par J.N. Darby
Table des matières :
Nous avons parcouru, par la bonté de Dieu, les cinq livres de Moïse, qui nous ont présenté, d’un côté, les principes sur lesquels reposent dans leurs grands éléments, tels que la rédemption, le sacrifice, etc., les relations de l’homme avec Dieu et de Dieu avec l’homme ; et de l’autre, la délivrance d’un peuple mis à part pour Lui, et toutes les conditions sous lesquelles il se trouve placé, soit sous la grâce, soit sous forme de promesse, soit sous la loi, soit sous le gouvernement de Dieu établi sur lui par la médiation spéciale de Moïse.
Nous avons pu y examiner son histoire dans le désert, et le modèle des choses qui devaient être révélées plus tard présenté dans le Tabernacle, les sacrifices et la sacrificature, moyens de relation avec Dieu accordés aux pécheurs, où manque, il est vrai, l’image de la parfaite liberté que nous avons de nous approcher de Dieu, le voile n’étant pas encore déchiré, mais où l’ombre des choses célestes se trouve placée devant nos yeux avec un détail infiniment intéressant. — Enfin nous avons vu que Dieu ayant, à la fin du trajet dans le désert, prononcé la justification définitive de son peuple, et fait reposer sur lui sa bénédiction malgré les efforts de ses ennemis, déclare sous quelles conditions le peuple retiendrait la possession de la terre, et y jouirait de sa bénédiction dans la liberté et la grâce du don de Dieu, en relation immédiate avec Lui-même ; enfin, quelles seraient les conséquences de la désobéissance, révélant en même temps ses conseils à l’égard de ce peuple, conseils qu’Il accomplirait pour sa gloire (*). Ceci nous amène à la prise en possession de la terre de la promesse par le peuple, sous la conduite de Josué.
(*) Les révélations typiques contenues dans ces premiers livres et qui, bien qu’entremêlées avec l’histoire, en forment le sujet principal, sont d’une valeur inappréciable pour nous. Seulement les privilèges spéciaux que la grâce souveraine confère aux chrétiens et à l’Assemblée de Dieu n’y sont pas mentionnés.
Comme le livre des Nombres nous a présenté le voyage spirituel ~à travers le désert, voyage pendant lequel la chair est mise à l’épreuve, ce livre-ci est plein intérêt et d’enseignement, comme nous présentant en type les combats des héritiers des cieux avec les malices spirituelles dans les lieux célestes, lorsque nous y sommes entrés, avec le droit assuré d’y être, mais ayant à en prendre possession par une énergie qui remporte la victoire sur les ennemis, alors qu’ils voudraient nous en interdire l’accès. Si l’Église est bénie de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, c’était de bénédictions temporelles dans les lieux terrestres qu’Israël allait jouir. Il est facile de comprendre que si l’on peut, avec raison, employer le nom de Canaan comme expression figurée du repos du peuple de Dieu, il s’agit ici, non du repos même, mais des combats spirituels qui assurent aux vrais croyants la jouissance des promesses de Dieu. La fin de l’Épître aux Éphésiens nous présente ce qui répond précisément à la position d’Israël dans ce livre. L’Église ayant été vivifiée et ressuscitée avec Jésus, c’est dans les lieux célestes qu’elle a ses combats ; c’est pour ceux qui y habitent qu’elle est un témoignage, le témoignage de la sagesse infiniment diverse de Dieu. Si le Jourdain représente la mort, et Canaan le repos et la gloire, remarquez combien les vues ordinaires des chrétiens s’écartent de la vraie position chrétienne, car le résultat du passage du Jourdain est la guerre. L’Ange de l’Éternel vient avec son épée nue, comme chef de l’armée de l’Éternel. Cela nous amène à voir ce que le chrétien doit apprendre, c’est que dès ici-bas il est mort et ressuscité, qu’il est placé dans les lieux célestes en Christ et que ses vrais combats ont lieu dans cette position.
Josué représente donc Christ, non pas venant d’en haut en personne pour prendre possession de la terre, mais conduisant son peuple par la puissance de l’Esprit qui agit et demeure au milieu de ce peuple. Toutefois, en Josué, ainsi que dans toutes les autres personnes typiques, on retrouve les fautes et les péchés qui trahissent la faiblesse de l’instrument et la fragilité du vase où, pour le moment, Dieu avait daigné mettre sa gloire. Appliquons-nous maintenant à l’étude de ce livre.
Ce chapitre nous montre Josué employé à l’oeuvre par l’Éternel, qui lui ordonne de passer le Jourdain pour entrer au pays qu’Il a donné aux enfants d’Israël.
Arrêtons-nous un instant sur cette commission directe de l’Éternel. Moïse tient ici la place, non du médiateur vivant, mais de la Parole écrite. Tout ce qu’il a commandé, l’ayant été de la part de Dieu, était, il est évident, la parole de Dieu pour Israël. Josué est l’énergie qui lui fait posséder les promesses.
Premièrement, nous avons le principe de la prise de possession.
Ce n’est pas par le simple exercice de la puissance divine, comme cela aura
lieu à la fin des temps, mais par l’énergie de l’Esprit et en rapport avec la
responsabilité de l’homme. Les limites du pays de la promesse sont données,
mais la connaissance des limites assignées de Dieu ne suffisait pas ; Dieu
les avait tracées très exactement, mais la possession était attachée à une
condition : « Je vous ai donné tout lieu que foulera la plante de votre pied
». Il fallait y aller
, surmonter les obstacles avec le secours et par la
puissance de Dieu, et en prendre possession de fait. Sans cela, ils ne le
posséderaient pas ; et, en effet, c’est ce qui est arrivé. Ils n’ont
jamais pris possession de tout le pays donné de Dieu. Cependant, pour la foi,
la promesse était sûre. « Personne ne
tiendra devant toi, tous les jours de ta vie
». La puissance de l’Esprit de
Dieu, de Christ par son Esprit, (vraie énergie du croyant) suffit à tout. Car
elle est, en effet, la puissance de Christ, lui-même, qui a toute puissance. En
même temps la promesse de n’être jamais délaissé ni abandonné conservait toute
sa force. Voilà, dans le service du Seigneur, sur quoi l’on peut compter :
— sur une telle puissance de sa présence que nul ne subsistera devant son
serviteur, puissance qui ne l’abandonne jamais. C’est avec un tel
encouragement, que celui qui marche par l’Esprit est appelé à se fortifier et à
être ferme (v. 6).
Vient ensuite, au verset 7, l’exhortation de l’Éternel :
« Seulement fortifie-toi et sois très ferme, pour prendre garde à faire selon
toute la loi que Moïse, mon serviteur (titre qui lui est toujours donné ici),
t’a commandée ». (Voyez Deut. 31: 6, 8). La force et l’énergie spirituelle, le
courage de la foi sont nécessaires, pour que le coeur ait assez de confiance
pour obéir et soit libre des influences, des craintes et des motifs qui
agissent sur l’homme naturel et tendent à détourner le croyant du chemin de
l’obéissance, et qu’il puisse faire
attention à la parole de Dieu.
Rien de si déraisonnable, dans le monde, que la marche présentée dans la Parole ; rien qui nous expose comme elle à la haine de son prince. Si donc Dieu n’est pas avec nous, rien de si insensé ; s’il y est, rien de si sage. Si l’on n’a pas la force de sa présence, on n’ose pas prendre garde à sa Parole, et dans ce cas il faut bien se garder de commencer la guerre. Mais, ayant le courage qu’inspire la toute-puissance de Dieu par sa promesse, on peut retenir la bonne et précieuse Parole de notre Dieu ; ses préceptes les plus sévères ne sont que la sagesse pour discerner la chair, et une direction pour la mortifier ; de sorte que la chair ne nous aveugle ni ne nous entrave.
Le chemin le plus difficile, celui qui nous mène aux plus rudes combats, n’est que le chemin de la victoire et du repos, nous faisant avancer dans la connaissance de Dieu. C’est le chemin dans lequel on est en communion avec Dieu, Lui qui est la source de toute joie ; ce sont les arrhes et l’avant-goût du bonheur éternel et infini.
Si seulement cette parole du Dieu souverain se fait
entendre : « Ne t’en écarte ni à droite ni à gauche, afin que tu prospères partout où tu iras
», quelle joie pour
celui qui, par la grâce, se met en avant pour faire l’oeuvre de Dieu !
Puis l’Éternel l’exhorte à l’étude assidue de ce Livre de la loi, « alors tu feras réussir les voies, et alors tu prospéreras ». Voilà donc les deux grands principes de la vie et de l’activité spirituelles : — l° La présence assurée de la toute puissance de Dieu, de sorte que rien ne pourra subsister devant son serviteur ; — 2° la réception de sa Parole ; la soumission à sa Parole ; l’étude assidue de sa Parole, la prenant pour guide absolu du chemin, ayant le courage de le faire à cause de la promesse et de l’exhortation de Dieu.
En un mot, l’Esprit et la Parole sont le tout de la vie spirituelle. Munie de cette force, la foi va en avant, fortifiée par la parole encourageante de notre Dieu. Dieu a un chemin dans le monde où Satan ne peut nous atteindre. C’est le chemin où Jésus a marché. Satan est le prince de ce inonde, mais il y a un chemin divin pour le traverser et il n’y en a pas d’autre. C’est là qu’est la puissance de Dieu. La Parole en est la révélation. Ce fut ainsi que le Seigneur lia l’homme fort. Il agit par la puissance de l’Esprit et se servit de la Parole. On ne saurait séparer l’Esprit et la Parole, sans tomber dans le fanatisme d’un côté, ou dans le rationalisme de l’autre, sans se mettre hors de la dépendance et de la direction de Dieu. La raison s’emparerait des uns, l’imagination des autres.
Au reste, rien de plus imaginatif que la raison dépourvue d’un
guide ! Comme résultat, l’ennemi des âmes s’emparerait des uns et des
autres. On aurait l’homme
sous
l’influence de Satan, à la place de Dieu. Triste échange, dont l’incrédule se
console en se flattant qu’il n’y a rien au-delà de sa portée, parce qu’il
réduit tout aux limites de sa propre intelligence. J’avoue que rien ne me
paraît plus mesquin que cette incrédulité qui prétend qu’il n’y a rien dans la
sphère morale et intellectuelle au-delà des pensées de l’homme, et qui refuse à
l’homme la capacité de recevoir des lumières d’une intelligence plus
excellente, seule chose qui élève l’homme au-dessus de lui-même tout en le
rendant moralement excellent, en lui donnant de l’humilité par le sentiment de
la supériorité d’un autre.
Béni soit Dieu de ce qu’il s’en est trouvé qui ont profité de la grâce qui a communiqué à l’homme de sa sagesse parfaite ! Lors même que le vase imparfait qui l’a reçue en a altéré un peu les traits et la perfection, néanmoins ils en ont profité pour se mettre à leur place. Heureuse place devant la présence de Celui dont la connaissance est la joie infinie et éternelle !
Il y a encore une règle pratique importante à reconnaître dans
ces paroles, 1: 9 : Ne t’ai-je pas
commandé
? Si l’on n’a pas la conscience de faire la volonté de
Dieu ; si, avant de commencer d’agir, on ne s’en est pas assuré auprès de
Lui, jamais on n’aura de courage dans l’exécution. Peut-être bien que ce qu’on
fait est la volonté de Dieu ; mais, n’en ayant pas la conscience, on agira
avec hésitation, sans courage et sans joie ; on reculera devant la moindre
objection. Tandis que, lorsqu’on est assuré d’être dans la volonté de Dieu, et
qu’Il a dit : Ne t’ai-je pas
commandé ?
rien, par la grâce, ne saurait nous effrayer.
J’ajoute cependant un mot, ou plutôt j’attire l’attention du
lecteur sur ce que Dieu dit. Car, bien que le commandement de Dieu inspire un
courage qu’on n’aurait pas eu sans cela, aucune révélation n’est par elle-même
la force pour agir ; mais Dieu ajoute : « Ne te laisse point terrifier,
et ne sois point effrayé ; car l’Éternel, ton Dieu, est avec toi
partout où tu iras ». Nous avons dans le Nouveau
Testament un exemple frappant du principe dont je viens de parler. L’apôtre
Paul monte dans le troisième ciel, où il entend des choses dont il n’est pas
permis à l’homme de parler. Est-ce que cela a été sa force dans le
combat ? Sans doute cela donnait à ses vues une portée intérieure qui
réagissait sur toute son oeuvre, mais ce n’était pas sa force dans l’oeuvre. Au
contraire, cela tendait à alimenter la fausse confiance de la chair. Au moins
la chair en aurait profité pour s’enorgueillir.
De telles révélations rendaient l’humiliation nécessaire, et
amenaient de la part de Dieu, non de nouvelles grâces (quoique tout fût grâce),
mais ce qui humiliait et rendait l’apôtre infirme et méprisable (*) selon la chair. Alors, étant faible, la force
lui est donnée autrement : non dans l’emploi, ni dans la conscience des
révélations, cela l’aurait rendu faible en prêtant à l’élévation de la chair, mais
dans la grâce et la force de Christ qui agissait dans cette infirmité.
Là était sa seule force ; et il se
glorifie de cette infirmité dans laquelle la puissance de Christ
s’accomplissait en lui, qui était l’occasion de la manifestation de cette
puissance, et qui, en démontrant que Paul était faible, démontrait que Christ
lui-même était dans l’oeuvre avec Paul. Il nous faut toujours une force
immédiate de Christ, agissant de sa part, — force qui s’accomplit dans
l’infirmité, pour faire son oeuvre — force constante ; hors de lui nous ne
pouvons rien faire. Souvenons-nous de cette vérité.
(*) Une vaine curiosité cherche quelle pouvait être cette écharde. Peu nous importe ce que c’était. Il peut y avoir une écharde différente pour chaque cas où Dieu trouve bon d’en envoyer. Ce sera toujours quelque chose de propre à humilier celui qui en a besoin. Il suffit pour notre instruction spirituelle de savoir, par la Parole, que c’était, quant à Paul, une infirmité qui tendait à le faire mépriser dans sa prédication. (Voyez Gal. 4: 14 ; 2 Cor. 10: 10). Le but de Dieu dans une telle épreuve est trop évident à toute âme spirituelle, pour qu’il soit nécessaire d’y insister.
Je n’ajoute qu’un mot sur la fin du chapitre. Il est des chrétiens (je ne puis dire approuvés de Dieu) qui s’arrangent en deçà du Jourdain (c’est-à-dire en deçà de la puissance de la mort et de la résurrection appliquées à l’âme par l’Esprit de Dieu). Le territoire où ils s’établissent n’est pas l’Égypte ; il est au delà de la mer Rouge ; il est dans les limites du pays d’Israël ; hors d’Égypte et en deçà de l’Euphrate, fleuve babylonien. Mais ce n’est pas Canaan. C’est un pays qu’ils ont choisi pour leur bétail et pour leurs possessions ; ils y établissent leurs enfants et leurs femmes. Ce n’est pas Josué qui a conquis ce pays-là ; ce n’est pas le lieu du témoignage de la puissance de l’Esprit de Dieu, ce Canaan qui est au-delà du Jourdain.
Cependant, lors même qu’on peut y placer ses enfants et les siens, il faut, bon gré malgré, que les hommes de guerre prennent part aux combats des enfants de Dieu, qui ne veulent du repos que là où se trouve la puissance de Dieu, c’est-à-dire en Canaan, dans les lieux célestes, tous les ennemis en ayant été chassés. Aussi, lorsque le péché d’Israël, et la faiblesse qui en était la suite, ont exposé le peuple aux attaques triomphantes de leurs ennemis, des ennemis de Dieu, ce pays est tombé le premier en leur pouvoir. « Savez-vous que Ramoth de Galaad est à nous ? » (1 Rois 22: 3) n’a pas porté bonheur au peuple mécontent de sa perte. Pour le moment tout allait bien, c’est-à-dire aussi longtemps que Ruben, Gad et la demi-tribu de Manassé demeuraient sous l’autorité de Josué, et que, par lui, la puissance de Dieu conduisait le peuple. Eux aussi, disent à Josué ce que Dieu lui avait dit : « Fortifie-toi et sois ferme ».
Que de fois, au milieu des enfants de Dieu, il s’introduit une marche on un principe inférieur à l’excellence de l’oeuvre qui se fait dans l’intention de Dieu ; qui, aussi longtemps que la puissance de Dieu agit selon cette intention, ne se dégage pas, pour ainsi dire, de l’oeuvre, pour se mettre en relief et y produire de l’affliction et du malaise ! Mais, lorsque le fleuve divin baisse à la suite de l’infidélité de l’homme, alors paraissent des fruits amers : des pertes spirituelles, de la faiblesse, de l’amertume de coeur, de ces divisions qui résultent de l’impossibilité de concilier ce qui est spirituel avec ce qui est charnel, et de conserver un témoignage spirituel en se conformant à la marche du monde. Or, ce témoignage est au-delà du Jourdain. Que les deux tribus et demie suivent ce chemin, à la bonne heure ; mais on ne peut sortir de Canaan pour prendre place avec elles. Hélas ! ces belles prairies, propres à nourrir le bétail, n’ont trouvé que trop de Lot et de tribus d’Israël pour s’y arrêter en pure perte. Les bas-fonds qui se rencontrent dans notre voyage chrétien se traversent sans danger peut-être à la marée haute ; mais, lorsque la marée est basse, il faut des pilotes habiles pour les éviter et flotter toujours dans le plein courant de la grâce de Dieu, dans le lit qu’elle s’est creusé elle-même, et pour elle-même ; mais il en est un sûr et constant, et nous y sommes en sûreté si nous sommes contents de le suivre. Dieu nous a donné ce qu’il faut pour cela. Peut-être faudra-t-il se contenter d’un petit canot — le pilote infaillible y sera.
Au premier moment, Moïse n’avait pas été satisfait de la proposition des deux tribus et demie. La chose était permise sans doute. Mais, en général, les premières pensées de la foi sont les meilleures ; elles n’envisagent que les promesses, le plein effet des promesses et des pensées de Dieu. Les considérations qui viennent après ne se rapportent pas à cela.
Nous avons ici l’histoire intéressante de Rahab.
Qu’il est beau de voir la grâce de Dieu plaçant, dès le commencement ses jalons pour que les yeux de la foi aient une direction sûre à mesure que Dieu est obligé de rétrécir ses voies à l’égard de l’homme, et de se limiter dans ses relations avec lui, jusqu’à ce que le précieux sang de Christ ait donné à cette grâce tout son essor et sa liberté. Semence de la femme, semence d’Abraham, semence de David, cela se rétrécit toujours plus. Les promesses même, quant au gouvernement de Dieu, font place à la loi, jusqu’à ce qu’un petit résidu d’Israël devienne le vase, orgueilleux en proportion de sa misère, d’un encore plus petit résidu de fidèles qui attendaient la rédemption d’Israël.
Et que de pensées bornées, quoique vraies, se trouvèrent dans le coeur de ces précieux fidèles, comparées à l’attente d’un Abraham et aux déclarations solennelles d’un Énoch ! Le Seigneur, toujours parfait, toujours précieux, a bien pu dire (on le comprend, quoique les profondeurs de son coeur aient été infiniment au delà de notre courte sonde) : « J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » Mais il y a toujours eu de ces jalons pour la foi. Si Dieu agit, il va au-delà des bornes qui limitent ses voies gouvernementales du moment, et dépasse ses relations établies avec les hommes.
C’est ainsi que la nature divine de Jésus et les droits divins
de sa personne se manifestent. Il n’est envoyé qu’aux brebis perdues de la
maison d’Israël. Voilà les limites de ses relations formelles avec les hommes.
Mais si la foi saisit la bonté de Dieu, est-ce que cette bonté peut se nier, ou
se borner à ceux qui, pour le moment, servent de cadre à ses voies de
gouvernement ? Non, Christ ne saurait dire : Dieu n’est pas bon ;
je ne suis pas bon
comme vous le supposez. Comment Dieu
se renierait-Il ? La syrophénicienne obtient ce qu’elle demande. Précieuse
prérogative de la foi qui sait connaître et reconnaître Dieu à travers tout,
qui l’honore tel qu’Il est et le trouve toujours ce qu’Il est.
En quoi se manifeste la foi de Rahab que l’apôtre cite comme
exemple ? démonstration admirable que la manière dont Dieu agit en grâce
est avant et au-dessus de la loi, que la grâce franchit la limite imposée aux
hommes par la loi, tout en maintenant son autorité ; autorité toutefois
qui ne se fait jour qu’en condamnation. Quelle est, dis-je, cette foi de
Rahab ? C’est la foi qui reconnaît que Dieu est avec son peuple, tout
faible et tout petit qu’il soit, ne jouissant pas de son héritage, errant sans
patrie sur la terre, mais aimé de Dieu.
Si Abraham a cru Dieu lorsqu’il n’y avait point de peuple, Rahab s’est identifiée avec ce peuple, lorsqu’il n’avait autre chose que Dieu. Elle savait bien que l’héritage était à ce peuple ; elle comprenait, quelle que fût la puissance de ses ennemis, malgré leurs villes murées et leurs chariots de fer, que leur coeur s’était fondu. C’est toujours le cas des instruments de l’ennemi, quelles que soient, du reste, les apparences, lorsque le peuple de Dieu est sous la conduite de l’Esprit de Dieu dans le chemin de l’obéissance que Dieu lui a tracé.
Ainsi, au milieu des gentils, cette pauvre pécheresse, membre méchant et méprisé d’une race maudite et vouée à la destruction, est sauvée, et son nom est un témoignage à la gloire de Dieu. Sa maison reconnue à cette marque assurée, le cordon de fil écarlate, devient la retraite et la sauvegarde de tous ceux qui s’y retirent ayant la foi à la parole donnée.
Maintenant le peuple va entrer dans la terre de la promesse. Mais comment y entrer ? Voilà le Jourdain, au plus fort de la crue de ses eaux, qui se présente comme une barrière devant le peuple de Dieu, gardant les domaines de ceux qui s’opposent à ses espérances. Or, le Jourdain représente la mort, mais la mort envisagée plutôt comme terme de la vie humaine et signe de la puissance de l’ennemi, que comme fruit et témoin du juste jugement de Dieu. Le trajet de la mer Rouge était bien aussi la mort, mais le peuple était là comme participant à la mort et à la résurrection de Jésus (en figure), comme accomplissant son rachat et les libérant pour toujours de l’Égypte, lieu de leur esclavage, c’est-à-dire de leur place dans la chair et ainsi de toute la puissance de Satan, comme le sang sur les linteaux des portes les avait délivrés du jugement de Dieu (*). C’est alors que le peuple entrait dans le pèlerinage du désert.
(*) Il est important de considérer d’abord Jésus seul, soit dans
la vie, soit dans la mort. C’est là que nous voyons dans sa perfection la
position chrétienne. Il est également important de savoir que Dieu nous voit
comme ayant été en Lui dans la mort et que sa position exprime la nôtre, que
Dieu nous voit comme étant en Lui dans sa vie, et que telle est notre place
actuelle devant Dieu. Mais nous sommes aussi appelés à prendre de fait et par
la foi cette position en Esprit. La mer Rouge vient en premier lieu :
c’est la mort, mais la mort de
Christ. Le Jourdain est notre entrée dans la mort avec
Christ. La mer Rouge était la délivrance d’Égypte, le
Jourdain, l’entrée en Canaan ou plutôt un état subjectif qui s’y rapporte
spirituellement. Ce n’est pas la possession du pays, tel que Christ ressuscité
seul nous l’a acquise, mais cette possession réalisée par la foi en ceux qui
sont maintenant ressuscités avec Christ.
Être assis dans les lieux célestes est une chose entièrement distincte, établie sur un pied distinct, comme étant absolument l’oeuvre de Dieu.
La mer Rouge était la condamnation du péché dans la chair en Christ fait péché et mort pour le péché et pour nous la délivrance quand elle est connue par la foi. De fait, cette délivrance est le Jourdain, seulement ce dernier va plus loin : il nous amène, comme ressuscités avec Lui, dans l’état qui convient à ceux qui ont part à l’héritage des saints dans la lumière. En traversant le Jourdain, le peuple suivait l’arche, mais cette dernière restait au milieu du fleuve, y déployant sa puissance contre la mort jusqu’à ce que tout le peuple eût passé.
Le rachat, le salut parfait qui a été acquis par le précieux sang de Jésus, introduit le chrétien dans ce pèlerinage. Avec Dieu, il ne fait que traverser le monde comme une terre déserte, altérée et sans eau. Cependant ce pèlerinage, tout en étant la vie d’un racheté, n’est que la vie ici-bas (*).
(*) À cela répond l’épître aux Romains.
Mais, ainsi que nous avons vu, il y a la vie céleste, les combats qui se livrent dans les lieux célestes, en même temps que la traversée du désert. Quand je dis en même temps, je ne veux pas dire dans le même moment, mais dans la même période de notre vie naturelle en ce monde. Autre chose sont les moments où nous traversons ce monde fidèlement ou infidèlement dans les circonstances de chaque jour, sous l’influence de l’espérance d’une meilleure patrie ; autre chose est de livrer des combats spirituels pour la possession des promesses et des privilèges célestes. Cela suppose que nous sommes réellement nés de nouveau. (Rom. 8: 29-30). Le voyage du désert après Sinaï suppose le fait de cette position chrétienne, mais sa réalité individuelle y est mise à l’épreuve. C’est à cela que se rapportent tous les « si » du Nouveau Testament. Ils envisagent le chrétien comme étant en chemin pour atteindre le pays céleste, mais ayant la promesse certaine, s’il est dans la foi, d’être gardé jusqu’à la fin. Les « si » nous gardent dans la dépendance, mais dans celle de la fidélité infaillible de Dieu quand il s’agit de remporter la victoire sur le pouvoir de Satan. Il n’y a pas de « si » pour la rédemption ou pour la position actuelle de ceux qui ont été scellés. Nous sommes des hommes déjà morts et ressuscités, comme n’étant absolument plus de ce monde. Ces deux choses se réalisent dans la vie chrétienne. Or, c’est comme mort et ressuscité en Christ qu’on est dans le combat spirituel. Pour faire la guerre en Canaan, il faut avoir passé le Jourdain (*).
(*) À cela répond l’épître aux Éphésiens ; seulement cette
épître n’a rien à faire avec notre mort au péché. On n’y trouve quant à cette
question que l’acte de Dieu qui nous a pris, quand nous étions morts dans nos
péchés, pour nous placer en Christ dans les lieux célestes. L’épître aux
Colossiens touche partiellement ces deux points et nous présente une vie de
résurrection ici-bas, mais elle ne nous place pas dans les lieux célestes —
seules nos affections
s’y trouvent.
Par « vie céleste » j’entends : vivre en Esprit dans les lieux célestes.
Christ ici-bas y était divinement ; nous y sommes comme unis à Lui par le
Saint Esprit.
Le Jourdain est donc la mort et la résurrection avec Christ, considérées dans leur puissance spirituelle, non dans leur efficace pour la justification du pécheur, mais dans le changement de position et d’état opéré en ceux qui ont part à la mort et à la résurrection pour réaliser la vie en rapport avec les lieux célestes où Christ est entré (*). La comparaison de Phil. 3 et Col. 2 et 3 montre la liaison de la mort et de la résurrection avec le vrai caractère de la circoncision de Christ. En Phil. 3, le retour de Christ est introduit comme devant mettre la dernière main à l’oeuvre par la résurrection du corps. Nous ne sommes pas considérés comme étant maintenant ressuscités avec Lui, mais dans les Philippiens nous sommes engagés pratiquement dans la course vers le but, ayant en vue Christ et la résurrection qui caractérisent cette épître. On n’y trouve pas ce que la foi affirme au sujet de notre position, mais la course présente, en vue de l’atteindre et de la posséder. Cet état est donc objectif en ce sens qu’il n’est pas question d’être en Christ ou même avec Lui, mais de gagner Christ et la résurrection d’entre les morts. Paul avait fait la perte de toutes choses à cause de l’excellence de cette connaissance et il désirait connaître la puissance de la résurrection de Christ. Même la justification est considérée dans cette épître comme étant à la fin de la course. Dans l’un et l’autre passage, il y a une application du moment actuel à la vie céleste, mais il y a séparation complète, même ici-bas, entre le pèlerinage et cette vie céleste, quoique cette dernière influe puissamment sur le caractère de notre vie de pèlerinage, et cela introduit un sujet très important, mais que je ne puis traiter à fond ici : le rapport entre la vie, en tant que manifestée ici-bas, et les objets qu’elle poursuit. « Ceux qui sont selon l’Esprit » ont leurs pensées « aux choses de l’Esprit ». La vie nouvelle découle de ce qui est divin et céleste — de Christ (et ceci est le sujet spécial de l’enseignement de Jean) ; de là vient qu’elle appartient à l’état de résurrection en gloire, où elle a sa place et son plein développement. — Notre « bourgeoisie » est céleste, ce qui fait de nous des pèlerins — la vie céleste appartient au ciel : « Le second homme est venu du ciel ». (1 Cor. 15: 47). Le plein développement de cette vie ne comporte pas le pèlerinage ; nous sommes chez nous, dans la maison du Père, comme Christ, tandis qu’ici-bas cette vie se développe dans notre pèlerinage et a le caractère de son origine céleste. Son développement est croissant, croissante son intelligence de ce qui est céleste. (Voyez 2 Cor. 3: 3, 17, 18 ; Éph. 4: 15 ; 1 Jean 3: 2, 3 et beaucoup d’autres passages).
(*) Ceci n’est pas simplement : posséder une vie communiquée par le Fils de Dieu, mais passer comme être moral d’une condition dans une autre, d’Égypte en Canaan, le désert étant omis et considéré comme un autre sujet. Sous cet aspect la mer Rouge et le Jourdain sont en liaison immédiate.
Notre objet étant dans le ciel, cela fait nécessairement de nous des étrangers et des pèlerins ici-bas, déclarant dans la mesure de notre fidélité que nous recherchons une patrie (Hébr. 11: 14), la patrie à laquelle notre vie appartient. En vertu de cela cette vie se forme pour représenter Christ ici-bas ; elle s’adapte à la scène que nous traversons, y a des devoirs, une obéissance, un service. Le point de départ de cette vie se trouve en ce que, sous un aspect, nous sommes morts et ressuscités avec Christ, et que, sous l’autre, nous sommes assis en Lui dans les lieux célestes. Le second aspect n’est pas notre sujet ici ; il touche à la doctrine des Éphésiens, tandis que le premier est plutôt la doctrine des Colossiens. Christ, comme homme dans ce monde, quoiqu’il fût lui-même cette vie et sa manifestation ici-bas durant le pèlerinage, avait cependant des objets : « À cause de la joie qui était devant lui, il a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis… » (Hébr. 12: 2), et cela est d’un profond intérêt. Sa vie — Dieu lui-même — est davantage la doctrine de Jean ; elle était ce qui devait être exprimé — exprimé dans son adaptation à la terre qu’il traversait ; mais, étant un vrai homme, il marchait, ayant des objets devant lui qui agissaient sur sa conduite.
Le fait qu’il était cette vie et que, pour la vivre, il n’avait pas à mourir à Lui-même, comme nous avons à mourir à notre mauvaise nature, rend son cas plus difficile à saisir ; mais l’obéissance (et il l’a apprise), la souffrance, la patience, tout cela se rapportait à sa position ici-bas ; la compassion, la grâce envers ses disciples et tous les traits de sa vie (bien qu’elle fût divine et qu’il pût dire : le fils de l’homme qui est dans le ciel) toutes ces choses étaient le développement de la vie céleste et divine ici-bas. Son influence était absolue et parfaite dans le cas du Seigneur Jésus. Mais sa vie en relation avec les hommes, bien qu’expression toujours parfaite de l’effet de sa vie de communion céleste et de nature divine, en était évidemment distincte. La joie de la vie céleste mettait absolument de côté tous les motifs d’agir de la vie terrestre ; et, amenant les souffrances de sa vie terrestre en relation avec l’homme, produisait la vie de patience parfaite devant Dieu. En lui tout était sans péché, mais sa joie elle-même était ailleurs — sauf en agissant en grâce au milieu de l’affliction et du péché — une joie divine. Dans le chrétien, aussi, rien n’est commun entre ses deux vies. La nature n’entre nullement dans celle d’en haut. Dans celle d’ici-bas, il est des choses qui tiennent à la nature et au monde, non dans le mauvais sens du mot monde, mais en tant que création. Rien de cela n’entre dans la vie de Canaan.
Christ seul a pu traverser la mort, épuisant sa force en se tenant là pour répandre le sang de l’alliance éternelle, et a pu en ressortir dans la réalité de la puissance de la vie qui était en lui, « car en lui était la vie ». Mais cela eut lieu par une puissance divine propre. Dieu a ressuscité Christ d’entre les morts en témoignage de la pleine acceptation de son oeuvre. Christ étant Dieu pouvait dire : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai ». Et : « Il n’était pas possible qu’il fût retenu par la mort » (Actes 2: 24), mais ce n’est pas par aucune puissance, de vie spirituelle comme homme, qu’il s’est ressuscité lui-même ; quoique nous sachions que, comme il laissa sa vie lui-même, il la reprit, et cela par le commandement qu’il avait reçu de son Père. En sorte qu’en ceci nous ne pouvons séparer la déité et l’humanité. Je parle de l’acte et non de la personne. Il avait le pouvoir de reprendre sa vie, mais c’était toujours l’obéissance. C’est ainsi que nous sentons à chaque pas que nul ne connaît le Fils sinon le Père. Il a frayé ce chemin. Il a fait de la mort une puissance qui détruit cette chair qui nous entrave, et une délivrance de ce qui, en nous, donne prise à l’ennemi avec lequel nous avons à combattre, étant dès lors introduits en Canaan. C’est pour cela que l’apôtre dit : « Toutes choses sont à vous,… soit vie, soit mort ». Or, tout vrai chrétien est mort et ressuscité en Jésus ; le savoir et le réaliser, c’est autre chose. Mais la parole de Dieu nous présente les privilèges du chrétien selon leur vraie force en Christ.
L’Arche de l’Éternel passait devant le peuple qui devait laisser la distance de deux mille coudées entre elle et lui, afin qu’il connût le chemin où il devait marcher ; car il n’avait pas ci-devant passé par ce chemin-là. Qui, en effet, a traversé la mort pour ressusciter au delà de sa puissance, avant que Christ, vraie arche de l’alliance, ait frayé ce chemin ? L’homme innocent et l’homme pécheur n’y pouvaient rien. Ce chemin leur était également inconnu, ainsi que la vie céleste qui en est la suite. Celle-ci, dans sa propre sphère, et dans les exercices dont il est parlé ici, est tout entière au delà du Jourdain ; les scènes des combats spirituels n’appartiennent pas à l’homme dans la vie d’ici-bas, bien que, comme nous l’avons vu, la réalisation des choses célestes dans lesquelles nous sommes introduits, agisse sur le caractère de notre marche, et que les afflictions et les épreuves que nous rencontrons, tendent, par la grâce de Dieu, à nous rendre plus claire la vision de la gloire que nous espérons. (Voyez Rom. 5: 2, 5, et comment le v. 5 revient à l’espérance du v. 2). Toute l’expérience du désert, quelque fidèle qu’elle soit, n’y entre directement pour rien, bien que les grappes de Canaan puissent encourager sa marche. Mais Christ a détruit pour les siens toute puissance de mort, en tant que puissance de l’ennemi et symbole de son empire ; elle n’est que le témoin de la puissance de Jésus. C’est bien la mort mais, comme nous l’avons dit, c’est la mort de ce qui nous entrave.
J’ajouterai quelques courtes remarques. C’est le titre de « Seigneur de toute la terre », que Josué répète comme étant celui que Dieu prend ici (7) ; car c’est en témoignage de cette puissante vérité que Dieu avait planté Israël en Canaan. Aussi Il établira en puissance selon ses conseils ce qui avait été placé entre les mains d’Israël, pour qu’il le gardât selon sa responsabilité. Ce dernier principe est la clef de toute l’histoire de la Bible, quant à l’homme, à Israël, à la loi et à tout ce dont elle s’occupe. Toutes choses sont d’abord confiées à l’homme qui faillit toujours, et alors Dieu les accomplit en bénédiction et en puissance, mais avec une gloire infiniment supérieure, selon ses conseils dans le second Adam, avant la création du monde.
Ainsi ce chapitre nous fournit des indices très clairs de ce
dont Dieu assure l’accomplissement dans les derniers jours, lorsqu’il se
montrera en effet Seigneur de toute la terre, en Israël ramené en grâce par sa
puissante efficace. Et il faut être attentif à ce témoignage rendu au but de
Dieu en établissant Israël dans sa terre. Le temps de la moisson viendra et la
force de l’ennemi débordera. Mais comme chrétien on est déjà au delà. La force
de l’ennemi a franchi toute limite dans la mort de Jésus, et l’on ne dit pas maintenant :
« Seigneur de toute la terre », mais : « Il a toute puissance dans les cieux et sur la terre
».
Remarquons encore comment Dieu encourage son peuple. Il faut combattre, il faut que la plante des pieds soit posée en chaque lieu de la terre de promesse pour la posséder, et que dans les combats on sente et la force de l’ennemi et l’entière dépendance de Dieu. Mais quand on combat franchement pour lui, Dieu veut aussi qu’on sache que la victoire est assurée. Les espions disent à Josué : « Oui, l’Éternel a livré tout le pays en nos mains, et aussi tous les habitants du pays se fondent devant nous ». Voilà ce qu’on sait et ce qu’on éprouve par le témoignage du Saint Esprit, si différent de celui de la chair, apporté par les dix hommes qui étaient revenus avec Caleb et Josué.
Mais si l’on est introduit dans une vie qui est au delà
de la mort par la puissance de
l’Esprit de Dieu, en tant que morts et ressuscités eu Christ, il faut se
souvenir de cette mort par laquelle on a été délivré de ce qui était en deçà d’elle,
de la ruine de l’homme
tel qu’il est et de la création déchue à laquelle il appartient. Douze hommes,
un de chaque tribu, devaient apporter des pierres du milieu du Jourdain, du
lieu où les sacrificateurs s’arrêtaient de pied ferme avec l’Arche, pendant que
tout Israël passait à sec. Le Saint Esprit apporte avec lui, pour ainsi dire,
le mémorial émouvant de la mort de Jésus, par la puissante efficace de laquelle
il a fait tourner en vie et en délivrance tout l’effet de la force de l’ennemi de
nos âmes. La mort monte avec nous du fond de la tombe de Jésus, non plus
maintenant comme mort ; elle est devenue vie pour nous. Ce mémorial devait
être placé à Guilgal, circonstance dont la force sera considérée dans le
chapitre suivant ; nous ne nous arrêtons ici que sur le mémorial même. Les
douze pierres pour les douze tribus présentaient l’ensemble des tribus de Dieu.
Ce nombre est le signe de la perfection dans les instruments humains, en
rapport ici comme ailleurs avec le Christ, comme dans le cas des pains de
proposition.
Ici encore l’Esprit nous assigne une place plus avancée, à nous chrétiens. Il y avait douze pains de proposition, et nous n’en formons qu’un seul dans notre vie d’union par le Saint Esprit avec Christ notre chef, vie qui est celle dont nous parlons ici. Or, c’est sa mort qui nous est rappelée par le mémorial que nous a laissé la tendre bonté du Seigneur, qui daigne attacher du prix à notre souvenir de son amour.
Je ne parle ici de ce mémorial que comme étant le signe de ce
qui devrait toujours être une réalité. Nous mangeons sa chair, nous nous
abreuvons de sa vie donnée pour nous. Étant un
maintenant dans la puissance de notre union avec Christ ressuscité et glorifié,
car je parle ici de notre position tout entière, étant morts au monde et au
péché, c’est du fond du fleuve où Il est entré pour en faire le chemin de la
vie pour nous, de la vie céleste, que nous rapportons le précieux mémorial de
son amour et du lieu où il a accompli son oeuvre. C’est un corps (*) dont la vie par le sang est terminée, que nous
mangeons, un sang versé
que nous
buvons ; et c’est pourquoi le sang était absolument interdit à Israël
selon la chair ; car, comment boire la mort quand on est mortel ?
Mais nous nous en abreuvons, parce que, vivant avec Lui, nous vivons par la
mort de Christ, et c’est en réalisant la mort de ce qui est mortel que nous
vivons avec lui. Le souvenir du Jourdain, de la mort lorsque Christ y était,
est celui de la puissance qui a assuré notre délivrance dans la dernière
forteresse de celui qui avait l’empire de la mort. C’est le souvenir de l’amour
qui y est descendu, afin que, quant à nous, elle perdît toute sa puissance,
sauf pour nous faire du bien et nous être témoin d’un amour infini et immuable.
(*) Le mot rompu
(1
Cor. 11: 24) a été introduit à tort dans le texte ordinaire. Ce fut après que,
dans l’intégrité de sa force, il eut remis son esprit entre les mains de son
Père, que le sang fut répandu par la lance du soldat. Il a laissé sa vie de
Lui-même.
La puissance de la vie en résurrection ôte toute force à Satan.
« Celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche
pas ». Dans notre vie terrestre, ayant la chair en nous, nous sommes exposés à
la puissance de l’ennemi, quoique la grâce de Christ soit suffisante pour nous,
sa puissance s’accomplissant dans l’infirmité, mais la créature n’a pas de
force contre lui, lors même qu’elle ne serait pas entraînée dans un mal
positif. Mais si la mort est devenue notre abri, nous faisant mourir à tout ce
qui donne prise à Satan, celui-ci que pourrait-il faire ? Peut-il tenter
un mort ou vaincre celui qui vit après la mort ? Or, si cela est vrai, le
réaliser en pratique est nécessaire aussi. Vous êtes morts, c’est pourquoi mortifiez
(Col. 3). C’est là ce que veut
dire Guilgal. Bien plus, il nous faut toujours porter dans le corps la mort de
Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps. (2 Cor.
4: 10) (*).
(*) Col. 3: 3 est la déclaration de Dieu au sujet de notre position. Rom. 6, l’exhortation à prendre cette position par la foi. 2 Cor. 4, sa réalisation en pratique quant à l’homme intérieur. De même Col. 3: 5-17.
Il ne s’agit pas encore de prendre des villes, de réaliser les magnifiques promesses de Dieu. Il faut auparavant la mortification de soi-même. Avant de vaincre Madian, Gédéon a dû renverser l’autel qui était chez lui.
Remarquez ensuite que le désert n’est pas le lieu où s’accomplit la circoncision, lors même qu’on y a été fidèle. Le désert est le caractère que prend le monde quand nous avons été rachetés. C’est là que la chair qui est en nous est actuellement éprouvée. La mort et notre entrée dans les lieux célestes jugent toute la nature dans laquelle nous vivons dans ce monde. Mais alors, en vertu de notre mort et de notre résurrection avec Christ, la mort est appliquée pratiquement et la circoncision est l’application de la puissance de l’Esprit à la mortification de la chair chez celui qui a part à la mort et à la résurrection de Jésus. (Comp. 2 Cor. 4: 10, 12). Ainsi, Paul dit (Phil. 3) : « Nous sommes la circoncision ». Quant à la vie extérieurement morale, il l’avait déjà. Avait-il ajouté la vraie piété à sa religion de forme, la vraie crainte de Dieu à ses bonnes oeuvres ?
C’était bien plus que cela. Christ avait tout remplacé en lui : premièrement, en fait de justice, ce qui est le fondement ; mais, de plus, l’apôtre dit : « Pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection… étant rendu conforme à sa mort, si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts ». Aussi, est-ce en courant vers le but qu’il attend la venue de Jésus, pour accomplir cette résurrection, quant à son corps. Dans l’épître aux Colossiens, chap. 2, il nous parle, de la circoncision de Christ. Est-ce seulement qu’il a cessé de pécher (effet certain, au reste, de cette oeuvre de Dieu) ? Non ; car pour décrire cette oeuvre de Dieu, il ajoute : « Étant ensevelis avec Lui par le baptême, par lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts ». Les conséquences de la vie céleste se trouvent au chapitre 3, verset 1, qui est en rapport immédiat avec le verset que nous venons de citer. Aussi l’oeuvre est-elle ici couronnée par la manifestation des saints avec Jésus lorsqu’Il paraîtra, non pas lorsqu’Il viendra les enlever. La part céleste est omise dans les Colossiens, sauf que notre vie est cachée dans le ciel et que ce qui s’y trouve est un effet de l’espérance. Nous sommes rendus « capables d’y participer » et c’est précisément ce que notre passage nous présente.
Notre Guilgal est au 5° verset. « Mortifiez donc … » Ce n’est
pas : « Mourir au péché », « Mortifiez » est une puissance active. Cela repose
sur la puissance de ce qui est déjà vrai pour la foi. Vous êtes morts,
mortifiez donc. — Étant dans cette position, on la réalise. « Tenez-vous
vous-mêmes pour morts », dit l’apôtre (Rom. 6), en parlant du même sujet (1*). C’est la force en pratique de la figure des
pierres tirées du Jourdain. Elles étaient un signe de notre union avec Christ
qui a été mort (2*). Mais nous sommes aussi
ressuscités avec Lui (3*), comme étant morts
avec Lui. Mais il y a un autre aspect de la vérité : « Nous étions morts
dans nos péchés ». Il descendit en grâce où nous étions, et descendant ainsi les
expia. Dieu nous a ressuscités avec Lui, nous ayant pardonné tous nos péchés (4*). Tout ce qu’il a fait était pour nous. Associé
avec Lui vivant, uni à Lui par l’Esprit, je suis aussi assis en
Lui, mais pas encore avec Lui dans
les lieux célestes (5*). Je m’approprie, ou
plutôt, Dieu m’attribue tout ce qu’il a fait, comme si cela me fût arrivé à
moi-même ; il est mort au péché, en Lui je suis mort au péché. Alors, je
« mortifie » ; ce qu’on ne saurait faire comme étant encore vivant dans la chair.
Où était la vie et la nature dans laquelle on pouvait le faire ? Dans les
Colossiens, je suis ressuscité avec Lui, et aussi assis en Lui dans les lieux
célestes, mais cette épître ne nous présente pas la doctrine des Éphésiens au
sujet du dessein et des conseils de Dieu, doctrine qui nous fait voir, comme
conséquence de l’exaltation de Christ à la droite de Dieu, le simple acte de
puissance divine qui nous prend, lorsque nous étions morts dans nos péchés,
pour nous placer en Lui. Dans les Colossiens nous trouvons, pour ainsi dire,
les opérations par lesquelles nous passons, comme ayant été vivants (non pas
morts) dans nos péchés, pour être amenés, par la mort, dans une vie meilleure
en Christ. L’autre côté, celui des Éphésiens, est également vrai, ce qui me fait
en parler, mais les Colossiens nous parlent du changement, — d’un changement
essentiel, mais subjectif, quant à la mort et à la résurrection. Il correspond
à ce que nous enseigne en type le livre de Josué.
(1*) Cette progression présente trois degrés : 1° Le jugement de Dieu : « Vous êtes morts ». 2° L’acceptation de ce jugement par la foi : « Tenez-vous vous-mêmes pour morts ». 3° Enfin sa réalisation en pratique : « Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus ».
(2*) L’épître aux Romains ne nous sort pas du désert, mais nous parle de la position que la mort de Christ nous y a donnée. La foi accepte cette position : la mort au péché et la vie à Dieu dans ce monde. Cette vie à Dieu est la conséquence du fait que nous avons été sauvés par sa mort et baptisés pour elle ; mais l’épître aux Romains ne parle pas de notre résurrection, car cette dernière nous sort du désert. C’est le sujet de l’épître aux Colossiens et du Jourdain.
(3*) L’épître aux Colossiens ne va pas au-delà.
(4*) L’épître aux Colossiens ne va pas au-delà, seulement elle ne nous considère pas comme morts dans nos péchés, mais comme ayant vécu dans le péché et étant maintenant morts et ressuscités.
(5*) C’est l’enseignement de l’épître aux Éphésiens. C’est l’acte souverain de la puissance divine qui nous a pris lorsque nous étions morts dans nos péchés et nous a placés en Christ.
Or, la circoncision étant l’application pratique de la mort de Christ, au péché, à tout ce qui est appelé « le corps de la chair » (Col. 2: 11), et qui s’oppose à notre condition d’hommes ressuscités avec Christ, nous nous souvenons de la mort de Jésus, et la mortification de nos membres qui sont sur la terre s’accomplit par la grâce, dans la conscience de la grâce. Autrement, ce ne serait que l’effort d’une âme sous la loi, et dans ce cas on aurait une mauvaise conscience et point de force. C’est ce qu’ont essayé des moines sincères ; mais la grâce, Christ et sa force n’étaient pas dans leur tentative. S’il y avait de la sincérité, il y avait aussi la misère spirituelle la plus profonde. Pour mortifier, il faut la vie ; et si nous avons la vie, nous sommes déjà morts en Celui qui est mort pour nous.
C’étaient des pierres prises au fond du Jourdain qui étaient posées en Guilgal, et le Jourdain était déjà passé avant qu’Israël fût circoncis. Le mémorial de la grâce et de la mort comme témoignage d’un amour qui a accompli notre salut, en s’occupant en grâce de nos péchés, se trouvait là où la mort au péché devait avoir lieu. Christ mort pour les péchés, en amour parfait, en efficace immanquable, et sa mort au péché, nous donnent la paix par son sang au sujet du péché et des péchés, mais aussi nous rendent capables, par grâce, de nous tenir nous-mêmes pour morts au péché, et de mortifier nos membres qui sont sur la terre.
En chaque circonstance il faut donc se souvenir qu’on est mort et se dire : Si je suis mort par la grâce, qu’ai-je à faire du péché, qui suppose que je vis encore ? C’est dans cette mort qu’est Christ dans la beauté et dans la puissance de sa grâce, c’est la délivrance même, et moralement l’introduction dans une condition qui nous rend « capables de participer au lot des saints dans la lumière ». Quant au progrès, l’apôtre dit : Je poursuis, cherchant à le saisir, vu aussi que j’ai été saisi par le Christ ». Mais ce n’est pas le sujet qui nous occupe.
Ainsi, en étant mort, et seulement ainsi, l’opprobre d’Égypte
sera ôté. Tout signe du monde est un opprobre pour celui qui est céleste.
L’homme céleste seul qui est mort avec Christ, se débarrasse de ce qui tient à
l’Égypte. Or, la vie de la chair y tient toujours ; mais le principe de la
mondanité est déraciné chez celui qui est mort et ressuscité avec Christ, et
qui vit d’une vie céleste. Il y a dans la vie de l’homme vivant comme tel dans
ce monde (Col. 2: 20), un lien nécessaire avec le monde tel que Dieu le voit,
c’est-à-dire pécheur et corrompu ; il n’y en a plus chez un mort. La vie
d’un ressuscité n’est pas de ce monde, elle n’a pas de lien avec lui. Celui qui
la possède peut le traverser et faire bien des choses que d’autres font. Il
mange, travaille, souffre ; mais, quant à sa vie et à son but, il n’est
pas du monde, comme Christ n’était pas du monde. C’est Christ, ressuscité et
monté en haut, qui est sa vie. Il mate sa chair, il la mortifie ; car elle
est de fait ici-bas , mais lui ne vit pas en elle. Le camp était toujours
à Guilgal. C’est là qu’après
ses victoires et ses conquêtes, se rendait le peuple, — armée de l’Éternel. Si
nous ne le faisons pas, nous serons faibles, la chair nous trahira et nous serons
livrés à l’ennemi au moment du combat, et même du combat sincèrement engagé
dans l’oeuvre de Dieu. C’est à Guilgal qu’est élevé le monument des pierres du
Jourdain ; car, si la conscience d’être mort avec Jésus est nécessaire
pour pouvoir mortifier la chair, c’est dans cette mortification qu’on parvient
à connaître pratiquement ce que c’est qu’être ainsi mort.
On ne réalise pas la communion intérieure (je ne parle pas maintenant de la justification), la douce et divine jouissance de la mort de Jésus pour nous, avec une chair non mortifiée. Cela ne se peut pas. Mais, si l’on revient à Guilgal, à la mortification bénie de notre propre chair, on y trouve toute la douceur (et elle est infinie), toute la puissante efficace de cette communion avec la mort de Jésus, avec l’amour qui s’y est manifesté. « Portant toujours partout », dit l’apôtre, « dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4: 10). Ainsi nous ne restons pas dans le Jourdain ; mais il reste dans le coeur tout ce qu’il y a de précieux dans cette oeuvre magnifique, oeuvre que les anges désirent sonder, qui est pour nous, et que Christ nous approprie dans son amour. Il se trouve avec nous à Guilgal, endroit sans apparence ni victoire qui ait de l’éclat devant les hommes, mais où Celui qui est la source de toute victoire, se trouve dans la force et la communion qui nous rendent capables de vaincre.
Mais il y avait encore douze pierres posées au milieu du
Jourdain ; et, en effet, si nous appliquons la puissance de la mort de
Christ à la mortification de la chair, le coeur exercé et jouissant pleinement
des choses célestes aime à retourner vers le Jourdain, là même où Christ est
entré en puissance de vie et d’obéissance, pour contempler cette Arche de
l’alliance, qui a été là et a bridé ces eaux impétueuses jusqu’à ce que le
peuple fût passé. On aime, en considérant la force de la mort dans toute son
étendue, y contempler Jésus qui y est entré, mais qui en a détruit la puissance
pour nous. Dans le débordement des nations, Christ sera la sûreté et la
délivrance d’Israël ; mais il a été notre sûreté et notre délivrance à
l’égard d’ennemis plus terribles encore. Le coeur aime à se placer au bord de
ce fleuve déjà traversé, et à réaliser, en étudiant ce que Jésus a été,
l’oeuvre et l’amour étonnant de Celui qui y est entré seul
, jusqu’à ce que tout fût accompli. — Mais, dans un sens, nous
y étions ; les douze pierres montrent que le peuple se rattachait à cette
oeuvre, quoique l’Arche seule y ait été. lorsqu’il s’est agi de brider le
fleuve.
Les Psaumes nous donnent particulièrement à contempler ainsi le Seigneur, maintenant que nous sommes en paix au delà du fleuve. Oh ! si l’Église savait s’asseoir là, et y étudier Jésus, descendu seul dans la mort qui « regorgeait par-dessus tous ses bords », atteint par son aiguillon et par la puissance du jugement divin qui en était la conséquence ! En doctrine, les Psaumes montrent aussi la liaison entre la mort de Jésus et le passage du fleuve de tribulation par Israël aux derniers jours.
Voilà donc le peuple hors d’Égypte et en Canaan, selon la vérité de la promesse de Dieu, mais ne possédant actuellement rien en Canaan et n’ayant encore remporté aucune victoire. Nous avons ici un type de ce que les Colossiens nous enseignent : « Rendus capables de participer », mais n’ayant encore « le lot des saints dans la lumière » qu’en espérance (*), non seulement racheté d’Égypte, mais introduit en Canaan, l’opprobre d’Égypte étant ôté et le peuple de Dieu ayant pris sa place à Guilgal, cette vraie circoncision du coeur dont nous avons parlé.
(*) L’état de Christ (il est vrai, déjà ressuscité) entre sa résurrection et son ascension, nous aide à comprendre cela. Il appartenait évidemment au ciel et non pas à ce monde, quoiqu’il ne fût pas dans le ciel.
Israël campait à Guilgal.
Le caractère de la communion du peuple avec Dieu est signalé avant ses victoires. Il célèbre la Pâque dans les campagnes de Jéricho. L’Éternel leur a dressé une table en présence de leurs ennemis.
Ce n’était plus comme en Égypte, le sang mis sur le linteau et les deux poteaux, afin qu’Israël fût à couvert de la vengeance, et garanti du juste jugement qui mettait la frayeur où n’était pas le sang.
Nous avons besoin du sang de Christ de cette manière, étant dans le domaine du péché et de Satan, quoique appelés de Dieu à en sortir. La justice de Dieu et nos consciences l’exigent. Ce n’est plus cela ici ; c’est le mémorial d’une délivrance accomplie. Ce n’est pas non plus la participation par la grâce à la puissance de la mort et de la résurrection de Christ. C’est la communion du coeur, c’est le doux souvenir spirituel d’une oeuvre toute de Lui, de sa mort comme Agneau sans tache. Nous en mangeons, comme étant son peuple racheté, dans la jouissance de cette position dans le pays de promesse et de Dieu, pays qui nous appartient à la suite de ce rachat et de notre résurrection avec Christ. On ne jouit ainsi de la mort de Jésus qu’au delà dit Jourdain, étant ressuscité avec Lui. Alors, en paix, dans sa communion et avec un sentiment ineffable d’action de grâces, on revient à la mort de l’Agneau, on le contemple, on s’en nourrit ; le bonheur et l’intelligence célestes ne font qu’ajouter à son prix.
Dès le lendemain de la Pâque, le peuple mangea du cru du pays. Ainsi ressuscités et assis en espérance dans les lieux célestes, c’est un Christ céleste qui nourrit et entretient l’âme dans la vigueur et dans la joie (*). Dès lors aussi, la manne cesse. Ceci est d’autant plus remarquable, que Christ, nous le savons, est la vraie manne ; mais Christ ici-bas, Christ selon la chair, adapté à l’homme et à ses besoins dans le désert, bien qu’il ne soit jamais oublié comme tel. Je contemple avec adoration Jésus (Dieu manifesté en chair), je nourris mon âme des attraits puissants de sa grâce dans son humiliation, je jouis du précieux témoignage de l’amour de Celui qui a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs ; j’apprends à n’être rien en suivant Celui qui a pris la dernière place. C’est de cette manière que sont entretenues les douces affections du coeur pendant notre passage ici-bas. Toutefois, dans cet état, il restait seul. Le grain de froment doit tomber en terre et y mourir, sinon il reste seul.
(*) Remarquons aussi que la simplicité et la sincérité chrétienne, la sainteté pratique de la vie chrétienne, le pain sans levain (qui se mangeait le lendemain de la Pâque) est une chose céleste. Rien en deçà du Jourdain ne peut l’être : c’est du cru de ce pays-là ; aussi se lie-t-il à Jésus et à la paix de sa mort comme à une chose qui précède.
Mais, tout en connaissant ce qu’il a été, c’est un Christ assis là-haut, descendu du ciel, mort et ressuscité, remonté où il était auparavant, que je connais maintenant. Le mémorial de sa mort dont nous avons parlé, est bien sans doute la base de tout. Rien de plus précieux. Mais c’est maintenant à un Christ céleste que nous avons affaire.
Nous contemplons, en cherchant à l’imiter, ce précieux modèle qu’il nous a donné comme homme céleste sur la terre. Mais, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit. Il s’est sanctifié lui-même pour nous, afin que nous soyons sanctifiés par la vérité. Nous trouvons nos délices dans la contemplation de toute sa grâce ici-bas, et nos affections sont attirées par un Sauveur souffrant. Rien de plus précieux que de voir le Fils de Dieu gagner la confiance du coeur des hommes envers Dieu, par son amour pour eux quand ils étaient encore entièrement éloignés de Lui. Mais notre communion actuelle est avec un Christ dans le ciel. Et le Christ que nous connaissons sur la terre est un Christ céleste, et non un Christ terrestre, comme les Juifs le connaîtront plus tard. C’était sans doute le pain sur la terre, mais le pain descendu du ciel, et c’est une considération très importante. En traversant le désert (et nous le traversons), Christ, comme manne, nous est infiniment précieux. Son humiliation, sa grâce nous consolent, nous soulagent aussi et nous soutiennent : nous sentons qu’il a passé par les mêmes épreuves ; et le coeur est soutenu par cette pensée, que ce même Christ est avec nous. C’est le Christ dont nous avons besoin pour le désert, le pain descendu du ciel.
Mais, comme peuple céleste, c’est Christ comme appartenant au ciel et les choses célestes qui sont notre nourriture, en tant qu’associés avec Lui, « le vieux blé du pays » ; car c’est à Christ assis en haut que nous sommes unis ; c’est là qu’il est notre vie. En un mot, nous nous nourrissons des choses célestes, de Christ là-haut, de Christ humilié et mort comme doux souvenir, de Christ vivant comme puissance actuelle de vie et de grâce. Nous nous nourrissons du souvenir de Christ sur la croix : c’est la Pâque. Mais nous célébrons la fête avec un Christ, centre des choses célestes (Col. 3: 1-2), et en nous nourrissant de tout ce qui se trouve en elles. C’est le cru du pays dans lequel nous sommes entrés, car Christ est du ciel.
Ainsi, avant de livrer le combat, devant les murs mêmes de Jéricho, signe de la puissance de l’ennemi, Dieu nous donne de jouir du fruit du pays comme étant tout à nous. On se souvient de la mort de Jésus comme d’un rachat dès longtemps accompli, et l’on se nourrit du cru du pays et des choses célestes comme nous appartenant actuellement. Car, étant ressuscités avec Christ par sa grâce, tout est à nous.
Après ce beau tableau de la position et des privilèges du peuple de Dieu, qui, selon les droits de Dieu lui-même, pouvait jouir de tout avant de livrer un seul combat, ces combats doivent ensuite arriver. Or une chose est nécessaire pour entrer en guerre et conquérir les bénédictions.
Le Seigneur se présente comme chef de l’armée de l’Éternel : c’est lui-même qui nous conduit. Il est là, une épée nue à la main. Dans les choses célestes, la foi ne connaît pas de neutralité (*). Josué demande : « Es-tu pour nous, ou pour nos ennemis ? Et il dit : Non, car c’est comme chef de l’armée de l’Éternel que je suis venu maintenant ». (v. 14). Or, la présence du Seigneur comme chef de l’armée exige la sainteté et le respect, autant que lorsqu’il descend pour la rédemption de son peuple (Ex. 3), dans la sainteté et la majesté divines, manifestées selon leurs justes exigences dans la mort de Jésus, qui s’est donné afin de les relever et de les assurer pour toujours. Tel qu’était Celui qui s’appelle « Je suis », lorsqu’il est ainsi descendu en justice et en majesté, tel est-il lorsqu’il se place au milieu de son peuple pour le bénir et le conduire dans le combat.
(*) Je dis dans les choses célestes, parce que le coeur peut bien reconnaître de belles qualités dans la créature. Le Seigneur a aimé le jeune homme riche. lorsqu’il a entendu ses réponses. Mais lorsqu’il s’agit de suivre un Sauveur rejeté, et monté en haut, la volonté se dessine toujours pour ou contre. La foi le sait ; elle connaît aussi les droits de Dieu et les maintient.
La toute-puissance de Dieu est avec l’Église dans ses
combats : mais sa toute-sainteté y est aussi, et Dieu ne fera pas valoir
sa puissance si sa sainteté est compromise par les souillures, la négligence et
l’insouciante légèreté des siens, par le manque du sentiment qui convient à la présence de Dieu lui-même ; car
c’est Dieu lui-même qui est là
.
Dans le chapitre 6, nous trouvons les principes sur lesquels sont basées les conquêtes des Israélites. L’oeuvre est tout entière de Dieu. Il peut bien exercer son peuple dans le combat, mais c’est Lui qui fait tout. Chacun monte devant soi. Il y a là soumission à l’emploi des moyens, contentement à suivre une marche absurde et sans but aux yeux du monde, mais qui proclame hautement la présence de l’Éternel au milieu de son peuple, une entière dépendance de Dieu, une parfaite confiance en Lui, qui déclare en face de tous qu’on a à faire ce qu’il dit.
La promesse est sûre ; on agit en obéissance ; voilà le principe. Josué, type de l’énergie et de l’intelligence du Saint Esprit dans un homme qui jouit de la communion du Seigneur, est assuré de la réussite, et dans cette conviction de foi il agit sans hésitation. Effectivement toute la puissance de l’ennemi tombe sans l’emploi d’aucun moyen dont il puisse se rendre compte.
Un autre principe, c’est qu’il ne peut y avoir aucune communion quelconque avec ce qui fait la puissance de l’ennemi de Dieu, avec le monde et ce qui en fait la force : tout est interdit. Il en est de même avec nous dans ce monde. Si le monde de Sodome avait enrichi Abraham, Abraham aurait été dépendant de ce monde ; il lui aurait dû quelque chose ; il n’aurait pas été libre de ce monde pour être entièrement à Dieu. Si l’on prend de l’interdit, on devient « interdit ». Dieu peut employer ces choses en se les consacrant, s’il le veut : mais si l’homme, si le chrétien s’en mêle, le Seigneur le jugera. Les murs qui montent jusqu’au ciel, les plus grands obstacles ne sont rien ; comment peut-il y avoir un obstacle pour Dieu ? mais la sainteté, la séparation complète du monde, parce que la puissance est de Dieu, voilà ce qui est la condition de la force. Jéricho, expression de la force et des armes de l’ennemi, en tant que première ville placée comme barrière pour arrêter la marche du peuple de Dieu, est mise pour toujours en interdit, et un jugement est prononcé contre celui qui la relèverait. (Voyez 1 Rois 16: 34). Les principes abstraits de la force de Dieu et de la puissance de l’ennemi, sont présentés par cette ville dans leur évidence et leur contraste. Or, si Dieu est là, et le monde entièrement condamné, sa grâce retire de ce monde un peuple qui par la foi est sauvé de ses abominations, et Rahab, une pauvre pécheresse indigne, est sauvée de ce jugement, prend place avec le peuple de Dieu et en fait partie. De plus, elle entre dans la lignée royale du Seigneur (Matth. 1: 5).
Le chapitre 7 expose les principes du gouvernement de Dieu ou ses voies au milieu de son peuple engagé dans le combat. La victoire amène de la négligence. On croit que l’oeuvre est facile. À la suite de la manifestation de la puissance de Dieu, on a une certaine confiance, qui en réalité n’est que la confiance en soi-même, car elle néglige Dieu. Ce qui le prouve, c’est que Dieu n’est pas consulté. Aï n’était qu’une petite ville ; deux ou trois mille hommes devaient facilement s’en rendre maîtres ; on a reconnu le pays, mais Dieu est oublié. Nous allons en voir les conséquences. Si l’on avait consulté l’Éternel, ou bien il n’eût pas répondu à cause de l’interdit, ou il aurait signalé cet interdit. Mais on ne le consulte pas ; on va de l’avant, et l’on est battu. Le peuple de Dieu, entouré de ses ennemis, a perdu sa force et recule devant la plus petite ville du pays. Que fera-t-il maintenant ? C’est ce qu’il ne sait pas ; il est engagé dans le combat et ne peut pas vaincre. Que fait-il là, où la victoire seule peut le mettre en sûreté ? « Le coeur du peuple se fondit et devint comme de l’eau ». Josué crie à l’Éternel ; car dans un pareil cas, l’homme même qui a l’Esprit se trouve pris au dépourvu, n’ayant pas agi selon l’Esprit. Il faut se jeter à terre devant l’Éternel, car la position n’est pas normale, n’est pas selon l’Esprit, seul guide et seule sagesse de son peuple. Toutefois, Josué rappelle la puissance par laquelle Dieu avait fait traverser le Jourdain au peuple, et la met en contraste avec sa position actuelle, qui ne s’y accordait nullement. « Pourquoi donc as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple, pour nous livrer en la main de l’Amoréen, pour nous faire périr ? Si seulement nous avions su être contents, et que nous fussions demeurés au delà du Jourdain ! Hélas, Seigneur ! que dirai-je ? »
C’était un état d’âme troublé : l’effet de l’incrédulité mêlée avec les souvenirs de ce qu’avait fait la puissance de Dieu, dont Josué rappelle les merveilles. Josué aime le peuple et il place devant Dieu la gloire de son nom ; mais avec un désir craintif d’être demeuré de l’autre côté du Jourdain (et que faire là ? car l’incrédulité raisonne toujours mal), hors du combat qui amenait ces désastres, désir qui trahissait l’incrédulité dont son coeur était troublé.
Tel est l’état de l’âme du croyant dans le combat où l’introduit le Saint Esprit, lorsque intérieurement cet état ne répond pas à la présence du Saint Esprit, seule force dans le combat. Il n’y a pas moyen d’en sortir. Sa position exige absolument la puissance ; mais la nature de Celui qui agit se refuse nécessairement à l’emploi de cette puissance. On se plaint, on reconnaît la puissance, on craint l’ennemi. On parle de la gloire de Dieu ; mais on pense à sa propre frayeur et à son état à soi. Cependant la chose était fort simple : « Israël a péché ». L’homme, même celui qui est spirituel, regarde aux effets, parce qu’ils le touchent de près, tout en reconnaissant la puissance de Dieu et le lien entre Lui et son peuple. Mais Dieu regarde à la cause et en même temps à ce qu’Il est. Il est amour, il est vrai ; mais il ne veut pas sacrifier les principes de son Être même, ni se renier lui-même dans les relations qui sont fondées sur ce qu’Il est. Sa gloire est certainement liée par la grâce au bien-être de son peuple : mais il saura la revendiquer et même bénir son peuple à la fin, sans compromettre ses principes. La foi doit compter sur le résultat certain de Sa fidélité, mais doit mettre le coeur, soumis aux voies de Dieu, en accord avec ces principes.
Ce ne serait pas maintenir sa gloire au milieu de son peuple, s’il permettait en lui des choses contraires à son caractère essentiel et usait de sa puissance pour maintenir le peuple dans un état qui renierait Sa nature ; la relation serait faussée et Dieu lui-même compromis, chose absolument impossible. Il y avait du péché, et la force de Dieu ne se trouvait plus là ; car Dieu ne veut pas s’identifier avec le péché.
Et souvenons-nous ici, qu’il y avait aussi du péché dans la négligence qui allait de l’avant sans consulter Dieu. Le cri de Josué n’amène pas tout de suite la délivrance, mais premièrement la découverte du péché, à l’égard duquel Dieu est très précis et très exact. Remarquez qu’il sonde tout et prend connaissance des plus petits détails quand il s’agit du gouvernement de son peuple. (Voyez le verset 11 de ce chapitre 7).
Aussi Dieu ne dit-il pas qu’ils continueraient à être faibles ; mais « ils ne pourront subsister ». Triste changement ! Auparavant, c’était : « Nul ne pourra subsister devant toi » ; maintenant ils ne pourront subsister eux-mêmes. Quand il n’y a pas sainteté, Dieu laisse voir en pratique la faiblesse de son peuple ; car il n’y a de force qu’en Lui, et Lui ne veut pas sortir avec eux, ni donner ainsi sanction et encouragement au péché. Cependant remarquons ici, que souvent Dieu ne retire pas tout de suite sa bénédiction de ceux qui ne sont pas fidèles : il les châtiera d’un côté, et les bénira de l’autre. Il agit avec patience, il les instruit dans sa grâce ; il ne les bénit pas là où le mal se trouve, mais il agit avec une tendresse admirable et une parfaite connaissance de cause, se donnant la peine, pour ainsi dire, de suivre l’âme en détail, selon son état et pour son bien ; car il est plein de grâce. Que de fois il attend ainsi la repentance de son peuple ! Hélas, que de fois il l’attend en vain ! Mais ici, nous avons le grand principe sur lequel il agit, comme en Jéricho sa puissance exercée en faveur de son peuple, manifestant que tout est entièrement de Lui.
Un autre principe important nous est présenté ici : le peuple de Dieu est solidaire, quant aux effets du péché qui s’y trouve. La présence de Dieu est au milieu de Lui. Le péché s’y commet. Il y est. Or, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, là, et un seul peuple, et que Dieu est offensé, Dieu ne peut agir, et tout le peuple en subit les conséquences, car Dieu est sa seule force. Le seul remède est d’ôter l’interdit.
Nous trouvons la même chose à Corinthe, modifiée selon les principes de la grâce : il faut que le méchant soit ôté. Sans cela, le peuple est solidaire du péché, jusqu’à ce qu’il l’ait ôté et se soit ainsi « montré pur dans cette affaire ». En le faisant, il prend le parti de Dieu contre le péché, et la relation entre le corps et Dieu se rétablit dans son état normal. Cependant tout cela ne manquera pas de produire certains effets pénibles. Lorsqu’il y a de l’interdit, bien que Dieu soit glorifié en ce que la perfection de ses voies est manifestée, de même que sa jalousie du mal, sa connaissance parfaite de tout ce qui se passe (car la confession d’Acan montrait la justice de Dieu et le peuple n’avait rien à dire), toutefois, quoique le péché ne soit plus nié, il faut que la discipline s’effectue. Acan, dont le péché avait été mis à découvert par l’obéissance du peuple ou de Josué aux directions de l’Éternel, ne fait que ratifier aux yeux de tous, par sa confession, le juste jugement de l’Éternel.
Mais il est bon de se souvenir ici, que la discipline chrétienne a toujours pour but de rétablir l’âme. Lors même que celui qui est en chute serait livré à Satan, c’est pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé dans le jour du Seigneur, raison de toute force pour exercer cette discipline selon la capacité spirituelle de ceux qui le font, au delà de laquelle ils ne sauraient aller. On pourra du moins toujours s’affliger devant Dieu, afin que le mal soit ôté. Être indifférent à la présence du mal dans l’Église, c’est être coupable de haute trahison envers Dieu ; c’est profiter de son amour pour nier sa sainteté, le mépriser et le déshonorer devant tous. Dieu agit en amour dans l’Église ; mais il agit avec sainteté et pour conserver la sainteté, sinon ce ne serait pas rechercher le bonheur des âmes.
Il est intéressant de voir que cette vallée d’Acor, témoin et mémorial du premier pas dans le péché d’Israël introduit au pays, soit donnée à ce peuple comme « porte d’espérance » (Osée 2: 15), lorsque la grâce souveraine de Dieu agira. Il en est toujours ainsi. Craignez le péché, mais ne craignez pas l’amertume de sa découverte, ni celle de son châtiment : c’est là que Dieu commence à reprendre le chemin de la bénédiction. Que son nom de grâce en soit béni ! Suivons l’histoire de ce rétablissement du peuple dans la faveur de Dieu. Hélas ! Shinhar (Babylone) et l’argent commencent bientôt leur influence dans les voies du peuple de Dieu ; il les trouve chez ses ennemis, et le coeur charnel les convoite. Remarquez aussi que, s’il y a fidélité et obéissance, Dieu ne manque jamais de montrer et d’ôter ce qui empêche la bénédiction de son peuple.
Le chapitre 8 nous montre le retour d’Israël à sa force en Dieu.
Si tout le peuple a été compromis par le péché d’Acan, il faut qu’il soit rétabli dans la confiance d’une manière sensible, qu’il soit affermi, et que par conséquent il subisse ce qui est nécessaire pour son rétablissement. Il doit faire des expériences. On en éviterait beaucoup en marchant dans la simplicité et l’intégrité de la foi. Jacob en fit plus qu’Abraham, et c’est lors de ses infidélités qu’Abraham en a fait le plus, qu’il a fait au moins celles qui sont réellement senties comme exercice du coeur. Toutefois Dieu s’en sert pour que nous apprenions ce que nous sommes et ce qu’Il est, deux choses, si nous les ignorons, qui rendent les expériences nécessaires.
Le succès est maintenant certain ; mais il faut que tout le peuple monte à l’attaque de cette petite ville qui, à en juger selon la force humaine, pouvait être prise par deux ou trois mille hommes. L’orgueil et la fausse confiance reçoivent ici une sévère leçon. Que de peine Josué doit se donner ! Dresser une embuscade, feindre de fuir, tout cela pour prendre une petite ville, et pas beaucoup de gloire après tout. Il faut plus de peine pour revenir dans le chemin de la bénédiction, que pour se tenir loin du mal. Mais la simplicité de la foi et sa vigueur naturelle ne se retrouvent qu’après toute cette peine.
Cependant la puissance de Dieu l’accompagne et tout réussit, quoique la manifestation de cette puissance ne soit pas telle qu’à Jéricho. Enfin, par la direction de Dieu, Josué étend vers la ville le javelot qui était dans sa main. Il ne paraît pas que l’embuscade l’ait vu, ni que ce fût un signal convenu (*). Mais aussitôt qu’il est étendu, l’embuscade se lève, entre dans la ville et y met le feu. C’est ainsi que le Seigneur, agissant par son Esprit au moment opportun, produit de l’activité en ceux même qui ne savent peut-être pas pourquoi. À un moment donné, ils sont poussés en avant, et croient agir par des motifs qui leur sont propres, tandis que c’est le Seigneur qui dirige tous leurs mouvements, afin qu’ils correspondent à ce qui se fait ailleurs sous sa main, et amène ainsi la réussite de toute l’affaire.
(*) Il paraît d’autant plus que ce n’était pas un signal convenu et que cet acte a le sens que je lui donne ici, que Josué ne retira pas le javelot, jusqu’à ce qu’on eût entièrement défait les habitants d’Aï, à la façon de l’interdit, ce qui ne s’accorde pas avec l’idée d’un simple signal.
Il est d’un grand intérêt de voir le Seigneur être ainsi le ressort caché de toute l’action, donnant l’impulsion à l’activité des siens qui, en détail, ignorent ce qui les met en mouvement, quoique en général ils aient la révélation des pensées de Dieu, comme Israël avait la direction générale de Josué. Lorsque Christ étend le javelot, tout se met en mouvement pour accomplir les desseins de sa sagesse et amener les résultats voulus de sa puissante grâce. Que nous ayons seulement de la foi pour le croire !
Il nous reste encore dans ce chapitre deux autres points importants a considérer. Le Seigneur avait déjà montré dans la prise de Jéricho, que c’était sa puissance seule qui faisait remporter la victoire, ou plutôt qui mettait tout dans les mains d’Israël, le prince de ce monde n’ayant aucune force contre lui ; et que, l’or et l’argent étant à l’Éternel, le peuple ne devait pas chercher dans le monde conquis les trésors qu’il contenait, ni s’enrichir de ses dépouilles. En général cependant Israël, ayant exterminé entièrement ses ennemis, s’empare de tout comme du pays de promesse.
Maintenant que ces deux grands principes sont posés, savoir que la puissance de Dieu est avec son peuple, et qu’il veut que la sainteté et la consécration à Lui soient conservées dans le camp, Josué prend formellement possession de tout le pays comme appartenant à l’Éternel.
Ce n’est pas ici célébrer le mémorial de leur délivrance par le sang de l’Agneau, ni se nourrir du cru du pays céleste dans le lieu du repos où l’on se souvient en paix de la grâce et de la perfection de Christ et de l’oeuvre de rédemption qu’il a accomplie. Le peuple traite le pays même, comme appartenant de droit à l’Éternel, selon la puissance de la force spirituelle qui est en activité, pour faire valoir ses droits, et qui les reconnaît lors même que la conquête du pays n’est encore que commencée. À Jéricho on participait (en figure,) à la croix et aux choses célestes, sans qu’il fût question de combattre.
Ici, les conditions du combat posées, on déclare d’avance publiquement que le pays est à l’Éternel. Quoique Satan soit encore en possession du terrain contesté de la puissance spirituelle, de droit il appartient à l’Éternel. Voici deux faits par lesquels Josué le constate. Il fait descendre de la potence le corps du roi d’Aï, avant le coucher du soleil. C’était l’ordonnance de Deutéronome 21: 21-23 : « Son cadavre ne passera pas la nuit sur le bois ; mais tu l’enterreras sans faute le jour même, car celui qui est pendu est malédiction de Dieu ; et tu ne rendras pas impure la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage ». — La victoire d’Israël était complète. La malédiction pesait sur les ennemis qui étaient les ennemis de Dieu. Ils étaient faits malédiction et signalés comme tels. Or, selon la foi de Josué, la terre était déjà tellement donnée à Israël de par l’Éternel, qu’elle ne devait point être souillée, de sorte qu’il fit descendre le corps mort de la potence pour qu’elle ne le fût pas en effet.
Le second fait c’est que Josué bâtit l’autel sur la montagne
d’Ébal. Ayant pris possession de Canaan comme terre consacrée, ils
reconnaissent l’Éternel comme le Dieu
d’Israël,
en l’adorant sur celle terre. L’autel était là, comme témoignage
et comme lien entre le peuple et l’Éternel qui lui avait donné le pays. En
étudiant le Deutéronome, il a déjà été fait mention de l’emplacement de cet
autel ; je n’y reviens pas (Deut. 27: 4-8). Je laisse au lecteur à juger
si Josué eût mieux fait de dresser cet autel, aussitôt
après avoir passé le Jourdain. Quoi qu’il en soit. ce
n’est pas toujours à Dieu que nous pensons premièrement, lorsque nous jouissons
des effets de sa puissance. C’est bien notre folie, soit pour ce qui concerne
la joie, soit pour ce qui tient à la sûreté.
Josué fait lire ici non seulement les malédictions attachées comme menaces aux violations de la loi, mais aussi tout ce qui parlait des voies de Dieu dans son gouvernement du peuple.
Mais si une telle position proclame les droits de Dieu et manifeste la confiance du peuple, elle amène bientôt les combats. L’ennemi ne consent pas à ce qu’on s’empare du territoire qu’il a usurpé, et à ce que tout soit envahi. Mais les ruses de l’ennemi sont plus à craindre que sa force, et même elles sont toutes à craindre ; car dans sa force il rencontre le Seigneur ; dans ses ruses il trompe ou cherche à tromper les fils des hommes. Si l’on résiste au diable, il s’enfuit ; mais, pour parer à ses ruses, il faut toutes les armes de Dieu. Christ répond à ses ruses par la Parole, et lorsque l’ennemi se déclare, il lui dit : « Va-t’en, Satan ».
Les habitants de Gabaon feignent d’être venus de loin. Les principaux d’Israël usent de la sagesse humaine, au lieu de consulter Dieu. Cette fois ce n’est pas confiance dans la force, mais dans la sagesse de l’homme. Les principaux, accoutumés à réfléchir et à diriger, sont plus portés à donner dans ce piège. Tout méchant qu’il soit, dans son incrédulité, le peuple, désireux du résultat, est souvent plus près de la pensée de Dieu, pour qui le résultat est sûr. Le doute s’est présenté à l’esprit des principaux, de sorte qu’ils sont sans excuse : en apparence c’était beaucoup gagner que d’avoir des alliés là où il y avait tant d’ennemis. Les Gabaonites les flattent comme étant le peuple de l’Éternel. Il y avait tout ce qui était nécessaire pour tranquilliser l’esprit de l’homme.
Satan peut parler religion, aussi bien qu’un autre ; mais il ne trompe que lorsqu’on prend sur soi de conduire les affaires et qu’on ne consulte pas l’Éternel. Il faut la communion avec lui pour discerner que ces gens sont du pays, des ennemis qui n’osent pas l’être ; mais avoir la paix avec de telles gens, c’est se priver d’une victoire et du droit de faire valoir le jugement et la gloire de Dieu, pour posséder sans mélange le pays de bénédiction. Des alliés ne font que mettre de côté la seule dépendance de Dieu et la pureté des relations morales, qui se trouvent dans Ses rapports avec les siens, lorsqu’il n’y a que sa puissance qui les soutienne. On épargne l’ennemi, et le nom de l’Éternel qui a été introduit, oblige son peuple à conserver un piège continuel au milieu de lui.
Quatre siècles plus tard, au temps de Saül, cela a porté ses tristes fruits. Pour un coeur spirituel, la présence des Gabaonites était toujours un mal. Enfin quel besoin Israël avait-il d’alliés ? L’Éternel ne leur suffirait-il pas ? Qu’il nous donne de nous assurer en lui, de le consulter toujours, de n’avoir que lui et de marcher dans sa soumission. Ce sera la victoire assurée sur tous ses ennemis, et le pays sera tout à nous, peuple de Dieu.
Du reste, cette paix avec les Gabaonitcs ne fait qu’attirer sur Israël de nouvelles attaques. Mais ici tout est simple. L’Éternel dit à Josué : « Ne les crains pas, car je les ai livrés en ta main ». Voilà tout ce que veulent dire les combats pour celui qui marche devant Dieu selon l’Esprit. Il faut bien le combat, mais combat n’est que victoire. C’est l’Éternel qui a livré les ennemis entre nos mains ; aucun d’eux ne subsistera devant nous.
Toutes choses sont à notre disposition. Le soleil s’arrête et la lune suspend sa marche, témoins de la puissance de Dieu et de l’intérêt qu’il met à bénir son peuple. Nous pouvons être assurés que là où l’Esprit veut aller, les roues y vont (voyez Ézéch. 1: 20). Josué battit donc tous ses ennemis, parce que l’Éternel, le Dieu d’Israël, combattait pour Israël. Ici il y a fidélité ; point de paix. Qu’avaient à faire des Cananéens dans la terre de l’Éternel ? Satan a-t-il droit au pays de promesse ? C’est ainsi que Josué considère toujours la terre de Canaan (chap. 10: 27). Mais, après la victoire, Israël retournait au camp à Guilgal. Nous avons déjà expliqué ce qu’était Guilgal. Mais ce retour dans ce lieu des vainqueurs des rois de Canaan, contient la leçon instructive, que, quelles que soient nos victoires et nos conquêtes, il nous faut toujours revenir à la place qui nous convient devant Dieu, dans l’anéantissement de nous-mêmes ; à l’application de la connaissance que nous avons de Dieu, la résurrection de Christ nous ayant introduits dans le pays céleste ; au jugement et à la mortification de la chair à la circoncision spirituelle, qui est la mort de la chair par la puissance de la résurrection. Il y a un temps pour agir et un temps pour l’inaction en se tenant devant Dieu pour que nous soyons propres à agir. L’activité, la puissance qui nous accompagne, le succès, tout tend à nous éloigner de Dieu, ou du moins à distraire nos coeurs légers.
Mais le camp, le point de départ pour la victoire, est toujours Guilgal. Ce n’est pas là que l’ennemi nous attaque si nous sommes fidèles. Les attaques partent de notre côté, quels que soient les mouvements de nos adversaires.
Remarquons aussi que, malgré tous les manquements du peuple et de Josué, en résultat tout a bien tourné. Il y a eu des fautes, et ces fautes ont reçu leur châtiment, comme dans le cas de Gabaon et celui d’Aï. Mais la marche du peuple étant fidèle au fond, Dieu fait tout concourir au bien. Ainsi la paix avec Gabaon amène la victoire sur les rois qui l’attaquent. Dans les détails, il y a sujet d’humiliation et de châtiments ; dans l’ensemble, la main de Dieu paraît avec la dernière évidence.
Il est rare que chaque pas de notre course soit un pas que la foi et la dépendance de Dieu aient dirigé. On s’en humilie justement ; mais lorsque le but est celui du Seigneur, le Seigneur va en avant et conduit tout pour faire triompher son peuple dans cette sainte guerre, qui est la sienne. Seulement nos fautes peuvent porter leurs fruits pendant longtemps.
Les victoires d’Israël appellent de nouveau la guerre sur lui ; mais la confédération de ses ennemis ne sert qu’à les livrer tous ensemble entre ses mains. Si Dieu ne permet pas la paix, c’est qu’il veut la victoire. Ici un nouveau principe nous est présenté. Dieu ne veut absolument pas que le siège d’influence pour le monde le devienne pour son peuple, car son peuple ne relève que de Lui. La conséquence naturelle de la prise de Hatsor eût été d’en faire le siège du gouvernement de Dieu, en sorte que cette ville fût pour Dieu ce qu’elle avait été auparavant pour le monde, car « Hatsor avait été la capitale de tous ces royaumes ». Mais c’est tout le contraire ; Hatsor est détruite totalement. Dieu ne veut pas laisser une trace de l’influence qui auparavant gouvernait ; il veut faire toutes choses entièrement nouvelles. La capitale et l’influence seront siennes, entièrement et exclusivement siennes : leçon bien importante pour ses enfants, s’ils veulent garder leur intégrité spirituelle.
Dans un certain sens, la conquête du pays semblait complète, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de force extérieure qui subsistât et qui formât un royaume. Mais il restait bien des ennemis d’Israël dans le pays, ennemis qui ne le troublaient guère, il est vrai, pendant qu’il était fidèle ; mais qui cependant introduisaient le peuple dans des voies qui, plus tard, devaient amener sa ruine. On avait divisé le pays conquis ; il était tranquille, sans avoir de guerre. Lorsque tout est fini, on peut compter ses victoires, mais non auparavant ; jusque-là il s’agit plutôt d’en remporter d’autres.
Nous pouvons remarquer ici, que la faute commise avant l’attaque d’Aï, s’était comme effacée dans le résultat des voies de Dieu, et même avait contribué au développement de ses plans. Précédemment, cela avait retardé et avait été puni ; mais Dieu s’appliquait à restaurer moralement Israël dans la confiance de la foi, et cela ne retardait nullement le grand résultat des voies de Dieu. Ce n’est pas une excuse, mais c’est une douce et puissante consolation qui porte d’autant plus à l’adoration. La faute commise à l’occasion des Gabaonites me paraît plus grave. Elle ne retardait pas la marche ; mais comme acte de Josué et des principaux, elle faussait pour toujours leur position vis-à-vis de ceux qu’ils épargnaient.
Le chapitre 11 termine la première partie du livre, c’est-à-dire l’histoire des victoires de Josué ; soit, en type, celle de la puissance du Seigneur par l’Esprit, pour mettre son peuple en possession des promesses.
Le chap. 12 n’est qu’un résumé des résultats obtenus. Or, le Saint Esprit ne nous donne pas seulement de remporter la victoire sur nos ennemis, il nous fait saisir et reconnaître toute l’étendue du pays, et définit la possession dont chacun jouit en particulier, nous donnant le détail de tout ce qui s’y trouve, des parfaits arrangements de Dieu pour que tout soit bien approprié à la distribution des tribus de son peuple, de manière à produire un ensemble bien ordonné, un et parfait dans toutes ses parties selon la sagesse de Dieu. Mais nous en venons ici à la réalisation de la distinction maintenue dans le Nouveau Testament, entre les dons de Dieu et la jouissance des choses données. « Vous avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses ». « Nous sommes assis dans les lieux célestes » (par la même puissance qui y a placé Christ en le ressuscitant d’entre les morts, et l’a placé au-dessus de tout nom qui se nomme). Hélas ! que de choses terrestres restent encore non vaincues chez les chrétiens ! Mais le Saint Esprit prend connaissance de cet état, en vue et par rapport à ce qui leur appartient de droit : — c’est ce qui fait comprendre la seconde partie de ce livre.
Quoiqu’il restât une assez grande partie du pays, Josué partage le tout entre les tribus selon le commandement de l’Éternel, qui déclare que Lui-même chassera les habitants devant Israël. Mais le peuple n’a guère répondu à cette promesse. Les villes des Philistins ont bien été prises, mais leurs habitants n’ont pas été exterminés ; ils sont restés et ont bientôt retrouvé leurs forces. Ici, on peut remarquer que, là où il ya de la fidélité, il y a du repos. L’oeuvre de Josué eut pour effet que le pays fut tranquille sans avoir la guerre. Même résultat pour celle de Caleb (14: 15). Dans la distribution des villes aux Lévites, on retrouve cette même vérité (21: 43-44). Dans les détails il n’en est pas ainsi ; toute l’étendue du pays est donnée à Israël, et chaque tribu a sa part ; aussi ce qui est échu à chaque tribu lui est donné en plein droit par l’Éternel lui-même. Les limites en sont marquées, car l’Esprit de Dieu prend connaissance de tout pour distribuer tout l’héritage spirituel, et à chacun selon les pensées de Dieu. Rien n’est incertain dans les arrangements de Dieu. Mais on trouve que pas une tribu n’a chassé de son domaine tous les ennemis de Dieu, pas une seule n’a réalisé la possession de tout ce que Dieu lui avait donné.
Juda et Joseph prennent possession de leurs portions ; nous savons qu’ils sont toujours restés à la tête d’Israël, accomplissant ainsi les conseils de Dieu, quant à la royauté pour Juda et au droit d’aînesse échu en grâce à Joseph (chap. 15-17 ; voyez 1 Chron. 5: 2) ; le tabernacle de Dieu est aussi posé en paix (chap. 18) ; mais une fois en repos, les tribus sont bien lentes à prendre possession de ce qui leur appartient, — histoire trop constamment réalisée du peuple de Dieu. Ayant trouvé du repos, il néglige ce que Dieu a promis. Cependant, comme nous l’avons vu, l’Esprit de Dieu n’a pas manqué de désigner au peuple, en détail, tout ce qui lui appartient. Nous avons déjà pu voir toute la portée de ce commandement, mais nous voulons encore faire remarquer ici que non seulement nous trouvons en figure, devant Jéricho, le titre à la possession de toutes choses selon l’Esprit, les droits du Seigneur maintenus dans le cas du roi d’Aï et au mont Ébal, comme étant la base de la possession actuelle, mais nous voyons encore qu’il a été pourvu à la restauration de la jouissance de l’héritage dans ses détails, lorsque cette jouissance serait perdue pour un temps. Ce qui s’applique en figure au peuple dans les derniers jours.
Les villes de refuge sont établies (chap. 20), c’est-à-dire la terre étant à l’Éternel, il est pourvu à ce qu’elle ne soit pas souillée, et à ce que chacun puisse retrouver son héritage, lorsqu’il en aura été éloigné pour un temps par sa faute, parce que sans préméditation il avait tué quelqu’un.
L’établissement des deux tribus et demie de l’autre côté du Jourdain, donne lieu à des difficultés et à des soupçons ; toutefois ces tribus étaient fidèles au fond. Elles ont souffert de leur position, l’égoïsme ayant tant soit peu gâté l’énergie de leur foi ; mais la fidélité de l’Éternel se trouvait en elles.
Enfin Josué place le peuple, par voie d’avertissement, sous la malédiction ou la bénédiction, selon sa désobéissance ou son obéissance et puis il lui raconte son histoire, comment ses pères avaient été idolâtres, et que ses voisins l’étaient toujours.
Mais le peuple ayant encore la conscience de la puissance de Dieu, qui l’avait béni, déclare qu’il ne suivra que l’Éternel. Il est placé ainsi sous les conséquences de sa conduite, et entreprend d’obéir, comme condition de sa jouissance du pays et de l’effet de la promesse de Dieu. Ils sont laissés là en paisible possession de tout, il est vrai, mais sous la condition d’obéissance, après qu’ils ont déjà permis à ceux qui auraient dû être exterminés, de rester dans le pays, et quand, dès le début, ils n’avaient pas réalisé du tout ce que Dieu leur avait donné. Quel tableau de l’Église dès le temps des apôtres !
Il y a encore une remarque à faire. Lorsque Christ reviendra
dans la gloire, nous posséderons toutes choses, Satan étant lié. Or l’Église,
par le Saint Esprit, devrait réaliser la puissance de cette gloire. Mais il y a
des choses célestes proprement dites qui sont à nous, comme étant notre demeure,
notre position
, notre vocation
;
d’autres qui sont la sphère d’exercice de la puissance dont nous jouissons, et
qui nous sont assujetties. Ainsi les limites de la demeure d’Israël étaient
plus étroites que celles du territoire qu’il était en droit de posséder. Le
Jourdain était la limite de sa demeure, l’Euphrate celle de sa possession. Les
choses célestes sont à nous. Mais la manifestation de la puissance de Christ
sur la création et la délivrance de cette création nous est accordée. Elle sera
délivrée lorsque Christ lui-même exercera cette puissance.
Ainsi « les miracles du siècle à venir » (*) étaient des délivrances du joug de l’ennemi. Ce n’étaient pas des choses qui nous fussent propres ; toutefois elles étaient à nous.
(*) Ainsi appelés, je n’en doute pas, parce qu’ils étaient des échantillons de cette puissance qui assujettira entièrement l’ennemi lorsque Christ paraîtra.