destinées à aider le chrétien dans la lecture du Saint Livre
ÉSAÏE
par J.N. DARBY
Table des matières :
Ésaïe se présente en première ligne, et, en effet, ses écrits sont les plus complets de ceux qui appartiennent à la prophétie, et peut-être les plus riches de tous. L’ensemble des pensées de Dieu à l’égard d’Israël nous y est davantage révélé, tandis que certaines portions de l’histoire de ce peuple forment le sujet principal des autres prophéties.
Nous donnerons ici la division du livre par sujets. Une apparence de confusion règne au commencement ; mais elle aide en même temps à faire sentir la portée morale du livre.
Et ici, quelle scène triste d’un côté, et en même temps, douce et glorieuse de l’autre, se découvre à nos yeux, semblable aux premières lueurs de l’aube du jour, qui se montre à la fin d’une longue et froide nuit de ténèbres ; elle fait pressentir le beau jour qui va se lever sur une scène dont on n’aperçoit qu’à peine encore les beautés et qui ne doit pas tarder à être vivifiée par la chaleur et à resplendir sous l’éclat du soleil glorieux qui va bientôt l’éclairer. On se réjouit de cette lumière partielle ; elle parle de la bonté, de l’énergie et des intentions de Dieu, qui a tout créé pour accomplir ses desseins de grâce et de gloire. Mais on attend la manifestation de la plénitude de cet accomplissement, où tout jouira du repos sous l’effet de sa bonté.
Telle est la prophétie : elle est triste, parce qu’elle dévoile le péché et la folle ingratitude du peuple de Dieu ; mais elle révèle le coeur de Celui qui est infatigable en amour, qui aime ce peuple, qui veut son bien, quoiqu’il sente son péché selon son amour. C’est le coeur de Dieu qui parle. Ces deux caractères de la prophétie jettent du jour sur le double but qu’elle se propose, et nous aident à en comprendre la portée. Premièrement elle s’adresse à l’état actuel du peuple et lui démontre son péché ; elle suppose donc toujours le peuple dans un état de chute. Lorsqu’il jouit en paix des bénédictions de Dieu, il n’est pas besoin qu’on vienne lui montrer son état. Mais en second lieu, tant que le peuple est encore reconnu, elle lui parle d’un relèvement actuel subordonné à sa repentance, et, pour l’encourager à s’approcher de l’Éternel, elle lui annonce sa délivrance. Et ici la loi et par conséquent les bénédictions qui s’y rapportent, trouvent leur place, comme ce à quoi le peuple devait revenir. La dernière parole prophétique donnée de Dieu, en est un exemple remarquable (Malachie 4). Toutefois, Dieu savait bien quel était le coeur de son peuple, et quel serait son refus de se rendre à son appel. Pour soutenir la foi du résidu fidèle au milieu de cette incrédulité, et pour instruire son peuple dans tous les temps, il ajoute des promesses qui s’accompliront infailliblement par la venue du Messie. Ces promesses se lient, tantôt aux circonstances d’une délivrance prochaine et partielle, tantôt à la consommation du péché du peuple, par le rejet du Christ venu en humiliation. Il est très important de distinguer ce qui se rapporte à ces circonstances prochaines, d’avec ce qui a trait à la pleine délivrance montrée en perspective à travers ces circonstances d’une date plus rapprochée. C’est la partie difficile de l’interprétation de la prophétie.
J’ajouterai que, quoique le sujet de la prophétie ne soit pas une figure, non seulement les figures y sont largement employées, mais elles y sont souvent entremêlées avec des expressions littérales, en sorte qu’il n’y a pas de règle exacte pour distinguer ce qui est figuré et ce qui est littéral. Ici, comme toujours, il faut le secours du Saint Esprit, l’intelligence spirituelle, pour trouver le vrai sens des passages. Ce que je viens de dire, se reproduit constamment et dans les circonstances les plus solennelles. Le Psaume 22, par exemple, est un mélange continuel de figures représentant le caractère moral de certains faits racontés avec une simplicité littérale. Il n’y a aucune difficulté à le comprendre ; « Des chiens m’ont environné, une assemblée de méchants m’a entouré ; ils ont percé mes mains et mes pieds ». Le mot chien donne le caractère de ceux qui sont acteurs dans cette scène. Cette habitude de locution se retrouve dans toutes les langues. On dira, par exemple : il a fait un beau tableau de la vertu. Tableau est une figure. Ceci est dit pour qu’on ne fasse pas une difficulté de ce qui tient à la nature du langage humain.
J’arrive maintenant au contenu du livre. En voici la division. Les quatre premiers chapitres forment une espèce d’introduction et constituent une partie distincte. Le chapitre 5 également doit être envisagé séparément. Il contient le jugement du peuple qui n’a tenu aucun compte des soins que Dieu a pris de lui. Mais nous trouverons ce jugement repris en détail au verset 8 du chapitre 9. Au chapitre 6, nous trouvons le jugement du peuple en vue de la gloire à venir du Messie. Il y a par conséquent un résidu reconnu (*). Le chapitre 7 introduit formellement le Messie, Emmanuel, Fils de David, et le jugement de la famille de ce roi selon la chair ; de sorte qu’il y a une espérance assurée, mais en même temps un jugement sur le dernier appui humain du peuple. Au chapitre 8, il est question de l’Assyrien dévastateur qui envahit la terre, mais à la fin Emmanuel (annoncé au chapitre 7) réduit tous ses projets à néant. En attendant, il y a un résidu séparé du peuple et attaché à cet Emmanuel (**), et il est fait mention des circonstances angoissantes par lesquelles le peuple doit passer dans son apostasie, circonstances qui se terminent par la pleine bénédiction attachée à la présence d’Emmanuel. Ce sujet s’arrête au verset 7 du chapitre 9, de sorte que nous avons au fond toute l’histoire des Juifs en rapport avec Christ. Au verset 8 du chapitre 9, l’Esprit reprend l’histoire générale de la nation, interrompue par l’épisode essentiel d’Emmanuel, introduit dans cette scène. Il la reprend depuis l’époque de la prophétie en désignant les divers jugements de l’Éternel, jusqu’à ce qu’il introduise le dernier instrument de ces jugements, la verge de l’Éternel, l’Assyrien. Et ici, la délivrance prochaine du peuple est présentée comme un encouragement à la foi et préfigure la destruction finale de la puissance qui sera la verge de l’Éternel aux derniers jours, quand il frappera le dévastateur. Ce sujet se termine avec le chapitre 10.
(*) Remarquez ici les deux grandes manières selon lesquelles Dieu agit sur la conscience afin de la convaincre de péché, telles que nous les voyons dans ces deux chapitres. Premièrement, l’état de bénédiction dans lequel Dieu avait établi la personne de celui qu’il est obligé de juger plus tard à cause de son abandon de cet état (ainsi l’homme dans son innocence) ; puis la rencontre avec le Seigneur dans la gloire. Sommes-nous en état de nous rencontrer ainsi avec Lui ?
(**) Ce sujet est largement développé dans l’évangile de Matthieu. Le passage même est cité en Héb. 2. Ce qui nous est présenté en És. 8:13-18, est en fait l’histoire des évangiles entrant sur la scène de ce monde. Pierre cite le verset 14 ; Paul (Rom. 9) parle de la pierre d’achoppement. Matthieu cite És. 9:1-2, quand il raconte l’apparition de Christ en Galilée.
Le chapitre 11 nous présente le rejeton de David, premièrement dans son caractère moral intrinsèque, et ensuite dans les effets de son règne, par rapport à la pleine bénédiction et à la présence de l’Éternel de nouveau établi au milieu de son peuple en Sion. Ainsi nous est présentée, dans ses traits principaux, l’histoire du peuple, jusqu’à son établissement en bénédiction comme peuple de Dieu, ayant l’Éternel au milieu de lui. Toutefois il est bon de remarquer qu’il n’est pas fait mention ici soit de l’antichrist, soit de la puissance de la bête, ni du temps de la tribulation proprement dite, parce que cette période est celle pendant laquelle les Juifs ne sont pas reconnus, bien que Dieu s’occupe d’eux, tandis que notre prophétie parle du temps où ils sont reconnus. Le prophète déclare en termes généraux que Dieu cacherait sa face de la maison de Jacob, et que celui dont l’Esprit était droit s’attendrait à Lui.
Du chapitre 13 jusqu’à la fin du 27, nous trouvons le jugement des nations, de Babylone comme des autres nations, et spécialement de celles qui ont été en relation avec Israël en tous temps. Nous y trouvons aussi la position d’Israël, non seulement au milieu de ces nations, mais aussi au centre de tous les peuples de la terre aux derniers jours (c’est le sujet du chapitre 18), le jugement du monde entier (chapitre 24), et enfin aux chapitres 25 à 27, la pleine bénédiction milléniale d’Israël. Du chapitre 28 au chapitre 35, nous sont fournis les détails de l’histoire des Juifs dans les derniers temps. Chaque révélation est terminée par un témoignage à la gloire de Dieu en Israël.
Dans les chapitres 36 à 39, l’Esprit nous fait le récit d’une portion du règne d’Ézéchias. On y trouve trois sujets principaux : la résurrection du Fils de David comme de la mort, la destruction de l’Assyrien sans qu’il ait pu attaquer Jérusalem, et la captivité de Babylone. Ce sont les trois grandes bases de toute l’histoire des Juifs et de leur état aux derniers jours.
Ce qui est contenu depuis le chapitre 40 jusqu’à la fin, forme une partie très distincte de la prophétie, dans laquelle Dieu révèle la consolation de son peuple et les rapports moraux de celui-ci avec Lui, ainsi que les deux motifs de sa controverse avec eux en vue de la position dans laquelle il a placé le peuple, soit comme serviteur élu, témoin de l’Éternel, le seul vrai Dieu, vis-à-vis des nations et de leur idolâtrie, soit comme appelé à reconnaître Christ, seul vrai serviteur élu (*) qui a accompli la volonté de Dieu. Ceci donne lieu à la révélation d’un résidu qui écoute ce vrai serviteur, et au récit des circonstances par lesquelles passe ce résidu, par conséquent aussi au tableau de l’état de la nation aux derniers jours, lequel se termine par la manifestation de l’Éternel en jugement. La position d’Israël vis-à-vis des nations idolâtres a pour effet d’introduire le sujet de Babylone, de sa destruction, et de la délivrance, par Cyrus, d’Israël captif. L’idolâtrie est une des questions sur lesquelles l’Éternel plaide avec son peuple. L’autre question, plus grave encore, c’est la réjection de Christ. Pour plus de détails, nous renvoyons à l’examen particulier des chapitres que nous allons entreprendre.
(*) Le terme « serviteur » fournit une sorte de clef pour toute cette prophétie : s’appliquant d’abord à Israël ; puis, au chapitre 49, au Seigneur qui remplace Israël ; puis enfin au résidu. Mais nous reprendrons ce sujet plus tard.
La prophétie suppose que le peuple de Dieu est dans un mauvais état, quoiqu’il soit reconnu et que l’Éternel lui adresse la parole. Il n’est pas besoin d’envoyer de puissants témoignages à un peuple qui marche heureusement dans les voies du Seigneur, ni de soutenir la foi d’un résidu éprouvé par des espérances fondées sur la fidélité immanquable et les desseins de Dieu, lorsque tous jouissent en pleine paix des fruits de sa bonté présente attachés comme conséquence à leur fidélité. La preuve de ce principe, simple et facile à comprendre, se trouve dans chacun des prophètes. Il ne paraît pas que ceux dont nous possédons les écrits dans le livre inspiré, aient opéré des miracles (*) ; car la loi était en vigueur, son autorité reconnue extérieurement : il n’y avait rien à fonder ou à établir, et l’autorité de l’Éternel était la base du système public de religion dans le pays, selon les institutions qu’il avait lui-même données en rapport avec le temple. C’était sur le devoir pratique qu’insistaient les prophètes. Au milieu des dix tribus apostates, Élie et Élisée opèrent des miracles pour rétablir l’autorité de l’Éternel. Telle est la fidélité de Dieu et sa patience envers son peuple. Un nouvel objet de foi exige des miracles. Ce qui est fondé sur la Parole déjà reconnue et qui n’a pas besoin d’être accepté comme un nouvel objet, n’en exige point pour établir son autorité, quels que soient d’ailleurs l’accroissement de lumière ou les appels à la conscience qu’un prophète apporte. La Parole se légitime auprès de la conscience de ceux qui sont enseignés de Dieu, et s’il y a de nouvelles lumières, elles font la consolation de ceux qui ont reçu le témoignage pratique, et ainsi reconnu l’autorité de celui qui parle de la part de Dieu.
(*) La seule exception serait le retour en arrière de l’ombre sur le cadran d’Achaz (És. 38:8) ; mais Achaz avait abandonné Dieu, Juda peut dès lors être mis sur le même pied qu’Israël (cf. És. 1:2-4 ; 8:14), et le miracle opéré sur le cadran établi par Achaz est en quelque sorte du même ordre que ceux d’Élie et d’Élisée en Israël apostat. Il souligne que le réveil dû au pieux Ézéchias n’introduit qu’un sursis. Il est digne de remarquer que les apôtres n’opéraient jamais de miracles pour leur propre soulagement. « J’ai laissé Trophime malade à Milet », « Épaphrodite a été malade fort près de la mort, mais Dieu a eu pitié de lui, et non seulement de lui, mais aussi de moi ».
Examinons maintenant de plus près le contenu de cette prophétie.
Le chapitre 1 d’Ésaïe commence par un témoignage du triste état du peuple. Tout était plaie et corruption. Inutile de les frapper davantage. Leurs cérémonies faisaient horreur à l’Éternel : il voulait la justice. Cependant la repentance est proposée au peuple, et la bénédiction doit suivre la repentance. Telle est la position qui lui est faite par la prophétie. Mais Dieu connaissait le peuple : il était méchant et corrompu ainsi que ses chefs ; Dieu annonce dès lors ce qui aura lieu. Il exécutera le jugement, purifiera de cette manière le peuple, et rétablira la bénédiction. Les deux grands principes sont ainsi posés. La bénédiction est proposée à condition que le peuple se repente ; mais de fait elle est introduite par le jugement.
Ainsi rétablie, Sion, la montagne de l’Éternel, sera le centre de la bénédiction et de la paix pour toutes les nations (ch. 2:1-4).
Ceci met dans la bouche du prophète l’invitation à marcher dans la lumière de l’Éternel. Pourquoi a-t-il abandonné son peuple ? Parce que son peuple a appris les voies des païens. La journée de l’Éternel sera contre toute la gloire de l’homme et toutes les idoles. On cessera de s’appuyer sur l’homme, car le peuple de Dieu lui-même sur la terre, le lieu de son repos, sera jugé et frappé par son Dieu (chapitres 3 et 4). Mais alors le rejeton de l’Éternel sera glorieux et la terre bénie. Celui qui frappe bande la plaie en introduisant le Messie et en bénissant par lui la terre. Le résidu sera saint lorsque la purification de Jérusalem aura été effectuée par le jugement et le feu de l’Éternel ; Jérusalem sera protégée et glorifiée par la manifestation de sa présence, comme le fut le tabernacle au désert. Tel est le cadre dans lequel l’introduction à cette prophétie se présente avec beaucoup de force et de clarté.
Après cela, l’Esprit de Dieu entre en compte avec le peuple, en se plaçant sur deux terrains différents, savoir : ce que Dieu avait fait pour son peuple, et la venue de l’Éternel dans la personne du Christ en gloire. Le peuple avait-il répondu aux soins que l’Éternel lui avait prodigués ? Était-il en état de recevoir l’Éternel au milieu de lui ? Le chapitre 5 traite la première question, qui touche à la responsabilité du peuple, au point de vue des soins et du gouvernement de Dieu. Qu’aurait pu faire Dieu pour sa vigne, qu’il n’ait pas fait ? Cependant elle ne Lui rapporte que du verjus. Il annonce ce qui doit en résulter pour elle, selon son juste gouvernement. Sa haie, la protection dont il l’avait entourée, sera ôtée, et elle sera laissée en proie aux ravages des nations. Dieu, en plaidant contre son peuple, lui montre ses péchés en détail. Ensuite il étend la main sur lui, et de terribles châtiments surviennent. Cependant sa colère n’est pas détournée : « sa main est encore étendue ». Il fera venir des étrangers pleins de force, que rien n’arrêtera, et qui emmèneront le peuple captif. Le deuil sera sur la terre, et la lumière sera obscurcie dans les cieux. Il s’agit premièrement ici de Nebucadnetsar et même de Salmanéser, mais bien plus encore des nations qui viendront contre Jérusalem aux derniers jours, et qui la prendront après avoir envahi et parcouru tout le pays. Nous aurons plus tard les détails de ces événements.
Mais il était dans les desseins de Dieu que sa présence s’établît en gloire au milieu de son peuple ; c’est ce qui s’accomplira en Christ, à la fin des temps. C’est pourquoi le témoignage du progrès des jugements est interrompu après le premier exposé général, et, au chapitre 6, le prophète voit cette gloire. Néanmoins, le premier effet de celle-ci est judiciaire, et opère de manière à aveugler et à condamner le peuple. Le jugement précédent (chapitre 5:24) avait eu affaire à la transgression de la loi et au mépris de la parole du Saint d’Israël. Mais l’inimitié contre Christ et sa réjection sont accompagnés de l’aveuglement judiciaire du peuple, et de la séparation d’un résidu. Que ce soit la gloire de Christ qui est manifestée au prophète, c’est ce que Jean nous enseigne au chapitre 12 de son évangile. Le prophète sent de suite que la manifestation de cette gloire est incompatible avec l’état du peuple. Des lèvres souillées ne sauraient la célébrer. Mais un charbon ardent pris de l’autel purifie les siennes, et il se consacre au message de l’Éternel et à ce qui concerne la gloire de Christ. Le coeur du peuple est engraissé, et il le sera jusqu’à ce qu’il soit frappé d’une entière désolation. Cependant il y aura un résidu, une sainte semence qui sera comme la sève d’un arbre qui a perdu ses feuilles (*).
(*) Une traduction plus exacte jette beaucoup de jour sur cette prophétie. « Mais il y aura encore là un dixième ; et il reviendra, et il sera brouté comme le térébinthe et le chêne, dont le tronc reste quand ils sont abattus ; la semence sainte en sera le tronc » — (chapitre 1:9) ; c’est-à-dire, le résidu même sera assujetti au jugement et à la consomption, lors de son retour ; mais il y aura une sainte semence, d’où la vie poussera comme d’un arbre coupé.
Le prophète nous présente donc ici le jugement du peuple sous deux rapports : premièrement, celui du gouvernement de Dieu : à ce point de vue le peuple, étant entièrement coupable, est livré aux gentils ; secondement, celui de la gloire de la présence de l’Éternel selon ses conseils de grâce : le peuple était incapable de la supporter ; mais puisqu’il s’agissait du propos arrêté de Dieu, il y aurait un résidu selon l’élection, en qui la gloire serait rétablie. Il ne faut pas perdre de vue cette distinction, lorsqu’il est question du gouvernement de Dieu et de ses voies extérieures.
Au chapitre 5, où il s’agit du premier caractère des jugements, il n’y a pas de résidu, c’est simplement le jugement public et complet de la nation, où tout, à cet égard, dépendait de la responsabilité du peuple. Dans les évangiles, Dieu cherche du fruit. Christ pouvait déchausser le figuier et y mettre du fumier, mais tout en le faisant il cherchait du fruit. C’est pourquoi le figuier est maudit et ne portera jamais de fruit, — type d’Israël (de l’homme) sous la première alliance. Au chapitre 6, Dieu agit à l’intérieur, dans ses propres relations avec le peuple, et nous trouvons un résidu et le rétablissement assuré du peuple ; car les dons et l’appel de Dieu sont sans repentir. Ici aussi il s’agit de Christ. Dieu ne rejettera point son peuple pour toujours, et la foi prophétique dit : « Jusques à quand ? » — comme ailleurs il est dit : « Il n’y a personne avec nous qui sache jusques à quand ». Car, « quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il de la foi sur la terre ? » Mais ceci demande plus de développements.
Ces développements, la prophétie suivante, comprise dans les
chapitres 7, 8 et 9 jusqu’à la fin du verset 7, nous les fournit d’une manière
remarquable. Certaines promesses étaient attachées à la famille de David, dans
laquelle, ainsi que nous l’avons vu en étudiant Samuel, Dieu avait renouvelé les
espérances d’Israël, lorsque les liens par lesquels son peuple lui était uni
avaient été brisés par la prise de l’arche, et qu’il avait abandonné son lieu à
Silo. Or, la famille de David, dernier appui du peuple dans sa responsabilité,
a aussi manqué à sa responsabilité. Achaz a abandonné l’Éternel et a introduit
l’autel d’un dieu étranger, dans le temple du vrai Dieu. Au chapitre 7,
l’Esprit de Dieu dirige le prophète vers le roi et s’adresse à lui. Ésaïe doit
aller à sa rencontre avec Shear-Jashub son fils, enfant symbolique, dont le nom
signifie le résidu reviendra.
Mais
l’Éternel veut premièrement encourager le rejeton de David à agir par la foi,
et ainsi à glorifier Dieu, comme il avait fait à l’égard du peuple, au chapitre
1 : Il lui déclare que les desseins de Retsin et de Pékakh n’aboutiraient
à rien, et même il l’engage à demander un signe. Mais Achaz est trop éloigné du
Seigneur pour mettre à profit cette invitation, bien qu’il y réponde sous une
apparence de piété. Alors l’Éternel fait ici ce qu’il avait fait à l’égard du
peuple : il annonce ce qui doit arriver à la famille de David et au peuple
placé sous sa dépendance. Voici les deux points de cette déclaration
prophétique : le don d’Emmanuel, Fils de la vierge, et la complète désolation
de la terre par l’Assyrien. Ce sont là les clefs de toute la prophétie.
Toutefois, il y aura un résidu ; le verset 16 se rapporte à
Shear-Jashub ; mais la prophétie va plus loin.
Au chapitre 8, le second fils prophétique est annoncé par son nom, qui signifie l’apparition prochaine de cet ennemi et ses ravages. Puis, en conséquence du mépris que le peuple a pour les promesses adressées à la famille de David, et de son parti pris à se complaire dans la chair, l’Éternel déclare qu’il va prendre les choses en main. Dès lors se trouve citée toute la suite de l’histoire du peuple, des directions données au résidu, et de l’intervention de Dieu en puissance pour l’établissement de la pleine bénédiction dans la personne du Messie.
Dans le chapitre 7, où il s’agit de la responsabilité de la
famille de David, Emmanuel est promis comme signe, mais le succès de l’Assyrien
doit être complet, sans revers. Une fois Emmanuel introduit, tout est
changé ; la terre est à lui. L’Assyrien inonde le pays, comme un fleuve
débordé qui s’élève jusqu’au cou, parce que les eaux de Siloé avaient été
méprisées. Mais Emmanuel sauvegarde tout. Ainsi l’Esprit prophétique passe aux
événements des derniers jours, dont l’histoire de Sankhérib n’était qu’une
figure. Il montre les desseins et les confédérations des peuples mis à néant,
parce que Emmanuel, Dieu est
avec
nous. C’est la pleine délivrance d’Israël aux derniers jours (ch. 8:5-10). Et,
pour ce qui concerne le résidu, quel chemin doit-il suivre ? (ch. 8:11 et suivants). Le voici : il doit ne pas
s’inquiéter de la frayeur du peuple, ni crier à des confédérations en se fiant
ainsi à la force de la chair, toutes les fois que le peuple le fera ; mais
plutôt sanctifier l’Éternel des armées lui-même, lui attribuer dans son coeur toute
son importance. L’Éternel sera le sanctuaire du résidu au jour de sa détresse.
Mais qui est donc cet Emmanuel, cet Éternel des armées ? Nous le savons parfaitement. Ceci introduit donc toute l’histoire de la réjection de Christ, la position du résidu et par conséquent de la nation, et l’intervention finale de la puissance de Dieu. Le passage est trop clair pour exiger de grandes explications. Christ devient une pierre d’achoppement dans sa personne (*). Il en résulte comme conséquence, que le témoignage de Dieu est déposé exclusivement entre les mains et dans le coeur de ses disciples, le résidu choisi de Dieu qui cache sa face à Jacob. Mais selon l’Esprit prophétique, ce résidu l’attend et le cherche. Dans cette attente, lui et le résidu sont des signes pour les deux maisons d’Israël (comp. Rom. 11:1, 2). Ceux qui ont rejeté la pierre (la nation), sont dans la rébellion et dans l’angoisse sur la terre d’Emmanuel ; ils sont livrés à la désolation. Cependant cette détresse n’est pas semblable à celle qu’amenèrent autrefois les ravages des Assyriens, parce que le Messie a paru, et qu’il a pris en main la cause de son peuple selon les conseils de Dieu. L’Esprit prophétique passe directement, comme c’est souvent le cas, de son apparition comme lumière, aux effets de la délivrance qu’il opérera aux derniers jours (ch. 9:2, 3) ; car l’Église était un mystère, caché en Dieu, n’étant pas le sujet de la prophétie ou des promesses. Le joug de l’Assyrien étant brisé, tout l’éclat de la gloire de la personne divine du Messie brille dans la bénédiction de son peuple.
(*) Le commencement du verset 17 est cité en Héb. 2, avec le verset 18, comme preuve de l’humanité du Seigneur, et pour montrer sa relation avec le résidu.
Ces deux sujets, le Messie et l’Assyrien, forment les bases de toute la prophétie qui concerne Israël, lorsque celui-ci est l’objet reconnu des voies de Dieu. On peut remarquer ici que l’Assyrien parait deux fois ; mais la seconde, il est en rapport avec le rassemblement des nations. La première fois, au chapitre 7, il est l’instrument des châtiments d’Israël de la part de l’Éternel, et il accomplit Sa volonté, sans qu’il soit question pour lui d’être brisé. La seconde fois, au chapitre 8, il remplit la terre, mais l’assemblée des nations réunies contre Israël est brisée et anéantie. S’attendre à l’intervention de l’Éternel, sans participer à la frayeur du monde aux derniers jours, ne point chercher dans les confédérations la force que le monde pense y trouver, mais, au contraire, s’appuyer uniquement sur l’Éternel, voilà en principe une instruction précieuse pour ces jours-ci.
Au chapitre 9, verset 8, l’Esprit, ayant fourni les faits principaux quant au Messie, Emmanuel, reprend l’histoire générale d’Israël, sans que le Messie y soit spécialement introduit, si ce n’est à la fin. Cette prophétie se termine avec le chapitre 12. Bien que l’orgueil d’Éphraïm y soit mentionné, toutefois Jacob ou Israël est envisagé comme un tout. Les diverses phases du châtiment ou de la détresse, sont marquées aux versets 8, 12, 13-17, 18-21, chap. 10:1, 4. Enfin, l’Assyrien reparaît comme étant, à proprement parler, la verge de l’Éternel ; en même temps, Dieu annonce que lorsqu’il aura accompli toute sa pensée à l’égard de Sion (accomplissement qui n’est pas révélé ici), il cassera la verge dont il se sera servi, et qu’alors il sera recherché du résidu qui s’appuiera sur lui. Tel est l’acte final du grand drame des voies de Dieu envers Israël. Il y a une consomption arrêtée de Dieu sur la terre ; mais quand à la fin l’Assyrien lèvera sa main, l’Éternel interviendra et le frappera ; son indignation et sa colère contre Israël, qui jusqu’alors n’avaient jamais été détournées, prendront fin dans la destruction de cette verge qui osa s’élever contre Celui qui s’en était servi. Le verset 25 fait contraste avec les versets 12, 17, 21 du chapitre 9, et le verset 4 du chapitre 10. Sankhérib est une figure ; mais la vérité prophétique a pour objet la destruction de l’Assyrien aux derniers jours, lorsque l’indignation cessera contre Israël.
Par conséquent, les chapitres 11 et 12 annoncent le Messie et son règne, source de la bénédiction milléniale du peuple de Dieu. Les premiers versets du chapitre 11 présentent son caractère, et ensuite viennent les effets de son règne.
Avec le chapitre 12, finit toute une portion de la prophétie. Le sujet qui commence au chapitre 13 continue jusqu’à la fin du chapitre 27, qui nous dépeint de nouveau le règne millénial, mais dans une sphère plus étendue, parce qu’il y est question du monde, dont traitent ces chapitres, tandis que les chapitres 5 à 12 se rapportaient spécialement à Israël.
Ceux dont nous nous occupons actuellement, lient des événements alors contemporains avec la fin des temps. On ne peut les comprendre que pour autant qu’on est pénétré de cette pensée. La raison en est simple. Les nations sont considérées dans leurs rapports avec Israël. Or, le temps compris entre la captivité de Babylone et les derniers jours, est comme non avenu, au point de vue de la nation. Nous avons déjà considéré l’introduction du Messie comme pierre d’achoppement, dans le cours de la prophétie, la période particulière des soixante-dix semaines étant mentionnée en Daniel, en rapport avec lui. Mais ce passage dans le prophète, des temps des nations, montre plus clairement encore que le temps d’après jusqu’à la fin est tenu comme non avenu. Il y a soixante-dix semaines déterminées sur Israël pour amener sa pleine restauration. L’immense espace de temps, qui a déjà duré depuis plus de 1900 ans, n’est compté pour rien (*). Aux yeux du prophète, Babylone (ou, à parler plus exactement, son chef, en outre de la corruption idolâtre) représente le trône impérial du monde, en contraste avec le trône de Dieu à Jérusalem (**). — Babylone sera renversée, Dieu bénira encore Israël. Ce sera le jugement de ce présent siècle, du monde. La prophétie le fait voir dans la prochaine prise de Babylone. Mais ce jugement ne sera complet que lorsque le temps des gentils sera fini et Israël délivré. Le caractère du chef de Babylone nous est dépeint en termes fort remarquables au chapitre 14, versets 12, 13. L’esprit de Babylone qui a poussé à construire la tour revit dans Nebucadnetsar lui-même, et plus particulièrement encore dans son dernier représentant auquel cette prophétie, dans son plein accomplissement, se rapporte. Puis l’Assyrien est détruit sur la terre de Canaan (***) ; et quoique la famille de David ait eu son sceptre brisé, la Philistie sera jugée et soumise ; l’Éternel fondera Sion, et les pauvres de son peuple se retireront vers elle. Cette destruction de Babylone, et de l’Assyrien après Babylone, introduite aux chapitres 13-14, forme une scène à part, complète en elle-même, mais nécessaire à la compréhension de l’ensemble de la prophétie.
(*) Le grand espace de temps, qui a duré plus de 1900 années, est compris dans les soixante-dix semaines, ou (si vous voulez) les 490 années, prenant place entre la fin de la quatre cent quatre-vingt-troisième année et la fin de la quatre cent quatre-vingt-dixième, seulement les chrétiens savent que la moitié de la soixante-dixième semaine a été en réalité accomplie lors du ministère de Christ ; c’est pourquoi, dans Daniel 7 et dans l’Apocalypse, nous n’avons que la moitié d’une semaine.
(**) En dehors de la captivité du peuple de Dieu, Babylone occupe une place très importante dans les voies de Dieu. Jusqu’au règne de Nebucadnetsar, Dieu, dans son gouvernement, tout en ayant pour centre Israël, en vue duquel les bornes des peuples avaient été posées, prenait connaissance des nations, en tant que dispersées à l’occasion de Babel. Il les laissait bien suivre leurs propres voies, mais chacune d’elles, devant sa providence, avait une existence individuelle. Une fois que le trône fut ôté de Jérusalem, d’où Dieu gouvernait le monde en vue du peuple qu’il s’était choisi, le monde fut livré à la domination d’un seul trône, qui fut placé en évidence devant Dieu, par cela qu’il était seul à gouverner le monde. Trois autres puissances suivirent successivement, et la dernière existait lors de la venue de Christ dans ce monde ; mais le moment de son jugement n’était pas encore venu. Ces quatre empires constituent « les temps des nations ». Dieu reprendra son gouvernement et jugera les nations, encore en vue d’Israël ; et Babylone, ou l’empire un et universel, sera mis de côté dans son état apostat et rebelle. Mais tant qu’il subsiste, l’empire a sa position à lui, unique et absolue devant Dieu. Jérusalem, punie pour son idolâtrie par la captivité de Babylone (l’assujettissement aux idoles), et le transfert du trône aux nations, est néanmoins, en une manière, reconnue de Dieu dans le résidu assujetti aux nations, en sorte que Dieu, dans les livres prophétiques, en tient compte, non pas cependant comme étant alors son peuple, jusqu’à ce que le second grand crime, le rejet de Christ, soit consommé. Mais ceci même était dans le prophète quand ils étaient en captivité. Toutefois ils furent conservés partiellement, pour que le Christ, le Seigneur, leur fût présenté : dès lors ils sont mis de côté, jusqu’à ce que la grâce souveraine leur soit apportée pendant la dernière semaine, pour la foi la dernière moitié. Le temps se compte de nouveau lorsque celle-ci est arrivée.
(***) Preuve que la prophétie a trait aux jours de la fin, car autrefois l’Assyrien était tombé devant Babylone, étant vaincu et assujetti par elle. Il est à remarquer que ni la bête, ni l’antichrist ne forment le sujet de cette prophétie. Sous le joug de l’Assyrien, Juda n’était pas Lo-Ammi, non plus que dans cette prophétie. À Babylone, Juda était captif, et Lo-Ammi est écrit sur le peuple. Ainsi, l’Assyrien étant ici l’ennemi principal, nous ne devons pas nous attendre à y trouver la bête.
Mais il reste des nations qui sont sur le territoire d’Israël, ou en rapport avec lui, desquelles il faut que Dieu dispose pour que son peuple jouisse de la pleine bénédiction et de l’effet des promesses. Babylone, qui forme un vaste système remplaçant le trône de David, est vue dans son ensemble. Les nations, dont les jugements sont rapportés ici, bien qu’il soit fait allusion à des événements voisins de la prophétie, sont considérées comme étant dans les derniers jours, quand Dieu reprendra son gouvernement en jugement, en vue du rétablissement de son peuple. Ainsi Nebucadnetsar a pris Tyr, soumis l’Égypte ; l’Assyrien a renversé Damas et mené Éphraïm en captivité : et ces événements étaient comparativement rapprochés. Mais l’ensemble de ces faits est représenté ici en rapport avec les derniers jours. Même dans le chapitre précédent la destruction de l’Assyrien est placée après la chute du roi de Babylone. Cependant historiquement, l’Assyrien avait été soumis par Babylone, et l’histoire de Sankhérib avait eu lieu bien des années avant cette époque. Mais la prophétie a toujours en vue l’accomplissement des conseils de Dieu. Généralement, ici il n’est pas donné de détails sur les instruments employés de Dieu ; on les trouve ailleurs.
Moab est jugé : il est averti que le trône de David sera rétabli et que l’oppresseur sera consumé de dessus la terre d’Israël.
Le prophète annonce l’invasion des armées venant du nord, le rassemblement des nations. Damas est envahi. Israël ne sera que comme quelques olives au haut des branches. Cependant il regardera vers Celui qui l’a créé, et les nations rassemblées périront devant la manifestation de la puissance de Dieu. L’esquisse de cette dernière invasion dont Israël sera l’objet, donne lieu à une prophétie brève, mais très claire, de son état aux derniers jours.
Israël sera restauré par quelque nation puissante en dehors des limites (les fleuves de Cush, l’Euphrate et le Nil) de ses relations anciennes et nationales, mais l’Éternel demeure à l’écart bien qu’il dirige tout. Puis, quand le peuple commencera à bourgeonner comme une vigne sur sa terre, il sera livré en proie aux nations. Néanmoins, dans ce temps-là, il sera amené comme une offrande à l’Éternel et lui-même Lui apportera des offrandes.
L’Égypte sera frappée dans ce jour-là ; mais l’Éternel la guérira. L’Égypte, l’Assyrie et Israël seront ensemble bénis par l’Éternel. Le chapitre 20 nous apprend que ce sera l’Assyrien qui mènera l’Égypte en captivité (comp. Daniel 11 à la fin). On remarquera qu’en général, du chapitre 13 au 17, il est question de délivrance. Le sceptre des méchants est brisé, chapitre 14, verset 5. Le trône de David, doit être rétabli en miséricorde, chapitre 16, verset 5. L’Assyrien est détruit, les Philistins soumis ; Sion fondée par l’Éternel, Damas réduite. Ce dernier événement introduit les maux des derniers jours. Seulement, ainsi que nous l’avons remarqué, le rassemblement des nations est pour leur destruction (Michée 4:11-13). Le chapitre 18, reprenant le sujet du 17, montre Israël tel qu’il doit être dans sa terre aux derniers jours, opprimé par les nations, mais en définitive ramené à Dieu.
Les chapitres suivants ne traitent pas de la délivrance comme ceux qui précèdent, mais de l’envahissement des nations dont on a parlé, du fléau qui déborde. L’Égypte est envahie, ainsi que l’Éthiopie en qui Israël s’était confié ; Babylone succombe, Duma et Kédar sont presque réduits à néant ; Jérusalem est pillée ; Tyr tombe ; c’est un bouleversement universel dont la terre de Canaan est la scène principale, mais dans lequel le monde entier se trouve compris (ch. 24). Les puissances mêmes des cieux sont renversées, de même que les rois de la terre le sont sur la terre, et leur destruction donne lieu à l’établissement de Sion, montagne de l’Éternel, comme centre de puissance et de bénédiction, la puissance du Serpent, du dragon qui est dans la mer, étant anéantie.
Après ce résumé, il convient d’attirer l’attention du lecteur sur quelques détails. On remarquera que Babylone et Jérusalem tombent (ch. 21) l’une après l’autre, et que Jérusalem tombe la dernière. Or, il est de toute évidence qu’un tel ordre de succession dans les événements est encore à venir. Ce qui est dit de Babylone et de Jérusalem a pu trouver son occasion dans la prise de Babylone par Cyrus, et en partie dans l’état de Jérusalem, lorsqu’elle a été menacée par Sankhérib ; mais il n’y avait ni la même suite, ni la même liaison d’événements que dans notre prophétie. Or Babylone est nommée de manière à laisser un vague complet sur son état. Le « désert de la mer » est une singulière description d’une ville. Cependant un envahissement affreux est devant les yeux du prophète, et Babylone tombe. L’invasion vient comme un tourbillon du midi, et la puissance de Babylone finit, sans qu’on sache comment.
Jérusalem, la vallée de vision, est pillée. Les Mèdes et les Perses, désignés comme les auteurs de l’invasion dans le chapitre précédent, sont vus ici abaissant Jérusalem ; il n’y a pas de combats au-dehors, mais la ville est prise et ses habitants sont liés ou tués dans son enceinte. Il y a dans ce chapitre, outre les révélations prophétiques, une instruction morale de la plus haute importance. Premièrement, toute la sagesse de l’homme pour parer au mal est inutile, si la force de Dieu n’agit point. Lorsqu’il est question de la Cité de Dieu, cette sagesse, mise en oeuvre dans l’oubli de Celui qui avait fait et fondé la ville de sa sainteté, est un péché impardonnable (ch. 22:11). Encore, ce qui est raconté ici a été fait par Ézéchias qui a prospéré dans tous ses ouvrages. La bénédiction extérieure accompagne ses travaux ; mais, en même temps, les dispositions du peuple à l’égard même de ces travaux étaient telles, que Dieu ne pouvait pas les lui pardonner. C’est ce qui arrive souvent : foi extérieure dans l’oeuvre de Dieu qui est bénie de sa part ; et à l’intérieur, corruption, coeur éloigné de lui, dans la chose dont celui-ci s’occupe, et que Dieu jugera certainement ; puis l’oubli de Dieu lui-même et de toute relation avec Lui. C’est ce qui a lieu lorsque le peuple de Dieu s’appuie sur des moyens humains. On voit encore ici celui qui tenait une place assurée selon l’homme, dans le gouvernement de la maison de David, mis de côté avec honte, et l’élu de Dieu établi à sa place, toute gloire lui étant donnée : préfiguration remarquable du rejet du faux Christ et de l’établissement du vrai aux derniers jours. Cette prophétie tend à faire supposer une attaque des nations contre Jérusalem à l’époque où la Babylone historique ne sera qu’un désert. Ce qui sera la Babylone de ces jours-là tombera. Cependant, Jérusalem, objet des prophéties, sera prise, son gouvernement sera changé, l’usurpateur devra céder la place à l’élu de Dieu.
L’oracle sur Tyr, au chapitre 23 nous fait voir tout l’orgueil de la gloire humaine, et les nobles de la terre rendus honteux et méprisables. L’occasion est la prise de Tyr par Nebucadnetsar ; mais la prophétie a plus de portée, elle va jusqu’aux jours où ses marchandises seront sanctifiées à l’Éternel (ch. 23).
Le chapitre 24 nous présente le bouleversement de toutes choses sur la terre ; le pays d’Israël est placé sur le premier plan, mais dans ce lieu, les éléments de tous les systèmes de ce monde seront rassemblés et jugés. Nous avons déjà fait remarquer que ceci s’étend au renversement judiciaire des puissances célestes, des malices spirituelles, ainsi qu’à celui des rois de la terre sur la terre ; les chapitres suivants nous montrent dans quel but auront lieu ces jugements. Le mal ne serait ni éloigné, ni arrêté, si ce n’est par le moyen de ces jugements. C’est pourquoi, lors de l’entrée de Christ à Jérusalem, il est dit : « Paix au ciel » ; car, jusqu’à ce que la puissance du mal soit mise de côté, toute bénédiction établie sur la terre ne tarde pas à se corrompre et à se flétrir.
Mais avant d’en faire l’examen, retraçons les objets de jugement dont nous venons de parler ; retraçons-les dans leur classement moral. Il y a Babylone, la puissance de la corruption organisée, où le peuple de Dieu est captif ; l’ennemi public et ouvert de Dieu, l’Assyrien ; l’ennemi intérieur, le Philistin ; puis Moab, l’orgueil de l’homme ; Damas, qui a été ennemie du peuple de Dieu, mais qui s’est alliée avec la partie apostate de ce peuple, contre la partie fidèle. Le peuple est délivré de ces ennemis. Puis après, on voit sous le jugement, l’Égypte, ou le monde dans son état de nature, dont la sagesse disparaît dans la confusion ; Babylone maintenant déserte au milieu des peuples ; Duma, la liberté, l’indépendance de l’homme ; Jérusalem, le peuple professant ; Tyr, la gloire du monde ; et enfin tout ce qui est sur la terre, les malices spirituelles dans les lieux célestes, et les rois de la terre sur la terre.
Les chapitres 25 et 26 prennent la forme d’un cantique, qui célèbre l’effet de l’intervention de Dieu. Remarquons ces principaux points : Dieu est fidèle ; il accomplit ses conseils ; dans sa puissance, il a réduit à néant la cité de l’orgueil humain. Toute la forte organisation de l’homme a été détruite. L’Éternel a été la force des pauvres de son peuple au jour de sa détresse, et la puissance de ses ennemis est abaissée. Il fera justice en Sion pour tous les peuples ; il ôtera le voile qui est sur leur coeur. La résurrection des fidèles aura lieu. Je dis des fidèles, car la mort est engloutie par la victoire. Au reste, 1 Cor. 15 applique cette déclaration dans ce sens. L’opprobre qui s’attachait au peuple de Dieu, à Israël, sera entièrement ôté. Aux versets 9-12, le résidu célèbre sa délivrance ; il attend Dieu, et la puissance de l’Éternel se déplacera pour lui. Moab, le voisin orgueilleux de Jacob, sera soumis (*).
(*) Le lecteur fera bien d’observer que nous avons ici tous les résultats de ce jugement de Dieu et de ce qui s’y rapporte. Les saints sont ressuscités, la puissance du mal est précipitée des cieux, l’opprobre d’Israël est ôté, et la face du voile qui couvre tous les peuples est détruite.
Au chapitre 26, le résidu chante le caractère de cette délivrance. Il a une ville forte, mais c’est le salut de Dieu qui fait ses remparts. Il ne s’agit pas de la force de l’homme ; le pauvre la foulera. Il s’agit du jugement que le Dieu juste exécute lui-même. Le résidu l’a attendu dans la voie de ses jugements. Le support de la grâce avait été inutile ; ce n’est que lorsque les jugements de Dieu seront sur la terre (*), que les habitants du monde apprendront la justice. La main de l’Éternel serait-elle levée pour frapper, qu’ils ne l’apercevraient pas. Mais un jour viendra où ils la verront malgré eux, et ils auront honte. Le feu de la jalousie de l’Éternel les dévorera ; ils ne se relèveront point. Mais Israël sera comme ressuscité par la puissance de l’Éternel.
(*) Je présume que « la terre » est une sphère plus restreinte que « le monde », la distinction consistant surtout dans le fait qu’en elle, les voies de Dieu et son gouvernement ont été mis en évidence devant les hommes. Quand ceci aura eu lieu dans le monde entier, ce dernier devient la terre. Le mot « terre » est employé pour la terre d’Israël, ainsi que pour la terre dans le sens que nous venons d’exposer, et pour la terre entière comme scène du gouvernement de Dieu. Ainsi, quand la scène où Dieu agit actuellement aura été jugée, le monde dans toute son étendue apprendra à connaître la justice ; et non pas, quoique la chose eût dû y être introduite, tandis que le système actuel de la grâce prévaut.
Enfin l’Éternel invite son peuple à se cacher pour un court moment, tandis qu’il sort de sa place pour exécuter la vengeance (ch. 27). La puissance de Satan dans ce monde et parmi les hommes sera détruite, Israël gardé et arrosé comme la vigne de l’Éternel. Il avait frappé Israël, mais par mesure. Cependant le peuple sera pleinement jugé, puis l’Éternel rassemblera ses dispersés un à un.
Dans les chapitres suivants sont donnés les détails de ce qui arrivera à Israël dans sa terre, soumise aux envahissements des gentils aux derniers jours. Nous y trouvons une complète et glorieuse délivrance du résidu au milieu des jugements les plus terribles.
Le chapitre 28 nous présente les premiers éléments des scènes finales de l’histoire de ce peuple merveilleux. Le fléau vient du Nord. Éphraïm est envahi comme par un torrent débordant, par une grêle qui frappe et qui détruit ; il est foulé aux pieds. Mais, en ce jour-là, l’Éternel sera pour une couronne de gloire au résidu de son peuple. Le peuple abruti moralement n’écoute pas. Et voici la sentence de l’Éternel qui se tourne vers Jérusalem en la prononçant. On s’était mis là d’accord avec la mort et la puissance des ténèbres (*), pour éviter le torrent qui déborde ; mais l’accord sera annulé : le fléau les atteindra, ils seront foulés et frappés par la terrible verge. Nous avons donc cette révélation que, lorsque Éphraïm sera envahi par ce terrible fléau, les chefs de Jérusalem chercheront à s’en garantir en faisant accord avec la puissance du mal. Mais cela n’aboutira à rien ; les eaux déborderont et atteindront le refuge du mensonge. Jérusalem subira comme Éphraïm les conséquences de l’attaque de l’ennemi. Mais le Messie est la pierre élue, le fondement pour le résidu ; celui qui croira en lui ne sera pas confus. Éphraïm est donc envahi et Jérusalem prise. Il y a une consomption arrêtée (**) de la part de l’Éternel pour toute la terre.
(*) Ils disent, dans leur insolence, qu’ils ont fait une alliance avec la mort, de sorte que, quand le fléau qui inonde passerait, il n’arriverait pas jusqu’à eux. Impossible de concevoir un défi plus audacieux de Dieu et de ses jugements. Historiquement, ils auront accompli cette alliance quand ils se ligueront avec l’homme de péché, l’antichrist, duquel la venue est selon l’opération de Satan ; mais ici on voit un défi contre Dieu.
(**) Cette expression est employée ailleurs aussi, dans Daniel par exemple, comme une sorte de formule technique de la manière dont le Seigneur agit au dernier jour ; il consomme et abrège l’affaire en justice. Il juge complètement ; il consomme l’affaire, mais il l’abrège, pour que le résidu (les élus) soit épargné.
Jérusalem est réduite à la dernière détresse ; mais, cette
fois-ci, l’Éternel paraît pour sa délivrance et la multitude de ses ennemis
disparaît comme un rêve de la nuit. Tout est ténèbres et obscurité au sein du
peuple ; tout est
moralement
renversé, et bientôt Dieu renversera tout par sa puissance, et changera la
forêt en Carmel, c’est-à-dire en un champ fertile. Désormais Jacob ne sera plus
faible et languissant ; le débonnaire sera béni ; le sourd entendra
la Parole ; l’homme terrible et le blasphémateur seront
détruits de devant la face de l’Éternel. Il y a donc deux parties dans cette
histoire, deux attaques. La première réussit contre Éphraïm et contre
Jérusalem. La seconde ne réussit pas ; Jérusalem est bien bas ; mais
l’Éternel paraît et elle est délivrée. L’esprit moqueur et l’incrédulité ont
été signalés, chapitre 28 ; l’esprit d’aveuglement, chapitre 29.
L’effet de l’incrédulité se manifeste au chapitre 30. On
s’appuie sur l’homme selon la sagesse de l’homme. Le peuple demande du secours
à l’Égypte, mais en vain. Ce mépris de l’Éternel, le refus obstiné de
l’écouter, quand il presse son peuple de se reposer en paix sur Lui, ajoute
encore à ses iniquités. Dieu permet donc que le mal atteigne ses dernières
limites, mais afin de donner alors un libre cours à sa grâce. Le verset 18 est
un témoignage merveilleux des voies de l’Éternel. Il a attendu que le châtiment
fût pleinement accompli, pour qu’il ne lui restât qu’à faire grâce. La grâce et
la gloire seront en abondance, lorsque l’Éternel réparera la brèche faite à son
peuple et bandera sa plaie. La fin du chapitre annonce l’intervention de
l’Éternel contre le dernier instrument de ses châtiments, la verge du chapitre
10. L’Assyrien est détruit, et là où la verge descend sur lui, il n’y a que
chant de triomphe. Mais Topheth, le feu de l’Éternel, est aussi préparé pour un
autre : le Roi
, celui qui a pris
ce titre en Israël, est aussi consumé par l’indignation de l’Éternel.
Le prophète signale la folie qu’il y a à se confier dans le bras de la chair ; il recommande surtout le vrai moyen d’être délivré, savoir l’Éternel déployant sa puissance à Jérusalem. L’Éternel sera au milieu des nations comme un lion au milieu des bergers, et garantira sa ville, planant au-dessus d’elle comme des oiseaux qui voleraient. Sa présence renversera et mettra en fuite l’Assyrien, car son feu sera en Sion et sa fournaise à Jérusalem.
Puis viendra le règne du Messie en justice, qui mettra tout en ordre moralement. Sion sera, en effet, un désert, jusqu’à ce que l’Esprit soit versé d’en haut, et ce désert deviendra alors un Carmel, et ce qui auparavant avait passé pour un Carmel ne sera comparativement qu’un désert. La justice sera en tout lieu, avec la paix fruit de la justice, quand la grêle tombera sur les hautains qui ne portent pas de fruit, et que la cité, l’organisation de l’orgueil humain, sera entièrement abaissée. Il me paraît que le dernier verset parle de la béatitude de la pleine paix terrestre.
Les chapitres 33 et 34 nous annoncent les deux grands derniers actes du jugement. Au moment où Dieu s’établit en Sion et la remplit de justice, un dernier et puissant ennemi (le même, à ce que je crois, que le Gog d’Ézéchiel) monte pour piller le pays. Mais il y a des fidèles qui s’attendent à l’Éternel ; l’Éternel se lève et l’ennemi est mis en fuite. Israël butine celui qui pensait le butiner. Aux versets 14 et 16, le résidu fidèle est distingué du reste du peuple. Le Messie se manifeste dans sa beauté ; tout est en paix après la destruction de l’ennemi. Les parties les plus éloignées du pays sont ouvertes aux habitants de Sion, qui est établie en sûreté pour toujours.
Le chapitre 34 nous révèle le terrible jugement qui fond sur les autres nations dans le pays d’Édom (comp. ch. 63 et aussi le Ps. 83, ainsi que Abdias). Ici, ce sont ceux qui ont opprimé Sion qui sont frappés ; Dieu tire vengeance des oppresseurs. L’Idumée est particulièrement atteinte ; mais en même temps, sur son territoire, tous les ennemis d’Israël qui s’étaient coalisés avec elle, les armées des nations qui s’étaient rassemblées contre Jérusalem, périssent par le jugement de l’Éternel.
Le chapitre 35 nous présente le tableau de la bénédiction qui suit le jugement ; elle s’étend jusqu’au désert même, dont l’état florissant dépend de la bénédiction dont Israël sera l’objet. Les rachetés de l’Éternel en pleine sécurité monteront à Sion avec joie ; tout deuil cessera à jamais.
Les chapitres 36 à 39 contiennent le récit historique de l’invasion de Sankhérib, son résultat, et la maladie à mort d’Ézéchias suivie de sa guérison. Ce récit est une instruction pour le résidu, afin qu’il sache comment il doit s’attendre à l’Éternel, la délivrance accordée à Jérusalem étant une figure de la délivrance de l’Assyrien dont il sera l’objet aux derniers jours. La maladie d’Ézéchias nous fournit la figure du Fils de David comme ressuscité, et également celle de la puissance de Christ s’accomplissant dans un Israël ressuscité aussi moralement, tous ses péchés lui ayant été pardonnés. C’est la délivrance extérieure et intérieure du peuple, sa résurrection quant à la puissance pratique, et sa délivrance des mains de l’Assyrien. En attendant, la captivité de Juda à Babylone est annoncée.
Jusqu’à présent, il s’est agi plutôt de l’histoire extérieure
d’Israël ; maintenant, c’est son histoire morale ou intérieure qui nous
est présentée. Israël est vu dans sa position de témoin contre l’idolâtrie et
dans ses rapports avec Christ ; on voit aussi la séparation d’un résidu (*). La première partie de ce qu’on peut appeler le
second livre d’Ésaïe, s’étend du chapitre 40 jusqu’à la fin du 48. Il y est
comparativement peu parlé du Messie. C’est la grande question entre l’Éternel
et les idoles qui y est présentée, et qui se résout premièrement par les succès
de Cyrus et la prise de Babylone. Car il y a l’Éternel et son oint, bien que
l’on ne puisse séparer la gloire de l’un de la gloire de l’autre. Ceci se lie
en grâce d’une manière évidente avec la délivrance d’Israël, témoin de Dieu sur
la terre, quelque indigne d’ailleurs qu’il en ait été. En même temps, ces
dispensations de Dieu ont montré qu’il n’y avait pas de paix pour le méchant en
Israël. Cette grande vérité est deux fois répétée, s’appliquant aux deux
grandes controverses de Dieu avec Israël. Signalons quelques détails pour
mettre ces vérités en évidence. Les huit premiers versets du chapitre 40 posent
d’une manière fort remarquable les principes d’après lesquels Dieu agit, la
grâce qui découle de son propre coeur, alors que les châtiments auront été
pleinement infligés. Dieu veut consoler son peuple, et parle au coeur de
Jérusalem en lui disant que ses combats sont finis ; le héraut proclame
l’arrivée de l’Éternel. Il s’agit de sa délivrance qu’il opère ; il n’est
pas question de sa réjection. Ce dernier sujet est traité plus tard dans les
chapitres 51 à 53. Mais à l’égard du peuple, que doit dire le prophète ?
Toute chair
est comme l’herbe !
Si toute chair doit voir la gloire de l’Éternel, s’il plaide en vengeance avec
toute chair, c’est par cette vérité que le témoignage doit commencer. Toute
chair est comme l’herbe ! l’Éternel souffle
dessus. En est-il seulement ainsi des gentils ? Non, le peuple
est comme l’herbe. Voilà par où
il faut commencer, pour qu’il y ait consolation. L’herbe se fane, et où
s’appuyer ? Dieu a parlé : la Parole
de notre Dieu
, dit la foi du
résidu, dit l’Esprit de prophétie, demeure éternellement. Puis vient le
témoignage prophétique du bonheur de Sion délivrée, qui annonce aux villes de
Juda la présence de l’Éternel, le Sauveur, dont les soins sont dépeints d’une manière touchante. Jusqu’au verset 26, la
gloire divine de sa majesté est mise en contraste avec les idoles. Puis Dieu
interpelle Israël à cause de son incrédulité. Celui qui est l’Éternel ne se
lasse pas ; sa force ne fait pas défaut ; les voies de sa sagesse ne
sauraient être sondées. Mais ceux qui s’attendent à Lui renouvellent leurs
forces et ne se lasseront point.
(*) Voyez la note suivante
Le chapitre 41 commence les détails historiques qui sont les preuves de ces déclarations. Qui a suscité Cyrus pour renverser l’idolâtrie ? Mais au milieu des dégâts qu’il en fait, Israël demeure le serviteur élu de Dieu, la semence d’Abraham (*). (Ce titre de « serviteur » donne la clef du reste de ce livre). Il ne doit pas craindre ; Dieu le soutiendra, et ceux qui s’opposent à lui périront. Le Dieu d’Israël écoutera ses pauvres, et les soulagera. Les nations idolâtres, dénuées d’intelligence, ne savent rien de ce que Dieu va faire en jugement et pour la délivrance de son peuple.
(*) Nous voyons que, bien que le péché d’Israël soit mis à découvert, ces chapitres sont cependant l’expression de la grâce et de la bonté souveraine, et de la mise à part d’un résidu ; il n’y est pas question de la responsabilité d’Israël, ni de son jugement.
Mais quoique Cyrus soit l’instrument de l’Éternel pour faire éclater ses jugements et délivrer son peuple, la mission qui lui est confiée n’est qu’une chose passagère et partielle. Il y a pardessus tout un serviteur de Dieu, qui viendra sans prétention et humblement, mais qui ne se lassera pas et ne se découragera pas jusqu’à ce qu’il ait établi le jugement sur la terre ; les îles des gentils reconnaîtront sa domination (ch. 42). Ce témoignage était nécessaire, et, par la grâce et le propos arrêté de Dieu, garantit la bénédiction d’Israël. Mais c’est tout ce qui est dit du Messie dans cette partie de la prophétie. Le résultat de l’introduction de l’oeuvre du Messie est la gloire de l’Éternel, qui seul, en effet, sera glorifié jusqu’aux bouts de la terre. Dans la manifestation de cette gloire, Lui qui s’est tu longtemps, délivrera Israël aveugle et sourd, Israël qui n’a pas compris ses voies. Il glorifiera sa loi. Mais pourquoi donc le peuple est-il butiné et pillé ? L’Éternel l’a livré à cause de sa désobéissance.
Mais maintenant il le délivre et le sauve (ch. 43). Il l’a formé pour la gloire ; l’aveugle a des yeux, le sourd des oreilles ; ils sont témoins que l’Éternel seul est Dieu. Les jugements sur Babylone, commencement et figure de ceux (c’est-à-dire des jugements terrestres) que Dieu exécutera à la fin, en font foi. Il a formé ce peuple pour Lui ; le peuple s’était fatigué de son Dieu, et l’avait comme asservi par ses péchés ; mais maintenant, pour sa propre gloire, il lui pardonne tout. Témoignage glorieux et frappant de Celui qui, en grâce envers le pécheur, lorsque le péché devient insupportable, ôte le péché au lieu de retrancher le pécheur ! C’est là ce que Dieu a fait par Christ.
L’Éternel raisonne ensuite avec son peuple, qu’il a formé dès le ventre, l’encourage et lui promet son Esprit : ses enfants surgiront comme des saules le long des eaux. Ils seront ses témoins à Lui, l’Éternel, le Rédempteur, le Roi d’Israël. Il fait voir la folie de l’idolâtrie, rappelle à son peuple qu’il est son serviteur qu’il n’oubliera pas, et l’assure du pardon complet de tous ses péchés, Lui qui dispose de tout, et appelle Cyrus par son nom pour rétablir Jérusalem.
Le chapitre 45 s’étend sur ces mêmes sujets, en insistant sur la délivrance finale d’Israël, dont l’effet ne sera jamais renversé.
Les chapitres 46 et 47 en font une application particulière à Babylone et à ses idoles, mais encore comme plaidant pour Israël le bien-aimé de Dieu ; car le jugement gouvernemental est toujours la délivrance des justes, bien-aimés. Babylone avec toute sa fierté et toutes ses idoles, sera abaissée et s’assiéra dans la poussière.
Dans le chapitre 48, l’Éternel plaide tout au long avec Israël. Il désigne spécialement Israël par son nom, ce nom de relation avec Lui, l’Éternel, que portent et réclament ceux avec qui il plaide, tout en notant qu’ils étaient descendus de Juda, — en un mot, les Juifs, qui occupaient la place d’Israël et invoquaient le nom du Dieu d’Israël ; mais il dénonce leur méchanceté et leur obstination. Il avait annoncé à Israël les choses longtemps d’avance, il lui avait fait connaître des choses qui n’avaient jamais été révélées, afin qu’il comprît que l’Éternel était Dieu. Mais Israël n’avait pas écouté ; il n’avait pas compris. Cependant, pour la gloire de son nom, l’Éternel ne le retranchera pas ; mais il l’affinera comme l’argent. Il rappelle d’une manière touchante la bénédiction dont Israël aurait joui s’il eût gardé ses commandements. Toutefois, il lui est annoncé que l’Éternel a racheté son peuple. Mais il n’y a point de paix pour le méchant. Ce plaidoyer continuel contre l’idolâtrie, tout en étant un enseignement pour le temps d’alors, donne à croire que, jusqu’à la fin, la question d’Israël, témoin contre l’idolâtrie ou y participant, aura une place principale dans le gouvernement du monde : c’est une question capitale. Le dieu de ce monde gouverne par les idoles ; l’Éternel, par son nom à Lui. Israël aurait dû être son témoin, il Lui sera infidèle aux derniers jours. C’est pourquoi les témoignages sur ce sujet sont ici accumulés.
Le Messie est introduit, car c’est lui qui délivre. Mais il fait
en quelque sorte question à part. Le sujet du Christ et de la culpabilité du
peuple à son égard, commence avec le chapitre 49, et se continue jusqu’à la fin
du chapitre 57. Si l’on ose parler ainsi, Christ remplace Israël comme vrai serviteur
de Dieu, ainsi qu’il est dit : « Je suis le vrai cep (*) ». Cette substitution donne lieu à une difficulté
apparente ; mais donne le vrai sens du chapitre 49. Israël est le vase de
la gloire de Dieu sur la terre, et l’Esprit de prophétie en Lui, choisi à cet
effet par l’Éternel, appelle les îles des gentils ; verset 3 : « Tu es
mon serviteur, Israël, en qui je me glorifierai ». Alors le Christ, par le même
Esprit prophétique, dit : J’ai donc travaillé en vain ; car nous
savons qu’Israël n’a pas voulu de Lui. Le verset 5 contient la réponse :
Tu seras glorieux. Ce serait peu de chose que de relever le résidu
d’Israël : tu seras le salut de l’Éternel jusqu’aux bouts de la terre. Ici
se trouve un principe
applicable à
l’oeuvre de Christ, même dans le temps de l’Évangile. Mais pour ce qui concerne
l’accomplissement des conseils de Dieu, les versets qui suivent nous conduisent
jusqu’au millénium. Verset 7, Christ est exalté ; verset 8, Christ est
établi l’alliance du peuple (Israël), et assure le rétablissement de la terre
de Canaan et des héritages longtemps désolés ; puis vient la délivrance
des captifs. Enfin, Dieu a consolé son peuple. Sion, en apparence abandonnée,
doit reconnaître que la fidélité de l’Éternel est plus grande que celle de la
mère envers son nourrisson. Ceux qui l’ont détruite ne sont plus ; ses
enfants viennent en troupe remplir ses lieux déserts qui dégorgent une
multitude inattendue devant les yeux étonnés de la mère si longtemps désolée.
Les rois seront comme ses nourriciers et se prosterneront devant elle. Bien
qu’elle ait été captive dans les mains de puissants adversaires, elle sera
délivrée ; ses oppresseurs seront foulés aux pieds et toute chair saura
que l’Éternel est son Sauveur. C’est le résultat en grâce de l’introduction du
vrai Serviteur.
(*) C’est ainsi, je n’en doute pas, que Matthieu cite la parole du prophète : « J’ai appelé mon fils hors d’Égypte ». — Christ remplace le premier Adam devant Dieu, tout en bénissant dans cette nouvelle position beaucoup de ses enfants. — Il prend aussi la place d’Israël, tout en bénissant le résidu et en faisant de lui la nation.
Le chapitre 50 entre dans le détail du jugement que Dieu porte sur Israël, et de la vraie cause de sa réjection (*). Rien de plus touchant, de plus merveilleux, que la manière dont la personne et la première venue du Sauveur nous sont présentées dans ce chapitre remarquable, qui n’exige pas d’interprétation, mais réclame l’étude approfondie du coeur enseigné de Dieu. L’Éternel, qui dispose des cieux et de la terre, a appris à soutenir par une parole celui qui est las, se plaçant Lui-même dans l’abaissement et l’humiliation. L’homme, triste et affreuse vérité, a saisi cette occasion pour l’insulter et le honnir. Nul n’a voulu de Lui. Le coeur s’arrête devant une telle vérité, et se juge lui-même. Mais aussi, grâce à Dieu, il se fond bientôt devant cet amour qui a trouvé l’occasion d’introduire l’homme dans la perfection de Dieu lui-même, et dans celle de l’homme dans les conseils divins, et de s’adapter en même temps à tous les besoins de sa créature, pour lui faire sentir qu’il a fait l’expérience de toutes ses misères. Mais, quelles que fussent les tristesses et les peines qui accompagnaient un pareil ministère, le Christ, homme, comptait sur Dieu en toutes ces choses, et n’a pas reculé.
(*) Il est touchant de voir que, dans les deux plaidoyers avec le peuple quant à l’idolâtrie et quant à la réjection de Christ, l’amour et la fidélité de l’Éternel et leurs conséquences, sont introduits avant que l’Esprit de Dieu parle des manquements du peuple sous ces deux rapports, la bénédiction finale d’abord, ensuite le mal humain ; Dieu d’abord, ensuite l’homme. Il en a été ainsi dans les conseils de Dieu avant la fondation du monde
C’est ici donc, prophétiquement, la cause de la réjection d’Israël, ou plus spécifiquement de Juda : — l’Éternel était venu, et il n’y avait personne. En même temps, aidés par le Nouveau Testament, nous trouvons la place du chrétien indiquée de la manière la plus claire et la plus frappante. Cette place est celle de Christ lui-même. Ce que le Christ dit ici, l’apôtre l’adopte et le met dans la bouche du croyant (Rom. 8:32, 33 (*)). Le croyant est identifié avec Jésus dans sa position devant Dieu. Dieu donc, c’est ainsi que la foi juge, a reconnu celui qui a été rejeté par le peuple, qui a forcé, pour ainsi dire, Dieu à lui donner sa lettre de divorce. Voilà donc ce qui distingue le résidu, et c’est un principe nouveau et important ; il écoute la voix du serviteur, du Messie, la parole prophétique. Nous avons vu l’Église cachée dans la personne de Christ lui-même : ici, c’est le résidu fidèle d’Israël au dernier jour, qui est désigné (verset 10). Les autres qui cherchent des ressources en eux-mêmes, dans l’homme et dans la chair, seront gisants dans le malheur.
(*) Il faut diviser les versets 33 à 35 de Rom. 8, ainsi : « C’est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamne ? C’est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité ; … qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ? » ; Il a passé en amour par toutes les choses qui pouvaient nous faire craindre d’être séparés de Lui ; elles sont devenues les preuves de son amour. Au reste, c’est l’amour de Dieu ; la créature ne peut nous en séparer. J’ajoute une courte esquisse synoptique de tous ces chapitres d’Ésaïe, pour aider le lecteur à saisir l’ensemble de leur contenu. Les chapitres 40-48, s’occupent de la question de l’idolâtrie d’Israël vis-à-vis de Dieu ; aux chapitres 49-57, il s’agit de Christ. Le chapitre 49 nous donne un exposé succinct des desseins et des voies de Dieu quant à Israël et au Messie. Dieu sera glorifié en Israël, versets 1-3. Donc Christ a travaillé en vain : toutefois son oeuvre est par devers Dieu. D’abord il sera glorifié aux yeux de l’Éternel. En second lieu, c’est peu de chose que de ramener les « préservés » d’Israël : Il est salut jusqu’au bout de la terre. En troisième lieu, ayant été exaucé en un temps agréé, il est donné pour être une alliance du peuple : Sion est rétablie. Au chapitre 50, Israël est répudié, parce que quand l’Éternel est venu, il ne s’est trouvé personne. Il était venu comme homme dans l’humiliation, afin de sympathiser parfaitement avec l’homme dans son affliction. Livré aux opprobres, Dieu le justifie, versets 5-9. La justification de Christ qui nous est présentée ici, constitue celle de l’Église, comme nous l’avons déjà fait remarquer : aux versets 10 et 11, nous avons le résidu juif de l’Église. Le chapitre 50 nous donne les souffrances de Christ de la part de l’homme ; au chapitre 53, il s’agit de l’expiation. Le chapitre 49 nous montre Christ prenant la place d’Israël, et la gloire qui en résulte comme fruit de son travail. Au chapitre 50, nous voyons les conséquences de sa réjection par Israël, conséquences qui se résument en grâce quant à l’Église non encore révélée, et au résidu dont il est positivement parlé. Le chapitre 49 a plus affaire avec le gouvernement de Dieu.
L’application, au résidu d’Israël, de ce qui vient d’être dit,
trouve sa place dans les chapitres 51 et 52, jusqu’à la fin du verset 12. Au
verset 13, commence une nouvelle partie de la prophétie. Le résidu aux derniers
jours est exhorté à avoir confiance. Ceux qui cherchent la justice forment un
petit troupeau, mais Dieu avait appelé Abraham seul,
et avait su le bénir et le multiplier. Il pouvait agir de la
même manière pour son résidu. Comparez Ézéchiel 33:24, où l’on voit de quelle
manière la confiance charnelle, marchant dans l’injustice, peut imiter la foi
divine. L’Éternel consolera Sion. Verset 4, deuxième exhortation. Le résidu est
reconnu peuple de l’Éternel.
La
justice de l’Éternel est proche ; le salut et la délivrance sont déjà
sortis d’auprès de Lui, et seront pour toujours. Verset 7, troisième
exhortation ; ce verset marque un nouveau progrès. Il s’agit d’un peuple
qui connaît la justice,
qui a la loi
dans son coeur, et est exhorté à ne pas craindre les hommes, qui seront
consumés par les jugements de Dieu. Sa justice et son salut seront éternels. Le
résidu mis ainsi à sa place est révélé par l’Esprit prophétique comme reconnu
de l’Éternel. Ce même Esprit parle par la bouche du résidu pour réclamer
l’intervention de la puissance de l’Éternel, verset 9, et invoquer sa parfaite
bonté et le salut assuré de ses rachetés, ainsi que le rétablissement de Sion
en joie éternelle. Le résidu une fois encouragé, l’Esprit se tourne maintenant
vers Sion, et de même que « Réveille-toi » avait été adressé au bras de
l’Éternel, cet appel est maintenant adressé à Sion elle-même, opprimée et
foulée aux pieds des étrangers, comme si c’était Sion, non le Seigneur, qui
avait besoin de se réveiller, le salut étant déjà là. C’est à ceux-ci qui
l’avaient opprimé à boire maintenant la coupe. Enfin, « Réveille-toi » est encore
une fois adressé à Sion pour qu’elle se redresse et qu’elle se revête de force
et de gloire. Car l’Éternel a découvert le bras de sa sainteté devant toutes
les nations, et tous les bouts de la terre ont vu la délivrance opérée par le
Dieu d’Israël. Ces trois « Écoutez » des versets 1, 4, 7, suivis des trois
« Réveille-toi », sont de toute beauté. Les versets 11 et 12 du chapitre 52
montrent que, dans ces jours-là, Israël sera captif parmi les gentils apostats,
comme dans les jours de Babylone. Le verset 13 se lie intimement avec ce qui
précède ; c’est la position du Christ dans ces temps de gloire et de
délivrance opérée par l’Éternel. Cependant on peut considérer ce verset
séparément de ceux qui précèdent, et comme le commencement d’un nouveau sujet,
parce que nous trouvons ici un ensemble relativement au Seigneur Jésus
lui-même. Le Christ sera haut élevé dans ces jours-là. Mais quelle a été sa
position ? C’est sur quoi s’étend l’Esprit prophétique. Les rois seront
étonnés de sa gloire, — Lui dont la figure a été meurtrie plus que celle
d’aucun homme.
L’incrédulité d’Israël est déclarée. Voici la forme de ce
chapitre, qui est de tout intérêt. Ainsi que nous l’avons vu dans les Psaumes
et ailleurs, la vraie repentance d’Israël vient après sa délivrance,
c’est-à-dire après que le jugement auquel il sera soumis en tant que jugé de
l’Éternel aura pris fin. La manifestation glorieuse du Christ comme son
libérateur, produit le sentiment profond du péché qu’il a commis quand il l’a
rejeté. C’est le sujet du Ps. 130, l’affliction du jour des expiations. Cette
affliction, le chapitre 53 l’exprime. À partir du second verset, l’Esprit parle
par la bouche du résidu des réchappés d’Israël, lesquels confessent leur péché de l’avoir méprisé. Cependant ils expriment en même
temps leur foi dans l’efficacité de son oeuvre, vers. 5. Le premier verset fait
voir que le témoignage de Christ, adressé à la foi, avait été rejeté ; ils
croient quand ils voient. Il n’est pas nécessaire que je commente ce chapitre,
gravé dans le coeur de tout vrai chrétien. Nous avons, par l’oeuvre du Saint
Esprit envoyé des cieux, anticipé et plus qu’anticipé la foi du résidu en la
valeur de l’oeuvre dont il est ici parlé, et leur péché aussi qu’ils
confessent, pour autant qu’il concerne la nation. Ils l’avaient estimé « battu,
frappé de Dieu », parole dont la portée est maintenant comprise. J’ai la
conviction qu’au verset 11, les deux parties de l’oeuvre de Christ sont
distinguées. Par sa connaissance, il amènera plusieurs à la justice, ou
enseignera la justice à plusieurs, et
il
portera leurs iniquités.
Le chapitre 54, présente la conséquence de ces événements pour Jérusalem, en ces jours-là. Jérusalem est considérée comme stérile et désolée, ayant rejeté celui qui était venu pour être son mari ; mais maintenant, par la grâce qui a fait de l’Éternel sa justice, elle est appelée à élargir le lieu de sa tente, et à étendre les tentures de ses tabernacles. Cette grâce, en effet, compte comme étant ses enfants tous ceux qui ont été rassemblés pendant le temps de sa désolation. Christ, étant reconnu comme le fils né d’elle, tous y entrent sous Lui (voyez Ps. 87:5-6). Pendant un petit moment, Dieu l’avait traitée comme une femme rejetée ; mais maintenant, avec une bonté éternelle, il la console.
Les chapitres 55, 56, 57, contiennent des exhortations adressées
en vue de ces choses. Le chapitre 55 proclame la pleine grâce gratuite, qui
conséquemment embrasse les gentils. C’est pourquoi on peut en principe
en faire l’application à l’évangile. Son
accomplissement aura lieu au temps de la bénédiction de la terre par la
présence du Seigneur. Le chapitre 56 fait connaître quel est le caractère moral
nécessaire pour qu’on puisse jouir de la bénédiction, qui n’est plus selon les
étroits principes légaux d’autrefois. Le temple est en effet une maison de
prière pour tous ceux dont le cœur est vraiment tourné
vers le Dieu d’Israël ; ils jouiront de la bénédiction. Le chapitre 57
continue, on peut dire, sur le même principe ; il dénonce ceux qui,
fussent-ils Israël même, marcheront moralement d’une manière contraire à la
volonté de l’Éternel. Le juste peut périr, mais la mort n’a pour effet que de
l’ôter de devant les mauvais jours. Mais il n’y aura pas de paix pour le
méchant, qu’il soit Israélite ou non. Ces trois chapitres fournissent donc l’instruction
morale qui se rapporte à ces jours-là. Le fidèle et le débonnaire, quels qu’ils
soient, seront bénis ; le méchant jugé, qu’il soit Israélite ou non. Avec
le chapitre 57, se termine, comme je l’ai dit, la seconde subdivision de cette
partie de la prophétie.
Ces considérations morales réveillent l’indignation de l’Esprit contre l’état actuel d’Israël, son péché et son hypocrisie en ce qu’il prétend servir l’Éternel ; et, aux chapitres 58 et 59, il dénonce la confiance dans les formes extérieures, et pose l’obéissance comme condition à la bénédiction. Ce n’est pas que le bras de l’Éternel soit raccourci, ni que son oreille devienne pesante. L’iniquité du peuple empêche la bénédiction, et amènera le jugement. Mais quand tout aura manqué, et qu’il n’y aura eu personne pour maintenir la justice, l’Éternel lui-même interviendra souverainement dans sa puissance, écrasera ses adversaires, jugera les îles. Ainsi partout son nom sera craint. Le Rédempteur viendra à Sion, et vers ceux qui, en Jacob, reviennent de leur rébellion. Alors la bénédiction sera permanente, et le Saint Esprit sera présent au sein de la semence de Jacob pour toujours.
Le chapitre 60 nous présente l’état et la gloire de Jérusalem dans ce temps de bénédiction. Tout le peuple qui aura été épargné sera juste.
De même que les chapitres 50 et 53 dépeignent les souffrances du Christ, le chapitre 61 nous le présente dans la pleine grâce de sa personne, s’intéressant à la bénédiction d’Israël. Les trois chapitres précédents avaient révélé le jugement et l’intervention de l’Éternel, et signalé en même temps le Rédempteur. Nous avons vu la même chose du chapitre 40 à la fin du chapitre 48 ; et au chapitre 49, le Messie est spécialement introduit. Il en est de même ici, depuis le commencement du chapitre 61 jusqu’au chapitre 63, vers. 6. Mais il y a un progrès accompagnant nécessairement l’introduction de la personne du Christ, dans cette dernière série de chapitres comme sujet principal des plaidoiries de l’Éternel. On voit bien que c’est l’Éternel qui est Christ, et le Christ qui est l’Éternel. « Pourquoi », demande-t-il, « n’y avait-il personne quand je suis venu ? » Mais il y a de la différence entre les péchés moraux d’Israël contre l’Éternel, et le rejet dont il est coupable à l’égard de l’Éternel lui-même dans la personne du Christ, ainsi que cela est signalé d’une manière si remarquable au chapitre 50. Aussi, pour ce qui concerne la repentance des Juifs. Dans les chapitres précédents, la loi est écrite dans leurs coeurs, ils se détournent de l’iniquité, ils s’appuient sur l’Éternel, ils écoutent l’Esprit de prophétie, le serviteur de l’Éternel, ils sont délivrés. Mais quand ils verront leur Rédempteur en gloire, c’est alors qu’ils ressentiront la vraie repentance, une profonde affliction, à la vue de celui qu’ils ont méprisé et rejeté, et qui, dans sa grâce, a porté leurs iniquités.
Les chapitres 61 et 62 me paraissent assez clairs pour n’avoir pas besoin de beaucoup de remarques. On observera dans l’évangile de Luc, chapitre 4, la manière dont le Seigneur s’est arrêté au milieu du verset 2, le temps de l’accomplissement de la seconde moitié du verset n’étant pas encore venu. Mais il pouvait leur présenter ce qui s’appliquait à sa personne en grâce.
Nous retrouvons le terrible jugement du chapitre 34, qu’exécute l’Éternel, ou plutôt qu’il a déjà exécuté, car il en revient. Le résultat de ce jugement est la paix et la bénédiction, dont nous venons de lire la description, chapitre 62. À partir du verset 7, nous lisons le raisonnement de l’Esprit prophétique dans la bouche du résidu, ou si l’on veut celui du prophète lui-même se plaçant dans cette position ; aux chapitres 65 et 66, se trouve la réponse de l’Éternel. Rien de plus touchant que la manière dont l’Esprit se prête à l’expression de tous les sentiments d’un coeur fidèle d’entre les Israélites, ou plutôt dont il formule les sentiments d’un coeur angoissé mais confiant, se rappelant les bontés passées, accablé de la détresse actuelle, reconnaissant la dureté et la rébellion dont le peuple avait été coupable, mais en appelant à la fidélité remarquable de l’amour de Dieu contre l’aveuglement et l’endurcissement judiciaires sous lesquels il reconnaît que le peuple se trouve placé. Lors même qu’Abraham ne les reconnaîtrait pas, Dieu demeure leur père. Où est sa force, où, sa tendresse ; où sont ses compassions ? Sont-elles retenues ? La foi du coeur saisit, à travers toutes les circonstances extérieures, le lien qui existe entre le peuple et Dieu ; elle reconnaît que Dieu prépare, pour celui qui s’attend à Lui, des choses qui ne se seraient pas présentées à la pensée de l’homme (*), qu’il vient à la rencontre de celui qui se réjouit et se comporte justement ; mais elle reconnaît aussi qu’Israël est loin d’agir de cette manière, qu’il est pécheur, ne cherchant pas la face de Dieu. Mais le malheur du peuple, l’état désastreux où l’avait placé le péché, est, pour la foi, un motif d’intercession auprès de Dieu. Le peuple est comme l’argile, et l’Éternel est le potier que la foi distingue à travers tout. C’était le peuple de Dieu ; leurs cités étaient les villes de l’Éternel ; la maison où leurs pères l’avaient adoré était brûlée, et tout était en désolation.
(*) La différence est frappante entre ceci et la connaissance qu’apporte l’évangile, comme Paul l’exprime (1 Cor. 2). On entend citer souvent ce passage, pour exprimer tout juste le contraire. L’apôtre dit : « Ces choses ne sont pas montées au coeur de l’homme, mais Dieu nous les a révélées », c’est-à-dire à nous, chrétiens, par son Esprit ; de même, à la fin du chapitre, il dit : « Mais nous, nous avons la pensée de Christ ».
Les deux chapitres qui suivent nous donnent une pleine révélation des voies de Dieu en réponse à cet appel. Premièrement Dieu, par un effet de sa grâce, s’était fait trouver par d’autres que par son peuple ; il s’était annoncé à ceux qui ne s’appelaient pas de son nom. La grâce infinie et souveraine de Dieu était allée chercher les pauvres gentils. En même temps, avec une patience infinie, il avait tendu les bras à un peuple qui le repoussait et le provoquait continuellement de la manière la plus insultante. Et maintenant voici sa réponse : ce peuple qui l’abandonnait serait jugé. Il les compterait avec l’épée ; ils seraient courbés pour être égorgés. Mais il y aurait un résidu élu par la grâce, les serviteurs de l’Éternel, qui seraient épargnés et bénis, versets 11, 12 ; 8, 9 ; 13-15. Puis l’Éternel allait introduire un ordre de choses tout nouveau, où la vérité de ses promesses serait reconnue et les anciennes choses même entièrement oubliées. Il y aurait de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; non pas qu’il dût encore s’accomplir un changement physique ; mais il se ferait un ordre moral entièrement nouveau. Ce ne serait pas seulement sur la terre que s’établirait ce nouvel ordre de choses, susceptible d’être altéré, comme par le passé, par la puissance du mal dans les cieux ; l’état des cieux eux-mêmes serait nouveau. Nous apprenons ailleurs que Satan aura été chassé, et sa puissance ôtée à jamais des cieux (*) ; les dernières et terribles tribulations à Jérusalem en auront été, en effet, la conséquence. Mais maintenant, Jérusalem serait bénie sur la terre, et son peuple jouirait des bienfaits de l’Éternel jusqu’à un âge aussi avancé qu’aux temps qui précédèrent le déluge. Un homme de cent ans serait un enfant, et si quelqu’un mourait à cet âge, il serait considéré comme ayant été retranché par la malédiction de Dieu. Dieu exaucerait toujours son peuple, la paix serait établie, et il n’y aurait pas de mal sur la montagne de sa sainteté. C’est l’état du millénium pour les Juifs.
(*) C’est pourquoi, quand le Seigneur entre comme l’Éternel, le Messie, dans Jérusalem, il est dit : « Paix au ciel » (Luc 19:38).
Le chapitre 66 parle du jugement qui introduit ce millénium, et par conséquent nous donne plus de détails historiques. Le temple est rebâti à Jérusalem, verset 6. Mais, étant rebâti de la part des hommes, l’Éternel ne le reconnaît pas plus qu’il ne reconnaît les sacrifices qu’on veut y offrir. Il regarde au coeur débonnaire et brisé. L’espérance d’un coeur pareil excitait la risée de plusieurs, qui disaient : Que l’Éternel montre sa gloire. Mais il paraîtra à leur confusion et pour la bénédiction de ceux qui s’attendaient à Lui. Sion sera comme la mère d’un peuple béni de l’Éternel et heureux. La distinction du résidu est ainsi faite dans ces deux chapitres, de la manière la plus formelle et la plus frappante.
Ici retraçons l’application du mot serviteur. Il est appliqué premièrement à Israël, puis à Christ lui-même, seul vrai serviteur au milieu du peuple, et enfin au résidu qui écoute les paroles du Christ comme serviteur ; elles sont l’Esprit prophétique, car l’Esprit de prophétie est le témoignage de Jésus. Ce sont ceux du résidu qui sont ici serviteurs. Ils seront consolés dans Jérusalem, comme quand une mère caresse son enfant pour l’apaiser ; la main de l’Éternel se fera connaître envers ses serviteurs, et son indignation envers ses ennemis. Car IL VIENDRA, et il exécutera le jugement contre toute chair ; à toute chair aussi avait été annoncé le salut. Les Israélites infidèles et idolâtres sont là, confondus avec les nations ; Dieu les rassemblera toutes ; elles viendront et verront sa gloire. Dieu exercera le jugement sur la multitude par l’épée et par le feu. Mais il y en aura qui, par grâce, échapperont. Dieu les enverra vers les nations lointaines qui n’ont jamais vu sa gloire ni entendu sa renommée. Il ne s’agit pas ici de l’élection de la grâce pour le ciel. Ils annonceront non cette grâce, mais la gloire qu’ils auront vue. Les nations amèneront les dispersés d’Israël comme une offrande à l’Éternel en la montagne de sa sainteté ; la race de Jacob et les sacrificateurs que l’Éternel en aura choisis, seront comme les nouveaux cieux et la nouvelle terre devant l’Éternel ; toute chair viendra se prosterner devant Lui. Ceux qui auront été les objets du jugement de l’Éternel, les pécheurs contre Lui, et spécialement, à ce qu’il me paraît, les Juifs apostats, seront un témoignage permanent du terrible jugement de l’Éternel. Car si la pleine bénédiction de sa présence doit luire sur son peuple, elle sera introduite et conservée par le jugement, qui est dans ces temps le principe de ses voies.
Il est une remarque générale qu’il convient de faire ici. L’état de péché qui est ici jugé existait déjà du temps du prophète. La patience de Dieu usait de support, mais le principe qui devait amener le jugement était agissant, témoin le chapitre 6. Jusqu’à la réjection du Christ, et dans un certain sens jusqu’à l’acceptation de l’antichrist venant en son propre nom, le mal n’était pas absolument consommé, ni le jugement final exécuté. Mais Achaz avait déjà fourni l’occasion de le prononcer. Ainsi l’état entier d’Israël, la grâce qui recevait les gentils, le néant des formes et des cérémonies, en un mot tous les grands principes moraux de la vérité sont constatés dans cette partie de la prophétie ; et nous voyons Étienne, Paul, le Seigneur lui-même, citer les passages qui les proclament, en les appliquant aux temps dans lesquels ils vivaient. Le Seigneur en fait l’application à l’endurcissement du peuple ; Étienne à l’inutilité d’un système de formes déjà jugé ; Paul à l’état de condamnation des Juifs et à la grâce envers les gentils. Ce qui reste à venir, c’est l’accomplissement du grand résultat où ces choses seront mises en évidence devant le monde par le jugement et la bénédiction souveraine de Dieu.
Quant à la venue de Jésus en abaissement, nous l’avons vue aussi clairement révélée que sa venue en gloire. Somme toute, les voies de Dieu dans le gouvernement de son peuple, eu égard à sa conduite sous la loi, aux promesses faites à la famille de David, et enfin à sa conduite envers Christ, l’Éternel, abaissé et venu au milieu du peuple ; le gouvernement, dis-je, et les voies de Dieu à l’égard d’Israël sous tous ces rapports, sont développés de la manière la plus claire et la plus merveilleuse dans le cours de cette prophétie. Le jugement que le prophète prononce ici, fut suspendu par la patience de Dieu pendant près de huit cents ans ; il ne fut accompli que lors de la réjection de Christ.