Trois articles de J.N. Darby
Table des matières :
1 - Le Devoir, et non le Pouvoir — ou l’exercice de la discipline dans les assemblées chrétiennes
2 - Discipline et Unité d’action
3 - Le jugement par les frères ou le jugement par l’assemblée ?
ME 1872 p. 337
Sous prétexte que la discipline exige le pouvoir apostolique pour
être mise à exécution, l’ennemi, toujours aux aguets pour détourner les saints de
Dieu de leur intégrité à l’égard de la vérité et de la pratique, a fait un effort
pour mettre de côté la discipline dans les
assemblées des chrétiens. Tout ce qu’elle requiert est l’obéissance à un précepte
apostolique. Plusieurs peuvent l’avoir confondu avec l’acte de « livrer à Satan »,
qui suppose de la puissance. Mais un examen du passage où les deux choses sont mentionnées
ne laisse aucun doute sur la différence qu’il y a entre elles, et que si l’une exige
du pouvoir, l’autre implique le devoir. Dans le cas de « livrer à Satan »
l’apôtre dit : « J’ai déjà, comme présent, jugé (vous et mon esprit étant
assemblés) », etc… « de livrer un tel homme à Satan pour la destruction
de la chair, afin que l’esprit soit sauvé dans la journée du Seigneur Jésus ».
C’était l’acte de l’apôtre, bien qu’accompli quand ils étaient assemblés, avec la
puissance présente du Seigneur Jésus. Cet acte consistait à livrer à Satan la personne
coupable, à lui infliger quelque châtiment pénible pour le corps (comme dans le
cas de Job), pour le bien de son âme ; et dans ce but Paul avait jugé de livrer
un tel homme entre les mains de Satan. Il n’est point dit que les Corinthiens l’aient
exclu. Le fait se passa dans une assemblée solennelle, mais ce fut uniquement l’acte
de Paul. Cela aurait pu
se faire sans
aucune espèce d’intervention de l’assemblée, et sans que celle-ci eût rien à dire
là ; seulement l’apôtre désirait qu’ils fussent solennellement présents quand
on prononça ce jugement. Mais l’action de livrer était son fait ; ici il n’est
point parlé d’exclusion. Dans un autre cas, Paul avait agi de même de sa propre
autorité et de son propre pouvoir qu’il tenait,
sans doute, du Seigneur (1 Tim. 1: 20) : « entre lesquels sont Hyménée
et Alexandre que j’ai livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer ».
Ici il n’est pas question de l’action de l’Église. Paul les avait livrés. En 1 Corinthiens
5:7, il leur dit ce qu’ils ont à faire, et toute assemblée chrétienne obéissante
avait à suivre ses directions, et cela comme étant « les commandements du Seigneur ».
Au verset 9 il établit les règles quant au point en question, — ce qui concerne
leur devoir comme chrétiens, — règles d’après lesquelles ils
étaient tenus d’agir. Il leur avait écrit de ne pas se mêler avec
des fornicateurs, mais il ajoute que ce n’est pas avec ceux de ce monde, puisque
ainsi il leur faudrait sortir du monde ; mais si quelqu’un appelé frère était
tel, ils ne devaient pas manger même avec un tel homme. Qu’est-ce que cela peut
avoir à faire avec la puissance ? C’est une règle claire qui a le poids d’un
commandement du Seigneur, aussi devient-elle un devoir pour ceux qui ont des oreilles
pour entendre. Qu’avait-il à faire de juger ceux de dehors ? Ils étaient entre
les mains de Dieu. Mais on était tenu de juger ceux de dedans, et puis vient l’ordre
clair et positif : « Ôtez d’entre vous-mêmes le méchant ». Ce n’est
plus : « J’ai jugé de livrer à Satan », ou « lesquels j’ai livrés
à Satan ». Rien n’indique que quelqu’un d’autre doive le faire, mais on a ici
un ordre positif de l’apôtre à l’égard de ce qu’on devait faire ; — non pas
de livrer le coupable à quelque chose ou à quelqu’un, mais de se délivrer eux-mêmes du mal, qui s’il était toléré, les empêcherait
absolument d’être une nouvelle pâte. Eux
,
ils devaient ôter d’entre eux-mêmes ce méchant. Rien de plus simple ; c’est
un devoir évident, découlant d’un commandement évident. L’homme était parmi eux,
et ils devaient l’ôter, sans qu’il soit dit de le mettre quelque part. Ils
devaient ôter le vieux levain, afin qu’ils
pussent être une nouvelle pâte. Ils ne
l’étaient pas
s’ils refusaient d’obéir à ce précepte, — ils n’étaient pas une
nouvelle pâte conformément à leur vocation divine ; et, en obéissant avec tant
de zèle, ils montrèrent qu’ils
étaient
purs dans cette affaire. L’apôtre leur avait écrit, afin de s’assurer qu’ils étaient
obéissants en toutes choses. S’ils n’avaient pas ôté le méchant, ils n’auraient
pas été obéissants
; et maintenant
que le coupable était humilié, ils avaient à lui pardonner. Ils avaient infligé
la punition, et maintenant ils devaient pardonner, et ratifier envers lui leur amour
(2 Cor. 2: 9, et 7:11). C’est la direction positive de l’apôtre, et aussi le commandement
du Seigneur (1 Cor. 14: 37) qui nous enjoint d’ôter du milieu de nous le méchant,
si nous nous appelons une assemblée chrétienne. Si nous ne le faisons pas, nous
ne sommes pas une nouvelle pâte ; et nous éludons un devoir sous le faux prétexte
que le pouvoir apostolique est requis ; tandis que ce qui est requis, c’est
la simple obéissance à la règle apostolique.
ME 1872 p. 453 et ME 1955 p. 20
Je commence par établir ce qui est admis comme base générale d’action,
c’est que toute assemblée de chrétiens réunis au nom du Seigneur Jésus Christ, et
dans l’unité de son corps, dès qu’elle agit comme corps, le fait sous sa propre
responsabilité envers le Seigneur, comme par exemple quand elle exerce un acte de
discipline ou qu’elle accomplit toute autre chose de cette nature ; comme elle
le fait aussi lorsqu’elle accueille au nom du Seigneur ceux qui viennent au milieu
d’elle pour participer à Sa Table. Chaque assemblée, en pareil cas, agit de sa propre
initiative et dans sa sphère, en décidant de choses purement locales, mais qui ont
néanmoins une portée qui s’étend à toute l’Église. Les hommes spirituels qui s’emploient
à cette œuvre et s’en occupent en détail, avant que le cas soit porté devant l’assemblée
afin que la conscience de tous soit intéressée à la chose, peuvent, sans doute,
pénétrer dans les détails avec beaucoup de profit et de soins pieux ; mais
s’ils venaient à décider
quelque chose
en dehors de l’assemblée des saints, même dans les choses les plus ordinaires, leur
action cesserait d’être celle de l’assemblée et devrait être désavouée.
Lorsque de telles affaires locales sont ainsi traitées par une assemblée agissant dans sa sphère d’assemblée, toutes les autres assemblées des saints sont liées, comme étant dans l’unité du corps à reconnaître ce qui a été fait, en tenant pour admis (à moins que le contraire ne soit démontré) que tout s’est accompli droitement et dans la crainte de Dieu, au nom du Seigneur. Le ciel, j’en ai la certitude, reconnaît et ratifie cette sainte action, et le Seigneur a dit qu’il en serait ainsi (Matt. 18: 18).
On a souvent dit et reconnu, que la discipline en « ôtant d’entre vous-mêmes » (1 Cor. 5:13) doit être le dernier moyen auquel on ait recours, et cela quand on a épuisé toute patience et toute grâce ; et que laisser durer plus longtemps le mal ne serait autre chose que déshonorer le nom du Seigneur et pratiquement associer le mal avec Lui et la profession de son nom. D’autre part la discipline de retranchement se fait toujours en vue de restaurer la personne qu’on y a soumise, et jamais pour s’en débarrasser. Ainsi en est-il dans les voies de Dieu envers nous. Dieu a toujours en vue le bien de l’âme, sa restauration en plénitude de joie et de communion, et jamais Il ne retire sa main tant que ce résultat n’est pas obtenu. La discipline selon Dieu, accomplie dans sa crainte, se propose la même chose, autrement elle n’est pas de Dieu.
Mais tandis qu’une assemblée locale subsiste réellement dans sa responsabilité propre et personnelle et que ses actes, s’ils sont de Dieu, lient les autres assemblées comme dans l’unité d’un seul corps, ce fait n’en détruit pas un autre qui est de la plus haute importance et que plusieurs semblent oublier, savoir que la voix des frères d’autres localités a autant de liberté que celle des frères de l’endroit à se faire entendre au milieu d’eux pour discuter les affaires d’une réunion de saints, quoiqu’ils ne soient pas des ressortissants locaux de cette réunion. S’y opposer serait de fait un déni solennel de l’unité du corps de Christ.
Bien plus, la conscience et l’état moral d’une assemblée locale peut être tel qu’il y ait de l’ignorance, ou bien une conception très imparfaite de ce qui est dû à la gloire de Christ et à lui-même. Tout cela rend la perception si faible qu’il peut n’y avoir plus de puissance spirituelle pour discerner le bien et le mal. Peut-être encore, dans une assemblée, les préjugés, la précipitation ou bien la disposition d’esprit et l’influence d’un ou de plusieurs, peut égarer le jugement de l’assemblée et faire qu’elle frappe à faux et cause un grave préjudice à un frère. Quand il en est ainsi, c’est une vraie bénédiction que les hommes spirituels et sages des autres assemblées, interviennent et cherchent à redresser la conscience de l’assemblée ; comme aussi, s’ils viennent à la requête de l’assemblée ou à la requête de ceux dont l’affaire est la difficulté capitale du moment. Dans ce cas leur intervention, loin d’être vue comme une intrusion, doit être accueillie et reconnue au nom du Seigneur. Agir autrement, ce serait tout simplement sanctionner l’indépendance et nier l’unité du Corps de Christ.
Néanmoins ceux qui viennent et agissent ainsi ne doivent pas agir
à part du reste de l’assemblée, mais avec la conscience de tous. — Quand une assemblée
a rejeté toute remontrance et décliné d’accepter le secours et le jugement d’autres
frères, quand toute patience a été épuisée, une assemblée qui a été en communion
avec elle, est fondée à annuler son action erronée et à accepter la personne rejetée,
si on s’est trompé à son égard. Mais quand on en vient à cette extrémité, la difficulté
est devenue une question de refus de communion avec l’assemblée qui a mal agi et
qui a ainsi d’elle-même
rompu sa communion
avec le reste de ceux qui agissent dans l’unité du corps. De telles mesures ne peuvent
être prises qu’après beaucoup de soins et de patience, afin que la conscience de
tous puisse accompagner l’action comme étant de Dieu.
Je signale ces sujets, parce qu’il pourrait y avoir une tendance à désavouer l’intervention de ceux qui, étant en communion, viendraient d’autres localités, et à établir une indépendance d’action dans chaque assemblée locale. Mais toute action, ainsi que je l’ai reconnu dès le début, échoit premièrement à l’assemblée locale.
ME 1877 p. 99
Boston, janvier 1877
Mon cher frère,
Je ne reconnais nullement le jugement des frères rassemblés comme le jugement de l’assemblée. Je m’y suis toujours opposé. Chose assez singulière ! la question a surgi quand j’étais dans la Nouvelle-Zélande où j’ai dû m’en occuper. Cette habitude s’y était glissée et l’on a reconnu qu’elle n’était nullement scripturaire. Ce n’est pas toutefois que je trouve scripturaire que les femmes parlent, ou qu’elles usurpent de l’autorité ; bien au contraire ; et je n’ai jamais vu une femme se mettre à diriger l’assemblée sans que cela ait produit du mal. Cependant elles font partie de l’assemblée, lorsque l’assemblée se réunit comme telle afin que le Seigneur y soit, en sorte que la décision soit revêtue de son autorité. Au reste on n’a jamais fait autrement en Angleterre, en sorte que cette idée était nouvelle pour moi. Dans un endroit, cela avait fait beaucoup de mal et était devenu une tyrannie insupportable. Je reconnais comme une chose fort utile que les frères, ou encore mieux et bien mieux, que quelques frères graves se réunissent pour examiner et considérer les choses, afin de les porter mûres et mûrement examinées devant l’assemblée, ou pour trouver parfois qu’un bruit, voire même une faute actuelle ne méritent pas d’y être portés ; mais ces mêmes frères n’ont aucune compétence pour décider.
Il y a un autre motif pour que l’assemblée elle-même agisse dans
l’affaire : savoir que la conscience de l’assemblée se montre pure dans l’affaire,
qu’elle se purifie s’il le faut. C’est ce que nous trouvons dans l’épître aux Corinthiens.
L’action dans l’assemblée est la part des frères ; mais pour que l’assemblée
soit pure et que l’autorité de Christ s’y trouve, il faut que ce soit dans l’assemblée.
Les femmes ont assez d’occasions
de parler avec leurs maris, ou, si elles n’en ont pas, avec des frères qui jouissent
de leur confiance, dans les cas où, les choses étant de leur connaissance, cela
les regarde plus particulièrement.