance, tu connais les saintes lettres
». L’apôtre donne ce titre au livre
bien connu qui, comme tel, avait autorité. Comme enfant, Timothée l’avait connu
et en avait appris le contenu. Et ces « saintes lettres », par la foi en Jésus
Christ, la grande clef de tout, pouvaient le rendre sage à salut. On dit qu’il
s’agit ici de l’Ancien Testament. Sans doute, ce que Timothée avait connu dès
son enfance, était l’Ancien Testament ; mais tout ce qui a droit à être
appelé « les saintes lettres » est renfermé dans l’expression de l’apôtre et
jouit des privilèges qui y sont attachés. Paul revendique cette autorité pour
ce qu’il écrivait, 1 Cor. 14:37 ; et il fait la différence entre son
expérience spirituelle, quelque grande qu’elle fût, et ce que le Seigneur
disait (*). Mais les choses qu’il écrivait
étaient les « commandements du Seigneur ». Les derniers versets de l’Épître aux
Romains nous assurent que le mystère de l’Évangile, caché dès les temps
éternels, était donné à connaître par des Écrits prophétiques (**) à toutes les nations, et Pierre place les
épîtres de Paul sur la même ligne que « les autres Écritures » (2 Pierre 3:15, 16). « L’Écriture
» est quelque
chose de connu : tout ce qui est cela
a autorité et, par la grâce, la puissance d’éclairer ; tout ce qui est
cela
juge et n’est pas jugé.
(*) voyez : 1 Cor. 7.
(**) Non pas : « les Écrits des prophètes » — le passage est parfaitement clair
Les « saintes lettres » sont donc la ressource divine, et donnée de Dieu pour le chrétien, quand l’Église est dans un état de chute — « les Écritures », ce livre dont un enfant pouvait avoir connaissance — et elles peuvent rendre un homme sage à salut par la foi en Jésus Christ. Reconnaître la place donnée à l’Écriture, ce n’est pas rabaisser le ministère : Timothée ne méprisait pas Paul assurément ; mais l’apôtre appelé et doué de Dieu le renvoyait à ces « lettres », comme au sûr guide individuel pour un temps où l’Église était déchue et tombée dans un état de désordre.
Mais l’Écriture peut faire
davantage : elle peut rendre « l’homme de Dieu… parfaitement accompli ».
Et ici nous trouvons plus que ce qu’on peut avoir connu dès l’enfance, plus que
la sagesse à salut par la foi. Ce passage s’adresse à « l’homme de Dieu », à
celui qui est pour Dieu dans ce monde, expression empruntée à l’Ancien
Testament, et dont la force est facile à saisir. En un certain sens, dans son
service, « l’homme de Dieu » représente Dieu en tant qu’il agit sous sa direction
et par sa puissance : « En toutes choses nous recommandant comme serviteurs
de Dieu » (2 Cor. 6:4). Il est là tout au moins comme serviteur de Dieu dans le
monde. Et ici nous ne trouvons pas le livre comme un tout, mais chaque partie du tout
, ce qui est justement appelé
« Écritures », est divinement inspiré (QeopneustoV).
Il est évident que, si l’Écriture n’était pas divinement inspirée, elle ne
pourrait pas avoir l’autorité que le Seigneur et les apôtres lui attribuent, et
que nous ne verrions pas le Seigneur, dans les moments les plus solennels et de
la manière la plus absolue, user de sa puissance divine pour rendre ses
disciples capables de la comprendre (comp. Luc 24:45).
toutce qui est nécessaire
Mais il y a plus : Ce
n’est pas toute la vérité, que les Écritures renferment la parole de
Dieu ; mais tout ce qui est « Écriture » est inspiré et utile pour tout ce
qui est nécessaire afin de rendre l’homme de Dieu parfait. Quiconque est appelé
à agir pour Dieu dans ce monde, à le représenter devant le monde (car, quoique
quelques-uns y soient appelés d’une manière particulière, tous ont plus ou
moins à prendre cette place) — trouve dans l’Écriture tout ce dont il a besoin
pour rendre accomplis son état et sa compétence pour le service. Or l’Écriture ne
contient pas seulement ce qui est nécessaire ; mais tout ce qui est
justement appelé « Écriture » est inspiré (*),
est revêtu du nom donné par Dieu
lui-même
à ce qu’il veut qui soit reçu comme venant de Lui. Nous avons — un enfant a (en
ce qui concerne l’autorité, que la foi seule peut rendre effective) des Écrits
qui réclament la soumission de l’âme, comme étant la parole de Dieu adressée
immédiatement à nous, en sorte que l’intervention de qui que ce soit porte
atteinte aux droits de Dieu, à ses droits immédiats sur l’âme comme lui
appartenant. Sans doute, d’autres personnes peuvent m’aider à saisir ce qui se
trouve dans ces Écrits, mais c’est Lui
qui m’amène à ce qui est
là, et nul n’a le droit d’entraver les droits directs de ce qui est
placé sur mon âme, qu’il s’agisse d’une personne quelconque ou de l’Église.
Plus la prétention de le faire est élevée, plus est grande la culpabilité de
celui qui la met en avant. Je reconnais l’autorité de toute l’Écriture comme
absolue et directe de la part de Dieu. On peut sans doute m’aider à connaître
mieux ce qui est écrit là, pour que j’en profite, que j’en jouisse et
que j’y obéisse ; mais Dieu me dit expressément d’aller aux Écritures et
de compter sur elles ; il m’instruit à faire ainsi individuellement, non pas comme si j’avais à les
juger, mais comme reconnaissant en elles le droit de Dieu sur moi quand
l’Église a pris la forme de la piété. Toujours vraie et toujours la joie de
tous, quand l’Église était dans son état normal, soit dans les épîtres reçues
des apôtres, soit dans les évangiles que Dieu nous a donnés, l’Écriture devient
la vérité nécessaire quand l’Église s’est corrompue et qu’arrivent les temps
fâcheux des derniers jours. N’oublions pas, si le sentiment de l’état présent
des choses ne pèse pas sur nos âmes, que nous savons par les Écritures que ces
temps commençaient lorsque Jean, Paul, Pierre et Jude écrivaient. Jean pouvait
dire : « Nous savons que c’est la dernière heure » (1 Jean 2:18) ; il
pouvait faire entendre, au milieu des sept Églises de l’Apocalypse, la voix du
Seigneur avertissant l’Église qui se corrompait. Pierre pouvait nous dire que
le temps était venu où le jugement devait commencer par la maison de Dieu (1
Pierre 4:17). Jude pouvait se trouver dans la nécessité d’écrire aux saints pour
insister sur la foi qui a été une fois enseignée, parce que des gens étaient
entrés dans l’Église qui seront les objets du jugement de Christ au dernier
jour (Jude 3, 4). Paul pouvait nous montrer le mystère d’iniquité opérant déjà
et se développant jusqu’à ce que le Méchant fût finalement révélé après
l’apostasie (2 Thess. 2) ; il pouvait nous apprendre comment déjà tous
recherchaient leurs propres intérêts et non ceux de Jésus Christ (Phil.
2:21) ; lui qui était le sage architecte, choisi pour poser le fondement
(1 Cor. 3:9-11), lorsque le moment de son départ était arrivé, avertissait son
enfant bien-aimé, comme il l’avait fait pour les anciens d’Éphèse (Actes 20),
des jours fâcheux qui s’approchaient, annonçant que des hommes pervers et des
séducteurs se lèveraient et iraient en empirant, l’Église elle-même ayant une
forme de piété sans la puissance.
(*) Je ne doute pas que telle ne soit la vraie traduction de ce passage, mais d’ailleurs cela ne change rien au sujet qui m’occupe ici, car les mots « tout écrit divinement inspiré » attribuent également et spécifiquement l’inspiration à tout ce qui a droit à ce nom, et ajoutent ensuite d’autres traits caractéristiques.
C’est alors, comme nous
l’avons vu, que l’apôtre revient à ce qui est individuel
, car la
seconde épître à Timothée ne nous apprend rien de l’Église, si ce n’est sa
chute et sa ruine ; l’homme de Dieu a donc à tenir ferme contre le mal
grandissant, et les Écritures prennent la place qui leur est assignée ;
nécessité qui n’était pas autant sentie lorsque tous étaient dans le courant de
la puissance divine, et recevaient les soins et les directions des apôtres
eux-mêmes. Mais maintenant cette nécessité des Écritures, revêtues de
l’autorité divine, divinement inspirées, pleinement et divinement suffisantes
pour instruire, apparaissait pour les jours d’iniquité et de séduction qui
s’étaient levés.
Alors aussi, cela est évident, les mots : « sachant de qui tu les as apprises » se confondent avec les Écritures.
La parole de Dieu, comme le Seigneur lui-même, procède de Dieu et est adaptée à l’homme. En cela, avec la Parole vivante, elle a une place qui appartient à elle seule et dans laquelle elle est parfaite.
Je voudrais exhorter ici le
lecteur à réaliser dans sa propre âme la portée de ce que l’apôtre Jean nous
dit (1 Jean 2:24) et l’engager à insister auprès des autres sur ce passage,
toutes les fois que l’occasion s’en présente : « Pour vous, que ce que vous
avez entendu dès le commencement demeure en vous : si ce que vous avez
entendu dès le commencement demeure en vous, vous aussi vous demeurerez dans le
Fils et dans le Père », car ce passage se lie étroitement à ce que nous venons
de dire. Aucune autorité n’est sûre et certaine pour le croyant, sauf celle de
ce qui était « dès le commencement
».
Elle seule nous garde dans le Père et dans le Fils. Il peut y avoir une
« antiquité très respectable et vénérable » ; et l’esprit de respect est une
qualité très importante dans le croyant là où son objet est vrai
; s’il ne l’est pas, il devient un instrument effrayant de
séduction ; mais pour fondement de sa foi, le chrétien a besoin de « ce qui
était dès le commencement ». C’est là l’autorité pour croire. Or, dans les
Écritures, j’ai cette certitude ; j’ai la chose elle-même ; — et
nulle part ailleurs. On peut prêcher la vérité et je puis en tirer
profit ; mais par la Parole, ici spécialement par le Nouveau Testament,
j’ai la certitude de ce qui était dès le
commencement
; et je ne
l’ai nulle autre part. Aucune entente mutuelle entre chrétiens ne peut me
donner cela. Rome et la Grèce et l’Angleterre pourraient s’entendre, que leur
accord ne me donnerait pas « ce qui était
dès le commencement
». Les
Écritures me le donnent. On me trouve peut-être bien présomptueux de m’élever
contre une autorité aussi respectable et aussi étendue que celle du monde
chrétien ; il ne s’agit pas de mon jugement, mais de la foi en ce que Paul
et Jean et Pierre et le Seigneur lui-même ont dit. Il n’y a pas de présomption
en cela. Je fais ce qu’ils me disent de faire, savoir de « recevoir » et de
« tenir ferme » « ce qui était dès le commencement ». Si quelqu’un allègue que ces
choses sont « difficiles à comprendre », je demande si ces hommes le sont
moins ? Ce qui est présomptueux, c’est d’affirmer que de tels hommes savent
enseigner la vérité mieux que les apôtres et le Seigneur lui-même qui parlaient
aux foules. J’ai besoin, non pas de ce que l’Église primitive tenait pour vrai,
mais de « ce qui était dès le commencement
». C’est pourquoi l’apôtre déclare : « Celui qui connaît
Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas : à
ceci nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur ».