ÉTUDES SUR LA PAROLE :

LES PSAUMES

par J.N. Darby

LIVRE TROISIÈME


Table des matières :

1 - [Psaume 73]

2 - [Psaume 74]

3 - [Psaume 75]

4 - [Psaume 76]

5 - [Psaume 77]

6 - [Psaume 78]

7 - [Psaume 79]

8 - [Psaume 80]

9 - [Psaume 81]

10 - [Psaume 82]

11 - [Psaume 83]

12 - [Psaume 84]

13 - [Psaume 85]

14 - [Psaume 86]

15 - [Psaume 87]

16 - [Psaume 88]

17 - [Psaume 89]


[Les sous-titres et textes en italique rouge, entre crochets, sont des ajouts de Bibliquest, principalement des références permettant de faciliter la lecture et la compréhension]

Avec le troisième livre nous entrons dans une sphère plus étendue que celle qui vient de nous occuper, et qui n’embrassait que l’état du résidu Juif durant les derniers jours, soit que ce résidu se trouve dans Jérusalem, soit qu’il en ait été chassé. Par suite, dans ce troisième livre, nous trouvons beaucoup moins que dans les autres, les circonstances personnelles, les sentiments particuliers du Seigneur, qui, aux jours de sa chair, marcha avec le résidu comme en faisant lui-même partie. Ce qui est en vue ici, ce sont les intérêts généraux d’Israël ; en conséquence, nous entrons dans le domaine de l’histoire. Nous avons devant nous tout l’ensemble de la position nationale d’Israël, mais avec la distinction d’un résidu au coeur droit et sincère. Remarquez que ce livre ne renferme qu’un seul Psaume de David ; les autres sont attribués à Asaph, aux fils de Coré, à Ethan, car je ne connais pas de raison pour rejeter les indications qui nous sont données relativement à ces différents auteurs des Psaumes. C’est bien encore de l’état d’Israël dans les derniers jours qu’il s’agit ici, seulement les faits généraux sont mentionnés en rapport avec la nation tout entière, et il ne faut pas y chercher les détails qui sont particuliers au résidu Juif, et à Christ comme prenant place avec lui : le sujet est beaucoup plutôt Israël ; les principes sont généraux, avec des allusions à l’histoire passée du peuple et aux voies de Dieu envers lui.

1 - [Psaume 73]

Le premier Psaume de cette nouvelle série, le 73°, est une preuve de ce que nous venons de dire. « Certainement, Dieu est bon envers Israël, envers ceux qui sont purs de coeur ! » — mais le fidèle était dans la perplexité à cause de la prospérité des méchants et ses pieds lui manquaient presque. Puis vient la description de cette prospérité des impies ; le gros du peuple se joint à eux et le Très-Haut est méprisé ; tandis que l’homme pieux est continuellement châtié et serait porté à dire que c’est en vain qu’il a lavé ses mains dans l’innocence ! Mais en parlant ainsi, il serait infidèle à la génération des enfants de Dieu (v. 15). Peser attentivement cet état de choses était un travail trop pénible pour l’homme : mais tout devenait clair dans les sanctuaires de Dieu, aux lieux où la pensée de Dieu était révélée. Il en sera de toutes les prétentions des méchants comme d’un songe, quand on se réveille ; — elles disparaîtront lorsque Dieu s’éveillera. Le fidèle déplore son manque de sens divin dans ces pensées et ces sentiments ; cependant après tout, il est avec Dieu qui le tient par la main droite ; guidé par son conseil, dans ce temps de ténèbres, il sera reçu, après que la gloire aura été révélée (comparez Zacharie 2: 8). Le résultat est béni. Le fidèle n’a, dans le ciel, aucun autre que le Seigneur et il ne prend plaisir sur la terre en rien qu’en lui seul : tel est l’effet de l’épreuve ; mais sa chair et son coeur défaillent : C’est la nature. Il faut qu’il en soit ainsi, mais Dieu est le rocher de son coeur et son partage à toujours. Les deux derniers versets annoncent le résultat final : ceux qui se sont éloignés de l’Éternel et qui sont tombés dans l’apostasie, périssent ; mais il est bon, pour l’homme pieux, de s’approcher de Dieu. Il a mis son espérance dans le Seigneur quand il ne se montrait pas, afin de pouvoir raconter tous ses faits lorsque la délivrance sera venue, car ceux qui seront bénis plus tard, sans avoir été éprouvés, n’auront pas appris cette connaissance de Dieu.

2 - [Psaume 74]

Le Ps. 74 se plaint de la désolation du sanctuaire par les ennemis, après qu’il a été reconstruit dans le pays. Les adversaires de Dieu, comme la foi les appelle ici, rugissent dans les synagogues. Les signes de l’homme, et non ceux de Dieu, caractérisent leur autorité. Le culte public juif est renversé. Mais il y a plus : ce qui dans un temps pareil aurait pu être une consolation, fait complètement défaut ; il n’y a point de signes de la part de Dieu pour encourager les fidèles dans leurs difficultés, point de prophètes, personne qui sache jusques à quand, — qui sache, par la direction de Dieu, quand Dieu interviendra en puissance. Cependant la confiance que Dieu n’abandonnera pas son peuple, se trouve ici ; et cette parole : « jusques à quand », s’il n’y a pas de réponse pour elle, se change en requête : Dieu ne laissera pas les siens pour toujours ; ils se confient en Sa fidélité. Dieu avait jadis frappé l’Égypte et délivré son peuple en le faisant passer à sec à travers la mer ; à lui seul est toute puissance dans la création. L’ennemi avait outragé le nom de l’Éternel. Israël doit être encore considéré, dans le résidu, comme la tourterelle de Dieu ; il supplie Dieu de regarder à l’alliance, car les lieux ténébreux de la terre (ou du pays) sont pleins d’habitations de violence. Les opprimés, les pauvres, les affligés, sont, comme toujours, présentés aux yeux et au coeur de Dieu. Nous les retrouvons partout, comme ceux auxquels Dieu pense, auxquels Christ prend son plaisir dans le pays. Il en est ainsi, même quant à l’esprit qui doit nous animer. Le psalmiste supplie Dieu de se lever et de défendre sa propre cause : le tumulte de ceux qui s’élevaient contre lui montait continuellement. C’est une chose remarquable de voir comment la foi identifie les intérêts du résidu pieux, envisagé dans sa pauvreté et son oppression, avec les intérêts de Dieu, et plaide sa cause auprès de Dieu. Sa requête s’élève à Dieu comme venant de dehors ; c’est à lui que l’on s’adresse, seulement on lui rappelle que le nom qu’il a pris en Israël a été blasphémé. Ce nom rappelle (vers. 19, 20) la relation de l’Éternel avec son peuple et le tendre amour qu’il lui porte en vertu de l’alliance.

3 - [Psaume 75]

Au Ps. 75, c’est le Messie qui parle, quoique le Psaume commence par les actions de grâce que le résidu rend à Dieu pour les oeuvres merveilleuses déjà accomplies. Puis les jugements de Dieu introduisent le Messie dans son royaume. Il reçoit la congrégation d’Israël (vers. 2) ; ensuite le juste jugement doit être exécuté. La terre s’écroule dans le crime et dans la confusion ; le Messie a affermi ses piliers. Dans les versets qui suivent, il avertit les méchants et les contempteurs de ne pas s’enorgueillir, car c’est Dieu qui est le Juge : il élève et il abaisse. Les méchants boiront la coupe des jugements jusqu’à la lie ; mais le Messie méprisé exaltera le Dieu de Jacob et humiliera les méchants : les justes seront élevés.

4 - [Psaume 76]

Ps. 76. L’application de ce Psaume au jugement des rois qui viennent dans leur orgueil contre Jérusalem, et y trouvent inopinément le Seigneur lui-même, est extrêmement simple (comp. Michée 4: 11-13 et Zach. 14: 3, 4; 12: 2). Le jugement de Dieu est raconté, et le psalmiste célèbre Dieu comme ayant son domicile en Sion. Il est le Dieu de Jacob et il est connu en Juda : son jugement a été entendu des cieux. Sion, longtemps méprisée, est plus glorieuse que « les montagnes de la rapine », que les hauts lieux de la violence humaine. La terre a eu peur et s’est tenue dans le silence lorsque Dieu s’est levé pour accomplir le jugement et pour sauver tous les débonnaires de la terre.

5 - [Psaume 77]

Le Ps. 77 nous présente la délivrance spirituelle et le rétablissement de la confiance du fidèle. Il a crié à Dieu et Dieu l’a écouté. Crier est plus qu’un désir. Un cri est l’expression de la faiblesse, de la dépendance, du recours à Dieu, dans l’âme et avec un coeur droit. Au jour de la détresse, le fidèle n’a pas eu simplement des plaintes, de l’irritation, de la colère, mais, dit-il, « j’ai cherché le Seigneur », Adonaï, non pas l’Éternel. Sa première pensée a été de se demander si le Seigneur l’aurait rejeté pour toujours (vers. 7-9) ; car ici, comme nous l’avons vu souvent dans les Psaumes, ses pensées suivent le cours qui nous ramène à ce qu’expriment les premiers versets (*). Au verset 10, il juge lui-même sa pensée, et se rappelle, comme au verset 5, les années auxquelles se déployait la puissance de l’Éternel, Dieu d’alliance d’Israël, le Tout-Puissant des pères. La voie de Dieu est toujours et nécessairement en harmonie avec sa nature très sainte et bénie : on la comprend dans le lieu secret où il fait connaître ses pensées à ceux qui sont en communion avec lui. Ses voies sont en parfait accord avec ce lieu, et il juge son peuple selon sa relation avec Lui (de là la fonction de l’interprète, un entre mille). Les voies de Dieu sont l’application des principes divins de sa nature sainte, quand il se met en relation avec son peuple selon cette nature : la relation elle-même doit être maintenue conformément à ces principes. C’est là son sanctuaire ; c’est là qu’on s’approche de lui. De là vient qu’il agit envers son peuple, non pas simplement en le guidant d’une manière extérieure, mais en réalisant selon sa majesté, les principes de sa nature (pour autant qu’ils sont révélés) dans l’homme caché du coeur ; et cela suppose la conversion. Il agit envers nous, dans le saint lieu de sa nature et de sa majesté, selon la vérité de notre état — de notre état réel, moral, intérieur. Il ne dévie pas de ces voies, ni ne compromet la majesté qu’elles ont pour but de manifester. Mais quoique Dieu agisse dans ces voies conformément à sa nature, il agit envers l’homme dans une relation révélée ; ses voies sont la sanction de sa nature et de sa majesté dans cette relation, mais elles n’enfreignent jamais Son caractère. L’homme, placé en relation avec lui, doit marcher d’une manière qui soit en harmonie avec cette relation et digne d’elle ; il doit, quant à son état intérieur, marcher avec Dieu selon cette relation ; mais si Dieu agit conformément à cette relation, il purifie l’homme pour elle ; — il montre le mal ; — il dépouille l’homme de son orgueil afin de le bénir, mais il maintient sa majesté. Aussi, dans le mal, le coeur revient-il en arrière à ce qui a formé la relation par la rédemption (vers. 14-18). Ici, Israël ou le résidu fidèle, n’est pas dans la jouissance des bénédictions que l’alliance lui assure, il se trouve, au contraire, dans la détresse, et regarde en arrière, par la foi, vers une époque qui rappelle le pouvoir de Celui qui ne peut changer. L’âme trouve sa consolation dans le fait que la voie de Dieu est dans le sanctuaire, conformément à la nature et aux voies de Dieu lui-même, dans la mesure où il est révélé. Si je cherche à juger comme homme, sa voie est « dans la mer » (verset 19) ; je ne puis en suivre la trace. « Ses traces ne sont point connues », car qui serait capable de suivre Celui qui, d’une pensée, arrange toutes choses ? C’est par la foi que nous connaissons la vraie nature et le vrai caractère de Dieu, en relation avec nous, et nous pouvons compter sur cette nature et ce caractère parce qu’Il est un Dieu fidèle et immuable ; mais nous ne pouvons pas connaître ses voies en elles-mêmes, ni en juger. Aussi l’incrédule est mécontent, et blâme Dieu ; mais le croyant est heureux, parce qu’il a la clef de tout ce qu’est le Dieu qu’il connaît, et qu’il peut compter sur l’arrangement qu’il a fait de toutes choses. Il faut que tout soit conforme, et non pas contraire, à ce que Dieu est ; mais il est pour nous, et par conséquent arrange tout en notre faveur : il faut que toutes choses travaillent ensemble pour notre bien. Il mène son peuple comme un troupeau. Dans le Ps. 73, le fidèle éprouvé apprenait la fin de ses ennemis extérieurs, qui prospéraient pendant que lui était châtié ; ici, il apprend les voies de Dieu à son égard. Mais ce Psaume est à la fois intéressant et instructif au point de vue pratique. L’âme privée de la jouissance de la bénédiction divine est, de ce fait, amenée par grâce à crier à Dieu. Elle cherche le Seigneur, ce qui accentue son trouble, comme cela arrive toujours, car elle connaît sa condition et elle refuse d’être consolée. Penser à Dieu, alarme le fidèle au lieu de lui donner la paix, car si sa foi est réveillée sa conscience l’est aussi et le sentiment d’avoir perdu la bénédiction accable son esprit. Il ne peut oublier sa condition présente. Il pense aux jours d’autrefois, aux merveilles des siècles passés, lorsque la lumière du Seigneur brillait sur lui. Dieu l’a-t-il abandonné ? A-t-il oublié d’user de grâce ? A-t-il enfermé ses miséricordes dans la colère ? Peut-il penser que Dieu l’a abandonné, lui qui est un de ses saints ? Cela amène Dieu lui-même dans sa pensée. Comment tout serait-il fini pour lui ? C’était là son infirmité et il regarde en arrière aux années de la droite du Très-Haut. Il se souvient des oeuvres de l’Éternel. En s’approchant de l’Éternel avec son esprit humilié, il s’approche de quelqu’un qui n’avait pas changé envers son peuple, en faveur duquel il avait opéré la rédemption. Ce Dieu ainsi connu, et non pas son propre état, devient alors la source de ses pensées. Le fait qu’il était leur Dieu s’était montré dans l’histoire du peuple d’une manière terrible. Le fidèle peut alors penser à ses voies et les apprécier justement. Elles n’avaient pas laissé, dans la mer, des traces pouvant être suivies par le pied de l’homme, mais dans le sanctuaire, elles apparaissaient conformes à sa nature et à son caractère, et comme l’accomplissement des desseins de sa bonté.

(*) Ceci, pour le lecteur attentif, rend aisés à comprendre plusieurs Psaumes qui, sans cela, seraient difficiles, parce qu’on y voit l’affliction et la détresse succéder à la confiance ; mais ces choses ne sont, en réalité, que le chemin à travers lequel l’esprit passe dans sa marche vers la confiance.

6 - [Psaume 78]

Au Ps. 78, la sagesse discute la conduite d’Israël, historiquement en rapport avec tout le peuple, mais en faisant ressortir des principes très importants. Il n’y a pas seulement eu autrefois une rédemption à laquelle la foi avait recours ; il a été donné un témoignage et une loi pour diriger les voies d’Israël et pour que les pères les fissent connaître à leurs enfants. Mais les pères avaient été une génération indocile et rebelle. Or la loi et le témoignage furent donnés afin que les enfants ne fussent pas tels que leurs pères (verset 8) ; ils le furent, et c’est l’histoire de leurs infidélités qui est exposée ici. En conséquence Dieu les châtia ; il y eut de sa part un gouvernement direct et manifeste, à l’égard de leurs voies. Quand le châtiment fondait sur eux, ils se retournaient vers Dieu et le recherchaient ; mais ils le flattaient de leur bouche ; leur coeur n’était pas ferme envers lui et ils ne furent pas fidèles dans son alliance (vers. 32-37). Néanmoins il montra de la compassion ; il leur pardonna ; il se souvint qu’ils n’étaient que chair. Après les signes opérés en Égypte, ils l’avaient oublié ; introduits dans le pays, ils s’adonnèrent à l’idolâtrie. Lorsque Dieu l’entendit, il se mit en grande colère et méprisa fort Israël (vers. 59). Sur le pied de ce gouvernement, fondé sur la loi et le témoignage, et qui comportait pourtant une tendre miséricorde, Israël fut entièrement délaissé, le tabernacle abandonné et l’arche livrée pour aller en captivité entre les mains des ennemis. Le peuple aussi fut livré au jugement.

Mais l’amour de l’Éternel. pour son peuple, sur le principe de la grâce, n’était pas affaibli, et la misère dans laquelle le peuple était tombé faisait appel à cet amour. Le Seigneur se réveilla comme quelqu’un qui se serait endormi et il frappa ses ennemis et les livra à un opprobre éternel (versets 65, 66). Mais maintenant il était intervenu en grâce dans son amour pour son peuple. Ce n’était pas la bénédiction de son gouvernement direct sous condition d’obéissance, mais l’intervention de la grâce, après que la désobéissance avait, sur le principe du gouvernement, amené un jugement complet, malgré la compassion et la miséricorde. Maintenant la grâce souveraine intervenait. Les anciennes bénédictions avaient établi Joseph héritier naturel ; il avait eu la riche et double part ; mais Dieu a choisi Juda, il a choisi Sion. C’est ce qui donne à ce Psaume son importance. Son sanctuaire est le lieu de l’amour en grâce, quand tout a manqué sous la loi, même accompagnée de l’exercice de la plus pleine et compatissante patience. Il a bâti son sanctuaire. Il ne s’agit pas ici directement de l’objet de l’élection de grâce ; mais Dieu a choisi David, le prenant dans la condition la plus humble, pour qu’il fût ensuite le conducteur de son peuple.

Des principes de la plus grande importance se trouvent dans ce magnifique Psaume. Envisagé comme établi en Sinaï sur le principe du gouvernement, sur le pied de la loi mêlée de compassion, Israël ayant entièrement failli, était devenu un objet d’horreur, était complètement rejeté. Il y avait eu rupture totale ; l’arche de l’alliance, ce lien entre Israël et Dieu, lieu de propitiation et trône de Dieu, avait été abandonnée à l’ennemi. Mais Dieu, dont l’amour souverain pour son peuple étant intervenu en puissance pour délivrer, avait choisi Juda, Sion, David, avait établi un lien en grâce, par la délivrance, après que tout avait failli. La foi peut revenir en arrière pour considérer les oeuvres de Dieu dans la rédemption, mais non pas la conduite de l’homme sous la loi. Le Ps. 78 est l’opposé du Ps. 77. Néanmoins, en Israël, tout cela est déclaré pour produire dans leurs coeurs ce que la grâce opérera au dernier jour, la valeur de la loi, qui les portera à l’enseigner à leurs enfants (comp. Gen, 18: 17-19; voyez Ex. 34 où la miséricorde plaçait encore Israël sous la condition de l’obéissance). Ici la puissance délivre le peuple après qu’il avait failli sous la miséricorde et que le jugement était venu, Dieu agissant selon sa pensée d’amour. De fait, Israël n’a jamais été placé purement sous la loi ; les tables ne sont jamais entrées dans le camp (comp. 2 Cor. 3). La face de Moïse ne brilla que lorsqu’il eut vu Dieu, après être monté la seconde fois sur la montagne, étant reçu en grâce ; mais, quant à Israël, cette alliance le ramenait sous la loi. Cette loi, mitigée de grâce, introduite postérieurement à la seconde ascension de Moïse, est mort et condamnation. Cela est impossible, avec une substitution ; mais, Moïse ne pouvait évidemment pas prendre cette place de substitut : « Peut-être ferai-je propitiation pour votre péché » ; — « Efface-moi, je te prie ! » À quoi Dieu répond : « Celui qui aura péché contre moi, je l’effacerai » [Ex. 32 :30, 32, 33]. Cela était la loi, et, comme nous le voyons ici, et comme nous le déclare positivement 2 Cor. 3, la mort et la ruine.

7 - [Psaume 79]

Le Ps. 79 se rapporte, de la manière la plus évidente, à l’invasion des nations, spécialement à celle de l’armée du Nord (Joël 2 a trait à une seconde attaque, lors de laquelle la requête de ce Psaume est exaucée ; Ésaïe parle des deux) qui avait ravagé Jérusalem et le temple et répandu le sang des adorateurs de l’Éternel. On confesse dans ce Psaume les iniquités anciennes, et on implore la miséricorde, les tendres compassions du Seigneur. Le motif qu’on fait valoir est celui qui est invoqué en Joël 2, et auquel il est fait allusion dans les Psaumes 42 et 43. « Pourquoi les nations diraient-elles : Où est leur Dieu ? » La foi demande que Dieu se fasse connaître en vengeant le sang de ses serviteurs. Ainsi son peuple et le troupeau de sa pâture, le célébreraient à toujours ! La colère de l’Éternel est envisagée ; il y a de la foi pour dire : « Jusques à quand ? » Quoique le résidu ne jouisse pas des grâces de l’alliance, et qu’il soit même dans un état tout contraire, la foi a les yeux sur ces gratuités et voit l’Éternel irrité contre son peuple ; mais c’est son peuple ; et s’il est en relation avec les siens, il ne peut les abandonner. C’est seulement : « Jusques à quand ? » Cependant, même alors, le cri s’adresse directement à Dieu, et non à l’Éternel. Israël n’est pas rétabli dans sa relation d’alliance. Quand il s’y trouvera, ce sera en grâce et cette condition ne sera plus jamais perdue de vue. Tel n’est pas le cas ici : Israël est rejeté en vertu du fait qu’il a manqué sous une alliance conditionnelle, et, quoique la foi aux promesses le soutienne, il n’est pas encore entré dans l’alliance nouvelle ; il est en dehors de la bénédiction, regardant en arrière et en avant, n’ayant rien actuellement. Ce n’est jamais la position chrétienne ; en s’y plaçant et en s’appliquant le langage du Psaume, on se fait Juif. Car, tandis que Christ est caché en haut pour eux, par le Saint Esprit descendu vers nous pendant qu’Il est là, nous savons qu’Il est accepté et glorifié comme ayant pris notre place, et que nous sommes en Lui.

8 - [Psaume 80]

Le Ps. 80 montre, d’une manière remarquable, que nous sommes ici sur le terrain d’Israël, de ses circonstances historiques dans le passé ou dans l’avenir : ce n’est point Christ qui nous y est présenté, quoique naturellement tout dépende de lui, ni les Juifs fidèles au milieu de la congrégation apostate. Nous voyons bien Jérusalem prise, des assemblées de peuples, d’anciennes délivrances d’Israël, en un mot l’histoire de la nation, ou la prophétie au sujet de circonstances nationales, mais tout est extérieur ; point d’épreuves intérieures de nature à faire intervenir Christ personnellement sur la scène, sauf quand il reçoit la congrégation, alors que les fidèles en Israël sont distingués. Ce n’est pas non plus à l’Éternel qu’on s’adresse (sauf pour l’avenir, quand on entre dans la nouvelle alliance), jusqu’au jugement de la dernière confédération, qui fait connaître l’Éternel comme le Très-Haut sur toute la terre. Je pense que ces Psaumes n’excluent pas les Juifs ; ils font partie d’Israël, et c’est en Judée que Jéhovah sera révélé : seulement ce qui est introduit d’une manière historique, c’est tout Israël, y compris Joseph ; la nation, en un mot. Dieu est invoqué comme le Berger d’Israël qui mène Joseph comme un troupeau et qui est assis entre les chérubins : encore ici, il s’agit d’Israël dans le sens historique ; ce n’est point Dieu appelant ou venant du ciel ; il n’est vu par la foi, que lorsqu’il a pris sa place en Israël.

Le Psaume qui nous occupe est un Psaume remarquable. Dieu est en Israël, et son trône y est aussi, de droit ; on s’attend à ce qu’il fasse reluire sa splendeur et réveille sa puissance pour secourir son peuple ; on lui rappelle les temps anciens, lorsque autrefois, en Israël dans le désert, Éphraïm, Benjamin et Manassé se trouvaient immédiatement après l’arche, derrière le tabernacle, et que, le camp étant en marche, le sanctuaire allait immédiatement devant eux, et l’on demande que ces temps se renouvellent. C’était Jéhovah, le Dieu des armées. La foi soupire après sa présence, en puissance, au milieu de son peuple, comme au temps jadis. La question est celle-ci : « Jusques à quand » (l’ardent désir de la foi) « ta colère fumera-t-elle contre la prière de ton peuple ? » Tels sont ici les pensées et le langage de la foi ! La vigne, transportée d’Égypte, était ravagée ; sa haie, selon la menace proférée par Ésaïe, était rompue ; des larmes étaient le seul breuvage du peuple de l’Éternel ; le fidèle supplie Dieu de regarder des cieux et de visiter la vigne : le cep qu’il avait planté et le provin [branche de vigne qui prend racine] qu’il avait fortifié pour lui-même — ce dernier signifiant la famille de David, je suppose. Néanmoins l’état d’Israël était un châtiment de la part de Dieu. En outre, la foi s’attend à ce que la puissante main divine soit sur l’homme de cette puissance, le Fils de l’homme que Dieu s’était fortifié pour Lui-même (vers. 17). Nous pouvons comprendre d’après ce passage, et non pas seulement d’après Dan. 7 qui donne simplement au Fils de l’homme une place particulière, pourquoi le Seigneur prend habituellement le titre de Fils de l’homme. Quoique rejeté, il est celui sur lequel la droite de Dieu doit être en puissance. C’est à ce passage que le Seigneur fait allusion en Luc 22: 69, en disant : « Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu ». Descendu ici-bas en grâce, sa mission était terminée ; désormais on ne le connaîtrait plus qu’élevé au pouvoir judiciaire. Cela donne une grande importance à ce nom qui, selon le Psaume 8, apporte la délivrance du résidu d’Israël selon toute la vaste portée de sa puissance. Comme Fils de l’homme, l’humanité, dans sa Personne et selon les conseils de Dieu, est élevée au-dessus de toutes les oeuvres de la main de Dieu. Il est le Seigneur de tout, mais comme homme, et en vertu de son oeuvre en faveur de son peuple, il effectue cette délivrance du résidu d’Israël. De cette manière, le peuple de Dieu sera gardé. Telle est la portée de la requête de ce Psaume : l’intervention en puissance de la part de l’Éternel, le Dieu d’Israël ; la puissance placée sur le Fils de l’homme ! La requête a sa source dans la grande détresse d’Israël ; cependant la foi s’attend à l’Éternel, et le voit intervenir en Israël. Lorsqu’il les aura visités ainsi, ils ne se retireront plus en arrière de lui ; quand il leur aura rendu la vie, ils invoqueront son nom de Messie. Les vers. 3, 7 et 19 montrent le sujet du désir : « Ramène-nous » ; cependant c’est encore la délivrance extérieure qu’ils attendent. Le verset 17 demande une attention spéciale au point de vue déjà signalé : il indique ce qui était dans la pensée du Seigneur, lorsqu’il présentait aux siens cette immense anomalie que le Fils de l’homme devait souffrir. Le Psaume 8 donne la clef des desseins de Dieu, quant à l’humiliation et à l’exaltation, et à la place de l’homme ; c’est sur cette humiliation que le Seigneur insistait auprès de ses disciples. Ici, les fidèles attendent que la puissance divine se déploie en lui. L’Église et son union avec Christ, puis l’adoption connue individuellement, sont les seules choses qui ne soient pas, que je sache, révélées dans l’Ancien Testament. Tout ce qui concerne Christ y est révélé, sauf encore peut-être, la position présente de Christ comme sacrificateur. Ni l’une ni l’autre de ces choses ne sont mentionnées parmi les titres donnés à Christ dans le premier chapitre de l’évangile de Jean.

9 - [Psaume 81]

Le Ps. 81, tout en célébrant, en figure, la restauration d’Israël, revient encore au point de vue historique, notamment en ce qu’il introduit Joseph qui représente les dix tribus (voir Ézéch. 37 :16) : sinon Juda, les Juifs, auraient pu tout réclamer. Mais lors de la restauration (quoiqu’il y ait des événements qui se rattachent d’une manière spéciale aux Juifs, car c’est parmi eux que Jésus a conversé, et, au dernier jour, Il entrera tout particulièrement dans les circonstances au milieu desquelles ils se trouvent, s’associant avec eux de la manière si profondément intéressante que nous avons étudiée dans les deux premiers livres), il est évident que, dans le plein accomplissement des desseins de Dieu, le bois de Joseph doit avoir sa place, et ne faire qu’un avec Juda dans la main du Fils de l’homme, pour représenter tout Israël. Or la nouvelle lune était le symbole de la réapparition d’Israël à la lumière du soleil ; le peuple la saluait avec allégresse, rattachée qu’elle était à la rédemption, dans la pensée de la foi (voyez le vers. 5 du Psaume).

Israël dans la détresse avait crié à Dieu, et Dieu l’avait délivré ; mais un autre principe apparaît en même temps : Dieu, il est vrai, répondait à son peuple en détresse, mais il l’éprouvait aussi. Ils tentaient Dieu, doutant de ses soins et de sa puissance, et lui les mettait à l’épreuve par des difficultés qui semblaient montrer qu’il ne s’occupait pas d’eux, et qu’il manquait de pouvoir. Ils dirent alors : l’Éternel est-il au milieu de nous ? Mais l’Éternel répondit en grâce (Exode 17). C’est, je pense, l’événement auquel il est fait allusion ici. Mais même dans la seconde occasion, celle de Mériba, ainsi nommée parce qu’Israël contesta de nouveau avec l’Éternel, lorsque Moïse (Nomb. 20) parla inconsidérément de ses lèvres et fut exclu de Canaan (car depuis Sinaï le peuple était placé sous le gouvernement de la loi, quoique ce fût un gouvernement miséricordieux), l’Éternel fut sanctifié en donnant de l’eau à son peuple, par une grâce qui s’élevait au-dessus de la faute de Moïse. Néanmoins, quoique la grâce et la fidélité de Dieu à ses promesses envers son peuple se trouvassent dans son gouvernement (Ex. 34: 6, 7), le peuple était mis à l’épreuve d’une manière légale, sur le pied même de cette miséricorde. Ce gouvernement mettait à l’épreuve, tout en étant un gouvernement miséricordieux, et tel est, en effet, dans un sens, le gouvernement divin. Dieu soumet son peuple à cette épreuve-ci : s’ils étaient fidèles à Dieu, et qu’il n’y eût point de dieu étranger au milieu d’eux, la bénédiction était prête. Il était l’Éternel, leur Dieu, qui les avait fait monter du pays d’Égypte. Ils n’avaient qu’à ouvrir la bouche toute grande et il la remplirait. Mais ils ne voulurent point écouter, et furent abandonnés à l’obstination de leur coeur. Cependant nous voyons dans ce Psaume la tendresse de l’amour de Dieu en leur faveur, et la joie qu’il aurait eue à les bénir et à subjuguer tous leurs ennemis. Son juste gouvernement aurait été manifesté en eux (comp. Matt. 23: 37; Luc 19: 42). Oh ! s’ils eussent écouté ! Ceci nous donne la raison de la ruine d’Israël. En tant que racheté de l’Égypte, le peuple était placé sous l’épreuve de l’obéissance et de la fidélité envers Dieu ; il y avait failli ; néanmoins il apparaîtra de nouveau pour refléter la lumière de la face de l’Éternel. Cet amour de l’Éternel pour son peuple éclate même dans sa chute. Ici, un principe d’une grande importance pour toute âme nous est présenté : la rédemption, accompagnée de la promesse d’une bénédiction conditionnelle, ne fait qu’aboutir à la perte de la bénédiction, précisément comme il en a été pour la création. C’est la même chose ou pis encore. Comment le soin d’assurer la bénédiction reposerait-il sur nous, maintenant que nous sommes des êtres déchus, au lieu d’être innocents et libres comme Adam dans le paradis. La grâce seule peut nous garder, et il en sera ainsi à l’égard d’Israël. Le Ps. 81 fait ressortir d’une manière magnifique les pensées de Dieu envers son peuple et son caractère plein de grâce et de tendresse. Les passages des Évangiles auxquels j’ai renvoyé expriment la même tendresse, mais montrent de plus que Jésus est l’Éternel même.

10 - [Psaume 82]

Ps. 82. Ici Dieu prend le gouvernement dans ses propres mains. Il avait établi l’autorité sur la terre, et particulièrement en Israël. Dirigés quant au jugement par sa Parole et revêtus de son autorité, les juges, parmi le peuple d’Israël, avaient porté le nom de Dieu (Élohim) : mais aucun d’entre eux ne voulait comprendre ni agir selon la justice et les fondements de la terre chancelaient. Tous les magistrats avaient reçu le pouvoir et l’autorité de Dieu. Les juges Juifs avaient aussi reçu sa parole, mais eux non plus ne connaissaient, ni n’entendaient rien : ils étaient des hommes ; ils mourraient comme des hommes, et tomberaient comme un prince quelconque d’entre les princes inconvertis de ce monde. Dieu qui avait conféré l’autorité jugeait parmi les dieux. Il faut qu’il exerce la justice. L’esprit de prophétie demande ce jugement, dans celui qui a de l’intelligence : « Lève-toi, ô Dieu ! juge la terre, car tu hériteras toutes les nations ! »

11 - [Psaume 83]

Le Ps. 83 exige que nous attirions l’attention du lecteur sur ce qui en fait le sujet, savoir la dernière confédération des nations qui entourent Canaan, avec Assur qui les aide dans leur attaque. Le nom de l’Éternel est introduit à la fin du Psaume, quoique la requête s’adresse à Dieu comme tel, car le peuple n’est pas encore établi dans la bénédiction de l’alliance. Le jugement doit être exécuté pour que les nations rebelles recherchent le nom de l’Éternel. Ce n’est point pour qu’elles connaissent le Père, ni qu’elles sachent qu’il y a un Dieu, mais afin qu’elles connaissent l’Éternel. Quand ses jugements sont en la terre, les habitants du monde apprennent la justice [Ésaïe 26 :9] ; ils sauront que Celui-là seul dont le nom est l’Éternel, Celui qui était et qui est et qui vient, est le Très-Haut, c’est-à-dire que l’Éternel (le seul vrai Dieu) le Dieu d’Israël, est au-dessus de tout, le Très-Haut sur toute la terre. C’est avec ce nom-là qu’il prend possession de la terre, comme Melchisédec la bénit au nom du Très-Haut, possesseur des cieux et de la terre, et comme Nébucadnetsar, le chef humilié des Gentils, célèbre et bénit le Très-Haut. C’est le nom millénaire de Dieu, le nom sous lequel il prend à lui sa grande puissance et règne, véritable Melchisédec, sacrificateur sur son trône, le conseil de paix étant établi entre les deux [Zacharie 6 :13], savoir entre Christ et Jéhovah en haut. Cela établit, d’une manière prophétique, l’Éternel le Dieu d’Israël, comme le Très-Haut sur toute la terre. Son peuple, rétabli maintenant dans la relation qui lui est propre, attend une pleine bénédiction, et le nom de l’Éternel est de nouveau employé. Jusqu’ici le peuple n’étant pas en possession des bénédictions de l’alliance, avait adressé sa requête à Dieu, sauf quand il portait son regard en arrière ou en avant.

12 - [Psaume 84]

Le Ps. 84 considère la bénédiction qu’il y a à se rendre maintenant dans les parvis de l’Éternel ; mais il fait allusion d’une manière figurée au chemin qui mène à ces parvis et au sentier de larmes que le peuple avait dû suivre dans sa marche vers la bénédiction. Ce Psaume a donc une grande portée morale, instructive pour les chrétiens comme pour les Juifs. Au Ps. 63, le résidu chassé avait soif de Dieu lui-même et trouvait en lui, en dépit de tout, un rassasiement comme de moelle et de graisse ; dans celui-ci, l’âme est occupée des joies de sa maison, car elle entre dans la jouissance des bénédictions de l’alliance : non pas qu’elle ne soupire avec ardeur après le Dieu vivant ; mais elle est dans ses parvis. « Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison ; ils te loueront incessamment » (vers. 4). Être introduits là, — telle est la bénédiction ! Ils n’auront plus rien à faire qu’à louer. C’est le premier grand sujet de bénédiction : la bénédiction parfaite et complète dans sa nature même. Elle se trouve au terme de la course ; mais il y a aussi le chemin qui y conduit : « Bienheureux l’homme dont la force est en toi, et ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés » (ceux qui mènent à la maison). Ces traits caractérisent l’état de l’âme qui est devant nous : sa force est en l’Éternel ; son coeur est aux chemins qui conduisent à lui. Ce sentier de la bénédiction passe à travers l’épreuve ; c’est pourquoi l’on a besoin de force ; et, quel qu’il puisse être, on aime et l’on prend le chemin qui conduit à Dieu. Les saints passent par la vallée des pleurs : elle devient pour eux une fontaine ; car par ces choses-là on a la vie, et dans toutes ces choses consiste la vie de l’esprit [Ésaïe 38 :16]. De plus, la pluie vient d’en haut remplir les réservoirs de cette terre altérée. Les saints font usage de leur force : sans aucun doute cette force est mise à l’épreuve : mais ils la renouvellent ; ils vont de force en force jusqu’à ce qu’ils paraissent tous devant Dieu en Sion (vers. 6, 7). C’est un peuple qui prie, demeure dans la dépendance, et se confie en la grâce. Le nom d’alliance : l’Éternel des armées — le Dieu de Jacob, est de nouveau introduit ici ; il est le bouclier de son peuple et ce dernier lui demande de regarder à son Oint. Tel est maintenant le lien entre l’Éternel et son peuple, — non la loi que le peuple avait enfreinte. Ils paraissent devant Dieu en Sion, le lieu de la délivrance royale en grâce. Désormais les intérêts du peuple et de l’Oint ne peuvent plus être séparés ; la bénédiction repose sur lui, et sur eux à cause de lui.

L’intérêt que prend le coeur à cette bénédiction spéciale est ensuite exprimé d’une manière pleine de douceur et de force ; le psalmiste résume ce qu’est l’Éternel, qui donne cette bénédiction : il est lumière et protection ; il donne la grâce et la gloire et ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité. La pensée de ce qu’est l’Éternel amène le psalmiste à se résumer dans un mot, dont il a profondément conscience : « Éternel des armées ! bienheureux l’homme qui se confie en toi ! » Il est très beau de voir les saints célébrer de nouveau, du fond du coeur, à diverses reprises, l’Éternel, leur Dieu selon l’alliance, maintenant que le chemin, bien que passant à travers l’affliction, leur est ouvert jusque dans sa présence connue. Le Ps. 63 était l’expression de la joie en Dieu, dans le désert, quand on n’avait rien d’autre que lui ; le caractère du désert faisant ressortir la profondeur et la douceur de la bénédiction du sanctuaire ; le Ps. 84 exprime la joie dont Dieu est la source pour le coeur lorsqu’on a été amené à lui, ou qu’on est en route vers lui ; la manière dont on jouit de lui au milieu de ce qui l’entoure. Le Psaume suivant traite de la bénédiction du pays et du peuple délivré. Dans ceux qui viennent ensuite nous trouvons Christ lui-même, en tant qu’associé au peuple, mais toujours en rapport avec la relation qui existe selon l’alliance entre l’Éternel et son peuple.

13 - [Psaume 85]

En lisant le Ps. 85, j’ai longtemps hésité sur sa véritable portée directe : je me suis demandé si sa première partie était relative à la délivrance extérieure et à la grâce qui s’y manifeste, et si la seconde serait destinée à faire entrer le peuple dans la jouissance de cette bénédiction par la restauration de l’âme de chacun des fidèles en particulier — ou bien si, comme nous avons vu que cela est souvent le cas, nous y avons d’abord la déclaration du grand résultat comme sujet du Psaume et ensuite la description des souffrances du résidu et des opérations divines qui menaient à ce résultat. La délivrance extérieure du peuple sera suivie d’une oeuvre de restauration dans les âmes. À présent encore je ne me prononce pas sur ce point avec une grande certitude. Sur l’ensemble du Psaume, je suis porté à penser que les Israélites fidèles y recherchent la jouissance de la faveur divine lorsqu’ils seront délivrés de tous leurs ennemis et que leur délivrance leur montrera qu’ils sont pardonnés. En effet, les trois premiers versets posent cette base, que Dieu est propice à sa terre, et qu’il a rétabli les captifs de Jacob. C’était la grande vérité publique. Mais le verset 4 fait voir que le peuple restauré avait besoin d’une autre bénédiction, dans la réalité de sa relation propre avec Dieu : « Ramène-nous, ô Dieu de notre salut ! » L’Éternel était le Dieu de leur salut, mais ils avaient besoin de sa bénédiction au milieu du pays, afin que son peuple se réjouît en lui. Combien souvent cela est vrai de l’âme qui sait qu’elle est pardonnée ! Les rachetés s’attendent à la bonté et au salut de l’Éternel, et restaurés ainsi dans sa faveur, ils écoutent ce que dira Élohim Jéhovah ; car ils comptent sur la miséricorde. Il dira paix à son peuple, le caractère public des fidèles, et à ses saints, le résidu qui doit en jouir. La foi possède donc, en toute manière, la certitude que le salut de Dieu est près de ceux qui le craignent, afin que la gloire de l’Éternel habite dans le pays.

Les derniers versets célèbrent dans des termes remarquables les principes divins sur lesquels les bénédictions sont désormais établies. La bonté et la vérité de Dieu se sont maintenant rencontrées ; ses promesses, toujours véritables, ont été maintenant accomplies par sa miséricorde. Il convient de remarquer que, dans les Psaumes, la miséricorde précède toujours la justice et la vérité. Car en rejetant le Seigneur, Israël avait perdu tout droit à la promesse ; il était tombé pleinement sous la culpabilité ; il n’avait pas de justice sur laquelle il pût s’appuyer ; il avait été renfermé dans la désobéissance, afin qu’il pût être aussi l’objet de la pure miséricorde [Rom. 11 :32]. Mais, par le moyen de l’oeuvre de Christ, ces promesses vont être maintenant accomplies, et la bonté et la vérité se rencontreront. Il y a encore plus que cela. Le Seigneur est, par grâce, la justice de ceux qui composent le résidu ; par conséquent cette justice est pour eux la paix, et ce qui, dans le jugement, aurait été leur ruine, se trouve, dans la grâce, être leur paix : « la justice et la paix se sont entrebaisées ». J’ai à peine besoin de dire combien ces grands principes sont vrais pour quelque pécheur que ce soit, à l’égard de bénédictions bien meilleures et célestes. Ici, ils sont appliqués à des bénédictions terrestres : la vérité germera de la terre, c’est-à-dire que son fruit, le plein et entier effet de la vérité et de la fidélité de Dieu, sera manifesté sur la terre en de parfaites bénédictions. Mais ces bénédictions ne seront pas le résultat d’une justice, accomplie ici-bas par l’homme d’une manière légale. La justice regardera des cieux : c’est la justice de Dieu, — l’Éternel leur justice ! Elle est donc stable ; l’Éternel donne ce qui est bon, et le pays est béni. La justice fraie à Jéhovah lui-même, dans le pays — son pays, sans aucun doute, — le chemin de la bénédiction. Son règne sera caractérisé ainsi : « Un roi régnera en justice » (Ésaïe 32: 1). Il n’y aura plus d’oppression, on ne verra plus la justice se tenir loin, ni la vérité trébucher sur la place publique, comme dit Ésaïe 59: 14. Le jugement est revenu sur la terre et le gouvernement a ce caractère : « l’oeuvre de la justice sera la paix et le travail de la justice, repos et sécurité à toujours » (Ésaïe 32: 17). Ce dernier trait est pratique, mais il est le résultat du fait que la justice a regardé des cieux ; bien plus, qu’elle est établie sur la terre (comp. Ps. 72: 1-7, où nous trouvons la description de cet état béni).

14 - [Psaume 86]

Ps. 86. Ce Psaume est l’humble requête, mais la requête assurée et pleine de confiance, d’une âme qui a le sentiment de sa piété envers l’Éternel et qui regarde aux résultats du privilège qu’elle possède d’être en relation avec lui. Nous retrouvons toujours l’Éternel depuis le Ps. 84, fondé sur ces relations selon l’alliance, dans lesquelles le résidu sent qu’il se trouve, quoiqu’il attende encore, du sein de la détresse, le rétablissement des bénédictions de l’alliance dans le pays. L’expression « saint » du verset 2, signifie pieux (khesed et non pas kodesh). Nous trouvons trois requêtes dans ce Psaume. Au verset 1 nous lisons : « Éternel ! incline ton oreille, réponds-moi ». Puis, au verset 6, nous avons un appel à la miséricordieuse attention de l’Éternel, pour qu’il prête l’oreille à la prière du juste et soit attentif à la voix de ses supplications ; c’est-à-dire que le juste s’attend à ce que l’Éternel l’exauce. Enfin, nous avons, au verset 11, la troisième requête : d’être enseigné dans la voie de la vérité. Puis le résidu reconnaît les miséricordes de l’Éternel dans la terrible lutte qu’il a traversée, mais il s’attend encore à ce que l’Éternel intervienne en sa faveur, afin que ceux qui le haïssent soient honteux, parce que l’Éternel l’aura aidé et consolé. Combien l’état du résidu, comme l’histoire de Job, fait ressortir le grand conflit entre le pouvoir de Satan et la délivrance divine ! Mais dans cette lutte, l’âme sincère qui en est le sujet, en quelque bas état qu’elle puisse avoir été amenée, reconnaît que c’est l’Éternel qui est la source de toute délivrance et de toute bénédiction, quoique ses pieds aient été près de glisser en voyant la prospérité des méchants. Nous n’avons point ici une âme qui se plaigne ou soit dans l’amertume ; mais une âme, encore affligée et pauvre, qui a goûté la consolation que fait éprouver la bonté du Seigneur (*), une âme pieuse (voyez verset 2).

(*) Il faut remarquer la différence qu’il y a entre les noms de Adonaï et de Jéhovah ; ce dernier, traduit par Éternel, est le nom que Dieu a pris en fidélité éternelle dans son alliance avec Israël ; tandis qu’Adonaï est le nom de Celui qui a pris le pouvoir et qui est pour nous, le Seigneur. Aussi, de fait, nous reconnaissons que Christ a ce caractère à notre égard, — notre Seigneur Jésus Christ ; — il en sera de même pour les Juifs, bien qu’ils ne doivent le reconnaître que lorsqu’ils le verront. Cet Adonaï est Élohim.

La mort et la puissance de l’homme sont devant les pensées des fidèles, mais ils ont aussi pour aide la consolation d’un Éternel bien connu : la délivrance est trouvée, mais elle n’est pas complète en bénédiction. En résumé, ce Psaume nous présente essentiellement la requête que, dans sa piété, le résidu d’Israël, de retour dans le pays, adresse à l’Éternel ; mais d’une manière générale, on peut dire qu’il est l’expression de sentiments et d’une position dans lesquels Christ est pleinement entré, quoique le Psaume ne lui soit pas applicable directement.

15 - [Psaume 87]

Le Ps. 87 considère Sion comme fondée par Dieu, comme une cité qui a des fondements. Les hommes possédaient des cités et en étaient fiers, mais Dieu avait une cité qu’il avait fondée dans les montagnes de sainteté ; même ici, il ne s’agit pas de Joseph, ou des richesses de la nature ; la richesse de Sion, c’est Dieu ; son lieu, les saintes montagnes, ce qui est consacré à Dieu lui-même ! Dans la puissance de l’Esprit, les fidèles n’ont pas à rougir de Sion, en présence de tous les lieux vantés de la terre : ce qui se dit d’elle sont des choses glorieuses. L’Égypte et Babylone se sont enorgueillies en vain, ainsi que la Philistie, Tyr et l’Éthiopie qui toutes avaient eu leur jour. Les fidèles peuvent parler de ces lieux sans redouter la comparaison. On tient Sion pour le lieu de naissance de l’homme de Dieu, le lieu de naissance des bien-aimés de l’Éternel. Le Très-Haut l’établira. « Quand l’Éternel enregistrera les peuples, il comptera : Celui-ci est né là ». Là se trouvaient la joie, la célébration des louanges et toutes les fraîches sources de l’Éternel. Je doute un peu que l’expression « celui-ci » se rapporte à Christ : Sion s’enorgueillit de ses héros : les mots « celui-ci » et « celui-là » désignent les grands hommes, non les pauvres et les misérables. Ils sont les enfants de celle qui était autrefois désolée (comparez Ésaïe 49:21, 22).

Il faut remarquer la différence qu’il y a entre les noms de Adonaï et de Jéhovah ; ce dernier, traduit par Éternel, est le nom que Dieu a pris en fidélité éternelle dans son alliance avec Israël ; tandis qu’Adonaï est le nom de Celui qui a pris le pouvoir et qui est pour nous, le Seigneur. Aussi, de fait, nous reconnaissons que Christ a ce caractère à notre égard, — notre Seigneur Jésus Christ ; — il en sera de même pour les Juifs, bien qu’ils ne doivent le reconnaître que lorsqu’ils le verront. Cet Adonaï est Élohim.

16 - [Psaume 88]

Le Ps. 88 place le résidu sous le sentiment profond et terrible de la loi enfreinte et de l’ardente colère de Dieu, venant en justice sur ceux qui se sont conduits de la sorte ! Il ne s’agit plus de souffrances extérieures ou de l’oppression des ennemis, mais de quelque chose d’infiniment plus profond entre l’âme et Dieu. Quoique les jugements de Dieu aient amené le résidu au sentiment de sa petitesse (il en est toujours ainsi, moralement, de l’âme quand Dieu la visite en jugement, car que pourrait faire l’homme dans cette position, s’il voulait y porter remède ?), ce n’était, néanmoins, qu’une partie de la détresse résultant de la colère de Dieu, car la mort et la colère sont le véritable fardeau envisagé dans ce Psaume, mais ici les terreurs de Dieu pèsent sur l’âme. On n’y trouve pas, non plus, comme chose actuelle, aucune trace de consolation, ni la perspective d’une délivrance de l’oppression humaine, quelque obscurément que cette délivrance pût être entrevue par la foi. Le Psaume se termine dans la détresse ; tout s’y passe avec Dieu : c’est ainsi qu’il faut avoir affaire avec Lui jusqu’à ce que la grâce soit connue. Israël, placé sous la loi, doit arriver au sentiment que la colère divine est sur lui à cause de la loi qu’il a enfreinte : il est juste qu’il en soit ainsi. Mais le Dieu dont la colère pèse sur eux est un Dieu avec lequel ils sont en relation. Ils ont été délivrés, ramenés, ils se trouvent dans le pays plus près de Dieu ; ils ont, par suite, le sentiment de ce que leur condition de juste affliction est par rapport à cette relation. Ceci mérite d’être bien remarqué, soit pour ce qui concerne Israël, soit pour nous-mêmes ; car on peut réellement connaître d’une manière générale un Dieu de délivrance, sans que la conscience soit véritablement sondée, que la colère divine soit connue dans la conscience, et que celle-ci en soit délivrée.

« Éternel, Dieu de mon salut ! » tel est le début de ce Psaume, ce qui lui donne sa portée et son vrai caractère, et le rend d’autant plus terrible ! Il est possible que la pleine bénédiction de la liberté dans la grâce ne soit pas connue, mais on connaît assez la relation avec le Dieu du salut ; on le connaît assez lui-même ; on a assez conscience d’avoir affaire avec lui, pour que la privation de sa faveur et le sentiment de sa colère soient ce qu’il y a de plus terrible, la chose affreuse par-dessus toutes. La position des Juifs, sous la loi, les circonstances dans lesquelles ils se trouvent et le gouvernement de Dieu à leur égard, peuvent se rapporter davantage à ce que nous trouvons ici, parce que leur relation avec l’Éternel se rattache précisément à ces choses. Cependant c’est la colère ardente de l’Éternel qui est le grand et terrible fardeau ; le sujet de ce Psaume est précisément cette terreur du Tout-Puissant, ou, plus exactement de l’Éternel, qui absorbe et confond l’esprit — le sentiment de la colère, qu’aura, en ce jour-là, le résidu, sous une loi qu’il a enfreinte ! Les douleurs l’avaient visité auparavant ; il avait été affligé et près de rendre l’âme dès sa jeunesse, car telle avait été effectivement sa portion, comme chassé loin de Jérusalem, et maintenant rétabli. Étant ainsi mis en relation avec l’Éternel, le Dieu de son salut, il faut qu’il sente toute la profondeur de sa position morale, entre l’Éternel et lui seul, sous la colère qu’il a méritée. À moins de passer par là, on ne peut pas être réellement guéri, on ne peut entrer justement dans la bénédiction. Cela ne veut point dire, certes, que la colère doive demeurer sur les fidèles ; c’est pourquoi il y a de la foi, de la confiance dans ce Psaume, quoiqu’il ne s’y trouve point de consolation. Car c’est après que la miséricorde leur a été montrée, et a été connue d’eux, que cette détresse vient sur les fidèles ; c’est quand ils sont rentrés dans leur relation avec Dieu par cette miséricorde, qu’ils peuvent en sentir la valeur, de la même manière que Job qui, déjà béni, apprit ensuite à se connaître et à voir quel homme il était, comme ayant à faire lui-même à Dieu, lorsque fut élevée la question de l’acceptation et de la justice. La colère ne demeurera pas sur les fidèles, parce que Christ en a bu la coupe ; mais il faut qu’ils entrent dans l’intelligence de cette colère, comme placés sous la loi, car ils avaient été sous la loi et avaient eu la prétention d’arriver par elle à la justice ; or, jusque-là, cette question n’était pas résolue pour eux. Je n’ai pas besoin de dire combien Christ est entré réellement en tout ceci dans la dernière période de sa vie c’est le fait capital de son histoire.

Il faut remarquer que, même quant à ce qui fait le sujet direct du Psaume, les terreurs n’ont pas été toujours sur l’affligé ; il avait été affligé et expirant dès sa jeunesse (*) ; telle avait été sa vie ; — mais maintenant il sentait son âme rejetée, et les amis et compagnons qu’il avait eus auparavant avaient été éloignés de lui par la main de Dieu. Il en fut ainsi de Christ : ses disciples ne purent pas alors persévérer avec lui dans ses tentations ; il leur rendit témoignage qu’ils l’avaient fait jusque-là ; mais maintenant ils allaient être criblés comme le blé, et la part des meilleurs d’entre eux allait être de l’abandonner ou de le renier. Tel fut le lot de notre Sauveur, différant seulement en ceci d’avec les fidèles, que non épargné, ni délivré, il but réellement la coupe qui fera échapper ceux-ci à la mort qu’ils redoutent. Cela pourra leur être appliqué comme une leçon pressante, afin qu’ils connaissent la justice et la délivrance ; mais, quant à la coupe de colère, ils ne la boiront pas ; ils seront exaucés et délivrés sur la terre. Ce Psaume nous présente donc la colère sous la loi ; dans le Ps. 89, nous trouvons la miséricorde et la faveur, en Christ, mais comme objet de leur attente dans la promesse ; la délivrance actuelle viendra dans le livre suivant, par l’introduction définitive de l’Éternel, le Messie, pour le repos du monde et d’Israël.

(*) Quelques-uns, comme Venema, traduisent : « parce que j’ai été chassé et abaissé » au lieu de : « dès ma jeunesse » ; Rosenmuller donne les deux traductions. Comparez le Ps. 129.

17 - [Psaume 89]

Nous avons vu que le Psaume précédent plaçait Israël (lorsqu’il était coupable de lui avoir été infidèle), sous le jugement de l’Éternel, avec le sentiment de la colère qu’il avait encourue, ayant foi néanmoins en l’Éternel lui-même. C’est une position que Christ a tout particulièrement prise, quoique naturellement pour d’autres, en particulier pour Israël, mais non pas pour cette nation seulement. Maintenant, le Ps. 89 s’occupe de l’autre face de la relation de Dieu avec Israël ; non pas de sa relation avec la nation en tant que sous la loi, mais de cette relation selon les promesses de l’Éternel à David. Ici, remarquez-le, ce n’est point le péché qui est mis en avant ; certainement il était, dans l’un et l’autre cas, la cause de l’état dont il est fait mention ; mais ce dont il s’agit, c’est de la colère au lieu du salut. L’Éternel avait été le Sauveur d’Israël, et la foi le considérait encore comme tel ; néanmoins il abandonnait Israël au lieu d’accomplir la promesse, en tant que faite à David. Il n’y a pas de trace de confession de péché. Dans le Ps. 88, le résidu exprime sa plainte à l’égard de la mort et de la colère sous lesquelles ils se sent placé ; notre Psaume, lorsque la bonté devait être édifiée pour toujours, montre l’alliance devenue de nul effet et la couronne de David profanée. Les chap. 40 à 58 d’Ésaïe sont des plaidoyers contre Israël, pour le convaincre qu’il s’est rendu coupable, d’abord contre l’Éternel par les idoles qu’il s’est faites (chap. 40 à 48) ; ensuite, par son rejet de Christ (chap. 49 à 58). Ici, au contraire, nous avons la plainte d’Israël contre l’Éternel lui-même ; non pas, je pense, une plainte de blâme qui serait impie, mais une sorte d’appel qui s’adresse à lui, sur le fondement de ce qu’il avait été pour Israël : comme nous l’avons vu, l’Éternel est occupé ici à établir ces relations. Israël est bien Israël, et il se trouve dans le pays (voyez le Ps. 85) ; les nations sont là ; tout n’est pas restauré ; la dernière confédération apparaît, mais elle est formée contre Israël. Dieu se tient dans l’assemblée de Dieu ; il juge au milieu des juges (Ps. 82) ; l’Éternel s’est rappelé ses anciennes compassions (Ps. 81: 10-16). Le souvenir de l’arche est rappelé et il est fait mention de Dieu comme de Celui qui est assis entre les chérubins, comme autrefois dans le désert (Ps. 80). En un mot, le livre tout entier présente la condition d’un peuple rétabli dans le pays, mais qui est attaqué et détruit ; le temple qui existe de nouveau étant abattu et ruiné (Psaumes 74 à 76 et 79). Ce n’est pas simplement un résidu juif, se plaignant de la malice anti-chrétienne de gens avec lesquels il est extérieurement associé ou par lesquels il a été chassé ; mais c’est la nation d’Israël (représentée par le résidu), ayant des ennemis qui détruisent ce qui lui est cher, encouragée par des prophéties relatives au résultat final et instruite par la grâce souveraine envers David, lorsque, pour ce qui la concerne, elle a manqué à sa fidélité comme nation (Ps. 78 et 79). Elle regarde à Dieu (Élohim) comme tel, en contraste avec l’homme, au Très-Haut, mais revient avec prière à l’Éternel (auquel elle appartient depuis sa sortie d’Égypte) et demande que sa main soit sur le fils de l’homme, le provin (*) qu’il s’est fortifié, Ps. 80. En un mot, tout le livre envisage Israël comme formant un peuple qui est de fait dans le pays, qui a un temple, qui entre par la foi dans la relation d’alliance, mais qui est sujet aux invasions destructrices de puissances ennemies, l’Assyrien et ses alliés, auxquels, à la vérité, le peuple revient par suite des succès qu’ils remportent (Ps. 73: 10) ; car la prophétie, contenue en Ésaïe 10: 5-23, n’est pas encore accomplie dans ce moment-là (comparez Ésaïe 18: 5-7).

(*) Comparez le rapport et le contraste remarquable de ceci avec Jean 15. [Provin = branche de vigne qui prend racine]

Or les deux derniers Psaumes du livre font voir toute la pression que cet état de choses exerce sur l’esprit des fidèles. Au lieu d’un peuple béni, nous avons devant nous son isolement sous la colère. Néanmoins l’Éternel est le Dieu de leur salut. Le trône est renversé et profané, quoique d’immuables promesses, qu’il ne serait point mis de côté par suite de fautes quelconques, eussent été faites en miséricorde à David. On trouve le résultat dans le livre suivant, par la manifestation du Seigneur, par l’introduction du Fils unique dans le monde. Dans tout ce livre-ci, nous sommes sur le terrain de la prophétie en rapport avec Israël : le livre ne présente point la condition spéciale dans laquelle le résidu juif sera vis-à-vis de l’Antichrist, par suite du péché qu’il a commis en rejetant Christ, ni ses afflictions spéciales en rapport avec cette condition ; ceci se trouve, comme nous l’avons vu, dans les premier et deuxième livres. De là vient aussi que dans les livres suivants nous voyons les fidèles reconnaître que l’Éternel a été leur refuge et leur demeure dans toutes les générations : leur histoire prend fin par l’apparition du Messie, en gloire.

Avant d’aller plus loin, j’ajouterai ici encore quelques observations de détail sur le Psaume 89. Il a pour sujet les bontés de l’Éternel (sa gratuité envers Israël, khasdei) et leur immutabilité, les gratuités assurées [Ésaïe 55 :3]. Il y a de la foi pour dire « à toujours », car c’est la grâce ; et ainsi la requête que nous avons fait remarquer ailleurs, s’élève vers Dieu : « Jusques à quand ? » En serait-il autrement et en apparence même à toujours ? L’Éternel était fidèle ; car le fidèle avait dit avec foi : la gratuité, la bonté « sera édifiée pour toujours ; dans les cieux mêmes tu établiras ta fidélité », là où rien ne pouvait lui porter atteinte. Il en sera ainsi, Satan étant précipité du ciel : c’est la description même du millénium. Alors le Psalmiste raconte l’alliance faite dès l’origine avec David, alliance qui est l’expression de la gratuité, de ce à quoi Jéhovah devait être fidèle : les gratuités assurées à David. Ensuite il revient en arrière, et continue de célébrer les louanges de l’Éternel (vers. 5-18) ; il rappelle l’ancienne délivrance de la servitude d’Égypte et considère que la louange de l’Éternel découle nécessairement de ce qu’Il est, et de la bénédiction du peuple qui sait ce que c’est que le cri de joie. Ils s’égaieront tout le jour en son nom et seront haut élevés par sa justice (car ici nous sommes en plein sur le terrain de la grâce). Il est la gloire de leur force, et dans son bon plaisir leur corne sera haut élevée. Telle est la bénédiction qu’il y a, à se trouver associé avec l’Éternel, dans sa faveur. Mais cette bénédiction se trouve dans les immuables gratuités promises à David. Comment s’accompliront-elles ? En ceci (vers. 18), que le Kodesh (saint) d’Israël, sera leur roi. Mais Dieu avait aussi parlé, non d’un Kodesh (saint), mais d’un Khésed (bien-aimé) dans lequel tous les Khasdei (pluriel de Khésed), toutes les gratuités, seraient concentrés et envers lequel l’Éternel montrerait une fidélité immuable, — « les grâces assurées de David ». Le Psaume revient ici à l’alliance faite avec David et fait voir qu’elle ne devait jamais être changée (versets 34-37). Cependant tout était, de fait, dans un état différent ; mais il y avait aussi, fondée sur cette promesse, la foi pour dire : Jusques à quand, ô Éternel ? S’il cache sa face à jamais et si sa fureur s’embrase comme un feu, qui est l’homme qui vivra et ne verra point la mort ? (vers. 48). Le fidèle fait appel aux bontés précédentes envers David, en tant que jurées à David lui-même ; mais je ne doute pas que, dans le vers. 49, ces gratuités ne soient applicables à tous les fidèles. Néanmoins l’Esprit de Christ entre dans cette position du résidu, comme il l’a fait pour la colère, afin de prendre sur lui toute la réalité de leur fardeau. Naturellement, en ce jour-là, lui n’éprouvera aucune souffrance ; mais il a anticipé ce jour de souffrance, afin que son Esprit pût s’exprimer dans son peuple comme avec sa propre voix ; car l’opprobre qui vient des puissants et des apostats, en ce jour, diffamera les actes de l’Oint de Dieu. Et si les fidèles marchent sur ces traces, ils auront part à l’opprobre provenant des ennemis de l’Éternel. Telle est alors la position des fidèles : ils marchent dans les sentiers du Seigneur, ils attendent les bénédictions de l’alliance avec Israël, sentant la colère sous laquelle ils se trouvent ; dans la foi néanmoins, mais regardant à la promesse de gratuité faite par Dieu à David (promesse qui était une pure grâce, car l’arche de l’alliance s’en était allée et Israël était devenu I-Chabod), et attendant la réponse. Cette réponse, le livre suivant la donne. Comme je l’ai dit, nous sommes ici dans les temps prophétiques, au milieu des scènes décrites par Ésaïe, avec l’Assyrien et un temple dévasté. Les méchants sont là ; le peuple s’assemble en foule avec eux dans la prospérité. Si quelque partie du livre de Daniel se rapporte à ces circonstances, c’est le chap. 8 et non pas le 7° : la Bête ou l’Antichrist ne sont pas en scène, mais nous avons devant nous le pays, Israël coupable, les promesses — non pas la question d’un Christ rejeté. Ce Psaume termine le troisième livre.