par J. N. Darby
Table des matières :
Ce second livre des Chroniques nous expose le règne du fils de
David et de la famille de David. Son point de départ n’est pas la foi de David
auprès de l’arche, mais le tabernacle que Moïse, serviteur de Dieu, avait
dressé, et l’autel d’airain auprès duquel le roi et l’assemblée rendent culte.
La royauté est réalisée en rapport avec Israël, le peuple de Dieu, que Moïse
avait fait sortir d’Égypte (*). C’est le moyen
de l’accomplissement des desseins de Dieu à son égard. Ce n’est pas, sans
doute, une nouvelle alliance par une nouvelle puissance ; mais l’objet de
la bénédiction est Israël. Si c’est Boaz et Ruth qui relèvent la famille, c’est
à Naomi
qu’un fils est né,
c’est-à-dire par la grâce souveraine, par un Rédempteur, « en qui est la force » (**) ; celui qui n’avait aucun titre (et Israël
n’en avait plus aucun) est introduit dans la jouissance des promesses. Israël,
longtemps connu comme celui qui est « agréable » (***)
à Dieu, est le peuple qui reçoit dans son sein le fils qui est né. Ils disent :
« Un enfant nous est né » (És. 9: 6). Auprès de l’autel, qui était devant
l’Éternel au tabernacle d’assignation, Salomon reconnaît sa position. Il doit
juger le peuple de Dieu. Tout cela aura lieu plus tard en puissance.
(*) Mais ce rapport n’est pas avec l’arche à Sion. Salomon se rend, historiquement, là où le peuple se trouve.
(**) Tel est le sens du nom de Boaz.
(***) Naomi signifie « agréable ».
Ce livre nous présente aussi la royauté en rapport avec la terre, et le gouvernement du peuple sur la terre. La gloire et les richesses sont ajoutées à ce que Salomon demande. Il ne s’agit ni d’ennemis, ni de l’énergie de la foi. La position du roi est la suite de la victoire que cette foi a remportée. Il règne et il est établi dans la gloire et dans les richesses. Il commence à bâtir la maison. Hiram reconnaît l’Éternel comme Créateur des cieux et de la terre, et les étrangers qui habitent en Israël sont les esclaves du roi pour exécuter ses travaux. Dans le temple, les chérubins ont leurs faces tournées vers la maison, c’est-à-dire vers le dehors. Les attributs de Dieu ne regardent pas maintenant à l’alliance seule pour la maintenir malgré tout, mais aussi au-dehors pour bénir. C’est le temps du millénium ; mais le voile se retrouve ici dans le temple. Quelle que soit la bénédiction du règne du vrai Salomon, Israël et la terre n’ont pas un accès direct et immédiat auprès de Celui qui est caché dans les cieux. C’est là ce qui nous appartient, d’entrer avec hardiesse à travers le voile déchiré, et de n’en trouver, béni soit Dieu, aucun là-haut ! Là, il n’y a point de temple. Le Dieu tout-puissant et l’Agneau en sont le temple. La stabilité d’un gouvernement divin est accordée à la terre (*), ainsi que la bénédiction d’un Dieu dont la face est tournée vers elle ; mais ceux qui sont bénis ne voient pas cette face, ne s’approchent pas d’elle. Il y a aussi un autel propre au Culte, dans ce temps de bénédiction. L’autel et le voile ne sont pas mentionnés dans le livre des Rois, où la structure du temple est la figure des choses invisibles, et où, comme ensemble, il nous est présenté comme étant la demeure et la manifestation de Dieu. Il y avait là une porte d’or qui s’ouvrait à deux battants devant l’oracle, et rien ne nous est dit de l’autel.
(*) Cette stabilité consiste en deux choses : Dieu l’établira ; puis : En Lui est la force. Ce sont les deux sources de la stabilité du règne de Christ. Tel est le sens des deux colonnes Jakin et Boaz.
Dans les Chroniques, l’ordre est aussi arrangé selon l’état des choses qui nous y est présenté, c’est-à-dire selon l’état de la royauté glorieuse de Christ. Il y a une cour pour les sacrificateurs, et le grand parvis extérieur avec des portes. Tout était arrangé (4: 6) pour les relations dont nous parlons.
De même aussi, quant à la manifestation de la gloire, il n’est pas fait mention, dans le livre des Rois, de l’acceptation publique du sacrifice ; mais il est seulement mentionné que, lorsque l’arche eut été transportée dans le lieu saint, et que, les sacrificateurs étant sortis, les barres eurent été tirées, en sorte que la demeure de l’Éternel y était définitivement établie, la gloire de l’Éternel remplit la maison. C’est l’habitation de Dieu, figure des demeures célestes qui nous attendent, de la maison de notre Père. D’autre part, ce qui nous est présenté dans le livre des Chroniques, ce sont les rapports de Dieu avec le peuple aux derniers jours, préfigurés dans ce qui est arrivé à Salomon. C’est lorsque les trompettes et les chantres faisaient entendre tous d’un accord leurs voix pour louer l’Éternel de ce que « Sa bonté demeure à toujours » que la maison fut remplie d’une nuée. Ainsi que nous l’avons vu, lorsque tout sera accompli pour Israël, ces mots célébreront l’inlassable miséricorde dont la bénédiction d’Israël sera la preuve en ce jour-là. C’est la délivrance et la bénédiction de ce peuple qui démontrent la vérité de ces paroles.
Nous avons vu qu’il y avait une seconde partie de la grâce : l’acceptation d’Israël comme adorateur après son péché. Il ne s’agissait pas seulement de l’établissement de l’arche sur la montagne de Sion, mais du sacrifice, du pardon et du culte qui en était la conséquence, sur la montagne de Morija, dans l’aire d’Ornan le Jébusien.
Salomon ayant fait sa prière et demandé que les yeux de l’Éternel fussent ouverts, et que son oreille fût attentive aux prières qui lui seraient adressées dans ce lieu (citant la demande de David au Ps. 132, et appuyant sa demande sur la gratuité de Dieu envers lui), le feu descend et consume l’holocauste et les sacrifices, et la gloire de l’Éternel remplit la maison. Or, maintenant, ce n’est pas seulement que les sacrificateurs ne peuvent pas entrer ; mais les enfants d’Israël voient la gloire qui reste sur la maison ; ils se prosternent et adorent. C’est l’acceptation publique du sacrifice qui met le peuple en rapport public avec Dieu, et lui fait reconnaître que l’Éternel est bon et que sa bonté demeure à toujours (comp. Lév. 9: 24). Seulement, dans ce dernier passage, il ne s’agissait pas de reconnaître l’infatigable bonté de Dieu.
Il y a aussi, dans la scène que nous considérons, un autre élément : c’est l’assemblée publique et joyeuse de tout le peuple, la fête des tabernacles, la grande congrégation (Ps. 22: 25), et aussi la dédicace de l’autel.
Ce sont là deux choses qui signalent la participation d’Israël à la bénédiction, savoir l’autel et la fête des tabernacles ; le culte, après la chute et la ruine, fondé sur l’acceptation du sacrifice, et la jouissance de l’effet des promesses, le peuple n’étant plus dans la détresse (*).
(*) Il ne paraît pas cependant qu’ils aient fait des cabanes de branches d’arbres. Depuis Josué, ce n’est qu’aux jours de Néhémie que cela eut lieu. Dans le temps dont nous nous occupons, la joie et la prospérité leur avaient fait un peu négliger la Parole.
On voit encore ici les instruments de musique de l’Éternel, que David avait introduits pour le célébrer, parce que « sa bonté demeure à toujours » quand « David louait par leur moyen » (7: 6). Heureuse pensée ! Car qui est ce David ? (Comp. Ps. 22: 22). Israël est heureux et joyeux à cause de toute la bonté de l’Éternel envers David et Salomon, et Israël son peuple (v. 10). Après cela, l’Éternel expose à Salomon les conditions sous lesquelles il le place, ainsi que le peuple, pour jouir de la bénédiction ou pour la retrouver. Il avait choisi cette maison de prière. S’il y avait des châtiments, et que le peuple s’humiliât, il y aurait du répit ; les yeux et le coeur de l’Éternel seraient continuellement sur cette maison.
Puis, à l’égard de Salomon et de la postérité de David en général, la bénédiction du peuple entier devait dépendre de leur fidélité. Si la famille de David venait à se détourner de Dieu, Israël serait déraciné du pays, et la maison sanctifiée par le culte de l’Éternel serait un sujet de raillerie parmi tous les peuples, et un témoin du juste jugement de Dieu.
Le chapitre 8 nous donne encore quelques détails sur l’état d’Israël, état qui préfigure celui des derniers jours. Salomon s’assujettit tout ce qui aurait pu empêcher la pleine jouissance de la terre promise dans toute son étendue, soit du côté de Tyr, soit du côté de la Syrie. Les étrangers, dans le pays, demeurent tributaires et les enfants d’Israël sont capitaines et gens de guerre. Sion est pleinement sanctifiée, et le culte de l’Éternel maintenu et honoré par le roi. Le service de la maison de Dieu, les louanges et tout l’ordre qui y appartenait, sont réglés selon l’ordonnance de David. Le commandement du roi était, en toutes choses, la règle absolue. Édom même devient sa possession, et, jusqu’à la mer Rouge tous sont sujets du roi. Le roi de Tyr qui représente la gloire mondaine des Gentils, lui fournit ce qui est nécessaire pour l’accomplissement de ses desseins.
Mais ce n’est pas seulement dans les limites du pays que la puissance et la gloire de Salomon se font connaître. Sa renommée se répand parmi les Gentils, jusqu’en des pays éloignés, et la reine de Sheba vient lui apporter son tribut d’admiration et les choses précieuses des nations, qui doivent ainsi contribuer à sa splendeur et à la gloire du lieu choisi de Dieu, dont la lumière était venue, et sur lequel la gloire de l’Éternel s’était levée. (Pour le moment, sans doute, ce n’est qu’en type, mais selon le principe de la grâce, et par la puissance qui accomplira pleinement ces choses selon les conseils de Dieu). C’est une gloire dont la renommée attire les Gentils, mais dont la vue dépasse tout ce que l’on pouvait en dire, et qui, pour être appréciée, devait être connue de près. C’est une gloire qui est au-dessus de tout ce que le monde a vu, une sagesse sans pareille, et cette sagesse attirait tous les rois de la terre, qui, chaque année, apportaient leurs offrandes et leurs dons au roi assis sur le trône de l’Éternel sur la terre.
Ainsi, régnant jusqu’aux dernières limites du pays de la promesse, il faisait jouir tout Israël de l’abondance et de la bénédiction que Dieu répandait sur son peuple. Mais bientôt le tableau change.
Les fautes de Salomon ne sont pas racontées ici, pour les raisons que nous avons déjà signalées ; mais l’histoire de Roboam nous présente la chute immédiate de la royauté que Dieu avait établie. La folie du roi en a été l’occasion ; mais ce n’était que l’accomplissement de la parole de l’Éternel par Abija.
La guerre, commencée par Roboam, contre les tribus révoltées, est empêchée. Roboam se soumet à l’avertissement du prophète. Il est béni et se fortifie en Juda. Les Lévites accourent à Jérusalem, ainsi qu’un grand nombre de fidèles qui ne voulaient pas abandonner le vrai culte de l’Éternel, pour servir des veaux d’or auxquels Son nom avait été attaché. Ainsi Juda est affermi et fortifié ; car, pendant trois ans, le roi marche dans les voies de David et de Salomon. Mais, bientôt, il abandonne la loi de l’Éternel, et, en sûreté du côté d’Israël révolté, il est châtié par des ennemis inattendus, aux mains desquels tombent toutes les richesses amassées par Salomon. Toutefois il s’humilie, et la colère de Dieu se détourne de lui.
Dans l’histoire que nous allons examiner maintenant, nous trouverons les voies de Dieu plus immédiates et plus directes envers ceux qui sont en relation directe et reconnue avec Lui, selon sa grâce envers David, et en rapport avec la maison qui avait été consacrée à Son nom. Lorsque les rois sont fidèles, tout va bien.
Dans ses guerres avec Jéroboam, Abija se place entièrement sur ce terrain et il est béni.
Asa marche sur ses traces ; et, soit en paix, soit en guerre avec les Éthiopiens, Israël prospère sous son règne. Il ôte les idoles, car on les retrouve continuellement. Il faut de l’énergie pour les chasser et empêcher leur retour. Même la mère du roi est privée de sa position royale, à cause de son idolâtrie. Toutefois, les hauts lieux ne sont pas ôtés.
Cependant, quoique la fidélité d’Asa eût continué, sa foi a manqué plus tard. Jaloux de voir les Israélites se rendre au pays de Juda, Baësha bâtit une ville pour les en empêcher, et Asa, au lieu de regarder à l’Éternel, s’allie avec la Syrie ; alliance qui produit l’effet désiré, mais qui suscite les Gentils contre Israël. Et ce n’est pas tout : l’alliance avec le monde nous empêche de vaincre le monde. Sans cet acte, les Syriens seraient tombés entre les mains d’Asa ; car « les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’Il se montre fort, en faveur de ceux qui sont d’un coeur parfait envers Lui » (16: 9). Solennelle et précieuse parole. Blessé dans son amour-propre et irrité d’avoir ainsi manqué une si bonne occasion, Asa met en prison celui qui lui rend ce témoignage et il opprime le peuple ; il est châtié de Dieu, et, hélas ! il ne cherche pas Dieu dans le châtiment. Toutefois, sauf ce cas, Asa a été fidèle et honoré !
Josaphat, son fils, lui succède et commence son règne en marchant fidèlement avec Dieu. Il fortifie son royaume contre Israël, ennemi plus dangereux encore par son exemple que par sa force. Lorsque quelque chose a la prétention d’être en rapport avec Dieu et de le reconnaître, il n’y a de sûreté qu’en le jugeant avec un jugement spirituel (qu’on ne peut former qu’en ayant un juste sentiment de l’honneur de Dieu), qu’en tranchant avec ce qui prétend être en relation avec Dieu, et en le traitant comme ennemi. C’est ce que Josaphat fait au commencement ; et, comme il ne marche pas dans les voies d’Israël, Dieu affermit son royaume. Béni de l’Éternel, il ôte les hauts lieux et les ashères, et cherche avec beaucoup de fidélité et de zèle à faire pénétrer dans l’esprit du peuple la vraie connaissance de l’Éternel ; Celui-ci le garantit de toute guerre, et quelques nations lui sont tributaires à cause de sa puissance.
Sous bien des rapports, c’est un tableau plus beau que tout ce que nous avons vu jusqu’ici dans l’histoire des Rois. Mais cette prospérité lui est en piège, et porte les fruits les plus amers lorsque la piété réelle du roi n’y fait pas contrepoids.
La prospérité, dont Dieu l’avait béni à la suite de sa fidélité, faisait qu’il valait la peine de s’allier avec lui, et rendait plus difficile une attaque contre lui. Étant à l’aise, Josaphat s’allie de son côté avec Israël. Sa prospérité le met en état de le faire sur un pied qui rend l’alliance honorable. Le coeur humain, qui n’est pas gardé de Dieu, peut agir généreusement à l’égard d’un mal, qu’il ne craint pas ; mais ce n’est pas l’amour. Extérieurement, Josaphat est fidèle à l’Éternel ; mais l’indignation de l’Éternel est sur lui.
Toutefois, rentré chez lui, le roi s’occupe à ramener le peuple à la crainte de l’Éternel, et à faire exécuter le jugement et la justice en Israël. Mais la guerre arrive. Il ne pouvait plus avoir la bénédiction sans mélange en ayant affaire à Dieu seul, sans l’épreuve. L’intervention de l’ennemi était maintenant nécessaire pour son bien, selon le gouvernement de Dieu, quoique, dans l’épreuve par laquelle il passe, il soit pleinement béni. Sa piété était réelle, et l’épreuve le montre. Il en appelle aux relations de Dieu avec Abraham et à ses promesses à Salomon, lorsque celui-ci eut bâti la maison. Josaphat a aussi l’intelligence des relations dans lesquelles ses ennemis se trouvaient avec Israël, au point de vue des voies de Dieu (20: 10, 11). Dieu lui répond, et le roi encourage Israël en reconnaissant la voix des prophètes, et en célébrant les louanges de Dieu avant que la bénédiction soit arrivée, chantant, par la foi, que sa bonté demeure à toujours. Dieu exauce abondamment sa prière. Israël, dont les ennemis se détruisent les uns les autres, n’a qu’à ramasser le butin : Dieu donne du repos au roi et le royaume est tranquille.
Cependant, si Josaphat ne s’est plus uni avec le roi d’Israël pour faire la guerre, il se joint à lui pour affaires de commerce, mais Dieu arrête ses entreprises.
Malgré quelques fautes, le caractère de Josaphat est beau et rafraîchit l’esprit. Mais bientôt les tristes fruits de son alliance avec Achab mûrissent, et entraînent Juda dans la misère. Joram, son fils, gendre d’Achab, marche dans les voies des rois d’Israël. Édom se révolte, et Libna, ville de Juda, fait de même. Le roi établit des hauts lieux et force Juda à y adorer. Le jugement de Dieu ne tarde pas à se révéler. Le prophète que Dieu avait suscité comme témoin contre les péchés de la maison d’Achab, en a prévu les fruits en Juda ; on apporte au roi un écrit d’Élie (*), qui le menace des jugements terribles de Dieu. Juda est aussi attaqué par ses ennemis, qui le pillent, dévastent même la maison du roi, et tuent tous ses fils, sauf un seul. Cela venait de l’Éternel. C’est son gouvernement que nous voyons ici ; car il gouverne ceux qui sont en alliance avec lui, ceux qui sont Sa maison.
(*) Élie avait été enlevé au ciel quelque temps avant que l’écrit parvînt à sa destination. Étant une prophétie, il n’y a aucune difficulté à penser que cet écrit, comme toute autre prophétie, a été laissé par Élie pour être utilisé en temps convenable. C’était une fonction qui lui appartenait tout naturellement dans les voies de Dieu, en tant qu’il avait témoigné contre l’iniquité d’Achab.
Finalement le roi périt selon la prédiction d’Élie. Désastres sur désastres fondent sur Juda, à la suite de cette alliance avec la famille d’Achab. S’allier avec ce qui prétend être de Dieu et avoir Sa religion, sans que cela soit ainsi, Lui est insupportable. Le seul fils qui restât à Joram est tué par Jéhu, comme participant à l’iniquité de la famille d’Achab ; Athalie qui en était aussi, s’empare du gouvernement en tuant toute la semence royale, sauf un enfant que Dieu, dans sa grâce, a préservé ; car il ne voulait pas que la lampe de David fût éteinte à Jérusalem, quoiqu’il châtiât sa famille. La soeur d’Achazia, femme du souverain sacrificateur, garde l’enfant, qui reste caché pendant six ans dans la maison de Dieu.
Tout était bien bas ; et, quant à l’apparence des choses, c’en était fait de la maison de David ; mais la fidélité de Dieu ne manque pas ; et, quoique la force de la royauté soit absolument détruite, et que la famille de David soit mise de côté, Dieu suscite, dans la personne du souverain sacrificateur, un homme de foi pour tout relever. Le châtiment de Dieu était complet. Tout l’ordre de la royauté avait été renversé par les jugements ; il ne restait que la fidélité de Dieu. L’homme était jugé ; il n’avait plus aucun moyen de se relever. Mais Dieu a tout à sa disposition, le coeur de Jehoshabhath et la foi de Jehoïada. Celui-ci prend les mesures nécessaires, et le roi est établi sur son trône. Après tout, il arrive ici ce que nous avons déjà vu : le roi ordonne tout ce qui regarde le rétablissement de l’ordre de la maison de Dieu.
Que de fois l’énergie de la foi peut établir, pour ainsi dire, un royaume, et manquer en même temps à maintenir le devoir ordinaire de ceux qui ont affaire avec le service de Dieu ! Fidèle au commencement de son règne, Joas marche cependant plutôt par la foi de Jehoïada que par la sienne propre ; et, après la mort du souverain sacrificateur, s’appuyant sur les princes de Juda, il sert les idoles, et tue même le fils de Jehoïada par lequel le Saint Esprit l’avait averti. Joas, abandonné de Dieu, est battu par les Syriens. Il tombe dans de graves maladies, et est enfin tué par ses propres serviteurs.
Dans toute cette histoire, il faut remarquer le gouvernement immédiat d’un Dieu de jugement, s’exerçant parce que ceux qu’il jugeait étaient près de lui.
Amatsia marche, jusqu’à un certain point, avec Dieu, mais avec faiblesse et d’un pas chancelant. Il s’appuie sur le bras de la chair ; mais il écoute le prophète, ce qui lui épargne une défaite. Cependant les villes de Juda subissent les conséquences de sa mauvaise marche, et sont pillées par l’armée d’Israël qu’Amatsia a renvoyée. Exalté par la victoire qu’il a remportée sur Édom, il prend les dieux de Séhir qui n’avaient pas su défendre leur propre peuple et il leur rend hommage. Alors il refuse d’écouter le prophète qui le reprend. Mais l’orgueil va devant l’écrasement et l’esprit hautain devant la chute. Amatsia, faisant la guerre contre Israël, est honteusement battu et fait prisonnier, et Jérusalem même est dévastée.
Il faut remarquer, dans cette partie de l’histoire, la bonté de l’Éternel qui intervient continuellement par des prophètes.
Ozias, son fils, marche longtemps avec l’Éternel et prospère. La puissance de Juda s’étend, et les desseins d’Ozias réussissent de toute manière ; « mais quand il fut devenu fort, son coeur s’éleva » (26: 16) ; il s’arroge la fonction de sacrificateur, et est frappé de lèpre par la main de Dieu.
Nous entrons ici dans une période où Ésaïe nous donne de vives lumières sur l’état du peuple. Cet état s’est déjà montré en partie sous le règne de Joas, qui, aussitôt qu’il écoute les princes, tombe dans l’idolâtrie. Mais, en lisant les deux premiers chapitres d’Ésaïe, ou encore le prophète Osée, on verra quel était l’état affreux du peuple et la grandeur de la patience de Dieu, et de quelle manière l’iniquité et les idoles pullulaient de toutes parts, lorsque le roi n’était pas fidèle et énergique (*).
(*) Aussi trouvons-nous qu’Ésaïe, après avoir montré le mal et le jugement qui en est la conséquence, introduit aussitôt la promesse de la bénédiction des derniers jours et du Messie. Dès les premiers chapitres, il montre l’état du peuple, ainsi que la bénédiction des derniers jours. La maison de David n’est jugée qu’au chapitre 7, et c’est là que le Messie, fils de la vierge, est annoncé comme la ressource et le moyen de délivrance et de grâce selon les conseils de Dieu. Le reste des écrits de ce prophète nous donne toute l’histoire du peuple au point de vue de Dieu, et celle des nations en rapport avec Israël, jusqu’à l’accomplissement, à la fin des temps, de la pleine bénédiction en Christ. Il donne aussi le jugement du péché d’Israël à l’égard de l’Éternel (40-48) et à l’égard de Christ (49-57).
Jotham, fils d’Ozias, marche dans l’intégrité, et il évite la faute de son père ; mais le peuple se corrompt toujours. Cependant, la fidélité de Jotham attire sur lui la bénédiction et la prospérité, car c’est toujours l’état du roi qui est l’objet du jugement de Dieu. Ainsi que nous l’avons vu, le peuple, comme tel, avait déjà failli longtemps auparavant.
Le règne d’Achaz fait époque. Il se voue à l’idolâtrie en abandonnant entièrement l’Éternel ; et, plus il est frappé de Dieu, plus il pèche contre lui. Il est livré entre les mains des Syriens et entre les mains de Pékakh, roi d’Israël. Dans ce dernier cas, cependant, Dieu intervient pour épargner au moins les captifs. Les Édomites et ensuite les Philistins envahissent Juda. Toute cette tribulation pousse Achaz à chercher du secours auprès du roi d’Assyrie, qui ne lui apporte qu’une détresse encore plus grande (comp. Ésaïe 7: 17 ; 8: 7. Voyez aussi Osée 5: 13-15).
Si la piété ne se transmet pas de père en fils, la grâce peut agir dans le coeur et diriger les pas d’un homme qui a le plus méchant des pères. C’est ce qui arrive au fils d’Achaz. Ézéchias montre, en cherchant la gloire de son Dieu, une foi et une énergie remarquables. En de meilleurs jours du royaume, la vraie piété et l’oeuvre de la justice avaient brillé en Josaphat ; Ézéchias montre maintenant une grande énergie de foi ; et nous trouverons, en Josias, un respect profond pour les Écritures, pour le livre de la loi.
Je rappelle ici le grand principe dont le lecteur remarquera les effets dans le livre qui nous occupe, savoir le gouvernement de Dieu qui fait porter à chaque acte ses conséquences immédiates, gouvernement qui se rapporte toujours à la conduite du roi. Mais, malgré quelques réveils et quelques restaurations opérées par la grâce, le peuple s’étant complètement corrompu, la royauté, qui seule le ramenait à ses devoirs, n’a pas répondu à la gloire de Dieu ; et, enfin, le serment prêté au nom de l’Éternel ayant été violé, la coupe du péché est comble ; le jugement d’Israël arrive, et les temps des Gentils commencent.
Ézéchias reconnaît l’état de péché où était Israël, et l’engage à s’en purifier. Un vrai culte, touchant dans son caractère (29: 25-29), est rétabli, et le service de la maison de l’Éternel est réglé.
Mais le zèle d’Ézéchias embrasse tout Israël, et il envoie des lettres qui, bien que la plupart s’en moquent, amènent bien des âmes sérieuses au culte de l’Éternel à Jérusalem. Si les choses ne sont pas rétablies dans leur ensemble, il y a néanmoins pour le fidèle de quoi se réjouir dans les voies de Dieu, partout où la foi opère et où un coeur sincère cherche à glorifier Dieu. Dieu pardonne ce qui manquait à la purification exigée pour participer au service du sanctuaire ; la demande de bénédiction montant jusqu’à la demeure de sa Sainteté, est exaucée.
Fortifié par cette communion avec l’Éternel, tout le peuple présent va détruire les ashères et les idoles, non seulement en Judée, mais aussi en Éphraïm et Manassé. L’état de désordre en Israël fournit, de la part de Dieu, une occasion pour l’exercice de la fidélité et la manifestation de dévouement chez son peuple. L’abondance et la bénédiction se trouvent en Juda, et la maison de l’Éternel est remplie des preuves de sa bonté, apportées, selon les ordonnances de la loi, par des coeurs reconnaissants ; même dans les cités sacerdotales, tout est mis en ordre selon la loi et tout prospère (*).
(*) Remarquez ici que, lorsque Dieu bénit et qu’il y a de la fidélité, les instruments qu’il emploie à son service ont part à la gloire qui se rattache à la bénédiction. Leurs noms sont inscrits sur le registre des voies de Dieu.
Dieu répond pleinement à la foi du roi ; mais l’iniquité des coeurs n’est guère changée, et les voies de Dieu en jugement commencent à se manifester, de manière à faire voir qu’au milieu de ses jugements et au plus fort de la puissance de l’ennemi, la semence fidèle de David sera la ressource infaillible de son peuple. C’est la leçon du chapitre 32. Cet homme est la paix du peuple, lorsque l’Assyrien entre dans le pays. Voyez en És. 8 l’entrée de l’Assyrien dans le pays, déjà appelé la terre d’Emmanuel par la révélation prophétique de la naissance du Fils de la vierge, révélation adressée au roi infidèle, à Achaz. Voyez encore, dans ce même chapitre, la révélation de la détresse affreuse du peuple, la loi étant scellée et confiée au Résidu qui suivrait Christ comme prophète, jusqu’à ce que le peuple reconnût que le Fils lui était né. Voyez aussi, au chapitre 22 du même prophète, le jugement de l’Esprit sur l’état moral du peuple, à l’occasion des événements mentionnés en 2 Chron. 32. Ézéchias lui-même n’a pas rendu à l’Éternel en raison du bienfait qu’il avait reçu, mais son coeur s’est élevé. Toutefois, comme il s’est humilié, il lui a été accordé de voir la paix de Jérusalem pendant sa vie.
Manassé, son fils, plongé dans l’iniquité malgré les avertissements des prophètes, fait venir sur lui-même, et, plus tard, sur Israël, la désolation et la ruine. Coupable d’iniquités que Dieu ne pouvait oublier, sa repentance personnelle dans sa captivité lui a valu, par la bonté de Dieu, la restauration personnelle et la paix, et, après son retour à Jérusalem, il agit fidèlement et se montre jaloux de la gloire de Dieu ; car le temps du jugement de Juda n’était pas encore arrivé. Son fils Amon le suit dans son iniquité, mais non dans son repentir, et il périt par les mains de ses propres serviteurs.
Nous trouvons dans Josias un coeur tendre, assujetti à la Parole, une conscience qui tient compte des pensées et de la volonté de Dieu. Seulement, à la fin il a trop de confiance dans l’effet de cette marche pour assurer la bénédiction de la part de Dieu, sans la possession d’une foi qui donne l’intelligence de ses voies pour comprendre la position du peuple de Dieu (35: 20-25). Dieu, cependant, se sert de cette confiance pour retirer Josias de devant le mal qu’il préparait, de devant les jugements qui devaient tomber sur Juda, et dont la connaissance aurait dû donner plus d’humilité à sa marche. À seize ans, il commence, par la grâce de Dieu, à chercher l’Éternel, et à vingt ans, il avait acquis la force morale nécessaire pour agir avec énergie contre l’idolâtrie, qu’il détruit jusqu’au pays de Nephthali. On voit ici comment la grâce souveraine intervient, car Ézéchias et Josias étaient, tous deux, fils de pères excessivement méchants.
Ayant purgé le pays de l’idolâtrie, Josias commence à réparer le temple, et c’est là que l’on trouve le livre de la loi. La conscience du roi, et son coeur aussi, se soumettent à l’autorité de la Parole de son Dieu. Il cherche le témoignage prophétique de Dieu à l’égard de l’état d’Israël, et Dieu lui révèle par Hulda, le jugement qui allait fondre sur le peuple ; mais il lui annonce, en même temps, que ses yeux ne verraient point le mal. Cette communication aurait dû le faire marcher avec moins de précipitation et un coeur plus exercé lorsqu’il s’attaque au Pharaon. Le sentiment qu’un jugement mérité devait fondre sur ce peuple, et que ses péchés étaient irrémédiables (quoique le roi lui-même fût épargné) aurait dû l’empêcher de monter contre le Pharaon quand celui-ci ne l’attaquait pas et même l’avertissait de s’abstenir. Mais il n’écouta pas les paroles de Neco et fut perdu par une hardiesse qui n’était pas selon Dieu.
Sa mort ouvrit les écluses à l’affliction de Juda et de Jérusalem, qui avaient été bénis par son moyen ; car ils avaient servi l’Éternel tous les jours de Josias et avaient été bénis ; ils avaient, de plus, mené deuil sur sa mort. Jérémie (c’est-à-dire l’Esprit de Dieu par le prophète), en faisant des lamentations au sujet du dernier roi auquel il fut donné de maintenir les relations de Dieu avec son peuple, pleurait sur la ruine et la désolation que le péché devait amener sur le troupeau chéri de l’Éternel, sur la vigne qu’il avait plantée de ceps exquis.
Quelle qu’ait été la fidélité de Josias, elle n’a pas changé le coeur du peuple (comp. Jérémie 3: 10). La foi de Josias agissait et dominait cet état de choses ; et, ainsi que nous l’avons toujours vu, la bénédiction dépendait de la conduite du roi, bien que le contre-courant tende toujours à la ruine et au rejet du peuple.
Il nous reste à dire deux mots de la Pâque. Tout est mis en ordre selon les ordonnances de Moïse et de David, et cela d’une manière remarquable. Il paraît que l’arche même avait été déplacée (35: 3). Mais maintenant l’arche étant rétablie dans son lieu de repos, les Lévites s’occupent diligemment de leur service et même de ce qui était nécessaire pour que les sacrificateurs jouissent de la fête (v. 14). Ils étaient tous à leurs places selon la bénédiction d’Israël dans le repos dont il avait joui sous Salomon. Ceux qui enseignaient Israël ne portaient plus l’arche, mais ils servaient Dieu et son peuple. Les chantres étaient aussi là selon leur ordre ; en sorte qu’il n’y avait pas eu de Pâque semblable depuis les jours de Samuel. C’était comme la dernière lueur de la lampe que Dieu avait allumée dans la famille de David au milieu de son peuple ; elle s’éteignit bientôt pour laisser le monde dans les ténèbres des Gentils qui ne connaissaient pas Dieu, et ceux qui avaient été son peuple, sous le jugement exprimé dans le mot Lo-Ammi (pas mon peuple) ; mais ce n’était que pour fournir, plus tard, occasion à la manifestation de sa grâce infinie envers les nations et de sa fidélité immuable envers Israël. C’est de l’année de cette Pâque qu’Ézéchiel date sa prophétie (1: 1), quand il dit : « En la trentième année ». Pourquoi ? Je ne saurais le dire. Cette année était-elle celle du jubilé, ou la Pâque elle-même faisait-elle époque ?
Les règnes suivants n’exigent que peu de mots. Le roi d’Égypte s’empare du pays, et l’iniquité de Jehoïakim. qu’il établit roi à Jérusalem, est loin d’amener une restauration de la part de Dieu. Un roi plus puissant que celui d’Égypte, un roi par lequel Dieu a voulu commencer la domination des Gentils, monte contre Jérusalem, et, après avoir chargé Jehoïakim de chaînes, il le laisse, après tout, terminer à Jérusalem son règne et sa vie. Trois ans après, il emmène son fils à Babylone.
Sédécias, à qui il a fait jurer par l’Éternel — reconnaissant ainsi l’autorité de ce nom sur sa conscience — plus méchant, sous ce rapport, que Nebucadnetsar, méprise son serment et le nom de l’Éternel ; et, après un intervalle de vaine résistance, dans laquelle il persévère malgré le témoignage de Jérémie, il tombe entre les mains du roi de Babylone, qui détruit de fond en comble la ville et le sanctuaire ; car le peuple et les sacrificateurs aussi étaient profondément corrompus ; ils déshonoraient l’Éternel et méprisaient ses prophètes, en sorte qu’il n’y avait plus de remède. Alors le pays jouit de ses sabbats.
Triste et solennelle leçon du péché et de l’iniquité de l’homme et du juste jugement de Dieu ! « Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités » (Amos 3: 2). Mais, dans ses jugements, Dieu se souvient de sa miséricorde ; et, dans ses conseils de grâce, il avait déjà préparé et même annoncé par ses prophètes (et cela par son nom) un instrument pour donner quelque relâche à son peuple.
Après les soixante-dix années que Jérémie avait annoncées comme durée de la captivité de Juda, l’Éternel met dans l’esprit de Cyrus de proclamer hautement que c’était l’Éternel, le Dieu des cieux, qui lui avait donné tous les royaumes de la terre, et qu’il l’avait chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem. Il invite le peuple de Dieu à s’y rendre, en lui disant que l’Éternel, son Dieu, serait avec lui.
Ainsi, c’est par la miséricorde — mais par une miséricorde qui reconnaît que la puissance est confiée aux mains des Gentils — que se termine l’histoire de la chute d’Israël, d’un peuple placé dans les circonstances les plus favorables, en sorte que Dieu pouvait lui adresser la question : « Qu’y avait-il encore à faire pour ma vigne, que je n’aie pas fait pour elle ? » (És. 5: 4). Ce peuple, Dieu lui avait déjà pardonné une fois, et après qu’il eut laissé tomber l’arche de l’Éternel entre les mains de l’ennemi, et que Dieu eut abandonné Silo, lieu de sa demeure, il avait été rétabli en bénédiction, mais rétabli en vain. La longue patience de Dieu, les relèvements qu’il leur avait accordés, l’établissement de la famille de David en grâce, tout avait été inutile. La vigne, car ils étaient des hommes, avait produit des grappes sauvages. Ses cloisons ont été rompues ; elle a été dévastée. Jérusalem a cessé pour le moment d’être le trône de l’Éternel, et le gouvernement et la puissance sur la terre ont été confiés aux Gentils.